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Botanique: organographie
et taxonomie
Emmanuel Le Maout
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GRAY HERBARIUM
OF
HARVARD UNIVERSITY
BEQUEST OF
GEORGE GOLDING KENNEDY
A.B. 1864, M.D. 1867
OF MILTON
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TROIS RÈGNES
DE LA NATURE
RÈGNE VÉGÉTAL
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IMPRIMERIE BÉNARD ET C'% SUCCESSEURS DE LACRAMPE ET c'%
S, mni Uamiittb.
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IMPRIMERIE BÉNARD ET G'% SUCCESSEURS DE LACRAMPE ET C'%
S, mui Uamiitti.
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BOTANIQUE
ORGANOGRAPHIE ET TAXONOMIE
HISTOIRE NATURKLLE
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FAMILLES VEGETALES
ET DES PRINCIPALES ESPÈCES
SUIVANT LA CLASSIFICATION DE M. ADRIEN DE JUSSIEL'
AVKC l'indication DK LKTR KMPLUl
DANS LES ARTS» LES SCIENCES ET LE COMMERCE
PAS
M. Emm. LE M AOUT
DOCTKUH BN MéOBCINK.
PARIS
L. CURMER,
RUE RICHELIEU, Wl . (au premibR).
M DCCC LU.
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A MONSIEUR ADRIEN DE JUSSIEU
MEMBRE DE l'aGADÉMIE DES SCIENCES.
Monsieur,
Plus d'une fois, dans les couris entretiens où j'ai cherché à m éclairer
de vos lumières, vous avez honoré de votre bienveillante approbation
les travaux que j'ai entrepris pour contribuer,' autant que ma faiblesse
me le permet, à populariser la Botanique.
Je viens vous soumettre aujourd'hui quelques considérations que
l'on pourrait appeler des « minuties d'une grande importance » (vous
savez que le médecin Stoll intitule un des plus utiles chapitres de son
livre : De quibusdam magni momenfi minutns) ; il s'agit de certaines
améliorations, qui rendraient Tétude des Plantes plus accessible, et
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satisferaient un vœu formé depuis longtemps par ceux qui pensent,
comme Platon, « que la science est Tamie de tous. »
En vous entretenant des plaisirs que procure la Botanique, je vais
traiter un sujet bien rebattu; mais vous Taimez si sincèrement, et vous
êtes si bienveillant pour ceux qui la cultivent, que je ne crains pas d'être
fastidieux : je n'oublie pas d'ailleurs que celte lettre, qui vous est adres-
sée, doit passer ensuite sous les yeux du public.
Il n'est pas ici question de la Botanique transcendante, dont les secrets
n'appartiennent qu'aux savants de profession. Je n'essayerai pas de
décrire les transports du physiologiste ^ qui s'est levé avant le soleil
pour observer les spores d'une cryptogame, et qui, après les avoir
vues se mouvoir spontanément, comme des Animaux, les voit, une
heure plus tard, se fixer, verdir, germer et devenir de jeunes Plantes.
Je n'exprimerais qu'incomplètement la félicité du botaniste -géologue ,
qui s'enfonce dans les ténèbres des terrains houillers, en s'éclairant du
flambeau de Tanatomie comparée, et qui, à force de sagacité, de cir-
conspection et de persévérance, sort vainqueur de ce labyrinthe, avec
l'inventaire des richesses végétales du monde anté-diluvien. — Il m'est
encore moins permis d'analyser les joies sereines du botaniste-philo-
sophe y qui, travaillant à la monographie d'une Famille, découvre le
grand principe de la valeur relative des caractères, et fonde la méthode
naturelle... Ce sont là plaisirs de princes : or je ne dois m'occuper ici
que des plaisirs permis à la tourbe menue, c'est-à-dire de ceux que don-
nent l'herborisation, Y herbier et la détermination des Plantes.
Permettez-moi, Monsieur, de vous diviser en deux personnes bien
distinctes, l'homme lettré et l'homme savant; c'est au premier que je
veux m'adresser d'abord : rappelez-vous le prix d'honneur que vous avez
remporté au Concours général; imitez le maréchal de Villars, qui était
plus fier de son prix de rhétorique que de la victoire de Denain; ou-
bliez pour quelques instants votre chaire en Sorbonne et votre fauteuil à
l'Académie; ne considérez de la Botanique, que le côté littéraire, et
retracez-vous les jouissances qui accompagnèrent vos premiers pas dans
le royaume des végétaux (reg^wm vegetnbile^ métaphore si absurdement
traduite par règne végétal).
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111
Quelles sont, en eflfet, les émotions d'un jeune coUégren, plein de son
Virgile, qui commence ses promenades botaniques? Les plantes qui atti-
rent les premières son attention lui retracent mille riantes images, mille
souvenirs pleins de fraîcheur. C'est « le Peuplier qui se plaît au bord
des fleuves, le Sapin qui couronne le sommet des montagnes : »
Populm in fluviis^ Abies in montibus altis.
Le murmure des Pins agités par le vent le transporte sur « le mont
Ménale, qui a conservé sa forêt sonore et ses Pins harmonieux : »
Mœnalus argutumque nemus , Pinosque loquentes
Seinper habet.
En voyant le? abeilles butiner sur les fleurs du « Daphné toujours vert,
du Serpolet qui embaume Tair au loin, de la Sarriette à Todeur forte,
et des Violettes bordant le ruisseau, » il répète le précepte des Géorgi-
ques, qui recommande de planter ces végétaux dans le voisinage des
ruches :
Uœc drcùm Casiœ virides, et olmtia latè
Serpylla, et graviter ^pirantis copia Thymbrœ
Floreat, irriguumque bibant Violaria fontem.
S'il rencontre V Aster Amelltcs, la plus belle des Radiées de notre
Flore, il la salue par ces vers, où le poète décrit la plante avec Texactitude
du botaniste :
L'Amélie orne les prés; facile à découvrir,
Au regard qui la cherche elle semble s'offrir;
Sur sa tige, étalée en touffe gazonnante,
Se dresse des rameaux la forêt verdoyante.
Et le disque des fleurs, qui brille d'un or pur ,
Adoucit son éclat par des rayons d'azur.
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IV
Est etiam flos in pfi'otis, cui nomen Amello
Fecéreagricolœ, facilis quœrentibus herba;
Namque uno ingentem tollit de cespite silvam,
Aureus ipse, sed in foliis quœ plurima drciim
Fundnntur, Violœ sublucet purpura nigrœ.
Voilà comment, grâce aux réminiscences virgiliennes, la moindre
notion scientifique est assaisonnée d'une jouissance littéraire.
Mais, pour sentir cette poésie de la nomenclature des végétaux, il n'est
pas nécessaire de savoir Virgile par cœur : quiconque possède quelque
connaissance de la mythologie, ne pourra voir avec indiflférence des
fleurs qui lui rappellent les ingénieuses fictions des temps fabuleux, et il
goûtera un plaisir inconnu de Thomme ignorant, lorsqu'il rencontrera
dans la prairie
Le Narcisse penché sur sa tige flottante,
Et qui semble chercher son image inconstante ;
L'Hyacinthe azuré, qui ne vit qu'un moment.
Des regrets d'Apollon fragile monument.
(Saint-Lambert, les Saismis.)
L'ignorant lui-même, quoique privé du charme de ces souvenirs,
trouve encore de la poésie dans Tétude des Plantes : il y a chez l'homme
un instinct irrésistible, qui le porte à attribuer aux êtres inanimés de la
Création le sentiment de leur existence. C'est ainsi qu'en voyant les ani-
maux se faire la guerre et s'entre-dévorer, il ne peut s'empêcher d'op-
poser à ces mœurs cruelles, la nature paisible des végétaux; et leur
innocence est un charme de plus qui Tattire vers eux, comme si cette
innocence était une vertu résultant de leur volonté. Pour peu qu'on y
réfléchisse, on reconnaîtra dans le contraste que je viens d'indiquer une
des causes secrètes qui nous font aimer les fleurs et la verdure.
Le panthéisme des peuples primitifs fut la conséquence de ce besoin
d'illusions^ attaché à l'enfance de l'esprit humain^ Aujourd'hui le vulgaire
ne croit plus que sous l'écorce de chaque arbre se cache une Hamadryade,
qui est née et doit mourir avec lui; il sait fort bien que Técho n'est pas
nf7e Nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse^ et qu'une tempête
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n'est pas Neptune en courroux qui gourmande les flots; mais, dominé
par les impressions du monde physique qui Tenvironne, il parle, même
dans son langage ordinaire, du vent qui gronde^ du ruisseau qui
murmure^ de la mer en fureur , des prés riants , de la verdure gaie^
des Cyprès tristes^ du Saule jofewr^wr ; et, pour peu que son âme soit
émue, sa diction va s'élever d'un degré : il verra les monts sourcilleux^
le Cèdre superbe, V humble Bruyère; il entendra les ?ins gémissants, et le
mugissement des flots.
Ces illusions sont un innocent abus de la plus brillante de nos facultés,
de celle qu'un philosophe a si bien nommée la folle du logis, et qui ,
pourvu qu'elle obéisse à la raison, tout en conservant ses vives allures,
contribue puissamment avec elle à notre bonheur. Le mortel fortuné
chez lequel ces deux rivales vivent en bonne harmonie, ne doit rien
envier à ceux qu'on nomme les puissants et les heureux de la terre : poète
et philosophe tour à tour, il passe, sans fatigue, des extases de l'imagina-
tion aux spéculations les plus sérieuses de la pensée, et (j'en demande
pardon à l'illustre auteur des Méditations, dont je parodie les vers),
Du nectar idéal quand son âme a goûté,
Sa raison se nourrit de la réalité.
Je ne citerai de cette double nature qu'un seul exemple, qui me frappe
entre tous : Thomme heureux dont je parle, s'il observe les oscillations
périodiques de l'Océan , reconnaîtra, dans les deux marées contempo-
raines et antipodes , un des mille phénomènes qui ont pour cause l'at-
traction planétaire ; et, en méditant sur les lois de Newton, en se retra-
çant les voies que le législateur a suivies pour arriver à la découverte de
la vérité, il assistera, avec ravissement, au spectacle sublime des concep-
tions du génie; mais bientôt l'imagination fera valoir ses droits, et
rOcéan, qui toutàTheure n'était à ses yeux qu'une masse d'eau, attirée
par la lune et par le soleil, va devenir un être animé et intelligent, exé-
cutant avec fidélité, mais non sans murmure, le pacte d'obéissance
établi parle Créateur entre les sphères célestes et lui.
Le langage de la Botanique renferme un autre genre de poésie; c'est
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Vi
celle qui abonde dans le brillant système de Linné. Mais cette poésie, que
le monde savant avait autrefois accueillie avec enthousiasme, est aujour-
d'hui aux yeux du monde profane une cause de défaveur : d'abord
le cynisme d'une foule d'expressions qui font d'une Flore un livre
obscène, effarouche un grand nombre de lecteurs; d'un autre côté, le
public repousse avec dégoût les ouvrages frivoles de quelques écrivains
qui, voulant colorer IdL Science, ont travesti, en allusions galantes et
licencieuses, les rapprochements ingénieux établis par Linné entre la
plante et l'animal. Ce langage métaphorique du système linnéen a donc
été, par l'abus qu'on en a fait, plus nuisible qu'utile à la popularité de
la Botanique.
En décrivant le charme attaché à la nomenclature des Plantes, je n'ai
indiqué que le prélude de V herborisation : ces promenades, dont Linné
a complaisamment réglementé l'époque, la durée, le nombre, et les plus
minutieux détails, sans oublier le costume des herborisateurs, le temps
des haltes, de la dispersion, du ralliement, du repas; les amendes infligées
aux retardataires, aux déserteurs, aux absents [leges sera venientis^ dis-
cedentis^ absentzs); ces promenades, vous le savez. Monsieur, mieux que
personne, sont autant d'événements dans la vie du botaniste.
Quel est cet agile marcheur,
Explorant les forêts dès Taube matinale ?
11 cueille avidement la plus modeste fleur;
Dans sa corolle virginale
Il plonge un regard scrutateur. . .
Vous voyez de Linné le disciple fidèle :
La tunique légère à ses reins s'ajustant,
La paille, sur son front élargie en ombrelle.
Tel est l'uniforme constant
Dont son divin patron lui traça le modèle.
Une boîte arrondie, au métal éclatant.
Sur son épaule est attachée;
C'est de Dillénius le vase protecteur,
Conservant jusqu'au soir la vie et la fraîcheur,
De la plante au sol arracluV.
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VH
Vestitus herbartsantis , prœtei' imtea, sint : tunica brevis^ femoralia
tenuissimay prolixa ah hypochondriis ad talos^ pileus umhraculo amplis-
simo Vasculum dillefiianum : pelvis semi-cylindrica è cuprù.....
ad plantas collectai, aquâ irrigatas^ vivas servandas in vesperam,
(F^inQ : Philosoph. botan.)
Je ne parle pas du bien-être physique qui résulte de la locomotion et
de Taspect des beautés de la campagne : on le trouve dans les promenades
ordinaires. Mais, ce qu'il faut remarquer, c'est une sorte d'exaltation
morale, attachée à ces pérégrinations ; c'est l'impérieux besoin de ré-
colter des plantes, ambition fiévreuse, qui ne connaît de limites que
celles de l'horizon, et compromet quelquefois la santé de celui qu'elle
possède. L'herborisant voudrait s'approprier le règne végétal tout en-
tier; en vain il se voit condamné par son impuissance à choisir les plus
beaux échantillons, et à renoncer au reste : l'embarras des richesses ne
fait qu'irriter sa convoitise; enfin, le soir venu, il rentre au logis, fatigué,
mais non rassasié, et préparant déjà dans sa pensée l'herborisation du
lendemain.
Jamais ne s'exerça plus innocemment cette faculté, ou plutôt ce pen-
chant, que les phrénologues ont nommé convoitivité ^ et qui, lorsqu'il
est associé à ceux de la i^se et de la destructivité, constitue les voleurs
et les assassins; s'il s'accompagne seulement de la circonspection , il ca-
ractérise les avares; mais, éclairé par le sens des choses et purifié par le
sens moral, il fournit à la société cette classe inoflfensive de naturalistes,
dont le caractère spécifique est la bienheureuse manie des collections.
Il arrive cependant quelquefois (et je le dis tout bas), que chez certains
amants de Flore, la protubérance du sens moral est assez fortement dé-
primée pour que le propriétaire dont ils sont venus visiter l'herbier, juge
prudent de ne pas les perdre de vue un seul instant. Plus d'une fois,
dans vos galeries de Botanique, quand un amateur avait feuilleté les
herbiers pendant quelques heures, il a fallu placer un appariteur au bas
de l'escalier pour lui dire poliment, comme le rat de la fable à la belette
entrée dans un grenier :
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir.
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vm
Vherbier, ce jardin sec, véritable jardin d'hiver, est pour le botanisie
une source de jouissances, que peut seul comprendre celui qui a cueilli
et desséché des plantes. 11 profite du mauvais temps pour visiter son
trésor, et son plaisir présent s'aufjmente de ceux que lui promet l'avenir;
car, quelles que soient ses richesses végétales, il est assez heureux pour
qu'il lui reste toujours quelque chose à désirer. Puis, quand l'âge vient
arrêter ou espacer ses excursions, et le réduit à vivre de souvenirs, les
cartons de son herbier deviennent de précieuses archives, où il trouve
écrite l'histoire de sa jeunesse. Chaque Plante, en lui rappelant le lieu,
l'époque, l'heure où elle fut cueillie, lui retrace en même temps les
moindres circonstances de son herborisation, l'état de l'atmosphère, la
disposition de son esprit et de son cœur, le vers dont il cherchait la rime,
le motif musical qui le poursuivait, les espérances juvéniles qui le ren-
daient plus allègre Cette Anémone Sylvie fut sa première conquête;
cet Arum tacheté fut la seconde; il arriva au bon moment pour con-
stater la chalour développée par le spadice ; et le suc caustique de la
planle lui causa une légère ophthalmie. — Cet Ophrys-Mouche, il l'ob-
tint en échange d'une Cardamine impatiente.— Celte Saxifrage tridactyle
fut récoltée sur un mur, et lui valut, de la part du propriétaire, qui le
surprit en flagrant délit d'escalade, une interpellation à laquelle la pré-
sence d'un boule-dogue ajoutait un intérêt tout particulier. — Ce Varec
écarlate fut cueilli, au dernier moment du reflux, sur les récifs les plus
voisins du lit de la haule mer, et l'amateur à* Algues, à peine en possession
de son butin, se vit obligé de fuir à grands pas, poursuivi sur la grève
par la marée montante, marée d'équinoxe, qui, dans certains parages de
la Bretagne, marche plus rapidement que l'homme.
Cette M élique des montagnes y qui fut la cause de sa prédilection pour
la Famille des Graminées, il la rencontra près de la lisière d'une haute
futaie, sous laquelle il s'était abrité pour jouir impunément d'une ondée
de mai , tombant à la clarté du soleil. Il pensa d'abord à la cause phy-
sique du riant phénomène qu'il avait sous les yeux; mais cette conden-
sation des vapeurs aqueuses, rapidement entraînées par les courants
ascendants vers les régions froides de l'atmosphère, et se liquéfiant avant
d avoir passé à l'état de nuage, ne l'occupa que peu d'instants : il voyait
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IX
se dérouler devant lui un amphithéâtre enchanté, que vivifiaient à la fois
la pluie et le soleil; bientôt la folle du logis vint murmurer à son oreille :
A travers le liseu d'un réseau diaphane,
Yois-tu, dans le lointain , les lapis de gazon ,
L'humble troupeau paissant» l'ondoyante moisson ,
Et le clocher rustique, et la pauvre cabane,
El la sombre forèl, qui fnit à Thorizon ?
L'aérien cristal...
Ici la folle y voulant décrire Varc^n-ciel ^ s'arrêta, faute de Science; la
Raison vint à son secours, et consentit à prendre le langage de sa sœur
pour exprimer la décomposition des rayons lumineux, réfractés et réflé-
chis en traversant la pluie tombante:
L'aérien cristal, percé par la lumière,
Détourne les rayons de leur marche première ,
Et leur faisceau brisé forme un arc gracieux.
Alors l'Imagination put achever le tableau
Sept rubans colorés composent ce portique,
Qui, simple en ses contours, mais d'un aspect magique,
Semble aux fils de la terre une porte des cieux.
Cette élégante Campanule à feuilles de lierre tapissait les parois hu-
mides d'une petite fontaine, assise sur la pente d'un coteau boisé. Celait
le dimanche de la Fête-Dieu; une croix, grossièrement taillée dans le
granit, sanctifiait la source d'eau vive, jaillissant du roc pour étancher la
soif du voyageur; des Digitales pourprées s'étageaient à l'entour avec
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une symétrie merveilleuse , et leurs grappes figuraient des cierges, or-
nant un reposoir du Saint - Sacrement ; une voûte de verdure, formée
par des hêtres séculaires, complétait la décoration. Sous cx! mystérieux
ombrage, le botaniste comprit que le dôme des forêts était le premier
temple où Thomme avait adoré Dieu. Il se souvint avec émotion qu'en
ce moment, dans la ville qu'il avait quittée le matin, les rues étaient
tendues de blanc et jonchées de fleurs, et qu'une foule silencieuse
accompagnait la procession, s'avançant vers les reposoirs, aux sons d'une
musique religieuse et militaire. Alors l'humble fontaine devint à ses yeux
un autel dressé par la nature pour recevoir sa prière; il entendit les
passereaux et les tourterelles chanter un hymne au Créateur; les
soupirs harmonieux de l'orgue descendirent de la cime des arbres
balancés par la brise, et il s'agenouilla devant la petite croix de pierre,
avec autant de recueillement que devant le tabernacle doré d'une
cathédrale.
Je n'ai pas terminé l'énumération des plaisirs de l'herborisateur : il en
est un encore, le plus vif de tous peut-être, c'est celui qu'il trouve dans
sa vanité. Il est bien entendu que je parle ici de certains collecteurs, et
non des botanistes sérieux. Celui dont je veux parler est fier de pos-
séder ^ew/ une Espèce, fier de Tavoir seul récoltée, fier de connaître ^^
sa localité. Mais s'il pouvait découvrir muq Espèce nouvelle!! Que dis-je?
établir un genre nouveau et lui donner son nom III ambition pleine
d'inquiétude et de charme, qui abrège son sommeil, et le fait bien sou-
vent devancer l'aurore sur le théâtre de ses explorations. Il y a certaines
Plantes rares qui ne sont qu'imparfaitement connues : les auteurs qui les
ont décrites n'ont pu les observer qu'à F état sec; peut-être ont-ils confondu
des Espèces voisines! peut-être même réuni en un seul deux ^^;?re^ dis-
tincts I ! Ce sont ces Plantes (lue rherborisateur recherche le plus curieu-
sement; les détails les plus insignifiants de leur structure deviennent
l'objet d'une minutieuse analyse. S'il rencontre le plus léger caractère
exceptionnel, ou même une simple variation dans les dimensions ou la
couleur, cette différence prend à ses yeux des proportions exagérées; il
croit avoir fait la découverte d'un nouveau type, et il n'a plus de repos,
jusqu'à ce que son nom, gaulois ou tudesque, terminé en owr, ou en ard^
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XI
ou en ier^ ou en ach^ ou en mann^ ou en berg, ou en ski y ou en dorf^
soit allongé de la désinence latine m, qui en fera un nom générique...
Je me figure un de ces heureux monomanes, tombant sur une Es-
pèce rare, longtemps cherchée; je crois entendre ses exclamations
passionnées:
La voilà donc, enfin! je la liens, cette Plante,
Que le divin Linné n'observa pas vivante!
0 pétales caducs, stigmate fugitir.
Vous n'échapperez jioint à mon œil attentif;
Vos merveilles pour moi n'auront plus de mystères!
Je t'adore, ô pistil! je vous salue, anthères!...
Oue vois-je? un poil articulé,
A la base de ces nectaires! !
Linné ne Ta point signalé I
Nouveau (ienre ! ! ! il le faut séparer de ses frères,
Et c'est de mon nom seul qu'il doit être appelé
Son cœur est enivré d'une extase divine,
Un oxygène pur dilate sa poitrine;
Sur un fragile poil il se platt à bâtir
L'éternel monument de sa gloire à venir.
Et l'obscur plébéien, dont le nom germanique
A pris pour s'anoblir la finale italique,
De ce manteau rothain parant sa vanité,
Ira de Flore en Flore à la postérité.
Cette fâcheuse coutume de désigner par un nom d'homme les Genres
nouvellement établis , prend sa source dans un principe louable^ posé
par les Pères de la Botanique^ et dont les modernes ont étrangement
abusé. Les Grecs avaient eu les premiers l'idée de perpétuer par des
fleurs la mémoire de leurs demi-dieux, de leurs héros et de leurs princes :
ChiroTif Esculape, Circé^ Achille^ Adonis^ Artémise, Télèphe renaissaient
chaque année avec la Plante qui portail leur nom. Nos maîtres ont voulu
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XII
imiter les anciens^ et ils ont dédié des genres à leui*s amis^ à leurs bien-
faiteurs et aux protecteurs de la Science. Clusius^ qui vivait au seizième
siècle, dédia une Primulacée à son ami Cortustis, et le Genre fut nommé
Cortma. Dans le siècle suivant, Plumier, pour honorer Magnol, profes-
seur à Montpellier, lui dédia de beaux arbres de TAsie et de l'Amérique,
qui prirent le nom de Magnolia; Tournefort créa le genre Bignonia en
rhonneur du savant abbé Bignon, bibliothécaire du Roi, et zélé pour la
Botanique. Dans le grand nombre de Genres qu'il établit, huit cent cin-
quante environ, il n'y en a pas vingt qui aient reçu des noms d'homme ,
et tous ces noms sont euphoniques. Linné, cinquante ans )>lus tard,
ajouta moins de trois cen(s Genres à ceux de ses devanciers; et, dans ce
nombre, on eu compte près de quatre-vingts qui portent des noms per-
sonnels; il n'y en a guère que la moitié qui soient euphoniques, tels que
Galenia^ Celsia^ Camellia^ Spigelia^ Robinia, Stapelia^ Dillenia, etc.;
les autres sont complètement étrangers au génie et à la prononciation
de la langue latine : Gleditschia^ Hebenstreitia ^ Kaempferia, Knautia,
Rudbeckia^ Schenchzeria^ Siegesbeckia^ etc., etc Ces noms cacopho-
niques n'eussent jamais été admis par Tournefort; mais l'autorité
suprême de Linné leur donna le droit de cité, et dès ce moment les
portes de la place furent ouvertes aux barbares.
Linné avait écrit dans sa Philosophie botanique : « Les noms génériques
établis pour conserver la mémoire des hommes qui ont bien mérité de
la science doivent être religieusement respectés : c'est Tunique et
suprême récompense de leurs travaux : a*ssi faut-il la décerner avec
circonspection, pour l'encouragement et la gloire des botanistes. »
Nomina generica ad botanici optimè meriti memoriam conservandam
constructa^ sanctè servanda sunt. Hoc unicum et summum prœmium
laboris, caste dispensandum^ ad incilamentum et ornamentum Botanices.
(LiNN., Philos, bot.)
Si le grand législateur de la Botanique reparaissait [â utinam!) , et
s'il lisait Vindex du Gênera d'Endlicher, il s'écrierait douloureusement,
comme le berger de Virgile : « Insensé ! qu'ai-je fait? J'ai appelé sur mes
fleurs le vent du Midi , et j'ai lancé les pourceaux dans mes limpides
fontaines. »
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XIII
Ehfu! quid volui misero mihil floribm Austrum,
Perditns, et liquidis immisi fontibus apros.
Il suffit, en effet, de mettre en regard quelques-uns des noms antiques
et des noms modernes, pour voir à quel point la vase, remuée par les
sangliers, a troublé le cristal des eaux.
DAPHIIR, HARaSSUS, ADOmS , ARETHU8A , ATtOPA ,
BTACllITHUS, AlfDBOMEDA, PROTEA, DRTA8 ACHILLEA,
CmtAtJIIEl, CHiBOItIA, CEBBiraA, CIRCiBA , TEUCRIDM
8ATTRIUM, NTMPHiBA, MAIA8, MELISSA , NAPiEA, IRIà,
VALERIANA, MERCURIALIS, LTSIMACHIA , AMARTLLI8 ,
AITOnSIA, A8CLEPIAS, KTS8A , 8ERANAS, ALTOSA ,
TELEPHIUM , EUPATORIUM , GENTIANA , PHTLLIS.
Kosteletskidi, Schweiggeria, Bischofia,
Trautvettefm^ Waehendorfm^ Wn'flf/i^ia,
Putterlickiei^ Temstroemia, Zattschneria^
Escholtzia, Kalbfussidi^ Benninghausenidi,
Sc/irancftia, Grabowshidi, Schlechtendalm,
Krynitskiidij O-Hiaginsisi^ Broughtonia ^
Messerschmidtidi , Krascheninikovm, etc.
Voilà les noms dont le mélange constitue le Gênera de la Botanique...
Ne semble-t-il pas voir une horde de Tartar^s Kalmoucks , qui ont fait
irruption dans une ville de Tltalie, et qui viennent opposer leur face
anguleuse aux lignes pures et suaves du visage romain?
Ce n'est pas seulement avec la nomenclature mythologique que ces
noms baii)ares font un contraste choquant : ils sont associés à une foule
de termes primitifs, employés par les Grecs et les Romains pour désigner
les Plantes, et qui tous sont doux à Toreille, tels que Carduus^ Solanum,
Juniperus, Avena, Coryius, Viola, Cytisus, PlatanuSy Ulex, etc., etc.
Les anciens avaient en outre composé des noms significatifs qui faci-
litaient la mnémonique des Végétaux connus de leur temps. Pline nous
a transmis le Géranium, dont le pistil s'allonge en bec de grue; le
Myosotis^ dont les feuilles ressemblent à des oreilles de souris; Vffip-
puris, qui figure une queue de cheval; le Tussilago, qui chasse la toux;
le Chelidonium, dont la floraison dui'e autant que le séjour des hiron-
delles; le Dipsacus, <|ni guérit la soif an moyen de ses feuilles, opposées
et réunies de manière à former une écuelle, où se conservent les eaux
pluviales, etc. , etc. — l^s modernes cmt imité les anciens, sans être
toujours aussi heureux, et ils ont créé un grand nombre de noms com-
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posés, tels (jue VOrnithopus^ dont les fruits resseiiiblenl à un pied d'oi-
seau; le Theohroma^ qui donne le chocolat, nourriture des dieux;
ÏAquilegia, dont les pétales figurent des urnes pour recueillir de F eau:
le Tropœolurriy dont les feuilles, en bouclier, offrent Taspect d'un petit
trophée; le Passiftora^ ou fleur de la Passion , qui, par les filaments
pointus de sa corolle, ses stigmates, ses anthères et les vrilles de sa tige,
représente la couronne d'épines, les clous, les marteaux et les cordes,
instruments du supplice de Jésus-Christ Qu'elle est irritante la compa-
raison de ces appellations gracieuses avec les noms patronymiques des
modernes !
Encore si la volonté du législateur avait été respectée ; si ces grotesques
brevets d'immortalité n'étaient distribués qu'avec une sévère parcimonie!
Si on les avait exclusivement réservés aux chefs de la Science, à ses pro-
tecteurs, à ses martyrsl l'abbé Bignon^ zélé promoteur de la Botanique
(Bignonia); le prince Gaston de Bourbon, qui fonda le plus ancien jardin
botanique de France (Borbonia) ; Guy Fagon, le médecin-poëte, qui fut
le second créateur du Jardin des Plantes de Paris (Fagonia); ces noms ne
peuvent déplaire à personne. Ceux des intrépides voyageurs qui moururent
loin de leur patrie, victimes de leur dévouement à la science, sont accueil-
lis avec sympathie : Comm^^^m, qui flairait les espèces nouvelles (Corn-
mersonia) ; BerterOy qui sacrifiait sa fortune pour fréter le navire destiné
au transport de sa cargaison botanique (Berteroa); fiiedléy qui se sentit
mourir, et dont les dernières paroles furent une prière à ses compagnons
pour la conservation du Figuier à longues feuilles [Biedleia).
Les trois plus grands noms de la science, Toornefort, Linné, Jussieu,
ne pouvaient échapper à cette canonisation* Celui de Linné (Linnœus)
était euphonique et d'une bonne latinité; le nom, franchement gaulois,
de Tournefort est bien ridiculement garbé à la romaine par le mot
Tourne fortia; celui àeJussieu se refuse si obstinément à la désinence
latine, qu'il a été traduit de cinq façons différentes : Linné, après avoir
donné au même genre les noms de Jussieua, de Jussievia^ de Jussiœay
s'était décidé pour le dernier; Âdanson l'avait remplacé d'abord par le
Jussea^ puis par le Jussia; Houston, sans détruire le Jussiœa, qui est une
Onagrariée, réserva le Jussievia pour une Euphorbiacée; M. Ad. Bron-
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gniart, dans son catalogue, maintient Tancien Jmsieua) msiis Jtissîeua ^
de même que Tournefortia^ n'est plus français, et ne sera jamais latin;
toutefois ces noms, qui appartiennent aux princes de la Botanique, ne
sont jamais prononcés sans réveiller un sentiment de reconnaissance et
de vénération.
Mais que dire de cette tourbe de noms obscurs qui viennent audacieu-
sement se placer au niveau de ceux que je viens d*écrire? Comment
s'expliquer et tolérer cette invasion des médiocrités, qui forment une
foule compacte, dans laquelle sont perdus les hommes de génie? On se
Texplique et Ton prend patience en répétant les paroles du Misanthrope :
Hél madame, Ton loue à présent tout le monde
Et le siècle par là n'a rien qu'on ne confonde;
Tout est d'un grand mérite également doué ;
Ce n'est plus un honneur que de se \oir loué;
D'éloges on regorge, à la tête on les jette,
Et mon valet de chambre est mis dans la gazette.
Mais enfin résignons-nous à la confusion des grands et des petits : aussi
bien, les grands y ont consenti : au lieu de se réserver l'autorité souve-
raine en matière de nomenclature, ils Tout abandonnée à tout venant;
au lieu d'exercer une surveillance active et sévère aux abords du temple
de la Science, ils en ont laissé encombrer le seuil, et il n'y a plus désor-
mais que les gens du métier qui aient le courage de le franchir. Admet-
tons donc les noms d'homme donnés aux Genres, quelque rocailleux,
quelque triviaux, quelque ridicules qu'ils puissent être I... Si du
moins on pouvait les reconnaître, et les rapporter à leur légitime pro-
priétaire! Et, puisque le but de cette nomenclature a été de les trans-
mettre à la postérité, comment la postérité pourra-t-elle deviner que le
genre Gundelia est dédié à Gundelsheimer ; Rayanah Ray; Valantia à
Faî7/aw/ ; que les genres Delesseria ei Lessertia désignent tous deux le
respectable^. Delessert, bienfaiteur de la Botanique?
Que direz-vouSy races futures , quand vous aurez à décider si Miehelia
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répond à Michelin ou à un il/îcA^/ quelconque ; Rochea à La Roche ^ ou
Roche^ ou à Roch ; Monninaj au noble comte castillan Monnino de Flora-
hianca^ ou à Jean Monnin tout court; Lavatera^ au docteur Lavater,
ami deïournefort, ou au pdisienv Lavater^ le fameux physiognomoniste???
Je me figure Tembarras de la postérité... Cet embarras se fait déjà sentir
pour le nom qui domine dans l'histoire de la Botanique : on se demande
si le genre Jmsiœa est consacré à Antoine de Jussieu, ou à Bernard de
JussieUy ou à votre illustre père, qui les a si glorieusement surpassés.
Ceux qui étudieront la famille des Euphorhiacées , dont vous avez,
M<msieur , si complètement élucidé l'histoire , seront naturellement
portés à dégager le nom A' Adrien du genre Jussievia^ établi par Houston;
mais les érudîts seuls sauront que Houston était mort avant que vous
fussiez né.
Et les homonymes dont les noms vulgaires sont imprimés sur toutes
les enseignes : les Morin , les Leroux , les Lehreton , les Robert , les
Gaillard y comment vont-ils s'arranger dans les siècles à venir? Plus
d'un, sans doute, parmi eux, fera peindre sur les panneaux de sa voiture
une fleur de Morina^ de Lerouxia^ de Lebretonia^ de Robertia^ de
Gaillardia,.. Il y aura procès en usurpation d'armoiries, et la postérité
rira bien... Je crains un peu moins ce scandale pour les Fougeroux^ les
Bonnemaison y les Grateloup^ \esLeschenault, etc. ; peu de rivaux leur
disputeront la i)ropriété du Fougerouxia^ du Bonnemaisonnia, du Grate-
loupia, du Leschenaultia.
Mais le plus maltraité dans cette confusion, inévitable et peu éloignée,
sera le bon professeur Louiche Des fontaines , auquel on substitue déjà
M. de FontaneSy le grand -maître de l'Université impériale. Il avait
renoncé au genre cacophonique de Louichea, établi par L'héritier, et il
avait accepté de Labillardière celui de Fontanesia; or il arrive que,
d'après la règle de formation, c'est le grand-maître qui profite de cette
dédicace; en vain Hoffmann, pour empêcher la méprise, avait changé
Fontanesia en Des font ainesia : M. Ad. Brongniart a conservé le premier
dans son catalogue, de sorte qu'il ne reste plus à Desfontaines que le
Desfontainea, genre peu authentique de Ruiz et Pavon.
Ainsi cette nomenclature personnelle, créée par la reconnaissance et
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XVII
l'amitié, travestie par le mauvais {joùt, avilie par Fadulation et la vanité,
ne réalise les intentions ni de ceux qui l'ont établie, ni de ceux qui l'ont
détournée de son objet primitif.
« Voilà bien des lamentations pour peu de chose, diraient, en me
lisant, quelques faiseurs d'herbiers, ou même quelques savants, pour qui
Teuphonie et la mnémonique de la langue botanique sont des mots vides
de sens Qu'importe la nomenclature, pourvu que les savants s'en-
tendent? Noms grecs, noms latins, noms gallo-latins, noms germano-
latins, tous sont bons, puisque les savants peuvent s'en servir : s'ils les
ont adoptés, c'est qu'ils leur convenaient; il n'y a plus à revenir sur
cette consécration, qui est désormais un fait accompli. »
A ce quiétisme désolant il faut opposer un dilemme : la science
est-elle ou n'est-elle pas la propriété exclusive des savants? Dans
l'affirmative, il n'y a pas lieu de les accuser : ce sont purement et
simplement des prêtres d'Egypte ; ils ont usé de leur droit en se créant
une langue qu'eux seuls peuvent parler, et qui rend leur sanctuaire
inaccessible : ils peuvent s'y tenir bien tranquilles , jamais le profane
vulgaire ne tentera de pénétrer dans une enceinte gardée par des dragons
tels que MM. Wachendorf^Messerschmidt^Krascheninikof, etc., etc. Mais
si (ce que personne ne conteste) le profane vulgaire, qui n'est autre que le
public, a droit aux jouissances de la science, dont il est, en définitive, le
plus puissant protecteur, pourquoi, après l'avoir convié à ces jouissances
par des leçons publiques et des livres élémentaires qui stimulent ça cu-
riosité, lui présenter, dans la nomenclature, un obstacle insurmontable?
Je dis insurmontable^ et ce n'est pas une hyperbole. Qui pourrait nier
que la nomenclature ne soit d'une importance fondamentale? Si l'on
ignore les noms, on ne peut retenir la connaissance des choses : Nomina
si nesciSj périt et cognitio rerum, La nomenclature est la porte de l'édi-
fice, et cette porte n'en est une que tant qu'elle reste ouverte. Or, la
condition essentielle pour une nomenclature dont le vocabulaire est im-
mense^ c'est d'être facile à retenir, et par conséquent euphonique avant
tout. Qu'arrive-t-il aux gens du monde qui analysent dans une Flore
la Plante dont ils veulent connaître le nom? Ils sont pleins de zèle, tant
qu'il ne s'agit que d'étudier la structure des organes. Celle variété dans
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r unité y qui les surprend elles charme, leur offre une suite de découvertes
inatlendues, dont la moindre suffit pour exciter leur ardeur. Mais, lors-
que, après avoir reconnu la Famille^ ils passent à la détermination du
Genre ^ et que, par une analyse poursuivie avec persévérance et dirigée
dans la bonne voie, ils sont conduits à un nom barbare, le plaisir attaché
à la difficulté vaincue s'évanouit aussitôt pour eux; ils sMndignent de
celte disparate entre une Plante que la nature créa svelte et gracieuse, et
le nom repoussant que les hommes lui ont imposé ; le dégoût succède à
l'impatience, et l'aversion qu'inspire la nomenclature se répand sur la
Science elle-même.
Voilà le principal obstacle qui empêche la Botanique de devenir popu-
laire ; voilà ce qui fait que les Flores, livres délicieux, qui devraient être
aussi répandus que les Fables de La Fontaine, sont des livres rares,
pratiqués par quelques amateurs passionnés, ou par les botanistes de
profession.
Si je suis entré. Monsieur, dans ces longs détails pour mettre en évi-
dence les inconvénients de la nomenclature 'personnelle ^ c'est que je
m'adressais, non pas au membre de TÂcadémie des Sciences, mais au
jeune lauréat du Concours général, entré jadis dans la carrière, libre du
joug des préventions et de la coutume ; c'est cette indépendance philo-
sophique, à laquelle il n'a pu renoncer, qui le portera, j'ose Tespérer,
à reconnaître :
K"* Que la nomenclature des noms propres détruit l'élément poétique de
la Science, élément réel, sensible à tous les esprits justes, etauquel la Bota-
nique doit l'impulsion puissante qu'elle a reçue entre les mains de Linné ;
2** Que cette nomenclature blesse l'oreille, et dépasse les forces de la
mémoire la plus robuste ;
5"" Que, loin d'être la récompense des sommités scientifiques, elle a été
abandonnée à la plèbe des naturalistes;
V Qu'enfin elle manque son but, puisque les noms, défigurés par une
désinence hétérogène, sont souvent méconnaissables, et donnent lieu à
de lourdes méprises.
Si donc la nomenclature personnelle est reconnue barbare j antùmné-
monique , anarchique et inefficace ^ il faut la réformer sans hésitation ;
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XIX
l'usage établi ne peut avoir force de loi au détriment de la raison.
D'ailleurs le ridicule, incapable en France d'acquérir la prescription,
est pour cette nomenclature une cause de mort, plus ou moins prochaine;
et, puisqu'elle doit périr tôt ou tard, il vaut mieux qu'elle périsse avant
d'avoir pris des développements tels, que sa ruine jetterait du désordre
dans la langue de la Botanique.
Mais, dira-t-on, c'est une révolution que vous proposez ! — Dieu m'en
garde I c'est tout au plus une restauration ^ c'est-à-djre un retour à la
nomenclature des anciens, qui consistait en noms radicaux insignifiants,
en noms propres, mythologiques ou historiques, et en noms compo-
sés significatifs.
Soyons conséquents : la nomenclature, puisqu'elle est latine, doit se
conformer au génie de la langue latine; tous les noms français ou alle-
mands que ce génie réprouve, doivent donc disparaître de son vocabu-
laire , à commencer par ceux de Tournefort et de Jussieu , nos maîtres
les plus révérés. Ces noms ont-ils besoin d'une terminaison latine^ qui
les altère, pour passer à la postérité? Qui oserait l'affirmer? Je dirai
plus ; si ce travestissement leur était nécessaire pour échappera Toubli,
ils ne seraient pas dignes de l'immortalité. Non, les princes de la Bota-
nique n'ont rien à perdre à cette réforme; ce ne sont pas non plus les
chefs actuels de la science , les Brown , les MohI , les. Lindley , les
Schleïden, les A. de Jussieu, les Brongniart, les A. de Candolle, les
Decaisne, les Dunal, les A. Saint-Hilaire, et tant d'autres botanistes esti-
mables, qui doivent s'en inquiéter : les hommes qu'elle irritera sont
ceux dont les noms ont besoin, pour leur survivre, d'être latinisés; et,
en vérité, la conservation de ces noms n'a pas assez d'importance pour
qu'on l'obtienne aux dépens de la mnémonique, condition essentielle de
toute nomenclature, et sans laquelle les Flores resteront éternellement
lettres closes pour le public.
Si le principe de celte réforme était admis, le changement de sept à huit
cents noms serait, pour une Commission de savants instituée à cet effet, un
travail de quelques semaines : ils trouveraient en abondance des noms
euphoniques dans le personnel de la mythologie, de l'histoire ancienne,
et même, au besoin, dans le calendrier : tout nom propre est admissible.
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pourvu qu'il se latinise bien^ et qu il soit doux à l'oreille. S\\ se pouvait
que ce nom offrît quelque rapport allégorique avec la plante^ ce serait
une circonslance heureuse. C'est ainsi que Linné a donné le nom d'une
des Parques (A/rojoo^) à une herbe vénéneuse; le nom d'Agave, qui
déchira son fils Penthée, à des espèces dont les feuilles sont piquantes
à leur extrémité, et épineuses sur leurs bords; le nom du joyeux Silène
à desCaryophyllées dont le calice est ventru. C'est ainsi que Commerson
a établi le genre Dandide pour des Rubiacées dioïques, où les organes
femelles étouffent les organes mâles, comme les Danaïdes étouffèrent leurs
maris. Vous aussi, Monsieur, avez été guidé par ce sentiment des analo-
gies entre le mot et la chose, quand vous avez, dans votre monographie
des Malpighîacées, désigné sous le nom de Janusiay un genre dont les
fleurs ont, comme Janus, un double visage : les unes normales, possé-
dant une organisation complète; les autres anormales, dépourvues de
glandes calycinales, de pétales, d'étamines, et réduites à deux ovaires.
Lorsque leréperloire des noms propres serait épuisé, on aurait à créer
des noms significatifs, comme ceux qui ont déjà été établis par les anciens
et par les modernes. La langue grecque, mère de la langue latine, se
prêle merveilleusement à la composition, et offrirait une source abon-
dante de combinaisons harmonieuses.
Il serait indispensable de remplacer en môme temps quelques noms,
dont l'origine fait frémir le bon sens, et qu'Adanson composait en tirant
au sort des voyelles et des consonnes, et les combinant de toutes les façons,
jusqu'à ce qu'elles eussent produit un mot articulable, tel que Tolpis ^
Kalanchoéy Kolman. — Il faudrait aussi supprimer certains anagrammes
bizarres, par lesquels Cassini a voulu désigner des Genres voisins, pour
ne pas créer des mots nouveaux , ainsi, du genre Filago il tirait, par la
transposition des lettres , les genres Logfia, Gifolay Iglofa^ Oglifa ; ces
noms, forgés dans l'intention de soulager la mémoire, sont, précisément
à cause de leur grande ressemblance, bien plus fatigants pour elle.
La nomenclature une fois rendue à sa primitive unité, et redevenue
vraiment latine, rien ne serait plus facile que de réparer le dommage fait
aux propriétaires dépossédés; il suffirait pour cela de mettre au-dessous
du nom générique : dédié à N.,. Ce moyen concilierait tous les intérêts;
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il serait même plus avantageux pour les personnes, parce que leur nom,
conservé intact, et spécifié par le prénom, ne courrait plus le risque d'être
méconnu; d'un autre côté, en y ajoutant quelques mots pour motiver la
dédicace, on en ferait une note bibliographique ou historique, qui ne
serait pas sans intérêt.
Si cette réforme était repoussée par les autorités scientifiques (et le cas
est probable), il faudrait bien (ju'un botaniste isolé s'en chargeât tôt ou
tard à ses risques et périls. Mais, quel que soit son mode d'opérer, il se
gardera de placer les noms nouveaux , seuls, en tête des Genres qu'il
leur aura assignés; ces noms devront suivre ou précéder, sur la même
ligne et en caractères égaux, ceux qu'ils sont destinés à remplacer : c'est
le meilleur moyen de proposer une idée sans l'imposer. Ce travail aurait
ensuite à obtenir l'attention du public, et il l'obtiendra tôt ou tard, s'il
la méiite : dès lors il y aura comparaison, par conséquent jugement; et
l'opinion deviendra son plus puissant auxiliaire.
Le bénédictin qui aura le courage d'entreprendre cette tâche, et la pa-
tience de l'achever, doit s'attendre à bien des contrariétés; il subira le
sort de tous ceux qui luttent contre des abus invétérés, avec la seule am-
bition d'être utiles, et avec les seules armes de la raison; il devra donc
se résigner aux sarcasmes, et peut-être aux injures de beaucoup de gens,
qui se croiront blessés dans la plus chère de leurs affections, c'est-à-dire
dans leur amour-propre. Mais, pour se consoler, et se fortifier par
l'exemple du divin Linné, il relira l'exorde magnifique du Système de
la nature, trésor de poésie et de philosophie religieuse, dont Vintroit
se termine ainsi :
« J'ai pénétré dans les épaisses et ténébreuses Forêts de la Nature; le
« sol était hérissé çà et là d'épines aiguës et crochues : j'ai tâché de les
« éviter; mais j'ai bientôt appris qu'à l'homme le plus circonspect la pru-
(« dence fait défaut quelquefois ; aussi ai-je eu à supporter les ricanements
« des Satyres, les grognements des Cynocéphales, et les bonds des Cerco-
« pithèques, qui sautaient sur mes épaules : j'ai poursuivi ma roule, et
« achevé la course que j'avais entreprise. » Intravi densas umhrosasque
Naturœ Si/vas, hinc indè horr entes acutissimis ethamatis spinis: evitavi
quotquot licuit plurimas; at neminem tam esse circiimspeetum didia\
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Wll
cujus non diligentia sibi ipsi alùpmndo excidat; ideoque ringèntiurn
Satyrorum cachinnos, ^meisque humeris insilientium Cercopitheconim
exsultationes sustinui! incessi viam^ et quem dederat cursum fortuna
peregi.
Quel serait le disciple d'un tel Maître, fût-il obscur entre tous, qui
n'acceptât pas les plus pénibles épreuves, pour obtenir une réforme dont
il a reconnu la nécessité?
Ici, Monsieur, se termine cette partie de ma longue lettre, que j'avais
placée sous la protection des souvenirs de votre jeunesse. Ce que je vais
écrire ne s'adresse plus qu'au savant professeur du Muséum et de la Sor-
bonnej aussi serai-je plus sérieux, et surtout plus concis, en vous entre-
tenant de la détermination et de la classification des Plantes.
Je ne m'étendrai pas sur le plaisir que donne à l'étudiant la conscience
d'avoir bien vu ce qu'il regardait : celui qui a pu vérifier dans une Flore
le signalement complet de l'Espèce dont il veut connaître le nom, celui-
là éprouve des émotions flatteuses, sur lesquelles il ne se blasera jamais.
Mais il est malheureusement trop vrai que la plupart des personnes qui
récoltent des plantes et font des herbiers, se contentent du nom qui leur a
été donné par le professeur dont elles suivent l'herborisation, et qu'elles ne
connaissent les Espèces que par leur physionomie. Cet inconvénient, qui
est un des plus grands obstacles à la propagation de la Botanique, vient
de ce que les floristes^ indépendamment de quelques autres défauts, ont
longtemps confondu la méthode systématique ou système^ avec la mé-
thode naturelle.
Lamarck, dans le remarquable discours préliminaire de sa Flore fran-
çaise^ a démontré le premier que, pour résoudre proraptement et sûre-
ment les problèmes de la détermination et de la classification des
Plantes, il est indispensable d'employer d'abord le système , œuvre d'a-
nalyse, qui fait découvrir le nom de l'individu en nous donnant son
signalement particulier; puis la méthode naturelhy œuvre de synthèse,
qui classe cet individu, et établit sa position ^ma/i? dans le royaume ào^
végétaux. Il est maintenant bien établi que le système est le moyen, et la
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XXIll
méthode naturelle le but; et que l'adoptioa exclusive de Tua ou de
l'autre était une erreur nuisible aux progrès de la Science, puisque cha-
cun a ses avantages, et que l'emploi successif de l'un et de l'autre concilie
vérité et facilité.
Le système de Linné aurait été le meilleur de tous, sans les difficultés
que présentent trop souvent la proportion relative, la connexion, le
nombre des étamines, et la séparation ou la réunion de Tandrocée et du
pistil. L\Iais on ne peut douter que ce système n'ait fourni à Lamarck l'idée
de sa méthode dichotomique : c'est l'emploi infructueux du système
Linnéen qui lui fit comprendre et poser en principe que : « aucune par-
« tie des Plantes, prise à l'exclusion des autres, ne fournissant seule assez
« de caractères pour remplir l'objet direct d'une distribution quelconque,
« il est nécessaire de faire usage de tous les caractères que les Plantes
« peuvent ofl'rir, et d'en emprunter indistinctement de toutes leurs
« parties. »
Ce furent aussi, très-probablement, les défauts résultant de la nature
mixte du système de Tournefort (classification demi-naturelle et demi-
artificielle, mais admirable pour le temps où elle fut inventée), qui sug-
gérèrent à Lamarck son second principe : « Ayant reconnu qu'on ne peut
« établir aucune division qui ne rompe quelque part des rapports très-
« marqués, on doit se mettre parfaitement à son aise sur cet objet, s'oc-
« cuper uniquement de la sûreté de la méthode, former des divisions
« tranchantes et nettement circonscrites, sans avoir égard aux séparations
tf frappantes que ces divisions peuvent occasionner dans l'ordre naturel. »
La méthode dichotomique de Lamarck, consistant à poser une série de
questions qui ne laissent à l'étudiant que le choix entre deux propositions
contradictoires, de manière que l'une étant admise, l'autre se trouve na-
turellement exclue, cette méthode n'est pas une invention nouvelle : on
en a fait honneur à Ramus ; mais elle ne lui appartient pas plus qu'à
Lamarck. Une dichotomie ne diffère en rien d'un tableau synoptique
ordinaire, si ce n'est en ce que les subdivisions étant trop nombreuses
pour qu'une page de nos livres puisse les contenir, on a disloqué le
tableau , et disposé les accolades à la suite les unes des autres, en con-»
servant leur rapport primitif au moyen de numéros de renvoi.
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XXIV
Quoi qu'il en soit, Lamarck a tiré un très-heureux parti de ce procéilé
pour la détermination des Genres et des Espèces. Je ne pense pas qu'il
faille lui reprocher le danger auquel est exposé l'étudiant, de faire fausse
route à la moindre erreur, et de marcher en s'écartant de plus en plus de
son but; ce danger est inhérent à toutes les méthodes artiGcielles. Un
inconvénient plus réel, que vous expliquez. Monsieur, dans votre Cours
élémentaire de Botanique , c'est que « la méthode dichotomique ne ré-
« sume pas, de distance en distance, comme cela se fait par les classes et
« divisions successives des systèmes, les caractères dont elle s'est servie;
« de telle sorte qu'une fois arrivé, il est difûcile de se rendre compte de
« tous les points intermédiaires par lesquels on a passé, et que l'on ne
« retient guère que le nom de la plante, ce qui est bien peu de chose. »
Ce serait bien peu de chose en effet, si, après cette analyse, l'étudiant
arrivé au Genre ou à la Famille, négligeait le caractère^ qui résume mé-
thodiquement les détails disséminés dans la dichotomie. Cette récapitu-
lation indispensable satisfait l'esprit, et obvie complètement à incon-
vénient que vous signalez.
Mais ce qui a dû jeter de la défaveur sur celte méthode, qui est bien
certainement, de tous les procédés artiûciels le plus commode pour par-
venir à la détermination des Plantes, c'est que Lamarck et ses imitateurs
n'ont pas observé avec assez de sollicitude les conditions qui devaient en
assurer le succès.
La première était de n'offrir à l'étudiant que l'analyse des caractères
contemporains et d'une observation facile. Trop souvent ces caractères,
au lieu d'être choisis dans la fleur et les organes de la nutrition, ont été
pris dans le fruit mûr et dans la graine; de sorte que l'étudiant qui a
cueilli une Plante en fleur, c'est-à-dire dans le moment où son étude est
le plus agréable, l'étudiant se voit arrêté dès le premier pas.
Une autre condition, non moins importante, consistait à n'omettre
aucun cas exceptionnel. Toutes les anomalies doivent être menticmnées,
afin que si le hasard conduit l'élève sur une Plante qui en offre quelqu'une,
il puisse la déterminer comme dans le cas normal. Ainsi, les Espèces su-
jettes à des avortements accidentels d'organes réclament surtout la vigi-
lance des auteurs de dichotomies : les Sennehiera, Teesdalia, Lepidium
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x\v
sont souvent apétales et n'ont que quatre ou même deux étamines; la
Pé]plide pourpier se rencontre fréquemment sans corolle; la Violette
hérissée est a|)étaledans les pousses tardives, tandis que les fleurs pré-
coces sont pétalées et stériles ; le Vératre noir est quelquefois polygame;
les Asperges^ les Rumex^ les Phytolacca sont souvent dioïques. Toutes
ces exceptions ont été omises dans la plupart des méthodes dichotomi-
ques, et les frappent d'inefficacité.
Les exceptions normales sont aussi quelquefois négligées; je n'en cite-
rai qu'un exemple : les Dauphinelles sont pour la plupart polypétales,
mais, dans la section des Consolida j les pétales sont soudés en un seul.
Or l'étudiant qui veut déterminer la Dauphinelle d'Ajax^ ne peut trouver
sa plante dans aucune dichotomie, parce que les auteurs se sont préoc-
cupés de la polypétalie, qui est le caractère général des Renonculacées.
C'est pour la même raison que Ton ne parvient pas à déterminer le genre
Bruyère j dont les étamines sont hypogynes et distinctes de la corolle,
le genre Monotrope^ qui est poly pétale hypogyne : les dichotomies les
ont rangés parmi les calyciQores, comme le Prodrome ; c'est la confusion
de la méthode avec le système.
Enfin une dernière condition, aussi essentielle que les précédentes
dans la confection d'une dichotomie, c'était de se placer au point de
vue de l'étudiant, et de prévoir toutes les méprises qui peuvent l'expo-
ser à faire fausse route. L'un s'obstinera à donner aux Mauves une corolle
monopétale ; un autre trouvera que les Violettes , les Pamassies , les
Stellaires et autres Alsinées, sont plutôt périgynes qu'hypogynes ; il
cherchera même les Œillets dans les fleurs monadelphes. Un troisième
ne pourra consentir à voir dans les Euphorbes des fleurs monoïques et
apérianthées: leur involucre sera pour lui un calyce, et même un double
périanthe, protégeant une fleur stamino-pistillée. Quelques-uns attribue-
ront aux Narcisses une corolle monopétale et un calyce à six divisions
colorées; la plupart chercheront les Liliacées et les Iridées parmi les
dipérianthécs, de même qu'ils admettent un périanthe unique pour les
Ombellifères et les Composées dont le limbe calycinal est usé. Enfin il
fallait aller au-devant des bévues de quelques étourdis, qui, ne songeant
à étudier une fleur que quand elle est complètement éclose, ne tiennent
d
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XXVI
aucun compte de labsence des organes caducs, et veulent déterminer les
Pavots^ les FumeterreSy les Renoncules^ les Hellébores^ comme si la fleur
était monopérianthée. La dichotomie doit présupposer et accepter toutes
ces inadvertances ; en un mot, elle doit se servir de Terreur pour con-
duire à la vérité, ce qui n'offre pas le moindre danger, puisque Télève
en lisant le caractère ^ qui est la conclusion obligée de son analyse, la
rectifie de lui-même; celte rectification est en outre un avertissement,
dont il profitera pour étudier, à Tavenir, la fleur avant son complet dé-
veloppement.
H importait donc que la méthode dichotomique conduisit par plu-
sieurs voies différentes à la détermination d'une même Plante, et il fal-
lait placer cette Plante dans plusieurs catégories, afin que Tétudiant,
rencontrant deux questions contradictoires dont la solution repose sur
des caractères douteux, put impunément adopter Tun et l'autre, et arriver
à son but par deux chemins différents. C'est ainsi qu'une méthode di-
chotomique peut devenir un vrai passe -partout , et justifier le nom de
cléj qu'on lui a donné métaphoriquement.
Vous terminez, Monsieur, dans votre Cours élémejitaire y le paragra-
phe consacré à Texamen de cette question, en disant que « la méthode
dichotomique n'ayant été appliquée jusqu'ici qu'aux plantes de quelques
pays, plus ou moins bornés^ tels que la France et les environs de Paris,
ne peut par conséquent être employée que dans ces limites, et non servir
à la détermination d'une Plante inconnue quelconque. » U est bien vrai
que cette méthode n'est utile pour la détermination des plantes d'un
pays qu'autant qu'elle les renferme toutes sans excepti(m. Mais le même
inconvénient existe pour les autres méthodes : une Plante^ découverte
postérieurement à la publication de ces méthodes, pourra se ranger dans
les Classes et dans les Ordres; mais quand il s'agira d'arriver au Genre
et à l'Espèce, l'étudiant, qui ignore que l'auteur n'a pas connu la Plante
en question, voudra l'y trouver, et sera condamnée des recherches labo-
rieuses, qui ne peuvent avoir qu'une méprise pour résultat.
L'ouvrage de Meissner, que vous mentionnez à cette occasion, n'est
pas une méthode systématique : c'est purement et simplement Tordre
naturel, tel qu'il se trouve dans le Prodrome, et que Tauteur a découpé
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XXVll
en tableaux synoptiques. En un mot, la clé n est pas à la porte : Tétudiant
qui veut déterminer une Clématite^ une Anémone^ un Pigamon^ n'ira
pas les chercher dans la famille des Renonculacées, qui est à la té(e de
la Classe des poly pétales. L'ouvrage de M. Meissner, que De Candolle an-
nonçait dans son Prodrome comme un livre d'or [liber aureus), n'a donc
pas réalisé les espérances qu'il avait fait concevoir, et nous manquons
d'une dichotomie générale pour la détermination des Familles et des
Genres.
C'est le désir de remplir celte lacune qui m'a encouragé à poursuivre
un long travail, où je donne les clés analytiques de quatre mille Genres,
et de toutes les Familles végétales : j'insérerai une partie de ces clés dans
l'ouvrage que je publie aujourd'hui, et dont vous avez bien voulu accep-
ter la dédicace. J'ai fait tous mes efforts pour éviter les inconvénients
que j'énumérais tout à Theure; et je crois que toute personne qui
possède une légère connaissance de l'organographie , arrivera sans
peine, par le secours de la clé dichotomique, à la détermination des
Familles, dont l'histoire détaillée fait l'objet de la première partie de
mon travail.
Quant à f ordre naturel, que la forme typographique des livres dérange
à chaque page, il est probable que les efforts persévérants de nos maîtres
pour lui imposer la série linéaire, resteront toujours infructueux.
Linné avait reconnu que « les Plantes se touchent par des affi-
nités, comme les territoires par leurs confins sur une carte géogra-
phique : » Plantœ omnes utrinque affinitatem monstrant uti territo-
rium in Mappd geographicd. Votre illustre père avait admis cette
comparaison^ mais non d*une manière absolue; « car, observait -il
judicieusement, les affinités botaniques ne peuvent se mesurer stric-
tement comme les distances géographiques. » — M. R. Brown a écrit en
(été de sa Flore de la Nouvelle - Hollande : « Jai adopté la méthode
jusséenne , dont les Familles sont presque toutes vraiment naturelles,
mais je ne me suis pas beaucoup inquiété de la série des Familles, que la
nature elle-même n'avoue guère, car elle a lié les êtres vivants par un
réseau plutôt que par une chaîne : » Jussœanam methodum secutus sum,
cujiis ordines pleriqiie v^erè naturales : nec de ordinum série admodum
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XXVIII
sollicitus fut; ipsa natura enim^ corpora organica reticulatim potiUs
quant gatenâtim connectens^ talent vix agnoverit. »
La pagination de nos livres s'opposant invinciblement à ce que les
Familles soient disposées en réseau^ suivant Tordre de la nature, et ne
pouvant recevoir que la série linéaire, j'ai rangé les Familles dont je fais
l'histoire selon la méthode naturelle^ créée par A. L. de Jussieu, et
modifiée par son fils.
Je suis avec respect, Monsieur et cher Maître,
Yotre très-humble et très-ohémant serviteur.
Emm. le MAOCT.
Paris, U\'lAtrU\^\.
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FOltkr D'EUROPE.
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INTRODUCTION
L'histoire naturelle des Végétaux est une science multiple, dont chaque branche, ou
plutôt chaque rameau^ demanderait toute la vie*d'un homme : il suffit, pour s'en
convaincre, de jeter un coup d'œil sur ses divisions principales.
La Botanique, traitant des Végétaux considérés, 1"* isolément, 2" dans leur ensemble,
3* dans leurs rapports avec Tllomme, peut se diviser en trois parties bien distinctes.
La première comprend Torganographie, qui décrit la forme et la symétrie des
organes; rANATOMiE, qui montre leur structure intime; la physiologie, qui explique
leurs fonctions; la glossologie, qui enseigne le langage technique employé pour dé-
signer les organes et leurs modifications.
La seconde comprend la taxonomie, qui classe les Végétaux selon leurs affinités;
la PHYTOGRAPHiE, qui décrit les Plantes; la nomenclature, qui fait connaître les
noms que leur ont imposés les botanistes.
La troisième comprend la Botanique appliquée à nos besoins, c'est-à-dire V Agriculture,
Y Horticulture, V Arboriculture, la Botanique médicale et la Botanique industrielle.
L'ouvrage que nous offrons aujourd'hui au public est spécialement consacré à la clas-
sification des Végétaux selon leurs affinités, c'est-à-dire à l'/iwfotre des Familles végétales.
Mais cette histoire, pour offrir tout rintérét dont elle est susceptible, doit emprunter aux
1
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2 INTRODUCTION.
autres parties de la Science des documents sur la structure et les fonctions des organes,
5ur les termes techniques qui les désignent, et enfin sur les Végétaux utiles, ou agréables,
ou nuisibles à Taspèce humaine.
Les corps répandus à la surface du globe terrestre, ou comix)sant son écorce extérieure,
forment deux grandes Classes: les uns sont bi'uts, c'est-à-dire sans vie, tels que les
Pierres, les Métaux, et même TEau et l'Air atmosphérique; les autres sont riwn^s,
c'est-à-dire exécutent certaines fonctions ^ dont l'ensemble constitue la vie, au moyen
d'instruments ou organes plus ou moins compliqués; de là leur nom d'Etres organisés :
ce sont les Végétaux et les Animaux.
Les Êtres bruts, ou inorganiques, nommés aussi Minéraux, sont formés, tantôt par
un corps simple, tel que le Soufre, l'Or, le Diamant; tantôt par l'union de deux ou
plusieurs substances combinées entre elles, en raison d'une affinité chimique; tels sont
le Sel marin, le Marbre, l'Émeraude. Les molécules dont ils se composent demeurent
dans un état de repos indéfini; s'ils augmentent de volume , c'est par l'addition de corps
semblables à eux, qui viennent se juxta-poser à leur surface; s'ils diminuent de volume,
leur existence n'en est nullement altérée ; ils ne portent en eux aucun principe de des-
truction , et ils ne peuvent être détruits que par une force étrangère. Leur forme est
généralement cristalline, leurs dimensions sont illimitées ; un grain de Sable représente
un minéral aussi complet qu'un bloc énorme de Cristal de roche.
Les Êtres organisés, au contraire, c'est-à-dire les Végétaux et les Animaux, ne peuvent
exister que sous l'influence d'une force, dont les lois nous sont inconnues, et qu'on a
nommée force vitale; ils naissent de parents semblables à eux, et ils se reproduisent à leur
tour, comme ils ont été créés : ainsi le Chêne produit des glands, qui plus tard seront
des Chênes; l'Oiseau pond des œufs, dont chacun renferme un Animal de même espèce
que sa mère. Ces Êtres se nourrissent, non par jiuvta-^sition, mais fex intussusception,
c'est-à-dire en introduisant dans certaines cavités de leur corps des substances étran-
gères qui y subissent un changement, et s'assimilent au corps qui les a reçues; elles y
1 emplacent en même temps les matériaux vieillis qui les ont précédées, et que la force
vitale tend constamment à éliminer. Leur forme est plus ou moins arrondie ; leurs
dimensions ne sont pas illimitées : ils se développent graduellement, en renouvelant
sans cesse les molécules qui les constituent, et ils atteignent un volume qu'ils ne
dépassent jamais; après un temps déterminé, leur énergie diminue peu à peu, et, quand
le travail de la nutrition s'arrête, ils cessent de vivre : la mort est donc pour eux une
conséquence nécessaire de la vie.
En résumé , les Êtres vivants ont pour caractère essentiel de se nourrir et de se
reproduire.
Quels sont maintenant les dififérences qui séparent les Végétaux des Animaux? Ne
parlons pas de la forme extérieure, car il y a certains Animaux qui ressemblent à des
l'Iantes : ne considérons que leurs fonctions : l'Animal éprouve des sensations et
exécute des mouvements volontaires ; la Hante est privée de sensibilité, et incapable
de se mouvoir spontanément.
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INTRODUCTION. 3
On cite, il est vrai, un grand nombre de Végétaux, tels que la Sensitive, qui opèrent
des mouvements manifestes; nous les décrirons dans Thistoire des Familles; les
naturalistes s'en sont beaucoup occupés, et les théories n'ont pas manqué pour les
expliquer; mais ces mouvements, quelle que soit la cause qui les provoque, ne prouvent
pas que la Plante soit douée de sensibilité. Sans nous arrêter à Texamen des opinions
contradictoires d'un grand nombre de physiologistes , nous nous contenterons d'un
rapprochement qui simplifiera la question.
Pourquoi l'Animal exécute-t-il des mouvements ? On comprend sans peine que c'est
pour aller vers ce qui lui est utile, ou pour fuir loin de ce qui peut lui être nuisible ; la
faculté de se mouvoir donne au Chien le moyen de poursuivre le Lièvre, et au Lièvre
le moyen d'échapper à la poursuite du Chien. Or, quelle est la cause immédiate qui a
mis en mouvement ces deux Animaux ? Évidemment, ce sont leurs sensations : le Chien
a tm ou flairé le Lièvre ; le Lièvre a entendu les aboiements du Chien : leur course est
donc la conséquence des sensations éprouvées par eux.
Supposons maintenant la Plante sensible, c'est-à-dire capable de percevoir, par des
sens (analogues ou non à ceux des Animaux), ce qui peut être utile ou nuisible à son
existence. A quoi lui servira cette faculté? Elle est fixée au sol par des racines qui ne
lui permettent pas de se transporter d'un lieu dans un autre : enracinée dans un terrain
trop aride , elle aura la sensation du ruisseau qui coule à vingt pas d'elle , et elle ne
pourra l'aller chercher; elle aura la sensation de l'Animal herbivore qui se dispose à la
brouter, de l'Homme qui s'approche pour la faucher, et elle ne pourra se soustraire au
péril qui la menace. Ainsi le Créateur, en lui donnant la sensibilité, lui aura fait un
présent dérisoire, qui sera pour elle une source d'inquiétudes et de souffrances, une
sorte de cauchemar perpétuel, analogue à celui qui nous oppresse dans nos rêves, quand
nous voulons fuir un ennemi, et que nous sentons nos pieds fixés au sol.
L'étude de la Création nous montre sans cesse que la Nature ne fait-rien en vain : on
ne peut donc lui attribuer une cruauté inutile; et si elle a permis que l'Herbe fût mutilée
ou foulée aux pieds, sans pouvoir échapper par la fuite à son ennemi, elle n'a pas voulu
qu'elle éprouvât des sensations : c'eût été lui donner la science du bien et du rnal^ en ce
qui concerne les conditions de son existence , et la condamner, par la privation de sa
liberté^ à un supplice de tous les instants.
En voyant certains Animaux fixés sur les rochers, les Huîtres, par exemple, on
pourrait croire que la sensibilité n'a pas toujours pour conséquence la faculté de se
mouvoir. Il est vrai que l'Huître n'exécute pas de mouvements d'un lieu à un autre, mais
elle n'en a pas besoin pour aller chercher sa nourriture; car elle est plongée dans un
liquide qui la lui apporte ; d'ailleurs, si le mouvement de translation lui est refusé, elle
n'est pas privée pour cela des moyens de se soustraire à ce qui lui est nuisible, puisqu'elle
peut , sans se déplacer, fermer les deux valves de sa coquille.
Nous conclurons, de ces diverses considérations, que, bien que la non-sensibilité des
Végétaux ne soit pas rigoureusement démontrée, on peut affirmer avec confiance qu'ils
sont insensibles, par cela même qu'ils sont immobiles; c'est Te qui a fait dire aux
naturalistes que les Animaux sont des Êtres vivants et animés, et les Plantes, des Êtres
rtmn^s f/ inammé^s. Linné a caractérisé les trois règnes par une définition, qui, sans
être rigoureusement exacte, est d'une simplicité séduisante : les Minéraux croissent; les
Végétaux agissent rt vivent; les Animaux croissent , viv^mt et sentent.
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DESCRIPTION DES ORGANES.
La définition des Végétaux peut maintenant être énoncée avec précision : ce sont des Êtres
vivants, c'est-à-dire doués de la faculté de se nourrir et de se reproduire, mais ne pouvant
ni sentir ni se mouvoir volontairement.
Les fonctions de nutrition et de reproduction s'exécutent à l'aide ^organes : ce sont ces
oi^anes que nous allons décrire.
Dans notre premier ouvrage, qui a pour objet principal l'analyse comparative des oi^anes
de la Plante {Leçons élémentaires de Botanique^ fondées sur l'analyse de cinquante plantes
vulgaires), nous avons indiqué les moyens d'arriver sans maître à la connaissance la plus
détaillée de l'organographie végétale : dans celui-ci, spécialement consacré à l'histoire des
Familles et des Espèces les plus intéressantes, nous ferons connaître, en nous aidant de figures
nombreuses et exactes, les diverses modifications de formes que présentent les oi^anes dont
la description est nécessaire à l'étude des Familles , et nous teur assignerons en même temps
les termes techniques servant à les désigner.
Les organes concourant à la nutrition et à la reproduction du Végétal sont : la rachie,
la tige, les feuilles, la fleur, le fruit et la graine. Ces organes fondamentaux se composent
eux-mêmes de parties intimes, qu'on ne peut étudier sans employer des instruments
d'optique très-grossissants. Ces parties, dont la structure diffère peu d'une plante à l'autre, et
qui sont les éléments du Végétal, ont été nommés organes élémentaires; c'est par eux que nous
allons commencer.
ORGANES ÉLÉMENTAIRES,
Une portion quelconque d'un Végétal, coupée en tranches aussi fines que possible, et
examinée au microscope, montre un grand nombre de cavités diverses, les unes complè-
tement circonscrites par des parois, les autres dépourvues de parois propres, et occupant les
intervalles des premières; leur ensemble présente l'apparence d'un tissu ; delà le nom de tissu
végétal.
Les cavités closes présentent trois modifications principales : !• elles ont un diamètre à peu
près égal dans tous les sens, on les nomme alors cellules; 2* elles sont plus longues que largos,
et leurs deux extrémités sont amincies en fuseau, on les nomme fibres; 3* elles forment des
sacs très-allongés , on les nomme vaisseaux.
Les cellules offrent des formes très-variées, qui dépendent de la manière
dont elles se juxta-posent. Si elles ne se pressent pas mutuellement, elles
conservent leur forme primitive , qui est sphéroîdale ; mais si leurs faces i
contiguës s'aplatissent par suite de leur développement, elles prennent une
forme polyédrique, et leur coupe représente un tissu ; de là
le nom de tissu cellulaire, donné à l'ensemble des cellules; i. suebaTT
on les nomme Siussi parenchyme. ^'"" tlTjiu" *** '*
Quand le tissu cellulaire est serré, les cellules ne laissent pas entre elles
d'intervalle appréciable ; mais si le tissu est lâche , les cellules conservent
leur forme arrondie, et ne peuvent être réunies que par des points de contact
diiuiet éioiiéet. peu nombreux; de cette disposition résultent des intervalles, qu'on nomme
méats intercellulaires s'ils sont peu spacieux , et lacunes si l'espace intercellulaire est cir*
conscrit par un grand nombre de cellules.
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Cv* ni
ORGANES ÉLÉMENTAIRES. 5
Les cellules, dans leur premier âge, sont des sacs composés d'une membrane mince et homo-
gène, qui, d'abord moUe et humide, se dessèche ensuite peu à peu. Tantôt cette membrane
constitue à elle seule la paroi de la cellule , tantôt une seconde membrane vient
la tapisser intérieurement; mais cette seconde membrane ne forme pas un sac
continu ; elle se rompt en divers points, et ne double la membrane externe que
d'une manière mcomplète , il en résulte des amincissemenCs et des
épaississemen ts {flg.Z),
Les fibres (fig. 4) varient dans leur longueur, mais la plupart ont une
paroi très-épaisse , formée d'abord d'une paroi unique, que viennent
tapisser successivement de nouvelles membranes, développées de l'extérieur à
l'intérieur, et comme la cavité de la fibre diminue de plus en plus, il vient une
époque où la (ibre parait presque pleine.
Les fibres étant amincies en fuseau à leurs deux extrémités, ne peuvent être
contiguës sur toute leur surface ; mais, dans les intervalles formés par ces extré-
mités, viennent se placer de nouvelles fibres, dont le bout remplit hermétiquement
l'espace conique qui se trouve libre au-dessus et au-dessous d'elles.
Les vaisseaux (fig 5) sont des tubes simples, très-allongés
dont la paroi n'est jamais lisse, mais présente, soit des amin-
cissements figurant des points ou des raies, soit des épais-
sis^ements figurant un réseau, ou des anneaux, ou des
spirales. (Les vaisseaux spiraux ont reçu le nom particulier
de trachées^ fig- 6). Leur forme est tantôt celle d'un cylindre
offrant des rétrécissements de distance en distance, tantôt * CLiKiTiTB
' Fibre
celle d'un fuseau aminci à ses deux extrémités ; dans le pre- p<».eiiioc
mier cas, ils tirent leur origine de cellules superposées, dont les surfaces
de jonction se sont détruites peu à peu; dans le second cas, ce sont des
fibres allongées.
Les vaisseaux laticiferes sont des tubes à parois lisses, trans-
parentes et homogènes, qui contiennent un suc particulier,
souvent coloré, nommé latexy et communiquent entre eux par
des ramifications. Ds contiennent une grande quantité de granules
pulvérulents, qui nagent dans le latex.
La sève, qui remplit les cellules et leurs interstices, et monte
dans les vaisseaux, est un liquide incolore, tenant en dissolution ou en
suspension les matériaux qui doivent se déposer dans le tissu, ou concourir
à son accroissement.
Dans les cellules se montrent des granules épars ou pelotonnés; ces
granules sont tantôt de Y albumine, tantôt de la fécule; les grains de fécule
sont souvent empâtés dans la cellule par une matière molle, élastique,
nommée gluten, qui existe surtout dans la graine des céréales, La fécule est
aussi accompagnée, surtout dans les graines des Légumineuses, d'un princi|)e
nommé caséine, qui constitue la partie essentiellement nutritive du lait des ^ ^ .
' ^ ^ 7. Chrlidoinb.
Animaux. Vai»scaui Ulïciferes.
La ckromule est une matière verte , qui forme des flocons gélatineux , nageant dans le
liquide incolore des cellules ; elle constitue la couleur verte des Végétaux ; l'alcool la dissout ,
d'où Ton a conclu qu'elle est de nature résineuse.
Les autres liquides accumulés, soit dans les cellules, soit dans les méats ou les lacunes, sont
des huiles fixes ou volatiles, des térébenthines, du sucre ou de la genrimc. dissous dans l'eau ,
des acides et des alcalis, EnCm on trouve des gaz, surtout dans les espaces intercellulaires,
quelquefois même à des profondeurs considérables.
5. Mblon.
Vaisseau
ponctué.
6. Mnoif.
Vaûteau «pi rai
ou lraeh««.
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a
DESCHIPTION DES ORGANES.
Outre les matières solides de nature organique, on trouve, dans quelques cellules, certaines
substances minérales, siliceuses ou calcaires, dont les éléments ont été voitures par la sève ,
et qui s'y sont ensuite cristallisées.
Les parois des cellules, fibres et vaisseaux , sont constituées essentiellement par une sub-
stance nommée cellulose; cette substance, primitivement mucilagineuse, se durcit et de-
vient insoluble à Feau : c'est elle qui forme la trame solide du Végétal; sa composition
chimique est la même que celle de la fécule, du sucre et de la gomme.
La cellulose des fibres se tapisse intérieurement, et s'incruste d'un principe particulier ,
nommé ligneux. Le ligneux ne diflere chimiquement de la cellulose que par une proportion
plus considérable de carbone. C'est lui qui donne au bois sa dureté ; il se montre aussi dans les
concrétions des poires, et domine dans les noyaux des fruits.
Épiderme. — L'épiderme {fig. 8) est une membrane mince, transparente, incolore, qui
s'étend sur toute la surface du Végétal : elle se compose de cellules
^'v grandes, aplaties, intimement unies, et formant ordinairement une
seule couche ; ces cellules ne sont pas toutes entièrement contiguës
les unes aux autres par leurs parois latérales; il y en a un grand
nombre qui présentent entre elles des intervalles ; ces intervalles
sont de petits orifices circonscrits par deux cellules arquées (st),
qui se regardent par leur concavité ; on a donné le nom de stomates
à ces cellules géminées, ainsi qu'à la petite bouche dont elles repré-
sentent les lèvres. Les stomates existent sur toutes les surfaces
foliacées vertes des Végétaux pourvus d'épiderme, et surtout sur
les feuilles. C'est par ces ouvertures que l'air pénètre dans l'in-
térieur des parties vertes pour la respiration du Végétal ; aussi
correspondent-elles toujours à des méats ou à des lacunes. Le^
Plantes aquatiques submergées et les Cryptogames étant dépour-
vues d'épiderme, le sont aussi par conséquent de stomates.
On a donné le tiom de cuticule k une pellicule très-fine, exactement moulée sur l'épiderme,
et même sur ses poils ; elle offre des boutonnières dans tous les endroits qui correspondent à
des stomates; elle n'est point organisée en cellules, comme l'épiderme qu'elle recouvre. Elle
existe sur tous les Végétaux, même sur ceux qui sont dépourvus d'épiderme.
Aiguillons, Poils, Glandes. — Ces organes accessoires sont une modification du tissu
cellulaire. Les A /'/y Mîï/ons sont dispersés sur la tige, sur les feuilles, et même sur certaines parties
de la fleur. Il ne faut pas les confondre avec les épines, qui en difierent par leur structure
fibreuse, et qui ne sont autre chose que des organes transformés. Les aiguillons, dans leur
première jeunesse, offrent une ressemblance complète avec les poils, et ce n'est qu'avec l'ôge
qu'ils grossissent, s'allongent et s'endurcissent; on peut les voir sur le Rosier, qui les présente
dans tous les degrés de développement. Les aiguillons sont donc des poils épaissis.
Les Poils sont des productions cellulaires qui se voient principalement
sur les rameaux et les feuilles, surtout dans la jeunesse de ces organes;
ils apparticnnentà l'épiderme, dont ils ne sont que
des cellules plus saillantes que les autres : les poils
sont tantôt à une seule cellul.*, simples ( fig, 9),
bifurques (fiy, 10), ou étoiles; tantôt à plusieurs
cellules unies en chapelet (fig. 11), ou rayonnant
d'un centre commun.
Les Glandes sont des organes qui possèdent la
propriété de sécréter, c'est-à-dire de séparer un
liquide particulier des matériaux avec lesquels ils
sont en contact; leur structure est toute cellulaire; quelques glandes sont portées sur des poils,
8. HALSAVI.IiS.
Épiderme el Stumaies.
<y
- — ^^"^ —
If. Mirabilis
12. ■rFLIBR
9. Cbou.
10. Dravk.
Poil
Poil
Poil «impie.
Pi il bifurqué.
en cliapelet.
{Liauduleuc.
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ORGANES DE LA NUTRITION. 7
et sont dites alors />oj7s glanduleux (fig. 12). Ces poils ne diffèrent des poils ordinaires que par le
liquide qu'ils renferment. Les glandes proprement dites sont peu ou point saillantes sur
répiderme, quelquefois elles sont enfoncées dans Tépaisseur des organes, mais toujours elles
avoisinent Tépiderme : telles sont les glandes qui occupent les feuilles du Myrte et Técorce
de V Orange.
OUGANES COMPOSÉS.
Nous allons maintenant décrire les organes composés, et nous les diviserons, d'après les
fonctions qu'ils remplissent, en organes de la nutrition et organes de la reproduction.
ORGANES DE LA NUTRITION.
Les Végétaux les plus complets consistent en un corps arrondi, plus ou moins ramifié à
ses extrémités, et portant latéralement des feuilles de divers aspects, éparses ou groupées :
la partie aérienne de ce corps est seule pourvue de feuilles; sa couleur est généralement
verte, du moins dans les jeunes rameaux; elle se ramifie de bas en haut, et s'amincit à
mesure qu'elle se ramifie , de sorte que sa portion la plus volumineuse touche le sol : elle
porte le nom de tige. La portion souterraine est dépourvue de feuilles, de couleur non verte,
et se ramifie de haut en bas ; elle porte le nom de racine.
La tige et la racine s'appliquent donc l'une contre l'autre par leur portion la plus élargie ,
et se développent en sens inverse : ces deux parties, dont la supérieure tend toujours à monter
vers le ciel, et l'inférieure à descendre vers le centre de la terre, constituent, par leur ensemble,
ce qu'on nomme Taxe végétal. Dans le premier âge de la Plante , cet axe était simple , c'est-
à-dire sans ramiûcation; puis, par une suite de générations successives, des rameaux sont nés
de cet dîKQ primitif , et ont formé des axes secondabos : chaque rameau peut donc être regardé
comme un axe particulier.
Le point de jonction de la tige et de la racine est nommé collet; c'est de ce point, tantôt
renflé, tantôt rétréci, tantôt indistinct, que partent, en sens inverse , les fibres montantes et
les libres descendantes.
Les feuilles naissent d'un point de la tige, ordinairement un peu saillant, nommé nœud vital:
chaque portion longitudinale de la tige comprise entre deux nœuds vitaux se nomme entre-nœud.
Si les nœuds vitaux ne possédaient que le pouvoir d3 produire des feuilles , la tige serait
toujours parfaitement 5/m/>/e, mais, en outre, il naît de chaque nœud un bourgeon à l'aisselle
de la feuille ( c'est-à-dire entre cette feuille et la tige, au point de jonction de ces deux
parties) : ce bourgeon , qui ne forme d'abord qu'une petite saillie , nommée bouton dans les
arbres, formera plus tard un rameau , qui s'allongera, produira des feuilles, et se ramifiera à
son tour. Les bourgeons nés à l'aisselle des feuilles de l'axe primitif forment donc autant
d'axes nouveaux, et il résulte de ces générations successives que la plante mère est répétée
autant de foiâ qu'elle produit un bourgeon. Ainsi , pour parler exactement, il ne faut pas dire
que la Plante, en se ramifiant, se divise; il est plus exact de dire qu'elle se multiplie.
