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Full text of "Botanique: organographie et taxonomie; histoire naturelle des familles végétales et des principales espèces, suivant la classification de M. Adrien de Jussieu. Avec l'indication de leur emploi dans les arts, les sciences et le commerce"

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Botanique:  organographie 
et  taxonomie 


Emmanuel  Le  Maout 


3  2044  107  234  817 


GRAY  HERBARIUM 

OF 

HARVARD  UNIVERSITY 


BEQUEST  OF 

GEORGE  GOLDING  KENNEDY 

A.B.  1864,    M.D.   1867 

OF  MILTON 
I918 


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TROIS   RÈGNES 


DE   LA   NATURE 


RÈGNE  VÉGÉTAL 


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IMPRIMERIE  BÉNARD   ET   C'%    SUCCESSEURS   DE   LACRAMPE   ET  c'% 

S,  mni  Uamiittb. 


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IMPRIMERIE   BÉNARD   ET   G'%    SUCCESSEURS   DE   LACRAMPE   ET  C'% 

S,  mui  Uamiitti. 


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BOTANIQUE 

ORGANOGRAPHIE    ET   TAXONOMIE 

HISTOIRE   NATURKLLE 


r  r 


FAMILLES   VEGETALES 

ET  DES  PRINCIPALES  ESPÈCES 
SUIVANT  LA   CLASSIFICATION   DE   M.    ADRIEN   DE  JUSSIEL' 

AVKC    l'indication    DK    LKTR     KMPLUl 
DANS    LES    ARTS»    LES     SCIENCES     ET     LE     COMMERCE 

PAS 

M.  Emm.  LE  M  AOUT 

DOCTKUH     BN     MéOBCINK. 


PARIS 

L.   CURMER, 

RUE  RICHELIEU,    Wl .   (au   premibR). 


M  DCCC  LU. 


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A  MONSIEUR  ADRIEN  DE  JUSSIEU 

MEMBRE   DE   l'aGADÉMIE   DES   SCIENCES. 


Monsieur, 


Plus  d'une  fois,  dans  les  couris  entretiens  où  j'ai  cherché  à  m  éclairer 
de  vos  lumières,  vous  avez  honoré  de  votre  bienveillante  approbation 
les  travaux  que  j'ai  entrepris  pour  contribuer,'  autant  que  ma  faiblesse 
me  le  permet,  à  populariser  la  Botanique. 

Je  viens  vous  soumettre  aujourd'hui  quelques  considérations  que 
l'on  pourrait  appeler  des  «  minuties  d'une  grande  importance  »  (vous 
savez  que  le  médecin  Stoll  intitule  un  des  plus  utiles  chapitres  de  son 
livre  :  De  quibusdam  magni  momenfi  minutns)  ;  il  s'agit  de  certaines 
améliorations,  qui  rendraient  Tétude  des  Plantes  plus  accessible,  et 


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satisferaient  un  vœu  formé  depuis  longtemps  par  ceux  qui  pensent, 
comme  Platon,  «  que  la  science  est  Tamie  de  tous.  » 

En  vous  entretenant  des  plaisirs  que  procure  la  Botanique,  je  vais 
traiter  un  sujet  bien  rebattu;  mais  vous  Taimez  si  sincèrement,  et  vous 
êtes  si  bienveillant  pour  ceux  qui  la  cultivent,  que  je  ne  crains  pas  d'être 
fastidieux  :  je  n'oublie  pas  d'ailleurs  que  celte  lettre,  qui  vous  est  adres- 
sée, doit  passer  ensuite  sous  les  yeux  du  public. 

Il  n'est  pas  ici  question  de  la  Botanique  transcendante,  dont  les  secrets 
n'appartiennent  qu'aux  savants  de  profession.  Je  n'essayerai  pas  de 
décrire  les  transports  du  physiologiste  ^  qui  s'est  levé  avant  le  soleil 
pour  observer  les  spores  d'une  cryptogame,  et  qui,  après  les  avoir 
vues  se  mouvoir  spontanément,  comme  des  Animaux,  les  voit,  une 
heure  plus  tard,  se  fixer,  verdir,  germer  et  devenir  de  jeunes  Plantes. 
Je  n'exprimerais  qu'incomplètement  la  félicité  du  botaniste -géologue , 
qui  s'enfonce  dans  les  ténèbres  des  terrains  houillers,  en  s'éclairant  du 
flambeau  de  Tanatomie  comparée,  et  qui,  à  force  de  sagacité,  de  cir- 
conspection et  de  persévérance,  sort  vainqueur  de  ce  labyrinthe,  avec 
l'inventaire  des  richesses  végétales  du  monde  anté-diluvien.  —  Il  m'est 
encore  moins  permis  d'analyser  les  joies  sereines  du  botaniste-philo- 
sophe y  qui,  travaillant  à  la  monographie  d'une  Famille,  découvre  le 
grand  principe  de  la  valeur  relative  des  caractères,  et  fonde  la  méthode 
naturelle...  Ce  sont  là  plaisirs  de  princes  :  or  je  ne  dois  m'occuper  ici 
que  des  plaisirs  permis  à  la  tourbe  menue,  c'est-à-dire  de  ceux  que  don- 
nent l'herborisation,  Y  herbier  et  la  détermination  des  Plantes. 

Permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  diviser  en  deux  personnes  bien 
distinctes,  l'homme  lettré  et  l'homme  savant;  c'est  au  premier  que  je 
veux  m'adresser  d'abord  :  rappelez-vous  le  prix  d'honneur  que  vous  avez 
remporté  au  Concours  général;  imitez  le  maréchal  de  Villars,  qui  était 
plus  fier  de  son  prix  de  rhétorique  que  de  la  victoire  de  Denain;  ou- 
bliez pour  quelques  instants  votre  chaire  en  Sorbonne  et  votre  fauteuil  à 
l'Académie;  ne  considérez  de  la  Botanique,  que  le  côté  littéraire,  et 
retracez-vous  les  jouissances  qui  accompagnèrent  vos  premiers  pas  dans 
le  royaume  des  végétaux  (reg^wm  vegetnbile^  métaphore  si  absurdement 
traduite  par  règne  végétal). 


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Quelles  sont,  en  eflfet,  les  émotions  d'un  jeune  coUégren,  plein  de  son 
Virgile,  qui  commence  ses  promenades  botaniques?  Les  plantes  qui  atti- 
rent les  premières  son  attention  lui  retracent  mille  riantes  images,  mille 
souvenirs  pleins  de  fraîcheur.  C'est  «  le  Peuplier  qui  se  plaît  au  bord 
des  fleuves,  le  Sapin  qui  couronne  le  sommet  des  montagnes  :  » 

Populm  in  fluviis^  Abies  in  montibus  altis. 

Le  murmure  des  Pins  agités  par  le  vent  le  transporte  sur  «  le  mont 
Ménale,  qui  a  conservé  sa  forêt  sonore  et  ses  Pins  harmonieux  :  » 

Mœnalus  argutumque  nemus ,  Pinosque  loquentes 
Seinper  habet. 

En  voyant  le?  abeilles  butiner  sur  les  fleurs  du  «  Daphné  toujours  vert, 
du  Serpolet  qui  embaume  Tair  au  loin,  de  la  Sarriette  à  Todeur  forte, 
et  des  Violettes  bordant  le  ruisseau,  »  il  répète  le  précepte  des  Géorgi- 
ques,  qui  recommande  de  planter  ces  végétaux  dans  le  voisinage  des 
ruches  : 

Uœc  drcùm  Casiœ  virides,  et  olmtia  latè 
Serpylla,  et  graviter  ^pirantis  copia  Thymbrœ 
Floreat,  irriguumque  bibant  Violaria  fontem. 

S'il  rencontre  V Aster  Amelltcs,  la  plus  belle  des  Radiées  de  notre 
Flore,  il  la  salue  par  ces  vers,  où  le  poète  décrit  la  plante  avec  Texactitude 
du  botaniste  : 

L'Amélie  orne  les  prés;  facile  à  découvrir, 
Au  regard  qui  la  cherche  elle  semble  s'offrir; 
Sur  sa  tige,  étalée  en  touffe  gazonnante, 
Se  dresse  des  rameaux  la  forêt  verdoyante. 
Et  le  disque  des  fleurs,  qui  brille  d'un  or  pur , 
Adoucit  son  éclat  par  des  rayons  d'azur. 


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IV 

Est  etiam  flos  in  pfi'otis,  cui  nomen  Amello 
Fecéreagricolœ,  facilis  quœrentibus  herba; 
Namque  uno  ingentem  tollit  de  cespite  silvam, 
Aureus  ipse,  sed  in  foliis  quœ  plurima  drciim 
Fundnntur,  Violœ  sublucet  purpura  nigrœ. 

Voilà  comment,  grâce  aux  réminiscences  virgiliennes,  la  moindre 
notion  scientifique  est  assaisonnée  d'une  jouissance  littéraire. 

Mais,  pour  sentir  cette  poésie  de  la  nomenclature  des  végétaux,  il  n'est 
pas  nécessaire  de  savoir  Virgile  par  cœur  :  quiconque  possède  quelque 
connaissance  de  la  mythologie,  ne  pourra  voir  avec  indiflférence  des 
fleurs  qui  lui  rappellent  les  ingénieuses  fictions  des  temps  fabuleux,  et  il 
goûtera  un  plaisir  inconnu  de  Thomme  ignorant,  lorsqu'il  rencontrera 
dans  la  prairie 

Le  Narcisse  penché  sur  sa  tige  flottante, 
Et  qui  semble  chercher  son  image  inconstante  ; 
L'Hyacinthe  azuré,  qui  ne  vit  qu'un  moment. 
Des  regrets  d'Apollon  fragile  monument. 

(Saint-Lambert,  les  Saismis.) 

L'ignorant  lui-même,  quoique  privé  du  charme  de  ces  souvenirs, 
trouve  encore  de  la  poésie  dans  Tétude  des  Plantes  :  il  y  a  chez  l'homme 
un  instinct  irrésistible,  qui  le  porte  à  attribuer  aux  êtres  inanimés  de  la 
Création  le  sentiment  de  leur  existence.  C'est  ainsi  qu'en  voyant  les  ani- 
maux se  faire  la  guerre  et  s'entre-dévorer,  il  ne  peut  s'empêcher  d'op- 
poser à  ces  mœurs  cruelles,  la  nature  paisible  des  végétaux;  et  leur 
innocence  est  un  charme  de  plus  qui  Tattire  vers  eux,  comme  si  cette 
innocence  était  une  vertu  résultant  de  leur  volonté.  Pour  peu  qu'on  y 
réfléchisse,  on  reconnaîtra  dans  le  contraste  que  je  viens  d'indiquer  une 
des  causes  secrètes  qui  nous  font  aimer  les  fleurs  et  la  verdure. 

Le  panthéisme  des  peuples  primitifs  fut  la  conséquence  de  ce  besoin 
d'illusions^  attaché  à  l'enfance  de  l'esprit  humain^  Aujourd'hui  le  vulgaire 
ne  croit  plus  que  sous  l'écorce  de  chaque  arbre  se  cache  une  Hamadryade, 
qui  est  née  et  doit  mourir  avec  lui;  il  sait  fort  bien  que  Técho  n'est  pas 
nf7e  Nymphe  en  pleurs  qui  se  plaint  de  Narcisse^  et  qu'une  tempête 


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n'est  pas  Neptune  en  courroux  qui  gourmande  les  flots;  mais,  dominé 
par  les  impressions  du  monde  physique  qui  Tenvironne,  il  parle,  même 
dans  son  langage  ordinaire,  du  vent  qui  gronde^  du  ruisseau  qui 
murmure^  de  la  mer  en  fureur ,  des  prés  riants ,  de  la  verdure  gaie^ 
des  Cyprès  tristes^  du  Saule  jofewr^wr  ;  et,  pour  peu  que  son  âme  soit 
émue,  sa  diction  va  s'élever  d'un  degré  :  il  verra  les  monts  sourcilleux^ 
le  Cèdre  superbe,  V humble  Bruyère;  il  entendra  les  ?ins  gémissants,  et  le 
mugissement  des  flots. 

Ces  illusions  sont  un  innocent  abus  de  la  plus  brillante  de  nos  facultés, 
de  celle  qu'un  philosophe  a  si  bien  nommée  la  folle  du  logis,  et  qui , 
pourvu  qu'elle  obéisse  à  la  raison,  tout  en  conservant  ses  vives  allures, 
contribue  puissamment  avec  elle  à  notre  bonheur.  Le  mortel  fortuné 
chez  lequel  ces  deux  rivales  vivent  en  bonne  harmonie,  ne  doit  rien 
envier  à  ceux  qu'on  nomme  les  puissants  et  les  heureux  de  la  terre  :  poète 
et  philosophe  tour  à  tour,  il  passe,  sans  fatigue,  des  extases  de  l'imagina- 
tion aux  spéculations  les  plus  sérieuses  de  la  pensée,  et  (j'en  demande 
pardon  à  l'illustre  auteur  des  Méditations,  dont  je  parodie  les  vers), 

Du  nectar  idéal  quand  son  âme  a  goûté, 
Sa  raison  se  nourrit  de  la  réalité. 

Je  ne  citerai  de  cette  double  nature  qu'un  seul  exemple,  qui  me  frappe 
entre  tous  :  Thomme  heureux  dont  je  parle,  s'il  observe  les  oscillations 
périodiques  de  l'Océan ,  reconnaîtra,  dans  les  deux  marées  contempo- 
raines et  antipodes ,  un  des  mille  phénomènes  qui  ont  pour  cause  l'at- 
traction planétaire  ;  et,  en  méditant  sur  les  lois  de  Newton,  en  se  retra- 
çant les  voies  que  le  législateur  a  suivies  pour  arriver  à  la  découverte  de 
la  vérité,  il  assistera,  avec  ravissement,  au  spectacle  sublime  des  concep- 
tions du  génie;  mais  bientôt  l'imagination  fera  valoir  ses  droits,  et 
rOcéan,  qui  toutàTheure  n'était  à  ses  yeux  qu'une  masse  d'eau,  attirée 
par  la  lune  et  par  le  soleil,  va  devenir  un  être  animé  et  intelligent,  exé- 
cutant avec  fidélité,  mais  non  sans  murmure,  le  pacte  d'obéissance 
établi  parle  Créateur  entre  les  sphères  célestes  et  lui. 

Le  langage  de  la  Botanique  renferme  un  autre  genre  de  poésie;  c'est 


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celle  qui  abonde  dans  le  brillant  système  de  Linné.  Mais  cette  poésie,  que 
le  monde  savant  avait  autrefois  accueillie  avec  enthousiasme,  est  aujour- 
d'hui aux  yeux  du  monde  profane  une  cause  de  défaveur  :  d'abord 
le  cynisme  d'une  foule  d'expressions  qui  font  d'une  Flore  un  livre 
obscène,  effarouche  un  grand  nombre  de  lecteurs;  d'un  autre  côté,  le 
public  repousse  avec  dégoût  les  ouvrages  frivoles  de  quelques  écrivains 
qui,  voulant  colorer  IdL  Science,  ont  travesti,  en  allusions  galantes  et 
licencieuses,  les  rapprochements  ingénieux  établis  par  Linné  entre  la 
plante  et  l'animal.  Ce  langage  métaphorique  du  système  linnéen  a  donc 
été,  par  l'abus  qu'on  en  a  fait,  plus  nuisible  qu'utile  à  la  popularité  de 
la  Botanique. 

En  décrivant  le  charme  attaché  à  la  nomenclature  des  Plantes,  je  n'ai 
indiqué  que  le  prélude  de  V herborisation  :  ces  promenades,  dont  Linné 
a  complaisamment  réglementé  l'époque,  la  durée,  le  nombre,  et  les  plus 
minutieux  détails,  sans  oublier  le  costume  des  herborisateurs,  le  temps 
des  haltes,  de  la  dispersion,  du  ralliement,  du  repas;  les  amendes  infligées 
aux  retardataires,  aux  déserteurs,  aux  absents  [leges sera  venientis^  dis- 
cedentis^  absentzs);  ces  promenades,  vous  le  savez.  Monsieur,  mieux  que 
personne,  sont  autant  d'événements  dans  la  vie  du  botaniste. 


Quel  est  cet  agile  marcheur, 
Explorant  les  forêts  dès  Taube  matinale  ? 
11  cueille  avidement  la  plus  modeste  fleur; 

Dans  sa  corolle  virginale 

Il  plonge  un  regard  scrutateur. . . 
Vous  voyez  de  Linné  le  disciple  fidèle  : 
La  tunique  légère  à  ses  reins  s'ajustant, 
La  paille,  sur  son  front  élargie  en  ombrelle. 

Tel  est  l'uniforme  constant 
Dont  son  divin  patron  lui  traça  le  modèle. 
Une  boîte  arrondie,  au  métal  éclatant. 

Sur  son  épaule  est  attachée; 
C'est  de  Dillénius  le  vase  protecteur, 
Conservant  jusqu'au  soir  la  vie  et  la  fraîcheur, 

De  la  plante  au  sol  arracluV. 


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Vestitus  herbartsantis ,  prœtei'  imtea,  sint  :  tunica  brevis^  femoralia 
tenuissimay  prolixa  ah  hypochondriis  ad  talos^  pileus  umhraculo  amplis- 

simo Vasculum  dillefiianum  :  pelvis  semi-cylindrica  è  cuprù..... 

ad  plantas  collectai,  aquâ  irrigatas^  vivas  servandas  in  vesperam, 

(F^inQ  :  Philosoph.  botan.) 

Je  ne  parle  pas  du  bien-être  physique  qui  résulte  de  la  locomotion  et 
de  Taspect  des  beautés  de  la  campagne  :  on  le  trouve  dans  les  promenades 
ordinaires.  Mais,  ce  qu'il  faut  remarquer,  c'est  une  sorte  d'exaltation 
morale,  attachée  à  ces  pérégrinations  ;  c'est  l'impérieux  besoin  de  ré- 
colter des  plantes,  ambition  fiévreuse,  qui  ne  connaît  de  limites  que 
celles  de  l'horizon,  et  compromet  quelquefois  la  santé  de  celui  qu'elle 
possède.  L'herborisant  voudrait  s'approprier  le  règne  végétal  tout  en- 
tier; en  vain  il  se  voit  condamné  par  son  impuissance  à  choisir  les  plus 
beaux  échantillons,  et  à  renoncer  au  reste  :  l'embarras  des  richesses  ne 
fait  qu'irriter  sa  convoitise;  enfin,  le  soir  venu,  il  rentre  au  logis,  fatigué, 
mais  non  rassasié,  et  préparant  déjà  dans  sa  pensée  l'herborisation  du 
lendemain. 

Jamais  ne  s'exerça  plus  innocemment  cette  faculté,  ou  plutôt  ce  pen- 
chant, que  les  phrénologues  ont  nommé  convoitivité ^  et  qui,  lorsqu'il 
est  associé  à  ceux  de  la  i^se  et  de  la  destructivité,  constitue  les  voleurs 
et  les  assassins;  s'il  s'accompagne  seulement  de  la  circonspection ,  il  ca- 
ractérise les  avares;  mais,  éclairé  par  le  sens  des  choses  et  purifié  par  le 
sens  moral,  il  fournit  à  la  société  cette  classe  inoflfensive  de  naturalistes, 
dont  le  caractère  spécifique  est  la  bienheureuse  manie  des  collections. 

Il  arrive  cependant  quelquefois  (et  je  le  dis  tout  bas),  que  chez  certains 
amants  de  Flore,  la  protubérance  du  sens  moral  est  assez  fortement  dé- 
primée pour  que  le  propriétaire  dont  ils  sont  venus  visiter  l'herbier,  juge 
prudent  de  ne  pas  les  perdre  de  vue  un  seul  instant.  Plus  d'une  fois, 
dans  vos  galeries  de  Botanique,  quand  un  amateur  avait  feuilleté  les 
herbiers  pendant  quelques  heures,  il  a  fallu  placer  un  appariteur  au  bas 
de  l'escalier  pour  lui  dire  poliment,  comme  le  rat  de  la  fable  à  la  belette 
entrée  dans  un  grenier  : 

Vous  êtes  maigre  entrée,  il  faut  maigre  sortir. 


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Vherbier,  ce  jardin  sec,  véritable  jardin  d'hiver,  est  pour  le  botanisie 
une  source  de  jouissances,  que  peut  seul  comprendre  celui  qui  a  cueilli 
et  desséché  des  plantes.  11  profite  du  mauvais  temps  pour  visiter  son 
trésor,  et  son  plaisir  présent  s'aufjmente  de  ceux  que  lui  promet  l'avenir; 
car,  quelles  que  soient  ses  richesses  végétales,  il  est  assez  heureux  pour 
qu'il  lui  reste  toujours  quelque  chose  à  désirer.  Puis,  quand  l'âge  vient 
arrêter  ou  espacer  ses  excursions,  et  le  réduit  à  vivre  de  souvenirs,  les 
cartons  de  son  herbier  deviennent  de  précieuses  archives,  où  il  trouve 
écrite  l'histoire  de  sa  jeunesse.  Chaque  Plante,  en  lui  rappelant  le  lieu, 
l'époque,  l'heure  où  elle  fut  cueillie,  lui  retrace  en  même  temps  les 
moindres  circonstances  de  son  herborisation,  l'état  de  l'atmosphère,  la 
disposition  de  son  esprit  et  de  son  cœur,  le  vers  dont  il  cherchait  la  rime, 
le  motif  musical  qui  le  poursuivait,  les  espérances  juvéniles  qui  le  ren- 
daient plus  allègre Cette  Anémone  Sylvie  fut  sa  première  conquête; 

cet  Arum  tacheté  fut  la  seconde;  il  arriva  au  bon  moment  pour  con- 
stater la  chalour  développée  par  le  spadice  ;  et  le  suc  caustique  de  la 
planle  lui  causa  une  légère  ophthalmie. — Cet  Ophrys-Mouche,  il  l'ob- 
tint en  échange  d'une  Cardamine  impatiente.—  Celte  Saxifrage  tridactyle 
fut  récoltée  sur  un  mur,  et  lui  valut,  de  la  part  du  propriétaire,  qui  le 
surprit  en  flagrant  délit  d'escalade,  une  interpellation  à  laquelle  la  pré- 
sence d'un  boule-dogue  ajoutait  un  intérêt  tout  particulier.  —  Ce  Varec 
écarlate  fut  cueilli,  au  dernier  moment  du  reflux,  sur  les  récifs  les  plus 
voisins  du  lit  de  la  haule  mer,  et  l'amateur  à* Algues,  à  peine  en  possession 
de  son  butin,  se  vit  obligé  de  fuir  à  grands  pas,  poursuivi  sur  la  grève 
par  la  marée  montante,  marée  d'équinoxe,  qui,  dans  certains  parages  de 
la  Bretagne,  marche  plus  rapidement  que  l'homme. 

Cette  M élique  des  montagnes  y  qui  fut  la  cause  de  sa  prédilection  pour 
la  Famille  des  Graminées,  il  la  rencontra  près  de  la  lisière  d'une  haute 
futaie,  sous  laquelle  il  s'était  abrité  pour  jouir  impunément  d'une  ondée 
de  mai ,  tombant  à  la  clarté  du  soleil.  Il  pensa  d'abord  à  la  cause  phy- 
sique du  riant  phénomène  qu'il  avait  sous  les  yeux;  mais  cette  conden- 
sation des  vapeurs  aqueuses,  rapidement  entraînées  par  les  courants 
ascendants  vers  les  régions  froides  de  l'atmosphère,  et  se  liquéfiant  avant 
d  avoir  passé  à  l'état  de  nuage,  ne  l'occupa  que  peu  d'instants  :  il  voyait 


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IX 

se  dérouler  devant  lui  un  amphithéâtre  enchanté,  que  vivifiaient  à  la  fois 
la  pluie  et  le  soleil;  bientôt  la  folle  du  logis  vint  murmurer  à  son  oreille  : 


A  travers  le  liseu  d'un  réseau  diaphane, 
Yois-tu,  dans  le  lointain ,  les  lapis  de  gazon , 
L'humble  troupeau  paissant»  l'ondoyante  moisson  , 
Et  le  clocher  rustique,  et  la  pauvre  cabane, 
El  la  sombre  forèl,  qui  fnit  à  Thorizon  ? 

L'aérien  cristal... 


Ici  la  folle  y  voulant  décrire  Varc^n-ciel  ^  s'arrêta,  faute  de  Science;  la 
Raison  vint  à  son  secours,  et  consentit  à  prendre  le  langage  de  sa  sœur 
pour  exprimer  la  décomposition  des  rayons  lumineux,  réfractés  et  réflé- 
chis en  traversant  la  pluie  tombante: 


L'aérien  cristal,  percé  par  la  lumière, 
Détourne  les  rayons  de  leur  marche  première , 
Et  leur  faisceau  brisé  forme  un  arc  gracieux. 


Alors  l'Imagination  put  achever  le  tableau 


Sept  rubans  colorés  composent  ce  portique, 

Qui,  simple  en  ses  contours,  mais  d'un  aspect  magique, 

Semble  aux  fils  de  la  terre  une  porte  des  cieux. 


Cette  élégante  Campanule  à  feuilles  de  lierre  tapissait  les  parois  hu- 
mides d'une  petite  fontaine,  assise  sur  la  pente  d'un  coteau  boisé.  Celait 
le  dimanche  de  la  Fête-Dieu;  une  croix,  grossièrement  taillée  dans  le 
granit,  sanctifiait  la  source  d'eau  vive,  jaillissant  du  roc  pour  étancher  la 
soif  du  voyageur;  des  Digitales  pourprées  s'étageaient  à  l'entour  avec 


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une  symétrie  merveilleuse ,  et  leurs  grappes  figuraient  des  cierges,  or- 
nant un  reposoir  du  Saint  -  Sacrement  ;  une  voûte  de  verdure,  formée 
par  des  hêtres  séculaires,  complétait  la  décoration.  Sous  cx!  mystérieux 
ombrage,  le  botaniste  comprit  que  le  dôme  des  forêts  était  le  premier 
temple  où  Thomme  avait  adoré  Dieu.  Il  se  souvint  avec  émotion  qu'en 
ce  moment,  dans  la  ville  qu'il  avait  quittée  le  matin,  les  rues  étaient 
tendues  de  blanc  et  jonchées  de  fleurs,  et  qu'une  foule  silencieuse 
accompagnait  la  procession,  s'avançant  vers  les  reposoirs,  aux  sons  d'une 
musique  religieuse  et  militaire.  Alors  l'humble  fontaine  devint  à  ses  yeux 
un  autel  dressé  par  la  nature  pour  recevoir  sa  prière;  il  entendit  les 
passereaux  et  les  tourterelles  chanter  un  hymne  au  Créateur;  les 
soupirs  harmonieux  de  l'orgue  descendirent  de  la  cime  des  arbres 
balancés  par  la  brise,  et  il  s'agenouilla  devant  la  petite  croix  de  pierre, 
avec  autant  de  recueillement  que  devant  le  tabernacle  doré  d'une 
cathédrale. 

Je  n'ai  pas  terminé  l'énumération  des  plaisirs  de  l'herborisateur  :  il  en 
est  un  encore,  le  plus  vif  de  tous  peut-être,  c'est  celui  qu'il  trouve  dans 
sa  vanité.  Il  est  bien  entendu  que  je  parle  ici  de  certains  collecteurs,  et 
non  des  botanistes  sérieux.  Celui  dont  je  veux  parler  est  fier  de  pos- 
séder ^ew/  une  Espèce,  fier  de  Tavoir  seul  récoltée,  fier  de  connaître  ^^ 
sa  localité.  Mais  s'il  pouvait  découvrir  muq  Espèce  nouvelle!!  Que  dis-je? 
établir  un  genre  nouveau  et  lui  donner  son  nom  III  ambition  pleine 
d'inquiétude  et  de  charme,  qui  abrège  son  sommeil,  et  le  fait  bien  sou- 
vent devancer  l'aurore  sur  le  théâtre  de  ses  explorations.  Il  y  a  certaines 
Plantes  rares  qui  ne  sont  qu'imparfaitement  connues  :  les  auteurs  qui  les 
ont  décrites  n'ont  pu  les  observer  qu'à  F  état  sec;  peut-être  ont-ils  confondu 
des  Espèces  voisines!  peut-être  même  réuni  en  un  seul  deux  ^^;?re^ dis- 
tincts I  !  Ce  sont  ces  Plantes  (lue  rherborisateur  recherche  le  plus  curieu- 
sement; les  détails  les  plus  insignifiants  de  leur  structure  deviennent 
l'objet  d'une  minutieuse  analyse.  S'il  rencontre  le  plus  léger  caractère 
exceptionnel,  ou  même  une  simple  variation  dans  les  dimensions  ou  la 
couleur,  cette  différence  prend  à  ses  yeux  des  proportions  exagérées;  il 
croit  avoir  fait  la  découverte  d'un  nouveau  type,  et  il  n'a  plus  de  repos, 
jusqu'à  ce  que  son  nom,  gaulois  ou  tudesque,  terminé  en  owr,  ou  en  ard^ 


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XI 

ou  en  ier^  ou  en  ach^  ou  en  mann^  ou  en  berg,  ou  en  ski  y  ou  en  dorf^ 
soit  allongé  de  la  désinence  latine  m,  qui  en  fera  un  nom  générique... 
Je  me  figure  un  de  ces  heureux  monomanes,  tombant  sur  une  Es- 
pèce rare,  longtemps  cherchée;  je  crois  entendre  ses  exclamations 
passionnées: 


La  voilà  donc,  enfin!  je  la  liens,  cette  Plante, 

Que  le  divin  Linné  n'observa  pas  vivante! 

0  pétales  caducs,  stigmate  fugitir. 

Vous  n'échapperez  jioint  à  mon  œil  attentif; 

Vos  merveilles  pour  moi  n'auront  plus  de  mystères! 

Je  t'adore,  ô  pistil!  je  vous  salue,  anthères!... 

Oue  vois-je?  un  poil  articulé, 

A  la  base  de  ces  nectaires!  ! 

Linné  ne  Ta  point  signalé  I 
Nouveau  (ienre  !  !  !  il  le  faut  séparer  de  ses  frères, 
Et  c'est  de  mon  nom  seul  qu'il  doit  être  appelé 

Son  cœur  est  enivré  d'une  extase  divine, 
Un  oxygène  pur  dilate  sa  poitrine; 
Sur  un  fragile  poil  il  se  platt  à  bâtir 
L'éternel  monument  de  sa  gloire  à  venir. 
Et  l'obscur  plébéien,  dont  le  nom  germanique 
A  pris  pour  s'anoblir  la  finale  italique, 
De  ce  manteau  rothain  parant  sa  vanité, 
Ira  de  Flore  en  Flore  à  la  postérité. 


Cette  fâcheuse  coutume  de  désigner  par  un  nom  d'homme  les  Genres 
nouvellement  établis ,  prend  sa  source  dans  un  principe  louable^  posé 
par  les  Pères  de  la  Botanique^  et  dont  les  modernes  ont  étrangement 
abusé.  Les  Grecs  avaient  eu  les  premiers  l'idée  de  perpétuer  par  des 
fleurs  la  mémoire  de  leurs  demi-dieux,  de  leurs  héros  et  de  leurs  princes  : 
ChiroTif  Esculape,  Circé^  Achille^  Adonis^  Artémise,  Télèphe  renaissaient 
chaque  année  avec  la  Plante  qui  portail  leur  nom.  Nos  maîtres  ont  voulu 


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XII 

imiter  les  anciens^  et  ils  ont  dédié  des  genres  à  leui*s  amis^  à  leurs  bien- 
faiteurs et  aux  protecteurs  de  la  Science.  Clusius^  qui  vivait  au  seizième 
siècle,  dédia  une  Primulacée  à  son  ami  Cortustis,  et  le  Genre  fut  nommé 
Cortma.  Dans  le  siècle  suivant,  Plumier,  pour  honorer  Magnol,  profes- 
seur à  Montpellier,  lui  dédia  de  beaux  arbres  de  TAsie  et  de  l'Amérique, 
qui  prirent  le  nom  de  Magnolia;  Tournefort  créa  le  genre  Bignonia  en 
rhonneur  du  savant  abbé  Bignon,  bibliothécaire  du  Roi,  et  zélé  pour  la 
Botanique.  Dans  le  grand  nombre  de  Genres  qu'il  établit,  huit  cent  cin- 
quante environ,  il  n'y  en  a  pas  vingt  qui  aient  reçu  des  noms  d'homme , 
et  tous  ces  noms  sont  euphoniques.  Linné,  cinquante  ans  )>lus  tard, 
ajouta  moins  de  trois  cen(s  Genres  à  ceux  de  ses  devanciers;  et,  dans  ce 
nombre,  on  eu  compte  près  de  quatre-vingts  qui  portent  des  noms  per- 
sonnels; il  n'y  en  a  guère  que  la  moitié  qui  soient  euphoniques,  tels  que 
Galenia^  Celsia^  Camellia^  Spigelia^  Robinia,  Stapelia^  Dillenia,  etc.; 
les  autres  sont  complètement  étrangers  au  génie  et  à  la  prononciation 
de  la  langue  latine  :  Gleditschia^  Hebenstreitia  ^  Kaempferia,  Knautia, 
Rudbeckia^  Schenchzeria^  Siegesbeckia^  etc.,  etc Ces  noms  cacopho- 
niques n'eussent  jamais  été  admis  par  Tournefort;  mais  l'autorité 
suprême  de  Linné  leur  donna  le  droit  de  cité,  et  dès  ce  moment  les 
portes  de  la  place  furent  ouvertes  aux  barbares. 

Linné  avait  écrit  dans  sa  Philosophie  botanique  :  «  Les  noms  génériques 
établis  pour  conserver  la  mémoire  des  hommes  qui  ont  bien  mérité  de 
la  science  doivent  être  religieusement  respectés  :  c'est  Tunique  et 
suprême  récompense  de  leurs  travaux  :  a*ssi  faut-il  la  décerner  avec 
circonspection,  pour  l'encouragement  et  la  gloire  des  botanistes.  » 
Nomina  generica  ad  botanici  optimè  meriti  memoriam  conservandam 
constructa^  sanctè  servanda  sunt.  Hoc  unicum  et  summum  prœmium 
laboris,  caste  dispensandum^  ad  incilamentum  et  ornamentum  Botanices. 

(LiNN.,  Philos,  bot.) 

Si  le  grand  législateur  de  la  Botanique  reparaissait  [â  utinam!) ,  et 
s'il  lisait  Vindex  du  Gênera  d'Endlicher,  il  s'écrierait  douloureusement, 
comme  le  berger  de  Virgile  :  «  Insensé  !  qu'ai-je  fait?  J'ai  appelé  sur  mes 
fleurs  le  vent  du  Midi ,  et  j'ai  lancé  les  pourceaux  dans  mes  limpides 
fontaines.  » 


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XIII 


Ehfu!  quid  volui  misero  mihil  floribm  Austrum, 
Perditns,  et  liquidis  immisi  fontibus  apros. 


Il  suffit,  en  effet,  de  mettre  en  regard  quelques-uns  des  noms  antiques 
et  des  noms  modernes,  pour  voir  à  quel  point  la  vase,  remuée  par  les 
sangliers,  a  troublé  le  cristal  des  eaux. 


DAPHIIR,  HARaSSUS,  ADOmS  ,  ARETHU8A  ,  ATtOPA  , 
BTACllITHUS,  AlfDBOMEDA,  PROTEA,  DRTA8  ACHILLEA, 
CmtAtJIIEl,  CHiBOItIA,  CEBBiraA,  CIRCiBA ,  TEUCRIDM 
8ATTRIUM,  NTMPHiBA,  MAIA8,  MELISSA ,  NAPiEA,  IRIà, 
VALERIANA,  MERCURIALIS,  LTSIMACHIA ,  AMARTLLI8 , 
AITOnSIA,  A8CLEPIAS,  KTS8A ,  8ERANAS,  ALTOSA , 
TELEPHIUM  ,    EUPATORIUM  ,   GENTIANA  ,    PHTLLIS. 


Kosteletskidi,  Schweiggeria,  Bischofia, 
Trautvettefm^  Waehendorfm^  Wn'flf/i^ia, 
Putterlickiei^  Temstroemia,  Zattschneria^ 
Escholtzia,  Kalbfussidi^  Benninghausenidi, 
Sc/irancftia,  Grabowshidi,  Schlechtendalm, 
Krynitskiidij  O-Hiaginsisi^  Broughtonia  ^ 
Messerschmidtidi ,  Krascheninikovm,  etc. 


Voilà  les  noms  dont  le  mélange  constitue  le  Gênera  de  la  Botanique... 
Ne  semble-t-il  pas  voir  une  horde  de  Tartar^s  Kalmoucks ,  qui  ont  fait 
irruption  dans  une  ville  de  Tltalie,  et  qui  viennent  opposer  leur  face 
anguleuse  aux  lignes  pures  et  suaves  du  visage  romain? 

Ce  n'est  pas  seulement  avec  la  nomenclature  mythologique  que  ces 
noms  baii)ares  font  un  contraste  choquant  :  ils  sont  associés  à  une  foule 
de  termes  primitifs,  employés  par  les  Grecs  et  les  Romains  pour  désigner 
les  Plantes,  et  qui  tous  sont  doux  à  Toreille,  tels  que  Carduus^  Solanum, 
Juniperus,  Avena,  Coryius,  Viola,  Cytisus,  PlatanuSy  Ulex,  etc.,  etc. 

Les  anciens  avaient  en  outre  composé  des  noms  significatifs  qui  faci- 
litaient la  mnémonique  des  Végétaux  connus  de  leur  temps.  Pline  nous 
a  transmis  le  Géranium,  dont  le  pistil  s'allonge  en  bec  de  grue;  le 
Myosotis^  dont  les  feuilles  ressemblent  à  des  oreilles  de  souris;  Vffip- 
puris,  qui  figure  une  queue  de  cheval;  le  Tussilago,  qui  chasse  la  toux; 
le  Chelidonium,  dont  la  floraison  dui'e  autant  que  le  séjour  des  hiron- 
delles; le  Dipsacus,  <|ni  guérit  la  soif  an  moyen  de  ses  feuilles,  opposées 
et  réunies  de  manière  à  former  une  écuelle,  où  se  conservent  les  eaux 
pluviales,  etc. ,  etc.  —  l^s  modernes  cmt  imité  les  anciens,  sans  être 
toujours  aussi  heureux,  et  ils  ont  créé  un  grand  nombre  de  noms  com- 


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XIT 

posés,  tels  (jue  VOrnithopus^  dont  les  fruits  resseiiiblenl  à  un  pied  d'oi- 
seau; le  Theohroma^  qui  donne  le  chocolat,  nourriture  des  dieux; 
ÏAquilegia,  dont  les  pétales  figurent  des  urnes  pour  recueillir  de  F  eau: 
le  Tropœolurriy  dont  les  feuilles,  en  bouclier,  offrent  Taspect  d'un  petit 
trophée;  le  Passiftora^  ou  fleur  de  la  Passion ,  qui,  par  les  filaments 
pointus  de  sa  corolle,  ses  stigmates,  ses  anthères  et  les  vrilles  de  sa  tige, 
représente  la  couronne  d'épines,  les  clous,  les  marteaux  et  les  cordes, 
instruments  du  supplice  de  Jésus-Christ Qu'elle  est  irritante  la  compa- 
raison de  ces  appellations  gracieuses  avec  les  noms  patronymiques  des 
modernes  ! 

Encore  si  la  volonté  du  législateur  avait  été  respectée  ;  si  ces  grotesques 
brevets  d'immortalité  n'étaient  distribués  qu'avec  une  sévère  parcimonie! 
Si  on  les  avait  exclusivement  réservés  aux  chefs  de  la  Science,  à  ses  pro- 
tecteurs, à  ses  martyrsl  l'abbé  Bignon^  zélé  promoteur  de  la  Botanique 
(Bignonia);  le  prince  Gaston  de  Bourbon,  qui  fonda  le  plus  ancien  jardin 
botanique  de  France  (Borbonia)  ;  Guy  Fagon,  le  médecin-poëte,  qui  fut 
le  second  créateur  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris  (Fagonia);  ces  noms  ne 
peuvent  déplaire  à  personne.  Ceux  des  intrépides  voyageurs  qui  moururent 
loin  de  leur  patrie,  victimes  de  leur  dévouement  à  la  science,  sont  accueil- 
lis avec  sympathie  :  Comm^^^m,  qui  flairait  les  espèces  nouvelles  (Corn- 
mersonia)  ;  BerterOy  qui  sacrifiait  sa  fortune  pour  fréter  le  navire  destiné 
au  transport  de  sa  cargaison  botanique  (Berteroa);  fiiedléy  qui  se  sentit 
mourir,  et  dont  les  dernières  paroles  furent  une  prière  à  ses  compagnons 
pour  la  conservation  du  Figuier  à  longues  feuilles  [Biedleia). 

Les  trois  plus  grands  noms  de  la  science,  Toornefort,  Linné,  Jussieu, 
ne  pouvaient  échapper  à  cette  canonisation*  Celui  de  Linné  (Linnœus) 
était  euphonique  et  d'une  bonne  latinité;  le  nom,  franchement  gaulois, 
de  Tournefort  est  bien  ridiculement  garbé  à  la  romaine  par  le  mot 
Tourne fortia;  celui  àeJussieu  se  refuse  si  obstinément  à  la  désinence 
latine,  qu'il  a  été  traduit  de  cinq  façons  différentes  :  Linné,  après  avoir 
donné  au  même  genre  les  noms  de  Jussieua,  de  Jussievia^  de  Jussiœay 
s'était  décidé  pour  le  dernier;  Âdanson  l'avait  remplacé  d'abord  par  le 
Jussea^  puis  par  le  Jussia;  Houston,  sans  détruire  le  Jussiœa,  qui  est  une 
Onagrariée,  réserva  le  Jussievia  pour  une  Euphorbiacée;  M.  Ad.  Bron- 


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gniart,  dans  son  catalogue,  maintient  Tancien  Jmsieua)  msiis  Jtissîeua ^ 
de  même  que  Tournefortia^  n'est  plus  français,  et  ne  sera  jamais  latin; 
toutefois  ces  noms,  qui  appartiennent  aux  princes  de  la  Botanique,  ne 
sont  jamais  prononcés  sans  réveiller  un  sentiment  de  reconnaissance  et 
de  vénération. 

Mais  que  dire  de  cette  tourbe  de  noms  obscurs  qui  viennent  audacieu- 
sement  se  placer  au  niveau  de  ceux  que  je  viens  d*écrire?  Comment 
s'expliquer  et  tolérer  cette  invasion  des  médiocrités,  qui  forment  une 
foule  compacte,  dans  laquelle  sont  perdus  les  hommes  de  génie?  On  se 
Texplique  et  Ton  prend  patience  en  répétant  les  paroles  du  Misanthrope  : 


Hél  madame,  Ton  loue  à  présent  tout  le  monde 
Et  le  siècle  par  là  n'a  rien  qu'on  ne  confonde; 
Tout  est  d'un  grand  mérite  également  doué  ; 
Ce  n'est  plus  un  honneur  que  de  se  \oir  loué; 
D'éloges  on  regorge,  à  la  tête  on  les  jette, 
Et  mon  valet  de  chambre  est  mis  dans  la  gazette. 


Mais  enfin  résignons-nous  à  la  confusion  des  grands  et  des  petits  :  aussi 
bien,  les  grands  y  ont  consenti  :  au  lieu  de  se  réserver  l'autorité  souve- 
raine en  matière  de  nomenclature,  ils  Tout  abandonnée  à  tout  venant; 
au  lieu  d'exercer  une  surveillance  active  et  sévère  aux  abords  du  temple 
de  la  Science,  ils  en  ont  laissé  encombrer  le  seuil,  et  il  n'y  a  plus  désor- 
mais que  les  gens  du  métier  qui  aient  le  courage  de  le  franchir.  Admet- 
tons donc  les  noms  d'homme  donnés  aux  Genres,  quelque  rocailleux, 
quelque  triviaux,  quelque  ridicules  qu'ils  puissent  être  I...  Si  du 
moins  on  pouvait  les  reconnaître,  et  les  rapporter  à  leur  légitime  pro- 
priétaire! Et,  puisque  le  but  de  cette  nomenclature  a  été  de  les  trans- 
mettre à  la  postérité,  comment  la  postérité  pourra-t-elle  deviner  que  le 
genre  Gundelia  est  dédié  à  Gundelsheimer ;  Rayanah  Ray;  Valantia  à 
Faî7/aw/ ;  que  les  genres  Delesseria  ei  Lessertia  désignent  tous  deux  le 
respectable^.  Delessert,  bienfaiteur  de  la  Botanique? 

Que  direz-vouSy  races  futures ,  quand  vous  aurez  à  décider  si  Miehelia 


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XVi 

répond  à  Michelin  ou  à  un  il/îcA^/ quelconque  ;  Rochea  à  La  Roche  ^  ou 
Roche^  ou  à  Roch  ;  Monninaj  au  noble  comte  castillan  Monnino  de  Flora- 
hianca^  ou  à  Jean  Monnin  tout  court;  Lavatera^  au  docteur  Lavater, 
ami  deïournefort,  ou  au  pdisienv Lavater^  le  fameux  physiognomoniste??? 
Je  me  figure  Tembarras  de  la  postérité...  Cet  embarras  se  fait  déjà  sentir 
pour  le  nom  qui  domine  dans  l'histoire  de  la  Botanique  :  on  se  demande 
si  le  genre  Jmsiœa  est  consacré  à  Antoine  de  Jussieu,  ou  à  Bernard  de 
JussieUy  ou  à  votre  illustre  père,  qui  les  a  si  glorieusement  surpassés. 
Ceux  qui  étudieront  la  famille  des  Euphorhiacées ,  dont  vous  avez, 
M<msieur ,  si  complètement  élucidé  l'histoire ,  seront  naturellement 
portés  à  dégager  le  nom  A' Adrien  du  genre  Jussievia^  établi  par  Houston; 
mais  les  érudîts  seuls  sauront  que  Houston  était  mort  avant  que  vous 
fussiez  né. 

Et  les  homonymes  dont  les  noms  vulgaires  sont  imprimés  sur  toutes 
les  enseignes  :  les  Morin ,  les  Leroux ,  les  Lehreton ,  les  Robert ,  les 
Gaillard  y  comment  vont-ils  s'arranger  dans  les  siècles  à  venir?  Plus 
d'un,  sans  doute,  parmi  eux,  fera  peindre  sur  les  panneaux  de  sa  voiture 
une  fleur  de  Morina^  de  Lerouxia^  de  Lebretonia^  de  Robertia^  de 
Gaillardia,..  Il  y  aura  procès  en  usurpation  d'armoiries,  et  la  postérité 
rira  bien...  Je  crains  un  peu  moins  ce  scandale  pour  les  Fougeroux^  les 
Bonnemaison  y  les  Grateloup^  \esLeschenault,  etc.  ;  peu  de  rivaux  leur 
disputeront  la  i)ropriété  du  Fougerouxia^  du  Bonnemaisonnia,  du  Grate- 
loupia,  du  Leschenaultia. 

Mais  le  plus  maltraité  dans  cette  confusion,  inévitable  et  peu  éloignée, 
sera  le  bon  professeur  Louiche  Des  fontaines ,  auquel  on  substitue  déjà 
M.  de  FontaneSy  le  grand -maître  de  l'Université  impériale.  Il  avait 
renoncé  au  genre  cacophonique  de  Louichea,  établi  par  L'héritier,  et  il 
avait  accepté  de  Labillardière  celui  de  Fontanesia;  or  il  arrive  que, 
d'après  la  règle  de  formation,  c'est  le  grand-maître  qui  profite  de  cette 
dédicace;  en  vain  Hoffmann,  pour  empêcher  la  méprise,  avait  changé 
Fontanesia  en  Des  font  ainesia  :  M.  Ad.  Brongniart  a  conservé  le  premier 
dans  son  catalogue,  de  sorte  qu'il  ne  reste  plus  à  Desfontaines  que  le 
Desfontainea,  genre  peu  authentique  de  Ruiz  et  Pavon. 

Ainsi  cette  nomenclature  personnelle,  créée  par  la  reconnaissance  et 


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XVII 

l'amitié,  travestie  par  le  mauvais  {joùt,  avilie  par  Fadulation  et  la  vanité, 
ne  réalise  les  intentions  ni  de  ceux  qui  l'ont  établie,  ni  de  ceux  qui  l'ont 
détournée  de  son  objet  primitif. 

«  Voilà  bien  des  lamentations  pour  peu  de  chose,  diraient,  en  me 
lisant,  quelques  faiseurs  d'herbiers,  ou  même  quelques  savants,  pour  qui 
Teuphonie  et  la  mnémonique  de  la  langue  botanique  sont  des  mots  vides 
de  sens Qu'importe  la  nomenclature,  pourvu  que  les  savants  s'en- 
tendent? Noms  grecs,  noms  latins,  noms  gallo-latins,  noms  germano- 
latins,  tous  sont  bons,  puisque  les  savants  peuvent  s'en  servir  :  s'ils  les 
ont  adoptés,  c'est  qu'ils  leur  convenaient;  il  n'y  a  plus  à  revenir  sur 
cette  consécration,  qui  est  désormais  un  fait  accompli.  » 

A  ce  quiétisme  désolant  il  faut  opposer  un  dilemme  :  la  science 
est-elle  ou  n'est-elle  pas  la  propriété  exclusive  des  savants?  Dans 
l'affirmative,  il  n'y  a  pas  lieu  de  les  accuser  :  ce  sont  purement  et 
simplement  des  prêtres  d'Egypte  ;  ils  ont  usé  de  leur  droit  en  se  créant 
une  langue  qu'eux  seuls  peuvent  parler,  et  qui  rend  leur  sanctuaire 
inaccessible  :  ils  peuvent  s'y  tenir  bien  tranquilles ,  jamais  le  profane 
vulgaire  ne  tentera  de  pénétrer  dans  une  enceinte  gardée  par  des  dragons 
tels  que  MM.  Wachendorf^Messerschmidt^Krascheninikof,  etc.,  etc.  Mais 
si  (ce  que  personne  ne  conteste)  le  profane  vulgaire,  qui  n'est  autre  que  le 
public,  a  droit  aux  jouissances  de  la  science,  dont  il  est,  en  définitive,  le 
plus  puissant  protecteur,  pourquoi,  après  l'avoir  convié  à  ces  jouissances 
par  des  leçons  publiques  et  des  livres  élémentaires  qui  stimulent  ça  cu- 
riosité, lui  présenter,  dans  la  nomenclature,  un  obstacle  insurmontable? 

Je  dis  insurmontable^  et  ce  n'est  pas  une  hyperbole.  Qui  pourrait  nier 
que  la  nomenclature  ne  soit  d'une  importance  fondamentale?  Si  l'on 
ignore  les  noms,  on  ne  peut  retenir  la  connaissance  des  choses  :  Nomina 
si  nesciSj  périt  et  cognitio  rerum,  La  nomenclature  est  la  porte  de  l'édi- 
fice, et  cette  porte  n'en  est  une  que  tant  qu'elle  reste  ouverte.  Or,  la 
condition  essentielle  pour  une  nomenclature  dont  le  vocabulaire  est  im- 
mense^ c'est  d'être  facile  à  retenir,  et  par  conséquent  euphonique  avant 
tout.  Qu'arrive-t-il  aux  gens  du  monde  qui  analysent  dans  une  Flore 
la  Plante  dont  ils  veulent  connaître  le  nom?  Ils  sont  pleins  de  zèle,  tant 
qu'il  ne  s'agit  que  d'étudier  la  structure  des  organes.  Celle  variété  dans 


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WIII 

r  unité  y  qui  les  surprend  elles  charme,  leur  offre  une  suite  de  découvertes 
inatlendues,  dont  la  moindre  suffit  pour  exciter  leur  ardeur.  Mais,  lors- 
que, après  avoir  reconnu  la  Famille^  ils  passent  à  la  détermination  du 
Genre ^  et  que,  par  une  analyse  poursuivie  avec  persévérance  et  dirigée 
dans  la  bonne  voie,  ils  sont  conduits  à  un  nom  barbare,  le  plaisir  attaché 
à  la  difficulté  vaincue  s'évanouit  aussitôt  pour  eux;  ils  sMndignent  de 
celte  disparate  entre  une  Plante  que  la  nature  créa  svelte  et  gracieuse,  et 
le  nom  repoussant  que  les  hommes  lui  ont  imposé  ;  le  dégoût  succède  à 
l'impatience,  et  l'aversion  qu'inspire  la  nomenclature  se  répand  sur  la 
Science  elle-même. 

Voilà  le  principal  obstacle  qui  empêche  la  Botanique  de  devenir  popu- 
laire ;  voilà  ce  qui  fait  que  les  Flores,  livres  délicieux,  qui  devraient  être 
aussi  répandus  que  les  Fables  de  La  Fontaine,  sont  des  livres  rares, 
pratiqués  par  quelques  amateurs  passionnés,  ou  par  les  botanistes  de 
profession. 

Si  je  suis  entré.  Monsieur,  dans  ces  longs  détails  pour  mettre  en  évi- 
dence les  inconvénients  de  la  nomenclature  'personnelle  ^  c'est  que  je 
m'adressais,  non  pas  au  membre  de  TÂcadémie  des  Sciences,  mais  au 
jeune  lauréat  du  Concours  général,  entré  jadis  dans  la  carrière,  libre  du 
joug  des  préventions  et  de  la  coutume  ;  c'est  cette  indépendance  philo- 
sophique, à  laquelle  il  n'a  pu  renoncer,  qui  le  portera,  j'ose  Tespérer, 
à  reconnaître  : 

K"*  Que  la  nomenclature  des  noms  propres  détruit  l'élément  poétique  de 
la  Science,  élément  réel,  sensible  à  tous  les  esprits  justes,  etauquel  la  Bota- 
nique  doit  l'impulsion  puissante  qu'elle  a  reçue  entre  les  mains  de  Linné  ; 

2**  Que  cette  nomenclature  blesse  l'oreille,  et  dépasse  les  forces  de  la 
mémoire  la  plus  robuste  ; 

5""  Que,  loin  d'être  la  récompense  des  sommités  scientifiques,  elle  a  été 
abandonnée  à  la  plèbe  des  naturalistes; 

V  Qu'enfin  elle  manque  son  but,  puisque  les  noms,  défigurés  par  une 
désinence  hétérogène,  sont  souvent  méconnaissables,  et  donnent  lieu  à 
de  lourdes  méprises. 

Si  donc  la  nomenclature  personnelle  est  reconnue  barbare j  antùmné- 
monique ,  anarchique  et  inefficace ^  il  faut  la  réformer  sans  hésitation  ; 


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XIX 

l'usage  établi  ne  peut  avoir  force  de  loi  au  détriment  de  la  raison. 
D'ailleurs  le  ridicule,  incapable  en  France  d'acquérir  la  prescription, 
est  pour  cette  nomenclature  une  cause  de  mort,  plus  ou  moins  prochaine; 
et,  puisqu'elle  doit  périr  tôt  ou  tard,  il  vaut  mieux  qu'elle  périsse  avant 
d'avoir  pris  des  développements  tels,  que  sa  ruine  jetterait  du  désordre 
dans  la  langue  de  la  Botanique. 

Mais,  dira-t-on,  c'est  une  révolution  que  vous  proposez  !  —  Dieu  m'en 
garde I  c'est  tout  au  plus  une  restauration ^  c'est-à-djre  un  retour  à  la 
nomenclature  des  anciens,  qui  consistait  en  noms  radicaux  insignifiants, 
en  noms  propres,  mythologiques  ou  historiques,  et  en  noms  compo- 
sés significatifs. 

Soyons  conséquents  :  la  nomenclature,  puisqu'elle  est  latine,  doit  se 
conformer  au  génie  de  la  langue  latine;  tous  les  noms  français  ou  alle- 
mands que  ce  génie  réprouve,  doivent  donc  disparaître  de  son  vocabu- 
laire ,  à  commencer  par  ceux  de  Tournefort  et  de  Jussieu ,  nos  maîtres 
les  plus  révérés.  Ces  noms  ont-ils  besoin  d'une  terminaison  latine^  qui 
les  altère,  pour  passer  à  la  postérité?  Qui  oserait  l'affirmer?  Je  dirai 
plus  ;  si  ce  travestissement  leur  était  nécessaire  pour  échappera  Toubli, 
ils  ne  seraient  pas  dignes  de  l'immortalité.  Non,  les  princes  de  la  Bota- 
nique n'ont  rien  à  perdre  à  cette  réforme;  ce  ne  sont  pas  non  plus  les 
chefs  actuels  de  la  science ,  les  Brown ,  les  MohI ,  les.  Lindley ,  les 
Schleïden,  les  A.  de  Jussieu,  les  Brongniart,  les  A.  de  Candolle,  les 
Decaisne,  les  Dunal,  les  A.  Saint-Hilaire,  et  tant  d'autres  botanistes  esti- 
mables, qui  doivent  s'en  inquiéter  :  les  hommes  qu'elle  irritera  sont 
ceux  dont  les  noms  ont  besoin,  pour  leur  survivre,  d'être  latinisés;  et, 
en  vérité,  la  conservation  de  ces  noms  n'a  pas  assez  d'importance  pour 
qu'on  l'obtienne  aux  dépens  de  la  mnémonique,  condition  essentielle  de 
toute  nomenclature,  et  sans  laquelle  les  Flores  resteront  éternellement 
lettres  closes  pour  le  public. 

Si  le  principe  de  celte  réforme  était  admis,  le  changement  de  sept  à  huit 
cents  noms  serait,  pour  une  Commission  de  savants  instituée  à  cet  effet,  un 
travail  de  quelques  semaines  :  ils  trouveraient  en  abondance  des  noms 
euphoniques  dans  le  personnel  de  la  mythologie,  de  l'histoire  ancienne, 
et  même,  au  besoin,  dans  le  calendrier  :  tout  nom  propre  est  admissible. 


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x\ 

pourvu  qu'il  se  latinise  bien^  et  qu  il  soit  doux  à  l'oreille.  S\\  se  pouvait 
que  ce  nom  offrît  quelque  rapport  allégorique  avec  la  plante^  ce  serait 
une  circonslance  heureuse.  C'est  ainsi  que  Linné  a  donné  le  nom  d'une 
des  Parques  (A/rojoo^)  à  une  herbe  vénéneuse;  le  nom  d'Agave,  qui 
déchira  son  fils  Penthée,  à  des  espèces  dont  les  feuilles  sont  piquantes 
à  leur  extrémité,  et  épineuses  sur  leurs  bords;  le  nom  du  joyeux  Silène 
à  desCaryophyllées  dont  le  calice  est  ventru.  C'est  ainsi  que  Commerson 
a  établi  le  genre  Dandide  pour  des  Rubiacées  dioïques,  où  les  organes 
femelles  étouffent  les  organes  mâles,  comme  les  Danaïdes  étouffèrent  leurs 
maris.  Vous  aussi,  Monsieur,  avez  été  guidé  par  ce  sentiment  des  analo- 
gies entre  le  mot  et  la  chose,  quand  vous  avez,  dans  votre  monographie 
des  Malpighîacées,  désigné  sous  le  nom  de  Janusiay  un  genre  dont  les 
fleurs  ont,  comme  Janus,  un  double  visage  :  les  unes  normales,  possé- 
dant une  organisation  complète;  les  autres  anormales,  dépourvues  de 
glandes  calycinales,  de  pétales,  d'étamines,  et  réduites  à  deux  ovaires. 

Lorsque  leréperloire  des  noms  propres  serait  épuisé,  on  aurait  à  créer 
des  noms  significatifs,  comme  ceux  qui  ont  déjà  été  établis  par  les  anciens 
et  par  les  modernes.  La  langue  grecque,  mère  de  la  langue  latine,  se 
prêle  merveilleusement  à  la  composition,  et  offrirait  une  source  abon- 
dante de  combinaisons  harmonieuses. 

Il  serait  indispensable  de  remplacer  en  môme  temps  quelques  noms, 
dont  l'origine  fait  frémir  le  bon  sens,  et  qu'Adanson  composait  en  tirant 
au  sort  des  voyelles  et  des  consonnes,  et  les  combinant  de  toutes  les  façons, 
jusqu'à  ce  qu'elles  eussent  produit  un  mot  articulable,  tel  que  Tolpis  ^ 
Kalanchoéy  Kolman.  —  Il  faudrait  aussi  supprimer  certains  anagrammes 
bizarres,  par  lesquels  Cassini  a  voulu  désigner  des  Genres  voisins,  pour 
ne  pas  créer  des  mots  nouveaux ,  ainsi,  du  genre  Filago  il  tirait,  par  la 
transposition  des  lettres ,  les  genres  Logfia,  Gifolay  Iglofa^  Oglifa  ;  ces 
noms,  forgés  dans  l'intention  de  soulager  la  mémoire,  sont,  précisément 
à  cause  de  leur  grande  ressemblance,  bien  plus  fatigants  pour  elle. 

La  nomenclature  une  fois  rendue  à  sa  primitive  unité,  et  redevenue 
vraiment  latine,  rien  ne  serait  plus  facile  que  de  réparer  le  dommage  fait 
aux  propriétaires  dépossédés;  il  suffirait  pour  cela  de  mettre  au-dessous 
du  nom  générique  :  dédié  à  N.,.  Ce  moyen  concilierait  tous  les  intérêts; 


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XXI 

il  serait  même  plus  avantageux  pour  les  personnes,  parce  que  leur  nom, 
conservé  intact,  et  spécifié  par  le  prénom,  ne  courrait  plus  le  risque  d'être 
méconnu;  d'un  autre  côté,  en  y  ajoutant  quelques  mots  pour  motiver  la 
dédicace,  on  en  ferait  une  note  bibliographique  ou  historique,  qui  ne 
serait  pas  sans  intérêt. 

Si  cette  réforme  était  repoussée  par  les  autorités  scientifiques  (et  le  cas 
est  probable),  il  faudrait  bien  (ju'un  botaniste  isolé  s'en  chargeât  tôt  ou 
tard  à  ses  risques  et  périls.  Mais,  quel  que  soit  son  mode  d'opérer,  il  se 
gardera  de  placer  les  noms  nouveaux ,  seuls,  en  tête  des  Genres  qu'il 
leur  aura  assignés;  ces  noms  devront  suivre  ou  précéder,  sur  la  même 
ligne  et  en  caractères  égaux,  ceux  qu'ils  sont  destinés  à  remplacer  :  c'est 
le  meilleur  moyen  de  proposer  une  idée  sans  l'imposer.  Ce  travail  aurait 
ensuite  à  obtenir  l'attention  du  public,  et  il  l'obtiendra  tôt  ou  tard,  s'il 
la  méiite  :  dès  lors  il  y  aura  comparaison,  par  conséquent  jugement;  et 
l'opinion  deviendra  son  plus  puissant  auxiliaire. 

Le  bénédictin  qui  aura  le  courage  d'entreprendre  cette  tâche,  et  la  pa- 
tience de  l'achever,  doit  s'attendre  à  bien  des  contrariétés;  il  subira  le 
sort  de  tous  ceux  qui  luttent  contre  des  abus  invétérés,  avec  la  seule  am- 
bition d'être  utiles,  et  avec  les  seules  armes  de  la  raison;  il  devra  donc 
se  résigner  aux  sarcasmes,  et  peut-être  aux  injures  de  beaucoup  de  gens, 
qui  se  croiront  blessés  dans  la  plus  chère  de  leurs  affections,  c'est-à-dire 
dans  leur  amour-propre.  Mais,  pour  se  consoler,  et  se  fortifier  par 
l'exemple  du  divin  Linné,  il  relira  l'exorde  magnifique  du  Système  de 
la  nature,  trésor  de  poésie  et  de  philosophie  religieuse,  dont  Vintroit 
se  termine  ainsi  : 

«  J'ai  pénétré  dans  les  épaisses  et  ténébreuses  Forêts  de  la  Nature;  le 
«  sol  était  hérissé  çà  et  là  d'épines  aiguës  et  crochues  :  j'ai  tâché  de  les 
«  éviter;  mais  j'ai  bientôt  appris  qu'à  l'homme  le  plus  circonspect  la  pru- 
(«  dence  fait  défaut  quelquefois  ;  aussi  ai-je  eu  à  supporter  les  ricanements 
«  des  Satyres,  les  grognements  des  Cynocéphales,  et  les  bonds  des  Cerco- 
«  pithèques,  qui  sautaient  sur  mes  épaules  :  j'ai  poursuivi  ma  roule,  et 
«  achevé  la  course  que  j'avais  entreprise.  »  Intravi  densas  umhrosasque 
Naturœ  Si/vas,  hinc  indè  horr entes  acutissimis  ethamatis  spinis:  evitavi 
quotquot  licuit  plurimas;  at  neminem  tam  esse  circiimspeetum  didia\ 


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Wll 

cujus  non  diligentia  sibi  ipsi  alùpmndo  excidat;  ideoque  ringèntiurn 
Satyrorum  cachinnos,  ^meisque  humeris  insilientium  Cercopitheconim 
exsultationes  sustinui!  incessi  viam^  et  quem  dederat  cursum  fortuna 
peregi. 

Quel  serait  le  disciple  d'un  tel  Maître,  fût-il  obscur  entre  tous,  qui 
n'acceptât  pas  les  plus  pénibles  épreuves,  pour  obtenir  une  réforme  dont 
il  a  reconnu  la  nécessité? 


Ici,  Monsieur,  se  termine  cette  partie  de  ma  longue  lettre,  que  j'avais 
placée  sous  la  protection  des  souvenirs  de  votre  jeunesse.  Ce  que  je  vais 
écrire  ne  s'adresse  plus  qu'au  savant  professeur  du  Muséum  et  de  la  Sor- 
bonnej  aussi  serai-je  plus  sérieux,  et  surtout  plus  concis,  en  vous  entre- 
tenant de  la  détermination  et  de  la  classification  des  Plantes. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  le  plaisir  que  donne  à  l'étudiant  la  conscience 
d'avoir  bien  vu  ce  qu'il  regardait  :  celui  qui  a  pu  vérifier  dans  une  Flore 
le  signalement  complet  de  l'Espèce  dont  il  veut  connaître  le  nom,  celui- 
là  éprouve  des  émotions  flatteuses,  sur  lesquelles  il  ne  se  blasera  jamais. 
Mais  il  est  malheureusement  trop  vrai  que  la  plupart  des  personnes  qui 
récoltent  des  plantes  et  font  des  herbiers,  se  contentent  du  nom  qui  leur  a 
été  donné  par  le  professeur  dont  elles  suivent  l'herborisation,  et  qu'elles  ne 
connaissent  les  Espèces  que  par  leur  physionomie.  Cet  inconvénient,  qui 
est  un  des  plus  grands  obstacles  à  la  propagation  de  la  Botanique,  vient 
de  ce  que  les  floristes^  indépendamment  de  quelques  autres  défauts,  ont 
longtemps  confondu  la  méthode  systématique  ou  système^  avec  la  mé- 
thode naturelle. 

Lamarck,  dans  le  remarquable  discours  préliminaire  de  sa  Flore  fran- 
çaise^ a  démontré  le  premier  que,  pour  résoudre  proraptement  et  sûre- 
ment les  problèmes  de  la  détermination  et  de  la  classification  des 
Plantes,  il  est  indispensable  d'employer  d'abord  le  système ,  œuvre  d'a- 
nalyse, qui  fait  découvrir  le  nom  de  l'individu  en  nous  donnant  son 
signalement  particulier;  puis  la  méthode  naturelhy  œuvre  de  synthèse, 
qui  classe  cet  individu,  et  établit  sa  position  ^ma/i?  dans  le  royaume  ào^ 
végétaux.  Il  est  maintenant  bien  établi  que  le  système  est  le  moyen,  et  la 


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XXIll 

méthode  naturelle  le  but;  et  que  l'adoptioa  exclusive  de  Tua  ou  de 
l'autre  était  une  erreur  nuisible  aux  progrès  de  la  Science,  puisque  cha- 
cun a  ses  avantages,  et  que  l'emploi  successif  de  l'un  et  de  l'autre  concilie 
vérité  et  facilité. 

Le  système  de  Linné  aurait  été  le  meilleur  de  tous,  sans  les  difficultés 
que  présentent  trop  souvent  la  proportion  relative,  la  connexion,  le 
nombre  des  étamines,  et  la  séparation  ou  la  réunion  de  Tandrocée  et  du 
pistil.  L\Iais  on  ne  peut  douter  que  ce  système  n'ait  fourni  à  Lamarck  l'idée 
de  sa  méthode  dichotomique  :  c'est  l'emploi  infructueux  du  système 
Linnéen  qui  lui  fit  comprendre  et  poser  en  principe  que  :  «  aucune  par- 
«  tie  des  Plantes,  prise  à  l'exclusion  des  autres,  ne  fournissant  seule  assez 
«  de  caractères  pour  remplir  l'objet  direct  d'une  distribution  quelconque, 
«  il  est  nécessaire  de  faire  usage  de  tous  les  caractères  que  les  Plantes 
«  peuvent  ofl'rir,  et  d'en  emprunter  indistinctement  de  toutes  leurs 
«  parties.  » 

Ce  furent  aussi,  très-probablement,  les  défauts  résultant  de  la  nature 
mixte  du  système  de  Tournefort  (classification  demi-naturelle  et  demi- 
artificielle,  mais  admirable  pour  le  temps  où  elle  fut  inventée),  qui  sug- 
gérèrent à  Lamarck  son  second  principe  :  «  Ayant  reconnu  qu'on  ne  peut 
«  établir  aucune  division  qui  ne  rompe  quelque  part  des  rapports  très- 
«  marqués,  on  doit  se  mettre  parfaitement  à  son  aise  sur  cet  objet,  s'oc- 
«  cuper  uniquement  de  la  sûreté  de  la  méthode,  former  des  divisions 
«  tranchantes  et  nettement  circonscrites,  sans  avoir  égard  aux  séparations 
tf  frappantes  que  ces  divisions  peuvent  occasionner  dans  l'ordre  naturel.  » 

La  méthode  dichotomique  de  Lamarck,  consistant  à  poser  une  série  de 
questions  qui  ne  laissent  à  l'étudiant  que  le  choix  entre  deux  propositions 
contradictoires,  de  manière  que  l'une  étant  admise,  l'autre  se  trouve  na- 
turellement exclue,  cette  méthode  n'est  pas  une  invention  nouvelle  :  on 
en  a  fait  honneur  à  Ramus  ;  mais  elle  ne  lui  appartient  pas  plus  qu'à 
Lamarck.  Une  dichotomie  ne  diffère  en  rien  d'un  tableau  synoptique 
ordinaire,  si  ce  n'est  en  ce  que  les  subdivisions  étant  trop  nombreuses 
pour  qu'une  page  de  nos  livres  puisse  les  contenir,  on  a  disloqué  le 
tableau ,  et  disposé  les  accolades  à  la  suite  les  unes  des  autres,  en  con-» 
servant  leur  rapport  primitif  au  moyen  de  numéros  de  renvoi. 


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XXIV 

Quoi  qu'il  en  soit,  Lamarck  a  tiré  un  très-heureux  parti  de  ce  procéilé 
pour  la  détermination  des  Genres  et  des  Espèces.  Je  ne  pense  pas  qu'il 
faille  lui  reprocher  le  danger  auquel  est  exposé  l'étudiant,  de  faire  fausse 
route  à  la  moindre  erreur,  et  de  marcher  en  s'écartant  de  plus  en  plus  de 
son  but;  ce  danger  est  inhérent  à  toutes  les  méthodes  artiGcielles.  Un 
inconvénient  plus  réel,  que  vous  expliquez.  Monsieur,  dans  votre  Cours 
élémentaire  de  Botanique ,  c'est  que  «  la  méthode  dichotomique  ne  ré- 
«  sume  pas,  de  distance  en  distance,  comme  cela  se  fait  par  les  classes  et 
«  divisions  successives  des  systèmes,  les  caractères  dont  elle  s'est  servie; 
«  de  telle  sorte  qu'une  fois  arrivé,  il  est  difûcile  de  se  rendre  compte  de 
«  tous  les  points  intermédiaires  par  lesquels  on  a  passé,  et  que  l'on  ne 
«  retient  guère  que  le  nom  de  la  plante,  ce  qui  est  bien  peu  de  chose.  » 
Ce  serait  bien  peu  de  chose  en  effet,  si,  après  cette  analyse,  l'étudiant 
arrivé  au  Genre  ou  à  la  Famille,  négligeait  le  caractère^  qui  résume  mé- 
thodiquement les  détails  disséminés  dans  la  dichotomie.  Cette  récapitu- 
lation indispensable  satisfait  l'esprit,  et  obvie  complètement  à  incon- 
vénient que  vous  signalez. 

Mais  ce  qui  a  dû  jeter  de  la  défaveur  sur  celte  méthode,  qui  est  bien 
certainement,  de  tous  les  procédés  artiûciels  le  plus  commode  pour  par- 
venir à  la  détermination  des  Plantes,  c'est  que  Lamarck  et  ses  imitateurs 
n'ont  pas  observé  avec  assez  de  sollicitude  les  conditions  qui  devaient  en 
assurer  le  succès. 

La  première  était  de  n'offrir  à  l'étudiant  que  l'analyse  des  caractères 
contemporains  et  d'une  observation  facile.  Trop  souvent  ces  caractères, 
au  lieu  d'être  choisis  dans  la  fleur  et  les  organes  de  la  nutrition,  ont  été 
pris  dans  le  fruit  mûr  et  dans  la  graine;  de  sorte  que  l'étudiant  qui  a 
cueilli  une  Plante  en  fleur,  c'est-à-dire  dans  le  moment  où  son  étude  est 
le  plus  agréable,  l'étudiant  se  voit  arrêté  dès  le  premier  pas. 

Une  autre  condition,  non  moins  importante,  consistait  à  n'omettre 
aucun  cas  exceptionnel.  Toutes  les  anomalies  doivent  être  menticmnées, 
afin  que  si  le  hasard  conduit  l'élève  sur  une  Plante  qui  en  offre  quelqu'une, 
il  puisse  la  déterminer  comme  dans  le  cas  normal.  Ainsi,  les  Espèces  su- 
jettes à  des  avortements  accidentels  d'organes  réclament  surtout  la  vigi- 
lance des  auteurs  de  dichotomies  :  les  Sennehiera,  Teesdalia,  Lepidium 


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x\v 

sont  souvent  apétales  et  n'ont  que  quatre  ou  même  deux  étamines;  la 
Pé]plide  pourpier  se  rencontre  fréquemment  sans  corolle;  la  Violette 
hérissée  est  a|)étaledans  les  pousses  tardives,  tandis  que  les  fleurs  pré- 
coces sont  pétalées  et  stériles  ;  le  Vératre  noir  est  quelquefois  polygame; 
les  Asperges^  les  Rumex^  les  Phytolacca  sont  souvent  dioïques.  Toutes 
ces  exceptions  ont  été  omises  dans  la  plupart  des  méthodes  dichotomi- 
ques, et  les  frappent  d'inefficacité. 

Les  exceptions  normales  sont  aussi  quelquefois  négligées;  je  n'en  cite- 
rai qu'un  exemple  :  les  Dauphinelles  sont  pour  la  plupart  polypétales, 
mais,  dans  la  section  des  Consolida  j  les  pétales  sont  soudés  en  un  seul. 
Or  l'étudiant  qui  veut  déterminer  la  Dauphinelle  d'Ajax^  ne  peut  trouver 
sa  plante  dans  aucune  dichotomie,  parce  que  les  auteurs  se  sont  préoc- 
cupés de  la  polypétalie,  qui  est  le  caractère  général  des  Renonculacées. 
C'est  pour  la  même  raison  que  Ton  ne  parvient  pas  à  déterminer  le  genre 
Bruyère j  dont  les  étamines  sont  hypogynes  et  distinctes  de  la  corolle, 
le  genre  Monotrope^  qui  est  poly pétale  hypogyne  :  les  dichotomies  les 
ont  rangés  parmi  les  calyciQores,  comme  le  Prodrome  ;  c'est  la  confusion 
de  la  méthode  avec  le  système. 

Enfin  une  dernière  condition,  aussi  essentielle  que  les  précédentes 
dans  la  confection  d'une  dichotomie,  c'était  de  se  placer  au  point  de 
vue  de  l'étudiant,  et  de  prévoir  toutes  les  méprises  qui  peuvent  l'expo- 
ser à  faire  fausse  route.  L'un  s'obstinera  à  donner  aux  Mauves  une  corolle 
monopétale  ;  un  autre  trouvera  que  les  Violettes ,  les  Pamassies ,  les 
Stellaires  et  autres  Alsinées,  sont  plutôt  périgynes  qu'hypogynes  ;  il 
cherchera  même  les  Œillets  dans  les  fleurs  monadelphes.  Un  troisième 
ne  pourra  consentir  à  voir  dans  les  Euphorbes  des  fleurs  monoïques  et 
apérianthées:  leur  involucre  sera  pour  lui  un  calyce,  et  même  un  double 
périanthe,  protégeant  une  fleur  stamino-pistillée.  Quelques-uns  attribue- 
ront aux  Narcisses  une  corolle  monopétale  et  un  calyce  à  six  divisions 
colorées;  la  plupart  chercheront  les  Liliacées  et  les  Iridées  parmi  les 
dipérianthécs,  de  même  qu'ils  admettent  un  périanthe  unique  pour  les 
Ombellifères  et  les  Composées  dont  le  limbe  calycinal  est  usé.  Enfin  il 
fallait  aller  au-devant  des  bévues  de  quelques  étourdis,  qui,  ne  songeant 
à  étudier  une  fleur  que  quand  elle  est  complètement  éclose,  ne  tiennent 

d 


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XXVI 

aucun  compte  de  labsence des  organes  caducs,  et  veulent  déterminer  les 
Pavots^  les  FumeterreSy  les  Renoncules^  les  Hellébores^  comme  si  la  fleur 
était  monopérianthée.  La  dichotomie  doit  présupposer  et  accepter  toutes 
ces  inadvertances  ;  en  un  mot,  elle  doit  se  servir  de  Terreur  pour  con- 
duire à  la  vérité,  ce  qui  n'offre  pas  le  moindre  danger,  puisque  Télève 
en  lisant  le  caractère ^  qui  est  la  conclusion  obligée  de  son  analyse,  la 
rectifie  de  lui-même;  celte  rectification  est  en  outre  un  avertissement, 
dont  il  profitera  pour  étudier,  à  Tavenir,  la  fleur  avant  son  complet  dé- 
veloppement. 

H  importait  donc  que  la  méthode  dichotomique  conduisit  par  plu- 
sieurs voies  différentes  à  la  détermination  d'une  même  Plante,  et  il  fal- 
lait placer  cette  Plante  dans  plusieurs  catégories,  afin  que  Tétudiant, 
rencontrant  deux  questions  contradictoires  dont  la  solution  repose  sur 
des  caractères  douteux,  put  impunément  adopter  Tun  et  l'autre,  et  arriver 
à  son  but  par  deux  chemins  différents.  C'est  ainsi  qu'une  méthode  di- 
chotomique peut  devenir  un  vrai  passe -partout ,  et  justifier  le  nom  de 
cléj  qu'on  lui  a  donné  métaphoriquement. 

Vous  terminez,  Monsieur,  dans  votre  Cours  élémejitaire y  le  paragra- 
phe consacré  à  Texamen  de  cette  question,  en  disant  que  «  la  méthode 
dichotomique  n'ayant  été  appliquée  jusqu'ici  qu'aux  plantes  de  quelques 
pays,  plus  ou  moins  bornés^  tels  que  la  France  et  les  environs  de  Paris, 
ne  peut  par  conséquent  être  employée  que  dans  ces  limites,  et  non  servir 
à  la  détermination  d'une  Plante  inconnue  quelconque.  »  U  est  bien  vrai 
que  cette  méthode  n'est  utile  pour  la  détermination  des  plantes  d'un 
pays  qu'autant  qu'elle  les  renferme  toutes  sans  excepti(m.  Mais  le  même 
inconvénient  existe  pour  les  autres  méthodes  :  une  Plante^  découverte 
postérieurement  à  la  publication  de  ces  méthodes,  pourra  se  ranger  dans 
les  Classes  et  dans  les  Ordres;  mais  quand  il  s'agira  d'arriver  au  Genre 
et  à  l'Espèce,  l'étudiant,  qui  ignore  que  l'auteur  n'a  pas  connu  la  Plante 
en  question,  voudra  l'y  trouver,  et  sera  condamnée  des  recherches  labo- 
rieuses, qui  ne  peuvent  avoir  qu'une  méprise  pour  résultat. 

L'ouvrage  de  Meissner,  que  vous  mentionnez  à  cette  occasion,  n'est 
pas  une  méthode  systématique  :  c'est  purement  et  simplement  Tordre 
naturel,  tel  qu'il  se  trouve  dans  le  Prodrome,  et  que  Tauteur  a  découpé 


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XXVll 

en  tableaux  synoptiques.  En  un  mot,  la  clé  n  est  pas  à  la  porte  :  Tétudiant 
qui  veut  déterminer  une  Clématite^  une  Anémone^  un  Pigamon^  n'ira 
pas  les  chercher  dans  la  famille  des  Renonculacées,  qui  est  à  la  té(e  de 
la  Classe  des  poly pétales.  L'ouvrage  de  M.  Meissner,  que  De  Candolle  an- 
nonçait dans  son  Prodrome  comme  un  livre  d'or  [liber  aureus),  n'a  donc 
pas  réalisé  les  espérances  qu'il  avait  fait  concevoir,  et  nous  manquons 
d'une  dichotomie  générale  pour  la  détermination  des  Familles  et  des 
Genres. 

C'est  le  désir  de  remplir  celte  lacune  qui  m'a  encouragé  à  poursuivre 
un  long  travail,  où  je  donne  les  clés  analytiques  de  quatre  mille  Genres, 
et  de  toutes  les  Familles  végétales  :  j'insérerai  une  partie  de  ces  clés  dans 
l'ouvrage  que  je  publie  aujourd'hui,  et  dont  vous  avez  bien  voulu  accep- 
ter la  dédicace.  J'ai  fait  tous  mes  efforts  pour  éviter  les  inconvénients 
que  j'énumérais  tout  à  Theure;  et  je  crois  que  toute  personne  qui 
possède  une  légère  connaissance  de  l'organographie ,  arrivera  sans 
peine,  par  le  secours  de  la  clé  dichotomique,  à  la  détermination  des 
Familles,  dont  l'histoire  détaillée  fait  l'objet  de  la  première  partie  de 
mon  travail. 

Quant  à  f  ordre  naturel,  que  la  forme  typographique  des  livres  dérange 
à  chaque  page,  il  est  probable  que  les  efforts  persévérants  de  nos  maîtres 
pour  lui  imposer  la  série  linéaire,  resteront  toujours  infructueux. 

Linné  avait  reconnu  que  «  les  Plantes  se  touchent  par  des  affi- 
nités, comme  les  territoires  par  leurs  confins  sur  une  carte  géogra- 
phique :  »  Plantœ  omnes  utrinque  affinitatem  monstrant  uti  territo- 
rium  in  Mappd  geographicd.  Votre  illustre  père  avait  admis  cette 
comparaison^  mais  non  d*une  manière  absolue;  «  car,  observait -il 
judicieusement,  les  affinités  botaniques  ne  peuvent  se  mesurer  stric- 
tement comme  les  distances  géographiques.  »  —  M.  R.  Brown  a  écrit  en 
(été  de  sa  Flore  de  la  Nouvelle  -  Hollande  :  «  Jai  adopté  la  méthode 
jusséenne ,  dont  les  Familles  sont  presque  toutes  vraiment  naturelles, 
mais  je  ne  me  suis  pas  beaucoup  inquiété  de  la  série  des  Familles,  que  la 
nature  elle-même  n'avoue  guère,  car  elle  a  lié  les  êtres  vivants  par  un 
réseau  plutôt  que  par  une  chaîne  :  »  Jussœanam  methodum  secutus  sum, 
cujiis  ordines  pleriqiie  v^erè  naturales  :  nec  de  ordinum  série  admodum 


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XXVIII 

sollicitus  fut;  ipsa  natura  enim^  corpora  organica  reticulatim  potiUs 
quant  gatenâtim  connectens^  talent  vix  agnoverit.  » 

La  pagination  de  nos  livres  s'opposant  invinciblement  à  ce  que  les 
Familles  soient  disposées  en  réseau^  suivant  Tordre  de  la  nature,  et  ne 
pouvant  recevoir  que  la  série  linéaire,  j'ai  rangé  les  Familles  dont  je  fais 
l'histoire  selon  la  méthode  naturelle^  créée  par  A.  L.  de  Jussieu,  et 
modifiée  par  son  fils. 

Je  suis  avec  respect,  Monsieur  et  cher  Maître, 


Yotre  très-humble  et  très-ohémant  serviteur. 


Emm.    le  MAOCT. 


Paris,  U\'lAtrU\^\. 


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FOltkr  D'EUROPE. 


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INTRODUCTION 


L'histoire  naturelle  des  Végétaux  est  une  science  multiple,  dont  chaque  branche,  ou 
plutôt  chaque  rameau^  demanderait  toute  la  vie*d'un  homme  :  il  suffit,  pour  s'en 
convaincre,  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  ses  divisions  principales. 

La  Botanique,  traitant  des  Végétaux  considérés,  1"*  isolément,  2"  dans  leur  ensemble, 
3*  dans  leurs  rapports  avec  Tllomme,  peut  se  diviser  en  trois  parties  bien  distinctes. 

La  première  comprend  Torganographie,  qui  décrit  la  forme  et  la  symétrie  des 
organes;  rANATOMiE,  qui  montre  leur  structure  intime;  la  physiologie,  qui  explique 
leurs  fonctions;  la  glossologie,  qui  enseigne  le  langage  technique  employé  pour  dé- 
signer les  organes  et  leurs  modifications. 

La  seconde  comprend  la  taxonomie,  qui  classe  les  Végétaux  selon  leurs  affinités; 
la  PHYTOGRAPHiE,  qui  décrit  les  Plantes;  la  nomenclature,  qui  fait  connaître  les 
noms  que  leur  ont  imposés  les  botanistes. 

La  troisième  comprend  la  Botanique  appliquée  à  nos  besoins,  c'est-à-dire  V Agriculture, 
Y  Horticulture,  V  Arboriculture,  la  Botanique  médicale  et  la  Botanique  industrielle. 

L'ouvrage  que  nous  offrons  aujourd'hui  au  public  est  spécialement  consacré  à  la  clas- 
sification des  Végétaux  selon  leurs  affinités,  c'est-à-dire  à  l'/iwfotre  des  Familles  végétales. 
Mais  cette  histoire,  pour  offrir  tout  rintérét  dont  elle  est  susceptible,  doit  emprunter  aux 

1 


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2  INTRODUCTION. 

autres  parties  de  la  Science  des  documents  sur  la  structure  et  les  fonctions  des  organes, 
5ur  les  termes  techniques  qui  les  désignent,  et  enfin  sur  les  Végétaux  utiles,  ou  agréables, 
ou  nuisibles  à  Taspèce  humaine. 


Les  corps  répandus  à  la  surface  du  globe  terrestre,  ou  comix)sant  son  écorce  extérieure, 
forment  deux  grandes  Classes:  les  uns  sont  bi'uts,  c'est-à-dire  sans  vie,  tels  que  les 
Pierres,  les  Métaux,  et  même  TEau  et  l'Air  atmosphérique;  les  autres  sont  riwn^s, 
c'est-à-dire  exécutent  certaines  fonctions ^  dont  l'ensemble  constitue  la  vie,  au  moyen 
d'instruments  ou  organes  plus  ou  moins  compliqués;  de  là  leur  nom  d'Etres  organisés  : 
ce  sont  les  Végétaux  et  les  Animaux. 

Les  Êtres  bruts,  ou  inorganiques,  nommés  aussi  Minéraux,  sont  formés,  tantôt  par 
un  corps  simple,  tel  que  le  Soufre,  l'Or,  le  Diamant;  tantôt  par  l'union  de  deux  ou 
plusieurs  substances  combinées  entre  elles,  en  raison  d'une  affinité  chimique;  tels  sont 
le  Sel  marin,  le  Marbre,  l'Émeraude.  Les  molécules  dont  ils  se  composent  demeurent 
dans  un  état  de  repos  indéfini;  s'ils  augmentent  de  volume ,  c'est  par  l'addition  de  corps 
semblables  à  eux,  qui  viennent  se  juxta-poser  à  leur  surface;  s'ils  diminuent  de  volume, 
leur  existence  n'en  est  nullement  altérée  ;  ils  ne  portent  en  eux  aucun  principe  de  des- 
truction ,  et  ils  ne  peuvent  être  détruits  que  par  une  force  étrangère.  Leur  forme  est 
généralement  cristalline,  leurs  dimensions  sont  illimitées  ;  un  grain  de  Sable  représente 
un  minéral  aussi  complet  qu'un  bloc  énorme  de  Cristal  de  roche. 

Les  Êtres  organisés,  au  contraire,  c'est-à-dire  les  Végétaux  et  les  Animaux,  ne  peuvent 
exister  que  sous  l'influence  d'une  force,  dont  les  lois  nous  sont  inconnues,  et  qu'on  a 
nommée  force  vitale;  ils  naissent  de  parents  semblables  à  eux,  et  ils  se  reproduisent  à  leur 
tour,  comme  ils  ont  été  créés  :  ainsi  le  Chêne  produit  des  glands,  qui  plus  tard  seront 
des  Chênes;  l'Oiseau  pond  des  œufs,  dont  chacun  renferme  un  Animal  de  même  espèce 
que  sa  mère.  Ces  Êtres  se  nourrissent,  non  par  jiuvta-^sition,  mais  fex  intussusception, 
c'est-à-dire  en  introduisant  dans  certaines  cavités  de  leur  corps  des  substances  étran- 
gères qui  y  subissent  un  changement,  et  s'assimilent  au  corps  qui  les  a  reçues;  elles  y 
1  emplacent  en  même  temps  les  matériaux  vieillis  qui  les  ont  précédées,  et  que  la  force 
vitale  tend  constamment  à  éliminer.  Leur  forme  est  plus  ou  moins  arrondie  ;  leurs 
dimensions  ne  sont  pas  illimitées  :  ils  se  développent  graduellement,  en  renouvelant 
sans  cesse  les  molécules  qui  les  constituent,  et  ils  atteignent  un  volume  qu'ils  ne 
dépassent  jamais;  après  un  temps  déterminé,  leur  énergie  diminue  peu  à  peu,  et,  quand 
le  travail  de  la  nutrition  s'arrête,  ils  cessent  de  vivre  :  la  mort  est  donc  pour  eux  une 
conséquence  nécessaire  de  la  vie. 

En  résumé ,  les  Êtres  vivants  ont  pour  caractère  essentiel  de  se  nourrir  et  de  se 
reproduire. 

Quels  sont  maintenant  les  dififérences  qui  séparent  les  Végétaux  des  Animaux?  Ne 
parlons  pas  de  la  forme  extérieure,  car  il  y  a  certains  Animaux  qui  ressemblent  à  des 
l'Iantes  :  ne  considérons  que  leurs  fonctions  :  l'Animal  éprouve  des  sensations  et 
exécute  des  mouvements  volontaires  ;  la  Hante  est  privée  de  sensibilité,  et  incapable 
de  se  mouvoir  spontanément. 


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INTRODUCTION.  3 

On  cite,  il  est  vrai,  un  grand  nombre  de  Végétaux,  tels  que  la  Sensitive,  qui  opèrent 
des  mouvements  manifestes;  nous  les  décrirons  dans  Thistoire  des  Familles;  les 
naturalistes  s'en  sont  beaucoup  occupés,  et  les  théories  n'ont  pas  manqué  pour  les 
expliquer;  mais  ces  mouvements,  quelle  que  soit  la  cause  qui  les  provoque,  ne  prouvent 
pas  que  la  Plante  soit  douée  de  sensibilité.  Sans  nous  arrêter  à  Texamen  des  opinions 
contradictoires  d'un  grand  nombre  de  physiologistes ,  nous  nous  contenterons  d'un 
rapprochement  qui  simplifiera  la  question. 

Pourquoi  l'Animal  exécute-t-il  des  mouvements  ?  On  comprend  sans  peine  que  c'est 
pour  aller  vers  ce  qui  lui  est  utile,  ou  pour  fuir  loin  de  ce  qui  peut  lui  être  nuisible  ;  la 
faculté  de  se  mouvoir  donne  au  Chien  le  moyen  de  poursuivre  le  Lièvre,  et  au  Lièvre 
le  moyen  d'échapper  à  la  poursuite  du  Chien.  Or,  quelle  est  la  cause  immédiate  qui  a 
mis  en  mouvement  ces  deux  Animaux  ?  Évidemment,  ce  sont  leurs  sensations  :  le  Chien 
a  tm  ou  flairé  le  Lièvre  ;  le  Lièvre  a  entendu  les  aboiements  du  Chien  :  leur  course  est 
donc  la  conséquence  des  sensations  éprouvées  par  eux. 

Supposons  maintenant  la  Plante  sensible,  c'est-à-dire  capable  de  percevoir,  par  des 
sens  (analogues  ou  non  à  ceux  des  Animaux),  ce  qui  peut  être  utile  ou  nuisible  à  son 
existence.  A  quoi  lui  servira  cette  faculté?  Elle  est  fixée  au  sol  par  des  racines  qui  ne 
lui  permettent  pas  de  se  transporter  d'un  lieu  dans  un  autre  :  enracinée  dans  un  terrain 
trop  aride ,  elle  aura  la  sensation  du  ruisseau  qui  coule  à  vingt  pas  d'elle ,  et  elle  ne 
pourra  l'aller  chercher;  elle  aura  la  sensation  de  l'Animal  herbivore  qui  se  dispose  à  la 
brouter,  de  l'Homme  qui  s'approche  pour  la  faucher,  et  elle  ne  pourra  se  soustraire  au 
péril  qui  la  menace.  Ainsi  le  Créateur,  en  lui  donnant  la  sensibilité,  lui  aura  fait  un 
présent  dérisoire,  qui  sera  pour  elle  une  source  d'inquiétudes  et  de  souffrances,  une 
sorte  de  cauchemar  perpétuel,  analogue  à  celui  qui  nous  oppresse  dans  nos  rêves,  quand 
nous  voulons  fuir  un  ennemi,  et  que  nous  sentons  nos  pieds  fixés  au  sol. 

L'étude  de  la  Création  nous  montre  sans  cesse  que  la  Nature  ne  fait-rien  en  vain  :  on 
ne  peut  donc  lui  attribuer  une  cruauté  inutile;  et  si  elle  a  permis  que  l'Herbe  fût  mutilée 
ou  foulée  aux  pieds,  sans  pouvoir  échapper  par  la  fuite  à  son  ennemi,  elle  n'a  pas  voulu 
qu'elle  éprouvât  des  sensations  :  c'eût  été  lui  donner  la  science  du  bien  et  du  rnal^  en  ce 
qui  concerne  les  conditions  de  son  existence ,  et  la  condamner,  par  la  privation  de  sa 
liberté^  à  un  supplice  de  tous  les  instants. 

En  voyant  certains  Animaux  fixés  sur  les  rochers,  les  Huîtres,  par  exemple,  on 
pourrait  croire  que  la  sensibilité  n'a  pas  toujours  pour  conséquence  la  faculté  de  se 
mouvoir.  Il  est  vrai  que  l'Huître  n'exécute  pas  de  mouvements  d'un  lieu  à  un  autre,  mais 
elle  n'en  a  pas  besoin  pour  aller  chercher  sa  nourriture;  car  elle  est  plongée  dans  un 
liquide  qui  la  lui  apporte  ;  d'ailleurs,  si  le  mouvement  de  translation  lui  est  refusé,  elle 
n'est  pas  privée  pour  cela  des  moyens  de  se  soustraire  à  ce  qui  lui  est  nuisible,  puisqu'elle 
peut ,  sans  se  déplacer,  fermer  les  deux  valves  de  sa  coquille. 

Nous  conclurons,  de  ces  diverses  considérations,  que,  bien  que  la  non-sensibilité  des 
Végétaux  ne  soit  pas  rigoureusement  démontrée,  on  peut  affirmer  avec  confiance  qu'ils 
sont  insensibles,  par  cela  même  qu'ils  sont  immobiles;  c'est  Te  qui  a  fait  dire  aux 
naturalistes  que  les  Animaux  sont  des  Êtres  vivants  et  animés,  et  les  Plantes,  des  Êtres 
rtmn^s  f/ inammé^s.  Linné  a  caractérisé  les  trois  règnes  par  une  définition,  qui,  sans 
être  rigoureusement  exacte,  est  d'une  simplicité  séduisante  :  les  Minéraux  croissent;  les 
Végétaux  agissent  rt  vivent;  les  Animaux  croissent ,  viv^mt  et  sentent. 


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DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


La  définition  des  Végétaux  peut  maintenant  être  énoncée  avec  précision  :  ce  sont  des  Êtres 
vivants,  c'est-à-dire  doués  de  la  faculté  de  se  nourrir  et  de  se  reproduire,  mais  ne  pouvant 
ni  sentir  ni  se  mouvoir  volontairement. 

Les  fonctions  de  nutrition  et  de  reproduction  s'exécutent  à  l'aide  ^organes  :  ce  sont  ces 
oi^anes  que  nous  allons  décrire. 

Dans  notre  premier  ouvrage,  qui  a  pour  objet  principal  l'analyse  comparative  des  oi^anes 
de  la  Plante  {Leçons  élémentaires  de  Botanique^  fondées  sur  l'analyse  de  cinquante  plantes 
vulgaires),  nous  avons  indiqué  les  moyens  d'arriver  sans  maître  à  la  connaissance  la  plus 
détaillée  de  l'organographie  végétale  :  dans  celui-ci,  spécialement  consacré  à  l'histoire  des 
Familles  et  des  Espèces  les  plus  intéressantes,  nous  ferons  connaître,  en  nous  aidant  de  figures 
nombreuses  et  exactes,  les  diverses  modifications  de  formes  que  présentent  les  oi^anes  dont 
la  description  est  nécessaire  à  l'étude  des  Familles ,  et  nous  teur  assignerons  en  même  temps 
les  termes  techniques  servant  à  les  désigner. 

Les  organes  concourant  à  la  nutrition  et  à  la  reproduction  du  Végétal  sont  :  la  rachie, 
la  tige,  les  feuilles,  la  fleur,  le  fruit  et  la  graine.  Ces  organes  fondamentaux  se  composent 
eux-mêmes  de  parties  intimes,  qu'on  ne  peut  étudier  sans  employer  des  instruments 
d'optique  très-grossissants.  Ces  parties,  dont  la  structure  diffère  peu  d'une  plante  à  l'autre,  et 
qui  sont  les  éléments  du  Végétal,  ont  été  nommés  organes  élémentaires;  c'est  par  eux  que  nous 
allons  commencer. 

ORGANES  ÉLÉMENTAIRES, 

Une  portion  quelconque  d'un  Végétal,  coupée  en  tranches  aussi  fines  que  possible,  et 
examinée  au  microscope,  montre  un  grand  nombre  de  cavités  diverses,  les  unes  complè- 
tement circonscrites  par  des  parois,  les  autres  dépourvues  de  parois  propres,  et  occupant  les 
intervalles  des  premières;  leur  ensemble  présente  l'apparence  d'un  tissu  ;  delà  le  nom  de  tissu 
végétal. 

Les  cavités  closes  présentent  trois  modifications  principales  :  !•  elles  ont  un  diamètre  à  peu 
près  égal  dans  tous  les  sens,  on  les  nomme  alors  cellules;  2*  elles  sont  plus  longues  que  largos, 
et  leurs  deux  extrémités  sont  amincies  en  fuseau,  on  les  nomme  fibres;  3*  elles  forment  des 
sacs  très-allongés ,  on  les  nomme  vaisseaux. 

Les  cellules  offrent  des  formes  très-variées,  qui  dépendent  de  la  manière 
dont  elles  se  juxta-posent.  Si  elles  ne  se  pressent  pas  mutuellement,  elles 
conservent  leur  forme  primitive ,  qui  est  sphéroîdale  ;  mais  si  leurs  faces  i 
contiguës  s'aplatissent  par  suite  de  leur  développement,  elles  prennent  une 
forme  polyédrique,  et  leur  coupe  représente  un  tissu  ;  de  là 
le  nom  de  tissu  cellulaire,  donné  à  l'ensemble  des  cellules;  i.  suebaTT 
on  les  nomme  Siussi  parenchyme.  ^'""  tlTjiu"  ***  '* 

Quand  le  tissu  cellulaire  est  serré,  les  cellules  ne  laissent  pas  entre  elles 

d'intervalle  appréciable  ;  mais  si  le  tissu  est  lâche ,  les  cellules  conservent 

leur  forme  arrondie,  et  ne  peuvent  être  réunies  que  par  des  points  de  contact 

diiuiet  éioiiéet.    peu  nombreux;  de  cette  disposition  résultent  des  intervalles,  qu'on  nomme 

méats  intercellulaires  s'ils  sont  peu  spacieux ,  et  lacunes  si  l'espace  intercellulaire  est  cir* 

conscrit  par  un  grand  nombre  de  cellules. 


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Cv*  ni 


ORGANES  ÉLÉMENTAIRES.  5 

Les  cellules,  dans  leur  premier  âge,  sont  des  sacs  composés  d'une  membrane  mince  et  homo- 
gène, qui,  d'abord  moUe  et  humide,  se  dessèche  ensuite  peu  à  peu.  Tantôt  cette  membrane 
constitue  à  elle  seule  la  paroi  de  la  cellule ,  tantôt  une  seconde  membrane  vient 
la  tapisser  intérieurement;  mais  cette  seconde  membrane  ne  forme  pas  un  sac 
continu  ;  elle  se  rompt  en  divers  points,  et  ne  double  la  membrane  externe  que 
d'une  manière  mcomplète ,  il  en  résulte  des  amincissemenCs  et  des 
épaississemen ts  {flg.Z), 

Les  fibres  (fig.  4)  varient  dans  leur  longueur,  mais  la  plupart  ont  une 
paroi  très-épaisse ,  formée  d'abord  d'une  paroi  unique,  que  viennent 
tapisser  successivement  de  nouvelles  membranes,  développées  de  l'extérieur  à 
l'intérieur,  et  comme  la  cavité  de  la  fibre  diminue  de  plus  en  plus,  il  vient  une 
époque  où  la  (ibre  parait  presque  pleine. 

Les  fibres  étant  amincies  en  fuseau  à  leurs  deux  extrémités,  ne  peuvent  être 
contiguës  sur  toute  leur  surface  ;  mais,  dans  les  intervalles  formés  par  ces  extré- 
mités, viennent  se  placer  de  nouvelles  fibres,  dont  le  bout  remplit  hermétiquement 
l'espace  conique  qui  se  trouve  libre  au-dessus  et  au-dessous  d'elles. 

Les  vaisseaux  (fig  5)  sont  des  tubes  simples,  très-allongés 
dont  la  paroi  n'est  jamais  lisse,  mais  présente,  soit  des  amin- 
cissements figurant  des  points  ou  des  raies,  soit  des  épais- 
sis^ements  figurant  un  réseau,  ou  des  anneaux,  ou  des 
spirales.  (Les  vaisseaux  spiraux  ont  reçu  le  nom  particulier 
de  trachées^  fig-  6).  Leur  forme  est  tantôt  celle  d'un  cylindre 
offrant  des  rétrécissements  de  distance  en  distance,  tantôt  *  CLiKiTiTB 

'  Fibre 

celle  d'un  fuseau  aminci  à  ses  deux  extrémités  ;  dans  le  pre-     p<».eiiioc 
mier  cas,  ils  tirent  leur  origine  de  cellules  superposées,  dont  les  surfaces 
de  jonction  se  sont  détruites  peu  à  peu;  dans  le  second  cas,  ce  sont  des 
fibres  allongées. 
Les  vaisseaux  laticiferes  sont  des  tubes  à  parois  lisses,  trans- 
parentes et  homogènes,  qui  contiennent  un  suc  particulier, 
souvent  coloré,  nommé  latexy  et  communiquent  entre  eux  par 
des  ramifications.  Ds  contiennent  une  grande  quantité  de  granules 
pulvérulents,  qui  nagent  dans  le  latex. 
La  sève,  qui  remplit  les  cellules  et  leurs  interstices,  et  monte 
dans  les  vaisseaux,  est  un  liquide  incolore,  tenant  en  dissolution  ou  en 
suspension  les  matériaux  qui  doivent  se  déposer  dans  le  tissu,  ou  concourir 
à  son  accroissement. 

Dans  les  cellules  se  montrent  des  granules  épars  ou  pelotonnés;  ces 
granules  sont  tantôt  de  Y  albumine,  tantôt  de  la  fécule;  les  grains  de  fécule 
sont  souvent  empâtés  dans  la  cellule  par  une  matière  molle,  élastique, 
nommée  gluten,  qui  existe  surtout  dans  la  graine  des  céréales,  La  fécule  est 
aussi  accompagnée,  surtout  dans  les  graines  des  Légumineuses,  d'un  princi|)e 
nommé  caséine,  qui  constitue  la  partie  essentiellement  nutritive  du  lait  des      ^  ^  . 

'    ^  ^  7.  Chrlidoinb. 

Animaux.  Vai»scaui  Ulïciferes. 

La  ckromule  est  une  matière  verte ,  qui  forme  des  flocons  gélatineux ,  nageant  dans  le 
liquide  incolore  des  cellules  ;  elle  constitue  la  couleur  verte  des  Végétaux  ;  l'alcool  la  dissout , 
d'où  Ton  a  conclu  qu'elle  est  de  nature  résineuse. 

Les  autres  liquides  accumulés,  soit  dans  les  cellules,  soit  dans  les  méats  ou  les  lacunes,  sont 
des  huiles  fixes  ou  volatiles,  des  térébenthines,  du  sucre  ou  de  la  genrimc.  dissous  dans  l'eau , 
des  acides  et  des  alcalis,  EnCm  on  trouve  des  gaz,  surtout  dans  les  espaces  intercellulaires, 
quelquefois  même  à  des  profondeurs  considérables. 


5.  Mblon. 

Vaisseau 
ponctué. 


6.  Mnoif. 

Vaûteau  «pi rai 
ou  lraeh««. 


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a 


DESCHIPTION  DES  ORGANES. 


Outre  les  matières  solides  de  nature  organique,  on  trouve,  dans  quelques  cellules,  certaines 
substances  minérales,  siliceuses  ou  calcaires,  dont  les  éléments  ont  été  voitures  par  la  sève , 
et  qui  s'y  sont  ensuite  cristallisées. 

Les  parois  des  cellules,  fibres  et  vaisseaux ,  sont  constituées  essentiellement  par  une  sub- 
stance nommée  cellulose;  cette  substance,  primitivement  mucilagineuse,  se  durcit  et  de- 
vient insoluble  à  Feau  :  c'est  elle  qui  forme  la  trame  solide  du  Végétal;  sa  composition 
chimique  est  la  même  que  celle  de  la  fécule,  du  sucre  et  de  la  gomme. 

La  cellulose  des  fibres  se  tapisse  intérieurement,  et  s'incruste  d'un  principe  particulier , 
nommé  ligneux.  Le  ligneux  ne  diflere  chimiquement  de  la  cellulose  que  par  une  proportion 
plus  considérable  de  carbone.  C'est  lui  qui  donne  au  bois  sa  dureté  ;  il  se  montre  aussi  dans  les 
concrétions  des  poires,  et  domine  dans  les  noyaux  des  fruits. 
Épiderme.  —  L'épiderme  {fig.  8)  est  une  membrane  mince,  transparente,  incolore,  qui 
s'étend  sur  toute  la  surface  du  Végétal  :  elle  se  compose  de  cellules 
^'v  grandes,  aplaties,  intimement  unies,  et  formant  ordinairement  une 

seule  couche  ;  ces  cellules  ne  sont  pas  toutes  entièrement  contiguës 
les  unes  aux  autres  par  leurs  parois  latérales;  il  y  en  a  un  grand 
nombre  qui  présentent  entre  elles  des  intervalles  ;  ces  intervalles 
sont  de  petits  orifices  circonscrits  par  deux  cellules  arquées  (st), 
qui  se  regardent  par  leur  concavité  ;  on  a  donné  le  nom  de  stomates 
à  ces  cellules  géminées,  ainsi  qu'à  la  petite  bouche  dont  elles  repré- 
sentent les  lèvres.  Les  stomates  existent  sur  toutes  les  surfaces 
foliacées  vertes  des  Végétaux  pourvus  d'épiderme,  et  surtout  sur 
les  feuilles.  C'est  par  ces  ouvertures  que  l'air  pénètre  dans  l'in- 
térieur des  parties  vertes  pour  la  respiration  du  Végétal  ;  aussi 
correspondent-elles  toujours  à  des  méats  ou  à  des  lacunes.  Le^ 
Plantes  aquatiques  submergées  et  les  Cryptogames  étant  dépour- 
vues d'épiderme,  le  sont  aussi  par  conséquent  de  stomates. 
On  a  donné  le  tiom  de  cuticule k  une  pellicule  très-fine,  exactement  moulée  sur  l'épiderme, 
et  même  sur  ses  poils  ;  elle  offre  des  boutonnières  dans  tous  les  endroits  qui  correspondent  à 
des  stomates;  elle  n'est  point  organisée  en  cellules,  comme  l'épiderme  qu'elle  recouvre.  Elle 
existe  sur  tous  les  Végétaux,  même  sur  ceux  qui  sont  dépourvus  d'épiderme. 

Aiguillons,  Poils,  Glandes.  —  Ces  organes  accessoires  sont  une  modification  du  tissu 
cellulaire.  Les  A /'/y  Mîï/ons  sont  dispersés  sur  la  tige, sur  les  feuilles,  et  même  sur  certaines  parties 
de  la  fleur.  Il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les  épines,  qui  en  difierent  par  leur  structure 
fibreuse,  et  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  organes  transformés.  Les  aiguillons,  dans  leur 
première  jeunesse,  offrent  une  ressemblance  complète  avec  les  poils,  et  ce  n'est  qu'avec  l'ôge 
qu'ils  grossissent,  s'allongent  et  s'endurcissent;  on  peut  les  voir  sur  le  Rosier,  qui  les  présente 
dans  tous  les  degrés  de  développement.  Les  aiguillons  sont  donc  des  poils  épaissis. 

Les  Poils  sont  des  productions  cellulaires  qui  se  voient  principalement 
sur  les  rameaux  et  les  feuilles,  surtout  dans  la  jeunesse  de  ces  organes; 
ils  apparticnnentà  l'épiderme,  dont  ils  ne  sont  que 
des  cellules  plus  saillantes  que  les  autres  :  les  poils 
sont  tantôt  à  une  seule  cellul.*,  simples  (  fig,  9), 
bifurques  (fiy,  10),  ou  étoiles;  tantôt  à  plusieurs 
cellules  unies  en  chapelet  (fig.  11),  ou  rayonnant 
d'un  centre  commun. 

Les  Glandes  sont  des  organes  qui  possèdent  la 
propriété  de  sécréter,  c'est-à-dire  de  séparer  un 
liquide  particulier  des  matériaux  avec  lesquels  ils 
sont  en  contact;  leur  structure  est  toute  cellulaire;  quelques  glandes  sont  portées  sur  des  poils, 


8.    HALSAVI.IiS. 

Épiderme  el  Stumaies. 


<y 


- — ^^"^ — 

If.  Mirabilis 

12.    ■rFLIBR 

9.  Cbou. 

10.   Dravk. 

Poil 

Poil 

Poil  «impie. 

Pi  il  bifurqué. 

en  cliapelet. 

{Liauduleuc. 

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ORGANES  DE  LA  NUTRITION.  7 

et  sont  dites  alors />oj7s  glanduleux  (fig.  12).  Ces  poils  ne  diffèrent  des  poils  ordinaires  que  par  le 
liquide  qu'ils  renferment.  Les  glandes  proprement  dites  sont  peu  ou  point  saillantes  sur 
répiderme,  quelquefois  elles  sont  enfoncées  dans  Tépaisseur  des  organes,  mais  toujours  elles 
avoisinent  Tépiderme  :  telles  sont  les  glandes  qui  occupent  les  feuilles  du  Myrte  et  Técorce 
de  V Orange. 

OUGANES  COMPOSÉS. 

Nous  allons  maintenant  décrire  les  organes  composés,  et  nous  les  diviserons,  d'après  les 
fonctions  qu'ils  remplissent,  en  organes  de  la  nutrition  et  organes  de  la  reproduction. 

ORGANES  DE  LA  NUTRITION. 

Les  Végétaux  les  plus  complets  consistent  en  un  corps  arrondi,  plus  ou  moins  ramifié  à 
ses  extrémités,  et  portant  latéralement  des  feuilles  de  divers  aspects,  éparses  ou  groupées  : 
la  partie  aérienne  de  ce  corps  est  seule  pourvue  de  feuilles;  sa  couleur  est  généralement 
verte,  du  moins  dans  les  jeunes  rameaux;  elle  se  ramifie  de  bas  en  haut,  et  s'amincit  à 
mesure  qu'elle  se  ramifie ,  de  sorte  que  sa  portion  la  plus  volumineuse  touche  le  sol  :  elle 
porte  le  nom  de  tige.  La  portion  souterraine  est  dépourvue  de  feuilles,  de  couleur  non  verte, 
et  se  ramifie  de  haut  en  bas  ;  elle  porte  le  nom  de  racine. 

La  tige  et  la  racine  s'appliquent  donc  l'une  contre  l'autre  par  leur  portion  la  plus  élargie , 
et  se  développent  en  sens  inverse  :  ces  deux  parties,  dont  la  supérieure  tend  toujours  à  monter 
vers  le  ciel,  et  l'inférieure  à  descendre  vers  le  centre  de  la  terre,  constituent,  par  leur  ensemble, 
ce  qu'on  nomme  Taxe  végétal.  Dans  le  premier  âge  de  la  Plante ,  cet  axe  était  simple ,  c'est- 
à-dire  sans  ramiûcation;  puis,  par  une  suite  de  générations  successives,  des  rameaux  sont  nés 
de  cet  dîKQ  primitif ,  et  ont  formé  des  axes  secondabos  :  chaque  rameau  peut  donc  être  regardé 
comme  un  axe  particulier. 

Le  point  de  jonction  de  la  tige  et  de  la  racine  est  nommé  collet;  c'est  de  ce  point,  tantôt 
renflé,  tantôt  rétréci,  tantôt  indistinct,  que  partent,  en  sens  inverse ,  les  fibres  montantes  et 
les  libres  descendantes. 

Les  feuilles  naissent  d'un  point  de  la  tige,  ordinairement  un  peu  saillant,  nommé  nœud  vital: 
chaque  portion  longitudinale  de  la  tige  comprise  entre  deux  nœuds  vitaux  se  nomme  entre-nœud. 

Si  les  nœuds  vitaux  ne  possédaient  que  le  pouvoir  d3  produire  des  feuilles ,  la  tige  serait 
toujours  parfaitement  5/m/>/e,  mais,  en  outre,  il  naît  de  chaque  nœud  un  bourgeon  à  l'aisselle 
de  la  feuille  (  c'est-à-dire  entre  cette  feuille  et  la  tige,  au  point  de  jonction  de  ces  deux 
parties)  :  ce  bourgeon ,  qui  ne  forme  d'abord  qu'une  petite  saillie ,  nommée  bouton  dans  les 
arbres,  formera  plus  tard  un  rameau ,  qui  s'allongera,  produira  des  feuilles,  et  se  ramifiera  à 
son  tour.  Les  bourgeons  nés  à  l'aisselle  des  feuilles  de  l'axe  primitif  forment  donc  autant 
d'axes  nouveaux,  et  il  résulte  de  ces  générations  successives  que  la  plante  mère  est  répétée 
autant  de  foiâ  qu'elle  produit  un  bourgeon.  Ainsi ,  pour  parler  exactement,  il  ne  faut  pas  dire 
que  la  Plante,  en  se  ramifiant,  se  divise;  il  est  plus  exact  de  dire  qu'elle  se  multiplie. 

Le  nœud  vital  ne  produit  pas  toujours  feuille  et  bourgeon  :  quelquefois  le  bourgeon  est  nul 
ou  peu  visible  ;  quelquefois  même  la  feuille  est  mal  développée  ;  mais  il  est  rare  que  la  feuille 
avorte  entièrement,  ^t  si  le  bourgeon  ne  se  développe  pas,  cela  tient  à  la  rigueur  du  climat 
ou  à  la  brièveté  de  la  vie  du  Végétal. 

RACINE. — La  racine,  c'est-à-dire  la  partie  del'axe  végétal  qui  se  dirige  vers  le  centre  de 
la  terre,  sert  à  fixer  la  Plante  au  sol  et  à  y  puiser  la  nourriture  nécessaire  à  son  accroissement. 
Elle  manque  dans  quelques  Plantes  qui  se  développent  sur  d'autres  Végétaux ,  se  nourrissent 
de  leur  substance,  et  sont,  à  cause  de  cela,  Xiomm^e>% parasites.  Tel  est  le  Gui,  qui  s'implante 
sous  fécorcc  de  certains  arbres  par  la  hase  dilatée  de  sa- tige. 


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8  DESCRIPTION  DES  OUGANES. 

La  racine  tantôt  reste  simple ,  tantôt  elle  se  ramifie  très-irrégulièrement.  Son  axe  ou  ses 
branches  se  terminent  par  des  filets  très-menus,  dont  Tensemble 'constitue  ce  que  Ton  nomme 
le  chevelu  ;  les  extrémités  de  ces  filets,  étant  d'un  tissu  mou  et  lâche,  ont  reçu  le  nom  de  spon- 
gioles.  Les  filets  du  chevelu  périssent  chaque  année,  comme  les  feuilles ,  et  de  nouveau  il  en 
nait  sur  les  parties  les  plus  jeunes  de  la  racine. 

Les  racines  à  base  unique  s'enfoncent  dans  le  sol,  en  formant  un  pivot  simple  ou  ramifié , 
ce  qui  les  fait  nommer  pivotantes  (Gg.  13).  Les  racines  à  base  multiple  sont  des  faisceaux, 
naissant  du  collet  pour  remplacer  le  pivot  primitif,  ordinairement  simple ,  qui  a  péri  peu 
après  la  germination.  Elles  sont  fibreuses  (fig.  14),  quand  elles  se  composent  de  filets  minces 
allongés ,  peu  ou  point  rameux  ;  noueuses,  quand  les  fibres  se  renflent  de  distance  en  distance 
(fig.  It  bis))  tubéreuses  y  quand  le  faisceau  se  compose  de  fibres  très-renflées  à  leur  milieu, 
comme  dans  les  Orckis,  les  Dahlias  (fig.  15)  ;  ces  tubérosités  sont  de  véritables  dépôts  de 
fécule  destinés  à  aUmenter  la  Plante. 


i3.  Radis.  14.  I'atirim.  14  6f«.   Filipbsoulk.  45.  Dahlia. 

Racine  pivoUnte.  Racine  tibreu«e.  Racine  ooueusc.  Racine  ttibéreuie. 

On  nomme  racines  adventives^  des  racines  qui  se  développent  spontanément  sur  les  nœuds 
vitaux  de  certaines  tiges  :  les  imes  naissent  à  une  hauteur  souvent  considérable^  et  descendent 
peu  à  peu  vers  le  sol  pour  s'y  enfoncer  ;  d'autres  naissent  sur  les  rameaux  inférieurs  des 
Plantes  rampantes  :  telles  sont  celles  du  Fraisier  et  du  Lierre  terrestre. 

Les  racines  ne  produisent  normalement  ni  bourgeons  ni  feuilles  ;  c'est  ce  qui  se  voit  dans  les 
Dahlias,  qu'on  ne  parvient  à  multiplier  que  quand  une  des  racines  détachée  a  conservé  un 
fragment  de  la  tige  ;  mais,  dans  beaucoup  de  Plantes,  les  racines  peuvent,  par  des  moyens 
artificiels  qu'emploie  l'horticulteur,  émettre  de  tous  les  points  de  leur  surfoce  des  bourgeons 
adventifs,  qui  s'allongent  en  branches  feuillues,  et  multiplient  l'individu  :  tels  sont  le  Cognassier 
du  Jflpon,  le  Paulownia,  etc.,  etc. 

Nous  avons  dit  que  la  racine  sert  à  puiser  dans  le  sol  les  aliments  nécessaires  au  dévelop- 
pement de  la  Hante  :  cette  absorption  se  fait  par  les  spongioles  qui  terminent  les  fibrilles,  et 
sont  composées  d'un  tissu  cellulaire  récemment  formé  et  dépourvu  d'épiderme. 

Les  substances  puisées  dans  le  sol  par  les  fibrilles  sont  de  l'acide  carbonique,  de  l'ammo- 
niaque, et  des  sels  alcalins  ou  terreux,  dissous  dans  l'eau. 

L'acide  carbonique  provient  :  V  des  eaux  pluviales ,  qui  l'ont  dissous  en  traversant  l'atmo- 
sphère ;  2*  de  la  décomposition  lente  de  Vhwnus  ou  terreau,  dont  le  carbone  se  combine  avec 
l'oxygène  de  l'air,  que  l'eau  tient  en  dissolution. 

L'ammoniaque  provient  :  1°  des  pluies  d'orage,  dans  lesquelles,  sous  l'influence  de  l'élec- 
tricité, il  s'est  formé  de  l'azotate  d'ammoniaque  ;  2»  de  la  putréfaction  des  matières  végétales 
ou  animales  dans  lesquelles  l'hydrogène  et  l'azote  se  combinent  à  l'état  naissant;  3*  du  contact 


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ORGANES  DE  LA  NUTRITION.  9 

de  certains  oxydes  métalliques  avec  Teau  :  celle-ci  est  décomposée,  et  son  hydrogène  naissant 
se  combine  avec  Tazote  de  Tair  qu'elle  tenait  en  dissolution  ;  ce  phénomène  s'opère  en  grand 
dans  les  terrains  ferrugineux  et  alumineux. 

Les  éléments  de  l'acide  carbonique  (oxygène  et  carboné)^  de  Tanunoniaque  (hydrogène  et 
azote),  de  Teau  (oxygène  et  hydrogéné)^  et  le  soufre  des  sulfates  solubles  dans  l'eau,  suffisent 
à  la  fabrication  de  la  plupart  des  matériaux  qui  constituent  le  Végétal.  Le  carbone  de  l'acide 
carbonique,  en  s'unissant  aux  éléments  de  l'eau,  forme  la  cellidose,  le  ligneux,  le  sucre,  la 
gomme,  la  fécule,  etc.  ;  un  excédant  d'oxygène  produit  les  acides  végétaux  ;  un  excédant 
d'hydrogène,  la  chromule,  les  huiles,  les  résines,  etc.  ;  l'azote  de  l'ammoniaque,  s'ajoutant 
aux  éléments  de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  donne  naissance  aux  alcalis  végétaux  ;  enfin  le 
soufre,  uni  à  l'azote,  à  l'oxygène,  à  l'hydrogène  et  au  carbone ,  forme  trois  substances  orga- 
niques, de  composition  semblabb,  la  fibrine,  ïalbumine  et  la  caséine  :  ces  substances  sont  la 
partie  essentiellement  nutritive  du  Végétal  pour  les  animaux  ;  sans  elles,  il  ne  peut  se  former 
de  sang  et  on  les  retrouve  toujours  dans  ce  liquide. 

TIGE. —  Nous  avons  dit  que  la  tige  est  une  partie  de  l'axe  végétal  qui  croît  en  sens  inverse 
de  la  racine,  et  qu'elle  se  ramifie  au  moyen  de 
bourgeons,  naissant  à  l'aisselle  des  feuilles,  ou 
expansions  latérales,  qu'elle  a  produites. 

La  tige  est  quelquefois  très-peu  développée, 
et  les  feuilles  semblent  naître  de  la  racine  ;  la 
Plante  alors  est  dite  acaule,  et  les  feuilles  sont 
dites  radicales  :  c'est  ce  qu'on  voit  dans  le 
Pissenlit,  la  Primevère  et  le  Plantain. 

Le  rhizome  ou  souche  (fig.  16)  est  une  tige  qui 
rampe  obliquement  ou  horizontalement  au- 
dessous  de  la  surface  du  sol;  sa  partie  antérieure 
émet  des  racines  fibreuses,  des  feuilles  et  des 
bourgeons  (b]  ;  sa  partie  postérieure  se  détruit 
peu  à  peu  par  l'âge  :  telles  sont  les  Iris,  les 
Primevères,  etc. 

La  tige  est  dite  ram/wn^e  ou  5ft)/on  e/Jre  (fig .  17) , 
lorsque  de  l'aisselle  de  ses  feuilles  inférieures 
il  naît  un  bourgeon  (stolon),  qui  s'allonge  en 
coulant  sur  le  sol,  développe  ses  feuilles  à  son 

extrémité,  puis  se  redresse,  et  produit,  au-de^  i6.  hei^evèeb. 

sous  de  la  touffe  de  feuilles  qui  le  termine,  des  **'"*°'"  •*  ^•""'•*  ''^'"^''• 

racines  fibreuses  qui  s'enfoncent  dans  le  sol  :  tels  sont  le  Fraisier,  la  Benonculerampante,  etc. 

Le  bulbe  ou  ognon 
(fig.  18)  est  une  souche  sou- 
terraine, arrondie,  compo- 
sée ,  !•  d'un  plateau  plus  ou 
moins  conique,  qui  donne 
inférieurement  naissance  à 
des  racines  fibreuses;  2°  de 
tuniques  ou  d'écaillés  char- 
nues, portées  par  le  pla- 
teau, et  serrées  les  unes 
contre  les  autres;  2"  d'un 

17.  Fraisibr.  —  Tige  rampante.  bOUrgCOU    pluS   OU    moius 

central,  également  porté  par  le  plateau,  protégé  par  les  tuniques,  et  formé  de  feuilles  et  de 


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10  DESCRIPTION  DES  ORGANES. 

fleurs  rudimentaires,  c'est-à-dire  non  développées  et  à  peine  distinctes;  k^  d'un  ou  plusieurs 
bourgeons  latéraux ,  destinés  à  répéter  la  Plante ,  et  nommés  caïeux  :  tels 
sont  les  Lis,  Tulipes^  Jacinthes,  Narcisses,  Poireaux,  etc. 

Les  tubercules  sont  des  extrémités  de  rameaux  rampant  sous  le  sol,  et 
gonflés  de  fécule  ;  ces  renflements  portent  des  feuilles  rudimentaires,  à 
Faisselle  desquelles  sont  des  yeux  ou  bourgeons.  Ces  bourgeons,  en  se 
développant,  fournissent  une  tige  droite  :  c'est  ce  qu'on  voit  dans  le  Topi- 
nambour et  la  Pomme  de  terre. 

La  tige  est  dite  annuelle,  quand  elle  se  développe  au  printemps,  et  meurt 

avant  l'hiver  :  tel  est  le  Froment;  bisannuelle,  quand  elle  vit  deux  ans  : 

telle  est  la  Carotte ,  qui  ne  produit  la  première  année  que  des  feuilles,  et 

i8.  ocifoî».  qui,  la  seconde  année,  meurt  après  avoir  fleuri.  La  tige  est  dite  vivace, 

quand  elle  vit  plusieurs  années. 

La  tige  herbacée  est  molle  et  facile  à  briser  :  telles  sont  les  tiges  annuelles,  bisannuelles,  et 

beaucoup  de  vivaces  ;  ces  dernières  ne  prolongent  leur  existence  que  par  leur  souche  végétant 

sous  terre,  et  leur  portion  aérienne  se  renouvelle  tous  les  ans  :  telles  sont  les  Renoncules,  les 

Mauves\  etc. 

La  tige  est  dite  ligneuse  y  quand  elle  forme  un  bois  solide,  qui  persiste  après  son  endurcis- 
sement; sous-ligneuse,  lorsque  sa  base  seule  est  dure,  et  persiste  hors  de  terre  plusieurs 
années,  tandis  que  les  rameaux  et  les  extrémités  des  branches  périssent  et  se  renouvellent 
tous  les  ans  ;  la  Plante  est  nommée  alors  sous-arbrisseau  :  telles  sont  la  Sauge,  la  Rue,  etc. 

Les  arbrisseaux  sont  des  Plantes  ligneuses,  dont  la  tige  émet  dès  sa  base  une  toufl'e  de 
rameaux  qui  ont  au  moins  un  mètre ,  mais  ne  dépassent  guère  trois  ou  quatre  fois  la  hauteur 
de  l'Homme  :  le  Rosier  en  est  un  exemple.  Les  arbres  sont  des  Végétaux  Ugneux,  dont  le 
tronc,  simple  dans  sa  partie  inférieure,  se  ramifie  à  une  certaine  hauteur,  et  s'élève  ordi- 
nairement à  plus  de  cinq  mètres. 

La  disposition  des  organes  élémentaires  est  la  même  dans  les  tiges  herbacées  et  les  tiges 
ligneuses  ;  mais  elle  présente  deux  caractères  bien  distincts ,  quand  on  l'observe  dans  les 
Plantes  nommées  dicotylédones  et  dans  celles  nommées  monocotylédunes  (nous  expliquerons 
bientôt  le  sens  de  ces  deux  mots).  Commençons  parla  tige  des  dicotylédones. 

Si  l'on  examine  à  la  loupe  une  tranche  horizontale  d'une  tige  herbacée  de  Giroflée,  de 
Pivoine,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  d'un  jeune  rameau  de  Lilas,  de  Chêne,  d'Erable,  on 
voit  au  centre  un  disque  de  cellules  presque  transparentes  et  incolores  (ce  disque  est  souvent, 
dans  les  tiges  herbacées,  perforé  à  son  milieu  par  suite  de  l'accroissement  rapide  du  Végétal, 
accroissement  qui  a  disjoint  les  cellules).  Elles  sont  circonscrites  par  un  groupe  de  petites 
plaques  opaques,  disposées  en  anneaux  plus  ou  moins  réguliers;  ces  plaques  sont  des  faisceaux 
de  fibres  et  de  vaisseaux.  (On  peut  voir  sur  la  tranche  d'un  rameau  ligneux,  âgé  de  quelques 
années,  l'ouverture  béante  de  ces  vaisseaux  et  de  ces  fibres.)  En  dehors  des  plaques,  est  un 
cercle  de  cellules,  plus  vertes  et  plus  serrées  que  celles  du  centre  ;  celles-ci  communiquent 
avec  celles  du  centre  par  des  bandes  de  cellules  qui  passent  entre  les  faisceaux.  On  donne  le 
nom  de  moelle  au  parenchyme  formé  par  toutes  ces  cellules  ;  la  moelle  du  disque  se  nomme 
7rioelle  centrale,  l'extérieure,  moelle  corticale,  et  les  bandes  cellulaires  qui  font  communiquer 
le  centre  avec  la  circonférence,  sont  dites  rayons  médullaires.  Les  faisceaux  de  fibres  et  de 
vaisseaux,  qui  se  groupent  en  cercle  autour  de  la  moelle  centrale,  et  sont  séparés  par  les 
rayons,  portent  le  nom  de  faisceaux  fîbro-vascuiaires. 

Si  l'on  observe  au  microscope  un  de  ces  faisceaux  dans  un  rameau  d'un  an,  on  trouvera, 
en  partant  de  l'extrémité  qui  correspond  à  la  moelle  centrale,  1*  des  vaisseaux  spiraux  ou 
trachées,  lesquelles  forment  avec  celles  des  autres  faisceaux  un  cercle  entourant  la  moelle 
centrale,  et  nommé  étui  médullaire;  2®  des  fibres  à  parois  épaisses,  parmi  lesquelles  se  voient 
des  vaisseaux  annulaires,  rayés,  ponctués;  3«  un  tissu  cellulaire  verdàtro  ;  V'  des  fibres  à 


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ORGANES  DE  LA  NUTRITION.  H 

parois  épaisses;  5*  des  vaisseaux  ramifiés  à  parois  lisses,  que  nous  avons  nommés  vaisseaux 
iaticiferesy  et  en  dehors  la  moelle  corticale,  recouverte  par  Tépiderme.  —  Les  fibres  voisines 
des  trachées  constituent  le  boisy  dans  les  Végétaux  ligneux  ;  les  fibres  plus  extérieures, 
séparées  des  précédentes  par  une  zone  celluleuse,  ont  reçu  le  nom  de  liber  ou  de  fibres 

corticales^  et  constituent  Vécorce;  enfin  la  zone  celluleuse  qui  sépare 
les  fibres  ligneuses  des  fibres  corticales  se  nomme  cambium.  Dans 
les  tiges  herbacées,  cette  zone  périt  chaque  année,  ainsi  que  le 
faisceau  fibro-vasculaire  qu  elle  divise  en  deux  parties  inégales; 
mais  si  la  tige  est  ligneuse  [fig,  19),  il  se  forme  chaque  année,  dans 
répaisseur  de  cette  tige,  des  couches  nouvelles  qui  augmentent  son 
épaisseur  ;  c'est  le  cambium  qui  les  produit  :  en  dehors  des  fibres 
ligneuses,  il  se  transforme  en  une  couche  d'écorce  ;  mais  cette 
transformation  ne  le  fait  pas  disparaître;  il  se  renouvelle  sans 
cesse,  et  existe  toujours  entre  les  deux  faisceaux  nouvellement 
Tranche  horitonuie^d'une  tige  de      formés,  dc  manière  à  produirc  chaque  année,  en  dedans,  des  fibres 

'"  *"*  ligneuses,  en  dehors,  des  fibres  corticales. 

La  tige  des  Plantes  monocotylédones  (fig,  20)  présente  la  même  organisation  que  celle  des 
dicotylédones,  sifon  considère  lastructure  particulière  de  chaque  faisceau  fibro-vasculaire  ;  mais 
la  différence  est  grande  en  ce  qui  concerne  la  disposition  corrélative 
de  ces  faisceaux  :  ils  ne  sont  point  groupés  circulairement,  et  disposés 
en  zones  concentriques,  comme  ceux  des  dicotylédones  ;  chacun  d'eux 
est  isolé  de  ses  voisins,  non  par  des  rayons  médullaires,  mais  par 
une  enceinte  irrégulière  de  moelle;  aussi  la  tige  est-elle  moins  solide 
que  celle  des  dicotylédones  :  dans  celles-ci,  la  solidité  est  d'autant 
plus  grande  que  les  faisceaux  sont  plus  centraux;  dans  les  mono- 
cotylédones, au  contraire,  la  solidité  décroît  de  la  circonférence  vers 
le  centre.  20.  palkibk. 

La  racine  des  monocotylédones  présente  une  structure  semblable  ^""'*'*  *•»"""**'•  «*«  >•  "e«- 
à  celle  de  la  tige  :  dans  les  dicotylédones ,  la  racine  n'offre  ni  moelle  centrale ,  ni  étui  mé- 
dullaire ,  et  son  axe  est  occupé  par  des  fibres  ligneuses;  son  épaisseur  s'accroît  comme  celle 
de  la  tige;  mais  elle  ne  s'allonge  que  par  son  extrémité  seulement;  les  fibrilles  qui  forment 
le  chevelu  sont,  comme  le  corps  de  la  racine,  revêtues  d'épiderme,  excepté  à  leur  extrémité, 
nommée  spongiole. 

La  tige,  relativement  à  sa  surface,  a  reçu  un  grand  nombre  de  qualifications,  dont  voici  les 
principales  :  elle  est  dite  glabre,  quand  elle  ne  présente  aucun  poil  ( Prêle)-,  lisse,  lorsque, 
étant  glabre ,  elle  n'offre  aucune  aspérité,  et  que  sa  surface  est  très-unie  (  Tulipe)  ;  raboteuse, 
lorsque  cette  surface  présente  de  petites  inégalités  (Carotte)  ;  striée,  quand  elle  est  relevée  de 
petites  lignes  saillantes  et  longitudinales,  nommées  stries  (Oseille)-,  ailée,  quand  elle  est 
garnie  d'expansions  foliacées  (Consoude)  ;  noueuse,  quand  ses  nœuds  vitaux  sont  sensiblement 
proéminents  (Œillet);  poilue,  quand  elle  est  parsemée  de  poils  longs  et  écartés  (Géranium- 
Robert)  ;  pubescente,  quand  elle  est  couverte  de  poils  courts,  mous  et  peu  pressés  (Jusquiame)  ; 
cotonneuse,  quand  le  duvet  qui  la  recouvre  est  composé  de  poils  courts,  mous  et  entre-croisés 
(Molène);  velue,  quand  elle  porte  des  poils  longs,  mous,  rapprochés  (Framboisier)  ;  hérissée, 
quand  elle  porte  des  poils  droits  et  roides  (Bou7*rache);  hispide ,  quand  les  poils  sont  droits, 
roides  et  très-longs  (Coquelicot), 

La  tige,  avons- nous  dit,  tend  à  s'élever  vers  le  ciel;  cette  direction  est  exactement  verticale 
pour  la  plupart  des  Plantes  ;  alors  la  tige  est  dite  dressée  ;  mais  il  en  est  d'autres  qui  font 
exception  à  la  règle  générale  :  ainsi  la  tige  est  dite  couchée,  étalée ,  lorsque ,  étant  trop  faible 
pour  se  soutenir,  elle  s'étend  horizontalement  sur  la  terre  (Mouron);  ascendante,  lorsque, 
après  avoir  été  horizontale  ou  oblique,  elle  se  rpHrp««/^  ?»  c^n»^  ov*"/mifp  /  Véronioite  petit- 


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il 


DESCRlPTlOxN  DES  ORGANES. 


Chêne)]  rampante,  lorsque,  étant  couchée,  elle  se  fixe  au  sol  par  des  racines  adventives 
(Fraisier)]  grimpante ,  lorsqu'elle  s'élève  sur  les  corps  environnants  et  s'y  attache,  soit 
par  des  crampons  (Lierre),  soit  par  des  suçoirs  (discute),  soit 
par  des  filaments  nommés  vrilles  (  Vigne,  Melon)  ;  volubile, 
lorsqu'elle  s'enroule  autour  des  corps  voisins  en  formant  des 
spirales  (Liseron,  Houblon,  fig.  21),  etc.,  etc. 

FEUILLES.  —  Les  feuilles  sont  des  expansions,  ordinai- 
rement planes ,  vertes  et  horizontales ,  naissant  des  nœuds 
vitaux  de  la  tige  ,  et  résultant  de 
l'épanouissement  d'un  faisceau  fibro- 
vasculaire,  dont  les  ramifications  lais- 
sent entre  elles  des  intervalles  que 
remplit  le  parenchyme  (fig.  22). 

Le  faisceau  qui  donne  naissance  à  la 
feuille  porte  le  nom  de  pétiole,  depuis 
le  point  où  il  se  dégage  de  l'axe  jusqu'à 
celui  où  il  s'épanouit  en  lame  ;  cette 
lame  se  nomme  limbe;  les  ramifications 
projetées  dans  le  limbe  de  la  feuille  se 
nomment  nervures;  la  nervure  occu- 
pant le  milieu  du  limbe  est  nommée 
nervure  médiane  ou  primaire;  celles  qui  naissent  de  chaque  côté  de  la 
nervure  médiane  se  nomment  nervures  latérales,  et  sont  dites  secon- 
daires, tertiaires,  etc.,  selon  leur  ordre  de  subdivision. 

Les  nervures  sont  àiies  parallèles  lorsqu'elles  marchent  le  long  du 
limbe  de  la  feuille,  à  égale  distance  les  unes  des  autres,  et  sans  se 


HouBLon. 

Tiife  Tolubile. 


22.  CXRMIBM. 

FeuilU. 


23.  lus.— Feailkt. 


24.  Mbloit.  — Feuille. 


ramifier  (Muguet,   Iris  fig.  23);  rameuses,  quand  elles  se  subdivisent  dans  le  limbe,  et 
s'envoient  des  branches  de  eommunication,  nommées  anastomoses  (fig.  2k),  Les  nervures 


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OFIGANES   DE  LA   NUTRITION.  i'.i 

rameuses  sont  dites  pennées,  quand  des  deux  côtés  de  la  nervure  médiane  partent  dts  nervures 
latérales,  disposées  comme  les  barbes  d'une  plume  à  écrire  (  Cerisier,  ûg.  22)  ;  palmées, 
quand  la  base  du  limbe  émet  plusieurs  nervures  primaires,  divergentes  et  disposées  comme 
les  doigts  de  la  main  (Melon,  fig.  2k).  Les  nervures  primaires  sont  se\x\es  palmées  ;  les  secon- 
daires, tertiaires,  etc. ,  suivent  la  disposition  pennée. 


25.    MlLLBPBBTllS.  ttf.    Li:iAIBB.  27.    GARA5CB. 

Feoillflt  seisile*.  Feuilles  allerne*.  Feuilles  verlicillét». 

La  feuille  est  dite /)e//o/^e ,  quand  son  limbe  est  porté  sur  un  pétiole  (Cerisier);  sessile, 
quand  elle  s'épanouit  en  limbe  au  point  même  où  elle  se  dégage  du  nœud  vital  (  Mille- 
pertuis, fig.  25).  Souvent  le  limbe  s'amincit  insensiblement  en  pétiole,  et  la  feuille  est  dite 
subpétiolée.  (La  particule  sub,  placée  devant  les  qualifications  des  diverses  parties  de  la  Plante, 
équivaut  à  presque). 

Les  feuilles  ne  naissent  pas  au  basard  et  sans  ordre  sur  la 
tige  :  tantôt  elles  sont  solitaires  sur  un  plan  horizontal,  et  aloi*s 

on  les  dit  alternes  (Chêne,  Linaire,  lig,  26);  tantôt 

elles  sont  situées  deux  à  deux  sur  le  même  plan, 

et  vis-à-vis  Tune  de  l'autre  ;   on  les  nomme  alors 

opposées  (Millepertuis,  fig.  25);  tantôt,  enfin,  elles 

sont  groupées  circulairement   autour   de   la  tige 

comme  une  couronne,  et  on  les  appelle  alors  verti- 

cillées  (Garance,  fig.  27);  elles  sont  distiques,  lors 

qu'elles  naissent  de  nœuds  alternes,  placés  sur  deux 

rangs,  à  droite  et  à  gauche  (If,  fig.  28)  ;  fasciculées, 

lorsque,  naissant  solitaires  sur  des  rameaux  fort 

raccourcis,  elles  sont  assez  rapprochées  pour  repré- 
senter un  faisceau  (Pin  du  Lord,  fig.  29)  ;  imbriquées, 

lorsqu'elles  se  recouvrent  les  unes  les  autres  comme 

les  briques  d'un  toit  (Cyprès,  Thuia), 
Les  Stipules  sont  des  appendices  analogues  à  des 
'  feuilles,  qui  garnissent  la  base  du  pétiole  ou  du  „     ^8.  ir. 

1-     V        1      -      .11  .  Feuille»  disiique*. 

limbe  ;  la  feuille  qui  en  est  pourvue  est  dite  stipulée, 

(Pensée,  fig.  30).  Les  stipules  varient  pour  la  couleur,  la  consistance  et  la  forme; 

quelques-unes  sont  épineuses (7?o6/w/a,  fig.  52),  d'autres  s'allongent  en  filaments 

nommés  vrilles  (Melon).  Les  stipules  sont  ordinairement  latérales,  c'est-à-dire 

Pw  »?Lo»D.  qu'elles  naissent  à  droite  et  à  gauche  de  la  feuille  (Pensée)  ;  on  les  dit  axillaires, 

f^Sîii'"*.     quand  elles  naissent  entre  la  tige  et  la  feuille  elle-même  (Sarrasin). 

Les  feuilles  radicales  sont  celles  qui  semblent  naître  de  la  racine,  parce  que  la 
tige  est  très-courte  (Pissenlit,  Plantain,  Primevère,  fig.  16)  ;  les  feuilles  caulinaires  sont  celles 
qui  naissent  sur  la  tige  et  sur  les  rameaux  (Rosier), 
Les  feuilles  sont  amplexicaules  ou  embrassantes,  quand  la  base  de  leur  pétiole  ou  de  leur 


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u 


DESCUIFTION   DES  OKi.AiNES. 


limbe  entoure  la  tige  (Ile no)iculi\  Anyélique)\  confluentes,  quand,  étant  opposées,  elles  se 
joignent  par  leurs  bases,  entre  lesquelles  passe  la  tige  {Chèvrefeuille^  fig.  31);  déeurrentes, 
quand  leur  limbe  se  prolonge  sur  la  tige  avant  de  s'en  détacher,  et  y  forme  des  espèces 
à' ailes  foliacées  [Comoude). 


30.   Pbksbb. 
Feuille  stipuléu. 


31.    CjIBVBBFBUILLe. 

Feuilles  cocHuenUM. 


32.  Pbtitb-Mauvr. 
Feuille  orbiculaire. 


Les  feuilles  sont  dites,  selon  leur  îovme,  planes,  quand  leur  limbe  est  aplati  (Tilleul))  cf/lin- 
driques ,  quand  leur  limbe  représente  un  cylindre  (  Sédum  )  ;  orbiculaires,  quand  leur  limbe 
représente  un  disque  circulaire  (Petite- Mauve,  fig.  32);  ovalesy  quand 
leur  limbe  présente  la  coupe  longitudinale  d'un  œuf,  et  que  sa  plus  grande 
largeur  est  à  la  base  (Poirier,  fig.  33)  ;  obovales,  quand  leur  plus  grande 
largeur  est  au  fiommei  (Spirée-Millepe}iuis)',obl(m(/ueSy  quand  leur  largeur 
est  à  peu  près  le  tiers  de  leur  longueur  (Petite-Centaurée);  elliptiques, 
quand  les  deux  bouts  du  limbe  sont  arrondis  et  égaux  entre  eux ,  comme 
la  figure  nommée  ellipse  (Millepertuis,  fig.  25);  spatulées,  quand  leur 
limbe  est  rétréci  à  la  base ,  large  et  arrondi  au  sommet, 
comme  une  spatule  (  A/^M^re//<?,  fig  34');an^w/«^65,  quand 
la  circonscription  de  leur  limbe  présente  trois,  quatre,  cinq 
angles;  rfe//o?Ves,  s'il  y  a  trois  angles,  figurant  un  delta 
(Chénopode,  fig.  35). 

Les  feuilles  sont  lan- 
céolées ,  quand  leur 
limbe  va  en  diminuant 
en  pointe  vers  les  deux 
extrémités  (Troène,  fig. 
36);  linéaires,  quand 
le  limbe  est  étroit,  et 
que  ses  deux  bords  sont  à  peu  près  parallèles  (Linaire, 
fig  26)  ;  ensiformesy  quand  elles  ont  la  figure  d'un  glaive 
(Iris,  fig.  ^Z)',sufmléeSy  quand  leur  limbe,  cylindrique, 
se  termine  en  alêne  (Sédum  réfléchi);  acéreuses,  quand 
leur  limbe,  étroit  et  pointu  comme  une  aiguille ,  a  une 
consistance  dure  (Pin,  fig.  29);  capillaires  y  quand  elles 
sont  fines  et  flexibles  comme  des  cheveux  (Renoncule  aquatique,  fig.  37). 

Les  feuilles  sont  dites  aiguh,  quand  leur  sommet  se  termine  insensiblement  en  angle  aigu 


53.    POIRIBR. 

Feuille  ovale. 


34.   Paqubrbttr. 
Feuille  spatulée. 


35.    ClIBIfOPODE. 

Feuille  deltoïde. 


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ORGANES  DE  LA   NUTRITION. 


15 


(Laurier-rose,  lîg.  38);  acu/ninées,  quand  leur  sommet  s'amincit  brusquement  pour  se 
prolonger  en  pointe  (Pariétaire),  obtuses,  quand  leur  sommet  est  arrondi  ( Gm/);  echancrées, 
quand  leur  sommet,  au  lieu  d'être  aigu,  ou  même  obtus,  est  terminé  par  un  sinus  peu  profond 
(Amarante  blanche). 


37.  Rbnoiculb  aquatiqli. 
Feuilles  capillaires. 


38.  Lavriib-Rosk. 
Feuilles  aiguë!) . 


39.    TlLLBl'L. 

Feuille  cordifonne. 


40.    LiBBBB   TBBBEffTBS. 

Feuille  réniforioe. 


Les  feuilles  sont  cordi formes,  quand  leur  base  est  échancrée  en  deux  lobes  arrondis  et  que 
le  sommet  est  aigu,  de  manière  à  figurer  un  as  de  cœur  (Tilleul ,  fig.  39)  j  réni formes,  quand 
la  base  étant  échancrée,  comme  dans  les  feuilles  en  cœur,  le  sommet  est  arrondi,  de  manière 
à  figurer  un  rein  (Lierre  terrestre,  fig.  4-0  )  5  sagittées,  quand  leur  base  se  prolonge  en  deux 
lobes  aigus,  obliques  ou  parallèles  au  pétiole,  de  manière  à  figurer  un  fer  de  flèche  (Liseron 
des  champs,  fig.  41  )  ;  hastées ,  quand  les  deux  lobes  aigus  de  leur  base  sont  à  peu  près  perpen- 
diculaires au  pétiole,  de  manière  à  figurer  une  hallebarde  (petite  Oseille)}  jjeltées,  quand 
le  pétiole  est  attaché  au  milieu  de  la  face  inférieure  du  limbe,  qui  figure  un  bouclier  (Ca- 
pucine, fig.  4.2). 


y 


41.   LiSBBorr. 
Feuille  sagilléi-. 


42.  Capccink. 
Feuilles  pellées. 


43.  Dbosbra. 
Feuille  ciliée. 


Les  feuilles,  quant  à  leur  surface,  sont,  comme  la  tige,  lisses,  ylabres,  pubescentes,  soyeuses, 
hérissées,  hispides,  etc. 

La  feuille  est  ciliée,  quand  ses  bords  sont  garnis  de  poils  longs ,  imitant  les  cils  d'une  pau^ 
pière  (Drosei*a,  fig.  V3)  ;  épineuse,  quand  ses  nervures  s'allongent  et  se  durcissent  en  piquants 
(Houx,  fig.  H). 

La  feuille  est  dite  entière,  quand  son  limbe  ne  présente  aucune  espèce  de  division  (Laurier- 
rose,  fig.  38)  ;  déroupée,  quand  le  bord,  au  lieu  d'être  formé  par  une  ligne  continue,  présente 


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16 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


44.  Hocx. 

Feuille  épineuse. 


4!i.  Chataionisb. 
Feuille  dentée. 


une  suite  de  lignes  brisées  ;  ce  qui  provient  de  ce  que  le  parenchyme  n'a  pas  accompagné  les 
nervures  jusqu'à  leur  terminaison. 

La  feuille  dentée  a  des  dentelures  aiguës  avec  des  sinus  arrondis 
(Châtaignier,  fig.  45);  la  feuille  crénelée  a  des  dentelures  arrondies 
avec  dessinus  aigus  [Lierre  terrestre^  fig.  40)  ;  la  feuille  serre^^'eadessinus 
et  des  dents  aigus,  comme  des  dents  de  scie  (Lfimier,  fig.  46); 
la  feuille  incisée  a  des  dents  inégales  et  des  sinus  aigus  et  profonds 
(  Aubépine  )  ;  la  feuille  sinuée  a  des  découpures  plus  profondes  que  les 
dents,  larges  et  obtuses,  avec  des  sinus  également  larges  et  obtus 
(Chêne). 

La  feuille  dont  les  découpures  sont  aiguës,  et 
séparées  par  des  sinus  aigus  qui  s'étendent  jusque 
vers  le  milieu  de  chaque  demi-limbe,  est  dite  fide^ 
et  ses  divisions  sont  nommées 
lanières; si  les  nervures  sont  pen- 
nées, on  la  nomme  pennifide  (Ar- 
ticliaut,  Pissenlit,  fig.  47)  ;  si  elles 
sont  palmées,  palmifides  (  Ricin, 
fig.   48).   La  feuille  découpée, 
dont  les  sinus  pénètrent  au-delà 
du  milieu  de  chaque  demi-limbe, 
jusque  près  de  la  nervure  mé- 
diane ou  de  la  base  du  limbe, 
est  dite  partite,  et  ses  divisions  sont  nommées  partitions;  si  les  nervures 
sont  pennées,  on  la  dit  pennipartite  (Coquelicot)  \  si 
elles  sont  palmées,  jyabnipartite  (Aconit), 
La  feuille  découpée  dont  les  sinus  s'étendent  jusqu'à  laner\'ure  médiane, 
ou  à  la  base  du  limbe,  est  dite  séqtiée,  et  ses  divisions  sont  nommées 
segments;  la  feuille,  alors,  selon  la  disposition  des  nervures,  est  penniséquée 
(Cresson  d'eau,  fig.  k9)', palmiséquée  (Quinte feuille,  fig.  50,  Fraisier). 

La  feuille  dont  les  découpures  sont 
arrondies,  est  dite  lobée;  ses  divisions 
sont  nommées /ode^;  elle  est,  selon  la 
disposition  des  nervures,  pennilobée 
(Coronope),  palmilobée  (Érable). 

La  feuille  est  dite  pédalée,  lorsque 
ses  lobes,  segments,  partitions  ou  la- 
nières divergent  comme  les  touches 
d'une  pédale  (Hellébore,  fig.  51). 

La  feuille   est  simple,   quelque 
profondes    que   puissent  être    ses 
découpures ,   lorsque   celles-ci   ne 
peuvent  se  séparer  nettement  les 
unes  des  autres;  elle  est  composée, 
quand  elle  se  compose  de  parties  qui 
peuvent  se  séparer  sans  déchirement 
les  unes  des  autres;  ces  parties  sont  nommées  folioles. 
Le  pétiole  de  la  feuille  composée  est  nommée  pétiole  commun;  celui  de  chaque  foliole,  si 
elle  n'est  pas  sessile,  est  nommé  pétiolule.  —  On  nomme  stipellesàe  petites  stipules  accom- 
pagnant quelquefois  les  folioles. 


46.  Lahiih. 
Feuille  aerretée. 


48.   Ricm. 
Feuille  palmiGde. 


FlSSBXLIT. 

Feuille  pennifide. 


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ORGANES  DE  LA   NUTUITION. 


17 


La  feuille  composée  est  dite  pennée^  quand  ses  folioles  sont  disposées  comme  les  barbes 
d'une  plume  {Robinia,  fig.  53);  digitée,  quand  ses  folioles  sont  disposées  comme  les  doigts 
de  la  main  { Marronnier  d' Inde,  fig.  5V). 


49.   CrKSSOX  D'BAt'. 

Feuille  p«nni»éqaée. 


50.   QOINTBPBUILLB. 

.  Feuille  palmitéquée. 


51.    Hbllbbork. 
Feuille  pédalée. 


La  feuille  est  dite  bipennée,  quand  les  pétioles  secondaires,  au  lieu  de  se  terminer  immé- 
diatement par  une  foliole ,  constituent  autant  de  feuilles  pennées  (  Gleditschia,  llg.  52  )  ; 
tripennée,  quand  les  folioles  secondaires  constituent  autant  de  feuilles  bipennées  (Pigamon), 

La  feuille  est  paripennée ,  quand 
toutes  ses  folioles  sont  disposées  par 
paires  latérales  (  Vesce)  ;  elle  est  impari- 


5t.  Glbditscbu. 
Feuille  bipennAe. 


53.  RoBixu. 
Feuille  i 


54.  MikRBoxifiKR  d'Inob. 
Feuille  digitée. 


/>ew«ee,  quand  le  pétiole  est  terminé  par  une  foliole  impaire  (Robinia,   fig.  53). 

La  feuille  est  dite  laciniée  ou  décomposée,  quand ,  sans  être  réellement  composée ,  elle  est 
découpée  en   un  grand  nombre  de  lanières  inégales,  indéfiniment  divisées,  dont    les  infé- 


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18  DESCRIPTION  DES  ORGANES. 

Heures  simulent  des  folioles,  ou  même  des  feuilles  pennées  (  C/r/wé»* ,  Cerfeuil,  Persil,  Cau- 

calide  fig.  55). 

Les  folioles  de  la  feuille  composée  sont  quelquefois  réduites 
à  leur  nervure  médiane,et  forment  des  vrilles,  qui  s'entortillent 
autour  des  corps  voisins  (  Gesse, 
fig.  56).  Dans  certaines  plantes 
toutes  les  folioles  avortent,  et  les 
stipules  par  compensation  sont 
très-développées  (Aphaca), 

Les  vrilles  ne  représentent  pas 
toujours  des  folioles  transformées; 
la  vrille  du  Melon  peut  être  re- 
gardée comme  une  stipule;  les 
vrilles  de  la  Clématite  sont  des 
pétioles  contournés  à  leur  base; 
celles  de  la  Vigne  sont  des  ra- 
55.  caucalide.  meaux  à  fleurs  restés  stériles.  56.  gessb. 

Feuille  décomposée .  t  i.         «.  «.         •  j  Feuille  pennée  à  vrilltf. 

*^  La   structure   anatomique   des 

feuilles  est  la  même  que  celle  de  la  tige;  on  peut  comparer  une  feuille  à  une  tige  aplatie, 
dont  les  fibres  et  les  vaisseaux  se  sont  épanouis  au  lieu  de  rester  en  faisceau,  et  ont,  par 
leur  écartement,  offert  une  latitude  favorable  aux  cellules  du  parenchyme.  Nous  avons  dit 
que,  dans  la  tige,  chaque  faisceau  présente  en  dedans  des  trachées,  puis  des  fibres  ligneuses 
mêlées  de  gros  vaisseaux;  extérieurement,  des  fibres  corticales,  des  vaisseaux  laticifères 
et  du  parenchyme  ;  de  même,  dans  le  limbe  de  la  feuille,  chaque  nervure  présente,  à  la  face 
supérieure  ou  interne,  des  trachées  et  des  vaisseaux  rayés  ou  ponctués,  accompagnés  de 
fibres  ligneuses;  à  la  face  inférieure  ou  externe,  du  parenchyme,  des  vaisseaux  laticifères, 
des  fibres  corticales.  La  face  inférieure  de  la  feuille  est  plus  riche  en  stomates  que  la  face 
supérieure,  et  ces  stomates  répondent  à  des  méats  ou  lacunes  beaucoup  plus  vastes. 

Les  feuilles,  la  tige  et  la  racine  constituent,  dans  le  végétal,  les  organes  de  la  nutrition. 
La  racine,  dont  les  spongioles  sont  cellulaires,  et  facilement  perméables,  absorbe  la  sève 
dans  le  sol  où  elle  est  plongée;  Fascension  de  la  sève  a  pour  causes,  1°  Tendosmose, 
2*  la  capillarité  des  vaisseaux,  3*  l'attraction  exercée  d'en  haut  par  les  bourgeons,  qui  ont 
besoin  de  nourriture  pour  se  développer,  et  par  les  feuilles  dont  la  surface  est  le  siège  d'une 
évaporation  abondante. 

La  sève,  chargée  des  matériaux  qu  elle  a  dissous  dans  sa  marche  ascendante  à  travers  les 
organes  élémentaires  constituant  le  corps  ligneux,  arrive  dans  le  parenchyme  des  feuilles  et 
dans  lamoelle  corticale  ;  ces  parties  vertes,  sous  rinfiuence  vivifiante  de  la  lumière,  élaborent 
la  sève  ascendante  parvenue  jusqu'à  elles;  une  partie  de  Teau  s'évapore  parles  stomates, 
une  autre  partie  est  décomposée;  l'acide  carbonique,  absorbé  avec  l'eau  dans  le  sol,  et 
celui  de  l'air,  qui  a  pénétré  par  les  stomates ,  se  décomposent  également  :  le  carbone  se 
Vixe  dans  la  plante,  et  l'oxygène  est  rendu  à  l'atmosphère.  La  ^é\e  ascendante  *de\ieni 
alors  sève  élaborée;  elle  descend  à  travers  l'écorce,  dépose  entre  le  bois  et  le  liber  une  zone 
de  cambium,  et  arrive  à  l'extrémité  des  racines,  qui  a  été  son  point  de  départ. 

La  Plante,  après  s'être  nourrie  des  matériaux  de  la  sève  élaborée,  rejette  au  dehors,  par  ses 
feuilles,  par  ses  glandes,  par  son  écorce,  et  surtout  par  ses  racines,  les  matériaux  qui  lui 
sont  inutiles  ou  nuisibles.  Ainsi,  pour  formuler  en  quelques  mots  les  fonctions  de  la  vie 
de  nutrition,  le  Végétal  absorbe,  respire,  exhale ,  assimile,  excrète.  —  Nous  avons  donné 
l'explication  détaillée  de  ces  diverses  fonctions  dans  le  chapitre  de  nos  Leçons  élémentaires 
de  Botanique,  consacré  à  la  physiologie  végétale. 

Nous  allons  maintenant  décrire  les  organes  de  la  re/frodurtitm. 


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ORGANES  DE  LA    UEPHODUG TION.  19 

FLEUR.  —  La  fleur  (lîg.  57)  est  un  assemblage  de  plusieurs  verticilles  (ordinairement 
quatre) ,  constitués  par  des  feuilles  diversement  transformées,  et  disposés  les  uns  au-dessus 
des  autres  en  anneaux  ou  étages  tellement  rapprochés,  que  leurs  entre-nœuds  ne  sont  pas 
distincts. 

Le  verticille  extérieur  ou  inférieur  se  nomme  calijce  (s)  ;  le  verti cille  placé  en  dedans  ou 
au-dessus  du  calyce  se  nomme  corolle  (p)  ;  le  verticille  placé  en  dedans  ou  au-dessus  de  la  corolle 
se  nomme  androcée  (fig.  58  e);  le  verticille  placé  en  dedans  ou  au-dessus  de  Fandrocée 
se  nomme  pistil  (st)  :  il  renferme  les  graines  destinées  à  reproduire  la  Plante. 

Le  rameau  qui  supporte  immédiatement  une  fleur  et  sert 
d'axe  aux  verticilles  qui  la  composent,  se  nomme  pédoncule 
I    (fig.  57  ped)  son    extrémité,    plus  ou 
moins  renflée,  autour  de  laquelle  naissent     ^ 
les  verticilles  de  la  fleur,    se   nomme 
^  réceptacle  (  fig.  58  R ) .  On  observe  souvent 

sur  le  réceptacle,  ou  sur  les  autres  parties 
de  la  fleur,  de  petits  corps  qui  distillent 
une  liqueur  sucrée,  et  qu'on  a  nommés 
glandes  nectar iferes^  ou  nectaires  (gl).  G 
•Inflorescence. — Ce  terme  signifie 
57.  GiBOFLÉK.  arrangement  des  fleurs  sur  la  Plante;  il 

Fleur.  •       -i.  ui       j      /i  ^^-  GinoFLBB. 

signihe  aussi  un  ensemble  de  fleurs  qui         Androe^eetpistii. 
ne  sont  pas  séparées  les  unes  des  autres  par  des  feuilles  ordinaires. 

Le  pédoncule  est ,  comme  nous  l'avons  dit ,  le  support  de  la  fleur;  si  la  fleur  est  solitaire , 
le  pédoncule  est  dit  uni  flore  (Pervenche)  ;  mais  si  les  fleurs  sont  agglomérées  sur  un  pédoncule 
plus  ou  moins  ramifié,  les  derniers  rameaux  de  ce  pédoncule  commun,  qui  supporte  immé- 
diatement une  fleur ,  sont  nommés  pédicelles  (  Vigne, 
Lilas);  c'est  à  ces  groupes  divers  de  fleurs  qu'on  a  sur- 
tout appliqué  le  terme  d'inflorescence. 

On  nomme  bractées  des  feuilles  altérées,  à  Paisselle 
desqueUes  naissent  les  axes  floraux,  et  qui  se  modifient 
dans  leur  couleur  et  dans  leur  forme,  à  mesure  qu'elles 
s'approchent  de  la  fleur  {Tilleul^  fig  59)  :  ces  bractées 
manquent  quelquefois.  Lorsqu'elles  sont  réunies  à  la 
base  d'un  groupe  de  fleurs,  sur  un  même  plan,  en 
nombre  plus  ou  moins  considérable,  on  donne  à  leur 
ensemble  le  nom  d'involucre  [Carotte ,  Souci). 

On  nomme  axe  primaii^e  de  l'inflorescence  le  pédon- 
cule d'où  naissent  tous  les  autres  axes;  et  ceux-ci  sont 
dX\&  secondaires,  tertiaii^es,  etc.,  selon  l'ordre  dans  lequel 
ils  se  montrent. 

L'inflorescence  est  indéfinie  ou  axillaire  y  lorsque 
l'axe  primaire,  au  lieu  de  se  terminer  par  une  fleur, 
s'allonge  indéfiniment ,  et  ne  fleurit  que  par  Tintermé- 

diaire  des  axes  secondaires  de  divers  degrés,  nés  à  Bniciè«?oidéi'."péioncui.. 

l'aisselle  de  ses  feuilles  ou  de  ses  bractées  {Réséda), 

L'inflorescence  est  définie  ou   teinninale  ^  lorsque  l'axe   primaire   est  terminé  par    une 
fleur,  aussi  bien  que  les  autres  axes  d'ordre  inférieur  émanés  de  lui  (Ancolie), 

Les  inflorescences  indéfinies  sont  la  gi^apjje,  la  panicule,  le  corymbe,  V ombelle,  Vépi,  le 
capitule;  les  inflorescences  définies  comprennent  la  ct/me  et  ses  variétés. 


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20  DESCUIPTION   DES   ORGANES. 

La  grappe  e^i  une  inflorescence  dont  les  axes  secondaires,  à  peu  près  égaux,  naissent  le 
long  de  Taxe  primaire.  —  La  grappe  simple  est 
celle  dont  les  pédicelles  naissent  immédiatement 
de  Taxe  primaire  (Groseillier ,  fig.  60,  Réséda); 
la  grappe  composée,  ou  particule^  est  une  inflo- 
rescence dans  laquelle  les  axes  secondaires,  nés 
immédiatement  de  Taxe  primaire  du  pédoncule , 
au  lieu  de  se  terminer  par  une  fleur,  se  rami- 
fient en   axes  tertiaires, 
dont    souvent    quelques- 
uns    se    ramiflent    eux- 
mêmes  avant  de  fleurir 
(Marronnier  d'Inde,  fig. 
61). 

Le  corymbe  indéfini  est 
une  inflorescence  dans 
laquelle  les  pédicelles  in- 
férieurs, beaucoup  plus 
longs  que  les  supérieurs, 
fleurissent  à  peu  près  à 
la  même  hauteur  les  uns 
que  les  autres,  de  ma- 
nière à  former  une  espèce 
de  parasol  à  rayons  iné- 
gaux (Cerisier  Mahaleb,       eo.  grosbillibe.  ei.  mahroh^^ibrd'Iwdb. 

fiff    6^)  Grappe.  Grappe  conapotéc. 

V ombelle  est  une  inflorescence  dont  les  axes  secondaires,  égaux  entre  eux ,  sont  ramassés 
sur  un  même  plan,  et  s'élèvent  à  la  même  hauteur,  en  divergeant  comme  les  baguettes  d'un 

parasol.  —  L'ombelle  est  simple, 
quand  les  axes  secondaires  fournissent 
les  pédicelles  (  Cerisier,  (\g.  63); 
composée,  quand  les  axes  secondaires, 
au  lieu  de  se  terminer  par  une  fleur, 
émettent  chacun  plusieurs  axes  ter- 
tiaires disposés  comme  les  axes  se- 
condaires de  l'ombelle  simple,  et  par 
conséquent,  constituant  autant  d'om- 
belles qu'il  y  a  d'axes  secondaires  : 
ces  ombelles  partielles  sont  nommées 
ombellules  (Fenouil,  fig.  6i).  On 
nomme  involucre  les  bractées  gar- 
nissant la  base  de  l'ombelle,  et  invo- 
62.  Cbbisibr  &IAUALBB.  63.  cbrisibr.  lucellcy  les  bractées  garnissant  la  base 

^^^"""-  """•*"•  •""'•'''  de  l'ombellule  (Carotte). 

Vépi  simple  est  une  inflorescence  dans  laquelle  les  pédicelles  formant  les  axes  secondaires 
sont  nuls  ou  presque  nuls,  de  sorte  que  les  fleurs  sont  sessîles  sur  l'axe  primaire  (Plantain, 
Verveine  (fig.  65),  Saule,  Arum,  Pin),  Vépi  composé  e^i  celui  dont  les  axes  secondaires, 
au  lieu  de  fleurir,  émettent  chacun  un  petit  épi  distique,  nommé  épillet  (Froment,  fig.  66). 

Le  capitule  est  une  inflorescence  dans  laquelle  les  fleurs  sessiles  sont  agglomérées  en  tête 
sur  un  pédoncule  ramassé,  nommé  réceptacle  commun,  ordinairement  convexe  (Scabiettse, 


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ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


21 


fig.  67,  Trèfle)^  quelquefois  concave  (Dorsténta,  Figuier,  fig.  68).  Le  capitule  à  réceptacle 
convexe  est  ordinairement  muni  d'un  involucre  à  sa  base. 

La  cynte  est  une  in- 
florescence fl?^7?ni>,  qui 
imite  toute  les  inflores- 
cences indéfinies,  dont 
elle  difl'ère  essentielle- 
ment en  ce  que  Taxe 
primaire  est  lui-même 
terminé  par  une  fleur 
qui  s'épanouit  avant 
les  autres  ;  chacun  des 
axes  d'ordre  inférieur 
se  termine  aussi  par 
une  fleur  ;  les  axes  se- 
condaires fleurissent 
avant  les  tertiaires  ; 
ceux-ci  avant  les  qua- 
ternaires; et,  en  outre, 
les   axes  d'un    même 

ordre  fleurissent  d'autant  plus  tôt  qu'ils  sont  nés  plus  bas  sur  leur 
axe.  Pour  éviter  toute  méprise  dans  l'ordre  de  succession  des 
axes,  il  faut  remarquer  attentivement,  l'axe  terminé  par  une 

fleur,  la  feuille  ou  bractée 
que    presque   toujours  il 
émet  latéralement ,  et  le  bourgeon  ou  axe 
secondaire  qui  naît  entre  cette  feuille  et 
lui.  —  Les  variétés  de  la  cpne  sont  :  la 
cyme- grappe  (Campanule),    la  cyme  di- 
chotome   (Stellaire,    Ceraiste,    fig.   69), 
la  cyme-corymbe  {Poirier,  Aubépine,  fig. 70);  la  cyme- 
ombelle  (  C hé l idoine ,  fig.  71); 
la  cyme  scorpioïde  (Myosotis)  ; 
la  cyme  contractée  y  dans  la- 
quelle les  fleurs  sont  rappro- 


64    Fenouil. 
Ombelle  composée. 


65.  VBmvBiNB. 
Épi  simple. 


66.   FROXRitT. 

Epi  composé. 


67.  SCABIBUSB, 

Capitule. 


63.  FiciB. 
Coupf'c  verticalement. 


69.  Cbraistb. 
Cyme  dichutoine. 


chées  et  comme  ramassées,  par  suite  du  raccourcissement  extrême  des  axes  :  on  la  nomme 
fascicule,  quand  les  axes  conservent  une  certaine  longueur  et  une  distribution  rrégulière 

4 


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22 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


(Œillet  de  pacte);  gloménde,  qi}tinà\cs  axes  fioni  à  peu  près  nuls,  et  que  des  avortements 
nombreux  en  troublent  la  régularité  (Btiis.  fig.  72). 


70.  AvBipiXK. 
Cyoe-C.oryrobe. 


71 .  Chblidoinr 
Cyme-Onibellc 


V inflorescence  mixte  est  celle  qui  participe  des 
deux  précédentes.  Dans  les  Lamiers,  Tinflorescence 
générale  est  indéfinie,  et  les  inflorescences  partielles 
sont  de  véritables  cymes  ou  fascicules  axillaires; 
dans  les  Mauves  (fig.  73),  on  observe  la  même  dis- 
position.— Dans  les  Séneçons  (fig.  74),  les  Chrysan- 
thèmes, etc.,  rinflorescence  générale  est  un  coryrnbe 
défini  ;  les  inflorescences  partielles  sont  des  capitules. 
Dans  les  Ombellifères  (Carotte,  Fenouil,  Angélique) y 
chaque  ombellule  est  indéfinie  ;  mais  l'ensemble  des 

ombelles  est  défini  :  il  arrive  même 

souvent  que  Taxe  d'une  ombelle 

est  terminé   par  une    ombellule 

centrale,  qui  fleurit  avant  celles 

de  sa  circonférence. 
C  ALTCE.  —  Le  calyce  est  le  verticille  extérieur  ou  inférieur  de  la  fleur. 

Ce  verticille  est  ordinairement  simple  (Giroflée),  quelquefois  multiple 

(Berbéris).  Les  feuilles  du  calyce  sont  nommées  «<?/?« to. 
Le  calyce  est  dit polysépale  ou  dialysépale,  quand  les  sépales  sont  libres 

de  toute  cohérence  (Giroflée)  ;  monosépale  ou  gamosépale  (Gesse) ,  quand 

les  sépales  sont  soudés  ensemble  plus  ou  moins  complètement ,  de  manière 


73.  Uauyi. 
Faicieale  sur  an«  tig«  indéfinir. 


74.  Sb?(bcon. 
Capitule*  «n  dorjnbe. 


76.    ÉlITTIIRiR. 

Calyce  5-fide. 


77.  Lychwis, 
Calyce  5-denlé. 


78.  Lamibr. 
Calyce  irrëgulier. 


à  figurer  un  calyce  d'une  seule  pièce  ;  on  le  dit  alors,  selon  l'étendue  de  la  soudure,  partit 
(Mouron,  fig.  75);  fide  (Erythrée,  fig.  76);  denté  (Lychnis,  fig.  77).  On  nomme  tuôe 
la  partie  où  la  cohérence  des  sépales  s'est  opérée  ;  limbe,  la  partie  où  les  sépales  sont  restés 
libres;  gorge,  l'endroit  où  la  soudure  se  termine. 


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ORGANES  DE  LA   REPRODLCTlOiN. 


23 


Le  calyce  est  dit  régulier,  quand  ses  sépales,  soit  égaux,  soit  inégaux ,  forment  un  verti- 
cille  symétrique  (Giroflée,  Mouron,  fîg.  75);  irrégulier,  quand  ses  sépales  ne  forment  pas  un 
verticille  symétrique  (Acmiit,  Gesse,  Lamier,  tig.  78). 


Garance. 

C<lyce«dkér«Bl 

à  limbe  Ofé. 


80. 

rBRTSANTBBlll. 

Gàlyea  adbértat 
i  linbe  nul. 


81.  Hklianths. 
Calyc*  adhérent  i 
liab*  en  pailletlef. 


82.     PlflSIKLlT. 

C4lyce  ndhérent  i  limbe  en 
•igrelto  «impie  et  etipilée. 


83.  Cbmtna!<tub. 

Calyee  adhérent  i  limbe  en  aigrelle 

plumeiise  ei  MMile. 


Le  calyce  est  dit  libre,  lorsqu'il  n'a  contracté  aucune  adhérence  avec  le  pistil  (Giroflée)  ; 
adhérent,  lorsqu'il  s'est  soudé  en  tout  ou  en  partie  avec  le  pistil.  —  Le  limbe  du  calyce 
adhérent  est  tantôt  pétalotde  (fris),  tantôt  foliacé  (Cognassier) ,  tantôt  denté  (Fédia) ,  tantôt 
réduit  à  une  petite  couronne  membraneuse  (Camomille)  y  tantôt  usé  et  réduit  à  un  petit 
bourrelet  circulaire  (Garance,  fig.  79),  tantôt  nul  (Chrysanthème ,  fig  80);  quelquefois 
il  dégénère  en  écailles  oii  en  paillettes  [Hélianthe,  flg.  81  ),  ou  en  soies  où  en  poils,  soit  simples 
(Pissenlit,  fig.  82),  soit plumeux  (Centranthe,  tig.  83)  ;  formant  une  aigrette  rayonnante,  soit 
sessile  (Chardon) ,  soit  stipitée  (Pissenlit). 

Le  calyce  est  dit  caduc,  lorsqu'il  tombe  à  Tépoque  de  l'épanouissement  de  la  fleur 
{Coquelicot)  ;  persistant,  lorsqu'il  reste  en  place,  même  après  la  floraison  (Mauve)  ;  marcescent, 
lorsqu'en  persistant  il  se  fane  et  se  dessèche  (Mauve)  ;  accrescent ,  lorsqu'en  persistant  il 
prend  de  l'accroissement  (^/Are/rew^^). 

Galtclles  et  involucres  CALTCiFORMES.  — Le  calyce  est  quelquefois  accompagné 
de  bractées,  verticiUées  ou  opposées,  qui  simulent  un  calyce  accessoire  : 
on  a  donné  à  ces  bractées  le  nom  de  calycule  (Œillet,  Mauve,  Fraisier, 
tig.  84),    ou  le  nom  A'involucre  calyci forme  [Anémone,   Hépatique, 


85.  r.HftxR. 
G!and. 


Hellébore  d'hiver). 
T'es  calycules  sont 
de  véritables  in- 
volucres unidores, 

analogues  aux  involucres  pluriflores  des  ombelles 
et  des  capitules. 

La  cupule  ligneuse  qui  emboîte  le  gland  du 
Chêne  (fig.  85),  et  qui  se  compose  de  petites 
bractées  inibriquces  ;  la  cupule  foliacée,  à  bords 
déchiquetés,  qui  i)n)légo  la  noisette  du  Coudrier,  sont  aussi  des  invoUiores    ralyciformos 


K6     r.llATAlG^IlBn. 

liivolucro  épineux  coulenAnt  Iroi»  llcurs. 


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24 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


uni  flores. — La  cupule  épineuse  du  Châtaignier  (Og.86),etlégodetderi£'MjoAor6e,  ne  diffèrent 
des  involucres  précédents  qu'en  ce  qu'ils  sont pluri flores. 

Corolle.  —  La  corolle  est  le  verticille  placé  en  dedans  ou  au-dessus  du  calyce ,  ce  ver- 
ticille  est  ordinairement  simple  {Rose),  quelquefois  multiple  ( Berbéris ,  Nymphœa).  Les 
feuilles  de  la  corolle  sont  nommées  j»e7a/e5.  — Les  pétales  sont  ordinairement  colores^  c'est- 
à-dire  d'une  couleur  autre  que  la  verte  j  quelquefois  ils  sont  verts  (  Vigne)^  de  même  que  les 
sépales  sont  quelquefois  pétaloïdes  [Ancolié). 

La  corolle  est  dite  polypétale  ou  dialypétale,  quand  les  pétales  sont  libres  entre  eux  de 
toute  soudure  ou  cohérence  (Giroflée,  Fraisier,  Ancolie)\  monopétale  ou  gamopétale,  quand 
les  pétales  sont  cohérents  ou  soudés  ensemble ,  de  manière  à  former  une  corolle  d'une  seule 
pièce  (Campanule). 

La  corolle  est  dite  régulière,  quand  les  pétales,  libres  ou  soudés,  sont  égaux,  et  forment  un 
verticille  symétrique;  irrégulière,  davis  le  cas  contraire.  Une  corolle  peut  être  régulière , 
lorsque  les  pétales  sont  individuellement  irréguliers ,  mais  tous  semblables  :  il  en  résulte  un 
ensemble  symétrique  (Pervenche,  fîg.  98). 

Le  pétale  de  la  coToWe  polypétale  (Giroflée,  fîg.  87)  est  dit  onguiculé  quand  il  est  rétréci 
à  sa  base  en  une  sorte  de  pétiole,  qu'on  nomme  onglet  (o).  La  partie  élargie 
est  nommée  lame  (l).  Le  pétale  est  courteraent  onguiculé  dans  la  Bose,  la 
Benoncule-,  il  est  sessile  dans  le  Seringat.  L'onglet  du  pétale  est  dit  necta- 
rifère,  quand  il  porte  un  ou  plusieurs  nectaires   (Renoncule,  Berbéris, 
fig.  88);  ailé,  quand  il  porte,  perpendiculairement  à  sa  face  interne,  des 
bandelettes  qui  s'étendent  jusqu'à  la  lame  (Coquelourde).  —  On 
nomme  fornices  de  petites  excavations  situées  à  la  limite  ex- 
térieure de  l'onglet  et  de  la  lame,  et  faisant  saillie  à  l'intérieur 
(Lychnis  de  Calcédoine).  —  On  nomme  coronvle,  une  ou  plusieurs  lamelles, 
placées  intérieurement  au  sommet  de  l'onglet ,  et  formant  par  l'ensemble  des 
pétales  une  couronne  (Réséda,  fig.  89;  Lychnis  dioïque,  fig.  93). 

Les  pétales  sont  ordinairement  plans, 
quelquefois  concaves  [Berbéris)-,  tubuleu^ 
(Hellébore)  ;  labiés,  c'est-à-dire  formant 
deux  lèvres  (Aï^^//e);  calcari formes,  c'est- 
à-dire  formant  un  cornet  ou  un  éperon  creux  [Pensée), 
cuculli formes ,  c'est-à-dire  conformés  en  capuchon 
[Ancolie,  fig.  90). 

La  corolle  polypétale  régulière  est  dite  cruciforme, 
quand  elle  se  compose  de  quatre  pétales  opposés  deux 
à  deux,  en  croix  (Chélidoine,  fig.  91);  rosacée,  quand 


87.  GiRorLBB. 
PéUle. 


89.  Rbsbda. 
Pétales  Uléral  et  interne. 


88.  BemBiKit. 
PéUle. 


91.    CflBLlOOIIIB. 

Corolle  cruciforme. 


92.  FRillilBR. 

Corolle  rosacée. 


95.  Lychnis. 
Corolle  caryophyltéj. 


94.  PoiB. 
Corolle  papilionacée. 


•  ■.-«.«..».««..«..  vK^ruiie  caryopnyiie^.  l.orolle  papilionacée. 

elle  se  compose  de  cinq  pétales,  à  onglet  court  ou  nul,  et  ouverts  (Fraisier,  fig.  92)  ;  caryo- 
phyllée,  quand  elle  se  compose  de  cinq  pétales  munis  fVon^M.  (Œillet,  Lychnis,  fig.  93). 


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ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


25 


La  corolle  poly pétale  irrégulière  est  dite  papilionacée  (Pois,  fig.  9i  ) ,  quand  elle  se  compose 
de  cinq  pétales,  dont  un  supérieur,  nommé  étendard,  est  adossé  à  Taxe ,  et  embrasse  les 
quatre  autres;  deux  latéraux  nommés,  ailes,  recouvrant  eux-mêmes  les  deux  inférieurs,  qui 
sont  rapprochés,  souvent  soudés  ensemble  par  leur  bord  inférieur,  et  dont  la  réunion 
se  nomme  carène  ou  nacelle  (Pois).  La  corolle  irrégulière  sans  être  papilionacée, 
est  dite  anomale  (Pensée ,  Pelargoniitm), 

Dans  la  corolle  monopétale  on  nomme  tube  la  partie  dans  laquelle  les  pétales 
sont  unis  par  leurs  bords  ;  le  limbe  est  la  portion  supérieure  de  la  corolle,  à  partir 
du  point  où  les  pétales  deviennent  libres  ;  la  gorge  est  rentrée  du  tube,  c'est- 
à-dire  la  région  intermédiaire  entre  le  tube  et  le  limbe ,  ordinairement  réduite  à 
une  ligne  circulaire ,  quelquefois  un  peu  allongée  ou  dilatée,  comme  dans  la 
Consoude  (fig.  95). 

La  gorge  de  la  corolle  monopétale  est  dite  appendiculée  quand  elle  est  garnie 
intérieurement,  et  même  close  par  des  appendices  saillants,  qui  répondent  souvent 
à  des  fornices,  et  forment  des  pinceaux  de  poils  ou  des  mamelons,  ou   des   écailles. 


96.  Blbl-bt 

CoroIU  lobalenst, 


97.  LiSBKOX. 
Corolle  infundibuli formé. 


Pkrvbrcub. 

Coroll«  hypocralérifurme. 


99.    CAMPJk!fCLB. 

Corolle  campanulét. 


100.  MOUKON. 

Corolle   roUcée. 


ou  des  lamelles  (Borraginées).  —  La  corolle  monopétale  est  dite  partite,  fide,  dentée,  selon 
rétendue  de  la  soudure  des  pétales,  et  selon  le  nombre 
des  découpures,  bifide,  tri  fide,  bipartite,  tripartite,  etc. 
La  corolle  monopétale  régulière  est  dite  tubuleuse,  quand 
le  limbe  est  peu  distinct  du  tube  (Bleuet,  fig.  96,  Cérinthe)  ; 
infundibuli  forme,  quand  le  tiibe  s'évase  insensiblement  en 
entonnoir  (Liseron,  fig.  97);  hypo- 
cratériforme,    quand  le   tube   est 
terminé  brusquement  par  un  limbe 
étalé,   de  manière  à  figurer  une 
patère  antique  (Per 
vencke,     fig.     98, 
Lilas  )  ;    campanu- 
lée,  quand  le  tube , 
dilaté  dès  la  base, 
s'évase    graduelle- 
ment    en     cloche 
(  Campanule ,     fig. 
99];urcéolée,  quand 
le  tube   figure   un 

grelot  (Bruyère)  ;  rotacée,  quand  le  tube  est  presque  nul,  et  que  le  limbe  figure  les  rayons 
d'une  roue  (Mouron,  fig.  100). 


101      lUMIBB. 

Corolle  labiée. 


102.   MCFLIBB. 

Corolle  personnée. 


105. 

CUBVSANIIIBVB. 

Corolle  ligulée. 


104.  DlGITALB. 

Fleur. 


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26 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


La  corolle  monopétale  irrégulière  est  dite  labiée,  quand  son  limbe  offre  deux  divisions 
principales  ou  lèvres,  placées  Tune  au-dessus  de  l'autre,  et  dont  la  gorge  reste  ouverte  (Lamier, 
lig.  \{Si]',  personnée,  lorsque  le  limbe  est  divisé  en  deux  lèvres,  et  que  la  gorge  est  fermée 
par  une  fornice  delà  lèvre  inférieure  {Muflier,  fig.  102)  ;  ligulée,  quand  le  tube  est  très-court, 
et  que  le  limbe  est  déjeté,  du  côté  extérieur,  en  une  languette  qui  semble  constituer  toute 
la  corolle  (Chrysanthème,  fig.  103,  Pissenlit]  ;  anomale,  quand  elle  n'est  ni  labiée,  ni 
personnée,  ni  ligulée  {Digitale,  fig.  104,  Centranthé). 

Androcée.  — Vandrocée  est  le  verticille,  simple  ou  multiple,  placé  en  dedans  ou  au- 
dessus  de  la  corolle.  Les  feuilles  qui  le  constituent  sont  nommées  étamines.  L'étamine,  à 
rétat  le  plus  complet  [Giroflée,  fig.  105),  se  compose  d'un  pétiole  nommé 
filet  (f)  et  d'un  limbe  nommé  anthère  (A);  Tanthère  est  partagée  en 
deux  moitiés  latérales  par  une  nervure  médiane  nommée  connectif  (  c  )  ; 
chaque  moitié  forme  une  loge  (h);  chaque  loge  est  formée  de  deux 
feuillets  ou  valves,  dont  la  jonction  est  marquée  par  un  sillon  ou  suture 
extérieure.  Le  pollen  (p)  est  le  parenchyme  interposé  entre  les  deux 
feuillets  de  Fanthère  j  ce  parenchyme,  spongieux  et  succulent  dans  le 
premier  âge,  devient  pulvérulent  à  l'époque  de  l'épanouissement,  et  sort 
de  la  loge  quand  les  feuillets  se  sont  décollés  pour  lui  livrer  passage. 

Quand  la  corolle  est  monopétale,  les  étamines  sont  soudées  avec  elle 
{Belladone,  fig.  106);  cette  loi  générale  offre  très-peu  d'exceptions 
(Campanule,  Bruyère), 
L'insertion  des  étamines  est  la  région  de  Taxe  floral  où  elles  se  séparent  des  verticilles 


ry 


106.  Bblljldoitb. 
Corolle  éUlée. 


107.  Rbïtomcdlb. 
Piatil  et  éUminei. 


108.  Abkicotibk. 
Moitié  de  fleur. 


109.  CORNOLILLBR. 

Fleur. 


voisins.  L'insertion  des  pétales  est  toujours  la  même  que  celle  des  étamines  :  conséquemraent, 
dans  la  corolle  monopétale  staminifère,  l'insertion  des  étamines  sera  déterminée  d'après  celle 
de  la  corolle.  — Les  étamines,  ainsi  que  la  corolle,  sont  hypogynes,  quand  elles  sont  libres 

d'adhérence  avec  le  pistil  et  avec  le  calyce,  et  qu'elles 
naissent  du  réceptacle,  au-dessous  de  la  base  du  pistil 
[Renoncule y  fig.  107,  Primevère) ,  périgynes,  lorsqu'elles 
s'insèrent  sur  le  calyce,  et  sont  latérales  relativement 
au  pistil,  au  lieu  d'être  inférieures  [Abricotier,  fig.  108); 
épigynes,  lorsqu'elles  s'insèrent  sur  le  pistil  même  (Fenouil, 
Cornouiller,  fig.  109). 

Les  étamines  sont  dites  indéfinies  quand  elles  dépassent 

le  nombre  10,  et  dans  ce  cas,  la  fleur  est  dite  polyandre 

(Renoncule),  — Les  étamines  ne  sont  pas  toujours  d'égale 

grandeur;  elles  sont  dites  didynames  (Muflier,  fig.  110), 

lorsqu'elles  sont  au  nombre  de  h,  dont  2  plus  grandes  ; 

tétradynames  (Giroflée,  fig.  111),  lorsqu'il  y  en  a  6,  dont 

2  plus  petites  opposées  l'une  à  l'autre,  et  h  plus  grandes  opposées  par  paires.  —  Dans  les 

fleurs  à  androcée  multiple,  les  verticilles  d'étamines  sont  souvent  inégaux  (Stellairp),  mais 

cotte  différonco  no  leur  a  fait  donner  aucune  qualification  particulière. 


liO.  &IITPLIBR. 

Androcée  et 
deiui>corollc. 


(II.  GinorLKK. 
Androcér  et  nceldire« 


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ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


27 


Les  étamines  sont  dites  libres  ou  distinctes,  lorsqu'elles  sont  complètement  indépendantes 
les  unes  des  autres  ( Renoncule))  monadelphes,  lorsque  les  filets  sont  plus  ou  moins  complète- 
ment soudés  en  un  seul  tube  (Oxalis,  Mauve,  fig.  112)^  diadelphes, 
lorsque  les  filets  sont  soudés  en  2  groupes  (Gesse ,  fig.  113); 
triadelphesy  quand  les  filets  forment  trois  faisceaux  (MiUepeiiuis)', 
polyadelphes,  quand  les  filets  forment  plusieurs  faisceaux^  soit 
simples  (Oranger y  fig.  114),  soit  rameux  (Ricin,  ùg.  115);  syn- 
genèses,  quand  les  anthères  se  soudent  ensemble  (Chardon,  fig.  116, 


115.  Gkssi. 
Androeée  et  piktil. 


114.  OnAKOim.      415.  Ricin.       116.  Coardox.      117.  ARttroLocBB. 
Pleur  «ans  le«       Flear  tUminée.  Androcée.  Androcée  et  pistil, 

pétales. 


Melon);  gynandres,  lorsqu'elles  font  corps  avec  le  pistil  (Orchis,  Aristoloche,  fig.  117). 
L'anthère  est  ordinairement  à  2  loges ,  séparées  par  un  connectif  ;  on  la  dit  alors  hilocu- 

luire;  elle  est  quadriloculaire ,  quand  elle  offre 
k  loges  (Butome,  fig.  118);  uniloculaire,  quand  elle 
n'offre  qu'une  seule  cavité  (Mauve,  fig.  119);  plu- 
riloculaire,  quand,  étant  assise  sur  un  connectif 
aplati  et  lobé,  elle  offre  autant  de  loges  qu'il  y  a  de 
lobes  au  connectif  (//",  7'huta,  fig.  120). 

L'anthère  est  adnée ,  quand  les  loges  sont  fixées 
au  connectif  dans  toute  leur  \ong\jeMT  (Renoncule, 
fig.  121  );  basifixe,  quand  elle  s'attache  parla  base 
au  filet  (Giroflée)',  apicifixe,  quand  elle  s'attache 
par  son  sommet  au  filet  (  Vitex,  fig.  122)  ;  dorsifixe, 
quand  elle  s'attache  par  son  dos  au  filet  (  Stellaire, 
Myrte,  fig.  123  )  ;  introrse,  lorsque  les  sutures  re- 
gardent le  centre  de  la  fleur  (Campamde,  fig.  124-;  Pensée);  extrorse,  lorsque  les  sutures 


120.  Thuu. 
Etaoïine. 


lil.  Rbronculi. 
Étainine. 


f 


123.  Mtrtb. 
Étamine. 


124.  Campaxitls. 

Pistil  et  Élamiiie. 


12S.    ALCUtfllLLB. 

Étaniine. 


126.  MOMLLB. 

Élaminc. 


127.   BBRRSRIt. 

Étanine. 


regardent  la  circonférence  de  la  fleur  (Iris,  Renoncule);  les  sutures  sont  latérales,  quand 
les  deux  feuillets  de  chaque  loge  ont  la  même  étendue.  —  Là  déhiscence ,  c'est-à-dire  la 
séparation  des  feuillets  de  chaque  loge,  s'opère  ordinairement  en  long  (Giroflée),  quel- 
quefois transversalement  (A/r/nW//<?,  fig.  125);  quelquefois  par  le  sommet  (  ilfor^//e,  fig.  126); 


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28 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


quelquefois  par  soulèvement  de  Tun  des  feuillets,  qui  se  détachent  tout  d'une  pièce,  comme 
un  ])axmcm  (Berbéris,  fig.  127;  Laurier). 

Le  pollen  est  ordinairement //M/verw/en^;  chaque  grain  de  pollen  se  compose  de  deux 
membranes,  inégalement  extensibles  :  lorsqu'un  grain  de 
pollen  est  placé  dans  l'humidité,  la  membrane  externe 
se  rompt,  et  l'interne  sort  sous  forme  d'une  petite 
ampoule ,  nommée  tube  poUinique^  renfermant  une 
matière  granuleuse  nommée  fovilla,  que  l'on  regarde 
comme  l'agent  essentiel  de  la  fécondation  *.  Le  pollen 
est  dit  solide  lorsqu'il  est  aggloméré  en  masses,  qui 
quelquefois  se  subdivisent  en  massules  (Orchis,  fig.  128; 
Asclépias,  fig.  129). 

Pistil. — Lepistilou  gynécée  (Ancolie,  fig.  131  )est 
le  verticille  qui  couronne  le  sommet  du  pédicelle  ( p) ,  ^^^  ^^^^^^  ^^^  AwLém». 

nommé  réceptacle  (r)  ,  et  occupe  le  centre  de  la  fleur,        MtB»e«  poiiiniqoet.      pi«tii  «1  masse  poiiîniqae. 
dont  il  termine  la  végétation,  comme  la  fleur  termine  la  végétation  du  rameau  floral. 

Le  pistil  est  presque  toujours  posé  immédiatement  sur  le  réceptacle  ou  sommité  évasée  du 


ISO    FKJkXIIfKLLK. 

Pistil  et  ealye«. 


151.  Atccolib. 
Pistil. 


132.  Gbnbt. 
Pistil. 


133.  Fkaisibb. 
Fleur  coupée  verticalement. 


134.  Adonidb. 

Pistil. 


pédoncule  :  dans  quelques  cas,  l'entre-nœud  qui  lui  donne  naissance  s'allonge,  devient  dis- 
tinct, et  forme  un  support,  qu'on  nomme  gynopkore  :  le  pistû  est  dit 
alors  stiptté  (Mue,  Fraxinelle,  fig.  130). 

Les  feuilles  composant  le  pistil,  se  nomment  carpelles  ou  feuilles  car- 
pellaires ;  les  carpelles  forment  tantôt  un  verticille  simple  (Ancolie)^ 
tantôt  un  verticille  multiple  (Butome)  ;  quelquefois  le  carpelle  est  unique, 
par  suite  de  l'avortement  de  ceux  qui,  dans  l'état  normal,  devraient 
lui  correspondre  (Genêt,  fig.  132,  Pêcher,  Berbéris)  ;  le  pistil  est  dit 
alors  monocarpellé.  Quelquefois  les  carpelles,  au  lieu  d'être  verticiUés, 
sont  disposés  en  spirale ,  et  forment  une  tête  ou  un  épi;  cette  disposition 
a  lieu  quand  le  réceptacle  s'allonge  en  axe  hémisphérique,  conique  ou 
cylindrique  ( Fr««s/er,  Framboisier,  fig.  133;  Adonide,  fig.  134, /?^- 
noncule),  —  Dans  les  Bases  (fig.   135),  le  réceptacle,  au  lieu  de  se 


135.  RosiKB. 
Fleur  coupée  verlicalement. 


bomber,  se  renfonce  en  lui-même ,  et  les  carpelles  se  trouvent  attachés 


à  la  paroi  d'un  réceptacle  concave,  tapissant  le  tube  du  calyce. 

Le  limbe  de  la  feuille  carpellaire  (Ancolie,  fig.  131  ;  Pois,  fig.  136)  est  nommé  ovai7'e(o)  ; 
la  continuité  du  limbe,  formant  un  col  rétréci,  plus  ou  moins  allongé,  se  nomme  style  (t)  ; 

4  Les  élamines  ne  sont  pas  toujours  fertiles^  c'est-à-dire  pourvues  de  pollen,  elles  sont  quelquefois  réduites  à 
un  filet  terminé  ou  non  par  une  petite  lame  pélaloïde  {Scrofulaire,  Penistémon),  on  les  dit  alors  stériles;  quel- 
querois  dans  Panthère,  Tune  des  loges  seule  est  ferlile,  l'autre  est  stérile  (Sauge). 


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OHr.ANES  DE  LA  HEPRODLCÏION. 


.29 


s- 


ov 


iS7.  ABmicoTitm. 
Pistil  conpé  Terticalement. 


la  surface  visqueuse  et  dépourvue  d'épiderme,  ordinairement  située  au  sommet  du  style,  ou 
peu  au-dessous  de  ce  sommet,  se  nomme  stigmate  (s).  Les  corps  arrondis^  renfermés  dans 
Tovaire  [Pois^  fig.  136),  sont  nommés  ovtil€s{o)n  et  doivent  plus  tard  devenir  des  graines;  la 

saillie  fibro-vasculaire  portant  les  ovules  ou 
les  graines,  et  occupant  ordinairement  les 
bords  épaissis  de  la  feuille  carpellaire ,  est 
nommée  placentaire  (l);  le  cordon  qui  unit 
Tovule  ou  la  graine  au  placentaire  se  nomme 
fimicule  (f). 

Les  grains  du  pollen ,  sortis  de  Tanthère, 
adhèrent  à  la  surface  humide  du  stigmate  ;  ils 
se  gonflent  rapidement  en  absorbant  Thumi- 
dite  ;  la  membrane  interne  ouvre  Texterpe  sur 
un  des  points  qui  touchent  le  stigmate  ;  le  tube 
/Mini que  s'allonge,  et  s'engage  dans  les  in- 
terstices des  cellules  mamelonnées  du  stigmate 
{fig.  137,  s),  nommées  papilles  stigmatiques  ; 
après  les  avoir  traversées,  il  arrive  dans  le 
canal  du  style,  qui  est  rempli  par  un  parenchyme  peu  serré,  nommé  tissu  conducteur  (t); 
il  chemine,  en  s'allongeant  toujours,  et  entre  dans  la  cavité  de  Tovaire  ;  là,  il  continue  à  longer 
le  tissu  conducteur  qui  tapisse  les  placentaires,  et  parvient  enfin  aux  ovules;  dès  lors,  la 
fécondation  est  assurée ,  et  les  ovules ,  fécondés ,  deviennent  bientôt  des  graines. 

L'ovaire  de  chaque  feuille  carpellaire  [Abricotier^  fig.  137  )  se  compose  d'une  pellicule, 
ou  feuillet  externe,  nommé  épicarpe  (f);  d'un  feuillet  interne,  nommé  endocarpe  (e); 
et  d'un  tissu  intermédiaire ,  nommé  mésocarpe  (d). 

Lorsque  les  carpelles  sont  libres  de  toute  cohérence,  chacun  d'eux  possède  son  ovaire,  son 
style  et  son  stigmate  (Ancolie^  ^ig*131)  ;  lorsqu'ils 
sont  cohérents  par  leurs  ovaires,  il  en  résulte  un 
organe  collectif,  que  l'on  nomme  communément 
ovaire,  bien  qu'il  soit  composé  de  plusieurs  ovaires 
réunis  (Œillet^  fig.  138)  ;  lorsque  les  carpelles  sont 
cohérents  par  leurs  ovaires  et  leurs  styles  (Lis, 
fig.  139),  ou  par  leurs  ovaires,  leurs  styles  et  leurs 
stigmates  (Primevère,  fig.  140),  on  nomme  style, 
stigmate,  la  réunion  des  styles  et  stigmates  soudés 
en  un  seul,  et  appartenant  à  plusieurs  carpelles. 
Le  style  est  dit  simple  ou  indivis,  quand  il  est 

unique,  ou  que 
plusieurs  styles 
sont  soudés  en 
un  seul  ;  il  est 
dît  bifide,  tri- 

fide,  quadrifide,  etc.,  quand  la  soudure  n'est  pas  complète, 
et  qu'elle  s'étend  au-delà  du  milieu  de  la  longueur  des  styles  ; 
bipartit,  tripartit,  quadripartit,  inultipartit, etc.,  quand 
la  soudure  des  styles  ne  s'étend  pas  jusqu'à  leur  milieu. 

L'ovaine,  qu'il  soit  simple  ou  composé,  est  dit  adhérent 

lorsque  le  tube  du  calyce  s'est  soudé  et  confondu  avec  lui 

plus  ou  moins  complètement  [Myrte,  fig.  141)  ;  il  est  dit 

quand  il  n'adhère  ni  complètement  ni  partiellement  au  tube  du  calyce  (Lychnis, 


i38.  OBiLLBT. 

Pialil. 


159.  Lr«. 
Pistil. 


î 


w 


140. 

PKinEVHB. 

Piitil. 


141.  Htrtb. 
FUur  coup€«  Tertiealemeiit. 


libre. 


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30 


DESCRIPTION  l>ES  OKGANES. 


142.  Ltchttis 

PûlU 

eoDpà  terlicJement 


143.  SjkxirRAGR. 

Pistil  01  calyctf 

coupét  f«rtic«lcinent. 


tig.  142;  Primevère).  L'ovaire  adhérent  est^gidément  dit  infère j  parce  qu'il  semble  inférieur 
au  oalyoe,  mais  ce  n'est  en  réalité  qu»  k  lymbe  du  calyee  qui  est  au-dessus  de  Tovaire,  le 

tube  s'est  soudé  et  confondu  avec  lui.  La  corolle,  dans  ce 
cas,  est  dite  supère;  parla  même  raison,  l'ovaire  est  dit 
snpère  quand  il  est  libre.  L'ovaire  est  dit  semi-adhérent 
quaod  il  n'adhère  qu'incomplètement  au  tube  du  calyee 
(Saxifrage,  fig.  143). 

Dans  Tovaire  composé,  qu'il  soit  libre  ou  adhérent,  les 
ovaires  se  soudent  ensemble  de  diverses  manières  :  1*  ils 
se  soudent  bord  à  bord ,  et  leur  réunion  est  indiquée  par 
une  couple  de  placentaires ,  appartenant  à  deux  carpelles 
différents  :  alors  les  placentaires  sont  dits  pariétaux,  et 
l'ovaire  composé^  ne  formant  qu'une  seule  cavité  ou  loge, 
est  dit  uniloculaire  {Bésédoy  fig.  144)  ;  2*  ils  se  replient  de 
manière  à  former  des  lames  verticales,  composées  chacune 
de  deux  feuillets  accolés,  et  appartenant  à  deux  carpelles 
différents  :  ces  lames  soot  nommées  cloisons.  Les  cloisons 
sont  dites' tnrom/)/^^,  si  elles  ne  s'avancent  pas  jusqu*au  centre  de  la  fleur;  dans  ce  cas 
c  Bcore,  les  placentaires  sont  àii&periétaux^  et  l'ovaire,  uniloculaire  (Pavot,  Erythrée  y  f^.  145] . 
Les  cloisons  sont  ^ites  complètes,  si  elles 
s'avancent  les  unes  vers  les  autres,  de 
manière  que  leurs  bords  rentrants  forment 
un  faisceau  fibreux  au  ceiràre  de  la  fleur;  à 
ce  faisceau  s'ajoute  ordinairement  un  pro* 
longement  du  réceptacle ,  qui  forme  un  axe 
réel,  nommé  oolumelle  (Campanule  jûg.  ikê): 
cet  axe  contribue  nécessairement,  ainsi 
que  le  réceptacle  dont  il  émane,  au  trans- 
port des  sucs  qui  montent  vers  les  placen- 
taires pour  nourrir  les  ovules  ou  les  graines; 
dans  ce  cas,  il  y  a  autant  de  loges  que  de  carpelles,  et  Tovaire  composé  est  dit,  selon  le 
nombre  des  loges,  hiloculaire^  triloculaire,  quadriloeulaire,  qmnquéloculMre,  pluriloculaire^ 
multiloculaire. 
Les  cloisons  sont  formées  généralement  par  l'endocarpe  des  carpelles  et  une  «xpansioa  du 

mésocarpe,  qui  s'est  interposé  entre  les  deux  lames 
endocarpiqvkes.  —  On  a  nommé 
fausses  cloisons ,  des  lames ,  soit 
verticales ,  soit  horizontales ,  qui 
ne  sont  pas  formées  par  la  sou- 
dure des  faces  rentrantes  de  deux 
carpelles  contigos  (Astragale, 
Liuj  fig.  147 ,  Giroflée,  Datura, 
fig.  148). 

Dans  l'ovaire  composé  plurilo- 
culaire,  les  placentaires  sont 
ordinairement  centraux;  mais  quelquefois  ils  occupent  les  parois  des 
cloisons  (  Câprier  )  (hi  même  la  nervure  médiane  du  carpelle  (Ficoîde  ). 
—  Les  placentaires  centraux  sont  dit  libres,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  unis 
par  des  cloisons  aux  parois  de  l'ovaire ,  et  qu'ils  semblent  complètement  indépendants 
des  carpelles  (Mouron,   Primevère,   Cyclmnen,  fig.   149).   Quelquefois  les   ptoœntaDres 


tu.  aé^DA. 

Coap« 
tnni«v«nale  4« 
l'ovaire. 


14S.  éiTmiB. 

CoupA  trantverMle 

4i«  rovMre. 


Coupe  lr«n«verMle 


<47.  Lui. 

Coup*  4raiitTorMl« 

de  l'ovaire. 


14S.    DjkTDKJk. 

Ceope  itMi  vénale 
de  l'ovaire. 


149.  Ctclavui. 

Pi«lil  et  ealyce  coapét 

vertiealeacnt. 


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ORGANES  DE  LA  UEFRODUGÏION. 


31 


centraux  seftiblent  libres  par  suite  de  la  destruction  prématarée  des  cloisons  (Lychnés). 
On  emploie  le  terme  ée  piaeentation  pour  indiquer  la  position  des  placentaires,  et  Ton  dit  : 
placentation  axile,  cetitrale^  hasilairej  pariétale  y  selon  que  les  placentaires  occupent  Taxe, 
le  centre,  la  base,  la  paroi  de  Fovaire. 

L'ovaire,  qu'il  soit  simple  ou  composé,  est  dit  pluriovulé  on  muitiotmié.  s'il  contient  plusieurs 
ovules;  uniomiié,  àiovulé,  s'il  n'en  contient  qu'un  ou  deux. 
Le  style  n*est  pas  toujours  terminal,  c'est-à-dire  qu'il  ne  continue  pas  toujours  l'extrémité 

supérieure  de  l'ovaire;  il   est    dit  latéral 9 

lorsqu'il  naît  plus  ou  moins  bas  sur  le  côté  de 

I  /\  l'ovaire,  dont  le  sommet  semble  s'être  infléchi 

I  y    V  de  haut  en  bas  (Fîmsier,  fig.  150)  ;  il  est  dit 

^\         f       \  basilaire,  lorsque  le  sommet  de  l'ovaire  s'est 

W  'W».  Jr  infléchi  jusqu'à  descendre  au  niveau  de  sa 

^Jj/  base  {Alchimillej  fig.  151).  S'il  y  a  plusieurs 

ovaires,   et  que  les  styles  basilaires  soient 
soudés  en  un  seul,  l'ovaire  Q%iM>gynobasique, 
et  les  bases  dilatées  des  styles  sont  nommées 
collectivement  ^yno6as^  (  iSae/^tf,  Consoude,  fig.  152). 
Le  stigmate  n'est  autre  chose  que  Fépanouissement  externe  du  tissu  conducteur;  il  est  dit, 


150.        151.  Alcbimillb, 
Fbaisibii.  Cirprllt. 

Carp«ll«. 


11^9.  Coiisocm. 
PUtil  at  eafycfl  coapés 


4^ 


f55. 

^^ 

15«. 

157.  Pmoviirr. 

158.  Pbmwi. 

iftorÛB. 

155.  RcvBs. 

Pabibtaiiib. 

Fleur. 

Pisl»l. 

i59.  I 

Pistil. 

yPfstH. 

Pistil. 

Pistil 

suirant  ses  ferme»  diverses,  globuleux  (Primevère),  fourehu  (Giroflée,  fig.  153),  lobé  (Melon, 
fig.  154),  frangé  (Safran,  Rumex ,  fig.  155),  pénicillé  [Pariétaire ,  fig.  156), 
plujneux  [Froment,  ^g.  157).  11  est  ordinairement  terminal,  quelquefois  latéral 
(Pensée,  fig.  158,  Polygala,  Ins,  fig.  159  stig),  et  souvent  alors  il  forme  des  séries 
longitudinales  de  papilles  stigmatiques  sur  la  face 
interne  du  style  (Lychnis,  fig.  160).  —  Le  stigmate 
est  dit  sessile,  quand  le  style  manque  (  Tulifje, 
Arum,  fig.  161). 

Lespoils  collecteurs  ou  balayeurs  sont  des  organes 
dont  se  hérisse  quelquefois  le  style  ;  ces  poils  sont 
disposés  presque  toujours  obliquement  de  bas  en 
haut ,  et  destinés  à  recueillir  le  pollen  [Campanule, 

fig.  162,  Bluet^.  160.  Ltcrnis.  I«t.  Arch. 

TOBUS.  —  Le  torw  ou  disqiœ  est  la  partie  du 
réceptacle  située  entre  le  calyce  et  le  pistil,  qui  sert  de  base  commune  à  la  corolle  et  à  l'an- 


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3-2 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


ft 


drocée  :  cette  base  commune  produit,  outre  les  étamines  elles  pétales,  des  glandes  nectari- 
fères  et  des  expansions  diverses,  analogues  à  des  pétales  ou  à  des  étamines  (AncoKe,  Pivoine 
moutan,  Nymphœa  blanc,  Nymphœa  jaune). 

Nectaires.  —  Les  nectaires  ou  glandes  nectar  if  ères  naissent  généralement  du  torus,  et 
sont  posés  immédiatement  sur  lui  ou  sur  les  organes  qui  en  dépendent.  —  Dans 
le  Radiai  (  fig.  163)  et  autres  Crucifères^  le  réceptacle  en  porte  quatre,  deux  dans 
la  Pervenche  (fig.  164),  cinq  dans  les  Sedum.  —  Dans  les  Renoncules,  chaque 
pétale  porte  à  la  base  de  son  onglet  un  petit  nectaire,  protégé  par  une  écaille. — 
Dans  la  Parnassie  (fig.  165),  il  naît,  vis-à-vis  de  chaque  pétale,  une  écaille 
pétaloïde,  qui  se  ramifie  en  3,5,  7,  9,  15  branches,  terminées  chacune 
par  une  glande  nectarifère  globuleuse.  c  ) 

Les  nectaires  naissent  quelquefois  sur  les  anthères  ou  sur  le  connec-        ■• 
tif  des  étamines;  ainsi,  dans  la  Pensée  (fig.  166),  il  y  a  deux  nectaires 

provenant  de  deux  étamines,  et 
naissant  du  connectif  au  point  de 
jonction  de  Tanthère  et  du  filet; 
ils  ont  la  forme  d'une  queue  un 
peu  recourbée,  et  tous  deux  se 
logent  dans  le  cornet  creux  du 
pétale  inférieur  qui  leur  sert 
d'étui,  et  au  fond  duquel  on  trouve 
une  liqueur  sucrée,  que  les  nec- 
taires ont  distillée  par  leur  extrémité. 

En  général,  les  pétales  creux  renferment  un  nectaire  au 
fond  de  leur  cavité  {Aconit,  Nigelle,  Dauphinelle,  etc.). 
Dans  les  fleurs  incomplètes^  il  arrive  fréquemment  que  le  pistil  avorté,  ou  Tandrocée  avorté, 
est  remplacé  par  un  nectaire  :  c'est  ce  que  Ton  voit  dans  les  fleurs  du  Melon, 

Préfloraison. — \^di  pré  floraison  ou  estivation  est  l'agencement  qujobserventles  diverses 
parties  de  la  fleur  avant  leur  épanouissement.  C'est  surtout  dans  le  calyce  et  la  corolle  qu'il 
'  faut  l'étudier. 

Tantôt  les  feuilles,  constituant  chaque  anneau  floral,  sont  insérées  exactement  à  la  même 
hauteur,  et  forment  un  vert  ici  lie  vrai;  tantôt  elles  sont  insérées  à  des  hauteurs  un  peu 
inégales  ;  alors  le  verticille  n'est  qu'apparent ,  et  doit  être  considéré  comme  une  spirale  sur- 
baissée, dont  la  feuille  la  plus  inférieure  est  nécessairement  la  plus  externe. 

Le  verticille  vrai  présente  deux  modes  de  préfloraison  :  1*  la  préfloraison  valvaire 
(fig,  167)  est  celle  où  les  parties  se  touchent  dans  toute  leur  longueur  par  leurs  bords  contigus, 


165.  HiDis. 

Fi^iil 
et  necUiref  • 


164. 

I>BKVB?li:ilK. 

Pistil 
et  nectaire. 


165.  Pakximib. 
Pétile  et  nertairef  « 


166.  PbxsÊk. 

Deai  ëtaminef ,  dont  une 

Decltrifère. 


167. 

PuÉPLOBAltO!*    VlLVAlBBt 


168. 
Pképloriison  toroub. 


169. 

pRivLOBllSOX    IMBBlQtlBB. 


170. 
PRBrL0RlISO!«    QV1!«C0KCULB. 


comme  les  battants  d'une  porte  ;  la  préfloraison  est  tordue  ou  contournée  (fig,  168),  lorsque  les 
feuilles  d'un  verticille,  au  lieu  de  se  juxta-poser  bords  à  bords,  se  superposent  en  cercle,  de 
manière  que  chacune  recouvre  partiellement  l'une  des  deux  feuilles  entre  lesquelles  elle  est 
placée,  et  est  recouverte  également  par  l'autre,  comme  si  chaque  feuille  se  tordait  sur  son  axe. 


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ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION.  83. 

La  spirale  surbaissée  présente  deux  modes  de  préfloraison^  qu'on  réunit  ordinairement  sous 
la  dénomination  commune  de  préfloraison  imbriquée  :  V  la  préfloraison  imbriquée  {fig.  169) 
proprement  dite  est  celle  où  les  pièces  de  Tanneau  floral,  ordinairement  au  nombre  de  cinq, 
se  recouvrent  successivement,  depuis  la  première,  qui  est  tout  à  fait  extérieure,  jusqu'à  la 
dernière,  tout  à  fait  intérieure ,  et  placée  contre  la  première  :  dans  ce  mode,  les  feuilles  ont 
décrit  un  seul  tour  de  spirale  ;  2**  la  préfloraison  quinconciale  (fig.  170)  est  celle  où  les  cinq  pièces 
de  l'anneau,  floral  sont  disposées  de  manière  qu  il  y  en  a  deux  extérieures,  deux  intérieures, 
et  une  intermédiaire  qui,  d'un  côté,  est  recouverte  par  l'une  des  extérieures,  et  de  l'autre, 
recouvre  Tune  des  intérieures  :  dans  ce  mode,  les  feuilles  décrivent  deux  tours.  —  La  pré- 
floraison quinconciale  est,  dans  quelques  cas,  surtout  pour  la  corolle ,  troublée  par  l'inégal 
développement  des  feuilles  d'un  même  anneau  floral  :  on  la  nomme  vexillaire  dans  la  corolle 
papilionacée  ;  cochléaire  dans  les  corolles  labiées  et  personnées. 

Symétrie.  —  La  symétrie  est  un  rapport  de  similitude  entre  les  feuilles  qui  composent 
les  verticilles  de  la  fleur.  —  Ce  rapport  comprenant  :  V  la  fot'me,  2o  le  nombre,  3°  X isole- 
ment, k^  Imposition  relative  des  parties,  on  peut  observer  dans  la  fleur  quatre  sortes  de 
symétrie  :  la  symétrie  de  forme ,  la  symétrie  de  nombre ,  la  symétrie  de  disjonction ,  et  la 
symétrie  de  position, 

La  symétrie  de  forme  est  la  régularité  prise  dans  son  sens  le  plus  ordinaire  ;  elle  a  lieu 
lorsque  les  pièces  d'un  même  vertieille  sont  toutes  semblables  entre  elles,  ou  bien  lorsque, 
étant  dissemblables,  les  unes  alternent  avec  les  autres,  de  manière  à  oflrir  un  ensemble 
symétrique  autour  d'un  centre  commun  ;  on  pourrait  donner  à  cette  régularité  le  nom  de 
symétrie  rayonnante;  {Ancolie,  Renoncule,  Giroflée). — Lorsque  le  vertieille  ne  présente  pas  cet 
aspect  symétrique,  il  est  diiirrégulier,  mais  alors  il  off're  deux  moitiés  collatérales  semblables, 
ce  qui  constitue  une  symétrie  analogue  à  celle  des  animaux,  et  qu'on  pourrait  appeler 
symétrie  longitudinale,  pour  la  distinguer  de  la  symétrie  rayonnante  qui  appartient  aux 
fleurs  régulières,  de  même  qu'aux  animaux  inférieurs  nommés  Zoophytes  (Pensée,  Pois, 
Capucine). 

La  symétrie  de  nombre  est  complète  quand  tous  les  verticilles  ont  le  même  nombre  de 
pièces  (Crassule). 

La  symétrie  de  disjonction  a  lieu  lorsque  les  pièces  de  chaque  vertieille  ne  contractent  aucune 
cohérence,  et  que  chaque  vertieille  est  libre  de  toute  adhérence  (Ancolie, 
Hellébore). 

^/^      Tn^V\         Ldi  symétrie  de  position  a  lieu  lorsque  chaque  vertieille  alterne  avec 
I     ^^3)    1  i    '^^  pièces  des  verticilles  qui  le  précèdent  ou  qui  le  suivent. 

L  \  ^  ^.^  6y  I  Les  botanistes  regardent  la  réunion  de  ces  diverses  symétries  comme 
l'état  normal  de  la  fleur. 

Pour  se  rendre  compte  de  ce  degré  de  symétrie  que  présente  une  fleur, 

i7i.  il  faut  l'observer  à  l'état  de  bouton  et  en  tracer  une  coupe  horizontale 

covpLKTBWBrfT  ( /?^.  171  ),  commc  si  tous  Ics  verticilles  étaient  privés  de  hauteur,  et 

•iriiBTMiQti.  abaissés  sur  un  même  plan.  On  saisit  ainsi  d'un  coup  d'œil  tous  les 

rapports  des  diverses  parties  de  la  fleur.  Cette  coupe  théorique  est  nommée  diagramme. 

Fleurs  incomplètes.  — La  fleur  est  incomplète  quand  elle  ne  possède  pas.  à  la  fois 
calyce^  corolle,  androcée  ei  pistiL  —  Le  calyce  et  la  corolle  constituent  le  périanthe,  lequel 
entoure  l'androcée  et  le  pistil,  qui  constituent  essentiellement  la  fleur, 

La  fleur  dipérianthée  est  celle  qui  possède  un  périanthe  double,  c'est-à-dire  deux  verticilles 
bien  distincts,  formant  calyce  et  corolle  (Giroflée)*,  le  périanthe  double  a  quelquefois  ses  ver- 
ticilles soit  concolores,  soit  conformes;  dans  ce  cas,  le  périanthe  est  calycoîde  ou  foliacé  quand 
il  a  l'aspect  d'un  double  calyce  (Bumex),  pétaloîde  quand  il  a  l'aspect  d'une  doublç  corolle 
(Fritillaire)^ 

La  fleur  ynonopérianthée  est  celle  dont  le  périanthe  est  simple,  c'est-à-dire  formée  d'un 


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dk 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


verticillc  unique.  Le  périanlhe  simple  est  ordinairement  nommé  cabjce,  et  la  fteur  est  dite  alors 
apétale.  Il  est  tantôt  foliacé  {Ckénopode,  fig.  172),  tantôt  pétaloïde  (Phytolacca,  Aristoloche}. 

La  flenr  apérimithée  est  celle  qui  n'a  ni  calyee  ni  co- 
rolle ;  efle  est  tantôt  protégée  par  une  ou  plusieurs  brac- 
tées (Car^îx,  fig.  174  et  175),  tantôt  nue  [Frêne,  fig.  173). 

La  fleur  est  dite  stamino-pistillée  quand  elle  pos- 
sède androcée  et  pistil  (  Giroflée)  ;  staminée,  quand 
elle  est  pourvue  d'un  androcée  sans  pistrt  (Carex, 
fig.  Vlk)  ;  pistillée,  quand  elle  est  pourvue  d'un  pistil 
sans  androcée  (Carex,  fig.  175);  neritre  ou  stérile, 
quand  efle  ne  possède  ni  androcée ,  ni  pistil  :  c'est 


f7î. 
FUur  I 


flinWOPODK. 


m.  Fui». 
FUwmie. 


f74.  CiKtx. 
Fltfur  tUaùiAe. 


175.  Cmx. 
FkM  pwtillé*. 


ce  qu'on  observe  dans  les  fleurs  extérieure* 
d'un  capitule  de  Bleuet  (fig.  176). 
Les  fleurs  sont  dites  monoïques,  quand  !e» 
fleurs  staminées  et  les  fleurs 
pistiUées  habitent  la  même 
plante  (Carex ,  Chêne,  Noi- 
setter,  Arum)-,  dimques,  quand 
les  fleurs  staminées  naissent  sur 
une  plante  et  les  fleurs  pistil- 
lées  sur  une  autre  {Saule,  Mer- 
cm*iale)\  polygames,  quand, 
parmi  les  fleurs  monoïques  ou 
dioîques,  se  trouvent  mêlées 
des  fleurs  stamino-pistillées  {Pariétaire),  — Les  fleurs,  soit  monoïques,  soit  diotques,  soit 
polygames,  sont  dites  aussi  diclines. 

FRUIT.  —  Le  fruit  est  le  pistil  fécondé  et  mûr,  c'est-à-dire  renfermant  des  graines  capables 
de  germer  et  de  reproduire  la  plante. 

Lorsque  l'ovaire  est  adhérent,  le  calyee  fait  nécessairement  partie  du  fruit.  —Le  réceptacle, 
par  les  adhérences  qu'il  contracte  avec  l'ovaire,  semble,  dans  quelques  cas,  appartenir  aussi  au 
fhrit  {Fraisier,  Fignier).  —  Le  style  persiste  aussi  quelquefois  sur  l'ovaire,  et  grandit  avec 
le  péricarpe  {Roquette,  Pulsatille,  Clématite), 

Le  fruit  est  apocarpé,  1*  quand  les  carpelles  sont  libres  entre  eux  [Ancolie,  Renoncule, 
Ronce,  Rose)-,  2°  quand  le  pistil  se  compose  d'un  carpelle  unique  {Pois,  Abricotier)  ;  il  est 
synearpé,  quand  les  carpelles  qui  le  composent  sont  soudés  en  un  corps  unique  {fris,  Cam- 
parmle,  Pavot).  —  Il  est  tantôt  sec  {Gland),  tantôt  charnu,  par  l'abondance  des  sucs,  qui 
affluent  pour  favoriser  la  maturation  des  graines  :  ces  sucs  portent  le  nom  de  pulpe. 

Le  fruit  ou  ses  loges  sont  dits  tmiséminés,  biséminés,  pluriséminés,  multiséminés,  selon 
qu'ils  contiennent  une,  deux,  plusieurs,  ou  un  grand  nombre  de  graines.  —  L'ovaire  mur 
porte  le  nom  àe  péricarpe. 

La  suttmre  ventrale  est  la  ligne  indiquant  la  jonction  de  deux  bords  soudés  d'une  feuille  car- 
pellaire  :  cette  suture  regarde  l'axe  de  la  fleur.  La  suture  dorsale  n'est  autre  chose  que  la 
nervure  médiane  du  carpelle;  elle  regarde  par  conséquent  la  périphérie  de  la  fleur. 

La  déhiscencee9^XdiQ\t  par  lequel  le  péricarpe  mûr  s'ouvre  pour  laisser  échapper  les  graines. 
Les  fruits  qui  s'ouvrent  ainsi  spontanément,  sont  dits  déhiscents  (Iris,  fig.  183).  Les  fruits 
indéhiscents  sont  :  1*  les  fruits  charnus,  qui  ne  laissent  les  graines  libres  qu'en  se  détruisant 
(Pomme,  Pêche);  2o  les  fruits  secs,  qui  enveloppent  la  graine,  jusqu'à  ce  que  celle-ci,  en 
germant,  les  ait  forcés  de  lui  livrer  passage. 


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OBGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


35 


On  nomrae  valves,  ks  pièces  ou  païuieaux  du  pistil  qui  s'écartent  à  la  maturité  pour  laisser 
échapper  les  graines.  —  Dans  quelques  fruits  la  déhiscence  s'opère,  non  par  des  valves  com- 
plètes, mais  par  des  valvules  ou  des  dents  diversement  situées,  qui,  en  s' écartant  ou  se  soule- 
vant, forment  des  ouvertures  par  lesquelles  s'échappent  les  graines  (Muflier,  Lychnis, 
fig.  185,  Campanule,  Pavot,  fig.  184). 

La  déhiscence  est  dite  sf/>^/c/(/e,  lorsque  les  cloisons  se  décollent  en  deux  lames  dans  le 
sens  de  leur  épaisseur,  et  que  les  carpelles  soudés  deviennent  distincts  :  chaque  valve  repré- 
sente alors  un  carpelle  (Millepertuis,  Colchique,  fig.  181,  Molène).  La  déhiscence  esiloculicide, 
lorsqu'elle  s'opère  par  les  sutures  dorsales;  chaque  valve  représente  alors  deux  moitiés  de  car- 
pelle, provenant  de  deux  carpelles  différents  (Iris).  Les  valves  sont  dites  alors  septifercs  sur  leur 
milieu.  —  La  déhiscence  peut,  dans  un  même  fruit,  être  septicide  et  loculicide  [Digitale).  — 
La  déhiscence  est  transversale,  lorsque  le  péricarpe  se  coupe  transversalemwit  en  deuxjnoitiés, 
comme  une  boîte  à  savonnette  (Mouron,  fig.  186,  Jusquiame,  Pourpier,  Plantain.  —  La 
déhiscence  s'opère  quelquefois  par  rupture  ou  déchirement  irrégulier;  le  fruit  est  alors 
dit  ruptile  (Linaire). 

Les  fruits  apocarpés  sont  :  le  follicule,  le  légume,  la  drupe,  la  baie  simple, 
Vackaine ,  \^  caryopse.  —  1*  Le  follicule  est  un  fruit  sec,  déhiscent,  pluriséminé, 
s' ouvrant  par  une  seule  suture,  ordinairement  par  la  ventrale  (Ancolie,  fig.  177). 
—  2*  Le  légume  ou  gousse  est  un  fruit  sec  déhiscent,  pluriséminé,  s'ouvrant  en 
deux  valves  par  ses  deux  sutures  (Pois,  Lotier,  fig.  178).  —  3«  La  drupe  est 
un  fruit  indéhiscent,  ordinairement  uniséminé,  à  mésocarpe  charnu  et  à  endo- 
carpe durci  en  noyau  (Cerisier,  fig.  178  bis).  Les  drupéoles  sont 
de  petites  drupes  agglomérées  (Framboisier,  Ronce).  —  4.*»  La 
baie  simple  ne  diffère  de  la  baie  composée  que  par  son  carpelle  unique 
(Btrbéris,  Arum).  —  5°  Vackaine  ou  akène  est  un  fruit  sec,  indé- 
hiscent, à  graine  unique,  n'adhérant  pas  au  péricarpe  (  Bleuet,  Re- 
noncule, fig.  179,  Rose, 
Fraisier).  Vutricule  est 
une  variété  de  l'achai- 
ne,  à  péricarpe  mem- 
braneux (Scabieuse); 
—  6«  Le  caryopse  est  un  fruit  sec,  indéhiscent, 


177.  AifcouK. 


178.  LoTin. 


178  biê.  CnuiKii 
llnip« 


179. 


Rrrotcculi. 
Akène. 


180.  Sabra81n« 
Caryopse . 


à  graine   unique,  adhérant 
(  Sarrasin , 


Les  fruits  Sjfmcarpés  ^sont 


au    péricarpe 
fig.  180). 
la  capsule  et  ses  variétés ,   la  baie  et  ses 
variétés ,  la  drvpe  composée.  —  1^  La  capsule  est  un  fruit  syncarpé  sec , 
déhiscent,  à  une  ou  plusieurs  loges  pluriséminées  (Colchique,  fig.  181, 
Gentiane,  fig.  182,  Jris,  fig.  183,  Coquelicot,  ûg.  184,  Lychnis,  fig.  185, 
Mouron,  fig.  186). 

— Laipyxide  est  une  capsule  à  déhiscence  transversale  (Mouron). 
—  La  silique  (Chélidoine,  fig.  187  )  est  une  capsule  à  deux 
carpelles,  s'ouvrant  de  bas  en  haut,  en  deux  valves,  qui  laissent 
en  place  les  placentaires  pariétaux  ;  la  silicule  est  une  silique, 
dont  la  longueur  n'excède  pas  de  beaucoup  sa  laideur  (  Thlaspi , 
fig.  188). — On  nomme  coques,  les  carpelles  uniséminés  ou  bisé- 
minés  d'une  capsule  pluriloculaire ,  qui  se  détachent  avec  élasti- 
cité (Euphorbe) . — On  nomme  samares,  des  fruits  secs,  déhiscents 
ou  indéhiscents,  à  deux  carpelles,  dont  le  péricarpe  est  aminci  en  lame  membraneuse 
[Érable,  fig.  189,  Frêne,  Orme).  —  On  nomme  nucules,  des  fruits  indéhiscents,  à  péricarpe 


i«i. 

Gbvtuhb. 
Gaptaffl. 


181.  CoLcnQint. 


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36 


DESCRIPTION   DES  ORGANES. 


osseux  ou  coriace,  pluriloculaires  dans  le  jeune  âge,  uniloculaires  et  uniséminés  à  la  maturité 
{Chêne,  Coudrier^  Channè,  Hêtre,  Châtaignier^  fig.  190,  Tilleul). 


184.  rOQCBLICOT. 
C«pflll<i. 


185.  Ltch!<(is, 
GipcuU. 


186.  lUoiRox. 
PTXxle. 


183.   U». 
Capsule. 


m 


1S7.    ClIBLlDOI^B. 

Silique. 


188.  TBLAsri. 
SilicuU. 


189.    ÉBABLB. 

S«mai-«« . 


^M^ 


190.    CUATAIOTTIKM  . 

Noeule. 


2»  La  baie  est  un  fruit  charnu,  indéhiscent,  sans  noyau  :  elle  ne  diffère  de  la  capsule  que 
par  sa  consistance  charnue,  qui  provoque  fréquemment  la  des- 
truction des  cloisons  [Vigne,  Alkékenge,  Belladone,  fig.  191, 
Sureau,    Groseillier),   Vhespêridie    (Oranger);    la   pêponide 
{Melon);  la  pomme  (Poirier)  y  sont  des  variétés  de  la  baie. 

3*  La  nuculaine  ou  drupe  composée  est  un  fruit  à  mésocarpe 

charnu ,  renfermant  plusieurs  noyaux,  tantôt  soudés  ensemble 

et  pluriloculaires  (Cornouiller),  tantôt  libres  et  uniloculaires 

(Néflier). 

On  nomme  fruit  agrégé,  celui  qui  est  formé  par  la  réunion 

de  plusieurs  fleurs  :  les 
fruits  qui  le  constituent 
^t^Tlx^  rentrent  dans  les  espèces 

v\^u!J^  ci-dessus  décrites  (Chè- 

d-^*'v1^^^i  vre feuille,  Mûrier,  fig.  192,  Figue,  Ananas).  Le  cône 

-3i<èi^uàP'^^    \  \  ou  strobile  est  un  fruit  agrégé,  dont  les  carpelles ,  dé- 

pourvus de  style  et  de  stigmates,  restent  ouverts;  ces 
191.  MDRiBn.  193.  r.ïP.às.  carpcUcs  sout  tantôt  ligneux,  et  forment,  soit  un  épi 

P">»-  ^''"''-  conique  (Pin) ,  soit  une  tête  globuleuse  (Cyprès,i\g.  193)  ; 

tantôt  charnus,  et  alors,  en  se  soudant  ensemble,  ils  simulent  une  baie  (Genévrier). 
Graiîve.  —  La^rfli'weest  Vovule  fécondé  par  le  pollen;  elle  se  compose  essentiellement  : 


19t.  Bblladosb. 
Baie. 


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ORGANES  DE  LA   REPKODUCTION. 


37 


Griixb  db  Pois  nÉPOCiLLÉi 

Ol   801V   TBOCfMBirr. 


195. 

POBTIO?f  OU 
TKGUMJniT  DB 
LA  GBAIICB. 


lo  d  un  corps  très-petit,  destiné  à  reproduire  la  plante,  et  que  Ton  nomme  plantuie ;  2"  d^une 
enveloppe  qui  protège  la  plantuie,  en  formant  autour  d'elle  une  cavité  close  de  toutes  parts 
(  Graine  de  Pois,  fig.  194-  ). 

L'enveloppe  ou  tégument  de  la  graine  naît  à  Textré- 
mité  d'un  funicule  (f),  ou  s  attache  immédiatement  au 
placentaire  {Ancolie)  ;  elle  se  compose  ordinairement 
de  deux  feuillets  ou  tuniques;  la  tunique  externe (t)  se 
nomme  testa  :  la  tunique  interne  (e)  se  nomme  endoplèvre. 
Le  point  d'attache  qui  unit  la  graine  au  funicule, 
et  par  lequel  pénètrent  les  sucs  nourriciers,  est  nommé 
hile  { fig.  195  h).  Le  hile  appartient  à  la  tunique  externe 
ou  testa.  On  nomme  chalaze  (fig.  194  h)  une  région, 
marquée  ordinairement  par  une  saillie,  ou  par  un  épais- 
sissement,  ou  un  changement  de  couleur,  et  indiquant 
Fendroit  où  les  sucs  nourriciers  pénètrent  à  travers  la 
tunique  interne,  et  parviennent  immédiatement  à  la  plantuie.  Quand  le  hile  et  la  chalaze  se 
superposent,  les  sucs  arrivent  sans  aétwir  à  la  plantuie;  quand  ces  deux  régions  sont  éloignées 
l'une  de  l'autre,  la  communication  est  étabhe  entre  elles  par  un  mince  cordon,  véritable 
continuation  du  funicule,  qui  rampe  entre  les  deux  tuniques  :  ce  cordon  est  nommé  raphé 
(fig.  194  A,  195  R). 

La  petite  ouverture  par  laquelle  l'ovule  reçoit  l'action  fécondante  du  pollen ,  se  nomme 
micropyle  (fig.  194.  et  195  m). 

Là  plantuie  (Pois,  fig.  196)  est  une  plante  complète  en  raccourci,  composée  d'une  tige 

nommée  tigelle('ï)y  d'une  racine  nommée  radicule  (R),  d'une 
ou  de  deux  feuilles,  nommées  cotylédons  (ce),  et  d'un  bourgeon, 
nommé  gemmule  (g).  La  plantuie,  après  avoir  été  vivifiée  par 
le  pollen,  et  nourrie  par  les  sucs  que  lui  transmettent  le  pla- 
centaire et  le  funicule,  s'en  détache  avec  son  tégument;  puis, 
si  elle  est  placée  dans  des  circonstances  favorables,  elle  entre 
en  germination,  se  dépouille  de  ses  tuniques,  et  produit  une 
plante  semblable  à  celle  qui  lui  a  donné  naissance  (Haricot, 
Maïs). 
La  tigelle  est  un 
petit  corps  cylindrique  ou  conique,  portant  les 
premières  feuilles  de  la  plantuie,  et  s'élevant 
toujours  vers  le  ciel  pour  former  la  tige.  —  La 
radicule,  organe  destiné  à  produire  des 
racines,  est  primitivement  réduite  à  un 
point  transparent,  et  termine  l'extré- 
mité libre  de  la  tigelle  ;  elle  tend  con- 
stamment à  s^'enfoncer  en  terre.  —  Les 
deux  cotylédons  ou  le  cotylédon  unique, 
premières  feuilles  de  la  plantuie,  nais- 
sent latéralement  de  la  tigelle,  et  pro- 
tègent la  gemmule,  premier  bourgeon 
de  la  plante.  Ces  feuilles,  ordinai- 
rement épaisses  et  succulentes,  sont 
\99.  Pn.      aussi  nommées  mamelles  végétales,  parce  qu'elles  nourrissent  le  jeune  bourgeon, 

jusqu'à  ce  qu'il  soit  en  état  de  croître  par  ses  propres  forces. 
Dans  la  grande  majorité  des  végétaux  phanérogames,  la  plantuie  est  pourvue  de  deux 

(> 


c—i 


T . 


197. 
Haricot  bk  gbrminatioiv. 


198. 
Maïs  bk  cbrhiti  atiox. 


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38 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


cotylédons  (Haricot^  fig«  197)  :  de  là  le  nom  de  plantes  dicotylédones  ou  dicotylédonées. 
Quelques  plantes  possèdent  six,  neuf,  et  jusqu'à  quinze  cotylédons  verticillés  :  ce  sont  les 
Pins  (fig.  199).  Les  autres  plantes  phanérogames  n'ont  dans  leur  graine  qu'un  seul  coty- 
lédon, Mais  (fig.  198)  :  de  là  le  nom  de  plantes  monocotylédones  ou  monocotylédonées. 

Positions  relatives  de  la  graine  et  de  la  plantule. — On  peut  établir,  comme 
règle  générale,  que  l'extrémité  radiculaire  de  la  plantule  répond  au  micropyle ,  et  que  l'ex- 
trémité cotylédonaire  répond  à  la  chalaze.  Il  est  important  de  noter  que,  dans  le  premier  âge 
de  l'ovule,  le  hiie  et  la  chalaze  se  correspondent  immédiatement;  qu'en  conséquence,  le 
raphé  n'existe  pas,  et  que  le  micropyle  occupe  l'extrémité  opposée,  c'est-à-dire  l'extrémité 
libre  de  l'ovule. 

Il  faut  aussi  établir  que ,  1*  la  base  de  l'ovaire  est  le  point  d'attache  de  celui-ci  sur  le  récep- 
tacle, et  son  sommet,  le  point  d'où  part  le  style;  2*  la  base  de  la  graine  est  le  point  par  lequel 
elle  tient  au  funicule  ou  au  placentaire  ,  et  qui  est  indiqué  par  le  bile  ;  le  sommet  de  la  graine 
est  l'extrémité  d'une  ligne  idéale,  droite  ou  courbe,  qui,  partant  de  la  base,  se  continue  à  égale 
distance  des  bords  jusqu'à  l'extrémité  libre  de  la  graine.  Cette  ligne,  allant  de  la  base  au 
sommet,  est  nommée  axe  de  la  graine.  —  Vaxe  de  l'ovaire  se  définit  de  la  même  manière. 
—  La  plantule  a  aussi  son  axe,  sa  base  et  son  sommet  :  sa  base  est  indiquée  par  Textrémité 
radiculaire,  et  son  sommet  par  l'extrémité  cotylédonaire. 

Le  hile  est  dit  ventral,  lorsqu'il  répond  au  milieu  du  grand  diamètre  de  la  graine;  on 
considère  alors  dans  la  graine,  au  lieu 
de  la  base  et  du  sommet,  la  face  dor- 
sale et  la  face  ventrale  [Plantain, 
fig.  200,  Mouron,  fig.  210). 

La  graine  est  dite  dressée,  quand 
sa  base  correspond  à  celle  de  l'ovaire 
(Ortie,  fig.  201,  Bleuet,  Sauge,  fig. 
202);  ascendante,  lorsqu'étant  fixée  à 
un  placentaire  central  ou  pariétal,  son 
sommet  est  tourné  vers  celui  de  l'ovaire  {Pommier,  Sédum,ûg.  203);  inverse 
ou  renversée,  quand  sa  base  correspond  au  sommet  de  l'ovaire  (  Valériane, 
fig.  204-,  Plumbago)  ;  pendante  ou  suspendue,  lorsqu'étant  ûxée  à  un  placentaire       205.  sêoum. 
central  ou  pariétal ,  son  sommet  est  tourné  vers  la  base  de  l'ovaire  (Abricotier,        "^^  *  °"'*'^** 
Amandier,  fig.  205)  ;  horizontale,  lorsqu'étant  fixée  à  un  placentaire  central  ou  pariétal ,  son 
axe  se  croise  à  angle  droit  avec  celui  de  l'ovaire  (Lis,  fig.  206). 

Tous  les  termes  indiquant  les  positions  de  la  graine  s'appliquent 
pareillement  aux  positions  de  V ovule. 

La  radicule  est  supère,  lorsqu'elle  regarde  le  sommet  de  l'ovaire 
(Ortie,  fig.  201);  infère,  lorsqu'elle '  regarde  la    base  de  l'ovaire 

(Sauge,  fig.  202 J;  centripète,  lors- 
qu'elle regarde  l'axe  central  du  fruit 
(Campanule,  fig.  ikS);  centrifuge, 
lorsqu'elle  regarde  la  circonférence 
(Réséda, ^g,  IW,  Pensée). 

La  plantule  est  antitrope ,  quand  le 
micropyle  reste  l'antipode  du  hile 
(Ortie,  jRumex,  fig.  207);  homotrope, 
quand  le  micropyle  est  contigu  au  bile 
tandis  que  la  chalaze,  s'est  éloignée  du 

eo«pé  IraMTemlemanl.  ^^^^  ç|  ^ç  corrCSpond  pluS  avCC  luî  qUC 

par  un  raphé  (Bleuet,  Sauge);  amphitrope,  quand  le  micropyle  s'est  rapproché  du  hile,  sans 


ÎOO. 

Plahtaim. 

Graine. 


201 .  Obt». 
Fruit  coupé 
T«rliettOTient. 


202.  Sauob. 
Frait  coupé 
t«rtJc«l«nieiit. 


204.  Vll.BBlANB. 

Fleur  coupée  TcrticAlemenC. 


205.    A.1IAHDIEB. 

Noyau  outert. 


206.  Lis. 
O Taire 


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ORGANES   DE  LA  REPRODUCTION. 


207.  Ru«BX. 
Fruit  coupé  Terlicalement. 


0 


}08.   GlKOFLBK. 

Graine  coupée 
rerticaleraent. 


209.  Lycu^vis. 
Graine  coupée 
verticalement. 


tlO.  Koi-Boif. 
Graine  cnupee 
vertiealeraenl. 


212.   EUPMOKBK. 

Coque  coupée 
verticaleiMat. 


213.   CHBLID015B. 

Graine  coupée 
vcrlicalemeaU 


que  la  chalaze  s'en  soit  éloignée  :  il  en  résulte  que  les  deux  extrémités  de  la  plantule  sont 
dirigées  vers  le  hile  (Gi- 
rofléCy  fig,  208,  Lychnis, 
fig.209,  Nyctage,  Mû- 
rier) 'y  hétérotrope,  quand 
aucune  des  extrémités  de 
la  plantule  ne  correspond 
au  hile,  et  que  l'extrémité 
radieulaire  elle-même  ces- 
se de  correspondre  au  mi- 
eropyle  (3/ot/ron,  fig.210). 
Téguments  accessoires  des  graines. — Les  arilies  sont  des  téguments  accessoires  résultant  de 

Texpansion  du  funicule,  tantôt  char- 
nus (//*,  fig.  210  bis),  tantôt  mem- 
braneux (Passiflore)  y  tantôt  poilus 
(Saule,  fig.  211).  —  Les  arillodes 
résultent  d'une  dilatation  du  micro- 
pyle  (Fusain,  Muscadier,  Euphorbe, 
fig.  212,  Poil/gala,  Asclépias),  —  Les 
strophioles  ou  caroncules  sont  des 
excroissances  qui  s'élèvent  sur  divers 
points  du  testa  (  Fio/e«^,  Chélidoine,  fig.  213,  Asarwn,  Épilobe). 

Albumen,  —  Dans  un  grand  nombre  de  Végétaux,  les  téguments  de  la  graine  renferment^ 
outre  la  plantule,  un  parenchyme  accessoire,  nommé  albumen,  destiné  à  alimenter  la  plantule  ; 
il  existe  primitivement  dans  toutes  les  graines,  si  la  plantule  n'en  a  absorbé  qu'une  partie ,  le 
reste  se  concrète,  jusqu'à  l'époque  de  la  germination;  la  plantule  alors  est  dite  albuminée;  si 
l'albumen  a  été  absorbé  en  totalité,  la  plantule  est  dite  exalbuminée.  —  L'albumen  est  dit 
farineux,  quand  ses  cellules  sont  gorgées  de  fécule  (Sarrasin y 
Rumex,  fig.  207);  charnu,  quand  son  parenchyme  est  épais  et 
mon  [Pensée,  fig.  204);  mucilagineux,  quand  il  est  succulent  et 
presque  liquide  :  alors  il  est  rapidement  absorbé  (  Liseron)  ;  oléagi- 
neux, quand  son  parenchyme  contient  une  huile  fixe  (Pavot); 
corné,  quand  son  parenchyme  s'épaissit  et  acquiert  une  grande 
dureté  (Galium,  Caféier,  Iris), 

La  plantule  est  dite  axile ,  quand  elle  occupe  l'axe  de  l'albumen 
(Pensée)  ;  périphérique,  quand  elle  longe  le  pourtour  de  la  graine, 
et  entoure  l'albumen ,  au  lieu  d'être  entourée  par  lui  (Lychnis,  fig.  209).  L'albumen  est  dit 
tiiminé,  lorsque  le  testa  ou  l'endoplèvre  forme  des  replis  qui  se  réfléchissent  à  l'intérieur, 
et  projettent  dans  la  substance  de  l'albumen  des  cloisons  incomplètes  (Lierre,  fig.  215). 
Ovule.  —  Vovule  est  la  graine  qui  n'a  pas  encore  été  fécondée.  Dans  le  jeune  âge  (Poly- 

gonum,  fig.  216),  il  forme  d'abord  sur  le  placentaire  un 
mamelon,  nommé  nacelle  (n),  autour  duquel  se  déve- 
loppent bientôt  un  premier  bourrelet  circulaire  (s),  puis 
un  second  (p),  extérieur  au  premier,  qui  croissent  en 
même  temps  que  le  nuccUe ,  et  finissent  par  l'envelopper 
presque  entièrement;  l'ouverture  de  chacun  de  ces  té- 
guments se  resserre  au  sommet  de  l'ovule ,  et  forme  un 


214.  PB^fsés. 
Graine  coupée 
verticalement. 


215.  LlBBKB. 

Graine  coupée 
Terticalemenl. 


P 
S 


POLTGOHVM. 

Ovule  droit. 


Ovula  après  iaféeoDdation  doublc  anucau,  l'extemc,  nommé  exostome  {ex)y  l'interne, 

coupé  verticalement. 


nommé  endostome  (end)  ;  la  réunion  de  ces  deux  ouvertures 
constitue  le  micropyle.  —  Le  tégument  le  plus  extérieur  est  nommé  primine,  l'intérieur  est 


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M 


DESCRIPTION  DES  ORGANES. 


coupé  verticAiemenl. 


219.  GIBOFLKB. 

Ovale  courbtt 
coupé  Torticalemect. 


nommé  secondine;  le  nucelle  a  été  aussi  nommé  (ercine.  C'est  sur  la  primine  que  s'insère 
le  funicule  (f). 

C'est  dans  le  nucelle  que  se  creuse  {fig.  217)  un  sac  (se),  destiné  à  recevoir  la  plantule 
après  la  fécondation.  Tantôt  le  nucelle  refoule  le  sac,  et  son  parenchyme  forme  im  albumen 
farineux;  tantôt  le  sac  refoule  le  nucelle,  et  son  parenchyme  forme  un  albumen  charnu;  tantôt 
la  plantule ,  dans  son  développement  rapide ,  refoule  le  sac  et  le  nucelle,  en  absorbant  leur 
parenchyme,  alors  Talbumen  est  nul. 

Les  évolutions  de  Tovule  tiennent  à  des  inégalités  de  développement  qui  changent  les  rap- 
ports de  ses  diverses  parties.  Dans  le  principe,  le  hile  et  la  chalaze  se  correspondent  inunédia- 

tement;  ils  occupent  la  base  de  Tovule ,  et  le  micropyle 
occupe  l'extrémité  opposée,  c'est-à-dire  le  sommet 
Si  l'ovule  se  développe  uniformément,  la  disposition 
primitive  du  micropyle  et  du  hile  n'est  point  modifiée, 
et  l'ovule  est  dit  droit  (Polygonum,  fig.  216  et  217); 
si  le  développement  est  inégal,  il  peut  arriver  deux  cas  : 
lo  (Bleuet,  fig.  218),  la  chalaze  (ch)  s'éloigne  du  hile,  et 
se  transporte  vers  la  place  occupée  par  le  sommet  de 
l'ovule  ;  ce  sommet,  par  un  mouvement  inverse ,  se 
dirige  vers  le  hile,  que  la  chalaze  a  abandonné  ;  le 
faisceau  vasculaire,  forcé  de  suivre  la  chalaze  dans  son 
évolution,  forme,  par  son  allongement,  un  cordon  plus  ou  moins  saillant  dans  Tépaisseur  de  la 
primine,  et  qu'on  nomme  rapké  (R)  :  l'ovule  est  alors  dit  réfléchi.  2*  {Giroflée,  fig.  219),  le  hile 
et  la  chalaze  demeurant  inséparables,  et  l'un  des  côtés  de  la  primine  possédant  plus  d'énergie 
de  développement  que  le  côté  opposé,  le  premier  s'allonge,  tandis  que  l'autre  reste  stationnaire  : 
de  la  résistance  du  côté  inerte  résulte  la  nécessité  pour  le  côté  extensible  de  tourner  autour  du 
centre  de  résistance;  alors  l'ovule  tout  entier  se  recourbe  sur  lui-même  :  l'ovule  alors  est 
dit  courbe. 

Avant  de  clore  la  description  des  organes,  nous  dirons  quelques  mots  sur  les  divers  moyens 
de  reproduction  que  la  nature  a  donnés  aux  Végétaux. 

La  graine ,  dont  nous  venons  d'expliquer  la  structure ,  peut  être  considérée  comme  un 
bourgeon,  né  d'une  feuille  carpellaire  ou  carpelle  ;  ce  bourgeon  se  compose  :  !•  d'une  enve- 
loppe protectrice,  2**  d'une  plantule,  destinée  à  reproduire  la  Plante. 

Ce  bourgeon  offre,  avec  le  bourgeon  ordinaire ,  malgré  la  dissemblance  apparente  qui  les 
sépare,  une  analogie  très-remarquable.  Tous  deux  naissent  d'un  nœud  vital  sous  la  protection 
d'une  feuille;  leur  destination  est  la  même;  ils  ne  diffèrent  que  par  les  conditions  de  leur 
existence  :  le  bourgeon -graine  a  eu  besoin,  pour  se  développer,  de  l'action  fécondante  du 
pollen  :  il  n'a  fallu  au  bouj^geon-branche,  pour  répéter  la  Plante-mère,  que  la  force  végétative 
du  nœud  vital.  En  outre,  le  bourgeon- branche  multiplie  la  Plante  sans  se  séparer  d'elle, 
tandis  que  le  bourgeon-graine  s'en  sépare  toujours,  et  peut  aller  au  loin  reproduire  le  Végétal 
qui  lui  a  donné  naissance. 

Il  y  a  des  cas  où  le  bourgeon-branche  peut  être  sépai'é  artificiellement  de  la  Plante-mère  et 
la  propager  :  tantôt  la  jeune  branche,  garnie  de  boutons,  est  détachée  de  sa  tige  et  plantée  en 
terre  ;  la  partie  enterrée  ne  tarde  pas  à  pousser  des  racines,  et  le  nouvel  individu  possède  une 
existence  indépendante  :  c'est  ce  qu'on  nomme  bouture;  tantôt  la  branche,  tenant  au  tronc, 
est  entourée  de  terre  humide,  et  y  pousse  des  racines,  qui  bientôt,  prenant  assez  de  force 
pour  suffire  seules  à  l'alimentation  de  la  branche,  permettent  de  séparer  celle-ci  de  la  Plante- 
mère  :  c'est  ce  qu'on  nomme  marcotte;  tantôt  enfin,  au  lieu  de  planter  dans  le  sol  le  bour- 
geon-branche que  l'on  a  séparé  de  la  Plante-mère ,  on  l'implante  sur  un  autre  Végétal,  dont 
la  sève  est  analogue  à  la  sienne,  de  manière  à  mettre  en  contact  les  parties  des  deux  indivi- 
dus où  circule  cotte  sève  :  alors  le  bourgeon-branche  se  développe  comme  à  sa  place  natu- 


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ORGANES   DE  LA   REPRODUCTION.  41 

relie  :  c'est  ce  qu'on  nomme  greffe.  L'individu  sur  lequel  on  implante  la  greffe,  et  qui  est  pour 
elle  un  véritable  sol,  s'appelle  sujet. 

Dans  quelques  Végétaux,  le  bourgeon-branche,  placé  à  TaisseUe  des  feuilles  ordinaires,  se 
sépare  spontanément  de  la  Plante-mère,  tombe  sur  le  sol,  y  pousse  des  racines,  et  devient 
un  individu  isolé ,  qui  produit  de  nouveaux  Êtres  :  c'est  ce  qu'on  nomme  bulbille  :  tels  sont 
les  Lis  bulbifères,  et  plusieurs  espèces  d'AiV. 

Enfin,  pour  compléter  l'analogie  entre  le  bourgeon-graine  et  le  bourgeon-branche,  il  y  a 
des  Végétaux  qui  se  multipUent,  non-seulement  par  des  graines  et  par  des  bourgeons  situés  à 
l'aisselle  de  leurs  feuilles,  mais  encore  par  des  germes  naissant  à  l'extrémité  des  nervures  laté- 
rales de  ces  mêmes  feuilles,  et  s'enracinant  dès  qu'ils  sont  tombés  à  terre  :  tel  est  le  Bryo- 
phyllum^  plante  grasse  des  régions  tropicales  :  la  feuille  de  cette  Plante  porte ,  comme  les 
carpelles,  le  long  de  ses  bords,  de  véritables  plantules,  possédant  racines,  tiges  et  feuilles;  ces 
plantules  n'ont  pas  eu  besoin  de  la  fécondation  pour  se  développer  :  aussi  la  feuille  qui  les 
nourrit  a  pu  rester  étalée,  et  cbaque  plantule  est  dépourvue  d'une  enveloppe,  qui  eût  été 
superflue.  On  peut  donc  considérer  la  feuille  du  Bryophyllum  comme  une  feuille  carpellaire 
dont  les  graines  se  sont  développées  par  Faction  des  seules  forces  nutritives. 