Le nœud vital ne produit pas toujours feuille et bourgeon : quelquefois le bourgeon est nul
ou peu visible ; quelquefois même la feuille est mal développée ; mais il est rare que la feuille
avorte entièrement, ^t si le bourgeon ne se développe pas, cela tient à la rigueur du climat
ou à la brièveté de la vie du Végétal.
RACINE. — La racine, c'est-à-dire la partie del'axe végétal qui se dirige vers le centre de
la terre, sert à fixer la Plante au sol et à y puiser la nourriture nécessaire à son accroissement.
Elle manque dans quelques Plantes qui se développent sur d'autres Végétaux , se nourrissent
de leur substance, et sont, à cause de cela, Xiomm^e>% parasites. Tel est le Gui, qui s'implante
sous fécorcc de certains arbres par la hase dilatée de sa- tige.
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8 DESCRIPTION DES OUGANES.
La racine tantôt reste simple , tantôt elle se ramifie très-irrégulièrement. Son axe ou ses
branches se terminent par des filets très-menus, dont Tensemble 'constitue ce que Ton nomme
le chevelu ; les extrémités de ces filets, étant d'un tissu mou et lâche, ont reçu le nom de spon-
gioles. Les filets du chevelu périssent chaque année, comme les feuilles , et de nouveau il en
nait sur les parties les plus jeunes de la racine.
Les racines à base unique s'enfoncent dans le sol, en formant un pivot simple ou ramifié ,
ce qui les fait nommer pivotantes (Gg. 13). Les racines à base multiple sont des faisceaux,
naissant du collet pour remplacer le pivot primitif, ordinairement simple , qui a péri peu
après la germination. Elles sont fibreuses (fig. 14), quand elles se composent de filets minces
allongés , peu ou point rameux ; noueuses, quand les fibres se renflent de distance en distance
(fig. It bis)) tubéreuses y quand le faisceau se compose de fibres très-renflées à leur milieu,
comme dans les Orckis, les Dahlias (fig. 15) ; ces tubérosités sont de véritables dépôts de
fécule destinés à aUmenter la Plante.
i3. Radis. 14. I'atirim. 14 6f«. Filipbsoulk. 45. Dahlia.
Racine pivoUnte. Racine tibreu«e. Racine ooueusc. Racine ttibéreuie.
On nomme racines adventives^ des racines qui se développent spontanément sur les nœuds
vitaux de certaines tiges : les imes naissent à une hauteur souvent considérable^ et descendent
peu à peu vers le sol pour s'y enfoncer ; d'autres naissent sur les rameaux inférieurs des
Plantes rampantes : telles sont celles du Fraisier et du Lierre terrestre.
Les racines ne produisent normalement ni bourgeons ni feuilles ; c'est ce qui se voit dans les
Dahlias, qu'on ne parvient à multiplier que quand une des racines détachée a conservé un
fragment de la tige ; mais, dans beaucoup de Plantes, les racines peuvent, par des moyens
artificiels qu'emploie l'horticulteur, émettre de tous les points de leur surfoce des bourgeons
adventifs, qui s'allongent en branches feuillues, et multiplient l'individu : tels sont le Cognassier
du Jflpon, le Paulownia, etc., etc.
Nous avons dit que la racine sert à puiser dans le sol les aliments nécessaires au dévelop-
pement de la Hante : cette absorption se fait par les spongioles qui terminent les fibrilles, et
sont composées d'un tissu cellulaire récemment formé et dépourvu d'épiderme.
Les substances puisées dans le sol par les fibrilles sont de l'acide carbonique, de l'ammo-
niaque, et des sels alcalins ou terreux, dissous dans l'eau.
L'acide carbonique provient : V des eaux pluviales , qui l'ont dissous en traversant l'atmo-
sphère ; 2* de la décomposition lente de Vhwnus ou terreau, dont le carbone se combine avec
l'oxygène de l'air, que l'eau tient en dissolution.
L'ammoniaque provient : 1° des pluies d'orage, dans lesquelles, sous l'influence de l'élec-
tricité, il s'est formé de l'azotate d'ammoniaque ; 2» de la putréfaction des matières végétales
ou animales dans lesquelles l'hydrogène et l'azote se combinent à l'état naissant; 3* du contact
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ORGANES DE LA NUTRITION. 9
de certains oxydes métalliques avec Teau : celle-ci est décomposée, et son hydrogène naissant
se combine avec Tazote de Tair qu'elle tenait en dissolution ; ce phénomène s'opère en grand
dans les terrains ferrugineux et alumineux.
Les éléments de l'acide carbonique (oxygène et carboné)^ de Tanunoniaque (hydrogène et
azote), de Teau (oxygène et hydrogéné)^ et le soufre des sulfates solubles dans l'eau, suffisent
à la fabrication de la plupart des matériaux qui constituent le Végétal. Le carbone de l'acide
carbonique, en s'unissant aux éléments de l'eau, forme la cellidose, le ligneux, le sucre, la
gomme, la fécule, etc. ; un excédant d'oxygène produit les acides végétaux ; un excédant
d'hydrogène, la chromule, les huiles, les résines, etc. ; l'azote de l'ammoniaque, s'ajoutant
aux éléments de l'eau et de l'acide carbonique, donne naissance aux alcalis végétaux ; enfin le
soufre, uni à l'azote, à l'oxygène, à l'hydrogène et au carbone , forme trois substances orga-
niques, de composition semblabb, la fibrine, ïalbumine et la caséine : ces substances sont la
partie essentiellement nutritive du Végétal pour les animaux ; sans elles, il ne peut se former
de sang et on les retrouve toujours dans ce liquide.
TIGE. — Nous avons dit que la tige est une partie de l'axe végétal qui croît en sens inverse
de la racine, et qu'elle se ramifie au moyen de
bourgeons, naissant à l'aisselle des feuilles, ou
expansions latérales, qu'elle a produites.
La tige est quelquefois très-peu développée,
et les feuilles semblent naître de la racine ; la
Plante alors est dite acaule, et les feuilles sont
dites radicales : c'est ce qu'on voit dans le
Pissenlit, la Primevère et le Plantain.
Le rhizome ou souche (fig. 16) est une tige qui
rampe obliquement ou horizontalement au-
dessous de la surface du sol; sa partie antérieure
émet des racines fibreuses, des feuilles et des
bourgeons (b] ; sa partie postérieure se détruit
peu à peu par l'âge : telles sont les Iris, les
Primevères, etc.
La tige est dite ram/wn^e ou 5ft)/on e/Jre (fig . 17) ,
lorsque de l'aisselle de ses feuilles inférieures
il naît un bourgeon (stolon), qui s'allonge en
coulant sur le sol, développe ses feuilles à son
extrémité, puis se redresse, et produit, au-de^ i6. hei^evèeb.
sous de la touffe de feuilles qui le termine, des **'"*°'" •* ^•""'•* ''^'"^''•
racines fibreuses qui s'enfoncent dans le sol : tels sont le Fraisier, la Benonculerampante, etc.
Le bulbe ou ognon
(fig. 18) est une souche sou-
terraine, arrondie, compo-
sée , !• d'un plateau plus ou
moins conique, qui donne
inférieurement naissance à
des racines fibreuses; 2° de
tuniques ou d'écaillés char-
nues, portées par le pla-
teau, et serrées les unes
contre les autres; 2" d'un
17. Fraisibr. — Tige rampante. bOUrgCOU pluS OU moius
central, également porté par le plateau, protégé par les tuniques, et formé de feuilles et de
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10 DESCRIPTION DES ORGANES.
fleurs rudimentaires, c'est-à-dire non développées et à peine distinctes; k^ d'un ou plusieurs
bourgeons latéraux , destinés à répéter la Plante , et nommés caïeux : tels
sont les Lis, Tulipes^ Jacinthes, Narcisses, Poireaux, etc.
Les tubercules sont des extrémités de rameaux rampant sous le sol, et
gonflés de fécule ; ces renflements portent des feuilles rudimentaires, à
Faisselle desquelles sont des yeux ou bourgeons. Ces bourgeons, en se
développant, fournissent une tige droite : c'est ce qu'on voit dans le Topi-
nambour et la Pomme de terre.
La tige est dite annuelle, quand elle se développe au printemps, et meurt
avant l'hiver : tel est le Froment; bisannuelle, quand elle vit deux ans :
telle est la Carotte , qui ne produit la première année que des feuilles, et
i8. ocifoî». qui, la seconde année, meurt après avoir fleuri. La tige est dite vivace,
quand elle vit plusieurs années.
La tige herbacée est molle et facile à briser : telles sont les tiges annuelles, bisannuelles, et
beaucoup de vivaces ; ces dernières ne prolongent leur existence que par leur souche végétant
sous terre, et leur portion aérienne se renouvelle tous les ans : telles sont les Renoncules, les
Mauves\ etc.
La tige est dite ligneuse y quand elle forme un bois solide, qui persiste après son endurcis-
sement; sous-ligneuse, lorsque sa base seule est dure, et persiste hors de terre plusieurs
années, tandis que les rameaux et les extrémités des branches périssent et se renouvellent
tous les ans ; la Plante est nommée alors sous-arbrisseau : telles sont la Sauge, la Rue, etc.
Les arbrisseaux sont des Plantes ligneuses, dont la tige émet dès sa base une toufl'e de
rameaux qui ont au moins un mètre , mais ne dépassent guère trois ou quatre fois la hauteur
de l'Homme : le Rosier en est un exemple. Les arbres sont des Végétaux Ugneux, dont le
tronc, simple dans sa partie inférieure, se ramifie à une certaine hauteur, et s'élève ordi-
nairement à plus de cinq mètres.
La disposition des organes élémentaires est la même dans les tiges herbacées et les tiges
ligneuses ; mais elle présente deux caractères bien distincts , quand on l'observe dans les
Plantes nommées dicotylédones et dans celles nommées monocotylédunes (nous expliquerons
bientôt le sens de ces deux mots). Commençons parla tige des dicotylédones.
Si l'on examine à la loupe une tranche horizontale d'une tige herbacée de Giroflée, de
Pivoine, ou, ce qui revient au même, d'un jeune rameau de Lilas, de Chêne, d'Erable, on
voit au centre un disque de cellules presque transparentes et incolores (ce disque est souvent,
dans les tiges herbacées, perforé à son milieu par suite de l'accroissement rapide du Végétal,
accroissement qui a disjoint les cellules). Elles sont circonscrites par un groupe de petites
plaques opaques, disposées en anneaux plus ou moins réguliers; ces plaques sont des faisceaux
de fibres et de vaisseaux. (On peut voir sur la tranche d'un rameau ligneux, âgé de quelques
années, l'ouverture béante de ces vaisseaux et de ces fibres.) En dehors des plaques, est un
cercle de cellules, plus vertes et plus serrées que celles du centre ; celles-ci communiquent
avec celles du centre par des bandes de cellules qui passent entre les faisceaux. On donne le
nom de moelle au parenchyme formé par toutes ces cellules ; la moelle du disque se nomme
7rioelle centrale, l'extérieure, moelle corticale, et les bandes cellulaires qui font communiquer
le centre avec la circonférence, sont dites rayons médullaires. Les faisceaux de fibres et de
vaisseaux, qui se groupent en cercle autour de la moelle centrale, et sont séparés par les
rayons, portent le nom de faisceaux fîbro-vascuiaires.
Si l'on observe au microscope un de ces faisceaux dans un rameau d'un an, on trouvera,
en partant de l'extrémité qui correspond à la moelle centrale, 1* des vaisseaux spiraux ou
trachées, lesquelles forment avec celles des autres faisceaux un cercle entourant la moelle
centrale, et nommé étui médullaire; 2® des fibres à parois épaisses, parmi lesquelles se voient
des vaisseaux annulaires, rayés, ponctués; 3« un tissu cellulaire verdàtro ; V' des fibres à
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ORGANES DE LA NUTRITION. H
parois épaisses; 5* des vaisseaux ramifiés à parois lisses, que nous avons nommés vaisseaux
iaticiferesy et en dehors la moelle corticale, recouverte par Tépiderme. — Les fibres voisines
des trachées constituent le boisy dans les Végétaux ligneux ; les fibres plus extérieures,
séparées des précédentes par une zone celluleuse, ont reçu le nom de liber ou de fibres
corticales^ et constituent Vécorce; enfin la zone celluleuse qui sépare
les fibres ligneuses des fibres corticales se nomme cambium. Dans
les tiges herbacées, cette zone périt chaque année, ainsi que le
faisceau fibro-vasculaire qu elle divise en deux parties inégales;
mais si la tige est ligneuse [fig, 19), il se forme chaque année, dans
répaisseur de cette tige, des couches nouvelles qui augmentent son
épaisseur ; c'est le cambium qui les produit : en dehors des fibres
ligneuses, il se transforme en une couche d'écorce ; mais cette
transformation ne le fait pas disparaître; il se renouvelle sans
cesse, et existe toujours entre les deux faisceaux nouvellement
Tranche horitonuie^d'une tige de formés, dc manière à produirc chaque année, en dedans, des fibres
'" *"* ligneuses, en dehors, des fibres corticales.
La tige des Plantes monocotylédones (fig, 20) présente la même organisation que celle des
dicotylédones, sifon considère lastructure particulière de chaque faisceau fibro-vasculaire ; mais
la différence est grande en ce qui concerne la disposition corrélative
de ces faisceaux : ils ne sont point groupés circulairement, et disposés
en zones concentriques, comme ceux des dicotylédones ; chacun d'eux
est isolé de ses voisins, non par des rayons médullaires, mais par
une enceinte irrégulière de moelle; aussi la tige est-elle moins solide
que celle des dicotylédones : dans celles-ci, la solidité est d'autant
plus grande que les faisceaux sont plus centraux; dans les mono-
cotylédones, au contraire, la solidité décroît de la circonférence vers
le centre. 20. palkibk.
La racine des monocotylédones présente une structure semblable ^""'*'* *•»"""**'• «*« >• "e«-
à celle de la tige : dans les dicotylédones , la racine n'offre ni moelle centrale , ni étui mé-
dullaire , et son axe est occupé par des fibres ligneuses; son épaisseur s'accroît comme celle
de la tige; mais elle ne s'allonge que par son extrémité seulement; les fibrilles qui forment
le chevelu sont, comme le corps de la racine, revêtues d'épiderme, excepté à leur extrémité,
nommée spongiole.
La tige, relativement à sa surface, a reçu un grand nombre de qualifications, dont voici les
principales : elle est dite glabre, quand elle ne présente aucun poil ( Prêle)-, lisse, lorsque,
étant glabre , elle n'offre aucune aspérité, et que sa surface est très-unie ( Tulipe) ; raboteuse,
lorsque cette surface présente de petites inégalités (Carotte) ; striée, quand elle est relevée de
petites lignes saillantes et longitudinales, nommées stries (Oseille)-, ailée, quand elle est
garnie d'expansions foliacées (Consoude) ; noueuse, quand ses nœuds vitaux sont sensiblement
proéminents (Œillet); poilue, quand elle est parsemée de poils longs et écartés (Géranium-
Robert) ; pubescente, quand elle est couverte de poils courts, mous et peu pressés (Jusquiame) ;
cotonneuse, quand le duvet qui la recouvre est composé de poils courts, mous et entre-croisés
(Molène); velue, quand elle porte des poils longs, mous, rapprochés (Framboisier) ; hérissée,
quand elle porte des poils droits et roides (Bou7*rache); hispide , quand les poils sont droits,
roides et très-longs (Coquelicot),
La tige, avons- nous dit, tend à s'élever vers le ciel; cette direction est exactement verticale
pour la plupart des Plantes ; alors la tige est dite dressée ; mais il en est d'autres qui font
exception à la règle générale : ainsi la tige est dite couchée, étalée , lorsque , étant trop faible
pour se soutenir, elle s'étend horizontalement sur la terre (Mouron); ascendante, lorsque,
après avoir été horizontale ou oblique, elle se rpHrp««/^ ?» c^n»^ ov*"/mifp / Véronioite petit-
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il
DESCRlPTlOxN DES ORGANES.
Chêne)] rampante, lorsque, étant couchée, elle se fixe au sol par des racines adventives
(Fraisier)] grimpante , lorsqu'elle s'élève sur les corps environnants et s'y attache, soit
par des crampons (Lierre), soit par des suçoirs (discute), soit
par des filaments nommés vrilles ( Vigne, Melon) ; volubile,
lorsqu'elle s'enroule autour des corps voisins en formant des
spirales (Liseron, Houblon, fig. 21), etc., etc.
FEUILLES. — Les feuilles sont des expansions, ordinai-
rement planes , vertes et horizontales , naissant des nœuds
vitaux de la tige , et résultant de
l'épanouissement d'un faisceau fibro-
vasculaire, dont les ramifications lais-
sent entre elles des intervalles que
remplit le parenchyme (fig. 22).
Le faisceau qui donne naissance à la
feuille porte le nom de pétiole, depuis
le point où il se dégage de l'axe jusqu'à
celui où il s'épanouit en lame ; cette
lame se nomme limbe; les ramifications
projetées dans le limbe de la feuille se
nomment nervures; la nervure occu-
pant le milieu du limbe est nommée
nervure médiane ou primaire; celles qui naissent de chaque côté de la
nervure médiane se nomment nervures latérales, et sont dites secon-
daires, tertiaires, etc., selon leur ordre de subdivision.
Les nervures sont àiies parallèles lorsqu'elles marchent le long du
limbe de la feuille, à égale distance les unes des autres, et sans se
HouBLon.
Tiife Tolubile.
22. CXRMIBM.
FeuilU.
23. lus.— Feailkt.
24. Mbloit. — Feuille.
ramifier (Muguet, Iris fig. 23); rameuses, quand elles se subdivisent dans le limbe, et
s'envoient des branches de eommunication, nommées anastomoses (fig. 2k), Les nervures
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OFIGANES DE LA NUTRITION. i'.i
rameuses sont dites pennées, quand des deux côtés de la nervure médiane partent dts nervures
latérales, disposées comme les barbes d'une plume à écrire ( Cerisier, ûg. 22) ; palmées,
quand la base du limbe émet plusieurs nervures primaires, divergentes et disposées comme
les doigts de la main (Melon, fig. 2k). Les nervures primaires sont se\x\es palmées ; les secon-
daires, tertiaires, etc. , suivent la disposition pennée.
25. MlLLBPBBTllS. ttf. Li:iAIBB. 27. GARA5CB.
Feoillflt seisile*. Feuilles allerne*. Feuilles verlicillét».
La feuille est dite /)e//o/^e , quand son limbe est porté sur un pétiole (Cerisier); sessile,
quand elle s'épanouit en limbe au point même où elle se dégage du nœud vital ( Mille-
pertuis, fig. 25). Souvent le limbe s'amincit insensiblement en pétiole, et la feuille est dite
subpétiolée. (La particule sub, placée devant les qualifications des diverses parties de la Plante,
équivaut à presque).
Les feuilles ne naissent pas au basard et sans ordre sur la
tige : tantôt elles sont solitaires sur un plan horizontal, et aloi*s
on les dit alternes (Chêne, Linaire, lig, 26); tantôt
elles sont situées deux à deux sur le même plan,
et vis-à-vis Tune de l'autre ; on les nomme alors
opposées (Millepertuis, fig. 25); tantôt, enfin, elles
sont groupées circulairement autour de la tige
comme une couronne, et on les appelle alors verti-
cillées (Garance, fig. 27); elles sont distiques, lors
qu'elles naissent de nœuds alternes, placés sur deux
rangs, à droite et à gauche (If, fig. 28) ; fasciculées,
lorsque, naissant solitaires sur des rameaux fort
raccourcis, elles sont assez rapprochées pour repré-
senter un faisceau (Pin du Lord, fig. 29) ; imbriquées,
lorsqu'elles se recouvrent les unes les autres comme
les briques d'un toit (Cyprès, Thuia),
Les Stipules sont des appendices analogues à des
' feuilles, qui garnissent la base du pétiole ou du „ ^8. ir.
1- V 1 - .11 . Feuille» disiique*.
limbe ; la feuille qui en est pourvue est dite stipulée,
(Pensée, fig. 30). Les stipules varient pour la couleur, la consistance et la forme;
quelques-unes sont épineuses (7?o6/w/a, fig. 52), d'autres s'allongent en filaments
nommés vrilles (Melon). Les stipules sont ordinairement latérales, c'est-à-dire
Pw »?Lo»D. qu'elles naissent à droite et à gauche de la feuille (Pensée) ; on les dit axillaires,
f^Sîii'"*. quand elles naissent entre la tige et la feuille elle-même (Sarrasin).
Les feuilles radicales sont celles qui semblent naître de la racine, parce que la
tige est très-courte (Pissenlit, Plantain, Primevère, fig. 16) ; les feuilles caulinaires sont celles
qui naissent sur la tige et sur les rameaux (Rosier),
Les feuilles sont amplexicaules ou embrassantes, quand la base de leur pétiole ou de leur
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u
DESCUIFTION DES OKi.AiNES.
limbe entoure la tige (Ile no)iculi\ Anyélique)\ confluentes, quand, étant opposées, elles se
joignent par leurs bases, entre lesquelles passe la tige {Chèvrefeuille^ fig. 31); déeurrentes,
quand leur limbe se prolonge sur la tige avant de s'en détacher, et y forme des espèces
à' ailes foliacées [Comoude).
30. Pbksbb.
Feuille stipuléu.
31. CjIBVBBFBUILLe.
Feuilles cocHuenUM.
32. Pbtitb-Mauvr.
Feuille orbiculaire.
Les feuilles sont dites, selon leur îovme, planes, quand leur limbe est aplati (Tilleul)) cf/lin-
driques , quand leur limbe représente un cylindre ( Sédum ) ; orbiculaires, quand leur limbe
représente un disque circulaire (Petite- Mauve, fig. 32); ovalesy quand
leur limbe présente la coupe longitudinale d'un œuf, et que sa plus grande
largeur est à la base (Poirier, fig. 33) ; obovales, quand leur plus grande
largeur est au fiommei (Spirée-Millepe}iuis)',obl(m(/ueSy quand leur largeur
est à peu près le tiers de leur longueur (Petite-Centaurée); elliptiques,
quand les deux bouts du limbe sont arrondis et égaux entre eux , comme
la figure nommée ellipse (Millepertuis, fig. 25); spatulées, quand leur
limbe est rétréci à la base , large et arrondi au sommet,
comme une spatule ( A/^M^re//<?, fig 34');an^w/«^65, quand
la circonscription de leur limbe présente trois, quatre, cinq
angles; rfe//o?Ves, s'il y a trois angles, figurant un delta
(Chénopode, fig. 35).
Les feuilles sont lan-
céolées , quand leur
limbe va en diminuant
en pointe vers les deux
extrémités (Troène, fig.
36); linéaires, quand
le limbe est étroit, et
que ses deux bords sont à peu près parallèles (Linaire,
fig 26) ; ensiformesy quand elles ont la figure d'un glaive
(Iris, fig. ^Z)',sufmléeSy quand leur limbe, cylindrique,
se termine en alêne (Sédum réfléchi); acéreuses, quand
leur limbe, étroit et pointu comme une aiguille , a une
consistance dure (Pin, fig. 29); capillaires y quand elles
sont fines et flexibles comme des cheveux (Renoncule aquatique, fig. 37).
Les feuilles sont dites aiguh, quand leur sommet se termine insensiblement en angle aigu
53. POIRIBR.
Feuille ovale.
34. Paqubrbttr.
Feuille spatulée.
35. ClIBIfOPODE.
Feuille deltoïde.
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ORGANES DE LA NUTRITION.
15
(Laurier-rose, lîg. 38); acu/ninées, quand leur sommet s'amincit brusquement pour se
prolonger en pointe (Pariétaire), obtuses, quand leur sommet est arrondi ( Gm/); echancrées,
quand leur sommet, au lieu d'être aigu, ou même obtus, est terminé par un sinus peu profond
(Amarante blanche).
37. Rbnoiculb aquatiqli.
Feuilles capillaires.
38. Lavriib-Rosk.
Feuilles aiguë!) .
39. TlLLBl'L.
Feuille cordifonne.
40. LiBBBB TBBBEffTBS.
Feuille réniforioe.
Les feuilles sont cordi formes, quand leur base est échancrée en deux lobes arrondis et que
le sommet est aigu, de manière à figurer un as de cœur (Tilleul , fig. 39) j réni formes, quand
la base étant échancrée, comme dans les feuilles en cœur, le sommet est arrondi, de manière
à figurer un rein (Lierre terrestre, fig. 4-0 ) 5 sagittées, quand leur base se prolonge en deux
lobes aigus, obliques ou parallèles au pétiole, de manière à figurer un fer de flèche (Liseron
des champs, fig. 41 ) ; hastées , quand les deux lobes aigus de leur base sont à peu près perpen-
diculaires au pétiole, de manière à figurer une hallebarde (petite Oseille)} jjeltées, quand
le pétiole est attaché au milieu de la face inférieure du limbe, qui figure un bouclier (Ca-
pucine, fig. 4.2).
y
41. LiSBBorr.
Feuille sagilléi-.
42. Capccink.
Feuilles pellées.
43. Dbosbra.
Feuille ciliée.
Les feuilles, quant à leur surface, sont, comme la tige, lisses, ylabres, pubescentes, soyeuses,
hérissées, hispides, etc.
La feuille est ciliée, quand ses bords sont garnis de poils longs , imitant les cils d'une pau^
pière (Drosei*a, fig. V3) ; épineuse, quand ses nervures s'allongent et se durcissent en piquants
(Houx, fig. H).
La feuille est dite entière, quand son limbe ne présente aucune espèce de division (Laurier-
rose, fig. 38) ; déroupée, quand le bord, au lieu d'être formé par une ligne continue, présente
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16
DESCRIPTION DES ORGANES.
44. Hocx.
Feuille épineuse.
4!i. Chataionisb.
Feuille dentée.
une suite de lignes brisées ; ce qui provient de ce que le parenchyme n'a pas accompagné les
nervures jusqu'à leur terminaison.
La feuille dentée a des dentelures aiguës avec des sinus arrondis
(Châtaignier, fig. 45); la feuille crénelée a des dentelures arrondies
avec dessinus aigus [Lierre terrestre^ fig. 40) ; la feuille serre^^'eadessinus
et des dents aigus, comme des dents de scie (Lfimier, fig. 46);
la feuille incisée a des dents inégales et des sinus aigus et profonds
( Aubépine ) ; la feuille sinuée a des découpures plus profondes que les
dents, larges et obtuses, avec des sinus également larges et obtus
(Chêne).
La feuille dont les découpures sont aiguës, et
séparées par des sinus aigus qui s'étendent jusque
vers le milieu de chaque demi-limbe, est dite fide^
et ses divisions sont nommées
lanières; si les nervures sont pen-
nées, on la nomme pennifide (Ar-
ticliaut, Pissenlit, fig. 47) ; si elles
sont palmées, palmifides ( Ricin,
fig. 48). La feuille découpée,
dont les sinus pénètrent au-delà
du milieu de chaque demi-limbe,
jusque près de la nervure mé-
diane ou de la base du limbe,
est dite partite, et ses divisions sont nommées partitions; si les nervures
sont pennées, on la dit pennipartite (Coquelicot) \ si
elles sont palmées, jyabnipartite (Aconit),
La feuille découpée dont les sinus s'étendent jusqu'à laner\'ure médiane,
ou à la base du limbe, est dite séqtiée, et ses divisions sont nommées
segments; la feuille, alors, selon la disposition des nervures, est penniséquée
(Cresson d'eau, fig. k9)', palmiséquée (Quinte feuille, fig. 50, Fraisier).
La feuille dont les découpures sont
arrondies, est dite lobée; ses divisions
sont nommées /ode^; elle est, selon la
disposition des nervures, pennilobée
(Coronope), palmilobée (Érable).
La feuille est dite pédalée, lorsque
ses lobes, segments, partitions ou la-
nières divergent comme les touches
d'une pédale (Hellébore, fig. 51).
La feuille est simple, quelque
profondes que puissent être ses
découpures , lorsque celles-ci ne
peuvent se séparer nettement les
unes des autres; elle est composée,
quand elle se compose de parties qui
peuvent se séparer sans déchirement
les unes des autres; ces parties sont nommées folioles.
Le pétiole de la feuille composée est nommée pétiole commun; celui de chaque foliole, si
elle n'est pas sessile, est nommé pétiolule. — On nomme stipellesàe petites stipules accom-
pagnant quelquefois les folioles.
46. Lahiih.
Feuille aerretée.
48. Ricm.
Feuille palmiGde.
FlSSBXLIT.
Feuille pennifide.
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ORGANES DE LA NUTUITION.
17
La feuille composée est dite pennée^ quand ses folioles sont disposées comme les barbes
d'une plume {Robinia, fig. 53); digitée, quand ses folioles sont disposées comme les doigts
de la main { Marronnier d' Inde, fig. 5V).
49. CrKSSOX D'BAt'.
Feuille p«nni»éqaée.
50. QOINTBPBUILLB.
. Feuille palmitéquée.
51. Hbllbbork.
Feuille pédalée.
La feuille est dite bipennée, quand les pétioles secondaires, au lieu de se terminer immé-
diatement par une foliole , constituent autant de feuilles pennées ( Gleditschia, llg. 52 ) ;
tripennée, quand les folioles secondaires constituent autant de feuilles bipennées (Pigamon),
La feuille est paripennée , quand
toutes ses folioles sont disposées par
paires latérales ( Vesce) ; elle est impari-
5t. Glbditscbu.
Feuille bipennAe.
53. RoBixu.
Feuille i
54. MikRBoxifiKR d'Inob.
Feuille digitée.
/>ew«ee, quand le pétiole est terminé par une foliole impaire (Robinia, fig. 53).
La feuille est dite laciniée ou décomposée, quand , sans être réellement composée , elle est
découpée en un grand nombre de lanières inégales, indéfiniment divisées, dont les infé-
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18 DESCRIPTION DES ORGANES.
Heures simulent des folioles, ou même des feuilles pennées ( C/r/wé»* , Cerfeuil, Persil, Cau-
calide fig. 55).
Les folioles de la feuille composée sont quelquefois réduites
à leur nervure médiane,et forment des vrilles, qui s'entortillent
autour des corps voisins ( Gesse,
fig. 56). Dans certaines plantes
toutes les folioles avortent, et les
stipules par compensation sont
très-développées (Aphaca),
Les vrilles ne représentent pas
toujours des folioles transformées;
la vrille du Melon peut être re-
gardée comme une stipule; les
vrilles de la Clématite sont des
pétioles contournés à leur base;
celles de la Vigne sont des ra-
55. caucalide. meaux à fleurs restés stériles. 56. gessb.
Feuille décomposée . t i. «. «. • j Feuille pennée à vrilltf.
*^ La structure anatomique des
feuilles est la même que celle de la tige; on peut comparer une feuille à une tige aplatie,
dont les fibres et les vaisseaux se sont épanouis au lieu de rester en faisceau, et ont, par
leur écartement, offert une latitude favorable aux cellules du parenchyme. Nous avons dit
que, dans la tige, chaque faisceau présente en dedans des trachées, puis des fibres ligneuses
mêlées de gros vaisseaux; extérieurement, des fibres corticales, des vaisseaux laticifères
et du parenchyme ; de même, dans le limbe de la feuille, chaque nervure présente, à la face
supérieure ou interne, des trachées et des vaisseaux rayés ou ponctués, accompagnés de
fibres ligneuses; à la face inférieure ou externe, du parenchyme, des vaisseaux laticifères,
des fibres corticales. La face inférieure de la feuille est plus riche en stomates que la face
supérieure, et ces stomates répondent à des méats ou lacunes beaucoup plus vastes.
Les feuilles, la tige et la racine constituent, dans le végétal, les organes de la nutrition.
La racine, dont les spongioles sont cellulaires, et facilement perméables, absorbe la sève
dans le sol où elle est plongée; Fascension de la sève a pour causes, 1° Tendosmose,
2* la capillarité des vaisseaux, 3* l'attraction exercée d'en haut par les bourgeons, qui ont
besoin de nourriture pour se développer, et par les feuilles dont la surface est le siège d'une
évaporation abondante.
La sève, chargée des matériaux qu elle a dissous dans sa marche ascendante à travers les
organes élémentaires constituant le corps ligneux, arrive dans le parenchyme des feuilles et
dans lamoelle corticale ; ces parties vertes, sous rinfiuence vivifiante de la lumière, élaborent
la sève ascendante parvenue jusqu'à elles; une partie de Teau s'évapore parles stomates,
une autre partie est décomposée; l'acide carbonique, absorbé avec l'eau dans le sol, et
celui de l'air, qui a pénétré par les stomates , se décomposent également : le carbone se
Vixe dans la plante, et l'oxygène est rendu à l'atmosphère. La ^é\e ascendante *de\ieni
alors sève élaborée; elle descend à travers l'écorce, dépose entre le bois et le liber une zone
de cambium, et arrive à l'extrémité des racines, qui a été son point de départ.
La Plante, après s'être nourrie des matériaux de la sève élaborée, rejette au dehors, par ses
feuilles, par ses glandes, par son écorce, et surtout par ses racines, les matériaux qui lui
sont inutiles ou nuisibles. Ainsi, pour formuler en quelques mots les fonctions de la vie
de nutrition, le Végétal absorbe, respire, exhale , assimile, excrète. — Nous avons donné
l'explication détaillée de ces diverses fonctions dans le chapitre de nos Leçons élémentaires
de Botanique, consacré à la physiologie végétale.
Nous allons maintenant décrire les organes de la re/frodurtitm.
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ORGANES DE LA UEPHODUG TION. 19
FLEUR. — La fleur (lîg. 57) est un assemblage de plusieurs verticilles (ordinairement
quatre) , constitués par des feuilles diversement transformées, et disposés les uns au-dessus
des autres en anneaux ou étages tellement rapprochés, que leurs entre-nœuds ne sont pas
distincts.
Le verticille extérieur ou inférieur se nomme calijce (s) ; le verti cille placé en dedans ou
au-dessus du calyce se nomme corolle (p) ; le verticille placé en dedans ou au-dessus de la corolle
se nomme androcée (fig. 58 e); le verticille placé en dedans ou au-dessus de Fandrocée
se nomme pistil (st) : il renferme les graines destinées à reproduire la Plante.
Le rameau qui supporte immédiatement une fleur et sert
d'axe aux verticilles qui la composent, se nomme pédoncule
I (fig. 57 ped) son extrémité, plus ou
moins renflée, autour de laquelle naissent ^
les verticilles de la fleur, se nomme
^ réceptacle ( fig. 58 R ) . On observe souvent
sur le réceptacle, ou sur les autres parties
de la fleur, de petits corps qui distillent
une liqueur sucrée, et qu'on a nommés
glandes nectar iferes^ ou nectaires (gl). G
•Inflorescence. — Ce terme signifie
57. GiBOFLÉK. arrangement des fleurs sur la Plante; il
Fleur. • -i. ui j /i ^^- GinoFLBB.
signihe aussi un ensemble de fleurs qui Androe^eetpistii.
ne sont pas séparées les unes des autres par des feuilles ordinaires.
Le pédoncule est , comme nous l'avons dit , le support de la fleur; si la fleur est solitaire ,
le pédoncule est dit uni flore (Pervenche) ; mais si les fleurs sont agglomérées sur un pédoncule
plus ou moins ramifié, les derniers rameaux de ce pédoncule commun, qui supporte immé-
diatement une fleur , sont nommés pédicelles ( Vigne,
Lilas); c'est à ces groupes divers de fleurs qu'on a sur-
tout appliqué le terme d'inflorescence.
On nomme bractées des feuilles altérées, à Paisselle
desqueUes naissent les axes floraux, et qui se modifient
dans leur couleur et dans leur forme, à mesure qu'elles
s'approchent de la fleur {Tilleul^ fig 59) : ces bractées
manquent quelquefois. Lorsqu'elles sont réunies à la
base d'un groupe de fleurs, sur un même plan, en
nombre plus ou moins considérable, on donne à leur
ensemble le nom d'involucre [Carotte , Souci).
On nomme axe primaii^e de l'inflorescence le pédon-
cule d'où naissent tous les autres axes; et ceux-ci sont
dX\& secondaires, tertiaii^es, etc., selon l'ordre dans lequel
ils se montrent.
L'inflorescence est indéfinie ou axillaire y lorsque
l'axe primaire, au lieu de se terminer par une fleur,
s'allonge indéfiniment , et ne fleurit que par Tintermé-
diaire des axes secondaires de divers degrés, nés à Bniciè«?oidéi'."péioncui..
l'aisselle de ses feuilles ou de ses bractées {Réséda),
L'inflorescence est définie ou teinninale ^ lorsque l'axe primaire est terminé par une
fleur, aussi bien que les autres axes d'ordre inférieur émanés de lui (Ancolie),
Les inflorescences indéfinies sont la gi^apjje, la panicule, le corymbe, V ombelle, Vépi, le
capitule; les inflorescences définies comprennent la ct/me et ses variétés.
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20 DESCUIPTION DES ORGANES.
La grappe e^i une inflorescence dont les axes secondaires, à peu près égaux, naissent le
long de Taxe primaire. — La grappe simple est
celle dont les pédicelles naissent immédiatement
de Taxe primaire (Groseillier , fig. 60, Réséda);
la grappe composée, ou particule^ est une inflo-
rescence dans laquelle les axes secondaires, nés
immédiatement de Taxe primaire du pédoncule ,
au lieu de se terminer par une fleur, se rami-
fient en axes tertiaires,
dont souvent quelques-
uns se ramiflent eux-
mêmes avant de fleurir
(Marronnier d'Inde, fig.
61).
Le corymbe indéfini est
une inflorescence dans
laquelle les pédicelles in-
férieurs, beaucoup plus
longs que les supérieurs,
fleurissent à peu près à
la même hauteur les uns
que les autres, de ma-
nière à former une espèce
de parasol à rayons iné-
gaux (Cerisier Mahaleb, eo. grosbillibe. ei. mahroh^^ibrd'Iwdb.
fiff 6^) Grappe. Grappe conapotéc.
V ombelle est une inflorescence dont les axes secondaires, égaux entre eux , sont ramassés
sur un même plan, et s'élèvent à la même hauteur, en divergeant comme les baguettes d'un
parasol. — L'ombelle est simple,
quand les axes secondaires fournissent
les pédicelles ( Cerisier, (\g. 63);
composée, quand les axes secondaires,
au lieu de se terminer par une fleur,
émettent chacun plusieurs axes ter-
tiaires disposés comme les axes se-
condaires de l'ombelle simple, et par
conséquent, constituant autant d'om-
belles qu'il y a d'axes secondaires :
ces ombelles partielles sont nommées
ombellules (Fenouil, fig. 6i). On
nomme involucre les bractées gar-
nissant la base de l'ombelle, et invo-
62. Cbbisibr &IAUALBB. 63. cbrisibr. lucellcy les bractées garnissant la base
^^^"""- """•*"• •""'•''' de l'ombellule (Carotte).
Vépi simple est une inflorescence dans laquelle les pédicelles formant les axes secondaires
sont nuls ou presque nuls, de sorte que les fleurs sont sessîles sur l'axe primaire (Plantain,
Verveine (fig. 65), Saule, Arum, Pin), Vépi composé e^i celui dont les axes secondaires,
au lieu de fleurir, émettent chacun un petit épi distique, nommé épillet (Froment, fig. 66).
Le capitule est une inflorescence dans laquelle les fleurs sessiles sont agglomérées en tête
sur un pédoncule ramassé, nommé réceptacle commun, ordinairement convexe (Scabiettse,
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ORGANES DE LA REPRODUCTION.
21
fig. 67, Trèfle)^ quelquefois concave (Dorsténta, Figuier, fig. 68). Le capitule à réceptacle
convexe est ordinairement muni d'un involucre à sa base.
La cynte est une in-
florescence fl?^7?ni>, qui
imite toute les inflores-
cences indéfinies, dont
elle difl'ère essentielle-
ment en ce que Taxe
primaire est lui-même
terminé par une fleur
qui s'épanouit avant
les autres ; chacun des
axes d'ordre inférieur
se termine aussi par
une fleur ; les axes se-
condaires fleurissent
avant les tertiaires ;
ceux-ci avant les qua-
ternaires; et, en outre,
les axes d'un même
ordre fleurissent d'autant plus tôt qu'ils sont nés plus bas sur leur
axe. Pour éviter toute méprise dans l'ordre de succession des
axes, il faut remarquer attentivement, l'axe terminé par une
fleur, la feuille ou bractée
que presque toujours il
émet latéralement , et le bourgeon ou axe
secondaire qui naît entre cette feuille et
lui. — Les variétés de la cpne sont : la
cyme- grappe (Campanule), la cyme di-
chotome (Stellaire, Ceraiste, fig. 69),
la cyme-corymbe {Poirier, Aubépine, fig. 70); la cyme-
ombelle ( C hé l idoine , fig. 71);
la cyme scorpioïde (Myosotis) ;
la cyme contractée y dans la-
quelle les fleurs sont rappro-
64 Fenouil.
Ombelle composée.
65. VBmvBiNB.
Épi simple.
66. FROXRitT.
Epi composé.
67. SCABIBUSB,
Capitule.
63. FiciB.
Coupf'c verticalement.
69. Cbraistb.
Cyme dichutoine.
chées et comme ramassées, par suite du raccourcissement extrême des axes : on la nomme
fascicule, quand les axes conservent une certaine longueur et une distribution rrégulière
4
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22
DESCRIPTION DES ORGANES.
(Œillet de pacte); gloménde, qi}tinà\cs axes fioni à peu près nuls, et que des avortements
nombreux en troublent la régularité (Btiis. fig. 72).
70. AvBipiXK.
Cyoe-C.oryrobe.
71 . Chblidoinr
Cyme-Onibellc
V inflorescence mixte est celle qui participe des
deux précédentes. Dans les Lamiers, Tinflorescence
générale est indéfinie, et les inflorescences partielles
sont de véritables cymes ou fascicules axillaires;
dans les Mauves (fig. 73), on observe la même dis-
position.— Dans les Séneçons (fig. 74), les Chrysan-
thèmes, etc., rinflorescence générale est un coryrnbe
défini ; les inflorescences partielles sont des capitules.
Dans les Ombellifères (Carotte, Fenouil, Angélique) y
chaque ombellule est indéfinie ; mais l'ensemble des
ombelles est défini : il arrive même
souvent que Taxe d'une ombelle
est terminé par une ombellule
centrale, qui fleurit avant celles
de sa circonférence.
C ALTCE. — Le calyce est le verticille extérieur ou inférieur de la fleur.
Ce verticille est ordinairement simple (Giroflée), quelquefois multiple
(Berbéris). Les feuilles du calyce sont nommées «<?/?« to.
Le calyce est dit polysépale ou dialysépale, quand les sépales sont libres
de toute cohérence (Giroflée) ; monosépale ou gamosépale (Gesse) , quand
les sépales sont soudés ensemble plus ou moins complètement , de manière
73. Uauyi.
Faicieale sur an« tig« indéfinir.
74. Sb?(bcon.
Capitule* «n dorjnbe.
76. ÉlITTIIRiR.
Calyce 5-fide.
77. Lychwis,
Calyce 5-denlé.
78. Lamibr.
Calyce irrëgulier.
à figurer un calyce d'une seule pièce ; on le dit alors, selon l'étendue de la soudure, partit
(Mouron, fig. 75); fide (Erythrée, fig. 76); denté (Lychnis, fig. 77). On nomme tuôe
la partie où la cohérence des sépales s'est opérée ; limbe, la partie où les sépales sont restés
libres; gorge, l'endroit où la soudure se termine.
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ORGANES DE LA REPRODLCTlOiN.
23
Le calyce est dit régulier, quand ses sépales, soit égaux, soit inégaux , forment un verti-
cille symétrique (Giroflée, Mouron, fîg. 75); irrégulier, quand ses sépales ne forment pas un
verticille symétrique (Acmiit, Gesse, Lamier, tig. 78).
Garance.
C<lyce«dkér«Bl
à limbe Ofé.
80.
rBRTSANTBBlll.
Gàlyea adbértat
i linbe nul.
81. Hklianths.
Calyc* adhérent i
liab* en pailletlef.
82. PlflSIKLlT.
C4lyce ndhérent i limbe en
•igrelto «impie et etipilée.
83. Cbmtna!<tub.
Calyee adhérent i limbe en aigrelle
plumeiise ei MMile.
Le calyce est dit libre, lorsqu'il n'a contracté aucune adhérence avec le pistil (Giroflée) ;
adhérent, lorsqu'il s'est soudé en tout ou en partie avec le pistil. — Le limbe du calyce
adhérent est tantôt pétalotde (fris), tantôt foliacé (Cognassier) , tantôt denté (Fédia) , tantôt
réduit à une petite couronne membraneuse (Camomille) y tantôt usé et réduit à un petit
bourrelet circulaire (Garance, fig. 79), tantôt nul (Chrysanthème , fig 80); quelquefois
il dégénère en écailles oii en paillettes [Hélianthe, flg. 81 ), ou en soies où en poils, soit simples
(Pissenlit, fig. 82), soit plumeux (Centranthe, tig. 83) ; formant une aigrette rayonnante, soit
sessile (Chardon) , soit stipitée (Pissenlit).
Le calyce est dit caduc, lorsqu'il tombe à Tépoque de l'épanouissement de la fleur
{Coquelicot) ; persistant, lorsqu'il reste en place, même après la floraison (Mauve) ; marcescent,
lorsqu'en persistant il se fane et se dessèche (Mauve) ; accrescent , lorsqu'en persistant il
prend de l'accroissement (^/Are/rew^^).
Galtclles et involucres CALTCiFORMES. — Le calyce est quelquefois accompagné
de bractées, verticiUées ou opposées, qui simulent un calyce accessoire :
on a donné à ces bractées le nom de calycule (Œillet, Mauve, Fraisier,
tig. 84), ou le nom A'involucre calyci forme [Anémone, Hépatique,
85. r.HftxR.
G!and.
Hellébore d'hiver).
T'es calycules sont
de véritables in-
volucres unidores,
analogues aux involucres pluriflores des ombelles
et des capitules.
La cupule ligneuse qui emboîte le gland du
Chêne (fig. 85), et qui se compose de petites
bractées inibriquces ; la cupule foliacée, à bords
déchiquetés, qui i)n)légo la noisette du Coudrier, sont aussi des invoUiores ralyciformos
K6 r.llATAlG^IlBn.
liivolucro épineux coulenAnt Iroi» llcurs.
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24
DESCRIPTION DES ORGANES.
uni flores. — La cupule épineuse du Châtaignier (Og.86),etlégodetderi£'MjoAor6e, ne diffèrent
des involucres précédents qu'en ce qu'ils sont pluri flores.
Corolle. — La corolle est le verticille placé en dedans ou au-dessus du calyce , ce ver-
ticille est ordinairement simple {Rose), quelquefois multiple ( Berbéris , Nymphœa). Les
feuilles de la corolle sont nommées j»e7a/e5. — Les pétales sont ordinairement colores^ c'est-
à-dire d'une couleur autre que la verte j quelquefois ils sont verts ( Vigne)^ de même que les
sépales sont quelquefois pétaloïdes [Ancolié).
La corolle est dite polypétale ou dialypétale, quand les pétales sont libres entre eux de
toute soudure ou cohérence (Giroflée, Fraisier, Ancolie)\ monopétale ou gamopétale, quand
les pétales sont cohérents ou soudés ensemble , de manière à former une corolle d'une seule
pièce (Campanule).
La corolle est dite régulière, quand les pétales, libres ou soudés, sont égaux, et forment un
verticille symétrique; irrégulière, davis le cas contraire. Une corolle peut être régulière ,
lorsque les pétales sont individuellement irréguliers , mais tous semblables : il en résulte un
ensemble symétrique (Pervenche, fîg. 98).
Le pétale de la coToWe polypétale (Giroflée, fîg. 87) est dit onguiculé quand il est rétréci
à sa base en une sorte de pétiole, qu'on nomme onglet (o). La partie élargie
est nommée lame (l). Le pétale est courteraent onguiculé dans la Bose, la
Benoncule-, il est sessile dans le Seringat. L'onglet du pétale est dit necta-
rifère, quand il porte un ou plusieurs nectaires (Renoncule, Berbéris,
fig. 88); ailé, quand il porte, perpendiculairement à sa face interne, des
bandelettes qui s'étendent jusqu'à la lame (Coquelourde). — On
nomme fornices de petites excavations situées à la limite ex-
térieure de l'onglet et de la lame, et faisant saillie à l'intérieur
(Lychnis de Calcédoine). — On nomme coronvle, une ou plusieurs lamelles,
placées intérieurement au sommet de l'onglet , et formant par l'ensemble des
pétales une couronne (Réséda, fig. 89; Lychnis dioïque, fig. 93).
Les pétales sont ordinairement plans,
quelquefois concaves [Berbéris)-, tubuleu^
(Hellébore) ; labiés, c'est-à-dire formant
deux lèvres (Aï^^//e); calcari formes, c'est-
à-dire formant un cornet ou un éperon creux [Pensée),
cuculli formes , c'est-à-dire conformés en capuchon
[Ancolie, fig. 90).
La corolle polypétale régulière est dite cruciforme,
quand elle se compose de quatre pétales opposés deux
à deux, en croix (Chélidoine, fig. 91); rosacée, quand
87. GiRorLBB.
PéUle.
89. Rbsbda.
Pétales Uléral et interne.
88. BemBiKit.
PéUle.
91. CflBLlOOIIIB.
Corolle cruciforme.
92. FRillilBR.
Corolle rosacée.
95. Lychnis.
Corolle caryophyltéj.
94. PoiB.
Corolle papilionacée.
• ■.-«.«..».««..«.. vK^ruiie caryopnyiie^. l.orolle papilionacée.
elle se compose de cinq pétales, à onglet court ou nul, et ouverts (Fraisier, fig. 92) ; caryo-
phyllée, quand elle se compose de cinq pétales munis fVon^M. (Œillet, Lychnis, fig. 93).
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ORGANES DE LA REPRODUCTION.
25
La corolle poly pétale irrégulière est dite papilionacée (Pois, fig. 9i ) , quand elle se compose
de cinq pétales, dont un supérieur, nommé étendard, est adossé à Taxe , et embrasse les
quatre autres; deux latéraux nommés, ailes, recouvrant eux-mêmes les deux inférieurs, qui
sont rapprochés, souvent soudés ensemble par leur bord inférieur, et dont la réunion
se nomme carène ou nacelle (Pois). La corolle irrégulière sans être papilionacée,
est dite anomale (Pensée , Pelargoniitm),
Dans la corolle monopétale on nomme tube la partie dans laquelle les pétales
sont unis par leurs bords ; le limbe est la portion supérieure de la corolle, à partir
du point où les pétales deviennent libres ; la gorge est rentrée du tube, c'est-
à-dire la région intermédiaire entre le tube et le limbe , ordinairement réduite à
une ligne circulaire , quelquefois un peu allongée ou dilatée, comme dans la
Consoude (fig. 95).
La gorge de la corolle monopétale est dite appendiculée quand elle est garnie
intérieurement, et même close par des appendices saillants, qui répondent souvent
à des fornices, et forment des pinceaux de poils ou des mamelons, ou des écailles.
96. Blbl-bt
CoroIU lobalenst,
97. LiSBKOX.
Corolle infundibuli formé.
Pkrvbrcub.
Coroll« hypocralérifurme.
99. CAMPJk!fCLB.
Corolle campanulét.
100. MOUKON.
Corolle roUcée.
ou des lamelles (Borraginées). — La corolle monopétale est dite partite, fide, dentée, selon
rétendue de la soudure des pétales, et selon le nombre
des découpures, bifide, tri fide, bipartite, tripartite, etc.
La corolle monopétale régulière est dite tubuleuse, quand
le limbe est peu distinct du tube (Bleuet, fig. 96, Cérinthe) ;
infundibuli forme, quand le tiibe s'évase insensiblement en
entonnoir (Liseron, fig. 97); hypo-
cratériforme, quand le tube est
terminé brusquement par un limbe
étalé, de manière à figurer une
patère antique (Per
vencke, fig. 98,
Lilas ) ; campanu-
lée, quand le tube ,
dilaté dès la base,
s'évase graduelle-
ment en cloche
( Campanule , fig.
99];urcéolée, quand
le tube figure un
grelot (Bruyère) ; rotacée, quand le tube est presque nul, et que le limbe figure les rayons
d'une roue (Mouron, fig. 100).
101 lUMIBB.
Corolle labiée.
102. MCFLIBB.
Corolle personnée.
105.
CUBVSANIIIBVB.
Corolle ligulée.
104. DlGITALB.
Fleur.
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26
DESCRIPTION DES ORGANES.
La corolle monopétale irrégulière est dite labiée, quand son limbe offre deux divisions
principales ou lèvres, placées Tune au-dessus de l'autre, et dont la gorge reste ouverte (Lamier,
lig. \{Si]', personnée, lorsque le limbe est divisé en deux lèvres, et que la gorge est fermée
par une fornice delà lèvre inférieure {Muflier, fig. 102) ; ligulée, quand le tube est très-court,
et que le limbe est déjeté, du côté extérieur, en une languette qui semble constituer toute
la corolle (Chrysanthème, fig. 103, Pissenlit] ; anomale, quand elle n'est ni labiée, ni
personnée, ni ligulée {Digitale, fig. 104, Centranthé).
Androcée. — Vandrocée est le verticille, simple ou multiple, placé en dedans ou au-
dessus de la corolle. Les feuilles qui le constituent sont nommées étamines. L'étamine, à
rétat le plus complet [Giroflée, fig. 105), se compose d'un pétiole nommé
filet (f) et d'un limbe nommé anthère (A); Tanthère est partagée en
deux moitiés latérales par une nervure médiane nommée connectif ( c ) ;
chaque moitié forme une loge (h); chaque loge est formée de deux
feuillets ou valves, dont la jonction est marquée par un sillon ou suture
extérieure. Le pollen (p) est le parenchyme interposé entre les deux
feuillets de Fanthère j ce parenchyme, spongieux et succulent dans le
premier âge, devient pulvérulent à l'époque de l'épanouissement, et sort
de la loge quand les feuillets se sont décollés pour lui livrer passage.
Quand la corolle est monopétale, les étamines sont soudées avec elle
{Belladone, fig. 106); cette loi générale offre très-peu d'exceptions
(Campanule, Bruyère),
L'insertion des étamines est la région de Taxe floral où elles se séparent des verticilles
ry
106. Bblljldoitb.
Corolle éUlée.
107. Rbïtomcdlb.
Piatil et éUminei.
108. Abkicotibk.
Moitié de fleur.
109. CORNOLILLBR.
Fleur.
voisins. L'insertion des pétales est toujours la même que celle des étamines : conséquemraent,
dans la corolle monopétale staminifère, l'insertion des étamines sera déterminée d'après celle
de la corolle. — Les étamines, ainsi que la corolle, sont hypogynes, quand elles sont libres
d'adhérence avec le pistil et avec le calyce, et qu'elles
naissent du réceptacle, au-dessous de la base du pistil
[Renoncule y fig. 107, Primevère) , périgynes, lorsqu'elles
s'insèrent sur le calyce, et sont latérales relativement
au pistil, au lieu d'être inférieures [Abricotier, fig. 108);
épigynes, lorsqu'elles s'insèrent sur le pistil même (Fenouil,
Cornouiller, fig. 109).
Les étamines sont dites indéfinies quand elles dépassent
le nombre 10, et dans ce cas, la fleur est dite polyandre
(Renoncule), — Les étamines ne sont pas toujours d'égale
grandeur; elles sont dites didynames (Muflier, fig. 110),
lorsqu'elles sont au nombre de h, dont 2 plus grandes ;
tétradynames (Giroflée, fig. 111), lorsqu'il y en a 6, dont
2 plus petites opposées l'une à l'autre, et h plus grandes opposées par paires. — Dans les
fleurs à androcée multiple, les verticilles d'étamines sont souvent inégaux (Stellairp), mais
cotte différonco no leur a fait donner aucune qualification particulière.
liO. &IITPLIBR.
Androcée et
deiui>corollc.
(II. GinorLKK.
Androcér et nceldire«
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ORGANES DE LA REPRODUCTION.
27
Les étamines sont dites libres ou distinctes, lorsqu'elles sont complètement indépendantes
les unes des autres ( Renoncule)) monadelphes, lorsque les filets sont plus ou moins complète-
ment soudés en un seul tube (Oxalis, Mauve, fig. 112)^ diadelphes,
lorsque les filets sont soudés en 2 groupes (Gesse , fig. 113);
triadelphesy quand les filets forment trois faisceaux (MiUepeiiuis)',
polyadelphes, quand les filets forment plusieurs faisceaux^ soit
simples (Oranger y fig. 114), soit rameux (Ricin, ùg. 115); syn-
genèses, quand les anthères se soudent ensemble (Chardon, fig. 116,
115. Gkssi.
Androeée et piktil.
114. OnAKOim. 415. Ricin. 116. Coardox. 117. ARttroLocBB.
Pleur «ans le« Flear tUminée. Androcée. Androcée et pistil,
pétales.
Melon); gynandres, lorsqu'elles font corps avec le pistil (Orchis, Aristoloche, fig. 117).
L'anthère est ordinairement à 2 loges , séparées par un connectif ; on la dit alors hilocu-
luire; elle est quadriloculaire , quand elle offre
k loges (Butome, fig. 118); uniloculaire, quand elle
n'offre qu'une seule cavité (Mauve, fig. 119); plu-
riloculaire, quand, étant assise sur un connectif
aplati et lobé, elle offre autant de loges qu'il y a de
lobes au connectif (//", 7'huta, fig. 120).
L'anthère est adnée , quand les loges sont fixées
au connectif dans toute leur \ong\jeMT (Renoncule,
fig. 121 ); basifixe, quand elle s'attache parla base
au filet (Giroflée)', apicifixe, quand elle s'attache
par son sommet au filet ( Vitex, fig. 122) ; dorsifixe,
quand elle s'attache par son dos au filet ( Stellaire,
Myrte, fig. 123 ) ; introrse, lorsque les sutures re-
gardent le centre de la fleur (Campamde, fig. 124-; Pensée); extrorse, lorsque les sutures
120. Thuu.
Etaoïine.
lil. Rbronculi.
Étainine.
f
123. Mtrtb.
Étamine.
124. Campaxitls.
Pistil et Élamiiie.
12S. ALCUtfllLLB.
Étaniine.
126. MOMLLB.
Élaminc.
127. BBRRSRIt.
Étanine.
regardent la circonférence de la fleur (Iris, Renoncule); les sutures sont latérales, quand
les deux feuillets de chaque loge ont la même étendue. — Là déhiscence , c'est-à-dire la
séparation des feuillets de chaque loge, s'opère ordinairement en long (Giroflée), quel-
quefois transversalement (A/r/nW//<?, fig. 125); quelquefois par le sommet ( ilfor^//e, fig. 126);
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28
DESCRIPTION DES ORGANES.
quelquefois par soulèvement de Tun des feuillets, qui se détachent tout d'une pièce, comme
un ])axmcm (Berbéris, fig. 127; Laurier).
Le pollen est ordinairement //M/verw/en^; chaque grain de pollen se compose de deux
membranes, inégalement extensibles : lorsqu'un grain de
pollen est placé dans l'humidité, la membrane externe
se rompt, et l'interne sort sous forme d'une petite
ampoule , nommée tube poUinique^ renfermant une
matière granuleuse nommée fovilla, que l'on regarde
comme l'agent essentiel de la fécondation *. Le pollen
est dit solide lorsqu'il est aggloméré en masses, qui
quelquefois se subdivisent en massules (Orchis, fig. 128;
Asclépias, fig. 129).
Pistil. — Lepistilou gynécée (Ancolie, fig. 131 )est
le verticille qui couronne le sommet du pédicelle ( p) , ^^^ ^^^^^^ ^^^ AwLém».
nommé réceptacle (r) , et occupe le centre de la fleur, MtB»e« poiiiniqoet. pi«tii «1 masse poiiîniqae.
dont il termine la végétation, comme la fleur termine la végétation du rameau floral.
Le pistil est presque toujours posé immédiatement sur le réceptacle ou sommité évasée du
ISO FKJkXIIfKLLK.
Pistil et ealye«.
151. Atccolib.
Pistil.
132. Gbnbt.
Pistil.
133. Fkaisibb.
Fleur coupée verticalement.
134. Adonidb.
Pistil.
pédoncule : dans quelques cas, l'entre-nœud qui lui donne naissance s'allonge, devient dis-
tinct, et forme un support, qu'on nomme gynopkore : le pistû est dit
alors stiptté (Mue, Fraxinelle, fig. 130).
Les feuilles composant le pistil, se nomment carpelles ou feuilles car-
pellaires ; les carpelles forment tantôt un verticille simple (Ancolie)^
tantôt un verticille multiple (Butome) ; quelquefois le carpelle est unique,
par suite de l'avortement de ceux qui, dans l'état normal, devraient
lui correspondre (Genêt, fig. 132, Pêcher, Berbéris) ; le pistil est dit
alors monocarpellé. Quelquefois les carpelles, au lieu d'être verticiUés,
sont disposés en spirale , et forment une tête ou un épi; cette disposition
a lieu quand le réceptacle s'allonge en axe hémisphérique, conique ou
cylindrique ( Fr««s/er, Framboisier, fig. 133; Adonide, fig. 134, /?^-
noncule), — Dans les Bases (fig. 135), le réceptacle, au lieu de se
135. RosiKB.
Fleur coupée verlicalement.
bomber, se renfonce en lui-même , et les carpelles se trouvent attachés
à la paroi d'un réceptacle concave, tapissant le tube du calyce.
Le limbe de la feuille carpellaire (Ancolie, fig. 131 ; Pois, fig. 136) est nommé ovai7'e(o) ;
la continuité du limbe, formant un col rétréci, plus ou moins allongé, se nomme style (t) ;
4 Les élamines ne sont pas toujours fertiles^ c'est-à-dire pourvues de pollen, elles sont quelquefois réduites à
un filet terminé ou non par une petite lame pélaloïde {Scrofulaire, Penistémon), on les dit alors stériles; quel-
querois dans Panthère, Tune des loges seule est ferlile, l'autre est stérile (Sauge).
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OHr.ANES DE LA HEPRODLCÏION.
.29
s-
ov
iS7. ABmicoTitm.
Pistil conpé Terticalement.
la surface visqueuse et dépourvue d'épiderme, ordinairement située au sommet du style, ou
peu au-dessous de ce sommet, se nomme stigmate (s). Les corps arrondis^ renfermés dans
Tovaire [Pois^ fig. 136), sont nommés ovtil€s{o)n et doivent plus tard devenir des graines; la
saillie fibro-vasculaire portant les ovules ou
les graines, et occupant ordinairement les
bords épaissis de la feuille carpellaire , est
nommée placentaire (l); le cordon qui unit
Tovule ou la graine au placentaire se nomme
fimicule (f).
Les grains du pollen , sortis de Tanthère,
adhèrent à la surface humide du stigmate ; ils
se gonflent rapidement en absorbant Thumi-
dite ; la membrane interne ouvre Texterpe sur
un des points qui touchent le stigmate ; le tube
/Mini que s'allonge, et s'engage dans les in-
terstices des cellules mamelonnées du stigmate
{fig. 137, s), nommées papilles stigmatiques ;
après les avoir traversées, il arrive dans le
canal du style, qui est rempli par un parenchyme peu serré, nommé tissu conducteur (t);
il chemine, en s'allongeant toujours, et entre dans la cavité de Tovaire ; là, il continue à longer
le tissu conducteur qui tapisse les placentaires, et parvient enfin aux ovules; dès lors, la
fécondation est assurée , et les ovules , fécondés , deviennent bientôt des graines.
L'ovaire de chaque feuille carpellaire [Abricotier^ fig. 137 ) se compose d'une pellicule,
ou feuillet externe, nommé épicarpe (f); d'un feuillet interne, nommé endocarpe (e);
et d'un tissu intermédiaire , nommé mésocarpe (d).
Lorsque les carpelles sont libres de toute cohérence, chacun d'eux possède son ovaire, son
style et son stigmate (Ancolie^ ^ig*131) ; lorsqu'ils
sont cohérents par leurs ovaires, il en résulte un
organe collectif, que l'on nomme communément
ovaire, bien qu'il soit composé de plusieurs ovaires
réunis (Œillet^ fig. 138) ; lorsque les carpelles sont
cohérents par leurs ovaires et leurs styles (Lis,
fig. 139), ou par leurs ovaires, leurs styles et leurs
stigmates (Primevère, fig. 140), on nomme style,
stigmate, la réunion des styles et stigmates soudés
en un seul, et appartenant à plusieurs carpelles.
Le style est dit simple ou indivis, quand il est
unique, ou que
plusieurs styles
sont soudés en
un seul ; il est
dît bifide, tri-
fide, quadrifide, etc., quand la soudure n'est pas complète,
et qu'elle s'étend au-delà du milieu de la longueur des styles ;
bipartit, tripartit, quadripartit, inultipartit, etc., quand
la soudure des styles ne s'étend pas jusqu'à leur milieu.
L'ovaine, qu'il soit simple ou composé, est dit adhérent
lorsque le tube du calyce s'est soudé et confondu avec lui
plus ou moins complètement [Myrte, fig. 141) ; il est dit
quand il n'adhère ni complètement ni partiellement au tube du calyce (Lychnis,
i38. OBiLLBT.
Pialil.
159. Lr«.
Pistil.
î
w
140.
PKinEVHB.
Piitil.
141. Htrtb.
FUur coup€« Tertiealemeiit.
libre.
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30
DESCRIPTION l>ES OKGANES.
142. Ltchttis
PûlU
eoDpà terlicJement
143. SjkxirRAGR.
Pistil 01 calyctf
coupét f«rtic«lcinent.
tig. 142; Primevère). L'ovaire adhérent est^gidément dit infère j parce qu'il semble inférieur
au oalyoe, mais ce n'est en réalité qu» k lymbe du calyee qui est au-dessus de Tovaire, le
tube s'est soudé et confondu avec lui. La corolle, dans ce
cas, est dite supère; parla même raison, l'ovaire est dit
snpère quand il est libre. L'ovaire est dit semi-adhérent
quaod il n'adhère qu'incomplètement au tube du calyee
(Saxifrage, fig. 143).
Dans Tovaire composé, qu'il soit libre ou adhérent, les
ovaires se soudent ensemble de diverses manières : 1* ils
se soudent bord à bord , et leur réunion est indiquée par
une couple de placentaires , appartenant à deux carpelles
différents : alors les placentaires sont dits pariétaux, et
l'ovaire composé^ ne formant qu'une seule cavité ou loge,
est dit uniloculaire {Bésédoy fig. 144) ; 2* ils se replient de
manière à former des lames verticales, composées chacune
de deux feuillets accolés, et appartenant à deux carpelles
différents : ces lames soot nommées cloisons. Les cloisons
sont dites' tnrom/)/^^, si elles ne s'avancent pas jusqu*au centre de la fleur; dans ce cas
c Bcore, les placentaires sont àii&periétaux^ et l'ovaire, uniloculaire (Pavot, Erythrée y f^. 145] .
Les cloisons sont ^ites complètes, si elles
s'avancent les unes vers les autres, de
manière que leurs bords rentrants forment
un faisceau fibreux au ceiràre de la fleur; à
ce faisceau s'ajoute ordinairement un pro*
longement du réceptacle , qui forme un axe
réel, nommé oolumelle (Campanule jûg. ikê):
cet axe contribue nécessairement, ainsi
que le réceptacle dont il émane, au trans-
port des sucs qui montent vers les placen-
taires pour nourrir les ovules ou les graines;
dans ce cas, il y a autant de loges que de carpelles, et Tovaire composé est dit, selon le
nombre des loges, hiloculaire^ triloculaire, quadriloeulaire, qmnquéloculMre, pluriloculaire^
multiloculaire.
Les cloisons sont formées généralement par l'endocarpe des carpelles et une «xpansioa du
mésocarpe, qui s'est interposé entre les deux lames
endocarpiqvkes. — On a nommé
fausses cloisons , des lames , soit
verticales , soit horizontales , qui
ne sont pas formées par la sou-
dure des faces rentrantes de deux
carpelles contigos (Astragale,
Liuj fig. 147 , Giroflée, Datura,
fig. 148).
Dans l'ovaire composé plurilo-
culaire, les placentaires sont
ordinairement centraux; mais quelquefois ils occupent les parois des
cloisons ( Câprier ) (hi même la nervure médiane du carpelle (Ficoîde ).
— Les placentaires centraux sont dit libres, lorsqu'ils ne sont pas unis
par des cloisons aux parois de l'ovaire , et qu'ils semblent complètement indépendants
des carpelles (Mouron, Primevère, Cyclmnen, fig. 149). Quelquefois les ptoœntaDres
tu. aé^DA.
Coap«
tnni«v«nale 4«
l'ovaire.
14S. éiTmiB.
CoupA trantverMle
4i« rovMre.
Coupe lr«n«verMle
<47. Lui.
Coup* 4raiitTorMl«
de l'ovaire.
14S. DjkTDKJk.
Ceope itMi vénale
de l'ovaire.
149. Ctclavui.
Pi«lil et ealyce coapét
vertiealeacnt.
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ORGANES DE LA UEFRODUGÏION.
31
centraux seftiblent libres par suite de la destruction prématarée des cloisons (Lychnés).
On emploie le terme ée piaeentation pour indiquer la position des placentaires, et Ton dit :
placentation axile, cetitrale^ hasilairej pariétale y selon que les placentaires occupent Taxe,
le centre, la base, la paroi de Fovaire.
L'ovaire, qu'il soit simple ou composé, est dit pluriovulé on muitiotmié. s'il contient plusieurs
ovules; uniomiié, àiovulé, s'il n'en contient qu'un ou deux.
Le style n*est pas toujours terminal, c'est-à-dire qu'il ne continue pas toujours l'extrémité
supérieure de l'ovaire; il est dit latéral 9
lorsqu'il naît plus ou moins bas sur le côté de
I /\ l'ovaire, dont le sommet semble s'être infléchi
I y V de haut en bas (Fîmsier, fig. 150) ; il est dit
^\ f \ basilaire, lorsque le sommet de l'ovaire s'est
W 'W». Jr infléchi jusqu'à descendre au niveau de sa
^Jj/ base {Alchimillej fig. 151). S'il y a plusieurs
ovaires, et que les styles basilaires soient
soudés en un seul, l'ovaire Q%iM>gynobasique,
et les bases dilatées des styles sont nommées
collectivement ^yno6as^ ( iSae/^tf, Consoude, fig. 152).
Le stigmate n'est autre chose que Fépanouissement externe du tissu conducteur; il est dit,
150. 151. Alcbimillb,
Fbaisibii. Cirprllt.
Carp«ll«.
11^9. Coiisocm.
PUtil at eafycfl coapés
4^
f55.
^^
15«.
157. Pmoviirr.
158. Pbmwi.
iftorÛB.
155. RcvBs.
Pabibtaiiib.
Fleur.
Pisl»l.
i59. I
Pistil.
yPfstH.
Pistil.
Pistil
suirant ses ferme» diverses, globuleux (Primevère), fourehu (Giroflée, fig. 153), lobé (Melon,
fig. 154), frangé (Safran, Rumex , fig. 155), pénicillé [Pariétaire , fig. 156),
plujneux [Froment, ^g. 157). 11 est ordinairement terminal, quelquefois latéral
(Pensée, fig. 158, Polygala, Ins, fig. 159 stig), et souvent alors il forme des séries
longitudinales de papilles stigmatiques sur la face
interne du style (Lychnis, fig. 160). — Le stigmate
est dit sessile, quand le style manque ( Tulifje,
Arum, fig. 161).
Lespoils collecteurs ou balayeurs sont des organes
dont se hérisse quelquefois le style ; ces poils sont
disposés presque toujours obliquement de bas en
haut , et destinés à recueillir le pollen [Campanule,
fig. 162, Bluet^. 160. Ltcrnis. I«t. Arch.
TOBUS. — Le torw ou disqiœ est la partie du
réceptacle située entre le calyce et le pistil, qui sert de base commune à la corolle et à l'an-
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3-2
DESCRIPTION DES ORGANES.
ft
drocée : cette base commune produit, outre les étamines elles pétales, des glandes nectari-
fères et des expansions diverses, analogues à des pétales ou à des étamines (AncoKe, Pivoine
moutan, Nymphœa blanc, Nymphœa jaune).
Nectaires. — Les nectaires ou glandes nectar if ères naissent généralement du torus, et
sont posés immédiatement sur lui ou sur les organes qui en dépendent. — Dans
le Radiai ( fig. 163) et autres Crucifères^ le réceptacle en porte quatre, deux dans
la Pervenche (fig. 164), cinq dans les Sedum. — Dans les Renoncules, chaque
pétale porte à la base de son onglet un petit nectaire, protégé par une écaille. —
Dans la Parnassie (fig. 165), il naît, vis-à-vis de chaque pétale, une écaille
pétaloïde, qui se ramifie en 3,5, 7, 9, 15 branches, terminées chacune
par une glande nectarifère globuleuse. c )
Les nectaires naissent quelquefois sur les anthères ou sur le connec- ■•
tif des étamines; ainsi, dans la Pensée (fig. 166), il y a deux nectaires
provenant de deux étamines, et
naissant du connectif au point de
jonction de Tanthère et du filet;
ils ont la forme d'une queue un
peu recourbée, et tous deux se
logent dans le cornet creux du
pétale inférieur qui leur sert
d'étui, et au fond duquel on trouve
une liqueur sucrée, que les nec-
taires ont distillée par leur extrémité.
En général, les pétales creux renferment un nectaire au
fond de leur cavité {Aconit, Nigelle, Dauphinelle, etc.).
Dans les fleurs incomplètes^ il arrive fréquemment que le pistil avorté, ou Tandrocée avorté,
est remplacé par un nectaire : c'est ce que Ton voit dans les fleurs du Melon,
Préfloraison. — \^di pré floraison ou estivation est l'agencement qujobserventles diverses
parties de la fleur avant leur épanouissement. C'est surtout dans le calyce et la corolle qu'il
' faut l'étudier.
Tantôt les feuilles, constituant chaque anneau floral, sont insérées exactement à la même
hauteur, et forment un vert ici lie vrai; tantôt elles sont insérées à des hauteurs un peu
inégales ; alors le verticille n'est qu'apparent , et doit être considéré comme une spirale sur-
baissée, dont la feuille la plus inférieure est nécessairement la plus externe.
Le verticille vrai présente deux modes de préfloraison : 1* la préfloraison valvaire
(fig, 167) est celle où les parties se touchent dans toute leur longueur par leurs bords contigus,
165. HiDis.
Fi^iil
et necUiref •
164.
I>BKVB?li:ilK.
Pistil
et nectaire.
165. Pakximib.
Pétile et nertairef «
166. PbxsÊk.
Deai ëtaminef , dont une
Decltrifère.
167.
PuÉPLOBAltO!* VlLVAlBBt
168.
Pképloriison toroub.
169.
pRivLOBllSOX IMBBlQtlBB.
170.
PRBrL0RlISO!« QV1!«C0KCULB.
comme les battants d'une porte ; la préfloraison est tordue ou contournée (fig, 168), lorsque les
feuilles d'un verticille, au lieu de se juxta-poser bords à bords, se superposent en cercle, de
manière que chacune recouvre partiellement l'une des deux feuilles entre lesquelles elle est
placée, et est recouverte également par l'autre, comme si chaque feuille se tordait sur son axe.
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ORGANES DE LA REPRODUCTION. 83.
La spirale surbaissée présente deux modes de préfloraison^ qu'on réunit ordinairement sous
la dénomination commune de préfloraison imbriquée : V la préfloraison imbriquée {fig. 169)
proprement dite est celle où les pièces de Tanneau floral, ordinairement au nombre de cinq,
se recouvrent successivement, depuis la première, qui est tout à fait extérieure, jusqu'à la
dernière, tout à fait intérieure , et placée contre la première : dans ce mode, les feuilles ont
décrit un seul tour de spirale ; 2** la préfloraison quinconciale (fig. 170) est celle où les cinq pièces
de l'anneau, floral sont disposées de manière qu il y en a deux extérieures, deux intérieures,
et une intermédiaire qui, d'un côté, est recouverte par l'une des extérieures, et de l'autre,
recouvre Tune des intérieures : dans ce mode, les feuilles décrivent deux tours. — La pré-
floraison quinconciale est, dans quelques cas, surtout pour la corolle , troublée par l'inégal
développement des feuilles d'un même anneau floral : on la nomme vexillaire dans la corolle
papilionacée ; cochléaire dans les corolles labiées et personnées.
Symétrie. — La symétrie est un rapport de similitude entre les feuilles qui composent
les verticilles de la fleur. — Ce rapport comprenant : V la fot'me, 2o le nombre, 3° X isole-
ment, k^ Imposition relative des parties, on peut observer dans la fleur quatre sortes de
symétrie : la symétrie de forme , la symétrie de nombre , la symétrie de disjonction , et la
symétrie de position,
La symétrie de forme est la régularité prise dans son sens le plus ordinaire ; elle a lieu
lorsque les pièces d'un même vertieille sont toutes semblables entre elles, ou bien lorsque,
étant dissemblables, les unes alternent avec les autres, de manière à oflrir un ensemble
symétrique autour d'un centre commun ; on pourrait donner à cette régularité le nom de
symétrie rayonnante; {Ancolie, Renoncule, Giroflée). — Lorsque le vertieille ne présente pas cet
aspect symétrique, il est diiirrégulier, mais alors il off're deux moitiés collatérales semblables,
ce qui constitue une symétrie analogue à celle des animaux, et qu'on pourrait appeler
symétrie longitudinale, pour la distinguer de la symétrie rayonnante qui appartient aux
fleurs régulières, de même qu'aux animaux inférieurs nommés Zoophytes (Pensée, Pois,
Capucine).
La symétrie de nombre est complète quand tous les verticilles ont le même nombre de
pièces (Crassule).
La symétrie de disjonction a lieu lorsque les pièces de chaque vertieille ne contractent aucune
cohérence, et que chaque vertieille est libre de toute adhérence (Ancolie,
Hellébore).
^/^ Tn^V\ Ldi symétrie de position a lieu lorsque chaque vertieille alterne avec
I ^^3) 1 i '^^ pièces des verticilles qui le précèdent ou qui le suivent.
L \ ^ ^.^ 6y I Les botanistes regardent la réunion de ces diverses symétries comme
l'état normal de la fleur.
Pour se rendre compte de ce degré de symétrie que présente une fleur,
i7i. il faut l'observer à l'état de bouton et en tracer une coupe horizontale
covpLKTBWBrfT ( /?^. 171 ), commc si tous Ics verticilles étaient privés de hauteur, et
•iriiBTMiQti. abaissés sur un même plan. On saisit ainsi d'un coup d'œil tous les
rapports des diverses parties de la fleur. Cette coupe théorique est nommée diagramme.
Fleurs incomplètes. — La fleur est incomplète quand elle ne possède pas. à la fois
calyce^ corolle, androcée ei pistiL — Le calyce et la corolle constituent le périanthe, lequel
entoure l'androcée et le pistil, qui constituent essentiellement la fleur,
La fleur dipérianthée est celle qui possède un périanthe double, c'est-à-dire deux verticilles
bien distincts, formant calyce et corolle (Giroflée)*, le périanthe double a quelquefois ses ver-
ticilles soit concolores, soit conformes; dans ce cas, le périanthe est calycoîde ou foliacé quand
il a l'aspect d'un double calyce (Bumex), pétaloîde quand il a l'aspect d'une doublç corolle
(Fritillaire)^
La fleur ynonopérianthée est celle dont le périanthe est simple, c'est-à-dire formée d'un
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dk
DESCRIPTION DES ORGANES.
verticillc unique. Le périanlhe simple est ordinairement nommé cabjce, et la fteur est dite alors
apétale. Il est tantôt foliacé {Ckénopode, fig. 172), tantôt pétaloïde (Phytolacca, Aristoloche}.
La flenr apérimithée est celle qui n'a ni calyee ni co-
rolle ; efle est tantôt protégée par une ou plusieurs brac-
tées (Car^îx, fig. 174 et 175), tantôt nue [Frêne, fig. 173).
La fleur est dite stamino-pistillée quand elle pos-
sède androcée et pistil ( Giroflée) ; staminée, quand
elle est pourvue d'un androcée sans pistrt (Carex,
fig. Vlk) ; pistillée, quand elle est pourvue d'un pistil
sans androcée (Carex, fig. 175); neritre ou stérile,
quand efle ne possède ni androcée , ni pistil : c'est
f7î.
FUur I
flinWOPODK.
m. Fui».
FUwmie.
f74. CiKtx.
Fltfur tUaùiAe.
175. Cmx.
FkM pwtillé*.
ce qu'on observe dans les fleurs extérieure*
d'un capitule de Bleuet (fig. 176).
Les fleurs sont dites monoïques, quand !e»
fleurs staminées et les fleurs
pistiUées habitent la même
plante (Carex , Chêne, Noi-
setter, Arum)-, dimques, quand
les fleurs staminées naissent sur
une plante et les fleurs pistil-
lées sur une autre {Saule, Mer-
cm*iale)\ polygames, quand,
parmi les fleurs monoïques ou
dioîques, se trouvent mêlées
des fleurs stamino-pistillées {Pariétaire), — Les fleurs, soit monoïques, soit diotques, soit
polygames, sont dites aussi diclines.
FRUIT. — Le fruit est le pistil fécondé et mûr, c'est-à-dire renfermant des graines capables
de germer et de reproduire la plante.
Lorsque l'ovaire est adhérent, le calyee fait nécessairement partie du fruit. —Le réceptacle,
par les adhérences qu'il contracte avec l'ovaire, semble, dans quelques cas, appartenir aussi au
fhrit {Fraisier, Fignier). — Le style persiste aussi quelquefois sur l'ovaire, et grandit avec
le péricarpe {Roquette, Pulsatille, Clématite),
Le fruit est apocarpé, 1* quand les carpelles sont libres entre eux [Ancolie, Renoncule,
Ronce, Rose)-, 2° quand le pistil se compose d'un carpelle unique {Pois, Abricotier) ; il est
synearpé, quand les carpelles qui le composent sont soudés en un corps unique {fris, Cam-
parmle, Pavot). — Il est tantôt sec {Gland), tantôt charnu, par l'abondance des sucs, qui
affluent pour favoriser la maturation des graines : ces sucs portent le nom de pulpe.
Le fruit ou ses loges sont dits tmiséminés, biséminés, pluriséminés, multiséminés, selon
qu'ils contiennent une, deux, plusieurs, ou un grand nombre de graines. — L'ovaire mur
porte le nom àe péricarpe.
La suttmre ventrale est la ligne indiquant la jonction de deux bords soudés d'une feuille car-
pellaire : cette suture regarde l'axe de la fleur. La suture dorsale n'est autre chose que la
nervure médiane du carpelle; elle regarde par conséquent la périphérie de la fleur.
La déhiscencee9^XdiQ\t par lequel le péricarpe mûr s'ouvre pour laisser échapper les graines.
Les fruits qui s'ouvrent ainsi spontanément, sont dits déhiscents (Iris, fig. 183). Les fruits
indéhiscents sont : 1* les fruits charnus, qui ne laissent les graines libres qu'en se détruisant
(Pomme, Pêche); 2o les fruits secs, qui enveloppent la graine, jusqu'à ce que celle-ci, en
germant, les ait forcés de lui livrer passage.
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OBGANES DE LA REPRODUCTION.
35
On nomrae valves, ks pièces ou païuieaux du pistil qui s'écartent à la maturité pour laisser
échapper les graines. — Dans quelques fruits la déhiscence s'opère, non par des valves com-
plètes, mais par des valvules ou des dents diversement situées, qui, en s' écartant ou se soule-
vant, forment des ouvertures par lesquelles s'échappent les graines (Muflier, Lychnis,
fig. 185, Campanule, Pavot, fig. 184).
La déhiscence est dite sf/>^/c/(/e, lorsque les cloisons se décollent en deux lames dans le
sens de leur épaisseur, et que les carpelles soudés deviennent distincts : chaque valve repré-
sente alors un carpelle (Millepertuis, Colchique, fig. 181, Molène). La déhiscence esiloculicide,
lorsqu'elle s'opère par les sutures dorsales; chaque valve représente alors deux moitiés de car-
pelle, provenant de deux carpelles différents (Iris). Les valves sont dites alors septifercs sur leur
milieu. — La déhiscence peut, dans un même fruit, être septicide et loculicide [Digitale). —
La déhiscence est transversale, lorsque le péricarpe se coupe transversalemwit en deuxjnoitiés,
comme une boîte à savonnette (Mouron, fig. 186, Jusquiame, Pourpier, Plantain. — La
déhiscence s'opère quelquefois par rupture ou déchirement irrégulier; le fruit est alors
dit ruptile (Linaire).
Les fruits apocarpés sont : le follicule, le légume, la drupe, la baie simple,
Vackaine , \^ caryopse. — 1* Le follicule est un fruit sec, déhiscent, pluriséminé,
s' ouvrant par une seule suture, ordinairement par la ventrale (Ancolie, fig. 177).