Le  Cresson  d'eau,  Plante  indigène  et  connue  de  tout  le  monde,  présente  accidentellement 
un  phénomène  analogue  :  sa  feuille,  détachée  de  la  tige,  peut  produire  des  bourgeons  qui 
naissent  de  la  base  du  pétiole,  ou  même  sur  la  nervure  médiane.  Les  horticulteurs  ont  mis 
à  profit  cette  vitalité  merveilleuse  :  ils  placent  des  feuilles,  ou  même  des  portions  de  feuille , 
dans  les  circonstances  les  plus  favorables  de  température  et  d'humidité;  et  de  la  plaie  faite  à 
la  feuille  naissent  des  bourgeons  reproducteurs.  C'est  ainsi  que  la  feuille  de  X Oranger  pousse 
du  talon  de  son  pétiole  des  bourgeons  qui  reproduisent  le  Végétal  complet. 

Organograpuie  des  plantes  cryptogames.  —  Dans  l'exposé  sommaire  que  nous 
terminons,  il  ne  s'agit  que  de  l'organisation  des  Végétaux  supérieurs ,  dont  la  fructification 
est  bien  distincte,  et  qu'on  a  nommés  pour  cette  raison  phanérogames  ou  cotylédonés. 
Mais  il  y  a  d'autres  Végétaux  qui  ne  possèdent  ni  étamines  ni  pistil  bien  caractérisés,  ni 
graine  composée  de  tigelle,  radicule,  gemmule  et  cotylédons.  On  observe  dans  ces  Végétaux 
des  organes  reproducteurs,  nommés  spores,  renfermés  dans  des  cavités  nommées  sporanges; 
ces  spores  sont  les  analogues  des  graines ,  quant  à  la  nature  de  leurs  fonctions.  On  y  observe 
aussi  de  petits  sacs,  qui  s'ouvrent  pour  émettre  un  amas  de  corpuscules;  ces  organes,  qu'on 
a  comparés  à  des  anthères,  sont  nommés  anthéridies.  L'absence  de  cotylédons  a  fait  donner  à 
toutes  les  Plantes  où  on  l'observe  le  nom  d'acotylédones ,  et  l'obscurité  qui  enveloppe  leur 
mode  de  reproduction  les  a  fait  nommer  cryptogames.  Nous  reviendrons  sur  leurs  organes 
reproducteurs  en  faisant  l'histoire  des  Familles. 

Quelques  acotylédones  ont  une  tige  dont  la  structure  se  rapproche  de  celle  des  Végétaux 
cotylédonés;  on  y  trouve  des  vaisseaux  et  des  fibres  :  telles  sont  les  Fougères,  La  tige  des 
Mousses  se  compose  de  cellules  allongées,  qui  quelquefois  deviennent  des  fibres;  dans  les 
Lichens,  les  Champignons,  les  Algues,  le  tissu  est  entièrement  composé  de  cellules;  ce  qui  a 
fait  donner  à  ces  Végétaux  le  nom  de  cellulaires. 

Les  racines  des  acotylédones  supérieures,  telles  que  les  Fougères,  présentent  l'organisation 
des  tiges;  ces  racines  sont  toujours  adventives,  et  souvent  aériennes.  Dans  les  acotylédones 
inférieures,  elles  sont  formées  par  les  cellules  qui  touchaient  le  sol ,  et  qui  se  sont  allongées 
pour  s*y  enfoncer. 

Les  feuilles  des  acotylédones  ont  la  même  organisation  que  la  tige  ;  dans  les  acotylédones 
inférieures,  telles  que  les  Algues  et  \ef>  Lichens,  la  tige  et  les  feuilles  sont  représentées  par 
des  expansions  foliacées,  nommées  /ro»^ps  ou  thallus,  et  entièrement  composées  de  tissu 
cellulaire. 


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TAXONOMIE 


On  a  donné  le  nom  de  Taxonomie  à  cette  partie  de  la  Botanique  qui  établit  les  règles  sur 
lesquelles  repose  la  Classification  des  plantes,  c'est-à-dire  leur  distribution  méthodique  en 
groupes  nettement  déterminés. 

Tant  que  le  nombre  des  Végétaux  connus  a  été  peu  considérable,  on  n'a  point  senti  Je 
besoin  de  les  classer,  et  les  anciens  naturalistes  les  ont  décrits  presque  sans  ordre  ;  mais,  à 
mesure  que  la  connaissance  du  règne  végétal  s'est  étendue,  les  classifications  sont  devenues 
indispensables.  Théophraste,  qui  vivait  au  temps  d'Aristote,  quatre  siècles  avant  l'ère  chré- 
tienne, avait  décrit  350  espèces  de  Plantes;  au  milieu  du  dix-huitième  siècle,  Linné  en  a 
décrit  9,000;  au  commencement  du  dix-neuvième  siècle,  on  en  connaissait  25,000;  en  18W, 
80,000,  et  tout  annonce  qu'avant  quelques  années,  on  arrivera  à  100,000.  Aussi,  dès  la  re- 
naissance des  lettres ,  a-t-on  reconnu  la  nécessité  de  distribuer  les  descriptions  des  Êtres  de 
chaque  règne,  en  observant  un  ordre,  tel  qu'on  pût  les  retrouver  au  besoin  ;  à  peu  près  comme 
dans  une  armée  nombreuse  on  trouve  un  soldat,  quand  on  a  pu  recevoir  successivement  l'in- 
dication de  son  corps,  de  sa  division,  de  sa  brigade,  de  son  régiment,  de  son  bataillon,  de  sa 
compagnie  et  de  son  escouade  ;  ou  bien  encore  comme  on  trouve  un  mot ,  parmi  soixante 
mille,  dans  un  dictionnaire  alphabétique. 

Les  divisions  et  subdivisions,  adoptées  aujourd'hui  dans  la  classifîcation  des  Végétaux  sont 
nommées  Classes,  Familles,  Genres,  Espèces. 

On  a  donné  le  nom  d'Espèce  à  Tensemble  des  individus  ou  êtres  isolés  du  règne  végétal  ; 
le  Genre  prend  le  nom  de  l'Espèce  principale  :  ainsi  le  Chou,  le  Navet,  le  Colza,  sont  des 
Espèces  d'un  même  Genre,  qui  a  reçu  le  nom  de  Chou.  11  en  résulte  que  chaque  Plante, 
appartenant  à  un  Genre  et  à  une  Espèce,  a  reçu  deux  noms,  celui  du  Genre  (nom  générique), 
et  celui  de  l'Espèce  (nom  spécifique),  et  l'on  a  dit  le  Chou  potager,  le  Chou-navet ,  le  Chou- 
colza, 


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TAXONOMIE.  43 

La  Famille  est  la  réunion  des  Genres  qui  se  ressemblent  entre  eux  :  ainsi  le  Lis,  la  Tulipe, 
la  Jacinthe^  appartiennent  à  une  même  Famille,  qui  est  celle  des  Liliacées. 

Les  Familles  qui  ont  entre  elles  des  analogies  ont  été  réunies  en  Clauses ,  les  Classes  en 
Sections,  en  Divisions,  en  Embranchements,  etc.,  et  Ton  a  pu,  par  ce  moyen,  embrasser  tout 
Fensemble  des  Espèces  qui  constituent  le  règne  végétal. 

Les  Flores  sont  des  ouvrages  renfermant  la  description  des  Espèces  qui  naissent  spontané- 
ment dans  un  pays. 

L*Espèce  elle-même  peut  se  subdiviser  :  on  donne  collectivement  le  nom  de  Variété  à  des 
individus  d*une  même  Espèce,  qui,  placés  dans  de  certaines  conditions,  dépendantes  du  sol, 
de  l'exposition,  du  climat,  de  la  culture,  subissent  des  modifications  dans  leurs  propriétés  sen- 
sibles. Mais  ces  changements,  quels  qu'ils  puissent  être ,  n'effaceront  pas  le  caractère  primitif 
de  l'Espèce,  que  Ton  reconnaîtra  toujours  au  milieu  de  ces  modifications.  En  outre  ,  les 
caractères  d'une  variété,  tenant  à  une  cause  accidenteUe,  ne  sont  jamais  constants  :  dès 
que  la  cause  altérante  s'arrête,  l'altération  cesse,  et  l'Espèce  primitive  reparaît  avec  son  type 
originel. 

La  plupart  des  variétés  sont  l'ouvrage  de  l'homme  :  il  a  observé  attentivement,  il  a  conti- 
nué avec  persévérance,  il  a  même  exagéré  les  circonstances  accidentelles  qui  avaient  donné 
Heu  à  une  modification  quelconque  dans  les  qualités  de  l'Espèce,  et  la  Plante  sauvage  a  reçu 
entre  ses  mains  des  perfectionnements  prodigieux.  L'horticulteur  a  changé  les  fleurs  simples 
en  fleurs  doubles  et  pleines;  il  a  rendu  vivaces  les  Plantes  annuelles  ;  il  a  provoqué  le  dévelop- 
pement du  parenchyme  dans  des  végétaux  peu  succulents  à  l'état  sauvage ,  et  les  a  convertis 
en  substances  alimentaires.  Nous  citerons,  pour  exemple  de  cette  sorte  d'éducabilité,  le  Chou 
potager,  dont  la  culture  a  obtenu  plusieurs  variétés  très-remarquables  :  dans  le  Chou-cabus , 
le  tissu  cellulaire  des  feuilles  s'est  développé  de  manière  à  les  agglomérer  en  tête  arrondie  ; 
dans  le  Chou- frisé,  ce  développement  exagéré  n'a  occupé  que  le  bord  des  feuilles  ;  dans  le 
Chou-rabioule ,  c'est  le  bas  de  la  tige  qui  s'est  gonflé  ;  dans  le  Chou-fleur,  les  pédoncules  de 
l'inflorescence  se  sont  gorgés  de  sucs,  et  forment  une  masse  de  parenchyme  sapide  et  nutritif. 

Les  variétés  ne  sont  pas  toutes  dues  à  l'influence  des  circonstances  extérieures ,  telles  que 
le  sol,  le  climat,  la  culture  ;  il  en  est  encore  qui  résultent  du  croisement  des  races ,  ou  hybri- 
dite:  il  est  démontré,  par  de  nombreuses  expériences,  que  deux  Espèces,  appartenant  au  même 
Genre  ou  à  deux  Genres  très-voisins,  peuvent  être  fécondées  l'une  par  l'autre,  et  produire  des 
individus  intermédiaires  ;  mais  ces  hybrides  ne  se  rencontrent  guère  que  dans  les  jardins ,  et 
la  plupart  sont  dépourvus  de  la  faculté  de  produire  des  graines  fertiles. 

La  plupart  des  variétés  créées,  soit  naturellement,  soit  artificiellement,  peuvent  devenir 
permanentes,  si  on  multiplie  l'individu  qui  les  présente ,  par  les  greffes ,  ou  les  boutures ,  ou 
les  marcottes;  mais  elles  ne  se  conservent  point  parles  graines.  Il  en  est  cependant  quelques- 
unes  que  les  graines  reproduisent ,  pourvu  que  l'on  conserve  fidèlement  les  conditions  de 
culture  qui  ont  modifié  l'Espèce.  Ces  variétés  héréditaires  sont  nommées  races.  Telles  sont  les 
céréales  et  beaucoup  d'autres  plantes  potagères. 

Les  premiers  naturalistes  qui  classèrent  les  Végétaux  ne  considérèrent  que  leurs  propriétés, 
et  ce  fut  bien  tard  qu'on  songea  à  prendre  pour  base  les  caractères  tirés  de  leur  organisa- 
tion. Mais  la  valeur  relative  de  ces  caractères  n'était  pas  encore  connue,  et  les  anciennes  clas- 
sifications attribuèrent  à  la  consistance ,  à  la  durée  de  la  tige,  à  la  forme  des  feuilles,  et 
même  à  celle  des  poils,  autant  d'importance  qu'à  la  fleur.  On  comprit  enfin  que  la  fleur,  ren- 
fermant la  graine  qui  doit  perpétuer  l'Espèce,  et  se  composant  de  feuilles  qui  diffèrent  nota- 
blement dans  chaque  Genre  et  dans  chaque  Espèce,  la  fleur  était  la  partie  de  la  Plante  qui 
devait  fournir  les  caractères  les  plus  favorables  à  une  bonne  classification.  Aussi  est-ce  sur  la 
fleur  que  sont  basés  les  systèmes  et  les  méthodes  des  botanistes  qui  ont  donné  à  la  science 
l'impulsion  la  plus  puissante. 


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U  TAXONOMIE. 

Nous  allons  exposer  d'abord  les  classiftcations  de  Tournefort  et  de  Linné ,  puis  celle  dWn- 
toine-Laurent  de  Jussieu,  et  enfin  celles  de  ses  successeurs,  qui  ont  modifié  et  perfectionné 
r  œuvre  du  fondateur  des  Familles  naturelles. 

Tournefort  établit  son  système  sur  la  consistance  de  la  tige  ligneuse  ou  herbacée ,  sur  la 
présence  ou  Tabsence  de  la  corolle  (et  pour  lui  tout  périanthe  non  vert  est  une  corolle) ,  sur 
risolement  ou  Tagglomération  des  fleurs;  sur  la  séparation  ou  la  cohérence  des  pétales  de  la 
corolle;  sur  leur  disposition  symétrique  ou  non  symétrique,  et  enfin  sur  la  forme  de  la  corolle. 
Cette  classification ,  employant  presque  exclusivement  les  caractères  tirés  d'un  seul  organe , 
est  un  système  plutôt  qu'une  méthode;  mais,  comme  le  fait  remarquer  M.  Adrien  de  Jussieu 
dans  Tarticle  Taxonomie  du  Dictionnaire  universel  d'histoire  naturelle,  article  éminemment 
substantiel  et  philosophique  :  a  11  est  difficile  d'établir  nettement  la  distinction  entre  les  classi- 
fications désignées  par  les  noms  de  système  et  de  méthode.  On  définit,  il  est  vrai,  ordinaire- 
ment les  systèmes  comme  n'employant  que  des  caractères  tirés  exclusivement  d'un  seul 
organe ,  les  méthodes  comme  se  servant  de  plusieurs  organes  à  la  fois.  Mais  l'étude  de  la 
plupart  des  systèmes  nous  les  montre  toujours  fondés  sur  l'emploi  de  plusieurs  organes,  aussi 
bien  que  les  méthodes,  et,  d'une  part,  celles-ci  en  font  généralement  prévaloir  un  sur  les 
autres.  On  peut  donc  se  servir  indifféremment  de  ces  deux  mots.  » 

La  Méthode  de  Tournefort,  qui  parut  en  169V,  et  qui  comprenait  10,000  Espèces,  étant 
fondée  sur  la  partie  la  plus  brillante  de  la  Plante,  et  facile  à  pratiquer  comme  à  comprendre , 
obtint  un  succès  universel  ;  mais  l'augmentation  des  Espèces  connues,  dont  un  grand  nombre 
ne  peuvent  entrer  dans  aucune  de  ses  classes,  l'a  fait  tomber  en  désuétude. 


MÉTHODE  DE  TOURNEFORT. 


CLASSES.  EXEMPLES. 

(^r&ulières  [  *  Campaniformes  .  .  .  Belladone, 

,  .     \  \  2  INFUNDIBULIFORMES.  .  Liseron. 

**  ''iirrégulièrrsf  ^  Personnées Muflier, 

f  (  4.  Labiées Sauge. 

'    .     /  (  o  Cruciformes Giroflée, 

^    '^  I  l  6  Rosacées Fraisier, 

régulières .  {  7  Ombellifères  ....  Carotte, 


,  y     8  Caryophyllées.  .  .  .  Œillet. 

jéltlées.y  \P^JP'*^--\  \^    9  LnjACÉES Tulipe. 

firrégulièresf  *^  Papilionacées.   .  .  .  Pois, 

\  (11  Anomales Violette. 

0*OERBES  ^  J  /  12  Flosculeuses  ....  Chardon, 

^■P®*^* '13  Semi-flosculeuses.  .  Pissenlit. 

H  ILvdiées Pâquerette. 

J5  A  EXAMINES Avoine. 

^P^'*^**^ I  16  Sans  fleurs Fougères, 

17  Sans  FLEURS  NI  FRUIT.  Champignons. 

18  Apétales Laurier. 


apélilos 

^,.„„„„„  1  (  19  Amentacées Saule 

I  (monapeUlfs 20  Monopétales  ....  Sureau. 

péUléc^.   .  .  .  -ji^iji^^f régulières.    21  Rosacées Cerisier. 

^  (irr^lières    22  Papilionacées.    .  .  .  Bobinia, 


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TAXUNOMII:.  45 

Le  système  de  Linné,  qui  parut  quarante  ans  après  celui  de  Tournefort,  fut  accueilli  avec 
un  enthousiasme  qui  dure  encore,  surtout  en  Allemagne.  Il  prit  pour  base  de  ses  24  classes 
les  caractères  fournis  par  les  étamines,  dans  leurs  rapports  entre  elles  et  avec  le  pistil. 

CLEF  DU  SYSTÈME  DE  LINNÉ. 

CLASSES.  EXEMPLES. 

1  ctaminc.  .  .  1   Moxandrie  .  .  Centranthe. 

2  ihvmn.  .  .  2  Diandrie  .  .  .  Vîn^oniquc, 

3  é'amines.  .  .  3  I^îandrie.  .  .  Iris. 

4  éiamîDes.  .  .  4  Tétrandrie.  .  Plantain. 

5  élamincs.  .  .  5  Pentandrie.  .  Mouron, 

.  6  Plamines,  .  .  6  Hex^indrie  .  .  Lis. 

I    libres     I  7  étaaincs.  .   .     7   Heptandrie.   .  Marronnier d* Inde. 
cnire  elles/   o  /.    •  or,  w^   -t  i 

,    ^1  ^^j|ç^  \  8  (timinfs.  .  .     8  Octandrie.  .  .  h /n lobe. 

9  éUmiacs.  .   .     9  Ennéandrie.   .  Laurier. 

110  éUorines.  .  .  10  Décandrfe.  .  .  Œillet. 

'il  à  19élainines.  11  Dodécandrie  .  Joubarbe. 
20  ou  plai  sur  le 

falyce  ....  12   Icosandrie  .   .  Fraisier. 
'  .     .       1              \  20  ou  pins  sur  le 

noD      )  réi^piacle.  .  .  13  Polyandrie.   .  Renoncule. 

adhérenle8\     libres    |  4donl2plo8loDguc8  14  Didynamie.  .  .  Muflier. 

aupisiil     et  inégales [ g jo„i4p|„gij^„g„eg  15  Tétradynamie.  G/ro/7eV. 
/             I              [soudées  pir  leurs  GleU  en  un 

babltanl  1  j     se^il  corps 16  Monadelphie  .  Marnée. 

la  même  \  I  soudées  par  leurs  lileU  en  deui 

fleur      J  I 

'  I        corps 17  DiADELPHIE  .    .    7*015. 

soudées  par  leurs lilels  eu  plusieurs 

corps 18  PoLYADELPniE.  Millepertuis. 

risibies/  I  *  soudées  par  leurs  aolhères  en  un 

\     cyliodre 19  Syngénésie  .  .  Bleuet. 

\('tamines  adhérentes  au  pislil 20  Gynandrie  .   .  Orchis. 

!  fleurs  pislilléesel  fleurs  staminées  >ur  le  même 
individu 21  Moncecie  .• .    .  Arum. 
fleurs  pislillées  et  fleurs  staminées  sur  deui 
iidividus  difliérenls 22  Dioecie  ....  Ortie. 
fleurs  staminées  on  pislillées  ou  slamino-pislillées 
V    sur  un  on  plusieurs  individus 23  Polygamie.  .   .  Pariétaire. 

Msibles 24  Cryptogamie  .  Fougère. 

Les  treize  premières  classes  sont  divisées  en  ordres  établis  sur  le  nombre  des  ovaires  ou 
styles  libres,  composant  le  pistil  :  dans  la  monogynie,  le  pistil  est  formé  d'un  carpelle  unique, 
ou  de  plusieurs  carpelles  réunis  en  un  seul  corps  par  leurs  ovaires  et  leurs  styles  ;  dans  la 
digynie^  il  y  a  deux  ovaires  ou  deux  styles  distincts,  dans  la  trigynie,  trois;  dans  la  tétra- 
gynte,  quatre  ;  dans  la  pentagynie,  cinq  ;  dans  Y/iexagynie,  six  ;  dans  la  polygyme^  un  nombre 
passant  dix.  —  La  14*  classe  comprend  deux  ordres  :  la  gymnospermie  y  où  le  pistil  se  com- 

7 


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VO  TAXONOMli:. 

|.ose  de  quatre  akènes  simulant  des  graines  nuesj  VauyiospenutC  où  les  graines  sont  ren- 
fermées dans  une  eapsule.  —  La  15*  elasse  ou  tétradynamie  ^  est  dite  sHiqueuse  ou  silicuieuse, 
selon  que  le  fruit  est  ou  non  trois  fois  plus  long  que  large.  Les  16%  17%  18%  20«,  21%  22«  elasses 
ont  leurs  ordres  établis  sur  le  nombre  et  la  connexion  des  étamines  et  des  styles  (triandrie, 
pentandrie,  polyandrie,  mmogynie,  polygynie,  monadelphie ,  etc.). — La  19*  classe  se 
divise  ^x\  polygamie  égale ,  où  toutes  les  fleurs  centrales  du  capitule  sont  stamino-pistillées, 
(  t  celles  de  la  circonférence ,  pistillées  et  fertiles  ;  polygamie  frusiranéo ,  où  les  fleurs  de  la 
circonférence  sont  pistdlées  et  stériles;  polygamie  nécessaire,  où  les  fleurs  du  centre  sont 
staminées  ;  et  celles  de  la  circonférence  pistillées  et  fertiles,  etc.  —  La  !23*  classe  se  divise  en 
monœcie,  diœcie,  triœcie.  —  La ^k*  classe  se  divise  en  Fougères,  Mousses,  A  Igues,  Champignons, 

Pour  peu  qu'on  mette  en  pratique  le  système  de  Linné,  on  verra  qu'il  réunit  dans  une 
même  classe  des  Plantes  appartenant  à  des  Familles  très-diff'érentes ,  et  sépare  des  Plantes 
qui  ont  entre  elles  de  grandes  affmités.  Mais  il  ne  faut  jias  lui  en  faire  un  reproche  :  son 
unique  but  était  de  classer  les  Végétaux,  de  manière  qu'on  put  arriver  facilement  à  la  connais- 
sance de  chaque  Espèce.  Il  a  présenté  sa  classification  comme  un  moyen  artificiel,  comm*^ 
un  système;  mais  en  même  temps  il  appelait  de  ses  vœux  un  ordre  naturel,  une  méthode;  il 
a  même  laissé  des  fragments  où  se  trouve  ébauché  le  tableau  d'un  Ordre  naturel  :  «  Toutes 
«  les  Plantes,  dit-il  dans  sa  Philosophie  botanique,  sont  liées  far  des  affinités,  comme  les 
«  territoires  se  touchent  sur  une  carte  géographique  ;  les  botanistes  doivent  travailler  sans 
«  cesse  pour  parvenir  à  un  Ordre  naturel  ;  l'Ordre  naturel  est  le  but  final  de  la  science.  Ce  qui 
tt  rend  défectueuse  la  Méthode,  c'est  le  défaut  des  plantes  qu'on  n'a  pas  encore  trouvées  ;  quand 
(c  on  les  connaîtra  toutes,  l'Ordre  naturel  sera  achevé,  car  la  Nature  ne  fait  point  de  sauts.  » 

Les  défauts  réels  qui  déparent  le  système  de  Linné  résident  dans  la  difficulté  de  détermi- 
ner bien  exactement  les  caractères  tirés  des  étamines  et  du  pistil.  En  outre,  le  nombre  des 
étamines  n'est  pas  constant  dans  les  mêmes  genres;  et  souvent  pas  même  dans  les  individus 
de  même  espèce. 

La  Dodécandrie,  l'icosandrie ,  la  Polyandrie  sont  très- difficiles  à  distinguer  l'une  de 
l'autre.  Dans  la  Didynamie  et  la  Tétradynamie,  les  étamines  sont  souvent  égales  entre  elles, 
tandis  que  dans  d'autres  classes  où  elles  forment  deux  séries ,  l'inégalité  est  manifeste  :  c'est 
ce  qu'on  voit  dans  les  Œillets,  les  Géraniums,  etc.  La  Monadelphie  et  laDiadelphie  sont  une 
source  de  méprises  :  beaucoup  de  Plantes  dites  monadelphes  ont  leurs  étamines  à  peine 
soudées;  beaucoup  de  plantes  dites  diadelphes  sont  réellement  monadelphes.  La  Syngénésie 
est  aussi  réelle  dans  les  Morelles,\e^  Cyclamens,  que  dans  les  Violettes.  La  Monœcie,  la 
Diœcie  fournissent  beaucoup  de  doubles  emplois,  qui  ne  sont  pas  indiqués.  Enfin,  les  ordres 
de  la  Cryptogamie  n'ont  point  de  caractères  rigoureux  et  certains. 

Longtemps  avant  la  venue  des  Jussieu ,  on  avait  cherché  à  classer  les  Plantes  d'après 
leurs  affinités,  c'est-à-dire  d'après  les  rapports  naturels  qui  unissent  entre  eux  les  Genres  et 
les  Espèces.  Magnol,  de  Montpellier,  contemporain  de  Tournefort ,  avait  introduit  en  Bota- 
nique des  Familles,  dont  l'arrangement  était  fondé  sur  la  structure  du  calycc  et  delà  corolle. 
Rivin  avait  publié  une  classification  établie  sur  la  figure  de  la  corolle ,  sur  le  nombre  des 
graines,  sur  la  forme,  les  loges  et  la  consistance  du  fruit;  le  botaniste  anglais  Jean  Ray  avait 
classé  plus  de  18,000  Plantes^,  qu'il  divisait  d'après  le  nombre  des  cotylédons,  la  séparation 
ou  l'agglomération  des  fleurs,  la  présence  ou  l'absence  de  la  corolle,  la  consistance  du  fruit  et 
Tadhérence  ou  l'indépendance  de  l'ovaire  relativement  au  calyce.  Le  problème  des  affinités 
naturelles  était  donc  posé  depuis  longtemps,  il  s'agissait  de  le  résoudre  mieux  que  les 
autres;  c'est  ce  qu'avait  tenté  Bernard  de  Jussieu,  oncle  d'Antoine-Laurent;  mais  il  n'en- 
treprit pas  de  motiver  les  préférences  qu'il  avait  accordées  à  telles  ou  telles  analogies;  elles 
étaient  pour  lui  des  vérités  d  •  sentiment,  qu'il  ne  chercha  pas  à  raisonner,  et  dont  il  consigna 
l'expression  dans  les  plates-bandes  du  jardin  botanique  établi  par  Louis  XV,  à  Trianon. 


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ÏAXONOiMlE.  kl 

Quelques  années  plus  tard,  en  1763,  Adansoi;i  publia  ses  Familles;  il  exposa  ses  principes 
sur  leur  formation,  et  reconnut  que,  pour  grouper  les  Plantes  en  Familles  naturelles,  on  doit 
avoir  égard,  non  pas  à  un  caractère  unique,  mais  à  Tensemble  des  caractères,  sans  en 
négliger  aucun.  Ce  principe  était  juste;  mais  Adanson  le  rendit  stérile  en  pensant  que,  dans 
Texanien  de  toutes  les  parties  du  végétal,  on  ne  devait  donner  à  aucune  de  ces  parties  une 
préférence  exclusive  sur  les  autres.  11  commença  par  construire  65  systèmes,  dont  chacun 
était  fondé  sur  un  seul  caractère ,  tiré ,  soit  de  la  plante  tout  entière ,  soit  d'un  organe  géné- 
ral ,  tel  que  la  racine ,  la  tige ,  les  feuilles ,  la  fleur  ;  soit  d'un  organe  partiel ,  tel  que  le  calyce, 
la  corolle,  Fétamine,  Tanthère,  le  pollen,  le  fruit,  la  graine,  etc.  Cela  fait,  il  jugea  que  les 
Plantes  qui  se  trouvaient  les  unes  à  côté  des  autres  dans  le  plus  grand  nombre  de  ces  sys- 
tèmes, devaient  é|:re  celles  qui  avaient  entre  elles  le  plus  de  rapports,  et  qu'on  devait  le 
plus  rapprocher.  Ainsi  la  méthode  d'Adanson  n'était  autre  chose  qu'un  calcul  arithmétique. 
Mais,  d'une  part,  elle  supposait  tous  les  organes  connus,  et  connus  sous  tous  leurs  points  de 
vue;  or,  l'organographie ^  depuis  1763,  a  fait  d'immenses  progrès,  qui  ont  bouleversé  les 
chifl'res  d' Adanson.  D'une  autre  part,  si  l'on  admet  que  la  science  des  organes  fut  complète 
à  cette  époque,  ce  qui  n'est  pas  vrai  même  aujourd'hui,  le  principe  d' Adanson  était  faux, 
en  ce  qu'il  donnait  à  tous  les  organes  une  valeur  égale.  La  plus  simple  observation  suffît 
pour  démontrer  que  certains  organes,  tels  que  le  pistil,  la  graine,  ont  bien  plus  d'impor- 
tance que  certains  autres,  tels  que  la  racine,  la  feuille,  etc.,  et  doivent  par  conséquent 
occuper  un  rang  supérieur  dans  la  classification.  «  Attribuer  une  importance  à  peu  près 
u  égale  à  tous  les  organes,  et  aux  caractères  qu'on  en  tire,  pour  en  faire  autant  d'unités  de 
«  même  ordre,  qui  entreront  dans  le  calcul  des  rapports  des  Plantes,  c'est,  dit  M.  Adrien 
«  de  Jussieu,  donner  la  même  valeur  à  des  pièces  de  monnaie  de  métal  différent  ;  c'est  en 
a  faire  autant  de  jetons  d'une  valeur  purement  fictive.  »  La  méthode  numérique  d' Adanson 
a  donc  été  impuissante  à  résoudre  le  problème  des  affinités. 

Cette  gloire  était  réservée  à  Antoine-Laurent  de  Jussieu,  qui  s'était  initié,  auprès  de  son 
oncle  Bernard,  à  la  science  des  Végétaux.  Un  travail  qu'il  entreprit  sur  les  Renoncules  lui  ou- 
vrit les  yeux,  et  lui  fit  découvrir  le  grand  principe  de  la  valeur  relative  des  caractères;  il  vit 
qu'il  fallait  non  parles  compter,  mais  les  peser,  et  que  cette  évaluation  pouvait  seule  résoudre 
le  problème  de  la  méthode  naturelle.  C'est  dans  ce  mémoire  sur  les  Renoncules,  lu  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  en  1773,  que  se  trouve  énoncée  et  développée  r importance  relative  et 
subordonnée  des  divers  organes  de  la  Plante ,  importance  que  tous  les  autres  botanistes ,  et 
Linné  lui-même,  avaient  méconnue  avant  les  Jussieu. 

A  dater  de  cette  époque  mémorable ,  Jussieu  prépara  son  grand  ouvrage  sur  les  Genres 
disposés  en  Familles  naturelles;  il  y  travailla  pendant  quinze  ans,  et  publia  son  livre  en  1789. 
I-e  principe  lumineux  de  la  subordination  des  caractères,  qui  l'avait  guidé  dans  ses  travaux, 
éclaira  bientôt  toutes  les  autres  branches  de  l'histoire  naturelle  « 

Sans  entrer  dans  le  détail  des  procédés  suivis  par  Antoine-Laurent  de  Jussieu  pour  la 
formation  de  ses  Familles,  nous  emprunterons  à  l'article  déjà  cité  de  M.  Adrien  de  Jussieu, 
le  passage  où  il  expose  rapidement  la  pensée  de  son  père. 

<c  Jussieu,  pour  grouper  les  Genres  en  Familles,  suivit  la  marche  que  ses  prédécesseurs 
«  avaient  suivie  pour  former  les  Espèces  et  les  Genres.  Les  anciens  botanistes ,  frappés  par  la 
«  ressemblance  complète  et  constante  de  certains  individus,  les  avaient  réunis  en  Espèce  ; 
«  puis ,  d'après  une  ressemblance  également  constante ,  mais  beaucoup  moins  complète ,  ils 
a  avaient  réuni  les  Espèces  en  Genre.  Beaucoup  de  Genres  très-naturels  leur  avaient  fourni 
a  autant  de  modèles ,  d'après  lesquels  ils  avaient  appris  à  apprécier  les  caractères  gcné- 
«  riques,  et  à  constituer  d'autres  Genres  moins  nettement  dessinés  par  la  Nature.  Or,  la 
a  Nature  offre  aussi  des  collections  de  Genres  évidemment  plus  semblables  entre  eux  qu'ils 
«  ne  le  sont  à  ceux  de  tout  autre  groupe,  ou,  en  d'autres  termes,  des  Familles  incontestable- 
«  ment  natwdles,  tellement  qu'elles  avaient  été  reconnues  et  signalées  par  la  presque  uni- 


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48  ÏAXONOMIE. 

«  versalité  des  botanistes,  et  reproduites  dans  la  plupart  des  systèmes.  Jussieu  pensa  que  la 
«  clef  de  la  Méthode  était  là,  puisqu  en  comparant  les  caractères  d'une  de  ces  Familles  à  ceux 
u  des  Genres  qui  la  composent,  il  obtiendrait  la  relation  des  uns  aux  autres,  et  discernerait 
«  les  caractères  communs  à  tous,  ou  ordinaux,  de  ceux  qui  sont  seulement  génériques; 
a  qu'ensuite,  en  comparant  plusieurs  de  ces  Familles  entre  elles,  il  distinguerait  parmi  ces 
u  caractères  ordinaux  ceux  qui  varient  de  Tune  à  Tautre  ;  qu'il  arriverait  ainsi  à  l'appréciatiou 
«  de  la  valeur  de  chaque  caractère,  et  que  cette  valeur,  une  fois  ainsi  déterminée  au  moyen 
«  de  ces  groupes  si  clairement  dessinés  par  la  Nature,  pourrait  être  à  son  tour  appliquée  à  la 
«  détermination  de  ceux  auxquels  elle  n'a  pas  nettement  imprmié  ce  cachet  de  Famille,  et 
«  qui  étaient  les  inconnues  de  ce  grand  problème.  » 

Il  choisit  donc  sept  groupes  de  Plantes,  admis  comme  Familles  par  tous  les  botanistes;  et 
l'étude  comparative  de  toutes  les  Plantes,  appartenant  à  chacune  de  ces  Familles,  le  mit  à 
même  d'apprécier  la  valeur  des  caractères.  11  reconnut  que  «  le  premier  rang  doit  appartenir 
c(  à  la  plantule  ,  dernier  but  de  la  végétation ,  et  destiné  à  conser\'er  la  vie  de  l'Espèce  ;  le 
«  second,  aiîx  organes  qui  concourent  à  sa  formation  ,  c'est-à-dire  aux  étamines  et  au  pistil, 
«  considérés  dans  leur  mutuel  rapport.  Puis  viennent  les  organes  qui  protègent,  sans  le  déter- 
«  miner,  cet  acte  et  son  produit;  les  autres  parties,  tant  de  la  fleur  que  du  fruit  et  de  la  graine, 
«  et  les  modifications  secondaires  des  organes  essentiels  eux-mêmes,  considérés  isolément. 
«  Les  organes  de  la  nutrition,  ne  concourant  qu'à  la  vie  individuelle ,  doivent  être  relégués 
«  au  dernier  rang.  En  admettant  ces  premières  règles ,  on  obtenait  un  certain  nombre  de 
«  Familles,  dont  l'examen  comparatif  aidait  à  reconnaître  d'autres  règles  encore,  et,  par  leur 
«  application,  d'autres  Familles.  De  ce  travail  résulta  l'étabhssement  de  cent  Familles, 
«  comprenant  tous  les  Végétaux  alors  connus.  » 

Jussieu,  après  avoir  constitué  ses  Familles ,  voulut  les  coordonner  en  Classes ,  et  suivit , 
pour  cet  arrangement,  la  subordination  des  caractères,  établie  pour  le  groupement  des 
Genres  en  Familles.  Les  Familles  formèrent  ainsi  quinze  Classes,  que  nous"  indiquons  dans 
le  tableau  suivant  : 

MÉTHODE  DE  A.-L.    DE  JUSSIEU. 

CLASSES.  EXEMPLES. 

1  AcOTYLÉDONES Agaric. 


[Élamlucsioiérées  sur  le  réceptacle.  .   .     2  Mono-hypogynes Avoine, 

rnTVIFnn\F<    lÉiamim-siuscréessurlecalyce.  .   .   .     3  Mono-périg'tnes Iris, 


mm   (^ 

<Eli 


APÉT.\LE.   }T 


(  ÉiamiBcs  ioscrécs  sur  l'ovaire.      .  .     k  Mono-épigynes Orchis. 

i^Élaminesiiisércfs  sur  Tovaire.  ...     5  Épistaminées Aristoloche, 

Élamiues  insérées  m  le  calyce. ...     6  Péristamu^ées Rumex, 

Éiamims  iuséré'Ssur  le  réceplacle  .  .     7  H YPOST aminées Plantain, 

trf  1  (CorollesUniiiilèreinséréesuricrécei'iacle    8  Hypocorollées Belladone. 

FLEIIR     I  Corolle  slaniiaifere  insérée  sur  le  cal) ce.     9  Péricorollées Campanule, 

\*'''^'^*"''^/rornllA.lnni.nWàr.n.;r^P.«rl'«v.irP  (  10    ÉPICOROLLÉES  SYNANTBÉRÉES.  .  BlcUCt, 

ÉPICOROLLÉES  CORISANTHÉRÉES.  Surcau, 

22/    p.«  .^     ^Élamiies  in  érées  sur  l'ovaire.  ...  12  Épipétalées Carotte, 

Ij       I  Élamioes  iusérées  sur  le  réceptacle .  .  13  Hypopétalées Renoncule. 

_^  (^Éianiincs  iiiséiéts  sur  le  ca'yie.  .   .  14  Féripétalées Fraisier. 

\  Étanioes  et  pistils  dans  des  fleurs  séparées 15  Diclimes Ortie. 

Ce  tableau  est,  dans  la  plupart  des  ouvrages  classiques,  présenté  sous  le  nom  de  Méthode 
naturelle  deJmsim;  mais  il  n'en  est  que  la  clef,  ou  plutôt  Vindex.  A.-L.  de  Jussieu  recon- 


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TAXONOMIE. 


1^9 


naissait  avec  candeur  la  nature  mixte  de  cette  classification  demi-artificielle  et  demi-métho- 
dique, et  il  ne  lui  attribuait  qu'une  importance  secondaire.  «Il semble,  dit  son  tils,  avoir 
a  signalé  lui-même  la  distinction  qu'il  faut  faire  de  deux  parts  dans  son  œuvre,  par  le  titre 
«*  de  son  livre ,  qui  annonce  les  Genres  disposés  en  Familles  naturelles ,  suivant  une  méthode 
«  employée  au  Jardin  de  Paris  :  il  appliquait  Tépithète  aux  Familles  et  non  à  la  méthode 
tt  tout  entière.  Mais,  en  exposant  le  premier  les  principes  qui  doivent  présider  à  la  classifica- 
«  tien,  non-seulement  des  Plantes,  mais  de  tous  les  Êtres  organisés;  en  donnant,  par  les 
«  Familles  dans  lesquelles  il  distribuait  les  Végétaux,  et  qui  pour  la  premièie  fois  se  trou- 
«  vaient  clairement  et  nettement  définies,  une  base  solide  en  même  temps  qu'un  modèle  à  la 
a  science ,  il  avait  fait  assez  pour  qu'on  put  dater  de  ce  moment  la  fondation  de  la  méthode 
«  naturelle,  qui  dès  lors  ne  fut  plus  à  découvrir,  mais  à  perfectionner.  » 

Les  botanistes  du  dix-neuvième  siècle  ont  marché  dans  la  voie  lumineuse  que  leur  avait 
ouverte  Antoine-Laurent  de  Jussieu;  mais  tous  n'admettent  pas  de  la  même  manière  la  va- 
leur prédominante  de  tel  caractère  sur  l'autre  ;  d'ailleurs  il  est  démontré  par  l'observation 
qu'un  caractère  unique  de  haute  valeur  peut,  dans  certains  cas,  être  égalé  et  même  surpassé 
jiar  plusieurs  caractères  d'une  valeur  secondaire.  Ici  la  quaUté  est  remplacée  par  la  quantité,  à  peu 
près  comme  vingt  sous  de  cuivre  équivalent  à  un  fi-anc  d'argent,  et  vingt  francs  à  une  pièce  d'or. 

Toutefois,  on  peut  établir  que  le  caractère  le  plus  constant  doit  posséder  aussi  le  plus  de 
valeur  :  or,  c'est  dans  les  organes  reproducteurs  que  cette  invariabilité  se  fait  remarquer,  et 
précisément  en  raison  de  l'importance  de  leurs  fonctions  ;  ce  sont  donc  ces  organes  qu'on  a 
dû  choisir  pour  réunir  des  Genres  en  Familles ,  et  des  Familles  en  Classes. 

A. -P.  de  Candolle  a  le  premier  appliqué  la  méthode  naturelle  à  la  Flore  de  France.  Plus 
tard,  il  a,  dans  son  Prodrome,  appliqué  la  même  méthode  au  règne  végétal  tout  entier.  Son 
arrangement  n'est  qu'une  modification  de  celui  de  Jussieu  ;  les  trois  grands  embranchements 
sont  les  mêmes,  sous  des  noms  différents.  Les  Cellulaires ,  c'est-à-dire  les  végétaux  compo- 
sés seulement  de  cellules  et  dépourvus  de  vaisseaux,  répondent  aux  Acotylédones ;  les  Vas- 
culaires ,  c'est-à-dire  les  végétaux  qui  possèdent  vaisseaux,  fibres  et  cellules,  répondent  aux 
deux  autres  embranchements.  Les  Monocotylédones  et  les  Dicotylédones  sont  désignées  sous 
le  nom  à" Endogènes  eX  ^' Exogènes ^  termes  impropres,  puisqu'ils  expriment  une  théorie  fausse, 
tendent  à  établir  que  l'accroissement  de  la  tige  des  Monotylédones  se  poursuit  en  dedans 
|:ar  opposition  à  celui  de  la  tige  des  Dicotylédones,  qui  s'opère  en  dehors.  La  classe  de 
tludamiflores  répond  aux  hypopétalées  ;  les  caly  ci  flores  aux  épijjétalées  et  péripétalées  ;  les 
n.onochlamydées  aux  apétales  et  aux  diclines. 


ARRANGEMENT  DE  A. -P.  DE  CANDOLLE. 


CLASSES.  EXEMPLES. 

^^Corollc  polypetale  d  élamiiics  inscri-'cs 

sur  le  réceptacle 1  ïilvlamiflores.    .  Renoncule, 

\  Corolle  polypetale  ou  nioiiopétale  el  éla- 

EXOGÈNES     <      mines  iusérées  sur  le  calyce.  ...  2  Calyciflores.    .  .  Fraisier, 
[Corolle  fflonopélale  siaoïiuifère  iitscice 

sur  le  réceptacle 3  Gorolliflores.  .  .  Belladone, 

\  Périanlhe  simple  ou  nul 4-  Monochlamydés.  .  Ortie, 

)  FruclificalioH  visible  el  régulière.  .  .  5  Phanérogames  .  .  Iris, 

(^Pruciifîcaiion  invisible  ou  irrégclièrc.  .  6  Cryptogames.  .  .  Fougères, 

VÉliETAUX  CELLULAIRES    *  expansions  d'apparence  foliacée  ...  7  Follvcés Mousses, 

ou  ACOTÏLÉDOSES.         /  Point  dVipansicus  fo'iacécs 8  Apiiyh.es Champignons 


\ 


E.\bOGE!IIES 


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50  TAXOiNOMlE. 

Sléph.  Endlicher,  botaniste  allemand,  a  publié,  en  1836-18i0,  un  grand  ouvrage,  intitulé, 
comme  celui  d'A.-L.  de  Jussieu,  Genres  des  Plantes^  disposés  suivant  les  Familles  naturelles. 
Ce  livre  est  le  plus  complet  que  nous  possédions  sur  les  Genres  et  les  Familles.  Nous  allons 
en  indiquer  les  divisions  principales  qui  répondent,  sous  des  noms  différents  et  des  délini- 
tions  nouvelles ,  à  la  plupart  de  celles  qu  on  trouve  dans  les  classifications  publiées  depuis 
celle  de  de  Candolle. 

Les  premières  coupes  sont  fournies  par  le  mode  d'accroissement  du  Végétal  et  la  structure 
qui  en  résulte  :  1®  Le  Végétal  peut  être  composé  exclusivement  de  cellules,  et  leur  tissu 
alors  s'étend  en  couche ,  soit  continue ,  soit  divisée  en  filaments  diversement  entremêlés  et 
partagés ,  mais  ne  constituant  pas  un  axe  avec  ses  ramifications  régulières  :  c'est  ce  qu'on 
nomme  un  thallus  :  ces  Végétaux  cellulaires  peuvent  donc  être  appelés  thallophytes;  telles 
sont  la  plupart  des  cryptogames  j  2**  Si  le  tissu  vasculaire  s'est  développé  concurremment  avec 
le  cellulaire  (même  dans  quelques  cas,  où  il  n'est  qu'ébauché  sous  forme  de  cellules  allon- 
gées), ces  éléments  se  combinent  pour  former  un  axe,  une  tige;  ces  Végétaux  peuvent  donc 
être  nommés  cormophytes.  Le  développement  des  cormopbytes  peut  se  faire  de  trois  manières 
difiërentes.  Dans  une  première  classe,  les  faisceaux  fibro-vasculaires  s'accroissent  seulement 
parleur  extrémité  supérieure,  la  tige  s'allonge  sans  s'épaissir,  et  les  Végétaux  qui  présen- 
tent cette  végétation  terminale  sont  nommés  acro-bryés  :  telles  sont  les  Fougères;  dans  une 
autre  classe,  les  faisceaux  fibro-vasculaires  ne  se  continuent  pas  indéfiniment  à  leur  sommet, 
mais  il  s'en  forme  sans  cesse  de  nouveaux ,  qui  de  la  périphérie  se  dirigent  vers  le  centre 
pour  croiser  et  recouvrir  ensuite  les  plus  anciens;  ces  Végétaux  à  yé^éiaiioii périphérique 
sont  dits  amphi'bryés,  et  répondent  aux  Mono^cotylédones.  Enfin,  dans  une  troisième 
classe,  qui  comprend  les  Dicotylédones,  ces  deux  modes  d'accroissement  se  trouvent  com- 
binés :  une  partie  de  chaque  faisceau,  celle  qui  répond  au  centre  de  la  tige ,  s'allonge  con- 
tinuellement par  l'extrémité  supérieure  ;  une  autre ,  qui  répond  aux  couches  concentriques 
ligneuses,  se  termine  en  se  distribuant  à  la  périphérie.  Les  Végétaux  dont  la  tige ,  par  cette 
végétation  terminale  et  périphérique ,  augmente  à  la  fois  en  épaisseur  et  en  longueur,  sont 
dits  acr-amphi'bryés. 


SYSTÈME   DE   STÉPH.  ENDLICHEll. 

Région  I. —THALLOPHYTES. 

Végétaux  à  croissance  périphérique,  dépourvus  de  vaisseaux  et  d'organes  reproduc- 
teurs distincte.  Spores  germant  par  allongement  dans  tous  les  sens. 

Section  L  — PROTOPHYTES. 

Végétaux  vivant  dans  Teau  ou  dans  Pair,  et  ne  tirant  yas  leur  nourriture  du  sol;  fructifica- 
tion s'élendant  indéfiniment  :  Algues,  Lichens. 

Section  IL  — HYSTÉROPHYTES. 

Végétaux  naissant  dans  les  organismes  morts  ou  malades,  et  y  puisant  une  nourriture  éla- 
borée; développement  des  orjçanes  simultané  et  défini  :  Champignons, 

Région  II.-^CORMOPHYTES. 

Tige  et  racine  croissant  en  sens  inverse;  végétaux  i)ourvus  (du  moins  les  plus  parfaits) 
de  vaisseaux  et  d'organes  reproducteurs  dislincU^. 


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TAXONOMIE.  51 

Section  III.  — ACROBRYÉS. 

Tige  s' accroissant  par  le  sommet  seulement,  sans  aucun  changement  dans  la  partie  inférieure, 
qui  ne  sert  qu'à  transmettre  la  sève. 

Cohorte  I.— ANOPHYTES. 
Végétaux  dépourvus  de  vaisseaux  parfaits  ;  organes  reproducteurs  de  deux  sortes  ;  spores  libres 
dans  des  sporanges:  Mousses,  Hépatiques. 

Cohorte  II.— PROTOPHYTES. 
Végétaux  pourvus  de  faisceaux  fibro-vasculaires  plus  ou  moins  complets,  les  uns  à  organes  repro- 
ducteurs uniformes,  à  spores  libres  dans  des  sporanges  (Fougères^  Prêles,  Lycopodiacées);  les  autres, 
à  organes  reproducteurs  de  deux  sortes,  à  ovule  nu,  à  plantule  dicotylédonée  :  Zamia,  Cycas. 

Cohorte  III.  — HYSTÉROPHYTES. 
Vivant  en  parasites  sur  les  racines  ou  la  tige  des  autres  végétaux  ;  organes  reproducteurs  de  deux 
sortes;  graines  nombreuses  dépourvues  de  plantule  cotylédonée,  et  composées  d'un  testa  dur,  qui 
enveloppe  un  tissu  cellulaire  rempli  de  corpuscules  analogues  à  des  spores  :  Cytinet,  Rafflésia, 
Balanophore. 

Section  IV.- AMPHIBRYÉS. 

Tige  croissant  par  la  circonférence  — Végétation  périphérique. 

Froment,  Carex.  —  Ephémérine,  —  Potamot ,  Butome.  —  Jonc,  Colchique ,  Lis,  Muguet,  — 
Hydrocharis,  Iris,  Narcisse,  Ananas, —  Orchis,  —  Balisier,  Bananier,  —  Naïade, —  Arum, 
Typhay  Pandanus,  Dattier. 

Section  V.  —  ACRAMPHIBRYÉS. 

Tige  croissant  à  la  fois  par  le  sommet  et  la  circonférence. — Végétation  périphérique  ter- 
minale. 

Cohorte  I . — GYMNOSPERMÉES. 
Ovules  nus,  microphyle  recevant  immédiatement  l'action  fécondante  du  pollen. 

Cyprès,  Pin,  If,  Ephédra, 

Cohorte  IL  — APÉTALÉES. 
Périanthe  nul,  ou  rudimentaire,  ou  simple,  calycoïde  ou  sépaloïde,  libre  ou  adhérent  à  Tovaire. 

Poivrier,  -^  Casuarina,  Bouleau,  Chêne,  Orme,  Mûrier,  Ortie,  Chanvre,  Platane,  Liqui- 
dambar.  Saule, -^  Bette,  Amarante,  Sarrasin,  Nyctage, —  Daphné,  Laurier, — Aristoloche, 
Népenthès, 

Cohorte  m.— GAMOPÉTALÉES. 
Périanthe  double  :  rextérieur-calyce,  rinlérieur-corolle  gamopétale,  manquant  rarement. 

Plantain,  Statice,^^  Valériane,  Scabieuse,  Bleuet,  Pissenlit,  Chrysanthème,  — Lobélie, 
Campanule,  Stylidium, — Garance,  Chèvrefeuille, — Jasmin ,  Li las ,  Pervenche,  Gentiane, 
Spigélie.  —  Lamier,  Verveine,  Globidaii^e,  Bourrache,  —  Liseron,  Poiémoine,  Belladone, — 
Muflier,  Acanthe,  Bignonia,  Orobanche ,  Utriculaire.  —  Primevère,  Myrsine, — Epacris, 
Bruyère. 

Cohorte  IV.  —  DIALYPÉTALÉES. 
Périanthe  double  :  Textérieur-calyce  gamosépale  ou  dialysépale,  libre  ou  adhérent,  quelquefois 
pétaloïde;  Tintérieur-corolle  à  pétales  libres  de  cohérence,  rarement  cohérents  par  rintcrmédiaire 
desétamines;  à  insertion  hypogync,  ou  périgyne,  ou  épigyne;  quelquefois  nulle- par  avortement. 

Carotte,  Lierre,  Vigne,  Cornouiller,  Gui,  —  Sédum,  Saxifrage,  Groseillier, —  Muscadier, 
Magnolia,  Dillénia,  Benoncule,  Berbéris, — Pavot,  Fumet  erre.  Giroflée ,  Câprier,  Béséda, — 


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52  TAXONOMIE. 

Nénuphar,  Nélombo,  —  Ciste,  Droséra,  Violette,  Frankénia,  Bixa,  Passiflore ,  Papayer,  — 
Concombre,  Bégonia,  —  Cactus. —  Fico'ide ,  Pourpier,  Œillet^  Paronyquc ,  Phytolacca.  — 
Guimauve,  Sterculia,  Tilleul, —  Camellia,  Milleijertuis,  Elatine,  lœnarix,  —  Citronnier, 
Mélia.  — Erable,  Malpighia.  Savonier,  Marronnier-d'Inde. —  Polygala. —  Staphylea , 
Fusain,  Houv,  Nerprun.  —  Euphorbe, —  Noyer,  Pistachier,  Simarouba,  Aîlanthus,  Fraxi- 
nelle,  Rue,  Tribule,  —  Géranium,  Lin,  Oxalis,  Balsamine,  Capucine,  —  Seringat,  Onagre, 
Pesse,  Salicaire, —  Myrte,  Grenadier, —  Poirier,  Calycanthus,  Rosier,  Fraisier,  Pimpre- 
nelle,  Spirée,  Prunier,  CItrysobalane,  —  Pois,  Ccrcis,  Mimosa, 

M.  Lindley,  botaniste  anglais,  a  publié  plusieurs  essais  de  classification  :  le  premier  a  paru 
en  1830,  le  second  en  1833,  le  troisième  en  1836;  le  plus  récent  est  de  184-6.  Dans  ces  publi- 
cations successives,  M.  Lindley  a  remanié  et  modifié  Tarrangement  des  Familles;  il  justifie 
ces  changements  dans  la  préface  de  son  dernier  ouvrage  (  The  vegetable  Kingdom  ).  Celte 
tendance  à  perfectionner  est,  dit  M.  A.  de  Jussieu,  «  le  propre  d'un  esprit  actif,  laborieux, 
«  ami  du  progrès,  disposé  à  envisager  les  objets  dans  tous  leurs  rapports,  qu'il  met  tour  à  tour 
«  en  sa'dlie.  Comme  cet  esprit  est  dans  toute  sa  force,  et  comme  ces  rapports  sont  très-variés, 
«  il  est  à  croire  que  nous  n'avons  pas  encore  le  dernier  mot  de  M.  Lindley.  » 

M.  Adolphe  Brongniart,  successeur  de  Desfontaines  au  Jardin  des  Plantes,  a  replanté, 
en  18'i.3,  TÉcole  de  Botanique.  Sentant  le  besoin  d'en  mettre  Tordre  d'accord  avec  l'état 
actuel  de  la  science ,  et  avec  les  ouvrages  les  plus  complets  et  les  plus  modernes ,  il  a 
distribué  les  Végétaux  suivant  une  classification  qui  lui  est  propre. 

Dans  cette  classification ,  l'auteur  admet  à  peu  près  la  même  subordination  des  caractères 
qu'A.-L.  de  Jussieu;  il  apprécie  leur  valeur  relative  d'après  leur  invariabilité  dans  les 
Familles  les  plus  naturelles.  11  place  donc  en  première  ligne  les  caractères  basés  sur  le 
nombre  des  cotylédons ,  comme  étant  d'une  invariabilité  absolue  ;  après  eux  viennent  ceux 
tirés  de  la  corolle  gamopétale  ou  dialypétale ,  comme  étant  les  moins  variables  dans  une 
même  Famille  ;  il  fait  marcher  ensuite  ceux  que  fournit  l'insertion  des  étamines,  et  qui  sont 
plus  sujets  à  exception  :  seulement  il  n'emploie  pas  ces  derniers  pour  les  Monocotylédones , 
réunit,  comme  de  Candolle,  les  insertions  périgynique  et  épigynique  en  une  seule,  supprime 
les  Dicotylédones  apétales  et  diclines,  et  les  disperse  parmi  les  dialypétales,  fusion  que  les 
progrès  de  la  science  avaient  rendue  indispensable,  en  montrant  dans  les  apétales  des 
dialypétales  imparfaites.  11  adopte,  comme  caractères  de  second  ordre,  la  structure  delà 
graine,  particulièrement  l'existence  de  l'albumen,  et  surtout,  dans  cet  albumen,  la  présence 
ou  l'absence  de  la  fécule;  puis  la  direction  de  la  radicule,  bien  plus  importante,  relativement 
à  l'ovaire,  que  relativement  au  bile;  enfin  la  préfloraison,  et  les  proportions  numériques  des 
carpelles  et  des  sépales,  des  étamines  et  des  pétales. 

Dans  la  première  partie,  comprenant  les  Cryptogames  et  les  Monocotylédones,  la 
classification  procède  du  simple  au  composé;  dans  la  seconde,  qui  comprend  les  Dicotylé- 
dones ,  l'auteur ,  dominé  par  des  considérations  matérielles ,  a  adopté  l'ordre  inverse ,  qui , 
rejetant  les  principales  Familles  de  Végétaux  arborescents  à  l'extrémité  de  l'École,  a  permis 
de  leur  donner  plus  d'espace,  et  d'en  former  un  abri  contre  les  vents  du  nord. 

Dans  la  classification  publiée  par  M.  Brongniart,  en*185^3  et  en  1850,  les  Familles  et  les 
Genres  se  trouvent  seulement  indiqués  par  leurs  noms  à  la  place  qu'ils  occupent,  mais  l'auteur 
y  a  tracé  les  caractères  des  divisions  principales,  désignées  sous  le  nom  de  Divisions,  Embran- 
chements, Sous-Embranchements,  Séries  et  Classes,  Nous  allons  les  reproduire  ici,  en  omettant 
toutefois  la  description  des  Classes  et  l'énuraération  des  Familles;  comme  ces  Familles  seront 
énumérées  dans  l'exposé  de  la  classification  de  M.  Adrien  de  Jussieu,  nous  nous  contenterons 
de  mentionner,  à  la  suite  de  chaque  Classe,  quelques-uns  des  Genres  qui  s'y  rattachent. 


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TAXONOMIE.  53 


CLASSIFICATION   DE  M.   AD.   BRONGNIART. 
I"  Division.— CRYPTOGAMES. 

Végétaux  dépourvus  d'étamiDes ,  de  pistil  et  même  d'ovules. — Spores  simples,  homogènes, 
sans  organes  distincts,  ordinairement  formées  d'une  îfeule  vésicule. 

I"  Embranchement.— 4MPHIGÈNES. 

Point  d*aie  et  d*organes  appendiculaires  distincts;  croissance  périphérique;  reproduction 
par  des  spores  nues. 

Classe  1".  Algubs. — Protococcus,  Ulve,  Nostoc,  Conferve,  Varec. 

—  2.  Champignons. — Moisissure,  UrédOy  Truffe,  Morille,  Lycoperdon,  Agaric,  Pézize. 

—  3.  LiGHÉNÉBS. — Lèpre,  Usnée,  Orseille,  Cladonie,  Patellaire. 

II"  Embranchement.— ACROGÈNES. 

Axe  et  organes  appendiculaires  distincts  :  tiges  croissant  par  Textrémité  seule,  sans  addition 
de  nouvelles  parties  vers  la  base.  —  Reproduction  par  des  Spores  recouvertes  d'un  tégument, 
mais  n'adhérant  pas  par  un  funicule  aux  parois  des  capsules  qui  les  renferment. 

Classe  4.  Muscinées. — Jungermannia,  Marchantia,  Polyiric,  Bry. 

—  r>.  FiLiGiNÉBs. — Polypodey  Capillaire,  Osmonde,  Marsiléa,  Lycopode,  Prêle,  Chara. 

\V  Division.— PHANÉROGAMES. 

Organes  reproducteurs  évidents,  formés  d'étamines  et  d'ovules,  soit  nus,  soit  renfermés  dans 
un  ovaire.  Graine  à  ptantule  composée,  parenchymateuse,  formée  de  plusieurs  parties  distinc- 
tes.—Parties  anciennes  des  tiges  vivaces  s'accroissant  par  addition  de  nouveaux  tissus. 

III"  Embranchement.— MONOCOTYLÉDONES. 

Plantule  à  un  seul  cotylédon.— Tiges  composées  de  fai^reaux  fibro-vasculaires  épars  dans  la 
masse  du  tissu  cellulaire,  ne  formant  pas  un  cercle  régulier  :  les  tiges  vivacés  ne  s'accroissant 
pas  par  des  zones  concentriques  distinctes  de  bois  et  d'écorce. 

I"  Série.  — ALBUMINÉES. 
§  I.  —  Périanthe  nul,  ou  simple  et  sépaloïde.  —  Albumen  farineux. 

Classe    6.  Glumacées. — Froment,  Carex, 

—  7.  JoNciNéES. — Epkémérine,  Jonc, 

—  8.  ARoïoéBs. —ArMm,  Typha. 

§  II.  —Périanthe  nul  ou  double,  sépaloïde  ou  pétaloïde,  Albumen  nmi  farineux. 
Classe    9.  Pandanoïdébs.  —  Pandanus, 

—  10.  Phobkicoïdées. — Dattier,  Cocotier. 

—  11.  LirioTdbbs. — Colchique,  Lis,  Asperge,  Narcisse,  Iris. 


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5/i.  TAXONUMIE. 

§  lll.—Périanthe  double,  V interne  ou  tous  les  deux  pétaloïdes.  Albumen  farineux. 
Classe  12.  Bromélioïdées. — Ani gazant hiis,  Barbacénia,  Ananas^  Pontédéria, 

—  13.  SciT  A  M  IN  É  BS . — Banan  ier,  Balisier^  Gingembre . 

—  î4.  ÛRcuioïDéBS. —  OphrySy  Orchis,  Vanille, 

—  15.  Fluviales.  —  Hydrocharis,  Butome,  Alisma,  Potamoty  NaîaSy  Lemna, 

IV"  Kmbiunchement.  —dicotylédones. 

Plantule  à  deux  colylédons  opposés  ou  à  cotylédons  verticillés;  tiges  composées  de  faisceaux 
fibro-vasculaires,  formant  un  cylindre  autour  d'une  moelle  centrale,  séparables  en  une  zone 
interne  ligneuse  et  une  zone  externe  corlicale,  et  s' accroissant  par  des  couches  concentriques. 

I  "    SOUS-EMBKANCBEMENT.  —  ANGIOSPERMÉES. 

Ovules  renfermés  dans  un  ovaire  clos,  et  recevant  l'influence  de  la  fécondation  par  Tinter- 
médiaire  d'un  stigmate. 

I"  Série.— GAMOPÉTALES.  Pétales  soudés  entre  eux. 
§  1 .  Périgynes.  —Etamines  et  corolk  insérées  sur  le  calyce  adhérent  à  Vovaire. 
Classe  16.  Campanulii^èes. — Campanule,  Lobélie,  Stylidium. 

—  17.  AsTÉRoïDÉES. — Pissenlit,  Bleuet,  Chrysanthème. 

—  18.  LoNicÉRoïDÉES. — Scabieuse,  Valériane,  Chèvrefeuille. 

—  19.  CoFFÉiNÉES. — Garance,  Caféier,  Quinquina. 

§  II.  UYvoGxyE^.— Etamines  et  corolle  insérées  sous  Vovaire. 

*{■  Anisogynes.  Pistil  composé  d'un  nombre  de  carpelles  moindre  que  celui  des  sépales,  ordinaire- 
ment bicarpellé. 
*  /so^t^moncs.— Etamines  en  nombre  égal  aux  divisions  de  la  corolle,  et  alternant  avec  elles. 

Classe  20.  Asclépiadin^es  —Spigélie,  Strychnos,  Pervenche,  Asclepias,  Gentiane. 

—  21.  CoNvoLvuLiNÉES. —  Cobœa^  Polémoine,  Liseron. 

—  22.  Aspébifoliées. — Bourrache,  Héliotrope,  NémophilCy  Bydroléa. 

—  23.  SoLANiNÉEs. — Cestrum,  Morelle,  Jusquiame,  Tabac, 

**  Anisostémone^. — Etamines  en  partie  avortées,  quatre  didynames^  ou  deux  seulement. 

Classe  24.  Pbrsonées. — Muflier  y  Orobanche,  Gesnéria,  Utriculaire  y  Bignonia,  Sésame  ^ 
Acanthe. 

—  25.  Sélaginoïdébs. — Jasmin,  Globulaire,  Sélago,  Myopore. 

—  26.  Yerbéni.nées.  —  Verveine,  Lamier,  Plantain. 

"i"*|"  Isogynes. — Pistil  ordinairement  composé  d'un  nombre  de  carpelles  égal  à  celui  des  sépales. 
Classe  27.  VïiiuvL\yiE8.—  Primevère,  Myrsine,  TTiéophraste,  Statice. 

—  28.  Ericoïdées. — EpacriSy  Bruyère,  Airelle,  Azaléa,  PyrolCy  Monotrope. 

—  29.  DiosPYROïDÉES.— Z/eo5/;yro5,  Olivier ,  Houx  y  Camarine,  Sapotillier. 

\V  Série. -DL\LYPÉTALES.  Pétales  libres  ou  nuls. 
§  I.  Hypogtnes.  —Etamines  et  pétales  indépendants  du  calyce,  insérés  sous  Vovaire. 

-j-  Fleurs  complètes,  offrant  des  pétales,  au  moins  dans  une  partie  des  genres  de  chaque  classe. 


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TAXONUxMlE.  5Ô 

A  Calyce  persistant  généralement  après  la  floraison, 

*  Polystémones  —  Etamines  généralement  en  nombre  indétini. 

Classe  30.  Guttifkrbs.  -  Clusia,  MillejjertuiSy  lamarix,  Ciste^  Bijca^  Camellia. 

—  3t.  Malvoïdébs.  —  Tilleul,  Mauve,  Cotonnier,  Adansonia,  Sterculia,  BtUtnéria, 
'•  Oligostémones. — Etamines  généralement  en  nombre  indéfini. 

Classe  32.  Crotoninêbs.— Cro/on,  Mercuriale,  Buis,  Euphorbe, 

—  33.  PoLTGALiNÉEs. — Trémundra,  Polygaia. 

—  Si.  Géranioïdées.  — 5a/s«mjwe,  Capucine,  Géranium,  Lin,  Oxalis,  Mélianthe. 

—  35.  TÉRÉBiNTHiNées. — Rue,  Fraxinelle,  Ochna,  Simarouba,  Atlanthus,  Pistachier, 

Sumac, 

—  36.  Hbspéridées.— CiVro«w/er,  Cédréla,  Mélia, 

—  37.  JEscuLinàES.^Malpighia,  Erable,  Marronnier  d' Inde ^  Savonier. 

—  38.  Célastaoïdées. —  Vigne,  Fusain,  Staphyléa,  Bursaria. 

—  39.  ViOLiNÉES.  —  Violette,  Droséra,  Pamassie,  Frankénia, 

B  Calyce  se  détachant  pendant  ou  après  la  floraison, 

*  Albumen  nul  ou  très^mince. 

Classe.  40.  CRVciFéMKiEs.—Béseda,  Câprier,  Giroflée. 

••  Albumen  épais,  charnu  ou  corné. 

Classe  41.  Papavérlnérs.  —  Fumeterre,  Pavot, 

—  42.  BERBÉRiNÉEs.^^er^^m,  Cocculus, 

—  43.  MAGSOhiîiàES. —  Schizandra,  Muscadier.  Anona,  Magnolia, 

—  44.  Rexomculinébs.— Z>«7/^w«a,  Clématite,  Anémone,  Benoncule,  //ellébore^  Pivoine. 
*•*  Albumen  double,  Vexteme  farineux, 

Cla.sse  45.  Nympbkinées. — Nélombo,  Nénuphar, 

*|"i"  Fleurs  incomplètes.  Corolle  manquant  constamment. 

Classe  46.  Piperinées.  — /^ott'rter,  Saurure. 

—  A*l,  l]KTic\fiàES,— Ortie,  Artocarpe,  Mûrier,  Orme,  Chanvre. 

—  48.  PoLYGONOïDÉBS. — Rumcx,  Renoué,  Rhubarbe. 

§  II.  Périgynes.— Elamines  et  pétales  insérés  sur  le  calyce  libre  ou  adhérent. 

•J"  Cyclospermées. — Piantule  courbe,  située  autour  d'un  albumen  farineux. 

Classe  49.  Caryophyllinées. —  Nyctage,  Phytolacca,  Bette,  Amarante,  Œillet,  Stellaire, 
Paronyque,  Pourpier. 

—  50.  Cactoïdées. —  Ficoïde,  Cactus, 

'W  Albuminées. — Piantule  droite  dans  Taxe  d'un  albumen  charnu  ou  cx)i'né. 
Classe  51.  Crassulinébs. — Sédum,  Elatine,  Datisca, 

—  52.  Saxifraginées. — Francoa^  Seringat,  Saxifrage,  Groseillier. 

—  53.  Passiflorinées. — Loasa,  Papayer ^  Passiflore,  Samyda, 

—  54.  HAMAMéLiNÉES. — Liquidombor,  Hamamélis,  Brunia, 

—  55.  Ombellinébs. — Angélique,  Lierre,  Cornouiller. 

—  36.  Santalinébs.  —  Gui,  Santal, 

—  57.  Â8ARINÉES. — Baianophore,  Rafflésin,  Cyiinet,  Mépenihès,  Aristoloche. 


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56  TAXONOMIE. 

'\"\"{  Exalbuminées. — Albumen  nul  ou  peu  épais. 
Classe  58.  Cucurbitinées. — Bégonia,  Concombre, 

—  59.  OEnotbérinées. — Pesse^  Onagre,  Combrétum,  Mélastome,  Salicaire. 

—  60.  Dapbnoïdébs. — Laurier,  Daphné, 

—  61.  Protéinées.— /^rof^e,  Banksia,  Chalef, 
—    62.  Rhamnoïdébs. — Nerprun^  Jujubier. 

—  63.  Myrtoïdéks. — Myrte,  Grenadier,  Lécythis^  Calycanthe, 

—  64.  RosmÉEs. — Poirier,  Spirée,  Rosier,  Fraisier,  Pimprenelle,  Pf*unier,  Chryso- 

balane. 

—  65.  Légdminosées.— Pois,  Cercis^  Mimosa. 

—  66.  Amentacébs.— .Voyer,  Saule,  Chêne,  Bouleau,  Myrica,  Casuarina. 

IV  SotS-EMBRANCHEMENT.  —  GYMNOSPERMÉES. 

Ovules  nus  (non  renfermés  dans  un  o?aire  clos  et  surmonté  d\in  sligmato),  rect'vant  di- 

I  cclement  Tinfluence  du  pollen. 

Classe  67.  Conifères. — Ephédra,  If,  Cyprès,  Pin. 

—  68.  Cycadoïdées.  — Zamia,  Cycas. 

M.  Adrien  de  Jussieu  a  donné  dans  son  article  Taxonomie,  du  Dictionnaire  Universel 
d'Histoire  naturelle,  une  disposition  méthodique  des  Familles,  que  nous  adoptons  pour  notre 
Ouvrage.  La  première  division  établie  par  lui  est  celle,  en  trois  grands  embranchements, 
des  Acotylédones y  Monocotylédones,  et  Dicotylédones ^  presque  universellement  admis,  sous 
ce  nom  ou  sous  d'autres.  11  divise  les  Dicotylédones  en  diclines,  apétales,  polypétales,  mono- 
pétales,  et  subdivise  ces  deux  derniers  groupes  en  hypogynes  et  en  périgynes.  Nous  allons 
reproduire  en  peu  de  mots  les  raisonnements  ingénieux  sur  lesquels  il  s'appuie  pour  placer 
les  monopétales  à  l'extrémité  supérieure  de  la  série  des  Familles. 

De  Candolle  avait  posé  en  principe  que,  pour  classer  les  Familles  suivant  un  ordre  repré- 
sentant dans  une  progression  ascendante  leurs  divers  degrés  d'organisation,  on  doit  considé- 
rer comme  plus  parfaites  celles  qui  ont  leurs  organes  en  plus  grand  nombre  et  séparés  les  uns 
des  autres;  comme  moins  parfaites,  celles  où  ils  se  confondent  en  se  soudant,  et  disparaissent 
en  apparence  ;  comme  les  plus  imparfaites,  celles  qui  en  ont  réellement  le  moindre  nombre. 

II  a  donc  placé  en  haut  de  Féchelle  les  polypétales,  dans  lesquelles  les  diverses  parties  de 
la  fleur  sont  le  plus  nombreuses  et  le  plus  indépendantes  les  unes  des  autres.  Après  les  po- 
lypétales ïiypogynes  viennent  les  polypétales  périgynes,  puis  les  monopétales ,  puis  les  apétales, 
puis  les  diclines. 

Mais  cette  valeur,  attribuée  au  nombre  absolu  des  organes,  manque  de  réalité,  car  ce 
nombre  est  souvent  très-inégsd  dans  des  Genres  incontestablement  voisins.  En  outre,  la 
soudure  mutuelle  des  organes  n'annonce  certainement  pas  une  tendance  à  leur  suppression  ; 
car  il  est  très-peu  de  Familles  monopétales  où  on  rencontre  des  Genres  apétales,  tandis 
qu'on  en  observe  dans  la  plupart  des  Familles  polypétales  :  la  monopétalie  n'est  donc  pas 
une  condition  d'infériorité. 

M.  Adrien  de  Jussieu,  pour  se  guider  dans  l'appréciation  des  divers  degrés  de  simplicité 
ou  de  composition  des  Plantes ,  a  suivi  la  voie  que  son  père  avait  tracée  pour  établir  la 
subordination  des  caractères.  Dans  les  acotylédones  ou  cryptogames,  qui  conduisent  aux 
cotylédonées  ou  phanérogames  par  une  série  progressive  bien  reconnue ,  il  a  étudié  le  per- 
fectionnement de  l'organisation. 

11  a  observé  chez  les  cryptogames  reconnues  comme  les  plus  simples,  telles  que  les  Algues, 


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TAXONOMIE.  57 

un  tissu  cellulaire  homogène ,  également  propre  à  la  reproduction  et  à  la  Tégétation  ;  puis  il 
a  TU  ces  deux  fonctions  s'isoler  graduellement  dans  les  Champigiwns ,  les  Mousses,  les  Hépa- 
tiques; puis  enfin  les  organes  reproducteurs  présenter  deux  sortes  de  cellules  biwi  dis- 
tinctes, dans  les  Rhizocarpées.  Il  a  remarqué,  en  outre,  que  les  organes  de  la  végétation 
réduits  à  un  thallus  dans  les  Algues,  les  Lichens,  se  relèvent  et  s'aUongent  en  axe  dans  les 
Mousses  j  les  Hépatiques  ;  que  cet  axe,  première  ébauche  de  la  tige,  se  couvre  d'expansions 
appendiculaires,  première  ébauche  des  feuilles;  enfin  que  les  Fougères^  et  surtout  les 
Rhizocarpées^  possèdent  une  tige  et  des  feuilles  bien  caractérisées.  De  cet  examen  sommaire, 
il  a  pu  conclure  que  l'organisation  de  la  Plante  est  d'autant  plus  composée  que  les  fonc- 
tions de  la  végétation  et  celles  de  la  reproduction  sont  plus  nettement  circonscrites. 

Ce  perfectionnement  progressif,  qui  monte  graduellement  des  Cryptogames  aux  Phané- 
rogames, est  l'indication  évidente  d'une  loi,  que  l'on  peut  appliquer  à  la  classification 
ascendante  de  ces  dernières  :  leurs  organes  de  végétation  sont,  comme  chez  les  Cryptogames 
supérieures,  des  axes  et  des  feuilles,  et  leurs  organes  de  reproduction  constituent  des 
appareils  nommés  fleurs.  Or,  il  est  généralement  reconnu  aujourd'hui  que  les  diverses  parties 
de  la  fleur  sont  des  feuilles ,  modifiées  plus  ou  moins  profondément ,  selon  la  nature  des 
fonctions  qu'elles  sont  destinées  à  remplir  :  les  unes ,  extérieures ,  organes  de  protection , 
constituant  le  périanthe,  simple  ou  double ,  et  restant  étalées  comme  les  feuilles  ordinaires; 
les  autres  plus  centrales,  organes  de  fécondation,  constituant  l'androcée  et  le  pistil,  et 
formant  des  cavités  closes  pour  abriter  le  pollen  et  l'ovule  destinés  à  reproduire  la  Plante. 

Une  fleur  de  Phanérogame,  aussi  composée  que  possible,  possède  pistil,  androcée, 
corolle  et  calyce.  Si  on  la  suppose  graduellement  simplifiée,  elle  sera  privée  de  corolle, 
ou  même  de  calyce  ;  puis  enfin  la  même  fleur,  apétale  ou  apérianthée ,  n'aura  qu'un  pistil 
ou  un  androcée;  et,  dans  son  maximum  de  simplicité,  nous  la  verrons  réduite  à  un  carpelle, 
on  à  une  étamine,  comme  dans  les  Natas,  De  là  cette  série  ascendante  des  fleurs  dicUnes, 
stamino-pistiliées,  apétales,  pétalées. 

Mais,  parmi  les  pétalées,  comment  reconnaître  divers  degrés  de  composition?  C'est  ici  que 
M.  Adrien  de  Jussieu  combat  l'opinion  de  de  Candolle ,  qui  appréciait  cette  composition  par 
le  nombre  des  organes  et  leur  dissociation.  Si  la  règle  établie  pour  les  Cryptogames 
s'applique  aux  Phanérogames,  s'il  est  vrai  que  la  Plante  est  d'autant  plus  composée,  que  ses 
fonctions  de  reproduction  et  de  végétation  sont  plus  manifestement  distinctes,  l'unique 
problème  à  résoudre  est  de  savoir  dans  quelles  Plantes  les  feuilles  qui  constituent  la  fleur, 
et  qui  ne  sont  que  des  feuilles  ordinaires  métamorphosées,  ont  subi  les  altérations  les  plus 
profondes,  et  se  sont  le  plus  éloignées  de  leur  état  primitif. 

Quelles  seront,  dans  la  fleur,  les  feuilles  les  moins  modifiées  Y  Ce  seront  évidemment  celles 
qui,  par  leur  position  sur  le  pédoncule,  rappelleront  le  mieux  la  situation  relative  des  feuilles 
ordinaires  sur  la  tige  qui  les  porte,  suivant  une  ou  plusieurs  lignes  spirales.  Ainsi,  dans  le 
Magnolia,  le  lulipier,  les  parties  de  la  fleur,  indépendantes  l'une  de  l'autre,  espacées  sur 
un  axe  allongé,  conservent  l'arrangement  spiral.  Dans  les  Hellébores,  les  parties  se  pressent 
sur  un  axe  plus  raccourci,  tout  en  conservant,  pour  le  calyce  et  le  pistil,  leur  nature  foliacée 
et  leur  indépendance  mutuelle.  Mais  si  cette  indépendance  est  détruite .  si  la  cohérence 
s'établit  entre  les  carpelles,  soit  partiellement  (Nigelle),  soit  complètement  {Pavot)  ;  si  cette 
cohérence  envahit  l'androcée  [Mauve,  Pois);  si  elle  s'étend  jusqu'aux  pétales  (Bruyère) -y^ 
à  ces  adhérences  se  joignent  des  adhérences  qui  unissent  les  étamines  à  la  corolle  {Liseron); 
les  étamines  et  la  corolle  au  calyce,  et  surtout  le  calyce  à  l'ovaire  {Garance)^  ces  soudures 
diverses,  tout  en  altérant  la  forme  primitive  des  feuilles,  déplaceront  leur  point  d'origine, 
et  masqueront  aux  yeux  de  l'observateur  leur  arrangement  relatif,  c'est-à-dire  le  caractère 
le  plus  essentiel  de  la  végétation. 

Le  travestissement  des  oi^anes  sera  encore  plus  complet  si  ces  cohérences  et  adhérences 
se    compliquent  d'avortements ,   comme   dans  l'ovaire  et  l'aigrette  des     Valérianes;  ou 


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58  TAXONOMIE. 

d'iaégalités  de  développement ,  comme  dans  les  demi-fleurons  des  Composées.  C'est  alors 
que  les  feuilles  sont  le  plus  difficiles  à  reconnaître,  parce  qu  alors  elles  sont  devenues  aussi 
différentes  qu'elles  peuvent  Têtre  des  feuilles  de  la  végétation. 

Telles  sont  les  considérations  qui  ont  amené  M.  Adrien  de  Jussieu  à  conclure  que  les 
soudures  mutuelles  des  parties  de  la  fleur,  loin  d'exprimer  une  plus  grande  simplicité 
d'organisation,  indiquent,  au  contraire ,  un  plus  haut  degré  de  composition ,  d'autant  plus 
qu'elles  s'y  compliquent  davantage;  il  propose  donc,  pour  les  Dicotylédones  pétalées,  une 
série  précisément  inverse  de  celle  que  de  Candolle  a  établie.  Les  polypétales,  dans  cette 
série  ascendante,  se  placent  avant  les  monopétales,  et,  dans  ces  deux  grands  groupes,  les 
hypogynes  avant  les  périgynes,  ceux-ci  avant  les  épigynes. 

Cette  opinion  est  corroborée  par  les  connaissances  acquises  sur  Vorganogénie ,  ou 
développement  des  organes.  M.  Schleiden,  botaniste  allemand,  a  observé  que  tous  les 
organes  foliacés  des  fleurs,  même  lorsqu'ils  se  soudent  ensemble  plus  tard,  apparaissent 
d'abord  comme  des  parties  entièrement  libres,  et  que  celles  de  chaque  cercle  sont 
complètement  semblables  entre  elles  dans  leur  premier  état  ;  de  sorte  que  leur  entre-soudure 
et  leur  inégalité  symétrique  sont  le  résultat  d'un  développement  ultérieur.  H  résulte  de  ces 
observations  que  le  premier  état  par  lequel  passent  toujours  ces  organes  pour  arriver  au 
second,  étant  le  plus  simple,  leur  indépendance  mutuelle  peut  être  regardée  comme  un  arrêt 
de  développement. 

Enfin,  l'étude  des  Végétaux  fossiles  est  venu  fournir  un  nouvel  appui  à  la  classification 
établie  par  M.  Ad.  de  Jussieu  :  les  beaux  travaux  de  son  collègue,  M.  Adolphe  Brongniart, 
qui  nous  ont  fait  connaître  les  Flores  des  grandes  périodes  géologiques,  ont  montré,  dans  la 
nature  des  végétaux  qui  les  constituent ,  une  organisation,  se  compliquant  à  mesure  que  cei> 
Flores  se  rapprochent  de  la  période  actuelle  :  ainsi,  pour  le  règne  végétal  comme  pour  le 
règne  animal,  il  y  a  eu  un  perfectionnement  gradué  dans  l'organisation  des  êtres  qui  ont 
successivement  vécu  sur  notre  globe,  depuis  ceux  qui  les  premiers  ont  apparu  à  sa  surface, 
jusqu'à  ceux  qui  l'habitent  actuellement.  Or,  dans  ces  Flores  des  Végétaux  fossiles,  on  n'a 
pas  trouvé  de  Dicotylédones  monopétales.  Tl  est  donc  permis  de  penser  que  ces  Plantes  sont, 
comme  les  Animaux  supérieurs,  les  plus  récemment  créées,  et  qu'elles  doivent  occuper  le 
sommet  de  l'échelle  végétale. 

M.  Ad.  de  Jussieu  termine  l'exposé  de  sa  méthode  par  quelques  explications  sur  les  cas 
exceptionnels  que  présentent  les  divisions  qu'il  a  adoptées,  et  qui  sont  en  contradiction 
avec  le  caractère  et  le  nom  au  moyen  duquel  il  les  désigne.  11  signala  cet  inconvénient  commo 
une  nécessité  de  la  méthode  naturelle,  qui ,  employant  tous  les  caractères  à  la  fois,  ne  peut 
définir  nettement  ses  divisions  à  l'aide  d'un  seul.  Il  faut  donc,  puisqu'il  est  impossible  de 
désigner  une  classe  par  un  caractère  ou  par  un  terme  qui  en  soit  l'expression  exacte  et 
complète ,  ne  pas  interpréter  rigoureusement  les  termes  employés  à  cette  désignation,  et 
sous-entendre  qu'ils  s'appliquent  à  la  grande  majorité  des  Végétaux  compris  dans  chaque 
classe,  et  non  à  tous  inclusivement. 

Linné  avait  dit  :  «Les  Plantes  se  touchent  par  des  affinités,  comme  les  territoires  parleurs 
confins  sur  une  carte  géographique,  d  M.  Ad.  de  Jussieu  donne  à  cette  comparaison  heureuse 
une  extension  qui  en  augmente  la  valeur  :  «  Les  caractères  extérieurs  des  groupes  naturels, 
comme  ceux  des  nations,  dit-il,  se  modifient,  se  nuancent,  s'effacent  vers  les  frontières  j  c'est 
vers  les  centres  qu'ils  se  dessinent  franchement,  et  qu'on  peut  les  bien  définir.  *  A  cette 
remarque  pleine  de  justesse,  il  en  ajoute  une,  pour  expliquer  l'affinité  qui  persiste  entre  les 
végétaux  d'une  même  famille,  malgré  les  dissemblances  qu'ont  pu  y  étabHr  l'avortement  ou 
le  développement  inégal  de  certains  organes  ;  c'est  par  une  comparaison  établie  entre  les 
Familles  humaines  et  les  Familles  végétales,  qu'il  justifie  la  méthode  naturelle  de  ces  appa* 
rentes  anomahes  :  «  Dans  une  grande  Famille,  qui  se  disperse  en  se  multipliant,  on  voit  sou- 
ci vent,  dit-il,  quelque  branche  ou  quelque  membre,  déclinant  peu  à  peu,  tomber  à  un  état 


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TAXONOMIE.  59 

«  d'obscurité,  d'appauvrissement,  ou  de  dégradation,  qui  ne  permet  plus  de  reconnaître  sa 
«  parenté  avec  les  branches  les  plus  favorisées.  Mais  le  généalogiste  habile  sait  la  constater 
«  en  suivant  la  filiation,  et  rattacher  à  la  souche  commune  ce  membre  ou  cette  branche  mé- 
«  connus.  Ainsi  le  botaniste  voit  souvent  les  Plantes  se  déclasser  y  pour  ainsi  dire,  en  perdant 
«  plus  ou  moins  des  signes  distinctifs  de  la  Famille  ;  mais,  en  suivant  la  série  de  ces  dégra- 
«  dations,  il  peut  ramener  au  type  commun  et  plus  parfait  ceux  mêmes  qui  s'en  sont  le 
«  plus  écartés.  » 

Cette  vérité  peut  se  démontrer,  soit  dans  des  Plantes  où  sur  le  même  pied  on  rencontre 
constamment  des  fleurs  imparfaites  à  côté  de  fleurs  parfaites  (telles  sont  plusieurs  Campanules, 
quelques  Violettes^  et  une  tribu  tout  entière  de  Malpiyhiacées),  soit  dans  des  espèces  difl'érentes, 
appartenant  à  un  même  Genre,  comme  les  Lychnis;  soit  enfin  dans  des  Familles  incontesta- 
blement naturelles,  dont  les  Genres  subissent  une  série  de  dégradations  qui  conduisent  par 
des  transitions  insensibles  du  type  le  plus  parfait  au  type  le  plus  dégradé.  —  C'est  ce  qu'on 
observe  chez  les  Haloragées,  les  Euphorbiacées,  les  Rosacées- Sanguisorbées^  etc. 

Avant  de  donner  le  tableau  de  la  classification  de  M.  Ad.  de  Jussieu,  et  la  série  qu'il  a 
adoptée  pour  les  Familles ,  il  est  à  propos  de  dire  quelques  mots  sur  les  noms  que  ces  Familles 
ont  reçus  des  botanistes.  On  est  généralement  convenu  de  donner  à  chacune  le  nom  de  son 
Genre  principal,  du  Genre-type,  auquel  viennent  se  grouper  les  autres.  A.  Laurent  de  Jussieu 
désignait  la  Famille  en  employant  au  pluriel  le  nom  du  Genre-type,  et  il  disait  :  les  Chèvre- 
feuilles ^  les  Euphorbes,  les  Gentianes,  les  Lauriers,  les  Onagi^es,  Depuis  on  a  voulu,  pour 
éviter  la  confusion  du  Genre  avec  la  Famille,  ajouter  à  ces  noms  une  désinence,  et  l'on  a  dit  : 
les  Capri foliacées  y  les  Euphorbiacées.  les  Gentianées,\es  Laurinées,  les  Onagrariées.  La  dési- 
nence éesy  ajoutée  au  radical,  aurait  suffi  sans  doute  ;  mais  certaines  Familles  très-nombreuses 
ayant  été  subdivisées  en  Tribus,  et  d'autres ,  très-voisines  les  unes  des  autres,  ayant  été 
groupées  en  Classes,  on  a  voulu  désigner  les  Classes,  Familles,  Tribus  par  des  désinences  diffé- 
rentes; c'est  ainsi  que  l'on  a  eu,  pour  les  noms  d'origine  latine,  la  Classe  des  Renonculinéès^ 
la  Famille  des  Renonculacées,  la  Tribu  des  Renonculées  ;  et  pour  les  noms  d'origine  grecque, 
la  Classe  des  MyrtoîdéeSy  la  Famille  des  Mgrtacées,  la  Tribu  des  Myrtées,  etc.  Cette  nomen- 
clature serait  parfaite,  si  l'unité,  qui  lui  est  indispensable,  n'était  détruite  par  un  certain 
nombre  de  Familles  qui  se  refusent  invinciblement  à  tout  changement  de  désinence;  ce  sont 
les  groupes  nommés  par  les  anciens  Labiées^  Crucifères,  Ombellifères,  Conifères,  Composées, 
Palmiers,  etc.  ;  le  mieux  était  de  les  conserver,  de  maintenir  pour  les  Classes  les  terminai- 
sons inées  et  aidées,  et  de  choisir  indifféremment  pour  les  Familles  les  désinences  ées, 
acées,  ariées,  et  même  inées  :  Polygalées,  Résédacées,  Lythrariées,  Laurinées,  etc.; 
c'est  ce  qu'ont  fait  les  botanistes  qui  savent  que  les  qualités  essentielles  d'un  nom  quelconque, 
en  histoire  naturelle,  sont  l'euphonie  et  la  brièveté. 


SÉRIE  DES   FAMILLES; 

Pour  les  Cryptogames,  l'auteur  a  limité  ses  divisions  à  des  groupes  qui  sont  plus  considérables 
que  les  Familles  et  en  réunissent  plusieurs;  pour  les  Phanérogames,  au  contraire,  il  les  a, 
dans  quelques  unes,  poussées  jusqu'aux  Tribus:  ce  défaut  d'unité,  importe  peu;  ce  qui  im- 
porte, c'est  que  tous  les  groupes,  bien  qu'inégaux,  soient  tous  naturels,  et  placés  auprès  de 
ceux  avec  lesquels  ils  offrent  la  plus  grande  somme  de  rapports. 

L'auteur  n'a  pas  groupé  toutes  les  Familles  en  Classes,  mais  il  a  indiqué  plusieurs  de  ces 
Classes  par  une  Ugne  verticale  qui  accolle  les  Familles  dont  l'alliance  ne  donne  lieu  à  aucune 
incertitude  ;  dans  les  cas  plus  douteux,  la  ligne  continue  est  remplacée  par  une  ligne  de  points. 

A  la  suite  de  chaque  nom  de  Famille,  nous  avons  cité  pour  exemple  l'un  des  principaux 
Genres  de  cette  famille. 


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(K) 


ÏAXONOMIE. 


CRYPTOGAMES  ou  ACOTYLÉDONES. 


CELLULAIRES. 

ANGIOSPORÉES. 

(Spores  renfermées  dans  la  cellule-mère  qui 
persiste  sous  le  nom  de  thèque.) 


Algues. 

Varec. 

Chakacées. 

Chara. 

Cbampignoiis. 

Agaric. 

Lichens. 

Peltigère 

GYMNOSPORÉES. 

(Spores  devenues,  par  la  résorption  de  la 
cellule-mère,  libres  dans  une  cavité  commune.) 
Hépatiques.  Jungermannie. 

Mousses.  Polytric. 

VASCULAIRES. 

Ltcopodiacées.  Lycopode. 

Equisétacbes.  Prèle. 

FouGÈB  ES .  Polypode . 

RaizocAipÉEs.  Pilulaire. 


PHANÉROGAMES  MONOCOTYLÉDONES. 


EXALBUMINËES  AQUATIQUES. 


Naïadées. 

Na'iade, 

POTAMÈES. 

Patamot. 

ZoSTKRACiES. 

Zostère, 

JoNCAGHfÉEa. 

Triglochin. 

AUSMIGÉBS. 

Alisma. 

BUTOMÉES. 

Butome. 

Hydeochabidkes.            Hydrocharis, 

ALBUMINÉES. 

SPADICIFLORES. 

(Fleurs  en  spadice.) 

Lbmuacées. 

Lenticule. 

PiSTIACÉES. 

Pistia. 

Abacébs. 

Arum. 

OlOHTIACtoS. 

Orontium. 

Ttphacées. 

Typha. 

Pandanées. 

Pandanus. 

Ctclanthées. 

Cyclanthe. 

Palmiers. 

Dattier. 

GLUMACÉES. 

(Périanthe 

nul,  remplacé  par  des  bractées.  ) 

Graminées. 

Avoine. 

Ctpéracées. 

Souchet. 

COMMÉLTNÉES. 


Ephémérine. 


ÉNANTIOBLASTÉES. 
(Radicule  antipode  du  bile.) 
Centrolépidées.  Centrolépis. 


Restiacées. 
Ehiocaulées. 

XTRroÉES. 


Restio. 

Eriocaulon. 

Xyris. 


HOMOBLASTÈES. 
(Radicule  regardant  le  bile.) 


*  SUPÉROVARIÉES. 

(Ovaire  libre.) 

Joncacées. 

Jonc. 

PONTÉDÉRACÉBS. 

Pontédérie. 

Gillissiéis. 

Gilliésia. 

LiLIACÉES. 

Lis. 

Smilacinéss. 

Smilax. 

Melanthacéss. 

Colchique. 

**  INFÉROVABIÉES. 

(Ovaire 

adbérent.  ) 

Dioscorées. 

Dioscore. 

Taccacées. 

Tacca, 

Iridees. 

Iris. 

Amartllidées. 
Hypoxidkei. 

HœMODORACÉES. 

Broméliacées 

Amaryllis, 
Hypoxis. 
Anigosanthe 
Ananas. 

MUSACÉES. 

Bananier. 

Cannées. 

Balisier, 

ZiNGIBÉRACÉES. 

Gingembre. 

ASCHIDOBLASTÊES. 

(PlantuI 

e  indivise.  ) 

BURMANNIACÉES. 

Burmannia. 

Apostasiées. 
Orchidées. 

Apostasia. 
Orchis. 

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TAXONOWIE. 
PHANÉROGAMES  DICOTYLÉDONES. 


61 


GYMNOSPERMÉES. 


Gtcadées. 

Zamia. 

Abiétinées. 

Pin. 

CUPIESSINÉES. 

Cyprès. 

Taxinées. 

/A 

GmÊTACÉES. 

Ephédra 

ANGIOSPERMÉES. 
Dir.LINES. 

PENÉANTHÈES. 

(Fleurs  appauvries.) 


Gasuamnées. 

Casuarina. 

Mtkicees. 

Myrica. 

BÉTULINtES. 

Bouleau. 

CCJPULIFÂRES. 

Chêne. 

Ju6LAHDiES. 

Noyer» 

Saucimèes. 

Saule. 

Balsamifluées. 

Liquidambar 

Platanées. 

Platane. 

ÂBT0CA1PEE8. 

Artocarpe, 

MORÉBS. 

Mûrier. 

Ceî.tidées. 

Celtis. 

Ubticébs. 

Ortie. 

Cannabinees. 

Chanvre. 

CÉEAT0PHTLLÉE8. 

Comifle- 

Chlobanthacées. 

Chloranthe. 

P1PÉBACÉE8. 

Poivrier, 

Saububéeb. 

Saurure. 

FLOUS!  ANTHÉES. 

(Fleurs  complètes.) 

*  1-2 

OVULES  AXILES. 

Antidesmées, 

Antidesma. 

Scépacées 

Scépa. 

Pébacées. 

Péra. 

Eupoorbiacées. 

Croton. 

ElIPÉTBéES. 

Camarine. 

'*  OVULES  NOMBREUX   ORDINAIREMENT 
PARIÉTAUX. 


Lacistémées. 
Podostémées. 
Datiscees. 


Lacistéma. 

Podostéwon. 

Datisra. 


BÉGONIACéES. 
CnCUBBITACÉES. 

Papatacées  . 

Pangiacées. 

Népbnthées. 


Bégonia. 

Concombre. 

Papayer. 

Hydnocarpe. 

Népenthès. 


RHIZANTHÉES. 

(Fleurs  parasites  sur  les  racines  des  autres 
plantes). 

Balanophobèes.  Bcdanophore. 

Apodanthées,  Apodanthe. 

Cytinees.  Cytinet. 

Rafflésiacées.  Rafflésia. 

Htdnoracees  Hydnore. 

APÉTALES. 

GYNANDRES. 
(Étamines  faisant  corps  avec  le  pistil). 
Aristolochièes.  Aristoloche. 


l 

>ÉRIGYNES. 

Santalacées. 

Santal. 

Olacinbes. 

Olax. 

LOBANTHACÉRR. 

Loranthe. 

Protéacàes. 

Protée. 

Eléagnees. 

Chalef. 

Thymélles. 

Daphné. 

Aquilarinées. 

Aquilaire 

Pén^acees. 

Pénœa. 

MONIMIEES. 

Monimia. 

Atherospfrmees. 

Athérosperma. 

Laurixees. 

Laurier. 

Gyrocarpées. 

Gyrocarpe. 

CYCLOSPERMÉES. 

(Planlule 

recourbée  en  anneau  ) 

POLYGONÉES. 

Renouée. 

Phytolaccèes, 

Phytolacca. 

Nyctaginébs. 

Nyctage. 

Amarantacées. 

Amarante. 

Atriplicées. 

Chénopode. 

Basellées. 

Baselle. 

Tétragoniées. 

Tétragonie. 

portulacées. 

Paronycbiées. 

Caryopiiillkes. 

El  ATI  NI  ES. 


POLYPÉTALES. 

CYCLOSPERMÉES. 

Pourpier. 
Paronyque. 
Silène. 
Elaline. 


\) 


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G:> 


TA  XO  NO  MIE. 


Frakkémiacées. 

RÉAUMURI  AGEES 

Tamariscinées. 

Sauvagfsiées. 

Violacées. 

GiSTINÉES. 
BniNEES. 
RÊSÉD ÂGÉES. 

Capparidées. 

Crugifères. 

fumari  âgées. 

Papaveracees. 

Sarragéniées. 

Droséragees. 


HYPOGYNES. 

PLEUROSPERMÉES. 
(Placentation  pariétale). 

Frankénie. 

Réaumuria. 

Tamarix 


Sauvagésia. 

Violette. 

Ciste, 

Bixa. 

Réséda. 

Câprier. 

Giroflée. 

Fumeterre, 

Pavot. 

Sarracénie. 

Dr  oser  e. 


CHLAMYDOBLASTÉES. 

(Plantule  enveloppée  par  le  sac  embryonnaire 

épaissi  en  albumen]^interne). 

Nymphoeagees.  Nénuphar. 

Nelombonées.  Nélombo. 

Hydropeltidées.  Cabomba. 


h 

lXOSPERMÉES. 

(Placentation  axile). 

ReNONCUL AGEES. 

Renoncule. 

DiLLENlAGEES. 

Dillénia. 

Magnoliagées. 

Magnolia. 

Anonagées. 

Anona. 

Mtristigées. 

Muscadier. 

Schizahdrees. 

Schizandre. 

Berbéridées. 

Berbéris. 

Lardizabalées. 

Lardizabala. 

Mékispermees. 

Cissampelos. 

Coriariées. 

Coriaire. 

Oghnagées. 

Ochna. 

SiMARUBEES. 

Quassia. 

Zanthoxtlées. 

Zanthoxylon. 

DlOSMÉES. 

Diosma. 

RUTACÉES. 

Rue. 

Zygophyllées. 

Fabagelle. 

OXALIDEES. 

Oxalis. 

VlVIANIÉES. 

Viviania. 

LiNÉES. 

Lin. 

LlMNAMTHÉES. 

Limnanthès. 

Teopobolées. 

Capucine. 

Balsaminées. 

Balsamine. 

Gërantagées. 

Géranium. 

Malyacéis. 

Mauve. 

BOHBACÉSS. 

Bombax. 

Stbrguuacées. 

Sterculier. 

Buttnérucées. 

Buttnéria 

TiLI  ÂGÉES. 

TUleul. 

HUHIRIAGÉES* 

Humirium. 

Chlobnacéës. 

Sarcolœna. 

Ternstrobmucées 

Ternstroemia. 

DiPTÉROGARPEEB. 

Diptérocarpe. 

Rhizobolées. 

Caryocar. 

GUTTIFÈRIS. 

Clusia. 

MARGGRAVIACÉEt. 

Marcgravia. 

Hypérigihees. 

Millepertuis. 

Vochysiées. 

Vochysia. 

Trévandrees. 

Trémandra. 

Polygalées. 

Polygala, 

Sa  PIN  D  ÂGÉES. 

Savonier. 

HiPPOGASTANÉES. 

Marronnier  d*!nde 

jVgérinees. 

Erable. 

MàLPIGHI  AGEES. 

Malpighia. 

Érythroxylèes. 

Erythroxylum. 

MÉLI  ÂGÉES. 

Mélia 

Cédrelées. 

Cédréla. 

Hesperidées. 

Citronnier. 

Burséragées. 

Burséra. 

PÉRIGYNES. 

AXOSPERMÉES  EXALBUMINÉES. 

(Graines 

axiles  sans  albumen). 

GONNARAGÉES. 

Connartts, 

Spondiacées. 

Spondias, 

Anagardiacées. 

Acajou. 

Papilionagees. 

Pois. 

G.ESALPIMIÉES. 

Cœsalpinie. 

MlMOSÉES. 

Acacia. 

Ghrysobalanees. 

Chrysobalane. 

Amygdalebs. 

Amandier, 

Spir^agées. 

Spirée, 

Dryadees. 

Fraisier. 

Neuradées. 

Neurada. 

Rosacées. 

Rosier. 

Pou  AGEES. 

Poirier. 

Galycanthées. 

Calycanthe. 

Gramatées. 

Grenadier. 

Myrtagres, 

Myrte. 

Lécythidees. 

Lécythis. 

Lythrariées. 

Salicaire. 

Mélastomacees. 

Mélastome. 

Mémécylées. 

Mémécyle. 

Napoléonées. 

Napoléone. 

Rhizophorées. 

Rhizophore. 

GoMBRÉT  ÂGÉES. 

Combrétum. 

Halor  âgées. 

Haloragis. 

Onagrariées. 

Onagre. 

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TAXONOMIE. 

1 

MONOTROPÉES. 

Monotrope. 

PLEUROSPERMÉES. 

Sttracees. 

Styrax. 

LOASBBS. 

Loasa. 

Jasminees. 

Jasmin. 

HOMALIMÉES. 

Homalium. 

Oleinees. 

Olivier. 

TUINÊRACÈRH. 

Turnéra. 

Iucihëes, 

Houx. 

Samtdées. 

Samyda. 

Ebénacées. 

Diospyros. 

MORINGEES 

Moringa 

Sapotees 

Sapotillier 

Malesherbiébs. 

Malesherbes. 

.£gicerle9. 

Œgicéras. 

Passiflorées. 

Passiflore. 

Mtrsinees. 

Myrsine. 

RiBÊSUCEES. 

Groseillier. 

Primulacees. 

Primevère 

Cactées. 

Cactus. 

Plombaginebs. 

Dentelaire 

MÉSEMBRT  ANTHÉM  EES . 

Fico'ide 

Plantagikees. 

Plantain 

(>;) 


AXOSPERMËES  ALBUMINÉES. 

(Graines  ailles  pourvues  d'un  albumen). 


ClASSULACÉES. 

Crassule. 

CtPHALOTiES. 

Cephalotus, 

Francoacées. 

Francoa. 

Saxifragées. 

Saxifrage. 

Htdrakgéacées. 

Hortensia 

CuifONIACÉES. 

Cunonia. 

EsCALLOintES. 

Escallonia. 

Philadslphées. 

Seringat. 

Hamameudées. 

Hamamélis, 

Alangiees. 

Alangium. 

Cornées. 

Cornouiller. 

Garrtacèes. 

Garrya. 

GUNNÉRACÉES. 

Gunnéra. 

Araliacébs. 

Aralie. 

OMBBLUFÈRBf. 

Fenouil. 

Brufiacéu. 

Brunia, 

PÉRl-HYPOGYNES. 

(Insertion  soit  périgyne  soit  hypogjne, 

souvent  ambiguë). 


Stackhoosiées. 

CHAnXÉTUCÉES. 

Rhamiiées. 
Ampéudéss. 

HiPPOCRATÉACÉES. 

Célastrinées. 
Stapbtléacées. 
icacinêes. 
Pittosporees. 


Stackhousia, 

Cliaillétia. 

Nerprun. 

Vigne. 

Hippocratéa. 

Célastre. 

Staphylier. 

Icacina. 

Pittospore. 


MONOPÉTALES. 

SEMI-MONOPÉTÀLÉES. 
(Pétales  libres  dans  quelques-unes). 
'Ëricacees.  Bruyère. 


Vacciniébs. 

RhODOR  ÂGÉES. 

Epacridées. 
Ptrolacées. 


Airelle. 
Rhododendron 
Epacris, 
Pyrole. 


EU-MONOPÉTALÉES. 

(Corolle  toujours  nettement  monopétale  et 
staminifère. 


HYPOGYNES. 

ANISANDRÉES. 

(Ëtamines  4,  dissemblables,  ou  2  par 

avortement). 


Utriculariées. 

Utriculaire. 

Globulariebs. 

Globulaire. 

Selaginées. 

Sélago. 

Mtoporinees. 

Myopore. 

Stilbinées. 

StUbé. 

Verbemacees. 

Verveine. 

Labiées. 

Lamier. 

ACANTHACÉES. 

Acanthe. 

Pedalinees. 

Pédalium. 

BlG.NONI  AGEES. 

Bignonia, 

Crescentiees. 

Cale.bassier 

Cyrtandracees. 

Cyrtandra. 

Gesneriacees. 

Gesnère. 

OROBANCHtES. 

Orobanche. 

Antirrhinebs. 

Muflier. 

ISAN^DRÊES. 

(Ëtamines  semblables,  en  nombre  égal  à  celui 

des  divisions  de  la  corolle). 


SOLANÉES. 

M  or  elle. 

Cestrinées. 

Cestreau. 

NOLANEES. 

Nolane. 

BORRAGINEES. 

Bourrache. 

Ehretiacees. 

Ei.rétia. 

CoRDIACiiBS. 

Cordia. 

Hydrophtllees. 

Hydrophylle 

Hydroleacees. 

Hydroléa. 

Polemokiacées. 

Polémoine. 

Dichondracées. 

Dichondra. 

COHVOLVULACÉES. 

Liseron. 

Gentianées. 

Gentiane. 

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6V 


TAXONOMIE. 


asclépiadées. 

Apogtnees. 

logamiacées. 


Ascl  épias. 
Àpocyn. 
Lo  ganta. 


PÉRIGYNES. 


rubiacées. 

Caprifoliacees. 

columelliacées. 


Garance. 

Chèvrefeuille. 

Columellia. 


Valerianees. 

Valériane. 

DiPSACEES. 

Cardère. 

Sphenocléacébs. 

Sphénocléa. 

Campandlacf.es. 

Campanule 

LOBLLIACEES. 

Lohélie. 

GOODENI  AGEES. 

Goodénia. 

Brunoniacees  . 

Brunonia. 

Sttudiées. 

Stylidier. 

Calycerees. 

Calycéra. 

Composées. 

Chardon, 

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HISTOIRE 


DES  FAMILLES 


PHANÉROGAMES 

OU  COTYLÉDONÉES 

Organes  reproducteurs  évidents  ^  constitués  par  des  et  aminés  et  des 
ovules 'j  plantule  composée  de  plusieurs  parties  distinctes. 

DICOTYLÉDONES 

Plantule  à  deux  cotylédons  opposes  ou  à  cotylédons  verticillés.  Tige  à  faisceaux 
fibro-vasculaires  formant  un  cylindre  autour  d'une  moelle  centrale,  séparable  en  une 
zone  interne  ligneuse  et  une  zone  externe  corticale  ;  accroissement  par  des  couches  con- 
eentriques. 


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66  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille  V\  —  COMPOSÉES. 

(Composées,  de  Vaillant.  —  Synanthérées,  de  L.  C,  Richard], 

CARACTÈRE.  —  Inflorescence  en  capitule;  réceptacle  commun^  entouré  d'un  involucre; 
Càlyce  à  tube  adhérent  à  l'ovaire;  Corolle  épigyne  monopétale;  Étamines  5  {rarement  4); 
anthères  soudées  en  tube  par  leurs  bords;  Ovaire  infère^  uniloculaire,  uniovulé;  ovule  dressé. 
AkèN£;  Graine  dressée,  plantule  dicotylédonée,  exalbuminée,  radicule  infère. 

Les  Composées^  dont  on  connaît  aujourd'hui  plus 
de  neuf  noille  Espèces,  constituent  la  dixième  partie 
du  règne  végétal,  et  devraient  peut-être  fonner 
une  Classe  plutôt  qu'une  Famille;  cependant,  le 
type  qu'elles  présentent  est  si  nettement  carac- 
térisé, que,  malgré  leur  énorme  supériorité  nu- 
mérique sur  les  autres  groupes  naturels,  on  a 
conservé  à  leur  ensemble  le  nom  de  Famille. 

Ces  plantes  sont,  pour  la  plupart,  des  Herbes 
généralement  vivaces;  quelques-unes  sont  ligneuses, 
quelques  autres,  en  petit  nombre,  sont  des  arbres 
de  grande  taille.  —  Les  feuilles  sont  ordinairement 
alternes,  de  forme  très-variée,  et  dépourvues  de  sti- 
pules. —  Les  capitules  offrent  dans  leur  ensemble 
une  inflorescence  définie,  et  sont  disposés  en  co- 
rymbe,  ou  en  cyme ,  mais  chacun  d'eux  en  parti- 
culier est  indéfini,  comme  le  montre  l'évolution 
des  fleurs,  dont  les  plus  extérieures  s'ouvrent  les 
premières.  Pour  bien  comprendre  cette  inflores- 
cence, il  faut  voir  dans  chaque  capitule  un  épi  aplati, 
dont  l'axe  primaire  s'est  refoulé  sur  lui-même  de 
haut  en  bas,  et  a  gagné  en  épaisseur  ce  qu'il  a 
perdu  en  longueur.  Dans  un  épi  normal,  chaque 
fleur  naît  à  l'aisselle  d'une  bractée,  et  dans  cet  épi, 
ramassé  en  capitule,  les  bractées  devraient  être  en 
même  nombre  que  les  fleurs^  et  situées  en  dehors 
(c*niaw"a"cv*an»M.)  ^®  chacunc  d'cllcs.  Mals  l'état  normal  est  troublé 

par  des  avortements  résultant  de  la  compression  des 
fleurs  a^lomérées;  les  bractées  les  plus  extérieures,  disposées  en  une  ou  plusieurs  séries  pour 
former  un  involucre,  appartiennent  aux  fleurs  de  la  circonférence  du  capitule;  les  fleurs  du 
centre  ont  pour  bractées  des  écailles,  des  soies,  ou  même  de  simples /?oï75,  lesquelles  bractées, 
souvent,  en  raison  de  leur  position  centrale,  ne  se  développent  pas.  Voilà  pourquoi  le  réceptacle 
commun,  ou  pédoncule  ramassé,  qui  porte  les  fleurs  du  capitule,  est  tantài  pailleté,  c'est-à- 
dire  chaîné  d'écaillés  ou  paillettes  séparant  les  fleurs,  comme  dans  les  Camomilles:  tantôt 
sétifère,  c'est-à-dire  chargé  de  soies,  comme  dans  le  Bleuet:  tantôt  alvéolé,  c'est-à-dire  creusé 
de  petites  alvéoles,  dont  le  fond  est  occupé  par  les  fleurs,  que  séparent  ainsi  des  lames  de 
forme  diverse,  représentant  des  bractées,  comme  on  le  voit  dans  VOnopordon:  tantôt,  enfin, 
absolument  nu,  comme  dans  le  Pissenlit, 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  fleurs  d'un  même  capitule  sont  toutes  stamino-pistillées 


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COMPOSÉES.  67 

(Bleuet,  fig.  96,  Pissenlit),  mais,  dans  beaucoup  d'autres,  les  fleurs  de  la  circonférence 
sont  pistillées  {Chrysanthème,  fig.  103),  ou  même  neutres,  par  avortement  du  pistil  et  des 
étamines,  comme  on  le  voit  dans  les  fleurs  qui  couronnent  si  élégamment  le  capitule  du  Bleuet; 
quelques  autres  Plantes  ont  dans  un  même  capitule  des  fleurs  staminées  au  centre,  et  des 
fleurs  pistillées  à  la  circonférence  :  tel  est  le  Souci;  enfin,  il  en  est  dont  les  capitules  sont, 
les  uns  entièrement  composés  de  fleurs  staminées,  les  autres  entièrement  composés  de  fleurs 
pistillées,  tantôt  monoïques,  tantôt  dioîques. 

Le  calyce,  dont  le  tube  adhère  à  Tovaire  et  se  confond  avec  lui,  offre  un  limbe  dont  les 
modifications  très-variées  fournissent  d'excellents  caractères  pour  la  distinction  des  Genres. 
11  est  complètement  eff*acé  ou  nul  dans  la  Chrysanthème,  (fig.  80)  ;  il  forme  un  godet  ou  une 
couronne  dans  la  Camomille  des  champs  et  la  Tanaisie;  il  se  développe  en  arêtes,  ou  dents, 
ou  écailles,  ou  paillettes,  dans  le  Tagete,  le  Bidens,  V  Hélianthe,  (fig.  81),  la  Chicorée;  souvent 
enfin  il  dégénère  en  soies  capillaires,  formant  une  aigrette;  ces  soies  sont  lisses  dans  la 
Laitue,  scabres  dans  le  Chardon ,  plumeuses  dans  le  Salsifis,  unisériées  dans  la  Carline^ 
bisériées  dans  le  Bleuet  (fig.  96);  Taigrette  esisessile  dans  le  Chardon,  stipitée  dans  le 
Pissenlit  (fig.  82),  parle  tube  du  calyce  prolongé  en  bec  au-dessus  de  Tovaire. 

La  corolle  est,  ou  régulière  tubuleuse,  à  limbe  ofl'rant  quatre  ou  cinq  divisions,  dont  la  pré- 
floraison est  valvaire  ;  ou  irrégulière,  soit  bilabiée,  soit  fendue  du  côté  interne,  de  manière  à 
constituer  un  limbe  en  languette,  enroulé  en  cornet  à  sa  base,  et  denté  à  son  extrémité.  Les 
nervures  offrent  une  disposition  remarquable  :  il  y  en  a  dix  qui,  dans  le  tube  de  la  corolle, 
sont  réunies  par  paires,  de  manière  à  alterner  avec  les  pétales  ;  arrivées  au  point  où  ces 
pétales  deviennent  libres,  les  nervures  se  séparent  ;  chacune  d'elles  borde  le  lobe  de  la  corolle 
qui  lui  correspond,  et  vient,  au  sommet  de  ce  lobe,  se  joindre  à  la  nervure  du  bord  opposé. 
Les  corolles  tubuleuses  sont  nommées  fleurons  (fig.  96);  les  corolles  ligulées  sont  nommées 
demi' fleurons  (fig.  103). 

Les  étamines  sont  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  et  alternes  avec  ses  divisions  ;  les  filets 
sont  ordinairement  libres,  et  off'rent  une  articulation  au-dessous  de  Tanthère  ;  les  anthères 
sont  biloculaires,  introrses,  soudées  par  leurs  bords  en  un  tube  qui  engaine  le  style  ;  elles 
se  prolongent  ordinairement  en  appendice  à  leur  sommet,  et  elles  se  terminent  en  fer  de 
flèche  àleur  base  (Chardon,  fig.  Ii6).  Dans  un  très-petit  nombre  de  Composées  monoïques, 
(Xanthium,  Ambrosia),  les  anthères  sont  libres  de  cohérence. 

Le  pistil  se  compose  d'un  seul  carpelle  ;  Fovaire  est  à  une  seule  loge,  uniovulée;  mais  on 
observe  dans  sa  cavité  deux  petits  filets,  qui  partent  de  la  naissance  du  style,  descendent  en 
longeant  Fovule  sans  y  adhérer,  et  se  réunissent  au  micropyle.  Ces  deux  filets  que  Ton  peut 
considérer  comme  un  tissu  conducteur  transmettant  à  Tovule  Faction  du  pollen,  permettent 
de  supposer  que  Fovaire  des  Composées  est  formé  de  la  soudure  de  deux  carpelles. 

Le  style  est  filiforme,  et  se  divise  en  deux  branches  dans  les  fleurs  pistillées  et  les  fleurs 
stamiuo-pistillées;  il  reste  complètement  indivis  quand  il  appartient  à  des  fleurs  staminées, 
comme  on  peut  le  voir  chez  le  Souci.  Dans  les  fleurs  stamino-pistillées,  les  branches  du  style 
sont  munies  de  papilles  stigmatiques,  formant  des  lignes  marginales  sur  leur  face  interne,  et 
de  poils  collecteurs  situés  sur  leur  face  externe,  ou  à  leur  sommet  (Bleuet,  (fig.  96),  Pissenlit). 
—  Avant  l'épanouissement,  le  style  est  beaucoup  plus  court  que  les  étamines  :  mais,  à  Fépoque 
de  la  fécondation ,  il  grandit  rapidement,  et  monte  dans  le  cylindre  creux  formé  par  les 
anthères;  celles-ci  s'ouvrent  à  Fintérieur  du  cyhndre  par  deux  fentes  longitudinales;  les  poils 
collecteurs  enlèvent  le  pollen,  puis  se  montrent,  chargés  de  cette  précieuse  poussière,  au-dessus 
du  tube  qu'ils  viennent  de  balayer  dans  toute  sa  longueur.  Mais  le  pollen  ne  sert  pas  à  féconder 
la  fleur  qui  Fa  fourni;  il  tombe  sur  les  fleurs  situées  en  dehors  de  la  sienne,  qui  avaient 
déjà  écarté  les  branches  de  leur  style.  La  fleur  qui  a  fécondé  ses  aînées,  étale  à  son  tour  ses 
papilles  stigmatiques,  et  reçoit  le  poUen  enlevé  par  les  poils  collecteurs  de  sa  voisine,  plus 
jeune  qu'elle  de  quelques  heures. 


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68  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  fleurs  pistillées  sont  dépourvues  de  poils  collecteurs,  qui  leur  seraient  inutiles  puis- 
qu'elles n'ont  pas  d'anthères  ;  mais  elles  sont  munies  de  papilles  stigmatiqucs  :  c'est  ce  qu'on 
peut  observer  sur  les  demi-fleurons  des  Chrysanthèmes  (fig.  i03). 

Les  fleurs  staminées  n'ont  pas  de  papilles  stigmatiques,  mais  leur  style  est  pourvu  de  poils 
balayeurs.  Le  Souci  offre  un  exemple ,  facile  à  observer ,  de  cette  double  organisation  :  il 
porte  au  centre  de  son  capitule  des  fleurs  staminées,  et,  à  la  circonférence,  des  fleurs 
pistillées.  Quant  aux  fleurs  neutres^  dont  le  pistQ  et  les  étamines  sont  nuls,  ou  à  l'état 
rudimentaire,  l'on  n'y  observe  ni  papilles  stigmatiqucs,  ni  poils  collecteurs. 

Cette  solidarité,  qui  lie  les  fleurs  des  Composées^  et  assure  le  succès  de  leurs  fonctions 
reproductrices ,  se  rattache  évidemment,  soit  comme  principe ,  soit  comme  conséquence,  à 
leur  agglomération;  on  peut  donc,  sans  faire  une  comparaison  exagérée,  regarder  le  capitule 
comme  une  cité,  dont  les  habitants,  resserrés  sur  un  étroit  espace,  ont  constitué  une  véri- 
table société  d'assistance  mutuelle ,  ayant  pour  but  la  conservation  de  l'Espèce.  Or,  si  pour 
les  Plantes,  comme  pour  les  Animaux,  et  surtout  pour  l'homme,  V association  est  un  indice 
de  supériorité,  il  faut  ajouter  le  fait  physiologique  que  nous  venons  d'indiquer,  aux  conditions 
qui  placent  les  Composées  à  la  tête  des  Familles,  comme  étant  les  Plantes  les  plus  parfaites, 
et,  en  quelque  sorte,  les  plus  civilisées  au  règne  végétal. 

Cette  prééminence  de  la  Famille  des  Composées  est  confirmée  par  les  ressources  variées 
que  leur  fournit  la  Nature  pour  la  dispersion  de  leurs  fruits.  Ces  fruits,  qui  ne  renferment 
qu'une  seule  graine,  et  dont  le  nombre  est  considérable,  sont,  pendant  qu'ils  mûrissent, 
enveloppés  et  protégés  par  les  bractées  de  l'involucre  ;  mais ,  à  leur  maturité ,  il  faut  qu'ils 
puissent  se  dégager  de  cet  involucre  et  se  disperser  à  distance.  Or,  chaque  Genre  de  la 
Famille  des  Composées  présente  la  combinaison  de  certains  détails  de  structure,  qui  facilitent 
la  dissémination.  Tantôt  le  rameau  portant  le  capitule  s'allonge  après  la  floraison,  de  manière 
que  le  capitule  est  exposé,  par  son  élévation  aux  moindres  agitations  de  l'air  :  c'est  ce  qu'on 
observe  dans  le  Chevreulia  rampant,  dont  le  rameau  florifère,  d'abord  presque  nul ,  s'allonge 
de  cinq  pouces  à  la  maturité.  Tantôt,  comme  dans  la  Carpésie,  le  Tussilage  pas -d* âne,  ce 
rameau  se  penche  assez  pour  que  l'involucre ,  dont  la  cavité  regardait  d'abord  le  ciel ,  soit 
dirigé  vers  la  terre,  et  que  les  fruits  puissent  s'en  échapper  par  les  seules  lois  de  la  pesanteur. 
Dans  d'autres  Composées,  telles  que  la  Camomille  et  la  Pâquerette,  c'est  le  réceptacle 
commun,  qui,  d'abord  plan,  devient  convexe  et  même  conique,  et  fait  tomber  lui-même  les 
fruits  dont  sa  surface  était  couverte.  Le  réceptacle  commun  des  Onopordes  est  creusé  de 
petites  alvéoles,  qui,  en  se  desséchant  à  la  maturité,  expulsent  par  leur  rétrécissement  les 
fruits  qu'elles  renfermaient.  C'est  principalement  dans  les  Genres  à  fruit  lisse  que  cette 
pression  s'exerce  avec  succès.  Si  l'akène  est  garni  de  longs  poOs  appliqués  à  sa  surface ,  ces 
poils,  par  leur  dessiccation,  se  hérissent,  s'appuient  sur  les  paillettes  du  réceptacle  commun 
ou  sur  les  bractées  de  l'involucre ,  et  soulèvent  l'akène  enchâssé  dans  l'alvéole.  Dans  quelques 
Genres,  l'akène  est  bordé  de  membranes  ;  alors  il  off^re  au  vent  de  larges  surfaces,  et  peut  être 
transporté  à  des  distances  considérables. 

De  tous  les  moyens  de  dissémination,  le  plus  efficace  est  l'aigrette,  qui  couronne  le  fruit 
dans  un  grand  nombre  de  Composées,  et  qui  n'est  autre  chose  qu'un  limbe  calycinal  réduit  à 
sa  plus  simple  expression.  Dans  les  genres  qui  en  sont  pourvus,  on  a  remarqué  que  l'involucre 
a  des  bractées  longues,  imbriquées,  serrées,  qui  se  referment  sur  les  akènes  pour  les  protéger 
et  favoriser  leur  maturation.  Chez  les  uns,  ces  bractées  s'abaissent  d'elles-mêmes,  et  les  fruits 
épanouissentlibrement  leurs  aigrettes;  chez  les  autres,  l'involucre  reste  clos,  et  fait  d'abord 
obstacle  à  la  sortie  des  fruits  ;  mais  bientôt  les  poils  des  aigrettes,  qui  étaient  dressés  et  réunis  en 
fuseau  quand  ils  étaient  humides,  s'étalent  avec  énergie  en  se  desséchant,  écartent  les  brac- 
tées de  l'involucre,  s'appuient  même  sur  elles  en  prenant  la  direction  horizontale ,  et  soulèvent 
Fakène  qui  leur  est  suspendu  :  cet  akène,  que  le  moindre  vent  peut  enlever,  est  longtemps 
soutenu  dans  les  airs,  comme  une  nacelle  par  son  parachute,  et  va  au  loin  reproduire  la 


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-,     ! 


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PLI. 


(  Loh^lii 


(RenoncnJacée«) 


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COMPOSÉES,  69 

Plante  qui  lui  a  donné  naissance.  On  peut  observer  ce  phénomène  chez  beaucoup  de 
Composées  de  nos  cUmàts ,  et  notamment  dans  le  Pissenlit^  dont  les  aigrettes  sont  portées 
sur  un  long  col ,  et  offrent  ainsi  plus  de  prise  au  vent  que  les  aigrettes  sessiles. 

Enfin,  il  faut  mentionner,  parmi  les  moyens  de  dissémination,  la  forme  crochue  des 
bractées  de  Certains  involucres,  tels  que  ceux  de  la  Bardane  et  de  la  Lampourde;  les  capitules 
de  ces  Plantes  s'accrochent  aux  Animaux,  qui  les  transportent  çà  et  là,  et  deviennent  à  leur 
insu  les  agents  d'une  dissémination,  souvent  nécessaire  à  leur  existence. 

Ce  n'est  pas  que  les  autres  Familles  aient  été  moins  favorablement  traitées  par  la  Nature , 
en  ce  qui  concerne  la  dispersion  de  leurs  graines  ;  mais  il  n'en  est  aucune  où  les  moyens 
qui  facilitent  cette  dispersion  soient  plus  variés  que  dans  la  Famille  des  Composées. 

Les  fleurs  d'un  grand  nombre  d'Espèces  de  cette  Famille,  et  surtout  celles  qui  sont  confor- 
mées en  languettes,  s'ouvrent  et  se  ferment  à  certaines  heures  de  la  journée.  Ces  phénomènes 
réguliers  de  veille  et  de  sommeil  (que  nous  mentionnerons  chez  quelques  autres  Familles), 
avaient  fourni  à  Linné  l'idée  d'établir  une  Horloge  de  Flore,  Ainsi  le  Pissenlit  s* éveille ^  c'est- 
à-dire  ouvre  ses  fleurs  à  six  heures  du  matin,  et  s'endort,  c'est-à-dire  ferme  ses  fleurs  à  neuf 
heures  du  matin  ;  la  Crépide  des  toits  s'éveille  à  cinq  heures  du  matin  et  s'endort  à  midi  ;  la 
Laitue  cultivée  s'éveille  à  sept  heures  du  matin,  et  s'endort  à  dix  heures  ;V£pervièrepiloselle 
s'éveille  à  neuf  heures  du  matin,  et  s'endort  à  trois  heures  de  l'après-midi  ;  le  Souci  des 
champs  s'éveille  à  neuf  heures  du  matin,  et  s'endort  à  trois  heures  de  l'après-midi.  Mais  une 
telle  horloge,  dans  nos  climats  variables,  avance  ou  retarde  bien  souvent. 

Chez  quelques  autres  Plantes  de  la  Famille  des  Composées,  la  veille  ou  le  sommeil,  au 
lieu  de  se  régler  sur  le  soleil,  dépendent  des  vicissitudes  atmosphériques,  et  les  annoncent 
même  plusieurs  heures  d'avance,  de  sorte  qu'on  pourrait  établir  sur  les  habitudes  de  ces 
Végétaux,  si  elles  étaient  bien  régulières,  un  Baromètre  de  Flore,  Ainsi  le  Laitron  de  Sibérie, 
fermé  le  soir,  présage  une  journée  sereine,  et  si  ses  fleurs  sont  ouvertes,  il  pleuvra  le  lendemain; 
le  Souci  pluvial ,  fermé  le  matin,  annonce  un  jour  pluvieux.  Mais  on  a  remarqué  que  cette 
plante  se  trompe  quand  l'atmosphère  est  chargée  d'électricité,  et  que  sa  fleur  reste  ouverte 
pendant  les  pluies  d'orage. 

CLASSIFICATION.  — Tournefort  avait  séparé  les  Composées  en  demi'flosculeuses,ce\ïes 
où  le  capitule  est  entièrement  composé  de  fleurs  à  corolle  ligulée,  ou  demi- fleurons;  flosculeuses, 
celles  où  le  capitule  est  entièrement  composé  de  fleurs  à  corolle  tubuleuse,  ou  fleurons,  et 
radiées,  celle  où  le  réceptacle  commun  porte  à  sa  circonférence  des  demi-fleurons  qui 
rayonnent  au  dehors,  et  sur  tout  le  reste  de  sa  surface  des  fleurons,  qui  figurent  un  disque 
entouré  par  des  rayons, 

Cassini,  Lessing  et  De  CandoUe  sont,  parmi  les  botanistes  modernes,  ceux  qui  ont  jeté  le 
plus  de  hmiière  sur  cette  vaste  Famille  ;  nous  suivrons  la  classification  adoptée  par  De  Can- 
doUe dans  son  Prodrome,  et  par  Endlicher  dans  son  Gênera,  Cette  classification  partage  les 
Composées  en  trois  grandes  séries  :  1*  les  Liguli flores,  qui  ont  la  corolle  ligulée,  et  répondent 
aux  demi'flosculeuses  ;  ^  les  Labiati flores ,  dont  les  corolles,  irrégulières  comme  celles  des 
Liguliflores,  se  partagent  en  deux  lèvres,  l'une  tournée  en  dedans,  et  formée  d'une  ou  deux 
divisions;  l'autre  tournée  en  dehors  et  formée  de  quatre  ou  troL^  divisions  :  ces  Plantes,  toutes 
exotiques,  étaient  inconnues  des  anciens  botanistes  ;  3*  les  7 ubuli flores,  dont  les  capitules 
sont,  ou  entièrement  composés  de  fleurons,  ou  pourvus,  à  la  circonférence,  de  demi-fleurons, 
et  qui  répondent  aux  flosculeuses  et  aux  radiées  de  Tournefort. 

Ces  trois  Sous-Familles  sont  partagées  en  huit  Tribus,  lesquelles  sont  divisées  et  sub- 
divisées, comprennent  plus  de  huit  cents  Genres.  Nous  nous  contenterons  d'exposer  les  carac- 
tères des  Tribus,  et  d'indiquer  les  principaux  Genres. 


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70 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Sous-Famillb  1.  —  TUBULIFLORES.  — Corolle  des  fleur»  complètes  lubuleuse, 
régulière,  à  cinq  ou  quatre  dente. 

Tribu  i.  — VERNONIACÉES.  — Stjle  des  fleurs  complètes  cylindrique,  à  branches  hérissées 
de  poils  longs;  lignes  ou  bandes  des  papilles  stigmatiques ,  s'arrètant  au-dessous  de  la  partie 
moyenne  des  branches  du  style. 

Vernonia. 


Vernome. 


PECTIS. 


Pectis. 


Tribu  2.  — EUPATORIACÉES.  — Style  des  fleurs  complètes  cylindrique^  à  branches  allongées, 
presque  en  massue,  duvetées  papilleuses  en  dehors  dans  leur  partie  supérieure;  bandes  stigmatiques 
peu  saillantes,  s'arrètant  ordinairement  au-dessous  de  la  partie  moyenne  des  branches. 

EuPATOiRE.  Eupatorium.  \      Tussilage.  TussUago. 

Tribu  3.  —  ASTÉROIDÉES.  —  Style  des  fleurs  complètes  cylindrique,  à  branches  linéaires, 
un  peu  planes  en  dessous,  finement  duvetées  de  poils  courts  dans  leur  partie  supérieure;  bandes 
stigmatiques  saillantes,  s'étendant  jusqu'à  Forigine  des  poils  extérieurs. 


AsTiftE. 

Aster. 

CONYZfi. 

Conyza, 

Vergebette. 

Erigeron, 

Baccharu>e. 

Baccharis. 

Paquerolle. 

Bellium. 

MiCROPE. 

Micropus. 

Pâquerette. 

Bellis. 

Inule. 

Inula. 

SOLU)AGE. 

Solidago. 

BUPHTHALME. 

Buphtkalmum 

Chrysocomb. 

Chrysocoma, 

Dahlia. 

Dahlia. 

Tribu  4.  —  SÉNÉCIONIDÉES.  —  Style  des  fleurs  complètes  cylindrique,  à  branches  tantôt 
terminées  en  pinceau,  tantôt  prolongées  au  delà  du  pinceau  en  appendice  ou  en  cône;  bandes 
stigmatiques  un  peu  larges,  saillantes,  prolongées  jusqu'au  pinceau  ou  jusqu'à  l'origine  de 
l'appendice. 


SlLPHŒ. 

Silphium. 

Achillee. 

Achillea. 

Lampourde. 

Xanthium, 

DiOTIS. 

Diotis. 

Ambrosie. 

Àmbrosia* 

Santouke. 

Santolina. 

ZlRHIS. 

Zinnia. 

Matricairb. 

Matriearia. 

Rudbeckie. 

Rudbeckia. 

Ptràtarb. 

Pyrethrum. 

Caluopsis. 

Calliopsis. 

Chrysanthème. 

Chrysanthemum 

COREOPSIS. 

Coreopsis, 

Armoise. 

Artemisia. 

Hélianthe. 

Helianthus. 

TA5AISIE. 

Tanacetum. 

BiDENT. 

Bidens 

Hélichryse. 

Helichrysum. 

Cosmos. 

Cosmos. 

Gnaphale. 

Gnaphalium. 

Spilahthe. 

Spilanthes. 

Arnica. 

Arnica. 

Tagéte. 

Tagetes. 

DORONIC. 

Doronioum. 

Helenib. 

Helenium. 

Cacalib. 

Cacalia. 

Camomille. 

Anthémis. 

Senbçon. 

Senecio. 

Tribu  5.  — CYNARÉES. —  Style  épaissi  au  sommet  en  nœud  souvent  muni  d'un  pinceau,  à 
branches  réunies  ou  libres,  duvetées  extérieurement  ;  bandes  stigmatiques  confluentes  au  sommet  des 
branches. 


Souci. 

Calendula. 

Cardoncblle. 

Carduncellus 

Gazanie. 

Gazania. 

SlLYBE. 

Silybum. 

Échinope. 

Echinops. 

Onoporde. 

Onopordon. 

Immortelle. 

Xeranthemum. 

Artichaut. 

Cynara. 

Arctione. 

Arctium. 

Chardon. 

Carduus. 

Carlike. 

Carlina. 

CiRSE. 

iArstutn. 

Centaurée. 

Centaurea. 

Bardane. 

Lappa. 

Carthame. 

Carthamus. 

Sarrète. 

Serratula. 

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COMPOSÉES 


71 


Sous-Famillb  2.  —  LâBIâTIFLORES. —  Corolle  des  fleurs  complètes  ordinairement 
bilabiée. 

Tribu  6.  — MUTISIACÊES,  —  Style  des  fleurs  complètes  cylindrique  ou  presque  noueux  supé- 
rieurement ,  à  branches  ordinairement  obtuses  ou  tronquées^  très-convexes  en  dehors,  finement 
duvetées  à  la  partie  supérieure,  de  poils  égaux,  rarement  nuls. 


MUTUI. 


MtUisia. 


I      Chaptaub. 


Chaptalia. 


Tribu  7.  —  NASSAU  VI  ÂGÉES.  —  Style  des  fleurs  complètes,  jamais  noueux,  à  branches  demi- 
cylindriques,  tronquées,  terminées  en  pinceau. 


TuPTIUOlf. 


TriptUion. 


I         MOSCHAIRE. 


Moscharia. 


Sous-Famillb  3. — LIGULIFLORES.  —  Fleurs  toutes  complètes,  à  corolle  liguîée. 

Tribu  8.  —  CHICOR ÂGÉES.  —  Style  cylindrique  à  branches  filiformes,  presque  obtuses,  éga- 
lemeot  duvetées  ;  bandes  stigmatiques  cessant  auKlessous  de  la  partie  moyenne  des  branches. 


SCOLTVE. 

Scolymus, 

PiGRIS. 

Picris. 

Lampsaxb. 

Lampsana. 

Helminthie. 

Helminthia. 

HrosiRis. 

Hyosens. 

Laitue. 

Lactuca. 

Chicorée. 

Cichorium, 

Chondrillb. 

Chondrilla. 

PoiCELLE. 

Hypochœris, 

Pissenlit. 

Taraxacum. 

Seriolb. 

Seriola. 

Grepide. 

Orepis, 

LiOICDRNT. 

Leontodon, 

Laitron. 

Sonchus. 

Geropogor. 

Gêtopogon, 

PRÉIfARTHE. 

Prenanthes. 

Salsifis. 

Tragopogon. 

ÉPERViiRB. 

Hieracium, 

ScOR20XftRI« 

Soorzonera, 

AlfDRTALE. 

Andryala. 

AFFINITÉ.  —  Il  est  peu  de  familles  qui,  par  Fensemble  de  leurs  organes  reproducteurs, 
se  rapprochent  du  type  nettement  caractérisé  que  présentent  les  Composées.  La  petite  Fa- 
mille desGALTCÉRÉES  oflnpe  avec  elle  une  grande  analogie,  en  ce  qui  concerne  Tinflorescence 
et  la  structure  particulière  des  fleurs  ;  elle  en  diflere  en  ce  que  la  graine,  au  lieu  d'être  dressée 
au  fond  de  rovaire,  est  suspendue  à  son  sommet;  que  la  plantule  est  incluse  dans  un  albunnen 
charnu;  que  la  radicule  est  supère,  et  que  le  style,  toujours  indivis,  est  terminé  par  un  stig- 
mate en  tête.  Viennent  ensuite  les  Dipsàcées,  dont  la  plupart  rappellent  les  Composées  par 
leur  inflorescence  en  capitule  involucré,  où  Ton  voit  même  souvent  les  fleurons  de  la  circonfé- 
rence se  déjeter  à  Textérieur  comme  dans  les  Composées  radiées,  mais  qui  en  différent  par  la 
préfloraison  imbriquée  de  la  corolle,  par  les  anthères  libres,  par  la  présence  d'un  involucelle 
entourant  chaque  fleur,  par  Tovaire  n'adhérant  au  calyce  qu'à  la  partie  supérieure,  par  la 
graine  pendante  et  albuminée. 

L«s  Valérianées,  voisines  des  Dipsagées,  se  rapprochent  des  Composées  par  leur  limbe 
calycinal  dégénérant  en  dents,  en  écailles,  en  aigrette,  et  par  leur  graine  sans  albumen;  elles 
s'en  éloignent  parleur  inflorescence,  leurs  anthères  libres,  leur  ovaire,  normalement  trilocu- 
laire,  et  leur  graine  pendante.  Les  Campantjlàcées,  voisines  des  Composées  sous  quelques 
rapports,  offrent  par  leur  ovaire,  à  plusieurs  loges  multiovulées,  un  type  éloigné  de  la  sim- 
plicité qu'on  observe  dans  les  trois  Familles  que  nous  venons  de  comparer. 

G  ÉOG  RA  PH  lE.  —  Les  Composées  se  rencontrent  dispersées  par  toute  la  terre  ;  toutefois 
leur  nombre  diminue  beaucoup  vers  les  pôles,  et  un  peu  vers  l'équateur.  Elles  habitent  prin- 
cipalement les  régions  tempérées  et  chaudes,  surtout  les  lies  situées  près  des  tropiques,  et  la 


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7à  HlSTOlHi;  DES  FAMILLES. 

partie  des  continents  voisine  des  rivages  de  la  mer.  C'est  T Amérique  qui  produit  le  plus  grand 
nombre  de  leurs  Espèces  ;  les  herbes  croissent  dans  les  climats  tempérés  et  froids  ;  les  arbris- 
seaux dans  les  régions  plus  chaudes  ;  les  arbres  se  rencontrent  dans  les  îles  intertropicales  et 
antarctiques.  Les  Tubuliflores  sont  plus  nombreuses  entre  les  tropiques;  les  Liguli- 
FLORES,  dans  les  régions  tempérées  de  Thémisphère  boréal;  les  Labiatiflores  vivent 
toutes  au  delà  du  Cancer,  et  sont  fort  rares  hors  de  l'Amérique,  où  elles  abondent  entre 
réquateur  et  le  Capricorne.  Quelle  que  soit  d'ailleurs  la  localité  des  Espèces  constituant  cette 
Famille,  il  en  est  très^peu  qui  soient  indistinctement  disséminées  à  la  surface  du  globe  ;  malgré 
les  tentatives  qu'on  fait  tous  les  jours  pour  les  établir  dans  des  contrées  autres  que  leur  terre 
natale,  elles  refusent  de  s'acclimater,  et  la  culture  seule  peut  leur  faire  accepter  momentané- 
ment une  nouvelle  patrie, 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  L'immense  Famille  des  Composées  fournit  à  l'homme, 
pour  son  agrément  comme  pour  ses  besoins,  un  grand  nombre  d'Espèces  :  nous  allons  les 
énumérer  rapidement^  en  commençant  par  les  plus  utiles. 

Les  Tubuliflores  radiées  comprennent  des  plantes  dans  lesquelles  un  principe  amer 
est  ordinairement  combiné  avec  une  résine  ou  une  huile  volatile,  combinaison  à  laquelle 
vient  souvent  se  joindre,  dans  la  racine,  un  principe  analogue  à  la  fécule,  et  nommé  par  les 
chimistes  Inuline  (parce  qu'on  l'a  d'abord  observé  dans  les  1  nu  les).  Selon  les  proportions 
réciproques  de  ces  diverses  matières,  certaines  Espèces  sont  douées  de  vertus  médicinales 
différentes  :  les  unes  sont  toniques  (on  donne  ce  nom  à  toute  substance  qui  tend  à  augmenter 
l'énergie  et  la  force  de  résistance  vitale  dans  les  organes  du  corps  humain);  d'autres  sont 
excitantes  ou  stimulantes,  c'est-à-dire  qu'elles  possèdent  la  propriété  de  stimuler  puissamment 
le  tissu  des  organes,  de  manière  à  augmenter  l'activité  et  la  rapidité  de  leurs  fonctions; 
quelques  autres  enfin  sont  astringentes,  c'est-à-dire  qu'elles  exercent  sur  les  tissus  vivants 
une  action  qui  les  resserre,  les  dessèche,  les  durcit,  les  tanne  en  quelque  sorte. 

Le  grand  Genre  Armoise  (Artemisia) ,  qui  est  représenté  dans  le  monde  entier  par  des 
Espèces  difTérentes,  fournit  à  l'homme  des  médicaments  amers-aromatiques,  dont  les  pro- 
priétés stimulantes  ont  été  célébrées  dans  la  plus  haute  antiquité.  La  Grands  Absinthe 
(Artemisia  Absintkium),  la  Petite  Absinthe  [A.  pontica),  qui  sont  des  Plantes  indigènes; 
l'AuRONB  ou  CiTRONELLE  (A.  Abrotanum),  herbe  originaire  d'Orient,  et  cultivée  dans  nos 
jardins,  sont  connues  de  tout  le  monde  à  cause  de  leur  arôme  pénétrant;  elles  doivent  leurs 
vertus  à  un  principe  amer  cristallisable,  à  un  acide  de  nature  particulière,  et  à  une  huile  vola- 
tile. Ces  Espèces,  et  surtout  la  première,  maniées  par  des  mains  habiles  et  prudentes,  sont 
toniques,  fébrifuges,  stomachiques,  c'estr-à-dire  qu'elles  stimulent  les  fonctions  de  l'estomac; 
on  les  administre,  en  outre,  avec  succès,  pour  la  destruction  des  vers  intestinaux.  L'Auronb 
est  aussi  employée  fréquemment  pour  aromatiser  le  vin  doux.  L'Armoise  vulgaire 
{Artemisia  vulgaris)  possède  un  arôme  beaucoup  moins  prononcé,  mais  on  y  trouve ,  plar 
compensation,  une  résine  et  une  huile  fixe,  qui  lui  donnent  des  propriétés  astringentes. 
Quelques  médecins  allemands  préconisent  sa  racine  contre  le  mal  caduc  ou  épilepsie.  —  Dans 
l'EsTRAGON  (A.  dracunculus),  herbe  originaire  de  l'Asie,  et  cultivée  par  toute  l'Europe, 
dominent  une  huile  volatile  et  une  résine  acre  ;  le  principe  amer  s'est  porté  sur  la  racine  :  on 
l'emploie  comme  assaisonnement,  surtout  allié  au  vinaigre.  —  Le  Génipi  blanc  (A,  mutel- 
lina)y  qui  croît  dans  les  Alpes,  tient  le  milieu  pour  les  propriétés  entre  I'Absinthb  et 
l'EsTRAooN.  On  prépare  en  Suisse  avec  cette  Plante,  ainsi  qu'avec  ses  congénères^  le 
Génipî  noir  (A,  spicata)  et  le  Génipi  des  Glaciers  (A.  Glacialis),  une  liqueur 
amère  nommée  Extrait  d'Absinthe. 

On  connaît,  sous  le  nom  de  Semen-contra,  de  Semencine,  de  Barbotine,  des  capitules 
de  différentes  Espèces,  venues  du  fond  de  l'Asie  et  du  littoral  de  l'Afrique,  qui  ne  sont 
pas  encore  bien  déterminées,  mais  qui  toutes  appartiennent  au  genre  Armoise.   Ces 


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COMPOSÉES.  73 

capitules  renferment  une  huile  volatile  acre,  une  substance  cristallisable,  inodore^  peu 
soluble  dans  Feau,  légèrement  amère,  nommée  Santonine,  une  résine,  et  divers  sels.  Le 
Semen-contra  est  renommé  comme  un  puissant  anihelminthique,  c'est-à-dire  comme  un 
remède  propre  à  tuer  les  vers  intestinaux  et  à  empêcher  leur  régénération.  Mais  ce  remède 
administré,  sans  le  conseil  du  médecin,  à  des  enfants  chez  lesquels  le  tube  intestinal  est 
enflammé,  devient  trop  souvent  un  agent  incendiaire,  qui  tue  plus  de  malades  qu'il  n*en  sauve. 
Il  est  beaucoup  moins  dangereux  d'employer  comme  anthelminthique  la  Sanguenitb 
(A.  *gaUica),  plante  indigène  de  la  France  méridionale.—  Nous  terminerons  l'histoire  du 
Genre  Armoise  en  citant  VA.  moxa,  espèce  ligneuse,  dont  le  duvet  cotonneux,  chez  les 
Chinois  et  les  Japonais,  fournit  de  petits  cônes  destinés  à  l'application  du  feu  à  la  surface  du 
corps;  le  nom  de  Moxa,  donné  à  ce  duvet,  a  passé  dans  la  langue  médicale  de  l'Europe,  et 
sert  à  désigner  les  substances  combustibles  employées  pour  cautériser  la  peau. 

La  Tanaisib  (Tanacetmn  tmlgare),  qui  appartient  à  un  genre  voisin  des  Armoises, 
possède  les  mêmes  principes  et  les  mêmes  propriétés.  C'est  une  Plante  à  feuillage  élégamment 
découpé,  dont  les  capitules  d'un  jaune  d'or  forment  un  corymbe  serré. 

Les  Aghillées  (Achillea)  sont  des  herbes  indigènes  dans  lesquelles  un  principe  résineux 
amer  se  joint  à  une  petite  quantité  d'huile  volatile.  Le  feuillage  très-finement  découpé  des 
principales  Espèces  les  a  fait  désigner  sous  le  nom  populaire  de  Mille- feuilles,  L'Espèce  la  plus 
commune  (A.  Mille- folium),  est  employée  en  infusion  comme  astringente,  et  légèrement  sti» 
roulante;  ses  feuilles  pilées  sont  appliquées  sur  les  plaies  et  les  coupures;  de  là  le  surnom 
d'Berbe  au  charpentier.  L'Eupàtoire  de  mbsub  (A.  agerattmi),  indigène  de  TEurope 
roéridionale,  possède  une  action  plus  énergiquement  stimulante.—  Les  Ptàrm  iques  sont  des 
Espèces  appartenant  jadis  au  Genre  des  Aghillées;  elles  sont  beaucoup  plus  odorantes  que 
ces  dernières.  Le  Génipi  bataud  (Ptarmica spuria)^  IcGénipi  musqué  ou  Iva  {Pt.  mos- 
cAo/a),  I'Hbrb  a-rot  A  (P^  herba  ro^a),  sont  des  Plantes  alpines,  dont  les  sommités  fleuries 
font  partie  du  Thé  de  Suisse;  la  Ptarmique  commune  (Pt.  vulgaris),  qu'on  rencontre 
dans  les  prairies  humides,  a  des  feuilles  dont  la  saveur  est  très-piquante;  ces  feuilles,  mises 
en  poudre  et  introduites  dans  le  nez,  provoquent  l'éternument;  de  là  le  nom  trivial  d'Herbe 
à  étemuer. 

Voici  des  Espèces  qui  doivent  leurs  propriétés  à  une  huile  volatile,  acre  chez  les  unes, 
amère  chez  les  autres.  A  leur  tête  nous  placerons  la  Camomille  bomaine  (Anthémis 
nobilis).  Cette  Plante  est  un  bon  antispasmodique,  c'est-à-dire  un  médicament  possédant  la 
propriété  toute  particulière  (spécifique)  de  modifier  heureusement  certains  troubles  nommés 
spasmes^  survenus  dans  les  fonctions  du  système  nerveux.  La  Camomille  romaine  est 
aussi  un  excitant  stomachique;  mais  sa  principale  vertu  est  de  guérir  les  fièvres  intermittentes  ; 
et  ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que,  comme  quelques  autres  Plantes  indigènes,  elle  mani- 
feste sa  puissance  dans  les  cas  où  le  Quinquina,  qui  est  le  premier  des  fébrifuges,  a  complète- 
ment échoué.  Ce  sont  ses  fleurs,  réduites  en  poudre  fine,  que  l'on  administre  pour  la  guérison 
des  fièvres  périodiques.  —  Après  la  Camomille  romaine  vient  la  Camomille  commune 
(Matricaria  Chamomilla),  qui  fournit  à  la  distillation  une  huile  volatile  d'un  bleu  foncé;  elle 
est  employée  en  médecine  au  même  titre  que  l'Espèce  précédente ,  mais  son  arôme  est  moins 
pénétrant  et  moins  agréable.  La  Camomille  des  champs  (Anthémis  arvensis) y  que  l'on 
mélangeparAraude  avec  les  fleurs  de  la  Camomille  commune,  est  inodore  et  inusitée. — 
La  Camomille  des  Teinturiers  (Anthémis  tinctoria),  Plante  indigène  du  midi  delà 
France,  a  ses  demi-fleurons  jaunes  comme  les  fleurons  du  disque;  elle  fournit  aux  arts  une 
teinture  jaune,  et  elle  est  cultivée  dans  les  parterres. — La  Camomille  puante  ou 
Ma  ROUTE  (Maruta  cotula)  est  d'une  odeur  très-désagréable;  on  l'emploie  comme  anti-spas- 
modique.  LaMATRicAiRE  (Pyrethrum  parthenium)  possède  aussi  des  propriétés  excitantes 
très-prononcées;  elle  fournit  à  la  distillation  une  huile  volatile  jaune,  fortement  odorante.  — 
La  Santoline  rAux-cv4»BÈ8  (Santdina  ckamœcyparissus)  est  un  arbrisseau  qui  croît  sur 


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n  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

les  colline»  de  la  France  méridionale  ;  jadis  employée  en  médecine ,  elle  est  aujourd'hui 
tombée  en  désuétude  ;  mais  on  la  cultive  à  cause  de  ses  feuilles  qui  portent  quatre  rangées  de 
dents  disposées  autour  de  la  nervure  médiane^  et  la  font  ressembler  à  un  petit  Cyprès  :  disposée 
par  étages,  dans  les  jardins  en  pente,  elle  y  produit  un  effet  pittoresque. 

La  PTaÈTHRB  {Anacyclui  Pyrethrum)  est  une  Espèce  qui  croit  en  Turquie,  en  Asie  et 
surtout  en  Barbarie  ;  sa  racine  contient  une  résine  molle,  de  saveur  acre,  et  une  huile  volatOe, 
plus  acre  encore;  la  Plante  récemment  cueillie  donne  aux  mains  de  ceux  qui  la  touchent  une 
sensation,  fraîche  d'abord,  très-chaude  ensuite.  La  racine  de  Pyrethre  est  souvent  employée 
dans  les  maladies  des  dents  et  des  gencives,  dans  la  paralysie  de  la  langue,  toutes  les  fois 
qu'on  veut  exciter  une  salivation  abondante.  Les  vinaigriers  s'en  servent  pour  donner  du 
mordant  au  vinaigre.  —  LeCaBssoN  db  Pàeà  (5jDf7an/Ae<o/^acea)  est  une  herbe  annuelle, 
originaire  de  l'Amérique  tropicale  ;  on  ne  la  cultive  encore  en  France  que  dans  les  jardins. 
Ses  propriétés  sont  les  mêmes  que  celles  de  la  Pyrethre.  On  pfépare  avec  les  fleurs  une 
teinture  anti-odontalgique ,  connue  sous  le  nom  de  Paraguay-Roux.  —  La  Balsaminb 
ODORANTS^  ouMbnthb  COQ  (BcUsttfntta  suaveolens),  plante  vivace,  d'une  odeur  menthée, 
très-'agréable,  et  d'une  saveur  chaude  et  amère,  est  douée  de  propriétés  excitantes  très- 
actives;  on  la  cultive  en  France  dans  tous  les  jardins. 

L'Arhica  DBS  MONTAGNES  crolt  daus  les  pâturages  montueux  de  l'Allemagne,  de  la 
Suisse  et  de  la  France.  Les  anciens  ignoraient  ses  propriétés;  elle  est  rangée  aujourd'hui 
parmi  les  médicaments  excitants.  Son  action  stimulante  s'exerce  sur  les  fonctions  de  la  peau, 
sur  les  organes  du  mouvement  et  de  la  circulation  ;  aussi  l'emploie-t-on  dans  les  affections 
rhumatismales  et  la  paralysie  ;  les  feuilles  et  la  racine  sont  moins  usitées  que  les  capitules, 
qui  contiennent  une  huile  volatile,  une  résine  odorante,  une  matière  amère  et  nauséabonde, 
de  l'acide  galliqne  et  divers  sels.  —  LcDoronic  (Doronicum  pardalianckes)  ^  Plante  alpine, 
rivalise  faiblement  avec  l'Arnica;  son  nom  de  Pardaltanches,  qui  signifie  Mort  aux  Panthères j 
lui  a  été  donné  par  les  botanistes  parce  qu'ils  ont  cru  que  les  anciens  se  servaient  de  sa 
racine  pour  empoisonner  les  bétes  féroces;  cette  opinion  est  erronée,  on  pense  aujourd'hui 
avec  plus  de  raison  que  le  véritable  Pardaltanches  était  la  racine  d'une  espèce  d'Aconit. 

Les  espèces  indigènes  du  genre  Inule  (Inula)  peuvent  être  comptées  parmi  les  Plantes 
toniques  et  stimulantes  ;  mais  on  n'emploie  plus  en  médecine  que  I'Aunbb  (/.  Helentum). 
herbe  vivace  qui  croit  spontanément  dans  les  lieux  ombragés  des  montagnes  de  l'Europe  cen- 
trale et  méridionale,  et  que  l'on  cultive  dans  tous  les  jardins.  Sa  racine,  récemment  cueillie, 
exhale  une  odeur  aromatique  camphrée  ;  desséchée,  elle  sent  la  violette  ;  elle  est  d'une  saveur 
d'abord  rance,  puis  amère,  acre  et  visqueuse;  elle  contient  une  huile  volatile  liquide,  une 
huile  volatile  concrète,  nommée  hélénine,  une  réane  molle  et  acre ,  une  matière  amère , 
soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool ,  de  la  gomme,  des  sels  et  de  Vinuline,  principe  analogue 
à  la  fécule,  mais  qui  est  coloré  par  l'iode  en  jaune,  et  non  en  bleu.  L'Aunéb  entre  dans  la 
composition  d'un  grand  nombre  de  médicaments  ;  on  l'emploie  comme  stomachique ,  mais  sa 
propriété  principale  est  de  stimuler  les  fonctions  de  la  peau;  on  a  remarqué  en  outre  que  sa 
décoction,  employée  en  lotions,  apaise  presque  instantanément  les  démangeaisons  dartreuses. 
Les  PuLicAiBBS  {Pulicaria)^  voisines  des  Inulbs,  sont  des  Plantes  aroroatico-âcres;  on  cite 
la  PuLicAiRB  COMMUNS  [P.  vulçaris)  comme  propre  à  chasser  les  puces;  la  P.  Dtsbn- 
TéRiQUB  (P.  dysenterica)j  qui  croit  au  bord  des  ruisseaux,  était  autrefois  prescrite  contre 
la  dysenterie. 

Le  Genre  Eupatoirb  (Eupatorium)  offre  quelques  Espèces  intéressantes.  La  seule  qui 
croisse  en  France  est  l'E.  Ghanvrinb,  ou  E.  D'A  v  i  c  b  n  n  b  (E.  cannabinum) ,  belle  Plante, 
qu'on  trouve  au  bord  des  eaux  et  dans  les  fossés  humides.  Elle  contient,  outre  une  huile 
volatile,  un  principe  Acre  et  amer;  sa  racine  était  employée  à  haute  dose  par  les  médecins  de 
l'antiquité,  comme  purgative  et  vomitive.  Ses  congénères  d'Amérique ,  dont  l'amertume  est 
plus  intense,  sont  mises  au  nombre  des  diaphorétiques  et  des  diurétiques.  (On  donne  le  nom 


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COMPOSÉES.  75 

de  diaphorétiques  aux  médicaments  qui  déterminent  toute  espèce  d^évacUation  t'effectuaat 
par  la  peau,  soit  la  sueur,  soit  la  transpiration  inseasible  ;  on  nomme  diurétiques  ceux  qui  ont 
la  propriété  d'agir  d'une  manière  spéciale  sur  les  reins,  et  d'augmenter  la  sécrétion  de  Turine.) 

Le  BoNBSET  (E,  perfoliatum),  herbe  de  TAraérique  septentrionale,  fournit  pai»la  décoction 
une  boisson  amère,  qui  passe  pour  émétique,  sudorifique  et  fébrifuge  ;  TE.  Daléa  {£,  dalea) 
de  la  Jamaïque,  possède  une  odeur  de  Vanille  très-suave;  TE.  Aaomatiqub  (E.  aromati- 
sans)  sert  à  parfumer  les  cigares  de  la  Havane.  —  L'a  y  ap  an  a  (E.  ayapana)  croit  spontané- 
ment sur  les  bords  du  fleuve  des  Amazones ,  d'où  elle  s'est  propagée  dans  toute  la  zone 
intertropicale;  elle  est  renommée  dans  les  deux  Indes  comme  un  sudorifique  puissant,  et  un 
alextpAannaque,  c'est-à-dire  un  remède  souverain  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux. 
Mais  de  tous  les  alexipharmaques,  les  plus  célèbres  sont  deux  Espèces  appartenant  à  un 
Genre  voisin  des  Eupàtoires,  le  Guaco  {Mikania  Guaco)  et  THerba  db  cobra 
(Mikania  opifera). —  Il  nous  est  venu  d'Amérique,  depuis  quelques  années,  sous  le  nom  de 
Guaco,  quelques  Plantes,  préconisées  contre  le  choléra  asiatique,  mais  leur  détermination 
est  encore  incertaine .  —  LeCoRAÇAODBJÉsus  {Mikania  officinalis)  est  employé  au  Brésil  à 
la  place  du  Quinquina  et  delà  Cascarille. 

Le  Tussilage  pas-d'a NE  (Tussilago  farfaru)^  Plante  indigène,  contient  une  matière 
gommeuse,  à  laquelle  se  joint  un  principe  amer  et  légèrement  astringent,  qui  lui  donne  des 
propriétés  calmantes;  on  l'emploie  comme  béchique  (béchique  signifie  propre  à  calmer  la 
toux).  En  France,  on  boit  l'infusion  des  fleurs;  en  Angleterre,  on  fait  sécher  les  feuilles, 
et  on  les  fume  comme  du  tabac.  La  racine  du  Tussillagb  pétasite  [Peiasites  vulgaris) 
est  amère,  acre,  odorante  ;  on  lui  attribuait  autrefois  la  propriété  de  provoquer  la  sueur,  et 
d'être  un  préservatif  dans  les  épidémies.  —  LePiED-DB-cHAT  (Gnaphalium  dioicwn)  est 
une  petite  Plante  vivace  qui  habite  les  pelouses  montueuses  et  arides,  depuis  Paris  jusqu'aux 
Glaciers  des  Alpes  et  des  Pyrénées;  ses  capitules  sont  dioïques;  les  bractées  de*  inrolucres 
sont  souvent  colorées  d'un  beau  rose;  les  aigrettes  des  akènes  forment  au  centre  un  duvet 
arrondi  et  velouté  qui  donne  au  capitule  quelque  ressemblance  avec  la  patte  d*un  chat,  et 
lui  a  valu  son  nom  populaire.  Les  fleurs  de  cette  Plante  mêlées  en  proportion  égale  avec 
celles  de  la  Guimauve,  du  Coquelicot  et  du  Tussillage  composent  ce  qu'on  nomme  en  phar* 
macie  les  Espèces  pectorales  ou  les  Quatre^fleurs, 

heToPiîiAunovK  [Helianthus tuùerosus)  est  une  herbe  vivace,  originaire  du  Brésil.  On 
le  cultive  aujourd'hui  dans  diverses  contrées  de  l'Europe;  la  partie  souterraine  de  sa  tige 
produit  d'énormes  tubercules  remplis  à'inuline,  et  d'un  principe  sucré;  leur  odeur  est 
nauséeuse,  mais  leur  saveur  est  agréable;  l'homme  peut  les  manger  cuits  et  assaisonnés  de 
diverses  manières  ;  ils  résistent  aux  gelées,  et  fournissent  aux  bestiaux  une  bonne  nourriture 
d'hiver  ;  les  feuilles  de  la  Plante  sont  aussi  un  bon  fourrage  ;  enfin  la  tige  est  employée 
comme  combustible.  L'Hélianthe  annuel  (H.  annum)  est  une  herbe  originaire  du  Pérou, 
et  cultivée  aujourd'hui  dans  tous  les  jardins,  à  cause  de  son  énorme  capitule,  qui  représente 
le  disque  rayonnant  du  soleil;  mais  ce  n'est  pas  à  cette  ressemUance  qu'elle  doit  son  nom, 
c'est  à  la  propriété  remarquable  de  diriger  ses  fleurs  du  côté  de  l'astre  du  jour  :  le  matin  y  le 
capitule  est  tourné  vers  l'orient  ;  puis  il  se  redresse  peu  à  peu  jusqu'à  midi ,  en  regardant 
toujours  le  soleil;  et  à  mesure  que  celui-ci  s'abaisse  vers  l'occident,  les  fleurs  le  suivent  dians 
son  déclin.  Les  physiologistes  expliquent  ce  mouvement  par  l'action  que  la  chaleur  solaire 
exerce  sur  la  tige  :  les  fibres  frappées  par  les  rayons  se  dessèchent,  se  racornissent;  il  en 
résulte  une  incurvation,  qui  fait  pencher  les  fleurs  du  côté  du  soleil.  On  connaît  beaucoup  de 
Plantes  qui  possèdent  cette  propriété:  elles  sont  nommées Aeïto^ropi^ue^.  L'H^lianthr  a 
des  graines  nombreuses,  qui  fournissent,  par  expression,  une  huile  fixe,  propre  à  l'éclairage 
et  à  la  fabrication  du  savon. 

Quelques  autres  Tubuli flores  radiées  sont  o\éifixe$'9  nous  citerons  les  M  a  ni  a,  Plantes  du 
Chili,  dont  l'une  (M.  sativa)  est  cultivée  en  Europe  comme  en  Amérique;  son  huile  a  pour 


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76  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

caractère  particulier  d*étre  soluble  dans  Talcool;  elle  est,  dit-on,  supérieure  pour  le  goût  à 
celle  des  olives,  mais  elle  s'épaissit  et  se  rancit  facilement.  LcRam-tillouNook  (Guizotia 
oleiferù),  cultivé  dans  Tlnde  et  en  Abyssinie,  fournit  une  huile  usitée  pour  la  table  et  pour 
réclairâge. 

Nous  terminerons  l'histoire  des  Tubuliflobes  radiées  utiles  à  Thomme  en  mention- 
nant le  SYNGHODENDRoff,  aibrc  de  cinquante  pieds,  la  plus  grande  des  Composées,  qui 
croit  dans  la  vallée  de  Madagascar,  aux  environs  des  villages,  et  dont  la  floraison  indique 
aux  habitants  Tépoque  où  ils  doivent  semer  le  Riz, 

LesTuBULiPLORES  flosculeusesy  nommées  aussi  Carduacées,  contiennent  un  principe  amer, 
qui  leur  donne  des  propriétés  stimulantes;  quelques-unes  sont  diurétiques  et  diapho- 
rëtiques  ;  quelques  autres  sont  comestibles  dans  le  jeune  âge  ;  il  en  est  dont  les  fleurs  et 
les  feuilles  fournissent  un  principe  propre  à  la  teinture;  il  en  est  dont  la  racine  produit  une 
gomme-résine  ;  plusieurs  ont  des  graines  oléifères;  toutes  sont  dépourvues  d'huile  volatile. 
La  plupart  présentent  un  phénomène  physiologique  très-remarquable  :  c'est  l'irritabilité  de 
leurs  anthères,  qui,  lorsqu'on  les  titille  avec  la  pointe  d'une  aiguille,  s'abaissent  vivement  sur 
le  style. 

LcsBàrdànes  (Z^/7/>a  )  fournissent  à  la  médecine  trois  Espèces  indigènes  :  la  petite 
Bardane,  la  Grande  Bardanb  et  la  Bardanb  cotonneuse;  leur  racine,  sapide  et 
comestible  dans  le  jeune  âge,  est  recueillie  pour  la  pharmacie  quand  son  développement  est 
achevé;  elle  possède  une  odeur  nauséeuse,  une  saveur  d'abord  douce  et  mucilagineuse ,  puis 
amère  et  un  peu  acre  ;  elle  contient  de  l'inuline ,  une  substance  amère,  du  sucre,  de  la 
gomme  et  un  peu  de  tanin.  On  l'emploie  en  décoction,  comme  diurétique  et  sudoriflque^ 
dans  les  maladies  de  la  peau  et  les  affections  rhumatismales.  Les  feuilles  de  Bardanb  sont 
extrêmement  amères  et  très-astringentes  ;  les  graines  sont  huileuses  et  purgatives,  mais  on- 
n'en  fait  plus  aucun  usage. 

Plusieurs  Plantes  de  la  même  tribu,  vivant  principalement  dans  le  midi  de  l'Europe, 
étaient  usitées  autrefois  aux  mêmes  titres  que  les  Bàrdanes  ;  aujourd'hui  elles  sont  négligées 
ou  méprisées  par  les  médecins  :  telles  sont  le  Chardon  bèv ir  {Cnicus  benedictus);  le 
Chardon-Marie  (Silibum  Marianum),  qui  croissent  spontanément  dans  la  région  médi- 
terranéenne, et  de  là  ont  été  transportées  par  l'homme  dans  l'Inde  et  même  en  Amérique* 
Elles  étaient  préconisées  au  moyen  âge ,  et  surtout  la  dernière ,  qui ,  selon  la  croyance 
populaire,  devait  les  taches  blanches  dont  ses  feuilles  sont  parsemées  à  des  gouttes  de  lait 
tombées  du  sein  de  la  Vierge.  Aujourd'hui,  les  jeunes  pousses  de  cette  Plante  sont  mangées 
en  salade  et  en  friture. 

Parmi  les  autres  Carduacées  officinales  qui  sont  tombées  en  désuétude,  nous  citerons  le 
Chardon  hémorrhoîdal  (Cirsium  arvense)'^  la  GaANDE-CENTADRéE  {Centaurea 
C^/ai/num),  la  Jacée  (C.yacea),  la  Centaurée  du  solstice  (C.  solsiitialis),\e  BknEîi 
(C.  behen),  dont  la  racine,  qu'on  trouve  dans  les  montagnes  de  la  Syrie,  est  employée  par  les 
Arabes  comme  un  tonique^  propre  à  réparer  l'épuisement  des  forces;  la  Centaurée 
CHAUSSETRAPPE  (C  Calcitrapû)  ou  Chardon  étoile,  petite  plante  très-amère,  et  jadis 
vantée  comme  fébrifuge;  enfin  le  Bleuet  (C.  cyanus,  page  66),  avec  la  fleur  duquel  on 
préparait  une  eau  distillée,  qu'on  administrait  en  collyre  contre  les  diverses  maladies  des 
yeux  :  de  là  le  nom  vulgaire  de  Casse-lunette. 

Les  Carlines  indigènes  diffèrent  des  autres  Carduacées  parleurs  propriétés.  LaCARLiNE 
SANS  tige  [Carlina  acaulis)  croit  dans  les  prés  montagneux  des  terrains  calcaires;  elle  cache 
sous  le  sol  sa  tige  courte,  et  étale  au  milieu  de  ses  feuilles  radicales  un  large  capitule,  autour 
duquel  rayonnent  les  bractées  d'un  involucre  luisant.  La  physionomie  singulière  qui  la  dis^ 
tingue  parmi  toutes  les  autres  herbes  des  prairies,  explique  la  préférence  que  lui  accordaient  les 
magiciens  dans  là  préparation  de  leurs  sortilèges.  La  tige  souterraine  de  cette  Plante  s'élève 
quelquefois  au-dessuç  du  sol  ;  son  écorce,  contenant  une  résine^  une  huile  volatile  amère, 


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COMPOSEES.  77 

caustique,  était  usitée  autrefois  comme  violent  purgatif.  La  Carlinb  vulgaire  (C.  vulgaris) 
possédait  les  mêmes  propriétés,  sans  jouir  de  la  même  réputation. 

Une  congénère  de  nos  Carlines,  le  Chaméléon  blanc  (C.  gimimifera),  croît  dans  la 
région  méditerranéenne  :  de  son  collet,  entre  les  écailles  de  Tinvolucre,  exsude  abondam- 
ment une  résine  particulière,  qui  se  fige  en  larmes,  et  que  Ton  mâche  comme  le  Mastic;  c'est 
le  plus  ancien  des  remèdes  employés  pour  détruire  le  Ver  solitaire.  Sa  racine,  qui  est  grosse 
comme  la  cuisse,  passe  pour  vénéneuse  ;  le  réceptacle  commun  du  capitule  est  charnu,  et 
on  le  mange  avec  du  miel  ou  du  sucre. 

Le  Genre  Artichaut  (Cynara)  comprend  plusieurs  Espèces  originaires  du  bassin  médi- 
terranéen, dontrherbe  est  douée  d'une  grande  amertume  et  de  propriétés  diurétiques;  il  en 
est  deux  que  Ton  cultive,  et  dont  on  fait  grand  cas  dans  Tart  culinaire  :  la  plus  usitée  est 
VArtichaut  comiiun  (C  scolymus),  Plante  vivace,  dont  on  mange  les  capitules  non 
épanouis,  avant  que  le  parenchyme  ait  été  épuisé  par  le  développement  des  fleurs  ;  ce  sont, 
en  effet,  les  bases  des  bractées  de  Finvolucre  et  le  réceptacle  commun,  dont  on  tire  parti;  et 
Ton  rejette  le  foin,  c'est-à-dire  les  très-jeunes  fleurs  et  les  paillettes  interposées.  Mais  les 
Italiens  savent  mettre  à  proflt  la  tige  même  deTArtichaut;  ils  courbent  la  Plante  à  angle 
droit,  en  rassemblent  les  pétioles  des  feuilles,  puis  ils  la  buttent,  c'est-à-dire  l'entourent  de 
terre,  pour  la  soustraire  à  l'action  de  la  lumière  et  la  faire  blanchir  :  il  en  résulte  une  sorte 
de  loupe  tendre  et  succulente,  nommée  gobbo,  que  Ton  sert  crue,  et  qu'on  mange  avec  du  sel. 
Les  fleurons  de  l'Artichaut,  macérés  dans  l'eau,  lui  donnent  la  propriété  de  coaguler 
le  lait.  Mais  ce  sont  surtout  les  fleurs  du  Cardon(C  cardunculus),  qui  sont  employées 
à  cet  usage  sous  le  nom  de  Fleurs  de  Chardonnette.  Le  Cardon  est  bisannuel;  on 
mange  la  côte  ou  nervure  médiane  de  sesfeuiUes,  qui  ont  souvent  six  pieds  de  longueur.  Cette 
côte  est  rendue  blanche  et  charnue  par  l'étiolement  ;  il  suffit  pour  cela  de  rapprocher  les 
feuilles  en  faisceau,  et  de  les  entourer  de  paille  et  de  terre. — On  pense  que  le  Cardon  est  le 
type  de  l'Espèce  à  laquelle  appartient  l'Artichaut,  et  que  ce  dernier  est  une  race  obtenue  par 
'  la  culture. 

L'Onopordb  ACAifTHiN  (Onopordon  acanthium)  est  un  Chardon  commun  aux  environs 
de  Paris,  qui  atteint  jusqu'à  trois  pieds  de  hauteur,  et  dont  la  culture  pourrait  développer  le 
réceptacle  commun  de  manière  à  le  rendre  comestible  comme  l'Artichaut;  en  outre,  les 
graines  contiennent  un  quart  de  leur  poids  d'une  huile  fixe,  et  chaque  pied  peut  fournir  douze 
livres  de  graines. 

Parmi  les  Carduacées  tinctoriales,  le  Carthame  (  Carthamus  tinctorius)  tient  le  premier 
rang;  c'est  une  Plante  annuelle,  originaire  de  l'Inde,  et  que  l'on  cultive  aujourd'hui  en  Asie, 
en  Amérique  et  dans  presque  toute  l'Europe  ;  ses  fleurons  contiennent  deux  principes  colo- 
rants, l'un  jaune,  très-soluble  dans  l'eau,  et  masquant  le  second,  qui  est  rouge  etsoluble  dans 
les  alcalis,  dont  on  le  précipite  par  les  acides;  ce  principe,  nommé  Carthamine  ou  rouge 
végétal ,  est  l'objet  d'un   commerce  considérable.  C'est  le   Carthame  de  la  Perse  et  de 
l'Egypte  qui  est  le  plus  estimé  ;  celui  d'Espagne  vient  en  seconde  ligne  ;  celui  du  Mexique,  de 
la  France  et  de  l'Allemagne  est  beaucoup  moins  recherché.  La  couleur  que  fournit  le 
Carthame  est  peu  solide ,   mais  ce  défaut  est  compensé  par  la  beauté  et  la  variété  des 
nuances  ;  c'est  sur  la  soie  et  le  coton  que  les  teinturiers  la  fixent.  Les  femmes  font  aussi  grand 
cas,  pour  leurs  toilettes,  du  principe  colorant  du  Carthame.  Ce  principe,  artistement  mêlé 
avec  du  talc,  en  Espagne,  est  un  fard  très^recherché,  sous  le  nom  de  rouge  d* Espagne.---- Chez 
les  anciens,  on  préparait  avec  les  fleurs  de  Carthame  des  gâteaux  laxatifs;  on  s'en  sert 
aujourd'hui,  à  la  place  du  Safran,  pour  colorer  certains  mets  ;  on  le  mêle  même  dans  le  com- 
merce avec  le  Safran,  qui  est  beaucoup  plus  cher  ;  de  là  son  nom  de  Safran  bâtard.  Ses 
graines,  nommées  Graines  de  perroquet,  parce  qu'elles  servent  de  nourriture  à  cet  oiseau, 
sont  fortement  purgatives  pour  l'homme,  et  recommandées  dans  la  jaunisse  et  l'hydropisie. 
LaSARRàTB  DES  TEINTURIERS  {SerrattUa  tinctoria)  es\  une  Plante  indigène,  dont  les 

11 


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7«  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

feuilles  fournissent  une  couleur  jaune,  qui  devient  verte  par  le  mélange  de  Tindigo.  L'herbe 
et  la  racine,  jadis  employées  en  médecine,  sont  tombées  en  désuétude. 

Les  Soucis  font  partie  d'une  sous-tribu  annexée,  malgré  les  demi-fleurons,  à  la  tribu  des 

Carduacées.  Le  S.  des  officines  {CalendiUa 
officinalis),  est  cultivé  dans  tous  les  jardins. 
11  renferme  une  matière  mucilagineuse  amère, 
divers  sels,  et  une  petite  quantité  d'huile  volatile. 
Il  était  célèbre  autrefois  comme  sudorifique  et 
résolutif.  (On  donne  ce  dernier  nom  aux  remèdes  qui 
déterminent  la  résolution  des  engorgements.)  On  Ta 
recommandé  récemment  pour  la  guérison  des  ul- 
cères cancéreux. 

Le  Souci  DES  CHAMPS  (Calendula  arvensis) 
a  des  propriétés  analogues  à  celles  de  l'Espèce 
cultivée* 

Dans  les  Labiatiflores,  on  ne  connaît  au- 
cune Espèce  dont  les  propriétés  médicales  méritent 
d'être  mentionnées. 

Les  LiGULiFLORES  OU  Ghigoracées  possèdent 
un  suc  laiteux  qui  occupe  leurs  vaisseaux  latici- 
fères  et  contient  des  principes  amers,  résineux, 
salins,  narcotiques;  leurs  propriétés  varient  en 
raison  des  proportions  relatives  de  ces  divers  prin- 
cipes. L'herbe  de  plusieurs  d'entre  elles,  cueillie 
dans  le  jeune  âge,  avant  l'élaboration  complète  du 
hteXy  est  comestible  et  agréable  au  goût;  en  outre, 
(caundûk^  oiilinaù!')  ^^^  vcrtus  dcs  Espèccs  sont  difTérentes  selon  leur 

degré  d'accroissement,  et  le  développement  différent 
de  chacun  des  organes  :  aussi  ne  fournissent-elles  pas  les  mêmes  observations,  à  toutes 
les  époques  de  l'année  ;  cette  variation  peut  s'expliquer  par  des  raisons  physiologiques.  En 
effet,  les  racines  et  les  rhizomes  des  Chicoracées  contiennent ,  dans  le  jeune  âge ,  un 
principe  amer,  qui  doit  plus  tard  être  charrié  dans  tout  le  corps  du  Végétal,  et  qui,  chez 
plusieurs,  est  mitigé  par  un  mucilage  plus  ou  moins  abondant;  or,  ce  principe,  selon 
la  saison,  selon  la  période  de  développement  des  feuilles  ou  des  fleurs,  peut  agir  sur 
l'organisme  de  l'homme  avec  une  puissance  très-variable.  Cette  énergie  est  à  son  maximum 
quand  la  sève,  transportée  dans  toutes  les  ramiflcations  de  la  tige,  et  élaborée  par  l'appareil 
respiratoire  que  constituent  les  feuilles,  a  contribué  aux  fonctions  de  reproduction  :  c'est  alors 
que  le  latex,  devenu  inutile ,  fournit  au  médecin  un  suc  aussi  efflcace  qu'abondant.  Parmi 
les  Chicoracées  médicinales,  il  en  est  quelques-unes  dans  lesquelles  les  matières  amères, 
résineuses,  gommeuses,  salines  sont  mélangées  par  la  nature  dans  des  proportions  telles , 
qu'il  en  résulte  une  vertu  qui  modifle  et  tempère  chez  l'homme  la  trop  grande  énei^ie  des  or- 
ganes de  la  vie  de  nutrition,  en  stimulant  doucement  les  vaisseaux  sécréteurs  et  les  glandes. 
Au  premie^rang,  les  médecins  placent  le  Pissenlit  [Taraxacum  dens  leonis),  petite  plante 
vivace,  connue  de  tout  le  monde,  qu'on  rencontre  au  milieu  des  prés  et  le  long  des  chemins , 
dans  toute  l'Europe,  dans  l'Asie  mineure  et  l'Afrique  septentrionale,  s'avançant  des  rivages 
de  la  mer  au  sommet  des  plus  hautes  montagnes  ;  son  suc  laiteux  fait  à  la  main  qui  le 
cueille  des  taches  très-tenaces.  —  La  Chicorée  {Cickortum  intybus)y  remarquable  parmi  les 
Composées  indigènes  par  ses  fleurs  bleues,  est  presque  aussi  commune  que  le  Pissenlit,  et 
ne  lui  cède  en  rien  pour  les  propriétés.  La  racine  de  la  Chicorée  sauvage  est  usitée  en 
médecine.  Celle  de  la  Chicorée  cultivée,  séchée  et  torréfiée,  est  l'objet  d'un  commerce 


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COMPOSÉES.  79 

considérable  :  on  remploie,  soit  pour  remplacer  le  café,  soit  pour  la  mêler  à  la  poudre  de 
cette  précieuse  graine.  Les  feuilles  adultes  sont  très-amères ,  mais  dans  le  jeune  âge ,  leur 

amertume  est  moins  intense  ;  on  peut  alors  les  manger 
en  salade  ou  cuites.  Les  jardiniers  élèvent  cette  plante 
dans  des  caves  à  Tabri  de  la  lumière;  elle  s'y  étiole, 
s'allonge,  en  conservant  son  amertume,  et  fournit  une 
salade  blanche  d'hiver,  connue  sous  le  nom  de  barbe 
de  capucin.  La  Chicorée  endive  (C  endivia), 
Plante  méditerranéenne,  est  beaucoup  moins  amère 
et  plus  usitée  en  salade  que  la  précédente;  on  en 
cultive  deux  variétés  :  l'une,  à  feuilles  larges,  ob- 
longues,  peu  amères,  c'est  la  Scarole;  l'autre,  plus 
amère,  à  feuilles  très-découpées  et  crépues,  c'est  la 
Chicorée  frisée. 

Les  racines  des  Laitrons  et  des  Salsifis  indi- 
gènes ont  les  mêmes  propriétés  que  celles  du  Pis- 
senlit et  de  la  Chicorée,  pans  les  Scorso- 
nères, l'amertume  de  la  racine  est  corrigée  par  le 
mucilage  que  contient  le  suc  laiteux  :  telles  sont 
la  Scorsonère  d'Espagne  (Scorzonera  hispanica), 
la  Se.  A  feuilles  LANcÉOLigs  (Se.  glastifoUû)y 
que  l'on  cultive  comme  Plantes  potagères.  La  Se.  dé- 
licieuse (Se.  deliciosa)  est  en  grand  usage  chez  les 
habitants  de  la  Sicile,  qui  confisent  ses  racines  au 
sucre.  Les  anciens  croyaient  que  la  Se.  d'Espagne 
était  un  remède  efficace  contre  la  morsure  des  ani- 
maux venimeux  :  L'expérience  n'a  pas  confirmé  cette 
opinion. 

Le  ScoLTMB  d'Espagne  (Scolymus  kispanicus) 
est  usité  comme  légume  en  Provence,  où  il  croît 
spontanément;  on  le  ramasse  sauvage  dans  les  champs;  la  racine  jeune  est  très-tendre, 
et  d'un  goût  agréable;  on  lui  reconnaît  aussi  des  propriétés  diurétiques. — Les  Pré- 
NÀNTHES  de  nos  pays  sont  inusités;  mais,  dans  l'Amérique  du  nord,  le  P.  serpen- 
taire (Prenanthes  serpentaria)  et  le  Pa.  blanc  {Pr.  alba)  sont  renommés,  comme  un 
remède  spécifique  contre  la  morsure  du  Crotale,  ou  Serpent  à  sonnettes;  elles  doivent  cette 
vertu  à  un  suc  laiteux,  visqueux,  très-amer,  fourni  par  leur  racine. 

Les  Espèces  du  Genre  Laitue  (Lactuca)  ont  un  suc  amer,  acre,  d'une  odeur  vireuse,  qui 
contient  de  la  cire,  du  caoutchouc,  de  l'albumine,  une  résine,  une  matière  amère  cristallisable, 
avec  un  principe  volatil  particulier  :  c'est  à  ces  diverses  substances  qu'elles  doivent  leurs  pro- 
priétés médicales.  La  L.  vireuse  (L.  virosa),  Plante  annuelle  ou  bisannuelle,  qui  croît 
dans  le  midi  de  l'Europe,  est  celle  qui  parait  posséder  le  suc  le  plus  narcotique;  on  en  prépare 
un  extrait;  on  emploie  aussi  la  L.  se  ariolb  (Z.  scariola),  Plante  bisannuelle,  qui  habite  les 
lieux  incultes  et  pierreux  ;  mais  c'est  principalement  la  L.  cultivée  {L.  sativa)  dont  on 
retire  par  incision,  faite  à  la  tige  au  moment  de  la  maturation  des  fruits,  un  suc,  qu'on 
laisse  épaissir  à  l'air,  ou  qu'on  fait  évaporer  sur  un  feu  doux.  Ce  suc,  nommé  thridace  ou 
lactucarium,  est  employé  aujourd'hui  comme  narcotique,  et  on  le  préfère  à  l'opium  tiré  du 
Pavot,  dans  les  cas  où  il  y  a  lieu  de  craindre  l'action  irritante  et  trop  profondément  stupé- 
fiante de  ce  médicament  héroïque.  —  On  emploie ,  pour  le  service  de  la  table ,  les  jeunes 
feuilles  de  la  Laitue  cultivée,  qui  ne  contiennent  pas  encore  le  suc  laiteux;  on  en 
cultive  dans  les  jardins  potagers  de  nombreuses  Variétés,  dont  les  plus  usitées  sont  la 


PUBIKLIT. 
{Tarasaeum  d«ii«  /«oni«.) 


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80  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Laitue  romaine,  la  Laitue  pommée,  la  Laitue  frisée.  On  les  mange  cuites  ou  en  salade. 
Chez  les  anciens,  on  la  servait,  de  même  que  chez  nous,  à  la  fîn  des  repas,  comme  l'atteste 
ce  vers  de  Virgile  sur  la  Laitue,  «  qui  délasse  agréablement  des  mets  succulents.  x> 

Grataque  nobilium  requies  Lactuca  ciborum. 

La  mode  cependant  changea  sous  Tempire  ;  Ton  servit  la  Laitue  au  commencement  du 
repas  :  «  Pourquoi,  dit  Martial,  la  Laitue,  que  Ton  voyait  autrefois  clore  le  souper  de  nos 
pères,  sert-elle  d'entrée  à  nos  festins?  « 

Claudere  quœ  comas  Lactuca  solebat  avorum, 
Die  miki  cur  nostras  inchoat  illa  dapes. 

Dans  quelques  Chicoracées,  le  principe  acre  domine  :  telle  estlaZACYNTHB  vbrru- 
QUBus  B  (Zacyntha  verrucosa),  qui  croît  dans  le  midi  de  l'Europe,  et  dont  le  suc  est  employé 
pour  détruire  les  verrues.  —  Le  Crépis  déchiqueté  (Crépis  lacera),  qui  croît  dans 
les  montagnes  des  Apennins,  passe  en  Italie  pour  une  Espèce  très-vénéneuse. 

Nous  allons  maintenant  énumérer  les  Plantes  d'agrément  que  fournit  la  Famille  des 
Composées  :  il  en  est  plusieurs  que  nous  avons  déjà  citées  comme  Espèces  utiles  :  tel  est 
le  Grand  Soleil,  dont  les  capitules  énormes,  à  disque  noirâtre  et  à  rayons  jaunes, 
doublent  quelquefois  dans  les  jardins;  tels  sont  le  Souci,  le  Carthame,  les  Doronies, 
VAurone  et  la  Camomille  romaine,  employés  pour  bordures;  la  Tanaisie  et  la  Santoline, 
qui  sont  d'un  joli  effet  dans  les  jardins  paysagers,  etc.,  etc. 

La  presque  totalité  des  Composées,  cultivées  pour  ornement,  appartient  aux  Tubuli- 
FLORES  radiées.  Nous  citerons,  comme  exceptions,  le  Crépis  rouge  [Barthausia  rubra). 
Plante  annuelle  d'Italie,  à  grandes  fleurs  rouges  ou  roses,  cultivée  pour  bordures;  la 
CupiDONB  BLBUB  (Catananckc  cœrulea),  demi-flosculeuse  comme  la  précédente,  et  remar- 
quable par  les  bractées  de  son  involucre,  qui  sont  lâchement  imbriquées,  transparentes,  et 
rougeâtres  à  leur  extrémité;  I'Épbrvibrb  ovuLfiQÛE  {Hieracium  aurantiacum) ,  élégante 
Espèce  indigène ,  vivace  ^t  traçante ,  à  capitule  d'un  jaune  capucine  éclatant  ;  enfin  les 
Espèces  du  Genre  Centaurée,  dont  la  plus  jolie  est,  sans  contredit,  le  Bleuet,  déjà  men- 
tionné, qui  abonde  dans  nos  moissons,  et  contraste,  par  l'azur  de  ses  fleurons  extérieurs,  avec 
la  couleur  ponceau  du  Coquelicot,  son  commensal.  La  culture  en  a  obtenu  des  variétés  de 
toutes  couleurs,  excepté  le  jaune. — La  Centaurée  de  montagne  [C  montana)^  ou 
Barbeau  vivace,  est  un  gros  Bleuet,  beaucoup  moins  élégant  que  le  petit.  La  Centaurée 
AMÉRICAINE  {Plectroccphalus  americanus  ) ,  Espèce  magnifique ,  dont  les  capitules  d'un  bleu 
lilas,  ont  près  de  quatre  pouces  de  largeur,  a  été  introduite  en  France  depuis  quelques  années. 
La  CE^TAURBB  amberboî  [Amberboa  odorata)  ou  Fleur  du  grand  seigneur,  est 
une  Espèce  annuelle,  du  Levant,  qui  produit  de  gros  capitules  de  fleurs  jaunes,  odorantes. 

Les  ÉCHINOPS  se  distinguent  de  toutes  les  Composées  par  leurs  capitules  uni  flores, 
formant  une  tête  globuleuse,  que  l'on  peut  regarder  comme  un  glomérule.  L'Êchinops 
RiTRO  ou  Boulette  azurée  (Echinops pauciflorus)  a  des  fleurs  d'un  beau  bleu,  quelque- 
fois blanches  ;  celles  de  X Echinops  sphœrocephalus  forment  une  boule  épineuse,  d'un  bleu 
d'azur.  Ces  Plantes  figurent  avec  avantage  dans  les  jardins  pittoresques. 

Passons  aux  Radiées,  et  commençons  par  la  plus  modeste  de  toutes,  la  Pâquerette, 
ou  Petite  Marguerite  (Bellis perennis),  qui  étale  sur  la  verdure  des  prairies  son  disque 
jaune  entouré  de  rayons  blancs ,  teintés  de  rose  à  leur  extrémité ,  et  réjouit  nos  yeux  depuis 
le  départ  de  l'hiver  jusqu'à  son  retour.  C'est  souvent  à  la  Marguerite  que  se  rattache  le  plus 
ancien  des  souvenirs  champêtres  de  notre  enfance;  c'est  elle,  sans  aucun  doute,  qui  a  inspiré 
au  plus  classique  de  nos  poètes,  ces  vers  charmants  sur  la  poésie  pastorale  : 


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COMPOSÉES.  81 

Telle  qu'une  bergère,  aux  plus  beaux  jours  de  fête. 

De  superbes  rubis  ne  charge  point  sa  tète , 

Et,  sans  mêler  à  Tor  Féclat  des  diamants , 

Cueille  en  un  champ  voisin  ses  plus  beaux  ornements , 

Telle ,  aimable  en  son  air,  mais  humble  dans  son  style , 

Doit  éclater  sans  pompe  une  élégante  Idylle. 

Tout  le  monde  sait  que  la  Marguerite  est  Fomement  des  gazons,  mais  tout  le  monde  ne 
sait  pas  que  cet  ornement  leur  coûte  cher  :  U  est  certain  que  la  rosette  des  feuilles  radicales, 
d*où  naît  le  pédoncule  de  la  Marguerite,  étouffe  Therbe  dans  tout  Tespace  qu'elle  recouvre» 
et  que  son  rhizome  vivace  nuit  aux  racines  fibreuses  des  Graminées.  Aussi  ^  en  Angleterre , 
extirpe-4-on  cette  jolie  plante  pour  obtenir  des  pelouses  uniformément  et  complètement 
verdoyantes. 

Les  horticulteurs  se  sont  emparés  de  la  Marguerite;  mais  les  variétés  qu'ils  ont  obtenues 
n'égalent  pas  le  type  sauvage  ;  Tune  de  ces  variétés  a  ses  fleurons  et  demi-fleurons,  tous 
tubuleux,  allongés  et  colorés  en  pourpre  foncé,  quelquefois  blancs;  l'autre  est  prolifère  s 
c'est-à-dire  que  des  pédicelles  nombreux  s'échappent  en  rayonnant  de  tous  les  points  du 
capitule ,  surtout  de  la  circonférence ,  et  se  terminent  par  autant  de  capitules  partiels , 
beaucoup  plus  petits  que  le  capitule  producteur ,  de  là  le  nom  de  Mère  de  famille  y  très- 
justement  appliqué  par  les  amateurs  à  la  Marguerite  prolifère. 

Les  Chrysanthèmes  sont  toutes  de  belles  Espèces ,  dont  plusieurs  croissent  en  France: 
parmi  ces  dernières,  il  faut  citer  la  Grands  Marguerite  des  prés  (Pyretkrum leucan- 
themum)  et  la  Marguerite  dorée  (Càrysanthemum  segetum),  dont  le  disque  et  les  rayons 
sont  de  la  même  couleur.  La  CHRTSANTHkMB  des  lA^nifis  (Chysantkemum  coronarium) 
est  une  plante  annuelle  du  Levant,  dont  les  demi-fleurons  sont  jaunes  ou  blancs.  —  La 
Chr.  frutescente  (Car,  frutescens)  est  un  arbrisseau  des  Canaries ,  dont  les  fleurs  se 
succèdent  une  partie  de  Tannée.  La  Chrtsanthèiie  des  Im^^a  (Pyrethrum  indicum, 
PI.  n.)  est  une  belle  plante  vivace  de  la  Chine,  qui  fleurit  très-tard,  et  décore  nos  salons  au 
milieu  de  Thiver;  ses  capitules  atteignent  une  largeur  de  3  à  &•  pouces.  Les  fleurs  sont  d'un 
pourpre  foncé  dans  les  types  les  plus  anciens,  mais  leurs  couleurs  ont  varié  à  Tinfini  par  la 
culture.  Cette  Chrysanthème  est  une  plante  populaire  chez  les  Chinois;  ils  la  taillent  de  mille 
façons,  ils  lui  donnent  les  formes  les  plus  bizarres,  celle  d'un  cheval, d'un  cerf,  d'une 
pagode  ;  le  Végétal  se  prête  à  tous  ces  caprices,  et  conserve  toujours  un  feuillage  vert  et  frais. 

Les  A  stères  sont  des  Plantes  vivaces  et  robustes,  dont  les  capitules,  à  fleurons  jaunes  et 
à  demi-fleurons  bleus  purpurins,  lilas,  blancs,  font  l'omeoient  des  grands  parterres,  en  été 
et  surtout  en  automne.  Nous  en  avons  quelques  Espèces  indigènes,  dont  la  plus  élégante  est 
l'OEiL  DE  Christ  (il«^era772e//2/5),  mentionné  dans  la  préface  de  cet  Ouvrage.  La  plupart  des 
Astères  exotiques  sont  originaires  de  l'Amérique  septentrionale.  Mais  la  plus  belle  d'entre 
elles  est  venue  de  la  Chine  :  c'est  la  Reine-Marguerite  (Callistephus  ^tnen^/^).  Plante 
annuelle  qui  orne  les  jardins  depuis  juillet  jusqu'à  la  fin  d'octobre.  Cette  Espèce  arriva  de  la 
Chine  au  Jardin  du  Roi,  en  1728  ;  son  apparition  fut  peu  brillante  ^  elle  ressemblait  à  la 
Pâquerette  ;  mais  quelques  années  après ,  en  1734 ,  on  obtint  la  variété  à  fleurs  violettes  ; 
quarante  ans  plus  tard,  parut  la  variété  double,  et  enfin  celle  qu'on  nomme  Anémone,  où  les 
fleurs  du  disque  sont  en  tuyau^  et  de  même  couleur  que  les  demi-fleurons.  Aujourd'hui ,  la 
couleur  des  fleurs  de  cette  Espèee  varie  dans  toutes  les  nuances  du  blanc  au  bleu  foncé,  soit 
simples,  soit  panachées .  On  la  sème  sur  couche  au  printemps ,  on  la  repique  en  place ,  et 
lorsque  les  fleurs  commencent  à  paraître^  on  la  plante  à  demeure  avec  la  motte  ;  on  peut  ainsi 
distribuer  ses  couleurs  à  volonté.  Les  jardiniers  expérimentés  qui  veulent  obtenir  des  variétés 
à  capitules  très-doubles,  ne  recueillent  les  graines  que  sur  les  petites  têtes  tardives  du  bas  de 
la  Plante. 


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82  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Nous  avons  parlé  des  Tussilages,  comme  Plantes  utiles;  on  en  cultive  dans  les  jardins 
une  espèce  nommée  vulgairement  Héliotrope  d'hivbr,  à  cause  de  son  parfum  et  de 
l'époque  de  sa  floraison.  C'est  le  Tussilage  odorant  (Nardosmia  flagrans)^  Plante  vivace, 
que  Ton  multiplie  facilement  par  division  de  son  rhizome. 

Les  Séneçons  {Senecio).  dont  plusieurs  espèces  indigènes ,  et  notamment  la  Jacobéb 
(S.jacobœa)^  le  Séneçon  vulga  irb  {S.  vulgaris),  étaient  autrefois  employées  en  médecine, 
fournissent  à  l'horticulture  quelques  belles  Plantes  exotiques  et  indigènes.  Nous  citerons,  parmi 
les  premières,  le  S.  d'Afrique  (5.  ^%an^),  Espèce  du  Gap,  à  disque  doré,àrayons  d'un  beau 
rouge  cramoisi,  quelquefois  roses  ou  blancs  ;  parmi  les  secondes,  le  S.  Dori  a  («S.  doria),  le 
S.  Sarrasin  (S.  sarracenicus) ,  le  S.  des  bois  (S.  nemorensis)  Plantes  vivaces,  à  fleurs 
jaunes,  propres  à  la  décoration  des  jardins.  On  a  réuni  au  genre  Séneçon,  les  anciennes 
Cinéraires,  ainsi  nommées  à  cause  de  la  couleur  cendrée  de  leur  feuillage;  il  y  en  a  une 
indigène,  la  C.  maritime  {S.  cineraria),  dont  les  capitules,  d'un  jaune  brillant,  ornent  en 
été  les  parterres  de  nos  jardins.  Parmi  lesCiNÉRAiRES  exotiques  se  distingue  laC.  pourpre 
(S.  cmentus),  Plante  vivace  de  l'île  de  Tenériffe;  l'espèce  primitive  a  les  rayons  de  ses 
capitules  d'un  pourpre  clair,  et  le  disque  d'un  pourpre  foncé  ;  mais  la  culture  a  produit  des 
variétés  de  couleurs  innombrables;  elle  fleurit  depuis  février  jusqu'à  la  fin  de  mai;  aussi 
est-elle  recherchée  pour  l'ornement  des  serres  tempérées  et  des  appartements. 

Les  AcHiLLÉES  offrent  aussi  des  Espèces  très-élégantes;  notre  Mi  lie  feuille  indigène,  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  est  cultivée  pour  ses  variétés,  les  unes  à  feuilles  panachées,  les  autres 
à  fleurs  purpurines  ou  roses.  11  en  est  de  même  de  la  Ptarmique  ou  Bouton  d'argent 
(A.  ptarmica).  Parmi  les  exotiques,  qui  sont  toutes  rustiques  et  de  pleine  terre,  on  distingue 
l'AcHiLLÉE  DORÉE  (A.  aurca)  du  Levant,  TA.  rose  (A.  rosea)  d'Amérique;  l'A.  a 
FEUILLES  DE  FILIPENDULE  (A.  filipenduUna  ) ,  dont  les  tiges  sont  hautes  de  quatre  à  cinq 
pieds,  les  feuilles  aromatiques,  et  les  capitules  jaunes  et  nombreux. 

Les  SoLiDAGES  {Solidago),  connues  vulgairement  sous  le  nom  de  Verges  d'or,  sont  des 
Plantes  vivaces  et  robustes,  presque  toutes  originaires  de  l'Amérique  septentrionale;  leurs 
capitules  jaunes,  disposés  en  épis  nombreux,  conviennent  surtout  pour  orner  les  massifs  et  les 
grands  parterres.  On  en  possède  un  grand  nombre  d'Espèces,  dont  la  plus  répandue  est  la 
Verge  d'or  du  Canada  (S.  canadensis). 

Le  grand  genre  Gnaphale  (Gnapkalium),  qu'on  a  divisé  en  plusieurs  genres  secondaires, 
comprend  beaucoup  de  Plantes  d'ornement,  qu'on  désigne  sous  le  nom  vulgaire  d'I  m  m  or- 
telles.  Il  y  en  aune  indigène  :  c'est  I'Immortelle  stoechas  {Gn.  stœchas)  qui  croît 
sur  les  coteaux  secs  du  midi  et  de  l'ouest  de  la  France.  Les  autres  nous  viennent  de  l'Afrique 
et  du  nouveau  continent  ;  les  plus  connues  sont  riMMi)RTELLE  de  Virginie  (Antennaina 
margaritacea),  Espèce  vivace,  très-rustique,  à  fleurs  d'un  jaune  soufre,  entourées  d'un 
involucre,  dont  les  bractées  pétaloîdes  argentées  simulent  des  demi- fleurons;  I'Immortelle 
JAUNE  (Helichrysum  orientale),  à  capitules  d'un  beau  jaune  luisant;  I'Immortelle  a 
bractées  (H,  bracteatum)  Plante  annuelle  de  la  Nouvelle-Hollande,  à  involucre  d'un  \ 

jaune  d'or. 

Le  genre  Xéranthème  (Xeranthemum)  fournit  aussi  une  Espèce,  dans  laquelle  les  bractées 
intérieures  de  l'involucre  sont  longues,  colorées,  semblables  à  des  demi-fleurons,  et  conservent 
longtemps  leurs  couleurs,  qu'on  peut  aviver  au  moyen  d'un  acide:  c'est  I'Immortelle 
ANNUELLE  {X.  annuum) ,  indigène. 

Les  Zinnia  sont  des  Plantes  d'automne,  dont  les  demi-fleurons,  roses  ou  rouges  se  con- 
servent jusqu'à  la  maturité  des  fruits. 

Les  Tagètes  (Tagetes)  se  distinguent  par  leur  involucre  à  bractées  disposées  sur  un  seul 
rang,  et  soudées  entre  elles.  On  cultive  communément  le  T,  Patula,  vulgairement  Œ  i  llet 
D  Inde,  Plante  annuelle  à  odeur  forte,  à  capitules  d'un  jaune  orangé,  et  le  T.  erecta,  ou  Rose 
d'Inde^  à  capitules  jaunes,  entourés  d'un  involucre  anguleux. 


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COMPOSÉES.  83 

On  trouve  encore  dans  les  parterres  leBupHTHALUEÀGnANDESPLEiiRs  (Buphthalmum 
ffrandiftorum) ,  indigène,  vivace,  à  capitules  de  couleur  jaune  et  de  grande  dimension; 
leB.  A  FEUILLES  EN  c OEU R  (  Te/^/riû  corrft/o/m)  dc  Hougric,  dout  Ics  dcmi-fleurons  sottt 
de  la  même  couleur;  le  Galliopsis  tinctorial  (Ca//to/}m  ^snc^orza),  Plante  annuelle 
très-élégante,  dont  les  rayons  sont  d'un  beau  jaune,  et  le  disque  d'un  pourpre  brun,  ainsi  que 
Tonglet  des  demi-fleurons;  les  Boltonia,  Plantes  vivaces  et  rustiques  de  FAmérique  sep- 
tentrionale, à  disque  jaune  et  à  rayons  blancs;  les  Gàillardiâ,  dont  la  plus  belle  espèce  est  le 
GaiUardia  picta  du  Mexique,  qui  étale  pendant  tout  Tété  ses  capitules  à  disque  brun  et  à 
rayons  d'un  rouge  cramoisi  foncé*,  terminés  en  jaune  ilaCACALiEAPEuiLLESEN  flèche 
(Gynura  sagittata),  qui  fleurit  de  juillet  à  septembre,  et  dont  les  fleurs  sont  d'un  rouge- 
orange  éclatant;  les  belles  Eupatoires  de  l'Amérique,  et  notamment  l'E.  pourprée  {Eupato- 
ritmi  purpureum) ,  à  tige  rouge  tachetée  de  brun,  et  à  capitules  purpurins  ;  les  R  u  d  r  e  c  k  i  a  de 
la  Virginie  et  de  la  Californie,  dont  l'un  (B.  purpurea),  remarquable  par  ses  capitules  à 
grands  rayons  d'un  pourpre  rose  et  à  disque  noirâtre;  et  l'autre  (B.  Drummondi)  par  ses 
demi-fleurons,  au  nombre  de  six,  réfléchis,  d'un  noir  pourpré,  jaunes  à  l'extrémité. 

Mais  de  toutes  les  Radiées  destinées  à  l'ornement  des  jardins,  la  plus  populaire,  la 
plus  recherchée,  la  plus  magnifique,  est  le  Dahlia,  par  lequel  nous  allons  terminer  l'histoire 
de  la  Famille  des  Composées. 
Le  Genre  Dahlia  ou  Géorgina  a  pour  caractère  :  un  involucre  dont  les  bractées  exté- 
rieures^ au  nombre  de  cinq  environ,  sont 
étalées  ou  réfléchies,  et  les  intérieures,  au 
nombre  de  douze  à  vingt,  bisériées ,  mem- 
braneuses au  sommet,  épaissies  et  cohé- 
rentes à  leur  base;  des  akènes  surmontés 
par  deux  pointes  courtes,  la  tige  est  her- 
bacée ;  les  feuilles  opposées  et  penni  partites. 
L'espèce  cultivée  dans  nos  jardins,  qu'elle 
embellit  pendant  l'automne,  est  le  Dahlia 
vARiARLE  (D.  variabilis),  nommé  aussi 
GéoRGiNA  écARLATE  (G.  cocctnea).  Ellc 
est  originaire  du  Mexique  ;  elle  fut  trans- 
portée en  Espagne  en  1790.  En  1802,  un 
médecin  français,  nommé  Thibaud,  qui  se 
trouvait  à  Madrid,  en  fit  passer  en  France 
quelques  échantillons.  Le  célèbre  jardinier 
Thouin  les  fit  planter  au  Muséum  de  Paris; 
on  les  cultiva  d'abord  en  serre  tempérée, 
mais  on  ne  tarda  pas  à  voir  que  la  Plante 
pouvait  fleurir  en  pleine  terre ,  et  elle  fut 
bientôt  livrée  aux  fleuristes,  entre  les  mains 
desquels  elle  commença  à  se  métamorphoser. 
Dans  l'Espèce  primitive,  les  fleurs  étaient 
toutes  simples,  à  disque  jaune  et  à  rayons 
i.ciîfimAim.  d«  CroDMe.      2.  Dahlia  bisériécs ,  d'un  rouffc  écarlatc  sombre   et 

\Cin9raria).  [Dahlia.)  '  ^ 

velouté  ;  en  1810,  les  rayons  se  montrèrent 
avec  la  couleur  lilas,  rose,  safranée;  en  1818,  on  obtint  par  semis  des  Variétés  à  fleur  double, 
où  tous  les  fleurons  étaient  roulés  en  cornet  tubuleux,  et  formaient  une  rosace  imbriquée, 
d'une  admirable  symétrie.  Dès  lors,  les  nuances  et  les  formes  se  sont  successivement  perfec- 
tionnées, et  les  variétés  se  sont  multipliées  à  l'infini,  surtout  depuis  une  quinzaine  d'années. 
Les  dénominations  les  plus  grotesques  et  les  plus  disparates  leur  ont  été  imposées  par  les  Ado- 


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84  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

nistes,  dont  elles  font  les  délices  (Linné  appelait  Adonistes  les  amateurs  de  fleurs  rares,  et 
ce  nom  mériterait  de  passer  dans  notre  langue),  nous  avons  aujourd'hui,  parmi  les  Dahlias 
à  fond  blanc  bordé  de  rose ,  Advienne  de  Cardoville,  la  duchesse  d*Aumale;  parmi  ceux 
d'un  rouge  cramoisi,  David  d* Angers,  VÉvêque  de  Bayeux,  Ibrahim  Pacha,  Horace  Vemet; 
parmi  ceux  d'un  jaune  pur,  Madame  Giroux,  la  Ville  de  Meamx,  le  Superlatif;  parmi 
les  bizarres  à  pointe  blanche  sur  fond  rouge  ou  jaune.  Arlequin^  XÈvéque  de  Dijon^ 
Adonis,  etc. 

Le  moraliste  La  Bruyère  a  tracé  de  main  de  maître  le  portrait  de  Tamateur  de  Tulipes; 
s'il  vivait  de  notre  temps,  les  amateurs  de  Dahlias  lui  fourniraient  sans  doute  un  piquant 
paragraphe,  qu'il  ajouterait  à  son  chapitre  De  la  Mode,  Nous  avons  vu  le  Dahlia  réconcilier 
des  frères  ennemis,  terminer  des  procès  de  vingt  ans,  hâter  la  conclusion  de  plus  d'un 
mariage;  nous  l'avons  vu  se  changer  en  ruban  rouge  à  la  boutonnière  d'un  adoniste 
généreux;  nous  l'avons  vu  enfin  guérir  un  malade  dans  un  cas  désespéré  :  on  avait  appelé 
à  son  chevet  trois  des  plus  illustres  médecins  de  la  Faculté...  Les  mauvais  plaisants 
vont  s'écrier  : 

Que  vouliez-irous  qu'il  fit  contre  trois? — Qu'il  mourût. 

—  Mais  c'est  précisément  ce  qu'il  ne  fit  pas  :  il  n'y  en  eut  que  deux  qui  signèrent  la 
consultation ,  et  voici  pourquoi  :  le  troisième  opinait  pour  la  saignée ,  les  deux  autres , 
quoique  d'un  avis  tout  contraire,  ne  s'y  opposaient  que  timidement;  pendant  la  discussion, 
Fhomme  à  la  saignée  avise  dans  le  parterre ,  situé  sous  les  fenêtres  du  malade ,  une 
collection  de  Dahlias.  Dès  ce  moment,  le  moribond,  la  consultation,  la  conviction  médicale, 
tout  fut  oublié  ;  le  docteur,  entraîné  par  sa  passion ,  se  précipita  dans  le  jardin;  et  pendant 
qu'il  établissait  un  savant  diagnostic  entre  Ibrahim-Pacha  et  YÉvêque  de  Bayeux,  entre 
Adrienne  de  Cardoville  ei\a.  Duchesse  d'Aumale,  les  deux  confrères  prescrivirent  le  traitement 
qui  sauva  le  malade.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'ajouter  que  celui-ci,  adoniste  fervent,  n'en 
fut  que  plus  attaché  à  ses  Dahlias ,  quand  il  apprit,  pendant  sa  convalescence,  le  service 
qu'ils  lui  avaient  rendu. 

Au  reste ,  on  pourrait  sérieusement  ranger  le  Dahlia  parmi  les  Plantes  médicinales.  Ses 
racines  tubéreuses  contiennent  une  huile  volatile  et  un  principe  amer  qui  lui  donnent  des 
propriétés  sudorifiques  ;  mais  oii  ne  les  met  pas  en  usage.  Les  fleurs  fournissent  une  couleur 
rouge  qu'on  pourrait  employer  pour  la  teinture;  enfin  les  racines  renferment  une  matière 
féculente,  qui  les  rendrait  comestibles,  si  on  les  débarrassait  de  leur  arôme,  et  de  la  saveur 
poivrée  qui  l'accompagne. 

On  multiplie  le  Dahlia  par  semis,  par  greffes,  par  boutures  et  par  division  des  racines;  c'est 
ce  dernier  moyen  qui  est  le  plus  fréquemment  usité,  mais  il  faut,  pour  qu'il  réussisse,  le 
pratiquer  au  printemps.  Il  est  nécessaire  aussi  que  la  racine  soit  accompagnée  d'une  portion 
du  collet  de  l'ancienne  tige,  et  que,  sur  cette  portion,  il  y  ait  un  ou  deux  bourgeons  dont  la 
végétation  soit  commencée;  cette  condition  est  essentielle  pour  la  multiplication  du  Dahlia. 

Famille  IP.— CALYCÉRÉES. 

(Galycérées,  de  Bob.  Brown.  —  Boopidées,  de  Cassini.) 

CARACTÈRE.  —  Inflorescence  en  capitule;  réceptacle  comfnun,  entouré  d'un  involucre. 
C  ALYCE  adhérent  à  Vovaire.  Corolle  épigyne  monopétale.  Et  aminés  5,  anthères  cohérentes 
par  leur  base.  Ovaire  infère,  uniloculaire,  uniovulé;  ovule  pendant.  Akène;  Graine  à 
plant ule  dicotylédonée,  albuminée:  radicule  supère. 


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CALYGÉIiÉES. 


85 


La  lige  est  généralement  herbacée,  les  feuilles  alternes  sans  stipules  ;  ses  fleurs  complètes 
sont  soudées  ensemble  par  leur  calyce,  dont  le  limbe  est  à  cinq  divisions  persistantes,  ayant 
Taspect  de  cornes  dans  le  Genre  Calyceva,  qui  a  donné  son  nom  à  la  Famille,  la  corolle  est 
tiibuleuse ,  à  préOoraison  valvaire  ;  les  étamines  alternent  avec  les  lobes  de  la  corolle  ;  les 
anthères  sont  introrses;  le  style  est  simple,  le  stigmate  est  en  tête;  la  plantule  occupe  Taxe 
albumen  charnu.  — rl^es  Genres  Boopis,  Gamocarpha,  Acicarphay  Calyceray  composent  seuls 
cette  petite  Famille. 

Les  Calycérées  sont  intermédiaires  entre  les  Dipsacées  et  les  Composées;  elles  difTèrent  des 
Dipsacées  p^r  la  préfloraL<M)n  de  la  corolle  et  les  anthères  cohérentes ,  des  Composées  par  la 
graine  inverse,  albuminée  et  le  stigmate  simple. 

Les  Calycérées  habitent  toutes  FAmérique  au-delà  de  Téquateur  ;  elles  sont  très-rares  entre 
réquateur  et  le  Capricorne,  un  peu  plus  nombreuses  dans  le  Chili  méridional,  mais  elles 
i)'abondent  nulle  p^t;  elles  s'avancent  du  rivage  de  la  mer  jusqu'aux  plus  hautes  montagnes. 

Famille  IIl\  —  STYLIDIÉES. 

(Stylidées  de  Rob.  Brown,  —  Stylidiacées  de  I^lndley.) 

CARACTÈRE. —  Calice  adhérent  à  Vovaire.  Corolle  épigyne  monopétale.  Exa- 
mines %  à  filets  soudés  longitudinalement  avec  le  style.  Ovaire  infère^  biloculaire,  à 
loges  pluriovulées;  ovules  ascendants.  Fruit:  une  capsule.  Graines  ascendantes.  Plantule 
minime j  indivise^  à  la  base  d'un  albumen  charnu. 

Les  Stylidiées,  qui  tirent  leur  nom  du 
caractère  offert  par  \^  soudure  du  style  avec 
les  étamines,  ont  une  tige  généralement  her- 
bacée, des  feuilles  allern.es,  rarement  ver- 
ticillées ,  quelquefois  réunies  ep  rosette  radi- 
cale, simples,  entières,  dépourvues  de  stipules. 
Les  fleurs  sont  complètes,  irrégulières,  en 
épi,  ou  en  grappe,  ou  en  corymbe,  quelque- 
fois solitaires,  terminales  ou  axillaires.  Le 
limbe  du  calyce  est  généralement  à  cinq  di- 
visions bilabiées,  la  lèvre  inférieure  bifide, 
la  supérieure  trifide  ou  tridenté^;  la  corolle 
r'  est  ordinairement  irrégulière ,  à  limbe  quin- 

(  ^  quéfide,  dont  quatre  divisions  plus  grandejs, 

>  étalées;  la  cinquièn^e,  nommée  labelle,  disr 

semblable,  extérieure,  devenant  latérale  par 
torsion  du  tube,  continue  avec  lui,  quelque- 
fois s'y  attachant  par  une  articulation  irri- 
table. Les  étamines  sont  insérées  parallèle- 
ment sur  un  disque  couronnant  le  sommet  de 
Vovaire,  et  se  développant  en  une  ou  deux 
glandes.  Les  filets  forment,  par  leur  soudure 
avec  le  style,  une  colonne,  soit  dressée  et 
continue,  soit  à  double  courbure,  dont  Tin- 
férieure  irritable,  appliquée  par  sa  base  au 
lube,  derrière  le  labelle.  Les  deux  anthères 
sont  situées  le  long  du  sommet  de  la  colonne,  et  penchées  sur  le  stigmate  qui^est  simple,  ou 


Sttlidieii  tilit. 


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86  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

divisé  en  deux  branches  terminées  par  une  tête  glanduleuse.  —  L'ovaire  est  à  deux  loges, 
complètes  ou  incomplètes.  La  capsule  est  biloculaire  ou  uniloculaire;  elle  s'ouvre  tantôt  en 
deux  valves  par  une  déhiscence  qui  brise  la  cloison,  tantôt  par  une  fente  suivant  la  suture 
dorsale  de  Tune  des  loges,  tandis  que  l'autre  avortée  reste  close. 

Sttudier.  Stylidium.  |      Forstèrb.  Farstera. 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille  offre  dans  ses  étamines  complètement  soudées  avec  le 
style  et  dans  son  labelle  souvent  irritable,  un  caractère  qu'on  n'observe  que  dans  les  Orchi- 
dées; elle  se  lie  étroitement  par  la  structure  de  ses  enveloppes  florales  et  de  son  ovaire , 
aux  Campanulacées  et  aux  Goodéniacées^  dont  elle  se  distingue  d'ailleurs  très-facilement. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Stylidiées  habitent  au-delà  de  l'équateur;  de  nombreuses 
Espèces  de  Stylidium  naissent  dans  la  Nouvelle-Hollande. 


Famille  IV".— BRUNONIACÉES. 

(Brunoniacées  de  Rob.  Brown.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale.  Étamines  5,  hypo- 
gynes,  libres.  Ovaire  libre^  uniloculaire,  uniovulé;  ovule  dressé.  Stigmate  entouré  d'une 
collerette  membraneuse.  Fruit  :  un  utricule.  Graine  unique^  dressée;  planttde  dicotylé- 
doriée,  exalbuminée,  à  radicule  infère. 

Cette  Famille  tire  son  nom  du  Genre  Brunonia,  dédié  à  Robert  Brown,  illustre  botaniste 
anglais  qui  a  simplifié  et  élucidé  toutes  les  questions  scientifiques  dont  il  s'est  occupé. 

Les  Brunoniacées  sont  des  herbes  vivaces,  presque  acaules,  qui  ofi&ent  la  physionomie  des 
Scabieuses;  les  feuilles  sont  radicales,  ramassées,  spatulées,  entières.  Les  fleurs  sont  disposées 
en  capitule  muni  d'un  involucre,  et  complètes.  Le  tube  du  calyce  est  court,  le  limbe  a 
5  divisions  subulées,  plumeuses^  étalées  après  la  floraison.  La  corolle  est  infundibuliforme, 
marcescente,  son  tube  se  fend  après  la  floraison  ;  son  limbe  est  à  5  divisions  spatulées  ;  les 
étamines  sont  insérées  sur  un  court  support  de  l'ovaire,  et  incluses  dans  la  corolle;  les 
anthères  sont  introrses ,  soudées  en  un  tube  traversé  par  le  style ,  qui  est  terminal ,  simple , 
hérissé  de  poils  au  sommet  ;  le  stygmate  est  en  forme  de  coin ,  charnu ,  enveloppé  par  une 
indusie  ou  collerette  membraneuse,  bifide;  l'utricule  est  inclus  dans  le  tube  du  calyce 
endurci,  et  couronné  par  les  lanières  plumeuses  du  limbe. 

Genre  unique:  Brunonia.  Brunonia. 

AFFINITÉ.  — Les  Brunoniacées  se  séparent  des  autres  Familles  comprises  dans  la 
Classe  des  Companulinées  par  leur  ovaire  libre ,  leurs  étamines  insérées  sur  le  réceptacle,  et 
leur  graine  sans  albumen.  Elles  se  rapprochent  des  Goodéniacées  par  la  présence  d'une 
indusie  ou  collerette  enveloppant  le  stomate. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Brunoniacées  habitent  la  côte  sud  de  la  Nouvelle -Hollande. 


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GOODÉNIACÉES.  87 

Famille  V^  —  GOODÉNIACÉES. 

(GOODENOYIÉES,  de  BartUng  et  de  Rob.  Brown.^  SCiEVOLACÉES,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  — Caltge  tantôt  libre,  tantôt  adhérent  à  Vovaire,  Corolle  monopétale 
irrégulière.  ÉTAMINES  5,  épigynes.  Anthères  introrses,  tantôt  libres,  tantôt  cohérentes  à 
leur  sommet.  Ovaire  infère,  d  1  om  2  loges,  uniomUées  ou  pluriovulées ;  ovules  dressés; 
stigmate  indusié.  Fruit  :  une  drupe,  ou  une  noix,  ou  une  capsule.  Graines  dressées  ou 
ascendantes  ;  plantule  dicotylédonée,  albuminée,  à  radicule  infère. 

Cette  famille  doit  son  nom  au  docteur  anglais  Goodenough,  évéque  d'Antigoa,  promoteur 

de  la  Botanique. 
Les  Goodéniacées  ont  une  tige  herbacée ,  quelquefois  sous-ligneuse ,  tantôt  droite ,  tantôt 

volubUe;  les  feuilles  sont  alternes,  quelquefois 
toutes  radicales,  et  dépourvues  de  stipules.  Les 
fleurs  sont  complètes,  irrégulières,  à  disposition 
variée.  Dans  quelques  Genres,  le  calyce  est  tu- 
buleux,  à  tube  adhérent  à  Tovaire  ou  libre;  dans 
quelques  autres,  il  est  à  3-5  sépales,  cohérents  à 
leur  base  seulement.  La  corolle  est  insérée  à  la 
base  du  calyce  quand  celui-ci  est  libre,  et  à  son 
sommet  quand  il  est  adhérent  ;  son  tube  est  fendu 
ou  divisible  en  cinq ,  quand  le  calyce  est 
libre,  mais  il  est  adhérente  Tovaire;  son  limbe 
est  quinquépartit,  unilabié  ou  bilabié,  à  préûo- 
raison  induplicative.  Les  étamines  sont  insérées 
sur  un  disque  couronnant  Tovaire;  elles  sont 
libres  d'adhérence  avec  le  style  et  avec  la  corolle, 
et  alternes  avec  ses  divisions.  L'ovaire  est  ordi- 
nairement infère  j  quelquefois  il  est  libre  d'adhé- 
rence avec  le  calyce,  et  adhérent  au  tube  de  la 
corolle;  il  forme  tantôt  une  seule  loge,  tantôt 
deux  loges  plus  ou  moins  complètes,  par  l'in- 
troflexion  des  carpelles;  quelquefois  quatre  loges 
par  la  formation  d'une  cloison  secondaire;  les 
ovules  sont  réfléchis.  Le  style  est  généralement 
unique;  le  stigmate  est  charnu,  entouré  d'une 
indusie,  collerette  presque  membraneuse,  formée 
par  l'expansion  du  disque  soudé  avec  le  style,  et 
^•'^■"îiVJTuml^p'ê^^^^^  entière  ou  bUabiée.  Le  fruit  est  une  drupe  ou  une 

noix  à  graines  définies,  ou  une  capsule  multi- 

séminée,  bivalve  ou  quadrivalve.  La  plantule  est  droite,  et  occupe  l'axe  d'un  albumen 

charnu ,  qu'elle  égale  presque  en  longueur. 

Tribu  1.  —  SCiE VOLÉES.  —  Une  drupe  ou  une  noix;  graines  définies. 
Genre  unique  :  Sc/evole.  Scœvola. 


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88  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Tribu  2.  —  GOODÉNÏÉES.  —  Une  capsule;  graines  indéfinies. 
Lescuenaultia.  Leschenaultia.  |      Goodbnia.  Gooâenia, 

AFFINITÉ.  —  Les  Goodéniacées  sont  voisine*  des  Brunoniacées  et  des  Lobéltacées;  elles 
se  distinguent  des  premières,  surtout  par  Tinsertion  des  étamines,  et  Firrégularité  de  la 
corolle  ;  des  Lobéliacées  par  la  préfloraison  de  la  corolle,  la  présence  de  Tindusie  siigmatique 
et  Tabsence  du  suc  laiteux. 

GÉOGRAPHIE.  — >  Les  Goodéniacées  habitent  presque  exclusivement  la  Nouvelle-Hol- 
lande, et  surtout  la  partie  australe  ;  les  Scœvolcs  ont  passé  dans  les  Moluques  et  dans  le 
continent  indien,  de  là  dans  le  sud  de  l'Afrique. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Nous  possédons  peu  de  notions  précises  sut  les  propriétés 
de  quelques  Sc^evoles  indiennes.  Les  feuilles  et  les  baies  du  Mo  kal  (Sccevolataccada)  four- 
nissent un  suc  amer  qu'un  prêtre  de  Bouro  vantait  comnle  efficace  pour  dissoudre  la  cataracte 
commençante,  et  que  le  célèbre  botaniste  Rumph  a  expérimenté  sans  succès;  les  jeunes  feuilles 
se  mangent  comme  légumes.  Le  même  botaniste  rapporte  que  les  habitants  de  File  d'Amboine 
attribuent  une  vertu  analeptique  à  Técorce  et  au  bois,  et  qu'ils  se  servent  de  la  racine  pour 
manger  sans  accident  les  crabes  et  les  poissons  venimeux.  La  moelle  blanche  et  fongueuse 
de  la  Plante  est  employée  dans  les  cas  d^épuisement  et  contre  la  diarrhée;  elle  se  taille 
facilement  aii  couteau,  et  peut  prendre  toutes  les  formes;  les  Malais  en  fabriquent  des  fleurs 
artificielles,  des  oiseaux  et  des  jouets  de  toute  espèce.  —  Les  feuilles  du  BeLà-Modogam 
(Se.  Bela-Modogatn)  y  qui  croît  à  Malabar,  sont  appliquées  en  cataplasme  sur  les  tumeurs 
inflammatoires,  pour  favoriser  leur  maturation,  c'est-à-dire  pour  hâter  la  suppuration;  leur 
décoction  est  diurétique. 

LeGooDÊNiA  A  GRANDES  FLEURS  ((?.  grdnrfï/Zor^a)  est  cultivé,  commc  Plante  d'ôrnc- 
ment,  dans  ttos  serres  tempérées,  à  cause  de  ses  belles  fleurs  jaunes;  il  en  est  de  même  du 
G.  Lissé  (G.  lœmgaia),  dont  les  fleurs  sont  violettes.  — Les  Leschenaultia  doivent 
leur  nom  au  botaniste  français  Leschenavlt  de  Latour;  ce  sont  pour  la  plupart  des  sous-arbris- 
seaux offrant  le  port  des  Bruyères;  leur  pollen  a  ses  grains  composés  de  quatre  petits  granules 
sphériques  cohérents.  Nous  citerons  le  L.  élégant  [L,  formosa),  doiit  les  fleurs  sdntd'un 
pourpre  écarlate,  et  naissent  solitaires  dans  la  bifurcation  des  rameaux;  L.  bilobé  (Z.  biloba), 
dont  les  fleurs  sont  bleues;  le  L.  arqué  (L,  arcuata),  arbuste  à  rameaux  étalés  et  penchés, 
à  fleurs  grandes,  solitaires,  dont  la  limbe  a  trois  divisions  d'un  jaune  soufre,  et  deux  autres 
plus  petites,  d'un  rouge  sanguin  ;  le  L.  s  p  L  e  n  d  i  de  (Z.  splcndens),k  fleurs  écarlates  en  dessus^ 
jaunes  en  dessous,  grandes,  disposées  en  corymbe  peu  fourni;  cette  espèce  l'emporte  sur  toutes 
les  autres  par  le  nombre,  la  grandeur  et  le  coloris  de  ses  fleurs.  —  Les  Leschenaultia  sont 
cultivés  en  Europe,  mais  leur  culture  demande  beaucoup  de  soins* 

t'AMiLLE  VV.  —  LOBÉLIACÉES. 

(Campanulacées  (en  partie),  de  Hob,  Broivrii  —Lobéliacées  (en  partie),  de  Jussieui-^ 

Lobéliacées,  de  Èartiing), 

CARACTÈRE.  —  Calyce/)/w5oî/  moins  adhérent.  COROLLE  irrégulière.  Examines  5, 
épi  g  y  nés  soudées  en  tube.  Ovaire  infère^  «  1-3  loges  pluriovulées;  ovules  horizontaux; 
stigmate  nu.  Friit  :  une  capsule  nu  une  haie  mnltiséminée.  Graines  à  planttde  dicotylé- 
douée ,  albuminée: 


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LOBÉLIACÉES.  89 

Cette  Famille  tire  son  nom  du  Genre  Lobélie^  dédié  au  botaniste  Lobel  qui  vivait  au  seizième 
siècle,  et  qui  a  puissamment  contribué  au  progrès  de  la  science  par  les  nombreuses  figures 
de  Plantes  qu'il  a  publiées. 
Les Lobéliacées  sont  des  Plantes  annuelles  ou  vivaces,  herbacées  pour  la  plupart,  et  généra- 
lement pourvues  d'un  suc  laiteux  ;  les  feuilles 
sont  alternes,  simples,  sans  stipules;  les 
ûeurs  sont  complètes,  rarement  dioîques  par 
avortement,  ordinairement  irrégulières;  Tin- 
florescence  généralement  en  grappe  ou  en 
épi;  lecalyce  a  sdn  tube  soudé  avec  Tovaire 
ou  la  base  de  Tovaire;  son  limbe  est  quîn- 
quéfide;  la  corolle  est  insérée  au  sormtnet  du 
tube  calycinal,  et  composée  de  5  pétales, 
rarement  libres  et  réguliers,  ordinairement 
cohérents  et  irréguliers,  bilabiés,  à  préflo- 
raison valvaire.  Les  filets  des  étamines  sont 
ordinairement  libres  par  leur  base;  supé- 
rieurement, ils  forment  un  tube  traversé 
par  le  style  ;  les  anthères  sont  introrses,  et 
cohérentes  en  un  cylindre,  dont  le  sommet 
est   ordinairement    recourbé   en   dedans; 
ovaire  infère,  ou  demi-infère,  tantôt  formant 
2  ou  3  loges  par  rintroflexion  des  carpelles, 
tantôt  presque   uniloculaire  par  suite   de 
leur  introflexion  incomplète,  tantôt  enfin 
tout  à  fait  uniloculaire ,  par  suite  de  la  dis- 
positition  valvaire  des  carpelles,  dont  les 
bords  seuls  sont  cohérents;  les  ovules  sont 
réfléchis;  le  style  est  terminal,  simple;  le 
stigmate,  ordinairement  échancré ,  ou  à  2 
lobes  entourés  d'un  anneau  de  poils;  le  fruit  est  tantôt  indéhiscent  et  charnu  ou  presque 
sec,  tantôt  déhiscent  et  capsulaire,  à  déhiscence  loculicide.  Les  graines  sont  nombreuse^ 
et  petites;  la  plantule  est  droite  et  occupe  Taxe  d'un  albumen  charnu;  la  radicule  est  voisine 
du  hile. 


Cbutropooo:!  a  fbuillbs  kn  cobub. 
{Ctntropogon  Cordifoliuê.) 


Isotome. 

Isotoma. 

LOBELtE. 

Lobelia, 

Laubentie. 

Laurentia. 

IsOLOliB. 

holobus. 

SiPHOCAMPYLUS. 

SiphocampylUs^ 

CLIt«TONlE. 

Clintonia. 

TUPA. 

Tupa. 

Centbopogon. 

Centrapogon 

AFFINITÉ.  — Les  Lobéliacées  sont  liées  aux  Campanulacées  par  une  étroite  affinité,  et 
n'en  difïerent  que  par  leur  corolle  irrégulière  et  leurs  anthères,  constamment  cohérentes;  la 
présence  du  suc  laiteux,  la  soudure  inégale  des  pièces  de  la  corolle,  la  cohérence  des  an- 
thères, la  bifurcation  du  stigmate  pourvu  d'un  appareil  particulier  de  poils  collecteurs,  les 
rapprochent  des  Ghicoracées,  tribu  des  Composées  ;  elles  se  distinguent  des  Goodéniacées  par 
la  préfloraison  valvaire  et  le  manque  d'indusie  stigmatique  ;  des  StyUdiées  par  le  nombre 
des  étamines  et  leur  non-adhérence  au  style. 

GÉOGRAPHIE.  —  La  sixième  partie  environ  des  Lobéliacées  habite  en  deçà  du  Cancer  j 
les  autres  sont  dispersées  dans  les  régions  tropicales  et  australes,  à  peu  près  en  égale  pro- 
portion en  Amérique  et  dans  l'ancien  Continent;  en  plus  grand  nombre  entre  les  tropiques, 


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90  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

et  surtout  au-delà  du  Capricorne ,  en  Asie  et  en  Afrique  ;  elles  sont  très-rares  dans  les  régions 
boréales  de  TAsie  et  de  TEurope.  Les  Espèces  ligneuses  croissent  surtout  en  Amérique. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Les  Lobéliacées  sont  pleines  d'un  suc  laiteux,  très-àcre 
et  narcotique^  qui  corrode  la  peau,  et,  pris  à  Fintérieur,  enflamme  le  tube  intestinal,  pro- 
voque les  vomissements  et  le  flux  de  ventre,  et  fait  rapidement  périr  Tbomme  et  les  animaux; 
on  doit  donc  les  ranger  parmi  les  Végétaux  les  plus  vénéneux;  quelques-unes  cependant  ont 
été  admises  par  les  médecins  de  Tautre  côté  de  FAtlantique  au  nombre  des  médicaments 
qu'on  administre  avec  une  extrême  prudence,  et  Tusage  s'en  est  répandu  parmi  nous.  La 
LoBÉLiB  BRULANTE  { Lobclta  ur^Tij) ,  indigène  daus  TEuropc occidcntalc  et  méridionale, 
est  pernicieuse  pour  les  troupeaux,  mais  sa  rareté  fait  que  nous  la  citons  à  peine  parmi  nos 
Plantes  vireuses.  LaL.  BffPLàE(Z.  inflata)y  vulgairement  nommée  Indian  Tobacco,  est 
employée  par  les  médecins  des  États-Unis  comme  expectorante  et  diapborétique,  et  vantée 
surtout  dans  le  traitement  de  Tastbme;  mais  on  a  constaté  par  Texpérience  que  cette  Plante, 
administrée  sans  précaution,  a  tué  un  grand  nombre  de  malades. — La  LoBéLiECARDiiiALB, 
belle  Espèce  vivace  de  la  Virginie,  est  cultivée  en  Europe  comme  Plante  d'ornement,  à  cause 
de  ses  magnifiques  grappes  terminales  de  fleurs  écarlates;  ses  racines  passent  pour  anthel-. 
mîntiques.  —  La  Cardinale  bleue  (Z.  syphilitica] ^  originaire  du  même  pays,  a  des 
fleurs  bleues,  en  épi  terminal;  on  la  cultive  aussi  comme  Plante  d'ornement;  sa  racine  est 
acre  et  émétique  ;  les  peuples  originaires  d'Amérique  l'employaient  avec  succès  comme  dépu- 
rative,  et  elle  resta  longtemps  un  remède  secret  :  les  Anglais  l'achetèrent  et  le  rendirent  public, 
mais  cette  publicité  a  nui  à  sa  réputation,  et  les  médecins  prudents  l'ont  mis  de  côté.  — Plu- 
sieurs autresLobélies  sont  cultivéesdans  nos  jardins '.telles  sont  laL.  brillante  {L.fulgens), 
Plante  vivace  du  Pérou,  dont  les  feuilles  sont  rouges  sur  les  bords,  et  les  fleurs  d'un  plus  beau 
rougeque  celles  de  la  L.  cardinale;  la  L.  éclatante  (Z.  splendens),  du  Mexique,  qui  a 
ses  feuilles  plus  vertes,  et  ses  fleurs  du  double  plus  larges  et  d'un  rouge  encore  plus  vif  que  dans 
l'espcce  précédente;  la  L.  a  feuilles  variables  (Z.  heterophylla).  Espèce  annuelle, 
originaire  de  la  Nouvelle-Hollande  et  de  la  terre  de  Van-Diémen,  dont  une  variété  à  grandes 
fleurs  a  été  introduite  en  Europe,  il  y  a  douze  ans,  par  un  horticulteur  anglais;  cette  belle 
variété  croît  avec  rapidité  et  forme  une  belle  toufle  qui  se  couvre  de  fleurs  innombrables 
pendant  tout  l'été. 

Le  Genre  Tupa  fournit  aussi  à  Thorticulteur  de  belles  espèces,  la  plupart  du  Chili,  qui 
toutes  contiennent  un  principe  vireux  délétère  ;  Todeur  de  quelques-unes  d'entre  elles,  aspirée 
avec  force,  suffit  pour  provoquer  le  vomissement;  nous  citerons  le  T.  a  larges  feuilles 
(  T.  feuillei).  Plante  vivace  herbacée,  dont  les  fleurs  rougeâtres  sont  disposées  en  épi  lâche; 
le  T.  A  feuilles  de  saule  (7*.  Salictfolia)y  Espèce  arborescente,  qui  a  ses  fleurs  d'un 
rouge  ponceau,  disposées  en  longues  grappes  fouillées. 

VIsotoma  longiflora,  nommée  vulgairement  Preventa  caballos,  herbe  vivace,  croît  aux 
Antilles,  dans  les  marécages,  et  passe  pour  une  des  Espèces  les  plus  vénéneuses  de  la  Famille; 
elle  tue  les  chevaux  qui  l'ont  broutée.  L'Isotoma  a  fleurs  axillaires  {hotoma 
axtllaris),  Espèce  de  la  Nouvelle-Hollande,  herbacée,  bisannuelle,  est  cultivée  chez  nous 
en  pleine  terre,  et  forme  des  touffes  arrondies,  qui  fleurissent  depuis  juin  jusqu'à  novembre.  Les 
émanations  qui  s'en  dégagent  sont  très-irritantes,  et  provoquent  la  toux.  —  On  cultive  aussi  en 
serre  chaude  le  Centropocon  de  Surinam  {Centropogon  surinamense) ,  arbrisseau  de 
trois  à  quatre  pieds,  qui  montre  au  commencement  du  printemps  ses  longues  fleurs  d'un  beau 
rouge,  axillaires  et  solitaires,et  dont  les  baies  sont  comestibles. 

Le  suc  laiteux  du  Siphocampylus  cautschouckj  qui  croit  au  Pérou,  fournit  un  caoutchouc; 
plusieurs  espèces  du  même  genre  sont  cultivées  en  Europe  :  tels  sont  le  S.  bicolore 
(S.  bicolor);  le  S.  glanduleux  {S,  glandulosus) ,  pi.  l""*,  qui  se  distingue  par  son  beau 
port  et  l'abondance  de  ses  grandes  fleurs  roses  ;  le  S.  k  c  a  r  l  4  t  e  dS.  coccineus) ,  la  plus  belle 


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CAMPANULACÉES. 


91 


Espèce  de  ce  Genre,  qui  a  montré  pour  la  première  fois,  en  I8lt5,  dans  les  jardins  d'Europe 
ses  amples  corolles  écarlatcs,  à  la  courbure  desquelles  le  genre  doit  son  nom  de  Siphocampylus. 


Famille  VIP.  —  CAMPANULACÉES. 


(Campanules  (en  partie),  à'Adanson. — Gampanulacées  (en  partie),  de  yt^s/et/. — 
Gampanulées,  HAlph.  De  Candolle,  — Gampanulacées,  de  Bartling,  ) 

CARACTÈRE.  —  Caltce  plus  ou  moins  adhérent  à  f ovaire.  Corolle  monopétale 
régulière,  Étamines  épigynes.  Ovaire  infère  à  plusieurs  loges  multiovulées.  Fruit  capsu- 
laire.  Graine  à  plantule  dicotylédonée,  albuminée. 

Les  Gampanulacées  ont  reçu  leur  nom  de  la  forme   de  leur  corolle,  qui  représente 

une  clochette  (Campana)  5  ce  sont  des  Plantes 
annuelles  ou  vivaces,  généralement  lai- 
teuses j  la  tige  est  presque  toujours  her- 
bacée, très -rarement  sous -ligneuse;  les 
feuilles  sont  alternes,  ou  quelquefois  op- 
posées, simples,  sans  stipules.  Les  fleurs 
sont  complètes,  régulières,  en  grappes  ou 
en  épis,  ou  en  glomérules,  quelquefois  en 
panicules,  ordinairement  nues,  rarement  in- 
volucrées.  Le  calyce  est  soudé  par  son  tube 
avec  Tovaire,  ou  seulement  avec  sa  base; 
son  limbe  est  persistant,  ordinairement 
quinquéfide,  à  préfloraison  valvaire.  La  co- 
rolle est  insérée  sur  un  anneau  situé  entre 
le  tube  calycinal  et  Tovaire,  rarement  étalé 
en  disque,  quelquefois,  comme  dans  les  Adé- 
nophores,  prolongé  en  fourreau  qui  engaîne 
la  base  du  style  ;  elle  est  ordinairement  mar- 
cescente,  campanulée  outubuleuse;  ses  di- 
visions sont  en  même  nombre  que  celles  du 
calyce,  et  leur  préfloraison  est  valvaire.  Les 
étamines,  en  même  nombre  que  les  divisions 
de  la  corolle ,  sont  insérées  comme  elle,  et 
adhèrent  quelquefois  à  sa  base;  les  filets 
sont  ordinairement  dilatés  dans  leurs  parties 
inférieures;  les  anthères  sont  introrses, 
quelquefois  cohérentes  et  formant  un  tube 
traversé  par  le  style.  L'ovaire  est  infère  ou 
demi-infère,  à  2-8  loges;  les  ovules  sont  réfléchis ,  horizontaux,  attachés  à  des  placentaires 
occupant  la  cloison  ou  Tangle  interne  des  loges;  le  style  est  terminal,  simple,  hérissé  de 
poils  collecteurs,  disposés  en  séries  longitudinales;  le  stigmate  est  ordinairement  divisé  en 
autant  de  lobes  qu'il  y  a  de  loges,  d'abord  accolés  les  uns  aux  autres,  poilus  extérieurement, 
glabres  sur  leur  face  interne.  La  capsule  est  à  2-8  loges;  lorsqu'elle  est  demi-infère,  la 
déhiscence  est  loculicide,  et  s'opère  par  le  sommet;  lorsqu'elle  est  complètement  infère, 
les  loges  s'ouvrent  près  de  la  base,  ou  à  la  partie  moyenne  de  l'ovaire,  ou  sous  le  limbe 


I .  WlBLKHBBIOIA  Â   VLBCB8 
DB  PBRrtIVCHB. 

[Wakltnbtrgia  ViHemflora,) 
2.  ROBLLA  CILléB. 

{Rotlla  eiltala.) 


3.  Plattcodor  automnal. 
(Platycodon  autumnalt,) 

4.  Campaïiulb  iioblb  a  flbubs 

blancbbs. 
(Campanula  nobiliêt  albiflora.) 


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92 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


du  calyce  par  un  oriûce  ou  une  valvule  pariétale  qui  s'enroule  en  dehors.  Les  graines  sont 
nombreuses,  ovoïdes  ou  anguleuses,  la  plantule  est  droite,  et  occupe  Taxe  d'un  albumen 
charnu;  la  radicule  est  voisine  du  hile. 


Jasiore. 

Jasione. 

Raiponce. 

Phyteuma. 

Canarine. 

Canarina. 

Campanule. 

CampaniUa. 

Platycodok. 

Platycodon, 

Spéculaire. 

Speoularia. 

Wablrnbergia. 

Wahlenbergia. 

Trachelie. 

Trachelium. 

Prismatocarpe. 

Prismatocarpus. 

Adenophore. 

Adenophora. 

ROELLA. 

Roella. 

MUSSCQIA. 

Musschia. 

AFFINITÉ.  —  Les  Campanulacées  sont  étroitement  liées  aux  Lobéliacées;  elles  en  dif- 
fèrent par  leur  corolle  régulière ,  leurs  filets  ordinairement  dilatés  à  la  base  ;  leurs  anthères 
presque  toujours  libres,  leur  pollen  globuleux,  la  structure  de  leur  stigmate  et  kidéhis- 
cence  de  leur  capsule.  Elles  offrent  quelques  rapports  éloignés  avec  les  Vacciniées  et  les 
Gesnéracées. 

GÉOGRAPHIE. — Les  Campanulacées  chez  lesquelles  la  déhiscence  du  fruit  s'opère 
par  la  base  ou  par  les  côtés,  et  qui  form4Si)t  la  tribu  des  Campanulées,  habitent  toutes  en 
deçà  du  Cancer,  entre  le  36*  et  le  47*  parallèle  ;  elles  abondent  surtout  dans  l'ancien  Conti- 
nent. Les  Campanulacées  dont  le  fruit  s'ouvre  par  le  sommet,  et  dont  on  a  fait  aussi  une 
même  tribu,  sont  rares  dans  les  régions  chaudes  et  tempérées  de  Thémisphère  boréal,  et  entre 
les  tropiques  ;  elles  se  rencontrent  plus  fréquemment  au  delà  du  Capricorne,  et  surtout  au 
Cap  de  Bonne-Espérance,  dans  la  Nouvelle-Hollande  et  l'Amérique  méridionale. 

« 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  — Le  suc  laiteux  qui,  chez  les  Lobéliacées,  possède  des 
principes  acres  et  narcotiques,  est  neutralisé  dans  les  Campanulacées  par  une  abondante 
quantité  de  mucilage  doux  ;  c'est  à  ce  mucilage  que  les  racines  charnues  de  la  G  au  p  A?i  u  le 
R  A I  p  o  N  c  B  (  Campantda  rapunculus  ) ,  de  la  C.  f  a  u  s  s  b  r  a  i  p  o  n  g  e  (6\  rapimculotdes),  de 
I'Adénopbore  co  m  m  fJN  e  (A.  communes) ,  de  la  Raiponce  en  èpi  (Phyteuma  sptcaia), 
doivent  leurs  propriétés  alimentaires;  elles  sont  sapides  et  d'une  digestion  facile;  le  lait  dont 
elles  sont  pénétrées  les  faisait,  chez  les  anciens,  recommander  aux  nourrices.  Quelques 
Espèces  sont,  en  Russie,  rangées  au  nombre  des  remèdes  contre  la  rage.  La  C.  c  e  r  v  i  c  a  i  re 
(C.  cervicaria)^  et  la  C.  gant  blé  e  (C  trachelium)  j  Plantes  indigènes,  tirent  leur  nom 
spécifique  de  l'usage  qu'on  en  fait  dans  l'angine  du  pharynx  et  de  la  trachée.  L'herbe  fleurie 
de  la  Wahlenbergia  a  feuilles  de  gramen  [W,  graminifolia),  qui  habite  les  mon- 
tagnes de  l'Europe  méridionale,  est  recommandée  par  quelques  médecins  contre  l'épilepsie. 
Les  habitants  du  Chili  emploient  l'infusion  delaW.FAussELiNAiRE(ïr.  linarioîdes),  contre 
les  tranchées  du  tube  intestinal. 

Les  Campanulacées  sont  plus  connues  comme  Plantes  d'agrément  que  comme  Plantes 
utiles.  Nous  citerons  parmi  les  Campanules,  la  C.  a  f^uille^  de  Vècher(C.  persici- 
folia),  Espèce  indigène,  vivace  et  rustique,  qui  double  facilement  pjar  la  culture,  et  orne  les 
plates-bandes  de  nos  jardins;  la  G.  pyraiiidalp  (Ç.  pyramidalis),  Espèce  bisannuelle 
de  l'Europe  méridionale,  dont  les  fleurs  forment  une  riche  pyramide,  haute  de  trois  à 
quatre  pieds;  la  G.  violette  de  Marie  (C.  médium)^  Plante  du  midi  de  l'Europe,  qui, 
par  ses  grandes  corolles  épanouies  en  grand  nombre  à  la  fois,  figure  l'ensemble  de  cloches 
que  Ton  nomme  carillon;  la  G.  élégante  (C  speciosa),  Espèce  vivace  de  la  Sibérie,  dont 
les  fleurs  sont  grandes,  d'un  violet  foiicé,  et  agglomérées  en  tête  terminale.  —  La  G.  m  roir 
DE  Vénus  (Specularia  spéculum) ^  ioive  Espèce  indigène,  annuelle,  doit  son  nom  mytho- 
logique à  un  disque  jaune  tapissant  le  fond  de  sa  corolle  bleue  ;  elle  croit  dans  les  campagnes 
parmi  les  moissons^  et  comm^  elle  fleurit  abondamment,  i)  semble  que  les  blés  sont  implantés 


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CAMPANULACÉES.  93 

dans  un  tapis  de  \elours  violet;  les  jardiniers  la  cultivent  pour  bordure  —  La  C.  dorée 
(Musschia  aurea),  est  une  Plante  ligneuse  de  Madère,  haute  de  deux  pieds,  toujours  verte, 
que  Ton  cultive  en  orangerie,  et  qui  développe  vers  la  fin  de  Tété  des  grappes  pyramidales 
de  fleurs  grandes  et  d'un  jaune  doré.  —  La  C.  noble  (P/.  11*)  (C,  nobilis)  est  une  nouvelle 
Espèce  due,  comme  tant  d'autres  Espèces  rares,  au  zèle  infatigable  de  M.  Fortune,  jardinier 
anglais,  qui  a  entrepris  d'envoyer  en  Europe  toutes  les  richesses  végétales  de  la  Chine.  Cette 
plante  magnifique,  nommée  parles  ChinoisTAiTCHouNG-OuA  (C/orAe-F/ewr),  est  commune 
dans  leurs  jardins  et  commence  à  le  devenir  dans  les  nôtres,  grâce  à  sa  rusticité,  qui  lui 
permet  de  passer  l'hiver  en  pleine  terre.  La  tige  est  ramifiée  et  atteint  une  hauteur  de  trois 
pieds;  les  feuilles  radicales  sont  cordiformes,  d'un  vert  pâle,  leur  pétiole  est  long  de  six  pouces; 
les  caulinaires  sont  lancéolées,  presque  sessiles,  dentées-crénelées.  Les  fleurs  sont  pendantes; 
la  corolle  d'un  rouge  légèrement  vineux,  piqueté  de  rouge  plus  foncé  ;  elle  ofl're  cinq  nervures 
moins  colorées,  qui  s'efi*acent  à  mesure  qu'elle  s'évanouit.  La  floraison  dure  pendant  juin  e^ 
juillet.  Le  célèbre  horticulteur  Van-Houtte  vient  d'obtenir  une  variété  à  fleur  pâle  en  fécon 
dant  le  pistil  de  la  C.  noble  avec  le  pollen  de  la  C.  ponctuée  (C.  punctata)  espèce  de 
Sibérie  à  corolle  jaunâtre,  ponctuée  de  brun  en  dedans;  cette  hybride  a  plus  d'éclat  que  son 
père,  mais  sa  mère  la  surpasse  en  beauté. 

LaRoBLLA  CILIÉE  {Jloellu  ciliata]  est  un  sous-arbrisseau  du  Cap  qui  n'a  pas  un  pied  de 
hauteur;  on  le  cultive  dans  les  serres  tempérées,  où  il  ouvre  en  juillet  ses  grandes  corolles, 
dont  le  limbe  et  le  haut  du  tube  sont  d'un  beau  violet  interrompu  par  un  cercle  blanc. 

Le  Platycodon  a  grandes  pleurs  (Platycodon  grandiflontm) ,  qui  vient  de  la 
Sibérie,  a  ses  rameaux  terminés  par  une  seule  fleur  d'un  bleu  magnifique.  —  LaCANARiNE 
campanule  (Canarina  campamda) ,  Plante  vivace  des  Canaries,  a  des  fleurs  pendantes 
jaunes,  rayées  de  rouge  ;  sa  racine,  qui  est  tubéreuse,"  et  sa  capsule  demi-succulente,  sont 
employées  comme  aliment. 

Les  Jasiones  sont  des  herbes  européennes,  dont  les  capitules  terminaux  offrent  la  phy- 
sionomie des  Scabieiises  ;  \a  p\us  gTSiXide  espèce  est  la  Jasione  vivace  (J.  perennis),  qui 
montre  ses  capitules  bleus  de  juillet  à  septembre.  —  Le  Genre  Wahlenbergia,  fournit  à  l'hor- 
ticulture une  Espèce,  originaire  de  la  Nouvelle -Hollande,  qui  nous  arriva  au  commencement 
de  ce  siècle,  fut  perdue  pendant  quarante  ans,  et  vient  d'être  retrouvée  à  Bruxelles  par 
M.  Vilmorin  :  c'est  le  W.  a  fleurs  de  pervenche  (fF.  Vincœfolia)  sa  corolle  est  en 
cloche,  son  limbe  forme  5  lobes  ovales  aigus,  d'un  bleu  d'azur  vif  en  dedans,  muni  vers  la 
gorge  de  poils  blancs,  le  tube  est  jaunâtre  inféricurement.  Cette  plante  est  cultivée  pour 
bordure  et  fleurit  de  mai  en  septembre.  —  Nous  terminerons  l'histoire  de  la  Famille  des 
Campanulacées ,  en  citant  la  Campanule  a  feuilles  de  lierre  (  Wahlenbergia 
hederacea),  charmante  petite  Plante  à  fleur  bleue  solitaire,  longuement  pédonculée,  à 
tige  filiforme  couchée  et  à  feuilles  lobées-anguleuses  comme  celles  du  Lierre;  il  en  est  fait 
mention  dans  la  préface  de  cet  ouvrage. 


Famille  VHP.  —  SPHÉNOCLÉACÉES. 

(Sphénocléacées,  d'A.  de  Jussieu,  —  Pongatiées,  d'Endlicher.) 

Les  Sphénocléacées,  que  M.  A.  de  Jussieu  place  à  la  suite  des  Campanulacées,  ne  forment 
pas  une  Famille  nettement  caractérisée;  elles  consistent  dans  un  Genre  unique,  réduit  à  une 
seule  Espèce,  le  Sphenoclea  de  Gœrtner,  Pongatium  de  Jussieu,  Plante  annuelle,  voisine 
des  Campanulacées,  qu'on  rencontre  dans  toute  la  zone  intertropicale.  Les  fleurs  sont 
disposées  en   capitule  presque  cylindrique  et  accompagnées  chacune   d'une   bractée  tri- 

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94  HISTOIRE   DES   FAMILLES. 

partite  ;  le  calyce,  adhérent  àTovaire,  a  son  tube  en  forme  de  pyramide  renversée  ou  de  coin 
(de  là  le  nom  de  Sphenoclea)  ;  la  <;orolle  est  quinquépartite,  à  lobes  infléchis  ;  les  cinq  étamines 
sont  sessiles  dans  les  sinus  de  la  corolle;  Tovaire  est  à  deux  loges,  le  style  très-court,  le 
stigmate  bilobé;  la  capsule  est  membraneuse,  et  s'ouvre  en  pyxide;  les  graines  sont  nom- 
breuses, attachées  à  des  placentaires  allongés,  cylindriques,  qui  descendent  du  sommet  de  la 
cloison;  laplantule  est  droite,  dans  Taxe  d'un  albumen  charnu,  peu  abondant. 


Famille  IX*.— DIPSACÉES. 

(DiPSÀCÉES  de /ttô5t>u.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  enveloppant  Vomire  avec  ou  sans  adhérence.  Corolle 
monopétale  épigyne,  Étamines  non  cohérentes.  Ovaire  uniloculaire,  à  ovule  unique 
pendant.  Graine  àplantule  dicotylédones  albuminée;  radicule  supère. 

Les  dipsacées  tirent  leur  nom  du  Genre  Dipsacus;  le  mot  Dipsacus  signifie  en  grec  je 

guéris  la  soif,  et  fait  allusion  aux  feuilles 
qui  sont  opposées  et  soudées  ensemble,  de 
manière  à  former  une  sorte  de  vase  ou  de 
réservoir,  où  s'amassent  et  se  conservent 
les  eaux  pluviales. 

Cette  Famille  se  compose  de  Plantes  gé- 
néralement herbacées ,  à  tige  cylindrique , 
à  feuilles  opposées,  simples,  sans  stipules. 
Les  fleurs  sont  complètes,  plus  ou  moins 
disposées  en  capitule  dense  sur  un  récep- 
tacle commun,  muni  d'un  involucre,  et 
tantôt  nu,  tantôt  chargé  de  bractées  ou 
paillettes,  dont  chacune  appartient  à  une 
fleur.  Les  paillettes  les  plus  extérieures  sont 
quelquefois  stériles ,  et  les  corolles  de  la 
circonférence  sont  souvent  rayonnantes. 
Chaque  fleur  est  pourvue  d'un  involucelle 
calyciforme  persistant  ;  le  calyce  adhère  à 
l'ovaire,  soit  par  le  sommet  de  son  tube , 
soit  par  son  tube  entier;  quelquefois  U 
l'enveloppe  sans  adhérence ,  et  forme  au- 
dessus  de  lui  un  étranglement;  le  limbe 
est  creusé  en  godet  ^  ou  divisé  en  lanières 
sétiformes.  La  corolle  est  tubuleuse ,  son 
Moiiiii  Di  ?nn.  limbe  est  quinquéfide,  souvent  irrégulier, 

[Marina  Ptrêica.'i  ,^  ....        ;        ,  ,.         .  ' 

à  préfloraison  imbnquée.  Les  étamines  sont 
au  nombre  de  4,  alternes  avec  les  lobes  de  la  corolle  (la5«  manque  entre  les  deux  lobes 
intérieurs)  ;  les  filets  sont  souvent  didynames  ;  les  anthères  sont  introrses.  L'ovaire  renferme 
un  ovule  réfléchi,  suspendu  au  sommet  de  la  loge.  Le  style  est  terminal ,  soudé  par  sa  base 
au  col  rétréci  du  calyce.  Le  fruit  est  un  utricule,  couronné  par  le  limbe  du  calyce;  la  graine 
est  inverse  ;  la  plantule  est  droite,  et  occupe  l'axe  d'un  albumen  charnu  très-peu  abondant. 


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DIPSACÉES. 


95 


scabuuse. 

Ptébocéphalv. 

Knautie. 


Scabiosa, 

Pterocephalus. 

Knautia, 


Céphalaire. 
Cardérb. 

MORINA. 


Cephallaria, 

Dipsacus, 

Morina. 


.^^Êim^ 


AFFINITÉ.  —  Les  Dipsacées,  voisines  des  Valérianées  et  des  Composées,  se  distinguent 
de  celles-ci ,  dont  elles  ont  Finflorescence ,  par  les  anthères  distinctes,  la  graine  inverse  et 
albuminée  ;  de  celles-là  par  leur  inflorescence ,  leur  carpelle  unique ,  souvent  libre  dans  le 
tube  calycinal,  et  leur  plantule  albuminée.  Elles  se  rapprochent  des  Calycérées  par  leur  ovule 
pendant  et  la  présence  de  Talbumen  ;  mais  elles  s*en  distinguent  par  la  nervation  et  la  pré- 
floraison de  la  corolle. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Dipsacées  croissent  dans  les  régions  tempérées  et  chaudes  extra- 
tiopicales  de  Tancien  continent,  ainsi  que  dans  l'Afrique  australe;  on  les  rencontre  surtout 
dans  la  partie  orientale  du  bassin  méditerranéen. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  propriétés  médicales  des  Dipsacées  sont  peu 
estimées;  plusieurs  possèdent  dans  leurs  feuilles  et  leur  racine  un  principe  amer -doux,  un 
peu  astringent^  qu'on  a  recommandé  pour  diverses  maladies.  —  Les  Scabieuses  (Scubiosa) 

étaient  administrées  contre  les  afiections  cutanées, 
et  notamment  contre  la  gale  (en  latin  scabies). 
La  Se.  DES  CBAMPS  lKnauttaarv€nsi8);]9i  Petite 
ScABiBusB  (Se,  columbaria)  sont  tombées  en  dé- 
suétude. La  Se.  OFFiciNALB  (5c.  «Mcma), nommée 
vulgairement  Mors-du-diable^  à  cause  de  sa  souche 
tronquée ,  et  comme  rongée  à  Textrémité,  est  pres- 
crite en  décoction,  comme  dépurative  ;  on  emploie 
les  feuilles,  les  fleurs  et  surtout  la  souche,  qui 
contient  beaucoup  de  tanin ,  et  jouit  de  propriétés 
fortement  astringentes. 

Les  Cardères  (Dipsacus)  ne  sont  plus  usitées 
en  médecine  ;  les  anciens  pvescrivaient  les  racines 
de  la  C.  A  FOULON  (Z>.  fullonum)  comme  sudori- 
fiques  et  diurétiques.  Les  feuilles  et  les  graines 
étaient  préconisées  contre  la  rage  ;  ils  attribuaient 
même  à  Feau  contenue  dans  le  réservoir  formé  par 
les  feuilles  des  vertus  effleaces  pour  la  guérison  de 
la  chassie  des  yeux,  et  ils  nommaient  la  Cardère 
baignoire  de  Vénus,  Chardon  de  Vénus;  aujourd'hui, 
ces  appellations  sont  remplacées  par  celles  de  Char- 
don à  bonnetier,  Chardon  à  foulon,  qui  rappellent 
la  propriété  la  plus  utile  de  la  Plante  :  en  effet, 
ses  capitules  ovoïdes-cylindriques  sont  pourvues  de 
paillettes  recourbées  propres  à  carder,  c'est-à-dire  à 
peigner  et  à  polir  les  tissus  de  laine  et  de  coton.  Les  bonnetiers  et  les^  drapiers  en  font  une 
énorme  consommation  :  une  seule  pièce  de  drap  met  hors  de  service  i  ,500  à  2,000  têtes,  un 
seul  pied  n'en  porte  pas  plus  de  7  ou  8;  aussi  la  cukurede  la  Cardère  exige-t-elle  des  terrains 
d'une  étendue  considérable.  On  a  voulu  lui  substituer  des  Cardères  artificielles;  mais  tqps  les 
essais  ont  été  infructueux ,  rien  n'a  pu  remplacer  la  roideur  et  l'élasticité  des  bractées  du 
Dipsacus.  On  peut  du  reste  regarder  cette  précieuse  Plante  comme  un  produit  de  l'art  ;  car 
c'est  la  culture  qui  a  développé  ses  qualités  en  recourbant  et  endurcissant  les  bractées  de  son 


ScABIBUfl  VIOTI. 

(SeafriMS  atropurpurta.) 


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90  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

capitule ,  qui ,  dans  FEspèce  sauvage,  sont  molles  et  peu  crochues.  La  variété  que  rbomme 
a  obtenue  peut  se  perpétuer  par  des  graines. 

Les  Dipsacées  contribuent  aussi  à  rembellissement  de  nos  jardins.  LaScABiEusE  vbcve 
(Se,  atropurpuj'ea) ,  Espèce  bisannuelle,  originaire  des  Indes,  étale  depuis  juillet  jusqu'à 
octobre  ses  capitules  veloutés,  à  odeur  de  musc,  et  dont  la  couleur  passe  souvent  du  pourpre 
foncé  au  rouge  panaché  et  au  rose  clair.  —  La  Se.  étoilée  (Se.  stellata),  Espèce  indigène 
et  annuelle,  a  ses  fleurs  blanches;  la  Se.  du  Caucase  (Se.  Caueasiea),  Plante  vivace,  a  de 
larges  capitules  d'un  bleu  tendre.  Le  Genre  Morikb  (Morina)  qui  constitue  une  tribu  à  part 
dans  la  Famille  des  Dipsacées,  se  distingue  des  Scabieuses  par  sa  corolle  ringente,  ses  éta- 
mines  didynames  et  ses  fleurs  agglomérées  en  verticilles  à  Faisselle  des  feuilles  supérieures. 
Ce  sont  des  herbes  orientales,  qui,  du  Mont  Parnasse  ont  pénétré  à  travers  la  Syrie  et  la  Perse 
jusque  dans  l'Inde. — La  M.  a  longues  feuilles  (M.  longi folio)  est  une  très-belle  plante 
vivace  du  Népaul,  que  nous  cultivons  en  pleine  terre,  ses  fleurs,  d'un  blanc  rose,  forment  un 
long  épi,  et  leur  évolution  successive  dure  pendant  une  partie  de  la  belle  saison. 

Famille  X".  —  VALÉRIANÉES. 

(Dipsacées  (en  partie),  de  yw5SiVM.  —  Valérianes,  de  De  Candolle. — Valéri  an  âgées, 

de  Lindleij). 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  Vovaire.  Corolle  monopétale  épigyne.  Eta- 
mines  ordinairement  moins  nombreuses  que  les  lobes  de  la  corolle  et  non  cohérentes.  Ovaire 
«  trois  loges,  dont  deux  avortées,  et  la  troisième  uni-ovulée;  ovule  pendant.  Graine  à 
plantule  dicotylédonée .  Radicule  supere. 

Les  Valérianées,  qui  tirent  leur  nom  de 
la  Valériane^  principal  Genre  delà  Famille, 
sont  des  Plantes  herbacées,  tantôt  annuelles, 
à  racine  grêle  et  inodore,  tantôt  vivaces,  à 
rhizome  presque  ligneux,  ordinairement 
odorant.  Les  feuilles  radicales  sont  en  toufle, 
les  caulinaires  opposées,  simples,  sans  sti- 
pules. 

Les  fleurs  sont  généralement  stamino-pis- 

tillces,  quelquefois  monoïques  ou  dioîques; 

disposées  en  cymes  dichotomes  ou  solitaires 

dans  la  bifurcation  des  rameaux ,  ou  fasci- 

culées  en  corymbe ,  et  munies  de  bractées. 

Le  tube  du  calyce  est  soudé  avec  l'ovaire, 

le  limbe  est  trifide  ou  quadrifide,  ou  divisé  en 

lanières  nombreuses,  sétiformes,  qui  forment 

une  aigrette  caduque.  La  corolle,  insérée  à 

la  marge  d'un  disque  couronnant  l'ovaire, 

est  tubuleuse,  infundibuliforme  ;  son  tube 

est  souvent  éperonné  à  la  base,  son  limbe, 

I         généralement  quinquélobé,  est  quelquefois 

irréguher;  la  préfloraison  est  imbriquée. 

Les  étamines,  insérées  sur  le  tube  de  la  co- 

valbriarb  DB8  pvréivéks.  roUc,   alternent  avec  ses  divisions  ;   leur 

(vaieHana  Pyrenaica.)  nombrc  cst  rarcmcut  dc  5,  le  plus  souvent 

il   est  de  4,  par  suppression  de  la  5*  intérieure;  quelquefois  de  3,  par  suppression  d'une 


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VALÉRIANÉES. 


97 


des  latérales;  quelquefois  enfin  réiamine  intérieure  se  développe  seule;  les  anthères  sont 
introrses  ;  Tovaire  infère  se  compose  de  trois  carpelles^  formant  trois  loges,  dont  deux  vides , 
ordinairement  plus  petites ,  et  la  troisième  fertile  ;  Tovule  réfléchi  pend  au  sommet  de  la 
loge;  le  style  est  simple^  filiforme,  terminé  par  2-3  stigmates,  quelquefois  cohérents. 
Le  fruit  est  sec,  indéhiscent,  ordinairement  uniloculaire  par  disparition  des  loges  stériles, 
toujours  à  une  seule  graine  ;  la  graine  est  inverse  ;  la  plantule  est  droite ,  à  cotylédons 
ohlongs,  épais,  beaucoup  plus  longs  que  la  radicule. 


Yalébiaiielle. 

FSDIA. 


Valerianella, 
Fedia. 


Centbanthb. 
Valériane. 


CentranthtÀS, 
Valeriana, 


AFFINITÉ. — Cette  Famille,  très-voisine  des  Dipsacées,  s'en  distingue  par  Tovaire 
triloculaire ,  et  le  défaut  d'albumen  :  son  affinité  avec  les  Composées  est  incontestable; 
mais  elle  en  diffère  par  beaucoup  de  caractères,  dont  les  principaux,  sans  compter  le 
port,  sont  la  structure  de  l'ovaire  et  la  position  de  l'ovule. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Valérianées  habitent,  dans  l'ancien  continent^  l'Europe  centrale, 
la  région  méditerranéenne,  et  celle  que  dominent  le  Taurus  et  le  Caucase,  d'où  elles  ont  passé 
en  petit  nombre  dans  l'Orient ,  la  Sibérie ,  le  Népaul  et  le  Japon.  On  n'en  rencontre  pas 
entre  les  tropiques  et  au-delà  du  Capricorne.  Mais  dans  le  nouveau  continent^  elles  habitent 
les  chaînes  de  montagnes  qui  s'étendent  sous  les  tropiques,  le  long  du  rivage  oriental;  de  là 
elles  se  sont  répandues  dans  le  Chili  et  la  terre  MagellaniqUe.  L'Amérique  septentrionale 
n'en  possède  qu'une  Espèce. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.— Les  Espèces  du  Genre  Valériane  (  ro/eriana)  possèdent, 
à  divers  degrés,  des  vertus  sur  lesquelles  tous  les  peuples  sont  d'accord  :  ces  vertus  sont  plus 
énergiques  chez  les  Espèces  vivaces;  quant  à  l'infériorité  des  annuelles,  il  faut  l'imputer 
à  la  courte  durée  de  leur  existence.  Les  rhizomes  chevelus  des  vivaces  contiennent  une 
huile  volatile  d'une  nature  spéciale  (essence  de  Valériane),  un  acide  particulier  (acide  valéria- 
nique),  un  principe  colorant,  et  de  la  fécule  ;  leur  saveur  est  acre,  amère,  un  peu  astringente  ^ 
leur  odeur  est  pénétrante ,  un  peu  aromatique ,  désagréable  pour  les  uns ,  délicieuse  pour  les 
autres,  célébrée  par  un  grand  nombre  de  poètes,  recherchée  avidement  par  certains  animaux^ 
et  surtout  par  les  chats  :  on  ne  peut  conserver  des  Valérianes  dans  les  jardins  fréquentés  par 
eux,  ils  la  déracinent  malgré  toutes  les  précautions,  et  même  ils  bouleversent  les  herbiers  où 
on  en  conserve.  Ces  Plantes,  dont  la  propriété  consiste  à  stimuler  toutes  les  fonctions  vitales, 
et  surtout  les  sensations ,  étaient  vantées  chez  les  anciens,  notamment  chez  les  Orientaux  ; 
elles  sont  aussi  en  grande  réputation  dans  la  médecine  moderne ,  et  placées  au  premier  rang 
parmi  les  racines  antispasmodiques;  on  les  a  longtemps  regardées  comme  efficaces  dans 
l'épilepsie  :  Fabius  Columna,  seigneur  napolitain ,  qui  vivait  au  seizième  siècle,  et  qui  était 
épileptique,  ayant  épuisé  tous  les  remèdes  imaginables,  se  livra  à  l'étude  de  la  botanique  pour 
chercher  dans  les  Plantes  quelque  secours  contre  la  terrible  maladie  dont  il  était  afl'ecté  ;  il 
fut,  dit-il,  parfaitement  guéri  par  la  Valériane.  Un  siècle  plus  tard,  un  médecin  célèbre  de 
Rome  guérit,  par  ce  moyen,  un  pêcheur  épileptique ,  dont  les  accès  revenaient  plusieurs  fois 
par  jour.  Mais  la  maladie  en  question  était-elle  la  véritable  épilepsie^  ou  seulement  une 
convulsion  épileptiforme? 

C'est  surtout  aux  affections  vaguement  indiquées  sous  le  nom  de  spasmes ,  de  vapeurs,  de 
maux  de  nerfs^  que  s'applique  avec  succès  l'action  des  Valérianes.  Quelques  médecins  du 
siècle  dernier  attestent  leur  efficacité  dans  la  danse  de  Saint-Gui ,  maladie  caractérisée 
par  des  mouvements  involontaires  désordonnés  et  convulsifs  ;  d'autres  les  ont  préconisées 
dans  la  migraine.  Mais  il  est  une  vertu  incontestable  que  possèdent  les  Valérianes,  et  qu'elles 


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98  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

partagent  d'ailleurs  avec  les  autres  antispasmodiques^  c'est  celle  de  remédier  aux  troubles 
nerveux,  qui,  chez  les  femmes  surtout ,  sont  la  conséquence  des  pertes  de  sang  trop  abon- 
dantes. «  Tous  ces  accidents ,  dit  notre  savant  ami,  le  docteur  Pidoux,  accidents  si  communs 
a  depuis  qu'on  a  paru  oublier  qu'il  faut  du  sang  pour  régulariser  les  phénomènes  de  l'inner- 
«  vation ,  cèdent  à  peu  près  constamment  aux  antispasmodiques ,  et  surtout  à  la  Valériane , 
«  en  attendant  que  par  un  régime  analeptique  bien  dirigé,  le  sang ,  cet  antispasmodique  par 
a  excellence  {sanguis  moderator  nervorwn) ,  soit  venu  apporter  à  la  névrosité  la  fixité  néces- 
((  saire  au  maintien  de  son  équilibre.  » 

Citons  maintenant  les  principales  Valérianes,  en  commençant  par  laV.  officinale 
(V,  officinalis) j  qui  est  l'Espèce  la  plus  usitée;  elle  est  commune  en  Europe,  et  naît 
fréquemment  dans  les  prés  humides^  rarement  dans  les  lieux  secs  et  sablonneux.  Sa  tige  est 
sillonnée ,  ses  feuilles,  penniséquées  et  duvetées,  varient  selon  la  localité  qu'elle  habite.  Les 
anciens,  qui  aimaient  à  varier  leurs  médicaments,  employaient  les  autres  Espèces  du  même 
Genre,  telles  que  laV.  dioïqub  (  V.  dioîca),  Plante  indigène^  à  feuilles  glabres,  dont  les  radi- 
cules sont  entières,  spatulées^  ovales,  et  les  caulinaires  penniséquées  ;  la  V.  phu  (  K.  phu), 
Espèce  d'Allemagne,  cultivée  dans  nos  jardins,  dont  les  feuilles  radicales  sont  indivises,  lancéo- 
lées, et  les  fleui*s  blanches  ;  la  V.  d e s  Pt  r  é  n 6  e  s  (  F. pyrenaîca),  Plante  d'ornement,  comme 
la  précédente,  à  fleurs  d'un  joli  rose,  à  feuilles  dont  les  inférieures  sont  simples,  et  les  supé- 
rieures à  trois  ou  plusieurs  segments ,  celui  du  milieu  beaucoup  plus  grand  que  les  deux 
autres;  la  V.  db  Sitchr  (V.  sitchensis),  qui  vient  de  l'Amérique  septentrionale,  et  que 
les  Russes  estiment  par-dessus  toutes  les  autres. 

Les  anciens  vantaient  beaucoup  le  Nard  celtique  et  le  Nard  indien;  le  premier  eit  fourni 

par  deux  Espèces,  la  V.  celtique  (  V.  celtica), 
qui  habite  le  sommet  des  montagnes  de  la  Styrie  et 
de  la  Garinthie,  et  la  V.  Nabd  (  F.  saliunca),  qui 
croît  dans  les  Alpes  de  la  Ligurie.  Ces  Plantes  ne 
jouissent  pas  d'une  grande  renommée  parmi  les 
habitants  des  Alpes  ;  mais  elles  n'en  sont  pas  moins 
l'objet  d'un  commerce  considérable.  Les  commer- 
çants les  font  récolter  à  peu  de  frais  par  des  pay- 
sans, qui  vont  les  chercher  jusqu'à  la  limite  des 
neiges  éternelles;  les  racines  liées  en  botte  sont 
encaissées  dans  de  grands  tonneaux,  et  expédiées, 
tous  les  ans,  de  Trieste  en  Turquie  et  en  Egypte, 
où  on  les  vend  avec  de  grands  bénéfices  ;  de  là  elles 
sont  transportées  jusqu'au  fond  de  l'Ethiopie  et  de 
l'Inde.  On  les  y  emploie  dans  la  préparation  des 
bains  et  dans  la  confection  de  certains  onguents. 
En  Europe,  elles  entrent  dans  la  composition  de 
la  thériaque. 

Le  Nard  bNoiBN,  que  les  anciens  nommaient 
Spica-nard,  était  en  faveur  chez  eux,  et  ils  lui 
attribuaient  la  propriété  d'ouvrir  le  cœur  aux  pas- 
sions amoureuses.  C'est  depuis  quelques  années 
seulement  que  l'on  sait  à  quel  Genre  des  Valériane  es 
on  doit  le  rapporter  :  ce  Genre  est  le  N  a  r  d  o  sx  a  - 
cb!it«anthi  aouGi.  cHTS,  voisin  du  Patrinia;  l'Espèce  tire  son  nom 

du  mot  sanscrit,  employé  dans  le  pays  à  la  désigner: 
le  A^.  «/a/amawse  est  usité  dans  tout  le  continent  indien,  à  cause  de  la  force  de  son  arôme 
et  de  ses  propriétés  stimulantes.  Le  Nard  liquide^  ce  parfum    précieux  que  Marie  versa 


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VALÉRIANÉES.  99 

sur  les  pieds  de  Notre-Seigneur,  et  qui  embauma  toute  la  maison,  était  probablement  aro- 
matisé a^^ec  du  Nard  indien.  —  Quelques  Valérianes  de  l'Amérique  possèdent  la  même  odeur 
que  Tofficinale  ;  on  ne  sait  rien  de  leurs  usages. 

Toutes  les  Yalérianées  vivaces  ont  des  feuilles  légèrement  amères;  dans  celles  des 
Espèces  annuelles,  cette  amertume  est  remplacée  par  un  mucilage  insipide  -,  telles  sont  les 
Valérianelles  ou  mâches,  et  notamment  la  Valébianellb  potagère  (  V.  olitaria),  dont 
l'herbe  jeune  se  mange  en  salade;  lorsqu'elle  est  sèche,  elle  exhale  une  faible  odeur  de  Nard, 
due  à  une  petite  quantité  d'huile  volatile.  Telle  est  aussi  la  Y.  Cornb  d'abondance  (Fe^ia 
comucopiœ) ,  Espèce  méditerranéenne,  cultivée  pour  ornement  à  cause  de  ses  nombreuses 
fleurs  rosées  formant  un  corymbe  arqué,  dont  le  pédoncule  est  épaissi  vers  le  sommet;  on 
peut  aussi  la  manger  en  salade. 

La  principale  Plante  d'ornement  fournie  par  la  Famille  des  Yalérianées,  estleCsNTRANTHE 
EouGE  (Centranthm  ruber].  Espèce  indigène,  vivace,  remarquable  par  ses  panicules  de 
fleurs,  qui  croit  dans  les  lieux  pierreux,  et  est  cultivée  dans  tous  les  jardins;  la  corolle  est 
pourpre,  rouge,  blanche  ou  lilas,  munie  d'un  long  éperon  à  sa  base^  et  ne  contient  qu'une 
étamine.  La  racine  sent  la  Yalériane. 


Famille  XI'.—  COLUMELLIACÉES. 

(COLUMELLIACÉES,  d'EndUcher.) 

Les  COLUMELLIACÉES,  qui  tirent  leur  nom  de  Golumelle,  le  plus  savant  agronome  de 
l'antiquité,  se  composent  d'un  Genre  unique,  dont  l'affinité  est  douteuse.  Endlicher  les  place 
à  la  suite  des  Styracées;  M.  A.  de  Jussieu,  entre  les  Yalérianées  et  les  CaprifoUacées.  —  Ce 
sont  des  arbres  ou  des  arbustes  toujours  verts,  croissant  dans  le  Pérou  et  dans  le  Mexique,  à 
rameaux  opposés  et  comprimés,  à  feuilles  opposées,  sans  stipules  :  les  fleurs  sont  jaunes, 
terminales,  à  pédoncules  courts,  munis  de  deux  bractéoles.  Le  calyce  a  son  tube  soudé  avec 
l'ovaire  ;  son  limbe  est  quinquépartit  ;  la  corolle  est  rotacée,  quinquéfide,  à  lobes  égaux,  obtus, 
imbriqués  dans  la  préfloraison.  Les  étamines,  au  nombre  de  deux,  sont  insérées  au  fond  de  la 
corolle,  et  alternent  avec  deux  de  ses  lobes;  leurs  filets  sont  courts,  comprimés,  dilatés  en 
connectif,  épais,  dont  le  contour  sinueux  porte  une  anthère  à  deux  loges  anfractueuses. 
L'ovaire  est  infère,  à  deux  loges;  les  placentaires  sont  appliqués  à  droite  et  à  gauche  de  la 
cloison;  les  ovules  sont  nombreux,  réfléchis,  ascendants;  le  stigmate  est  bilobé;  la  capsule  est 
presque  ligneuse,  libre  au  sommet,  et  s'ouvre  par  déhiscence  septicide;  les  graines  sont 
ascendantes,  la  plantule  est  droite,  et  occupe  l'axe  d'un  albumen  charnu;  les  cotylédons  sont 
ovales,  obtus;  la  radicule  est  infère. 


Famille  XII'.— CAPRIFOLIACÉES. 

(Chèvrefeuilles,  àt  Jussieu, — Caprifoliacées,  de  De  Candolle. — Caprifoliacées 
et  Sambucées,  de  Kunth.  —  Caprifoliacées  et  Yïburnées,  de  Bartling.  — 
LoNicÉRÊES ,  à" Endlicher,) 

CARACTÈRE.  —Calyce  adhérent  à  Vovaire,  Corolle  épigyne.  Examines  insérées 
sur  la  corolle.  Ovaire  infère,  à  deux  ouplusieurs  loges,  uni  ou  multiomtlées.  —  Graiite  à 
plantule  dicotylédonée,  albuminée.  Feuilles  soyu  stipules. 


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(Capnfohacècft')  («'.ci-nntnroi?»  ) 


/mr  lattrryr    rén§ 


(Kuhlar.-rK) 


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100 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Les  Capn  foliacées  sont,  pour  la  plupart,  des  arbustes  ou  des  sous-arbrisseaux,  dont  quel- 
ques-uns volubiles.  Les  feuilles  sont  opposées.  Les  stipules  sont  nulles  ou  représentées  par  des 
cils  ou  des  glandes  situés  à  la  base  des  pétioles.  Les  fleurs  sont  complètes,  régulières  ou  presque 
irrégulières,  disposées  en  tète  ou  en  corymbe  terminal,  géminées  sur  des  pédoncules  axil- 
laires.  Le  calyce  a  son 
limbe  quinquéfide  ou  quin- 
quédenté;  la  corolle  est 
tubuleuse  ou  infundibub- 
forme,  ou  rotacée  à  limbe 
quinquéfide  ,  ordinaire- 
ment régulier,  dont  la 
préfloraison  est  imbri- 
quée; les  étamines  sont 
en  nombre  égal  à  celui  des 
divisions  de  la  corolle  et 
alternes  avec  elles ,  quel- 
quefois une  d'elles  fait  dé- 
faut; les  filets  sont  filiformes,  les  anthères  introrses.  L'ovaire 
est  à  2-5  loges;  les  ovules  sont  réfléchis,  tantôt  solitaires  et 
pendants  au  sommet  de  Tangle  central,  tantôt  nombreux  et 
biseriés  à  Tangle  de  la  loge;  le  plus  souvent  une  seule  loge 
est  fertile  et  uniovulée.  Le  style  est  terminal,  tantôt  filiforme, 
à  stigmate  en  tête;  ou  à  peine  bilobé;  tantôt  presque  nul,  à 
trois  ou  cinq  sitgmates  sub-sessiles.  Le  fruit  est  une  baie  plus 
ou  moms  succulente,  à  une  ou  plusieurs  loges,  dont  souvent 
une  seule  est  fertile  et  renferme  une  graine  solitaire ,  tandis 
que  les  autres  en  renferment  plusieurs  avortées.  La  graine 
est  inverse;  la  plantule  est  droite  et  occupe  Taxe  d'un  albumen  charnu:  la  radicule  est 
supère. 


SvKBilJ. 

{Sambueus  nigra.) 


Tribu  i.  —  LONICÉRÉES.  —Corolle  tubuleuse,  style  filiforme,  ra 


LiNKÉE. 

Abélie. 

Stmphorine. 

Letcestéria. 


Linnœa. 
Abelia, 

Symphoricarpus . 
Leycesieria. 


,  style  filiforme 

î,  raphc 

dorsal. 

Weigelia. 

DlERVILLE. 
CHèVRBfEUILLE. 

Triosteum. 

Weigelia 
Diervilla, 
Lonicera. 
Triosteum 

Tribu  2.  —  SAMBUCÉES.  —  Corolle  rdlacéc  ou  à  peine  tubuleuse,  3  stigmates  sessilcs,  raphé 
ventral. 


Viorne. 


Viburnum. 


Sureau. 


Sambucus. 


AFFINITÉ. —  Les  deux  Tribus  qui  constituent  les  Caprifoliacées  sont  peut-être  des 
Familles  distinctes.  Les  Lomcérées  se  lient  étroitement  aux  Rubiacées,  dont  elles  ne  différent 
guère  que  par  le  manque  de  stipules;  elles  off'rent  une  grande  analogie  avec  les Loranthacées 
qui  s'en  éloignent  par  la  position  des  étamines  et  la  structure  du  fruit;  leur  alliance  est  plus 
manifeste  avec  les  Apocynées,  qui  s'en  distinguent  sans  peine  par  leur  suc  généralement 
laiteux,  l'ovaire  libre,  la  coroUe  contournée,  les  anthères  conniventes,  et  enfin  par  le  caractère 
du  fruit  et  de  la  graine.  Les  Sambucees,  quoique  unies  aux  Lomcérées  par  une  incontestable 
affinité,  tendent  à  s'allier  aux  Familles  polypétales  des  Cornées ,  des  Araliacées,  et  des 
Ombellifères;  la  Viorne,  d'un  côté,  VHydrangea,  de  l'autre,  les  rapprochent  des  Saxifragées, 


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PI.V 


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(r.crnnini'cc»  ) 


(  Kiiliiarfp.-*  ) 


Imp  îhtnj  F*  Péris 


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CAPKIFOLIACÉES.  1«1 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Gaprifoliacées  croissent  surtout  dans  les  régions  tempérées  et  un 
peu  froides  de  rhéraisphère  boréal;  elles  sont  plus  abondantes  dans  TAsie  centrale,  dans 
le  nord  de  Tlnde  et  dans  TAmérique,  qu'en  Europe.  Quelques  Espèces  franchissent  les  limites 
prescrites  par  la  Nature  à  leur  Famille,  et  pénètrent  dans  les  régions  tropicales,  mais  elles  se 
mettent  à  Tabri  des  feux  de  la  zone  torride  en  habitant  le  sommet  des  montagnes.  Un  petit 
nombre  d'Espèces  du  Sureau,  Genre  cosmopolite ,  vivent  au  delà  du  Gapricome ,  dans  le 
Chili  et  la  Nouvelle-Hollande. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Lonicérées,  dont  plusieurs  Espèces  nous  plaisent 
par  leur  odeur  suave,  sensible  surtout  vers  le  soir,  se  recommandent  à  la  médecine  par  un 
principe  acre  et  amer,  qui  en  a  fait  ranger  quelques-unes  parmi  les  médicaments  émétiques, 
purgatifs  et  diurétiques;  d'autres,  dont  la  fleur  contient  une  huile  volatile,  sont  employées 
comme  diaphorétiques. — Le  Chèvrefbuillb  dbsjardins  (Lonicera  caprifolium),  arbris- 
seau indigène,  sarmenteux  et  volubile,  produit  des  baies  dont  les  propriétés  diurétiques  sont 
très-intenses.  Le  Ch.  xtlostéon  (Z.  xylosteum) ,  Plante  des  Alpes,  qui  croît  en  buisson,  et 
que  Ton  cultive  aussi  dans  les  jardins,  a  des  baies  laxatives.  —  LaDiERviLLs  du  Canada 
{Diervilla  canadensis),  arbrisseau  rustique  de  l'Amérique  du  Nord,  qui  croît  en  pleine  terre 
dans  nos  jardins,  a  des  fleurs  jaunes,  des  feuilles  dentées,  des  tiges  qui  répandent  à  la  cassure 
une  odeur  forte;  ces  tiges  sont  employées,  dans  l'Amérique  septentrionale,  comme  diurétiques 
etdépuratives. — ^La  Stmphorine  commune  {Symphoricarpos parviflora),  petit  arbrisseau  de 
la  Caroline,  dont  les  fleurs  sont  peu  apparentes,  et  dont  les  fruits  rouges^  paraissant  à  la  fîn 
de  Tété,  sont  d'un  effet  agréable  dans  nos  jardins,  fournit  aux  Américains  une  racine  astrin- 
gente, usitée  comme  fébrifuge.  On  trouve  également  dans  les  officines  des  États-Unis  la  racine 
duTRfosTÉoN  PERF0L1É  (  Triostcum  perfoliatum),  qui  est  amère,  purgative,  émétique  à 
haute  dose,  et  que  les  médecins  prescrivent  aussi  contre  les  fièvres  intermittentes. 

La  L INNÉE  ^0KkkL^(Linnœa  6orea/t>)^  est  une  Plante  herbacée ,  toujours  verte ,  qui 
abonde  dans  les  forêts  de  la  Suède,  patrie  de  Linné,  à  qui  elle  a  été  dédiée,  et  dans  toute  la 
zone  où  se  trouve  incluse  cette  région;  les  tiges  sont  fluettes,  rampantes,  terminées  par  deux 
fleurs  campanulées,  teintes  de  rose  en  dedans,  blanchâtres  en  dehors,  et  exhalent  le  soir  une 
odeur  très-suave  ;  la  tige  et  les  feuilles  possèdent  une  saveur  amère,  qui  les  fait  recommander 
en  Suède  comme  diurétiques  et  diaphorétiques. 

Outre  les  Lonicérées  que  nous  venons  d'énumérer ,  nous  mentionnerons  quelques  belles 
Espèces  exotiques  cultivées  dans  nos  jardins.  Parmi  les  Chèvrefeuilles  y  on  doit  remarquer  le 
Ch.  de  Virginie  (Z.  Seinper  virens) ,  dont  la  tige  est  volubile,  les  feuilles  toutes  glauques 
ou  blanchâtres  en  dessous,  et  les  fleurs  d'un  rouge  vif  extérieurement,  très-belles,  mais 
inodores  ;  le  G  h.  du  Japon  (Z.  Japonica) ,  Espèce  volubile  nommée  dans  sa  patrie  Arbî^e 
d*or  et  d'argent,  à  cause  de  ses  fleurs  d'abord  blanches,  ensuite  jaunes,  qui  ont  Todeur  de  la 
fleur  d'oranger;  le  Ch.  de  Tartarie,  ou  Cerisier  nain^  arbrisseau  non  volubile,  à  feuilles  d'un 
vert  bleuâtre,  à  fleurs  roses  en  dehors,  blanches  en  dedans  et  à  fruits  rouges^  etc. 

Les  Symphorines,  dont  nous  avons  déjà  cité  une  Espèce,  sont  de  charmants  arbustes 
aroéncains,  cultivés  en  pleine  terre,  dont  les  baies  persistantes  sont  d'un  agréable  efl'et  dans 
les  jardins,  à  l'entrée  de  la  mauvaise  saison.  Le  S.  a  grappes  (S,  leucocarpa),  a  ses  fruits 
d'un  beau  blanc  et  de  la  grosseur  d'une  cerise;  le  S.  du  Mexique  (5.  Mexicana),  a  son 
fruit  du  volume  d'un  pois,  blanc,  piqueté  de  violet. 

L'Abélie  des  rochers  (Abelia  îupestris),  est  un  arbrisseau  de  la  Chine,  dont  les  fleurs 
sont  d'un  blanc  pur  et  d'une  odeur  suave;  l'A.  floribondb  (^4.  floribunda) ,  Espèce  du 
Mexique,  a  des  rameaux  pendants  et  des  fleurs  d'un  rose  écarlate. 

Le  Wbigélia  a  fleurs  kos^s  (  Weigelia  rosea)  (PI.  V),  est  un  bel  arbrisseau 
rapporté  récemment  de  Chine  par  un  voyageur  qui  l'a  trouvé  à  Chusan  dans  le  jardin  d'un 
mandarin  ;  son  port  est  celui  d'un  Seringat  ;  ses  fleurs  nombreuses,  grandes  et  roses,  naissent 

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102 


HISTOIRE   DES  FAMILLES. 


en  mai ,  à  Taisselle  des  feuilles  et  à  l'extrémité  des  rameaux.  Si  cette  élégante  Espèce  peut 
passer  Thiver  en  pleine  terre,  on  la  cultivera  en  grand  pour  en  former  des  bosquets. 

Passons  à  la  Tribu  des  S  A  mbu  cées.  Le  Su  r  eau  (  Sambucus  nt^ra)  est  un  arbre  connu  de 
tous,  et  consacré  par  d'antiques  superstitions  ;  toutes  ses  parties  broyées  exhalent  une  odeur 
forte  et  désagréable,  et  offrent  une  saveur  acre  et  amère  ;  son  écorce  intérieure  est  recom- 
mandée par  quelques  médecins  comme  purgative,  dans  Thydropisie.  Ses  fleurs  sont  presque 
sans  âcreté,  d'une  odeur  forte  et  d'une  saveur  muqueuse-amère;  la  petite  quantité  d'huile 
volatile  qu'elles  contiennent  les  font  employer  comme  sudoriûque.  Les  baies,  qui  contiennent 
un  suc  violet  acidule-douceàtre,  sont  mangées  cuites  par  les  paysans  de  l'Allemagne,  qui  en 
sont  friands  ;  prises  en  grande  quantité,  elles  relâchent  le  ventre  :  les  graines  sont  huileuses 
et  purgatives. La  fleur,  séchée  avec  soin,  donne  au  vin  le  bouquet  du  frontignan.  Le  Suriau 
A  GRAPPES  (5.  racemosa),  qui  fleurit  au  premier  printemps  possède  les  mêmes  propriétés. 

L'HiÈBLB  (5.  ebulus)  est  une  Espèce  herbacée  très-connue  par  sa  puanteur,  qui  croît 
abondamment  en  Europe,  sur  le  bord  des  chemins  ;  les  fleurs  sont  inusitées,  les  baies  servent, 
comme  celles  du  S.  commun,  à  préparer,  dans  les  pharmacies,  un  extrait  purgatif,  nommé 
Bob  de  Sureau.  Quant  aux  Espèces  du  même  Genre  habitant  l'Amérique  septentrionale ,  le 
Mexique,  le  Pérou,  le  Chili,  elles  sont  employées  comme  diaphorétiques  et  purgatives. 

La  Viorne  obier  {Vibumum  opitius)  rivalise  faiblement  avec  le  Sureau  commun  pour 
les  propriétés  médicales  ;  la  V.  M  a  n- 


ciENNE  {V,  lantana)  a  des  feuilles 
et  des  baies  légèrement  astringentes; 
mais  l'écorce  extérieure  est  d'une 
telle  âcreté,  qu'on  l'emploie  dans 
quelques  pays  comme  vésicante. 

Les  Sureaux  et  les  Viornes  sont 
aussi  cultivés  comme  Plantes  d'a- 
grément.— Le  ScRBADNoiR  scrait 
un  de  plus  beaux  ornements  de  nos 
jardins,  s'il  était  moins 
commun.  On  en  con- 
naît plusieurs  variétés, 
à  fruit  blanc,  à  fruit 
vert,  à  feuilles  pana- 
chées   de    blanc ,    de 
jaune  ;  la  plus  élégante 

est  le  S.  A  FEUILLES 
L  A  Cl  N  l  É  E  s      (S,      la- 

ciniata  )  ;     le     S.     A 

FEUILLES  DE  CHAN- 
VRE (S,  cunnabifolia) 
a  ses  folioles  pana- 
cbées ,  profondément 
découpées  ;    il    fle\irit 


VlOBRR    OBIIR. 

yibumum  opu'ut. 


presque  toute  l'année. 

—  La  Viorne  obier, 

nommée  vulgairement  Sureau  aquatique  ^  a  des  fleurs  blanches  disposées  en  fausse-ombelle, 

et  des  baies  rouges;  on  en  a  obtenu  une  variété  très-remarquable,  nommée  Boule-de-neige 

ou  Rose  de  Gueldre,  dans  laquelle  le  limbe  du  calycc  se  développe  outre  mesure  aux 

dépens  de  la  coroTle,  des  ctammes  et  du  pistil.—  Le  Laurier-tin  (T.  tinus)  est  un 

élégant  arbrisseau  d'Espagne,  toujours  vert,  qui  montre  à  la  fin  de  l'hiver  ses  fleurs  petites. 


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RUBIACÉES.  103 

rouges  en  dehors,  blanches  en  dedans. —  La  V.  if  ancien nb  (V.  lantana)  est  un  arbrisseau 
indigène,  à  feuilles  cotonneuses,  à  fleurs  blanches,  à  baies  d'abord  rouges,  puis  noires; 
récoree  de  la  racine  contient  une  substance  visqueuse  dont  on  fait  de  la  glu.  Les  rameaux 
de  la  tige  sont  employées  par  les  vanniers  pour  fabriquer  des  liens  et  des  corbeilles.  C'est 
à  cet  arbrisseau  que  Virgile  fait  allusion  dans  sa  première  églogue,  lorsque  Tityré  compare 
Rome  à  sa  ville  natale  :  «  Rome  lève  sa  tête  au-dessus  des  autres  villes,  comme  le  Cyprès 
au-dessus  des  Viornes  flexibles.  » 

Verum  hœc  tanium  alias  inter  caput  exiulit  urbes , 
Quantum  lenta  soient  inter  Viburna  Cupressi. 


Famille  \\U\  —  RUBIACÉES. 

(RuBiACÉES,  de  Jussieu.  —  Lygodysodéacées  et  Rubiacées,  de  Bavtling, — 
CiNGHONACÉES^  Ltgodtsodéacées  et  Etoilées,  de  Lindley). 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  Vovaire,  Corolle  monopétale  épigyne. 
Examines  insérées  sur  la  corolle.  Ovaire  infère,  à  2  ou  plusieurs  loges ,  uni-pluri-ovulées. 
Graine  à  plantule  dicotylédonée,  albuminée,  F  ^.villes  stipulées. 

Cette  Famille ,  Tune  des  plus  importantes  du  règne  végétal  par  le  nombre  et  Futilité  des 

Espèces  qu'elle  fournit  à  Thomme,  tire  son 
nom  du  Genre  Rubia  (Garance).  Les  Ru- 
biacées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux, 
quelquefois  des  herbes  (surtout  en  Europe). 
Les  feuilles  sont  opposées,  ou  verticillées, 
et  munies  de  stipules.  Ces  stipules  varient 
singulièrement  :  tantôt  elles  sont  libres  de 
cohérence  entre  elles  et  avec  les  feuilles, 
tantôt  celles  qui  appartiennent  à  deux 
feuilles  difl'érentes  sont  soudées  ensemble; 
tantôt  il  y  a  cohérence  entre  celles  d'une 
même  feuille,  ou  même  entre  celles  de 
toutes  les  feuilles  ;  tantôt  enfin  elles  forment 
des  limbes  tout  à  fait  semblables  aux  feuilles 
ordinaires,  et  simulent  des  feuilles  verticil- 
lées, faciles  à  distinguer  des  feuilles  véritables 
par  l'absence  du  bourgeon  axillaire.  —  Les 
fleurs  sont  complètes,  très-rarement  in- 
complètes par  avortement,  ordinairement 
régulières;  leur  disposition  est  variée,  en 
cyme,  en  panicule,  en  tète  ;  elles  sont  gé- 
néralement hbres  de  cohérence,  mais  quel- 
quefois elles  sont  soudées  entre  elles  par 
leurs  calyces.  Le  calyce  a  son  tube  adhérent 
rArtiKR.  à  l'ovaire  ;  son  limbe  est  tubuleux,  ou  dé- 

(Cojfea  arafiiea  )  ' 

coupé^  ou  tronqué  et  eflacé.  La  corolle,  in- 
sérée au  sommet  du  tube  du  calyce,  est  en  entonnoir,  en  patère,  en  cloche,  rarement  en  roue  ; 
son  limbe  est  à  4.-6  divisions ,  ordinairement  égales,  dont  la  préfloraison  est  valvaire  ou  quel- 


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10&. 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


quefois  contournée.  Les  étainines  sont  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle ,  en  nombre  presque 
toujours  égal  à  celui  de  ses  divisions ,  et  alternes  avec  elles  ;  les  anthères  sont  introrses  ; 
l'ovaire  couronné  d'un  disque  charnu,  plus  ou  moins  saillant^  est  généralement  formé  de 
deux  carpelles,  formant  deux  loges  uni-bi-pluri-ovulées.  Les  ovules,  réfléchis  ou  courbes, 
sont  pendants,  ou  dressés,  ou  fixés  par  leur  milieu;  le  style  est  simple  ;  le  stigmate  est  bifide 
ou  plurifîde,  selon  le  nombre  des  carpelles.  Le  fruit  est  une  capsule ,  ou  une  baie ,  ou  une 
drupe  ;  la  graine  varie  de  position^  le  plus  souvent  elle  est  dressée  ;  son  albumen  est  dense , 
charnu,  cartilagineux  ou  corné  ;  la  plantule ,  quelquefois  minime ,  est  droite  dans  Taxe  ou  à 
la  base  de  Talbumen  ;  la  radicule  est  le  plus  souvent  infère. 

Sous-Famillb  1.  —  COFFÉACÉES.  —  Loges  uni-bi-ovulées. 


Gaillet. 

Galium. 

Caféier. 

Coffea, 

Garance. 

Rubia. 

Pavetta. 

Pavetla. 

GaUCIANELLE. 

Crucianella . 

IXORA. 

Ixora. 

ASPÉRULE. 

Asperula 

Chiococca. 

Chiococca. 

Gephalanthe. 

Cephalanthus. 

Poederia. 

Pœderia. 

Cephaelis. 

Cephaelis. 

MORII^DA. 

Morinda. 

Psyciiotria. 

Psychoiria. 

MiTCHELLA. 

Mitchella, 

Soùs-Famille 

2— CINCHONACÉES. 

—  Loges  mulliovulées. 

Ophîobrhize. 

Ophiorrhiza. 

HU.LIA. 

milia. 

SiPANEA. 

Sipanea. 

C0{]TARÉA. 

Coutarea. 

Rondeleha. 

Bondeletia, 

HiNDSIA. 

Hindsia. 

PiNCKNEYA. 

Pinckneya, 

Gardénia. 

Gardénia. 

BOUVARDIA. 

Bouvardia. 

Genipa. 

Genipa. 

IdAKBTTIA. 

Manettia. 

OXYANTHE. 

Oxyanthus. 

EXOSTEMMA. 

Exostemma. 

POSOQUERIA. 

Posoqueria 

LUCULIA. 

Luculia. 

MUSSAENDA. 

Mussaenda. 

QUINOUIÎÏA. 

Cinchona. 

BURCBELLIA. 

Burchellia. 

AFF I N ITÉ.  — Les  Rubiacées  se  distinguent  de  toutes  les  autres  Familles  par  leur  ovaire 
infère,  leur  corolle  monopétale,  leurs  feuilles  opposées ,  simples^  stipulées;  elles  sont  liées 
par  une  étroite  affinité  avec  les  Caprifoliacées  ;  mais  elles  offrent  diverses  analogies 
avec  plusieurs  autres  groupes  naturels,  ce  qui  ne  doit  pas  étonner  dans  une  vaste  Famille,  qui, 
malgré  la  constance  de  son  type,  montre  des  formes  si  variées.  Elle  s'allie  aux  Dipsacées  par 
ses  Genres  à  firuit  uni-seminé  ;  aux  Loganiacées  stipulées  par  ses  Genres  à  fruit  multi-seminé  ; 
le  rapport  des  Rubiacées  d'Europe  avec  les  Borraginées  est  plus  éloigné  ;  mais  leur  corréla- 
tion avec  les  Ombellifères  est  évidente ,  et  confirmée  par  le  Sureau ,  qui  appartient  à  une 
Famille  de  la  m$me  Classe. 

GÉOGRAPHIE.  —  Nous  n'entrerons  pas  dans  des  détails  sur  la  géographie  particulière 
de  chaque  tribu  des  Rubiacées ,  ces  détails  trouveront  mieux  leur  place  dans  l'histoire  des 
Espèces  remarquables  ;  il  suffira  d'avertir  que  la  grande  majorité  des  Rubiacées  croit  dans  les 
régions  intertropicales  des  deux  hémisphères,  et  que  leurs  Espèces,  qui  sous  la  zone  torride, 
constituent  la  trentième  partie  des  Vasculaires,  décroissent  rapidement  en  nombre  en  deçà  et 
au  delà  des  tropiques. 

ESPÈCES  REMARQUABLES. —Les  Rubiacées  médicinales  doivent  leurs  vertusà 
des  substances  alcalines,  à  des  principes  amers  et  astringents,  et  à  des  acides  fixes.  L'écorce 
de  quelques  espèces  est  fébrifuge,  la  racine  de  certaines  autres  est  émétique;  quelques-unes 


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RUBIACÉES.  105 

ont  des  propriétés  toniques,  diaphorétiques  et  diurétiques  ;  plusieurs  sont  résineuses,  astrin- 
gentes. Il  en  est  dont  les  baies  acides  sont  comestibles  ;  il  en  est  dont  la  graine  exerce  une 
action  particulière  sur  le  système  nerveux;  il  en  est  enfm  qui  fournissent  aux  arts  une  matière 
tinctoriale. 

La  Garancb  (Bubia  tinctorum)  est  une  Plante  vivace,  à  racine  longue  et  rampante,  à 
tiges  carrées^  noueuses,  garnies  sur  leurs  angles  de  poils  très-rudes  ;  les  feuilles  sont  verti- 
cillées  par  4  ou  6,  et  hérissées  comme  les  tiges  ;  la  fleur  est  petite  et  d'un  jaune  verdâtre  ;  la 
baie  est  noire.  La  Garance  croit  naturellement  en  Orient  et  dans  le  midi  de  FEurope  ;  on  la 
cultive  à  \vignon,  en  Alsace,  en  Zélande,  à  cause  du  principe  colorant  rouge  contenu  dans 
la  racine,  et  dont  on  fait  usage  pour  teindre  les  tissus.  Les  chimistes  ont  obtenu  ce  principe 
à  rélat  de  pureté,  et  Vont  uommé  alizarine ^  du  nom  izari  ou  o/izan ,  employé  dans  le 
Levant  pour  désigner  la  Garance.  L'alizarine  est  volatile,  aussi  est-ce  par  sublimation  qu'on 
l'obtient ,  après  avoir  charbonné  par  Vacide  sulfunque  la  poudre  de  Garance  qui  la  contient. 
Ce  corps  est  insoluble  dans  Teau  froide,  il  est  un  peu  soluble  dans  Teau  bouillante ,  qu'il 
colore  en  jaune  d'or.  U  est  soluble  dans  les  alcalis ,  qui  lui  font  prendre  une  couleur  pensée 
magnifique;  il  donne  sur  les  étoffes,  à  l'aide  des  mordants,  des  couleurs  qui  se  recom- 
mandent par  leur  richesse ,  et  surtout  par  leur  fixité.  L'analyse  a  trouvé  en  outre  dans  les 
racines  de  la  Garance  un  acide,  de  la  cire,  du  sucre,  de  la  gomme,  divers  sels,  une  matière 
colorante  orangée,  une  fauve,  et  un  second  principe  rouge,  nommé  purpurine^  qui  parait 
plus  riche  que  l'alizarine ,  mais  dont  les  teintes  sont  moins  belles  et  surtout  sont  moins  fixes 
que  celles  de  l'alizarine. 

Les  propriétés  tinctoriales  de  la  Garance  étaient  connues  dans  la  plus  haute  antiquité. 
Strabon  rapporte  qu'il  a  vu  cette  Plante  cultivée  par  les  Gaulois  aquitains,  qui  la  nommaient 
Varancia,  d'où  on  a  fait  Garance.  Au  moyen  âge,  les  Normands  la  cultivaient  en  grand  dans 
le  pays  de  Gaen,  et  son  exportation  était  pour  eux  une  branche  de  commerce  très-lucrative. 
Mais,  dans  le  seizième  siècle,  la  concurrence  des  Flamands  fit  disparaître  les  Garancières  de 
la  Basse-Normandie.  Vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  Frauzen,  de  Hagueneau,  intro- 
duisit la  culture  de  la  Garance  en  Alsace;  à  la  même  époque,  Jean  Althen,  Arménien  catho- 
lique, apporta  d'Ispahan  de  la  graine  de  Garance  dans  le  comtat  d'Avignon,  et  dota  ce  pays 
d'une  industrie  qui  produit  aujourd'hui  pour  vingt  millions  de  Garance  dans  le  département 
de  Yaucluse.  A  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  on  a  trouvé  le  moyen  d'aviver  par  un  sel  d'étain 
les  teintes  du  principe  colorant.  Aujourd'hui  on  isole  ce  principe  en  traitant  par  l'acide  sulfu- 
nque la  poudre  de  Garance  ;  Talizarine  n'est  pas  altérée,  et  elle  s'unit  à  la  matière  char- 
bonnée;  on  lave  à  l'eau  froide,  qui  ne  dissout  pas  l'alizarine.  Ce  produit,  desséché  et  tamisé, 
est  désigné  sous  le  nom  de  Garancine;  il  a  aujourd'hui  remplacé  presque  complètement  la 
Garance  dans  les  teintureries  ;  ses  dissolvants  sont  l'acide  acétique,  l'ammoniaque,  la  disso- 
lution d'alun. 

Le  principe  rouge  de  la  Garance,  introduit  dans  le  corps  des  Animaux  s'y  combine  avec 
l'albumine,  la  caséine  et  le  phosphate  de  chaux,  que  contient  le  sang,  et  il  colore  leurs 
os,  leur  salive ,  leur  lait,  et  même  leur  sueur.  Cette  propriété  a  été  mise  à  profit  par 
les  physiologistes  pour  démontrer  le  mouvement  vital  de  la  nutrition,  mouvement  continuel, 
qui  apporte  dans  les  organes  de  nouveaux  matériaux  fournis  par  les  aliments,  et  emporte  les 
matériaux  vieillis.  On  a  nourri  des  animaux  avec  de  la  Garance  pendant  un  certain  temps, 
et  l'on  a  trouvé  leurs  os  teints  en  rouge  par  le  dépôt  de  la  matière  colorante  dans  l'épaisseur 
du  tissu  osseux.  D'autres  animaux,  soumis  au  même  régime,  ont  été  ensuite  privés  de 
Garance  pendant  un  certain  temps ,  et  leurs  os,  dans  lesquels  avait  dû  se  déposer  le  principe 
colorant^  se  sont  montrés  incolores  :  phénomène  qui  révèle  le  travail  de  composition  et  de 
décomposition  constituant  la  vie  organique. 

Plusieurs  autres  Espèces  européennes  du  Genre  Rubia  fournissent  une  matière  colorante 
rouge:  ce  sont  laGARANCE  voyageuse  (/?.  peregrina),  la  G.  luisante  (fi.  lucida), 


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lOG  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

la  G.  A  FKuiLLEs  ÉTROITES  (A.  ongustt folia) ,  la  G.  a  longues  feuilles  (R.  longi' 
folia)y  d'autres  Espèces  exotiques  sont  également  tinctoriales  :  les  Indes  possèdent  le 
R.  mungista;  le  Chili,  le  R,  relbmn;  les  Antilles,  les  R,  guadalupensis  et  hypocarpia.  Nos 
Gaillets  et  nos  Aspérules  contiennent  aussi  une  matière  colorante ,  mais  on  n'en  fait  aucun 
usage.  —  On  désigne  dans  Tlnde,  sous  le  nom  de  Noona,  des  racines  qui  teignent  en  jaune 
safran  ;  elles  appartiennent  aux  diverses  Espèces  du  Genre  Morinda.  —  Le  Chaya-ver  est 
la  racine  d'une  Rubiacée,  VOldenlandia  umbetlata,  qui  croit  dans  Tlnde,  et  que  Ton  cultive 
sur  la  côte  de  Coromandel  ;  la  poudre  de  cette  racine^est  grise,  et  communique  à  Teau  froide 
une  couleur  jaune  foncé,  devenant  d'un  beau  rouge  par  les  alcalis;  si  on  la  traite  ensuite 
par  l'eau  bouillante ,  on  obtient  une  teinte  rougeàtre,  passant  au  rouge  foncé  par  les  alcalis. 
C'est  à  l'alizarine  que  le  Chaya-ver  doit  sa  valeur  tinctoriale ,  mais  il  en  contient  trois  fois 
moins  que  la  Garance,  et  ne  peut,  par  conséquent,  entrer  en  concurrence  avec  celle-ci. 
*  Les  racines  de  la  Garance  étaient  autrefois  usitées  en  médecine;  leur  saveur  amère,  astrin^ 
gente  les  avait  fait  ranger  parmi  les  médicaments  toniques.  Plusieurs  autres  Espèces  indigènes, 
appartenant  comme  la  Garance  à  la  Tribu  des  Rubiacées  étoilées,  ont  été  préconisées  conmie 
Plantes  médicinales,  et  sont  tombées  en  désuétude;  telles  sont  FA  spéauLB  A  lbsqvinancib 
(il.  cynanchica),  qui  croit  sur  les  collines  de  toute  l'Europe,  et  dont  les  feuilles  contiennent 
un  principe  amer,  faiblement  astringent;  l'A.  odorante  {A.  odorata),  ou  Muguet  des  hoi$^ 
jolie  petite  Plante  à  fleurs  en  corymbe^  d'une  odeur  suave ,  qui  se  développe  par  la  dessic- 
cation; elle  était  vantée  autrefois  comme  tonique  et  vulnéraire^  et  eoiployée  dans  tes 
obstructions  du  foie;  aujourd'hui  on  ne  s'en  sert  plus  que  pour  parfumer  le  vin  du  Rhin,  et 
les  jardiniers  la  cultivent  pour  bordure  dans  les  parties  ombragées.  —  Les  Gaillets  sont 
dans  le  même  cas.  I^  G.  jaune  (  G.  verum) ,  commun  dans  les  prés  secs  et  sur  les  bords  des 
bois,  est  nommé  vulgairement  Caille-lait j  mais  il  ne  possède  pas  la  propriété  de  coaguler  le 
lait;  on  l'emploie  dans  quelques  pays,  et  notamment  en  Angleterre,  pour  donner  une  teinta 
jaune  au  fromage;  on  en  faisait  prendre  aux  nourrices  pour  augmenter  la  sécrétion  du  lait; 
voilÀ  probablement  l'origine  du  nom  de  Galium;  les  sommités  sèches  de  la  Plante  sont  encore 
quelquefois  prescrites  en  infusion,  comme  antispasmodiques;  son  suc  récent  passe  pour  efficace 
contre  l'épilepsie;  les  mêmes  propriétés  sont  attribuées  au  G  aillet  blanc  (G.  mollugo), 
au  G.  GRATTBRON  [G.  oporine) 9  Plantes  communes  dans  les  haies,  dans  les  prairie  et  sur 
la  lisière  des  bois. 

Quelques  Rubiacées  exotiques  se  font  remarquer  par  leur  odeur;  les  Ambraria,  sous- 
arbrisseaux  du  Cap  de  Bonne-Espérance^  sentent  l'ambre;  mais  les  Coprosma,  arbustes  de 
l'Australasie  sont  renommés  pour  leur  puanteur.  Le  Putoria  calabrica  est  un  arbrisseau 
croissant  sur  les  montagnes  calcaires  de  la  région  méditerranéenne,  dont  les  feuilles  écrasées 
répandent  une  odeur  infecte  ;  il  en  est  de  même  du  Serissa  fœtida^  vanté  dans  l'Inde 
comme  amer  et  astringent.  Le  bois  et  les  baies  du  Saprosma  arborea^  arbrisseau  de  l'ite  de 
Java,  voisin  du  Caféier,  exhalent  l'odeur  des  matières  fécales;  les  Javanais  vendent  très-cher 
ce  bois,  auquel  ils  attribuent  les  vertus  réunies  de  la  Valériane  et  du  Castoréum«  Le  Pcederia 
fcetida,  arbrisseau  des  MoUuques,  offre  la  même  fétidité  lorsqu'on  froisse  entre  les  doigts 
les  feuilles  ou  les  fleurs,  ou  bien  lorsque  les  rayons  du  soleil  donnent  sur  la  Plante,  de  sorte 
que  les  passaats  sont  obligés  de  se  boucher  le  nez  ;  si  le  soleil  ne  brille  pas,  l'odeur  n'est  plus 
désagréable.  La  racine  du  PoBderia  est  usitée  dans  l'Inde  comme  émétique. 

La  Tribu  des  Psychotriées  fournit  à  la  médecine  des  racines  émétiques,  dont  la  plus  impor- 
tante est  rip  Bc  Ac  UAN  H  A  (  CephoèUs  Jpecacuanka  ),  petit  arbrisseau  habitant  les  forêts  viciées 
du  Brésil  ;  sa  racine  est  de  la  grosseur  d'une  plume  à  écrire ,  tortue ,  formée  d'un  cœur 
ligneux,  jaunâtre,  et  d'une  écorce  grise^  disposée  par  anneaux  très-rapprochés;  la  tige  est 
haute  d'un  à  deux  pieds,  et  porte  des  feuilles  disposées  par  paires;  de  chaque  côté  des  feuilles 
sont  deux  stipules  réunies  à  leur  base,  et  divisées  par  le  haut  en  plusieurs  lanières  étroites  ; 
les  fleurs  sont  disposées  en  tête  terminale,  le  f^uit  est  une  baie  peu  charnue,  contenant  deux 


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RUBIACÉES.  lOT 

nuculaines,  qui  se  séparent  à  la  maturité.  On  le  rencontre  entre  le  S*  et  le  !()•  degré  de  lati- 
tude australe;  il  dépasse  rarement  cette  limite.  C'est  dans  Técorce  de  la  racine  que  résident 
les  propriétés  médicales  de  Flpécacuanha  ;  cette  écorce  a  une  saveur  acre,  et  exhale  une 
odeur  nauséeuse;  elle  contient  une  matière  alcaline,  spéciale^  qui  est  son  principe  actif.  Les 
chimistes  Tont  isolée  et  nommée  éméttne;  mais  les  médecins  préfèrent  Fusage  de  la  racine  elle- 
même.  Cette  racine  n'a  été  connue  en  France  qu'au  milieu  du  dix-septième  siècle.  Les  bota- 
nistes voyageurs  qui  rayaient  vu  employer  avec  succès  au  Brésil  contre  la  dyssenterie,  lia 
préconisèrent  en  Europe ,  mais  on  n'ajouta  pas  foi  à  leur  affirmation.  En  1686,  un  marchand 
français,  nommé  Grenier,  rapporta  du  Brésil  cent  cinquante  livres  de  racines  d'Ipécacuanha, 
et  s'associa,  pour  en  tirer  parti,  avec  un  Hollandais,  nommé  Adrien  Helvétius,  qui  exerçait  la 
médecine  à  Paris,  et  à  qui  il  révéla  les  vertus  antidyssentériques  de  l'Ipécacuanha.  Helvétius 
ne  tarda  pas  à  opérer  des  cures  qui  attirèrent  sur  lui  l'attention  publique  ;  il  fut  mandé  auprès 
du  Dauphin,  atteint  d'une  dyssenterie,  et  il  le  guérit.  Cette  cure  lui  valut  l'autorisation  de  faire, 
à  l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  des  expériences  publiques  sur  les  vertus  de  son  remède  secret.  Les 
expériences  ayant  réussi,  le  roi  Louis  XIV  lui  accorda  le  privilège  exclusif  de  débiter  sa  pré- 
cieuse racine  et  lui  donna  en  outre  une  récompense  de  mille  louis.  Cependant  Helvétius 
voulait  cumuler  les  honneurs  de  la  science  et  les  profits  de  l'industrie;  l'industriel^  qui  l'avait 
pris  pour  son  associé,  revendiqua  sa  part,  et  plaida  contre  lui  devant  le  Parlement;  le  Parle- 
ment donna  gain  de  cause  à  Helvétius.  Ce  fût  «lors  que,  pour  rendre  infructueuse  la  victoire 
de  son  adversaire.  Grenier  divulgua  le  secret;  à  dater  de  ce  jour  l'Ipécacuanha  fut  enregistré 
dans  les  livres  de  matière  médicale,  et  sa  vogue  qu'avait  préparée  le  charlatanisme,  Ait  con- 
solidée par  le  scandale  d'un  procès. 

L'Ipécacuanha,  que  Pison,  son  premier  historien,  appelle  une  ancre  de  salut  {sacram 
anchoram),  dans  les  flux  dyssentériques,  a  conservé  de  nos  jours  la  réputation  qu'il  avait 
acquise  au  dix-septième  siècle  ;  mais  il  faut  l'administrer  en  temps  opportun,  c'est-à-dire  dans 
les  premiers  jours  de  la  maladie,  quand  les  évacuations  sont  encore  ensanglantées;  alors  il 
calme  les  coliques,  diminue  le  nombre  des  déjections  et  l'abondance  de  l'exhalation  sanguine. 
D  est  indispensaUe  aussi  que  ce  médicament  soit  manié  par  des  manis  habUes,  lorsqu'il  s'agit 
soit  de  dyssenterie,  soit  de  diarrhée,  simple  ou  chronique.  Les  praticiens  expérimentés  le  pres- 
crivent, suivant  les  cas,  à  des  doses  qui  le  rendent  seulement  émétique,  ou  tout  à  la  fois  émé- 
tique  et  purgatif;  ils  l'administrent  même  en  très-petite  quantité,  de  manière  à  ne  provoquer 
ni  vomissements  ni  évacuations  alvines.  —  La  racine  du  Brésil  exerce  sur  l'appareil  respira- 
toire une  influence  remarquable  ;  l'expérience  a  démontré  que,  dans  les  catarrhes  chroniques 
accompagnés  de  dyspnée  (difficulté  de  respirer),  administrée  à  doses  faibles  et  répétées,  elle 
favorise  l'expectoration  et  diminue  l'oppression;  donnée  dans  l'asthme  sec,  à  dose  vomitive, 
elle  fait  quelquefois  cesser  immédiatement  l'accès.  Elle  est  même  utile,  à  faible  dose,  dans  la 
dyspnée  qui  est  liée  à  des  lésions  commençantes  du  cœur  et  des  poumons.  Elle  possède  aussi 
l'avantage,  non  de  guérir,  mais  de  soulager  les  enfants  atteints  de  coqueluche,  en  rendant  les 
quintes  de  toux  moins  fréquentes,  moins  longues,  et  en  empêchant  le  poumon  de  s'enflammer. 
Enfln  l'Ipécacuanha  est  héroïque  dans  Y  état  puerpéral  :  on  nomme  ainsi  l'ensemble  des  condi- 
tions toutes  spéciales  dans  lesquelles  se  trouve  la  femme  récemment  accouchée,  conditions  qui 
.  la  soumettent  à  l'influence  de  nombreuses  causes  morbides,  lesquelles  dans  toute  autre  circon- 
stance, eussent  été  sans  action  sur  elle.  Nous  pourrions  invoquer  à  cet  égard  l'autorité  de 
M.  le  professeur  Trousseau,  que  nous  avons  vu ,  en  1834^,  à  THêtel-Dieu  de  Paris,  conjurer 
avec  un  succès  merveilleux,  au  moyen  de  l'Ipécacuanha,  presque  tous  les  accidents  qui 
accompagnent  l'état  puerpéral. 

Les  aborigènes  du  Brésil  prétendent  que  les  vertus  de  l'Ipécacuanha  ont  été  révélées  à  leurs 
ancêtres  par  un  chien  sauvage  nommé  Guara;  cet  animal ,  quand  il  avait  bu  en  excès  l'eau 
saumAtre  ou  impure  des  lagunes  ou  desrivières^  mâchait  des  racines  d'Ipécacuanha,  qui  lui 
faisaient  vomir  cette  eau,  et  lui  rendaient  la  santé.  Tous  ceux  qui  habitent  le  Brésil  re- 


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108  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

gardent  l'Ipécacuanha  comme  une  panacée,  c'est-à-dire  un  remède  à  tous  les  maux.  Les 
colons  en  font  un  commerce  considérable,  et  son  prix  s'élève  de  Jour  en  jour  sur  les  marchés 
maritimes,  au  point  de  faire  craindre  la  disparition  d'une  denrée  que  Ton  recherche  avec  tant 
d'ardeur,  et  dont  aucune  loi  ne  protège  la  conservation.  Les  sauvages  brésiliens  qui  reçoivent 
des  Européens,  en  échange  de  Tlpécacuanha,  divere  objets  auxquels  ils  attachent  beaucoup 
de  valeur,  vont  le  récolter  au  sein  des  forêts;  pendant  trois  mois,  ils  abandonnent  leurs 
villages,  et  dressent  leurs  cahutes  dans  les  lieux  où  il  abonde;  ils  arrachent  l'arbrisseau,  sé- 
parent avec  un  couteau  la  racine  de  la  tige,  et  en  font  des  bottes,  qu'ils  font  sécher  au  soleil. 
La  récolte  a  lieu  toute  l'année ,  mais  principalement  dans  les  mois  de  janvier ,  février 
et  mars;  on  s'abstient  pendant  avril  et  mai,  pairce  que  c'est  l'époque  de  la  maturation  du 
fruit  et  de  la  dissémination. 

Quelques  autres  Espèces  deCsPHAELis,  indigènes  des  Antilles,  ont  une  racine  qui  possède 
les  mêmes  propriétés;  ce  sont  le  C.  écarlate  (6\  punicea)  et  le  G.  ifoussu  (C  Muscosa). — 
Le  Genre  Psychotria  fournit  aussi  un  Ipécacuanhay  qui  rivalise  avec  1'/.  gris  annelé  sous 
le  nom  d'/.  Strié  ou  d'/.  noir;  c'est  le  Ps,  emetica;  il  croît  au  Pérou  et  sur  les  bords  de  la 
Madeleine^  dans  la  Nouvelle-Grenade  ;  il  se  distingue  de  l'autre  par  l'écorce  de  la  racine  qui, 
au  lieu  d'être  marquée  d'anneaux  serrés,  n'offre  que  quelques  étranglements  fort  espacés,  et 
est  ridée  longitudinalement.  Ses  propriétés  sont  les  mêmes,  mais  il  faut  doubler  les  doses. 
VI.  ondulé ,  ou  /.  blanc ,  que  l'on  a  cru  longtemps  être  la  racine  d'une  Espèce  de  Violette, 
provient  d'une  Bubiacée,  le  Richardsonia  brasiliemis ;  cette  racine  parait  annelée  au  premier 
coup  d'oeil,  mais  elle  est  plutôt  ondulée,  c'est-à-dire  qu'une  partie  creusée  ou  sillonnée 
transversalement  d'un  côté,  répond  de  l'autre  à  une  partie  convexe,  de  manière  que  le  sillon 
n'est  que  demi-circulaire,  au  lieu  de  faire  le  tour  de  la  racine,  comme  dans  le  Cephaèlis,  Elle 
contient  une  grande  quantité  de  fécule ,  et  son  principe  actif  est  beaucoup  moins  abondant 
que  celui  des  autres  Ipécacuanhas. 

Dans  la  même  Tribu  que  les  Céphaêlis,  se  trouve  le  Genre  américain  Chiogocca,  dont 
quelques  espèces  possèdent  une  racine  salutaire  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux. 
Ce  sont  le  Ch.  anguifugb  (Ch,  anguifuga)  ^i  \q  Q»ia.  a  feuilles  serré bs  (CA.  e/^n^'- 
folia)^  arbrisseaux  habitant  les  forêts  primitives  du  Brésil,  et  dont  la  racine  est  connue 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  Caînana  ou  Caninana,  qui  est  aussi  celui  d'un  serpent  à  venin  ; 
ce  nom  a  été  altéré  en  Europe,  et  on  l'a  changé  en  Cahinca,  Coinça,  Cahinça.  Martius, 
célèbre  botaniste  voyageur,  a  observé  les  effets  de  ce  remède  violent,  employé  fréquemment 
par  les  aborigènes  pour  combattre  le  venin  des  serpents  :  ils  enlèvent  l'écorce  de  la  racine,  la 
font  macérer  dans  un  peu  d'eau,  puis  ils  l'écrasent  et  la  broient  dans  cette  eau,  juqu'à  ce 
qu'elle  y  ait  déposé  sa  fécule  et  tous  ses  principes  solubles  ;  ils  obtiennent  ainsi  un  breuvage 
trouble  et  d'un  goût  très-désagréable ,  qu'ils  font  avaler  au  malade  en  grande  quantité. 
Celui-ci,  glacé  par  le  poison,  est  plongé  dans  un  assoupissement  léthargique  ;  la  prostration 
des  forces,  la  pâleur  livide  du  visage,  les  yeux  enfoncés,  le  nez  aigu,  les  tempes  creuses,  les 
oreilles  retirées,  la  peau  du  front  tendue  et  sèche,  les  lèvres  pendantes  et  froides,  en  un  mot 
la  face  hippocratique,  tout  annonce  une  mort  prochaine.  Mais,  peu  après  l'ingestion  du  breu- 
vage, le  moribond  est  agité  par  des  éructations  continuelles  et  des  mouvements  convulsifs  si 
violents,  qu'il  ne  peut  rester  un  instant  en  repos.  Enfin,  après  des  spasmes  effrayants  et  des 
contorsions  de  toutes  les  parties  du  corps,  il  se  met  à  vomir  des  torrents  de  salive,  de  bile,  de 
chyme,  et  même  de  matières  stercorales  ;  à  ces  vomissements  succèdent  de  subites  évacua- 
tions alvines,  dont  la  fréquence  soulage  visiblement  le  malade ,  et  que  l'on  regarde  comme  un 
signe  de  guérison;  en  effet,  ces  excrétions  sont  suivies  de  sueurs  abondantes,  qui  amènent  bientôt 
un  sommeil  paisible.  Tant  que  durent  les  vomissements  et  les  déjections,  ceux  qui  assistent 
le  malade  appliquent  sur  sa  morsure  la  même  racine  contuse ,  et  lui  font  avaler  de  nouveau 
breuvage  à  mesure  qu'il  vomit  le  premier.  Martius  a  observé  que  la  dose  de  la  racine  fraîche 
est  d'environ  une  demi-once,  et  qu'on  la  répète  deux  ou  trois  fois  le  premier  jour,  si  le  mal 


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RUBIACÉES.  109 

ne  cède  pas  à  une  dose  unique.  La  convalescence  marche  lentement  ;  Textrême  faiblesse,  le 
tremblement  des  membres,  la  pâleur,  Faltération  des  fonctions  digestives ,  Tinfiltration  du 
tissu  cellulaire,  qui  survient  souvent,  les  ulcères  de  mauvaise  nature  qui  affectent  les  parties 
mordues,  tout  montre  à  quel  point  l'organisme  a  été  troublé. 

Le  Caînca  a  fourni  à  l'analyse  chimique  une  résine  odorante,  verte,  un  principe  colorant 
jaune,  un  principe  cristallisable  très- acre,  auquel  la  racine  doit  son  amertume,  et  qu'on  a 
nommé  acide  caïncique;  elle  est  employée  en  France  comme  diurétique,  et  purgative  dans 
les  cas  d'hydropisie,  lorsque  cette  maladie  est  essentielle,  et  même  lorsqu'elle  est  symptoma- 
tique;  on  l'administre  en  infusion,  en  décoction,  ou  en  poudre  mêlée  avec  du  miel,  ou  même 
en  extrait.  —  Le  Chiococca  racemosa  croît  dans  les  Antilles  ;  il  y  est  connu  sous  le  nom  de 
petit  branda;  on  emploie  sa  racine,  qui  possède  une  action  diurétique  et  purgative  très- 
énergique,  comme  dépurative  et  anti-rhumatismale  ;  elle  passe  aussi  pour  un  puissant  emmé- 
nagogue;  (on  donne  ce  nom  aux  médicaments  qui  ont  pour  objet  de  favoriser  les  écoulements 
périodiques  nommés  menstrues). 

Les  Palicourea  sont  usités  en  Amérique  et  surtout  au  Brésil,  comme  diurétiques  dans 
Thydropisie,  et  comme  sudorifiques  dans  les  maladies  spéciales  où  la  masse  du  sang  a  besoin 
d'être  dépurée.  Le  fruit  de  quelques  Espèces  est  vénéneux;  tels  sont  :  le  P.  nuisible 
(P.  noxia),  le  P.  a  longues  feuilles  (P.  longifolia),  dont  on  emploie  le  fruit  pour 
détruire  les  rats  (de  là  leur  nom  populaire  de  Herva  dq  rato),  et  les  feuilles,  comme  diuré- 
tiques, dans  l'art  vétérinaire . — Le  Géphalanthb  occidental  (Cephalanthus  occidentalis) 
est  un  arbrisse  u  de  l'Amérique  septentrionale,  connu  sous  le  nom  de  Bois-bouton  ;  ses  fleurs 
sont  petites,  blanches,  et  disposées  en  têtes  arrondies  ;  on  le  cultive  dans  les  jardins  d'Europe  ; 
son  écorce  est  usitée  aux  États-Unis  pour  ses  propriétés  diaphorétiques  et  légèrement 
pui^atives. 

Les  Rubiacées  de  l'Inde,  appartenant  à  la  sous-Famille  des  Gofféacées,  ne  fournissent  pas 
d'Espèces  importantes  à  la  matière  médicale.  Celles  qui  appartiennent  aux  Genres  Canthium 
et  Pavetta  possèdent  une  vertu  tonique  qu'elles  doivent  à  un  principe  amer.  Le  Pavetta 
indica  est  un  joli  buisson  haut  d'un  pied,  cultivé  dans  nos  serres,  dont  les  fleurs  petites, 
tubideuses,  jaunâtres  ou  écarlates,  exhalent  une  odeur  agréable.  —  VIxora  Bandàuca,  est 
un  arbrisseau  remarquable  par  la  beauté  de  ses  fleurs  en  corymbe,  sa  racine  passe  pour 
efGcace  contre  l'hémoptysie  (crachement  de  sang)  et  la  fièvre  intermittente.  On  cultive 
en  Europe  quelques  Espèces  d'fxora,  comme  plantes  d'agrément. 

Nous  terminerons  l'histoire  des  Espèces  utiles  de  la  sous-famille  des  Cofféacées  par  celle 
du  Caféier,  qui  lui  a  donné  son  nom,  et  qui,  de  toutes  les  Rubiacées  appartenant  à 
Tancien  continent,  est  la  plus  digne  de  fixer  notre  attention. 

Le  Caféier  (Coffea  arabica)  est  un  arbrisseau  toujours  vert,  dont  les  feuilles  lancéolées, 
ondulées  et  glabres,  ressemblent  à  celles  du  Laurier;  les  fleurs  sont  blanches,  odoriférantes, 
agglomérées  à  l'aisselle  des  feuilles;  le  fruit  est  une  baie  rouge,  du  volume  d'une  cerise, 
formé  d'une  pulpe  douceâtre  peu  épaisse ,  qui  enveloppe  deux  noyaux  accolés,  dont  la  paroi 
offre  l'aspect  d'un  parchemin,  chacun  renferme  une  graine,  convexe  extérieurement,  plane 
et  sillonnée  en  long  du  côté  interne  ;  la  plantule  est  très-courte,  droite,  et  placée  à  la  base 
d'un  albumen  corné,  qui  constitue  la  presque  totalité  de  la  graine. 

Les  chimistes  ont  analysé  la  graine  du  Caféier  :  ils  y  ont  trouvé,  unis  à  diverses  matières 
huileuses,  albumineuses,  gommeuses ,  un  principe  amer  renfermant  un  alcali  particulier, 
cristallisable  en  aiguilles  soyeuses,  qui  a  reçu  le  nom  de  caféine,  et,  en  outre,  un  acide,  qu'on 
a  nommé  acide  caféique.  Une  torréfaction  légère  et  graduée  développe  dans  cette  graine  un 
arôme  suave  et  une  saveur  pénétrante.  Quelles  modifications  chimiques  la  graine  a-t-elle 
éprouvées  dans  cette  opération?  U  n'y  a  rien  de  précis  à  cet  égard.  Selon  les  uns,  l'acide 
caféique  se  décompose  par  la  chaleur  et  forme  une  huile  empyreumatique,  à  laquelle  le  café 
doit  ses  propriétés;  d'autres  pensent  que  l'arôme  existe  tout  formé  dans  la  graine,  mais  qu'il 

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110  HISTOIRE   DES  FAMILLES. 

y  est  masqué  par  sa  combinaison  avec  la  matière  grasse ,  et  que  la  torréfaction  le  met  en 
liberté  en  détruisant  Thuile  fixe  qui  le  retenait.  Cet  arôme  se  compose  de  plusieurs  principes, 
tous  volatils,  mais  inégalement  condensabies  :  ainsi  une  infusion  de  café  distillée  dans  une 
cornue  munie  de  plusieurs  récipients  successifs,  laisse  dans  le  premier  récipient,  échauffé  à 
90  degrés ,  un  liquide  aqueux  jaune,  mélangé  d'une  huile  concrète,  sans  arôme  ;  dans  le 

deuxième  récipient,  qui  ne  s'échauffe 
qu  à  30  degrés,  il  se  condense  une 
essence  concrète  blanche,  d'une  odeur 
très  intense  de  café  torréGé  :  c'est  elle 
qui  paraît  être  le  principe  aromatique 
essentiel  du  café  ;  les  autres  récipients, 
refroidis  au-dessous  de  zéro,  ne 
condensent  que  des  produits  insi- 
gnifiants. 

Quelles  que  soient  du  reste  Forigine 
et  la  composition  de  l'arôme  du  café  ; 
cet  arôme ,  dissous  dans  l'eau,  forme 
une  boisson  qui  fait  les  délices  de 
toutes  les  classes  de  la  société.  Quelle 
est  la  cause  de  cette  faveur  univer- 
selle? C'est,  sans  aucun  doute,  la 
stimulation  que  le  café  exerce  sur  les 
fonctions  du  cerveau  :  il  fait  penser  ; 
et  puisque  l'homme,  suivant  l'heu- 
reuse définition  d'un  philosophe,  est 
une  intelligence  servie  par  des  organes, 
il  doit  aimer  un  breuvage  dont  la  vertu 
est  d'exalter  agréablement  l'intelli- 
gence qui  fait  de  lui  la  première  des 
créatures.  La  plus  remarquable  des 
propriétés  physiologiques  du  café  est, 
en  effet,  de  stimuler,  ou  plutôt  d'é- 
veiller le  cerveau  sans  l'échauffer, 
avantage  que  n'ont  pas  les  spiritueux; 
c'est  donc  sur  le  système  nerveux  et 
très-peu  sur  le  système  sanguin  que 
porte  l'action  du  café  :  les  résultats 
de  l'éveil  qu'il  donne  au  centre  cé- 
rébral sont  une  aptitude  plus  vive  à 
percevoir  des  sensations,  à  observer 
des  faits  scientifiques,  à  comparer  des 
idées,  à  créer  des  œuvres  d'imagina- 
PoKT  DU  CArâiBK.  tiou.  Mais  toute  excitation  est  insé- 

parable de  son  abus  ;  et  le  premier  à 
noter  ici,  c'est  l'insomnie;  en  outre,  le  café  développe  chez  les  gens  impressionnables  une 
disposition  que  les  anciens  médecins  appelaient  mobilité  nerveuse ,  et  dont  l'exagération 
engendre  les  vapeurs  et  les  spasmes.  L'illustre  médecin  Murray  reproche  au  café  pris  en 
excès  de  causer  la  céphalalgie ,  les  vertiges ,  le  tremblement  des  membres ,  les  éruptions 
cutanées  de  la  face,  l'impressionnabilité,  l'hystérie  et  l'hypochondrie.  Le  fondateur  de 
l'homœopathie  accuse  le  café  de  maux  bien  plus  grands.  Nous  allons  reproduire  ici  une 


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RUBIACÉE8.  111 

boutade  assez  piquante  d'Hahnemann  contre  le  café,  que  MM.  Trousseau  et  Pidoux  ont  citée 
dans  leur  excellent  Traité  de  thérapeutique, 

«  Le  sérieux  réfléchi  de  nos  ancêtres,  la  solidité  des  jugements,  la  fermeté  dans  la  volonté 
et  dans  les  résolutions,  toutes  ces  qualités,  qui  distinguaient  jadis  le  caractère  national  des 
Allemands,  s'évanouissent  devant  cette  boisson  médicinale.  Et  qu'est-ce  qui  les  remplace? 
Des  épanchements  de  cœur  imprudents,  des  résolutions,  des  jugements  précipités  et  mal 
fondés,  la  légèreté,  la  loquacité,  la  vacillation,  enfînune  mobilité  fugitive,  et  une  contenance 
théâtrale.  Je  sais  bien  que,  pour  abonder  en  imagination  luxurieuse,  pour  composer  des 
romans  lubriques,  des  poésies  badines,  TAUemand  doit  boire  du  café.  Le  danseur,  Timprovi- 
sateur,  le  jongleur,  le  bateleur ,  Fescroc  et  le  banquier  du  pharaon ,  ainsi  que  le  virtuose- 
musicien  moderne ,  avec  sa  vitesse  extravagante ,  et  le  médecin  à  la  mode ,  partout  présent, 
qui  veut  Caire  quatre-vingt^ix  visites  de  malades  en  une  seule  matinée ,  tout  ce  monde-là  a 
nécessairement  besoin  de  café.  » 

11  y  a  dans  cette  diatribe  passionnée  quelques  traits  pleins  de  vérité  ;  mais  Hahnemann  va 
plus  loin  :  il  accuse  le  café  d'avoir  concouru  à  la  production  des  maladies  vaporeuses,  plus 
communes  depuis  deux  siècles  qu'auparavant  :  quelle  que  soit  cette  exagération ,  on  ne  peut 
nier  la  coïncidence  entre  l'apparition  du  café  et  Taggravation  ou  l'extension  des  maladies 
connues  sous  le  nom  vulgaire  de  vapeurs. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  dire  que  tous  les  phénomènes  physiologiques  que  nous  venons  de 
signaler,  s'affaiblissent  par  Thabitude,  et  deviennent  même  peu  sensibles  quand  ils  sont  contre- 
balancés par  une  forte  alimentation.  Toutefois,  chez  les  personnes  nerveuses,  et  surtout  chez 
les  femmes,  l'action  du  café  résiste  à  la  puissance  de  l'habitude  :  c'est  à  elles  que  le  café  cause 
des  dyspepsies  (digestion  difflcile).  Junker  se  plaint  des  jeunes  flUes  de  son  temps  qui^  pour  se 
faire  pâlir  (la  pâleur  était  déjà  à  la  mode  ) ,  avalaient  de  la  poudre  de  café  bouilli.  Enfin,  il 
est  avéré  que  l'usage  du  café  au  lait  détermine  la  leucorrhée. 

Si  le  café  n'était  pas  une  boisson  habituelle^  la  médecine  trouverait  en  lui  un  agent  efficace 
dans  beaucoup  de  circonstances.  Nous  l'avons  vu  hâter  la  réaction  chez  des  cholériques;  on 
i'a  employé  avec  succès  dans  les  fièvres  typhoïdes,  dont  la  forme  est  adynanûque.  Administré 
en  décoction  ou  en  poudre,  il  réussit  dans  le  traitement  des  fièvres  intermittentes;  pris  à 
forte  dose  et  très-concentré,  il  soulage  puissamment  les  vieillards  asthmatiques;  on  lui  attribue 
aussi  des  propriétés  anti-goutteuses  et  anti-calculeuses  ;  et  ce  qui  vient  corroborer  cette 
opinion,  c'est  que  la  goutte  et  la  gravelle  sont  presque  inconnues  en  Orient  et  aux  Antilles, 
où  l'on  fait  une  énorme  consommation  de  café.  L'action  stimulante  que  le  café  exerce  sur  les 
fonctions  du  cerveau,  a  suggéré  aux  médecins  l'idée  de  combattre  par  son  secours  le  narco- 
tisme  spontané,  la  disposition  aux  apoplexies,  et  la  stupeur  produite,  soit  par  les  fumées  de 
■  vin^  soit  par  l'opium  ou  toute  autre  substance  narcotique. 

L'action  médicale  la  plus  vulgairement  connue  dans  le  Café  est  de  dissiper  les  maux  de 
tête,  surtout  ceux  qui  surviennent  après  le  repas  ;  les  légères  migraines  y  cèdent  presque 
toujours.  Enfin,  chez  les  personnes  d'un  certain  âge  ou  d'une  habitude  molle,  il  facilite  la 
digestion,  et  peut  même  diminuer  ou  arrêter  l'embonpoint.  Cette  propriété  digestive,  qui  se 
rapporte  plutôt  à  l'hygiène  qu'à  la  médecine,  excitait  Voltaire  à  se  moquer  des  détracteurs  du 
café  qui  prétendent  que  c'est  un  poison  lent:  poLson  lent  sans  doute,  disait  le  malin  vieillard, 
car  voilà  bientôt  quatre-vingts  ans  que  j'en  bois,  sans  qu'il  ait  produit  d'effet. 

Le  Caféier  est  originaire  de  l'Abyssinie,  il  croit  dans  les  provinces  d'Enarrea,  et  surtout  de 
Kaffa  :  cette  dernière  lui  a  même  donné  son  nom  ;  il  s'étend  de  là  dans  l'intérieur  de 
l'Afriqoe  jusqu'aux  sources  du  Nil  blanc.  Les  Gallas,  peuplades  errantes  au  centre  de  cette 
immense  péninsule,  emploient  le  café  en  poudre,  comme  substance  alimentaire;  ils  le  roulent 
en  boulettes  avec  du  beurre,  et  en  portent  des  provisions  dans  leurs  longues  excursions.  Ce 
n'est  que  dans  le  quinzième  siècle  que  le  Caféier  a  été  transporté  de  l'Abyssinie  dans  l'Arabie 
heureuse.  Mais  si  l'Arabie  n'est  point  la  première  patrie  du  Caféier,  elle  est  du  moins  sa  patrie 


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il2  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

adoptive,  son  séjour  de  prédilection;  nulle  part  il  ne  prospère  mieux,  nulle  part  sa  graine  ne 
possède  de  qualités  plus  généreuses  que  dans  le  royaume  d'Yémen,  aux  environs  de  Moka. 

Ce  sont  les  Orientaux  qui  ont  introduit  en  Europe  Tusage  du  café;  mais  à  quelle  époque 
eux-mêmes  connurent-ils  les  vertus  de  cette  graine  merveilleuse?  Nous  avons  sur  cette 
question  des  renseignements  fort  incertains.  Un  auteur  arabe  du  quinzième  siècle,  nommé 
Schehabeddin,  rapporte  que  c'est  un  muphti  d'Aden,  qui,  au  neuvième  siècle,  a  le  premier 
fait  usage  du  café  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'à  cette  époque  il  était  déjà  connu  en  Perse. 
Selon  la  tradition  vulgaire ,  la  découverte  du  café  est  due  au  Mollah  Chadelly ,  dont  la 
mémoire  est  en  vénération  parmi  les  vrais  croyants.  Ce  pieux  musulman,  désolé  d'être 
interrompu  par  le  sommeil  dans  ses  méditations  nocturnes,  invoqua  Mahomet  :  le  prophète, 
touché  de  sa  peine,  lui  fit  rencontrer  un  pâtre  qui  le  conduisit  à  un  Caféier,  et  lui  raconta  que 
ses  chèvres,  quand  elles  avaient  brouté  les  baies  de  cet  arbre,  restaient  éveillées,  sautant  et 
cabriolant  toute  la  nuit.  Le  Mollah  voulut  éprouver  sur  lui-même  la  vertu  singulière  de  ces 
baies;  il  en  prit  une  forte  infusion,  et  passa  la  nuit  suivante  dans  un  état  délicieux  d'insomnie  ; 
il  fit  part  de  sa  découverte  à  ses  derviches,  ceux-ci  Tiroitèrent,  et  leur  exemple  fut  suivi  par 
les  docteurs  de  la  loi  ;  bientôt  ceux  même  qui  n'avaient  pas  besoin  de  se  tenir  éveillés, 
adoptèrent  le  nouveau  breuvage,  qui  se  répandit  rapidement  dans  tout  l'Orient.  H  était  déjà 
en  crédit  à  Constantinople  en  1550,  et  Prosper  Alpin,  botaniste  du  seizième  siècle ,  rapporte 
qu'il  a  vu  les  Arabes  en  vendre  au  Caire  sous  le  nom  de  Caôva  ou  Cahoué. 

D'autres  versions  attribuent  cette  découverte  au  prieur  d'un  couvent  de  Maronites,  qui , 
sur  le  rapport  d'un  gardien  de  chameaux,  semblable  à  celui  du  chévrier  dont  nous  parlions 
tout  à  l'heure,  expérimenta  les  propriétés  de  la  graine  de  café,  et  en  fit  boire  à  ses  religieux 
pour  les  tenir  éveillés  pendant  les  offices  de  la  nuit.  Cette  pratique  fut  adoptée  par  les  céno- 
bites chrétiens  de  la  Thébaîde  et  de  l'Ethiopie  ;  et,  selon  toute  probabilité ,  c'est  d'eux  que 
ses  derviches  apprirent  ce  moyen  de  vaincre  le  sommeil. 

Mais  la  fève  d'Arabie  eut  bientôt  de  puissants  ennemis.  Les  prêtres  mahométans,  qui  en 
avaient  profité  les  premiers,  voyant  la  population  déserter  les  mosquées  pour  aller  encombrer 
les  boutiques  où  Ton  vendait  le  café,  chargèrent  d'anathèmes  la  boisson  jadis  si  sainte,  et 
ceux  qui  s'en  régalaient,  le  café  fut  assimilé  au  vin,  et  interdit,  comme  liqueur  enivrante,  dans 
tout  l'empire  ottoman  ;  l'autorité  religieuse  étant  restée  impmssante,  appela  à  son  secours  le 
bras  séculier.  «  En  l'an  de  l'hégire  945  (1538  de  J.-C.),  dit  un  écrivain  arabe,  pendant  que 
«  beaucoup  de  gens  étaient  assemblés  au  mois  de  rhamadan,  et  qu'ils  prenaient  du  café,  le 
a  commandant  du  guet  les  surprit,  et  les  chassa  des  boutiques  ignominieusement  ;  ils  passèrent 
«  la  nuit  dans  la  maison  du  sous-bachi;  et  le  lendemain  matin  ils  furent  relâchés  après  avoir 
«  reçu  chacun  dix-sept  coups  de  bâton.  » 

Grâce  à  la  persécution,  le  café  devint  de  plus  en  plus  populaire,  et,  dans  la  première  moitié 
du  dix-septième  siècle,  il  y  avait  au  Caire  deux  mille  boutiques  de  cafetiers.  Aujourd'hui  le 
café  est  dans  l'Orient  une  des  premières  nécessités  de  la  vie ,  et  quand  un  Turc  se  marie ,  il 
contracte  officiellement  l'obligation  de  ne  jamais  laisser  sa  femme  manquer  de  café. 

Avant  le  dix-septième  siècle,  on  ne  connaissait  en  France  le  café  que  de  nom.  Quelques 
voyageurs  revenus  d'Orient  en  avaient  rapporté  des  provisions  et  les  employaient  pour  leur 
usage  particulier.  On  cite  Thévenot  qui,  en  16W,  faisait  boire  du  café  aux  amis  qu'il  invitait 
à  sa  table.  Quatre  ans  auparavant,  un  Levantin  avait  établi,  sous  le  petit  Châtelet,  une  bou- 
tique de  café  ;  mais  son  commerce  n'avait  pas  réussi.  Ce  fut  dans  la  haute  société  que  com- 
mença pour  le  café  une  vogue  qui  devait  s'étendre  rapidement  dans  les  classes  les  plus 
inférieures  de  la  nation.  L'ambassadeur  de  la  sublime  Porte  près  de  Louis  XIV,  Soliman  Aga, 
offrait  du  café,  selon  la  coutume  de  son  pays,  aux  seigneurs  qui  venaient  le  visiter.  Toutes 
les  dames  de  la  cour  voulurent  goûter  de  cette  séduisante  liqueur  :  l'Aga  les  reçut  avec  une 
magnificence  orientale,  et  le  café  fut  bientôt  à  la  mode.  Madame  de  Sévigné  s'efforça  vaine- 
ment de  résister  au  torrent;  elle  affirmait  que  la  faveur  du  café  ne  serait  que  passagère,  et 


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RUBIACEES.  113 

dans  son  admiration  exclusive  pour  le  grand  Corneille ,  elle  prédisait  que  le  Racine  passerait 
comme  le  café;  sa  prédiction,  jusqu'aujourd'hui ,  s'est  trouvée  vraie,  et  plût  à  Dieu  qu'elle  le 
fût  toujours  !  car  Racine  et  le  café  n'ont  pas  plus  passé  l'un  que  l'autre  ;  mais,  hélas  !  dans  le 
bouleversement  actuel  de  nos  idées,  Racine  et  le  café  n'ont  pas  des  conditions  égales  de  durée: 
l'œuvre  du  poète  ne  peut  être  goûtée  que  par  un  public  d'élite,  tandis  que  la  fève  d'Arabie 
s'adresse  à  des  consommateurs  de  toute  qualité. 

A  peu  près  à  la  même  époque ,  le  café  prenait  faveur  à  Vienne  :  les  Turcs,  chassés  par 
Sobieski^  avaient  laissé  leur  camp  au  pouvoir  du  vainqueur,  et  dans  ce  camp  se  trouvait  force 
café,  avec  des  esclaves  poui*  le  préparer.  Vingt  ans  auparavant,  un  commerçant  anglais , 
venu  de  Constantinople ,  l'avait  introduit  à  Londres,  et  le  faisait  vendre  par  une  jeune 
Grecque  qu'il  avait  épousée  ;  les  boutiques  s'étaient  multipliées,  mais  Gromwell  les  fit  fermer, 
tout  en  respectant  les  tavernes  :  il  craignait  moins  l'abrutissement  causé  par  le  brandy  que 
l'excitation  intellectuelle  produite  par  le  café. 

Quelques  années  après  le  départ  de  l'ambassadeur  turc ,  un  Arménien ,  nommé  Pascal , 
vint  débiter  du  café  à  la  foire  de  Saint-Germain,  et  s'établit  sur  le  quai  de  l'Ecole ,  dans 
une  petite  boutique,  où  il  vendait  sa  marchandise  à  deux  sols  six  deniers  la  tasse.  Un  peu 
plus  tard,  Maliban,  autre  Arménien,  ouvrit  un  café  dans  la  rue  de  Bussy  ;  il  donnait  à  fumer, 
et  vendait  au  même  prix  que  Pascal  ;  son  successeur,  nommé  Grégoire ,  porta  son  établisse- 
ment rue  Mazarine,  près  de  la  Comédie-Française ,  située  alors  dans  cette  rue ,  vis-à-vis  la 
rue  Guénégaud. 

a  Dans  ces  premiers  temps  (dit  Laroque,  auteur  du  Voyage  de  U Arabie-Heureuse^  ouvrage 
où  nous  puisons  ces  détails  sur  l'introduction  du  café  en  France),  un  petit  boiteux,  nommé 
le  Candiot,  allait  par  les  rues  de  Paris,  en  criant  du  café,  et  ceux  qui  en  voulaient  prendre  le 
faisaient  monter  chez  eux ^  où  il  leur  remplissait  un  gobelet  pour  deux  sous,  en  fournissant 
aussi  le  sucre.  11  était  ceint  d'une  serviette  fort  propre ,  portant  d'une  main  un  réchaud  fait 
exprès ,  sur  lequel  était  une  cafetière ,  et  de  l'autre  une  espèce  de  fontaine  remplie  d'eau , 
et  devant  lui,  un  éventaire  de  fer-blanc,  où  étaient  tous  les  ustensiles  du  café.  Après  en 
avoir  vendu  en  plusieurs  endroits,  il  est  entin  mort,  fort  accommodé,  dans  sa  maison ,  au  bas 
du  pont  Notre-Dame,  que  sa  veuve  tient  encore  aujourd'hui.  Enfm,  Etienne,  originaire 
d'Alep  (nous  avouerons  que  cette  origine  orientale ,  qui  s'accorde  mal  avec  les  noms  de 
Joseph^  de  Maliban,  de  Pascal,  d'Etienne,  nous  semble  un  peu  suspecte),  Etienne  vint  aussi 
à  Paris  dans  le  même  dessein ,  mais  postérieurement  à  tous  ces  gens-là.  Après  de  faibles 
commencements,  il  a  longtemps  tenu  son  café  sur  le  Pont-au-Change,  et  il  s'est  définitive- 
ment ^xé  dans  la  maison  qu'il  occupe  aujourd'hui,  rue  Saint-André,  dont  la  boutique,  l'une 
des  plus  grandes  et  des  plus  commodes  de  la  viUe,  est  en  face  du  pont  Saint-Michel.  » 

Voilà  les  premiers  cafés  qui  furent  établis  à  Paris,  mais  ces  cafés  étaient  de  puantes 
tabagies,  fréquentées  par  des  fumeurs  ou  des  voyageurs  du  Levant;  le  café  y  était  de  mau- 
vaise qualité,  et  mal  servi.  Ce  fut  un  Sicilien,  nommé  Procope,  qui  monta  le  premier  établis- 
sement comparable  à  ceux  que  nous  possédons  aujourd'hui  ;  il  ouvrit  à  la  foire  Saint-Germain 
une  boutique  élégante ,  ornée  de  glaces  et  garnie  de  tables  de  marbre ,  où  l'on  servit  au 
public ,  avec  promptitude  et  propreté ,  du  café  d'excellente  qualité  :  son  succès  fût  brillant  ; 
après  la  foire ,  il  alla  s'établir  dans  la  rue  des  Fossés-Saint-Germain ,  en  face  de  la  Comédie- 
Française,  où  le  café  subsiste  encore.  Bientôt  le  café  Procope  devint  le  rendez-vous  des 
auteurs  dramatiques,  des  gens  de  lettres  et  des  habitués  du  théâtre  ;  on  y  discutait  le  mérite 
des  pièces  nouvelles  ;  les  ennemis  et  les  partisans  de  l'auteur  s'y  trouvaient  aux  prises.  C'est 
là  que  le  jour  de  la  première  représentation  d'une  de  ses  tragédies ,  Voltaire  vint ,  après  la 
pièce ,  déguisé  en  Arménien ,  et  méconnaissable  au  moyen  d'un  barbe  postiche ,  s'asseoir  au 
milieu  de  ses  adversaires.  11  écouta  les  critiques,  justes  ou  mal  fondées,  que  l'on  fit  de  sa 
tragédie  ;  il  vit  se  former  la  cabale  qui  complotait  sa  chute  pour  le  lendemain  ;  on  nota  les 
vers  qui  seraient  accueillis  par  des  sifflets  ;  puis  chacun  se  retira  chez  soi  ;  mais  Voltaire . 


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lU  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

pendant  que  ses  ennemis  dormaient ,  refit  son  cinquième  acte  avant  la  fin  de  la  nuit,  le 
nouvel  acte  ftit  appris  et  répété  en  six  heures,  et  quand  le  rideau  fut  levé,  les  siffieurs  atten- 
dirent en  vain  les  vers  qui  devaient  leur  servir  de  signal. 

La  vogue  du  café  Procope  stimula  bientôt  l'ambition  des  industriels,  et  les  cafés  devinrent 
nombreux  à  Paris.  Il  y  en  avait  déjà  six  cents  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV;  il  y  en  a  aujour- 
d'hui plus  de  trois  mille ,  et  la  province  a  rivalisé  avec  la  capitale  ;  mais  ces  établissements 
ont  été  malheureusement  détournés  de  leur  destination  primitive.  On  ne  va  plus  au  café 
pour  se  récréer  par  un  délassement  intellectuel;  les  conversations  littéraires  ont  fait  place 
aux  disputes  politiques  ;  on  y  prend  des  opinions  toutes  faites  sur  les  événements  du  jour,  et 
Tarome  inspirateur  du  café  est  neutralisé  par  Feau-de-vie  ou  par  la  nicotine  gazeuse  du  cigare. 
Nous  sonmies  forcés  de  regretter  les  cabarets  où  Chapelle  grisait  Boileau  avec  de  bon  vin, 
tandis  que  celui-ci  le  sermonnait  sur  son  ivrognerie:  ce  n'est  pas  la  lourde  ivresse  de  la  bière, 
qui  eût  inspiré  à  Chapelle  cet  impromptu,  adressé  au  sévère  auteur  des  satires,  lequel  venait 
de  s'égayer  jusqu'à  faire,  entre  deux  vins,  quelques  petits  vers  contre  Chapelle  lui-même. 

Qu'avec  plaisir  de  ton  haut  style 
Je  te  vois  descendre  au  quatrain  ! 
Bon  Dieu  !  que  j'épargnai  de  bile 
Et  d'injures  au  genre  humain, 
Quand,  renversant  ta  cruche  à  l'huile. 
Je  te  mis  le  verre  à  la  main  ! 

C'est  de  l'Arabie  heureuse  que  l'on  retirait,  avant  le  dix-huitième  siècle,  tout  le  café  qui 
se  consommait  en  Europe  ;  il  nous  arrivait  par  Alexandrie  et  les  Echelles  du  Levant;  mais  les 
pachas  d'Egypte  et  de  Syrie  faisaient  peser  sur  cette  denrée  des  droits  exorbitants.  Alors  les 
Européens  songèrent  à  commercer  directement  avec  l'Arabie  par  la  mer  Rouge.  La  Hollande 
la  première,  puis  l'Angleterre  et  la  France  expédièrent  des  vaisseaux,  qui  prirent  à  Moka 
des  chargements  de  café.  Mais  ce  n'était  pas  encore  assez  :  il  fallait  s'affranchir  du  tribut 
payé  à  l'Arabie  ;  le  Hollandais  van  Hom,  premier  président  des  Indes  orientales,  parvint, 
en  1699,  à  se  procurer  quelques  plants  de  Caféier,  qui  furent  transportés  à  Batavia,  et  y 
prospérèrent  à  merveille.  Un  de  ces  plants  fut  adressé,  en  1710,  à  Witsen,  boui^mestre 
d'Amsterdam ,  et  déposé  dans  le  Jardin  botanique  de  cette  capitale.  Le  jeune  arbrisseau 
fleurit,  et  donna  des  fruits  féconds;  un  des  individus  qui  en  provinrent  fut  offerte  Louis  XIV; 
ce  prince  le  fit  placer  dans  les  serres  du  Jardin  des  Plantes;  on  en  forma  des  boutures,  qui 
réussirent  parfaitement,  et  ce  fut  alors  que  le  gouvernement  français  entreprit  d'acclimater 
le  café  dans  nos  possessions  des  Antilles.  On  confia  un  des  plants  à  M.  Isambert,  qui  partait 
pour  la  Martinique;  mais  M.  Isambert  mourut  presque  en  arrivant ,  et  l'arbrisseau  fut  perdu. 
En  1720,  Antoine  de  Jussieu,  professeur  de  botanique  au  Jardin  du  Roi ,  remit  trois  pieds 
de  Caféier  au  capitaine  Declieux,  qui  se  chargea  de  les  transporter  à  la  Martinique  ;  la  tra- 
versée fut  longue  et  difQcUe ,  l'eau  manqua  :  deux  des  Caféiers  moururent,  et  le  troisième  fut 
sauvé  par  le  dévouement  du  capitaine,  qui  partagea  sa  ration  d'eau  avec  la  Plante  dont  la  vie 
lui  avait  été  confiée  ;  l'arbrisseau  arriva  sain  et  sauf  à  la  Martinique,  et  devint  la  souche  de 
toutes  les  plantations  qui  s'établirent  dans  les  Antilles. 

Avant  de  quitter  la  sous-famille  des  Cofféacées ,  nous  devons  mentionner  quelques  belles 
Espèces  qu'elle  fournit  à  nos  serres  d'Europe. — Le  Genre  Morinda  renferme  îles  arbrisseaux 
qui  habitent  toute  l'étendue  de  la  zone  torride,  et  dont  les  fleurs,  réunies  en  capitule  globu- 
leux, sont  souvent  soudées  ensemble  par  l'intermédiaire  de  leurs  calyces;  leurs  baies,  ainsi 
pressées  les  unes  contre  les  autres,  forment  une  sorte  de  fruit  composé ,  analogue  au  Mûrier, 
ce  qui  explique  leur  nom  générique  {Moinnda^  Mûrier  des  Indes).  Le  M.  ro  joc  {M.  rojoc) 
est  un  arbrisseau  de  l'Amérique  méridionale,  haut  de  deux  à  quatre  pieds,  à  feuilles  lancéo- 


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RUBIACÉES.  115 

lées,  à  fleurs  petites  et  blanches;  le  M.  macropkylla,  qui  est  beaucoup  plus  beau,  a  des 
feuilles  largement  elliptiques^  on  le  cultive  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris.  Le  M.  faux 
Jasmin  (M.  jaaminoïdes)  est  un  arbrisseau  venu  de  la  Nouvelle  -  Hollande  en  1830;  la 
tige  est  rameuse  y  les  rameaux  stériles  sont  volubiles,  et  les  feuiUes  sont  lancéolées ,  lui- 
santes en  dessus,  marquées  de  fossettes  en  dessous  et  à  Faisselle  des  nervures;  les  fleurs  sont 
jaunes. 

Les  Mitchella,  dédiés  au  voyageur  anglais  Mitchell,  sont  des  herbes  de  T Amérique  septen- 
trionale^ glabres,  rampantes;  on  cultive  en  pleine  terre  le  Mitchella  repens,  à  tiges  carrées, 
faibles,  à  feuilles  petites ,  arrondies-obtuses ,  à  fleurs  géminées  au  sommet  du  pédoncule , 
et  cohérentes  ;  la  corolle  est  blanche ,  infundibuliforme ,  tapissée  de  poils  à  sa  gorge  et  à  son 
limbe,  et  d'une  odeur  suave;  le  fruit  est  d'un  rouge  de  corail. 

Les  IxoBA  sont  des  arbrisseaux  croissant  dans  l'Afrique,  et  surtout  dans  l'Asie  tropicale; 
ils  tirent  leur  nom  générique  de  celui  d'une  idole  malabare ,  dont  ils  servent  à  parer  les 
autels.  L'L  éc  arlatb  (/.  coccinea)  est  un  bel  arbrisseau  de  Ceylan,  haut  de  3  à  4  pieds,  à 
feuilles  persistantes,  un  peu  charnues  ;  ses  fleurs,  qui  paraissent  au  milieu  de  l'été ,  sont  d'un 
ronge  vif,  et  disposées  en  un  corymbe  qui  conserve  longtemps  son  éclat.  L'T.  odorant 
(/.  odorata)  ,  envoyé  de  Madagascar  en  Angleterre ,  se  distingue  par  l'élégance  de  son  port, 
la  beauté  de  ses  feuilles ,  qui  ressemblent  à  celles  du  Figuier  élastique ,  et  surtout  par  ses 
riches  corymbes,  composés  de  plus  de  cent  fleurs,  exhalant  une  odeur  suave;  les  corolles 
atteignent  une  longueur  de  5  pouces,  le  tube  est  rouge  inférieurement,  et  blanc  vers  le 
sommet;  les  segments  du  limbe  sont  d'un  blanc  rosé,  qui  prend  ensuite  une  teinte  jaune. 

La  sous-famiUe  des  Ctnckonacées,  entièrement  exotique,  fournit  un  assez  grand  nombre  de 
Genres  à  l'horticulture ,  et  n'en  donne  qu'un  seul  à  la  médecine ,  mais  ce  Genre  est  le 
Quinquina;  aussi  a-t-il  imposé  son  nom  à  la  sous-famille.  Avant  de  nous  en  occuper,  nous 
mentionnerons  les  Genres  que  Ton  cultive  en  Europe,  et  parmi  lesquels  les  Quinquinas 
pourront  un  jour  figurer  comme  Plantes  d'ornement,  s'ils  réussissent  dans  nos  serres. 

Les  SiPANÉA  sont  des  herbes  annuelles  ou  vivaces,  indigènes  dans  l'Amérique  tropicale, 
dont  une  Espèce  sous-ligneuse ,  très-jolie ,  est  cultivée  dans  nos  serres  chaudes ,  c'est  le 
SiPANÉA  DR  Cayennb  [S.  cameo) ',  elle  est  haute  de  k  pieds  et  demi;  mais  elle  fleurit 
avant  d'avoir  atteint  un  pied  d'élévation;  ses  fleurs^  qui  s'ouvrent  depuis  octobre  jusqu'à  la 
fin  de  décembre ,  sont  nombreuses ,  disposées  en  corymbe  terminal  ;  la  corolle  est  velue , 
d'un  blanc  rosé ,  passant  à  des  teintes  violacées  pèles. 

Les  RoNDELETiA,  Genre  dédié  au  physicien  Rondelet ,  sont  des  arbrisseaux  de  l'Amé- 
rique tropicale;  le  R.  pompeux  (A.  speciosa)  de  la  Havane,  que  l'on  cultive  chez  nous  en 
serre  tempérée ,  a  des  fleurs  tubulées  d'un  rouge  écarlate  en  dehors,  à  goi^e  jaune  orange, 
disposées  en  corymbes  terminaux,  et  très-odorantes.  Le  Genre  Rogiera  qui  porte  le  nom  du 
ministre  belge  Rogier,  promoteur  de  l'horticulture,  se  distingue  du  précédent  par  sa  corolle , 
dépourvue  à  sa  goi^e  d'anneau  proéminent  ;  on  en  cultive  quatre  Espèces ,  dont  les  serres 
viennent  de  s*enrichir  récemment;  elles  sont  originaires  des  régions  tempérées  du  Guatimala  ; 
leurs  fleurs  sont  disposées  en  corymbes  et  de  petite  dimension  ;  mais  elles  persistent  long- 
temps, et  leur  odeur  est  faible ,  mais  suave  ;  la  corolle  est  d'un  blanc  rosé ,  à  limbe  étalé,  à 
gorge  fermée  par  des  poils  dorés.  Nous  citerons,  parmi  ces  Espèces,  qui  viennent  de  fleurir 
dans  l'établissement  de  M.  Van  Houtte,  le  R.  agréable  {R.  amœna),  charmant  arbuste  à 
feuilles  longues  de  2  à  5  pouces,  à  corolle  dont  les  lobes  sont  échancrés ,  le  tube  renflé  au- 
dessus  du  milieu  ;  le  style  est  un  peu  saillant  hors  de  la  corolle. 

Le  Hindsia  violacea  est  un  arbrisseau  du  Brésil ,  apporté  en  France  depuis  18Uh  ;  il  a  été 
dédié  au  chevalier  Hinds,  compagnon  de  voyage  du  capitaine  Ed.  Belcher;  ses  feuilles  sont 
ridées  à  la  face  inférieure;  les  fleurs  sont  nombreuses,  et  forment  des  cymes  terminales;  la 
corolle  est  d'un  bleu  violacé,  qui  a  valu  à  la  Plante  le  nom  anglais  de  Porcelain  blue.  On  la 
cultive  en  serre  chaude,  où  elle  fleurit  au  printemps. 


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116  HISTOIRE  DES  FAMILLES 

Le  PiNCKNEYA  {Pinckneya  pubescens)y  dédié  à  Pinckney,  botaniste  américain,  est  un 
arbrisseau  de  la  Caroline,  d'un  port  élégant ,  à  feuilles  cotonneuses  en  dessous ,  ainsi  que  les 
rameaux  à  fleurs  disposées  en  faisceaux  terminaux,  la  corolle  est  blanche,  rayée  de  pourpre; 
on  le  cultive  dans  les  serres  tempérées ,  et  malgré  quelques  diftîcultés  de  conservation ,  on 
pourrait,  avec  de  la  persévérance,  trouver  le  moyen  de  le  cultiver  dans  le  midi  de  la  France, 
ce  qui  serait  d'une  haute  importance ,  en  ce  que  cette  Plante ,  qui  offre  de  grands  rapports 
botaniques  avec  le  Quinquina,  parait  en  posséder  aussi  les  propriétés. 

Le  Genre  Bouvardia,  destiné  à  perpétuer  le  nom  de  Bouvard,  successeur  de  Guy-la- 
Brosse  au  Jardin  des  Plantes,  se  compose  d'arbrisseaux  du  Mexique,  dont  plusieurs  Espèces, 
toutes  très-jolies,  sont  cultivées  dans  nos  serres  :  le  B.  triphtllb  (B,  tripkylla),  arbrisseau 
à  peine  haut  de  deux  pieds ,  a  des  feuilles  verticillées  par  trois  ;  ses  fleurs  sont  d'un  rouge 
éclatant,  disposées  en  corymbe  ;  il  y  en  a  une  variété  à  fleurs  blanches.  On  le  tient  en  serre 
tempérée  pendant  l'hiver  seulement.  Le  B.  j  a  u  n  e  (^.  flava)  (PI.  V.)  a  des  tiges  rameuses  hautes 
d'un  pied  et  demi,  à  écorce  grisâtre  ;  les  feuilles  sont  parsemées  de  points  d'un  vert  pâle  ; 
leur  limbe  est  d'un  vert  tendre  à  l'ombre ,  et  prend  au  soleil  une  teinte  rougeàtre  ;  les  fleurs 
sont  disposées  par  trois  ou  par  quatre ,  courbées ,  pendantes  ;  la  corolle  est  jaune  orange ,  à 
quatre  lobes  étalés.  — Le  B.  a  longues  fleurs  (B.  longiflora),  qui  est  la  plus  belle 
Espèce  du  Genre,  a  des  fleurs  nombreuses  géminées  ou  temées,  sessiles ,  exhalant  une  odeur 
délicieuse  de  Jasmin  ;  la  corolle  est  blanche,  en  forme  de  patère,  à  tube  long,  à  gorge  fermée 
par  quatre  écailles  obtuses,  à  limbe  étalé  en  h'  segments.  Elle  vient  du  Mexique ,  et  on  la 
cultive  en  serre  chaude. 

Les  Manettiâ,  dédiés  à  Manetti^  botaniste  italien,  sontdes  herbes  ou  des  sous-arbrisseaux 
volubiles  originaires  du  Brésil,  que  l'on  cultive  en  serre  tempérée  :  le  M.  bicolore  (M. 
bicolor)  (PI.  111.)  a  été  découvert  dans  les  montagnes  des  Orgues;  ses  feuilles  sont  lancéolées, 
un  peu  pubescentes  et  glauques  en  dessous  ;  les  fleurs  sont  d'un  très-bel  effet;  le  tube  de  la 
corolle  est  long  d'un  pouce,  droit,  renflé  à  la  base,  d'un  rouge  écarlate  dans  son  tiers  infé- 
rieur, ensuite  d'un  beau  jaune  d'or,  jusque  et  y  compris  le  limbe.  — Le  M.  a  feuilles  en 
CGEUR  (M.  cordata)  fleurit  tout  l'été;  ses  fleurs  sont  longuement  pédonculées,  tubuleuses, 
pendantes,  d'un  pourpre  écarlate. 

Les  Luculia  sont  des  arbustes,  nommés  au  Népaul  LucuU-Swaj  que  l'on  cultive  en 
serre  chaude  et  en  serre  tempérée.  Le  L.  délicieux  (Z.  gratissima),  arbrisseau  droit,  peu 
rameux;  est  haut  de  6  à  9  pieds  ;  mais ,  dans  nos  serres ,  il  fleurit  avant  d'avoir  atteint  un 
pied  et  demi  ;  les  feuilles  sont  velues  sur  les  nervures  de  la  face  inférieure  ;  les  fleurs  sont 
tubuleuses,  à  limbe  plan,  d'un  rose  tendre,  et  d'une  odeur  suave,  qui  lui  a  valu  son  nom 
spécifique.  —  LeL.  de  Pince  (Z.  Pinciana)^  qui  porte  le  nom  d'un  fleuriste  célèbre,  a 
des  fleurs  disposées  en  large  cyme  terminale  ;  la  corolle  est  d'un  blanc  pur,  et  son  parfum 
surpasse  en  suavité  celui  de  l'Espèce  précédente. 

Les  HiLLiA  forment  un  Genre  dédié  à  sir  John  Hill,  botaniste  anglais;  ce  sont  de  petits 
arbrisseaux  de  l'Amérique  tropicale,  glabres,  grimpants,  et  presque  parasites;  sur  les  autres 
arbres,  leurs  feuilles  sont  un  peu  charnues,  d'un  vert  gai;  leH.  longiflore  (H,  longiflora) 
est  cultivé  dans  nos  serres  chaudes;  sa  tige  est  munie  de  vrilles;  ses  fleurs  sont  solitaires, 
terminales;  la  corolle  est  infundibuliforme,  d*un  blanc  jaunâtre  à  tube  cylindrique,  long 
de  près  de  trois  pouces,  à  gorge  renflée,  à  limbe  divisé  en  six  lanières  lancéolées,  un  peu 
roulées. 

Les  CouTARÉA,  nommés  dans  leur  patrie  Coutari ,  habitent  aussi  la  région  torride  de 
l'Amérique;  nous  citerons  le  G.  remarquable  (C,  speciosa)^  arbrisseau  touffu,  l'un  des  plus 
beaux  de  la  Guyane;  on  le  cultive  en  serre  chaude;  il  a  le  port  du  Ltlas  Varin;  ses  fleurs 
sont  grandes,  d'un  rose  foncé,  et  forment  au  sommet  des  rameaux  magnifiques;  les  difficultés 
de  sa  culture  le  rendent  très-rare  dans  les  collections. 

Le  Genre  Gardénia  est  dédié  au  docteur  Alexandre  Garden,  docteur  écossais  qui  habita 


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(I'oUmiioiuiu-i'os*  ) 


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RUBIACÉES.  117 

longtemps  la  Caroline,  et  fut  le  correspondant  de  Linné  ;  ce  Genre  renferme  de  nombreuses 
Espèces,  qui  croissent  dans  la  région  tropicale  de  T Asie  et  de  T Afrique,  et  dont  quelques-unes 
fontromement  de  nosserres.  LeG.  a  larges  fleurs  (G. /Zor/rfa^ ,  nommé  vulgairement 
Jasmin  du  Cap,  est  un  arbuste  des  Indes  haut  de  4  à  5  pieds ,  à  feuilles  persistantes ,  lisses , 
d'un  vert  gai  ;  il  fleurit  en  juin  ;  ses  fleurs  sont  blanches ,  et  exhalent  une  odeur  suave  de 
Girofle  ;  on  en  a  obtenu  une  varié*é  à  fleurs  doubles.  —  Le  G.  de  Stanley  (G,  stanleyanà)^ 
une  des  plus  belles  Espèces  qu'ait  introduites  le  voyageur  anglais,  M.  Withfield,  nous  vient  de 
Sierra-Leone  ;  c'est  un  arbrisseau  très-élégant,  à  végétation  vigoureuse ,  et  d'une  culture  très- 
facile;  les  rameaux  sont  étalés  horizontalement;  les  feuilles  sont  grandes,  d'un  vert  brillant, 
un  peu  coriaces ,  les  bifurcations  de  leurs  nervures  ofi'rent  des  saillies  glanduleuses  ou  de 
petites gibbosités;  les  fleurs  naissent  solitaires  à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures;  elles  ont 
neuf  pouces  de  longueur,  et  exhalent  un  parfum  délicieux;  la  corolle  est  infundibuliforme , 
son  tube  est  d'un  pourpre  foncé ,  quelquefois  maculé  de  vert,  et  dilaté  au  sommet;  sa  gorge 
est  pourpre,  marquée  en  dehors  de  lignes  élevées;  son  limbe  est  divisé  en  5  lobes  ovales, 
réfléchis,  obtus,  pourpres  et  blancs  extérieurement ,  d'un  blanc  pur  intérieurement,  couverts 
de  taches  d'un  pourpre  foncé,  disposées  en  lignes  obliques.  — Le  G.  Sherbourne  (G, 
Sherboumiœ)y  que  mistriss  Sberbourne  a  reçu  de  Sierra-Leone,  et  qui  a  fleuri  par  ses  soins, 
en  1843,  se  distingue  de  ses  congénères  par  sa  tige  volubile,  qui  le  rend  propre  à  décorer  les 
piliers  de  nos  serres  chaudes;  les  pédoncules  sont  uniflores,  plus  courts  que  les  pétioles;  le 
calyce  est  à  5  lobes  foliacés,  qui  atteignent  le  milieu  du  tube  de  la  corolle;  celle-ci  est 
grande  et  charnue,  infundibuliforme,  blanche,  d'un  rouge  sanguin  à  l'intérieur;  son  tube  est 
étroit  à  la  bîise  et  dilaté  au  sommet,  il  est  chargé  en  dedans ,  à  la  partie  inférieure ,  de  poils 
courts  et  soyeux  ;  le  limbe  est  divisé  en  5  lobes  arrondis ,  étalés. 

Les  OxYANTHUS ,  qui  appartenaient  autrefois  au  Genre  Gardénia,  tirent  leur  nouveau  nom 
générique  des  divisions  aiguës  de  la  corolle  :  l'O.  vers  i  colore  (0.  versicolor)^  dont  la  patrie 
est  encore  incertaine,  et  que  l'on  croit  originaire  des  Antilles ,  est  un  petit  arbrisseau,  attei- 
gnant dans  nos  serres  une  hauteur  de  deux  pieds  environ  ;  la  tige  et  les  rameaux  sont  cylin- 
driques, mais  renflés-aplatis  aux  points  de  jonction  des  entre-nœuds,  rougeàtres  et  très-glabres; 
les  feuilles  sont  ovales-lancéolées,  luisantes,  d'un  vert  rougeâtre  dans  leur  jeunesse  ;  les  fleurs 
sontsolitaires,  géminées  ou  ternées  à  l'extrémité  des  pédoncules;  leur  corolle,  longue  de  quatre 
àsix  pouces,  tubuleuse,  infundibuliforme,  très-gréle,  est  d'abord  d'un  blanc  pur,  qui  plus  tard 
passe  au  rose  pâle  ,  puis  au  rouge  vif;  le  limbe  est  divisé  en  lanières  oblongues- linéaires, 
défléchies,  recourbées,  longues  de  deux  pouces  environ;  ces  fleurs  singulières,  douées  d'une 
odeur  suave ,  durent  et  se  succèdent  longtemps. 

Les  PosoQUERiA  sont  des  Plantes  de  la  zone  tropicale  américaine ,  dont  le  nom  est ,  à  la 
Guyane,  Posoqitéri;\e\ir  tige  est  glabre ,  leurs  feuilles  sont  coriaces,  leurs  fleurs  terminales , 
blanches,  penchées;  nous  citerons  le  P.  élégant  (A^.  Formosa),  bel  arbre  découvert  dans  les 
forêts  vierges  des  montagnes  de  Tovar ,  à  six  mille  pieds  au-dessus  de  la  mer  ;  il  atteint  une 
hauteur  de  vingt  pieds;  son  tronc  est  svelte  et  couvert  d'une  écorce  blanche;  ses  fleurs 
forment  des  corymbes  terminaux  ;  la  corolle  est  blanche ,  odorante ,  infundibuliforme ,  à  tube 
cylindrique ,  long  de  quatre  pouces ,  à  gorge  à  peine  dilatée ,  velue ,  à  limbe  divisé  en 
5  lanières  obtuses  ouvertes,  munies  à  leur  base  d'un  mamelon  pubescent.  Le  fruit  est  une 
baie  globuleuse. 

Les  Mussaenda  sont  des  arbustes  indigènes  des  régions  tropicales  de  l'ancien  Continent, 
assez  rares  dans  le  nouveau;  leur  nom  générique  est  celui  sous  lequel  on  les  désigne  à  Geylan.  Le 
M.  élégant  {M.  formosa)  atteint  une  hauteur  de  neuf  pieds  ;  ses  fleurs  sont  jaunes,  disposées 
en  corymbes  terminaux  ;  le  calyce  est  à  5  lobes  dressés ,  aigus ,  dont  un  des  extérieurs  est 
blanc,  prolongé  en  feuille  pétiolée,  longue  de  deux  pouces,  et  remarquable  par  ses  nervures 
en  réseau. 

Les  BuRCHELLiA,  arbrisscaux  du  Cap  de  Bonne  -  Espérance ,  ont  reçu   le    nom  de 

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118  .      HI8TUIUE   DES  FAMILLES. 

M.  W.  Burchell,  voyageur  en  Afrique  ;  leurs  fleurs  sont  réunies  en  capitules  au  sommet  des 
rameaux,  et  d'un  rouge  vif;  le  capitule  est  involucré  par  la  dernière  paire  de  feuilles;  la 
corolle  est  en  entonnoir ,  à  5  lobes  très-  courts  ;  le  stigmate  est  en  massue  et  garni  de  cinq 
séries  de  poils  collecteurs.  Tel  est  le  R.  du  Gap  (/?.  Capends)^  nommé  vulgairement 
Buffelhoim,  à  cause  de  la  dureté  de  son  bois;  la  tige  est  haute  de  deux  à  quatre  pieds;  les 
feuilles  sont  ovales,  pubescentes  ;  les  fleurs  sont  longues  de  dix  ligaes ,  et  d'un  rouge  écarlate 
intense.  On  cultive  ce  bel  arbrisseau  en  serre  tempérée. 

Nous  allons  clore  la  Famille  des  Hubiacées  par  Thistoire  des  Quinquinas  :  le  Quinquina  et 
la  Pomme  de  terre  sont  les  deux  plus  précieux  Végétaux  que  l'Europe  ait  reçus  de  rAmé- 
rique.  La  Providence,  en  nous  indiquant  le  tubercule  alimentaire  qui  s'est  propagé  sur  tout  le 
globe ,  a  voulu  préserver  à  l'avenir  les  nations  de  la  famine  ;  en  permettant  à  l'homme  de 
découvrhr  le  Quinquina,  elle  lui  a  donné  pour  auxiliaire  contre  ses  maladies  le  plus  héroïque 
des  médicaments.  La  médecine  ,  depuis  deux  siècles ,  a  su  tirer  un  glorieux  parti  de  cette 
découverte,  et  la  chimie,  par  ses  savantes  analyses,  en  a  tout  à  coup  centuplé  la  valeur. 

Nous  décrirons  le  Genre  Cinchona  d'après  les  caractères  indiqués  par  notre  savant 
ami,  le  D^  Weddell,  naturaliste  voyageur,  dont  le  nom  se  rattache  désormais  à  l'histoire  du 
Quinquina.  —  Le  calyce  est  turbiné,  son  tube  est  pubescent,  son  limbe  persistant,  à  5  dents; 
la  corolle  est  en  pâtère,  son  tube  est  pubescent  en  dehors,  son  limbe  quinquéûde,  à 
lanières  lancéolées,  glabres  intérieurement,  garnies  sur  les  bords  de  poils  renflés  en  massue 
et  laineux,  pubescentes  extérieurement;  valvaires  dans  la  préttoraison,  étalées  et  recourbées 
en  dehors  après  l'épanouissement.  Les  étamines  sont  au  nombre  de  5,  glabres,  à  anthères 
incluses  ou  presque  incluses;  l'ovaire  est  couronné  par  un  disque  charnu,  5fi*rant  5  ou 
10 tubercules  peu  sensibles;  les  ovules  sont  réfléchis,  nombreux,  attachés  à  des  placentaires 
linéaires  qui  s'appliquent  aux  deux  côtés  de  la  cloison,  le  style  est  simple,  glabre,  le  stigmate 
bifîde;  la  capsule  est  ovoïde,  ou  oblongue ,  ou  linéaire-lancéolée ,  sillonnée  des  deux  cdtés,  à 
deux  loges;  la  déhiscence  est  septicide,  et  s'opère  de  la  base  au  sommet,  par  décollement  de 
la  cloison.  Les  graines  sont  imbriquées  de  bas  en  haut ,  comprimées,  entourées  à  leur  circon- 
férence par  une  aile  membraneuse  denticulée  sur  ses  bords  ;  la  plantule  est  droite ,  et  occupe 
l'axe  d'un  albumen  charnu;  les  cotylédons  sont  ovales;  la  radicule  est  infère. 

LesEspècesdu  Genre  Quinquina  [Cinchona)^  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  toujours 
verts,  habitant  les  vallées  des  Andes  tropicales,  entre  le  dixième  degré  de  latitude  septen- 
trionale et  le  dix-neùvième  de  latitude  australe,  à  une  hauteur  de  3,600  à  9,800  pieds  au- 
dessus  du  niveau  de  l'Océan  :  le  tronc  et  les  grosses  branches  sont  cylindriques,  mais  les 
jeunes  rameaux  sont  un  peu  tétragones  et  montrent  les  cicatrices  des  feuilles  et  des  stipules, 
qui  se  voient  aussi  sur  les  branches  adultes  ;  l'écorce  est  amère  et  contient  deux  alcalis,  la 
Quinine  et  la  Cinchonine^  unis  à  un  acide  nommé  acide  Kinique;  elle  renferme  en  outre  un 
principe  colorant  nommé  rouge  cinchonique^  une  matière  colorante  jaune,  une  matière  colo- 
rante grasse  verte,  du  kinate  de  chaux,  de  l'amidon,  de  la  gomme,  etc.;  le  bois  est  blanchâtre 
et  devient  jaunâtre  avec  l'âge;  les  feuilles  sont  opposées,  entières,  veinées,  pétiolées,  les 
cellules  de  leur  épiderme  sont,  dans  beaucoup  d'espèces,  gonflées  par  un  liquide,  et  forment 
de  petites  saillies  coniques  qui  donnent  à  la  feuille  un  reflet  particulier;  dans  le  liquide  des 
cellules  nagent  des  corpuscules  innombrables,  qui  sont  agités  d'un  mouvement  rapide,  comme 
s'ils  étaient  animés.  Le  pétiole  est  court,  demi-cylindrique;  les  stipules  sont  caduques, 
ordinairementlibres,  hérissées  à  leur  base  interne  par  de  petites  glandes  lancéolées,  qui  sécrètent 
une  humeur  gommo -résineuse,  liquide  et  transparente  ;  les  fleurs  sont  disposées  en  panicules 
terminales  ;  la  corolle  est  blanche,  ou  rosée,  ou  purpurine,  et  d'une  odeur  suave,  les  pédicelles 
sont  bractéolés  à  leur  base. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  nombreuses  Espèces  de  Quinquina,  il  suffira  de 
décrire  l'Espèce  principale  de  chacune  des  séries  désignées  vulgairemrnt  sous  les  noms  de 
Quinquina  jaune.  Q.  gris^  Q.  rouge.  Q.  blanc. 


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KUBIACÉES.  110 

Le  Q.  J  A  i  N  E  R  o  Y  A  L  (C.  caUjsttya,  de  Weddell)  a  des  feuilles  obloiigues  où  lancéolées  obovales, 
obtuses,  amincies  à  la  base,  marquées  de  fossettes  à  Taisselle  des  nervures,  les  filets  des  éta- 

mines  sont  de  moitié  plus  courts  que  Tanthère  ; 

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triangulaires-pointues  on  lancéolées;  Oh.iqui^a  ns  lim*. 

les   lilets  égalent  ou  dépassent   en 

longueur  la  moitié  des  anthères;  la  capsule  est  oblongue  on  lancéolée,  beaucoup  plus  longue 

que  les  fleurs;  les  giaiiies  sont  elliptiques,  denticulées  sur  les  bords. —  T'est  h  celte   espèce, 


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120  HISTOIRE  DES   FAMILLES. 

la  première  observée,  et  décrite  par  La  Condamine ,  que  se  rappoiient  les  ti-adiiions  plus 
ou  moins  fabuleuses  relatives  à  la  découverte  des  Quinquinas.  Son  écorce  est  aujourd'hui  peu 
estimée,  parce  qu'elle  ne  contient  guère  que  de  la  cinchonine  et  très-peu  de  quinine.  Il  en  est 
de  même  du  Quinquina  de  Lima,  gris  brun  (C,  mivraniha). 

Le  Q.  ROUGE  (C,  nitida,  de  Ruiz  et  Pavon)  a  des  feuilles  obovales  lancéolées,  amincies  à  la 
base,  glabres  des  deux  côtés,  et  luisantes  ou  légèrement  poilues  à  la  face  inférieure,  non 
marquées  de  fossettes;  les  filets  égalent  les  anthères  en  longueur;  la  capsule  est  lancéolée, 
deux  fois  plus  longue  que  large;  les  graines  sont  lancéolées,  denticulées  sur  leur  bord.  —  L'é- 
corce  de  cette  Espèce  est,  dit-on,  un  des  meilleurs  Quinquinas  ;  aujourd'hui  elle  est  devenue 
très-rare  ;  elle  contient  à  peu  près  dans  la  même  proportion  la  quinine  et  la  cinchonine,  et 
comme  l'action  fébrifuge  de  la  quinine  est  plus  puissante  que  celle  de  la  cinchonine,  on  préfère 
au  Quinquina  rouge  le  Quinquina  jaune,  qui  est  l'Espèce  la  plus  riche  en  quinine. 

Le  Q.  BLANC  (  C,  ovata,  de  Ruiz  et  Pavon)  a  ses  feuilles  largement  ovales,  un  peu  aiguës, 
amincies  à  la  base,  un  peu  coriaces,  pubescentes,  cotonneuses  en-dessous  et  des  deux  côtés 
dans  leiur  jeunesse  ;  les  dents  calycinales  sont  courtes  et  aiguës;  les  anthères  sont  beaucoup 
plus  longues  que  leur  filet;  la  capsule  est  lancéolée;  les  semences  denticulées-frangées. — 
Cette  espèce  a  son  écorce  d'un  gris  blanchâtre  à  l'extérieur;  la  composition  chimique  de 
l'écorce  diffère  de  celle  des  précédentes  en  ce  que  à  la  quinine  et  à  la  cinchonine  se  joint  un 
troisième  alcali,  analogue  aux  deux  autres,  mais  plus  oxygéné,  et  qu'on  a  nommé  arictne.  Le 
Q,  blanc  n'est  pas  usité  en  médecine. 

Dans  l'appréciation  des  écorces  de  Quinquina,  il  est  important  de  distinguer  le  derme  du 
périderme  :  M.  Weddell  appelle  périderme  toute  cette  partie  extérieure  de  l'écorce,  quelle 
que  soit  son  origine,  qui,  ayant  perdu  sa  vitalité  première,  persiste  à  la  surface  des  couches 
plus  i^rieures,  et  leur  sert  d'enveloppe  protectrice  ;  ces  couches  portent  dans  leur  ensemble 
le  nom  de  denne. 

L'écorce,  comme  nous  l'avons  vu  dans  la  description  des  oi^anes  (page  11),  se  compose 
intérieurement  de  fibres  ligneuses,  nommées  fibres  corticales  ou  liber,  extérieurement  d'une 
enveloppe  cellideusc  verte,  nommée  moelle  corticale;  cette  enveloppe  est  elle-même  recouverte 
par  une  couche  de  cellules  grisâtres  qui,  dans  certains  Végétaux,  s'épaissit  pour  former  \e  liège; 
enfin  ces  cellules  sont  enveloppées  par  l'épiderme,  tégument  temporaire  qui  ne  recouvre  que 
les  jeunes  branches,  et  se  détruit  par  leur  développement.  L'écorce,  incessamment  repoussée 
en  dehoi-s  par  le  développement  du  bois,  se  renouvelle  à  l'intérieur  de  la  tige;  mais  la  partie 
extérieure,  cessant  de  croître,  se  sépare  en  plaques,  qui  peuvent  tomber  ou  rester  fixées  à  la 
surface.  Cette  partie  morte  est  le  périderme,  la  partie  vive  est  le  derme. 

Dans  les  écorces  de  Quinquinas,  le  derme  est  constitué  soit  par  le  liber  seulement,  dont  le 
périderme  s'est  complètement  détaché,  soit  par  le  liber,  auquel  est  restée  fixée  une  certaine 
portion  de  l'enveloppe  celluleuse  :  or,  c'est  dans  le  derme  que  se  trouve  la  quinine,  tandis 
que  l'enveloppe  celluleuse,  au  contraire,  ne  renferme  que  de  la  cinchonine;  il  en  résulte  mie 
bonne  indication  pour  apprécier  la  richesse  des  diverses  écorces  de  Quinquina  :  si  la  couche 
celluleuse  est  épaisse,  comme  cela  a  lieu  dans  les  jeunes  rameaux  et  dans  les  Quiquinat  gris, 
la  quinine  est  peu  abondante;  si,  au  contraire,  l'écorce  ne  se  compose  plus  que  du  liber,  la 
quinine  existe  en  plus  grande  quantité. 

C^est  donc  dans  la  partie  fibreuse  que  réside  la  quinine  ;  non  dans  les  fibres  elles-mêmes, 
mais  dans  les  cellules  au  milieu  desquelles  ces  fibres  sont  répandues  :  si  toutefois  ces  cellules 
sont  trop  abondantes,  elles  ne  sont  riches  qu'en  cinchonine  ;  il  faut  que  les  fibres  et  les  cellules 
soient  réparties  en  une  certaine  proportion.  En  outre,  les  écorces  les  plus  riches  sont  celles  où 
les  fibres  sont  courtes,  égales  et  uniformément  distribuées  au  sein  d'un  tissu  cellulaire  gorgé 
de  matières  résineuses.  Si  les  fibres  sont  plus  longues  et  réunies  par  faisceaux,  le  tissu  cellu- 
laire interposé,  et  par  conséquent  la  quantité  de  quinine,  est  diminué  en  proportion.  Il  suit  delà 
qu'on  peut,  par  la  cassure  d'un  fragment  d'écorce  de  Quinquina ,  apprécier  sa  valeur  médici- 


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RUBIACÉES.  121 

uale  ;  si  la  surface  fracturée  est  hérissée  de  petites  pointes  égales^  ce  sera  une  écorce  de  pre- 
mière qualité ,  si  les  fibres  se  prolongent  en  filandres  inégales ,  la  qualité  sera  moindre  ;  si ,  au 
contraire ,  le  contour  extérieur  de  Técorce  offre  à  la  cassure  une  surface  lisse ,  c'est-à-dire 
non  hérissée  de  fibres,  soit  courtes,  soit  allongées,  c^est  que  cette  partie  est  uniquement 
celluleuse,  et  ne  peut  contenir  que  de  la  cinchonine  ;  de  là  trois  modifications  de  cassures 
annonçant  trois  degrés  dans  la  qualité  de  Técorce  :  la  cassure  fibreuse,  la  cassure  filandreuse, 
et  la  cassure  subéreuse  ou  celluleuse. 

Le  Genre  Cinchona  comprenait  autrefois  des  Espèces  dont  les  unes  ouvrent  leur  capsule  de 
la  base  au  sommet,  les  autres  du  sommet  à  la  base.  Endlicher  les  séparait  en  deux  sections  \ 
M.  Weddell  en  a  fait  deux  Genres  bien  distincts  :  Cinchona  et  Cascarilla,  et  cette  distribution 
paraît  tout  à  fait  conforme  à  la  nature,  puisque  la  composition  chimique  vient  à  Tappui  des 
caractères  botaniques,  et  que  les  vraies  Espèces  de  Cinchona  présentent  seules  la  quinine  et 
la  cinchonine,  tandis  qu'on  ne  trouve  que  des  principes  astringents  dans  celles  du  Genre 
Cascarilla. 

La  découverte  des  propriétés  médicales  du  Quinquina  est  enveloppée  d'une  obscurité  qui  a 
donné  lieux  aux  versions  les  plus  contradictoires.  Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  qu'avant  1638, 
c'est-à-dire  cent  cinquante  ans  après  la  découverte  de  l'Amérique,  ni  les  Européens,  ni  même 
les  dominateurs  du  Nouveau-Monde,  ne  connaissaient  la  vertu  fébrifuge  de  cette  écorce.  Les 
indigènes  la  connaissaient-ils?  L'illustre  voyageur,  M.  de  Homboldt  le  nie  positivement.  11  rap- 
porte une  vieille  tradition,  ayant  cours  dans  la  province  de  Loxa ,  d'après  laquelle  ce  sont  les 
jésuites  qui  auraient  eu  les  premiers,  et  accidentellement,  la  connaissance  des  propriétés  du 
Quinquina,  en  goûtant,  selon  l'habitude  de  ces  pays ,  les  écorces  des  arbres  qu'ils  faisaient 
abattre.  Ils  l'auraient  employé  alors,  par  analogie,  avec  d'autres  amers,  dans  le  traitement 
des  fièvres  intermittentes.  Cependant  d'autres  auteurs,  et  notamment  Huiz  et  Pavon,  semblent 
croire  que  les  Indiens  de  Loxa  connaissaient  l'usage  du  Quinquina  longtemps  avant  l'invasion 
espagnole.  Mais  à  qui  devaient-ils  la  révélation  de  ses  propriétés?  On  a  raconté  la  fable  ridicule 
de  bétes  fauves,  tourmentées  de  la  fièvre,  qui  avaient  été  poussées  par  leur  instinct  à  ronger 
l'écorce  de  l'arbre,  et  s'étaient  ainsi  guéries  elles-mêmes  ;  ce  qui  serait  plus  probable ,  c'est 
que  des  arbres  de  Quinquina,  ayant  été  renversés  par  la  tempête,  et  leur  tronc  ayant  longtemps 
séjourné  dans  l'eau  de  quelque  mare,  cette  eau,  par  la  macération  de  l'écorce,  se  serait  chargée 
d'une  certaine  quantité  de  principes  fébrifuges,  qu'ensuite  un  fiévreux  étant  venu  par  hasard 
s'y  désaltérer,  et  se  trouvant  délivré  de  son  mal,  aurait  publié  sa  guérison. 

Au  reste,  Joseph  de  Jussieu,  frère  d'Antoine  et  de  Bernard,  qui  fut  envoyé  en  Amérique 
en  1735,  avec  la  mission  d'étudier  l'histoire  naturelle  du  pays,  et  d'envoyer  des  plantes  au 
Jardin  du  Roi,  désigne  positivement  les  Indiens  du  village  de  Malacatos ,  à  quelques  lieues 
au  sud  de  Loxa,  comme  les  premiers  qui  aient  possédé  la  connaissance  des  propriétés  du 
Quinquina.  Il  jeta  sur  le  papier,  à  ce  sujet,  lors  de  son  voyage  à  Loxa,  en  1739,  une  note  qui 
fait  partie  d'un  mémoire  sur  le  Quinquina  écrit  en  latin,  et  resté  inédit.  Nous  allons  reproduire 
avec  la  traduction,  le  texte  de  cette  note,  dont  le  style  est  d'une  naïveté  originale. 

a  Certum  est  qui  priiis  notitiam  virtutis  et  efficaciœ  hujus  arboris  habuêre ,  fuisse  Indos 
vici  Malacatos.  His,  cùm,  ob  calidum  simul  ac  humidum  et  inconstantiam  temperamenti  ac 
inclementiam,  febribus  intermittentibus  maxime  essent  obnoxii,  remedium  tàm  importuni 
morbi  quœsivisse  necessum  fuit;  et,  cùm,  régnant ibus  Ingas,  fuerunt  Indi  Botanices  périt i, 
et  virtutum  herbarum  indagatores  acerrimi,  factâ  variarum  plantarum  experientiâ,  tandetn 
Kinakina  corticem  ultimum  ac  ferè  unicum  intermittentium  febrium  specificum  remedium 
invenêre,  Nec  alio  nomine  apud  illos  arbor  nota  quàm  ab  effectu,  Vocârunt  Yara-Chucchu, 
Cava-Chucchu  :  Yara  idem  est  ac  arbor,  Gava  idem  est  ac  cortex;  Chucchu  :  hof^ror,  frigus , 
febris  horripilatio ;  quasi  diceres  arbor  febrium  intermittentium,  Ayac-Cava  vocârunt,  quasi 
diceres  corticem  amarum.  —  Forte  fortunâ,  tum  unus  ex  Societate  Jesu  iter  habuerat  per 
vicum  Malacatos,  is  laborans  febri  intermittente .  Misericordiâ  comtnotus  Indorum  dux, 


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122  HISTOIRE  DES   FAMILLES. 

Cacique  vacant,  cognito  R.  P.  morbo  :  Sine  paulidiim,  inquit,  et  ad  saniiatem  perfectam  te 
restituam.  Hoc  dicto,  exilit  ad  montent  Indus,  corticem  dictum  attulit,  et  decoctum  ipsinspatri 
propinavit.  Sanatus  et  ad  perfectam  saniiatem  restitutus  Jesuita,  perquisivit  quod  genus 
medicamenti  applicavcrat  Indus,  Cognito  cortice,  hvjus  non  exiguam  quantitatem  collexit 
Jesuita,  et,  ad  patriam  redux  eadem  ac  in  Peruvianâ  regiones  poUere  expertus  est,  indè  notus 
primo  fuit  cortex  Pulveris  Jesuitici  nomine,  etc.  » 

«  Il  est  certain  que  ceux  qui  connurent  les  premiers  la  vertu  et  l'efficacité  de  cet  arbre,  sont 
des  Indiens  du  \illage  de  Malacatos,  Ces  pauvres  gens,  étant  sujets  à  des  fièvres  intermittentes 
causées  par  la  chaleur  humide  de  leur  climat  et  par  l'inconstance  de  la  température,  avaient 
dû  nécessairement  chercher  un  remède  contre  cette  fâcheuse  maladie  ;  et,  comme  au  temps 
où  régnaient  les  Incas,  les  Indiens  étaient  versés  dans  la  connaissance  des  végétaux  et  habiles  à 
découvrir  leurs  vertus ,  les  essais  qu'ils  faisaient  de  diverses  plantes  les  conduisirent  à  trouver 
dans  l'écorce  Kina  kina,  le  spécifique  suprême  et  presque  unique  des  fièvres  intermittentes. 
Cet  arbre  n'était  désigné  chez  eux  que  par  un  nom  tiré  de  ses  propriétés  ;  ils  l'appelaient 
Yara  Choucchou,  Cava-choucchou  :  Yara  signifie  arbre;  Cava  signifie  écorce;  Choucchou 
exprime  le  frisson,  le  froid,  l'horripilation  de  la  fièvre  ;  c'est  comme  si  on  disait  Varbre  des 
fièvres f  Vécorce  des  fièvres;  ils  l'appelaient  aussi  Ayac-Cava,  c'est-à-dire  amère  écorce,  —  Par 
un  heureux  hasard,  vint  à  passer,  dans  le  village  de  Malacatos,  un  prêtre  de  la  Compagnie  de 
Jésus,  tourmenté  par  une  fièvre  intermittente  ;  le  chef  des  Indiens,  qu'on  nomme  Cacique, 
ayant  été  informé  de  la  maladie  du  révérend  Père  :  Laisse-moi  faire,  lui  dit-il,  et  je  te 
guérirai.  Cela  dit,  l'Indien  court  à  la  montagne,  apporte  ladite  écorce,  et  en  présente  une 
décoction  au  jésuite;  celui-ci,  délivré  de  sa  fièvre  et  rendu  à  la  santé,  s'enquit  du  remède  que 
lui  avait  administré  l'Indien.  On  lui  fit  connaître  l'écorce ,  il  en  recueiUit  une  grande  quantité, 
et,  de  retour  dans  sa  patrie,  il  s'assura  par  l'expérience  qu'elle  produisait  le  même  effet  qu'au 
Pérou  ;  de  là  vient  le  nom  de  Poudre  des  Jésuites,  le  premier  sous  lequel  on  l'a  connu,  etc.  » 

Les  jésuites  de  Lima  en  envoyèrent  à  Rome  au  général  de  l'Ordre,  qui  en  donna  au  cardinal 
de  Lugo,  d'où  le  nom  de  Poudre  Cardinale,  donné  aussi  au  Quinquina. 

Une  autre  tradition  qui,  si  elle  n'est  pas  la  plus  authentique,  est  du  moins  la  plus  populaire, 
rapporte  que,  en  1638,  le  vice-roi  du  Pérou,  Jérôme  Fernand  de  Cabrera,  comte  de  Chin- 
chon,  dont  l'épouse  était  atteinte  d'une  fièvre  intermittente  opiniâtre,  fit  venir  de  Loxa  un 
corrégidor  qui  prétendait  connaître  un  merveilleux  remède  contre  les  fièvres  intermittentes; 
le  corrégidor  fit  prendre  du  Quinquina  à  la  vice-reine,  et  la  fièvre  disparut.  La  comtesse, 
revenue  en  Espagne  deux  ans  après  sa  guérison,  y  rapporta  une  provision  considérable  de 
l'écorce  salutaire,  et  la  distribua  elle-même  aux  fiévreux ,  de  là  le  nom  de  Poudre  de  la 
comtesse,  et  le  nom  latin  de  Cinchona,  donné  plus  tard  par  Linné  au  Genre  qui  nous  occupe. 

Mais  le  nouveau  remède  fut  mal  accueilli  en  France  et  en  Italie  ;  les  Facultés  le  proscri- 
virent, et  les  médecins  qui  osèrent  en  expérimenter  les  effets  furent  persécutés.  Ce  ne  fut  que 
quarante  ans  plus  tard  que  Louis  XIV  le  rendit  populaire.  Un  empirique  anglais,  nommé 
Talbot,  avait  délivré  le  roi  d'une  fièvre  intermittente  très-rebelle,  à  l'aide  d'un  remède  secret, 
qui  avait  déjà  guéri  un  grand  nombre  de  personnes.  Le  roi  lui  acheta  son  secret  4.8,000  livres, 
lui  fit  une  pension  viagère  de  2,000  livres  et  lui  donna  des  lettres  de  noblesse  :  le  remède  fut 
pubhé  trois  ans  après,  par  son  ordre  :  ce  remède  consistait  en  une  teinture  vineuse  de  Quinquina 
très-concentrée.  A  dater  de  cette  époque  seulement,  on  a  reçu  en  France  du  Quinquina  en 
écorces. 

C'est  en  1820  que  les  chimistes  sont  parvenus  à  isoler  les  principes  fébrifuges  du  Quinquina, 
qu'ils  ont  nommés  quinine  et  cinchonine.  La  préparation  de  ces  alcalis  végétaux  est  une  des 
plus  belles  découvertes  de  la  Chimie  moderne,  et  le  service  le  plus  important  qu'elle  ait  rendu 
à  la  médecine  depuis  le  commencement  du  dix-neuvicmc  siècle,  puisque,  sous  un  petit 
volume,  et  sans  fatiguer  le  malade,  on  peut  administrer  des  doses  énormes  de  Quinquina,  et 
opérer  les  guérisons  les  plus  difficiles. 


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HUBIACÉES.  123 

On  obtient  ces  alcalis  en  traitant  à  chaud  le  Quinquina  en  poudre  par  de  Tacide  chlorhy- 
drique  étendu  d'eau;  il  se  forme  un  chlorliydrate  de  quinine  et  de  cinehonine;  on  ajoute  à  la 
liqueur  de  la  chaux  délayée  dans  Teau;  la  chaux  s'empare  de  Tacide,  et  les  alcalis  végétaux 
forment  un  précipité;  on  dissout  ce  précipité  au  moyen  de  Talcool  bouillant,  et  on  obtient 
par  évaporation  la  quinine  et  la  cinehonine  mélangées.  Pour  les  séparer  Tune  de  Tautre  (parce 
que  la  quinine  est  deux  fois  plus  active^  à  dose  égale,  que  la  cinehonine) ,  on  traite  à  froid  par 
Talcool  faible,  qui  ne  dissout  que  la  quinine.  —  Le  Quinquina  calisaya  contient  en  quinine 
environ  le  douzième  de  son  poids. 

Le  Quinquina  étant,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  non  pas  un  médicament,  mais  bien  un 
préservatif,  et  beaucoup  de  personnes  étrangères  à  la  médecine  l'employant  comme  tel  à  la 
campagne,  dans  un  but  de  charité,  nous  pensons  qu'il  ne  sera  pas  hors  de  propos,  d'exposer 
ici  quelques  idées  simples  sur  la  nature  de  Faction  exercée  parle  Quinquina;  c'est  une  question 
physiologique  et  hygiénique,  et  non  une  question  médicale  que  nous  voulons  traiter  ;  or, 
Thygiène  étant  la  seule  branche  de  la  médecine  qui  soit  à  la  portée  des  gens  du  monde,  nous 
allons  entretenir  rapidement  nos  lecteurs  des  conditions  de  la  vie  de  nutrition,  en  attendant 
que  ce  sujet  soit  traité  complètement  dans  la  partie  de  notre  ouvrage  qui  concernera  la 
Zoologie. 

Nous  avons  vu  dans  l'Introduction  que  les  Êtres  organisés,  c'est-à-dire  les  Végétaux  et  les 
Animaux,  ne  peuvent  exister  que  sous  l'influence  d'une  force,  dont  les  lois  nous  sont  inconnues, 
et  qu'on  a  nommée  force  vitale;  que  ces  Êtres  se  nourrissent  par  intussusception^  c'est-à-dire 
en  introduisant  dans  certaines  cavités  de  leur  corps  des  substances  étrangères  qui  y  subissent 
un  changement,  s'assimilent  au  corps  qui  les  a  reçues,  et  y  remplacent  en  même  temps  les 
matériaux  vieillis  qui  les  ont  précédées ,  et  que  la  force  vitale  tend  constamment  à  éliminer. 
Nous  avons  établi  en  outre  que  TAnimal  se  distingue  de  la  Plante  en  ce  qu'il  perçoit  des  sen- 
sations, et  exécute  des  mouvements  volontaires. 

Chez  les  animaux  inférieurs,  dont  le  corps  se  compose  d'un  masse  homogène  et  informe,  les 
conditions  matérielles  de  la  vie  de  nutrition,  réduites  à  leur  maximum  de  simplicité,  consistent 
en  un  liquide  pouvant  être  assimilé,  et  une  substance  solide  possédant  la  propriété  de  réagir 
sur  le  liquide  qui  l'impressionne,  de  manière  à  en  assimiler  une  partie  et  à  en  éliminer  l'autre; 
chez  l'homme,  l'animal  le  plus  composé  de  la  création,  le  résultat  est  le  même,  mais  le  travail 
se  divise  et  se  localise  dans  des  organes  spéciaux  nommés  viscères;  les  uns  sont  chaînés  de 
modifier  la  matière  organisable  ;  les  autres  de  séparer  et  d'excréter  les  matières  non  assimi- 
lables et  celles  qui  sont  usées  par  le  mouvement  organique.  Le  but  final  de  ces  fonctions 
végétatives  est  le  développement  des  organes  de  la  vie  de  relation,  c'est-à-dire  de  ceux  qui 
perçoivent  les  sensations  et  exécutent  les  mouvements,  en  un  mot  du  système  nerveux  cérébro- 
spinal [cerveau,  moelle  épinière,  nerfs),  et  du  système  locomoteur  {muscles) 

Mais,  entre  ces  organes  de  la  vie  de  relation  pour  qui  travaillent  les  viscères,  et  ces  viscère» 
eux-mêmes,  la  nature  a  établi  un  agent  spécial  qui  correspond  avec  les  uns  et  les  autres  et 
maintient  leur  solidarité  mutuelle;  qui,  par  une  force  irrésistible,  nommée  instinct,  excite  à 
fonctionner  les  organes  assimilateurs  et  éliminateurs,  et  avertit  en  même  temps  le  cerveau  et 
les  muscles  de  les  approvisionner  des  matériaux  qu'ils  élaborent  au  bénéfice  de  la  vie  de 
relation.  Cet  agent  indispensable  est  une  sorte  de  contre-maître,  intei-médiaire  entre  le  chef 
de  la  fabrique  et  les  ouvriers,  qui  d'une  part  avertit  celui-ci  de  fournir  à  ses  serviteurs  les 
matières  premières;  et  d'une  autre  part,  stimule  le  zèle  des  travailleurs  de  manière  à  régu- 
lariser la  quantité  et  la  qualité  des  produits  de  fabrication. 

Ce  médiateur  impartial  est  lui-même  un  système  nerveux  particulier,  nommé  trisplanchnique 

parce  qu'il  se  ramifie  dans  les  organes  des  trois  grandes  cavités  viscérales  du  corps,  le  ci*âne, 

la  poitrine  et  l'abdomen  ;  on  le  nomme  aussi  ganglionnaire  parce  qu'il  se  compose  de  plusieurs 

nœuds  ou  ganglions,  qui  sont  autant  do  contres  d'où  partout  ses  ramifications. 

Les  matériaux  ot  les  agents  do  la  vie  do  nutrition  sont  donc  :  1"  un  liquide  contenant  les 


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124  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

substances  que  les  organes  doivent  élaborer:  ce  liquide  est  le  sang,  que  réparent  sans  cesse 
les  aliments  fournis  par  les  fonctionnaires  de  la  vie  de  relation  ;  2»  des  organes  solides,  chargés 
de  Tassimilation  et  de  Télimination  :  ce  sont  les  tissus  et  les  parenchymes;  3°  un  r^ulateur 
de  leurs  fonctions  :  c'est  le  système  nerveux  ganglionnaire. 

On  a  donné  le  nom  de  tonicité  à  une  force  de  réaction  que  possèdent  les  tissus  et  les  paren- 
chymes, et  en  vertu  de  laquelle  ils  se  tendent,  se  raidissent,  se  dressent,  se  contractent  sous 
l'impression  du  liquide  qui  est  en  contact  avec  eux  ;  ces  mouvements  divers,  tiès-obscurs 
mais  continus,  impriment  au  liquide  nutritif  des  oscillations  qui  favorisent  l'assimilation  de 
certains  matériaux  et  l'élimination  des  autres.  Or,  dans  certains  cas  de  maladie,  la  tonicité 
des  tissus  s'affaiblit,  ils  deviennent  mous  et  flasques,  ils  ne  réagissent  plus  sur  les  liquides  nu- 
tritifs, ils  ne  peuvent  plus,  ni  se  les  assimiler,  ni  les  repousser  :  alors  les  liquides  obéissent 
presque  uniquement  à  la  pesanteur  ;  ils  transsudent  et  s'infiltrent  à  travers  les  tissus  et  les  mem- 
branes. Cette  atonie  doit  être  combattue  par  certaines  substances  qu'on  nomme  astringentes, 
et  qu'on  a  rangées  parmi  les  médicaments  toniques  :  les  médicaments  toniques-astringents 
ont  donc  pour  objet  de  rendre  immédiatement  aux  solides  la  contractilité,  la  densité  dont  ils 
ont  besoin.  Nous  avons  déjà  mentionné  quelques  Végétaux  qui  contiennent  un  principe  tonique- 
astringent,  nous  en  indiquerons  beaucoup  d'autres  dans  l'histoire  des  Familles. 

Il  y  a  des  médicaments  toniques  d'une  autre  espèce  :  ce  sont  ceux  qui  rendent  au  sang  les 
qualités  nutritives  qu'il  a  perdues  ;  le  sang,  qu'on  a  nommé  très-justement  chair  coulante, 
peut,  dans  certains  cas,  devenir  pauvre  en  albumine,  en  fibrine,  en  principe  colorant.  Les 
médicaments  qu'on  nomme  toniques-analeptiques  ont  la  propriété  de  le  reconstituer  directe- 
ment, ce  sont  :  le  fer,  et  les  substances  alimentaires  condensées  sous  un  petit  volume. 

Le  système  nerveux  ganglionnaire,  dont  les  attributions  sont  si  importantes  et  si  multiples, 
a  besoin,  pourles  remplir,  d'une  énergie  constante,  et  surtout  d'une  harmonie  parfaite  d'action. 
Toutes  les  maladies  graves  affectent  indirectement  ce  système,  mais  il  en  est  qui  le  frappent 
directement,  et  vont  éteindre  la  vie  organique  dans  ses  foyers  principaux,  ce  sont  les  maladies 
dites  malignes,  pernicieuses^  etc.  Il  faut  alors  des  moyens  héroïques,  c'est-à-dire  dont  la 
puissance  soit  irrésistible;  spécifiques,  c'est-à-dire  qui  aillent  attaquer  immédiatement  le 
mal,  qu'eux  seuls  peuvent  combattre.  Les  médicaments  qui  ont  pour  propriété  de  soutenir 
le  système  nerveux,  de  lui  imprimer  de  la  résistance  vitale,  et  de  rétablir  dans  ses  centres 
principaux  la  synergie,  c'est-à-dire  la  simultanéité  et  l'égalité  d'action,  ces  médicaments 
sont  nommés  toniques  radicaux  ou  névro-sthéniques. 

C'est  ici  le  cas  d'établir  nettement  la  différence  qui  sépare  les  toniques  des  excitants  ou 
stimulants  :  les  toniques  ont  pour  caractère  d'agir  insensiblement,  graduellement,  et  de  rendre 
une  énergie  durable  à  la  vitalité  des  organes  ;  les  stimulants  agissent  promptement,  vivement, 
et  excitent  une  exaltation  vitale  très-manifeste,  mais  très-passagère. 

Cette  différence  sera  bien  comprise,  si  l'on  distingue  dans  le  Principe  vital,  d'une  part,  les 
forces  que  ce  Principe  fait  agir  à  chaque  instant  dans  tous  les  organes,  et  qu'on  nomme  pour  cela 
forces  actuelles  ou  agissantes;  de  l'autre  les  forces  radicales  qu'il  a  en  puissance,  et  qu'il  tient 
en  disponibilité  pour  continuer  l'emploi  de  ses  forces  actuelles.  Or,  les  stimulants  (café,  thé,  . 
spiritueux,  épices  et  médicaments  spéciaux)  mettent  en  jeu  plus  énergique  les  forces  agissantes, 
c'est-à-dire  celles  dont  l'organisme  dispose  actuellement;  et  en  précipitant  l'exercice  de  ces 
forces,  ils  les  dépensent  et  les  épuisent  ;  les  toniques,  au  contraire  (fer,  aliments  concentrés, 
médicaments  amers)  relèvent,  réparent  les  forces  disponibles,  c'est-à-dire  les  forces  radicales. 
C'est  pour  cela  que  les  toniques,  qui  sont  si  utiles  à  l'homme  malade,  soit  pour  reconstituer  son 
sang  appauvri,  soit  pour  retenir  en  lui  la  résistance  vitale,  sont  inutiles  et  souvent  dangereux 
pour  rhomme  qui  jouit  d'une  santé  vigoureuse  :  inutiles,  parce  que  les  forces  radicales  n'ont 
pas  besoin  d'être  réparées;  dangereux,  parce  qu'ils  surchargent  le  liquide  nutritif  de  maté- 
riaux dont  il  est  abondamment  pourvu. 

La  faculté  d'assimilation  et  la  résistance  vitale  sont  les  deux  conditions  essentielles  d'un 


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RUBIACÉES.  125 

oiiganisrae  normal;  il  est  très-important  de  ne  pas  les  confondre.  La  faculté  d'assimilation 
est  celle  que  possèdent  tous  les  Êtres  vivants,  de  convertir  en  leur  propre  substance,  en  un 
mot,  de  s^ assimiler  les  substances  étrangères;  la  faculté  de  résistance  vitale  est  celle  que 
'  possèdent  les  mêmes  Êtres  d*opposer  une  réaction  énergique  aux  causes  d'altération  ou  de 
destruction  qui  les  entourent,  et  de  conduire  leur  existence  à  travers  toutes  ces  causes  jusqu'à 
son  terme  naturel. 

Chez  beaucoup  d'hommes  vigoureux,  ces  facultés  coexistent  au  même  degré  de  puissance, 
mais  très-souvent  aussi  leur  disproportion  est  telle,  que  Tune  est  presque  nuUe,  tandis 
que  l'autre  est  portée  à  son  maximum  d'énergie.  Nous  voyons  tous  les  jours  des  hommes  d'une 
constitution  athlétique  être  abattus  par  une  hémorrhagie,  par  l'inanition,  par  le  froid  ou  la 
chaleur,  par  les  influences  épidémiques,  par  les  secousses  physiques  et  morales,  tandis  que 
d'autres  individus,  d'apparence  chétive,  supportent  vaillamment  les  privations,  les  intempéries 
de  l'air,  l'action  destructive  des  miasmes,  les  douleurs  du  corps  et  de  l'âme.  On  a  pu  en  ob- 
server de  nombreux  exemples  dans  la  désastreuse  retraite  de  la  Grande-Armée,  en  1812;  les 
hommes  à  visages  frais  et  coloré,  à  muscles  saillants,  à  charpente  carrée,  se  démoralisaient 
rapidement,  et  périssaient  par  milliers  ;  les  hommes  grêles,  pâles,  secs  résistaient  à  merveille 
au  froid  et  à  la  faim;  aussi  les  officiers  du  génie,  qui  vivaient  surtout  parle  cerveau,  laissèrent- 
ils  peu  de  victimes  en  Russie  :  pendant  que  leurs  compagnons,  vaincus  par  la  souffrance,  s'aban- 
donnaient au  désespoir,  ils  faisaient  des  observations  météorologiques,  étudiaient  les  aiguilles 
prismatiques  de  la  neige  qui  les  enveloppait  d'un  linceul  glacé,  mesuraient,  en  grelotant, 
l'angle  sous  lequel  se  groupent  ses  cristaux,  et  soumettaient,  en  quelque  sorte,  à  la  puissance 
de  leur  pensée  le  climat  qui  les  opprimait. — Que  de  vieillards  célèbres  nous  pourrions  encore 
citer,  chez  lesquels  la  force  de  résistance  vitale  a  suppléé  à  la  faiblesse  de  Tassimilation,  sans 
compter  le  malingre  Voltaire  qui  eût  donné,  disait-il,  cent  ans  d'immortalité  pour  une  bonne 
digestion,  et  l'hémoptoîque  Fontenelle,  qui  vécut  jusqu'à  cent  ans  moins  un  mois.  Ces 
hommes  étaient  à  table  de  chétifis  consommateurs,  mais  quelle  puissance  d'innervation,  quelle 
activité  dans  leur  vie  cérébrale  I  Fontenelle,  quelques  jours  avant  sa  mort,  rencontra  une 
vieille  danae  de  ses  amies^  qu'il  n'avait  pas  vue  depuis  longtemps  :  —  «  Eh  quoi  !  monsieur 
de  Fontenelle^  nous  vivons  encore  !  —  Chut!  madame,  ils  nous  ont  oubliés  !  » 

Cette  force  de  résistance  vitale ,  qu'il  faut  soigneusement  distinguer  de  la  faculté  d'assimi- 
lation ,  prend  sa  source  dans  le  système  nerveux ,  et  c'est  la  partie  de  ce  système  que  l'on  a 
nommée  ganglionnaire  j  qui  a  pour  fonction  spéciale  d'en  régler  les  phénomènes.  Or,  il  est, 
comme  nous  le  disions  tout  à  l'heure ,  certaines  maladies  qui  frappent  immédiatement  les 
foyers  principaux  du  système  ganglionnaire,  et  anéantissent  ou  détraquent  la  force  de  résis- 
tance vitale  que  ces  centres  nerveux  distribuent  aux  organes  de  la  vie  végétative.  Ces  mala- 
dies ont  été  nomn^ées  indignes  y  à  cause  de  leur  marche  insidieuse.  «  La  fièvre  maligne  est 
un  chien  qui  mord  sans  aboyer,  a  dit  un  médecin  célèbre ,  et  cette  morsure  a  pour  effet 
l'extinction ,  la  paralysie ,  ou ,  pour  parler  techniquement,  la  résolution  des  forces  radicales; 
c'est  pour  relever  ces  forces  que  le  médecin  appelle  à  son  secours  les  agents  névrosthéniques 
(ce  mot  signifie  fortifiant  du  système  nerveux).  Les  névrosthéniques  sont  en  général  leà 
amers,  et,  par-dessus  tous,  sans  comparaison,  le  Quinquina. 

Ceci  nous  conduit  à  dire  quelques  mots  des  fièvres  intermittentes  ;  et  nous  avertissons  de 
nouveau  nos  lecteurs  que  notre  intention  est  de  leur  présenter,  non  pas  un  enseignement 
médical,  mais  des  notions  d'hygiène  pratique,  notions  inséparables  de  l'histoire  du  Quinquina. 

Il  nous  a  déjà  fallu,  et  nous  devrons  encore  plus  d'une  fois  employer,  pour  l'intelligence  de 
notre  sujet,  des  mots  usités  en  médecine  :  à  ceux  qui  s'indigneraient  de  nous  voir  profaner  la 
majesté  de  la  Science  par  l'initiation  du  vulgaire  à  la  langue  sacrée,  nous  répondrons  :  il  est 
indispensable  que  les  gens  du  monde  aient  des  idées  justes  sur  la  signification  des  expressions 
du  métier,  dont  vous  ne  vous  faites  pas  faute  dans  l'exploitation  de  votre  clientèle.  Le  temps 
n'est  plus  sans  doute  où  Sganarelle  demandait  à  ceux  qui  le  consultaient  :  Savez  -  vous  le 

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120  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

latin,  et,  sur  leur  réponse  négative,  se  lançait  intrépidement  dans  les  cabricias  arei  thuram 
catalamus;  mais  les  Sganarelles  de  nos  jours  (il  en  est  plus  de  trois  que  je  pourrais  citer), 
tout  en  parlant  très-bon  français  à  leurs  malades,  laissent  échapper,  comme  par  inadvertance, 
dans  la  volubilité  de  leur  débit ,  certaines  expressions  techniques  éblouissantes ,  d'autant 
plus  admirées  qu'elles  sont  moins  comprises  :  ce  n'est  plus  TartiBce  efiVonté  du  médecin  de 
Molière,  mais  le  résultat  est  absolument  le  même.  Or,  pour  qu'on  vous  admire  avec  connais- 
sance de  cause^  nous  voulons  augmenter  de  quelques  termes  scientifiques  le  vocabulaire  de 
nos  lecteurs. 

Tout  le  monde  sait  que  le  mot  fièvre ,  pris  dans  son  sens  vulgaire ,  signifie  collectivement 
l'accélération  du  pouls,  l'élévation  de  la  chaleur  et  un  malaise  général;  cet  état  est  très-sou- 
vent produit  par  une  autre  affection ,  dont  il  n'est  que  l'expression  extérieure ,  et  ce  qu'on 
appelle  le  symptàme;  de  là  le  nom  de  fièvre  symptomaiique.  Mais  il  y  a  des  fièvres  dites 
essentielles^  parce  qu'elles  ne  dépendent  d'aucune  autre  maladie:  parmi  celles-ci,  les  unes 
sont  continues,  c'est-à-dire  qu'elles  offrent  un  trouble  permanent  des  fonctions  depuis  leur 
début  jusqu'à  leur  terminaison;  nous  n'avons  pas  à  nous  en  occuper.  Les  autres  sont  inter- 
mittentes,  c'est-à-dire  qu'elles  reparaissent  à  des  intervalles  déterminés,  sous  forme  d'accès, 
entre  lesquels  la  santé  semble  être  presque  rétablie.  Chacun  de  ces  accès  présente  trois  stades  : 
le  premier  est  nommé  stade  du  frisson;  le  second,  stade  de  la  chaleur;  le  troisième,  stade 
de  la  sueur  :  l'espace  qui  sépare  les  accès  est  appelé  apyrexie  ou  inter mission.  L'invasion  de 
l'accès  est  marquée  par  une  sorte  de  compression  qui  ftrappe  temporairement  d'une  maigreur 
subite  toute  la  surface  du  corps  ;  en  même  temps^  le  malade  éprouve  un  froid  qui  commence 
par  une  région ,  et  de  la  ruisselle  dans  les  autres  ;  la  peau  frissonne ,  les  bulbes  des  poils  im- 
plantés dans  son  épaisseur  se  dressent,  et  deviennent  saillants  (  ce  qui  produit  le  phénomène 
connu  sous  le  nom  vulgaire  de  chair  de  poule,  et  nommé  par  les  médecins  horripilât  ion).  Le 
ventre  est  rentré  en  dedans,  les  membres  se  rapprochent  du  tronc,  pour  se  réchaufi'er  et 
réprimer  les  secousses  convulsives  dont  ils  sont  agités;  les  muscles  de  la  mâchoire  inférieure 
sont  saisis  d'un  tremblement  qui  fait  claquer  les  dents  avec  bruit;  la  bouche  est  sèche,  la  voix 
altérée  et  tremblante,  la  respiration  laborieuse,  l'air  expiré  est  firoid,  la  transpiration  est  sus- 
pendue ;  le  pouls  est  petit  et  fréquent,  l'urine  est  rare ,  incolore  et  limpide.  Quelquefois  les 
vomissements,  la  céphalalgie  accompagnent  ce  premier  stade ,  dont  la  durée  ordinaire  ne 
iépasse  pas  une  heure. 

Le  stade  de  la  chaleur  lui  succède ,  tantôt  graduellement,  tantôt  subitement;  la  peau  se 
eolore,  le  malade  cesse  de  trembler,  et  bientôt  il  s'agite  pour  chercher  le  frais  ;  la  respiration 
devient  facile,  la  soif  augmente,  le  pouls  acquiert  de  la  force  et  de  l'accélération,  la  maigreur 
disparaît ,  quelquefois  même  les  membres  sont  plus  volumineux  qu'avant  l'accès  ;  l'urine 
devient  rouge;  la  céphalalgie  augmente  ou  survient  pendant  ce  stade ,  qui  dure  de  une  à 
quatre  ou  cinq  heures. 

Bientôt  le  troisième  stade  est  annoncé  par  une  sueur  qui  se  montre  d'abord  à  la  tête,  puis 
au  tronc  et  aux  membres;  elle  est  chaude,  incolore  et  ténue,  c'est-à-dire  très-liquide  ,  et 
d'odeur  aigre  ;  la  soif  s'apaise,  la  chaleur  diminue,  la  céphalalgie  se  dissipe,  le  pouls  s'assou- 
plit; l'uiine  est  foncée,  et  dépose  en  se  refroidissant  un  sédiment  épais,  semblable  à  de  la 
brique  pilée.  Ce  troisième  stade  a  la  même  durée  que  le  second. 

A  l'accès  succède  l'intermission  ou  apyrexie  ;  c'est  un  état  de  repos ,  mais  non  de  santé 
parfaite  ;  le  sujet  est  paie,  sensible  au  froid;  il  se  fatigue  et  sue  pour  le  moindre  effort,  il  se 
sent  la  tête  lourde,  et  éprouve  des  étourdissements  fréquents.  —  Lorsque  les  accès  se  sont 
reproduits  un  certain  nombre  de  fois,  la  face  prend  une*teinte  d'un  jaune  mat ,  sans  que  les 
traits  soient  altérés;  la  rate  augmente  de  volume ,  et  quelquefois  la  tumeur,  nommée  gâteau 
fébrile,  rend  saillant  tout  le  côté  gauche  de  la  région  abdominale;  le  tissu  cellulaire  s'in- 
filtre, et  l'hydropisie ,  qui  se  montre  d'abord  aux  pieds,  s'étend  peu  à  peu  aux  jambes,  aux 
cuisses  et  à  l'abdomen. 


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RUBIACÉES.  127 

Le  type  des  fièvres  intermittentes  est  déterminé  par  Tordre  et  la  ressemblance  des  accès  ; 
si  des  accès  semblables  se  reproduisent  chaque  jour,  le  type  est  quotidien;  s'ils  reparaissent 
de  deux  en  deux  jours,  il  est  tierce;  s'ils  ont  lieu  de  trois  en  trois,  il  est  quarte.  Nous  ne  par- 
lerons pas  des  autres  types  qui  sortent  de  la  règle  ordinaire. 

La  cause  la  plus  générale  des  fièvres  intermittentes  réside  dans  les  miasmes  qui  se  dégagent 
des  eaux  stagnantes ,  par  suite  de  la  décomposition  des  matières  oi^aniques,  entassées  au 
fond  de  leur  lit.  C'est  pour  cela  que  les  populations  habitant  le  voisinage  des  marais,  des 
étangs,  des  lacs,  des  rivières  à  cours  peu  rapide,  sont  sujettes  à  cette  maladie,  qui  sévit  sur 
elles,  soit  continuellement,  soit  périodiquement ,  aux  époques  équinoxiales  (on  donne  Tépi- 
thète  d'endémiques  aux  maladies  qui  régnent  ainsi  dans  une  contrée  ;  les  maladies  dites 
épidéniques  sont  celles  qui  attaquent  à  la  fois  un  grand  nombre  d'individus ,  mais  qui  n'ont 
qu'une  durée  limitée ,  et  ne  reparaissent  pas  à  des  intervalles  réguliers  ;  ainsi  le  choléra  est 
épidémique  en  Europe,  tandis  qu'il  est  endémique  sur  les  bords  du  Gange).  L'action  du 
miasme  des  marais  devient  plus  générale  et  plus  nuisible  lorsque  la  vase  est  abondante,  et 
que  les  eaux,  vaporisées  par  le  soleil,  ont  laissé  cette  vase  à  nu  ;  il  est  surtout  à  craindre  quand 
il  est  condensé  par  le  froid  qui  suit  le  coucher  du  soleil;  il  agit  avec  plus  de  puissance  sur 
l'homme  endormi,  ou  fatigué,  ou  affaibli,  soit  par  les  privations,  soit  par  des  évacuations 
abondantes,  de  même  que  sur  l'étranger  nouvellement  arrivé;  souvent  même  il  ajourne  ses 
attaques^  et  son  action  délétère  se  déclare  plusieurs  années  après  que  l'individu  a  quitté  le 
voisinage  des  marais.  Quant  aux  limites  où  s'arrête  sa  propagation ,  elles  varient  suivant 
l'agitatian  de  l'air  ou  l'élévation  de  la  température  :  dans  nos  climats ,  si  l'atmosphère  est 
cahne,  il  ne  s'éloigne  pas  de  son  foyer  au  delà  de  4>00  mètres  ;  mais  dans  les  pays  où  soufflent 
des  vents  chauds,  il  s'étend  à  des  distances  considérables. 

Les  émanations  marécageuses  constituent  donc  un  véritable  poison  gazeux  qui  porte  son 
action  sur  le  système  nerveux  ganglionnaire,  et  tend  à  détruire  la  force  de  résistance  vitale 
dont  les  sources  résident  dans  les  centres  de  ce  système.  L'action  du  miasme  est  incessante 
sur  les  individus  qu'il  a  envahis;  et  lorsqu'il  y  a  intermission,  c'est  que  la  force  de 
résistance  vitale  suffit  pour  balancer  le  pouvoir  offensif  de  la  cause  morbifique  :  en  un  mot,  la 
défense  est  égale  à  l'attaque;  quand  Taccès  a  lieu,  c'est  que  la  résistance  a  faibli,  et  que  le 
miasme  Ta  emporté  sur  elle;  sa  prédominance  dure  aussi  longtemps  que  le  stade  du  frisson; 
les  deux  autres  stades  annoncent  qu'il  a  été  vaincu,  sinon  expulsé  par  l'organisme.  Or,  pour 
prévenir  cet  affaiblissement  périodique  de  la  résistance  vitale,  pour  rendre  stable  son  énergie, 
et  faire  que  le  miasme,  à  l'influence  duquel  elle  reste  exposée,  soit  impuissante  lui  nuire, 
l'auxiliaire  le  plus  utile,  le  spécifique  par  excellence,  est  le  Quinquina.  C'est  par  la  même 
raison  que,  dans  les  pays  marécageux  où  les  ûèvres  intermittentes  régnent  endémiquement, 
on  peut  conserver  sa  santé  au  sein  du  miasme^  pourvu  qu'on  prenne  r^ulièrement  du 
Quinquina. 

De  ce  que  le  Quinquina  guérit  les  fièvres  causées  par  le  miasme  marécageux,  il  ne  faut  pas 
conclure  qu'il  est  le  contre-poison  de  ce  miasme,  comme  la  magnésie  est  le  contre-poison  des 
acides  qu'elle  neutralise  :  le  miasme  ici  n'est  pas  neutralisé,  il  assiège  incessamment  l'orga- 
nisme ;  mais  le  Quinquina,  en  fortiûant  celui-ci,  le  met  en  état  de  résister  aux  attaques  de  la 
cause  morbifique. 

Les  fièvres  intermittentes  ne  présentent  pas  toujours  la  même  forme ,  c'est-à-dire  que  la 
force  de  résistance  vitale,  vaincue  périodiquement  par  le  miasme  des  marais,  ne  réagit  pas 
toujours  de  la  même  manière  contre  cet  agent  morbifique.  —  Chez  la  plupart  des  individus, 
le  mode  de  réaction  est  une  fièvre  semblable  à  celle  que  nous  avons  décrite  et  qu'on  nomme 
légitime f  parce  que  les  phénomènes  de  la  réaction  ont  été  réguliers,  simultanés,  bien  propor- 
tioimés;  c'est  contre  cette  forme  que  les  toniques  névrosthéniques  ou  radicaux  produisent  les 
effets  les  plus  constants  et  les  plus  sûrs,  surtout  quand  les  intermissions  sont  égales  et  les  accès 
éloignés  par  un  intervalle  de  plusieurs  jours;  en  effet,  une  fièvre  quarte  est  supprimée  plus 


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1^  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

facilement  qu'une  fièvre  tierce ,  et  celle-ci  qu'une  fièvre  quotidienne,  parce  que,  dans  c«ttc 
dernière,  le  tonique  n'a  pas  toujours  le  temps  suffisant  pour  stabiliser  Ténergie  de  la  résistance 
vitale,  et  prémunir  l'organisme  contre  un  accès  trop  prochain. 

La  seconde  forme  qu'affectent  les  fièvres  intermittentes,  est  celle  qu'on  nomme  larvée j 
du  mot  larva ,  masque ,  parce  que  dans  ces  fièvres  la  nature  prend  le  masque  d'une  autre 
maladie  ;  elle  ne  réagit  plus  par  l'ensemble  des  fonctions  vitales  qu'expriment  les  stades  de 
chaleur  et  de  sueur  ;  au  lieu  de  ces  phénomènes,  on  observe  un  symptôme  isolé,  qui  cesse  et 
se  reproduit  sous  un  type  exactement  semblable  à  celui  de  la  fièvre  légitime;  c'est,  ou  une 
douleur  locale  très-vive,  ou  un  sommeil  lourd,  nommé  coma,  ou  des  convulsions  épilepti- 
formes,  ou  une  soif  ardente,  ou  des  vomissements  répétés,  ou  une  toux  violente,  ou  de  la 
dyspnée,  ou  de  la  salivation,  ou  de  Téternument,  ou  du  hoquet,  ou  des  palpitations;  en  un 
mot,  la  réaction  est  localisée,  et  par  cela  même  peu  énerçique;  aussi  faut-il,  pour  triompher 
d'une  fièvre  larvée,  persévérer  dans  l'administration  du  Quinquina,  et  le  donner  à  des  doses 
beaucoup  plus  élevées. 

Enfin,  la  troisième  et  la  plus  redoutable  forme  des  fièvres  intermittentes,  est  celle  qu'on 
nomme  pernicieuse;  les  symptômes  généraux  sont  une  altération  profonde  de  la  phy- 
sionomie, une  prostration  subite  et  considérable  des  forces,  un  pouls  faible  et  irr^uHer; 
quelquefois  même  le  mouvement  et  le  sentiment  sont  diminués  ou  anéantis.  La  marche  de  la 
fièvre  pernicieuse  est  très-rapide;  le  quatrième  ou  le  cinquième  accès,  quelquefois  même  le 
second,  emporte  le  malade  ;  et  ce  qu'D  y  a  d'insidieux  dans  cette  fièvre,  c'est  que,  pendant 
l'intermission,  la  santé  parait  rétaUie;  l'homme  frappé  reste  en  pleine  sécurité,  et  s'occupe 
de  ses  affaires  comme  s'il  ne  portait  pas  en  lui  un  ennemi  dont  la  prochaine  attaque  sera 
inévitablement  mortelle.  Il  arrive  souvent  que  des  symptômes  locaux  très-saillants,  comme  ceux 
que  nous  énumérions  tout  à  l'heure,  viennent  compliquer  l'affection,  et  lui  donner  l'appa- 
rence d'une  fièvre  larvée;  là  est  un  nouveau  danger,  car  si  le  médecin  se  laisse  distraire  des 
symptômes  généraux  par  la  gravité  des  symptômes  locaux,  il  ne  se  hâtera  pas  assez  d'admi- 
nistrer le  Quinquina,  et  ne  sera  averti  que  par  une  catastrophe  du  caractère  pernicieux  de 
la  maladie. 

Ce  n'est  pas  toujours  aux  effluves  marécageuses  que  sont  dues  les  fièvres  intermittentes, 
pernicieuses  ou  larvées  :  les  vices  goutteux,  rhumatismal,  dartreux  en  sont  souvent  la  cause 
prochaine,  et,  comme  ces  vices  sont  intimement  liés  à  la  constitution  de  l'individu,  ils  sont 
beaucoup  plus  rebelles  à  l'action  du  Quinquina  que  ne  l'est  le  miasme  des  marais,  dont  l'ori- 
gine est  étrangère.  Enfin,  on  voit  quelquefois  des  fièvres  intermittentes  simples  produites  par 
une  irritation  locale,  telle  que  celle  qui  résulte  de  la  présence  des  vers  intestinaux^  par  une 
opération  chirurgicale,  par  l'emploi  de  certains  aliments  acres,  tels  que  les  moules,  par  la 
colère,  la  peur  et  les  passions  tristes. 

Les  médecins  pnt  été  longtemps  en  désaccord  sur  la  question  de  savoir  s'il  faut  administrer 
le  Quinquina  avant,  ou  pendant,  ou  après  l'accès  ;  aujourd'hui,  il  est  posé  en  principe  qu'on 
doit  administrer  le  Quinquina  le  plus  loin  possible  de  l'accès  à  venir  :  les  considérations  dans 
lesquelles  nous  sommes  entré  tout  à  l'heure,  rendent  inutiles  l'explication  des  motifs  de  ce 
précepte.  La  dose  doit  être  de  deux  à  quatre  gros  en  une  seule  fois,  ou  fractionnée,  mais  de 
manière  à  être  prise  dans  un  espace  d'une  à  deux  heures  au  plus  ;  quant  à  la  répétition  des 
doses  ayant  pour  objet  de  prévenir  les  récidives,  il  faut  prendre  trois  jours  de  suite  de  fortes 
doses  de  Quinquina ,  laisser  cinq  ou  six  jours  d'intervalle ,  reprendre  de  nouvelles  doses,  et 
recommencer  encore.  —  Si  au  lieu  de  Quinquina,  on  emploie  la  quinine,  il  faut  en  donner  le 
douzième  du  poids  que  l'on  eût  prescrit  pour  le  Quinquina. 

Outre  ses  propriétés  fébrifuges,  le  Quinquina  possède  à  un  haut  degré  toutes  ceUes  que  la 
médecine  recherche  dans  les  médicaments  toniques,  surtout  quand  il  s'agit  de  hâter  les 
convalescences,  de  ranimer  les  fonctions  digestives,  et  de  rendre  au  système  nerveux  gan- 
glionnaire l'énergie  qu'il  avait  perdue  ;  enfin  il  est  usité  à  l'extérieur  comme  antiseptique. 


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RUBIACÉES.  129 

pour  arrêter  les  progrès  de  la  gangrène.  Ici  c'est  le  végétal  lui-même,  et  non  son  alcali  qu'on 
emploie  :  les  propriétés  antiseptiques  du  Quinquina  ne  sont  pas  dues  à  son  principe  fébrifuge, 
elles  résident  dans  son  écorce  où  abondent  les  principes  astringents. 

Notre  ouvrage  ayant  pour  objet  Fhistoire  des  Végétaux  utiles  à  Thomme ,  nous  avons  cru 
devoir  présenter  à  nos  lecteurs  des  notions  détaillées  sur  les  vertus  du  plus  précieux  de  tous  ; 
et  cette  dissertation  n'eût-elle  poiur  résultat  que  de  provoquer  quelques  personnes  généreuses 
à  distribuer,  par  précaution  hygiénique,  de  la  quinine  aux  pauvres  paysans  voisins  des  eaux 
stagnantes,  ou  à  entreprendre  le  dessèchement  de  quelque  marais,  l'assainissement  du  moindre 
village  justifierait  la  plus  longue  digression. 

Ici  se  place  natiurellement  une  question  :  cette  écorce  bienfaisante  que  nous  fournit  l'Amé- 
rique, et  que  rien  ne  peut  remplacer,  les  sources  en  sont-elles  inépuisables  ?  Elles  le  seraient 
peut-être,  malgré  l'énorme  consommation  de  Quinquina  qui  se  fait  dans  les  deux  Continents, 
et  qui  s'accroît  de  jour  en  jour,  si  l'exploitation  de  l'arbre  qui  le  fournit  était  réglementée  par 
des  lois  prudentes  et  sévères;  mais  malheureusement  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  le  prix  de  la 
quinine  augmente  si  considérablement,  qu'on  ne  peut  se  défendre  d'un  sentiment  d'inquiétude 
en  pensant  que  peut-être,  avant  la  fin  du  siècle  où  nous  vivons,  la  médecine  sera  privée  de 
son  agent  thérapeutique  le  plus  efficace. 

Ce  point  nous  ramène  au  bel  ouvrage  de  M.  Weddell,  que  nous  avons  précédemment  cité,  et 
où  nous  allons  puiser  les  détails  qui  termineront  l'histoire  du  Quinquina. 

Ce  fut  La  Condamine  qui,  le  premier,  fit  connaître  en  Europe  Varbre  du  Quinquina.  Il  visita 
Loxa  en  1739;  et  quand  il  descendit  en  17/»3,le  fleuve  de  l'Amazone,  il  fut  tenté,  pour  la  pre- 
mière fois,  de  transporter  en  Europe  des  Cinchonas  vivants.  Ces  jeunes  arbres  ftirent  embar- 
qués, et  firent  sans  accident  les  mille  premières  lieues  de  la  route  ;  mais,  après  huit  mois  de 
soins,  La  Condamine  vit  s'engloutir,  près  du  cap  d'Orai^e,  le  bateau  qui  portait  son  trésor. 
Les  tentatives  faites  par  d'autres  voyageurs  dans  le  même  but,  ont  été  également  sans  résultat, 
et  les  plants  levés  depuis  peu  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  de  graines  que  M.  Weddell  a 
recueillies  en  Bolivie,  sont  les  premiers  vrais  Quinquinas  que  Ton  ait  possédés  vivants  sur  notre 
continent. 

Joseph  de  Jussieu  accompagna  en  1735,  comme  botaniste,  la  commission  de  l'Académie  des 
Sciences,  envoyée  pour  mesurer  un  degré  du  méridien  sous  Téquateur.  Il  visita,  deux  ans 
après  La  Condamine,  les  forêts  de  Quinquina  de  Loxa,  descendit  ensuite  vers  le  sud,  reconnut 
également  celles  du  Haut-Pérou,  dont  il  décrivit  plusieurs  Espèces,  et  pénétra  jusqu'à  la  frontière 
du  Brésil.  Il  ne  rentra  en  Europe  qu'en  1771 ,  après  une  absence  de  trente-six  ans  ;  sa  santé 
était  détruite,  sa  raison  profondément  altérée;  il  ne  put  rien  publier. 

Dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle ,  deux  expéditions  espagnoles  entreprirent 
d'explorer  la  région  des  Quinquinas  dans  le  Bas-Pérou  et  la  Nouvelle-Grenade,  Tune  dirigée 
par  Mutis,  l'autre  par  Ruiz  et  Pavon.  Au  commencement  de  ce  siècle^  MM.  de  Humboldt  et 
Bonpland  agrandirent  encore  le  nombre  des  districts  où  s'exploite  ce  produit.  Les  seules 
Espèces  restées  inconnues  aux  botanistes  étaient  celles  qui  habitent  la  vaste  étendue  de  pays 
située  derrière  la  grande  Cordillière  :  ce  sont  ces  Espèces  que  M.  Weddell  a  observées  et 
décrites.  Désigné  par  le  Muséum,  en  18^3,  pour  faire  partie  de  l'expédition  scientifique 
envoyée  par  le  Gouvernement  français  dans  les  provinces  intérieures  du  Brésil  et  du  Pérou , 
il  se  sépara  de  l'expédition  en  18{h5,  et  dirigea  ses  explorations  vers  les  districts  austraux  de 
la  région  des  Quinquinas. 

a  C'est  par  le  pays  des  Indiens  Chiquitos  que  je  pénétrai,  dit-il,  en  Bolivie,  au  mois 
d'août  18^5;  je  venais  de  faire  mes  derniers  adieux  aux  Campos  du  Brésil.  La  conformation 
du  sol  de  cette  province  est  tout  à  fait  incompatible  avec  l'existence  des  vrais  Cinchonas. 
Tous  les  points  que  j'en  ai  parcourus  sont  tellement  bas  et  plans,  que,  pendant  la  saison  des 
pluies,  ils  sont  couverts  par  une  vaste  inondation.  Les  Chiquiténiens  ont  pourtant  leur  Quin- 
quina, qui  est  une  Espèce  de  Gardénia...  Jusqu'à  Santa-Cruz  de  la  Sierra,  je  n'obtins 


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130  HISTOIUE  DES  FAMILLES. 

aucune  lumière  nouvelle;  mais  ici  les  indications  commençaient  à  devenir  plus  précises,  et 
je  me  décidai  à  me  porter  vers  le  Sud.  Je  me  remis  donc  en  marche  vers  la  (in  de  novembre; 
je  gagnai  le  Bio-Grande^  et  je  traversai  les  hauts  plateaux  de  Pomabamba  et  de  la  province 
de  Ginti,  jusqu'à  Tarija,  où  je  mis  les  pieds  à  la  fin  de  janvier  184>6.  Ce  voyage,  que  je  poussai 
ensuite  vers  Fest,  est  un  des  plus  pénibles  que  j'aie  entrepris;  mais  le  but  que  je  me  proposais 
fut  atteint;  c'était  de  déterminer  avec  exactitude  la  limite  australe  de  la  région  Cinchonifêre, 
J'ai  donné  le  nom  de  Cinckona  australis  à  l'Espèce  que  je  découvris,  sentinelle  retirée/sur  ce 
point  extrême,  sis  vers  le  19*  parallèle  de  latitude  sud* 

«  Au  commencement  d'août^  je  quittai  derechef,  et  pour  quelque  temps^  les  vallées...  A 
Cochabamba  commença  pour  moi  une  phase  bien  curieuse  de  mon  exploration.  Je  traversai 
près  de  là  la  grande  chaîne  des  Andes  avec  le  dessein  de  gagner  la  Paz  par  les  vallées  de 
l'intérieur ,  longue  et  belle  série  d'échelons  naturels  sur  lesquels  le  voyageur  s'abaisse  gra- 
duellement en  passant  successivement  en  revue  toutes  les  variétés  de  climat  et  toutes  les 
nuances  de  végétation  qui  leur  correspondent.  Les  diverses  Espèces  de  Cinchonas  se  multi- 
pliaient ici  sous  mes  yeux;  j'eus  bientôt  occasion  d'étudier  celle  qui  produit  le  Quinquina 
calisaya,  la  plus  précieuse  de  toutes  ces  écorces,  par  la  grande  quantité  de  quinine  qu'elle 
contient.  J'ai  donné  à  cette  Plante,  encore  inconnue,  le  nom  de  Cinckona  calisaya...  Dans  la 
province  de  Yungas,  la  plus  riche  comme  la  plus  fertile  de  la  Bolivie,  je  me  procurai  les 
renseignements  les  plus  précis  sur  le  mode  d'exploitation,  de  préparation,  de  vente  et  de 
sophistication  des  Quinquinas...  Je  traversai  les  Andes^  et  me  trouvai  aussitôt  à  la  Paz,  que 
je  laissai  bientôt  pour  visiter  Puno,  Arequipa  et  les  alentours  du  grand  lac  Titicaca.  Dans  ces 
diverses  localités ,  j'eus  l'occasion  d'étudier  dans  les  magasins  les  monceaux  d'écorce  de 
Quinquina  qui  sans  cesse  y  affluent...  Après  la  saison  des  pluies  de  18(^7,  je  repris  le  chemin 
de  la  grande  Gordillière...  Je  me  dirigeai  vers  les  vallées  de  l'intérieur,  en  passant  sur  les 
neiges  de  l'Illampo.  Le  Rio-Tipoani,  pactole  de  la  Bolivie  y  prend  sa  source  ;  l'un  des  plus 
ailreux  chemins  du  monde  longe  le  ravin  du  même  nom ,  et  conduit  au  vfllage  de  Tipoani, 
lieu  pestilentiel,  que  le  seul  appât  du  gain  peut  faire  habiter.  Aussi  recherchés  que  l'or 
lui-même,  les  Quinquinas  se  rencontrent  dans  toute  cette  région  ;  mais  déjà  les  grands 
ari)res  commencent  à  disparaître.  Afin  d'étudier  des  points  encore  viciées,  je  me 
décidai  à  pénétrer  jusqu'aux  forêts  du  Rio-Mapiri.  Je  m'embarquai  à  cet  effet  sur  un 

radeau,  et  descendis  heureusement  les  rapides  du  Rio-Tipoani Mon  exploration  finie, 

je  remontai  avec  mon  radeau  le  Rio-Mapiri,  et  rejoignis  les  sentiers  qui  mènent  à 
travers  les  forêts  vers  Apolobamba,  où  je  n'arrivai  enfin  qu'épuisé  de  fatigues  et 
vaincu  par  la  fièvre  dont  j'avais  puisé  les  germes  sur  les  plages  du  Tipoani.  Le  pays,  de  ce 
côté,  prend  un  aspect  plus  riant;  les  forêts  ont  disparu  ou  n'occupent  que  l'horizon,  et  l'œil 
plane  partout  sur  de  jolies  collines  gazonnées,  clairsemées  de  petits  arbres  et  souvent  même 
de  charmants  bosquets.  Plusieurs  Espèces  de  Quinquina  habitent  ces  lieux,  et  n'y  dépassent 
guère  la  taille  d'arbustes.  A  mon  passage ,  l'atmosphère  était  embaumée  par  le  délicieux 
parfum  de  leurs  fleurs. 

«  Dans  les  derniers  jours  de  juin  1847,  je  me  mettais  en  marche  pour  la  province  de 
Garabaya  ;  elle  est  divisée  par  la  Gordillière  en  deux  régions  distinctes  :  l'une  de  plateaux, 
l'autre  comprenant  une  longue  série  de  vallées  parallèles...  Ge  sont  elles  qui  fournissent  la 
majeure  partie  des  Quinquinas,  exportés  aujourd'hui  de  la  République  péruvienne...  Il  serait 
difficile  de  donner  une  idée  de  tous  les  trésors  de  végétation  ensevelis  dans  ces  solitudes.  La 
soif  de  l'or  les  avait  peuplées  autrefois,  mais  la  forêt  y  a  repris  partout  son  empire,  et  la  hache 
du  Cascarillero  en  trouble  seule  aujourd'hui  le  silence... 

«  On  donne  le  nom  de  Cascarilleros  aux  hommes  qui  coupent  le  Quinquina  dans  les  bois  : 
ce  sont  des  hommes  élevés  à  ce  dur  métier  depuis  leur  enfance,  et  accoutumés  par  instinct, 
pour  ainsi  dire,  à  se  guider  au  milieu  des  forêts.  Sans  autre  compas  que  cette  intelligence, 
particulière  à  Thomme  de  la  nature ,  ils  se  dirigent  aussi  sûrement  dans  ces  inextricables 


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RLBIACÉES.  131 

labyrinthes/que  si  Thorizon  était  ouvert  devant  eux.  Mais  combien  de  fois  est-il  arrivé  à  des 
gens  moins  expérimentés  dans  cet  art,  de  se  perdre  et  de  n'être  plus  revus  ! 

<f  Les  coupeurs  ne  cherchent  pas  le  Quinquina  pour  leur  propre  compte  ;  le  plus  souvent  ils 
sont  enrôlés  au  service  de  quelque  commerçant  ou  d'une  petite  compagnie,  et  un  homme  de 
conGance  est  envoyé  avec  eux  à  la  forêt  avec  le  titre  de  majordome,».  Le  premier  soin  de  celui 
qui  entreprend  une  spéculation  de  cette  nature  dans  une  région  encore  inexplorée ,  est  de 
la  faire  reconnaître  par  des  Cascarilleros  exercés  :  le  devoir  de  ceux-ci  est  de  pénétrer  les 
forêts  dans  diverses  directions,  et  de  reconnaître  jusqu'à  quel  point  il  peut  être  profitable 
de  les  exploiter...  Cette  connaissance  première  est  la  partie  la  plus  délicate  de  l'opération, 
et  elle  exige  dans  les  hommes  qui  y  sont  employés  une  loyauté  et  une  patience  à  toute 
épreuve  :  c'est  sur  leur  rapport  que  se  calculent  les  chances  de  réussite.  Si  elles  sont 
favorables,  on  se  met  en  devoir  d'ouvrir  un  sentier  jusqu'au  point  qui  doit  servir  de  centre 
d'opérations;  dès  ce  moment,  toute  la  partie  de  la  forêt  que  commande  le  nouveau  chemin 
devient  provisoirement  la  propriété  de  son  auteur,  et  aucun  autre  Cascarillero  ne  peut  y 
travailler. 

«  A  peine  le  majordome  est-il  arrivé  avec  ses  coupeurs  dans  le  voisinage  du  point  à  exploi- 
ter, qu'il  choisit  un  site  favorable  pour  y  établir  son  camp ,  autant  que  possible ,  dans  la 
proximité  d'une  source  ou  d'une  rivière.  Il  y  fait  construire  un  hangar  ou  une  maison  légère 
pour  abriter  les  provisions  et  les  produits  de  la  coupe  ;  et  s'il  prévoit  qu'il  doive  rester  long- 
temps dans  le  même  lieu ,  il  n'hésite  pas  à  faire  des  semis  de  Maïs  et  de  quelques  légumes. 
L'expérience,  en  effet,  a  démontré  qu'un  des  plus  grands  éléments  de  succès  de  ce  genre  de 
travaux  est  l'abondance  des  vivres.  Les  Cascarilleros ,  pendant  ce  temps ,  se  sont  répandus 
dans  la  forêt,  un  à  un,  ou  par  petites  bandes,  chacun  portant,  enveloppées  dans  sonjooncAo 
(espèce  de  manteau),  et  suspendues  au  dos,  des  provisions  pour  plusieurs  jours,  et  les  cou- 
vertures qui  constituent  sa  couche.  C'est  ici  que  ces  pauvres  gens  ont  besoin  de  mettre  en 
pratique  tout  ce  qu'ils  ont  de  courage  et  de  patience  pour  que  leur  travail  soit  fructueux. 
Obligé  d'avoir  constamment  à  la  main  sa  hache  ou  son  couteau  pour  se  débarrasser  des  in- 
nombrables obstacles  qui  arrêtent  son  progrès^  le  Cascarillero  est  exposé ,  par  la  nature  du 
terrain,  à  une  infinité  d'accidents  qui,  trop  souvent,  compromettent  son  existence  même. 

«  Les  Quinquinas  constituent  rarement  des  bois  à  eux  seuls  ;  mais  ils  peuvent  former  des 
groupes  plus  ou  moins  serrés,  épars  çà  et  là  au  milieu  de  la  forêt  ;  les  Péruviens  leur  donnent  le 
nom  de  taches  (manchas).  D'autres  fois,  et  c'est  ce  qui  a  lieu  le  plus  ordinairement,  ils  vivent 
complètement  isolés.  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  à  les  découvrir  que  le  Cascarillero  déploie  toute  son 
adresse.  Si  la  position  est  favorable^  c'est  sur  la  cime  des  arbres  qu'il  promène  les  yeux  :  alors, 
aux  plus  légers  indices ,  il  peut  reconnaître  la  présence  de  ce  qu'il  recherche  ;  un  léger  cha- 
toiement, propres  aux  feuilles  de  certaines  Espèces,  une  coloration  particulière  de  ces  mêmes 
organes ,  l'aspect  produit  par  une  grande  masse  d'inflorescences ,  lui  feront  reconnaître  la 
cime  d'un  Quinquina  à  une  distance  prodigieuse.  Dans  d'autres  circonstances,  il  doit  se 
borner  à  l'inspection  des  troncs  dont  la  couche  externe  de  l'écorce  présente  des  caractères 
remarquables.  Souvent  aussi  les  feuilles  sèches  qu'il  rencontre,  en  regardant  à  terre,  suffisent 
pour  lui  signaler  le  voisinage  de  l'objet  de  ses  recherches,  et  si  c'est  le  vent  qui  les  a  amenées, 
il  saura  de  quel  côté  elles  sont  venues.  Un  Indien  est  intéressant  à  considérer  dans  un  moment 
semblable,  allant  et  venant  dans  les  étroites  percées  de  la  forêt ,  dardant  la  vue  au  travers 
du  feuillage,  ou  semblant  flairer  le  terrain  sur  lequel  il  marche ,  comme  un  animal  qui  pour- 
suit une  proie  ;  se  précipitant  enfin  tout  à  coup ,  lorsqu'il  a  cru  reconnaître  la  forme  qu'il 
guettait,  pour  ne  s'arrêter  qu'au  pied  du  tronc  dont  il  avait  deviné ,  pour  ainsi  dire,  la  pré- 
sence. — 11  s'en  faut  de  beaucoup  cependant  que  les  recherches  des  Cascarilleros  soient 
toujours  suivies  d'un  résultat  favorable  ;  trop  souvent  il  revient  au  camp  les  mains  vides ,  et 
ses  provisions  épuisées  ;  et  que  de  fois ,  lorsqu'il  a  découvert  sur  le  flanc  de  la  montagne 
l'indice  de  l'arbre,  ne  s'en  trouve-t-il  pas  séparé  par  un  torrent  ou  un  abîme  !  Des  journées 


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132  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

alors  se  passent  avant  qu'il  n'atteigne  un  objet  que ,  pendant  tout  ce  temps ,  il  n'a  pas  perdu 
de  vue. 

<c  Pour  dépouiller  Farbre  de  son  écorce,  on  Fabat  à  coup  de  bacbe ,  un  peu  au-dessus  de 
sa  racine,  en  ayant  soin,  pour  ne  rien  perdre,  de  dénuder  d'abord  le  point  que  Ton  doit  atta- 
quer ;  et  comme  la  partie  la  plus  épaisse,  la  plus  profitable  par  conséquent,  se  trouve  tout  à 
fait  à  sa  base,  on  a  Tbabitude  de  creuser  un  peu  la  terre  à  son  pourtour,  afin  que  la  décortication 
soit  plus  complète.  D  est  rare,  même  lorsque  la  section  du  tronc  est  terminée  ,  que  Tarbre 
tombe  immédiatement ,  étant  soutenu ,  soit  par  les  lianes  qui  l'enlacent ,  soit  par  les  arbres 
voisins;  ce  sont  autant  d'obstacles  nouveaux  que  doit  vaincre  le  Cascarillero.  Je  me  souviens 
d'avoir  une  fois  coupé  un  gros  tronc  de  Quinquina,  dans  l'espérance  de  mettre  ses  fleurs  à  ma 
portée,  et,  après  avoir  abattu  trois  arbres  voisins,  de  l'avoir  vu  rester  encore  debout,  main- 
tenu dans  cette  position  par  des  lianes  qui  s'étaient  attachées  à  sa  cime,  et  qui  le  soutenaient, 
à  la  manière  de  haubans.  Lorsqu'enfin  l'arbre  est  à  bas ,  et  que  les  branches  qui  pourraient 
gêner  ont  été  retranchées,  on  fait  tomber  lepéridenne  en  le  massant,  ou ,  mieux,  en  le  per- 
cutant, soit  avec  un  petit  maillet  de  bois,  soit  avec  le  dos  même  de  la  hache  ;  et  la  partie  vive 
de  l'écorce  mise  à  nu  est  souvent  encore  nettoyée  à  l'aide  de  la  brosse;  puis ,  après  avoir  été 
divisée  dans  toute  son  épaisseur  par  des  incisions  uniformes  qui  circonscrivent  les  lanières  ou 
planchettes  que  l'on  veut  arracher,  elle  est  séparée  du  tronc  au  moyen  d'un  couteau,  avec  la 
pointe  duquel  on  rase  autant  que  possible  la  surface  du  bois ,  après  avoir  pénétré  par  une  des 
incisions  déjà  pratiquées.  L'écorce  des  branches  se  sépare  comme  celle  du  tronc,  à  cela  près 
qu'elle  ne  se  masse  pas,  l'usage  voulant  qu'on  lui  conserve  sa  croûte  extérieure  ou  périderme. 

a  Les  détails  de  dessèchement  varient  un  peu  dans  les  deux  cas  :  en  effet,  les  planchettes 
plus  minces  de  l'écorce  des  branches  ou  des  petits  troncs ,  destinées  à  faire  du  Quinquina 
roulé  ou  canuto ,  sont  exposées  simplement  au  soleil ,  et  prennent  d'elles-mêmes  la  forme 
désirée,  qui  est  celle  d'un  cylindre  creux  ;  mais  celles  qui  proviennent  des  gros  troncs,  et  que 
l'on  destine  à  constituer  le  Quinquina  plat ,  ou  ce  que  l'on  nomme  tabla  ou  plancha ,  doivent 
nécessairement  être  soumises,  pendant  la  dessiccation,  à  une  certaine  pression,  sans  quoi 
elles  se  tordraient  ou  se  rouleraient  plus  ou  moins  comme  les  précédentes.  A  cet  effet, 
après  une  première  exposition  au  soleil ,  on  les  dispose  les  unes  sur  les  autres  en  carrés 
croisés,  comme  sont  disposées  les  planches  dans  quelques  chantiers ,  afin  qu'elles  se  conser- 
vent planes,  et  sur  la  pile  quadrangulaire  ainsi  composée ,  on  chaîne  quelque  corps  pesant. 
Le  lendemain ,  les  écorces  sont  remises  pendant  quelque  temps  au  soleil ,  puis  de  nouveau 
rétablies  en  presse ,  et  ainsi  de  suite  ;  on  laisse  enfin  se  terminer  le  dessèchement  dans  ce 
dernier  état... 

a  Mais  le  travail  du  Cascarillero  n'est  pas  à  beaucoup  près  fini ,  même  lorsque  la  prépara- 
tion de  son  écorce  est  terminée.  11  faut  encore  qu'il  rapporte  sa  dépouiUe  au  camp  ;  il  faut 
enfin  qu'avec  un  lourd  fardeau  sur  les  épaules,  il  repasse  par  ces  mêmes  sentiers  que,  libre, 
il  ne  parcourait  qu'avec  difficulté.  Cette  phase  de  l'extraction  coûte  parfois  un  travail  telle- 
ment pénible,  qu'on  ne  peut  vraiment  pas  s'en  faire  une  idée.  J'ai  vu  plus  d'un  district,  où  il 
faut  que  le  Quinquina  soit  porté  de  la  sorte  pendant  quinze  à  vingt  jours  avant  de  sortir  des 
bois  qui  l'ont  produit;  et,  en  voyant  à  quel  prix  on  l'y  payait ,  j'avais  peine  à  concevoir 
comment  il  pouvait  se  trouver  des  hommes  assez  malheureux  pour  consentir  à  un  travail 
aussi  faiblement  rétribué. 

«  Pour  terminer,  il  me  reste  un  mot  à  dire  sur  l'emballage  des  Quinquinas  ;  c'est  le  major- 
dome, que  nous  avons  laissé  dans  son  camp,  qui  s'occupe  encore  de  ce  soin.  A  mesure  que 
les  coupeurs  lui  rapportent  les  écorces,  il  leur  fait  subir  un  triage,  et  en  forme  des  bottes,  qui 
sont  cousues  dans  de  gros  canevas  de  laine.  Conditionnés  ainsi,  les  ballots  sont  transportés  à 
dos  d'homme,  d'âne  ou  de  mule,  jusqu'aux  dépôts  dans  les  villes,  où  on  les  enveloppe  de  cuir 
frais,  qui  prend  en  séchant  une  grande  solidité.  Sous  cette  forme,  ils  sont  nommés  surcns,  et 
c'est  ainsi  qu'ils  nous  arrivent  en  Europe.  » 


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(AscUpiadéea) 


Imp.ThitrryF'  P^r> 


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HUBIACEES.  133 

En  lisant  ces  détails  sur  Texploitation  du  Quinquina^  oh  ne  peut  s'empêcher  de  craindre 
qu'elle  ne  soit  toujours  à  la  merci  des  demi-«auvages  qui  la  pratiquent^  et  Ton  reste  convaincu 
que  si  la  prudence  humaine  ne  trouve  pas  quelques  moyens  efficaces  de  contrebalancer  cette 
puissance  destructive,  nos  descendants  seront  condamnés  à  voir  s'éteindre  les  diverses  Espèces 
de  Quinquinas.  11  faudrait  une  surveillance  spéciale  pour  empêcher  les  bûcherons  de  massacrer 
les  souches,  et  pour  repeupler  les  forêts  par  des  semis;  mais  cette  surveillance  serait  souvent 
impossible  et  presque  toujours  inefficace  :  on  n'inspecte  pas  une  forêt  du  Nouveau  Monde  aussi 
facilement  qu'un  bois  d'Europe,  surtout  quand  cette  forêt  a  une  étendue  de  vingt  mille  lieues 
carrées. 

M.  Weddell  ne  voit  que  deux  moyens  pour  obvier  à  la  disparition  trop  rapide  des  arbres  à 
Quinquina  :  l'un  est  d'en  limiter  l'exportation,  l'autre,  d'en  faire  l'objet  d'une  culture  régulière  : 
«  s'il  est,  dit41,  un  arbre  digne  d'être  acclimaté  dans  une  colonie  française,  c'est  certes  le 
Quinquina;  et  la  postérité  bénirait  ceux  qui  auraient  mis  à  exécution  une  semblable  idée.  » 

Au  vœu  exprimé  par  le  savant  voyageur  dont  nous  citons  les  paroles,  nous  en  substituerons 
un  autre  plus  réalisable,  c'est  que  la  chimie  organique,  dont  les  premières  découvertes  ont  été 
si  brillantes,  trouve  dans  nos  végétaux  indigènes  un  digne  succédané  du  Quinquina.  Beaucoup 
d'essais  sans  doute  ont  été  infructueux;  la  Centaurée,  la  Camomille,  Técorce  du  Saule  sont 
d'impuissantes  rivales  de  l'héroïque  Rubiacée;  mais  là  ne  doivent  pas  s'arrêter  ceux  qui 
marchent  dans  la  carrière  si  glorieusement  ouverte  par  MM.  Pelletier  et  Caventou;  les  alcalis 
oi^aniques  sont  presque  aussi  nombreux  que  Les  Espèces  végétales,  et  ce  n'est  pas  une  super- 
stition que  de  croire  fermement  qu'il  y  en  a  au  moins  un,  dont  les  propriétés  névrosthéniques 
sont  égales  à  celles  de  la  Quinine.  Il  ne  faut  pas  que  nous  soyons  réduits  à  dire,  comme  le 
poète  manichéen  : 

Dieu  mit  la  fièvre  en  nos  climats^ 
El  le  remède  en  Amérique. 

Mieux  vaut  cent  fois  répéter  les  vers  de  La  Fontaine,  que  nous  trouvons  dans  son  mauvais 
poème  sur  le  Quinquina  : 

Tout  mal  a  son  remède  au  sein  de  la  nature  ; 

Nous  n'avons  qu'à  chercher  :  de  là  nous  sont  venus 

L'Antimoine  avec  le  Mercure, 

Trésors  autrefois  inconnus. 


Famille  XIV".— LOGANI ACÉES. 

(LoGiNÉES,  ùeRob.  ^roit^n.— POTALIÉES,  de  Martius,  —  Sr^YC^fiÈES,  de  De  Candolie. 
—  Strychnacées,  de  Blume.  —  Apocynées,  en  partie,  et  Potaliacées,  de 
Lindley,  ) 

CARACTÈRE.  — Corolle  monopétale  hypogyne,  kAO-fide.  Étamines  en  nombre  égal 
à  celui  des  lobes  de  la  corolle.  Ovaire  à  2-i  loges,  à  un  ou  plusieurs  ovules.  Feuilles 
opposées;  suc  aqueux.  Fruit  capsulaire,  ou  folliculaire,  ou  charnu.  Graine  à  plantule 
dicotylédimée  albuminée. 

Les  Loganiacées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux,  rarement  des  herbes^  les  feuilles  sont 
pétiolées,  simples,  à  pétiole  légèrement  amplexicaule  quand  les  stipules  manquent  -,  tes  stipules 
sont  variées,  tantôt  latérales,  tantôt  axillaires.  Les  fleurs  sont  complètes,  régulières.  Le 

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i:n  HISTOIUK  DES  FAMILLES. 

oalyce  est  libre,  monosépale,  à  préfloraison  valvaire,  ou  à  4-5  sépales  libres  à  préfloraison 
imbriquée.  La  corolle  est  hypogyne,  en  roue,  ou  en  cloche,  ou  en  entonnoir;  son  limbe  est  à 

&  ou  5  ou  10  divisions,  à  préfloraison  \alvaire 

ou  con\olutive.  Les  étamines  sont  insérées 

!  sur  le  tube  ou  la  gorge  de  la  corolle  ;  leurs 

anthères  sont  introrses.  Le  pistil  se  compose 
de  deux  carpelles  soudés  en  ovaire  à  2  loges, 
quelquefois  quadriloculaire  par  rintroflexion 
des  bords  carpellaires.  Les  ovules  sont  nom- 
breux, rarement  solitaires,  attachés  à  des 
placentaires  qui  s'appliquent  à  chaque  face 
de  la  cloison,  et  réfléchis  ou  courbes;  le 
style  est  filiforme,  simple;  le  stigmate  est 
en  tête  ou  en  bouclier,  quelquefois  bilobé. 
Le  fruit  est  tantôt  une  capsule  à  deux  valves, 
à  déhiscence  septicide,  dont  les  carpelles 
retiennent  leurs  placentaires;  quelquefois 
la  déhiscence  est  septifï*age,  par  suite  de  la 
séparation  des  feuilles  carpellaires  d'avec 
les  placentaires  restés  centraux  ;  tantôt  enlin 
le  fruit  est  une  baie  à  deux  loges.  Les 
graines  sont  nombreuses ,  attachées  en 
bouclier  par  leur  face  ventrale,  comprimées 
fs"rie"n^•^^gl7/nn^)  ^^  aîlécs,  quclqucfois  dressées  à  la  base  des 

loges;  Talbumen  est  charnu,  ou  cartila- 
gineux, ou  corné;  la  piantule  est  droite,  et  occupe  Taxe  de  la  base  de  la  graine;  la  radicule 
est  infère  ou  vague. 

Sous-Famille  1.  —  STRYCHNÉES.  —  Corolle  à  préfloraison  valvaire. 

Strychnos.  Slrychnos,  1      Spigélib.  .  Spigelia, 

Gardnérie.  Gardneria.  \      Coblostvlis.  Cœlostylis. 

Sous-Famille  2.  —  LOGANIÉES.  —  Corolle  à  préfloraison  convolulive. 

LoGAKiE.  Logania.  1      Potalib.  Potalia. 

Fagrée.  Fagrœa.  \      (^rtnbra.  Gœrtnera. 

AFFINITÉ.  —  La  Famille  des  Loganiacées  renferme  plusieurs  Genres  à  feuilles  stipulées, 
qui,  par  leur  ovaire  libre  composé  de  deux  carpelles,  leur  corolle  régulière  staminifère,  leurs 
graines  albuminées,  la  préfloraison  de  la  corolle,  imbriquée  dans  les  uns,  contournée  dans  les 
autres,  offrent  une  afflnité  balancée  entre  les  Rubiacées  et  les  Apocynées^  sans  devoir  être 
pourtant  rapportés  à  Tune  ni  à  l'autre  de  ces  Familles.  Ces  Genres,  quoique  différant  les  uns 
des  autres  par  des  caractères  tranchés,  doivent  être,  non  distribués  en  plusieurs  FamiUes,  mais 
rangés  par  tribus  et  réunis  en  sous-Famille,  de  manière  que  cette  réunion  mette  en  évidence 
les  rapports  multipliés  qui  les  lient  aux  sections  diverses  des  autres  Familles.  On  ne  peut  les 
séparer  nettement  des  Apocynées,  tant  à  cause  des  limites  des  deux  Familles  mal  circonscrites 
par  la  nature,  qu'à  cause  de  Tinconstance  des  caractères  dans  une  si  grande  variété  de 
Genres.  Les  Loganiées^  que  leur  préfloraison  a  fait  réunir  en  tribu,  ne  diffèrent  des  Rubiacées 
que  par  leur  ovaire  libre  ;  elles  ne  se  distinguent  des  Apocynées  que  par  la  présence  des 
stipules,  qui  toutefois  manquent  dans  quelques  Espèces;  de  sorte  que,  pour  établir  les  diiïé- 


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LOGANIACÉES.  135 

renées,  il  faul  considérer  le  suc  aqueux  des  unes  et  laiteux  des  autres.  Les  Strt/chnées,  dont  la 
préfloraison  est  valvaire,  et  qui  d'ailleurs  sont  difficilement  séparables  des  Loganiées,  se  dis- 
tingueraient par  leur  suc  incolore  des  Apocynées  à  fruit  charnu,  si,  dans  quelques-unes  de 
CCS  dernières,  le  suc  n'était  d'une  nature  douteuse,  et  si  dans  quelques  Espèces  américaines 
de  Strt/chnos^  Técorce  ne  contenait  un  suc  jaune.  En  outre  la  préfloraison  est  valvaire  dans 
un  ou  deux  Genres  des  Apocynées,  comme  dans  les  Strychnées. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Loganiacées  se  rencontrent  dans  toute  la  zone  intertropicale; 
quelques-unes  s>n  écartent  dans  la  Nouvelle-Hollande,  quelques  Espèces  américaines  restent 
CD  deçà  du  Cancer. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —Les  Strychnées  dominent  toute  la  Famille  par  la 
puissance  de  leurs  propriétés.  La  plupart  des  Espèces  possèdent  dans  leur  écorce,  surtout  dans 
celle  de  la  racine  et  dans  leurs  graines,  des  principes  alcalins  nommés  Strychnine  et 
Brucine  (ce  dernier  nom  est  impropre,  et  devrait  être  remplacé  par  celui  de  Caniramine  tiré 
du  mot  Camram,  nom  indien  du  Strychnos).  Ces  alcalis  sont  unis  à  un  acide  nommé  acide 
igasurigue,  du  nom  malais  igasur,  de  la  Fève- Saint-Ignace  ;  leur  action  sur  l'organisme 
animal  est  d'une  violence  extrême  ;  les  peuples  sauvages  s'en  servent  pour  composer  des 
poisons  dans  lesquels  ils  trempent  leurs  flèches  ;  mais  la  médecine  a  su  changer  la  substance 
vénéneuse  en  médicament  salutaire. 

Le  Strychnos  tieuté  est  une  liane  qui  grimpe  jusqu'au  sommet  des  plus  hauts  arbres 
dans  les  forêts  vierges  des  montagnes  de  Java;  les  féroces  habitants  de  l'archipel  malais 
retirent  de  Técorce  de  sa  racine  un  poison  terrible  nommé  iJpas  Tjettek,  Upas  Radja^  avec 
lequel  ils  enveniment  la  pointe  de  leurs  flèches.  On  a  confondu  ce  poison  avec  une  autre 
substance  nommée  F  oh  on  Upas,  que  fournit  aux  Javanais  le  suc  de  TAntiaris  vénéneu  se 
[Antiaris  toxicaria)  appartenant  à  la  Famille  des  Artocarpées;  les  deux  poisons  ne  sont  pas 
de  même  nature,  et  leur  action  sur  l'organisation  animale  diffère  beaucoup  ;  ce  qu'ils  ont  de 
commun,  c'est  qu'introduits  dans  la  circulation,  ils  détruisent  rapidement  la  vie.  L'arbrisseau 
du  Tjettek  offre  cela  de  particulier  que,  des  incisions  faites  à  l'écorce  il  ne  s'écoule  aucun  suc  ; 
si  l'on  coupe  le  tronc  transversalement,  le  bois  laisse  tomber  goutte  à  goutte  une  eau  limpide, 
aqueuse  et  insipide,  tout  à  fait  inoffensive;  l'écorce  de  la  racine,  au  contraire,  contient  un 
liquide  vénéneux,  rougeàtre,  aqueux,  facilement  styptique  et  nauséabond.  Aussi  prépare-t-on 
ce  poison,  non  par  incisions  faites  dans  le  tronc  comme  pour  le  Pohon  Upas,  mais  par  décoc- 
tion de  la  racine;  toutefois  le  principe  délétère  existe  dans  les  graines,  et,  quoiqu'en 
moindre  proportion,  dans  l'écorce  de  la  tige  et  des  rameaux.  Blume,  observateur  très-pers- 
picace, nous  apprend  que  le  Tjettek  est  plus  fixe  que  le  Pohon  Upas,  et  qu'on  peut  le  garder 
longtemps  sans  qu'il  perde  de  son  énergie;  ce  qui  s'explique  par  son  mode  de  préparation  et 
la  nature  alcaline  du  principe  auquel  il  doit  ses  propriétés.  Autant  le  Tjettek  diffère  par 
sa  composition  du  Pohon  Upas,  autant  il  s'en  éloigne  par  son  action  toxique.  L'extrait  de 
racine  de  Strychnos  Tieuté,  appliqué  sur  une  plaie,  loin  de  stimuler  l'action  des  vaisseaux 
absorbants,  la  paralyse  au  contraire,  et  ne  pénètre  dans  la  circulation  veineuse  que  quand  on  l'a 
mêlé  avec  des  matières  excitantes,  telles  que  le  Poivre  et  le  suc  de  Gingembre  ;  tandis  que  le 
suc  de  l'Antiaris  agit  avec  autant  d'énergie  quand  il  est  pur  que  quand  il  a  été  mixtionné  avec 
des  aromates.  Toutefois  le  Tjettek,  absorbé  par  les  veines,  ébranle  plus  >  iolemment  l'organisme 
que  le  Pohon  Upas;  c'est  sur  les  nerfs  que  se  porte  son  action  :  au  bout  de  quelques  minutes, 
après  avoir  préludé  par  des  vertiges  et  de  légères  convulsions,  il  frappe  d'un  choc  soudain 
le  système  nerveux  tout  entier;  des  secousses  terribles  viennent  contracter  les  muscles,  dont 
la  roideur  persiste  plus  ou  moins  longtemps  (ce  sont  ces  contractions  persistantes  des  muscles 
que  l'on  appelle  en  médecine  tétanos).  Le  relâchement  alterne  d'abord  avec  cette  roideur, 
mais  bientôt  les  convulsions  tétaniques  se  succèdent  coup  sur  coup,  plus  violentes,  plus  dou- 


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136  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

loureuses,  plus  pfoloDgées  ;  les  mâchoires  se  serrent,  la  tête  se  renverse  sur  la  colonne  dorsale, 
et  les  membres  se  roidissent.  Dans  les  intervalles  de  repos,  le  moindre  bruit ,  le  plus  l^er 
contact  réveille  les  douleurs  et  les  convulsions.  Enfin,  la  rigidité  devient  permanente,  et 
s'empare  de  tous  les  muscles;  ceux  de  l'appareil  respiratoire  sont  pris  à  leur  tour,  et  la  respi- 
ration ne  s'opère  plus  que  par  des  mouvements  courts  et  rares;  le  cœur  lui-même  ne  peut  se 
soustraire  à  ces  spasmes,  et  ses  pulsations  deviennent  de  moins  en  moins  perceptibles  :  à  ces 
phénomènes  succèdent  Tinsensibilité,  la  stupeur  et  la  mort. 

C'est  sur  la  circulation  qu'agit  le  Pohon  [/pas;  il  pousse  la  masse  entière  du  sang  vers  les 
poumons,  et  la  vie  s'éteint  après  les  e (Torts  inutiles  qu'a  faits  l'organisme  pour  repousser 
l'agent  qui  le  suffoque. 

Le  Tjettek,  pris  à  l'intérieur,  n'est  pas  moins  vénéneux,  même  à  petites  doses,  soit  à  l'état 
d'extrait  simple,  soit  mélangé  avec  des  aromates  ;  mais  il  agit  plus  lentement  que  quand  il 
pénètre  dans  le  corps  par  absorption  veineuse.  Les  animaux  empoisonnés  par  le  Tjettek 
introduit  dans  la  circulation,  ne  présentent  aucune  altération  dans  leurs  organes  digestifs  et 
respiratoires;  mais  le  cerveau  offre  les  signes  de  la  plus  violente  inflammiition ;  en  outre«  le 
cervelet  et  la  moelle  épinière  sont  fortement  congestionnés  :  si  au  contraire  le  poLson  a  été 
pris  à  l'intérieur,  le  cerveau  est  moins  lésé  que  les  nerfs  de  la  moelle  épinière,  mais  l'estomac 
et  les  intestins  sont  enflammés.  La  préparation  de  ce  poison  terrible  est  un  secret  qui  n'est 
connu  que  de  quelques  Javanais,  et  qu'ils  se  transmettent  par  succession,  sans  jamais  le 
révéler  aux  étrangers.  Ils  conservent  le  poison  dans  des  étuis  faits  de  racine  de  Bambou,  ou 
bien  ils  le  mêlent  avec  de  la  résine  de  Sang-dragon,  et  le  roulent  en  petits  bâtons. 

Le  Curare  est  un  poison  analogue,  fourni  par  d*autres  Strychnos,  le  St.  de  la 
Guyane  et  le  St.  toxifère;  on  le  nomme  aussi  urari,  wurali,  woorara,  ticuna;\es  indi- 
gènes américains  qui  habitent  les  bords  de  l'Orénoque,  du  lupura,  du  Rio-Négro  et  les  forêts 
basses  du  Surinam,  l'emploient  également  pour  empoisonner  leurs  flèches  :  ils  le  préparent 
en  mêlant  le  suc  de  l'écorce  avec  du  Poivre ,  de  la  Coque  du  Levant  et  autres  plantes  acres, 
et  le  renferment  dans  de  petits  vases  de  terre  cuite.  On  prétend  que  cette  substance  n'est 
vénéneuse  que  quand  elle  est  introduite  dans  le  sang,  et  qu'on  peut  l'avaler  sans  inconvénient; 
ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que  les  chimistes  n'y  ont  pas  trouvé  d'alcali  cristallisable. 

D'après  les  recherches  de  Blume,  il  est  reconnu  aujourd'hui  que  les  racines  nommées  dans 
le  commerce  bois  de  couleuvre,  sont  fournies  par  diverses  espècesde  Strychnos  répandues  dans 
l'Asie  méridionale,  et  dont  la  principale  est  le  St.  colubrina,  nommé  par  les  Portugais /mo  (/e 
cobra;  ces  noms  leur  viennent  de  l'emploi  qu'on  en  fait  contre  la  morsure  des  serpents  veni- 
meux, et  notamment  du  Cobra  capello,  ou  Serpent  à  lunettes,  le  plus  féroce  et  le  plus  venimeux 
des  Ophidiens  de  l'Inde.  C'est  ce  reptile  que  les  jongleurs  indiens  parviennent  à  dresser ,  et  qu'ils 
font  danser  au  son  de  la  flûte,  après  lui  avoir  préalablement  arraché  ses  crochets  à  venin.  Le 
St.  de  Timor  (St,  ligustrina)  fournit  aussi  un  bois  de  couleuvre,  qui  possède  les  mêmes 
propriétés  que  les  Espèces  précédentes ,  et  que  les  médecins  qui  habitent  la  zone  torride 
estiment  particulièrement,  à  cause  de  son  action  sur  la  moelle  épinière  et  les  nerfs  qui  en 
partent. 

Mais  c'est  surtout  le  Vomiquier  (St.  nux  vomica)^  arbre  de  l'Inde,  connu  sous  le  nom  de 
Coniram,  qui  fournit  à  l'art  de  guérir  un  précieux  excitant  du  système  musculaire.  Nous 
avons  vu  que  VUpus  Tjettek  fait  périr  ses  victimes  par  le  tétanos,  et  que  ce  tétanos  est  du  à 
la  strychnine  et  à  la  brucine  du  Strychnos  tieuté  ;  les  mêmes  alcalis  se  trouvent  dans  la 
graine,  nommée  noix  vonuque;  mais  la  médecine  a  su  atténuer  leurs  propriétés  toxiques,  et 
les  convertir  en  agents  thérapeutiques  d'une  grande  efficacité.  On  emploie  aujourd'hui  avec 
un  grand  succès  la  noix  vomique ,  ou  son  extrait ,  contre  les  paralysies  qui  frappent  les 
muscles  vivifiés  par  les  nerfs  de  la  moelle  épinière  ;  ces  conducteurs  nerveux  reçoivent  des 
principes  alcalins  du  Strychnos  une  excitation  qui  rétablit  les  fonctions  des  organes  du  mouve- 
ment volontaire  ;  et  quand  cette  excitation  persiste ,  le  rétablissement  fonctionnel  devient 


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LOGANIACÉES.  137 

permanent.  La  noix  vomique  est  moins  utile  dans  les  paralysies  qui  tiennent  à  une  lésion  du 
cerveau. 

L'Igasur  (St.  Ignatii),  arbrisseau  qui  croît  à  Manille,  fournit  à  la  médecine  une 
semence  contenant  aussi  de  la  strichnine  et  de  la  brucine.  Cette  semence,  nommée  Fève-Saint 
Ignace,  est  convexe  à  une  extrémité,  anguleuse  et  à  5  ou  i»  facettes  vers  l'extrémité  opposée; 
sa  surface  est  excoriée;  tandis  que  la  noix  vomique  est  discoïde,  gonflée  sur  son  pourtour, 
ombiliquée  à  sa  surface  ventrale,  et  d'un  aspect  velouté  au  dehors. 

La  strychnine  et  la  brucine ,  séparées  Tune  de  l'autre ,  ne  possèdent  pas  une  action  égale  : 
la  première  est  trois  fois  plus  énergique  que  la  seconde  ;  et  la  Fève-Saint-Ignace  contient 
trois  fois  plus  de  strychnine  que  la  noix  vomique. 

Il  est  à  remarquer  que  les  baies  des  Strychnos  renferment  une  pulpe  succulente ,  que  les 
hommes  et  les  animaux  mangent  impunément. 

Le  Titan -COTTE  (Str.  potatorum)  est  un  arbre  de  l'Inde,  dont  les  fruits,  du  volume  et 
de  la  couleur  d'une  cerise ,  ne  contiennent  qu'une  seule  semence  orbiculaire ,  beaucoup  plus 
petite  et  moins  aplatie  que  la  noix  vomique.  Cette  semence  donne  un  démenti  fort  remar- 
quable à  l'axiome  de  Linné,  qui  établit  que  les  Espèces  du  même  Genre  possèdent  les  mêmes 
propriétés  :  Plantœ  quœ  génère^  etiam  virtute  conveniunt  :  loin  d'être  amère  et  vénéneuse, 
comme  les  autres  Strychnos,  elle  sert,  dans  l'Inde,  à  rendre  l'eau  potable  en  la  clarifiant. 
On  a  fait  beaucoup  de  suppositions  sur  la  manière  dont  cette  substance  agit  :  M.  le  profes- 
seur Guibourt  pense  qu'elle  agit  par  son  mucilage  abondant,  qui  s'unit  aux  matières  terreuses 
tenues  en  suspension  dans  l'eau,  et  les  précipite  avec  elle  au  fond  du  vase. 

L'écorce  de  fausse  Angusture,  qu'on  a  quelquefois  employée  par  erreur  et  au  détriment 
du  malade^  comme  fébrifuge,  à  la  place  de  la  vraie  Angusture,  appartenant  à  une  autre 
Famille,  provient  du  Strychnos  nux-vomica:  c'est  dans  cette  écorce  que  MM.  Pelletier  et 
Gaventou,  à  qui  nous  devons  la  découverte  de  la  quinine  et  de  la  plupart  des  alcalis  végétaux, 
ont  trouvé  l'alcali  auquel  ils  ont  donné  le  nom  de  brucine ,  d'après  l'opinion  qui  régnait  alors 
que  cette  écorce  était  produite  par  un  Brucea. 

Enfin  on  trouve,  au  Brésil,  une  autre  Espèce  de  Sivyc\iVkO%  (Str.  pseudo<liina)  ^  dont 
l'écorce,  vulgairement  ditje  Quina  do  campoy  Quina  de  Manda ^  etc.,  dépourvue  de 
substances  alcalines ,  possède  une  amertume  qui  la  fait  regarder  par  les  Brésiliens  comme  un 
médicament  tonique  et  fébrifuge  d'une  grande  efficacité. 

LeGARDNÉRiA  OVOÏDE  (Gardncria  ovata)  possède  un  suc  jaune,  contenu  dans  les  feuilles 
et  dans  les  jeunes  rameaux,  dont  les  propriétés  n'ont  pas  été  constatées. 

Le  Genre  américain  Spigeli  A ,  dédié  par  Linné  à  Spigel,  botaniste  italien  du  dix-septième 
siècle,  renferme  des  Espèces  dont  la  tige  et  les  racines,  à  l'état  frais,  sont  remarquables  par 
un  arôme  particulier  et  une  saveur  acre ,  qui  se  dissipent  après  la  dessiccation  ;  elles  con- 
servent cependant  un  principe  amer  nauséeux ,  narcotique ,  qui  parait  avoir  la  propriété  de 
tueries  vers  intestinaux.  LaSpioÉLis  anthelmintique  (Sp.  anthelmia)  est  une  Plante 
annuelle  du  Brésil ,  de  la  Guyane  et  des  Antilles ,  très-\énéneuse  à  l'état  frais ,  ce  qui  lui  a 
valu  le  nom  de  brinvilliere ,  emprunté  à  la  fameuse  marquise  de  Brinvilliers ,  brûlée  à  Paris 
comme  empoisonneuse,  sous  le  règne  de  Louis  XIV.  Elle  fait  périr  les  bestiaux  qui  la 
broutent,  et  les  nègres  se  servent  de  son  suc  pour  empoisonner  leurs  maîtres.  — LaSpioÉLiE 
DU  Maryland  (5/?.  Marylandica)  est vivace ,  et  croît  dans  l'Amérique  septentrionale;  elle 
est  employée  comme  vermifuge,  en  place  de  la  première;  mais  elle  est  bien  moins  active.  On 
la  cultive  en  Europe,  à  cause  de  ses  fleurs  disposées  en  épi  unilatéral,  à  corolle  longuement 
tubulée,  renflée,  légèrement  odorante,  d'un  beau  rouge  à  l'extérieur,  et  jaune  intérieurement. 

Les  Potalies  sont  d'une  amertume  très-prononcée;  plusieurs  Espèces  laissent  exsuder 
quelques  gouttes  d'une  résine  qui  a  l'odeur  du  benjoin.  —  Le  Fagrœa  Zeylanica  (pl.  xxvui), 
arbuste  de  Ceylan,  dont  la  corolle  est  très-grande,  verdàtre  à  la  base  externe  de  son  tube,  offre 
intérieurement  une  couleur  nankin,  est  cultivé  dans  nos  serres  chaudes. 


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138 


UISTOIKE  DES  FAMILLES. 


Famille  XV".—  APOCYNÉES. 


(Apocynées  (en  partie),  de  Jussieu,  —  Vincées,  de  De  Candoilc.  —  Apocynacées, 

de  Lindley,) 

CARACTÈRE. — Corolle  hypogyne  înonopétale,  régulière,  k-^fide,  à  préfloraison 
contournée  ou  vulvaire,  Étamines  insérées  sur  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  lobes. 
Pollen  granuleux.  Ovaire  libre  à  2  carpelles.  Fruit  capsulaire^  ou  folliculaire,  ou 
charnu.  Fljl^tv Le  dicotylédonéey  droite,  ordinairement  (dbuminée.  Feuilles  oj»/30s?es  ow 
vert  ici  liées,  sans  stipules.  Suc  laiteux. 

Les  Apocynées  doivent  leur  nom  au  Genre  Ajjocynum ,  qui  signifie  tue-chien,  parce  que 

quelques-unes  de  ses  Espèces  étaient  re- 
gardées comme  vénéneuses  pour  les  ani- 
maux. Ce  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux, 
rarement  des  berbes,  vivaces,  à  suc  laiteux 
dans  la  plupart  des  Genres;  les  feuille 
verticillées  par  trois  ou  quatre  (très-rarement 
alternes),  simples,  entières,  sont  dépourvues 
de  stipules,  ou  quelquefois  munies  de  glandes 
ou  de  cils  représentant  des  stipules.  Les 
fleurs  sont  complètes,  régulières,  terminales 
ou  axillaires,  en  cyme  ou  en  corymbe,  ou 
solitaires.  Le  calyce  est  libre ,  5-fide ,  ou 
5-partit.  La  corolle  est  insérée  sur  le  ré- 
ceptacle, caduque,  en  entonnoir  ou  en 
patère.  Les  étamines  alternent  avec  les  lobes 
de  la  corolle ,  leurs  filets  sont  très-courts, 
leurs  anthères  sont  introrses;  le  pollen 
s'applique  immédiatement  sur  le  stigmate. 
Le  pistil  se  compose  de  deux  carpelles  libres 
ou  cohérents,  et  dans  ce  dernier  cas ,  To- 
vaire  est  biloculaire  (très-rarement  unilo- 
culaire  à  placentation  pariétale)  ;  les  ovules 
sont  courbes  ou  réfléchis,  et  ordinairement 
nombreux  ;  le  style  est  unique,  réunissant  les 
carpelles,  ordinairement  épaissi  dans  le  haut, 
quelquefois  discoïde  au-dessous  du  stig- 
mate. Le  fruit  se  compose  le  plus  souvent  de 
deux  follicules,  souvent  réduits  à  un  seul, 
rarement  d'une  capsule  uniloculaire,  et,  dans  quelques-unes,  d'une  baie  ou  d'une  drupe.  Les 

graines  sont  en  général  comprimées;  l'albumen  est  charnu  ou  cartilagineux,  quelquefois 

peu  abondant,  quelquefois  nul  ;  la  direction  de  la  radicule  varie. 


I.  TaDKRMOEMONTANB  a  LOnGVbS  PLKCHS. 

(  Tabernœmontana  longiflora.  ) 

î.    UOOPBLLIB   AORKABLK. 

[Roupellia  grata.) 

S.    DiPLADBXIB     rrOIRB    POURPRBB. 

(Uipladenia  atro  purpur«a.] 


Calac. 

Carissa. 

Hancorne. 

Hancornia. 

Ambelania. 

Ambelania 

Pacoi'ria. 

Pacourit. 

COLLOPHORE. 

Collophora 

Mélodine. 

Melodinus. 

Carpodine. 

Carpodinus 

COUMA. 

Couma. 

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APOCYNEES. 

WiLLUGHBEIA. 

IViilughbeia. 

Frangïpanieb  . 

PlumeiHa. 

Allamakda. 

AUamanda. 

Amsonib. 

Amsonia. 

Vallésie.          "^ 

Valiesia. 

Pervenche. 

Vinca. 

Ophioiylon. 

Ophioxylon. 

LOCHNÉRA. 

Lochnera. 

Tanghin. 

Tanghinia. 

DlPLADBNIA . 

Dipladenia* 

CERBtBA. 

Cerbera. 

Mandeville. 

Mandevilla 

Alyiie. 

Atyxia. 

Apocyn. 

Apocynum. 

Ubcéolb. 

Urceola. 

Cryptolépide. 

Cryptolepis 

Tabernoemontane. 

Taberncemontana. 

Nérion. 

Nerium. 

139 


AFFINITÉ.  —  Nous  avons  indiqué  les  rapports  qui  lient  cette  Famille  à  celle  des  Loga- 
niacées  ;  elle  se  rapproche  beaucoup,  par  ses  Genres  à  graines  chevelues,  des  Asclépiadées , 
dont  elle  diffère  par  les  organes  reproducteurs;  elle  s'éloigne  des  Gentianées  par  la  struc- 
ture de  Tovaire  et  des  anthères  et  par  son  suc  laiteux  ;  on  la  distingue  sans  peine  des  Rubia- 
cées  par  les  mêmes  caractères,  et  en  outre  par  son  ovaire  libre  et  ses  feuilles  sans  stipules. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Apocynées  doivent  être  rangées  parmi  les  Familles  où  le  nombre 
des  Espèces,  très-considérable  dans  les  régions  tropicales,  diminue  tout  à  coup  en  dehors 
des  Tropiques,  et  devient  très-peu  considérable  sous  nos  latitudes.  L'Asie  méridionale  est  un 
peu  plus  riche  en  Espèces;  plusieurs  habitent  TAmérique  entre  TÉquateur  et  le  Cancer.  Les 
Apocyns  se  trouvent  dans  la  région  méditerranéenne,  TAsie  centrale  et  T Amérique  sep- 
tentrionale. Nos  Pervenches  sont  les  sentinelles  avancées  de  la  Famille  dans  l'hémi- 
sphère boréal. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —  Le  suc  laiteux,  acre  et  amer  qui  découle  de  la 
plupart  des  Apocynées  donne  à  beaucoup  d'Espèces  une  vertu  émétique  et  purgative,  à 
quelques-unes  des  propriétés  délétères.  Ce  suc,  que  les  chimistes  n'ont  pas  encore  soigneuse- 
ment examiné,  contient  dans  plusieurs  une  résine  élastique  (  caoutchouc  )  ;  quelquefois  ce  suc 
est  3oux  et  presque  sans  âcreté ,  de  sorte  qu'il  devient  laxatif  et  même  alimentaire  dans  un 
petit  nombre  d'Espèces.  Chez  beaucoup  d' Apocynées,  l'écorce  contient  un  principe  amer 
astringent;  chez  quelques-unes,  ce  principe  est  tinctorial;  le  fruit  charnu  de  plusieurs  est 
comestible.  La  graine  est  très-vénéneuse  dans  certains  Genres,  dans  d'autres  elle  est  huileuse 
et  inoflensive. 

Les  C  ALACS  (Cariasa)  ont  un  fhiit  charnu,  renfermant  dans  le  jeune  âge  un  suc  laiteux, 
acre  et  visqueux,  qui,  à  la  maturité,  acquiert  une  saveur  acidule-sucrée.  LeC.  carandas 
(C.  carandas)  tient  le  premier  rang  parmi  les  arbres  fruitiers  de  l'Inde.  Les  Arabes  mangent 
avec  délices  le  fruit  du  C.  comestible  (C  edulis),  — Le  C.  bois  amer  (C  xylopicron) ^ 
arbre  de  Bourbon ,  etleC.  de  Madagascar(C  Madagascariensis  )  ont  un  bois  jaune  d'une 
amertume  extrême ,  que  l'on  emploie  comme  médicament  stomachique  et  fébrifuge.  —  Le 
Mélodime  monogyne  (Melodinus  monogynus),  le  Willughbeia  comestible  (  Wil- 
lughbeia  edulis) ,  sont  des  arbres  dont  le  fruit  est  recherché  en  Asie;  IcCarpodine  sucré 
(Carpodinus  dulcis)  est  un  arbrisseau  qui  croit  sur  la  côte  ouest  de  l'Afrique  tropicale ,  et 
dont  le  fruit  {Sweet  Pimhamin)  sert  de  nourriture  aux  nègres.  En  Amérique,  on  mange  les 
baies  de  VAmbélania,  du  Pacourta,  du  Couma. 

La  CoLLOPHORB  UTILE  ( Collophora  utUis ) ,  v ulgairement  Sorveira ,  etleHANcoRNiA 
ÉLÉGANT,  (Hancornia  sy>ec/osa),  vulgairement  Mangaba^  fournissent  aux  Brésiliens  une  grande 
quantité  de  caoutchouc.  Les  Espèces  à' AUamanda,  qui  croissent  dans  l'Amérique  méridionale, 
sont  émétiques  et  purgatives;  on  administre  aux  malades  la  décoction  de  leurs  feuilles.  —  On 
cultive  en  Europe  l'A.  Catuartique  (A.  carthartica),  arbrisseau  rampant  de  la  Guyane, 
à  feuilles  vertieillées,  à  fleurs  grandes  d'un  jaune  clair. 

Quelques  Espèces  d' Ophioxylon  contiennent  un  lait  acre  et  caustiquct 


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IW  HISTOIKE   DES   FAMILLES. 

Beaucoup  d'Espèces  du  Genre  Cerbera ,  tant  américaines  qu'asiatiques,  ont  des  graines 

narcotico-âcres,  quelquefois  très-vénéneuses,  que 
Ton  emploie  comme  topique  contre  la  morsure 
des  serpents. — Le  C.  Il  uEy  et  {Cerbera  The- 
vetia)  et  TA  HOU  A  i  (  C.  akovat) ,  espèces  améri- 
caines, ont  un  suc  très-vireux,  d'odeur  nau- 
séabonde ;  VAhouaî  est  employé  par  les  pêcheurs 
du  Brésil  pour  stupéfier  le  poisson.  Les  indigènes 
se  servaient  autrefois  des  noyaux  du  fruit  pour  en 
faire  des  colliers,  dont  la  résonnance,  marquant 
leurs  mouvements,  les  excitait  à  danser.  L'Ahouaî 
est  cultivé  dans  nos  serres  chaudes.  —  Le 
C.  ODOLLAM  (C  manghas)y  leC.  lactescent 
(C.  lactaria)y  le  C.  salutaire  (C.  saltUaris), 
ont  un  suc  épais,  sans  âcreté,  légèrement  laxatif. 
Le  C.  odollam  est  cultivé  en  Europe,  mais  il 
n'atteint  dans  nos  serres  que  les  dimensions 
d'un  arbuste  ;  ses  fleurs  sont  grandes,  d'un  bleu 
pur,  marquées  de  rouge  cramoisi,  et  d'une  odeur 
agréable. 