— 2* Le légume ou gousse est un fruit sec déhiscent, pluriséminé, s'ouvrant en
deux valves par ses deux sutures (Pois, Lotier, fig. 178). — 3« La drupe est
un fruit indéhiscent, ordinairement uniséminé, à mésocarpe charnu et à endo-
carpe durci en noyau (Cerisier, fig. 178 bis). Les drupéoles sont
de petites drupes agglomérées (Framboisier, Ronce). — 4.*» La
baie simple ne diffère de la baie composée que par son carpelle unique
(Btrbéris, Arum). — 5° Vackaine ou akène est un fruit sec, indé-
hiscent, à graine unique, n'adhérant pas au péricarpe ( Bleuet, Re-
noncule, fig. 179, Rose,
Fraisier). Vutricule est
une variété de l'achai-
ne, à péricarpe mem-
braneux (Scabieuse);
— 6« Le caryopse est un fruit sec, indéhiscent,
177. AifcouK.
178. LoTin.
178 biê. CnuiKii
llnip«
179.
Rrrotcculi.
Akène.
180. Sabra81n«
Caryopse .
à graine unique, adhérant
( Sarrasin ,
Les fruits Sjfmcarpés ^sont
au péricarpe
fig. 180).
la capsule et ses variétés , la baie et ses
variétés , la drvpe composée. — 1^ La capsule est un fruit syncarpé sec ,
déhiscent, à une ou plusieurs loges pluriséminées (Colchique, fig. 181,
Gentiane, fig. 182, Jris, fig. 183, Coquelicot, ûg. 184, Lychnis, fig. 185,
Mouron, fig. 186).
— Laipyxide est une capsule à déhiscence transversale (Mouron).
— La silique (Chélidoine, fig. 187 ) est une capsule à deux
carpelles, s'ouvrant de bas en haut, en deux valves, qui laissent
en place les placentaires pariétaux ; la silicule est une silique,
dont la longueur n'excède pas de beaucoup sa laideur ( Thlaspi ,
fig. 188). — On nomme coques, les carpelles uniséminés ou bisé-
minés d'une capsule pluriloculaire , qui se détachent avec élasti-
cité (Euphorbe) . — On nomme samares, des fruits secs, déhiscents
ou indéhiscents, à deux carpelles, dont le péricarpe est aminci en lame membraneuse
[Érable, fig. 189, Frêne, Orme). — On nomme nucules, des fruits indéhiscents, à péricarpe
i«i.
Gbvtuhb.
Gaptaffl.
181. CoLcnQint.
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36
DESCRIPTION DES ORGANES.
osseux ou coriace, pluriloculaires dans le jeune âge, uniloculaires et uniséminés à la maturité
{Chêne, Coudrier^ Channè, Hêtre, Châtaignier^ fig. 190, Tilleul).
184. rOQCBLICOT.
C«pflll<i.
185. Ltch!<(is,
GipcuU.
186. lUoiRox.
PTXxle.
183. U».
Capsule.
m
1S7. ClIBLlDOI^B.
Silique.
188. TBLAsri.
SilicuU.
189. ÉBABLB.
S«mai-«« .
^M^
190. CUATAIOTTIKM .
Noeule.
2» La baie est un fruit charnu, indéhiscent, sans noyau : elle ne diffère de la capsule que
par sa consistance charnue, qui provoque fréquemment la des-
truction des cloisons [Vigne, Alkékenge, Belladone, fig. 191,
Sureau, Groseillier), Vhespêridie (Oranger); la pêponide
{Melon); la pomme (Poirier) y sont des variétés de la baie.
3* La nuculaine ou drupe composée est un fruit à mésocarpe
charnu , renfermant plusieurs noyaux, tantôt soudés ensemble
et pluriloculaires (Cornouiller), tantôt libres et uniloculaires
(Néflier).
On nomme fruit agrégé, celui qui est formé par la réunion
de plusieurs fleurs : les
fruits qui le constituent
^t^Tlx^ rentrent dans les espèces
v\^u!J^ ci-dessus décrites (Chè-
d-^*'v1^^^i vre feuille, Mûrier, fig. 192, Figue, Ananas). Le cône
-3i<èi^uàP'^^ \ \ ou strobile est un fruit agrégé, dont les carpelles , dé-
pourvus de style et de stigmates, restent ouverts; ces
191. MDRiBn. 193. r.ïP.às. carpcUcs sout tantôt ligneux, et forment, soit un épi
P">»- ^''"''- conique (Pin) , soit une tête globuleuse (Cyprès,i\g. 193) ;
tantôt charnus, et alors, en se soudant ensemble, ils simulent une baie (Genévrier).
Graiîve. — La^rfli'weest Vovule fécondé par le pollen; elle se compose essentiellement :
19t. Bblladosb.
Baie.
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ORGANES DE LA REPKODUCTION.
37
Griixb db Pois nÉPOCiLLÉi
Ol 801V TBOCfMBirr.
195.
POBTIO?f OU
TKGUMJniT DB
LA GBAIICB.
lo d un corps très-petit, destiné à reproduire la plante, et que Ton nomme plantuie ; 2" d^une
enveloppe qui protège la plantuie, en formant autour d'elle une cavité close de toutes parts
( Graine de Pois, fig. 194- ).
L'enveloppe ou tégument de la graine naît à Textré-
mité d'un funicule (f), ou s attache immédiatement au
placentaire {Ancolie) ; elle se compose ordinairement
de deux feuillets ou tuniques; la tunique externe (t) se
nomme testa : la tunique interne (e) se nomme endoplèvre.
Le point d'attache qui unit la graine au funicule,
et par lequel pénètrent les sucs nourriciers, est nommé
hile { fig. 195 h). Le hile appartient à la tunique externe
ou testa. On nomme chalaze (fig. 194 h) une région,
marquée ordinairement par une saillie, ou par un épais-
sissement, ou un changement de couleur, et indiquant
Fendroit où les sucs nourriciers pénètrent à travers la
tunique interne, et parviennent immédiatement à la plantuie. Quand le hile et la chalaze se
superposent, les sucs arrivent sans aétwir à la plantuie; quand ces deux régions sont éloignées
l'une de l'autre, la communication est étabhe entre elles par un mince cordon, véritable
continuation du funicule, qui rampe entre les deux tuniques : ce cordon est nommé raphé
(fig. 194 A, 195 R).
La petite ouverture par laquelle l'ovule reçoit l'action fécondante du pollen , se nomme
micropyle (fig. 194. et 195 m).
Là plantuie (Pois, fig. 196) est une plante complète en raccourci, composée d'une tige
nommée tigelle('ï)y d'une racine nommée radicule (R), d'une
ou de deux feuilles, nommées cotylédons (ce), et d'un bourgeon,
nommé gemmule (g). La plantuie, après avoir été vivifiée par
le pollen, et nourrie par les sucs que lui transmettent le pla-
centaire et le funicule, s'en détache avec son tégument; puis,
si elle est placée dans des circonstances favorables, elle entre
en germination, se dépouille de ses tuniques, et produit une
plante semblable à celle qui lui a donné naissance (Haricot,
Maïs).
La tigelle est un
petit corps cylindrique ou conique, portant les
premières feuilles de la plantuie, et s'élevant
toujours vers le ciel pour former la tige. — La
radicule, organe destiné à produire des
racines, est primitivement réduite à un
point transparent, et termine l'extré-
mité libre de la tigelle ; elle tend con-
stamment à s^'enfoncer en terre. — Les
deux cotylédons ou le cotylédon unique,
premières feuilles de la plantuie, nais-
sent latéralement de la tigelle, et pro-
tègent la gemmule, premier bourgeon
de la plante. Ces feuilles, ordinai-
rement épaisses et succulentes, sont
\99. Pn. aussi nommées mamelles végétales, parce qu'elles nourrissent le jeune bourgeon,
jusqu'à ce qu'il soit en état de croître par ses propres forces.
Dans la grande majorité des végétaux phanérogames, la plantuie est pourvue de deux
(>
c—i
T .
197.
Haricot bk gbrminatioiv.
198.
Maïs bk cbrhiti atiox.
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38
DESCRIPTION DES ORGANES.
cotylédons (Haricot^ fig« 197) : de là le nom de plantes dicotylédones ou dicotylédonées.
Quelques plantes possèdent six, neuf, et jusqu'à quinze cotylédons verticillés : ce sont les
Pins (fig. 199). Les autres plantes phanérogames n'ont dans leur graine qu'un seul coty-
lédon, Mais (fig. 198) : de là le nom de plantes monocotylédones ou monocotylédonées.
Positions relatives de la graine et de la plantule. — On peut établir, comme
règle générale, que l'extrémité radiculaire de la plantule répond au micropyle , et que l'ex-
trémité cotylédonaire répond à la chalaze. Il est important de noter que, dans le premier âge
de l'ovule, le hiie et la chalaze se correspondent immédiatement; qu'en conséquence, le
raphé n'existe pas, et que le micropyle occupe l'extrémité opposée, c'est-à-dire l'extrémité
libre de l'ovule.
Il faut aussi établir que , 1* la base de l'ovaire est le point d'attache de celui-ci sur le récep-
tacle, et son sommet, le point d'où part le style; 2* la base de la graine est le point par lequel
elle tient au funicule ou au placentaire , et qui est indiqué par le bile ; le sommet de la graine
est l'extrémité d'une ligne idéale, droite ou courbe, qui, partant de la base, se continue à égale
distance des bords jusqu'à l'extrémité libre de la graine. Cette ligne, allant de la base au
sommet, est nommée axe de la graine. — Vaxe de l'ovaire se définit de la même manière.
— La plantule a aussi son axe, sa base et son sommet : sa base est indiquée par Textrémité
radiculaire, et son sommet par l'extrémité cotylédonaire.
Le hile est dit ventral, lorsqu'il répond au milieu du grand diamètre de la graine; on
considère alors dans la graine, au lieu
de la base et du sommet, la face dor-
sale et la face ventrale [Plantain,
fig. 200, Mouron, fig. 210).
La graine est dite dressée, quand
sa base correspond à celle de l'ovaire
(Ortie, fig. 201, Bleuet, Sauge, fig.
202); ascendante, lorsqu'étant fixée à
un placentaire central ou pariétal, son
sommet est tourné vers celui de l'ovaire {Pommier, Sédum,ûg. 203); inverse
ou renversée, quand sa base correspond au sommet de l'ovaire ( Valériane,
fig. 204-, Plumbago) ; pendante ou suspendue, lorsqu'étant ûxée à un placentaire 205. sêoum.
central ou pariétal , son sommet est tourné vers la base de l'ovaire (Abricotier, "^^ * °"'*'^**
Amandier, fig. 205) ; horizontale, lorsqu'étant fixée à un placentaire central ou pariétal , son
axe se croise à angle droit avec celui de l'ovaire (Lis, fig. 206).
Tous les termes indiquant les positions de la graine s'appliquent
pareillement aux positions de V ovule.
La radicule est supère, lorsqu'elle regarde le sommet de l'ovaire
(Ortie, fig. 201); infère, lorsqu'elle ' regarde la base de l'ovaire
(Sauge, fig. 202 J; centripète, lors-
qu'elle regarde l'axe central du fruit
(Campanule, fig. ikS); centrifuge,
lorsqu'elle regarde la circonférence
(Réséda, ^g, IW, Pensée).
La plantule est antitrope , quand le
micropyle reste l'antipode du hile
(Ortie, jRumex, fig. 207); homotrope,
quand le micropyle est contigu au bile
tandis que la chalaze, s'est éloignée du
eo«pé IraMTemlemanl. ^^^^ ç| ^ç corrCSpond pluS avCC luî qUC
par un raphé (Bleuet, Sauge); amphitrope, quand le micropyle s'est rapproché du hile, sans
ÎOO.
Plahtaim.
Graine.
201 . Obt».
Fruit coupé
T«rliettOTient.
202. Sauob.
Frait coupé
t«rtJc«l«nieiit.
204. Vll.BBlANB.
Fleur coupée TcrticAlemenC.
205. A.1IAHDIEB.
Noyau outert.
206. Lis.
O Taire
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ORGANES DE LA REPRODUCTION.
207. Ru«BX.
Fruit coupé Terlicalement.
0
}08. GlKOFLBK.
Graine coupée
rerticaleraent.
209. Lycu^vis.
Graine coupée
verticalement.
tlO. Koi-Boif.
Graine cnupee
vertiealeraenl.
212. EUPMOKBK.
Coque coupée
verticaleiMat.
213. CHBLID015B.
Graine coupée
vcrlicalemeaU
que la chalaze s'en soit éloignée : il en résulte que les deux extrémités de la plantule sont
dirigées vers le hile (Gi-
rofléCy fig, 208, Lychnis,
fig.209, Nyctage, Mû-
rier) 'y hétérotrope, quand
aucune des extrémités de
la plantule ne correspond
au hile, et que l'extrémité
radieulaire elle-même ces-
se de correspondre au mi-
eropyle (3/ot/ron, fig.210).
Téguments accessoires des graines. — Les arilies sont des téguments accessoires résultant de
Texpansion du funicule, tantôt char-
nus (//*, fig. 210 bis), tantôt mem-
braneux (Passiflore) y tantôt poilus
(Saule, fig. 211). — Les arillodes
résultent d'une dilatation du micro-
pyle (Fusain, Muscadier, Euphorbe,
fig. 212, Poil/gala, Asclépias), — Les
strophioles ou caroncules sont des
excroissances qui s'élèvent sur divers
points du testa ( Fio/e«^, Chélidoine, fig. 213, Asarwn, Épilobe).
Albumen, — Dans un grand nombre de Végétaux, les téguments de la graine renferment^
outre la plantule, un parenchyme accessoire, nommé albumen, destiné à alimenter la plantule ;
il existe primitivement dans toutes les graines, si la plantule n'en a absorbé qu'une partie , le
reste se concrète, jusqu'à l'époque de la germination; la plantule alors est dite albuminée; si
l'albumen a été absorbé en totalité, la plantule est dite exalbuminée. — L'albumen est dit
farineux, quand ses cellules sont gorgées de fécule (Sarrasin y
Rumex, fig. 207); charnu, quand son parenchyme est épais et
mon [Pensée, fig. 204); mucilagineux, quand il est succulent et
presque liquide : alors il est rapidement absorbé ( Liseron) ; oléagi-
neux, quand son parenchyme contient une huile fixe (Pavot);
corné, quand son parenchyme s'épaissit et acquiert une grande
dureté (Galium, Caféier, Iris),
La plantule est dite axile , quand elle occupe l'axe de l'albumen
(Pensée) ; périphérique, quand elle longe le pourtour de la graine,
et entoure l'albumen , au lieu d'être entourée par lui (Lychnis, fig. 209). L'albumen est dit
tiiminé, lorsque le testa ou l'endoplèvre forme des replis qui se réfléchissent à l'intérieur,
et projettent dans la substance de l'albumen des cloisons incomplètes (Lierre, fig. 215).
Ovule. — Vovule est la graine qui n'a pas encore été fécondée. Dans le jeune âge (Poly-
gonum, fig. 216), il forme d'abord sur le placentaire un
mamelon, nommé nacelle (n), autour duquel se déve-
loppent bientôt un premier bourrelet circulaire (s), puis
un second (p), extérieur au premier, qui croissent en
même temps que le nuccUe , et finissent par l'envelopper
presque entièrement; l'ouverture de chacun de ces té-
guments se resserre au sommet de l'ovule , et forme un
214. PB^fsés.
Graine coupée
verticalement.
215. LlBBKB.
Graine coupée
Terticalemenl.
P
S
POLTGOHVM.
Ovule droit.
Ovula après iaféeoDdation doublc anucau, l'extemc, nommé exostome {ex)y l'interne,
coupé verticalement.
nommé endostome (end) ; la réunion de ces deux ouvertures
constitue le micropyle. — Le tégument le plus extérieur est nommé primine, l'intérieur est
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M
DESCRIPTION DES ORGANES.
coupé verticAiemenl.
219. GIBOFLKB.
Ovale courbtt
coupé Torticalemect.
nommé secondine; le nucelle a été aussi nommé (ercine. C'est sur la primine que s'insère
le funicule (f).
C'est dans le nucelle que se creuse {fig. 217) un sac (se), destiné à recevoir la plantule
après la fécondation. Tantôt le nucelle refoule le sac, et son parenchyme forme im albumen
farineux; tantôt le sac refoule le nucelle, et son parenchyme forme un albumen charnu; tantôt
la plantule , dans son développement rapide , refoule le sac et le nucelle, en absorbant leur
parenchyme, alors Talbumen est nul.
Les évolutions de Tovule tiennent à des inégalités de développement qui changent les rap-
ports de ses diverses parties. Dans le principe, le hile et la chalaze se correspondent inunédia-
tement; ils occupent la base de Tovule , et le micropyle
occupe l'extrémité opposée, c'est-à-dire le sommet
Si l'ovule se développe uniformément, la disposition
primitive du micropyle et du hile n'est point modifiée,
et l'ovule est dit droit (Polygonum, fig. 216 et 217);
si le développement est inégal, il peut arriver deux cas :
lo (Bleuet, fig. 218), la chalaze (ch) s'éloigne du hile, et
se transporte vers la place occupée par le sommet de
l'ovule ; ce sommet, par un mouvement inverse , se
dirige vers le hile, que la chalaze a abandonné ; le
faisceau vasculaire, forcé de suivre la chalaze dans son
évolution, forme, par son allongement, un cordon plus ou moins saillant dans Tépaisseur de la
primine, et qu'on nomme rapké (R) : l'ovule est alors dit réfléchi. 2* {Giroflée, fig. 219), le hile
et la chalaze demeurant inséparables, et l'un des côtés de la primine possédant plus d'énergie
de développement que le côté opposé, le premier s'allonge, tandis que l'autre reste stationnaire :
de la résistance du côté inerte résulte la nécessité pour le côté extensible de tourner autour du
centre de résistance; alors l'ovule tout entier se recourbe sur lui-même : l'ovule alors est
dit courbe.
Avant de clore la description des organes, nous dirons quelques mots sur les divers moyens
de reproduction que la nature a donnés aux Végétaux.
La graine , dont nous venons d'expliquer la structure , peut être considérée comme un
bourgeon, né d'une feuille carpellaire ou carpelle ; ce bourgeon se compose : !• d'une enve-
loppe protectrice, 2** d'une plantule, destinée à reproduire la Plante.
Ce bourgeon offre, avec le bourgeon ordinaire , malgré la dissemblance apparente qui les
sépare, une analogie très-remarquable. Tous deux naissent d'un nœud vital sous la protection
d'une feuille; leur destination est la même; ils ne diffèrent que par les conditions de leur
existence : le bourgeon -graine a eu besoin, pour se développer, de l'action fécondante du
pollen : il n'a fallu au bouj^geon-branche, pour répéter la Plante-mère, que la force végétative
du nœud vital. En outre, le bourgeon- branche multiplie la Plante sans se séparer d'elle,
tandis que le bourgeon-graine s'en sépare toujours, et peut aller au loin reproduire le Végétal
qui lui a donné naissance.
Il y a des cas où le bourgeon-branche peut être sépai'é artificiellement de la Plante-mère et
la propager : tantôt la jeune branche, garnie de boutons, est détachée de sa tige et plantée en
terre ; la partie enterrée ne tarde pas à pousser des racines, et le nouvel individu possède une
existence indépendante : c'est ce qu'on nomme bouture; tantôt la branche, tenant au tronc,
est entourée de terre humide, et y pousse des racines, qui bientôt, prenant assez de force
pour suffire seules à l'alimentation de la branche, permettent de séparer celle-ci de la Plante-
mère : c'est ce qu'on nomme marcotte; tantôt enfin, au lieu de planter dans le sol le bour-
geon-branche que l'on a séparé de la Plante-mère , on l'implante sur un autre Végétal, dont
la sève est analogue à la sienne, de manière à mettre en contact les parties des deux indivi-
dus où circule cotte sève : alors le bourgeon-branche se développe comme à sa place natu-
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ORGANES DE LA REPRODUCTION. 41
relie : c'est ce qu'on nomme greffe. L'individu sur lequel on implante la greffe, et qui est pour
elle un véritable sol, s'appelle sujet.
Dans quelques Végétaux, le bourgeon-branche, placé à TaisseUe des feuilles ordinaires, se
sépare spontanément de la Plante-mère, tombe sur le sol, y pousse des racines, et devient
un individu isolé , qui produit de nouveaux Êtres : c'est ce qu'on nomme bulbille : tels sont
les Lis bulbifères, et plusieurs espèces d'AiV.
Enfin, pour compléter l'analogie entre le bourgeon-graine et le bourgeon-branche, il y a
des Végétaux qui se multipUent, non-seulement par des graines et par des bourgeons situés à
l'aisselle de leurs feuilles, mais encore par des germes naissant à l'extrémité des nervures laté-
rales de ces mêmes feuilles, et s'enracinant dès qu'ils sont tombés à terre : tel est le Bryo-
phyllum^ plante grasse des régions tropicales : la feuille de cette Plante porte , comme les
carpelles, le long de ses bords, de véritables plantules, possédant racines, tiges et feuilles; ces
plantules n'ont pas eu besoin de la fécondation pour se développer : aussi la feuille qui les
nourrit a pu rester étalée, et cbaque plantule est dépourvue d'une enveloppe, qui eût été
superflue. On peut donc considérer la feuille du Bryophyllum comme une feuille carpellaire
dont les graines se sont développées par Faction des seules forces nutritives.
Le Cresson d'eau, Plante indigène et connue de tout le monde, présente accidentellement
un phénomène analogue : sa feuille, détachée de la tige, peut produire des bourgeons qui
naissent de la base du pétiole, ou même sur la nervure médiane. Les horticulteurs ont mis
à profit cette vitalité merveilleuse : ils placent des feuilles, ou même des portions de feuille ,
dans les circonstances les plus favorables de température et d'humidité; et de la plaie faite à
la feuille naissent des bourgeons reproducteurs. C'est ainsi que la feuille de X Oranger pousse
du talon de son pétiole des bourgeons qui reproduisent le Végétal complet.
Organograpuie des plantes cryptogames. — Dans l'exposé sommaire que nous
terminons, il ne s'agit que de l'organisation des Végétaux supérieurs , dont la fructification
est bien distincte, et qu'on a nommés pour cette raison phanérogames ou cotylédonés.
Mais il y a d'autres Végétaux qui ne possèdent ni étamines ni pistil bien caractérisés, ni
graine composée de tigelle, radicule, gemmule et cotylédons. On observe dans ces Végétaux
des organes reproducteurs, nommés spores, renfermés dans des cavités nommées sporanges;
ces spores sont les analogues des graines , quant à la nature de leurs fonctions. On y observe
aussi de petits sacs, qui s'ouvrent pour émettre un amas de corpuscules; ces organes, qu'on
a comparés à des anthères, sont nommés anthéridies. L'absence de cotylédons a fait donner à
toutes les Plantes où on l'observe le nom d'acotylédones , et l'obscurité qui enveloppe leur
mode de reproduction les a fait nommer cryptogames. Nous reviendrons sur leurs organes
reproducteurs en faisant l'histoire des Familles.
Quelques acotylédones ont une tige dont la structure se rapproche de celle des Végétaux
cotylédonés; on y trouve des vaisseaux et des fibres : telles sont les Fougères, La tige des
Mousses se compose de cellules allongées, qui quelquefois deviennent des fibres; dans les
Lichens, les Champignons, les Algues, le tissu est entièrement composé de cellules; ce qui a
fait donner à ces Végétaux le nom de cellulaires.
Les racines des acotylédones supérieures, telles que les Fougères, présentent l'organisation
des tiges; ces racines sont toujours adventives, et souvent aériennes. Dans les acotylédones
inférieures, elles sont formées par les cellules qui touchaient le sol , et qui se sont allongées
pour s*y enfoncer.
Les feuilles des acotylédones ont la même organisation que la tige ; dans les acotylédones
inférieures, telles que les Algues et \ef> Lichens, la tige et les feuilles sont représentées par
des expansions foliacées, nommées /ro»^ps ou thallus, et entièrement composées de tissu
cellulaire.
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TAXONOMIE
On a donné le nom de Taxonomie à cette partie de la Botanique qui établit les règles sur
lesquelles repose la Classification des plantes, c'est-à-dire leur distribution méthodique en
groupes nettement déterminés.
Tant que le nombre des Végétaux connus a été peu considérable, on n'a point senti Je
besoin de les classer, et les anciens naturalistes les ont décrits presque sans ordre ; mais, à
mesure que la connaissance du règne végétal s'est étendue, les classifications sont devenues
indispensables. Théophraste, qui vivait au temps d'Aristote, quatre siècles avant l'ère chré-
tienne, avait décrit 350 espèces de Plantes; au milieu du dix-huitième siècle, Linné en a
décrit 9,000; au commencement du dix-neuvième siècle, on en connaissait 25,000; en 18W,
80,000, et tout annonce qu'avant quelques années, on arrivera à 100,000. Aussi, dès la re-
naissance des lettres , a-t-on reconnu la nécessité de distribuer les descriptions des Êtres de
chaque règne, en observant un ordre, tel qu'on pût les retrouver au besoin ; à peu près comme
dans une armée nombreuse on trouve un soldat, quand on a pu recevoir successivement l'in-
dication de son corps, de sa division, de sa brigade, de son régiment, de son bataillon, de sa
compagnie et de son escouade ; ou bien encore comme on trouve un mot , parmi soixante
mille, dans un dictionnaire alphabétique.
Les divisions et subdivisions, adoptées aujourd'hui dans la classifîcation des Végétaux sont
nommées Classes, Familles, Genres, Espèces.
On a donné le nom d'Espèce à Tensemble des individus ou êtres isolés du règne végétal ;
le Genre prend le nom de l'Espèce principale : ainsi le Chou, le Navet, le Colza, sont des
Espèces d'un même Genre, qui a reçu le nom de Chou. 11 en résulte que chaque Plante,
appartenant à un Genre et à une Espèce, a reçu deux noms, celui du Genre (nom générique),
et celui de l'Espèce (nom spécifique), et l'on a dit le Chou potager, le Chou-navet , le Chou-
colza,
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TAXONOMIE. 43
La Famille est la réunion des Genres qui se ressemblent entre eux : ainsi le Lis, la Tulipe,
la Jacinthe^ appartiennent à une même Famille, qui est celle des Liliacées.
Les Familles qui ont entre elles des analogies ont été réunies en Clauses , les Classes en
Sections, en Divisions, en Embranchements, etc., et Ton a pu, par ce moyen, embrasser tout
Fensemble des Espèces qui constituent le règne végétal.
Les Flores sont des ouvrages renfermant la description des Espèces qui naissent spontané-
ment dans un pays.
L*Espèce elle-même peut se subdiviser : on donne collectivement le nom de Variété à des
individus d*une même Espèce, qui, placés dans de certaines conditions, dépendantes du sol,
de l'exposition, du climat, de la culture, subissent des modifications dans leurs propriétés sen-
sibles. Mais ces changements, quels qu'ils puissent être , n'effaceront pas le caractère primitif
de l'Espèce, que Ton reconnaîtra toujours au milieu de ces modifications. En outre , les
caractères d'une variété, tenant à une cause accidenteUe, ne sont jamais constants : dès
que la cause altérante s'arrête, l'altération cesse, et l'Espèce primitive reparaît avec son type
originel.
La plupart des variétés sont l'ouvrage de l'homme : il a observé attentivement, il a conti-
nué avec persévérance, il a même exagéré les circonstances accidentelles qui avaient donné
Heu à une modification quelconque dans les qualités de l'Espèce, et la Plante sauvage a reçu
entre ses mains des perfectionnements prodigieux. L'horticulteur a changé les fleurs simples
en fleurs doubles et pleines; il a rendu vivaces les Plantes annuelles ; il a provoqué le dévelop-
pement du parenchyme dans des végétaux peu succulents à l'état sauvage , et les a convertis
en substances alimentaires. Nous citerons, pour exemple de cette sorte d'éducabilité, le Chou
potager, dont la culture a obtenu plusieurs variétés très-remarquables : dans le Chou-cabus ,
le tissu cellulaire des feuilles s'est développé de manière à les agglomérer en tête arrondie ;
dans le Chou- frisé, ce développement exagéré n'a occupé que le bord des feuilles ; dans le
Chou-rabioule , c'est le bas de la tige qui s'est gonflé ; dans le Chou-fleur, les pédoncules de
l'inflorescence se sont gorgés de sucs, et forment une masse de parenchyme sapide et nutritif.
Les variétés ne sont pas toutes dues à l'influence des circonstances extérieures , telles que
le sol, le climat, la culture ; il en est encore qui résultent du croisement des races , ou hybri-
dite: il est démontré, par de nombreuses expériences, que deux Espèces, appartenant au même
Genre ou à deux Genres très-voisins, peuvent être fécondées l'une par l'autre, et produire des
individus intermédiaires ; mais ces hybrides ne se rencontrent guère que dans les jardins , et
la plupart sont dépourvus de la faculté de produire des graines fertiles.
La plupart des variétés créées, soit naturellement, soit artificiellement, peuvent devenir
permanentes, si on multiplie l'individu qui les présente , par les greffes , ou les boutures , ou
les marcottes; mais elles ne se conservent point parles graines. Il en est cependant quelques-
unes que les graines reproduisent , pourvu que l'on conserve fidèlement les conditions de
culture qui ont modifié l'Espèce. Ces variétés héréditaires sont nommées races. Telles sont les
céréales et beaucoup d'autres plantes potagères.
Les premiers naturalistes qui classèrent les Végétaux ne considérèrent que leurs propriétés,
et ce fut bien tard qu'on songea à prendre pour base les caractères tirés de leur organisa-
tion. Mais la valeur relative de ces caractères n'était pas encore connue, et les anciennes clas-
sifications attribuèrent à la consistance , à la durée de la tige, à la forme des feuilles, et
même à celle des poils, autant d'importance qu'à la fleur. On comprit enfin que la fleur, ren-
fermant la graine qui doit perpétuer l'Espèce, et se composant de feuilles qui diffèrent nota-
blement dans chaque Genre et dans chaque Espèce, la fleur était la partie de la Plante qui
devait fournir les caractères les plus favorables à une bonne classification. Aussi est-ce sur la
fleur que sont basés les systèmes et les méthodes des botanistes qui ont donné à la science
l'impulsion la plus puissante.
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U TAXONOMIE.
Nous allons exposer d'abord les classiftcations de Tournefort et de Linné , puis celle dWn-
toine-Laurent de Jussieu, et enfin celles de ses successeurs, qui ont modifié et perfectionné
r œuvre du fondateur des Familles naturelles.
Tournefort établit son système sur la consistance de la tige ligneuse ou herbacée , sur la
présence ou Tabsence de la corolle (et pour lui tout périanthe non vert est une corolle) , sur
risolement ou Tagglomération des fleurs; sur la séparation ou la cohérence des pétales de la
corolle; sur leur disposition symétrique ou non symétrique, et enfin sur la forme de la corolle.
Cette classification , employant presque exclusivement les caractères tirés d'un seul organe ,
est un système plutôt qu'une méthode; mais, comme le fait remarquer M. Adrien de Jussieu
dans Tarticle Taxonomie du Dictionnaire universel d'histoire naturelle, article éminemment
substantiel et philosophique : a 11 est difficile d'établir nettement la distinction entre les classi-
fications désignées par les noms de système et de méthode. On définit, il est vrai, ordinaire-
ment les systèmes comme n'employant que des caractères tirés exclusivement d'un seul
organe , les méthodes comme se servant de plusieurs organes à la fois. Mais l'étude de la
plupart des systèmes nous les montre toujours fondés sur l'emploi de plusieurs organes, aussi
bien que les méthodes, et, d'une part, celles-ci en font généralement prévaloir un sur les
autres. On peut donc se servir indifféremment de ces deux mots. »
La Méthode de Tournefort, qui parut en 169V, et qui comprenait 10,000 Espèces, étant
fondée sur la partie la plus brillante de la Plante, et facile à pratiquer comme à comprendre ,
obtint un succès universel ; mais l'augmentation des Espèces connues, dont un grand nombre
ne peuvent entrer dans aucune de ses classes, l'a fait tomber en désuétude.
MÉTHODE DE TOURNEFORT.
CLASSES. EXEMPLES.
(^r&ulières [ * Campaniformes . . . Belladone,
, . \ \ 2 INFUNDIBULIFORMES. . Liseron.
** ''iirrégulièrrsf ^ Personnées Muflier,
f ( 4. Labiées Sauge.
' . / ( o Cruciformes Giroflée,
^ '^ I l 6 Rosacées Fraisier,
régulières . { 7 Ombellifères .... Carotte,
, y 8 Caryophyllées. . . . Œillet.
jéltlées.y \P^JP'*^--\ \^ 9 LnjACÉES Tulipe.
firrégulièresf *^ Papilionacées. . . . Pois,
\ (11 Anomales Violette.
0*OERBES ^ J / 12 Flosculeuses .... Chardon,
^■P®*^* '13 Semi-flosculeuses. . Pissenlit.
H ILvdiées Pâquerette.
J5 A EXAMINES Avoine.
^P^'*^**^ I 16 Sans fleurs Fougères,
17 Sans FLEURS NI FRUIT. Champignons.
18 Apétales Laurier.
apélilos
^,.„„„„„ 1 ( 19 Amentacées Saule
I (monapeUlfs 20 Monopétales .... Sureau.
péUléc^. . . . -ji^iji^^f régulières. 21 Rosacées Cerisier.
^ (irr^lières 22 Papilionacées. . . . Bobinia,
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TAXUNOMII:. 45
Le système de Linné, qui parut quarante ans après celui de Tournefort, fut accueilli avec
un enthousiasme qui dure encore, surtout en Allemagne. Il prit pour base de ses 24 classes
les caractères fournis par les étamines, dans leurs rapports entre elles et avec le pistil.
CLEF DU SYSTÈME DE LINNÉ.
CLASSES. EXEMPLES.
1 ctaminc. . . 1 Moxandrie . . Centranthe.
2 ihvmn. . . 2 Diandrie . . . Vîn^oniquc,
3 é'amines. . . 3 I^îandrie. . . Iris.
4 éiamîDes. . . 4 Tétrandrie. . Plantain.
5 élamincs. . . 5 Pentandrie. . Mouron,
. 6 Plamines, . . 6 Hex^indrie . . Lis.
I libres I 7 étaaincs. . . 7 Heptandrie. . Marronnier d* Inde.
cnire elles/ o /. • or, w^ -t i
, ^1 ^^j|ç^ \ 8 (timinfs. . . 8 Octandrie. . . h /n lobe.
9 éUmiacs. . . 9 Ennéandrie. . Laurier.
110 éUorines. . . 10 Décandrfe. . . Œillet.
'il à 19élainines. 11 Dodécandrie . Joubarbe.
20 ou plai sur le
falyce .... 12 Icosandrie . . Fraisier.
' . . 1 \ 20 ou pins sur le
noD ) réi^piacle. . . 13 Polyandrie. . Renoncule.
adhérenle8\ libres | 4donl2plo8loDguc8 14 Didynamie. . . Muflier.
aupisiil et inégales [ g jo„i4p|„gij^„g„eg 15 Tétradynamie. G/ro/7eV.
/ I [soudées pir leurs GleU en un
babltanl 1 j se^il corps 16 Monadelphie . Marnée.
la même \ I soudées par leurs lileU en deui
fleur J I
' I corps 17 DiADELPHIE . . 7*015.
soudées par leurs lilels eu plusieurs
corps 18 PoLYADELPniE. Millepertuis.
risibies/ I * soudées par leurs aolhères en un
\ cyliodre 19 Syngénésie . . Bleuet.
\('tamines adhérentes au pislil 20 Gynandrie . . Orchis.
! fleurs pislilléesel fleurs staminées >ur le même
individu 21 Moncecie .• . . Arum.
fleurs pislillées et fleurs staminées sur deui
iidividus difliérenls 22 Dioecie .... Ortie.
fleurs staminées on pislillées ou slamino-pislillées
V sur un on plusieurs individus 23 Polygamie. . . Pariétaire.
Msibles 24 Cryptogamie . Fougère.
Les treize premières classes sont divisées en ordres établis sur le nombre des ovaires ou
styles libres, composant le pistil : dans la monogynie, le pistil est formé d'un carpelle unique,
ou de plusieurs carpelles réunis en un seul corps par leurs ovaires et leurs styles ; dans la
digynie^ il y a deux ovaires ou deux styles distincts, dans la trigynie, trois; dans la tétra-
gynte, quatre ; dans la pentagynie, cinq ; dans Y/iexagynie, six ; dans la polygyme^ un nombre
passant dix. — La 14* classe comprend deux ordres : la gymnospermie y où le pistil se com-
7
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VO TAXONOMli:.
|.ose de quatre akènes simulant des graines nuesj VauyiospenutC où les graines sont ren-
fermées dans une eapsule. — La 15* elasse ou tétradynamie ^ est dite sHiqueuse ou silicuieuse,
selon que le fruit est ou non trois fois plus long que large. Les 16% 17% 18% 20«, 21% 22« elasses
ont leurs ordres établis sur le nombre et la connexion des étamines et des styles (triandrie,
pentandrie, polyandrie, mmogynie, polygynie, monadelphie , etc.). — La 19* classe se
divise ^x\ polygamie égale , où toutes les fleurs centrales du capitule sont stamino-pistillées,
( t celles de la circonférence , pistillées et fertiles ; polygamie frusiranéo , où les fleurs de la
circonférence sont pistdlées et stériles; polygamie nécessaire, où les fleurs du centre sont
staminées ; et celles de la circonférence pistillées et fertiles, etc. — La !23* classe se divise en
monœcie, diœcie, triœcie. — La ^k* classe se divise en Fougères, Mousses, A Igues, Champignons,
Pour peu qu'on mette en pratique le système de Linné, on verra qu'il réunit dans une
même classe des Plantes appartenant à des Familles très-diff'érentes , et sépare des Plantes
qui ont entre elles de grandes affmités. Mais il ne faut jias lui en faire un reproche : son
unique but était de classer les Végétaux, de manière qu'on put arriver facilement à la connais-
sance de chaque Espèce. Il a présenté sa classification comme un moyen artificiel, comm*^
un système; mais en même temps il appelait de ses vœux un ordre naturel, une méthode; il
a même laissé des fragments où se trouve ébauché le tableau d'un Ordre naturel : « Toutes
« les Plantes, dit-il dans sa Philosophie botanique, sont liées far des affinités, comme les
« territoires se touchent sur une carte géographique ; les botanistes doivent travailler sans
« cesse pour parvenir à un Ordre naturel ; l'Ordre naturel est le but final de la science. Ce qui
tt rend défectueuse la Méthode, c'est le défaut des plantes qu'on n'a pas encore trouvées ; quand
(c on les connaîtra toutes, l'Ordre naturel sera achevé, car la Nature ne fait point de sauts. »
Les défauts réels qui déparent le système de Linné résident dans la difficulté de détermi-
ner bien exactement les caractères tirés des étamines et du pistil. En outre, le nombre des
étamines n'est pas constant dans les mêmes genres; et souvent pas même dans les individus
de même espèce.
La Dodécandrie, l'icosandrie , la Polyandrie sont très- difficiles à distinguer l'une de
l'autre. Dans la Didynamie et la Tétradynamie, les étamines sont souvent égales entre elles,
tandis que dans d'autres classes où elles forment deux séries , l'inégalité est manifeste : c'est
ce qu'on voit dans les Œillets, les Géraniums, etc. La Monadelphie et laDiadelphie sont une
source de méprises : beaucoup de Plantes dites monadelphes ont leurs étamines à peine
soudées; beaucoup de plantes dites diadelphes sont réellement monadelphes. La Syngénésie
est aussi réelle dans les Morelles,\e^ Cyclamens, que dans les Violettes. La Monœcie, la
Diœcie fournissent beaucoup de doubles emplois, qui ne sont pas indiqués. Enfin, les ordres
de la Cryptogamie n'ont point de caractères rigoureux et certains.
Longtemps avant la venue des Jussieu , on avait cherché à classer les Plantes d'après
leurs affinités, c'est-à-dire d'après les rapports naturels qui unissent entre eux les Genres et
les Espèces. Magnol, de Montpellier, contemporain de Tournefort , avait introduit en Bota-
nique des Familles, dont l'arrangement était fondé sur la structure du calycc et delà corolle.
Rivin avait publié une classification établie sur la figure de la corolle , sur le nombre des
graines, sur la forme, les loges et la consistance du fruit; le botaniste anglais Jean Ray avait
classé plus de 18,000 Plantes^, qu'il divisait d'après le nombre des cotylédons, la séparation
ou l'agglomération des fleurs, la présence ou l'absence de la corolle, la consistance du fruit et
Tadhérence ou l'indépendance de l'ovaire relativement au calyce. Le problème des affinités
naturelles était donc posé depuis longtemps, il s'agissait de le résoudre mieux que les
autres; c'est ce qu'avait tenté Bernard de Jussieu, oncle d'Antoine-Laurent; mais il n'en-
treprit pas de motiver les préférences qu'il avait accordées à telles ou telles analogies; elles
étaient pour lui des vérités d • sentiment, qu'il ne chercha pas à raisonner, et dont il consigna
l'expression dans les plates-bandes du jardin botanique établi par Louis XV, à Trianon.
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ÏAXONOiMlE. kl
Quelques années plus tard, en 1763, Adansoi;i publia ses Familles; il exposa ses principes
sur leur formation, et reconnut que, pour grouper les Plantes en Familles naturelles, on doit
avoir égard, non pas à un caractère unique, mais à Tensemble des caractères, sans en
négliger aucun. Ce principe était juste; mais Adanson le rendit stérile en pensant que, dans
Texanien de toutes les parties du végétal, on ne devait donner à aucune de ces parties une
préférence exclusive sur les autres. 11 commença par construire 65 systèmes, dont chacun
était fondé sur un seul caractère , tiré , soit de la plante tout entière , soit d'un organe géné-
ral , tel que la racine , la tige , les feuilles , la fleur ; soit d'un organe partiel , tel que le calyce,
la corolle, Fétamine, Tanthère, le pollen, le fruit, la graine, etc. Cela fait, il jugea que les
Plantes qui se trouvaient les unes à côté des autres dans le plus grand nombre de ces sys-
tèmes, devaient é|:re celles qui avaient entre elles le plus de rapports, et qu'on devait le
plus rapprocher. Ainsi la méthode d'Adanson n'était autre chose qu'un calcul arithmétique.
Mais, d'une part, elle supposait tous les organes connus, et connus sous tous leurs points de
vue; or, l'organographie ^ depuis 1763, a fait d'immenses progrès, qui ont bouleversé les
chifl'res d' Adanson. D'une autre part, si l'on admet que la science des organes fut complète
à cette époque, ce qui n'est pas vrai même aujourd'hui, le principe d' Adanson était faux,
en ce qu'il donnait à tous les organes une valeur égale. La plus simple observation suffît
pour démontrer que certains organes, tels que le pistil, la graine, ont bien plus d'impor-
tance que certains autres, tels que la racine, la feuille, etc., et doivent par conséquent
occuper un rang supérieur dans la classification. « Attribuer une importance à peu près
u égale à tous les organes, et aux caractères qu'on en tire, pour en faire autant d'unités de
« même ordre, qui entreront dans le calcul des rapports des Plantes, c'est, dit M. Adrien
« de Jussieu, donner la même valeur à des pièces de monnaie de métal différent ; c'est en
a faire autant de jetons d'une valeur purement fictive. » La méthode numérique d' Adanson
a donc été impuissante à résoudre le problème des affinités.
Cette gloire était réservée à Antoine-Laurent de Jussieu, qui s'était initié, auprès de son
oncle Bernard, à la science des Végétaux. Un travail qu'il entreprit sur les Renoncules lui ou-
vrit les yeux, et lui fit découvrir le grand principe de la valeur relative des caractères; il vit
qu'il fallait non parles compter, mais les peser, et que cette évaluation pouvait seule résoudre
le problème de la méthode naturelle. C'est dans ce mémoire sur les Renoncules, lu à l'Aca-
démie des Sciences en 1773, que se trouve énoncée et développée r importance relative et
subordonnée des divers organes de la Plante , importance que tous les autres botanistes , et
Linné lui-même, avaient méconnue avant les Jussieu.
A dater de cette époque mémorable , Jussieu prépara son grand ouvrage sur les Genres
disposés en Familles naturelles; il y travailla pendant quinze ans, et publia son livre en 1789.
I-e principe lumineux de la subordination des caractères, qui l'avait guidé dans ses travaux,
éclaira bientôt toutes les autres branches de l'histoire naturelle «
Sans entrer dans le détail des procédés suivis par Antoine-Laurent de Jussieu pour la
formation de ses Familles, nous emprunterons à l'article déjà cité de M. Adrien de Jussieu,
le passage où il expose rapidement la pensée de son père.
<c Jussieu, pour grouper les Genres en Familles, suivit la marche que ses prédécesseurs
« avaient suivie pour former les Espèces et les Genres. Les anciens botanistes , frappés par la
« ressemblance complète et constante de certains individus, les avaient réunis en Espèce ;
« puis , d'après une ressemblance également constante , mais beaucoup moins complète , ils
a avaient réuni les Espèces en Genre. Beaucoup de Genres très-naturels leur avaient fourni
a autant de modèles , d'après lesquels ils avaient appris à apprécier les caractères gcné-
« riques, et à constituer d'autres Genres moins nettement dessinés par la Nature. Or, la
a Nature offre aussi des collections de Genres évidemment plus semblables entre eux qu'ils
« ne le sont à ceux de tout autre groupe, ou, en d'autres termes, des Familles incontestable-
« ment natwdles, tellement qu'elles avaient été reconnues et signalées par la presque uni-
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48 ÏAXONOMIE.
« versalité des botanistes, et reproduites dans la plupart des systèmes. Jussieu pensa que la
« clef de la Méthode était là, puisqu en comparant les caractères d'une de ces Familles à ceux
u des Genres qui la composent, il obtiendrait la relation des uns aux autres, et discernerait
« les caractères communs à tous, ou ordinaux, de ceux qui sont seulement génériques;
a qu'ensuite, en comparant plusieurs de ces Familles entre elles, il distinguerait parmi ces
u caractères ordinaux ceux qui varient de Tune à Tautre ; qu'il arriverait ainsi à l'appréciatiou
« de la valeur de chaque caractère, et que cette valeur, une fois ainsi déterminée au moyen
« de ces groupes si clairement dessinés par la Nature, pourrait être à son tour appliquée à la
« détermination de ceux auxquels elle n'a pas nettement imprmié ce cachet de Famille, et
« qui étaient les inconnues de ce grand problème. »
Il choisit donc sept groupes de Plantes, admis comme Familles par tous les botanistes; et
l'étude comparative de toutes les Plantes, appartenant à chacune de ces Familles, le mit à
même d'apprécier la valeur des caractères. 11 reconnut que « le premier rang doit appartenir
c( à la plantule , dernier but de la végétation , et destiné à conser\'er la vie de l'Espèce ; le
« second, aiîx organes qui concourent à sa formation , c'est-à-dire aux étamines et au pistil,
« considérés dans leur mutuel rapport. Puis viennent les organes qui protègent, sans le déter-
« miner, cet acte et son produit; les autres parties, tant de la fleur que du fruit et de la graine,
« et les modifications secondaires des organes essentiels eux-mêmes, considérés isolément.
« Les organes de la nutrition, ne concourant qu'à la vie individuelle , doivent être relégués
« au dernier rang. En admettant ces premières règles , on obtenait un certain nombre de
« Familles, dont l'examen comparatif aidait à reconnaître d'autres règles encore, et, par leur
« application, d'autres Familles. De ce travail résulta l'étabhssement de cent Familles,
« comprenant tous les Végétaux alors connus. »
Jussieu, après avoir constitué ses Familles , voulut les coordonner en Classes , et suivit ,
pour cet arrangement, la subordination des caractères, établie pour le groupement des
Genres en Familles. Les Familles formèrent ainsi quinze Classes, que nous" indiquons dans
le tableau suivant :
MÉTHODE DE A.-L. DE JUSSIEU.
CLASSES. EXEMPLES.
1 AcOTYLÉDONES Agaric.
[Élamlucsioiérées sur le réceptacle. . . 2 Mono-hypogynes Avoine,
rnTVIFnn\F< lÉiamim-siuscréessurlecalyce. . . . 3 Mono-périg'tnes Iris,
mm (^
<Eli
APÉT.\LE. }T
( ÉiamiBcs ioscrécs sur l'ovaire. . . k Mono-épigynes Orchis.
i^Élaminesiiisércfs sur Tovaire. ... 5 Épistaminées Aristoloche,
Élamiues insérées m le calyce. ... 6 Péristamu^ées Rumex,
Éiamims iuséré'Ssur le réceplacle . . 7 H YPOST aminées Plantain,
trf 1 (CorollesUniiiilèreinséréesuricrécei'iacle 8 Hypocorollées Belladone.
FLEIIR I Corolle slaniiaifere insérée sur le cal) ce. 9 Péricorollées Campanule,
\*'''^'^*"''^/rornllA.lnni.nWàr.n.;r^P.«rl'«v.irP ( 10 ÉPICOROLLÉES SYNANTBÉRÉES. . BlcUCt,
ÉPICOROLLÉES CORISANTHÉRÉES. Surcau,
22/ p.« .^ ^Élamiies in érées sur l'ovaire. ... 12 Épipétalées Carotte,
Ij I Élamioes iusérées sur le réceptacle . . 13 Hypopétalées Renoncule.
_^ (^Éianiincs iiiséiéts sur le ca'yie. . . 14 Féripétalées Fraisier.
\ Étanioes et pistils dans des fleurs séparées 15 Diclimes Ortie.
Ce tableau est, dans la plupart des ouvrages classiques, présenté sous le nom de Méthode
naturelle deJmsim; mais il n'en est que la clef, ou plutôt Vindex. A.-L. de Jussieu recon-
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TAXONOMIE.
1^9
naissait avec candeur la nature mixte de cette classification demi-artificielle et demi-métho-
dique, et il ne lui attribuait qu'une importance secondaire. «Il semble, dit son tils, avoir
a signalé lui-même la distinction qu'il faut faire de deux parts dans son œuvre, par le titre
«* de son livre , qui annonce les Genres disposés en Familles naturelles , suivant une méthode
« employée au Jardin de Paris : il appliquait Tépithète aux Familles et non à la méthode
tt tout entière. Mais, en exposant le premier les principes qui doivent présider à la classifica-
« tien, non-seulement des Plantes, mais de tous les Êtres organisés; en donnant, par les
« Familles dans lesquelles il distribuait les Végétaux, et qui pour la premièie fois se trou-
« vaient clairement et nettement définies, une base solide en même temps qu'un modèle à la
a science , il avait fait assez pour qu'on put dater de ce moment la fondation de la méthode
« naturelle, qui dès lors ne fut plus à découvrir, mais à perfectionner. »
Les botanistes du dix-neuvième siècle ont marché dans la voie lumineuse que leur avait
ouverte Antoine-Laurent de Jussieu; mais tous n'admettent pas de la même manière la va-
leur prédominante de tel caractère sur l'autre ; d'ailleurs il est démontré par l'observation
qu'un caractère unique de haute valeur peut, dans certains cas, être égalé et même surpassé
jiar plusieurs caractères d'une valeur secondaire. Ici la quaUté est remplacée par la quantité, à peu
près comme vingt sous de cuivre équivalent à un fi-anc d'argent, et vingt francs à une pièce d'or.
Toutefois, on peut établir que le caractère le plus constant doit posséder aussi le plus de
valeur : or, c'est dans les organes reproducteurs que cette invariabilité se fait remarquer, et
précisément en raison de l'importance de leurs fonctions ; ce sont donc ces organes qu'on a
dû choisir pour réunir des Genres en Familles , et des Familles en Classes.
A. -P. de Candolle a le premier appliqué la méthode naturelle à la Flore de France. Plus
tard, il a, dans son Prodrome, appliqué la même méthode au règne végétal tout entier. Son
arrangement n'est qu'une modification de celui de Jussieu ; les trois grands embranchements
sont les mêmes, sous des noms différents. Les Cellulaires , c'est-à-dire les végétaux compo-
sés seulement de cellules et dépourvus de vaisseaux, répondent aux Acotylédones ; les Vas-
culaires , c'est-à-dire les végétaux qui possèdent vaisseaux, fibres et cellules, répondent aux
deux autres embranchements. Les Monocotylédones et les Dicotylédones sont désignées sous
le nom à" Endogènes eX ^' Exogènes ^ termes impropres, puisqu'ils expriment une théorie fausse,
tendent à établir que l'accroissement de la tige des Monotylédones se poursuit en dedans
|:ar opposition à celui de la tige des Dicotylédones, qui s'opère en dehors. La classe de
tludamiflores répond aux hypopétalées ; les caly ci flores aux épijjétalées et péripétalées ; les
n.onochlamydées aux apétales et aux diclines.
ARRANGEMENT DE A. -P. DE CANDOLLE.
CLASSES. EXEMPLES.
^^Corollc polypetale d élamiiics inscri-'cs
sur le réceptacle 1 ïilvlamiflores. . Renoncule,
\ Corolle polypetale ou nioiiopétale el éla-
EXOGÈNES < mines iusérées sur le calyce. ... 2 Calyciflores. . . Fraisier,
[Corolle fflonopélale siaoïiuifère iitscice
sur le réceptacle 3 Gorolliflores. . . Belladone,
\ Périanlhe simple ou nul 4- Monochlamydés. . Ortie,
) FruclificalioH visible el régulière. . . 5 Phanérogames . . Iris,
(^Pruciifîcaiion invisible ou irrégclièrc. . 6 Cryptogames. . . Fougères,
VÉliETAUX CELLULAIRES * expansions d'apparence foliacée ... 7 Follvcés Mousses,
ou ACOTÏLÉDOSES. / Point dVipansicus fo'iacécs 8 Apiiyh.es Champignons
\
E.\bOGE!IIES
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50 TAXOiNOMlE.
Sléph. Endlicher, botaniste allemand, a publié, en 1836-18i0, un grand ouvrage, intitulé,
comme celui d'A.-L. de Jussieu, Genres des Plantes^ disposés suivant les Familles naturelles.
Ce livre est le plus complet que nous possédions sur les Genres et les Familles. Nous allons
en indiquer les divisions principales qui répondent, sous des noms différents et des délini-
tions nouvelles , à la plupart de celles qu on trouve dans les classifications publiées depuis
celle de de Candolle.
Les premières coupes sont fournies par le mode d'accroissement du Végétal et la structure
qui en résulte : 1® Le Végétal peut être composé exclusivement de cellules, et leur tissu
alors s'étend en couche , soit continue , soit divisée en filaments diversement entremêlés et
partagés , mais ne constituant pas un axe avec ses ramifications régulières : c'est ce qu'on
nomme un thallus : ces Végétaux cellulaires peuvent donc être appelés thallophytes; telles
sont la plupart des cryptogames j 2** Si le tissu vasculaire s'est développé concurremment avec
le cellulaire (même dans quelques cas, où il n'est qu'ébauché sous forme de cellules allon-
gées), ces éléments se combinent pour former un axe, une tige; ces Végétaux peuvent donc
être nommés cormophytes. Le développement des cormopbytes peut se faire de trois manières
difiërentes. Dans une première classe, les faisceaux fibro-vasculaires s'accroissent seulement
parleur extrémité supérieure, la tige s'allonge sans s'épaissir, et les Végétaux qui présen-
tent cette végétation terminale sont nommés acro-bryés : telles sont les Fougères; dans une
autre classe, les faisceaux fibro-vasculaires ne se continuent pas indéfiniment à leur sommet,
mais il s'en forme sans cesse de nouveaux , qui de la périphérie se dirigent vers le centre
pour croiser et recouvrir ensuite les plus anciens; ces Végétaux à yé^éiaiioii périphérique
sont dits amphi'bryés, et répondent aux Mono^cotylédones. Enfin, dans une troisième
classe, qui comprend les Dicotylédones, ces deux modes d'accroissement se trouvent com-
binés : une partie de chaque faisceau, celle qui répond au centre de la tige , s'allonge con-
tinuellement par l'extrémité supérieure ; une autre , qui répond aux couches concentriques
ligneuses, se termine en se distribuant à la périphérie. Les Végétaux dont la tige , par cette
végétation terminale et périphérique , augmente à la fois en épaisseur et en longueur, sont
dits acr-amphi'bryés.
SYSTÈME DE STÉPH. ENDLICHEll.
Région I. —THALLOPHYTES.
Végétaux à croissance périphérique, dépourvus de vaisseaux et d'organes reproduc-
teurs distincte. Spores germant par allongement dans tous les sens.
Section L — PROTOPHYTES.
Végétaux vivant dans Teau ou dans Pair, et ne tirant yas leur nourriture du sol; fructifica-
tion s'élendant indéfiniment : Algues, Lichens.
Section IL — HYSTÉROPHYTES.
Végétaux naissant dans les organismes morts ou malades, et y puisant une nourriture éla-
borée; développement des orjçanes simultané et défini : Champignons,
Région II.-^CORMOPHYTES.
Tige et racine croissant en sens inverse; végétaux i)ourvus (du moins les plus parfaits)
de vaisseaux et d'organes reproducteurs dislincU^.
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TAXONOMIE. 51
Section III. — ACROBRYÉS.
Tige s' accroissant par le sommet seulement, sans aucun changement dans la partie inférieure,
qui ne sert qu'à transmettre la sève.
Cohorte I.— ANOPHYTES.
Végétaux dépourvus de vaisseaux parfaits ; organes reproducteurs de deux sortes ; spores libres
dans des sporanges: Mousses, Hépatiques.
Cohorte II.— PROTOPHYTES.
Végétaux pourvus de faisceaux fibro-vasculaires plus ou moins complets, les uns à organes repro-
ducteurs uniformes, à spores libres dans des sporanges (Fougères^ Prêles, Lycopodiacées); les autres,
à organes reproducteurs de deux sortes, à ovule nu, à plantule dicotylédonée : Zamia, Cycas.
Cohorte III. — HYSTÉROPHYTES.
Vivant en parasites sur les racines ou la tige des autres végétaux ; organes reproducteurs de deux
sortes; graines nombreuses dépourvues de plantule cotylédonée, et composées d'un testa dur, qui
enveloppe un tissu cellulaire rempli de corpuscules analogues à des spores : Cytinet, Rafflésia,
Balanophore.
Section IV.- AMPHIBRYÉS.
Tige croissant par la circonférence — Végétation périphérique.
Froment, Carex. — Ephémérine, — Potamot , Butome. — Jonc, Colchique , Lis, Muguet, —
Hydrocharis, Iris, Narcisse, Ananas, — Orchis, — Balisier, Bananier, — Naïade, — Arum,
Typhay Pandanus, Dattier.
Section V. — ACRAMPHIBRYÉS.
Tige croissant à la fois par le sommet et la circonférence. — Végétation périphérique ter-
minale.
Cohorte I . — GYMNOSPERMÉES.
Ovules nus, microphyle recevant immédiatement l'action fécondante du pollen.
Cyprès, Pin, If, Ephédra,
Cohorte IL — APÉTALÉES.
Périanthe nul, ou rudimentaire, ou simple, calycoïde ou sépaloïde, libre ou adhérent à Tovaire.
Poivrier, -^ Casuarina, Bouleau, Chêne, Orme, Mûrier, Ortie, Chanvre, Platane, Liqui-
dambar. Saule, -^ Bette, Amarante, Sarrasin, Nyctage, — Daphné, Laurier, — Aristoloche,
Népenthès,
Cohorte m.— GAMOPÉTALÉES.
Périanthe double : rextérieur-calyce, rinlérieur-corolle gamopétale, manquant rarement.
Plantain, Statice,^^ Valériane, Scabieuse, Bleuet, Pissenlit, Chrysanthème, — Lobélie,
Campanule, Stylidium, — Garance, Chèvrefeuille, — Jasmin , Li las , Pervenche, Gentiane,
Spigélie. — Lamier, Verveine, Globidaii^e, Bourrache, — Liseron, Poiémoine, Belladone, —
Muflier, Acanthe, Bignonia, Orobanche , Utriculaire. — Primevère, Myrsine, — Epacris,
Bruyère.
Cohorte IV. — DIALYPÉTALÉES.
Périanthe double : Textérieur-calyce gamosépale ou dialysépale, libre ou adhérent, quelquefois
pétaloïde; Tintérieur-corolle à pétales libres de cohérence, rarement cohérents par rintcrmédiaire
desétamines; à insertion hypogync, ou périgyne, ou épigyne; quelquefois nulle- par avortement.
Carotte, Lierre, Vigne, Cornouiller, Gui, — Sédum, Saxifrage, Groseillier, — Muscadier,
Magnolia, Dillénia, Benoncule, Berbéris, — Pavot, Fumet erre. Giroflée , Câprier, Béséda, —
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52 TAXONOMIE.
Nénuphar, Nélombo, — Ciste, Droséra, Violette, Frankénia, Bixa, Passiflore , Papayer, —
Concombre, Bégonia, — Cactus. — Fico'ide , Pourpier, Œillet^ Paronyquc , Phytolacca. —
Guimauve, Sterculia, Tilleul, — Camellia, Milleijertuis, Elatine, lœnarix, — Citronnier,
Mélia. — Erable, Malpighia. Savonier, Marronnier-d'Inde. — Polygala. — Staphylea ,
Fusain, Houv, Nerprun. — Euphorbe, — Noyer, Pistachier, Simarouba, Aîlanthus, Fraxi-
nelle, Rue, Tribule, — Géranium, Lin, Oxalis, Balsamine, Capucine, — Seringat, Onagre,
Pesse, Salicaire, — Myrte, Grenadier, — Poirier, Calycanthus, Rosier, Fraisier, Pimpre-
nelle, Spirée, Prunier, CItrysobalane, — Pois, Ccrcis, Mimosa,
M. Lindley, botaniste anglais, a publié plusieurs essais de classification : le premier a paru
en 1830, le second en 1833, le troisième en 1836; le plus récent est de 184-6. Dans ces publi-
cations successives, M. Lindley a remanié et modifié Tarrangement des Familles; il justifie
ces changements dans la préface de son dernier ouvrage ( The vegetable Kingdom ). Celte
tendance à perfectionner est, dit M. A. de Jussieu, « le propre d'un esprit actif, laborieux,
« ami du progrès, disposé à envisager les objets dans tous leurs rapports, qu'il met tour à tour
« en sa'dlie. Comme cet esprit est dans toute sa force, et comme ces rapports sont très-variés,
« il est à croire que nous n'avons pas encore le dernier mot de M. Lindley. »
M. Adolphe Brongniart, successeur de Desfontaines au Jardin des Plantes, a replanté,
en 18'i.3, TÉcole de Botanique. Sentant le besoin d'en mettre Tordre d'accord avec l'état
actuel de la science , et avec les ouvrages les plus complets et les plus modernes , il a
distribué les Végétaux suivant une classification qui lui est propre.
Dans cette classification , l'auteur admet à peu près la même subordination des caractères
qu'A.-L. de Jussieu; il apprécie leur valeur relative d'après leur invariabilité dans les
Familles les plus naturelles. 11 place donc en première ligne les caractères basés sur le
nombre des cotylédons , comme étant d'une invariabilité absolue ; après eux viennent ceux
tirés de la corolle gamopétale ou dialypétale , comme étant les moins variables dans une
même Famille ; il fait marcher ensuite ceux que fournit l'insertion des étamines, et qui sont
plus sujets à exception : seulement il n'emploie pas ces derniers pour les Monocotylédones ,
réunit, comme de Candolle, les insertions périgynique et épigynique en une seule, supprime
les Dicotylédones apétales et diclines, et les disperse parmi les dialypétales, fusion que les
progrès de la science avaient rendue indispensable, en montrant dans les apétales des
dialypétales imparfaites. 11 adopte, comme caractères de second ordre, la structure delà
graine, particulièrement l'existence de l'albumen, et surtout, dans cet albumen, la présence
ou l'absence de la fécule; puis la direction de la radicule, bien plus importante, relativement
à l'ovaire, que relativement au bile; enfin la préfloraison, et les proportions numériques des
carpelles et des sépales, des étamines et des pétales.
Dans la première partie, comprenant les Cryptogames et les Monocotylédones, la
classification procède du simple au composé; dans la seconde, qui comprend les Dicotylé-
dones , l'auteur , dominé par des considérations matérielles , a adopté l'ordre inverse , qui ,
rejetant les principales Familles de Végétaux arborescents à l'extrémité de l'École, a permis
de leur donner plus d'espace, et d'en former un abri contre les vents du nord.
Dans la classification publiée par M. Brongniart, en*185^3 et en 1850, les Familles et les
Genres se trouvent seulement indiqués par leurs noms à la place qu'ils occupent, mais l'auteur
y a tracé les caractères des divisions principales, désignées sous le nom de Divisions, Embran-
chements, Sous-Embranchements, Séries et Classes, Nous allons les reproduire ici, en omettant
toutefois la description des Classes et l'énuraération des Familles; comme ces Familles seront
énumérées dans l'exposé de la classification de M. Adrien de Jussieu, nous nous contenterons
de mentionner, à la suite de chaque Classe, quelques-uns des Genres qui s'y rattachent.
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TAXONOMIE. 53
CLASSIFICATION DE M. AD. BRONGNIART.
I" Division.— CRYPTOGAMES.
Végétaux dépourvus d'étamiDes , de pistil et même d'ovules. — Spores simples, homogènes,
sans organes distincts, ordinairement formées d'une îfeule vésicule.
I" Embranchement.— 4MPHIGÈNES.
Point d*aie et d*organes appendiculaires distincts; croissance périphérique; reproduction
par des spores nues.
Classe 1". Algubs. — Protococcus, Ulve, Nostoc, Conferve, Varec.
— 2. Champignons. — Moisissure, UrédOy Truffe, Morille, Lycoperdon, Agaric, Pézize.
— 3. LiGHÉNÉBS. — Lèpre, Usnée, Orseille, Cladonie, Patellaire.
II" Embranchement.— ACROGÈNES.
Axe et organes appendiculaires distincts : tiges croissant par Textrémité seule, sans addition
de nouvelles parties vers la base. — Reproduction par des Spores recouvertes d'un tégument,
mais n'adhérant pas par un funicule aux parois des capsules qui les renferment.
Classe 4. Muscinées. — Jungermannia, Marchantia, Polyiric, Bry.
— r>. FiLiGiNÉBs. — Polypodey Capillaire, Osmonde, Marsiléa, Lycopode, Prêle, Chara.
\V Division.— PHANÉROGAMES.
Organes reproducteurs évidents, formés d'étamines et d'ovules, soit nus, soit renfermés dans
un ovaire. Graine à ptantule composée, parenchymateuse, formée de plusieurs parties distinc-
tes.—Parties anciennes des tiges vivaces s'accroissant par addition de nouveaux tissus.
III" Embranchement.— MONOCOTYLÉDONES.
Plantule à un seul cotylédon.— Tiges composées de fai^reaux fibro-vasculaires épars dans la
masse du tissu cellulaire, ne formant pas un cercle régulier : les tiges vivacés ne s'accroissant
pas par des zones concentriques distinctes de bois et d'écorce.
I" Série. — ALBUMINÉES.
§ I. — Périanthe nul, ou simple et sépaloïde. — Albumen farineux.
Classe 6. Glumacées. — Froment, Carex,
— 7. JoNciNéES. — Epkémérine, Jonc,
— 8. ARoïoéBs. —ArMm, Typha.
§ II. —Périanthe nul ou double, sépaloïde ou pétaloïde, Albumen nmi farineux.
Classe 9. Pandanoïdébs. — Pandanus,
— 10. Phobkicoïdées. — Dattier, Cocotier.
— 11. LirioTdbbs. — Colchique, Lis, Asperge, Narcisse, Iris.
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5/i. TAXONUMIE.
§ lll.—Périanthe double, V interne ou tous les deux pétaloïdes. Albumen farineux.
Classe 12. Bromélioïdées. — Ani gazant hiis, Barbacénia, Ananas^ Pontédéria,
— 13. SciT A M IN É BS . — Banan ier, Balisier^ Gingembre .
— î4. ÛRcuioïDéBS. — OphrySy Orchis, Vanille,
— 15. Fluviales. — Hydrocharis, Butome, Alisma, Potamoty NaîaSy Lemna,
IV" Kmbiunchement. —dicotylédones.
Plantule à deux colylédons opposés ou à cotylédons verticillés; tiges composées de faisceaux
fibro-vasculaires, formant un cylindre autour d'une moelle centrale, séparables en une zone
interne ligneuse et une zone externe corlicale, et s' accroissant par des couches concentriques.
I " SOUS-EMBKANCBEMENT. — ANGIOSPERMÉES.
Ovules renfermés dans un ovaire clos, et recevant l'influence de la fécondation par Tinter-
médiaire d'un stigmate.
I" Série.— GAMOPÉTALES. Pétales soudés entre eux.
§ 1 . Périgynes. —Etamines et corolk insérées sur le calyce adhérent à Vovaire.
Classe 16. Campanulii^èes. — Campanule, Lobélie, Stylidium.
— 17. AsTÉRoïDÉES. — Pissenlit, Bleuet, Chrysanthème.
— 18. LoNicÉRoïDÉES. — Scabieuse, Valériane, Chèvrefeuille.
— 19. CoFFÉiNÉES. — Garance, Caféier, Quinquina.
§ II. UYvoGxyE^.— Etamines et corolle insérées sous Vovaire.
*{■ Anisogynes. Pistil composé d'un nombre de carpelles moindre que celui des sépales, ordinaire-
ment bicarpellé.
* /so^t^moncs.— Etamines en nombre égal aux divisions de la corolle, et alternant avec elles.
Classe 20. Asclépiadin^es —Spigélie, Strychnos, Pervenche, Asclepias, Gentiane.
— 21. CoNvoLvuLiNÉES. — Cobœa^ Polémoine, Liseron.
— 22. Aspébifoliées. — Bourrache, Héliotrope, NémophilCy Bydroléa.
— 23. SoLANiNÉEs. — Cestrum, Morelle, Jusquiame, Tabac,
** Anisostémone^. — Etamines en partie avortées, quatre didynames^ ou deux seulement.
Classe 24. Pbrsonées. — Muflier y Orobanche, Gesnéria, Utriculaire y Bignonia, Sésame ^
Acanthe.
— 25. Sélaginoïdébs. — Jasmin, Globulaire, Sélago, Myopore.
— 26. Yerbéni.nées. — Verveine, Lamier, Plantain.
"i"*|" Isogynes. — Pistil ordinairement composé d'un nombre de carpelles égal à celui des sépales.
Classe 27. VïiiuvL\yiE8.— Primevère, Myrsine, TTiéophraste, Statice.
— 28. Ericoïdées. — EpacriSy Bruyère, Airelle, Azaléa, PyrolCy Monotrope.
— 29. DiosPYROïDÉES.— Z/eo5/;yro5, Olivier , Houx y Camarine, Sapotillier.
\V Série. -DL\LYPÉTALES. Pétales libres ou nuls.
§ I. Hypogtnes. —Etamines et pétales indépendants du calyce, insérés sous Vovaire.
-j- Fleurs complètes, offrant des pétales, au moins dans une partie des genres de chaque classe.
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TAXONUxMlE. 5Ô
A Calyce persistant généralement après la floraison,
* Polystémones — Etamines généralement en nombre indétini.
Classe 30. Guttifkrbs. - Clusia, MillejjertuiSy lamarix, Ciste^ Bijca^ Camellia.
— 3t. Malvoïdébs. — Tilleul, Mauve, Cotonnier, Adansonia, Sterculia, BtUtnéria,
'• Oligostémones. — Etamines généralement en nombre indéfini.
Classe 32. Crotoninêbs.— Cro/on, Mercuriale, Buis, Euphorbe,
— 33. PoLTGALiNÉEs. — Trémundra, Polygaia.
— Si. Géranioïdées. — 5a/s«mjwe, Capucine, Géranium, Lin, Oxalis, Mélianthe.
— 35. TÉRÉBiNTHiNées. — Rue, Fraxinelle, Ochna, Simarouba, Atlanthus, Pistachier,
Sumac,
— 36. Hbspéridées.— CiVro«w/er, Cédréla, Mélia,
— 37. JEscuLinàES.^Malpighia, Erable, Marronnier d' Inde ^ Savonier.
— 38. Célastaoïdées. — Vigne, Fusain, Staphyléa, Bursaria.
— 39. ViOLiNÉES. — Violette, Droséra, Pamassie, Frankénia,
B Calyce se détachant pendant ou après la floraison,
* Albumen nul ou très^mince.
Classe. 40. CRVciFéMKiEs.—Béseda, Câprier, Giroflée.
•• Albumen épais, charnu ou corné.
Classe 41. Papavérlnérs. — Fumeterre, Pavot,
— 42. BERBÉRiNÉEs.^^er^^m, Cocculus,
— 43. MAGSOhiîiàES. — Schizandra, Muscadier. Anona, Magnolia,
— 44. Rexomculinébs.— Z>«7/^w«a, Clématite, Anémone, Benoncule, //ellébore^ Pivoine.
*•* Albumen double, Vexteme farineux,
Cla.sse 45. Nympbkinées. — Nélombo, Nénuphar,
*|"i" Fleurs incomplètes. Corolle manquant constamment.
Classe 46. Piperinées. — /^ott'rter, Saurure.
— A*l, l]KTic\fiàES,— Ortie, Artocarpe, Mûrier, Orme, Chanvre.
— 48. PoLYGONOïDÉBS. — Rumcx, Renoué, Rhubarbe.
§ II. Périgynes.— Elamines et pétales insérés sur le calyce libre ou adhérent.
•J" Cyclospermées. — Piantule courbe, située autour d'un albumen farineux.
Classe 49. Caryophyllinées. — Nyctage, Phytolacca, Bette, Amarante, Œillet, Stellaire,
Paronyque, Pourpier.
— 50. Cactoïdées. — Ficoïde, Cactus,
'W Albuminées. — Piantule droite dans Taxe d'un albumen charnu ou cx)i'né.
Classe 51. Crassulinébs. — Sédum, Elatine, Datisca,
— 52. Saxifraginées. — Francoa^ Seringat, Saxifrage, Groseillier.
— 53. Passiflorinées. — Loasa, Papayer ^ Passiflore, Samyda,
— 54. HAMAMéLiNÉES. — Liquidombor, Hamamélis, Brunia,
— 55. Ombellinébs. — Angélique, Lierre, Cornouiller.
— 36. Santalinébs. — Gui, Santal,
— 57. Â8ARINÉES. — Baianophore, Rafflésin, Cyiinet, Mépenihès, Aristoloche.
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56 TAXONOMIE.
'\"\"{ Exalbuminées. — Albumen nul ou peu épais.
Classe 58. Cucurbitinées. — Bégonia, Concombre,
— 59. OEnotbérinées. — Pesse^ Onagre, Combrétum, Mélastome, Salicaire.
— 60. Dapbnoïdébs. — Laurier, Daphné,
— 61. Protéinées.— /^rof^e, Banksia, Chalef,
— 62. Rhamnoïdébs. — Nerprun^ Jujubier.
— 63. Myrtoïdéks. — Myrte, Grenadier, Lécythis^ Calycanthe,
— 64. RosmÉEs. — Poirier, Spirée, Rosier, Fraisier, Pimprenelle, Pf*unier, Chryso-
balane.
— 65. Légdminosées.— Pois, Cercis^ Mimosa.
— 66. Amentacébs.— .Voyer, Saule, Chêne, Bouleau, Myrica, Casuarina.
IV SotS-EMBRANCHEMENT. — GYMNOSPERMÉES.
Ovules nus (non renfermés dans un o?aire clos et surmonté d\in sligmato), rect'vant di-
I cclement Tinfluence du pollen.
Classe 67. Conifères. — Ephédra, If, Cyprès, Pin.
— 68. Cycadoïdées. — Zamia, Cycas.
M. Adrien de Jussieu a donné dans son article Taxonomie, du Dictionnaire Universel
d'Histoire naturelle, une disposition méthodique des Familles, que nous adoptons pour notre
Ouvrage. La première division établie par lui est celle, en trois grands embranchements,
des Acotylédones y Monocotylédones, et Dicotylédones ^ presque universellement admis, sous
ce nom ou sous d'autres. 11 divise les Dicotylédones en diclines, apétales, polypétales, mono-
pétales, et subdivise ces deux derniers groupes en hypogynes et en périgynes. Nous allons
reproduire en peu de mots les raisonnements ingénieux sur lesquels il s'appuie pour placer
les monopétales à l'extrémité supérieure de la série des Familles.
De Candolle avait posé en principe que, pour classer les Familles suivant un ordre repré-
sentant dans une progression ascendante leurs divers degrés d'organisation, on doit considé-
rer comme plus parfaites celles qui ont leurs organes en plus grand nombre et séparés les uns
des autres; comme moins parfaites, celles où ils se confondent en se soudant, et disparaissent
en apparence ; comme les plus imparfaites, celles qui en ont réellement le moindre nombre.
II a donc placé en haut de Féchelle les polypétales, dans lesquelles les diverses parties de
la fleur sont le plus nombreuses et le plus indépendantes les unes des autres. Après les po-
lypétales ïiypogynes viennent les polypétales périgynes, puis les monopétales , puis les apétales,
puis les diclines.
Mais cette valeur, attribuée au nombre absolu des organes, manque de réalité, car ce
nombre est souvent très-inégsd dans des Genres incontestablement voisins. En outre, la
soudure mutuelle des organes n'annonce certainement pas une tendance à leur suppression ;
car il est très-peu de Familles monopétales où on rencontre des Genres apétales, tandis
qu'on en observe dans la plupart des Familles polypétales : la monopétalie n'est donc pas
une condition d'infériorité.
M. Adrien de Jussieu, pour se guider dans l'appréciation des divers degrés de simplicité
ou de composition des Plantes , a suivi la voie que son père avait tracée pour établir la
subordination des caractères. Dans les acotylédones ou cryptogames, qui conduisent aux
cotylédonées ou phanérogames par une série progressive bien reconnue , il a étudié le per-
fectionnement de l'organisation.
11 a observé chez les cryptogames reconnues comme les plus simples, telles que les Algues,
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TAXONOMIE. 57
un tissu cellulaire homogène , également propre à la reproduction et à la Tégétation ; puis il
a TU ces deux fonctions s'isoler graduellement dans les Champigiwns , les Mousses, les Hépa-
tiques; puis enfin les organes reproducteurs présenter deux sortes de cellules biwi dis-
tinctes, dans les Rhizocarpées. Il a remarqué, en outre, que les organes de la végétation
réduits à un thallus dans les Algues, les Lichens, se relèvent et s'aUongent en axe dans les
Mousses j les Hépatiques ; que cet axe, première ébauche de la tige, se couvre d'expansions
appendiculaires, première ébauche des feuilles; enfin que les Fougères^ et surtout les
Rhizocarpées^ possèdent une tige et des feuilles bien caractérisées. De cet examen sommaire,
il a pu conclure que l'organisation de la Plante est d'autant plus composée que les fonc-
tions de la végétation et celles de la reproduction sont plus nettement circonscrites.
Ce perfectionnement progressif, qui monte graduellement des Cryptogames aux Phané-
rogames, est l'indication évidente d'une loi, que l'on peut appliquer à la classification
ascendante de ces dernières : leurs organes de végétation sont, comme chez les Cryptogames
supérieures, des axes et des feuilles, et leurs organes de reproduction constituent des
appareils nommés fleurs. Or, il est généralement reconnu aujourd'hui que les diverses parties
de la fleur sont des feuilles , modifiées plus ou moins profondément , selon la nature des
fonctions qu'elles sont destinées à remplir : les unes , extérieures , organes de protection ,
constituant le périanthe, simple ou double , et restant étalées comme les feuilles ordinaires;
les autres plus centrales, organes de fécondation, constituant l'androcée et le pistil, et
formant des cavités closes pour abriter le pollen et l'ovule destinés à reproduire la Plante.
Une fleur de Phanérogame, aussi composée que possible, possède pistil, androcée,
corolle et calyce. Si on la suppose graduellement simplifiée, elle sera privée de corolle,
ou même de calyce ; puis enfin la même fleur, apétale ou apérianthée , n'aura qu'un pistil
ou un androcée; et, dans son maximum de simplicité, nous la verrons réduite à un carpelle,
on à une étamine, comme dans les Natas, De là cette série ascendante des fleurs dicUnes,
stamino-pistiliées, apétales, pétalées.
Mais, parmi les pétalées, comment reconnaître divers degrés de composition? C'est ici que
M. Adrien de Jussieu combat l'opinion de de Candolle , qui appréciait cette composition par
le nombre des organes et leur dissociation. Si la règle établie pour les Cryptogames
s'applique aux Phanérogames, s'il est vrai que la Plante est d'autant plus composée, que ses
fonctions de reproduction et de végétation sont plus manifestement distinctes, l'unique
problème à résoudre est de savoir dans quelles Plantes les feuilles qui constituent la fleur,
et qui ne sont que des feuilles ordinaires métamorphosées, ont subi les altérations les plus
profondes, et se sont le plus éloignées de leur état primitif.
Quelles seront, dans la fleur, les feuilles les moins modifiées Y Ce seront évidemment celles
qui, par leur position sur le pédoncule, rappelleront le mieux la situation relative des feuilles
ordinaires sur la tige qui les porte, suivant une ou plusieurs lignes spirales. Ainsi, dans le
Magnolia, le lulipier, les parties de la fleur, indépendantes l'une de l'autre, espacées sur
un axe allongé, conservent l'arrangement spiral. Dans les Hellébores, les parties se pressent
sur un axe plus raccourci, tout en conservant, pour le calyce et le pistil, leur nature foliacée
et leur indépendance mutuelle. Mais si cette indépendance est détruite . si la cohérence
s'établit entre les carpelles, soit partiellement (Nigelle), soit complètement {Pavot) ; si cette
cohérence envahit l'androcée [Mauve, Pois); si elle s'étend jusqu'aux pétales (Bruyère) -y^
à ces adhérences se joignent des adhérences qui unissent les étamines à la corolle {Liseron);
les étamines et la corolle au calyce, et surtout le calyce à l'ovaire {Garance)^ ces soudures
diverses, tout en altérant la forme primitive des feuilles, déplaceront leur point d'origine,
et masqueront aux yeux de l'observateur leur arrangement relatif, c'est-à-dire le caractère
le plus essentiel de la végétation.
Le travestissement des oi^anes sera encore plus complet si ces cohérences et adhérences
se compliquent d'avortements , comme dans l'ovaire et l'aigrette des Valérianes; ou
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58 TAXONOMIE.
d'iaégalités de développement , comme dans les demi-fleurons des Composées. C'est alors
que les feuilles sont le plus difficiles à reconnaître, parce qu alors elles sont devenues aussi
différentes qu'elles peuvent Têtre des feuilles de la végétation.
Telles sont les considérations qui ont amené M. Adrien de Jussieu à conclure que les
soudures mutuelles des parties de la fleur, loin d'exprimer une plus grande simplicité
d'organisation, indiquent, au contraire , un plus haut degré de composition , d'autant plus
qu'elles s'y compliquent davantage; il propose donc, pour les Dicotylédones pétalées, une
série précisément inverse de celle que de Candolle a établie. Les polypétales, dans cette
série ascendante, se placent avant les monopétales, et, dans ces deux grands groupes, les
hypogynes avant les périgynes, ceux-ci avant les épigynes.
Cette opinion est corroborée par les connaissances acquises sur Vorganogénie , ou
développement des organes. M. Schleiden, botaniste allemand, a observé que tous les
organes foliacés des fleurs, même lorsqu'ils se soudent ensemble plus tard, apparaissent
d'abord comme des parties entièrement libres, et que celles de chaque cercle sont
complètement semblables entre elles dans leur premier état ; de sorte que leur entre-soudure
et leur inégalité symétrique sont le résultat d'un développement ultérieur. H résulte de ces
observations que le premier état par lequel passent toujours ces organes pour arriver au
second, étant le plus simple, leur indépendance mutuelle peut être regardée comme un arrêt
de développement.
Enfin, l'étude des Végétaux fossiles est venu fournir un nouvel appui à la classification
établie par M. Ad. de Jussieu : les beaux travaux de son collègue, M. Adolphe Brongniart,
qui nous ont fait connaître les Flores des grandes périodes géologiques, ont montré, dans la
nature des végétaux qui les constituent , une organisation, se compliquant à mesure que cei>
Flores se rapprochent de la période actuelle : ainsi, pour le règne végétal comme pour le
règne animal, il y a eu un perfectionnement gradué dans l'organisation des êtres qui ont
successivement vécu sur notre globe, depuis ceux qui les premiers ont apparu à sa surface,
jusqu'à ceux qui l'habitent actuellement. Or, dans ces Flores des Végétaux fossiles, on n'a
pas trouvé de Dicotylédones monopétales. Tl est donc permis de penser que ces Plantes sont,
comme les Animaux supérieurs, les plus récemment créées, et qu'elles doivent occuper le
sommet de l'échelle végétale.