ClftlIftA  ahocaT. 
[Cerbera  ahctai,) 

LcTanghin  vénéneux  (Tanghtnia  vene- 
ni  fera)  est  un  arbre  de  Madagascar^  haut  de 
trente  pieds,  dont  le  fruit  drupacé  contient  une 
graine  huileuse,  employée  dans  le  pays  pour 
constater  juridiquement,  par  l'épreuve  du  poison, 
la  culpabilité  ou  l'innocence  des  accusés,  quand 
le  crime  ne  peut  être  prouvé.  Voici  comment 
l'épreuve  a  lieu.  L'accusateur  porte  sa  plainte 
au  juge,  qui  le  renvoie  à  Vampananghin,  lequel 
remplit  les  fonctions  de  prêtre  et  de  bourreau , 
celui-ci  est  l'arbitre  de  la  mise  en  prévention,  et 
il  règle  ses  épreuves  sur  la  valeur  des  arguments 
présentés  par  l'accusateur;  ces  épreuves  sont 
commencéessur  des  poulets,  et  continuées  jusqu'à 
sept  fois;  si  trois  poulets  meurent,  ces  résultats 
suffisent  pour  motiver  la  prévention;  le  prêtre 
remet  les  pattes  et  les  têtes  des  poulets  morts  à 

l'accusateur,  qui  va  les  présenter  au  juge  ;  le  juge  tarchi:»  vi^inwx. 

fixe  le  jour  du  Sahali  ou  procès  ;  ce  jour  arrivé ,  {Tangkima  vene.^fera  ) 

l'accusé,  entièrement  nu,  est  placé  sur  le  gazon,  et  les  assistants  se  tiennent  en  cercle  autour 
de  lui.  Le  juge  expose  à  l'assemblée  le  crime  et  les  charges  qui  pèsent  sur  l'accusé,  et  l'am- 


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APOCYNÉES.  Ul 

pananghin  lui  administre  le  tanghin,  c'est-à-dire  la  graine  coupée  en  petits  morceaux,  ou 
broyée  et  délayée  dans  le  suc  du  Pandanus,  Lorsque  reflet  du  poison  se  fait  sentir,  le  prêtre 
exhorte  le  patient  à  confesser  son  crime  ;  si  Taccusé  est  robuste,  la  force  médicatrice  de  Tor- 
ganisme  réagit  assez  énergiquement  pour  expulser  la  substance  délétère;  dès  qu'il  a  vomi, 
son  innocence  est  proclamée,  et  Taccusateur  est  condamné  à  lui  payer  des  dommages-intérêts; 
si  la  réaction  vitale  est  dominée  par  le  poison,  les  évacuations  n'ont  pas  lieu,  et  la  mort 
vient  démontrer  la  culpabilité  ;  les  biens  de  l'accusé  sont  partagés  en  trois  lots  :  Fun  pour 
le  chef,  l'autre  pour  les  officiers,  le  troisième  pour  le  dénonciateur.  Voilà  ce  qui  explique  la 
ténacité  de  cette  horrible  coutume,  que  les  Anglais ,  malgré  la  puissance  qu'ils  possèdent 
à  Madagascar ,  n'ont  pu  parvenir  à  extirper. 

L'O PHioiYLON  SBRPENTiN  ( Ophîoxylon  serpentinum ) ,  arbrisseau  indien ,  est  employé 
contre  la  morsure  des  serpents;  sa  racine  fait  partie  des  bois  de  couleuvre. 

Les  Alyxi  A  de  l'Inde  fournissent  une  écorce  aromatique  amère,  qui  a  l'odeur  du  Mélilot, 
et  renferme  une  résine  molle ,  acre ,  une  huile  volatile  et  un  principe  extractif  amer.  —  Le 
Vallésia  inédit  (Valiesia  inedita)  est  un  arbre  qui  croît  dans  les  forêts  du  Brésil,  et  dont 
l'écorce  nommée /xzo  Péreira^  est  renommée  comme  tonique  et  fébrifuge. — ^Le  Casca  de  Anta 
est  une  autre  écorce  très-amère,  venue  aussi  du  Brésil,  et  rapportée  à  une  Espèce  du  Genre 
Raivolfia.  " 

Les  vraies  Apocynées  ont  un  lait  acre  et  narcotique,  très- vénéneux  chez  quelques-unes. 
Certaines  Espèces  des  Genres  Dipladenia^  Plumeria  et  Tabemœmontana^  sont  employées 
dans  la  médecine  populaire  des  Indiens  et  des  Américains. 

Le  Tabemœmontana  utilis,  vulgairement  nommé  Hy  a- h  va,  qui  croît  sur  les  bords  de  la 
rivière  Démérara,  dans  la  Guyane  anglaise,  laisse  couler  de  sa  tige  une  énorme  quantité  d'un 

lait  blanc,  épais  et  doux,  dans  lequel  les  indi- 
gènes trouvent  un  aliment  semblable  au  lait 
de  vache.  Les  prêtres  de  Ceylan  prétendent  que 
le  DM-ladner,  Espèce  de  Tabemœmontana, 
produisait  le  fruit  défendu^  et  qu'après  la  faute 
de  nos  premiers  parents,  ce  fruit  délicieux  ne 
posséda  plus  que  des  propriétés  vénéneuses. 
Plusieurs  Espèces  de  Tabemœmontana  sont  cul- 
tivées en  Europe  ;  nous  citerons  leT.  alongubs 
FLEURS  (T,  longiflora) f  arbuste  élégant  de 
l'Afrique  tropicale,  dont  les  fleurs  sont  grandes, 
de  couleur  tendre  et  d'une  odeur  très-agréable  ; 
le  T,  coronaria,  arbrisseau  de  l'Inde ,  dont  les 
fleurs  blanches  doublent  dans  nos  serres;  le 
T.  a  feuilles  de  laurier  {7\  laurifolia), 
des  Antilles,  dont  les  fleurs  sont  également 
blanches  et  d'odeur  suave,  mais  restent  simples. 
Ces  Espèces  doivent  leur  nom  générique  à  un 
ancien  botaniste  alsacien,  nommé  labemœmon- 
tanus,  mort  à  la  fin  du  seizième  siècle. 

Le  Genre  Frangipanier  {Plumeria),  est 
dédié  à   Plumier,  religieux  minime   du  dix- 
septième  siècle,  grand  naturaliste,  qui  voyagea 
^1piume\Va'^)*  pour  Louis  XIV;  il  renferme  des  arbres  et  des 

arbustes  de  l'Aniérique  tropicale;  le  Fr.  blanc 
(PL  alba)  donne  un  suc  épais  et  très-caustique,  qu'on  emploie  pour  la  guérison  des  dartres, 
des  verrues  et  des  ulcères;  sa  racine  est  prise  en  tisane  apéritivp  (on  donnait  autrefois  le  nom 

19 


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142  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

d'apéritifs  à  des  médicaments  auxquels  on  attribuait  la  propriété  d'ouvrir,  de  désobstruer  les 
conduits  de  l'organisme  ;  ces  idées  hypothétiques  n'ont  plus  cours  aujourd'hui  ).  Les  fleurs  de 
cette  Espèce  servent  à  assaisonner  les  frangipanes;  elles  ont  une  saveur  acre  et  poivrée.  On 
cultive  en  France  le  F.  rouge  (  /^.  rubra),  dont  les  fleurs,  d'un  rouge  clair  et  odorantes, 
forment  un  corymbe  terminal;  et  le  F.  jaune  (P,  lutea),  ainsi  nommé  à  cause  de  la 
couleur  jaune  de  sa  fleur  et  de  son  fruit. 

Le  Genre  Dipladénie  (Dipladenia),  qui  doit  son  nom  à  deux  glandes  situées  à  la  base 
des  lobes  du  calyce,  fournit  à  l'horticulture  de  magnifiques  Espèces.  Nous  citerons  d'abord  la 
D.  NoiREPouRPRiB(Z>.  otro  purpmrea  )  ;  arbrisseau  grimpant,  à  feuilles  d'un  vert  grisâtre,  à 
fleurs  grandes  d'un  pourpre  sombre  ;  la  D.  s  p  l  e  n  d  i  d  b  (  />.  splendens  ) ,  arbrisseau  grimpant 
découvert  en  1841,  au  Brésil,  dans  les  montagnes  des  Orgues;  ses  fleurs  sont  disposées  en 
grappes  axillaires,  leur  limbe  étalé  a  plus  de  deux  pouces  de  diamètre  ;  sa  couleur  est 
d'un  beau  rose,  devenant  très-foncé  autour  de  la  gorge  du  tube,  où  cette  riche  teinte  figure 
une  étoile.  —  La  D.  a  pleur  de  pervenche  (D,  TYncÉP/Zora),  Espèce  venue  récem- 
ment du  Brésil,  a  des  tiges  menues,  pourprées,  disposées  en  touffes,  et  des  fleurs axil- 
laires  d'une  teinte  carminée  vive,  qui  rappellent  par  leur  forme  celle  de  la  petite  Pervenche, 
—  LaD.  ROSE  CHAMPÊTRE  (/>.  rosa  campesiris)  a  des  fleurs  opposées  en  croix,  et  formant 
un  épi  allongé  ;  leur  tube  est  long  d'un  pouce  et  demi,  et  dilaté  en  entonnoir,  dont  la  couleur, 
d'un  rose  tendre,  devient  foncée  au  centre  et  prend  une  teinte  d'un  rose  vif.  Les  feuUlessont 
finement  veloutées,  à  nervures  latérales,  serrées  et  parallèles.  —  La  D.  noble  (Z>.  nobilis) 
(PI.  II.)  n'est  pas  moins  belle  que  l'Espèce  précédente;  ses  grandes  fleurs,  disposées  en  épi. 
sont  d'un  rose  pâle,  à  ample  tube,  offrant  intérieurement  deux  couleurs  ;  à  l'entrée  de  la  gorge 
est  une  lai^e  macule  étalée  en  étoile  à  cinq  rayons,  d'un  rose  plus  foncé  et  interrompu  par  une 
strie  blanche  ;  plus  bas,  le  tube  revêt  une  teinte  violacée  sombre,  et  est  d'un  rose  d'or  à  la  base 
jusqu'à  son  rétrécissement. 

Le  Vahea  gunimiferUy  arbre  de  Madagascar,  et  VUrceola  elastica,  arbrisseau  grimpant  de 
Sumatra,  fournissent  une  partie  du  caoutchouc  qui  nous  vient  de  l'Inde. 

Les  racines  de  plusieurs  vraies  Apocynées  sont  employées  comme  émétiques  :  tels  sont 
I'Apocyndb  Venisb(  Apocynum  Venetum  ),  herbe  croissant  sur  les  rivages  de  l'Adriatique 
et  de  la  mer  Noire;  l'A.  gobe-mouche  {A.  androsœmifolium) ,  Espèce  officinale  dans 
l'Amérique  du  Nord,  et  cultivée  dans  nos  serres  tempérées;  ses  fleurs  en  cyme  sont  nom- 
breuses, petites,  d'une  jolie  couleur  rose  ;  le  nectar  qu'elles  contiennent  attire  les  mouches, 
qui  insinuent  le  pavillon  de  leur  trompe  entre  les  filets  des  étamines;  mais  quand  elles  veulent 
se  retirer,  la  trompe  s'engage  au  milieu  des  anthères,  et  l'insecte  reste  pris;  de  là  le  nom 
populaire  de  Gobe-mouche  donné  à  cette  Plante. 

Le  Cryptolépis  RéricuLé  (Cryptolepis  reticidata)  est  un  arbrisseau  des  Indes-Orien- 
tales que  l'on  cultive  en  serre  chaude;  sa  tige  est  haute  de  trois  à  quatre  pieds;  ses  feuilles  sont 
discolore«,  ses  fleurs  disposées  en  corymbe,  blanches,  et  de  la  grandeur  de  celles  du  Jasmin. 

Le  Genre  Pervenche  (  Vinca)^  dont  plusieurs  Espèces  sont  indigènes,  se  recommande  au 
médecin  bien  moins  qu'à  l'horticulteur,  qui  oublie  que  les  feuilles  sont  amères,  astringentes, 
pour  ne  considérer  que  leur  forme  élégante  et  leur  couleur  souvent  accidentée  par  des  pana- 
chures,  produisant  un  effet  pittoresque  sur  les  rocailles  en  pente  où  s'étendent  leurs  tiges 
sarmenteuses.  Nous  citerons  la  Grande  Pervenche  (  V»  major),  plante  très-rustique,  n 
feuilles  ovales,  à  corolle  blanche  ou  d'un  bleu  tendre.  C'était,  pour  J.-J.  Rousseau,  la  fleur 
des  souvenirs-,  elle  ravivait,  après  quarante  ans,  dans  son  âme  flétrie,  les  plus  douces  émo- 
tions de  sa  jeunesse.  La  Petite  Pervenche  (F.  minor),  a  des  fleurs  précoces,  plus 
petites,  qui  doublent  par  la  culture;  leur  couleur  normale  est  bleue,  mais  elles  passent 
du  bleu  au  violet ,  au  pourpre ,  au  rouge ,  et  se  montrent  souvent  d'un  blanc  pur.  La 
P.  herbacée  (  V,  herbacea),  est  une  Espèce  de  Hongrie  à  tiges  très-couchées,  à  feuilles 
lancéolées  linéaires,  à  fleurs  d'un  bleu  foncé  ou  rougcàtres,  qui  doublent  facilement.  Toute- 


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APOCYNEES.  H3 

Ibis  ces  Espèces,  que  Ton  cultive  pour  rornement  des  jardins,  jouisseut.  comme  plantes  médi- 
cinales^ d'une  réputation  populaire  ;  on  attribue  à  leurs  feuilles  la  propriété  de  supprimer  le 
lait,  et  il  est  rare  que  les  femmes  des  classes  pauvres,  quand  elles  sèvrent  leurs  enfants,  n'en 
prennent  pas  des  infusions  pendant  quelques  jours. 

On  a  séparé  des  Pervenches  le  Lochnera  rosea,  sous-arbrisseau  droit,  qui  nous  vient  de 
l'Amérique  et  de  l'Asie  tropicales,  et  dont  les  fleurs  roses  ou  blanches  ornent  dans  nos 
grandes  villes  les  fenêtres  des  plus  humbles  mansardes. 

Le  Genre  Nérion  (Neritmi)  se  compose  d'arbrisseaux  dont  une  Espèce,  généralement 
cultivée  dans  nos  jardins,  nous  vient  de  la  région  méditerranéenne,  d'où  elle  s'est  répandue 
dans  toute  l'Asie  :  c'est  le  N.  lauribb-rose  (A^.  oleander),  à  feuilles  longues  lancéolées, 
épaisses,  verticillées  par  trois,  et  persistantes  ;  à  fleurs  roses  ou  blanches,  qui  doublent  facile- 
ment et  justifient  alors  le  nom  spéciûque  donné  à  la  Plante  et  par  les  Français,  et  par  les 
Grecs  qui  l'appelaient  Rhododaphne,  Virgile,  dans  son  petit  poème  du  moucheron^  parle  du 
Laurier,  honneur  de  Phœbus  et  du  Rhododaphne  : 

Laurusitem  Phctbi  sur  gens  decus,  h\c  Rhododaphne. 

Ce  charmant  arbrisseau,  qui  croît  abondamment  dans  le  Péloponèse,  a  inspiré  C.  Delavigne, 
chantant  dans  ses  premières  Messéniennes  les  malheurs  de  la  Grèce  captive.  Le  poète  se 
transpoi;;te  au  milieu  des  ruines  de  Sparte,  et  s'écrie  avec  une  douloureuse  indignation  : 

Le  soldat  d'Ismael,  assis  sur  ces  décombres. 
Insulte  aux  grandes  ombres 

Des  enfants  d'Hercule  en  courroux. 
N'entend s-je  pas  gémir  sous  ces  portiques  sombres? 

Mânes  des  trois  cents,  est-ce  vous?... 
Eurotas!  Eurotas!  que  font  ces  Lauriers-roses 
Sur  ton  rivage  en  deuil,  par  la  mort  habite? 
Est-ce  pour  faire  outrage  à  ta  captivité 

Que  ces  nobles  fleurs  sont  écloses? 
• 

Le  Laurier-rose,  malgré  sa  beauté,  n'en  est  pas  moins  une  Apocynée,  c'est-à-dire  un 
végétal  vénéneux  j  ses  feuilles  étaient  usitées  autrefois  contre  les  affections  dartreuses 
invétérées. 

L'Alstonia  scholaire  (Alstonia  scholuris)  est  un  arbre  de  l'Inde,  dont  l'écorce  araère, 
nommé  Pa/a,  possède  des  vertus  analogues  à  celles  de  la  Gentiane  ;  son  bois  blanc  et  tendre 
est  employé  à  divers  usages;  il  fournit  les  tablettes  sur  lesquelles  les  enfants  malais  écrivent 
dans  leurs  écoles;  ils  effacent  ensuite  les  lettres  qu'ils  y  ont  tracées  en  frottant  le  bois  avec 
les  feuilles  rudes  de  la  Plante.  —  Le  Wrightia  anii-dysenterica  croît  dans  l'Asie  et  la  Nou- 
velle-Hollande; son  écorce,  nommée  palapatta^  est  célèbre  dans  les  Indes  à  cause  de  ses 
propriétés  astringentes,  qui  la  font  administrer  dans  les  diarrhées  et  les  dysenteries;  elle 
commence  à  se  répandre  en  Europe.  —  Dans  le  W.  tinctorial  (  W.  tirictor ta) ,V écorce 
est  inerte,  mais  les  feuilles  fournissent  une  couleur  semblable  à  l'indigo. 

Nous  terminerons  l'histoire  des  Apocynées  par  celle  du  Roupbl lia  agrêabce  (Rou- 
pellia  grata)y  arbrisseau  sarmenteux,  venu  de  l'Afrique  tropicale  en  Angleterre,  %i  dont  le 
nom  générique  a  été  changé  de  Strophantus  en  Roupellia,  pour  honorer  une  famille  anglaise 
qui  a  rendu  et  rend  encore  des  services  à  la  Botanique.  Le  R.  a  g  ré  arlb.  doit  son  nom  spéci- 
ûque à  la  nature  de  son  fruit  appelé  Fruit  à  crème  {Cream- fruit)  par  les  colons  anglais  de 
Sierra-Leone  ;  mais  on  ne  sait  pas  au  juste  si  ce  nom  a  pour  but  de  désigner  lest  propriétés 
alibiles  ou  seulement  l'apparence  laiteuse  du  fruit;  et  quand  l'arbre  quia  fleuri  pour  la  première 
fois  en  184^5,  dans  les  serres  anglaises,  donnera  des  ovaires  murs,  il  sera  prudent  de  répéter. 


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IW  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

comme  it  faut  le  faire  devant  toutes  les  Apocynées,  le  précepte  des  anciennes  Écoles  :  in  dubio 
abstine,  dans  le  doute  abstiens-toi. 

Famille  XVP.  —  ASCLÉPIADÉES. 

( Apocynées  (en partie),  deJi(ssieu, — Asclépiadées,  ùeJacquin. — Asclépiadacéks, 

de  Lindley). 

CARACTÈRE.  —  Corolle  monopétale,  hypogyne,  régulière,  à  préfloraison  contournée 
ou  valvaire,  —  ëta MINES  insérées  sur  la  corolle^  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  lobes,  ordi- 
nairement cohérentes  en  tube.  —  Pollen  agglutiné  en  masses.  —  Pistil  à  deux  carpelles; 
fruit  composé  de  deux  follicules. — Graine  à  plantule  dicotylédonée,  a/^wiViee.— Feuilles 
sans  stipules;  suc  laiteux. 

Les  Asclépiadées  ont  reçu  leur  nom  du  Genre  Asclepias,  dédié  à  Esculape  :  ce  sont  des 

arbrisseaux,  quelquefois  des  herbes,  souvent 
volubiles,  lactescents  pour  la  plupart  j  la  tige 
et  les  rameaux  sont  cylindriques,  à  articu- 
lations noueuses,  quelquefois  charnus.  Les 
feuilles  sont  généralement  opposées  (rudi- 
mentaires  dans  les  Espèces  à  tige  charnue), 
pétiolées,  simples,  entières,  dépourvues  de 
stipules,  mais  quelquefois  munies  de  soies  qui 
en  tiennent  lieu.  Les  fleurs  sont  complètes, 
disposées  en  ombelles  ou  en  fascicules,  ou 
en  cymes,  ou  en  grappes,  rarement  soli- 
taires. Le  calyce  est  libre,  a  cinq  divisions, 
imbriquées  dans  la  préfloraisQn.  La  corolle, 
«insérée  sur  le  réceptacle,  est  campanulée, 
ou  urcéolée,  ou  hypocratériforme,  ou  ro- 
tacée;  son  tube  est  muni  d'écaillés  à  la 
gorge.  Les  étamines,  au  nombre  de  cinq, 
insérées  au  fond  de  la  corolle,  alternent 
avec  ses  divisions;  les  filets  sont  générale- 
ment soudés  en  un  tube  entourant  Tovaire, 
et  munis  derrière  Tanthère-d'une  couronne 
d'appendices  pétaloïdes;  les  anthères  sont 
extrorses,  à  deux  loges,  quelquefois  par- 
tagées en  deux  logettes  *,  chaque  loge  ou  lo- 
AscLiPiAoi  DB  DoioLAs.  geUc  renfcrmc  une  masse  de  pollen  agglu- 

(Âêcleptaê  Douglaêii.)  °  '^  ., 

tiné,  fusiforme,  enveloppée  d'une  matière 
huileuse  ;  ces  masses  réunies  par  paires,  appartenant  chacune  aux  deux  anthères  voisines, 
se  fîxent  à  des  appendices  glanduleux  du  stigmate.  Les  carpelles  sont  distincts,  ou  légère- 
ment cohérents  à  leur  base  ;  les  ovules  sont  pendants,  réfléchis  ;  les  styles  sont  continus  avec 
les  ovaires,  étroitement  juxta-posés,  et  réunis  par  un  stigmate  commun  ;  le  stigmate  est  penta- 
gone, ou  déchiqueté,  ordinairement  terminé  par  une  masse  épaisse  à  cinq  angles,  qui  alternent 
avec  les  anthères.  Le  fruit  est  composé  de  deux  follicules^  dont  Tun  avorte  souvent.  Les 
graines  sont  nombreuses,  comprimées,  imbriquées  de  haut  en  bas;  la  plantule  est  droite  dans 
Taxe  d'un  albumen  charnu,  très-rarement  nul;  la  radicule  est  supère. 


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ASCLÉPIADÉES.  145 

Sous-Famillb  1.  — PÉRIPLOCÉES.—  FileU  distincts;  anthères  à  Uk  loges;  masses 
polliniques  {pMinies)  5-20,  granuleuses,  solitaires  ou  quaternées  sur  les  saillies  du  stigmate. 


Pébiploca. 


Periplocch. 


Sous-Famillb  2.  —  SÉGAMONÉES. —Filète  cohérents;  anthères  à  4  loges;  masses 
polliniques  {poUinies)  20,  lisses,  quaternées  sur  le  sommet  des  saillies  du  stigmate. 


Sécamone. 


Secamone. 


Gymnanthèbe. 


Gymnanthera. 


Sous-Famille  3.  —  ASCLÉPIADÉES  VRAIES.  —  Filets  cohérente;  anthères bilo- 
culaires;  masses  polliniques  (poUinies)  10  fixées  par  paires  aux  saillies  dû  stigmate,  qui  sont 
marquées  d'un  sillon  longitudinal.  * 


TWEBDIA. 

Tweedia. 

GOïfOLOBB. 

Gonolobus. 

Philibertia. 

PhUibertia, 

Gymnema. 

Gymnema. 

Ctnauque. 

Cynanchum. 

Ttlophore. 

Tylophora. 

DOMPTSVElilIf. 

Vincetoxicum. 

Gentrostemiia. 

C^trostemma 

Solenostevha. 

Solenostemma. 

HOYA. 

Hoya, 

Arauja. 

Arauja. 

M<BSD£NIX. 

Marsdenia, 

Calotropis. 

Calotropis. 

Stephanotis. 

Stephanotis. 

OXTSTELMA. 

Oxystelma. 

Geropegia. 

Ceropegia. 

Gomphocarpe. 

Gomphocarpus. 

BlICEROSIA. 

Bucerosia^ 

ASCLÉPIADE. 

Asclepias. 

Stapélie. 

Stapelia. 

AFFINITÉ.  — Les  Asclépiadées  se  lient  étroitement  aux  Apocynées  par  Tintermédiaire 
des  Périplocées;  elles  s'en  éloignent,  ainsi  que  des  autres  familles,  par  la  singulière  structure 
des  organes  reproducteurs,  et  les  merveilleux  phénomènes  de  la  fécondation. 

Cette  fécondation,  tout  exceptionnelle,  qui  s'observe  aussi  dans  les  Orchidées,  Famille 
de  Plantes  monocotylédones,  est  facile  à  étudier  sur  les  Espèces  du  Genre  Asclepias  :  les 
5  anthères  biloculaires  sont  libres,  introrses,  et  s'appliquent  contre  les  côtés  d'un  stigmate  à 
5  angles  arrondis;  chaque  loge  renferme  une  masse  de  pollen,  dont  les  grains  sont  pourvus 
d^une  seule  membrane,  et  se  tiennent  intimement  unis  :  à  chaque  angle  du  stigmate,  entre 
chaque  paire  d'étamines ,  naissent  deux  corpuscules  visqueux ,  nommés  rétinacles  :  de  ces 
petits  corps  partent  deux  rigoles,  qui  descendent  vers  les  anthères,  et  aboutissent  aux  deux 
loges  contiguës  de  deux  anthères  voisines  ;  dans  ces  rigoles  découle  une  substance  molle  et 
visqueuse,  qui  prend  sa  source  dans  les  rétinacles,  et  parvient  aux  masses  polliniques;  bientôt 
les  deux  corpuscules  visqueux  s'unissent ,  se  solidifient  ;  la  matière  molle  émanée  d'eux  se 
solidifie  aussi,  et  devient  un  double  filet,  qui,  en  se  concrétant,  tire  à  lui  les  deux  masses 
polliniques  qu'il  a  happées ,  et  qui  appartiennent  à  deux  anthères  différentes  :  ces  deux 
masses ,  extraites  de  leurs  loges ,  restent  suspendues  aux  filets ,  comme  les  plateaux  d'une 
balance  sont  suspendus  à  leur  fléau. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Asclépiadées  occupent  les  mêmes  contrées  que  les  Apocynées: 
elles  croissent  surtout  dans  les  régions  tropicales  et  subtropicales  ;  elles  habitent  le  nouveau 
continent  en  deçà  de  l'équateur,  l'ancien  continent  entre  le  59*  parallèle  boréal  et  le  58*  parallèle 
austral. LesEspècesà tige  charnueappartiennenttoutesàrancien  continent,  etsurtout  au  Cap, 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —  Les  propriétés  des  Asclépiadées  résident  dans  un 
suc  laiteux  acre,  qui  contient  des  principes  vomitifs  :  aussi  plusieurs  Espèces  sont-elles  les 
succédanées  de  ripécacuanha  ;  quelques-unes  sont  purgatives  et  anthelmintiques  ;  quelques 
autres  sont  rangées  parmi  les  stimulants. 


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146  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

LeCALOTROPis  GiGANTBSQUB  ( C.  gigautea) ^  arbrisseau  de  Tlnde,  contient  un  suc 
amer,  qui  a  Todeur  vireuse  de  Topium  ;  Técorce  de  la  racine,  connue  sous  le  nom  de  Mudar^ 
Mador,  Akum^  est  rougeâtre,  blanche  intérieurement,  et  renferme  une  substance  extractive, 
nommée  mudarine ,  très- violent  émétique ,  qui  est  employé  avec  une  grande  confiance  chez 
les  Indiens,  dans  plusieurs  affections  nerveuses,  dans  la  goutte,  dans  V éléphant iasis  (maladie 
tropicale  caractérisée  par  des  taches  livides,  auxquelles  succèdent  des  tumeurs  indolentes 
développées  dans  le  tissu  cellulaire,  et  grossissant  les  doigts  et  les  orteils) ,  contre  la  morsure 
des  animaux  venimeux,  et  enfin  pour  le  traitement  des  fièvres  intermittentes.  Les  feuilles  sé- 
crètent, dit-on,  une  espèce  de  meinrie.  Cette  Plante  est  cultivée  dans  les  serres  chaudes  de  TEurope, 
où  elle  montre,  en  août,  des  fleurs  terminales,  grandes,  blanches,  lavées  de  pourpre  lilas. 

Le  Dompte-venin  (  Vincetoxicum  officinale)  est  une  Plante  indigène,  qui  croît  aussi  dans 
plusieurs  contrées  de  l'Europe  et  de  TAsie  ;  sa  racine  est  douée  d'une  odeur  particulière,  ana- 
logue au  camphre  ;  elle  était  jadis  renommée  comme  émétique  et  sudorifique  puissant  ;  au- 
jourd'hui, elle  est  bannie  des  officines.  Les  chimistes  en  ont  retiré  un  principe  immédiat, 
qu'ils  ont  nommé  asclépiadine. 

Le  suc  épaissi  de  plusieurs  Asclépiadées  fournit  quelques-uns  de  ces  médicaments  résineux 
purgatifs  connus  sous  le  nom  de  Scammonée,  La  Scammonée  d'Antioche  se  prépare  avec  le 
suc  jaunâtre  du  Secamone  alpina;  on  pense  que  la  Scammonée  de  Montpellier  est  le  suc  du 
Cynanque  de  Montpellier  {Cynanckum  Montpeliense) ,  mêlé  à  d'autres  substances  résineuses  ; 
le  Secamone  emetica,  Plante  indienne,  remplace,  en  Asie,  l'Ipécacuanha.  Plusieurs  Asclépiades 
sont  employées  au  même  titre ,  sous  le  nom  d'Ipécacuanha  bâtard ,  dans  TAmérique  boréale 
et  aux  Antilles  ;  quelques-unes  d'entre  elles  possèdent  en  outre  des  propriétés  diaphorétiques 
et  expectorantes.  Les  principales  Espèces  de  ce  Genre,  cultivées  dans  nos  jardins,  sont 
TAscLépiADE  INCARNATE  [Asclcpias  incamata) ,  belle  plante  vivace  de  la  Virginie,  haute 
de  3  à  &>  pieds,  dont  les  fleurs  sont  d'un  rouge  pourpre,  et  sentent  la  Vanille;  l'A.  AGRéABLB 
{A.  amœna) ,  Espèce  vivace  de  l'Amérique  septentrionale,  cultivée  en  pleine  terre ,  dont  les 
fleurs  sont  plus  grandes  et  moins  colorées;  l'A.  de  Cornutus  (A.  comuti)  (autrefois 
nommée  Syriaca,  mal  à  propos,  parce  que  toutes  les  Espèces  sont  américaines) ,  à  feuilles 
larges,  épaisses,  cotonneuses;  à  fleurs  blanches,  lavées  de  rougeàtre,  penchées,  odorantes; 
les  houppes  de  poils  soyeux  qui  enveloppent  les  graines  sont  plus  longues  que  dans  les  autres 
Espèces,  de  là  le  nom  d'Herbe  à  la  ouate;  l'A.  de  Curaçao  (A.  Curassavica) ,  sous-arbris- 
seau des  Antilles,  dont  les  fleurs  sont  d'un  rouge  safran,  etc.,  etc.  —  L'A.  de  Douglas 
(A.  Douglasii)  est  une  belle  Espèce  découverte  il  y  a  peu  d'années  par  Douglas  dans  les  Mon- 
tagnes Rocheuses,  et  introduite  en  Europe  depuis  cinq  ans  seulement  ;  elle  peut  être  cultivée 
en  pleine  terre;  ses  tiges  sont  simples,  laineuses;  ses  feuilles  opposées  ou  temées,  longues  de 
6-8  pouces;  les  ombelles  sont  multiflores,  la  oorMertsi  grande  et  d'un  blanc  rosé. 

Les  Gomphocarpes  (Gompkocarpus)  doivent  leur  nom  générique  (qui  signifie  fnUt 
chargé  de  clous)  aux  pointes  dont  sont  hérissés  les  follicules  :  le  G.  crép  u  (G.  crispas)  est  une 
Plante  du  Cap,  dont  la  racine  est  émétique  ;  le  G.  ligneux  (G.  fruticosus),  que  l'on  cultive 
en  serre  tempérée,  est  originaire  de  Tunis  ;  ses  feuilles  sont  linéaires-lancéolées  comme  celles 
du  Saule  ;  ses  fleurs  sont  blanches. 

L'Hémidesme  indien  (Hemidesfnum  indicum)  est  un  arbrisseau  volubile,  à  fleurs  petites, 
charnues,  dans  lesquelles  les  filets  des  étamines  ne  sont  cohérents  que  par  leur  moitié  infé- 
rieure (de  là  le  nom  générique,  signifiant  demi-soudure);  la  racine,  nommée  nunnariy  a  les 
vertus  dépuratives  de  la  Salsepareille,  et  est,  à  cause  de  ces  propriétés,  nommée  Salsepareille 
de  l'Inde,  Les  Anglaisqui  habitent  ce  pays  la  mettent  au  rang  des  sudorifiques  les  plus  efficaces. 

LeSoLÉNOSTEMMA  ARGUEL  (Solenostcimna  arghel)  a  des  feuilles  amères,  que  Ton  mêle 
avec  celles  du  Séné  d'Alexandrie;  elles  sont  ovales-lancéolées,  plus  épaisses,  plus  roides, 
plus  pâles ,  moins  veinées  que  les  feuilles  du  Séné  ,  et  leur  surface  est  soyeuse-pubescente  ; 
elles  purgent  plus  énergiqucment  que  le  Séné ,   mais  elles  causent  des  coliques.  —  Le 


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ASCLÉPIADÉES.  ^  U7 

nom  générique  de  cette  Plante  vient  de  la  forme  tubuleuse  de  la  couronne  terminale. 
Le  PÉRiPLocA  GREC  {Petiploca  grœca),  arbrisseau  de  20  à  25  pieds,  à  rameaux  volubiles 
(periploca  est  un  mot  signifiant  roulé  autour),  contient  un  suc  très -acre,  que  les  Orientaux 
emploient  pour  empoisonner  les  loups ,  on  le  cultive  en  Europe  pour  en  garnir  des  berceaux; 
ses  fleurs  sont  d'un  pourpre  noirâtre ,  et  exhalent  une  mauvaise  odeur.  On  cultive  aussi  pour 
le  même  usage  le  P.  afeuillbs  étroites  (P.  angusti folio)  haut  de  4-  à  5  pieds,  à  fleurs 
pourpres  intérieurement,  marquées  d'une  tache  blanche  dans  leur  milieu. 

LeGoNOLOBE  A  LONGUES  FEUILLES  (  Gonolobus  macTophyllus  )  est  un  sous-arbrisseau 
volubile  de  FAmérique  septentrionale,  à  fleurs  dont  la  couronne  staminale  est  anguleuse.  Les 
indigènes  enveniment  la  pointe  de  leurs  flèches  en  la  trempant  dans  le  suc  de  cette  Plante. 

Les  feuilles  de  quelques  Espèces  sont  douces ,  et  peuvent  être  mangées  comme  légumes  ; 
telles  sont  plusieurs  A sclépiades  d'Amérique ,  et  I'Oxystelma  comestible  ( Oxystelma 
esculentum),  sous-arbrisseau  des  Indes  orientales.  Le  Gtmnéiia  l  actif  ère  (Gymnema 
lactiferum)  fournit  un  lait  alibile  aux  habitants  de  Ceylan.  Les  fleurs  de  ÏAsclepias  cornuti , 
dont  nous  avons  parlé ,  contiennent  une  abondante  quantité  de  nectar ,  et  leur  décoction 
fournit  un  extrait  brun,  très-sucré.  —  Plusieurs  possèdent  des  fibres  dont  on  tire  parti,  et 
qui  sont  plus  tenaces  que  celles  du  Chanvre  :  tels  sont  le  Marsdenia  tenacisstma  et  VOrthan- 
thera  viminea,  —  La  houppe  soyeuse  des  semences  est ,  dans  quelques  pays ,  mêlée  avec  le 
coton  et  la  soie.  —  Les  feuilles  du  Marsdenia  tinctoria  et  du  Gymnema  tingenSj  Plantes  in- 
diennes ,  fournissent  une  couleur  d'un  beau  bleu. 

11  nous  reste  à  énumérer  rapidement  quelques  autres  Asclépiadées ,  cultivées  dans  les 
jardins.  —  LcTweedia  bleu  {Tweedia  cœrulea)  est  un  sous-arbrisseau  de  la  Chine,  volu- 
bile, à  feuilles  molles,  soyeuses,  à  fleurs  bleues,  disposées  en  grappes.  — Le  Philibertia 
grandi flora ,  arbrisseau  grimpant  de  l'Amérique  tropicale,  a  des  fleurs  nombreuses, 
disposées  en  ombelles  axillaires;  la  coroUe  est  large,  en  patère;  le  limbe  est  à  cinq 
divisions  panachées  et  rayées  de  pourpre  sur  un  fond  jaunâtre.  —  L'A  rauja  blanchâtre 
(Arauja  albens)  est  un  arbrisseau  du  Brésil,  grimpant,  long  de  12  à  15  pieds,  à  feuiUes  blanches 
en  dessous,  un  peu  ondulées  sur  les  bords,  à  pédoncules  multiflores;  sa  corofle  est  blanche^ 
lavée  de  rose,  odorante,  à  limbe  crispé  ;  elle  fleurit  tout  l'été,  et  passe  l'hiver  en  pleine  terre 
dans  le  midi  et  dans  l'ouest  de  la  France. 

Le  Genre  Tylophore  (  Tylophora)  comprend  des  Espèces  volubiles,  habitant  les  régions 
tropicales  de  TAsie,  de  l'Afrique  et  de  la  Nouvelle-Hollande,  et  que  nous  cultivons  en  serre 
chaude  :  le  T.  j  aunatr  e  (T.  Intescens)  (PI.  IX)  est  un  arbrisseau  s'élevant  à  plus  de  20  pieds^ 
à  rameaux  rouges  dans  le  jeune  âge;  les  feuilles  sont  amples^  longues  de  6  à  7  pouces^  sur 
3  de  largeur;  les  pédoncules  sont  flexueux  et  portent  Z-h  fleurs,  grandes,  jaunes  à  la  naissance 
de  chaque  courbure. 

Le  Cbntrostemma  coriace  ( Cenirostemma  coriacea )  est  un  sous-arbrisseau  de  Java , 
volubile,  à  feuilles  veinées,  à  ombelles  multiflores;  la  couronne  staminale  a  ses  folioles  épe- 
runnées  à  la  base  et  aiguës  au  sommet;  de  là  le  nom  de  Centrostemina,  donné  par  M.  Decaisne 
à  cette  Espèce,  qu'il  a  retirée  du  Genre  Boya ,  où  la  couronne  staminale  ne  présente  pas  ce 
caractère.  LeH.  charnu  (B.  camosa)  est  une  Espèce  d*Asie,  grimpante,  et  munie  de  cram- 
pons qui  lui  servent  à  s'attacher ,  et  favorisent  son  ascension;  les  feuilles  sont  charnues,  les 
fleurs  sont  disposées  en  ombelles  pendantes,  nombreuses  et  multiflores;  la  corolle  est  blanche, 
teinte  de  rose,  épaisse,  et  luisante  comme  de  la  porcelaine.  Cet  arbuste  décore  merveilleuse- 
ment nos  serres  chaudes.  On  a  signalé  Vhéliotropisme  de  ses  pédoncules,  qui  suivent  le  soleil 
dans  sa  route  diurne. — Le  Siephanotis  floribunda,  qui  nous  vient  de  Madagascar,  est  ligneux, 
volubile;  ses  fleurs  sont  blanches,  durent  longtemps,  et  répandent  une  odeur  analogue  à 
celle  de  la  Tubéreuse.  Les  Ceropegia  sont  des  Plantes  grimpantes  de  Tlnde,  qui  ornent  les 
serres  chaudes,  et  dont  quelques-unes  peuvent  être  cultivées  en  serre  tempérée;  leur  racine  est 
tubéreuse;  leurs  fleurs  sont  disposées  en  ombelle  pauciflore  ou  multiflore. 


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ikS  HISTOIRE  DES   FAMILLES. 

Les  BucÉROSiA^  ainsi  nommés  à  cause  des  lobes  extérieurs  de  la  couronne  staminale, 
subulés  et  courbés  comme  des  cornes  de  bœuf,  sont  des  herbes  indiennes,  charnues,  sans 
feuilles,  droites,  tétragones  ;  les  fleurs  sont  nombreuses,  en  ombelle  terminale. 

Le  Genre  Stapélia,  dédié  par  Linné  à  Stapel,  savant  hollandais,  renferme  de  nom- 
breuses Plantes,  toutes  du  Gap,  charnues,  et  dépourvues  de  feuilles  ;  les  fleurs  sont  belles  dans 
la  plupart  des  Espèces  de  ce  Genre,  mais  elles  exhalent  une  odeur  nauséeuse  de  chair  corrom- 
pue ou  de  matières  stercorales:  telle  est  la  Stapélie  velue  (Stapélia  Azr^u/a),  Plante 
vivace  haute  d'un  pied  et  demi,  toujours  verte,  à  tiges  quadrangulaires  et  pyramidales,  d'où 
naissent  des  fleurs  larges  de  trois  pouces,  à  pétales  oblongs,  épais,  velus,  ayant  une  couleur 
de  lie  de  vin,  et  répandant  une  odeur  fétide. 


Famille  XVIP.  —  GENTIANÉES. 

(Gentianées,  de  Jussieu. — Gentianacées,  deLindley,) 

CARACTÈRE.  —  Corolle  hypogyne  monopétale  régulière,  4-5-6-8-/îcfe ,  à  préfioraison 
contournée  ou  induplicative.  Et  ami  NES  insérées  sur  la  corolle ,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses 
divisions.  Pollen  granuleux.  Ovaire  à  une  loge,  rarement  à  deux  ou  quatre  loges  incom- 
plètes. Fruit  capsulaire.  Graine  à  plantule  dicotylédonée,  albuminée.  Feuilles  sans 
stipules;  suc  aqueux. 

Les  Gentianées  doivent  leur  nom  à  leur  principal  Genre,  Gentiana,  lequel  vient  de  Gentius, 

roi  dTllyrie,  qui,  le  premier,  fit  connaître  ou 
éprouva  par  lui-même  les  vertus  de  la  Gen- 
tiane. Ce  sont  des  Plantes  herbacées,  an- 
nuelles ou  vivaces,  très-rarement  ligneuses, 
quelquefois  volubiles,  très-glabres,  rarement 
à  poils  glanduleux  ou  visqueux.  Les  feuilles 
sont  opposées  ou  verticillées  (quelquefois 
alternes),  sans  stipules.  Les  flem^  sont  com- 
plètes, généralement  régulières,  à  inflores- 
cence très-variée;  le  calyce  est  persistant,  à 
4-5,  rarement  6-8  sépales,  libres  ou  cohé- 
rents, dont  la  préfloraison  est  contournée  ou 
valvaire.  La  corolle,  insérée  sur  le  récep- 
tacle, est  en  entonnoir,  ou  en  patère,  ou 
en  roue  ;  la  gorge  est  nue,  ou  munie  d'un 
anneau  frangé.  Les  étamines  sont  alternes, 
avec  les  lobes  de  la  corolle;  les  filets  sont 
libres;  les  anthères  sont  introrses;  le  pistil  se 
compose  de  deux  carpelles  cohérents  ;  To- 
vaire  est  uniloculaire  par  suite  de  la  cohé- 
rence des  carpelles  bords  à  bords,  ou  de  leur 
introflexionpeu  considérable;  quelquefois  ils 
se  replient  presque  j  usqu'au  centre,  et  Tovaire 
parait  biloculaire,  quelquefois  ils  se  séparent, 
I.  lisukthk  élanc*.         2.  PnirosA  HooKiuAiiA.         gt  Tovaire  paraît  quadriloculaire,  rarement 

{Euttoma  Mtaltatum.)  r  ^  j 

ils  se  rejoignent  à  Taxe  de  la  fleur,  et  alors 
l'ovaire  est  à  deux  loges  complètes.  Les  ovules  sont  nombreux,  plurisériés,  réfléchis;  le  style 


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PI.  XI. 


(  Hhauiué*?».  > 


(  Smilacinées  )  Imp  Thitny  frùtu ,fuis . 


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GENTIANÉES. 


149 


est  rarement  nul  ;  le  stigmate  est  presque  toujours  bifide.  Le  fruit  est  une  capsule  unilo- 
culaire  ou  plus  ou  moins  complètement  biloculaire^  à  valves  ordinairement  placentifères  sur 
leurs  bords;  quelquefois  les  placentaires  sont  libres;  quelquefois^  mais  rarement,  la  capsule  est 
légèrement  charnue  et  presque  inhéhiscente.  Les  graines  sont  petites  ;  la  plantule  est  minime 
à  la  base  d'un  albumen  charnu,  abondant  ;  la  radicule  est  voisine  du  bile. 


Sous-Famille  1.  —  GENTIANÉES  VRAIES.— Divisions  de  la  corolle  à  préfloraison 
contournée;  albumen  remplissant  la  cavité  de  la  graine. 


Gektume. 

Gentiana. 

Erythrée. 

Erithrœa. 

SWMTIE. 

Swertia. 

Sabbaha. 

Sabbatia. 

Agathotes. 

Agathotes. 

Chlobe. 

Chlora. 

Fbaséra. 

Frasera. 

LiSlANTHE. 

Listant  hus. 

Cqibonie. 

Chironia. 

Eustoma. 

Eustoma. 

OUPBIUM. 

Orphium. 

COUTOUBEA. 

Coutoubea. 

EXACUM. 

Exacurn. 

Tachia. 

Tachia. 

ClCEKDlA. 

Cicendia. 

Sous-Famillb 

2.  —  MÉNYANTHÉES. 

—  Préfloraison  de  la  corolle    induplicative  ; 

albumen  plus  petit  que  la  cavité  de  la  graine. 


MlKTARTHE. 


Ményanthes. 


I         ViLLARglE. 


Villarsia. 


AFFINITÉ.  —  Les  Gentianées  offrent  une  affinité  évidente  avec  les  autres  familles  de  leur 
classe  [Jasminées ,  Oléinées,  Loganiacées ,  ApoeynéeSy  Asclépiadées)  ;  mais  elles  en  diffèrent, 
tant  par  la  structure  de  l'ovaire  et  du  fruit  que  par  celle  de  la  graine,  à  plantule  minime;  elles 
s'en  distinguent  aussi  très-nettement  par  une  physionomie  particulière,  qu'elles  doivent  à  leurs 
feuilles,  engainantes  à  la  base ,  et  dépourvues  de  stipules.  Elles  ont  un  rapport  réel  avec  les 
Apocynées ,  dont  elles  s'éloignent  par  leur  suc  aqueux ,  leurs  anthères  libres ,  leurs  carpelles 
toujours  cohérents,  et  leurs  graines  dépourvues  de  houppe  soyeuse. 

L'aspect  des  oignes  de  la  végétation  offre  une  analogie  éloignée  avec  les  Polémoniacées, 
quelques  Antitrhinées,  les  Caryophy liées  et  les  Hypéricinées, 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Gentianées  ont  besoin  d'une  lumière  abondante;  il  faut  aux  unes 
un  sol  humide,  aux  autres  un  sol  calcaire  sec  ;  quelques  Espèces,  en  petit  nombre,  demandent 
une  station  tout  aquatique.  Elles  aiment  donc  les  prés  et  les  pâturages,  et  fuient  les  lieux 
sablonneux,  cultivés,  les  bois  et  les  forêts;  elles  ne  sont  exilées d'aucim  climat;  on  les  rencontre 
répandues  sur  toute  la  surface  du  globe  ;  et  quoique  plus  abondantes  entre  les  tropiques,  elles 
ne  peuvent  cependant  être  rangées  parmi  les  Familles  exclusivement  tropicales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Gentianées  doivent  leurs  propriétés  médicales  à  une 
substance  amère  colorée,  que  les  chimistes  ont  nonmiée  Gentianin^  et  à  laquelle  s'unissent, 
dans  la  plupart  des  Espèces,  un  acide  particulier,  un  principe  volatil  odorant,  une  huile  fixe, 
une  matière  glutineuse,  de  la  gomme  et  du  sucre.  Ces  Plantes  occupent  un  rang  distingué 
parmi  les  médicaments  amers,  que  nous  avons  nonmiés  toniques  névrosthéniques  ;  à  leur  tête 
est  la  Gentiane^  dont  l'usage  remonte  au  delà  de  l'ère  chrétienne.  Sa  racine  est  d'une  amer- 
tume extrême  ;  elle  ne  contient  ni  acide  gallique,  ni  tannin  :  aussi  n'est-elle  nullement  astrin- 
gente; mais  elle  produit  d'excellents  effets  dans  les  convalescences  difficiles,  où  les  fonctions 
de  la  vie  végétative  restent  languissantes;  on  l'a  vantée  dans  le  traitement  de  la  goutte;  non 
qu'elle  puisse  combattre  cette  maladie,  mais  elle  agit  comme  tonique  pour  rendre  la  vigueur 
aux  organes  de  la  digestion  et  de  l'assimilation,  qui  ont  été  profondément  débilités  pendant 

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150  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

les  accès  de  goutte  inflaramatoire.  Ses  propriétés  fébrifuges  sont  contestables,  et  si  les  fièvres 
intennittentes  vemales  ont  cessé  après  remploi  de  la  Gentiane,  cette  coïncidence  ne  prouve 
rien,  puisque  ces  maladies  se  guérissent  d'elles-mêmes  sans  le  secours  ^e  la  médecine.  Son 
action  est  moins  douteuse  dans  le  traitement  des  affections  lymphatiques,  où  on  l'administre 
sous  forme  d'extrait  ou  de  teinture  spiritueuse. 

Ce  que  nous  venons  dédire  s'applique  également  à  deux  Espèces  indigènes,  la  G.  jalne 
{G.  iutea)ei  la  G.  de  Hongrie  (G.  Pawnomca).  La  G.  j  a  u  n  b  croit  dans  les  prés  elles 
pâturages  secs  des  régions  subalpines;  elle  préfère  les  terrains  calcaires  aux  terrains  grani- 
tiques; la  G.  DE  HoN  GRi  R,  nommée  aussi  G.  rouge,  ne  se  rencontre,  ni  en  Suisse,  ni  dans 
les  Pyrénées;  mais  on  la  trouve  communément  dans  les  hautes  prairies  du  Dauphiné,  de  la 
Savoie,  du  Piémont,  des  Alpes  Noriques,  de  la  Hongrie  et  de  la  Transylvanie.  La  Gentiane 
jaune,  malgré  l'ancienneté  de  son  usage,  a  été  employée  plus  tard  que  la  G.  rowgr^;  aujour- 
d'hui on  les  emploie  indifféremment.  Quant  aux  autres  Espèces  du  même  Genre,  jadis  usitées 
comme  possédant  les  mêmes  propriétés,  mais  à  un  moindre  degré,  la  difficulté  d'en  faire  des 
approvisionnements  suffisants  les  a  fait  rejeter  des  pharmacies.  On  mêle  cependant  aux  deux 
Espèces  officinales  que  nous  venons  de  citer,  les  racines  de  la  G.  Purpurine  (G.  purpurea ), 
et  de  la  G.  PONCTUÉE  [G.punctata);  les  montagnards  des  Alpes  distillent  avec  les  racines 
fraîches  de  ces  deux  dernières  et  de  la  G.  jaune  une  liqueur  alcoolique  (enzian-Branntwein), 
dont  ils  font  usage  comme  d'un  spécifique  fortifiant. 

Nous  ne  devons  pas  cependant  passer  sous  silence  quelques  Gentianes  abandonnées  par  la 
médecine,  et  dont  la  racine  est  employée  quelquefois  chez  les  gens  de  la  campagne,  ou  débitée 
far  les  charlatans.  Ce  sont  la  G.  asclépiade  [G.  asclepiadea] ^  la  G.  pneumonanthe 
(C.  pneumonanthe),.  la  G.  a  tige  courte  (G.  acaulis),  la  plus  amère  de  toutes  les 
Espèces,  la  Gentianellb  (G.  amarella  ,  la  G.  des  champs  G.campestris),\hG.  prin- 
TANiÈRE  [G.  vema). 

La  G.  croisette(G.  cruciata]  nommée  dans  les  officines  petite  Gentiane,  était  autrefois 
employée  fréquemment  comme  fébrifuge  et  anthelmintique,  et  comptée  au  nombre  des  Mdné- 
raires.  Sa  racine  était  en  outre  recommandée  chez  les  anciens  contre  la  peste ,  la  morsure  des 
animaux  venimeux,  et  surtout  celle  des  chiens  enragés  ;  aujourd'hui  encore,  on  la  fait  boire  en 
poudre,  délayée  dans  du  vin,  et  on  la  regarde  comme  le  remède  unique  et  infaillible  de 
l'hydrophobie  ;  mais  ce  remède  ne  réussit  pas  mieux  que  cent  autres,  vantés  comme  spécifiques 
dans  cette  terrible  maladie,  et  préconisés  par  les  sots  ou  les  fripons. 

La  G.  SAPONAIRE  (G.  saponaria),  la  G.  de  catbsbt(G«  catesb(ea),\si  G,  jaunâtre 
(G.  ochroleuca] ,  sont  des  Espèces  indigènes  de  l'Amérique  septentrionale,  usitées  dans  leur 
patrie  au  même  titre  que  celles  de  l'Europe.  Les  habitants  de  l'Amérique  du  Sud  emploient,  à 
défaut  de  Gentiane,  les  Espèces  des  Genres  Lisianthe,  Tachia  et  Coutoubea.  —  Le  Tachia 
DE  LA  GUYANE  [Tachia  guianensis)  est  un  arbrisseau  haut  de  six  pieds,  à  rameaux  quadran- 
gulaires  noueux,  à  feuilles  opposées,  dans  l'aisselle  desquelles  naissent  des  fleurs  solitaires, 
jaunes;  la  racine  est  très-amère,  recouverte  d'une  écorce  fine  et  blanche,  qui  la  fait  ressembler 
au  Quassia,  et  lui  a  valu  son  nom  populaire  de  Quassia  de  Para,  sous  lequel  on  la  désigne 
dans  le  commerce. — Quelques  Espèces  du  Genre  Lisianthe  [Lisianthus)  ont  été  introduites 
dans  les  serres  européennes,  mais  seulement  comme  plantes  ornementales.  Tel  est  le  L.  é  l  a  n  c  é 
[Eitstoma  exaltatum),  dont  la  fleur  a  son  limbe  étalé  en  roue,  de  couleur  lilas,  et  offre  au 
centre  de  la  corolle  une  tache  d'un  pourpre  violacé  (de  là  le  nom  de  eustoma,  signiflant  belle 
^wcAé»)  ;  tel  est  encore  le  L.  a  belles  pleurs  [L.  pxdcher)  (P.  IX; ,  dont  les  corolles,  d'un 
riche  carmin,  infundibuliformes  et  un  peu  irrégulières,  sont  attachées  à  des  pédoncules  longs  et 
grêles,  qui  donnent  à  la  plante  un  port  trèsr gracieux. 

Parmi  les  Gentianées  asiatiques,  ïAgathotes  chirayta,  qui  naît  sur  les  monts  Hymalaya, 
tient  le  premier  rang  pour  les  vertus  médicales.  La  souche,  très-amère ,  est  administrée  dans 
l'Inde,  comme  fébrifuge,  à  la  place  du  Quinquina. 


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GENTIANÉES.  151 

On  a  donné  le  nom  de  faux  Colombo  à  la  racine  du  Frasera  Walteri,  Plante  de  TAmérique 
septentrionale;  sa  racine  fraîche  est  émétiqueet  purgative^  mais  la  dessiccation  lui^nlève  toutes 
ses  propriétés. 

La  seconde  place  parmi  les  Gentianées  indigènes  médicinales  est  occupée  par  la  petite 
Centaurée  [Erythrœa  centaurium) .  Les  sommités  fleuries  contiennent,  outre  un  principe 
amersoluble  dans  Teau^  une  substance  âcre^  contribuant  à  ses  propriétés^  qui  étaient  renommées 
dès  les  premiers  âges  de  la  médecine.  Elle  agit^  comme  les  amers ,  dans  les  cas  où  les  iorces 
digestives  doivent  être  relevées  ;  ses  vertus  fébrifuges  ne  sont  pas  plus  authentiques  que  celles 
de  la  Gentiane,  dans  les  fièvres  vernales,  qui  cessent  spontanément  au  bout  de  quelques  jours; 
cependant  il  vaut  mieux  l'employer  que  les  tisanes  féculentes.  Lorsque  le  Quinquina  prit 
faveur  en  France,  on  l'administrait  en  lui  associant  \di  petite  Centaurée;  c'est  La  Fontaine 
qui  nous  Tapprend  dans  le  Poème,  œuvre  de  commande,  que  lui  avait  imposée  la  Duchesse 
de  Bouillon,  et  où  son  génie  l'abandonna  constamment,  si  ce  n'est  vers  la  fin,  quand  il  raconte 
une  tradition  mythologique  concernant  l'origine  de  la  Centaurée^  fille  du  centaure  Chiron,  habile 
médecin,  comme  chacun  sait,  et  d'une  nymphe  non  moins  savante  que  lui.  La  jeune  fille  ayant 
été  initiée  par  ses  parents  dans  tous  les  secrets  de  la  médecine,  mettait  à  profit  sa  science  pour 
guérir  les  maladies  de  ses  compagnes;  mais  la  pauvrette  fut  prise  à  son  tour  d'un  mal  contre 
lequel  restèrent  inefficaces  les  remèdes  que  lui  avait  enseignés  son  père  : 

11  ne  s'en  trouva  point  qui  put  guérir  son  àme 
Du  ferment  obstiné  de  Tamoureuse  flamme  : 
Elle  aimait  un  berger  qui  causa  son  trépas; 
11  la  vit  expirer  et  ne  la  plaignit  pas. 
Les  Dieux,  pour  le  punir,  en  marbre  le  changèrent  ; 
L'ingrat  devint  statue  ;  elle,  fleur,  et  son  sort 
Fut  d'être  bienfaisante  encore  après  sa  mort  ; 
Son  talent  et  son  nom  toujours  lui  demeurèrent. 
Heureuse  si  quelque  herbe  eût  sçu  calmer  ses  feux! 
Car  de  forcer  un  cœur  il  est  bien  moins  possible  : 
Hélas!  aucun  secret  né  peut  rendre  sensible; 
Nul  simple  n'adoucit  un  objet  rigoureux  ; 

Il  n'est  bois,  ni  fleur,  ni  racine. 

Qui  dans  les  tourments  amoureux 

Puisse  servir  de  médecine. 

—  Le  Cklora  perfoliaia,  belle  Gentianée  indigène,  dont  les  feuilles,  réunies  par  leur  base, 
flgurent  une  feuiUe  unique  traversée  par  la  tige,  possède  les  mêmes  vertus  que  la  petite  Cen- 
taurée. —  Le  Sabbatia  angulaire^  Plante  de  l'Amérique  septentrionale,  ressemble  beaucoup  à 
VEryihrœa  Centaurium;  mais  elle  est  plus  grande  dans  toutes  ses  parties,  et  ses  tiges  létra- 
gones  sont  membraneuses  sur  les  angles  ;  il  en  est  de  même  du  Sabbatia  paniculata. 

LeMÉNYANTHE  TREFLE  d'eau  (  Menyanthes  t  rifoliata  ) ,  Plante  indigène,  qui  croît  dans 
les  lieux  marécageux  des  régions  tempérées  et  un  peu  froides  de  l'hémisphère  boréal,  a  les 
vertus  delà  petite  Centaurée;  il  contient  une  substance  amère,  qu'on  a  nommée  Ményanthine, 
<  In  cultive  en  orangerie  le  M.  a  feuilles  uvales  [M,  ovata^,  très-jolie  Plante  aquatique  à 
fleurs  d'un  beau  jaune  citron.  —  La  V  i  l  l  a  r  s  i  e  n  y  m  p  h  k  a  (  Viiiarsia  nymphœoides),  Plante 
appartenant  à  un  Genre  voisin  du  Menyanthes ,  habite  comme  lui  les  eaux  stagnantes  ou  peu 
rapides.  Ses  propriétés  sont  analogues  ;  la  V.  pelt  ée  (  V.  peitata)  est  une  espèce  du  Japon, 
dont  les  habitants  recueillent  les  feuilles  avec  le  pétiole  et  le  pédoncule  florifère,  qu'ils  salent 
pour  les  manger  avec  leurs  bouillons.  La  V.  élevée  (V.  ej^ce/sfl  1 ,  Espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  est  cultivée  en  Europe  ;  ses  fleurs  sont  disposées  en  corymhe,  assez  giandes ,  et  d'un 
beau  jaune. 


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15-2 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Les  Ch IRONIES  [Chironia]  sont  de  jolies  plantes  du  Cap,  la  plupart  sou&-ligneuses,  que  l'on 
cultive  dans  les  serres.  Telles  sont  la  C  h.  a  feuilles  de  lin(CA.  linoîdes),  dont  les  fleurs 
sont  petites  et  d*un  rouge  poui-pré ;laCn.  a  feuilles  en  croix  {Ch,  fruiescens  ,  dont  les 
fleurs  sont  plus  grandes  et  de  même  couleur.  Enfin,  parmi  les  Gentianées  exotiques  qui  font 
Tomement  de  nos  serres,  nous  mentionnerons  le  Prépusa  Hookeriana,  que  le  célèbre 
botaniste  voyageur,  M.  Gardner,  a  rapporté  du  Brésil.  Cette  belle  Espèce  habite  le  sommet  des 
montagnes  des  Orçues,  à  une  élévation  de  six  mille  huit  cents  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer;  elle  croît  en  grosses  touffes  dans  les  endroits  humides  ;  ses  fleurs  sont  amples,  globuleuses  ; 
le  calyce  est  grand,  anguleux  à  la  base  ;  la  corolle  est  incluse,  à  Texception  du  limbe;  le  tube 
est  urcéolé,  d'un  pourpre  pâle  ;  le  limbe  est  à  six  lobes  jaunâtres  ;  la  tige  florale  est  d*un 
pourpre  rosé. 

Famille  XVIIP.  —  CONVOLVULACÉES. 

(Liserons,  de  Jussieu. — Convolvulées,  de   Ventenat,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  lifjre.  Corolle  hyi^ogyne,  mompétalej  régulière,  à préflQ- 
raison  contournée,  EXAMINES  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  de 
ses  lobes.  Ovaire  à  2-i  loges,  à  colonne  centrale  jwrtant  les  cloisons;  Ovules  solitaires ,  ou 
géminés  collatéraujc ,  dressés,  Friit  capsulai re  ou  bacci forme.  Graine  à  plantule  dico- 
tylédonée,  courbée,  dans  un  albumen  mucilagineux  ;  radicule  infère. 


1.    iPOnOBA  A  PLRUR8  POCRPEES. 
(/pomora  Jy ri an (/tina.) 

2.     LlSIKON  TRICOLOKB. 

(Convo/vu/u*  trieotor  ' 


Les  Convolvulacées  sont  des  herbes,  ou 
des  sous-arbrisseaux,  ou  des  arbrisseaux,  à 
tige  généralement  volubile,  à  suc  souvent 
laiteux;  les  feuilles  sont  alternes,  sans  sti- 
pules ;  les  fleurs  sont  complètes,  régulières; 
le  calyce  se  compose  de  5  sépales  ordinai- 
rement libres  de  cohérence,  persistants;  la 
corolle  est  insérée  sur  le  réceptacle,  cam- 
panulée  ou  infùndibuliforme,  ou  hypocra- 
tériforme,  à  limbe  quinquéfide,  souvent 
formant  5  plis  ;  la  préfloraison  est  contour- 
née, rarement  imbriquée  ;  les  étamines  sont 
au  nombre  de  5,  à  fllets  quelquefois  inégaux 
et  dilatés  à  la  base,  à  anthères  introrses; 
Tovaire  est  souvent  garni  à  sa  base  d'un 
anneau  charnu;  les  ovules  sont  dressés,  ré- 
fléchis; la  capsule  est  à  1-^  loges;  elle 
s'ouvre  par  des  valves  laissant  à  nu  Taxe 
qui  porte  les  cloisons,  ou  bien  elle  est  char- 
nue et  indéhiscente  ;  les  graines  sont  dres- 
sées; l albumen  est  très- peu  abondant;  la 
radicule  est  voisine  du  bile. 

Les  Convolvulacées  doivent  leur  nom  au 
Genre  Convolvulus ,  qui  signifle  en  latin  : 
Je  m'entortille  autour;  la  plupart  des  Lise- 
roiïs  sont  en  effet  voluhiles. 


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CONVOLVULACÉES. 


153 


Ceessa. 

Cressa. 

QUAMOCLIT. 

Quamodit 

Caltstécie. 

Calystegia, 

Patate. 

Batatas. 

Liseron. 

Convolvulus. 

Pharbitis. 

Pharbitis. 

Ipomoea. 

Ipomœa. 

CUSCDTE. 

Cuscuta, 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille  très-naturelle  se  distingue  de  celles  de  sa  classe  [Polemo- 
ntacées,  Hydrophy liées,  Jlydroléacées,  Solmiées),  par  la  préfloraison  de  la  corolle,  la 
structure  de  l'ovaire,  le  nombre  et  la  position  des  graines,  par  le  port  des  espèces  volubiles, 
par  le  suc  laiteux  que  possèdent  la  plupart  d'entre  elles.  Elles  se  rapprochent  des  Polémo- 
niacéeSy  qui  toutefois  se  distinguent  par  la  déhiscence  loculicide  de  leur  fruit  et  par  leur 
albumen  charnu.  Les  Convolvulacées  non  grimpantes  ressemblent  à  certaines  Salariées  qui 
diffèrent  des  Convolvulacées  par  la  conformation  de  l'ovaire  et  du  fruit,  et  par  la  plantule 
incluse  dans  un  albumen  dense  et  abondant. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Convolvulacées  abondent  sous  la  zone  torride,  dans  les  lieux  bas 
et  voisins  de  la  mer;  elles  se  montrent  moins  nombreuses  en  s'éloignant  de  l'équateur.  de- 
viennent rares  dans  nos  climats,  et  sont  complètement  exilées  des  pays  froids. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.— Les  Convolvulacées  doivent  leur  vertu  médicale  à  une  ^ 
substance  résineuse  drastique  (ce  mot  signifie /wr^a/t/  violent),  que  possède  le  suc  laiteux 
de  plusieurs  Espèces,  et  qui  abonde  surtout  dans  le  rhizome  tubéreux  de  quelques-unes.  A 
leur  tète  se  placent  deux  Espèces  du  Mexique  :  le  Liseron  j  a  lap  [Convolvulus  jalapa  ,  et  le 
Liseron  officinal  [Exogonium purga,  ou  Convolvulus  Schiedeanus),  dont  les  rhizomes 
tubéreujc  pyriformes,  soit  entiers,  soit  divisés  en  morceaux,  sont  connus  dans  les  officines 
sous  les  noms  de  racine  de  Julap,  ou  Gialap,  ou  Méchoacan,  qui  leur  viennent  des  ports  mexi- 
cains  de  Xalapa  et  de  Méchoacan.  Ce  sont  des  moines  franciscains,  compagnons  de  Femand 
Cortez,  qui  ont  les  premiers  transporté  en  Europe  cette  substance  médicinale,  sous  le  nom  de 
rhubarbe  des  Indes.  On  confond  dans  le  commerce,  sous  le  nom  de  Jalap,  plusieurs  espèces 
différentes:  le  Jalap  tcjbkrkux,  on  pesant^  ou  vrai  Jalap  officinal ,  ou  Méchoacan  noir  y 
est  produit  par  le  C.  Schiedeanus;  le  Méchoacan^  par  le  C.  Jalapa,  de  Linné;  le  Jalap^ 
pusiFORME,  oxxmâle,  ou  J.  léger  y  ou  J.  nouveau,  vient  du  C.  orizabensis;  le  Méchoacan 
blanc,  provient  du  C.  iticucu;le  Jalap  jaunâtre,  duC  operculatus. 

Le  Liseron  tir  bit  h  (C,  turpethum) ,  indigène  dans  Tlnde  orientale,  fournit  la  rociwe 
de  Turbithy  que  le  vil  prix  du  Jalap  a  fait  tomber  en  désuétude.  —  Les  Liserons  qui  habitent 
la  partie  orientale  de  la  région  méditerranéenne,  C.  Scaimmnia  et  C.  Sagittœfolius , 
excrètent,  par  incision  de  leur  racine,  un  suc  résineux,  qui  s'épaissit  par  évaporation,  et,  sous 
le  nom  de  Scammonée,  est  employé  de  temps  immémorial  comme  purgatif  drastique.  La 
Scammonée  d'Alep  tient  le  premier  rang  :  celles  de  Smyme  et  d'Antioche  sont  falsifiées  au 
moyen  du  suc  d'un  Cynanque  {Cynanchum  monspeliacum) ,  appartenant  à  la  famille  des 
Asclépiadées. 

Les  Américains  emploient,  outre  les  espèces  précédentes,  plusieurs  autres  Convolvulus, 
tous  plus  ou  moins  purgatifs.  Nos  Liserons  indigènes  le  sont  aussi,  mais  on  n'en  fait  aucun 
usage  :  nous  citerons  le  Liseron  des  champs  (Convolvulus  arvensis),  qui  croît  dans  les  blés  et 
les  jardins,  où  il  est  très-difficile  à  détruire,  à  cause  de  ses  rhizomes  profonds  et  menus;  le 
L.  des  II  aies  (Calystegia  sepium) ,  dont  les  chevaux  mangent  avec  plaisir  les  feuilles 
amères,  et  dont  le  rhizome  peut  fournir  une  résine  purgative  ;leL.  soldanelle(  Calystegia 
soldanella),  vulgairement  Chou  marin,  commun  sur  les  bords  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée, 
dont  le  suc  laiteux,  un  peu  salé,  était  autrefois  usité  en  médecine. 

Le  Genre  Patate  (Batatas),  comprend  plusieurs  Espèces  américaines,  dont  le  rhizome, 


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154  HISTOIRE  DES   FAMILLES. 

riche  en  fécule,  et  dépourvu  de  résine,  sert  d'aliment  aux  populations  comme  la  Pomme  de 
terre;  on  cultive  la  Patate  comestible  (Batatas  edulis)^  plante  originaire  de  l'Inde,  dans  toute 
la  zone  intertropicale,  assez  fréquemment  en  Espagne  et  en  Portugal,  quelquefois  même  en 
Italie  et  dans  le  midi  de  la  France. 

Le  Cressa  de  crête  (Cressa  Cretica),  est  une  herbe  méditerranéenne,  de  saveur  salée, 
faiblement  astringente,  qui  possède  des  propriétés  diurétiques.  —  Le  Bois  de  roses,  impro- 
prement nommé  Bois  de  Rhodes,  est  fourni  par  une  Convolvulacée  arborescente,  non  volubile, 
des  Canaries,  le  Liseron  genêt  (C  scoparius);  ce  bois,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
le  Bois  de  roses  des  Ébénistes,  renferme  une  huile  volatile,  d'une  odeur  de  rose  et  d*une 
saveur  amère.  Il  est  employé  dans  la  parfumerie;  on  l'administrait  autrefois  en  poudre, 
comme  sternutatoire. 

Nous  allons  rapidement  passer  en  revue  les  Convolvulacées  cultivées  conmfie  plantes 
d'agrément. 

Le  Liseron  tricolore  ; Convolvulus  tricolor  ,  nommé  vulgairement  Beile-de-jour,  est 
une  belle  Espèce  annuelle,  non  volubile,  originaire  du  Portugal,  dont  la  corolle ,  bleue  sur  les 
bords  du  limbe,  blanche  au  milieu,  d'un  jaun?  soufre  à  la  goi^e,  est  d'un  bel  effet  dans  les 
jardins,  où  elle  ne  se  montre  ouverte  que  le  matin. 

Le  L.  satiné  [C.  Cneoruvi)  est  un  arbuste  d'Espagne,  toujours  vert,  dont  les  fleurs  blanches 
se  succèdent  pendant  tout  l'été .  —  LeQuAnocLiT  écarlate  [Quamoclit coccinea), nommé 
par  les  jardiniers  Jasmin  rouge  de  l'Inde,  est  une  Plante  annuelle  de  la  Caroline  ;  sa  tige  est 
volubile,  ses  feuilles  cordiformes,  ses  fleurs  petites,  campanulées  et  d'un  écarlate  vif.  —  Le 
Q.  CARDINAL  [Q,  vulgaris  ,  Plante  volubile  de  l'Inde,  a  des  feuilles  pennifldes  et  des  fleurs 
d'un  rouge  écarlate. 

L'Ipoujea  NIL  {Ipomœa  hederacea)  est  une  Plante  annuelle,  grimpante,  à  fleurs  nombreuses, 
satinée,  d'un  beau  bleu  d  azur  ;  l'I.  remarquable  (/.  t n^/^fii s),  Plante  de  Goromandel,  a 
des  feuilles  cordiformes  quinquélobées,  violettes  en  dessous  ;  ses  fleurs  sont  nombreuses,  roses 
en  dehors,  rouges  en  dedans;  l'I.  a  flf.urs  pourpres  (/.  Tyrianthina]  a  été  découverte 
au  Mexique  par  Dickson;  c'est  une  des  plus  belles  Espèces  du  Genre,  aucune  ne  la  surpasse 
pour  la  richesse  du  coloris  ;  le  Volubilis  pourpre  (Pharbitis  hispida)  est  une  Plante  annuelle 
de  l'Amérique  méridionale,  aujourd'hui  très-répandue  dans  les  jardins,  à  feuilles  en  cœur,  à 
fleurs  pourpres  intérieurement  et  d'un  blanc  mêlé  de  violet  à  l'extérieur  ;  on  en  a  obtenu  des 
variétés  à  fleurs  blanches,  à  fleurs  violettes,  à  fleurs  panachées. 

Le  Liseron  a  fleurs  bicolores(  Shutereia  bicolor  ) ,  dédié  au  docteur  Shuter ,  bota- 
niste irlandais,  est  une  Espèce  vivace  de  Chine;  la  corolle  est  de  couleur  nankin  à  chacun  des 
angles  et  en  dehors  ;  le  tube  est  d'un  violet  foncé. 

L'Évolvule  a  fleurs  bleues  pourpres  [Evolvulus  purpureO'Cœruleus)  est  une 
nouvelle  Espèce  découverte  à  la  Jamaïque  sur  des  rochers  arides ,  près  de  la  mer,  "et  cultivée 
en  Angleterre  :  c'est  un  petit  sou&-arbrisseau ,  à  pédicelles  uniflores ,  terminaux  ou  axil- 
laires;  la  corolle  est  velue-soyeuse  extérieurement,  rotacée,  d'un  beau  bleu  d'outremer, 
blanche  au  centre,  et  rayée  de  cinq  lignes  pourpres,  qui  divergent  du  centre  à  la  circon- 
férence. 

Nous  citerons,  pour  terminer,  la  Calystégie  pubescente  (Calystegia  pubescens), 
(ÏU.  VI),  arrivée  en  18W  en  Angleterre,  par  les  soins  de  M.  Fortune,  qui  l'a  découverte  aux  en- 
virons de  la  ville  chinoise  de  Chang-hai.  Cette  Espèce  est  trè&-voisine  de  notre  G  r  a  n  d  Lise  ron 
{Calystegia  sepium);e\\e  est  la  première  Convolvulacée  qui  ait  offert  des  fleurs  doubles:  en 
effet,  dans  celle  que  possède  la  Société  d'horticulture  de  Londres,  les  pétales,  d'un  beau  rose 
tendre,  sont  disposés  comme  ceux  des  Roses;  les  fleurs  restent  fraîches  pendant  plusieurs  jours; 
elles  sont  pleines,  c'est-à-dire  que  les  rideaux  du  lit  nuptial,  Vaulœum  de  Linné,  se  sont  dou- 
bles, triplés,  quadruplés,  au  point  d'étouffer  les  étamines  et  le  style.  On  a  lieu  d'espérer  que 
celte  Plante  pourra  suppoiler  nos  hivers  à  l'air  libre. 


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CONVOLVULACÉES. 


155 


A  la  Famille  des  Convolvulacées  appartient  un  Genre  très-remarquable,  que  nous  ne  devons 
point  passer  sous  silence  :  c'est  le  Genre  C  usgute  (Cuscuta). 

Les  Cuscutes  sont  des  herbes  volubiles,  qu'on  rencontre  dans  les  régions  tempérées  et  chaudes 

du  globe  entier;  elles  sont  parasites ,  c'est-à  dire  qu'elles 
vivent  aux  dépens  des  Végétaux  autour  desquels  leur  tige 
s'est  enroulée  ;  elles  germent  en  terre  comme  les  autres  Plantes  ; 
leur  tige,  menue  comme  un  fil ,  s'élève  d'abord  perpendiculai- 
rement; mais  bientôt,  trop  faible  pour  se  soutenir,  elle  s'ac- 
croche aux  Plantes  qu'elle  rencontre,  et  s'y  Rxe  au  moyen 
de  racines  aériennes  :  ces  racines  supplémentaires  sont  des 
suçoirs  en  forme  de  mamelons,  qui  se  collent  aux  Plantes 
voisines,  et  puisent  dans  leur  substance  les  sucs  nutritifs.  Alors 
la  racine  primitive  se  dessèche  ;  la  tige,  ne  tenant  plus  au  sol. 
cesse  d'être  perpendiculaire,  et  devient  volubile.  On  conçoit 
sans  peine  que  les  Cuscutes ,  vivant  du  suc  des  autres  végé- 
taux, n'ont  pas  besoin  des  feuilles,  organes  destinés  à  élaborer 
la  sève:  aussi  ces  Plantes  sont-elles  dépourvues  de  feuilles; 
certaines  Espèces  seulement  ont  quelques  bractées  qui  en- 
tourent les  paquets  de  fleurs.  La  plantule  elle-même  annonce 
l'avortement  de  toutes  les  expansions  latérales,  car  elle  est 
filiforme,  et  n'offre  aucune  trace  de  cotylédons.  —  Les  Cus- 
cutes, pour  quelques  auteurs,  forment  une  Famille  particulière, 
coBccTi.  celle  des  Cmcntées, 

(CiMeuta.) 


Famille  XIX^  —  DICHONDRACÉES. 

( Convolvulacées  (en  partie)  des  Auteurs.) 

Cette  Famille,  que  M.  Ad.  de  Jussieu  a  séparée  des  Convolvulacées ,  n'en  diffère  que  par  ses 
carpelles  non  cohérents,  qui  sont  au  nombre  de  deux  ou  de  quatre,  réunis  par  paires  ;  le  style 
est  basilaire,  central;  le  fruit  se  compose  de  2  ou  4  utricules;  la  graine  est  dépourvue 
d'albumen.  —  Ce  groupe  se  rapproche  des  Cordtacées. 

Le  Genre  Dichondra  est  constitué  par  des  Espèces  herbacées,  rampantes,  de  l'Amérique 
tropicale  et  septentrionale.  Le  Genre  Falkia  est  du  Cap  de  Bonne-Espérance. 


Famille  XX^  —  POLÉMONIACÉES. 

(PoLÉMOiNES,  de  Jussieu,  — Coboeacées,  de  Don.) 

CARACTÈRE.  —  Corolle  hypogyne  monopétale  régulière.  Examines  insérées  sur 
le  tube  de  la  corolle,  en  nombre  égal  à  ses  lobes  et  alternant  avec  eux.  Ovaire  «3-5  loges, 
à  columelle  centrale  septifère.  Fruit  capsulaire.  Graines  dressées  ou  ascendantes  y  à 
plantule  dicotylédonée,  droite  dans  un  albumen  charnu. 

Les  PfÀémoniacéeSy  qui  tirent  leur  nom  du  Genre  Polemonium,  ont  une  tige  généralement 


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156  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

herbacée,  à  suc  aqueux  ;  les  feuilles  sont  alternes,  du  moins  les  supérieures,  sans  stipules;  les 

fleurs  sont  complètes,  ordinairement  en  pa- 
nicule  ou  en  corymbe.  Le  calyce  est  mono- 
sépale, quinquéfide.  La  corolle,  insérée  sur 
le  réceptacle,  est  tubuleuse,  en  entonnoir 
ou  en  patère;  son  limbe  est  quinquépartit, 
à  préfloraison  imbriquée;  les  étamines  sont 
au  nombre  de  5 ,  à  filets  souvent  inégaui. 
L'ovaire  est  entouré  à  sa  base  d'un  disque 
charnu,  ordinairement  à  3  loges  ;  les  ovul^ 
sont  solitaires  ou  bisériés  à  l'angle  interne 
des  loges,  réfléchis  ou  presque  courbes;  le 
style  est  terminal ,  le  stigmate  est  à  3  ou  5 
divisions  aiguës.  La  capsule  s'ouvre  par 
déhiscence  loculicide,  en  3  ou  5  valves, 
qui  portent  sur  leur  milieu  les  cloisons  plus 
ou  moins  complètement  détachées  de  Taxe. 


COBOBA  CaiMPANT. 
[Cohaa  99anien$.\ 


Phlox. 

Phlox. 

COLLOMIA. 

Collomia, 

GlLLIA. 

GUlia. 

Lbptosiphon. 

Leptosiphon. 

PoLEMOmE. 

Polemonium. 

UOÏTZIA. 

Ho'iizia. 

Cantua. 

Cantua. 

COBOEA. 

Cobœa. 

AFFINITÉS.  —  Les Polémoniacées,  par  leur  ovaire  trimère  dans  une  fleur  pentamère,  se 
rapprochent  des  Convolvulacées;  elles  s'en  éloignent  par  leur  port,  leur  corolle  et  leur 
plan  tu  le. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Polémoniacées,  rares  dans  l'Europe  centrale  et  l'Asie  boréale, 
habitent  en  grand  nombre  l'Amérique  boréale  et  australe,  mais  en  dehors  des  tropiques,  où 
pénètrent  à  peine  quelques  Espèces. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Cette  FamUle  n'offre  d'intérêt  qu'au  point  de  vue  hor- 
ticole. LaPoLKMoiNK  BLEUE  (Polemomum  cœrideum)  est  une  élégante  Espèce  méditerra- 
néenne (de  là  son  nom  vulgaire  de  Valériane  grecque)^  cultivée  en  pleine  terre  dans  tous  nos 
jardins;  à  feuilles  penniséquées,  sessiles,  et  à  fleurs  bleues  rotacées.  Il  y  en  a  une  variété  à 
fleurs  blanches.  Cette  Plante  est  mucilagineuse ,  d'une  saveur  un  peu  araère  et  nauséeuse.  En 
Sibérie,  on  applique  ses  feuilles,  dont  on  vante  les  vertus,  sur  les  ulcères  résultant  de  certaines 
maladies  contagieuses  ;  la  décoction  de  l'herbe  est  mise  par  les  Russes  au  nombre  des  remèdes 
contre  la  rage. 

Les  CoLLOMiÀ  sont  des  herbes  annuelles,  dont  les  fleurs  sont  réunies  en  tête  terminale, 
involucrée  de  bractées  larges  et  ovales  :  tels  sont  le  C.  grandi flora,  qui  fleurit  tout  Tété  dans 
nos  parterres  et  se  sème  de  lui-même;  ses  fleurs  sont  d'un  beau  jaune  safran;  le  C\  coccinea 
a  ses  fleurs  écarlates,  et  se  sème  en  toufl'e  ou  en  bordure. 

Les  Phlox  sont  des  plantes  vivaces,  quelquefois  sous-ligneuses,  qui  se  rencontrent  surtout 
dans  r  Amérique  boréale  ;  leurs  feuilles  inférieures  sont  opposées,  les  supérieures  alternes, 
sessiles,  très  entières.  Les  fleurs  sont  terminales,  disposées  en  panicule  ou  en  corymbe  ;  la 


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(    l    VI-lM.ullM.r.,.    ) 


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POLÉMONIACÉES. 


157 


corolle  est  en  patère.  Ce  beau  Genre  fournit  à  Thorticulture  de  nombreuses  Espèces  qui  ont 
elles-mêmes  produit  un  grand  nombre  de  variétés.  —  Le  Ph.  paniculé  {Ph.  paniculata) 
a  des  tiges  nombreuses  hautes  de  trois  à  quatre  pieds;  il  étale  dans  nos  jardins,  à  la  fin  de 
Télé,  ses  riches  panicules  de  fleurs  IQas,  quelquefois  blanches.  —  Le  Ph.  decussata  fleurit 
jusqu'en  octobre;  sa  corolle  est  purpurine  vers  la  gorge. —  le  Ph.  agréable  (Phlox  amœna), 
de  la  Caroline,  a  ses  fleurs  grandes,  d'un  rose  foncé.  — Le  Ph.  a  feuilles  étroites 
(Ph,  setacea)  est  une  des  plus  jolies  Espèces;  ses  tiges  sont  couchées,  et  ses  rameaux  florifères 
redressés.  Les  fleurs  sont  solitaires,  grandes^  roses  ou  purpurines,  tachées  de  rouge.  Le 
Ph.  printanibr  (Ph.  verna)  a  des  formes  ovales  cordiformes,  et  des  fleurs  d'un  beau  rose 
violacé.  On  le  cultive  pour  bordures  ;  tous  les  terrains  et  toutes  les  expositions  lui  conviennent. 
Les  Gillia,  Plantes  herbacées  de  la  Californie,  ont  des  feuilles  penniséquées  ou  palmilobées,  des 

fleurs  solitaires  ou  agrégées ,  entourées  d'un  involucre  de  brac- 
tées.—  Le  Leptosiphon  densiflorb  (Gillia  lepiosiphon), 
de  la  Californie,  a  des  fleurs  d'un  rose  clair  dans  le  jeune  âge,  et 
passant  ensuite  au  bleu.  Le  H  oïTzi  A  écarlate  (Hoitziacoc- 
cinea)çsX\xu  sous-arbrisseau  à  tiges  grêles,  hautes  de  troisàquatre 
pieds,  dont  les  fleurs  sont  axillaires  dans  le  haut  des  rameaux. 
—  Le  Cantua  élégant  (Cantua  coronopifolia)^  Plante 
bisannuelle  de  la  Caroline^  a  des  feuilles  finement  découpées 
et  des  fleurs  ep  corymbe,  dont  la  corolle  est  d'un  rouge  écar- 
late, ponctué  de  pourpre-brun  ;  la  culture  en  a  obtenu  une 
variété  à  fleurs  jaunes,  ponctuées  de  rouge  carmin. 

Le  Cantua  a  feuilles  de  buis  (C.buxifolia)^  (PI.  Vil.), 
découvert  dans  les  Andes  par  Ruiz  et  Pavon,  a  été  envoyé  de 
la  Colombie  en  Europe,  il  y  a  quelques  années  ;  cette  belle 
Espèce  est  un  petit  arbrisseau  trapu,  à  rameaux  ramassés, 
gr^tres;  les  feuilles  sont  rapprochées  en  faisceau,  celles  de 
la  tige  sont  plus  grandes,  et  lobées  ;  celles  des  rameaux  sont 
entières;  les  fleurs  sont  presque  solitaires;  la  corolle  est 
grande,  à  tube  orangé,  à  limbe  d'un  rose  vif,  mélangé  de 
vermillon.  —  Le  C.  a  feuilles  de  Poirier  (C.  pyri- 
folia) ,  est  un  arbuste  plus  élevé  et  plus  vigoureux  que 
l'Espèce  précédente;  son  feuillage  est  plus  ample,  les  fleurs 
sont  moins  grandes  et  moins  brillantes,  mais  elles  sont  plus 
nombreuses  et  disposées  en  corymbe  élégant  ;  le  tube  de  la 
corolle  est  d'un  jaune  d'or  ;  le  limbe  est  blanc,  et  les  filets 
des  étamines  sont  deux  fois  plus  longs  que  la  corolle. 

Le  CoB«A  GRIMPANT  (Cobœa  scandens),  est  un  arbris- 
seau du  Mexique,  à  feuilles  paripennées,  se  terminant  en 
vrille,  à  pédoncules  axillaires  unittores,  munis  de  deux  brac- 
tées; ces  fleurs  sont  grandes,  élégantes,  de  couleur  violette. 
La  végétation  rapide  de  cette  Plante,  et  son  bon  marché,  l'ont 
rendue  populaire;  elle  s'allonge  en  festons  le  long  des  fenêtres,  et  s'étend  comme  un  pont 
suspendu  d'un  côté  de  la  rue  à  l'autre,  dans  un  grand  nombre  de  nos  villes. 


POLKBOINI    COVaCNB. 

(Foltfmomum  vulgare). 


21 


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158  HISTOIUE  DES   FAMILLES. 

Famille  XXP.  —  HYDROLÉACÉES. 

(Liserons  (en  partie)  de  Jussieu.  —  Hydroléacées,  de  Robert  Broivn). 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale,  régulière.  Étâmimes 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  lobes,  et  alternant  avec  eux. 
Ovaire  à  2  om  3  loges  multiovulées;  styles  2,  distincts.  Fruit  capsulaire^  à  déhiscence  septi- 
frage  ou  loculicide.  Graines  nombreuses;  plantule  dicotylédonée,  droite  dans  l* axe  d'un 
albumen  charnu. 

Les  Hydroléacées ,  ainsi  nommées  à  cause  de  leur  Genre  principal  ffydrolea,  sont  des 
Plantes  herbacées  annuelles,  quelquefois  ligneuses,  à  suc  aqueux,  souvent  couvertes  de  poils 
glanduleux  gluants,  quelquefois  brûlants;  les  feuilles  sont  alternes,  sans  stipules;  les  fleurs 
sont  complètes,  régulières,  tantôt  solitaires  ou  agglomérées  à  l'aisselle  des  feuilles,  tantôt  ter- 
minales, et  disposées  en  épis  unilatéraux  scorpioïdes,  ou  en  corymbe.  Le  calyce  est  5-fide,  ou 
5-partit.  La  corolle,  insérée  sur  le  réceptacle,  est  en  entonnoir,  ou  en  roue,  ou  en  cloche,  à 
préfloraison  imbriquée.  L'ovaire  est  à  2  ou  3  loges  plus  ou  moins  complètes;  les  placentabes 
sont  solitaires  ou  géminés  dans  chaque  loge  ;  les  ovules  sont  horizontaux  ou  pendants,  réfléchis. 
La  capsule  s'ouvre  par  des  valves,  tantôt  laissant  les  placentaires  attachés  à  l'axe,  tantôt 
portant  sur  leur  paroi  les  demi-cloisons.  Les  graines  sont  nombreuses,  minimes,  anguleuses;  la 
radicule  est  voisine  du  bile. 

Htdroléa.  Bydrolea.  \      Wigandia.  Wigandia. 

AFFINITÉ.  — Les  Hydroléacées  ont  de  Taffinité  avec  les  Polémoniacées  et  les  Hydro- 
phyllées;  elles  sont  voisines  des  Solanées,  dont  elles  se  distinguent  par  le  style  double  et  la 
plantule  droite.  Elles  s'éloignent  davantage  des  Convolvulacées  par  le  nombre  des  graines,  et 
les  caractères  de  l'albumine  et  de  la  plantule. 

GÉOGRAPHIE. — Les  Genres  légitimes  de  cette  Famille  habitent  surtout  l'Amérique 
tropicale. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —L'herbe  des  Hydroléacées  est  amère.  —  On  n'en  fait 
aucun  usage.  Quelques  Espèces  sont  cultivées  dans  les  jardins  d'Europe  :  telle  est  la  W  i  g  a  n  d  i  a 
BRULANTE  (  Wigandia  urens)  arbre  du  Pérou,  à  feuilles  d'un  beau  vert,  longues  d'un  pied;  à 
fleur  d'un  rouge  violacé,  disposées  en  épi  rameux. 

Famille  XXIP.  —  HYDROPHYLLÉES. 

(Hydrophyllées  de  Robert  Brown.) 

CARACTÈRE. — Calyce  libre.  Corolle  kypogyne,  monopétale,  régulière.  Examines 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  divisions,  et  alternant  avec 
elles.  Ovaire  uniloculaire ,  ou  incomplètement  biloculaire ,  à  demi-cloisons  placentifcres; 
ovules  solitaires  ou  nombreux  sur  chaque  côté  du  placentaire.  Fruit  capsulaire  ou  presque 
cliamu.  Graines  peu  nombreuses; plantule  dicotylédonée  droite,  dans  un  albumen  cartila- 
gineux, abondant. 

Les  Hydrophyllées,  a'ixquelles  le  Genre  Hydrophyllum  a  donné  son  nom,  sont  des  herbes 


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HYDKOPHYLLÉES. 


159 


annuelles  ou  vivaces,à  suc  aqueux,  à  tige  et  à  rameaux  anguleux;  les  feuilles  sont  alternes,  du 
moinsdans  le  haut,  ordinairement  découpées,  dépourvues  de  stipules.  Les  fleurs  sont  complètesi, 

régulières,  disposées  en  grappes  ou  épis  uni- 
latéraux, scorpioïdes,  simples  ou  dichotomes, 
rarement  solitaires.  Le  calyce  est  à  5  di- 
visions profondes,  imbriquées  dans  la  pré- 
floraison, et  persistantes;  la  corolle  est  insérée 
en  dehors  d'un  anneau  ceignant  la  base  de 
Tovaire,  campanulée  ou  subrotacée,  quel- 
quefois infundibuliforme  ;  son  tube  est  ordi- 
nairement muni  d'écaillés  en  languette 
alternant  avec  les  étamines;  le  limlie  est 
quinquélide,  à  préfloraison  imbriquée;  les 
étamines,  au  nombre  de  cinq,  ont  leurs  filets 
infléchis  dans  la  préfloraison  ;  les  anthères 
sont  introrses,  fixées  par  leur  dos,  et  versa- 
tiles. L'ovaire  se  compose  de  deux  carpelles; 
les  placentaires  sont  tantôt  étroitement  li- 
néaires, tantôt  très-épais,  charnus,  mais 
adossés  à  la  paroi  carpellaire  par  une  surface 
étroite,  s'avançant  vers  Taxe,  et  rendant 
Tovaire  presque  biloculaire.  Les  ovules  sont 
courbes.  Le  style  est  terminal,  allongé, 
bifide  au  sommet  ;  chaque  branche  est  ter- 
minée par  un  stigmate  papilleux,  presque 
en  tète.  La  capsule  s'ouvre  en  deux  valves 
by»«ophyll.  d.  vuo.....  q^»  portent  les  demi-cloisons  placentifères; 

(Uyàrophyiium  rirgimieum,)  quclqucfois  Ics  placcntaires  charnus  se  sé- 

parent des  valves,  et  simulent  une  capsule  intérieure;  les  graines  sont  anguleuses  ou 
subglobuleuses;  la  plantule  est  axile  ou  excentrique,  tantôt  très-courte^  tantôt  atteignant  la 
moitié  de  la  longueur  de  l'albumen  ;  Ta  radicule  est  vague,  rarement  supère. 


Htdrophylle. 
Némophilb. 


Hydrophyllum. 
Nemophila. 


EUTOCA. 

Phacelie. 


Eutoca. 
Phacelia. 


AFFINITÉ.  —  Les  Hydrophyllées  se  rapprochent  des  Polémoniacées  et  des  Hydroléacées ; 
elles  difl^reût  de  ces  dernières  par  le  style,  la  direction  des  ovules,  et  la  nature  de 
Talbumen;  des  premières,  par  la  conformation  du  placentaire  ;  elles  sont  plus  éloignées  des 
Borraginées,  avec  lesquelles  on  les  avait  confondues  autrefois,  à  cause  d'une  certaine  ressem- 
blance dans  l'inflorescence. 

GÉOGRAPHIE.  —  Cette  Famille  est  exclusivement  américaine;  les  Espèces  croissent 
abondamment,  mêlées  aux  Polémoniacées,  dans  les  régions  tempérées  et  fraîches  situées  en 
deçà  du  Cancer,  surtout  sur  la  côte  occidentale  ;  elles  sont  rares  entre  les  tropiques  et  au-delà 
du  Capricorne. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —L'Hydropiiylle  du  Canada  {HijdrophyUum 
Canadense),  est  employée  dans  l'Amérique  du  Nord,  contre  la  morsure  des  serpents,  et 
contre  Térysipèle  causé  par  le  Sumac  vénéneux,  —  L'Uydrophylle  de  Virginie 
{H,   Virginicum) ,  cultivée  dans  les  jardins  botaniques,  a  des  feuilles  penniséquées,  hérissées 


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160  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

en  dessus  de  poils  épars,  glabres  et  blanchâtres  en  dessous;  la  corolle  est  blanche  ou  bleue  ; 
les  filets  sont  deux  fois  plus  longs  qu^elle^  et  poilus  vers  leur  sommet^  les  appendices  de  la 
corolle  s'étendent  jusqu'à  la  moitié  de  ses  divisions. 

Les  NÉMOPHiLES  sont  des  plantes  annuelles^  que  Ton  cultive  en  Europe  pour  en  faire  des 
bordures^  ou  de  petits  tapis  dans  les  plates-bandes  des  parterres  :  telles  sont  la  N.  remar- 
quable (iV.  insignis),  à  feuilles  penniMes^  à  fleurs  solitaires  d'un  beau  bleu;  laN.  mou- 
c  H  ET  é  E  {N.  macvlata)  y  (PI.  VIL) ,  plus  grande  et  plus  robuste^  à  fleurs  blanches^  richement 
ornées,  au  sommet  de  chaque  pétale^  d'une  tache  d'un  violet  foncé. 

Les  EuTOCA  sont  cultivés  comme  les  précédentes;  l'E.  visqueux  (E.viscida),  est 
une  Espèce  annuelle  de  la  Galifomie,  à  feuilles  en  cœur^  incisées^  à  fleurs  bleues^  en  épi 
unilatéral  scorpioîde. — La  Phacélib  bipennifide  (Pkacelia  biptnnattfida) ,  8l  une  Uge 
formant  une  toufle  très-rameuse;  ses  fleurs  sont  bleues  en  épi  unilatéral^  et  se  succèdent  pen- 
dant tout  Tété  dans  les  parterres. 


Famille  XXIIR  —  CORDIACÉES. 

(CoRDiACÉEs,  de  Rob.  Brotvn.) 

CARACTÈRE.  — Calyge  libre.  Corolle  hypogy ne,  monopétale,  régulière.  Étamines 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle  y  en  nombre  égal  à  ses  divisions,  et  alternant  avec  elles,  — 
Ovaire  à  4-8  loges,  uniovulées.  Fruit  drupacé.  Graines  inverses; plantule  dicotylédonée, 
exalbuminée j  droite,  à  cotylédons  charnus,  plissés  en  long;  radicule  supère. 

Les  Cordiacées  tirent  leur  nom  de  leur  Genre  principal  Cordia.  Ce  sont  des  arbres  ou  des 
arbustes^  à  feuilles  alternes^  simples^  sans  stipules;  les  fleurs  sont  complètes^  ou  diclines  par 
avortement,  terminales^  disposées  en  panicule^  en  corymbe,  en  épi  ou  en  tête,  et  sans 
bractées;  le  calyce  est  à  k-b  divisions;  la  corolle^  insérée  sur  le  réceptacle,  est  infùndibuli- 
forme  ou  tubuleuse^  ou  campanulée,  à  préfloraison  imbriquée^  convolutive  :  les  ovules  sont 
suspendus  au  sommet  de  chaque  loge,  et  réfléchis;  le  style  est  terminal,  fourchu  ou  deux 
fois  fourchu  au  sommet;  les  stigmates  sont  au  nombre  de  &•  ou  de  8;  le  fhiit  est  une  drupe  à 
un  seul  noyau  pluriloculaire,  ou  uniloculaire  par  avortement. 

AFFINITÉ.  —  Les  Cordiacées  se  distinguent^  parmi  les  monopétales  à  drupe,  par  leurs 
cotylédons  plissés,  caractère  qui  leur  donne  quelque  rapport  avec  les  Convolvulacées,  dont 
elles  se  distinguent  facilement  par  leur  port,  leur  graine  exalbuminée  et  inverse. 

GÉOGRAPHIE.  —  La  plupart  habitent  la  zone  intertropicale  dans  les  deux  continents. 

ESPÈCES  PRINCIPALES  :  La  chair  des  drupes  est  douceâtre,  mucilagineuse,  légère- 
ment astringente,  et  quelquefois  aigrelette;  les  cotylédons  contiennent  une  huile  fixe.  Le 
Myxa  (Cordia  myxa),  arbre  indigène  de  l'Asie  tropicale,  est  cultivé  en  Egypte  de  temps 
immémorial,  à  cause  de  son  fruit  émoUient  et  laxatif,  que  les  anciens  administraient  contre 
la  toux  et  les  autres  affections  du  poumon;  on  n'en  fait  aucun  usage  en  Europe.  — Le 
8ÉBESTIKR  (Cordia  Sebestena) ,  qui  croit  aux  Antilles,  possède  les  mêmes  propriétés.  — Le 
Cordia  rumphii  fournit  un  bois  d'un  brun  marron,  élégamment  veiné  de  noir,  et  exhalant 
une  odeur  de  musc. 


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ÉHRÉTIACÉES  ET  BOKKAGINÉES.  161 

Familles  XXIV=  a  XXV^  —  ÉHRÉTIACÉES 
a    BORRAGINÉES. 

(ÂSPÉRIFOLIÉES,  de  Linné  et  de  Lehmann.  —  Borràginées,  de  Jussieu.  —  BORRA- 
GiNÉES  et  HÉLiOTROPiGÉES^  de  SchrodcT.  —  Arguziées  et  Borraginées,  de 
Lifik. — ËHRÉTiAGÉES  et  BoRRAGiN ÂGÉES  de  Lindley. 

CARACTÈRE.  —  Caltge  libre.  Corolle  hypogyne^  monopétale,  régulière  ou  sub- 
bilabiée.  Examines  5,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle ^  alternes  avec  les  divisions. 
Carpelles  4,  rarement  soudés  par  paires.  Graines  inverses,  à  plantule  dicotylédonée  peu 
ou  point  albuminée;  radicule  supère. 

Ces  deux  Familles,  réunies  aujourd'hui  par  plusieurs  auteurs  sous  le  nom  commun 
à' Aspéri foliées,  à  cause  des  poils  roides  qui  hérissent  les  feuilles  et  la  tige  de  la  plupart  des 
Espèces^  se  composent  de  Plantes  herbacées  ou  ligneuses,  à  tige  et  à  rameaux  cylindriques 

ou  anguleux.  Les  feuilles  sont 
alternes ,  quelquefois  presque 
opposées  ou  ternées,  simples, 
entières,  sans  stipules.  Les  fleurs 
sont  complètes,  rarement  in- 
complètes par  avortement  de 
quelques  anthères;  plus  ou  moins 
régulières,  tantôt  solitaires,  à 
Vaisselle  des  feuilles,  tantôt  dis- 
posées en  panicules  ou  en  co- 
rymbes,  ou  en  épis,  ou  en  grappes 
terminales,  unilatérales,  scor- 
pioîdes.  Le  calyce  est  persistant, 
monosépale  à  k-b  divisions;  la 
corolle,  insérée  sur  le  réceptacle, 
est  infundibuliforme^  tubuleuse, 
subcampanulée  ou  rotacée,  à 
limbe  ordinairement  régulier, 
:  dont  la  préfloraison  est  imbri- 

quée ;  sa  gorge  est  nue  ou  gar- 
nie ,  soit  de  faisceaux  de  poils, 
soit  d'écaillés  ou  de  fomices  or- 
dinairement opposées  aux  divi- 
BDOLOMR  sionsde  la  corolle.  L'ovaire  se 

[Anthuê*  o/fictn^Uê.) 

compose  de  *  carpelles  cohé- 
rents par  leurs  bases,  et  formant  k  loges  uniovulées,  ou  deux  loges  biovulées^  les  ovules 
sont  suspendus  au  sommet  ou  au  mUieu  de  l'angle  central,  et  réfléchis;  le  style  est  ter- 
minal ou  naît,  soit  à  la  base^  soit  au  côté  interne  des  ovaires,  et  se  dilate  en  un  gynobase 
qui  tapisse  le  prolongement  du  réceptacle;  le  stigmate  est  indivis,  quelquefois  bilobé.  Le 
fruit  se  compose  tantôt  d'une  drupe  à  2  noyaux  biloculaires,  ou  à  &•  noyaux  uniiociilaires; 
tantôt  de  k  akènes  ou  nucules,  distincts  ou  géminés.  Les  graines  sont  pendantes^  droites  ou 
un  peu  arquées;  l'albumen  est  nul,  ou  presque  nul;  la  plantule  est  ordinairement  droite. 


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I6â 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


ÉHHÉTIACÉES.  —  Style  terminal. 
Tribu  i.  —  TOURNEFORTIÉES.  —  Graines  albuminées. 
Ehretia.  Ehretia.  j      Tournefortia. 

Tribu  2.  —  HÉLIOTROPÉES.  —  Graines  sans  albumen. 
Héliotrope.  Heliotropium.  \      Tiaridium. 

BORR  AGI  NÉES.  —  Style  naissant  entre  les  lobes  de  l'ovaire. 
Tribu  i.  —  ANCHUSÉES.  —  Nucules  fixées  sur  le  réceptacle. 


Toumeforlia. 


Tiaridium. 


Melinet. 

Cerinthe. 

NOWNEE. 

Nonnea. 

Orcanette. 

Onosma. 

Lycopside. 

Lycopsis, 

VlPÊRlIfE. 

Echium. 

BUGLOSSE. 

Anchusa. 

PULBONAIIE. 

Pulmonaria, 

Mtosotis. 

Myosotis. 

Gremu^ 

Lithospermum. 

CONSOUDE. 

Symphytum. 

Arnébir. 

Amebia. 

Bourrache. 

Borrago. 

Tribu  2. 

—  G  YNOGLOSSÉES.  —  Nucules  adossées  à  la  base  du  style 

Omphalode. 

Ompfialodes. 

Rapette. 

Asperugo. 

RlKDÀRB. 

Rindera. 

Bardanettb. 

Echinospermum. 

Ctnoglosse. 

Cynoglossum. 

AFFINITÉ.  —  Cette  famille  se  distingue  par  la  structure  de  son  fruit,  son  inflorescence 
et  un  port  particulier  ;  elle  est  voisine  des  Verbénacées  et  des  LabiéeSy  elle  s'y  rapporte, 
comme  les  Solanées  se  rapportent  aux  Antirrhinées;  elle  en  diffère  par  sa  radicule  supère  et 
les  propriétés  de  ses  Espèces.  Les  Ehrétiacées  se  rapprochent  des  Cordiacées  et  surtout  des 
Verbénacées  ;  les  Borraginées  sont  analogues  aux  Labiées  par  la  structure  de  leur  fruit. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Borraginées  se  rencontrent  dans  les  régions  tempérées  extra- 
tropicales,  et  surtout  autour  de  la  Méditerranée  et  dans  TAsie  centrale  ;  elles  sont  exilées 
des  zones  glaciales.  Les  Ehrétiacées  naissent  plus  fréquemment  entre  les  tropiques,  surtout 
entre  Téquateur  et  le  Capricorne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.— Les  propriétés  médicales  des  Aspérifoliées  tiennent  à  un 
principe  mucilagineux,  auquel  se  joint,  dans  plusieurs  Espèces,  un  élément  amer  et  astrin- 
gent. Les  médecins  en  emploient  quelques-unes  comme  médicaments  émoUients;  d'autres 
fournissent  des  feuilles  alimentaires^  qu'on  mange  en  salade  ;  la  racine  ou  la  tige  de  certaines 
Espèces  renferme  une  substance  résineuse  colorante  ;  plusieurs  ont  des  graines  huileuses, 
quelques  Ehrétiacées  ont  un  ftruit  charnu,  comestible. 

PSurmi  les  Borraginées  usitées  dans  la  médecine  des  anciens,  celle  dont  la  réputation  s'est 
le  mieux  conservée  est  la  Consoude  officinale  {Symphytum  officinale),  plante 
commune  dans  les  prés  humides  et  dans  les  vergers  de  l'Europe  ;  sa  racine^  noire  au  dehors 
et  cassante,  renferme  un  mucUage  abondant^  uni  à  du  tanin  de  saveur  douceâtre  et  astrin- 
gente. Les  feuilles  sont  décurrentes,  c'est-à-dire  que  leur  limbe,  au  lieu  de  se  détacher  de 
Taxe  dès  sa  naissance,  adhère  à  cet  axe,  et  forme  sur  lui  deux  ailes  saillantes,  qui,  après 
avoir  bordé  la  tige  dans  une  certaine  étendue,  s'en  dégagent  enfin,  et  s'élargissent  en  Umbe. 
allongé  et  pointu;  quant  aux  rameaux  qui  naissent  de  l'aisselle  de  ces  feuilles,  il  n'est  pas 
facile  de  reconnaître  leur  point  de  départ,  parce  qu'ils  sont,  comme  elles^  soudés  à  la  tige 
dans  une  partie  de  leur  longueur.  Cette  soudure  des  feuilles  et  des  rameaux  avecla  tige. 


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ÉHRÉTIACÉES  ET  BOHRAGINÉES.  163 

jointe  à  la  consistance  mucilagineuse  de  la  racine,  est  peut-être  ce  qui  a  donné  à  la  Plante  la 
réputation  dont  elle  a  joui,  et  qu  elle  possède  encore.  On  remployait  autrefois  en  médecine 
comme  topique  pour  réunir  les  lèvres  d'une  plaie,  pour  consolider  les  fractures;  elle  est 
administrée  aujourd'hui  à  l'intérieur,  dans  les  crachements  de  sang  et  les  hémorrhagies, 
comme  ayant  la  vertu  de  resserrer  le  tissu  des  organes  :  de  là  son  nom  de  Consoude^  qui 
signifie  coller^  souder,  consolider. 

La  Bourrache  [Borrago  officinalts),  qui  donne  son  nom  aux  Borraginées,  est  une  Plante 
annuelle,  connue  de  tout  le  monde;  ses  corolles  rotacées,  purpurines  dans  le  houton,  prennent 
en  s'épanouissant  une  couleur  d'un  charmant  azur  ;  on  les  emploie  pour  orner  les  salades  ;  les 
feuilles  et  la  tige  ont  une  odeur  de  concombre,  et  sont  remplies  d'un  suc  fade,  très- visqueux, 
où  abonde  le  sel  de  nitre;  aussi  cette  Plante  possède-t-elle  des  propriétés  diurétiques  et  dia- 
phorétiques  très-marquées. 

Les  Borraginées  tombées  en  désuétude,  peut-être  sans  motif  plausible,  sont  la  Ctnoglosse 
(Cynoglosmm  officicinale),  dont  les  feuilles  et  la  racine  d'odeur  vireuse  étaient  réputées  nar- 
cotiques; la  Bv G L 0S8E  {Anchusa  officinalis),  h\aqueVLe  on  attribuait  les  mêmes  propriétés 
qu'à  la  Bourrache;  la  Pulmonaire  (Pulmonaria  offictnalis),  dont  les  feuilles  tachetées  de 
blanc,  comme  un  poumon  tuberculeux ,  étaient  employées  dans  les  affections  du  tissu  pulmo- 
naire ;leGR6MiL0uHBRBE  AUX  PERLES  (Lithospermum  officinale);  dont  les  akènes  lisses, 
durs  et  d'un  gris  de  perle,  avaient,  selon  les  croyances  populaires,  la  propriété  de  dissoudre 
la  pierre  dans  la  vessie;  la  Vipérine  (Echium  vulgare),  dont  les  sommités  fleuries  étaient 
recommandées  contre  la  morsure  de  la  vipère ,  réputation  qu'elle  devait,  soit  à  son  inflores- 
cence scorpioïde,  soit  aux  taches  brunes  qui  donnent  à  sa  tige  quelque  ressemblance  avec  la 
peau  d'un  serpent. 

LaBuGLOssE  TINCTORIALE  (Anchum  tinctoria) ,  vulgairement  Orcanette  bâtarde  y  a  des 
racines  contenant  une  matière  colorante  rouge,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool, 
réther  et  les  corps  gras  ;  on  s'en  sert  en  pharmacie  pour  colorer  l'onguent  rosat  et  autres  pré- 
parations d'usage  externe.  Plusieurs  autres  Borraginées,  des  Genres  Lithospermum^  Onosma, 
Amebiay  possèdent  un  principe  analogue. 

L'Héliotrope  d'Europe  (ffeliotroptum  Furopœum),  a  des  feuilles  d'une  saveur  amère 
et  salée,  qui  étaient  autrefois  recommandées  pour  guérir  les  ulcères  et  détruire  les  verrues. 
—  V Héliotrope  du  Pérou,  que  Joseph  de  Jussieu  a  introduit  dans  nos  jardins,  est  aimée  de 
tout  le  monde  pour  ses  fleurs  bleuâtres^  à  odeur  suave  de  Vanille.  —  Quelques  Espèces 
de  Tiaridium,  croissant  soit  dans  l'Asie,  soit  dans  l'Amérique  tropicale,  servent  à  hâter  la 
maturation  des  tumeurs ,  et  à  guérir  les  affections  dartreuses.  —  Le  fruit  de  quelques 
Ehrétiacées  est  comestible;  YEhretia  buxifolia  est  estimé  aux  Indes-orientales,  dans  les 
cachexies  (ce  mot  signifie  dépérissement),  résultant  de  certaines  maladies  invétérées. 

Le  TouRNEPORTiA  EN  OMBELLE  (Toumcfortia  umbellata)  est  employé  au  Mexique 
comme  fébrifuge. 

Beaucoup  de  Borraginées,  indigènes  et  exotiques,  sont  cultivées  dans  les  jardins;  nous 
citerons  I'Omphalode  printanière  (Omphalodes  vema),  jolie  petite  Epèce  vivace  qui 
montre  à  la  fin  de  l'hiver  ses  fleurs  d'un  bleu  d'azur,  disposées  en  grappe  courte;  l'O.  a 
FEUILLES  DE  lin(0.  HnifoUa),  Plante  annuelle  à  fleurs  blanches,  disposées  en  panicule, 
que  l'on  cultive  en  bordures  comme  la  précédente;  la  Vipérine  blanchâtre  (£'eAtum 
candicans),  à  feuilles  couvertes  de  poils  blancs,  à  fleurs  d'un  beau  bleu;  la  V.  formose 
{E.  formosum),  arbrisseau  de  trois  à  cinq  pieds,  à  feuilles  persistantes,  à  fleurs  grandes  et 
d'un  rose  tendre;  la  Pulmonaire  de  Virginie  [Pulmonaria  Virginica),  Espèce  rustique, 
à  feuilles  glauques,  à  fleurs  pendantes,  bleues,  quelquefoL«i  rouges  ou  blanches;  le  Ri  n dé r a 
ailé  (Rindera  tetraspis),  herbe  vivace  de  la  Russie,  dont  les  fleurs  jaunes  forment  un 
corymbc  élégant  et  pittoresque. 

L'Arnébie  e en  10 IDE (Arnebia  eckioides),  (PI.  Vil.),  est  une  Espèce  rustique  originaire 


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i6l  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

du  Caucase,  et  transportée  en  Russie,  d'où  elle  a  passé  dans  les  jardins  de  FAngleterre  et  du 
continent.  Ses  corolles  sont  d'un  jaune  doré,  et  portent  à  la  gorge  cinq  taches  cramoisies. 
Nous  ne  devons  pas  oublier,  en  faisant  Thistoire  des  Borraginées,  de  citer  le  Genre  le 
plus  élégant  de  la  Famille,  celui  des  Myosotis,  ainsi  nommé  à  cause  des  feuilles  qui,  par  leur 
forme  et  leur  villosité  ressemblent  à  une  oreille  de  souris  [myos,  otis]  ;  c'est  un  joli  mot  pour 
exprimer  un  vilain  objet;  mieux  eût  valu  peuirètre  que  le  nom  indiquât  Télégance  des  grappes 
roulées  en  crosse,  et  surtout  la  délicate  beauté  de  la  corolle  qui  figure  cinq  topases  enchâssées 
dans  une  rosace  de  turquoises  :  c'est  ce  qu'on  voit  surtout  chez  le  Myosotis  des  marais  (Myo- 
sotis palustris),  qui  décore  les  prairies  humides  de  toute  l'Europe,  et  dont  l'horticulture  s'est 
emparée.  Il  ne  nous  était  pas  permis  de  passer  sous  silence  une  plante  qui  a  pour  nom  populaire  : 
Ne  m'oubliez  pas  (  Vergiss  mein  nicht),  et  que  dans  quelques  heureuses  provinces  de  France, 
où  le  Christianisme  est  encore  debout  et  florissant,  les  gens  de  la  campagne  appellent  les 
Yeux  de  l'Enfant  Jésus. 

Famille  XXVP.  —  NOLANÉES. 

Les  Nolanées,  constituées  par  un  genre  unique  (Nolana),  et  dont  l'affinité  est  douteuse, 
sont  des  Plantes  herbacées  ou  sous-ligueuses,  couchées,  un  peu  charnues,  et  offrant  la  physio- 
nomie des  Liserons;  les  feuilles  sont  alternes,  géminées,  entières;  les  fleurs  naissent 
solitaires  sur  des  pédoncules  extra-axillaires  ;  le  calyce  est  campanule,  quinquépartit ,  la 
corolle  est  hypogyne,  monopétale,  infundibuliforme ;  le  limbe  est  plissé  à  5-10  lobes;  le  tube 
porte  Sétamines;  les  ovaires  sont  libres  de  cohérence,  insérés  sur  un  disque  charnu,  et  chacun 
d'eux  est  à  une  ou  six  loges  uniovulées  ;  le  style  simple  naît  du  centre  de  la  fleur,  et  se  ter- 
mine par  un  stigmate  en  tète  ;  le  fruit  se  compose  de  drupes  distinctes;  les  graines  sont  réni- 
formes,  aplaties,  la  plantule  est  filiforme,  et  entoure  circulairement  un  albumen  charnu;  la 
radicule  est  infère. 

Les  Nolana  sont  de  l'Amérique  méridionale  ;  on  en  cultive  quelques  Espèces  pour  orner  les 
rochers  et  les  rocailles.  Telle  estlaNoLANs  a  fbuillbs  h'  KKViOCHE  {Nolana  atriplicifolia), 
Plante  annuelle,  très-rameuse,  à  fleurs  axillaires  grandes,  bleues  et  jaunes. 

L'Alonb  bleu-db-cibl  {Alona  cœlestis)^  (PI.  Vlll.),  est  un  sous-arbrisseau  à  fleurs 
très-grandes,  très-belles,  d'un  bleu-lilas  en  dedans,  très-pàle  en  dehors.  M.  Lindiey  l'a  rangé 
dans  son  Genre  Alona,  qui  est  un  démembrement  du  Nolana. 

Familles  XXVIP  a  XXVIIP.  —  SOLANÉES 
a  CESTRINÉES. 

jfLuRiDES,  de  Linné.  —  SoLANÉES,  de  Jussieu.  —  Solanacées  et  Cestragées,  de 
ZiVirftey. —  Solanacées,  ^Endlicher). 

CARACTÈRE. — Caltce  libre.  Cokoll^ hypogyne, monopétale,  régulière.  Examines 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  divisions,  et  alternant  avec 
elles.  Ovaire  à  2-5  loges;  placentaires  appliqués  à  la  cloison,  ou  naissant  de  l'angle  central 
de  la  loge.  Ovules  nombreux,  courbes.  Style  simple.  Fruit  capsulaire  ou  bacci forme. 
Graines  comprimées  ou  déprimées  ;  plantule  dicotylédonée,  tantôt  droite  et  axile,  tantôt  cir- 
culaire, arquée  ou  spirale,  dans  un  albumen  charnu. 

Les  deux  Familles  se  composent  de  Plantes  herbacées,  ou  sous-ligticuses,  ou  ligneuses,  à 
suc  aqueux;  les  feuilles  sont  alternes,  simples,  souvent  juxta-posées  par  paires  sur  les  rameaux 


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Il         •■■s     II        '.       -       -.         1. 


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PI.  XIII. 


I  Ouii'riM  1-1. '•.•.*  )  Itt.d  Thierry  frères ,  Féns 


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SOLANÉES  ET  CESTRINÉES.  165 

supérieurs,  et  dépourvues  de  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  régulières  ou  presque  régu- 
lières. Le  calyee  est  monopétale  à  5-5k-6  divisions,  persistant,  du  moins  par  sa  base,  souvent 

accrescent.  LacoroUe,  insérée  sur  le  ré- 
ceptacle, est  rotacée,  ou  campanulée  ou 
infundibuliforme ,  ou  bypocratériforme  ;  le 
limbe  est  à  5-4-6  divisions,  à  préfloraison 
contournée  ;  les  anthères  sont  ordinairement 
libres,  quelquefois  cohérentes  par  leur  som- 
met; à  loges  s'ouvrant  longitudinalement, 
quelquefois  par  un  pore  tei-minal  [Morellé)  ; 
l'ovaire  se  compose  de  deux  carpelles  cohé- 
rents, occupant  le  côté  gauche  et  le  côté 
droit  de  la  fleur,  et  formant  par  leur  in- 
troflexion  une  cloison  plane  qui  sépare  To- 
vaire  en  deux  loges  ;  quelquefois  des  cloisons 
secondaires  partent  de  la  cloison  principale, 
et  subdivisent  chaque  loge  en  deux  loges 
secondaires  plus  ou  moins  complètes;  quel- 
quefois, enfln,  les  carpelles  sont  au  nombre 
de  3-5,  ce  qui  augmente  d'autant  le  nombre 
des  loges.  Ordinairement  les  placentaires 
sont  adossés  au  milieu  de  la  cloison  par  une 
large  surface  ou  par  une  ligne  étroite ,  soli- 
taires dans  chaque  loge,  ou  géminés  et  rap- 
prochés des  parois  par  une  cloison  secondaire 
qui  les  sépare;  quelquefois  ils  occupent 
Taugle  central  de  la  loge.  Le  style  est  ter- 
minal, le  stigmate  indivis,  ou  divisé  en 
autant  de  lobes  qu'il  y  a  de  carpelles.  Le 
fruit  est  tantôt  une  capsule  à  déhiscence  septicide,  ou  loculicide,  ou  circulaire,  tantôt  une 
base  pulpeuse  ou  sèche.  Les  graines  sont  pourvues  d'un  albumen  abondant;  dans  celles 
qui  sont  comprimées  latéralement,  la  plantule  est  courbée  en  anneau,  ou  en  demi-cercle, 
ou  en  arc ,  et  la  radicule  est  vague  ;  dans  celles  qui  sont  déprimées,  c'est-à-dire  aplaties  par  \(\ 
dos^  la  plantule  est  droite,  occupe  Taxe  de  Talbumen,  et  la  radicule  est  infère. 


1.    PÉTUNU   PI^1AI>R, 

{Pttunia  mtUagriê.)     • 

2.  PkTCxiA  Di  Vax  Volxs«. 

[Pétunia  Fan  Yolxtm.) 


SOLANÉES. —  Plantule  plus  ou  moins  courbée,  à  cotylédons  demi-cylindriques;  radicule 
dirigée  vers  le  bile,  vague. 


Fabiana. 

NiEEEMBERGIA. 

PÉTuini. 

NiconiKE. 

SnAMoniB. 

SOLAXDBA. 
JUSQUIAME. 
MlCAKPBA. 
COQUBKET. 


Fabiana. 

Nierembergia. 

Pétunia. 

Nicotiana, 

Datura. 

Solandra, 

Hyoscyamus. 

Nicandra. 

Physalis. 


CBftTiEAtT.  Cestrum. 

locHBom.  lockroma, 

22 


Piment. 

Capsicum. 

MORELLE. 

Solanum. 

Toma'^e. 

Lycopersicum 

Belladone. 

Atropa. 

Mandragore. 

Mandragora, 

Jaborosa. 

Jaborosa, 

HiVERANTHUS. 

Uimeranthus. 

Ulloa. 

Ulloa. 

Lyciet. 

Lycium, 

^ws  foliacés;  radicule 

infère. 

Habrothamnus. 

Habrothamnu 

VE8TIA. 

Vestia. 

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tm  HISÏUIHE  DES  FAMILLES. 

AFFINITÉ.  —  Les  deux  Familles  dont  nous  faisons  Thistoire  se  distinguent  sans  peine  des 
( ionvolvii lacées ,  IVdémoniacéos ,  Hydrophyllées ,  Hydroléacées  (elles  se  rapprochent  de  cette 
dernière  Famille) ,  par  la  préiloraison  plissée  de  leur  corolle ,  leur  plantule ,  courbe  chez  les 
unes,  droite  et  foliacée  chez  les  autres  ;  en  outre  ,  chaque  Genre  présente ,  dans  sa  fleur  ou 
dans  son  fruit ,  quelque  caractère  particulier  qui  sépare  les  Solanées  de  toutes  les  autres 
Familles.  Il  est  plus  difficile  de  les  distinguer  nettement  des  Antirrhinées,  car  les  caractères, 
tranchés  dans  ces  dernières ,  de  la  corolle  irrégulière  ,  de  la  préfloraison  imbriquée ,  de  la 
plantule  droite ,  ne  sont  pas  absolument  constants  ;  cependant ,  sauf  un  petit  nombre  de 
Genres  exceptionnels,  la  distinction  n'est  pas  douteuse.  En  efl'et,  si  nous  examinons  compara- 
tivement les  tribus  composant  le  groupe  des  Solanées  et  des  Ceslrinées,  même  en  faisant 
abstraction  de  la  préfloraison  et  du  nombre  des  étamines ,  nous  voyons  dans  la  graine  et  la 
plantule  des  Cestrinéq^  une  structure  qui  ne  permet  pas  d'hésiter  à  séparer  ces  dernières  des 
Antirrhinées,  et  le  fruit  charnu  de  quelques  Cestrinées  ajoute  un  nouveau  motif  à  cette  dis- 
tinction. —  Parmi  les  Solanées ,  le  fruit ,  bacciforme  dans  les  unes,  quadriloculaire  ou  à  débis- 
cence  circulaire  chez  les  autres ,  fournit  des  caractères  suffisants  ;  de  sorte  qu'il  ne  reste  que 
le  Genre  Nicotiane  où  il  faille  avoir  recours  aux  nuances  délicates ,  tirées  de  la  préfloraison 
et  de  la  plantule  ;  d'un  autre  côté,  dans  toutes  les  Antirrhinées  (excepté  les  Molènes  et  de«jx 
ou  trois  autres  genres)^  le  nombre  moindre  des  étamines  oflre  un  caractère  constant.  Dir 
reste,  le  rapport  entre  les  Solanées  et  les  Antirrhinées  est  le  même  que  celui  qui  existe  entro 
les  Borraginées  et  les  Labiées,  et  Tafflnité  qui  lie.  d'une  part,  les  Antirrhinées  aux  Bignonia- 
cées  ,  Acanthacées  et  Orobanchées;  de  l'autre ,  les  Solanées  aux  Convolvulacées,  nous  montre 
que  ces  deux  Familles  ne  peuvent  se  réunir  dans  une  même  Classe. 

GÉOGRAPHIE.  —  La  nombreuse  Famille  que  nous  étudions  a  son  siège  principal  dans  la 
zone  limitée  parles  tropiques,  d'où  un  petit  nombre  d'Espèces  passe  dans  les  régions  tempé- 
rées et  fraîches  de  l'un  et  de  l'autre  hémisphère  ;  aucune  ne  pénètre  sous  les  zones  glaciales. 

La  puissance  numérique  de  cette  Famille ,  composée  d'^^ne  si  grande  variété  de  Genres 
naturels ,  qui  difl'èrent  par  leurs  caractères  et  leurs  propriétés ,  réside  dans  le  seul  groupe  des 
Marelles,  dont  les  Espèces  sont  si  nombreuses^  que  ce  nombre  surpasse  presque  du  double  de 
celui  des  autres  membres  de  la  même  Famille.  C'est  l'abondance  des  Morelles  dans  l'Amérique 
tropicale,  qui  rend  cette  contrée  plus  riche  en  Solanées  que  tout  le  reste  du  globe. 

Toutes  les  Cestrinées  habitent  l'Amérique  tropicale ,  quelques-unes  se  rencontrent  au  delà 
du  Capricomc  ;  aucune  ne  naît  en  deçà  du  Cancer. 

Le  commerce  a  disséminé  sur  toute  la  surface  de  la  terre  quelques  Espèces  de  Solanées . 
dont  plusieurs  ont  été  propagées  par  la  culture,  à  cause  de  leur  utilité. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  vertus  médicales  des  Solanées  proviennent  de  sub- 
stances alcalines  narcotiques ,  qui  varient  dans  la  plupart  des  Espèces ,  et  sont  associées  à  un 
principe  acre ,  variable  comme  elles.  Quelques-unes  contiennent  abondamment  une  matière 
extractive  amère  ;  quelques  autres  possèdent  une  huile  volatile  et  balsamique.  —  Le  fruit  de 
plusieurs  d'entre  elles  est  vénéneux,  ou  seulement  acre,  ou  même  il  devient  comestible  par  la 
prédominance  d'un  suc  acide  qui ,  uni  à  un  mucilage  abondant ,  domine  le  principe  acre  et 
narcotique.  Les  graines  contiennent  souvent  une  huile  fixe  ;  enfin,  chez  un  petit  nombre  d'Es- 
pèces, les  tubercules  sont  riches  en  amidon,  et  d'une  immense  utilité  pour  l'homme. 

Avant  de  faire  l'histoire  de  la  Jusquiame ,  de  la  Stramoine  et  de  la  Belladone  ^  qui 
sont  les  principales  Espèces  narcotiques  de  la  Famille,  disons  un  mot  de  l'action  des  nar^ 
coliques. 

On  a  donné  le  nom  de  narcotiques  aux  substances  qui  exercent  une  action  débilitante  sur 
les  centres  ou  les  conducteurs  nerveux ,  et  comme  ces  centres  et  ces  conducteurs  sont  les 
organes  qui  président  à  la  sensibilité ,  aux  mouvements  et  à  l'intelligence ,  les  narcotiques,  en 


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SOLANÉES  ET   CESTHINÉES. 


167 


les  débilitant^  doiveut  nécessairement  affaiblir  les  fonctions  placées  sous  leur  dépendance ,  de 
là  le  synonyme  de  stupéfiants,  donné  aux  agents  narcotiques. 

Le  narcottsme  résultant  de  l'action  des  stupéfiants  passe,  par  des  degrés  successifs,  du 
plus  simple  phénomène  de  stupeur  à  Textinction  totale  de  la  vie  :  sensations  émoussées, 
muscles  paresseux  à  se  contracter,  perception  et  combinaison  des  idées  devenant  de  plus  en 
plus  difficiles,  sensations  perverties,  hallucinations  fantastiques,  délire  triste  ou  gai,  sommeil 
de  plus  en  plus  profond,  insensibilité,  c'est-à-dire  inertie  plus  ou  moins  complète  du  système 
nerveux;  torpeur  progressive,  qui  de  la  vie  de  relation  se  propage  aux  appareils  de  la  vie 
organique^  et  dont  la  durée,  prolongée  indéfiniment,  n'est  autre  chose  que  la  mort  :  tel  est  le 
narcotisme,  succinctement  décrit  depuis  ses  premiers  symptômes  jusqu'à  sa  terminaison 
fatale;  or  ce  sont  les  phénomènes  intermédiaires,  c'est-à-dire  l'absence  de  la  douleur  et  le 
sommeil,  que  la  Médecine  veut  obtenir;  et  ses  plus  utiles  auxiliaires  pour  remporter  cette 
victoii^  sur  la  maladie,  sont  le  Pavot  qui  donne  Vopium,  et  les  Solanées  vireuses.  " 

La  Belladone  ( A ^ro/)a  i9e//arfowa),  est  une  herbe  vivace,  qu'à  sa  taille  on  prendrait 
pour  un  arbuste  parmi  les  jeunes  pousses  des  forêts  montueuses;  son  port  est  élégant,  mais 
sa  physionomie  est  suspecte  ;  son  feuillage  est  sombre ,  ses  fleurs  sont  livides ,  son  fruit 
trompeur  imite  une  cerise  noire,  dont  la  saveur  douceâtre  est  un  piège  pour  les  enfants  :  en 
1793,  de  petits  orphelins  qu'on  élevait  à  l'hospice  de  la  Pitié,  et  que  l'Administration  du 
Jardin  des  Plantes  employait  à  sarcler  les  mau^ises  herbes,  remarquèrent  dans  le  carré  des 
Plantes  médicinales  les  fruits  de  la  Belladone,  leur  trouvèrent  un  goût  sucré,  et  en  man- 
gèrent une  grande  quantité  :  quatorze  de  ces  petits  malheureux  moururent  quelques  heures 
après.  Cette  lamentable  catastrophe  justifie  le  nom  générique  donné  à  la  plante,  car  Atrnpa 
vient  à'Atropos;  le  nom  spécifique  Belladona  signifie  belle  dame,  et  fait  allusion  à  la  grande 
renommée  dont  jouit  cette  Solanée  en  Italie,  où  l'on  emploie  l'eau  distillée  de  Belladone, 
comme  un  cosmétique  précieux  pour  entretenir  la  ft'aîcheur  de  la  peau. 

Le  principe  actif  de  la  Belladone  réside  surtout  dans  les  feuilles  et  la  racine;  les  chimistes 
lui  ont  donné  le  nom  d'Atropine;  c'est  un  alcali  se  cristallisant  en  aiguilles  soyeuses;  mais  les 
médecins  emploient  de  préférence  la  poudre  des  feuilles  ou  de 
la  racine,  l'extrait  ou  suc  épaissi  de  la  Plante,  la  teinture  al- 
coolique, et  enfin,  pour  l'usage  extérieur,  des  graisses  ou  des 
huiles  dans  lesquelles  on  a  fait  macérer  les  feuilles,  et  qu'on 
nomme  baume  tranquille,  onguent  populéum,  —  La  Belladone, 
quefie  que  soit  la  forme  sous  laquelle  on  l'emploie,  est  de  tous 
les  médicaments  le  plus  efficace  contre  la  douleur,  symptôme 
qui  n'est  pas  une  maladie  par  lui-même,  mais  qui  est  souvent  une 
cause  puissante  de  maladie  ;  aussi  faut-il  le  combattre,  et  c'est 
par  les  narcotiques  qu'on  le  détruit  ;  toutefois  les  médecins,  dis- 
tinguent soigneusement  les  douleurs  internes,  où  l'opium  est  plus 
utile,  des  douleurs  externes  que  les  Solanées  apaisent  plus  sûre- 
ment ;  les  douleurs  névralgiques,  celles  du  rhumatisme  articulaire 
et  de  la  goutte,  cèdent  à  l'emploi  de  la  Belladone. 

La  Belladone  possède  la  propriété,  toute  spéciale,  de  relâcher 
les  anneaux  musculeux  et  ligamenteux;  aussi  l'emploie-t-on 
comme  auxiliaire  pour  réduire  les  hernies  étrangfées  pour  facilifer 
Taccôuchement,  pour  dilater  la  pupille  dans  les  maladies  des 
yeux  ;  l'analogie  l'a  fait  aussi  administrer  dans  la  coqueluche  et 
dans  l'asthme  essentiel. 
La  Mandragore  (Mandragora  officinalis)  est  une  Espèce 
voisine  de  la  Belladone,  croissant  dans  les  lieux  sombres,  comme  l'indique  son  nom,  qui 
signifie  ornement  des  cavernes;  cette  Plante,  connue  et  célébrée  depuis  un  temps  immé- 


[Mandragora  offtcinalU.) 


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168  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

morial,  était  employée  par  les  magiciens  et  les  sorciers  pour  donner  des  hallucinations 
bizarres,  et  troubler  la  raison;  ses  racines  fort  grosses,  souvent  bifurquées,  ont  été  comparées 
aux  cuisses  de  Thomme,  ce  qui  les  a  fait  appeler  semi-honio.  Les  propriétés  de  la  Man- 
dragore sont  analogues  à  celles  de  la  Belladone. 

La  JrsQuiAMR  {Hyoscyamtts  niger)  est  une  herbe  bisannuelle  qu'on  rencontre  en 
Europe  parmi  les  décombres  et  dans  le  voisinage  des  habitations;  sa  tige  est  recouverte  d'un 
coton  visqueux,  ef  exhale  une  odeur  repoussante;  sa  corolle,  un  peu  irrégulière,  est  d'un 
jaune  pâle,  veiné  de  pourpre;  sa  capsule  s'ouvre  par  le  soulèvement  d'une  petite  calotte  qui 
forme  son  tiers  supérieur.  —  Elle  doit  ses  propriétés  narcotiques  à  une  substance  alcaline, 
cristallisable  en  aiguilles  soyeuses,  étoilées,  qu'on  ne  rencontre  que  dans  la  plante  de  seconde 
année,  et  avant  la  fleuraison  :  les  chimistes  lui  ont  donné  le  nom  de  Hyoscyamine.  —  L'actioo 
de  la  Jusquiame  est  moins  énergique  que  celle  de  la  Belladone  ;  mais  à  haute  dose  elle  peut 
causer  la  mort.  Un  médecin  allemand  raconte  que  Ton  servit  aux  Bénédictins  du  couvent  de 
Hhinow  de  la  salade  que  Ton  croyait  être  delà  racine  de  chicorée.  Or,  c'était  de  la 
Jusquiame.  Après  le  repas,  les  moines  s'allèrent  coucher;  peu  après,  les  symptômes  de 
l'empoisonnement  commencèrent  à  se  manifester  :  malaise  général,  douleurs  d'entrailles, 
vertiges,  ardeur  du  gosier;  à  minuit,  heure  de  matines,  un  moine  était  tout  à  fait  fou;  on 
crut  qu'il  allait  mourir,  et  on  lui  administra  le  viatique.  Panni  ceux  qui  étaient  allés  au 
chœur,  les  uns  ne  pouvaient  ni  lire,  ni  ouvrij^les  yeux;  les  autres  mêlaient  à  leurs  prières  des 
paroles  désordonnées;  d'autres  croyaient  voir  des  fourmis  courir  sur  leur  livre.  Le  matin,  le 
frère  tailleur  ne  pouvait  enliler  son  aiguille,  il  en  voyait  trois  au  lieu  d'une.  Tous  guérirent. 
—  La  Jusquiame  blanche  (H.  albus),  la  7.  dorée  (H.  aureus),  ont  les  propriétés  de  la  J.  noire, 
mais  à  un  moindre  degré. 

LaSTRAMoiNE  (Datura  stramonium) ,  est  une  herbe  annuelle,  inconnue  des  Anciens, 
qu'on  rencontre  maintenant  sur  les  fumiers,  dans  les  lieux  incultes,  aux  environs  des  villages; 
son  feuillage  est  triste,  et  sa  fleur  magnifique  ;  la  corolle  est  blanche,  très-longue,  à  cinq  plis; 
son  fruit  est  une  capsule  hérissée  de  piquants,  et  nommée  Pomme  épineuse;  elle  nous  a  été 

apportée  au  moyen  âge,  du  fond  de  l'Asie,  par  les  Ziogaris 
vagabonds,  ou  Bohémiens  ;  son  principe  actif  est  la  Datu- 
rine^  qui  se  trouve  dans  les  feuilles  et  surtout  dans  la 
g]'aine,  cristallisée  en  prismes  irréguUers,  brillants.— 
Le  Datura  tatula  (Z>.  tatula  ) ,  presque  semblable  à  la 
Stramoiney  mais  deux  fois  plus  élevé,  à  tige  pourprée,  à 
corolle  plus  grande;  le  D.  pérock  (Z>.  ferox),  dont  la 
corolle  est  petite  et  la  capsule  plus  piquante;  le  D.  fas- 
tueux (/>.  fastuosa),  à  corolle  beaucoup  plus  grande, 
violette  en  dehors^  nommé  vulgairement  la  Trompette 
du  jugement  dernier,  et  dont  la  capsule  est  tuberculeuse 
plutôt  qu'épineuse  ;  le  D.  Métel  {D.  Metel),  à  feuilles 
ovales  presque  entières,  à  capsules  globuleuses ,  dont  les 
Orientaux  mêlent  la  graine  à  l'opium  ;  toutes  ces  Espèces 
sont  cultivées  dans  les  jardins^  et  possèdent  les  mêmes 
propriétés  que  la  Stramoine,  Nous  en  dirons  autant  du 

FBtlT    DE    LA    STBABOlIf».  y^  .  _  .  ,  x  .      . 

Datura  en  arbre  (Brugmannsia suaveolens) , arbrisseau 
du  Pérou ,  cultivé  en  Europe,  à  fleurs  longues  d'un  pied,  d'un  blanc  rayé  de  jaune  pâle,  et 
d'une  odeur  suave. 

Le  D.  BICOLORE  {Br.  sanguinea),  que  l'on  cultive  aussi  dans  nos  jardins,  croît  sur  les 
montagnes  du  Mexique,  où  on  le  nomme  Bovochevo;  la  corolle  est  verte  à  la  base,  jaune 
sur  son  milieu  et  d'un  rouge  vif  sur  son  limbe.  Les  indigènes  préparent  avec  les  fruits  de  cet 
arbrisseau    une   boisson    nommée    Tonga:   si  on   la  prend   délayée,  elle  est  somnifère: 


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SOLANÉES   ET  CESTHINÉES.  169 

eaneentrée,  elle  cause  un  délire  furieux,  que  Von  apaise  en  avalant  beaucoup  d'eau  froide.  La 
prétresse  du  temple  du  soleil,  dans  la  ville  de  Sagamoza,  maugeait  des  graibes  de  té^ 
Datura,  pour  se  procurer  une  extase  prophétique.  La  Pythie  de  Delphe  usait  d*un  semUablfe 
moyen.  —  Les  gens  qui  cherchent  à  découvrir  les  cachettes  souterraines  où  sont  enfouis  des 
trésors,  avalent  des  semences  de  Datura,  afin  de  donner  à  leur  esprit  la  connaissance  des 
choses  secrètes. 

.  C'est  aussi  la  graine  de  la  StranK)ine  que  de  prétendus  sorciers  employaient  autrefois  pour 
produire  des  visions  fantastiques,  et  iaire  assister  aux  séances  du  sabbat  les  gens  dont  ils 
exploitaient  la  superstition.  A  une  époque  moins  reculée,  on  a  poursuivi  une  compagnie  d^ 
voleurs  connus  sous  le  nom  d'endormeurs;  ils  mêlaient  du  tabac  à  de  la  poudre  de  Datura; 
puis  dans  les  lieux  publics,  dans  les  voitures,  Ds  se  plaçaient  à  côté  de  gens  auxquels  ils 
olFraient  fréquemment  du  tabac,  et  dès  qu'ils  les  voyaient  assoupis  ou  délirants,  ils  les  dé- 
pouillaient sans  obstacle. 

lassons  pour  un  moment  les  Solatiées  viveuses^  et  reprenons  Thistoire  des  Espèces  dont  le 
fruit  est  une  baie. 

L'Alkéhe.ngb  {Physalis  alkekingi),  est  une  herbe  indigène  qui  croit  dans  les  lieujK 
sans  culture;  sa  baie  peu  succulente,  légèrement  aigrelette,  est  renfermée  dans  un  ealyoe 
accrescent ,  qui  se  boursoufle  et  prend  une  couleur  rouge  ;  elle  est  employée  comme  diuré* 
tique.  Le  Physalù  somnifera,  du  midi  de  l'Europe  et  de  l'Orient,  possède  des  vertus  plits 
énergiques.  Le  Ph,  peruvtana  est  dispersé  dans  la  région  tropicale  ;  sa  baie  odorante,  d'une 
saveur  douce  et  acidulée,  se  mange  crue  avec  du  sucre,  et  entre  dans  la  composition  4ies 
philtres  amoureux.  La  baie  du  Jaborosa  et  celle  de  VBimeranthXa  sont  aussi  employées  dans 
l'Amérique  méridionale  pour  exciter  les  passions  amoureuses. 

Le  Pi  MENT  (Capsicum  annuum),  vulgairement  appelé  Corail  des  jardins,  Poivre  d'Inde, 
Poivre  de  Guinée ,  est  une  herbe  annuelle,  originaire  des  Indes,  et  cultivée  aujourd'hui  dan» 
toute  TEurope  australe,  dans  l'Amérique  et  dans  l'Afrique  ;  sa  baie  est  conique ,  lisse  et 
luisante,  verte  d'abord  et  d'un  rouge  vif  à  la  maturité  ;  dans  cette  baie,  presque  sèche,  réside 
un  principe  résineux  balsamique  très-àcre,  nommé  Çapeicine,  qui  possède  des  proptriéiés 
énergiques;  elle  irrite  le  tube  digestif,  provoque  le  vomissement  et  peut  même  agir  eomine 
poison  narcotique  ;  c'est  à  elle  que  le  Piment  doit  les  qualités  qui  les  font  rechercher  eomme 
condiment  dans  toutes  les  contrées  du  ^obe.  Le  Piment  vs  Caverne  (Capsicum  fru- 
tescens  est  désigné  sous  le  nom  de  Piment  enragé, 

La  Tomate  [Lycopersicum  esculentum),  originaire  des  Antilles,  cultivée  dans  tous  les 
jardins,  produit  un  fruit  nommé  Pomme  d'amour^  d'un  rouge  vif,  à  lobes  arrondis,  rempli 
d^une  pulpe  orangée,  aigrelette,  et  d'un  parfmn  doux  et  agréable.  On  en  fait  des  sauces  très- 
usitées  dans  l'art  culinaire. 

Le  Genre  Morelle  [Solanum),  si  nombreux  en  Espèces,  a  pour  caractères  une  corolle 
rotacée,  des  anthères  presque  cohérentes  et  s'ouvrant,  non  par  ^les  fentes  longitudinales,  mais 
deux  pores  ouverts  à  leur  sonunet.  Citons  d'abord  la  Doue  s- auere  (S,  dtUcamara),  arbris- 
ssau  sarmenteux,  qui,  malgré  la  couleur  triste  de  son  feuillage,  décore  nos  campagnes  par 
ses  jolies  fleurs,  puis  par  ses  cymes  pendantes  de  baies  rouges.  On  la  CAdtive  pour  garnir  des 
murs  et  des  berceaux  5  sa  tige,  douée  d'une  saveur  amère  avec  un  arrière -goût  douceâtre, 
pourrait  être  employée  comme  narcotique^  mais  c'est  surtout  comme  dépurative  qu'on  l'admi- 
nistre dans  le  traitement  des  maladies  attribuées  à  une  vice  particulier  des  huBoeurs,  et 
notamment  des  affections  cutanées,  accompagnées  d'une  vive  irritation. 

La  Mo  R  E  L  L  E  F  A  r  X  P I M  £  .>  T  (  5,  pseudo-<apsicum  ) ,  ou  Pommier  d^anwurj  est  un  élégant 
arbrisseau  de  l  île  de  Madère,  cultivé  en  orangerie,  dont  les  fruits  sont  des  baies  globuleuses 
d'un  rouge  vif,  de  la  grosseur  d'une  petite  cerise.  Beaucoup  d'autres  Solantan  sont  cultivés 
comme  Plantes  d'ornement,  et  produisent  toutes  un  bel  effet;  nous  ne  mentionnerons  que 
la  M.  DE  Madagascar  (S,  pyracanihum),  dont  les  feuilles  sont  armées  sur  leurs  deux 


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170  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

faces,  de  longues  épines,  couleur  de  feu,  et  le  S.  nocturne  {S.  somniculentum)  (PI.  VI), 
ainsi  nommé  à  cause  de  la  somnolence  qui  lui  fait  fermer  sa  corolle  pendant  que  le  soleil  est 
au-dessus  de  l'horizon  ;  après  le  coucher  de  l'astre ,  la  corolle  se  déplisse  et  veille  toute  la 
nuit,  et  même  dans  les  premières  heures  de  la  matinée,  si  le  ciel  est  nébuleux.  Cette  Plante 
curieuse  est  originaire  du  Mexique ,  et  n'est  connue  que  depuis  peu  d'années  dans  nos  serres 
tempérées  ;  elle  peut  passer  en  pleine  terre  tout  le  temps  de  la  belle  saison. 

La  M.  NoiBE  (5.  nigrum)  est  une  petite  herbe  peu  élégante,  qui  croît  abondamment  le 
long  des  murs  des  villages  et  dans  les  lieux  cultivés;  elle  exhale  une  odeur  vireuse,  et  sa  saveur 
est  amère  salée  ;  toutes  ses  parties,  et  surtout  son  fruit,  contiennent  un  alcali,  qu'on  a  nommé 
Solanine,  et  qui  est  vomitif  d'abord,  puis  narcotique.  Cet  alcali  existe  dans  toutes  les  Espèces 
du  Genre,  mais  il  y  est  souvent  mitigé  par  un  acide  ou  un  mucilage.  C'est  précisément  le  cas 
de  l'Espèce  en  question,  qui  est  employée  communément  à  la  manière  des  Ëpinards,  dans  les 
régions  tropicales,  sous  le  nom  de  Brède,  et  à  laquelle  on  trouve  un  goût  délicieux. 

Chez  d'autres  Morelles,  le  fruit  lui-même  est  comestible  :  telle  est  la  MÉLONGÊlfE 
ou  Aubergine  (S.  Melongena),  Herbe  annuelle,  indigène  dans  TAsie  tropicale,  que  la  culture 
a  répandue  dans  la  région  méditerranéenne,  et  qui,  transportée  en  Amérique,  s'est  natura- 
lisée dans  tout  le  nouveau  continent.  Son  fruit  est  gros ,  ovoïde ,  lisse ,  ordinairement  violet, 
quelquefois  jaune ,  contenant  une  chair  blanche ,  qui  devient  comestible  par  la  cuisson.  Telle 
est  encore  la  M.  ovifère  [S.  oviferum],  vulgairement  Poule  pondeuse,  dont  la  baie  a  tout  à 
fttit  la  forme,  la  couleur  et  le  volume  d'un  œuf  de  poule.  On  mange  ces  baies,  coupées  par 
tranches,  et  frites  ou  cuites  entre  deux  plats. 

Mais,  de  toutes  les  Morelles  comestibles,  la  plus  intéressante  est  la  M.  tubéreuse  (Sda- 
num  tuberosum) ,  connue  dans  le  monde  entier  sous  le  nom  de  Pomme  de  terre.  Ce  tubercule , 
qui  nous  fournit  une  fécule  si  abondante  ,  n'appartient  pas  à  la  racine,  comme  on  l'a  cru  long- 
temps :  c'est  une  dépendance  de  la  tige ,  une  sorte  de  loupe ,  qui  se  développe  sur  la  partie 
souterraine  de  la  tige  ,  véritable  magasin  de  nourrituie ,  d'où  naîtront  autant  d'individus  nou- 
veaux qu'il  y  a  de  petits  yeux  à  sa  surface  ;  l'humidité  et  Tobscurité  favorisent  la  formation  de 
CCS  excroissances  :  voilà  pourquoi  les  cultivateurs  ont  soin  d'entourer  de  terre  le  bas  de  la 
tige,  c'est-à-dire  de  la  butter  aussi  haut  que  possible,  afin  de  provoquer  le  développement  d'un 
plus  grand  nombre  de  tubercules. 

La  Ponune  de  terre  est  originaire  des  Cordillières  du  Péi*ou  et  du  Chili,  où  on  la  nomme /mi/mz; 
elle  était  cultivée  depuis  la  plus  haute  antiquité  dans  l'Amérique  occidentale  ;  elle  l'est  au- 
jourd'hui dans  le  monde  entier;  non-seulement  elle  nous  donne  à  peu  de  frais  un  aliment 
agréable  et  sain,  qui  est  le  pain  du  pauvre  et  le  régal  du  riche ,  mais  les  chimistes  ont  trouvé 
le  moyen  de  changer  sa  fécule  en  sucre  et  en  alcool.  —  C'est  aux  savants  travaux  et  au  zèle 
infatigable  du  chimiste  Parmentier  que  nous  devons  l'extension  de  sa  culture  et  de  son  emploi: 
ce  philanthrope  sut,  le  premier,  mesurer  d'avance  dans  toute  leur  étendue  les  services  que  le 
tubercule  américain  pouvait  rendre  à  l'espèce  humaine  ;  il  fit  part  de  ses  idées  au  roi 
Louis  XYl,  qui  les  partagea  bientôt  avec  ardeur  ;  mais  il  fallait  rendre  ces  idées  populaires,  et 
surtout  intéresser  à  leur  succès  la  Mode,  cette  reine  despotique,  dont  l'autorité  domine  celle 
des  rois.  Louis  XVI,  par  le  conseil  de  Parmentier,  se  montra  dans  une  fête  publique ,  tenant  à 
la  main  un  bouquet  composé  des  fleurs  de  la  Morelle  tubéreuse  :  ces  belles  corolles  bleues ,  à 
anthères  jaunes ,  disposées  en  corymbe  ,  et  accompagnées  de  feuilles  élégamment  découpées , 
excitèrent  la  curiosité  ;  on  en  parla  à  la  cour  et  à  la  ville;  on  les  imita  poiur  les  faire  entrer 
dans  les  bouquets  artificiels  ;  elles  furent  rangées  par  les  fleuristes  au  nombre  des  Plantes 
d'agrément,  et  les  seigneurs,  pour  faire  leur  cour  au  roi,  en  envoyèrent  à  leurs  fermiers,  avec 
ordre  de  les  cultiver.  Toutefois ,  cette  première  tentative  resta  stérile,  les  grands  proprié- 
taires avaient,  il  est  vrai,  suivi  l'impulsion  donnée  par  le  bon  Louis  XVI  ;  ils  avaient  permis  à 
la  Pomme  de  terre  de  végéter  dans  quelques  coins  de  leurs  domaines  ;  mais  les  paysans  ne  la 
cultivaient  qu'avec  répugnance  ;  ils  refusaient  d'en  manger ,  et  Tabandonnaient  à  leurs  bcs- 


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SOLANÉES  ET  CESTRINÉES.  171 

tiaux;  il  y  en  avait  même  qui  ne  la  jugeaient  pas  cligne  de  servir  d'aliment  à  ces  derniers.  Ce 
fut  Parmentier,  qui,  le  premier,  fit  du  pain  de  Pomme  de  terre  :  il  avait  entrepris  de  vulgariser 
en  France  Tusage  de  ce  précieux  tubercule  ;  il  comprenait  que  si  la  Pomme  de  terre  pouvait 
suppléer  le  Froment,  toute  famine  devenait  à  jamais  impossible.  Aussi  cet  homme  généreux 
consacra-t-il  sa  fortune,  son  talent,  sa  vie  entière  à  cette  oeuvre  immense  de  charité  :  ce  n'était 
pas  assez  d'encourager  la  culture  de  la  Pomme  de  terre  par  des  écrits,  des  discours,  des 
récompenses,  en  un  mot,  par  tous  les  moyens  d'influence  que  lui  donnait  sa  haute  position  :  il 
acheta  ou  prit  à  ferme  une  grande  quantité  de  terres  en  friche  ,  à  plusieurs  lieues  de  rayon 
de  Paris,  et  il  y  fit  planter  des  Pommes  de  terre.  La  première  année,  il  les  vendit  à  bas  prix 
aux  paysans  des  environs  :  peu  de  gens  en  achetèrent  ;  la  seconde  année ,  il  les  distribua  pour 
rien,  personne  n'en  voulut.  A  la  fin ,  son  zèle  devint  du  génie  :  il  supprima  les  distributions 
gratuites,  et  fit  publier  à  son  de  trompe  dans  tous  les  villages  une  défense  expresse,  qui  mena- 
çait de  toute  la  rigueur  des  lois  quiconque  se  permettrait  de  toucher  aux  Pommes  de  terre  dont 
ses  champs  regorçeaient.  Les  gardes  champêtres  eurent  ordre  d'exercer,  pendant  le  jour,  une 
surveillance  active,  et  de  rester  chez  eux  pendant  la  nuit.  Dès  lors  chaque  carré  de  Pommes  de 
terre  devint,  pour  les  paysans,  un  jardin  des  Hespérides ,  dont  le  dragon  était  endormi;  la 
maraude  nocturne  s'organisa  régulièrement,  et  le  bon  Parmentier  reçut  de  tous  côtés  des 
rapports  sur  la  dévastation  de  ses  champs,  qui  le  faisaient  pleurer  de  joie.  A  dater  de  cette 
époque,  il  ne  fut  plus  nécessaire  de  stimuler  le  zèle  des  cultivateurs  :  la  Pomme  de  terre  avait 
acquis  la  saveur  du  fruit  défendu  ,  et  sa  culture  s'étendit  rapidement  sur  tous  les  points  du 
royaume.  Aujourd'hui,  la  France  en  récolte  78  millions  d'hectolitres,  ce  qui  équivaut  à 
250  millions  de  francs;  les  feuilles  sont  employées  comme  fourrage ,  et  Ton  tire  même  parti 
de  iVau  de  lavage  qui  a  servi  à  l'extraction  de  l'amidon^  pour  arroser  les  prairies,  qu'elle  enri- 
chit de  l'azote  retenu  par  elle. 

Depuis  quelques  années,  ce  précieux  Végétal  est  sujet  à  une  maladie  qui  a  dévasté  les 
grandes  cultures  et  jeté  l'effroi  parmi  les  populations.  Cette  maladie  consiste  en  une  sorte  de 
blessissement  des  cellules,  dont  les  sucs  se  modifient  et  deviennent  alcalins,  au  lieu  d'être 
acides,  comme  dans  l'état  normal.  Cette  altération  du  parenchyme  ne  s'étend  pas  aux  grains 
de  fécule  ;  ceux-ci  restent  intacts,  et  leur  quantité  n'est  pas  considérablement  diminuée.  La 
maladie  est  épidémique,  car  elle  sévit  à  la  fois  sur  des  contrées  entières  ,  mais  elle  n'est  pas 
contagieuse ,  comme  on  s'en  est  assuré  en  plantant  dans  des  hachis  de  tubercules  malades 
des  Pommes  de  terre  saines  qui  ont  végété  sans  le  moindre  accident. 

On  avait  pensé  que  le  mal  était  produit  par  un  Champignon  du  Genre  des  Moisissures,  le 
Botrytis  infestant,  lequel,  pénétrant  par  les  stomates  des  feuilles,  descendait  le  long  des  tissus 
et  allait  jusque  dans  le  sol ,  tuer  les  tubercules.  Cette  hypothèse  a  été  abandonnée,  comme 
beaucoup  d'autres  :  un  grand  nombre  d'agronomes  regardent  aujourd'hui  la  maladie  des 
Pommes  de  terre  comme  le  résultat  d'une  lésion  de  fonctions  dans  les  parties  aériennes  de  la 
Plante  ;  et^  ce  qui  vient  à  l'appui  de  cette  opinion ,  c'est  qu'on  a  réussi  à  prévenir  le  fléau  en 
supprimant  la  tige  et  les  feuilles  :  le  tubercule  végète  alors  sans  être  en  rapport  avec  les 
oi^anes  aériens,  et  il  reste  sain.  La  culture  automnale  est  la  consécration  de  cette  pratique  : 
au  lieu  de  planter  la  Pomme  de  terre  en  mars,  on  la  plante  en  septembre  ;  pendant  six  mois , 
la  v^étation  souterraine  du  rhizome  marche  sans  feuillage  extérieur,  et  quand  celui-ci  se 
développe  au  printemps,  la  Pomme  de  terre  a  pris  assez  de  développement  pour  résister  aux 
influences  atmosphériques. 

N'oublions  pas  de  dire  que  si  le  tubercule  de  la  pomme  de  terre  est  alibile ,  les  feuilles  et 
les  fruits  sont  narcotiques  ;  dans  le  tubercule  lui-même,  il  faut  enlever  avec  soin  les  bourgeons 
qui  naissent  sur  les  yeux  :  ils  contiennent  de  la  Solanine. 

11  y  a  au  Brésil  une  Mo  belle  (Solanum  pseudoquina),  dont  Técorce,  très-amère,  est 
employée  comme  fébrifuge,  parmi  les  succédanées  du  vrai  Quinquina. 

Le  Ta  BAT.  [Nicotiana  Tnbncum)  est  une  herbe  glutineuse,  couverte  dans  toutes    ses 


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172  HISTOIHE   DES  FAMILLES. 

parties  d'un  duvet  très-court  ;  ses  feuilles  sont  sessiles,  presque  embrassantes,  d'un  vert  pâle, 
ovales-oWongues,  très-entières;  les  fleurs  sont  disposées  en  panicule,  le  tube  de  la  corolle  est 
Tcrdàtre ,  le  limbe  est  étalé ,  à  5  plis  et  à  5  lobes  pointus ,  d'une  couleur  rose  ;  la  capsule 
s'ouvre  au  sommet  en  deux  valves  septicides. 

C'est  d'Amérique  que  nous  est  venu  l'usage  universellement  répandu,  qui  consiste  à  humer 

la  fumée  et  à  aspirer  par  le  nez  la  poudre  des  feuilles  du 
Tabac.  Ceux  qui,  avec  Christophe  Colomb,  en  1402,  abor- 
dèrent les  premiers  à  l'île  de  Cuba,  virent  avec  surprise  les 
indigènes  rouler  des  feuilles  desséchées  de  la  plante,  de  ma- 
nière à  en  former  un  tuyau  qu'ils  appelaient  Tabaco,  puis 
l'allumer  à  une  extrémité,  mettre  l'autre  dans  leur  bouche, 
et,  par  des  mouvements  d'inspiration  et  d'expiration,  répandre 
autour  d'eux  une  fumée  continuelle.  Les  navigateurs  qui  visi- 
tèrent ensuite  les  îles  et  le  continent  du  Nouveau-Monde  dont 
le  génie  audacieux  de  Colomb  avait  ouvert  les  portes,  virent 
partout  la  même  coutume  en  vigueur  chez  les  indigènes, 
mais  avec  de  nombreuses  variations  :  les  uns  aspiraient  la 
fumée  de  ces  tubes  par  la  bouche,  les  autres  par  les  narines; 
d'autres  employaient  des  tuyaux  de  bois  ou  d'argile  cuite, 
remplis  de  l'herbe  hachée  en  menus  morceaux,  ou  bien  s'in- 
troduisaient dans  le  nez  les  feuilles  réduites  en  poudre,  ou 
même  mâchaient  ces  feuilles  entières.  Les  prêtres  s'en  servaient 
comme  d'une  drogue  pour  s^exalter  le  cerveau,  et  prédire 
l'avenir.  Le  Tabac  était  partout  cultivé  dans  les  champs  et 
dans  les  jardins. 
{Niootil^TabMHm  \  Ccttc  Plante,  vantée  par  les  Américains  pour  ses  vertus 

calmantes,  fut  d'abord  employée  par  les  Portugais,  puis  par  les 
Anglais ,  bientôt  elle  se  répandit  dans  toute  l'Europe,  et  envahit  rapidement  le  globe  entier. 
Cette  coutume  inouïe  de  fumer  et  de  priser,  introduite  d'abord  comme  un  moyen  de  calmer 
diverses  maladies,  fut  bientôt  rangée  parmi  les  délices  de  la  civilisation  et  les  premières  né- 
cessités de  la  vie;  de  sorte  qu'on  eût  pu  la  regarder,  ,non  comme  une  invention  nouvelle 
arrivée  du  Nouveau-Monde,  mais  comme  un  besoin  né  avec  le  genre  humain. 

Le  Tabac  fut  apporté  en  Europe  en  1560.  Jean  Nicot,  ambassadeur  de  France  en  Portugal, 
en  reçut  d'un  Flamand  qui  arrivait  de  la  Floride.  Ce  fut  lui  qui  offrit  la  première  prise  de  sa 
poudre  à  Catherine  de  Médicis.  La  reine  y  prit  goût,  toute  la  cour  s'empressa  de  l'imiter, 
et  la  Plante,  que  l'on  avait  d'abord  appelée  Nicoiiane  du  nom  de  Nicot,  fut  nommée  Herbe 
à  la  Reine,  et  célébrée  comme  une  panacée.  Walter  Raleigh  et  ses  compagnons  en  appor- 
tèrent de  la  Virginie  en  Angleterre,  et  l'usage  s'en  répandit  parmi  les  gentilshommes  et  les 
courtisans  les  plus  délicats.  Bientôt  l'engouement  pour  le  Tabac  devint  si  général,  que  les 
rois  s'en  alarmèrent.  Jacques  !•«•,  roi  d'Angleterre,  publia  en  1619,  contre  l'usage  de  cette 
Plante,  un  pamphlet  écrit  en  latin  très-élégant,  et  intitulé  Misocapnos.  Il  déplore  dans  cet 
opuscule  l'extension  rapide  qu'a  prise  la  Plante  américaine  dans  son  royaume.  «  Sans  Tabac, 
dit-il,  on  ne  croit  pas  avoir  traité  un  hôte  assez  somptueusement  ;  sans  Tabac ,  point  de 
société  agréable  ;  sans  Tabac,  point  de  médecine  efficace.  Si  du  moins  cette  manie  fût  restée 
le  partage  exclusif  des  hommes  !  Mais  aujourd'hui  les  femmes  éprouvent  le  besoin  de  dépraver 
leur  haleine,  afin  de  pouvoir,  par  cette  similitude ,  supporter  Thaleine  fétide  de  leurs 
maris.  »  Le  pape  Urbain  VIII,  en  1624.,  fulmina  contre  le  Tabac  une  bulle  spéciale,  et, 
dans  toutes  les  églises  de  la  chrétienté,  les  bedeaux  furent  autorisés  à  s'emparer  des  tabatières 
qu'ils  surprendraient  entre  les  mains  des  fidèles,  confiscation  très-productive,  attendu  que  les 
boîtes  étaient,  pour  la  phipart,  d'or  et  d'argent.  Le  sultan  Amurath  IV,  le  Shah  de  Perse  et 


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PI.  XIV 


( 


(Malvacéc.-»  \ 


l  Tet'nstrœruiacéei*  1 


(  Sterouhncéet»  ) 


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.'V.....^.r    V,.,^..A, 


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SOLANÉES  ET  CESTHINÉES.  173 

le  grand-duc  de  Mosco\  ie,  jugèrent  que  le  meilleur  moyen  d'empêcher  les  priseurs  de  faire 
usage  du  Tabac,  était  de  leur  couper  le  nez,  et  ils  publièrent  des  firmans  et  des  ukases  en 
conséquence  ;  mais  la  Nicotiane  a  triomphé  de  toutes  ces  persécutions;  elle  est  plus  que  jamais 
eu  faveur;  on  s'en  met  dans  le  nez,  On  en  hume  la  fumée,  on  en  mâche  les  feuilles,  et  le 
Tabac  est  plus  connu  que  le  pain  dans  certaines  contrées  du  globe.  Les  gouvernements  ont  fini 
parle  tolérer;  mais  ils  l'ont  frappé  d'un  impôt  énorme,  qui  s'élève  maintenant  en  France  à 
près  de  80  millions. 

Le  Tabac  est  quelquefois  employé  comme  Plante  médicinale,  dont  les  propriétés  sont  ana- 
logues à  celles  de  la  Belladone  et  des  autres  Solanées  vireuses;  ces  propriétés  dépendent 
aussi  d'une  substance  alcaline  particulière,  nommée  Nicotine ,  et  combinée  dans  le  Tabac 
avec  un  acide  particulier  ;  on  obtient  la  Nicotine  par  distillation ,  après  avoir  neutralisé,  au 
moyen  d'un  alcali  fixe,  l'acide  qui  la  retenait.  La  Nicotine,  poison  très-violent,  adonné 
lieu  tout  récemment  à  un  drame  lugubre,  qui  a  vivement  occupé  l'attention  publique. 

On  ne  peut  se  défendre  d'un  sentiment  de  confusion  en  pensant  qu'une  des  causes  les  plus 
puissantes  de  la  propagation  du  Tabac  réside  dans  la  vanité  de  l'esprit  humain.  L'observation 
de  tous  les  jours  nous  démontre  que  la  plupart  des  hommes  sont  devenus  fumeurs  dès  leur 
adolescence,  non  pour  se  donner  un  plaisir  (car  les  premiers  essais  sont  punis  par  un  narco- 
tisme  souvent  fort  douloureux),  mais  uniquement  pour  imiter  les  hommes  faits.  L'imberbe 
fume  un  cigare  par  la  même  raison  qu'il  racle  ses  joues  glabres  avec  un  rasoir.  Les  jeunes 
Romains  achetaient  autrefois  par  des  épreuves  pénibles  l'honneur  de  porter  la  robe  virile; 
aujourd'hui  la  pipe  est  devenue  l'insigne  de  la  virilité;  et  ce  qu'il  y  a  de  déplorable,  c'est  que 
le  Tabac,  inutile  et  nuisible  dans  le  principe ,  devient  nécessaire  par  l'habitude  :  l'excitation 
permafiente  qu'il  établit  dans  les  glandes  salivaires,  finit  par  rendre  son  usage  indispensable. 
On  a  vu  des  funieurs  qui  avaient  entrepris  de  se  corriger,  devenir  sérieusement  malades  par 
suite  de  la  privation  qu'ils  s'étaient  imposée,  et  ne  reprendre  leur  état  normal  qu'en  revenant 
au  Tabac. 

Le  fils  de  Marie  Stuart  avait  raison  de  maudire  les  femmes  qui,  de  son  temps,  se  sou- 
mirent à  cet  ignoble  usage;  mais  ce  n'est  pas  seulement  en  corrompant  la  douceur  de  leur 
haleine  que  le  Tabac  a  nui  aux  dames,  c'est  en  leur  suscitant  une  concurrence  désastreuse, 
qui  a  porté  un  coup  mortel  à  la  galanterie  européenne.  Nous  pourrions  affirmer  que  si  le 
Tabac  avait  été  connu  au  moyen  âge,  la  chevalerie,  née  sous  l'influence  de  la  femme,  n'aurait 
jamais  existé.  Les  salons  français  ont  perdu  tout  leur  charme  depuis  que  la  tabagie  et  Testa- 
minet  sont  venus  s'installer  dans  leur  voisinage  :  Nicotine  gazeuse  et  alcool  liquide,  voilà  les 
plus  terribles  rivaux  du  sexe  féminin!  Si  ce  malheureux  sexe  comprenait  la  toute-puissance 
de  l'association,  s'il  osait  former  contre  les  fumeurs  une  coalition  bien  cimentée,  une  véritable 
sainte-alliance,  qui  écrirait  siur  sa  bannière  le  titre  du  livre  de  Jacques  l*',  Miso  capnosy 
haine  à  la  fumée  !  ce  serait  un  sur  moyen  d'extirper  de  nos  mœurs  cette  volupté  abrutissante  : 
mais,  hélas  !  il  y  aurait  bientôt  des  fausses-sœurs,  qui  trahiraient  la  conspiration,  et  rendraient 
inutile  la  persévérance  de  leurs  complices. 

Les  feuilles  du  Tabac  simplement  séchées  n'ont  pas  l'odeur  acre  du  Tabac  préparé  ;  pour 
obtenir  celui-ci,  on  humecte  les  feuilles  sèches  dans  de  l'eau  salée,  on  les  met  en  tas;  bientôt 
elles  s'échaufient  et  fermentent,  et^  après  plusieurs  mouillages  successifs  qui  produisent  de 
nouvelles  fermentations,  on  donne  aux  feuilles,  à  f  aide  de  moyens  mécaniques,  une  forme 
adaptée  à  l'usage  auquel  on  les  destine.  Pendant  la  fermentation  que  subissent  les  feuilles 
imbibées  d'une  liqueur  saline,  les  principes  azotés  du  Tabac  se  décomposent,  et  forment  de 
l'ammoniaqoe;  ceUe-ci  sature  l'acide  de  la  Plante,  et  met  à  nu  la  Nicotine,  qui,  étant  volatile 
et  unie  à  de  l'ammoniaque  en  excès,  donne  aux  feuilles  l'odeur  particulière  qu'on  nomme  le 
rmmtfmt  du  Tabac.  Voilà  pourquoi  le  Tabac  préparé,  dont  la  nicotine  s'évapore  sans  cesse,  en 
contient  moins  que  le  Tabac  naturel  desséché,  où  cet  alcali  se  conserve,  combiné  avec  l'acide 
de  la  Plante. 

23 


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nï  HISTOIKE   DES   FAMILLES. 

La  NicoTiANE  RUSTIQUE  (  Nicutiuna  rustica),  originaire  d'Amérique  comme  le 
Tabac j  en  diffère  par  ses  feuilles  pétiolées,  et  sa  corolle  d'un  vert  jaunâtre,  dont  le  limbe  est 
à  lobes  arrondis.  Elle  possède  les  mêmes  propriétés. 

Nous  terminerons  Thistoire  de  la  Famille  des  Solanées  par  Ténumération  rapide  des 
Espèces  cultivées  en  Europe  comme  Plantes  d'ornement.  Commençons  par  le  beau  Genre 
Pétunia,  voisin  du  Nicotiana  auquel  il  a  même  emprunté  le  nom  sous  lequel  on  désigne  le 
T^ibac  au  Brésil  et  dans  les  campagnes  d'une  partie  de  la  France  (petun,  butunn).  Les 
Pétunia  sont  des  herbes  de  l'Amérique  méridionale,  cultivées  en  Europe  depuis  très-peu 
d'années,  à  tige  et  feuilles  visqueuses,  à  pédoncules  axillaires  uniflores,  à  corolles  infundibu- 
liformes,  qui  se  succèdent  pendant  tout  l'été.  —  Le  P.  nyctage  {P.  nyctaginiflora) ^  a  de 
grandes  fleurs  blanches  odorantes;  le  P.  violet  (P,  violacea)  ^  a  des  fleurs  d'un  pourpre 
violacé,  moins  grandes  que  celles  de  l'Espèce  précédente  ;  ces  deux  Espèces  produisent,  par 
des  croisements  multipliés,  des  variétés  hybrides,  plus  riches  en  couleurs  que  leurs  types,  qui 
forment  dans  les  jardins  des  massifs  du  plus  bel  effet.  Nous  citerons  parmi  ces  hybrides  le 
P.  PINTADE  (P,  meleagris),  dont  la  corolle  blanchâtre  est  marquée  de  taches  d'un  violet 
vineux  ;  et  le  P.  Van  Volxem,  qui  a  sa  corolle  d'un  bleu  pourpré,  réticulée  de  veines  plus 
foncées,  et  bordée  d'une  bandelette  verte. 

Les  NiÉREMBERGiA  sont  des  Plantes  de  Buénos-Ayres,  que  l'on  cultive  en  serre  tempérée; 
leur  corolle  est  infundibuliforme,  de  couleur  bleuâtre  ou  purpurine. —  Le  Fabiana  ifnbricain 
est  un  élégant  arbrisseau  du  Pérou,  qui  a  ses  feuilles  très-courtes,  charnues,  imbriquées,  ce 
qui  lui  donne  la  physionomie  d'une  Bruyère  ;  ses  fleurs  sont  nombreuses ,  tubuleuses , 
blanches. 
Le  NicANDRA  FAuxALKEKENGE  { Nicandra physaloïdcs) ,  herbe  annuelle,  venue  du 

Pérou,  a  des  fleurs  solitaires  d'un  bleu 
pourpré,  à  fond  blanc,  et  marquées  de  5 
taches  d'un  bleu  plus  foncé  ;  elle  est  d'un 
effet  pittoresque  dans  les  massifs  d'arbris- 
seaux.—  L'Ulloa  ORANGÉ  (Ulloa  au- 
rantiaca)  est  un  arbrisseau  du  Mexique, 
à  corolle  tubuleuse,  un  peu  arquée,  plus 
longue  que  le  calyce,  et  d'un  jaune  orange; 
on  le  cultive  en  serre  tempérée. 

Les  Lycibt  (Lycium)  sont  des  arbris- 
seaux indigènes,  à  rameaux  arqués,  que 
l'on  cultive  pour  en  faire  des  haies  et  pour 
couvrir  des  tonnelles  ;  on  trouve  aussi  dans 
les  jardins  des  Espèces  exotiques,  telles 
que  le  L.  fuchsioïdb  (Z.  fuchsioîdes), 
arbrisseau  de  la  Colombie,  à  fleurs  rouges 
pendantes,  très-belles;  leL.  de  la  Chine 
(L,  Sinensé),  dont  les  fleurs  sont  pourpres, 
et  le  fruit  rouge  orangé. 
Dans  la  Famille  des  CestrinéeSy  nous 
1  citerons  seulement  le  Genre  Cestreau  (Ces- 

trum)^  dont  toutes  les    Espèces  sont  de 
l'Amérique  tropicale;   quelques-unes  sont 
cultivées  dans  nos  jardins  :  tels  sont  le 
fc"t1lm!)       '  C.  DIURNE  (C  dîumum) ,  arbrisseau  de 

Cuba,   qui  a  des  fleurs  en  faisceau,,  de 
couleur  blanche,  s'ouvrant  en-  novembre,  et  répandant  une  odeur  suave  pendant  le  jour; 


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SOLANÊES  KT  CESTHINÊES.  175 

le  C.  vesperlimwi,  qui  fleurit  pendant  Tété,  et  dont  les  corolles  violettes  répandent^  le  soir 
seulement,  une  odeur  de  vanille;  le  G.  nocturne  (C.  nocturnum),  dont  les  fleurs  verdàtres 
ne  sont  odorantes  que  la  nuit.  Ces  trois  Espèces  sont  de  serre  chaude,  et  ont  reçu  les  noms 
populaires  de  Galant  de  jour.  Galant  du  soir^  Galant  de  nuit,  — Le  C.  parqui  est  un  arbris- 
seau du  Chili,  qu'on  cultive  en  pleine  terre  ;  ses  feuilles  froissées  ont  une  odeur  nauséabonde  ; 
ses  fleurs  sentent  le  Jasmin  pendant  la  nuit. —  L'Habrothamnus  élégant  [H,  eleyans) 
ai  un  arbrisseau  du  Mexique,  dont  les  fleurs,  disposées  en  corymbe,  ont  leur  corolle  tubu- 
leuse  et  de  couleur  pourpre  ;  on  le  cultive  en  serre  tempérée.  —  L'Iochroma  tubuleux 
(/.  tubulosum),  qui  appartenait  jadis  aux  Habrothamnus^  est  un  arbuste  originaire  de  Loxa, 
dont  les  fleurs,  d'une  belle  couleur  violette,  se  sont  montrées  pour  la  première  fois  en  Europe, 
Tan  dernier,  dans  les  serres  tempérées  de  TAngleterre. 

Famille  XXIX^  —  ANTIRRHINÉES. 

PÉDICULAIRES   et   SCROP  HU  LA  IRES,  de  Jussieu.  —  HHINANTHOÏDES  et  PERSOISiNÉKS, 

de  Vcntenut,  —  Rhin  antu  acées  et  Personnées  de  Jussieu.  —  Scrophularinées, 
de  Rob.  Brown.  —  Scrophulari acées  de  Lindley. 

CARACTÈRE.  — Galyce  libre.  Corolle  hypogyne  monopétale ^  généralement  irrégu- 
Hère,  bilabiée.  Examines,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle ^  généralement  moins  nombreuses 
que  ses  divisions.   Ovaire   dimère,   biloculaire.   Fruit   capsulaire   [rarement  charnu). 
Graines  à  plant ule  dicotylédonée,  albuminée. 

Les  Antirrhinées,  ainsi  nommées  de  leur 
Genre  principal,  Antirrhinum^  forment  avec 
les  Acanthacées ,  Bignoniacées  ^  Gesnéria- 
cées ,  Pédalinées^  Orobanchées,  etc.  La 
Classe  des  Personnées;  ce  nom  fait  allusion 
à  la  forme  de  la  corolle,  qui,  dans  la  plupart 
des  Genres,  et  notamment  dans  le  Muflier, 
ressemble  au  masque  de  Théâtre,  que  les 
anciens  appelaient /><?7*$o/7a,  mot  latin,  dont 
les  modernes  ont  fait,  par  extension,  ceux 
ÙQ personnage  eiôe personne.  J.  J.  Rousseau, 
devenu  misanthrope  sur  la  fin  de  sa  vie, 
disait  ironiquement  à  madame  Delessert, 
en  lui  décrivant  les  fleurs  personnées  :  «  Le 
mot  latin  j^ersona  signifie  un  masque ^  nom 
très-convenable  assurément  à  la  plupart  des 
gens  qui  portent,  parmi  nous,  celui  de  per- 
sonnes. » 

Les  Antin^inées  ont  des  feuilles  simples, 
sans  stipules,  et  leurs  fleurs  sont  complètes. 
Le  calyce  est  persistant,  à  sépales  plus  ou 
moins  cohérents  (rarement  libres),  à  j)rc- 

"^  floraison  imbriquée.  La  corolle  est  à  5  divi- 

sions, ou  seulement  à  4,  par  soudure  des 
'[^::PP:^)  ^^  divisions  supérieures-,  le  tube  est  quel- 

2.  PKNTSTS1I05  k  FI.KUII8  Bill  Ks.  qucfois  prolougc  à  sa  base  en  bosse  ou  en 

éperon;   le    limbe   est    plus  ou  moins  ir- 

régiilier,  tantôt  rotacé,    lantôt  bilabic,  à  lèvre  supérieure  hilobée ,   rinféricur.*  trilobée. 


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170 


HISTOIBE  DES  FAMILLES. 


à  préfloraison  imbriquée.  Les  étammes  sont  normakment  en  nombre  égal  à  celui  des 
lobes  de  la  corolle,  et  alternes  avec  eux  {Molène};  ordinairement  en  nombre  moindre,  tantôt 
la  postérieure  étant  stérile,  ou  nulle,  ou  rudimentaire  {Penistétnon,  Muflier,  Scrofulaire); 
tantôt  les  2  antérieures  étant,  comme  la  postérieure,  stériles  ou  nulles  (Véronique);  les 
carpelles  sont  au  nombre  de  2,  l'un  antérieur,  Tautre  postérieur,  relativement  à  Taxe  de  la 
fleur;  ils  forment  un  ovaire  biloculaire^  rarement  uniloculaire  au  sommet;  les  ovules,  ordi- 
nairement réfléchis,  sont  flxés  sur  des  placentaires  épais  occupant  le  milieu  de  la  cloison;  le 
style  est  simple,  le  stigmate  souvent  biflde.  La  capsule  est  à  deux  loges,  tantôt  multisémioées 
[Muflier),  tantôt  uni-bi-séminées  {Méiampyre)  ;  s'ouvrant  tantôt  en  deux  valves,  soit  entières 
(Limoselie,  Digitale),  soit  bifides  ou  trifides  {Gratiole,  Molène),  tantôt  en  valvules  qui  se 
soulèvent  au  sommet  du  fruit  [Muflier);  ladéhiscence  est  tantôt  loculicide  (Véronique), 
tantôt  septicide  [Digitale),Les  graines  sont  ordinairement  horizontales  :  la  plantule  est  droite, 
et  occupe  Taxe  d'un  albumen  charnu  ou  corné. 


MOLÈNE. 

Verbascum. 

RU8SÉLIA. 

Russelia. 

Celsie. 

Celsia. 

Digitale. 

Digiialis. 

Aloksoa. 

Àlonsoa, 

Pailonia. 

Paulownia. 

Calceolaire. 

Calceotaria. 

Erixe. 

Erinus. 

SCHCFULAIRK. 

Scrofularia. 

DiPLACUS. 

Diplacus. 

Akcéloma. 

Angelonia. 

MlMlTLE. 

Mimulus. 

Nemesia. 

Nemesia, 

&RATIOLÉ. 

Gratiola. 

Anarrbine. 

Anarrhinium. 

TORLNIA. 

Torenia 

LiNAlBE. 

Linaria. 

LlNDERNIE. 

Lindemia. 

Muflier. 

Antirrhinum. 

Manulea. 

Manulea. 

Maurandia. 

Maurandia. 

BUDLEIA. 

Budleia. 

LOPIIOSPERMIIM. 

Lophospermum. 

SiBTHORPIA. 

Sibthorpia. 

RHODOCHITOIf. 

Rhodochiton. 

LlMOSILLE. 

LimosêUa. 

SCHIZANTBUS. 

Schizanthus. 

VlRONIOUE. 

Veronica 

Salpiclusse. 

Salpiglossis. 

POEDEROTA. 

Paderota. 

Anthocercis. 

Anthocercis. 

Odoktitï. 

Odontites 

Browallia. 

Browallia. 

EUPHRAISE. 

'    Bupkrana 

FRARaSQUB. 

Franciscea. 

Bartsie. 

Bartsia. 

Brunfelsia. 

Brunfelsia. 

Pldiculairi. 

Pedicularis, 

Chèlone. 

Chelone. 

Rhinanthe. 

RhinatUhus. 

Pentstémox. 

Penlstemon. 

Mllamptre. 

Melampyrum 

AFFINITÉ.  —  Nous  avons  exposé  Tanalogie  qui  rapproche  les  Antirrbinées  des  Solanées: 
raffinité  qui  les  lie  avec  les  autres  Familles  personnées  est  évidente,  et  la  diagnose  est  facile  ; 
elles  diffèrent  des  Acanthacées, auxquelles  le  Mélamptrb  les  unit  étroitement,  par  la  struc- 
ture de  la  capsule  et  les  graines  albuminées;  elles  se  distinguent,  par  les  mêmes  caractères, 
des  Bignoniacées,  dont  le  Sésame  les  rapproche  ;  elles  sont  séparées  des  Gesnériacées ,  des 
Pédalinées  et  des  Orobanchées  par  de  nombreuses  difl'érences. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Antirrbinées  ne  sont  bannies  d'aucun  climat;  elles  croissent  plus 
abondamment  dans  les  régions  tempérées  chaudes  des  deux  hémisphères  ;  elles  sont  rares 
entre  les  tropiques  et  sous  les  zones  glaciales. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —  Les  propriétés  médicales  des  Antirrbinées  sont  très- 
diverses,  en  raison  de  la  variété  des  principes  amers ,  astringents  et  acres  qui  s'y  trouvent 
mêlés  avec  du  mucilage ,  des  substances  résineuses  et  volatiles  ;  il  en  résulte  que  les  unes 
peuvent  être  rangées  parmi  les  émollients,  les  autres  parmi  les  toniques  amers,  d*autres  parmi 


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ANTIRRHINÉES.  1T7 

les  pui^atifs  drastiques  et  les  émétiques ,  quelques-unes  parmi  les  narcotico-àcres ,  et  que 
plusieurs  sont  vénéneuses. 

Parmi  les  Espèces  émolUentes,  il  faut  citer  les  MoLàNEs  indigènes,  le  Verbascum 
Thapsus  ou  Bouillon  blanc,  et  la  M.  phlomoîdb.  Les  feuilles  ont  une  saveur  muqueuse, 
légèrement  amère  et  astringente ,  et  les  fleurs ,  qui  contiennent  un  peu  d'huile  volatile ,  qui 
sont  d'une  odeur  agréable  et  d'une  saveur  douce,  sont  usitées  en  médecine.  — Les  Véroniques 
sont  des  herbes  amères,  faiblement  astringentes  :  plusieurs  Espèces  indigènes,  recommandées 
autrefois  par  les  médecins,  sont  tombées  en  désuétude.  La  V.  officinale  (  Veronica  offi- 
cinalis)  était  employée  comme  vulnéraire;  dans  beaucoup  de  pays,  on  la  boit  en  infusion 
en  guise  de  thé.  La  V.  bbccabonga  (  V,  beccabimga)  et  la  V.  mouron  (F.  anagallis). 
Espèces  un  peu  gi*asses,  qui  croissent  dans  les  lieux  aquatiques,  ont  une  sa\eur  un  peu  amère, 
acre  et  piquante  ;  on  les  emploie,  à  Fétat  récent,  comme  diurétique  et  antiscorbutique  ;  les 
jeunes  pousses  peuvent  être  mangées  en  salade. 

La  Scrofulaire  noueuse  [Scrofularia  wodo.so)  et  la  S.  aquatique  (S.  aqvaitca)y 
Plantes  amères,  acres,  ne  sont  plus  officinales  ;  la  S.  nou  euse  devait  sa  réputation  à  ses  rhi- 
zomes noueux,  dont  la  form3  avait  fait  supposer  qu'ils  pourraient  résoudre  les  engorgements 
scrofuleux  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  qu'elle  a  une  odeur  fétide  et  une  saveur  amère  qui 
annoncent  des  propriétés  activest  — Les  Mufliers  et  les  LinaireSj  qui  sont  acres  et  plus  ou 
moins  amers,  sont  aussi  bannis  des  pharmacies  ;  le  Muflier  a  grandes  fleurs  [Antir- 
rhinum  majus),  vulgairement  Gueule  de  loup,  était  employé  autrefois  par  les  sorciers  pour  les 
sortilèges;  il  est  vulnéraire  et  diurétique.  La  Linaire  commune  (Linaria  vulgaris)  ei\dL 
L.  ÉLATiNB  (L.  élatiné),  herbe  couchée,  suspecte  aux  gens  du  peuple ,  passent  pour  guérir 
Thydropisie,  la  jaunisse  et  les  maladies  de  peau.  La  L.  cymbal  aire  (L.  cymbalaria)  a  les 
vertus  des  Véroniques.  Les  Euphraises  (Euphrasia)  sont  d*une  odeur  douce,  d'une  saveur 
un  peu  amère  ;  on  en  prépare  une  eau  distillée  pour  les  yeux  ;  les  charlatans  en  font  un  grand 
débit.  Le  Mélampyre  des  champs  (  Melampyrum  arvense  ) ,  Pla  nte  com  nune  parmi  le  s 
moissons,  produit  des  graines  qui,  réduites  en  farine ,  sont  usitées  en  cataplasme  émollient. 
Il  est  bien  avéré  que  cette  farine,  mêlée  avec  celle  des  céréales,  la  rend  bleuâtre,  amère  et  d'un 
usage  dangereux.  Les  Pédiculaires  sont  des  herbes  acres,  que  les  troupeaux  évitent  de 
brouter;  on  pense,  dans  beaucoup  d3  provinces,  que  ce  sont  ces  Plantes  qui  donnent  aux  bes- 
tiaux les  poux  qui  les  dévorent,  de  là  le  nom  de  Pédiculaire,  La  Gratiole  officinale 
(Gratiola  o/Jîcinalis)  est  une  herbe  qui  croît  dans  les  prés ,  et  dont  les  pauvres  gens  font  usage 
pour  se  purger  :  de  là  le  nom  d'Herbe  à  pauvre  homme;  cette  plante  est  émétique,  drastique, 
et  on  ne  doit  l'employer  qu'avec  une  extrême  prudence;  elle  contient  un  principe  résinoîde, 
auquel  sont  dues  ses  propriétés  énergiques. 

Mais  de  toutes  les  Antirrhinées,  la  plus  éminemment  médicinale,  celle  que  la  thérapeutique 
moderne  compte  parmi  ses  agents  les  plus  héroïques,  c'est  la  Digitale  pourprée 
(Digitalis  purpurea),  Plante  indigène,  bisannuelle,  qui  croit  dans  les  lieux  pierreux  ou 
sablonneux  ;  sa  tige  est  simple,  souvent  rougeâtre,  ses  feuilles  sont  alternes,  oblongues- 
aiguës,  décurrentes  sur  leur  pétiole  ;  les  fleurs  forment  des  gi'appes  unilatérales,  les  corolles 
sont  tubuleuses,  marquées  à  l'intérieur  de  taches  blanches  en  forme  d'yeux,  leur  forme  est 
celle  d'un  dé  :  de  là  le  nom  de  Digitale,  et  le  nom  populaire  de  Gant  de  Notre-Dame.  Toutes 
les  parties  de  la  Digitale  ont  été  usitées,  mais  ce  sont  les  feuilles  surtout,  et  principalement 
celles  du  bas  de  ^a  tige,  que  l'on  emploie  aujourd'hui  ;  elles  ont  une  saveur  très-amère  et  un 
peu  acre;  elles  sont  émétiques,  stupéfiantes  et  vénéneuses  à  une  dose  un  peu  élevée;  mais, 
étant  administrées  en  petites  quantités,  elles  possèdent  une  action  diurétique,  et  sédative  du 
cœur,  qui  les  fait  recommander  dans  les  affections  de  cet  organe ,  et  les  épanchements 
séreux,  connus  sous  le  nom  d'hydropisies;  double  propriété,  d'autant  plus  précieuse 
que  les  deux  maladies  se  trouvent  très-souvent  réunies,  c'est-à-dire  que,  par  suite  de 
Totistacle  apporté  à  la  circulation  veineuse  par  l'affection  du  cœur,  le   tissu  cellulaire 


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178  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

s'infiltre,  et  les  cavités  viscérales  se  remplissent  de  sérosité.  Toutefois,  c'est  avant  celto 
complication  que  la  Digitale  agit  avec  le  plus  de  succès,  et  au  point  de  faire  croire  à  la 
guérison  d'une  maladie,  dont  malheureusement  elle  n*estque  le  palliatif.  En  outre,  la  Digitale 
est  pour  Testomac  une  cause  d'irritation,  qu'il  est  souvent  difficile  de  faire  cesser  lorsqu'elle 
s'est  établie.  Aussi  administre-t-on  la  Digitale  par  la  voie  endermique^  c'est-à-dire  en  pansant 
un  vésicatoire  appliqué  sur  la  région  du  cœur  avec  la  poudre  de  cette  Plante. 

On  a  remarqué  que  l'action  sédative  des  battements  du  cœur,  qui  appartient  à  la  Digitale, 
ne  produit  pas  les  mêmes  résultats  dans  toutes  les  affections  de  ce  viscère;  de  là  l'indispen- 
sable nécessité  d'une  distinction  très-importante  :  si  les  contractions  du  muscle  qui  est 
l'organe  de  la  circulation,  sont  énergiques,  la  Digitale  est  utile,  en  ce  qu'elle  les  calme  sans 
nuire  aux  autres  fonctions  de  la  vie.  Mais  si  la  respiration  est  très-pénible,  si  les  palpitations 
sont  faibles,  si  les  extrémités  sont  froides,  si  la  peau  est  violacée,  la  Digitale,  en  enra3rant 
davantage  les  mouvements  du  cœur,  ne  fait  que  débiliter  le  malade,  et  aggrave  sa  position. 
La  même  distinction  doit  s'appliquer  aux  palpitations  purement  nerveuses;  celles-ci  sont 
dues  à  un  état  vital,  à  une  lésion  de  fonctions,  et  non  à  une  lésion  organique;  il  faut ,  pour  les 
apaiser,  un  médicament  qui  atteigne  direct  jmejit  les  causes  de  leur  perturbation,  c'est-à-dire 
un  antispasmodique. 

Les  chimistes  ont,  après  beaucoup  d'essais  infructueux,  réussi  à  isoler  le  principe  actif  de 
la  Digitale,  qu'ils  ont  nommés  Digitaline,  Ce  principe  est  très- vénéneux,  même  à  des  doses 
trèsrfaibles,  et  la  difficulté  de  manier  ces  doses,  jointe  au  peu  de  certitude  sur  la  pureté  de  la 
substance,  rend  préférable  l'emploi  direct  de  la  Digitale  elle-même. 

Étudions  maintenant  les  Antirrhinées  au  point  de  vue  horticole  ;  et  la  Digitale ,  qui  est  la 
première  des  Espèces  utiles  de  la  Famille,  pourra  aussi  être  mise  à  la  tête  des  Plantes  d'agrément 
que  cette  Famille  fournit  à  nos  jardins.  Rien  de  plus  noblement  élégant  que  le  port  de  cette 
reine  des  Antirrhinées,  et  sa  beauté  serait  bien  plus  vivement  appréciée ,  si  elle  éfait  moins 
commune  ;  mais ,  aux  yeux  des  floriculteurs ,  et  malheureusement  de  beaucoup  d'autres ,  le 
premier  de  tous  les  mérites  est  la  rareté,  parce  qu'elle  a  pour  résultat  la  possession  exclusive; 
il  y  aurait  à  faire,  sur  ce  vilain  côté  du  cœur  humain,  une  longue  dissertation  philosophique, 
morale  et  politique,  que  nous  épargnerons  à  nos  lecteurs. 

La  Digitale  pouRPRÉEa  des  congénères  exotiques,  qui  sont  aussi  très-recherchées  dans 
les  jardins  ;  nous  citerons  la  D.  db  Madère  (/>.  sceptrum),  à  fleurs  rouges  et  jaunes  ;  la 
D.  DORÉE  (Z>.  aurea),  Espèce  vivace  de  la  Grèce,  dont  les  corolles  sont  d'un  jaune  doré  en 
dehors,  et  blanches  en  dedans. —  Parmi  les  Mo lèn es,  qui  toutes  sont  d'un  effet  pittoresque, 
nous  citerons  la  M.  purpurine  (  Verbascum pliœniceum)^  dont  on  obtient  des  variétés  à  fleurs 
roses  ou  blanches;  la  M.  deMycon  (Ramondia  pyrenaka),  dont  les  feuilles  sont  toutes  radi- 
cales ,  et  dont  la  hampe  est  terminée  par  une ,  ou  deux,  ou  quatre  jolies  fleurs  d'un  pourpre 
violet.  — Le  Celsia ianceolata,  plante  originaire  de  l'Asie,  a  des  fleurs  solitaires,  d'un  beau 
jaune  taché  de  pourpre.  VAlonzoa  /meflm  est  un  joli  arbuste  du  Pérou ,  toujours  vert,  à 
fleurs  disposées  en  épi,  dont  la  corolle  a  son  limbe  d'un  rouge  capucine,  marqué  de  cinq  raies 
vertes.  Les  Calcéolaires  (Calceolarià)  sont  des  Espèces  de  l'Amérique  méridionale,  tirant 
leur  nom  de  la  forme  singulière  de  leur  corolle,  qui  ressemble  à  un  petit  sabot;  elles  sont 
pour  la  plupart  d'un  jaune  plus  ou  moins  vif  et  brillant,  mais  les  semis  ont  donné  des  variétés 
fiquetées,  qui  se  succèdent  chaque  année,  et  se  multiplient  à  l'infini.  —  Le  Genre  américain 
Pentstemon  ,  ainsi  nommé,  parce  que,  outre  ses  quatre  étamines  didynamcs,  il  en  possède 
une  cinquième  réduite  à  sou  filet,  et  par  conséquent  stérile,  fournit  à  Thorticulture  de  nom- 
breuses Espèces  herbacées  vivaces,  propres  à  rornement  des  parterres  :  nous  citerons  le 
P.  DIGITAL  (P.  (//^?7a//s),  plante  rustique,  à  fleurs  blanches,  et  le  P.  a  fleurs  bleues 
[P.  Cyananthiis),Es>pèce  nouvellement  arrivée  des  Montagnes  Rocheuses,  qui  a  fleuri  en  pleine 
terre,  dans  le  jardin  d'un  botaniste  anglais.  Le  Muflier^  que  nous  avons  déjà  cité  ,  et  dont 
le  type  sauvage  est  lui-même  fort  beau ,  donne    des  variétés  très-remarquables  :  tantôt  le 


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ANTIRHHINÉES.  179 

lul>e  de  la  corolle  est  d'un  blanc  pur,  et  le  limbe  d'un  beau  jaune  ou  d'un  pourpre  \if  ; 
tantôt  la  corolle  est  striée  de  rouge  sur  un  fond  blanc  ;  tantôt  la  fleur  est  double  et  devient 
odorante.  —  Le  Genre  Schizanthus ,  ainsi  nommé  à  cause  de  sa  corolle  déchiquetée , 
renferme  des  Espèces  du  Chili  herbacées,  annuelles,  couvertes  de  poils  glanduleux,  à  feuilles 
pennitides,  à  fleurs  disposées  en  grappes  ou  en  panicules. 

Les  Franciscea^  dédiés  à  l'empereur  d'Autriche,  François  I",  sont  d'élégants  arbrisseaux  du 

Brésil,  cultivés  en  serre  chaude.  Nous  distinguerons  parmi  eux  le  f>.  acuminata  ^Pl.  X),  dont 

les  corolles  nombreuses  et  d'une  odeur  suave,  sontdabord  d'un  beau  violet,  puis  d'un  bleu 

violacé,  et  enfin  d'un  blanc  presque  pur. 

LcPaulonia  impérial  [Paidoicnia  importait  s)  ,  dédxé  à  une  princesse  de  la  famille 

impériale  russe,  est  un  arbre  du  Japon ,  remar- 
quable par  la  beauté  de  ses  feuilles  en  cœur,  de  ses 
fleurs  bleues,  longues  de  deux  pouces,  odorantes, 
disposées  en  nombreuses  panicules  terminales,  et 
surtout  par  sa  vitalité  :  il  suffit  en  eflet,  pour  le 
multiplier,  de  bouturer  en  pleine  terre  des  tron- 
çons de  racine  ;  on  peut  aussi  le  reproduire  par 
boutures  de  feuilles  que  l'on  détache  du  tronc 
lorsqu'elles  ne  sont  encore  qu'en  boutons.  Cet 
arbre  curieux  a  fleuri  pour  la  première  fois  à  Paiis 
en  1842. 

Les  MiMULUS  sont  des  herbes  à  feuilles  oppo- 
sées, à  tige  carrée,  indigènes  dans  l'Amérique 
extra- tropicale ,  l'Inde  boréale  et  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  et  dont  on  cultive  en  Europe  de  nom- 
breuses Espèces;  tels  sont,  entre  autres,  le  M. 
CARDINAL  (M,  cardinalis ) ,  dont  les  fleurs  écar- 
lates font, pendant  toute  la  belle  saison,  l'ornement 
des  parterres,  et  le  M.  musqué  (il/,  moschatus), 
petite  plante  étalée,  rampante,  à  fleui*s  jaunes,  qui 
exhale  de  toutes  ses  parties  une  forte  odeur  de 

PAULOniA     IVPKRIAL.  mUSC. 

iPauiou,nia^fnpeHai..)  ^^^  BuDLÉJES  (Budlsia)  sonl  dcs  arbrcs  ou 

des  arbrisseaux  indigènes  dans  l'hémisphère  austral;  la  plupai-t  sont  toujours  verts.  Le 
B.  GLOBULEUX  (i9.  globoso),  arbrisseau  du  Chili,  a  ses  fleurs  très-petites,  réunies  en  boule, 
d'un  jaune  doré.  Le  B.  a  feuille  de  sauge  [ff.  salvi folio)  a  des  fleurs  blanches,  à 
disque  jaune,  disposéees  en  panicule  terminale.  Le  B.  de  Lindley  {B,  Lindleyana)^ 
est  un  arbrisseau  à  rameaux  flexibles,  à  fleurs  en  grappe,  de  couleur  lilas,  que  Ton  a 
réussi  à  conserver  en  pleine  terre. 

Nous  terminerons  l'histoire  de  la  Famille  par  celle  du  Genre  Véronique  {Veronica),  dont 
nous  avons  déjà  cité  quelques  Espèces  médicinales.  Ce  Genre  se  distingue,  entre  tous  les 
autres,  par  sa  corolle  rotacée,  presque  régulière,  et  ses  deux  étamines.  Toutes  ses  Espèces 
sont  élégantes,  et  propres  à  l'ornement  des  jardins.  Telles  sont  la  V.  a  épis  (  F.  spicata), 
indigène,  à  fleurs  d'un  bleu  tendre,  formant  des  épis  qui  se  succèdent  pendant  tout  l'été;  la 
V.  MARITIME  (  V.  maritima),  Plante  d'Europe,  àtige  blanchâtre,  à  fouilles  ternées,  à  fleurs 
bleues  ou  blanches  ou  rosées,  disposées  en  épis  panicules  ;laV.ÉLÉGANTE(F.  €legans],di  fleurs 
petites,  roses ,  la  V.  de  Virginie  (F.  Virgimca),h  fleurs  blanches;  la  V.  de  Lindley 
(  V.  Lindleyana),  arbuste  de  la  Nouvelle-Hollande,  dont  les  épis  inclinés,  à  corolles  d'un 
blanc. lilacé,  se  renouvellent  sans  cesse,  et  que  l'on  peut  cultiver  en  pleine  terre  et  à  l'air 
libre  pendant  Tété. 


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180  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille  XXX'.—  OROBANCHÉES. 

(Orobanchées,  de  Jussteu.  —  Orobanchacées,  de  ZiW/ey.) 

CARACTÈRE. — Calyce  libre.  Corolle  hi/pogyne,  tnonopétale,  irrégulière.  Éta- 
mihes  ky  didynames  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Ovaire  uniloculaire,  à  placentaires 
pariétaux.  Fruit  cfl/)SM/a/re.  Graines  nombreuses,  à  planiule  minime  occupant  l'axe  d'un 
albumen  charnu.  Plantes  parasites^  sans  feuille^. 

Les  Orobanchées  doivent  leur  nom  à  leur  Genre  principal  Orobanche;  ce  mot  grec,  qui 

signifie  y>VoM/fe  les  Orobes,  exprime  leur  parasitisme.  Ce  sont 
des  herbes  à  fibrilles  radicirormes^  implantées  dans  la  racine 
des  autres  Végétaux  :  leur  souche  est  souterraine^  \ivacej  la 
hampe  est  revêtue  d'écaillés  diversement  colorées ,  jamais 
vertes,  scssiles,  alternes  :  on  conçoit  Tabsence  des  feuilles 
(organes  destinés  à  l'élaboration  de  la  sève),  dans  des  végétaux 
se  nourrissant  du  suc  élaboré  par  la  plante  qui  leur  sert  de 
support.  Les  fleurs  sont  ordinairement  complètes,  et  solitaires 
à  Faisselle  des  écailles  supérieures.  Le  calyce  est  persistant, 
a  4-5  divisions  irrégulières.  La  corolle  est  insérée  sur  le  ré- 
ceptacle ;  son  tube  se  fend  circulairement,  et  la  base  persiste; 
le  limbe  est  bilabié,  à  préfloraison  imbriquée.  L'ovaire  est 
sessile ,  ordinairement  entouré ,  à  sa  base ,  d*un  disque 
charnu,  ou  muni  d'une  glande;  généralement  uniloculaire, 
à  deux  placentaires  pariétaux,  F  un  antérieur,  l'autre  posté- 
rieur ,  relativement  à  Taxe  de  la  fleur  ;  quelquefois  il  y  a 
quatre  placentaires  rapprochés  par  paires;  quelquefois  IV 
vaire  est  rendu  biloculaire  par  une  cloison  à  bords  libres, 
regardant  les  placentaires  pariétaux;  les  ovules  sont  nom- 
breux, réfléchis;  le  style  est  terminal;  le  stigmate  est  en  tète 
bilobée,  quelquefois  indivise.  La  capsule  est  à  deux  valves, 
s'ouvrant  par  le  sommet,  ou  par  toute  leur  longueur,  ou  par 
les  côtés  seulement. 


Phélip-ea. 

Phelipœa. 

OrUB  ARCHE. 

Orobanche. 

Clandestine. 

Ctandestina. 

Lathree. 

Lathrœa 

AFFINITÉ.  —  Les  Orobanchées  sont  très-distinctes  par 

leur  port  et  leur  parasitisme  ;  elles  se  rapprochent  des  Ges- 

nériacées ,  mais  elles  s* en  distinguent  par  leurs  placentaires, 

OROBAifcnt .  antérieur  et  postérieur,' et  par  leur  plantule  minime,  albuminée; 

{Orobaneh0.)  ^jj^^  s'éloigucnt  dcs  Antirrhinées  (dont  elles  imitent  quelques 

Genres),  par  leur  placentation  pariétale. 

GÉOGRAPHIE.  —Elles  habitent  principalement  la  partie  tempérée  de  Thémisphère 
boi-éal,  surtout  la  région  méditerranéenne. 


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OROBANGHÉES. 


181 


ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Les  Orobanches  sont  légèrement  astringentes,  amères, 
et  quelquefois  acres;  quelques-unes  renferment  des  matières  volatiles,  ou  résineuses,  ou  colo- 
rantes. —  VOrobanche  epiihymum  naît  sur  les  racines  des  Labiées  ;  la  souche,  renflée  à  la 
base,  était  employée  chez  les  anciens,  à  cause  de  ses  vertus  toniques,  dans  les  affections 
intestinales  ;  ses  fleurs  odorantes  étaient  administrées  comme  antispasmodiques .  LaLATURÉE 
BCAiLLEUSB  [Lathrœa  squamaria)  était  recommandée  contre  Tépilepsie.  La  Clandestine 
(Lathrœa  clande^tina)  est  amère ,  acre  ;  on  croit  qu'elle  donne  aux  femmes  une  merveilleuse 
fécondité.  VEpiphegus  americanus  passe  en  Amérique  pour  guérir  les  ulcères  cancéreux. 
VjEginetia  indicQy  unie  au  sucre  et  à  la  muscade,  est  estimée  comme  antiscorbutique.  Le 
Phelipœa  luiea  fournit  une  couleur  noire,  qhe  les  Égyptiens  emploient  pour  teindre  les  cordes 
faites  avec  les  fibres  du  Palmier  tkébaîque. 

Familles  XXXI"  ft  XXXIK— GESNÉRIACÉES 
a  CYRTANDRACÉES. 

(Gesnériées,  de  Richard.  —  Gesnérées,  de  Martius.  —  Gesnéragées,  d'Endlicher. 
—  Cyrtandragées,  de  Jack.  —  Gesnéragées  et  Cyrtandracées,  deLindle^f.) 

CARACTÈRE.  —  Calyge  libre,  ouplus  ou  moins  adhérent  à  l'ovaire.  Corolle  mono- 
péialej  irrégulière,  insérée  sur  le  réceptacle  ou  sur  un  anneau  charnu  épanché  entre  le  calyce 
adhérent  et  Vovaire.  Étamines  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  k  didynames,  quelquefois 
accompagnées  d'une  cinquième  stérile^  quelquefois  deux  seulement.  Ovaire  uniloculaire 
à  placentaiion  pariétale.  Fruit  supère  ou  infère;  Plantule  dicotylédonée^  peu  ou  point 
albuminée. 

Les  Gesnériacées  et  les  Cyrtandracées  sont 
des  plantes  herbacées,  rarement  ligneuses, 
à  tige  et  à  rameaux  ordinairement  tétra- 
gones.  Les  feuilles  sont  généralement  op- 
posées ou  verticillées,  non  stipulées,  simples^ 
et  presque  toujours  inéquilatérales.  Les 
fleurs  sont  complètes,  en  cyme,  en  grappe 
ou  en  épi.  Le  calyce  est  persistant.  La  co- 
rolle est  tubuleuse,  ou  infundibuliforme,  ou 
campanulée,  ou  labiée,  à  préfloraison  imbri- 
quée. Les  étamines  ont  leurs  anthères 
souvent  cohérentes,  à  une  seule  loge,  ou 
à  deux  loges,  quelquefois  séparées  par  un 
long  connectif,  dontune  stérile.  L'ovaire  est 
à  2  carpelles  et  uniloculaire  ;  les  placen- 
taires sont  pariétaux,  opposés^  Tun  à  droite, 
Tautre  à  gauche  de  Vaxe  de  la  fleur  ;  les 
ovules  sont  réfléchis,  le  style  est  simple,  le 
stigmate  capité  ou  concave.  Le  fruit  est 
bacciforme  ou  capsulaire.  Les  graines  sont 
pendantes  ou  horizontales,  à  funicule  plus 
ou  moins  développé.  La  radicide  est  voisine 
du  bile. 


Grsririb  di  Gkiiold. 
(Gtêmeria  Gfro/diana.) 


2i 


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182 


HISTOIRE   DES  FAMILLES. 


C YRTANDR ACÉES.  —  Graines  sans  albumen. 


ACSCHTNANTRIJS. 

jEschynanthus. 

Didtmocarpus. 

Didymocarpus. 

Cririta. 

Chirita, 

Cyrtandra. 

Cyrtandra. 

GESNÉRIACÉES.  —  Graines  albuminées 

MlTAAlIA. 

Milraria, 

Alloplbctus. 

Alloplectus. 

ACBIHÉNB. 

Achimenes. 

Gesnère. 

Getneria 

COLUHMÉA. 

Columnea. 

Gloxikie. 

Gloxinia, 

Besléria. 

Besleria. 

RHTnDOPHTLLUH. 

Rhytidophyllum 

Htpocyrta. 

Hypocyrta, 

AFFINITÉ.  —  Cette  double  Famille  offre  une  étroite  affinité  avec  les  Bignoniacées, 
Antirrhinées  et  Orobanehées  :  elle  se  rapproche  de  ces  dernières  par  sa  placentation  pariétale; 
les  Gesnériacées  se  séparent  des  Cyrtandracées  par  leur  graine  albuminée;  elles  s'éloignent 
du  type  des  autres  Personnées  par  Fadhérence  fréquente  du  calyce  à  Tovaire.  Les  Cyrtandra- 
cées, bien  que  leur  ovaire  soit  toujours  libre,  et  leur  graine  sans  albumen,  sont  réunies  par 
plusieurs  auteurs  aux  Gesnériacées ,  dont  elles  s'éloignent  un  peu  par  leurs  placentaires 
portés  sur  une  lame  et  dilatés  en  fausse  cloison,  ce  qui  les  rapproche  de  quelques  Bigno- 
niacées. 

GÉOGRAPHIE.  —  Toutes  les  Gresnériacées  habitent  le  nouveau  continent,  surtout  vers 
réquateur;  quelques-unes  sont  parasites  sur  les  vieux  troncs  d'arbres;  les  Cyrtandracées 
croissent  principalement  dans  TAsie  tropicale,  surtout  dans  les  iles,  et  sur  les  versants  méri- 
dionaux de  THimalaya. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Ces deux  Familles,  quoique  considérables,  offrent  peu 


./KsCHIXANTHt   DR   JaVA. 
[^êekinanthuê  Jatanieuê.) 


Cbirita  db  Mooif. 
{Chirita  Moonii.) 


d'importance  sous  le  rapport  des  propriétés  utiles.  La  Columnea  scandens,  petit  arbrisseau  de 


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GESNÉRIACÉES  ET   CYRTANDRACÉES.  183 

rinde,  à  tige  grimpante,  charnue,  à  fleurs  d'un  beau  rouge ^  est  cultivé  dans  nos  serres 
chaudes  ;  le  disque  glanduleux  de  la  fleur  fournit  un  nectar  abondant ,  qui  lui  a  valu  dans  sa 
patrie  le  nom  populaire  de  Liane  à  sirop,  — Beaucoup  d'autres  Espèces  de  Gesnériacées  et  de 


JkliTRjiiiii  k  rLiuat  cocciNàu.  Achiiiini  a  rioiLLKs  vonBaiosif. 

{Mitraria  eoceinta.)  [Aehimtne»  multiflora.) 

Cyrtandracées  sont  recherchées  par  les  floriculteurs  :  nous  nous  contenterons  d'en  citer  quel- 
ques-unes. Les  iEscHYNANTHUS,  végétaux  ligneux,  volubiles  ou  grimpants,  émettant  de 
leurs  nœuds  renflés  des  racines  adventives,  au  moyen  desquelles  ils  vivent  en  parasites  sur  les 
troncs  d'arbres,  ont  des  fleurs  d'une  couleur  rouge  ou  orangée  éclatante.  —  Les  Chirità 
sont  des  Plantes  herbacées  ou  sous-ligneuses ,  un  peu  charnues ,  à  corolles  grandes ,  roses , 
bleues  ou  jaunes.  LeCn.  de  Chine  {Ch.sinensis),  (PI.  Xn),estacaule;  le  pédoncule  radical  est 
rougeàtre,  et  se  divise  au  sommet  en  2  ou  3  pédicelles,  portant  chacun  une  fleur  dont  la  corolle 
est  d'un  lilas  vif  au  limbe  externe  et  à  la  base  du  tube,  blanche  intérieurement  ;  la  lèvre  infé- 
rieure présente  un  double  cal  d'un  orangé  vif;  la  supérieure ,  un  autre  plus  court ,  plus  gros, 
arrondi  d'un  côté,  biflde  de  l'autre.  Le  Ch.  de  Moon  (Ch.  Moonii)  est  remarquable  par 
son  port  élancé^  son  beau  feuillage,  ses  corolles  d'un  violet  pèle,  ornées  à  l'intérieur  d'une 
tache  dorée. 

La  Mitraria  coccinea  est  un  petit  arbrisseau  du  Chili ,  qui  vit  en  parasite  sur  les  troncs 
d'arbres;  sa  tige  et  ses  rameaux  sont  débiles;  les  pédoncules  sont  opposés,  uniflores;  la  corolle 
est  d'un  rouge  éclatant. —  L'achimène  multiflore  [Achimenes muliiflora) ,  Espèce 
brésilienne,  récemment  acquise  à  l'horticulture,  est,  comme  toutes  ses  congénères,  remarquable 
par  l'éclat,  l'abondance  et  la  durée  de  ses  fleurs;  elle  est  toute  couverte  de  poils,  à  l'exception 
desa  corolle,  qui  est  penchée,  àtube  infundibuliforme  arqué,  d'un  lilas  pâle,  à Umbe  très-ample 
d'un  riche  lilas  purpurin,  et  légèrement  frangé.  —  LaCoLUMNÉA  de  Linden  (Columnea 
Schiedeana)  est  une  Plante  ligneuse  du  Mexique,  à  corolle  d'un  jaune  obscur,  pointillé  de 
pourpre:  laC.  orangé  e(C.  aurantiaca),  (PI.  XXIX),  a  des  corolles  longues  de  2  pouces;  les 


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184  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

cinq  glandes  du  disque  entourant  la  base  de  Tovaire  sont  plus  ou  moins  distinctes  Tune  de 
Tautre. 

Les  Gesnères  (Gesneria)  sont  des  herbes  de  TAmérique  tropicale,  à  racines  tubéreuses 
vivaces,  à  feuilles  opposées  ou  verticillées,  à  fleurs  disposées  en  thyrse,  en  cyme ,  en  grappe 
ou  en  épi;  la  corolle  offre  à  la  base  de  son  tube  5  gibbosités.  La  Gbsnèrb  db  Gérold 
(Gesneria  Geroldiana  )  est  une  Espèce  magnifique ,  dont  les  fleurs,  penchées  dans  le  bas  du 
corymbe,  ont  une  corolle  écarlate  supérieurement,  jaune  ponctuée  de  brun  inférieurement. 

Les  Gloxinies  {Gloxinia),  (PI.  Vlll),  sont,  comme  les  Gesnères,  des  Plantes  tropicales  à 
racine  tubéreuse  ;  les  fleurs  sont  axillaires,  solitaires  ou  peu  nombreuses,  grandes,  penchées,  à 
corolles  violettes,  ou  blanches^  ou  d'un  vert  jaunâtre,  quelquefois  ponctuées  de  taches  plus 
obscures  que  le  fond.  —  Le  Gloxinia  maculata  a  sa  tige  herbacée  en  forme  de  chapelet,  ma- 
culée de  lignes  pourpres  ;  les  feuilles  sont  cordiformes ,  les  fleurs  d'un  bleu  violacé ,  assez 
grandes.  Le  G,  palUdiflora ,  récemment  découvert  aux  environs  de  Santa-Martha,  par  un 
botaniste  voyageur  anglais,  ressemble  au  G.  maculata  par  son  port  et  ses  feuilles,  mais  la  Uge 
n'est  pas  tachetée,  et  sa  corolle  est  plus  petite  et  d'un  bleu  plus  pâle. 

Les  Gloxinies,  par  la  durée  autant  que  par  la  beauté  de  leurs  fleurs,  sont  le  principal 
ornement  des  serres  dans  toutes  les  saisons  de  l'année  ;  mais  les  horticulteurs,  qui  possèdent 
ces  précieuses  Pcrsonnées ,  ont  trouvé  le  moyen  de  multiplier  leurs  richesses  par  des  croise- 
ments, donnant  lieu  à  la  naissance  d'Hybrides ,  qui  présentent  réunies  les  beautés  de  leurs 
parents.  Cette  création,  car  c'en  est  une  véritable,  qui  honore  le  génie  persévérant  de 
l'homme,  est  pour  les  Adonistes  une  source  inépuisable  d'émotions  nouvelles.  Non-seulement 
les  fleurs  ainsi  créées  offrent  des  formes  plus  amples  et  des  couleurs  plus  vives,  mais  quelque- 
fois elles  fournissent  au  botaniste  un  sujet  d'observation  :  c'est  ainsi  que  dans  un  Gloxinia 
hybride  obtenu  par  M.  Fyfe,  jardinier  anglais,  la  cinquième  étamine,  ordinairement  rudimen- 
taire,  s'est  montrée  complètement  développée  et  pourvue  de  pollen. 

Famille  XXXIIP.— CRESCENTIÉES. 

Cette  Famille  se  compose  de  quelques  Genres  peu  connus,  placés  par  Endlicher  à  la  fin  des 
Gesnériacées;  ils  habitent  les  régions  intertropicales  ;  leur  fleur  est  celle  des  Bignoniay  leur 
flruit  est  coriace,  ou  ligneux  ou  charnu,  indéhiscent;  les  graines  sont  anguleuses,  sans  albu- 
men. —  Nous  ne  citerons  de  cette  Famille  que  le  Calebassier  {Crescentia  cujeté),  arbre 
indigène  de  l'Amérique  tropicale,  dont  le  fruit  est  semblable  à  une  courge,  et  renferme  ime 
pulpe  charnue ,  sucrée  -  acidulé  ;  les  nègres  s'en  nourrissent  ;  on  l'emploie  aussi  comme 
médicament  dans  diverses  maladies  inflammatoires,  dans  la  phthisie  et  l'hydropisie;  on  l'ap- 
plique en  outre  comme  topique  sur  les  contusions.  Le  péricarpe  ligneux  sert  à  fabriquer  des 
vases,  des  assiettes,  des  cuillers. 

Famille  XXXIV".  —  BIGNONIACÉES. 

(BiGNONES,  de  Jussieu. — BignoNIACées,  de  Rob.  Broivn.) 

CARACTÈRE. —  Calyce  libre.  Corolle  kypogyne ,  monopétale ,  ordinairement 
irrégulière.  EXAMINES  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Ovaire  à  i,  ou  %  ou  k  loges. 
Fruit  capsulaircy  à  valves  se  séparant  des  cloisons  semintfères,  et  rarement  placent ifères. 
Graines  ordinairement  horizontales  et  ailées.  Plantule  dicotylédonée,  droite^  exalbuminée, 
à  radicule  généralement  vague. 

Les  Bignoniacées  doivent  leur  nom  au  Genre  Bignonia,  dédié  à  l'abbé  Bignon ,  promoteur 


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BIGNONIACÉES.  185 

de  la  botanique.  —  Ce  sont  des  Végétaux  généralement  ligneux^  souvent  volubiles  ou  grim- 
pants, à  feuilles  opposées,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  ordinaii-ement  irrégulières. 
Le  calyce  est  monosépale  à  5  divisions  bilabiées  ou  bipartites.  La  corolle  est  à  tube  court,  à 

gorge  ample,  à  limbe  ordinairement  bilabié,  dont 
la  préfloraison  est  imbriquée.  Les  étamines  sont 
alternes  avec  les  divisions  de  la  corolle,  rarement 
au  nombre  de  5 ,  ordinairement  k ,  didynames 
par  avortement  ou  stérilité  de  la  cinquième, 
quelquefois  au  nombre  de  2  seulement.  L'ovaire 
est  entouré  d'un  anneau  charnu,  et  composé 
de  2  carpelles  ;  les  ovules  sont  nombreux,  ré- 
fléchis ;  4e  style  est  simple ,  le  stigmate  ordinai- 
rement biflde.  La  capsule  est  coriace  ou  ligneuse  ; 
les  graines  sont  horizontales  dans  les  Bignonia, 
pendantes  ou  asceiidantes  dans  les  autres. 


Sésame. 

Sesamum. 

Calampeus. 

EcCREMOCARPUS. 

Incaryilléa. 

Calampelis. 

Eccremocarpus, 

fncarvUlea. 

TOURRETIA. 

Tourretia. 

Catalpa. 
Tecoma. 

Catalpa. 
Tecoma, 

Jacaranda. 

Jacaranda. 

BiGNONE. 

Bignonia. 

Jacaranda  a  fbuillb  d'acacia. 
[Jacaranda  mimoto/bh'a.) 

AFFINITÉ.  —  L'afflnité  des  Bignoniacées  avec  les  Acanthacées  et  les  Antirrhinées  est 
manifeste  ;  mais  la  circonscription  de  la  Famille  est  difficile,  et  on  ne  peut  guère  en  flxer  la 
diagnose,  à  moins  d'exclure  les  Sésames,  voisins  des  Pédalinées,  et  les  Eccremocarpus: 
voisins  des  Gyrtandracées  ;  les  Bignones  se  distinguent  des  Pédalinées  par  leurs  graines 
horizontales. 

GÉOGRAPHIE.  —  Cette  Famille  est  tropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Bignoniacées  renferment  quelques  Espèces  utiles. 
Le  bois  dur  des  unes ,  les  rameaux  flexibles  des  autres  servent  à  plusieurs  usages  chez  les 
indigènes  de  TAmérique. 

Le  Catalpa  {Catalpa  syringœfolia),  est  un  bel  arbre  originaire  de  la  Caroline,  que  Ton 
cultive  aujourd'hui  dans  tous  les  jardins  de  l'Europe;  ses  feuilles  sont  larges,  cordiformes, 
d'un  vert  tendre  ;  ses  fleurs ,  disposées  en  nombreuses  panicides  terminales ,  ont  leur  corolle 
blanche ,  tachetée  de  pourpe  et  de  jaune  :  elles  ne  contiennent  que  2  étamines  anthériferes; 
les  3  autres  sont  stériles  ;  le  bois  est  blanc  et  peu  polissable  ;  les  capsules  sont  usitées  en 
décoction  contre  l'asthme  chronique ,  chez  les  Américains.  —  La  Bignonia  leucoxylon, 
arbre  du  Brésil ,  de  la  Guyane  et  des  Antilles ,  nommé  dans  le  commerce  Ébène  verte  de 
CayennCy  a  son  tronc  formé  d'un  aubier  blanc  très-épais,  et  d'un  cœur  jaune-verdàtre,  peu 
dense  ;  ce  bois ,  odorant  quand  on  le  râpe ,  est  connu  en  Amérique  sous  les  noms  vulgaires  de 
Gutrapariàa,  Urupariba,  Pao  d'arco;  son  écorce  est  regardée  comme  l'antidote  le  plus  sûr 
du  Mancenillier.  La  B.  speciosa  (PI.  VI)  est  une  élégante  Espèce  de  l'Amérique  méridionale, 
cultivée  depuis  vingt  ans  dans  les  serres  tempérées  d'Europe;  sa  tige  volubile  porte  des 
feuilles  opposées,  et  composées  de  deux  folioles;  le  pétiole  se  termine  par  une  vrille  simple  ; 


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186  HISTOIRE  DES  FAMILLES 

les  fleurs  sont  géminées  ou  ternées  à  rextrémité  des  rameaux  ;  le  tube  de  la  cercle  est  de 
couleur  blanchâtre ,  le  limbe  est  divisé  en  5  lobes  arrondis-obovales,  ondulés,  d'un  nolet 
pâle,  et  parcourus  par  des  nervures  purpurines.  —  Le  Catalpa  a  feuilles  de  cift!«c 
(Catalpa  longissima),  vulgairement  nommé  Chêne  noir  d* Amérique,  croît  aux  Antilles;  se» 
capsules,  longues  de  plus  d'un  pied,  lui  ont  valu  son  nom  spécifîque  ;  son  bois  est  dur  comme 
celui  du  chêne,  et  n*est  jamais  percé  par  les  vers;  cette  inaltérabilité  le  rend  précieux  pour 
les  constructions  navales. — Le  Técoii  a  a  feuilles  de  frêne  (Tecotna  stans)  ^  eûibimtm 
de  l'Amérique  méridionale,  est  cultivé  en  serre  chaude;  ses  feuilles  sont  persistantes, ses 
fleurs  disposées  en  grappes  et  de  couleur  jaune;  la  racine  est  diurétique,  de  là  le  nom  de  Boi$ 
de  pissenlit,  —  La  Bignone  radigantb  {Tecoma  radicans)^  nommée  communément  le 
Jasmin  de  Virginie ,  est  un  arbrisseau  magnifique  de  TAmérique  septentrionale ,  à  feuilles 
imparipennées ,  qui  s'accroche  aux  arbres  et  aux  murailles  au  moyen  de  racines  aérienoes; 
on  le  cultive  en  pleine  terre  ;  ses  fleurs,  d*un  rouge  cind)re,  forment  des  cymes  du  plus  bel 
effet.  —  La  Bignonia  chica  est  une  Plante  grimpante ,  à  feuDles  terminées  en  vrille  ;  ses 
fleurs  sont  violettes,  munies  de  k  étamines  fertiles  et  d*une  stérile;  les  feuilles  donnent, 
par  la  macération  dans  Teau,  une  couleur  rouge-brique^  avec  laquelle  les  sauvages  des  bords 
de  rOrénoque  et  du  Gassiquiare  se  peignent  le  corps  et  le  visage.  Ce  principe  colorant, 
de  nature  résineuse ,  est  envoyé  en  Europe  sous  le  nom  de  Krajuru, 

Les  feuilles  de  plusieurs  Espèces  de  Jacaranda  contiennent  un  principe  acre,  astringent, 
auxquels  les  Brésiliens  attribuent  de  grandes  vertus  contre  les  maladies  contagieuses  des 
organes  de  l'absorption. 

Les  Sésames  (Sesamum)  sont  des  Plantes  herbacées,  couvertes  de  glandes  vésiculaires,  qui 
renferment  un  mucilage  abondant.  Leur  graine,  connue  dans  divers  pays  sous  les  noms 
de  Jugeoline,  Gigéri,  Gengéli,  contient  une  huile  fixe  très-abondante.  Le  S.  de  l'Iïidb 
(S.  Indicum)ei  le  S.  d'Orient  {S,  Orientale)  sont  cultivés  de  toute  antiquité  dans  les 
régions  tropicales  et  subtropicales  de  TAsie  et  de  l'Afrique;  leur  culture  s'est  répandue  dans 
le  midi  de  l'Europe  et  dans  l'Amérique.  L'huile  \irée  des  graines  est  employée  chez  les 
Orientaux  depuis  la  plus  haute  antiquité  comme  aliment,  comme  médicament  et  comme 
cosmétique.  En  Egypte,  les  femmes  en  boivent  tous  les  matins  pour  acquérir  cet  em- 
bonpoint qui  est  le  mérite  suprême  du  beau  sexe  aux  yeux  des  Musulmans.  Dans  le 
Levant,  on  la  mêle  à  l'amidon  et  au  miel  pour  en  composer  des  galettes ,  nommées  calva,  que 
les  calvadji  vendent  dans  les  rues,  à  Smyme.  En  Amérique  ,  on  s'en  sert  en  guise  dTiuile  de 
Ricin.  Depuis  quelques  années ,  on  la  fabrique  à  Marseille  avec  des  graines  qui  viennent 
d'Egypte;  en  1844,  l'importation  de  ces  graines  s'est  élevée  à  plus  de  9  millions  de  kilograro. 
L'huile  sert  à  la  fabrication  des  savons  et  à  la  falsification  de  l'huile  d'olive. 

En  pensant  au  Sésame,  on  se  rappelle  involontairement  le  fameux  Sésame ^  ouvre-toi!  des 
Mille  et  une  Nuits,  L'imagination  superstitieuse  des  Arabes  attachait-elle  à  cette  graine  hui- 
leuse des  vertus  magiques  qui  forçaient  les  portes  à  rouler  d'elles-mêmes  sur  leurs  gonds?  C'est 
une  grave  question  que  nous  n'approfondirons  pas. 

Famille  XXXV.  —  PÉDALINÉES. 

(Pédàlinées^  de  liobert  Brown.  —  Pédâliàcées,  de  Lindley.  — Martykiacées, 

de  Linck). 

CARACTÈRE. —  Calyce  libre.  CoKOhh^  hypogyne,  monopétale  irrégulière.  EXA- 
MINES insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  k  didynames,  ou  2  seulement  Ovaire  à  1,  ou  3,  ou 
k  loges.  Fruit  capsulaire  ou  drupacé.  Graines  peu  nombreuses;  plantule  dicotylédonée 
exalbuminée. 


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PÉDALINÉES.  187 

Les  Pédaliûées  sont  des  Plantes  généralement  herbacées,  velues,  souvent  visqueuses;  les 
feuilles  sont  simples,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  irrégulières,  axillaires.  Le 
calyce  est  à  5  divisions.  La  corolle  est  bilabiée,  à  préfloraison  imbriquée.  Les  étamines  sont 

incluses  dans  le  tube  de  la  corolle.  L'ovaire 
est  ceint  à  sa  base  d'un  disque  glanduleux, 
et  composé  de  2  ou  &•  carpelles,  formant  par 
leurs  divers  degrés  d'introflexion  ou  2,  ou 
4,  ou  8  loges;  les  ovules  sont  réfléchis;  le 
style  est  simple,  terminal  ;  le  stigmate  bi- 
lamellé.  Le  fruit  est  sec  ou  charnu,  quel- 
quefois cornu  au  sommet  par  Tendurcisse- 
ment  des  carpelles,  ou  épineux  sur  ses 
angles  ;  tantôt  il  s'ouvre  par  décollement  des 
cloisons,  tantôt  il  est  indéhiscent,  tantôt 
l'épicarpe  seul  se  détache  par  valves;  et 
l'endocarpe  ligneux  et  fibreux  reste  clos. 
Les  graines  sont  tantôt  peu  nombreuses 
dans  chaque  loge  et  horizontales  ou  pen- 
dantes, tantôt  solitaires  et  dressées;  la 
plantule  est  droite ,  à  cotylédons  charnus, 
à  radicule  courte ,  voisine  du  hile. 

Pédalium.  Pedalium. 

CoRNAHET.  Martynia. 

AFFINITÉ.  —  Les  PédaUnées  touchent 
d'un  côté  aux  Gesnériacées  par  l'intermé- 
coBifABiT  A  T.oMM.  diaiTc  du  Genre  Martynia,  de  l'autre  aux 

{Manyma  Prokccié^a.)  Bignomacécs  par  le  Genre  Sésame, 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Espèces  sont  peu  nombreuses  et  dispersées  dans  les  régions 
tropicales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Pédalinées  sont  couvertes,  comme  les  Sésames,  de 
glandes  vésiculeuses  contenant  du  mucilage,  et  agrégées  par  quatre.  Le  Pedalium 
murex,  Plante  indienne,  vulgairement  nommée  Paturaja  cingal,  sent  le  musc,  et  quand  on 
la  bat  avec  de  l'eau,  elle  rend  celle-ci  mucilagineuse,  et  aussi  épaisse  que  du  blanc  d'œuf. 
Son  suc  est  usité  comme  émollient;  sa  drupe  épineuse  est  employée  en  guise  de  chausse- 
trappe  par  les  habitants  de  Ceylan.  —  Le  Genre  Cornarbt  (Martynia)  fournit  à  l'horti- 
culture des  Espèces  annuelles,  dont  les  fleurs  en  épi  ressemblent  à  celles  de  la  Digitale  :  tel 
est  le  C  A  TKouPE  {M.  proboscidea)  des  Antilles,  dont  la  corolle  est  blanche,  ponctuée  à  la 
gorge,  jaune  dans  le  fond,  et  dont  les  fruits  sont  armés  de  longues  cornes. 


Famille  XXXVP.  ~  ACANTHACÉES. 

(Acanthes,  àeJussieu,  —  Acanthacées,  à& Robert  Brown,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne  monopétale.  Étamines  insérées 
surle  tube  delà  corolle,  kdidynames,  ou^seulement.  0\ aire biloculaire,  Cav&vlv. loculicide 


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188  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

à  2  valves,  emportant  chacune  avec  elles  la  moitié  de  la  cloison.  Graines  soutenues  par  des 
rétinacles  en  gouttière  ou  en  cupule  ;  plantule  dicotylédonée  et  albuminée,  à  radicule  infère 
et  centripète. 

Les  Acanihacées  sont  des  Plantes  herbacées  ou  ligneuses  j  à  tiges  et  rameaux  noueux 

articulés.  Les  feuilles  sont  opposées  ou 
verticillées,  simples,  sans  stipules.  Les  fleurs 
sont  complètes,  rarement  solitaires,  accom- 
pagnées chacune  d'une  bractée  et  de  deux 
bractéoles  géminées.  Le  calyce  est  à  4-5 
divisions,  quelquefois  tronquées.  La  corolle 
est  ordinairement  bilabiée,  à  préfloraison 
contournée.  Les  ovules  sont  courbes;  le 
style  est  simple,  terminal;  le  stigmate  or- 
dinairement bifide.  Les  graines  ont  leur 
plantule  généralement  courbe^  à  cotylédons 
grands  et  orbiculaires. 


Thunbebgia. 

Thunbergia, 

RUBLLIA. 

Buellia. 

GULDFUSSIA. 

Goldfussia, 

Geissomeria. 

Geissomeria 

ACANTBB. 

Acanthus. 

Grossamdra. 

Crossandra, 

Aphéi.andra. 

Aphelandra. 

Garmantine. 

Justicia. 

AFFINITÉ.— Les  Acanthacéesunissent 

les  Antirrhinées  aux  Bignoniacées  par  Tin- 

AcARTHB  sAifi  ipiRBi.  tcrmédiairc  du  Genre  Mélampyre;  elles  se 

(AaanlAiM  mollit)  **'       ' 

distinguent  nettement  des  autres  familles 
par  Tabsence  d'albumen,  la  situation  des  placentaires,  la  direction  de  la  radicule,  la  déhis- 
cence  ordinairement  élastique  de  la  capsule ,  la  présence  des  rétinacles  qui  sous-tendent  les 
gaines ,  et  enfin  par  leur  port  particulier. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Acanthacées  abondent  entre  les  tropiques. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —11  n'y  en  a  aucune  qui  soit  employée  en  Europe 
pour  ses  propriétés  médicales  :  toutes  sont  mucilagineuses  )  quelquefois  un  principe  amer  se 
joint  au  mucilage;  dans  d'autres^  Tâcreté  domine;  quelques-unes  contiennent  une  huile 
volatile  qui  les  rend  stimulantes  ;  plusieurs  renferment  un  principe  colorant  bleu  ou  rouge. 
—  L'Acanthe  sans  épines  (AeanMu*  mo/Zw),  vulgairement  ^ranc-i/rsinç,  herbe  vivace 
de  la  région  méditerranéenne,  était  autrefois  vantée  comme  -émolliente.  La  beauté  pittoresque 
de  ses  feuilles  sinuées  avait  frappé  les  anciens,  qui  les  figuraient  dans  les  sculptures  de  leurs 
meubles  et  dans  les  chapiteaux  des  colonnes  de  l'ordre  corinthien  ;  un  bei^er  de  Virgile,  dans 
la  troisième  Églogue ,  vante  «  deux  coupes  que  le  divin  Alcimédon  a  ciselées  pour  lui ,  et 
dont  l'Acanthe  flexible  embrasse  les  anses  :  » 

Et  nobis  idem  Alcimédon  duopocula  fecit, 
Et  molli  circum  est  ansas  amplexus  Acantho. 


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PI.  XVI. 


(Rosacée») 


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ACANTHAGEES.  J89 

Parmi  les  nombreuses  Espèces  que  celte  Famille  fournit  à  la  floriculture  ,  nous  citerons  la 
Carmantinb  écaulate  (Justicia  coccinea),  arbrisseau  de  Cayenne,  haut  de  6  à7  pieds,  à 
feuilles  veinées,  à  fleurs  magnifiques,  disposées  en  épis  tétragones,  et  se  succédant  pendant 
tout  Tété;  YAphelandra  fulgens  (PI.  IV),  arbuste  du  Mexique,  haut  de  3  pieds,  à  longues 
corolles  d'un  rouge  éclatant. 


Famille  XXXVII".  —  LABIÉES. 

(Verticillées,  de  Lijmé.  —  Labiées,  de  Jussieu.  —  Lamiacées,  de  Lindley,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce /i'6r^.  Corolle  hypogyne,  monopétale ,  irrégulière.  Exa- 
mines insérées  sur  le  tube  de  la  corolle,  4  ou  2.  F RViT  composé  de  k  akènes.  Graines 
dressées;  plantule  dicotylédonée,  exalbuminée,  à  radicule  infère.  Feuilles  opposées  ou 
verticillées. 

Les  Labiées  sont  des  Plantes  généralement  herbacées,  à  tige  ordinairement  tétragone; 

les  feuilles  sont  simples,  sans  stipules  ;  les 
fleurs  sont  complètes,  irrégulières;  elles 
naissent  à  Taisselie  des  feuilles  ou  des  brac- 
tées ,  et  forment  des  cymes  contractées  ou 
rameuses,  à  floraison  centrifuge,  quelquefois 
réduite  à  une  fleur  unique.  Le  calyce  est 
monosépale,  persistant,  tantôt  régulier  ou 
presque  régulier,  à  5  divisions,  rarement  à 
k  par  Tabsence  de  la  supérieure  ;  tantôt  irré- 
gulier et  divisé  en  deux  lèvres ,  dont  la  su- 
périeure représente  3  sépales,  et  Vinférieure 
2.  Le  limbe  de  la  corolle  est  irrégulier,  4-5- 
lobé,  à  préfloraison  imbriquée  ;  tantôt  il  est 
divisé  en  2  lèvres,  dont  la  supérieure,  repré- 
sentant 2  pétales,  est  entière  ou  échancréc, 
et  rinférieure,  représentant  3  pétales,  3-lo- 
bée;  quelquefois  il  paraît  unilabié,  parce 
que  la  lèvre  supérieure  est  fendue  profon- 
dément et  que  ses  lobes  sont  très-courts 
{Bugle,  Germandrée) ,  tantôt  il  est  cam- 
panule, ou  infundibuliforme^  à  i-  lobes 
presque  égaux,  et  porte  des  étamines  presque 
égales  (Menthe)  ;  les  étamines  sont  le  plus 
généralement  didynames  par  avortement 
(iiM.op«"î!lina/^..)  ^®  rétamine  supérieure  ;  quelquefois  les  2  la- 

térales  manquent,  et  les  2  inférieures  seules 
sont  fertiles  ;  les  anthères  sont  à  2  loges ,  séparées  quelquefois  par  un  connectif  filiforme  très- 
allongé,  qu'on  prendrait  pour  le  filet  :  alors  la  loge  inférieure  est  stérile  ou  nulle  (Sauge, 
Romarin).  Les  carpelles  forment  un  ovaire  quadriloculaire ,  quadrilobé ,  à  loges  tantôt  égale- 
ment distinctes,  tantôt  cohérentes  par  paires,  uniovulées;  les  ovules  sont  dressés  et  réfléchis; 
le  style  naît  à  la  base  des  carpelles,  et  se  dilate  en  un  gynobase  tapissant  le  prolongement  du 
réceptacle  ;  le  stigmate  est  bifide.  Le  fruit  se  sépare  en  k  parties,  qui  figurent  4  akènes  ou 
nucules,  distinctes  ou  géminées,  à  épicarpe  quelquefois  charnu  (Prasium). 

2:i 


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190 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Basilic. 
Plbctranthus. 

COLÉUS. 

Hyptis. 

pogostémon. 
Pbeslia. 

MlKTHE. 

Ltcope. 
Sauge. 

ROKABIN. 
MONABDE. 

Amabacus. 

Obigan. 

Mabjolaine. 

Thym. 

Sabbiette. 

Hysopb. 

CUNILB. 
IlÉDÊOlfA. 

Mélisse. 

Clinopode. 

Gabdoquu. 

Thymbba. 

Bbluellb. 


Ocimum. 

Plectranthus. 

Coleus, 

Byplis. 

Pogostemon. 

Preslia. 

Mentha, 

Lycopus. 

Salvia, 

Rosmarinus. 

Monarda, 

Amaracus, 

Origanum, 

Major ana. 

Thymus. 

Satureia. 

Hyssopus. 

Cunila. 

Hedeoma. 

Melissa. 

Ginopodium, 

Gardoquia. 

Thymbra. 

Prunella. 


Clbonie. 

Geonia, 

Toque. 

Scutellaria 

Westringia. 

Cataibe. 

Glécome. 

Westringia, 

Nepeta. 

Glechoma, 

Dbacocéphale. 
Cedbonelle. 

Dracocephaium 
Cedronella, 

Méussot. 

Melittis. 

Lamibb. 

Lamium. 

Agbipaume. 

Leonurus. 

Galéopsis. 

Epuibb. 

Betoinb. 

Galéopsis, 

Stachys. 

Betonica, 

Cbapaudike. 

Sideritis. 

Mabbube. 

MarrtUnum. 

Ballots. 

Ballota. 

Léonotis. 

Léonotis, 

Phlohide. 

Phlomis, 

Ebémostachys. 
Molccelle. 

Eremostachys. 
Moluccella, 

Améthyste. 
Gebmandbée. 

Amethystea. 
Teucrium. 

Bugle. 

Ajuga, 

Les  Labiées,  parleur  tige  tétragone,  leurs  feuilles  opposées,  pourvues  de  glandes  oléifères, 
leur  fleur  irrégulière,  leurs  étamines  didynames  ou  géminées,  leur  ovaire  quadrilobé^  et  leurs 
ovules  dressés,  forment  un  groupe  bien  distinct;  elles  se  rapprochent  des  Verbénacées  et  des 
Borraginées  :  les  Verbénacées  leur  ressemblent  par  le  port,  la  tige  ordinairement  tétragone, 
les  feuilles  presque  toujours  opposées,  la  structure  du  calyce,  de  la  corolle  et  de  Tandrocée; 
elles  en  difTèrent  par  Tovaire  et  le  fruit ,  le  nombre  et  Finsertion  des  ovules ,  et  Tabsence  de 
glandes  oléifères.  Les  Borraginées,  dont  To^  aire  offre  une  conformation  semblable  à  celle  de 
Tovaire  des  Labiées ,  se  distinguent  facilement  de  ces  dernières  par  leurs  feuilles  alternes, 
leur  inflorescence,  la  régularité  et  la  proportion  quinaire  des  trois  premiers  verticiUes,  Tovule 
inverse  et  la  radicule  supère  ;  l'analogie  avec  les  Antirrhinées  est  beaucoup  plus  éloignée,  et 
ne  porte  que  sur  la  corolle  bilabiée  et  les  étamines  didynames. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Labiées  habitent  en  général  Tancien  continent,  et  surtout  la 
zone  comprise  entre  le  &•()*  et  le  50*  parallèle  boréal  ;  leur  nombre  diminue  sous  les  tropiques 
et  vers  les  pôles  ;  au  delà  du  Capricorne,  on  les  rencontre  rarement  ;  elles  sont  bannies  des 
zones  glaciales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Labiées  contiennent  une  huile  volatile,  un  principe 
gomrao-résineux  amer,  de  Tacide  gallique,  et  c'est  à  la  combinaison  variée  de  ces  diverses 
substances  qu'elles  doivent  leurs  vertus.  Chez  les  unes  domine  une  huile  volatile,  renfermée 
dans  des  glandes  vésiculaires  situées  sous  Tépiderme  des  parties  herbacées;  chez  les  autres, 
fhuile  volatile,  tient  en  dissolution  une  certaine  quantité  de  stéaroptène,  carbure  d'hydrogène, 
analogue  au  camphre;  chez  quelques-unes,  le  principe  amer  s'unit  à  l'huile  volatile;  chez 
d'autres,  enfin,  l'huile  volatile,  le  stéaroptène,  l'acide  gallique  et  les  principes  amers  sont 
réunis. 

Les  Espèces  purement  aromatiques  sont  employées,  selon  le  plus  ou  moins  de  stéaroptène 


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LABIÉES.  lyi 

que  contient  leur  huile  volatile,  soit  pour  assaisonner  les  aliments,  soit  pour  parfumer  des 
cosmétiques,  soit  pour  préparer  des  eaux  distillées  médicinales  ou  autres  médicaments.  Tels 
sont  principalement  les  Menthes,  le  Thym,  le  Basilic,  la  Mélisse^  que  Ton  emploie  fréquem- 
ment en  qualité  de  stimulants.  La  Menthe  poivrée  (Mentha  joijorn/a),  spontanée  en 
Angleterre,  et  cultivée  dans  tous  les  Jardins  de  l'Europe,  est  en  tête  de  ce  groupe  ;  après 
elle  vient  la  M.  verte  (Mentha  viridis)\  à  Thuile  volatile  est  associé  un  principe  résineux 
amer,  dans  laMENTUR  crépue  (M.  crispa) ,  avec  laquelle  rivalisent  plusieurs  autres  Espèces 
du  même  Genre,  croissant  dans  les  lieux  humides  de  TEurope  centrale  et  méridionale  :  ce  sont 
la  M.  SAUVAGE  {M,  sylvestris),  la  M.  aquatique  (M.  aguatica),  la  M.  b  a  u  h  b  {M,  gentilis), 
la  M.  CULTIVÉE  (Af.  sa/im),  la  M.  a  feuilles  rondes  (iV.  rotundifolia).  he  F  ovliot 
(M,  pulegium)  et  la  M.  a  feuilles  étroites  (Preslia  cervina)^  s'en  rapprochent  par 
leur  propriétés  comme  par  leurs  caractères  botaniques. 

Plusieurs  Espèces  de  Thym  sont  recommandées  comme  condiments  et  comme  remèdes 
stimulants,  à  cause  de  Thuile  chaude  qu'elles  contiennent.  LeTnTM  serpolet  [Thymus 
serpyllum),  le  Thym  commun  (Th.  vtdgaris),  sont  connus  de  tout  le  monde.  Virgile  cite  le 
serpolet  parmi  et  les  herbes  aromatiques  que  Thestylis  broie  avec  l'ail  pour  rafraîchir  les 
moissonneurs  brûlés  par  le  soleil,  d 

Thestylis  et  rapido  fessis  messoribus  œstu 
Allia  serpyllum  que  herbas  contundit  olentes. 

Le  Thym  de  Crète  (TA.  capitatus)  est  un  petit  arbrisseau  très-élégant,  qui  croît  dans 
les  lieux  arides  et  pierreux  de  la  région  méditerranéenne.  Ses  rameaux  sont  étalés,  et  ses 
fleurs  forment  des  touffes  serrées;  c'est  à  leur  délicieux  arôme  que  les  anciens  attribuaient 
Texcellence  du  miel  récolté  sur  le  mont  Hymette,  en  Grèce,  et  sur  le  mont  Hybla^  en  Sicile. 
Un  des  bergers  de  Virgile  croit  faire  un  compliment  très-flatteur  à  sa  maîtresse  en  la  compa- 
rant à  cette  Labiée  odoriférante  :  a  0  Galathée ,  Néréide  plus  blanche  que  les  Cygnes ,  plus 
gracieuse  que  le  Lierre,  plus  suave  pour  moi  que  le  Thym  d'Hybla  pour  les  abeilles;  dès  que 
les  taureaux  retourneront  du  pâturage  à  Tétable ,  viens  vers  ton  Corydon,  si  tu  ressens  pour 
lui  quelque  amour.  » 

Nerine  Galathea,  Thymo  mihi  dulcior  Hyblœ^ 
Candidor  cycnis^  hederâ  formosior  albà, 
Quùm  primùm  pasti  répètent  prœsepia  tauri^ 
Si  qua  tui  Corydonis  habet  te  cura,  venito. 

La  Mélisse  [Melissa  officinalis),  vulgairement  nommée  Citronnelle,  était  vantée  par. 
les  médecins  de  l'antiquité  comme  étant  propre  à  réveiller  agréablement  l'action  nerveuse  des 
organes  de  la  vie  de  relation  (médicament  neruin)-,  à  dissiper,  par  son  arôme  diffusible  et 
pénétrant,  certaines  céphalalgies,  vertiges,  bourdonnements  d'oreilles,  etc.  (médicament 
céphalique);  enfin  à  chasser j  dit  Sérapion,  toutes  inquiétudes  sans  cause  et  imaginations  du 
cerveau  qui  procèdent  d'humeurs  mélancoliques  (médicament  exhilarant).  Cette  renommée 
s'est  perpétuée  jusqu'à  nos  jours,  et  c'est  sur  elle  que  repose  la  vogue  de  la  fameuse  Fau  de 
Mélisse  des  Carmes, 

Le  nom  grec  de  Mélisse,  qui  signifie  abeille,  a  été  donné  à  cette  Plante  parce  que  les 
abeilles  la  recherchent  avec  avidité.  Virgile,  dans  ses  Géorgiques,  recommande  aux  cultiva- 
teurs d'attirer  les  essaims  v  en  répandant  devant  eux  les  mets  propres  à  flatter  leur  goût,  la 
Mélisse  broyée  et  l'herbe  sans  gloire  du  Mélinet.  » 


Hùc  tu  fusses  adsperge  sapores, 
Trita  melisphylla^  et  Cerinthœ  ignobile  gramen. 


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192  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Pline  donnait  à  Ja  Mélisse  le  nom  d'Apiastrum,  qui  a  le  même  sens^  les  Provençaux  rap- 
pellent le  Piment  des  abeilles, 

LeCALAifBNT  (3f.  calamintha),  la  M.  cataire  (M,  nepeta),  possèdent  des  propriétés 
analogues  à  celles  des  Menthes,  L'A  ci  no  s  (M,  acinos)  tient  le  milieu  entre  le  Thym  et  le 
Pouliot.  LeCLiNOPODE  (Clinopodium  vulgare)  est,  à  cause  de  la  faiblesse  de  son  arôme, 
rangé  parmi  les  succédanés  du  Thé  de  Chine.  Le  Dracocéphalk  de  Moldavie  (/>r(ico- 
cephalwn  Moldavica)  est  plus  chaud  que  la  Mélisse,  mais  son  parfum  est  moins  suave.  La 
Cédronelle  (Cedronella  triphyllà),  herbe  des  Canaries,  voisine  de  la  précédente,  réunit  les 
odeurs  du  Camphre  et  de  la  Térébenthine.  Les  B  AS  i  l  ics,  qui  nous  viennent  de  ITnde,  et  qu  on 
cultive  dans  tous  les  jardins  et  sur  les  fenêtres  des  maisons  à  cause  de  leur  odeur  pénétrante, 
remplacent  la  Mélisse  chez  les  Indiens.  Le  Basilic  a  fleurs  vertes  {Ocimum  viridi- 
florum)  croît  dans  l'Afrique  tropicale,  et  est  employé  comme  fébrifuge  par  les  nègres. 

Le  Patchouli  {Pogostemon  patchùuly)  est  une  Espèce  indienne,  sous-ligneuse,  voisine 
des  Basilics,  à  fleur  d'un  violet  pâle,  à  feuilles  contenant  une  huile  volatile  d'odeur  très- 
forte  ,  que  Ton  emploie  pour  préserver  des  teignes  les  vêtements  de  laine  et  les  fourrures.  On 
renvoie  de  ITnde,  hachée  en  menus  morceaux  ;  c'est  depuis  quelques  années  seulement  qu  on 
a  réussi  à  la  cultiver  en  serre  tempérée. 

Le  Rom  AR IN  (Rosmarinus  officinalis)  est  un  petit  arbrisseau  de  3  à  &•  pieds,  très-rameux, 
qui  fleurit  au  commencement  du  printemps  ;  on  le  cultive  dans  tous  les  jardins,  mais  il  croît 
spontanément  dans  le  midi  de  l'Europe ,  et  surtout  près  des  rivages  maritimes  :  de  là  le  nom 
de  Bos  marinus,  composé  de  deux  mots  qui  signifient  parfum  de  la  mer.  L'huile  volatile  qui 
abonde  dans  les  feuilles  et  les  fleurs  de  cette  Plante  est  chaînée  d'une  notable  quantité  de 
stéaroptène,  qui  augmente  l'énergie  de  ses  propriétés  stimulantes  ;  les  pharmaciens  en  prépa- 
rent un  vin,  une  eau  distillée  et  un  alcoolat,  connu  depuis  longtemps  sous  le  nom  d^Eau  de  la 
reine  de  Hongrie,  C'est  au  Romarin  que  le  miel  blanc  de  Narbonne  doit  sa  saveur  aromatique; 
on  a  même  remarqué  que  la  récolte  du  miel  manque  aux  environs  de  Narbonne  quand  un 
incident  atmosphérique  empêche  la  fleuraison  de  la  Plante.  Les  anciens  connaissaient  le  goût 
des  abeilles  pour  le  Romarin  :  l'auteur  des  Géorgiques  dit ,  en  parlant  du  choix  des  terrains 
propres  à  l'agriculture  :  «  La  colline  couverte  d'un  aride  gravier  ne  peut  produire  que 
l'humble  Casia  et  le  Romarin,  destinés  aux  abeilles.  » 

Nam  jejuna  quidem  clivosi  glarea  ruris 

Vix  hutniles  apibus  Ckisias,  Rorem  que  ministrat. 

La  Sarriette  (Satureja  hortensis)  a  un  goût  piquant  et  une  odeur  pénétrante;  on  l'em- 
ploie pour  assaisonner  divers  aliments,  et  notamment  les  pois  verts  ;  de  là  le  nom  de  Satvreia, 
qui  vient  de  satura  ^  ragoût.  Les  anciens  la.  désignaient  sous  le  nom  de  Thymbra.  Cette 
Plante  est ,  comme  la  plupart  des  Labiées ,  recherchée  par  les  abeilles  ;  nous  avons  cité  dans 
notre  préface  le  vers  de  Virgile  qui  en  fait  mention.  —  Dans  THysope  {Hyssopus  officinalis]^ 
les  propriétés  stimulantes  de  l'huile  volatile  camphrée  sont  modifiées  par  un  principe  amer, 
qui  donne  à  la  Plante  des  vertus  toniques.  —  La  Cataire  (Nepeta  cataria]  est  une  herbe 
croissant  le  long  des  haies  en  Europe  et  en  Asie  ;  sa  saveur  aromatique  la  fait  employer  en 
médecine  ;  son  odeur  forte  la  fait  rechercher  par  les  chats,  qui  aiment  à  se  frotter  sur  elle  ; 
ce  qui  lui  a  valu  le  nom  vulgaire  d'Herbe  aux  chats. 

Beaucoup  de  Labiées  se  recommandent  par  leurs  propriétés  à  la  fois  stimulantes  et 
toniques. — La  Lavande  spic  (Lavandula  spica),  Plante  méditerranéenne,  fournit  une 
huile  essentielle  à  odeur  très -forte,  nommée  huile  de  spic,  et  par  corruption  huile  d'aspic; 
on  l'emploie  en  frictions  contre  les  douleurs  rhumatismales.  La  L.  officinale  (Z.  vera)esi 
plus  septentrionale  que  le  Spic;  c'est  avec  elle  que  l'on  fait  des  bordures  dans  nos  jardins. 
L'Origan  [Origanum  vulgare)  croît  dans  les  bois  secs  et  montueux  de  toutes  les  régions  tem- 


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LABIÉES.  193 

pérées  de  Thémisphère  boréal.  La  Marjolaine  (0.  majorana)  est  une  Plante  vivace ,  souvent 
annuelle  dans  nos  jardins ,  et  très-variable  ;  ses  fleurs  forment  des  épis ,  dont  les  bractées , 
serrées  et  branchâtres,  sont  disposées  sur  quatre  rangs.  Cette  Plante  odoriférante  était  dési- 
gnée par  les  anciens  sous  le  nom  ^'Amaracus,  Lorsque  Vénus,  dans T^ne/r/e ,  substitue  son 
fils  au  jeune  Ascagne,  fils  d'Énée ,  afm  que  les  caresses  de  Cupidon,  reçues  sans  défiance, 
embrasent  le  cœur  de  l'infortunée  reine  de  Cartbagc.  «  Elle  verse  un  doux  sommeil  dans  les 
membres  de  l'enfant,  puis  l'emporte  sur  son  sein,  et  le  dépose  endormi  dans  les  bosquets 
dldalie,  où  la  tendre  Marjolaine  l'enveloppe  de  son  ombre  et  de  ses  parfums.  » 

At  Venus  Àscanio  placidum  per  membra  soporem 
Jrrigat,  et  fotum  gremio  dea  tollit  in  altos 
Idaliœ  lucos,  ubi  mollis  Amaracus  illum 
Floribus  et  dulci  adspirans  complectitur  umbrâ. 

Le  DiGTAME  bE  Crète  {Origanum  Dictamnus) ,  célèbre  chez  les  anciens  pourlagué- 
rison  des  blessures,  croit  principalement  dansTile  de  Candie;  son  odeur  est  fragrante,  et  son 
goût  acre  et  piquant.  Virgile  a  fidèlement  décrit  cette  Espèce  dans  le  passage  de  son  poème , 
où  (c  Vénus^  afûigée  des  souffrances  de  son  fils  Énée,  va  cueillir  en  Crète,  sur  le  sommet  de 
rida ,  le  Dictame ,  dont  la  tige  aux  feuilles  velues  se  couronne  d'une  touffe  de  fleurs  purpu- 
rines, herbe  bien  connue  de  la  chèvre  sauvage,  qui  la  broute  lorsqu'une  flèche  rapide  est 
venue  se  fixer  dans  son  flanc.  » 

Hic  Venus  indigna  nati  concussa  dolore 
Dictamnum  genetrix  Cretœà  carpit  ah  Idâj 
Puberibus  caulem  foliis  et  flore  comantem 
Purpureo  ;  non  illa  feris  incognita  capris 
Gramina,  quùm  tergo  volucres  hœsere  sagittœ. 

Dans  les  GIrmandrées  (leucrium),  Plantes  indigènes,  un  principe  astringent  se  joint  à 

Tamertume,  et  modifie  leurs  propriétés  toni- 
ques. Le  Petit -Chêne  (7'.  chamœdrys)  est 
faiblement  aromatique;  on  l'emploie  comme 
stomachique;  la  Germandrée  femelle 
{T,  botrys)  est  presque  inodore  et  peu  usitée  ;  la 
G.  MARUM  {T.  mai^um)  qui  contient  une  huile 
volatile  camphrée,  dont  l'odeur  attire  les  chats; 
la  G.  AQUATIQUE  {T,  sco?'dium),  qui  sent  l'ail 
quand  on  la  froisse;  la  G.  scorodone  (T.sco- 
rodonia),  dont  les  sommités  fleuries  laissent 
sur  les  doigts  l'odeur  du  Houblon,  sont  des 
Espèces  tombées  en  désuétude. 

Les  Bug  LES  (Ajuga)  contiennent  un  prin- 
cipe résineux-amer  que  la  médecine  a  mis  en 
oubli.  Il  en  est  de  même  de  l'A  g  ri  paume 
(Leonurus  cardiaca)^  de  laMoLucELLE  (Molu^ 
cella  lœvis),  delaCRAPAUDiNE  [Sideritis  rnon- 
tana),  La  Toque  (Scutellaria  galeriadata) 
(ïtmTum^aîblm.)  était  autrcfois  cmplovéc  contre  la  fièvre  tierce; 

la  T.   LATÉRiFLORE  [Sc.  lateriflova) ,  Espèce 
exotique,  est  préconisée  contre  la  rage  dans  l'Amérique  septentrionale. — Les  Scutellaria 


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194  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

exotiques  fournissent  quelques  belles  Espèces  aux  amateurs  de  plantes  d'ornement;  tels  sont  : 
le  Scutellaria  incamata  (PI.  XIII),  originaire  de  la  Nouvelle-Grenade,  dont  la  corolle  est  d'un 
beau  rose  pourpré,  et  le  Scutellaria  Ventenati  que  Ventenat  avait  confondu  avec  la  précé- 
dente Espèce.  Cette  belle  Plante,  dont  la  floraison  dure  plus  de  trois  mois,  porte  de  nom- 
breuses grappes  de  fleurs  d*un  rouge  écarlate  vif  :  on  la  cultive  en  serre  chaude.  —  Le 
Lamirr  blanc  [Lamium  album)  et  le  L.  tacheté  (Z.  maculatum],  Plantes  amères,  dont 
les  feuilles,  recommandées  jadis  dans  diverses  maladies,  sont  maintenant  très-peu  usitées,  ont 
des  fleurs  remarquables  par  leur  odeur  miellée  et  leur  saveur  mucilagineuse,  qui  se  prennent 
en  infusion  comme  le  thé .  —  LaGAtéopsiDE  veloutée  [Galeopsis  ockroleuca),  herbe  un 
peu  salée  et  amère,  que  Ton  rencontre  fréquemment  dans  les  champs  cultivés^  était  naguère 
vendue  au  poids  de  l'or,  comme  remède  secret  contre  la  phthisie  pulmonaire. — La  Bétoinb 
(Betonica  offictnalis)  a  perdu  beaucoup  de  sa  renommée;  sa  racine  fraîche  est  purgative; 
sèche,  elle  est  émétique.  Ses  feuilles  desséchées  et  pulvérisées  sont  prises  comme  le  tabac 
pour  provoquer  Téternument.  —  Les  Epi  A  ires  {Stachys)  sont  complètement  tombées  en 
désuétude. 

Dans  le  Lierre  terrestre  {Glechoma  hederacea),  le  principe  aromatique  est  imi  à  une 
substance  acre  et  amère  ;  cette  Plante  est  employée  en  tisane ,  en  sirop,  en  extrait,  dans  les 
aflections  pulmonaires.  —  LcMarrube  blanc  [Marrubium  vulgare)  possède  une  amertume 
plus  prononcée;  on  le  recommande  encore  comme  tonique. 

La  Sauge  (Salvta  officinalis)  réunit  tous  les  principes  médicamenteux  que  possèdent  plus 
ou  moins  complètement  les  autres  Labiées;  chez  elle  sont  associés  Thuile  volatile,  le  stéarop- 
tène,  le  principe  amer  et  Tacide  gallique;  aussi  la  Sauge  est-elle  regardée,  parmi  les  Labiées 
aromatiques,  comme  une  des  plus  stimulantes  ;  elle  est  de  plus  tonique  et  astringente,  et  c'est 
à  la  réunion  de  ces  propriétés  qu'elle  a  dû  sa  longue  réputation,  un  peu  affaiblie  de  nos  jours. 
Salvta  vient  de  salvus,  et  signifie  Plante  salutaire;  mais  on  répète,  sans  y  croire,  le  distique 
léonin  de  l'école  de  Saleme  :  «  Pourquoi  mourrait  l'homme  qui  a  de  la  Sauge  dans  son  jardin? 
—  Parce  qu'il  n'y  a  pas  dans  les  jardins  de  remède  contre  la  mort.  » 

Cur  moriatur  homo  cui  Salvia  crescit  in  horto? 
Contra  vint  mortis  non  est  medicamen  in  hortis. 

Chez  quelques  Labiées,  le  principe  astringent  prédomine  ;  telles  sont  MaBRUNELLE  [Prunella 
viUgaris),  \àB  KL  LOT  E(Ballota  nt^ra) ,  la  Phlomide  tubéreuse  (PA/owfs  tuberosa),\e 
Lycope  (Lycoptis  Europœus)  ,F&peces  indigènes,  jadis  employées  en  médecine,  aujourd'hui 
complètement  abandonnées. 

Beaucoup  d'Espèces,  parmi  celles  que  nous  venons  de  mentionner,  sont  cultivées  comme 
Plantes  d'ornement,  et  la  plupart  croissent  en  Europe  ;  mais  il  en  est  quelques-unes  d'exo- 
tiques, que  l'on  rencontre  dans  les  jardins,  et  que  nous  ne  devons  point  passer  sous  sOence  ; 
ce  sont  entre  autres  : 

Le  Plbctranthus  a  feuilles  d'ortie  (Plectranthus  fruticosus) ^  arbuste  du  Cap, 
haut  de  2  pieds,  à  feuilles  grandes  et  cordiformes,  à  fleurs  très-odorantes,  petites,  d'un  bleu 
clair,  dont  la  corolle  est  éperonnée  à  la  base  de  son  tube; 

La  MoNAROB  (Monarda  didyma) y  herbe  de  l'Amérique  boréale,  à  fleurs fasciculées 
d'un  rouge  vif,  pourvues  de  deux  étamines  seulement,  et  dont  les  feuilles  odorantes  donnent 
une  infusion  très-agréable,  qui  a  valu  à  la  Plante  le  nom  de  Thé  d'Oswégo; 

Le  Westringia  a  feuilles  de  Romarin  (VF.  rosmarini  /b/ia),  arbuste  élégant  de 
la  Nouvelle-Hollande,  haut  de  3  à  5  pieds,  à  feuilles  verticillées,  blanchâtres  en  dessous,  à 
fleurs  rapprochées  en  grappe,  terminales  et  de  couleur  blanche; 

Le  Gardoquia  de  Hookbr  (G ,  flookeri) ,  arbuste  très-rameux de  l'Amérique  boréale, 
haut  de  i  à  2  pieds,  à  fleurs  solitaires  d'un  rouge  écarlate; 


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LABIÉES.  195 

LaCATALBPTiQUB  DB  ViRGiNiB  (  Pkysostegia  Virginica) ,  herbe  vivace,  haute  de  2  à 
3  pieds,  à  fleurs  grandes,  disposées  en  grappe^  de  couleur  rose,  et  qui,  comme  les  personnes 
frappées  de  catalepsie,  gardent  la  position  qu'on  leur  donne; 

LeLéoNOTis  qubue  db  lion  (Z.  Leonurus),  joli  arbrisseau  du  Cap,  haut  de  6  pieds, 
à  feuilles  persistantes;  à  fleurs  très-belles,  de  couleur  aurore,  disposées  en  cymes,  formant 
un  épi  serré  et  quelquefois  un    capitule; 

L'Améthyste  (Amethystea  cœrulea),  herbe  annuelle,  très-répandue  dans  l'Asie  cen- 
trale, souvent  bleuâtre^  à  feuilles  3-5-partites ,  à  fleurs  disposées  en  cymes  lâches  et 
rameuses^  dont  le  calyce  est  bleuâtre  et  la  corolle  d'un  bleu  d'Améthyste,  pourvue  de  2 
étamines  seulement. 

Famille  XXXVIIP.  —  VERBÉNACÉES. 

(Verveines,  d'Arfawson.  —  Gàttiliers,  de  Jussieu. —  Pyrénàcées,  de  Ventenat.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  //ôre.  Corolle  hypogyne,  monopétale.  Et kmf^Y.^  insérées 
mr  le  tube  de  la  corolle,  2  ou  4,  ou  5,  ou  plus.  Fruit  tantôt  drupacé  à  2-4  noyaux  bUocu- 
laireSy  tantôt  bacci forme  à  24  loges.  Graines  ascendantes;  plantule  dicotylédonée,  exalbu- 
minée, à  radicule  infère. 

Les  Verbénacées,  ainsi  nommées  de  leur  Genre  principal  Verbena,  sont  des  Plantes  herba- 
cées ou  ligneuses,  à  feuilles  généralement 
opposées,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont 
complètes,  ordinairement  irrégulières.  Le 
calyce  est  monosépale,  persistant,  tubuleux, 
à  limbe  denté  ou  partit.  La  corolle  est  tu- 
buleuse;  son  limbe  est  à  4-5-fîde;  les  éta- 
mines sont  ordinairement  didynames,  ou 
réduites  à  2.  L'ovaire  est  à  2  ou  4  carpelles 
formant  2  ou  4  ou  8  loges;  les  ovules  sont 
solitaires  ou  géminés,  tantôt  dressés  et 
réfléchis,  tantôt  ascendants  et  courbes  ;  le 
style  est  terminal,  simple  ;  le  stigmate  est 
indivis  ou  bifide. 


Vbktvini  opvicinali. 
[Vtrbtna  officinaU'ê.) 


LiPPIA. 

Lippia. 

Verveine. 

Verbena. 

Stachytarphëta. 

Stachytarphëta 

Cartopteris. 

Caryopteris. 

Lantana. 

Lantana. 

Gattilier. 

Vitex. 

Prbmna. 

Premna. 

Tkctoka. 

Tectona. 

Gmélina. 

Gmelina. 

V0LK41IÉRIA. 

Volkameria. 

Clèrodbndron. 

Clerodendron. 

DURANTA. 

Duranla, 

Pbtrœa. 

Petrcea. 

jEcirmLA. 

Mgiphila. 

Callicarpa. 

Callicarpa. 

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196  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

AFFINITÉ.  —  Les  Verbénacées,  créées  par  la  nature  sur  le  même  type  que  les  Labiées^ 
diffèrent  de  ces  dernières  par  la  cohérence  des  parties  de  l'ovaire,  par  leurs  feuilles  quelque- 
fois non  opposées,  et  dépourvues  de  glandes  oléifères;  elles  se  distinguent  sans  peine  par 
leur  radicule  infère,  des  Myoporinées  et  des  Sélaginées,  familles  très- voisines. 

GÉOGRAPHIE.  —  La  puissance  numérique  de  cette  famille  réside  dans  la  zone  inter- 
tropicale; les  Espèces  ligneuses  habitent  les  régions  les  plus  chaudes;  les  herbacées,  les 
régions  tempérées. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Verbénacées  contiennent  une  petite  quantité 
d'huile  essentielle,  tellement  réprimée  par  les  principes  amers  et  le  tanin ^  que  peu 
d'Espèces  pourraient  rivaliser  avec  les  Labiées  pour  les  propriétés  aromatiques,  aussi 
occupent-elles  une  place  peu  distinguée  dans  la  matière  médicale.  Les  fruits  bacciformes  de 
quelques  Espèces  sont  légèrement  amers,  aromatiques  et  comestibles.  Nos  Verveines  indi- 
gènes, la  F.  officinale  (  Verbena  o/pcinalis),  la  V,  couchée  [V.  supina)y  étaient  très-connues 
chez  les  anciens  Romains  ;  c'était  sur  la  Verveine  que  roulait  la  table  de  Jupiter  ;  la  Verveine 
servait  aux  cérémonies  lustrales;  les  pythonisses  se  couronnaient  de  Verveine  pour  entrer  en 
délire  et  annoncer  l'avenir  (et  c'est  peut-être  de  l'exaltation  produite  par  la  Verveine  qu'est 
venu  le  mot  français  verve,  signifiant  une  inspiration  poétique);  les  magiciennes  brûlaient  de 
la  Verveine  avec  de  l'encens  dans  la  préparation  de  leurs  enchantements; 

Verlienas  que  adole  pingues  et  mciscula  thura. 

Quand  les  hérauts  d'armes  allaient  déclarer  la  guerre  aux  nations  ennemies,  un  homme 
marchait  au  milieu  d'eux,  tenant  en  main  une  branche  de  Verveine;  on  le  nommait  Ver- 
bénaire,  verbenarius,  —  Les  Druides  de  la  Gaule  se  servaient  aussi  de  Verveine  pour 
prononcer  leurs  oracles.  La  seule  vertu  que  possède  aujourd'hui  cette  Plante  est  d'être  légè- 
rement amère  et  astringente,  et  les  médecins  en  font  très-peu  de  cas  :  aussi  est-elle  tombée 
en  désuétude. 

Plusieurs  Verveines  exotiques  sont  cultivées  dans  nos  jardins  :  la  plus  connue  est  la  V.  a 
FEUILLES  DE  Chamoedrys  (F.  Melindres)^  qui  nous  vient  du  Paraguay  ;  c'est  une  petite 
plante  vivace,  à  tige  grêle,  étalée,  dont  les  fleurs,  d'un  rouge  vif  et  velouté,  ornent  pendant 
toute  l'année  les  massifs  et  les  serres  tempérées.  — La  V.  de  la  Jamaïque  (Stachy- 
tarpheta  Jamaicensis),  nommée  vulgairement  Gervao,  est  préconisée  dans  beaucoup  de  ma- 
ladies, comme  diaphorétique,  par  les  médecins  de  l'Amérique  du  Sud.  —  LaV.  changeante 
[Stachytarpheta  mutabilis),  est  un  arbuste  cultivé  en  serre  chaude,  haut  de  3  pieds,  à  fleurs 
grandes,  et  formant  un  bel  épi,  dont  les  corolles  sont  d'abord  d'un  rouge  vif,  et  passent  ensuite 
au  rose  tendre.  —  La  Stachytarpheta  a  arêtes  {Stachytarpheta  aristata)  (PI.  XII), 
originaire,  comme  les  précédentes,  de  l'Amérique  méridionale,  est  un  sous-arbrisseau  de  2  à 
3  pieds,  hérissé  de  poils  mous;  les  rameaux  sont  purpurins  à  leurs  articulations;  les  épis, 
longs  d'un  pied,  sont  couverts  de  nombreuses  bractées  étroitement  imbriquées,  et  brusque- 
ment terminées  par  une  pointe  aiguë;  les  corolles  sont  d'un  pourpre  sanguin  foncé.  —  On  la 
cultive  en  serre  chaude. 

L'Aloysia  citronelle  {Lippia  citriodora)  est  un  arbrisseau  du  Pérou,  cultivé  en 
orangerie  ;  ses  feuilles,  verticillées  par  3,  exhalent  une  odeur  délicieuse  de  citron,  qui  ne 
permet  pas  de  douter  qu'elle  ne  possède  des  propriétés  stimulantes  très-marquées.  En  atten- 
dant que  la  médecine  en  tire  parti ,  on  emploie  les  feuilles  séchécs  pour  remplacer  le  thé  et 
aromatiser  des  crèmes. 

Le  Genre  américain  Lan  tan  à  est  nombreux  en  Espèces  dont  plusieurs^  douées  d'une 
huile  volatile  odorante ,  sont  employées  en  infusion  théiforme ,  et  en  bains  aromatiques  :  tel 


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VERBÉNACÉES.  197 

est  le  Z.  pseudo-thea,  vulgairement  Capitao  do  matio,  arbrisseau  qui  croît  dans  les  rochers 
quarlzeux  du  Brésil,  où  se  trouvent  les  diamants.  Les  drupes  des  Z.  trifolia  et  L.  annua,  sont 
comestibles.  On  cultive  en  Europe  plusieurs  Lantana,  dont  le  plus  commun  est  le  Z.  camara, 
arbrisseau  de  serre  chaude ,  qu'on  abandonne  à  la  pleine  terre  pendant  Tété ,  et  dont  les 
fleurs,  réunies  en  capitules,  sont  d'un  beau  jaune  aurore,  mais  d'une  odeur  désagréable.  Le 
Callicarpa  americana  est  un  arbrisseau  de  la  Caroline,  dont  les  feuilles  sont  conservées  dans 
les ofGcines  transatlantiques,  comme  un  remède  efficace  contre  Thydropisie ;  il  est  cultivé 
en  Europe.  Ses  fleurs  sont  petites,  purpurines,  et  ses  fruits  d'un  beau  rouge. 

VŒgiphila  salutarts  est  un  alexipharmaque  sur  les  bords  de  l'Orénoque,  où  on  le  nomme 
Contra  cuievra;  la  Plante  exhale  une  odeur  nauséeuse  ;  on  fait  boire  à  ceux  qui  ont  été  mordus 
par  un  serpent  venimeux  la  décoction  de  la  racine  et  des  rameaux,  et  en  même  temps  on 
applique  sur  la  morsure  les  feuilles  broyées.  —  Les  Premna  de  l'Inde  renferment  dans 
leur  écorce  une  abondante  quantité  d'huile  volatile ,  qui  est  employée  comme  médicament 
nervin-tonique.  —  Le  beau  Genre  Clérodendron  se  compose  d'Espèces  ligneuses,  dont 
plusieurs  sont  employées  par  les  Indiens  dans  leurs  sortilèges  j  quelques-unes  sont  remarqua- 
bles par  le  suave  parfum  de  leurs  fleurs;  leur  racine  à  odeur  forte  et  leurs  feuilles  amères- 
âeres  sont  administrées  dans  certaines  cachexies.  —  On  cultive  en  Europe  plusieurs  Cléro- 
dendron :  nous  citerons  seulement  le  Péragut  (CL  infortunatum),  arbuste  de  Ceylan , 
toujours  vert,  à  feuilles  grandes,  cordiformes,  à  fleurs  en  panicules ,  dont  la  corolle  a  son 
limbe  d'un  blanc  de  neige,  et  sent  la  fleur  d'otanger. 

LcGattilier  {Vitex  agnus  castus)  est  un  arbrisseau  très-élégant,  indigène  de  la  France 
méridionale,  dont  toutes  les  parties  sont  odoriférantes.  Ses  rameaux,  droits,  longs  et  flexibles, 
portent  des  feuilles  opposées,  digitées;  ses  fleurs  forment  des  cymes  terminales;  ses  fruits 
sont  d'ime  saveur  acre  et  aromatique,  ce  qui  a  fait  donner  au  Gattilier  le  nom  d'Arbre  au 
poivre.  Son  nom  d'agnus  castus  fait  allusion  aux  croyances  des  anciens ,  qui  lui  attribuaient 
la  propriété  d'éteindre  les  feux  de  l'amour.  Dans  les  fêtes  de  Cérès,  les  femmes  se  faisaient  un 
lit  de  ses  rameaux  pour  conserver  leur  chasteté  :  de  là  le  nom  grec  agnos,  signifiant  chaste , 
qu'on  a  changé  en  agnus,  et  auquel  on  a  ajouté  castus,  qui  n'en  est  que  la  traduction  latine. 

Le  Te  K  (Tectona  grandis)  est  un  arbre  de  grande  taille,  dont  le  bois  est  amer,  imprégné  de 
silice,  très-dur  et  d'une  immense  utilité.  Les  Anglais  le  mettent  au  premier  rang  des  bois 
propres  aux  constructions  navales.  Les  fleurs  sont  diurétiques,  les  feuilles  contiennent  un  prin- 
cipe colorant  rouge,  amer  et  astringent.  Les  Malais  en  boivent  la  décoction  dans  le  traitement 
du  choléra. 


Famille    XXXIX".  —   STILBINÉES. 

(Stilbinées,  de  Kunth.  —  Stilbacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  C  alyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopetale,  presque  régulièreou 
bilabiée.  Etamines4.ou5,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Capsule  biloculaire,  s' ouvrant 
uu  sommet  en  k  parties,  ou  Utricule.  Graines  dressées;  plantule  dicotylédonée,  droite 
dans  Vaxe  d'un  albumen  charnu;  radicule  supére. 

Les  Stilbinées,  ainsi  nommées  à  cause  de  leur  genre  principal  Stilbe^  sont  des  arbrisseaux 
du  Cap,  ayant  le  port  des  Bruyères,  à  rameaux  alternes,  à  ramilles  verticilléesj  les  feuilles  sont 
verUcillées,  serrées,  aciculaires,  marquées  en  dessous  de  deux  sillons,  sans  stipules.  Les  fleurs 
sont  régulières,  disposées  en  épi  dense  au  sommet  des  rameaux.  Le  calyce  est  persistant,  à 
5  divisions.  La  corolle  est  infundibuliforme,  à  gorge  barbue,  à  limbe  4-5-partil,  à  préfloraison 

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198  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

valvaire.  Les  étamines  sont  saillantes;  la  5*"  est  stérile  ou  complètement  avortée.  L'ovaire  est 
à  2  loges  uniovulées;  les  ovules  sont  dressés,  réfléchis. 

AFFINITÉ.  —  Cette  petite  Famille  est  voisine  des  Verbénacées,  dont  elle  se  distingue 
par  la  préfloraison  valvaire  du  calyce  et  de  la  corolle,  et  par  la  plantule  albuminée,  ainsi  que 
par  son  port;  elle  diffère  des  Globulariées  et  des  Sélaginées  par  ses  anthères  biloculaires  et 
ses  ovules  dressés . 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Stilbinées  habitent  le  Gap  de  Bonne-Espérance.  La  tige  contient 
un  principe  résineux,  sans  usage. 


Famille  XL'.  —  MYOPORINEES. 

(Myoporinées,  de  Bob  Brown,  —  Myoporacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  ki/pogyne,  monopétale,  presque  régulière  ou 
bilabiée.  Étamines  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Fruit  drupacé  à  loges  contenant  l-fc 
ovules,  Gb,a.i^es  inverses; plantule  dicotylédonée,  droite  dans  Vaxe  d'un  albumen  charnu ^ 
radicule  super e. 

Les  Myoporinées  doivent  leur  nom  au  Genre  Myoporum;  ce  sont  des  arbrisseaux  à  feuilles 

ordinairement  alternes,  simples^  sans  stipules. 
Les  fleurs  sont  complètes,  irrégulières.  Le  ca- 
lyce est  persistant,  à  5  divisions.  La  corolle  est 
hypocratériforme .  Les  étamines  sont  didy  names. 
L'ovaire  est  à  2  loges,  quelquefois  subdivisées 
en  2  logettes  plus  ou  moins  complètes.  Les 
ovules  sont  pendants,  réfléchis. 

AFFINITÉ.  —  Cette  petite  Famille  est 
voisine  des  Verbénacées,  dont  elle  se  distingue 
par  les  ovules  inverses,  la  graine  albuminée, 
la  radicule  supère  et  les  feuilles  ordinairement 
alternes. 

GÉOGRAPHIE.—  Les  Myoporinées  ha- 
bitent presque  toutes  R  Nouvelle- H oUand 
extra-tropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.— LesMyopo- 
rinées  sont  généralement  parsemées  de  glandes 
résineuses;  on  n'en  fait  aucun  usage.  Quelques 
Espèces  sont  cultivées  en  Europe.  Nous  citerons 
le  Myoporum  a  petites  feuilles  (M, 
parvifolium),  arbuste  de  2  à  3  pieds,  dont  la 
floraison  dure  tout  l'été .  Les  fleurs  sont  blanches, 
petites,  inodores,  fasciculées  dans  Faisselle 
des  feuilles. 


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SÉLAGINËES.  199 

Famille  XLP.  —  SÉLAGINÉES. 

(SÉLAGINÉES,  de  Jussieu,  —  Sélaginacées,  de  Lindley,) 

CARACTÈRE. — Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale,  subrégulière  ou  à 
1-2  lèvres.  Examines  2  ou  4,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Akènes  2.  Graine 
inverse; plûntule  dicotylédunée,  droite,  dans  Vaxed^un  albumen  charnu;  radicule supere. 

Les  Séîaginées,  ainsi  ûommées  du  Genre  Selago ,  sont  des  sous-arbrisseaux  ,  rarement  des 

herbes,  à  feuilles  alternes  ou  fasciculées, 
simples ,  sans  stipules  ;  les  fleurs  sont  com- 
plètes ,  généralement  irrégulières,  disposées 
en  épi  ou  en  corymbe.  Le  calyce  est  persis- 
tant, tubuleux  ou  spathacé;  la  corolle  est 
à  4-5  divisions  à  préfloraison  imbriquée.  Les 
anthères  sont  uniloculaires.  L'ovaire  est  à  2 
loges  uniovulées;  les  ovules  sont  pendants, 
réfléchis. 

Cette  Famille  est  évidemment  voisine  des 
Verbénacées ,  des  Globulariées  et  des  Stil- 
binées^  dont  elle  se  distingue  par  le  port,  la 
conformation  du  calyce  et  de  la  corolle ,  le 
caractère  du  fruit  et  de  la  graine. 

Toutes  les  Séîaginées  habitent  le  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

Cette  Famille  ne  possède  pas  de  propriétés 
marquées;  plusieurs  Espèces  cependant 
sont  odorantes.  VBebenstreitia  dentata, 
cultivé  dans  nos  serres,  est  un  arbuste  de 
deux  pieds,  à  feuilles  inférieures  pennifîdes, 
les  supérieures  dentées  ;  les  fleurs  ont  leur 
corolle  tubuleuse,  à  une'  seqle  lèvre ,  mar- 
quée d'une  tache  aurore;  ces  fleurs  sont 
skaco  cillu.  inodores  au  lever  du  soleil,  d'odeur  forte  et 

désagréable  (gravéolentes)  à  midi;  le  soir, 
elles  exhalent  un  parflim  délicieux.  —  Le  Selago  spuria  a  ses  feuilles  petites,  oblongues;  et 
ses  fleurs  d'un  bleu  clair,  disposées  en  corymbe.  —  Le  Selago  Gillii  est  une  Espèce  culti- 
vée, comme  les  précédents,  dans  les  jardins  botaniques;  sa  tige  est  floribonde,  rameuse 
les  fleurs  sont  disposées  en  épi  lâche,  et  leur  corolle  est  rose. 

Famille  XLIP.  —  GLOBULARIÉES. 

(Globulariées,  de  De  Candolle.  — Globulariacées,  de  Lindley,  — Globularinées, 

d'' End  li  cher,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre,  Coholli,  hypogyne  monopétale ybi labiée.  ÉTAMiNESi, 
insérées  sur  le  tube  delà  corolle,  Cartopse  à  graine  inverse,  Plxj^tvle  dicotylédonée 
dans  faxe  d'un  albumen;  radicule  supere. 


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200  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  Globulariées  tirent  leur  nom  de  leur  Genre  unique  Globulaire;  ce  sont  des  ar- 
brisseaux ou  sous-arbrisseaux  très-petits, 
quelquefois  des  herbes  vivaces,  à  feuilles 
alternes^  simples,  entières,  sans  stipules. 
Les  fleurs  sont  complètes,  irrégulières,  réu- 
nies en  capitule  sur  un  réceptacle  convexe, 
pailleté  et  involucré.  Les  anthères,  d'abord 
biloculaires  dans  la  fleur  en  bouton,  de- 
viennent uniloculaires  par  la  confluence  de 
leurs  loges.  L'ovaire  est  uniloculaire,  à  ovule 
unique  pendant,  réfléchi;  le  caryopse  est 
enveloppé  par  le  calyce ,  et  mucroné  par 
la  base  persistante  du  style. 

AFFINITÉ.  —  La  Globulaire  est  inter- 
médiaire  entre  les  Stilbinées  et  les  Sélagi- 
nées  ;  elle  off're  de  Taffinité  avec  les  Dip- 
sacées,  les  Galycérées  et  les  Brunoniacées, 
dont  elle  se  sépare  par  les  anthères  unilocu- 
laires et  Tovaire  libre. 

GÉOGRAPHIE.  —  LesGlobulariées  ha- 
bitent l'Europe  tempérée. 

^rr/Tt'"  ^y"""x  ESPÈCES    PRINCIPALES.  —  Les 

feuilles  amères  de  quelques  Espèces  étaient 
jadis  officinales,  à  titre  de  remède  légèrement  purgatif.  Nous  citerons  comme  telle  la 
Globulaire  commune  {Globularia  vulgaris)  et  la  Gl.  turbith  (Gl.  alyputn),  jadis 
surnommée  Frutex  terribilisy  parce  qu'on  la  croyait  violemment  drastique  ;  aujourd'hui  ses 
feuilles  sont  encore  employées,  à  la  place  du  Séné,  dans  quelques  contrées  de  l'Europe 
méridionale. 


Famille   XLIIP.  —  UTRICULARIÉES. 

(Lentibulariées,  de  Z.-C  Richard, — Utricularinées,  de  Link. — 
Lentibulariacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale  ^  irrégulière.  Et k- 
mines,  2,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Fruit  capsulaire,  à  placentaire  central,  libre. 
Graines  nombreuses;  plantule  exalbuminée,  droite  y  à  radicule  voisine  du  hi le.  Herbes 
aquatiques. 

Les  Utriculariées  tirent  leur  nom  de  leur  principal  Genre  Utricidaria,  qui  doit  le  sien  aux 
vésicules  aériennes  répandues  sur  les  feuilles  submergées.  «  Ces  Utricules  sont  arrondis  et 
munis  d'une  espèce  d'opercule  mobile.  Dans  la  jeunesse  de  la  Plante,  ils  sont  pleins  d'un  mucus 
plus  pesant  que  Teau,  et  la  Plante ,  retenue  par  ce  lest ,  Veste  au  fond.  Vers  l'époque  de  la 
floraison ,  les  feuilles  sécrètent  un  gaz  qui  entre  dans  les  utricules ,  et  chasse  le  mucus ,  en 
soulevant  l'opercule  :  la  Plante,  munie  alors  d'une  foule  de  vessies  aériennes,  se  soulève  len- 
tement, et  vient  flotter  à  la  surface  :  la  floraison  s'y  exécute  à  l'air  libre  ;  dès  qu'elle  est  ache- 


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UTRICULAHIÉES. 


201 


vée,  les  feuilles  recommencent  à  sécréter  du  tnucus  ;  celui-ci  remplace  Tair  dans  les  utricules  > 

la  Plante  redevient  plus  pesante,  et  redescend 
au  fond  de  Teau ,  pour  y  mûrir  ses  graines 
au  lieu  même  où  elles  doivent  être  semées.» 
(De  Candolle,  Physiologie  végétale,) 

Les  Utriculariées  ont  leurs  feuilles  toutes 
radicales,  tantôt  ramassées  en  rosette,  tantôt 
éparses  ou  verticillées  ;  elles  portent  des 
radicelles  filiformes,  et  sont  souvent  mu- 
nies de  vésicules  aériennes  ;  les  fleurs  sont 
solitaires  sur  la  hampe,  ou  disposées  en 
grappe  ou  en  épi,  elles  sont  complètes,  ir- 
régulières. Le  calyce  est  persistant.  La  co- 
rolle est  caduque,  personnée  ou  bilabiée^  à 
tube  éperonné  à  sa  base.  Les  étamines  sont 
incluses,  à  anthères  uniloculaires.  L'ovaire 
est  uniloculaire^  à  placentaire  central,  basi- 
laire,  globuleux;  les  ovules  sont  nombreux, 
réfléchis;  le  stigmate  est  à  2  lèvres.  La 
capsule  est  indéhiscente,  ou  se  rompt  irré- 
gulièrement, ou  s'ouvre  en  2  valves. 


UTB1CDL4IRI. 

[ÏJtricularia,) 
1.  Tige  de  grandeur  natorelle.  —  S.  Feuille  gro«»ie, 
5.  Véiicule  grossie. 


Utriculaire. 
Gràssettb. 


Utricularia. 
Pinguicula. 


AFFINITÉ.  — Les  Utriculariées  tien- 
nent aux  Antirrhinées  par  la  corolle  et 
randrocée^  aux  Primulacées  par  la  placentation  basilaire  ;  elles  en  difl'èrent  par  la  graine 
exalbuminée. 


GÉOGRAPHIE.  —  Les  Utriculariées  sont  répandues  sur  toute  la  terre,  principalement 
dans  les  régions  tropicales  de  l'ancien  continent,  où  elles  habitent  les  eaux  dormantes  et  les 
prés  marécageux. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. — L'Utriculaire  communb  (Utricularia  vulgaris), 
était  recommandée  par  les  anciens  dans  la  dysurie  ;  le  peuple  l'emploie  aujourd'hui  comme 
topique  pour  les  plaies  et  les  brûlures.  La  Grassette  (Pinguicula  vulgaris)  se  rencontre 
fréquemment  parmi  les  mousses  des  marais  de  l'Europe  occidentale  ;  ses  feuilles  sont  véné- 
neuses pour  les  moutons  ;  à  l'état  frais,  elles  sont  purgatives  et  vulnéraires  :  le  suc  gras  des 
feuilles  est  employé  par  les  Lapons  pour  guérir  les  gerçures  des  mamelles  de  leurs  rennes.  Le 
lait  caillé  de  ces  peuples  hyperboréens  se  prépare  avec  les  feuilles  fraîches  de  la  Grassette  : 
ils  les  placent  sur  une  passoire,  et  versent  par-dessus  le  lait  récemment  trait  et  encore 
chaud  ;  après  l'avoir  rapidement  filtré,  ils  le  laissent  reposer  pendant  2  jours,  pour  qu'il 
aigrisse;  ce  lait,  ainsi  préparé,  est  plus  épais  et  plus  consistant  que  le  lait  caillé  ordinaire,  le 
sérum  ne  s'en  sépare  pas,  et,  quoique  moins  riche  en  crème,  il  est  d'un  goût  très-agréable.  Il 
n'est  pas  besoin,  pour  en  préparer  de  nouveau,  d'employer  de  nouvelles  feuilles  de  Grassette, 
il  suffit  de  mêler  avec  du  lait  frais  une  demi-cuillerée  de  lait  caillé  ;  celui-ci  possède  comme 
un  ferment,  la  propriété  de  communiquer  à  d'autre  lait  les  qualités  qu'il  a  reçues  de  la 
Grassette. 


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202  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille  LXIV^  —  PLANTAGINÉES. 

(Plantains,  de  Jussieu.  —  Plantaginées,  de    Ventenat. —  Plantaginacées, 

de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyge  libre.  Corolle  kypogyne,  monopétale,  scarieuse.  Exa- 
mines insérées  sur  la  corolle  ou  sur  le  réceptacle,  alternes  avec  les  pétales.  0 y  A.\Vi^  à  une 
ou  deux  loges  unitnultiovulées.  Fruit  à  une  ou  plusieurs  graines.  Plantule  dicotylédonée, 
droite  ou  à  peine  courbée,  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu  ;  radicule  infère. 

Les  Plantaginées  sont  viraces,  généralement  herbacées,  à  feuilles  tantôt  radicales,  tantôt 
caulinaires,  simples,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  quelquefois  monoïques  {Litto- 

relie)  j  tantôt  en  épi,  tantôt  solitaires,  ou 
presque  solitaires.  Le  calyce  est  monosépale, 
persistant,  à  k  divisions  presque  égales, 
scarieuses  sur  leur  bord,  à  3  seulement  dans 
les  fleurs  staminées.  LacoroUe  est  tubuleuse 
ou  urcéolée  ;  son  limbe  est  3-4  fide,  régulier 
ou  presque  régulier,  persistant,  à  préflo- 
raison imbriquée.  Les  étamines  sont  au 
nombre  de  h^  rarement  1,  à  anthères 
oscillantes.  L'ovaire  des  Espèces  monoïques 
est  uniloculaire,  à  ovule  unique  dre^, 
réfléchi;  l'ovaire  des  Espèces  stamino-pis- 
tillées  est  à  2  loges  contenant  2  ou  plusieurs 
ovules  flxés  par  un  hile  ventral  au  placen- 
taire formant  la  cloison;  le  style  est  simple, 
et  le  stigmate  généralement  indivis.  Le  fruit 
est  tantôt  une  nucule  uniséminée,  tantôt 
un»  capsule  à  2  loges ,  subdivisées  quelque- 
fois par  une  fausse  cloison,  à  déhiscence 
horizontalement  circulaire. 

LiTTORELLE.  LUtoTella. 

Plantain.  Plantago. 

PLAHrAiX   A    LOXO    BPI.  , 

{pimntagô  majin-.)  AFFINITE.  —  Cctto  fdmiUc ,  très-dis- 

tincte  par  son  port  et  ses  caractères,  offre 
avec  les  Plombaghiées  une  affinité,  confirmée  par  la  structure  de  la  corolle,  par  Tinsertion 
des  étamines  tantôt  sur  la  corolle,  comme  dans  les  Staticées,  tantôt  sur  le  réceptacle,  comme 
dans  les  Plumbago,  enfin  par  la  conformation  de  Tovaire  et  de  Tovule,  qui  est  basilaire  dans 
les  Genres  \iniovulés.  Elle  s'allie,  mais  de  loin,  avec  les  Phmulacées^  par  la  direction 
des  ovules,  la  déhiscence  circulaire  de  la  capsule,  le  hile  ventral  et  la  situation  de  la 
graine  dans  son  albumen. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Plantaginées  ne  sont  bannies  d'aucun  climat;  eUes  habitent 
surtout  les  régions  tempérées  de  Thémisphère  boréal,  et  principalement  la  région  méditerra- 


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PLANTAGINÉES.  203 

néenne  et  TAmérique  septentrionale.  Sous  la  zone  torride,  on  en  rencontre  peu  dans  les 
contrées  basses  ;  elles  recherchent  les  montagnes  où  la  température  est  moins  brûlante. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  La  racine  et  les  feuilles  du  Plantain  sont  légèrement 
amères  et  astringentes,  quelquefois  un  peu  salées.  Le  Plantain  a  long  épi  {Plantago 
major)  et  le  Pl.  lancéolé  (PL  lanceolata) ,  jadis  employés  contre  diverses  maladies,  et 
même  contre  la  fièvre  intermittente,  sont  aujourd'hui  tombés  en  désuétude.  — Le  Pl.  a 
CORNE  DB  CERF  (PL  coroYiopus)  était  employé  par  les  anciens  contre  la  rage;  on  le  cultive 
dans  quelques  pays  pour  le  manger  en  salade,  comme  diurétique.  — Le  Plantain  puck 
(PL  psyllium)  a  des  graines  d'un  brun  noir,  lisse,  qui  lui  ont  valu  son  nom  spécifique;  elles 
contiennent  dans  leur  testa  un  principe  gommeux  abondant,  qui  se  gonfle  dans  l'eau,  et  leur 
donne  une  propriété  émolliente;  ce  principe  est  employé  aussi  dans  l'industrie  pour  le 
gommage  des  mousselines;  on  récolte  pour  ce  même  usage  le  Plantain  des  sables 
{PL  arenaria),  qui  croit  dans  les  lieux  stériles  de  la  France  méridionale. 

Famille  XLV\  —  PLOMBAGINÉES. 

(Dentelaires,  deJu&sieu.  —  Plombaginées,  de  Ventenat,  —  Plombaginacées, 

de  Lindley,  ) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale  ou  polypétale.  Exa- 
mines insérées  sur  le  réceptacle  dans  les  monopétales  ^  et  sur  la  corolle  dans  les  polypétales. 
Ovaire  uniloculaire y  à  ovule  unique  pendant.  Plantule  dycotylédonée,  droite,  dans 
un  albumen  farineux;  radicule  supère. 

Les  Plombaginées  sont  des  herbes  ou  des  arbrisseaux  à  feuilles  radicales  fasciculées,  ou 

caulinaires  alternes,  sans  stipules.  Les  fleurs 
sont  complètes,  disposées  en  épi  ou  en  pa- 
nicule,  ou  en  glomérule  involucré.  Le  calyce 
est  monosépale,  tubuleux  à  5  plis,  à  5  divi- 
sions, persistant.  La  corolle  est  composée 
de  5  pétales  tantôt  libres  ou  presque  libres, 
tantôt  soudés  en  patère,  à  préfloraison  con- 
tournée ou  imbriquée.  Les  5  étamines  sont 
opposées  aux  pétales.  L'ovaire  est  à  3-4.-5 
carpelles,  soudés  par  leur  bord  en  une  seule 
loge;  l'ovule  est  réfléchi,  pendant  à  un 
funicule  allongé  qui  naît  du  fond  de  la 
loge;  le  style  se  divise  en  3-4-5  stigmates. 
Le  fruit  s'ouvre  tantôt  par  5  valves  à  son 
sommet,  tantôt  par  déchirement  de  sa 
base. 

Tribu  1.  —  STATIG É ES.  —  Calyce  sca- 
rieux  ou  coriace  ;  5  pétales  libres,  portant  les 
étamines  à  leur  onglet,  styles  distincts;  fruit  se 
rompant  à  sa  base. 


^ 


Ftaticb  IMBKIOrB. 
{Statue  imbricata.) 

Armlsia. 

Armeria 

Statice. 

Statice, 

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204  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Tribu  2.—  PLOMBAGINÉES  VRAIES.  — Calyœ  herbacé;  corolle  monopétaJe;  Êtamines 
insérées  sur  le  réceptacle  ;  styles  cohérents;  fruit  capsulaire. 

Dentelairb.  Plumbago, 

AFFINITÉ.  —  Les  Plombaginées  sont  très-distinctes  parmi  les  Familles  monopétalcs^  par 
leur  calyce  plissé  et  leur  ovule  pendant  à  un  placentaire  central  libre  ;  elles  ne  ressemblent 
qu'aux  Plantaginées ,  qui  s'en  rapprochent  par  leurs  Genres  uniovulés,  et  s'en  éloignent  par 
leur  inflorescence,  l'abondance  de  Talbumen,  et  le  port. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Staticées  croissent  siu*  les  rivages  maritimes  et  dans  les  terrains 
salés  du  continent;  on  les  rencontre  dans  les  régions  tempérées  des  deux  hémisphères.  Il  n'y 
a  en  Europe  qu'un  seul  Plumbago;  tous  les  autres  habitent  les  contrées  tropicales  et  sub- 
tropicales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  propriétés  de  ces  Plantes  confirment  leur  séparation 
en  deux  Tribus  ou  sous-Familles.  Les  racines  et  les  feuilles  des  Staticées  sont  toniques  et 
astringentes.  —  Les  Plumbago  contiennent  un  principe  colorant  particulier,  très-caustique, 
nommé  Plombagine,  La  racine  de  la  Dentblaire  [Plumbago  europœa)  renferme  une 
substance  grasse,  de  couleur  plombée,  qui  teint  les  doigts  et  le  papier,  et  qui  la  faisait  recom- 
mander autrefois  contre  les  maux  de  dents,  les  maladies  cutanées ,  et  dans  le  pansement  des 
ulcères  cancéreux.  Les  médecins  ont  abandonné  cette  Plante ,  mais  les  mendiants  s'en  servent 
pour  se  faire  des  plaies  superficielles  et  exciter  la  pitié  publique.  —  Les  PL  zeylanica  et  rosea 
sont  de  l'Inde,  et  passent  dans  le  pays  pour  des  alexipharmaques.  LaDBNTELAiRE  grim- 
pante [PL  scandens)  jouit  de  la  même  réputation  en  Amérique.  La  D.  du  Cap  [PL  capensis) 
(P.  X),  est  cultivée  en  Europe,  ainsi  que  les  précédentes;  ses  fleurs  sont  disposées  en  épi,  1^ 
corolles  sont  grandes,  d'un  bleu  céleste,  et  se  succèdent  pendant  cinq  mois  dans  les  serres 
tempérées. 

Plusieurs  Statices  exotiques  et  indigènes  sont  recherchés  parles  horticulteurs.  Nous  citerons, 
parmi  les  premiers,  le  Statice  imbriqué  (St,  imbricata),  sou^-arbrisseau  de  Ténérifl*e, 
entièrement  couvert  d'un  duvet  mou;  les  feuilles  sont  longues,  de  9  à  10  pouces,  lyrées, 
bordées  de  rouge  dans  leur  jeunesse  ;  les  hampes  sont  largement  ailées,  et  terminées  par  des 
corymbes  de  petites  fleurs  à  calyce  bleu  et  à  corolle  blanche. 

Famille  XLVP.  —  PRIMULACÉES. 

(LisiMACHiES,  de  Jussieu,  — Primllacées,  de  Ventenat.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre  ou  rarement  adhérent.  Corolle  monopétale,  hypogyne 
ou  périgyne,  régulière.  Êtamines  insérées  sur  la  corolle,  en  nombre  égal  y  et  opposées  à 
ses  lobes.  Ovaire  uniloculaire,  à  placentaire  central  libre;  ovules  courbes,  rarement 
réfléchis.  Fruit  capsulaire.  Graines  nombreuses;  plantule  dicotylédonée ,  albuminée. 

Les  Primulacées  tirent  leur  nom  du  Genre  Primula^  ainsi  nommé  parce  que  ses  Espèces 
naissent  au  printemps.  Ce  sont  des  Plantes  généralement  herbacées,  annuelles  ou  vi\aces,  à 
rhizome  ligneux  ou  tubéreux.  La  tige  est  ordinairement  souterraine,  raccourcie.  Les  feuilles 
sont  tantôt  radicales  fasci culées,  tantôt  caulinaires  et  opposées,  ou  verticillées,  ou  al- 
ternes, sans  stipules.   Les  fleurs  sont  complètes,  tantôt   solitaires  ou   en  ombelles  au 


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FHIMLLACÉES.  205 

sommet  d'une  hampe  ^  tantôt  solitaires  ou  en  grappes  à  Taisselle  des  feuilles^  tantôt  ter- 
minales en  épis.  Le  calyce  est  monosépale,  ordinairement  à  5  divisions.  La  corolle 
est  en  roue,  ou  en  cloche,  ou  en  entonnoir,  ou  a  2  lèvres,  à  préfloi-aison  contournée, 

quelquefois  nulle.  L'ovaire  se  compose  d'au- 
tant de  carpelles  qu'il  y  a  de  lobes  calyci- 
naux;  le  placentaire  est  généralement  glo- 
buleux, et  communique  avec  le  sommet  de 
l'ovaire  par  des  filaments  arachnoïdes, 
bientôt  effacés;  le  style  et  le  stigmate  sont 
simples.  Le  fruit  est  une  capsule  à  déhiscence 
transversale  ou  longitudinale.  Les  graines 
sont  ordinairement  fixées  par  un  hile  ventral; 
la  plantule  est  droite  dans  l'axe  d  un  albumen 
charnu,  la  radicule  est  vague. 


Andhosacb. 

Androsace. 

Primevère. 

PrimtUa. 

Ctclame. 

Cyclamen. 

GiROSELLE. 

Dodecatheon 

GORIS. 

CJoris, 

Gentenille. 

CentunciUus. 

Mouron. 

Anagallis. 

HOTTOMIA. 

Hottonia, 

Samole. 

Samolus. 

GORTUSE. 

Cortusa, 

SOLDANELLX. 

Soldanella. 

Glaui. 

Glaux. 

LTSIMACHIf. 

Lysimachia, 

Trientali^. 

Trientalis. 

OrBILLI   d'OOBS  ROIBI. 

[Primula  aurieula  nigra.) 

AFF  IN  ITÉ. — Cette  Famille  se  distingue  de  toutes  les  autres  par  la  position  des  étamines, 
par  l'ovaire  uniloculaire,  par  les  ovules  à  hile  ventral;  elle  ne  pe^ut  être  comparée  qu'aux 
Myrsinées  ;  elle  offre  quelque  rapport  avec  les  Solanées,  mais  la  distinction  est  facile. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Prhnulacées  habitent  principalement  les  régions  tempérées  de 
l'hémisphère  boréal,  surtout  en  Europe  et  en  Asie. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Les  Primulacées  brillent  plus  par  la  beauté  de  leurs 
fleurs  que  par  leurs  propriétés  médicales.  LaPaiHivÉas  [Primula  verts)  est  une  Espèce 
indigène  très-connue,  dont  la  racine  récente  a  l'odeur  de  l'ail  et  de  l'anis,  et  contient  un  prin- 
cipe amer  et  un  peu  d'huile  volatile.  On  l'employait  jadis  comme  nervin-tonique,  contre 
les  maladies  des  voies  urinaires  et  le  rhumatisme  articulaire.  Les  médecins  l'ont  abandonnée 
depuis  longtemps  :  l'infusion  de  ses  fleurs  est  encore  prescrite  comme  diaphorétique. 
L*Oi  BILLE  D*ouBs  (Primulù  aurieula)  est  employée  parles  habitants  des  Alpes  contre  la 
phthisie  pulmonaire.  —  Les  Soldàn elles  sont  purgatives.  —  Le  rhizome  tubéreux  des 
Gtclames  est,  àTétat  fhùs,  muqueux,  amer.  Acre  et  violemment  purgatif  et  émétique;  des- 
séché et  torréfié,  il  est  alibile,  en  raison  de  la  quantité  de  fécule  qu'il  contient:  de  là  son  nom 
de  Pain  de  pourceau.  —  L'herbe  des  Mourons  est  acre  et  amère  ;  on  la  préconisait  jadis  dans 
l'hydropisie,  la  manie,  l'épilepsie,  et  même  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux  et  des 
chiens  enragés.  — Le  Mouron  des  champs  [Anagallis  arvensis)  (P.  XXX),  dont  la  corolle 

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206  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

est  tantôt  bleue,  tantôt  rouge^  fournit  un  extrait  qui,  à  la  dose  de  quelques  gros^  tue  les  chiens 
en  enflammant  la  muqueuse  de  leur  estomac.  Ce  Mouron  n'est  pas  le  même  que  le  Mouron 
DBS  PETITS  OISEAUX^  ou  Morgelifie ;  il  ne  lui  ressemble  que  par  son  port  et  ses  feuilles 

opposées,  et  il  serait  un  poison  pour  les  oiseaux.  —  Le 
Trientalis  europœa  a  des  racines  émétiques.  Les  Ltsi- 
MACHiES  ont  cessé  d'être  officinales;  le  Samolus 
Valerandi  est  amer  et  analogue  à  la  Véronique  Bec- 
cabonga.  Le  Coris  monspeliensis  est  un  sous-arbrisseau 
un  peu  aromatique,  qui  peut,  dit-on,  être  employé 
avec  succès  contre  certaines  maladies  contagieuses. 
Examinons  rapidement  les  Primulacées  au  point  de 
vue  horticole.  Toutes  les  Primevères  sont  recherchées, 
et  surtout  TOreills  d'ours  (Primula  aurictUa), 
Plante  des  Alpes,  qui  a  fourni  de  nombreuses  variétés, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  TOreille  d'ours  à  fleur 
pleine  d'un  noir  pourpré.  La  Primevère  db  Chine 
[Pr.  sinensis),  dont  le  calyce  est  enflé,  dont  la  corolle 
a  son  limbe  rose  et  sa  gorge  jaune,  est  cultivée  en  serre 
tempérée.  —  Le  Ctclame  d'Europe  (Cyclamen  Eu- 
ropœum)  a  ses  feuilles  radicales  maculées  de  blanc  en 
dessus,  et  de  rouge  en  dessous;  la  corolle  rosée  a,  comme 
iclci^i!!^  )  ^^^^  toutes  les  Espèces  du  Genre,  son  tube  incliné  vers  le 

sol,  et  son  limbe  réfléchi  et  redressé  vers  le  ciel.  — 
LaGiROSBLLE  (Dodecatheon  meadia)  est  une  belle  Espèce  de  l'Amérique  septentrionale, 
dont  la  hampe  se  termine  par  une  ombelle  de  douze  fleurs  roses,  à  limbe  redressé  comme  dans 
lesCyclames. — Le  Cortusa  deMatthiole  (Cortma  Matthioli)  est  une  herbe  vivace 
des  Alpes,  dont  les  fleurs  sont  blanches  ou  rouges,  et  disposées  en  élégante  ombelle. 
—  La  SoLDANELLE  DBS  AhP ES  (Soldanclla  Alpino)  est  une  charmante  petite  Plante  des 
Alpes,  cultivée  en  orangerie,  à  fleurs  campanulées  pendantes,  de  couleur  blanche  ou  pur- 
purine. La  Ltsimachie  a  feuilles  de  saule  {Lysimachia  ephemerum)  porte  ae longs 
épis  de  fleurs  blanches,  qui  lui  donnent  une  physionomie  très-remarquable.  La  L.  thtr- 
si FLORE  (Naumburgia  thyrsiflora)  est  une  herbe  de  l'Europe  australe,  haute  d'un  à  deux 
pieds,  dont  les  fleurs,  disposées  en  grappes,  sont  petites,  jaunes  et  parsemées  de  glande 
rouges.  —  Le  Mouron  a  feuilles  de  lin  (A7za^a//t> /tVit/b/ta)  est  une  jolie  Espèce  qui 
vient  d'Espagne,  et  dont  les  corolles  rotacées  passent  du  bleu  au  rouge,  et  portent  une  tache 
carmin  au  centre  du  disque. 

Famille  XLVIK—  MYRSINÉES. 

(Mtrsinées,  de  Rob.  Brow.  —  Ardisiàcées,  de  Jussieu.  — Mtrsinàcées, 

de  Lindley.  ) 

CARACTÈRES. — Calice  libre,  ou  rarement  adhérent.  CoviOLL^  hypogyne ou périgyne, 
monopétale  y  régulière.  Examines  tantôt  en  nombre  égal  à  celui  des  lobes  de  la  corolle, 
opposées  à  ces  lobes  et  à  anthères  introrseSj  tantôt  en  nombre  double,  dont  5  opposées  aux  lobes 
et  fertiles,  à  anthères  extroses^  et  5  alternant  avec  eux,  réduites  à  des  écailles  stériles.  Ovaire 
uniloculaire,  à  placentaire  central  libre;  ovules  nombreux,  courbes.  Fruit  drupacé  ou 
bacci forme.  Graine  souvent  unique  par  avortement;  plantule  dicotylédonée ,  albuminée. 
TiGï.  ligneuse. 


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MYRSINÉES. 


207 


Mtrsimb. 
Ardisu. 


Myrsine, 
Ardisia. 


Jacquinia. 
Théophbasta. 


Jacquinia. 
Theophrasta, 


GÉOGRAPHIE  et  AFFINITÉ.  —  Les  Myrsinées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux 
des  régions  tropicales^  liés  par  une  étroite  affinité  avec  les  Primulacées,  dont  ils  ne  diffèrent 
que  par  leur  stature  et  leur  fruit  charnu,  souvent  à  une  seule  graine.  La  section  des  Théo- 
phrastées  se  rapproche  des  Sapotées  par  la  présence  des  étamines  stériles,  mais  elle  s'en 
sépare  par  son  frxiit. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.— Dans  beaucoup  d'Espèces,  le  bois,  la  fleur  et  le  fruit 
contiennent  un  principe  résineux.  Les  baies  de  VEmbelia  RibiSy  arbuste  de  rinde,sont  mêlées 
fhiuduleusement  avec  le  Poivre  noir;  elles  ont  une  propriété  purgative.  —  Quelques  Ardisia 
ont  un  fruit  comestible.  Les  feuilles  et  les  rameaux  des  Jacquinia  sont  employés  pour 
enivrer  le  poisson,  et  leur  fhiit  est  vénéneux. —  Le  Bois-bracelet  [J.  armillaris),  arbuste 
de  l'Amérique  méridionale,  fournit  des  graines  que  les  Caraïbes  enfilent  comme  des  perles,  et 
dont  ils  font  des  bracelets.  Les  graines  broyées  duTnéoPHnASTADEJussiBu  Theophrasta 
Jussieui)y  nommées  à  Saint-Domingue  le  petit  coco^  servent  à  faire  du  pain. 

Famille  XLVIII».  —  iEGICÉRÉES. 

Le  Genre  iËGiCERAS,  qui  constitue  cette  Famille,  voisine  des  Myrsinées,  comprend  des 
arbrisseaux  croissant  sur  les  rivages  de  l'Afrique  tropicale  et  de  TOcéanie,  dont  le  fruit  est  un 
follicule  renfermant  une  graine  unique,  exalbuminée,  ce  qui  le  distingue  des  Myrsinées,  dont 
il  se  rapproche  beaucoup  par  les  étamines  opposées  aux  pétales,  et  l'ovule  courbe.  * 


Famille  XLIX».  —  SAPOTÉES. 

(Sapotilliers,  de  yti^siew. —  Sapotées,  de  Bob.  Brown,  — 
Sapotacées,  d'Endlicher,) 

CARACTÈRE. —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyncy  monopétale,  régulière.  Étamines 
insérées  sur  la  corolle,  les  fertiles  tantôt  en  nombre  égal  à  celui  des  lobes  de  la  conolle^  et 
opposées  à  ces  lobes,  tantôt  plus  nombreuses,  bisériées  ou  plurisériées,  quelquefois  mêlées  à  des 
étamines  stériles  qui  alternent  avec  elle.  Ovaire  à  plusieurs  loges  uni-ovulées;  ovules  ascen- 
dants, situés  à  la  base  de  Vangle  central  et  réfléchis.  Fruit  bacci forme  à  une  ou  plusieurs 
loges.  Graines  à  tégument  osseux;  plantule  peu  ou  point  albuminée;  radicule  infère.  — 
Tige  ligneuse;  suc  laiteux. 

Les  Sapotées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  des  régions  tropicales  et  subtropicales,  à 
feuilles  alternes,  entières,  coriaces,  sans  stipules,  et  à  fleurs  complètes.  Elles  touchent  aux 
Myrsinées  par  l'intermédiaire  du  Jacquinia;  d'un  autre  côté,  elles  se  rapprochent  des  Ebéna- 
cées  par  leur  firuit,  et  s'en  éloignent  par  leur  suc  laiteux,  leurs  ovules  dressés  et  leur  style 
simple. 


Chrtsophtlle. 

Chrysophyllum. 

LUCUMA. 

Lucuma. 

SiDÉROXTLOIl. 

Sideroxylon. 

Bassia. 

Bassia. 

BUMÉLU. 

Bumelia. 

M1MU8OPS. 

Mimusops. 

SjkPOTILLlBB. 

Achras. 

Imbricaria. 

Imbricaria 

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208  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Plusieurs  Sapotéesont  un  fruit  sapide  et  des  graines 
contenant  une  huile  fixe  ;  Técorce  de  quelques-unes  est  amère^  astringente  et  fébrifuge.  Les 
baies  des  Espèces  américaines  de  Sapotillibb  et  de  Lucuma,  ont  d'abord  une  saveur 
austère^  mais  quand  elles  sont  devenues  blettes^  elles  fournissent  une  chair  pleine  d'un  suc 
laiteux  qui  offre  la  saveur  du  Coing.  Le  Sapotillier  (Achras  Sapota)^  vulgairement 
Zapote,  NispérOy  est  renommé  dans  les  Antilles  pour  Texcellence  de  son  fruit  ;  son  écorce  est 
pleine  d'un  suc  laiteux^  qui  lui  donne  des  propriétés  fébrifuges,  vantées  chez  les  Américains; 
ses  graines  amères  sont  regardées  comme  efficaces  dans  les  affections  des  organes  urinaires. 
Cet  arbre,  qui  atteint  dans  son  pays  une  hauteur  de  36  à  4-0  pieds,  est  cultivé  dans  nos  serres 
chaudes.  Le  Luguma  mamelu  Lucuma  mammosa)  àonue  aux  habitants  de  l'Orénoque  un 
fruit  délicieux;  on  le  nomme  dans  le  pays  Joho-inco  Javit;  mais  son  écorce  est  inerte;  ses 
graines  ont  l'odeur  des  amandes  amères.  —  Les  Espèces  du  Genre  Ckrysophyllum,  indigènes 
de  l'Amérique  tropicale,  ont  un  fruit  dont  la  chair  mucilagineuse  et  sucrée  est  très-recherchée 
aux  Antilles;  nous  citerons  le  Caïnito  (Ck.  Cainiio),  vulgairement  nommé  Chaimitier  et 
le  BoRGis  (Ch.  argenteum). — L'écorce  des  Bumelia  passe  pour  fébrifuge:  Le  B.  kou 
{B.  ntgra),  fournit  un  bois  très-dur,  employé  pour  les  constructions  ;  on  le  nomme  vulgaire- 
ment Black  Bully,  Tree  Jamatc. 

Parmi  les  Sapotées  asiatiques,  on  cite  les  Imbricaria,  dont  le  fruit,  semblable  à  une  orange , 
est  d'une  saveur  aigrelette-douce.  Les  fleurs  du  Mimusops  Elengi  sont  célèbres  par  la  force  et 
la  persistance  de  leur  odeur;  on  distille  sur  elles  une  eau  aromatique  :  le  fruit  a  une  chair  gra- 
nuleuse ,  douceâtre  et  comestible  ;  les  graines  fournissent  une  huile  fixe,  que  les  peintres  em- 
ploient, et  qu'on  fait  boire  aux  femmes  en  couches.  Les  feuilles,  jetées  au  feu ,  font  entendre 
un  pétillement  très-remarquable. 

Les  ^(z^s/a  sont  renommés  aux  Indes.  Le  B.  a  longues  feuilles  (B.  longifolta)îouinîi 
par  expro^sion  de  ses  fhiits  non  mûrs  et  de  l'écorce  de  ses  jeunes  rameaux  un  suc  laiteux, 
vanté  comme  astringent;  ses  graines  donnent  une  huile  fixe,  employée  à  divers  usages;  son 
bois  est  très-estimé  pour  sa  dureté  ;  ses  corolles  succulentes  sont  mangées  cuites  ou  crues,  et 
ont  le  goût  du  raisin.  Le  B.  a  feuilles  labobs  (B,  latifolia),  nommé  vulgairement 
Mahwa,  Madhuca,  a  des  fleurs  que  les  chiens  et  les  écureuils  recherchent  avidement ,  et  avec 
lesquelles  les  habitants  des  montagnes  de  l'Inde  préparent  une  boisson  spiritueuse  ;  l'huile  des 
graines  est  employée  à  la  place  de  l'huile  de  Coco.  On  retire  par  expression  des  graines 
du  B.  BUTYRBux  [B,  butyroceo),  nommé  dans  le  pays  Fulwa,  Ghee,  une  huile  fixe  qui 
se  fige  promptement,  et  est  vantée  comme  substance  alimentaire  et  émolliente. 

LcBEURBE  DB  Galam  OU  dc  Bambouc  cst  uuc  substaucc  analogue  à  celle  que  nous 
venons  de  mentionner,  et  employée  aux  mêmes  usages  ;  elle  provient  aussi  des  semences  d'un 
Bassia,  le  B,  Parkii;  on  le  récolte  dans  l'intérieur  de  l'Afrique,  à  l'est  du  Sénégal. 

Les  Espèces  de  Sideroxylon ,  qui  croissent  dans  Tlnde  et  au  Cap ,  sont  employées  dans  les 
constructions,  à  cause  de  la  dureté  de  leur  bois;  de  là  le  nom  générique,  qui  signifie  boisée 
fer.  Il  croît  au  Maroc  un  arbre  de  la  même  Famille,  nommé  Argania  bois-db-pki 
(Argania  sideroxylon),  dont  les  graines  fournissent  une  huile  comparable  à  l'huile  d'olive. 

On  voit  en  Europe,  depuis  quatre  ou  cinq  ans,  une  substance  analogue  au  caoutchouc, 
nommée  Gutta-percha  ou  Gettania.  qui  se  ramollit  très-facilement  dans  l'eau  chaude,  et 
devient  alors  très-plastique,  c'est-à-dire  qu'elle  prend  toutes  les  formes  qu'on  veut  lui  donner, 
et  les  conserve  après  son  refroidissement,  tout  en  se  laissant  tirailler  en  tous  sens  :  aussi  en 
fait-on  des  figures  qui  peuvent  s'allonger  ou  s'élargir  de  manière  à  produire  les  effets  les  plus 
grotesques.  Le  Gutta-percha  est  surtout  utile  pour  fabriquer  des  instruments  qui  doivent  réunir 
la  solidité  et  la  flexibilité.  Cette  substance  découle  abondamment  d'un  arbre  appartenant  à  la 
Famille  des  Sapotées,  et  nommé  honandra  gutta ,  qui  croit  à  Bornéo  et  dans  les  îles  de  Tar- 
chipel  malais. 


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ËfiÉNAGÉES. 


209 


Famille  h\  —  ÉBÉNACÉES. 

(Plaqueminiers,  de  JussieM.  — ÉBÉNACÉES,  de  Venienat.) 

CARACTÈRE. —  Calice /lére»  Corolle  hypogyn€,mfmopétale.  Et xm^iE.s,  tantôt 
en  nombre  égal  à  celui  des  lobes  de  la  corolle  et  alternant  avec  eux,  tantôt  en  nombre  double  ou 
quadruple,  Oy ki^E  à  plusieurs  loges  unibiovulécs;  ovules  pendants  au  sommet  de  l'angle 
central.  Fruit  bacciforme.  Graines  peu  nombreuses  ou  réduites  à  une  seule,  plantule 
dicotylédonée,  à  albumen  cartilagineux;  radicule  supère.^  Arbres  ou  arbrisseaux,  à  suc 
aqueux,  à  bois  dense. 

Les  Ebénacées  ont  des  feuilles  alternes,  coriaces,  entières,  sans  stipules.  Les  fleurs,  souvent 

incomplètes,  sont  régulières,  axillaires.  Le 
calyce  est  à  3-6  divisions,  et  persistant.  La 
corolle  est  caduque,  urcéolée ,  un  peu  co- 
riace^ à  3-6  divisions,  imbriquées  dans 
la  préfloraison.  Les  étamines  sont  insérées 
au  bas  de  la  corolle,  rarement  sur  le  ré- 
ceptacle. La  baie  est  globuleuse  ou  ovoïde, 
quelquefois  sèche,  et  alors,  s'ouvrant  par 
rupture  de  son  écorce. 


Plaqueminimier. 

ROTENA. 


Diospyros. 
Royena. 


GÉOGRAPHIE.  —  Les  Ebénacées  se 
rencontrent  dans  TAsie  intertropicale  ;  elles 
sont  plus  rares  au  Cap,  dans  la  Nouvelle- 
Hollande,  dans  l'Amérique  tropicale  et 
dans  la  région  méditerranéenne. 


Plaqubhiribr  vilu. 
{Di'oêpyroê  hir»uta.) 


AFFINITÉ.  —  Les  Ebénacées  diffèrent 
des  Sapotées  par  Tabsence  du  suc  laiteux,  les 
ovules  pendants  et  le  style  ordinairement  divisé,  caractères  qui  les  rapprochent  des  Ilicinées, 
lesquelles  s'en  éloignent  par  le  nombre  de  leurs  étamines,  toujours  égal  à  celui  des  pétales,  et 
parleur  corolle  sensiblement  polypétale.  Les  Ebénacées  ont  du  rapport  avec  les  Oléinées  par 
la  placentation  et  la  structure  des  graines  ;  elles  s'en  distinguent  par  les  feuilles  alternes.  Tin- 
florescence  axillaire ,  les  fleurs  souvent  diclines  et  diplostémonées.  Leur  affinité  est  plus 
étroite  avec  les  StyracéeSyCÇ^  n'en  différent  que  par  l'insertion  périgynique  delà  corolle 
et  d'autres  caractères  moins  importants. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Les  Ebénacées  rivalisent  avec  les  Sapotées,  moins  par 
les  propriétés  médicales  ou  alibiles  que  par  la  dureté  et  la  beauté  du  tissu  ligneux.  Le  bois 
d'ébène  était  célèbre  dès  la  plus  haute  antiquité  pour  sa  couleur  noire  ;  les  anciens  le  rece- 
vaient d'Ethiopie,  et  aujourd'hui  on  l'achète  sur  les  côtes  orientales  de  l'Afrique ,  et  notam- 
ment de  Mozambique.  Cette  substance  est  d'un  noir  uniforme  ou  marqué  de  lignes  blanches 
ou  fauves  :  elle  vient  des  îles  Mascare^es  et  de  l'Inde ,  où  croissent  les  arbres  qui  la  four- 
nissent :  ce  sont  le  Plaqueminier  éh^ne  [Diospyros  Ebenum),  que  l'on  cultive  en  serre 


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210  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

chaude;  le  P.  ébénastrb  (/>.  ebenaster),  le  P.  a  bois  noir  (D.  melanoxylon)  j  le 
P.  COTONNEUX  (/>.  tomentosa),  etc.  Il  y  a  une  remarque  intéressante  à  faire  sur  1^  bois 
d'Ébène,  c'est  que  dans  leur  jeunesse  ils  sont  blancs,  et  que  leur  couleur  ne  change  qu'avec 
.râge^  aussi  leur  aubier  tranche- t-il  brusquement  sur  le  noir  du  bois  parfait. 

L'écorce  de  plusieurs  Plaqueminiers  contient  du  tanin  ;  les  baies  de  la  plupart  ont  une 
saveur  austère;  dans  quelques  Espèces  elles  sont  comestibles;  nous  citerons  parmi  ces  der- 
nières le  P,  Lotus  (D.  Lotus),  qui  croît  dans  le  midi  de  l'Europe  et  le  nord  de  l'Afrique,  on  le 
cultive  dans  les  jardins  ;  ses  fleurs  sont  dioîques.  —  On  cultive  aussi  en  Europe  le  P.  db  Vir- 
ginie (/>.  Virginiana),  grand  arbre^  à  fleurs  petites^  verdâtres  et  à  baies  comestibles;  le 
P.  Kaki  (Z>.  Kaki),  arbre  du  Japon^  à  fleurs  blanches^  à  baies  d'un  rouge  cerise,  d'une  saveur 
délicieuse,  nommées  Figues-caques, 

Famille  \A\—  ILICINÉES. 

(Nerpruns,  (en  partie)  à^Jussieu.  —  Aquipoliacées,  de/>e  Canddle,  —  Ilicinées, 

àtBrongniart») 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre^  à  h-%  divisions,  Corolle  hypogyne,  presque  mono- 
pétale.  Examines  4-6,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire  à  2-6  ou  plusieurs  loges  uniovulées. 
Oyvl^  pendant.  Fruit  drupacé.  Plantule  dicotylédonée,  droite^  au  sommet  d'un  albumen 
charnu  abondant;  radicule  supère,  — Feuilles  opposées,  simples,  sans  stipules. 

Les  Ilicinées  sont  des  Plantes  ligneusessem- 
pervirentes,  à  feuilles  pétiolées,  glabres.  Les 
fleurs  sont  régulières,  axillaires,  petites, 
blanchâtres  ou  verdâtres.  Le  calyce  est  per- 
sistant, à  préfloraison  imbriquée,  ainsi  que 
la  corolle.  Les  étamines  ont  leurs  anthères 
adnées  ;  les  ovules  sont  pendants  au  sonunet 
de  l'angle  central  de  chaque  loge,  et  réflé- 
chis ;  le  fruit  est  composé  de  drupes  soudées, 
formant  autant  de  loges  uniséminées. 

Houi.  Ilex. 

Pbinos.  Prinos. 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille  a  été 
longtemps  confondue  avec  les  Célastrinées, 
dont  elle  s'éloigne  par  le  manque  de  disque, 
par  la  corolle  submonopétale,  par  les  ovules 
pendants,  la  plantule  inverse  et  minime; 
elle  se  place  bien  plus  naturellement  der- 
rière les  Ébénacées,  parmi  les  monopétales. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Ilicinées  n'a- 
bondent nulle  part;  elles  sont  plus  nom- 
/,.    "*"?/..     X  breuses  dans  l'Amérique  septentrionale  et 

équatoriale,  ainsi  qu'au  cap  de  Bonne-Espc- 
rance;  on  les  rencontre  rarement  dans  l'Asie  tropicale  et  dans  l'Europe. 


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ILICINÉES.  211 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  On  trouve  dans  les  Ilictnées  un  principe  extractif  amer 
et  acre,  nommé  Iliciney  qui,  dans  les  diverses  Espèces,  est  associé  à  des  proportions  variées 
d*une  résine  aromatique  et  d'une  matière  glutineuse,  nommée  Viscine;  de  là  la  différence  de 
leurs  propriétés: les  unes  sont  purement  toniques,  d'autres  purgatives  et  émétiques,  quelques- 
unes  stimulantes. 

Le  Houx  (Ilex  aquifolium),  est  un  arbre  répandu  du  k^^  au  55®  parallèle  boréal,  et  qui, 
sous  un  climat  froid,  n'est  qu'un  modeste  arbuste.  Il  croit  dans  les  forêts  montueuses  de 
l'Europe  occidentale  -,  ses  (hiits  sont  rouges.  On  le  cultive  dans  les  jardins,  surtout  pour  for- 
mer des  bosquets  d'hiver,  à  cause  de  la  persistance  de  ses  feuilles  d'un  beau  vert  lustré,  et  de 
ses  baies  d'un  rouge  éclatant.  La  culture  en  a  obtenu  de  nombreuses  variétés,  à  feuilles 
inermes,  ou  panachées,  et  à  fruits  noirs,  ou  jaunes,  ou  blancs. —  Les  feuilles  du  Houx^  étaient 
jadis  usitées  comme  fébrifuges;  l'Oicine  a  été  proposée  comme  succédanée  de  la  Quinine; 
l'écorce  de  la  Plante  fournit  la  matière  singulière  connue  sous  le  nom  de  glu;  elle  était 
employée  autrefois  pour  dissoudre  les  tumeurs;  le  bois  est  dense,  dur,  d'un  blanc  mat  et 
très-recherché  pour  l'ébénisterie,  le  tour  et  la  tabletterie.  Les  baies  sont  violemment  purga- 
tives. 

Plusieurs  Espèces  exotiques  du  même  Genre  ont  des  propriétés  analogues.  Le  H.  vomitif 
(/.  Vomitoria)  croît  à  la  Floride  et  à  la  Caroline  ;  ses  feuilles,  nommées  Paragua  ou  Apala- 
chine,  servent  à  préparer  une  infusion  diurétique  [black  drinck),  qui  est  émétique  à  haute 
dose.  Les  Peaux-rouges  en  font  un  grand  usage.  —  Le  Maté  ou  Thé  du  Paraguay  (Ilex 
Paraguajensis)  remplace  le  Thé  de  Chine  dans  l'Amérique  méridionale.  Le  Cassine  gori" 
gonha  ou  Camini,  qui  croît  au  Brésil,  est  employé  pour  le  même  objet. 

On  cultive  en  Europe  plusieurs  Espèces  d'iLEX,  comme  Plantes  d'ornement  ;  nous  citerons: 
17.  dahouTij  arbrisseau  de  l'Amérique  septentrionale,  le  H.  de  Mahon  (/.  Baleartca),  le 
H.  DB  M4.DÉRB  (/.  Maderiensis),  le  H.    du  J  apon  (/.  lattfolia),eic.,  etc. 

LePairsos  vbbtigillé  [Prinos  veriicillaius)  est  un  arbrisseau  de  l'Amérique  septen- 
trionale, cultivé  dans  nos  jardins,  ainsi  que  plusieurs  de  ses  congénères.  Son  écorce,  d'une 
saveur  astringente,  légèrement  amère  et  acre,  est  employée  par  les  médecins  transatlantiques 
comme  tonique  et  antiseptique.  —  Les  N  i  t  r  a  r  i  a  sont  des  arbrisseaux  croissant  dans  les  plaines 
salées  de  l'Asie  centrale  et  de  l'Afrique  Méditerranée  et  tropicale,  remarquables  par  la  pré- 
floraison  induplicative-valvaire  de  la  corolle,  les  étamines  en  nombre  triple  de  celui  des 
pétales,  le  fruit  drupacé  et  le  port;  elles  paraissent  devoir  être  placées  entre  les  Ilicinées  et 
les  Rhamnées.  Leurs  feuilles  et  leurs  fruits  sont  salés. 


Famille  LU'.—  OLÉINÉES. 

(Oléinées,  de  Link.  —  Oléacées,  de  Ltndley.  —  Jasminées,  (en  partie)  àeJtmieu.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  régulière  y  à  k  pétales  libres  ou 
cohérents.  Etamines  2  insérées  sur  la  corolle.  Ovaire  à  2-5 /o^es  bipluriovulées.  Ovules 
pendants.  F nviT  bacci forme  ou  capsulaire,  indéhiscent  ou  loculicide.  Graines  pendantes; 
plantule  dicotylédonéCj  albuminée.  —  Tige  ligneuse. 

Les  Oléinées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  à  feuilles  opposées,  pétiolées,  sans  stipules. 
Les  fleurs  sont  ordinairement  complètes  et  disposées  en  grappe,  ou  en  panicule,  ou  en 
fascicule.  Le  calyce  est  persistant,  à  k  divisions,  quelquefois  nul  (  Frêne] .  La  corolle,  quelque- 
fois nulle,  se  compose  de  4  pétales  ordinairement^ cohérents,  en  entonnoir  ou  en  cloche,  à 
préfloraison  valvaire.  Les  anthères  sont  dorsifixes;  les  ovules  sont  ordinairement  géminés, 


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212  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

collatéraux.  Le  fruit  est  tantôt  une  drupe  uniloculaire  et  uniséminée  [Olivier),  tantôt  une 
baie  biloculaire  (  Troène)^  tantôt  une  capsule  bivalye  loculicide  (Lilas),  tantôt  une  capsule 

indéhiscente,  prolongée  supérieurement  en 
aile  foliacée  (Frêne).  La  plantule  occupe 
Taxe  d'un  albumen  charnu  ;  la  radicule  est 
supère. 


Cbioranthi. 

Chionanthui, 

Oliyiei. 

Œea. 

FiLARU. 

PhUlyrea. 

TROiRS. 

Ligustrwn. 

FRiMB. 

Fraxinw, 

F01ITANB6U. 

Fantanesia, 

LILA8. 

Syringa. 

AFFINITÉ.  — LesOléinées  n'ont d'affi- 
nité  qu'avec  les  Jasminées,  dont  elles  dif- 
fèrent par  le  nombre  binaire-quaternaire 
des  parties  de  la  Fleur,  les  graines  pen- 
dantes, et  la  plantule  albuminée. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Oléinées  ha- 
bitent  les  régions  tempérées ,  surtout  de 
rhémisphère  boréal  ;  elles  sont  rares  dans 
l'Asie  et  l'Amérique  tropicales.  La  plu- 
part des  Frênes  sont  de  l'Amérique  boréale. 
OtiTiu.  Les  Lilas  ont  passé  d'Orient  en  Europe. 

{OUa  Europma,)  ^  '^ 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Les  Oléinées  intéressent  l'homme  au  double  point  de 
vue  de  Taghculture  et  de  l'horticulture.  L'Olivibr  (Olea  Evropœa)  est  un  arbre  sans  beauté^ 
mais  son  utilité  est  immense  ;  les  anciens  l'ont  tiré  de  l'Orient,  d'où  il  s'est  répandu  dans 
toute  la  région  méditerranéenne;  sa  drupe  se  nomme  Olive;  confite  au  sel  et  au  vinaigre, 
elle  est  comestible  ;  le  péricarpe  de  cette  drupe  contient  une  huile  fixe,  qui  tient  le  premier 
rang  parmi  les  huiles  destinées  aux  usages  culinaires  et  à  la  fabrication  du  savon.  Il  y  en  a  de 
plusieurs  qualités ,  en  raison  du  mode  d'extraction.  L'huile  vierge  est  celle  qu'on  obtient 
par  pression  modérée  des  Olives  récemment  cueillies  et  écrasées  au  moulin;  elle  est  douce, 
verdàtre,  d'un  parfum  suave,  et  très-solidifiable  par  le  froid.  C'est  cette  qualité  que  les 
amateurs  apprécient  le  plus;  on  emploie  aussi  Thuile  vierge  dans  l'horlogerie  pour  graisser 
les  rouages  délicats  des  montres.  Vhuile  ordinaire  est  préparée  en  soumettant  à  la  pression 
des  Olives  écrasées  et  mélangées  d'eau  bouillante;  l'huile  entraînée  par  l'eau  est  jaune, 
moins  solidifiable  que  la  première ,  et  très-usitée  pour  la  table  ;  mais  elle  se  rancit  facUe- 
raent  à  cause  du  mucilage  qu'elle  retient .  On  a  une  huile  inférieure  à  la  seconde  en  ramol- 
lissant par  la  fermentation  le  parenchyme  de^  Olives^  et  en  le  traitant  ensuite  par  l'eau 
bouillante.  Cette  huile  ne  peut  servir  que  pour  l'éclairage  et  la  fabrication  du  savon.  — 
On  donne  le  nom  d'huile  d'enfer  à  une  quatrième  qualité  qu'on  obtient  en  réunissant  dans 
une  vaste  citerne,  nommée  enfer ,  les  eaux  qui  ont  servi  à  délayer  les  tourteaux  d'Olives;  ces 
eaux  ont  entraîné  une  certaine  quantité  d'huile  tenue  en  suspension  par  le  mucilage  ;  le  repos 
sépare  le  mucilage  et  l'eau  de  l'huile,  qui  vient  surnager  le  liquide.  Cette  huile  ne  s'emploie 
que  dans  la  fabrication  des  savons. 

L'huile  d'Olive  est  très-souvent  falsifiée  dans  le  commerce  ;  à  Paris^  c'est  surtout  avec  de 


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PL  XIX. 


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(Bal  «aminée*) 


C5-^, 


(Anonaceeii  i 


(  Rutacéo»; 


/^.  NMHgàrJ -.^/tug^,  Artf. 


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OLÉINÉES.  213 

Vkuile  blanche,  ou  huile  de  Pavots,  qu'on  la  remplace  ;  au  point  de  vue  culinaire,  la  fraude  est 
peu  importante  ;  il  y  a  même  beaucoup  de  personnes  qui  préfèrent  avec  raison  Thuile  blanche, 
récente  et  pure,  à  Thuile  d'Olive  qui  a  déjà  pris  un  goût  rance  ;  mais ,  dans  les  arts ,  cette 
sophistication  est  grave,  et  il  est  indispensable  de  la  reconnaître  :  nous  laisserons  de  côté  les 
moyens  proposés  par  les  chimistes,  et  nous  indiquerons  ceux  qui  sont  purement  physiques,  et 
par  conséquent  à  la  portée  de  tout  le  monde.  L'huile  d'Olive  n'est  pas  siccative  à  l'air,  mais 
elle  se  solidifie  quand  la  température  descend  au-dessous  de  10  degrés;  l'huile  blanche  ne  se 
soUdifie  en  partie  que  dans  les  temps  de  gelée,  et  elle  est  siccative  à  l'air.  Si  l'huile  d'Olive  est 
pure,  on  aura  beau  agiter  fortement  la  bouteille  qui  la  contient,  après  quelque  temps  de  repos, 
sa  surface  restera  unie;  mais  si  elle  est  mélangée  d'huile  blanche,  elle  formera  le  chapelet, 
c'est-à-dire  qu'il  restera  tout  autour  une  file  de  bulles  d'air.  Ce  procédé  peut  faire  reconnaître 
un  dixième  d'huile  de  Pavot  dans  l'huile  d'Olive. 

Un  autre  moyen  consiste  à  iiger  artificiellement  l'huile  en  la  plongeant  dans  de  la  glace  pilée. 
Si  l'huile  est  pure,  elle  se  solidifie  complètement;  si  elle  est  mélangée  d'huile  de  Pavots,  elle 
reste  en  partie  liquide. 

L'écorce  et  les  feuilles  de  l'Ohvier  étaient  employées  autrefois  comme  amers-astringents. 
Les  vieux  arbres  de  cette  Espèce  excrètent  des  larmes  résineuses,  qui  ont  l'odeur  de  la 
Vanille,  et  se  composent  presque  entièrement  d'une  substance  particulière,  nommée  Olivile^ 
soluble  dans  l'eau  bouillante,  et  surtout  dans  l'alcool.  Ces  larmes,  qu'on  appelle  gomme  d* Oli- 
vier ^  ne  sont  donc  ni  une  gomme  ni  une  résine  ;  elles  étaient  en  grande  réputation  chez  les 
anciens ,  et  faisaient  partie  d'un  grand  nombre  de  médicaments  externes,  cicatrisants  et 
vulnéraires. 

L'Olivibb  d'Amérique  [Olea  americana)  a  des  drupes  comestibles,  ainsi  que  plusieurs 
autres  Espèces  exotiques,  que  l'on  cultive  en  Europe,  et  dont  la  principale  est  l'O.  odorant 
(0.  fragrans)  de  la  Chine;  les  fleurs  de  cet  Olivier  sont  mêlées  par  les  Chinois  avec  les  feuilles 
de  leur  thé.  —  Les  Phyllirea  sont  amers.  —  Les  feuilles  du  Tro  b n  e  [Ligustrum  vulgare)  sont 
astringentes ,  ses  baies ,  que  mangent  les  oiseaux ,  fournissent  une  teinture  noire.  —  Les 
LiLAS  [Syringa)  sont  des  arbrisseaux  qui  naissent  spontanément  dans  l'Asie  centrale  et  occi- 
dentale, et  qui  se  sont  aujourd'hui  répandus  dans  toute  l'Europe,  où  ils  font  l'ornement  des 
campagnes  et  des  jardins  par  leur  élégant  feuillage,  leur  inflorescence,  les  teintes  magnifiques 
et  le  parfum  de  leurs  corolles  :  nous  citerons  d'abord  le  L.  commun  [S.  vulgaris),  à  feuilles 
cordiformes,  puis  leL.  de  Perse  (S.persica),  à  feuilles  plus  petites,  oblongues  lancéolées, 
et  le  L.  Varin  (S,  Rothomagensis),  hybride,  né  des  deux  précédents.  —  Le  bois  du  Lilas  est 
dense,  d'un  grain  fin,  veiné  de  brun,  et  facilement  polissable.  Les  jeunes  rameaux ,  vidés  de 
leur  moelle,  servent,  chez  les  Turcs,  à  faire  des  tuyaux  de  pipe  :  de  là  sans  doute  le  nom  de 
Syringa,  donné  au  genre  par  Linné. 

Les  Frênes  (Fraxinus)  se  recommandent  par  l'utilité  de  leur  bois  et  les  propriétés  amères 
de  leur  écorce ,  que  l'on  emploie  comme  succédanée  du  Quinquina  :  tel  est  surtout  notre 
Frêne  (Fraxinus  excehior),  dont  la  fleur  n'a  ni  calyce  ni  corolle.  Plusieurs  Frênes  du  midi 
de  l'Europe,  le  F  R.  Orne  {F,  Ornus),  le  Fr.  a  feuilles  rondes(/^.  rotundifolia)  et 
autres  Espèces  pourvues  d'une  corolle,  excrètent  des  Assures  de  leur  tronc,  dans  la  saison 
chaude  de  l'année,  un  suc  sucré,  qui  se  concrète  à  l'air^  et  qu'on  désigne  sous  le  nom  de 
manne.  Ce  suc  découle  tantôt  spontanément,  tantôt  par  suite  de  la  piqûre  d'une  Cigale;  mais 
on  provoque  sa  sortie  par  des  incisions  réglées,  que  l'on  fait  dans  l'écorce  depuis  juillet  jusqu'à 
septembre.  La  manne  se  compose  presque  entièrement  d'un  principe,  nommé  mannite;  ce 
principe,  en  s'altérant,  acquiert  des  propriétés  nauséeuses,  et  la  manne,  qui  était  simplement 
nutritive  à  l'état  frais,  devient  purgative  avec  l'âge  ;  c'est  à  ce  dernier  titre  qu'elle  est  employée 
en  médecine. 

Nous  avons  à  mentionner  quelques  autres  Oléinées  cultivées  dans  nos  jardins.  Ce  sont  les 
FiLARiA  (Phillyrea),  qui  servent  à  former  des  palissades  età  orner  les  bosquets  d'hiver;  le 

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2U  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

FoNTAifésiA  A  FEUILLES  DE  Fi L A B I A  (F. /)Ay//t>^{V/e«),  arbrisscau  de  Syhe,  à  mmeaux 
longs  el  flexibles,  à  fleurs  en  grappes,  dont  la  corolle  se  compose  de  quatre  pétales  réunis  par 
paires,  d'abord  blancs^  puis  rougeàtres ;leCnioNANTHE  de  Virginib  {Chionanthus  Vir- 
ginica)j  arbrisseau  croissant  au  bord  des  ruisseaux,  à  fleurs  d'un  beau  blanc^  qui  ont  valu  à  la 
Plante  son  nom  générique,  signifiant  en  grec  Fleurs  de  neige. 


Famille  LUI'.—  JASMINÉES. 

(Jasminées,  (en  partie)  de  Jussieu,  — Jasminées,  deBobert  Brown.  — Jasminacées, 

de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Corolle  hypogyne,  régulière^  monopétale,  hypocraté- 
ri  forme,  à  5-8  divisions,  Étamines  2,  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  Ovaire  à  2  loges 
uni-biovulées ;  cvules  collatéraux j  ascendants.  Baie  ou  capsule  septicide.  Graines  dressées, 
àplantule  dicotylédonée,  exalhuminée. 

Les  Jasminées  sont  des  arbrisseaux  ou  des  arbustes  souvent  volubiles,  à  feuilles  ordinaire- 
ment opposées,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont 
complètes;  le  calyce  est  persistant;  la  co- 
rolle est  imbriquée  dans  la  préfloraison  ^  les 
anthères  sont  basifîxes;  l'albumen,  d'abord 
abondant^  est  réduit  vers  la  maturité  à  une 
membrane  très-flne  ;  la  radicule  est  infère. 

Jasmin.  Jasminum, 

Ntctarthe.  Nyctanlhes, 

AFFINITÉ.  —  Les  Jasminées  sont  voi- 
sines des  Oléinées,  mais  elles  en  difTèrenl 
par  beaucoup  de  caractères,  le  nombre  des 
sépales  et  des  pétales,  la  préfloraison  de  la 
corolle,  les  ovules  ascendants,  Tendocarpe 
jamais  endurci,  les  graines  dressées,  Tal- 
bumen  résorbé^  ou  réduit  à  une  membrane^ 
et  les  cotylédons  charnus;  ces  diflerenecs 
les  rapprochent  des  Apocynées,  dont  elles 
s'éloignent  par  leur  suc  non  laiteux,  le 
nombre  binaire  des  étamines,  les  feuilles 
souvent  composées;  elles  ont  aussi  de  Taffi- 
nité  avec  les  Ébénacées  et  les  Verbénaeées. 

jAs-it.  GÉOGRAPHIE.  —  La  FamUle  habite 

prmcipalement   lAsie  tropicale.  Quelques 
Espèces  sont  dispersées  dans  la  région  méditerranéenne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Jasminées  possèdent  dans  le  tissu  de  leur  corolle 
une  huile  volatile,  que  l'on  obtient,  non  par  la  distillation,  mais  en  stratifiant  des  fleurs  sur 
du  coton  imbibe  d'huile  do  Ben.  Cette  huile  fixe,  inodore  et  peu  susceptible  de  se  rancir. 


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JASMINÉES.  215 

dissout  rapidement  Thuile  volatile  du  Jasmin,  et  la  conserve  avec  tout  son  arôme.  Le  Jasmin 
OFFICINAL  {Jasminum  officmale)  est  un  arbrisseau  sarmenteux,  originaire  de  TAsie,  haut  de 
dix-huit  à  vingt  pieds,  à  feuilles  pennées  opposées,  à  fleurs  blanches;  on  le  cultive  dans  tous 
les  jardins,  où  il  supporte  bien  le  f^oid  de  Thiver;  il  est  maintenant  naturalisé  dans  toute  la 
r^on  méditerranéenne;  ses  fleurs  étaient  autrefois  rangées  parmi  les  remèdes  nervins, 
apéritifs  et  émollients.  LeJ.  ODORiréRANT  [J.  odoratissimum)  de  l'Inde, a  des  corolles  dont 
la  couleur  et  Todeur  sont  celles  de  la  Jonquille;  le  J.  des  Açores  {J,  azoricum)  es!  un 
élégant  arbrisseau  à  feuilles  opposées  temées;  le  J.  grandiplorb  (J,  grandiflorum]  ju 
Jasmin  d'Espagnr,  vient  dcTInde;  ses  corolles  sont  grandes,  rouges  en  dehors,  blanches  en 
dedans  et  d'odeur  suave  ;  le  Jasminum  fruticans  est  un  arbrisseau  indigène  très-rustique,  à 
feuilles  alternes  et  à  fleurs  jaunes.  Enfin  nous  citerons  le  J.  Sambac  (7.  Sambac),  arbrisseau 
grimpant  de  Tlnde,  nommé  par  les  Jardiniers  Jasmin  d'Arabie^  dont  les  fleurs  sont  très- 
odoriférantes,  surtout  pendant  la  nuit,  et  se  succèdent  perpétuellement;  c'est  avec  les  corolles 
de  cette  Espèce  que  Ton  prépare  la  majeure  partie  de  Tessence  et  de  l'eau  distillée  de  Jasmin, 
débitées  dans  le  commerce.  —  Le  Ntctanthb  triste  (Nyctanthes  arbor  tristis)  est  un 
arbrisseau  indien,  dont  les  fleurs  s*ouvrent  le  soir,  et  répandent  un  parfum  délicieux  ;  vers  le 
lever  du  soleil,  elles  tombent,  et  les  jeunes  filles  du  pays  les  ramassent  pour  s'en  faire  des 
colliers  et  des  couronnes  :  cet  arbre^  à  floraison  nocturne,  porte  aux  Indes  le  nom  populaire 
de  Somnambule. 


Famille  LIV.  —  STYRACÉES. 

CARACTÈRE. —  C  ALYCE/iôrc  ou  adhérent.  Coi^OLLE périgyne,  monopéiale,  régulière. 
Et  AMINES  insérées  sur  la  corolle,  en  nombre  double,  ou  triple,  ou  quadruple  de  celui  de  ses 
divisions.  Ovaire  à  2-3-5  loges  pluriovulées;  ovules  bisériés,  réfléchis.  Feuit  dnipacé. 
Graines  inverses  ou  dressées;  plantule  dicotylédonée ,  droite  dam  Vaxe  d'un  albumen 
charnu. 

Les  Styracées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux,  à  feuilles  alternes,  sans  stipules.  Les 
fleur&  sont  complètes,  solitaires  ou  eu  grappe.  Le  calyce  est  à  k-h  divisions.  La  corolle, 
insérée  sur  le  calyce,  est  h  5-7  divisions  profondes,  campanulée  ou  rotacée,  à  préfloraison 
imbriquée.  Les  anthères  sont  adnécs.  La  drupe  est  succulente  ou  sèche,  à  noyau  quelquefois 
uniloculaire  par  avortement. 

AuBouFiER.  Styrax.  1      Syuplocos.  Symplocos. 

Halesia.  Halesia.  \ 

AFFINITÉ. —  Cette  Famille  est  très- voisine  des  Ébénacées  par  le  nombre  des  étaniines, 
dépassant  celui  des  divisions  de  la  corolle  ;  elle  se  rapproche,  parmi  les  polypétales,  des 
Temstrœmiacées,  des  Humiriacées,  des  Hespéridées. 

GÉOGRAPHIE,  —  Les  Styracées  sont  assez  communes  dans  les  contrées  intertropicales  de 
TAsie  ci  de  l'Amérique;  elles  sont  rares  au  Japon  et  dms  la  région  méditerranéenne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Deux  Espèces  de  cette  Famille  fournissent  à  la  médecine 
deux  baumes  composés  d'une  résine  aromatique  unie  à  une  huile  volatile  et  à  un  acide  parti- 
culier, nommé  acide  benzoîque;  ces  baumes,  connus  sous  le  nom  de  Storax  et  de  Benjoin^ 
étaient  autrefois  administrés  à  Tintérieur  comme  stimulants;  maintenant  on  ne  les  emploie 
plus  qu'à  Textérieur;  ils  entrent  dans  la  préparation  des  onguents,  des  emplâtres  et  de  cer- 


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216  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

tains  parfums.  L'A liboufier  officinal  {Styrax  officinale)  est  un  arbre  commun  dans  la 
Grèce  et  T Asie  mineure  :  le  Slorax  qui  découle  spontanément  ou  par  incision  de  sa  tige  est 
recueilli  avec  empressement,  et  devient  Tobjet  d'un  commerce  considérable.  Le  Storax 
blanc  est  le  plus  estimé  de  tous ,  il  est  en  larmes  blanches ,  opaques,  du  volume  d'un  pois,  qui 
s'agglomèrent  en  masse,  et  ont  Tarome  de  la  Vanille  ;  il  ne  faut  pas  confondre  ce  Storax  avec 
le  Styrax  liquide,  provenant  d'un  Liquidambar.  Le  Storax  amygdaloïde  est  en  masses 
sèches,  cassantes,  brunes,  d'une  odeur  suave,  renfermées  dans  des  tiges  de  roseau  ou  calamus: 
de  là  son  nom  de  Storax  calamité. 

Le  Benjoin  provient  du  Styrax  benzoin,  arbre  qui  croît  à  Sumatra,  à  Java  et  dans  le 
royaume  de  Siam.  Ce  baume  découle  par  des  incisions  faites  à  la  tige ,  sous  forme  d'un  suc 
blanc,  qui  se  solidifie  et  se  colore  par  le  contact  de  Tair*  Chaque  arbre  peut  en  fournir  trois 
livres,  et  les  incisions  peuvent  être  continuées  pendant  dix  ou  douze  ans.  Le  Benjoin  est  livré 
au  commerce  en  masses  composées  de  firagments  de  diverses  couleurs,  les  uns  pellucides ,  les 
autres  opaques  ;  leur  odeur  est  pénétrante  et  délicieuse  ;  leur  saveur ,  d'abord  douce  et  balsa- 
•  mique ,  irrite  ensuite  fortement  la  gorge.  L'acide  benzoîque,  cristallisé  en  aiguilles,  que  l'on 
tire  par  sublimation  de  ce  baume,  est  employé  en  médecine  sous  le  nom  de  fleurs  de  benjoin. 

Le  Symplocos  coccinea^  (PI.  X)  arbrisseau  du  Mexique,  à  corolle  d'un  rose  pur,  et  d'une  odeur 
suave;  les  Hcdesia  tetraptera  et  diptera ,  arbrisseaux  de  la  Caroline  et  de  la  Pensylvanie,  à 
fleurs  blanches  pendantes,  à  drupe  sèche,  garnie  de  deux  ou  quatre  ailes  provenant  du  tube 
du  calyce,  sont  cultivés  dans  les  jardins. 

Famille  LV«.  —  MONOTROPÉES. 

Les  Monotropées  sont  des  herbes  ayant  l'aspect  des  Orobanches,  charnues,  simples,  para- 
sites sur  les  racines  des  arbres,  portant  sur  la  tige  des  écailles  à  la  place  de  feuilles;  les  fleurs 
sont  blanches  ou  roses,  en  grappe  ou  en  épi  ;  la  fleur  supérieure  offre  dans  ses  parties  la  pro- 
portion quinaire,  et  les  autres  la  proportion  quaternaire.  Le  calyce  est  libre,  à  ilh  ou  5  sépales 
plus  ou  moins  cohérents.  La  corolle  est  à  W  pétales  hypogynes,  libres  ou  cohérents.  Les 
étamines  sont  en  nombre  double  de  celui  des  pétales,  libres  d'adhérence  avec  la  corolle  et  de 
cohérence  entre  elles.  L'ovaire  est  à  ^  ou  5  loges  pluriovulées.  Le  fruit  est  une  capsule  loculi- 
cide  ;  les  graines  sont  minimes,  à  plantule  albuminée. 

Les  Monotropées  vivent  dans  l'Europe  et  dans  l'Amérique  boréale ,  principalement  sur  les 
racines  des  Pins  et  du  Hêtre.  L'espèce  indigène,  que  l'on  trouve  aux  environs  de  Paris,  est  le 
Suce- PIN  (Monotropa  Hypopitys)  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  grappe  unilatérale, 
d'abord  courbée  en  crosse,  puis  se  redressant  après  la  floraison. 

Famille  LVI\  —  PYROLACÉES. 

Les  Pyrolacées  sont  des  Plantes  vivaces ,  herbacées ,  ou  sous-ligneuses.  La  tige  est  nue  ou 
feuillée;  les  feuilles  sont  éparses  ou  verticillées ,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes, 
régulières,  ordinairement  en  grappe  ou  en  ombelle,  de  couleur  blanche  ou  rosée.  Le  calyce 
est  libre,  5-partit,  persistant.  La  corolle  est  à  5  pétales  hypogynes.  Les  étamines  sont  au 
nombre  de  10,  dont  quelquefois  5  stériles;  les  anthères  sont  à  2  loges  s' ouvrant  au  sommet 
par  un  pore  ou  une  fente  oblique.  L'ovaire  est  à  3-5  loges  multiovulées  ;  le  stigmate  est  en 
tête,  garni  d'une  collerette  annulaire.  La  capsule  est  loculicide.  Les  graines  sont  très-petites; 
la  plantule  est  minime  à  la  base  d'un  albumen  charnu. 

Les  trois  ou  quatre  Genres  composant  ce  petit  groupe ,  qu'on  a  séparé  des  Éricacées, 
habitent  les  régions  tempérées  et  fraîches  de  l'hémisphère  boréal;  leur  afflnité  avec  les 


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PYROLACÉES.  217 

Éricftcées  est  confirmée  parTanalogie  de  leurs  propriétés;  en  effet,  les  feuilles  contiennent  des 
matières  astringentes,  amères  et  résineuses,  unies  quelquefois  à  un  principe  narcotico-âcre,  qui 
les  rendent  médicinales.  La  Pyrole  a  feuilles  rondes  (Pyrola  rotundifolia),  herbe 
de  nos  pays,  a  jadis  été  en  grande  réputation  comme  vulnéraire  ;  elle  est  aujourd'hui  tombée 
en  désuétude.  La  P.  en  ombelle  (Chimophila  umbellata),  indigène  en  Europe  et  en  Amé- 
rique,  commence  à  être  préconisée  comme  diurétique,  stimulante  et  sudorifique. 

Famille  LVIP.—  ÉPACRIDÉES. 

(Bruyères,  (en  partie) de yw55/eM.  — Épàcridées,  de  JRobert Broivn,  —  Épacridàcées, 

de  Lindley,] 

CARACTÈRE.  — Caltce  libre.  Corolle  hypogyne,  monopétale,  régulière,  Ëtamines 
en  nombre  ordinairement  égal  à  celui  des  lobes  de  la  corolle,  et  alternant  avec  ces  lobes,  insérées 
sur  le  réceptacle  ou  sur  le  tube  de  la  corolle.  Anthères  à  une  loge.  Ovaire  à  plusieurs 
loges,  à  placentat ion  centrale.  Fruit  drupacé,  ou  bacci forme,  ou  capsulaire.  Plant u le 
dicotylédonée,  droite  dans  un  albumen  charnu. 

Les  Epàcridées  sont  des  arbrisseaux  ou  des  arbustes  à  feuilles  généralement  alternes,  sans 
stipules.  Les  fleurs  sont  ordinairement  complètes.  Le  calyce  est  4-5  partit,  souvent  coloré, 
persistant.  La  corolle  est  tubuleuse,  en  cloche,  ou  en  eâtonnoir,  ou  en  patère.  Les  ovules 
sont  réfléchis ,  solitaires ,  pendants  dans  les  Genres  à  drupe,  nombreux  dans  les  Genres 
à  capsule. 

AFFINITÉ. —  Cette  petite  Famille  n'a  d'affinité  qu'avec  les  Éricacéesdonf  elle  diffère 
seulement  par  la  structure  des  anthères. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Epàcridées  habitent  principalement  la  Nouvelle-Hollande  extra- 
tropicale, où  elles  représentent  les  Bruyères,  qui  y  manquent  complètement.  Une  seule  Espèce 
a  été  trouvée  dans  l'Amérique  méridionale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Epàcridées  sont  exclusivement  pour  l'homme  des 
Plantes  d'ornement ,  aussi  ne  s'en  occupe-t-on  que  pour  les  introduire  dans  les  serres  euro- 
péennes, qu'elles  embellissent  pendant  l'hiver.  Il  y  en  a  pourtant  quelques-unes  dont  les 
baies  sont  comestibles;  telles  sont  les  Espèces  du  Genre  Lissantes,  et  notamment  le 
L.  Sapidb  [L.  Sapida),  vulgairement  Australian  Cramôerry.  Parmi  les  Espèces  cultivées, 
nous  citerons  le  Styphelia  triflora,  arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hollande,  au  port  élégant,  dont 
les  feuilles  sont  imbriquées,  ovales,  glauques,  et  dont  les  corolles,  d'un  beau  rouge,  ont  leur 
limbe  rouge  jaunâtre  ;  VEpacris  grandiflora ,  à  fleurs  courbées;  d'un  beau  rouge,  disposées 
en  épi  unilatéral  ;  VEpacris  impressa,  dont  les  corolles  roses  sont  marquées  de  cinq  fossettes 
à  leur  base  externe  ;  VEpacris  autumnalis  (PI.  XI) ,  dont  la  corolle  est  d'un  beau  rouge 
écarlate,  à  limbe  blanc,  étalé  en  étoile,  et  que  l'on  regarde  comme  une  hybride  des  deux 
Espèces  précédentes;  le  Sprengelia  incamata,  dont  les  feuilles,  imbriquées  au  bas  de  la  tige, 
sont  étalées  dans  le  haut,  et  dont  les  corolles  rotacées,  d'un  rose  purpurin,  conservent  leur 
fraîcheur  jusqu'à  la  maturité  des  graines. 


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218  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Familles  LVIII',  LIX"  ft  LX".  —  RHODORACÉES, 
VACCINIÉES  a  ÉRICACÉES. 

(RosÀGES  et  Bruyères^  de  Jussieu. —  Erigées,  de  Rob.  Brown.  —  Ericacées  el 

Vacciniacées,  de  Lindley,) 

CARACTÈRE.  —  Caltce  libre  ou  adhérent  à  ^ovaire.  Corolle  insérée  sur  un 
anneau  ou  disque,  soit  hypogyne,  soit  épigyne,  monopétale,  régulière.  Etami!«es  en  nombre 
égal  à  celui  des  lobes  de  la  corolle  j  alternant  avec  eux  y  ou  en  nombre  double.  Anthères 
biloculaires,  à  loges  séparées  en  haut  ou  en  bas.  Ovaire  à  1-5  loges,  à placentation  centrale. 
Graines  inverses  ;  plantule  dicotylédonée,  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu. 

Les  Plantes  composant  ces  trois  Familles,  réunies  en  une  seule  par  plusieurs  auteurs,  sont  des 

arbrisseaux^  sous-arbrisseaux  ou  arbustes  tou- 
jours verts.  Les  feuilles^  ordinairement  étroites, 
sont  articulées  avec  le  rameau,  et  sans  sti- 
pules. Les  fleurs  sont  complètes.  Le  calyce  est 
à  4.-6  divisions.  La  corolle  est  à  5-6  divisions 
plus  ou  moins  profondes,  quelquefois  presque 
libres,  à  préfloraison  imbriquée.  Les  ovules 
sont  pendants  et  réfléchis. 

ÉRICAGÉES.  -  Corolle  géoéralemeiit 
persistante;  ovaire  libre;  fruit  généralement 
capsulaire;  feuilles  ordinairement  acérées; 
bourgeons  nuls. 


H> 


(ffrita  ftUgtn».) 


Erotèrb. 

Erica. 

Callunb. 

Calluna. 

Menzilzie. 

Menziezia. 

ÀNDtCMÈDE. 

Andromeda. 

Lyomia. 

Lyonia. 

Oletura. 

Clethra. 

ËPI6/EA. 

Epigœa, 

Gaulthéria. 

Gaulthéria. 

Arbousier. 

Arbutus. 

BlISSEROLLE. 

Arctostaphylos. 

Enktanthcs. 

Enkyanthus. 

VACG1N1ÉES.  —  Corolle  tombante,  ovaire  infère;  fruit  bacciforme  ou  drupacé;  feuilles 
planes;  bourgeons  ordinairement  revêtus  d'écaillés  imbriquées. 


Cankebbrge.  Oxycoccos. 

Airelle.  Vaccinium. 


Thibaudia.  Thibaudia. 

Macleania.  Macleania. 


RHODORACÉES.  — Corolle  tombante,  ovaire  libre;  capsule  septicide;  feuilles  planes; 
bourgeons  écai lieux  strobili formes. 


Azalée. 

Azalea. 

Befaria. 

Befaria. 

Kalmie. 

Kalmia. 

Léiophyllum. 

Leiophyllum, 

Rosage. 

Rhododendron. 

LtDON. 

Ledum. 

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RHODORACÉES,  VACGINIÉES  ET  ÉRICACÉES.  219 

AFFINITÉ.  — Ces  trois  Familles  forment  un  vaste  groupe  très-naturel,  malgré  les  diffé- 
rences qui  les  séparent.  La  structure  des  anthères  et  le  nombre  des  carpelles  les  distinguent 
des  autres  Familles  monopétales;  les  Vacciniées  se  rapprochent  un  peu  des  Campanulacées et 
des  Rubiacées;  les  Ericacées  ont  de  Taffinité,  d'un  côté  avec  les  Épacridées,  de  l'autre  avec  les 
Pyrolacées  et  les  Monotropées. 

GÉOQRAPHIE.  —  Los  Ericacées  sont  dispersées  sur  toute  la  surface  du  globe;  elles 
abondent  surtout  dans  les  régions  firoides  de  Thémisphère  boréal  et  au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Les  Bruyères  sont  bannies  de  TAsie,  de  l'Amérique  et  de  la  Nouvelle-Hollande. 
Quelques  Espèces  de  ce  Genre  vivent  en  société ,  et  couvrent  d'immenses  terrains  dans 
l'Europe  centrale  et  boréale,  où  leur  présence  indique  un  sol  ennemi  des  Céréales.  Leur  plus 
grand  nombre  est  dans  la  région  méditerranéenne. 

Les  Vacciniées  vivent  surtout  en  deçà  du  Cancer  et  dans  TAmérique  boréale.  Les  Rhodo- 
racées  habitent  pour  la  plupart  les  régions  tempérées  et  fraîches  de  Thémisphère  boréal,  et 
surtout  les  hautes  montagnes  de  l'Amérique.  On  n'en  a  pas  observé  au  delà  du  Capricorne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Ericacées  contiennent  des  principes  amers 
asbringents,  quelquefois  une  substance  balsamique  résineuse,  ce  qui  leur  donne  de  l'efficacité 
contre  les  affections  des  voies  urinaires,  résultant  de  la  débilité  des  tissus.  Les  fruits  des 
Ericacées  à  baie  sont  comestibles.  Les  Vacciniées  se  recommandent  surtout  par  la  saveur 
acidulé  et  rafraîchissante  de  leur  fruit;  leurs  feuilles  sont  légèrement  astringentes;  les 
Rhodoracées  sont  narcotiques. 

L'Arbousier  (Arbutus  unedo),  arbrisseau  toujours  vert,  qui  croit  sur  les  rochers  stériles 
de  la  région  méditerranéenne,  et  même  sur  la  rive  atlantique  de  l'Irlande,  produit  une  baie 
rouge  granuleuse,  ressemblant  à  une  fraise ,  qui  est  d'une  saveur  âpre  avant  la  maturité,  et 
fade  ensuite  ;  mangées  en  grande  quantité ,  ces  baies  sont  narcotiques  ;  les  habitants  de  la 
Corse  préparent  avec  elles  unp  sorte  de  vin;  dans  le  reste  de  l'Italie,  on  leur  fait  subir  la  fer- 
mentation spiritueuse,  et  on  en  retire  par  distillation  une  liqueur  alcoolique.  Les  feuilles  et 
récorcede  cette  Plante  sont  employées  en  médecine  comme  astringentes,  et,  dans  l'Orient, 
elles  servent  pour  le  tannage  des  peaujc.  —  La  Busserolle,  raisin  d'ours  (Arctostapkylos 
uva  ursi)  est  un  petit  arbrisseau  croissant  dans  l'Europe  centrale  et  boréale,  ainsi  qu'en  Amé- 
rique et  en  Asie;  ses  feuilles,  d'une  odeur  faiblement  aromatique ,  d'une  saveur  amère  et 
astringente,  sont  préconisées  dans  les  affections  calculeuses;  ses  baies  sont  très-âpres.  — Le 
Gaulthéria  couchk  (6r.  procumbens)  est  un  joli  arbuste  de  l'Amérique  septentrionale, 
ses  feuilles,  mâchées,  laissent  dans  la  bouche  l'arôme  de  la  fleur  d'Oranger;  elles  sont  offici- 
nales au  Canada,  et  employées  en  infusion  théiforme,  de  là  leur  nom  de  montain  tea;  leur 
fruit,  nommé  box-berry,  est  comestible.  Celui  du  G.  skallon,  du  même  pays,  est  délicieux. 
— L'A NDROMÈDE  A  FEUILLES  DR  PoLiuM  {A ndromcda polifolia)^  qui  habite  les  terrains 
tourbeux  de  l'hémisphère  boréal,  possède,  comme  ses  congénères  de  tous  les  pays,  des  pro- 
priétés narcotico-àcres ,  qui  en  font  un  pâturage  pernicieux  pour  les  moutons.  L'A.  arbo- 
rescente [Oxydendrum  arboreum),  qui  croit  dans  F  Amérique  septentrionale,  a  des  feuilles 
d'une  saveur  âpre  et  acidulé,  qu'on  emploie  en  décoction  rafraîchissante. 

La  Bruyère  commune  (Ca//Mna  vw/^am)  revêt  d'une  tapisserie  magnifique ,  en  Europe , 
de  vastes  contrées  dépourvues  de  forêts  ;  cet  arbrisseau  résineux  subaromatique  possède  des 
propriétés  astringentes;  les  foulons  et  les  teinturiers  s'en  servent  quelquefois;  ses  fleurs  sont 
recherchées  par  les  abeilles. 

Les  Airelles  indigènes  contiennent  dans  leurs  parties  herbacées  un  principe  extractif 
amer  et  beaucoup  de  tannin;  leurs  baies  sont  acidulés-sucrées,  légèrement  astringentes,  et 
employées  comme  aliments  :  les  médecins  en  font  aussi  quelque  cas ,  et  les  prescrivent 
comme  antiscorbutiques,  à  cause  du  mucilage,  du  sucre,  des  acides  malique  et  citrique,  et  du 


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220  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

principe astringentqu'elles  renferment  :  telles  sont  surtout  TA  irellb  myrtille  (  Vaccinitm 
myrtillus)  j  la  Ganneberge  {Oxycoccos palustris),  arbrisseau  nain,  qui  rampe  dans  les  tour- 
bières des  régions  fraîches  de  Thémisphère  boréal,  et  porte  des  baies  rouges,  d'une  saveur 
acide,  renommées  chez  les  peuples  du  Nord  comme  rafraîchissantes  et  antiscorbutiques.  Une 
congénère  américaine  de  la  Ganneberge  produit  des  baies  du  volume  d'une  cerise,  que  Ton 
confit  au  sucre,  et  que  Ton  vend  dans  les  magasins  d'épicerie  aux  États-Unis. 

Le  Genre  Thibaudia,  de  l'Amérique  du  Sud,  mérite  d'être  mentionné.  Le  Thihaudia 
melliflora  est  un  arbrisseau  croissant  sur  les  Andes  du  Pérou  ;  ses  fleurs  sont  riches  en  nectar, 
et  les  indigènes  les  sucent  avidement;  le  Thibaudia  macrophylla  produit  des  baies  que  les 
habitants  de  Pasto,  dans  la  Colombie,  soumettent  à  la  fermentation  spiritueuse  pour  en  faire 
une  sorte  de  vin  ;  les  fleurs  du  Thibaudia  Quereine  sont  employées  par  les  Péruviens  pour 
composer  une  teinture  aromatique  contre  les  maux  de  dents. 


RutAGB   DU    Pont.  KaLVU    a    rttlLLBS   LABCkt. 

[Rhododendron  Ponliewm.)  [Kalmim  latifoUa,} 

Les  Rhodoracées  sont  remarquables  par  leur  propriété  narcotique  ;  le  Rosace  a  fleurs 
d'or  (Rhododendron  chrysanthos) y  dshn^tdM(\m  habile  les  Alpes  de  TAsie  boréale ,  a  des 
feuilles  amères  et  astringentes,  qu'on  emploie  en  médecine  ;  à  petite  dose,  elles  sont  toniques; 
administrées  en  plus  grande  quantité ,  elles  causent  des  vertiges ,  des  nausées ,  de  la  somno- 
lence, et  en  même  temps  elles  augmentent  les  excrétions  intestinales  et  urinaires;  Le 
R.  FERRUGINEUX  (R,  ferrugincum)  àc  nos  Alpes,  et  le  R.  a  grande  fleur  {R.  maxi- 
mum) de  l'Amérique  septentrionale,  ont  les  mêmes  propriétés.  Les  bourgeons  du  R.  ferrugi- 
neux, macérés  dans  Thuile ,  fournissent  un  Uniment,  que  les  Piémontais  nomment  huile  de 
marmotte,  et  qu'ils  emploient  contre  les  douleurs  articulaires. 

Le  Ledum  palustre,  arbrisseau  commun  dans  le  nord  de  l'Europe  et  de  l'Asie  a  des  feuilles 
linéaires  roulées  sur  leur  bord,  couvertes  inférieurement  d'un  coton  roux,  que  Ton  emploie 
en  médecine  ;  elles  ont  une  odeur  narcotique,  un  goût  amer  et  astringent;  elles  donnent,  par 


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I  . 


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PI.  XX. 


(NrlonibonorÉ») 


Y^'-^r/é^ 


/mp  l/'Uifani-Mti^.  /Wv. 


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RHODORACÉES,   VACCINIÉES   ET  ÉRLCACÉES.  221 

distillation,  une  huile  volatile  jaune,  d'une  odeur  enivrante,  d'une  saveur  aromatique  brû- 
lante. —  Ces  feuilles  ajoutées  à  la  bière  par  une  fraude  condamnable,  peuvent  donner  lieu  à 
des  accidents  pernicieux  de  narcotisme.  Le  L,  latifolium ,  qui  croît  dans  le  Labrador,  a  des 
feuilles  qu'on  recommande  en  infusion  dans  les  toux  violentes. 

Les  Kdmia  de  TAmérique  boréale  sont  encore  plus  narcotiques  que  les  Ledum;  ils 
causent  la  mort  aux  animaux  domestiques  et  aux  troupeaux  ;  le  miel  retiré  par  les  abeilles 
des  fleurs  du  Kalmia  a  feuilles  larges  (Kalmia  latifolid)  provoque  Tivresse,  le  délire, 
les  vomissements,  les  convulsions,  et  quelquefois  même  cause  la  mort.  Le  miel  enivrant  du 
Pont-Euxin,  si  célèbre  chez  les  anciens,  depuis  la  retraite  des  Dix-Mille,  était  recueilli  sur  les 
fleurs  de  VAzalea  Pontica  et  du  Rhododendron  Ponticum, 

Les  diverses  Espèces  que  nous  venons  de  mentionner  sont  presque  toutes  cultivées  comme 
Plantes  d'ornement,  ainsi  que  beaucoup  de  leurs  congénères,  à  cause  de  la  persistance  de  leur 
feuillage  >  de  Félégance  de  leur  port  et  de  la  beauté  de  leurs  fleui-s.  —  Nous  citerons  avant 
tous  les  autres  le  grand  Genre  Bruyère  {Erica) ,  Genre  très-naturel,  malgré  la  diversité  de 
ses  innombrables  Espèces,  dont  la  plupart  sont  du  Cap  de  Bonne -Espérance  3  mais  nos 
Bruyères  indigènes  ne  le  cèdent  en  rien  à  ces  dernières,  et  ont  sur  elles  l'avantage  de  pouvoir 
être  cultivées  en  pleine  terre.  —  Les  Clethra  sont  des  arbrisseaux  américains,  à  fleurs  odo- 
rantes, disposées  en  grappes  :  le  CL  arborea,  de  Madère,  a  des  fleurs  d'un  blanc  rose  :  l'hor- 
ticulture en  a  obtenu  une  charmante  variété  à  feuilles  panachées  de  rouge  et  de  jaune.  — 
VEnkyanthus  quinqueflorus  (PL  IV)  est  un  arbrisseau  de  la  Chine,  qui  tient  le  miUeu  entre 
les  Arbousiers  et  les  Busserolles  :  ses  fleurs  sont  en  ombelles,  la  corolle  est  marquée  à  sa  base 
de  cinq  fossettes  nectarifères  d'une  belle  couleur  de  carmin. 
Les  Vacciniées  fournissent  à  l'horticulture,  outre  les  Genres  que  nous  avons  mentionnés,  les 

Thibaudia  et  les  Macleania,  —  Le  Thibau- 
dia  pulcherrima  est  originaire  du  nord  de 
l'Inde,  ses  fleurs  sont  disposées  en  ombelles 
sessiles  sur  les  rameaux  âgés  dépourvus  de 
feuilles;  les  corolles  sont  tubuleuses,  cam- 
panulées,  d'un  rouge  pâle,  tournant  quel- 
quefois au  vert  jaunâtre,  et  marquées  en 
long  et  en  travers  de  lignes  d'un  rouge  plus 
foncé.  —  La  Macléanie  a  feuilles 
en  coeur  (Macleanïa  cordata),  arbrisseau 
du  Pérou,  a  des  feuilles  coriaces,  d'un  beau 
vert  tendre;  les  fleurs  sont  nombreuses, 
ternées  ou  quatemées,  unilatérales,  presque 
horizontales;  la  corolle  a  son  tube  anguleux, 
épais,  charnu,  jaune  orangé;  les  divisions 
du  limbe  sont  étroitement  deltoïdes ,  velues- 
soyeuses  et  jaunâtres  en  dessus. 

Parmi  les  Rhodoracées  ornementales,  nous 
mentionnerons,  outre  les  Rosages  déjà  cités, 
le  Bhodora  canadensis,  arbuste  du  Canada, 
à  fleurs  pourprées  ayant  l'odeur  de  la  Rose  ; 
le  Befaria  racetnosa,  joli  arbrisseau  de  la 
Floride,  haut  de  3  à  ^4^  pieds,  à  fleurs  disposées 
en  grappe,  à  corolle  polype  taie  purpurine; 

MACtÉAHii  â  riuittit  EH  coKi;..  le    LÉÏOPHYLLUM    A    FEUILLES    DE    THYM 

{^marleania  ecrdata.) 

(L.   thymifolium) ,   sous-arbrisseau  de  la 
Caroline,  à  fleurs  blanches  rosées,  réunies  en  corymbe  serré,  et  TAzaléa  des   Indes 

29 


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22-2  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

(Rhododendron  indicum)  (PI.  XXII),  qui  n'est  plus  un  Azalea,  mais  un  Bosage,  vu  le  nombre 
de  ses  étamines,  et  dont  on  .a  obtenu  de  nombreuses  variétés  à  fleurs  rouges,  purpurines, 
roses,  blanches,  et  doubles. 

Famille   LXP.  —  PITTOSPORÉES. 

(PiTTOSPORÉES,  de  jRob.  Brûum.) 

CARACTÈRE.  —  Cal yce  libre  à  5  divisions.  Corolle  hypogyne  à  5  pétales  libres. 
Examines  5,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire  à  2-5  loges  plus  ou  moins  complètes^  multio- 
vulées.  Fruit  capsiUaire  ou  bacci forme.  Plantule  dicotylédonée,  minime  à  la  base  d'un 
albumen  abondant. —  Feuilles  alternes,  simples ,  sans  stipides. 

Les  Pittosporées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux.  Le  calyee  est  polysépale  ou  presque 
polysépale.  La  corolle  est  tombante,  à  préfloraison  imbriquée.  Les  ovules  sont  réfléchis,  hori- 
zontaux ou  presque  ascendants. 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille  est  voisine  des  Célastrinées  capsulaires;  elle  s'en  sépare  par 
la  corolle  et  les  étamines  hypogynes,  par  le  fruit  ordinairement  uniloculaire,  Tabsence 
d'arille,  et  la  plantule  minime. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Pittosporées  abondent  surtout  dans  la  NouveUe-Zélande  extra- 
tropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Toutes  les  Pittosporées  sont  résineuses,  aromatiques  et 
amères;  mais  leurs  propriétés  ne  sont  pas  mises  en  usage.  —  Le  fruit  des  Espèces  baccifères 
a  un  parenchyme  résineux,  âpre  et  désagréable  au  goût;  cependant  les  indigènes  de  la 
Nouvelle-Hollande,  pressés  par  la  faim,  et  ne  trouvant  rien  de  meilleur  dans  leur  misérable 
patrie,  le  mangent  avec  avidité. 

Parmi  les  Espèces  cultivées  en  Europe  nous  citerons  le  Pittosporum  undulatum^  arbrisseau 
des  Canaries,  haut  de  5  à  6  pieds,  à  feuilles  aromatiques,  à  fleurs  blanches  sentant  le  Jasmin  ; 
le  Bursaria  Spinosa,  de  la  Nouvelle-Hollande,  à  rameaux  grêles,  épineux,  à  petites  fleurs 
blanches  paniculées;  le  Billardiera  scandens,  arbrisseau  australasien ,  de  2  à3  pieds,  à 
rameaux  grimpants,  à  pédoncules  uniflores,  terminaux,  à  corolle  jaune. 

Famille  LXIF.  —  ICACINÉES. 

M.  Adr.  de  Jussieu  a  placé  sous  ce  nom ,  entre  les  Pittosporées  et  les  Staphyléacées,  le 
genre  Icacina,  annexé  pat  les  auteurs  à  la  Famille  des  Olacinées,  et  dont  voici  les  caractères  : 
Calyee  court,  S-fide,  persistant.  Pétales  5,  hypogynes,  velus  à  leur  base  interne,  à  préflorai- 
son valvaire.  Etamines  5,  alternes  avec  les  pétales,  à  anthères  cordiformes,  biloculaires,  dorsi- 
flxes.  Ovaire  assis  sur  un  disque  glanduleux ,  à  une  loge  contenant  2  ovules  collatéraux, 
pendus  au  sommet  de  la  loge.  Capsule  uniséminée  par  avortement ,  et  indéhiscente.  Graine 
inverse,  à  albumien  charnu.  —  Ce  Genre  est  composé  d'une  seule  espèce ,  Tl.  du  Sénégal 
(/.  Senegalensis),  qui  présente  le  port  du  Chrysobalane  Icaco;  de  là  le  nom  générique  Icacim: 
c'est  un  arbrisseau  à  rameaux  velus ,  à  feuilles  alternes,  appliquées  sur  la  tige ,  entières, 
coriaces,  glabres,  sans  stipules,  à  fleurs  disposées  en  panicule  lâche. 


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STAPHYLÉACÉES.  223 

Famille  LXIÏP.  —  STAPHYLÉACÉES. 

(STAPHYLÉACÉES,  de  ^«r^/m^.  — CÉLASTRINÉES,  (cH  partie),  de  De  Candolle.) 

CARACTÈRE.  — 'Calyce  libre,  à  5  divisions.  Corolle  à  5  pétales  hypogynes. 
Etamines  5,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire  à  2-3  loges pluriovulées ;  ovules  ascendants 
ou  horizontaux.  Fruit  capsulaireou  bacci forme,  Plamtule  grande,  dans  un  albumen  charnu, 
—  Tige  ligneus€,*Fi,vihijE s  ordinairement  opposées,  composées,  bistipulées. 

Les  Staphyléacées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  dressés  ;  les  fleurs  sont  disposées  en 
grappe  ou  en  panicule.  Le  calyce  est  coloré,  à  préfloraison  imbriquée.  Les  pétales  sont  insérés 
sur  ou  sous  un  disque.  Les  ovules  sont  situés  à  Tangie  interne  des  loges,  et  réfléchis.  Les 
graines  sont  globuleuses,  à  testa  osseux,  luisant.  L'albumen  est  quelquefois  peu  considérable. 

AFFINITÉ.  —  Cette  petite  Famille ,  réunie  par  beaucoup  d'auteurs  à  celle  des  Célastri- 
nées,  en  difTëre  par  ses  feuilles  pennées  et  la  structure  delà  graine;  elle  se  rapproche  par 
plusieurs  caractères  des  Sapindacées,  près  desquelles  elle  serait  peut-être  plus  convenable- 
ment placée. 

GÉOGRAPHIE.  — Les  Staphyléacées  habitent  principalement  les  régions  tempérées  de 
TËurope  et  de  T Amérique  dans  Thémisphère  nord. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.— Le  Stapuylier  penné  { S taphylea  pinnata) , Sirhusie 
indigène,  produit  des  graines  huileuses,  un  peu  âpres  et  sucrées,  que  les  enfants  mangent,  et 
qui  sont  laxatives.  —  L'E usgaphis  faux  Stapuylier  ( Euscaphis  Staphyleoides ] ,  qui 
croît  au  Japon,  a  des  racines  dont  Fécorce  extérieure,  amère  et  astringente ,  est  administrée 
en  infusion  dans  la  dysenterie  et  les  diarrhées  chroniques. 

Famille  LXIV".  —  CÉLASTRINÉES. 

(Nerpruns,  (en  partie),  de yws^/ew. — Célastrinées,  de  Rob.Broivn, —  Évonymées,  de 
De  Candolle.  —  Célastracées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE. — Calyce //Are,  à  4.-5  divisions.  Corolle  périgyne  à  4-5  pétales. 
Examines  4-5,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire  à  2-5  loges,  ordinairement  1-2  ovulées; 
ovules  ascendants,  F  ^VIT  capsulaire  ou  drupacé,  GrjlI^es  généralement  pourvues  d*  un  arille; 
plantule  dicotylédonée,  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu,  —  Tige  ligneuse.  Feuilles 
û  stipules  caduques,  ordinairement  alternes. 

Les  Célastrinées  sont  des  arbrisseaux  ou  des  arbustes,  quelquefois  grimpants.  Les  fleurs 
sont  régulières,  axillaires,  disposées  en  cyme,  petites,  verdàtres,  ou  blanchâtres,  ou  pourpres. 
Le  fond  du  calyce  est  revêtu  d'un  disque  charnu,  qui  quelquefois  adhère  à  Tovaire.  Les  pétales, 
élargis  à  la  base,  sont  insérés  sous  le  rebord  du  disque,  et  à  préfloraison  imbriquée.  L'ovaire 
est  plus  ou  moins  immergé  dans  le  disque  j  les  ovules  sont  réfléchis.  Le  fruit  est  à  2-5  loges, 
tantôt  indéhiscent,  soit  drupacé,  soit  samaroïde,  tantôt  capsulaire  à  déhiscence  loculieide.  Les 
graines  sont  enveloppées  dans  un  arille  charnu  ou  pulpeux;  la  radicule  est  infère. 

Fusain.  Evonymus.  1      Celastre.  Celaslrus. 

Kat.  Catha.  I      Mayténus.  Maijtenus. 


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22i  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

AFFINITÉ.  —  Les  Célastrinées  sont  voisines  des  Rhamnées,  Ilicinées,  Hippocratéacées 
et Pittosporées;  elles  difTèrenl  de  ces  dernières  par  la  présence  du  disque,  Tinsertion  périgy- 

nique,  le  nombre  moindre  des  graines  et  la  plan- 
tule  plus  développée  ;  des  Hippocratéacées  par 
le  nombre  des  étamines  et  la  présence  de  l'al- 
bumen ;  des  Ilicinées  par  les  ovules  dressés  et  la 
plantule  plus  grande  ;  des  Rhamnées  par  Talter- 
nance  des  étamines  et  la  nature  du  fruit  et  de  la 
plantule. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Célastrinées  sont 
commensales  des  Rhamnées;  elles  habitent 
principalement  les  régions  subtropicales  de  Thé- 
misphère' austral,  deviennent  rares  vers  les  pôles 
et  réquateur,  et  sont  complètement  bannies  des 
zones  glaciales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Dans  la 
plupart  des  Célastrinées^  des  principes  amers  et 
astringents  s'unissent  avec  des  substances  acres, 
purgatives  et  émétiques,  ou  simplement  stimu- 
lantes. Le  fruit  de  quelques-unes  est  charnu  et 
CÎLA9T1E  k  FBoiLLit  »■  luis.  comcstiblc,  la  graine  de  quelques  autres  contient 

une  huile  nxe.  Nos  Fusains  mdigenes,  les  Evo- 
nymus  europœus,  latifolius,  verrucosus,  présentent  dans  toutes  leurs  parties  une  saveur 
nauséeuse,  une  odeur  désagréable,  quand  on  les  froisse  entre  les  doigts;  ils  sont  purgatifs  et 
émétiques  ;  leur  fruit  est  un  poison  pour  les  bestiaux  ;  on  faisait  autrefois  avec  ces  fruits  un 
onguent  pour  détruire  les  poux,  qui  est  tombé  en  désuétude  ;  leur  bois  fournit  un  charbon 
très-léger,  qui  sert  aux  dessinateurs,  et  entre  dans  la  fabrication  de  la  poudre  à  canon.  — 
LeCÉLASTRE  GRIMPANT  [Celùstrus  scandens)y  qu'on  nomme  le  Bourreau  des  arbres  parce 
qu'il  les  étrangle  en  s'enroulant  autour  de  leur  tronc,  est  indigène  dans  l'Amérique  septen- 
trionale; son  éçorce  est  émétique.  Le  C.  vénéneux  (C,  venenatus),  arbrisseau  épineux 
du  Cap,  fait  avec  ses  épines  des  blessures  très-dangereuses.  Le  Maytenus  macrocarpus  est  un 
arbrisseau  du  Pérou,  dont  les  feuilles  sont  acides.  Le  Maytenus  chilensis  est  un  remède  efficace 
contre  le  Sumac  vénéneux;  la  décoction  de  ses  feuilles  est  employée  pour  laver  les  parties 
enflammées  par  cette  Plante  caustique,  dont  nous  ferons  bientôt  Thistoire.  Le  Kat  ou  Gat 
[Caiha  edulis),  cultivé  avec  le  Café  dans  les  jardins  de  TYémen,  est  en  grand  renom  chez 
les  Arabes;  ils  mâchent  ses  feuilles  qui  les  tiennent  éveillés  dans  leurs  prières  nocturnes; 
ils  prétendent  en  outre  que  la  peste  ne  pénètre  jamais  dans  les  lieux  où  croît  cet  arbre,  et 
qu'un  homme  qui  porte  dans  son  sein  un  rameau  de  Kat  peut  séjourner  impunément  parmi 
les  pestiférés. 

Les  Célastrinées  fournissent  à  Thorticulture  des  arbustes  qui  entrent  dans  la  composition 
des  bosquets  :  ce  sont  les  Célastres  et  surtout  les  Fusains^  remarquables  par  la  forme 
anguleuse,  la  couleur  rouge  de  leur  capsule,  qui  figure  assez  bien  un  bonnet  carré,  et  leur  a 
valu  le  nom  populaire  de  Bonnet  de  prêtre. 


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HIPPOGRATÉACÉES.  225 

Famille  LXV.  —  HIPPOCR/VTÉACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Câlyce  libre  à  5  divisions.  Corolle  périgyne,  à  5  pétales. 
ÉTAMiNES  3.  Ovaire  triloculaire , pluriovulé,  à  ovules  ascendants.  Fruit  capsulaire  ou 
bacci forme.  Plantule  dicotylédonée ,  exalbuminée. — Tige  ligneuse.  Feuilles  opposées, 
simples,  d  stipules  caduques. 

Les  Hippocratéacées  sont  des  arbrisseaux  ou  des  arbustes,  quelquefois  volubiles  ;  les  fleurs 
sont  complètes,  régulières,  disposées  en  grappe,  ou  en  eorymbe,  ou  en  panicule.  Le  calyce  est 
persistant;  un  disque  libre  d'adhérence  avec  le  calyce  est  épanché  entre  les  pétales  et 
Fovaire.  Les  pétales  sont  sessiles,  insérés  à  la  base  externe  du  disque,  et  à  préfloraison 
imbriquée.  L^ovaire  est  plus  ou  moins  plongé  dans  le  disque  ;  les  ovules  sont  réfléchis;  la 
radicule  est  infère. 

AFFINITÉ. — Celte  Famille,  voisine  des  Célastrinées,  s'en  distingue  par  le  nombre 
ternaire  des  étamines  dans  une  corolle  et  un  calyce  pentamères. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Hippocratéacées  habitent  la  zone  tropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Le  fruit  des  Espèces  à  baie  est  comestible;  tels  sont  le 
K  E  B  B  TT  [Salacia  senegalensis)  etleSAPOBA(  Tontelea  Brasiliensis) .  La  graine  de  VHippocratea 
comosa ,  qui  croit  aux  Antilles ,  fournit  une  huile  qu'on  emploie  comme  celle  des  amandes 
douces. 

Famille  LXVP.— AMPÉLIDÉES. 

(Vignes,  de  7ussî>M.  —  Sarment ACÉES,  de  Ventenat. — ^^Vinifères,  de  Jussieu. -^ 
Ampélidées,  de  Kunth.  —  Vitacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre.  Pétales  ^-5  insérés  sur  le  bord  d'un  disque  hypo- 
gyneou  subpérigyne,  à  préfloraison  valvaire.  Etamines  5,  opposées  aux  pétales.  Ovaire 
à  2-3-6  loges,  i-^-ovulées.  Ovules  ascendants ^  dressés  ou  réfléchis.  Baie  à  2-6  loges. 
Plantule  dicotylédonée,  droite,  minime  à  la  base  d'un  albumen  charnu.  —  Tige  ligneuse. 
F  ^VILLES  palmilobées,  ou  digitées,  ou  pennées. 

Les  Ampélidées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  généralement  cirrhifères  et  grimpants, 
à  suc  aqueux^  abondant;  les  rameaux  sont  renflés  aux  nœuds.  Les  feuilles  inférieures  sont 
opposées,  les  supérieures  alternes;  les  stipules  sont  très-petites,  quelquefois  nulles.  Les  fleurs 
sont  petites,  vertes,  en  panicule  multiflore  ou  en  cyme  corymbiforme.  Le  calyce  est  très-petit, 
obscurément  denté  ou  presque  entier,  revêtu  d'un  disque  qui  porte  les  pétales  et  les  étamines. 
La  corolle  est  polypétale  ou  presque  polypétale;  le  style  est  très-court,  le  stigmate  est  en  tête 
aplatie.  Les  graines  ont  un  testa  osseux,  un  endoplèvre  souvent  replié  à  Tiritérieur;  la  radicule 
est  infère. 

Tribu  1.  —  VITÉES.  —  Pétales  et  étamines  libres;  ovaire  à  deux  loges;  des  vrilles  opposées 
aux  feuilles. 

(hssrs.  Cissus.  |      Vione.  Vitis. 


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226  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Tribu  2.  — LÉACÉES.  —  Pétales  cohérents  à  leur  base;  étamines  monadelphes;  ovaire  à  3-6 
loges;  point  de  vrilles. 

Lééa.  Leea, 

AFFINITÉ. —  Les  Ampélidées  oflVent  une  affinité  manifeste  avec  les  Araliacées,  dont  elles 
se  séparent  pourtant  par  leur  ovaire  libre  et  leurs  ovules  dressés;  elles  ont  quelque  rapport 
avec  les  Méliacées  par  Tintermédiaire  du  Genre  Lééa, 

GÉOGRAPHIE.  —Les  Ampélidées  habitent  toute  la  région  intertropicale,  et  surtout 

TAsie  ;  elles  sont  très-rares  en  dehors  des 
tropiques,  et  surtout  de  celui  du  Capricorne; 
on  n'en  trouve  aucune  qui  soit  spontanée 
en  Europe;  et  si  Ton  rencontre  la  Vigne 
vinifère  dans  quelques  forêts  basses  de  l'Eu- 
rope méridionale,  il  faut  la  regarder  comme 
une  Plante  échappée  à  la  domesticité.  La 
véritable  patrie  de  ce  Végétal  bienfaisant 
doit  être  cherchée  dans  la  Mingrélie  et  la 
Géorgie,  entre  les  montagnes  du  Caucase, 
de  TArarat  et  du  Taurus.  Les  plus  antiques 
traditions  des  peuples  mentionnent  la  Vigne 
dans  les  relations  humaines^  de  sorte  que 
sa  culture,  recommandée  par  les  anciennes 
religions,  et  consacrée  par  la  loi  nouvelle, 
semble  avoir  pour  date  Tapparition  de 
rhomme  sur  la  terre. 

Si  nous  examinons  géographiquement  la 
culture  de  la  Vigne  dans  sa  circonscription 
actuelle,  nous  rencontrons  une  limite  boréale 
sur  la  côte  occidentale  de  TEurope,  à  Fem- 
bouchure  de  la  Loire.  Cette  limite,  en  s'é- 
tendant  à  Test,  remonte  vers  le  nord,  et 
atteint  le  51*  degré  de  latitude,  au  con- 
fluent du  Rhin  et  de  la  Moselle.  Les  Vignes 
dispersées  au  delà  de  cette  limite  ne  four- 
vioxE.  nissent  pas  de  vin,  et  on  en  obtient  à  peine 

[Vitiê  vint  fer  a,\  ri  r 

du  vinaigre.  La  culture  du  vin  réussit  dans 
la  vallée  du  Rhin  et  le  long  du  Danube  ;  en  Hongrie,  elle  ne  prospère  pas  au  delà  du  &'9*  de^é^ 
et  dans  la  Russie  méridionale,  elle  s'éteint  le  long  du  rivage  boréal  de  la  mer  Caspienne,  sous 
le  kS^  parallèle.  Cette  limite  forme  dans  son  ensemble  un  arc,  dont  les  extrémités  s'appuient  à 
l'ouest  sur  le  W',  à  Test  sur  le  48*,  et  dont  la  courbure  atteint  le  51*  degré  de  latitude  septen- 
trionale :  une  telle  courbure  s'explique  par  la  nature  même  de  la  Plante,  dont  les  fruits,  devant 
mûrir  rapidement  dans  l'espace  de  quelques  semaines,  reçoivent  du  soleil,  à  latitude  égale, 
plus  de  chaleur  dans  les  continents  que  dans  le  voisinage  des  mers. — En  continuant  de  la  mer 
Caspienne  vers  l'Orient,  nous  voyons  que  la  Vigne  n'est  pas  inconnue  dans  la  Bucharie  et  le 
nord  de  la  Perse  ;  mais  elle  devient  rare  sur  le  versant  méridional  de  THymalaya,  et  disparaît 
complètement  dans  la  vallée  de  l'Inde  et  la  région  maritime  de  la  Perse.  Au-dessous  du 
29*  degré,  elle  demande  à  être  abritée  contre  les  ardeurs  du  soleil.  Il  y  a  des  Vignes  dans 
l'Ile  de  Fer,  située  à  27*»  50'  ;  sous  les  tropiques  on  plante  quelquefois  la  Vigne  dans  les 


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AMPÉLIDÉES.  227 

jardins;  elle  y  pousse  rapidement,  mais  le  raisin  se  dessèche  avant  de  mûrir.  Dans  TAraé- 
rique  septentrionale,  la  Vigne  est  rare;  on  ne  la  cultive  pas  en  deçà  du  38«  degré.  Dans 
Thémisphère  austral,  on  a  plantédes  Vignes  au  Cap  de  Bonne-Espérance,  sur  la  côte  du  Chili, 
àTembouchure  de  la  Plata  et  dans  la  Nouvelle-Hollande.  C'est  en  France,  et  près  de  la  limite 
boréale  de  sa  culture,  que  la  Vigne  produit  les  vins  les  plus  estimés. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  — La  plupart  des  Ampélidées  contiennent  des  acides  de 

différente  nature ,  répandus  dans  toutes  les 
parties  de  la  Plante,  en  plus  ou  moins 
grandes  proportions ,  tantôt  à  Tétat  pur, 
tantôt  unis  à  des  principes  astringents  et 
colorants;  c'est  dans  ces  matières  que  réside 
la  source  principale  de  leurs  propriétés. 
Dans  la  baie  de  quelques  Espèces,  un  sucre 
particulier,  nommé  par  les  chimistes  glu- 
cose, est  combiné  avec  divers  acides;  ces 
baies  écrasées  donnent  un  suc  qui  fermente 
rapidement  et  devient  cette  liqueur  connue 
sous  le  nom  de  Vin,  dont  il  est  écrit  dans 
les  Livres  sacrés  qu'elle  réjouit  le  cœur  de 
rkomme. 

Nous  allons  exposer  rapidement  la  fa- 
brication du  vin.  Les  raisins  murs  con- 
tiennent, avec  beaucoup  d'eau,  de  la  glu- 
cose, une  matière  azotée  ou  ferment,  du 
mucilage,  un  peu  de  tanin  ,  des  acides 
malique  et  citrique,  du  bitartrate  de  po- 
tasse, divers  autres  sels  et  des  matières 
colorantes;  ces  raisins  sont  foulés  aux 
pieds  dans  de  grandes  cuves  en  bois  ou 
en  pierre.  Au  bout  de  quelques  jours, 
Raisin  db  coeikthb.  ^*  fermentation  s'établit   dans   les  maté- 

riaux du  raisin,  ainsi  mêlés  et  soumis  à 
l'influence  de  Tair;  la  masse  s'échauffe,  par  suite  des  combinaisons  qui  produisent  des 
composés  nouveaux,  et  le  sucre  contenu  dans  la  liqueur  se  change  d'une  part  en  alcool, 
de  l'autre  en  acide  carbonique  :  ce  dernier  se  dégage  en  bulles  innombrables  qui  viennent 
bouillonner  à  la  surface  de  la  cuve,  entraînant  et  soulevant  les  débris  du  fruit  et  une  écume 
épaisse,  composée  surtout  de  ferment  altéré;  il  se  forme  aûisi  une  croûte,  qu'on  nomme  le 
chapeau  de  la  vendange  ;  bientôt  l'effervescence  se  calme,  et  le  chapeau  s'affaisse.  Alors  on 
foule  la  cuve  pour  mêler  toutes  les  matières,  et  ranimer  la  fermentation.  Lorsque  la  liqueur  ne 
bout  plus,  qu'elle  possède  une  saveur  vineuse,  et  qu'elle  s'éclaircit,  on  soutire  le  liquide  dans 
des  tonneaux,  où  il  continue  à  fermenter,  même  pendant  plusieurs  mois.  L'écume  qui  s'était 
formée  de  nouveau  finit  par  se  déposer  au  fond  des  tonneaux,  et  avec  elle  se  précipite  le 
bitartrate  de  potasse, qui  se  sépare  de  la  liqueur  à  mesure  que  l'alcool  se  forme;  cette  masse 
déposée  est  ce  qu'on  appelle  la  lie. 

Malgré  la  précipitation  de  la  lie,  le  vin  n'est  pas  complètement  Umpide;  il  faut  le  clarifier  : 
pour  cela  on  le  colle  avec  des  blancs  d'œufs,  ou  une  dissolution  de  colle  de  poisson,  qu'on 
introduit  dans  le  tonneau  ;  l'alcool  du  vin  coagule  l'albumine  des  œufs  ou  la  gélatine  de  la 
colle  de  poisson,  et  celle-ci,  en  se  précipitant,  entraîne  avec  elle  toutes  les  matières  en  suspen- 
sion qui  troublaient  la  transparence  du  vin. 


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228  HISTOIRE   DES   FAMILLES. 

Le  vin  rouge  doit  sa  couleur  à  un  principe  bleu  résinoïde,  qui  réside  dans  la  pellicule  du 
fruit;  ce  principe,  insoluble  dans  reau,est  soluble  dans  Falcool,  et  colore  le  vin  à  mesure  que 
la  fermentation  alcoolique  se  développe;  les  acides  libres  contenus  dans  le  vin  le  font  passer 
du  bleu  au  rouge.  Si  Ton  veut  avec  du  raisin  rouge  faire  du  vin  blanc,  on  soutire  le  moût, 
dès  que  le  grain  est  écrasé,  de  sorte  qu'il  ne  puisse  fermenter  sur  son  marc  ;  si  au  contraire  on 
veut  que  du  vin  de  raisin  blanc  soit  rouge,  il  suffit  de  jetter  dans  la  cuve  des  pellicules  de 
raisin  noir. 

Pour  fabriquer  les  vins  blancs  mousseux,  on  met  en  bouteilles  le  moût  vineux  avant  qu'il 
ait  achevé  sa  fermentation:  l'acide  carbonique,  qui  continue  à  se  former,  reste  dissous  dans 
le  vin,  et  s'y  accumule.  Lorsqu'on  débouche  la  bouteille,  le  gaz,  cessant  d'être  soumis  à  la 

pression ,  s'échappe  avec  une 
force  d'expansion  proportion- 
nelle à  sa  quantité,  et,  en  s'é- 
chappant,  il  soulève  le  liquide 
qui  ne  s'écarte  pas  assez  rapide- 
ment pour  lui  livrer  passage. 

Le  vin  contient  les  matières 
colorantes,  le  tanin^  le  muci- 
lage et  les  sels  que  contenait  le 
moût;  mais  la  glucose  a  disparu 
ainsi  que  le  ferment;  à  leur 
place  existe  Valcool,  en  propor- 
tions variables,  qui  donne  au 
vin  sa  qualité  spiritueuse,  et  qui 
s'est  formé  en  même  temps  que 
Tacide  carbonique,  par  la  dé- 
composition de  la  glucose  sous 
rinfluence  du  ferment;  outre 
l'alcool,  on  trouve  dans  le  vin  des 
acides  acétique  et  œnanthique , 
une  huile  éthérée  d'odeur  vi- 
neuse, un  principe  sapide  par- 
ticulier ,  nommé  œnanthine , 
toutes  substances  dont  les  chi- 
mistes ont  indiqué  la  composi- 
tion, et  entin  le  principe  aro- 

Raisin  d'Amkriqub.  ..  .  .  .-< 

matique,  ou  bouquet,  matière, 
qui,  en  raison  de  sa  faible  proportion  et  de  sa  fugacité,  échappe  complètement  à  l'analyse 
chimique,  et  ne  peut  être  appréciée  que  par  le  palais  exercé  des  gourmets. 

Revenons  aux  baies  de  la  Vigne  qui  n'ont  pas  subi  la  fermentation  :  le  raisin  est  un  des 
fruits  les  plusdélicieux  que  fournisse  à  l'homme  le  règne  végétal  ;  il  est  nutritif,  rafraîchissant, 
et  devient  salutaire  dans  beaucoup  de  maladies. 

Les  raisins  de  Damas,  de  Gorinthe,  de  Malaga,  sont  des  fruits  séchés  au  soleil,  dont  on  fait 
dans  le  monde  entier  un  commerce  considérable.  Les  baies  non  mûres  et  acerbes  de  la  Vigne, 
connues  sous  le  nom  de  Verjus^  sont  un  condiment,  et  de  plus  un  médicament  domestique 
employé  dans  les  inflammations  de  la  luette  et  des  amygdales,  ainsi  que  dans  les  aflections 
scorbutiques.  Enfin  on  emploie  quelquefois  en  médecine  les  Vrilles  de  la  Vigne,  douées 
d'une  saveur  acidulé  astringente,  à  laquelle  elles  doivent  leur  vertu  diaphorétique  et  diuré- 
tique. 

Les  congénères  américaines  de  la  Vigne  riV»'/^e  produisent  des  baies  acerbes,  qui,  cueillies 


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PI.  XXI. 


f  .'Vnmrant«<'<K'«  ) 
(  Crtrv*»phvllée») 


3ir-t^'ii^   tlici|<»1i*x   '  Itnp  ffa/!^ard-Jlfau^',  Paru. 

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AMPÉLIDÉES. 


229 


dans  les  forêts,  parmi  les  fruits  sauvages,  ont  quelque  mérite  comme  fruit  rafiraichissant.  Les 
innombrables  Espèces  de  Cissus  qui  habitent  toute  la  zone  tropicale,  ne  rendent  presque 
aucun  service  à  Thomme  ;  quelques-unes  sont  employées  dans  la  médecine  populaire  comme 
remède  rafraîchissant;  les  jeunes  feuilles  de  quelques  autres,  soumises  à  la  cuisson,  servent 
d'aliment. —  La  Vigne  vierge  (Cissus  quinquefolia),  est  un  arbrisseau  rustique  de  T Amé- 
rique septentrionale,  cultivé  dans  tous  les  jardins  d'Europe,  où  il  forme  des  berceaux,  et 
grimpe  le  long  des  murailles  élevées  dont  il  cache  rapidement  la  nudité;  ses  feuilles  sout 
digitées  à  5  folioles,  d'un  beau  vert  luisant,  qui  devient  rouge  à  l'automne. 


Famille  LXVH".  —  RHAMNÉES. 

(Nerpruns,  (en  partie),  de  Jussieu.  —  Rhamnées,  de  Bob.  Brown,  —  Frangulacées, 
de  De  Candolle.  —  Rhamnacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre  ou  adhérent  à  Vomire^  à  4.-5  divisions.  CoROLLE/îm- 
gyne  à  k-h pétales.  Examines  4-5,  opposées  aux  pétales.  Ovaire  à  2-4  loges  i-^-ovulées; 
ovules  dressés  ou  ascendants.  Fruit  drupacé  ou  capsulai)*e,  s' ouvrant  par  déhiscencc  septicide 
en  coques.  F  Lk^TVLE  dicotylédonée,  grande  ;  albumen  peu  abondant.  Tige  généralement  li- 
gneuse. Feuilles  simples,  bistipulées. 

Les  Rhamnées  sont  des  arbres,  arbrisseaux  ou  sous-arbrisseaux,  quelquefois  grimpants.  Les 
fleurs  sont  régulières,  petites,  verdàtres,  solitaires  ou  diversement  agglomérées.  Le  calyce 
est  monosépale,  à  préfloraison  valvaire  ;  un  disque  est  appliqué  sur  le  calyce  ;  les  pétales  sont 
insérés  sur  la  gorge  du  calyce  ou  sur  son  tube,  ou  sur  le  bord  du  disque,  leur  préfloraison 
est  valvaire;  ils  sont  quelquefois  nuls.  Les  ovules  sont  réfléchis;  la  radicule  est  infère. 


Paliubb. 

Paliurus, 

Céakothe. 

Ceanothus. 

JUJCBIEB. 

Zizyphus, 

Phylica. 

Phylica. 

Beechliiia. 

Berchemia. 

SODLANCIA. 

Soulangia. 

HOYENIA. 

Hovenia. 

POMADKRRIS. 

Pomaderris 

Nebpiux. 

Rhamnus. 

GOUANIA. 

Gouania, 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille,  réduite  aux  Genres  à  étamines  alternes  avec  le  calyce.  et 
à  ovules  solitaires  dressés,  est  très-facile  à  distinguer  des  Uicinées  et  des  Célastrinées  :  elle 
se  rapproche  aussi  des  Fuphorbiacées,  dont  les  séparent  ses  fleurs  complètes,  sa  corolle  et 
ses  étamines  insérées  sur  un  disque  calycinal,  et  ses  graines  solitaires  dressées;  elle  se  rap- 
porte aux  Buttnériacées  par  le  calyce  valvaire,  la  forme  des  pétales,  la  situation  des  éta- 
mines et  la  structure  intérieure  de  Tovaire;  elle  s'en  éloigne  par  la  corolle  et  les  étamines 
insérées  sur  le  calyce,  les  anthères  introrses  et  les  graines  solitaires. 

Les  Rhamnées  sont  répandues  dans  les  régions  chaudes  et  tempérées  du  monde  entier; 
très-nombreuses  près  des  tropiques,  et  surtout  au  delà  du  Capricorne;  eUes  sont  rares  dans 
la  zone  intertropicale,  et  ne  se  rencontrent  jamais  sous  les  zones  glaciales. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  —  Le  principe  qui  domine  dans  les  Bhamnées  est  une 
substance  extractive  amère,  à  laquelle  se  joint  une  matière  acre  ou  astringente ,  et  dans 
beaucoup  d'Espèces  un  principe  colorant  jaune  ou  vert.  En  général,  c'est  dans  Técorce  et  le 
bois  que  résident  les  propriétés  médicales.  Les  fruits,  dont  Tamertume  est  corrigée  parle  sucre 
et  le  mucilage,  sont  nutritifs  et  émollients;  dans  le  cas  contraire,  ils  sont  émétiques  et  purga- 
tifs. Les  baies  du  Nerprun  purgatif  (Bhamnus  catharticus),  arbrisseau  indigène,  sont 
nauséeuses,  amères;  elles  doivent  leur  propriété  à  une  substance  extractive;  Técorce  inté- 
rieure possède  les  mêmes  vertus;  les  baies  non  mûres  fournissent  un  principe  colorant,  jaune 

30 


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•230  HISTOIHE  DES  FAAJILLES. 

ou  vert.  Le  N.  tinctorial  [Rh.  infectorius),  le  N.  alatbrnr  {Rh.  alatemus),  le  N.  dbs 
Rochers  (Rh.  saxaiilis),  ont  des  fruits  qui  servent  également  à  la  teinture  sous  les  noms 
de  Graines  d'Avignon,  Graines  de  Perse,  Graines  jaunes.  VAlateme  a  des  feuilles  astrin- 
gentes; la  Bourdaine  (Rh.  frangula)  contient  dans  son  écorce  un  principe  acre  et  amer, 
quelquefois  employé  à  l'intérieur  comme  purgatif,  plus  souvent  administré  à  Textérieur  pour 
guérir  la  gale  ;  Técorce  du  N.  sanguin  (/2A.  san^um^t^),  jouit  au  même  titre  d'une  grande 
renommée  chez  les  Espagnols. 

Les  Jujubiers,  Genre  voisin  des  Nerpruns,  ont  des  propriétés  amères  et  astringentes, 
mais  leur  fruit  est  comestible.  Le  Jujubier  commun  (Zizyphus  vulgaris)  (PI.  XI)^  que  les 
Romains  firent  venir  d'Orient ,  est  cultivé  aujourd'hui  sur  tout  le  littoral  méditerranéen  :  les 
Jujubes  de  couleur  rouge,  de  saveur  vineuse-sucrée,  sont  prescrites  par  les  médecins  comme 
émollientes,  nutritives  et  laxatives.  Le  J.  lotos  (Z.  lotus)  croît  en  abondance  sur  les  côtes 
d'Afrique  et  dans  Tile  de  Zerbi,  l'ancien  pays  des  Lotophages;  c'est  son  fruit,  dont  la  saveur 
agréable  faisait  oublier  leur  patrie  aux  voyageurs  qui  en  avaient  mangé.  Vii^le,  dans  son 
petit  poème  du  Moucheron,  le  mentionne  pour  le  maudire  :  «  Parmi  ces  arbres  est  le  Lotos 
perfide,  le  Lotos  qui  séduisit  les  compagnons  du  triste  Ulysse.  » 

Inter  quos  impia  Lotos, 

Impia  quœ  socios  Ithaci  mcerenlis  abegit. 

Le  Paliure  austral  (Paliurus  australis)  croît  dans  l'Europe  méditerranéenne;  sa 
racine  et  ses  feuilles  sont  astringentes;  ses  graines  huileuses ,  recommandées  par  les  anciens 
contre  la  toux,  sont  aujourd'hui  remises  en  usage.  Le  Berchemia  lineata  est  renommé 
chez  les  Chinois  comme  purgatif  drastique.  Les  feuilles  du  Ceanothus  americanus  sont  recueil- 
lies comme  succédanées  du  Thé  de  Chine  ;  sa  racine  purgative  est  employée  dans  certaines 
maladies  contagieuses  des  organes  de  l'absorption.  —  Le  Gouania  Domingensis  foiumit,  par 
expression,  un  suc  stomachique  ;  le  Colubrina  fermenium,  qui  naît  à  la  Gulane,  fait  rapide- 
ment fermenter  les  liqueurs  sucrées  dans  lesquelles  on  plonge  ses  rameaux.  Dans  YHovenia, 
qui  croît  au  Népaul  et  au  Japon,  les  pédoncules  charnus  sont  comestibles;  ils  ont  le  goût  de 
la  poire;  les  Japonais  le  mettent  aussi  en  usage  pour  adoucir  l'asthme  et  pour  se  préserver 
de  l'ivresse  de  leur  bière,  faite  avec  du  riz. 

Toutes  les  Espèces  dont  nous  venons  de  parler  sont  cultivées  dans  les  jardins  ;  nous  men- 
tionnerons encore,  comme  Espèces  exotiques  :  le  Phylica  ericoîdes,  ou  Bruyère  du  Cap,  à 
fleurs  petites,  blanches,  réunies  en  petite  tête  au  sommet  des  rameaux,  et  ayant  l'odeur  de 
l'amande  ;  les  bouquetières  en  font  un  grand  usage  ;  le  Soulangia  axillaris,  qui  a  le  port  d'un 
Phylica,  mais  dont  les  fleurs  sont  axillaires  ;  le  Pomaderris  phylicifolia,  arbuste  grêle  de  la 
Nouvelle-Hollande,  à  feuilles  linéaires,  blanches  en  dessous,  à  fleurs  petites^  d'un  blanc  jau- 
nâtre, disposées  en  grappes  axillaires  et  terminales. 

Famille  LXVIIP.  -  CHAILLÉTIACÉES. 

(Chaillétiées,  de  Rob.  Brown.  —  Chaillétiacées,  de  De  Candolle.) 

CARACTÈRE.  — CALYCE/eôr^,  à  ^divisions.  Covlollj^  périgyne  à  &  pétales  libres  m 
presque  cohérents  intérieurement.  Ovaire  à  2-3  loges  biovulées;  ovules  pendants.  Fruit 
capsulaire  ou  drupacé.  Graines  «o/eïaim,  arillées;  plantule  dicotylédonée,  exalbuminée. 
Tige  ligneuses.  Feuilles  alternes,  simples,  bistipulées. 

Cette  petite  Famille ,  qui  flotte  entre  les  Rhamnées  et  les  Térébinthacées ,  se  lie ,  suivant 
quelques  auteurs,  aux  Aquilarinées  et  aux  Ulmacées.  —  Elle  habite  principalement  la  région 
intertropicale.  —  On  ne  sait  rien  sur  l'utilité  de  ses  Espèces  :le  Ratbanr  [Chailletia  taxi- 
caria)  est  employé  par  les  Anglais  de  Sierra-Léone  pour  empoisonner  les  loirs. 


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STAKHOUSIACÉES.  231 

Famille  LXIX".  —  STAKHOUSIACÉES. 

(Stakhousées  ,  de  Rob.  Broum.  —  Stackhousiacées  ,  de  Lindley.  ) 

CARACTÈRE  —  C altce  libre,  à  tube  ventru,  à  limbe  S-partit..  Cor  olle  à  5  pétales 
périgynes,  soudés  par  leurs  onglets  en  long  tube  et  étalés  en  étoile.  Examines,  5,  alternes 
avec  les  pétales,  Fr  u  IT  à  3-5  coques  sèches,  se  séparant  de  l'axe ,  qui  persiste ,  indéhiscents , 
à  une  seule  graine.  Graine  dressée,  plantule  dicotylédonée y  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen 
charnu;  radicule  infère.  Herbes  vivaces  à  su^ aqueux.  Feuilles  a/^em^s,  simples, pourvues 
de  stipules  minimes. 

Cette  petite  Famille,  composée  de  deux  Genres,  est  voisine  des  Célastrinées  et  des  Euphor- 
biacées  :  elle  diffère  de  celles-ci  par  ses  coques  indéhiscentes  et  ses  graines  dressées  ;  de 
celles-là  par  son  port,  ses  stipules,  ses  pétales  soudés  en  tube,  Tabsence  du  disque  et  ses  car- 
pelles presque  libres. 

Elle  habite  la  Nouvelle-Hollande  extratropicale. 

Famille  LXX'.— BRUNIACÉES. 

(Bruniacées,  de  Rob.  Brow.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  monosépale,  libre  ou  adhérent.  Pétales  4-5  insérés  sur  la 
gorge  du  calyce,  à  pré  floraison  imbriquée.  Examines  4-5,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire 
i'%h4oculaire.  Ovules  solitaires  ou  géminés,  collatéraux,  pendants.  Fruit  capsulaire, 
septicide,  ou  nucamentacé,  à  graine  inverse.  Fljl^tv LE  dicotylédonée,  minime  au  sommet 
d'un  albumen  abondant.  Arbrisseaux  ou  sous-arbrisseaux,  ayant  le  port  des  Bruyères,  à 
feuilles  petites,  acérées,  souvent  imbriquées,  sans  stipules. 

\jes  Bruniacées  sont  voisines  des  Hamamélidées  et  des  Cornées;  elles  diffèrent  de  celles-ci 
par  leur  port,  leur  préfloraison  et  leur  fruit  sec^  de  celles-là,  par  le  manque  de  stipules  et  la 
structure  des  anthères. 

Les  Bruniacées  habitent  le  Cap  de  Bonne-Espérance. 

Famille  LXXP.  —  OMBELLIFÈRES. 

(Ombellées,  de  Toumefort. —  Sciadophytes  ,  de  Necker.  —  Ombellifères,  de 
Jussieu.  — Ombellacées,  Apiacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  — Calyce  adhérente  /'ovaire.  Pétales 5,  inséréssurun  disque épigyne, 
onguiculés,  à  préfloraison  valvaire  involutive.  Etamines5,  alternesavec  les  pétales.  Ovaire 
infère,  à  2  loges  uniovulées;  ovule  pendant,  réfléchi;  styles  2.  Carpelles  se  séparant  par  la 
base  et  pendants  au  sommet  d'une  columelle.  Plantule  dicotylédonée,  minime  au  sommet 
d'un  albumen  abondant,  corné.  Feuilles  alternes,  simples,  souvent  découpées,  à  pétiole 
engainant  à  sa  base. 

Les  Ombellifëres  sont  des  Plantes  herbacées  (très-rarement  ligneuses)  ;  la  tige  est  sillonnée 
ou  cannelée,  fistuleuse  ou  remplie  de  moelle;  les  fleurs  sont  terminales,  disposées  en  ombelles 
et  ombellules,  quelquefois  en  capitules  (/^awicauf),  quelquefois  en  verticilles(Z^iyrfroco/y/«). 
Les  ombelles  et  ombellules  sont  tantôt  involucrées  par  des  bractées,  tantôt  nues.  Le  fruit  porte 


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232 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


souvent  des  réservoirs  ou  canaux  résinifères,  nommés  bandelettes,  tantôt  développés  dans 
répaisseur  du  péricarpe,  tantôt  placés  dans  les  sillons  des  carpelles,  ou  à  leur  face  commis- 
surale,  ou  sur  la  graine  même. 


Htdrocottle. 

Hydrocotyle. 

Sélin. 

Selinum, 

DiDfSQUE. 

Didiscus. 

Opopanax. 

Opopanax. 

Saniclb. 

Sanicula. 

Férule. 

Ferula. 

ASTRAXCE. 

Astrantia. 

Peucedan. 

Peucedanum. 

Panicait. 

Eryngium. 

BUROM. 

Bubon. 

ClCUTAlRE. 

Cicula, 

Aneth. 

Anethum. 

AcnE. 

Apium . 

Panais. 

Pastinaca 

Ammi. 

Ammi. 

Berce. 

Heracleum . 

iEcOPOOE. 

jEgopodium. 

TORDTLE. 

Tordylium. 

Carvi. 

Carum. 

SiLER. 

Siler. 

BOUCAGE. 

Pimpinella. 

Cumin. 

Cuminum. 

Berle 

Sium. 

Laser. 

Laserpitium. 

BUPLiVRK. 

Buplevrum. 

Carotte. 

Daucus. 

Œnantue. 

Œnanthe. 

Caucalide. 

Caucalis. 

CEthcse. 

CEthusa. 

TURGÉNIE. 

Turgenia. 

Fenohl. 

Fœniculum. 

T0RILI8. 

Torilis. 

Sesi  li. 

Seseli. 

SCANDIX. 

Scandix. 

J  IHAKOTIS. 

Libanotis. 

Akthrisque. 

Anthriscus, 

LiCrSTIQUE. 

Ligusticum. 

Cerfeuil. 

Chœrophyllum 

SlLAÎTS. 

Silaus. 

Mtrrhis. 

Myrrhis. 

Meum. 

Meum, 

Cigu'b. 

Conium, 

Critbme. 

Crithmum. 

Arracacha. 

Arracacha. 

LlVÈCHE. 

Levisticum. 

Maceron. 

Smymium 

Angélique. 

Angelica. 

Bifore. 

Bifora. 

Archakgélique. 

Archangelica. 

Coriandre. 

Coriandrum. 

AFFINITÉ.  Les  Ombellifères,  groupe  très-distinct  par  le  port  et  la  structure  du  fruit, 
n'ont  d*étroite  affînité  qu'avec  les  Araliacées,  qui  les  lient  aux  Cornées  et  aux  Ampélidées; 
elles  offrent  une  analogie  éloignée  avec  les  Saxifragées. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Ombellifères  habitent  principalement  les  régions  tempérées  el 
fraîches  de  Thémisphére  boréal  ;  elles  sont  rares  entre  les  Tropiques,  si  ce  n'est  sur  les  hautes 
montagnes  et  sur  le  rivage  de  la  mer;  on  n'en  rencontre  qu'un  petit  nombre  au  delà  du 
Capricorne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.—  Les  Ombellifères  àoiyeni  leurs  propriétés  à  une  huile 
volatile  et  à  des  substances  résineuses;  ces  dernières  résident  principalement  dans  les  racines: 
la  première  abonde  surtout  dans  les  fruits.  Le  suc  des  feuilles  de  quelques-unes  contient  des  ma- 
tières alcaloïdes,  qui  le  rendent narcotico-âcre,  et  même  délétère.  Quelques  Espèces  possèdent 
dansleurs  racines  tubéreuses  et  la  base  épaissie  de  leur  tige,  une  certaine  quantité  de  sucre  et  de 
mucilage,  associés  à  des  principes  huileux  et  résineux  aromatiques,  dans  une  proportion  telle 
qu'il  en  résulte  un  aliment  utile  et  agréable.  Chez  certaines  Ombellifères,  la  matière  gommo- 
résineuse  domine  ;  quelquefois  il  s'y  joint  un  principe  amer,  ou  une  résine  acre  ;  dans  ce  dernier 
cas,  la  plante  est  éminemment  médicinale.  La  racine  de  plusieurs  Espèces  est  chargée  d'un 
suc  laiteux  et  visqueux,  qui  contient  des  substances  alcalines. 

Les  fruits  de  beaucoup  de  Plantes  de  cette  Famille  sont  recherchés  à  cause  de  l'huile  volatile 
renfermée  dans  les  réservoirs  ou  bandelettes  de  leur  péricarpe  ou  de  leur  graine.  Cette  essence 
leur  donne  les  mêmes  propriétés  médical^  qu  aux  Composées  et  aux  Labiées  :  la  plupart  sont 
employés  comme  remèdes  stimulants,  quelques-uns  comme  condiments.  L'Anis  {Pimpinella 
anisum),  dont  le  nom,  dérivé  du  grec  anisos,  sigaifie  sans  pareil,  est  usité  dans  la  médecine  et 


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OMBELLIFÈRES.  233 

dans  J'art  culinaire,  à  cause  de  son  arôme  agréable  et  de  sa  saveur  sucrée  et  chaude  :  Fhuile 
volatile  qui  réside  dans  les  canaux  du  péricarpe  est  tempérée  par  une  huile  fixe  contenue 

dans  la  graine.  Cette  Plante^  spontanée 
en  Grèce  et  en  Egypte ,  est  cultivée  dans 
d'autres  contrées,  et  Ton  en  fait  un  com- 
merce considérable.  L'Anis  était  en  grande 
réputation  chez  les  anciens  :  Hippocratc 
connaissait  et  vantait  ses  vertus  emména- 
gogues  et  diurétiques;  GaHcu  le  recom- 
mandait comme  stomachique  et  carminatif 
(ce  dernier  terme  s'applique  aux  médica- 
ments qui  ont  pour  effet  de  chasser  les  gaz 
développés  dans  le  canal  digestif)  ;  toutes 
ce  s  propriétés  de  T  Anis  sont  Incontestables. 
On  remploie  surtout  dans  la  dyspepsie  : 
par  ce  mot,  qui  signifie  digestion  difficile,  il 
ne  faut  pas  entendre  le  trouble  des  fonctions 
digestives,  résultant  d'une  maladie  générale 
ou  d'une  irritation  de  quelque  partie  du  tube 
digestif  :  cette  lésion  de  fonctions  est  pure- 
ment symptomatique  ;  nous  voulons  indiquer 
parle  mot  ^^5/7e/7$2>  une  altération  primitive 
des  forces  assimilatrices,  qui  rend  difficile  et 
tardive  la  coction  des  aliments;  c'est  pour 
cet  état,  lorsqu'il  dépend  d'un  trouble  dans 
l'innervation,  qu'est  indiqué  l'emploi  des 
DioisocB  BLBu.  excitants  fournis  par  les  ombellifères;  les 

dyspepsies  spasmodiques  et  flatulentes  dont 
il  est  question  sont  singulièrement  amendées  par  une  infusion  d'Anis,  ou  d'Angélique  ou  de 
Menthe,  etc.  Dans  certains  pays,  on  mêle  de  TAnis  au  pain  :  ainsi  préparé ,  cet  aliment  est , 
dit-on,  plus  léger,  ce  qui  veut  dire  qu'il  se  digère  plus  facilement.  On  obtient  aussi  par  distil- 
lation des  fniits  de  l'Anis  une  huile  volatile  d'abord  blanche,  puis  jaune,  d'une  saveur  sucrée. 
Quelques  autres  Espèces  du  même  Genre,  les  Pimpinella  aromatica  et  peregrina ,  ont  les 
mêmes  vertus,  mais  à  un  moindre  degré.  —  Le  Fenouil  {Fœniculum  vidgare)  rivalise  avec 
TAnis;  cette  Plante  croit  spontanément  parmi  les  moissons  de  l'Europe  australe,  et  on  la 
cultive  dans  tous  les  jardins.  Ses  fruits  sont  usités  comme  aromate  et  comme  médicament  : 
les  médecins  emploient  aussi  sa  racine  blanche,  sucrée,  légèrement  aromatique,  et  nutritive, 
de  même  que  son  herbe,  modérément  stimulante.  Le  Fenouil  sucré  {F,  dulcé)  est  cultivé 
dans  le  sud  de  l'Europe  comme  Espèce  potagère,  à  cause  de  ses  turions,  qui  sont  comestibles; 
le  Fenouil  des  ânes  (F. piperiium),  spontané  dans  la  Sardaigne  et  la  Sicile^  a  des  fruits 
acres  et  mordants  ;  le  G  a  r  vi  (Carum  Carvi)  est  une  Plante  très-connue,  qu'on  rencontre  dans 
les  prés  et  les  pâturages  de  presque  toute  l'Europe;  ses  fruits,  pleins  d'huile  volatile,  sont 
stimulants,  et  très-usités  parmi  les  condiments  des  gens  de  la  campagne.  Le  C  u  m  i  n  (Cuminum 
Cyminum)  naît  en  Egypte  et  dans  l'Asie  mineure,  ses  fruits,  d'une  saveur  aromatique  amère 
chaude,  sont  rarement  employés  en  Europe.  La  Coriandre  cultivée  [Coriandrum sati- 
viim) ,  spontanée  dans  la  Tartarie ,  a  été  disséminée  avec  les  Céréales  dans  toute  la  région 
méditerranéenne.  L'herbe  récente  a  une  odeur  insupportable  de  punaise,  ce  qu'indique  le  mot 
Coriandrum ,  mais  le  fruit  desséché  n'en  conserve  qu'une  agréable;  les  Tartarcs  en  sont  très- 
friands,  et  le  font  cuire  dans  leurs  ragoûts;  sa  saveur  chaude  et  sucrée  rappelle  celle  de  l'Anis. 
L'A  NET  11  (Anethum  graveolens),  hôte  de  tous  les  jardins,  croît  spontanément  dans  l'Orient; 


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234  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

l'usage  de  son  herbe  et  de  ses  fleurs  pour  Tassaisonnement  des  sauces  est  très-répandu.  Son 
fruit  n'égale  pas  celui  du  Fenouil  et  du  Cumin  ;  on  le  dit  pernicieux  pour  quelques  petits 
oiseaux.  —  VA.  Sowa  est  cultivé  pour  la  médecine  dans  les  Indes  orientales. 

Parmi  les  Ombellifères  exotiques  tombées  en  désuétude,  nous  citerons  le  Sison  amomum, 
dont  le  fruit,  nommé  Amome  par  les  pharmaciens,  est  aromatique  résineux,  d'une  saveur 
chaude  ;  TAmmi  {Ammi  majus),  indigène  dans  l'Europe  méditerranée ,  qui  rivalise  de  loin 
avecTAMMi  de  Crète  (Ptychoiis  copitca),Esipèce  d'Egypte,  dont  le  fruit  aromatique  est 
conservé  dans  quelques  ofAcines  ;  VAmmi  visnaga ,  commune  dans  tout  le  bassin  méditerra- 
néen, est  employée  à  d'autres  usages  :  les  rayons  rapprochées  de  son  ombelle  se  durcissent  en 
séchant,  et  fournissent  des  brosses  à  dents,  que  Ton  trouve  en  Orient  dans  toutes  les  boutiques 
de  parfumeurs. 

VOE  NAKTHE  PHELLANDRiE  (  Œnauthe  phellandrium  )  est  une  Plante  marécageuse  de 
nos  pays,  connue  sous  le  nom  de  Fenouil  aquatique;  elle  est  dangereuse  pour  les  bestiaux,  et 
mortelle  même  pour  les  chevaux  ;  son  fruit  a  une  odeur  particulière ,  désagréable,  et  une 
saveur  chaude  aromatique  acre  ;  il  contient,  outre  une  substance  amère  et  de  la  gomme,  une 
huile  fixe  et  une  huile  volatile,  une  résine  et  de  la  cire;  de  là  sa  vertu,  vantée  par  les  méde- 
cins, de  calmer  la  toux,  de  diminuer  Texpectoration  et  de  supprimer  la  diarrhée;  administrée 
à  haute  dose,  il  devient  narcotique.  —  On  ne  se  sert  plus  du  Ses é l i  (Seseli  tortuo$um]  ni  de 
VAthatnanta  cretensis,  dont  les  fruits  entraient  dans  la  composition  de  la  Thériaque. 

Parmi  les  Ombellifères  aromatiques  qui  doivent  leur  vertu  stimulante  à  une  huile  volatile  et 
à  une  résine,  nous  nommerons  d'abord  F  A  Rcn  Angélique  officinale,  qui  croit  surtout 
dans  les  montagnes  de  l'Europe  septentrionale,  et  qu'on  rencontre  cultivée  dans  tous  les  jar- 
dins. La  racine,  récoltée  en  hiver,  est  conservée  dans  les  officines  ;  son  odeur  est  forte ,  sa 
saveur  est  d'abord  un  peu  sucrée,  puis  acre,  chaude  et  presque  amère;  elle  excite  les  fonctions 
du  système  nerveux,  du  système  vasculaire,  et  active  la  transpiration  cutanée,  propriétés  qu'elle 
doit  à  une  huile  volatile  très-fugace ,  à  une  résine  particulière ,  et  à  une  matière  extractive 
amère-sucrée.  Les  Lapons  cueillent  cette  racine  dans  le  jeune  âge ,  avant  que  la  tige  soit 
montée  ;  ils  la  font  sécher  et  la  mâchent  en  guise  de  Tabac  ;  ils  la  regardent  comme  un  excel- 
lent préservatif  contre  toutes  les  maladies.  Us  sont  aussi  très-friands  de  la  tige  ;  avant  la 
floraison,  ils  la  coupent  près  de  terre,  arrachent  les  feuilles  et  détachent  l'écorce,  de  manière 
à  ne  laisser  que  la  partie  intérieure ,  blanche ,  spongieuse ,  succulente ,  légèrement  amère  et 
aromatique,  qu'ils  mangent  crue,  comme  une  rave.  En  juillet,  les  enfants,  qui  font  paître 
les  rennes  dans  les  pâturages  de  la  Laponie.  et  qui  les  ramènent  à  la  case  deux  fois  le  jour 
pour  les  traire ,  ramassent  chemin  faisant  des  tiges  d'AngéUque ,  les  émondent ,  et  les 
rapportent  au  logis,  où  toute  la  famille  les  mange  avec  avidité. 

La  racine  de  1' Angélique  sauvage  [Angelica  sylvestris)  que  l'on  rencontre  dans  les 
prés  humides  et  le  long  des  ruisseaux  de  toute  l'Europe  le  cède  à  VArckangélique  pour  les 
propriétés;  les  Italiens  la  regardent  cependant  comme  un  remède  souverain  pour  laguérison 
de  la  gale.  —  Les  autres  rivales  de  l'Archangélique  sont  I'Impératoirb  (Imperatoria 
ostruthium) ,  qui  n'est  pas  rare  dans  les  bois  montueux  de  la  France,  et  la  Livéche 
(Levisticum  officinale)^  venue  des  montagnes  du  midi  de  l'Europe  et  cultivée  dans  nos  jardins. 
Les  Boucages  {Pimpinella  magna  et  saxifraga) ,  ainsi  nommés  à  cause  de  l'odeur  de  boue 
qu'exhale  leur  racine  fraîche,  sont  tombés  en  désuétude.  La  Berce  BRANc-rRsiî*E 
(fferacleum  spkondylium),  qui  étale  ses  immenses  ombeOes  au-dessus  des  autres  plantes  de  nos 
prairies,  a  subi  le  même  sort;  sa  racine  est  acre  et  amère,  mais  sa  tige,  débarrassée  de  l'écorce, 
est  sucrée,  et  les  habitants  de  l'Asie  boréale  en  font  leurs  délices. — Le  Meum  athamanticwnu 
Plante  des  Alpes,  a  une  racine  aromatique  acre ,  qu'on  emploie  encore  dans  la  médecine 
vétérinaire. 

Le  Panic  AUX  en aiipêtre  ou  Chardon  Roland  (Eryngiumcampesire)  est  une  Plante 
connue  de   tout  le   monde;   sa  racine   était  autrefois  célèbre  comme  emménagogue  et 


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OMBELLIFÈRES.  235 

diurétique  ;  celle  du  P.  m  a  riti  me  (  E,  mari(tmum)  est  mueilagineuse,  sucrée,  et  mangée  en 
salade.  VAstranda  major,  Plante  indigène  dont  la  racine  est  acre  et  amère,  s'emploie  aujour- 
d'hui très-rarement.  On  la  cultive  dans  les  jardins  à  cause  de  la  beauté  de  ses  involucres.  — 
VHydrocotyle ,  petite  Plante  à  feuilles  en  cuiller,  qu'on  rencontre  dans  les  marécages  de 
TEurope,  possède  une  âcreté  particulière  qui  la  rend  détersive,  vulnéraire  et  diurétique;  ses 
congénères  américaines  et  asiatiques  ont  les  mêmes  propriétés.  Les  Thapsies  méditerra- 
néennes (Thapsia  Garganica,  villosa,  Asclepitmi),  ont  des  racines  violemment  purgatives.  La 
Sa.mcle  (Sanicula  europœa)  était  regardée  par  les  anciens  comme  un  puissant  vulnéraire; 
de  là  le  vieux  dicton  populaire,  qui  n'a  aujourd'hui  ni  rime,  ni  raison  : 

Qui  a  la  Bugle  et  la  Sanicle . 
Fait  aux  chirurgiens  la  nique. 

Les  BuPLÈvRBs  (Buplevrum  falcatum  et  perfoliatutn) ,,  dont  les  feuilles  sont  amères 
astringentes,  étaient  aussi  employés  comme  vulnéraires;  la  racine  du  B,  falcatum  est  regardée 
comme  fébrifuge. 

Plusieurs  Espèces,  préconisées  jadis  à  cause  de  leur  propriété  légèrement  aromatique, 
stimulante,  diurétique  et  vuUiéraire,  sont  tombées  aujourd'hui  dans  l'oubli;  tels  sont  :  TH  s  a  b  b 
AUX  GouTTBux  {Œgopodîum  podagràrta) ,  IcBagile  ou  Pbrce-pirrrb  (Crithmum 
maritimum);  le  suc  exprimé  de  ce  dernier  est  anthelmintique;  les  feuilles,  d'une  saveur  salée- 
amère ,  aromatique ,  sont  confites  dans  du  vinaigre,  et  employées  comme  condiment.  Le 
CEnPEuiL  {Anthriscus  cerefolium)  a  conservé  sa  réputation  culinaire,  due  à  une  saveur  par- 
fumée^ qui  le  fait  employer  comme  assaisonnement.  Le  Myrrhis  odorata  est  moins  usitée  miis 
CD  le  cultive  comme  Plante  d'ornement  à  cause  de  son  magnifique  feuillage. 

Les  racines  de  quelques  Ombellifères,  adoucies  par  la  culture,  contiennent  une  grande 
quantité  de  mucilage  et  de  sucre,  à  laquelle  se  joint  une  faible  proportion  d'huile  volatile,  qui 
les  rend  légèrement  stimulantes.  Parmi  elles  nous  citerons  le  Persil  (Petroseltnum  sattvum), 
indigène  dans  le  midi  de  l'Europe,  et  maintenant  cultivé  partout;  son  herbe  et  sa  racine, 
employées  dans  l'art  culinaire,  sont  propres  à  assaisonner  toutes  espèces  d'aliments.  La  racine 
est  sucrée;  elle  peut  se  manger  crue,  et  alors  son  goût  est  aromatique;  si  on  la  fait  cuire, 
elle  se  digère  facilement.  Ses  feuilles  sont  souvent  confondues  avec  la  Petite  Ciguë 
[ÂUthusa  cynapimn].  Plante  très- vénéneuse  ;  et  ce  qui  rend  ces  méprises  difficiles  à  éviter, 
c'est  que  les  deux  Plantes  croissent  ensemble  dans  tous  les  lieux  cultivés.  Leurs  caractères 
distinctifs  sont  très-faciles  à  saisir  et,  à  comparer  pendant  la  floraison  ;  mais  comme  c'est 
rherbe  encore  jeune  que  Ton  va  cueillir  pour  la  cuisine ,  il  importe  de  distinguer  les  deux 
Espèces  quand  elles  n'ont  encore  que  la  tige  et  les  feuilles.  Dans  le  Persil ,  les  feuilles  sont 
d'un  vert  clair  et  gai  ;  dans  la  Petite  Ciguë,  d'un  vert  sombre  et  triste.  Dans  le  Persil,  les 
découpures  de  la  feuille  sont  assez  laides,  et  leurs  dents  sont  terminées  par  une  petite  tache 
blanche  ;  dans  la  Petite  Ciguë,  les  feuUles  sont  très-finement  découpées.  Dans  le  Persil,  les 
feuilles  froissées  entre  les  doigts  ont  une  odeur  franchement  aromatique;  dans  la  Petite 
Ciguë,  cette  odeur  est  désagréable  et  suspecte;  en  outre,  la  tige  est  cannelée  et  marquée 
inférieurement  de  stries  vineuses,  qui  ne  se  voient  jamais  dans  le  Persil.  —  Le  suc  exprimé 
du  Persil  est  employé  quelquefois  en  médecine  comme  émoUient  et  diurétique.  —  L'Achb 
odorante  (Apium  graveolens)  est  connue  de  tout  le  monde;  sa  racine,  cueillie  dans  les 
marais  qu'elle  habite  à  l'état  sauvage,  a  une  odeur  forte,  une  saveur  amère  et  acre  ;  mais 
cette  même  racine  cultivée  est  sucrée  et  plus  aromatique  que  celle  du  Persil.  L'Ache  cultivée 
prend  le  nom  de  Céleri  ;  elle  fournit  encore  à  nos  tables  ses  longs  pétioles,  qu'on  a  eu  soin  de 
soustraire  à  l'action  de  la  lumière,  afin  d^  les  blanchir  et  de  les  attendrir. 

Le  Panais  cultivé  {Pastinaca  saliva)^  qui  croît  dans  les  prairies  de  toute  l'Europe,  n'est 
pas  moins  renommé  que  l'Ache;  c'est  le  52ser  des  anciens,  que  Tibère  se  faisait  envoyer,  comme 
tribut  annuel,  parles  habitants  de  la  Germanie,  et  dont  il  disait  lui-même  qu'on  se  dégoûtait  fa- 


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PI.  XXII. 


(  Eh  a  din*  ao  é  e  s  )  (  Ny  e  f  aginé  es  ) 


./; 


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236  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

cilement;  en  effet,  il  y  a  dans  le  Panais  une  légère  amertume  qui  fait  qu'un  seul  homme  a  bien  de 
la  peine  à  en  manger  trois  racines  entières.  LeSÉKAKUF  [Pastinaca  Sekakuf)  croît  à  Alep  et  à 
Alexandrie;  sa  racine  est  comptée  parmi  les  mets  propres  à  exciter  les  passions  amoureuses,  et 
de  ce  nombre  sont  le  Panais  ordinaire  et  le  Céleri.  —  LaBERLs  Chervi  {Stum  sisarum)  n  a 
rien  de  commun  a\ec  le  Siser  ou  Panais  des  anciens;  c'est  une  Plante  qui  naît  à  la  Chine,  au 
Japon,  au  Mogol,  à  la  Cochinchine,  et  qu'on  trouve  rarement  cultivée  daas  nos  jardins  potagers. 
On  ne  sait  si  c'est  Marco-Polo  ou  les  moines  franciscains  envoyés  par  le  pape  en  Asie,  dans  le 
treizième  siècle,  qui  Tout  apporté  du  nord  de  la  Chine  ;  sa  racine  est  sucrée,  d'un  arôme 
agréable  et  très-stomachique.  Le  Ninsi  (Sium  ninsi),  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
Gin-seyig,  paraît  ne  pas  différer  du  Chervi.  —  La  racine  delaBERLP.  a  larges  feuilles 
(Sium  latifolium)^  Plante  indigène  croissant  dans  les  Marais,  et  exhalant  une  odeur  bitumi- 
neuse, est  suspecte  comme  narcotique.  —  Le  Mage  ron  (Smymium  olusatrum)^  était  estimé 
comme  légume  chez  les  anciens:  les  turions  et  les  feuilles  sont  très-aromatiques;  la  racine  est 
diurétique. 

Parmi  les  Ombellifères  à  racine  sucrée,  la  C  a  rott  k  [Daucxis  carota)  tient  le  premier  rang; 
le  fruit  de  la  Plante  sauvage  est  aromatique  amer,  et  passe  pour  carminatif  et  diurétique  ;  sa 
racine,  ligneuse  et  aromatique  acre,  est  inusitée,  mais  la  culture,  sans  détruire  sa  composition 
primitive,  développe  en  elle  le  mucilage,  le  sucre,  la  fécule,  qui  effacent  l'huile  volatile, 
rhuile  grasse  et  l'acide  malique.  La  Carotte  contient  en  outre  une  matière  résineuse  colorante. 
On  la  mange  crue  et  cuite,  et  elle  est  souvent  pesante  aux  estomacs  débilités  ;  son  suc,  obtenu 
par  expression,  pur  ou  mêlé  avec  du  miel,  ou  épaissi  au  feu,  est  recommandé  par  les  médecins 
comme  analeptique,  et  exerçant  une  excitation  modérée  sur  les  voies  urinaires.  La  racine 
mangée  crue  passe  pour  détruire  les  Ascarides.  Les  Fleurs  de  la  Plante  sauvage,  macérées 
pendant  quelques  minutes  dans  l'alcool,  lui  communiquent  un  arôme  délicieux  ;  c'est  avec 
l'alcool  ainsi  préparé  que  les  distillateurs  composent  la  Uqueur  de  table  connue  sous  le  nom 
à*Huile  de  Vénus. 

Le  C  a  RU  M  terre-noix  {Carum  bulbocastanum),  qui  se  rencontre  dans  les  prairies,  les 
champs  et  les  vignes  de  l'Europe  centrale,  a  une  racine  tubéreuse,  riche  en  fécule,  sphérique. 
du  volume  d'une  cerise,  noire  extérieurement,  blanche  en  dedans,  que  l'on  mange  crue  ou 
cuite  sous  la  cendre.  —  LcBunium  dénudé  (Bunium  demidatum,  qui  végète  en  Angle- 
terre et  dans  la  région  méditerranéenne,  produit  aussi  une  racine  tubéreuse  ;  le  B.  ferulaceum, 
qui  croît  dans  l'archipel  grec,  présente  la  même  particularité;  sa  racine,  de  la  grosseur  d'une 
aveline,  rousse  extérieurement  et  blanche  en  dedans,  upmmée  vulgairement  Topana^  fait  les 
délices  des  Turcs  et  des  Grecs. 

De  toutes  les  Ombellifères  à  racines  tubéreuses,  la  plus  célèbre  est  TArracaciia 
(Arracacka  esculenta),  rivale  de  la  Pomme  de  terre.  C'est  une  Plante  appartenant  à  un  Genre 
voisin  de  notre  Genre  Cicuis  {Comum]^  naissant  spontanément  dans  une  région  monta- 
gneuse tempérée,  près  de  Santa-Fé  de  Bogota ,  et  cultivée  par  les  habitants  de  la  Colombie. 
La  racine  se  ramifie  en  tubercules  nombreux  ayant  la  forme  et  la  grandeur  d'une  corne  de 
vache,  leur  couleur  varie  du  jaune  au  blanc  et  au  pourpre;  ils  se  multiplient  facilement  par 
éclats;  et,  cuits  ou  rôtis  comme  la  Pomme  de  terre,  ils  fournissent  un  aliment  agréable  et  de 
facile  digestion,  très-usité  chez  les  Colombiens.  Nous  cultivons  très-difficilement  l'Arracacha 
dans  nos  jardins  d'Europe  :  il  se  refuse  à  l'acclimatation. 

Les  racines  aromatiques  de  ïAnesorhiza  capensis  et  du  Fœnicvlum  capense  sont  mangées 
avec  délices  par  les  colons  du  Cap.  —  Le  Prangos  pahularia  habite  les  lieux  élevés  de  l'Inde 
où  la  chaleur  est  tempérée,  et  nourrit  de  ses  feuilles  d'innombrables  troupeaux  de  bêtes  à 
laine.  Cette  herbe,  qui  a  l'odeur  d'une  Férule,  et  que  les  indigènes  mangent  avec  plaisir,  est 
probablement  le  Silphium  dont  parle  Arrien,  et  que  rencontra  l'armée  d'Alexandre. 

Nous  avons  dit  que  quelques  Ombellifères  ont  des  propriétés  vénéneuses  narcotiques.  La 
Cicr  Ë  (Conium  macidatum)  est  la  plus  connue  de  ces  Espèces  :  c'est  une  Plante  à  physiono- 


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PI.  XXII. 


(  RhodDi'ftot'*»  )  (  Nyc-ta^inées  ) 


(B^^onxaeéea  ) 


.'Br^o^tiot    r.^itcK^nt.t^^v  V  ffangarrf- &,^r.;,^V7i 


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OMBELLIFÈRES.  237 

mie  repoussante,  à  tige  chaînée  de  taches  livides,  qui  répand  au  loin  une  od«ur  fétide  d'urine 
de  chat;  elle  vit  dans  le  voisinage  des  habitations,  choisit  les  coins  des  jardins  où  la  culture 
est  négligée,  habite  même  les  cimetières  dans  toute  l'Europe  et  l'Asie  boréale ,  et  a  pénétré 
jusqu'en  Amérique  :  sa  racine ,  dans  le  jeune  âge,  est  pleine  d'un  suc  laiteux  trèsrépais,  de 
saveur  d'abord  aromatique  un  peu  sucrée ,  et  ensuite  acre  ;  elle  est  vénéneuse ,  surtout  au 
printemps;  elle  contient,  outre  un  alcali  nommé  Cicutiney  qui  se  retire  plus  facilement  des 
feuiUes,  une  huile  volatile  acre,  une  résine,  des  sels,  et  un  acide  particulier.  L'herbe  sèche  et 
fraîche  est  un  agent  thérapeutique  très-actif,  qui  stimule  puissamment  les  fonctions  des 
vaisseaux  lymphatiques,  des  glandes  et  des  viscères.  Le  suc  de  la  Ciguë ,  pris  à  l'intérieur, 
liquéfie  le  sang,  le  congestionne  vers  les  poumons,  rompt  l'équilibre  des  fonctions  vitales ,  et 
cause  une  prompte  mort,  sans  produire  de  lésions  dans  le  tube  intestinal.  C'est  le  suc  de  cette 
Fiante  infâme,  probablement  mêlé  avec  de  l'opium,  que  le  peuple  athénien  ordonna  de  boire 
au  plus  sage  des  hommes.  Ecoutons  le  poète  : 

Mais  Socrate ,  élevant  la  coupe  dans  ses  mains  ; 

«  Offrons,  offrons  d'abord  aux  Maîtres  des  humains 

De  l'immortalité  cette  heureuse  prémice.  » 

Il  dit,  et  vers  la  terre  inclinant  le  calyce. 

Comme  pour  épargner  un  nectar  précieux. 

En  versa  seulement  deux  gouttes  pour  les  Dieux, 

Et  de  sa  lèvre  avide  approchant  le  breuvage. 

Le  vida  lentement,  sans  changer  de  visage. 

Puis,  sur  son  lit  de  mort  doucement  étendu. 

Il  reprit  aussitôt  son  discours  suspendu  : 

«  Espérons  dans  les  Dieux,  et  croyons  en  notre  àmc. 


La  Cicutine,  introduite  par  une  plaie  dans  le  corps  d'un  animal ,  frappe  d'un  choc  violent  le 
système  nerveux,  surtout  la  moelle  épinière,  ainsi  que  les  nerfs  qui  donnent  la  vie  aux  organes 
dumouTcment,  et  la  mort  est  presque  subite. 

La  CiGDB  VIRE  USE  (Cîcuta  virosa)  naît  dans  les  marais,  les  fossés  inondés  ,  et  sur  le 
rivage  des  fleuves  dans  l'Europe  et  le  nord  de  l'Asie  :  c'est  la  plus  vénéneuse  de  nos  Plantes 
indigènes;  le  principe  toxique  réside  principalement  dansl'écorce  de  son  rhizome  épais,  vide 
intérieurement^  et  partagé  en  loges  par  des  portions  de  moelle  ;  il  consiste  en  un  suc  laiteux  jau- 
nâtre, prenant  à  l'air  une  couleur  safranée,  d'une  saveur  caustique,  d'une  odeur  très-nauséeuse, 
contenant  une  résine ,  une  huile  volatile ,  du  phosphate  de  chaux  et  une  quantité  considérable 
de  sucre  ;  on  a  vu  souvent  périr  victimes  de  leur  ignorance  des  personnes  qui  mangeaient  de 
ce  rhizome,  croyant  manger  la  racine  de  l'Ache  des  marais.  Introduite  dans  l'estomac ,  la 
Ciguë  aquatique  cause  une  chaleur  brûlante ,  des  douleurs  atroces,  une  soif  inextinguible, 
l'inflammation  des  entrailles,  les  hoquets,  les  spasmes,  l'ivresse,  le  vertige,  les  convulsions  et 
la  mort.  Cette  Plante  n'est  guère  usitée  en  médecine.  La  Cicutaire  tachetée  [Cicuta 
maculQta)^  de  l'Amérique  septentrionale,  est  employée  en  médecine  à  la  place  de  la  Ciguë 
tachetée. 

L'CEn  A  nthbsapranée  (Œnanthe  crocata)^  qui  croit  dans  les  marais  de  l'Europe  australe 
et  occidentale,  est  vénéneuse  à  la  manière  de  la  Ciguë  vireuse;  TŒnanthb  pistitleuse 
{Œ.  fistulosa),  sa  congénère  et  sa  commensale,  est  moins  active;  les  anciens  croyaient  sa 
racine  diurétique.  La  Petite  Ciguë  {Œthusa  cynapium)^  qui  ressemble  au  Persil,  doit  ses 
propriétés  vénéneuses  narcotico-àcres  à  une  substance  alcaloïde  nommée  Cynapine,  L'An- 
thrisque  sauvage  [Anthriscus  sylveslris)  et  le  Cerfeuil  penché  (Ckœropkyllum 
temuientwn),  sont  des  Espèces  suspectes  ajuste  titre.  La  racine  du  Cerfeuil  duldeux 
iCh,  hulbosum]  est  mangée  impunément  en  salade. 

31 

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2:î8  histoire  des  familles. 

Nous  allons  maintenant  passer  rapidement  en  revue  les  substances  gommo-résineuses  que  la 
Famille  des  Ombellifèrcs  fournit  à  la  médecine. 

Le  Laser  était  un  suc  tiré  par  incision  d'une  Plante  nommée  Silphion  ou  Laserpitimn,  qui 
était  en  grande  réputation  chez  les  Romains.  Ce  suc,  que  Ton  récoltait  dans  la  Cyrénaïque,  et 
qui  se  vendait  au  poids  de  Targent,  devint  tellement  rare ,  qu'il  fut  bientôt  remplacé  par  une 
gomme-résine  analogue,  venant  de  Perse  et  de  Médie,  qui  conserva  le  nom  de  Laser.  C'est  par 
les  Arabes,  qui  en  faisaient  un  grand  usage ,  que  cette  gomme-résine  a  été  transmise  aux 
moines  de  T Ecole  de  Salerne,  et  ceux-ci  l'ont  nommée  Asa  fœtida.  —  La  Plante  qui  la  pro- 
duit est  le  Ferula  asa  fœtida  de  Linné  ;  elle  porte  en  Perse  le  nom  de  Hingisèk,  et  son  suc 
est  appelé  Hingh.  C'est  de  sa  racine  que  ce  suc  est  extrait.  Les  habitants  des  montagnes  où 
croît  cette  Férule  creusent  au  printemps  une  fosse  autour  de  la  racine,  afin  de  la  découvrir; 
ils  la  dépouillent  de  sa  tige,  de  ses  feuilles  et  des  poils  qui  entourent  le  collet,  et  la  recouvrent 
d'un  lit  de  feuillage,  pour  la  préserver  des  rayons  du  soleil.  Un  mois  après,  quand  le  suc 
laiteux  de  la  racine  a  eu  le  temps  de  se  concentrer  par  une  évaporation  lente,  les  montagnards 
retournent  à  leurs  racines,  les  découvrent,  et  avec  une  spatule  en  détachent  les  larmes  qui 
peuvent  s'y  trouver,  puis  ils  creusent  en  godet  le  sommet  de  la  racine,  afin  que  le  suc  puisse 
s'y  rassembler;  quelques  jours  après,  ils  font  une  nouvelle  récolte,  et  rafraîchissent  la  plaie 
de  la  racine  pour  que  le  suc  puisse  en  sortir  plus  facilement;  ils  continuent  ainsi  pendant  tout 
l'été,  jusqu'à  ce  que  la  racine  soit  épuisée. 

L'Asa  fœtida  est  en  masses  brunes,  rougeàtres,  parsemées  de  larmes  blanchâtres ,  demi- 
transparentes;  lorsqu'on  le  casse,  la  nouvelle  surface,  qui  est  ordinairement  d'une  couleur 
peu  foncée,  rougit  promptementà  l'air;  il  répand  une  odeur  d'ail,  d'une  horrible  fétidité,  et 
sa  saveur  est  acre,  amère  et  repoussante  ;  les  Perses  le  vantent  pourtant  comme  le  plus  déli- 
cieux des  condiments  ;  ils  en  frottent  les  vases  destinés  à  la  cuisson  de  leurs  repas,  et  le  bord 
même  de  leur  coupe,  afin  d'augmenter  leur  appétit;  ils  en  assaisonnent  toutes  leurs  sauces, 
et  l'appellent  le  mets  des  Dieux.  Les  Européens,  dont  le  goût  n'est  pas  oriental,  lui  donnent  le 
nom,  diamétralement  opposé,  de  Stercus  diaboii, 

L'Asa  fœtida  est  employé  dans  les  mêmes  cas  que  la  Valériane,  mais  moins  souvent  que 
cette  dernière,  à  cause  de  sa  puanteur;  cependant  son  action  est  plus  efficace  que  celle  delà 
Valériane  contre  Tafi'ection  nerveuse  qui  attaque  spécialement  la  femme  pendant  la  période 
active  de  son  existence,  et  que  les  médecins  nomment  hystérie.  Nos  lecteurs  nous  saurons 
gré  de  reproduire  ici  quelques  considérations  éloquentes  sur  cette  triste  maladie ,  que  nous 
empruntons  aux  savants  auteurs  du  Traite  de  Thérapeutique,  MM.  Trousseau  et  Pidoux. 

«  Quiconque  a  jeté  sur  l'Hystérie  un  coup  d'œil  vraiment  médical,  a  du  y  voir  une  maladie- 
mère,  qui  empreint  de  son  caractère  et  de  sa  nature  toute  la  série  névropathique,  s'étendani 
depuis  la  vapeur  la  plus  fugace  jusqu'à  l'accès  effroyable  qui  lui  avait  mérité  des  anciens  la 
dénomination,  si  profondément  vraie,  de  passion  hystérique.  Cette  série  est  composée  d'acci- 
dents protéiformes,  de  manières  d'être  pathologiques,  propres  à  la  femme,  manières  d'être  si 
mobiles,  si  indéterminées,  que  les  nosologistes  n'ont  pu  que  génériquement  les  enfermer  dans 
leurs  cadres  :  ce  sont  ces  maladies  vaguement  indiquées  sous  le  nom  de  spasmes,  de  vapeurs^ 
de  maux  de  nerfs.  Chez  l'une,  ce  sont  des  étouflements,  des  palpitations,  un  sentiment  de 
strangulation,  un  serrement  des  tempes,  etc.,  etc.;  chez  l'autre,  des  battements,  divers 
bruits  dans  la  tête,  un  enchifrènement  passager,  des  frissons  partiels,  des  bouffées  de  chaleur 
au  visage,  etc.  Celle-ci  se  plaint  d'impatiences  bizarres,  de  crispations,  d'agacements,  qui 
l'obligent  à  des  mouvements  involontaires,  à  une  jactitation  (corps  jeté  deçà  delà),  avec 
bâillements,  pandiculations  (extension  et  écartement  des  membres,  avec  renversement  en 
arrière  de  la  tête  et  du  tronc),  hoquets,  qui  sont  trop  souvent  le  prélude  d'accidents  plus 
violents;  celle-là  accuse  de  la  dysphagie  (difficulté  d'avaler),  des  borborygmes  (bruit  de  gaz 
dans  l'abdomen),  des  flatuosités  (accumulation  de  vents),  des  brûlements  d'entrailles,  une 
tympanite  (ventre  ballonné),  se  développant  tout  à  coup  et  disparaissant  de  même,  des 


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OMHELLIFÈUES.  239 

anxiétés  préeordiales  (sensation  de  serrement  et  de  malaise  à  la  région  supérieure  de  Tab- 
domen),  des  frayeurs  paniques,  de  vaines  susceptibilités.  Quelques  femmes  résument  ce  tableau 
changeant  par  une  phrase  qui ,  aux  yeux  du  praticien,  en  peint  d'une  manière  expressive 
toutes  les  fluctuations  :  fai  mal  aux  nerfs ^  mes  nerfs  sont  en  mouvement,  etc.,  etc.  » 

La  Valériane  est  d'une  merveilleuse  efficacité  pour  calmer  ces  nombreux  phénomènes  ; 
mais  FAsa  fœtida  réussit  mieux  qu'elle  dans  les  accès  d'hystérie  violents  et  complets,  lorsque 
le  caractère  de  la  maladie  est  plutôt  convulsif  que  vaporeux,  —  L'Asa  fœtida  est  aussi 
recommandé  dans  le  traitement  des  maladies  nerveuses  des  organes  respiratoires,  telles  que 
l'asthme  essentiel,  c'est-à-dire  celui  qui  ne  reconnaît  pas  pour  cause  une  lésion  organique  du 
cœur  ou  des  poumons. 

Le  Sagapénum  ou  Gomme  séraphique  est  une  substance  d'odeur  forte,  de  saveur  acre  et 
amère,  composée  d'une  gomme,  d'une  résine  et  d'une  huile  volatile  ;  il  a  de  l'analogie  par 
son  odeur  avec  l'Asa  fœtida,  et  vient  de  la  Perse  comme  ce  dernier;  il  en  diffère  par  ses 
propriétés  moins  énergiques^  et  parce  qu'il  ne  se  colore  pas  en  rouge  au  contact  de  l'air  et  de 
la  lumière. 

Le  Galbanum  est  employé  de  toute  antiquité  comme  stimulant  des  systèmes  nerveux  et 
vasculaire  ;  son  origine  est  incertaine . — La  Gomme  ammoniaque  était  regardée  par  les  anciens 
comme  étant  le  suc  d'une  Férule,  qui  croit  non  loin  du  temple  de  Jupiter  Ammon,  de  là  son 
nom  d'Ammoniaque  y  suivant  Dioscoride  ;  mais  les  renseignements  les  plus  récents  font  venir  la 
Gomme  anmaoniaque  du  Dorenia  ammoniacum,  qui  croît  au  nord  de  la  Perse  et  de  l'Arménie, 
et  Don  pense  que  le  mot  Ammoniacum  est  corrompu  dH Armeniacum.  Cette  résine  réunit  les 
odeurs  de  l'Ail  et  du  Gastoréum  ;  sa  saveur,  d'abord  un  peu  sucrée,  devient  ensuite  acre  et 
amère;  elle  rivalise  pour  les  vertus  médicales  avec  l'Asa  fœtida,  mais  elle  est  moins  puissam- 
ment antispasmodique,  elle  stimule  les  viscères  abdominaux  et  les  organes  respiratoires. 

Nous  terminerons  l'histoire  des  Ombellifères  en  citant  quelques  Espèces  non  usitées  en 
médecine,  mais  cultivées  comme  Plantes  d'agrément. 

Le  Didisque  bleu  (Didiscus  cœruleus),  est  une  plante  annuelle  de  la  Nouvelle-Zélande,  dont 
les  fleurs  sont  en  ombelle  simple,  d'un  bleu  clair.  —  Le  Buplèvre  frutescent  [Buplevrum  fru- 
ticosum),  arbrisseau  de  la  France  méridionale,  a  des  fleurs  persistantes,  entières,  glauques, 
et  des  fleurs  jaunes.  —  Le  Selin  trompeur  {Melanoselinum  decipiens)  est  un  arbrisseau  de 
Madère,  à  larges  ombelles,  dont  les  fleurs  sont  d'un  rose  lilas.  —  Les  Eryngium  amethysti- 
num  et  alpinum,  sont  deux  Espèces  indigènes,  remarquables  par  leurs  fleurs  disposées  en 
capitule,  d'un  bleu  magnifique  ainsi  que  les  involucres  et  le  sommet  des  rameaux. 

Famille  LXXIP.  —  ARALIACÉES. 

(Arâlies,  de  Jussieu.  —  Araliacées  et  Hédéracées,  de  BartUny,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  V  ovaire  ;  Pétales  h  ou  10,  insérées  sur  un  disque 
épigynCy  sessiles,  à  pré  floraison  valvaire.  Examines  insérées  avec  les  pétales,  en  nombre  égal 
aux  pétales  j  et  alternes  avec  eux,  ou  en  nombre  double.  Ovaire  infère ,  à  2  ou  plusieurs  luges 
uni  ovulées;  ovules  pendants,  réfléchis;  styles  autant  que  de  loges,  distincts  ou  cohérents. 
Fruit  bacciforme,  sec  ou  charnu.  Graine  inverse  ;  plantule  dicotylédonée,  minime  à  la  base 
d'un  albumen  charnu;  radicule  supère. 

Les  Araliacées  ont  en  général  une  tige  ligneuse  ;  les  feuilles  sont  ordinairement  alternes  et 
sans  stipules.  Les  fleurs  sont  régulières,  en  tête,  ou  en  ombelle,  ou  en  grappe. 

Adoza.  Adoxa.  1      Aralie.  Aralia. 

Cns«ONiA.  Cussonia.  I      Lierre.  Hedera, 


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240  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

AFFINITÉ. —  Les  Araliacéçs,  voisines  des  Ombellifères,  s'en  distinguent  par  leur  inflo- 
rescence en  ombelle  imparfaite,  leur  fruit  ordinairement  à  plus  de  2  loges,  qui  reste  indi- 
vis, et  la  consistance  de  leur  albumen.  Elles  diffèrent  des  Ampélidées  par  l'ovaire  infère,  et 
rinflorescence  non  opposée  aux  feuilles.  Les  Cornées  s'en  distinguent  par  leur  fruit  nuca- 
mentacé^  les  Hamamélidées  par  leur  port,  par  la  débiscence  de  leur  fruit.  Les  Caprifoliacées 
s'en  séparent  par  leur  corolle  monopétale;  il  faudrait  peut-être  leur  réunir  le  Genre 
Adoxa, 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Araliacées  habitent  les  régions  tropicales,  subtropicales  et  tem- 
pérées des  deux  hémisphères. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Les  propriétés  des  Araliacées  diffèrent  de  celles  des 
Ombellifères  en  ce  que  les  principes  aromatiques  résineux  et  huileux  sont  masqués  par  des 
substances  astringentes  et  amères. 

Le  Lierre  (Hedera  hélix),  qui  grimpe  le  long  des  arbres,  des  murailles  et  des  rochers,  a 
des  feuilles  toujours  vertes,  aromatiques  quand  on  les  froisse,  et  employées  en  onguent  pour 
les  ulcères  et  pour  la  brûlure.  Les  vieux  troncs,  dans  les  pays  chauds,  fournissent  spontané- 


ARALIB   IN   GRAPPE*.  LlBRRB   GRIVPillT. 

{Àralia  racemoêa,)  (ileJtra  heUx,) 

ment  ou  par  incision,  un  suc  résineux,  autrefois  usité  en  fumigations  comme  emménag(^e. 
— LeJiN-SENG  [Panax  Jinseng)  naît  en  Tartarie,  en  Chine  et  au  Népaul;  sa  racine,  d'une 
saveur  à  la  fois  amère,  acre  et  sucrée,  jouit,  dans  l'Asie  orientale,  d'une  immense  réputation, 
conune  médicament  tonique^  on  Ty  vend  trois  fois  son  poids  en  argent.  Le  Panax  quinquefo- 
lium  croît  dans  l'Amérique  septentrionale,  et  Ton  vend  sa  racine  aux  Chinois  comme  succé- 
danée du  Jinseng. — L'Ara  lie  a  tige  nue  (Aralia  nudicaulis)  est  renommée  conune 
sudorifique,  ses  racines  sont  employées  pour  sophistiquer  la  Salsepareille.  —  On  cultive  en 
France  plusieurs  Espèces  d'Aralie.  entre  autres  l'A.  kn  grappes  (A.  racemasa),  de  l'Amé- 
rique boréale. 


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GUNNÉRACÉES.  241 

Famille  LXXIIP.  —  GUNNÉRACÉES. 

JA.  Ad.  de  Jussieu  place  ce  petit  groupe  entre  les  Garryacées  et  les  Âraliacées.  Ce  sont  des 
herbes acaules,  observées  dans  T Afrique  et  T Amérique  méridionale,  extratropicale;  les  feuilles 
radicales  sont  longuement  pétiolées,  réniformes;  les  fleurs  forment  un  épi  composé.  Le 
périanthe,  adhérent  à  Tovaire,  a  son  limbe  à  &  divisions^  dont  2  petites  et  2  pétaloïdes.  Les 
2  étamines  sont  épigynes.  L'ovaire  est  infère,  uniloculaire,  à  ovule  unique,  pendant,  réfléchi , 
couronné  par  2  stigmates  plumeux.  La  plantule  est  minime  dans  un  albumen  charnu.  —  Le 
Gunnera  scaôra  a  un  suc  mucilagineux ,  limpide ,  noircissant  au  contact  de  Tair  ;  Therbe 
est  rafraîchissante ,  la  racine  astringente ,  son  suc  est  employé  par  les  cordonniers  et  les 
teinturiers. 


Famille   LXXIV».  —  GARRYACÉES. 

Le  Genre  Garrya  comprend  des  arbrisseaux  à  feuilles  opposées,  croissant  dans  le  nord-ouest 
de  l'Amérique  :  ses  fleurs  dioïques  monopénanthées,  disposées  pai*  6  dans  des  bractées  oppo- 
sées en  croix  et  cohérentes ,  forment  des  chatons  axillaires;  les  iSi*  étamines  alternent  avec  les 
l  sépales  du  périanthe  ;  les  fleurs  pistillées  ont  un  ovaire  infère,  couronné  par  le  limbe  bilobé 
du  périanthe,  uniloculaii*e  ^  biovidé,  à  ovules  pendants.  Le  fruit  est  bacciforme ,  la  graine 
unique,  la  plantule  minime  dans  un  albumen  charnu.  —  On  cultive  dans  les  jardins  le  Garrya 
elUptica^  (PI.  Xlll),  arbrisseau  toujours  vert  delà  Californie,  à  rameaux  longs  de  8-10  pieds, 
à  feuilles  ovales  elliptiques^  coriaces,  ondulées  sur  les  bords.  Nous  ne  possédons  encore  que 
rindividu  à  étamines^  dont  les  fleurs  pendent  en  chatons  nombreux  du  sommet  des  rameaux. 

Famille  LXXV.  —  CORNÉES. 

(Caprifoliagées^  (en  partie,)  de  Kunth,  —Cornées,  àt  De  CandoUe. — Corn  âgées, 

de  Lindley.  ) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  Vovaire.  — Pétales  k^  insérés  sur  un  disque 
épigyncy  à  pré  floraison  valvaire.  Étamines  4,  alternes  avec  les  pétales.  Ovaire  en/^e,  à 
2-3  loges  uniovulées;  ovules  pendants,  réfléchis;  style  simple.  Fruit  drupacé,  d2ou  3  loges. 
Gfikifizs  inverses.  Plantule  dicotylédcmée,  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu;  radicule 
supère. 

Les  Cornées  sont  des  arbres  ou  arbrisseaux  à  feuilles  ordinairement  opposées,  simples,  sans 
stipules;  les  fleurs  sont  disposées  en  tète^  ou  en  ombelle,  ou  en  corymbe. 

Cornouiller.  Cornus.  \     Benthamia.  Benthamia, 

AFFINITÉ.  —  Les  Cornées  se  séparent  des  Caprifoliacées  par  leurs  pétales  libres;  elles  se 
distinguent  des  autres  Familles  polypétales  épigynes  (parmi  lesquelles  elles  se  rapprochent 
des  Araliacées),  par  leur  port  et  leur  noyau  osseux. 

GÉOGRAPHIE. — Les  Cornées  habitent  les  régions  tempérées  et  flraîches  de  l'hémisphère 
boréal. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Quelques  Cornées  possèdent  dans  leur  écorcc  un  prin- 
cipe extractif  particulier  nommé  Comiine,  uni  à  une  substance  astringente^  et  doué  de 
propriétés  fébrifuges.  —  Les  unes  ont  un  fruit  comestible,  les  autres  des  graines  huileuses;  la 


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2^2 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


A]  \\ 


1^1 


plupart  ont  un  bois  d'une  grande  dui'etc.  Le  Cornouiller    mâle  {Cornus  inas)  est  un 

arbrisseau  connu  de  tout  le  inonde,  dont 
les  ombelles  annoncent  le  retour  du 
printemps  ;  la  chair  de  ses  dmpes,  d'a- 
bord très-àpre ,  est  acidule-sucrée  à  la 
maturité ,  et  les  médecins  la  recom- 
mandent comme  astringente.  Le  C. 
SANGUIN  (C  sanguinea)  a  des  fruits 
amers  et  nauséeux,  mais  la  graine  donne 
une  huile  ][)ropre  pour  Téclairage  et  la 
fabrication  du  savon.  Le  Bentiiaiiia 
poRTE-PRAisB  (Bentkamia  fragifera), 
arbrisseau  du  Népaul  et  du  Japon,  cultivé 
dans  les  jardins  d'Europe,  a  des  fruits 
sapides,  réunis  en  syncarpe  offrant  Tas- 
pect  d'une  fraise.  —  Le  Cornouiller 
FLEURI  (C,  florida),  arbrisseau  de  TA- 
mérique  boréale,  possède  une  écorce 
amère  astringente ,  employée  comme 
succédanée  du  Quinquina  dans  les  offi- 
cines transatlantiques,  et  fournissant  la 
Comtine. 

VAucuba  est  voisin  des  Cornées  :  c'est 
un  arbrisseau  du  Japon ,  très-glabre, 
toujours  vert,  à  feuilles  opposées,  co- 
riaces, souvent  panachées  ;  les  fleurs  sont 
dioîques ,  petites ,  axill  aires,  disposées 
en  panicules  -,  elles  ont  k  pétales,  l  éta- 

mines  ou  un  ovaire  adhérent  uniloculaire  et  uniovulé,  a  ovule  pendant,  réfléchi  ;  le  fruit  est 

une  baie.  Cet  arbrisseau,  très-ramifié  et  très-élégant,   est  d'un  bel  etTet  dans  les  jardins 

paysagers. 

Famille  LXXVP.  —  ALANGIÉES. 

(Alangiées,  de  De  Candoiie,  —  Alangiacées,  de  Lindiey.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  C  ovaire.  Pétales  en  twmbre  égal  aux  divisions 
du  calyce,  à  préfloraison  convolutive,  Ëtamines  en  nombre  égal,  ou  double,  ou  quadruple  de 
celui  des  pétales.  Ovaire  «  1  om  2  loges  uniovulées  ;  ovule  pendant,  réfléchi.  Fruit  rfrw- 
pacé.  Plantule  dicoiylédonée,  droite  dans  un  albumen  charnu;  radicule  supère. 

Les  Alangiées  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux ,  à  feuilles  alternes,  simples ,  pétiolées, 
sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  régulières,  disposées  en  faisceaux  ou  en  corymbes 
axillaires. 

AFFINITÉ. —  Les  Alangiées  difl*èrent  des  Combrétacées  par  leur  port  et  leurs  graines 
albiuninées;  elles  sont  voisines  des  Cornées  et  des  Bamamélidées. 

GÉOGRAPHIE.  —  Ce  petit  groupe  habite  Flnde,  et  s'étend  dans  les  îles  et  le  continent 
jusqu'au  pied  de  FHimalaya. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Alangiées  possèdent  des  propriétés  purgatives; 
leurs  racines  sont  aromatiques,  leurs  fruits  comestibles 5  leur  bois  est  employé  pour  les 
constructions. 


CORIIODILLBR   SANOUlfT. 

{Comuê  êanguinêa.) 


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hamamëlidées.  243 

Famille   LXXVIK  —  HAMAMÉLIDÉES. 

(Hamamélidées,  de  Rob,  Brown.  —  Hamamélacées,  de  Lindley.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  à  tube  adhérent  à  tovaire,  à  limbe  k-h-fide.  Pétales  nids, 
ou  insérés  sur  le  calyce,  et  alternes  avec  ses  divisions,  à  préfloraison  valvaire  dans  le  bas,  et 
eonvolutive  au  sommet.  Examines  indéfinies  dans  les  Genres  apétales;  dans  les  Genres 
pétales,  en  nombre  double  des  pétales,  les  unes  stériles,  opposées  aux  pétales,  les  autres 
fertiles  et  alternes;  anthères  carrées  ou  demi-circulaires.  Ovaire  demi-infbre  à  2  loges  uni- 
multi ovulées.  Ovules  pendants  et  réfléchis;  2  styles  et  astigmates  distincts.  Cav&vle 
septicide  à  loges  uniséminées. 

Les  Hamamélidées  sont  des  arbres,  ou  arbustes,  ou  arbrisseaux,  ordinairement  couverts  de 

_  poils  étoiles;  à  feuilles  alternes,  pétiolées, 

simples,  bisiipulécs.  Les  fleurs  sont  presque 

sessiles  et  disposées  en  panicule,  ou  en  tête, 

ou  en  épi. 

Hamami  lis.  Hamamelis. 

FoTHEBGiLLA.  FothefgUla, 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille,  voisine 
des  Bruniacées,  Saxifragées  et  Cornées, 
en  diffère  par  son  port ,  ses  stipules  et  la 
forme  de  ses  anthères;  elle  offre  une  analo- 
gie évidente  avec  les  Balsamifluées. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Espèces  peu 
nombreuses  qui  composent  cette  Famille 
sont  dispersées  dans  TAmérique  septen- 
trionale, le  Japon,  la  Chine,  Tlnde,  Ma- 
dagascar et  le  Cap.  L'Hamamélis  dr 
Virginie  [Hamamelis  Virginica)  est  un 
arbrisseau  à  fleurs  fasciculées  jaunes,  dont 
I  Tovaire  ne  mûrit  que  Tannée  suivante;  on 
le  cultive  dans  les  jardins;  sa  graine  est 
huileuse- farineuse  et  comestible;  la  décoc- 
tion de  son  écorce  et  de  ses  feuilles,  chargée 
de  tanin,  de  principes  amers,  acres,  et 
bhooolki»  r.R  champiov  d'unc  huilc  volatile  particulière,  est  em- 

[Hhodoleia  Championi.)  "^ 

ployée  contre  diverses  maladies  dans  les 
États  de  TUnion.  Le  F o  t  ii  f.  r  g  i  l  l  a  a  feuilles  d'à  u  l  n  e  (  /".  alnifolia  )  est  un  arbuste 
de  la  Caroline,  cultivé  en  Europe;  ses  fleurs  sont  en  épi,  blanches  et  odorantes;  ses  fruits 
lancent  leurs  graines  h  distance  et  avec  bruit.  Le  Rhodoleia  Championi  est  un  petit  arbre 
trouvé  récemment  en  Chine  par  le  capitaine  Champion,  dans  les  forêts  qui  avoisinent  Canton, 
et  pouvant  se  cultiver  facilement  en  pleine  terre  dans  l'Europe  tempérée.  Ses  feuilles  sont 
persistantes,  ses  fleurs  sont  groupées  par  cinq,  et  entourées  de  bractées  roses,  que  Ton 
prendrait  pour  un  périanthe  pétaloïde. 


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iftk  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille   LXXVIIK  —  PHILADELPHÉES. 

(Myrtes,  (en  partie),  de  Jussieu,  —  Philadelphées,  de  Don.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  Vovaire,  à  préfloraison  volvaire.  Pétales  en 
nombre  égal  aux  divisions  du  calyce,  à  pré  floraison  contournée.  El  AUi^ES  en  nombre  multiple 
de  celui  des  pétales.  Ovaire  à  ^  ou  plusieurs  loges,  à  placentaires  centraux  tnultiovulés. 
Ovules  ascendants  ou  pendants,  imbriqués,  réfléchis.  Capsule  multiséminée.  Graines  à 
testa  lâche;  planttde  dicotylédonée,  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu  et  régalant  en 
longueur. 

Les  Philadelphées  sont  des  arbrisseaux  dressés,  à  feuilles  opposées  simples,  sans  stipules. 

Les  fleurs  sont  complètes,  régu- 
lières, blanches,  odorantes,  dispo- 
sées en  cyme  ou  en  panicule. 


Seringat. 

Philadelphus. 

Decumaria. 

Decumaria. 

Dbutzia. 

Deutzia. 

AFFINITÉ  ET  GÉOGRA- 
PHIE. —  Les  Philadelphées  ha- 
bitent TEurope  australe,  TAmé- 
rique  boréale,  le  Japon  et  Tlode; 
elles  ont  été  séparées  des  J/yr/flfe«, 
à  cause  de  la  préfloraison  valvaire 
du  calyce ,  de  la  séparation  des 
styles ,  des  graines  albuminées  et 
des  feuilles  non  ponctuées.  —  Elles 
se  distinguent  des  Onagrariées  par 
le  nombre  des  étamines,  le  testi 
^  lâche,  et  la  présence  de  Talbumen  ; 

\  elles  se  rapprochent  des  Hydran- 

géacées    par      l'intermédiaire    du 
Deutzia. 
ESPÈCES  PRINCIPALES- 
iPkàldlVhùéS  ^^   Seringat   (Philadelphus  co- 

ronarius)  est  indigène  du  midi 
de  l'Europe,  et  cultivé  dans  tous  les  jardins.  Ses  fleurs,  très-odorantes,  étaient  autrefois 
rangées  parmi  les  médicaments  nervins-toniques  ;  elles  fournissent  une  huDe  volatile,  que 
Ton  emploie  pour  falsifier  celle  du  Jasmin.  Ses  feuilles,  légèrement  àcres-amères,  se  mangent 
en  salade,  mêlées  avec  d'autres  végétaux.  —  Le  Deutzia  scabra  est  un  arbrisseau  du  Japon, 
cultivé  dans  les  jardins  botaniques;  les  Japonais  se  servent  de  son  écorce  intérieure  pour 
composer  des  emplâtres  ;  ses  feuilles  raboteuses  sont  mises  en  usage  pour  polir  le  bois.  On 
cultivé  aussi  en  Europe,  comme  Plante  de  bosquet,  le  Decumaria  barbata,  arbrisseau  sarmen- 
teux  de  la  Caroline,  à  tige  articulée,  prenant  racine  à  chaque  articulation,  ce  qui  rend  sa 
multiplication  facile;  les  fleurs  sont  d'une  odeur  suave. 


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V  uniuaees  |. 


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P]  xxni. 


l 


(  Connue»'»'»  ) 


(  Hœmodorao^es  ) 


(OrrKjdees) 


/mp   HançKd  ■  Vi., 


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ESCALLONIÉES,   CUNONIACÉES,  ETC.  2V5 

Familles  LXXIXN  LXXX%  LXXXP  &  LXXXIP.  — 

ESCALLONIÉES,   CUNONIACÉES, 

HYDRANGÉACÉES  ft  SAXIFRAGÉES. 

(Saxifrages,  de  Jussieu.  — Saxifragées,  de  Ventenai.  — Saxifragacées, 

de  De  Candolle.) 

CARACTÈRE.  —  C  alyce  libre  ou  adhérent.  Pétales  insérés  sur  la  gorge  dit  calyce 
et  en  nomWe  égal  à  ses  divisions,  Etamii<es  en  nombre  égal  aux  pétales  et  alternes  avec  eux, 
rarement  en  nombre  double^  très-rarement  indéfinies.  Ovaires  2,  3  ou  b,  plus  ou  moins 
cohérents;  ovule  réfléchi.  Fruit  capsulaire  ou  nucamentacé.  Plantule  dicott/lédonce,  droite 
dans  Vaxe  (Tun  albumen  charnu  abondant,  et  régalant  ordinairement  en  longueur. 

SAXIFRAGÉES.  —  Herbes  à  feuilles  alternes  on  opposées,  sans  stipules,  on  à  pétioles 
dont  la  base  dilatée  ressemble  à  des  stipules  ;  fleuis  en  grappes  ou  en  paniculcs,  rarement  so- 
litaires. 

Saiifragb.  Saxifraga.  1     Dorine.  Chrysosplenium, 

HoTiiA.  Hoteia.  I 

CUNONIACÉES.  —  Arbrisseaux  ou  arbres  à  feuilles  opposées,  à  stipu'es  interpëtiolaircs; 
pétales  quelquefois  nuls;  ovaire  à  2-4  loges. 

CcKOKiA  Cunonia.  \      Bàuera.  Bauera. 

HYDRANGÉES.  —  Arbrisseaux  à  feuilles  opposées,  simples,  sans  stipules;  ovaire  infère, 
rarement  libre;  fruit  ordinairement  capsulaire. 

Hortensia.  Bydrangea. 

ESCALLONIÉES.  —  Arbrisseaux  ou  arbres  à  feuilles  alternes,  sans  stipules,  simples; 
ovaire  infère  ou  libre;  styles  2-5,  cohérents. 

EscALLONiA.  Escallonia.  \     Itéa.  Itea. 

AFFINITÉ. —  Les  Saxifragées,  Plantes  herbacées,  sans  stipules,  sont  voisines  des 
Crassulacées y  dont  elles  diffèrent  par  leur  pistil  à  2  carpelles,  souvent  adhérent  au  calyce.  Les 
Cunoniacées,  Plantes  ligneuses,  remarquables  par  leurs  stipules  interpétiolaires  et  leurs 
feuilles,  souvent  composées,  sont  étroitement  liées  aux  Saxifragées.  Les  Hydrangées  ne 
peuvent  guère  se  séparer  des  CunoniacéeSy  à  cause  de  leur  consistance  ligneuse,  de  leurs 
feuilles  opposées,  simples,  sans  stipules  ;  leur  ressemblance  est  frappante  avec  les  Viornes  des 
Caprifoliacées  en  ce  qui  concerne  le  port  et  Tinflorescence  ;  elles  offrent  aussi  de  grands  rapports 
avec  les  Philadelphées.  Le  passage  est  facile  des  Hydrangées  aux  Escalloniées,  qui  sont 
également  ligneuses,  à  feuilles  simples,  alternes,  sans  stipules,  et  se  rapprochent,  d'un  côté, 
des  RibésiacéeSj  de  l'autre,  des  Bruniacées. 

GÉOGRAPHIE. — Les  Saxifragées  habitent  principalement  les  montagnes  de  Thémi- 
sphère  boréal.  —  Les  Cunoniacées  vivent  surtout  dans  les  régions  extratropicales  de  Thémi- 
sphère  sud;  les  Hydrangées,  dansTInde,  le  Japon  et  TAmérique  septentrionale;  Les  Escallo- 
niées végètent,  pour  la  plupart,  au-delà  de  Téquateur  et  même  du  Capricorne. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —n  y  en  a  peu  d'utiles:  Les  Saxifrages  sont  acides, 
quelques-unes  sont  acres  ;  nos  pères  qui  croyaient  que  les  plantes  croissant  entre  les  pierres 
étaient  bonnes  pour  broyer  les  pierres  de  la  vessie,  avaient  donné  aux  Plantes  en  question  le 

32 


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246  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

nom  de  Saxifrage.  Ils  estimaient  surtout  la  Saxifrage  granulée  (Saxifraga  granulata), 
herbe  visqueuse,  acide  et  acre,  àont  les  racines  en  chapelet  leur  semblaient  une  indication. 
La  S.  à  feuilles  épaisses  (S.  crassifolia),  cultivée  dans  nos  jardins,  et  fleurissant  à  la  fin  de 

Thiver,  est,  dit-on,  employée  comme  suc- 
cédanée du  Thé  de  Chine.  La  S.  tridactyle 
(S.  tridactylites)y  était  usitée  dans  les  ma- 
ladies du  foie.  La  Dorine  à  feuilles  alternes 
{Chrj/sosplenium  al(et*nifolium)  y  était  égale- 
ment recommandée  comme  tonique.  Ou  cul- 
tive aujourd'hui  dans  les  jardins  beaucoup 
de  Saxifrages,  dont  la  plus  commune  et  la 
plus  jolie  est  la  Mignonnette  [S.  umbros% 
à  feuilles  en  rosette,  à  fleurs  en  panicule,  dont 
les  corolles  rosées,  pointillées  de  rouge,  sont 
nommées  vulgairement  le  désespoir  des 
peintres. 

Plusieurs  Cunoniacées  ont  une  écoree 
astringente,  que  les  cordonniers  mettent  en 
usage  pour  leurs  cuirs,  et  qu'on  substitue  frau- 
*  duleusement  au  Quinquina.  Les  Hydrangées 
sont  dépourvues  de  propriétés  utiles,  mais 
leur  beauté  compense  leur  inertie,  et  les  fait 
rechercher  par  les  floriculteurs,  qui  estiment 
surtout  les  Espèces  dans  lesquelles  le  limbe 
calycinal  a  pris  un  développement  mons- 
trueux, et  étoufl'é  les  autres  parties  de  la 
fleur.  Tel  est  V Hortensia  (  Hydrangea  Hor- 
l%ra:;'a%:;orc::L"  ^^"«'«).    ^el  arbuste   de   3-4    pieds,   don 

rinflorescence  rappelle  Y  Obier  boule  de 
neige,  Commerson,  le  premier,  en  envoya  en  Europe  des  échantillons  desséchés  ;  Tarbuste 
fut  introduit  vivant  d  ns  le  jardin  de  Kew,  en  1790,  et  bientôt  il  se  répandit  dans  le 
commerce  français,  où  on  le  vendait  au  poids  de  Tor;  maintenant  il  est  à  vil  prix,  mais  il 
n'en  est  pas  moins  supérieur  à  toutes  les  autres  Espèces,  parce  que  dans  ces  dernières,  les 
fleurs  de  la  circonférence  du  corymbe  sont  seules  frappées  de  stérilité.  Nous  citerons  parmi 
les  Espèces  nouvellement  introduites  dans  la  floriculture  Y  Hydrangea  involucrata,  dont  les 
fleuristes  japonais  ont  obtenu  k  variétés,  à  fleurs  lilas,  à  fleurs  camées,  à  fleurs  jaunâtres  et  à 
fleurs  roses;  c'est  cette  dernière  qu'on  connaît  en  Europe;  elle  forme  un  beau  buisson  étalé, 
à  feuilles  longues  de  k  pouces,  larges  de  6  ;  les  cymes  florales  sont  enfermées  dans  un  invo- 
lucre,  ce  qui  lui  a  valu  son  nom  spécifique;  les  fleurs  très -pleines  ressemblent  à  des  roses 
pompon.  V Hydrangea  Japonica,  introduit  en  France  depuis  quelques  années,  a  les  feuilles 
et  le  port  de  Y  Hortensia;  ses  fleurs  sont  d'un  rosé  bleuâtre  ,  les  stériles  de  la  circonférence 
sont  d'un  blanc  rosé.  —  V Hydrangea  quercifolia ,  est  cultivé  en  Europe  depuis  plus  long- 
temps. C'est  un  arbrisseau  de  la  Floride,  haut  de  3  à  &-  pieds,  dont  les  feuilles  très-grandes, 
sinuées  et  lobées,  ressemblent  à  celles  du  Chêne;  les  fleurs  forment  un  corymbe  presque 
panicule,  les  sépales  stériles  s  )nt  grands  et  pétaloïdes,  de  couleur  blanche.  V Hydrangea  arbo- 
resccns  est  la  plus  ancienne  des  Espèces  connues  en  France  ;  sa  tige  s'élève  à  4  ou  5  pieds, 
ses  feuilles  sont  grandes,  cordiformes  ;  ses  fleurs  forment  une  large  cyme  plane ,  blanche;  les 
centrales  sont  petites  et  fertiles. 

Les  Escalloniées  ont  des  propriétés   analogues  à  celles  des  Ribésiacées;  leurs  pousses 
résineuses  et  leurs  feuilles  amères  sont  estimées  au  Pérou  comme  toniques. 


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Saxipragr  TBiOâCTvr.r 
[Saxifraga  tiidaetyliteê.) 


ESCALLONIÉES,  CLNONIACÉES,  ETC.  2W 

II  nous  reste  à  citer,  dans  ces  quatre  Familles,  réunies  en  une  seule,  quelques  autres 
Espèces,  adoptées  comme  Plantes  d'ornement  :  ce  sont  d'abord  les 
Saxifrages,  dont  toutes  les  Espèces  cultivées  sont  charmantes; 
nous  en  avons  déjà  nommé  quelques-unes;  nous  citerons  de  plus  la 
S.  PTRAHiDALB  (S,  cott/ledon),  plante  indigène,  à  feuilles  charnues, 
spatulées,  étalées  en  rosette  radicale,  à  fleurs  nombreuses,  blanches;  la 
S.  MOUSSEUSE  (S .  hypnoides) y,  nommée  vulgairement  yazan  turc, 
Plante  alpine  comme  la  précédente,  dont  les  tiges  stériles  sont  feuillées, 
couchées  et  tellement  entrelacées  qu'elles  forment  un  gazon  serré 
et  semblable  à  une  mousse  épaisse;  on  la  cultive  pour  garnir  les 
rocailles.  Nous  mentionnerons  en  outre  VHoteia  Japonica,  herbe  vivace 
du  Japon,  à  feuilles  découpées,  à  fleurs  blanches,  dressées  en  panicule  : 
le  Cunonia  capenfiis,  arbre  haut  de  2  pieds,  à  feuilles  pennées,  à  fleurs 
blanches  nombreuses,  disposées  en  grappe  spiciforme  axillaire;  le 
Bauéra  a  feuilles  de  garance  (Bavera  rubiœfolia) ,  élégant 
arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hollande ,  à  feuilles  verticillées,  à  fleurs 
solitaires,  ou  en  tête,  dont  les  corolles  sont  pendantes,  petites  et  pur- 
purines, avec  des  lignes  blanches  ;  TEscallonia  ploribond  {Es- 
callonia  floribunda)^  arbrisseau  toufl'u  de  la  Nouvelle-Grenade,  portant 
de  riches  panicules de  fleurs  blanches;  enfin  Vltea  virginica,  arbrisseau  de  l'Amérique  septen- 
trionale, à  feuilles  d'un  beau  vert,  et  à  fleurs  disposées  en  grappe  simple,  terminale. 

Famille  LXXXIIP.  -  FRANCOACÉES. 

Les  Genres  Francoa  et  Tetilla,  qui  consti- 
tuent ce  petit  groupe,  sont  des  herbes  du 
Chili,  à  feuilles  radicalesou presque  radicales, 
à  hampe  terminée  par  des  fleurs  en  grappe 
ou  en  épi  ;  le  calyce  est  à  4  divisions  ;  la 
corolle  est  à  4  pétales;  8  étamines  fertiles 
alternent  avec  un  même  nombre  de  stériles  ; 
l'ovaire  est  libre,  à  4  loges  pluriovulées; 
les  ovules  sont  bisériés  à  l'angle  interne 
des  loges ,  et  réfléchis  ;  le  stigmate  est  ses- 
sile,  4-partit;  la  plantule  est  courte  dans 
l'axe  d'un  albumen  charnu  osl  farineux. 
Le  suc  des  Francoa  est  employé,  au  Chili, 
<  comme  remède  sédatif  et  rafraîchissant.  La 

racine  fournit  un  suc  propre  à  la  teinture  en 
noir.  Les  pétioles  du  7\tilla ,  nommé  dans 
le  pays  Teta  de  capra,  contiennent  un  suc 
acide,  et  sont  mangés  comme  astringents 
par  les  dysentériques.  —  Plusieurs  Espèces 
de  Francoa  sont  cultivées  en  Europe  :  le 
F,  appendiculata  a  des  feuilles  pennifides, 
une  hampe  haute  d'un  pied  et  demi,  ter- 
minée par  des  fleurs  en  épi,  de  couleur  rose  ; 
p«incoA  A  FttiLLBs  DB  LAiTBOJi.  Ic  F,  soTichi foHtt y  a  dcs  fcuilles  ressemblant 

[Praneoa  êonehifolia.)  «  ii  i       »      • 

a  celles  du  Laitron ,  qui  lui  ont  valu  son 
nom  spécifique;  sa  tige  est  haufe  de  2  à  3  pieds;  ses  fleurs  sont  bleues  et  plus  grandes  que 


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2W  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

celles  de  TEspcce  précédente.  Le  F.  alba  est  une  variété  à  fleurs  blanches.  —  La  floraison  de 
ces  Espèces  dure  pendant  tout  Télé  ;  on  peut  les  cultiver  en  pleine  terre,  pourvu  qu'on  les 
abrite  à  l'approche  de  l'hiver. 

Famille  LXXXIV^  —  CÉPHALOTÉES. 

Le  Genre  Cephalotus ,  que  Labillardière  avait  placé  dans  les  Rosacées ,  et  que  d'autres 

auteurs  ont  annexé  aux  Saxifragées,  est 
constitué  par  des  herbes  vivaces  de  la 
Nouvelle-Hollande,  à  tige  courte  et  sou- 
terraine ,  à  feuilles  réunies  en  toufie,  offrant 
deux  formes  distinctes  :  les  unes  sont  planes, 
ovales,  oblongues;  les  autres^  situées  un  peu 
au-dessous  des  précédentes,  se  composent 
d'un  pétiole  qui  se  dilate  au  sommet  en  deux 
lèvres:  Tinférieure  grande,  creusée  en  godet, 
s'ouvrant  du  côté  supérieur  par  un  orifice 
circulaire  ;  la  supérieure,  plus  petite,  plane, 
et  servant  comme  de  couvercle  au  godet 
La  tige  est  une  fausse  hampe ,  très-simple, 
terminée  par  un  épi  composé.  Les  fleurs 
sont  petites,  blanches  ;  le  ealyce  est  libre,  à 
six  divisions  pétaloîdes,  valvaires  dans  la 
préfloraison  ;  la  corolle  est  nulle  ;  les  douze 
étamines  sont  insérées  sur  le  bord  du  tube 
cal ycinal  ;  les  six  ovaires  sont  sessiles  sur 
un  réceptacle  plane,  et  verticillés  autour 
d'un  faisceau  central  de  poils,  alternes  avec 
les  sépales,  uniloculaires,  1-2-ovulés;  les 
ovules  sont  dressés,  réfléchis  ;  le  fruit  se 
compose  de  6  akènes,  qui  s'ouvrent  cir- 
^[celh!iZlJ^oi^^^^^  culairement  à  leur  base;  la  plantule  est 

minime,  droite,  à  la  base  d'un  albumen 
charnu.  —  Le  Cephalotus  follicularis  a  été  introduit  dans  nos  serres  depuis  quelques  années. 

Famille  LXXXV^  —  CRASSULACÉES. 

(Joubarbes,  de  yw^siCM.  —  Plantes  grasses,  de  Ventenai.) 

CARACTÈRE. —  Galyce  libre.  Pétales  inséi^és  sur  le  fond  ducali/ce,en  nombre  égal  à 
ses  divisions,  libres  ou  cohérents  par  le  bas,  à  pré  floraison  imbriquée,  Étamines  insérées 
avec  les  pétales,  et  y  adhérant  ordinairement ,  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales ^  m  en 
nombre  double.  0  Y  JlMles  y  autant  que  de  pétales,  libres  ou  soudés  à  un  axe  y  munis  d'une 
écaille  à  leur  base  externe,  et  pluriovulés ;  ovules  horizontaux  ou  pendants.  Follicules 
ordinairement  libres,  à  déhiscence  ventrale,  quelquefois  soudés  en  capsule  à  déhiscence  dorstde. 
Plantule  dicotylédonée ,  droite,  exalbuminée,  ou  occupant  l'axe  d'un  albumen  charnu 
très-mince. 

Les  Crassulacées  sont  des  herbes  quelquefois  sous-ligneuses,  plus  ou  moins  grasses, h. 
feuilles  ordinairement  simples,  dépourvues  de  stipules;  les  fleurs  sont  terminales,  en  corymbc, 
ou  en  cymc,  ou  en  glomérule,  quelquefois  solitaires. 


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CRASSULACÉES.  249 


TlLL^A. 

TUlœa. 

COTYLST. 

Cotylédon 

Ckassule. 

Crassula. 

Ombilic. 

Umbilicus. 

BlTOPBYLLE. 

Bryophyllum. 

Sedum. 

Sedum, 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille  offre  le  type  d'une  symétrie  complète  dans  les  diverses  par- 
ties de  la  fleur  ;  elle  est  voisine  des  Saxifra- 
gées,  qui  s'en  distinguent  par  le  nombre 
moindre  des  carpelles.  Il  faut  noter,  dans 
les  Crassulacées,  la  corolle  polypétale  chez 
les  unes^  monopétale  chez  les  autres,  les 
écailles  situées  à  la  base  des  carpelles,  et 
les  divers  degrés  de  cohérence  de  ceux-ci, 
qui  démontrent  clairement  qu'une  capsule 
pluriloculaire  est  formée  de  follicules  soudés 
ensemble. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Crassulacées 
naissent  dans  les  régions  tempérées  chaudes 
de  l'ancien  continent,  et  surtout  au  delà  du 
Capricorne.  Ces  Plantes  grasses  vivent  dans 
les  terrains  les  plus  arides ,  et  y  restent 
fraîches,  moins  en  raison  de  Thumidité 
qu'elles  absorbent  dans  Tair  ou  dans  le  sol, 
qu'à  cause  de  celle  qui  est  conservée  par 
leur  tissu,  dont  la  transpiration  est  presque 
nulle,  vu  le  très-petit  nombre  de  stomates 
mettant  le  parenchyme  en  communication 
avec  l'atmosphère. 
ESPÈCES  REMARQUABLES.— Les 
^ct^uù»  t^*!i^"*  Crassulacées  sont  gorgées  d'un  suc  aqueux 

un  peu  salé,  légèrement  âpre,  contenant  de 

l'acide  malique  :  aussi  tiennent-elles  un  certain  rang  parmi  les  médicaments  rafraîchissants, 

sédatifs,  antiphlogistiques  (contre  l'inflammation),  antiscorbutiques  et  vulnéraires.  Quelques 

Espèces  sont  comestibles.  —  L'O  rpin  reprise  (Sedum 

Telephiuîn),  le  Sédum   blanc  («S.  album),  I'Orpin 

RéPLRCHi  (S.  reflexum),  la  Joubarbe  des  toits 

{Sempervivum  teciorum)^  sont  fréquemment  employés 

pour  cautériser  les  plaies;  de  là  le  nom  populaire  de 

reprise.  —  Les  Crassulacées   méditerranéennes  pos- 
sèdent   les   mêmes    propriétés;   la   Vermiculaire 

BRULANTE   (Sedum  acre) y  qui  croît  dans  les  lieux 

pierreux  de  toute  l'Europe,  contient  un  principe  acre 

qui  la  rend  rubéfiante  à  l'extérieur,  et  purgative  ou 

émétiquc à rintérieur.  —  La  racine  du  Sédum  rho- 

DiOLE  (S.   rhodiola),  qui  a  Todeur  de  la  rose,  était 

autrefois  officinale,  comme  sédative  et  rafraîchissante  ; 

les  Groenlandais  mangent  la  plante  après  l'avoir  fait 

cuire.  c 

Sbdoii. 

Les  Feuilles  du  Bryophyllum  calycinum,  dont  nous 
avons  déjà  mentionné,  page  41,  la  singulière  fécondité,  présentent  un  phénomène  physiolo- 
gique, qui  n'est  pas  moins  intéressant  que  les  germes  naissant  à  l'extrémité  de  leurs  nervures  : 


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250  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

le  matin,  après  Tabsorption  nocturne  de  l'oxygène,  elles  ont  une  saveur  aigre;  elles  deviennent 
insipides  à  midi,  et  amères  le  soir. 