M. Ad. de Jussieu termine l'exposé de sa méthode par quelques explications sur les cas
exceptionnels que présentent les divisions qu'il a adoptées, et qui sont en contradiction
avec le caractère et le nom au moyen duquel il les désigne. 11 signala cet inconvénient commo
une nécessité de la méthode naturelle, qui , employant tous les caractères à la fois, ne peut
définir nettement ses divisions à l'aide d'un seul. Il faut donc, puisqu'il est impossible de
désigner une classe par un caractère ou par un terme qui en soit l'expression exacte et
complète , ne pas interpréter rigoureusement les termes employés à cette désignation, et
sous-entendre qu'ils s'appliquent à la grande majorité des Végétaux compris dans chaque
classe, et non à tous inclusivement.
Linné avait dit : «Les Plantes se touchent par des affinités, comme les territoires parleurs
confins sur une carte géographique, d M. Ad. de Jussieu donne à cette comparaison heureuse
une extension qui en augmente la valeur : « Les caractères extérieurs des groupes naturels,
comme ceux des nations, dit-il, se modifient, se nuancent, s'effacent vers les frontières j c'est
vers les centres qu'ils se dessinent franchement, et qu'on peut les bien définir. * A cette
remarque pleine de justesse, il en ajoute une, pour expliquer l'affinité qui persiste entre les
végétaux d'une même famille, malgré les dissemblances qu'ont pu y étabHr l'avortement ou
le développement inégal de certains organes ; c'est par une comparaison établie entre les
Familles humaines et les Familles végétales, qu'il justifie la méthode naturelle de ces appa*
rentes anomahes : « Dans une grande Famille, qui se disperse en se multipliant, on voit sou-
ci vent, dit-il, quelque branche ou quelque membre, déclinant peu à peu, tomber à un état
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TAXONOMIE. 59
« d'obscurité, d'appauvrissement, ou de dégradation, qui ne permet plus de reconnaître sa
« parenté avec les branches les plus favorisées. Mais le généalogiste habile sait la constater
« en suivant la filiation, et rattacher à la souche commune ce membre ou cette branche mé-
« connus. Ainsi le botaniste voit souvent les Plantes se déclasser y pour ainsi dire, en perdant
« plus ou moins des signes distinctifs de la Famille ; mais, en suivant la série de ces dégra-
« dations, il peut ramener au type commun et plus parfait ceux mêmes qui s'en sont le
« plus écartés. »
Cette vérité peut se démontrer, soit dans des Plantes où sur le même pied on rencontre
constamment des fleurs imparfaites à côté de fleurs parfaites (telles sont plusieurs Campanules,
quelques Violettes^ et une tribu tout entière de Malpiyhiacées), soit dans des espèces difl'érentes,
appartenant à un même Genre, comme les Lychnis; soit enfin dans des Familles incontesta-
blement naturelles, dont les Genres subissent une série de dégradations qui conduisent par
des transitions insensibles du type le plus parfait au type le plus dégradé. — C'est ce qu'on
observe chez les Haloragées, les Euphorbiacées, les Rosacées- Sanguisorbées^ etc.
Avant de donner le tableau de la classification de M. Ad. de Jussieu, et la série qu'il a
adoptée pour les Familles , il est à propos de dire quelques mots sur les noms que ces Familles
ont reçus des botanistes. On est généralement convenu de donner à chacune le nom de son
Genre principal, du Genre-type, auquel viennent se grouper les autres. A. Laurent de Jussieu
désignait la Famille en employant au pluriel le nom du Genre-type, et il disait : les Chèvre-
feuilles ^ les Euphorbes, les Gentianes, les Lauriers, les Onagi^es, Depuis on a voulu, pour
éviter la confusion du Genre avec la Famille, ajouter à ces noms une désinence, et l'on a dit :
les Capri foliacées y les Euphorbiacées. les Gentianées,\es Laurinées, les Onagrariées. La dési-
nence éesy ajoutée au radical, aurait suffi sans doute ; mais certaines Familles très-nombreuses
ayant été subdivisées en Tribus, et d'autres , très-voisines les unes des autres, ayant été
groupées en Classes, on a voulu désigner les Classes, Familles, Tribus par des désinences diffé-
rentes; c'est ainsi que l'on a eu, pour les noms d'origine latine, la Classe des Renonculinéès^
la Famille des Renonculacées, la Tribu des Renonculées ; et pour les noms d'origine grecque,
la Classe des MyrtoîdéeSy la Famille des Mgrtacées, la Tribu des Myrtées, etc. Cette nomen-
clature serait parfaite, si l'unité, qui lui est indispensable, n'était détruite par un certain
nombre de Familles qui se refusent invinciblement à tout changement de désinence; ce sont
les groupes nommés par les anciens Labiées^ Crucifères, Ombellifères, Conifères, Composées,
Palmiers, etc. ; le mieux était de les conserver, de maintenir pour les Classes les terminai-
sons inées et aidées, et de choisir indifféremment pour les Familles les désinences ées,
acées, ariées, et même inées : Polygalées, Résédacées, Lythrariées, Laurinées, etc.;
c'est ce qu'ont fait les botanistes qui savent que les qualités essentielles d'un nom quelconque,
en histoire naturelle, sont l'euphonie et la brièveté.
SÉRIE DES FAMILLES;
Pour les Cryptogames, l'auteur a limité ses divisions à des groupes qui sont plus considérables
que les Familles et en réunissent plusieurs; pour les Phanérogames, au contraire, il les a,
dans quelques unes, poussées jusqu'aux Tribus: ce défaut d'unité, importe peu; ce qui im-
porte, c'est que tous les groupes, bien qu'inégaux, soient tous naturels, et placés auprès de
ceux avec lesquels ils offrent la plus grande somme de rapports.
L'auteur n'a pas groupé toutes les Familles en Classes, mais il a indiqué plusieurs de ces
Classes par une Ugne verticale qui accolle les Familles dont l'alliance ne donne lieu à aucune
incertitude ; dans les cas plus douteux, la ligne continue est remplacée par une ligne de points.
A la suite de chaque nom de Famille, nous avons cité pour exemple l'un des principaux
Genres de cette famille.
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(K)
ÏAXONOMIE.
CRYPTOGAMES ou ACOTYLÉDONES.
CELLULAIRES.
ANGIOSPORÉES.
(Spores renfermées dans la cellule-mère qui
persiste sous le nom de thèque.)
Algues.
Varec.
Chakacées.
Chara.
Cbampignoiis.
Agaric.
Lichens.
Peltigère
GYMNOSPORÉES.
(Spores devenues, par la résorption de la
cellule-mère, libres dans une cavité commune.)
Hépatiques. Jungermannie.
Mousses. Polytric.
VASCULAIRES.
Ltcopodiacées. Lycopode.
Equisétacbes. Prèle.
FouGÈB ES . Polypode .
RaizocAipÉEs. Pilulaire.
PHANÉROGAMES MONOCOTYLÉDONES.
EXALBUMINËES AQUATIQUES.
Naïadées.
Na'iade,
POTAMÈES.
Patamot.
ZoSTKRACiES.
Zostère,
JoNCAGHfÉEa.
Triglochin.
AUSMIGÉBS.
Alisma.
BUTOMÉES.
Butome.
Hydeochabidkes. Hydrocharis,
ALBUMINÉES.
SPADICIFLORES.
(Fleurs en spadice.)
Lbmuacées.
Lenticule.
PiSTIACÉES.
Pistia.
Abacébs.
Arum.
OlOHTIACtoS.
Orontium.
Ttphacées.
Typha.
Pandanées.
Pandanus.
Ctclanthées.
Cyclanthe.
Palmiers.
Dattier.
GLUMACÉES.
(Périanthe
nul, remplacé par des bractées. )
Graminées.
Avoine.
Ctpéracées.
Souchet.
COMMÉLTNÉES.
Ephémérine.
ÉNANTIOBLASTÉES.
(Radicule antipode du bile.)
Centrolépidées. Centrolépis.
Restiacées.
Ehiocaulées.
XTRroÉES.
Restio.
Eriocaulon.
Xyris.
HOMOBLASTÈES.
(Radicule regardant le bile.)
* SUPÉROVARIÉES.
(Ovaire libre.)
Joncacées.
Jonc.
PONTÉDÉRACÉBS.
Pontédérie.
Gillissiéis.
Gilliésia.
LiLIACÉES.
Lis.
Smilacinéss.
Smilax.
Melanthacéss.
Colchique.
** INFÉROVABIÉES.
(Ovaire
adbérent. )
Dioscorées.
Dioscore.
Taccacées.
Tacca,
Iridees.
Iris.
Amartllidées.
Hypoxidkei.
HœMODORACÉES.
Broméliacées
Amaryllis,
Hypoxis.
Anigosanthe
Ananas.
MUSACÉES.
Bananier.
Cannées.
Balisier,
ZiNGIBÉRACÉES.
Gingembre.
ASCHIDOBLASTÊES.
(PlantuI
e indivise. )
BURMANNIACÉES.
Burmannia.
Apostasiées.
Orchidées.
Apostasia.
Orchis.
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TAXONOWIE.
PHANÉROGAMES DICOTYLÉDONES.
61
GYMNOSPERMÉES.
Gtcadées.
Zamia.
Abiétinées.
Pin.
CUPIESSINÉES.
Cyprès.
Taxinées.
/A
GmÊTACÉES.
Ephédra
ANGIOSPERMÉES.
Dir.LINES.
PENÉANTHÈES.
(Fleurs appauvries.)
Gasuamnées.
Casuarina.
Mtkicees.
Myrica.
BÉTULINtES.
Bouleau.
CCJPULIFÂRES.
Chêne.
Ju6LAHDiES.
Noyer»
Saucimèes.
Saule.
Balsamifluées.
Liquidambar
Platanées.
Platane.
ÂBT0CA1PEE8.
Artocarpe,
MORÉBS.
Mûrier.
Ceî.tidées.
Celtis.
Ubticébs.
Ortie.
Cannabinees.
Chanvre.
CÉEAT0PHTLLÉE8.
Comifle-
Chlobanthacées.
Chloranthe.
P1PÉBACÉE8.
Poivrier,
Saububéeb.
Saurure.
FLOUS! ANTHÉES.
(Fleurs complètes.)
* 1-2
OVULES AXILES.
Antidesmées,
Antidesma.
Scépacées
Scépa.
Pébacées.
Péra.
Eupoorbiacées.
Croton.
ElIPÉTBéES.
Camarine.
'* OVULES NOMBREUX ORDINAIREMENT
PARIÉTAUX.
Lacistémées.
Podostémées.
Datiscees.
Lacistéma.
Podostéwon.
Datisra.
BÉGONIACéES.
CnCUBBITACÉES.
Papatacées .
Pangiacées.
Népbnthées.
Bégonia.
Concombre.
Papayer.
Hydnocarpe.
Népenthès.
RHIZANTHÉES.
(Fleurs parasites sur les racines des autres
plantes).
Balanophobèes. Bcdanophore.
Apodanthées, Apodanthe.
Cytinees. Cytinet.
Rafflésiacées. Rafflésia.
Htdnoracees Hydnore.
APÉTALES.
GYNANDRES.
(Étamines faisant corps avec le pistil).
Aristolochièes. Aristoloche.
l
>ÉRIGYNES.
Santalacées.
Santal.
Olacinbes.
Olax.
LOBANTHACÉRR.
Loranthe.
Protéacàes.
Protée.
Eléagnees.
Chalef.
Thymélles.
Daphné.
Aquilarinées.
Aquilaire
Pén^acees.
Pénœa.
MONIMIEES.
Monimia.
Atherospfrmees.
Athérosperma.
Laurixees.
Laurier.
Gyrocarpées.
Gyrocarpe.
CYCLOSPERMÉES.
(Planlule
recourbée en anneau )
POLYGONÉES.
Renouée.
Phytolaccèes,
Phytolacca.
Nyctaginébs.
Nyctage.
Amarantacées.
Amarante.
Atriplicées.
Chénopode.
Basellées.
Baselle.
Tétragoniées.
Tétragonie.
portulacées.
Paronycbiées.
Caryopiiillkes.
El ATI NI ES.
POLYPÉTALES.
CYCLOSPERMÉES.
Pourpier.
Paronyque.
Silène.
Elaline.
\)
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G:>
TA XO NO MIE.
Frakkémiacées.
RÉAUMURI AGEES
Tamariscinées.
Sauvagfsiées.
Violacées.
GiSTINÉES.
BniNEES.
RÊSÉD ÂGÉES.
Capparidées.
Crugifères.
fumari âgées.
Papaveracees.
Sarragéniées.
Droséragees.
HYPOGYNES.
PLEUROSPERMÉES.
(Placentation pariétale).
Frankénie.
Réaumuria.
Tamarix
Sauvagésia.
Violette.
Ciste,
Bixa.
Réséda.
Câprier.
Giroflée.
Fumeterre,
Pavot.
Sarracénie.
Dr oser e.
CHLAMYDOBLASTÉES.
(Plantule enveloppée par le sac embryonnaire
épaissi en albumen]^interne).
Nymphoeagees. Nénuphar.
Nelombonées. Nélombo.
Hydropeltidées. Cabomba.
h
lXOSPERMÉES.
(Placentation axile).
ReNONCUL AGEES.
Renoncule.
DiLLENlAGEES.
Dillénia.
Magnoliagées.
Magnolia.
Anonagées.
Anona.
Mtristigées.
Muscadier.
Schizahdrees.
Schizandre.
Berbéridées.
Berbéris.
Lardizabalées.
Lardizabala.
Mékispermees.
Cissampelos.
Coriariées.
Coriaire.
Oghnagées.
Ochna.
SiMARUBEES.
Quassia.
Zanthoxtlées.
Zanthoxylon.
DlOSMÉES.
Diosma.
RUTACÉES.
Rue.
Zygophyllées.
Fabagelle.
OXALIDEES.
Oxalis.
VlVIANIÉES.
Viviania.
LiNÉES.
Lin.
LlMNAMTHÉES.
Limnanthès.
Teopobolées.
Capucine.
Balsaminées.
Balsamine.
Gërantagées.
Géranium.
Malyacéis.
Mauve.
BOHBACÉSS.
Bombax.
Stbrguuacées.
Sterculier.
Buttnérucées.
Buttnéria
TiLI ÂGÉES.
TUleul.
HUHIRIAGÉES*
Humirium.
Chlobnacéës.
Sarcolœna.
Ternstrobmucées
Ternstroemia.
DiPTÉROGARPEEB.
Diptérocarpe.
Rhizobolées.
Caryocar.
GUTTIFÈRIS.
Clusia.
MARGGRAVIACÉEt.
Marcgravia.
Hypérigihees.
Millepertuis.
Vochysiées.
Vochysia.
Trévandrees.
Trémandra.
Polygalées.
Polygala,
Sa PIN D ÂGÉES.
Savonier.
HiPPOGASTANÉES.
Marronnier d*!nde
jVgérinees.
Erable.
MàLPIGHI AGEES.
Malpighia.
Érythroxylèes.
Erythroxylum.
MÉLI ÂGÉES.
Mélia
Cédrelées.
Cédréla.
Hesperidées.
Citronnier.
Burséragées.
Burséra.
PÉRIGYNES.
AXOSPERMÉES EXALBUMINÉES.
(Graines
axiles sans albumen).
GONNARAGÉES.
Connartts,
Spondiacées.
Spondias,
Anagardiacées.
Acajou.
Papilionagees.
Pois.
G.ESALPIMIÉES.
Cœsalpinie.
MlMOSÉES.
Acacia.
Ghrysobalanees.
Chrysobalane.
Amygdalebs.
Amandier,
Spir^agées.
Spirée,
Dryadees.
Fraisier.
Neuradées.
Neurada.
Rosacées.
Rosier.
Pou AGEES.
Poirier.
Galycanthées.
Calycanthe.
Gramatées.
Grenadier.
Myrtagres,
Myrte.
Lécythidees.
Lécythis.
Lythrariées.
Salicaire.
Mélastomacees.
Mélastome.
Mémécylées.
Mémécyle.
Napoléonées.
Napoléone.
Rhizophorées.
Rhizophore.
GoMBRÉT ÂGÉES.
Combrétum.
Halor âgées.
Haloragis.
Onagrariées.
Onagre.
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TAXONOMIE.
1
MONOTROPÉES.
Monotrope.
PLEUROSPERMÉES.
Sttracees.
Styrax.
LOASBBS.
Loasa.
Jasminees.
Jasmin.
HOMALIMÉES.
Homalium.
Oleinees.
Olivier.
TUINÊRACÈRH.
Turnéra.
Iucihëes,
Houx.
Samtdées.
Samyda.
Ebénacées.
Diospyros.
MORINGEES
Moringa
Sapotees
Sapotillier
Malesherbiébs.
Malesherbes.
.£gicerle9.
Œgicéras.
Passiflorées.
Passiflore.
Mtrsinees.
Myrsine.
RiBÊSUCEES.
Groseillier.
Primulacees.
Primevère
Cactées.
Cactus.
Plombaginebs.
Dentelaire
MÉSEMBRT ANTHÉM EES .
Fico'ide
Plantagikees.
Plantain
(>;)
AXOSPERMËES ALBUMINÉES.
(Graines ailles pourvues d'un albumen).
ClASSULACÉES.
Crassule.
CtPHALOTiES.
Cephalotus,
Francoacées.
Francoa.
Saxifragées.
Saxifrage.
Htdrakgéacées.
Hortensia
CuifONIACÉES.
Cunonia.
EsCALLOintES.
Escallonia.
Philadslphées.
Seringat.
Hamameudées.
Hamamélis,
Alangiees.
Alangium.
Cornées.
Cornouiller.
Garrtacèes.
Garrya.
GUNNÉRACÉES.
Gunnéra.
Araliacébs.
Aralie.
OMBBLUFÈRBf.
Fenouil.
Brufiacéu.
Brunia,
PÉRl-HYPOGYNES.
(Insertion soit périgyne soit hypogjne,
souvent ambiguë).
Stackhoosiées.
CHAnXÉTUCÉES.
Rhamiiées.
Ampéudéss.
HiPPOCRATÉACÉES.
Célastrinées.
Stapbtléacées.
icacinêes.
Pittosporees.
Stackhousia,
Cliaillétia.
Nerprun.
Vigne.
Hippocratéa.
Célastre.
Staphylier.
Icacina.
Pittospore.
MONOPÉTALES.
SEMI-MONOPÉTÀLÉES.
(Pétales libres dans quelques-unes).
'Ëricacees. Bruyère.
Vacciniébs.
RhODOR ÂGÉES.
Epacridées.
Ptrolacées.
Airelle.
Rhododendron
Epacris,
Pyrole.
EU-MONOPÉTALÉES.
(Corolle toujours nettement monopétale et
staminifère.
HYPOGYNES.
ANISANDRÉES.
(Ëtamines 4, dissemblables, ou 2 par
avortement).
Utriculariées.
Utriculaire.
Globulariebs.
Globulaire.
Selaginées.
Sélago.
Mtoporinees.
Myopore.
Stilbinées.
StUbé.
Verbemacees.
Verveine.
Labiées.
Lamier.
ACANTHACÉES.
Acanthe.
Pedalinees.
Pédalium.
BlG.NONI AGEES.
Bignonia,
Crescentiees.
Cale.bassier
Cyrtandracees.
Cyrtandra.
Gesneriacees.
Gesnère.
OROBANCHtES.
Orobanche.
Antirrhinebs.
Muflier.
ISAN^DRÊES.
(Ëtamines semblables, en nombre égal à celui
des divisions de la corolle).
SOLANÉES.
M or elle.
Cestrinées.
Cestreau.
NOLANEES.
Nolane.
BORRAGINEES.
Bourrache.
Ehretiacees.
Ei.rétia.
CoRDIACiiBS.
Cordia.
Hydrophtllees.
Hydrophylle
Hydroleacees.
Hydroléa.
Polemokiacées.
Polémoine.
Dichondracées.
Dichondra.
COHVOLVULACÉES.
Liseron.
Gentianées.
Gentiane.
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6V
TAXONOMIE.
asclépiadées.
Apogtnees.
logamiacées.
Ascl épias.
Àpocyn.
Lo ganta.
PÉRIGYNES.
rubiacées.
Caprifoliacees.
columelliacées.
Garance.
Chèvrefeuille.
Columellia.
Valerianees.
Valériane.
DiPSACEES.
Cardère.
Sphenocléacébs.
Sphénocléa.
Campandlacf.es.
Campanule
LOBLLIACEES.
Lohélie.
GOODENI AGEES.
Goodénia.
Brunoniacees .
Brunonia.
Sttudiées.
Stylidier.
Calycerees.
Calycéra.
Composées.
Chardon,
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HISTOIRE
DES FAMILLES
PHANÉROGAMES
OU COTYLÉDONÉES
Organes reproducteurs évidents ^ constitués par des et aminés et des
ovules 'j plantule composée de plusieurs parties distinctes.
DICOTYLÉDONES
Plantule à deux cotylédons opposes ou à cotylédons verticillés. Tige à faisceaux
fibro-vasculaires formant un cylindre autour d'une moelle centrale, séparable en une
zone interne ligneuse et une zone externe corticale ; accroissement par des couches con-
eentriques.
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66 HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille V\ — COMPOSÉES.
(Composées, de Vaillant. — Synanthérées, de L. C, Richard],
CARACTÈRE. — Inflorescence en capitule; réceptacle commun^ entouré d'un involucre;
Càlyce à tube adhérent à l'ovaire; Corolle épigyne monopétale; Étamines 5 {rarement 4);
anthères soudées en tube par leurs bords; Ovaire infère^ uniloculaire, uniovulé; ovule dressé.
AkèN£; Graine dressée, plantule dicotylédonée, exalbuminée, radicule infère.
Les Composées^ dont on connaît aujourd'hui plus
de neuf noille Espèces, constituent la dixième partie
du règne végétal, et devraient peut-être fonner
une Classe plutôt qu'une Famille; cependant, le
type qu'elles présentent est si nettement carac-
térisé, que, malgré leur énorme supériorité nu-
mérique sur les autres groupes naturels, on a
conservé à leur ensemble le nom de Famille.
Ces plantes sont, pour la plupart, des Herbes
généralement vivaces; quelques-unes sont ligneuses,
quelques autres, en petit nombre, sont des arbres
de grande taille. — Les feuilles sont ordinairement
alternes, de forme très-variée, et dépourvues de sti-
pules. — Les capitules offrent dans leur ensemble
une inflorescence définie, et sont disposés en co-
rymbe, ou en cyme , mais chacun d'eux en parti-
culier est indéfini, comme le montre l'évolution
des fleurs, dont les plus extérieures s'ouvrent les
premières. Pour bien comprendre cette inflores-
cence, il faut voir dans chaque capitule un épi aplati,
dont l'axe primaire s'est refoulé sur lui-même de
haut en bas, et a gagné en épaisseur ce qu'il a
perdu en longueur. Dans un épi normal, chaque
fleur naît à l'aisselle d'une bractée, et dans cet épi,
ramassé en capitule, les bractées devraient être en
même nombre que les fleurs^ et situées en dehors
(c*niaw"a"cv*an»M.) ^® chacunc d'cllcs. Mals l'état normal est troublé
par des avortements résultant de la compression des
fleurs a^lomérées; les bractées les plus extérieures, disposées en une ou plusieurs séries pour
former un involucre, appartiennent aux fleurs de la circonférence du capitule; les fleurs du
centre ont pour bractées des écailles, des soies, ou même de simples /?oï75, lesquelles bractées,
souvent, en raison de leur position centrale, ne se développent pas. Voilà pourquoi le réceptacle
commun, ou pédoncule ramassé, qui porte les fleurs du capitule, est tantài pailleté, c'est-à-
dire chaîné d'écaillés ou paillettes séparant les fleurs, comme dans les Camomilles: tantôt
sétifère, c'est-à-dire chargé de soies, comme dans le Bleuet: tantôt alvéolé, c'est-à-dire creusé
de petites alvéoles, dont le fond est occupé par les fleurs, que séparent ainsi des lames de
forme diverse, représentant des bractées, comme on le voit dans VOnopordon: tantôt, enfin,
absolument nu, comme dans le Pissenlit,
Dans la plupart des cas, les fleurs d'un même capitule sont toutes stamino-pistillées
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COMPOSÉES. 67
(Bleuet, fig. 96, Pissenlit), mais, dans beaucoup d'autres, les fleurs de la circonférence
sont pistillées {Chrysanthème, fig. 103), ou même neutres, par avortement du pistil et des
étamines, comme on le voit dans les fleurs qui couronnent si élégamment le capitule du Bleuet;
quelques autres Plantes ont dans un même capitule des fleurs staminées au centre, et des
fleurs pistillées à la circonférence : tel est le Souci; enfin, il en est dont les capitules sont,
les uns entièrement composés de fleurs staminées, les autres entièrement composés de fleurs
pistillées, tantôt monoïques, tantôt dioîques.
Le calyce, dont le tube adhère à Tovaire et se confond avec lui, offre un limbe dont les
modifications très-variées fournissent d'excellents caractères pour la distinction des Genres.
11 est complètement eff*acé ou nul dans la Chrysanthème, (fig. 80) ; il forme un godet ou une
couronne dans la Camomille des champs et la Tanaisie; il se développe en arêtes, ou dents,
ou écailles, ou paillettes, dans le Tagete, le Bidens, V Hélianthe, (fig. 81), la Chicorée; souvent
enfin il dégénère en soies capillaires, formant une aigrette; ces soies sont lisses dans la
Laitue, scabres dans le Chardon , plumeuses dans le Salsifis, unisériées dans la Carline^
bisériées dans le Bleuet (fig. 96); Taigrette esisessile dans le Chardon, stipitée dans le
Pissenlit (fig. 82), parle tube du calyce prolongé en bec au-dessus de Tovaire.
La corolle est, ou régulière tubuleuse, à limbe ofl'rant quatre ou cinq divisions, dont la pré-
floraison est valvaire ; ou irrégulière, soit bilabiée, soit fendue du côté interne, de manière à
constituer un limbe en languette, enroulé en cornet à sa base, et denté à son extrémité. Les
nervures offrent une disposition remarquable : il y en a dix qui, dans le tube de la corolle,
sont réunies par paires, de manière à alterner avec les pétales ; arrivées au point où ces
pétales deviennent libres, les nervures se séparent ; chacune d'elles borde le lobe de la corolle
qui lui correspond, et vient, au sommet de ce lobe, se joindre à la nervure du bord opposé.
Les corolles tubuleuses sont nommées fleurons (fig. 96); les corolles ligulées sont nommées
demi' fleurons (fig. 103).
Les étamines sont insérées sur le tube de la corolle, et alternes avec ses divisions ; les filets
sont ordinairement libres, et off'rent une articulation au-dessous de Tanthère ; les anthères
sont biloculaires, introrses, soudées par leurs bords en un tube qui engaine le style ; elles
se prolongent ordinairement en appendice à leur sommet, et elles se terminent en fer de
flèche àleur base (Chardon, fig. Ii6). Dans un très-petit nombre de Composées monoïques,
(Xanthium, Ambrosia), les anthères sont libres de cohérence.
Le pistil se compose d'un seul carpelle ; Fovaire est à une seule loge, uniovulée; mais on
observe dans sa cavité deux petits filets, qui partent de la naissance du style, descendent en
longeant Fovule sans y adhérer, et se réunissent au micropyle. Ces deux filets que Ton peut
considérer comme un tissu conducteur transmettant à Tovule Faction du pollen, permettent
de supposer que Fovaire des Composées est formé de la soudure de deux carpelles.
Le style est filiforme, et se divise en deux branches dans les fleurs pistillées et les fleurs
stamiuo-pistillées; il reste complètement indivis quand il appartient à des fleurs staminées,
comme on peut le voir chez le Souci. Dans les fleurs stamino-pistillées, les branches du style
sont munies de papilles stigmatiques, formant des lignes marginales sur leur face interne, et
de poils collecteurs situés sur leur face externe, ou à leur sommet (Bleuet, (fig. 96), Pissenlit).
— Avant l'épanouissement, le style est beaucoup plus court que les étamines : mais, à Fépoque
de la fécondation , il grandit rapidement, et monte dans le cylindre creux formé par les
anthères; celles-ci s'ouvrent à Fintérieur du cyhndre par deux fentes longitudinales; les poils
collecteurs enlèvent le pollen, puis se montrent, chargés de cette précieuse poussière, au-dessus
du tube qu'ils viennent de balayer dans toute sa longueur. Mais le pollen ne sert pas à féconder
la fleur qui Fa fourni; il tombe sur les fleurs situées en dehors de la sienne, qui avaient
déjà écarté les branches de leur style. La fleur qui a fécondé ses aînées, étale à son tour ses
papilles stigmatiques, et reçoit le poUen enlevé par les poils collecteurs de sa voisine, plus
jeune qu'elle de quelques heures.
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68 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les fleurs pistillées sont dépourvues de poils collecteurs, qui leur seraient inutiles puis-
qu'elles n'ont pas d'anthères ; mais elles sont munies de papilles stigmatiqucs : c'est ce qu'on
peut observer sur les demi-fleurons des Chrysanthèmes (fig. i03).
Les fleurs staminées n'ont pas de papilles stigmatiques, mais leur style est pourvu de poils
balayeurs. Le Souci offre un exemple , facile à observer , de cette double organisation : il
porte au centre de son capitule des fleurs staminées, et, à la circonférence, des fleurs
pistillées. Quant aux fleurs neutres^ dont le pistQ et les étamines sont nuls, ou à l'état
rudimentaire, l'on n'y observe ni papilles stigmatiqucs, ni poils collecteurs.
Cette solidarité, qui lie les fleurs des Composées^ et assure le succès de leurs fonctions
reproductrices , se rattache évidemment, soit comme principe , soit comme conséquence, à
leur agglomération; on peut donc, sans faire une comparaison exagérée, regarder le capitule
comme une cité, dont les habitants, resserrés sur un étroit espace, ont constitué une véri-
table société d'assistance mutuelle , ayant pour but la conservation de l'Espèce. Or, si pour
les Plantes, comme pour les Animaux, et surtout pour l'homme, V association est un indice
de supériorité, il faut ajouter le fait physiologique que nous venons d'indiquer, aux conditions
qui placent les Composées à la tête des Familles, comme étant les Plantes les plus parfaites,
et, en quelque sorte, les plus civilisées au règne végétal.
Cette prééminence de la Famille des Composées est confirmée par les ressources variées
que leur fournit la Nature pour la dispersion de leurs fruits. Ces fruits, qui ne renferment
qu'une seule graine, et dont le nombre est considérable, sont, pendant qu'ils mûrissent,
enveloppés et protégés par les bractées de l'involucre ; mais , à leur maturité , il faut qu'ils
puissent se dégager de cet involucre et se disperser à distance. Or, chaque Genre de la
Famille des Composées présente la combinaison de certains détails de structure, qui facilitent
la dissémination. Tantôt le rameau portant le capitule s'allonge après la floraison, de manière
que le capitule est exposé, par son élévation aux moindres agitations de l'air : c'est ce qu'on
observe dans le Chevreulia rampant, dont le rameau florifère, d'abord presque nul , s'allonge
de cinq pouces à la maturité. Tantôt, comme dans la Carpésie, le Tussilage pas -d* âne, ce
rameau se penche assez pour que l'involucre , dont la cavité regardait d'abord le ciel , soit
dirigé vers la terre, et que les fruits puissent s'en échapper par les seules lois de la pesanteur.
Dans d'autres Composées, telles que la Camomille et la Pâquerette, c'est le réceptacle
commun, qui, d'abord plan, devient convexe et même conique, et fait tomber lui-même les
fruits dont sa surface était couverte. Le réceptacle commun des Onopordes est creusé de
petites alvéoles, qui, en se desséchant à la maturité, expulsent par leur rétrécissement les
fruits qu'elles renfermaient. C'est principalement dans les Genres à fruit lisse que cette
pression s'exerce avec succès. Si l'akène est garni de longs poOs appliqués à sa surface , ces
poils, par leur dessiccation, se hérissent, s'appuient sur les paillettes du réceptacle commun
ou sur les bractées de l'involucre , et soulèvent l'akène enchâssé dans l'alvéole. Dans quelques
Genres, l'akène est bordé de membranes ; alors il off^re au vent de larges surfaces, et peut être
transporté à des distances considérables.
De tous les moyens de dissémination, le plus efficace est l'aigrette, qui couronne le fruit
dans un grand nombre de Composées, et qui n'est autre chose qu'un limbe calycinal réduit à
sa plus simple expression. Dans les genres qui en sont pourvus, on a remarqué que l'involucre
a des bractées longues, imbriquées, serrées, qui se referment sur les akènes pour les protéger
et favoriser leur maturation. Chez les uns, ces bractées s'abaissent d'elles-mêmes, et les fruits
épanouissentlibrement leurs aigrettes; chez les autres, l'involucre reste clos, et fait d'abord
obstacle à la sortie des fruits ; mais bientôt les poils des aigrettes, qui étaient dressés et réunis en
fuseau quand ils étaient humides, s'étalent avec énergie en se desséchant, écartent les brac-
tées de l'involucre, s'appuient même sur elles en prenant la direction horizontale , et soulèvent
Fakène qui leur est suspendu : cet akène, que le moindre vent peut enlever, est longtemps
soutenu dans les airs, comme une nacelle par son parachute, et va au loin reproduire la
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-, !
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PLI.
( Loh^lii
(RenoncnJacée«)
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COMPOSÉES, 69
Plante qui lui a donné naissance. On peut observer ce phénomène chez beaucoup de
Composées de nos cUmàts , et notamment dans le Pissenlit^ dont les aigrettes sont portées
sur un long col , et offrent ainsi plus de prise au vent que les aigrettes sessiles.
Enfin, il faut mentionner, parmi les moyens de dissémination, la forme crochue des
bractées de Certains involucres, tels que ceux de la Bardane et de la Lampourde; les capitules
de ces Plantes s'accrochent aux Animaux, qui les transportent çà et là, et deviennent à leur
insu les agents d'une dissémination, souvent nécessaire à leur existence.
Ce n'est pas que les autres Familles aient été moins favorablement traitées par la Nature ,
en ce qui concerne la dispersion de leurs graines ; mais il n'en est aucune où les moyens
qui facilitent cette dispersion soient plus variés que dans la Famille des Composées.
Les fleurs d'un grand nombre d'Espèces de cette Famille, et surtout celles qui sont confor-
mées en languettes, s'ouvrent et se ferment à certaines heures de la journée. Ces phénomènes
réguliers de veille et de sommeil (que nous mentionnerons chez quelques autres Familles),
avaient fourni à Linné l'idée d'établir une Horloge de Flore, Ainsi le Pissenlit s* éveille ^ c'est-
à-dire ouvre ses fleurs à six heures du matin, et s'endort, c'est-à-dire ferme ses fleurs à neuf
heures du matin ; la Crépide des toits s'éveille à cinq heures du matin et s'endort à midi ; la
Laitue cultivée s'éveille à sept heures du matin, et s'endort à dix heures ;V£pervièrepiloselle
s'éveille à neuf heures du matin, et s'endort à trois heures de l'après-midi ; le Souci des
champs s'éveille à neuf heures du matin, et s'endort à trois heures de l'après-midi. Mais une
telle horloge, dans nos climats variables, avance ou retarde bien souvent.
Chez quelques autres Plantes de la Famille des Composées, la veille ou le sommeil, au
lieu de se régler sur le soleil, dépendent des vicissitudes atmosphériques, et les annoncent
même plusieurs heures d'avance, de sorte qu'on pourrait établir sur les habitudes de ces
Végétaux, si elles étaient bien régulières, un Baromètre de Flore, Ainsi le Laitron de Sibérie,
fermé le soir, présage une journée sereine, et si ses fleurs sont ouvertes, il pleuvra le lendemain;
le Souci pluvial , fermé le matin, annonce un jour pluvieux. Mais on a remarqué que cette
plante se trompe quand l'atmosphère est chargée d'électricité, et que sa fleur reste ouverte
pendant les pluies d'orage.
CLASSIFICATION. — Tournefort avait séparé les Composées en demi'flosculeuses,ce\ïes
où le capitule est entièrement composé de fleurs à corolle ligulée, ou demi- fleurons; flosculeuses,
celles où le capitule est entièrement composé de fleurs à corolle tubuleuse, ou fleurons, et
radiées, celle où le réceptacle commun porte à sa circonférence des demi-fleurons qui
rayonnent au dehors, et sur tout le reste de sa surface des fleurons, qui figurent un disque
entouré par des rayons,
Cassini, Lessing et De CandoUe sont, parmi les botanistes modernes, ceux qui ont jeté le
plus de hmiière sur cette vaste Famille ; nous suivrons la classification adoptée par De Can-
doUe dans son Prodrome, et par Endlicher dans son Gênera, Cette classification partage les
Composées en trois grandes séries : 1* les Liguli flores, qui ont la corolle ligulée, et répondent
aux demi'flosculeuses ; ^ les Labiati flores , dont les corolles, irrégulières comme celles des
Liguliflores, se partagent en deux lèvres, l'une tournée en dedans, et formée d'une ou deux
divisions; l'autre tournée en dehors et formée de quatre ou troL^ divisions : ces Plantes, toutes
exotiques, étaient inconnues des anciens botanistes ; 3* les 7 ubuli flores, dont les capitules
sont, ou entièrement composés de fleurons, ou pourvus, à la circonférence, de demi-fleurons,
et qui répondent aux flosculeuses et aux radiées de Tournefort.
Ces trois Sous-Familles sont partagées en huit Tribus, lesquelles sont divisées et sub-
divisées, comprennent plus de huit cents Genres. Nous nous contenterons d'exposer les carac-
tères des Tribus, et d'indiquer les principaux Genres.
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70
HISTOIRE DES FAMILLES.
Sous-Famillb 1. — TUBULIFLORES. — Corolle des fleur» complètes lubuleuse,
régulière, à cinq ou quatre dente.
Tribu i. — VERNONIACÉES. — Stjle des fleurs complètes cylindrique, à branches hérissées
de poils longs; lignes ou bandes des papilles stigmatiques , s'arrètant au-dessous de la partie
moyenne des branches du style.
Vernonia.
Vernome.
PECTIS.
Pectis.
Tribu 2. — EUPATORIACÉES. — Style des fleurs complètes cylindrique^ à branches allongées,
presque en massue, duvetées papilleuses en dehors dans leur partie supérieure; bandes stigmatiques
peu saillantes, s'arrètant ordinairement au-dessous de la partie moyenne des branches.
EuPATOiRE. Eupatorium. \ Tussilage. TussUago.
Tribu 3. — ASTÉROIDÉES. — Style des fleurs complètes cylindrique, à branches linéaires,
un peu planes en dessous, finement duvetées de poils courts dans leur partie supérieure; bandes
stigmatiques saillantes, s'étendant jusqu'à Forigine des poils extérieurs.
AsTiftE.
Aster.
CONYZfi.
Conyza,
Vergebette.
Erigeron,
Baccharu>e.
Baccharis.
Paquerolle.
Bellium.
MiCROPE.
Micropus.
Pâquerette.
Bellis.
Inule.
Inula.
SOLU)AGE.
Solidago.
BUPHTHALME.
Buphtkalmum
Chrysocomb.
Chrysocoma,
Dahlia.
Dahlia.
Tribu 4. — SÉNÉCIONIDÉES. — Style des fleurs complètes cylindrique, à branches tantôt
terminées en pinceau, tantôt prolongées au delà du pinceau en appendice ou en cône; bandes
stigmatiques un peu larges, saillantes, prolongées jusqu'au pinceau ou jusqu'à l'origine de
l'appendice.
SlLPHŒ.
Silphium.
Achillee.
Achillea.
Lampourde.
Xanthium,
DiOTIS.
Diotis.
Ambrosie.
Àmbrosia*
Santouke.
Santolina.
ZlRHIS.
Zinnia.
Matricairb.
Matriearia.
Rudbeckie.
Rudbeckia.
Ptràtarb.
Pyrethrum.
Caluopsis.
Calliopsis.
Chrysanthème.
Chrysanthemum
COREOPSIS.
Coreopsis,
Armoise.
Artemisia.
Hélianthe.
Helianthus.
TA5AISIE.
Tanacetum.
BiDENT.
Bidens
Hélichryse.
Helichrysum.
Cosmos.
Cosmos.
Gnaphale.
Gnaphalium.
Spilahthe.
Spilanthes.
Arnica.
Arnica.
Tagéte.
Tagetes.
DORONIC.
Doronioum.
Helenib.
Helenium.
Cacalib.
Cacalia.
Camomille.
Anthémis.
Senbçon.
Senecio.
Tribu 5. — CYNARÉES. — Style épaissi au sommet en nœud souvent muni d'un pinceau, à
branches réunies ou libres, duvetées extérieurement ; bandes stigmatiques confluentes au sommet des
branches.
Souci.
Calendula.
Cardoncblle.
Carduncellus
Gazanie.
Gazania.
SlLYBE.
Silybum.
Échinope.
Echinops.
Onoporde.
Onopordon.
Immortelle.
Xeranthemum.
Artichaut.
Cynara.
Arctione.
Arctium.
Chardon.
Carduus.
Carlike.
Carlina.
CiRSE.
iArstutn.
Centaurée.
Centaurea.
Bardane.
Lappa.
Carthame.
Carthamus.
Sarrète.
Serratula.
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COMPOSÉES
71
Sous-Famillb 2. — LâBIâTIFLORES. — Corolle des fleurs complètes ordinairement
bilabiée.
Tribu 6. — MUTISIACÊES, — Style des fleurs complètes cylindrique ou presque noueux supé-
rieurement , à branches ordinairement obtuses ou tronquées^ très-convexes en dehors, finement
duvetées à la partie supérieure, de poils égaux, rarement nuls.
MUTUI.
MtUisia.
I Chaptaub.
Chaptalia.
Tribu 7. — NASSAU VI ÂGÉES. — Style des fleurs complètes, jamais noueux, à branches demi-
cylindriques, tronquées, terminées en pinceau.
TuPTIUOlf.
TriptUion.
I MOSCHAIRE.
Moscharia.
Sous-Famillb 3. — LIGULIFLORES. — Fleurs toutes complètes, à corolle liguîée.
Tribu 8. — CHICOR ÂGÉES. — Style cylindrique à branches filiformes, presque obtuses, éga-
lemeot duvetées ; bandes stigmatiques cessant auKlessous de la partie moyenne des branches.
SCOLTVE.
Scolymus,
PiGRIS.
Picris.
Lampsaxb.
Lampsana.
Helminthie.
Helminthia.
HrosiRis.
Hyosens.
Laitue.
Lactuca.
Chicorée.
Cichorium,
Chondrillb.
Chondrilla.
PoiCELLE.
Hypochœris,
Pissenlit.
Taraxacum.
Seriolb.
Seriola.
Grepide.
Orepis,
LiOICDRNT.
Leontodon,
Laitron.
Sonchus.
Geropogor.
Gêtopogon,
PRÉIfARTHE.
Prenanthes.
Salsifis.
Tragopogon.
ÉPERViiRB.
Hieracium,
ScOR20XftRI«
Soorzonera,
AlfDRTALE.
Andryala.
AFFINITÉ. — Il est peu de familles qui, par Fensemble de leurs organes reproducteurs,
se rapprochent du type nettement caractérisé que présentent les Composées. La petite Fa-
mille desGALTCÉRÉES oflnpe avec elle une grande analogie, en ce qui concerne Tinflorescence
et la structure particulière des fleurs ; elle en diflere en ce que la graine, au lieu d'être dressée
au fond de rovaire, est suspendue à son sommet; que la plantule est incluse dans un albunnen
charnu; que la radicule est supère, et que le style, toujours indivis, est terminé par un stig-
mate en tête. Viennent ensuite les Dipsàcées, dont la plupart rappellent les Composées par
leur inflorescence en capitule involucré, où Ton voit même souvent les fleurons de la circonfé-
rence se déjeter à Textérieur comme dans les Composées radiées, mais qui en différent par la
préfloraison imbriquée de la corolle, par les anthères libres, par la présence d'un involucelle
entourant chaque fleur, par Tovaire n'adhérant au calyce qu'à la partie supérieure, par la
graine pendante et albuminée.
L«s Valérianées, voisines des Dipsagées, se rapprochent des Composées par leur limbe
calycinal dégénérant en dents, en écailles, en aigrette, et par leur graine sans albumen; elles
s'en éloignent parleur inflorescence, leurs anthères libres, leur ovaire, normalement trilocu-
laire, et leur graine pendante. Les Campantjlàcées, voisines des Composées sous quelques
rapports, offrent par leur ovaire, à plusieurs loges multiovulées, un type éloigné de la sim-
plicité qu'on observe dans les trois Familles que nous venons de comparer.
G ÉOG RA PH lE. — Les Composées se rencontrent dispersées par toute la terre ; toutefois
leur nombre diminue beaucoup vers les pôles, et un peu vers l'équateur. Elles habitent prin-
cipalement les régions tempérées et chaudes, surtout les lies situées près des tropiques, et la
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7à HlSTOlHi; DES FAMILLES.
partie des continents voisine des rivages de la mer. C'est T Amérique qui produit le plus grand
nombre de leurs Espèces ; les herbes croissent dans les climats tempérés et froids ; les arbris-
seaux dans les régions plus chaudes ; les arbres se rencontrent dans les îles intertropicales et
antarctiques. Les Tubuliflores sont plus nombreuses entre les tropiques; les Liguli-
FLORES, dans les régions tempérées de Thémisphère boréal; les Labiatiflores vivent
toutes au delà du Cancer, et sont fort rares hors de l'Amérique, où elles abondent entre
réquateur et le Capricorne. Quelle que soit d'ailleurs la localité des Espèces constituant cette
Famille, il en est très^peu qui soient indistinctement disséminées à la surface du globe ; malgré
les tentatives qu'on fait tous les jours pour les établir dans des contrées autres que leur terre
natale, elles refusent de s'acclimater, et la culture seule peut leur faire accepter momentané-
ment une nouvelle patrie,
ESPÈCES PRINCIPALES. L'immense Famille des Composées fournit à l'homme,
pour son agrément comme pour ses besoins, un grand nombre d'Espèces : nous allons les
énumérer rapidement^ en commençant par les plus utiles.
Les Tubuliflores radiées comprennent des plantes dans lesquelles un principe amer
est ordinairement combiné avec une résine ou une huile volatile, combinaison à laquelle
vient souvent se joindre, dans la racine, un principe analogue à la fécule, et nommé par les
chimistes Inuline (parce qu'on l'a d'abord observé dans les 1 nu les). Selon les proportions
réciproques de ces diverses matières, certaines Espèces sont douées de vertus médicinales
différentes : les unes sont toniques (on donne ce nom à toute substance qui tend à augmenter
l'énergie et la force de résistance vitale dans les organes du corps humain); d'autres sont
excitantes ou stimulantes, c'est-à-dire qu'elles possèdent la propriété de stimuler puissamment
le tissu des organes, de manière à augmenter l'activité et la rapidité de leurs fonctions;
quelques autres enfin sont astringentes, c'est-à-dire qu'elles exercent sur les tissus vivants
une action qui les resserre, les dessèche, les durcit, les tanne en quelque sorte.
Le grand Genre Armoise (Artemisia) , qui est représenté dans le monde entier par des
Espèces difTérentes, fournit à l'homme des médicaments amers-aromatiques, dont les pro-
priétés stimulantes ont été célébrées dans la plus haute antiquité. La Grands Absinthe
(Artemisia Absintkium), la Petite Absinthe [A. pontica), qui sont des Plantes indigènes;
l'AuRONB ou CiTRONELLE (A. Abrotanum), herbe originaire d'Orient, et cultivée dans nos
jardins, sont connues de tout le monde à cause de leur arôme pénétrant; elles doivent leurs
vertus à un principe amer cristallisable, à un acide de nature particulière, et à une huile vola-
tile. Ces Espèces, et surtout la première, maniées par des mains habiles et prudentes, sont
toniques, fébrifuges, stomachiques, c'estr-à-dire qu'elles stimulent les fonctions de l'estomac;
on les administre, en outre, avec succès, pour la destruction des vers intestinaux. L'Auronb
est aussi employée fréquemment pour aromatiser le vin doux. L'Armoise vulgaire
{Artemisia vulgaris) possède un arôme beaucoup moins prononcé, mais on y trouve , plar
compensation, une résine et une huile fixe, qui lui donnent des propriétés astringentes.
Quelques médecins allemands préconisent sa racine contre le mal caduc ou épilepsie. — Dans
l'EsTRAGON (A. dracunculus), herbe originaire de l'Asie, et cultivée par toute l'Europe,
dominent une huile volatile et une résine acre ; le principe amer s'est porté sur la racine : on
l'emploie comme assaisonnement, surtout allié au vinaigre. — Le Génipi blanc (A, mutel-
lina)y qui croît dans les Alpes, tient le milieu pour les propriétés entre I'Absinthb et
l'EsTRAooN. On prépare en Suisse avec cette Plante, ainsi qu'avec ses congénères^ le
Génipî noir (A, spicata) et le Génipi des Glaciers (A. Glacialis), une liqueur
amère nommée Extrait d'Absinthe.
On connaît, sous le nom de Semen-contra, de Semencine, de Barbotine, des capitules
de différentes Espèces, venues du fond de l'Asie et du littoral de l'Afrique, qui ne sont
pas encore bien déterminées, mais qui toutes appartiennent au genre Armoise. Ces
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COMPOSÉES. 73
capitules renferment une huile volatile acre, une substance cristallisable, inodore^ peu
soluble dans Feau, légèrement amère, nommée Santonine, une résine, et divers sels. Le
Semen-contra est renommé comme un puissant anihelminthique, c'est-à-dire comme un
remède propre à tuer les vers intestinaux et à empêcher leur régénération. Mais ce remède
administré, sans le conseil du médecin, à des enfants chez lesquels le tube intestinal est
enflammé, devient trop souvent un agent incendiaire, qui tue plus de malades qu'il n*en sauve.
Il est beaucoup moins dangereux d'employer comme anthelminthique la Sanguenitb
(A. *gaUica), plante indigène de la France méridionale.— Nous terminerons l'histoire du
Genre Armoise en citant VA. moxa, espèce ligneuse, dont le duvet cotonneux, chez les
Chinois et les Japonais, fournit de petits cônes destinés à l'application du feu à la surface du
corps; le nom de Moxa, donné à ce duvet, a passé dans la langue médicale de l'Europe, et
sert à désigner les substances combustibles employées pour cautériser la peau.
La Tanaisib (Tanacetmn tmlgare), qui appartient à un genre voisin des Armoises,
possède les mêmes principes et les mêmes propriétés. C'est une Plante à feuillage élégamment
découpé, dont les capitules d'un jaune d'or forment un corymbe serré.
Les Aghillées (Achillea) sont des herbes indigènes dans lesquelles un principe résineux
amer se joint à une petite quantité d'huile volatile. Le feuillage très-finement découpé des
principales Espèces les a fait désigner sous le nom populaire de Mille- feuilles, L'Espèce la plus
commune (A. Mille- folium), est employée en infusion comme astringente, et légèrement sti»
roulante; ses feuilles pilées sont appliquées sur les plaies et les coupures; de là le surnom
d'Berbe au charpentier. L'Eupàtoire de mbsub (A. agerattmi), indigène de TEurope
roéridionale, possède une action plus énergiquement stimulante.— Les Ptàrm iques sont des
Espèces appartenant jadis au Genre des Aghillées; elles sont beaucoup plus odorantes que
ces dernières. Le Génipi bataud (Ptarmica spuria)^ IcGénipi musqué ou Iva {Pt. mos-
cAo/a), I'Hbrb a-rot A (P^ herba ro^a), sont des Plantes alpines, dont les sommités fleuries
font partie du Thé de Suisse; la Ptarmique commune (Pt. vulgaris), qu'on rencontre
dans les prairies humides, a des feuilles dont la saveur est très-piquante; ces feuilles, mises
en poudre et introduites dans le nez, provoquent l'éternument; de là le nom trivial d'Herbe
à étemuer.
Voici des Espèces qui doivent leurs propriétés à une huile volatile, acre chez les unes,
amère chez les autres. A leur tête nous placerons la Camomille bomaine (Anthémis
nobilis). Cette Plante est un bon antispasmodique, c'est-à-dire un médicament possédant la
propriété toute particulière (spécifique) de modifier heureusement certains troubles nommés
spasmes^ survenus dans les fonctions du système nerveux. La Camomille romaine est
aussi un excitant stomachique; mais sa principale vertu est de guérir les fièvres intermittentes ;
et ce qu'il y a de remarquable, c'est que, comme quelques autres Plantes indigènes, elle mani-
feste sa puissance dans les cas où le Quinquina, qui est le premier des fébrifuges, a complète-
ment échoué. Ce sont ses fleurs, réduites en poudre fine, que l'on administre pour la guérison
des fièvres périodiques. — Après la Camomille romaine vient la Camomille commune
(Matricaria Chamomilla), qui fournit à la distillation une huile volatile d'un bleu foncé; elle
est employée en médecine au même titre que l'Espèce précédente , mais son arôme est moins
pénétrant et moins agréable. La Camomille des champs (Anthémis arvensis) y que l'on
mélangeparAraude avec les fleurs de la Camomille commune, est inodore et inusitée. —
La Camomille des Teinturiers (Anthémis tinctoria), Plante indigène du midi delà
France, a ses demi-fleurons jaunes comme les fleurons du disque; elle fournit aux arts une
teinture jaune, et elle est cultivée dans les parterres. — La Camomille puante ou
Ma ROUTE (Maruta cotula) est d'une odeur très-désagréable; on l'emploie comme anti-spas-
modique. LaMATRicAiRE (Pyrethrum parthenium) possède aussi des propriétés excitantes
très-prononcées; elle fournit à la distillation une huile volatile jaune, fortement odorante. —
La Santoline rAux-cv4»BÈ8 (Santdina ckamœcyparissus) est un arbrisseau qui croît sur
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n HISTOIRE DES FAMILLES.
les colline» de la France méridionale ; jadis employée en médecine , elle est aujourd'hui
tombée en désuétude ; mais on la cultive à cause de ses feuilles qui portent quatre rangées de
dents disposées autour de la nervure médiane^ et la font ressembler à un petit Cyprès : disposée
par étages, dans les jardins en pente, elle y produit un effet pittoresque.
La PTaÈTHRB {Anacyclui Pyrethrum) est une Espèce qui croit en Turquie, en Asie et
surtout en Barbarie ; sa racine contient une résine molle, de saveur acre, et une huile volatOe,
plus acre encore; la Plante récemment cueillie donne aux mains de ceux qui la touchent une
sensation, fraîche d'abord, très-chaude ensuite. La racine de Pyrethre est souvent employée
dans les maladies des dents et des gencives, dans la paralysie de la langue, toutes les fois
qu'on veut exciter une salivation abondante. Les vinaigriers s'en servent pour donner du
mordant au vinaigre. — LeCaBssoN db Pàeà (5jDf7an/Ae<o/^acea) est une herbe annuelle,
originaire de l'Amérique tropicale ; on ne la cultive encore en France que dans les jardins.
Ses propriétés sont les mêmes que celles de la Pyrethre. On pfépare avec les fleurs une
teinture anti-odontalgique , connue sous le nom de Paraguay-Roux. — La Balsaminb
ODORANTS^ ouMbnthb COQ (BcUsttfntta suaveolens), plante vivace, d'une odeur menthée,
très-'agréable, et d'une saveur chaude et amère, est douée de propriétés excitantes très-
actives; on la cultive en France dans tous les jardins.
L'Arhica DBS MONTAGNES crolt daus les pâturages montueux de l'Allemagne, de la
Suisse et de la France. Les anciens ignoraient ses propriétés; elle est rangée aujourd'hui
parmi les médicaments excitants. Son action stimulante s'exerce sur les fonctions de la peau,
sur les organes du mouvement et de la circulation ; aussi l'emploie-t-on dans les affections
rhumatismales et la paralysie ; les feuilles et la racine sont moins usitées que les capitules,
qui contiennent une huile volatile, une résine odorante, une matière amère et nauséabonde,
de l'acide galliqne et divers sels. — LcDoronic (Doronicum pardalianckes) ^ Plante alpine,
rivalise faiblement avec l'Arnica; son nom de Pardaltanches, qui signifie Mort aux Panthères j
lui a été donné par les botanistes parce qu'ils ont cru que les anciens se servaient de sa
racine pour empoisonner les bétes féroces; cette opinion est erronée, on pense aujourd'hui
avec plus de raison que le véritable Pardaltanches était la racine d'une espèce d'Aconit.
Les espèces indigènes du genre Inule (Inula) peuvent être comptées parmi les Plantes
toniques et stimulantes ; mais on n'emploie plus en médecine que I'Aunbb (/. Helentum).
herbe vivace qui croit spontanément dans les lieux ombragés des montagnes de l'Europe cen-
trale et méridionale, et que l'on cultive dans tous les jardins. Sa racine, récemment cueillie,
exhale une odeur aromatique camphrée ; desséchée, elle sent la violette ; elle est d'une saveur
d'abord rance, puis amère, acre et visqueuse; elle contient une huile volatile liquide, une
huile volatile concrète, nommée hélénine, une réane molle et acre , une matière amère ,
soluble dans l'eau et dans l'alcool , de la gomme, des sels et de Vinuline, principe analogue
à la fécule, mais qui est coloré par l'iode en jaune, et non en bleu. L'Aunéb entre dans la
composition d'un grand nombre de médicaments ; on l'emploie comme stomachique , mais sa
propriété principale est de stimuler les fonctions de la peau; on a remarqué en outre que sa
décoction, employée en lotions, apaise presque instantanément les démangeaisons dartreuses.
Les PuLicAiBBS {Pulicaria)^ voisines des Inulbs, sont des Plantes aroroatico-âcres; on cite
la PuLicAiRB COMMUNS [P. vulçaris) comme propre à chasser les puces; la P. Dtsbn-
TéRiQUB (P. dysenterica)j qui croit au bord des ruisseaux, était autrefois prescrite contre
la dysenterie.
Le Genre Eupatoirb (Eupatorium) offre quelques Espèces intéressantes. La seule qui
croisse en France est l'E. Ghanvrinb, ou E. D'A v i c b n n b (E. cannabinum) , belle Plante,
qu'on trouve au bord des eaux et dans les fossés humides. Elle contient, outre une huile
volatile, un principe Acre et amer; sa racine était employée à haute dose par les médecins de
l'antiquité, comme purgative et vomitive. Ses congénères d'Amérique , dont l'amertume est
plus intense, sont mises au nombre des diaphorétiques et des diurétiques. (On donne le nom
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COMPOSÉES. 75
de diaphorétiques aux médicaments qui déterminent toute espèce d^évacUation t'effectuaat
par la peau, soit la sueur, soit la transpiration inseasible ; on nomme diurétiques ceux qui ont
la propriété d'agir d'une manière spéciale sur les reins, et d'augmenter la sécrétion de Turine.)
Le BoNBSET (E, perfoliatum), herbe de TAraérique septentrionale, fournit pai»la décoction
une boisson amère, qui passe pour émétique, sudorifique et fébrifuge ; TE. Daléa {£, dalea)
de la Jamaïque, possède une odeur de Vanille très-suave; TE. Aaomatiqub (E. aromati-
sans) sert à parfumer les cigares de la Havane. — L'a y ap an a (E. ayapana) croit spontané-
ment sur les bords du fleuve des Amazones , d'où elle s'est propagée dans toute la zone
intertropicale; elle est renommée dans les deux Indes comme un sudorifique puissant, et un
alextpAannaque, c'est-à-dire un remède souverain contre la morsure des serpents venimeux.
Mais de tous les alexipharmaques, les plus célèbres sont deux Espèces appartenant à un
Genre voisin des Eupàtoires, le Guaco {Mikania Guaco) et THerba db cobra
(Mikania opifera). — Il nous est venu d'Amérique, depuis quelques années, sous le nom de
Guaco, quelques Plantes, préconisées contre le choléra asiatique, mais leur détermination
est encore incertaine . — LeCoRAÇAODBJÉsus {Mikania officinalis) est employé au Brésil à
la place du Quinquina et delà Cascarille.
Le Tussilage pas-d'a NE (Tussilago farfaru)^ Plante indigène, contient une matière
gommeuse, à laquelle se joint un principe amer et légèrement astringent, qui lui donne des
propriétés calmantes; on l'emploie comme béchique (béchique signifie propre à calmer la
toux). En France, on boit l'infusion des fleurs; en Angleterre, on fait sécher les feuilles,
et on les fume comme du tabac. La racine du Tussillagb pétasite [Peiasites vulgaris)
est amère, acre, odorante ; on lui attribuait autrefois la propriété de provoquer la sueur, et
d'être un préservatif dans les épidémies. — LePiED-DB-cHAT (Gnaphalium dioicwn) est
une petite Plante vivace qui habite les pelouses montueuses et arides, depuis Paris jusqu'aux
Glaciers des Alpes et des Pyrénées; ses capitules sont dioïques; les bractées de* inrolucres
sont souvent colorées d'un beau rose; les aigrettes des akènes forment au centre un duvet
arrondi et velouté qui donne au capitule quelque ressemblance avec la patte d*un chat, et
lui a valu son nom populaire. Les fleurs de cette Plante mêlées en proportion égale avec
celles de la Guimauve, du Coquelicot et du Tussillage composent ce qu'on nomme en phar*
macie les Espèces pectorales ou les Quatre^fleurs,
heToPiîiAunovK [Helianthus tuùerosus) est une herbe vivace, originaire du Brésil. On
le cultive aujourd'hui dans diverses contrées de l'Europe; la partie souterraine de sa tige
produit d'énormes tubercules remplis à'inuline, et d'un principe sucré; leur odeur est
nauséeuse, mais leur saveur est agréable; l'homme peut les manger cuits et assaisonnés de
diverses manières ; ils résistent aux gelées, et fournissent aux bestiaux une bonne nourriture
d'hiver ; les feuilles de la Plante sont aussi un bon fourrage ; enfin la tige est employée
comme combustible. L'Hélianthe annuel (H. annum) est une herbe originaire du Pérou,
et cultivée aujourd'hui dans tous les jardins, à cause de son énorme capitule, qui représente
le disque rayonnant du soleil; mais ce n'est pas à cette ressemUance qu'elle doit son nom,
c'est à la propriété remarquable de diriger ses fleurs du côté de l'astre du jour : le matin y le
capitule est tourné vers l'orient ; puis il se redresse peu à peu jusqu'à midi , en regardant
toujours le soleil; et à mesure que celui-ci s'abaisse vers l'occident, les fleurs le suivent dians
son déclin. Les physiologistes expliquent ce mouvement par l'action que la chaleur solaire
exerce sur la tige : les fibres frappées par les rayons se dessèchent, se racornissent; il en
résulte une incurvation, qui fait pencher les fleurs du côté du soleil. On connaît beaucoup de
Plantes qui possèdent cette propriété: elles sont nommées Aeïto^ropi^ue^. L'H^lianthr a
des graines nombreuses, qui fournissent, par expression, une huile fixe, propre à l'éclairage
et à la fabrication du savon.
Quelques autres Tubuli flores radiées sont o\éifixe$'9 nous citerons les M a ni a, Plantes du
Chili, dont l'une (M. sativa) est cultivée en Europe comme en Amérique; son huile a pour
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76 HISTOIRE DES FAMILLES.
caractère particulier d*étre soluble dans Talcool; elle est, dit-on, supérieure pour le goût à
celle des olives, mais elle s'épaissit et se rancit facilement. LcRam-tillouNook (Guizotia
oleiferù), cultivé dans Tlnde et en Abyssinie, fournit une huile usitée pour la table et pour
réclairâge.
Nous terminerons l'histoire des Tubuliflobes radiées utiles à Thomme en mention-
nant le SYNGHODENDRoff, aibrc de cinquante pieds, la plus grande des Composées, qui
croit dans la vallée de Madagascar, aux environs des villages, et dont la floraison indique
aux habitants Tépoque où ils doivent semer le Riz,
LesTuBULiPLORES flosculeusesy nommées aussi Carduacées, contiennent un principe amer,
qui leur donne des propriétés stimulantes; quelques-unes sont diurétiques et diapho-
rëtiques ; quelques autres sont comestibles dans le jeune âge ; il en est dont les fleurs et
les feuilles fournissent un principe propre à la teinture; il en est dont la racine produit une
gomme-résine ; plusieurs ont des graines oléifères; toutes sont dépourvues d'huile volatile.
La plupart présentent un phénomène physiologique très-remarquable : c'est l'irritabilité de
leurs anthères, qui, lorsqu'on les titille avec la pointe d'une aiguille, s'abaissent vivement sur
le style.
LcsBàrdànes (Z^/7/>a ) fournissent à la médecine trois Espèces indigènes : la petite
Bardane, la Grande Bardanb et la Bardanb cotonneuse; leur racine, sapide et
comestible dans le jeune âge, est recueillie pour la pharmacie quand son développement est
achevé; elle possède une odeur nauséeuse, une saveur d'abord douce et mucilagineuse , puis
amère et un peu acre ; elle contient de l'inuline , une substance amère, du sucre, de la
gomme et un peu de tanin. On l'emploie en décoction, comme diurétique et sudoriflque^
dans les maladies de la peau et les affections rhumatismales. Les feuilles de Bardanb sont
extrêmement amères et très-astringentes ; les graines sont huileuses et purgatives, mais on-
n'en fait plus aucun usage.
Plusieurs Plantes de la même tribu, vivant principalement dans le midi de l'Europe,
étaient usitées autrefois aux mêmes titres que les Bàrdanes ; aujourd'hui elles sont négligées
ou méprisées par les médecins : telles sont le Chardon bèv ir {Cnicus benedictus); le
Chardon-Marie (Silibum Marianum), qui croissent spontanément dans la région médi-
terranéenne, et de là ont été transportées par l'homme dans l'Inde et même en Amérique*
Elles étaient préconisées au moyen âge , et surtout la dernière , qui , selon la croyance
populaire, devait les taches blanches dont ses feuilles sont parsemées à des gouttes de lait
tombées du sein de la Vierge. Aujourd'hui, les jeunes pousses de cette Plante sont mangées
en salade et en friture.
Parmi les autres Carduacées officinales qui sont tombées en désuétude, nous citerons le
Chardon hémorrhoîdal (Cirsium arvense)'^ la GaANDE-CENTADRéE {Centaurea
C^/ai/num), la Jacée (C.yacea), la Centaurée du solstice (C. solsiitialis),\e BknEîi
(C. behen), dont la racine, qu'on trouve dans les montagnes de la Syrie, est employée par les
Arabes comme un tonique^ propre à réparer l'épuisement des forces; la Centaurée
CHAUSSETRAPPE (C Calcitrapû) ou Chardon étoile, petite plante très-amère, et jadis
vantée comme fébrifuge; enfin le Bleuet (C. cyanus, page 66), avec la fleur duquel on
préparait une eau distillée, qu'on administrait en collyre contre les diverses maladies des
yeux : de là le nom vulgaire de Casse-lunette.
Les Carlines indigènes diffèrent des autres Carduacées parleurs propriétés. LaCARLiNE
SANS tige [Carlina acaulis) croit dans les prés montagneux des terrains calcaires; elle cache
sous le sol sa tige courte, et étale au milieu de ses feuilles radicales un large capitule, autour
duquel rayonnent les bractées d'un involucre luisant. La physionomie singulière qui la dis^
tingue parmi toutes les autres herbes des prairies, explique la préférence que lui accordaient les
magiciens dans là préparation de leurs sortilèges. La tige souterraine de cette Plante s'élève
quelquefois au-dessuç du sol ; son écorce, contenant une résine^ une huile volatile amère,
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COMPOSEES. 77
caustique, était usitée autrefois comme violent purgatif. La Carlinb vulgaire (C. vulgaris)
possédait les mêmes propriétés, sans jouir de la même réputation.
Une congénère de nos Carlines, le Chaméléon blanc (C. gimimifera), croît dans la
région méditerranéenne : de son collet, entre les écailles de Tinvolucre, exsude abondam-
ment une résine particulière, qui se fige en larmes, et que Ton mâche comme le Mastic; c'est
le plus ancien des remèdes employés pour détruire le Ver solitaire. Sa racine, qui est grosse
comme la cuisse, passe pour vénéneuse ; le réceptacle commun du capitule est charnu, et
on le mange avec du miel ou du sucre.
Le Genre Artichaut (Cynara) comprend plusieurs Espèces originaires du bassin médi-
terranéen, dontrherbe est douée d'une grande amertume et de propriétés diurétiques; il en
est deux que Ton cultive, et dont on fait grand cas dans Tart culinaire : la plus usitée est
VArtichaut comiiun (C scolymus), Plante vivace, dont on mange les capitules non
épanouis, avant que le parenchyme ait été épuisé par le développement des fleurs ; ce sont,
en effet, les bases des bractées de Finvolucre et le réceptacle commun, dont on tire parti; et
Ton rejette le foin, c'est-à-dire les très-jeunes fleurs et les paillettes interposées. Mais les
Italiens savent mettre à proflt la tige même deTArtichaut; ils courbent la Plante à angle
droit, en rassemblent les pétioles des feuilles, puis ils la buttent, c'est-à-dire l'entourent de
terre, pour la soustraire à l'action de la lumière et la faire blanchir : il en résulte une sorte
de loupe tendre et succulente, nommée gobbo, que Ton sert crue, et qu'on mange avec du sel.
Les fleurons de l'Artichaut, macérés dans l'eau, lui donnent la propriété de coaguler
le lait. Mais ce sont surtout les fleurs du Cardon(C cardunculus), qui sont employées
à cet usage sous le nom de Fleurs de Chardonnette. Le Cardon est bisannuel; on
mange la côte ou nervure médiane de sesfeuiUes, qui ont souvent six pieds de longueur. Cette
côte est rendue blanche et charnue par l'étiolement ; il suffit pour cela de rapprocher les
feuilles en faisceau, et de les entourer de paille et de terre. — On pense que le Cardon est le
type de l'Espèce à laquelle appartient l'Artichaut, et que ce dernier est une race obtenue par
' la culture.
L'Onopordb ACAifTHiN (Onopordon acanthium) est un Chardon commun aux environs
de Paris, qui atteint jusqu'à trois pieds de hauteur, et dont la culture pourrait développer le
réceptacle commun de manière à le rendre comestible comme l'Artichaut; en outre, les
graines contiennent un quart de leur poids d'une huile fixe, et chaque pied peut fournir douze
livres de graines.
Parmi les Carduacées tinctoriales, le Carthame ( Carthamus tinctorius) tient le premier
rang; c'est une Plante annuelle, originaire de l'Inde, et que l'on cultive aujourd'hui en Asie,
en Amérique et dans presque toute l'Europe ; ses fleurons contiennent deux principes colo-
rants, l'un jaune, très-soluble dans l'eau, et masquant le second, qui est rouge etsoluble dans
les alcalis, dont on le précipite par les acides; ce principe, nommé Carthamine ou rouge
végétal , est l'objet d'un commerce considérable. C'est le Carthame de la Perse et de
l'Egypte qui est le plus estimé ; celui d'Espagne vient en seconde ligne ; celui du Mexique, de
la France et de l'Allemagne est beaucoup moins recherché. La couleur que fournit le
Carthame est peu solide , mais ce défaut est compensé par la beauté et la variété des
nuances ; c'est sur la soie et le coton que les teinturiers la fixent. Les femmes font aussi grand
cas, pour leurs toilettes, du principe colorant du Carthame. Ce principe, artistement mêlé
avec du talc, en Espagne, est un fard très^recherché, sous le nom de rouge d* Espagne.---- Chez
les anciens, on préparait avec les fleurs de Carthame des gâteaux laxatifs; on s'en sert
aujourd'hui, à la place du Safran, pour colorer certains mets ; on le mêle même dans le com-
merce avec le Safran, qui est beaucoup plus cher ; de là son nom de Safran bâtard. Ses
graines, nommées Graines de perroquet, parce qu'elles servent de nourriture à cet oiseau,
sont fortement purgatives pour l'homme, et recommandées dans la jaunisse et l'hydropisie.
LaSARRàTB DES TEINTURIERS {SerrattUa tinctoria) es\ une Plante indigène, dont les
11
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7« HISTOIRE DES FAMILLES.
feuilles fournissent une couleur jaune, qui devient verte par le mélange de Tindigo. L'herbe
et la racine, jadis employées en médecine, sont tombées en désuétude.
Les Soucis font partie d'une sous-tribu annexée, malgré les demi-fleurons, à la tribu des
Carduacées. Le S. des officines {CalendiUa
officinalis), est cultivé dans tous les jardins.
11 renferme une matière mucilagineuse amère,
divers sels, et une petite quantité d'huile volatile.
Il était célèbre autrefois comme sudorifique et
résolutif. (On donne ce dernier nom aux remèdes qui
déterminent la résolution des engorgements.) On Ta
recommandé récemment pour la guérison des ul-
cères cancéreux.
Le Souci DES CHAMPS (Calendula arvensis)
a des propriétés analogues à celles de l'Espèce
cultivée*
Dans les Labiatiflores, on ne connaît au-
cune Espèce dont les propriétés médicales méritent
d'être mentionnées.
Les LiGULiFLORES OU Ghigoracées possèdent
un suc laiteux qui occupe leurs vaisseaux latici-
fères et contient des principes amers, résineux,
salins, narcotiques; leurs propriétés varient en
raison des proportions relatives de ces divers prin-
cipes. L'herbe de plusieurs d'entre elles, cueillie
dans le jeune âge, avant l'élaboration complète du
hteXy est comestible et agréable au goût; en outre,
(caundûk^ oiilinaù!') ^^^ vcrtus dcs Espèccs sont difTérentes selon leur
degré d'accroissement, et le développement différent
de chacun des organes : aussi ne fournissent-elles pas les mêmes observations, à toutes
les époques de l'année ; cette variation peut s'expliquer par des raisons physiologiques. En
effet, les racines et les rhizomes des Chicoracées contiennent , dans le jeune âge , un
principe amer, qui doit plus tard être charrié dans tout le corps du Végétal, et qui, chez
plusieurs, est mitigé par un mucilage plus ou moins abondant; or, ce principe, selon
la saison, selon la période de développement des feuilles ou des fleurs, peut agir sur
l'organisme de l'homme avec une puissance très-variable. Cette énergie est à son maximum
quand la sève, transportée dans toutes les ramiflcations de la tige, et élaborée par l'appareil
respiratoire que constituent les feuilles, a contribué aux fonctions de reproduction : c'est alors
que le latex, devenu inutile , fournit au médecin un suc aussi efflcace qu'abondant. Parmi
les Chicoracées médicinales, il en est quelques-unes dans lesquelles les matières amères,
résineuses, gommeuses, salines sont mélangées par la nature dans des proportions telles ,
qu'il en résulte une vertu qui modifle et tempère chez l'homme la trop grande énei^ie des or-
ganes de la vie de nutrition, en stimulant doucement les vaisseaux sécréteurs et les glandes.
Au premie^rang, les médecins placent le Pissenlit [Taraxacum dens leonis), petite plante
vivace, connue de tout le monde, qu'on rencontre au milieu des prés et le long des chemins ,
dans toute l'Europe, dans l'Asie mineure et l'Afrique septentrionale, s'avançant des rivages
de la mer au sommet des plus hautes montagnes ; son suc laiteux fait à la main qui le
cueille des taches très-tenaces. — La Chicorée {Cickortum intybus)y remarquable parmi les
Composées indigènes par ses fleurs bleues, est presque aussi commune que le Pissenlit, et
ne lui cède en rien pour les propriétés. La racine de la Chicorée sauvage est usitée en
médecine. Celle de la Chicorée cultivée, séchée et torréfiée, est l'objet d'un commerce
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COMPOSÉES. 79
considérable : on remploie, soit pour remplacer le café, soit pour la mêler à la poudre de
cette précieuse graine. Les feuilles adultes sont très-amères , mais dans le jeune âge , leur
amertume est moins intense ; on peut alors les manger
en salade ou cuites. Les jardiniers élèvent cette plante
dans des caves à Tabri de la lumière; elle s'y étiole,
s'allonge, en conservant son amertume, et fournit une
salade blanche d'hiver, connue sous le nom de barbe
de capucin. La Chicorée endive (C endivia),
Plante méditerranéenne, est beaucoup moins amère
et plus usitée en salade que la précédente; on en
cultive deux variétés : l'une, à feuilles larges, ob-
longues, peu amères, c'est la Scarole; l'autre, plus
amère, à feuilles très-découpées et crépues, c'est la
Chicorée frisée.
Les racines des Laitrons et des Salsifis indi-
gènes ont les mêmes propriétés que celles du Pis-
senlit et de la Chicorée, pans les Scorso-
nères, l'amertume de la racine est corrigée par le
mucilage que contient le suc laiteux : telles sont
la Scorsonère d'Espagne (Scorzonera hispanica),
la Se. A feuilles LANcÉOLigs (Se. glastifoUû)y
que l'on cultive comme Plantes potagères. La Se. dé-
licieuse (Se. deliciosa) est en grand usage chez les
habitants de la Sicile, qui confisent ses racines au
sucre. Les anciens croyaient que la Se. d'Espagne
était un remède efficace contre la morsure des ani-
maux venimeux : L'expérience n'a pas confirmé cette
opinion.
Le ScoLTMB d'Espagne (Scolymus kispanicus)
est usité comme légume en Provence, où il croît
spontanément; on le ramasse sauvage dans les champs; la racine jeune est très-tendre,
et d'un goût agréable; on lui reconnaît aussi des propriétés diurétiques. — Les Pré-
NÀNTHES de nos pays sont inusités; mais, dans l'Amérique du nord, le P. serpen-
taire (Prenanthes serpentaria) et le Pa. blanc {Pr. alba) sont renommés, comme un
remède spécifique contre la morsure du Crotale, ou Serpent à sonnettes; elles doivent cette
vertu à un suc laiteux, visqueux, très-amer, fourni par leur racine.
Les Espèces du Genre Laitue (Lactuca) ont un suc amer, acre, d'une odeur vireuse, qui
contient de la cire, du caoutchouc, de l'albumine, une résine, une matière amère cristallisable,
avec un principe volatil particulier : c'est à ces diverses substances qu'elles doivent leurs pro-
priétés médicales. La L. vireuse (L. virosa), Plante annuelle ou bisannuelle, qui croît
dans le midi de l'Europe, est celle qui parait posséder le suc le plus narcotique; on en prépare
un extrait; on emploie aussi la L. se ariolb (Z. scariola), Plante bisannuelle, qui habite les
lieux incultes et pierreux ; mais c'est principalement la L. cultivée {L. sativa) dont on
retire par incision, faite à la tige au moment de la maturation des fruits, un suc, qu'on
laisse épaissir à l'air, ou qu'on fait évaporer sur un feu doux. Ce suc, nommé thridace ou
lactucarium, est employé aujourd'hui comme narcotique, et on le préfère à l'opium tiré du
Pavot, dans les cas où il y a lieu de craindre l'action irritante et trop profondément stupé-
fiante de ce médicament héroïque. — On emploie , pour le service de la table , les jeunes
feuilles de la Laitue cultivée, qui ne contiennent pas encore le suc laiteux; on en
cultive dans les jardins potagers de nombreuses Variétés, dont les plus usitées sont la
PUBIKLIT.
{Tarasaeum d«ii« /«oni«.)
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80 HISTOIRE DES FAMILLES.
Laitue romaine, la Laitue pommée, la Laitue frisée. On les mange cuites ou en salade.
Chez les anciens, on la servait, de même que chez nous, à la fîn des repas, comme l'atteste
ce vers de Virgile sur la Laitue, « qui délasse agréablement des mets succulents. x>
Grataque nobilium requies Lactuca ciborum.
La mode cependant changea sous Tempire ; Ton servit la Laitue au commencement du
repas : « Pourquoi, dit Martial, la Laitue, que Ton voyait autrefois clore le souper de nos
pères, sert-elle d'entrée à nos festins? «
Claudere quœ comas Lactuca solebat avorum,
Die miki cur nostras inchoat illa dapes.
Dans quelques Chicoracées, le principe acre domine : telle estlaZACYNTHB vbrru-
QUBus B (Zacyntha verrucosa), qui croît dans le midi de l'Europe, et dont le suc est employé
pour détruire les verrues. — Le Crépis déchiqueté (Crépis lacera), qui croît dans
les montagnes des Apennins, passe en Italie pour une Espèce très-vénéneuse.
Nous allons maintenant énumérer les Plantes d'agrément que fournit la Famille des
Composées : il en est plusieurs que nous avons déjà citées comme Espèces utiles : tel est
le Grand Soleil, dont les capitules énormes, à disque noirâtre et à rayons jaunes,
doublent quelquefois dans les jardins; tels sont le Souci, le Carthame, les Doronies,
VAurone et la Camomille romaine, employés pour bordures; la Tanaisie et la Santoline,
qui sont d'un joli effet dans les jardins paysagers, etc., etc.
La presque totalité des Composées, cultivées pour ornement, appartient aux Tubuli-
FLORES radiées. Nous citerons, comme exceptions, le Crépis rouge [Barthausia rubra).
Plante annuelle d'Italie, à grandes fleurs rouges ou roses, cultivée pour bordures; la
CupiDONB BLBUB (Catananckc cœrulea), demi-flosculeuse comme la précédente, et remar-
quable par les bractées de son involucre, qui sont lâchement imbriquées, transparentes, et
rougeâtres à leur extrémité; I'Épbrvibrb ovuLfiQÛE {Hieracium aurantiacum) , élégante
Espèce indigène , vivace ^t traçante , à capitule d'un jaune capucine éclatant ; enfin les
Espèces du Genre Centaurée, dont la plus jolie est, sans contredit, le Bleuet, déjà men-
tionné, qui abonde dans nos moissons, et contraste, par l'azur de ses fleurons extérieurs, avec
la couleur ponceau du Coquelicot, son commensal. La culture en a obtenu des variétés de
toutes couleurs, excepté le jaune. — La Centaurée de montagne [C montana)^ ou
Barbeau vivace, est un gros Bleuet, beaucoup moins élégant que le petit. La Centaurée
AMÉRICAINE {Plectroccphalus americanus ) , Espèce magnifique , dont les capitules d'un bleu
lilas, ont près de quatre pouces de largeur, a été introduite en France depuis quelques années.
La CE^TAURBB amberboî [Amberboa odorata) ou Fleur du grand seigneur, est
une Espèce annuelle, du Levant, qui produit de gros capitules de fleurs jaunes, odorantes.
Les ÉCHINOPS se distinguent de toutes les Composées par leurs capitules uni flores,
formant une tête globuleuse, que l'on peut regarder comme un glomérule. L'Êchinops
RiTRO ou Boulette azurée (Echinops pauciflorus) a des fleurs d'un beau bleu, quelque-
fois blanches ; celles de X Echinops sphœrocephalus forment une boule épineuse, d'un bleu
d'azur. Ces Plantes figurent avec avantage dans les jardins pittoresques.
Passons aux Radiées, et commençons par la plus modeste de toutes, la Pâquerette,
ou Petite Marguerite (Bellis perennis), qui étale sur la verdure des prairies son disque
jaune entouré de rayons blancs , teintés de rose à leur extrémité , et réjouit nos yeux depuis
le départ de l'hiver jusqu'à son retour. C'est souvent à la Marguerite que se rattache le plus
ancien des souvenirs champêtres de notre enfance; c'est elle, sans aucun doute, qui a inspiré
au plus classique de nos poètes, ces vers charmants sur la poésie pastorale :
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COMPOSÉES. 81
Telle qu'une bergère, aux plus beaux jours de fête.
De superbes rubis ne charge point sa tète ,
Et, sans mêler à Tor Féclat des diamants ,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements ,
Telle , aimable en son air, mais humble dans son style ,
Doit éclater sans pompe une élégante Idylle.
Tout le monde sait que la Marguerite est Fomement des gazons, mais tout le monde ne
sait pas que cet ornement leur coûte cher : U est certain que la rosette des feuilles radicales,
d*où naît le pédoncule de la Marguerite, étouffe Therbe dans tout Tespace qu'elle recouvre»
et que son rhizome vivace nuit aux racines fibreuses des Graminées. Aussi ^ en Angleterre ,
extirpe-4-on cette jolie plante pour obtenir des pelouses uniformément et complètement
verdoyantes.
Les horticulteurs se sont emparés de la Marguerite; mais les variétés qu'ils ont obtenues
n'égalent pas le type sauvage ; Tune de ces variétés a ses fleurons et demi-fleurons, tous
tubuleux, allongés et colorés en pourpre foncé, quelquefois blancs; l'autre est prolifère s
c'est-à-dire que des pédicelles nombreux s'échappent en rayonnant de tous les points du
capitule , surtout de la circonférence , et se terminent par autant de capitules partiels ,
beaucoup plus petits que le capitule producteur , de là le nom de Mère de famille y très-
justement appliqué par les amateurs à la Marguerite prolifère.