Nous  citerons ,  parmi  les  nombreuses  Espèces  exotiques  que  cette  Famille  fournit  à  la  flori- 
culture,  le  Sept  A  s  du  Gaf  (Septas  6'«/)^5is),  à  fleurs  presque  en  ombelle ,  dont  le  calyce 
est  rouge  en  dehors  et  blanc  intérieurement;  la  G  rassd le  écarlatb  (Crassula  coccinea) 
et  BLANCHE  (Cr,  lactea)'y  le  Grammanthes  gentianoîdes  (PI.  XVII),  herbe  à  fleurs  disposées 
en  cyme,  à  corolle  monopétale^  dont  le  limbe  est  découpé  en  étoile,  et  porte  à  la  base  de  sa 
division  une  macule  figurant  la  lettre  V  (de  là  son  nom  générique ,  signifiant  fleur  écrite),  k 
Rochea  falcata^  arbuste  du  Cap,  à  feuilles  courbées  en  faux ,  à  fleurs  écarlates,  disposées  en 
corymbe ;  le  Cotylédon  orbiculairb  (Cotylédon  orbiculata ) ,  à  feuilles  bordées  de 
pourpre,  à  fleurs  disposées  en  panicule;  VEcheveria  coccinea,  Plante  ligneuse  du  Mexique; 
à  feuilles  en  rosette,  à  fleurs  d'un  rouge  vif,  disposées  en  cyme. 

Famille  LXXXVP.  —  MÉSEMBRYANTHÉMÉES. 

(FicoïDES,  deJussteu,  —  Mésembryànthémées,  de  Fenzt.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  à  tube  soudé  avec  l'ovaire.  Pétales  indéfinis,  insérés  sur  le 
sommet  du  tube,  à  pré  floraison  imbriguée.  Étamines  indéfinies,  insérées  comme  les  pétales. 
OvkiViE  à  plusieurs  loges,  à  placentaires  appliqués  sur  la  nervure  médiane  des  carpelles,  et 
occupant  le  fond  de  la  loge;  ovules  nombreux,  courbes;  stigmates  sessiies.  Capsule  multi- 
valve.  Plantule  dicotylédonée,  entourant  un  albumen  farineux. 

Les  Mésembryànthémées  sont  des  herbes  ou  sous-arbrisseaux  du  Cap;  les  feuilles  sont 

charnues,  les  fleurs 
sont  axillaires  ou  ter- 
minales, solitaires  ou 
disposées  en  cyme- 
corymbe.  La  capsule 
est  d'abord  charnue, 
puis  presque  ligneu- 
se; les  loges  s'ouvrent 
par  le  soulèvement 
centrifuge  de  Tcpi- 
carpe  épais  et  coriace, 
qui  s'est  séparé  de 
l'endocarpe ,  lequel 
persiste  sous  forme  de 
feuillets  géminés , 
membraneux,  trian- 
gulaires. 

AFFINITÉ.  - 
Le  Genre  Ficoîde 
{Mesembryanthemum) 
qui  àluiseul  constitue 

FICOTdB   BCLATlffTB.  FiCOToB   FALCIPORMB.  CCttC       FamlllC  ,       CSt, 

(Mê»embryantytmunk  fiilgidum.)  [MetembryanthetHum  faleiform».)     ,,  ,    .     ^^|g^  J^ 

Portulacées  par  sa  plantule  courbe;  de  Tautre,  il  se  rapproche  par  son  ovaire  et  sa  placentation 
des  Cactées  et  des  Cucurbitacées,  et  sert  de  lien  entre  ces  Familles,  d'ailleurs  si  différentes. 
ESPÈCES  REMARQUABLES.  —  Beaucoup  d'Espèces  sont  cultivées  pour  la  beauté 


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MÉSEMBRYANTHÉMÉES.  251 

de  leurs  fleurs;  quelques-unes  sont  utiles  à  rhonime;  les  feuilles  succulentes  contiennent  des 
sels  et  notamment  de  l'oxalate  de  chaux;  quelques  Ficoïdes  ont  un  fruit  sapide  et  sucré. 
—  LaFicoïDE  GLACIALE  (M.  cr  f/stallinta7i),  qu'i  s'est  TépànôuQ  d^ïis  les  Canaries  et  dans 
la  région  méditerranéenne,  est  toute  chargée  de  vésicules  gélatineuses  et  brillantes,  qui  la  font 
paraître  sous  le  soleil,  couverte  d'une  couche  de  gelée  blanche  ;  on  emploie  la  Plante  comme 
diurétique,  dans  les  hydropisies  et  les  affections  du  foie.  Les  habitants  des  Canaries  Tinci- 
nèrent  pour  en  extraire  de  la  soude.  Le  fruit  de  la  F.  comestible  [M,  edule),  qui  a  la  forme 
d'une  figue,  est  mangé  par  les  Hottentots.  Parmi  les  Espèces  d'ornement,  nous  citerons  la 
F.  F  A  L  Cl  F  o  R  M  E  (>/.  folctforme) ,  qui  doit  son  nom  à  la  courbure  de  ses  feuilles,  et  la  F  i  c  oï  o  e 
ÉCLATANTE  (M.  fuigidian)h  pétales  d'un  pourpre  éblouissant. 

Famille  LXXXVIP.  —  CACTÉES. 

(Cierges,  de  Jussieu,  —  C actoïdées,  de  Ventenat.  —  Nopalées,  de  De  Candolle.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent  à  r ovaire,  à  limbe  plurisérié  pétaloîde,  à  peine 
distinct  de  la  corolle.  Pétales  nombreux  plurisériés,  à  pré  floraison  imbriquée,  insérés 
sur  le  sommet  du  tube  calycinal,  tantôt  libres,  tantôt  cohérents  inférieurement  en  un  long  tube. 
Examines  nombreuses,  multisériées,  insérées  à  la  base  de  la  corolle.  Ovaire  infère, 
uniloculaire,  à  placentaires  pariétaux  multiovulés.  Baie  pulpeuse.  Graines  nombreuses; 
plantule  dicotyédonée,  droite  ou  courbée;  albumen  nul  ou  peu  visible. 

Les  Cactées  sont  des  Plantes  américaines,  ligneuses,  charnues;  la  tige  est  rameuse,  ou 

simple  par  la  suppression  des  boui^eons, 
cylindrique,  ou  cannelée,  ou  aplatie,  ou 
globuleuse,  marquée  de  tubercules  mame- 
lonnés qui  représentent  les  rameaux  avortés; 
les  feuilles  sont  tantôt  nulles  et  indiquées 
par  un  coussinet  situé  sous  le  bourgeon,  tan- 
tôt parfaites,  planes,  pétiolées  (Pereskia); 
les  bourgeons  situés  à  Vaisselle  de  la  feuille 
avortée  ou  développée  sont  de  deux  ordres: 
l'inférieur  est  garni  d'épines,  le  supérieur  se 
développe  en  rameaux  ou  en  fleurs. 

AFFINITÉ.—  L'affinité  des  Cactées 
est  assez  obscure  ;  on  les  avait  réunies  aux 
Ribésiacées,  dont  elles  se  distinguent  par  le 
port  et  le  nombre  des  diverses  parties  de  la 
fleur.  Les  Mésembryanthémées  avec  les- 
quelles elles  offrent  de  l'affinité,  en  diffèrent 
par  le  fruit  et  la  placentaf ion  ;  les  Cucur- 
bitacées  ont  -quelque  rapport  avec  elles, 
mais  la  diiïérence  est  grande,  relativement 
au  nombre  des  parties  de  la  fleur,  et  à  la 
structure  de  l'ovaire  et  des  graines. 
ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les 
ÊcHnocACTiT*  A  ori^Ts  DR  PKioKs.  baîcs  dc  plusicuTS  Cactées  sont  employées 

(Fckinocactu,  pect,n,feru..)  ^^  médccinc  contrc  Ics  affections  bilieuses 

et  scorbutiques.  —  La  Raquette  (0,  vulgaris),  qui  est  naturalisée  dans  la  région  médi- 
terranéenne, est  diurétique;  les  articles  de  sa  tige  sont  appliqués  comme  topique   pour 


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252  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

hàterla  maturation  des  tumeurs.  —  C'est  sur  la  Raquette  et  sur  le  Nopal  {Opuntia 
cochinillifera)  que  vit  la  Cochenille,  petit  insecte  très-employé  dans  la  teinture  pour  la 
fabrication  du  carmin  et  de  la  laque  carminée.  La  femelle  se  fixe  sur  la  tige  du  Nopal, 
y  fait  sa  ponte  et  meurt;  mais^  utile  encore  à  sa  famille^  son  corps,  desséché  et  changé 
en  coque,  lui  sert  de  rempart  contre  toute  cause  extérieure  de  destruction.  Bientôt,  les  œufs 
étant  éclos,  les  petits  se  répandent  par  mill'ers  sur  la  plante,  s'y  attachent  et  y  subissent 
toutes  leurs  métamorphoses.  A  la  dernière,  les  femelles  prennent  Tétat  d'immobilité  de  leur 
mère;  c'est  alors  qu'on  les  recueille;  on  les  dessèche  au  soleil  et  on  les  envoie  en  Europe.  — 
La  racine  àtV Opuntia  reticulata  est  purgative,  son  suc  laiteux  est  anthelminthique ;  les 
baies  acidulés  des  Rhipsalis  possèdent  les  mêmes  propriétés. 

Voici  les  principaux  Genres  de  Cactées  cultivés  dans  nos  jardins  : 

Les  Melocactus  ont  une  tige  subglobuleuse,  cannelée  en  long,  et  surmontée  d'un  pompon 
terminal  laineux  formé  de  mamelons  très-serrés,  à  Taisselle  desquels  naissent  des  fleurs 
tubuleuses,  petites,  éphémères.  —  Les  Mamillaria  sont  ainsi  nommés  à  cause  des  tubercules 
ou  mamelons  coniques,  disposés  en  spirales,  qui  couvrent  la  tige  et  qui  sont  terminés  par  une 
touffe  de  soie  ou  d'épines.  C'est  entre  les  mamelons  supérieurs  que  naissent  les  fleurs,  qui 
entourent  la  tige  comme  une  ceinture,  et  durent  plusieurs  jours.  —  Les  EcAinocactvs 
offrent,  comme  les  Melocactus,  des  côtes  longitudinales,  séparées  par  des  sillons  droits;  mais 
la  tige  n'est  pas  terminée  par  un  pompon  laineux;  les  côtes  portent  sur  toute  la  longueur  de 
leur  arête  des  mamelons  cotonneux ,  blanchâtres ,  d'où  naissent  des  épines  noirâtres,  courtes 
et  divergentes,  et  qui  portent  des  fleurs  tubuleuses,  grandes,  durant  plusieurs  jours.  Tel 
estrÉcHiNocAcTus  A  DENTS  DE  peigise(E.  pectîni fcrus)  plante  basse,  ovoïde -oblongue, 
partagée  extérieurement  en  18  ou  20  côtes  peu  saillantes;  les  mamelons  sont  creusés  en 
dessus  d'une  petite  fossette  ;  les  aiguillons  qui  en  sortent  sont  légèrement  courbés  sur  la  Plante, 
ils  se  touchent  et  entremêlent  leurs  extrémités.  Les  fleurs  sont  très-grandes,  d'un  beau  rose 
vif,  et  sortent  des  fossettes  sur  les  côtés  ou  vers  le  sommet  de  la  Plante.  —  Les  Cierges 
(Cercus)  ne  sont  pas  rabougris  comme  les  précédents;  leur  tige  est  continue,  anguleuse;  les 
fleurs  sont  tubuleuses,  les  écailles  calycinales  sont  dispersées  sur  toute  la  surface  de  l'ovaire. 
Le  Cierge  du  Pérou  (C  Peruvianus)  est  la  plus  belle  Espèce  du  Genre;  sa  tige  est  octo- 
gone, ses  fleurs  sont  blanches  en  dedans,  verdàtres  le  long  du  tube^  et  roses  sur  le  limbe 
extérieur.  —  Les  Épiph  ylles  (Epiphyllum)  ont  des  tiges  fortement  comprimées,  à  articles 
tronqués,  parcourus  par  une  nervure  médiane;  leur  corolle  est  tubuleuse.  Le  Cierge  db 
RussEL  (C.  Russelianus)  (PI.  XXVIlj,  récemment  découvert  au  Brésil,  dans  les  Montagnes 
des  Orgues,  peut  être  considéré  comme  un  Epiphyllum;  ses  articles  sont  obovales,  garnis  de 
chaque  côté  d'une  dent  obtuse  chargée  d'un  faisceau  de  poils;  les  pétales  sont  étalés  et  égaux; 
les  étamines  intérieures  sont  monadelphes  à  leur  base.  —  Les  Raquettes  {Opuntia)  ont 
leurs  articles  ovales  ou  oblongs,  sans  nervure  médiane;  la  corolle  n'est  point  tubuleuse,  elle 
s'étale  en  roue  au-dessus  de  l'ovaire. 

Famille  LXXXVIIK  —  RIBÉSIACÉES. 

(Cierges,)  (en  partie,  de  Jussieu.  —  Grossulariées,  de  De  Candolle.  — 
Grossulacées,  de  Lindley,) 

CARACTÈRE.  —  Calyce  coloré,  à  tube  adhérent,  plus  ou  moins  prolongé  au-dessus  de 
l'ovaire.  Pétales  insérées  sur  la  gorge  du  calyce,  en  nombre  égal  à  celui  de  ses  divisions,  à 
préfloraison  imbinquée,  Etamines,  autant  que  de  pétales,  insérées  et  alternes  avec  ettx. 
Ovaire  infère  à  une  loge,  à  placentaires  ordinairement  2,  pariétaux,  ou  appliqués  à  des 
demi-cloisons;  ovtdes  horizontaux,  réfléchis.  Baie  pulpeuse,  Gkxi^hs  ayiguleuses; plantule 
dicotylédonéCy  droite  à  la  base  d'un  albumen  presque  corné. 


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n.xxiv. 


(Euphorbjaréf  »  ) 


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KIBÉSIACÉES.  253 

Les  Ribésiacées  sont  des  arbrisseaux  souvent  armés  d'épines  placées  au-dess^ms  de  la 
feuille;  les  feuilles  sont  alternes  ou  fasciculées,  à  limbe  palmilobé,  à  pétiole  dilaté.  Les  fleurs 

sont  disposées  en  grappes  axillaires  dans  les 
Espèces  dépourvues  d'aiguillons,  solitaires 
ou  peu  nombreuses  dans  les  Espèces  aiguil- 
lonnées. La  baie  est  couronnée  par  le  limbe 
persistant  du  calyce.  Les  graines  ont  un 
testa  gélatineux  dans  lequel  rampe  un  long 
rapbé;  Tendoplèvre  est  crustacé  et  adhérent 
à  Talbumen. 

AFFINITÉ. —  Les  Ribésiacées  ont  de 
l'affinité  avec  les  Escalloniées ,  dont  elles 
se  distinguent  facilement  par  leur  port,  leur 
fruit  charnu,  leurs  graines  pulpeuses  et  leur 
plantule  minime.  Elles  diffèrent  des  Cac- 
tées, auxquelles  on  les  avait  réunies  à 
cause  de  leur  baie  infère  et  de  leurs  placen- 
taires pariétaux ,  par  leur  albumen  et  le 
nombre  des  parties  de  la  fleur.  Elles  ofl'rent 
quelque  analogie  avec  les  Berbéridées , 
quoique  éloignées  d'elles  par  de  nombreux 
caractères. 

GÉOGRAPHIE.— Elles  habitent  prin 
cipalement  les  régions  tempérées  et  fraîches 
de  l'hémisphère  boréal. 

ESPÈCES    PRINCIPALES.   —    Le 

^^''^Iml^a'lb'^mT'''  ^^""^^    Groseillier     (Ribes)    constitue 

presque  à  lui  seul  la  Famille  à  laquelle 
il  a  donné  son  nom.  Ses  Espèces  contiennent  dans  leurs  parties  herbacées  un  principe 
résineux  aromatique  Leur  fruit  est  rempli  d'un  mucilage  sucré,  joint  à  des  acides  malique 
et  citrique,  et  quelquefois  à  une  matière  astringente.  Le  Groseillier  a  maquereau 
{R,  Uva  crispa),  arbuste  très-épineux,  surtout  à  l'état  sauvage,  dont  les  fleurs  sont 
solitaires  ou  géminées,  varie  beaucoup,  dans  les  jardins,  pour  la  couleur  et  le  volume 
de  ses  fruits ,  qui  ont  une  saveur  sucrée  aigrelette  et  un  peu  aromatique  ;  le  suc  est 
fermentescible,  et  donne  un  vin  agréable,  usité  en  Angleterre.  LcGr.  rouge  [R.  nthrum) 
forme  un  buisson  non  épineux ,  à  fleurs  en  grappe ,  à  baies  rouges  ou  blanches;  les  rouges 
sont  plus  acides  et  moins  mucilagineuses  ;  on  emploie  les  unes  et  les  autres,  soit  pour  dessert, 
soit  pour  la  préparation  d'une  gelée  ou  d'un  sirop.  Le  G.  noir  (R.  nigrum)  a  des  grappes 
lâches,  des  baies  noires,  qui  contiennent,  ainsi  que  les  feuilles,  un  principe  résineux  aroma- 
tique. On  les  employait  comme  diurétiques  et  sudoriflques;  on  n'emploie  plus  le  flruit  que 
pour  la  préparation  d'un  ratafia  nommé  Cassis,  et  connu  de  tout  le  monde. 

On  cultive  dans  tous  les  jardins,  comme  Plantes  d'ornement,  le  Groseillier  doré 
[Ribes  aureum)  h  calyce  jaune,  et  à  pétales  blancs,  puis  rouges;  le  G.  sanguin  (R,  sanyui- 
vmm),  à  fleurs  roses,  tous  deux  de  l'Amérique,  et  fleurissant  au  commencement  du  prin- 
temps, et  le  R,  Albidunij  variété  à  fleurs  blanchâtres,  obtenue  en  Ecosse. 


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25v  histoihe  dks  familles. 

Famille  LXXXIX".—  PASSIFLORÉES. 

CARACTÈRE. — PéRIANTHE  libre, pétaloïdey  bi8értà,àtub€urcéolé,ordinairementmunià 
sa  gorge  d'une  ou  plusieurs  séries  de  filaments  subulés.  Et  am  i  N  E  s  tantôt  insérées  sur  la  gorge 
du  périanthe  ou  à  sa  base,  tantôt  ht/pogynes,  soudées  avec  le  support  de  l'ovaire,  ordinairement 
en  nombre  égal  à  celui  des  divisions  externes  du  périanthe, 0\ kin^  stipité,  àdoub  placen- 
taires, à  3  otf  5  styles  terminés  par  des  stigmates  en  massue;  ovules  réfléchis.  Fruit 
bacci  forme,  indéhiscent  ou  capsulaire^  «  3om  5  valves  placenti fer  es  sur  leur  milieu.  Graines 
couronnées  par  un  arillc  charnu;  plantule  dicotylédonée ,  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen 
charnu,  et  l'égalant  presque  en  longueur. 

Les  Passiflorées  sont  des  Plantes  herbacées  ou  ligneuses,  ordinairement  grimpantes,  à 

feuilles  alternes ,  bistipulées,  souyent  pour- 
vue de  vrilles  axillaires^  à  pédoncules  or- 
dinairement uniflores.  —  On  peut  les  con- 
sidérer comme  pourvues  d'un  calyce  et 
d'une  corolle  périgyne. 


Passiflore 

Passiflora 

MURUCUJA. 

Mnrucuja. 

Tactonia. 

Tactonia. 

MODECCA. 

Modecca. 

AFFINITÉ.  —  Cette  Famille,  par  Fin- 
termédiaire  des  Genres  dépourvus  de  vrilles, 
se  rapproche  des  Homalinées,  des  Samy- 
dées,  des  Malesherbiacées ,  et  même  des 
Papayacées,  dont  elle  se  distingue  par  do 
nombreux  caractères  ;  elle  se  rapporte  aux 
Capparidées,  dont  elle  difi'ère  par  la  struc- 
ture de  la  graine ,  et  aux  Cucurbitacées,  qui 
s'en  éloignent  par  leur  ovaire  infère  et  leur 
graine  sans  albumen. 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Passiflorées 
croissent  généralement  dans  les  forêts  de 
l'Amérique  tropicale. 

ESPÈCES   PRINCIPALES.  —  Les 
PiffirLOMB  AiiiAiLB.  Passiflores  sont  à  la  fois  agréables  et  utiles. 

par  la  beauté  de  leurs  fleurs  et  la  sapidité  de 
leurs  fruits;  plusieurs  Espèces  sont  médicinales.  L'arille  pulpeux  des  graines,  sucré  ou  acidulé, 
sert  à  préparer  des  boissons,  rafraîchissantes  pour  le  voyageur  altéré,  comme  pour  le  malade 
atteint  d'une  fièvre  inflammatoire.  Les  Tacsonia  sont  dans  ce  cas.  —  La  Passiflore 
ROUGB  (Passiflora  rubra)  est  préconisée  aux  Antilles  et  sur  le  continent  comme  possédant 
une  vertu  narcotique  ;  on  prépare  avec  les  fleurs  et  les  fruits  un  sirop  ou  une  teinture  qui  est 
administré  à  la  place  de  l'opium.  —  Le  Passiflora  quadrangularis  est  cultivé  pour  la  pulpe 
délicieusement  rafraîchissante  de  ses  graines;  mais  sa  racine  est  très-vénéneuse:  à  petite  dose 
elle  est  anthelmintique;  à  haute  dose,  elle  cause  le  vomissement,  les  convulsions,  la  paralysie 
et  même  la  mort;  elle  tire  ses  propriétés  d'un  principe  particulier,  analogue  à  la  Morphine 
du  Pavot,  et  nommé  Passiflorine, 

On  vante  aux  Antilles  le  municuja  ocellata,  comme  anthelmintique,  diaphorétique  el  anti- 


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PASSIFLORÉES.  '  255 

hystérique.  —  La  racine  du  Modecca  pabnata,  qui  croît  dans  TAsie  tropicale,  étant  broyée  et 
cuite  dans  de  l'huile,  passe  pour  tonique  ;  son  suc  exprimé  et  mélangé  de  lait  de  coco,  est 
employé  dans  Tangine;  Técorce  de  la  racine,  mêlée  avec  du  miel ,  sert  à  préparer  un  remède 
béchique.  Les  feuilles  du  Modecca  integrifolia,  cuites  dans  du  beurre,  guérissent  les  hémor- 
rhoïdes;  leur  suc  facilite  Taccouchement.  —  On  cultive  dans  les  jardins  d'Europe  un  grand 
nombre  de  Passiflores;  nous  citerons  Tune  des  plus  anciennement  connues  :  la  P.  bleub 
{P.  cœrulea),  celle  qui  la  première  a  reçu  le  nom  de  Fleur  de  la  Passion,  et  qu'on  peut 
cultiver  en  pleine  terre,  en  la  couvrant  Thiver.  —  Les  horticulteurs  ont  réussi  à  créer  des 
Espèces  hybrides  :  telle  est  la  P.  aima  blk  (P.  amabtlis),  fille  des  P.  alata  et  prtnceps,  dont 
les  fleurs  sont  d'un  rouge  écarlate,  et  exhalent  une  odeur  suave.  —  Le  Murucuja  ocellata. 
Espèce  de  serre  chaude,  a  ses  feuilles  ponctuées  en  dessous,  et  ses  fleurs  d'un  rouge  de  feu. — 
Le  Tactonia  mollissima  (PI.  XVJI)a  des  fleurs  roses  sans  couronne;  c'est  une  Plante  grim- 
pante, qu'on  cultive  en  serre  froide. 

Famille  XC.  —  MALESHERBIÉES. 

(Malesherbiacées,  de  Don,  —  Passiflorées,  (en  partie),  de  Z>e  Cam/o//^.) 

CARACTÈRE.  — Calyce  tubuleux  ou  campanule,  pourvu  à  sa  gorge  d'une  couronne 
membraneuse.  Pétales  5,  insérés  sur  le  calyce,  Étamines  5,  hypogynes,  soudées  avec  le 
support  de  l'ovaire.  Ovaire  stipité  ,  à  S  placentaires  pariétaux,  à  styles  dorsaux;  ovules 
pendants,  réfléchis.  Capsule  à  valves  placentiferes,  Plantule  dicotylédonée,  droite, 
dans  Vaxe  dun  albumen  charnu, 

La  tige  est  sous-ligneuse  à  la  base,  à  feuilles  alternes,  à  fleurs  solitaires  ou  agglomérées. 
Cette  petite  Famille  habite  le  Pérou  et  le  Chili.  Elle  ne  se  distingue  des  Passiflorées  que 
par  son  port,  la  présence  de  la  corolle,  la  position  des  styles  et  le  défaut  d'arille. 

Famille  XCI'.—  MORINGÉES. 

Les  Moringa  sont  des  arbres  de  l'Asie  tropicale,  à  feuilles  imparipennées,  très-caduques, 
stipulées;  les  fleurs  sont  irrégulières,  en  grappes  paniculées ,  le  calyce  5-partit,  à  divisions 
un  peu  irrégulières.  Les  pétales  sont  insérés  sur  le  calyce,  linéaires  oblongs,  il  y  en  a  5,  dont 
2  intérieurs  un  peu  plus  longs;  leur  préfloraison  est  imbriquée.  Les  8  ou  10  étamines 
sont  insérées  sur  un  disque  tapissant  la  base  du  calyce;  leurs  filets  sont  soudés  en  tube 
fendu  d'un  côté  ;  l'ovaire  est  stipulé,  imiloculaire,  à  3  placentaires  pariétaux  ;  les  ovules  sont 
pendants,  réfléchis  ;  la  capsule  esta  3  valves,  placentiferes  sur  leur  milieu  ;  les  graines  sont  sans 
albumen.  Ce  Genre  a  été  placée  par  quelques  auteurs,  près  des  Papilionacées,  à  cause  de  sa 
corolle,  de  ses  étamines  et  de  son  truit — Le  Moringa  oleifera  est  l'Espèce  la  plus 
connue;  son  écorcc,  sa  racine  et  ses  feuilles  ont  l'àcreté,  l'odeur  et  le  goût  du  Raifort;  sa 
graine  donne  une  huile  fixe  nommée  huile  de  Ben,  qui  est  employée  dans. tout  l'Orient,  parce 
qu'elle  ne  se  rancit  pas. 

Famille  XCIK  —  SAMYDÉES. 

CARACTÈRE.  —Calyce  libre,  tubuleux,  k-b-fide.  Corolle  nulle.  Examines  péri- 
gynes,  en  nombre  double,  triple  ou  quadruple  de  celui  des  divisions  du  calyce,  monadelphes  à 
la  base  y  toutes  fertiles,  ou  alternant  avec  des  stériles.  Ovaire  uniloculaire,  à  3  om5  placen- 
taires pctriélaux.  Capsule  à  3  ou 5  valves  séminiferes  sur  le  milieu.  Graines  arillées; 
plantule  dicotylédonée,  minime  au  sommet  d'un  albumen  charnu. 


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256  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

La  tige  est  ligneuse  ;  les  feuilles  alternes  ou  distiques,  stipulées,  ordinairement  marquées 
de  points  ou  de  lignes  pellueides;  les  fleurs  sont  complètes,  axillaires,  ordinairement  en 
ombelle  ou  en  glomérule. 

Cette  petite  Famille  habite  la  zone  intertropicale ,  surtout  en  Amérique  ;  ses  Espèces  pos- 
sèdent des  propriétés  légèrement  astringentes.  Les  Casearia  sont,  les  uns  alexipbarmaques, 
les  autres  vulnéraires  ;  d'autres  s'emploient  dans  les  maladies  inflammatoires.  Les  feuilles  du 
C.  esculenta  sont  comestibles. 

Famille  XCIIK  -  TURNÉRACÉES. 

CARACTÈRE.—  Calyce  iubuleux.  Pétales  hjpérigynes.  Etamines  5,  presque 
hypogynes.  Ovaire  libre  y  uniloculairCj  à  3  placentaires  pariétaux;  ovules  ascendants  ^ 
réfléchis;  3  styles.  CapsuleàS  valves  séminiferes  sur  leur  milieu.  G  raines  strophiolées. 
Plan  TU  LE  dicotylédonée,  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu. 

Les  feuilles  sont  alternes,  simples,  pétiolées,  sans  stipules.  Les  fleurs  sont  complètes,  régu- 
lières, axillaires,  sessiles  ou  pédonculées. 

Les  Tuméracées  habitent  surtout  l'Amérique  tropicale.  — Elles  se  rapprochent,  d'un  côté, 
des  Droséracées  par  leurs  styles  distincts;  de  l'autre,  des  Malesherbiacées,  dont  elles  dif- 
fèrent par  les  étamines  périgynes,  les  styles  terminaux  et  les  graines  strophiolées;  elles  se 
distinguent  des  Loasées  par  l'ovaire  libre,  uniloculaire ,  la  placentation  et  les  étamines 
définies. 

Les  Tuméracées  sont  des  herbes  légèrement  aromatiques^  de  peu  d'usage  ;  le  Tumera 
ulmifolia  est  tonique  et  expectorant;  l'infusion  du  T.  opifera  est  employée  comme  digestive. 

Famille  XCIV".  —  HOMALINÉES. 

CARACTÈRE.  —  Périanthe  libre  ou  adhérent  par  sa  buse  à  l'ovaire,  à  limbe  très- 
divisé,  dont  les  divisions  intérieures  sont  pétaloides.  Etamines  insérées  sur  la  gorge  du 
calyce,  plus  nombreuses  devant  les  divisions  intérieures  du  périanthe ^  moins  nombreuses  ou 
nulles  devant  les  extérieures.  Ovaire  plus  ou  nwins  adhérent,  uniloculaire ^  à plaeentaires 
pariétaux,  s' évanouissant  inférieurement ;  ovules  pendants,  réfléchis.  Baie  ou  capsule  â 
valves  séminiferes  sur  leur  milieu.  Plantule  dicotylédonée  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu. 

La  tige  est  ligneuse,  les  feuilles  sont  alternes,  les  fleurs  en  grappe  ou  en  épi. 

Cette  petite  Famille  habite  les  régions  tropicales  de  l'Amérique  et  de  l'Afrique.  Elle  est 
étroitement  liée  aux  Bixacées„aux  Samydées  et  aux  Passiflorées,  dont  elle  se  distingue  par 
l'ovaire  infère  et  la  situation  des  étamines.  —  VHomalium  racemosum  est  cultivé  dans  nos 
serres  chaudes;  sa  racine  est  employée  en  Amérique  comme  astringente. 

Famille  XCV«.  —  LOASÉES. 

CARACTÈRE.  —  C  ALtCE  adhérent;  pétales  insérés  sur  la  gorge  du  calyce^  à  pré  flo- 
raison contournée  ou  valvaire,  souvent  en  nombre  double  des  sépales  et  bisériés,  les  intérieurs 
plus  courts  et  en  forme  d'écaillés.  Etamines  j9/i/5  nombreuses  que  les  pétales;  les  extérieures 
ordinairement  soudées  en  phalanges;  les  intérieures  stériles.  Ovaire  uniloculaire,  à  placen- 
taires pariétaux;  ovules  pendants,  réfléchis.  Capsule  rarement  bacci forme.  Plantule 
dicotylédonée^  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu. 

Les  Loasées  sont  des  herbes  de  l'Amérique  tropicale,  couvertes  de  poils  brûlants,  à  feuilles 
simples;  sans  stipules.  On  cuUive  en  Europe  le  Bartonia  aurea  (PI.  Xïl),  à  fleurs  grandes. 


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LOASÉES.  257 

d'un  beau  jaune  doré  ;  le  Loasapicta,  à  pétales  d'un  jaune  vif  dans  leur  moitié  inférieure, 
à  écailles  pétaloîdes  nectariformes,  bifides,  blanches,  bigarrées  de  rouge;  le  Cajophora 
lateritia.  Plante  grimpante,  à  fleurs  longuement  pédonculées,  d'un  rouge  orange;  le  Mentze- 
lia  aspera,  joli  arbuste  de  l'Amérique  tropicale,  tout  couvert  de  poils  accrochants. 

Famille  XCVP.  —  ONAGRARIÉES. 

(Epilobiacées,  de  Ventenat,  —  ÛEnothérées,  à'Endlicher.) 

CARACTÈRE.  —  C alyce  adhérent.  Pétales  en  nombre  égal  aux  divisions  du  calyce,  à 
pré  floraison  contournée.  ÉTÀMiNESen  nombre  égal  à  celui  des  pétales  y  ou  double.  Ovaire 
infère,  pluriloculaire ;  ovules  réfléchis.  F ïl\}\t  capsulai? e  ou  bacci forme,  à  2  ou  k  loges. 
Graines  à  chalaze  quelquefois  ailée^  ou  frangée,  ou  chevelue.  Plan tl le  dicotylédonée,  ex- 
albuminée. 

Les  Œnothérées  sont  des  Plantes  à  feuilles  sans  stipules,  à  fleurs  tantôt  axillaires  et  soli- 
taires, tantôt  en  grappe  ou  en  épi.  —  Elles 
sont  voisines  des  Rhizopkorées,  des  Lythra- 
riées  et  des  Baloragées;  elles  habitent 
surtout  les  régions  extra-tropicales  tem- 
pérées de  l'hémisphère  boréal.  —  Les 
Épilobes  (Epilobium)  et  les  Circées 
(Circœa)  sont  mucilagineux.  —  Les  anciens 
croyaient  que  l'infusion  aqueuse  de  l'Epilobe 
à  feuilles  étroites  [E.  angustifolium)  ap- 
privoisait les  animaux  féroces,  et  que  sa 
teinture  vineuse  était  pour  l'homme  un 
calmant  et  un  exhilarant  —  L'Onagre 
[Œnothera  biennis) ,  l'o.  odorante 
(  Œ.  suaveolens)  originaires  de  l'Amérique 
boréale,  et  cultivées  dans  nos  jardins,  ainsi 
que  beaucoup  de  leurs  congénères,  ont  une 
racine  sucrée,  que  l'on  mange  crue  ou  cuite. 
—  Les  Fuchsia  (PI.  XIlï)  sont  d'élégants 
arbrisseaux  de  l'Amérique  et  de  la  Nou- 
velle-Zélande, très-répandus  dans  les  jar- 
dins, et  remarquables  par  la  beauté  de 
leur  feuillage,  leur  calyce  pétaloîde  et  leur 
o.fAoti  oDOBiwT.  corolle  enroulée:  tels  sont  les  F.  coccinea, 

(Œnothera  $uavtolen$,)  * 

mjacrostemma,  gracilis,  etc.,  etc.  Les  baies 
de  quelques  Espèces  de  la  Nouvelle-Zélande  sont  d'un  parfum  suave  et  d'un  goût  exquis. 

Famille  XCVIP.—  HALORAGÉES. 

CARACTÈRE. — Calyce  adhérent.  Pétales  en  nombre  égal  aux  divisions  du  calyce,  et 
insérés  ausommet  de  son  tube,  quelquefois  nuls,  Étamines,  1-2,  ou  4-6-8.  Ovaire  uni- 
pluriloculaire^  à  loges  uniovulées;  ovule  pendant,  réfléchi.  Fruit  drupacé  (Hippuris),  ou 
nucamentacé  (ÏTdi^d),  ou  à eo^ue«(Calli triche).  Pl x^ t \}hE dicotylédonée,  occupant  l'axed'un 
albumen  charnu,  souvent  très-mince. 


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258  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  HaJoragées  sont  des  herbes  aquatiques,  submergées  ou  nageantes,  à  feuilles  irerticillées 
ou  opposées,  à  fleurs  axillaires,  sessiles.  Elle»  habitent  les  régions  tempérées 
et  froides;  elles  offreut  avec  les  Onagrariées  une  grande  affinité.  La  Pbsse 
{Bippuris  vulgaris)  est  une  Plante  indigène,  à  feuilles  vertieillées,  à  fleurs 
pourvues  d'une  seule  étamine.  La  Macrk  (Trapa  natans)^  nommée  vul- 
gairement Châtaigne  d*  eau,  aune  graine  sans  albumen,  dont  un  cotylédon 
est  très-grand  et  farineux.  Les  habitants  de  la  Thrace  en  faisaient  autrefois 
du  pain,  et  on  le  mange  encore  aujourd'hui  après  l'avoir  fait  cuire. 

Famille  XCVIIK  —  COMBRÉTACÉES. 

CARACTÈRE. —  Cikhxo,^  adhérent.  Pétales  en  nombre  égal  aux 
divisions  du  calyce,  ou  nuls,  à  préfloraison  valvaire.  Etamines  en  nombre 
égal,  ou  double,  ou  triple  de  celui  des  pétales.  Ovaire  infère,  uniloculaire, 
pluriovulé;  ovules  pendants ,  réfléchis.  FKvn  drupacé.  Plantule  dicoty- 
lédonée,  exalbuminée. 

Les  Combrétacées  sont  des  Plantes  tropicales,  à  tige  ligneuse,  à  feuilles 
sûnples,  sans  stipules;  les  fleurs  sont  régulières,  disposées  en  épi,  ou  en 
grappe,  ou  en  capitule.  Elles  ont  de  Tariinité  avec  les  Onagrariées  et  les 
Rhizopkorées. 

Les  arbres  de  cette  Famille  sont  utiles  à  l'homme  par  leur  bois  très-dur, 
leur  écorce  astringente,  employée  par  les  tanneurs  et  les  teinturiers,  plus 
encore  que  par  les  médecins,  et  leur  fruit  à  graine  contenant  une  huile  fîxe; 
ces  fruits  sont  nommés  dans  le  commerce  myrobalanSy  et  par  corruption 
myrobolans. 


PSMK 


Famille  XCIX",  —  RHIZOPHORÉES. 

CARACTÈRE.  —  G  aly ce  adhérent.  Pétales  en  nombre  égal  aux  divisions  du  calyce. 
Etamines  en  nombre  double  ou  multiple  de  celui  des  pétales.  Ovaire  à  2-3-4  loges  biovulées. 
OwihES  pendants,  réfléchis.  Fruit  coriace,  à  une  graine,  qui  germe  dans  son  péricarpe ,  et 
dont  la  radicule,  après  avoir  percé  le  fruit,  s'allonge  et  descend  vers  le  sol,  pour  s'y  enraciner. 
Plantule  dicotylédonée,  exalbuminée. 

La  tige  est  ligneuse ,  les  feuilles  opposées,  pétiolées,  simples,  entières,  sans  stipules.  Les 
fleurs  sont  pédonculées,  ou  réunies  en  capitule. 

Les  Rhizophorées  se  rapprochent  des  Onagrariées  et  des  Lythrariées.  Elles  habitent  les 
rivages  maritimes  de  la  zone  torride.  —  Leur  écorce  est  un  médicament  astringent,  et  les 
teinturiers  et  corroyeurs  l'emploient  dans  leur  industrie.  L'écoree  du  Palétuvier  ou 
M  AM G  Li E n  [Rhizophora  mangle)  est  vantée  comme  fébrifuge. 

Famille  C".  —  NAPOLÉONÉES. 

Ce  petit  groupe  de  deux  Genres  se  compose  d'arbrisseaux  de  l'Afrique  tropicale,  à  feuilles 
alternes,  sans  stipules;  les  fleurs  sont  complètes  et  régulières;  le  calyce  est  adhérent;  la 
corolle  est  monopétale,  simple  rotacée,  ou  double,  Textérieure  rotacée,  l'intérieure  rayonnée, 
multiflde  ;  les  etamines  sont  indéfinies  ou  au  nombre  de  5,  pourvues  de  2  anthères,  et  insérées 
au  fond  de  la  corolle;  le  fruit  est  baccifonne. — On  connaît  aujourd'hui  trois  Espèces  de  Nt^Kh 
leona,  Vimpériale  (  Pl.  XV  ) ,  à  fleurs  bleues ,  et  deux  autres  à  fleur  pourpre  et  orangée.  Elles 
sont  cultivées  en  serre  chaude. 


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MÉMÉCYLÉES.  259 

Famille  CP.  —  MÉMÉCYLÉES. 

Le  Genre  Memecylon ,  qui  constitue  cette  petite  Famille ,  ne  diffère  des  Mélastomacées^ 
auxquelles  le  réunissent  plusieurs  botanistes^  qae  par  son  ovaire  plus  complètement  adhéi^fit 
avec  le  calyce. 

Famille  CIP.  —  MÉLASTOMACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre  ou  adhérent.  Pétales  insérés  sur  la  gorge  du 
calyce  y  en  nombre  égal  à  ses  divisions,  à  p*é floraison  contournée.  Et  A  Bf  INES  en  nombre  double 
des  pétales,  à  filets  infléchis  dans  la  pré  floraison,  à  anthères  allongées,  s' ouvrant  ordinairement 
au  sommet  par  des  pores.  Ovaire  tantôt  complétetnent  libre,  tantôt  adhérent  au  tube  du 
calyce  par  des  nervures,  à  plusieurs  loges  ;  ovules  réfléchis.  Fruit  bacciforme  oucapsulaire. 
Plantule  dicotylédonée,  exalbuminée. 

La  tige  est  généralement  ligneuse ,  à  feuilles  opposées  ou  verticillées,  sans  stipules,  à  3-9 
nervures  principales,  partant  de  la  base  du  limbe. 

Les  Mélastomacées  forment  une  famille  très-distincte,  apparentée  d'un  côté  aux  Lythrariées, 
de  l'autre  aux  Myrtacées^  dont  elle  s'éloigne  par  ses  feuilles  nervées,  la  préfloraison  des  éta- 
mines  et  la  structure  des  anthères.  —  Elles  habitent  principalement  TAmérique  tropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.—  Les  propriétés  des  Mélastomacées  sont  généralement 
astringentes;  quelques-unes  doivent  leur  vertu  stimulante  à  une  petite  proportion  d'huile 
volatile  ou  de  résine  balsamique.  Les  fleurs  et  les  fruits  de  plusieurs  Espèces  renferment  des 
acides  libres,  qui  sont  mitigés  dans  les  baies  par  un  principe  sucré.  L'écorce  et  les  fruits  de 
quelques  autres  contiennent  un  principe  colorant. 

Les  Mélastomacées  fournissent  à  Thorticulture  plusieurs  Espèces  d'ornement  :  nous  citerons 
le  Blakea  trinervia,  arbrisseau  de  la  Jamaïque,  à  feuilles  trinerviées,  à  fleurs  soltaires, 
grandes,  roses  ;  le  Rhexia  Virginica,  herbe  vivace ,  à  tige  rouge  et  verte ,  à  feuilles  bordées 
de  rouge,  à  fleurs  grandes,  d'un  rouge  vif;  le  Melastoma  Malabathrica,  arbrisseau  de  Malabar, 
à  feuilles  d'un  beau  vert,  et  à  fleurs  roses  ;  ses  feuilles  sont  employées  par  les  Indiens  dans  les 
dysenteries  et  les  diarrhées  ;  les  baies  sont  sapides ,  et  teignent  en  noir  les  lèvres  de  ceux  qui 
les  mangent;  de  là  le  nom  générique  de  Melastoma,  signifiant  en  grec  bouche  noire;  VOsbec- 
fe'a  cane^r^rw ,  arbuste  à  feuilles  blanchâtres  en  dessjus,  à  fleurs  d'un  lilas  violacé;  VAr- 
throstemma  parietaria,  sous-arbuste  à  feuilles  trinerviées,  rougcàtres,  et  à  fleurs  d'un  rose 
pâle  ;  y Eriocnema  marmorata  (PI.  XV] ,  Plante  herbacée ,  succulente,  à  tige  très-courte,  à 
feuilles  presque  radicales,  marquées  de  5  nervures,  purpurines  en  dessous,  vertes  en  dessus 
et  marbrées  de  blanc  le  long  des  nervures,  à  fleurs  d'un  rose  lilas ,  offrant  la  disposition 
scorpioîde. 

Famille  CIIP.  —  LYTHRARIÉES. 

CARACTÈRE.  — Calyce  libre,  à  limbe  bisérié.  Pétales  insérés  au  sommet  du  tube  du 
calyce,  ennombre  égal  à  celui  de  ses  divisions  internes,  â  pré  floraison  induplicative.  Et  a  mines 
en  nombre  égal,  ou  double,  ou  triple  des  pétales.  Ovaire  à  2  ou  plusieurs  loges,  multiovulées; 
ovules  réfléchis.  FnviT capsulaire.  J^lk^tuli. dicotylédonée,  exalbuminée,  droite. 

La  tige  est  ordinairement  herbacée  ou  sous- ligneuse  inférieurement ;  les  feuilles  sont 
ordinairement  opposées  ou  verticillées.  Les  fleurs  sont  solitaires,  ou  agglomérées  en  épi  ou  en 
panicule. 


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260  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  Lythrariées  sont  voisines  des  Onagrariées,  dont  elles  diffèrent  par  l'ovaire  libre  ;  les 
Lagerstrœmia  les  lient  à  quelques  Genres  des  Malvacées.  —  Elles  sont  plus  nombreuses 
dans  TAmérique  équatoriale  que  dans  les  régions  tempérées  des  deux  hémisphères. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. — Quelques  Espèces,  contenant  du  tanin,  sont  employées 
comme  astringentes  ;  quelques  autres  possèdent  des  substances  résineuses,  qui  les  rendit 
acres,  éméliques  et  purgatives.  La  Salicaibe  (ZyMrwm  salicaria),  Plante  indigène,  est 
astringente .LaSALicAiRE  a  pbuille  d'hysopb( Lythrum  hyssopifolium)  était  employée 
autrefois  comme  vulnéraire;  le  Lawsonia  alba,  arbrisseau  d'Egypte,  est  célèbre  dans  tout 
rOrient  à  cause  de  son  parfum,  et  surtout  du  principe  colorant  que  contiennent  ses  feuilles, 
et  que  les  femmes  d'Orient  mettent  en  usage  pour  se  teindre  les  cheveux  et  les  ongles  des 
doigts  et  des  orteils.  Le  suc  exprimé  de  VHeimia  et  des  Cuphea  est  administré  au  Mexique, 
comme  diurétique,  purgatif  et  sudorifique,  dans  certaines  maladies  contagieuses.  L'Ammanta 
vesicatoria^  herbe  annuelle  des  Indes,  d'odeur  saline,  a  des  feuilles  très-caustiques,  dont 
l'action  est  aussi  énergique,  mais  moins  douloureuse  que  celle  des  Cantharides. 

Parmi  les  Lythrariées  cultivées,  nous  citerons  la  Salicaire  rpfiléb  {L.  virgatum)^ 
Espèce  d'Autriche,  à  fleurs  grandes,  en  épi,  d'un  rose  pourpre;  le  Grislea  tomentosa,  arbrisseau 
de  rinde,  à  fleurs  d'un  rouge  vif,  disposées  en  grappe  ;  le  Nesea  salicifolia,  arbrisseau  du 
Mexique,  à  longs  épis  de  fleurs  jaunes;  le  Cuphea  miniata  (PI.  XVÏ),  arbuste  à  fleurs  uni- 
latérales, dont  le  calyce  est  gibbeux  à  sa  base  et  d'un  brun  violet  à  la  gorge,  et  dont  la  corolle 
a  deux  pétales  beaucoup  plus  grands  que  les  autres,  d'un  rouge  vermillon;  le  Lagers- 
trœmia indica,  arbrisseau  de  la  Chine,  à  fleurs  paniculées,  dont  la  corolle  a  ses  pétales 
purpurins . 

Familles  CIV%  ft  CV^  —  LÉCYTHIDÉES 
a  MYRTACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Calyce  adhérent.  Pétales  en  nombre  égal  aux  divisions  du  calyce, 
insérés  sur  un  disque  couronnant  la  gorge,  à  préfloraison  imbriquée,  rarement  nuls,  ETA- 
mines  ordinairement  indéfinies.  Ovaire  ordinairement  à  2-6  loges  pluriovulées ;  ovules 
pendants,  ré  fléchis  ou  courbes;  style  simple.  Fruit  sec  ou  bacci forme.  Plant  ule  rf«Vo/y/e- 
donée,  exalbuminée. 

La  tige  est  généralement  ligneuse,  les  feuilles  opposées  ou 
alternes  y  simples,  entières,  rarement  stipulées,  souvent 
pourvues  de  glandes  huileuses  pellucides,  plongées  dans  le 
parenchyme.  Les  fleurs  sont  complètes^  régulières,  soUtaires 
ou  diversement  agglomérées. 

Les  Lécythidées  se  distinguent  des  Myrtacées  parleurs 
étamines  réunies  en  urcéole,  raccourci  d'un  côté,  et  prolongé 
de  l'autre  en  languette  pétaloîde. 

Les  Myrtacées  habitent  surtout  la  région  intertropicalc 
et  la  Nouvelle-Hollande.  Les  Lécythidées  sont  toutes  amé- 
ricaines. Cette  double  Famille,  très-naturelle,  est,  d'un  côté, 
voisine  des  Mélastomacées,  et  par  l'intermédiaire  de  celles-ci, 
se  lient  aux  Lythrariées  et  aux  Onagrariées;  de  l'autre  côté, 
myrtb.  elle  est  apparentée  aux  Pomacées,  qui  s'en  distinguent  parleurs 

yrt  u»  eommunit,)  feuillesaltemes,stipuléesetnonmarquéesdeglandespellucides. 

ESPÈCES  PRINCIPALES,  —  Les  Myrtacées  tirent  leurs  propriétés  du  tanin  et 
d'une  huile  volatile,  associés  en  diverses  proportions,  de  sorte  que  les  unes  sont  aromatiques 


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Pl.XXV. 


i^<Z'/^!<^«'W'  ^>(< 


^An«tok>chiéeB  ) 


(^^, 


(  Cucurbitacéc») 


Imp.Huifài.:    Krfîj^/-.  j/'î. 


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LÉCYTHIDÉES  ET  MYRTACÉES.  2()l 

stimulantes^  les  autres  stimulantes  toniques,  et  d'autres  simplement  astringentes.  Les  fruits 
baeciformes  doivent  leur  saveur  agréable  à  des  acides  libres^  mitigés  par  du  mucilage  et 
du  sucre. 

Le  Myrte  (Myrius  communis),  élégant  arbrisseau  méditerranéen,  est  aromatique  dans 
toutes  ses  parties;  ses  baies  et  ses  feuilles,  jadis  administrées  comme  tonique-stimulant  contre 
les  diarrhées^  les  hémorrhagies  passives  et  l'hydropisie,  sont  tombées  en  désuétude.  On 
préparait  avec  ses  feuilles  une  eau  distillée  pour  la  toilette,  et  ses  baies  étaient  la  base  de 
compositions  astringentes  très-renommées.  Les  anciens  croyaient  que  le  vin  où  Ton  avait 
macéré  des  feuilles  de  myrte  préservait  de  Tivresse,  et  qu'une  couronne  de  Myrte  suffisait 
pour  dissiper  les  fumées  du  vin. 

La  plus  importante  Espèce  des  Myrtacées  est  le  G  iroplier  (Can/ophyilus  aroniaticus). 


GlROFLIBII. 

[Caryophyllut  aromalicu».) 

arbre  originaire  des  îles  Moluques,  cultivé  aujourd'hui  dans  nos  colonies  françaises.  L'épice 
qu'il  fournit  était  connue  des  Grecs  et  des  Romains^  qui  la  recevaient  des  Arabes,  auxquelles  la 
vendaient  les  Chinois  naviguant  dans  l'archipel  des  Moluques  ;  mais  quand  les  Portugais  et 
les  Espagnols  se  furent  partagé  le  Nouveau-Monde,  le  girofle  fut  apporté  dans  l'ouest  de 
l'Europe  par  les  Portugais.  Vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  les  Hollandais  achetèren 
du  roi  de  Ternate  le  .monopole  du  Giroflier;  ces  avides  commerçants,  après  avoir  conquis  par 
la  violence  et  Tastuce  la  domination  souveraine  de  l'archipel  des  Moluques,  avaient  détruit 
les  GiroQiers  dans  la  plupart  de  ces  îles,  et  en  avaient  restreint  la  culture  à  un  petit  nombre 
de  localités,  dont  ils  écartaient  avec  une  vigilance  jalouse  les  navires  des  autres  nations. 
Mais  cette  vigilance  fut  déjouée  par  l'activité  de  Poivre,  intendant  des  îles  de  France  et  de 
Bourbon,  qui  chargea,  en  1769,  un  officier  de  marine,  nommé  Etcheverry,  d'aller  à  la  re- 
cherche des  Girofliers  et  des  Muscadiers,  pour  en  introduire  la  culture  dans  les  colonies  fran- 
çaises. Etcheverry  s'acquitta  de  sa  mission  avec  autant  d'intelligence  que  de  zèle  ;  il  commença 
par  se  procurer  des  indications  précises,  que  lui  fournit  à  prix  d'or  un  transfuge  hollandais; 
puis  il  se  rendit  à  l'île  de  Guerby,  dont  le  roi  lui  fit  donner  des  Muscades  et  des  Girofliers.  A 
son  retour,  il  fut  rencontré  par  cinq  vaisseaux  hollandais,  satisfit  avec  adresse  à  leurs  ques- 
tions soupçonneuses,  et  arriva,  après  un  voyage  de  trois  mois,  à  l'île  de  France  avec  vingt  mille 
Muscades  et  trois  cents  Girofliers.  Les  semis  et  les  plantations  réussirent  à  merveille,  et  vingt 
ans  après,  le  Jardin  national  de  Cayenne  possédait  une  pépinière  de  quatre-vingt  mille 
Girofliers,  qui  alimenta  largement  toutes  nos  colonies  équatoriales.  Voilà  comment  tomba, 


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262  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

grâce  à  Poivre^  le  monopole  que  les  Hollandais  avaient  possédé  si  longtemps.  Le  Giroflier  a  été 
introduit  dans  les  serres  chaudes  d'Europe^  mais  sa  culture  est  difficile. 

Le  girofle  du  commerce,  nommé  vulgairement  clou  de  girofle,  n'est  ni  le  fruit,  ni  la 
graine  du  Giroflier,  c'est  la  fleur  cueillie  avant  son  épanouissement,  et  lorsque  les  k  pétales 
sont  imbriqués  en  voûte  au-dessus  des  étamines  et  du  pistil.  On  la  fait  sécher  au  soldl,  et  on 
l'expédie  en  Europe.  On  rencontre  aussi  dans  le  commerce  le  fruit  du  Giroflier  nommé 
Anthofle^  ou  mbre  du  girofle;  il  est  beaucoup  moins  aromatique  que  le  girofle.  Celui-ci  fournit 
à  la  distillation  une  huile  volatile,  plus  pesante  que  l'eau,  très-aromatique,  et  employée  en 
médecine.  Les  Indiens  confisent  le  girofle  au  sucre,  et  en  font  un  mets  délicieux;  ils  rem- 
ploient aussi  comme  parfum,  dont  ils  se  frottent  le  corps  pour  réchaufler  la  peau;  ils  le 
fument  mêlé  au  tabac  ;  ils  se  servent  en  outre  de  Thuile  volatile ,  tempérée  par  une  huile  ^wtj 
pour  préparer  des  onguents  destinés  à  frotter  les  membres  paralysés;  ils  en  avalent  même 
quelques  gouttes  pour  dissiper  les  coliques  venteuses;  ils  regardent  cette  huile  comme  propre 
à  guérir  la  carie  des  os;  ils  en  imbibent  du  coton,  qu'ils  appliquent  sur  leurs  dents  doulou- 
reuses ;  enfin  ils  s'en  oignent  l'abdomen  pour  calmer  les  tranchées  et  arrêter  la  diarrhée.  Chez 
nous  le  giroffe  est  plutôt  un  condiment  qu'une  substance  médicamenteuse;  nous  l'employons 
à  assaisonner  les  viandes  de  venaison,  à  aromatiser  des  fruits  confits  ou  des  boissons  spiri- 
tueuses.  Les  médecins  le  recommandent  quelquefois  comme  stomachique ,  mais  ses  propriétés 
sont  bien  plus  étendues  :  il  est  éminemment  stimulant,  tonique,  emménagogue  et  sialagogue, 
c'est-à-dire  propre  à  activer  la  sécrétion  de  la  salive.  —  Le  Calyptranthes  arotnaticus,  arbre 
du  Brésil,  a  des  fleurs  qui,  recueilUes  avant  leur  épanouissement,  peuvent  rivaliser  avec  celles 
du  Giroflier. 

Le  Piment  de  la  Jamaïque,  mal  à  propos  confondu  avec  VAmome  des  anciens,  est  le 
fruit,  desséché  avant  sa  maturité,  de  VEugenia  pimenta,  arbre  toujours  vert,  que  l'on  cultive 
dans  les  Antilles,  où  il  forme  des  promenades  publiques;  le  péricarpe  de  ce  fruit  possède  une 
odeur  et  une  saveur  aromatique  très-agréable,  qui  réunit  celles  de  la  cannelle,  de  la  muscade 
et  du  girofle,  de  là  son  nom  de  toute-épice.  On  en  retire  par  distillation  une  huile  volatile, 
nommée  dans  le  commerce  Carpobalsanmm ,  plus  pesante  que  l'eau,  et  jouissant  des  mêmes 
propriétés  que  celle  du  girofle. 

Plusieurs  autres  Myrtacées  sont  célèbres  par  la  saveur  aromatique  de  leur  baie  ;  nous 
citerons  entre  autres  les  Goyaviers  (Psidium),  dont  le  fruit  nommé  goyave ,  est  jaune  et 
de  la  grosseur  d'une  poire;  les  Campomanesiay  les  Fugenia,  qui  sont  pour  la  plupart  des 
arbres  de  l'Amérique;  les  Jossinia  de  la  Mauritanie,  et  les  Jambosa  de  l'Inde.  Le  fruit  du 
Jambosier  (Jambosa  vulgaris),  semblable  à  une  petite  pomme  à  chair  sèche  et  sans  odeur, 
répand  dans  la  bouche  l'odeur  de  la  rose.  Cette  Plante  est  cultivée  en  serre  chaude,  ainsi  que 
le  Jambosa  jntrpurascens  (PI.  XXVI  ),  arbre  à  fleurs  pourpres,  qui  croît  aux  îles  de  la  Trinité. 

Les  Myrtacées  à  capsule  possèdent  dans  leurs  feuilles  une  huile  volatile,  et  se  recommandent 
à  riiorticulture  par  la  merveilleuse  beauté  de  leurs  fleurs. 

Le  Leptospermum  scoparium  a  été  essayé,  à  la  place  du  thé,  par  des  navigateurs,  errant  sur 
les  côtes  de  la  Nouvelle-Zélande  ;  plusieurs  de  ses  congénères  servent  aujourd'hui  pour  le 
même  usage  aux  colons  de  la  Nouvelle- Hollande. —  On  cultive  en  Europe  un  assez  grand 
nombre  de  Leptospei*mum , 

Le  Melaleuca.  cajuputi  est  un  arbrisseau  des  Moluques,  renommé  pour  les  propriétés  de 
l'huile  volatile  (huile  de  cajepnt),  qu'on  retire  par  distillation  de  ses  feuilles  et  de  sa  capsule. 
Cette  huile  est  très-liquide,  verte,  diaphane,  et  d'une  odeur  suave  et  pénétrante,  qui  tient  à 
la  fois  de  la  Térébenthine,  du  Camphre,  de  la  Menthe  poivrée  et  de  la  Rose.  —  Beaucoup 
d'Espèces  de  Melaleuca  ont  été  introduites  dans  nos  serres  tempérées. 

Le  magnifique  Getire  Eucalyptus,  dont  les  Espèces  innombrables,  non  encore  toutes  dé- 
crites par  les  botanistes,  sont  cependant  désignées  chacune  sous  un  nom  particulier  par  les 
indigènes  de  l'Australasie,  renferme  beaucoup  d'arbres  résinifères  ;  quelques-uns  possèdent 


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LÉCYTIDÉES  ET  MYRTAGÉES.  263 

une  liuile  volatile  analogue  à  celle  du  Cajuputi,  Quelques  autres  donnent  de  la  manne. 
VEucalyptus  resinifera,  arbre  rameux  d'une  grande  beauté,  fournit  par  incision  un  suc 
rougeàtre,  puissamment  astringent,  que  Ton  vend  sous  le  nom  de  Gomme  Kino  australe.  Les 
troncs  de  beaucoup  d'Eucalyptus  sont  d'une  immense  utilité  pour  les  colons  comme  bois  de 
construction;  leur  écorce  contient  du  tanin.  Un  grand  nombre  d'Espèces  sont  cultivées  en 
Europe. 

Le  Metrosideros  vera  est  un  arbre  des  Moluques^  nommé  vulgairement  Nani,  dont  Técorce, 
offrant  une  saveur  d'abord  sucrée,  puis  amère-astringente,  est  vantée  contre  les  diarrhées  et 
les  inflammations  urétrales;  son  bois  est  d'un  tissu  très-sen*é  et  d'une  durée  merveilleuse.  11  a 
été  introduit  depuis  quelques  années  dans  les  jardins  d'Europe. 

Les  Gustavia  sont  des  arbres  de  l'Amérique  tropicale,  dont  quelques-uns  exhalent  une 
odeur  cadavéreuse.  Le  fruit  du  G.  speciosa,  de  la  Nouvelle-Grenade,  est  recherché  avidem- 
ment  par  les  enfants,  lesquels  deviennent  tout  jaunes  après  en  avoir  mangé,  et  reprennent  leur 
couleur  naturelle ^  sans  aucun  remède,  au  bout  de  vingt^uatre  heures.  Les  graines  du 
Barringtonia  speciosa,  arbre  de  l'Inde,  servent  à  enivrer  le  poisson.  Gette  Espèce  est  cultivée 
dans  nos  serres  chaudes^  où  elle  n'a  pas  encore  fleuri. 

Les  Lécythidées  sont  remarquables  par  la  grosseur  de  leurs  fruits  ;  leurs  graines  sont 
huileuses,  et  peuvent  rivaliser  avec  celles  de  l'Amandier;  tel  est  le  Bertlioletia  excelsa  ou 
Gh ATA  I G N I E R  DU  B RK  S I L,  uommé  vulgaircmcnt  Juvia,  dont  les  semences  sont  envoyées 

en  Europe  ;  mais  elles  rancissent  dans  la 
traversée .  Le  Couroupita  ( Couroupita 
guyanensis)  est  un  grand  arbre  de  l'Amé- 
rique tropicale,  à  fleurs  roses  d'odeur  suave; 
son  fruit  nommé  boulet  de  canon,  est  sphé- 
rique  et  aussi  gros  que  la  tète  d'un  enfant; 
il  renferme  une  pulpe  aigrelette  sucrée, 
d'une  saveur  vineuse  très-agréable^  que  l'on 
emploie  comme  rafraîchissante  et  antibi- 
lieuse; on  le  cultive  bien  difficilement  dans 
les  serres  chaudes  de  l'Europe.  —  Le 
QuATELÉ  ou  Sapucaya  (Lccythis ollarid) 
est  un  des  plus  hauts  arbres  du  Brésil; 
sa  capsule  est  ligneuse,  très-épaisse,  pour- 
vue vers  le  milieu  de  sa  hauteur  d'un  bour- 
relet proéminent^  qui  est  la  cicatrice  du 
limbe  calycinal;  au-dessus  de  ce  bourrelet, 
la  capsule  se  rétrécit  brusquement,  puis 
s'ouvre  circulairement  en  travers,  et  se 
termine  par  un  opercule  ligneux,  arrondi 
supérieurement  en  forme  de  calotte,  et 
prolongé  inférieurement  en  axe  conique  à 
4  loges,  renfermant  des  graines  huileuses 
comestibles.  On  fait  avec  cette  capsule  des 
sa'«"ta  vases  et  des  marmites,  de  là  le  nom  popu- 

laire  de  Marmite  de  singe. 
Outre  les  Eucalyptus ^  Metrosideros,  Leptospermum,  Melaleuca,  Psidium,  Jambosa,  Bar- 
ringtonia, Coufvupita,  que  l'horticulture  a  mtroduits  dans  les  Jardins  d'Europe,  on  y  trouve 
encore  un  grand  nombre  de  Myrtacées  exotiques;  nous  mentionnerons  les  principaux 
Genres,  qui  sont:  les  Tristania,  arbrisseaux  australasiens,  à  feuilles  alternes,  à  fleurs  jaunes^ 
disposées  en  corymbe  ;  les  Callistemon,  à  fleurs  sessiles,  forment  un  épi  couronné  d'une  touflc 


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26i  HISTOIRE   DES   FAMILLES. 

de  feuilles;  les  Beaufortia,  qui  oiïrent  la  même  inflorescence,  et  dont  les  étamines  sont 
groupées  en  cinq  phalanges  monadelphes,  opposées  aux  pétales  ;  les  Fabricia,  à  fleurs 
solitaires,  presque  sessiles  et  de  couleur  blanche;  les  Baeckea,  à  fleurs  blanches,  disposée^ en 
ombelles^  etc. ,  etc.  Mais  aucune  de  ces  Myrtacées  n'efljace  FEspèce  principale  du  Genre  qui 
donne  son  nom  à  la  Famille  :  les  variétés  de  notre  Myrte  sont  nombreuses,  nous  citerons 
seulement  le  M.  romain^  à  feuilles  ovales  et  à  longs  pédicelles;  le  M.  de  Tarcnte^  à  feuilles 
sessiles,  courtes,  ovales  et  à  petites  fleurs;  le  M.  d'Italie^  à  feuilles  lancéolées  aiguës,  à  fleurs 
rougcàtresau  sommet;  le  3/.  d'Andaiotisie,  à  feuilles  réunies  en  paquet;  le  M.  de  Portugal, 
à  feuilles  petites,  aiguës,  d'un  vert  sombre;  le  M.  de  Belgique,  à  feuilles  rapprochées 
acuminées,  dont  la  nervure  médiane  est  rouge  en  dessous,  etc. 

Famille  CVl".  ^  GRANATÉES. 

LcGrbnadieu  (Puniea),  qui  constitue  cette  Famille,  est    un   arbrisseau,  à  rameaux 
dégénérant  quelquefois  en   épines,   à  feuilles  entières,  glabres,   non  ponctuées,   et  sans 

stipules,  à  fleurs  terminales,  d'un  beau  rouge  écariate, 
quelquefois  blanches.  Le  calice  est  coloré,  coriace,  charnu, 
à  tube  adhérent,  à  limbe  épais,  valvaire  dans  la  préfloraison; 
les  pétales  sont  insérés  sur  la  gorge  du  calyce,  alternes 
avec  ses  divisions,  à  préfloraison  imbriquée.  Les  étamines 
sont  indéfinies,  multisériées  ;  Tovaire  forme  deux  étages 
superposés,  Tinférieur  triloculaire,  à  placentaires  centraux, 
le  supérieur  5-7-loculaire,  à  placentaires  pariétaux  ;  le  fruit 
est  bacciforme,  les  graines  sont  nombreuses,  à  tégument 
plein  d'une  pulpe  pellucide;  la  plantuleest  dicotylédonéc, 
exaibnminée ,  droite,  à  cotylédons  foliacés  et  roulés  en 
spirale. 

Le  Grenadier  est  originaire  de  la  Mauritanie ,  d'où  lui 
vient  le  nom  de  Punica;  son  nom  français  fait  allusion  à  la 
grande  quantité .  de  graines  qu'il  contient.  Il  s'est  répandu 
sur  le  littoral  méditerranéen,  et  de  là  dans  toutes  les  régions 
tempérées  du  globe  ;  il  est  très-voisin  des  Myrtes,  dont  il  se 
distingue  par  la  singulière  structure  de  son  ovaire.  Son 
grknadibii.  fruit,  nommé  grenade,  est  recouvert  d'une  écorce  coriace, 

(Puniea.)  ,  ,.  .    . 

nommée  malicor,  tres-nche  en  tanm,  et  pouvant  servir 
aux  corroyeurs;  récorce  de  sa  racine  contient  une  substance  astringente,  un  principe  doux 
particulier,  nommé  Granatine,  et  un  principe  acre,  qui  lui  donnent  la  propriété  toute 
spécifique  de  détruire  le  tœnia  ou  ver  solitaire  ;  déjà,  chez  les  anciens,  on  administrait  ses 
graines  comme  vermifuges,  ainsi  que  ses  fleurs,  nommées  balaxistes. 

Famille  CVIP.  —  CALYCANTHÉES. 

CAUACTÈRE. — Calyce  libre,  à  tube  urcéolé,  à  limbe  multisérié,  dont  les  divisions 
internes  sont  pétnloîdes.  GOROLLE  îiulle.  Et  AMI  NES  indéfinies,  insérées  sur  un  anneau 
charnu,  couronnant  la  gorge  du  calyce ,  les  extérieures  fertiles,  les  intérieures  stériles; 
anthcres  cxfrorses.  0\ xin¥.S  nombreux,  libres,  uniovulés,  insérés  sur  la  paroi  interne  du 
tube  du  cahjcc,  styles  nombreux  ;  ovules  ascendants,  réfléchis.  Akènes.  Plantule  diay- 
tylédonéc ,  exalbuminée. 


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CALYGANTHÉES. 


%5 


La  tige  est  ligneuse,  tétragone  ;  les  feuilles  sont  opposées,  sans  stipules. 

Les  Calycanthées  offrent  une  grande  affinité  avec  le  Rosier^  mais  elles  s'en  éloignent  par  leur 
tige  carrée,  leurs  feuilles  opposées  et  sans  stipules ,  leurs  étamines  intérieures  stériles  et  leurs 
anthères  extrorses.  —  Le  Calycanthus  floridus,  arbrisseau  de  la  Caroline,  cultivé  dans  nos 
jardins,  a  une  écorce  aromatique ,  possédant  l'odeur  et  la  saveur  chaude  de  la  Cannelle,  et 
employée  en  Amérique  comme  tonique  stimulant.  Le  bois  du  tronc  et  de  la  racine  sent  le 
camphre.  —  Le  Chimonanihns  fragrans^  arbrisseau  du  Japon,  cultivé  en  Europe,  a  des  fleurs 
d'odeur  suave,  naissant  avant  les  feuilles  ;  son  écorce  est  inodore,  mais  très-âcre. 

Familles  CVIIP-CXIV.  —  ROSACÉES. 

Les  Rosacées,  autrefois  réunies  en  une  seule  Famille,  constituent  aujourd'hui  une  Classe, 
comprenant  les  Pomacées,  les  Rosées,  les  Dryadées  et  Sanguisorbées ,  les  Neuradées,  les 
Spiréacées,  les  Amygdalées  et  les  Chrysobalanées,  — Avant  de  les  décrire  séparément,  nous 
allons  indiquer  leur  caractère  commun. 

ROSACÉES.  —  Calyce  monopétale,  à  tube  tantôt  libre  y  tantôt  adhérent  à  T  ovaire  ^  à 
limbe  4-5  /o6e,  imbriqué  dans  la  préfloraison.  Pétales,  autant  que  de  sépales,  alternes  avec 
eux  y  libres,  insérés  sur  le  calyce ,  à  pré  floraison  imbriquée  y  quelquefois  nuls.  Etamines 
presque  toujours  indéfinies  y  insérées  comme  les  pétales.  Pistil  très-varié.  Ovule  réfléchi. 
Plantule  dicotylédonée,  droite,  exalbuminée.  —  Feuilles  alternes,  à  stipules  souvent 
caduques.  Fleurs  ordinairement  complètes.  Inflorescence  variVe. 

POMACÉES. —  Calyce  à  tube  adhérent,  à  limbe  5-lobé;  pétales  5.  Étamines  nombreuses. 
Carpelles  5,  quelquefois  5-2-1;  ovaires  uniloculaires,  biovulés  ou  pluriovulés;  styles,  autant 
que  d*ovaires,  libres  ou  cohérents  par  leur  base.  Fruit  formé  par  le  tube  calycinal,  devenu 
succulent,  et  les  carpelles,  à  5  loges,  à  endocarpe  tantôt  càTiWà^neui  {Poirier y  Sorbier, 
Cognassier),  tantôt  osseux  et  indéhiscent  ( Néflier,  Aubépine,  Cotonéaster,  Amélanchier). 
Graines  ascendantes,  radicule  infère.  —  Tige  ligneuse;  feuilles  à  stipules  caduques.  Fleurs  ter- 
minales en  corymbe,  ou  en  cyme,  ou  en  grappe,  ou  en  ombelle. 


COGIf  ASSISE. 

Cydonia. 

COTONEASTER. 

Cotoneaster, 

POIBIBB. 

Pyrus 

Photihia. 

Photinia. 

Neflieb. 

Mespilus. 

Raphiolèpis. 

Raphiolèpis. 

Amélanchier. 

Amelanchier. 

Alisieb. 

Cratœgus. 

ROSÉES.  —  Calyce  à  tube  ventru,  à  gorge  rétrécie  par  le  torus,  à  limbe  divisé  en  5  lanières, 
ordinairement  penniséquées.  Pétales  5.  Étamines  nombreuses.  Carpelles  nombreux,  insérés  sur 
le  fond  et  la  paroi  du  tube  calycinal,  uniovulés;  ovule  pendant.  .Akènes  renfermés  dans  le 
tube  calycinal ,  qui  devient  charnu  à  la  maturité.  Graines  pendantes,  radicule  supère.  —  Tige 
ligneuse,  ordinairement  aiguillonnée;  feuilles  i  m  pari  pennées ,  stipulées.  Fleurs  terminales, 
solitaires  ou  en  corymbe. 

HosiBB.  Rasa.  \      Hulthémia.  Hulihemia. 

DRYADÉES. — Calyce  4- 5-partit,  libre,  persistant ,  tantôt  nu  (Ronce)y  tantôt  pourvu 
extérieurement  de  bracléoles.  Pétales  4-5.  Étamines  nombreuses.  Carpelles  ordinairement  nom- 
breux, disposés  en  tète  sur  un  réceptacle  convexe;  ovule  tantôt  ascendant  {Fraisier,  Dryns), 
lantôt  pendant  (^owce,  Potentille);  style  non  terminal.  Akènes  {Fraisier,  Potentille),  ou  dru- 
péoles  {Ronce),  sur  un  réceptacle  tantôt  sec  {Potenlille ,  Ronce)^  tantôt  charnu  {Fraisier).  — 
Tige  herbacée  ou  ligneuse;  feuilles  digitées  ou  pennées,  stipulées. 


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zfiO 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Ronce. 

Rubus. 

POTBNTILLB. 

PotentUla 

Fraisibb. 

Fragaria. 

BmoiTB 

Geum, 

GOMARBT. 

Comarum. 

Dbyadb. 

Dryoi, 

SANGUISORBÉES.  —  Fleurs  quelquefois  monoïques  ou  |M)lygaines  (Pimprenetie).  Galyce 
porsislaut,  à  tube  urcéolé,  à  limbe  S-fide.  Pétales  ordinairement  nuls.  Étamines  peu  nom- 
breuses,'2-30.  Carpelles  1-b  ;  ovaires  unio  vu  lés ,  style  non  terminal;  ovule  tantôt  ascendant 
[Alchimille)^  tantôt  pendant  [Aigremoine) .  Akènes  renfermés  dans  le  tube  du  calycc.  — Tige 
ordinairement  herbacée;  feuilles  pennées  ou  palmées,  stipulées.  Fleurs  terminales,  en  grappe, 
ou  en  corymbe,  ou  en  fascicule. 


AlGBBMOIME. 

Alcbuiille. 


Âgrimonia, 
Àlchimilla. 


Sanguisorbb. 

PiMPRBMELLB. 


Sanguisofba. 
Poteriutn 


NEURADÉES.  —  Calyce  persistant,  croissant  avec  les  ovaires.  Pétales  5.  Étamines  10. 
Ovaires  10,  libres  du  côté  de  l'axe,  et  adhérents  par  leur  dos  au  tube  du  calyce,  uniovulés; 
ovule  pendant.  Fruit  capsulaire.  —  Herbes  à  feuilles  sinuées,  pennifidcs,  stipulées.  Fleurs  aiil- 
laires,  solitaires. 

SPIRE  ACÉES. —Calyce  6-partit,  libre,  persistant.  Pétales  5.  Étamines  nombreuses. 
Carpelles  ordinairement  5,  verticillés,  libres,  uniloculaires ,  pluriovulés,  à  ovules  pendants. 
Follicules.  Tige  ligneuse  ou  herbacée  ;  feuilles  à  stipules  souvent  avortées.  Fleurs  axillaires  oa 
terminales,  disposées  en  grappe,  ou  en  corymbe,  ou  en  cyme,  ou  en  panicule. 

Spiréb.  Spirœa.  |      Kbrria.  Kerria, 

AMY6DALÉES.  —  Calyce  libre,  tombant.  Pétales  5.  Étamines  nombreuses.  Carpelle 
unique;  ovaire  à  2  ovules  collatéraux,  pendants.  Fruit  drupacé.  —  Tige  ligneuse,  rameaux 
avortant  quelquefois  en  épines;  feuilles  simples,  à  stipules  caduques^  à  pétiole  glanduleux. 
Fleurs  axillaires,  solitaires,  ou  géminées,  ou  en  grappe,  ou  en  corymbe,  ou  en  ombelle. 

Amahdieb.  AmygdaluB,  \     Pbuhier.  Prunus, 

CHYSOBALANÉES. — Calyce  irrégulier  àsabase.  Pétales  5,  un  peu  irréguliers.  Étamines 
15,  ou  plus.  Ovaire  unique,  à  2  ovules  collatéraux  dressés;  style  non  terminal.  Fruit  drupacé. 
—  Tige  ligneuse;  feuilles  simples,  à  stipules  caduques,  à  pétiole  non  glanduleux.  Fleurs  un 
peu  irrégulières,  en  grappe,  ou  en  épi,  ou  en  corymbe. 

Chrysobalanb.  Chrysobalanus  |     Parinarium.  Parinarium. 

AFFINITÉ.  — Les  Pomacées  rtlitni  les  autres  Rosacées  aux  Myrtacées.  Les  Rosiet, 
DryadéeSy  Sanguisorbées  et  Spiréacées  diffèrent  des  Amygdalées  par  leur  fruit  non  drupacé, 
et  des  Chrysobalanées  par  leurs  fleurs  régulières.  Les  Dryadées  ont  quelque  rapport  de  phy- 
sionomie avec  les  Renonculacées ;  les  Spiréacées  ont  une  affinité  évidente  avec  les  Saxifragées, 
dont  elles  ne  se  distinguent  guère  que  par  le  défaut  d'albumen.  Les  Amygdalées  se  distinguent 
par  la  nature  de  leur  fhiit,  par  la  présence  de  Facide  hydrocyanique  dans  les  feuilles  et  hi 
graine  de  plusieurs  Espèces;  elles  se  rapprochent  àesAnacardiacées  par  leur  ovaire  et  leur  tronc, 
d'où  découle  un  suc  propre.  Les  Chrysohalanées  se  séparent  des  Amygdalées  par  leurs  pétioles 
non  glanduleux,  leur  calyce  irrégulier,  leurs  étamines  moins  développées  d'un  côté  de  la  fleur, 
leurs  ovules  dressées,  et  l'absence  de  l'acide  hydrocyanique;  leurs  fleurs  obliques  et  le  pied 
de  l'ovaire  soudé  avec  le  calyce  les  rapprochent  de  quelques  Genres  des  Légumineuseê. 

GÉOGRAPHIE.  —  Toutes  les  Pomacées  habitent,  en  deçà  de  TÉquateur,  l'Europe, l'Asie 
et  l'Amérique  septentrionale.  Les  Dryadées  et  les  Sanguisorbées  habitent  les  régions  tempérées 
et  fraîches  de  l'hémisphère  boréal;  quelques-unes  se  rencontrent  sous  la  zone  intertropicalc, 


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KOSACÉES,  267 

maïs  elles  y  occupent  des  stations  élevées  (les  Aigremoines  seules  sont  plus  nombreuses  au 
delà  du  Capricorne).  Les  Rosées  vivent  toutes  en  deçà  du  Cancer,  ainsi  que  les  Spiréacées.  Les 

Neuradées  se  rencontrent  au  Cap  et  sur  le 
littoral  méditerranéen  de  TAfrique.  Les 
Amygdalées  naissent  pour  la  plupart  dans 
les  parties  tempérées  de  l'hémisphère  bo- 
réal; très-peu  vivent  sous  les  tropiques, 
aucune  ne  se  rencontre  au  delà  du  Capri- 
corne. Les  Chrysobalanées  ne  sont  pas  rares 
près  du  tropique  du  Cancer^  surtout  en 
Afrique  et  en  Amérique. 

ESPÈCES  REMARQUABLES.  — 
Les  PoMAcéEs  fournissent  à  Thomme un 
fruit  dans  lequel  les  proportions  de  sucre, 
de  mucilage  et  d'acide  malique  sont  heu- 
reusement combinées  pour  flatter  notre 
goût;  c'est  à  la  culture  qu'elles  doivent  leur 
mérite,  car  les  Espèces  sauvages  sont  âpres 
et  sans  suc.  Le  grand  GenrePoiRiER  [Pyrus) 
comprend  d'abord  les  Poiribbs  propre- 
ment dits  (Pyrus  comrnunis) ,  dont  le  fruit 
est  allongé  en  toupie  à  sa  base,  et  fournit 
aux  horticulteurs  de  nombreuses  variétés, 
plus  ou  moins  estimées  pour  leur  chair  sa- 
voureuse et  fondante;  puis  les  Pommiers 
(Pyrus  malus)  ^  dont  le  fruit  se  distingue 
RosiH  A  ONT  rKciLLit.  dcs  poircs  par  sa  base  ombiliquée,  et  par  sa 

(Ro»a  eentifoua.)  ^^^^  fcrmc,  cassautc  et  acidulé. 

La  pomme  nous  rappelle  des  vers  charmants  de  Virgile,  exprimant  le  désespoir  d'un  berger 
qui  apprend  que  Nisa,  son  premier,  son  unique  amour,  va  devenir  réponse  d'un  autre  {Mopso 
Nisa  daturf);  il  se  reporte  au  jour  de  sou  adolescence,  où  il  la  vit  pour  la  première  fois, 
cueillant  des  fruits  avec  sa  mère.  Virgile,  avant  Bernardin  de  Saint-Pierre,  avait  compris  que 
la  peinture  des  passions  afTectives  est  plus  sensible  et  plus  frappante  quand  on  la  colore  par 
des  images  empruntées  au  monde  physique  : 

(c  Tu  étais  bien  petite  encore,  lorsque  dans  nos  vergers,  où  tu  m'avais  pris  pour  guide, 
je  te  vis  avec  ta  mère,  cueillant  des  pommes  humides  de  rosée.  Je  venais  d'entrer  dans  ma 
douzième  année  ;  déjà  je  pouvais  atteindre  aux  rameaux  chaînés  de  fruits.  Je  te  vis,  je 
t'aimai...  quel  funeste  délire  égara  mon  esprit!  » 

ScBpibus  in  nostris  parvam  te  roscida  mala, 
Dux  ego  vester  eram,  vidi  cum  matre  legentem. 
Aller  ab  undecimo  tùm  me  jam  ceperat  annus; 
Jam  fragiles  poteram  à  Urrâ  contingere  ramos. 
Ut  vidi,  ut  perii,  ut  me  malus  abstulit  error  ! 

On  a  divisé  les  Pommiers  en  Pommiers  a  couteau  (Malus  sativa)  et  en  Pommiers  a 
CIDRE  (Malus  acerba);  c'est  avec  les  pommes  de  cette  dernière  EvSpèce  que  se  fabrique  la 
liqueur  fermentée  qui  sert  de  vin  aux  populations  du  nord-ouest  de  la  France.  Le  poiré  est 
une  boisson  préparée  avec  les  poires  ;  mais  comme  le  moût  des  poires  est  plus  riche  en  sucre 
que  celui  des  pommes,  le  poiré  est  aussi  plus  riche  en  alcool  et  plus  capiteux  que  le  cidre  : 
aussi  ce  dernier  est-il  d'un  usage  beaucoup  plus  général. 


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268  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Après  les  Pommiers  et  les  Poiriers  viennent  les  Sorbiers  et  les  Alisiers,  Le  Sobbier 
DOMESTIQUE  (Pyrus  sorbus)  est  un  arbre  à  feuilles  ailées;  il  porte  des  fruits  nommés  cormes 

ou  sorbes,  ressemblant  à  de  petites  poires 
d'un  jaune  rougeâtre^  qui  ne  sont  murs 
qu'en  hiver,  et  donnent  aux  habitants  du 
nord  une  boisson  fermentée.  Nous  ne  pou- 
vons résister  au  plaisir  de  rappeler  les  vers 
où  Virgile  mentionne  cette  l)ois$on,  en  dé- 
crivant les  mœurs  des  Scythes  ;  Ifô  plus  vils 
détails  de  la  vie  matérielle  s'ennoblissent 
sous  la  plume  d'un  grand  poète,  et  nous 
serions  trop  heureux  de  pouvoir  mnémo- 
niser  chacune  des  Plantes  dont  n  jus  faisons 
r histoire  par  une  citation  empruntée  à  Tim- 
mortelle  Antiquité  : 

«  Au  sein  des  cavernes  creusées  dans  les 
profondeurs  de  la  terre,  ils  goûtent  un  repos 
romiB».  paisible;  assis  autour  du  foyer  où  sont  en- 

^"^  tassés  et  livrés  aux  flammes  les  troncs  des 

chênes  et  les  ormes  entiers,  ils  passent  leur  longue  nuit  dans  les  jeux,  et  remplacent  gaie- 
ment le  nectar  de  la  Vigne  par  le  suc  fermenté  de  Taigre  Sorbier.  » 

Ipsi  in  defossis  specubus  tranquilla  sub  altâ 
Otia  agunt  terra,  congestague  robora,  totasgue 
Advolvére  focis  ulmos,  igni  que  dedére. 
Hic  noctem  ludo  ducunt,  et  pocula  lœti 
Fermenta  atque  acidis  imitantur  vitea  Sorbis. 

Le  Sorbier  torminal  (Pyrus  (orminalis)  est  un  arbrisseau  indigène,  dont  le  fruit,  de 
couleur  orangée,  très-âpre  en  automne,  est  adouci  par  la  gelée;  son  écorce  était  jadis 
employée  comme  astringente  dans  la  dysenterie;  de  là  son  nom  spécifique  torminalis,  qui 
vient  de  tormina,  tranchées.  —  L'Alisier  alloichier  (Pyrvs  aria]  est  aussi  un  arbuste 
indigène  ;  sa  pomme,  nommée  a//5e,  est  rouge,  globuleuse-ovoïde,  et  douce  lorsqu'elle  est 
mûre. — Le  Sorbier  des  Oiseleurs  (Sorbus  aucuparia),  est  un  arbreà  feuilles  ailées  très- 
élégantes  ;  ses  baies  d'un  rouge  vif  contiennent  de  l'acide  malique  pur,  et  sont  recherchées 
avidement  par  les  merles  et  les  grives  ;  mais  leur  saveur  est  nauséeuse  pour  l'homme. 

Le  Cognassier  (Cydonia  vulgaris)  produit  un  fruit  couvert  d'un  duvet  blanchâtre,  et 
très-odorant;  il  est  acerbe  à  l'état  cru,  mais  la  cuisson  le  rend  comestible,  surtout  quand  il  est 
uni  au  sucre;  on  en  prépare  une  gelée  très-agréable  et  un  sirop  légèrement  astringent;  ses 
nombreux  pépins  contiennent  un  mucilage  employé  en  médecine  comme  émollient.  C'est 
souvent  au  Cognassier  que  l'horticulteur  demande  des  sujets  pour  la  Greffe  des  Poiriers,  opé- 
ration qui  était  connue  des  anciens,  comme  l'atteste  ce  vers  plein  de  sentiment,  que  tous  les 
pères  de  famille  devraient  savoir  par  cœur  :  a  greffe  des  Poiriers,  ô  Daphnis,  tes  petits-enfants 
en  cueilleront  les  fruits.  » 

Insère,  Daphni,  Pyros;  carpent  tua  poma  nepotes. 

Les  Cognassiers  du  JAPONctoE  la  CnifiEiC.Japonica  (Pl.XVl)etC  S  inensis)  sont  des 
arbres  d'une  admirable  élégance,  cultivés  dans  nos  jardins.  Le  C.  du  Japon  est  tortueux,  à 
peine  haut  de  k  pieds;  les  feuilles  ovales,  lisses,  sont  ornées  de  grandes  stipules  arrondies;  ses 
fleurs,  groupées  en  faisceau ,  presque  sessiles,  sont  larges  d'un  pouce  et  demi  et  d'un  beau 


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PI.  XXVI. 


1  Ammilmoécu  ) 


Imp.  ^an^ard-  Mfiu^i .  fiant 


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UOSAGÉES.  269 

rouge  foncé.  Le  C.  de  Chine  est  droit,  à  feuilles  en  coin,  à  fleurs  roses  sentant  la  violette. 
LeNÉFLiBE  [Mespilus  Germanica)  porte  un  fruit  nommé  nèfle  y  qui  est  d'abord  d  une  âpretc 
excessive,  et  devient  très-agréable  quand  son  parenchyme  s*est  ramolli  par  le  blessissement. 
L'AzÉROLi  ER  [Cratœgus  azarolus)  est  un  arbre  du  midi  de  l'Europe ,  dont  les  fruits  assez  gros, 
de  couleur  écarlate,  sont  savoureux.  L'Aubépine  [Cratœgus  oxyaeantha),  arbrisseau  épineux, 
(jui  forme  des  haies  dans  nos  campagnes,  produit  des  firuits  insipides;  mais  l'élégance  de  ses 
fleurs  le  fait  cultiver  pour  l'ornement  des  bosquets  et  des  massifs.  On  en  a  obtenu  des  variétés  à 
fleurs  roses,  écarlates,  doubles,  à  fruit  jaune,  et  à  feuilles  panachées. 

Outre  ces  Pomacées,  qui  sont  cultivées  autant  pour  leur  agrément  que  pour  leur  utilité, 
nous  citerons  encore,  comme  arbres  d'ornement  :  I'Alisier  buisson  ardent  [Cratœgus 
pyracantha),  petit  arbuste  épineux  haut  de  4  à  5  pieds,  à  fleurs  blanches  rosées,  à  fruits 
nombreux,  d'un  rouge  de  feu,  qui  produit  un  eff'et  pittoresque  dans  les  bosquets  d'automne  ; 

les  Cotoneastery  arbrisseaux  inermes,  tortueux,  à 
feuilles  blanches  et  cotonneuses  en  dessous,  à 
corymbes  latéraux  de  fleurs  persistantes  et  à  fruit 
d'un  rouge  écarlate;  les  Amelanchier,  arbrisseaux 
à  fleurs  blanches  en  grappes,  à  fruits  noirs,  bleus 
ou  rouges ;le  Néflier  du  Japon  [Eriobothrya 
japonica),  bel  arbrisseau,  cultivé  en  pleine  terre  dans 
le  midi  de  la  France,  à  feuilles  épaisses,  coriaces, 
persistantes,  laineuses  en  dessous,  à  fleurs  blanches 
en  grappes  terminales,  ayant  l'odeur  de  Tamande, 
et  donnant  des  fruits  jaunâtres,  velus,  comestibles; 
TAlisier  luisant  {Photinia  glabra),  bel  arbuste 
d'ornement,  résistant  à  l'hiver  de  nos  climats,  à 
feuilles  larges,  longues,  lisses  et  persistantes,  à  fleurs 
en  corymbes,  blanches  rosées;  \ç&Raphiolepis,  arbris- 
seaux indiens,  toujours  verts,  à  grappes  terminales 
couvertes  de  bractéoles  écailleuses,  persistantes. 

Le  bois  de  la  plupart  des  Pomacées  est  d'un  grain 
très-serré ,  qui  le  rend  utile  aux  ébénistes  et  aux 
tourneurs. 

Les  Rosées  sont  constituées  par  le  Genre  Rosier.  Les  nombreuses  Espèces  de  ce  beau 
Genre,  cultivées  dans  nos  jardins,  se  sont  croisées  à  l'inflni  et  ont  produit  des  milliers  d'hy- 
brides qui  rendent  très-difficile  leur  détermination. 

Le  Rosier  sauvage  (Ro$a  canina)  est  une  Espèce  indigène,  commune  sur  la  lisière  des 
bois;  ses  fruits  ovoïdes,  lisses,  d'un  rouge  de  corail,  renferment  une  pulpe  jaune,  acidulée  et 
astringente,  dont  on  prépare  avec  le  sucre  un  médicament  nommé  conserve  de  cynorrhodon, 
et  qu'on  administre  dans  les  fièvres  putrides,  le  scorbut,  la  dysenterie.  L'écorce  de  sa  racine 
était  préconisée  autrefois  contre  la  rage  ;  de  là  son  nom  spéciflque  de  canina;  ses  akènes 
chargés  de  poils  roides,  pris  à  l'intérieur,  chassent  les  vers  intestinaux. 

On  donne  le  nom  d'Églantier  sauvage  à  deux  Espèces  :  le  Rosier  des  chiens  (Rosa 
canina ),  et  le  R.  a  odeur  de  reinette  {R.  rubiginosa ) ;  l'Espèce ,  qu'on  nomme 
Églantier  des  jardins,  est  le  R.  eglanieria,  à  pétales  jaunes  ou  ponceau,  qui  exhale  une  odeur 
de  punaise. 

Le  R.  rouge  (Rosa  ^aZ/îca)  apporté  de  Syrie  en  France  à  Tépoque  des  Croisades,  est 
cultivé  à  Provins  et  à  Fontenay-aux-Roses  ;  c'est  lui  qui  fournit  les  pétales  employés  en 
médecine  comme  astringents.  On  les  mêle  pulvérisés,  ou  on  les  pile  avec  du  sucre  pour  com- 
poser une  conserve;  on  prépare  aussi  avec  eux  le  Miel  rosat. 
Le  Rosier  a  cent  feuilles  [Rosacentifolià],  originaire  du  Caucase,  qui  donne  la  plus 

35 


ROftlBK   A   ODIUK   Dl   KKi:«BTTB. 

[So$a  rubiginoêa.) 


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270 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Bbhoiti  kcaklatb. 
{Geum  toeein«uM  . 


belle  des  Roses,  est  cultivé  dans  tous  les  jardins ,  où  sa  fleur  se  montre  complètement  pleine; 

mais  ce  luxe  de  pétales  semble  affaiblir  son  parfum,  et  on 
lui  préfère  la  Ro  SB  db  Damas  (RosaDama$cena)ynomnik 
aussi  Rose  des  quatre  saisons ,  que  Ton  cultive  en  pleine 
terre,  près  Paris,  autour  du  Calvaire  :  dans  cette  Espèce, 
les  étamines  ne  sont  pas  toutes  métamorphosées,  et  son 
odeur  est  beaucoup  plus  suave  :  c'est  avec  ses  fleurs  que 
Ton  distille  VEau  de  Rose.  L'huile  volatile,  nommée  et- 
sence  de  Rose  est  extraite,  surtout  en  Orient,  des  Rosiers  à 
cent  feuilles,  de  Damas  et  du  R,  musqué,  {R.  moschatà),  qui, 
sous  le  soleil  de  Perse  et  d'Afrique,  acquièrent  un  arôme 
bien  plus  intense.  Les  uns  distillent  les  Roses  avec  un  peu 
d'eau ,  les  autres  les  macèrent  dans  Feau  en  les  exposant 
au  soleil  ;  les  pétales ,  ramollis  par  l'eau ,  laissent  sortir 
leur  huile,  qui  vient  surnager.  Le  procédé  le  plus  usité 
consiste  à  stratifier  alternativement  des  roses  et  des  graines 
de  Sésame  :  quand  ces  graines  huileuses  se  sont  gonflées 
en  absorbant  l'essence  de  Rose ,  on  les  soumet  à  la  presse 
pour  en  extraire  Thuile  fixe  qui  a  dissous  l'huile  volatile. 
LesDRTADÉES  possèdent  surtout  des  propriétés  astrin- 
gentes. LaToBMENTiLLB( PotentUla  tormentilla ) , herbe 
riche  en  tanin,  tient  le  premier  rang  parmi  ses  congénères,  I'Argentinb  {P.  anserim]^ 
la  Q  uiNTEFEuiLLE  (PotentUla 
reptans),  etc.,  qui  sont  aujour- 
d'hui hors  d'usage.  —  La   Be- 
noîte [Geum  urbanum)  n'est  pas 
abandonnée  ;  sa  racine  contient 
une  huile  volatile,   unie  à  un 
principe  astringent,  amer,  gom- 
meux,  résineux,  qui  lui  donne, 
mais  à  un  degré  modéré,  une 
vertu  tonique  et  stimulante.  Elle 
a  l'odeur  de  l'CEillet,  d*où  lui  est 
venu  son  nom  de  Caryophyllata. 
—  La    Benoîte    des    ruis- 
seaux   [Geum    rivale)    et    la 

DUYADE      A       HUIT       PÉTALES 

[Dryas  octopetala)  sont  simple- 
ment astringentes.  —  Le  Frai- 
sier (Fragaria  vesca)  croît  na- 
turellement dans  nos  bois ,  où 
son  réceptacle  succulent,  plus 
petit,  mais  bien  plus  parfumé  que 
dans  les  jardins,  est^  comme  le 
dit  Linné,  la  consolation  du  bo- 
taniste au  commencement  de 
juillet  [solatiismi  botanistarum 
ineunte  julio),  La  racine  de 
Fraisier  est  usitée  en  médecine  comme  astringente  et  diurétique.  —  Les  Ronges  (Rubus)  se 
recommandent  par  un  fruit  agréable  et  utile;  on  estime  surtout  le  Framboisier  [Ruhus 


mm 


Ro:iCB  k  mciT  blcuatrk. 
(ffH6u«  oatius.) 


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ROSACÉES.  271 

idœus)  dont  les  drupéoles,  d'une  saveur  acidulé ,  sucrée  et  aromatique,  sont  recherchées  sur 

les  tables  comme  dans  les  officines,  où  on  les  emploie  pour 
préparer  le  Vinaigre  framboise.  Les  Ronces  sauvages 
[Rubus  fruticosus,  corylifolim,  cœsius,  etc.),  ont  des  fruits 
nommés  mûres  de  haies,  que  mangent  les  enfants,  et  dont 
on  faisait  autrefois  un  sirop  ;  les  jeunes  pousses  étaient  usitées 
comme  astringentes.  LeR.  faux-mûrier  (/Î.  chamœmorus) , 
qui  croit  dans  les  régions  les  plus  septentrionales  de  notre 
hémisphère,  a  des  fruits  sucrés,  très- estimés  comme  mets 
de  dessert,  par  les  habitants  du  Nord. 

On  cultive  dans  les  jardins  un  grand  nombre  de  Drya- 
dées  exotiques,  telles  sont  :  la  Benoîte  écarlate  (Geum 
cocçineum),  Espèce  de  l'Asie  mineure,  à  fleurs  nombreuses, 
dressées,  dont  les  pétales  sont  grands  et  d*un  beau  rouge 
écarlate;  laPoTENxiLLE  ligsevse  (Potentiila  fruticosa), 
arbrisseau  indigène,  à  feuilles  penniséquées,  à  fleurs  jaunes, 
>  en    corymbe,  qui  se   succèdent   pendant  tout   Tété;    la 

P.  POURPRÉE  SANGUINE  (P,  otro  sanguineo),  du  Népaul, 
à  corolles  d*un  pourpre  noirâtre.  La  P.  de  mac  n as 
{P.  Macnabiana)  y  (PI.  XVI),  est  une  hybride  récemment 
observée  dans  les  jardins  d'Angleterre,  remarquable  par 
alchimilli  tclgaim.  l'ampleur  de  ses  feuilles  radicales,  soyeuses-argentées    en 

[Aickimiua  vMtganê.)  dcssous ,  par  SCS  hampcs  multiûores,  par  ses  pétales  d'un 

jaune  d'or,  qui  deviennent  en  dessus  d'un  pourpre  éclatant  et  conservent  en  dessous  leur 

teinte  dorée.  On  suppose  que   cette  ma- 
gnifique hybride  a  pour  mère  la  Poten- 

TiLLE    INSIGNE    (P.  insiguis) y   sur  les 

stigmates  de  laquelle  les  insectes  suceurs 

ont  transporté  le  pollen  de  la  P.  pourprée 

SANGUINE  (P.  atro-sanguinea). 
Les    Sanguisorbées     possèdent    les 

mêmes  propriétés  que  les  Dryadées;  elles 

sont  aujourd'hui  inusitées;  TAlchimille 

VULGAIRE    (Alchimilia   vulgaris) ,   ainsi 

nommée  parce  que  les  alchimistes  recueil- 
laient précieusement  la  rosée  de  ses  feuilles 

pour  la  préparation  de  la  Pierre  philosophale, 

possède  une  astringence  très-prononcée.  Les 

femmes  du  midi  de  l'Europe  la  croyaient 

autrefois  propre  à  raffermir  les  chairs. — 

La     Pimprenellr    (Poterium    SangUi- 

sorba)    n'est   plus  employée   que   comme 

condiment. 
Les  Spire  AcÉ ES  renferment,  outre  des 

principes  astringents,  une  petite  quantité  de 

résine  et  d'huile  volatile  jlaSpiRÉEBARBE 

DE    CHÈVRE  (Spirœa  aruncus),  dont  la 

racine  était  jadis  vantée  comme  tonique  et  sfim»  nuruioctB. 

fébrifuge,  est  tombée  dans  l'oubli;  celle  {spirœa ,iiip,nduia.) 

de   la  Reine    des   prés   {Spirœa  ubnaria)  passe   pour    anthelmintique ;    celle   de   la 


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272  HISTOIRE  DES  FAMILLES 

FiLiPENouLE  (Spirœa  filipenduld) y  qui  est  tubéreuse,  a  été  préconisée  contre  la  rage. 
—  Les  GiLLÉMA  de  rAmérique  sont  émétiques,  et  employés  comme  succédanés  de  Tlpé- 
cacuanha.  On  cultive  en  Europe  le  Gillenia  trifoliataj  comme  plante  d'ornement,  ainsi  que 
le  Kerria  japonica,  vulgairement  nommé  Corchorus,  arbrisseau  très-rustique,  à  fleurs  jaunes, 
doublant  par  la  culture. 

Les  Amygdâlées  se  distinguent  des  autres  Familles  de  leur  Classe  par  Tacide  hydrocya- 
nique  que  beaucoup  d'Espèces  possèdent  dans  leur  écorce ,  leurs  feuilles ,  et  surtout  leur 
graine,  et  qui  souvent  s'allie  à  une  huile  volatile  particulière;  elles  doivent  à  ces  principes 
une  vertu  narcotique  assez  prononcée.  La  culture,  pour  la  plupart  des  Espèces,  développe  dans 
le  parenchyme  de  la  drupe  le  principe  sucré  qui,  dominant  Tacide  sans  Teflacer  complète- 
ment, donne  au  fruit  une  saveur  délicieuse  :  tels  sont  les  Pruriiers,  les  Cerisiers,  et  surtout  les 
A  bricotiers  et  les  Pèchei^s,  , 

Le  Prunier  épineux  (  Prunus  spinosa  )  est  un  arbrisseau  indigène ,  dont  les  fleurs  sont 
purgatives,  et  dont  les  fruits ,  nommés  prunelles ,  sont  très-acerbes ,  mais  deviennent  comes- 
tibles quand  la  gelée  a  macéré  leur  parenchyme;  leur  écorce  est  astringente ,  amère  et 
fébrifuge  .Le  Prunier  domestique  {Prunus  dornestica  ) ,  (  PI .  XXVI  ) ,  et  son  type  sauvage 
(Prunifs  insititia),  propagées  de  TOrient  dans  toutes  les  régions  tempérées  du  globe,  ont 

fourni  un  grand  nombre  de  va- 
riétés; celle  qui  donne  les  prunes 
de  Damas  a  de  tout  temps  été 
la  plus  estimée  ;  on  fait  sécher 
les  prunes  alternativement  au 
feu  et  au  soleil  pour  les  amener 
à  rétat  de  pruneaux ,  employés 
comme  aliment  et  comme  mé- 
dicament. —  Le  Cerisier 
(Cerasus)^  ainsi  nommé  de  la 
ville  de  Cérasontey  d*où  Lucullus 
l'apporta  à  Rome  après  ses  vic- 
toires sur  Mithridate^  fournit 
plusieurs  Espèces  ou  variétés  à 
fruit  comestible  :  tels  sont  le 
C.  G  R I OT T I E R  (C  caproniana), 
dont  la  drupe  est  sphérique, 
fondante,  à  chair  acide,  non 
adhérente  au  noyau,  à  épicarpe 
facilement  séparable  ;  le  C.  g  u  i- 
GNIER  (C.  Juliana),  dont  la 
drupe  est  en  cœur,  rouge  ou 
noirâtre,  à  chair  acide,  tendre, 
adhérente  au  noyau  et  à  Tépi- 
carpe  qui  la  recouvre;  leC.  bi- 
garre autier  (C  duracina), 
dont  la  drupe  est  en  cœur, 
rouge,  ou  rosée,  ou  jaunâtre,  ou 
presque  noire,  à  chair  ferme  et  cassante,  adhérente  au  noyau  ainsi  qu  à  Tépicarpe.  Le 
C.  MERISIER  (Cerasus  avium)  est  une  Espèce  européenne.  Les  Allemands  préfèrent 
son  fruit  à  celui  des  autres  cerisiers  pour  la  préparation  du  Vin  de  cerises  et  du  Air- 
sc/ifirnsser,  alcool  très-usité  dans  le  nord-est  de  TEurope. —  Le  Merisier  a  grappes 
[Cerastts  pndf(s)   est   ini  arbre  indigène,  dont  récorcc,  douce  d'une  odeur   forte  et  désa- 


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ROSACÉES.  273 

gréabic  y  et  d'une  saveur  amère  et  astringente ,  a  été  proposée  comme   succédanée  du 
Quinquina. 

Le  L  A  u  R I E  n  c  s  r  i  s  e  est  un  arbrisseau  toujours  vert,  originaire  de  T Asie-Mineure,  à  feuilles 
épaisses,  coriaces,  glabres,  luisantes  en  dessus,  qui  contiennent  une  notable  quantité  d'acide 
hydrocyanique  et  d'huile  volatile  ;  on  s'en  sert  en  cuisine  pour  aromatiser  les  crèmes^  les  phar- 
maciens préparent  avec  ces  feuilles  une  eau  distillée  très-active,  que  les  médecins  doivent 
manier  avec  précaution,  parce  que  Tacide  hydrocyanique,  même  à  petite  dose,  est  le  plus 
rapide  et  le  plus  redoutable  des  poisons  narcotiques.  Cette  eau^  ajoutée  en  petite  quantité 
à  des  crèmes,  leur  donne  un  délicieux  goût  d'amandes  amères  ;  unie  à  l'alcool  et  au  sucre , 
elle  compose  un  excellent  ratafia,  semblable  à  la  liqueur  de  noyau. 

L'Abricotier  (Primits  armeniaca),  originaire  de  TOrient,  est  cultivée  aujourd'hui  dans 
toute  l'Europe;  son  fruit  est  pourvu  d'une  chair  jaune,  un  peu  fibreuse,  sucrée,  aromatique, 
que  l'on  conserve  sous  forme  de  marmelade  ou  de  pâte  sèche.  La  graine  est  douce  dans  cer- 
taines variétés  et  amère 
dans  les  autres  ;  cette  dif- 
férence   s'observe    aussi 
dans  les  deux  variétés  de 
r  A  11  A  N  D 1  é  R  {A  mygdalus 
communis),  arbre  indigène 
de  l'Afrique,  et    cultivé 
aujourd'hui    dans    toute 
l'Europe  tempérée  ;  le  mé- 
v^^  socarpe  de  sa  drupe  est 

J  fibreux ,    presque  sec,  et 

tout  à  fait  inutile  à  l^om- 
me,  mais  Vamande  est 
recherchée  pour  le  ser- 
vice de  la  table  et  de  la 
pharmacie  :  ce  sont  ses 
cotylédons  qui,  broyés  et 
délayés  dans  l'eau,  four- 
abricotim.  pftcDiK.  nissent    Témulsion    avec 

loochs  et  le  sirop  d'orgeat;  ils  contiennent  une  huile  fixe  abondante,  du  sucre,  de  la  gomme 
et  de  l'albumine  :  c'est  par  l'intermédiaire  de  ces  derniers  principes  que  l'huile  est  tenue 
en  suspension  dans  l'eau,  et  lui  donne  un  aspect  laiteux.  L'huile  d'amandes  s'obtient  par 
expression  des  graines  sèches,  et  celle  des  amandes  amères  n'est  pas  difl'érente  de  celle  des 
amandes  douces  ;  les  premières  sont  un  poison  actif  pour  les  oiseaux,  et  peuvent  même  nuire 
à  Thomme,  s'il  les  prend  en  grande  quantité. 

Le  Pêcher  (Amygdalus persica)^  arbre  originaire  de  la  Perse,  est  cultivé  aujourd'hui  plus 
généralement  encore  que  l'amandier,  mais  sa  culture  demande  beaucoup  de  soin,  et  occupe 
en  France  une  industrie  toute  spéciale.  Sa  chair,  qui,  dit-on,  est  purgative  en  Perse,  possède 
dans  nos  climats  une  saveur  exquise  et  simplement  rafraîchissante;  mais  sa  fleur  est  laxative, 
et  employée  comme  telle  en  médecine.  Sa  graine  contient,  comme  l'amande  amère,  de 
l'acide  hydrocyanique  et  une  huile  volatile;  l'endocarpe  osseux  en  est  lui-même  imprégné,  et 
c'est  avec  l'endocarpe  et  la  graine  broyés  que  l'on  prépare  la  liqueur  connue  sous  le  nom  de 
noyau.  —  Le  bois  de  la  plupart  des  Amygdalées  est,  comme  celui  des  Pomacées,  très-employé 
pour  le  service  de  la  menuiserie  et  de  l'ébénisterie. 

Les  Chrysobalanées  fournissent  aux  habitants  des  régions  tropicales  quelques  substances 
alimentaires  et  médicamenteuses.  Le  CnRYsosALAiNE  icaco  Ckrysobalanus  icaco)  est  un 


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27fc  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

arbuste  croissant  sur  les  rivages  des  Antilles;  sa  racine^  son  éeorce  et  ses  feuilles  sont  astrin- 
gentes; la  chair  de  sa  drupe,  légèrement  âpre,  devient  délicieuse  lorsqu'on  Tunit  au  sucre  ; 
ses  amandes  sont  huileuses  et  très-sapides.  Les  Parinarium  ont  un  fruit  moins  estimé.  La 
drupe  du  Parinarium  excelsum  est  mangée  avidement  par  les  nègres  du  Sénégal  ;  mais  elle  ne 
ûatte  pas  le  palais  des  Européens. 


Familles  CXV,  CXVP  a  CVXII'.  — 
MIMOSÉES,  CÉSALPINIÉES    a  PAPILIONACÉES. 

(LÉGUMINEUSES^  de  Jussteu.) 

Ces  trois  Familles^  autrefois  réunies  en  une  seule,  constituent  aujourd'hui  une  Classe.  Nous 
indiquerons  leur  caractère  commun,  et  chacune  d'elles  sera  ensuite  décrite  séparément  ; 
nous  subdiviserons  la  Famille  des  Césalpiniées  en  Césalpimées  et  Swartziées. 

LÉGUMINEUSES.  —  Càlyce  libre  monosépale.  Corolle  périgyne  ou  hypogyne, 
irrégulière  ou  régulière,  ET  k^ifi%%  en  nombre  double  des  pétales,  ou  indéfinies.  Vi^Til  à 
carpelle  unique.  Fruit  :  un  légume.  Plant ule  dicotylédonée,  droite  ou  courbe,  exal- 
buminée. FEViLLESaltemeSy  stipulées. 

PAPILIONACÉES.  —  Calyce  à  préfloraison  imbriquée.  Corolle  périgyne,  polypétale, 
papilionacée,  à  préfloraison  imbriquée.  Étamiiies  10 ,  à  filets  ordinairement  monadelpbes  ou 
diadelphes.  Ovaire  simple,  uniloculaire  ;  ovule  ordinairement  courbe.  Légume  ordinairement 
bivalve,  quelquefois  tordu  en  spirale  (Luzerne),  quelquefois  divisé  en  deux  loges  par  une  cloison 
longitudinale  (Astragale),  quelquefois  uniséminé  et  indéhiscent  (Trèfle)^  quelquefois  divisé  ptr 
des  cloisons  transversales  en  plusieurs  loges  superposées  (Tétragotwlobe)  y  quelquefois  lomen- 
tacé,  c'est-à-dire  partagé  par  des  étranglements  en  articles,  qui  se  séparent  à  la  maturité 
(Sainfoin).  Plantule  ordinairement  courbe. 

La  tige  est  ligneuse  ou  herbacée  ;  les  fleurs  sont  complètes ,  à  inflorescence  axillaire ,  dispo- 
sées en  grappe,  ou  en  épi,  ou  en  tète,  ou  en  ombelle,  ou  solitaires. 


AlfAGTRE. 

Anagyris. 

Baguenaudier. 

Colutea. 

Crotalaire. 

Crotalaria 

Astragale. 

Astragalus, 

Lupin. 

Lupinus. 

CiCHE. 

Cicer. 

BuGRAIfE. 

Ononis. 

Pois. 

Pisum 

Afonc. 

Ulex. 

ËRS. 

Ervum. 

Spartiuv. 

Spartium. 

Vesce. 

Vida. 

Genêt. 

Genista, 

Gesse. 

Lathyrus 

Cytise. 

Cytisus. 

Orobe. 

Orobus. 

Anthtllide. 

Anthyllis. 

Scoepiore. 

Scorpiuruf. 

Luzerne. 

Medicago. 

CORONifLB. 

Coronilla. 

Trigonelle. 

Trigohella. 

Ornithope 

Omithopus. 

AIêlilot. 

MelUotus. 

Hippocrepide. 

Hippocrepis 

Trèfle. 

Trifolium. 

Aracbide. 

Arachis. 

Lotier. 

Lotus 

Sainfoin. 

Hedysarum 

PsORALIER. 

Psoralea. 

Esparcette. 

Onobrychis. 

Indigotier. 

Indigofera. 

Ebène. 

Ebenus. 

Rlglisse. 

Glycyrrhiza. 

Ertthrine. 

Erytkrina. 

LavanAse. 

Galega. 

WlSTÉRIA. 

Wisteria. 

Rorimer. 

Bobinia. 

Haricot. 

PiMseolus 

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MIMOSÉES,  CÉSALPINIÉES  ET  PAPILIONACÉES.  275 


DOLIOUE. 

Dolichos. 

SOPHORA. 

Sophora. 

Abrus. 

Abrus. 

Gladrastis. 

CladrasHs. 

Pterocaape. 

Pterocarpus, 

Gaikieb. 

Cercis. 

Mtbospermum. 

Myrospermum, 

CÉSALPINIÉES.  —  Galyco  à  préfloraison  imbriquée.  Corolle  périgyne,  polypétale,  sub- 
papilionacée  ou  presque  régulière,  quelquefois  nulle.  Élamines  10,  ou  moins,  ordinairement 
libres.  Pistil  des  Papilionacées.  Plantule  ordinairement  droite. 

La  tige  est  ligneuse,  les  feuilles  ordinairement  composées;  les  fleurs  sont  complètes,  dispo- 
sées en  grappes  ou  en  épis. 


Fevier. 

Crleditschia' 

Casse. 

Cassia, 

Cbicot. 

Gymnocladus 

COURBARIZ.. 

Hymenœa, 

Bresillet. 

Cœsalpinia. 

Bauhinia. 

Bauhinia. 

POINCILLADK. 

Poindana. 

COPAYER. 

Copaifera, 

CampAcbb. 

Hcematoxyion, 

Caroubier 

Ceratonia, 

8WARTZIÉES. —  Calycc  à  préfloraison  valvaire.  Pétales  libres  hypogynes,  plus  ou  moins 
irréguliers,  à  préfloraison  imbriquée,  ordinairement  5,  quelquefois  3,  ou  2,  ou  0,  par  avorte- 
ment.  Étamines  9-10,  ou  indéfinies,  à  filets  libres.  Légume  bivalve,  ou  charnu  et  indéhiscent. 
Graines  à  plantule  ordinairement  courbe. 

La  tige  est  ligneuse,  les  fleurs  sont  complètes,  en  grappes. 

SwARTzu.  Swartzia,  \     Détar.  Detarium. 

MIMOSÉES.  — Calyce  à  préfloraison  valvaire.  Corolle  hypogyne  ou  presque  hypogyne, 
régulière ,  à  préfloraison  valvaire ,  souvent  monopétale.  Étamines  ordinairement  en  nombre 
double  ou  multiple  de  celui  des  pétales;  filets  libres  ou  légèrement  monadelphes.  Carpelle 
unique,  quelquefois  plu-sieurs,  libres  {Affbnsea),  Ovules  réfléchis.  Légume  bivalve  ou  lomentacé. 
Plantule  droite,  ordinairement  exalbuminée. 

La  tige  est  ordinairement  ligneuse;  les  feuilles  sont  pennées,  quelquefois  irritables.  Les 
fleurs  sont  quelquefois  polygames,  disposées  en  épi  ou  en.  tète,  rarement  en  panicule  ou  en 
corymbe. 

Acacia.  Acacia, 

Vachélia.  Vachelia. 

Inga.  Inga. 

AFFINITÉ.  —  Les  Papilionacées  se  distinguent  des  autres  Légumineuses  par  la  soudure 
des  étamines  et  la  courbure  de  la  plantule.  Les  Césalpiniées  sont  moins  irrégulières  que  les 
Papilionacées;  les  étamines  sont  souvent  plus  nombreuses^  et  la  plantule  est  droite.  Dans  les 
Stmrtziées,  les  pétales  se  réduisent  en  nombre,  ou  même  manquent  tout  à  fait  ;  la  plantule  se 
remontre  courbe.  Les  Mimosées  sont  remarquables  par  leur  corolle  régulière ,  leur  préflo- 
raison valvaire,  leurs  étamines  bypogynes  souvent  indéfinies,  et  leur  plantule  droite.  Quelques 
Genres  de  Papilionacées  apétales  se  distinguent  à  peine  des  Térébinthacées, 

GÉOGRAPHIE.  —  Les  Papilionacées  ne  sont  bannies  d'aucun  climat;  elles  abondent 
surtout  dans  les  régions  tropicales  et  subtropicales,  plutôt  dans  Tancien  continent  que  dans  le 
nouveau,  et  en  deçà  du  Cancer  qu'au-delà  du  Capricorne.  Les  Césalpiniées  habitent  principa- 
lement les  tropiques.  Les  Mimosées  sont  tropicales  et  subtropicales ,  surtout  dans  Thémi- 
sphère  austral. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  La  Famille  des  Légumineuses  est,  de  toutes  les  Familles 
du  Règne  Végétal,  celle  qui  fournit  le  plus  de  substances  utiles  à  la  médecine,  à  l'économie 
domestique,  aux  arts  et  à  Tborticulture.  Nous  allons  énumérer  rapidement  les  Espèces  les 
plus  importantes. 


Parkia, 

Parkia. 

Mimosa. 

Mimosa. 

Emtada. 

Entada. 

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276  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Plusieurs  Papilionacées  possèdent  des  principes  sucrés,  qui  abondent  surtout  dans  leurs 
racines.  La  tige  et  les  feuilles  en  contiennent  très-peu  ;  les  fleurs  et  les  fruits  non  mûrs  en 
présentent  une  plus  grande  quantité.  Les  Réglisses  doivent  être  placées  en  première  ligne. 

La  RÉGLISSE  GLABBE  (Glt/cyrr/itza  gla- 
bra)  croît  spontanément  dans  le  midi  de 
TEurope  ;  c'est  le  suc  épaissi  de  sa  racine, 
ou  plutôt  de  son  rhizome  traçant^  qui  fournit 
l'extrait  sec,  connu  de  tout  le  monde  sous 
le  nom  de  suc  de  réglisse.  On  emploie  la 
racine  en  nature  pour  édulcorer  les  tisanes  ; 
mais  il  faut  que  cette  racine  soit  traitée 
par  macération,  et  non  par  décoction  ou 
infusion,  attendu  que  Teau  chaude  dissout 
un  principe  résineux^  acre,  qui  altère  les 
propriétés  émollientes  de  la  Réglisse.  La 
Réglisse  hébissêe  [G.  echinata)  a  sa 
racine  pivotante  et  volumineuse^  beaucoup 
moins  sucrée  que  celle  de  l'Espèce  précé- 
dente; elle  a  passé  de  l'Italie  dans  l'Orient 
et  dans  l'Asie  centrale.  VAbi*usprecatorim, 
arbrisseau  indigène  de  l'Asie  et  de  l'Afrique 
tropicale,  transplanté  en  Amérique^  est  au- 
jourd'hui le  succédané  de  la  Réglisse  dans 
toute  la  zone  torride;  ses  graines  lisses, 
d'un  rouge  brillant,  et  marquées  à  leur  bile 
iHDiooTiBK  COUCHÉ.  d'uuc  tachc  noirc,  servent  à  faire  des  cha- 

(indigcfera  procu   0ns,  pelcts   ct   dcs  objcts    d'omcmcnt;    prises 

à  Vintérieur,  elles  sont  vénéneuses.  Les  feuilles  de  TAstbagale  fausse  réglisse 
[Astragalus  glycyphgllos),  d'une  saveur  sucrée  nauséeuse,  étaient  autrefois  préconisées 
contre  la  dysurie,  ainsi  que  celles  de  I'Esparcette  (Onobrychis  saliva).  Le  Robi- 
nier FAUX  ACACIA  (  Robiuia  pseudo-acacia ) ,  arbre  élégant  de  l'Amérique  septen- 
trionale, naturalisé  en  Europe,  contient  dans  sa  racine  et  dans  Técorce  intérieure  de  son 
tronc  des  principes  sucrés,  qui  peuvent  rivaliser  avec  ceux  de  la  Réglisse.  Ses  fleurs,  riches 
en  nectar,  sont  recherchées  par  les  abeilles,  et  leur  parfum  est  recueilli  par  quelques  distilla- 
teurs pour  falsifier  Teau  de  fleurs  d'oranger;  de  plus  elles  fournissent  un  principe  colorant 
jaune  j  ses  feuilles  peuvent  servir  de  fourrage,  et  les  graines  contiennent  une  huile  fixe. 

Quelques  Espèces  de  Dolique,  de  Gesse,  d'Apios,  et  autres  Genres,  ont  des  racines  tubéreuses, 
contenant  des  principes  amylacés,  mucilagineux  et  sucrés,  qui  les  rendent  nutritives  et  émol- 
lientes. —  L'Alhagt  des  Maures  (Alhagi  Mauroimm]  est  un  arbrisseau  de  l'Asie  et  de 
l'Afirique  tropicale  ;  celui  qui  croît  en  Perse  produit  par  exsudation  une  espèce  de  manne,  qui 
peut  rivaliser  avec  celle  du  Frêne. 

Les  fruits  et  les  graines  de  beaucoup  de  Légummeuses,  telles  que  le  Haricoly  recueillis 
avant  la  maturité,  contiennent  du  mucilage  et  du  sucre,  et  fournissent  à  Thomme  un  mets 
délicat;  si  on  attend  la  maturité  complète  des  graines,  il  s'y  développe  de  Tamidon  et  un 
gluten  particulier  nommé  légumine,  qui  donnent  au  Ciche,  à  la  Fève^  à  la  Lentille,  au  Pois 
et  au  Haricot  des  propriétés  très-nutritives;  mais  ces  substances,  tout  en  apaisant  la  faim, 
produisent  trop  souvent  l'obésité.  Le  Lupin,  \eCaja,\Q  Soja,  sont  aussi  employés  comme 
aliments  dans  les  pays  étrangers.  La  plus  remarquable  des  Légumineuses  à  graines  alibiles, 
habitant  la  zone  tropicale,  estrARACHiDESouxERRAiNEouMuNDUBi  (Arachis  bypogœa), 
herbe  annuelle,  originaire  du  Brésil,  d'où  elle  s'est  répandue  dans  toutes  les  contrées  chaudes 


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MIMOSÉES,   CÉSALPINIÉES  ET   FAPILIONACÉES.  2T7 

du  globe;  après  la  fécondation,  le  réceptacle  s'allonge  en  se  recourbant  vers  la  terre,  de 
manière  à  y  faire  pénétrer  Tovaire  à  une  profondeur  de  2  pouces  ;  le  fruit,  ainsi  enterré, 
mûrit  ses  graines  buileuses,  qui  sont  très-sapides  et  très-nutritives.  —  Dans  la  plupart  des 
Espèces,  la  gousse  mûre  est  ligneuse  ou  coriace;  cependant  celle  du  Caroubibr  (Cera- 
tonia  siliqua)  est  comestible  :  c'est  un  arbre  très-commun  sur  les  bords  et  dans  les  lies 
orientales  de  la  Méditerranée;  son  fruit  est  lomentacé,  et  contient  une  pulpe  abondante 
dans  laquelle  sont  nichées  les  graines.  Cette  pulpe,  d'un  goût  miellé,  est  peu  nutritive 
pour  rhomme,  mais  elle  sert  à  engraisser  les  troupeaux  ;  les  enfants  en  sont  friands,  et  les 
médecins  la  prescrivent  quelquefois  comme  laxalive.  Le  terme  de  karat  qui  indique  un 
poids  de  4  grains,  en  usage  chez  les  lapidaires,  vient  des  graines  du  Caroubier,  nommées  en 
grec  Keration, 

Beaucoup  de  Papilionacées  ont  une  herbe  mucilagineuse,  sucrée,  plus  ou  moins  amère  et 
aromatique,  qui  fournit  un  excellent  pâturage.  Nous  placerons  en  première  ligne  les  Trèfles 
et  les  Luzernes,  Les  Mélilots,  qui  les  touchent  de  près,  possèdent  une  odeur  particulière,  une 
saveur  légèrement  acre  et  aromatique,  qui  les  font  employer  comme  vulnéraires;  les  Suisses 
s'en  servent  dans  la  préparation  de  leurs  fromages.  Le  Lotie  a  {Lotus  corniculatus),  herbe 
commune  sur  toutes  les  pelouses,  a  les  mêmes  propriétés. —  LeFENUGREc(  Trigonella  fœnum 
grœcum  )  a  une  odeur  plus  désagréable  ;  ses  graines  mucilagineuses  amères  sont  réduites  en 
farine  dans  les  pharmacies  pour  préparer  des  cataplasmes,  auxquels  une  petite  quantité 
d'huile,  contenue  dans  la  graine,  donne  des  vertus  stimulantes  ;  mêlés  avec  de  Tavoine  que  Ton 
donne  aux  chevaux,  ces  graines  les  remplissent  d'ardeur.  Les  femmes  renfermées  dans  les 
sérails  de  TOrient  les  font  cuire  avec  du  lait  pour  acquérir  Tobésité  qui  charme  leurs  maîtres. 
—  LaLAVAMBSB  (Galega  officinalis)  est  inodore,  mais  elle  réunit  la  saveur  du  Mélilot  à 
celle  du  Fenugrec,  ce  qui  la  faisait  ranger  autrefois  parmi  les  médicaments  'diaphorétiques, 
diurétiques  et  vermifuges.  Le  Psoralier  bitumineux  [Psoralea  bituminosa),  Plante  indi- 
gène, d* odeur  forte,  était  recommandé  par  les  anciens  dans  Tépilepsie,  Thystérie,  et  les  fièvres 
intermittentes;  aujourd'hui  on  l'emploie  en  Italie  comme  anti  odontalgique.  Les  graines  du 
CouM  A  Rou  (Cnumarouna  odorata),  arbre  de  la  Guyane,  possèdent  Tarome  du  Mélilot,  combiné 
avec  celui  des  amandes  amères  ;  on  les  emploie  pour  parfumer  le  tabac  ;  elles  sont  connues 
dans  le  commerce  sous  le  nom  de  fèves  tonka.  Les  chimistes  en  ont  retiré  une  espèce  de 
stéaroptène,  cristallisable  en  aiguilles,  nommée  Coumarine. 

LeSoPHOBA  COTONNEUX  (6^o/>Aora  tomeniosa)  est  un  arbuste  célèbre  chez  les  Indiens 
pour  les  vertus  de  sa  racine  et  de  ses  graines,  qui  sont  vantées  comme  spécifiques  contre  les 
vomissements  du  Choléra.  —  Le  Sophora  du  Japon  {Styphnolobium  japonicum)  a  été 
introduit  dans  les  jardins  d'Europe,  où  l'on  en  cultive  une  curieuse  variété  à  rameaux  pendants, 
connue  sous  le  nom  de  Sophora  pleureur;  sa  gousse  contient  une  pulpe  d'une  saveur  très- 
austère,  qui  fournit  un  principe  colorant  d'un  jaune  magnifique,  exclusivement  employé  à 
teindre  les  vêtements  des  empereurs  du  Japon. 

D'autres  Papilionacées  sont  purement  astringentes  ;  I'Anthyllidb  vulnérairb(A7i- 
thyllis  vulneraria),  Plante  indigène,  est  mise  en  oubli  ;  dans  les  racines  et  les  graines  du 
Guilandina  Bonduc,  arbrisseau  indien,  le  principe  astringent  est  uni  à  un  principe  amer, 
auquel  est  due  leur  propriété  tonique.  —  Uécorce  (Talcornoque  est  fourni  par  le  Bowdichia 
Vtrgilioïdes,  SLvhre  de  l'Amérique  tropicale,  qui  croît  vers  l'embouchure  de  l'Orénoque; 
annoncée  d'abord  comme  remède  spécifique  de  la  phthisie  pulmonaire,  puis  comme  succédanée 
de  ripécacuanha,  elle  n'a  pas  réalisé  les  espérances  qu'elle  avait  fait  naître,  et  sa  réputation 
est  à  peu  près  tombée  aujourd'hui. 

Quelques  Espèces  de  l'ancien  continent  possèdent  un  suc  astringent,  soluble  dans  l'eau  et 
dans  l'alcool,  qui  coule  par  incision  de  leur  écorce,  et  se  trouve  dans  le  commerce  :  telle  est 
la  gomme  Kino  d'Orient,  qui  provient  du  Butea  frondosa,  et  difi'ère  par  une  plus  grande 
quantité  de  tanin  de  la  gomme  Kino  de  Gambie^  ou  Kino  vrai,  fournie  par  le  Drepanocarpus 

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278  HISTOIHE  DES  FAMILLES. 

seyiegalensis,  —  Le  Sandi^agon  de  Carthaghie  substance  résineuse  rouge,  soluble  dans  Talcool, 
est  produit  par  le  Pterocarpus  draco,  Papilionacée  d'Amérique. 

Plusieurs  Espèces  américaines  sont  tinctoriales  ;  le  hois  de  Brésil  ou  de  Femambouc^  qui 
contient  un  principe  colorant  rouge  nommé  BrasilinCy  appartient  au  Cœsalpinia  echinata,  et 
a  été  autrefois  recommandé  contre  les  fièvres  intermittentes  ;  le  Brésillel  ou  Bois  de  Sainte- 
Marthe,  vient,  dit-on,  du  C  brasiliensis,  arbre  des  Antilles;  le  Sa pp an  (C  .  sappan),  qui 

croît  aux  Indes^  contient  un  principe  rouge 
qui  rivalise  avec  celui  des  Espèces  d'Amé- 
rique. Le  Bois  de  Campêche  provient  de 
YHœmatoxylon  campechianum  ;  il  contient 
un  principe  particulier,  nommé  hématine. 
Son  suc  est  employé  en  Amérique  comme 
astringent,  mais  son  principal  usage  est  de 
servir  pour  la  teinture  en  noir  et  en  violet. 
Ce  bois,  plus  pesant  que  Teau,  à  odeur  d'iris, 
à  grain  serré  et  compacte,  peut  recevoir 
un  beau  poli ,  et  les  ébénistes  en  font  des 
meubles  de  prix.  —  Les  bois  de  Santal 
rouge,  usités  dans  la  teinture,  Tébénisterie, 
la  tabletterie,  appartiennent  au  Pterocarpus 
santalinuSy  et  à  quelques-uns  de  ses  con- 
génères. 

Mais  la  première  des  substances  tincto- 
riales, fournies  par  la  Famille  des  Papilio- 
nacées,  est  V indigo;  il  est  retiré  de  Ylndi- 
go  fera  tinctoria,  sous-arbrisseau,  naissant 
spontanément  dans  TAsie  tropicale,  et 
maintenant  cultivé  dans  toutes  les  régions 
appartenant  à  la  même  zone.  On  Tobtient 
en  laissant  fermenter  dans  Teau  les  feuilles 
Bois  db  CAVPftcBi.  de  la  Plante  ;  on  soutire  ensuite  Teau  qui 

iHematoxylom  Campeehianuwt.)  »      i      i  «     i  •       •  . 

s  est  charge  du  prmcipe  colorant,  on  1  agite 
au  contact  de  Tair  jusqu'à  ce  que  Vindigotine  soit  oxygénée,  et  passe  au  bleu  ;  on  accélère  sa 
précipitation  par  Teau  de  chaux,  et  on  fait  sécher  le  précipité.  L'indigo  desséché  est  une 
substance  cassante,  d'une  couleur  bleue  foncée,  et  prenant  un  éclat  cuivré  par  le  frottement 
de  l'ongle  ;  cette  propriété  caractéristique  de  Findigo  a  fait  croire,  jusque  dans  le  dix- 
septième  siècle,  qu'il  était  de  nature  métallique.  V  Indigo  fera  argentea  et  V  Indigo  fera  anil 
oiu'nissent  aussi  de  l'indigo  d'une  qualité  supérieure ,  mais  la  première  Espèce  le  donne  en 
plus  grande  quantité  ;  aussi  la  préfère-t-on  pour  la  culture.  La  racine  de  tous  les  indigotiers 
passe  pour  efficace  dans  les  affections  calculeuses  -,  leurs  feuilles  amères  toniques  sont  mises 
au  nombre  des  fébrifuges. 

Le  bois  d*Aloès  est  un  bois  résineux  aromatique,  fourni  par  un  arbre  croissant  sur  les  plus 
hautes  montagnes  de  la  Codi[nchme,Y  Aloéxy  Ion  A  gallocke.  Les  Malais  le  nomment  Calambac, 
Ce  bois  est  d'un  brun  obscur  et  cendré,  strié  par  de  longues  veines  noires  ;  il  contient  une 
substance  résineuse  d'une  odeur  exquise,  analogue  à  celle  des  écorces  du  citron;  c'est  surtout 
dans  les  troncs  très-àgés  que  cette  résine  se  trouve  accumulée.  Le  bois  d'Aloès  brûle  avec 
Gamme,  et  répand  en  brûlant  une  odeur  suave  de  benjoin.  On  l'emploie  rarement  en  Europe; 
autrefois  on  en  faisait  des  fumigations  céphaliques.  Les  Indiens  le  font  entrer  dans  leur 
Cachundé,  pastilles  composées,  dit>on,  d'ambre,  de  musc,  de  cannelle,  de  rhubarbe,  de 
rubis,  d'émeraudes,  de  grenat,  etc.,  qu'ils  regardent  comme  un  puissant  antidote. 


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MIMOSÉES,    CÉSALPINIÉES   ET  PAPILIONAGÉES.  279 

La  Résine  copaly  nommée  aussi  Résine  animée  orientale,  est  une  slibstancc  très-employée 
dans  la  fabrication  des  vernis;  elle  est  insoluble  dans  l'alcool  et  dans  Tesseuce  de  térében- 
thine ;  mais  quand  on  fait  fondre  le  copal  sur  un  feu  vif,  et  qu'on  y  ajoute  de  Thuile  de  lin, 
la  résine  se  mêle  intimement  à  Fhuile  fixe,  laquelle  ensuite  peut  se  dissoudre  dans  lies- 
se nce  de  térébenthine;  c'est  cette  préparation  qu'on  nomme  vernis  gras  au  copal.  On  a  cru 
longtemps  que  cette  précieuse  substance  venait  du  Mexique,  puis  on  l'a  considérée  comme 
originaire  de  Tlnde.  Aujourd'hui  on  sait  p'jsitivement  qu'elle  est  fournie  par  le  Courbaril 
vERRUQUEux  (Hymenœa  verrucosa),  arbre  de  Madagascar,  *nommédansle  pays  Tanrouk- 
rouki. 

LesCopATBRS  [Copaifera)  sont  des  arbres  de  l'Amérique  tropicale,  du  tronc  desquels  coule 
par  incision  un  suc  oléo-résineux,  improprement  nommé  boxime  de  Copaku,  très-fréquemment 
usité  en  niédecine  dans  le  traitement  de  certains  catarrhes  urétraux,  du  catarrhe  de  la  vessie 
et  même  du  catarrhe  pulmonaii'e  chronique. 

Le  baume  du  Pérou  est  une  substance  résineuse  aromatique,  dont  les  propriétés  médicales 
sont  analogues  àcellesduCopahu,  et  qui  provient  du  Myroxylon  peruanum^  arbre  de  l'Amé- 
rique tropicale.  C.ette  substance^  nommée  aussi  baume  noir  de  San- Salvador,  est  brunâtre, 
liquide  comme  du  sirop,  d'une  odeur  très-agréable  de  Vanille  et  de  Benjoin,  d'une  saveur 
aromatique,  un  peu  amère  et  très-àcre  ;  elle  est  formée  d'une  résine,  d'une  huile  plus  pesante 
que  l'eau,  graissant  le  papier,  et  incomplètement  volatile,  nommée  Cinnaméine;  en  outre, 
d'un  acide,  qu'on  avait  pris  pour  de  l'acide  benzoîque^  et  qui  est  de  l'acide  cinnamique. — 
Le  baume  de  Tolu  est  produit  par  le  Myroxylon  toluiferum^  qui  croit  dans  la  Colombie;  il  est 
sec  ou  mou  :  le  baume  sec  est  d'un  blond  rougeàtre,  plus  ou  moins  translucide,  d'une  odeur 
suave  et  d'une  saveur  parfumée,  accompagnée  d'une  légère  àcreté;  il  se  compose  d'une  ré- 
sine ,  de  Cinnaméine,  d'une  huile  volatile  nommée  Tolène,  d'acide  cinnamique  et  d'acide 
benzoîque.  Le  baume  liquide  a  une  consistance  de  poix  molle ,  sa  transparence  est  plus 
grande ,  son  odeur  plus  pénétrante  ;  il  contient  moins  d'acides  benzoîque  et  cinnamique , 
parce  que,  étant  plus  récent,  son  huile  volatile  n'a  pas  eu  le  temps  de  s'oxygéner  et  de 
se  changer  en  acide.  Le  baume  de  Tolu  est  usité  en  médecine,  au  même  titre  et  même  plus 
fréquemment  que  celui  du  Pérou. 

La  gomme  adragante  est  un  suc  gélatiniforme ,  qui  se  gonQe  dans  l'eau ,  et  lui  donne  une 
consistance  très-épaisse;  on  l'emploie  en  pharmacie,  pour  les  loocbs;  en  cuisine,  pour  les 
crèmes  et  les  gelées  ;  les  teinturiers  et  les  gaziers  s'en  servent  pour  lustrer  et  empeser  leurs 
soieries.  Cette  matière,  qui  n'a  aucun  rapport  avec  la  gomme  arabique ,  exsude  du  tronc  de 
plusieurs  Espèces  d'A  stragalb,  et  notamment  des  Asiragalus  verus,  creticus,  arisiatus,  etc. , 
qui  croissent  sur  les  montagnes  de  la  Grèce,  de  la  Syrie  et  de  la  Perse. 

Le  principe  amer-àcre,  émétique  et  purgatif  que  possèdent  beaucoup  de  Légumineuses 
exotiques,  manque  dans  celles  de  notre  pays,  ou  est  masqué  par  d'autres  substances.  Cepen- 
dant il  se  montre  chez  quelques  Espèces  indigènes  :  tels  sont  le  Genêt  d'Espagne  (Spar- 
tium  junceum),  IcGenêt  a  balais  (  Sarothamnus  sco/)arius ),laGB?cE8TR0LLK  { Genista 
tinctoria  )  et  plusieurs  autres ,  que  les  médecins  laissent  dans  l'oubli.  Les  sommités  fleuries  de 
la  Genestrolle,  que  l'on  a  préconisées  contre  l'hydrophobic,  ne  s^nt  plus  utiles  que  par  la  couleur 
jaune  et  verte  qu'elles  fournissent.  Le  Cytise  des  Alpes  (Cytisus  /a^mum) ,  élégant 
arbrisseau  connu  de  tout  le  monde,  a  été  rejeté  des  officines,  malgré  le  principe  particulier, 
nommé  cylisine,  auquel  ses  feuilles  et  ses  graines  doivent  leur  vertu.  —  L'Arrête- boeuf 
[Ononis  spinosa) ,  dont  les  belles  fleurs  nous  annoncent  la  fin  de  l'été ,  contient,  avec  du 
mucilage  et  du  sucre ,  une  résine  particulière ,  qui  le  rend  propre  à  sthnuler  les  organes  de  la 
sécrétion  et  principalement  les  reins.  —  L'A  nagyrb  fétide  (A  nagyris  fœtida) ,  arbrisseau 
méditerranéen,  est  stimulant  et  purgatif.  Les  feuilles  du  Bagubnaudier  {Colutea  arbo- 
rescens),  indigène  dans  le  midi  de  l'Europe,  et  cultivé  çà  et  là  dans  nos  jardins,  sont  laxatives, 
et  ses  graines  sont  émétiques ;laCoRONiLLE  eu é rus  (Coronilla  ements ) ,  dont  les  feuilles 


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280  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

ont  les  mêmes  propriétés,  n'est  plus  employée  aujourd'hui.  La  Coroisillb   bigareée 
(C.  varia)  est  très-purgative,  et  en  même  temps  diurétique. 

C'est  surtout  chez  les  Césalpiniées  que  se  montre  la  vertu  purgative  :  nous  mentionnerons 
principalement  dans  cette  Famille  le  Tamarin,  les  Casses  et  les  Andira.  — Le  Tamarin 
(  Tamarindus  indica),  arbre  magnifique,  croissant  spontanément  dans  les  régions  intertropi- 
cales de  l'ancien  continent,  a  été  naturalisé  en  Amérique.  Les  gousses  renferment  une  pulpe 
d'odeur  vineuse  et  de  saveur  aigrelette ,  que  l'on  conserve  dans  les  officines,  mêlée  avec  les 
graines  et  les  débris  du  péricarpe.  Les  propriétés  laxatives  et  rafraîchissantes  de  cette  pulpe 
ne  dépendent  pourtant  pas  dif  principe  amer-àcre  dont  nous  parlions  tout  à  Theure;  c'est  au 
mélange  du  sucre  et  des  acides  citrique  ,  tartrique  et  malique  qu'elles  sont  dues  :  il  en  est  de 
même  de  la  Casse  {Cassia  fistula) ,  arbre  indien ,  dont  le  fruit  contient  une  pulpe  sucrée  et 
gélatineuse,  qui  est  laxative  et  adoucissante.  C'est  dans  les  feuilles  de  quelques  congénères 
africaines  de  la  Casse,  nommées  Séné^  que  réside  essentiellement  le  principe  purgatif;  les 
Cassia  obovata ,  acutifolia,  lanceolata,  Œthiopica,  sont  les  Sénés  les  plus  recherchés.  Il 
arrive  tous  les  ans  de  la  haute  Egypte  à  Tentrepôt  de  Boulac,  près  du  Grand-Caire,  15  à 
16,000  quintaux  de  Séné,  appartenant  à  ces  diverses  Espèces;  on  les  mêle,  on  les 
concasse  légèrement  pour  mieux  les  confondre,  on  y  ajoute  même  des  feuilles  d'ARcuRi 
(Solenostemma  Ar^^e/)  Asclépiadée,  que  nous  avons  mentionnées  (page  IW)  :  c'est  ce  mélange, 
appelé  Séné  de  la  Pâlie,  du  nom  de  l'impôt  auquel  il  est  assujetti,  qui  constitue  le  Séné  le 
plus  estimé. 

On  apporte,  au  Caire  et  à  Alexandrie,  les  graines  du  Cassia  absus,  herbe  annuelle,  qui  croît 
dans  rintérieur  de  l'Afrique  ;  ces  graines,  très-amères,  légèrement  aromatiques  et  mucilagi- 
ncuses,  sont  efficaces  pour  guérir  Topbthalmie  d'Egypte. 

Les  principes  narcotico-àcres ,  qu'on  a  observés  chez  les  Anrfira,  sont  très-races  dans  h 
Famille  des  Légumineuses;  Técorce  de  V  Andira  surinamensis  et  de  V  And  ira  inermis  contient 
une  substance  cristallisable,  qui  la  fait  employer  comme  émétique,  purgative  et  narcotique  ; 
celle  de  V Andira  racemosa,  arbre  du  Brésil,  ainsi  que  les  graines  du  Geoffroya,  sont  de  puis- 
sants antelminthiques.  —  Les  racines  et  les  graines  des  Tephrosia^  Plantes  de  TAmérique,  de 
l'Afrique  et  des  îles  de  la  mer  du  Sud,  sont  jetées  dans  l'eau  pour  stupéfier  le  poisson. 

Les  Swartziées  fournissent  aux  besoins  de  l'homme  le  Swartzia  tomentosa ,  dont  l'écorce 
résineuse  rouge  est  un  excellent  sudorifique,  et  dont  le  bois  est  très-dur  et  très-amer.  Le  fruit 
du  Detarium  Senegalense  présente  deux  variétés ,  l'une  sucrée  et  l'autre  excessivement 
amère,  que  les  nègres  croient  très-vénéneuse.  Les  drupes  du  Detarium  microcarpttm  sont 
très-sapides. 

Les  Mimosées  doivent  leurs  propriétés,  d'une  part  au  tanin,  de  l'autre  à  des  sucs  gommeui. 
V  Acacia  caiechu,  arbre  de  l'Inde,  fournit  un  suc  épaissi,  soluble  dans  l'eau,  connu  dans  les 
officines  sous  le  nom  de  Cachou  ou  terre  du  Japon,  et  placé  au  rang  des  principaux 
toniques  astringents  de  la  matière  médicale.  L'écorce  des  Inga  jouit  de  propriétés  ana- 
logues. Il  en  est  de  même  du  Vachelia  famesiana,  arbre  des  Antilles,  qui  s'est  répandu 
dans  les  régions  chaudes  du  globe  entier  et  jusque  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  ;  l'écorce 
de  sa  racine,  qui  exhale  une  forte  odeur  d'ail,  est  employée,  pour  préparer  des  bains  mé- 
dicinaux dans  le  traitement  des  fièvres  adynamiques;  les  fleurs  répandent  une  odeur  déli- 
cieuse; les  graines  sont  acres.  VAlgarobia  Juliflora  est  un  arbrisseau  croissant  dans  les 
campagnes  arides  de  la  Jamaïque;  les  animaux  mangent  impunément  son  fruit  dans  la  saison 
sèche;  mais,  pendant  la  saison  des  pluies,  cette  pâture  est  pernicieuse  pour  eux^  parce 
que  les  graines  subissent  dans  leur  estomac  un  commencement  de  germination ,  et  y  pro- 
duisent une  inflammation  mortelle.  Les  graines  du  Parkia  Africana,  réduites  en  bouillie 
et  abandonnées  à  la  fermentation,  puis,  mises  en  tablettes  et  desséchées,  sont  pour  les 
nègres  un  mets  délicieux. 

Les  arbres   à  gomme  appartiennent   au  Genre  xXcacia^  qui   croît  principalement  dans 


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MIMOSÉES,   CÉSALPINIÉES  ET  PAPILIONACÉES.  281 

r Afrique  tropicale.  Les  Acacias  produisent  deux  sortes  de  gomme,  qui  ne  diffèrent  nullement 
pour  les  qualités^  mais  qui  proviennent  de  pays  et  d'Espèces  différentes.  La  gomme  arabique 
vient  du  nord-est  de  FAfrique  et  des  régions  asiatiques  voisines  ;  elle  est  fournie  par  les 
Acacia  vera,  Arabica,  et  autres  Espèces  moins  connues  j  la  gomme  du  Sénégal  émane 
des  Acacias  Verek ,  Segal  et  Adansonii,  qui  croissent  sur  la  rive  septentrionale  de  la  rivière 
de  Gambie. 

Beaucoup  d'Espèces  de  Légumineuses  fournissent  des  bois  précieux  à  la  metiuiserie,  à 
rébénisterie,  à  la  tabletterie.  Nous  citerons  les  principales  :  VAngica  provenant  de  V Acacia 
angico,  du  Brésil;  le  bois  d*Aloés,  dont  nous  avons  déjà  parlé;  le  bois  de  G am  (Baphia 
niiida),  qui  vient  d'Afrique,  et  sert  aux  teinturiers  comme  aux  ébénistes;  \eshoh  de  Campêche 
et  de  Santal,  déjà  mentionnés  ;  le  bois  à' Amarante,  violet  et  rouge,  dont  on  ignore  Torigine  ; 
le  Palissa iNDRB  (Dalbergia  latifolia),  qui  provient  du  Brésil,  de  l'Inde  et  de  l'Afrique;  le 
bois  de  Rose,  congénère  du  Palissandre,  le  bois  Diababulou  d'ARA  riba  {Acacia  Arabica)-^ 
le  bois  néphrétique,  qui  nous  vient  du  Mexique,  et  dont  l'origine  végétale  est  inconnue,  de 
même  qwe  celle  du  bois  de  Grenadille,  de  Guba;  TÉbene  noire  du  Brésil  (Melanoxylon 
Brauna)',  le  bois  de  Boco,  ou  bois  de  fer,  du  commerce  [Bocoa  prouaensis),  et  le  bois  de 
Pa  N  a  G  oco,  ou  bois  de  Perdrix,  du  commerce  (Bobinia  panacoco)  qui  viennent  de  la  Guyane  ; 
leVouACAPOU,  ouANcéLiN,  delà  Guyane  [And ira racemosa); le Cov m xvlov  {Coumarouna 
odorataj  déjà  cité  pour  sa  graine  odorante;  le  Courbaril  (Hymenœa  courbaril),  etc. 

Il  nous  resterait  à  mentionner  les  Légumineuses  cultivées  pour  Tornement  des  jardins  et  des 
serres;  mais  cette  énumération,  même  incomplète,  nous  entraînerait  trop  loin,  et  nous 
sommes  réduits  à  ne  citer  qu'un  très-petit  nombre  d'Espèces.  Nous  choisirons  dans  les 
Papilionacées ,   la  Glycine  de  Chine  (Wisteria  sitiensis) ,    liane  élégante,    à   feuilles 

pennées,  à  riches  grappes  pendantes 
de  fleurs  bleues,  odorantes,  qui  pa- 
raissent en  avril  et  reparaissent  plu- 
sieurs fois  dans  Tannée.  Cette  ma- 
gnifique Espèce  peut  vivre  chez  nous 
en  pleine  terre.  Les  Japonais  la 
plantent  dans  leurs  promenades  pu- 
bliques, et  elle  inspire,  comme  la 
Rose,  des  poésies  admiratives  aux 
imaginations  sensuelles  de  la  race 
malaise. 

Les  Clianthus  sont  des  Plantes  de 
l'Australie,  à  fleurs  en  grappes  ou  en 
ombelles,  de  couleur  écarlate,  ou 
blanche-pourprée.  Le  Cl.  de  Dam  pi  er 
[CL  Dampieri),  (PI.  XVII),  est  une 
herbe  à  base  ligneuse,  à  rameaux  tom- 
bants et  diffus,  dont  le  feuillage  pâle 
fait  mieux  ressortir  le  rouge  éclatant 
des  fleurs.  —  Les  Papilionacées  euro- 
péennes fournissent  aussi  de  belles 
Espèces  à  Thorliculture;  il  suffit  de 
citer  la  Gesse  a  bouquet  [Lathyrus 
latifolius),  dont  les  fleurs  sont  d'un 
{ulyru.  !aiTi^  )  pourprc  rosé,  et  la  G  e  s  s  e  o  d  o  r  a  k  t  e 

(L.  odoratus),  à  fleurs  violettes,  roses 
ou  blanches,  qui  exhalent  un  si  doux  parfum.  —  Parmi  les  Césalpiniées,  nous  citerons  les 


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282  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Casses  (Cassia),  et  enti-e  autres  la  Casse  dr  Herbert,  variété  de  la  Cassb  élégante 
(C,  floriàunda)  j  arbrisseau  de  la  Nouvelle-Espagne,  haut  de  k  pieds,  à  feuilles  composées  de 
3-5  paires  de  folioles  pubescentes,  et  munies  de  glandes  coniques  entre  chaque  paire;  les 
fleurs  sont  jaunes,  et  disposées  en  grappes  paniculées. —  Le  F  Èy  lEtk  (Gleditschiaij^iacanthos), 

est  un  arbre  rustique  et  très-élégant  du  Ca- 
nada, à  rameaux  souvent  convertis  en  épines 
rameuses,  à  feuilles  bipennées,  à  fleurs  ver- 
dàtres,  en  grappes,  à  gousses  grandes, 
brunes ,  tachées  de  rouge  ;  il  en  existe  une 
variété  à  rameaux  pleureurs.  —  Les  Mimo- 
sées  se  font  remarquer  par  la  légèreté  de 
leur  feuillage,  qui  oflre  souvent  une  parti- 
cularité curieuse,  en  ce  que  les  folioles 
avortent,  et  le  pétiole  se  dilate  en  phyllode 
pour  les  remplacer.  VInga  pulcherrima 
(PI.  XV),  est  un  petit  arbuste  à  feuilles  bi- 
pennées, à  fleurs  réunies  en  tête,  d'un  rouge 
cramoisi,  au  centre  desquelles  s'élèvent  des 
étamines  brunes. —  L'Acacia  Julibris- 
81 N  (Alhizzia  Julibrissin)^  est  un  arbre 
d'une  admirable  élégance,  qu'on  peut  exposer 
en  plein  air,  à  Tàge  de  deux  ou  trois  ans. 
H  vient  de  VAsie  occidentale  ;  ses  feuilles 
sont  grandes  et  bipennées;  les  capitules 
forment  dans  leur  ensemble  une  riche  pani- 
cule  terminale  ;  les  fleurs  ont  des  étamines 
d'un  blanc  rosé  purpurin ,  qui  s'élèvent  au- 
dessus  des  pétales  en  aigrettes  magnifiques, 
tr  ^**"  J»«  hbrbbht.  Lç  nom  spécifique  de  ce  bel  arbre  est  une 

(Var.  du  CaMia  floribunda.)  "^  ^ 

altération  du  nom  vulgaire  qu'il  porte  en 
Orient,  Gul-ibrichim,  et  qui  signifie  Fletir  de  soie;  on  le  nomme  aussi  en  France -4 rére  (/e 
soie^  Arbre  de  Constantinnple. 

Nous  ne  quitterons  pas  les  Légumineuses  sans  parler  des  mouvements  qu'exécutent  les 
feuilles  de  certaines  Espèces,  et  qui  les  font  paraître  douées  d'une  sorte  de  sensibilité.  Ainsi, 
pendant  la  nuit,  les  folioles  de  la  Fève  et  des  Trèfles  se  relèvent,  celles  de  la  Réglisse  et  des 
Robiniers  se  baissent  verticalement ;le  Sainfoin  oscillant  (Desmodium  gyrans),  origi- 
naire du  Bengale,  exécute  des  mouvements  continus,  qui  semblent  dépendre,  non  de  la  lumière, 
mais  de  la  température;  la  feuille  se  compose  de  trois  folioles;  les  deux  latérales,  beaucoup 
plus  petites  que  la  terminale,  sont  animées  d'un  double  mouvement  de  flexion  et  de  torsion 
sur  elles-mêmes  ;  ce  mouvement  est  rapide  et  saccadé  ;  il  s'exécute  la  nuit  comme  le  jour  ; 
la  foliole  impaire,  au  contraire,  dort  et  veille,  c'est-à-dire  est  abattue  ou  redressée,  suivant 
l'action  de  la  lumière.  —  La  Sensitive  (Mimosa  pudica)  exécute  des  mouvements  provo- 
qués par  une  excitation  accidentelle  extérieure  ;  son  sommeil,  c'est-à-dire  l'inclinaison  de  ses 
folioles,  ne  suit  que  très-irrégulièrement  les  alternatives  du  jour  et  de  la  nuit;  mais  sa 
veille  est  soumise  à  des  vicissitudes  qui  dépendent  des  causes  les  plus  légères;  une  faible 
secousse,  un  peu  de  vent,  le  passage  d'un  nuage  orageux,  la  projection  d'une  ombre,  le  déga- 
gement de  vapeurs  irritantes,  le  toucher  le  plus  délicat,  suffisent  pour  faire  abaisser  subite- 
ment toutes  les  folioles;  elles  se  rabattent  en  s'imbriquant  les  unes  sur  les  autres  le  long  de 
leur  pétiole,  qui  s'incline  à  son  tour;  mais,  peu  de  temps  après,  si  la  cause  cesse,  la  Plante  sort  de 
cette  espèce  de  défaillance  ;  toutes  ses  pai-tiosse  raniment,  et  reprennent  leur  position  preraicre. 


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ANACARDIACÉES  ET  SPONDIACÉES. 


283 


Familles  CXVIIP  &  CXIX".— ANACARDIACÉES 
a   SPONDIACÉES. 

(TÉRÉBiNTHACÉES,  (en  partie),  de  Jussieu.) 

CARACTÈRE.  —  Fleuves  ordinairement  diclines  par  avor  tentent,  C  ALT  CE  libre,  ou 
très-rarement  adhérent  à  r  ovaire.  Pétales  insérés  sur  un  disque  pérygine  ou  sur  un  court 
gynophore,  égaux  en  nombre  aux  divisions  du  calyce,  quelquefois  nuls,  à  pré  floraison  imbri- 
quée. ÉTAMINE8  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales  y  et  alternes  avec  eux,  ou  en  nombre 
double  ou  multiple.  Carpelles  ordinairement  réduits  à  un  seul  uniloculaire,  ou  4-5,  dis- 
tincts, dont  un  seul  fertile.  Ovule  unique,  ascendant,  ordinairement  libre,  courbe  ou  demi- 
réfléchi.  Fruit  drupacé,  ou  sec.  Fhk^TVLEdicotylédonée,  exalbuminée,  courbe. — Tige 
ligneuse,  à  suc  gommeux  ou  laiteux.  Feuilles  alternes,  sans  stipules. 

Les  SPONDIACÉES,  annexées  aux  Anacardiacées,  en  diffèrent  par  leurs  5  carpelles,  réunis 
en  un  ovaire  à  5  loges. 


Pistachier* 

Pistacia 

SCHINDS, 

Schinus. 

DUVAUA. 

Duvaua. 

SCMAC. 

Rhus. 

Botrtcëras. 

Botryceras. 

Anacarde. 

Anacardium 

Manguier. 

Mangifera. 

Spondias. 

Spondias. 

AFFINITÉ  ET  GÉOGRAPHIE.  —  les  Anacardiacées  forment  le  centre  de  la  Classe 
des  Térébinthacées  :  d'un  côté  elles  sont  V(>isines  des  Burséracées  et  des  Zanthoxylées,  dont 

elles  se  distinguent  par  leur  ovaire  unique 
fertile  ;  d'un  autre  côté,  elles  se  rapprochent 
par  beaucoup  d'analogies  des  Rosacées  et 
des  Légumineuses.  hesSpondiacées  ïÀewneni 
le  milieu  entre  les  Anacardiacées  et  les  Bur- 
séracées, elles  touchent  aux  premières  par 
leurs  ovules  solitaires,  et  la  courbure  de  la 
plantule,  aux  dernières  par  la  pluralité  des 
ovaires  fertiles.  Les  Anacardiacées  habitent 
principalement  la  zone  intertropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les 
Anacardiacées  doivent  leurs  propriétés  à 
un  suc  résineux,  qui,  dans  quelques  Espèces, 
ressemblent  à  la  térébenthine  du  Sapin; 
dans  la  plupart  des  autres,  il  est  mélangé 
de  substances  acres,  qui  le  font  noircir  au 
contact  de  Tair,  et  lui  donnent  des  pro- 
priétés très-stimulantes,  ou  même  véné- 
neuses. Les  substances  amères  et  astrin- 
gentes, que  quelques-unes  contiennent  dans 
leur  écorce  et  dans  leur  bois,  viennent 
modifier  leur  action  sur  nos  organes.  Le 
fruit  de  quelques  autres  est  charnu,  abondant 
en  sucre  et  en  acides  libres,  et  Tabsence  de 
Pi8TACHi.li.  la  résine  le  rend  comestible.  Les  graines 

[Pittacta.)  '-' 

contiennent  une  huile  fixe. 
Le  Pistachier  lbntisqub  (Pistacia  lentiscus),  cultivé  dans  les  îles  de  TArcbipel  grec, 


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28V  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

et  le  P.  ATLANTIQUE  {P.  ailanticà),  s^ouiàné  dans  la  Mauritanie,  produisent  le  mastic, 
résine  unie  à  une  huile  volatile ,  d'usage  universel  chez  les  Orientaux,  qui  le  mâchent  pour 
se  raffermir  les  gencives,  parfumer  leur  haleine,  et  se  procurer  une  sorte  de  volupté  qui 
accompagne  la  mastication.  Pour  obtenir  le  mastic,  on  fait  de  nombreuses  et  légères  incisions 
au  tronc  et  aux  branches  principales  de  Tarbre  ;  le  suc  qui  en  découle  s'épaissit  peu  à  peu  en 
larmes  d'un  jaune  pâle,  d'odeur  agréable,  de  saveur  aromatique,  qui  se  ramollissent  sous  la 
dent  et  deviennent  ductiles. 

Le  Pistachier  térébinthb  {P,  terebinthus)  croit  spontanément  dans  toute  la  région 
méditerranéenne  ;  de  son  tronc  coule,  par  incision,  une  térébenthine,  épaisse,  limpide,  d'un 
jaune  bleuâtre,  d'une  odeur  pénétrante,  qui  tient  le  milieu  entre  le  citron  et  le  fenouil,  d'une 
saveur  balsamique ,  exempte  d'amertume  et  d'àcreté  ;  cette  substance ,  connue  sous  le  nom 
de  Térébenthine  de  SciOy  est  rarement  pure,  et  sa  composition  n'est  pas  bien  connue  des  chi- 
mistes :  ses  graines ,  jadis  employées  dans  les  hémorrhagies  passives  et  la  dysenterie ,  sout 
aujourd'hui  tombées  en  désuétude.  La  piqûre  d'un  insecte  (Puceron  du  Pistachier)  détermine 
sur  les  rameaux  du  Térébinthe  la  formation  d'une  galle  en  forme  de  corne  allongée  et  con- 
tournée, qu'on  nomme  caroub  de  Judée,  et  que  les  asthmatiques  fument  comme  le  tabac.  Le 
Pistachier  vrai  (Pistacia  vera) ,  spontané  en  Perse  et  en  Syrie,  est  aujourd'hui  cultivé 
dans  toute  la  région  méditerranéenne  ;  ses  graines  huileuses,  nommées  amandes  vertes,  sont 
d'un  goût  agréable ,  et  employées  par  les  pharmaciens,  qui  en  font  des  émulsions,  ainsi  que 
par  les  confiseurs  et  les  glaciers. 
Le  Manguier  (Mangifera  indica),  arbre  originaire  de  l'Asie,  s'est  propagé  dans  toute  la 

zone  intcrtropicale  ;  ses  drupes  volumi- 
neuses, nommées  Mango,  sont  très-recher- 
chées pour  leur  saveur  parfumée^  acide  et 
sucrée,  mais  il  faut  en  user  modérément; 
car,  prises  en  grande  quantité,  elles  puisent 
violemment  et  causent  des  éruptions  pustu- 
leuses ;  les  graines  amères  passent  pour  an- 
thelmintiques  ;  le  suc  brun,  amer ,  acre  et 
odorant  qui  découle  de  son  écorce  est  em- 
ployé pour  arrêter  les  diarrhées  clironiques. 
En  échange  du  Manguier ,  qu'il  a  reçu 
de  l'Asie ,  le  nouveau  monde  donne  à  l'an- 
cien TAnacarde  (Anacardium  occiden- 
tale) ,  arbre  indigène  dans  les  Antilles  et 
dans  l'Amérique  tropicale ,  aujourd'hui 
répandu  dans  le  monde  entier,  sous  la 
même  zone  :  sa  noix ,  petite  et  réniforme, 
nommée  noix  d'Acajou ,  réside  au  sommet 
d'un  pédoncule  charnu,  représentant  une 
grosse  poire;  le  péricarpe  contient  une 
huile  caustique,  la  graine  a  la  saveur  de 
l'amande ,  le  pédoncule ,  nommé  pomme 
d'acajou ,  est  acidulé ,  sucré ,  un  peu  acre , 
mais  agréable  ;  on  prépare  avec  l'épicarpe 
aîtacahdb.  un  onguent  épispastique ,  et  le  fruit  entier 

[Anucardiutn  oeeidentale  )  «-»«,»  i     ^  ^ 

est  prescrit  contre  les  diarrhées  ;  la  gomme 
d'acajou  exsude  du  tronc,  elle  est  inusitée.  L'arbre  qui  fournit  le  bois  d'acajou  n'appartient 
pas  aux  Anacardes. 
V Anacarde  orientale  est  un  arbre  de  l'Inde,  dont  les  graines  non  mûres  donnent  de  la  glu  ; 


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ANACARDIACÉES  ET  SPONDIACÉES.  285 

on  prépare  aussi  avec  elles  le  vernis  de  la  Chine ,  ainsi  qu'avec  d'autres  arbres  de  la  même 
Famille. 

Les  Sumacs  ont  des  propriétés  très-diverses.  Le  Sumac  fustet  (Jihus  co(inus)  est  indi- 
gène dans  TEurope  australe  ;  son  écorce ,  légèrement  aromatique  et  très-astringente .  est 
comptée  au  nombre  des  succédanées  du  Quinquina  ;  ses  feuilles  sont  employées  en  garga- 
rismesjson  bois  fournit  une  couleur  jaune;  le  Sumac  des  corroyeurs  [Rhm  coriaria\ 

habite  la  région  méditerranéenne  ;  ses  fruits  acides  sont 
mêlés  aux  aliments  par  les  Turcs,  et  servent  à  aiguiser 
le  vinaigre  ;  ses  feuilles  et  ses  rameaux  sont  employés 
parles  tanneurs  et  les  teinturiers.  Les  fruits  et  les  fleurs 
des  Rhus  typhinnm,  glabrum  et  elegans,  arbrisseaux  de 
l'Amérique  septentrionale,  y  sont  employés  comme 
condiments.  Le  S.  de  la  Jamaïque  [Bh.  Metopii) 
laisse  découler  de  son  écorce  incisée  une  gomme-résine 
purgative ,  émétique  et  diurétique ,  employée  en  mé- 
decine. Le  S.  VERNIS  (Rh,  veimix)  est  un  arbrisseau 
du  Japon,  dont  on  obtient  par  incision  un  suc  laiteux, 
qui  s'épaissit  et  noircit  à  l'air,  et  qui,  dissous  dans  une 
huile  siccative,  sert  à  faire  un  vernis  noir,  nommé 
vernis  du  Japon.  —  Le  Sumac  radicant  et  le 
S.  VÉNÉNEUX  (Rh.  radicans  et  Rh,  toxicodendron) 
sont  des  arbrisseaux  de  l'Amérique  boréale,  peu  distincts 
Tun  de  l'autre ,  et  formant  peut-être  une  même  Espèce, 
qui  ont  été  transportés  dans  des  jardins.  Vers  le  temps 
de  la  floraison  ils  charrient,  en  abondante  quantité,  un 
suc  laiteux  qui  noircit  au  contact  de  l'air.  Ce  suc  possède 
une  âcreté  volatile  si  intense,  qu'un  homme  assis  à 
l'ombre  d*un  de  ces  arbres  éprouve  bientôt  des  déman- 
geaisons violentes;  sa  peau  rougit,  se  gonfle, et  se 
couvre  de  pustules  qui  ne  se  dissipent  que  par  la 
desquamation.  Les  feuilles  de  ces  Sumacs  ont  été  re- 
commandées dans  la  paralysie,  les  affections  dartreuses, 
la  mélancolie  et  la  consomption.  Mais  l'effet  qu'elles 
produisent  est  trop  variable  pour  qu'on  puisse  asseoir 
une  opinion   positive  sur  leurs  propriétés. 

Quelques  Espèces  de  Schinus  dégagent  aussi,  dit-on,  des  effluves  nuisibles;  le  Shinus  mdle 
fournit  un  mastic  légèrement  purgatif.  Son  écorce  et  ses  feuilles  sont  aromatiques,  et  sa 
drupe  est  sucrée.  Le  Duvaua  dépend ens  est  un  petit  arbre  épineux  du  Chili,  dont  les  graines, 
en  infusion,  sont  stomachiques,  diurétiques  et  antihystériques  ;  on  prépare  en  outre  avec  elles 
une  boisson  enivrante,  nommée  Chicha;  la  décoction  de  son  écorce,  et  la  gomme  qui  en  découle 
sont  balsamiques  et  vulnéraires. 

Les  Espèces  du  Genre  Spondias  ne  sont  pas  sans  intérêt.  Le  Sp.  purpurea,  des  Antilles,  a 
des  drupes  d'une  saveur  acidulée-sucrée,  que  Ton  trouve  agréable;  celles  du  Sp,  lutea  le  sont 
beaucoup  moins,  mais  on  les  emploie  dans  les  maladies  bilieuses.  Leur  congénère,  le  Sp,  sucré j 
est  cultivé  dans  les  Iles  des  Amis  et  de  la  Société  ;  on  Ta  transporté  aux  îles  Mascareignes  ; 
son  fruit  est  très-savoureux  et  très-sain,  et  pourrait  rivaliser  avec  celui  de  l'Ananas;  il  est 
rafraîchissant,  antiseptique,  laxatif,  et  convient  à  ceux  qui,  sous  ce  climat  chaud  et  humide, 
sont  malades  d'affections  bilieuses  et  d'obstructions.  Le  Sp,  birrea ,  qui  croit  dans  la  Séné- 
gambiç,  a  des  fruits  qui  servent  aux  nègres  à  préparer  une  liqueur  vineuse. 
La  plupart  des  espèces  dont  nous  venons  de  parler  sont  cultivées  dans  les  jardins  d'Europe. 

37 


Sumac  Fcstet. 
[Rhu*  eotinut.) 


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286  HISTOIRE  DES   FAMILLES. 

Famille  CXX^  —  GONNARAGÉES.  —  Les  Connaracées,  arbres  ou  arbustes  iotertro^ 
picaux,  se  distinguent  des  autres  familles  appartenant  comme  elles  aux  TérébinthacéeSy  parleur 
plantule  antitrope.  Elles  se  rapprochent  des  Oxalidées  et  des  Légumineuses  de  la  section  des 
bétarSy  qui  n'en  diflfèrcnt  que  par  l'ovaire  simple,  la  position  de  la  plantule  et  la  présence 
das  stipules. 

Le  Genre  Camé  lé  e  (Cneorum),  gui  a  été  annexé  aux  Gonnaracées,  se  rapproche  des  Phy- 
tolaccées  par  son  gynophore,  son  fruit,  sa  plantule  amphitrope  et  albuminée.  —  Les  feuilles  et 
les  fruits  amers-âcres  du  Cneorum  tricoccum ,  arbrisseau  inaigène,  sont  purgatifs;  Fécorce  du 
Cn,  pulverulenittm,  arbrisseau  des  Canaries,  passe  pour  fébrifuge. 

Famille  CXXP.  —  BURSÉR ÂGÉES.  —  Les  Burséracées  sont  des  arbres  ou  arbris- 
seaux, à  suc  résineux,  de  la  zone  intertropicale,  qui  se  distinguent,  parmi  les  autres  Térébin- 
thacées,  par  leur  ovaire,  à  plusieurs  loges  biovulées,  leurs  ovules  collatéraux  pendants,  et 
leurs  cotylédons  plissés  contournés;  elles  se  rapprochent  des  Euphorbiacées  par  la  situation  et 
le  nombre  des  ovules. 

ESPÈCES  PRINCIPALES  —  Le  suc  oui  découle  spontanément  ou  par  incision  de  ces 
arbres,  est  exempt  décrété,  doué  d'une  odeur  balsamique  et  de  vertus  stimulantes  toniques  ;  il  se 
fige  en  larmes  solides  au  contact  de  l'air,  et  donne  ïencenSy  estimé  comme  parfum  et  comme 
médicament.  On  n'est  pas  d'accord  sur  les  diverses  Espèces  d'encens  et  sur  leur  origine  végétale. 
VOliban  indien  est  fourni  par  le  Boswellia  serrata,  arbre  qui  habite  les  montagnes  au  delà  du 
Gange;  Vencens  d'Arabie  vient  peut-être  du  même  arbre.  — La  Myrrhe,  gorarae-résine 
célèbre  dans  les  littératures  profane  et  sacrée,  provient  du  Balsamodendron-Kataf  àe  FArabie 
heureuse;  le  baume  de  la  Mecaue^  connu  dans  l'anliquité  sous  le  nom  à'opobalsamum,  est  le 
suc  du  Balsamodendron  gileaaense,  et  du  ^.  opobalsamum,  arbres  de  T Arabie  heureuse;  on 
l'obtient  par  incision  faite  dans  Técorce  avec  la  pointe  d'un  caillou.  Le  Bdellium  de  V Inde  fX 
le  Bdellium  d* Afrique  viennent  aussi  d'un  Balsamodendron.  La  résine  Élémi  occidentale  est 
fournie  par  VIcica  icariba,  arbre  du  Brésil;  le  baume  alcouchi  vient  ausi  d'un  Icica ;  la  résine 
chibou,  du  Bursera  gummifera,  de  l'Amc^rique  tropicale;  la  résine  Caraque^  du  B.acuminata» 
Toutes  ces  substances  sont  employées  en  médecine. 

LesAmyris,  annexés  aux  Burséracées,  s'en  distinguent  par  leur  ovaire  uniloculaire  ;  ils 
habitent  l'Amérique;  une  de  leurs  Espèces  fournit  une  sorte  de  résine  Élémi. 

Famille  CXXII'.  —  HESPÉRIDÉES. 

(Orangers,  de  Jussieu.  —  Aurantiacées,  de  Corréa.) 

CARACTÈRE.  —  Calyce /eôre  monosépale.  Vtiki,!.^  hypogynes  libres  ou  presque 
libres,  en  nombre  égal  aux  divisions  du  calyce  et  alternes  avec  elles,  à  préfloraison  imMquée. 
Et  AMINE  s  en  nombre  double  ou  multiple  de  celui  des  pétales,  monadelpkes  ou  polyadelphes, 
à  filets  ordinairement  aplatis,  unisériées.  Ovaire  à  plusieurs  loges;  ovules  pendants  ou 
horizontaux,  réfléchis;  style  simple,  stigmate  en  tête.  Baie  à  épicarpe  épais ,  à  endocarpe 
pulpeux.  Graines  à  raphé  rameux  contenant  souvent  plusieurs  plantules ;  plantule  dicotylé- 
donée,  exalbuminée,  droite,  radicule  supere. 

Les  Hespéridées  sont  des  arbres  spontanés,  dans  TAsie  tropicale,  aujourd'hui  répandus  dans 
toutes  les  contrées  chaudes  du  globe  ;  leurs  feuilles  sont  alternes,  sans  stipules,  souvent  uni- 
(oliolées  par  avortement,  à  foliole  articulée  avec  le  sommet  du  pétiole  souvent  dilaté;  un  des 
bourgeons  axillaires  se  change  souvent  en  épine  persistante  ;  les  fleurs  sont  terminales,  soli- 
taires ou  en  grappes;  Técorce,  les  feuilles,  le  calyce,  les  pétales,  les  filets  et  l'épi  carpe  sont 
munis  de  vésicules  pleines  d'huile  volatile. 

Cette  belle  Famille  tient,  d'une  part,  aux  Méliacées  et  aux  Humiriacées,  de  Tautre  aux 
Amyris.  —  Les  Espèces  qui  la  composent  doivent  à  leur  huile  volatile  et  à  des  principes 
amers  une  vertu  tonique  et  stimulante  ;   à  des  acides  libres,  le  malique  et  le  citrique,  qui 


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lllîSlMUllDÉES.  287 

résident  dans  la  pulpe  de  leurs  baies,  des  propriétés  antiphlogistiques,  antibilicuses  et  anti- 
putrides; par  là  s'expliquent  leur  célébrité,  qui  remonte  à  l'antiquité  la  plus  reculée,  et  Tusage 
qu'on  en  fait  aujourd'hui  dans  le  monde  entier.  Le  Citronnier  (Citrus)  est  le  principal 
Genre  de  la  Famille.  L'Oranger  {Citrus  auront îuîh),  originaire  des  Indes  orientales, 
est  cultivé  en  pleine  terre  dans  les  régions  tropicales  et  tempérées;  en  France,  il  faut  l'abriter 
pendant  l'hiver.  La  pulpe  de  son  fruit  est  douce  et  aigrelette.  LeBiGARADiER(C.  vulgaris) 
est  la  plus  utile  espèce  du  Genre;  sa  baie,  nommée  bigarade  ou  orange  amère,  n'est  pas  comes- 
tible; mais  on  se  sert  du  suc  pour  assaisonner  le  poisson,  et  sa  pulpe,  adoucie  par  le  sucre,  fait 
d'excellentes  confitures;  c'est  elle  qui  fournit  les  fleurs  qui  servent  à  distiller  VEau  de  fleurs 
d'oranger  et  V Essence  de  Néroly;  ce  sont  ses  feuilles 'qu'on  emploie  en  infusion  antispasmo- 
dique ;  c'est  aussi  l'écorce  de  son  fruit  que  l'on  préfère ,  parce  que  toutes  ces  parties  sont 
plus  aromatiques  que  dans  V Oranger,  Le  fameux  Oranger  de  Versailles,  que  Ton  connaît  sous 
les  noms  de  Grand-Bourbon^  Grand-Connétable,  François  l'^ ,  est  un  Bigaradier;  il  est  âgé 
aujourd'hui  de  HO  ans,  son  tronc  a  21  pieds  de  hauteur,  et  sa  tête  kh  pieds  de  circonférence. 

Cet  arbre  fut  planté  en  l'an  1V21  parle  jar- 
dinier de  la  reine  de  Navarre;  le  plant  fut 
élevé  à  Pampelune,  capitale  du  royaume  de 
Navarre,  et  vint  à  Chantilly  par  succession. 
Le  connétable  de  Bourbon ,  seigneur  de 
Chantilly,  ayant  pris  le  parti  de  Charles- 
Quint  contre  son  roi  légitime,  François  1*' 
fit  confisquer  ses  biens,  et  transporter  TO- 
ranger,  unique  alors  en  France,  à  Fontai- 
nebleau, en  1532.  En  168'*,  Louis  XIV  le 
fit  placer  dans  son  château  de  Versailles, 
où  on  le  voit  encore  :  c'est  le  plus  beau, 
le  plus  grand  et  le  plus  fertile  de  l'oran- 
gerie.—  Le  LiMETTiER  {C .  Limetta),  ]c 
Bergamotier  (C.  Bergamota),  dont  Vè- 
picarpe  était  très- usité  autrefois  pour  faire 
des  bonbonnières  nommées  Bergamotes;  le 
Limonier  {C,  limonium),  à  fruit  nommé 
limon,  d'un  jaune  clair,  ovale  oblong, 
terminé  par  un  mamelon,  à  pulpe  très- 
acide,  employée  pour  le  Sirop  de  limon;  le 
CÉDRATIER,  ou  Citronnicr  proprement 
dit  (C,  Afedica) ,  à  fruit  très-volumineux, 
LiMONiBR.  oblong,  mamelonné,  à  zeste  épais,  cha- 

génères,  riches  en  huile  volatile,  sont  employées  dans  la  parfumerie;  VEau  de  Cologne 
n'est  autre  chose  que  de  l'alcool  tenant  en  dissolution  l'essence  contenue  dans  les  ûeurs 
et  l'épicarpe  de   ces  divers  Citronniers. 

Le  Cédratier  n^a  été  connu  en  Europe  qu'après  les  guerres  d'Alexandre ,  qui  l'a  trouvé 
spontané  en  Perse  et  en  Médie.  Virgile  a  décrit  très-fidèlement  cet  arbre  ;  il  nomme  son  fruit 
pomme  de  Médie,  et  le  vante  comme  le  plus  efficace  des  antidotes,  ce  qui  pouvait  être  vrai,  à 
cette  époque,  où  tous  les  poisons  étaient  de  nature  végétale  :  «  La  Médie  produit  une  pomme 
«  salutaire,  d'une  saveur  acerbe,  et  lente  à  mûrir.  Lorsque  la  marâtre  perfide  a  versé  dans  les 
«  coupes  le  suc  des  herbes  vénéneuses ,  en  prononçant  sur  elles  des  paroles  malfaisantes,  la 
^(  pomme  de  Médie,  prompt  et  puissant  remède ,  vient  au  secours  de  la  victime,  et  chasse  de 
«  ses  veines  le  noir  poison.  L'arbre  qui  la  porte  est  de  haute  stature,  cl  son  aspect  est  celui 


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288  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

«  du  Laurier;  ce  serait  même  un  Laurier  si  Todeur  qu'il  répand  au  loin  n'était  pas  différente. 
«  Le  souffle  des  vents  les  plus  impétueux  ne  peut  faire  tomber  ses  feuilles;  sa  fleur  n'est  pas 
«  moins  tenace;  les  Mèdes  la  cueillent  pour  réchauffer  et  purifier  leur  haleine,  et  son  parfum 
«  relève  les  forces  des  vieillards  haletants.  » 

Media  .fert  tristes  succos,  tardum  que  saporem 
Felicis  mali,  quo  non  prœsentius  ullum, 
Pocula  si  quando  sœvœ  infecére  novercœ, 
Miscuerunt  que  herbas  et  non  innoxia  verba, 
Auxilium  venit,  oc  memhris  agit  atra  venena, 
Ipsa  ingens  arbos,  faciem  que  simillima  lauro, 
Et  si  non  alium  latè  jactaret  odorem, 
Laurus  erat;  folia  haud  ullis  labentia  ventis; 
Flos  apprima  tenax  :  animas  et  olentia  Medi 
Ora  fovent  illo,  et  senibus  medicantur  anhelis. 

Le  Citrus  decumana,  cultivé  çà  et  là  sous  les  tropiques,  est  célèbre  par  la  grosseur  de  son 
fruit.  Le  fruit  vert  du  Citriis  myrii folia  est  confit  à  reau-de-\ie  et  servi  sur  nos  tables  sous  le 
nom  de  chinois.  —  D'autres  Espèces  de  la  même  Famille  sont  cultivées  dans  les  Indes  et  en 
Chine  pour  leur  fruit  comestible.  La  baie  encore  verte  de  VŒgle  est  employée  contre  les 
diarrhées  et  le  choléra.  Les  Indiens  emploient  Técorce  de  sa  racine  pour  favoriser  la  di- 
gestion, et  ses  feuilles  pour  soulager  l'asthme  ;  enfin  Técorce  astringente  des  fruits  fournit  un 
principe  tinctorial  jaune.  —  Le  bois  des  Hespéridées  est  estimé  à  cause  de  son  tissu  serré  et 
incorniptible. 

Famille  CXXllI*.  —  CÉDRÉLÉES.  —Calyce  à 4-5  sépales,  libres  ou  soudés.  Pétales 
hypogynes,  autant  que  de  sépales,  et  alternant  avec  eux,  libres,  à  préfloraison  contournée. 
Étamines  insérées  sur  un  disque  hypogyne  ,  en  nombre  double  de  celui  des  pétales,  les  unes 
alternes  avec  les  pétales,  et  toujours  fertiles;  les  autres  quelquefois  stériles;  filets  cohérents  ou 
libres.  Ovaire  à  3-5  loges  phiriovulées;  ovules  bisériës,  réfléchis  ;  capsule  à  valves  se  séparant 
de  l'axe  septifère.  Graines  ailées;  plantule  dic(»tylëdonée,  peu  ou  point  albuminée. 

Les  Cédrélécs  sont  des  arbres  de  la  zone  tropicale,  souvent  élevés,  à  bois  dense,  odorant  et 
coloré;  les  feuilles  sont  alternes,  pennées,  sans  stipules;  les  fleurs  sont  disposées  en  panicule 
terminale. 

Les  Cédrélées  ont  une  étroite  affinité  avec  les  Méliacées,  mais  elles  s'en  distinguent  par 
leur  capsule  multiséminée,  et  leurs  graines,  dont  le  testa  est  dilaté  en  aile  membraneuse. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Les  Cédrélées,  célèbres  par  la  belle  qualité  de  leur  bois, 
se  recommandent  aussi  par  leurs  propriétés  médicales;  toutes  contiennent  des  substances 
astringentes,  am ères  et  toniques,  auxquelles  se  joint  souvent  un  principe  aromatique;  nous 
citerons  seulement  le  Soymida  fcbrifuga,  le  Cearela  febrifuga,  le  Swieienia  Mahogonty  qui 
se  sont  introduits  dans  la  matière  médicale  de  l'École  européenne.  — Le  Swietena  makogoni 
est  un  arbre  des  Antilles,  qui  fournit  le  bois  d'acajou,  dont  on  fait  une  immense  consommation 
pour  la  fabrication  des  meubles  :  on  le  plaque  sur  bois  blanc,  après  l'avoir  réduit  en  feuilles 
minces.  —  V Acajou  femelle  est  fourni  par  le  Cedrela  odorata  :  ce  bel  arbre  porte  des  fruits 
exhalant  une  odeur  alliacée  dont  s'imprègne  la  chair  des  perroquets  qui  s'en  nourrissent; 
l'écorce  est  fétide  comme  le  fruit,  mais  le  bois  est  aromatique,  léger,  poreux  et  incorruptible. 
—  Le  Bois  d'Amboine  appartient  probablement  au  Flindersia  Amboinensis;  le  Bois  satiné  de 
rinde  est  fourni  par  le  Choroxylon  Swieteniœ, 

Famille  CXXIV^  —  MÉLIACÉES.  —  Calyce  libre.  Pétales  hypogynes,  alternes  avec 
les  divisions  du  calyce,  libres  ou  cohérents  à  leur  base,  à  préfloraison  valvairc  ou  imbriquée. 
Étamines  en  nombre  double  des  péla'es,  à  filets  larges  aplatis,  cohérents  en  tube,biridesàleur 
sommet.  Ovaire  à  2  ou  plusieurs  loges;  ovules  ordinairement  géminés ,  droits  ou  réfléchis,  ou 
courbes.  Fruit  capsulaire,  ou  drupacé,  ou  bacciforme.  Graine  solitaire  dans  chaque  loge; 
plantule  dicolylédouée,  albuminée  ou  exalbuminée. 


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MÉLIACÉES. 


289 


AziOAlUCH   BIPKNKB. 

[Melia  tuederaeh.) 


Les  Méliae<îes  sont  d<'s  arbres  ou  arbrisseaux,  résidant  pour  la  plupart  entre  les  tropiques ,  à 
feuilles  généralement  alternes,  sans  stipules,  à  fleurs  régulières,  en  panicule,  en  corymbe,  en 

grappe,  ou  en  épi. —  Elles  sont  voisines  des  Hespéridées  et 
des  Cédrëlées;  elles  se  rapprochent  par  plusieurs  caractères 
des  Sapiîidacees  j  des  Èurséracées  et  des  Butacées ;  elles 
ont  quelque  analogie  avec  les  Ampélidées. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Méliacées  con- 
tiennent des  substances  acres  et  amères  astringentes, 
en  proportions  diverses,  auxquelles  les  unes  doivent  une 
vertu  tonique-stimulante;  les  autres  des  propriétés  émé-- 
tiques  et  purgatives.  Les  graines  et  le  péricarpe  sont  géné- 
ralement remplis  d'une  huile  fixe;  le  fruit  d*un  petit 
nombre  d'Espèces  est  sucré,  sapide  et  rafraîchissant.  —  Le 
bois  de  la  plupart  rivalise  avec  celles  des  Cédrélées.  — 
L'A zÉDARACH  BIPENNE  ( Meltu  azederack) ,  arbuste  de 
Perse  ou  de  Syrie,  qui  s'est  naturalisé  dans  l'Europe  mé- 
diterranéenne et  l'Amérique  du  Nord,  possède  des  pro- 
priétés énergiques;  toutes  ses  parties  sont  amères,  purga- 
tives, vermifuges  ;  à  haute  dose,  elles  causent  des  vertiges, 
des  nausées,  les  vomissements,  la  diarrhée,  les  convulsions 
et  la  mort. 

Famille  CXXV^— ÉRYTHROXYLÉES.— Calyce 

libre.  Pétales  5,  hypogynes.  munis  à  leur  base  de  2  écailles, 
à  préfloraison  imbriquée.  Etamincs  10,  cohérentes  à  leur 
base  en  urcéole.  Ovaire  à  2-4  loges  uniovulées;  ovule  pendant,  réfléchi.  Fruit  drupacé,  à 
graine  unique.  Plantule  dicotylédonée,  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen  cartilagineux  peu 
abondant.  —  La  tige  est  ligneuse;  les  feuilles  sont  simples,  stipulées;  les  fleurs  sont  solitaires 
ou  fasciculëes. 

Les  Érythroxylées  sont  très-voisines  des  Malpighiacées  ei  des  Sapindacées;  eWes  s'en  dis- 
tinguent par  leur  port,  les  appendices  des  pétales,  et  la  drupe  à  graine  unique,  albuminée. — 
Elles  habitent  la  zone  tropicale.  —  Les  feuilles  de  V Erythroxylon  coca  sont  mâchées  par  les 
Péruviens  en  guis^e  d'opium  ;  leur  saveur  est  peu  prononcée;  leur  principe  actif  est  très-volatil 
et  porte  la  perturbation  dans  le  système  nerveux  ;  l'imprudent  qui  a  commencé  à  abuser  de  ce 
dangereux  stimulant,  est  entraîné  par  un  attrait  irrésistible  à  en  continuer  l'usage,  tout  en  re- 
connaissant et  en  maudissant  ses  funestes  eflets. 

Famille  CXXVP.  -  MALPIGHIACÉES. 

CARACTÈRE. — Caltge  libre,  à  5  divisions  ordinairement  biglanduleuses  à  leur  base. 
Pétales  5,  insérés,  soit  sur  le  réceptacle,  soit  sur  un  disque  hypogyne  ou  subpéri gyne, 
longuement  onguiculés,  à  préfloraison  imbriquée.  Examines  en  nombre  double  des  pétales, 
tantôt  toutes  fertiles,  tantôt  en  partie  stériles  ;  filets  ordinairement  cohérents  à  leur  base. 
Ovaire  composé  de  3  carpelles  [rarement  2),  soudés  à  Vaxe ,  ou  libres  par  le  sommet,  et 
formant  3  ou  2  loges  uniovulées;  ovule  réfléchi,  attaché  à  un  funicule  pendant ,  et  ascendant 
par  son  extrémité  libre.  Fruit  à  2  om  3  coques,  ordinairement  samaroîdes.  Graines 
inverses;  plantule  dicotylédonée ^  exalbuminée,  rarement  droite;  cotylédons  ordinairement 
vliés  sur  eux-mêmes;  radicule  super e. 

Les  Malpighiacées  sont  des  arbres  ou  arbrisseaux ,  ordinairement  couverts  de  poils,  en 
forme  de  navette,  tantôt  fixés  par  le  milieu  de  leur  longueur  et  brûlants ,  tantôt  soyeux,  de 
couleur  rouillée  ou  à  éclat  métallique,  couchés  et  inertes.  Les  feuilles  sont  ordinairement 
opposées ,  simples ,  à  stipules  peu  marquées.  Les  fleurs  ofl*rent  souvent  deux  formes  sur  la 
même  tige:  les  supérieures  sont  normales;  dans  les  inférieures ,  la  corolle ,  les  étamines  et 
les  styles  sont  rudimentaires,  mais  le  fruit  et  la  graine  viennent  à  matuiité.  —  L'inflorescence 
est  une  gi*appe  ou  un  corymbe. 


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290 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


Cette  Famille,  très-naturelle,  est  voisine  des  Érythroxyléeset  des  Acérinées;  elle  se  distingue 

de  celles-ei  par  son  calyce,  ordinairement 
glanduleux,  ses  pétales  longuement  ongui- 
culés, se^  étamines  monadelphes,  son  fruit 
trimère  et  ses  ovules  solitaires,  pendants  ;  de 
celles-là  par  ses  pétales  sans  appendices  et 
ses  graines  sans  albumen.  —  Elle  habite 
principalement  les  plaines  et  les  forêts  vierges 
derAmérique,  situées  entre  Téquateur  et  le 
Capricorne.  Beaucoup  de  Malpighiacées  con- 
tiennent dans  leur  écorce  et  leur  bois  un 
principe  colorant  rouge  et  du  tanin,  qui  leur 
donnent  des  propriétés  astringentes.  Les  fruits 
du  Malpighia  urens  sont  sucrés  acidulés,  et 
recommandés  par  les  médecins  comme  ra- 
fraîchissants, antibilieux  et  antiputrides.  — 
La  graine  du  Bunchosia  Armeniaca,  arbre  du 
Pérou,  est  réputée  vénéneuse. 

Famille  CXXVIL— ACÉRINÉES.- 

Culyce  libre,  à  ^-5  divisions,  tombant.  Pélales 


MiLncnu  voluvilk. 

{Malpighia  volubiliê.) 


ËUIBLS    PLAfCB. 

(Acer  platanoide»  ) 


Ékablb  Sycomobi. 
(.4ct-r  piffudoplatanua.) 


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ACÉRINÉES.  291 

4-5,  alternes  avec  les  sépales,  insérés  sur  un  disque  hy|>ogyne,  à  préfloraison  imbriquée, 
tombanls,  quelquefois  nuls.  Ëtamines  4-12,  ordinairement  8.  Ovaire  libre,  composé  de  2 
carpelles,  bilociilaire,  et  comprimé  perpendiculairement  à  la  cloison  ;  ovules  géminés  dans 
chaque  loge,  pendants  et  courbes.  Fruit  à  coques  samaroïdes.  Plan tule  dicotylédonée,  sans 
albumen  ;  cotylédons  plies  irrégulièrement  ;  radicule  descendante. 

Les  Aciirinées  sont  des  arbres  à  feuilles  opposées,  pétiolées,  sans  stipules;  les  fleurs  sont 
régulières,  en  grappes,  ou  en  corymbes. —  Elles  ne  peuvent  être  comparées  qu'aux  Malpighiacées 
et  aux  Sapindacées^  qu'elles  représentent  dans  nos  climats  ;  elles  difi*èrent  des  Malpighiacées 
par  leur  calyce  non  glanduleux ,  leur  ovaire  bicarpellé  à  loges  biovulées,  leur  radicule  des- 
cendante et  leurs  feuilles  palminervées  ou  composées;  elles  se  distinguent  des  Sapindacées 
par  ieurs  feuilles  opposées,  leurs  pétales  sans  écailles  et  leur  fruit  à  2  carpelles. 

Toutes  les  Acérinées  charrient  une  sève  sucrée,  limpide  ou  laiteuse,  que  Ton  recueille  par 
incision,  pour  en  retirer  du  sucre  ou  la  soumettre  à  la  fermentation  spiritueuse.  Tel  est  surtout 
rÉiABLB  SUCRÉ  {Acev  socckarinum)  de  TAmérique  septentrionale;  beaucoup  d'autres 
Espèces  sont  cultivées  dans  nos  jardins,  et,  entre  autres,  le  Négondo  [Acer  negundo)^  dont 
les  feuilles  sont  pennées;  mais  aucune  n'est  plus  belle  que  nos  Erables  indigènes,  le  Sycomork 
{A.  pseudoplatanus)^  dont  les  fleurs  pendent  en  longues  grappes,  et  1  Erable  planb 
(A.  j^atanoides),  dont  les  fleurs  forment  un  corymbe  dressé. 


Famille  CXXVIII.  —  HIPPOCAS- 
TANÉES.  — Calyce  libre.  Pétales  h ypo- 
gynes,  4-5  inégaux,  libres,  imbriqués.  Ëta- 
mines 7-8,  insérées  sur  un  disque.  Ovaire 
à  5  loges  biovulées.  Ovules  courbes.  Capsule 
coriace,  souvent  uniloculaire  par  avortement, 
à  2-3  valves  septifères.  Piantule  dicotylé- 
donée,  exalbuminée.  Tige  ligneuse.  Feuilles 
opposées,  digilées.  Fleurs  en  panicnle  ter- 
minale. 

Les  Hippocastanées  sont  voisines  des  Sa- 
pindacées; elles  habitent  l'Amérique  boréale, 
excepté  le  Marronnier  d  '  I  n  d  e  (^5ci//w5 
hippocastanum),  arbre  magnifique  de  l'Asie, 
qu'on  cultive  partout  en  pleine  terre:  son 
écorce  contient  de  l'acide  gallique  et  un 
principe  amer;  elle  est  tonique;  ses  eraines 
féculentes  sont  données  en  Turquie  aux 
chevaux  poussifs,  de  là  son  nom  aHippo  - 
casianum;  on  les  râpe  pour  en  faire  une 
sorte  de  pâte  savonneuse;  on  les  torréfie 
pour  les  employer  en  guise  de  café.  — 
Les  Pavia  sont  des  arbrisseaux  que  Ton 
cultive  dans  les  jardins;  ils  diffèrent  des 
yEsculus  par  leurs  foliolas  pétiolulées  et 
leurs  étamines  droites. 


Makro!I!<iibk  o'Indb. 
(^•e«/u«  hippocoêtanmn.) 


Famille  CXXIX.  —  SAPINDACÉES.  —  Calyce  polysépale,  souvent  Irrégulier. 
Pétales  k  ou  5,  sur  un  disque  hypogyne  ou  subpérigyne,  à  onglet  glanduleux,  appendiculé.  Eta- 
mines ordinairement  en  nombre  double  des  pétales.  Ovaire  central  ou  excentrique,  à  3  loges, 
rarement  à  4  ou  à  2.  Fruit  à  2-4  loges,  capsulaire  ou  samaroïde.  Piantule  dicotylédonée,  ex- 
albuminée, droite  ou  courbe.  Tige  ordinairement  ligneuse,  à  feuilles  le  plus  souvent  alternes  et 
composées. 

Les  Sapindacées  h'^bitent  principalement  les  régions  intertropicales,  surtout  en  Amérique  ; 
elles  se  distinguent  des  Acérinées  et  des  Malpighiacées  par  leurs  feuilles  alternes,  leurs  pétales 
appendiculés  et  leurs  fleurs  ordinairement  irrégulières. 

Le  Savonnier  (Sapindus saponaria),  arbre  des  Antilles,  fournit  à  la  médecine  une  écorce 
et  une  racine  astringentes,  qu'on  range  parmi  les  toniques;  son  fruit  doux-amer  est  dans  le 
même  cas;  la  pulpe  de  ce  fruit  écume  dans  l'eau  comme  du  savon,  et  sert  au  blanchissage  des 


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292 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


toiles. —  Les  Melicocca  de  l'Asie  et  de  l'Amérique,  ont  un  arille  pulpeux,  très-recherché  sous 
les  tropiques  ;  ainsi  que  le  Cupania  sapida,  arbre  de  la  zone  torride,  dont  les  fruits,  cuits  avec 
du  sucre  et  de  la  cannelle,  sont  employés  dans  la  diarrhée.  —  Les  Serjania  et  les  Paidlinia  sont 
vénéneux  ou  au  moins  suspects.  La  sève  du  Serjania  lethaiisy  arbrisseau  du  Brésil,  est  rési- 
neuse et  narcotique.  On  s'en  sert  pour  enivrer  le  poisson  ;  c'est  dans  sa  ûeur  que  la  guêpe 
Léchéquana  recueille  le  miel  vénéneux  qui  a  mis  en  danger  de  mort  un  célèbre  botaniste, 
M.  Auguste  de  Saint-Hilaire.  Le  Paullinia  g u ru r a  (Aztica/nVo)  sert  aux  sauvages  de  la 
Guyane  pour  envenimer  leurs  flèches  ;  les  nègres  esclaves  se  servent  de  celui  du  P.  pinnata 
pour  empoisonner  leurs  maîtres.  Le  Paullinia  potable  (P,  sorbilis)  produit  des  graines 
d'une  saveur  amère  astringente.  Les  Brésiliens  les  réduisent  en  poudre,  et  en  font  une  pâte  avec 
de  Teau  ;  ils- la  roulent  en  petits  pains  ou  cylindres,  qu'ils  font  sécher;  les  voyageurs  emportent 
cette  pâte,  nommée  Gvarana^  et  ils  la  délaient  avec  de  Teau  sucrée  pour  en  composer  une 
boisson  rafraîchissante,  fébrifuge  et  antidysentérique.  —  On  cultive  en  pleine  terre,  dans  les 
jardins  d'Europe,  le  Kœlreuteria  panicmata^  arbre  de  la  Chine,  à  feuilles  pennées,  à  fleurs 
d'un  beau  jaune. 

Famille  CXXX.  —  POLYGALÉES.  —  Fleurs  irrégulières  à  pré- 
floraison imbriquée.  Calyce  libre  à  sépales  plus  ou  moins  soudés,  souvent 
très-inégaux.  Pétales  hypogynes,  libres,  inégaux,  soudés  par  l'intermédiaire 
des  fliels  des  étamines.  Elamines  8  ou  4,  à  fllets  ordinairement  cohérents  en 
tube  fendu  extérieurement,  à  anthères  disposées  en  deux  faisceaux,  ordinai- 
rement unilojulaires,  basifixes,  s'ouvrantau  sommet  par  un  ou  deux  pores. 
Ovaire  à  2  loges,  1-2-ovulées  ;'  ovules  pendants,  réfléchis.  Capsule  loculicide. 
Plantule  dicotylédonée,  occupant  l'axe  d'un  albumen  charnu  qu'elle  égale  en 
longueur.  Tige  herbacée  ou  ligneuse.  Fleurs  ordinairement  alternes.  Fleurs 
en  épis  ou  en  grappse. 

Les  Polygalées  ont  souvent  leur  graine  munie  â  sa  base,  tantôt  d'une 
caroncule  lobée  (Polygala),  tantôt  d'une  toufle  de  poils  enveloppant  le 
testa  [Comesperrna],  —  Leur  principal  Genre  (Polygala)  habite  surlout 
les  régions  tempérées  de  l'hémisphère  nord;  les  autres  Genres  se  ren- 
contrent dans  la  région  in  ter  tropicale,  et  même  un  peu  au  delà  du  Capri- 
corne. —  Cette  Famille  n'a  d'affinité  bien  marquée  avec  aucune  autre,  si  ce 
n'est  avec  les  Trémandrées  et  avec  les  Sapîndacées. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Polygalées  doivent  leur  propriété 
toniqueà  un  principeamer  auquel  se  joint  souvent  nne  substance  acre,  nommée 
Sénégine,  qui,  selon  ses  proportions,  peut  les  rendre  émétiques.  Le  Polygala 
DE  Virginie  (Polygala  Senega)  tient  le  premier  rang  parmi  les  Espèces 
médicinales  de  cette  Famille.  Les  naturels  l'emploient  contre  la  morsure  du 
Crotale  ;  les  médecins  d'Europe  le  prescrivent  dans  les  maladies  du  poumon, 
à  cause  de  son  action  stimulante  sur  la  muqueuse  des  organes  respiratoires, 
et  sur  le  système  lymphatique.  La  Serpentaire  (/^.  serpentaria)  est 
employée  par  les  habitants  de  l'Afrique  australe  pour  guérir  la  morsure  des 
serpents  venimeux.  La  racine  de  Ratanhia  [Krameria  triandra)  et  son 
extrait  sec,  qui  contiennent  beaucoup  de  tanin,  fournissent  un  médicament 
puissamment  astringent  et  tonique.  —  On  cultive  dans  les  jardins  quelques 
Polygalas  exotiques. 


POLTOALA  COMMUN. 

(Polygala  vulgarit.) 


Famille  CXXXL  —  TRÉMANDRÉES.  Les  Trémandrées  sont  des  arbrisseaux  de  la 
Nouvelle-Hollande,  souvent  couverts  de  poils  étoiles  et  glanduleux,  qui  ne  difl'èrent  des  Poly- 
galées que  par  leurs  fleurs  régulières,  dont  la  préfloraison  est  valvaire,  et  leurs  étamines  libres,  à 
anthères  extrorses,  2-4-loculaires,  s'ouvrant  au  sommet  par  un  ou  deux  pores. 

Famille  CXXXIL  —  VOCHYSIÉES.  —  Calyce  libre  ou  adhérent.  Corolle  à  un  ou 
plusieurs  pétales  insérés  sur  le  calyce.  Etamines  ordinairement  1.  Ovaire  libre,  à  5  loges plu- 
riovulées,  ou  adhérent,  à  une  loge  biovulée;  ovules  courbes,  réfléchis.  Plantule  dicotylédonée, 
exalbuminée,  à  cotylédons  chifl'onnés.  Tige  ligneuse.  Feuilles  opposées  ou  verticillées.  Fleurs 
irrégulières,  en  grappe,  ou  en  panicule,  ou  en  cyme. 

Les  Vochysiacées  sont  des  Plantes  de  la  Guyane  et  du  Brésil,  dont  l'affinité  e^t  incertaine; 
elles  se  rapprochent  des  Combrétacées  par  leur  plantule. 


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HYPÉRICINÉES.  293 

Famille  CXXXIIP.  —  HYPÉRICINÉES. 

(Millepertuis^  de  Jussieu,  —  Htpérigâgées,  de  Lindley,  ) 

CARACTÈRE. —  Calyce  libre  à  4.-5  sépales  plus  ou  moins  soudés.  Pétales  hypogynes 
5-4,  à  préfloraison  contournée.  ET  kUi^EH  indéfinies  y  libres,  oumonadelphes,  ou  polyadelpkes . 
Ovaire  à  3-5  loges,  ou  uniloculaire,  à  cloisons  incomplètes;  ovules  nombreux,  réfléchis  ou 
courbes,  Fkvit  capsulaire  ou  bacciforme.  Vlxhtvli,  dicotylédonée ^  exalbuminée. —  Tige 
ligneuse  ou  herbacée.  Feuilles  opposées  ou  verticillées,  simples,  entières,  ordinairement 
ponctuées  de  glandes  pel lucides.  Fleurs  régulières,  en  panicule  ou  en  cyme. 

Les  Hypéricinées  sont  répandues  dans  les  régions  tempérées  et  chaudes  du  globe^  et  surtout 

de  Thémisphère  nord.  Toutes  les 

Espèces  ligneuses  sont  intertropi- 
cales. Elles  sont  étroitement  liées 

aux  Guttiferes,  dont  elles  se  dis- 
tinguent  par  leurs   rameaux  non 

articulés,  le    nombre  quinaire  de 

leurs  enveloppes  florales,  leurs  styles 

distincts,  leurs  graines  nombreuses 

et  dépourvues  d'arille. 
Leurs  propriétés  confirment  leur 

affinité  avec  les  Guttiferes;  presque 

toutes,  en  efîet,  contiennent,  outre 

une  huile  volatile,  des  sucs  résineux 

balsamiques  qui  découlent  abon- 
damment des  Espèces  ligneuses,  et  qui 
bacées  sont  renfermées  dans  des  gla 
pellucides  occupant  le  parenchyme 
Les  Vismia  d'Amérique  fournissent  ui 
jaune,  très-purgatif,  analogue  à  la  gom 
Toute- SAINE  (Hypericum  androsa 
indigène,  était  autrefois  employée  com 
Aujourd'hui  la  seule  Hypéricinée  usit^ 
est  le  Millepertuis  perfore  {L 
foratum)  à  feuilles  criblées  de  glandes 
qui  lui  ont  valu  son  nom,  et  bordées  ( 
glanduleux;  à  fleurs  d'un  jaune  éclatant 
sont  bordés  de  points  noirs.  Les  sommil 
deux  principes  colorants,  Tun  jaune,  sol 
Tautre  rouge,  de  nature  résineuse.  Ces 
fusées  dans  Thuile,  sont  employées  en 
les  douleurs  goutteuses;  infusées  dans 
font  partie  du  Baume  du  Commandeur 
plique  sur  les  plaies  récentes.  On  cultive 
quelques  Espèces  de  Millepertuis,  ei 
M.  A  GRANDES  PLEURS  {H.  grandi) 
du  Levant,  propre  à  orner  les  rocaille»  uc»  jarums 

paysagers;  le  M.  a  odeur  de  bouc  {H.  hircinum),  milllpirtuis  piiro«B. 

etlaTouTE.SAiNE(/f.ûm/ros^nMm),  sous-arbrisseau  [«yp^ncun.  ^.rforatun.) 

touffu,  à  feuilles  rougissant  en  automne,  et  à  baies  noires  et  luisantes. 

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29i  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille  CXXXIV.  —  MARCGRA  VIACÉES.  Sépales  2-4-6.  Pétales  h  vpogynes  Un  loi 
en  iioriibre  égal  à  celui  dessdpales,  libres  ou  soudés  à  leur  base,  tantôt  plus  nombreux  el  soudée 
en  coiffe  qui  se  déchire  ci  roui  aire  ment  à  sa  base.  Élamines  ordinairement  indéfinies.  Ovaire  à 
3-5  ou  plusieurs  loges  pluriovulées.  Ovules  réfléchis.  Fruit  capsulaire  ou  bacciforme.  Piaotulc 
dicolylédonée,  exalbuminéo.  —  Tige  ligneuse.  Feuilles  alternes,  simples,  sans  stipules.  Pleurs 
régulières,  en  ombelles,  on  en  grappes,  ou  en  épis. 

Les  Marcgraviacées,  Plantes  de  rAmérique  tropicale,  sont  très-voisines  des  Guttiferes,  dont 
elles  se  distinguent  par  leurs  feuilles  alternes  et  leurs  anthères  dorsiGxes. 

Famille  GXXXV.  — Guttifères.  —  Sépales  4-6  ou  plus.  Pétales  4-6  ou  plus, 
libres,  insérés  sur  un  torus  charnu.  Ëtamines  ordinairement  indéfinies,  libres  ou  monadelphes 
ou  réunies  en  anneau,  ou  en  tube,  ou  en  faisceaux.  Ovaire  à  une  ou  plusieurs  loges.  Ovales 
droits  ou  réfléchis.  Fruit  capsulaire,  ou  drupacé,  ou  bacci forme.  Plantu le  dicotTlédonée,  ex- 
albuminée.—  Tige  ligneuse.  Feuilles  opposées,  simples,  entières,  à  pétiole  articalé  avec  le  ra- 
meau, ei  .'ans  stipules.  Fieurs  régulières,  solitaires  ou  agg'omérées. 

Les  Guttifères  habitent  pour  la  plupart  la  zone  tropicale.  Elles  sont  voisines  des  Temstroé- 
miacees,  Marcgraviacées  et  Hypéricinées,  dont  elles  se  distinguent  par  leurs  feuilles  opposées  el 
ai  ticuléi'S  à  la  base. 

ESPÈCES   PRINCIPALES.  —  Les 

Guttifères  laissent  découler  de  leur  tige,  par 
incision,  un  suc  jaune  ou  vert,  qui  renferme 
une  rébine  acre,  dissoute  dans  une  huile  vo- 
latile, quelquefois  tempérée  par  un  principe 
gommeux.  Ce  suc  fournit  aux  peintres  une 
riche  couleur,  et  aux  médecins  uo  remède  to- 
nique stimulant,  qui  agit  principalement  sur 
les  viscères  abdominaux.  —  La  baie  de  quel- 
ques Espèces  contenant  du  mucilage,  du 
sucre  et  de  Pacide  cilrique,  est  d'un  ^ût 
très  agréable.  D'autres  produisent  des  graines 
huileuses.  Toutes  ont  un  bois  précieux  pour 
sa  duri'e.  —  Le  G  utt  i  s  a  (  Hebradendron 
camàogioîdes)  est  un  arbre  du  Ceylan,  dont 
le  suc  épaissi  au  soleil,  et  noaimé  gomme- 
gutte,  ferme  une  masse  solide,  homogène, 
d*un  rouge  safran,  opaque,  lisse,  luisante, 
fragile,  où  domine'  une  résine  purgative.  — 
On  a  longtemps  cru  que  le  Garctma  cam- 
bogia  était  le  vrai  Guttier;  son  suc  épais^^i 
dtiière  complètement  de  la  gomme-gutte;  il 
est  élastique,  de  couleur  citron  ;  il  contient 
une  huile  volatile,  et  ne  possède  aucune  vertu 
purgative. 

Les    Clmia  sont    des  arbres   parasites, 
d>»nt  plusieurs   fournissent  un  suc  utile  à 
la   médecine.     Celui     du    Glusia    rosi 
(Clusia    rosea),  arbre   des  Antilles,  est 
Clusia  iosb  épais,  noirâtre,  durcit  à  Tair,  et  on  l'em- 

tc lutta  roêea.)  ploio  commc  purgatif;  ce  Clusia  est  cul- 

tivé en  Europe  ;  ses  feuilles  sont  obovales, 
échancrées,  slriées,  ses  fleurs  sont  à  six  pélales  roses  deux  fois  plus  grands  que  le  calyce,  à 
8-12  stigmates  sessiles  rayonnants.  Le  suc  du  Cl.  flava,  cultivé  aussi  dans  nos  serres  chaudes, 
est  vanté  à  la  Jamaïque  comme  vulnéraire. —  Le  Mangoustan  (Garcinia  mangostana)  e^i 
originaire  des  îles  Moluqiies;  sa  baie  renferme,  sous  un  épicarpe  amer  et  astrin^^ent,  une  piilpe 
d*une  saveur  délicieuse,  qui  fournit  aux  colons  un  rafraîchissement  très-ulile  dans  ces  climaU 
favorables  au  développement  des  maladies  bilieuses. 

Famille   GXXVl.  —  RHIZOBOLÉES.  —Calyce  5- parti  t.  Pétales  hypogynes  5-8,  à 
préfloraison  contournée.  Étamincs  indéflnies.  Ovaire  à  4-6  loges  uniovulées;  noix  4-6.  Planlule 


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RHIZOBOLËES.  295 

dicotylédonée,  exalbumiiiée,  courbe,  à  radicule  énorme.  —  Tige  ligneuse.  Feuilles  opposées, 
digitéeit.  Fleurs  grandes,  en  grappes. 

Les  Rliizobolées,  arbres  élevés  de  la  Guyane  et  du  Brésil,  sont  voisines  des  Sapîndacées  et  des 
Hippocastanées,  et  se  rapprochent  des  Anacardiacées  par  Tinterniédiaire  du  Manguier.  Elles 
s'éloignent  des  Guttifères  par  leurs  feuillei^^  composées. 

Le  CxaTOCAn  porte-noix  (Caryocarnuciferum)  (PI.  XXVIl),  à  feuilles  trifoliolées,  à 
calyce,  corolle  et  pédoncules  d'un  rouge  brun  frangé,  à  étamines  très-nombreuses,  à  4  styles 
rouges,  produit  un  fruit  gros  comme  la  tête  d*un  homme,  à  k  noix,  dont  Tamande  est  d'un 
goût  agréable  et  contient  une  huile  iixe.  L'endocarpe  du  G.  buttrbux  (C  butyrosum)  contient 
une  sorte  de  beurre  comestible.  —  Le  bois  de  ces  arbres  est  précieux  pour  les  constructions 
narales. 

Famille  CXXXVH. —DIPTÉROGARPÉES.  —  Calyce  à  5  sépales.  Pétales  hypo- 
gynes  5,  à  préfloraison  convolutive.  Elamines  nombreuses.  Ovaire  à  3  lo^es  biovulées.  Ovules 
collatéraux,  pendants,  réfléchis.  Fruit  à  une  graine,  capsulaire  ou  indéhiscent.  Plantule  exal- 
buroinée,  à  cotylédons  irès-grands.  —  Tige  ligneuse.  Feuilles  alternes,  entières,  stipulées,  à 
pétiole  articulé.  Fleurs  régulières,  en  grappes. 

Les  Diptérocarpées  sont  de  grands  arbres  de  Tarchipel  indien  ;  elles  ont  de  l'affinité  avec  les 
Tiliacées  élœocarpées  et  les  Malvacées;  elles  diffèrent  des  premières  par  l'absence  de  disque  et 
d'albumen,  et  la  conformation  des  cotylédons;  des  secondes,  par  les  elamines  libres  ou  presque 
libres,  la  préfloraison  de  la  corolle,  la  structure  des  anthères,  et  la  situation  des  ovules.  —  Ces 
Plantes  contiennent  des  sucs  résineux  balsamiques,  quelques-unes  possèdent  une  huile  volatile, 
qui  fournit  une  espèce  de  camphre,  beaucoup  plus  estimé  que  le  camphre  ordinaire,  parce  qu'il 
Qst  moins  volatil. 

Famille  GXXXVIIL  —  TERNSTRCEMIACÉES.  —Calyce  libre,  rarement adhérpnt 
à  la  base  de  l'ovaire.  Pétales  hypogynes,  rarement  périgynes  ,  autant  que  de  sépales,  à  préflo- 


Thî  db  Chinb  Cambllia  CATroBum. 

{Thea  Chinenêtê.)  (Camellia  Candor.) 

raison  imbriquée.  Elamines  indéfinies,  libres  ou  cohérentes  par  leur  base.  Ovaire  à  2-3-5  loges 
ou  pins.  Fruit  capsulaire  ou  indéhiscent.  Plantule  dicotylédonéc. —  Arbres  ou  arbrisseaux  à  suc 
aqueux,  à  feuilles  ordinairement  alternes,  simples. 


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296  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Cette  Famille  habite  principalement  FAmérique  tropicale  et  TAsie  orientale  ;  elle  se  rap- 
proche des  Guttifères  et  s*en  distingue  par  ses  enveloppes  florales  moins  nombreuses,  son 
calyce  plus  foliacé,  et  ses  feuilles  généralement  alternes. 

Les  parties  herbacées  sont  mucilagineuses,  Técorce  de  quelques  Espèces  est  astringente,  celle 
de  ^uelaues  autres  est  résineuse  ou  tinctoriale;  la  plupart  ont  des  fleurs  d*odeur  suave,  et  des 
graines  huileuses. 

Le  Thé  de  Chinb  (Thea  Chinensis)esl  la  plus  importante  Espèce  de  cette  Famille.  Ses 
feuilles,  infusées  dans  leau,  fournissent  une  boisson  stomachique,  dont  T usage  se  répand 
dans  le  monde  entier.  Les  vertus  stimulantes  du  Thé  sont  dues  à  un  principe  astringent,  à 
une  substance  azotée  particulière,  qu'on  a  nommée  Théine,  et  surtout  à  une  huile  volatile,  un 
peu  narcotique,  qui  y  existe  en  petite  proportion.  Quant  à  la  Caséine^  matière  éminemment 
nutritive  qui  est  contenue  dans  les  feuilles,  et  représente  presque  le  tiers  de  leur  poids,  elle 
ne  se  dissout  pas  dans  Teau  ;  mais  les  peuples  de  I  Asie,  après  avoir  bu  Tinfusion,  mangent 
les  feuilles  bouillies,  et  y  trouvent  un  ahment  très-substantiel. 

Les  personnes  qui  abusent  du  Thé  en  sont  punies  à  la  longue  par  de  la  dyspepsie,  une  éner- 
vation  générale,  la  détérioration  des  dents,  le  ramollissement  des  chairs,  etc.  —  Il  n'y  a  pas 
encore  deux  siècles  oue  le  Thé  a  pénétré  eu  Europe,  et  aujourd'hui  on  en  importe  annuelle- 
ment plus  de  10  millions  de  kilogrammes  :  les  deux  principales  sortes  de  Tht^  du  commerce, 
nommées  Thé  vert  et  l'hé  noir,  appartiennent  à  une  même  Espèce;  la  différence  qui  existe 
entre  elles  vient  de  ce  que  le  Thé  noir  a  subi  une  préparation  particulière  avant  9a dessiccation. 
On  a  fait  de  nombreux  essais  pour  cultiver  le  Thé  en  Europe,  mais  l'expérience  a  démontré 
que  l'arbrisseau  du  céleste  Empire  perd  ses  vertus  en  s' expatriant. 

Le  Gambllia  (Camellia  japonica)  ou  Rose  du  Japon  (PI.  XIV),  dont  le  feuillage  per- 
sistant et  les  larges  fleurs  font  les  délices  des  adonistes ,  a  été  introduit  en  Europe  en  1759; 
la  culture  est  bientôt  parvenue  à  dilater  en  pétales  ses  nombreuses  étaminos;  et  ou  en  compte 
aujourd'hui  plus  de  700  variétés,  qui  portent  les  noms  les  plus  disparates;  parmi  ces  variétés, 
dédiées  pour  la  plupart  à  des  personnages  puissants  ou  à  des  gens  riches,  par  l'esprit  d'adulation, 
inséparable  de  l'horticulture,  nous  en  citerons  une  qui  a  reçu  un  nom  poétique:  c'est  le 
Gambllia  candbur  (C,  condor). —  On  cultive  encore,  comme  Plante  d'ornement,  le  Gardo- 
nia  LasianthuSy  arbre  de  la  Caroline,  à  feuilles  persistantes,  à  fleurs  blanches,  velues  ;  le 
Stuartia  malachodendron^  bel  arbrisseau  de  Virginie ,  à  pétales  blancs ,  maculés  de  pourpre  , 
profondément  crénelés,  et  odorants,  etc. 

Famillb  CXXXIX.  —  CHLiENlACÉES.  —  Sépales  3,  pétales  5-6,  hypogynes,  ï 
préfloraison  convolutive.  Elamines  ordinairement  indéhnies.  Ovaire  à  3  loges  biovulées  ou 
muitiovulées.  Ovules  pendants,  réfléchis.  Capsule  à  3  loges,  ou  à  une  seule  par  avortement. 
Plantule  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu,  et  l'égalant  en  longueur.  —  Tige  ligneuse. 
Feuilles  alternes,  entières,  coriaces,  stipulées.  Fleurs  en  corymbes  ou  en  grappes,  garnies  d'un 
involucre  ou  d'un  involucelle. 

Cette  petite  Famille,  voisine  des  Guttifères,  s'en  distingue  par  le  nombre  de  ses  sépales,  de 
ses  pétales,  et  de  ses  fleurs  involucrées.  Elle  habite  Madagascar. 

Famillb  CXL.  —  HUMIRIACÉES.  —  Calyce  persistant,  5-fide.  Pétales  hypogynes  5. 
Etamines  en  nombre  double  ou  multiple  de  celui  des  pétales;  fllets  soudés  en  tube  à  leur  base, 
ou  réunis  en  phalanges  alternes  avec  les  pétales.  Anthères  à  connectif  prolongé  en  languette. 
Ovaire  à  4-6  loges  1-2-ovulées.  Ovules  superposés,  quelquefois  séparés  par  une  cloison 
secondaire,  pendants,  réfléchis.  Drupe  à  noyaux  osseux,  1-5-ioculaire.  Plantule  dicotylédonée, 
droite,  dans  Taxe  d'un  albumen  charnu,  et  l'égalant  en  longueur.  Tige  ligneuse  à  suc  balsa- 
mique. Feuilles  alternes,  simples,  sans  stipules.  Fleurs  régulières,  en  cyme  ou  en  corymbe. 

Les  Humiriacées  habitent  l'Amérique  tropicale.  Elles  sont  apparentées  d'une  part  aux 
Méliacées  et  aux  Hespéridées,  de  l'autre  aux  Styracées. 

Vffurmrium  florihundum,  arbre  du  Brésil,  aonne  une  Térébenthine  d'odeur  suave,  pouvant 
remplacer  le  baume  de  Copahu. 


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TILIACÉE9. 


297 


Famille  CXL1^  —  TILIACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Sépales  5,  caducs,  à  préfloraison  valvaire.  Pétales  insérés  sur  un 
disque  hypogyne,  4.-5,  ou  nuls,  à  préfloraison  imbriquée,  souvent  munis  à  leur  base,  d'une 
fossette  ou  d*une  écaille.  Examines  en  nombre  double  ou  multiple  de  celui  des  pétales,  toutes 
fertiles,  ou  les  extérieures  stériles,  libres  ou  polyadelphes  à  la  base.  Ovaire  û  2-10  loges; 
ovules  réfléchis.  Fruit  capsulaire  ou  indéhiscent,  coriace  ou  charnu.  Plantule  dico- 
tylédonée,  droite  dans  l'axe  d'un  albumen  charnu,  quelquefois  nul.  Tige  ligneuse. 
Feuilles  ordinairement  alternes^  stipulées.  Fleurs  régulières,  solitaires,  ou  en  grappes, 
ou  en  corymbes. 

Les  Tiliacées  habitent  principalement  la  zone  intertropicale;  elles  ont  de  Taffinité  avec  les 

Buttnénacées  ;  elles  diffèrent  des  Ternstroémiacées  par 
la  préfloraison  du  calyce,  des  Bixinées  par  la  structure 
du  front. 

Les  Tiliacées  contiennent  un  mucilage  abondant, 
auquel  s'unissent,  dans  Técorce,  des  substances  astrin- 
gentes et  amères  résineuses.  La  fleur  de  quelques-unes 
contient  un  peu  d'huile  volatile  ;  quelques  autres  ont 
un  fruit  charnu,  sapide^  ou  leurs  parties  herbacées  sont 
comestibles.  Les  graines  de  la  plupaii  sont  huileuses. 
Le  bois  est  léger  et  propre  à  divers  usages.  Nos  Tilleuls 
[Tilia  parvifolia  et  grandi folia)  sont  connus  et  aimés 
de  tous,  pour  la  beauté  de  leur  feuillage  et  Tarome 
suave  de  leurs  fleurs.  L'écorce  est  fibreuse  et  sert  à 
faire  des  cordages;  on  remploie  aussi  dans  la  médecine 
populaire  comme  vulnéraire;  le  bois,  qui  se  laisse  faci- 
lement travailler,  est  mis  en  œuvre  par  les  menuisiers, 
les  tourneurs  et  les  sculpteurs;  son  charbon  est  très- 
estimé.  Les  fleurs,  recherchées  par  les  abeilles,  con- 
tiennent une  huile  volatile,  du  sucre,  du  mucilage,  de 
la  gomme  et  du  tanin  ;  leur  infusion  est  antispasmo- 
dique et  diaphorétique,  mais  il  faut  les  séparer  avec 
soin  de  la  bractée  colorée  qui  les  accompagne,  et  dont 
les  propriétés  sont  très-astringentes;  leurs  graines 
huileuses  sont  au  nombre  des  succédanées  du  Cacao. 

Le  Sparmannia  Africana  est  un  joli  arbrisseau  du 
Gap,  cultivé  dans  nos  serres,  à  cause  de  son  feuillage 
toujours  vert  et  de  ses  riches  ombelles  de  fleurs  à 
pétales  blancs  et  à  étamines  pourpres,  dont  les  an- 
thères sont  irritables  et  s'éloignent  du  style  lorsqu'on  les  touche. 


TiLLIUL    A   0RANDB8   FBOILCU. 

I  Tilia  grandifblia,) 


Famille   CXLIP.  -  BUTTNÉRIACÉES. 

CARACTÈRE. —  Calyce  à  4.-5  divions.  Pétales  5,  hypogynes,  ou  nuls,  à  préfloraison 
valvaire  ou  contournée.  Étamines  tantôt  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales,  et  alors  opposées 
aux  pétales,  tantôt  en  nombre  double  ou  multiple,  et  alors  il  y  en  a  souvent  de  stériles  qui  sont 
opposées  aux  sépales;  filets  ordinairement  soudés  en  cupule,  en  tube  ou  en  colonne.  Ovaire 
«  4-5-10  loges   unibipluriovulées ;  ovules   ordinairement   ascendants ,   réfléchis.    Fruit 


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298  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

ordinairement  capsulaire.  Plantule  albuminée  ou  exalbuminée. — Tige  ordinairement 
ligneuse,  couverte  de  poils  étoiles  ou  bifurques.  Feuilles  alternes,  simples,  stipulées.  Fleurs 
régulières,  enpanicule,  ou  en  épi,  ou  en  glomérule. 

Les  Buttnériacées  sont  étroitement  liées  aux  Malvacées  et  aux  Sierculiacées,  dont  elles  se 
distinguent  par  le  nombre  des  étamines,  la  situation  des  étamines  fertiles  et  des  stériles,  et 
leur  degré  de  cohésion.  —  Elles  habitent  les  régions  tropicales,  le  Cap  et  la  Nouvelle- 
Hollande. 

Ces  Plantes  contiennent  un  mucilage  abondant,  auquel  se  joint  ordinairement  une  matière 
extractive,  amère,  astringente;  le  fruit  de  quelques  Espèces  est  pulpeux  et  très-sucré  ;  les 
graines  sont  huileuses.  —  La  plus  célèbre  des  Buttnériacées  est  le  Cacaoyer  (Theobroma 
Cacao),  arbre  mexicain,  que  la  culture  a  propagé  dans  T  Afrique  et  T  Asie;  au  milieu  de  la  pulpe 


Cacaoyer. 

[Thtobrama  coeao.) 

amère  de  son  fruit  sont  nichées  des  graines  contenant  une  huile  fixe,  une  substance  extrac- 
tive  amère ,  une  matière  colorante  rouge,  de  la  gomme  et  un  principe  azoté  cristallisable; 
nommé  Théobromine.  La  pulpe  et  les  semences  sont  entassées  dans  des  auges  en  bois  et  livrées 
à  la  fermentation  ;  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  la  pulpe  se  liquéfie,  et  la  plantule  est  tuée, 
c*est-à-dire  privée  de  la  faculté  de  germer.  On  sépare  ensuite  les  graines  de  la  pulpe,  et  on 
les  fait  sécher  au  soleil;  quelquefois  on  enfouit  le  cacao  pendant  quelques  jours  dans  la  terre 
pour  lui  faire  perdre  de  son  âcreté;  ces  graines,  dépouillées  du  testa  chartacé  qui  les  recouvre, 
et  légèrement  torréfiées,  puis  broyées  et  mêlées  avec  du  sucre  constituent  le  chocolat,  mets 
délicieux  quand  Q  est  pur  et  bien  préparé  ;  on  le  rend  plus  facile  à  digérer  en  TaromatisaDt 
avee  de  la  vanille  ou  de  la  cannelle  ;  associé  à  des  substances  nourrissantes,  telles  que  la  gelée 
de  Lichen^  il  est  éminemment  analeptique.  Le  testa  des  graines,  torréfié,  est  au  nombre  des 


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HAOHAH.    Afliwsoiiia.    (STERCL'LIACÉES.) 


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BUTTNÉRACÉES.  299 

succédanées  du  café.  L'huile  fixe  est  exprimée  de  la  graine  pulvérisée  au  moyen  de  Teau 
bouillante;  on  la  nomme  Beurre  de  Cacao;  elle  a  la  consistance  du  suif,  et  ne  se  rancit  pas, 
ce  qui  la  fait  employer  en  médecine  pour  la  préparation  de  divers  médicaments  externes. 

On  cultive  dans  nos  serres  chaudes  quelques  Buttnériacées  :  nous  mentionnerons  le  Lasio- 
petalum  purpureum,  arbuste  de  la  Nouvelle-Hollande,  à  fleurs  purpurines,  disposées  en 
grappe;  YHermannia  denudata,  arbuste  du  Cap,  à  longues  feuilles  persistantes,  à  fleurs 
géminées,  jaune,  d'odeur  suave  ;  le  Mahernia  pinnala,  à  feuilles  pennifides  persistantes,  et  à 
fleur  rouge;  le  Pentapetes  phœnicea.  Plante  annuelle  de  llnde,  à  feuilles  hastées,  à  fleurs 
solitaires,  grandes,  écarlates;  le  Dombeya  reginœ,  arbuste  de  Madagascar,  à  feuilles  en  cœur, 
à  fleurs  ramassées  en  ombelle,  presque  sessiles,  à  pétales  blancs,  d'un  rose  vif  au  sommet  ; 
YAstrapœa  Wallichiij  arbre  de  Madagascar,  à  rameaux  divergents,  à  feuilles  en  cœur,  longue- 
ment péliolées,  à  stipules  grandes,  foliacées,  à  fleurs  d'un  rose  pourpre,  disposées  en  ombelle 
ramassée  en  capitule. 

Familles  CXLIII  et  CXLIV.  — STERGULIACÉES  ET  BOMBACÉES.— Cajyce 

à  5  divisions,  tombant.  Pétales  hypogynes  5,  à  prt^flornison  imbriquée,  souvent  nuls  Ëtamines 
indé6nies,  monadelphes.  Anthères  à  2  loges  plus  ou  moins  complètes. — Tige  ligneuse,  couverte 
de  poils  étoiles.  Feuilles  alternes,  simples  ou  digilées.  Fleurs  solitaires,  ou  en  grappes,  ou  en 
panicules. 

STERCULIACÉES.  —  Fleurs  diclines  par  avortement.  Calyce  régulier.  Corolle  nulle; 
filets  cohérents  en  un  tube  adhérent  au  carpophore.  Follicules  verticillés.  Pétiole  des  feuilles 
renflé  au  sommet. 

BOMBACÉES.  —  Fleurs  staminopistillces.  Calyce  et  corolle  souvent  irréguliers.  Pétales 
Quelquefois  nuls;  filets  cohérents  en  un  tube  couronnant  l'ovaire  ou  adhérent  au  carpophore. 
ovaire  sessile  ou  stipité.  Fruit  à  carpelles  libres  ou  légèrement  cohérents. 

Cette  double  Famille  tient  le  milieu  entre  les  Maivacées  et  les  BuUnériacées.  —  Elle  habite 
principalement  la  région  intertropicale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.—  Les  propriétés  des  Sterculiacées ne  diffèrent  pas  de  celles 
des  Maivacées:  la  différence  ne  provient  que  ae  la  durée  des  Plantes  et  de  leur  moue  d'accrois- 
sement. En  effet,  les  parties  herbacées  sont  mucilagineuses,  mais  Técorce  des  rameaux  âgés 
renferme  des  principes  amers  astringents,  auxquels  s'unissent  souvent  des  substance:)  stimu- 
lantes et  émétiques;  les  graines  sont  huileuses  —  Le  Baob  ab  (Adansonia  digitata)^  arbre  de 
rAfrique  tropicale,  transplanté  par  Tbomme  en  Asie  et  en  Amérique,  peut  être  range  parmi 
les  merveilles  de  la  nature.  Son  tronc  n'a  que  12  à  15  pieds  d'élévation  «  à  partir  du  sol 
jusqu'aux  branches,  mais  son  épaisseur  est  énorme;  et  il  peut  acquérir  90  pieds  do  circonfé- 
rence. Ce  tronc  se  divise  à  son  sommet  en  rameaux  longs  de  50  à  60  pieds,  qui  s'étendent  au 
loin  ;  vers  leur  extrémité,  ils  se  rapprochent  de  la  terre  en  s'inclinant  ^ous  leur  propre  poids, 
et  cachent  la  tige  dont  ils  émanent  sous  un  immense  dôme  de  verdure,  dont  le  circuit  dépasse 
400  pieds.  La  longévité  de  ces  colosses  du  Règne  végétal  est  prodigieuse;  Adanson  en  a  observé 
aux  ties  du  Cap  Vert,  qui  avaient  été  mesurés  deux  siècles  auparavant  ]}ar  des  voyageurs,  et 
d'après  le  peu  d'accroissement  qu'ils  avaient  pris  depuis  cette  époque,  il  calcula  que  leur  âge 
devait  être  de  plus  de  six  mille  ans.  Les  feuilles  et  les  fleurs  de  cet  arbre  sont  émollientes.  Les 
nègres  du  Sénégal  mêlent  à  leurs  aliments  les  feuilles  pulvérisées,  qu'ils  nomment  lato;  ÏU 
attribuent  à  cette  poudre  dfs  propriëti^H  rafraîchissantes  et  antifébriles;  il  en  est  de  même  du 
fruit,  dont  la  pulpe  fibreuse  et  aigrelette  est  très-agréable  au  goût;  elle  devient  friable  en  se 
desséchant,  et  on  l'emploie  en  cet  état  comme  médicament.  Lan  graines  du  Pachira  aquattca,  qui 
crott  sur  les  rives  des  fleuves  d'Amérique,  se  mangent  comme  des  châtaignes.  Le  nectar  qui 
coule  des  fleurs  du  Salmatia  Malabarica  est  laxatif  et  diurétique;  le  bois  des  Bombax  est  mou  et 
léger;  les  sauvages  le  creusent  pour  faire  des  barques  qui  les  transportent  sur  les  grands  fleuves 
de  l'Amérique.  L'endocarpe  ae  beaucoup  de  Bombacées  est  pourvu  de  poils  très-lisses,  qui 
ne  peuvent  être  fi'és.  On  en  fait  usage  dans  les  pays  chauds  pour  garnir  des  matelas  et  aes 
coussins. 

Les  StercuUa,  qui  donnent  leur  nom  à  la  Famille,  ont  des  propriétés  variées;  l'arille  des 
graines  est  sapide,  et  la  graine  huileuse  possède  une  certaine  âcreté  qui  la  fait  employer  pour 
assaisonner  les  aliments,  et  pour  purifier  Teau,  qui  se  corrompt  si  vite  sous  la  zone  torride; 
leur  écorce  est  astringente;  quelques-uns   fournissent  une  gomme  analogue  à  la  gomme 


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300  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

adra^ant.  l/écorce  du  StercuHa  fœtida  est   estimée  chez  les  Indiens  comme  diaplioi-élique 
et  diurétique. 

On  cultive  en  Europe  quelques 
Slerculiacées  :  nous  citerons  d'a- 
bord le  Baobab^  qui  reste  petit 
dans  nos  serres,  à  feuilles  digi- 
tëes,  à  fleurs  solitaires,  grandes, 
longuement  pédonculées  et  de 
couleur  blanche;  le  Pachira  in- 
signis^  bel  arbre  de  l'Amérique 
méridionale,  à  feuilles  digitées, 
à  longues  fleurs  d'un  rouge  ma- 
gniflque,  dont  les  pétales  sont 
étalés  au  sommet  ;  le  Pachira 
aquatica  ou  Carolinea  princeps, 
à  fleurs  très-grandes  et  très- 
élogantes ,  dont  les  ptUales  sont 
jaunes  en  dessus,  verdâlres  en 
dessous,  les  filets  rouges  et  les 
anlhères   purpurines;   le  Fro- 

MAGKR       Î^.PINEUX        (  BomÔOX 

Ceiba) ,  à  ti^e  épineuse, à  feuille:* 
digitécs,  à  fleurs  blanches;  le 
Sterculia  Balanghas,  arbre  du 
Malabar,  qui  reste  arbrisseau 
dans  les  serres,  à  feuilles  simples, 
à  fleur  en  panicule,  blanchâtres, 
exhalant  Todeur  de  la  Vanille; 
enfln  le  Reevesia  thyrwidea 
(PI.  XIV),  arbrisseau  de  la  Chine, 
dédié  à  Jolm  Reevies,  zélé  pro- 
tecteur de  la  botanique;  celte 
belle  Plante,  qui  n'a  été  intro- 
duite qu'en  1826  dans  les  serres 
européennes ,  a  ses  fleurs  dispo- 

séesen  corymbe;  ses  pédicelïes,  [cZ^LZ^","]'- 

son    calyce  et   son   ovaire  sont 

couverts  d'un  duvet  de  poils  étoiles  ;  les  pétales  sont  blancs,  les  anlhères  sont  rassemblées  en 
lêtc;  le  stigmate  est  seshile  et  quinquélobé. 

Famille  CXLV\  —  MALVACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Calyce  libre,  à  pré  floraison  valvaire.  Pétales  hypogynes,  ordi- 
nairement soudés  entre  eux  et  avec  le  tube  staminaire,  à  préfloraison  contournée.  Examines 
indéfinies,  monadelphes,  à  anthères  uniloculaires.  Plantule  dicotylédonée j  courbe. 
Feuilles  a/^ern^s,  stipulées. 

La  tige  est  herbacée  ou  ligneuse,  à  poils  ordinairement  étoiles.  Les  feuilles  sont  simples^  à 
nervures  palmées;  les  fleurs  sont  complètes,  régulières,  axillaires,  solitaires,  ou  fasciculées, 
ou  en  grappe  terminale  ;  le  pollen  est  à  gros  grains  globuleux  hispides  ;  les  carpelles  sont  ordi- 
nairement nombreux,  quelquefois  5-3-i,  à  ovaires  verticillés  autour  d'un  prolongement  de 
l'axe  floral,  ou  quelquefois  agglomérés  en  tête,  soit  libres,  soit  plus  ou  moins  cohérents.  Les 
ovules  sont  insérés  à  l'angle  central  des  loges,  ascendants  ou  horizontaux,  courbes.  Les  styles 
sont  libres  supérieurement.  Le  fruit  est  tantôt  formé  de  plusieurs  coques,  plus  ou  moins  cohé- 
rentes par  leurs  bords,  tantôt  c'est  une  capsule  loculicide  à  valves  septifères  ;  quelquefois 
il  est  indéhiscent,  sec  ou  charnu.  Les  cotylédons  sont  plies  et  emboîtés  'un  dans  l'autre  j 
l'albumen  est  mucilagineux,  peu  abondant. 


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MALVAGÉES. 


301 


Malope. 
Latatère. 
Guimauve. 
Haute. 


Malope. 
LavcUera. 
Althœa, 
Malva. 


Kbtmie. 

gotonnier. 

Sida. 

Abdtilon. 


Hibiscus. 
Gossypium 
Sida. 
Abutilon* 


Les  Malvacées  abondent  surtout  dans  les  régions  tropicales  ;  leur  nombre  diminue  vers 
les  Pôles.  Elles  ont  une  affinité  manifeste  avec  les  Stérculiacées,  Tiliacées  et  Buttnériacées. 

Quelques  Genres  de  Bombacées  se  rapprochent  des 
Malvacées,  et  s'en  distinguent  par  leurs  feuilles 
composées  et  les  poils  laineux  qui  occupent  Ten- 
docarpe  du  fruit  et  non  le  testa  des  graines. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  La  principale  pro- 
priété des  Malvacées  dépend  d'un  mucilage  qui 
abonde  dans  la  plupart  des  Espèces  de  cette  Famille 
nombreuse  et  très-naturelle  ;  aussi  ces  Espèces  sont- 
elles  reconnues  comme  émollientes  dans  tous  les 
pays  où  elles  naissent.  Chez  quelques-unes,  des 
acides  libres^  et  surtout  Tacide  oxalique,  se  joignent 
au  mucilage,  et  les  rendent  rafiraîchissantes,  anti- 
bilieuses et  antiscorbutiques.  Celles  dont  le  mucilage 
est  altéré  par  une  petite  quantité  de  résine  ou 
d'huile  volatile,  ont  une  odeur  désagréable,  et  sont 
rangées  parmi  les  médicaments  stimulants,  diapho- 
rétiques  et  diurétiques.  —  Les  graines  contiennent 
une  huile  fixe^  quelques  Espèces  ont  des  fibres 
tenaces ,  d'autres  ont  des  graines  laineuses. 

Parmi  les  Malvacées  indigènes,  la  Gdiuauvb 
{Althœa  officinalis)  tient  le  premier  rang  comme 
émolliente;  c'est  dans  sa  racine  surtout  que  réside 
cette  propriété  ;  elle  contient  un  principe  cristalli- 
sable  identique  avec  VAsparagine  de  TAsperge  et  de  la  Réglisse.  Les  feuilles  et  les  fleurs 
des  Mauves  occupent  le  second  rang.  La  mauve  sauvage  (Malva  sylvestris)  vulgaire- 
ment nommée  Grande-Mauve,  se  rencontre  fréquemment  dans  les  haies  et  les  lieux  incultes. 
Sa  tige  s'élève  à  trois  pieds.  Ses  feuilles  sont  longuement  pétiolées^  arrondies,  échancrées  en 
cœur  à  la  base  et  découi)ées  en  cinq  ou  sept  lobes  peu  profonds.  Les  pétales  sont  grands,  roses, 
rayés  de  lignes  purpurines,  quelquefois,  mais  rarement,  de  couleur  blanche.  La  dessiccation 
leur  fait  prendre  une  couleur  bleue,  qui  s'altère  par  l'action  prolongée  de  la  lumière  et  de 
l'humidité.  Les  fleurs  de  la  Mauve,  mêlées  à  poids  égal,  avec  celles  du  Coquelicot,  du  Tussi- 
lage et  du  Pied-de-Chat,  constituent  ce  qu'on  nomme  en  pharmacie  les  fleurs  pectorales  y  ou 
quatre  fleurs.  On  fait  bouillir  dans  l'eau  les  feuilles  de  la  plante,  qui  sont  très-mucilagineuses, 
et  l'on  se  sert  de  la  décoction  pour  faire  des  fomentations  émollientes.  Les  feuilles  cuites  sont 
elles  -mêmes  employées  en  cataplasmes  —  La  mauve  a  feuilles  rondes  (Malva  rotun- 
difolia),  vulgairement  Petite- Mauve,  a  des  tiges  couchées,  des  fleurs  beaucoup  plus  petites  et 
d'un  blanc  rosé  :  cette  plante  est  employée  dans  les  campagnes  comme  la  précédente. 

Parmi  les  Malvacées  acides,  nous  citerons  les  Hibiscus  sabdariffaeidigitatus,  nommés 
vulgairement  Oseille  de  Guinée.  Le  Gombo  ou  Bamia  [Hibiscus  esculentus)  est  une  herbe 
annuelle  qui  croit  dans  les  régions  tropicales;  sa  capsule  verte  fournit,  au  moyen  de  Teau 
bouillante^  un  mucilage  qui  sert  à  épaissir  les  aliments  ;  on  la  mange  aussi  cuite  et  assai- 
sonnée. 
Les  CoT 0  N  N I E  as  (Gossypium)  croissent  spontanément  en  Asie  et  en  Amérique.  Plusieurs 

39 


GUIMADVB. 

{^Althaa  offleinaliê.) 


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^: 


'M 


302  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Espèces  de  ce  Genre  sont  aujourd  hui  cultivées  en  grand,  dans  toute  la  zone  intcrtropicale. 
Les  poils  laineux  et  denticulés  qui  recouvrent  le  testa  de  leur  graine  constituent  le  coton, 
substance  facile  à  filer,  connu  en  Egypte  dès  la  plus  haute  antiquité,  aujourd'hui  répandue 

dans  le  monde  entier,  et  nous  fournissant  à 
-^T-^  peu  de  frais  un  vêtement  moelleux.  Les 

^  monuments  de  la  littérature  grecque  nous 

sont  parvenus  écrits,  sur  de  la  toile  de 
coton.  La  graine  des  Cotonniers  donne  par 
expression  une  huile  fixe ,  employée  pour 
les  lampes. 

Beaucoup  de  Malvacées  exotiques  sont 
cultivées  en  Europe;  nous  mentionnerons 
seulement  le  Mcdope  trifida^  Plante  annuelle 
de  r Afrique  boréale ,  à  tige  de  deux  pieds, 
couverte  pendant  tout  Tété  de  fleurs  d'un 
rose  vif;  le  Kitaibelia,  Plante  bisannuelle  de 
Hongrie,  à  feuilles  lobées,  à  fleurs  blanches; 
le  Lavatera  arborea,  du  midi  de  la  France, 
à  fleurs  grandes,  violettes  ;  VAlthœa  rosea, 
vulgairement  nommée  Passe-Rose  ou  Rose 
tréfïïière,  Plante  de  Syrie,  dont  les  variétés 
sont  nombreuses;  la  Guimauve  gban- 
V  R I N  B  [Althœa  cannabina),  Plante  du  midi 
de  TEurope,  à  jolies  fleurs  roses,  dont  la 
tige  a  des  fibres  tenaces  comme  celles  du 
coT^jiniBR.  Chanvre,  et  employées  au  même    usage; 

le  Sphœralcea  umbellata,  arbrisseau  de 
TAniérique  tropicale,  à  fleurs  d'un  rouge  pourpre,  à  fruit  globuleux  ;  V Hibiscus  Syriacus, 
du  Levant,  à  feuilles  trilobées,  et  dont  les  fleurs  varient  à  Tinfini  ;  V Hibiscus  Abelmoschus^ 
arbrisseau  indien,  à  fleurs  de  couleur  soufre,  bnme  au  centre,  dont  la  graine,  nommée  am- 
ùrefte,  à  cause  de  son  odeur  musquée,  est  recherchée  des  parfumeurs  ;  le  Malvaviscus  arboretis, 
arbrisseau  des  Antilles,  haut  de  plus  de  neuf  pieds,  à  feuilles  persistantes,  à  fleurs  d'un  rouge 
écarlate  très-vif;  le  Sida  ai^borea,  arbrisseau  du  Pérou,  à  feuifles  cordiformes,  à  fleurs 
blanches;  VAbutilon  striatum,  arbrisseau  du  Brésil,  à  fleurs  soUtaires,  pendantes,  d'un  jaune 
d'or,  veiné  de  pourpre;  le  Pavonia  velutina  (PI.  XIV),  arbrisseau  du  Brésil,  récemment 
introduit  dans  nos  serres,  à  feuilles  cordiformes  veloutées,  à  fleurs  nombreuses  d'un  beau 
rose  vif,  se  montrant  dans  Thiver  et  au  commencement  du  printemps. 

Famille  CXLVl'.  —  GÉRANIAGÉES.  —  Calyce  libre.  Pétales  hypogynes  ou  obscu- 
rément périgynes,  en  nombre  t'gal  à  celui  de^  sépales  ou  moindre,  égaux  (iSeranium)^  ou  in- 
égaux, et  alors  réduits  à  4  ou  2  (Peiargonium) ,  à  préfloraison  contournée,  caducs.  Étamines 
ordinairement  en  nombre  double  de  celui  des  pétales,  bisériées,  toutes  fertiles  (Géranium)  ou 
sléiiles  en  partie  (Erodium,  Pelargomum)  ;  filets  plus  ou  moins  monadelphes.  Carpelles  5, 
appliqués  à  un  prolongement  de  l'axe,  et  formant  un  ovaire  à  5  loges  biovulées.  Planlule  dico- 
tylédonée,  exalbuminée,  courbe,  à  cotylédons  plissés  ou  enroulés.  — La  tige  est  herbacée  ou 
ligneuse;  les  feuilles  sont  stipulées,  opposées,  les  supérieures  quelquefois  alternes  ;  les  fleurs 
sont  complètes,  régulières  ou  irrégulières  (Pelargonium)^  tantôt  solitaires,  lantôt  en  cyrae  biflore 
ou  ombelliforme.  Les  ovules  sont  ascendants,  d'abord  courbes,  puis  demi- réfléchis.  liCS  styles 
sont  soudés  en  une  colonne  dépassant  le  prolongement  de  Taxe,  et  se  confondant  avec  lui,  libres 
vers  leur  sommet,  et  ^tigmati(e^es  le  long  de  leur  bord  interne.  Le  fruit  est  une  capsule  à 
5  coques,  se  détachant  élasliquement  de  Taxe  avec  leur  graine  de  la  base  au  sommet,  laissant 
en  place  leurs  placentaires  soudés  à  Taxe  et  les  5  branches  stigmatiques. 


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GÉRANIACÉES. 


303 


Les  Géraniacees  se  rencontrent  dans  les  régions  tempérées  exlrairopicales,  et  surtout  au  Gap  . 
leur  affinité  est  manifeste  avec  les  Zygophyllées,  et  surtout  avec  les  Linées^  Oxaiidées,  Balsa- 
minéeSy  Tropéolées,  dont  elles  diffèrent  par  le  port,  les  feuilles  stipulées,  le  fruit  et  la  courbure 
des  cotylédons.  Elles  ont  quelque  rapport  avec  les  Malvacées  par  les  stipules,  les  feuilles,  les 
élamines  et  la  plantule. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.—  Les  Géranicm  contiennent  du  tanin  et  "de  l'acide 
gallique,  qui  les  faisaient  autrefois  employer  en  médecine  comme  astringents,  vulnéraires  et 
diurétiques.  Le  G.  Bobertianum,  vulgairement  nommé  Herbe  à  Bobert,  dont  l'odeur  est  forte, 
la  saveur  âpre,  \ Erodiinn  moschatum^  qui  exhale  une  forte  odeur  de  Musc,  possèdent  des  pro- 


Ehodidm  a  fbuillbs  db  Ciouk. 
(Erod^um  eïeutarium.) 


PBLABGONIOII. 


priétés  stimulantes  et  antispasmodiques,  que  les  médecins  ont  oubliées.  L'Erodium  a 
FEUILLES  DE  GiGUE  (Evodium  cicutarium)  est  l'Espèce  la  plus  commune,  on  la  rencontre 
partout,  étalant  ses  tiges  couchées  sur  les  pelouses,  le  long  des  chemins,  dans  les  prairies,  parmi 
les  décombres;  elle  varie  à  l'infini,  tant  pour  la  fornie  de  ses  feuilles,  toujours  pcnniséquées, 
que  pour  la  couleur  de  ses  pétales,  rouges,  ou  purpurins,  ou  roses,  ou  blancs. 

Les  PÉLARGONIUM,  Plantes  du  Gap,  contiennent  une  huile  volatile,  qui  leur  donne  une 
odeur  très-forte,  et  quelquefois  importune  :  les  P.  roseum  et  capitatum  fournissent  à  la  distil- 
lation une  essence,  qui  sert  à  falsifier  l'essence  de  roses.  —  On  en  cultive  en  Europe  des 
centaines  d'Espèces,  variées  à  l'infini.  Nous  nommerons  seulement  je  P.  zonale,  remarquable 
par  une  zone  noire  qui  marque  le  contour  de  sa  feuille,  et  le  P.  triste,  qui  répand  la  nuit  une 
odeur  suave.  —  Parmi  les  Géranium  cultivés  dans  nos  jardins,  on  remarque  le  G.  striatvm , 
d'Italie,  à  feuilles  maculées,  à  piUales  d'un  blanc  rosé,  veinés  de  lignes  purpurines  ;  le  G.  ibe- 
ricum  (PI.  V),  originaire  du  Caucase,  à  fleurs  grandes ,  disposées  en  bouquet,  et  posées  sur  un 
pédoncule  dressé,  qui  part  de  l'aisselle  des  feuilles  supérieures  ;  la  couleur  des  pétales  passe  du 
violet  au  bleu  d'azur. 

Famille  CXLVIK —BALSAMINÉES.  — Sépales  libres,  inégaux,  pélaloïdes.  Pétales  5, 
hypogynes,  inégaux.  Etamines  5.  Carpelles  5,  soudés  en  ovaire  à  5  loges;  ovules  superposés  , 
pendants,  réfléchis.  Capsule  à  5  loges,  s'ouvrant  élasliquement  en  5  valves,  qui  s'enroulent  de 


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30^^ 


HISTOIRE   DES  FAMILLES. 


la  base  au  sommet.  Plantule  dicotylëJonée,  exalbuminée^  droite.  —  Tige  herbacée,  succulente. 

Fleurs  axillaires. 

Les  Balsaminées  naissent  principalement  dans  TAsie  tempérée  et  tropicale.  Elles  se  distinguent 

des  Linées  et  des  Oxaltdées  par  leur  ir- 
régularité. —  Le  Genre  Impatiens  j  ainsi 
nommé  à  cause  de  Téiasticité  de  ses  capsules, 
qui  lancent  leurs  graines  dès  qu*on  les 
louche,  fournit  à  rhortjcullure  plusieurs 
Espèces,  dont  la  plus  irritable  est  VI.  noli 
tangere  {n'y  touchez  pas)  ^  Plante  indigène, 
vivace,  à  fleur  jaune.  La  Balsamimb  com- 
muns (/.  balsatnina)  ^  Plante  annuelle  de 
ITnde,  a  doublé  par  la  culture,  et  varie  sin- 
gulièrement pour  la  couleur.  La  Balsa- 
mine A  TiGBs  rampantes  {Impottens 
repens),  de  Ceylan,  récemment  introduite  en 
Europe ,  forme  des  touffes  épaisses  et  étalées 
sur  le  sol,  portant  un  feuillage  très-petit  et 
de  grandes  fleurs  poilues,  d*un  beau  jaune 
relevé  d'orange.  La  B.  a  pAtalbs  plats 
(/.  platypetala)  (PI.  XIX),  charmante 
Plante,  importée  de  Java,  a  des  feuilles  ver- 
ticillées,  dont  la  nervure  médiane  et  le 
pétiole  sont  de  couleur  pourpre.  Les  fleurs 
sont  grandes,  d'un  rose  vif  relevé  de  cra- 
moisi ;  avant  leur  épanouissement ,  elles 
simulent  des  casques  armés  de  pointes  me- 
naçantes. 