Les Chrysanthèmes sont toutes de belles Espèces , dont plusieurs croissent en France:
parmi ces dernières, il faut citer la Grands Marguerite des prés (Pyretkrum leucan-
themum) et la Marguerite dorée (Càrysanthemum segetum), dont le disque et les rayons
sont de la même couleur. La CHRTSANTHkMB des lA^nifis (Chysantkemum coronarium)
est une plante annuelle du Levant, dont les demi-fleurons sont jaunes ou blancs. — La
Chr. frutescente (Car, frutescens) est un arbrisseau des Canaries , dont les fleurs se
succèdent une partie de Tannée. La Chrtsanthèiie des Im^^a (Pyrethrum indicum,
PI. n.) est une belle plante vivace de la Chine, qui fleurit très-tard, et décore nos salons au
milieu de Thiver; ses capitules atteignent une largeur de 3 à &• pouces. Les fleurs sont d'un
pourpre foncé dans les types les plus anciens, mais leurs couleurs ont varié à Tinfini par la
culture. Cette Chrysanthème est une plante populaire chez les Chinois; ils la taillent de mille
façons, ils lui donnent les formes les plus bizarres, celle d'un cheval, d'un cerf, d'une
pagode ; le Végétal se prête à tous ces caprices, et conserve toujours un feuillage vert et frais.
Les A stères sont des Plantes vivaces et robustes, dont les capitules, à fleurons jaunes et
à demi-fleurons bleus purpurins, lilas, blancs, font l'omeoient des grands parterres, en été
et surtout en automne. Nous en avons quelques Espèces indigènes, dont la plus élégante est
l'OEiL DE Christ (il«^era772e//2/5), mentionné dans la préface de cet Ouvrage. La plupart des
Astères exotiques sont originaires de l'Amérique septentrionale. Mais la plus belle d'entre
elles est venue de la Chine : c'est la Reine-Marguerite (Callistephus ^tnen^/^). Plante
annuelle qui orne les jardins depuis juillet jusqu'à la fin d'octobre. Cette Espèce arriva de la
Chine au Jardin du Roi, en 1728 ; son apparition fut peu brillante ^ elle ressemblait à la
Pâquerette ; mais quelques années après , en 1734 , on obtint la variété à fleurs violettes ;
quarante ans plus tard, parut la variété double, et enfin celle qu'on nomme Anémone, où les
fleurs du disque sont en tuyau^ et de même couleur que les demi-fleurons. Aujourd'hui , la
couleur des fleurs de cette Espèee varie dans toutes les nuances du blanc au bleu foncé, soit
simples, soit panachées . On la sème sur couche au printemps , on la repique en place , et
lorsque les fleurs commencent à paraître^ on la plante à demeure avec la motte ; on peut ainsi
distribuer ses couleurs à volonté. Les jardiniers expérimentés qui veulent obtenir des variétés
à capitules très-doubles, ne recueillent les graines que sur les petites têtes tardives du bas de
la Plante.
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82 HISTOIRE DES FAMILLES.
Nous avons parlé des Tussilages, comme Plantes utiles; on en cultive dans les jardins
une espèce nommée vulgairement Héliotrope d'hivbr, à cause de son parfum et de
l'époque de sa floraison. C'est le Tussilage odorant (Nardosmia flagrans)^ Plante vivace,
que Ton multiplie facilement par division de son rhizome.
Les Séneçons {Senecio). dont plusieurs espèces indigènes , et notamment la Jacobéb
(S.jacobœa)^ le Séneçon vulga irb {S. vulgaris), étaient autrefois employées en médecine,
fournissent à l'horticulture quelques belles Plantes exotiques et indigènes. Nous citerons, parmi
les premières, le S. d'Afrique (5. ^%an^), Espèce du Gap, à disque doré,àrayons d'un beau
rouge cramoisi, quelquefois roses ou blancs ; parmi les secondes, le S. Dori a («S. doria), le
S. Sarrasin (S. sarracenicus) , le S. des bois (S. nemorensis) Plantes vivaces, à fleurs
jaunes, propres à la décoration des jardins. On a réuni au genre Séneçon, les anciennes
Cinéraires, ainsi nommées à cause de la couleur cendrée de leur feuillage; il y en a une
indigène, la C. maritime {S. cineraria), dont les capitules, d'un jaune brillant, ornent en
été les parterres de nos jardins. Parmi lesCiNÉRAiRES exotiques se distingue laC. pourpre
(S. cmentus), Plante vivace de l'île de Tenériffe; l'espèce primitive a les rayons de ses
capitules d'un pourpre clair, et le disque d'un pourpre foncé ; mais la culture a produit des
variétés de couleurs innombrables; elle fleurit depuis février jusqu'à la fin de mai; aussi
est-elle recherchée pour l'ornement des serres tempérées et des appartements.
Les AcHiLLÉES offrent aussi des Espèces très-élégantes; notre Mi lie feuille indigène, dont
nous avons déjà parlé, est cultivée pour ses variétés, les unes à feuilles panachées, les autres
à fleurs purpurines ou roses. 11 en est de même de la Ptarmique ou Bouton d'argent
(A. ptarmica). Parmi les exotiques, qui sont toutes rustiques et de pleine terre, on distingue
l'AcHiLLÉE DORÉE (A. aurca) du Levant, TA. rose (A. rosea) d'Amérique; l'A. a
FEUILLES DE FILIPENDULE (A. filipenduUna ) , dont les tiges sont hautes de quatre à cinq
pieds, les feuilles aromatiques, et les capitules jaunes et nombreux.
Les SoLiDAGES {Solidago), connues vulgairement sous le nom de Verges d'or, sont des
Plantes vivaces et robustes, presque toutes originaires de l'Amérique septentrionale; leurs
capitules jaunes, disposés en épis nombreux, conviennent surtout pour orner les massifs et les
grands parterres. On en possède un grand nombre d'Espèces, dont la plus répandue est la
Verge d'or du Canada (S. canadensis).
Le grand genre Gnaphale (Gnapkalium), qu'on a divisé en plusieurs genres secondaires,
comprend beaucoup de Plantes d'ornement, qu'on désigne sous le nom vulgaire d'I m m or-
telles. Il y en aune indigène : c'est I'Immortelle stoechas {Gn. stœchas) qui croît
sur les coteaux secs du midi et de l'ouest de la France. Les autres nous viennent de l'Afrique
et du nouveau continent ; les plus connues sont riMMi)RTELLE de Virginie (Antennaina
margaritacea), Espèce vivace, très-rustique, à fleurs d'un jaune soufre, entourées d'un
involucre, dont les bractées pétaloîdes argentées simulent des demi- fleurons; I'Immortelle
JAUNE (Helichrysum orientale), à capitules d'un beau jaune luisant; I'Immortelle a
bractées (H, bracteatum) Plante annuelle de la Nouvelle-Hollande, à involucre d'un \
jaune d'or.
Le genre Xéranthème (Xeranthemum) fournit aussi une Espèce, dans laquelle les bractées
intérieures de l'involucre sont longues, colorées, semblables à des demi-fleurons, et conservent
longtemps leurs couleurs, qu'on peut aviver au moyen d'un acide: c'est I'Immortelle
ANNUELLE {X. annuum) , indigène.
Les Zinnia sont des Plantes d'automne, dont les demi-fleurons, roses ou rouges se con-
servent jusqu'à la maturité des fruits.
Les Tagètes (Tagetes) se distinguent par leur involucre à bractées disposées sur un seul
rang, et soudées entre elles. On cultive communément le T, Patula, vulgairement Œ i llet
D Inde, Plante annuelle à odeur forte, à capitules d'un jaune orangé, et le T. erecta, ou Rose
d'Inde^ à capitules jaunes, entourés d'un involucre anguleux.
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COMPOSÉES. 83
On trouve encore dans les parterres leBupHTHALUEÀGnANDESPLEiiRs (Buphthalmum
ffrandiftorum) , indigène, vivace, à capitules de couleur jaune et de grande dimension;
leB. A FEUILLES EN c OEU R ( Te/^/riû corrft/o/m) dc Hougric, dout Ics dcmi-fleurons sottt
de la même couleur; le Galliopsis tinctorial (Ca//to/}m ^snc^orza), Plante annuelle
très-élégante, dont les rayons sont d'un beau jaune, et le disque d'un pourpre brun, ainsi que
Tonglet des demi-fleurons; les Boltonia, Plantes vivaces et rustiques de FAmérique sep-
tentrionale, à disque jaune et à rayons blancs; les Gàillardiâ, dont la plus belle espèce est le
GaiUardia picta du Mexique, qui étale pendant tout Tété ses capitules à disque brun et à
rayons d'un rouge cramoisi foncé*, terminés en jaune ilaCACALiEAPEuiLLESEN flèche
(Gynura sagittata), qui fleurit de juillet à septembre, et dont les fleurs sont d'un rouge-
orange éclatant; les belles Eupatoires de l'Amérique, et notamment l'E. pourprée {Eupato-
ritmi purpureum) , à tige rouge tachetée de brun, et à capitules purpurins ; les R u d r e c k i a de
la Virginie et de la Californie, dont l'un (B. purpurea), remarquable par ses capitules à
grands rayons d'un pourpre rose et à disque noirâtre; et l'autre (B. Drummondi) par ses
demi-fleurons, au nombre de six, réfléchis, d'un noir pourpré, jaunes à l'extrémité.
Mais de toutes les Radiées destinées à l'ornement des jardins, la plus populaire, la
plus recherchée, la plus magnifique, est le Dahlia, par lequel nous allons terminer l'histoire
de la Famille des Composées.
Le Genre Dahlia ou Géorgina a pour caractère : un involucre dont les bractées exté-
rieures^ au nombre de cinq environ, sont
étalées ou réfléchies, et les intérieures, au
nombre de douze à vingt, bisériées , mem-
braneuses au sommet, épaissies et cohé-
rentes à leur base; des akènes surmontés
par deux pointes courtes, la tige est her-
bacée ; les feuilles opposées et penni partites.
L'espèce cultivée dans nos jardins, qu'elle
embellit pendant l'automne, est le Dahlia
vARiARLE (D. variabilis), nommé aussi
GéoRGiNA écARLATE (G. cocctnea). Ellc
est originaire du Mexique ; elle fut trans-
portée en Espagne en 1790. En 1802, un
médecin français, nommé Thibaud, qui se
trouvait à Madrid, en fit passer en France
quelques échantillons. Le célèbre jardinier
Thouin les fit planter au Muséum de Paris;
on les cultiva d'abord en serre tempérée,
mais on ne tarda pas à voir que la Plante
pouvait fleurir en pleine terre , et elle fut
bientôt livrée aux fleuristes, entre les mains
desquels elle commença à se métamorphoser.
Dans l'Espèce primitive, les fleurs étaient
toutes simples, à disque jaune et à rayons
i.ciîfimAim. d« CroDMe. 2. Dahlia bisériécs , d'un rouffc écarlatc sombre et
\Cin9raria). [Dahlia.) ' ^
velouté ; en 1810, les rayons se montrèrent
avec la couleur lilas, rose, safranée; en 1818, on obtint par semis des Variétés à fleur double,
où tous les fleurons étaient roulés en cornet tubuleux, et formaient une rosace imbriquée,
d'une admirable symétrie. Dès lors, les nuances et les formes se sont successivement perfec-
tionnées, et les variétés se sont multipliées à l'infini, surtout depuis une quinzaine d'années.
Les dénominations les plus grotesques et les plus disparates leur ont été imposées par les Ado-
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84 HISTOIRE DES FAMILLES.
nistes, dont elles font les délices (Linné appelait Adonistes les amateurs de fleurs rares, et
ce nom mériterait de passer dans notre langue), nous avons aujourd'hui, parmi les Dahlias
à fond blanc bordé de rose , Advienne de Cardoville, la duchesse d*Aumale; parmi ceux
d'un rouge cramoisi, David d* Angers, VÉvêque de Bayeux, Ibrahim Pacha, Horace Vemet;
parmi ceux d'un jaune pur, Madame Giroux, la Ville de Meamx, le Superlatif; parmi
les bizarres à pointe blanche sur fond rouge ou jaune. Arlequin^ XÈvéque de Dijon^
Adonis, etc.
Le moraliste La Bruyère a tracé de main de maître le portrait de Tamateur de Tulipes;
s'il vivait de notre temps, les amateurs de Dahlias lui fourniraient sans doute un piquant
paragraphe, qu'il ajouterait à son chapitre De la Mode, Nous avons vu le Dahlia réconcilier
des frères ennemis, terminer des procès de vingt ans, hâter la conclusion de plus d'un
mariage; nous l'avons vu se changer en ruban rouge à la boutonnière d'un adoniste
généreux; nous l'avons vu enfin guérir un malade dans un cas désespéré : on avait appelé
à son chevet trois des plus illustres médecins de la Faculté... Les mauvais plaisants
vont s'écrier :
Que vouliez-irous qu'il fit contre trois? — Qu'il mourût.
— Mais c'est précisément ce qu'il ne fit pas : il n'y en eut que deux qui signèrent la
consultation , et voici pourquoi : le troisième opinait pour la saignée , les deux autres ,
quoique d'un avis tout contraire, ne s'y opposaient que timidement; pendant la discussion,
Fhomme à la saignée avise dans le parterre , situé sous les fenêtres du malade , une
collection de Dahlias. Dès ce moment, le moribond, la consultation, la conviction médicale,
tout fut oublié ; le docteur, entraîné par sa passion , se précipita dans le jardin; et pendant
qu'il établissait un savant diagnostic entre Ibrahim-Pacha et YÉvêque de Bayeux, entre
Adrienne de Cardoville ei\a. Duchesse d'Aumale, les deux confrères prescrivirent le traitement
qui sauva le malade. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que celui-ci, adoniste fervent, n'en
fut que plus attaché à ses Dahlias , quand il apprit, pendant sa convalescence, le service
qu'ils lui avaient rendu.
Au reste , on pourrait sérieusement ranger le Dahlia parmi les Plantes médicinales. Ses
racines tubéreuses contiennent une huile volatile et un principe amer qui lui donnent des
propriétés sudorifiques ; mais oii ne les met pas en usage. Les fleurs fournissent une couleur
rouge qu'on pourrait employer pour la teinture; enfin les racines renferment une matière
féculente, qui les rendrait comestibles, si on les débarrassait de leur arôme, et de la saveur
poivrée qui l'accompagne.
On multiplie le Dahlia par semis, par greffes, par boutures et par division des racines; c'est
ce dernier moyen qui est le plus fréquemment usité, mais il faut, pour qu'il réussisse, le
pratiquer au printemps. Il est nécessaire aussi que la racine soit accompagnée d'une portion
du collet de l'ancienne tige, et que, sur cette portion, il y ait un ou deux bourgeons dont la
végétation soit commencée; cette condition est essentielle pour la multiplication du Dahlia.
Famille IP.— CALYCÉRÉES.
(Galycérées, de Bob. Brown. — Boopidées, de Cassini.)
CARACTÈRE. — Inflorescence en capitule; réceptacle comfnun, entouré d'un involucre.
C ALYCE adhérent à Vovaire. Corolle épigyne monopétale. Et aminés 5, anthères cohérentes
par leur base. Ovaire infère, uniloculaire, uniovulé; ovule pendant. Akène; Graine à
plant ule dicotylédonée, albuminée: radicule supère.
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Àf^f-^t^'f^r^
'■'^/v'^r ;.j> ^e/^-^^A/'/.t'/'*^-'//
iTl tiutriti». *vi\vvt<^
' Prinnilai'«'f j» )
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CALYGÉIiÉES.
85
La lige est généralement herbacée, les feuilles alternes sans stipules ; ses fleurs complètes
sont soudées ensemble par leur calyce, dont le limbe est à cinq divisions persistantes, ayant
Taspect de cornes dans le Genre Calyceva, qui a donné son nom à la Famille, la corolle est
tiibuleuse , à préOoraison valvaire ; les étamines alternent avec les lobes de la corolle ; les
anthères sont introrses; le style est simple, le stigmate est en tête; la plantule occupe Taxe
albumen charnu. — rl^es Genres Boopis, Gamocarpha, Acicarphay Calyceray composent seuls
cette petite Famille.
Les Calycérées sont intermédiaires entre les Dipsacées et les Composées; elles difTèrent des
Dipsacées p^r la préfloraL<M)n de la corolle et les anthères cohérentes , des Composées par la
graine inverse, albuminée et le stigmate simple.
Les Calycérées habitent toutes FAmérique au-delà de Téquateur ; elles sont très-rares entre
réquateur et le Capricorne, un peu plus nombreuses dans le Chili méridional, mais elles
i)'abondent nulle p^t; elles s'avancent du rivage de la mer jusqu'aux plus hautes montagnes.
Famille IIl\ — STYLIDIÉES.
(Stylidées de Rob. Brown, — Stylidiacées de I^lndley.)
CARACTÈRE. — Calice adhérent à Vovaire. Corolle épigyne monopétale. Exa-
mines % à filets soudés longitudinalement avec le style. Ovaire infère^ biloculaire, à
loges pluriovulées; ovules ascendants. Fruit: une capsule. Graines ascendantes. Plantule
minime j indivise^ à la base d'un albumen charnu.
Les Stylidiées, qui tirent leur nom du
caractère offert par \^ soudure du style avec
les étamines, ont une tige généralement her-
bacée, des feuilles allern.es, rarement ver-
ticillées , quelquefois réunies ep rosette radi-
cale, simples, entières, dépourvues de stipules.
Les fleurs sont complètes, irrégulières, en
épi, ou en grappe, ou en corymbe, quelque-
fois solitaires, terminales ou axillaires. Le
limbe du calyce est généralement à cinq di-
visions bilabiées, la lèvre inférieure bifide,
la supérieure trifide ou tridenté^; la corolle
r' est ordinairement irrégulière , à limbe quin-
( ^ quéfide, dont quatre divisions plus grandejs,
> étalées; la cinquièn^e, nommée labelle, disr
semblable, extérieure, devenant latérale par
torsion du tube, continue avec lui, quelque-
fois s'y attachant par une articulation irri-
table. Les étamines sont insérées parallèle-
ment sur un disque couronnant le sommet de
Vovaire, et se développant en une ou deux
glandes. Les filets forment, par leur soudure
avec le style, une colonne, soit dressée et
continue, soit à double courbure, dont Tin-
férieure irritable, appliquée par sa base au
lube, derrière le labelle. Les deux anthères
sont situées le long du sommet de la colonne, et penchées sur le stigmate qui^est simple, ou
Sttlidieii tilit.
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86 HISTOIRE DES FAMILLES.
divisé en deux branches terminées par une tête glanduleuse. — L'ovaire est à deux loges,
complètes ou incomplètes. La capsule est biloculaire ou uniloculaire; elle s'ouvre tantôt en
deux valves par une déhiscence qui brise la cloison, tantôt par une fente suivant la suture
dorsale de Tune des loges, tandis que l'autre avortée reste close.
Sttudier. Stylidium. | Forstèrb. Farstera.
AFFINITÉ. — Cette Famille offre dans ses étamines complètement soudées avec le
style et dans son labelle souvent irritable, un caractère qu'on n'observe que dans les Orchi-
dées; elle se lie étroitement par la structure de ses enveloppes florales et de son ovaire ,
aux Campanulacées et aux Goodéniacées^ dont elle se distingue d'ailleurs très-facilement.
GÉOGRAPHIE. — Les Stylidiées habitent au-delà de l'équateur; de nombreuses
Espèces de Stylidium naissent dans la Nouvelle-Hollande.
Famille IV".— BRUNONIACÉES.
(Brunoniacées de Rob. Brown.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, monopétale. Étamines 5, hypo-
gynes, libres. Ovaire libre^ uniloculaire, uniovulé; ovule dressé. Stigmate entouré d'une
collerette membraneuse. Fruit : un utricule. Graine unique^ dressée; planttde dicotylé-
doriée, exalbuminée, à radicule infère.
Cette Famille tire son nom du Genre Brunonia, dédié à Robert Brown, illustre botaniste
anglais qui a simplifié et élucidé toutes les questions scientifiques dont il s'est occupé.
Les Brunoniacées sont des herbes vivaces, presque acaules, qui ofi&ent la physionomie des
Scabieuses; les feuilles sont radicales, ramassées, spatulées, entières. Les fleurs sont disposées
en capitule muni d'un involucre, et complètes. Le tube du calyce est court, le limbe a
5 divisions subulées, plumeuses^ étalées après la floraison. La corolle est infundibuliforme,
marcescente, son tube se fend après la floraison ; son limbe est à 5 divisions spatulées ; les
étamines sont insérées sur un court support de l'ovaire, et incluses dans la corolle; les
anthères sont introrses , soudées en un tube traversé par le style , qui est terminal , simple ,
hérissé de poils au sommet ; le stygmate est en forme de coin , charnu , enveloppé par une
indusie ou collerette membraneuse, bifide; l'utricule est inclus dans le tube du calyce
endurci, et couronné par les lanières plumeuses du limbe.
Genre unique: Brunonia. Brunonia.
AFFINITÉ. — Les Brunoniacées se séparent des autres Familles comprises dans la
Classe des Companulinées par leur ovaire libre , leurs étamines insérées sur le réceptacle, et
leur graine sans albumen. Elles se rapprochent des Goodéniacées par la présence d'une
indusie ou collerette enveloppant le stomate.
GÉOGRAPHIE. — Les Brunoniacées habitent la côte sud de la Nouvelle -Hollande.
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GOODÉNIACÉES. 87
Famille V^ — GOODÉNIACÉES.
(GOODENOYIÉES, de BartUng et de Rob. Brown.^ SCiEVOLACÉES, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Caltge tantôt libre, tantôt adhérent à Vovaire, Corolle monopétale
irrégulière. ÉTAMINES 5, épigynes. Anthères introrses, tantôt libres, tantôt cohérentes à
leur sommet. Ovaire infère, d 1 om 2 loges, uniomUées ou pluriovulées ; ovules dressés;
stigmate indusié. Fruit : une drupe, ou une noix, ou une capsule. Graines dressées ou
ascendantes ; plantule dicotylédonée, albuminée, à radicule infère.
Cette famille doit son nom au docteur anglais Goodenough, évéque d'Antigoa, promoteur
de la Botanique.
Les Goodéniacées ont une tige herbacée , quelquefois sous-ligneuse , tantôt droite , tantôt
volubUe; les feuilles sont alternes, quelquefois
toutes radicales, et dépourvues de stipules. Les
fleurs sont complètes, irrégulières, à disposition
variée. Dans quelques Genres, le calyce est tu-
buleux, à tube adhérent à Tovaire ou libre; dans
quelques autres, il est à 3-5 sépales, cohérents à
leur base seulement. La corolle est insérée à la
base du calyce quand celui-ci est libre, et à son
sommet quand il est adhérent ; son tube est fendu
ou divisible en cinq , quand le calyce est
libre, mais il est adhérente Tovaire; son limbe
est quinquépartit, unilabié ou bilabié, à préûo-
raison induplicative. Les étamines sont insérées
sur un disque couronnant Tovaire; elles sont
libres d'adhérence avec le style et avec la corolle,
et alternes avec ses divisions. L'ovaire est ordi-
nairement infère j quelquefois il est libre d'adhé-
rence avec le calyce, et adhérent au tube de la
corolle; il forme tantôt une seule loge, tantôt
deux loges plus ou moins complètes, par l'in-
troflexion des carpelles; quelquefois quatre loges
par la formation d'une cloison secondaire; les
ovules sont réfléchis. Le style est généralement
unique; le stigmate est charnu, entouré d'une
indusie, collerette presque membraneuse, formée
par l'expansion du disque soudé avec le style, et
^•'^■"îiVJTuml^p'ê^^^^^ entière ou bUabiée. Le fruit est une drupe ou une
noix à graines définies, ou une capsule multi-
séminée, bivalve ou quadrivalve. La plantule est droite, et occupe l'axe d'un albumen
charnu , qu'elle égale presque en longueur.
Tribu 1. — SCiE VOLÉES. — Une drupe ou une noix; graines définies.
Genre unique : Sc/evole. Scœvola.
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88 HISTOIRE DES FAMILLES.
Tribu 2. — GOODÉNÏÉES. — Une capsule; graines indéfinies.
Lescuenaultia. Leschenaultia. | Goodbnia. Gooâenia,
AFFINITÉ. — Les Goodéniacées sont voisine* des Brunoniacées et des Lobéltacées; elles
se distinguent des premières, surtout par Tinsertion des étamines, et Firrégularité de la
corolle ; des Lobéliacées par la préfloraison de la corolle, la présence de Tindusie siigmatique
et Tabsence du suc laiteux.
GÉOGRAPHIE. — > Les Goodéniacées habitent presque exclusivement la Nouvelle-Hol-
lande, et surtout la partie australe ; les Scœvolcs ont passé dans les Moluques et dans le
continent indien, de là dans le sud de l'Afrique.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Nous possédons peu de notions précises sut les propriétés
de quelques Sc^evoles indiennes. Les feuilles et les baies du Mo kal (Sccevolataccada) four-
nissent un suc amer qu'un prêtre de Bouro vantait comnle efficace pour dissoudre la cataracte
commençante, et que le célèbre botaniste Rumph a expérimenté sans succès; les jeunes feuilles
se mangent comme légumes. Le même botaniste rapporte que les habitants de File d'Amboine
attribuent une vertu analeptique à Técorce et au bois, et qu'ils se servent de la racine pour
manger sans accident les crabes et les poissons venimeux. La moelle blanche et fongueuse
de la Plante est employée dans les cas d^épuisement et contre la diarrhée; elle se taille
facilement aii couteau, et peut prendre toutes les formes; les Malais en fabriquent des fleurs
artificielles, des oiseaux et des jouets de toute espèce. — Les feuilles du BeLà-Modogam
(Se. Bela-Modogatn) y qui croît à Malabar, sont appliquées en cataplasme sur les tumeurs
inflammatoires, pour favoriser leur maturation, c'est-à-dire pour hâter la suppuration; leur
décoction est diurétique.
LeGooDÊNiA A GRANDES FLEURS ((?. grdnrfï/Zor^a) est cultivé, commc Plante d'ôrnc-
ment, dans ttos serres tempérées, à cause de ses belles fleurs jaunes; il en est de même du
G. Lissé (G. lœmgaia), dont les fleurs sont violettes. — Les Leschenaultia doivent
leur nom au botaniste français Leschenavlt de Latour; ce sont pour la plupart des sous-arbris-
seaux offrant le port des Bruyères; leur pollen a ses grains composés de quatre petits granules
sphériques cohérents. Nous citerons le L. élégant [L, formosa), doiit les fleurs sdntd'un
pourpre écarlate, et naissent solitaires dans la bifurcation des rameaux; L. bilobé (Z. biloba),
dont les fleurs sont bleues; le L. arqué (L, arcuata), arbuste à rameaux étalés et penchés,
à fleurs grandes, solitaires, dont la limbe a trois divisions d'un jaune soufre, et deux autres
plus petites, d'un rouge sanguin ; le L. s p L e n d i de (Z. splcndens),k fleurs écarlates en dessus^
jaunes en dessous, grandes, disposées en corymbe peu fourni; cette espèce l'emporte sur toutes
les autres par le nombre, la grandeur et le coloris de ses fleurs. — Les Leschenaultia sont
cultivés en Europe, mais leur culture demande beaucoup de soins*
t'AMiLLE VV. — LOBÉLIACÉES.
(Campanulacées (en partie), de Hob, Broivrii —Lobéliacées (en partie), de Jussieui-^
Lobéliacées, de Èartiing),
CARACTÈRE. — Calyce/)/w5oî/ moins adhérent. COROLLE irrégulière. Examines 5,
épi g y nés soudées en tube. Ovaire infère^ « 1-3 loges pluriovulées; ovules horizontaux;
stigmate nu. Friit : une capsule nu une haie mnltiséminée. Graines à planttde dicotylé-
douée , albuminée:
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LOBÉLIACÉES. 89
Cette Famille tire son nom du Genre Lobélie^ dédié au botaniste Lobel qui vivait au seizième
siècle, et qui a puissamment contribué au progrès de la science par les nombreuses figures
de Plantes qu'il a publiées.
Les Lobéliacées sont des Plantes annuelles ou vivaces, herbacées pour la plupart, et généra-
lement pourvues d'un suc laiteux ; les feuilles
sont alternes, simples, sans stipules; les
ûeurs sont complètes, rarement dioîques par
avortement, ordinairement irrégulières; Tin-
florescence généralement en grappe ou en
épi; lecalyce a sdn tube soudé avec Tovaire
ou la base de Tovaire; son limbe est quîn-
quéfide; la corolle est insérée au sormtnet du
tube calycinal, et composée de 5 pétales,
rarement libres et réguliers, ordinairement
cohérents et irréguliers, bilabiés, à préflo-
raison valvaire. Les filets des étamines sont
ordinairement libres par leur base; supé-
rieurement, ils forment un tube traversé
par le style ; les anthères sont introrses, et
cohérentes en un cylindre, dont le sommet
est ordinairement recourbé en dedans;
ovaire infère, ou demi-infère, tantôt formant
2 ou 3 loges par rintroflexion des carpelles,
tantôt presque uniloculaire par suite de
leur introflexion incomplète, tantôt enfin
tout à fait uniloculaire , par suite de la dis-
positition valvaire des carpelles, dont les
bords seuls sont cohérents; les ovules sont
réfléchis; le style est terminal, simple; le
stigmate, ordinairement échancré , ou à 2
lobes entourés d'un anneau de poils; le fruit est tantôt indéhiscent et charnu ou presque
sec, tantôt déhiscent et capsulaire, à déhiscence loculicide. Les graines sont nombreuse^
et petites; la plantule est droite et occupe Taxe d'un albumen charnu; la radicule est voisine
du hile.
Cbutropooo:! a fbuillbs kn cobub.
{Ctntropogon Cordifoliuê.)
Isotome.
Isotoma.
LOBELtE.
Lobelia,
Laubentie.
Laurentia.
IsOLOliB.
holobus.
SiPHOCAMPYLUS.
SiphocampylUs^
CLIt«TONlE.
Clintonia.
TUPA.
Tupa.
Centbopogon.
Centrapogon
AFFINITÉ. — Les Lobéliacées sont liées aux Campanulacées par une étroite affinité, et
n'en difïerent que par leur corolle irrégulière et leurs anthères, constamment cohérentes; la
présence du suc laiteux, la soudure inégale des pièces de la corolle, la cohérence des an-
thères, la bifurcation du stigmate pourvu d'un appareil particulier de poils collecteurs, les
rapprochent des Ghicoracées, tribu des Composées ; elles se distinguent des Goodéniacées par
la préfloraison valvaire et le manque d'indusie stigmatique ; des StyUdiées par le nombre
des étamines et leur non-adhérence au style.
GÉOGRAPHIE. — La sixième partie environ des Lobéliacées habite en deçà du Cancer j
les autres sont dispersées dans les régions tropicales et australes, à peu près en égale pro-
portion en Amérique et dans l'ancien Continent; en plus grand nombre entre les tropiques,
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90 HISTOIRE DES FAMILLES.
et surtout au-delà du Capricorne , en Asie et en Afrique ; elles sont très-rares dans les régions
boréales de TAsie et de TEurope. Les Espèces ligneuses croissent surtout en Amérique.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Les Lobéliacées sont pleines d'un suc laiteux, très-àcre
et narcotique^ qui corrode la peau, et, pris à Fintérieur, enflamme le tube intestinal, pro-
voque les vomissements et le flux de ventre, et fait rapidement périr Tbomme et les animaux;
on doit donc les ranger parmi les Végétaux les plus vénéneux; quelques-unes cependant ont
été admises par les médecins de Tautre côté de FAtlantique au nombre des médicaments
qu'on administre avec une extrême prudence, et Tusage s'en est répandu parmi nous. La
LoBÉLiB BRULANTE { Lobclta ur^Tij) , indigène daus TEuropc occidcntalc et méridionale,
est pernicieuse pour les troupeaux, mais sa rareté fait que nous la citons à peine parmi nos
Plantes vireuses. LaL. BffPLàE(Z. inflata)y vulgairement nommée Indian Tobacco, est
employée par les médecins des États-Unis comme expectorante et diapborétique, et vantée
surtout dans le traitement de Tastbme; mais on a constaté par Texpérience que cette Plante,
administrée sans précaution, a tué un grand nombre de malades. — La LoBéLiECARDiiiALB,
belle Espèce vivace de la Virginie, est cultivée en Europe comme Plante d'ornement, à cause
de ses magnifiques grappes terminales de fleurs écarlates; ses racines passent pour anthel-.
mîntiques. — La Cardinale bleue (Z. syphilitica] ^ originaire du même pays, a des
fleurs bleues, en épi terminal; on la cultive aussi comme Plante d'ornement; sa racine est
acre et émétique ; les peuples originaires d'Amérique l'employaient avec succès comme dépu-
rative, et elle resta longtemps un remède secret : les Anglais l'achetèrent et le rendirent public,
mais cette publicité a nui à sa réputation, et les médecins prudents l'ont mis de côté. — Plu-
sieurs autresLobélies sont cultivéesdans nos jardins '.telles sont laL. brillante {L.fulgens),
Plante vivace du Pérou, dont les feuilles sont rouges sur les bords, et les fleurs d'un plus beau
rougeque celles de la L. cardinale; la L. éclatante (Z. splendens), du Mexique, qui a
ses feuilles plus vertes, et ses fleurs du double plus larges et d'un rouge encore plus vif que dans
l'espcce précédente; la L. a feuilles variables (Z. heterophylla). Espèce annuelle,
originaire de la Nouvelle-Hollande et de la terre de Van-Diémen, dont une variété à grandes
fleurs a été introduite en Europe, il y a douze ans, par un horticulteur anglais; cette belle
variété croît avec rapidité et forme une belle toufle qui se couvre de fleurs innombrables
pendant tout l'été.
Le Genre Tupa fournit aussi à Thorticulteur de belles espèces, la plupart du Chili, qui
toutes contiennent un principe vireux délétère ; Todeur de quelques-unes d'entre elles, aspirée
avec force, suffit pour provoquer le vomissement; nous citerons le T. a larges feuilles
( T. feuillei). Plante vivace herbacée, dont les fleurs rougeâtres sont disposées en épi lâche;
le T. A feuilles de saule (7*. Salictfolia)y Espèce arborescente, qui a ses fleurs d'un
rouge ponceau, disposées en longues grappes fouillées.
VIsotoma longiflora, nommée vulgairement Preventa caballos, herbe vivace, croît aux
Antilles, dans les marécages, et passe pour une des Espèces les plus vénéneuses de la Famille;
elle tue les chevaux qui l'ont broutée. L'Isotoma a fleurs axillaires {hotoma
axtllaris), Espèce de la Nouvelle-Hollande, herbacée, bisannuelle, est cultivée chez nous
en pleine terre, et forme des touffes arrondies, qui fleurissent depuis juin jusqu'à novembre. Les
émanations qui s'en dégagent sont très-irritantes, et provoquent la toux. — On cultive aussi en
serre chaude le Centropocon de Surinam {Centropogon surinamense) , arbrisseau de
trois à quatre pieds, qui montre au commencement du printemps ses longues fleurs d'un beau
rouge, axillaires et solitaires,et dont les baies sont comestibles.
Le suc laiteux du Siphocampylus cautschouckj qui croit au Pérou, fournit un caoutchouc;
plusieurs espèces du même genre sont cultivées en Europe : tels sont le S. bicolore
(S. bicolor); le S. glanduleux {S, glandulosus) , pi. l""*, qui se distingue par son beau
port et l'abondance de ses grandes fleurs roses ; le S. k c a r l 4 t e dS. coccineus) , la plus belle
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CAMPANULACÉES.
91
Espèce de ce Genre, qui a montré pour la première fois, en I8lt5, dans les jardins d'Europe
ses amples corolles écarlatcs, à la courbure desquelles le genre doit son nom de Siphocampylus.
Famille VIP. — CAMPANULACÉES.
(Campanules (en partie), à'Adanson. — Gampanulacées (en partie), de yt^s/et/. —
Gampanulées, HAlph. De Candolle, — Gampanulacées, de Bartling, )
CARACTÈRE. — Caltce plus ou moins adhérent à f ovaire. Corolle monopétale
régulière, Étamines épigynes. Ovaire infère à plusieurs loges multiovulées. Fruit capsu-
laire. Graine à plantule dicotylédonée, albuminée.
Les Gampanulacées ont reçu leur nom de la forme de leur corolle, qui représente
une clochette (Campana) 5 ce sont des Plantes
annuelles ou vivaces, généralement lai-
teuses j la tige est presque toujours her-
bacée, très -rarement sous -ligneuse; les
feuilles sont alternes, ou quelquefois op-
posées, simples, sans stipules. Les fleurs
sont complètes, régulières, en grappes ou
en épis, ou en glomérules, quelquefois en
panicules, ordinairement nues, rarement in-
volucrées. Le calyce est soudé par son tube
avec Tovaire, ou seulement avec sa base;
son limbe est persistant, ordinairement
quinquéfide, à préfloraison valvaire. La co-
rolle est insérée sur un anneau situé entre
le tube calycinal et Tovaire, rarement étalé
en disque, quelquefois, comme dans les Adé-
nophores, prolongé en fourreau qui engaîne
la base du style ; elle est ordinairement mar-
cescente, campanulée outubuleuse; ses di-
visions sont en même nombre que celles du
calyce, et leur préfloraison est valvaire. Les
étamines, en même nombre que les divisions
de la corolle , sont insérées comme elle, et
adhèrent quelquefois à sa base; les filets
sont ordinairement dilatés dans leurs parties
inférieures; les anthères sont introrses,
quelquefois cohérentes et formant un tube
traversé par le style. L'ovaire est infère ou
demi-infère, à 2-8 loges; les ovules sont réfléchis , horizontaux, attachés à des placentaires
occupant la cloison ou Tangle interne des loges; le style est terminal, simple, hérissé de
poils collecteurs, disposés en séries longitudinales; le stigmate est ordinairement divisé en
autant de lobes qu'il y a de loges, d'abord accolés les uns aux autres, poilus extérieurement,
glabres sur leur face interne. La capsule est à 2-8 loges; lorsqu'elle est demi-infère, la
déhiscence est loculicide, et s'opère par le sommet; lorsqu'elle est complètement infère,
les loges s'ouvrent près de la base, ou à la partie moyenne de l'ovaire, ou sous le limbe
I . WlBLKHBBIOIA Â VLBCB8
DB PBRrtIVCHB.
[Wakltnbtrgia ViHemflora,)
2. ROBLLA CILléB.
{Rotlla eiltala.)
3. Plattcodor automnal.
(Platycodon autumnalt,)
4. Campaïiulb iioblb a flbubs
blancbbs.
(Campanula nobiliêt albiflora.)
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Pî IV
I Irirlc«'s) i-anlhrtcorK ^
(K ,„,.„...,.., '-^ ""-^r-v F'?*:s
r, iMcm-iM
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92
HISTOIRE DES FAMILLES.
du calyce par un oriûce ou une valvule pariétale qui s'enroule en dehors. Les graines sont
nombreuses, ovoïdes ou anguleuses, la plantule est droite, et occupe Taxe d'un albumen
charnu; la radicule est voisine du hile.
Jasiore.
Jasione.
Raiponce.
Phyteuma.
Canarine.
Canarina.
Campanule.
CampaniUa.
Platycodok.
Platycodon,
Spéculaire.
Speoularia.
Wablrnbergia.
Wahlenbergia.
Trachelie.
Trachelium.
Prismatocarpe.
Prismatocarpus.
Adenophore.
Adenophora.
ROELLA.
Roella.
MUSSCQIA.
Musschia.
AFFINITÉ. — Les Campanulacées sont étroitement liées aux Lobéliacées; elles en dif-
fèrent par leur corolle régulière , leurs filets ordinairement dilatés à la base ; leurs anthères
presque toujours libres, leur pollen globuleux, la structure de leur stigmate et kidéhis-
cence de leur capsule. Elles offrent quelques rapports éloignés avec les Vacciniées et les
Gesnéracées.
GÉOGRAPHIE. — Les Campanulacées chez lesquelles la déhiscence du fruit s'opère
par la base ou par les côtés, et qui form4Si)t la tribu des Campanulées, habitent toutes en
deçà du Cancer, entre le 36* et le 47* parallèle ; elles abondent surtout dans l'ancien Conti-
nent. Les Campanulacées dont le fruit s'ouvre par le sommet, et dont on a fait aussi une
même tribu, sont rares dans les régions chaudes et tempérées de Thémisphère boréal, et entre
les tropiques ; elles se rencontrent plus fréquemment au delà du Capricorne, et surtout au
Cap de Bonne-Espérance, dans la Nouvelle-Hollande et l'Amérique méridionale.
«
ESPÈCES PRINCIPALES. — Le suc laiteux qui, chez les Lobéliacées, possède des
principes acres et narcotiques, est neutralisé dans les Campanulacées par une abondante
quantité de mucilage doux ; c'est à ce mucilage que les racines charnues de la G au p A?i u le
R A I p o N c B ( Campantda rapunculus ) , de la C. f a u s s b r a i p o n g e (6\ rapimculotdes), de
I'Adénopbore co m m fJN e (A. communes) , de la Raiponce en èpi (Phyteuma sptcaia),
doivent leurs propriétés alimentaires; elles sont sapides et d'une digestion facile; le lait dont
elles sont pénétrées les faisait, chez les anciens, recommander aux nourrices. Quelques
Espèces sont, en Russie, rangées au nombre des remèdes contre la rage. La C. c e r v i c a i re
(C. cervicaria)^ et la C. gant blé e (C trachelium) j Plantes indigènes, tirent leur nom
spécifique de l'usage qu'on en fait dans l'angine du pharynx et de la trachée. L'herbe fleurie
de la Wahlenbergia a feuilles de gramen [W, graminifolia), qui habite les mon-
tagnes de l'Europe méridionale, est recommandée par quelques médecins contre l'épilepsie.
Les habitants du Chili emploient l'infusion delaW.FAussELiNAiRE(ïr. linarioîdes), contre
les tranchées du tube intestinal.
Les Campanulacées sont plus connues comme Plantes d'agrément que comme Plantes
utiles. Nous citerons parmi les Campanules, la C. a f^uille^ de Vècher(C. persici-
folia), Espèce indigène, vivace et rustique, qui double facilement pjar la culture, et orne les
plates-bandes de nos jardins; la G. pyraiiidalp (Ç. pyramidalis), Espèce bisannuelle
de l'Europe méridionale, dont les fleurs forment une riche pyramide, haute de trois à
quatre pieds; la G. violette de Marie (C. médium)^ Plante du midi de l'Europe, qui,
par ses grandes corolles épanouies en grand nombre à la fois, figure l'ensemble de cloches
que Ton nomme carillon; la G. élégante (C speciosa), Espèce vivace de la Sibérie, dont
les fleurs sont grandes, d'un violet foiicé, et agglomérées en tête terminale. — La G. m roir
DE Vénus (Specularia spéculum) ^ ioive Espèce indigène, annuelle, doit son nom mytho-
logique à un disque jaune tapissant le fond de sa corolle bleue ; elle croit dans les campagnes
parmi les moissons^ et comm^ elle fleurit abondamment, i) semble que les blés sont implantés
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PI IV
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rr ; -î.'rm' /■ Av'.'S
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CAMPANULACÉES. 93
dans un tapis de \elours violet; les jardiniers la cultivent pour bordure — La C. dorée
(Musschia aurea), est une Plante ligneuse de Madère, haute de deux pieds, toujours verte,
que Ton cultive en orangerie, et qui développe vers la fin de Tété des grappes pyramidales
de fleurs grandes et d'un jaune doré. — La C. noble (P/. 11*) (C, nobilis) est une nouvelle
Espèce due, comme tant d'autres Espèces rares, au zèle infatigable de M. Fortune, jardinier
anglais, qui a entrepris d'envoyer en Europe toutes les richesses végétales de la Chine. Cette
plante magnifique, nommée parles ChinoisTAiTCHouNG-OuA (C/orAe-F/ewr), est commune
dans leurs jardins et commence à le devenir dans les nôtres, grâce à sa rusticité, qui lui
permet de passer l'hiver en pleine terre. La tige est ramifiée et atteint une hauteur de trois
pieds; les feuilles radicales sont cordiformes, d'un vert pâle, leur pétiole est long de six pouces;
les caulinaires sont lancéolées, presque sessiles, dentées-crénelées. Les fleurs sont pendantes;
la corolle d'un rouge légèrement vineux, piqueté de rouge plus foncé ; elle ofl're cinq nervures
moins colorées, qui s'efi*acent à mesure qu'elle s'évanouit. La floraison dure pendant juin e^
juillet. Le célèbre horticulteur Van-Houtte vient d'obtenir une variété à fleur pâle en fécon
dant le pistil de la C. noble avec le pollen de la C. ponctuée (C. punctata) espèce de
Sibérie à corolle jaunâtre, ponctuée de brun en dedans; cette hybride a plus d'éclat que son
père, mais sa mère la surpasse en beauté.
LaRoBLLA CILIÉE {Jloellu ciliata] est un sous-arbrisseau du Cap qui n'a pas un pied de
hauteur; on le cultive dans les serres tempérées, où il ouvre en juillet ses grandes corolles,
dont le limbe et le haut du tube sont d'un beau violet interrompu par un cercle blanc.
Le Platycodon a grandes pleurs (Platycodon grandiflontm) , qui vient de la
Sibérie, a ses rameaux terminés par une seule fleur d'un bleu magnifique. — LaCANARiNE
campanule (Canarina campamda) , Plante vivace des Canaries, a des fleurs pendantes
jaunes, rayées de rouge ; sa racine, qui est tubéreuse," et sa capsule demi-succulente, sont
employées comme aliment.
Les Jasiones sont des herbes européennes, dont les capitules terminaux offrent la phy-
sionomie des Scabieiises ; \a p\us gTSiXide espèce est la Jasione vivace (J. perennis), qui
montre ses capitules bleus de juillet à septembre. — Le Genre Wahlenbergia, fournit à l'hor-
ticulture une Espèce, originaire de la Nouvelle -Hollande, qui nous arriva au commencement
de ce siècle, fut perdue pendant quarante ans, et vient d'être retrouvée à Bruxelles par
M. Vilmorin : c'est le W. a fleurs de pervenche (fF. Vincœfolia) sa corolle est en
cloche, son limbe forme 5 lobes ovales aigus, d'un bleu d'azur vif en dedans, muni vers la
gorge de poils blancs, le tube est jaunâtre inféricurement. Cette plante est cultivée pour
bordure et fleurit de mai en septembre. — Nous terminerons l'histoire de la Famille des
Campanulacées , en citant la Campanule a feuilles de lierre ( Wahlenbergia
hederacea), charmante petite Plante à fleur bleue solitaire, longuement pédonculée, à
tige filiforme couchée et à feuilles lobées-anguleuses comme celles du Lierre; il en est fait
mention dans la préface de cet ouvrage.
Famille VHP. — SPHÉNOCLÉACÉES.
(Sphénocléacées, d'A. de Jussieu, — Pongatiées, d'Endlicher.)
Les Sphénocléacées, que M. A. de Jussieu place à la suite des Campanulacées, ne forment
pas une Famille nettement caractérisée; elles consistent dans un Genre unique, réduit à une
seule Espèce, le Sphenoclea de Gœrtner, Pongatium de Jussieu, Plante annuelle, voisine
des Campanulacées, qu'on rencontre dans toute la zone intertropicale. Les fleurs sont
disposées en capitule presque cylindrique et accompagnées chacune d'une bractée tri-
13
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94 HISTOIRE DES FAMILLES.
partite ; le calyce, adhérent àTovaire, a son tube en forme de pyramide renversée ou de coin
(de là le nom de Sphenoclea) ; la <;orolle est quinquépartite, à lobes infléchis ; les cinq étamines
sont sessiles dans les sinus de la corolle; Tovaire est à deux loges, le style très-court, le
stigmate bilobé; la capsule est membraneuse, et s'ouvre en pyxide; les graines sont nom-
breuses, attachées à des placentaires allongés, cylindriques, qui descendent du sommet de la
cloison; laplantule est droite, dans Taxe d'un albumen charnu, peu abondant.
Famille IX*.— DIPSACÉES.
(DiPSÀCÉES de /ttô5t>u.)
CARACTÈRE. — Calyce enveloppant Vomire avec ou sans adhérence. Corolle
monopétale épigyne, Étamines non cohérentes. Ovaire uniloculaire, à ovule unique
pendant. Graine àplantule dicotylédones albuminée; radicule supère.
Les dipsacées tirent leur nom du Genre Dipsacus; le mot Dipsacus signifie en grec je
guéris la soif, et fait allusion aux feuilles
qui sont opposées et soudées ensemble, de
manière à former une sorte de vase ou de
réservoir, où s'amassent et se conservent
les eaux pluviales.
Cette Famille se compose de Plantes gé-
néralement herbacées , à tige cylindrique ,
à feuilles opposées, simples, sans stipules.
Les fleurs sont complètes, plus ou moins
disposées en capitule dense sur un récep-
tacle commun, muni d'un involucre, et
tantôt nu, tantôt chargé de bractées ou
paillettes, dont chacune appartient à une
fleur. Les paillettes les plus extérieures sont
quelquefois stériles , et les corolles de la
circonférence sont souvent rayonnantes.
Chaque fleur est pourvue d'un involucelle
calyciforme persistant ; le calyce adhère à
l'ovaire, soit par le sommet de son tube ,
soit par son tube entier; quelquefois U
l'enveloppe sans adhérence , et forme au-
dessus de lui un étranglement; le limbe
est creusé en godet ^ ou divisé en lanières
sétiformes. La corolle est tubuleuse , son
Moiiiii Di ?nn. limbe est quinquéfide, souvent irrégulier,
[Marina Ptrêica.'i ,^ .... ; , ,. . '
à préfloraison imbnquée. Les étamines sont
au nombre de 4, alternes avec les lobes de la corolle (la5« manque entre les deux lobes
intérieurs) ; les filets sont souvent didynames ; les anthères sont introrses. L'ovaire renferme
un ovule réfléchi, suspendu au sommet de la loge. Le style est terminal , soudé par sa base
au col rétréci du calyce. Le fruit est un utricule, couronné par le limbe du calyce; la graine
est inverse ; la plantule est droite, et occupe l'axe d'un albumen charnu très-peu abondant.
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DIPSACÉES.
95
scabuuse.
Ptébocéphalv.
Knautie.
Scabiosa,
Pterocephalus.
Knautia,
Céphalaire.
Cardérb.
MORINA.
Cephallaria,
Dipsacus,
Morina.
.^^Êim^
AFFINITÉ. — Les Dipsacées, voisines des Valérianées et des Composées, se distinguent
de celles-ci , dont elles ont Finflorescence , par les anthères distinctes, la graine inverse et
albuminée ; de celles-là par leur inflorescence , leur carpelle unique , souvent libre dans le
tube calycinal, et leur plantule albuminée. Elles se rapprochent des Calycérées par leur ovule
pendant et la présence de Talbumen ; mais elles s*en distinguent par la nervation et la pré-
floraison de la corolle.
GÉOGRAPHIE. — Les Dipsacées croissent dans les régions tempérées et chaudes extra-
tiopicales de Tancien continent, ainsi que dans l'Afrique australe; on les rencontre surtout
dans la partie orientale du bassin méditerranéen.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les propriétés médicales des Dipsacées sont peu
estimées; plusieurs possèdent dans leurs feuilles et leur racine un principe amer -doux, un
peu astringent^ qu'on a recommandé pour diverses maladies. — Les Scabieuses (Scubiosa)
étaient administrées contre les afiections cutanées,
et notamment contre la gale (en latin scabies).
La Se. DES CBAMPS lKnauttaarv€nsi8);]9i Petite
ScABiBusB (Se, columbaria) sont tombées en dé-
suétude. La Se. OFFiciNALB (5c. «Mcma), nommée
vulgairement Mors-du-diable^ à cause de sa souche
tronquée , et comme rongée à Textrémité, est pres-
crite en décoction, comme dépurative ; on emploie
les feuilles, les fleurs et surtout la souche, qui
contient beaucoup de tanin , et jouit de propriétés
fortement astringentes.
Les Cardères (Dipsacus) ne sont plus usitées
en médecine ; les anciens pvescrivaient les racines
de la C. A FOULON (Z>. fullonum) comme sudori-
fiques et diurétiques. Les feuilles et les graines
étaient préconisées contre la rage ; ils attribuaient
même à Feau contenue dans le réservoir formé par
les feuilles des vertus effleaces pour la guérison de
la chassie des yeux, et ils nommaient la Cardère
baignoire de Vénus, Chardon de Vénus; aujourd'hui,
ces appellations sont remplacées par celles de Char-
don à bonnetier, Chardon à foulon, qui rappellent
la propriété la plus utile de la Plante : en effet,
ses capitules ovoïdes-cylindriques sont pourvues de
paillettes recourbées propres à carder, c'est-à-dire à
peigner et à polir les tissus de laine et de coton. Les bonnetiers et les^ drapiers en font une
énorme consommation : une seule pièce de drap met hors de service i ,500 à 2,000 têtes, un
seul pied n'en porte pas plus de 7 ou 8; aussi la cukurede la Cardère exige-t-elle des terrains
d'une étendue considérable. On a voulu lui substituer des Cardères artificielles; mais tqps les
essais ont été infructueux , rien n'a pu remplacer la roideur et l'élasticité des bractées du
Dipsacus. On peut du reste regarder cette précieuse Plante comme un produit de l'art ; car
c'est la culture qui a développé ses qualités en recourbant et endurcissant les bractées de son
ScABIBUfl VIOTI.
(SeafriMS atropurpurta.)
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90 HISTOIRE DES FAMILLES.
capitule , qui , dans FEspèce sauvage, sont molles et peu crochues. La variété que rbomme
a obtenue peut se perpétuer par des graines.
Les Dipsacées contribuent aussi à rembellissement de nos jardins. LaScABiEusE vbcve
(Se, atropurpuj'ea) , Espèce bisannuelle, originaire des Indes, étale depuis juillet jusqu'à
octobre ses capitules veloutés, à odeur de musc, et dont la couleur passe souvent du pourpre
foncé au rouge panaché et au rose clair. — La Se. étoilée (Se. stellata), Espèce indigène
et annuelle, a ses fleurs blanches; la Se. du Caucase (Se. Caueasiea), Plante vivace, a de
larges capitules d'un bleu tendre. Le Genre Morikb (Morina) qui constitue une tribu à part
dans la Famille des Dipsacées, se distingue des Scabieuses par sa corolle ringente, ses éta-
mines didynames et ses fleurs agglomérées en verticilles à Faisselle des feuilles supérieures.
Ce sont des herbes orientales, qui, du Mont Parnasse ont pénétré à travers la Syrie et la Perse
jusque dans l'Inde. — La M. a longues feuilles (M. longi folio) est une très-belle plante
vivace du Népaul, que nous cultivons en pleine terre, ses fleurs, d'un blanc rose, forment un
long épi, et leur évolution successive dure pendant une partie de la belle saison.
Famille X". — VALÉRIANÉES.
(Dipsacées (en partie), de yw5SiVM. — Valérianes, de De Candolle. — Valéri an âgées,
de Lindleij).
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à Vovaire. Corolle monopétale épigyne. Eta-
mines ordinairement moins nombreuses que les lobes de la corolle et non cohérentes. Ovaire
« trois loges, dont deux avortées, et la troisième uni-ovulée; ovule pendant. Graine à
plantule dicotylédonée . Radicule supere.
Les Valérianées, qui tirent leur nom de
la Valériane^ principal Genre delà Famille,
sont des Plantes herbacées, tantôt annuelles,
à racine grêle et inodore, tantôt vivaces, à
rhizome presque ligneux, ordinairement
odorant. Les feuilles radicales sont en toufle,
les caulinaires opposées, simples, sans sti-
pules.
Les fleurs sont généralement stamino-pis-
tillces, quelquefois monoïques ou dioîques;
disposées en cymes dichotomes ou solitaires
dans la bifurcation des rameaux , ou fasci-
culées en corymbe , et munies de bractées.
Le tube du calyce est soudé avec l'ovaire,
le limbe est trifide ou quadrifide, ou divisé en
lanières nombreuses, sétiformes, qui forment
une aigrette caduque. La corolle, insérée à
la marge d'un disque couronnant l'ovaire,
est tubuleuse, infundibuliforme ; son tube
est souvent éperonné à la base, son limbe,
I généralement quinquélobé, est quelquefois
irréguher; la préfloraison est imbriquée.
Les étamines, insérées sur le tube de la co-
valbriarb DB8 pvréivéks. roUc, alternent avec ses divisions ; leur
(vaieHana Pyrenaica.) nombrc cst rarcmcut dc 5, le plus souvent
il est de 4, par suppression de la 5* intérieure; quelquefois de 3, par suppression d'une
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VALÉRIANÉES.
97
des latérales; quelquefois enfin réiamine intérieure se développe seule; les anthères sont
introrses ; Tovaire infère se compose de trois carpelles^ formant trois loges, dont deux vides ,
ordinairement plus petites , et la troisième fertile ; Tovule réfléchi pend au sommet de la
loge; le style est simple^ filiforme, terminé par 2-3 stigmates, quelquefois cohérents.
Le fruit est sec, indéhiscent, ordinairement uniloculaire par disparition des loges stériles,
toujours à une seule graine ; la graine est inverse ; la plantule est droite , à cotylédons
ohlongs, épais, beaucoup plus longs que la radicule.
Yalébiaiielle.
FSDIA.
Valerianella,
Fedia.
Centbanthb.
Valériane.
CentranthtÀS,
Valeriana,
AFFINITÉ. — Cette Famille, très-voisine des Dipsacées, s'en distingue par Tovaire
triloculaire , et le défaut d'albumen : son affinité avec les Composées est incontestable;
mais elle en diffère par beaucoup de caractères, dont les principaux, sans compter le
port, sont la structure de l'ovaire et la position de l'ovule.
GÉOGRAPHIE. — Les Valérianées habitent, dans l'ancien continent^ l'Europe centrale,
la région méditerranéenne, et celle que dominent le Taurus et le Caucase, d'où elles ont passé
en petit nombre dans l'Orient , la Sibérie , le Népaul et le Japon. On n'en rencontre pas
entre les tropiques et au-delà du Capricorne. Mais dans le nouveau continent^ elles habitent
les chaînes de montagnes qui s'étendent sous les tropiques, le long du rivage oriental; de là
elles se sont répandues dans le Chili et la terre MagellaniqUe. L'Amérique septentrionale
n'en possède qu'une Espèce.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les Espèces du Genre Valériane ( ro/eriana) possèdent,
à divers degrés, des vertus sur lesquelles tous les peuples sont d'accord : ces vertus sont plus
énergiques chez les Espèces vivaces; quant à l'infériorité des annuelles, il faut l'imputer
à la courte durée de leur existence. Les rhizomes chevelus des vivaces contiennent une
huile volatile d'une nature spéciale (essence de Valériane), un acide particulier (acide valéria-
nique), un principe colorant, et de la fécule ; leur saveur est acre, amère, un peu astringente ^
leur odeur est pénétrante , un peu aromatique , désagréable pour les uns , délicieuse pour les
autres, célébrée par un grand nombre de poètes, recherchée avidement par certains animaux^
et surtout par les chats : on ne peut conserver des Valérianes dans les jardins fréquentés par
eux, ils la déracinent malgré toutes les précautions, et même ils bouleversent les herbiers où
on en conserve. Ces Plantes, dont la propriété consiste à stimuler toutes les fonctions vitales,
et surtout les sensations , étaient vantées chez les anciens, notamment chez les Orientaux ;
elles sont aussi en grande réputation dans la médecine moderne , et placées au premier rang
parmi les racines antispasmodiques; on les a longtemps regardées comme efficaces dans
l'épilepsie : Fabius Columna, seigneur napolitain , qui vivait au seizième siècle, et qui était
épileptique, ayant épuisé tous les remèdes imaginables, se livra à l'étude de la botanique pour
chercher dans les Plantes quelque secours contre la terrible maladie dont il était afl'ecté ; il
fut, dit-il, parfaitement guéri par la Valériane. Un siècle plus tard, un médecin célèbre de
Rome guérit, par ce moyen, un pêcheur épileptique , dont les accès revenaient plusieurs fois
par jour. Mais la maladie en question était-elle la véritable épilepsie^ ou seulement une
convulsion épileptiforme?
C'est surtout aux affections vaguement indiquées sous le nom de spasmes , de vapeurs, de
maux de nerfs^ que s'applique avec succès l'action des Valérianes. Quelques médecins du
siècle dernier attestent leur efficacité dans la danse de Saint-Gui , maladie caractérisée
par des mouvements involontaires désordonnés et convulsifs ; d'autres les ont préconisées
dans la migraine. Mais il est une vertu incontestable que possèdent les Valérianes, et qu'elles
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98 HISTOIRE DES FAMILLES.
partagent d'ailleurs avec les autres antispasmodiques^ c'est celle de remédier aux troubles
nerveux, qui, chez les femmes surtout , sont la conséquence des pertes de sang trop abon-
dantes. « Tous ces accidents , dit notre savant ami, le docteur Pidoux, accidents si communs
a depuis qu'on a paru oublier qu'il faut du sang pour régulariser les phénomènes de l'inner-
« vation , cèdent à peu près constamment aux antispasmodiques , et surtout à la Valériane ,
« en attendant que par un régime analeptique bien dirigé, le sang , cet antispasmodique par
a excellence {sanguis moderator nervorwn) , soit venu apporter à la névrosité la fixité néces-
(( saire au maintien de son équilibre. »
Citons maintenant les principales Valérianes, en commençant par laV. officinale
(V, officinalis) j qui est l'Espèce la plus usitée; elle est commune en Europe, et naît
fréquemment dans les prés humides^ rarement dans les lieux secs et sablonneux. Sa tige est
sillonnée , ses feuilles, penniséquées et duvetées, varient selon la localité qu'elle habite. Les
anciens, qui aimaient à varier leurs médicaments, employaient les autres Espèces du même
Genre, telles que laV. dioïqub ( V. dioîca), Plante indigène^ à feuilles glabres, dont les radi-
cules sont entières, spatulées^ ovales, et les caulinaires penniséquées ; la V. phu ( K. phu),
Espèce d'Allemagne, cultivée dans nos jardins, dont les feuilles radicales sont indivises, lancéo-
lées, et les fleui*s blanches ; la V. d e s Pt r é n 6 e s ( F. pyrenaîca), Plante d'ornement, comme
la précédente, à fleurs d'un joli rose, à feuilles dont les inférieures sont simples, et les supé-
rieures à trois ou plusieurs segments , celui du milieu beaucoup plus grand que les deux
autres; la V. db Sitchr (V. sitchensis), qui vient de l'Amérique septentrionale, et que
les Russes estiment par-dessus toutes les autres.
Les anciens vantaient beaucoup le Nard celtique et le Nard indien; le premier eit fourni
par deux Espèces, la V. celtique ( V. celtica),
qui habite le sommet des montagnes de la Styrie et
de la Garinthie, et la V. Nabd ( F. saliunca), qui
croît dans les Alpes de la Ligurie. Ces Plantes ne
jouissent pas d'une grande renommée parmi les
habitants des Alpes ; mais elles n'en sont pas moins
l'objet d'un commerce considérable. Les commer-
çants les font récolter à peu de frais par des pay-
sans, qui vont les chercher jusqu'à la limite des
neiges éternelles; les racines liées en botte sont
encaissées dans de grands tonneaux, et expédiées,
tous les ans, de Trieste en Turquie et en Egypte,
où on les vend avec de grands bénéfices ; de là elles
sont transportées jusqu'au fond de l'Ethiopie et de
l'Inde. On les y emploie dans la préparation des
bains et dans la confection de certains onguents.
En Europe, elles entrent dans la composition de
la thériaque.
Le Nard bNoiBN, que les anciens nommaient
Spica-nard, était en faveur chez eux, et ils lui
attribuaient la propriété d'ouvrir le cœur aux pas-
sions amoureuses. C'est depuis quelques années
seulement que l'on sait à quel Genre des Valériane es
on doit le rapporter : ce Genre est le N a r d o sx a -
cb!it«anthi aouGi. cHTS, voisin du Patrinia; l'Espèce tire son nom
du mot sanscrit, employé dans le pays à la désigner:
le A^. «/a/amawse est usité dans tout le continent indien, à cause de la force de son arôme
et de ses propriétés stimulantes. Le Nard liquide^ ce parfum précieux que Marie versa
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VALÉRIANÉES. 99
sur les pieds de Notre-Seigneur, et qui embauma toute la maison, était probablement aro-
matisé a^^ec du Nard indien. — Quelques Valérianes de l'Amérique possèdent la même odeur
que Tofficinale ; on ne sait rien de leurs usages.
Toutes les Yalérianées vivaces ont des feuilles légèrement amères; dans celles des
Espèces annuelles, cette amertume est remplacée par un mucilage insipide -, telles sont les
Valérianelles ou mâches, et notamment la Valébianellb potagère ( V. olitaria), dont
l'herbe jeune se mange en salade; lorsqu'elle est sèche, elle exhale une faible odeur de Nard,
due à une petite quantité d'huile volatile. Telle est aussi la Y. Cornb d'abondance (Fe^ia
comucopiœ) , Espèce méditerranéenne, cultivée pour ornement à cause de ses nombreuses
fleurs rosées formant un corymbe arqué, dont le pédoncule est épaissi vers le sommet; on
peut aussi la manger en salade.
La principale Plante d'ornement fournie par la Famille des Yalérianées, estleCsNTRANTHE
EouGE (Centranthm ruber]. Espèce indigène, vivace, remarquable par ses panicules de
fleurs, qui croit dans les lieux pierreux, et est cultivée dans tous les jardins; la corolle est
pourpre, rouge, blanche ou lilas, munie d'un long éperon à sa base^ et ne contient qu'une
étamine. La racine sent la Yalériane.
Famille XI'.— COLUMELLIACÉES.
(COLUMELLIACÉES, d'EndUcher.)
Les COLUMELLIACÉES, qui tirent leur nom de Golumelle, le plus savant agronome de
l'antiquité, se composent d'un Genre unique, dont l'affinité est douteuse. Endlicher les place
à la suite des Styracées; M. A. de Jussieu, entre les Yalérianées et les CaprifoUacées. — Ce
sont des arbres ou des arbustes toujours verts, croissant dans le Pérou et dans le Mexique, à
rameaux opposés et comprimés, à feuilles opposées, sans stipules : les fleurs sont jaunes,
terminales, à pédoncules courts, munis de deux bractéoles. Le calyce a son tube soudé avec
l'ovaire ; son limbe est quinquépartit ; la corolle est rotacée, quinquéfide, à lobes égaux, obtus,
imbriqués dans la préfloraison. Les étamines, au nombre de deux, sont insérées au fond de la
corolle, et alternent avec deux de ses lobes; leurs filets sont courts, comprimés, dilatés en
connectif, épais, dont le contour sinueux porte une anthère à deux loges anfractueuses.
L'ovaire est infère, à deux loges; les placentaires sont appliqués à droite et à gauche de la
cloison; les ovules sont nombreux, réfléchis, ascendants; le stigmate est bilobé; la capsule est
presque ligneuse, libre au sommet, et s'ouvre par déhiscence septicide; les graines sont
ascendantes, la plantule est droite, et occupe l'axe d'un albumen charnu; les cotylédons sont
ovales, obtus; la radicule est infère.
Famille XII'.— CAPRIFOLIACÉES.
(Chèvrefeuilles, àt Jussieu, — Caprifoliacées, de De Candolle. — Caprifoliacées
et Sambucées, de Kunth. — Caprifoliacées et Yïburnées, de Bartling. —
LoNicÉRÊES , à" Endlicher,)
CARACTÈRE. —Calyce adhérent à Vovaire, Corolle épigyne. Examines insérées
sur la corolle. Ovaire infère, à deux ouplusieurs loges, uni ou multiomtlées. — Graiite à
plantule dicotylédonée, albuminée. Feuilles soyu stipules.
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(Capnfohacècft') («'.ci-nntnroi?» )
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(Kuhlar.-rK)
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100
HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Capn foliacées sont, pour la plupart, des arbustes ou des sous-arbrisseaux, dont quel-
ques-uns volubiles. Les feuilles sont opposées. Les stipules sont nulles ou représentées par des
cils ou des glandes situés à la base des pétioles. Les fleurs sont complètes, régulières ou presque
irrégulières, disposées en tète ou en corymbe terminal, géminées sur des pédoncules axil-
laires. Le calyce a son
limbe quinquéfide ou quin-
quédenté; la corolle est
tubuleuse ou infundibub-
forme, ou rotacée à limbe
quinquéfide , ordinaire-
ment régulier, dont la
préfloraison est imbri-
quée; les étamines sont
en nombre égal à celui des
divisions de la corolle et
alternes avec elles , quel-
quefois une d'elles fait dé-
faut; les filets sont filiformes, les anthères introrses. L'ovaire
est à 2-5 loges; les ovules sont réfléchis, tantôt solitaires et
pendants au sommet de Tangle central, tantôt nombreux et
biseriés à Tangle de la loge; le plus souvent une seule loge
est fertile et uniovulée. Le style est terminal, tantôt filiforme,
à stigmate en tête; ou à peine bilobé; tantôt presque nul, à
trois ou cinq sitgmates sub-sessiles. Le fruit est une baie plus
ou moms succulente, à une ou plusieurs loges, dont souvent
une seule est fertile et renferme une graine solitaire , tandis
que les autres en renferment plusieurs avortées. La graine
est inverse; la plantule est droite et occupe Taxe d'un albumen charnu: la radicule est
supère.
SvKBilJ.
{Sambueus nigra.)
Tribu i. — LONICÉRÉES. —Corolle tubuleuse, style filiforme, ra
LiNKÉE.
Abélie.
Stmphorine.
Letcestéria.
Linnœa.
Abelia,
Symphoricarpus .
Leycesieria.
, style filiforme
î, raphc
dorsal.
Weigelia.
DlERVILLE.
CHèVRBfEUILLE.
Triosteum.
Weigelia
Diervilla,
Lonicera.
Triosteum
Tribu 2. — SAMBUCÉES. — Corolle rdlacéc ou à peine tubuleuse, 3 stigmates sessilcs, raphé
ventral.
Viorne.
Viburnum.
Sureau.
Sambucus.
AFFINITÉ. — Les deux Tribus qui constituent les Caprifoliacées sont peut-être des
Familles distinctes. Les Lomcérées se lient étroitement aux Rubiacées, dont elles ne différent
guère que par le manque de stipules; elles off'rent une grande analogie avec les Loranthacées
qui s'en éloignent par la position des étamines et la structure du fruit; leur alliance est plus
manifeste avec les Apocynées, qui s'en distinguent sans peine par leur suc généralement
laiteux, l'ovaire libre, la coroUe contournée, les anthères conniventes, et enfin par le caractère
du fruit et de la graine. Les Sambucees, quoique unies aux Lomcérées par une incontestable
affinité, tendent à s'allier aux Familles polypétales des Cornées , des Araliacées, et des
Ombellifères; la Viorne, d'un côté, VHydrangea, de l'autre, les rapprochent des Saxifragées,
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PI.V
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CAPKIFOLIACÉES. 1«1
GÉOGRAPHIE. — Les Gaprifoliacées croissent surtout dans les régions tempérées et un
peu froides de rhéraisphère boréal; elles sont plus abondantes dans TAsie centrale, dans
le nord de Tlnde et dans TAmérique, qu'en Europe. Quelques Espèces franchissent les limites
prescrites par la Nature à leur Famille, et pénètrent dans les régions tropicales, mais elles se
mettent à Tabri des feux de la zone torride en habitant le sommet des montagnes. Un petit
nombre d'Espèces du Sureau, Genre cosmopolite , vivent au delà du Gapricome , dans le
Chili et la Nouvelle-Hollande.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Lonicérées, dont plusieurs Espèces nous plaisent
par leur odeur suave, sensible surtout vers le soir, se recommandent à la médecine par un
principe acre et amer, qui en a fait ranger quelques-unes parmi les médicaments émétiques,
purgatifs et diurétiques; d'autres, dont la fleur contient une huile volatile, sont employées
comme diaphorétiques. — Le Chèvrefbuillb dbsjardins (Lonicera caprifolium), arbris-
seau indigène, sarmenteux et volubile, produit des baies dont les propriétés diurétiques sont
très-intenses. Le Ch. xtlostéon (Z. xylosteum) , Plante des Alpes, qui croît en buisson, et
que Ton cultive aussi dans les jardins, a des baies laxatives. — LaDiERviLLs du Canada
{Diervilla canadensis), arbrisseau rustique de l'Amérique du Nord, qui croît en pleine terre
dans nos jardins, a des fleurs jaunes, des feuilles dentées, des tiges qui répandent à la cassure
une odeur forte; ces tiges sont employées, dans l'Amérique septentrionale, comme diurétiques
etdépuratives. — ^La Stmphorine commune {Symphoricarpos parviflora), petit arbrisseau de
la Caroline, dont les fleurs sont peu apparentes, et dont les fruits rouges^ paraissant à la fîn
de Tété, sont d'un effet agréable dans nos jardins, fournit aux Américains une racine astrin-
gente, usitée comme fébrifuge. On trouve également dans les officines des États-Unis la racine
duTRfosTÉoN PERF0L1É ( Triostcum perfoliatum), qui est amère, purgative, émétique à
haute dose, et que les médecins prescrivent aussi contre les fièvres intermittentes.
La L INNÉE ^0KkkL^(Linnœa 6orea/t>)^ est une Plante herbacée , toujours verte , qui
abonde dans les forêts de la Suède, patrie de Linné, à qui elle a été dédiée, et dans toute la
zone où se trouve incluse cette région; les tiges sont fluettes, rampantes, terminées par deux
fleurs campanulées, teintes de rose en dedans, blanchâtres en dehors, et exhalent le soir une
odeur très-suave ; la tige et les feuilles possèdent une saveur amère, qui les fait recommander
en Suède comme diurétiques et diaphorétiques.
Outre les Lonicérées que nous venons d'énumérer , nous mentionnerons quelques belles
Espèces exotiques cultivées dans nos jardins. Parmi les Chèvrefeuilles y on doit remarquer le
Ch. de Virginie (Z. Seinper virens) , dont la tige est volubile, les feuilles toutes glauques
ou blanchâtres en dessous, et les fleurs d'un rouge vif extérieurement, très-belles, mais
inodores ; le G h. du Japon (Z. Japonica) , Espèce volubile nommée dans sa patrie Arbî^e
d*or et d'argent, à cause de ses fleurs d'abord blanches, ensuite jaunes, qui ont Todeur de la
fleur d'oranger; le Ch. de Tartarie, ou Cerisier nain^ arbrisseau non volubile, à feuilles d'un
vert bleuâtre, à fleurs roses en dehors, blanches en dedans et à fruits rouges^ etc.
Les Symphorines, dont nous avons déjà cité une Espèce, sont de charmants arbustes
aroéncains, cultivés en pleine terre, dont les baies persistantes sont d'un agréable efl'et dans
les jardins, à l'entrée de la mauvaise saison. Le S. a grappes (S, leucocarpa), a ses fruits
d'un beau blanc et de la grosseur d'une cerise; le S. du Mexique (5. Mexicana), a son
fruit du volume d'un pois, blanc, piqueté de violet.
L'Abélie des rochers (Abelia îupestris), est un arbrisseau de la Chine, dont les fleurs
sont d'un blanc pur et d'une odeur suave; l'A. floribondb (^4. floribunda) , Espèce du
Mexique, a des rameaux pendants et des fleurs d'un rose écarlate.
Le Wbigélia a fleurs kos^s ( Weigelia rosea) (PI. V), est un bel arbrisseau
rapporté récemment de Chine par un voyageur qui l'a trouvé à Chusan dans le jardin d'un
mandarin ; son port est celui d'un Seringat ; ses fleurs nombreuses, grandes et roses, naissent
d4
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102
HISTOIRE DES FAMILLES.
en mai , à Taisselle des feuilles et à l'extrémité des rameaux. Si cette élégante Espèce peut
passer Thiver en pleine terre, on la cultivera en grand pour en former des bosquets.
Passons à la Tribu des S A mbu cées. Le Su r eau ( Sambucus nt^ra) est un arbre connu de
tous, et consacré par d'antiques superstitions ; toutes ses parties broyées exhalent une odeur
forte et désagréable, et offrent une saveur acre et amère ; son écorce intérieure est recom-
mandée par quelques médecins comme purgative, dans Thydropisie. Ses fleurs sont presque
sans âcreté, d'une odeur forte et d'une saveur muqueuse-amère; la petite quantité d'huile
volatile qu'elles contiennent les font employer comme sudoriûque. Les baies, qui contiennent
un suc violet acidule-douceàtre, sont mangées cuites par les paysans de l'Allemagne, qui en
sont friands ; prises en grande quantité, elles relâchent le ventre : les graines sont huileuses
et purgatives. La fleur, séchée avec soin, donne au vin le bouquet du frontignan. Le Suriau
A GRAPPES (5. racemosa), qui fleurit au premier printemps possède les mêmes propriétés.
L'HiÈBLB (5. ebulus) est une Espèce herbacée très-connue par sa puanteur, qui croît
abondamment en Europe, sur le bord des chemins ; les fleurs sont inusitées, les baies servent,
comme celles du S. commun, à préparer, dans les pharmacies, un extrait purgatif, nommé
Bob de Sureau. Quant aux Espèces du même Genre habitant l'Amérique septentrionale , le
Mexique, le Pérou, le Chili, elles sont employées comme diaphorétiques et purgatives.
La Viorne obier {Vibumum opitius) rivalise faiblement avec le Sureau commun pour
les propriétés médicales ; la V. M a n-
ciENNE {V, lantana) a des feuilles
et des baies légèrement astringentes;
mais l'écorce extérieure est d'une
telle âcreté, qu'on l'emploie dans
quelques pays comme vésicante.
Les Sureaux et les Viornes sont
aussi cultivés comme Plantes d'a-
grément.— Le ScRBADNoiR scrait
un de plus beaux ornements de nos
jardins, s'il était moins
commun. On en con-
naît plusieurs variétés,
à fruit blanc, à fruit
vert, à feuilles pana-
chées de blanc , de
jaune ; la plus élégante
est le S. A FEUILLES
L A Cl N l É E s (S, la-
ciniata ) ; le S. A
FEUILLES DE CHAN-
VRE (S, cunnabifolia)
a ses folioles pana-
cbées , profondément
découpées ; il fle\irit
VlOBRR OBIIR.
yibumum opu'ut.
presque toute l'année.
— La Viorne obier,
nommée vulgairement Sureau aquatique ^ a des fleurs blanches disposées en fausse-ombelle,
et des baies rouges; on en a obtenu une variété très-remarquable, nommée Boule-de-neige
ou Rose de Gueldre, dans laquelle le limbe du calycc se développe outre mesure aux
dépens de la coroTle, des ctammes et du pistil.— Le Laurier-tin (T. tinus) est un
élégant arbrisseau d'Espagne, toujours vert, qui montre à la fin de l'hiver ses fleurs petites.
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RUBIACÉES. 103
rouges en dehors, blanches en dedans. — La V. if ancien nb (V. lantana) est un arbrisseau
indigène, à feuilles cotonneuses, à fleurs blanches, à baies d'abord rouges, puis noires;
récoree de la racine contient une substance visqueuse dont on fait de la glu. Les rameaux
de la tige sont employées par les vanniers pour fabriquer des liens et des corbeilles. C'est
à cet arbrisseau que Virgile fait allusion dans sa première églogue, lorsque Tityré compare
Rome à sa ville natale : « Rome lève sa tête au-dessus des autres villes, comme le Cyprès
au-dessus des Viornes flexibles. »
Verum hœc tanium alias inter caput exiulit urbes ,
Quantum lenta soient inter Viburna Cupressi.
Famille \\U\ — RUBIACÉES.
(RuBiACÉES, de Jussieu. — Lygodysodéacées et Rubiacées, de Bavtling, —
CiNGHONACÉES^ Ltgodtsodéacées et Etoilées, de Lindley).
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à Vovaire, Corolle monopétale épigyne.
Examines insérées sur la corolle. Ovaire infère, à 2 ou plusieurs loges , uni-pluri-ovulées.
Graine à plantule dicotylédonée, albuminée, F ^.villes stipulées.
Cette Famille , Tune des plus importantes du règne végétal par le nombre et Futilité des
Espèces qu'elle fournit à Thomme, tire son
nom du Genre Rubia (Garance). Les Ru-
biacées sont des arbres ou des arbrisseaux,
quelquefois des herbes (surtout en Europe).
Les feuilles sont opposées, ou verticillées,
et munies de stipules. Ces stipules varient
singulièrement : tantôt elles sont libres de
cohérence entre elles et avec les feuilles,
tantôt celles qui appartiennent à deux
feuilles difl'érentes sont soudées ensemble;
tantôt il y a cohérence entre celles d'une
même feuille, ou même entre celles de
toutes les feuilles ; tantôt enfin elles forment
des limbes tout à fait semblables aux feuilles
ordinaires, et simulent des feuilles verticil-
lées, faciles à distinguer des feuilles véritables
par l'absence du bourgeon axillaire. — Les
fleurs sont complètes, très-rarement in-
complètes par avortement, ordinairement
régulières; leur disposition est variée, en
cyme, en panicule, en tète ; elles sont gé-
néralement hbres de cohérence, mais quel-
quefois elles sont soudées entre elles par
leurs calyces. Le calyce a son tube adhérent
rArtiKR. à l'ovaire ; son limbe est tubuleux, ou dé-
(Cojfea arafiiea ) '
coupé^ ou tronqué et eflacé. La corolle, in-
sérée au sommet du tube du calyce, est en entonnoir, en patère, en cloche, rarement en roue ;
son limbe est à 4.-6 divisions , ordinairement égales, dont la préfloraison est valvaire ou quel-
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10&.
HISTOIRE DES FAMILLES.
quefois contournée. Les étainines sont insérées sur le tube de la corolle , en nombre presque
toujours égal à celui de ses divisions , et alternes avec elles ; les anthères sont introrses ;
l'ovaire couronné d'un disque charnu, plus ou moins saillant^ est généralement formé de
deux carpelles, formant deux loges uni-bi-pluri-ovulées. Les ovules, réfléchis ou courbes,
sont pendants, ou dressés, ou fixés par leur milieu; le style est simple ; le stigmate est bifide
ou plurifîde, selon le nombre des carpelles. Le fruit est une capsule , ou une baie , ou une
drupe ; la graine varie de position^ le plus souvent elle est dressée ; son albumen est dense ,
charnu, cartilagineux ou corné ; la plantule , quelquefois minime , est droite dans Taxe ou à
la base de Talbumen ; la radicule est le plus souvent infère.
Sous-Famillb 1. — COFFÉACÉES. — Loges uni-bi-ovulées.
Gaillet.
Galium.
Caféier.
Coffea,
Garance.
Rubia.
Pavetta.
Pavetla.
GaUCIANELLE.
Crucianella .
IXORA.
Ixora.
ASPÉRULE.
Asperula
Chiococca.
Chiococca.
Gephalanthe.
Cephalanthus.
Poederia.
Pœderia.
Cephaelis.
Cephaelis.
MORII^DA.
Morinda.
Psyciiotria.
Psychoiria.
MiTCHELLA.
Mitchella,
Soùs-Famille
2— CINCHONACÉES.
— Loges mulliovulées.
Ophîobrhize.
Ophiorrhiza.
HU.LIA.
milia.
SiPANEA.
Sipanea.
C0{]TARÉA.
Coutarea.
Rondeleha.
Bondeletia,
HiNDSIA.
Hindsia.
PiNCKNEYA.
Pinckneya,
Gardénia.
Gardénia.
BOUVARDIA.
Bouvardia.
Genipa.
Genipa.
IdAKBTTIA.
Manettia.
OXYANTHE.
Oxyanthus.
EXOSTEMMA.
Exostemma.
POSOQUERIA.
Posoqueria
LUCULIA.
Luculia.
MUSSAENDA.
Mussaenda.
QUINOUIÎÏA.
Cinchona.
BURCBELLIA.
Burchellia.
AFF I N ITÉ. — Les Rubiacées se distinguent de toutes les autres Familles par leur ovaire
infère, leur corolle monopétale, leurs feuilles opposées , simples^ stipulées; elles sont liées
par une étroite affinité avec les Caprifoliacées ; mais elles offrent diverses analogies
avec plusieurs autres groupes naturels, ce qui ne doit pas étonner dans une vaste Famille, qui,
malgré la constance de son type, montre des formes si variées. Elle s'allie aux Dipsacées par
ses Genres à firuit uni-seminé ; aux Loganiacées stipulées par ses Genres à fruit multi-seminé ;
le rapport des Rubiacées d'Europe avec les Borraginées est plus éloigné ; mais leur corréla-
tion avec les Ombellifères est évidente , et confirmée par le Sureau , qui appartient à une
Famille de la m$me Classe.
GÉOGRAPHIE. — Nous n'entrerons pas dans des détails sur la géographie particulière
de chaque tribu des Rubiacées , ces détails trouveront mieux leur place dans l'histoire des
Espèces remarquables ; il suffira d'avertir que la grande majorité des Rubiacées croit dans les
régions intertropicales des deux hémisphères, et que leurs Espèces, qui sous la zone torride,
constituent la trentième partie des Vasculaires, décroissent rapidement en nombre en deçà et
au delà des tropiques.
ESPÈCES REMARQUABLES. —Les Rubiacées médicinales doivent leurs vertusà
des substances alcalines, à des principes amers et astringents, et à des acides fixes. L'écorce
de quelques espèces est fébrifuge, la racine de certaines autres est émétique; quelques-unes
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RUBIACÉES. 105
ont des propriétés toniques, diaphorétiques et diurétiques ; plusieurs sont résineuses, astrin-
gentes. Il en est dont les baies acides sont comestibles ; il en est dont la graine exerce une
action particulière sur le système nerveux; il en est enfm qui fournissent aux arts une matière
tinctoriale.
La Garancb (Bubia tinctorum) est une Plante vivace, à racine longue et rampante, à
tiges carrées^ noueuses, garnies sur leurs angles de poils très-rudes ; les feuilles sont verti-
cillées par 4 ou 6, et hérissées comme les tiges ; la fleur est petite et d'un jaune verdâtre ; la
baie est noire. La Garance croit naturellement en Orient et dans le midi de FEurope ; on la
cultive à \vignon, en Alsace, en Zélande, à cause du principe colorant rouge contenu dans
la racine, et dont on fait usage pour teindre les tissus. Les chimistes ont obtenu ce principe
à rélat de pureté, et Vont uommé alizarine ^ du nom izari ou o/izan , employé dans le
Levant pour désigner la Garance. L'alizarine est volatile, aussi est-ce par sublimation qu'on
l'obtient , après avoir charbonné par Vacide sulfunque la poudre de Garance qui la contient.
Ce corps est insoluble dans Teau froide, il est un peu soluble dans Teau bouillante , qu'il
colore en jaune d'or. U est soluble dans les alcalis , qui lui font prendre une couleur pensée
magnifique; il donne sur les étoffes, à l'aide des mordants, des couleurs qui se recom-
mandent par leur richesse , et surtout par leur fixité. L'analyse a trouvé en outre dans les
racines de la Garance un acide, de la cire, du sucre, de la gomme, divers sels, une matière
colorante orangée, une fauve, et un second principe rouge, nommé purpurine^ qui parait
plus riche que l'alizarine , mais dont les teintes sont moins belles et surtout sont moins fixes
que celles de l'alizarine.
Les propriétés tinctoriales de la Garance étaient connues dans la plus haute antiquité.
Strabon rapporte qu'il a vu cette Plante cultivée par les Gaulois aquitains, qui la nommaient
Varancia, d'où on a fait Garance. Au moyen âge, les Normands la cultivaient en grand dans
le pays de Gaen, et son exportation était pour eux une branche de commerce très-lucrative.
Mais, dans le seizième siècle, la concurrence des Flamands fit disparaître les Garancières de
la Basse-Normandie. Vers le milieu du dix-septième siècle, Frauzen, de Hagueneau, intro-
duisit la culture de la Garance en Alsace; à la même époque, Jean Althen, Arménien catho-
lique, apporta d'Ispahan de la graine de Garance dans le comtat d'Avignon, et dota ce pays
d'une industrie qui produit aujourd'hui pour vingt millions de Garance dans le département
de Yaucluse. A la fin du dix-huitième siècle, on a trouvé le moyen d'aviver par un sel d'étain
les teintes du principe colorant. Aujourd'hui on isole ce principe en traitant par l'acide sulfu-
nque la poudre de Garance ; Talizarine n'est pas altérée, et elle s'unit à la matière char-
bonnée; on lave à l'eau froide, qui ne dissout pas l'alizarine. Ce produit, desséché et tamisé,
est désigné sous le nom de Garancine; il a aujourd'hui remplacé presque complètement la
Garance dans les teintureries ; ses dissolvants sont l'acide acétique, l'ammoniaque, la disso-
lution d'alun.
Le principe rouge de la Garance, introduit dans le corps des Animaux s'y combine avec
l'albumine, la caséine et le phosphate de chaux, que contient le sang, et il colore leurs
os, leur salive , leur lait, et même leur sueur. Cette propriété a été mise à profit par
les physiologistes pour démontrer le mouvement vital de la nutrition, mouvement continuel,
qui apporte dans les organes de nouveaux matériaux fournis par les aliments, et emporte les
matériaux vieillis. On a nourri des animaux avec de la Garance pendant un certain temps,
et l'on a trouvé leurs os teints en rouge par le dépôt de la matière colorante dans l'épaisseur
du tissu osseux. D'autres animaux, soumis au même régime, ont été ensuite privés de
Garance pendant un certain temps , et leurs os, dans lesquels avait dû se déposer le principe
colorant^ se sont montrés incolores : phénomène qui révèle le travail de composition et de
décomposition constituant la vie organique.
Plusieurs autres Espèces européennes du Genre Rubia fournissent une matière colorante
rouge: ce sont laGARANCE voyageuse (/?. peregrina), la G. luisante (fi. lucida),
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lOG HISTOIRE DES FAMILLES.
la G. A FKuiLLEs ÉTROITES (A. ongustt folia) , la G. a longues feuilles (R. longi'
folia)y d'autres Espèces exotiques sont également tinctoriales : les Indes possèdent le
R. mungista; le Chili, le R, relbmn; les Antilles, les R, guadalupensis et hypocarpia. Nos
Gaillets et nos Aspérules contiennent aussi une matière colorante , mais on n'en fait aucun
usage. — On désigne dans Tlnde, sous le nom de Noona, des racines qui teignent en jaune
safran ; elles appartiennent aux diverses Espèces du Genre Morinda. — Le Chaya-ver est
la racine d'une Rubiacée, VOldenlandia umbetlata, qui croit dans Tlnde, et que Ton cultive
sur la côte de Coromandel ; la poudre de cette racine^est grise, et communique à Teau froide
une couleur jaune foncé, devenant d'un beau rouge par les alcalis; si on la traite ensuite
par l'eau bouillante , on obtient une teinte rougeàtre, passant au rouge foncé par les alcalis.
C'est à l'alizarine que le Chaya-ver doit sa valeur tinctoriale , mais il en contient trois fois
moins que la Garance, et ne peut, par conséquent, entrer en concurrence avec celle-ci.
* Les racines de la Garance étaient autrefois usitées en médecine; leur saveur amère, astrin^
gente les avait fait ranger parmi les médicaments toniques. Plusieurs autres Espèces indigènes,
appartenant comme la Garance à la Tribu des Rubiacées étoilées, ont été préconisées conmie
Plantes médicinales, et sont tombées en désuétude; telles sont FA spéauLB A lbsqvinancib
(il. cynanchica), qui croit sur les collines de toute l'Europe, et dont les feuilles contiennent
un principe amer, faiblement astringent; l'A. odorante {A. odorata), ou Muguet des hoi$^
jolie petite Plante à fleurs en corymbe^ d'une odeur suave , qui se développe par la dessic-
cation; elle était vantée autrefois comme tonique et vulnéraire^ et eoiployée dans tes
obstructions du foie; aujourd'hui on ne s'en sert plus que pour parfumer le vin du Rhin, et
les jardiniers la cultivent pour bordure dans les parties ombragées. — Les Gaillets sont
dans le même cas. I^ G. jaune ( G. verum) , commun dans les prés secs et sur les bords des
bois, est nommé vulgairement Caille-lait j mais il ne possède pas la propriété de coaguler le
lait; on l'emploie dans quelques pays, et notamment en Angleterre, pour donner une teinta
jaune au fromage; on en faisait prendre aux nourrices pour augmenter la sécrétion du lait;
voilÀ probablement l'origine du nom de Galium; les sommités sèches de la Plante sont encore
quelquefois prescrites en infusion, comme antispasmodiques; son suc récent passe pour efficace
contre l'épilepsie; les mêmes propriétés sont attribuées au G aillet blanc (G. mollugo),
au G. GRATTBRON [G. oporine) 9 Plantes communes dans les haies, dans les prairie et sur
la lisière des bois.
Quelques Rubiacées exotiques se font remarquer par leur odeur; les Ambraria, sous-
arbrisseaux du Cap de Bonne-Espérance^ sentent l'ambre; mais les Coprosma, arbustes de
l'Australasie sont renommés pour leur puanteur. Le Putoria calabrica est un arbrisseau
croissant sur les montagnes calcaires de la région méditerranéenne, dont les feuilles écrasées
répandent une odeur infecte ; il en est de même du Serissa fœtida^ vanté dans l'Inde
comme amer et astringent. Le bois et les baies du Saprosma arborea^ arbrisseau de l'ite de
Java, voisin du Caféier, exhalent l'odeur des matières fécales; les Javanais vendent très-cher
ce bois, auquel ils attribuent les vertus réunies de la Valériane et du Castoréum« Le Pcederia
fcetida, arbrisseau des MoUuques, offre la même fétidité lorsqu'on froisse entre les doigts
les feuilles ou les fleurs, ou bien lorsque les rayons du soleil donnent sur la Plante, de sorte
que les passaats sont obligés de se boucher le nez ; si le soleil ne brille pas, l'odeur n'est plus
désagréable. La racine du PoBderia est usitée dans l'Inde comme émétique.
La Tribu des Psychotriées fournit à la médecine des racines émétiques, dont la plus impor-
tante est rip Bc Ac UAN H A ( CephoèUs Jpecacuanka ), petit arbrisseau habitant les forêts viciées
du Brésil ; sa racine est de la grosseur d'une plume à écrire , tortue , formée d'un cœur
ligneux, jaunâtre, et d'une écorce grise^ disposée par anneaux très-rapprochés; la tige est
haute d'un à deux pieds, et porte des feuilles disposées par paires; de chaque côté des feuilles
sont deux stipules réunies à leur base, et divisées par le haut en plusieurs lanières étroites ;
les fleurs sont disposées en tête terminale, le f^uit est une baie peu charnue, contenant deux
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RUBIACÉES. lOT
nuculaines, qui se séparent à la maturité. On le rencontre entre le S* et le !()• degré de lati-
tude australe; il dépasse rarement cette limite. C'est dans Técorce de la racine que résident
les propriétés médicales de Flpécacuanha ; cette écorce a une saveur acre, et exhale une
odeur nauséeuse; elle contient une matière alcaline, spéciale^ qui est son principe actif. Les
chimistes Tont isolée et nommée éméttne; mais les médecins préfèrent Fusage de la racine elle-
même. Cette racine n'a été connue en France qu'au milieu du dix-septième siècle. Les bota-
nistes voyageurs qui rayaient vu employer avec succès au Brésil contre la dyssenterie, lia
préconisèrent en Europe , mais on n'ajouta pas foi à leur affirmation. En 1686, un marchand
français, nommé Grenier, rapporta du Brésil cent cinquante livres de racines d'Ipécacuanha,
et s'associa, pour en tirer parti, avec un Hollandais, nommé Adrien Helvétius, qui exerçait la
médecine à Paris, et à qui il révéla les vertus antidyssentériques de l'Ipécacuanha. Helvétius
ne tarda pas à opérer des cures qui attirèrent sur lui l'attention publique ; il fut mandé auprès
du Dauphin, atteint d'une dyssenterie, et il le guérit. Cette cure lui valut l'autorisation de faire,
à l'Hôtel-Dieu de Paris, des expériences publiques sur les vertus de son remède secret. Les
expériences ayant réussi, le roi Louis XIV lui accorda le privilège exclusif de débiter sa pré-
cieuse racine et lui donna en outre une récompense de mille louis. Cependant Helvétius
voulait cumuler les honneurs de la science et les profits de l'industrie; l'industriel^ qui l'avait
pris pour son associé, revendiqua sa part, et plaida contre lui devant le Parlement; le Parle-
ment donna gain de cause à Helvétius. Ce fût «lors que, pour rendre infructueuse la victoire
de son adversaire. Grenier divulgua le secret; à dater de ce jour l'Ipécacuanha fut enregistré
dans les livres de matière médicale, et sa vogue qu'avait préparée le charlatanisme, Ait con-
solidée par le scandale d'un procès.
L'Ipécacuanha, que Pison, son premier historien, appelle une ancre de salut {sacram
anchoram), dans les flux dyssentériques, a conservé de nos jours la réputation qu'il avait
acquise au dix-septième siècle ; mais il faut l'administrer en temps opportun, c'est-à-dire dans
les premiers jours de la maladie, quand les évacuations sont encore ensanglantées; alors il
calme les coliques, diminue le nombre des déjections et l'abondance de l'exhalation sanguine.
D est indispensaUe aussi que ce médicament soit manié par des manis habUes, lorsqu'il s'agit
soit de dyssenterie, soit de diarrhée, simple ou chronique. Les praticiens expérimentés le pres-
crivent, suivant les cas, à des doses qui le rendent seulement émétique, ou tout à la fois émé-
tique et purgatif; ils l'administrent même en très-petite quantité, de manière à ne provoquer
ni vomissements ni évacuations alvines. — La racine du Brésil exerce sur l'appareil respira-
toire une influence remarquable ; l'expérience a démontré que, dans les catarrhes chroniques
accompagnés de dyspnée (difficulté de respirer), administrée à doses faibles et répétées, elle
favorise l'expectoration et diminue l'oppression; donnée dans l'asthme sec, à dose vomitive,
elle fait quelquefois cesser immédiatement l'accès. Elle est même utile, à faible dose, dans la
dyspnée qui est liée à des lésions commençantes du cœur et des poumons. Elle possède aussi
l'avantage, non de guérir, mais de soulager les enfants atteints de coqueluche, en rendant les
quintes de toux moins fréquentes, moins longues, et en empêchant le poumon de s'enflammer.
Enfln l'Ipécacuanha est héroïque dans Y état puerpéral : on nomme ainsi l'ensemble des condi-
tions toutes spéciales dans lesquelles se trouve la femme récemment accouchée, conditions qui
. la soumettent à l'influence de nombreuses causes morbides, lesquelles dans toute autre circon-
stance, eussent été sans action sur elle. Nous pourrions invoquer à cet égard l'autorité de
M. le professeur Trousseau, que nous avons vu , en 1834^, à THêtel-Dieu de Paris, conjurer
avec un succès merveilleux, au moyen de l'Ipécacuanha, presque tous les accidents qui
accompagnent l'état puerpéral.
Les aborigènes du Brésil prétendent que les vertus de l'Ipécacuanha ont été révélées à leurs
ancêtres par un chien sauvage nommé Guara; cet animal , quand il avait bu en excès l'eau
saumAtre ou impure des lagunes ou desrivières^ mâchait des racines d'Ipécacuanha, qui lui
faisaient vomir cette eau, et lui rendaient la santé. Tous ceux qui habitent le Brésil re-
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108 HISTOIRE DES FAMILLES.
gardent l'Ipécacuanha comme une panacée, c'est-à-dire un remède à tous les maux. Les
colons en font un commerce considérable, et son prix s'élève de Jour en jour sur les marchés
maritimes, au point de faire craindre la disparition d'une denrée que Ton recherche avec tant
d'ardeur, et dont aucune loi ne protège la conservation. Les sauvages brésiliens qui reçoivent
des Européens, en échange de Tlpécacuanha, divere objets auxquels ils attachent beaucoup
de valeur, vont le récolter au sein des forêts; pendant trois mois, ils abandonnent leurs
villages, et dressent leurs cahutes dans les lieux où il abonde; ils arrachent l'arbrisseau, sé-
parent avec un couteau la racine de la tige, et en font des bottes, qu'ils font sécher au soleil.
La récolte a lieu toute l'année , mais principalement dans les mois de janvier , février
et mars; on s'abstient pendant avril et mai, pairce que c'est l'époque de la maturation du
fruit et de la dissémination.
Quelques autres Espèces deCsPHAELis, indigènes des Antilles, ont une racine qui possède
les mêmes propriétés; ce sont le C. écarlate (6\ punicea) et le G. ifoussu (C Muscosa). —
Le Genre Psychotria fournit aussi un Ipécacuanhay qui rivalise avec 1'/. gris annelé sous
le nom d'/. Strié ou d'/. noir; c'est le Ps, emetica; il croît au Pérou et sur les bords de la
Madeleine^ dans la Nouvelle-Grenade ; il se distingue de l'autre par l'écorce de la racine qui,
au lieu d'être marquée d'anneaux serrés, n'offre que quelques étranglements fort espacés, et
est ridée longitudinalement. Ses propriétés sont les mêmes, mais il faut doubler les doses.
VI. ondulé , ou /. blanc , que l'on a cru longtemps être la racine d'une Espèce de Violette,
provient d'une Bubiacée, le Richardsonia brasiliemis ; cette racine parait annelée au premier
coup d'oeil, mais elle est plutôt ondulée, c'est-à-dire qu'une partie creusée ou sillonnée
transversalement d'un côté, répond de l'autre à une partie convexe, de manière que le sillon
n'est que demi-circulaire, au lieu de faire le tour de la racine, comme dans le Cephaèlis, Elle
contient une grande quantité de fécule , et son principe actif est beaucoup moins abondant
que celui des autres Ipécacuanhas.
Dans la même Tribu que les Céphaêlis, se trouve le Genre américain Chiogocca, dont
quelques espèces possèdent une racine salutaire contre la morsure des serpents venimeux.
Ce sont le Ch. anguifugb (Ch, anguifuga) ^i \q Q»ia. a feuilles serré bs (CA. e/^n^'-
folia)^ arbrisseaux habitant les forêts primitives du Brésil, et dont la racine est connue
dans le pays sous le nom de Caînana ou Caninana, qui est aussi celui d'un serpent à venin ;
ce nom a été altéré en Europe, et on l'a changé en Cahinca, Coinça, Cahinça. Martius,
célèbre botaniste voyageur, a observé les effets de ce remède violent, employé fréquemment
par les aborigènes pour combattre le venin des serpents : ils enlèvent l'écorce de la racine, la
font macérer dans un peu d'eau, puis ils l'écrasent et la broient dans cette eau, juqu'à ce
qu'elle y ait déposé sa fécule et tous ses principes solubles ; ils obtiennent ainsi un breuvage
trouble et d'un goût très-désagréable , qu'ils font avaler au malade en grande quantité.
Celui-ci, glacé par le poison, est plongé dans un assoupissement léthargique ; la prostration
des forces, la pâleur livide du visage, les yeux enfoncés, le nez aigu, les tempes creuses, les
oreilles retirées, la peau du front tendue et sèche, les lèvres pendantes et froides, en un mot
la face hippocratique, tout annonce une mort prochaine. Mais, peu après l'ingestion du breu-
vage, le moribond est agité par des éructations continuelles et des mouvements convulsifs si
violents, qu'il ne peut rester un instant en repos. Enfin, après des spasmes effrayants et des
contorsions de toutes les parties du corps, il se met à vomir des torrents de salive, de bile, de
chyme, et même de matières stercorales ; à ces vomissements succèdent de subites évacua-
tions alvines, dont la fréquence soulage visiblement le malade , et que l'on regarde comme un
signe de guérison; en effet, ces excrétions sont suivies de sueurs abondantes, qui amènent bientôt
un sommeil paisible. Tant que durent les vomissements et les déjections, ceux qui assistent
le malade appliquent sur sa morsure la même racine contuse , et lui font avaler de nouveau
breuvage à mesure qu'il vomit le premier. Martius a observé que la dose de la racine fraîche
est d'environ une demi-once, et qu'on la répète deux ou trois fois le premier jour, si le mal
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RUBIACÉES. 109
ne cède pas à une dose unique. La convalescence marche lentement ; Textrême faiblesse, le
tremblement des membres, la pâleur, Faltération des fonctions digestives , Tinfiltration du
tissu cellulaire, qui survient souvent, les ulcères de mauvaise nature qui affectent les parties
mordues, tout montre à quel point l'organisme a été troublé.
Le Caînca a fourni à l'analyse chimique une résine odorante, verte, un principe colorant
jaune, un principe cristallisable très- acre, auquel la racine doit son amertume, et qu'on a
nommé acide caïncique; elle est employée en France comme diurétique, et purgative dans
les cas d'hydropisie, lorsque cette maladie est essentielle, et même lorsqu'elle est symptoma-
tique; on l'administre en infusion, en décoction, ou en poudre mêlée avec du miel, ou même
en extrait. — Le Chiococca racemosa croît dans les Antilles ; il y est connu sous le nom de
petit branda; on emploie sa racine, qui possède une action diurétique et purgative très-
énergique, comme dépurative et anti-rhumatismale ; elle passe aussi pour un puissant emmé-
nagogue; (on donne ce nom aux médicaments qui ont pour objet de favoriser les écoulements
périodiques nommés menstrues).
Les Palicourea sont usités en Amérique et surtout au Brésil, comme diurétiques dans
Thydropisie, et comme sudorifiques dans les maladies spéciales où la masse du sang a besoin
d'être dépurée. Le fruit de quelques Espèces est vénéneux; tels sont : le P. nuisible
(P. noxia), le P. a longues feuilles (P. longifolia), dont on emploie le fruit pour
détruire les rats (de là leur nom populaire de Herva dq rato), et les feuilles, comme diuré-
tiques, dans l'art vétérinaire . — Le Géphalanthb occidental (Cephalanthus occidentalis)
est un arbrisse u de l'Amérique septentrionale, connu sous le nom de Bois-bouton ; ses fleurs
sont petites, blanches, et disposées en têtes arrondies ; on le cultive dans les jardins d'Europe ;
son écorce est usitée aux États-Unis pour ses propriétés diaphorétiques et légèrement
pui^atives.
Les Rubiacées de l'Inde, appartenant à la sous-Famille des Gofféacées, ne fournissent pas
d'Espèces importantes à la matière médicale. Celles qui appartiennent aux Genres Canthium
et Pavetta possèdent une vertu tonique qu'elles doivent à un principe amer. Le Pavetta
indica est un joli buisson haut d'un pied, cultivé dans nos serres, dont les fleurs petites,
tubideuses, jaunâtres ou écarlates, exhalent une odeur agréable. — VIxora Bandàuca, est
un arbrisseau remarquable par la beauté de ses fleurs en corymbe, sa racine passe pour
efGcace contre l'hémoptysie (crachement de sang) et la fièvre intermittente. On cultive
en Europe quelques Espèces d'fxora, comme plantes d'agrément.
Nous terminerons l'histoire des Espèces utiles de la sous-famille des Cofféacées par celle
du Caféier, qui lui a donné son nom, et qui, de toutes les Rubiacées appartenant à
Tancien continent, est la plus digne de fixer notre attention.
Le Caféier (Coffea arabica) est un arbrisseau toujours vert, dont les feuilles lancéolées,
ondulées et glabres, ressemblent à celles du Laurier; les fleurs sont blanches, odoriférantes,
agglomérées à l'aisselle des feuilles; le fruit est une baie rouge, du volume d'une cerise,
formé d'une pulpe douceâtre peu épaisse , qui enveloppe deux noyaux accolés, dont la paroi
offre l'aspect d'un parchemin, chacun renferme une graine, convexe extérieurement, plane
et sillonnée en long du côté interne ; la plantule est très-courte, droite, et placée à la base
d'un albumen corné, qui constitue la presque totalité de la graine.
Les chimistes ont analysé la graine du Caféier : ils y ont trouvé, unis à diverses matières
huileuses, albumineuses, gommeuses , un principe amer renfermant un alcali particulier,
cristallisable en aiguilles soyeuses, qui a reçu le nom de caféine, et, en outre, un acide, qu'on
a nommé acide caféique. Une torréfaction légère et graduée développe dans cette graine un
arôme suave et une saveur pénétrante. Quelles modifications chimiques la graine a-t-elle
éprouvées dans cette opération? U n'y a rien de précis à cet égard. Selon les uns, l'acide
caféique se décompose par la chaleur et forme une huile empyreumatique, à laquelle le café
doit ses propriétés; d'autres pensent que l'arôme existe tout formé dans la graine, mais qu'il
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110 HISTOIRE DES FAMILLES.
y est masqué par sa combinaison avec la matière grasse , et que la torréfaction le met en
liberté en détruisant Thuile fixe qui le retenait. Cet arôme se compose de plusieurs principes,
tous volatils, mais inégalement condensabies : ainsi une infusion de café distillée dans une
cornue munie de plusieurs récipients successifs, laisse dans le premier récipient, échauffé à
90 degrés , un liquide aqueux jaune, mélangé d'une huile concrète, sans arôme ; dans le
deuxième récipient, qui ne s'échauffe
qu à 30 degrés, il se condense une
essence concrète blanche, d'une odeur
très intense de café torréGé : c'est elle
qui paraît être le principe aromatique
essentiel du café ; les autres récipients,
refroidis au-dessous de zéro, ne
condensent que des produits insi-
gnifiants.
Quelles que soient du reste Forigine
et la composition de l'arôme du café ;
cet arôme , dissous dans l'eau, forme
une boisson qui fait les délices de
toutes les classes de la société. Quelle
est la cause de cette faveur univer-
selle? C'est, sans aucun doute, la
stimulation que le café exerce sur les
fonctions du cerveau : il fait penser ;
et puisque l'homme, suivant l'heu-
reuse définition d'un philosophe, est
une intelligence servie par des organes,
il doit aimer un breuvage dont la vertu
est d'exalter agréablement l'intelli-
gence qui fait de lui la première des
créatures. La plus remarquable des
propriétés physiologiques du café est,
en effet, de stimuler, ou plutôt d'é-
veiller le cerveau sans l'échauffer,
avantage que n'ont pas les spiritueux;
c'est donc sur le système nerveux et
très-peu sur le système sanguin que
porte l'action du café : les résultats
de l'éveil qu'il donne au centre cé-
rébral sont une aptitude plus vive à
percevoir des sensations, à observer
des faits scientifiques, à comparer des
idées, à créer des œuvres d'imagina-
PoKT DU CArâiBK. tiou. Mais toute excitation est insé-
parable de son abus ; et le premier à
noter ici, c'est l'insomnie; en outre, le café développe chez les gens impressionnables une
disposition que les anciens médecins appelaient mobilité nerveuse , et dont l'exagération
engendre les vapeurs et les spasmes. L'illustre médecin Murray reproche au café pris en
excès de causer la céphalalgie , les vertiges , le tremblement des membres , les éruptions
cutanées de la face, l'impressionnabilité, l'hystérie et l'hypochondrie. Le fondateur de
l'homœopathie accuse le café de maux bien plus grands. Nous allons reproduire ici une
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RUBIACÉE8. 111
boutade assez piquante d'Hahnemann contre le café, que MM. Trousseau et Pidoux ont citée
dans leur excellent Traité de thérapeutique,
« Le sérieux réfléchi de nos ancêtres, la solidité des jugements, la fermeté dans la volonté
et dans les résolutions, toutes ces qualités, qui distinguaient jadis le caractère national des
Allemands, s'évanouissent devant cette boisson médicinale. Et qu'est-ce qui les remplace?
Des épanchements de cœur imprudents, des résolutions, des jugements précipités et mal
fondés, la légèreté, la loquacité, la vacillation, enfînune mobilité fugitive, et une contenance
théâtrale. Je sais bien que, pour abonder en imagination luxurieuse, pour composer des
romans lubriques, des poésies badines, TAUemand doit boire du café. Le danseur, Timprovi-
sateur, le jongleur, le bateleur , Fescroc et le banquier du pharaon , ainsi que le virtuose-
musicien moderne , avec sa vitesse extravagante , et le médecin à la mode , partout présent,
qui veut Caire quatre-vingt^ix visites de malades en une seule matinée , tout ce monde-là a
nécessairement besoin de café. »
11 y a dans cette diatribe passionnée quelques traits pleins de vérité ; mais Hahnemann va
plus loin : il accuse le café d'avoir concouru à la production des maladies vaporeuses, plus
communes depuis deux siècles qu'auparavant : quelle que soit cette exagération , on ne peut
nier la coïncidence entre l'apparition du café et Taggravation ou l'extension des maladies
connues sous le nom vulgaire de vapeurs.
Il n'est pas nécessaire de dire que tous les phénomènes physiologiques que nous venons de
signaler, s'affaiblissent par Thabitude, et deviennent même peu sensibles quand ils sont contre-
balancés par une forte alimentation. Toutefois, chez les personnes nerveuses, et surtout chez
les femmes, l'action du café résiste à la puissance de l'habitude : c'est à elles que le café cause
des dyspepsies (digestion difflcile). Junker se plaint des jeunes flUes de son temps qui^ pour se
faire pâlir (la pâleur était déjà à la mode ) , avalaient de la poudre de café bouilli. Enfin, il
est avéré que l'usage du café au lait détermine la leucorrhée.
Si le café n'était pas une boisson habituelle^ la médecine trouverait en lui un agent efficace
dans beaucoup de circonstances. Nous l'avons vu hâter la réaction chez des cholériques; on
i'a employé avec succès dans les fièvres typhoïdes, dont la forme est adynanûque. Administré
en décoction ou en poudre, il réussit dans le traitement des fièvres intermittentes; pris à
forte dose et très-concentré, il soulage puissamment les vieillards asthmatiques; on lui attribue
aussi des propriétés anti-goutteuses et anti-calculeuses ; et ce qui vient corroborer cette
opinion, c'est que la goutte et la gravelle sont presque inconnues en Orient et aux Antilles,
où l'on fait une énorme consommation de café. L'action stimulante que le café exerce sur les
fonctions du cerveau, a suggéré aux médecins l'idée de combattre par son secours le narco-
tisme spontané, la disposition aux apoplexies, et la stupeur produite, soit par les fumées de
■ vin^ soit par l'opium ou toute autre substance narcotique.
L'action médicale la plus vulgairement connue dans le Café est de dissiper les maux de
tête, surtout ceux qui surviennent après le repas ; les légères migraines y cèdent presque
toujours. Enfin, chez les personnes d'un certain âge ou d'une habitude molle, il facilite la
digestion, et peut même diminuer ou arrêter l'embonpoint. Cette propriété digestive, qui se
rapporte plutôt à l'hygiène qu'à la médecine, excitait Voltaire à se moquer des détracteurs du
café qui prétendent que c'est un poison lent: poLson lent sans doute, disait le malin vieillard,
car voilà bientôt quatre-vingts ans que j'en bois, sans qu'il ait produit d'effet.
Le Caféier est originaire de l'Abyssinie, il croit dans les provinces d'Enarrea, et surtout de
Kaffa : cette dernière lui a même donné son nom ; il s'étend de là dans l'intérieur de
l'Afriqoe jusqu'aux sources du Nil blanc. Les Gallas, peuplades errantes au centre de cette
immense péninsule, emploient le café en poudre, comme substance alimentaire; ils le roulent
en boulettes avec du beurre, et en portent des provisions dans leurs longues excursions. Ce
n'est que dans le quinzième siècle que le Caféier a été transporté de l'Abyssinie dans l'Arabie
heureuse. Mais si l'Arabie n'est point la première patrie du Caféier, elle est du moins sa patrie
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il2 HISTOIRE DES FAMILLES.
adoptive, son séjour de prédilection; nulle part il ne prospère mieux, nulle part sa graine ne
possède de qualités plus généreuses que dans le royaume d'Yémen, aux environs de Moka.
Ce sont les Orientaux qui ont introduit en Europe Tusage du café; mais à quelle époque
eux-mêmes connurent-ils les vertus de cette graine merveilleuse? Nous avons sur cette
question des renseignements fort incertains. Un auteur arabe du quinzième siècle, nommé
Schehabeddin, rapporte que c'est un muphti d'Aden, qui, au neuvième siècle, a le premier
fait usage du café ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'à cette époque il était déjà connu en Perse.
Selon la tradition vulgaire , la découverte du café est due au Mollah Chadelly , dont la
mémoire est en vénération parmi les vrais croyants. Ce pieux musulman, désolé d'être
interrompu par le sommeil dans ses méditations nocturnes, invoqua Mahomet : le prophète,
touché de sa peine, lui fit rencontrer un pâtre qui le conduisit à un Caféier, et lui raconta que
ses chèvres, quand elles avaient brouté les baies de cet arbre, restaient éveillées, sautant et
cabriolant toute la nuit. Le Mollah voulut éprouver sur lui-même la vertu singulière de ces
baies; il en prit une forte infusion, et passa la nuit suivante dans un état délicieux d'insomnie ;
il fit part de sa découverte à ses derviches, ceux-ci Tiroitèrent, et leur exemple fut suivi par
les docteurs de la loi ; bientôt ceux même qui n'avaient pas besoin de se tenir éveillés,
adoptèrent le nouveau breuvage, qui se répandit rapidement dans tout l'Orient. H était déjà
en crédit à Constantinople en 1550, et Prosper Alpin, botaniste du seizième siècle , rapporte
qu'il a vu les Arabes en vendre au Caire sous le nom de Caôva ou Cahoué.
D'autres versions attribuent cette découverte au prieur d'un couvent de Maronites, qui ,
sur le rapport d'un gardien de chameaux, semblable à celui du chévrier dont nous parlions
tout à l'heure, expérimenta les propriétés de la graine de café, et en fit boire à ses religieux
pour les tenir éveillés pendant les offices de la nuit. Cette pratique fut adoptée par les céno-
bites chrétiens de la Thébaîde et de l'Ethiopie ; et, selon toute probabilité , c'est d'eux que
ses derviches apprirent ce moyen de vaincre le sommeil.
Mais la fève d'Arabie eut bientôt de puissants ennemis. Les prêtres mahométans, qui en
avaient profité les premiers, voyant la population déserter les mosquées pour aller encombrer
les boutiques où Ton vendait le café, chargèrent d'anathèmes la boisson jadis si sainte, et
ceux qui s'en régalaient, le café fut assimilé au vin, et interdit, comme liqueur enivrante, dans
tout l'empire ottoman ; l'autorité religieuse étant restée impmssante, appela à son secours le
bras séculier. « En l'an de l'hégire 945 (1538 de J.-C.), dit un écrivain arabe, pendant que
« beaucoup de gens étaient assemblés au mois de rhamadan, et qu'ils prenaient du café, le
a commandant du guet les surprit, et les chassa des boutiques ignominieusement ; ils passèrent
« la nuit dans la maison du sous-bachi; et le lendemain matin ils furent relâchés après avoir
« reçu chacun dix-sept coups de bâton. »
Grâce à la persécution, le café devint de plus en plus populaire, et, dans la première moitié
du dix-septième siècle, il y avait au Caire deux mille boutiques de cafetiers. Aujourd'hui le
café est dans l'Orient une des premières nécessités de la vie , et quand un Turc se marie , il
contracte officiellement l'obligation de ne jamais laisser sa femme manquer de café.
Avant le dix-septième siècle, on ne connaissait en France le café que de nom. Quelques
voyageurs revenus d'Orient en avaient rapporté des provisions et les employaient pour leur
usage particulier. On cite Thévenot qui, en 16W, faisait boire du café aux amis qu'il invitait
à sa table. Quatre ans auparavant, un Levantin avait établi, sous le petit Châtelet, une bou-
tique de café ; mais son commerce n'avait pas réussi. Ce fut dans la haute société que com-
mença pour le café une vogue qui devait s'étendre rapidement dans les classes les plus
inférieures de la nation. L'ambassadeur de la sublime Porte près de Louis XIV, Soliman Aga,
offrait du café, selon la coutume de son pays, aux seigneurs qui venaient le visiter. Toutes
les dames de la cour voulurent goûter de cette séduisante liqueur : l'Aga les reçut avec une
magnificence orientale, et le café fut bientôt à la mode. Madame de Sévigné s'efforça vaine-
ment de résister au torrent; elle affirmait que la faveur du café ne serait que passagère, et
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RUBIACEES. 113
dans son admiration exclusive pour le grand Corneille , elle prédisait que le Racine passerait
comme le café; sa prédiction, jusqu'aujourd'hui , s'est trouvée vraie, et plût à Dieu qu'elle le
fût toujours ! car Racine et le café n'ont pas plus passé l'un que l'autre ; mais, hélas ! dans le
bouleversement actuel de nos idées, Racine et le café n'ont pas des conditions égales de durée:
l'œuvre du poète ne peut être goûtée que par un public d'élite, tandis que la fève d'Arabie
s'adresse à des consommateurs de toute qualité.
A peu près à la même époque , le café prenait faveur à Vienne : les Turcs, chassés par
Sobieski^ avaient laissé leur camp au pouvoir du vainqueur, et dans ce camp se trouvait force
café, avec des esclaves poui* le préparer. Vingt ans auparavant, un commerçant anglais ,
venu de Constantinople , l'avait introduit à Londres, et le faisait vendre par une jeune
Grecque qu'il avait épousée ; les boutiques s'étaient multipliées, mais Gromwell les fit fermer,
tout en respectant les tavernes : il craignait moins l'abrutissement causé par le brandy que
l'excitation intellectuelle produite par le café.
Quelques années après le départ de l'ambassadeur turc , un Arménien , nommé Pascal ,
vint débiter du café à la foire de Saint-Germain, et s'établit sur le quai de l'Ecole , dans
une petite boutique, où il vendait sa marchandise à deux sols six deniers la tasse. Un peu
plus tard, Maliban, autre Arménien, ouvrit un café dans la rue de Bussy ; il donnait à fumer,
et vendait au même prix que Pascal ; son successeur, nommé Grégoire , porta son établisse-
ment rue Mazarine, près de la Comédie-Française , située alors dans cette rue , vis-à-vis la
rue Guénégaud.
a Dans ces premiers temps (dit Laroque, auteur du Voyage de U Arabie-Heureuse^ ouvrage
où nous puisons ces détails sur l'introduction du café en France), un petit boiteux, nommé
le Candiot, allait par les rues de Paris, en criant du café, et ceux qui en voulaient prendre le
faisaient monter chez eux ^ où il leur remplissait un gobelet pour deux sous, en fournissant
aussi le sucre. 11 était ceint d'une serviette fort propre , portant d'une main un réchaud fait
exprès , sur lequel était une cafetière , et de l'autre une espèce de fontaine remplie d'eau ,
et devant lui, un éventaire de fer-blanc, où étaient tous les ustensiles du café. Après en
avoir vendu en plusieurs endroits, il est entin mort, fort accommodé, dans sa maison , au bas
du pont Notre-Dame, que sa veuve tient encore aujourd'hui. Enfm, Etienne, originaire
d'Alep (nous avouerons que cette origine orientale , qui s'accorde mal avec les noms de
Joseph^ de Maliban, de Pascal, d'Etienne, nous semble un peu suspecte), Etienne vint aussi
à Paris dans le même dessein , mais postérieurement à tous ces gens-là. Après de faibles
commencements, il a longtemps tenu son café sur le Pont-au-Change, et il s'est définitive-
ment ^xé dans la maison qu'il occupe aujourd'hui, rue Saint-André, dont la boutique, l'une
des plus grandes et des plus commodes de la viUe, est en face du pont Saint-Michel. »
Voilà les premiers cafés qui furent établis à Paris, mais ces cafés étaient de puantes
tabagies, fréquentées par des fumeurs ou des voyageurs du Levant; le café y était de mau-
vaise qualité, et mal servi. Ce fut un Sicilien, nommé Procope, qui monta le premier établis-
sement comparable à ceux que nous possédons aujourd'hui ; il ouvrit à la foire Saint-Germain
une boutique élégante , ornée de glaces et garnie de tables de marbre , où l'on servit au
public , avec promptitude et propreté , du café d'excellente qualité : son succès fût brillant ;
après la foire , il alla s'établir dans la rue des Fossés-Saint-Germain , en face de la Comédie-
Française, où le café subsiste encore. Bientôt le café Procope devint le rendez-vous des
auteurs dramatiques, des gens de lettres et des habitués du théâtre ; on y discutait le mérite
des pièces nouvelles ; les ennemis et les partisans de l'auteur s'y trouvaient aux prises. C'est
là que le jour de la première représentation d'une de ses tragédies , Voltaire vint , après la
pièce , déguisé en Arménien , et méconnaissable au moyen d'un barbe postiche , s'asseoir au
milieu de ses adversaires. 11 écouta les critiques, justes ou mal fondées, que l'on fit de sa
tragédie ; il vit se former la cabale qui complotait sa chute pour le lendemain ; on nota les
vers qui seraient accueillis par des sifflets ; puis chacun se retira chez soi ; mais Voltaire .
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lU HISTOIRE DES FAMILLES.
pendant que ses ennemis dormaient , refit son cinquième acte avant la fin de la nuit, le
nouvel acte ftit appris et répété en six heures, et quand le rideau fut levé, les siffieurs atten-
dirent en vain les vers qui devaient leur servir de signal.
La vogue du café Procope stimula bientôt l'ambition des industriels, et les cafés devinrent
nombreux à Paris. Il y en avait déjà six cents à la fin du règne de Louis XV; il y en a aujour-
d'hui plus de trois mille , et la province a rivalisé avec la capitale ; mais ces établissements
ont été malheureusement détournés de leur destination primitive. On ne va plus au café
pour se récréer par un délassement intellectuel; les conversations littéraires ont fait place
aux disputes politiques ; on y prend des opinions toutes faites sur les événements du jour, et
Tarome inspirateur du café est neutralisé par Feau-de-vie ou par la nicotine gazeuse du cigare.
Nous sonmies forcés de regretter les cabarets où Chapelle grisait Boileau avec de bon vin,
tandis que celui-ci le sermonnait sur son ivrognerie: ce n'est pas la lourde ivresse de la bière,
qui eût inspiré à Chapelle cet impromptu, adressé au sévère auteur des satires, lequel venait
de s'égayer jusqu'à faire, entre deux vins, quelques petits vers contre Chapelle lui-même.
Qu'avec plaisir de ton haut style
Je te vois descendre au quatrain !
Bon Dieu ! que j'épargnai de bile
Et d'injures au genre humain,
Quand, renversant ta cruche à l'huile.
Je te mis le verre à la main !
C'est de l'Arabie heureuse que l'on retirait, avant le dix-huitième siècle, tout le café qui
se consommait en Europe ; il nous arrivait par Alexandrie et les Echelles du Levant; mais les
pachas d'Egypte et de Syrie faisaient peser sur cette denrée des droits exorbitants. Alors les
Européens songèrent à commercer directement avec l'Arabie par la mer Rouge. La Hollande
la première, puis l'Angleterre et la France expédièrent des vaisseaux, qui prirent à Moka
des chargements de café. Mais ce n'était pas encore assez : il fallait s'affranchir du tribut
payé à l'Arabie ; le Hollandais van Hom, premier président des Indes orientales, parvint,
en 1699, à se procurer quelques plants de Caféier, qui furent transportés à Batavia, et y
prospérèrent à merveille. Un de ces plants fut adressé, en 1710, à Witsen, boui^mestre
d'Amsterdam , et déposé dans le Jardin botanique de cette capitale. Le jeune arbrisseau
fleurit, et donna des fruits féconds; un des individus qui en provinrent fut offerte Louis XIV;
ce prince le fit placer dans les serres du Jardin des Plantes; on en forma des boutures, qui
réussirent parfaitement, et ce fut alors que le gouvernement français entreprit d'acclimater
le café dans nos possessions des Antilles. On confia un des plants à M. Isambert, qui partait
pour la Martinique; mais M. Isambert mourut presque en arrivant , et l'arbrisseau fut perdu.
En 1720, Antoine de Jussieu, professeur de botanique au Jardin du Roi , remit trois pieds
de Caféier au capitaine Declieux, qui se chargea de les transporter à la Martinique ; la tra-
versée fut longue et difQcUe , l'eau manqua : deux des Caféiers moururent, et le troisième fut
sauvé par le dévouement du capitaine, qui partagea sa ration d'eau avec la Plante dont la vie
lui avait été confiée ; l'arbrisseau arriva sain et sauf à la Martinique, et devint la souche de
toutes les plantations qui s'établirent dans les Antilles.
Avant de quitter la sous-famille des Cofféacées , nous devons mentionner quelques belles
Espèces qu'elle fournit à nos serres d'Europe. — Le Genre Morinda renferme îles arbrisseaux
qui habitent toute l'étendue de la zone torride, et dont les fleurs, réunies en capitule globu-
leux, sont souvent soudées ensemble par l'intermédiaire de leurs calyces; leurs baies, ainsi
pressées les unes contre les autres, forment une sorte de fruit composé , analogue au Mûrier,
ce qui explique leur nom générique {Moinnda^ Mûrier des Indes). Le M. ro joc {M. rojoc)
est un arbrisseau de l'Amérique méridionale, haut de deux à quatre pieds, à feuilles lancéo-
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RUBIACÉES. 115
lées, à fleurs petites et blanches; le M. macropkylla, qui est beaucoup plus beau, a des
feuilles largement elliptiques^ on le cultive au Jardin des Plantes de Paris. Le M. faux
Jasmin (M. jaaminoïdes) est un arbrisseau venu de la Nouvelle - Hollande en 1830; la
tige est rameuse y les rameaux stériles sont volubiles, et les feuiUes sont lancéolées , lui-
santes en dessus, marquées de fossettes en dessous et à Faisselle des nervures; les fleurs sont
jaunes.
Les Mitchella, dédiés au voyageur anglais Mitchell, sont des herbes de T Amérique septen-
trionale^ glabres, rampantes; on cultive en pleine terre le Mitchella repens, à tiges carrées,
faibles, à feuilles petites , arrondies-obtuses , à fleurs géminées au sommet du pédoncule ,
et cohérentes ; la corolle est blanche , infundibuliforme , tapissée de poils à sa gorge et à son
limbe, et d'une odeur suave; le fruit est d'un rouge de corail.
Les IxoBA sont des arbrisseaux croissant dans l'Afrique, et surtout dans l'Asie tropicale;
ils tirent leur nom générique de celui d'une idole malabare , dont ils servent à parer les
autels. L'L éc arlatb (/. coccinea) est un bel arbrisseau de Ceylan, haut de 3 à 4 pieds, à
feuilles persistantes, un peu charnues ; ses fleurs, qui paraissent au milieu de l'été , sont d'un
ronge vif, et disposées en un corymbe qui conserve longtemps son éclat. L'T. odorant
(/. odorata) , envoyé de Madagascar en Angleterre , se distingue par l'élégance de son port,
la beauté de ses feuilles , qui ressemblent à celles du Figuier élastique , et surtout par ses
riches corymbes, composés de plus de cent fleurs, exhalant une odeur suave; les corolles
atteignent une longueur de 5 pouces, le tube est rouge inférieurement, et blanc vers le
sommet; les segments du limbe sont d'un blanc rosé, qui prend ensuite une teinte jaune.
La sous-famiUe des Ctnckonacées, entièrement exotique, fournit un assez grand nombre de
Genres à l'horticulture , et n'en donne qu'un seul à la médecine , mais ce Genre est le
Quinquina; aussi a-t-il imposé son nom à la sous-famille. Avant de nous en occuper, nous
mentionnerons les Genres que Ton cultive en Europe, et parmi lesquels les Quinquinas
pourront un jour figurer comme Plantes d'ornement, s'ils réussissent dans nos serres.
Les SiPANÉA sont des herbes annuelles ou vivaces, indigènes dans l'Amérique tropicale,
dont une Espèce sous-ligneuse , très-jolie , est cultivée dans nos serres chaudes , c'est le
SiPANÉA DR Cayennb [S. cameo) ', elle est haute de k pieds et demi; mais elle fleurit
avant d'avoir atteint un pied d'élévation; ses fleurs^ qui s'ouvrent depuis octobre jusqu'à la
fin de décembre , sont nombreuses , disposées en corymbe terminal ; la corolle est velue ,
d'un blanc rosé , passant à des teintes violacées pèles.
Les RoNDELETiA, Genre dédié au physicien Rondelet , sont des arbrisseaux de l'Amé-
rique tropicale; le R. pompeux (A. speciosa) de la Havane, que l'on cultive chez nous en
serre tempérée , a des fleurs tubulées d'un rouge écarlate en dehors, à goi^e jaune orange,
disposées en corymbes terminaux, et très-odorantes. Le Genre Rogiera qui porte le nom du
ministre belge Rogier, promoteur de l'horticulture, se distingue du précédent par sa corolle ,
dépourvue à sa goi^e d'anneau proéminent ; on en cultive quatre Espèces , dont les serres
viennent de s*enrichir récemment; elles sont originaires des régions tempérées du Guatimala ;
leurs fleurs sont disposées en corymbes et de petite dimension ; mais elles persistent long-
temps, et leur odeur est faible , mais suave ; la corolle est d'un blanc rosé , à limbe étalé, à
gorge fermée par des poils dorés. Nous citerons, parmi ces Espèces, qui viennent de fleurir
dans l'établissement de M. Van Houtte, le R. agréable {R. amœna), charmant arbuste à
feuilles longues de 2 à 5 pouces, à corolle dont les lobes sont échancrés , le tube renflé au-
dessus du milieu ; le style est un peu saillant hors de la corolle.
Le Hindsia violacea est un arbrisseau du Brésil , apporté en France depuis 18Uh ; il a été
dédié au chevalier Hinds, compagnon de voyage du capitaine Ed. Belcher; ses feuilles sont
ridées à la face inférieure; les fleurs sont nombreuses, et forment des cymes terminales; la
corolle est d'un bleu violacé, qui a valu à la Plante le nom anglais de Porcelain blue. On la
cultive en serre chaude, où elle fleurit au printemps.
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116 HISTOIRE DES FAMILLES
Le PiNCKNEYA {Pinckneya pubescens)y dédié à Pinckney, botaniste américain, est un
arbrisseau de la Caroline, d'un port élégant , à feuilles cotonneuses en dessous , ainsi que les
rameaux à fleurs disposées en faisceaux terminaux, la corolle est blanche, rayée de pourpre;
on le cultive dans les serres tempérées , et malgré quelques diftîcultés de conservation , on
pourrait, avec de la persévérance, trouver le moyen de le cultiver dans le midi de la France,
ce qui serait d'une haute importance , en ce que cette Plante , qui offre de grands rapports
botaniques avec le Quinquina, parait en posséder aussi les propriétés.
Le Genre Bouvardia, destiné à perpétuer le nom de Bouvard, successeur de Guy-la-
Brosse au Jardin des Plantes, se compose d'arbrisseaux du Mexique, dont plusieurs Espèces,
toutes très-jolies, sont cultivées dans nos serres : le B. triphtllb (B, tripkylla), arbrisseau
à peine haut de deux pieds , a des feuilles verticillées par trois ; ses fleurs sont d'un rouge
éclatant, disposées en corymbe ; il y en a une variété à fleurs blanches. On le tient en serre
tempérée pendant l'hiver seulement. Le B. j a u n e (^. flava) (PI. V.) a des tiges rameuses hautes
d'un pied et demi, à écorce grisâtre ; les feuilles sont parsemées de points d'un vert pâle ;
leur limbe est d'un vert tendre à l'ombre , et prend au soleil une teinte rougeàtre ; les fleurs
sont disposées par trois ou par quatre , courbées , pendantes ; la corolle est jaune orange , à
quatre lobes étalés. — Le B. a longues fleurs (B. longiflora), qui est la plus belle
Espèce du Genre, a des fleurs nombreuses géminées ou temées, sessiles , exhalant une odeur
délicieuse de Jasmin ; la corolle est blanche, en forme de patère, à tube long, à gorge fermée
par quatre écailles obtuses, à limbe étalé en h' segments. Elle vient du Mexique , et on la
cultive en serre chaude.
Les Manettiâ, dédiés à Manetti^ botaniste italien, sontdes herbes ou des sous-arbrisseaux
volubiles originaires du Brésil, que l'on cultive en serre tempérée : le M. bicolore (M.
bicolor) (PI. 111.) a été découvert dans les montagnes des Orgues; ses feuilles sont lancéolées,
un peu pubescentes et glauques en dessous ; les fleurs sont d'un très-bel effet; le tube de la
corolle est long d'un pouce, droit, renflé à la base, d'un rouge écarlate dans son tiers infé-
rieur, ensuite d'un beau jaune d'or, jusque et y compris le limbe. — Le M. a feuilles en
CGEUR (M. cordata) fleurit tout l'été; ses fleurs sont longuement pédonculées, tubuleuses,
pendantes, d'un pourpre écarlate.
Les Luculia sont des arbustes, nommés au Népaul LucuU-Swaj que l'on cultive en
serre chaude et en serre tempérée. Le L. délicieux (Z. gratissima), arbrisseau droit, peu
rameux; est haut de 6 à 9 pieds ; mais , dans nos serres , il fleurit avant d'avoir atteint un
pied et demi ; les feuilles sont velues sur les nervures de la face inférieure ; les fleurs sont
tubuleuses, à limbe plan, d'un rose tendre, et d'une odeur suave, qui lui a valu son nom
spécifique. — LeL. de Pince (Z. Pinciana)^ qui porte le nom d'un fleuriste célèbre, a
des fleurs disposées en large cyme terminale ; la corolle est d'un blanc pur, et son parfum
surpasse en suavité celui de l'Espèce précédente.
Les HiLLiA forment un Genre dédié à sir John Hill, botaniste anglais; ce sont de petits
arbrisseaux de l'Amérique tropicale, glabres, grimpants, et presque parasites; sur les autres
arbres, leurs feuilles sont un peu charnues, d'un vert gai; leH. longiflore (H, longiflora)
est cultivé dans nos serres chaudes; sa tige est munie de vrilles; ses fleurs sont solitaires,
terminales; la corolle est infundibuliforme, d*un blanc jaunâtre à tube cylindrique, long
de près de trois pouces, à gorge renflée, à limbe divisé en six lanières lancéolées, un peu
roulées.
Les CouTARÉA, nommés dans leur patrie Coutari , habitent aussi la région torride de
l'Amérique; nous citerons le G. remarquable (C, speciosa)^ arbrisseau touffu, l'un des plus
beaux de la Guyane; on le cultive en serre chaude; il a le port du Ltlas Varin; ses fleurs
sont grandes, d'un rose foncé, et forment au sommet des rameaux magnifiques; les difficultés
de sa culture le rendent très-rare dans les collections.
Le Genre Gardénia est dédié au docteur Alexandre Garden, docteur écossais qui habita
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(I'oUmiioiuiu-i'os* )
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RUBIACÉES. 117
longtemps la Caroline, et fut le correspondant de Linné ; ce Genre renferme de nombreuses
Espèces, qui croissent dans la région tropicale de T Asie et de T Afrique, et dont quelques-unes
fontromement de nosserres. LeG. a larges fleurs (G. /Zor/rfa^ , nommé vulgairement
Jasmin du Cap, est un arbuste des Indes haut de 4 à 5 pieds , à feuilles persistantes , lisses ,
d'un vert gai ; il fleurit en juin ; ses fleurs sont blanches , et exhalent une odeur suave de
Girofle ; on en a obtenu une varié*é à fleurs doubles. — Le G. de Stanley (G, stanleyanà)^
une des plus belles Espèces qu'ait introduites le voyageur anglais, M. Withfield, nous vient de
Sierra-Leone ; c'est un arbrisseau très-élégant, à végétation vigoureuse , et d'une culture très-
facile; les rameaux sont étalés horizontalement; les feuilles sont grandes, d'un vert brillant,
un peu coriaces , les bifurcations de leurs nervures ofi'rent des saillies glanduleuses ou de
petites gibbosités; les fleurs naissent solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures; elles ont
neuf pouces de longueur, et exhalent un parfum délicieux; la corolle est infundibuliforme ,
son tube est d'un pourpre foncé , quelquefois maculé de vert, et dilaté au sommet; sa gorge
est pourpre, marquée en dehors de lignes élevées; son limbe est divisé en 5 lobes ovales,
réfléchis, obtus, pourpres et blancs extérieurement , d'un blanc pur intérieurement, couverts
de taches d'un pourpre foncé, disposées en lignes obliques. — Le G. Sherbourne (G,
Sherboumiœ)y que mistriss Sberbourne a reçu de Sierra-Leone, et qui a fleuri par ses soins,
en 1843, se distingue de ses congénères par sa tige volubile, qui le rend propre à décorer les
piliers de nos serres chaudes; les pédoncules sont uniflores, plus courts que les pétioles; le
calyce est à 5 lobes foliacés, qui atteignent le milieu du tube de la corolle; celle-ci est
grande et charnue, infundibuliforme, blanche, d'un rouge sanguin à l'intérieur; son tube est
étroit à la bîise et dilaté au sommet, il est chargé en dedans , à la partie inférieure , de poils
courts et soyeux ; le limbe est divisé en 5 lobes arrondis , étalés.
Les OxYANTHUS , qui appartenaient autrefois au Genre Gardénia, tirent leur nouveau nom
générique des divisions aiguës de la corolle : l'O. vers i colore (0. versicolor)^ dont la patrie
est encore incertaine, et que l'on croit originaire des Antilles , est un petit arbrisseau, attei-
gnant dans nos serres une hauteur de deux pieds environ ; la tige et les rameaux sont cylin-
driques, mais renflés-aplatis aux points de jonction des entre-nœuds, rougeàtres et très-glabres;
les feuilles sont ovales-lancéolées, luisantes, d'un vert rougeâtre dans leur jeunesse ; les fleurs
sontsolitaires, géminées ou ternées à l'extrémité des pédoncules; leur corolle, longue de quatre
àsix pouces, tubuleuse, infundibuliforme, très-gréle, est d'abord d'un blanc pur, qui plus tard
passe au rose pâle , puis au rouge vif; le limbe est divisé en lanières oblongues- linéaires,
défléchies, recourbées, longues de deux pouces environ; ces fleurs singulières, douées d'une
odeur suave , durent et se succèdent longtemps.
Les PosoQUERiA sont des Plantes de la zone tropicale américaine , dont le nom est , à la
Guyane, Posoqitéri;\e\ir tige est glabre , leurs feuilles sont coriaces, leurs fleurs terminales ,
blanches, penchées; nous citerons le P. élégant (A^. Formosa), bel arbre découvert dans les
forêts vierges des montagnes de Tovar , à six mille pieds au-dessus de la mer ; il atteint une
hauteur de vingt pieds; son tronc est svelte et couvert d'une écorce blanche; ses fleurs
forment des corymbes terminaux ; la corolle est blanche , odorante , infundibuliforme , à tube
cylindrique , long de quatre pouces , à gorge à peine dilatée , velue , à limbe divisé en
5 lanières obtuses ouvertes, munies à leur base d'un mamelon pubescent. Le fruit est une
baie globuleuse.
Les Mussaenda sont des arbustes indigènes des régions tropicales de l'ancien Continent,
assez rares dans le nouveau; leur nom générique est celui sous lequel on les désigne à Geylan. Le
M. élégant {M. formosa) atteint une hauteur de neuf pieds ; ses fleurs sont jaunes, disposées
en corymbes terminaux ; le calyce est à 5 lobes dressés , aigus , dont un des extérieurs est
blanc, prolongé en feuille pétiolée, longue de deux pouces, et remarquable par ses nervures
en réseau.
Les BuRCHELLiA, arbrisscaux du Cap de Bonne - Espérance , ont reçu le nom de
16
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118 . HI8TUIUE DES FAMILLES.
M. W. Burchell, voyageur en Afrique ; leurs fleurs sont réunies en capitules au sommet des
rameaux, et d'un rouge vif; le capitule est involucré par la dernière paire de feuilles; la
corolle est en entonnoir , à 5 lobes très- courts ; le stigmate est en massue et garni de cinq
séries de poils collecteurs. Tel est le R. du Gap (/?. Capends)^ nommé vulgairement
Buffelhoim, à cause de la dureté de son bois; la tige est haute de deux à quatre pieds; les
feuilles sont ovales, pubescentes ; les fleurs sont longues de dix ligaes , et d'un rouge écarlate
intense. On cultive ce bel arbrisseau en serre tempérée.
Nous allons clore la Famille des Hubiacées par Thistoire des Quinquinas : le Quinquina et
la Pomme de terre sont les deux plus précieux Végétaux que l'Europe ait reçus de rAmé-
rique. La Providence, en nous indiquant le tubercule alimentaire qui s'est propagé sur tout le
globe , a voulu préserver à l'avenir les nations de la famine ; en permettant à l'homme de
découvrhr le Quinquina, elle lui a donné pour auxiliaire contre ses maladies le plus héroïque
des médicaments. La médecine , depuis deux siècles , a su tirer un glorieux parti de cette
découverte, et la chimie, par ses savantes analyses, en a tout à coup centuplé la valeur.
Nous décrirons le Genre Cinchona d'après les caractères indiqués par notre savant
ami, le D^ Weddell, naturaliste voyageur, dont le nom se rattache désormais à l'histoire du
Quinquina. — Le calyce est turbiné, son tube est pubescent, son limbe persistant, à 5 dents;
la corolle est en pâtère, son tube est pubescent en dehors, son limbe quinquéûde, à
lanières lancéolées, glabres intérieurement, garnies sur les bords de poils renflés en massue
et laineux, pubescentes extérieurement; valvaires dans la préttoraison, étalées et recourbées
en dehors après l'épanouissement. Les étamines sont au nombre de 5, glabres, à anthères
incluses ou presque incluses; l'ovaire est couronné par un disque charnu, 5fi*rant 5 ou
10 tubercules peu sensibles; les ovules sont réfléchis, nombreux, attachés à des placentaires
linéaires qui s'appliquent aux deux côtés de la cloison, le style est simple, glabre, le stigmate
bifîde; la capsule est ovoïde, ou oblongue , ou linéaire-lancéolée , sillonnée des deux cdtés, à
deux loges; la déhiscence est septicide, et s'opère de la base au sommet, par décollement de
la cloison. Les graines sont imbriquées de bas en haut , comprimées, entourées à leur circon-
férence par une aile membraneuse denticulée sur ses bords ; la plantule est droite , et occupe
l'axe d'un albumen charnu; les cotylédons sont ovales; la radicule est infère.
LesEspècesdu Genre Quinquina [Cinchona)^ sont des arbres ou des arbrisseaux toujours
verts, habitant les vallées des Andes tropicales, entre le dixième degré de latitude septen-
trionale et le dix-neùvième de latitude australe, à une hauteur de 3,600 à 9,800 pieds au-
dessus du niveau de l'Océan : le tronc et les grosses branches sont cylindriques, mais les
jeunes rameaux sont un peu tétragones et montrent les cicatrices des feuilles et des stipules,
qui se voient aussi sur les branches adultes ; l'écorce est amère et contient deux alcalis, la
Quinine et la Cinchonine^ unis à un acide nommé acide Kinique; elle renferme en outre un
principe colorant nommé rouge cinchonique^ une matière colorante jaune, une matière colo-
rante grasse verte, du kinate de chaux, de l'amidon, de la gomme, etc.; le bois est blanchâtre
et devient jaunâtre avec l'âge; les feuilles sont opposées, entières, veinées, pétiolées, les
cellules de leur épiderme sont, dans beaucoup d'espèces, gonflées par un liquide, et forment
de petites saillies coniques qui donnent à la feuille un reflet particulier; dans le liquide des
cellules nagent des corpuscules innombrables, qui sont agités d'un mouvement rapide, comme
s'ils étaient animés. Le pétiole est court, demi-cylindrique; les stipules sont caduques,
ordinairementlibres, hérissées à leur base interne par de petites glandes lancéolées, qui sécrètent
une humeur gommo -résineuse, liquide et transparente ; les fleurs sont disposées en panicules
terminales ; la corolle est blanche, ou rosée, ou purpurine, et d'une odeur suave, les pédicelles
sont bractéolés à leur base.
Nous n'entrerons pas dans le détail des nombreuses Espèces de Quinquina, il suffira de
décrire l'Espèce principale de chacune des séries désignées vulgairemrnt sous les noms de
Quinquina jaune. Q. gris^ Q. rouge. Q. blanc.
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KUBIACÉES. 110
Le Q. J A i N E R o Y A L (C. caUjsttya, de Weddell) a des feuilles obloiigues où lancéolées obovales,
obtuses, amincies à la base, marquées de fossettes à Taisselle des nervures, les filets des éta-
mines sont de moitié plus courts que Tanthère ;
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triangulaires-pointues on lancéolées; Oh.iqui^a ns lim*.
les lilets égalent ou dépassent en
longueur la moitié des anthères; la capsule est oblongue on lancéolée, beaucoup plus longue
que les fleurs; les giaiiies sont elliptiques, denticulées sur les bords. — T'est h celte espèce,
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120 HISTOIRE DES FAMILLES.
la première observée, et décrite par La Condamine , que se rappoiient les ti-adiiions plus
ou moins fabuleuses relatives à la découverte des Quinquinas. Son écorce est aujourd'hui peu
estimée, parce qu'elle ne contient guère que de la cinchonine et très-peu de quinine. Il en est
de même du Quinquina de Lima, gris brun (C, mivraniha).
Le Q. ROUGE (C, nitida, de Ruiz et Pavon) a des feuilles obovales lancéolées, amincies à la
base, glabres des deux côtés, et luisantes ou légèrement poilues à la face inférieure, non
marquées de fossettes; les filets égalent les anthères en longueur; la capsule est lancéolée,
deux fois plus longue que large; les graines sont lancéolées, denticulées sur leur bord. — L'é-
corce de cette Espèce est, dit-on, un des meilleurs Quinquinas ; aujourd'hui elle est devenue
très-rare ; elle contient à peu près dans la même proportion la quinine et la cinchonine, et
comme l'action fébrifuge de la quinine est plus puissante que celle de la cinchonine, on préfère
au Quinquina rouge le Quinquina jaune, qui est l'Espèce la plus riche en quinine.
Le Q. BLANC ( C, ovata, de Ruiz et Pavon) a ses feuilles largement ovales, un peu aiguës,
amincies à la base, un peu coriaces, pubescentes, cotonneuses en-dessous et des deux côtés
dans leiur jeunesse ; les dents calycinales sont courtes et aiguës; les anthères sont beaucoup
plus longues que leur filet; la capsule est lancéolée; les semences denticulées-frangées. —
Cette espèce a son écorce d'un gris blanchâtre à l'extérieur; la composition chimique de
l'écorce diffère de celle des précédentes en ce que à la quinine et à la cinchonine se joint un
troisième alcali, analogue aux deux autres, mais plus oxygéné, et qu'on a nommé arictne. Le
Q, blanc n'est pas usité en médecine.
Dans l'appréciation des écorces de Quinquina, il est important de distinguer le derme du
périderme : M. Weddell appelle périderme toute cette partie extérieure de l'écorce, quelle
que soit son origine, qui, ayant perdu sa vitalité première, persiste à la surface des couches
plus i^rieures, et leur sert d'enveloppe protectrice ; ces couches portent dans leur ensemble
le nom de denne.
L'écorce, comme nous l'avons vu dans la description des oi^anes (page 11), se compose
intérieurement de fibres ligneuses, nommées fibres corticales ou liber, extérieurement d'une
enveloppe cellideusc verte, nommée moelle corticale; cette enveloppe est elle-même recouverte
par une couche de cellules grisâtres qui, dans certains Végétaux, s'épaissit pour former \e liège;
enfin ces cellules sont enveloppées par l'épiderme, tégument temporaire qui ne recouvre que
les jeunes branches, et se détruit par leur développement. L'écorce, incessamment repoussée
en dehoi-s par le développement du bois, se renouvelle à l'intérieur de la tige; mais la partie
extérieure, cessant de croître, se sépare en plaques, qui peuvent tomber ou rester fixées à la
surface. Cette partie morte est le périderme, la partie vive est le derme.
Dans les écorces de Quinquinas, le derme est constitué soit par le liber seulement, dont le
périderme s'est complètement détaché, soit par le liber, auquel est restée fixée une certaine
portion de l'enveloppe celluleuse : or, c'est dans le derme que se trouve la quinine, tandis
que l'enveloppe celluleuse, au contraire, ne renferme que de la cinchonine; il en résulte mie
bonne indication pour apprécier la richesse des diverses écorces de Quinquina : si la couche
celluleuse est épaisse, comme cela a lieu dans les jeunes rameaux et dans les Quiquinat gris,
la quinine est peu abondante; si, au contraire, l'écorce ne se compose plus que du liber, la
quinine existe en plus grande quantité.
C^est donc dans la partie fibreuse que réside la quinine ; non dans les fibres elles-mêmes,
mais dans les cellules au milieu desquelles ces fibres sont répandues : si toutefois ces cellules
sont trop abondantes, elles ne sont riches qu'en cinchonine ; il faut que les fibres et les cellules
soient réparties en une certaine proportion. En outre, les écorces les plus riches sont celles où
les fibres sont courtes, égales et uniformément distribuées au sein d'un tissu cellulaire gorgé
de matières résineuses. Si les fibres sont plus longues et réunies par faisceaux, le tissu cellu-
laire interposé, et par conséquent la quantité de quinine, est diminué en proportion. Il suit delà
qu'on peut, par la cassure d'un fragment d'écorce de Quinquina , apprécier sa valeur médici-
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RUBIACÉES. 121
uale ; si la surface fracturée est hérissée de petites pointes égales^ ce sera une écorce de pre-
mière qualité , si les fibres se prolongent en filandres inégales , la qualité sera moindre ; si , au
contraire , le contour extérieur de Técorce offre à la cassure une surface lisse , c'est-à-dire
non hérissée de fibres, soit courtes, soit allongées, c^est que cette partie est uniquement
celluleuse, et ne peut contenir que de la cinchonine ; de là trois modifications de cassures
annonçant trois degrés dans la qualité de Técorce : la cassure fibreuse, la cassure filandreuse,
et la cassure subéreuse ou celluleuse.
Le Genre Cinchona comprenait autrefois des Espèces dont les unes ouvrent leur capsule de
la base au sommet, les autres du sommet à la base. Endlicher les séparait en deux sections \
M. Weddell en a fait deux Genres bien distincts : Cinchona et Cascarilla, et cette distribution
paraît tout à fait conforme à la nature, puisque la composition chimique vient à Tappui des
caractères botaniques, et que les vraies Espèces de Cinchona présentent seules la quinine et
la cinchonine, tandis qu'on ne trouve que des principes astringents dans celles du Genre
Cascarilla.
La découverte des propriétés médicales du Quinquina est enveloppée d'une obscurité qui a
donné lieux aux versions les plus contradictoires. Ce qu'il y a de certain , c'est qu'avant 1638,
c'est-à-dire cent cinquante ans après la découverte de l'Amérique, ni les Européens, ni même
les dominateurs du Nouveau-Monde, ne connaissaient la vertu fébrifuge de cette écorce. Les
indigènes la connaissaient-ils? L'illustre voyageur, M. de Homboldt le nie positivement. 11 rap-
porte une vieille tradition, ayant cours dans la province de Loxa , d'après laquelle ce sont les
jésuites qui auraient eu les premiers, et accidentellement, la connaissance des propriétés du
Quinquina, en goûtant, selon l'habitude de ces pays , les écorces des arbres qu'ils faisaient
abattre. Ils l'auraient employé alors, par analogie, avec d'autres amers, dans le traitement
des fièvres intermittentes. Cependant d'autres auteurs, et notamment Huiz et Pavon, semblent
croire que les Indiens de Loxa connaissaient l'usage du Quinquina longtemps avant l'invasion
espagnole. Mais à qui devaient-ils la révélation de ses propriétés? On a raconté la fable ridicule
de bétes fauves, tourmentées de la fièvre, qui avaient été poussées par leur instinct à ronger
l'écorce de l'arbre, et s'étaient ainsi guéries elles-mêmes ; ce qui serait plus probable , c'est
que des arbres de Quinquina, ayant été renversés par la tempête, et leur tronc ayant longtemps
séjourné dans l'eau de quelque mare, cette eau, par la macération de l'écorce, se serait chargée
d'une certaine quantité de principes fébrifuges, qu'ensuite un fiévreux étant venu par hasard
s'y désaltérer, et se trouvant délivré de son mal, aurait publié sa guérison.
Au reste, Joseph de Jussieu, frère d'Antoine et de Bernard, qui fut envoyé en Amérique
en 1735, avec la mission d'étudier l'histoire naturelle du pays, et d'envoyer des plantes au
Jardin du Roi, désigne positivement les Indiens du village de Malacatos , à quelques lieues
au sud de Loxa, comme les premiers qui aient possédé la connaissance des propriétés du
Quinquina. Il jeta sur le papier, à ce sujet, lors de son voyage à Loxa, en 1739, une note qui
fait partie d'un mémoire sur le Quinquina écrit en latin, et resté inédit. Nous allons reproduire
avec la traduction, le texte de cette note, dont le style est d'une naïveté originale.
a Certum est qui priiis notitiam virtutis et efficaciœ hujus arboris habuêre , fuisse Indos
vici Malacatos. His, cùm, ob calidum simul ac humidum et inconstantiam temperamenti ac
inclementiam, febribus intermittentibus maxime essent obnoxii, remedium tàm importuni
morbi quœsivisse necessum fuit; et, cùm, régnant ibus Ingas, fuerunt Indi Botanices périt i,
et virtutum herbarum indagatores acerrimi, factâ variarum plantarum experientiâ, tandetn
Kinakina corticem ultimum ac ferè unicum intermittentium febrium specificum remedium
invenêre, Nec alio nomine apud illos arbor nota quàm ab effectu, Vocârunt Yara-Chucchu,
Cava-Chucchu : Yara idem est ac arbor, Gava idem est ac cortex; Chucchu : hof^ror, frigus ,
febris horripilatio ; quasi diceres arbor febrium intermittentium, Ayac-Cava vocârunt, quasi
diceres corticem amarum. — Forte fortunâ, tum unus ex Societate Jesu iter habuerat per
vicum Malacatos, is laborans febri intermittente . Misericordiâ comtnotus Indorum dux,
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122 HISTOIRE DES FAMILLES.
Cacique vacant, cognito R. P. morbo : Sine paulidiim, inquit, et ad saniiatem perfectam te
restituam. Hoc dicto, exilit ad montent Indus, corticem dictum attulit, et decoctum ipsinspatri
propinavit. Sanatus et ad perfectam saniiatem restitutus Jesuita, perquisivit quod genus
medicamenti applicavcrat Indus, Cognito cortice, hvjus non exiguam quantitatem collexit
Jesuita, et, ad patriam redux eadem ac in Peruvianâ regiones poUere expertus est, indè notus
primo fuit cortex Pulveris Jesuitici nomine, etc. »
« Il est certain que ceux qui connurent les premiers la vertu et l'efficacité de cet arbre, sont
des Indiens du \illage de Malacatos, Ces pauvres gens, étant sujets à des fièvres intermittentes
causées par la chaleur humide de leur climat et par l'inconstance de la température, avaient
dû nécessairement chercher un remède contre cette fâcheuse maladie ; et, comme au temps
où régnaient les Incas, les Indiens étaient versés dans la connaissance des végétaux et habiles à
découvrir leurs vertus , les essais qu'ils faisaient de diverses plantes les conduisirent à trouver
dans l'écorce Kina kina, le spécifique suprême et presque unique des fièvres intermittentes.
Cet arbre n'était désigné chez eux que par un nom tiré de ses propriétés ; ils l'appelaient
Yara Choucchou, Cava-choucchou : Yara signifie arbre; Cava signifie écorce; Choucchou
exprime le frisson, le froid, l'horripilation de la fièvre ; c'est comme si on disait Varbre des
fièvres f Vécorce des fièvres; ils l'appelaient aussi Ayac-Cava, c'est-à-dire amère écorce, — Par
un heureux hasard, vint à passer, dans le village de Malacatos, un prêtre de la Compagnie de
Jésus, tourmenté par une fièvre intermittente ; le chef des Indiens, qu'on nomme Cacique,
ayant été informé de la maladie du révérend Père : Laisse-moi faire, lui dit-il, et je te
guérirai. Cela dit, l'Indien court à la montagne, apporte ladite écorce, et en présente une
décoction au jésuite; celui-ci, délivré de sa fièvre et rendu à la santé, s'enquit du remède que
lui avait administré l'Indien. On lui fit connaître l'écorce , il en recueiUit une grande quantité,
et, de retour dans sa patrie, il s'assura par l'expérience qu'elle produisait le même effet qu'au
Pérou ; de là vient le nom de Poudre des Jésuites, le premier sous lequel on l'a connu, etc. »
Les jésuites de Lima en envoyèrent à Rome au général de l'Ordre, qui en donna au cardinal
de Lugo, d'où le nom de Poudre Cardinale, donné aussi au Quinquina.
Une autre tradition qui, si elle n'est pas la plus authentique, est du moins la plus populaire,
rapporte que, en 1638, le vice-roi du Pérou, Jérôme Fernand de Cabrera, comte de Chin-
chon, dont l'épouse était atteinte d'une fièvre intermittente opiniâtre, fit venir de Loxa un
corrégidor qui prétendait connaître un merveilleux remède contre les fièvres intermittentes;
le corrégidor fit prendre du Quinquina à la vice-reine, et la fièvre disparut. La comtesse,
revenue en Espagne deux ans après sa guérison, y rapporta une provision considérable de
l'écorce salutaire, et la distribua elle-même aux fiévreux , de là le nom de Poudre de la
comtesse, et le nom latin de Cinchona, donné plus tard par Linné au Genre qui nous occupe.
Mais le nouveau remède fut mal accueilli en France et en Italie ; les Facultés le proscri-
virent, et les médecins qui osèrent en expérimenter les effets furent persécutés. Ce ne fut que
quarante ans plus tard que Louis XIV le rendit populaire. Un empirique anglais, nommé
Talbot, avait délivré le roi d'une fièvre intermittente très-rebelle, à l'aide d'un remède secret,
qui avait déjà guéri un grand nombre de personnes. Le roi lui acheta son secret 4.8,000 livres,
lui fit une pension viagère de 2,000 livres et lui donna des lettres de noblesse : le remède fut
pubhé trois ans après, par son ordre : ce remède consistait en une teinture vineuse de Quinquina
très-concentrée. A dater de cette époque seulement, on a reçu en France du Quinquina en
écorces.
C'est en 1820 que les chimistes sont parvenus à isoler les principes fébrifuges du Quinquina,
qu'ils ont nommés quinine et cinchonine. La préparation de ces alcalis végétaux est une des
plus belles découvertes de la Chimie moderne, et le service le plus important qu'elle ait rendu
à la médecine depuis le commencement du dix-neuvicmc siècle, puisque, sous un petit
volume, et sans fatiguer le malade, on peut administrer des doses énormes de Quinquina, et
opérer les guérisons les plus difficiles.
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HUBIACÉES. 123
On obtient ces alcalis en traitant à chaud le Quinquina en poudre par de Tacide chlorhy-
drique étendu d'eau; il se forme un chlorliydrate de quinine et de cinehonine; on ajoute à la
liqueur de la chaux délayée dans Teau; la chaux s'empare de Tacide, et les alcalis végétaux
forment un précipité; on dissout ce précipité au moyen de Talcool bouillant, et on obtient
par évaporation la quinine et la cinehonine mélangées. Pour les séparer Tune de Tautre (parce
que la quinine est deux fois plus active^ à dose égale, que la cinehonine) , on traite à froid par
Talcool faible, qui ne dissout que la quinine. — Le Quinquina calisaya contient en quinine
environ le douzième de son poids.
Le Quinquina étant, dans un grand nombre de cas, non pas un médicament, mais bien un
préservatif, et beaucoup de personnes étrangères à la médecine l'employant comme tel à la
campagne, dans un but de charité, nous pensons qu'il ne sera pas hors de propos, d'exposer
ici quelques idées simples sur la nature de Faction exercée parle Quinquina; c'est une question
physiologique et hygiénique, et non une question médicale que nous voulons traiter ; or,
Thygiène étant la seule branche de la médecine qui soit à la portée des gens du monde, nous
allons entretenir rapidement nos lecteurs des conditions de la vie de nutrition, en attendant
que ce sujet soit traité complètement dans la partie de notre ouvrage qui concernera la
Zoologie.
Nous avons vu dans l'Introduction que les Êtres organisés, c'est-à-dire les Végétaux et les
Animaux, ne peuvent exister que sous l'influence d'une force, dont les lois nous sont inconnues,
et qu'on a nommée force vitale; que ces Êtres se nourrissent par intussusception^ c'est-à-dire
en introduisant dans certaines cavités de leur corps des substances étrangères qui y subissent
un changement, s'assimilent au corps qui les a reçues, et y remplacent en même temps les
matériaux vieillis qui les ont précédées , et que la force vitale tend constamment à éliminer.
Nous avons établi en outre que TAnimal se distingue de la Plante en ce qu'il perçoit des sen-
sations, et exécute des mouvements volontaires.
Chez les animaux inférieurs, dont le corps se compose d'un masse homogène et informe, les
conditions matérielles de la vie de nutrition, réduites à leur maximum de simplicité, consistent
en un liquide pouvant être assimilé, et une substance solide possédant la propriété de réagir
sur le liquide qui l'impressionne, de manière à en assimiler une partie et à en éliminer l'autre;
chez l'homme, l'animal le plus composé de la création, le résultat est le même, mais le travail
se divise et se localise dans des organes spéciaux nommés viscères; les uns sont chaînés de
modifier la matière organisable ; les autres de séparer et d'excréter les matières non assimi-
lables et celles qui sont usées par le mouvement organique. Le but final de ces fonctions
végétatives est le développement des organes de la vie de relation, c'est-à-dire de ceux qui
perçoivent les sensations et exécutent les mouvements, en un mot du système nerveux cérébro-
spinal [cerveau, moelle épinière, nerfs), et du système locomoteur {muscles)
Mais, entre ces organes de la vie de relation pour qui travaillent les viscères, et ces viscère»
eux-mêmes, la nature a établi un agent spécial qui correspond avec les uns et les autres et
maintient leur solidarité mutuelle; qui, par une force irrésistible, nommée instinct, excite à
fonctionner les organes assimilateurs et éliminateurs, et avertit en même temps le cerveau et
les muscles de les approvisionner des matériaux qu'ils élaborent au bénéfice de la vie de
relation. Cet agent indispensable est une sorte de contre-maître, intei-médiaire entre le chef
de la fabrique et les ouvriers, qui d'une part avertit celui-ci de fournir à ses serviteurs les
matières premières; et d'une autre part, stimule le zèle des travailleurs de manière à régu-
lariser la quantité et la qualité des produits de fabrication.
Ce médiateur impartial est lui-même un système nerveux particulier, nommé trisplanchnique
parce qu'il se ramifie dans les organes des trois grandes cavités viscérales du corps, le ci*âne,
la poitrine et l'abdomen ; on le nomme aussi ganglionnaire parce qu'il se compose de plusieurs
nœuds ou ganglions, qui sont autant do contres d'où partout ses ramifications.
Les matériaux ot les agents do la vie do nutrition sont donc : 1" un liquide contenant les
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124 HISTOIRE DES FAMILLES.
substances que les organes doivent élaborer: ce liquide est le sang, que réparent sans cesse
les aliments fournis par les fonctionnaires de la vie de relation ; 2» des organes solides, chargés
de Tassimilation et de Télimination : ce sont les tissus et les parenchymes; 3° un r^ulateur
de leurs fonctions : c'est le système nerveux ganglionnaire.
On a donné le nom de tonicité à une force de réaction que possèdent les tissus et les paren-
chymes, et en vertu de laquelle ils se tendent, se raidissent, se dressent, se contractent sous
l'impression du liquide qui est en contact avec eux ; ces mouvements divers, tiès-obscurs
mais continus, impriment au liquide nutritif des oscillations qui favorisent l'assimilation de
certains matériaux et l'élimination des autres. Or, dans certains cas de maladie, la tonicité
des tissus s'affaiblit, ils deviennent mous et flasques, ils ne réagissent plus sur les liquides nu-
tritifs, ils ne peuvent plus, ni se les assimiler, ni les repousser : alors les liquides obéissent
presque uniquement à la pesanteur ; ils transsudent et s'infiltrent à travers les tissus et les mem-
branes. Cette atonie doit être combattue par certaines substances qu'on nomme astringentes,
et qu'on a rangées parmi les médicaments toniques : les médicaments toniques-astringents
ont donc pour objet de rendre immédiatement aux solides la contractilité, la densité dont ils
ont besoin. Nous avons déjà mentionné quelques Végétaux qui contiennent un principe tonique-
astringent, nous en indiquerons beaucoup d'autres dans l'histoire des Familles.
Il y a des médicaments toniques d'une autre espèce : ce sont ceux qui rendent au sang les
qualités nutritives qu'il a perdues ; le sang, qu'on a nommé très-justement chair coulante,
peut, dans certains cas, devenir pauvre en albumine, en fibrine, en principe colorant. Les
médicaments qu'on nomme toniques-analeptiques ont la propriété de le reconstituer directe-
ment, ce sont : le fer, et les substances alimentaires condensées sous un petit volume.
Le système nerveux ganglionnaire, dont les attributions sont si importantes et si multiples,
a besoin, pourles remplir, d'une énergie constante, et surtout d'une harmonie parfaite d'action.
Toutes les maladies graves affectent indirectement ce système, mais il en est qui le frappent
directement, et vont éteindre la vie organique dans ses foyers principaux, ce sont les maladies
dites malignes, pernicieuses^ etc. Il faut alors des moyens héroïques, c'est-à-dire dont la
puissance soit irrésistible; spécifiques, c'est-à-dire qui aillent attaquer immédiatement le
mal, qu'eux seuls peuvent combattre. Les médicaments qui ont pour propriété de soutenir
le système nerveux, de lui imprimer de la résistance vitale, et de rétablir dans ses centres
principaux la synergie, c'est-à-dire la simultanéité et l'égalité d'action, ces médicaments
sont nommés toniques radicaux ou névro-sthéniques.
C'est ici le cas d'établir nettement la différence qui sépare les toniques des excitants ou
stimulants : les toniques ont pour caractère d'agir insensiblement, graduellement, et de rendre
une énergie durable à la vitalité des organes ; les stimulants agissent promptement, vivement,
et excitent une exaltation vitale très-manifeste, mais très-passagère.