BaLSAMIUI  à.   TI6B8  BAMrAIfTU. 
(fmpaften«  reptnt.) 

Famille  CXLVIIK  —  TROPÉO- 
LÉES.  —  Calyce5-fide  hilabié,  pétaloïde. 
Pétales  5,  inégaux,  insères  sur  le  fond  du 
ralyce.  EtaminesS,  hypogynes.  Ovaire  à  3 
loges  uniovulées;  ovules  pendants,  réfléchis. 
Fruit  succulent,  ou  sec,  à  3  coques,  ou  sa- 
inaroïde.  Plantule  dicotylédonée ,  exalbu- 
minée, droite.  —  Tige  herbacée,  succu- 
lente, difl'use  ou  volubile.  Feuilles  peltées, 
les  inférieures  opposées  et  stipulées,  les  su- 
périeures alternes  et  sans  stipules.  Fleurs 
axillaires. 

Les  Tropéolées  habitent  toutes  FAmé- 
rique  méridionale.  —  Elles  se  rapprochent 
des  Géraniacées  et  des  Limnantnées,  dont 
elles  se  distinguent  par  le  nombre  des  car- 
pelles et  la  situation  de  la  radicule.  —  Le 
Genre  Capucine  (Tropœolum)  est  cultivé 
en  Europe:  la  G.  grande  {T.  majus),  et 
la  G.  PETITE  (T'.  rwiwt/s),  sont  du  Pérou; 
leurs  fleurs  sont  légèrement  acres,  et  leurs 
capsules  sont  mangées  en  salade.  Le  T.  tu- 
berosum  a  des  racines  nombreuses,  fécu- 
lentes et  comestibles.  La  G.  élégante 
(T.  speciosum)  (PI.  XVIII),  qui  vient  de  la 
Patagonie,  a  des  fleurs  d'un  rouge  cramoisi  et  des  feuilles  lobées.  —  La  fille  de  Linné  a  observé 


Capccim. 
(Froporolum.) 


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TROPÉOLÉES.  305 

que  les  fleurs  de  la  Grande  Capucine  exhalent  à  la  fin  d*un  jour  chaud  de  l'ëtë  des  phospho- 
rescences qui  sont  intermittentes  et  ressemblent  à  de  petits  éclairs. 


Famille  CXL1X^  —  LIMNAN- 
THÉES.  —  Calyce  libre.  Pétales  in- 
sérés sur  un  anneau  presque  përig^rne, 
5  ou  5,  à  préfloraison  convolutive. 
Etamines  6  ou  10.  Carpelles  3  ou  5 , 
cohérents,  uniovulés;  ovules  dressés, 
réfléchis.  Fruit  composé  de  â-3  akènes. 
Planlule  dicotylédones,  exalbuminée, 
droite. 

Les  Limnanthées  sont  des  herbes  de 
l'Amérique  boréale ,  annuelles ,  maré- 
cageuses, molles,  glauques,  à  feuilles 
alternes,  à  fleurs  régulières.  Elles  se 
distinguent  à  peine  des  Tropéolées. 
Le  LiMNANTHÈs  KOSÈ  (Limnauthes 
rosea),  Plante  de  la  Californie,  a  ses 
feuilles  découpées  en  segments  fili- 
formes; ses  fleurs  sont  longuement 
pédonculées,  grandes,  d'un  rose  pâle. 


l.lMNAHTBÎfl  RMÎ. 

(Limnantheê  roêea.) 

Famille  CL*.  —  LINÉES.  —  Sépales5-4.,  libres  ou  soudés 
à  la  base,  persistants.  Pétales  5-4,  hypogynes,  à  préfloraison  con- 
tournée, caducs.  Etamines  légèrement  monadelphes,  5-4,  souvent 
10,  dont  5  extérieures  fertiles,  les  inférieures  stériles  opposées 
aux  pétales.  Ovaire  à  4>-5-3  loges  biovulées,  subdivisées  chacune 
en  2  logettes  par  une  cloison  pariétale  plus  ou  moins  complète; 
ovules  pendants,  réfléchis;  styles  5-5,  filiformes;  stigmates  en 
tête.  Capsule  septicide.  Plantule  dicotylédonée,  exalbuminée. 
—  Tige  herbacée  ou  sous-ligneuse.  Feuilles  simples,  sans  stipules. 
Fleurs  régulières. 

Cette  petite  Famille,  composée  de  deux  Genres,  est  dispersée 
dans  les  régions  tempérées  du  globe  entier.  Elle  est  liée  par  une 
étroite  aTinitéavec  lesGéraniacées  et  les  Oxalidées;  elle  en  diffère 
par  ses  fouilles  linéaires,  sans  nervures,  la  structure  de  son  ovaire, 
et  le  défaut  d^albumen.  Elle  a  des  rapports  éloignés  avec  les  Ca- 
ry ophy liées ^  plus  rapprochés  avec  les  Elatinées, 

LeLiM  COMMUN  {Linum  usitatissimum)  est  spontané  dans 
TEurope  australe  et  dans  TOrient.  En  France,  de  vastes  terrains 
sont  consacrés  à  sa  culture.  Le  testa  contient  un  mucilage  abon- 
dant, qui  donne  à  la  graine  des  propriétés  émollientes;  réduite  en 
farine ,  cette  graine  est  employée  en  cataplasmes.  L'huile  fixe  qu'on  en  retire  par  la  pression 
est  désagréable  au  goût  et  légèrement  purgative,  mais  les  arts  en  tirent  un  grand  parti  pour 
la  peinture  et  les  vernis  gras;  elle  est  très-siccative,  et  le  devient  encore  davantage  quand 
on  Ta  fait  bouillir  avec  de  l'oxyde  de  plomb.  Les  fibres  de  la  tige  du  Lin  sont  très-tenaces,  et 
on  en  fait  des  toiles  fines  et  du  papier.  — Le  Linum  catharticum  est  une  jolie  petite? Espèce , 
qu'on  rencontre  partout;  elle  est  légèrement  purgative.  —  On  cultive  dans  les  jardins  plusieurs 
ZiTîurw  .*  tels  sont  le  Lin  vivacb  (Z./>erenn^j,  à  fleurs  bleues,  et  le  L.  a  grande  fleur 


Lllf   COMMUN. 

[Linum  usitatiuimum.) 


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306  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

(Z.  grandifloimm)  (PI.  lll),  Espèce  annuelle  de  l'Afrique  boréale,  à  pëlales  d'un  rouge 
éclatant,  dont  l'onglet,  parcouru  par  une  bande  blanche,  offre  de  très-fines  nervures  noirâtres, 
qui  montent  en  divergeant  vers  un  cercle  foncé  marquant  la  naissance  du  limbe. 

« 

Famille  CLI*.  — VIVIANIÉES.  — Ce  petit  groupe  de  quatre  Genres  comprend  des 
herbes  ou  des  sous-arbrisseaux  de  l'Amériaue  méridionale,  annexés  par  quelques  auteurs  aux 
Géraniacées. —  Feuilles  opposées  ou  verticillées  par  4,  sans  stipules.  Fleurs  en  panicule,  blanches 
ou  roses.  Calyce  campanule ,  à  5  divisions.  Pétales  5,  hypogynes,  à  prëfloraison  contournée. 
Etamines,  10,  libres.  Ovaire  à  3  loges  biovulées  ;  ovules  superposés,  le  supérieur  ascendant, 
l'inférieur  pendant.  Capsule  loculicide,  à  valves  séminilères.  Plantule  dicotylédonée ,  courbe, 
dans  un  albumen  charnu. 

Famille  CLIP. — OXALIDÉES.  —  Sépales  plus  ou  moins  cohérents.  Pétales  hypo- 
gynes 5,  libres,  à  prëfloraison  contournée.  Etamines  10,  ordinairement  monadelphes  à  leur 
base.  Ovaire  à  5  loges  pluriovulées;  ovules  pendants,  réfléchis.  Capsule  loculicide,  ou  baie 
indéhiscente.  Graines  à  épiderme  succulent.  Plantule  dicotylédonée,  occupant  Taxe  d'un  albu- 
men charnu.  —  Tige  herbacée  ;  feuilles  alternes,  pétiolées,  digitées  ou  pennées,  à  folioles 
souvent  irritables,  sans  stipules. 

Le  Genre  OxaliSy  qui  constitue  presque  à  lui  seul  cette  Famille,  et  dont  on  connaît  plusieurs 
centaines  d'Espèces^  habite  principalement  l'Amérique  tropicale  et  le  Gap  de  Bonne-Espérance. 
11  se  rapproche  des  Géraniacées,  dont  il  se  distingue  par  ses  carpelles  cohérents  sans  colonne 
centrale,  par  la  pluralité  des  ovules,  Tépiderme  charnu  des  graines,  et  les  feuilles  composées. 

La  plupart  des  Oxalidées  contiennent  dans  leurs  parties  herbacées  et  dans  leur  fruit,  quand  il 
est  charnu,  de  l'acide  oxalique,  auquel  elles  doivent  leurs  propriétés  rafraîchissantes,  antihi- 
lieuses  et  antiseptiques.  Plusieurs  Espèces  ont  des  tubercules  féculents;  quelques-unes  ont  des 
feuilles  irritables  comme  celles  de  la  Sensitive. 

La  Surelle  {Oxalis  acetosellg),  herbe  élégante  de  nos  pays,  concourt  avec  les  Oseilles. 
à  la  production  du  suroxalate  de  potasse,  vulgairement  nommé  Sel  d'oseille.  L'Oc  a  (Oxaltscre- 
nata)  est  cultivé  au  Pérou  àcause  de  ses  tubercules  alimentaires;  ils  atteignent  rarement  le  volume 
d'un  œuf,  mais  ils  sont  très-nombreux;  leur  qualité  n'est  pas  la  même  que  celle  de  la  Pomme 
de  terre,  et,  sans  être  aussi  agréables,  ils  sont  sains,  légers  et  très-nouriissants;  leur  saveur, 
légèrement  acide,  disparait  quand  on  achève  leur  cuisson,  qui  est  très-facile,  dans  une  seconde 
eau.  —  Plusieurs  autres  Oxalis  sont  aussi  riches  en  fécule  que  l'Espèce  précédente ,  on  les 
cultive  comme  Plantes  d'ornement;  ce  sont  les  0.  Deppei,  ietrapkylla,  lasiatiara,  très-propres  à 
former  des  bordures  de  plates- bandes.  L'Oxalide  a  etamines  velues  (0.  lasiandra) 
(P.  XX),  est  remarquable  par  ses  feuilles  radicales  digitées,  ses  fleurs  en  ombelle  d'un  beau 
rouge  cramoisi,  surtdut  à  l'intérieur,  et  ses  etamines  couvertes  d'un  duvet  glanduleux. 
V Oxalis  sensiiiva  est  une  herbe  de  l'Inde,  dont  les  feuilles  légèrement  amèren  sont  toniques 
et  stimulantes;  sa  racine  est  vantée  contre  les  affections  calculeuses  et  la  morsure  des  scor- 
pions. 

Famille  CLJIP.  —  ZYGOPHYLLÉES.  —  Calyce  libre ,  5-4-parli t.  Pétales  hypo- 
gynes, libres,  égaux  en  nombre  aux  divisions  du  calyce,  à  préfloraison  mibriquée.  Etamines 
égales  en  nombre  aux  pétales.  Ovaire  pluriloculaire  ;  ovule  réfléchi.  Capsule  loculicide  ou  se 
séparant  en  coques.  Plantule  dicotylédonée,  exalbumiiiée  ou  renfermée  dans  un  albumen  carti- 
lagineux. —  Tige  herbacée  ou  ligneuse.  Feuilles  opposées,  pennées,  stipulées. 

Les  Zygophyllées  habitent  les  régions  chaudes  extratropicales.  Elles  s'éloignent  des  Diosmées 
et  des  JtutacéeSy  par  leur  fruit  et  leurs  graines,  et  surtout  par  leurs  feuilles  composées,  opposées 
et  stipulées. 

LeGATAGOFPiciNAL  (Guajacum  officinale)  est  un  arbre  des  Antilles,  dont  le  tronc  acquiert 
séculairement  une  circonférence  de  neuf  pieds;  son  bois  est  très-dur,  bien  plus  pesant  que  l'eau, 
à  aubier  jaune,  à  cœur  brun-verdâtre,  d'une  odeur  faiblement  aromatique,  d'une  saveur  acre 
et  amère;  il  est  employé  dans  l'industrie  pour  fabriguer  des  roulettes,  des  roues  de  poulies,  et 
autres  objets  qui  doivent  résister  au  poids  et  au  frottement.  Sa  râpure  est  un  médicament 
précieux,  recommandé  comme  dépuratif,  à  cause  de  ses  propriétés  sudorifiques  et  diurétiques. 
Ces  pro|^iélés  sont  dues  à  une  matière  résineuse  contenue  dans  le  bois,  et  qui  en  découle  pu* 
incision  ;  on  la  nomme  Guamcine;  on  l'obtient  aussi  en  traitant  le  Gayac  par  l'alcool,  et  faisant 
évaporer  la  teinture.  —  Le  Gayac  saint  (Guayacum  sanctum),  qui  croît  dans  les  mêmes  pays. 


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ZYGOPHYLLÉES.  307 

cl  dont  les  propriétés  sont  semblables,  n'est  employé  qu'en  Amérique.  — LaFABAGELLE 

[Zygophyllum  fabago),  naît  en  Orient  et 
dans  l'Afrique  boréale;  on  l'emploie 
comme  anthelminlique;  elle  est  cultivée 
dans  les  jardins,  ainsi  que  le  Tribulvs 
terrestris^  jadis  vanté  comme  astringent, 
et  le  MÉLiANTHE  {}felianthus  major) y 
arbrisseau  du  Gap,  à  feuilles  pennées, 
glauque,  fétide,  à  fleurs  d'un  rouge  foncé, 
pleines  d'un  nectar  sapide,  qui  en  découle 
abondamment  quand  on  secoue  la  tige. 

Famille   CLIV«.  —   RUTAGÉKS. 

—  Calyce  libre,  4-3-partit.  Pétales  insérés 
à  la  base  d'un  gynophore,  égaux  en  nombre 
aux  divisions  du  calyce,  libres,  à  préflo- 
raison imbriquée.  Ëtamines  en  nombre 
double  ou  triple  de  celui  des  pétales.  Ovaire 
2-3-5  lobé,  à  2-3-5  loges  ;  ovules  pendants, 
réfléchis  ou  courbes.  Gapsule  loculicide, 
ou  s'ouvrant  en  coques  déhiscentes  à 
leur  sommet  interne.  Plantule  dicotylé- 
donée,  droite  ou  courbe  dans  l'axe  d'un 
albumen  charnu.  Tige  herbacée  ou  sous- 
ligneuse;  feuilles  alternes,  simples,  sans 
stipules,  ou  pourvues  à  leur  place  de  dents 
sétiformes.  Fleuis  terminales,  en  grappes 
ou  en  corymbes. 

Les  Rulacées  sont  voisines  des  Zygophyl- 

lées,  dont  elles  diffèrent  par  leurs  feuilles 

tGajc^lm7ffiVinlu)  altcmes,  la  position  de  leurs  ovules  et  la 

naturede  leur  albumen.  Elles  appartiennent 
toutes  à  l'ancien  continent,  et  habitent  principalement  les  régions  tempérées  de  l'hémisphère 
boréal. 

Les  Rutacées  doivent  leurs  propriétés  stimulantes  à  une  substance  amère,  à  une  résine  acre 
et  à  une  huile  volatile  contenue  dans  les  glandes  des  feuilles  et  des  fleurs.  La  Rue  {Ruta 
graveolens)y  spontanée  dans  le  nord  de  l'Afrique,  naturalisée  sur  tout  le  littoral  méditerranéen, 
et  cultivée  dans  nos  jardins,  a  conservé  son  antique  réputation  comme  sudorifique,  anthelmin- 
tique  et  emménagogue;  son  odeur  est  forte  et  désagréable,  sa  saveur  est  très-âcre.  On  emploie 
surtout  son  essence,  qu'on  obtient  par  distillation.  La  fécondation  de  la  Rue  offre  un  curieux 
phénomène,  facile  à  observer  :  on  trouve  dans  la  plupart  des  fleurs  une  des  8-iO  étamines,  qui, 
au  lieu  d'être  étendue  horizontalement  dans  un  pétale  ou  entre  deux  pétales,  comme  les 
autres,  se  tient  debout,  inclinée  sur  le  pistil,  contre  lequel  son  filet  est  appliqué;  l'anthèn^ 
s'ouvre  bientôt,  le  pollen  tombe,  et  alors  cette  étamine,  dont  la  mission  est  remplie,  reprend 
sa  position  horizontale;  une  autre  se  redresse  à  son  tour  pour  venir  la  remplacer,  et  ces  évo- 
lutions se  succèdent  jusqu'à  ce  que  toutes  les  anthères  aient  payé  leur  tribut  au  pistil. 

Le  Peganum  harmola^  qui  croît  dans  les  lieux  stériles  de  la  région  méditerranéenne,  exhale 
aussi  une  odeur  forte  et  fétide.  Les  Turcs  emploient  ses  semences  comme  condiment,  et  ils  en 
retirent  une  couleur  rouge. 

Famille  GLV*.  —  DIOSMÉES.  —  Galyce  à  4-5  divisions.  Pétales  égaux  en  nombre 
aux  divisions  du  calyce,  insérés  sous  un  disque  hypogyne  ou  presque  périgyne,  ordinairement 
libres.  Étamines  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales  ou  double.  Ovaires  libres  ou  plus  ou  moins 
cohérents,  ordinairement  biovulés;  styles  distincts  à  leur  base,  cohérents  à  leur  sommet. 
Capsule  à  plusieurs  coques,  dont  l'endocarpe,  lisse,  cartilagineux,  s'ouvre  élastiquement  en 
deux  lobes.  Plantule  dicotylédonée.  —  Tige  ordinairement  ligneuse.  Feuilles  sans  stipules  ou 
pourvues  de  2  glandes  à  la  base  des  pétioles. 

Les  Diosmécs  habitent  principalement  l'Afriaue  australe  extratropicale  et  la  Nouvelle-Hol- 
lande ;  elles  ont  beaucoup  d'affinité  avec  les  Zanihoxylées;  et  la  Fraxinelle,  dont  les  graines  sont 
albuminées,  les  rapproche  des  Rutacées. 


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308  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  propriélésdes  Diosmées  dépendent,  soit  d'une  résine  et  d'une  huile  volatile,  soit  d'un 
principe  amer  particulier;  les  Plantes  de  la  Tribu  des  Guspariées  doivent  les  leurs  à  ce  prin- 
cipe amer  alcaloïde;  les  vraies  Diosmées,  à  Thui'e  et  à  la  résine.  Parmi  les  Guspariées  se  place  au 

premier  rang  le  Gcdipea  cusparia ,  arore  for- 
mant de  vastes  forêts  sur  les  bords  de  l'Oré- 
noque;  son  écorce,  nommée  Angusiure  vraie, 
est  regardée  comme  un  puissant  toni(jue,  et 
Ton  s'en  sert  contre  les  fièvres  intermittentes 
et  la  dysenterie.  —  Le  Diosma  crenata  est  un 
arbrisseau  du  Gap,  dont  les  feuilles  sont  re- 
commandées comme  dtaphorétiques  et  diu- 
rétiques, contre  les  spasmes,  les  rhumatismes 
et  les  affections  dos  reins  et  de  la  vessie. 
Ges  feuilles,  nommées  buchu  ou  àucco,  ont 
une  odeur  forte,  une  saveur  chaude  et  acre. 

On  cultive  en  Europe  beaucoup  de  Dios- 
mées; nous  citerons  d'abord  les  Diosma,  ar- 
brisseaux du  Gap,  à  feuilles  glanduleuses 
ponctuées,  à  fleurs  blanches  ou  rougeâtres, 
les  Adenandra,  ainsi  nommés  à  cause  de  la 
glande  pédicellée  qui  termine  leurs  anthères, 
et  dont  les  fleurs  sont  roses  ou  rouges;  les 
Leinoniay  arbrisseaux  des  Antilles,  dont  une 
Espèce,  la  Lbmoisie  charmante  (Zernonta 
spectabilis  (PI.  XIX),  récemment  importée  de 
Cuba  en  Angleterre,  a  des  feuilles  trifoliolées, 
des  fleurs  purpurines  disposées  en  grappes,  à 
sé|  aies  inégaux,  les  deux  extérieurs  formant 
involucre,  à  corolle  monopétale  charnue,  en 
patère,  à  étamines  réunies  en  tube;  les  Cor- 
rea,  de  la  Non vellq-Hol lande,  à  tige  couverte 
d'un  duvet  écailleux ,  à  feuilles  opposées, 
simples,  parmi  lesquelles  on  remarque  le 
C.  virens,  à  fleurs  vertes,  le  C.  speciosa,  à 
fleurs  dont  le  lube  est  rouge  et  le  limbe  vert; 

laGoRRÉE    A    LONGUES    FL  E  U  RS  (C  /oil^t- 

fiora)  (PI.  XVllI),  hybride,  à  fleur  pendante, 
rouge  pâle,  àétamines  et  style  un  peusaillanb. 
—  On  cultive  aussi  la  Fraxinbllb  (Dictam- 
nus  fraxinella)y  Plante  du  midi  de  la  France, 
dont  les  feuilles  pennées  ressemblent  à  cellesdu 
Frêne;  ses  fleurs  un  peu  irrégulières,  de 
couleur  blanche  ou  purpurine,  forment  une 
élégante  grappe  terminale,  dont  les  rameaux 
sont  chargés,  ainsi  que  la  fleur,  de  petites 
(DiJmnl\Taxineiia.)  glaudcs  pédicellées  odorantes;  l'huile  volatile 

qui  s'exhale  de  ces  glandes  est  tellement  abon- 
dante, que  si,  à  la  fln  d'une  chaude  journée  d'été,  on  approche  de  l'inflorescence  une  bougie 
allumée,  Tatmosphère  hydrogénée  qui  l'enveloppe  s'enflamme,  sans  endommager  la  Plante. 

Famille  GLVI*.  —  ZANTHOXYLÉES.  —  Galyce  libre.  Pétales  hypogyncs,  égaux  en 
nombre  aux  drvisions  du  calyce,  à  préfloraison  convolutive-imbriquée,  tombants,  rarement 
nuls.  Etamines  autant  que  de  pétales,  ou  en  nombre  double.  Garpelles  posés  sur  un  gynophore, 
libres  ou  cohérents  à  leur  base,  ou  complètement  soudés  en  ovaire  à  plusieurs  loges,  conte- 
nant chacune  2  ou  4  ovules  réfléchis.  Fruit  varié.  Plantule  dicotylédonée,  dans  Taxe  d*un 
albumen  charnu  ;  radicule  su  père. 

La  tige  est  ligneuse,  les  feuilles  sans  stipules,  les  fleurs  ordinairement  diclines;  le  fruit  est 
tantôt  simple,  soit  charnu,  soit  samaroïde,  indéhiscent,  ou  se  séparant  en  coques  déhiscentes, 
tantôt  multiple  et  composé  de  drupes  ou  de  capsules  uniséminées. 

Les  Zanlhoxylées  habitent  les  régions  tropicales  et  subtropicales  de  TAmériquo  et  de  l'Asie. 


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LISIÈRE  DE  BOIS. 


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ZANTHOXYLÉES.  309 

—  Elles  sont  liées  aux  Simarubées  et  aux  Diosmées  ;  elles  se  distinguent  de  celles-ci  par  leurs 
fleurs  diclines  et  la  structure  intérieure  de  leur  fruit,  de  celles-là  par  le  nombre  des  ovules  et 
les  graines  albuminées.  Elles  ont  avec  les  Anacardiacées  etlesBurséracëes  une  affinité  confirmée 
par  leurs  propriétés.  Elles  se  rapprochent  des  Eupkorbiacées  par  la  diclinie,  les  fruits  en  coque, 
et  la  plantule  inverse  dans  un  albumen  charnu. 

Plusieurs  Espèces  contiennent  dans  presque  toutes  leurs  parties  une  résine  et  un  principe 
amer,  qui  leur  donnent  des  propriétés  toniques  et  stimulantes ,  favorables  aux  organes  de  la 
digestion  et  de  la  si^crétion.  La  première  place  parmi  les  Zanthoxylées  médicinales  appartient 
au  Britcea  antidysenterica^  arbrisseau  de  TAbyssinie,  dont  Técorce  intérieure  et  les  feuilles 
sont  employées  avec  succès  contre  la  dysenterie  et  les  fièvres  intermittentes.  —  Le  Genre 
Glàvalier  (Zanihoxylum),  qui  donne  son  nom  à  la  Famille,  doit  ce  nom,  signifiant  en  grec 
boisjaune^  à  un  principe  amer  et  colorant,  cristal lisable  (Zanthopicrite)\  la  racine  et  fécorce 
de  plusieurs  Espèces  sont  employées,  comme  fébrifuges,  en  Chine  et  au  Japon  ;  les  feuilles,  les 
capsules,  les  graines  de  quelques  autres  sont  employées  comme  condiment  à  la  place  du  poivre. 

—  Le  Clavalibr  jaune  (Z.  clava  Hercidis),  arbrisseau  des  Antilles,  fournit  aux  arts  et  à 
la  médecine  une  écorce  tinctoriale  et  fébrifuge;  le  Cl.  a  peuillbs  de  Frêne  (Z.  Fraxi- 
neum),  de  l'Amérique  septentrionale,  est  cultivé  dans  nos  jardins;  son  écorce,  d'une  saveur 
acre,  excitant  la  salivation,  est  employée  en  Amérique  pour  calmer  les  maux  de  dents.  —  Le 
Ptelea  trifoliata^  petit  arbre  de  la  Caroline,  est  cultivé  dans  nos  jardins  sous  le  nom  d'Orme 
de  Samarie;  ses  feuilles  Irifoliotées  sont  regardées  comme  vermifuges  et  propres  à  déterger  les 
ulcères;  ses  capsules  amères-aromatiques  sont  employées  à  la  plice  du  Houblon  dans  la  fabri- 
cation de  Iji  bière.  —  VAUantus  glanduiosa  est  un  bel  arbre  du  Japon,  très-répandu  aujour- 
d'hui dans  nos  jardins  et  nos  promenades  publiques;  ses  feuilles  sont  imparipennëes;  ses  fleurs 
sont  diclines,  verdâtres,  disposées  en  panicule  et  d*une  odeur  peu  agréable.  Cet  arbre  s'accom- 
mode de  tous  les  terrains  ;  dans  un  sol  un  peu  humide  et  abrité,  sa  croissance  est  de  3  pieds  par 
an.  Son  nom  populaire  de  v^rwwrfMya/xm  renferme  une  erreur  ;  ce  n'est  pas  lui,  c'est  un  Sumac 
qui  fournit  le  vrai  vernis  du  Japon. 

Famille  CLVIK  —  SIMARUBÉES.  —Celte  petite  Famille  diffère  de  la  précédente 
par  ses  étamines,  toujours  en  nombre  double  de  celui  des  pétales,  ses  ovaires  libres,  uniovulés, 
devenant  des  drupes,  sa  graine  sans  albumen,  et  s\  radicule  courte,  retirée  entre  les  cotylédons. 

—  Elle  habite  principalement  l'Asie  tropicale^  file  de  Madagascar  et  TAmérique  équatoriale. 
Les  Simarubées  contiennent  une  substance  cristallisable  ,  nommée  Qiiassiney  fortement  et 

franchement  amère,  qui,  tempérée  par  un  peu  d'huile  volatile,  une  résine  et  des  sels,  leur 
donne  des  propriétés  toniques,  applicables  surtout  aux  organes  de  la  digestion.  L' écorce  des 
racines  du  Sim  arouba  (Quassia  simaruba)^  arbre  de  Cayenne ,  est  fébrifuge  et  antidysenté* 
rique;  le  Quassi  (Quassia  amara)  est  un  arbuste  de  Surinam,  dont  les  vertus  ont  été  misei 
en  lumière  par  un  nègre,  nommé  Quassi,  Cet  homme,  pour  témoigner  sa  reconnaissance  à  un 
officier  hollandais,  son  bienfaiteur,  lui  révéla  les  propnétés  fébrifuges  de  la  racine,  dont  il  se 
servait  secrètement  pour  guérir  les  fièvres  intermittentes  pernicieuses  :  Linné  donna  son  nom  à 
l'arbre  qu'il  avait  fait  connaître. 

Famille  CLVIIK  —  OGHNACÉES.  —Sépales  4-5,  libres  ou  presque  libres.  Pétales, 
autant  que  de  sépales,  hypogynes,  à  la  base  d'un  gynophore.  Etamines  en  nombre  double  ou 
multiple  de  celui  des  pétales.  Ovaires  4-5,  ou  plus,  plus  ou  moins  soudés  avec  l'axe  stylifère,  et 
uniovulés.  Ovule  pendant,  réfléchi.  Baies  ou  drupes  distinctes.  Plantule  dicotylédonée,  peu  ou 
point  albuminée.  — Tige  ligneufte.  Feuilles  alternes,  simples,  stipulées. 

Les  Ochnacées  ont  pour  caractère  distinctif  la  situation  du  style  entre  les  lobes  de  fovaire. 

—  La  plupart  sont  intertropicales.  —  Elles  sont  amèrcs  comme  les  Simarubées  ,  mais  l'astrin- 
gence  est  leur  propriété  dominante. 

Famille  CLIX*.  —  CORIARIÉES.  —  Le  Genre  unique  Coriaria,  qui  constitue  cette 
famille,  a  été  détaché  des  Malpighiacées;  il  en  diffère  par  ses  feuilles  toujours  dépourvues 
de  stipules,  ses  pétales  charnus,  scssiles  et  persistants,  ses  filets  libres,  son  ovaire  à  5  lobes,  son 
fruit  à  5  coques. 


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310  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

LeConiAinÈ  a  feuilles  db  Myrte  [Coinaria  myrti folio),    indigène  dans  la  région 

méditerranéenne,  contient  une  abondante  quantité  de 
(anin ,  qui  le  rend  précieux  pour  les  corroyeurs.  Se« 
feuilles,  très-narcotiques,  sont  mêlées  frauduleusement 
avec  celles  du  Séné,  et  cette  sophistication  a  causé  la 
mort  de  beaucoup  de  malades. 

Famille  CL  \%— MÉNISPERMÉES.  — Sépales 
libres,  tombants.  Pétales  3-6-12,  hypogynes,  ordi- 
nairement libres,  quelquefois  nuls.  Etamines,  autant 
que  de  sépales ,  rarement  p'us,  à  filets  libres,  quelquefois 
monadelphes.  Ovaires  plusieurs,  libres,  uniovulés; 
ovules  courbes.  Fruit  bacciforme  ou  drupacé.  Graioe 
droite  ou  courbe.  Plantule  très-grande,  peu  ou  point 
albuminée. 

La  tige  est  ligneuse,  flexible,  grimpante  ;  les  feuilles 


CORUIKB    A    FKriI.LB9    AB    MTRTB. 

(Corjona  myrtifolia.) 

sont  alternes,  simples,  sans  stipules, 
les  fleurs  ordinairement  diclines. 

Les  Ménispermées  habitent  principa- 
lement les  régions  intertropicales  de 
l'Asie  et  de  l'Amérique.  —  Elles  ont 
de  raffmité  avec  les  Anonacées,  les 
Berbéridées  et  les  Lardizabalées  ;  leurs 
propriétés  médicales  ne  sont  pas  à  mé- 
priser: les  unes  possèdent  aans  leur 
racine  un  principe  amer,  qui  les  rend 
toniques  ;  cnez  les  autres ,  cette  amer- 
tume est  aiguisée  par  un  principe  acre  , 
propre  à  stimuler  les  fonctions  des 
reins  et  de  la  vessie.  —  La  racine  du 
Colombo    (Cocculus  palmatus)  ^    de  | 

l'Afrique  australe,  est  prescrite  contre  la 
dysenterie  et  les  vomissements. — La 
racine  du  Pareira-brava  (Cissam- 
pelos pareira),  des  Antilles,  est  vantée 
comme  diurétique,  et  employée  à  la 
Martinique  contre  la  morsure  du  Trigo- 
nocéphale.  —  La  Coque  du  Levant  est  le  fruit  de  VAnamirta  cocculus,  arbrisseau  de  F  Asie 
tropicale  :  on  en  fait  usage  dans  Tlnde  pour  enivrer  et  empoisonner  les  poissons,  et  ce  procédé 
a  passé  en  Europe;  il  produit  en  efl'et  des  pêches  abondantes,  mais  il  est  quelquefois  dangereux 
de  manger  le  poisson  qui  a  été  pris  par  ce  moyen,  attendu  que  la  graine  de  VAnamirta  contient 
un  principe  narcotique  [Picrotoxiné)  qui  n'est  guère  moins  vénéneux  que  la  Strychnine.  —  La 
bière  anglaise  est  quelquefois  falsifiée  avec  la  Coque  du  Levant.  —  On  cultive  dans  les  jardins 
botaniques  plusieurs  Espèces  de  Menispermum,  et  principalement  le  M.  du  Canada 
{M.  canadense),  à  tige  volubile,  à  feuilles  peltées,  cordiformes  arrondies. 

Famille  CLXP.  —  LARDIZABALÉES. —Cette  Famille  ,  autrefois  jointe  à  la  précé- 
dente, en  diffère  par  ses  ovaires  pluriovulés  ,  sa  plantule  minime  dans  un  albumen  abondant, 


Mbicispbriib  du  Cahada. 
{Meniêpormum  Canadtnê»,) 


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LARDIZABALÉES.  311 

et  ses  feuilles  composées.  —  Les  Lardizabalées  sont  répandues  dans  les  régions  tempérées  de 
TAmérique  méridionale,  de  l' Inde  et  du  Japon . — Elles  ne  contiennent  pas  de  principe  amer  ;  leurs 
baies  sont  mucilagineuses  et  comestibles. 

Famille  CLXIK  —  BERBÉRIDÉES.  —  Sépales  5-4-9  libres,  plurisëriés.  Pétales 
hypogynes,  libres,  en  nombre  égal  à  celui  des  sépales  ou  en  nombre  double,  pourvus  à  leur 
base  d'une  double  glande,  ou  dédoublés  d'un  appendice.  Etamines,  autant  que  de  pétales, 
rarement  en  nombre  double.  Ovaire  unique,  uniloculaire,  à  ovules  pariétaux  ou  basilaires,  ré- 
fléchis.  Pniit  bacciforme  ou  capsulaire.  Plantule  dicotylédonéedans  Taxe  d'un  albumen  charnu. 

La  tige  est  ligneuse  ou  herbacée  ;  les  feuilles  sont  alternes,  simples  ou  composées. —  Les  Ber- 
bel  idées  habitent  les  régions  tempérées  de  Thémisphère  boréal  et  de  l'Amérique  méridionale; 
elles  t  ennent  aux  RenonculacéeSy  aux  Anonacf^es  et  aux  Papavéracées. 

Les  parlies  herbacées  et  les  baies  des  Berbéridées  contiennent  de  l'acide  malique  libre  ;  les 
chimistes  ont  retiré  de  la  racine  et  de  Técorce  de  plusieurs  Espèces,  un  principe  jaune  amer 
(Berbérine),  qui  possède  les  vertus  purgatives  de  la  Rhubarbe.  Le  Vinettier  commun 
(Berberis  vtUgarts);  nommé  vulgairement  Epine-vinette,  donne  des  baies  avec  lesquelles  on 
prépare  une  confiture  très-agréable.  Ses  élamines  sont  irritables,  le  moindre  contact  les  fait 
redresser  vivement  du  fond  des  pétales  et  se  jeter  sur  le  pistil  :  le  chatouillement  opéré  avec  la 

S  ointe  d'un  aiguille,  le  frôlement  des  ailes  d'un  insecte,  suffisent  pour  exciter  leur  sensibilité. 
>n  emploie  Técorce  du  Vinettier  dans  la  teinture. 
Plusieurs  Berberis  exotiques  sont  cultivés  dans  les  jardins;  ce  sont,  entre  autres,  les 
B.  aristatay  nepalenstSj  canadensis,  etc.  Le  Berberis  ilicifolia  (PI.  XXI)  est  un  arbrisseau  de 
la  Terre  de  Feu,  dont  les  feuilles  sont  coriaces,  dentées  et  piquantes  comme  cellos  du  Houx  ; 
les  fleurs  sont  globuleuses,  d'un  jaune  d'or  foncé  ou  orangé.  —  Les  Mahonia,  sont  des  arbris- 
seaux élégants  voisins  des  Berberis,  dont  la  plupart  sont  américains;  leurs  feuilles  pennées  et 
persistantes  produisent  un  effet  pittoresque  dans  les  bosquets  d'hiver. 

Famille  GLXIIK—SCHIZANDRÉES.— Sépales  3-6.  Pétales  hypogynes6-9,  libres, 

plurisériés.  Etamines  indéfinies.  Ovaires 
nombreux,  portés  sur  un  gynophore,  libres, 
quelquefois  cohérents,  à  2  ovules  pondants. 
Baies  en  tête  ou  en  épi.  Plantule  dicotylé- 
donée,  droite,  minime,  à  la  base  d'un  al- 
bumen charnu.  Tige  ligneuse, sarmenteiise. 
Feuilles  alternes,  simples,  sans  stipules. 
Cette  petite  Famille,  voisine  des  Magno- 
liacées,  habite  les  régions  chaudes  de  l'Inde, 
du  Japon  et  de  l'Amérique  boréule.  —  Les 
Schizandrées  contiennent  un  suc  niucila- 
gineux  sans  aromo  et  sans  àcreté  ;  la  plu- 
part sont  remarmiables  par  la  beauté  de 
leurs  fleurs.  —  On  cultive  en  Europe  le 
Schizandra  coccinea  ,  sous -arbrisseau  à 
fleurs  petites,  de  couleur  écarlate. 

Famille  CLXIV*.  —  MYRISTI- 
CÉES.  —  Fleurs  dioïques.  Calyce  2-4- 
fide.  Corolle  nulle.  Etamines  monadelphes. 
Ovaire  unique,  uniloculaire;  1-2  ovules 
dressés,  réfléchis.  Baie  capsulaire,  à  une 
loge,  bivalve.  Graine  unique,  enveloppée 
d'un  arille  charnu,  déchiqueté;  testa  dur. 
endoplèvre  membraneux  ridé.  Plantule 
minime  à  la  base  d'un  albumen  ruminé. 

Les  Mvristicées  sont  des  arbres  ou  arbris- 
seaux de  la  zone  tropicale,  à  feuilles  alternes, 
coriaces  ,  simples,  entières;  longtemps 
(iTyrisiica  moêchata.)  confoudues  avec  Ics  Lauriuees  à  cause  de 

la  petitesse  de  leurs  fleurs  apétales,  de 
leur  diclinie,    de  leur  parfum  et  de   leur  port,  elles  sont  aujourd'hui  plus    naturellement 


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312  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

près  des  Anonacées.  Toutes  leurs  parties  sont  aromatiques;  leur  suc  est  stypliqueet  rougit  à  Pair. 

Le  Muscadier  [Myristica  mosckata)  est  un  bel  arbre  des  Molusques,  introduit  dans  nos 
colonies  de  Bourbon  et  de  rile-dc-France,  puis  propagé  en  Amérique.  Ses  semences,  nommées 
noix  muscades  y  et  son  arille  lacinié,  nommé  macis,  sont  employés  comme  épice  eî  médicament 
stimulant;  mais  on  les  accuse  avec  raison  de  cacher  sous  leur  arôme  suave  un  principe  véné- 
neux narcotiaue.  La  muscade  contient  une  essence  qu'on  peut  obtenir  par  la  distillation,  et  une 
huile  fîxe,  solide,  qu'on  en  relire  par  Fexpression  à  chaud,  mêlée  avec  l'huile  volalile.  Celte 
huile  mixte  est  nommée  ùeurj'ede  muscade,  à  cause  Je  sa  consistance  et  de  sa  couleur  jaune. 

La  muscade,  prise  à  rintériour  en  quantité  considérable,  allume  la  soif,  rend  la  tète  pesante, 
cause  do  Toppression,  de  Tivrosse,  du  délire,  et  peut  amener  Tapoplexie.  On  s'est  même 
assuré  que  les  exhalaisons  du  Muscadier  et  des  muscades  entassées  sont  pernicieuses  pour  les 
personnes  couchées  dans  le  voisinage  de  l'arbre  ou  des  graines. 

Familles  CLXV*.  —  ANONACÉES.  —  Sépales  3.  Pétales  hypogynes  6,  bisériés, 
à  préfloraison  valvaire.  l'iamines  ordinairement  indéfinies,  multisériées.  Carpelles  nombreui, 
libres  ou  presque  libres,  à  un  on  plusieurs  ovules  dressés  ou  ascendants.  Fruit  capsulaire  ou 
bacciforme.  Plantule  minime  à  la  hase  d'un  albumen  ruminé.  — Tige  ligneuse.  Feuilles  alternes, 
simples,  entières,  sans  stipules. 

Les  Anonacées  hahilenl  presque  toutes  la  zone  torride;  elles  sont  voisines  des  Myristicéescl 
des  Magnoliacées;  elles  diffèrent  des  Schizandrées  par  leur  port,  leur  arôme,  leurs  fleurs  com- 
plètes et  leurs  étamines  libres. 

L'écorce  des  Anonacées  est  aromatique  et  stimulante;  quelquefois  acre,  quelquefois  nau- 
séeuse. Ces  fleurs  sont  en  général  d'odeur  suave;  les  fruits  sont  aromatiques  et  poivrés  quand 
ils  sont  formés  de  carpelles  libres;  dans  le  cas  contraire,  ils  sont  seulement  comestibles.  —  Les 
fleurs  du  Gananga  (Uvaria  odoraia)  font  les  délices  des  Malais;  ils  en  ornent  leurs  cheveui, 

leurs  habits,  et  en  font  des  guirlandes 
pour  orner  leurs  maisons  dans  les 
jours  de  fêtes;  ils  préparent  avec cps 
fleurs  et  de  la  racine  de  Curcuma,une 
pommade  odorante,  nommée ^or^ri, 
dont  ils  se  frictionnent  le  corps  pour 
se  préserver  des  fièvres  dans  la  saison 
des  pluies.  LesEuropi^ensqui  habitent 
rinde,  et  surtout  les  femmes,  font 
macérer  le  Cananga  dans  de  l'huile  de 
coco,  et  s'en  servent  pour  lisser  leur 
chevelure  au  sortir  du  bain.  Les 
fruits  bacciformes  de  Y Unona  œtkio- 
pictty  arbrisseau  d'Afrique,  fournissent 
une  épice  connue  sous  le  nom  de 
poivre  d* Ethiopie,  Les  Anona  pro- 
duisent des  fruits  délicieux.  Le  Ché- 
ri m  o  l  i  a  (A.  cherimolia) ,  qui  croît 
au  Pérou,  est  le  plus  vanté,  h* A.  fm- 
ricata  donne  le  Corossol  et  VA.Squa- 
mosa,  la  Pomme-cannelle  \  ces  Iruifc? 
charment  les  yeux  par  leur  forme 
élégante  autant  qu'ils  flattent  l'odorat 
et  le  goût.  Les  Européens  les  mangent 
avidement  sans  jamais  en  être  incom- 
modés. On  suppose  que  les  Anona  sont 
originaires  d'Aménque,  et  ont  été 
répandus  par  l'homme  dans  toute  la 
zone  interlropicale.  —  On  cultive  en 
Europe  quelques  Anonacées,  entre 
autres  I'Anona  a  trois  lobes 
roiiM«-a:,5ELLE.  (A.    triloha)    (PI.   XIX),    arbrisseau 

\ Anona  »qunmo,a)  ^^    l'Amérique     boréalo ,    à    fleurs 

d'un  rouge   obscur,  à   fruit  trilobé; 
VA.  sqnam<isa,  à  feuilles  pellucidcs  ponctuées,  à  fleurs  verdâtres  et  à  fruit  écailleux. 


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MAGNOLIACÉES.  313 

Famille  GLXVl«.  —  MAGNOLIACÉES.  —  Sépales  3,  rarement  2,  ou  4,  ou  6. 
Pétales  hypogynes  à  la  ba^^e  d'un  réceptacle  allongé,  6  ou  plus,  libres.  Etamines  indélinies. 
Ovaires  nombreux,  soit  libres,  soit  plus  ou  moins  cohérents,  bi  pluriovuUs.  Ovules  pendants, 
réfléchis.  Fruit  varié  :  carpelles  pédicellés,  libres,  ou  cohérenls  en  épi,  déhiscents  ou  indéhiscents, 
secs  ou  charnus.  —  Graines  à  funicale  allongé.  Plantule  minime  à  la  base  d*un  albumen 
charnu.  .  •     ,         , 

Les Magnoliacées  sont  des  arbres  à  feuilles  alternes,  simples,  a  stipules  cadu(|ues;  elles  habitent 
principalement  l'Amérique  boréale,  Tinde,  la  Chine,  le  Japon  et  la  Nouvelle-Hollande,  Elles  se 
rapprochent  des  Anonacées  par  leurs  fleurs  à  nombre  ternaire,  leurs  anthères  adnées,  le  nombre 
et  la  position  des  ovaires;  elles  tiennent  aux  Dilléniacées  par  le  port  et  la  ressemblance  des 
organes  de  la  fructification  ;  elles  diffèrent  peu  des  Schizandrées. 

Les  Magnolia  sont  de  beaux  arbres  de 
PAmérique  septentrionale  et  de  l'Asie 
tropicale,  à  feuilles  grandes,  souvent  per- 
sistantes et  à  fleurs  magnifiques ,  dont  la 
culture  se  répand  dans  les  jardins  d'Eu- 
rope, et  leur  donne  une  physionomie  toute 
particulière.  Le  M,  grandiflora^  de  la  Ca- 
roline, s'élève  à  90  pieds;  ses  feuilles  sont 
longues  de  7  pouces  et  persistantes,  ses 
fleurs,  dont  le  diamètre  est  de  7  à  8  pouces, 
sont  d*un  blanc  pur  et  d'une  odeur  suave. 
Lo  A/.  ^/oz/Cd,  ou  Arbre  de  castor,  est 
un  arbrisseau  rustique,  haut  de  15  pieds,  à 
feuilles  glauques  en-dessous ,  à  fleurs 
blanches  très-odorantes.  Le  M.  Thomp- 
soniana,  variété  du  précédent,  est  un  bel 
arbre  pyramidal  de  20  pieds,  qui  diffère 
du  M.  Glauca  par  ses  feuilles  plus  grandes, 
et  ses  fleurs  larges  de  5  pouces.  Le 
M,  Yidan  est  une  espèce  de  la  Chine,  dont 
les  fleurs  innombrables  éclosent  toutes  à  la 
fois,  avant  les  feuilles,  au  mois  d'avril.  Les 
Chinois  en  font  leurs  délices;  ils  emploient 
ses  graines  comme  fébrifuges.  —  Le 
Tulipier  (Liriodendron  tulipifera)  est 
un  arbre  de  Virginie,  qui  parvient  dans 
sa  patrie  à  une  hauteur  de  100  pieds,  et 
dont  nous  admirons  encore  la  beauté  ma- 
jestueuse dans  les  sujets  cultivés  en  Europe  : 

ses  feuilles  sont  à  k  lobes,  inégaux;  ses  .\uc.olu  du  t..omp*ox. 

fleurs,  en  forme  de  tulipe,  sont  nuancées  {nagnoua  Thompsomana.) 

de  vert  et  de  jaune  pâle,  avec  une  tache 

jaune  orangé  ;  son  écorce  amère  aromatique,  est  rangée  parmi  les  meilleures  succédanées  de 
la  Cascarille  et  du  Quinquina.  L'écorce  de  plusieurs  Magnolia  est  également  estimée  comme 
médicament  tonique. 

La  Badiane  {ïllicium  anisatum)  est  un  arbrisseau  de  Chine,  toujours  vert,  dont  le  fruit  se 
compose  de  capsules  ligneuses,  vcrticillées  sur  une  seule  série  ;  ce  fruit,  nommé  Ani$  étoile,  à 
cause  de  sa  forme  et  de  son  odeur,  contient,  avec  un  principe  amer,  une  résine  dissoute  dans 
une  huile  volatile;  il  est  employé  comme  stimulant,  et  les  liquoristes  le  font  entrer  dans  la 
composition  de  Yanisette  de  nollande.  —  Le  Sk  i  m  m  i  (lUicium  religiosum,  qui  n'est  peut-être 
qu'une  variété  de  la  Badiane,  possède  les  mêmes  propriétés,  mais  à  un  degré  inférieur  ;  il  est 
cultivé  au  Japon,  et  les  Bouddhistes  prétendent  que  la  vue  de  cet  arbre  réjouit  leurs  dieux;  ils 
font  avec  ses  rameaux  des  guirlandes  dont  ils  décorent  leurs  temples  et  les  tombeaux  de  leurs 
parents  :  les  veilleurs  publics  se  servent  de  son  écorce  pulvérisée,  comme  d'un  chronomètre  : 
ils  en  remplissent  des  rigoles  creusées  dans  de  la  cendre ,  et  y  mettent  le  feu  ;  cette  poudre  se 
consume  lentement,  la  combustion  emploie  un  temps  égal  pour  parcourir  un  espace  déter- 
miné ;  c'est  sur  cet  espace  que  se  règlent  les  veilleurs  pour  annoncer  l'heure  au  peuple,  en  frap- 
pant sur  des  timbres.  Cette  singulière  horloge  est  renfermée  dans  une  boîte  dt>nt  la  longueur 
n'excède  pas  un  pied,  mais  les  rigoles  sont  nombreuses.  Pour  que  la  combustion  soit  régu- 
lière, ils  tiennent  la  boîte  fermée,  l'air  y  entre  par  un  trou,  et  la  fumée  en  sort  par  un  autre. 


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314.  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Famille  CLXVIK—DILLÉMACÉE S. -Sépales  libres.  Pétales  libres,  hypo^yoes.  EU- 
mines  indélinies.  Ovaires,  plusieurs,  libres  ou  presque  libres,  à  un  ou  plusieurs  ovules,  ascen- 

danls  ou  dressés,  réfléchis.  Capsules  folli- 
culaires ou  bacci formes,  libres  ou  cohé- 
rentes. Plantule  dicolylédonée,  minime  à 
la  base  d'un  albumen  charnu. 

La  tige  est  souvent  grimpante,  les 
feuilles  sont  alternes,  et  rarement  op|H)sées, 
les  stipules  nulles,  ou  enveloppant  le  bour- 
geon, et  caduques;  les  fleurs  sont  souvent 
rendues  irréguiières  par  la  position  latérale 
des  élamines.  —  Les  Dilléniacées  se  rap- 
prochent des  Majjnoliacées,  dont  elles  dif- 
fèrent par  le  nombre  et  la  situation  latérale 
de  leurs  élamines,  la  proportion  quinaire 
de  leurs  enveloppes  florales,  toujours  uni- 
sériées,  et  leur  propriété  astringente.  Elles 
diffèrent  des  Rvnonculacées  par  leur  porl, 
leurs  étamines  unilatérales,  leur  prrame 
arillée,etleuraslringence. — Elles  habitent, 
au-delà  de  Téquateifr,  les  régions  tmpicales 
de  TAsieet  de  l'Amérique. — L'écorcc  de  la 
plupart  des  espèces  est  employée  par  les 
tanneurs;  le  fruit  de  quelques-unes  est 
aigre  ;  on  s'en  sert  dans  la  prî§paration  des 
hauces,  et  pour  comp<»>er  des  sirops  rafraî- 
chissants :  tel  est  le  Dillenia  speciosa,  bel 
arbre  de  Java,  à  feuilles  longues  d'un 
pied ,  larges  de  5  pouces ,  à  fleurs  soli- 
taires très-grandes,  b'anches;  on  le  cultive 
dans  les  serres  d'Europe,  ainsi  que  VHib- 
HiBBBKTiA  yoLUBiLB,  bcrtia  voluMlis ,   arbrisseau  de  la    Nou- 

[UibbBriia  voiubiiiê')  velie-Hollaude,  toujours  vert  et  grimpant, 

à    rameaux    roses,    à  feuilles    luisantes, 
soyeuses  intérieurement;  $es  fleurs  simt  d'un  jaune  doré,  mais  leur  odeur  est  dé:Fagréable. 

Famille  CLXVIIK—  RENONCULACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Calyce  ^jolysépate.  Pétales  hypogynes ,  de  forme  variée,  quelque- 
fois  nids.  Et kMi^ ES  ordinairement  nombreuses^  à  anthères  ordinairement  adnées.  0\v il 
réfléchi.  Plantule  dicotylédonée,  minime^  à  la  base  d'un  albumen  corné. 

Tribu  1.  —  CLÉMATIDÉES.  —  Sépales  pétaloïdes  à  préfloraison  valvairc;  pétales  nuls,  ou 
plus  courts  que  les  sépales,  et  planes.  Akènes  nombreux,  terminés  par  les  styles  allongés  en  queue 
plumeuse.  Graine  inverse.  Feuilles  opposées. 

Clématite.  Clematis.  \      Atragène.  Atragene. 

Tribu  2.  —  ANÉMONÉES.  —  Sépales  pétaloïdes,  à  préfloraison  imbriquée;  pétales  nuls; 
akènes  nombreux  ;  graine  inverse.  Feuilles  radicales  ou  alternes. 


PiGAMON.  Thalictrum. 

Anémone.  Anémone, 


Hépatique.  Hepatica. 

Adonide.  Adonis, 


Tribu  3.  —  RENON CULÉES.  —  Sépales  et  pétales  à  prcfloraison  imbriquée.  Pétales  à  onglet 
rendu  bilabié  par  une  écaille  interne,  ou  simplement  creusé  en  fossette  nectaritère.  Akènes  nom- 
breux. Graine  dressée  ou  inverse.  Feuilles  radicales  ou  alternes. 

Renoncule.  Ranunculus.  1      CiRATocÉpnALE.  CeratocephaLus. 

FicAiBE.  Ficaria.  \     Myosure.  Myosure. 


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RENONCULACÉES. 


315 


Tbibu  4.  —  HELLÉBORÉES.  —  Préfloraison  imbriquée;  sépales  pétaloïdes  ou  sub  pétaloïdes, 
souvent  inégaux  (Aconit);  pétales  ordinairement  tubuleux,  quelquefois  soudés  irrégulièrement  en 
un  seul  (Dauphinelle),  quelquefois  nuls  {Caltha).  Follicules  verticillés,  ou  en  tète,  rarement  soli- 
taires, quelquefois  soudés  plus  ou  moins  complètement  en  capsule  pluriloculaire.  Feuilles  radicales 
ou  alternes. 


POPULAGB. 

Caltha. 

NiCF.LLE. 

Nigella. 

Trolle. 

TrolUus. 

Ancolie. 

Aquilegia. 

Erantbis. 

Eranthis. 

Dauphinelle. 

Delphinium 

Hellébore. 

Helleborus. 

Aconit. 

Aconitum. 

Tribu  5.  — PÉONIÉES. —  Préfloraison  imbriquée.  Pétales  quelquefois  réduits  à  une  lame 
étroite;  anthères  basifixes.  Fruit  folliculaire  ou  charnu.  Feuilles  alternes. 


ACTEE. 


Actœa. 


Pivoine. 


Pœonia. 


Les  Renonculacées  sont  pour  la  plupart  des  Plantes 
herbacées,  quelques-unes  ligneuses  et  grimpantes; 
les  feuilles  sont  généralement  alternes^  à  pétiole 
dilaté  inférieurement  en  gaîne,  et  à  limbe  découpé. 
—  Cette  Famille  est  voisine  des  Dilléniacées  et  des 
Berbéridées  ;  elle  se  rapproche  des  Nympkœacées 
et  des  Papavéracées  ;  on  lui  trouve  même  quelques 
traits  de  ressemblance  avec  les  Ombellifères  et  les 
Altsmacées.  Elle  est  répandue  sur  toute  la  terre , 
et  habite  principalement  les  régions  tempérées  et 
froides  de  Phémisphère  boréal. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.—  Les  Renoncu- 
lacées contiennent  presque  toutes  un  principe  plus 
ou  moins  acre ,  quelquefois  vénéneux  :  ce  principe 
est  généralement  volatU ,  et  disparait  par  la  cuisson 
ou  la  dessiccation.  Mais,  dans  quelques-unes,  il  est 
de  nature  alcaline,  et  par  conséquent  plus  fixe  et 
plus  énergique.  Les  racines  de  plusieurs  Espèces 
vivaces  renferment  une  matière  résineuse,  purgative 
ou  vomitive.  Dans  les  graines ,  le  principe  acre  est 
souvent  uni  à  un  principe  aromatique. 

L'herbe  récente  de  plusieurs  Renonculacées 
était  jadis  recommandée  par  les  médecins  comme 
rubéfiante  et  vésicante.  La  Clématite  aubb- 
YiGNE  {Clematts  vitalba) ,  Plante  indigène,  est 
employée  par  les  mendiants,  qui  écrasent  ses  feuilles, 
et  les  appliquent  sur  leur  peau  pour  y  produire 
des  ulcères  superficiels,  et  exciter  la  commisération  publique.  —  Beaucoup  d'Espèces  du 
Genre  Renoncule  {Ranimculus)  possèdent  aussi  une  vertu  vésicante  :  telles  sont  les  B.  flam- 
muta,  Itngm,  arvensis,  muricatus,  bulhosus  ,  acris,  sceleratus,  etc. ,  Teau  distillée  de  ces 
Plantes  contient  un  principe  volatil  cristallisable  d'une  extrême  àcreté ;  les  animaux  herbi- 
vores n  y  touchent  pas  quand  elles  sont  fraîches,  mais  on  en  fait  de  très-bon  foin.  Plusieurs 
Espèces  deviennent  même  comestibles  par  la  cuisson:  c'est  ainsi  que  laR.  scélérate 
elle-même  est  usitée  dans  quelques  pays  comme  Plante  potagère;  il  en  est  de  même  de  la 
Clématite  flammète  (  Clematis  flammiUa) ,  Espèce  des  plus  acres,  dont  les  jeunes  pousses 
sont  mangées  impunément.  La  Ficaire  (Ficaria  ranunculoides] ,  qui  se  rencontre  dans 


DAuramnxv  a  grakdi  flitjk. 
(Delphinium  grandiflorum.) 


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316  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

tous  les  lieux  cultivés,  est  acre  dans  sa  jeunesse,  mais,  eu  même  temps  que  ses  feuilles  et  que 
ses  tubercules,  se  développent  du  mucilage,  des  sels  et  de  la  fécule ,  qui  radoucissent  et  la 
rendent  comestible.  —  La  Renonculb  alpestre  (/?.  al/jestris ]  est  acre ,  vésicante  et 
purgative  ;  cependant  les  chasseurs  des  Alpes  mâchent  ses  feuilles  pour  se  préserver  du 
vertige  et  se  reconforter. 

Les  Anémones  ne  sont  pas  moins  acres  que  les  Renoncules;  la  Sylvie  {Anémone  nemorosa) 

est  vésicante,  ainsi  que  ses  congénères  exotiques. 
L^Anémonk  renoncule  {A.  t'anuncidoides)  est 
employée  par  les  habitants  du  Kamtschatka  pour 
empoisonner  leurs  flèches.  L'Hépatique  (Hepatica 
triloba),  qui  nous  annonce  le  printemps,  est  astrin- 
gente et  sans  âcreté  ;  les  anciens  avaient  cru  recon- 
naître dans  ses  feuilles  à  3  lobes,  colorées  en  brun 
comme  le  foie,  une  indication  pour  son  emploi  contre 
les  maladies  de  cet  organe. — La  Pulsatille  (A.pul- 
satilla),  employée  fraîche,  possède  des  propriétés  éner- 
giques; sa  saveur,  faible  d'abord,  devient  bientôt  très- 
mordante;  son  odeur  est  presque  nulle,  et  cependant 
quand  on  la  broie ,  elle  dégage  une  vapeur  acre  qui 
irrite  les  yeux ,  le  nez  et  rarrière-bouche  ;  elle  contient 
un  acide  volatil,  un  alcali  nommé  Anémanine,  et  une 
petite  quantité  d'huile  éthérée.  On  emploie  cette  Plante 
avec  succès  dans  les  paralysies,  surtout  celle  du  nerf 
optique,  ainsi  que  dans  les  autres  ophthalmies,  les 
/«  "*/*",^*'r'i.  ^  affections  rhumatismales  et  les  maladies  cutanées  re- 

[Uepattca  trtloba,) 

belles  :  la  dessiccation  diminue  beaucoup  ses  propriétés. 

Beaucoup  de  Renonculacées  purgent  violemment  et  excitent  la  sécrétion  urinaire.  Quelques- 
unes  sont  diaphorétiques,  quelques-autres  possèdent  un  principe  amer  qui  les  rend  toniques. 
On  emploie  encore  quelquefois  le  Pic  a  mon  jaune  (Thalictrum  flavum)  on  Rhubarbe  des 
pauvres^  dans  Tictère  et  contre  les  fièvres  intermittentes.  On  prépare ,  aux  Antilles ,  avec  la 
décoction  de  la  racine  du  Clematis  dioica ,  mêlée  avec  de  l'eau  de  mer,  une  médecine  très- 
vantée  contre  l'hydropisie.  La  Dauphinbllb  des  champs  (Delphinium  consolida)  est 
estimée  comme  diurétique  et  vermifuge  :  c'est  dans  ses  graines  que  réside  surtout  son  prin- 
cipe actif;  ses  fleurs  ont  été  jadis  préconisées  contre  les  maladies  des  yeux,  et,  si  l'on  en  croit 
une  vieille  tradition,  la  Plante,  suspendue  dans  le  cabinet  d'un  savant,  lui  conserve  une  vue 
inaltérable.  —  Les  graines  de  la  Staphysaigre  (D.  staphysagria),  et  des  Espèces  de  l'Eu- 
rope méridionale  et  de  l'Asie,  possèdent  un  alcaloïde,  nommé  Delphine,  uni  à  de  l'acide  ma- 
lique,  à  une  huile  flxe,  à  une  gomme ^  à  une  substance  albumineuse  et  à  de  l'amidon;  ces 
divers  principes  leur  donnent  des  propriétés  fortement  drastiques,  vomitives  et  anthelmin- 
tiques.  On  ne  les  emploie,  en  France,  qu'à  Textérieur  pour  faire  mourir  la  vermine  de 
la  tête,  et  guérir  la  gale  ou  les  dartres.  — La  semence  de  la  Nigelle  (Nigella  sativa)  ou 
Cumin  noir,  qui  est  légèrement  aromatique,  n'est  plus  usitée  en  médecine,  mais  on  l'emploie 
généralement  chez  les  Orientaux  pour  assaisonner  le  pain. 

La  racine  de  1' Hellébore  d'Orient  [Helleborus  Orientalis)  était  jadis  préconisée  par 
les  médecins  de  l'école  d'Hippocrate  contre  la  manie,  l'épilepsie  et  l'hydropisie.  Cette  Plante 
croît  dans  les  montagnes  de  la  Grèce  et  de  l'Asie  Mineure.  Notre  Hellébore  officinal  est 
V Helleborus  niger,  dont  la  racine  fraîche  a  une  odeur  rance,  une  saveur  sèche,  acre,  un  peu 
amère,  qui  donne  dans  la  bouche  une  sensation  de  chaleur  brûlante  et  d'engourdissement; 
elle  doit  ses  propriétés  à  une  substance  amère  et  à  un  principe  résineux;  prise  à  haute  dose, 
elle  peut  devenir  mortelle;  mais  en  petite  quantité,  elle  donne  une  impulsion  salutaire  aux 


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PAYSAGK   ALPESTRF: 


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HENONCULACÉES.  317 

fonctions  des  viscères  abdominaux.  Les  Helleborus  viridis,  fœtidus,  hyemalis  ont  des  pro- 
priétés analogues. 

Les  Aconits  sont  des  herbes  narcotico-àcres,  très-vénéneuses,  dont  les  feuilles  fournissent 
à  la  médecine  un  puissant  stimulant  des  organes  glanduleux  et  des  vaisseaux  lymphatiques; 
ils  doivent  leurs  vertus  à  un  alcaloïde  nommé  Aconitine,  combiné  avec  un  acide  particulier,  et 
uni  à  des  principes  résineux  et  volatils.  L'Aconit  napel  (Aconitum  napelius),  ainsi  nommé 
à  cause  de  sa  racine  en  forme  de  petit  navet ^  est  notre  Espèce  officinale;  mais  il  importe  de 
ne  le  cueillir  qu'après  son  parfait  développement  :  en  effet,  dans  le  jeune  âge,  ses  propriétés 
sont  si  peu  développées  que  Ton  mange  ses  jeunes  pousses  cuites  dans  la  graisse.  L'Espèce 
la  plus  vénéneuse  est  l'A.  féroce  (A.  ferox),  qui  croît  sur  THymalaya. 

La  Tribu  des  Péoniacées  offre  quelques  Espèces  médicinales.  L'Acte e  {Actœa  spicata)  est 
une  Plante  indigène ,  dont  la  racine,  jadis  employée  à  l'intérieur  contre  l'asthme  et  le  vice 
scrofuleux,  à  l'extérieur  contre  les  dartres,  est  aujourd'hui  tombée  en  désuétude.  La  racine  de 
TActéb  serpentaire  {Cimicifuga  serpentaria), Espèce  américaine,  est  nauséeuse,  amère, 
astringente  et  un  peu  mucilagineuse  ;  on  la  regarde  comme  le  plus  efficace  des  remèdes  pour 
guérir  la  morsure  du  Serpent  à  sonnettes,  La  Pivoine,  herbe  fameuse  au  temps  des  sorciers, 
est  aujourd'hui  presque  abandonnée;  ses  graines  sont  émétiques;  on  en  fait  des  colliers  pour 
favoriser  la  dentition  des  enfants. 

La  Famille  des  Renonculacées  intéresse  l'horticulteur  aussi  bien  que  le  médecin.  La  plupart 
de  ses  Espèces  peuvent  servir  de  Plantes  d'ornement.  Parmi  les  Clématites  grimpantes,  nous 
citerons  la  Cl.*  A  fleurs  bleues  {CL  viticeila),  la  Cl.  viorne  (Cl,  v/orna),  de  la  Vir- 
ginie, à  fleurs  propres  pourpres  en  dehors,  jau- 
nâtres en  dedans;  I'Atragène  des  Alpes 
(Atragene  alpina],  arbuste  indigène,  à  grande 
fleur  bleue.  La  Clématite  a  feuilles 
étroites  (Clematis  angustifolia)  est  une 
herbe  d'Italie  non  grimpante,  à  pédoncules  uni- 
flores,  à  feuilles  dont  les  segments  sont  linéaires. 
—  Les  deux  principales  Espèces  du  Genre  Ané- 
mone, cultivées  dans  les  jardins,  sont  VA,  hor- 
tensis  et  VA  ,  coronaria,  qui  ont  fourni  les  nom- 
breuses variétés  doubles,  si  recherchées  par  les 
amateurs.  Les  Adonis  œsiivalis  et  vernalis  sont 
des  Espèces  indigènes,  à  pétales  d'un  jaune  ou 
d'un  rouge  vif,  souvent  maculés  de  pourpre  noir 
à  leur  base.  En  tête  des  Renoncules  brille  le 
Ranunculus  asiaticus ,  dont  on  a  obtenu  des 
variétés  doubles  et  semi -doubles,  de  toutes  les 
couleurs.  Le  Bouton  d'or  n'est  autre  que  notre 
Banunculus  acris,  indigène,  dont  la  culture  a 
cLiMATiTK  A  rBoiLi.g8  KTtoiTBs.  métamoTphosé  Ics  étamines  et  les  carpelles  en 

Clematiê  anguêtifolia,  n^  i        »» 

pétales  et  en  lames  vertes.  —  Tous  les  II  ellé- 
bores sont  intéressants  pour  Thorticulteur,  parce  que  la  plupart  fleurissent  pendant  l'hiver; 
tels  sont  rn.  NOIR  ou  B ose  de  Noël,  et  \e  petit  Hellébore  ik\}^K  {Eranthis  hyemalis), 
qui  montre  sa  fleur  dès  que  les  neiges  ont  commencé  à  fondre.  —  Les  Aconits  fleurissent 
au  milieu  de  l'été  ;  la  plupart  sont  d'Europe.  Les  A.  lycoctonum^  anthora  et  pyrenaicum 
ont  des  fleurs  jaunes;  les  A,  napellus,  panicidatiim  et  variegatum  sont  à  fleurs  bleues;  la 
dernière  est  remarquable  par  ses  sépales  dont  le  bord  est  d'un  bleu  foncé,  et  le  reste  d'un 
bleu  pâle;  c'est  une  variété  de  VA.  paniculotum,  —  Les  Nigelles  se  font  remarquer  par 
leurs  petits  pétales  bilabiés  et  leurs  follicules  soudés  en  capsule;  telles  sont  la  Nigelle 

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318  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

DE  Damas  {Niijella  damascena)  ou  patte  d'araignée,  et  la  N.  d'Espagne  (;V.  hispa- 
nica),  dont  les  teintes  sont  plus  vives  que  celles  de  TEspèce  précédente.  Les  Ancolies 
sont  toutes  du  plus  bel  effet  ;   nous  placerons  en  première  ligne  notre  Espèce  indigène 

(^quilegia  vuigaris),  dont  les  5  pétales, 
semblables  à  des  cornes  d'abondance, 
peuvent  passer  du  bleu  au  rouge,  au  rose, 
au  blanc,  au  panaché,  et  se  multiplient  par 
la  culture,  de  manière  à  former  des  piles  de 
cornets  emboîtés  les  uns  dans  les  autres  ; 
viennent  ensuite  VA.  canadensis^  à  fleurs 
sveltes,  d'un  beau  rouge  safrané;  VA. 
glandulosa,  de  Sibérie,  à  pétales  blancs  cl 
à  sépales  bleus.  L'A.  agrrabls  (^4.  ju- 
cunda),  récemment  introduite  dans  nos 
jardins,  se  distingue  de  l'Espèce  précédente 
par  ses  folioles  arrondies,  ses  sépales  légè- 
rement acuminés,  d'un  bleu  tendre,  et  ses 
pétales  bordés  de  blanc,  à  cornet  court,  cro- 
chu. —  Les  Dauphinbllbs  (Delphinium) 
sont  ainsi  nommées  à  cause  de  leur  sépale 
supérieur,  relevé  comme  la  queue  d'un 
dauphin.  On  en  cultive  de  fort  belles,  le 
D,  elatunij  le  D,  grandi florum.  Espèces 
vivaoes  de  Sibérie,  etc.;  mais  la  plus 
élégante,  pour  le  port,  est  la  D.  d'Ajax 
(I).  Ajacis),  nommée  vulgairement  pied 
d'alouette  des  jardins.  Elle  offre  à  la  base 
[A^ZZllriTatfn.s  ««^emc   dc  son   pétale   unique  des  lignes 

noirâtres,  figurant  assez  bien  les  lettres 
A  I  A.  Les  poètes  racontent  qu'Ajax,  fils  de  Télamon,  qui  disputait  à  Ulysse  les  armes 
d'Achille  devant  l'assemblée  des  princes  grecs,  ayant  été  vaincu  par  l'éloquence  du 
favori  de  Minerve,  tomba  dans  un  délire  furieux,  massacra  les  troupeaux  de  l'armée 
qu'il  prenait  pour  Ulysse  et  les  Atrides,  et  se  tua  de  désespoir  quand  il  eut  repris  sa 
raison.  Les  anciens  croyaient  que  les  dieux,  touchés  de  pitié,  l'avaient  changé  en  fleur,  que 
cette  fleur  était  notre  pied  d'alouette,  et  que  le  nom  d'Ajax  avait  été  écrit  sur  la  corolle 
pour  attester  la  métamorphose.  Mais,  si  Von  en  croit  uie  tradition  toute  différente,  notre 
Delphinium  indigène  n'est  autre  chose  que  le  jeune  Hyacinthe,  ami  d'Apollon  :  ce  dieu 
jouait  au  palet  avec  son  favori;  mais  Zéphyr,  jaloux  d'Hyacinthe,  détourna  le  palet  vers 
le  front  du  jeune  homme,  qui  tomba  fhippé  d'un  coup  mortel.  Apollon ,  voulut  immortaliser 
son  ami,  le  changea  en  fleur,  et  grava  sur  la  corolle  le  cri  de  douleur  AÏ  AÏ,  qu'il  avait 
poussé  en  tombant.  Ovide  concilie  ces  deux  Actions  poétiques  lorsqu'il  raconte  la  mort 
d'Ajax  :  «...  Et  la  terre  rougie  de  son  sang  flt  sortir  du  vert  gazon  la  fleur  purpurine,  qui 
({ jadis  était  née  du  jeune  Hyacinthe  ;  des  lettres  furent  écrites  au  milieu  de  ses  feuiUes, 
«  indiquant  à  la  fois  le  nom  du  héros  et  le  cri  plaintif  de  l'enfant.  » 


.     .     .    ruhefacla  que  sanguine  tellus 
Purpureum  viridi  genuit  de  cespite  florem, 
Qui  prius  Œbalio  fuerat  de  vulnere  natus. 
Littera  communia  mediis  puera  que  viroque 
Inscripla  est  foliis,  hœc  nominis,  illa  querelœ. 


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RENONCULACÉES.  319 

Les  Pivoines  herbacées,  fleurs  magnifiques  qui  ouvrent  le  printemps  dans  nos  jardins,  sont, 
les  unes  doubles  par  la  métamorphose  de  leurs  innombrables  étamines,  les  autres  simples  ;  et 
ces  dernières  sont  certainement  les  plus  belles ,  sinon  les  plus  riches  :  nous  citerons  la 
PivoiNB  OPFIGINALB  (Pœonia  officinalts]  et  la  Pivoine  corail  (Pœonia  corallinà), 
dont  les  variétés  sont  innombrables. — La  Pivoinr  en  aebre  (Pœonia  moutan)  est  une 
Espèce  ligneuse  qui  a  été  transportée  de  Chine  en  France  au  commencement  de  ce  siècle.  — 
Les  Chinois  la  cultivent  depuis  1,500  ans,  et  en  ont  obtenu  plus  de  200  variétés,  dont  ils 
raffolent,  comme  les  Hollandais,  véritables  Chinois  de  TEurope,  raffolent  des  Tulipes.  Dans  la 
variété  papavéracéCy  les  carpelles  sont  enveloppés  d'un  godet  membraneux,  qui  les  entoure 
sans  adhérence.  (Voyez  page  ^2.) 

Familles  CLXIX%  CLXX^  ft  CLXXP.  — 

HYDROPELTIDÉES,    NÉLOMBONÉES 

a   NYMPIliEACÉES. 

Ces  trois  Familles ,  réunies  en  une  seule  Classe  par  les  botanistes ,  se  composent  d'herbes 
aquatiques^  à  feuilles  simples,  sans  stipules^  à  pédoncule  uniflore^  à  calyce  de  ^-6  sépales,  à 
pétales  nombreux ,  multisériés,  hypogynes  ou  périgynes,  à  étamines  ordinairement  indéfi- 
nies, à  carpelles  nombreux ,  libres  ou  cohérents. 

m 

NYMPHiEACÉES. — Torus  charnu,  développé  en  godet,  enveloppant  le  pistil,  tantôt 
laissant  le  calyce  libre  (Nympkœa,  Nuphar)^  tantôt  se  soudant  avec  lui  et  adhérent  à  Tovaire 
(  Euryale),  Pétales  libres ,  sessiles ,  les  intérieurs  passant  ordinairement  à  Tétat  d'étamines; 
tantôt  hypogynes  (iWnw/zAar),  tantôt  étages  sur  la  surface  externe  du  torus  [NymphcBa),  tantôt 
naissant  au  sommet  du  tube  du  calyce,  quand  celui-ci  est  adhérent  à  Tovaire  par  Tintermé- 
diaire  du  torus.  Étamines  nombreuses,  à  filets  larges,  à  anthères  introrses ,  adnées.  Carpelles 
Sou  plus,  soudés  en  ovaire  à  plusieurs  loges  multiovulées  ;  ovules  insérés  aux  parois  des 
cloisons,  réfléchis;  stigmates  sessiles^  rayonnant  en  plateau.  Fruit  charnu,  composé  du  torus 
et  du  péricarpe,  indéhiscent,  à  loges  pulpeuses.  Graines  nombreuses  nichées  dans  la  pulpe  du 
péricarpe,  à  arille  succulent,  à  testa  crustacé.  Plantule  dicotylédonée,  droite^  à  la  base  d'un 
double  albumen,  Fintérieur  charnu,  Textérieur  farineux. — Plantes  vivaces,  à  rhizome 
noueux,  charnu.  Feuilles  radicales  alternes,  à  long  pétiole,  à  limbe  cordiforme  flottant.  Fleurs 
radicales,  longuement  pédonculées. 

ESPÈCES  PKINCIPALES.  — Les  Nymphaeacées  diffèrent  des  Nélombonées  par  \euTs 
ovaires  cohérents,  multiovulés,  et  leurs  graines  albuminées;  des  Hydropelt idées  par  leur 
torus  et  le  grand  nombre  de  leurs  ovules.  Leur  fruit  a  du  rapport  avec  celui  des  Pavots,  Elles 
habitent  les  eaux  limpides  et  dormantes  de  Thémisphère  boréal.  Ces  Plantes ,  dont  les  larges 
feuilles  décorent  les  eaux  d'un  tapis  de  verdure  parsemé  de  fleurs  magniflques,  étaient  ran- 
gées dès  la  plus  haute  antiquité  au  nombre  des  Végétaux  sacrés  ;  les  anciens  appréciaient  leurs 
qualités  utiles  autant  que  leur  beauté;  ils  se  nourrissaient  de  leur  rhizome,  qui,  dans  le  jeune 
âge,  est  féculent,  mucilagineux  et  sucré,  et  employaient  comme  remède  la  même  partie 
devenue  adulte,  et  pénétrée  d'acide  gallique  ;  ils  connaissaient  aussi  la  propriété  narcotique 
des  fleurs.  On  trouve  dans  le  Nil  deux  belles  Espèces  de  Nymphœa ,  peintes  et  sculptées  sur 
un  grand  nombre  de  monuments  antiques  :  Tune  est  le  N.  lotus  ^  à  feuilles  ovales,  à  fleurs 
blanches ,  rosées  sur  le  bord  des  pétales  ;  c'est  le  Lotos  des  Égyptiens  (  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  fruit  des  Lotophages ,  le  Jujubier  Lotos,  dont  nous  avons  parlé  en  traitant 
de  la  Famille  des  Rhamnées)  ;  l'autre  est  le  Nymphœa  cœrulea,  à  feuilles  arrondies ,  à  fleurs 
d'un  beau  bleu  d'azur;  on  la  cultive  en  Europe  dans  les  serres  chaudes;  les  Arabes  lui  donnent 


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320  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

le  nom  de  Niloufar^  dont  nous  avons  fait  Nénuphar;  ils  se  servent  des  feuilles  et  des  fleurs 
dans  le  traitement  de  la  jaunisse.  Les  graines  des  deux  Nymphaeas  contiennent  aussi  beaucoup 
de  fécule j  les  habitants  de  TEgypte  en  font  une  sorte  de  pain,  et  se  nourrissent  de  leur 
rhizome,  comme  les  Egyptiens  du  temps  des  Pharaons.  Le  plus  beau  de  nos  Nymphaeas  indi- 
gènes est  le  N.  alba ,  qui  étale  au  milieu  de  ses  larges  feuilles  veiies  ses  riches  corolles 
blanches,  s'épanouissant  à  sept  heures  du  matin  pour  se  refermer  à  cinq  heures  du  soir.  Le 
rhizome  jeune  est  comestible  ;  les  feuilles  passent  pour  vulnéraires;  la  fleur,  un  peu  narco- 
tique, possède,  dit-on,  la  vertu  d'éteindre  les  ardeurs  de  l'amour.  — Le  Nymphœa  lutea  a 
des  fleurs  jaunes  moins  splendides  que  celles  de  l'Espèce  précédente  ;  son  rhizome  sert  d'ali- 
ment en  Russie,  ses  feuilles  sont  employées  pour  arrêter  les  hémorrhagies ;  on  les  applique 
aussi  sur  le  sein  des  nourrices  pour  diminuer  la  sécrétion  du  lait. 

L'EuRTALB  FÉROCE  {Eut^yalc  ferox)  appartient  à  un  Genre  dont  le  tube  est  adhérent  à 
l'ovaire;  il  croît  spontanément  dans  les  lacs  du  Népaul;  ses  fleurs  sont  sans  éclat,  et  ue 
dépassent  pas  le  volume  d'une  tête  d'artichaut.  11  a  été  importé  chez  les  Chinois,  qui  le 
cultivent  à  cause  de  son  rhizome  comestible  et  de  ses  graines  sapides  et  rafraîchissantes. 

Mais ,  de  toutes  les  Nymphaeacées ,  la  plus  grande ,  la  plus  riche .  la  plus  belle ,  est  cette 
Plante  merveilleuse  que  l'on  a  dédiée  à  la  reine  d'Angleterre,  et  qui  porte  le  nom  de  Victoria 
regia  (PI.  XVIIl).  —  Elle  habite  les  eaux  tranquilles  des  lacs  peu  profonds,  formés  par 
l'élargissement  des  grands  fleuves  de  l'Amérique  méridionale.  Ses  feuilles  ont  de  15  à  18  pieds 
de  circonférence;  elles  sont  peltées,  planes;  mais  leur  bord  se  relève  de  2  à  5  pouces  de  hau- 
teur. La  face  supérieure  est  d'un  vert  foncé  brillant;  Finférieure  est  d'un  rouge  cramoisi,  et 
munie  de  grosses  nervures  saillantes,  celluleuses,  pleine*  d'air,  hérissées,  ainsi  que  le  pétiole 
et  le  pédoncule,  d'aiguillons  élastiques  :  ces  nervures  forment  un  réseau  élégant  et  régulier, 
circonscrivant  des  aréoles  quadrangulaires.  Les  fleurs  s'élèvent  de  6  pouces  au-dessus  de  • 
l'eau  ;  quand  leur  épanouissement  est  complet,  elles  ont  une  ciiconférence  de  3  à  4  pieds.  Le 
pédoncule  radical  est  uniflore;  le  calyce  adhère  à  l'ovaire  comme  dans  les  Euri/ales,  son 
tube  est  aiguillonné,  et  son  limbe  quadrifide,  d'un  brun  foncé  ;  à  la  gorge  du  calyce  s'arrondit 
un  torus  annulaire  qui  porte  une  centaine  de  pétales  et  autant  d'étamines  ;  les  pétales  s'épa- 
nouissent le  soir;  leur  couleur,  d'abord  d'un  blanc  pur,  passe,  en  vingt-quatre  heures,  par 
des  nuances  successives,  d'un  rose  tendre  à  un  rouge  vif.  Ils  exhalent  une  odeur  agréable 
pendant  la  première  journée  de  l'épanouissement  ;  à  la  fin  du  troisième  jour,  la  fleur  se  flétrit 
et  se  replonge  sous  les  eaux  pour  mûrir  ses  graines.  Le  fruit,  à  sa  maturité,  ofl're  le  volume  de 
la  tête  d'un  enfant;  les  graines,  riches  en  fécule,  sont  recueillies  par  les  habitants,  qui  les  font 
rôtir,  et  trouvent  en  elles  un  aliment  agréable. 

La  description  de  cette  magnifique  Plante  explique  les  transports  d'admiration  qu'ont 
éprouvés  les  naturalistes*  en  la  voyant  pour  la  première  fois.  Le  célèbre  Haenke  voyageait  en 
pirogue  sur  le  Rio  Mamoré,  un  des  principaux  affluents  de  l'Amazone,  en  compagnie  du 
Père  Lacueva,  missionnaire  espagnol,  lorsqu'il  découvrit,  dans  un  marais  du  rivage,  la  gigan- 
tesque Nymphaeacée.  A  cette  vue,  le  botaniste  se  précipita  à  genoux,  et  exprima  son  enthou- 
siasme religieux  et  scientifique  par  des  exclamations  passionnées  et  des  élans  d'adoration  vers 
le  Créateur,  te  Deum  improvisé,  qui  dut  singulièrement  édifier  le  vieux  missionnaire.  — 
En  185h5,  un  voyageur  anglais,  M.  Bridges,  suivant  à  cheval  les  rives  boisées  du  Yacouma, 
l'une  des  rivières  tributaires  du  Mamoré,  arriva  devant  un  lac  enclavé  dans  la  forêt,  et  y 
trouva  une  colonie  de  Victoria,  Entraîné  par  son  admiration,  il  allait  se  jeter  à  la  nage  pour 
en  cueillir  quelques  fleurs,  lorsque  les  Indiens  qui  l'accompagnaient  Tavertirent  que  ces  eaux 
abondaient  en  alligators.  Ce  renseignement  le  rendit  prudent,  sans  diminuer  son  ardeur;  il 
courut  à  la  ville  de  Santa-Anna,  dont  le  corrégidor  lui  donna  des  bœufs  pour  traîner  un  canot 
de  la  rivière  jusqu'au  lac  qui  renfermait  les  trésors,  objet  de  son  ambition.  Les  feuilles 
étaient  si  énormes,  qu'il*  ne  put  en  placer  que  deux  dans  le  canot,  et  il  fut  obligé  de  faire 
plusieurs  voyages  pour  compléter  sa  récolte.  S'étant  chargé  de  feuilles,  de  fleurs  et  de  capsules 


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HYDROPELTIDÉES,    NÉLOMBONÉES  ET   NYMPH.EACÉES.  321 

mûres,  et  voulant  les  emporter  sans  encombre,  il  les  suspendit  sur  de  longues  perches,  en 
soutenant  les  pétioles  et  les  pédoncules  avec  de  petites  cordes  ;  puis  il  les  fit  enlever  par  ses 
Indiens  qui,  posant  sur  leurs  épaules  chaque  extrémité  de  la  perche,  les  portèrent  amsi  dans 
la  ville.  —  M.  Bridges  arriva  bientôt  en  Angleterre  avec  des  graines  qu  il  avait  semées  dans 
une  argile  humide  5  deux  de  ces  graines  purent  germer  dans  Yaquartum  de  la  serre  de  Kew  ; 
on  en  envoya  une  dans  les  grandes  serres  de  Chatsworth  ;  un  bassin  fut  préparé  pour  la  rece- 
voir ;  on  y  mit  de  la  terre,  on  le  remplit  d'eau,  on  éleva  la  température,  et  la  plante  fut  placée 
au  milieu  de  cette  terre  ;  l'opération  fut  faite  le  10  août  18^9.  A  la  fin  de  septembre,  il  fallut' 
agrandir  le  bassin  du  double  pour  donner  de  l'espace  aux  feuilles,  qui  développaient  rapide- 
ment leur  limbe  :  ce  limbe  était  si  solide  qu'il  soutenait  le  poids  d'un  enfant.  Le  premier 
bouton  s'ouvrit  au  commencement  de  novembre.  La  fleur  épanouie  fut  ofl'erte  à  sa  royale 
patronc  par  M.  Paxton  (le  célèbre  inventeur  du  Palais  de  cristal),  et  tous  les  grands  person- 
nages de  l'Angleterre  vinrent  admirer  à  Windsor-Castle  la  belle  homonyme  de  leur  gracieuse 
souveraine. 


VlCTOBIA    Reçu    DAXS   la   SKRRB   DK  CHATgWORTlI. 

Le  nom  donné  par  Lindiey  à  cette  merveilleuse  Plante  était  heureusement  choisi ,  et  les 
beaux  esprits  de  la  cour  britannique  ont  pu  établir  des  rapprochements  plus  ou  moins  ingé- 
nieux entre  Victoria,  la  puissante  reine  des  mers,  et  Victoria^  la  reine  pacifique  des  lacs  de 
TAmérique  méridionale.  Mais,  pour  que  la  comparaison  pût  être  faite  équitablement,  il  eût 
fallu  contempler  la  Nymphaeacée  dans  son  empire,  et  non  sur  la  terre  d'exil.  Quelle  est  en 
effet  la  beauté  d'une  fleur  tropicale,  transportée  sous  un  ciel  brumeux,  emprisonnée  dans  une 
auge  de  pierre,  abritée  par  un  toit  de  planches?...  Les  productions  de  la  nature  ne  brillent 
pas  seulement  de  leur  propre  beauté,  elles  s'embellissent  encore  du  milieu  qui  les  environne. 
Que  deviendrait  la  majesté  de  la  reine  d'Angleterre,  si  elle  paraissait  à  nos  regards,  éloignée 
de  ses  châteaux  somptueux,  séparée  de  son  brillant  cortège,  dépouillée  de  sa  couronne  et  de  ses 
diamants,  réduite  à  ses  charmes  intrinsèques,  et  assise  sur  une  escabelle  de  bois,  dans  quelque 
pauvre  chaumière?...  11  en  est  de  même  de  la  Plante  qui  porte  son  nom;  pour  l'apprécier 
dignement,  il  faut  la  voir  dans  son  humide  palais,  encadré  par  un  amphithéâtre  de  forêts 
primitives;  il  faut  la  voir,  au  milieu  des  immenses  nappes  d'eau,  tiédies  et  illuminées  par  les 
soleils  de  la  zone  torride,  étendre  au  loin  ses  feuilles  lustrées,  sur  lesquelles  les  oiseaux 
échassiers  et  les  passereaux  insectivores  marchent  à  grands  pas ,  en  s'appelant  d'une  voix 
aiguë,  tandis  qu'au-dessous  d'eux,  les  alligators  circulent  tranquillement  entre  les  tiges  de  la 
Plante  qui  les  cache  sous  son  ombrage. 


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322  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

NÉLOMBONÉES.  —  Sépales  4-5,  libres,  réceptacle  charnu,  portant  à  sa  base  rétrécie  des 
pétales  nombreux  et  des  étamines  indéfinies,  et  sur  son  sommet  dilaté,  tronqué,  15-30  car- 
pelles, libres,  nichés  dans  des  fossettes,  uniovulés.  Ovule  réfléchi,  pendant  à  rextrémité  d*un 
funicule  basilaire;  !>iigmate  sessile.  Noix  globuleuses.  Plantule  exalbuminée,  à  cotylédons 
épais,  charnus.  —  Rhizome  épais;  feuilles  à  long  pétiole,  à  limbe  orbiculaire,  pelté. 

Celte  petite  famille  se  compose  du  genre  unique  Nelombo  (Nelumbitim)^  dont  on  ne  connaît 
quo  deux  espèces;  Tune,  à  fleur  jaune,  vivant  dans  les  régions  tempérées  de  rAmérique  boréale; 
1  autre,  à  fleur  rose,  commune  dans  les  eaux  de  l'Amérique  tropicale  et  aux  embouchures  du 
^  Volga,  jadis  cultivée  en  Egypte,  où  on  ne  la  retrouve  plus  :  cVst  le  Nelumbium  speciosum 
(PI.  XX],  cultivé  aujourd'hui  dans  les  jardins  botaniques  de  Paris  et  de  Montpellier.  Cette  belle 
plante,  sur  laquelle  M.  Decaisne,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  vient  de  publier 
une  notice  pleme  d'intérêt,  a  des  feuilles  peltées,  creusées  en  cu^ette;  les  fleurs,  semblables  à 
d'énormes  tulipes,  ont  20  à  50  pétales  roses;  les  fruits,  enchâssés  dans  le  réceptacle,  soDt  du 
volume  d'une  noisette  ;  les  cotylédons  renferment  une  gemmule  très-développée,  dont  la  pre- 
mière et  la  seconde  feuille  ont  leur  pétiole  replié. 

Le  Nélombo  est  le  Lotos  sacré  des  peuples  de  TOrient,  qui  voient  dans  sa  feuille  mystérieuse, 
venant  s'épanouir  à  la  surface  du  K\\  ou  du  Gange,  Temblème  du  monde  sorti  du  sein  des 
eaux.  Les  feuilles  du  Lotos  sacré  ombragent  les  tètes  dlsis  et  d'Osiris;  elles  servent  de 
siège  à  Brama  et  de  conque  flottante  à  Vishnou.  1^  plupart  des  monuments  de  l'Egypte  re- 
présentent des  tiges  ou  des  feuilles  de  Lotos;  ses  fleurs  et  ses  fruits  couronnent  le  front  de  PAn- 
tinoiis  antique^  et  sont  sculptés  sur  la  base  de  la  statue  du  Nil,  qui  orne  le  jardin  des  Tuileries. 
—  Les  graines  du  Nélombo,^crues  ou  cuites,  servent  de  nourriture  aux  Indiens  et  aux  Chinois, 
comme  aux  anciens  Egyptiens,  qui  leur  donnaient  le  nom  de  fève  d'Egi/pte;  ses  pétales,  qui  ont 
Todeurde  PAnis,  sont  employés  comme  astringents,  ainsi  que  les  pétiolt-s  et  les  pédoncules. 

HYDROPELTIDÉES.  —  Sépales  3-4,  pétaloïdes,  du  moins  à  Tintérieur.  Pétales  hypo- 
gynes,   égaux  en  nombre  aux  sépales,  à  préfloraison   imbriquée,  persistants.  Etamines  en 

nombre  double  ou  multiple  de  celui  des 
pétales.  Carpelles  2  ou  plus,  libres,  à  2-3 
ovules  superposés,  pendants,  réfléchis. 
Fruits  indéhiscents.  Graine  semblable  à 
celle  des  NymphsBacées. — Tige  nageante; 
feuilles  inférieures  opposées,  submergées, 
k  segments  capillaires,  les  supérieures  al- 
ternes, à  limbe  nageant,  orbiculaire,  pelté. 
Les  Hydropelt idées,  ou  Cabojnbées,  for- 
ment une  famille  composée  de  deux  ou 
trois  Espèces  tropicales  ou  subtropicales. 

Famille  CLXXIl*.  —  DROSÉ- 
RACÉES.  —  Sépales  5-9,  libres  ou 
presque  libres,  pétales  hypogynes.  5,  al- 
ternes avec  les  sépales,  à  préfloraison 
imbriquée.  Etamines  en  nombre  égal  à 
celui  des  pétales,  ou  en  nombre  multiple; 
anthères  extrorscs.  Ovaire  libre  à  placen- 
taires pariétaux  3-10;  ovules  réfléchis; 
styles  libres,  stigmates  capités.  Capsule 
loculicide,  à  valves  séminifères  sur  leur 
milieu.  Albumen  charnu. — Tige  herbacée, 
quelquefois  sous- ligneuse,  chargée  de  poils 
glanduleux  ;  feuilles  alternes  ou  radicales, 
ciliées,  sans  stipules;  fleurs  solitaires  ou  en 
grappes  unilatérales. 

Les  Droséracées  sont  voisines  des  PVo- 

Dio:iKE  ATTR*rK-«occHE.  locées,  des  Cistinées  et  des   Tuméracées. 

[Uiouœa  muscipn'a.)  Lcs  Droscra^  que  Ton  cultive  quelquefois, 

sont  de  petites  plantes  indigènes,  croissant 
dans  des  marais  tourbeux,  à  feuilles  radicales  spatulées,  garnies  de  cils  irritables,  et  à  fleurs 
blanches.  Les  Drosera  sont  acres,  amers,  vésicants,  et  pernicieux  pour  les  moutons;  le  suc 


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DHOSÉRACÉES. 


323 


acre,  sécrété  par  les  cils  glanduleux  des  feuilles,  et  formant  autour  de  leur  limbe  une  élégante 
couronne  de  gouttelettes  diaphanes,  était  précieusement  recueilli  pur  les  alchimistes,  qui 
le  nommaient  ros  solis,  rosée  du  soleil.  —  La  Dionéb  attrapb-mouchb  [Dionœa 
muscipula)  est  une  plante  bisannuelle  de  la  Caroline,  dont  Texcitabilité  est  funeste  pour 
les  insectes  qui  s'en  approchent  :  ses  feuilles  sont  terminées  par  deux  plaques  arrondies, 
hérissées  de  poils;  entre  ces  deux  plaques  s*étend  une  charnière,  qui  les  réunit,  comme 
le  dossier  d'un  livre  en  réunit  les  deux  côtés  ;  sur  leur  face  supérieure  sont  deux  ou  trois 
petites  glandes  distillant  une  liqueur  qui  attire  les  insectes  ;  si  une  mouche  vient  à  les 
toucher,  les  deux  plaques  se  redressent  vivement  le  long  de  leur  charnière,  se  rapprochent 
et  saisissent  Tinsecte;  celui-ci,  par  les  efforts  qu'il  fait  pour  sortir  de  captivilt^,  augmente 
rirritalion  de  la  Plante,  et  finit  par  être  étouffé;  puis,  quand  ses  mouvements  ont  cessé  avec 
sa  vie,  les  deux  plaques  de  la  Dionée  s'ouvrent  et  s'étalent  de  nouveau,  en  attendant  une 
nouvelle  victime. 

Le  genre  Parnassia,  qui  a  été  annexé  aux  Drocéracées,  s'en  distingue  par  ses  écailles  péta- 

loïdes,  que  terminent  des  poils  glanduleux 
(Fig.  16iS),  et  qui  représentent  peut-être 
des  phalanges  d'étamines  stériles,  ce  qui 
le  rapproche  des  Hypéricinées.  On  cultive 
dans  les  jardins  le  Pamassia  palustris, 
élégante  herbe  indigène,  chez  laquelle  on 
observe  le  même  phénomène  que  dans  la 
Rue,  relativement  à  la  fécondation. 


Famillb  CLXXIIL  —  SARRA- 
CÉ NIÉES.  —  Sépales  3-5.  Pétales  hy- 
pogynes,  égaux  en  nombre  aux  sépales  et 
alternes  avec  eux,  onguiculés.  Etamines 
indéfinies.  Ovaire  à  3-5  loffes  pluriovulées; 
ovules  réfléchis.  Capsule  loculicide.  Plan- 
tule  dicotylédonée,  minime  à  la  base  d'un 
albumen  charnu.  —  Herbes  aquatiques, 
vivaces;  feuilles  radicales  à  pétiole  tubuieux, 
ou  renflé  en  cornet;  à  limbe  petit,  ordinai- 
rement infléchi  sur  rorifice  du  pétiole.  — 
Cette  famille  de  l'Amérique  boréale,  com- 
posée de  deux  genres,  diffère  des  Nym- 
phœacées  par  le  port,  l'absence  de  torus 
et  la  structure  de  la  graine.  —  On  cultive 
quelques  espèces  de  Sarracenia  :  le  S. 
purpurea,  à  feuilles  Formant  un  cornet 
sinué  et  ventru,  teintes  de  rouge  sur  les 
nervures  et  sur  les  bords,  à  fleurs  grandes, 
purpurines  en  dehors  et  vertes  en  dedans  ; 
le  o .  de  Drummond  {S.  Drummondi) ,  à 
fleur  rougeâtre,  à  cornets  élégants  et  bigarrés,  hauts  de  plus  de  deux  pieds,  etc.  • 


Sarbacbnik  db  Dbommond. 
[Sarrawnia  Drummundi.) 


Famille  CLXXIV».  —  PAPAVÉRACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Sépales  2-3,  caducs.  Pétales  hypogynes ,  en  nombre  dovble  ou 
quadruple  des  sépales,  à  pré  floraison  imbriquée.  Examines  nombreuses.  Ovaire  unilocu- 
latre,  à  placentaires  pariétaux,  tantôt  prolongé  en  lames  verticales  y  tantôt  filiforme.  Fruit 
capsulaire,  Plantule  dicotylédonée,  albuminée,  à  la  base  d'un  albumen  charnu. 

Tige  herbacée  ou  sous-ligneuse,  contenant  un  suc  laiteux,  blane,  ou  jaune,  ou  rouge. 
Feuilles  alternes;  inflorescence  terminale. 


BOCCONIA. 

Bocconia. 

Pavot. 

Papaver, 

Sanguinaire. 

Sanguinaria. 

ESCHSCHOLTZIA. 

Escfischolizia, 

Chélidoine. 

Chelidonium. 

HUNNEMANIflA. 

Hunnemannia 

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32^  HISTOIRE   DES  FAMILLES. 

Les  Papavéracées  tiennent,  d'une  part,  aux  Berbé ridées  et  aux  Henonculaeées,  de  l'autre, 
aux  Ct'uciferes  et  aux  Nymphœacées.  Elles  habitent  principalement  les  régions  tempérées  de 
l'hémisphère  boréal. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Papavéracées  contiennent  des  substances  particu- 
lières, narcotiques  et  acres,   dont  les  proportions  réciproques  varient  dans  les  diverses 

Espèces.  —  Le  suc  laiteux  du  Pavot 
(Papaver  somniferum),  recueilli  dans  TAsie 
mineure  par  incision  superficielle  de  la 
capsule,  et  épaissi  à  l'air,  est  VOpinin^ 
substance  douée  de  propriétés  énergiques, 
et  l'un  des  plus  précieux  auxiliaires  que 
possède  la  médecine.  L'Opium  a  fourni  à 
l'analyse  chimique  un  grand  nombre  de 
produits,  parmi  lesquels  on  compte  six  alca- 
loïdes cristallisables,  dont  le  principal  et  le 
plus  efficace  est  la  Morphine^  que  l'on  em- 
ploie aujourd'hui  presque  exclusivement, 
après  l'avoir  rendue  soluble  par  l'acide 
acétique  ousulfurique.  L'Opium,  dans  les 
cas  d'insomnie  morbide,  procure  le  som- 
meil, il  soulage  la  douleur,  quelle  qu'en 
soit  la  cause,  soit  qu'on  l'applique  locale- 
ment, (et  alors  il  agit  en  engourdissant  la 
sensibilité  des  nerfs  de  la  partie  avec  la- 
quelle il  est  en  contact),  soit  qu'on  le 
porte  dans  le  torrent  de  la  circulation  (et 
alors  il  agit  à  la  fois  sur  le  cerveau,  qu'il 
rend  inapte  à  percevoir  les  sensations  dou- 
loureuses, et  sur  les  oi^anes  souffrants,  au 
Pavot  .oM„.FàaE.  ^^j^  dcsqucIs  il  pénètre    avec  le    sang). 

L  Opium  est  utile  dans  le  traitement  de 
l'hystérie,  où  on  l'associe  aux  antispasmodiques;  administré  à  haute  dose,  il  combat 
avec  succès  le  tétanos,  maladie  nerveuse,  presque  constamment  mortelle.  Dans  les  névralgies 
et  les  affections  rhumatismales,  il  produit  des  effets  merveilleux,  lorsqu'on  l'applique  sur  la 
peau  qui  recouvre  le  lieu  de  la  douleur,  après  avoir  dénudé  le  derme  au  moyen  de 
l'ammoniaque  ou  des  Cantharides.  Il  dissipe  le  point  de  côté  et  la  fièvre  dans  la  pleurésie; 
il  apaise  l'irritation  et  la  toux  dans  les  catarrhes  aigus  des  voies  respiratoires;  associé  à 
certains  médicaments  héroïques,  tels  que  le  Quinquina  et  le  Mercure,  il  met  les  oi^anes  en 
état  de  les  tolérer;  enfin,  dans  quelques  maladies,  où  le  médecin  est  sans  espérance,  telles 
que  la  phthisie  et  le  cancer,  l'Opium  est  un  agent  consolateur,  qui  adoucit  les  derniers 
instants  du  malade. 

Mais  si  l'Opium,  administré  comme  médicament  par  des  mains  habiles, mérite  les  bénédic- 
tions de  l'humanité  souffrante,  il  doit  être  maudit  par  tous  ceux  qui  voient  dans  l'avenir 
l'influence  funeste  qu'il  exercera  sur  la  destinée  des  peuples.  Les  premiers  Musulmans  de  la 
Perse  et  de  l'Egypte,  condamnés  par  la  loi  de  Mahomet  à  s'abstenir  de  vin,  trouvèrent  dans  le 
suc  du  Pavot  un  breuvage  qui  leur  procurait  une  ivresse  bien  plus  délicieuse  que  celle  du 
jus  de  la  Vigne,  et  l'Opium  ne  tarda  pas  à  envahir  l'Asie  mineure  et  la  Turquie  d'Europe. 
Aujourd'hui  les  Orientaux  en  font  un  usage  immodéré  :  ils  le  boivent,  le  mâchent,  le  fument, 
et,  l'habitude  émoussant  son  action,  ils  sont  obligés  d'user  de  doses  successivement 
croissantes  pour  obtenir  cette  exaltation,  qu'ils  regardent  comme  la  félicité  suprême  :  aussi 


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PAPAVÉRACÉES.  325 

tombent-ils  bientôt  dans  un  état  d'abrutissement  physique  et  moral ,  dont  rien  ne  peut  les 
tirer.  C'est  beaucoup  plus  tard  que  TOpium  a  pénétré  dans  TEnde  ;  aujourd'hui  la  culture  du 
Pavot  y  occupe  de  vastes  terrains.  Les  Chinois,  qui  avaient  expérimenté  à  leur  détriment  les 
pernicieux  effets  de  TOpium,  ont  voulu  le  repousser  de  leur  empire;  mais  les  Anglais,  qui  ne 
veulent  pas  renoncer  au  Thé,  les  ont  contraints,  à  coups  de  canon ,  d'accepter  le  poison  qui 
doit  inévitablement  les  abaisser  au  niveau  de  la  brute.  Ces  homicides,  volontaires  et  prémédités, 
qui  détruisent  lentement  des  nations  entières,  n'ont  pas  été  prévus  par  les  lois  humaines;  et 
si  l'opinion  publique  s'en  émeut  un  instant,  les  péripéties  qui  se  succèdent  rapidement  dans 
le  grand  drame  oii  Thomme  est  à  la  fois  acteur  et  spectateur,  font  que  Tévénement  de  la 
veille  est  effacé  de  notre  mémoire  par  celui  du  lendemain  ;  mais  la  Justice  céleste,  qui  voit 
tout  et  n'oublie  rien,  enregistre  sur  le  grand  Livre  les  crimes  des  nations,  comme  ceux  des 
individus  :  elle  n'a  pas  encore  fini  de  châtier  l'Espagne,  qui  a  dépeuplé  l'Amérique;  elle  a 
déjà  conunencé  le  châtiment  de  l'Angleterre,  qui  force  la  Chine  à  s'empoisonner. 

L'Opium,  originaire  de  l'Orient,  est  déjà  sorti  de  l'Asie,  et  menace  de  faire  le  tour  du 
globe  :  tous  les  climats  lui  sont  indifférents  ;  il  s'est  glissé  en  Allemagne,  où  il  gagne  du 
terrain  de  jour  en  jour;  son  invasion  se  fait  sans  bruit,  mais  elle  ne  s'arrête  pas,  et  si  Vopio- 
manie  franchit  le  Rhin,  elle  marchera  le  front  levé  dans  notre  pays  de  France,  où  la  nou- 
veauté plait,  surtout  quand  elle  est  d'origine  étrangère. 

On  distingue  deux  variétés  dans  le  Papaver  somniferum  :  l'une,  nommée  Pavot  blanc,  a  sa 
capsule  globuleuse,  à  orifices  béants  sous  le  disque  des  stigmates,  et  ses  graines  sont 
blanches;  l'autre,  nommée Paro^  noir,  produit  une  capsule  ovoïde,  à  orifices  peu  distincts,  et 
ses  graines  sont  noires;  toutes  les  deux  peuvent  fournir  de  l'Opium;  mais  c'est  le  Pavot 
blanc  que  l'on  cultive  de  préférence.  Le  Pavot  noir  est  cultivé  en  grand  dans  le  Nord  de  la 
France,  à  cause  de  ses  graines  qui  fournissent  par  expression  une  huile  douce,  connue  sous 
le  nom  d'huile  blanche,  huile  à' œillette,  du  mot  italien  olietto  (petite  huile).  Les  graines  du 
Pavot  blanc  en  contiennent  aussi,  mais  elles  servent  plutôt  comme  aliment  chez  les  Orientaux. 
En  Italie  on  les  recouvre  de  sucre,  ou  on  les  associe  à  des  pâtisseries;  en  Allemagne,  on  les 
mêle  au  pain,  et  on  en  fait  des  émulsions;  ces  graines  n'ont,  rien  de  narcotique^  quand  il  ne 
s'y  mêle  aucun  fragment  de  capsule. 

Le  Coquelicot  (Papaver  Jthœas),  est  une  Espèce  commune  parmi  nos  moissons,  dont  les 
pétales,  mucilagineux,  amers,  sont  émoUients  et  légèrement  narcotiques.  U  est  cultivé,  ainsi 
que  le  P.  somnifère,  comme  Plante  d'agrément,  parce  que  ses  pétales  varient  beaucoup  et 
qu'il  double  facilement.  Le  Papaver  orientale  est  une  Espèce  vivace  du  Levant ,  à  pétales 
très-grands,  d'un  rouge  orange,  tachés  de  noir  à  l'onglet.  Le  P.  bracteatum  est  muni 
d'une  grande  bractée  au-dessous  du  calyce.  Ses  pétales  sont  plus  grands  et  d'un  rouge 
vif.  Parmi  les  autres  Papavéracées ,  introduites  dans  nos  jardins,  nous  citerons  le  Boc- 
conia  cordata,  Plante  du  Chili,  sous-ligneuse,  à  feuilles  en  cœur,  à  fleurs  blanches  en 
panicule  ;  le  Sanguinaria  canadensisy  Plante  vivace  de  l'Amérique  boréale,  à  suc  laiteux 
d'un  rouge  de  sang,  à  feuille  unique  radicale,  veinée  de  rouge,  à  fleur  blanche; 
VEschsckoltzia  Califomica,  herbe  vivace,  à  fleur  solitaire,  grande,  dont  les  pétales  d'un 
jaune  vif,  et  safranés  au  centre,  se  ferment  par  le  temps  pluvieux;  V Htmnemannia  fumariœ- 
folia,  à  feuilles  découpées  comme  celles  de  la  Fumeterre,  à  fleurs  très-larges  d'un  beau 
jaune,  ressemblant  à  la  précédente,  et  venant  comme  elle  de  la  Californie.  LaCnéLiDoiNB 
[Chelidonium  majus)^  est  une  herbe  vivace  qu'on  trouve  dans  les  lieux  cultivés,  sur  les 
murs  et  dans  les  décombres  ;  ses  fleurs  sont  petites,  jaunes  et  son  fruit  est  une  silique  ;  elle 
est  remplie  dans  toutes  ses  parties  d'un  suc  laiteux  jaune,  qu'on  regarde  au  Brésil  comme 
efBcace  contre  la  morsure  des  serpents  ;  les  médecins  de  l'Inde  l'emploient  dans  les 
ophthalmies  ;  on  l'employait  aussi  en  France  pour  dissiper  les  taies  qui  se  forment  sur  la 
cornée  transparente  :  de  là  le  vieux  nom  de  grande  éclaire^  donné  à  la  Plante;  aujourd'hui 
on  ne  s'en  sert  plus  que  pour  guérir  les  verrues. 

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326 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


F^NTLi/E  tiLXXV'.  —  FUMARIACÉES.  —  Cette  petite  famille,  que  plusieurs  boU- 
nistes  annexeirt  aux  Papavéracées  ,  s'efï  distingue  par  son  suc  aqueux ,  ses  étamines  soutent 
réunies «n  plialangcs,  et  ses  pétales  irrégulieis.  — La  principale  espère  est  la  Fumetkrrr 
(Fumaria  officinalis)^  qui  se  rencontre  dans  les  moissons;  sa  saveur  est  très-amère;  elle  est 
employée  en  médecine  comme  stomachique  vi  dépurative.  Quelques  espèces  sont  cul livées  dans 
les  jardins  :  nous  citerons  le  Dicentra  spectabilis  (Pl.  IX),  plante  de  Chine,  à  Ueurs  en  grap- 
pes, longues  d'un  pouce,  purpurines,  et  VAdlumia  cirrhosa,  espèce  du  Canada,  à  liges  grim- 
pantes, à^euilles  munies  de  vrilles,  à  fleurs  blanches,  mélangées  de  rose. 

Famille  CLXXVR  —  CRUCIFÈRES. 

CARACTÈRE.  —  Sépales  4,  libres.  Pétales  hypogynes  k,  libres,  Étamines  6, 
tétradynames.  Ovaire  biloculaire  à  placentaires  pariétaux.  Fruit  ordinairement  siliqueux. 
Plantule  dicotylédunée,  exalbuminée, 

La  tige  est  ordinairement  herbacée,  les  feuilles  généralement  alternes,  et  les  fleurs  en  grappes 
terminales.  Les  sépales  sont  en  croix,  à  préfloraison  imbriquée,  les  deux  extérieurs,  opposés, 
l'un  supérieur,  l'autre  inférieur,  répondant  aux  placentaires  j  les  deux  intérieurs  latéraux, 
ordinairement  plus  larges,  et  gibbeux  à  la  base.  Les  pétales  sont  en  croix,  à  préfloraison 
imbriquée^  alternes  avec  les  sépales.  Les  étamines  longues  sont  insérées  par  paires  devant  les 
sépales  placentaires,  le  torus  est  chargé  de  glandes  nectarifères,  isolées  ou  continues.  I^ 
deux  carpelles  sont  adhérents  par  leurs  ovaires^  leurs  styles  et  leurs  stigmates;  les  ovules  sont 
suspendus,  courbes;  le  fruit  est  déhiscent  en  deux  valves  {silique  ou  silicule)  s'ouvrant  de  bas 
en  haut,  quelquefois  indéhiscent  à  graine  unique,  quelquefois  lomentacé.  La  plantule  est 
huileuse,  courbée  ou  pliée,  ou  roulée  en  spirale. 


Mathiule. 

Mathiola. 

Ibéride. 

Iberis. 

Giroflée 

Cheiranikus 

Julienne. 

Hesperis. 

Nasitord. 

Naslurtîum. 

SlSTMlRI. 

Sisymbrium 

AlABETTB. 

Ârabis 

Velar. 

Erysimum, 

Gardamine. 

Càrdamine 

Gapselle. 

Capsella. 

Dentaire. 

Dentaria. 

Lépidium 

Lqndium. 

Lunaire. 

Lunaria 

Guède. 

Isatis, 

Vésicaire. 

Vesicaria. 

Chou. 

Brassica, 

Alysson 

Alyssum. 

Sénevé. 

Sinapis. 

Drave. 

Draba. 

Craire. 

Crambt, 

Cochléaria. 

Cochléaria. 

Radis. 

Haphanus, 

Thlaspi. 

TMaspi. 

Les  Crucifères  forment  une  Famille  très-naturelle,  très-distincte,  et  facile  à  reconnaître: 
aUiée  d'un  côté  aux  Papavéracées,  de  l'autre  aux  Capparidées,  elle  diffère  des  premières  par 
Tabsence  d'albumen,  des  secondes  par  la  conformation  des  enveloppes  florales  et  la  stnicture 
du  fruit;  de  toutes  les  deux  par  le  nombre  défini  des  étamines,  qui  ne  s'accorde  pas  avec  la 
nombre  de  sépales  et  des  pétales,  et  par  son  fhiit  biloculaire. — Les  Crucifères  sont  dispersées 
sur  toute  la  surface  du  globe,  de  telle  sorte  que  le  plus  grand  nombre  habite  les  régions 
tempérées  de  l'hémisphère  boréal,  surtout  dans  l'ancien  continent;  elles  sont  rares  entre  les 
tropiques;  dans  les  pays  chauds,  elles  recherchent  la  fraîcheur  des  montagnes;  elles  rede- 
viennent nombreuses  au  delà  du  Capricorne,  mais  moins  qu'en  deçà  du  Cancer. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Crucifères  possèdent  un  principe  acre,  volatU, 
dispersé  dans  toutes  leurs  parties,  et  souvent  allié  au  soufre,  auquel  elles  doivent  une  saveur 
piquante,  une  odeur  particulière,  qui  devient  ammoniacale  par  la  putréfaction  ;  dans  plusieurs 
Espèces  il  se  joint  à  ce  principe  quelque  chose  de  salé  et  d'amer,  et  une  huile  grasse,  princi- 


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CRUCIFÈRES. 


327 


paiement  élaborée  dans  la  graine,  qui  dominent  Tâcreté  native  de  la  Plante.  Les  propriétés 
des  Espèces  annuelles  résident  dans  les  feuilles,  celles  des  Espèces  yivaces  dans  la  racine  ; 
quelques-unes,  dont  les  feuilles  sont  inertes,  ont  des  graines  très-àcres  ;  beaucoup  de  Crucifères 
s'adoucissent  par  la  culture,  qui  augmente  chez  elles  la  proportion  du  sucre  et  du  mucilage. 
Les  vertus  stimulantes  et  antiscorbutiqnes  de  plusieurs  d'entre  elles  sont  connues  de  toute 
antiquité;  l'herbe  et  la  racine  de  quelques  autres  sont  employées,  crues  ou  cuites,  coinme 
légume  et  en  salade,  ou  bien  leur  graine  fournit  un  assaisonnement.  Il  en  est  un  petit  nombre 
dont  les  graines  sont  oléifères^  ou  dont  la  racine  est  tinctoriale. 
Le  CociiLÉAEiA  ovFxcî s \L  {Cocklearia  officinalis)^  qui  habite  le  littoral  du  nord  de 

FEurope,  et  même  le  rivage  des  lacs  salés  du  continent,  est  le 
premier  des  antiscorbutiques.  Ici  se  présente  l'occasion  de 
donner  quelques  détails  succincts  et  élémentaires  sur  TafTection 
qu  on  nomme  le  scorbut  :  c'est  une  maladie  qui  attaque  les  in- 
dividus exposés  au  froid  humide,  o\^  privés  d'aliments  végétaux, 
ou  astreints  à  une  nourriture  non  variée,  surtout  aux  viandes 
salées^  ou  forcés  à  une  vie  sédentaire  et  inactive,  ou  livrés  à  des 
passions  tristes.  L'homme  atteint  de  scorbut  se  sent  un  affaiblis- 
sement général,  il  se  refuse  à  toute  espèce  de  mouvement; 
il  accuse  des  lassitudes,  de  l'engourdissement  dans  les  membres 
et  des  douleurs  très-vives  dans  les  articulations;  un  gonflement 
pâteux  alourdit  ses  jambes,  qui  se  couvrent  de  taches  li- 
vides, semblables  aux  ecchymoses  que  produisent  les  contu- 
sions, et  résultant  de  l'épanchemeht  sous-cutané  du  sang,  sorti 
par  son  propre  poids  des  vaisseaux  qui  le  renfermaient;  les 
membranes  muqueuses  sont  aussi  le  siège  d'hémorrhagies 
passives;  les  plaies  anciennes  se  rouvrent,  et  des  plaies  nou^- 
velles  se  développent  sur  différentes  parties  du  corps.  La  face 
est  pâle  et  bouffie,  les  gencives  gonflées,  saignantes  et  dou- 
loureuses; l'haleine  est  fétide,  les  dents  vacillent  et  tombent; 
la  circulation  est  sans  énergie,  la  respiration  gênée,  la  chaleur  vitale  diminuée,  les  diges^ 
lions  troublées;  et  l'abattement  moral  répond  à  la  débilitation  physique.  Cette  triste 
maladie,  qui  présente  tous  les  degrés  d'intensité,  depuis  la  simple  aversion  pour  le 
mouvement  jusqu'à  la  cachexie  la  plus  complète,  réclame  les  secours  de  l'hygiène  autant 
que  ceux  de  la  médecine  :  habitation  d'un  lieu  élevé,  air  sec,  chaleur  et  lumière  du  soleil, 
linge  frais,  aliments  végétaux,  chair  des  jeunes  animaux,  vin  généreux,  ordinairement 
trempé,  quelquefois  pur,  récréations  morales  :  voilà  l'indication  hygiénique.  Quant  aux 
médicaments,  ils  doivent  être  choisis  parmi  les  toniques  stimulants,  et  ce  sont  les  acides 
végétaux,  citrique  et  malique,  la  racine  de  la  Gentiane,  l'écorce  du  Quinquina,  et  surtout 
l'herbe  du  Cochléaria,  qu'il  faut  employer  pour  combattre  le  scorbut;  toutes  les  Espèces  du 
Genre  Cochléaria,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  Crucifères,  peuvent  être  les  Succédanées  du 
C.  OFFICINAL.  Le  Cresson  al  énois  (Zqojrfiwm  «û/jvmwï),  et  le  Cresson  de  fontaine 
{Nasturtium  officinale)  viennent  après  le  Cochléaria;  leurs  congénères  d'Afrique  et  d'Asie 
possèdent  les  mêmes  propriétés,  surtout  le  Lepidium  oleraceum,  qui  croit  sur  les  rivages  de 
la  Nouvelle-Zélande,  et  qui  est  le  légume  quotidien  des  marins  naviguant  dans  ces  parages. 
Les  Cardamine  amara  et  praiensis,  herbes  de  nos  prairies  humides,  rivalisent  avec  les 
précédentes. 

Le  R  A I F  0  RT  {Cochléaria  armoracia)  n'est  pas  moins  efficace  que  ses  congénères;  mais  c'est 
dans  la  racine,  et  non  dans  les  feuilles,  que  résident  ses  vertus  excitantes  et  antiscorbutiques. 
Cette  Plante,  nommée  vulgairement  Cranson  de  Bretagne,  se  rencontre  peu. communément 
en  Europe  ;  mais  on  la  cultive  dans  beaucoup  de  jardins.  La  saveur  piquante  de  sa  racine  est 


COCHLgARIA    DBS  OmCIHBS. 

[Cochléaria  offUtinaliê-i 


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328  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

devenue  un  terme  de  comparaison ,  et  la  vapeur  acre  qu'elle  exhale  lorsqu'on  la  coupe  ou 
qu'on  la  broie,  excite  le  larmoiement;  mais  on  fait  à  ce  sujet  une  remarque  très-intéressante: 
c'est  que  le  Raifort  est  presque  inodore  lorsqu'on  le  coupe  longitudinalement,  c'est-à-dire  4ans 
le  sens  de  ses  vaisseaux^  tandis  que,  par  la  section  transversale  ou  la  contusion,  il  développe 
un  principe  volatil  d'une  telle  âcreté,  que  les  yeux  ne  peuvent  le  supporter.  Cette  circon- 
stance, dit  le  savant  et  judicieux  pharmacologue  Guibourt,  indique  que  le  principe  âcre^ 
volat'l  du  Raifort  n'est  pas  tout  formé  dans  la  racine,  et  qu'il  ne  prend  naissance  que 
quand,  par  la  rupture  des  vaisseaux  et  par  l'intermède  de  l'eau  qu'ils  contiennent,  des  prin- 
cipes différents,  isolés  dans  des  vaisseaux  particuliers,  viennent  à  se  mêler,  et  à  réagir  les 
uns  sur  les  autres.  Les  chimistes  ont  analysé  cette  précieuse  racine,  et  ils  en  ont  retiré  de 
Talbumine,  de  l'amidon,  de  la  gomme,  du  sucre,  une  résine  amère,  des  sels  de  chaux  et 
surtout  une  huile  volatile  très -acre,  contenant  du  soufre,  à  laquelle  le  Raifort  doit  ses 
propriétés.  —  Le  Radis  (Raphanus  sativus),  qui  croit  spontanément  aux  extrémités  de 
l'Asie,  est  cultivé  dans  nos  jardins  depuis  un  temps  immémorial,  à  cause  de  sa  racine  charnue 
d'une  saveur  piquante  ;  il  y  en  a  deux  variétés  principales  :  Tune  a  sa  racine  noire  en  dehors  et 
blanche  en  dedans  :  c'est  le  Radis  noir;  l'autre  a  une  racine  blanche,  rosée  ou  violette  :  c'est 
la  petite  Rave  :  toutes  deux  sont  servies  sur  nos  tables,  et  mangées  avec  du  sel  ou  du  vinaigre , 
mais  elles  sont  de  difficile  digestion. 

La  culture  des  Choux  (Brassica)  remonte  à  la  plus  haute  antiquité.  I^  racine  du  C  h  ou 
RAVE  (B.  râpa)  est  charnue,  un  peu  acre  et  presque  sucrée.  Les  graines  du  Colza 
(B.  oleifera)  fournissent  une  huile  employée  pour  l'éclairage.  LeCnou  potager  [Bm  oleracea), 
que  nous  avons  déjà  mentionné  (page  ^3),  fournit  des  variétés  ou  races  connues  sous  le  nom 
de  Chou  vert  y  Chou  cabus,  Chou  rabioJe,  Chou-fleur,  Broccoli,  etc.,  etc. 

Le  Cramré  maritime  (Crambe  maritima),  qui  croît  sur  les  rivages  de  l'Atlantique , 
n'est  guère  usité  que  chez  les  Anglais,  comme  Plante  potagère  :  ils  font  blanchir  au  printemps 
les  jeunes  pousses  ,  en  les  tenant  à  l'abri  du  soleil  ;  ces  turions  cuits  ont  le  goût  du  chou-fleur. 

Le  Sénevé  noir,  ou  Moutarde  noire  [S inapis  nigra)^  qui  croît  dans  les  champs  de  toute 
l'Europe,  a  des  graines  très-âcres,  employées  en  farine  comme  condiment  et  comme  médica- 
ment -y  elles  fournissent  une  huile  fixe  et  une  huile  volatile  très-àcre ,  à  laquelle  est  due  leur 
vertu  excitante.  Mais  cette  huile  volatile  n'y  existe  pas  toute  formée,  comme  l'a  fait  remar- 
quer M.  Guibourt;  elle  est  produite  par  la  réaction  d'une  albumine  particulière  (Myro- 
sine),  sur  l'acide  myronique  contenu  dans  la  amenée  :  c'est  cet  acide  qui  devient  une 
huile  volatile.  Or,  pour  que  cette  transformation  ait  lieu,  il  faut  que  l'albumine  soit  délayée 
dans  de  l'eau  froide,  ou  simplement  tiède.  Si  donc  on  traite  la  graine  de  Moutarde  par  de 
l'eau  bouillante  ou  des  acides,  ou  de  l'alcool,  ou  de  l'éther,  l'albumine  est  coagulée  ;  dès  lors 
elle  ne  peut  agir  sur  l'acide  myronique,  et  il  n'y  a  pas  formation  d'essence.  Voilà  pourquoi, 
dans  la  préparation  des  sinapismes,  qui  doivent  leur  vertu  rubéfiante  à  cette  essence ,  il  im- 
porte de  ne  pas  mêler  d'abord  la  farine  de  Moutarde  avec  de  l'eau  bouillante  ou  avec  du 
vinaigre  :  il  faut  commencer  par  la  délayer  dans  de  l'eau  froide,  qui  dissout  l'albumine ,  et  la 
rend  apte  à  transformer  l'acide  myronique  en  huile  volatile  acre.  — La  Moutarde  blanche 
(S,  alba)  contient  des  principes  analogues  à  ceux  de  la  M.  noire;  on  prend  à  l'intérieur  la 
graine  entière,  pour  stimuler  les  fonctions  digestives;  mais  ce  stimulant,  dont  on  abuse  trop 
souvent,  finit  par  causer  des  lésions  graves  dans  l'estomac  et  les  intestins. 

Les  graines  delaCAMÉLiNE  (Camelina  sativa)  contiennent  une  huile  fixe  abondante,  em- 
ployée pour  l'éclairage.  La  racine  de  la  Guèdb  {Isatis  tinctoria)  fournit  un  principe  colorant 
bleu,  nommé  pastel,  analogue  à  l'indigo,  mais  d'une  qualité  inférieure  et  d'un  prix  plus  élevé. 
Les  anciens  Pietés  l'employaient  pour  se  peindre  le  corps  en  bleu. 

Parmi  les  Crucifères  cultivées  comme  Plantes  d'ornement,  nous  citerons  les  Iberis  amara, 
umbellata,  semperflorens,  remarquables  par  leur  corolle  irrégulière ,  à  pétales  extérieurs  plus 
grands  j  les  Lunaria  annua  et  rediviva ,  qui  doivent  leur  nom  générique  à  la  forme  dis- 


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CRUCIFÈRES. 


329 


coîdale  de  leurs  silicules;  rALYSsuM  saxatilb,  ou  Corbeille  d'or,  elle  Malcolmiamart- 
timoy  à  fleurs  purpurines,  employés  pour  bordure;  la  Giroflée  [Cheiranthus  cheiri),  à 
fleurs  odorantes  d'un  jaune  d'or  rouillé.  Les  M  ath  iol  es  (Mathiola  incana,  annua,  fenestralis, 
grœca)y  à  fleurs  blanches,  roses ^  rouges,  violettes,  sont  connues  et  aimées  de  tout  le  monde 
pour  la  douceur  de  leur  parfum.  Le  nom  générique  de  Julienne  (Hesperis),  qui  signifie 
fleur  du  soir,  fait  allusion  à  son  odeur,  qui  devient  plus  su^ve  après  le  coucher  du  soleil. 

La  JéRosE  HYGROMÉTRIQUE  ( A wo^^û/i co  yerocAww/ica)  cst  unc  petite  Plante  annucllc , 
haute  de  3  à  &•  pouces,  qui  croit  dans  les  lieux  sablonneux  de  TArabie ,  de  TÉgypte  et  de  la 
Syrie  ;  sa  tige  se  ramifie  dès  la  base,  et  porte  des  fleurs  sessiles,  blanches,  qui  deviennent  des 
silicules  arrondies  ;  à  la  maturité  de  ces  fruits,  les  feuilles  tombent,  les  rameaux  s'endurcissent, 
se  dessèchent^  se  courbent  en  dedans,  et  se  contractent  en  un  peloton  arrondi  ;  les  vents 
d'automne  déracinent  bientôt  la  Plante,  et  l'emportent  jusqu'à  la  mer.  C'est  là  qu'on  la 
recueille  pour  l'apporter  en  Europe,  où  on  la  vend  fort  cher,  à  cause  de  ses  propriétés  hygro- 
métriques, qui  produisent  un  phénomène  fort  curieux  :  si  l'on  plonge  dans  l'eau  l'extrémité 
de  sa  racine,  ou  si  même  on  la  place  dans  une  atmosphère  humide ,  ses  silicules  s'ouvrent , 
ses  rameaux  s'étendent ,  puis  ils  se  resserrent  de  nouveau ,  à  mesure  qu'ils  se  dessèchent. 
Cette  particularité,  jointe  à  l'origine  de  la  Plante,  a  donné  lieu  à  des  superstitions  populaires  : 
dans  beaucoup  de  pays,  on  croit  qu'elle  n'est  pas  un  Végétal  entier^  mais  bien  l'extrémité 
des  rameaux  d'un  arbrisseau  sur  lequel  la  Vierge  étendait  les  langes  de  l'Enfant  Jésus.  De  là 
le  nom  populaire  de  rose  de  Jéricho.  On  croit  encore  que  cette  rose  merveilleuse  s'épanouit 
tous  les  ans  au  jour  et  à  l'heure  de  la  naissance  du  Christ.  Les  jeunes  femmes  qui  vont  devenir 
mères  pour  la  première  fois,  et  celles  qu'ont  épuisées  des  couches  nombreuses,  la  mettent 
tremper  dans  Teau  dès  que  commencent  les  douleurs  de  Tenfantement  ;  eti  la  Plante  étant 
placée  près  de  leur  lit^  elles  prennent  patience,  en  la  voyant  s'ouvrir  peu  à  peu,  fermement 
convaincues  que  son  épanouissement  sera  le  signal  de  leur  délivrance. 


Famille  CLXXVII».— CAPPARIDÉES.  —Sépales 4,  libres  ou  presaue  libres.  Péta- 
les hypogynes,  4,  ou  8,  ou  nuls,  a  préfloraison  convolutive.  Etamines^  6  ou  8,  ou  indéfinies. 
Ovaire  ordinairement  slipiié,    uniloculaire  ou  pluriloculaire,  à  deux  ou  plusieurs  placentaires 

pariétaux;  ovules  courbes.  Fruit  capsulaire  ou  bacci- 
forme.  Plantule  dicotylédonée,  exalbuminée,  amphi- 
trope.  —  Tige  herbacée  ou  ligneuse;  feuilles  ordinaire- 
ment alternes;  stipules  herbacées  ou  épineuses,  ou 
nulles. 

Celte  famille  est  voisine  des  Crucifères;  elle  a  Quelques 
rapports  avec  les  Bixinées  et  les  Passiflorées,  dont  elle 
s'éloigne  par  ses  graines  sans  albumen.  Elle  habite  les 
contrées  tropicales  et  subtropicales  de  l'Amérique  et  de 
l'Afrique.  Les  Capparidées  possèdent  un  principe  acre, 
volatil,  comme  les  Crucifères.— Le  Câprier  [Capparis 
spinosa),  arbrisseau  méditerranéen,  est  l'espèce  la  plus 
importante;  l'écorce  de  sa  racine,  acre  et  amère,  est 
employée,  de  temps  immémorial,  comme  diurétique; 
ses  fleurs  sont  récollées  à  l'état  de  boulon,  on  les  confit 
au  sel  et  au  vinaigre,  et  elles  sont  vendues  comme  con- 
diment, sous  le  nom  de  Câpres. 

Famille  CLXXVllK  —  RÉSÉDACÉES.  ~ 
Calyce  4-7-parlit.  Pétales  hypogyncs,  4-7-2,  ou  nuls, 
découpés,  inégaux.  Etamines3-40,  insérées  sur  un  disque 
charnu,  à  filets  libres  ou  submonadelphes.  Carpelles  3-6, 
tantôt  soudés  en  un  ovaire  uniloculaire,  à  placentaires 
pariétaux,  tantôt  libres,  l-2-ovulé8;  ovules  courbes.  Fruit  tantôt  capsulaire,  aune  loge  béante 
au  sommet,  ou  à  plusieurs  follicules,  tantôt  bacciforme.  Plantule  dicolylédonée,  exalbumince, 


Capkibb. 

[Cappariê  $pinoêa.) 


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330  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

arquée.  Feuilles  alternes,  à  stipules  minimes^  glandulîformes;  fleurs  en   grappes  ou    en  épis. 
Les  Résédacées  sont  voisines  des  Capparidées  ;  elles  ont  du  rapport  avec  les  Papavéracée^^, 

dont  elles  se  distinguent  par  leurs  graines  sans  albumen.  — 
La  plupart  habitent  la  région  méditerranéenne. —  1^  racine 
de  la  G  AU  DR  (Reseda  luteola),  a  Foileur  du  Raif(»rt  et 
contient  un  principe  acre,  qui  la  fausait  employer  autrefois 
comme  diurétique  et  sudorilique  ;  ses  parties  aériennes 
sont  d*une  grande  amertume,  on  les  emploie  pour  la 
teinture,  à  cause  du  principe  jaune  [Lntèoliné]  qui  y  abonde. 
Le  RÉSÉDA  ODORANT  (R,  Od/^rfl^a),  doul  les  fleurs  exba- 
.lent  un  parfum  si  suave,  est  originaire  d^Egyple  :  sous- 
ligneux  dans  sa  patrie,  il  reste  berbacé  et  annuel  en  Europe; 
mais  si  on  le  lient  en  serre  tempérée,  en  Tempùcbant  de 
fleurir  la  première  année,  il  devient  un  petit  arbuste  qui 
fleurit  tout  l'hiver,  et  dure  plusieurs  années. 

Famille  CLXXIX*.^  BTXINÉES.  — Sépales  libres 
ou  presque  libres,  3-4-7-12.  Pétales  hypogvnes,  autant 
que  de  sépales,  à  préfloraison  imbriquée,  quelquefois  nuls. 
Etamines  indéfinies,  hypogynes  ou  subpérigynes,  ordinaire- 
ment toutes  fertiles.  Ovaire  uniloculaire,  à  placentaires 
pariétaux,  2  ou  plusieurs;  ovules  réfléchis.  Fruit  bacciforme 
ou  capsulaire,  à  valves  séminifères  sur  leur  milieu.  Plantule 
dicotylédonée,  droite,  albuminée.  —  Tige  ligneuse;  feuilles 
alternes,  simples,  à  stipules  caduques  ou  nulles. 

Les  Bixinées,  plantes   tropicales  et  subtropicales,  se  rap- 
„.  ,  •  prochent  des  Homalinées,  des  Samydées  et  des  Passiflorées. 

[Re»€da odorata.)  Nous  ue  citerous  dans  cette  lamille  que  le  Rocoutbr  [Bixa 

oreUana)y  cultivé  dans  nos  serres;  arbuste  élégant,  haut  de 
12  à  15  pieds,  à  feuilles  en  cœur,  à  fleurs  rosées,  disposées  en  panicule;  les  graines  sont  recou- 
vertes d'un  tégument  pulpeux,  sentant  la  violette,  d'une  belle  couleur  rouge;  le  principe 
colorant  contenu  dans  ce  tégument  est  le  rocou^  substance  de  nature  résineuse,  très-employée 
pour  teindre  en  rouge  et  en  jaune.  On  s*en  sert  fréquemment  pour  colorer  la  cire  et  le  beurre, 
et  nous  devons  avertir  les  consommateurs  de  cette  huile  végéto-animale,  que  \o&  marchands, 
pour  conserver  au  rocou  sa  consistance  molle,  le  pétrissent  de  temps  en  temps  avec  de  l'urine. 

Famille  CLXXX^. — CISTINÉES. — Sépales  3,  libres,  persistants,  souvent  munis  exté- 
rieurement de  2  bractées.  Pétales  hypogynes  5,  caducs,  à  jpréfloraison  contournée.  Etimincs 
hypogynes,  libres,  indéfinies.  Ovaire  uniloculaire  à  placentaires  pariétaux,  3-5-7-10;  ou  divise 
en  loges  incomplètes  par  des  demi-cloisons  contiguês  dans  le  bas,  séparées  dans  le  haut  de 
l'ovaire;  ovules  droits.  Capsule  à  valves  séminifères  sur  le  milieu.  Plantule  dicotylédonée,  or- 
dinairement courbée  ou  spirale,  antitrope.  —  Tige  herbacée  ou  ligneuse,  souvent  duvetée  de 
poils  étoiles;  feuilles  simples,  ordinairement  opposées,  entières;  stipules  foliacées  quand  le  pé- 
tiole est  aminci  à  sa  base,  et  nulles  quand  il  est  amplexicaule.  Fleurs  terminales  ,  solilanes 
ou  en  grappes,  unilatérales. — Cette  petite  famille  tient  d'une  part  aux  Droséracées,  Violacées  et 
Rixinées;  de  Tautre,  aux  Hypéricinées  et  aux  Linées.  —  Elle  habite  principalement  la  partie 
occidentale  de  la  région  méditerranéenne.  Les  Cistes  et  les  Hélianthênies  qui  la  constituent 
sont  cultivés  dans  nos  jardins  comme  plantes  d'ornement  ;  le  Cistus  ladani férus  fournit  par  exsu- 
dation une  résine  balsamique,  peu  usitée. 

Famille  CLXXXI*. —  VIOLACÉES.  —  Sépales  5,  libres  ou  cohérents,  ordinairement 
inégaux,  et  se  prolongeant  au  dessous  de  leur  insertion.  Pétales  5,  hypogynes  ou  subpérigynes, 
à  préfloraison  imbriquée,  tantôt  égaux  (Alsodeia) ,  tantôt  plus  ou  moins  irréguliers  ,  l'in- 
terne souvent  prolongé  en  cornet  creux  au  dessous  de  son  insertion  [Violette).  Etamines  5,  hy- 
pogynes ou  périgynes,  à  filets  très-courts;  anthères  introrses,  souvent  connivcntes,  à  connectif 
prolongé  aii -dessus  des  loges  en  languette  membraneuse,  et,  dans  les  deux  etamines  des  fleurs 
irrégulières,  formant  à  la  base  de  l'anthère  un  renflement  glandueux  ou  un  appendice  filiforme 
charnu,  qui  .se  loge  dans  le  cornet  du  pétale  creux.  Carpelles  5,  soudés  en  ovaire  uniloculaire, 
à  5  placentaires  pariétaux  ;  ovules  nombreux,  réfléchis.  Capsule  à  3  valves,  séminifères  sur  le 


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VIOLACÉES.  331 

milieu.  Plan  Iule  dicotylédonée  droite,  dans  Taxe  d'un  albumen  charnu.  —  Tige  herbacée  ou 
ligneuse;  feuilles  ordinairement  alternes,  simples,  stipulées;  fleurs  axillairos. 
Les  Violacées  touchent  aux  Droséracées,  Cistinées  et  Sauvagésiées  ^  dont  elles  diffèrent  par 

leur  fleur  irrégulière,  leurs  anthères  ap- 
pendiculées,  et  le  style  simple,  renflé  au 
sommet,  dernier  caractère  qui  distingue 
surtout  les  Violacées  régulières.  Les 
Violettes  herbacées  habitent  surtout 
rhémisphère  boréal;  les  Violettes  li- 
I  gneuses  vivent  dans  l'Amérique   équa- 

toriale;    les   Violacées  régulières    dans 
toute  la  région  intertropicale. 

Les  Violacées  possèdent  dans  leur  ra- 
cine ou  dans  leur  rhizome  im  principe 
acre  très -actif  (  Violine)^  que  1  on  re- 
garde comme  pouvant  rivaliser  avec  VF- 
métine  do  Pipécacuanha;  c'est  surtout 
dans  les  lonidium  que  Ton  observe  cette 
propriété  vomitive.  Deux  de  nos  Violettes 
indigènes  sont  usitées  en  médecine  :  la 
V.  ODORANTE  {Violù  odorota)  est  vi- 
vace,  et  cultivée  dans  tous  les  jardins,  où 
elle  double  facilement  ;  ses  racines  sont 
émétiqueset  purgatives;  ses  fleurs  même 
ont  une  saveur  légèrement  nauséabonde  ; 
elles  sont  employées  en  infusion  émoi- 
lien  te.  La  Pensée  (Viola  tricolor)  est 
annuelle;  son  velouté,  si  doux  à  Toeil, 
et  ses  nuances  variées,  font  les  délices  des 
adonistes,  qui  en  obtiennent  chaque 
jour  des  variétés  nouvelles.  —  D'où  vient 
le  nom  de  Pensée?  Tl  a  évidemment  un 
p^^g^_  motif  quelconque  :  a  t-on  voulu   faire 

(rioi«  trieôior.)  alluslon  à  la  physionomie  expressive  que 

la  fleur  reçoit  de  sa  forme  et  de  ses 
couleurs  dissemblables?  ou  aux  passions  tristes  dont  ces  couleurs  sont  les  emblèmes?  ou 
bien  à  l'altitude  méditative  de  son  pédoncule  incliné?  ou  bien  encore  à  son  héliotropisme, 
qui  Id  fait  toujours  regarder  le  soleil,  de  même  que  \e  penseur  dirige  sans  cesse  son  esprit 
vers  la  lumière  do  la  science  ?  Toutes  ces  explications  sont  peut-être  bien  loin  de  la  véritable. 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  Pensée  sauvage  est  encore  aujourd'hui  usitAe  en  médecine  comme  dépu- 
rativc,  dans  les  affections  de  la  peau. 

Famille  CLXXXIP.  —  S  AU  V  ÂGÉ  SI  ES.— Petite  famille  de  rAmériçiue  tropicale,  qui 
ressemble  aux  Violacées  régulières,  par  le  calycc,  la  corolle,  l'ovaire,  le  fruit  et  la  graine,  et 
qui  en  diflere  par  ses  étaminesà  anthères  extrorses.  plus  nombreuses  que  les  pétales,  dont  les 
extérieures  sont  stériles. — Le  Sauvagesia  erecta  est  une  herbe  mucilagineuse,  aromatique, 
amère,  employée  parles  médecins  du  nouveau  continent.  Les  Luxemburgia  sont  d'élégants 
arbustes  du  Brésil,  à  fleurs  jaunes  ,  disposées  en  corymbes  ou  en  grappes  terminales. 

Famille  CLXXXIIIV— TA  MARISCINÉES.— Sépales  3-5,  libres  ou  presque  libres. 
Pétales  hypogynes  5,  à  préfloraison  tordue,  marcescents.  Etamines  en  nombre  é<^al  à  celui  des 
pétales,  ou  en  nombre  double.  Ovaire  uniloculaire,  à  placentaires  pariétaux,  simulant  au  fond  de 
l'ovaire  un  placentaire  central;  ovules  ascendants,  indéfinis;  styles  et  stigmates  libres.  Fruit 
capsulaire.  Graines  à  chalaze  chevelue  ;  plantule  dicotylédonée ,  droite ,  exalbuminée.  — 
Tige  ordinairement  ligneuse;  feuilles  petites,  sessiles,  alternes,  imbriquées,  un  peu  charnues; 
fleurs  en  épis,  formant  des  grappes  terminales. 

Cette  petite  famille  habite  principalement  la  région  méditerranéenne.  Elle  a  de  TafOnité,  d'un 
côté,  avec  les  Jtéaumuriacées  et  les  Hypéricinées;  de  l'autre,  avec  les  Lythraiiées.  Elle  offre  une 
analogie  éloignée  avec  les  Salicinées. 


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332  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  Tamariscinées  ont  des  propriétés  astringentes  et  amères,  qui  dépendent  du  tanin,  de  la 
résine  et  de  l'huile  volatile  qu  elles  contiennent.  Tel  est  le  Myricaria  germanica^  sous-ar- 
brisseau d'Allemagne,  dont  Tëcorce  est  usitée  contre  la  jaunisse.  Celle  du  Tamarix  ^allica, 
arbrisseau  de  France,  passe  pour  apéritive;  lorsqu*on  la  mâche,  elle  teint  la  salive  en  rouge. 
Les  anciens  attribuaient  à  cette  plante  une  singulière  antipathie  pour  le  viscère  qu'on  nomme 
la  rate;  ils  affirmaient  que  les  pourceaux  qui  prenaient  leur  nourriture  dans  des  auges  faites 
de  bois  de  Tamarix,  perdaient  leur  rate;  en  conséquence,  ils  prescrivaient  aux  gens  qui  avaient 
cet  organe  malade,  cfe  boire  et  de  manger  dans  des  vases  de  Tamarix.  —  Le  T.  mannifêre  croît 
abondamment  dans  TArabie  pétrée  et  sur  le  mont  Sina!  ;  ses  rameaux,  piqués  par  une  espèce 
do  Cochenille,  excrètent  une  matière  mucilagineuse  et  sucrée ,  que  Ton  pense  être  la  marme, 
célèbre  dans r histoire  des  Hébreux.  On  cultive  dans  les  jardins  plusieurs  espèces  d«  Tamarix,  et 
toutes  produisent  un  effet  pittores^que  par  leurs  rameaux  sveUes  et  pendants,  que  termi- 
nent des  fleurs  rosées  ou  purpurines,  et  qui  offrent  un  aspect  vaporeux. 

Famille  CLXXXIV'.—  RÉAUMURIACÊES.  —  Sépales  libres  ou  presque  libres.  P^ 
taies  5,  hypogynes.  Etamines  définies  et  monadelphes,  ou  indéfinies  et  polyadelphes.  Ovaire  à 
placentation  basilaire ,  plunloculaire  inférieurement.  Fruit  capsulaire.  Plantule  dicotylé- 
donée,  à  albumen  farineux  peu  abondant.  —  Tige  ligneuse  ou  sous-ligneuse ,  divariquée  , 
glauque,  glabre;  feuilles  alternes,  sessiles,  plus  ou  moins  charnues,  parsemées  intérieu- 
rement de  glandes  résineuses;  fleurs  solitaires,  sessiles.  — Cette  petite  famille,  qui  a  pour  type 
le  genre  Reaumuria,  dédié  à  notre  grand  naturaliste  Réaumur,  habite  les  terrains  salés  de  la 
région  méditerranéenne  orientale  et  de  TAsie  centrale.  Elle  se  lie  d'une  part  aux  Tanuris- 
cinées,  de  l'autre  aux  Hypéricinées.  —  Les  feuilles  du  Reaumuria  vermtculata  sont  salées  ; 
les  Arabes  les  emploient  en  topique  et  en  décoction  contre  les  maladies  de  la  peau. 

Famille  CLXXXW— FRANKÉNIACÉES.— Calyce  libre,  tubuleux, i-S-fide.  Pé- 
tales, hypogynes,  onguiculés,  4-5.  Etamines,  ordinairement  6.  —  Ovaire  uniloculaire ,  à  pla- 
centaires pariétaux,  o-ï,  s' évanouissant  vers  le  milieu;  style  simple,  à 3-4  branches,  stigmati- 
fères  du  côté  intérieur;  ovules  réfléchis.  Capsule  à  5-4  valves  séminifères  sur  le  milieu.  Plan- 
tule droite  dans  Taxe  d'un  albumen  fanneux ,  et  de  même  longueur.  —  Herbes  ou  sous- 
arbrisseaux,  à  rameaux  noueux,  articulés  ;  feuilles  petites,  opposées  ou  vertici liées,  les  jeunes, 
souvent  fasciculées,  cohérentes  par  leur  base  amplexicaule  ;  fleurs  en  cyme  dichotome.  Cette 
famille  semble  voisine  des  Turm^racëes  et  des  Sauvagésiées  ;  beaucoup  de  caractères  la  rappro- 
chent des  Caryophy liées,  dont  les  éloignent  leur  placentation  et  la  structure  de  leur  graine; 
elles  ont  une  affinité  évidente  avec  les  Tamariscinées,  malgré  leurs  graines  albuminées.  Elles 
habitent  le  littoral  des  mers  extjratropicales  ,*  et  surtout  de  l'Atlantique  et  de  la  Méditer- 
ranée. 

Famille  CLXXXV?.— ÉLATINÉES.  —  Calyce  libre,  3-4-5-partit.  Pétales  hypogy- 
nes, 3-4-5.  Etamines  en  nombre  égal  ou  double  de  celui  des  pétales.  Ovaire  à  5-5  loges,  ou 
uniloculaire  («ar  insuffisance  des  cloisons;  ovules  nombreux,  réfléchis;  styles  libres,  stigmates 
en  tète.  Capsule  à  valves  se  détachant  des  placentaires  et  des  cloisons.  Plantule  dicotylédonée, 
exalbuminée.  —  Herbes  annuelles,  marécageuses,  à  tiges  grêles,  couchées,  radicantes.  Feuilles 
opposées,  les  pins  jeunes  en  faisceaux  axillaires,  imitant  un  verticille  ;  stipules  membraneuses. 
Cette  petite  famille,  longtemps  confondue  avec  les  Caryophyllées  de  la  section  des  Alsiftées, 
s'en  distingue  par  sa  plantule  droite  ou  presque  droite,  exalbuminée.  Elle  se  rapproche  des 
Hypéricinées,  qui  en  diffèrent  par  la  placentation. 

Famille  CLXXXVIP.  —  CARYOPHYLLÉES. 

CARACTÈRE.  —  Sépales  5-4,  libres  ou  cohérents.  Pétales  5-4,  hypogynes ott 
subpérigynes ,  suuvent  soudés  ensemble  et  avec  la  base  des  etamines.  Etamines  en  nombre 
double  des  pétales  et  bisériées,  les  intérieures  opposées  ata:  pétales,  quelquefois  en  nombre  égal. 
Pistil  plus  ou  moins  stipité,  à  2-5  carpelles,  cohérents  en  un  seul  ovaire;  styles  libres,  stigmati- 
feres  sur  leur  face  interne.  Ovaire  pluriloculaire  dans  le  jeune  âge,  devenant  ordinairement 
uniloculaire  par  la  destruction  des  cloisons;  ovules  courbes.  Fruit  capsulaire  et  déhiscent,  ou 


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o 


ISO 


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CAUYOPHYLLIÏES.  333 

bacciforme  et  indéhiscent,  Plantile  dicotytédonée,  courbe,  entourant  un  albumen  farineux, 
—  Tige  herbacée  ou  sous-ligneuse,  à  articulations  renflées.  Feuilles  opposées,  entières, 
quelquefois  stipulées.  Inflorescence  définie. 

Tribu  i.  —  SILÉNÈES.  —  Calyce  tubuleux,  5-deiitc  ou  o-fide.  Pétales  à  long  onglet. 

OEitLET.  Dianthus. 

Saponaire.  Saponaria. 

Gtpsopuile.  Gypsophila. 

Tribu  2.  —  ALSINÉES.  —  Sopah's  lihres  ou   presque  libres;  pétales  courts  ou  sans  onglet 
quelquefois  nuls.  Etamines  souvent  sub  périgynes.  Feuilles  s<^)uvent  stipulées. 


Lychnide. 

Lychnis. 

SlLÉNÉ. 

Silène. 

CORMLLET. 

Cucubalus 

Spargoi'tb. 

Spergula, 

ClBAISTE. 

Cerastium 

Stellaire. 

Stellaria. 

Sabline. 

Arenaria. 

Alsine. 

Alsine. 

Sagine. 

Sagina. 

Les  Caryophyllées  sont  cosmopolites,  et  habitent  principalement  les  régions  exlratropicales 
de  Phémisphère  nord.  Cette  Famille  se  lie ,  par  sa  plantule  recourbée  en  anneau  autour 
d'un  albumen  farineux,  avec  les  Parongchiées,  les  Po?*tulacées,  et  même  avec  les  Atriplicées, 
Amarantacées,  Nyctaginées  et  Polygnnées,  nonobstant  Pabsence  des  pétales  dans  ces  der- 
nières; Pexistence  delacoroUe,  ainsi  quePinsertion  hypogynique  ou  périgynique,  parait  avoir 
ici  peu  d'importance. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —La  Saponaire  officinale  [Saponaria  officinalis) 
est  une  Plante  indigène,  dont  la  racine  contient  une  matière  moussant  avec  Peau  comme  le 

savon,  une  résine  molle  et  de  la  gomme, 
principes  auxquels  on  attibue  ses  propriétés 
fondantes  et  dépuratives.  La  Lyc ii n i d e 
nioïQUE  {Lychnis  vespertina),  la  L.  de 
Galcëdoink  (A.  chalcedonica) ,  et  plu- 
sieurs autres  congénères  des  Saponaria 
sont  également  savonneuses  et  douées  des 
mêmes  propriétés  médicales.  —  Les  Œil- 
lets sont  aromatiques,  et  Pon  fait  avec 
leurs  pétales  un  sirop  cordial.  La  Nielle 
des  blés  (Lychnis  githago)  a  dès  graines 
d'une  saveur  àcr€  et  brûlante,  qui^  ré- 
coltées avec  le  blé ,  et  mêlées  au  pain  en 
trop  grande  quantité,  peuvent  causer  des 
accidents  graves.  •*—  Les  Stellaires ,  les 
SjmrgortteSj  les  Sablines  sont  tout  à  fait 
inusitées;  la  Morgeline ,  ou  Mouron  (Alsine 
média),  qui  croît  partout,  fournit  des 
graines  servant  à  la  nourriture  des  j^etits 
oiseaux  qu'on  élève  en  cage. 

On  cultive  dans  les  jardins  beauc(uip  de 

Caryophyllées   :    ce    sont    principalement 

POEiLLET    DES    fleuristes    (Diautluis 

Caryophyllus],  que  nous  venons  de  men* 

oEiLLBT  DK  roKTK  KT  uK  A  iktalks  coiLKin  DK  SANG.  tîonncr    commc     Plantc    médicinale  ;    ses 

[Dianthut  barbatUA  et  D.  crHentuê.)  n  <  ui  i  i 

fleurs  sont  rouges,  roses,  blanches,  quel- 
quefois panachées,  ou  doubles;  elles  ont  Podeur  du  Girofle;  POE.  mignardise  (D.  mos- 
cliatus).  Plante  gazonnante,  à  feuilles  glauques,  à  pétales  laciniés,  rouges,  ou  blancs,  ou 


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SVt 


IIISTOIHE   DES  FAMILLES. 


I.ICliMDE  DIOlQl'B. 
[Lichxt'ê  teêprrtina   ) 


rosés,  ponctués  de  blanc  et  de  pourpre;  TOEillet  de  poète  (Z>.  barbatus),  à  fleurs  en 
corymbe  serré ,  protégées  par  des  bractées  calycinales,  qui  les  égalent  ou  les  dépassent. 
L'Œ.  A  PÉTALES  COULEUR  DE  S  A  N  G  (/>.  cTMew/e/^)  a  été  récemment  CHvoyé  dc  Hussic; 
il  vient  probablement  du  Caucase;  ses  fleurs  forment  une  cyme  presque  globuleuse,  et  sont 
entremêlées  de    bractées  roussàtres   et  longuement  mucronées:  le  calyce   est    violacé, 

le  limbe  des  pétales  élégamment  denticulé ,  muni  à  sa 
base  de  quelques  poils  violacés ,  est  d'un  rouge  carmin 
très-vif. —  Ce  sont  encore  les  Gtpsophiles  (Gyp- 
sophila  paniculata  et  elegans),  à  petites  fleurs  blanches, 
portées  sur  des  pédicelles  très-fins;   la  Saponaire, 
dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  dont  les  fleurs  sont 
d'un  rose  tendre,  et  doublent  facilement;   le  Silène 
armtria ,  Plante  indigène,  à  fleurs  roses,  en  corymbe, 
à  tige  visqueuse  au-dessus  des  nœuds  supérieurs;  la 
Rose   du    ciel  (Silène  cœli  rosa),  Plante  annuelle, 
à  tige  rameuse,  à  fleurs  nombreuses,  d'un  rose  vif  ;  le 
SiLÉNÉ   ÉLÉGANT   (S,  spcctosa)  (PI.    XXI),   Plantc 
vivace ,  probablement  originaire  des  hautes  montagnes 
de  l'Amérique  tropicale,  entièrement  velue,  à  l'ex- 
ception des  pétales  et  du  limbe  des  feuilles ,  à  fleurs 
grandes,  à  pétales  étalés  en  roue,  dont  le  limbe  est 
appendiculé  à  son  origine,  profondément  bifide,  et 
portant  latéralement  2  dents,  ce  qui  le  rend  presque 
quadrifide.   Nous  citerons  aussi    les  Lychnides  :  le 
Lychnis  chalcedonica,  belle  Plante,  qui  serait  bien  plus  appréciée  si  elle  était  moins  com- 
mune, à  fleurs  disposées  en  cyme,  à  pétales  d'un  rouge  éclatant,  échancrés  et  formant  une 
croix  de  chevalier;  le  L.  fulgens.  Plante  de  Sibérie,  apétales  larges,  d'un  ronge  éblouis- 
sant; et  enfin  le  L.  vespertiim  ou   L.  dioïque,    Plante  indigène, 
déjà  mentionnée,  à  pétales  d'un  blanc  laiteux ,  qui  deviennent  odo- 
rants après  le  coucher  du  soleil. 

Les  Alsinées  ont  beaucoup  moins  d'importance  que  les  Silénées 
aux  yeux  des  horticulteurs  :  on  en  cultive  cependant  quelques-unes 
pour  bordures  :  telle  est  la  Sabline  de  Mahon  [Arenaria  balea- 
ynca)  Plante  gazonnante  à  feuilles  persistantes,  à  petites  fleurs 
blanches  très-nombreuses  ;leCÉRAisTE  cotonneux  [Cerastium  to- 
mentosum)  plante  traçante,  formant  des  toufl*esde  feuilles  d'un  blanc 
argenté,  propres  à  onier  les  rocailles,  etc.,  etc. 


Famille  CLXXXVIII*.  —  PARONYCHIÉES.  —  Celle  fa- 
mille  se  compose   de   plantes  grêles ,  ordinairement    couchées,  h 
feuilles  stipulées,   le  plus  souvent  opposées.  Elle  difl'èrc  des  Caryo- 
pliyllées  par  sa  périgynie  bien  prononcée,  sa  plarenlalion  basilaire 
et  son  fruit   souvent   nucamenlacé.   Les  Paronyques  (Paronychia), 
petites  plantes  à  pétales  ëcailleux  ou  nuls,  ont  un  intérêt  purement  bo- 
tanique. On  en  emploie  cependant  une  espèce  dans  le  midi  de  l'Europe, 
contre  les  panaris,  de  là  son  nom  de  Panarine,  qui  est  la  traduction 
du  mol  grec  Paronychia.  —  La  Herniaire  ou    Turquette  [Her- 
îiian'a  glabra),   passe  pour  fondante,  diurétique  et  vulnéraire  ;  la 
racine  de    la  Gnavelle  (Scleranihus  perennis]  ^   nourrit  la  Co- 
chenille   de   Pologne    (Coccus  Polonicus)  ^  donnant  un  rouge  qui 
peut    remplacer,    quoique  à  mérite  inférieur,  la  Cochenille    du 
Mexique. 


>RRTICILLEI. 
rrrttcHtatum 


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PAHONYCHIÉES. 


335 


Familles  CLXXXIX»  et  CXC«.— PORTULACÈES  ET  TÉTRAGONIÉES. - 

Calyce  libre  ou  adhércnl  à  2  sépales,  ou  5-5-iide.  Pétales  nuls,  ou  définis,  quelquefois  soudés 
à  la  base,  très-fugaces.  Etamines  hypogynes  ou  périgyncs,  en  nombre  égal  à  celui  de^  sépales, 
et  alternes  avec  eux,  ou  en  nombre  multiple,  les  extérieures  opposées  aux  pétales.  Ovaire 
t-8-loculaire,  à  ovules  courbes,  pourvus  d'un  funicule,  et  insérés  sur  un  placentaire  central 
libre;  styles  ordinairement  divisés  en  branches  stigmalifères  du  côté  interne,  ou  terminés 
par  un  stigmate  capité.  Fruit  à  1-8  loges,  indéhiscent  ou  loculicide,  ou  s'ouvrant  en  pyxide, 
quelquefois  drupacé  quand  le  calyce  est  adhérent.  Plantule  dicolylédonée,  courbe,  circulaire, 
ou  presque  droite,  appliquée  sur  un  albumen  farineux.  —  ïige  herbacée  ou  sous-ligneuso; 
feuilles  alternes,  ou  presque  opposées  et  cohérentes  à  la  base,  entières,  à  une  seule  nervure^ 
quelquefois  peu  visible;  fleurs  en  cyme^  rarement  solitaire.^. 

Les  Portulacées  ,  Plantes  cosmopolites,  tiennent  le  milieu  entre  les  Mésembryanlhémées,  les 
Paronychiées  et  le^j  Caryophyllëes-Alsinées.  Les  feuilles  de  beaucoup  d'Espèces  contiennent  un 
suc  mucilagineux;  chez  quelques-unes  il  s'y  joint  un  principe  astringent,  qui  les  fait  em- 
ployer comme  toniques  et  diurétiques;  d'autres  sont  comestibles  :  parmi  ces  dernières  ,  la  Té- 
TRAGONB  ÉTALÉE  (7'etragonia  olûta),  tient  le  premier  rang.  C  est  une  plante  à  Heur  apé- 
tale, do  la  Nouvelle-Zélande,  dont  le  capitaine  Coke  a,  le  premier,  expérimenté  sur  ses  mate- 
lots les  qualités  alimentaires  et  antiscorbutiques;  Banks  Va  introduite  en  Européen  1772; 
la  nécessité  força  les  Européens  de  la  mettre  en  usage ,  maintenant  on  la  sert  sur  nos  tables, 
sous  forme  d'épinards,  comme  un  mets  délicat. —  Le  Pourpier  (Portulaca  oleracea)  est  une 
plante  annuelle  du  midi  de  la  F:ance,  que  l'on  mange  en  sa'ade,  et  que  les  médecins  recom- 
mandent, à  cause  de  ses  propriétés  rafraîchissantes,  calmantes  et  antiscorbutiques;  sa  graine^ 
macére'e  dans  du  vin,  donne  à  celui-ci  une  vertu  emménagogue. 

On  cultive  plusieurs  Portulacées  exotiques  :  le  Calandrinia  grandi flora,  du  Chili,  est  vi- 
vace,  sous-ligneux,  à  feuilles  en  rosettes,  spatulées,  glauques,  rougeâlres  en-dessous,  à  fleurs 
d'un  rose  violacé,  dont  les  etamines  S(int  disposées  par  pinceaux  opposés  aux  pétales.  Los 
Ca/awfi?rinm  sont  comestibles.  Le  Pourpier  a  grandes  vlevks  (Portulaca  grandiflora) 
(PI^VHl),  Plante  annuelle  de  l'Amérique  méridionale,  a  des  feuilles  subulées,  des  fleurs  ter- 
minâmes, larges  de  deux  pouces,  dont  les  pétales,  d'un  violet  purpurin,  sont  marqués  à  leur 
base  d'une  tache  triangulaire  blanche.  On  en  a  obtenu  des  variétés  magnifiques,  dont  les  deux 
plus  nouvelles  sont,  l'une,  à  fleur  jaune,  maculée  de  pourpre;  l'autre,  à  fleur  blanche  argentée, 
sans  macules,  mais  striée  en  long  de  filets  d'un  rose  vif. 

Familles  CXCP  ft  CXCIK  —  ATRIPLICÉES 
a  BASELLÉES. 

(Arroches,  de  Jussieu,  — Chénopodées,  de  Ventenat.) 

9  • 

CARACTÈRE.  —  PÉRIANTHE  herbacé  à  3-5  sépales,  libres  ou  presque  libres, persistanti 
quelquefois  accrescenis  ou  charnus.  Etamines  égales  en  nombre  et  opposées  aux  sépales,  quelque 
fois  moins,  jamais  plus,  hypogynes  oupérigynes.  Ovaire  libre,  à  placentation  basilaire,  âun 
seul  ovule  courbe.  Fnnit  utriculaire.  Plantule  dicotylédonée,  tantôt  annulaire,  et  entourant 
un  albumen  farineux;  tantôt  contournée  en  spirale,  à  albumen  peu  abondant  cm  nul  (Soude, 
Raselle).  —  Tige  herbacée,  rarement  ligneuse,  quelquefois  nue.  Feuilles  ordinairement 
alternes,  sans  stipules.  FLEURSjoew  apparentes,  quelquefois  diclines. 


Salicorne. 

Salicornia. 

Camphrée. 

Cktfnphorosma 

Arrocue. 

Atriplex. 

Bettb. 

Beta. 

Epinard. 

Spinacia, 

Anslrinb. 

Chenopodium. 

Cette  Famille  est  très- voisine  des  Amarantacées ;  elle  se  rapproche  des  Paronyques,  dont 
elle  difiere  par  Tabsence  de  stipules,  et  desScléranthes,  dont  elle  s'éloigne  par  son  ovule  soli- 
taire, ses  feuilles  ordinairement  alternes,  et  son  hypogynie.  Elle  se  distingue  facilement  des 
Phytolaccées  par  ses  etamines  opposées  aux  sépales  et  son  carpelle  unique. 

Les  Atriplicées  habitent  en  général  les  rivages  de  la  mer  et  des  lacs  salés;  d'autres  aiment 


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33(5  HISTOIUE  DES  FAMILLES. 

le  voisinage  de  l'homme,  elles  s'établissent  dans  les  lieux  où  Ton  jette  des  débris  organiques, 

et  où  le  sol  exhale  de  l'ammoniaque. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —Si  l'on  considère  l'aspect  peu  brillant  des  Atriplicées,  on 

les  rangera  dans  la  populace  du  royaume 
végétal  ;  mais  si  Ton  lient  compte  des 
services  variés  qu'elles  rendent  à  l'homme, 
on  les  mettra  au-dessus  des  Familles  les  plus 
remarquables  par  leur  beauté.  —  En  effet, 
il  en  est  plusieurs  dont  l'herbe  est  mu- 
cilagineuse,  salée,  et  fournit  un  aliment 
léger;  d'autres  contiennent  un  arôme  volatil 
qui  possède  une  vertu  antispasmodique; 
quelques  Espèces  littorales  s'assimilent  les 
sels  qu'elles  ont  puisés  dans  le  sol^  et  leur 
cendre  fournit  de  la  soude  carbonatée.  — 
U  en  est  dont  la  racine  tubéreuse  est 
sucrée  et  alimentaire  ;  il  en  est  dont  les 
graines,  sont  tantôt  riches  en  fécule  et  co- 
mestibles, tantôt  purgatives,  ou  anthelmin- 
liques. 

Parmi  les  Atriplicées  potagères,  TE  pi- 
nard [Spinacia  oleraceà)  tient  le  premier 
rang;  cette  Plante,  inconnue  des  anciens, 
a  été  introduite  en  Espagne  par  les  Ara- 
bes, et  répandue  dans  toute  l'Europe. 
paskmb  RocGit.  —    ]^es     feuilles     de      I'Arruchb     des 

(Baêelta  rubra.) 

JARDINS  (A triplex  hortensis),  nommée 
aussi  bonne-dame,  sont  employées  comme  aliment  et  comme  médicament  rafraîchissant.  Les 
Ansérines  (Chcnopodiurn  album,  viride,  Bonus- Henricus,  ficifoliurfiy  etc.)  ont  des  pro- 
priétés analogues.  La  Bette  ou  Poiré E  [Beta  cycfa),  dont  l'origine  reste  incertaine,  est 
cultivée  partout;  ses  feuilles  sont  alimentaires  dans  le  jeune  âge,  et  leur  vertu  laxative  les  fait 
employer  pour  le  bouillon  aux  herbes.  On  en  connaît  trois  variétés,  blanche,  rouge  et  blonde  : 
cette  dernière,  nommée  Carde,  a  des  feuilles  jaunâtres,  dont  la  pervurç  médiane  se  mange 
comme  celle  du  Cardon.  —  La  Betterave  (Beta  vulgaris)  diffère  de  la  Bette  par  ses  fleurs 
ramassées  et  ses  racines  volumineuses  et  charnues;  ses  feuilles  sont  une  excellente  nour- 
riture pour  les  bestiaux,  et  sa  racine,  cuite  ou  crue,  fournit  un  aliment  agréable  et  rafraî- 
chissant; mais  elle  est  devenue  une  Plante  de  première  importance,  depuis  que  les  chimistes 
sont  paiTcnus  à  séparer  le  sucre  qu'elle  contient  des  matières  albumineuses,  gélatineuses, 
salines  auxquelles  il  est  uni,  et  à  Tobtenir  en  cristaux  exactement  semblables,  par  leurs  pro- 
priétés physiques  et  chimiques,  au  sucre  de  la  Canne.  La  fabrication  du  sucre  de  Betterave  est 
aujourd'hui  en  France  l'objet  d'une  industrie  sujette  à  de  grandes  vicissitudes  :  les  uns  y 
trouvent  des  bénéfices  énormes;  d'autres  voient  leurs  espérances  trompées  par  les  résultats 
d'une  culture  exigeant  une  expérience  que  le  temps  seul  peut  donner.  Dans  beaucoup  de  pays, 
les  céréales  ont  été  négligées  pour  la  Betterave,  et  la  Canne  à'sucre  a  rencontré  en  elle  une 
rivale  redoutable.  Les  colonies  ont  réclamé  la  protection  de  la  mcre-patrie,  qui  a  fait 
de  son  mieux  pour  tenir  la  balance  égale  entre  tous  ses  enfants;  mais  l'industrie  persévérante 
de  Fhomme  du  nord,  et  l'avidité  impatiente  de  l'habitant  des  tropiques  sont  restées  en  pré- 
sence, plus  hostiles  que  jamais,  et  ne  se  réconcilieront  que  le  jour  où  Dieu,  qui  composa 
des  mêmes  éléments  la  fécule  et  le  sucre,  aura,  pour  mettre  les  concurrents  d'accord,  changé 
le  sucre  en  fécule  en  lui  enlevant  une  molécule  d'eau. 


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ATRIPLICÉES  ET  BASELLÉES.  337 

La  Uasellr  t  ibère  use  [Basella  tuberosa)  fournit  aux  Péruviens  de  Quito  une  racine 
qui  passe  pour  donner  aux  femmes  une  merveilleuse  fécondité.  La  B.  rouge  [B,  ruhra)  se 
mange  cuite  aux  Indes,  sous  forme  d'épinards.  — La  B.  blanche  (^.  alba),  qui  diffère  de 
la  précédente  Espèce  par  ses  feuilles  ondulées,  est  administrée  comme  laxatif  doux,  par  les 
médecins  de  TAsie  tropicale  aux  jeunes  enfants  et  aux  femmes  enceintes. 

Les  graines  féculentes  des  Ansérines  peuvent  être  ,  en  cas  de  famine,  mêlées  aux  céréales. 
Le  Qu  I N  o  A  (Chenopodium  quinoa]  est  une  herbe  annuelle  du  Chili,  dont  les  semences,  réduites 
en  bouillie,  servent  de  nourriture  aux  habitants  des  montagnes.  On  cultive  en  Languedoc 
plusieurs  espèces  de  soude,  dont  la  graine  est  donnée  aux  chevaux. 

Nous  n'omettrons  pas  de  mentionner  les  Atriplicées  qui  doivent  à  une  huile  volatile  des 
propriétés  médicales  :  le  Botrys  {Chenopodium  botrys)  est  une  herbe  haute  d'un  pied,  qui 
croît  dans  l'Europe  centrale  et  méridionale;  son  toucher  est  visqueux,  et  son  odeur  agréable  ; 
on  l'emploie  en  infusion  contre  la  toux;  on  s'en  sert  aussi  pour  chasser  les  teignes  des  étoffes  de 
laine .  L'A  m  br  o  i  s  i  e  {Chenopodium  ambrosioides)  est  une  Plante,  originaire  du  Mexique,  d'odeur 
agréable  et  pénétrante,  que  Ton  cultive  dans  beaucoup  de  jardins;  on  l'emploie  en  infusion 
comme  stomachique  ;  de  là  son  nom  de  Thé  du  Mexique.  Les  graines  d'une  autre  Ansérine 
de  rAmérique  du  sud,  le  Ch,  anthelminthicum),  sont  un  excellent  vermifuge. — La  Camphrée 
D  E  Mo  N  T  p  E  L  L I E  R  [Cumphovosma  Monspeliaca)  exhale  une  odeur  de  camphre  très-prononcée  ; 
on  l'emploie  dans  le  midi,  en  infusion  théiforme,  comme  diurétique,  céphalique,  antispasmo- 
dique. L'A NsÊRi  NE  FÉTIDE  [Ckenopodium  vulvaria)  est  une  herbe  commune  dans  les  lieux 
incultes  des  terrains  calcaires;  toutes  ses  parties  exhalent  par  le  froissement  une  horrible 
odeur  de  poisson  pourri  ;  on  a  reconnu  dans  la  plante  l'existence  du  carbonate  d'ammoniaque  ; 
elle  est  employée  en  lavement  et  en  fomentations,  comme  antihystérique,  antispasmodique  et 
emménagogue. 

Les  Soudes  (5a/so/a)  sont  des  plantes  sous-ligneuses,  croissant  en  abondance  dans  les 
lieux  maritimes  et  dans  les  terrains  salés;  elles  contiennent  divers  sels  alcalins,  que  l'on 
obtient  en  incinérant  la  plante  ;  la  masse  saline  est  ensuite  calcinée  avec  du  charbon  et  du 
carbonate  de  chaux,  et  entièrement  convertie  en  carbonate  de  soude. 

Famille  CXGlll*.  — AMARANTACÉES.  —  Périanthe  pre>que  scarieux,  herbacé  ou 
pëtaloïde,  à  5-4  sépales  distincts  ou  soudés  à  la  base  et  persistants.  Etamines  hypogynes,  ordi- 
nairement 5,  opposées  aux  sépales,  alternanl  quelquefois  avec  des  élamines  stériles;  lilels  libres, 
Quelquefois  monadelphes;  anthères  souvent  uniloculaires.  Ovaire  libre  uniloculaire,  à  ovules 
uressos,  courbes.  Utricule  membraneux,  indéhiscent  ou  ruptile,  ous'ouvrant  circulairemcnt, 
quelquefois  bacciforme.  Plantule  dicotylédonée ,  annulaire  ou  en  fer  à  cheval,  entourant  un 
albumen  farineux.  —  Tige  herbacée,  quelquefois  sous-ligneuse  ou  ligneuse,  ordinairement 
pubescente;  feuilles  opposées  et  alternes,  simples,  entières,  sans  stipule.^;  fleurs  petites, 
rapprochées  en  glomérules  ou-  en  cymes,  formant  des  panicules  spici foi  mes,  pourvues  de  3 
bractéoles. 

Lss  Amarantacées  sont  liées  par  une  étroite  afOnité  avec  les  Atriplicées ,  dont  elles  ne  se  dis- 
tinguent que  parle  port  et  l'ensemble  des  caractères.  —  Leur  station  est  principalement  inter- 
Iropicale.  —  Quelques-unes  sont  alimentaires  :  telle  est  I'Amaramte  blite  {Amarantus 
blitum),  que  les  paysans  d'Italie  et  de  la  France  méridionale  mangent  en  guise  d'épinards  :  telles 
sont  VA,  viridis  du  Brésil  et  VA.  spinosus  de  la  Jamaïque.  —  On  cultive  dans  nos 
jardins  l'A.  queue  de  renard  (A.  caudatus),  plante  annuelle,  à  longues  grappes 
pendantes,  d'un  rouge  cramoisi,  que  l'on  nomme  vulgairement  discipline  de  religieuse; 
\'A.  tricolor^âe  l'Inde,  à  feuilles  tachées  de  vert,  de  jaune  et  de  rotige,  et  VA,  speciosus^ 
du  Népaul,  à  tige  pyramidale,  haute  de  5  à  6  pieds,  portant  des  fleurs  pourpres,  agglo- 
mérées le  long  de  ses  rameaux.  Les  Gomphrena  officinalis  et  macîvcephala  portent  au  brésil 
le  nom  de  Para  tudo,  à  cause  de  leur  propriété  stimulante,  que  Ton  croit  efficace  contre 
toutes  les  maladies;  on  les  applique  surtout  à  la  guérison  des  fièvres  intermittentes,  des 
diarrhées  et  de  la  morsure  des  serpents.  —  Le  Gomphrena  globosa  de  l'Inde  est  cultivé 
en  Europe  ;  ?es  fleurs,'  raj^st niblées  en  tètes  globuleuses,  sont  rouges  purpurines,  quel- 
(piofois    couleur  de  chair,  quelquefois  blanches;  le  Gomphrena  pulchella^  on    Amarnntine 


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338  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

jolie  (P\.  XXI),  qui  croit  spontanément  sur  les  bords  du  liio  de  la  Plata^  a  récemment  fleuri  en 
Europe;  son  nom  est  justifié  par  la  beauté  des  nuances  carminées  et  rosées  qui  brillent 
sur  les  sépales  et  les  bractéoles,  et  au  milieu  desquelles  éclate  le  jaune  doré  des  étamine:;.  — 
Le  Celosia  crhtata,  que  Ton  administre  en  Asie  comme  astringent  puissant,  n'est  connu  en 
Europe  que  comme  plante  d'ornement,  sous  le  nom  de  Passe-velours  ;  ses  fleurs,  très-petites 
et  très  -nombreuses,  sont  serrées  en  tête  longue,  aplatie  et  plissée,  figurant  une  crèle  ou  un 
morceau  de  velours. 

Famille  CXCIV«.  —  NYCTAGINÉES.  —  Involucre  calyciforme,  tantôt  uniflorc  (iVyc- 
tage),  tantôt  pluriflore  (Boerkaàvia),  Périanihe  simple,  hypogyne,  pétaloïde  à  base  herbacée, 
globuleuse,  entourant  Tovaire  sans  y  adhérer,  à  préfloraison  contournée.  Etamines  hypogynes, 
à  filets  quelquefois  insérés  sur  un  godet,  ou  soudés  avec  la  base  du  périanthe.  Ovaire  unilocu- 
laire,  à  ovule  unique,  dressé,  sessile,  courbe.  Akène  enveloppé  par  la  base  du  périanthe. 
IMantule  dicotylédonée,  entourant  un  albumen  farineux.  Radicule  infère. — Tige  ordinairement 
herbacée,  à  rameaux  noueux  articulés.  Feuilles  ordinairement  opposées. 

Les  Nyctaginées  sont  voisines  des  Polygonées  et  des  Phytolaccées;  elles  habitent  principale- 
ment les  régions  intertropicales.  —  La  racine  de  plusieurs  Espèces  de  cette  Famille  est  douée 
de  propriétés  purgatives  et  émétiques.  Tels  sont  les  Mirabilis  (F\.  XXII),  dont  deux  Espèces  sont 
cultivées  dans  nos  jardins  sous  le  nom  de  Belle  de  nuit,  parceque  leur  fleurnes'ouvre  qu'après  le 
coucher  du  soleil  et  exhale  une  odeur  suave  :  Tune  est  le  Mirabilis Jalapa,  ainsi  nommé  parce 
que  l'on  a  longtemps  cru  que  sa  racine  élait  le  Jalap  officinal;  ses  fleurs  sont  rouges,  jaunes, 
ou  blanches,  ou  panachéi^s  ;  fautre,  le  Af.  longiflora,  à  fleur  blanche  ou  violette,  dont  le  tube 
est  très-long.  —  Le  croisement  de  ces  deux  Espèces  de  Belle  de  nuit  y  habilement  pratiqué  par 
M.  Lecoq,  de  Clermont,  a  produit  de  nombreuses  variétés  hybrides,  oui  se  distinguent  par  les 
coloris  les  plus  variés  et  les  plus  bizarres  :  la  fleur  offre  quelquefois  trois  couleurs  distinctes,  le 
blanc,  le  rouge  et  le  jaune;  la  même  pUnte  porte  souvent  des  fleurs  de  couleur  difl'érente, 
panachées,  marbrées  ponctuées,  bigarrées  avec  une  merveilleuse  diversité. 

Famille  CXCW— PHYTOLACCÉES.— Cette  Famille,  qui  appartenait  autrefois  aux 
Atriplicées,  en  diffère  par  la  position  des  élamines,  alternes  avec  les  sépales,  par  leur  nombre 
plus  considérable ,  et  par  la  pluralité  des  carpelles.  Elle  tient  le  milieu  entre  les  Atriplîcées, 
Amarantacées,  Nyctaginées,  Polygonées ^  Caryophyllées,  Porlulacées  et  Malvacées.  Sa  station 
principale  est  dans  les  régions  tropicales  et  subtropicales.  Les  Phytolaccées  contiennent  des 
principes  acres,  vésicants  et  drastiques,  qui  les  distinguent  des  Atriplicéeset  des  Caryophyllées. 
Nous  citerons  seulement  le  Phytolacca  decandra^  belle  Plante  originaire  de  l'Amérique  septen- 
trionale, et  cultivée  en  Eunipe,  dont  l'action  purgative  est  très-énergique;  sa  tige  herbacée  est 
rameuse,  rougeâtre,  haute  de  6  pieds;  les  feuilles  sont  grandes,  alternes,  à  nervures  rouges; 
les  fleurs  sont  rosées,  en  grappes  axillaires;  les  fruits  sont  des  baies  remplies  d'un  suc  rouge, 
rendant  purgative  la  chair  des  pigeons  qui  en  ont  mangé.  Nous  mentionnerons  aussi  les 
Petiveria y  Espèces  américaines,  exhalant  une  forte  odeur  d'ail;  leur  racine  est  employée 
comme  antifébrile,  vermifujje,  et  surtout  comme  diurétique  :  c'est  pour  cela  qu'on  la  nomme 
vulgairement  racine  de  pipi. 

Famille  CXGVI».  —  POLYGONÉES.— Périanthe  herbacé  ou  pétaloïde,  à  3-4-5  sé- 
pales plus  ou  moins  cohérents.  Etamines  périgynes  ou  hypogyne-»,  ^-10.  Ovaire  uniloculaire, 
nniovulé,  triangulaire  ou  comprimé;  ovule  dressé,  droit;  styles  2-3.  Akène  ou  cariopse.  Plan- 
tule  dicotylédonée,  antitrope,  droite  ou  arquée,  dans  un  albumen  farineux. — Tige  ordinairement 
herbacée.  Feuilles  alternes,  à  stipules  soudées  en  une  gaîne  qui  entoure  la  tige.  Fleurs  petites, 
en  cymes  formant  des  épis  ou  des  grappes. 

Les  Polygonées  se  distinguent  des  Amarantacées,  Alriplicées  et  Nyctagmées  par  leur  ovule 
droit,  le  nombre  ternaire  des  parties  de  la  fleur,  et  surtout  par  leurs  stipules.  —  Elles  croissent 
surtout  dans  les  régions  tempérées  de  rhéuiisphcre  boréal. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Les  Rumex ,  Renouées,  Rhubarbes,  constituant  presque 
entièrement  cette  Famille,  possèdent  des  propriétés  qui  confirment  leur  affinité:  les  parties 
herbacées  de  plusieurs  E'^pèces  contiennent  des  acides  oxalique,  citrique,  malique,  et  sont 
alimentaires  et  médicinales;  les  graines  farineuses  de  quelques  autres  peuvent  remplacer  les 
céréales  ;  dans  la  plupart,  les  racines  contiennent  des  suhstanccs  astringentes,  quelquefois  unies 
à  un  principe  amer  résineux  ,  qui  leur  donne  des  vertus  que  lu  médecine  a  su  mettre  en  usage 


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POLY(iONÉES.  339 

(lès  la  plus  haute  antiquité.  —  Nous  placerons  en  prcîniicro  ligne  la  racine  de  Rhubarbe  ,  dans 
laquelle  les  chimistes  ont  trouvé  un  principe  amer  (Rhabarbarine) ,  une  huile  ïxxe.,  un  peu  de 
gomme  ,  d'amidon  ,  et  de  Toxalatc  de  chaux  ,    faisant  le  tiers  de  son  poids.  La  Rhubarbe  est 
spécialement  employée  en  médecine  contre  les  maladies  de  Tappareil  digestif;  mais  ses  principes 
colorants  et  amers  ne  sont  pas  décomposés  par  Tacte  de  la  digestion  ;  ils  passent  dans  le  sang, 
colorent  en  j;une  l'urine,  la  sueur,  la  salive;  le  lait  des  nourrices  reçoit  d'eux  une  teinte  jau- 
nâtre, une  saveur  amère  et  des  qualités 
laxatives  qui.  dans  quelques  circonstances, 
peuvent  être  utiles  à  leur  nourrisson.  Cette 
précieuse   racine   purge   doucement   sans 
causer  de  coliques,  et  sans  fatiguer  l'esto- 
mac ni  les  intestins;  on  Tadministre,  soit 
en  poudre ,  soit  en  infusion  ou  en  décoc- 
tion.   Quelques    médecins    conseillent    à 
leurs  malades  de  la  mâcher  et  d'avaler  leur 
salive. 

La  Rhubarbe  se  distingue  de  tous  les 
autres  purgatifs,  en  ce  que,  au  lieu  de  di- 
minuer l'appétit  et  de  causer  du  malaise, 
comme  ces  derniers,  elle  relève  les  fonctions 
de  Testomac.  Il  est  dangereux  de  l'adminis- 
trer dans  le  ^ours  des  maladies  aiguës, 
mais  e  le  est  indiquée  dans  les  dyspepsies 
qui  succèdent  à  ces  maladies,  et  avec  les- 
quelles coïncident  l'amertume  de  la  bouche, 
la  sensibilité  de  Tépigastre  et  la  constipa- 
tion. On  remploie  aussi  dans  le  traitement 
de  la  dysenterie  épidémique  et  des  affections 
vermineuses. 

L'origine  botanique  de  la  Rhubarbe  est 
encore  enveloppée  d'obscurité.  C'est  au 
dixième  siècle  que  les  Arabes  l'ont  reçue 
des  Chinois,  et  répandue  dans  les  officines 
européennes.  Mais  les  Chinois  n'indiquent 
que  vaguement  la  localité  de  leur  Rhu- 
barbe; ils  refusent  d'en  livrer  des  graines 
{Rheum  ihapontiium.)  OU    des    boulures ,    qii  on    leur    propose 

d'acheter  au  pt»ids  de  l'or.  On  connaît  dans 
le  commerce  trois  sortes  de  Rhubarbe  :  celle  de  Chine,  vient  du  Thihet  à  Canton,  où  les 
vaisseaux  européens  vont  la  cheicher  pour  la  transporter  en  Europe;  elle  est  souvent 
piquée  des  vers,  et  sa  couleur  est  altérée  par  le  voyajre  sur  mer.  LaRhubarbedilerfeilfo5co^;^> 
est  la  plus  estimée.  En  vertu  d'un  traité  conclu  entre  les  Chinois  et  les  Russes,  il  arrive  tous  les 
ans  une  caravane  chinoise  à  Kiatcha,  ville  de  Sibérie,  située  sur  les  confins  de  la  Russie  et  de 
la  Chine;  elle  livre  d'immenses  quantités  de  Rhubarbe  aux  commissaires  russes  préposés  pour 
la  recevoir  :  ceux-ci  examinent  scrupuleusement  tous  les  morceaux,  paient  ceux  qui  n'ont 
aucun  défaut,  et  brûlent  le  reste;  ces  morceaux  sont  envoyés  à  Pétersbourg,  où  on  les  inspecte 
de  nouveau  avant  de  les  livrer  au  commerce  européen.  La  Rhubarbe  de  Perse  venait  autre- 
fois du  Thibet  par  la  Perse  et  la  Syrie;  aujourd'hui  les  Anglais  vont  la  prendre  à  Canton.  Ces 
trois  sortes  de  Rhubarbe  ont  une  odeur  prononcée,  une  saveur  amère-astringenté  ;  elles  colorent 
fortement  la  salive  en  jaune-safran,  et  craquent  sous  la  dent.  Parmi  les  Espèces  dont  on  a  pu 
se  procurer  des  graines,  et  qu'on  a  cultivées  en  Europe,  la  Rhubarbb  a  feuilles  palmées 
{Rh,  palmatum)e»i  la  seule  qui  possède  complètement  l'odeur  et  la  saveur  de  la  Rhubarbe  vendue 
par  les  Chinois;  mais  elle  ne  craque  pas  sous  la  dent.  La  Rh.  émodi  {Rh.  australe),  que  les 
Anglais  ont  reçue  il  y  a  peu  d'années  des  montagnes  du  Thibet  et  cultivée  à  Ca'cutta,  jouit  de 
cette  propriété;  en  outre,  la  forme  de  ses  feuilles  s'accorde  avec  la  description  que  les  Ruchares 
ont  faite  de  la  vraie  Rhubarbe  au  naturaliste  Pallas  :  c'est  cette  Espèce  que  l'on  croit  aujour- 
d'hui être  le  vrai  Rheum  des  officines. 

•  Le  Rhapontig  {Rheum  rhajx)nticum)  croit  spontanément  dans  l'ancienne  Th race  et  sur 
les  bords  de  la  mer  Noire  :  c'est  l'Espèce  primitivement  connue  des  anciens,  qui  lui  donnaient 
le  nom  de  Rha;  ou  l'appela  plus  lard  Rha-ponticum ,  pour  le  distinguer  d'une  autre  Espèce 
apportée  de  Scythie,  qu'ils  nommaient  Rha-barbarum,  mot  dont  nous  avons  fait  Rhubarbe. 


RilAPOTITIC. 


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3V0  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Quant  aux  Rhubarbes  cullîvées  en  Europe  ,  quelle  que  soit  TEspèce  à  laquelle  on  doit  les 
rapporter,  elles  diffèrent  de  celles  de  la  Chine  en  ce  que  l'oxalale  de  chaux  y  est  remplacé  par 
une  égale  quantité  de  fécule ,  aussi  ne  craquent-elles  pas  sous  la  dent.  Les  médecins  en  font 
peu  de  cas,  mais  elles  sont  irès-estimées  en  Allemagne  et  en  Angleleterre  comme  Plantes  pota- 
gères; on  fait  un  grand  usage  du  pétiole  et  des  nervures  principales  de  leurs  feuilles,  que  Ion 
pèle  et  que  Ton  coupe  par  tronçons  pour  mettre  dans  les  tartes,  et  pour  préparer  les  confitures. 

Le  Genre  7?{impx  comprend  des  Espèces  formant  deux  groupes  distincts  :  les  unes  ont  des 
feuilles  de  saveur  acide;  ce  sont  les  Oseilles  (/?.  acetosa,  acetosella ,  scutatus),  qu*on  em- 
ploie comme  substance  alimentaire  et  comme  médicament  laxatif,  et  dont  on  retire  du  suroxa- 
late  de  potasse ,  les  autres  ont  des  feuilles  âpres  :  ce  sont  les  Pat  i  en  c  es  (H,  patientia^  R.  cris- 
rms).  La  racine  de  ces  dernières  Espèces  est  jaune  et  odorante;  elle  contient  du  soufre:  on 
remploie  comme  dépurative. 

Le  Genre  Rrnouée  [Polygonum) ^  fournit  aux  besoins  de  Thomme  deux  Espèces  :  Tune  ali- 
bile  etTautre  médicinale;  la  première  est  le  Sarrasin  ou  Blé  noir  (P,  fagopyrum).  Plante 
venue  d'Asie  versle  milieu  du  quinzième  siècle,  et  dont  la  graine  est  riche  en  fécule,  et  remplace 
le  froment  dans  les  contrées  où  le  sol  se  refuse  à  la  culture  des  céréales;  la  seconde  est  la 
BisTORTE  {P.  bistorta)  ^  Plante  indigène,  dont  la  racine,  toute  contournée,  contient  du 
tanin,  et  est  employée  comme  tonique  et  astringente.  Deux  autres  Renouées  sont  cultivées  dans 
nos  jardins:  l'une  est  le  P.  orientale,  herbe  annuelle  du  Levant,  haute  de  8  à  10  pieds,  à 
fleurs  rouges  ou  blanches,  formant  de  longs  épis  pendants;  l'autre  est  le  P.  tinctorium.  Plante 
de  Chine,  dont  les  feuilles  contiennent  de  Hndigo. 

Famille  CXCXVIP.  —  GYROCARPÉES.  —  Arbres  ou  arbrisseaux  des  régions 
intertropicabs,  étroitement  liés  aux  Laurinées  par  la  structure  du  périanthe  et  des  anthères  et 
la  position  de  l'ovule,  s'en  distinguant  par  l'ovaire  adhérent  au  périanthe,  et  les  cotylédons 
pétioles,  enroulés  autour  de  lu  gemmule. 

Famille  CXCXVIIP.  —  LAURINÉES.  —  Périanthe  calycoïde  à  4^  divisions  bi- 
sériées,  trinerviées,  imbriquées.  Etamincs  périgynes,  insérées  sur  un  disque  charnu  naissant 
au  fond  du  périanthe  et  persistant  avec  sa  base,  en  nombre  quadruple,  ou  triple,  ou  double 
de  celui  des  sépales,  quelquefois  en  nombre  égal,  et  alors  opposées  aux  sépales;  filets  libres,  les 
intérieurs  pourvus  de  deux  glandes  latérales;  anthères  adnées,  biloculaires  ou  quadriloculaires, 
tantôt  toutes  introrses  (Laurier)^  tantôt  les  extérieures  introrses,  les  intérieures  extroi*ses,  les 
plus  intérieures  souvent  stérihs  (Cannelier),  à  loges  s'ouvrant  de  la  base  au  sommet  par  une 
valvule  longitudinale  persistante.  Carpelhs  5,  réunis  en  un  seul.  Ovaire  uniloculaire,  a  un  seul 
ovule,  pendant,  réfléchi;  style  simple,  stigmate  trilobé.  Fruit  bacciforme,  protégé  par  la  base 
accrescente  du  périanthe.  Plantule  dicotyléJonée,  droite,  exalbuminée.  Tige  ligneuse,  à  écorcc 
aromatique;  feuilles  alternes,  aromatiques;  fleurs  souvent  diclines,  axillaires  en  grappes, 
panicules   ou  ombelles. 

Les  Laurinées,  autrefois  presque  entièrement  constituées  par  le  Genre  Laurier  (Laurus), 
habitent  principalement  la  région  intertropicale,  et  forment  des  forets  entières  sur  la  pente  des 
montagnes  où  ta  température  est  un  peu  fraîche.  Elles  ne  sont  comparables  pour  la  structure 
des  anthères  qu'aux  Athérospermées  et  aux  Gyrocarpées ;  elles  diffèrent  de  celles-ci  par  leur 
ovaire  libre  et  leur  plantule  droite;  de  celles-là  par  leur  ovaire  unique  et  leurs  graines  sans 
albumen.  —  Elles  sont  rangées  dans  la  môme  classe  que  les  Santalacées ,  Thymélées, 
Kléagnées^  etc.,  dont  elles  se  distinguent  par  leurs  anthères  et  leur  pistil  à  3  carpelles;  leur 
qualité  aromatique  les  rapproche  des  Myristicée". 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  Le  Laurier  d'Apollon  {Laurus  nobilis) ,  indigène 
dans  le  midi  de  l'Europe,  a  des  feuilles  persistantes,  longues  et  larges,  coriaces,  li.sses,  douées 
d'une  odeur  agréable;  on  les  emploie  en  cuisine  comme  assaisonnement;  macérées  dans  l'huile 
ou  dans  Taxonge,  elles  cèdent  à  ces  substances  leur  huile  volatile  et  leur  chromiile.  Les  baies, 
dont  le  péricarpe  est  très-mince  et  la  semence  volumineuse,  contiennent  une  huile  fixe  et  une 
huile  volatile.  Les  pharmaciens  les  traitent  par  l'alcool  ou  par  les  corps  gras,  pour  préparer  des 
médicaments  externes,  tels  que  le  baume  de  Fioravanti  et  l'onguent  de  Laurier. 

Le  Sassafras  (Laurus  sassafras)  croît  dans  la  Virginie,  la  Floride  et  au  Rrésil;  le  bois  et 
Técorce  de  sa  racine  ont  Tarome  du  Fenouil,  uni  à  une  odeur  de  camphre;  on  les  emploie 
comme  sudoriflques.  —  L'Avocatier  {Persca  gratissima)  est  originaire  de  l'Amérique  mé- 
ridionale; il  n'est  point  aromatique,  mais  son  fruit,  qui  a  la  forme  et  le  volume  d'une  poire, 
et  dont  la  chair  est  butyreuse,  est  recherché  pour  la  table,  où  on  le  mange  comme  hors-d'œuvre 
avec  les  viandes;  il  plaît  à  tous  le»  animaux  domestiques,  même  à  ceux  qui  sont  Carnivore?. 


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LAURINÉES.  341 

Le  Laurier  cinnaiiome  [Lauras  Cinnamomum)  fournit  Técorce  aromatique,  nomméii 
dans  le  commerce  Cannelle  de  Ceylan  :  c'est  le  véritable  Cannelier  officinal  ;  on  le  cultive  à 
Geylan  et  dans  les  colonies  intertropicales.  L'écorce,  séparée  de  son  épiderme,  est  récoltée  par 
incision  sur  les  rameaux  âgés  de  plus  de  quatre  ans  ;  sa  couleur  est  blonde,  sa  saveur  est  chaude, 
aromatique  et  sucrée,  et  son  odeur  suave;  elle  est  usitée  comme  condiment  et  comme  médica- 
ment tonique-stimulant.  L'eau  distillée  de  cannelle  est  souvent  préférée  à  la  canoile  en  nature 
pour  aromatiser  les  crèmes.  —  Le  Laurier  cassia  (Laurus  cassia)  fournit  la  cannelle  de 
Chine  ;  cet  arbre  croît  au  Malabar,  à  la  Cochinchine,  en  Chine  et  dans  les  îles  de  la  Sonde.  Son 
écorce  est  plus  épaisse  que  celle  de  la  cannelle  do  Geylan;  sa  couleur  fauve  est  plus  foncée  ;  son 
odeur  est  peu  agréable;  sa  saveur  est  chaule,  piquante,  et  rappelle  la  punaise;  aussi  est-elle 
moins  estimée. 


CAHramiim  oppiciual.  Cannilibb. 

(Lauruê  Camphora.)  {Laurut  Cinnamomum.) 

Le  Camphre  est  une  huile  volatile  concrète,  incolore,  plus  légère  que  l'eau,  d'une  odeur 
pénétrante,  d'une  saveur  acre  et  fraîche,  très-soiuble  dans  les  huiles  fixes  et  volatiles,  ainsi  que 
dans  Talcool  et  dans  Téther,  se  vaporisant  complètement  à  Tair,  très-inflammable,  et  brûlant 
sans  laisser  de  résidu,  même  à  la  surface  de  Feau.  Ce  principe  existe  dans  beaucoup  de  Végétaux, 
et  notamment  dans  les  Labiées;  mais  il  abonde  surtout  dans  le  LAURiER-cAiiPHRiER(ZaMn^5 
camphora)^  arbre  du  Japon,  aujourd'hui  nommé  Camphrier  officinal  (Camphora  offi - 
cinarum).  On  <ibtient  le  camphre  en  distillant  à  Feau  chaude  des  fragments  de  racines  et  de 
branches  du  Camphrier;  on  met  ces  fragments  dans  descucurbites  de  fer,  surmontées  do  cha- 
piteaux en  terre,  dont  la  concavité  intérieure  est  garnie  de  paille  de  riz,  le  camphre,  soumis  à 
raction  de  l'eau  modérément  chauffée,  se  volatise  et  va  se  suolimer  sur  la  paille. 

Le  camphre  est  un  médicament  dont  les  effets  ont  été  appréciés  d'une  manière  très-diverse 
par  les  auteurs.  Les  uns  affirment  que  le  camphre,  prisa  l'intérieur,  est  uniquement  sédatif  ; 
d'autres  qu'il  est  purement  excitant.  Ces  opinions,  diamétralement  opposées,  auraient  pu  se 
concilier  si  l'on  avait  compris  que  l'action  du  camphre  sur  nos  organes  est  complexe,  etpeutsc 
diviser  en  plusieurs  temps.  A  peine  introduit  dans  le  système  digestif,  le  camphre  produit  une 
sensation  d'âcreté  à  laquelle  s'unit  celle  d'un  frais  local,  qui  rayonne  rapidement.  La  première 
de  ces  sensations  s'explique  par  Faction  irritante  du  camphre  sur  la  surface  qu'il  touche;  la 
seconde  par  sa  volatilité  qui  le  rend  propre  à  soustraire  le  calorique  à  tout  ce  qui  Favoisine.  A 
cette  double  perception  d  âcreté  et  de  fraîcheur  succède  bientôt  une  sédation  résultant  de  Fab- 


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342  HISTOIHE  DES   FAMILLES. 

sorption  du  camphre,  qui  peut,  suivant  les  doses,  représenter  un  narcotisme  complet  :  résolu- 
tion des  forces,  obscurcissement  de  Tinteiligence,  ralentissement  de  la  circulation,  pâleur, 
défaillances,  nausées,  sueurs  froides,  etc.;  enfin  se  produisent  des  phénomènes  fébriles,  réaction 
conservatrice  due  aux  efforts  que  fait  l'organisme  pour  surmonter  l'effet  sédatif,  et  en  expulser 
la  cause  :  cette  fièvre  passagère  est  terminée  par  une  crise  qui  consiste  ordinairement  en  une 
sueur  répandant  Todeur  du  camphre. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  appliquions  thérapeutiques  de  cette  huile  volatile 
concrète;  il  nous  suffira  de  signaler  ses  propriétés  sédatives,  antispasmodiques  et  antiseptiques. 
Tout  le  monde  connaît  la  vertu  résolutive  de  l'eau-de-vie  camphrée  et  de  l'huile  camphrée, 
employées  k  l'extérieur-  Enfin,  pour  compléter  l'histoire  du  camphre,  nous  mentionnerons  les 
fameuses  cigarettes,  préconisées  dans  ces  dernières  années  comme  le  médicament  par  excellence, 
destiné  à  remplacer  tous  les  autres,  en  vertu  d'une  théorie  qui  établit  que  les  maladies  ont  pour 
cause  la  présence  d'insectes  dans  le  corps  humain,  et  que  par  conséquent  le  camphre,  substance 
éminemment  insectifuge  et  insecticide,  est  un  remè«le  universel. 

Familles    CXGXÏX-  et   GCe.    _  ATHÉROSPERMÉES  kt   MONIMÏÉES.   — 

Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'hémisphère  austral,  à  Atours  ordinairement  dicline<.  Périanthc 
calycoïde.  Elamines  indéfinies,  insérées  sur  le  tube  du  périanthe.  Anthères  à  déhisccnce  longi- 
tudinale chez  les  Monimiées  s'ouvrant  par  des  valvules  ascendantes  chez  les  Athérospermées. 
Ovaires  nombreux,  libres,  insérés  sur  le  fond  du  périanthe;  ovule  unique,  pendant  chez  les 
Monimiées,  dressé  chez  Its  Athérospermées  Drupe  ou  noix.  Graine  albuminée. 

Famille  CCI''.  — PÉNÉACÉES.  —  Arbrisseaux  du  Cap,  toujours  verts,  à  feuille  oppo- 
sées, imbriquées,  entières,  coriaces.  Périanthe  pétaloïde.  Etammes  périgynes ,  égales  en 
nombre,  et  alternes  à  ses  divisions.  Ovaire  libre,  à  4-  loges  biovulées;  ovules  collatéraux,  dressés 
à  la  bnse  des  loges.  Capsule  loculicide,  à  k  valves. 

Famille  CCIP.  —  AQUILA- 
RINÉES.  —  Arbrisseaux  de  Tlnde, 
à  feuilles  alternes.  Périanthe  tubuleux, 
pétaloïde,  portant  à  sa  gorge  5-10 
écailles,  soudées  en  urcéole.  Elamines 
5-10,  insérées  près  de  la  gorge.  Ovaire 
incomplètement  biloculaire,  à  2  pla- 
centaires biovulé-*:  ovules  pendants,  ré- 
fléchis; capsule  à  2  valves.  Plantule 
exalbuminée. 

Famille  CCII^.  —  THYMÉ- 
LÉES.  —  Périanthe  tubuleux,  péta- 
loïde. Ëtamines  périgynes,  en  nombre 
égal  aux  divisions  du  périanthe,  ou  en 
nombre  double  ou  moindre.  Ovaire 
libre,  uniloculaire;  ovules  pendants. 
Fruit  drupacé  ou  nucamentacé,  ordi- 
nairement à  une  gruine,  exalbuminée. 
—  Tigeordinairement  ligneuse  ;  fouilles 
simples. 

Les  Thymélées  sont  voisines  des 
Santalacées  et  des  Eléagnées;  elles 
se  distinguent  des  premières  par  l'o- 
vaire libre,  le  nombre  et  la  position  des 
ovules,  et  Tabsence  d'albumen;  desse- 
edorwortoi.  a  FL.UH.  ,AUN«..  coudcs  par  lagraiue invorse.— Elleshabi- 

[EdfMtoTthia  chry%antka,)  teut  principalement  les  régionsextratro- 

picales  chaudes  de  l'hémisphère  austral. 

Toutes  les  Espèces  du  Genre  Daphne,  le  principal  de  la  Famille,  contiennent  un  principe 

acre,  qui  leur  donne  une  propriété  vésicanle  ;  telles  sont  surtout  le  Garou  ou  Sain-bois 

(/>.  gnidium),  le  Bois -gentil  {D.  mezereum),  etc.  Ces  Espèces  indigènes  sont  cultivées  pour 

l'ornement  des  jardins,  ainsi  que  le  D.  laureola,  le  D,  tartonraira,  et  plusieurs  Espèces  exo- 


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THYMÉLÉES.  343 

tiques,  le  />.  pontica  et  le />.  indica.  — On  ciillive  depuis  quelques  annm  en  Angleterre  le 
D.  DE  Fortune  (AFor^wneî)  (PI.  XX),  Espèce  découverte  en  Chine  par  le  voyageur  dont  elle 
porte  le  nom  :  c'est  un  petit  arbrisseau  cotonneux,  buissonnant,  à  feuilles  minces,  oblongues,  se 
développant  plus  tard  que  les  fleurs,  qui  sont  d'un  Mas  rougeâtre,  quaternées  au  sommet  des 
rameaux,  et  couvertes,  comme  les  feuilles,  de  poils  fins  et  soyeux. — C'est  encore  à  M.  Fortune 
qu'on  doit  l'introduclion  de  rEDGEwoRTiUE  a  fleurs  j a vk es  (Edgeworthia chr y sant ha], 
trouvée  par  lui  dans  les  jardins  de  Chusan,  arbuste  produisant  de  sa  base  des  rameaux  élancés, 
qui  partent,  seulement  à  leur  sommet,  des  feuilles  couvertes  de  soies  très-serrées;  les  fleurs 
forment  des  capitules  denses  et  multiflores;  elles  sont  d'un  jaune  d'or,  et  leur  odeur  est  suave. 

Famille  CCIV«.  —  ÉLÉAGNÉES.  —  Fleurs  souvent  diclines.  Périanlhe  herbacé,  ou 
coloré  en  dedans,  à  2  ou  &  divisions  soudées  inférieurement  par  un  disque  glanduleux,  portant 
les  élamines  en  nombre  égal  à  celui  des  divisions  du  périanlne,  ou  en  nombre  double.  Ovaire 
libre,  uniloculaire,  à  ovule  unique,  die^^sé.  Fruit  inclus  dans  la  base  endurcie  du  périanthe. 
Plantule  droite  dans  Taxe  d'un  albumen  charnu  mince.  —  Tige  ligneuse  ;  feuilles  recouvertes, 
surtout  h  la  surface  inférieure,  d'écaillés  fixées  par  le  centre,  argentées  ou  brunes. 

Les  Eléagnées  sont  voisines  des  Thymélées,  Protéacées  et  Santalacées ;  elles  habitent  prin- 
cipalement les  régions  chaudes  et  tempérées  de  l'Asie.  —  La  base  charnue  du  périanthe  rend 
comestible  le  fruit  de  quelques  Espèces.  Le  Cha  lrf  oriental  (Elœagnus  orientalis)  fournit 
aux  habitants  de  la  Perse  un  fruit  acidulé  très-agréable.  L'Argousier  ruamnoïde  (Hip- 
pophae  rhamnoides),  arbrisseau  indigène,  épineux,  est  cultivé  pour  former  des  haies;  on  l'em- 
ploie dans  le  nord  de  la  France  pour  fixer  les  dunes.  Les  Finlandais  se  servent  de  son  fruit, 
aigre  et  âpre,  pour  assaisonner  le  poisson. 

FAMII.LB  CCV».  —  PROTÉACÉES. —  Périanthe  coloré,  à  4 sépales,  plus  ou  moins 
cohérents.  Elamines  h  ou  3,  opposées  aux  sépales,  périgynes  ou  hypogynes.  Glandes  hypo- 
gynes  k  ,  alternes  avec  le^  sépales,  quelquefois  nulles.  Ovaire  libre,  uniloculaire;  ovules 
réfléchis.  Noix,  ou  samare,  ou  drupe,  ou  follicules.  Plantule  exalbuminée,  droite.  Radicule 
infère.  —  Tige  ordinairement  ligneuse;  feuilles  toujours  vertes,  ordinairement  alternes; 
fleurs  brillantes,  en  épi  ou  en  capitule. 

Les  Protéacées  se  distinguent  des  Familles  voisines  par  la  graine  exalbuminée  et  la  radicule 
infère.  —  Elles  habitent  pour  la  plupart  les  régions  subtiopicales  situées  au  delà  du  Capricorne, 
et  notamment  le  Cap  et  la  Nouvelle-Hollande. 

Les  Espèces  de  cette  Famille  sont  plutôt  des  Plantes  d'agrément  que  des  Plantes  utiles  — 
On  cultive  en  Europe  le  Leucadendron  argenteum,  arbrisseau  du  Cap,  à  feuilles  soyeuses,  à 
fleurs  munies  de  longues  écailles;  les  Protea,  arbrisseaux  à  fleurs  réunies  en  capitule,  garni 
d'un  involucre  coloré  ;  les  Gt^evillea,  de  la  Nouvelle-Hollande,  à  fleurs  jaunes  ou  rosées,  dis- 
posées en  épi  rameux;  I'Hakéa  poignard  [Hakea pvgionifonnisV  arbris>eau  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  à  feuilles  cylindriques  piquantes,  et  à  fleurs  tasciculées,  olanchfttres;  les  Bancksia,  à 
rameaux  en  ombelle,  à  fleurs  disposées  en  chatons.  Le  Sténocarpus  de  Cukninguam 
(Stenocarpus  Cunninghami)  (PI.  XXX),  est  un  arbrisseau  de  la  Nouvelle  Hollande,  à  feuilles 

tiersistantes,  luisantes,  entières  ou  sinuées,  ou  pennifides,  longues  d'un  à  deux  pieds.  Lt-s  fleurs 
orment  une  ombelle  composée  de  cinq  ombellules,  dont  quatre  étalées  horizontalement,  et  la 
cinquième  verticale,  terminée  par  un  disque  d'où  rayonnent  treize  ou  quatorze  pédicelles,  portant 
chacun  une  fleur  d'un  brillant  écarlate,  orangé  à  Tintérieur. 

Famille  CCVI».  —  LORANTHACÉES.  —  Calyce  adhérent  à  l'ovaire.  Pétales  libres 
ou  cohérents,  épigynes  4-6-8,  à  préfloraison  valvaire.  Étamines  opposées  aux  pétales  ou  aux 
divisions  du  périanthe  simple.  Ovaire  uniloculaire;  ovule  pendant.  Raie  à  une  ffraine.  Plantule 
placée  à  la  superficie  d'un  albumen  charnu  abondant. —  Petits  arbrisseaux  dichotomes,  vivant 
implantés  dans  les  parties  ligneuses  des  autres  Plantes;  feuilles  ordinairement  opposées,  entières; 
fleurs  quelquefois  diclines. 

Les  Loranthacées  habitent  pour  la  plupart  les  régions  inlertropicales;  leur  écorce  contient 
une  matière  particulière  nommée  glu,  qui  tient  le  milieu  entre  la  cire  et  le  caoutchouc.  —  Le 
Gui  blanc  (Viscum  album)  est  la  seule  Espèce  qui  représente  la  Famille  en  France  :  c'est 
un  arbrisseau  dioïque,  à  feuilles  épaisses  charnues,  à  fleurs  verdâlres,  peu  apparentes,  ses- 
siles;  il  vit  sur  les  Poiriers,  les  Pommiers,  les  Sorbiers.  l'Aubépine,  les  Peupliers,  le  Chêne,  etc. 
—  Le  Gui  était  révéré  chez  les  anciens  peuples  de  la  Gaule,  qui  voyaient  dans  sa  na- 
ture parasite  un  phénomène  mystérieux.  Le  Gui,  cueilli  sur  le  Chêne,  était  la  Plante 
sacrée  des  Druides.  Aujourd'hui  encore,   les  habitants  de  Java  ont  un  respect  superstitieux 


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3W  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

pour  le  Figuier  des  Pagodes  (Ficus  religiosa],  sur  lequel  s'est  implantée   une  Loranlbacée; 

ils  croient  que  les  ombres  de  leurs 
pères,  errant  sous  ces  voûtes  de  ver- 
dure, sont  réjouies  parla  vue  des  Vé- 
gétaux parasites. 

Famille  CCV11«.  —  OLACl- 
NÉES.  —  Le  Genre  Olax,  type  de 
cette  petite  Famille,  a  pour  caractère  : 
Galycc  libre,  minime  ;  corolle  (ou  calyce 
interne)  à  4-5-6  pétales  hypogynes. 
Étamines  fertiles  3-4-5.  Ovaire  unilo- 
culaire ,  à  placentaire  central  libre. 
Drupe  sèche.  Graine  pendante.  — 
Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Asie  et  de 
l'Afrique  tropicale,  et  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  à  tige  glabre,  à  feuilles  al- 
ternes, entières,  à  fleurs  axillaires, 
solitaires  ou  en  épi,  souvent  diclines. 

Famille  CCVIII*.  —  SANTA- 
LAGÉES.  —  Périanthe  coloré  inté- 
rieurement, 4-^-Kde.  Étamines  4-5, 
périgynes.  Ovaire  adhérent  au  pé- 
rianthe, uniloculaire,  à  placentaire 
central  libre;  ovule  pendant.  Drupe 
ou  nucule.  Albumen  charnu. —  Tige 
herbacée  ou  ligneuse  ;  feuilles  alternes. 
Gette  Famille  habite  les  régions 
{fScJ«  a/fruii.)  tempérées  de  l'un  et  de  l'autre  hémi- 

sphère. —  Le  Santal  blanc  et  le  S, 
citrin,  bois  aromatiques,  à  odeur  suave  de  citron,  jadis  célèbres  en  médecine,  et  aujourd'hui 
employés  dans  l'ébénisterie  et  la  parfumerie,  sont  l'aubier  du  Santalum  album  et  de  plusieurs 
autres  Espèces  do  l'Asie  méridionale. 

Famille  GCIX».  —  ARISTOLOGHIÉES.  —  Périanthe  à  tube  adhérent,  à  limbe 
régulier  ou  irrégulier,  coloré.  Étamines  épigynes,  6-12,  se  confondant  avec  la  base  du  style. 
Ovaire  pluriloculaire,  multiovulé.  Fruit  indéhiscent  ou  loculicide;  plantule  minime  à  la  base 
d'un  albumen  charnu.  Tige  herbacée  ou  ligneuse.  Feuilles  alternes;  fleurs  axillaires. 

Les  Aristolochiées  habitent  pour  la  plupart  l'Amérique  tropicale.  Beaucoup  d'Espèces  pos- 
sèdent dans  leur  racine  une  huile  volatile,  une  résine  amère  et  un  principe  extraclif  acre,  qui 
leur  donnent  des  propriétés  excitantes,  très-énergiques.  Les  deux  Genres  principaux  (AristoUh 
chia  et  Asarum)  sont  employés  en  médecine. 

Les  i4m/o/ocA«5  indigènes  sont  antihystériques,  emménagogues,  et  propres  à  hâter  le  rétablis- 
sement des  femmes  en  couche.  La  Serpentaire  de  Virginie  [A.  serpentaria)  est  em- 
ployée  comme  tonique  dans  les  fièvres  typhoïdes  dont  la  forme  est  adynamiaue;  sa  racine 
fraîche  chasse  les  serpents  venimeux  et  guérit  leur  morsure.  Il  en  est  de  même  ae  l'A.  siphon 
(A.sipko)  (PI.  XXV),  arbrisseau  grimpant  de  l'Amérique  septentrionale,  cultivé  aujourd'hui  dans 
nos  jardins  pour  couvrir  les  puits  et  garnir  les  tonnelles;  ses  feuilles  sont  grandes,  cordiformes; 
^es  fleurs  jaunes  et  rouges  noirâtres,  représentent  une  énorme  pipe.  —  Le  Gabaret 
(  Asarum  Europcewn)  est  une  petite  Plante  indigène,  dont  la  racine  est  fortement  purgative  et 
émélique. 

Familles  GGX%  GGXI%  GGX11%  GGX1II%  GGXIV.—  HYDNORAGÉES,  RAF- 
FLÉSIAGÉES,  GYTINÉES,  APODANTHÉES  et  BALANOPHORÉES.  — Gescinq 
Familles  ctmstituent  la  classe  des  Rhizanthées^  dont  voici  le  caractère  commun  :  Plantes  com- 
posées d'un  tissu  cellulaice  parcouru  par  de  rares  faisceaux  vasculaires;  parasites  sur  les  racines 
ou  sur  les  tiges  des  autres  Plantes.  Feuilles  réduites  à  des  écailles,  jamais  vertes,  privées  de 


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ARISTOLOCHIÉES.  345 

stomates  et  de  vaisseaux,  ordinairement  imbriquées.  Fleurs  complètes,  ou   polygames,  ou 
diclines.  Graines  à  plantule  indivise. 

Nous  citerons  dans  ces  Familles  une  Espèce  indigène  et  une  Espèce  exotique. 

l.e  Cytinus  hypocys- 
tis  a*  des  fleurs  monoï- 
ques, un  périanthe  co- 
loré, tubuleux,4-lobë, 
8  ëtamines,  adhérentes 
encolonnecentrale;  To- 
vaire  est  adhérent  au 
périanthe ,  unilocu- 
laire,  à  placentaires 
f  ariétaux  ;  la  tige  est 
de  six  pouces,  charnue, 
I  à  fletirs  en  épi;  les 
'  pistil  lëes  en  bas  ,  les 
staminées  en  haut. 
La  Plante  vU  sur  les 
racines  des  Cistes,  et 
habite  principalement 
la  région  méditerra- 
néenne. 
Le  Genre  Rafflesia, 
R.n^LÉ.,.  D'ARKotn.  ^^ont  les  Espèces  ha- 

(Ra/}lMra    Arnoldi.)  bilCUt    loS      îleS     de    lu 

Sonde,  a  pour  carac- 
1ère  :  Périanthe  tubuleux,  à  5  lobes  entiers,  muni  à  sa  gorge  d'une  couronne  annulaire , 
entière.  Elamines  réunie»  en  un  seul 
corps,  soudé  avec  le  tube  du  périanthe, 
et  s'évasant  au  sommet  en  patère.  dont 
le  bord,  roulé  en  dehors,  porte  les  an- 
thères à  plusieurs  loges  concentriques, 
s* ouvrant  au  sommet  par  un  pore  com- 
mun. Ovaire  inséré  sur  la  base  du  pé- 
rianthe et  du  tube  staminaire ,  unilo- 
culaire  ,  à  placentaires  pariétaux  , 
nombreux.  Styles  adhérant  au  tube 
staminaire,  et  assis  sur  son  disque.  Fruit 
bacciforme,  à  écorce  sèche  et  dure,  pul- 
peux intérieurement.  Les  Rafflesia  se 
composent  uniquement  de  la  flour; 
mais  cette  fleur,  qui  représente  le  Vé- 
gétal tout  entier,  acquiert  dans  quelque^ 
Espèces  des  dimensions  monstrueuses  : 
celle  du  Rafflesia  A  moldi,  qui  croît  à 
Sumatra,  parasite  sur  la  souche  d'un 
Cissus,  a  près  de  9  pieds  de  circonfé- 
rence; son  nectaire  possède  une  capacité 
de  12  pintes ,  et  son  poids  n'est  pas 
au-dessous  de  15  livres.  Avant  son  épa- 
nouissement ,  elle  a  la  forme  d'une 
grosse  tête  de  chou;  bientôt  les  brac- 
tées qui  l'enveloppent  s'étalent,  et  le 
périanthe  s'épanouit;  sa  couleur  de 
chair  et  son  odeur  cadavéreuse  attirent 
les  mouches,  qui  doivent  être  les  auxi- 
liaires de  la  fécondation.  N.rsHTB..  „.  R;,„l.s. 

[Nêptntheê  Raffteêiana.) 
FaMILLB      CGXV.    —      NÉPEN-  l.  A.cldie.  -  2.  Pleur  mâlc   .épa.ie.  -  3.  Fruit. 

THEES.  —  Plantes  sous-ligneuses  de  l'Asie   tropicale  et  de  Madagascar.  Fleurs  en  grappes, 
dioïques.  Périanthe   herbacé,   4-iide.  Etamincs  id,  cohérentes  en   colonne  centrale.  Ovaire 


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3h6 


HISTOIRE  DES  FAMILLES. 


^!mk 


1^^ 


libre,  à  4  loges.  Capsule  loculicide.  —  Le  Nepenthes^  type  de  la  Famille,  a  des  feuilles 
alternes,  dont  le  pétiole,  courtement  engatnant  à  sa  base,  se  dilate  ensuite  en  limbe;  mais 
sa  nervure  médiane  se  prolonge  au  delà  du  limbe  pour  porter  une  nouvelle  expansion  foliacée, 
creusée  en  vase,  à  rorifice  duquel  s'adapte  une  sorte  de  couvercle,  attaché  comme  par  une 
charnière,  et  susceptible  d'abaissement  et  d'élévation.  Le  vase,  fermé  la  nuit,  ouvert  le  jour, 
se  trouve  souvent  plein  d'un  liquide  aqueux,  sécrété  dans  sqn  intérieur,  insipide ,  selon  les 
uns  ,  légèrement  hucré,  .«elon  les  autres.  —  La  plus  grande  et  la  plus  belle  Espèce  du  Genre 
est  le  N.  Rafflesiana  découvert,  il  y  a  trente  ans,  par  sir  Raifles,  à  Singapour  :  les  urnes 
on  ascidies,  brillamment  colorées,  pré^ententdeux  formes:  celles  des  feuilles  inférieures  ^ont 
ventrues-campariulées,  et  munies  d'ailes  membraneuses,  ciliées;  celles  des  feuilles  supé- 
rieures sont  en  entonnoir;  toutes  ont  leur  orifice  élégamment  strié  de  lignes  parallèle:^  de 
diverses  couleurs. 

Famille  CGXVI«.  —  PANGIACÉES.  —  Le  Pangium  vknénecx  (  Hydnocarpus 
inebrians)  est  un  arbre  de  l'Asie  tropicale,  à  feuilles  alternes,  stipulées.  Fleurs  dioîques 
en  corymbe;  5  pétales  squamilères,  hypogynes;  5  étamines.  Ovaire  uniloculaire,  à  pla- 
centaires pariétaux,  multiovulés.  Baie  globuleuse,  employée  à  Ceyian  pour  enivrer  le 
poisson. 

Famille  GCXVIK  —  PAPAYACÉES.  —  FI» urs  diclines.  Calyce  minime,  5-denté. 
Pétales  hypogynes5,  soudés  en  onlonnoir  dans  les  fleurs  staminées,    libres  dans   les  fleurs 

fnstillées.  Etamines  10.  Ovaire  uni- 
oculaire  ou  à  5  loge.s;  placentaires 
pariétaux.  Baie  pulpeuse.  Graine 
albuminée.  —  Arbres  de  l'Amé- 
rique tropicale,  à  suc  laiteux. 

Le  Papayer  (Carica  papaya) 
est  un  arbre  à  tronc  cylindrique, 
simple,  couronné  à  son  sommet 
par  une  touffe  terminale  de  feuilles 
palmilobées,  et  croissant  de  20 
pieds  en  trois  ans:  ses  fleurs  sta- 
minées sont  en  longues  grappes 
multiflores;  les  pislillées  sont 
presque  sessiles;  son  fruit  est  de 
la  grosseur  d'un  petit  melon  :  on 
le  fait  cuire,  ou  on  le  mange 
cru  ;  la  pulpe  forme  avec  du  sucre 
une  marmelade  délicieuse.  —  Le 
suc  laiteux  de  la  tige  et  des  feuilles 
contient  une  matière  fibrineuse, 
et  jouit  d'une  singulière  propriété: 
si  dans  de  l'eau  où  on  a  versé 
quelques  gouttes  de  ce  suc,  on  fait 
tremper  pendant  quelques  minutes 
des  viandes  crues,  fraîches  ou  co- 
riaces, ces  viandes  s'attendrissent 
rapidement;  on  obtient  le  même 
effet  en  les  enveloppant  de  feuilles 
(le  Papayer,  ou  en  les  suspendant  à 
l'arbre  pendant  vingt -quatre 
heures;  mais  elles  se  gâtent  si  on 
ne  les  mange  pas  sur-le-champ. 

(C'ai*iea  papaya.) 

Famille  CCXVI^^  —  CUGURBITAGÉES.  —  Fleurs  monoïques,  ou  dioïques,  ou 
polygames.  Galyce  à  tube  adhérent  à  l'ovaire.  Pétales  5,  à  préfloraison  imbriquée,  rarement 
fibres.  Etamines  libres,  ou  monadelphes,  ou  triadelphes;  anthères  extrorses  à  loges  hnéaires, 
Uexueuses.  Ovaire  do  3-5  carpelles  (rarement  \),  s'inflécliissant  jusqu'à  Taxe  idéal  delà  fleur, 
et  formant  par  leur  jonction  des  cloisons  épaisses,  pulpeuses,  qui  se  réfléchissent  du  centre  à  la 


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CUCURBITACÉES.  347 

circonférence,  et  se  dilatent  en  placentaires  arrondis,  muitiovult^s;  ovules  réfléchis.  Baie  unilo- 
culaire  par  rupture  de  cloison,  indéhiscente  ou  ruptile  avec  élasticité.  Plantule  dicotylédonée, 
exalbuminée.  Tige  ordinairement  herbacée,  grimpante;  feuilles  alternes,  palminerviées,  munies 
d'une  stipule  latérale,  allongée  en  vrille  simple  ou  rameuse  et  contournée  en  spirale;  inflores- 
cence aiillaire. 

Les  Cucurbitacées  se  rencontrent  surtout  dans  les  régions  tropicales  et  subtropicales;  elles 
sont  rares  dans  les  régions  tempérées,  mais  leur  vie,  bornée  généralement  à  la  saison  dYHé, 
permet  de  cultiver  en  Europe  des  Espèces  tropicales. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  La  plupart  des  Cucurbitacées  doivent  à  des  substances 
amères  exlraclives  ou  résineuses,  cristallisables  ou  incristallisables,  une  vertu  purgative  et  émé- 
tique,  offrant  de  nombreux  degrés  d'intensité,  selon  la  nature  des  organes,  leur  développement 
ou  la  présence  de  quelques  principes  accessoires,  {e\s  que  le  sucre;  cVst  ainsi  que  Ton  peut 
compiendre  l'affinité  qui  réunit  la  Coloquinte  et  le  Melon  :  la  baie  de  la  Coloquinte  est  le  plus 
amer  de  tous  les  fruits,  et  son  action  est  violemment  purgative;  la  baie  du  Melon  [)ossède  une 

pulpe  sucrée,  parfumée,  à  peine  laxa- 
tivo;  Sttn  amertume  ne  réside  que  dans 
Tépicarpe,  mais  sa  racine  est  fortement 
éniétiqiie.  —  Celle  des  Bryonbs 
(Bryonia)  est  purgative,  non-seulement 
lorsqu*on  l'administre  à  l'intérieur,  mais 
lorsqu'on  l'applique  fraîch»*  sur  l'abdo- 
men. La  Coloquinte  [Cucumis  co- 
locynthis)^  Plante  croissant  spontané- 
ment en  Orient  ,  doit  Tamertumc 
insupportable  de  sa  pulpe  spongieuse 
à  une  huile  fixe,  à  une  résine  et  è  un 
principe  extractif  nommé  Colocynthine, 
Le  Melon  (Cucumis  melo),  originaire 
d'Asie,  fournit  à  l'horticulture  de  nom- 
breuses variétés,  à  ôcorce  réticulée, 
ou  lisse ,  à  côtes  tuberculeuses,  etc.  ; 
le  Pastèque  ou  Melon  d'eau 
(Cucumis  citrullus]  est  originaire  d'A- 
frique et  des  Indes;  son  fruit,  globuleux 
et  lisse,  offre  dans  ces  régions  brûlantes 
le  plus  délicieux  des  rafraîchissements; 
la  chair  du  Concombre  cultive 
(Cucumis  sativus)  est  comestible;  son 
suc,  mêlé  avec  de  la  graisse  de  veau, 
donne  la  pommade  de  concombre^  géné- 
ralement employée  comme  cosmétique. 
Cette  Esp^ce  est  originaire  des  Indes  et 
de  la  Tartarie;  le  fruit  d'une  de  ses 
variétés,  cueilli  dans  sa  jeunesse  et 
'i;i:iV:Z'..':*'r.',"-  confit  au  vin«ig.e,  e«t  emnioyé  comrae 

condiment  sous  le  nom  de  cornichon, 
—  Le  Concombre  Dudaïm  (C  Dudaim)  est  cultivé  en  Turquie  à  cause  de  son  fruit,  dont  la 
pulpe eslinsipide,mai<douée d'une odeurdélicif use.  LaCouRCE  potiron  (Cucurbitamaxima), 
dont  la  patrie  est  inconnue,  fournit  un  fruit  globuleux  un  peu  aplati  à  ses  deux  extrémités,  et 
acquérant  des  dimensions  énormes.  La  Courge  citrouille  (Cucurbita  pepo)  est  originaire 
d'Orient.  Son  fruit  charnu,  globuleux  ou  allongé,  porte  les  noms  de  Citrouille^  Giraumon, 
Courge,  etc.  La  Courge  Mélopepon  (C.  7we/o/)€^o)  vient  aussi  des  Indes  orientales;  son 
fruit  déprimé  a  une  chair  assez  sipide;  les  carpelles  font  saillies  au-dessus  du  tube  calycinal, 
qui  forme  autour  d'eux  un  gros  nourrelet  figurant  un  turban  ;  on  le  cultive  sous  le  nom  de 
Bonnet  d* électeur,  Pasisson,  Couronne  impériale,  etc. — La  Calebasse  (Lagenaria  vul- 
garis)y  originaire  des  régions  intertropicales,  est  polypétale;  son  fruit,  d'abord  duveté,  devient 
glabre  et  très-lisse  h  la  maturité,  et  figure  tantôt  deux  ventres  inégaux  séparés  par  un  étran- 
glement (gourde  des  pèlerins) ,  tantôt  un  seul  ventre,  terminé  par  un  col  oolong  (cougourde)  ; 
tantôt  un  ventre  peu  prononcé,  s'amincissant  en  col,  souvent  recourbé  (gourde-trompette ^ 
gourde-massue).  —  Le  Concombre  sauvage  (Ecbalium  agreste)  croît  spontanément 
dans  le  midi  et  dans  l'ouest  de  la  France;  son  fruit  s'ouvre  par  la  séparation  du  pédoncule,  et 


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348  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

lance  avec  élaslicité  les  graines,  accompagnées  d^un  suc  mucilagineux  :  ce  suc  est  un  violent 
purgatif.  LcPandipave  ou  Papareh  {Momordica  charantia)  est  une  Plante  des  Indes,  à 
feuilles  palmilobëe^,  dentées,  à  fruits  oblongs,  abguleuz,  tubercules.  Ses  feuilles  infusées  dans 
rhuile  sont  en  grand  renom  comme  vulnéraires. 


PANDIPAVB. 

(Afomordiea   eharantiaj) 

Parmi  les  autres  Cucurbitacées,  cultivées  comme  Plantesd'agrément,  nous  citerons  TAngurie 
DB  Makoy  (Anguria  Makotfana)  (PI.  XXV),  Espèce  nouvellement  introduite  dans  nos  serrts 
chaudes;  la  tige,  muniedo  vrilles  simples,  grimpe  le  long  des  vitraux,'et  ses  feuilles  larges  et  tri- 
lobées abritent  les  Plantes  de  Tititérieur;  elles  sontcouverles,  comme  toute  la  Plante,  de  poils  mou», 
blancs;  les  fleurs  forment  de  nombreux  épis-capitules  d'un  vermillon  orangé.  —  L'Anguink 
A  FRUITS  EN  SERPENT  {Trichosanthcs  colubrina)  est  aussi  une  Cucurbilacée  exotique  de 
l'Amérique  méridionale;  la  tige  est  munie  de  vrilles  bifurquées;  les  feuilles,  dont  le  diamètre 
est  d'un  pied,  sont  cordiformes,  à  5  ou  5  lobes  ;  les  fleurs  sont  disposées  en  corymbe  ;  la  corolle 
est  blanche  et  ses  lanières  sont  bordées  d'une  frange  de  longs  cils  :  c'est  ce  qu'indique  le  nom 
du  Genre  Trichosanthes^  signifiant  en  ^vec  fleur  poilue. 

Famille  CCXlX^  —  BÉGONIAGÉES.  —  Cette  petite  Famille  se  compose  du  Genre 
unique  Bégonia:,  dédié  par  Linné  à  Michel  Bégon,  promoteur  de  la  botanique,  qui  vivait  au 
dix-septième  siècle.  Herbes  de  la  région  tropicale,  à  feuilles  alternes,  stipulées.  Fleurs  mo- 
noïques. Périanlhe  pétaloïde,  à  tube  adhérent  avec  l'ovaire.  Ëlamines  nombreuses.  Ovaire 
infère,  triloculaire,  multiovulé.  Capsule  à  5  angles,  loculicide,  à  5  valves.  Plantuie  occupant 
Taxe  d'un  albumen  charnu.  —  Ces  Plantes  contiennent  de  l'acide  oxalique;  ce  qui,  joint  à  la 
présence  des  stipules  et  à  la  nature  du  périanthe,  les  rapproche  des  Ruinex.  On  en  cultive  de 
nombreuses  Espèces  dans  les  serres  d'Europe.  Nous  citerons  deux  des  plus  nouvelles  :  la 
Bégonie  a  fleurs  blanches  et  pourpres  (i^e^onta  a/6o-cocctnea),  est  originaire  de 
rinde  orientale;  les  pétioles  rouges  portent  des  feuilles  peitées;  les  fleurs,  disposées  en  panicule 
lâche,  se  composent  de  4  sépales  inégaux,  dont  les  deux  extérieurs  sont  amples,  d'un  pourpre 
écarlale  en  dehors,  et  d'un  olancrose  en  dedans;  les  deux  intérieurs  sont  étroits,  blancs  ou  roses. 
—  La  Bégonie  a  fleurs  cinabre   (C  Bégonia  cinnabarina)  (PI.  XXII)  nous  vient  de  la 


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BÉOONIAGÉES.  3'^9 

Bolivie,  ses  feuilles  sont  courtcment  pëtioldes,  ovales,  lobées;  les  fleurs  et  les  pcdicelles  olFront 

la  leintc  de  la  capucine,  relevée  d'un  nflet 
,      .   _  d'un  rouge  cinabre. 

Famille  CCXX«.— DATISCÉES. 

—  Plantes  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale, à  fleurs  ordinain-ment  diclines, 
apétales.  Calyce  adhérent  à  l'ovaire,  h  ^-5 
divisons.  Élaniines  A  ou  15.  Ovaire  nni- 
luciilaire,  béant  au  sommet,  à  pjaccntairi's 
pariétaux;  albumen  charnu.  Tige  I  gneuse 
ou  herbacée.  Feuilles  alternes,  imparipen- 
^  nées  ou  penniséquées.  —  Le  Datisca  can- 
nabina  est  une  herbe  amère,  laxaiive  et 
ëmétique. 

Famille  CCXXIp.  —  PODOSTÉ- 
MÉES,  —  Girnctère  du  Genre  type  Po- 
dostemon  :  Uerbe  d'Amérique  et  de  Ma- 
dagascar, submergée,  à  feuilles  alternes, 
découpées-capillaires.  Fleur  pourvue  d'une 
spalhe.  Périanthe  de  2  bractées  collatéra- 
les. Filet  unique  à  2  branches  portant  cha- 
cune une  anthère.  Ovaire  biloculaire  plu- 
riovulé.  Gapsule  bivalve.  Albumen  nul. 

Famille  GCXXII'.  —  LAGISTÉ- 
MÉES.  —  Garaclère  du  Genre  type 
Lacistema  :  Arbres  ou  arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale ,  à  fleurs  en  chatons 
fascicules,  munies  chacune  d'une  bractée 

BiaORIB   A   FLBQRS   BLAPICUU    BT  P0VBPBB8.  ^JJL  ,  Jt     t  rkJt*         tl. 

^Bégonia  cwjcinea.)  ct  do  deux  bracléolfS.  Périanthe  minime, 

4-partit;  disque  hypogyne.  Une  étamine 
h  (jlet  bifurqué  portant  2  anthères.  Ovaire  uniloculaire  plqriovulé,  à  placentaires  pariétaux. 
Gap-ule  à  3  valves  placentifères.  Graines  albumim^es,  à  radicule  supère. 

Famille  CCXXllïv  —  EMPÊTRÉES.  -^  Caractère  du  Genre-type  Empetrum  : 
Arbrisseaux  de  l'Europe  et  do  l'Asie  boréale,  couchés,  rameux ,  à  feuiMes  alternes  ra^las^ées, 
linéaires,  à  fleurs  axillaires,  folilaircs,  sessiles,  polygames.  Calyce  à  5  sépales.  Pétales  hypo- 
jîynes  3.  Elaniines  3.  Ovaire  assis  sur  un  di-qiie  charnu,  è  6^-9  Ipges  uuiovulées.  Drupe  à 
6-9  noyaux.  Graines  albuminées;  radicule  infère. 

Famille  CCXXIV".  -  EUPHORBUCÉES. 

CARACTÈRE.  —  Fleurs  dicUnes,  et  souvent  apérianthées.  Sépales  libres  ou  soudés,  à 
jjréfloraison  ordinairement  valvaire.  Pétales  libres,  à  préfloraison  contournée.  Étamines 
définies  et  indéfinies.  Ovaire  ordinairement  à  3  loges  i'2-ovulées,  à  carpelles  soudés  avec 
un  axe  central  stylifère,  —  Fruit  capsulaire  à  épicarpe  sec  ou  charnu^  se  séparant  en  co- 
ques, qui  se  détachent  de  l'axe  central  persistant.  Graines  pendantes;  plantule  dicotylédo- 
néCy  droite,  dans  l'axe  d'un  albumen  champ. 

Cette  famille,  très-variée  et  cependant  très -naturelle,  se  rapproche  des  Rhamnées,  des 
Rutacées,  des  Juglandées  et  des  Burséracées  ;  la  structure  de  son  fVuit  rappelle  celui  des 
Malvacées.  La  grande  majorité  des  Euphorbiacées  habite  TAmériqtie  équatoriale. 

ESPÈCES  PRINCIPALES.  —  La  plupart  des  Espèces  sont  pourvues  d'un  suc  laiteux 
très-âcre  et  souvent  vénéneux  ;  ce  sue  contient  souvent,  outre  les  principes  acres,  une  ré- 
sine élastique  particulière,  et  quelquefois  un  principe  colorant.  Les  graines  sont  huileuses;  la 
racine  est  quelquefois  féculcntp. 


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350  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  Euphorbes  [EujtJiorbia)^  Genre  monoïque,  type  de  la  Famille,  offrent  un  port  très- 
variable  :  quelques-unes  ont  une  tige 
charnue,  anguleuse,  portant  des  épines  à  la 
place  de  feuilles,  comme  celle  des  Cierges, 
de  la  Famille  des  Cactées;  les  autres  ont 
une  tige  et  des  feuilles  normales.  Ce  sont 
les  premières  [Euphorbia  antiquorum,  Ca- 
nariensiSy  officinarum),  Espèces  de  TAfri- 
que,  de  T  Arabie  et  de  Tlnde,  qui  fournissent 
par  incision  une  gomme  résine,  nommée 
Euphorbe,  dangereusement  pui^ative,  et 
employée  à  Textérieur  comme  vésicante. 
Plusieurs  Euphorbes  cactiformes  sont  cul- 
tivées comme  plantes  d'ornement;  telles 
sont  :  VE,  mêloniforme  (E,  melonifor- 
mis)  du  Cap,  masse  presque  ronde,  verte, 
ayant  Taspect  d'un  Echinocactus;  TE.  tête 
DE  Méduse  (E.  caput  Medusœ),  Plante 
globuleuse,  émettant  en  tous  sens  des  ra- 
meaux charnus,  divisés  au  sommet.  L'E. 
Brillante  (E.  splendens)  (PI.  XXIV), 
est  un  arbuste  des  îles  Mascareignes,  droit, 
à  tige  carrée,  munie  de  longues  épines;  les 
feuilles  sont  en  coin  et  tronquées  ;  les  pé- 
doncules sont  terminées  par  des  involucres 
„•;•<="'• ,  à  2  bractées  d'un  rouge  éclatant. 

[Rietnuê.)  ° 

Le  Genre  Mercuriale  [Mercurialis) 
est  dioîque  ;  les  M.  annua  et  perennis ,  Plantes  indigènes,  sont  drastiques  ;  on  ne  les  emploie 
que  sous  forme  de  lavement.  L'Arbre  aveuglant  (Excœcaria  agallocha),  des  îles  Molu- 
ques,  contient  un  suc  tellement  acre,  que  s'il  en  tombe  une  goutte  dans  les  yeux,  on  risque  de 
perdre  la  vue  :  c'est  ce  qu'ont  éprouvé  des  matelots  qu'on  avait  envoyés  à  terre  pour  y 
couper  du  bois. 

LcMancenillier  [Hippomane  Mancinella)  est  un  bel  arbre  de  l'Amérique  intertropicale, 
renommé  pour  ses  propriétés  vénéneuses.  Si  l'on  en  croit  les  récits  des  gens  qui  viennent  de 
loin,  rimprudent  qui  s'est  endormi  sous  son  ombrage  ne  se  réveille  plus;  la  pluie  qui  tombe 
sur  la  peau,  après  avoir  coulé  sur  ses  feuilles,  y  produit  l'effet  d'un  vésicatoire.  Ces  faits  n'ont 
jamais  été  bien  constatés,  et  l'expérience,  tentée  par  de  courageux  voyagcui^,  n'a  donné  au- 
cun résultat;  «  ce  qui,  comme  l'observe  M.  Ad.  de  Jussieu,  ne  décide  pas  la  question,  ainsi 
que  tout  résultat  purement  négatif  :  le  principe  qui  donne  ces  propriétés  étant  ordinairement 
volatil,  il  est  clair  que  l'atmosphère  du  Mancenillier  pourra,  suivant  les  diverses  circonstances 
météoriques,  eu  être  chargée  à  divers  degrés.  »  Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que,  dans  certaines 
contrées,  on  ne  le  fait  abattre  que  par  les  criminels,  et  qu'une  goutte  du  suc  laiteux  posée  sur 
la  peau  y  produit  l'effet  d'une  brûlure  et  soulève  une  ampoule  pleine  de  sérosité.  Les  indi- 
gènes, avant  de  connaître  les  armes  à  feu,  empoisonnaient  leurs  flèches  en  les  trempant  dans 
ce  suc.  Le  fruit,  qui  est  drupacé,  a  la  forme,  la  couleur  et  l'odeur  d'une  pomme,  et  semble 
inviter  à  le  cueillir  le  voyageur  inexpérimenté.  Si  celui-ci  se  laissait  séduire  par  ses  vives 
couleurs  et  son  parfum  suave,  il  périrait  au  milieu  des  plus  affreuses  douleurs;  mais  cet  acci- 
dent est  peu  à  craindre,  parce  que  le  premier  contact  du  fruit  brûlerait  les  lèvres  de  l'igno- 
rant, et  l'avertirait  du  danger. 

Le  Sablier  élastique  [Hura  crépi  tans)  est  un  arbre  américain  à  capsule  ligneuse. 


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ELPHOUBiAGÉES.  351 

composé  de  12-18  coques,  qui,  en  se  desséchant,  s'ouvrent  subitement  par  le  dos  en  2  valves, 
se  détachant  élastiquement  de  Taxe,  et  font  entendre  un  bruit  semblable  à  un  coup  de  pisto- 
let; la  capsule,  après  cette  déhiscence,  des- 
séchée et  criblée  d'ouvertures,  peut  servir 
de  sablier.  Le  Siphonia  elastica,  arbre  de  la 
Guyane,  est,  de  tous  les  végétaux  connus, 
celui  qui  fournit  le  plus  abondamment  la 
résine  élastique,  nommée  caoutchouc^  de- 
venue aujourd'hui  Tobjet  d'un  commerce 
considérable.  Ce  suc  laiteux,  obtenu  par  des 
incisions  faites  au  tronc,  se  prend  à  Tair  en 
une  masse  tenace,  très-élastique  ;  ou  l'ap- 
plique couche  par  couche,  tandis  qu'il  est 
encore  fluide,  sur  des  moules  .de  terre  qui 
lui  donnent  la  forme  d'une  bouteille,  et  que 
Ton  brise  ensuite. 

Le  Genre  Manioc  (Manihot)  renferme 
deux  Espèces  impoi-tantes,  que  l'on  cultive 
en  Amérique  à  cause  de  leur  racine  fécu- 
lente. Celle  du  Manioc  doux  (M,  Aipi) 
se  mange  cuite  sous  la  cendre  ou  dans  Teau 
comme  les  pommes  de  terre,  et  les  animaux 
peuvent  la  manger  crue  jI^Manioc  amer 
(M.  utilissima)  contient  dans  sa  racine  un 
suc  chargé  d'acide  cyanhydrique,  ou  d'un 
corps  pouvant  facilement  se  transformer 
en  cet  acide,  qui  est,  comme  nous  Tavons 
mancbmllieh.  dit,  le  plus  violent  de  tous  les  poisons.  Mais 

sa  volatilité  permet  aux  habitants  de  TA- 
mérique  de  se  nourrir  impunément  des  matières  amylacées  qui  raccompagnent;  elles 
portent,  suivant  leur  mode  de  préparation,  le  nom  de  couaque,  cassave,  moussache  ou  ci- 
pipa^  tapiokay  etc.  Le  couaque  se  prépare  avec  la  racine  râpée,  mise  en  presse,  séchée  et 
tamisée,  puis  légèrement  torréfiée  sur  des  plaques  de  fer;  il  se  gonfle  considérablement  dans 
l'eau  ou  le  bouillon  ;  la  cassave  se  prépare  de  la  même  manière,  mais  on  ne  fait  pas  sécher 
la  pulpe  râpée,  on  l'étend  sur  une  plaque  de  fer  chauffée:  la  fécule  et  le  mucilage,  en  cuisant 
ensemble,  lient  toutes  les  parties  de  la  pulpe,  et  en  forment  un  biscuit  solide,  que  les  créoles 
nomment /xim  de  cassave.  Le  cipipa  est  la  fécule  pure  du  Manioc,  qui  a  été  entraînée  par  le 
suc  de  la  racine  soumise  à  l'expression,  et  que  l'on  a  lavée  et  séchée  à  l'air.  Cette  même  fé- 
cule, chauffée  sur  des  plaques  de  fer,  se  cuit  en  partie,  et  s'agglomère  en  grumeaux  durs  et 
irréguliers,  que  l'on  nomme  tapioka.  Le  taptoka  est  en  partie  soluble  dans  l'eau  froide,  et 
forme  avec  l'eau  bouillante  un  empois  visqueux  et  transparent. 

Le  Ricin,  ou  Palma-Christi  (Ricinus  communis),  est  une  belle  plante  lierbacée  de 
l'Amérique,  de  l'Inde  et  de  l'Afrique,  cultivée  dans  l'Europe  méridionale  ;  ses  feuilles  sont 
larges,  palmifides,  à  8  ou  9  divisions.  Les  étamines  sont  nombreuses,  disposées  en  pinceaux 
très-rameux  ;  la  capsule  est  hérissée,  à  3  coques  ;  les  graines  fournissent,  par  expression. à 
froid,  une  huile  fixe,  soluble  dans  Talcool,  ce  qui  la  distingue  de  toutes  les  autres  huiles  ; 
elle  est  très-usitée  comme  médicament  purgatif.  —  Le  Croton  tiglium  a  des  graines  nommées 
grains  de  tillt/,  qui  contiennent  une  huile  unie  à  un  acide,  dont  l'action  est  si  énergique 
qu'une  ou  deux  gouttes,  prises  à  l'intérieur,  purgent  fortement.  ïl  suffit  nicme,  pour  obtenir 
cet  effet,  d'en  frotter  Tabdoiiien  :   cette  onction  détermine,   en  outre,  sur  la  peau,  une 


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352  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

violente  éruption  de  pustules,  qui  peut  quelquefois   contribuer  è  la  guérison  du  malade. 

La  cascarille  est  récoj*ce  d'un  arbrisseau  des  Antilles,  le  C raton  eluteria;  sa  saveur  est 
amère,  aromatique  ;  lorsqu'on  la  pulvérise  ou  qu'on  la  brûle,  elle  répand  une  odeur  agréable  ; 
elle  doit  sa  propriété  tonique  el  stimulante  à  Tuiiion  d'un  principe  amer  avec  une  huile  et 
une  résine. 

Le  Buis  (Buxus  seinperûirens)  appartient  à  la  Famille  des  Euphorbiacées  :  c*est  un  ar- 
buste haut  de  15  à  18  pieds,  dont  une  variété  est  cultivée  pour  bordure  dans  tous  les  jar- 
dins :  on  la  taille  très-souvent  pour  Tempécher  de  s'élever  et  de  fleurir.  Le  tissu  serré  et  ho- 
mogène du  bois  le  rend  précieux  pour  la  gravure,  et  c'est  au  Buis  que  sont  dues  les  figures 
intercalées  dans  le  texte  de  Touvrage  que  le  lecteur  a  sous  les  yeux  :  sur  une  tranche  bien 
polie  de  ce  bois,  le  dessinateur  trace  un  sujet  au  crayon  ;  puis  le  graveur  creuse  tous  les  points 
de  la  surface  qu'on  a  laissés  blancs,  de  sorte  que  les  traits  du  crayon  restent  en  relief;  et  le 
dessin  peut  être  mis  sous  presse  comme  un  caractère  d'imprimerie.  —  On  se  sert  des  feuilles 
du  Buis  à  là  place  du  Houblon  pour  donner  de  l'amertume  à  la  bière  ;  mais  cette  falsification 
est  dangereuse,  ei\  ce  qu'elle  donne  lieu  à  des  inflammations  intestinales. 

Famille  CCXXV». —  PÉRACÉES. —Caractère  du  Genre  type  i^mi  ;  Arbres  de 
l'Amérique  tropicale,  à  feuilles  alternes,  entières,  écdilleuses  en  dessous.  Fleurs  fasciculées, 
dioïques,apénanthées,  involucn^es.  Elamines  nombreuses,  bisériées,  entremêlées  d'écaillcs  plis- 
scies,  multifides.  Ovaires  4>,iitipi  lés,  à  5  loges  uniovulées,  devenant  chacun  une  capsule  à  Scoques. 

Famille  CCXXVP.  —  SCÉPAGÉ ES.  —  Caractère  du  Genre  type  Sw/)a/ Arbres  de 
rinde,  à  feuilles  alternes,  stipulées.  Fleurs  dioïques,  les  staminées,  eu  chaton,  à  périanlbc 
de  4  sépales  minimes,  membraneux,  à  k  étamines;  les  pistillées  en  grappes,  à  përianthe  de  6  sé- 
pales bîsériés;  àt)vaire  libre,  biloculaire;  à  ovules  géminés  collatéraux,  pendants,  couronnés 
chacun  par  une  lame  saillante  du  placentaire. 

Famille  CCXXVIÏ*.  —  ANTIDESMÉES.  —  Caractère  du  Genre  type  Antidesma: 
Arbres  de  Tlnde,  à  feuilles  alternes,  stipulées,  à  fleurs  dioïques,  on  épi.  Périanthe  5-5-partit. 
Etamines  2-3-5.  Ovaire  libre,  uniloculaire,  entouré  à  sa  base  par  un  disque  annulaire;  ovules 2, 
pendant».  Drupe  à  graine  unique,  albuminée. 

Famille  CCXXV1II«.—  SAURURÉES.  —  Herbes  aquatiques  ou  marécageuses,  à 
rhizome  vivace.  Feuilles  alternes,  simples,  à  pétiole  engainant,  rieurs  disposées  sur  un  spadice, 
enépisouen  grappes^  stamino- pisti liées,  apérianthées.  Etamines 5-5-6,  ou  plus.  Carpelles  3-6, 
plus  ou  moins  soudés,  en  un  ovaire  pluriloculaire;  ovules  ascendants,  droits.  Fruit  capsulaire , 
folliculaire  ou  bacciforme.  Planlulc  dicotylédonée,  pourvue  d'un  double  albumen,  1  externe 
farineux,  Tinterne  corné  ;  radicule  supèrc. 

LesSiururées  habitent  principalement  TAsie  tropicale,  le  Cap  et  l'Amérique.  Elles  se  rap- 
prochent des  Ptz>erac^es  p«r  leur  pétiole  engainant,  leurs  fleurs  apérianihées  et  leur  planlule 
anlitrope  à  double  albumen.  —  On  cultive  dans  les  jardins  le  Saururk  PBNcné  iSaururm 
cernuus),  Espèce  de  Virginie,  à  fleurs  blanchâtres  en  grappes  serrérs ,  penchées;  1  nouttuynia 
cordata,  du  Japon,  à  spadice  muni  d'un  involucre  blanc,  pélaloïde,  etc. 