Cette différence sera bien comprise, si l'on distingue dans le Principe vital, d'une part, les
forces que ce Principe fait agir à chaque instant dans tous les organes, et qu'on nomme pour cela
forces actuelles ou agissantes; de l'autre les forces radicales qu'il a en puissance, et qu'il tient
en disponibilité pour continuer l'emploi de ses forces actuelles. Or, les stimulants (café, thé, .
spiritueux, épices et médicaments spéciaux) mettent en jeu plus énergique les forces agissantes,
c'est-à-dire celles dont l'organisme dispose actuellement; et en précipitant l'exercice de ces
forces, ils les dépensent et les épuisent ; les toniques, au contraire (fer, aliments concentrés,
médicaments amers) relèvent, réparent les forces disponibles, c'est-à-dire les forces radicales.
C'est pour cela que les toniques, qui sont si utiles à l'homme malade, soit pour reconstituer son
sang appauvri, soit pour retenir en lui la résistance vitale, sont inutiles et souvent dangereux
pour rhomme qui jouit d'une santé vigoureuse : inutiles, parce que les forces radicales n'ont
pas besoin d'être réparées; dangereux, parce qu'ils surchargent le liquide nutritif de maté-
riaux dont il est abondamment pourvu.
La faculté d'assimilation et la résistance vitale sont les deux conditions essentielles d'un
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RUBIACÉES. 125
oiiganisrae normal; il est très-important de ne pas les confondre. La faculté d'assimilation
est celle que possèdent tous les Êtres vivants, de convertir en leur propre substance, en un
mot, de s^ assimiler les substances étrangères; la faculté de résistance vitale est celle que
' possèdent les mêmes Êtres d*opposer une réaction énergique aux causes d'altération ou de
destruction qui les entourent, et de conduire leur existence à travers toutes ces causes jusqu'à
son terme naturel.
Chez beaucoup d'hommes vigoureux, ces facultés coexistent au même degré de puissance,
mais très-souvent aussi leur disproportion est telle, que Tune est presque nuUe, tandis
que l'autre est portée à son maximum d'énergie. Nous voyons tous les jours des hommes d'une
constitution athlétique être abattus par une hémorrhagie, par l'inanition, par le froid ou la
chaleur, par les influences épidémiques, par les secousses physiques et morales, tandis que
d'autres individus, d'apparence chétive, supportent vaillamment les privations, les intempéries
de l'air, l'action destructive des miasmes, les douleurs du corps et de l'âme. On a pu en ob-
server de nombreux exemples dans la désastreuse retraite de la Grande-Armée, en 1812; les
hommes à visages frais et coloré, à muscles saillants, à charpente carrée, se démoralisaient
rapidement, et périssaient par milliers ; les hommes grêles, pâles, secs résistaient à merveille
au froid et à la faim; aussi les officiers du génie, qui vivaient surtout parle cerveau, laissèrent-
ils peu de victimes en Russie : pendant que leurs compagnons, vaincus par la souffrance, s'aban-
donnaient au désespoir, ils faisaient des observations météorologiques, étudiaient les aiguilles
prismatiques de la neige qui les enveloppait d'un linceul glacé, mesuraient, en grelotant,
l'angle sous lequel se groupent ses cristaux, et soumettaient, en quelque sorte, à la puissance
de leur pensée le climat qui les opprimait. — Que de vieillards célèbres nous pourrions encore
citer, chez lesquels la force de résistance vitale a suppléé à la faiblesse de Tassimilation, sans
compter le malingre Voltaire qui eût donné, disait-il, cent ans d'immortalité pour une bonne
digestion, et l'hémoptoîque Fontenelle, qui vécut jusqu'à cent ans moins un mois. Ces
hommes étaient à table de chétifis consommateurs, mais quelle puissance d'innervation, quelle
activité dans leur vie cérébrale I Fontenelle, quelques jours avant sa mort, rencontra une
vieille danae de ses amies^ qu'il n'avait pas vue depuis longtemps : — « Eh quoi ! monsieur
de Fontenelle^ nous vivons encore ! — Chut! madame, ils nous ont oubliés ! »
Cette force de résistance vitale , qu'il faut soigneusement distinguer de la faculté d'assimi-
lation , prend sa source dans le système nerveux , et c'est la partie de ce système que l'on a
nommée ganglionnaire j qui a pour fonction spéciale d'en régler les phénomènes. Or, il est,
comme nous le disions tout à l'heure , certaines maladies qui frappent immédiatement les
foyers principaux du système ganglionnaire, et anéantissent ou détraquent la force de résis-
tance vitale que ces centres nerveux distribuent aux organes de la vie végétative. Ces mala-
dies ont été nomn^ées indignes y à cause de leur marche insidieuse. « La fièvre maligne est
un chien qui mord sans aboyer, a dit un médecin célèbre , et cette morsure a pour effet
l'extinction , la paralysie , ou , pour parler techniquement, la résolution des forces radicales;
c'est pour relever ces forces que le médecin appelle à son secours les agents névrosthéniques
(ce mot signifie fortifiant du système nerveux). Les névrosthéniques sont en général leà
amers, et, par-dessus tous, sans comparaison, le Quinquina.
Ceci nous conduit à dire quelques mots des fièvres intermittentes ; et nous avertissons de
nouveau nos lecteurs que notre intention est de leur présenter, non pas un enseignement
médical, mais des notions d'hygiène pratique, notions inséparables de l'histoire du Quinquina.
Il nous a déjà fallu, et nous devrons encore plus d'une fois employer, pour l'intelligence de
notre sujet, des mots usités en médecine : à ceux qui s'indigneraient de nous voir profaner la
majesté de la Science par l'initiation du vulgaire à la langue sacrée, nous répondrons : il est
indispensable que les gens du monde aient des idées justes sur la signification des expressions
du métier, dont vous ne vous faites pas faute dans l'exploitation de votre clientèle. Le temps
n'est plus sans doute où Sganarelle demandait à ceux qui le consultaient : Savez - vous le
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120 HISTOIRE DES FAMILLES.
latin, et, sur leur réponse négative, se lançait intrépidement dans les cabricias arei thuram
catalamus; mais les Sganarelles de nos jours (il en est plus de trois que je pourrais citer),
tout en parlant très-bon français à leurs malades, laissent échapper, comme par inadvertance,
dans la volubilité de leur débit , certaines expressions techniques éblouissantes , d'autant
plus admirées qu'elles sont moins comprises : ce n'est plus TartiBce efiVonté du médecin de
Molière, mais le résultat est absolument le même. Or, pour qu'on vous admire avec connais-
sance de cause^ nous voulons augmenter de quelques termes scientifiques le vocabulaire de
nos lecteurs.
Tout le monde sait que le mot fièvre , pris dans son sens vulgaire , signifie collectivement
l'accélération du pouls, l'élévation de la chaleur et un malaise général; cet état est très-sou-
vent produit par une autre affection , dont il n'est que l'expression extérieure , et ce qu'on
appelle le symptàme; de là le nom de fièvre symptomaiique. Mais il y a des fièvres dites
essentielles^ parce qu'elles ne dépendent d'aucune autre maladie: parmi celles-ci, les unes
sont continues, c'est-à-dire qu'elles offrent un trouble permanent des fonctions depuis leur
début jusqu'à leur terminaison; nous n'avons pas à nous en occuper. Les autres sont inter-
mittentes, c'est-à-dire qu'elles reparaissent à des intervalles déterminés, sous forme d'accès,
entre lesquels la santé semble être presque rétablie. Chacun de ces accès présente trois stades :
le premier est nommé stade du frisson; le second, stade de la chaleur; le troisième, stade
de la sueur : l'espace qui sépare les accès est appelé apyrexie ou inter mission. L'invasion de
l'accès est marquée par une sorte de compression qui ftrappe temporairement d'une maigreur
subite toute la surface du corps ; en même temps^ le malade éprouve un froid qui commence
par une région , et de la ruisselle dans les autres ; la peau frissonne , les bulbes des poils im-
plantés dans son épaisseur se dressent, et deviennent saillants ( ce qui produit le phénomène
connu sous le nom vulgaire de chair de poule, et nommé par les médecins horripilât ion). Le
ventre est rentré en dedans, les membres se rapprochent du tronc, pour se réchaufi'er et
réprimer les secousses convulsives dont ils sont agités; les muscles de la mâchoire inférieure
sont saisis d'un tremblement qui fait claquer les dents avec bruit; la bouche est sèche, la voix
altérée et tremblante, la respiration laborieuse, l'air expiré est firoid, la transpiration est sus-
pendue ; le pouls est petit et fréquent, l'urine est rare , incolore et limpide. Quelquefois les
vomissements, la céphalalgie accompagnent ce premier stade , dont la durée ordinaire ne
iépasse pas une heure.
Le stade de la chaleur lui succède , tantôt graduellement, tantôt subitement; la peau se
eolore, le malade cesse de trembler, et bientôt il s'agite pour chercher le frais ; la respiration
devient facile, la soif augmente, le pouls acquiert de la force et de l'accélération, la maigreur
disparaît , quelquefois même les membres sont plus volumineux qu'avant l'accès ; l'urine
devient rouge; la céphalalgie augmente ou survient pendant ce stade , qui dure de une à
quatre ou cinq heures.
Bientôt le troisième stade est annoncé par une sueur qui se montre d'abord à la tête, puis
au tronc et aux membres; elle est chaude, incolore et ténue, c'est-à-dire très-liquide , et
d'odeur aigre ; la soif s'apaise, la chaleur diminue, la céphalalgie se dissipe, le pouls s'assou-
plit; l'uiine est foncée, et dépose en se refroidissant un sédiment épais, semblable à de la
brique pilée. Ce troisième stade a la même durée que le second.
A l'accès succède l'intermission ou apyrexie ; c'est un état de repos , mais non de santé
parfaite ; le sujet est paie, sensible au froid; il se fatigue et sue pour le moindre effort, il se
sent la tête lourde, et éprouve des étourdissements fréquents. — Lorsque les accès se sont
reproduits un certain nombre de fois, la face prend une*teinte d'un jaune mat , sans que les
traits soient altérés; la rate augmente de volume , et quelquefois la tumeur, nommée gâteau
fébrile, rend saillant tout le côté gauche de la région abdominale; le tissu cellulaire s'in-
filtre, et l'hydropisie , qui se montre d'abord aux pieds, s'étend peu à peu aux jambes, aux
cuisses et à l'abdomen.
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RUBIACÉES. 127
Le type des fièvres intermittentes est déterminé par Tordre et la ressemblance des accès ;
si des accès semblables se reproduisent chaque jour, le type est quotidien; s'ils reparaissent
de deux en deux jours, il est tierce; s'ils ont lieu de trois en trois, il est quarte. Nous ne par-
lerons pas des autres types qui sortent de la règle ordinaire.
La cause la plus générale des fièvres intermittentes réside dans les miasmes qui se dégagent
des eaux stagnantes , par suite de la décomposition des matières oi^aniques, entassées au
fond de leur lit. C'est pour cela que les populations habitant le voisinage des marais, des
étangs, des lacs, des rivières à cours peu rapide, sont sujettes à cette maladie, qui sévit sur
elles, soit continuellement, soit périodiquement , aux époques équinoxiales (on donne Tépi-
thète d'endémiques aux maladies qui régnent ainsi dans une contrée ; les maladies dites
épidéniques sont celles qui attaquent à la fois un grand nombre d'individus , mais qui n'ont
qu'une durée limitée , et ne reparaissent pas à des intervalles réguliers ; ainsi le choléra est
épidémique en Europe, tandis qu'il est endémique sur les bords du Gange). L'action du
miasme des marais devient plus générale et plus nuisible lorsque la vase est abondante, et
que les eaux, vaporisées par le soleil, ont laissé cette vase à nu ; il est surtout à craindre quand
il est condensé par le froid qui suit le coucher du soleil; il agit avec plus de puissance sur
l'homme endormi, ou fatigué, ou affaibli, soit par les privations, soit par des évacuations
abondantes, de même que sur l'étranger nouvellement arrivé; souvent même il ajourne ses
attaques^ et son action délétère se déclare plusieurs années après que l'individu a quitté le
voisinage des marais. Quant aux limites où s'arrête sa propagation , elles varient suivant
l'agitatian de l'air ou l'élévation de la température : dans nos climats , si l'atmosphère est
cahne, il ne s'éloigne pas de son foyer au delà de 4>00 mètres ; mais dans les pays où soufflent
des vents chauds, il s'étend à des distances considérables.
Les émanations marécageuses constituent donc un véritable poison gazeux qui porte son
action sur le système nerveux ganglionnaire, et tend à détruire la force de résistance vitale
dont les sources résident dans les centres de ce système. L'action du miasme est incessante
sur les individus qu'il a envahis; et lorsqu'il y a intermission, c'est que la force de
résistance vitale suffit pour balancer le pouvoir offensif de la cause morbifique : en un mot, la
défense est égale à l'attaque; quand Taccès a lieu, c'est que la résistance a faibli, et que le
miasme Ta emporté sur elle; sa prédominance dure aussi longtemps que le stade du frisson;
les deux autres stades annoncent qu'il a été vaincu, sinon expulsé par l'organisme. Or, pour
prévenir cet affaiblissement périodique de la résistance vitale, pour rendre stable son énergie,
et faire que le miasme, à l'influence duquel elle reste exposée, soit impuissante lui nuire,
l'auxiliaire le plus utile, le spécifique par excellence, est le Quinquina. C'est par la même
raison que, dans les pays marécageux où les ûèvres intermittentes régnent endémiquement,
on peut conserver sa santé au sein du miasme^ pourvu qu'on prenne r^ulièrement du
Quinquina.
De ce que le Quinquina guérit les fièvres causées par le miasme marécageux, il ne faut pas
conclure qu'il est le contre-poison de ce miasme, comme la magnésie est le contre-poison des
acides qu'elle neutralise : le miasme ici n'est pas neutralisé, il assiège incessamment l'orga-
nisme ; mais le Quinquina, en fortiûant celui-ci, le met en état de résister aux attaques de la
cause morbifique.
Les fièvres intermittentes ne présentent pas toujours la même forme , c'est-à-dire que la
force de résistance vitale, vaincue périodiquement par le miasme des marais, ne réagit pas
toujours de la même manière contre cet agent morbifique. — Chez la plupart des individus,
le mode de réaction est une fièvre semblable à celle que nous avons décrite et qu'on nomme
légitime f parce que les phénomènes de la réaction ont été réguliers, simultanés, bien propor-
tioimés; c'est contre cette forme que les toniques névrosthéniques ou radicaux produisent les
effets les plus constants et les plus sûrs, surtout quand les intermissions sont égales et les accès
éloignés par un intervalle de plusieurs jours; en effet, une fièvre quarte est supprimée plus
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1^ HISTOIRE DES FAMILLES.
facilement qu'une fièvre tierce , et celle-ci qu'une fièvre quotidienne, parce que, dans c«ttc
dernière, le tonique n'a pas toujours le temps suffisant pour stabiliser Ténergie de la résistance
vitale, et prémunir l'organisme contre un accès trop prochain.
La seconde forme qu'affectent les fièvres intermittentes, est celle qu'on nomme larvée j
du mot larva , masque , parce que dans ces fièvres la nature prend le masque d'une autre
maladie ; elle ne réagit plus par l'ensemble des fonctions vitales qu'expriment les stades de
chaleur et de sueur ; au lieu de ces phénomènes, on observe un symptôme isolé, qui cesse et
se reproduit sous un type exactement semblable à celui de la fièvre légitime; c'est, ou une
douleur locale très-vive, ou un sommeil lourd, nommé coma, ou des convulsions épilepti-
formes, ou une soif ardente, ou des vomissements répétés, ou une toux violente, ou de la
dyspnée, ou de la salivation, ou de Téternument, ou du hoquet, ou des palpitations; en un
mot, la réaction est localisée, et par cela même peu énerçique; aussi faut-il, pour triompher
d'une fièvre larvée, persévérer dans l'administration du Quinquina, et le donner à des doses
beaucoup plus élevées.
Enfin, la troisième et la plus redoutable forme des fièvres intermittentes, est celle qu'on
nomme pernicieuse; les symptômes généraux sont une altération profonde de la phy-
sionomie, une prostration subite et considérable des forces, un pouls faible et irr^uHer;
quelquefois même le mouvement et le sentiment sont diminués ou anéantis. La marche de la
fièvre pernicieuse est très-rapide; le quatrième ou le cinquième accès, quelquefois même le
second, emporte le malade ; et ce qu'D y a d'insidieux dans cette fièvre, c'est que, pendant
l'intermission, la santé parait rétaUie; l'homme frappé reste en pleine sécurité, et s'occupe
de ses affaires comme s'il ne portait pas en lui un ennemi dont la prochaine attaque sera
inévitablement mortelle. Il arrive souvent que des symptômes locaux très-saillants, comme ceux
que nous énumérions tout à l'heure, viennent compliquer l'affection, et lui donner l'appa-
rence d'une fièvre larvée; là est un nouveau danger, car si le médecin se laisse distraire des
symptômes généraux par la gravité des symptômes locaux, il ne se hâtera pas assez d'admi-
nistrer le Quinquina, et ne sera averti que par une catastrophe du caractère pernicieux de
la maladie.
Ce n'est pas toujours aux effluves marécageuses que sont dues les fièvres intermittentes,
pernicieuses ou larvées : les vices goutteux, rhumatismal, dartreux en sont souvent la cause
prochaine, et, comme ces vices sont intimement liés à la constitution de l'individu, ils sont
beaucoup plus rebelles à l'action du Quinquina que ne l'est le miasme des marais, dont l'ori-
gine est étrangère. Enfin, on voit quelquefois des fièvres intermittentes simples produites par
une irritation locale, telle que celle qui résulte de la présence des vers intestinaux^ par une
opération chirurgicale, par l'emploi de certains aliments acres, tels que les moules, par la
colère, la peur et les passions tristes.
Les médecins pnt été longtemps en désaccord sur la question de savoir s'il faut administrer
le Quinquina avant, ou pendant, ou après l'accès ; aujourd'hui, il est posé en principe qu'on
doit administrer le Quinquina le plus loin possible de l'accès à venir : les considérations dans
lesquelles nous sommes entré tout à l'heure, rendent inutiles l'explication des motifs de ce
précepte. La dose doit être de deux à quatre gros en une seule fois, ou fractionnée, mais de
manière à être prise dans un espace d'une à deux heures au plus ; quant à la répétition des
doses ayant pour objet de prévenir les récidives, il faut prendre trois jours de suite de fortes
doses de Quinquina , laisser cinq ou six jours d'intervalle , reprendre de nouvelles doses, et
recommencer encore. — Si au lieu de Quinquina, on emploie la quinine, il faut en donner le
douzième du poids que l'on eût prescrit pour le Quinquina.
Outre ses propriétés fébrifuges, le Quinquina possède à un haut degré toutes ceUes que la
médecine recherche dans les médicaments toniques, surtout quand il s'agit de hâter les
convalescences, de ranimer les fonctions digestives, et de rendre au système nerveux gan-
glionnaire l'énergie qu'il avait perdue ; enfin il est usité à l'extérieur comme antiseptique.
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RUBIACÉES. 129
pour arrêter les progrès de la gangrène. Ici c'est le végétal lui-même, et non son alcali qu'on
emploie : les propriétés antiseptiques du Quinquina ne sont pas dues à son principe fébrifuge,
elles résident dans son écorce où abondent les principes astringents.
Notre ouvrage ayant pour objet Fhistoire des Végétaux utiles à Thomme , nous avons cru
devoir présenter à nos lecteurs des notions détaillées sur les vertus du plus précieux de tous ;
et cette dissertation n'eût-elle poiur résultat que de provoquer quelques personnes généreuses
à distribuer, par précaution hygiénique, de la quinine aux pauvres paysans voisins des eaux
stagnantes, ou à entreprendre le dessèchement de quelque marais, l'assainissement du moindre
village justifierait la plus longue digression.
Ici se place natiurellement une question : cette écorce bienfaisante que nous fournit l'Amé-
rique, et que rien ne peut remplacer, les sources en sont-elles inépuisables ? Elles le seraient
peut-être, malgré l'énorme consommation de Quinquina qui se fait dans les deux Continents,
et qui s'accroît de jour en jour, si l'exploitation de l'arbre qui le fournit était réglementée par
des lois prudentes et sévères; mais malheureusement il n'en est pas ainsi, et le prix de la
quinine augmente si considérablement, qu'on ne peut se défendre d'un sentiment d'inquiétude
en pensant que peut-être, avant la fin du siècle où nous vivons, la médecine sera privée de
son agent thérapeutique le plus efficace.
Ce point nous ramène au bel ouvrage de M. Weddell, que nous avons précédemment cité, et
où nous allons puiser les détails qui termineront l'histoire du Quinquina.
Ce fut La Condamine qui, le premier, fit connaître en Europe Varbre du Quinquina. Il visita
Loxa en 1739; et quand il descendit en 17/»3,le fleuve de l'Amazone, il fut tenté, pour la pre-
mière fois, de transporter en Europe des Cinchonas vivants. Ces jeunes arbres ftirent embar-
qués, et firent sans accident les mille premières lieues de la route ; mais, après huit mois de
soins, La Condamine vit s'engloutir, près du cap d'Orai^e, le bateau qui portait son trésor.
Les tentatives faites par d'autres voyageurs dans le même but, ont été également sans résultat,
et les plants levés depuis peu au Jardin des Plantes de Paris, de graines que M. Weddell a
recueillies en Bolivie, sont les premiers vrais Quinquinas que Ton ait possédés vivants sur notre
continent.
Joseph de Jussieu accompagna en 1735, comme botaniste, la commission de l'Académie des
Sciences, envoyée pour mesurer un degré du méridien sous Téquateur. Il visita, deux ans
après La Condamine, les forêts de Quinquina de Loxa, descendit ensuite vers le sud, reconnut
également celles du Haut-Pérou, dont il décrivit plusieurs Espèces, et pénétra jusqu'à la frontière
du Brésil. Il ne rentra en Europe qu'en 1771 , après une absence de trente-six ans ; sa santé
était détruite, sa raison profondément altérée; il ne put rien publier.
Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle , deux expéditions espagnoles entreprirent
d'explorer la région des Quinquinas dans le Bas-Pérou et la Nouvelle-Grenade, Tune dirigée
par Mutis, l'autre par Ruiz et Pavon. Au commencement de ce siècle^ MM. de Humboldt et
Bonpland agrandirent encore le nombre des districts où s'exploite ce produit. Les seules
Espèces restées inconnues aux botanistes étaient celles qui habitent la vaste étendue de pays
située derrière la grande Cordillière : ce sont ces Espèces que M. Weddell a observées et
décrites. Désigné par le Muséum, en 18^3, pour faire partie de l'expédition scientifique
envoyée par le Gouvernement français dans les provinces intérieures du Brésil et du Pérou ,
il se sépara de l'expédition en 18{h5, et dirigea ses explorations vers les districts austraux de
la région des Quinquinas.
a C'est par le pays des Indiens Chiquitos que je pénétrai, dit-il, en Bolivie, au mois
d'août 18^5; je venais de faire mes derniers adieux aux Campos du Brésil. La conformation
du sol de cette province est tout à fait incompatible avec l'existence des vrais Cinchonas.
Tous les points que j'en ai parcourus sont tellement bas et plans, que, pendant la saison des
pluies, ils sont couverts par une vaste inondation. Les Chiquiténiens ont pourtant leur Quin-
quina, qui est une Espèce de Gardénia... Jusqu'à Santa-Cruz de la Sierra, je n'obtins
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130 HISTOIUE DES FAMILLES.
aucune lumière nouvelle; mais ici les indications commençaient à devenir plus précises, et
je me décidai à me porter vers le Sud. Je me remis donc en marche vers la (in de novembre;
je gagnai le Bio-Grande^ et je traversai les hauts plateaux de Pomabamba et de la province
de Ginti, jusqu'à Tarija, où je mis les pieds à la fin de janvier 184>6. Ce voyage, que je poussai
ensuite vers Fest, est un des plus pénibles que j'aie entrepris; mais le but que je me proposais
fut atteint; c'était de déterminer avec exactitude la limite australe de la région Cinchonifêre,
J'ai donné le nom de Cinckona australis à l'Espèce que je découvris, sentinelle retirée/sur ce
point extrême, sis vers le 19* parallèle de latitude sud*
« Au commencement d'août^ je quittai derechef, et pour quelque temps^ les vallées... A
Cochabamba commença pour moi une phase bien curieuse de mon exploration. Je traversai
près de là la grande chaîne des Andes avec le dessein de gagner la Paz par les vallées de
l'intérieur , longue et belle série d'échelons naturels sur lesquels le voyageur s'abaisse gra-
duellement en passant successivement en revue toutes les variétés de climat et toutes les
nuances de végétation qui leur correspondent. Les diverses Espèces de Cinchonas se multi-
pliaient ici sous mes yeux; j'eus bientôt occasion d'étudier celle qui produit le Quinquina
calisaya, la plus précieuse de toutes ces écorces, par la grande quantité de quinine qu'elle
contient. J'ai donné à cette Plante, encore inconnue, le nom de Cinckona calisaya... Dans la
province de Yungas, la plus riche comme la plus fertile de la Bolivie, je me procurai les
renseignements les plus précis sur le mode d'exploitation, de préparation, de vente et de
sophistication des Quinquinas... Je traversai les Andes^ et me trouvai aussitôt à la Paz, que
je laissai bientôt pour visiter Puno, Arequipa et les alentours du grand lac Titicaca. Dans ces
diverses localités , j'eus l'occasion d'étudier dans les magasins les monceaux d'écorce de
Quinquina qui sans cesse y affluent... Après la saison des pluies de 18(^7, je repris le chemin
de la grande Gordillière... Je me dirigeai vers les vallées de l'intérieur, en passant sur les
neiges de l'Illampo. Le Rio-Tipoani, pactole de la Bolivie y prend sa source ; l'un des plus
ailreux chemins du monde longe le ravin du même nom , et conduit au vfllage de Tipoani,
lieu pestilentiel, que le seul appât du gain peut faire habiter. Aussi recherchés que l'or
lui-même, les Quinquinas se rencontrent dans toute cette région ; mais déjà les grands
ari)res commencent à disparaître. Afin d'étudier des points encore viciées, je me
décidai à pénétrer jusqu'aux forêts du Rio-Mapiri. Je m'embarquai à cet effet sur un
radeau, et descendis heureusement les rapides du Rio-Tipoani Mon exploration finie,
je remontai avec mon radeau le Rio-Mapiri, et rejoignis les sentiers qui mènent à
travers les forêts vers Apolobamba, où je n'arrivai enfin qu'épuisé de fatigues et
vaincu par la fièvre dont j'avais puisé les germes sur les plages du Tipoani. Le pays, de ce
côté, prend un aspect plus riant; les forêts ont disparu ou n'occupent que l'horizon, et l'œil
plane partout sur de jolies collines gazonnées, clairsemées de petits arbres et souvent même
de charmants bosquets. Plusieurs Espèces de Quinquina habitent ces lieux, et n'y dépassent
guère la taille d'arbustes. A mon passage , l'atmosphère était embaumée par le délicieux
parfum de leurs fleurs.
« Dans les derniers jours de juin 1847, je me mettais en marche pour la province de
Garabaya ; elle est divisée par la Gordillière en deux régions distinctes : l'une de plateaux,
l'autre comprenant une longue série de vallées parallèles... Ge sont elles qui fournissent la
majeure partie des Quinquinas, exportés aujourd'hui de la République péruvienne... Il serait
difficile de donner une idée de tous les trésors de végétation ensevelis dans ces solitudes. La
soif de l'or les avait peuplées autrefois, mais la forêt y a repris partout son empire, et la hache
du Cascarillero en trouble seule aujourd'hui le silence...
« On donne le nom de Cascarilleros aux hommes qui coupent le Quinquina dans les bois :
ce sont des hommes élevés à ce dur métier depuis leur enfance, et accoutumés par instinct,
pour ainsi dire, à se guider au milieu des forêts. Sans autre compas que cette intelligence,
particulière à Thomme de la nature , ils se dirigent aussi sûrement dans ces inextricables
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RLBIACÉES. 131
labyrinthes/que si Thorizon était ouvert devant eux. Mais combien de fois est-il arrivé à des
gens moins expérimentés dans cet art, de se perdre et de n'être plus revus !
<f Les coupeurs ne cherchent pas le Quinquina pour leur propre compte ; le plus souvent ils
sont enrôlés au service de quelque commerçant ou d'une petite compagnie, et un homme de
conGance est envoyé avec eux à la forêt avec le titre de majordome,». Le premier soin de celui
qui entreprend une spéculation de cette nature dans une région encore inexplorée , est de
la faire reconnaître par des Cascarilleros exercés : le devoir de ceux-ci est de pénétrer les
forêts dans diverses directions, et de reconnaître jusqu'à quel point il peut être profitable
de les exploiter... Cette connaissance première est la partie la plus délicate de l'opération,
et elle exige dans les hommes qui y sont employés une loyauté et une patience à toute
épreuve : c'est sur leur rapport que se calculent les chances de réussite. Si elles sont
favorables, on se met en devoir d'ouvrir un sentier jusqu'au point qui doit servir de centre
d'opérations; dès ce moment, toute la partie de la forêt que commande le nouveau chemin
devient provisoirement la propriété de son auteur, et aucun autre Cascarillero ne peut y
travailler.
« A peine le majordome est-il arrivé avec ses coupeurs dans le voisinage du point à exploi-
ter, qu'il choisit un site favorable pour y établir son camp , autant que possible , dans la
proximité d'une source ou d'une rivière. Il y fait construire un hangar ou une maison légère
pour abriter les provisions et les produits de la coupe ; et s'il prévoit qu'il doive rester long-
temps dans le même lieu , il n'hésite pas à faire des semis de Maïs et de quelques légumes.
L'expérience, en effet, a démontré qu'un des plus grands éléments de succès de ce genre de
travaux est l'abondance des vivres. Les Cascarilleros , pendant ce temps , se sont répandus
dans la forêt, un à un, ou par petites bandes, chacun portant, enveloppées dans sonjooncAo
(espèce de manteau), et suspendues au dos, des provisions pour plusieurs jours, et les cou-
vertures qui constituent sa couche. C'est ici que ces pauvres gens ont besoin de mettre en
pratique tout ce qu'ils ont de courage et de patience pour que leur travail soit fructueux.
Obligé d'avoir constamment à la main sa hache ou son couteau pour se débarrasser des in-
nombrables obstacles qui arrêtent son progrès^ le Cascarillero est exposé , par la nature du
terrain, à une infinité d'accidents qui, trop souvent, compromettent son existence même.
« Les Quinquinas constituent rarement des bois à eux seuls ; mais ils peuvent former des
groupes plus ou moins serrés, épars çà et là au milieu de la forêt ; les Péruviens leur donnent le
nom de taches (manchas). D'autres fois, et c'est ce qui a lieu le plus ordinairement, ils vivent
complètement isolés. Quoi qu'il en soit, c'est à les découvrir que le Cascarillero déploie toute son
adresse. Si la position est favorable^ c'est sur la cime des arbres qu'il promène les yeux : alors,
aux plus légers indices , il peut reconnaître la présence de ce qu'il recherche ; un léger cha-
toiement, propres aux feuilles de certaines Espèces, une coloration particulière de ces mêmes
organes , l'aspect produit par une grande masse d'inflorescences , lui feront reconnaître la
cime d'un Quinquina à une distance prodigieuse. Dans d'autres circonstances, il doit se
borner à l'inspection des troncs dont la couche externe de l'écorce présente des caractères
remarquables. Souvent aussi les feuilles sèches qu'il rencontre, en regardant à terre, suffisent
pour lui signaler le voisinage de l'objet de ses recherches, et si c'est le vent qui les a amenées,
il saura de quel côté elles sont venues. Un Indien est intéressant à considérer dans un moment
semblable, allant et venant dans les étroites percées de la forêt , dardant la vue au travers
du feuillage, ou semblant flairer le terrain sur lequel il marche , comme un animal qui pour-
suit une proie ; se précipitant enfin tout à coup , lorsqu'il a cru reconnaître la forme qu'il
guettait, pour ne s'arrêter qu'au pied du tronc dont il avait deviné , pour ainsi dire, la pré-
sence. — 11 s'en faut de beaucoup cependant que les recherches des Cascarilleros soient
toujours suivies d'un résultat favorable ; trop souvent il revient au camp les mains vides , et
ses provisions épuisées ; et que de fois , lorsqu'il a découvert sur le flanc de la montagne
l'indice de l'arbre, ne s'en trouve-t-il pas séparé par un torrent ou un abîme ! Des journées
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132 HISTOIRE DES FAMILLES.
alors se passent avant qu'il n'atteigne un objet que , pendant tout ce temps , il n'a pas perdu
de vue.
<c Pour dépouiller Farbre de son écorce, on Fabat à coup de bacbe , un peu au-dessus de
sa racine, en ayant soin, pour ne rien perdre, de dénuder d'abord le point que Ton doit atta-
quer ; et comme la partie la plus épaisse, la plus profitable par conséquent, se trouve tout à
fait à sa base, on a Tbabitude de creuser un peu la terre à son pourtour, afin que la décortication
soit plus complète. D est rare, même lorsque la section du tronc est terminée , que Tarbre
tombe immédiatement , étant soutenu , soit par les lianes qui l'enlacent , soit par les arbres
voisins; ce sont autant d'obstacles nouveaux que doit vaincre le Cascarillero. Je me souviens
d'avoir une fois coupé un gros tronc de Quinquina, dans l'espérance de mettre ses fleurs à ma
portée, et, après avoir abattu trois arbres voisins, de l'avoir vu rester encore debout, main-
tenu dans cette position par des lianes qui s'étaient attachées à sa cime, et qui le soutenaient,
à la manière de haubans. Lorsqu'enfin l'arbre est à bas , et que les branches qui pourraient
gêner ont été retranchées, on fait tomber lepéridenne en le massant, ou , mieux, en le per-
cutant, soit avec un petit maillet de bois, soit avec le dos même de la hache ; et la partie vive
de l'écorce mise à nu est souvent encore nettoyée à l'aide de la brosse; puis , après avoir été
divisée dans toute son épaisseur par des incisions uniformes qui circonscrivent les lanières ou
planchettes que l'on veut arracher, elle est séparée du tronc au moyen d'un couteau, avec la
pointe duquel on rase autant que possible la surface du bois , après avoir pénétré par une des
incisions déjà pratiquées. L'écorce des branches se sépare comme celle du tronc, à cela près
qu'elle ne se masse pas, l'usage voulant qu'on lui conserve sa croûte extérieure ou périderme.
a Les détails de dessèchement varient un peu dans les deux cas : en effet, les planchettes
plus minces de l'écorce des branches ou des petits troncs , destinées à faire du Quinquina
roulé ou canuto , sont exposées simplement au soleil , et prennent d'elles-mêmes la forme
désirée, qui est celle d'un cylindre creux ; mais celles qui proviennent des gros troncs, et que
l'on destine à constituer le Quinquina plat , ou ce que l'on nomme tabla ou plancha , doivent
nécessairement être soumises, pendant la dessiccation, à une certaine pression, sans quoi
elles se tordraient ou se rouleraient plus ou moins comme les précédentes. A cet effet,
après une première exposition au soleil , on les dispose les unes sur les autres en carrés
croisés, comme sont disposées les planches dans quelques chantiers , afin qu'elles se conser-
vent planes, et sur la pile quadrangulaire ainsi composée , on chaîne quelque corps pesant.
Le lendemain , les écorces sont remises pendant quelque temps au soleil , puis de nouveau
rétablies en presse , et ainsi de suite ; on laisse enfin se terminer le dessèchement dans ce
dernier état...
a Mais le travail du Cascarillero n'est pas à beaucoup près fini , même lorsque la prépara-
tion de son écorce est terminée. 11 faut encore qu'il rapporte sa dépouiUe au camp ; il faut
enfin qu'avec un lourd fardeau sur les épaules, il repasse par ces mêmes sentiers que, libre,
il ne parcourait qu'avec difficulté. Cette phase de l'extraction coûte parfois un travail telle-
ment pénible, qu'on ne peut vraiment pas s'en faire une idée. J'ai vu plus d'un district, où il
faut que le Quinquina soit porté de la sorte pendant quinze à vingt jours avant de sortir des
bois qui l'ont produit; et, en voyant à quel prix on l'y payait , j'avais peine à concevoir
comment il pouvait se trouver des hommes assez malheureux pour consentir à un travail
aussi faiblement rétribué.
« Pour terminer, il me reste un mot à dire sur l'emballage des Quinquinas ; c'est le major-
dome, que nous avons laissé dans son camp, qui s'occupe encore de ce soin. A mesure que
les coupeurs lui rapportent les écorces, il leur fait subir un triage, et en forme des bottes, qui
sont cousues dans de gros canevas de laine. Conditionnés ainsi, les ballots sont transportés à
dos d'homme, d'âne ou de mule, jusqu'aux dépôts dans les villes, où on les enveloppe de cuir
frais, qui prend en séchant une grande solidité. Sous cette forme, ils sont nommés surcns, et
c'est ainsi qu'ils nous arrivent en Europe. »
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I Fum/irinv'ées* )
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(AscUpiadéea)
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HUBIACEES. 133
En lisant ces détails sur Texploitation du Quinquina^ oh ne peut s'empêcher de craindre
qu'elle ne soit toujours à la merci des demi-«auvages qui la pratiquent^ et Ton reste convaincu
que si la prudence humaine ne trouve pas quelques moyens efficaces de contrebalancer cette
puissance destructive, nos descendants seront condamnés à voir s'éteindre les diverses Espèces
de Quinquinas. 11 faudrait une surveillance spéciale pour empêcher les bûcherons de massacrer
les souches, et pour repeupler les forêts par des semis; mais cette surveillance serait souvent
impossible et presque toujours inefficace : on n'inspecte pas une forêt du Nouveau Monde aussi
facilement qu'un bois d'Europe, surtout quand cette forêt a une étendue de vingt mille lieues
carrées.
M. Weddell ne voit que deux moyens pour obvier à la disparition trop rapide des arbres à
Quinquina : l'un est d'en limiter l'exportation, l'autre, d'en faire l'objet d'une culture régulière :
« s'il est, dit41, un arbre digne d'être acclimaté dans une colonie française, c'est certes le
Quinquina; et la postérité bénirait ceux qui auraient mis à exécution une semblable idée. »
Au vœu exprimé par le savant voyageur dont nous citons les paroles, nous en substituerons
un autre plus réalisable, c'est que la chimie organique, dont les premières découvertes ont été
si brillantes, trouve dans nos végétaux indigènes un digne succédané du Quinquina. Beaucoup
d'essais sans doute ont été infructueux; la Centaurée, la Camomille, Técorce du Saule sont
d'impuissantes rivales de l'héroïque Rubiacée; mais là ne doivent pas s'arrêter ceux qui
marchent dans la carrière si glorieusement ouverte par MM. Pelletier et Caventou; les alcalis
oi^aniques sont presque aussi nombreux que Les Espèces végétales, et ce n'est pas une super-
stition que de croire fermement qu'il y en a au moins un, dont les propriétés névrosthéniques
sont égales à celles de la Quinine. Il ne faut pas que nous soyons réduits à dire, comme le
poète manichéen :
Dieu mit la fièvre en nos climats^
El le remède en Amérique.
Mieux vaut cent fois répéter les vers de La Fontaine, que nous trouvons dans son mauvais
poème sur le Quinquina :
Tout mal a son remède au sein de la nature ;
Nous n'avons qu'à chercher : de là nous sont venus
L'Antimoine avec le Mercure,
Trésors autrefois inconnus.
Famille XIV".— LOGANI ACÉES.
(LoGiNÉES, ùeRob. ^roit^n.— POTALIÉES, de Martius, — Sr^YC^fiÈES, de De Candolie.
— Strychnacées, de Blume. — Apocynées, en partie, et Potaliacées, de
Lindley, )
CARACTÈRE. — Corolle monopétale hypogyne, kAO-fide. Étamines en nombre égal
à celui des lobes de la corolle. Ovaire à 2-i loges, à un ou plusieurs ovules. Feuilles
opposées; suc aqueux. Fruit capsulaire, ou folliculaire, ou charnu. Graine à plantule
dicotylédimée albuminée.
Les Loganiacées sont des arbres ou des arbrisseaux, rarement des herbes^ les feuilles sont
pétiolées, simples, à pétiole légèrement amplexicaule quand les stipules manquent -, tes stipules
sont variées, tantôt latérales, tantôt axillaires. Les fleurs sont complètes, régulières. Le
18
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i:n HISTOIUK DES FAMILLES.
oalyce est libre, monosépale, à préfloraison valvaire, ou à 4-5 sépales libres à préfloraison
imbriquée. La corolle est hypogyne, en roue, ou en cloche, ou en entonnoir; son limbe est à
& ou 5 ou 10 divisions, à préfloraison \alvaire
ou con\olutive. Les étamines sont insérées
! sur le tube ou la gorge de la corolle ; leurs
anthères sont introrses. Le pistil se compose
de deux carpelles soudés en ovaire à 2 loges,
quelquefois quadriloculaire par rintroflexion
des bords carpellaires. Les ovules sont nom-
breux, rarement solitaires, attachés à des
placentaires qui s'appliquent à chaque face
de la cloison, et réfléchis ou courbes; le
style est filiforme, simple; le stigmate est
en tête ou en bouclier, quelquefois bilobé.
Le fruit est tantôt une capsule à deux valves,
à déhiscence septicide, dont les carpelles
retiennent leurs placentaires; quelquefois
la déhiscence est septifï*age, par suite de la
séparation des feuilles carpellaires d'avec
les placentaires restés centraux ; tantôt enlin
le fruit est une baie à deux loges. Les
graines sont nombreuses , attachées en
bouclier par leur face ventrale, comprimées
fs"rie"n^•^^gl7/nn^) ^^ aîlécs, quclqucfois dressées à la base des
loges; Talbumen est charnu, ou cartila-
gineux, ou corné; la piantule est droite, et occupe Taxe de la base de la graine; la radicule
est infère ou vague.
Sous-Famille 1. — STRYCHNÉES. — Corolle à préfloraison valvaire.
Strychnos. Slrychnos, 1 Spigélib. . Spigelia,
Gardnérie. Gardneria. \ Coblostvlis. Cœlostylis.
Sous-Famille 2. — LOGANIÉES. — Corolle à préfloraison convolulive.
LoGAKiE. Logania. 1 Potalib. Potalia.
Fagrée. Fagrœa. \ (^rtnbra. Gœrtnera.
AFFINITÉ. — La Famille des Loganiacées renferme plusieurs Genres à feuilles stipulées,
qui, par leur ovaire libre composé de deux carpelles, leur corolle régulière staminifère, leurs
graines albuminées, la préfloraison de la corolle, imbriquée dans les uns, contournée dans les
autres, offrent une afflnité balancée entre les Rubiacées et les Apocynées^ sans devoir être
pourtant rapportés à Tune ni à l'autre de ces Familles. Ces Genres, quoique différant les uns
des autres par des caractères tranchés, doivent être, non distribués en plusieurs FamiUes, mais
rangés par tribus et réunis en sous-Famille, de manière que cette réunion mette en évidence
les rapports multipliés qui les lient aux sections diverses des autres Familles. On ne peut les
séparer nettement des Apocynées, tant à cause des limites des deux Familles mal circonscrites
par la nature, qu'à cause de Tinconstance des caractères dans une si grande variété de
Genres. Les Loganiées^ que leur préfloraison a fait réunir en tribu, ne diffèrent des Rubiacées
que par leur ovaire libre ; elles ne se distinguent des Apocynées que par la présence des
stipules, qui toutefois manquent dans quelques Espèces; de sorte que, pour établir les diiïé-
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LOGANIACÉES. 135
renées, il faul considérer le suc aqueux des unes et laiteux des autres. Les Strt/chnées, dont la
préfloraison est valvaire, et qui d'ailleurs sont difficilement séparables des Loganiées, se dis-
tingueraient par leur suc incolore des Apocynées à fruit charnu, si, dans quelques-unes de
CCS dernières, le suc n'était d'une nature douteuse, et si dans quelques Espèces américaines
de Strt/chnos^ Técorce ne contenait un suc jaune. En outre la préfloraison est valvaire dans
un ou deux Genres des Apocynées, comme dans les Strychnées.
GÉOGRAPHIE. — Les Loganiacées se rencontrent dans toute la zone intertropicale;
quelques-unes s>n écartent dans la Nouvelle-Hollande, quelques Espèces américaines restent
CD deçà du Cancer.
ESPÈCES REMARQUABLES. —Les Strychnées dominent toute la Famille par la
puissance de leurs propriétés. La plupart des Espèces possèdent dans leur écorce, surtout dans
celle de la racine et dans leurs graines, des principes alcalins nommés Strychnine et
Brucine (ce dernier nom est impropre, et devrait être remplacé par celui de Caniramine tiré
du mot Camram, nom indien du Strychnos). Ces alcalis sont unis à un acide nommé acide
igasurigue, du nom malais igasur, de la Fève- Saint-Ignace ; leur action sur l'organisme
animal est d'une violence extrême ; les peuples sauvages s'en servent pour composer des
poisons dans lesquels ils trempent leurs flèches ; mais la médecine a su changer la substance
vénéneuse en médicament salutaire.
Le Strychnos tieuté est une liane qui grimpe jusqu'au sommet des plus hauts arbres
dans les forêts vierges des montagnes de Java; les féroces habitants de l'archipel malais
retirent de Técorce de sa racine un poison terrible nommé iJpas Tjettek, Upas Radja^ avec
lequel ils enveniment la pointe de leurs flèches. On a confondu ce poison avec une autre
substance nommée F oh on Upas, que fournit aux Javanais le suc de TAntiaris vénéneu se
[Antiaris toxicaria) appartenant à la Famille des Artocarpées; les deux poisons ne sont pas
de même nature, et leur action sur l'organisation animale diffère beaucoup ; ce qu'ils ont de
commun, c'est qu'introduits dans la circulation, ils détruisent rapidement la vie. L'arbrisseau
du Tjettek offre cela de particulier que, des incisions faites à l'écorce il ne s'écoule aucun suc ;
si l'on coupe le tronc transversalement, le bois laisse tomber goutte à goutte une eau limpide,
aqueuse et insipide, tout à fait inoffensive; l'écorce de la racine, au contraire, contient un
liquide vénéneux, rougeàtre, aqueux, facilement styptique et nauséabond. Aussi prépare-t-on
ce poison, non par incisions faites dans le tronc comme pour le Pohon Upas, mais par décoc-
tion de la racine; toutefois le principe délétère existe dans les graines, et, quoiqu'en
moindre proportion, dans l'écorce de la tige et des rameaux. Blume, observateur très-pers-
picace, nous apprend que le Tjettek est plus fixe que le Pohon Upas, et qu'on peut le garder
longtemps sans qu'il perde de son énergie; ce qui s'explique par son mode de préparation et
la nature alcaline du principe auquel il doit ses propriétés. Autant le Tjettek diffère par
sa composition du Pohon Upas, autant il s'en éloigne par son action toxique. L'extrait de
racine de Strychnos Tieuté, appliqué sur une plaie, loin de stimuler l'action des vaisseaux
absorbants, la paralyse au contraire, et ne pénètre dans la circulation veineuse que quand on l'a
mêlé avec des matières excitantes, telles que le Poivre et le suc de Gingembre ; tandis que le
suc de l'Antiaris agit avec autant d'énergie quand il est pur que quand il a été mixtionné avec
des aromates. Toutefois le Tjettek, absorbé par les veines, ébranle plus > iolemment l'organisme
que le Pohon Upas; c'est sur les nerfs que se porte son action : au bout de quelques minutes,
après avoir préludé par des vertiges et de légères convulsions, il frappe d'un choc soudain
le système nerveux tout entier; des secousses terribles viennent contracter les muscles, dont
la roideur persiste plus ou moins longtemps (ce sont ces contractions persistantes des muscles
que l'on appelle en médecine tétanos). Le relâchement alterne d'abord avec cette roideur,
mais bientôt les convulsions tétaniques se succèdent coup sur coup, plus violentes, plus dou-
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136 HISTOIRE DES FAMILLES.
loureuses, plus pfoloDgées ; les mâchoires se serrent, la tête se renverse sur la colonne dorsale,
et les membres se roidissent. Dans les intervalles de repos, le moindre bruit , le plus l^er
contact réveille les douleurs et les convulsions. Enfin, la rigidité devient permanente, et
s'empare de tous les muscles; ceux de l'appareil respiratoire sont pris à leur tour, et la respi-
ration ne s'opère plus que par des mouvements courts et rares; le cœur lui-même ne peut se
soustraire à ces spasmes, et ses pulsations deviennent de moins en moins perceptibles : à ces
phénomènes succèdent Tinsensibilité, la stupeur et la mort.
C'est sur la circulation qu'agit le Pohon [/pas; il pousse la masse entière du sang vers les
poumons, et la vie s'éteint après les e (Torts inutiles qu'a faits l'organisme pour repousser
l'agent qui le suffoque.
Le Tjettek, pris à l'intérieur, n'est pas moins vénéneux, même à petites doses, soit à l'état
d'extrait simple, soit mélangé avec des aromates ; mais il agit plus lentement que quand il
pénètre dans le corps par absorption veineuse. Les animaux empoisonnés par le Tjettek
introduit dans la circulation, ne présentent aucune altération dans leurs organes digestifs et
respiratoires; mais le cerveau offre les signes de la plus violente inflammiition ; en outre« le
cervelet et la moelle épinière sont fortement congestionnés : si au contraire le poLson a été
pris à l'intérieur, le cerveau est moins lésé que les nerfs de la moelle épinière, mais l'estomac
et les intestins sont enflammés. La préparation de ce poison terrible est un secret qui n'est
connu que de quelques Javanais, et qu'ils se transmettent par succession, sans jamais le
révéler aux étrangers. Ils conservent le poison dans des étuis faits de racine de Bambou, ou
bien ils le mêlent avec de la résine de Sang-dragon, et le roulent en petits bâtons.
Le Curare est un poison analogue, fourni par d*autres Strychnos, le St. de la
Guyane et le St. toxifère; on le nomme aussi urari, wurali, woorara, ticuna;\es indi-
gènes américains qui habitent les bords de l'Orénoque, du lupura, du Rio-Négro et les forêts
basses du Surinam, l'emploient également pour empoisonner leurs flèches : ils le préparent
en mêlant le suc de l'écorce avec du Poivre , de la Coque du Levant et autres plantes acres,
et le renferment dans de petits vases de terre cuite. On prétend que cette substance n'est
vénéneuse que quand elle est introduite dans le sang, et qu'on peut l'avaler sans inconvénient;
ce qu'il y a de vrai, c'est que les chimistes n'y ont pas trouvé d'alcali cristallisable.
D'après les recherches de Blume, il est reconnu aujourd'hui que les racines nommées dans
le commerce bois de couleuvre, sont fournies par diverses espècesde Strychnos répandues dans
l'Asie méridionale, et dont la principale est le St. colubrina, nommé par les Portugais /mo (/e
cobra; ces noms leur viennent de l'emploi qu'on en fait contre la morsure des serpents veni-
meux, et notamment du Cobra capello, ou Serpent à lunettes, le plus féroce et le plus venimeux
des Ophidiens de l'Inde. C'est ce reptile que les jongleurs indiens parviennent à dresser , et qu'ils
font danser au son de la flûte, après lui avoir préalablement arraché ses crochets à venin. Le
St. de Timor (St, ligustrina) fournit aussi un bois de couleuvre, qui possède les mêmes
propriétés que les Espèces précédentes , et que les médecins qui habitent la zone torride
estiment particulièrement, à cause de son action sur la moelle épinière et les nerfs qui en
partent.
Mais c'est surtout le Vomiquier (St. nux vomica)^ arbre de l'Inde, connu sous le nom de
Coniram, qui fournit à l'art de guérir un précieux excitant du système musculaire. Nous
avons vu que VUpus Tjettek fait périr ses victimes par le tétanos, et que ce tétanos est du à
la strychnine et à la brucine du Strychnos tieuté ; les mêmes alcalis se trouvent dans la
graine, nommée noix vonuque; mais la médecine a su atténuer leurs propriétés toxiques, et
les convertir en agents thérapeutiques d'une grande efficacité. On emploie aujourd'hui avec
un grand succès la noix vomique , ou son extrait , contre les paralysies qui frappent les
muscles vivifiés par les nerfs de la moelle épinière ; ces conducteurs nerveux reçoivent des
principes alcalins du Strychnos une excitation qui rétablit les fonctions des organes du mouve-
ment volontaire ; et quand cette excitation persiste , le rétablissement fonctionnel devient
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LOGANIACÉES. 137
permanent. La noix vomique est moins utile dans les paralysies qui tiennent à une lésion du
cerveau.
L'Igasur (St. Ignatii), arbrisseau qui croît à Manille, fournit à la médecine une
semence contenant aussi de la strichnine et de la brucine. Cette semence, nommée Fève-Saint
Ignace, est convexe à une extrémité, anguleuse et à 5 ou i» facettes vers l'extrémité opposée;
sa surface est excoriée; tandis que la noix vomique est discoïde, gonflée sur son pourtour,
ombiliquée à sa surface ventrale, et d'un aspect velouté au dehors.
La strychnine et la brucine , séparées Tune de l'autre , ne possèdent pas une action égale :
la première est trois fois plus énergique que la seconde ; et la Fève-Saint-Ignace contient
trois fois plus de strychnine que la noix vomique.
Il est à remarquer que les baies des Strychnos renferment une pulpe succulente , que les
hommes et les animaux mangent impunément.
Le Titan -COTTE (Str. potatorum) est un arbre de l'Inde, dont les fruits, du volume et
de la couleur d'une cerise , ne contiennent qu'une seule semence orbiculaire , beaucoup plus
petite et moins aplatie que la noix vomique. Cette semence donne un démenti fort remar-
quable à l'axiome de Linné, qui établit que les Espèces du même Genre possèdent les mêmes
propriétés : Plantœ quœ génère^ etiam virtute conveniunt : loin d'être amère et vénéneuse,
comme les autres Strychnos, elle sert, dans l'Inde, à rendre l'eau potable en la clarifiant.
On a fait beaucoup de suppositions sur la manière dont cette substance agit : M. le profes-
seur Guibourt pense qu'elle agit par son mucilage abondant, qui s'unit aux matières terreuses
tenues en suspension dans l'eau, et les précipite avec elle au fond du vase.
L'écorce de fausse Angusture, qu'on a quelquefois employée par erreur et au détriment
du malade^ comme fébrifuge, à la place de la vraie Angusture, appartenant à une autre
Famille, provient du Strychnos nux-vomica: c'est dans cette écorce que MM. Pelletier et
Gaventou, à qui nous devons la découverte de la quinine et de la plupart des alcalis végétaux,
ont trouvé l'alcali auquel ils ont donné le nom de brucine , d'après l'opinion qui régnait alors
que cette écorce était produite par un Brucea.
Enfin on trouve, au Brésil, une autre Espèce de Sivyc\iVkO% (Str. pseudo<liina) ^ dont
l'écorce, vulgairement ditje Quina do campoy Quina de Manda ^ etc., dépourvue de
substances alcalines , possède une amertume qui la fait regarder par les Brésiliens comme un
médicament tonique et fébrifuge d'une grande efficacité.
LeGARDNÉRiA OVOÏDE (Gardncria ovata) possède un suc jaune, contenu dans les feuilles
et dans les jeunes rameaux, dont les propriétés n'ont pas été constatées.
Le Genre américain Spigeli A , dédié par Linné à Spigel, botaniste italien du dix-septième
siècle, renferme des Espèces dont la tige et les racines, à l'état frais, sont remarquables par
un arôme particulier et une saveur acre , qui se dissipent après la dessiccation ; elles con-
servent cependant un principe amer nauséeux , narcotique , qui parait avoir la propriété de
tueries vers intestinaux. LaSpioÉLis anthelmintique (Sp. anthelmia) est une Plante
annuelle du Brésil , de la Guyane et des Antilles , très-\énéneuse à l'état frais , ce qui lui a
valu le nom de brinvilliere , emprunté à la fameuse marquise de Brinvilliers , brûlée à Paris
comme empoisonneuse, sous le règne de Louis XIV. Elle fait périr les bestiaux qui la
broutent, et les nègres se servent de son suc pour empoisonner leurs maîtres. — LaSpioÉLiE
DU Maryland (5/?. Marylandica) est vivace , et croît dans l'Amérique septentrionale; elle
est employée comme vermifuge, en place de la première; mais elle est bien moins active. On
la cultive en Europe, à cause de ses fleurs disposées en épi unilatéral, à corolle longuement
tubulée, renflée, légèrement odorante, d'un beau rouge à l'extérieur, et jaune intérieurement.
Les Potalies sont d'une amertume très-prononcée; plusieurs Espèces laissent exsuder
quelques gouttes d'une résine qui a l'odeur du benjoin. — Le Fagrœa Zeylanica (pl. xxvui),
arbuste de Ceylan, dont la corolle est très-grande, verdàtre à la base externe de son tube, offre
intérieurement une couleur nankin, est cultivé dans nos serres chaudes.
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138
UISTOIKE DES FAMILLES.
Famille XV".— APOCYNÉES.
(Apocynées (en partie), de Jussieu, — Vincées, de De Candoilc. — Apocynacées,
de Lindley,)
CARACTÈRE. — Corolle hypogyne înonopétale, régulière, k-^fide, à préfloraison
contournée ou vulvaire, Étamines insérées sur la corolle, en nombre égal à celui de ses lobes.
Pollen granuleux. Ovaire libre à 2 carpelles. Fruit capsulaire^ ou folliculaire, ou
charnu. Fljl^tv Le dicotylédonéey droite, ordinairement (dbuminée. Feuilles oj»/30s?es ow
vert ici liées, sans stipules. Suc laiteux.
Les Apocynées doivent leur nom au Genre Ajjocynum , qui signifie tue-chien, parce que
quelques-unes de ses Espèces étaient re-
gardées comme vénéneuses pour les ani-
maux. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux,
rarement des berbes, vivaces, à suc laiteux
dans la plupart des Genres; les feuille
verticillées par trois ou quatre (très-rarement
alternes), simples, entières, sont dépourvues
de stipules, ou quelquefois munies de glandes
ou de cils représentant des stipules. Les
fleurs sont complètes, régulières, terminales
ou axillaires, en cyme ou en corymbe, ou
solitaires. Le calyce est libre , 5-fide , ou
5-partit. La corolle est insérée sur le ré-
ceptacle, caduque, en entonnoir ou en
patère. Les étamines alternent avec les lobes
de la corolle , leurs filets sont très-courts,
leurs anthères sont introrses; le pollen
s'applique immédiatement sur le stigmate.
Le pistil se compose de deux carpelles libres
ou cohérents, et dans ce dernier cas , To-
vaire est biloculaire (très-rarement unilo-
culaire à placentation pariétale) ; les ovules
sont courbes ou réfléchis, et ordinairement
nombreux ; le style est unique, réunissant les
carpelles, ordinairement épaissi dans le haut,
quelquefois discoïde au-dessous du stig-
mate. Le fruit se compose le plus souvent de
deux follicules, souvent réduits à un seul,
rarement d'une capsule uniloculaire, et, dans quelques-unes, d'une baie ou d'une drupe. Les
graines sont en général comprimées; l'albumen est charnu ou cartilagineux, quelquefois
peu abondant, quelquefois nul ; la direction de la radicule varie.
I. TaDKRMOEMONTANB a LOnGVbS PLKCHS.
( Tabernœmontana longiflora. )
î. UOOPBLLIB AORKABLK.
[Roupellia grata.)
S. DiPLADBXIB rrOIRB POURPRBB.
(Uipladenia atro purpur«a.]
Calac.
Carissa.
Hancorne.
Hancornia.
Ambelania.
Ambelania
Pacoi'ria.
Pacourit.
COLLOPHORE.
Collophora
Mélodine.
Melodinus.
Carpodine.
Carpodinus
COUMA.
Couma.
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APOCYNEES.
WiLLUGHBEIA.
IViilughbeia.
Frangïpanieb .
PlumeiHa.
Allamakda.
AUamanda.
Amsonib.
Amsonia.
Vallésie. "^
Valiesia.
Pervenche.
Vinca.
Ophioiylon.
Ophioxylon.
LOCHNÉRA.
Lochnera.
Tanghin.
Tanghinia.
DlPLADBNIA .
Dipladenia*
CERBtBA.
Cerbera.
Mandeville.
Mandevilla
Alyiie.
Atyxia.
Apocyn.
Apocynum.
Ubcéolb.
Urceola.
Cryptolépide.
Cryptolepis
Tabernoemontane.
Taberncemontana.
Nérion.
Nerium.
139
AFFINITÉ. — Nous avons indiqué les rapports qui lient cette Famille à celle des Loga-
niacées ; elle se rapproche beaucoup, par ses Genres à graines chevelues, des Asclépiadées ,
dont elle diffère par les organes reproducteurs; elle s'éloigne des Gentianées par la struc-
ture de Tovaire et des anthères et par son suc laiteux ; on la distingue sans peine des Rubia-
cées par les mêmes caractères, et en outre par son ovaire libre et ses feuilles sans stipules.
GÉOGRAPHIE. — Les Apocynées doivent être rangées parmi les Familles où le nombre
des Espèces, très-considérable dans les régions tropicales, diminue tout à coup en dehors
des Tropiques, et devient très-peu considérable sous nos latitudes. L'Asie méridionale est un
peu plus riche en Espèces; plusieurs habitent TAmérique entre TÉquateur et le Cancer. Les
Apocyns se trouvent dans la région méditerranéenne, TAsie centrale et T Amérique sep-
tentrionale. Nos Pervenches sont les sentinelles avancées de la Famille dans l'hémi-
sphère boréal.
ESPÈCES REMARQUABLES. — Le suc laiteux, acre et amer qui découle de la
plupart des Apocynées donne à beaucoup d'Espèces une vertu émétique et purgative, à
quelques-unes des propriétés délétères. Ce suc, que les chimistes n'ont pas encore soigneuse-
ment examiné, contient dans plusieurs une résine élastique ( caoutchouc ) ; quelquefois ce suc
est 3oux et presque sans âcreté , de sorte qu'il devient laxatif et même alimentaire dans un
petit nombre d'Espèces. Chez beaucoup d' Apocynées, l'écorce contient un principe amer
astringent; chez quelques-unes, ce principe est tinctorial; le fruit charnu de plusieurs est
comestible. La graine est très-vénéneuse dans certains Genres, dans d'autres elle est huileuse
et inoflensive.
Les C ALACS (Cariasa) ont un fhiit charnu, renfermant dans le jeune âge un suc laiteux,
acre et visqueux, qui, à la maturité, acquiert une saveur acidule-sucrée. LeC. carandas
(C. carandas) tient le premier rang parmi les arbres fruitiers de l'Inde. Les Arabes mangent
avec délices le fruit du C. comestible (C edulis), — Le C. bois amer (C xylopicron) ^
arbre de Bourbon , etleC. de Madagascar(C Madagascariensis ) ont un bois jaune d'une
amertume extrême , que l'on emploie comme médicament stomachique et fébrifuge. — Le
Mélodime monogyne (Melodinus monogynus), le Willughbeia comestible ( Wil-
lughbeia edulis) , sont des arbres dont le fruit est recherché en Asie; IcCarpodine sucré
(Carpodinus dulcis) est un arbrisseau qui croit sur la côte ouest de l'Afrique tropicale , et
dont le fruit {Sweet Pimhamin) sert de nourriture aux nègres. En Amérique, on mange les
baies de VAmbélania, du Pacourta, du Couma.
La CoLLOPHORB UTILE ( Collophora utUis ) , v ulgairement Sorveira , etleHANcoRNiA
ÉLÉGANT, (Hancornia sy>ec/osa), vulgairement Mangaba^ fournissent aux Brésiliens une grande
quantité de caoutchouc. Les Espèces à' AUamanda, qui croissent dans l'Amérique méridionale,
sont émétiques et purgatives; on administre aux malades la décoction de leurs feuilles. — On
cultive en Europe l'A. Catuartique (A. carthartica), arbrisseau rampant de la Guyane,
à feuilles vertieillées, à fleurs grandes d'un jaune clair.
Quelques Espèces d' Ophioxylon contiennent un lait acre et caustiquct
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IW HISTOIKE DES FAMILLES.
Beaucoup d'Espèces du Genre Cerbera , tant américaines qu'asiatiques, ont des graines
narcotico-âcres, quelquefois très-vénéneuses, que
Ton emploie comme topique contre la morsure
des serpents. — Le C. Il uEy et {Cerbera The-
vetia) et TA HOU A i ( C. akovat) , espèces améri-
caines, ont un suc très-vireux, d'odeur nau-
séabonde ; VAhouaî est employé par les pêcheurs
du Brésil pour stupéfier le poisson. Les indigènes
se servaient autrefois des noyaux du fruit pour en
faire des colliers, dont la résonnance, marquant
leurs mouvements, les excitait à danser. L'Ahouaî
est cultivé dans nos serres chaudes. — Le
C. ODOLLAM (C manghas)y leC. lactescent
(C. lactaria)y le C. salutaire (C. saltUaris),
ont un suc épais, sans âcreté, légèrement laxatif.
Le C. odollam est cultivé en Europe, mais il
n'atteint dans nos serres que les dimensions
d'un arbuste ; ses fleurs sont grandes, d'un bleu
pur, marquées de rouge cramoisi, et d'une odeur
agréable.
ClftlIftA ahocaT.
[Cerbera ahctai,)
LcTanghin vénéneux (Tanghtnia vene-
ni fera) est un arbre de Madagascar^ haut de
trente pieds, dont le fruit drupacé contient une
graine huileuse, employée dans le pays pour
constater juridiquement, par l'épreuve du poison,
la culpabilité ou l'innocence des accusés, quand
le crime ne peut être prouvé. Voici comment
l'épreuve a lieu. L'accusateur porte sa plainte
au juge, qui le renvoie à Vampananghin, lequel
remplit les fonctions de prêtre et de bourreau ,
celui-ci est l'arbitre de la mise en prévention, et
il règle ses épreuves sur la valeur des arguments
présentés par l'accusateur; ces épreuves sont
commencéessur des poulets, et continuées jusqu'à
sept fois; si trois poulets meurent, ces résultats
suffisent pour motiver la prévention; le prêtre
remet les pattes et les têtes des poulets morts à
l'accusateur, qui va les présenter au juge ; le juge tarchi:» vi^inwx.
fixe le jour du Sahali ou procès ; ce jour arrivé , {Tangkima vene.^fera )
l'accusé, entièrement nu, est placé sur le gazon, et les assistants se tiennent en cercle autour
de lui. Le juge expose à l'assemblée le crime et les charges qui pèsent sur l'accusé, et l'am-
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PI. x
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APOCYNÉES. Ul
pananghin lui administre le tanghin, c'est-à-dire la graine coupée en petits morceaux, ou
broyée et délayée dans le suc du Pandanus, Lorsque reflet du poison se fait sentir, le prêtre
exhorte le patient à confesser son crime ; si Taccusé est robuste, la force médicatrice de Tor-
ganisme réagit assez énergiquement pour expulser la substance délétère; dès qu'il a vomi,
son innocence est proclamée, et Taccusateur est condamné à lui payer des dommages-intérêts;
si la réaction vitale est dominée par le poison, les évacuations n'ont pas lieu, et la mort
vient démontrer la culpabilité ; les biens de l'accusé sont partagés en trois lots : Fun pour
le chef, l'autre pour les officiers, le troisième pour le dénonciateur. Voilà ce qui explique la
ténacité de cette horrible coutume, que les Anglais , malgré la puissance qu'ils possèdent
à Madagascar , n'ont pu parvenir à extirper.
L'O PHioiYLON SBRPENTiN ( Ophîoxylon serpentinum ) , arbrisseau indien , est employé
contre la morsure des serpents; sa racine fait partie des bois de couleuvre.
Les Alyxi A de l'Inde fournissent une écorce aromatique amère, qui a l'odeur du Mélilot,
et renferme une résine molle , acre , une huile volatile et un principe extractif amer. — Le
Vallésia inédit (Valiesia inedita) est un arbre qui croît dans les forêts du Brésil, et dont
l'écorce nommée /xzo Péreira^ est renommée comme tonique et fébrifuge. — ^Le Casca de Anta
est une autre écorce très-amère, venue aussi du Brésil, et rapportée à une Espèce du Genre
Raivolfia. "
Les vraies Apocynées ont un lait acre et narcotique, très- vénéneux chez quelques-unes.
Certaines Espèces des Genres Dipladenia^ Plumeria et Tabemœmontana^ sont employées
dans la médecine populaire des Indiens et des Américains.
Le Tabemœmontana utilis, vulgairement nommé Hy a- h va, qui croît sur les bords de la
rivière Démérara, dans la Guyane anglaise, laisse couler de sa tige une énorme quantité d'un
lait blanc, épais et doux, dans lequel les indi-
gènes trouvent un aliment semblable au lait
de vache. Les prêtres de Ceylan prétendent que
le DM-ladner, Espèce de Tabemœmontana,
produisait le fruit défendu^ et qu'après la faute
de nos premiers parents, ce fruit délicieux ne
posséda plus que des propriétés vénéneuses.
Plusieurs Espèces de Tabemœmontana sont cul-
tivées en Europe ; nous citerons leT. alongubs
FLEURS (T, longiflora) f arbuste élégant de
l'Afrique tropicale, dont les fleurs sont grandes,
de couleur tendre et d'une odeur très-agréable ;
le T, coronaria, arbrisseau de l'Inde , dont les
fleurs blanches doublent dans nos serres; le
T. a feuilles de laurier {7\ laurifolia),
des Antilles, dont les fleurs sont également
blanches et d'odeur suave, mais restent simples.
Ces Espèces doivent leur nom générique à un
ancien botaniste alsacien, nommé labemœmon-
tanus, mort à la fin du seizième siècle.
Le Genre Frangipanier {Plumeria), est
dédié à Plumier, religieux minime du dix-
septième siècle, grand naturaliste, qui voyagea
^1piume\Va'^)* pour Louis XIV; il renferme des arbres et des
arbustes de l'Aniérique tropicale; le Fr. blanc
(PL alba) donne un suc épais et très-caustique, qu'on emploie pour la guérison des dartres,
des verrues et des ulcères; sa racine est prise en tisane apéritivp (on donnait autrefois le nom
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142 HISTOIRE DES FAMILLES.
d'apéritifs à des médicaments auxquels on attribuait la propriété d'ouvrir, de désobstruer les
conduits de l'organisme ; ces idées hypothétiques n'ont plus cours aujourd'hui ). Les fleurs de
cette Espèce servent à assaisonner les frangipanes; elles ont une saveur acre et poivrée. On
cultive en France le F. rouge ( /^. rubra), dont les fleurs, d'un rouge clair et odorantes,
forment un corymbe terminal; et le F. jaune (P, lutea), ainsi nommé à cause de la
couleur jaune de sa fleur et de son fruit.
Le Genre Dipladénie (Dipladenia), qui doit son nom à deux glandes situées à la base
des lobes du calyce, fournit à l'horticulture de magnifiques Espèces. Nous citerons d'abord la
D. NoiREPouRPRiB(Z>. otro purpmrea ) ; arbrisseau grimpant, à feuilles d'un vert grisâtre, à
fleurs grandes d'un pourpre sombre ; la D. s p l e n d i d b ( />. splendens ) , arbrisseau grimpant
découvert en 1841, au Brésil, dans les montagnes des Orgues; ses fleurs sont disposées en
grappes axillaires, leur limbe étalé a plus de deux pouces de diamètre ; sa couleur est
d'un beau rose, devenant très-foncé autour de la gorge du tube, où cette riche teinte figure
une étoile. — La D. a pleur de pervenche (D, TYncÉP/Zora), Espèce venue récem-
ment du Brésil, a des tiges menues, pourprées, disposées en touffes, et des fleurs axil-
laires d'une teinte carminée vive, qui rappellent par leur forme celle de la petite Pervenche,
— LaD. ROSE CHAMPÊTRE (/>. rosa campesiris) a des fleurs opposées en croix, et formant
un épi allongé ; leur tube est long d'un pouce et demi, et dilaté en entonnoir, dont la couleur,
d'un rose tendre, devient foncée au centre et prend une teinte d'un rose vif. Les feuUlessont
finement veloutées, à nervures latérales, serrées et parallèles. — La D. noble (Z>. nobilis)
(PI. II.) n'est pas moins belle que l'Espèce précédente; ses grandes fleurs, disposées en épi.
sont d'un rose pâle, à ample tube, offrant intérieurement deux couleurs ; à l'entrée de la gorge
est une lai^e macule étalée en étoile à cinq rayons, d'un rose plus foncé et interrompu par une
strie blanche ; plus bas, le tube revêt une teinte violacée sombre, et est d'un rose d'or à la base
jusqu'à son rétrécissement.
Le Vahea gunimiferUy arbre de Madagascar, et VUrceola elastica, arbrisseau grimpant de
Sumatra, fournissent une partie du caoutchouc qui nous vient de l'Inde.
Les racines de plusieurs vraies Apocynées sont employées comme émétiques : tels sont
I'Apocyndb Venisb( Apocynum Venetum ), herbe croissant sur les rivages de l'Adriatique
et de la mer Noire; l'A. gobe-mouche {A. androsœmifolium) , Espèce officinale dans
l'Amérique du Nord, et cultivée dans nos serres tempérées; ses fleurs en cyme sont nom-
breuses, petites, d'une jolie couleur rose ; le nectar qu'elles contiennent attire les mouches,
qui insinuent le pavillon de leur trompe entre les filets des étamines; mais quand elles veulent
se retirer, la trompe s'engage au milieu des anthères, et l'insecte reste pris; de là le nom
populaire de Gobe-mouche donné à cette Plante.
Le Cryptolépis RéricuLé (Cryptolepis reticidata) est un arbrisseau des Indes-Orien-
tales que l'on cultive en serre chaude; sa tige est haute de trois à quatre pieds; ses feuilles sont
discolore«, ses fleurs disposées en corymbe, blanches, et de la grandeur de celles du Jasmin.
Le Genre Pervenche ( Vinca)^ dont plusieurs Espèces sont indigènes, se recommande au
médecin bien moins qu'à l'horticulteur, qui oublie que les feuilles sont amères, astringentes,
pour ne considérer que leur forme élégante et leur couleur souvent accidentée par des pana-
chures, produisant un effet pittoresque sur les rocailles en pente où s'étendent leurs tiges
sarmenteuses. Nous citerons la Grande Pervenche ( V» major), plante très-rustique, n
feuilles ovales, à corolle blanche ou d'un bleu tendre. C'était, pour J.-J. Rousseau, la fleur
des souvenirs-, elle ravivait, après quarante ans, dans son âme flétrie, les plus douces émo-
tions de sa jeunesse. La Petite Pervenche (F. minor), a des fleurs précoces, plus
petites, qui doublent par la culture; leur couleur normale est bleue, mais elles passent
du bleu au violet , au pourpre , au rouge , et se montrent souvent d'un blanc pur. La
P. herbacée ( V, herbacea), est une Espèce de Hongrie à tiges très-couchées, à feuilles
lancéolées linéaires, à fleurs d'un bleu foncé ou rougcàtres, qui doublent facilement. Toute-
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APOCYNEES. H3
Ibis ces Espèces, que Ton cultive pour rornement des jardins, jouisseut. comme plantes médi-
cinales^ d'une réputation populaire ; on attribue à leurs feuilles la propriété de supprimer le
lait, et il est rare que les femmes des classes pauvres, quand elles sèvrent leurs enfants, n'en
prennent pas des infusions pendant quelques jours.
On a séparé des Pervenches le Lochnera rosea, sous-arbrisseau droit, qui nous vient de
l'Amérique et de l'Asie tropicales, et dont les fleurs roses ou blanches ornent dans nos
grandes villes les fenêtres des plus humbles mansardes.
Le Genre Nérion (Neritmi) se compose d'arbrisseaux dont une Espèce, généralement
cultivée dans nos jardins, nous vient de la région méditerranéenne, d'où elle s'est répandue
dans toute l'Asie : c'est le N. lauribb-rose (A^. oleander), à feuilles longues lancéolées,
épaisses, verticillées par trois, et persistantes ; à fleurs roses ou blanches, qui doublent facile-
ment et justifient alors le nom spéciûque donné à la Plante et par les Français, et par les
Grecs qui l'appelaient Rhododaphne, Virgile, dans son petit poème du moucheron^ parle du
Laurier, honneur de Phœbus et du Rhododaphne :
Laurusitem Phctbi sur gens decus, h\c Rhododaphne.
Ce charmant arbrisseau, qui croît abondamment dans le Péloponèse, a inspiré C. Delavigne,
chantant dans ses premières Messéniennes les malheurs de la Grèce captive. Le poète se
transpoi;;te au milieu des ruines de Sparte, et s'écrie avec une douloureuse indignation :
Le soldat d'Ismael, assis sur ces décombres.
Insulte aux grandes ombres
Des enfants d'Hercule en courroux.
N'entend s-je pas gémir sous ces portiques sombres?
Mânes des trois cents, est-ce vous?...
Eurotas! Eurotas! que font ces Lauriers-roses
Sur ton rivage en deuil, par la mort habite?
Est-ce pour faire outrage à ta captivité
Que ces nobles fleurs sont écloses?
•
Le Laurier-rose, malgré sa beauté, n'en est pas moins une Apocynée, c'est-à-dire un
végétal vénéneux j ses feuilles étaient usitées autrefois contre les affections dartreuses
invétérées.
L'Alstonia scholaire (Alstonia scholuris) est un arbre de l'Inde, dont l'écorce araère,
nommé Pa/a, possède des vertus analogues à celles de la Gentiane ; son bois blanc et tendre
est employé à divers usages; il fournit les tablettes sur lesquelles les enfants malais écrivent
dans leurs écoles; ils effacent ensuite les lettres qu'ils y ont tracées en frottant le bois avec
les feuilles rudes de la Plante. — Le Wrightia anii-dysenterica croît dans l'Asie et la Nou-
velle-Hollande; son écorce, nommée palapatta^ est célèbre dans les Indes à cause de ses
propriétés astringentes, qui la font administrer dans les diarrhées et les dysenteries; elle
commence à se répandre en Europe. — Dans le W. tinctorial ( W. tirictor ta) ,V écorce
est inerte, mais les feuilles fournissent une couleur semblable à l'indigo.
Nous terminerons l'histoire des Apocynées par celle du Roupbl lia agrêabce (Rou-
pellia grata)y arbrisseau sarmenteux, venu de l'Afrique tropicale en Angleterre, %i dont le
nom générique a été changé de Strophantus en Roupellia, pour honorer une famille anglaise
qui a rendu et rend encore des services à la Botanique. Le R. a g ré arlb. doit son nom spéci-
ûque à la nature de son fruit appelé Fruit à crème {Cream- fruit) par les colons anglais de
Sierra-Leone ; mais on ne sait pas au juste si ce nom a pour but de désigner lest propriétés
alibiles ou seulement l'apparence laiteuse du fruit; et quand l'arbre quia fleuri pour la première
fois en 184^5, dans les serres anglaises, donnera des ovaires murs, il sera prudent de répéter.
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IW HISTOIRE DES FAMILLES.
comme it faut le faire devant toutes les Apocynées, le précepte des anciennes Écoles : in dubio
abstine, dans le doute abstiens-toi.
Famille XVP. — ASCLÉPIADÉES.
( Apocynées (en partie), deJi(ssieu, — Asclépiadées, ùeJacquin. — Asclépiadacéks,
de Lindley).
CARACTÈRE. — Corolle monopétale, hypogyne, régulière, à préfloraison contournée
ou valvaire, — ëta MINES insérées sur la corolle^ en nombre égal à celui de ses lobes, ordi-
nairement cohérentes en tube. — Pollen agglutiné en masses. — Pistil à deux carpelles;
fruit composé de deux follicules. — Graine à plantule dicotylédonée, a/^wiViee.— Feuilles
sans stipules; suc laiteux.
Les Asclépiadées ont reçu leur nom du Genre Asclepias, dédié à Esculape : ce sont des
arbrisseaux, quelquefois des herbes, souvent
volubiles, lactescents pour la plupart j la tige
et les rameaux sont cylindriques, à articu-
lations noueuses, quelquefois charnus. Les
feuilles sont généralement opposées (rudi-
mentaires dans les Espèces à tige charnue),
pétiolées, simples, entières, dépourvues de
stipules, mais quelquefois munies de soies qui
en tiennent lieu. Les fleurs sont complètes,
disposées en ombelles ou en fascicules, ou
en cymes, ou en grappes, rarement soli-
taires. Le calyce est libre, a cinq divisions,
imbriquées dans la préfloraisQn. La corolle,
«insérée sur le réceptacle, est campanulée,
ou urcéolée, ou hypocratériforme, ou ro-
tacée; son tube est muni d'écaillés à la
gorge. Les étamines, au nombre de cinq,
insérées au fond de la corolle, alternent
avec ses divisions; les filets sont générale-
ment soudés en un tube entourant Tovaire,
et munis derrière Tanthère-d'une couronne
d'appendices pétaloïdes; les anthères sont
extrorses, à deux loges, quelquefois par-
tagées en deux logettes *, chaque loge ou lo-
AscLiPiAoi DB DoioLAs. geUc renfcrmc une masse de pollen agglu-
(Âêcleptaê Douglaêii.) ° '^ .,
tiné, fusiforme, enveloppée d'une matière
huileuse ; ces masses réunies par paires, appartenant chacune aux deux anthères voisines,
se fîxent à des appendices glanduleux du stigmate. Les carpelles sont distincts, ou légère-
ment cohérents à leur base ; les ovules sont pendants, réfléchis ; les styles sont continus avec
les ovaires, étroitement juxta-posés, et réunis par un stigmate commun ; le stigmate est penta-
gone, ou déchiqueté, ordinairement terminé par une masse épaisse à cinq angles, qui alternent
avec les anthères. Le fruit est composé de deux follicules^ dont Tun avorte souvent. Les
graines sont nombreuses, comprimées, imbriquées de haut en bas; la plantule est droite dans
Taxe d'un albumen charnu, très-rarement nul; la radicule est supère.
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ASCLÉPIADÉES. 145
Sous-Famillb 1. — PÉRIPLOCÉES.— FileU distincts; anthères à Uk loges; masses
polliniques {pMinies) 5-20, granuleuses, solitaires ou quaternées sur les saillies du stigmate.
Pébiploca.
Periplocch.
Sous-Famillb 2. — SÉGAMONÉES. —Filète cohérents; anthères à 4 loges; masses
polliniques {poUinies) 20, lisses, quaternées sur le sommet des saillies du stigmate.
Sécamone.
Secamone.
Gymnanthèbe.
Gymnanthera.
Sous-Famille 3. — ASCLÉPIADÉES VRAIES. — Filets cohérente; anthères bilo-
culaires; masses polliniques (poUinies) 10 fixées par paires aux saillies dû stigmate, qui sont
marquées d'un sillon longitudinal. *
TWEBDIA.
Tweedia.
GOïfOLOBB.
Gonolobus.
Philibertia.
PhUibertia,
Gymnema.
Gymnema.
Ctnauque.
Cynanchum.
Ttlophore.
Tylophora.
DOMPTSVElilIf.
Vincetoxicum.
Gentrostemiia.
C^trostemma
Solenostevha.
Solenostemma.
HOYA.
Hoya,
Arauja.
Arauja.
M<BSD£NIX.
Marsdenia,
Calotropis.
Calotropis.
Stephanotis.
Stephanotis.
OXTSTELMA.
Oxystelma.
Geropegia.
Ceropegia.
Gomphocarpe.
Gomphocarpus.
BlICEROSIA.
Bucerosia^
ASCLÉPIADE.
Asclepias.
Stapélie.
Stapelia.
AFFINITÉ. — Les Asclépiadées se lient étroitement aux Apocynées par Tintermédiaire
des Périplocées; elles s'en éloignent, ainsi que des autres familles, par la singulière structure
des organes reproducteurs, et les merveilleux phénomènes de la fécondation.
Cette fécondation, tout exceptionnelle, qui s'observe aussi dans les Orchidées, Famille
de Plantes monocotylédones, est facile à étudier sur les Espèces du Genre Asclepias : les
5 anthères biloculaires sont libres, introrses, et s'appliquent contre les côtés d'un stigmate à
5 angles arrondis; chaque loge renferme une masse de pollen, dont les grains sont pourvus
d^une seule membrane, et se tiennent intimement unis : à chaque angle du stigmate, entre
chaque paire d'étamines , naissent deux corpuscules visqueux , nommés rétinacles : de ces
petits corps partent deux rigoles, qui descendent vers les anthères, et aboutissent aux deux
loges contiguës de deux anthères voisines ; dans ces rigoles découle une substance molle et
visqueuse, qui prend sa source dans les rétinacles, et parvient aux masses polliniques; bientôt
les deux corpuscules visqueux s'unissent , se solidifient ; la matière molle émanée d'eux se
solidifie aussi, et devient un double filet, qui, en se concrétant, tire à lui les deux masses
polliniques qu'il a happées , et qui appartiennent à deux anthères différentes : ces deux
masses , extraites de leurs loges , restent suspendues aux filets , comme les plateaux d'une
balance sont suspendus à leur fléau.