Famille  CGXXIX«.  —  PIPÉRACÉES.  —  Caractère  du  Genre  type  Piper:  Fleurs 
disposées  en  épis  sur  un  spadice  allongé^  apérianlhées  ,  munies  chacune  d'une  bractée  peltée. 
Elamines  3  ou  plus.  Ovairç  uniloculairo,  uniovulé;  ovule  basilaire,  droit.  B.iie  à  une  graine. 
Plantule  dicotylé'lonée,  munie  d'un  double  albumen,  l'extérieur  ayant  l'arôme  du  Poivre, 
l'intérieulr  insipide.  —  Herbes  ou  sons-arbrisseaux  des  Tropiques,  pré.^entant  dans  leur  tige 
des  faisceaux  fibro-vasculaires  épars^  comme  chec  les  Monucotylédonées. 

Les  Pi péracées  doivent  leur  arôme  à  une  résine  molle,  acre,  à  une  huile  volatile  el  à  une 
substance  cristallisablô,  nommée /*//)mn^.  Le  Poivuier  [Piper  nigrum)  est  une  Plante  grim- 
pante, des  Indes  orientales;  ses  feuilles  cordiformes  ov.iles, luisantes  et  coriaces,  offrent  "ï  ner- 
vures principales,  les  fleurs  forment  des  épi-^  opposi^s  aux  feuilles;  le  fruii,  cueilli  avant  la 
maturité,  séché  et  pulvérisé,  est  le  Poivre  noir,  épice  connue  en  Europe  depuis  les  conquêtes 
d'Alexandre;  le  \vn\i  mùv  àonn^  \q,  poivre  blanc  ;  on  préfère  ce  dernier  pour  le  service  des 
tables  ;  le  second  est  employé  en  médecine  comme  stimulant  :  il  en  est  de  môme  du  Poivre 
cuBÈBR  (P.  cubeba)^  que  l'on  administre  dans  les  afl*ections  de  la  muqueuse  urétrale.  Le 
Poivre  long  est  l'épi  entier,  cueilli  avant  la  maturité,  du  Piper  longnm;  Icâ  jeunes  fruits  qui 


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BOULE  Ai,  Betula.  (liÉTUi.ACÉES.) 


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PIPÉRACÉES,  3Ô3 

le  composent  oui  une  saveur  erifcore  plus  brûlante  que  Celle  du  Poivte  noir.  Le  Poivre 
iiF.TEL  {P*  bétel)  a  des  feuilles  aromatiques  amères^  que  les  habitants  de  TAsic  équatortalc 
mêlent  avec  la  noix  d*Arecet  la  chaux  pour  former  le  masticatoire  dont  ils  font  un  usage  continuel  : 
ce  mélange  est  utile  pour  relever  les  forces  digestives  dans  ces  climats  chauds  et  humides;  mais 
son  abus  est  pernicieux  pour  la  santé.  L'A  va  [Piper  methysticum)  croit  dans  les  fies  tropi- 
cales de  Tocéan  Pacifique;  sa  racine,  mâchée,  et  mêlée  ensuite  avec  du  suc  do  coco,  forme  une 
boisson  très-^-enivrante  et  légèrement  narcotique. 

Famille  CCXXX».— GHLORANTHACÉES. —  Caractère  du  Genre  type  Chloran- 
thus  :  Plantes  herbacées  ou  sous -ligneuses  de  TAsie  tropicale,  à  rameaux  noueux  articulés,  à 
feuilles  opposées,  stipulées.  Fleurs  stamino-pistillées,  apérianthées,  en  épis  lâches,  assises  cha- 
cune sur  une  bractée.  Ktamines  5,  insérées  sur  Tovaire.  Ovaire  uniloi'ulaire;  ovule  unique,  pen- 
dant^ droit.  Fruit  drupacé.  Plantule  anlilrope.  albuminée. 

Famille  CCXXXI«.  —  CÉRATOPHYLLÉES.  -  Herbes  aquatiques  de  l'Europe  et  de 
l'Amérique  boréale^  à  rameaux  noueux-articulés,  à  feuilles  verticillées,  découpées  en  segments 
(ilifornics.  aigus.  Fleurs  monoïques,  sessiles  dans  rai>selle  des  feuilles.  Périanthe  nul;  invo- 
lucre  axiliaire^  multifide,  sessile.  Anthères  nombreuses,  sessiles.  Ovaire  unique,  uniloculaire; 
ovule  unique  pendant,  droit.  Nucule  coriace,  aiguillonnée  à  sa  base.  Plantule  à  k  cotylédons 
vcrticillés,  dont  2  ovales  et  2  linéaires. 

FAMILLES  CONSTITUANT  LA  CLASSE  DES  JULIPLORES. 

Les  Jiili flores  (ainsi  nommées  du  mot  latin  iulus,  qui  signifie  chaton  de  Coudrier),  compre- 
naient autrefois  deux  grandes  Familles,  les  Amentacées  et  les  Urticées^  qui,  aujourd'hui,  en 
forment  un  plus  grand  nombre  j  elles  ont  pour  caractère  commun  :  Feuilles  ordinairernertt 

alternes  ;  fleurs  ordinairement  dielineSf 
disposées  en  chatons  ou  agglomérées  sur 
des  réceptacles  communs  ;  périanthe  simple 
calycoîde^  souvent  nul  et  remplacé  par  des 
bractées,  —  Les  Urticées  ont  été  divisée» 
en  Cannabinées,  Urticées,  Celtidées^  Ar- 
tocarpées:  les  Amentacées  ont  été  divisées^ 
en  Platanées,  Balsamifluées,  Salicinées, 
Juglandées  ,  Cupulifères ,  Bétulinées^ 
Myricées  et  Casuarinées.  Nous  allons  dé- 
crire succinctement  ces  Familles. 

Famille  CCXXXIK- CANNABÏ- 
NÉES. — Fleurs  dioïques.  Périanthe  des 
fleurs  staminées  calyciforme,  périanthe 
dns  pistillées  réduit  à  une  bractée.  Ovaire 
uniloculaire,  à  2  style*;  ovule  unique  pen- 
dant, courbe.  Nucule  ou  pkène.  Plantule 
exalbuminée,  recourbée.  Tige  herbacée 
feuilles  stipulées,  opposées,  ou  les  supé- 
rieures  alternes.  —  Les  Genres  Chanvre 
(Cannabis)  et  Houblon  [Humulus)  com- 
posent celte  petite  Famille. 

Le  G  H  A  N  v  R  E  (Cannabis  saliva) ,  origi- 

nairc  de  Perse,  a  dos  feuilles  à  segments 

|)almés  et  dentés.  L'individu  qui  porte  les 

"ZXT»pu7u7i  fleursslaminéescsl plusgrèle,  et  sedessèche 

plus  vile  que  celui  qui  porte  des  graine?; 
3n  lui  donne  vulgairo.n'.ent  le  nom  de  Chanvre  femelle.  L'individu  qu'on  appelle  Chanvre 
mule,  est  celui  dont  on  met  en  œuvre  les  libres  corticales,  après  les  avoir  séparées  des 
fibres  ccnUalcs   par  une   macération    prolongée  dans    Peau  :  ces  fibres  corticales  servent  à 


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3»  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

préparer  ta  filasse  y  dont  od  fabrique  la  toile  et  les  cordages.  Les  graines  du  Chanvre, 
nommées  chénevis,  contiennent  une  huile  fixe,  que  Ton  emploie  pour  la  fabrication  du  favon 
noir  et  pour  Téclairage.  —  Le  Houblon  {Humulvs  lupulus)  a  une  tige  volubile,  anguleuse, 
des  feuilles  en  cœur,  lobées;  son  akène  c^t  recouvert,  ainsi  que  le  caïy ce- bractée,  de  glandes 
globuleuses  jaunes,  contenant  une  substance  aromatique  et  amère,  nommée  Lupuline,  Le 
Houblon  et  le  Chanvre,  quoique  d*aspect  différent,  se  rapprochent,  non-seulement  par  leurs 
organes  floraux,  mais  aussi  par  la  ténacité  de  leurs  fibres,  et  le  suc  amer-narcotique  qu'ils 
contiennent.  La  Lupuline  du  Houblon  donne  à  la  bière  une  qualité  légèrement  narcotique  aui 
la  fait  rechercher  par  les  gens  du  Nord,  tandis  que  k's  habitanls  de  TAsie  tropicale,  épuisés  par  des 
délices  immodérées,  trouvent  dans  le  Chanvre  une  substance  qui  leur  procure  une  ivresse  joyeuse 
et  des  rêves  agréables.  Cette  substance,  nomnii'e  en  Orient  cherris^  est  une  sorte  de  résine  glo- 
tineuse,  qui  exsude  de  glandes  placées  à  la  surface  de  la  tige  et  des  feuilles.  On  se  la  procure, 
soit  en  pressant  la  plante  pilée  dans  une  toile  grossière  qui  retient  la  résine  entre  ses  mailles, 
soit  en  faisant  courir  dans  des  champs  de  Chanvre  des  hommes  couverts  d'un  vêtement  de  cuir, 
qui  enlèvent  la  résine  en  se  frottant  contre  les  tiges  de  la  Plante.  Ce  principe,  plus  narcotique 
et  plus  dangereux  encore  queTOpium,  est  la  base  d'une  préparation  grasse,  composée  a  vecles 
feuilles  du  Chanvre,  et  nommée  kachich  chez  les  Arabes. 

Famille  CCXXXllh  — URTICÉES.  — Fleurs  monoïques,  ou  dioïques,  ou  polygames. 
Férianthe  souvent  nul.  Élamines  4-5,  opposées  aux  sépales.  Ovaire  uniloculaire,  à  ovule  unique, 
droit,  dressé,  devenant  un  akène.  Plantule  dicotylédonée  droite,  dans  Taxe  d'un  albumen 
peu  abondant.  Tige  ordinairement  herbacée  ;  feuilles  stipulées. 

Les  Genres  Ortie  {Urtica)  et  Pariétaire  (Panetaria)  sont  les  principaux  de  cette 
Famille.  — L'Ortie  brûlante  [Urtica  urens)  est  une  petite  Plante  commune  dans  les 
lieux  cultivés,  couverte  de  poils  brûlants  (de  là  le  nom  à''urtica).  Les  anciens  médecins  fouet- 
taient leurs  malades  avec  la  plante  fraîche  pour  irriter  la  peau,  et  produire  une  révulsion  salu- 
taire; ce  traitement,  nommé  wr/tca^ion,  est  aujourd'hui  peu  usité.  —  LaGBA^DB  Ortie 
{Urtica  dioïca]  n'est  plus  employée  en  médecine,  mais  elle  constitue  un  bon  fourrage  pour  les 
vaches  laitières,  et  ses  feuilles  sont  mangées  à  la  manière  des  Épinards.  —  L'Ortie  coton- 
neuse (Urtica  nivea)  est  une  Espèce  vivace  de  la  Chine,  à  feuilles  d'un  blanc  de  neige  en 
dessous;  les  fibres  de  la  tige  sont  mises  en  œuvre  par  les  Chinois  pour  fabriquer  des  étoffes.— 
La  Pari  et  a  IRE  (Parietaria  officinalis)  est  commune  le  long  des  haies  et  dans  les  fentes  des 
murailles;  elle  contient  une  quantité  notable  de  nitre,  ce  qui  la  fait  employer  comme  diu- 
rétique, en  décoction  et  en  applications  externes.  Ses  étammes  sont  irritables,  autant  que  celles 
de  l'Epine-vinette  :  si  l'on  effleure  légèrement  avec  la  pointe  d'une  aiguille  les  filets  qui  sont 
enroulés  en  dedans,  on  les  voit  se  dérouler  et  se  roidir  subitement,  et  l'anthère,  qui  était 
inclmée  au  fond  de  la  fleur,  se  redresse  pour  lanccîr  un  petit  nuage  de  pollen.  Les  Orties  pré- 
sentent la  même  particularité. 

FamillbCCXXXIV*.  — CELTIDÉES.  —  Arbres  ou  arbrisseaux,  à  feuilUs  alternes, 
."Stipulées.  Fleurs  ordinairement  stamino-pistillées.  Périanlhe  5-parlit.  Etamines  5,  périgynes, 
opposées  aux  sépales.  Ovaire  libre,  uniloculaire,  uniovulé  ;  ovule  pendant,  courbe;  2  stigmates, 
brupepeu  iharnuo. Plantule  entourant  un  albumen  charnu  peu  abondant. — Le  Micocoulier 
»u  Midi  [Celtis  australis)  est  un  arbre  de  50  à  60  pieds,  à  feuilles  duvetées  en  dessous,  dont 
le  bois,  presque  incorruptible,  est  très-recherché  par  les  ébi  nistes. 

Les  Ulmacées,  dont  le  Genre  type  est  I'Orbie  (Ulmus),  et  que  l'on  réunit  aux  Cellidées,  ont 
pour  caractère  :  Fleurs  fasciculées,  stamino-pistillées;  périanlhe  4-5-fide  ;  etamines  périgynes, 
opposées  aux  sépales,  et  en  nombre  égal;  pistil  de  2  carpelles  cohérents  en  un  ovaire  à  une  ou 
2  loges  uniovulées;  fruit  samaroïde  ou  capsulairc;  graine  inverse;  plantule  dicotylédonée,  ex- 
albuminée; tige  ligneuse;  feuilles  alternes,  stipulées.  —  L'Orme  (Ulmus  campestris)  esi v^ 
arbre  commun  sur  les  routes,  dans  les  villages  et  les  buis  peu  élevés;  son  écorce,  contenant  un 
iiiiicilage  abondant^  amer  et  astringent,  était  autrefois  employée  comme  tonique. 

Famille  CCXXXV«.  —  MORÉES.  —  Les  Genres  Mûrier  (yVorws),  F i gui erjFM. 
Dorsténia  (Borslénia),  etc.,  qui  composent  cette  Famille,  sont,  malgré  la  diversité  do  lejir 
iiiflore.scencc,  très-naturellement  associés,  à  cause  de  la  similitude  de  leur  fleur  et  de  leur  fruit. 
L'ovaire  est  uni  biloculuire,  à  ovule  unique,  pendant,  courbe;  le  fruit  est  un  akène  ou  unuln- 
cule,  et  la  graine  est  albuminée;  les  feuilles  sont  alternes,  stipulées;  la  tige  est  généralement 
ligneuse.  —  Les  Mûriers  sont  monoïques,  leurs  fleurs  sont  en  épis  distincts;  le  périanlhe 
^-partit  porte  k  etamines  opposées  à  ses  lobes;  l'akène  est  enveloppé  par  les  sépales,  devenu:* 


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MORÉES.  355 

succulents  à  la  maturité;  et  I  ensemble  de  ces  calyces,  gonflés  de  suc,  forme  le  fruit  collectif 
qu'on  nomme  la  mûre.  Le  Mûrier  noir  {M.  nigra),  qui  s'est  naturalisé  en  Europe,  est 
originaire  delà  Perse;  le  Mu  ri  br  blanc  {M.  alba)  dKTère  du  précédent  en  ce  qu'il  est  plus 
petit ,  et  que  ses  fruits  sont  d'un  blanc  rosé,  et  insipides  ;  il  est  originaire  de  la  Chine  ,  où  on  le 
cultive  pour  Téducation  des  rers  à  soie.  Deux  missionnaires  grecs,  envoyés  secrètement  en 
Chine  par  l'empereur  Justinien,  rapportèrent  à  Constantinople  des  graines  de  Mûrier  et  des 
œufs  de  vers  à  soie;  la  culture  du  Mûrier  se  répandit  bientôt  dans  le  Péloponèse ,  qui  en  reçut 
son  nom  moderne  de  Morée;  de  là,  les  Mûriers  et  les  vers  à  soie  passèrent  en  Sicile;  puis,  à  la 
suite  des  f^uerres  que  les  Françiis  soutinrent  en  Italie  pour  la  conquête  du  royaume  de  Naples, 
l'arbre  et  l'insecte  qui  s'en  nourrit  furent  introduits  dans  le  midi  de  la  France,  oiï  le  Mûrier 
blanc  est  aujourd'hui  presque  naturalisé,  grâce  à  Charles  VIll,  à  Henri  IV,  et  surtout  au  grand 
ministre  Colberl. 

Le  Mûrier  a  papier  (Broussonetia  papyri fera)  e^i  un  arbre  dioïque,  originaire  de  la 
Chine  et  des  lies  de  la  mer  du  Sud,  cultivé  aujourd'hui  dans  tous  les  jardins;  ses  feuilles  se 
font  remarquer  par  la  diversité  de  leurs  formes;  elles  sont  irrégulièrement  lobées  dans  leur 
jeunesse,  et,  plus  tard,  elles  deviennent  cordiformes,  entières;  le  fruit  se  compose  d'akènes 
portés  «ur  des  gynophores  charnus;  l'écorce  fibreuse  de  la  tige  sert  à  fabriquer  le  papier  de 
Chine  :  c'est  aussi  avec  cette  écorce  que  les  insulaires  préparent  une  toile  non  tissue,  dont  ils 
se  font  des  vêtements. 

On  cultive  dans  les  jardins  d'Europe  le  Maclura  épineux  [Maclura  aurantiaca)^  bel 
arbre  diolque  de  la  Louisiane,  dont  les  feuilles  peuvent  nourrir  les  vers  à  soie;  son  bois, 
d'un  jaune  brillant,  est  très-élastique,  et  les  Indiens  l'emploient  à  faire  des  arcs;  le  fruit 
est  jaune  orangé  et  de  qualité  médiocre;  les  guerriers  indiens  se  peignent  la  face  avec  son  suc 
pour  se  donner  un  air  plus  terrible. 

Les  Figuiers  sont  des  arbres  à  fleurs  très-petites  ,  renfermées  dans  un  réceptacle  charnu ,  en 
poire,  muni  à  sa  base  de  quelques  bractées  écailleuses,  et  fermé  à  son  orifice  par  des  écailles 
(fig.  68);  les  fleurs  sont  fixées  par  un  pédicelle  à  la  paroi  interne  du  réceptacle;  quelques 
Espèces  sont  dioïques;  mais,  dans  la  plupart,  les  fleurs  supérieures  sont  staminées  et  les  infé- 
Heures  pistillées^  les  staminées  ont  un  périanthe  tripartite  et  5  étamines ,  les  pistillées  ont  un 
périantheà  5  lobes;  les  akènes  sont  enfoncés  dans  la  pulpe  du  réceptacle  commun.  Le  Figuier 
COMMUN  (Ficus  carica)  a  des  feuilles  en  cœur,  à  5  lobes,  arrondis,  palmés;  le  réceptacle, 
nommé  figue,  est  employé  comme  aliment  et  comme  médicament.  —  Le  Figuier  a  été  apporté 
d'Orient  à  Marseille  par  les  Phéniciens,  six  cents  ans  avant  l'ère  chrétienne.  On  le  cultive 
maintenant  dans  toute  la  région  méditerranéenne. 

Le  Figuier  commun  laisse  découler,  par  incision  de  son  écorce,  un  suc  laiteux,  acre,  caus- 
tique, contenant  une  notable  quantité  de  caoutchouc  ;  celui  des  Figuiers  des  régions  tropicales 
en  contient  bien  davantage  :  tels  sont  le  Figuikii  élastique  (Ficus  elasiica),  le  Figuier 
DES  Banians  (Ficus  indica) ,  le  Figuier  des  Pagodes  (Ficus  religiosa),  Cesdernières 
Espèces  forment  de  grands  arbres  toujours  verts,  dont  Içs  rameaux  descendent  vers  le  sol  et  s'y 
enracinent  ;  bientôt  de  ces  racines  s'élèvent  de  nouveaux  troncs  qui  produisent  des  jets  propres 
à  s'enraciner.  Ces  rameaux,  enfants  d'un  seul  et  même  arbre ,  s'étendent  ainsi  d'arcade  en 
arcade  sur  un  vaste  terrain,  et  y  établissent  çà  et  là  de  verdoyantes  colonies,  qui  se  suffisent  à 
elles-mêmes,  sans  cesser  de  communiquer  avec  la  mère-patrie. —  Le  Fraisier  nous  offre  en  petit 
le  même  mode  de  végétation. 

Les  arbres  indiens  dont  nous  venons  de  parler  nourrissent  un  insecte  hémiptère  du  même 
genre  que  la  Cochenille  ^  le  Coccus  lacca  :  les  femelles  qui  couvrent  en  grand  nombre  les 
branches  de  l'arbre,  laissent  exsuder  une  résine  particulière,  nommée  laque j  employée  pour  la 
fabrication  de  la  cire  à  cacheter  et  des  vernis. 

Le  Figuier  sycomore  (Ficus  sycomorus)  est  un  arbre  de  l'Orient,  dont  le  bois,  très- 
léger  et  incorruptible,  était  employé  par  les  anciens  Egyptiens  pour  faire  les  cercueils.de  leurs 
momies.  Son  fruit  est  très-estimé  chez  les  Arabes. 

Nous  citerons,  pour  terminer  l'histoire  des  Morées,  le  Genre  Dorstenia,  qui  appartient  à 
l'Amérique  tropicale;  il  diflere  des  Figuiers  en  ce  que  le  réceptacle,  au  lieu  d'être  conformé  en 

Foire,  ouverte  seulement  au  sommet,  est  étalé  et  peu  concave.  Le  Dorstenia  contrayerva,  que 
on  cultive  dans  les  serres  chaudes  d'Europe,  est  une  Plante  herbacée  à  feuilles  radicales 
pennifides,  à  réceptacle  lobé.  Le  Contrayerva  officinal  (/>.  Brasiliensis)  a  ses  feuilles 
ovales,  obtuses,  crénelées,  et  son  réceptacle  orbiculaire;  c'est  cette  Espèce  dont  la  racme  est 
employée  au  Brésil  contre  la  morsure  des  serpents  (  contrayerva  signifie  contre-poison). 

Famille  CCXXXVI*.  —  ARTOCARPÉES.  —  Cette  Famille  se  compose  d'arbres 
croissant  sous  les  tropiques,  à  suc  laiteux,  à  feuilles  alternes,  stipulées,  à  ovule  droit,  à  graine 


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366  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

sans  albumea.  ---  Ell^  doit  son  nom  nu  Genre  Artocarfms^  formé  de  deux  mois  grecs,  signifianl 
fruit-pain*  Le  Jaquiba  ou  Arbee  a  {»ain  [Artocarpus  incisa)  est  un  arbre  à  grandes 
feuilles  incisées,  4ont  le  fruit  collectif,  composé  d'ovaires  agglomérés  sur  un  réceptacle  charnu. 
Vit  gros  cuiuoi<e  la  tôte  d'uA  homme  :  les  habitants  de  TOeëunie  (rouvent  dans  ce  fruit  un  aliment 
:>aixi  et  abondant;  ils  le  coupent  par  tranches,  qu'ils  (but  rôlir  sur  des  charbons.  Les  Anglais 
ont  propagé  ce  Végétal  dans  toute  la  sooe  lorride.  -La  Colombie  pos>ède  un  autre  arbre  de  la 
même  Famille,  non  moins  utile  que  le  Jaquier:  c'est  TArba^  de  la  vachb  ou  Polo  de 
vc^cca  (Galaetodendron  utile),  qui  fournit  par  incision  une  énorme  quantité  d'un  liquide 
blanc  et  épaisi,  oilîrant  touU^s  les  propriétés  physiques  4m  n>eilleur  lait .  et  en  outre  une  odeur 
balsamique  Irès-agréable.  Sa  composition  chimique  diffère  de  celle  du  lait  animal  ;  lo  beurre  y 
«si  remplacé  par  la  cire,  lecaséum  par  une  substicce  azotée,  analogue  àia  fibrine  du  >ang;  le 
sérum  par  un  liquide  sucré;  mais  il  n'est  pas  moins  nourrissant  que  le  lait;  si  on  le  fait  éva- 
porer douceœeat  sur  le  feu,  il  se  convertit  en  une  sorte  de  frangipane,  et  la  partie  librineusc 
qui  s'épaissit  répand  Todeur  d'un  nioitreau  de  viande  qu'on  ferait  frire  dans  la  graisse.  — Ce 
i|u'il  y  a  de  très-r«marquable,  c'est  que  cet  arbre,  qui  a  plus  de  80  pieds  de  hauteur,  depuis 
la  racine  jusc^'à  la  naissance  des  branches»  crott  parmi  les  rochers  les  plus  arides  de  la  Cordi- 
llère américAïAe  :  ce  n'est  donc  pas  dans  le  sol,  mais  uniquement  dans  l'atmosphèi'e  qu'il  puise 
l'acide  carbonique  et  l'ammoniaque  éléments  constitutifs  des  principe?  azotés  et  hydrogénés,  si 
abondamment  contenus  dans  sa  sève. 

A  câté  du  Genre  Galaclodendron,  se  place  lePoHON  upas  {Ardiaris  toxicaria),  arbre  des 
Moluoues  et -des  Philippines,  dont  le  suc  laiteux  est  renommé  comme  un  des  plus  violents  |>oi- 
«008  au  Bègne  végétal  ;  les  naturels  y  trempent  leurs  flèches  pour  les  rondro  vénéneuses.  Nous 
l'avons  déjà  mentionné  (page  135)  en  faisant  l'histoire!  de  VUpas  tieuié,  qui  appartient  à  la 
Famille  des  Loganiacées. 

Famille  CCXXXVllv  —  PL  AT  ANÉES. -- Arbres  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  boréale 
tempérée,  à  épiderme  tombant  par  plaques.  Feuilles  alternes,  palmilobées^  stipulées;  bourgeons 
cachés  sous  la  base  concave  du  pétiole.  Fleurs  monoïques,  apérianthées ,  formant  des  chatons 
globuleux ,  compactes,  sans  involucre,  qui  se  composent  d'étamines  nombreuses  ou  de  pistils 
nombreux,  entremêlés  d'écaillés  en  massue.  Ovaires  1-2-ovulés;  ovule  droit.  Nucule  munie  à 
sa  base  de  polis  articulés.  Graine  albuminée.  —  Les  Platanées  se  distinguent  des  Batsamifluées 

fiar  l'absence  du  suc  balsamique,  des  Artocarpëes  par  l'absence  de  suc  laitcut  et  la  structure  de 
a  «raine. 

Le  Genre  Pl  atanb  (Plnianus),  qui  constitue  la  Famille,  se  compose  de  beaux  arbres^  dont 
le  majestueux  ombrage  a  été  célébré  par  les  prophètes  juifs  et  les  philosophes  du  paganisme. 
On  cultive  en  France  le  Platane  d'Obient  (P.  omw/«/is)  et  le  Platane  d'Occident 
(P,  occidental is)^  qui  vient  de  l'Amérique,  et  diffère  du  prccëdont  par  ses  feuilles  lobées  moins 
profondément  et  ses  chutons  plus  volumineux. 

Famille  GCXXXVIIK  —  BA  LgA Ml  FLUÉES. -.- Caractère  du  Genre  unique  Zi^Mf- 
dambar.  Fleurs  monoïques,  apérianthées,  en  chatons  subglobuleux  ou  coniques,  munis  d'un 
involucre  de  4  bractées.  Etamines  nombreuses,  cniremôlées  d'ecailles  menues.  Pistils  entre- 
mêlés  d'écaillés  accrescentes.  Ovaire  biloculaire,  pluriovulé;  ovules  courbes.  Capsules  incluses 
dans  les  écailles  cohérentes  et  endurcies  à  leur  sommet.  Albumen  peu  abondant.  —  Arbres 
élevés,  laissant  exsuder  de  leur  écorce  des  sucs  balsamiques  ;  feuilles  alternes,  stipulées  ;  fleurs 

paraissant  avant  les  feuilles On  connaît  trois  Espèces  de  Liquidambar  :  l'une  de  l'Asie 

mineure,  l'autre  de  l'Amérique  boréale  ,  et  la  troisième  do  l'tle  de  Java  et  de  la  G>chinchine. 
—  Le  Styrax  liquide^  baume  contenant  de  l'acide  benzoïque ,  et  employé  en  médecine,  pro- 
vient du  Liquidambar  d'O b i e n t  (I^iquidambar  orientale) . 

Famille  CCXXX1X^  —  SALIGINÉES.  —  Arbres  ou  arbrisseaux,  à  feuilles  alternes, 
stipulées.  Chatons  paraissant  avant  ou  avec  les  feuilles.  Fleurs  dioïques,  apérianthées,  naissant 
chacune  à  l'aisselle  d'une  bractée  écailleuse.  Ovaire  uniloculaire  à  placentaires  pariétaux  plu- 
riovulés;  ovules  ascendants,  réfléchis;  2  stigmates.  Capsule  à  2  valves.  Graines  minimes,  à 
funicule  épanoui  en  touffe  Inineuse;  plantule  exalbuminée. 

Les  Salicinëes comprennent  les  Genres  Saule  (Salix)  et  Peuplibb  (Populus).  Les  Saules 
sont  répandus  dans  les  lieux  humides  et  marécageux  de  tout  Thémisphère  boréal;  leur  écorce 
amère  contient  un  principe  particulier  (Salicine)  recommandé  comme  fébrifuge.  —  Les  Peu- 
pliers sécrètent  une  résine  balsamique  qui  enduit  les  écailles  de  leurs  bourgeons^  et  qu'on 
ismploie  en  médecine.  — Nous  citerons  parmi  les  Saules  le  S.  pleureur  [S,  bahylonica). 


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I.    UPAS  ANTFAR.   Avtiaris   Toxicaria, 
2.  ARBRE  A  LA  VACHE.  Golactodendron  utile,  (artocarpkes) 


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SALIGINEES. 


357 


Espèce  originaire  d'Orient,  cultivée  pour  décorer  lus  fontaines  et  les  tombeaux  ;  parmi  les  Peu- 
pliers, le  P*  p  Y  R  A  M I D  A  L  (P.  fasti- 
giata)^  originaire  de  P  Asie  mineure, 
d*où  il  passa  en  Italie  ;  il  n'y  a  pas 
encore  un  siècle  qu'on  le  cultive  en 
France.  Le  Peuplibr  tremble 
(P.  tremxUa)  est  un  arbre  à  feuilles 
deltoïdes,  plus  larges  que  longues, 
dont  le  pétiole  est  comprimé  laté- 
ralement, ce  qui  fait  s'agiter  les 
feuilles  au  moindre  vent. 

Famille  CCXL».  —  JU- 
GLANDÉES.  —  Caractère  du 
Genre- type  Noyer  [Juglanê]  : 
Fleurs  monoïques  ;  les  staminées  en 
chaton,  à  pénanthe  simple,  à  éla- 
mines    nombreuses;    les    pistillées 


SaI!LK    tfARCBil. 

(Chaton  ffmtUe.) 


Saitlb  Marckac. 
[Chaton  viAU.y 


solitaires,  ou  agglomérées  on  petit  nombre,  à  calyce  adhérent 
à  l'ovaire.  Ovaire  à  ovule  unique*  droit.  Drupe  peu  charnue  ; 
placentaire  épais,  d'où  émanent  k  lames  formant  des  cloisons 
incomplètes.  Graine  exalbuminée,  dont  les  lobes  sinueux  figu- 
rent le  cerveau  des  animaux  vertébrés.  — ^  Tige  ligneuse; 
feuilles  alternes,  pennées,  aromatiques,  sans  stipules  ;  fleurs 
précoces. 

LeNoYER  COMMUN  (Juçlans  regia)  est  originaire  de  la 

Perse  ;    son    fruit  est 

entouré     d'un     brou^ 

contenant  du  tanin  et 

une  huile  volatile  qu'on 

dissout     dans     l'alcool 

pour  préparer  une   li- 
queur   de     table;    sa 

graine  jeune,  nommée  Novir  coundk. 

cerneau,  et  s-a   graine  [Jugian*  regia.) 

mûre,  nommée  noix, 

sont  alimentaires;    on  en  relire  une  huile  fixe,  très^ 

siccative.  Les  feuilles  sont  aromatiques,  et  employées 

en  médecine. 

Famille    CCXLK   —    CUPULTFÈRES.    — 

Fleurs  monoïques,  les  staminées  en  chaton,  à  enveloppe 
florale  calyciforme  ou  bractéi forme  ;  les  pistillées  soli- 
taires ou  réunies  2-3,  dans  un  involucre,  les  involucres 
étant  solitaires  ou  groupés,  quelquefois  disposés  en 
grappe  ou  en  épi.  Périanthe  adhérent  à  l'ovaire.  Ovaire 
à  2-3-6  loges,  1-^-ovulées;  ovules  pendants,  réfléchis. 
Fruit  protégé  par  1  involucre  accrescent,  nommé  cupule 
(de  là  le  nom  de  la  Famille);  cupule  tantôt  foliacée 
(Charme^  Coudrier),  tantôt  coriace  [Hêtre y  Châtaianier), 
tantôt  lieneuse  [Chêne],  quelquefois  hérissée  d épines 
(Carp?'«."ïe"û/-..)  mollcs  [Hêtrc),  ou  piquantes  [Châtaignier).  —  Nucule 

uniloculaire  par  destruction  des  cloisons,  ordinairement 
uniséminée  par  avorlement.  Graine  exalbuminée.  —  Tige  ligneuse;  feuilles  alternes  stipulées. 

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358  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Les  Gupulifères  sont  les  arbres  les  plus  beaux  et  les  plus  utiles  de  nos  forêts;  elles  habitent 
surtout  rhémispbère  boréal.  Elles  se  distinguent  de  toutes  les  Juliilores  par  leur  involucre  et 
leur  ovaire  adhérent. 

Les  Chênes  doivent  être  placés  en  lêle  de  la  Famille;  leur  fruit,  nommé  gland,  est  enchâssé 
à  sfi  partie  inférieure  dans  une  cupule  formée  par  des  bractées  très-petites,  imbriquées  et 
soudées  ensemble.  Le  Chêne  commun  [Quercus  robur)  fournit  un  bois  précieux  pour  les 
constructions  qui  demandent  surtout  de  la  soliilité.  Son  écorce,  nommé  tan^  contient  des  prin- 
cipes astringents  (tanin  et  acide  gallique),  qui  la  rendent  utile  pour  durcir  le  cuir.  Son  gland^ 
riche  en  fécule,  mais  pénétré  d'un  principe- amer,. est  mangé  avidement  parles  pourceaux. 
1^  GHÊNR-LiécB  {Q.  suber]  croit  dans  les  provinces  méridionales  de  la  France  et  le  midi  de 
l'Europe  ;  c'est  la  partie  extérieure  de  son  écorce,  crevassée  et  spongieuse,  qui  fournit  la  sub- 
stance élastique  conrme  sous  le  nom  de  Itége,  Les  Quercus  liex ,  balloia^  œsculuSj  etc., 
qui  croissent  dans  la  ré^iim  méditerranéenne,  produisei^t  un  gland  exempt  d'amertume,  que 
I  homme  mange  avec  plaisir.  Le  Chêne  a  galles  [Quercus  infectoria)  crott  dans  rAsie 
mineure  :  un  insecte  liyménoptère  pique  le  pétiole  de  ses  feuilles  pour  y  dép«>ser  ses  œub;  les 
sucs  végétaux  s'extra valent  à  I  endroit  qui  a  été  piqué,  o!  y  forment  une  excroissance  ou  tumeur 
{noix  de  galle) ^  contenant  un  acide,  auquel  elle  a  donné  son  nom.  Si  Ton  infuse  des  noix 
de  gai  e  dans  de  Teau,  et  qu'on  dissolve  ensuite  dans  cette  eau  un  sel  de  fer  avec  excès  de  base, 
l'acjde  gallique  s'empare  du  fer  en  excès,  et  forme  avec  lui  'a  liqueur  nommée  enere. 

Le  Coudrier  [Coryllus  avellana)  donne  un  fruit  nommé  noisette  on  aveline,  contenant 
une  huile  fixe,  agréable  au  goût.  —  Le  Hêtre  (Fagus  sylvatica)  a  des  fruits  anguleux 
nommés  faînes^  dont  les  graines  sont  huileuses  et  sapides;  mais  si  on  en  mange  beaucoup, 
elles  causent  de  la  céphalalgie  et  des  vertiges.  —  Le  Charme  (Carpinus  bettdus)  est  cultivé 
pour  faire  des  charmilles,  et  son  bois  est  employé  dans  les  arts.  —  Le  Châtaignier  (Cas- 
tanea  vesca)  produit  des  graines  farineuses;  rinvolucre  renferme  ordinairement  3  pistils^  con- 
tenant chacun 6  ovules,  dont  cinq  avortent;  ces  fruits  sont  nommés  châtaignes.  Dans  la  variété 
cultivée,  rinvolucre  ne  renferme  qu'une  seule  nucule,  qui  alcfs  se  nomme  marron. 

Famille  CCXLIK  —  BÉTULTNÉES.  —  Cette  petite  Famille,  qui  comprend  les 
Aulnes  et  les  Bouleaux,  ne  se  distingue  de  celle  àesCupuliferes  que  par  l'absence  de  pénanthe 
pour  les  fleurs  pistilléos,  et  l'ovaire  libre.  Les  chatons  paraissent  en  automne,  et  se  développent 
au  printemps  avant  les  feuilles.  Nous  citerons  seulement  le  Betula  alba,  arbre  à  épiderme 
d'un  blanc  satiné,  à  rameaux  grêles,  à  feuilles  deltoïde^,  qui  est  d'un  effet  pittoresque  dans  les 
bois  montueux ;  et  I'Aulne  glutineux  (Alnus  glutinosa),  à  feuilles  glabres  et  d'un  vert 
sombre  en  dos>us,  pâles  en  dessous  et  pubescentes  à  la  bifurcation  des  nervures,  couvertes  dans 
leur  jeunes?e  d'un  enduit  collant.  Cet  arbre  habile  les  plaines  et  le  bord  des  eaux  courantes. 

Famille  CCXLllI*.  —  MYRICÉES.  —  Fleurs  mon«»ïquos  ou  dioïques,  en  chatons;  les 
staminés  filiformes,  les  p'slillés  ovoïdes.  Ovaire  uniloculaire,  à  ovule  unique  droit.  Drupe 
protégée  par  les  bracléoles  persistantes,  et  chargée  de  glandes  résineuses.  Graine  exalbuminée. 
Arbrisseaux  à  feuilles  alternes^  parsemées  de  points  résineux;  stipules  nulles  ou  fugaces; 
chatons  paraissant  avant  les  feuilles.  —  Le  Myrica  gale  croît  dans  les  lieux  marécageux  du 
nord  de  I  Europe  et  de  TAmérique,  ses  feuilles  odorantes,  jadis  employées  en  infusion  théi- 
forme,  sont  tombées  dans  l'oubli.  —  Les  M.  cerifera  et  pensylvanica,  de  l'Amérique  septen- 
trionale^ excrètent  de  la  surface  de  leur  fruit  une  cire  abondante  que  l'on  trouve  dans  le  coon- 
merce,  et  qu'on  vend  à  la  place  de  la  cire  des  abeilles. 

Le  Myrica  succulent  [Myrica  esculenta)  (PI.  XXIX),  est  un  arbre  de  l'Afrique  australe, 
que  l'on  cultive  depuis  quelques  années  dans  les  serres  d'Europe  ;  ses  feuilles  sont  lancéolées, 
glabres^  coriaces,  ses  fleurs  pistillées  donnent  naissance  à  des  fruits  d'un  rouge  vineux,  qui  de- 
vient pourpre  à  leur  maturité.  Ces  fruits  sont  succulents,  et  leur  saveur  agréable,  quoique  un 
peu  résineuse,  rappelle  celle  de  la  Mûre  rouge.  Cet  arbre,  intéressant  par  le  goût  de  son  fruit  et 
par  la  cire  qu'il  produit,  pourra  être  cultivé  dans  nos  possessions  d'Algérie. 

Famille  CCXLIV».  —  GASUARINÉES.  —  Genre  unique  Camirina  :  Fleurs  mo- 
noïques ou  dioïques;  les  staminées  en  épi,  à  périanthe  de  2  sépales,  à  étamine  unique;  les 
pistillées  en  capitule;  ovaire  uniloculaire,  à  ovule  unique  pendant;  caryopse  à  graine  exalbu- 
minée; arbres  à  rameaux  verticillés,  sans  feuilles,  noueux-articulés,  à  articles  engainants.  — - 
Les  Casuarina  habitent  la  Nouvelle-Hollande;  ils  offrent  l'aspect  des  Prêles  ou  d'un  Genêt 
sans  feuilles.  Ce  sont  des  arbrea  de  première  grandeur,  très- utiles  pour  les  constructions  navales. 
Leur  culture  réussit  très-bien  en  Algérie. 


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SAPINS  DE  NORVEGE.    Aùies  excelsn.  (abiktinkes. 


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COiNlFÈKES.  350 

FAMILLES  COMPOSANT  LA  CLASSE  DES  CONIFÈRES. 

Les  Conifères,  nommés  vulgairement  arbres  verts,  sont  des  Plantes  à  tige  ligneuse  résini- 
fère,  à  feuilles  ordinairement  persistantes,  tantôt  coriaces  et  effilées,  éparses,  ou  fasciculées^  ou 
verticillées^  tantôt  minimes  et  imbriquées^  quelquefois  élai^ies.  Les  fleurs  sont  diclines,  sans 
corolle,  sans  style,  sans  stigmate,  et  généralement  disposées  en  chaton.  Les  ovules  sont  droits, 
et  naissent  sur  un  disque  ouvert  ou  sur  des  bractées  ou  écailles  non  closes,  tenant  lieu  de 
feuilles  carpellaires.  Le  fhiit  tantôt  forme  un  strobile  sec  ou  bacciforme,  par  la  réunion  des 
écailles,  épaissies  et  souvent  endurcies  (Pin),  quelquefois  charnues  [Genévrier)]  tantôt  il 
offire  Tapparence  d'une  drupe  par  l'accroissement  du  disque  développé  en  cupule  succulente 
(ff).  Les  graines  sont  nues,  à  micropyle  béant  j  la  plantule,  dicotylédonée  ou  polycotylé- 
donée,    occupe  Taxe  d'un  albumen  charnu. 

Les  Conifères  ont  été  subdivisées  en  quatre  Familles:  CCXLV*,  Gnétacées;  CCXLVl', 
raxiné€s;(lCXL\\l',  Cupressinées ;  CCXLVl\l%  Abiétinées. 

ABÏÉTINÉES.  —  Cette  Famille  comprend  les  Genres  Pin,  Sapin,  Mélèze,  Cèdre, 
Cunninghamia,  Araucaria,  Dammara,  etc. 

Le  Genre  Pin  [Pinus]  est  monoïque;  les  chatons  à  étamines  sont  réunis  en  grappe  serrée  à 
la  base  des  jeunes  pousses  de  Vannée  -,  chaque  fleur  est  composée  d'une  anthère  à  deux  loges, 
placée  sous  un  connectif  bractéiforme  qui  la  dépasse;  les  chatons  à  pistils  sont  composés 
d'écaillés  imbriquées,  écartées  avant  la  fécondation  pour  recevoir  le  pollen,  tombant  comme 
un  nuage  de  poussière  des  branches  supérieures;  elles  portent  à  leur  base  deux  ovules  colla- 
téraux pendants  ;  les  écailles  du  cène  fécondé  sont  ligneuses,  terminées  en  massue  à  sommet 
rhomboidal,  et  étroitement  imbriquées;  à  la  maturité,  elles  s'écartent  pour  la  dissémination 
des  graines,  qui  sont  munies  d'une  aile  membraneuse  caduque.  —  Les  Pins  sont  des  arbres  à 
feuilles  persistantes,  linéaires,  amincies  en  aiguille,  naissant  par  2,  3«  5  d'un  rameau  avorté. 
-**  Les  Espèces  connues  sont  nombreuses.  Nous  citerons  seulement,  parmi  les  Espèces  à  feuilles 
géminées  ;  le  Pin  sylvestre  (P.  sylvestris),  à  feuilles  glauques,  longues  d'un  pouce  et 
demi,  à  cônes  de  la  même  longueur;  le  P.  maritime  {P.  nuxri(ima),  à  feuilles  longues  de 
7  à9  pouces,  à  cônes  longs  de  5  à  6  pouces;  le  P.  de  Corse  (P.  laricio),  à  feuilles  de 
6  pouces,  chifîonnées,  à  cônes  de  2  pouces  et  demi  ;  le  P.  pic  n  on  (P.  pinea),  à  rameaux  en 
tête  arrondie,  à  cônes  très-gros,  longs  de  6  pouces,  dont  les  graines  sont  comestibles.  —  Le 
P.  torche  {Pinus  iœda),  a  des  feuilles  temées;  le  P.  du  Lord  [Pinus  strobus),  a  des  feuilles 
très-fines,  réunies  par  5. 

Les  Sapins  [Abies)  ne  diffèrent  des  Pins  que  par  leur  cône  oblong-eylindrique,  à  écailles 
lisses,  amincies,  arrondies  au  sommet,  non  épaissies  en  massue  anguleuse,  et  leurs  feuilles 
éparses  ou  distiques.  Tels  sont  le  Sapin  commun  ou  Epicéa  [Abies  excelsa),  arbre  de 
120  pieds,  à  feuilles  éparses,  carrées,  aiguës,  très-vertes,  à  écailles  en  losange,  usées  et  comme 
bifides  au  sommet;  le  S.  pectine  ou  Sapin  blanc  (il.  pectinata),  à  feuilles  presque  dis- 
tiques, à  écailles  larges  et  obtuses  au  sommet,  et  munies  extérieurement  d'une  bractée  qui 
sMonge  en  pointe  recourbée. 

Les  Pins  et  les  Sapins  fournissent  des  poutres  et  des  planches,  que  leur  longueur  et  leur  rec* 
titude  rendent  précieuses.  Le  suc,  nommé  térébenthine,  qui  découle  de  leur  tronc,  est  une 
résine  dissoute  par  une  huile  volatile;  il  est  employé  dans  les  arts  et  en  médecine,  et  prend, 
selon  les  préparations  qu'on  lui  fait  subir,  les  noms  de  poix  résine ,  poix  de  Bourgogne, 
galipot,  colophane,  goudron,  etc. 

Les  Mélèzes  [Larix)  diffèrent  des  Sapins  en  ce  que  leurs  feuiltes  naissent  par  fascicules 
de  bourgeons  écailleux,  et  deviennent  ensuite  solitaires  et  éparses  par  l'allongement  du 
bourgeon  ;  elles  persistent  pendant  un  hiver.  Les  écailles  de  leur  cône  sont  lâchement  imbri- 
quées. —  Le  Mélèze  d'Europe  [Larix  Europœa)  est  un  arbre  s'élevant  à  100  pieds;  son 


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360  HISTOIKE  DES  FAMILLES. 

bois  rougeâtre  est  d'un  tissu  plus  serré  que  le  Sapin^  et  sa  durée  est  bien  plus  considérable;  il 
fournit  une  Térébenthine  très-estimée. 

Les  Cèdres  [Cedrus]  se  distinguent  des  Mélèzes  en  ce  que  leurs  feuilles  persistent  pendant 
plusieurs  années  après  rallongement  du  bourgeon,  et  que  les  écailles  du  cône  sont  très- 
serrées.  —  Le  Cèdre  du  Liban  (Cedrtis  Libani),  arbre  à  la  fois  élégant  et  majestueux, 
atteint  une  hauteur  de  120  pieds,  et  son  tronc  peut  acquérir  30  pieds  de  circonférence  ;  il  est 
fort  rare  aujourd'hui  sur  le  Liban^  mais  abondant  aux  environs  de  la  mer  Caspiennne  et  sur 
les  monts  Ourals.  On  en  trouve  en  Algérie  une  variété  à  feuilles  d'une  couleur  glauque  un 
peu  moins  sombre  que  dans  l'Espèce  type. 

Le  Cnnninghamia  est  un  arbre  de  la  Chine,  à  feuilles  distiques  linéaires- aiguës^  marquées 
en  dessous  de  deux  lignes  argentées.  —  Les  Araucaria  sont  des  arbres  gigantesques,  formant 
de  vastes  forêts  dans  le  Chili,  Tile  Norfolk,  la  Nouvelle-Hollande  et  le  Brésil;  leurs  rameaux, 
horizontalement  verticillés  el  étages  en  pyramide,  portent  des  feuilles  sessiles,  roides, 
imbriquées,  lancéolées ,  ou  linéaires  subulées.  —  Les  Dammara ,  arbres  élevés  de  la  Nou- 
velle Zélande  et  de  l'Asie  tropicale,  sont  remarquables  par  leurs  grandes  feuilles  ovales, 
rétrécies  aux  deux  bouts.  On  cultive  en  Europe  des  Espèces  appartenant  à  ces  trois  derniers 
Genres. 

CUPRESSINÉES.  — Cette  Famille  comprend  les  genres  Cyprès,  Thuia,  Genévrier,  etc. 
— Les  Cyphès  (Cupressus)  ont  des  chatons  staminés  ovoïdes,  à  anthères  uni  quadriloculaires, 
insérées  sous  des  écailles  ;  les  chatons  pistillés  sont  globuleux,  à  écailles  quadrisériées,  plurio- 
vulées,  ligneuses  à  la  maturité,  et  terminées  par  une  surface  élargie,  anguleuse  et  pointue  au 
centre.  Les  rameaux  sont  carrés,  à  feuilles  minimes,  imbriquées  sur  quatre  rangs,  et  persis- 
tantes. Le  Cyprès  horizontal  (C  hortzontalis)  et  le  C.  pyramidal  (C,  pyramidalis) 
sont  originaires  de  l'Orient,  et  ne  diffèrent  que  par  la  direction  de  leurs  rameaux.  Les  anciens 
avaient  consacré  la  deuxième  espèce  aux  dieux  infernaux,  et  en  ornaient  le  champ  des  morts. 
Les  modernes  ont  conservé  cet  usage,  et  nos  cimetières  sont  devenus  des  forêts  de  cyprès  ; 
leur  sombre  verdure  est  un  emblème  de  deuil  :  mais  la  perpétuité  de  leur  feuillage  et  la  di- 
rection pyramidale  des  rameaux  nous  offrent  le  symbole  de  Tàme  immortelle  qui  tend  à  re- 
monter vers  les  cieux. 

Les  Thuia  (Thuia)  ne  diffèrent  des  Cyprès  que  par  leurs  rameaux  aplatis  ;  leurs  chatons 
pistillés  sont  déprimés  ;  les  écailles  sont  ligneuses  à  la  maturité,  et  portent  au  sommet  de  leur 
face  dorsale  une  pointe  recourbée  en  arrière.  LeTnuiA  d'Orient  {Thuia  onentalis)  est 
originaire  du  nord  de  la  Chine,  et  presque  naturalisé  en  France.  Le  Th.  occidentalis  nous 
vient  de  l'Amérique  septentrionale  ;  ses  feuilles,  froissées  entre  les  doigts,  exhalent  une  forte 
odeur  de  thériaque.  Le  Thuia  articulata  du  Maroc  produit  la  sandaraque,  résine  connue  de 
tout  le  monde,  employée  pour  rendre  imperméable  à  Tencre  le  papier  qui  a  été  gratté,  et 
pour  fabriquer  des  vernis. 

Les  Genévriers  (Juniperus),  sont  des  arbres  ou  arbrisseaux  à  feuilles  ordinairement  verti- 
cillées par  3,  linéaires,  subulées,  piquantes,  et  à  fleurs  dioïques^  les  staminées  se  composent  d'une 
anthère  à  4-8  loges,  placée  sous  un  filet  qui  s'évase  au-dessus  d'elle  en  bouclier  excentrique  ; 
les  strobiles  sont  globuleux,  bacciformes,  à  3  écailles  uniovulées,  charnues,  et  soudées  ensem- 
ble. —  Le  Genévrier  COMMUN  (Juniperus  communis)  est  un  arbrisseau  indigène,  dont  les 
fruits,  nommés  l^aies  de  Genièvre  sont  employés  en  médecine,  et  donnent  par  la  fermentation 
une  espèce  d'eau-de-vie  (gin)  très-recherchée  par  les  marins  et  les  habitants  du  Nord.  —  La 
Sabine  (Juniperus  sabina)  est  d'une  odeur  forte  et  pénétrante  ;  on  emploie  avec  précau- 
tion ses  feuilles,  ou  même  son  huile  volatile,  comme  emménagogue.  —  Le  G.  de  Virginie 
(/.  Virginiana)  est  nommé  aussi  Cèdre  rouge  ;  son  bois  très-odorant,  léger,  d'un  grain  fin  el 
d'une  consistance  molle,  sert  à  fabriquer  les  demi-cylindres  canaliculés  dans  lesquels  on 
renferme  les  crayons. 


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CONIFÈRES.  361 

TAXI  NÉES.  —  Cette  Famille  comprend  les  Genres  //",  Podocarpus,  Salisburia,  etc.  — 
Les  Ifs  (Taxas)  sont  des  arbres  à  feuilles  linéaires,  raides,  éparses,  et  à  fleurs  dioîques  ; 
les  staminées  sont  en  chatons,  composées  d'anthères  à  4-8  loges,  placées  sous  un  filet 

qui  s'évase  en  disque  pelté  et  lobé  ;  les  fleurs  pistillées  sont 
solitaires,  entourées  de  bractées  imbriquées;  Fovule  est  dressé, 
et  accompagné  d'un  disque  accrescent,  véritable  arille,  qui 
devient,  plus  tard,  une  cupule  charnue  et  colorée,  enve- 
loppant la  graine  sans  y  adhérer. —  L'If  commun  (T. 
baccata)  est  un  arbre  de  20  à  30  pieds,  à  bois  très-dur,  in- 
corruptible, à  feuilles  d'un  vert  noirâtre,  vénéneuses,  à  ftruit 
agréable  au  goût.  Les  anciens  croyaient  que  Tif  donnait  la 
mort  à  ceux  qui  s^endormaient  sous  ses  rameaux  :  ce  qu'il  y 
a  de  certain,  c'est  que  son  ombre  est  nuisible  aux  plantes, 
et  que  son  voisinage  peut  causer  de  violents  maux  de  tète, 
soit  à  ceux  qui  se  reposent  sous  son  ombrage,  soit  aux  jardi- 
niers qui  taillent  ses  branches. 
Les  Podocarpus  sont  des  arbres  des  régions  tropicales  et 
fT^^b^M^ta.)  subtropicales,  à  fleurs  dioîques,  à  feuilles  étroites,  lancéolées, 

persistantes  :  on  en  cultive  plusieurs  Espèces  en  Europe,  entre 
autres,  le  P.  a  longues  feuilles  {Podocarpus  macrophylla)  (PI.  XXVII), ou  Maki,  arbris- 
seau de  10  à  12  pieds,  dont  les  fleurs  staminées  sont  disposées  en  chatons  groupés  àTaisselle 
des  feuilles,  et  dont  le  fruit  se  compose  d'une  cupule  rouge  ou  purpurine,  renfermant  quelque- 
fois deux  graines.  —  Le  G \^ ko  (Salisburia  adianthifolia)  est  un  arbre  du  Japon,  cultivé  en 
Chine  et  aussi  en  Europe  ;  sa  tige  est  pyramidale  ;  ses  feuilles  sont  alternes  ou  fasciculées, 
rhomboïdales,  incisées^  bilobées,  striées  ;  son  fruit  est  du  volume  d'une  prune  de  Damas  ;  sa 
graine  est  comestible,  et  se  torréfie  comme  la  châtaigne. 

GNÉTACÉES.  —  Les  Genres  Gnetum  et  Ephedra  composent  cette  petite  Famille  qui  se 
distingue  parmi  les  Conifères  par  ses  fleurs  staminées,  pourvues  d'un  périanthe.  Les  Gnetum 
habitent  la  zone  tropicale,  et  leurs  feuilles  à  nervures  pennées  les  rapprochent  des  Chloran- 
thées.  Les  Ephedra,  arbrisseaux  qui  se  rencontrent  sur  les  rivages  maritimes  des  régions  tem- 
pérées, ont  des  rameaux  très-nombreux,  articulés,  munis  à  leurs  articulations  d'écaillés  mi- 
nimes, opposées,  tenant  lieu  de  feuilles. 

Famille  CCXLIX*.  — CYCADÉES.  — Arbres  ou  arbustes  de  la  région  tropicale,  de 
r Afrique  australe  et  de  la  Nouvelle- Hollande,  ofl*rant  Taspect  des  Palmiers,  à  tronc  gros  , 
simple,  terminé  par  une  couronne  de  feuilles  penni -parti tes.  —  Fleurs  diol(jues ,  apérian- 
Ihëes;  les  staminées  composées  d'anthères  nombreuses,  situées  à  la  face  inférieure  d  écailles 
disposées  en  chaton  ou  en  grappe  sur  un  axe  foliacé  au  sommet,  et  portant  sous  leur  disque 
1-2  ovules  nus^  droits.  Graines  à  testa  osseux.  Plantule  dicotylédonée,  dans  Taxe  d*un  albumen 
charnu. 

Les  Cycadées  possèdent  une  moelle  centrale  volumineuse,  riche  en  fécule;  les  habitants  du 
Japon  pn^parenl  avec  la  moelle  du  Cycas  revoluta  une  farine  nommée  ^a^ou,  qu'ils  pétrissent 
t't  font  cuire  comme  du  pain.  Leurs  lois  défendent,  sous  peine  de  mort,  de  transporter  cet  arbre 
précieux  hors  du  pays.  Le  Cyc  as  des  Indes  {Cycas circinalis)  est  un  arbuste  de  3  à  4  pieds, 
à  folioles  linéaires  lancéolées,  courbées  en  dehors,  coriaces,  et  n'ofl^rant  qu'une  seule  nervure; 
le  pétiole  commun  est  un  peu  épineux.  Les  Zamia  ont  des  feuilles  pennées,  dont  les  folioles 
sont  parcourues  par  plusieurs  nervures  simples.  —  Le  Dion  comestible  {Dion  edule^  a  des 
feuilles  longues  de  5  pieds,  à  60  paires  de  folioles;  son  fruit,  dont  le  volume  éçale  celui  de  la 
tête  d'un  enfant,  se  compose  d'écaillés  cotouneuses,  portant  à  leur  aisselle  des  graines  de  la  gros^ 
seur  d'un  œuf  de  pigeon. 


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362  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Avant  de  dore  Thistoire  des  Familles  dicotylédones,  nous  avons  à  mentionner  quelques 
arbres  appartenant  aux  Juli flores  et  aux  Conifères^  et  remarquables,  tant  par  leurs  dimen  - 
sions  que  par  leur  longévité.  —  Nous  commencerons  par  le  Chène^ChapeUe,  que  Ton  voit 
dans  le  cimetière  d'Allou ville,  près  d'Yvetot.  Son  tronc/ creusé  par  les  siècles,  a  été  trans- 
formé en  une  chapelle  consacrée  à  la  Vierge,  il  y  a  cent  cinquante  ans,  par  le  curé  du  lieu. 
Cette  cbapelle  a  sept  pieds  de  diamètre  -,  elle  est  soigneusement  lambrissée,  et  rentrée  en  est 
défendue  par  une  porte  grillée.  Au-dessus  est  un  petit  ermitage^  contenant  une  couchette;  on 
y  arrive  par  un  escalier  qui  tourne  autour  du  U'onc.  Le'  sommet  de  ce  petit  donjon  est  abrité 
par  un  toit  en  pointe,  surmonté  d'une  croix  de  fer  qui  s'élève  au-dessus  du  feuillage,  et  sanc- 
tifie ces  masses  vénérables  de  verdure.  Les  crevasses  du  tronc  sont  garnies  de  bardeaux,  qui^ 
rem{daçant  Técorce^  contribuent  à  sa  conservation.  On  a  voulu  calculer  approximativement 
rage  de  ce  doyen  des  Chênes  de  la  Normandie,  en  comparant  les  dimensions  qu'il  offrait  en 
1843  avec  celles  qu'on  avait  observées  en  1821.  La  circonférence  du  tronc  était,  à  cette  der- 
nière époque,  de  8  mètres  kk  centimètres;  en  18W,  de  8'" ,65.  Le  rayon  était,  en 
18S1,  de  li",34â7;  en  1843,  de  1"",3761;  ce  qui  Cait  en  vingt-deux  ans  un  accroissement 
de  0"»,0334.  Ce  chiffre,  divisé  par  22,  nombre  d«  années  écoulées  entre  les  deux  observa- 
tions, donne  0*",0016  :  c'est  l'épaisseur  moyenne  des  couches  ligneuses  développées  pen- 
dant une  année*  Si  maintenant  Ton  divise  le  rayon  observé  en  1843,  par  cette  formule  d'ac* 
croissement,  on  trouve  870.  Le  Chéne-Chapelle  d'Allouville  serait  donc  âgé  de  870  ans. 

On  cite  aussi,  comme  exemple  remarquable  de  longévité,  les  deux  \h  de  la  Haie  de  Rfmlot^ 
près  de  la  forêt  de  Brotonne,  dans  le  département  de  l'Eure.  Leur  tronc,  qui  est  creux,  a  près 
de  9  mètres  de  circonférence;  et,  en  comparant  leur  volume  à  celui  d'autres  Ifs,  dont  Tàge  est 
connu,  et  qui  sont  placés  dans  les  mêmes  circonstances,  relativement  au  sol  et  à  Texposition, 
on  a  pu  évaluer  leur  âge  à  1460  ans. 

Un  autre  Conifère  de  l'Amérique,  le  Cyprès  chauvb  (Cupressus  disticha),  que  l'on  cul- 
tive en  Europe,  atteint  dans  sa  patrie  une  grosseur  et  une  hauteur  prodigieuses.  11  y  en  a  un 
individu  au  Mexique,  dans  le  cimetière  de  Sainte-Marie  de  Tesla,  à  deux  lieues  ouest 
d'Oaxaca,  qui  a  cent  pieds  de  haut  et  cent  dix-huit  pieds  de  circonférence.  Il  est  mentionné 
parFernand  Cortez,  qui  abrita  sous  son  ombre  toute  sa  petite  armée,  quand  il  vint  faire  la 
conquête  du  Mexique.  —  Ce  colosse,  toujours  vivant  et  toujours  vert,  est  un  objet  de  haute 
vénération  pour  les  Mexicains  indigènes. 

Le  Châtaignier  de  F  Etna  est  le  plus  gros  de  tous  les  arbres  connus.  Son  tronc  a  cent  cin- 
quante pieds  de  circonférence  ;  il  est  percé  d'une  ouverture  assez  large  pour  donner  passage  à 
deux  voitiires  marchant  de  front  ;  mais  sa  végétation  n'en  souffre  aucunement.  On  le  nomme 
dans  le  pays  le  Châtaignier  des  cent  chevaux,  parce  que,  suivant  une  tradition  populaire, 
Jejmne,  reine  d'Aragon,  l'alla  visiter  avec  une  escorte  de  cent  cavaliers,  et  qu'un  orage  étant 
survenu,  toute  la  troupe  se  réfugia  sous  l'arbre,  où  elle  fut  parfaitement  abritée.  Quelques 
voyageurs  pensent  que  le  tronc  de  cet  énorme  végétal  est  un  assemblage  de  cinq  arbres,  qui, 
pressés  l'un  contre  l'autre,  se  sont  soudés  en  grossissant,  et  ont  fini  par  se  trouver  réunis  sous 
une  même  écorce;  mais  le  savant  chanoine  Récupero,  naturaliste  sicilien,  affirme  que  la  ra- 
cine est  unique  et  que,  par  conséquent ,  la  tige  doit  l'être  aussi. 

Cette  CTcistence  prospère  d'un  arbre  creux  ne  sera  pas  un  sujet  de  surprise  pour  ceux 
qui  connaissent  le  mode  d'accroissement  des  Végétaux  dicotylédones  :  c'est  entre  les  cou- 
ches les  plus  externes  du  bois  et  les  plus  internes  de  l'écorce  que  chemine  la  sève  destinée 
à  former  de  nouveaux  tissus  :  le  bois  central  n'est  donc  qu'un  chemin  accessoire  pour  la  sève 
ascendante,  et  il  peut  disparaître  sans  que  les  voies  de  communication  soient  interceptées 
entre  cette  sève  et  la  région  supérieure  de  la  Plante. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  considérer  ces  patriarches  du  Règne  végétal,  bravant  les  hivers  de- 
puis tant  de  siècles,  comme  des  individus  plus  favorisés  que  les  autres  végétaux  de  la  même 
Espèce.  Un  arbre  n'est  pas  un  individu;  chacun  de  ses  bourgeons  pouvant  reproduire  l'Es- 


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GYCADÈES.  3«3 

pèce,  et  tous  les  boui^eoDS  étant  exactement  semblables,  il  s'ensuit  qu'un  arbre,  et  même 
que  Therbe  la  plus  humble  doit  être  regardée  comme  un  être  collectif,  une  congrégation,  un 
phalanstère  d'individus  qui  se  nourrissent  en  commun,  et  dont  les  générations  successives  se 
superposent,  à  Tinstar  des  zoophytes  d'un  polypier.  Quant  aux  individus  premiers-nés,  qui 
occupaient  les  parties  centrales  et  inférieures  de  Tarbre,  et  qui,  servant  de  support  à  leur 
postérité  immédiate,  lui  transmettaient  les  sucs  puisés  dans  le  sol,  Fàge  adulte  de  cette  der- 
nière a  rendu  leur  intervention  superflue,  et  ils  ont  pu  être  détruits  sans  que  les  jeunes  en 
aient  souffert  :  c'est  ce  qu'on  voit  dans  les  arbres  creux. 

MONOGOTYLÉDONES. 

Plantule  à  un  seul  cotylédon.  Tige  à  faisceaux  fibro-vasculaires  épars  dans  la 
masse  du  tissu  cellulaire,  ne  formant  pas  un  cercle  régulier;  les  tiges  vivaces  ne 
s  accroissant  pas  par  des  zones  concentnques  distinctes  de  bois  et  d'écorce. 

Famille  CCL".—  ORCHIDÉES. 

CARACTÈRE.  —  Périanthe  supère,  à  limbe  pétalotde,  irrégulier ^  à  6  divisions 
bisériées,  dont  une  interne,  devenant  inférieure  par  la  torsion  du  pédicelte  élargie  en  labelle, 
et  souvent  prolongée  en  éperon  à  sa  base.  Et  A  mi  NES  épigynes^  3,  les  2  latérales  ordinaire- 
ment avortées.  Anthères  biloculaires;  pollen  réuni  en  masses.  Ovaire  adhérent,  unilo- 
culaire,  à  3  placentaires  pariétaux  ;  style  soudé  avec  les  étamines;  stigmate  concave,  visqueux. 
Capsule  à  3  valves,  placentiferes  sur  leur  milieu  et  laissant  en  place  les  3  nervures  médianes 
des  carpelles,  réunies  en  châssis  par  leur  base  et  par  leur  sommet.  Graines  très- fines; 
plantule  monocotylédonée,  exalbuminée. 

Les  Orchidées  sont  des  plantes  herbacées,  rarement  sous-ligneuses,  à  racines  tantôt  toutes 
fibreuses,  tantôt  les  unes  fibreuses  et  les  autres  tubéreuses;  les  feuilles  sont  entières,  quelque- 
fois articulées  à  leur  base,  et,  dans  beaucoup  d'Espèces  exotiques,  renflées  au-dessous  de  l'ar- 
ticulation en  une  masse  charnue  (pseudo-bulbe).  Les  Orchidées  indigènes  croissent  sur  la 
terre;  beaucoup  d'Orchidées  tropicales  sont  épiphytes,  mais  non  parasites;  elles  s'établissent 
dans  les  fentes  des  arbres,  les  bifurcations  des  rameaux,  au  milieu  de  la  mousse  humide  qui 
les  recouvre.  Cette  végétation  aérienne  rend  facile  leur  culture  dans  nos  serres  chaudes, 
où  ou  les  suspend  dans  des  corbeilles  à  claire-voie ,  pleines  de  mousse  humide  ou  de 
détritus  végétaux.  Les  fleurs,  disposées  en  épi,  ou  en  grappe,  ou  en  corymbe,  pré- 
sentent les  formes  les  plus  bizarres  :  il  y  en  a  qui  imitent  une  mouche,  une  araignée,  un 
singe  à  longue  queue,  un  homme  pendu  par  la  tête  ;  quelques-unes  brillent  des  couleurs  les 
plus  vives  et  les  plus  variées,  et  répandent  un  parfum  délicieux  ;  d'autres  offrent  une  colora- 
tion livide  et  exhalent  une  odeur  infecte.  —  Cette  diversité  de  formes,  de  couleur  et  d'odeur, 
qui  toutefois  ne  s'écarte  pas  du  caractère  type  de  la  Famille,  les  fait  rechercher  avidement 
par  les  Adonistes  :  ces  amateurs  d'étrangeté  dépensent  des  sommes  énormes  pour  orner  leurs 
serres  chaudes  d'une  Espèce  ou  d'une  Variété  nouvelle;  aussi  le  nombre  des  Espèces  va-t-il 
croissant  de  jour  en  jour  :  on  en  connaît  déjà  plus  de  1,600.  Nous  nous  contenterons 
de  mentionner  la  plus  curieuse  de  nos  Espèces  indigènes  :  c'est  le  Sabot  de  Vénus 
{Cypripedium  calceolus),  la  tige  est  un  peu  sinuée;  les  fleurs,  dont  l'odeur  est  suave^  ont 
leurs  segments  étalés,  d'un  pourpre  foncé;  le  label  le,  ou  segment  inférieur  et  interne^  est 
jaune,  renflé,  creux,  ouvert  par  en  haut,  et  représente  un  sabot.  On  cultive  dans  les  serres 
plusieurs  Espèces  de  ce  beau  Genre,  originaires  de  l'Inde  et  de  l'Amérique  septentrionale. 
Tel  est  le  C.  Spectabile  (V\.  XXlll),  dont  le  lahelle  est  rose,  cl  les  segments  supérieurs 
d'un  blanc  lavé  de  teintes  rosées. 


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364  HlSTOIRt   DES  FAMILLES. 

Les  seules  substances  utiles  que  Thomme  reçoive  de  la  Famille  des  Orchidées  sont  le  Salep, 
la  Vanille,  et  le  Faham.  —  Le  Salep  est  fourni  par  les  racines  tubéreuses  des  Orckis  et  des 
Ophrys;  ces  racines  contiennent  une  abondante  quantité  de  fécule ,  et  un  autre  principe 

analogue  à  la  gomme,  et  nommé  bassorine, 
qui  se  trouve  concentré  dans  de  petits 
noyaux  disséminés  au  milieu  de  la  masse 
charnue  constituant  la  racine  tubéreuse. 
C'est  avec  ces  racines  que  Ton  prépare  un 
aliment  très-analeptique.  On  continue  à 
tirer  le  Salep  de  la  Perse  et  de  TAsie  mi- 
neure ;  mais  nos  Orchis  indigènes  ne  sont 
pas  inférieurs  aux  Espèces  exotiques,  et 
Ton  pourrait  les  exploiter  avec  avantage. 
Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  Vanille,  dont 
le  fï'uit  a  besoin  d'un  soleil  tropical  pour 
développer  complètement  son  déUcieux 
arôme.  Le  Vanilla  aromatica,  que  Ton 
cultive  dans  les  serres  d'Europe,  est  une 
plante  sarmenteuse  qui  habite  les  rivages 
maritimes  de  la  Colombie  et  de  la  Guyane  ; 
elle  grimpe  le  long  des  rochers,  enfonce  ses 
racines  ad  ventives  dans  leurs  fissures  et  dans 
les  mousses  qui  recouvrent  Fécorce  des 
arbres  voisins  ;  elle  finit  même  par  se  sé- 
parer du  sol  :  le  sol  aérien  qu'elle  est  allée 
chercher  suffit  à  sa  végétation.  C'est  sa 
capsule  charnue,  longue,  déhiscente,  que 
Ton  emploie  comme  condiment.  Ce  fruit 
vahillb  a  labobs  fbcillbs.  contient,  en  notable  quantité,  une  huile  vo- 

l  Vanilla  plant folia.)  '  * 

latile,  d'odeur  suave,  et  de  Tacidebenzoïque, 
que  l'on  trouve  à  l'intérieur,  cristallisé  en  aiguilles  :  de  là  le  nom  de  Vanille  givrée.  — 
Le  Faham  est  la  feuille  d'un  Angrrc  (Angrœcum  fragrans),  Genre  voisin  des  Vanillaj 
et  habitant  comme  eux  la  région  tropicale.  Cette  feuille,  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  la 
Vanille  et  de  la  fève  Tonka,  est  employée  aux  îles  Mascareignes  en  infusion  théiforme  (Thé 
de  Bourbon)  comme  digestive,  et  propre  à  arrêter  les  progrès  de  la  phthisie  pulmonaire. 

Famille  CCLl«.  —  APOSTASIÉES.  —  Plantes  herbacées  de  l'Asie  tropicale,  différant 
des  Orchidées  par  leur  pollen  pulvérulent,  leur  ovaire  à  5  loges  et  leur  placentation  centrale. 

Famille  CCLIK  —  BU RMAN NI  ACÉES.  —  Plantes  herbacées  des  régions  tropicales, 
à  feuilles  en  glaive.  Périanlhe  pélaloîde  à  6  divisions  bisériées.  Etamincs  3,  alternes  avec  les 
divisions  extérieures  du  périanthe.  Ovaire  adhérent,  à  1  ou  3  loges.  Graines  albuminées. 

Familles  CCL11I%  CCLIV%  CCLV.  — ZINGIBÉRACÉES,  CANNÉES,  MUSA- 
CÉES.—  Ces  trois  Familles,  constituant  la  classe  des  Scitaminées,  ont  pour  caractère  commun  : 
Tige  herbacée,  quelquefois  arboriforme,  simple.  Feuilles  engainantes,  entières,  à  une  seule 
nervure  principale,  d'où  partent  des  nervures  secondaires,  obliques  ou  transversales,  recourbées 
au  sommet.  Périanthe  supère,  irrégulier,  tantôt  simple  à  6  divisions,  avec  6  élamines 
(Musacées)\  tantôt  double,  l'extérieur  herbacé  trimère,  l'intérieur  pétaloïde  hexamère,  avec  une 
étamine  insérée,  soit  sur  la  division  externe  et  antérieure  de  la  corolle  [Zingibéracées]^  soit  sur 
la  division  interne  et  latérale  de  la  corolle  (Cannacées).  Ovaire  adhérent,  à3  loges;  ovules  réflé- 
chis. Fruit  capsulaire  ou  bacciforme.  Graines  à  albumen,  quelquefois  double  (Zinaibéracées). 

Les  ZtV2^t6^ac^e5  sont  des  Plantes  tropicales,  dont  les  racines  contiennent  une  huile  volatile  et 


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BANANIER,   Musa.  (mUsacées.) 


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ZINGIBÉRACÉES,   CANNÉES  ET  MLSACÉES.  365 

uDeré:»ine  arom.'i tique,  qui  les  fail  rechercher  comme  condiments  et  coinme  médicaments  exci- 
tants.—  Le  Gingembre  (Zm^/îôer  o/]^cina/e).  Plante  originaire  de  l'Inde,  a  été  transporté 
dans  les  colonies  tropicales  de  rÀmérique;  ses  feuilles  sont  oblongues,  lancéolées  ;  ses  hampes 
naissant  d'un  rhizome  tuhéreux  et  vivace,  sont  terminées  par  un  épi  oblong,  muni  de  bractées 
larges,  imbriqui'cs,  purpurines  sur  leurs  bords,  à  Taisselle  desquelles  naissent  des  fleurs  jau- 
nâtres, maculëtsde  pourpre  foncé;  son  rhizome  est  le  Gingembre  du  commerce.  —  Les  Cwr- 
cuma  contiennent  une  matière  colorante  jaune,  plus  employée  en  teiniure  qu'en  médecine  :  le 
C.  DE  KoscoE  (C  Roscoeana)  (PI,  XXIV)  est  une  Espèce  de  Tlnde,  h  feuilles  longuement  - 
pétiolées,  à  hampe  droite,  terminée  par  un  épi  de  fleurs  jaunes,  qu'enveloppent  des  bractées 
rougeàtres,  imbriquées. 

Les  Cannacées  représentent,  dans  l'Amérique  tropicale  et  subtropicale,  les  Zingibéracées  de 
l'Asie;  quelques-unes  ont  des  racines  nulrilives  :  tel  est  le  Maranta  arundinacea,  qui  fournit 
au  commerce  une  fécule  excellente,  nommée  a/TOM;-roo^  Les  Balisieus  (Canna)  pas^ent 
pour  diurétiques  et  diaphorétiques;  leurs  graines  sont  employées  comme  succédanées  du  café. 
Le  Balisier  gracieux  (Canna  speciosa)  (PI.  XXIII),  du  Brésil,  se  distingue  de  ses  congénères 
par  ses  feuilles  étroites  et  sa  fleur,  dont  les  3  divisions  supérieures  sont  rouges,  et  les  3 
inférieures  jaunes,  ponctuées  de  rouge. 

Les  Musûcées  ont  pour  type  le  Genre  Bananier  (Musa).  Les  Bananiers  sont  des  herbes  gigan- 
tesques, originaires  des  contrées  chaudes  et  humides  de  l'ancien  continent,  et  cultivées  main- 
tenant dans  toute  la  zoneinlertropicale.  Le  Bananier  de  l'Éden  [Musa paradisiaca)  a  une 
tige  haute  de  18  à  20  pieds,  couronnée  par  un  bouquet  de  feuilles,  longues  de  10  pieds  sur  2 
de  largeur  ;  le  pédoncule  qui  sort  de  ces  feuilles  est  long  de  3  à  ^^  pieds,  et  garni  de  fleurs  ses- 
siles,  enveloppées  dans  des  spathes  ;  les  fruits  sont  des  baies  jaunâtres,  longues  de  6  à  8 
pouces,  fournissant  un  aliment  très-nourrissant,  qui  a  le  goût  d'une  pâte  de  beurre  frais ,  légè- 
rement sucrée.  Linné  donna  le  nom  àe  paradisiaca  à  ce  Bananier,  parce  que,  suivant  la  tra- 
dition, ce  fut  cet  arbre  dont  le  fruit  tenta  nos  premiers  parents,  et  dont  ils  employèrent  la  feuille 
pour  cacher  leur  nudité.  La  feuille  du  Bananier,  en  effet,  sert  de  vêlement  aux  habitants  de 
l'Afrique  et  des  Indes,  qui  en  couvrent  aussi  leurs  cases,  et  tirent  de  sa  tige  un  fil  assez  tenace. 
— On  cultive  dans  les  serres  européennes  le  Ravenala  de  Madagascar  (^ranm  speciosa) 
dont  les  feuilles  sont  distiques,  longues  de  8  à  9  pieds,  et  dont  les  pédoncules  dressés  portent 
des  fleurs  agglomérées  à  l'aisselle  de  spathes  distiques.  C'est  l'Espèce  la  plus  belle  de  la  Famille. 
Les  habitants  de  Madagascar  se  servent  de  ses  feuilles  pour  couvrir  leurs  cases;  ils  retirent  une 
huile  volatile  de.  l'arille  pulpeux  de  sa  graine;  et  la  graine  elle-même,  dont  la  couleur  est 
d'un  beau  bleu  d'azur,  leur  fournit  une  fécule,  avec  laquelle  ils  préparent  une  bouillie. 
La  gaine  des  pétioles  renferme  une  eau  limpide  et  fraîche ,  que  Ton  peut  extraire  en  les 
perçant  à  la  base;   de  là  le  nom  populaire  àH Arbre  du    Voyageur. 

Famille  GCLVl*.  —  BROMÉLIACÉES.  —Plantes  de  l'Amérique  tropicale,  ordinai- 
rement herbacées,  à  souche  vivace,  à  feuilles  roides,  engainantes  à  la  base.  Fleurs  en  épi  ou  en 
grappe.  Périanthe  Ubre  (Tillandsia)  ou  adhérent  (Bromelia)  ^  à  6  divisions  bisériées,  les  inté- 
rieures pétaloïdes.  Staminés  6.  Ovaire  à  3  loges.  Fruit  bacciforme  ou  capsulaire.  Graine 
albuminée. 

Cette  Famille  fournit  à  l'homme  l'A  n  an  as  (Bromelia  ananas]  (PI.  XXIX),  Plante  à  feuilles 
radicales  divergentes,  roides,  glauques,  épineuses  sur  les  bords,  à  fleurs  bleuâtres,  formant  un 
épi  couronné  par  une  touffe  de  feuilles.  Après  la  floraison,  les  ovaires  grossissent,  deviennent 
charnus,  et  forment  un  fruit  collectif  jaune,  de  forme  ovoïde,  dont  la  surface  est  sculptée  en 
losanges  élégants  ;  sa  chair  est  aigrelette-sucrée  et  aromatique. 

Famille  CCLVII*.  —HÉMODORACÉES.—  Plantes  herbacées  de  l'Amérique  boréale, 
du  Cap  et  de  la  Nouvelle-Hollande.  Feuilles  ensiformes.  Périanthe  à  6  divisions  bisériées. 
Elaraines6,  dont  3  souvent  stériles.  Ovaire  plus  ou  moins  libre,  3-loculaire.  Capsule  à  graines 
albuminées.  —  On  cultive  dans  les  serres  le  Wackendorfia  thyrsiflora^  petite  Plante  du  Cap, 
à  hampe  terminée  par  un  épi  de  20  fleurs,  d'un  beau  jaune  jonquille  et  d  une  odeur  douce;  la 
Barbagènb  a  fleurs  pourpres  [Barbacenia  purpurea)  (PI.  XXIII),  Plante  du  Brésil,  à 
feuilles  dressées,  recourbées,  carénées  en  dessous  et  canaliculées  en  dessus,  disposées  en  touffe 
spirale.  Les  hampes  sont  uniflores;  la  fleur  est  inclinée,  d'un  beau  pourpre  violacé. 

Famille  CCLVllP. -- HYPOXIDÉES.  —  Plantes  exotiques,  herbacées,  à  souche 
vivace.  Feuilles  radicales,  linéaires.  Périanthe  pétaloïde,  à  6  divisions  bisériées.  Etamines  6, 
périgynes.  Ovaire  adhérent,  à  3  loges.  Graines  à  strophiole  allongée  en  bec, 

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3GG 


IIISTUIUE  DES  FAMILLES. 


Famille  CCL1X«.  —  AMARYLLIDÉES.   —  Plantes   herbacées,   vivaces.   ordinaire- 
ment bulbeuses  et  à  feuilles  radicales.  Périanlhe  à  tube  soudé  avec  Tovaire,  à  limbe  pétaloide, 
su|)ère,  à  6  divisions  bisériée:;,  représentant  calyce  et  corolle.  Etamines  6,  quelquefois  accom- 
pagnées d'étamines  stériles,  libres  ou  soudées  en  godet.  Ovaire  infère,  à  5  loges  piuriovulées. 
Capsule  à  graines  albuminées. 
Cette  belle  Famille,  qui  habite  principalement  la  région  tropicale  de  Thémisphère  nord,  dif- 
fère des  Liliacées  par  son  ovaire  adhé- 
rent, et  dealridées  par  le  nombre  dt* 
ses  etamines  à  anthères  inlrorses.  Elle 
fournit  à  rhorliculture  de  nombreust*s 
Espèces.  Nous  allons  citer  les  plus  inté- 
ressantes. 

GaLANTHINE  PBRCB-M16B  (Go- 

ianthus  nivalis),  indigène;  hampe  à 
i-2  fleurs  penchées;  calyce  d'un  bJanc 
pur;  pétales  plus  petits,  échatici^, 
marqués  d'une  tache  verte.  NivéoLK 
PRiNTANiÈRE  (Leucotum  venuan), 
indigène;  spalhe  membraneuse  enve- 
loppant 1-2  fleurs  blanches,  tacheras 
de  vert  au  sommet  des  sépal«A  et  ées 

pétales.       AnAEYLLIS       CIIAR1IA!^TE 

{Amaryllis  formosissima),   de  T Amé- 
rique méridionale;  ileur  bîlabiée,  d*»n 
rouge  pourpre  velouté,  et  sablé  à'&r  au 
so'eil.  A    RÉTicuLéB  (A,  retictUata), 
du  Brésil  ;  feuilles  parcourues  par  une 
nervure  médiane  blanche;  périanthe  à 
segments  étalés,  recoiurbés,  de  couleur 
rose  tendre,  marqués  d'un   réseau  de 
lignes  purpurines.  Crinolb  d'Amé- 
rique (Crénum  A  mericanum);  ieu^les 
en  faisceau,  longues  de  2  pieds  ;  flei»rs 
blanches  en  ombelle,  à  limbe  é^al  au 
tube;  etamines  inclinées.  Phi  celle 
BRILLANTE  (Phycclla  corusco)  (Pt.  I), 
du  Chili  ;  fleurs  6  ou  plus,  d'un  rouge 
éclatant,  disposées  en  ombelle,  et  sortant 
d'une  spathe  à  plusieurs  bradées;  pé- 
rianthe  un  peu  irrégnliec.  à  divisions 
externes  plus  grandes;  styles  et  ét;imines  saillantes.    Pancratium  a  rLcufts    en   cauPE 
(Ismene  calathina),  de  l'Amérique  méridionale;   ombelle  de  k  fleurs;  ovaire  triangulaire, 
sessile:   tube  du  périanthe  cylindrique,  recourbé,  marqué  de  côtes  saillantes  »  vert;  segments 
du  limbe  longs  de  4  pouces,  blancs,  les  5  externes  à  sommet  aigu,  les  internes  obtus^   plus 
canaliculés;  gorge  du  périanthe   portant  un   godet  accessoire,  long  de  3  pouces,  blanc  au 
dehors,    niarqué    intérieurement  ae  bmdolettes  vertes,  à  6  lobes   séparant   les  etamines. 
Narcisse   faux  Narcisse  {Narcissus  pseudo-Narcissus),  indigèpa;  fleurs  jaiwes  à  pé- 
rianthe couronné  par  un  godet  accessoire  de  mémo  couleur,  plus  foncé  que  le  limbe.  N.  poé- 
tique (TV. /)fl?/icw5);  périanlhe  à   limbe  d'un  blanc  de  lait,  d'odeur  suave  ;  godet  petit,   de 
couleur  jaune,  bordé  d'une  frange  pourpre.  N.  Jonquille  {N.  Junquilla];  feuilles  menues 
comme  du  jonc;  fleurs  jaunes,  odoriférantes.. 

Les  Alstrœmères  sont  des  Plante*  à  racines  tubéreuses  fasciculées,  à  tige  feuillée,  grim- 
pante, à  fleurs  disposées  en  ombelle.  Le  périanthe  est  profondément  divisé,  sub-campanuté, 
régulier  ou  presque  bilabié,  à  divisions  intérieures  plus  petites^  dont  2  tubuleuses  à  leur  hase  ; 
les  etamines  sont  un  peu  déclinées,  ascendantes  ainsi  que  le  style.  L'Alstroemèrb  pélé- 
c  RiNE  (Alstrœmeria  pelegrina),  ou  Lis  des  Incas,  est  du  Pérou;  l'ombelle  se  compose  de 
4  fleurs,  à  limbe  ouvert,  blanc,  rayé  et  lavé  de  rose  foncé;  les  segments  intérieurs  sont  mar- 
qués à  la  base  d'une  tache  jaune  pointillée  de  pourpre.  Les  Alstrœmères  du  Chili  offrent  de 
nombreuses  variations,  même  dans  leur  patrie,  et  la  culture  les  fait  varier  à  Tintlni  dans  les 
serres  d'Europe. 

Les  Agave  sont  des  herbes  gigantesques,  originaires  du  Mexique,  et   aujourd'hui  presque 


1     AmARYLLIH  HBTICn.CB. 

[AmarylltH  retieulata.) 


2.  Parc  iatiuh  a  plrdrs  ity  coupr. 
[lamene  calathina.) 


3.  Alstrobmkrbs  du  Chili. 


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AMARYLLIDÉES. 


307 


naturalisées  dans  toute  l'Amérique  et  même  dans  TËurope  méditerranéenne.  Ëlle>  vivent  des 
siècles  dans  nos  jardins,  où  elles  font  notre  admiration  par  la  rapidité  avec  laqut^Ho  s'allonge 
leur  pédoncule  floral,  qui  croît  d'un  pied  en  un  jour.  —  Leurs  feuilles  radicales,  longues, 
épaisses,  pointues  et  bordées  d'épines,  peuvent  former  des  haies  impénétrables.  Les  libres  li- 
gueuses contenues  dans  ces  feuilles  fournissent  une  excellente  filasse,  que  Ton  nomme  soie  végé- 
tcUe.  Les  Mexicains  arrachent  le  bourgeon  central  de  leur  Agave,  et  recueillent  la  liqueur  lim- 
pide et  sucrée  qui  en  déroule^  pour  obtenir  par  la  fermentation  une  boisson  enivrante,  qu'ils 
nomment  pulqué. 

Famille  CGLX*.  —  IRIDÉES. —  Herbes  vivaces,  à  rhizome  tiibéreux  ou  bulbeux; 
feuill&s  ordinairement  toutes  radicales,  les  caulinaires  distiques,  engainantes,  ensiformes  ou 

linéaires;  fleurs  en  grappe  ou  en  épi 
terminal,  rarement  solitaires,  munies 
de  bractées  spathacées.  Périanthe  à  tube 
adhérent;  limbe  pétaloïde  à  6  divisions 
bisériées,  souvent  dissemblables,  quel- 
quefois irrégulières,  à  préfloraison  con- 
tournée. Ëtamines  5,  insérées  à  la  base 
desdivisions  externes;  anthères  extrorses. 
Ovaire  infère,  à  3  loges  pluriovulces; 
ovules  réfléchis;  style  divisé  en  3  ra- 
meaux stigmatifères,  souvent  dilatés. 
Capsule  loculicide  à  valves  septifères 
sur  le  milieu.  Planlule  occupant  l'axe 
d'un  albumen  abondant. 

Cette  brillante  Famille  habite  princi- 
palement les  régions  tempérées  extra- 
tropicales.  Elle  intéresse  surtout  les 
horticulteurs,  et  ne  fournit  que  peu  de 

f)roduits  à  la  mitière  médicale.  Parmi 
es  Iris  (/m),  qui  toutes  sont  d'une 
grande  beauté,  Tlais  de  Florence 
[Iris  floreniina)  possède  un  rhizome 
d'une  belle  couleur  blanche,  et  d'une 
odeur  de  violette  très-prunoncée  ;  on  en 
fait  un  gra-id  usage  dans  la  parrumerie; 
à  Tétat  frais,  il  est  violemment  purgatif; 
desséché,  il  devient  légèrement  stimu- 
lant. On  en  fabrique  de  petites  boules, 
qui  sont  employées  pour  entrelenir  la 
suppuration  des  cautères.  — Le  Sa- 
fran CULTIVÉ  {Crocus  sa(ivus)  est 
une  Espèce  indigène^  dont  U  s  stigmates 
en  crête  contiennent  une  huile  volatile 
très-odorante,  unie  à  un  principe  co- 
lorant amer  (Polfjckroîte)\  on  les  em- 
ploie en  médecine  comme  stimulant  de 
Testomac,  du  cerveau  et  de  l'appareil  respiratoire.  Ils  servent  aussi  pour  la  teinture. 

Parmi  les  Iridées  cultivées  dans  les  jardins,  nous  citerons  d'abord  les  G  l'aï  euls  (Gladiolus), 
Genre  à  fleur  bilabiée,  dont  la  plupart  des  Espèces  sont  originaires  de  l'Afrique  australe,  et 
entre  autres  le  G.  perroquet  {G.psittacinus),k  fleurs  épaisses,  d'un  beau  jaune  verdàlre  mor- 
doré ;  laBERMUDiENNB  A  GRANDES  FLEURS  {Sisyrinckium  grandi florum) y  de  l'Amérique 
boréale  ;  Plante  glauque,  dont  les  fleurs  sont  campaniformes,  à  segments  étalés,  violets  et  rayés 
de  5  nervures  saillantes  plus  foncées  ;laTiGRiDiE  queue  de  Faon  (  Tigridia  pavonina) , 
dont  les  fleurs  ne  durent  que  huit  à  dix  heures,  et  sont  remarauables  par  leurs  segments  creusés 
en  coupe  et  horizontaux  ;  les  extérieurs  violets  à  la  base,  cerclés  de  jaune,  mouchetés  de  taches 
purpurines^  et  terminés  par  un  rouge  éclatant;  les 'intérieurs,  plus  petits,  jaunes  et  tigrés  de 
pourpre;  laRiGiDBLLE  a  fleurs  dressées  (Bigidello  or^Aan/Aa),  Plante  du  Mexique, 
à  feuilles  roides,  ovales  lancéolées,  à  fleurs  très-grandes,  nocturnes,  dont  les  segments  externes 
sont  d'un  rouge  carmin.^,  brillant,  strié  de  lignes  pourpres,  à  larges  onglets,  se  rétrécissant  et  se 
coudant  brusquement  pour  se  dilater  en  limbe;  les  segments  internes  allongés  en  lame  linéaire, 
jaunes  à  la  base,  orangés  et  ponctués  de  pourpre  au  sommet;  le  Vi  f.usseitxia  a  taches 


1.    RKimt'DIBMIB    A    ORAnDRS    PI.KL'R». 

(Sinyr ineJkittm  grandtflorum .  ) 

2.  R16IOKLLB   A    PLIURtf   ORKSsilB. 

(Rigid«Ua  orthantha,) 

3.  ViBUSSBOXIA    A    TACHBS   BLBUBS. 

(  ri>iM««uj;ia  glaueopit .  \ 
4.  Sparaxis.  5.  UiA. 


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308  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

BLEUES  (  Vieusseuxia  glaucopis],  Plante  du  Cap,  dont  les  fleurs  pt^dicellées  ont  leurs  segments 
étalés  en  roue,  les  internes  étroils,  découpés  en  3  pointes,  les  externes  arrondis,  d'un  blanc  pur, 
ornés  au  centre  d'une  tache  bleue,  entourée  d'un  cercle  brun  ;  les  Sparaxis,  à  périanlhe 
infundibuliforme,  dont  le  limbe  s'ouvre  en  étoile,  d'un  rouge  vif,  d'un  violet  velouté  ou  d'un 
jaune  d'or  ;  bs  /xia,  à  périantlie  en  patère,  dont  tous  lis  segments  sont  égaux,  et  présentent  les 
nuances  les  plus  vives  et  les  plus  variées;  enfin  la  Gélasi  ne  a  fleurs  azv  ut  es  {Gelastne 
azurea)  (PI.  IV),  originaire  de  l'Amérique  méridionale,  à  périaiilhe  dont  les  segments  sont 
lancéolés,  rapprochés  en  tube  large,  et  à  peine  élalés  au  sommet  ;  leur  limbe  est  d'un  bleu  d'azur, 
marqué  inférieurement  d'une  tache  blanche  cerclée  de  points  noirs. 

Famille  CCLXï*.  — TACCACÉES.  —  Herbes  de  la  zone  tropicale,  vivaces,  à  tuber- 
cule farineux,  à  feuilles  toutes  radicales.  Périanlhe  pétaloïde,  à  tube  adhérent  à  l'ovaire,  à 
limbe  bisérié.  Etamines  6,  à  filets  péialoîdes.  Ovaire  uniloculaire,  à  placentaires  pariétaux, 
pluriovulés.  Baies  à  graines  albuminées. 


Famille  CCLXII*  —  DIOSCORÉES.  —  Heibes  vivaces  ou  sous-arbrisseaux  volu-  j 

biles,  à  tubercule  radical  charnu,  farineux;  feuilles  palminerviées,  à  veines  en  réseau;  fleurs  ; 

dioîques.  petites,  en  grappe  ou  en  épi  axillairc.  Périanthe  herbacé  ou  presque  pétaloïde,  à  tube  | 

adhérent  à  l'ovaire,  à  limbe  6-fide,  bisérié.  Etamines  G.  Ovaire  à  3  loges  1-2-ovulées.  Fruit  j 

capsulairc  ou  bacciforme,  à  graines  albuminées.  j 

Les  Dioscorées  sont  voisines  des  Smilacinées,  des  Taccacées,  et  même  des  Aristolochiées;  elles  i 

habitent  principalement  les  régions  tropicales  et  extropicales  de  l'hémisphère  sud.  — L'I  g  n  a  m  e  i 

MAIN  (Dioscorea  sativa) ,  l'I.  ailé  (Z>.  alata)  sont  cultivés  dans  toute  la  zone  intertropicale;  | 

les  indigènes  de  l'Océanie  se  nourrissent  de  leurs  tubercules,  qui  pèsent  quelquefois   plus  de  , 

30  livres.  Le  Ta  minier  [Tamits  communis]  est  indigène;  sa  racine  est  acre  et  amère;  on 
l'employait  autrefois  à  cause  de  son  action  purgative  et  diurétique,  comme  antiarthritîque,  et 
vulnéraire  dans  les  cas  de  contusion;  de  là  son  nom  populaire  de  racine  aux  femmes  battues. 
Ses  jeunes  pousses  se  mangent  comme  les  Asperges,  mais  si  leur  cuisson  est  incomplète,  elles 
purgent  violemment. 

Famille    CCLXïIK   —  MÉLANÏHACÉES  ov  COLCHICACÉES.  —  Herbes  à 

rhizome  bulbeux  (Colchique),  ou  pourvu  seulement  de  fibres  radicales  charnues  (  Vérairé)  ; 
feuilles  radicales  ou  alternes,  sessiles,  amplexicaules.  Périanthe  pétaloïde  à  6  segments  libres 
ou  cohérents,  bisériés,  à  préfloraison  valvaire.  Elamines  6  ou  9.  insérées  à  la  gorge  ou  à  la  base 
du  périanthe  ,  à  anthères  dorsitixesct  versatiles.  Carpelles  3,  plus  ou  moins  cohérents  en  ovaire 
à  3  loges  pluriovulées  ;  styles  3,  stigmfitifères  sur  leur  face  interne^  Fruit  capsulaire,  quelque- 
fois formint  supérieurement  des  follicules  ;  déliiscence  septicide.  Graines  albuminées. 

Cette  Famille^  voisine  des  Liliacées  et  des  Joncées,  est  représentée  dans  presque  toutes  les- 
conirées  du  globe.  Les  Mélanthacées  sont  des  Plantes  acres,  violemment  purgatives  etémétiques; 
leurs  propriétés  sont  dues  à  des  alcaloïdes  (F^ra^rme,  Colchicine,  SabadillinéV,  qui  résident  dans 
toutes  les  parties.  Le  Colchique  d'automne  [Colchicum  autumnale)  (P\.  XXX),  dont  la 
racine  et  les  semences  sont  employées  en  médecine,  est  commun  dans  les  pâturages  de  TEurope, 
sa  fleur  part  du  collet  de  la  Plante,  sans  être  accompagnée  par  des  feuilles,  et  se  compose  d'un  pé- 
rianthe à  tube  très-allongé,  terminé  par  un  limbe  à  six  segments  d'un  rose  de  chair,  qui  s'épa- 
nouissent à  l'automne  ;  au  printemps  suivant,  les  feuilles  se  développent,  et  les  fruits  paraissent 
au  milieu  d'elles.  La  racine  du  Vératre  blanc  (Veratrum  album),  était  Vellébore  des  an- 
ciens; cette  Plante  croît  dans  les  Alpes  et  dans  l'Europe  méridionale.  La  Cévadille  (  F.  &ab- 
badilla)  croît  au  Mexique;  c'est  la  graine  qu'on  emploie  en  médecine. 

Famille  CCLXIV».  —  SMILACINÊES.  —  Htrbes  ou  sous- arbrisseaux  vivaces,  à 
rizbome  rampant.  Feuilles  alternes  ou  verticillées,  quelquefois  réduites  à  des  écailles  membra- 
neuses (Fragon).  Fleurs  quelquefois  diclines.  Périanthe  pétaloïde,  à  6  ou  à  4-8  segments  bisé- 
riés, libres  ou  cohérents.  Etamines  égales  en  nombre  aux  segments  du  périanthe,  insérées  à  leur 
base  ou  sur  le  réceptacle.  Ovaire  libre,  à  3  ou  4-8  loges  pauciovulées.  Fruit  bacciforme,  à 
semences  globuleuses,  pourvues  d'un  albumen  dense. 

Les  Smilacinées  habitent  principalemenl  les  régions  extratropicales  du  nouveau  continent. 
Elles  fournissent  à  la  médecine  et  à  l'horticulture  des  Espèces  intéressantes.  —  Les  Smilax, 
genre  type,  sont  des  Plantes  ligneuses  volubiles,  à  feuilles  cordiformes;  deux  Espèces  exotiques 
.«'ont  à  citer  :  l'une  est  la  S  qui  ne  (Smilax  china),  du  Japon  et  de  la  Chine;  l'autre  est  la 
Salsepareille  (S,  sarsaparilla),  du  Mexique;  leur  racine  est  émineniiment  sudorifique,  et 


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SMILAGINÉES.  369 

employée  comme  telle  dans  les  maladies  où  il  faut  purifier  la  masse  du  sang.  —  Les  F  ragons 
[Buscus),  sont  des  arbrisseaux  toujours  verts,  à  fleurs  dioïaues,  naissant  sur  des  lames  vertes , 
coriaces,  termindes  par  une  pointe  piquante,  et  qu'on  prendrait  pour  des  feuilles ,  mais  qui  ne 
sont  que  des  rameaux  aplatis,  situés  à  Faisselle  de  petites  écailles  membraneuses  :  celles-ci 
représentent  les  feuilles  par  leur  position;  mais  les  lames  vertes  qui  portent  les  fleurs  doivent 
être  considérées  comme  les  véritables  feuilles  au  point  de  vue  physiologique.  La  racine  do  notre 
PETIT  Houx  {Ruscus  acul  eatîis)  y  d' une  stkweur  sucrée^  âcreetamère,  est  employée  commediuréli- 
que. — Les  Convallaria  et  les  Polygonatum  sont  à  la  fois  des  Plantes  utiles  et  des  Plantes  d'agré- 
ment. Le  Sceau  de  Salomon  (Polygonatum  vulgare)  à  un  rhizome  dont  les  nodosités  ont 
la  figure  d'un  cachet,  et  lui  ont  valu  son  nom  vulgaire;  elle  croît  dans  les  bois ,  et  on  la  cultive 
dans l&s  jardins,  ainsi  que  le  Muguet  (Convallaria  maialis) ,  nommé  vulgairement  Lis  des 
vallées^  dont  les  fleurs  blanches,  en  godet,  exhalent  une  odeur  des  plus  suaves. — Le 
Lapageria  a  fleurs  roses  (Zoca^ena  rosea)  (PI.  XI) ,  Espèce  annexée  à  la  Famille  des 
Smilacinées,  est  un  arbrisseau  du  Chili,  à  tige  volubile,  à  feuilles  alternes,  ovales  ,  lancéolées; 
pédoncule  est  axillaire  et  uniflore;  le  périanlhe  est  campanule,  de  couleur  rose  ;  l'ovaire  est 
uniloculaire,  à  placentaires  pariétaux  ;  le  fruit  est  une  baie  volumineuse,  d'une  saveur  douce  et 
d'un  parfum  délicieux.  Cette  Espèce  a  été  dédiée  à  Joséphine  de  La  Pagerie,  femme  de  Napo-» 
léon,  protectrice  de  la  Botanique,  et  surtout  de  l'horticulture. 

Famille  CCLXV".  —  LILIACÉES. 

CARACTÈRE.  —  Périamhç  pétaloide  à  six  divisions  bisériées^  peu  dissemblables^ 
libres  ou  cohérentes.  Et  aminés  6,  hypogynes  ouperigynes.  Oy  AIRE  à  3  loges.  Fruit  capsu- 
laire  ou  bacciforme.  PLANTUiE  droite  dans  un  albumen  charnu. 

Plantes  ordinairement  herbacées  ou  vi^ 
vaces,  à  souche  ordinairement  bulbeuse^ 
quelquefois  rampante.  Feuilles  radicales  ou 
caulinaires,  à  nervures  parallèles.  Flçurs 
quelquefois  diclines,  terminales,  disposées 
en  épi,  ou  en  grappe,  ou  en  ombelle,  ou 
en  tète,  ou  en  fascicule,  ou  solitaires. 

Les  LiUacées  se  trouvent  répandues  dans 
toute  la  terre,  et  abondent  surtout  dans  les 
régions  tempérées  et  subtropicales  de  Fan- 
cien  continent;  elles  sont  bannies  de  la 
zone  glaciale.  —  La  médecine  et  l'art  cu-r 
linaire  trouvent  dans  cette  Famille  quelques 
Espèces  utiles;  ce  sont  principalement  la 
S  cil  le,  VAlocs,  les  nombreuses  Espèces 
d'Ail,  le  LiSy  V Asperge  et  le  Dragonnier, 
—  La  Se  1 L  L  E  (Scilla  maritima)  croît  sur 
les  rivages  de  TOcéan  ;  les  écailles  de  son 
bulbe,  qui  est  très-volumineux,  contiennent 
un  principe  lixe,  très-amer,  et  un  principe 
volatil,  acre  et  corrosif,  qui  se  dissipe  par 
la  dessiccation.  On  emploie  laScille,  en  mé- 
decine, comme  diurétique,  pour  favoriser 
i.lisNanciw.  3.  Lis  blboant.  Toxpectoration,  et  quelquefois  pour  déter^ 

[Lilium  Te»taeeum.)  {^Liltum  $peoioium.)  ^    '^  ai*  xj 

2.  mbtiio:«ioc8  DB  lbopold.     4.  cuMinoiB  a  trois  TACHES.        miner  le  vomissement.  Les  A/oes  sont  des 

(MeiHon,ca  L.opoldi.)  iCufmnçia  tHmaoulata.)  pj^^^^^       ^^.       ^^^^^^^^      ^J^^S     ICS     régionS 

chaudes  des  deux  continents;  leurs  feuilles  grasses,   fermes,  à  bords  dentés  et  piquants, 
fournissent,  par  incision  ou  par  expression,  un  suc  d'une  excessive  amertume.  On  l'extrait 


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370  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

surtout  deTALoÈs  succotkin  [Atoe  Soccotrina),  croissant  en  Arabie  et  kSoccotora,  Ge 
suc,  soluble  dans  Teau  bouillante  et  dans  l'alcool,  possède  des  propriétés  énergiques;  ^  petite 
dose,  il  active  les  fonctions  de  Testooiac,  et  purge  doucement;  à  haute  dose,  il  est  drastique, 
emménagogue,  et  porte  spécialement  son  action  sur  le  gros  intestin,  ainsi  que  sur  les  autres 
organes  situés  dans  le  bassin.  L'Aloès  est  la  base  de  ces  pilules  argentées  ou  dorées,  nommées 
grains  de  santé,  que  l'on  prend  avant  le  repas  pour  stimuler  l'organe  digestif. 

Le  Genre  Ail  [Allium)  a  pour  inflorescence  une  ombelle  enveloppée  d'une  spathe;  dans 
quelques  Espèces,  on  trouve  de  petits  bidbilles  au  milieu  des  fleurs.  L'Oc  non  (Allium  Cepa)^ 
à  bulbe  volumineux,  à  feuilles  cylindriques  flstuleuses;  la  Civette  (A.  schœnopraswn),  à 
feuilles  gazonnantes  ;  TEghalotte  (A.  ascalonicum),  à  bulbe  multiple;  le  Poibbav  (A. 
porrum)j  à  bulbe  allongé;  la  Roc  aubolle  (A.  scorodoprasum)  à  tige  contournée  en  spirale 
avant  la  floraison,  et  à  ombelle  bulbifère;  ces  diverses  Espèces  sont  culinaires;  elles  exhalent, 
lorsqu'on  les  froisse  ou  qu'on  les  divise^  une  odeur  désagréable  et  souvent  irritante;  mais,  de 
tous  les  Aulx,  le  plus  fétide  est  sans  contredit  l'A  i  l  c  u  lt  i  v  é  (A .  sativum).  Cette  Espèce  con- 
tient dans  sa  tige,  dans  ses  feuilles,  et  surtout  dans  son  bulbe,  composé  de  plusieurs  cayeux,  une 
huile  volatile  sulfurée,  acre  et  caustique^  à  laquelle  elle  doit  les  propriétés  stimulantes  qui  la  font 
rechercher  comme  condiment,  surtout  dans  le  midi  de  l'Europe  ;  cependant  tous  les  estomacs 
ne  sont  pas  également  disposés  à  le  digérer;  il  en  est  qui  s'y  refusent  avec  indignation  :  lors- 
que ce  cas  fâcheux  arrive,  le  soufre,  Thydrogène,  l'azote  et  l'acide  carbonique,  éléments  fbumis 
par  TAil  ou  par  l'estomac  lui-même,  et  combinés  2  à  2,  ou  3  à  3,  dans  ce  vivant  laboratoire, 
s'en  dégagent  sans  cesse^  et  enveloppent  le  coupable  d'une  vapeur  éminemment  anti  sociale. 
Il  y  a  dans  Horace  une  imprécation  hyperbolique,  exprimant  l'horreur  qu'inspirait  l'ail 
au  poète  romain,  qui  en  avait  avalé  par  mégarde  en  soupant  chez  Mécène  :  a  S'il  est  un 
homme  qui  de  ses  mains  impies  serra  jadis  le  gosier  de  son  vieux  père,  que  celui-là  soit  con- 
damné à  manger  l'Ail,  plus  vénéneux  que  toutes  les  Ciguës.  0  moissonneurs,  que  vos  entrailles 
sont  dures  I  Quel  est  donc  ce  poison  qui  dévore  les  miennes!  » 

Parentis  olim  si  quis  impià  manu 

Senile  guttur  fregerit^ 
Edai  cieutis  allium  nocentius^ 

0  dura  messorum  ilia  ! 
Quid  hoc  veneni  scBvit  in  prœcordiis  ? 

Alphonse^  roi  de  Castille,  fonda,  dans  le  quatrième  siècle,  un  Ordre  de  chevalerie,  dont  les 
statuts  interdisaient  l'Ail  à  ceux  qui  en  faisaient  partie;  les  délinquants  étaient  exilés  de  la 
cour  pour  un  mois.  —  On  emploie  l'Ail  en  médecine  comme  vermifuge^  et  il  entre  dans  la 
composition  d'une  liqueur  pharmaceutique^  préparée  avec  du  vinaigre,  des  aromates,  du 
camphre,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  Vinaigre  des  quatre  voleurs  parce  que  quatre  scé- 
lérats qui  exerçaient  leur  brigandage  dans  la  ville  de  Marseille,  désolée  par  la  peste,  se  préser- 
vèrent du  fléau,  en  faisant  usage  de  cette  liqueur. 

Le  Lis  (Lilium  candidum),  dont  les  fleurs  éblouissantes,  mais  éphémères,  ornent  les  jardins 
après  le  solstice  d'été ,  est  aussi  quelquefois  usité  dans  la  médecine  domestique  :  ses  b«dbes, 
cuits  sous  la  cendre,  sont  appliqués  en  cataplasmes  émollients. — l'AsPEacE  {Asparagus 
officinalis),  qui  se  distingue  des  autres  Liliacées  par  ses  fleurs  diolques,  son  fruit  charnu,  ses 
rameaux  flliformes  et  ses  feuilles,  réduites  à  l'état  d'écaillés  membraneuses,  est  cultivée  à 
cause  de  ses  jeunes  pousses,  dont  le  parenchyme,  soumis  à  la  cuisson,  fournit  un  mets  très- 
délicat;  leur  propriété  diurétique  est  connue  de  tout  le  monde;  cette  propriété  existe  aussi 
dans  la  racine. 

Quant  aux  Liliacées  cultivées  pour  l'ornement  des  jardins,  les  bornes  de  cet  ouvrage  ne 
permettent  pas  de  les  décrire  ;  nous  mentionnerons  seulement  les  principaux  Genres  :  ce  sont 
les  Tulipes  (Ttdipa),  à  pédoncule  uniflore,  à  périanthe  campanule,  à  stigmate  sessile;  les 


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DfiAGOSIHn   DE  L'OROTAVA.  Dracœna  draco.  {^vk  il  m:  lîi  P.  ¥.<iK 


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LILIACÉES.  371 

FuiTiLLAiRKs  {F*ritillaria)j  à  feuilles  verticillées,  à  fleurs  penchées,  dont  chaque  sépale  est 
creusé  à  la  base  d'une  glande  nectarifère;  les  L  i  s  (Liliitm),  à  périanthe  eampaniforme,  dont 
les  segments  sont  cohérents  à  leur  base  et  arqués  en  dehors  :  tels  sont  le  l.is  nankin 
(L.  t€staceum)y  à  fleurs  penchées,  de  couleur  nankin  dair  à  reflets  roses ^  à  segments 
retroussés,  presque  lisses  intérieurement,  et  beaucoup  plus  longs  cpie  les  étamines;  le 
L.  ELEGANT  (L  spectosum) ,  du  Japon ,  à  fleurs  couchées,  lavées  de  rose  sur  un  fond  blanc, 
dont  les  segments  internes  sont  couverts  de  papilles  rouges;  le  Calochoute  brillant 
{Caloehortus  spiendens)  (PL  XXV),  Plante  de  la  Californie,  portant  3-5  fleurs,  à  segments 
munis  au-dessus  de  leur  base  d'une  fossette  nectarifère ,  les  intérieurs  barbus,  d'un  beau  lilas 
violacé,  ornés  intérieurement  de  deux  taches  pourpres;  la  Méthonique  de  Léopold 
(MethonicaLeopoldi),  Plante  de  l'Afrique  occidentale,  grimpante,  à  feuilles  longuement  acu- 
minée  en  vrille,  à  fleurs  grandes,  renversées,  dont  les  segments  ondulés  et  allongés  en  queue 
à  leur  extrémité,  d'abord  jaunes,  puis  marbrés  et  stWés  de  rouge ,  se  relèvent  et  se  rap- 
prochent les  uns  des  autres;  le  Pkormium  tmax,  herbe  de  la  Nouvelle-Zélande,  à  racine 
tubéreuse,  à  feuilles  distiques,  coriaces^  dont  les  fibres  constituent  un  El,  le  plus  tenace  de 
tous  après  la  soie  ;  VAgapantkus,  du  Gap,  qui  porte  une  ombelle  de  nombreuses  fleurs  bleues; 
la  Tubéreuse  {Polianthes  tuberosa),  Espèce  intertropicale,  à  souche  tubéreuse^bulbeuse,  à 
fleurs  «n  épi,  de  couleur  blanche  rosée»  et  d'odeur  pénétrante  ;  les  Muscari,  à  périanthe  glo- 
buleux, à  fleurs  en  grappe,  dont  les  supérieures  sont  stériles  ;  Ic^Jacintues  (  Byaeinthus) , 
à  périanthe  campaniforme,  et  recourbé  en  dehors;  les  EucomiSy  du  Gap,  dont  la  grappe  est 
couronnée  par  un  bouquet  de  feuilles;  les  Se  il  les  (Sciila),  à  périanthe  profondément  divisé 
etrotacé;les  Ornithogalbs  (Ornithogalum),  dont  une  Espèce  indigène,  nommée  Dame 
d'onze  heures,  ouvre  son  périanthe  à  onze  heures  du  matin;  les  Asphodèles  {Asphodehts) , 
à  racine  fibreuse,  à  fleurs  en  grappe,  blanches,  dont  le  périanthe  est  polysépale;  les  Héilé- 
rocallbs  [Hemerocallis)^  à  racine  tubéro-fibreuse ,  à  hampe  ramifiée,  à  fleurs  jaunes,  qui 
durent  un  jour. 

A  la  limite  extrême  des  Liliacées,  qui  presque  tontes  sont  des  herbes,  et  près  de  l'humble 
Asperge  aux  rameaux  filiformes ,  vient  se  placer  le  monstrueux  Dragonnier,  de  l'Inde  orientale 
et  des  îles  Ganaries.  Le  Genre  Dracœna  est  caractérisé  par  son  périanthe  profondément  divisé, 
à  Segments  courbés  en  dehors,  par  ses  étamines  à  filets  épaissis  dans  leur  milieu,  et  insérés  au 
fond  du  périanthe,  et  par  sa  baie  sillonnée,  à  3  loges  ne  contenant  qu'une  graine.  Sa  tige ,  de 
consistance  molle,  laisse  exsuder,  dans  les  grandes  chaleurs,  un  suc  résineux  rouge,  qui  est 
le  vrai  sang^dragon  des  ofGcines  ;  ses  rameaux,  qui  vont  en  se  bifurquant,  sont  couronnés  à 
leur  sommet  par  des  touff'es  de  feuilles  en  forme  de  glaive^  épineuses  à  leur  extrémité;  et  les 
fleurs  forment  des  grappes  rameuses,  terminales. 

G'est  surtout  le  Dragonnier  HOrotava^  que  les  voyageurs  vont  admirer  à  Ténériffe.  Son  tronc 
creusé  par  le  temp^jusqu'àTorigine  des  premtèresbranclMS,s'é1èveàuneha«teiiir  de  72piedfi, 
et  dix  hommes  se  tenant  par  la  main  peuvent  à  peine  embrasser  sa  circonférence. — Lorsque 
l'ile  deTéBérifle  fat  découverte,  en  1&02,  la  tradition  rapforte  qu'il  était  déjà  aussi  gros  qu'au- 
jourd'hui :  c«  qui  vient  confirmer  cette  tradition ,  e^est  la  lenteur  avec  laqueUe  croissent  les 
jeunes  Drs^onniers  qui  vivent  aux  Ganaries,  et  dont  Tâgc  est  exadiemen^  connu.  Gette  com- 
paraison donne  lieu  à  des  calculs  qui  confondent  l'imagination,  et  dont  les  plus  modestes  ne 
permettent  pas  de  douter  que  le  Dragonnier  d'Oratava  ne  soit  le  plus  vieux  des  végétaux  dis- 
pensés sur  la  surfoee  de  la  terre. 

Le  tronc  de  ce  colosse,  qui  a  précédé  peut-éire  la  création  de  l'Homme,  et  sur  lequel  ont 
glissé  quatre  siècles  sans  y  laisser  la  trace  de  leur  passage ,  résiste  inébranlable  à  Fétemeï 
assaut  du  vent  alizé  supérieur,  qui  s'abat  sur  le  globe  à  la  hauteur  des  iles  Ganaries  pour  aller 
remplacer  aux  pôles  l'alise  du  nord-est^  et  si  quelquefois  les  branches  les  plus  élevé^  sont 
brisées  par  la  tempête  venue  de  l'équateur,  k  tronc  continue  de  végéter  avec  une  vigueur 
inépuisable  pour  en  former  de  nouvelles. 


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372  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

.Famille  CCLXVI.  —  GILLIÉSIÉES.  —  Groupe  de  deux  Genres  du  Chili,  voisin  des 
Asphodèles^  et  s'en  distinguant  par  leur  involucre  dounle  et  leur  périanthc  trimère. 

Famille  CCLX  VII«.  —  PONTÉDÉRACÈES.  —  Herbes  vivaces  à  rhizome  rampant, 
aquatiques;  feuilles  radicales,  cngaînanlcs;  fleurs  sortant  d'une  spathe  ou  d*iine  fente  du  petiote. 
Périanthe  pélalolde,  6-partit.  Etamines  6  ou  3,  périgynes.  Ovaire  libre,  à  3  loges.  Capsule  locu- 
licidc.  Albumen  farineux.  La  Ponlederia  cordatade  la  Virginie,  à  feuilles  en  cœur,  à  fleurs 
bleues  en  épi,  est  cultivé  dans  les  bassins  des  jardins  d'Europe. 

Famille  CCLXVIIIv  —  JONCÉES.  —  Périanthe  à  6  segments  écailleux  ou  subpéU- 
loïdes.  Etamines  6,  insérées  à  la  base  des  sépales.  Ovaire  à  trois  loges,  quelquefois  incomplètes  ; 
ovules  dres>és,  réfléchis;  capsule  loculicide  ou  septifraj^e.  Planluîe  à  la  base  d'un  albumen 
charnu.  —  Tige  herbacée,  feuilles  alternes  engainantes  ;  fleurs  bractéolées.  —  Les  Joncées, 
dont  le  Jonc  est  le  Genre  type,  habitent  principalement  les  régions  tempérées  et  fraîches,  ou 
même  froides,  de  l'hémisphère  boréal.  La  Calectasie  a  fleurs  bleues  {Calectasia 
cyanea)  (PI.  XXV)  est  annexée  à  cette  Famille  :  c'est  un  petit  arbrisseau  de  la  Nouvelle - 
Hollande,  dont  la  fleur  est  solitaire,  à  limbe  d'un  bleu  d'azur,  à  6  divisions  étalées  en  patère. 

Famille  GCLXIX».  —  COMMÉLYN  ÉES.  —  Périanthe  double,  Pext^îrieur  à  3  sé- 
pales, herbacés  ;  l'intérieur  à  3  pétales  libres.  Etamines  6,  hypogynes,  quelquefois  en  partie 
stériles.  Ovaire  à  3  loges  pauciovulées.  Capsule  loculicide  ou  baie.  Plantule  autitrope,  al- 
buminée. —  Tige  herbacée  à  feuilles  alternes,  engainantes  ;  fleurs  protégées  par  des  bractées. 
Ces  Plantes  habitent  surtout  la  zone  tropicale.  On  cultive  en  Europe  les  Commélynes 
(Commeh/na),  h  fleurs  fasciculées,  involucrées,  de  couleur  blanche  ou  bleue  ;  les  Ephémé- 
RiNBS  (Tradescantia)  (PI.  XXVIII),  qui  diffèrent  des  Commélynées  parleurs  fleurs  en  grappe 
ou  en  ombelle,  leurs  pétales  sessiles,  et  leurs  etamines  à  fllets  barbus. 

Famille  CCLXX*. —  XYRIDÉES.  —  Herbes  exotiques,  marécageuses,  vivaces,  à 
feuilles  radicale»,  engainantes  ;  fleurs  en  capitule,  à  bractées  imbriquées.  Périanthe  double, 
l'extérieur  composé  de  trois  pièces  écai  lieu  ses;  rinlérieurpétaloîde,  tubuleux  ou  en  patère.  Eta- 
mines 6,  dont  3  stériles,  insérées  sur  le  tube  du  périanthe.  Fruit  capsulaire.  Plantule  antitrope, 
albuminée. 

Famille  CCLXXK  —  ÉRIOCAU LONÉES.  —  Plantes  exotiques,  marécageuses, 
vivaces,  à  fleurs  linéaires,  demi-engainantes,  radicales  ou  alternes.  Fleurs  monoïques  ou  dioî- 
ques.  Périanthe  double,  Textérieur  à  2-3  sépales,  l'intérieur  tubuleux,  tri fl de.  Etamines  k  ou  6, 
inséréessur  le  périante.  Ovaire  à  2-3  loges  uniovulées.  Capsule  loculicide. —  Plantule  antitrope, 
albuminée. 

Famille  CCLXXIK—  RESTIACÉES  —  Périanthe  écailleux,  calyciforme,  bisérié. 
Etamines  2-3.  Ovaire  à  2-3  loges  uniovulées.  Capsule  loculicide,  ou  noix  indéhiscente.  Plantule 
antitrope,  albuminée.  — Plantes  de  l'hémisphère  austral,  à  souche  rampante;  feuilles  radicales 
eu  alternes,  à  gaine  fendue  d'un  côté. 

Famille  CCLXXIIK—CENTROLÉPIDÉES.  — Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande, 
petites,  à  racine  tibreuse,  à  chaume  filiforme,  à  feuilles  radicales,  se tacées^  engainantes.  Fleurs 
en  épillets  distiques.  Périanthe  écailleux,  à  1  ou  2  écailles.  Etamine  unique.  Ovaire  1,  ou  plu- 
sieurs uniovulés.  Fruit  utriculaire.  Plantule  antitrope,  albuminée. 

Famille  GCLXXIV». —  CYPÉRACÉES.— Plantes  herbacées  à  rhizome  ordinairement 
vivace.  Tige  anguleuse  à  nœuds  resserrés  ou  nuls.  Feuilles  alternes,  naissant  des  nœuds,  et  che- 
vauchant les  unes  sur  les  autres.  Pétiole  en  gaine  close,  souvent  sans  limbe;  limbe  linéaire. 
Fleurs  souvent  diclines,  pourvues  chacune  d'une  bractée  scaricuse,  nommée  glume,  et  disposé^^s 
en  épis.  Périanthe  tantôt  nul  (Souchet)^  tantôt  constitué,  ou  par  des  soies  [Scirpe^  Linaigretie), 
ou  par  deux  écailles  soudées  en  urcéole  [Carex).  Etamines  trois,  rarement  deux;  hvpogynes,  à 
anthères  basifixes.  Ovaire  à  ovule  unique,  dressé,  réfléchi.  Style  divisé  en  trois  ou  deux  bran- 
ches stigmatifères.  Akène  à  plantule  minime,  incluse  dans  un  albumen  farineux  ou  charnu. 
Cette  Famille  ne  diffère  des  Graminées  que  par  la  situation  de  sa  plantule  et  son  chaume  an 
guleux,  à  nœuds  resserrés  ou  nuls.  Elle  est  répandue  par  toute  la  terre.  Elle  présente  peu  d'in- 
térêt sous  le  rapport  des  services  qu'elle  rend  à  l'homme.  Le  rhizome  des  Carex  était  recom- 
mandé autrefois  comme  sudoriflque.  Le  C.  des  sables  (C  arenaria)  croît  dans  les  sables 
maritimes  du  nord  de  l'Europe.  Ses  longues  souches  rampantes  contribuent  à  fixer  le  sol  des 
dunes,  et  à  consolider  les  digues  de  la  Hollande.  Le  Souchet  long  [Cyperus  longus)  et  le 


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/M  VSAGE   UlNDUl 


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CYPÉRACÉES.  373 

S.  EOND  (C.  rotundus)  ont  un  rhizome  odorant,  usité  en  médecine  comme  stimulant.  Le 
SoucHBT  A  PAPIER  (C.  papyrus)  croît  dans  les  marais  de  l'Egypte  et  de  la  Sicile;  sa  lige 
est  triangulaire,  haute  de  6  pieds,  sans  feuilles;  ses  épis  sont  disposés  en  ombelle  vaste  et  élé- 
gante* Les  fibres  parallèles  de  la  lige  serviiient  autrefois  à  fabriquer  du  papier.  Les  anciens  la 
coupaient  en  tranches  longitudinales,  qu'ils  plaçaient  en  croix,  les  unes  sur  les  autres;  ils  les 
pressaient,  les  battaient,  les  aplatissaient,  et  le  feuillet  formé  était  ensuite  lissé  avec  Tivoire. 
Le  papier  de  Chine,  sur  lequel  on  imprime  les  gravures  de  prix»  se  f  brique,  môme  en  Eu- 
rope, avec  les  fibres  des  Cypéraeées.  LeSoucHET  comestible  {Cyperus  esculentus)  qui 
croît  dans  TEurope  méridionale,  contient  dans  les  tubercules  de  son  rhizome  de  la  fécule,  du 
sucre  et  une  huile  fixe  d'un  goût  agréable. 

Famille  CCLXXV». —GRAMINÉES.— Plantes  généralement  herbacées,  à  rhizome 
raccourci,  ou  allongé  et  rampant.  Tige  cylindrique,  creuse,  à  nœuds  renflés.  Feuilles  naissant 
des  nœuds,  alternes,  distiques;  pétiole  eu  gaine  fendue,  embrassant  la  tige;  limbe  linéaire,  à 
nervures  parallèles  ;  ligule  à  la  limite  du  pétiole  et  du  limbe.  Fleurs  rarement  diclines,  dis- 
posées en  petits  épis  distiques  à  l'extrémité  des  rameaux.  Epillets  ses>iles,  formant  un  épi,  ou 
pédoncules,  formant  une  panicule,  involuci'és  par  deux  bractées  écililleu^es  nommées  glumes, 
opposées  presque  de  niveau,  Tune  externe,  Tautre  interne.  Epillets  uniflores  ou  pluriflores, 
contenant  quelquefois  des  fleurs  stériles  ;  fleurs  pourvues  chacune  de  deux  bractées  nommées 
glumelles  ou  balles^  dont  une  inférieure  et  externe,  plus  grande,  carénée,  emboîtant  l'interne. 

Périanthe  ordinairement  nul,  ou  con- 
stitué par  un  verticille  de  2-5  écailles 
charnues,  hypogynes,  nommées  glu*- 
melluies.  Etamines  hypogynes,  ordinai- 
rement 3,  quelquefois  6,  à  fliets  capil- 
laires, à  anthères  domfixes.  Ovaire 
uniovulé,  à  2-3  styles,  à  stigmates 
plumeux.  Caryopse.  Plantule  minime, 
située  à  la  base  externe  d'un  albumen 
farineux. 

AFFINITÉ.— Les  Graminées  ont 
une  physionomie  qui  les  fait  distinguer 
sans  peine  de  toutes  les  autres  Familles. 
La  simplicité  de  leur  structure  leur  as- 
signe un  rang  inférieur  parmi  les  mo- 
nocotylédones.  Elles  i^ont  voisines  des 
Gypéracées ,  dont  elles  diffèrent  par 
leur  chaume  non  anguleux,  à  nœuds 
saillants,  leurs  feuilles  à  gaine  fendue 
et  ligulée,  leur  ovule  pariétal ,  leur 
graine  adhérente  au  péricarpe,  et  leur 
plantule  superficielle.  Les  Roseaux  ar- 
borescents rapprochent  les  Graminées 
des  Palmiers. 

GÉOGRAPHIE.  —   Cette    nom- 
breuse Famille  fournit  à  nos  troupeaux 
leur  pâturage,  et  à  Thorame  les  Céréales, 
Elle  n'est  exclue  d'aucune  contrée  du 
Cawwb  a  >ccr>  globe  ;  elle  abonde  surtout  dans  les  ré- 

(saeohirum  o0Mnarum.)  gions tempérées  do  rhémisphère  boréal. 

Vers  Téquateur,  le  nombre  des  indivi- 
dus diminue,  mais  celui  des  Espèces  augmente  ;  leur  tige  devient  ligneuse,  leurs  feuilles  s'élar- 
ffissent,  et  cette  végétation  luxuriante  rend  souvent  imparfait  le  développement  des  organes  de 
la  reproduction.  On  ne  peut  asseoir  aucune  certitude  sur  la  patrie  des  Céréales.  L'Avoine  et 
VOrge  sont  cultivés  surtout  dans  le  Nord  ;  le  Seigle  et  le  Froment  dans  des  climats  tempérés  ; 
le  Meus  en  Amérique,  et  le  Riz  en  Asie.  Ces  six  Espèces  nourrissent  de  leurs  semences  la  plus 
grande  partie  du  genre  humain. 

L'analogie  de  leur  composition  chimique,  non  moins  que  celle  de  leurs  caractères  extérieurs, 
montre  leur  affinité,  et  en  fait  des  Plantes  essentiellement  nutritives.  Les  parties  herbacées 
contiennent  de  la  silice,  de  la  chaux  phosphatée,  de  l'albumine,  du  sucre  et  des  principes  mu- 

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37/^  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

cilagineux.  Les  graines  renferment  en  abondance  de  Tamidon  et  du  gluten,  une  certaine  quan- 
tité de  sucre,  qui  augmente  à  Tépoquede  la  germination,  un  peu  d'huile  fixe,  et  divers  sels. 

Il  en  est  peu  qui  fassent  exception.  L'Ivraie  bnivrantb  (Lolitnn  temulentum),  grameo 
suspect  aux  gens  de  la  campagne,  contient  en  effet  un  principe  narcotique  [Loliiné).  Les  A/b- 
linia  nuisent  aux  chevaux;  le  Pigonil  {Feshica  quadridentata),  qui  croît  en  abondance  au 
Pérou,  est,  dit-on,  très  vénéneux,  et  mortel  pour  le  bétail.  Nos  troupeaux  ne  touchent  pas  aux 
Calamagrostis,  dont  l'herbe  est  sans  suc;  et  lorsque,  pressés  par  la  faim  ils  les  ont  broutés, 
leur  œsophage  et  leurs  intestins  sont  mécaniquement  lésés  par  ce  fourrage  siliceux.  Le  rhizome 
de  quelques  Brrnnm  est  purgatif. 

La  Flouvb  {Anthoxanihum  odoratum)^  dont  les  racines  contiennent  de  Tacide  benzoïque, 
donne  au  foin  de  nos  prairies  Todeur  balsamique  qu'il  répand  lorsqu'on  le  fait  sécher,  l'arcni 
les  Graminées  officinales,  se  place  en  premi<>re  ligne  le  Chiendent  {Triticum  repens)^  oui 
crott  dans  les  lieux  cultivés  de  toute  TEurope,  et  dont  le  rhizome  indestructible  infeste  les 
jardins.  Celui  du  Chiendent  pied  de  poule  (Cynodon  dactylon)^  et  de  plusieurs  autres 
espèces,  est  employé,  ainsi  que  le  précodent,  en  tisane  émolliente  et  apéritive.  La  semence  de 
TOrge  [Hordeum  vulgare  et  H,  distichum)^  privée  de  ses  téguments  (Orge  mandé),  e»t  aussi 
très-usilée  en  médt^cine.  Ce  qu'on  nomme  malt  est  la  graine  de  TOrge  qui  a  subi  un  commen- 
cement de  germination,  et  dont  la  fécule  s'est  convertie  en  sucre  ;  ce  malt,  séché  rapi  lement  et 
broyé,  est  la  base  de  la  bière. 

La  Canne  a  Sucre  {Sacchûrum  officinarum]  est  originaire  des  Indes  orientale.^.  Vers  la 
fin  du  treizième  siècle,  elle  fut  portée  de  l'Inde  en  Arabie,  puis  en  Egypte,  dans  rA>ie-Mincnre 
et  les  Etats  barbaresques.  En  1506,  elle  fut  introduite  à  Saint-Domingue,  d'où  elle  sVst 
répandue  dans  toute  I  Amérique  tropicale.  C'est  dans  la  partie  inférieure  de  son  chaume  que 
se  trouve  le  sucre  en  plus  grande  quantité.  On  le  coupe,  on  Técrase  ;  la  sève  qui  en  découle  est 
épaissie  au  feu,  et  dépose  par  refroidissement  la  Cassonnade.  Ce  sucre,  grossièrement  cristal- 
lisé, est  ensuite  raffiné  au  moyen  du  charbon  animal,  qui  s'empare  des  principes  colorant,  et 
de  Talbumine,  qui  enveloppe,  en  se  coagulant,  les  matières  insolubles  mêlées  à  la  (^ssonnade. 

Les  Bambous  sont  des  Graminées  arborescentes  dont  le  chaume  ligneux  s'élève  à  plus  de 
soixante  pieds  ;  leurs  épis  verticiilés  se  ramifient  en  grandes  panicules;  les  fleurs  présentent 
dans  leur  structure  une  symétrie  numérique  fort  remarquable  :  le  périanthe  interne  <c  compose 
de  3  dumellules  enlièreâ  et  ciliées,  et  Tandrocée,  de  6  étamines  bisériées.  De  leur  tige  flexible 
et  solide  on  fait  des  cannes,  qui  se  vendent  en  Europe.  Les  jeunes  pousses  renferment  une 
moelle  sucrée  qui  entre  dans  la  composition  d'un  assaisonnement  indien,   nommé  atchar,  le- 

2uel  consiste  en  fruits  verts  de  beaucoup  d'Espèces,  confits  dans  le  vinaigre  avec  le^î  aromates 
u  pays. 

La  Canne  de  Provence  (Arundo  donax)  croît  dans  le  Midi  de  la  France.  Son  rhi- 
zome est  employé  comme  diurétique  et  sudorifique,  pour  arrêter  la  .«écrétion  laiteuse  chez  les 
femmes  en  couche.  Les  Andropogons  ont  des  racines  aromatiques»  usitées  en  médecine.  I.e 
Schomanthe  d'Arabie,  ou  foin  des  chameaux^  provient  d'un  Andropogon  :  c'est  une  herbe 
très-odorante,  célèbre  dans  l'Orient  pour  ses  propriétés  stimulantes,  diurétiques  et  diaphoré- 
tiques.  Le  Vétiver  est  la  racine  fibreuse  de  V  Andropogon  mur  icatus^  Plante  de  l'Inde,  qui  sert 
à  préserver  des  insectes  les  étofl*es  et  les  vêtements. 

Le  Froment  {Triticum  sativum)  est  la  première  des  Céréales  ;  la  graine  contient  plus  de 
gluten  que  celle  de  toutes  les  autres;  celle  du  S e i g l e  (À^co/^  céréale)  contient  plus  de 
gomme  ;  celle  de  l'orge  est  pauvre  en  gluten  :  aussi  est-elle  de  difficile  digestion.  Viennent 
ensuite  Vkyo\s^(Avena  saliva),  le  Riz  (Oryza  zativa),  le  Maïs  (Mays  zea).  D'autres  cé- 
réales de  second  ordre  appartiennent  plus  particulièrement  à  certains  pays  ;  le  Mfllbt  {Pa- 
lium  miliaceum),  le  Sorgho  {Holcus  Balepensis),  sont  cultivés  dans  le  midi  de  l'Europe; 
VEleusine  caracana,  dans  l'Inde;  le  Boujera  [Penicillaria  spicata),  en  Asie;  le  Patcrin 
d'Abyssinie  (Poa  Abyssinica),  dans  l'Afrique  tropicale. 

Les  Graminées,  dont  la  couleur  est  uniforme,  dont  la  structure  est  simple  et  la  physionomie 
modeste,  les  Graminées,  qui  vivent  partout  et  de  peu,  qui  sont  tributaires  de  tous  les  animaux 
herbivores,  et  représentent  la  tourbe  menue  de  la  Nation  des  Végétaux,  devaient  être  néces- 
sairement rangées  par  Linné  dans  les  classes  inférieures  de  la  Société.  Voici comm»*nt  le  natu- 
raliste-poète caractérise  cette  famille  dans  sa  phrase  latine*,  que  nous  traduisons  littéralement. 
Il  n'y  a  pas  un  mot  qui  ne  renferme  une  allusion  piquante  :  <c  Les  Gramens,  plébéiens, 
(c  campagnards,  pauvres,  gens  de  chaume,  communs,  simples,  vivaces,  constituent  la  force  et 
«  la  puissance  du  Royaume  végétal,  et  se  multiplient  d'autant  plus  qu'on  les  maltraite  davao- 
«  tage  et  qu'on  les  foule  aux  pieds.  »  —  c(Graiiina  plebeii,  rustici,  pauperes,  culmacei, 
a  simpiicissimi,  vivacissimiy  Regni  vegetabilis  vim  et  robur  constituentes,  qm  que  magis 
<(  mulcfati  et  calcatiy  magis  multiplicativi.  » 


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GRAMINÉES.  375 

Ces  idées  ont  été  paraphrasées  dans  un  Poème  inédit  sur  les  Graminées,  dont  voici  les  pre- 
miers vers  : 

Famille  bienfaisante,  aimables  Graminées, 
De  vos  modestes  fleurs  les  humbles  hy menées  • 
Devraient  être  bénis  par  tout  le  Genre  humain. 
Car  c'est  à  leurs  amours  que  THomme  doit  son  pain. 
Linné,  qui  connut  tout  et  qui  sut  tout  décrire , 
Linné,  législateur  du  végétal  Empire , 
Vous  classa  dans  les  rangs  des  obscurs  plébéiens  ; 
Oui,  vous  êtes  le  Peuple,  utiles  citoyens  : 
Comme  lui  de  TEtat  vous  fondez  la  richesse, 
Comme  lui,  vos  enfants,  sous  le  pied  qui  les  presse, 
Poussent  avec  vigueur  de  nombreux  rejetons. 
Qui,  toujours  opprimés^  renaissent  plus  féconds. 

Famille  CCLXXVI».  —  PALMIERS.  —  Arbres  à  tige  élancée,  simple  et  cylindrique, 
couronné  au  sommet  par  une  touffe  de  feuilles  dont  les  plus  inférieures  se  détruisent  chaque 
année,  et  sont  remplacées  par  celles  qui  sortent  du  bourgeon  terminal.  —  Feuilles  a'ternes,  à 

S  étiole  engainant^  à  limbe  pennilobé  ou  palmilobé;  feuilles  ordinairement  monoïques  ou 
ioïques,  formant  un  épi  rameux  (régime),  protégé  par  une  spathe.  —  Périanlhe  à  6  divisions 
bisériées,  les  extérieures  calycoïdes,  les  intérieures  pélaloîdes.  Etamines  ordinairement  6,  in- 
sérées sur  le  réceptacle  ou  à  la  base  du  périanthe.  Carpelles  3,  libres  ou  soudés  en  un  ovaire 
à  3  loges,  dont  2  avortent  ordinairement  (Cocotier);  ovule  solitaire  dressé  ;  stylo  indivis  à 
3  stigmates.  Fruitsbacci formes  ou  drupacés  ;  mésocarpe  charnu  (Dattie?-)  ou  fibreux  [Cocotier)  ; 
endocarpe  papyracé,  ou  fibreux,  ou  ligneux,  ou  pierreux.  Graines  à  lesta  soudé  avec  Tendo- 
carpe;  plantule  petite,  occupant  une  fossette  latérale,  creusée  dans  un  albumen  abondant, d'a- 
bord laiteux,  puis  se  condensant,  et  devenant  cartilagineux  ou  corné  et  ordinairement  ruminé. 

Les  Palmiers  habitent  la  zone  intertropicale;  ils  sont  le  plus  bel  ornement  de  la  féconde 
Amérique,  et  abondent  surtout  dans  les  îles  vierges  de  Inémisphère  oriental.  Leur  limite 
boréale  est,  en  Asie  le  34.'  parallèle,  et  le  36"  en  Amérique.  Transportés  en  Europe  par  les 
anciens,  ils  y  végètent  jusqu'au  44' degré,  mais  ils  fructifient  rarement. 

ESPÈCES  PRINCIPALES. —  Cette Famille  est  non-seulement  la  plus  belle,  mais  en- 
core la  plus  utile  du  Règne  végétal  ;  elle  ne  le  cède  ni  aux  Graminées,  ni  à  la  Vigne,  ni  à 
rOlivier,  car  elle  fournit  en  abondance  aux  habitants  de  la  zone  torride  du  pain,  du  vin  et  de 
rhuile.  —  La  lige  de  plusieurs  Palmiers  renferme  une  moelle  farineuse  et  nutritive, 
et  les  jeunes  feuilles,  cachées  dans  leur  bourgeon  terminal,  son^  un  mets  des  plus  délicats. 
D'autres  laissent  couler  de  leur  tronc  une  sève  rafraîchissante  et  sucrée  qui  se  convertit 
par  la  fermentation  en  un  vin  très-spiritueux.  Quelques  Palmiers  à  éventail  ont  un  suc  émé- 
tique  qui  passe  pour  un  contre -poison  efficace.  La  drupe  d'un  grand  nombre  d'entre  eux  est 
revêtue  d'une  chair  savoureuse  et  sucrée,  quelquefois  acide.  La  liqueur  laiteuse  qui  s'écoule 
des  semences  non  mûres  de  plusieurs  Espèces  est  un  breuvage  d'une  délicieuse  fraîcheur  pour 
ceux  qui  vivent  sous  le  ciel  brûlant  des  tropiques.  L'huile  fixe,  exprimée  des  graines,  est  d'une 
immense  utilité  ;  souvent  le  mésocarpe  lui-même  est  huileux. 

Les  Palmiers  à  moelle  farineuse  sont  le  Sagoutieb  (Sagiis  rumphia)  des  Indes,  et  les 
Mauritia  de  l'Amérique;  les  Palmiers  à  suc  vineux,  les  Arenga^  les  Cocotiers,  les  Raphia^  etc. 
LeD  ATTiER  (Phœnix  dactylifera)  croît  dans  la  Perse,  dans  l'Inde,  et  surtout  dans  la  vaste 
contrée  qui  longe,  derrière  l'Atlas,  nos  possessions  d'Afrique.  C'est  un  arbre  dioïque,  do 
soixante  pieds,  dont  le  bois,  dur  extérieurement,  mais  mou  et  facilement  destructible  à  l'inté- 
rieur, est  emplové  pour  les  constructions  ;  ses  feuilles  sont  pennées  ;  son  spadice,  ou  régime^ 
sort  d'une  grande  spathe,  et  porte  des  fleurs  staminées  ou  pistillées  :  ces  dernières  deviennent 
des  baie?,  dont  la  graine  a  un  testa  membraneux  et  un  albumen  osseux  très-dur,  sillonné  d'un 
côté;  le  mésocarpe  sucré  est  l'unique  nourriture  des  nègres  et  des  tribus  arabes  qui  vivent  dans 
le  Biledulgerid.Quand  ces  peuples  se  font  la  guerre,  ils  vont  détruire  les  Dattiers  à  étamines  sur 
le  terrain  de  leurs  ennemis,  afin  de  les  affamer  en  rendant  stériles  les  Dattiers  à  pistil. 

Le  Cocotier  (Cocos  nucifera)  habile  toute  la  zone  torride;  il  aime  le  voisinage  des  mers, 
comme  la  race  neptunicnne,  que  son  instinct  maritime  empêche  de  quitter  le  littoral  de 
rOcéan  Pacifique,  et  qui  semble  y  être- retenue  par  les  bienfaits  que  lui  prodigue  le  Cocotier  : 
rhomme  trouva  dans  ce  précieux  Végétal  de  quoi  suffire  à  tous  ses  besoins;  la  lige,  les  feuilles, 
les  fibres  ligneuses,  la  graine,  servent  à  Tabriter,  à  l'enivrer  môme,  à  le  vêtir,  à  le  loger,  à 


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376  HISTOIRE  DES  FAMILLES. 

Téclairer,  à  lo  chauffer,  à  le  transporter  sur  les  mers,  à  le  nourrir,  à  le  désaltérer,  et  à  le  guérir 
dans  SCS  maladies.  La  tige,  dont  le  diamètre  est  à  peine  d*un  pied  et  demi,  s'élève,  en  colonne 
hardie,  à  une  hauteur  de  90  pieds,  et  se  couronne  d'un  chapiteau  de  feuilles  pennées,  longues 
de  18  pieds.  Le  fruit  est  une  drupe,  du  Yolume  de  la  tète,  à  mésoiarpe  fibreux;  Tendocarpe 
est  osseux,  percé  de  trois  trous  i  sa  base;  la  graine  est  presque  entièrement  formée  d*uD  albu- 
men, d'abord  liouide,  puis  charnu  et  ferme,  qui,  selon  son  âge,  fournit  une  liqueur  sucrée, 
acidulé  et  rafraîchissante,  ou  un  aliment  solide  et  substantiel  :  on  en  retire  par  expression  une 
huile  fixe,  qui  sert  à  la  préparation  des  aliments  et  à  l'éclairage. 

Le  Palmier  Avoira  {Fiais guineensis) ,  onginiiire  de  l'Afrique,  a  été  transporté  dans 
TAsie  et  dans  l'Amérique;  il  est  monoïque;  son  fruit  fournit  deux  espèce^s  d'huile:  celle  du 
mésocarpe  est  jaune,  odorante,  liquide  sous  le  ciel  tropicale,  mais  se  figeant  en  Europe,  où  on 
l'emploie,  sous  le  nom  d'huile  de  palme ^  à  la  fabrication  des  savons.  —  Le  Calyptrocalyx  es^t 
un  Palmier  indien,  à  tronc  cannelé,  lisse,  à  feuilles  penuiséquées,  dont  le  pétiole  se  divise  en 
fibres  sur  les  bords;  les  fleurs  monoïifues  sont  cachées  dans  les  excavations  de  l'axe  du 
régime,  et  recouvertes  d'une  écaille  ;  le  fruit  est  une  baie  sèche,  globuleuse.  —  Le  Rbnti4 
ELEVE  (Keniia procera)  est  un  grand  arbre  monoïque  de  l'Archipel  Indien  ,  croissant  sur  les 
rochers;  son  tronc  est  lisse,  ses  feuilles  penniséquées,  à  segments  pectines  et  bifide:! ;  ses  spa- 
dices  sont  placés  au-dessous  des  feuilles,  et  couverts  de  fleurs  incrustées  dans  de  petites  fossettes. 
Le  fruit  est  ellipsoïde  et  petit.  —  L'Arec  [Areca  cathecu)  y  arbre  de  l'Inde  et  de  Ceyian, 
fournit  un  ca^^utrès-estimé;  son  amande,  coupée  par  tranches,  saupoudrée  de  chaux,  et  enfer- 
mt>e  dans  une  feuille  de  Poivre  belel,  compose  le  masticatoire  dont  nous  avons  déjà  parlé. —  \jf% 
Rotangs  (Cû/ûwws)  sont  des  Palmiers  grêles,  à  tiges  grimpantes,  peu  ou  point  feuillées, 
montant  le  long  des  arbres,  passant  d'une  branche  à  l'autre,  et  se  prolongeant  indéfiniment  ; 
leur  longueur  est  quelquefois  de  500  pieds  On  en  fait  des  badines,  des  meubles  treillissés,  et 
des  cannes  flexibles,  luisantes,  connues  en  Europe  sous  le  nom  de  Jonc,  Le  Calamus  draco 
fournit  une  sorte  de  sang-dragan,  —  LeCéaoxTLON  des  Andes  (  Ceroxylon  andicola) , 
arbre  du  Pérou,  est  le  plus  haut  de  tous  le^  Palmiers  ;  les  individus  ordinaires  ont  120  pieds  de 
hauteur,  mais  M.  de  Humboldt  en  a  vu  s'élever  à  180.  Il  produit  une  cire  qui  exsude  de  ses 
feuilles,  et  surtout  de  la  base  de  leurs  pétioles,  formant  des  anneaux  sur  la  tige. — Les  Corypha, 
magnifiques  Palmiers  à  fronde  en  éventail,  sont  également  cérifères. 

Familles  CGLXXVIl*  ET CGLXXVIIP.—CYCLANTHÉES  ET  PANDANÉES.— 

Plantes  tropicales,  vivaces,  arborescentes  ou  grimpantes,  à  feuilles  alternes,  imbriquées,  presque 
engainantes;  fleurs diclines,  en  spadice  pourvu  d'une  spathe.  Etamines  nombreuses,  fruit  charnu 
composé  de  plusieurs  carpelles  soudés  en  fascicule,  et  paraissant  multiloculaire.  Graines  albu- 
minées. —  Les  Cyclanthées  ont  des  feuilles  pennées  ou  en  éventail;  et  des  fleurs  pourvues  d'un 
périanlhe;  les  Pandanées  ont  des  feuilles  simples  et  des  fleurs  nues.  —  Les  Baquois  {Pan- 
danns)  ont  une  tige  arborescente ,  menue,  des  feuilles  imbriquées  sur  trois  rangs,  linéaires 
lancéolées,  ampicxicjiules,  épineuses  sur  leurs  bords,  et  des  spathes  colorées,  d'où  sortent  des 
fleurs,  souvent  très-odorantes. 

Famille  GGLXXIX*.  — TYPHACÉES.  —  Herbes  aquatiques,  cosmopolites,  à  rhizome 
rampant,  vivace;  à  feuilles  alternes,  linéaires,  engatumtes.  Fleurs  diclines,  en  épi,  à  périanthe 
nul,  ou  remplacé  par  des  soies.  Fruit  drupacé.  Graine  albuminée.  —  Les  Massbttbs  (Typha) 
et  les  Rubans  d'eau  {Sparganium)  habitent  les  eaux  tranquilles  de  nos  rivières  et  Je  nos 

étangs. 

Famille  CGLXXX%  CGLXXXI%  GGLXXXIK  — ORONTIACÉES,  ARACÉES, 
PISTI  ACÉES.  Plantes  vivaces  généralement  herbacées,  à  souche  portant  les  cicatrices  des 
bases  dilatées  des  pétioles.  Feuilles  alternes,  cordiformes  ou  hastées,à  nervures  palmées  ou 
pédalées,  ou  peltée<.  Hampe  simple,  terminée  par  un  spadice  qui  naît  à  l'aisselle  d'une  spathe; 
fleurs  tantôt  monoïques  et  apénanthées,  tantôt  stamino-pistillée  et  quelquefois  périanthées. 
Baie  indéhiscente,  à  graines  albuminées. 

Ges  trois  Familles  constituaient  autrefois  celle  des  Arotdées;  leur  principal  Genre  est  celui 
des  Arum,  dont  une  Espèce,  le  Gouet  vulgaire  (Arum  maculatum],  se  trouve  communé- 
ment dans  nos  bois  ;  fcs  feuilles  sont  tachetées  de  noir,  et  son  spadice  monoïque  est  terminé  par 
une  sorte  de  massue  ou  de  pompon,  qui  développe  pendant  la  floraison  une  chaleur  sensible  à 
la  main  ;  son  rhizome  est  acre  et  purgatif  drastique.  —  Les  Bracunculus  ont  leur  hampe 
tachetée  de  noir  comme  la  peau  d'un  serpent.  On  en  cultive  plusieurs  Espèces  :  telle  est  le 
Dragon  NET  a  longs  poils  (DracunciUus  crinitus),  Plante  méditerranéenne,  qui  exhale  des 
miasmes  cadavéreux  ;  les  mouches  attirées  par  cette  odeur  s'engagent  dans  la  spathe ,  roulée  en 
cornet,  mais  elles  no  peuvent  plus  en  sortir,  parce  que  Porifice  du  cornet  est  garni  de  poils 
roidcs,  inclinés,  qui  ont  permis  à  l'insecte  d'entrer,  et  s'opposent  à  sa  sortie. 


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ORONTIACÉES,   ARACÉES  ET  PISTI ÂGÉES.  877 

Les  Caladiam  ont  une  spalhe  roulée  en  cornet,  cylindrique  ;  les  feuilles  sont  presque  pellées  et 

en  flèche.  Celle  du  Galadium 
A  DBux  COULEURS  (C.bicolor) 
(PI.  XXVUI)  ont  leur  limbe 
d'un  rouge  vif  au  milieu,  et  d'un 
beau  vert  à  la  circonférence.  Le 
rhizome  de  cette  Plante  est  ali- 
mentaire, ainsi  que  celui  du  C. 
escidentum,  ou  Chou  caraïbe^  dont 
on  mange  aussi  les  feuilles. — 
La  CoLOCASE  {Colocasia  anti- 
quorum), originaire  de  Tlnde, 
est  cultivée  en  Egypte,  comme 
plante  alibile,  depuis  les  temps 
|)lus  reculés. 

Famille  GCLXXXIIK  — 
LEMN ÂGÉES.  --Plantes  pe- 
tites, connues  sous  le  nom  de 
Lentilles  d'eau,  flottant  à  la 
surface  des  eaux  stagnantes, 
submergées  pendant  i'hiver.  Tige 

DBAG0N5IT   A    L0JÏ08  POILS.  L        U        ^  Ji  J'        i*     ll« 

[Dfaountuiuê  crinitM.)  herbacée ,     composée    q  articles 

aplatis,  figurant  des  feuilles  discoidales,  unies  latéralement  Tune  à 
Tautre;  face  inférieure  de  la  tige,  spongieuse,  émettant  de  son  centre 
des  fibrilles  radicales  terminées  par  une  spongiole.  Fleurs  monoïques  ; 
spathc  bivalve,  renfermant  2  étamines  et  un  ovaire  uniloculaire  à  1-4 
ovules.  Graines  à  albumen  farineux. 

Famille  CCLXXXIV  —  HYDROGH ARIDÉES.  —  Plantes 
habitant  les  eaux  tranquilles  dans  les  régions  tempérées  des  deux  hé- 
misphères. Fleurs  ordinairement  dioîques,  incluses  dans  une  spathe. 
Périanthe  double,  bisérié.  Etamines  6  ou  nombreuses.  Ovaire  à  1,  ou  6, 
ou  9  loges;  ovules  réfléchis.  Graine  sans  albumen.  „,,„.  ^,  ,.,,.  «.«..,. 

La  Mo R RENE    {Hydrocharis  morsus  ramœ),    ou  petit  Dfenupnar,         {raïuêntria spifUê.) 
était  employée  autrefois  comme  émolliente  avec  le  Nymphœa. 

La  Vullisnérie  spirale  est  une  espèce  dioïque,  submergée^  croissant  dans  les  eaux 
stagnantes  du  midi  de  TEurope;  la  fleur  pistillée  est  portée  sur  un  long  pédoncule  roulé  en 
spirale;  les  fleurs  staminées,  placées  dans  son  voisinage,  sont  fixées  sur  un  pédoncule  court, 
e^.  groupées  autour  d'un  axe  enveloppé  d'une  spalhe.  A  Pépoque  de  la  fécondation,  la  Yallis- 
néne  à  pistil  allonge  sa  spirale,  et  sa  fleur  vient  s'épanouir  à  la  surface  de  Peau;  alors  les  fleurs 
à  étamines,  excitées  par  un  instinct,  dont  Dieu  seul  a  le  secret,  rompent  le  pédoncule  qui  les  at- 
tachait à  l'axe,  s'échappent  de  la  spathe  qui  les  emprisonnait,  et,  jouissant  enfln  d'une  liberté  qui 
doit  leurcoûter  la  vie,  viennent  vnguer  autour  de  la  Valiisnérie  à  pistil,  qu'elles  ne  tardent  pas 
à  saupoudrer  de  leur  pollen.  Après  cette  fécondation  merveilleuse,  la  fleur  chargée  de  repro- 
duire I  Espèce  referme  son  périanthe,  raccourcit  sa  spirale,  et  descend  au  fond  des  eaux,  où 
doivent  tranquillement  mûrir  les  graines  renfermées  dans  son  sein. 

Famille  GGLXXXV%  GCLXXXVP  et  GGLXXXVIIv—  BUTOMÉES,  ALIS- 
MAGÉES  iT  JONGAGINËES.  — Herbes  marécageuses,  à  feuilles  radicales  engainantes  ; 
fleurs  régulières,  à  périanthe  double,  Tintérieur  pétalolde  (Alismacées  et  Butomées)  ou 
concolore,  ou  nul  (Joncaginées),  Garpelles  plusieurs,  libres,  folliculaires,  tantôt  1-2-ovulés,  à 
placentaire  ventral  (Joncaginées  et  Alismacées),  tantôt  multiovulés,  à  placentation  pariétale 
{Butomées),  Graines  sans  albumen.  —  Le  Butome  en  ombelle  (Butomus  umbellatus)  ou 
Jonc  fleuri /IoPlantain  d'eau  [A Usina  plantagn) ;  le  Troscart  ( Triglochin  palustre) 
se  rencontrent  assez  communément  dans  les  régions  tempérées  de  l'Europe. 

Familles  GGLXXXVIIl»,  GCLXXXIX»,  GGLXG'.—  ZOSTÉRAGÉES,  POTA- 
MÉES^  NAIADEES. —  Ges  Familles,  réunies  dans  une  même  classe  sous  le  nom  de  Fluviales, 
se  composent  d'herbes  aquatiques,  à  ti^e  noueuse  articulée;  les  feuilles  sont  ordinairement 
alternes,  à  pétiole  engainant,  à  stipules  mtrapétiolaires,   amplexicaules.  Les  fleurs  sont  mo- 


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378  HISTOIRE   DES  FAMILLES. 

Dolques  ou  dioïques,  rarement  stamino-pisli liées  et  pëiianthées  (Potamogeton),  Les  élamincs 
sont  eo  nombre  é^al  à  celui  des  lobes  du  périanlhe.  Les  ovaires  sont  libres  ou  réduits  à  un  seul, 
uniovulés.  Le  fruit  est  capsulaire  ou  nucamentHcë.  La  graine  est  dépourvue  d'albumen. 

Les  Naïades  (iVo/Vw)  se  rencontrent  dans  les  lacs  de  l'Europe  centrale.  Les  Potamots 
(Potamogeton)  habitent  les  eaux  courantes  et  stagnantes  des  régions  tempérées.  Les  Zostbres 
(Zostera)  vivent  au  fond  des  mers  et  y  fructilinrit  sans  s'élever  à  la  surface  comme  les  autres 
Plantes  aquatiques  ;  leurs  feuilles  linéaires,  étroites,  et  semblables  à  des  lacets  bruns  ou  ver- 
dâtres,  sont  jetées  par  les  flots  sur  lo  rivage;  on  les  emploie  en  Hollande  dans  la  construction 
des  digues,  et  depuis  quelques  années  elles  servent  en  France  à  garnir  des  couchettes. 

CRYPTOGAMES 

OU  ACOTYLÉDONÉS 

Végétaux  dépourvtcs  d'étamines,  de  pistils  et  même  d'ovtUes;  repro- 
duction par  des  spores  simples,  homogènes  y  ordiîiairement  formées 
d'une  seule  vésicule  et  n'adhérant  par  aucun  placentaire  aux  parois  du 
sporange. 

Famille  CCLXGK  — RHIZOGARPÉES.  — Plantes  aquatiques,  herbacées,  vivaces,  h 
rhizome  pourvu  de  vaisseaux  annulaires  et  rayé'*.  Feuilles  distinctes  alternes.  Organes  repro- 
ducteurs de  deux  sortes  (sporanges  et  anthéridies),  renfermés  dans  des  involucres  capsuli- 
formes,  qui  sont  situés  sur  le  rhizome,  à  la  base  des  feuilles.  Genres  principaux  :  Marsilbe 
(MarsÛea),  Palulaibb  (Pilularia)^  Salvinib  (Salvinia). 

Famille  CCLXCII*. —  FOUGÈRES. —  Plantes  terrestres  vivaces,  à  rhizome,  ou  à  ligi» 
arborescente.  Tige  pourvue  de  faisceaux  fibro-vasculai'es,  entourant  une  moelle  centrale,  qui 
communique,  entre  les  faisceaux,  avec  une  moelle  périphérique;  écorce  formée  par  les  bases 
persistantes  des  rameaux.  Rameaux  semblables  à  des  feuilles,  et  nommés  frondes^  épars 
sur  le  rhizome,  ou  naissant  en  rosette  au  sommet  de  la  tige  arborescente,  enroulés  en 
crosse  avant  leur  épanouissement,  de  manière  que  la  face  externe  ou  inférieure  est 
toujours  cachée  dans  le  jeune  âge;  limbe  penniséqué,  celluleux,  stomalifère.  Organes  re- 
producteurs uniformes,  tantôt  naissant  sur  la  face  externe  de  la  fronde,  et  rapprochés  en 
groupes  nommés  sor^s;  tantôt,  par  suite  de  la  disparition  du  limbe  de  la  fronde,  formant  des 
panicules  ou  des  épis  isolés  (Ostnonde).  Sporanges  souvent  munis  d'un  anneau  élastique,  con- 
tenant des  spores  nombreuses,  libres,  qui,  à  la  germination,  s'allongent  dans  tous  les  sens,  puis 
émettent  inférieurement  des  radicelles^  et  supérieurement  une  petite  tige. 

Les  Fougères  de  nos  climats  sont  peu  nomnreuses  :  la  Fougère  mâle  (Ntphrodium  filix 
mas)  y  lePoLYPODE  (Poly podium  vulgare)^  les  Capillaires  (Ad  tant  hum  capillus  Veneris  et 
A,  pedatum)^  la  Doti ad ille  (Asplenium  trichomanes),  la  Scolopendre  [Scolopendrium 
officinale) y  sont  employés  en  médecine. 

Famille  GGXCIII».  —  ÉQUISÉTACÉES.  —  Plantes  marécageuses,  vivaces,  à  rhi- 
zome rampant;  tiges  cylindriques,  sillonnées,  articulées;  articles  facilement  séparables,  émet- 
tant à  leur  sommet  un  verticille  de  feuilles  minimes  qui  forment  une  gaine  dentée,  fermés  à 
leurs  deux  extrémités  par  un  diaphragme,  fistuleux,  cannelés,  et  munis  de  vaisseaux  annulaires; 
rameaux  verticillés,  naissant  au-dessous  de  la  base  des  gaines.  Fructification  terminale,  figu- 
rant un  chaton  conique,  composé  d'écaillles  eu  tète  de  clou,  sous  lesquelles  sont  des  sporanges, 
d'où  sortent  des  spores,  dont  chacune  est  munie  de  k  appendices  (élatères)  enroulés  autour 
d'elles. — Les  Prêles  lEquisetum),  vulgairement  nommées  Queue  de  cheval,  sont  incrustées 
de  silice  ;  ce  qui  les  rend  propres  à  polir  le  bois  et  même  les  métaux. 

Famille  CGXCIV.  —  LYGOPODI ÂGÉES.  —  Plantes  terrestres,  vivaces;  tige  com- 
posée de  cellules  allongées  et  de  vaisseaux  rayés  ;  feuilles  très- petites  à  une  seule  nervure, 
serrées  ou  imbriquées;  sporanges  solitaires  h  Taisselle  des  feuilles,  ou  rapprochés  en  épi,  s'ou- 
vrant  en  2-5  valves,  remplis  despores  lélraédriques,  cohérentes  par  4.  —  Les  spores  du  Lyco- 
PODB  A  massue  (Lycopodium  clavatum)  sont  pulvérulentes  et  très-inflammables;  on  les 
emploie  sur  les  théâtres  pour  produire  des  flammes  subites  ;  les  pharmaciens  s'en  servent  pour 
rouler  les  pilules,  et  les  nourrices  pour  dessécher  les  écorchures  survenues  aux  plis  des  cuisses 
chez  les  petits  enfants. 


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LYGOPODIACÉES.  379 

Famille  CCXCV».  — MOUSSES.  —  Végétaux  tapissant  la  surface  de  la  terre,  les  ro- 
chers, Técorce  des  arbres  et  croissant  quelquefois  sous  Teau.  —  Tige  herbacée,  petite  ;  feuilles 
vertes,  indivises;  organes  reproducteurs  de  2  formes,  monoïques  et  dioïques  :  les  uns 
(anthéridies)^  consistant  en  sacs  celluleux,  émettant  par  leur  sommet  une  matière  mucila<?i- 
neuse;  les  autres  (sporanges),  consistant  en  nn  ovaire  uniloculaire  (ume)y  à  axe  central  {colu- 
mellé),  clos  supérieurement  par  un  couvercle  (opercule)^  et  porté  sur  un  pédicelle  (soié)^  que 
termine  une  sorte  de  réceptacle  (apophyse).  Urne  formée  d'une  double  paroi  :  bord  libre  de  la 
paroi  externe,  couronné  par  des  dents  4,  8,  16,  32,  6i;  bord  libre  de  la  paroi  interne,  denté, 
ou  dilaté  horizontalement  en  membrane  (épiphragme) .  Opercule  surmonté  d'une  coiffe  ca- 
duque [calyptra);  soie  engatnée  à  sa  base  par  une  membrane  persistante  (vaginule)^  laquelle, 
dans  les  premiers  temps,  formait,  avec  la  coiffe,  un  sac  membraneux  enveloppant  complètement 
Turne,  plus  tard,  rompu  transversalement  par  rallongement  de  la  soie.  Paroi  interne  de  Turne 
tapissée,  sans  adhérence,  par  une  membrane  renfermant  un  parenchyme  de  cellules  lâches, 

3ui,  se  séparant  bientôt  les  unes  des  autres,  produisent  chacune  4  spores  et  sont  rapidement 
étruiles.  Spores  très-nombreuses,  pulvérulentes,  mêlées  aux  débris  des  cellules-* mères. 

Famillb  CCXCVI».  —  H  ÉPATIQUES.  —  Plantes  vivant  dans  les  lieux  humides,  com- 
posées d*un  tis-^u  cellulaire  lâche.  Frondes  vertes,  tantôt  étalées  en  lames  foliacée-;,  radicifères 
à  leur  face  inférieure,  tantôt  pourvues d*un  axe  chargé  de  petites  feuilles.  Anthéridies  mem- 
braneuses, remplies  d'un  liquide  mucilagineux,  qui  se  coagule  et  se  divise  en  cellules,  dont 
chacune  contient  un  animalcule  doué  de  mouvements  actifs.  Sporange  enveloppé  dans  le  pre- 
mier âge  par  un  sac  membraneux,  qui  se  déchire  au  sommet  pa**  accroissement  du  pédicelle  ;  il 
contient  :  1*  des  cellules  mères,  qui  produisent  chacune  4  spores ,  et  se  détruisent  rapidement; 
2»  de^  cellules  fusiformes  (élatères),  contournées  en  spirale,  et  servante  disséminer  les  spores 
disposées  autour  d'elb's.  —  Les  Hépatiques,  outre  les  anthéridies  et  les  sporanges,  pos- 
sèdent souvent  des  bulbilles ,  agglomérés  sur  la  fronde,  et  învolucrés  par  un  godet  à  bords 
frangés. 

Famille  GCXGVII*.  —  LÏCÏIENS.  — Végétaux  cellulaires,  vivaces,  s'étendant  sur  les 
pierres,  ou  sur  la  terre,  ou  sur  Técorcc  des  arbres,  absorbant  leur  nourriture  dans  Tair  seule- 
ment, et  par  tous  les  points  de  leur  surface  Corps  végétant  (thallus)  laminaire,  ou  filamenteux, 
ou  crustacé,  ou  pulvérulent.  Organes  reproducteurs  contenus  dans  des  réceptacles  (apotkèques), 
tantôt  ouverts,  tantôt  clos  par  une  membrane  nommée  périthèque.  Sporanges  (thèques)  consti- 
tués par  des  sacs  qui  renferment  des  corps  cloisonnés  (spores)^  au  nombre  de  4  ou  dos  multiples 
de  4.  Sporanges  entremêlés  de  cellules  allongées,  stériles  (paraphyses)^  dont  Textrémilé,  renflée 
et  colorée,  constitue  la  couleur  du  réceptacle. 

Les  Lichens  fournissent  aux  arts  des  Espèces  employées  en  teinture  :  tels  sont  les  Roccella  et 
IfS  Variolaria,  qui  donnent  les  orseilies  d\i  commerce.  Plusieurs  Espèces  sont  médicinales,  et 
notamment  le  Lichen  d'Islande  (Cetraria  Jslandica)  et  la  Pulmonaire  de  chêne 
(Sticta  pidmonacea),  —  D'autres  sont  féculents,  et  alimentent  les  animaux  et  l'homme  :  tel  est 
le  Lichen  des  rennes  (Cetiomyce  rangiferina),  tel  est  surtout  le  Lichen  comestible 
(Lecanora  esculenta),  que  l'on  trouve  en  abondance  dans  les  déserts  de  la  Tartarie,  et  qui  ne 
lient  ni  au  sol  ni  à  aucun  support. 

Famille  CCXCVllK  —  CHAMPIGNONS.  —  Végétaux  vivant  sur  les  corps  orga- 
nisés, morts  ou  m^iladcs,  dépourvus  de  fronde,  et  formés  uniquement  de  cellules.  Filaments 
entrecroisés,  tenant  lieu  de  lige,  et  se  développant  horizontalem-int  en  un  réseau  (mycélium). 
Réceptacles  de  la  fructification,  de  consistance  charnue,  ou  spongieuse,  ou  gélatineuse,  portés 
ordinairement  sur  un  pédicule  (stipe),  et  figurant  une  boule,  ou  un  godet,  ou  une  massue,  ou 
un  chapeau  ;  les  spores  sont  nues  ou  renfermées  dans  un  sac  clos  (thèque). 

Les  Champignons  forment  une  classe  plutôt  qu'une  Famille  :  les  Agarics  [Agaricus]  ont 
leur  réceptacle  en  chapeau,  garni  en  dessous  de  lames  rayonnantes,  et  tipissées  sur  leurs  deux 
faces  d'une  sorte  de  velours  ( Hymenium) ,  composé  de  cellules  juxtaposées,- dont  les 
moyennes  [ba^ides)^  sont  terminées  par  k  pointes,  portant  chacune  une  spore. —  L'Agaric 
des  champs  [Agaricus  campestris)^  la  seule  Espèce  vendue  à  Paris,  se  propage  au  moyen  du 
blanc  de  champignon,  qui  n'est  autre  chose  aue  le  mycélium  de  la  Plante,  et  que  l'on  étend  sur 
des  couches  de  fumier,  où  il  se  développe  et  fructifie  rapidement. 

Les  Bolets  (Boletus)  différent  des  Agarics  par  des  lames  réunies  en  masse  tubuleuse.  Ces 
deux  Genres  sont  ceux  qui  fournissent  la  plupart  des  Espèces  comestibles  et  vénéneuses,  sou- 
vent fort  difficiles  à  distinguer  les  unes  des  autres,  et  qu'il  faut,  en  cas  d'incertitude,  faire  ma- 
cérer dans  de  l'eau  vinaigrée  avant  de  les  cuire;  il  est  en  effet  reconnu  aujourd'hui  que  le 
vinaigre  dissout  le  principe  vénéneux  du  Champignon. 

La  Truffe  (Tuber)  est  une  masse  de  tissu,dont  l'intérieur  offre  des  filaments  blancs  portant 


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380  HISTOIRE   DES   FAMILLES. 

9 

des  thèques  noires  qui  renferment  4  spores.  Les  Uredo  sont  des  Champignons  parasites,  se  dé- 
veloppant dans  le  parenchyme  des  Végétaux,  et  y  formant  une  poussière  noire  nommée  charbon. 
Dans  Tovaire  du  Seigle,  un  champignon  de  ce  genre  produit  une  maladie  qui  fait  prendre  à  la 
graine  un  développement  monstrueux  et  lui  donne  la  forme  d'un  ergot  de  consistance  cornëe: 
C'est  ce  qu'on  nomme  Seigle  ergoté, ^^Les  Moisissures  (Mucor)  proviennent  des  spores 
d'un  Champignon  remplissant  l'atmosphère  et  végétant  à  la  surface  de  tous  les  corps  organi- 
sés privés  de  vie,  sur  lesquels  le  hasard  les  fait  tomber,  et  qui  leur  servent  de  terrain.  Du  my- 
célium en  réseau  qui  se  forme  en  quelques  heures,  s'élèvent  des  pédicules  celluleux  terminés 
par  une  vésicule  («/>ora72^e)  qui  s*ouvre  bientôt  et  laisse  échapper  les  spores.  C'est  une  Moisis- 
sure (^o/ry/2>),  qui  s'inlrodnit  dans  les  vei-s  à  soie  par  leurs  stigmates  ou  orifices  respiratoire<, 
et  qui,  après  avoir  végété  en  refoulant  les  viscères,  perce  la  peau  de  Tanimal,  et  montre  au-de- 
hors  ses  grappes  chargées  de  spores.  C'est  une  Moisissure  (Oïdium)  qui  recouvre  souvent  les 
fruits  de  la  vigne,  et  a  causé  celte  année  de  si  grands  ravages  dans  les  départements  vinicolcs. 

Fammille  CCXCIX*. —  CHARACÉES.  —  Plantes  aquatiques  submergées,  àrhizomc 
articulé;  tiges  cylindriques,  sans  feuilles,  à  articles  souv?nt  incrustés  de  sels  calcaires  ;  rameaux 
verticillés,  portant  les  organes  reproducteur  le  long  de  leur  face  interne,  ou  à  leur  sommet, 
ou  dans  l'angle  de  leurs  divisions.  Anthéridies  globuleuses  et  remplies  de  filaments  cloisonnés, 
dont  chaque  cellule  renferme  un  animalcule  filiforme,  muni  de  2  soies  vers  l'une  de  ses  extré- 
mités; sporanges  couronnés  de  5  dents,  à  spore  unique,  cannelée  en  spirale. 

Famille  CCG*. — ALGUES. — Végétaux  entièrement  cellulaires,  vivant  dans  Peau  ou  sur 
la  terre  humide,  fixés  souvent  aux  rochers  par  leur  base  élargie  ou  divisée  en  griffe  ;  de  consis- 
tance membraneuse,  ou  coriace,  ou  gélatineuse,  conformés  en  fil  ou  en  lame,  ou  en  fronde, 
indéfiniment  ramifiés,  de  couleur  verte,  ou  olive,  ou  pourpre.  Organes  de  la  fructification,  tan- 
tôt renfermés,  soit  dans  l'intérieur  de  la  Plante,  soit  dans  des  conceptacles  tuberculeux,  tantôt 
se  confondant  avec  les  organes  de  la  végétation.  —  Les  Algues  forment  une  immense  Classe 
plutôt  qu'une  Famille. 

Lenykïi ECS  {Fucus)  sont  des  Algues  marines  à  fronde  ordinairement  dichotome,  filamen- 
teuse, brune  ou  olivâtre,  noircissant  à  l'air.  Les  fructifications  se  composent  de  sporanges  et 
d'anthéridies,  ordinairement  réunies  dans  un  même  conceptacle  ;  les  premiers  occupent  le  fond, 
les  secondes  tapissent  le  voisinage  de  l'orifice.  Ces  anthéridies  sont  aes  vésicules  ovoïdes,  d'où 
sortent  des  corpuscules  transparents,  munis  à  chaque  extrémité  d'un  cil  délié,  et  s'agitant  avec 
vivacité.  I^s  Algues  maritimes^  dont  le  Varec  est  le  Genre  type,  fournissent  à  la  médecine  des 
Espèces  qui  doivent  leur  vertu  anthelmintique  à  Viode  et  à  une  huile  volatile  très-odorante  : 
telle  est  la  Mousse  de  Corse,  mélange  de  différentes  Algues,  dont  les  principales  sont  le  Gigar- 
tina  helminthocorton  et  le  CorcUlina  officinalis.  C'est  de  la  cendre  des  Varecs  qu'on  retire 
Viode,  médicament  énergique  qui  occupe,  depuis  quelques  années,  une  place  importante  dans 
la  matière  médicale.  Quelques  autres  Varecs,  dont  le  mucilage  n'est  pas  altéré  ^àv  Viode  et  f  huile 
fétide  des  autres  Espèces,  peuvent  servir  d'aliment.  Tel  est  le  Carragéen,  on  mousse  perlée 
(CAonrfru«/)o/ymor/}Ati«),  qui  nourrit  les  populations  pauvres  habitant  lelitloraldes  mersdu  Nord. 

Les  Conferves  sont  des  Algues  vivant  dans  l'eau  douce  ou  dans  Tair  humide,  et  consistant 
en  tubes  cloisonnés,  souvent  agglomérés  en  pinceau.  A  l'époque  de  la  reproduction,  les  cellules 
de  chaque  tube  cloisonné  se  gonflent  latéralement  :  dans  la  saillie  résultant  de  ce  gonflement 
s'agglomèrent  des  vésicules  vertes,  dont  chacune  est  destinée  à  devenir  une  spore  ;  bientôt  ces 
vésicules  oToides  crèvent  la  paroi  de  la  cellule,  et  se  répandent  au  dehors  ;  c'est  alors  qu'elles 
étalent  des  cils  ou  filaments  qui  étaient  d'abord  rabattus  sur  leur  convexité  ;  elles  les  agitent 
dans  l'eau  comme  des  nageoires  et  se  meuvent  avec  rapidité  Ces  mouvements  spontanés  sont 
très-éphémères,  et  ne  peuvent  s'observer  que  dans  les  premières  heures  du  jour.  Bientôt  les 
c\U  cessent  de  se  mouvoir  et  disparaissent  ;  la  spore  [jrend  une  forme  sphérique,  et  répartit 
également  dans  sa  cavité  la  matière  verte,  qui  primitivement  était  accumulée  à  l'un  de  ses 

Ï»ôles  ;  elhe  s'allonge  rapidement,  devient  un    tube  cloisonné   comme  la  Plante-mère ,   et 
'animalité  qui  avait  signalé  la  première  période  de  son  existence  fait  place  à  une  vie  fran- 
chement végétale. 

Nous  sommes  ici  sur  la  frontière  du  Royaume;  un  pas  de  plus  va  nous  conduire  aux 
Oscillaires  qui  forment,  avec  les  Nostocs,  sur  la  terre  et  sur  les  pierres  humides  de  petites 
croûtes  vertes  et  rougeâtres  ;  ce  sont  des  filaments  entourés  d'une  enveloppe  muqueuse,  et 
feutrés  ensemble  par  leurs  bases  ;  ces  filaments,  composés  de  deux  cellules  tubuleusrs  emboîtées 
l'une  dans  l'autre,  exécutent  des  oscillations  continues  ;  leur  extrémité  libre  se  meut  circulaire- 
ment,  ou  se  balance  d'avant  en  arrière,  ou  décrit  des  ondulations  variées.  Les  Oscillaires  sont- 
elles  des  Animaux  ou  des  Plantes?  C'est  par  cette  question,  exprimant  les  incertitudes  de  la 
Science,  que  nous  terminerons  l'histoire  des  Familles  du  Règne  végétal. 


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INDEX 


AlKilie 10O-1M 

A'.ies 359 

Abiétinécs...  61^359 

Abricollcr 273 

Abrus 275 

Absinthe 71 

Abutiloii 301 

Acacia:.  275-281-282 

Acajou 288 

Acanihacées..  63-187 

Acanthe 188 

Achaine 35 

Acer 291 

Acérinées 290 

Ache 232 

Achillée 70-72 

Achiméne 182 

Achras. 207 

Acicarpha 85 

Acide  caféique.  109 
AciDOS..  ......  192 

Aconit 315-317 

AcotylédOQées. .  378 
Acotylédones. . .  48 
Acramphibryés  .    51 

Acrobryës 51 

Acrogénes 53 

Aciëe. 315 

Adénandra 308 

Adénophore. ...    92 

AdiaDthum 378 

Adlumia 32G 

Adonide 314 

Adoxa 239 

.Ssculus 291 

iEthuse 232 

Agapantbus....  391 

Agaric 379 

Agathothes 149 

A^aTC 566 

Agripaume  .  193-199 

Abouai 140 

Algremoine 266 

Aiguillons 6 

Ail 370 

Ailes 25 

Ailantus 309 

Airelle 218 

Ajonc 274 

Ajuga 190 

Akum 146 


Alangiées...  63-212 

Albzzia 282 

Albumen 39 

Albumine 59 

Alchimille 266 

Algarobia 28() 

Algues....  53-60-380 

Alhagi 276 

Aliboufier 205 

Alisier 265-268 

Alisma 377 

Allsmacées...  60-377 

Alizarine 105 

Alkfkense 160 

AUamanda 139 

Alk>plectii6 182 

Aloexylon: 278 

Aloës 369 

Alone...'. 164 

Alonsoa....  176-178 

Aloysia 196 

Alsine 333 

Alftlonia 143 

Alsirœmère 366 

Altbffia 301 

Alysson 326 

Alyxi:i Ht 

Amandier 273 

Amaracus 190 

Amarantacées  61-337 

Amarante 337 

Amaryllidées.  60-366 
Arobelania..  138-139 

Amberboa 80 

Ainbraria IO9 

Ambroisie 337 

Ambrosie 70 

Amélanchier. . . .  265 
Amentacées. . .  44-56 
Améthyste..  190-195 

Amml 232 

Ampélidées..  63  225 

Amphibryés 51 

Amphi^ëbes 53 

Amsonie 139 

Amygdalécs..  62-266 

Amyris 286 

Anacarde  .  283-284 
Anacardiacées  ^283 

Anacyclus 74 

Anagallis 205 


Anagyre....  274-279 

Anamirta 310 

Ananas 365 

\narrhine 176 

Annrrinium 176 

Anastatica 329 

Analomie 1 

Anchusa  161-162-163 

Anchusées. 162 

Ancolie 315 

Andira 280 

Androcées 9-. 6 

Andromède 218 

Andropogon....  374 

Androsace 205 

Andryale 71 

Anémone. 314 

Anelh 232 

Angelin 281 

Angélique 232 

Angelonia 176 

Angiosperroie. . .  46 
Angiospermées  54-70 
Angiosporées ...    60 

Angrec 364 

Anguine 348 

Anguria 348 

Angusture 308 

Anis 313 

Anisandrées 63 

Anisette 313 

Anisogynes 54 

Anisostémones. .    54 

Anomales 41 

Anona 312 

Anonacées. .    62-312 

Anophytes 51 

Anatomoses 12 

Ansérine 335 

Antennaria 82 

Anthémis 70-73 

Anthère 26-27 

Anthéridie...  41-379 
Anthocercis. ....  176 
Anthoxanthuin  .  371 

Anthrisque 282 

Anthyllide. .  274-277 

Amiaris 135 

Antidesmées....  352 

Antirrhiaées.  . . . 

. .  6Ï-175176-1T7 


Apétales 61 

Apétalées 5i 

Aphelandra 188 

Aphylles 49 

Apium 232 

Apocyn....  139-142 
Apocynées...  64-144 
Apodanlhées.  61-341 

Apophyse 379 

Apostasiées. .  60-361 

Apothèque 379 

Aquilarinées.  61-342 

Arabette 326 

Aracées 60-376 

Arachide 274 

Aralia 239 

Araliacées...  6^239 

Arariba 281 

Aniuja 145 

Arbousier 218 

Arbre  ^iveuglaat  350 
Arbre  à  la  vache.  356 
Arbre  de  castor.  313 
— de  Gonstaaii- 

nople 282 

—  de  soie....  282 
Arbre  d'or  et  d'ar- 
gent  101 

Arbrisseaux 10 

Archangélique . .  232 

Arctionne 70 

Arctostaphylos. .  218 

Ardisia 207 

Arec 375 

Arenaria 333 

Argania 208 

Argentine 270 

Argousier 343 

Arguel 280 

Ai^ziées 161 

Aricine liO 

AriUes 39 

Arillodes 39 

Aristolochiées  81-344 

Armeria 203 

Armoise 70-72 

Amébie....  162-163 

Arnica 70-74 

Aroïdées 53 

Arracacha 2 

Arrête-bœuf. .. .  279 


Arn)ch<> 335 

Arlemisia..  70-72-73 

Artichaut 70-77 

Artocarpées..  61-355 

Artocarpus 3nit 

Arum 376 

Asa  rœtida 238 

Asarinées 55 

Asarum 3i4 

Aschidobhstées .  lif) 
Asclepiadacées. .  144 
Asclépiade..  14.5-146 
Asclépiadées.  84-144 
Asclépiadine....  145 
Asclépiadinées. .  .54 
AspériMiées.  64-161 

Asperge 370 

Asperugo 162 

Aspérule...  104-108 

Asphodèle 371 

Asplenium 378 

Aster 70-81 

Astéroldées...  54-70 
Astragale...  274-279 

Astrance 232 

A^trapoea 290 

Athérospermées. 

61-312 

Atragene 314 

Atriplex 335 

Atriplicées...  61-335 

Airopa 165-167 

Atropine 167 

Aubépine 269 

Aubergine 170 

Aulne 358 

Aunôe 70-74 

Aurantiacées  ...  286 

Aurone 72 

Ava 353 

Avena 374 

Avocatier 340 

Avoine 374 

Axes  de  l'inflo- 
rescence     19 

Axospfrmées. .  62-63 

Ayapana 75 

Azalée 218 

Azèdarach 289 

Azérolier 269 

Baccharide 70 


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382 


INDEX. 


B:i«1iane 313 

B.iguenau(lier. . . 

271-279 

Baie  simple. ....  53 
Baignoire  deVé- 

nu-s ft5 

Balanophurees6l-344 
Balisier. .....    ■  365 

Ballole...  19M94 
B  Isam  filées  61-356 
Balsainiue. .  74  3i»5 
Bal*^m<iié«'S    6*2-303 

Balsainita 74 

Balsamo  lendron  2R6 

Bimia 301 

Biaanier 365 

Baobab ^99 

Biquoi<i 376 

B  irbacén»^ 365 

Biirbt^u 80 

Birboline 72 

BaHan' 70-76 

Bardanetle   ....  162 

Barkha-jsij 80 

Burloiii.! 256 

B  irriiiglonia 263 

Banlsie 176 

BaseliH 336  337 

Basellées. . . .  61-335 

Basilic 19» 

Bassia 207 

B  II  «tas 153 

B  uera 2t5 

Bauhinia 275 

Baumes...     167-279 

Blellium 286 

Bea  fortia 264 

Bt^faria 2i8 

Bi'goDiacées.  61-318 

B-gonie 3*8 

Béheu 76 

Belladone..  165-167 
Belle  de  jour...  1j4 
Belle  de  nuit...  338 

Bellis 70^ 

Bclliuin 70 

Bnula 358 

BtHterave 336 

B^njuin 216- 

Bemiiie 2(S6 

Benthamia 245 

Bcrberidées  .  61-311 
Berbe  iiices.  ...    55 

Berbcris 311 

Bercé 3i? 

Bercbemia 229 

Bppi^amotier. . . .  287 

Berle 232-236 

Bermudienoe...  367 

Besleria 182 

Beu 33j 

Bétel 353 

B(Jlone 19«i 

Biite 335 

Betulmées...  61-358 
Beurre  de  ^alam  208 

Bjdeni 70 

Bifore 232 

Bigaradier 287 

BijtDone. 185 

Bignoniacées  63-181 

Billardlera 222 

Bisiorte 310 

Biia 3?0 

Bixiaécs....  61-330 

Blé  noir 3i0 

Bleuet 76 

Bocoa 281 

Bocconia 325 

Bois  bracelet. . .  207 

—  boulon. ...  109 

—  d'aioés   278-281 

—  d'amarauta  281 

—  d'amboine.  288 

—  de  BiKO...  281 

—  de  B  ésil    .  278 


BoisdeCim....  281 

—  de  Cam- 
pèche..    278  281 

—  de  fer 281 

—  de  coulcu- 

—  vre...    136-141 

—  de    greoa- 
dille 281 

—  de  panacoco  281 

—  de  Rhodes    1:î3 

—  de  rose.  153  281 

—  de  santal..  281 

—  satiné      de 
rinde 288 

Boisgentil 312 

B  let 380 

B»lloiii4 83 

Bombicées.     C2-*299 

B  »ne>ei 75 

B  m  net    d'élec- 
teur  317 

B  lupidoHS 81 

Btio.iis ...     îS5 

B»rbari 3i2 

B.trys •   .  337 

Bmje'ra 374 

Born«ginacées  . .  161 
Borraginée*..  63-161 

Boswellia   286 

B.itryceras ....    283 

Barytis 171 

Boucage 232 

Bouillon  blanc.  177 
Boule  de  neige..  102 

Boulett- 80 

Bourg  on 7 

Bourriiche..  162-163 

Bouton 7-82 

Bouture 40 

Bouv^rdia..  104-116 
Boxochevo .....  168 

Bractées 19 

Bra^iline 278 

Brède 170 

BréHlIH....  275-278 

Brinvilliére 137 

Bromelia 365 

Broiiéiicées  60-365 
BromelHiîJces ..    54 

Bruwdlia 176 

Brucea  ....  137-309 

Brucine 135 

Brugiiann^sa ...  168 
Brune  I'.. .  190-194 

Branfesia 176 

Bruniacée^. .  63-231 

Brunonia 86 

Brunoniac^HSa .  61-86 

Bruyère 218 

Bryones 317 

Bryophylle 2*9 

Bubdieia.  . .  176-179 

Bubon 232 

Bucerosia..  115-118 

Bucbu 308 

Bugle 109 

Buglosse  161-162-163 

Bugrane 271 

Buts  352 

Bulbe 9 

Bulbille 41-379 

Bumelia 207 

Bunchosia  ....  290 

Bunliim 236 

Buphialme...  70-83 

Buplèvre 232 

Burchellia..  101-117 
Burmanniacées. 

60-364 

Buryaria 222 

Burséracées.  62-286 

Busserolle 218 

Butea 277 

Butomées...  60-377 
Butlnériacées.  62-297 
Buxus 352 


Cabaret 314 

Cacalie 70-83 

Cacaoyer 29.S 

Carhou 281 

Cachundé 278 

Cactées 63-251 

Cacloîdéc 55 

Caféier 103-109 

Caféine i09 

Caille-lait 106 

Cajophora 257 

r^lac 138  139 

CHiadiiim 377 

Ci-flainagrostis.  .  371 

Calaiiient 192 

Calambac 278 

Calimpelis 185 

Caïamus 375 

Calandrina 3:^5 

Caliéidaire..  176-178 

Calritrapa 76 

C-ile'iasse.  «...  3  7 
Calfbassier . . .  .  181 
(^leciasie.  .   ..  372 

Calendula 70  78 

Callicarpa 19 1 

Calliopsis 70  83 

Callisiemon  ....  263 
Callibibcpbus ...    81 

Calocborte 371 

Ca'otropis..  145-146 

Caltha 315 

Calycanlhées.  62-264 

Oïlycc 19-22-23 

CalywTées.  64-84-85 
Caiyciflores. .   ..    49 

Calycule 23 

Caiyptra 379 

Calypiranthes. ..  2n2 
Ca*yt>tiocalyx  ..  375 
Calystegia..  153-154 

Cambium. 11 

f'^mclée 28'j 

Caméline 32H 

Caroeliii 2;I6 

Camomille. . . .  70-73 
Campaiiiformeî».  44 
Carapanulacées  64-91 
Campanule...  9i  93 
Campanulinècs..     34 

Campéclie 272 

Camphorosma . .  .335 

Camphre 341 

Camphrée .335 

(  amphrier 34l 

Cannabinéfs.  61-353 

Cananga... 312 

Canarine 92-93 

Cunne  à  sucre  . .  374 
Canne  de   Pro- 
vence  374 

Caonelier 341 

Cannées 60-364 

Canneberge.  2)8-220 

Canlua 15fr-157 

Caonichouc ....  351 

Capillaire 378 

Capitule 19-20 

Capparidées  .  62-329 

Câprier H29 

Gapri foliacées.  64-99 

Capse'le 326 

Capsicinc 169 

Capsule 35 

Capucine 304 

Caraquc 286 

Card«ininc 3.6 

Cardére 19-95 

Cardon 77 

Girdonccîle 70 

Caréné 25 

Carillon 92 

Carissa 138  ir)9 

Carlinc 70-70-77 

Carm:mlinc 188 

Caroncules 39 


C  trotte 232 

Caroubde  Judée.  281 
Caroubier. . .  27.V277 
Carpelles..     ...    28 

C'-ir  inns 3.">8 

Carpodine 138 

Carthime 70-77 

Carvi 232 

C»ryocar 295 

Caryophyllées.61S32 
Caryo  •hylliiiées.    55 

Caryoj»se 35 

C iryopleris  ....  19» 
Casca  d'tania.   .  141 

Caseearia 2ô6 

Casi-arilla 12  • 

Ciisi  arille 352 

Cajséine   9 

Casse  . .  275-280-282 
Casse-luneite.  ..  76 
C  issonnade  ....  374 

C'istanea 358 

Casuarinées.   61 -35^ 

Cataire lîK) 

Cataleptique. ...  i95 

Catalpa 185 

Caianancbe  ....    80 

Caucali.le 232 

Céanolbe 229 

«'.édniler 187 

Cédrél.HïS  ...  62-2h8 

Cedr« 360 

Ccdrola 2^8 

Cedronnclle 190 

(é'asire 223 

CéUsirinées..  C3-2.:3 
Célaslroîdécs. ...    .S5 

C"losia 3ai 

Cellulaires 60 

<^llnles 4 

Celsia 178 

Cellidécs....  61-351 

CcHU 3.M 

O'nianrée   70-76  151 

Centenllle :a5 

Ceitranthe....  97-99 
Ccntrolépidée>60  372 
Cenlropognon.  8**-90 
Centroslemnia...  145 
Cepbaelis...  104-108 

Cepbalaire 95 

Cepbalanibe.  104-109 
Cephalotées..  64-248 

Céraisle 333 

Ceratocéphale...  314 
Céraiophyllées  61-365 
Cerbera....  139-140 

Cercis 275 

Cerfeuil 232 

Cérinthe 162 

Cerisier....  101-272 
Ceropeçia..   145  147 

Geroxylon 375 

Gésalpiniées. .  62-274 

Cestracées 164 

Gestrinées...  63-161 
Cestrum.  165-171-175 

Cévîiddle 368 

Cbailleiiacées.  63-230 

Chaluze 37 

Chilef 343 

Cliaineléon 77 

Champignons  . .. 

53-60-379 

Characécs 60-380 

Chardon...  70-76-95 

Chanvre 353 

Charme 358 

Chapialie 71 

Chàlaij(ne  d*c:Mi .  258 
Châtaignier.  263-35S 

Chaya-ver 106 

Cheiranius. .  .1-26-329 
Chclidoinc. .  323-3i5 

Chélonc 173 

Chêne 365 


Cheno|H)dia!n  . .  335 

Chérimulia 312 

Charria 35l 

Chevelu 8 

Chévrefemlle.  99-101 
«.hifofée  .  71-78  79 

Chicoracées 7l 

Chirul 275 

Chiendent 37^ 

Chimophiln 217 

C.hiocmtta..  104-llrt> 
Chionanth*..  212-214 
Cliitmanthiis. . . .  265 

Chirila 18: 

Chironie  ...  149-152 
Clilauiydubkisiées  62 
Chlœnacêes. .  6-2-296 
Chloraiilhacées  61-353 

Chlore 149-1  :>1 

(iiimdrille 71 

Choroxyloii 288 

Chou 153-326 

Chromnle «.      5 

Chr«santhéii»e.  70-85 
Chr}Sobalané(*8. . 

61-266-172 

Chry>ocoaie. ...  73 
Chrtsophylle,. . .  207 
Chr>suS|.leniuin.  245 

Ciceiidia IV.i 

Cirhe 271 

Ciihonum 71 

Cicuiaiie 232 

Cierges ...  2.v2 

Cigiiè ,  232 

Ciiu'hona 

....  104-iiimio 

w  nchonacées...  115 

Cinchonine 122 

Cinér  ire 8i 

Cmnaméine 879 

Oida 351 

Circée 257 

Cirse 70 

Cirsiuui     7.1-76 

Cssamiielos, 310 

Cissus, Aï 

C  slinéi's     . . .  62-330 

CilniiiHIc 72 

Citronnier 287 

Citrouille ."(47 

Citrus 2  7 

C'vettc .^B0 

Cladrastis 175 

GlandeMine.  180  181 

Oasses 42 

Glavalier 30» 

Clématite 3ll 

Cléonie 1!K1 

Qérodendron.,.     195 

Gleibra 218 

Oianthus 281 

Clinopode 190 

Qintottie 89 

Cloche- fleur. ...    93 

Cloisons .10 

Clusia 2JJ 

Cnicus........       76 

Cobœa 16  15* 

Cocotier 3.i5 

Cocculos 310 

Coccus 33V-355 

Cochenille.  .    ..  .Tt 

(jocblearia 3  6 

Cœlosiylis f  I 

Coffea 10  i-  09 

Cofféacées 10» 

Cofféinôes 5* 

C(»gnassier. .  2(5-298 
Coichicacées  . . .  :m«« 

Colchique 3R8 

Coleus 1(M 

ColIeL 7 

Colloinia 15rs 

Collopbore.  138-1.19 
Cdocase 366 


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INDEX. 


383 


Colombo 3tO 

r,uloquinte 3t7 

4À)lumellp 30 

i  ^olutnelliacees,  61-tft^ 

0>luitiQia <H2 

r4)lutea 27» 

OiIm 3-2H 

Comaivi 2'*6 

Combréticées,  62-258 
Oom^perma.,..  29*2 

Compui^t^s, . . .  6i-65 
«>mcombrj ....  3*7 

rôort m 

Conifôros..   .  S6-3âl) 

Cui»f.Tves 3>0 

Omn  raréea.  62-2H<) 

Coiiiieoiif 26 

Consolide 162 

Conlrajrerva....  35» 

Conv<llaria 369 

OaivolvQlac.éea . 

63-15*-l5.> 

(>)n?ulvulét*8...,  152 
ConvolvuHnôc'S, .  44 
Gon.olvulus.... 

162-163-151 

Conyx-i 70 

Conifrtre*, 5(5 

Copayer....  27^279 

Copr«'8mi 100 

Coque 85-310 

Coquelicot 325 

Coqiieret ,  i65 

Curaç 'Ode Jésus  75 
Corail  d**8  jardins  l«t9 

Coralline ;i80 

Corbeille  d*or...  3^9 

Cordia 160 

Cordiacées...  63-160 

Core'>p«f8, 70 

Corlalre 3«0 

Coriandre 232 

Coriariées...  62-309 

Coris 2115 

Connophytes, ...    50 

Cornarel 187 

Cornées 63  241 

Cornillot 333 

Cornouiller —  211 
Corolle....  19-24-25 
r4)rol|iflurt;s.  ...  id 
(^jronilie...  974-279 

Coronule 21 

Corof(8ol 312 

»>>rrée 306 

Cortuae 205 

4^rymbe 19  20 

Coryus 358 

Cosmos 70 

Coloue»8ter 265 

Cotonnier 30f 

Cotylédonées...,  65 
Cotylédons...  37-250 

GHylel 2*9 

Couaqae 351 

Coudrier 3'>8 

Couina 138-139 

Coomarioe 277 

Coumarou..  277-281 

Courbaril 

276-279-281 

C^ur^e 371 

Couronne  im|>é- 

riale 374 

C^Mjruupita 263 

CouUrea.  ..  101-116 

(À)uloubea 14)* 

Crassii lacées.  63  248 

Crassule 249 

Crassulinéfs....    55 

Crampe .3-26 

Cransun 32<î 

C^paudinc 190 

Craiœgus 265 

Crépidc 71 


Crôp'S 71-KO 

CrpS'Ciiii:! 184 

Cres«'t*.iiiites.  63  1S4 
Cres&i  ....  153-154 
Cr'fson..   ..    74-325 

CHoiile 366 

ChniKii 36t> 

Crillime 232 

Cf«>cu* 3t*7 

Cro  saniira 1n8 

Croialairc .....  274 

Croion 351 

Cn>loii!nces 56 

Cruri  iiolle 104 

Crucifères. . .  62-3*16 
Cru.  if  rinée.....     55 

CriHifuriiies 44 

Cr>pi(pm«s 60 

Gryp'ogames 

....  49-5*^0-378 

Cry  togiinie 45 

C«.|»é  .........  352 

C.ryplolé|ïde.Ï3»^142 

Ciicubalus 333 

Cuciiuns 347 

Cuciirbiui 317 

Ciicurtiiiacées. . .  61 
Cu'urbittnécs. . .    56 

Cumin 232 

('iinile 190 

Cuuninghamia..  3i>0 

Cunonia 245 

Cuiioniacées .  63-245 

Cuiania 292 

Cuphea 260 

Cupidone 80 

Ciipressinées.  61-360 

Cupule 23 

Cupiiiiféres..  61-3L7 

Curare J36 

Curcuina 3fô 

Cuscute 15r-l.T5 

CusHonia 239 

Cuticule 6 

Cycad<ics.  ...  61-361 

C)cadoîdées 56 

Cvcas 361 

Cyclame 205 

Cyttlanlbees.  60-376 
C)clo8pertnées. .    61 

CydoDia 265 

C)me 19  21 

Cynancbum.  146-153 
Cynanque. .    145-153 

Cynara 70-77 

Cynarecs 70 

Cynodon 374 

Cynoglofise.  162-163 
Cyi»eracécs. .  60-372 

Çyi>eros. 373 

Cyorès...  .  360-36i 
Cypripediom. . . .  373 

C>rlandra 182 

Cyrtandracées... 

63-181 

Cyiiuées....   61-344 

Cyli  e 274-279 

Cyiinus 344 

Dahlia 70-83 

Dinied*onzebeu- 

tes 371 

f)umm»ra 360 

l)»pbne 34*2 

Ua'iscées....  61-349 

l).«llier 375 

Oatura 165-168 

Daturine 168 

hiphnoîJét^s...    56 

Daucus 232 

Oauphinelle  . . . .  315 

Décandrie 45 

Decumaria 241 

Dcbis€4>nce  27-34-35 

Dentaire 326 

Dontelaire 204 

Délar 275-280 


D  uizia 24i 

DalKihu '281 

Diaiielphie 4.) 

Diiigrauime 33 

Diuly.éiales....  54 
l)aiyp«>iaiéi*>. ..    51 

Dian  >rie 45 

Diintiius 3:i3 

Dicrtulra 326 

D  ciiuii'ira 1.^5 

Dichonrlrrfcét^  64-155 

Dicline^ 48-61 

Dicotylédones .. 

10-38^-54 

Diciauus 308 

Di'iisi)M«> 232 

Didymocarpus..  182 

Di  iyiiain  s 26 

Did)naiiiit.  ....  45 
Di  rviile.  ..  100-101 
Digital** 

..  175-176-177-178 

Digitaline 178 

Diieyuie 45 

Diri<  niacées.  62  211 

DitBcic 45 

Dion 361 

Dioiiéa 322 

Diusc<M*4 3<i> 

Dioscorées .  60-368 
Diosinecs  . . .  6i-3U7 
Diospyri  î  iées . .    51 

Diosp^ros 209 

Diolis 70 

Dtplacus. ......  176 

Dipladéni»*.   ... 

138-139-142 

DipsarOes . . . .  61-91 

Di|)saciis 95 

Diplérocarpées  62-295 
Dicipliuede  rts- 

iigieu>e 337 

Dis  iue 31 

Divi-ladner ....  141 
Doiécandrie  ...  35 
Dodécathéun.  ..  205 

DoliMUtt..   275 

Dombcya 299 

Dompte- ven  i  n  1 15-1 46 

Dor»dille 378 

Donne 24» 

Doronic 70-74 

Dorstenia 354 

Douce-amére . . .  169 
Dra  !océ|4iale .  . .  190 

Drarœna 371 

Dracunculus  ...  377 
Dragcmnier  ....  371 

Drave 326 

Drepano4*arpus. .  277 
Droséracées.  •  62-322 

Drupe    35 

Drujiéoles 35 

Dryade 260 

Dryadées 62-265 

Duranta 195 


Duvaua 283 

Eau  de  Cologne.  287 
Eau  de  fleurs  u'o- 

ranger 2H7 

Ebénacees...  63-2t)9 
Ëbène. .  18>-274  281 
Kcrremocarpus. .  185 

Echalotie 370 

Echinocactus  . . .  252 
Echinope..  ..  70-80 
E<*hinosperm>iin.  102 
Ëcbium...  .  162-163 

Econymus 223 

Êcorce Il 

Edgeworthi*'  342-343 
Ehretia....  162-163 
Fhreliat<^es.    63-161 

Elaî< 375 

Elatéres 379 

Elaliuc'js. . . .  C133i 


Eli^auni^cs...  61-3*3 
Hi'iiJMhliasis. .  .  146 

Eliui  286 

KiiilN'Iia  ribis. ..  207 

Eiiéiiii.^ 107 

Einp^ln^es...  61-349 
Enaiiiiiihlaslèes. .  60 
iLiMciisd'Ar  bie.  286 

EiidiKar|)e 29 

Endoj)lévre 37 

Endostome  ....  39 
Eiikyiitlju:;....  218 
Ennéaiidrie..  ..    45 

Eniada 27h 

Enire  nu'ud.*. , .  7 
Eii/iaii  -  Brannt- 

wHii 150 

Epac  id«^  ..63-217 
EiHTviérb  ....  71-80 

Epheira 361 

Ku'om'Miiie.,..  372 
Eoiplingiie  . ..  379 

Ep 19-20 

Ei»iaire 190 

Epicar 'C 29 

Epicoro!  ées  co- 

rsaiitherees.  .    48 
Epicorolii^fS  sy- 
naiilhcrces  ...     48 

Epidrnn*' 6 

Eitigœa 2i8 

Epigyiies 26 

Epiilet 20 

E..llob»' 257 

Ep  lohiarces....  257 

Epinr 335 

Epine 6 

Epiiir-vinrtte...  311 

Epi|M'lali'es 48 

Epiphfgus 181 

Epipliylles 252 

Epislaniinées ...  48 
Equiséiacces.  60-378 

Erable 291 

Eranthis 315 

Erémostacltys...  190 

Erica 218 

Eriraci-os 63-2*8 

Erit-oîdces M 

Erigerun 70 

Eiiiie 170 

EriocauUnees . .  372 

Eriuciieiiia 259 

Frodium 303 

Ers 274 

Eryiis'um 2C9 

Er)ihrce..  .  149-151 

Frjlhriiie 274 

Erylhroxylées  62-289 

Escalluiiia 245 

Kscalloiiiées. .  63-245 
Es<-hsc»oll7.ia...  323 

h:s|»arc*'lle 274 

Es|iôces 42 

Essi>n<-e  de  néroli  287 

F.siivati<in 32 

E>lra;;ou 72 

Eiamiiits 26-27 

Etendard 25 

Etoiices 103 

Eiui  Hicdullaire.    10 

Eucalyptus 262 

Euniono  étalées.  63 
Ëupatoirc.9. ... 

...  70-73-74-75-83 
Eupaiuriacéts.  .  70 
E'ipbiiriies. ..  ..  350 
Eupli*ibiacéef'61-d49 
Eiiphrai  e. .  176-177 

Euryaii* 320 

Eusi-aphis 2/3 

Eiistoma  148-149-150 

Eutoca 159-160 

Evolvule 154 

Exacum 149 

Exaguuium . .   . .  153 


Exalbuminées.  50  fO 

Kx  sieiunia 10^ 

Fxustoifie 39 

Fabagclle 307 

Fabiana 1k4 

Fabricia 2tr7 

Faurée 134-138 

Faeu«.. 954 

Faham 31V7 

Falkia 155 

Famines 42 

Fascicule 21 

Paosse  angusture  137 
Fausses  clo'sms.  30 
Faux  «olombo .    150 

Fécule 5 

Fedia 97-99 

Fenouil 232 

Fenugrec 277 

Férule 232 

Festuca 3.4 

F.uill  s 

12-13-14-15-16-17 
Fève  d  Egypte . .  322 
Fève  Sl-ïguac*. 

135-137 

Févetonka 277 

Fevirr 275-282 

Filtres 4 

Fibrine 9 

Ficaire 314 

Ficoïdes 250 

Fkîus 354 

FiguitT 351 

Fiiaria....   ....  212 

Filet 26 

Filicinées 53 

Fleur 

19-33-31-44  80-282 

Foliacés 49 

Folioles 16 

Follicnle 35 

Pontanesia 212 

Force  \i(ale....      2 

Fornices 24 

Forstére 86 

Fothergilla.  ...  243 
Fougère....  60-378 

Fovilia 28 

Flind.rsia 288 

Flore 43 

Floscnleuscs  ...    44 

Flouve 378 

Fluviales.   ..  51-374 

Fragaria 2€6 

Fragon 369 

Fraisier 266 

Framboisier....  271 
Franciscea.  176-179 

Francoa 247 

Francoacées.  63-247 
Frangipanier.  .. 

•a...  139-141-112 
Frareulacées...  229 

Frankéniacées62-3:i2 
Frasera...  119-15o 

Fraxinelle 30a 

Frêne 212 

Fritiiiaire 37| 

Fromager 30q 

Froment 3.  a 

Frondes 4| 

Fruits....  34-35-3^ 
Fruit  à  crmée. .  143 

Fuchsia 25? 

Fucus 3Sn 

Fumariacées.  62 
Fumeterre , 
Funicule. . 
Fusain  ... 

Gaillardia 83', 

Gaillet 104-10^ 

Gainicr 27^ 

Galactodendron.  356 

Galant 175 

6«lanlbine.....  366 


^ 


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38^ 

Galbanum 239 

Galéopsis IIK) 

Galipea 308 

Galium 406 

Gamocarpba ....  85 
Gamopétales. ...  54 
Gamopétalées...    51 

Canosf^pal' 22 

Gant  de    Nuire- 
Dame 177 

Garance.  104-105-106 

Garcinia 201 

Gardénia...  10M77 
Gardnéna..  131-137 
Gardoquîa..  100-194 

Garou 342 

Garryac-ées..    03-241 

Gaitilier^ 195 

Gaude 330 

Gaulheha 218 

Gayac 306 

Gazante 70 

Gei«8omeria  ....  188 

Gelasine 368 

Gemmule    37 

Opnesirulle 279 

Genêt 274-279 

Genévrier 300 

Geni|»a 104 

Géiiipi 72-73 

Genisu.. 279 

«Genres 42 

Gentianac«'es. . . .  If 8 
Gentiane. . .  149  150 
Genlianécs..    63-148 

Geniiaiielle 150 

Geonnna 83 

C;éraniuîd4  es. . .  •  55 
Géraniacées. .  62-302 
Germandrée. . . .  190 

Géropogon 71 

Gpsnére....  182-18f 
Gesnériées. ..  63-181 
Gesnériacées....  181 

GesnéHe 181 

Gesse 271-281 

Geom 266 

Gialap ...  153 

GiKartina 380 

Gillia  ......  156-157 

Gilliésiées 60 

GinHfmbrtf 365 

Ginko 361 

Giiaumon 347 

GiroHier 261 

Girufli-e.  ..  .326-329 

Giroselle 205 

Gland 6 

Glandes  neclari- 

fèrcs 19^ 

Ghdlolus  .....  367 

Glaux  205 

Giayeul 367 

GIVome 190 

Gleditschia..  275-282 
Globulariées.  63  199 

Glossoltgié 1 

Gloxinie....  182  184 
Glumacées. . . .  53-60 
Glumnllules....  373 

Glukn 5 

Glycine 281 

GIvcyrabiza.  ...  274 

Giiiélma 195 

Gnapbale..  70-75-82 

Gnavelle 335 

Gnétacces.  . .  61-361 

Gncluin 361 

Gobc-moucbe. . .  14*2 

Gœrl  liera 131 

G»ldrus>ia 188 

Goiiibo 301 

Gomme  adraçantc  279 
G  MnmeduStin(^gal281 
Gomme   umiiio- 

niaquc 239 


Gomme  Kin't . . .  277 
Gompbocarpe  115-146 

Gomphrena 337 

Gonolobe...  145-147 

Goodenia 88 

Goodeniacées .  64  87 

GordoDia 296 

Gorge 27-25 

GossypiUDi dOt 

Gouania 229 

Gouet 376 

Gousse 35 

Goyavier 262 

Graine 36-38 

Grains  de  santé  370 
Graminées.  .  6IK373 
Granalées...  62-261 

Granatine 264 

Grande  éclaire. .  325 
Grand  Liseron..  151 

Grappe 19-20 

Grassetle 201 

Graliole....  176-177 

Greffe 4f 

Grémil....    162-183 

Groseillier 253 

Grossulacéen. . . .  25*2 
Grossulariées . . .  252 

Guaco ,    75 

Guarana 292 

Guéde 326-328 

Gueule-de-loup.  177 

Gui 343 

Guilandina 277 

Guimauve 301 

Guirapariba  ....  185 
Guizoïia  oléirera  76 
Gul-ibricbin....  282 
Gunnéracées.  63-241 

GusUvia 263 

Gutia-percba 2ilH 

Giittier 294 

Guiliféres.  5542-294 
Gymnanlbére . . .  145 
Gymnéma..  145-117 
Gymnocladus. . .  275 
Gymnospermes.  51-61 
Gymnospermie..  45 
Gymno^sporées.  .    60 

Gynandres 61 

Gynnndrie. ....    45 

Gynécée 29 

Gynophore 28 

Gjniira 83 

Gypsophile 333 

Gyrocarpées  .  61-340 
Habroibum- 

nus 165-175 

Hachicb 351 

Hakéa 313 

Halésia 215 

Haloragées...  62  257 
Hamainèlidées  63-24 1 
Hamamélinées.  .    55 

Hamamelis 243 

Hancome...  138-1  :)9 

Haricot 274 

Hebenstreitia ...  199 
Hebradendron  . .  2ili 

Hédéma 190 

Hedysarum 274 

He'éninc 74 

Holcnium .  ...  70 
Héliantbe....  70-75 
Hélichrise....  70-82 
Héliotrope  82  162163 
Hcliuiropicées.  .  161 

Hellélwre 315 

Helléborées 315 

Hclmimbie 71 

Hemérocalle ...  371 

Hi^mairne 278 

Uémidesme 146 

Hépatique  60-314-369 

llcptandrie 45 

Hcraclt^um 232 


INDEX. 

Herba  de  cobra.    75 

Herba-roia 73 

Herbe  à  étemuer.  73 
Herbe  à  la  ouate.  146 
Herbe  à  la  Reine  172 
Herbe  à  Robert.  303 
Herbe  au  char- 
pentier     73 

Herbe  au  pauvre 

bomme 177 

Herbe  aux  perles  163 

Herniaire 335 

Hervadorato...  109 
Hespéridées..  62-286 

Hesperis 326 

Héire 358 

Hexandrie 45 

Hexaçynie 45 

Hibberlia 314 

Hibiscus 301 

Hiéble 102 

Hieracium.. ..  71-80 
Hippocasta- 

nées 62-291 

Hippocratéa- 

cées 63-225 

Hippocrépide...  274 

Hippuris 258 

Hile 37-38 

Hiliia 104-116 

Himeranihus  165-169 

Hindsia 104-115 

Hœmatoxylon27&-278 
Hœmodoracées* . 

60-365 

Hoïizia 156-157 

Hnicus 374 

Homalinées..  63-256 
Homoblasiées...    60 

Hordeum. 374 

Hortensia 245 

Uoieia 245 

HottoQia 205 

Houblon 353 

Houttuynia 352 

Houx 210-369 

Hoya 145-147 

Hoyenia 229 

Huile  de  Ben...  255 
Huile  de  Cajeput  262 

Hullhemia 265 

Humiriacées. .  62296 

Humirium 296 

Hunnemannia.. .  323 

Hura 350 

Hya-Hya 141 

Hybridiié 43 

Hydnocarpus...  346 
Hydnoracées.  61-341 

Hydrangea 215 

Hy  d  rangèacées  63-245 
Hydrocharidéf  860-377 

Hydrocolyle 232 

Hydrolea 158 

Hydroléacées  63-158 
Hydropeltidées  62-319 
HydrophyUées63-l58 
Hydrophylle  ....  159 
Hymenea...  275-281 

Hyoscyamie 168 

Hyoscyamus.  165-168 

Hyoseris 71 

Hyi»ericacées...  293 
Uypericinées.  62-2U3 

Hypericum 293 

Hypochœris.  ...  7l 
UypocoroUées. . .    48 

Hypocyrta 182 

Hy))opélalées....  48 
Hypostaminées . .  48 
Hypogynes....  26-63 
Hypoxidées.  60-365 
Hip|K)mane.   ...  350 

Hypiis 190 

Hysope.  ...  189-190 
Hyslcrupbylcs.. .    50 


IbéMe 326 

Icacinées....  63-222 

loosaodrie 45 

If 361 

Igasur 137 

Igname  main . . .  368 

lîex 210 

Ilicinées. . . .  63-210 

Illicium 313 

Imbricaria 207 

Immortelle  ..  .70-82 

impatiens 304 

Incarvillea 185 

Indéhiscence...  34 
Indian  tabaceo.    90 

Indigo 278 

Indigotier 274 

Inferovariées. . .  60 
Inflorescence. . .  19 
Inrundibulirur- 

mes 44 

Inga  ..  275-280-282 

Inula 70-74 

Insertion 26 

Involucelle  ....  20 
Involucrf..  19-20-23 
lochroma...  165-175 

Iode 380 

looidium 331 

Ipécacuanha.... 

106-IC8-146 

Ipomaea.  152-153-154 

Iridées 60  367 

Isatis 326 

Isaodrées 63 

isogynes 54 

Isolobe 89 

Ismène 366 

IsostémoDées....  51 

Isotoma 86-91 

Itea 215 

Ifa 73 

Ivraie 74 

Ixia 368 

Ixora...  104-109-46 
Jaborosa...  165-169 

Jacaranda 185 

Jacèe 76 

Jacinthe 371 

Jacobée 82 

Jac^uinia 207 

Jalap 153 

Jambosier 262 

Jaquier 356 

Jasione i^2-93 

Jasmin 154-214 

Jasminées63  2U2l2 

Jt^roe 329 

Jin-seug 210 

Joncacée:*. .....    60 

Joncaginéfs .  60-377 

Joncées 372 

Joncinév  s 53 

Jonquill-' 366 

Joubarbe- 248 

Juglans 357 

JuKiamiées,.  61-357 

Jujubier i29 

Ju  ienue 326 

Juliflorcs 353 

Juni))erus 360 

Jusquiam-..  165-168 

Jusiicia 488 

Kalmie 218 

K  t 223 

K  bell , 225 

Kciitia 375 

Krrri.i 266 

Kchiiie 301 

Kiiailhlia 302 

Knautic  «  ^ 95 

KœlriiJteria 292 

Krajiirri 186 

Krameria 292 

I.:  bialiUores  ...  71 
labiées.      4t-<>3-189 


Lacistémées.  • . .  349 

Lacluca 71-:9 

Lactucarium.  ..    79 

Lacune 4 

Lagenaria 347 

Lagerstismia.».  260 

Laitron   71 

Laitue 71-79 

Lame 24 

Lamiacées 189 

Lamier 190 

Lamium 190 

Lampourde. ....    70 

Laropsane 71 

lanières 15 

Lantana 195 

Lapageria 369 

Lappa 70 

Lardiz^balées  62-310 

Laser 232238 

Lasiopetalum. ..  299 
Uthrée  ...  180-181 
Latbyrus...  274-281 

Laurêntie 89 

Laurier 340 

l.aurierCassia...  341 
Laurier-ciTise. .  273 
Laurit'iM'ose . . .  143 
Laurier-tin.....  lOi 
Laurinées«..  61-340 

Laurus.. ;.  340 

iJivanése.  .  274-277 

Lavatére 391 

Leacées 326 

Lecanora 379 

Lecytbidées.   62-200 

Lecyibis 263 

l^on 2i8 

Léea 226 

Légume 35 

Légumineuses..  271 
Légumiooaéea . .  56 
Leiophyllum  .  .  218 
Lismnacées  .  60-377 

Lémonée 306 

Lentilles  d'eau.  377 
Leucodendron...  313 
LeuDotis  ...  190-195 

Leontodon 71 

Leonurus 190 

Lepiiium 326 

Lf  pto^ipbon  .  .  157 
Lf'schenaultia.  87-88 

Leucoium 366 

Leyce^^téria 190 

Li-ne  à  sirop...  183 

Libanotis* 232 

L'ber Il 

Liohfns 00-379 

Lichenées 63 

Lierre 230 

Ligtiliflores. ....    71 

L'guslique 232 

l.igustrum 212 

Lilas 212 

Liliacé  s.  41-60-369 

Lilium 370 

Limbe...      12-22-25 

Lîmettier 287 

Limnanthcs ....  305 
Limnanthées  62  305 
Limonier..  ..,..287 

Limoel'e 176 

Lin 306 

Linaire 176-177 

Lindf  mie 176 

Liiiét  s  . .  

...  62100-101-305 

Linoldét-s 53 

Liondent 71 

Lipi'ia 195 

Liqtiilambar  . . .  356 
l.iriailcuuruTi...    313 

Lis 360 

Lis  des  vallées.  360 
Ucron...  153-154 


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lJsianthu« 

448-149-150 

Li^iin»ebifS  . . .  20t 

l.i>8anth'^ 217 

Li'huspermum.. 
...VT...  162-163 

Litlorelle 202 

Livéche 232 

Loa^ées 63-256 

Lot>élie 89  90 

Lo*>éliae^e8. . .  64-88 

I  obes 16 

Lochnera  . .  139-143 

Loganéf^ 133 

Loganiacres.   64-133 

Logti. 26 

Lolium 374 

UDicérées.....  99 
Lonicera...  100-iOl 
LoDicéroïUces  . .  54 
Lophospennum  .  176 
l.oranlh3cé«s.  6] -343 

LoiItT 271-277 

Lotos 319 

Lotus 274-277 

Luculia....  104-116 
Luculi-swa  ....  116 

Lucuma 207 

Lanaira 326 

Lupin 274-276 

Lupuline 354 

Lurides 16« 

Luzerne 274 

Lycbnfde 333 

Lycict 165-174 

Lycium....  165-17i 

Lycope  ....  19J-194 

i  •ycopersicuml6v169 
Lycopode . . . . . .  379 

Lycopodiacées  60-378 

Lyco|Kide 162 

LyKodyflodéacèe«103 

Lyonla 218 

LysHnacbfe. . . .  205 
Lyihrariées.    62-2Ô9 

Maceren 232 

Macis 312 

Marleania 218 

Maclura a55 

Macre 258 

Madia 7% 

Mador 146 

Magnolia 313 

Magnoliacées.  62-313 

Magnolini^es 55 

Mabernia 299 

Mahonia 311 

Maïs 37i 

Maki 361 

Malcolmia 329 

Mhleshf  rbiées.  63  255 

Malofie 301 

Malpighiacées.  62-289 

Blalva 301 

MHivao«»es...    62300 

Malvoîdées 55 

Mamelles  végéta- 
les     37 

Mancenillier. . . .  350 

Mandivllle 139 

Mandragore.  165-167 

Maneilia 104-116 

Mangaba 139 

Manglier 258 

Mangoustan 294 

Man;:uier 283 

Maniboi 351 

Manioc 351 

Manne 332 

Manulea 170 

Marrgraviac^es  . 

b2-29i 

Marcotle 40 

Marguerite     do- 
i>^ 80-81 

Marjolaine..  190-193 


Maroute 73 

Marronnier  d'Inde 291 

Marrube 190 

Marsdénie..  145-147 

Marsilée 378 

Martjnia 187 

Mariyniacées . . .  186 
MaruuGotula..    73 

Massette 376 

Mat(^ 211 

Malhlole....  3J6-329 
Matricaire....  70-73 

Maurandia 176 

Mauve 301 

Maysz^a 374 

Maylenus 223 

Méil 4 

Méchoacan 153 

Mélampyre..  176-177 

Melanoxylun 261 

Helanthacées  60-368 
Mélastomacées62'  259 

Melézc 3î9 

Méliacées...  62-288 

Meli&nlbe 307 

Melicocca 292 

Melilot 274 

Mélisse 190 

Mélissol 190 

Melittis 19<> 

Mélodine...  138-139 

MeloDgène 170 

Mélopepon 347 

Mémécylées..  62-259 
Ménispermées.  62-310 

Menlbe 74-190 

Mentzelia  257 

Menyanibe.  149-151 
Menyanthées....  149 
Menyanlhine....  151 

Menziézie 218 

Mercuriale 350 

Merisier •  272 

Mésembryanlbé- 

mées 63-250 

Mésocarpe 29 

\1e>pilus 265 

Méthode 43 

Mélbf. nique..  ..  371 

Métinel 162 

Metrosideros. . . .  2i>3 

Meum 232 

Micocoulier 354 

Micrope    70 

Mitropyle 37 

Mikania 75 

MiUereuille 82 

Millepertuis 293 

MiIlH 374 

Mimosa....  27n-28« 
M  iraosées.  6^274-275 

Mimule 176-179 

Mimusops 207 

Mirabilis 338 

Mitcliella...  104-115 

Mitrariâ 182 

Myxa 160 

Mùdocca.........  254 

Moelle 10 

Moisissure 380 

Moléne.  176-177-178 

Molinia 374 

Molucelle 190 

Momordica  ....  348 
Monadelphie ....    45 

Monandrie 45 

Monarde...  190-194 
Moiiimiées. . .  61-342 
Monocblamydée.  45 
Monocol^lédones 

10-38-363 

Monœcic 4'> 

Moiio-épigyncs. .     48 

Monogynic 45 

Mono-bj[pogyncs.  48 
Mono-[>érigyues.    48 


INDEX. 

Monopétales..  44-63 
Monoporées  .  63-216 

Monosépale 22 

Btorées 61-354 

Morelle  

..465-169-170-171 

Morène 377 

Morgeline 333 

Morina 95-96 

Moriiida.  104-114-1 15 
Mdringées...  63-255 

Morphine 3^ 

Mors  au  diable. .    95 

Morus 354 

Moschaire 71 

Mouron....  205-333 

Mousses «..    60 

Mousse 379 

Mousse  de  Corse  380 

Moutarde 328 

Mucor 380 

Mudar 146 

Mudarine 146 

MuOier 176-177 

Muguet 360 

Muguet  des  boU.  106 

Mûrier 354 

Murucuja....w.  250 
Musacéts....  60-364 
Muscadier..   311-312 

51uscari 371 

MuscîDées 53 

Mussaenda.   104-117 

Musschia 92-93 

Mulise 71 

Mulislacées 71 

Myoporinées.  63-198 

Myoporura 198 

Myosotis.,..  162-164 

Hyosure 31i 

Myrica 358 

Myrîcaria 332 

Myricé^....  61-358 
Myristicées. .  62-311 
Myrospermum..  275 

Myroxylon 279 

Myrrhe 286 

Myrrhis 232 

Myrsine 207 

M)rsinées...  63-206 
Myrtacécs...  62-260 

Myrte 261-261 

MyHoîdées ....    56 

Nacelle 25 

Maîadées....  60-378 
Napoléonées.  62-258 

Naicii>$e 366 

Nard 08 

Nnn'osmla 82 

Nardostai'bys  ...    98 

Nasilord 326 

Nassuviact  es  ...    71 

Nastunium 326 

Nertaires 19-32 

Néflier 265 

Negondo 29! 

Nélombo    322 

Neloiiibonées.  . . 

6i-3i9 

Némésiî 176 

Némophile..  159-160 
Ne  m'oubliez  pas  164 
Népcnihées..  61-345 

Nepenlbes 345 

Nepela 190 

Nerion 139-143 

Nerprun 229 

Nervures 12-13 

Neuradées. ..  62  266 
Nicandra....  65-171 
Nicolianc 

...165-171172-174 

Nielle 333 

Mereinb  rsia.. . 

.'.  165-174 

Nigelle 315 


Ninsi 236 

Nilraria *..  211 

Nivéole 366 

Nœud  vital....      7 

Noiana 164 

Noianées....  6^161 
Nomenclature  . .      1 

Nonnée 162 

Noock 76 

Nopal 252 

Nostoc 380 

Noyer 357 

Nuculaine 35 

Nucule 35 

Nyctaginées.  61-338 

Nyctanihe 214 

Nymphœacées. . . 

621319 

Nymphsainées  ..    55 

Oca 306 

Ochnacées...  62-309 

Ocimum 190 

Octandrie 45 

Odontite 176 

OEgicérées...  63-207 

OEginelia 181 

OEuiphila 195 

CEgle 288 

OËgopode 232 

QEil  de  Christ.  .    81 

QEillet 82-333 

CEnanthe 232 

GEnoihérées 257 

OEsohynanthus. .  182 
(Esculinées....s    55 

Oïdium 380 

Oignon 3-370 

Olacinées....  61-344 
Oldenlandia  ...  106 

Olea 212 

Oleinées 68-211 

Oliban 286 

Oligostétnones...   55 

Olivier 212 

Ombelle 19-20 

Ombelliréres4l-63-«31 

Ombellinées 55 

Ombellule 20 

Ombilic 249 

Omphalode..  162-163 
Onagrariées..  6t-257 

Onglet... 21 

Onguent    popu- 

leum 167 

Onobrychis 274 

Ononis 274-279 

Onoporde 7«)-77 

Onopordon 77 

Onosma 162 

Opercule 

Ophiorrize 104 

Ophioxylon..  139-1 11 

Opi>paiiax    232 

Opuntia 252 

Oranger 287 

Orcaneile...  162-163 
Orchidées  . . .  60-363 

OrrhiuïdtM?» 54 

Oreille   d'ours..  206 

Organes 7-419 

Organographie.    1-41 

Orge 374 

Origan 190-192 

Orme 354 

Orme  de  Samarie  309 
Ornithogale.  ...  371 

Ornilhrope i74 

Orobancliacées63-180 

Orobanciie 180 

Orobanchées.  . .  IKO 

Orobe 274 

Oronliacécs. .  60-376 

Orphium 149 

Orst»ilt»' 379 

Onlianiherj iM 

Ortie 354 


385 

Oryza 374 

Oscillaire 380 

Oseille..  301-306-340 

Oraire 29-30 

Ovule  ....    29-39-40 

Ox«lide....   ...  306 

Oxalidées  ...  02-306 
Oxyanthe...  104117 
Oxycoccos......  218 

Oxystelma...  145-147 

Pachira 299 

Pacouria.  . .  138-139 
Pain  de  cassa ve.  351 

Palapalla 143 

Palétuvier 258 

Palicourea..  ..109 
Palissandre. ...    281 

Paliure 229 

Palma-rbrisii . . .  351 
Palmiers 

. . .  374-37t»-60-181 
Palo  de  vacca...  356 

Panais 232 

Paucralium 366 

Pandanées...  60-376 
Pandenoîdées. . .    53 

Pandipave; 348 

Pangiacées. .  61-346 

Pangium 346 

Panicaut 232 

Panicule 19-20 

Paod'arco. 185 

Pao  Perdra 141 

Papareh 348 

Papaver.. 325 

Papavéracées.  62-323 
Papavérlnées....  55 
Papayacées..   61-346 

Papayer... 346 

Papier  de  Chine  373 

Papilles 29 

Papilionacées. . . 

44-62-274 

Para  tudo 337 

Paraphyfe 379 

Pariétaire 354 

Pamassia 323 

Pâquerette....  70-80 

Paquerolle. .....    70 

Paraguay-Roux  .    74 
P.«reira-Brava...  310 
Parenchyme....      4 

Parkia......  275-280 

Paronychiées  61-334 

Parinarium 266 

Passe-Rose 302 

Pa5S( -velours...  337 

Passiflore 254 

Passiflorées. .  63-^54 
Passiflorinées ....  55 

Pastèque 347 

Patate 153-154 

Patchouly 192 

Patience.......  340 

Polisson 347 

Palrinla 98 

Paiurin 374 

Paullinia 292 

P:iulonia  ...  176-179 

Pave' ta 104-109 

l'avia 291 

Pavonia 302 

Pavot 323-325 

Pécher 273 

Peclis 70 

Pédalinées...  63-186 

Pédalium 187 

PénéacéfS...  61-342 
Penicillaria.  . . .  374 

Pédiccllc 49 

Pédiculaircs.  17.5-176 
l'ediiularis  ....  176 

Pédoncule 19 

léiarées 352 

Pciillirquf...  .  379 
Péganuni 307 


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■r 


Pélarffoniuro.. ..  90S 
Penéàntliées,...    61 

Pensée..., 331 

PeDlagyoie 45 

Pent  mdrie 45 

Pentap^les 209 

Pânbtemon 

175-176-178 

Péponide.......    36 

Péragui 197 

Péricarpe 34 

Périoorullées  ...  48 
Perigynes 

...  26-.'>5-61-62-64 
Périhypogynes..  63 
Peri^ieUlees....  4» 
Periploca...  145-147 

Periplocees 145 

Peristaminées. . .     48 

Persea 340 

PersciiiDées  4»-5l-175 
Pervenche..  139-143 

Petse 258 

Peiiveria 338 

Pétale 24 

Pélasiles 75 

Pétiole 42-16 

Péiiolule ,.    16 

Petit  hranda...,  1(J0 

Petit  chêne 193 

Petiveria 338 

Peirœa 190 

Pétunia....  165-171 

Peucedan 232 

Peuplier.  ..  356-357 
J'hacéUe....  159-160 
Phanérogames.  . 

49-60-65 

Pharbilis...  153-154 

Phaseolus 274 

Phelipœa...  180-lHI 
Philadelt>hécs  63-24f 
PhiUtieriia..  145-147 

Phlox 156-157 

Pblomiile...  190-191 
PtKBniroîdées...  53 
Phoniputiilenax  371 

Phoitiiia 265 

Phycelle 366 

Phvlica 'Z29 

Ph'ys..lis....  16.J-169 

P^ysiologif 1 

PbyteuuM 92 

Phytogitiptiie.  . .  1 
Pbyiolacctes.  61-338 

Picris 71 

PiLToioxine....     310 

Pied  «le  chat 76 

Piguuil 374 

PigHinon  ..  3(4-316 

PiMjhire 378 

Piment.  165-1(J9-262 

Piiiipinoliu 232 

Piiii^ireuelle  ....  266 

IMii 359 

Pintkiicya.,    tOI-116 

Pingiiiciila 201 

Pij»fraccos. . .  61  -352 

Pipcrjue 352 

Pipohiiées...  5j  325 

Pi>seiihi 71-78 

Pislachicr 283 

Pisiaeia 283 

Pi>iiacccs  . . .  GO-376 

Pistil 19-:>8-29 

Pisum.. 274 

Pilios[K)ices  .  6:)-222 
Pivoine  ....  31.i-319 
PUiccnlaiiv.  •i9-30-31 
Planiagiiiées.  63-202 
Phinlain.  202-203-377 
riaiHule...  37-38-39 
Plaqucujiiiiei*d  . .  209 

Platane 356 

I  lilrinccs 01-356 

Plalycodon..   ..     03 


Plectranthus  190^194 
Pieclrocephalus.  80 
Pleurospermées  62-63 
Plombaginées  63-203 
Pluroeria  139-111-1 42 

PœderoU 176 

PcBderia....  104-106 

Poa 374 

Podocarpus 361 

Podostémées . . ,  349 
Pogostemon  ....  190 
Pohon  upas  135-356 

Poils 6-7 -3t 

PoiBciana 275 

Poincillade 275 

Poireau........  370 

Poirier 265 

Pois...., 274 

Poivre 469-312 

Poivrier 352 

Polémoniacées  63-155 

Poléinoine 156 

Polianthes 3.1 

P("  .26-28 

P<  ...    45 

P<  ...    26 

P<  ...    45 

P<  ...  367 

P(  ...  292 

Tt  62-292 

P<  ...    55 

P<  .  45^46 

P<  .   .  369 

P(  61-338 

P(  ». .     55 

P<  ...    45 

P(  ...    61 

P<  ...  378 

IH  ...    55 

P< 62-265 

Pomaderris....  229 
Pomme  cannelle.  312 
Pomme  d'amour.  169 
Pomme  de  Hédie  287 
Pomme  de  terre.  170 
Pomme  épineuse  168 
Pommier  d*amour  169 

Pongatiées 93 

Pontédéracées  60-372 

Populage 315 

Porcelain  blue..  Ii5 

Porcelle 71 

Portulacé^. . .  61^335 

Portulaca 335 

Posoqiieria.  104-117 
Pouliacées.  ...  133 
Polaliées  133-134-137 
Polamées....  60-H78 
Polamogelon  . . .  378 

Potenlille 266 

Poterium 266 

Poudre  de  la  com- 
tesse   122 

Poudre  cardinale  122 
Poudre  des  Jé- 
suites   1^ 

P-'ule  pondeuse.  170 

Pouliol 19! 

Pourpier 335 

Préfloraison ....     32 

Prèle 378 

Premna 195 

Pregnanthes..  71-79 
Prepusa....  148-150 

Preslia 192 

Prévenu  Gaballos  90 

Primevère 2(>5 

Primine 39 

Primula ...   ....  203 

Primulacées .  63-20 1 
Primulinées  ....    54 

Prinos 210 

Prismatocarpe.  .  92 
Protéacées  . .  61-343 

Protéinées 56 

Proiopbytes 50 


INDEX. 

Prunier  ....  266-272 

Psidium 263 

Psoralier...  274-277 
Psycboiria.    104-108 

Ptarmitiue 73-^ 

Ptelea 309 

Plèrocarpe.  275-278 
Ptéroc(>pbale ...    96 

Pulicairè 74 

Pulmonaire 

162-163-S79 

Pulsatiile 316 

Purpurine 105 

Putoria 106 

Pyrènacé^ 196 

Pyrèthrc.  70  74-81 
Pyrolacêcs...  63-216 

Pyrole 217 

Pyrus 265 

Pyxide 35 

Quarooclit.   153-154 

Q  lassi 309 

Quissi.1  de  Para  150 

Quassine 309 

c^uaielé 263 

Queue  de  Cheval  378 

Quinine 122 

Quino3 337 

Quinquina 

104-118-120 

Qtdnlereuille...  270 

liacine 7-8 

Racine  aux  Tem- 

mes  battues..  368 
Racine  de  Turbiih  153 
Racine  de  pipi..  338 

Radicule 37-38 

Radiées 44 

Radis 326 

Raifort 326 

Raiponce 92 

Rafflésiact'cs  61-344 

Rafïlésie 345 

Ramondia 178 

Ram-till 76 

Rapette 162 

Raphaous 326 

Raphé 37 

Raphiolépis —  265 

Raquette 251 

Raunhia 292 

Ratbane 230 

Ravenala 365 

Rayon 10 

Réaumuriac<^es. 

6'J!.332 

Réceplade...    19-20 

Réeve  ia 300 

Réglisse 274 

Reine  Marguerite  81 

Renoncule 314 

Renonculac^es. . 

62-311 

Renonculinées  .     55 

Renouée 340 

Réséda 330 

Rpsédacées..  62  329 

Résine 279 

Rnsiiacées . .  60-372 
Rbnbarbarine...  .^39 
Rhatnuée'i.. .  63^9 
Rhamnoïlées.. .    56 

Rhamnus 229 

Rhaponlic 339 

Rhinaiilhaeées  .  175 

Rhinanthe 176 

Rbinaulboïles..  175 

Rhizanthées 61 

Rbizobolées  .  62-294 
Rbizocarpées  60-378 

Rhizome 9 

Rhizophorées  6*2-258 
Bbododaphoc  . .  143 

Rhodocbilon 176 

Rbodor:ic/>cs.  62-218 
Rhubarbe......  339 


Rhubarbe  des  In- 

d  s 153 

Rhus 283-285 

Rbyiidopbyiliini  182 

Rfbes 253 

Ribésiacée  ..  63-252 
Richard  oiiia...  108 

Ricin 351 

Rigidelle 367 

Rindérd....  ll>2163 

Riz. 374 

Rob  de  sureau  .  102 

Robinia 281 

Robinier 27i 

Rocimbolle....  370 

Roccelia 379 

RocouyiT 330 

Roella 92-93 

Rogeira 115 

Rf>mariQ 190 

Rouc«) 266 

Rondeletia..  104-115 
Rosacées.  41-62-265 

Rosage 218 

Rose  de  Gueidre  102 
Rose  de  Jéricho.  329 
Rosed'Iide.,..  82 
Rose  du  ciel ...  331 
Rose  trémière..  302 

Rosier 265  269 

RoNnées .'S6 

Rotang 375 

Koupelli.'.  .  138143 

Royena 209 

Ruban  d'eau...  376 
Rubia..  101-105-106 
Kubiacées...  61-103 

Rubiis 206 

Rudbfckie  . . .  70-83 

Rue   307 

Ruellii 188 

Russelia 176 

Rutâ 307 

Rutacées....  02-307 
Sabbaiia...  119-151 

Sablier 350 

Sabline 333 

Sabot  de  Vénus    363 

Saccharum 374 

Safran 367 

Sagapenum..  ..  239 

Sagine. 333 

Sagoutler 375 

Sagus 375 

SainlK)is 342 

Sainfoin 274-282 

Salep 364 

Salicine 356 

Salicorne 335 

Salicaire 260 

Salicinées...  61-:i56 

Saliiiburia 361 

Salii 356 

Salmatia 299 

Salsepardlle  ...  368 
Sal  epareille  de 

rinde. 116 

Salsola» 337 

Salpiglos^e 176 

Salsili 71 

Salvla 190 

Salvinie 378 

Samare^ 35 

Sambiicus  99100-102 

Simole 205 

Samyd*'es. ..  63-255 
Sang  dragon  278-371 

Sangueniie 73 

S  inguinaire ....  323 
Sangui.vorbe....  266 
Sanguirorbées..  266 

Sanicle 232 

Santal 278-3U 

Sanlalacées. .  61-344 

Santalinées 55 

Santo'i:ic  —  70  73 


Santonine 7.1 

Sapapénuiii 2:^9 

Sapin 359 

^iapinda<  écs .  62-291 

Sap«inaire 3.13 

Sapolées....  63-2U7 

Sapotiliier 2l)7 

Sappan   278 

Saprosma 106 

Sapucaya 263 

Sapura 2^ 

Sarment:icées. ..  225 

Sarracenia 321 

Sarracéniées.  6>323 
Sarrèi»- 

...   70-77-190-192 

Sarrasin 310 

Sas  afras 340 

Satureit 190 

SaugA 193 

Saule a'» 

Siunirt'es...  61-352 
Sanva'/ésif'es  62-331 

Savmnier 291 

Sixfrage 245 

Saxifragée- 61 

SaxifrdgiMétis. ..    5.1 

ScibifUfH ^15-96 

Scammonée.  146-153 

Scanilix 232 

Scaro'e 79 

Sceau  de  Silo- 

nion 369 

Scepaiées. . ,  61-:i52 

Schinus 2S3 

Srhizan'lré«  s.  62-311 
Schizanihu-  176-1/9 
Scbœnanibe.,  .  374 

Scille 3  9 

Sciuminées . . . .  54 
Si'leranlbus ....  335 

Scœvole H7 

Scœvolées 87 

Scolopendre....  378 

Scolyme 71-79 

Scorpiure 274 

Scorzonèie...  71-7» 
Scrophul  lire  176-177 
Scrophulariacces  175 
Scrophulaiiée...  175 
Scrophularinées  175 

Scutellaria 190 

SébesUer i60 

Secale 371 

Sécauione  .  115-146 
Sécamooées.  ..115 
Secondine. ....    4() 

Sedum 249 

Segments 16 

Seigle 374 

Seigle  e-goié . . .  3N0 

Sekakuf 236 

Selago 196 

Selaginées...  63-199 
Sélaginoîdces  .•     54 

Sélin 232-239 

Semencine 72 

S^men-conira . .  72 
Semi-flj>culeu>e<  44 

Séné 280 

Séneçon .  70-82 

Senéciouidet'S..    70 

Sénevé 326 

Sensilive 282 

Sépale 22 

Sepus 250 

Seringat...   101-241 

Sériolle 71 

Serissa 106 

Serpentaire 292 

Serpentaire     de 

Virginie 344 

Serratula  ....  70-77 
Sésame  176-iavi86 

Seséli 21 J 

Se\e 5 


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Shetereia 154 

Sihlhorpia  .....  176 

Sida 301 

Siderilis 190 

Siileroivlon.  . . .  207 

S  laûs 2:^2 

Silèue 33;J 

Siler 2a2 

Sdicule 35 

Siliqiie 35 

Silrbe 70 

SilybRm 70-76 

Simarouba 300 

Stinarubées.   62309 

Sinapis 326 

Sip:)iiea . . . .  10M15 

Siphiel 70 

Siph  icampylu»  89  00 

Sipbonia 351 

Sisyriiichiuin  . . .  367 

Sisymbre 326 

Sinin 232 

Skimmi 313 

Smilacinées..  00-368 

SmyrniiHR 232 

Sole 379 

Solanacées 161 

Solandra 161 

SolanAes . . . .  6^165 

SoUoine 170 

Solaniné<?8 54 

Solaoum 

.  165.169-170-171 

Soldanelle 205 

SolenosU'mma . . 

145-146-280 

Solidage....    70-82 

SoQcbus 71 

Sophora 27à  277 

Sorbier 2fî8 

Sorgho 374 

Souche 9 

Soiichel 373 

Soiici 70-78 

S.udes 337 

S'mianffia 229 

Soymida 288 

SpadicîQores  ...    60 

Spargoule 3:)3 

Sjarminnia. . ..  297 
Sparlium...  274-279 

Siaraxis 368 

Spéculaire 92 

Speri^ula 33J 

Sphetiocleacées  64-93 
Sphaeraclea ....  302 

S  lica  nard 98 

Spigplie....  134-137 
Spilamh  s....  70-74 

Spinacia 335 

Spirale 32 

S»irée 966 

Spiréacées...  26  266 

S^Oidias 283 

Spondiaci^es .  62-283 
Spongiode.  ...  8-11 

Sporange 41 

S|ior.' 379 

Spr^Dgelia 217 

Spiiiie 368 

Siachys 190 

Siacbytarpheta .  195 


S  uckhousiées  63-231 
SUpélie...  145-148 
Siaphyléacées  63223 
Slaphysaigre  ...  316 

SUiicées 203 

Slellairc 333 

Slenocarpus....  313 
Stephanotis  145-147 
Slercaliacées  62-299 

Siicta 379 

Stigmate 29-31 

Siilbinée9....  63197 

Sliprtll«»8 16 

SUpules 13 

Stomates 6 

Stramoiue..  165-168 

Strobile 36 

Strophantas.  ..143 

Sirophiole^ 39 

Sirycboacées. . .  133 

Strychnéea 133 

Strychnos 

.  13M85-136-137 

Siu  irtia 296 

Style 29-31 

Stylidées 85 

Stylidiacées ....  85 
Stylidiées.  ...  64-85 

Styiidier 85« 

Stylidium..  ..  85-86 
Siyraoées. . . .  63-215 

Suce-pin 216 

Sujet  41 

Sumac.  159-283-285 
SupéroTariées.  ..  60 

Sureau 100-102 

Surelle 306 

Suture 26-31 

Svvartzia 280 

Swartziées 275 

Sweet-PinshamiD  139 

Swertie 149 

Swie  ténia 288 

Sycomore..   291-355 

Symétrie 33 

Symphoricarpus 

l«)0-10l 

Symphornu  100-101 
Symph\tum....  162 

Symplocos 215 

Syn^énésie 45 

Synn^a 212 

Système 43 

Tabac 171 

Tabaco 172 

Tabœrncmonta- 

na..    13S- 139-141 
Taccacées...  60-368 

Tachia 149-150 

Tacsonia 254 

Tagète 70-82 

Taitch>ling-Oua.   93 

Tamarin 280 

Tamarindus 2K0 

Tamariscinées  62-331 

Tamarix 332 

Taminier 368 

Tamus 

Tanaceium..  .  70-73 

Tanaisie 70-73 

Tangbin  véné- 
neux  139140 


INDEX. 

Tapioka 351 

Taraxacum  . . .  71-78 
Taxonomie. ...  1-42 
Taxinées....  61-361 

Taxus 361 

Tecoma 185 

Teclona 196 

Téguments  ....    39 

Tpk ..  197 

Telekia 83 

Tcphrosia 280 

Tercine 40 

Térébenthine  284-359 
Térébinthinées.  55 
Ternslrœmia- 

cées 62-^95 

Terre  du  Jaiion.  v80 

Testa  37 

Tétradynames . .  26 
Télradynamie.  45-46 

Télragone 335 

Tétragoniées.  6i-335 

Tétragynie 45 

Teucrium lOO 

Thalamiflores. . .    49 

Thalictrum 314 

Thallophytes ...     50 

Thallus 41-379 

Thé........  73-296 

Thé  de  Bourbon  364 
Thé  du  Mexique.  337 

Théine 296 

Theobroma 298 

TheophrasU....  S07 

Thibaudia 218 

Thlaspi 326 

Thridace 79 

Thuia 360 

Thunbergia  ....  188 

Thym 190 

Thyrabra 190 

Thymélées  . .  61-342 
Tige...  7-040-11-12 

TIgelle 37 

Tigridie 367 

Tiliacée^....  62-297 

Tillaâd^ia 365 

Tillœa 249 

Ti<8U 4-29 

Titan-cotte...   .  137 

Tiaridium 162 

Toléne 279 

Tomate....  165  169 

Tonga 168 

Topinambour. . .    75 

Toque 190 

Tormentille 270 

Tordyle 232 

Torenia 176 

Torilis 232 

Torus 31 

Toumerortta  162-163 
Tournerortiées..  162 

Tourretia 185 

T*>ute-5aine.....  2D3 

Trachées 10 

Trachélie 92 

Tradrscantia  *..  372 
Tragopogon ....    71 

Trèfle 274 

Trémandrécs  62-292 
TrianrJrie 45 


Trichosanlhes. . .  3iS 

Tribulus 307 

Trientalis 204 

Tilfolium 27* 

Triglochin 377 

Trigonelle..  274-277 

Trigynie   15 

Triptilion 71 

Triosteum  ..  100-101 

Trilicuni ^1% 

Troène 2l2 

Trolle 315 

Trompette  du  ju- 
gement dernier  168 
Trupéolécs . .  62-301 

Troscart 377 

Truffe 380 

Tuaquetle 335 

Tube..    22  25-28-29 

Tuber 380 

Tubercules 10 

Tubéreuse 371 

Tulipe 370 

Tulipier 3i3 

Tunique 37 

Tupa 89-90 

Turgénie 232 

Tumera 256 

Turnéracécs.  63-256 
Tussilage  .  70-75-82 
Tweedia....  145147 
Tylophore. .  115  147 

Typha 376 

Typhacéc-J. . .  60-37t» 

Dlex 274 

Ulmacécs 354 

Ulmus .  354 

1)11  »a 165-lU 

Upas  Radja 13.) 

UpasTjettt'k...  135 

Urcéole 139 

Uredo 3S0 

UrUcées  ....  61-351 

Urticinée^' 55 

Uruparib.i 185 

Ulricule 35 

Utriculaire 2<M 

Utriculariéfs  6:V2()0 
Vaccinlées.  .  63  218 

Vaccinium 218 

Varh-lia  ...  275  2S0 

Varinulr 379 

Vabea-gutnniifcral12 

Vai-iseaux 4-5 

Valériana(Hv<  . .  9(i 
Valériaiii'.  •  ... 

....  «7-08-99-156 
Valérianée-..  (i4  96 
Valériancli»*.. ..  97 
Vallésie..  11-135-11' 

Vallsnérie 377 

Valves 26  35 

VaUuIes 35 

Vanille 361 

Varaucia 105 

Varec 380 

Variolîi'i 379 

Vascubi  oi 60 

Végétaux   «'tllii- 

laire 4i) 

Végétaux  vas  u- 
hir  .* 49 


S87 

Vél^r 326 

Vératre 368 

Verbascum 

176-177-178 

Verbénacées.  63-195 
Verbèninées. ...     .'»4 

VfTge  d'or 82 

Vergeretle 70 

Vergiss-mein- 

nicht 161 

Vernis 70 

Vernis  du  Japon.  309 

Vernonîa 70 

Véronique 

176-177-179 

Verticille 32 

Verticillées 189 

Verveine 195 

Vesce 274 

Vesicaire 326 

Vestia 165 

Vétiver 374 

Viburnees 99 

Vibumiim 

100-102-103 

Victoria  regia . .  320 
Vieusseuxia....  367 

Vigne 225 

Villarsie....  149-151 
Vinca..  138-139-142 
Vincetoxicum.  . 

145146 

Vinettier 311 

Violacées....  62-330 

Violine 331 

Violinées 55 

Viorne.  100-102-103 
Vipérine...  162  163 

Vismia 208 

Vltacées 225 

Vitex 195 

Vivianées.  . .  62-306 
Vochysiées. .  62  292 

Volkameria I95 

VolubUis 154 

Vomiqiier 136 

Vonacapou 281 

Vraie  angustu«'f.  137 
Vrilles....  12-13-18 
WachendorGa..  365 
Wahlt-nbergia.  92-93 
Weigelia...  100-101 
Westringia.  190-194 

Whrigtia 143 

Wigandia J58 

Willuglibeia....  136 
Wi^teria  . . .  274-281 

Xanlhium 70 

Xeraiithème...  70-82 

Xyridées 60-372 

Yeux  de  TEnrant- 

Jésu-» 164 

Zacynthe 80 

Zmth'picrite..  3(MI 
Zanthoxylées  62  308 
Zanlhoxylum...  309 
Zingibi>racées  60-3t)4 

ZInnie 70-82 

Zizyphus. 229 

Zo-lér.icées .  60-377 

Zostèr  s 378 

Zygophylées.  62.306 


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TABLE  DES  MATIÈRES 

LETTRE  A  M.   ADRIEN  DE  JUSSIEU I 

INTRODUCTION 1 

Descripton  des  organes 41 

Organes  élémentaires , 

Organes  composés 7 

—  de  la  nutrition 7 

—  de  la  reproduction 19 

TAXONOMIE 42 

Méthode  de  Tournefort 44 

Clé  du  système  de  Linné 45 

Méthode  de  A.  L.  de  Jussieu i 48 

Arrangement  de  A.  P.  de  CandoUe 49 

Système  de  Steph.  EndUcher 50 

Classification  de  M.  Ad  Brongniart 53 

Classification  de  M.  Adrien  de  Jussieu 59 

HISTOIRE  DES  FAMILLES 05 

Phanérogames  ou  cotylédonées 65 

Dicotylédones 65 

Monocotylédones 363 

Cryptogames  ou  acotylédones 378 

INDEX 381 


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