GÉOGRAPHIE. — Les Asclépiadées occupent les mêmes contrées que les Apocynées:
elles croissent surtout dans les régions tropicales et subtropicales ; elles habitent le nouveau
continent en deçà de l'équateur, l'ancien continent entre le 59* parallèle boréal et le 58* parallèle
austral. LesEspècesà tige charnueappartiennenttoutesàrancien continent, etsurtout au Cap,
ESPÈCES REMARQUABLES. — Les propriétés des Asclépiadées résident dans un
suc laiteux acre, qui contient des principes vomitifs : aussi plusieurs Espèces sont-elles les
succédanées de ripécacuanha ; quelques-unes sont purgatives et anthelmintiques ; quelques
autres sont rangées parmi les stimulants.
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146 HISTOIRE DES FAMILLES.
LeCALOTROPis GiGANTBSQUB ( C. gigautea) ^ arbrisseau de Tlnde, contient un suc
amer, qui a Todeur vireuse de Topium ; Técorce de la racine, connue sous le nom de Mudar^
Mador, Akum^ est rougeâtre, blanche intérieurement, et renferme une substance extractive,
nommée mudarine , très- violent émétique , qui est employé avec une grande confiance chez
les Indiens, dans plusieurs affections nerveuses, dans la goutte, dans V éléphant iasis (maladie
tropicale caractérisée par des taches livides, auxquelles succèdent des tumeurs indolentes
développées dans le tissu cellulaire, et grossissant les doigts et les orteils) , contre la morsure
des animaux venimeux, et enfin pour le traitement des fièvres intermittentes. Les feuilles sé-
crètent, dit-on, une espèce de meinrie. Cette Plante est cultivée dans les serres chaudes de TEurope,
où elle montre, en août, des fleurs terminales, grandes, blanches, lavées de pourpre lilas.
Le Dompte-venin ( Vincetoxicum officinale) est une Plante indigène, qui croît aussi dans
plusieurs contrées de l'Europe et de TAsie ; sa racine est douée d'une odeur particulière, ana-
logue au camphre ; elle était jadis renommée comme émétique et sudorifique puissant ; au-
jourd'hui, elle est bannie des officines. Les chimistes en ont retiré un principe immédiat,
qu'ils ont nommé asclépiadine.
Le suc épaissi de plusieurs Asclépiadées fournit quelques-uns de ces médicaments résineux
purgatifs connus sous le nom de Scammonée, La Scammonée d'Antioche se prépare avec le
suc jaunâtre du Secamone alpina; on pense que la Scammonée de Montpellier est le suc du
Cynanque de Montpellier {Cynanckum Montpeliense) , mêlé à d'autres substances résineuses ;
le Secamone emetica, Plante indienne, remplace, en Asie, l'Ipécacuanha. Plusieurs Asclépiades
sont employées au même titre , sous le nom d'Ipécacuanha bâtard , dans TAmérique boréale
et aux Antilles ; quelques-unes d'entre elles possèdent en outre des propriétés diaphorétiques
et expectorantes. Les principales Espèces de ce Genre, cultivées dans nos jardins, sont
TAscLépiADE INCARNATE [Asclcpias incamata) , belle plante vivace de la Virginie, haute
de 3 à &> pieds, dont les fleurs sont d'un rouge pourpre, et sentent la Vanille; l'A. AGRéABLB
{A. amœna) , Espèce vivace de l'Amérique septentrionale, cultivée en pleine terre , dont les
fleurs sont plus grandes et moins colorées; l'A. de Cornutus (A. comuti) (autrefois
nommée Syriaca, mal à propos, parce que toutes les Espèces sont américaines) , à feuilles
larges, épaisses, cotonneuses; à fleurs blanches, lavées de rougeàtre, penchées, odorantes;
les houppes de poils soyeux qui enveloppent les graines sont plus longues que dans les autres
Espèces, de là le nom d'Herbe à la ouate; l'A. de Curaçao (A. Curassavica) , sous-arbris-
seau des Antilles, dont les fleurs sont d'un rouge safran, etc., etc. — L'A. de Douglas
(A. Douglasii) est une belle Espèce découverte il y a peu d'années par Douglas dans les Mon-
tagnes Rocheuses, et introduite en Europe depuis cinq ans seulement ; elle peut être cultivée
en pleine terre; ses tiges sont simples, laineuses; ses feuilles opposées ou temées, longues de
6-8 pouces; les ombelles sont multiflores, la oorMertsi grande et d'un blanc rosé.
Les Gomphocarpes (Gompkocarpus) doivent leur nom générique (qui signifie fnUt
chargé de clous) aux pointes dont sont hérissés les follicules : le G. crép u (G. crispas) est une
Plante du Cap, dont la racine est émétique ; le G. ligneux (G. fruticosus), que l'on cultive
en serre tempérée, est originaire de Tunis ; ses feuilles sont linéaires-lancéolées comme celles
du Saule ; ses fleurs sont blanches.
L'Hémidesme indien (Hemidesfnum indicum) est un arbrisseau volubile, à fleurs petites,
charnues, dans lesquelles les filets des étamines ne sont cohérents que par leur moitié infé-
rieure (de là le nom générique, signifiant demi-soudure); la racine, nommée nunnariy a les
vertus dépuratives de la Salsepareille, et est, à cause de ces propriétés, nommée Salsepareille
de l'Inde, Les Anglaisqui habitent ce pays la mettent au rang des sudorifiques les plus efficaces.
LeSoLÉNOSTEMMA ARGUEL (Solenostcimna arghel) a des feuilles amères, que Ton mêle
avec celles du Séné d'Alexandrie; elles sont ovales-lancéolées, plus épaisses, plus roides,
plus pâles , moins veinées que les feuilles du Séné , et leur surface est soyeuse-pubescente ;
elles purgent plus énergiqucment que le Séné , mais elles causent des coliques. — Le
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ASCLÉPIADÉES. ^ U7
nom générique de cette Plante vient de la forme tubuleuse de la couronne terminale.
Le PÉRiPLocA GREC {Petiploca grœca), arbrisseau de 20 à 25 pieds, à rameaux volubiles
(periploca est un mot signifiant roulé autour), contient un suc très -acre, que les Orientaux
emploient pour empoisonner les loups , on le cultive en Europe pour en garnir des berceaux;
ses fleurs sont d'un pourpre noirâtre , et exhalent une mauvaise odeur. On cultive aussi pour
le même usage le P. afeuillbs étroites (P. angusti folio) haut de 4- à 5 pieds, à fleurs
pourpres intérieurement, marquées d'une tache blanche dans leur milieu.
LeGoNOLOBE A LONGUES FEUILLES ( Gonolobus macTophyllus ) est un sous-arbrisseau
volubile de FAmérique septentrionale, à fleurs dont la couronne staminale est anguleuse. Les
indigènes enveniment la pointe de leurs flèches en la trempant dans le suc de cette Plante.
Les feuilles de quelques Espèces sont douces , et peuvent être mangées comme légumes ;
telles sont plusieurs A sclépiades d'Amérique , et I'Oxystelma comestible ( Oxystelma
esculentum), sous-arbrisseau des Indes orientales. Le Gtmnéiia l actif ère (Gymnema
lactiferum) fournit un lait alibile aux habitants de Ceylan. Les fleurs de ÏAsclepias cornuti ,
dont nous avons parlé , contiennent une abondante quantité de nectar , et leur décoction
fournit un extrait brun, très-sucré. — Plusieurs possèdent des fibres dont on tire parti, et
qui sont plus tenaces que celles du Chanvre : tels sont le Marsdenia tenacisstma et VOrthan-
thera viminea, — La houppe soyeuse des semences est , dans quelques pays , mêlée avec le
coton et la soie. — Les feuilles du Marsdenia tinctoria et du Gymnema tingenSj Plantes in-
diennes , fournissent une couleur d'un beau bleu.
11 nous reste à énumérer rapidement quelques autres Asclépiadées , cultivées dans les
jardins. — LcTweedia bleu {Tweedia cœrulea) est un sous-arbrisseau de la Chine, volu-
bile, à feuilles molles, soyeuses, à fleurs bleues, disposées en grappes. — Le Philibertia
grandi flora , arbrisseau grimpant de l'Amérique tropicale, a des fleurs nombreuses,
disposées en ombelles axillaires; la coroUe est large, en patère; le limbe est à cinq
divisions panachées et rayées de pourpre sur un fond jaunâtre. — L'A rauja blanchâtre
(Arauja albens) est un arbrisseau du Brésil, grimpant, long de 12 à 15 pieds, à feuiUes blanches
en dessous, un peu ondulées sur les bords, à pédoncules multiflores; sa corofle est blanche^
lavée de rose, odorante, à limbe crispé ; elle fleurit tout l'été, et passe l'hiver en pleine terre
dans le midi et dans l'ouest de la France.
Le Genre Tylophore ( Tylophora) comprend des Espèces volubiles, habitant les régions
tropicales de TAsie, de l'Afrique et de la Nouvelle-Hollande, et que nous cultivons en serre
chaude : le T. j aunatr e (T. Intescens) (PI. IX) est un arbrisseau s'élevant à plus de 20 pieds^
à rameaux rouges dans le jeune âge; les feuilles sont amples^ longues de 6 à 7 pouces^ sur
3 de largeur; les pédoncules sont flexueux et portent Z-h fleurs, grandes, jaunes à la naissance
de chaque courbure.
Le Cbntrostemma coriace ( Cenirostemma coriacea ) est un sous-arbrisseau de Java ,
volubile, à feuilles veinées, à ombelles multiflores; la couronne staminale a ses folioles épe-
runnées à la base et aiguës au sommet; de là le nom de Centrostemina, donné par M. Decaisne
à cette Espèce, qu'il a retirée du Genre Boya , où la couronne staminale ne présente pas ce
caractère. LeH. charnu (B. camosa) est une Espèce d*Asie, grimpante, et munie de cram-
pons qui lui servent à s'attacher , et favorisent son ascension; les feuilles sont charnues, les
fleurs sont disposées en ombelles pendantes, nombreuses et multiflores; la corolle est blanche,
teinte de rose, épaisse, et luisante comme de la porcelaine. Cet arbuste décore merveilleuse-
ment nos serres chaudes. On a signalé Vhéliotropisme de ses pédoncules, qui suivent le soleil
dans sa route diurne. — Le Siephanotis floribunda, qui nous vient de Madagascar, est ligneux,
volubile; ses fleurs sont blanches, durent longtemps, et répandent une odeur analogue à
celle de la Tubéreuse. Les Ceropegia sont des Plantes grimpantes de Tlnde, qui ornent les
serres chaudes, et dont quelques-unes peuvent être cultivées en serre tempérée; leur racine est
tubéreuse; leurs fleurs sont disposées en ombelle pauciflore ou multiflore.
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ikS HISTOIRE DES FAMILLES.
Les BucÉROSiA^ ainsi nommés à cause des lobes extérieurs de la couronne staminale,
subulés et courbés comme des cornes de bœuf, sont des herbes indiennes, charnues, sans
feuilles, droites, tétragones ; les fleurs sont nombreuses, en ombelle terminale.
Le Genre Stapélia, dédié par Linné à Stapel, savant hollandais, renferme de nom-
breuses Plantes, toutes du Gap, charnues, et dépourvues de feuilles ; les fleurs sont belles dans
la plupart des Espèces de ce Genre, mais elles exhalent une odeur nauséeuse de chair corrom-
pue ou de matières stercorales: telle est la Stapélie velue (Stapélia Azr^u/a), Plante
vivace haute d'un pied et demi, toujours verte, à tiges quadrangulaires et pyramidales, d'où
naissent des fleurs larges de trois pouces, à pétales oblongs, épais, velus, ayant une couleur
de lie de vin, et répandant une odeur fétide.
Famille XVIP. — GENTIANÉES.
(Gentianées, de Jussieu. — Gentianacées, deLindley,)
CARACTÈRE. — Corolle hypogyne monopétale régulière, 4-5-6-8-/îcfe , à préfioraison
contournée ou induplicative. Et ami NES insérées sur la corolle , en nombre égal à celui de ses
divisions. Pollen granuleux. Ovaire à une loge, rarement à deux ou quatre loges incom-
plètes. Fruit capsulaire. Graine à plantule dicotylédonée, albuminée. Feuilles sans
stipules; suc aqueux.
Les Gentianées doivent leur nom à leur principal Genre, Gentiana, lequel vient de Gentius,
roi dTllyrie, qui, le premier, fit connaître ou
éprouva par lui-même les vertus de la Gen-
tiane. Ce sont des Plantes herbacées, an-
nuelles ou vivaces, très-rarement ligneuses,
quelquefois volubiles, très-glabres, rarement
à poils glanduleux ou visqueux. Les feuilles
sont opposées ou verticillées (quelquefois
alternes), sans stipules. Les flem^ sont com-
plètes, généralement régulières, à inflores-
cence très-variée; le calyce est persistant, à
4-5, rarement 6-8 sépales, libres ou cohé-
rents, dont la préfloraison est contournée ou
valvaire. La corolle, insérée sur le récep-
tacle, est en entonnoir, ou en patère, ou
en roue ; la gorge est nue, ou munie d'un
anneau frangé. Les étamines sont alternes,
avec les lobes de la corolle; les filets sont
libres; les anthères sont introrses; le pistil se
compose de deux carpelles cohérents ; To-
vaire est uniloculaire par suite de la cohé-
rence des carpelles bords à bords, ou de leur
introflexionpeu considérable; quelquefois ils
se replient presque j usqu'au centre, et Tovaire
parait biloculaire, quelquefois ils se séparent,
I. lisukthk élanc*. 2. PnirosA HooKiuAiiA. gt Tovaire paraît quadriloculaire, rarement
{Euttoma Mtaltatum.) r ^ j
ils se rejoignent à Taxe de la fleur, et alors
l'ovaire est à deux loges complètes. Les ovules sont nombreux, plurisériés, réfléchis; le style
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GENTIANÉES.
149
est rarement nul ; le stigmate est presque toujours bifide. Le fruit est une capsule unilo-
culaire ou plus ou moins complètement biloculaire^ à valves ordinairement placentifères sur
leurs bords; quelquefois les placentaires sont libres; quelquefois^ mais rarement, la capsule est
légèrement charnue et presque inhéhiscente. Les graines sont petites ; la plantule est minime
à la base d'un albumen charnu, abondant ; la radicule est voisine du bile.
Sous-Famille 1. — GENTIANÉES VRAIES.— Divisions de la corolle à préfloraison
contournée; albumen remplissant la cavité de la graine.
Gektume.
Gentiana.
Erythrée.
Erithrœa.
SWMTIE.
Swertia.
Sabbaha.
Sabbatia.
Agathotes.
Agathotes.
Chlobe.
Chlora.
Fbaséra.
Frasera.
LiSlANTHE.
Listant hus.
Cqibonie.
Chironia.
Eustoma.
Eustoma.
OUPBIUM.
Orphium.
COUTOUBEA.
Coutoubea.
EXACUM.
Exacurn.
Tachia.
Tachia.
ClCEKDlA.
Cicendia.
Sous-Famillb
2. — MÉNYANTHÉES.
— Préfloraison de la corolle induplicative ;
albumen plus petit que la cavité de la graine.
MlKTARTHE.
Ményanthes.
I ViLLARglE.
Villarsia.
AFFINITÉ. — Les Gentianées offrent une affinité évidente avec les autres familles de leur
classe [Jasminées , Oléinées, Loganiacées , ApoeynéeSy Asclépiadées) ; mais elles en diffèrent,
tant par la structure de l'ovaire et du fruit que par celle de la graine, à plantule minime; elles
s'en distinguent aussi très-nettement par une physionomie particulière, qu'elles doivent à leurs
feuilles, engainantes à la base , et dépourvues de stipules. Elles ont un rapport réel avec les
Apocynées , dont elles s'éloignent par leur suc aqueux , leurs anthères libres , leurs carpelles
toujours cohérents, et leurs graines dépourvues de houppe soyeuse.
L'aspect des oignes de la végétation offre une analogie éloignée avec les Polémoniacées,
quelques Antitrhinées, les Caryophy liées et les Hypéricinées,
GÉOGRAPHIE. — Les Gentianées ont besoin d'une lumière abondante; il faut aux unes
un sol humide, aux autres un sol calcaire sec ; quelques Espèces, en petit nombre, demandent
une station tout aquatique. Elles aiment donc les prés et les pâturages, et fuient les lieux
sablonneux, cultivés, les bois et les forêts; elles ne sont exilées d'aucim climat; on les rencontre
répandues sur toute la surface du globe ; et quoique plus abondantes entre les tropiques, elles
ne peuvent cependant être rangées parmi les Familles exclusivement tropicales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Gentianées doivent leurs propriétés médicales à une
substance amère colorée, que les chimistes ont nonmiée Gentianin^ et à laquelle s'unissent,
dans la plupart des Espèces, un acide particulier, un principe volatil odorant, une huile fixe,
une matière glutineuse, de la gomme et du sucre. Ces Plantes occupent un rang distingué
parmi les médicaments amers, que nous avons nonmiés toniques névrosthéniques ; à leur tête
est la Gentiane^ dont l'usage remonte au delà de l'ère chrétienne. Sa racine est d'une amer-
tume extrême ; elle ne contient ni acide gallique, ni tannin : aussi n'est-elle nullement astrin-
gente; mais elle produit d'excellents effets dans les convalescences difficiles, où les fonctions
de la vie végétative restent languissantes; on l'a vantée dans le traitement de la goutte; non
qu'elle puisse combattre cette maladie, mais elle agit comme tonique pour rendre la vigueur
aux organes de la digestion et de l'assimilation, qui ont été profondément débilités pendant
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150 HISTOIRE DES FAMILLES.
les accès de goutte inflaramatoire. Ses propriétés fébrifuges sont contestables, et si les fièvres
intennittentes vemales ont cessé après remploi de la Gentiane, cette coïncidence ne prouve
rien, puisque ces maladies se guérissent d'elles-mêmes sans le secours ^e la médecine. Son
action est moins douteuse dans le traitement des affections lymphatiques, où on l'administre
sous forme d'extrait ou de teinture spiritueuse.
Ce que nous venons dédire s'applique également à deux Espèces indigènes, la G. jalne
{G. iutea)ei la G. de Hongrie (G. Pawnomca). La G. j a u n b croit dans les prés elles
pâturages secs des régions subalpines; elle préfère les terrains calcaires aux terrains grani-
tiques; la G. DE HoN GRi R, nommée aussi G. rouge, ne se rencontre, ni en Suisse, ni dans
les Pyrénées; mais on la trouve communément dans les hautes prairies du Dauphiné, de la
Savoie, du Piémont, des Alpes Noriques, de la Hongrie et de la Transylvanie. La Gentiane
jaune, malgré l'ancienneté de son usage, a été employée plus tard que la G. rowgr^; aujour-
d'hui on les emploie indifféremment. Quant aux autres Espèces du même Genre, jadis usitées
comme possédant les mêmes propriétés, mais à un moindre degré, la difficulté d'en faire des
approvisionnements suffisants les a fait rejeter des pharmacies. On mêle cependant aux deux
Espèces officinales que nous venons de citer, les racines de la G. Purpurine (G. purpurea ),
et de la G. PONCTUÉE [G.punctata); les montagnards des Alpes distillent avec les racines
fraîches de ces deux dernières et de la G. jaune une liqueur alcoolique (enzian-Branntwein),
dont ils font usage comme d'un spécifique fortifiant.
Nous ne devons pas cependant passer sous silence quelques Gentianes abandonnées par la
médecine, et dont la racine est employée quelquefois chez les gens de la campagne, ou débitée
far les charlatans. Ce sont la G. asclépiade [G. asclepiadea] ^ la G. pneumonanthe
(C. pneumonanthe),. la G. a tige courte (G. acaulis), la plus amère de toutes les
Espèces, la Gentianellb (G. amarella , la G. des champs G.campestris),\hG. prin-
TANiÈRE [G. vema).
La G. croisette(G. cruciata] nommée dans les officines petite Gentiane, était autrefois
employée fréquemment comme fébrifuge et anthelmintique, et comptée au nombre des Mdné-
raires. Sa racine était en outre recommandée chez les anciens contre la peste , la morsure des
animaux venimeux, et surtout celle des chiens enragés ; aujourd'hui encore, on la fait boire en
poudre, délayée dans du vin, et on la regarde comme le remède unique et infaillible de
l'hydrophobie ; mais ce remède ne réussit pas mieux que cent autres, vantés comme spécifiques
dans cette terrible maladie, et préconisés par les sots ou les fripons.
La G. SAPONAIRE (G. saponaria), la G. de catbsbt(G« catesb(ea),\si G, jaunâtre
(G. ochroleuca] , sont des Espèces indigènes de l'Amérique septentrionale, usitées dans leur
patrie au même titre que celles de l'Europe. Les habitants de l'Amérique du Sud emploient, à
défaut de Gentiane, les Espèces des Genres Lisianthe, Tachia et Coutoubea. — Le Tachia
DE LA GUYANE [Tachia guianensis) est un arbrisseau haut de six pieds, à rameaux quadran-
gulaires noueux, à feuilles opposées, dans l'aisselle desquelles naissent des fleurs solitaires,
jaunes; la racine est très-amère, recouverte d'une écorce fine et blanche, qui la fait ressembler
au Quassia, et lui a valu son nom populaire de Quassia de Para, sous lequel on la désigne
dans le commerce. — Quelques Espèces du Genre Lisianthe [Lisianthus) ont été introduites
dans les serres européennes, mais seulement comme plantes ornementales. Tel est le L. é l a n c é
[Eitstoma exaltatum), dont la fleur a son limbe étalé en roue, de couleur lilas, et offre au
centre de la corolle une tache d'un pourpre violacé (de là le nom de eustoma, signiflant belle
^wcAé») ; tel est encore le L. a belles pleurs [L. pxdcher) (P. IX; , dont les corolles, d'un
riche carmin, infundibuliformes et un peu irrégulières, sont attachées à des pédoncules longs et
grêles, qui donnent à la plante un port trèsr gracieux.
Parmi les Gentianées asiatiques, ïAgathotes chirayta, qui naît sur les monts Hymalaya,
tient le premier rang pour les vertus médicales. La souche, très-amère , est administrée dans
l'Inde, comme fébrifuge, à la place du Quinquina.
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GENTIANÉES. 151
On a donné le nom de faux Colombo à la racine du Frasera Walteri, Plante de TAmérique
septentrionale; sa racine fraîche est émétiqueet purgative^ mais la dessiccation lui^nlève toutes
ses propriétés.
La seconde place parmi les Gentianées indigènes médicinales est occupée par la petite
Centaurée [Erythrœa centaurium) . Les sommités fleuries contiennent, outre un principe
amersoluble dans Teau^ une substance âcre^ contribuant à ses propriétés^ qui étaient renommées
dès les premiers âges de la médecine. Elle agit^ comme les amers , dans les cas où les iorces
digestives doivent être relevées ; ses vertus fébrifuges ne sont pas plus authentiques que celles
de la Gentiane, dans les fièvres vernales, qui cessent spontanément au bout de quelques jours;
cependant il vaut mieux l'employer que les tisanes féculentes. Lorsque le Quinquina prit
faveur en France, on l'administrait en lui associant \di petite Centaurée; c'est La Fontaine
qui nous Tapprend dans le Poème, œuvre de commande, que lui avait imposée la Duchesse
de Bouillon, et où son génie l'abandonna constamment, si ce n'est vers la fin, quand il raconte
une tradition mythologique concernant l'origine de la Centaurée^ fille du centaure Chiron, habile
médecin, comme chacun sait, et d'une nymphe non moins savante que lui. La jeune fille ayant
été initiée par ses parents dans tous les secrets de la médecine, mettait à profit sa science pour
guérir les maladies de ses compagnes; mais la pauvrette fut prise à son tour d'un mal contre
lequel restèrent inefficaces les remèdes que lui avait enseignés son père :
11 ne s'en trouva point qui put guérir son àme
Du ferment obstiné de Tamoureuse flamme :
Elle aimait un berger qui causa son trépas;
11 la vit expirer et ne la plaignit pas.
Les Dieux, pour le punir, en marbre le changèrent ;
L'ingrat devint statue ; elle, fleur, et son sort
Fut d'être bienfaisante encore après sa mort ;
Son talent et son nom toujours lui demeurèrent.
Heureuse si quelque herbe eût sçu calmer ses feux!
Car de forcer un cœur il est bien moins possible :
Hélas! aucun secret né peut rendre sensible;
Nul simple n'adoucit un objet rigoureux ;
Il n'est bois, ni fleur, ni racine.
Qui dans les tourments amoureux
Puisse servir de médecine.
— Le Cklora perfoliaia, belle Gentianée indigène, dont les feuilles, réunies par leur base,
flgurent une feuiUe unique traversée par la tige, possède les mêmes vertus que la petite Cen-
taurée. — Le Sabbatia angulaire^ Plante de l'Amérique septentrionale, ressemble beaucoup à
VEryihrœa Centaurium; mais elle est plus grande dans toutes ses parties, et ses tiges létra-
gones sont membraneuses sur les angles ; il en est de même du Sabbatia paniculata.
LeMÉNYANTHE TREFLE d'eau ( Menyanthes t rifoliata ) , Plante indigène, qui croît dans
les lieux marécageux des régions tempérées et un peu froides de l'hémisphère boréal, a les
vertus delà petite Centaurée; il contient une substance amère, qu'on a nommée Ményanthine,
< In cultive en orangerie le M. a feuilles uvales [M, ovata^, très-jolie Plante aquatique à
fleurs d'un beau jaune citron. — La V i l l a r s i e n y m p h k a ( Viiiarsia nymphœoides), Plante
appartenant à un Genre voisin du Menyanthes , habite comme lui les eaux stagnantes ou peu
rapides. Ses propriétés sont analogues ; la V. pelt ée ( V. peitata) est une espèce du Japon,
dont les habitants recueillent les feuilles avec le pétiole et le pédoncule florifère, qu'ils salent
pour les manger avec leurs bouillons. La V. élevée (V. ej^ce/sfl 1 , Espèce de la Nouvelle-
Hollande, est cultivée en Europe ; ses fleurs sont disposées en corymhe, assez giandes , et d'un
beau jaune.
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15-2
HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Ch IRONIES [Chironia] sont de jolies plantes du Cap, la plupart sou&-ligneuses, que l'on
cultive dans les serres. Telles sont la C h. a feuilles de lin(CA. linoîdes), dont les fleurs
sont petites et d*un rouge poui-pré ;laCn. a feuilles en croix {Ch, fruiescens , dont les
fleurs sont plus grandes et de même couleur. Enfin, parmi les Gentianées exotiques qui font
Tomement de nos serres, nous mentionnerons le Prépusa Hookeriana, que le célèbre
botaniste voyageur, M. Gardner, a rapporté du Brésil. Cette belle Espèce habite le sommet des
montagnes des Orçues, à une élévation de six mille huit cents pieds au-dessus du niveau de la
mer; elle croît en grosses touffes dans les endroits humides ; ses fleurs sont amples, globuleuses ;
le calyce est grand, anguleux à la base ; la corolle est incluse, à Texception du limbe; le tube
est urcéolé, d'un pourpre pâle ; le limbe est à six lobes jaunâtres ; la tige florale est d*un
pourpre rosé.
Famille XVIIP. — CONVOLVULACÉES.
(Liserons, de Jussieu. — Convolvulées, de Ventenat,)
CARACTÈRE. — Calyce lifjre. Corolle hyi^ogyne, mompétalej régulière, à préflQ-
raison contournée, EXAMINES insérées sur le tube de la corolle, en nombre égal à celui de
ses lobes. Ovaire à 2-i loges, à colonne centrale jwrtant les cloisons; Ovules solitaires , ou
géminés collatéraujc , dressés, Friit capsulai re ou bacci forme. Graine à plantule dico-
tylédonée, courbée, dans un albumen mucilagineux ; radicule infère.
1. iPOnOBA A PLRUR8 POCRPEES.
(/pomora Jy ri an (/tina.)
2. LlSIKON TRICOLOKB.
(Convo/vu/u* trieotor '
Les Convolvulacées sont des herbes, ou
des sous-arbrisseaux, ou des arbrisseaux, à
tige généralement volubile, à suc souvent
laiteux; les feuilles sont alternes, sans sti-
pules ; les fleurs sont complètes, régulières;
le calyce se compose de 5 sépales ordinai-
rement libres de cohérence, persistants; la
corolle est insérée sur le réceptacle, cam-
panulée ou infùndibuliforme, ou hypocra-
tériforme, à limbe quinquéfide, souvent
formant 5 plis ; la préfloraison est contour-
née, rarement imbriquée ; les étamines sont
au nombre de 5, à fllets quelquefois inégaux
et dilatés à la base, à anthères introrses;
Tovaire est souvent garni à sa base d'un
anneau charnu; les ovules sont dressés, ré-
fléchis; la capsule est à 1-^ loges; elle
s'ouvre par des valves laissant à nu Taxe
qui porte les cloisons, ou bien elle est char-
nue et indéhiscente ; les graines sont dres-
sées; l albumen est très- peu abondant; la
radicule est voisine du bile.
Les Convolvulacées doivent leur nom au
Genre Convolvulus , qui signifle en latin :
Je m'entortille autour; la plupart des Lise-
roiïs sont en effet voluhiles.
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CONVOLVULACÉES.
153
Ceessa.
Cressa.
QUAMOCLIT.
Quamodit
Caltstécie.
Calystegia,
Patate.
Batatas.
Liseron.
Convolvulus.
Pharbitis.
Pharbitis.
Ipomoea.
Ipomœa.
CUSCDTE.
Cuscuta,
AFFINITÉ. — Cette Famille très-naturelle se distingue de celles de sa classe [Polemo-
ntacées, Hydrophy liées, Jlydroléacées, Solmiées), par la préfloraison de la corolle, la
structure de l'ovaire, le nombre et la position des graines, par le port des espèces volubiles,
par le suc laiteux que possèdent la plupart d'entre elles. Elles se rapprochent des Polémo-
niacéeSy qui toutefois se distinguent par la déhiscence loculicide de leur fruit et par leur
albumen charnu. Les Convolvulacées non grimpantes ressemblent à certaines Salariées qui
diffèrent des Convolvulacées par la conformation de l'ovaire et du fruit, et par la plantule
incluse dans un albumen dense et abondant.
GÉOGRAPHIE. — Les Convolvulacées abondent sous la zone torride, dans les lieux bas
et voisins de la mer; elles se montrent moins nombreuses en s'éloignant de l'équateur. de-
viennent rares dans nos climats, et sont complètement exilées des pays froids.
ESPÈCES REMARQUABLES.— Les Convolvulacées doivent leur vertu médicale à une ^
substance résineuse drastique (ce mot signifie /wr^a/t/ violent), que possède le suc laiteux
de plusieurs Espèces, et qui abonde surtout dans le rhizome tubéreux de quelques-unes. A
leur tète se placent deux Espèces du Mexique : le Liseron j a lap [Convolvulus jalapa , et le
Liseron officinal [Exogonium purga, ou Convolvulus Schiedeanus), dont les rhizomes
tubéreujc pyriformes, soit entiers, soit divisés en morceaux, sont connus dans les officines
sous les noms de racine de Julap, ou Gialap, ou Méchoacan, qui leur viennent des ports mexi-
cains de Xalapa et de Méchoacan. Ce sont des moines franciscains, compagnons de Femand
Cortez, qui ont les premiers transporté en Europe cette substance médicinale, sous le nom de
rhubarbe des Indes. On confond dans le commerce, sous le nom de Jalap, plusieurs espèces
différentes: le Jalap tcjbkrkux, on pesant^ ou vrai Jalap officinal , ou Méchoacan noir y
est produit par le C. Schiedeanus; le Méchoacan^ par le C. Jalapa, de Linné; le Jalap^
pusiFORME, oxxmâle, ou J. léger y ou J. nouveau, vient du C. orizabensis; le Méchoacan
blanc, provient du C. iticucu;le Jalap jaunâtre, duC operculatus.
Le Liseron tir bit h (C, turpethum) , indigène dans Tlnde orientale, fournit la rociwe
de Turbithy que le vil prix du Jalap a fait tomber en désuétude. — Les Liserons qui habitent
la partie orientale de la région méditerranéenne, C. Scaimmnia et C. Sagittœfolius ,
excrètent, par incision de leur racine, un suc résineux, qui s'épaissit par évaporation, et, sous
le nom de Scammonée, est employé de temps immémorial comme purgatif drastique. La
Scammonée d'Alep tient le premier rang : celles de Smyme et d'Antioche sont falsifiées au
moyen du suc d'un Cynanque {Cynanchum monspeliacum) , appartenant à la famille des
Asclépiadées.
Les Américains emploient, outre les espèces précédentes, plusieurs autres Convolvulus,
tous plus ou moins purgatifs. Nos Liserons indigènes le sont aussi, mais on n'en fait aucun
usage : nous citerons le Liseron des champs (Convolvulus arvensis), qui croît dans les blés et
les jardins, où il est très-difficile à détruire, à cause de ses rhizomes profonds et menus; le
L. des II aies (Calystegia sepium) , dont les chevaux mangent avec plaisir les feuilles
amères, et dont le rhizome peut fournir une résine purgative ;leL. soldanelle( Calystegia
soldanella), vulgairement Chou marin, commun sur les bords de l'Océan et de la Méditerranée,
dont le suc laiteux, un peu salé, était autrefois usité en médecine.
Le Genre Patate (Batatas), comprend plusieurs Espèces américaines, dont le rhizome,
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154 HISTOIRE DES FAMILLES.
riche en fécule, et dépourvu de résine, sert d'aliment aux populations comme la Pomme de
terre; on cultive la Patate comestible (Batatas edulis)^ plante originaire de l'Inde, dans toute
la zone intertropicale, assez fréquemment en Espagne et en Portugal, quelquefois même en
Italie et dans le midi de la France.
Le Cressa de crête (Cressa Cretica), est une herbe méditerranéenne, de saveur salée,
faiblement astringente, qui possède des propriétés diurétiques. — Le Bois de roses, impro-
prement nommé Bois de Rhodes, est fourni par une Convolvulacée arborescente, non volubile,
des Canaries, le Liseron genêt (C scoparius); ce bois, qu'il ne faut pas confondre avec
le Bois de roses des Ébénistes, renferme une huile volatile, d'une odeur de rose et d*une
saveur amère. Il est employé dans la parfumerie; on l'administrait autrefois en poudre,
comme sternutatoire.
Nous allons rapidement passer en revue les Convolvulacées cultivées conmfie plantes
d'agrément.
Le Liseron tricolore ; Convolvulus tricolor , nommé vulgairement Beile-de-jour, est
une belle Espèce annuelle, non volubile, originaire du Portugal, dont la corolle , bleue sur les
bords du limbe, blanche au milieu, d'un jaun? soufre à la goi^e, est d'un bel effet dans les
jardins, où elle ne se montre ouverte que le matin.
Le L. satiné [C. Cneoruvi) est un arbuste d'Espagne, toujours vert, dont les fleurs blanches
se succèdent pendant tout l'été . — LeQuAnocLiT écarlate [Quamoclit coccinea), nommé
par les jardiniers Jasmin rouge de l'Inde, est une Plante annuelle de la Caroline ; sa tige est
volubile, ses feuilles cordiformes, ses fleurs petites, campanulées et d'un écarlate vif. — Le
Q. CARDINAL [Q, vulgaris , Plante volubile de l'Inde, a des feuilles pennifldes et des fleurs
d'un rouge écarlate.
L'Ipoujea NIL {Ipomœa hederacea) est une Plante annuelle, grimpante, à fleurs nombreuses,
satinée, d'un beau bleu d azur ; l'I. remarquable (/. t n^/^fii s), Plante de Goromandel, a
des feuilles cordiformes quinquélobées, violettes en dessous ; ses fleurs sont nombreuses, roses
en dehors, rouges en dedans; l'I. a flf.urs pourpres (/. Tyrianthina] a été découverte
au Mexique par Dickson; c'est une des plus belles Espèces du Genre, aucune ne la surpasse
pour la richesse du coloris ; le Volubilis pourpre (Pharbitis hispida) est une Plante annuelle
de l'Amérique méridionale, aujourd'hui très-répandue dans les jardins, à feuilles en cœur, à
fleurs pourpres intérieurement et d'un blanc mêlé de violet à l'extérieur ; on en a obtenu des
variétés à fleurs blanches, à fleurs violettes, à fleurs panachées.
Le Liseron a fleurs bicolores( Shutereia bicolor ) , dédié au docteur Shuter , bota-
niste irlandais, est une Espèce vivace de Chine; la corolle est de couleur nankin à chacun des
angles et en dehors ; le tube est d'un violet foncé.
L'Évolvule a fleurs bleues pourpres [Evolvulus purpureO'Cœruleus) est une
nouvelle Espèce découverte à la Jamaïque sur des rochers arides , près de la mer, "et cultivée
en Angleterre : c'est un petit sou&-arbrisseau , à pédicelles uniflores , terminaux ou axil-
laires; la corolle est velue-soyeuse extérieurement, rotacée, d'un beau bleu d'outremer,
blanche au centre, et rayée de cinq lignes pourpres, qui divergent du centre à la circon-
férence.
Nous citerons, pour terminer, la Calystégie pubescente (Calystegia pubescens),
(ÏU. VI), arrivée en 18W en Angleterre, par les soins de M. Fortune, qui l'a découverte aux en-
virons de la ville chinoise de Chang-hai. Cette Espèce est trè&-voisine de notre G r a n d Lise ron
{Calystegia sepium);e\\e est la première Convolvulacée qui ait offert des fleurs doubles: en
effet, dans celle que possède la Société d'horticulture de Londres, les pétales, d'un beau rose
tendre, sont disposés comme ceux des Roses; les fleurs restent fraîches pendant plusieurs jours;
elles sont pleines, c'est-à-dire que les rideaux du lit nuptial, Vaulœum de Linné, se sont dou-
bles, triplés, quadruplés, au point d'étouffer les étamines et le style. On a lieu d'espérer que
celte Plante pourra suppoiler nos hivers à l'air libre.
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CONVOLVULACÉES.
155
A la Famille des Convolvulacées appartient un Genre très-remarquable, que nous ne devons
point passer sous silence : c'est le Genre C usgute (Cuscuta).
Les Cuscutes sont des herbes volubiles, qu'on rencontre dans les régions tempérées et chaudes
du globe entier; elles sont parasites , c'est-à dire qu'elles
vivent aux dépens des Végétaux autour desquels leur tige
s'est enroulée ; elles germent en terre comme les autres Plantes ;
leur tige, menue comme un fil , s'élève d'abord perpendiculai-
rement; mais bientôt, trop faible pour se soutenir, elle s'ac-
croche aux Plantes qu'elle rencontre, et s'y Rxe au moyen
de racines aériennes : ces racines supplémentaires sont des
suçoirs en forme de mamelons, qui se collent aux Plantes
voisines, et puisent dans leur substance les sucs nutritifs. Alors
la racine primitive se dessèche ; la tige, ne tenant plus au sol.
cesse d'être perpendiculaire, et devient volubile. On conçoit
sans peine que les Cuscutes , vivant du suc des autres végé-
taux, n'ont pas besoin des feuilles, organes destinés à élaborer
la sève: aussi ces Plantes sont-elles dépourvues de feuilles;
certaines Espèces seulement ont quelques bractées qui en-
tourent les paquets de fleurs. La plantule elle-même annonce
l'avortement de toutes les expansions latérales, car elle est
filiforme, et n'offre aucune trace de cotylédons. — Les Cus-
cutes, pour quelques auteurs, forment une Famille particulière,
coBccTi. celle des Cmcntées,
(CiMeuta.)
Famille XIX^ — DICHONDRACÉES.
( Convolvulacées (en partie) des Auteurs.)
Cette Famille, que M. Ad. de Jussieu a séparée des Convolvulacées , n'en diffère que par ses
carpelles non cohérents, qui sont au nombre de deux ou de quatre, réunis par paires ; le style
est basilaire, central; le fruit se compose de 2 ou 4 utricules; la graine est dépourvue
d'albumen. — Ce groupe se rapproche des Cordtacées.
Le Genre Dichondra est constitué par des Espèces herbacées, rampantes, de l'Amérique
tropicale et septentrionale. Le Genre Falkia est du Cap de Bonne-Espérance.
Famille XX^ — POLÉMONIACÉES.
(PoLÉMOiNES, de Jussieu, — Coboeacées, de Don.)
CARACTÈRE. — Corolle hypogyne monopétale régulière. Examines insérées sur
le tube de la corolle, en nombre égal à ses lobes et alternant avec eux. Ovaire «3-5 loges,
à columelle centrale septifère. Fruit capsulaire. Graines dressées ou ascendantes y à
plantule dicotylédonée, droite dans un albumen charnu.
Les PfÀémoniacéeSy qui tirent leur nom du Genre Polemonium, ont une tige généralement
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156 HISTOIRE DES FAMILLES.
herbacée, à suc aqueux ; les feuilles sont alternes, du moins les supérieures, sans stipules; les
fleurs sont complètes, ordinairement en pa-
nicule ou en corymbe. Le calyce est mono-
sépale, quinquéfide. La corolle, insérée sur
le réceptacle, est tubuleuse, en entonnoir
ou en patère; son limbe est quinquépartit,
à préfloraison imbriquée; les étamines sont
au nombre de 5 , à filets souvent inégaui.
L'ovaire est entouré à sa base d'un disque
charnu, ordinairement à 3 loges ; les ovul^
sont solitaires ou bisériés à l'angle interne
des loges, réfléchis ou presque courbes; le
style est terminal , le stigmate est à 3 ou 5
divisions aiguës. La capsule s'ouvre par
déhiscence loculicide, en 3 ou 5 valves,
qui portent sur leur milieu les cloisons plus
ou moins complètement détachées de Taxe.
COBOBA CaiMPANT.
[Cohaa 99anien$.\
Phlox.
Phlox.
COLLOMIA.
Collomia,
GlLLIA.
GUlia.
Lbptosiphon.
Leptosiphon.
PoLEMOmE.
Polemonium.
UOÏTZIA.
Ho'iizia.
Cantua.
Cantua.
COBOEA.
Cobœa.
AFFINITÉS. — Les Polémoniacées, par leur ovaire trimère dans une fleur pentamère, se
rapprochent des Convolvulacées; elles s'en éloignent par leur port, leur corolle et leur
plan tu le.
GÉOGRAPHIE. — Les Polémoniacées, rares dans l'Europe centrale et l'Asie boréale,
habitent en grand nombre l'Amérique boréale et australe, mais en dehors des tropiques, où
pénètrent à peine quelques Espèces.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Cette FamUle n'offre d'intérêt qu'au point de vue hor-
ticole. LaPoLKMoiNK BLEUE (Polemomum cœrideum) est une élégante Espèce méditerra-
néenne (de là son nom vulgaire de Valériane grecque)^ cultivée en pleine terre dans tous nos
jardins; à feuilles penniséquées, sessiles, et à fleurs bleues rotacées. Il y en a une variété à
fleurs blanches. Cette Plante est mucilagineuse , d'une saveur un peu araère et nauséeuse. En
Sibérie, on applique ses feuilles, dont on vante les vertus, sur les ulcères résultant de certaines
maladies contagieuses ; la décoction de l'herbe est mise par les Russes au nombre des remèdes
contre la rage.
Les CoLLOMiÀ sont des herbes annuelles, dont les fleurs sont réunies en tête terminale,
involucrée de bractées larges et ovales : tels sont le C. grandi flora, qui fleurit tout Tété dans
nos parterres et se sème de lui-même; ses fleurs sont d'un beau jaune safran; le C\ coccinea
a ses fleurs écarlates, et se sème en toufl'e ou en bordure.
Les Phlox sont des plantes vivaces, quelquefois sous-ligneuses, qui se rencontrent surtout
dans r Amérique boréale ; leurs feuilles inférieures sont opposées, les supérieures alternes,
sessiles, très entières. Les fleurs sont terminales, disposées en panicule ou en corymbe ; la
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( l VI-lM.ullM.r.,. )
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f.Y XV V< V /
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POLÉMONIACÉES.
157
corolle est en patère. Ce beau Genre fournit à Thorticulture de nombreuses Espèces qui ont
elles-mêmes produit un grand nombre de variétés. — Le Ph. paniculé {Ph. paniculata)
a des tiges nombreuses hautes de trois à quatre pieds; il étale dans nos jardins, à la fin de
Télé, ses riches panicules de fleurs IQas, quelquefois blanches. — Le Ph. decussata fleurit
jusqu'en octobre; sa corolle est purpurine vers la gorge. — le Ph. agréable (Phlox amœna),
de la Caroline, a ses fleurs grandes, d'un rose foncé. — Le Ph. a feuilles étroites
(Ph, setacea) est une des plus jolies Espèces; ses tiges sont couchées, et ses rameaux florifères
redressés. Les fleurs sont solitaires, grandes^ roses ou purpurines, tachées de rouge. Le
Ph. printanibr (Ph. verna) a des formes ovales cordiformes, et des fleurs d'un beau rose
violacé. On le cultive pour bordures ; tous les terrains et toutes les expositions lui conviennent.
Les Gillia, Plantes herbacées de la Californie, ont des feuilles penniséquées ou palmilobées, des
fleurs solitaires ou agrégées , entourées d'un involucre de brac-
tées.— Le Leptosiphon densiflorb (Gillia lepiosiphon),
de la Californie, a des fleurs d'un rose clair dans le jeune âge, et
passant ensuite au bleu. Le H oïTzi A écarlate (Hoitziacoc-
cinea)çsX\xu sous-arbrisseau à tiges grêles, hautes de troisàquatre
pieds, dont les fleurs sont axillaires dans le haut des rameaux.
— Le Cantua élégant (Cantua coronopifolia)^ Plante
bisannuelle de la Caroline^ a des feuilles finement découpées
et des fleurs ep corymbe, dont la corolle est d'un rouge écar-
late, ponctué de pourpre-brun ; la culture en a obtenu une
variété à fleurs jaunes, ponctuées de rouge carmin.
Le Cantua a feuilles de buis (C.buxifolia)^ (PI. Vil.),
découvert dans les Andes par Ruiz et Pavon, a été envoyé de
la Colombie en Europe, il y a quelques années ; cette belle
Espèce est un petit arbrisseau trapu, à rameaux ramassés,
gr^tres; les feuilles sont rapprochées en faisceau, celles de
la tige sont plus grandes, et lobées ; celles des rameaux sont
entières; les fleurs sont presque solitaires; la corolle est
grande, à tube orangé, à limbe d'un rose vif, mélangé de
vermillon. — Le C. a feuilles de Poirier (C. pyri-
folia) , est un arbuste plus élevé et plus vigoureux que
l'Espèce précédente; son feuillage est plus ample, les fleurs
sont moins grandes et moins brillantes, mais elles sont plus
nombreuses et disposées en corymbe élégant ; le tube de la
corolle est d'un jaune d'or ; le limbe est blanc, et les filets
des étamines sont deux fois plus longs que la corolle.
Le CoB«A GRIMPANT (Cobœa scandens), est un arbris-
seau du Mexique, à feuilles paripennées, se terminant en
vrille, à pédoncules axillaires unittores, munis de deux brac-
tées; ces fleurs sont grandes, élégantes, de couleur violette.
La végétation rapide de cette Plante, et son bon marché, l'ont
rendue populaire; elle s'allonge en festons le long des fenêtres, et s'étend comme un pont
suspendu d'un côté de la rue à l'autre, dans un grand nombre de nos villes.
POLKBOINI COVaCNB.
(Foltfmomum vulgare).
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158 HISTOIUE DES FAMILLES.
Famille XXP. — HYDROLÉACÉES.
(Liserons (en partie) de Jussieu. — Hydroléacées, de Robert Broivn).
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, monopétale, régulière. Étâmimes
insérées sur le tube de la corolle, en nombre égal à celui de ses lobes, et alternant avec eux.
Ovaire à 2 om 3 loges multiovulées; styles 2, distincts. Fruit capsulaire^ à déhiscence septi-
frage ou loculicide. Graines nombreuses; plantule dicotylédonée, droite dans l* axe d'un
albumen charnu.
Les Hydroléacées , ainsi nommées à cause de leur Genre principal ffydrolea, sont des
Plantes herbacées annuelles, quelquefois ligneuses, à suc aqueux, souvent couvertes de poils
glanduleux gluants, quelquefois brûlants; les feuilles sont alternes, sans stipules; les fleurs
sont complètes, régulières, tantôt solitaires ou agglomérées à l'aisselle des feuilles, tantôt ter-
minales, et disposées en épis unilatéraux scorpioïdes, ou en corymbe. Le calyce est 5-fide, ou
5-partit. La corolle, insérée sur le réceptacle, est en entonnoir, ou en roue, ou en cloche, à
préfloraison imbriquée. L'ovaire est à 2 ou 3 loges plus ou moins complètes; les placentabes
sont solitaires ou géminés dans chaque loge ; les ovules sont horizontaux ou pendants, réfléchis.
La capsule s'ouvre par des valves, tantôt laissant les placentaires attachés à l'axe, tantôt
portant sur leur paroi les demi-cloisons. Les graines sont nombreuses, minimes, anguleuses; la
radicule est voisine du bile.
Htdroléa. Bydrolea. \ Wigandia. Wigandia.
AFFINITÉ. — Les Hydroléacées ont de Taffinité avec les Polémoniacées et les Hydro-
phyllées; elles sont voisines des Solanées, dont elles se distinguent par le style double et la
plantule droite. Elles s'éloignent davantage des Convolvulacées par le nombre des graines, et
les caractères de l'albumine et de la plantule.
GÉOGRAPHIE. — Les Genres légitimes de cette Famille habitent surtout l'Amérique
tropicale.
ESPÈCES REMARQUABLES. —L'herbe des Hydroléacées est amère. — On n'en fait
aucun usage. Quelques Espèces sont cultivées dans les jardins d'Europe : telle est la W i g a n d i a
BRULANTE ( Wigandia urens) arbre du Pérou, à feuilles d'un beau vert, longues d'un pied; à
fleur d'un rouge violacé, disposées en épi rameux.
Famille XXIP. — HYDROPHYLLÉES.
(Hydrophyllées de Robert Brown.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle kypogyne, monopétale, régulière. Examines
insérées sur le tube de la corolle, en nombre égal à celui de ses divisions, et alternant avec
elles. Ovaire uniloculaire , ou incomplètement biloculaire , à demi-cloisons placentifcres;
ovules solitaires ou nombreux sur chaque côté du placentaire. Fruit capsulaire ou presque
cliamu. Graines peu nombreuses; plantule dicotylédonée droite, dans un albumen cartila-
gineux, abondant.
Les Hydrophyllées, a'ixquelles le Genre Hydrophyllum a donné son nom, sont des herbes
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HYDKOPHYLLÉES.
159
annuelles ou vivaces,à suc aqueux, à tige et à rameaux anguleux; les feuilles sont alternes, du
moinsdans le haut, ordinairement découpées, dépourvues de stipules. Les fleurs sont complètesi,
régulières, disposées en grappes ou épis uni-
latéraux, scorpioïdes, simples ou dichotomes,
rarement solitaires. Le calyce est à 5 di-
visions profondes, imbriquées dans la pré-
floraison, et persistantes; la corolle est insérée
en dehors d'un anneau ceignant la base de
Tovaire, campanulée ou subrotacée, quel-
quefois infundibuliforme ; son tube est ordi-
nairement muni d'écaillés en languette
alternant avec les étamines; le limlie est
quinquélide, à préfloraison imbriquée; les
étamines, au nombre de cinq, ont leurs filets
infléchis dans la préfloraison ; les anthères
sont introrses, fixées par leur dos, et versa-
tiles. L'ovaire se compose de deux carpelles;
les placentaires sont tantôt étroitement li-
néaires, tantôt très-épais, charnus, mais
adossés à la paroi carpellaire par une surface
étroite, s'avançant vers Taxe, et rendant
Tovaire presque biloculaire. Les ovules sont
courbes. Le style est terminal, allongé,
bifide au sommet ; chaque branche est ter-
minée par un stigmate papilleux, presque
en tète. La capsule s'ouvre en deux valves
by»«ophyll. d. vuo..... q^» portent les demi-cloisons placentifères;
(Uyàrophyiium rirgimieum,) quclqucfois Ics placcntaires charnus se sé-
parent des valves, et simulent une capsule intérieure; les graines sont anguleuses ou
subglobuleuses; la plantule est axile ou excentrique, tantôt très-courte^ tantôt atteignant la
moitié de la longueur de l'albumen ; Ta radicule est vague, rarement supère.
Htdrophylle.
Némophilb.
Hydrophyllum.
Nemophila.
EUTOCA.
Phacelie.
Eutoca.
Phacelia.
AFFINITÉ. — Les Hydrophyllées se rapprochent des Polémoniacées et des Hydroléacées ;
elles difl^reût de ces dernières par le style, la direction des ovules, et la nature de
Talbumen; des premières, par la conformation du placentaire ; elles sont plus éloignées des
Borraginées, avec lesquelles on les avait confondues autrefois, à cause d'une certaine ressem-
blance dans l'inflorescence.
GÉOGRAPHIE. — Cette Famille est exclusivement américaine; les Espèces croissent
abondamment, mêlées aux Polémoniacées, dans les régions tempérées et fraîches situées en
deçà du Cancer, surtout sur la côte occidentale ; elles sont rares entre les tropiques et au-delà
du Capricorne.
ESPÈCES REMARQUABLES. —L'Hydropiiylle du Canada {HijdrophyUum
Canadense), est employée dans l'Amérique du Nord, contre la morsure des serpents, et
contre Térysipèle causé par le Sumac vénéneux, — L'Uydrophylle de Virginie
{H, Virginicum) , cultivée dans les jardins botaniques, a des feuilles penniséquées, hérissées
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160 HISTOIRE DES FAMILLES.
en dessus de poils épars, glabres et blanchâtres en dessous; la corolle est blanche ou bleue ;
les filets sont deux fois plus longs qu^elle^ et poilus vers leur sommet^ les appendices de la
corolle s'étendent jusqu'à la moitié de ses divisions.
Les NÉMOPHiLES sont des plantes annuelles^ que Ton cultive en Europe pour en faire des
bordures^ ou de petits tapis dans les plates-bandes des parterres : telles sont la N. remar-
quable (iV. insignis), à feuilles penniMes^ à fleurs solitaires d'un beau bleu; laN. mou-
c H ET é E {N. macvlata) y (PI. VIL) , plus grande et plus robuste^ à fleurs blanches^ richement
ornées, au sommet de chaque pétale^ d'une tache d'un violet foncé.
Les EuTOCA sont cultivés comme les précédentes; l'E. visqueux (E.viscida), est
une Espèce annuelle de la Galifomie, à feuilles en cœur^ incisées^ à fleurs bleues^ en épi
unilatéral scorpioîde. — La Phacélib bipennifide (Pkacelia biptnnattfida) , 8l une Uge
formant une toufle très-rameuse; ses fleurs sont bleues en épi unilatéral^ et se succèdent pen-
dant tout Tété dans les parterres.
Famille XXIIR — CORDIACÉES.
(CoRDiACÉEs, de Rob. Brotvn.)
CARACTÈRE. — Calyge libre. Corolle hypogy ne, monopétale, régulière. Étamines
insérées sur le tube de la corolle y en nombre égal à ses divisions, et alternant avec elles, —
Ovaire à 4-8 loges, uniovulées. Fruit drupacé. Graines inverses; plantule dicotylédonée,
exalbuminée j droite, à cotylédons charnus, plissés en long; radicule supère.
Les Cordiacées tirent leur nom de leur Genre principal Cordia. Ce sont des arbres ou des
arbustes^ à feuilles alternes^ simples^ sans stipules; les fleurs sont complètes^ ou diclines par
avortement, terminales^ disposées en panicule^ en corymbe, en épi ou en tête, et sans
bractées; le calyce est à k-b divisions; la corolle^ insérée sur le réceptacle, est infùndibuli-
forme ou tubuleuse^ ou campanulée, à préfloraison imbriquée^ convolutive : les ovules sont
suspendus au sommet de chaque loge, et réfléchis; le style est terminal, fourchu ou deux
fois fourchu au sommet; les stigmates sont au nombre de &• ou de 8; le fhiit est une drupe à
un seul noyau pluriloculaire, ou uniloculaire par avortement.
AFFINITÉ. — Les Cordiacées se distinguent^ parmi les monopétales à drupe, par leurs
cotylédons plissés, caractère qui leur donne quelque rapport avec les Convolvulacées, dont
elles se distinguent facilement par leur port, leur graine exalbuminée et inverse.
GÉOGRAPHIE. — La plupart habitent la zone intertropicale dans les deux continents.
ESPÈCES PRINCIPALES : La chair des drupes est douceâtre, mucilagineuse, légère-
ment astringente, et quelquefois aigrelette; les cotylédons contiennent une huile fixe. Le
Myxa (Cordia myxa), arbre indigène de l'Asie tropicale, est cultivé en Egypte de temps
immémorial, à cause de son fruit émoUient et laxatif, que les anciens administraient contre
la toux et les autres affections du poumon; on n'en fait aucun usage en Europe. — Le
8ÉBESTIKR (Cordia Sebestena) , qui croit aux Antilles, possède les mêmes propriétés. — Le
Cordia rumphii fournit un bois d'un brun marron, élégamment veiné de noir, et exhalant
une odeur de musc.
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ÉHRÉTIACÉES ET BOKKAGINÉES. 161
Familles XXIV= a XXV^ — ÉHRÉTIACÉES
a BORRAGINÉES.
(ÂSPÉRIFOLIÉES, de Linné et de Lehmann. — Borràginées, de Jussieu. — BORRA-
GiNÉES et HÉLiOTROPiGÉES^ de SchrodcT. — Arguziées et Borraginées, de
Lifik. — ËHRÉTiAGÉES et BoRRAGiN ÂGÉES de Lindley.
CARACTÈRE. — Caltge libre. Corolle hypogyne^ monopétale, régulière ou sub-
bilabiée. Examines 5, insérées sur le tube de la corolle ^ alternes avec les divisions.
Carpelles 4, rarement soudés par paires. Graines inverses, à plantule dicotylédonée peu
ou point albuminée; radicule supère.
Ces deux Familles, réunies aujourd'hui par plusieurs auteurs sous le nom commun
à' Aspéri foliées, à cause des poils roides qui hérissent les feuilles et la tige de la plupart des
Espèces^ se composent de Plantes herbacées ou ligneuses, à tige et à rameaux cylindriques
ou anguleux. Les feuilles sont
alternes , quelquefois presque
opposées ou ternées, simples,
entières, sans stipules. Les fleurs
sont complètes, rarement in-
complètes par avortement de
quelques anthères; plus ou moins
régulières, tantôt solitaires, à
Vaisselle des feuilles, tantôt dis-
posées en panicules ou en co-
rymbes, ou en épis, ou en grappes
terminales, unilatérales, scor-
pioîdes. Le calyce est persistant,
monosépale à k-b divisions; la
corolle, insérée sur le réceptacle,
est infundibuliforme^ tubuleuse,
subcampanulée ou rotacée, à
limbe ordinairement régulier,
: dont la préfloraison est imbri-
quée ; sa gorge est nue ou gar-
nie , soit de faisceaux de poils,
soit d'écaillés ou de fomices or-
dinairement opposées aux divi-
BDOLOMR sionsde la corolle. L'ovaire se
[Anthuê* o/fictn^Uê.)
compose de * carpelles cohé-
rents par leurs bases, et formant k loges uniovulées, ou deux loges biovulées^ les ovules
sont suspendus au sommet ou au mUieu de l'angle central, et réfléchis; le style est ter-
minal ou naît, soit à la base^ soit au côté interne des ovaires, et se dilate en un gynobase
qui tapisse le prolongement du réceptacle; le stigmate est indivis, quelquefois bilobé. Le
fruit se compose tantôt d'une drupe à 2 noyaux biloculaires, ou à &• noyaux uniiociilaires;
tantôt de k akènes ou nucules, distincts ou géminés. Les graines sont pendantes^ droites ou
un peu arquées; l'albumen est nul, ou presque nul; la plantule est ordinairement droite.
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I6â
HISTOIRE DES FAMILLES.
ÉHHÉTIACÉES. — Style terminal.
Tribu i. — TOURNEFORTIÉES. — Graines albuminées.
Ehretia. Ehretia. j Tournefortia.
Tribu 2. — HÉLIOTROPÉES. — Graines sans albumen.
Héliotrope. Heliotropium. \ Tiaridium.
BORR AGI NÉES. — Style naissant entre les lobes de l'ovaire.
Tribu i. — ANCHUSÉES. — Nucules fixées sur le réceptacle.
Toumeforlia.
Tiaridium.
Melinet.
Cerinthe.
NOWNEE.
Nonnea.
Orcanette.
Onosma.
Lycopside.
Lycopsis,
VlPÊRlIfE.
Echium.
BUGLOSSE.
Anchusa.
PULBONAIIE.
Pulmonaria,
Mtosotis.
Myosotis.
Gremu^
Lithospermum.
CONSOUDE.
Symphytum.
Arnébir.
Amebia.
Bourrache.
Borrago.
Tribu 2.
— G YNOGLOSSÉES. — Nucules adossées à la base du style
Omphalode.
Ompfialodes.
Rapette.
Asperugo.
RlKDÀRB.
Rindera.
Bardanettb.
Echinospermum.
Ctnoglosse.
Cynoglossum.
AFFINITÉ. — Cette famille se distingue par la structure de son fruit, son inflorescence
et un port particulier ; elle est voisine des Verbénacées et des LabiéeSy elle s'y rapporte,
comme les Solanées se rapportent aux Antirrhinées; elle en diffère par sa radicule supère et
les propriétés de ses Espèces. Les Ehrétiacées se rapprochent des Cordiacées et surtout des
Verbénacées ; les Borraginées sont analogues aux Labiées par la structure de leur fruit.
GÉOGRAPHIE. — Les Borraginées se rencontrent dans les régions tempérées extra-
tropicales, et surtout autour de la Méditerranée et dans TAsie centrale ; elles sont exilées
des zones glaciales. Les Ehrétiacées naissent plus fréquemment entre les tropiques, surtout
entre Téquateur et le Capricorne.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les propriétés médicales des Aspérifoliées tiennent à un
principe mucilagineux, auquel se joint, dans plusieurs Espèces, un élément amer et astrin-
gent. Les médecins en emploient quelques-unes comme médicaments émoUients; d'autres
fournissent des feuilles alimentaires^ qu'on mange en salade ; la racine ou la tige de certaines
Espèces renferme une substance résineuse colorante ; plusieurs ont des graines huileuses,
quelques Ehrétiacées ont un ftruit charnu, comestible.
PSurmi les Borraginées usitées dans la médecine des anciens, celle dont la réputation s'est
le mieux conservée est la Consoude officinale {Symphytum officinale), plante
commune dans les prés humides et dans les vergers de l'Europe ; sa racine^ noire au dehors
et cassante, renferme un mucUage abondant^ uni à du tanin de saveur douceâtre et astrin-
gente. Les feuilles sont décurrentes, c'est-à-dire que leur limbe, au lieu de se détacher de
Taxe dès sa naissance, adhère à cet axe, et forme sur lui deux ailes saillantes, qui, après
avoir bordé la tige dans une certaine étendue, s'en dégagent enfin, et s'élargissent en Umbe.
allongé et pointu; quant aux rameaux qui naissent de l'aisselle de ces feuilles, il n'est pas
facile de reconnaître leur point de départ, parce qu'ils sont, comme elles^ soudés à la tige
dans une partie de leur longueur. Cette soudure des feuilles et des rameaux avecla tige.
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ÉHRÉTIACÉES ET BOHRAGINÉES. 163
jointe à la consistance mucilagineuse de la racine, est peut-être ce qui a donné à la Plante la
réputation dont elle a joui, et qu elle possède encore. On remployait autrefois en médecine
comme topique pour réunir les lèvres d'une plaie, pour consolider les fractures; elle est
administrée aujourd'hui à l'intérieur, dans les crachements de sang et les hémorrhagies,
comme ayant la vertu de resserrer le tissu des organes : de là son nom de Consoude^ qui
signifie coller^ souder, consolider.
La Bourrache [Borrago officinalts), qui donne son nom aux Borraginées, est une Plante
annuelle, connue de tout le monde; ses corolles rotacées, purpurines dans le houton, prennent
en s'épanouissant une couleur d'un charmant azur ; on les emploie pour orner les salades ; les
feuilles et la tige ont une odeur de concombre, et sont remplies d'un suc fade, très- visqueux,
où abonde le sel de nitre; aussi cette Plante possède-t-elle des propriétés diurétiques et dia-
phorétiques très-marquées.
Les Borraginées tombées en désuétude, peut-être sans motif plausible, sont la Ctnoglosse
(Cynoglosmm officicinale), dont les feuilles et la racine d'odeur vireuse étaient réputées nar-
cotiques; la Bv G L 0S8E {Anchusa officinalis), h\aqueVLe on attribuait les mêmes propriétés
qu'à la Bourrache; la Pulmonaire (Pulmonaria offictnalis), dont les feuilles tachetées de
blanc, comme un poumon tuberculeux , étaient employées dans les affections du tissu pulmo-
naire ;leGR6MiL0uHBRBE AUX PERLES (Lithospermum officinale); dont les akènes lisses,
durs et d'un gris de perle, avaient, selon les croyances populaires, la propriété de dissoudre
la pierre dans la vessie; la Vipérine (Echium vulgare), dont les sommités fleuries étaient
recommandées contre la morsure de la vipère , réputation qu'elle devait, soit à son inflores-
cence scorpioïde, soit aux taches brunes qui donnent à sa tige quelque ressemblance avec la
peau d'un serpent.
LaBuGLOssE TINCTORIALE (Anchum tinctoria) , vulgairement Orcanette bâtarde y a des
racines contenant une matière colorante rouge, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool,
réther et les corps gras ; on s'en sert en pharmacie pour colorer l'onguent rosat et autres pré-
parations d'usage externe. Plusieurs autres Borraginées, des Genres Lithospermum^ Onosma,
Amebiay possèdent un principe analogue.
L'Héliotrope d'Europe (ffeliotroptum Furopœum), a des feuilles d'une saveur amère
et salée, qui étaient autrefois recommandées pour guérir les ulcères et détruire les verrues.
— V Héliotrope du Pérou, que Joseph de Jussieu a introduit dans nos jardins, est aimée de
tout le monde pour ses fleurs bleuâtres^ à odeur suave de Vanille. — Quelques Espèces
de Tiaridium, croissant soit dans l'Asie, soit dans l'Amérique tropicale, servent à hâter la
maturation des tumeurs , et à guérir les affections dartreuses. — Le fruit de quelques
Ehrétiacées est comestible; YEhretia buxifolia est estimé aux Indes-orientales, dans les
cachexies (ce mot signifie dépérissement), résultant de certaines maladies invétérées.
Le TouRNEPORTiA EN OMBELLE (Toumcfortia umbellata) est employé au Mexique
comme fébrifuge.
Beaucoup de Borraginées, indigènes et exotiques, sont cultivées dans les jardins; nous
citerons I'Omphalode printanière (Omphalodes vema), jolie petite Epèce vivace qui
montre à la fin de l'hiver ses fleurs d'un bleu d'azur, disposées en grappe courte; l'O. a
FEUILLES DE lin(0. HnifoUa), Plante annuelle à fleurs blanches, disposées en panicule,
que l'on cultive en bordures comme la précédente; la Vipérine blanchâtre (£'eAtum
candicans), à feuilles couvertes de poils blancs, à fleurs d'un beau bleu; la V. formose
{E. formosum), arbrisseau de trois à cinq pieds, à feuilles persistantes, à fleurs grandes et
d'un rose tendre; la Pulmonaire de Virginie [Pulmonaria Virginica), Espèce rustique,
à feuilles glauques, à fleurs pendantes, bleues, quelquefoL«i rouges ou blanches; le Ri n dé r a
ailé (Rindera tetraspis), herbe vivace de la Russie, dont les fleurs jaunes forment un
corymbc élégant et pittoresque.
L'Arnébie e en 10 IDE (Arnebia eckioides), (PI. Vil.), est une Espèce rustique originaire
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i6l HISTOIRE DES FAMILLES.
du Caucase, et transportée en Russie, d'où elle a passé dans les jardins de FAngleterre et du
continent. Ses corolles sont d'un jaune doré, et portent à la gorge cinq taches cramoisies.
Nous ne devons pas oublier, en faisant Thistoire des Borraginées, de citer le Genre le
plus élégant de la Famille, celui des Myosotis, ainsi nommé à cause des feuilles qui, par leur
forme et leur villosité ressemblent à une oreille de souris [myos, otis] ; c'est un joli mot pour
exprimer un vilain objet; mieux eût valu peuirètre que le nom indiquât Télégance des grappes
roulées en crosse, et surtout la délicate beauté de la corolle qui figure cinq topases enchâssées
dans une rosace de turquoises : c'est ce qu'on voit surtout chez le Myosotis des marais (Myo-
sotis palustris), qui décore les prairies humides de toute l'Europe, et dont l'horticulture s'est
emparée. Il ne nous était pas permis de passer sous silence une plante qui a pour nom populaire :
Ne m'oubliez pas ( Vergiss mein nicht), et que dans quelques heureuses provinces de France,
où le Christianisme est encore debout et florissant, les gens de la campagne appellent les
Yeux de l'Enfant Jésus.
Famille XXVP. — NOLANÉES.
Les Nolanées, constituées par un genre unique (Nolana), et dont l'affinité est douteuse,
sont des Plantes herbacées ou sous-ligueuses, couchées, un peu charnues, et offrant la physio-
nomie des Liserons; les feuilles sont alternes, géminées, entières; les fleurs naissent
solitaires sur des pédoncules extra-axillaires ; le calyce est campanule, quinquépartit , la
corolle est hypogyne, monopétale, infundibuliforme ; le limbe est plissé à 5-10 lobes; le tube
porte Sétamines; les ovaires sont libres de cohérence, insérés sur un disque charnu, et chacun
d'eux est à une ou six loges uniovulées ; le style simple naît du centre de la fleur, et se ter-
mine par un stigmate en tète ; le fruit se compose de drupes distinctes; les graines sont réni-
formes, aplaties, la plantule est filiforme, et entoure circulairement un albumen charnu; la
radicule est infère.
Les Nolana sont de l'Amérique méridionale ; on en cultive quelques Espèces pour orner les
rochers et les rocailles. Telle estlaNoLANs a fbuillbs h' KKViOCHE {Nolana atriplicifolia),
Plante annuelle, très-rameuse, à fleurs axillaires grandes, bleues et jaunes.
L'Alonb bleu-db-cibl {Alona cœlestis)^ (PI. Vlll.), est un sous-arbrisseau à fleurs
très-grandes, très-belles, d'un bleu-lilas en dedans, très-pàle en dehors. M. Lindiey l'a rangé
dans son Genre Alona, qui est un démembrement du Nolana.
Familles XXVIP a XXVIIP. — SOLANÉES
a CESTRINÉES.
jfLuRiDES, de Linné. — SoLANÉES, de Jussieu. — Solanacées et Cestragées, de
ZiVirftey. — Solanacées, ^Endlicher).
CARACTÈRE. — Caltce libre. Cokoll^ hypogyne, monopétale, régulière. Examines
insérées sur le tube de la corolle, en nombre égal à celui de ses divisions, et alternant avec
elles. Ovaire à 2-5 loges; placentaires appliqués à la cloison, ou naissant de l'angle central
de la loge. Ovules nombreux, courbes. Style simple. Fruit capsulaire ou bacci forme.
Graines comprimées ou déprimées ; plantule dicotylédonée, tantôt droite et axile, tantôt cir-
culaire, arquée ou spirale, dans un albumen charnu.
Les deux Familles se composent de Plantes herbacées, ou sous-ligticuses, ou ligneuses, à
suc aqueux; les feuilles sont alternes, simples, souvent juxta-posées par paires sur les rameaux
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Il •■■s II '. - -. 1.
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PI. XIII.
I Ouii'riM 1-1. '•.•.* ) Itt.d Thierry frères , Féns
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SOLANÉES ET CESTRINÉES. 165
supérieurs, et dépourvues de stipules. Les fleurs sont complètes, régulières ou presque régu-
lières. Le calyee est monopétale à 5-5k-6 divisions, persistant, du moins par sa base, souvent
accrescent. LacoroUe, insérée sur le ré-
ceptacle, est rotacée, ou campanulée ou
infundibuliforme , ou bypocratériforme ; le
limbe est à 5-4-6 divisions, à préfloraison
contournée ; les anthères sont ordinairement
libres, quelquefois cohérentes par leur som-
met; à loges s'ouvrant longitudinalement,
quelquefois par un pore tei-minal [Morellé) ;
l'ovaire se compose de deux carpelles cohé-
rents, occupant le côté gauche et le côté
droit de la fleur, et formant par leur in-
troflexion une cloison plane qui sépare To-
vaire en deux loges ; quelquefois des cloisons
secondaires partent de la cloison principale,
et subdivisent chaque loge en deux loges
secondaires plus ou moins complètes; quel-
quefois, enfln, les carpelles sont au nombre
de 3-5, ce qui augmente d'autant le nombre
des loges. Ordinairement les placentaires
sont adossés au milieu de la cloison par une
large surface ou par une ligne étroite , soli-
taires dans chaque loge, ou géminés et rap-
prochés des parois par une cloison secondaire
qui les sépare; quelquefois ils occupent
Taugle central de la loge. Le style est ter-
minal, le stigmate indivis, ou divisé en
autant de lobes qu'il y a de carpelles. Le
fruit est tantôt une capsule à déhiscence septicide, ou loculicide, ou circulaire, tantôt une
base pulpeuse ou sèche. Les graines sont pourvues d'un albumen abondant; dans celles
qui sont comprimées latéralement, la plantule est courbée en anneau, ou en demi-cercle,
ou en arc , et la radicule est vague ; dans celles qui sont déprimées, c'est-à-dire aplaties par \(\
dos^ la plantule est droite, occupe Taxe de Talbumen, et la radicule est infère.
1. PÉTUNU PI^1AI>R,
{Pttunia mtUagriê.) •
2. PkTCxiA Di Vax Volxs«.
[Pétunia Fan Yolxtm.)
SOLANÉES. — Plantule plus ou moins courbée, à cotylédons demi-cylindriques; radicule
dirigée vers le bile, vague.
Fabiana.
NiEEEMBERGIA.
PÉTuini.
NiconiKE.
SnAMoniB.
SOLAXDBA.
JUSQUIAME.
MlCAKPBA.
COQUBKET.
Fabiana.
Nierembergia.
Pétunia.
Nicotiana,
Datura.
Solandra,
Hyoscyamus.
Nicandra.
Physalis.
CBftTiEAtT. Cestrum.
locHBom. lockroma,
22
Piment.
Capsicum.
MORELLE.
Solanum.
Toma'^e.
Lycopersicum
Belladone.
Atropa.
Mandragore.
Mandragora,
Jaborosa.
Jaborosa,
HiVERANTHUS.
Uimeranthus.
Ulloa.
Ulloa.
Lyciet.
Lycium,
^ws foliacés; radicule
infère.
Habrothamnus.
Habrothamnu
VE8TIA.
Vestia.
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tm HISÏUIHE DES FAMILLES.
AFFINITÉ. — Les deux Familles dont nous faisons Thistoire se distinguent sans peine des
( ionvolvii lacées , IVdémoniacéos , Hydrophyllées , Hydroléacées (elles se rapprochent de cette
dernière Famille) , par la préiloraison plissée de leur corolle , leur plantule , courbe chez les
unes, droite et foliacée chez les autres ; en outre , chaque Genre présente , dans sa fleur ou
dans son fruit , quelque caractère particulier qui sépare les Solanées de toutes les autres
Familles. Il est plus difficile de les distinguer nettement des Antirrhinées, car les caractères,
tranchés dans ces dernières , de la corolle irrégulière , de la préfloraison imbriquée , de la
plantule droite , ne sont pas absolument constants ; cependant , sauf un petit nombre de
Genres exceptionnels, la distinction n'est pas douteuse. En efl'et, si nous examinons compara-
tivement les tribus composant le groupe des Solanées et des Ceslrinées, même en faisant
abstraction de la préfloraison et du nombre des étamines , nous voyons dans la graine et la
plantule des Cestrinéq^ une structure qui ne permet pas d'hésiter à séparer ces dernières des
Antirrhinées, et le fruit charnu de quelques Cestrinées ajoute un nouveau motif à cette dis-
tinction. — Parmi les Solanées , le fruit , bacciforme dans les unes, quadriloculaire ou à débis-
cence circulaire chez les autres , fournit des caractères suffisants ; de sorte qu'il ne reste que
le Genre Nicotiane où il faille avoir recours aux nuances délicates , tirées de la préfloraison
et de la plantule ; d'un autre côté, dans toutes les Antirrhinées (excepté les Molènes et de«jx
ou trois autres genres)^ le nombre moindre des étamines oflre un caractère constant. Dir
reste, le rapport entre les Solanées et les Antirrhinées est le même que celui qui existe entro
les Borraginées et les Labiées, et Tafflnité qui lie. d'une part, les Antirrhinées aux Bignonia-
cées , Acanthacées et Orobanchées; de l'autre , les Solanées aux Convolvulacées, nous montre
que ces deux Familles ne peuvent se réunir dans une même Classe.
GÉOGRAPHIE. — La nombreuse Famille que nous étudions a son siège principal dans la
zone limitée parles tropiques, d'où un petit nombre d'Espèces passe dans les régions tempé-
rées et fraîches de l'un et de l'autre hémisphère ; aucune ne pénètre sous les zones glaciales.
La puissance numérique de cette Famille , composée d'^^ne si grande variété de Genres
naturels , qui difl'èrent par leurs caractères et leurs propriétés , réside dans le seul groupe des
Marelles, dont les Espèces sont si nombreuses^ que ce nombre surpasse presque du double de
celui des autres membres de la même Famille. C'est l'abondance des Morelles dans l'Amérique
tropicale, qui rend cette contrée plus riche en Solanées que tout le reste du globe.
Toutes les Cestrinées habitent l'Amérique tropicale , quelques-unes se rencontrent au delà
du Capricomc ; aucune ne naît en deçà du Cancer.
Le commerce a disséminé sur toute la surface de la terre quelques Espèces de Solanées .
dont plusieurs ont été propagées par la culture, à cause de leur utilité.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les vertus médicales des Solanées proviennent de sub-
stances alcalines narcotiques , qui varient dans la plupart des Espèces , et sont associées à un
principe acre , variable comme elles. Quelques-unes contiennent abondamment une matière
extractive amère ; quelques autres possèdent une huile volatile et balsamique. — Le fruit de
plusieurs d'entre elles est vénéneux, ou seulement acre, ou même il devient comestible par la
prédominance d'un suc acide qui , uni à un mucilage abondant , domine le principe acre et
narcotique. Les graines contiennent souvent une huile fixe ; enfin, chez un petit nombre d'Es-
pèces, les tubercules sont riches en amidon, et d'une immense utilité pour l'homme.
Avant de faire l'histoire de la Jusquiame , de la Stramoine et de la Belladone ^ qui
sont les principales Espèces narcotiques de la Famille, disons un mot de l'action des nar^
coliques.
On a donné le nom de narcotiques aux substances qui exercent une action débilitante sur
les centres ou les conducteurs nerveux , et comme ces centres et ces conducteurs sont les
organes qui président à la sensibilité , aux mouvements et à l'intelligence , les narcotiques, en
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SOLANÉES ET CESTHINÉES.
167
les débilitant^ doiveut nécessairement affaiblir les fonctions placées sous leur dépendance , de
là le synonyme de stupéfiants, donné aux agents narcotiques.
Le narcottsme résultant de l'action des stupéfiants passe, par des degrés successifs, du
plus simple phénomène de stupeur à Textinction totale de la vie : sensations émoussées,
muscles paresseux à se contracter, perception et combinaison des idées devenant de plus en
plus difficiles, sensations perverties, hallucinations fantastiques, délire triste ou gai, sommeil
de plus en plus profond, insensibilité, c'est-à-dire inertie plus ou moins complète du système
nerveux; torpeur progressive, qui de la vie de relation se propage aux appareils de la vie
organique^ et dont la durée, prolongée indéfiniment, n'est autre chose que la mort : tel est le
narcotisme, succinctement décrit depuis ses premiers symptômes jusqu'à sa terminaison
fatale; or ce sont les phénomènes intermédiaires, c'est-à-dire l'absence de la douleur et le
sommeil, que la Médecine veut obtenir; et ses plus utiles auxiliaires pour remporter cette
victoii^ sur la maladie, sont le Pavot qui donne Vopium, et les Solanées vireuses. "
La Belladone ( A ^ro/)a i9e//arfowa), est une herbe vivace, qu'à sa taille on prendrait
pour un arbuste parmi les jeunes pousses des forêts montueuses; son port est élégant, mais
sa physionomie est suspecte ; son feuillage est sombre , ses fleurs sont livides , son fruit
trompeur imite une cerise noire, dont la saveur douceâtre est un piège pour les enfants : en
1793, de petits orphelins qu'on élevait à l'hospice de la Pitié, et que l'Administration du
Jardin des Plantes employait à sarcler les mau^ises herbes, remarquèrent dans le carré des
Plantes médicinales les fruits de la Belladone, leur trouvèrent un goût sucré, et en man-
gèrent une grande quantité : quatorze de ces petits malheureux moururent quelques heures
après. Cette lamentable catastrophe justifie le nom générique donné à la plante, car Atrnpa
vient à'Atropos; le nom spécifique Belladona signifie belle dame, et fait allusion à la grande
renommée dont jouit cette Solanée en Italie, où l'on emploie l'eau distillée de Belladone,
comme un cosmétique précieux pour entretenir la ft'aîcheur de la peau.
Le principe actif de la Belladone réside surtout dans les feuilles et la racine; les chimistes
lui ont donné le nom d'Atropine; c'est un alcali se cristallisant en aiguilles soyeuses; mais les
médecins emploient de préférence la poudre des feuilles ou de
la racine, l'extrait ou suc épaissi de la Plante, la teinture al-
coolique, et enfin, pour l'usage extérieur, des graisses ou des
huiles dans lesquelles on a fait macérer les feuilles, et qu'on
nomme baume tranquille, onguent populéum, — La Belladone,
quefie que soit la forme sous laquelle on l'emploie, est de tous
les médicaments le plus efficace contre la douleur, symptôme
qui n'est pas une maladie par lui-même, mais qui est souvent une
cause puissante de maladie ; aussi faut-il le combattre, et c'est
par les narcotiques qu'on le détruit ; toutefois les médecins, dis-
tinguent soigneusement les douleurs internes, où l'opium est plus
utile, des douleurs externes que les Solanées apaisent plus sûre-
ment ; les douleurs névralgiques, celles du rhumatisme articulaire
et de la goutte, cèdent à l'emploi de la Belladone.
La Belladone possède la propriété, toute spéciale, de relâcher
les anneaux musculeux et ligamenteux; aussi l'emploie-t-on
comme auxiliaire pour réduire les hernies étrangfées pour facilifer
Taccôuchement, pour dilater la pupille dans les maladies des
yeux ; l'analogie l'a fait aussi administrer dans la coqueluche et
dans l'asthme essentiel.
La Mandragore (Mandragora officinalis) est une Espèce
voisine de la Belladone, croissant dans les lieux sombres, comme l'indique son nom, qui
signifie ornement des cavernes; cette Plante, connue et célébrée depuis un temps immé-
[Mandragora offtcinalU.)
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168 HISTOIRE DES FAMILLES.
morial, était employée par les magiciens et les sorciers pour donner des hallucinations
bizarres, et troubler la raison; ses racines fort grosses, souvent bifurquées, ont été comparées
aux cuisses de Thomme, ce qui les a fait appeler semi-honio. Les propriétés de la Man-
dragore sont analogues à celles de la Belladone.
La JrsQuiAMR {Hyoscyamtts niger) est une herbe bisannuelle qu'on rencontre en
Europe parmi les décombres et dans le voisinage des habitations; sa tige est recouverte d'un
coton visqueux, ef exhale une odeur repoussante; sa corolle, un peu irrégulière, est d'un
jaune pâle, veiné de pourpre; sa capsule s'ouvre par le soulèvement d'une petite calotte qui
forme son tiers supérieur. — Elle doit ses propriétés narcotiques à une substance alcaline,
cristallisable en aiguilles soyeuses, étoilées, qu'on ne rencontre que dans la plante de seconde
année, et avant la fleuraison : les chimistes lui ont donné le nom de Hyoscyamine. — L'actioo
de la Jusquiame est moins énergique que celle de la Belladone ; mais à haute dose elle peut
causer la mort. Un médecin allemand raconte que Ton servit aux Bénédictins du couvent de
Hhinow de la salade que Ton croyait être delà racine de chicorée. Or, c'était de la
Jusquiame. Après le repas, les moines s'allèrent coucher; peu après, les symptômes de
l'empoisonnement commencèrent à se manifester : malaise général, douleurs d'entrailles,
vertiges, ardeur du gosier; à minuit, heure de matines, un moine était tout à fait fou; on
crut qu'il allait mourir, et on lui administra le viatique. Panni ceux qui étaient allés au
chœur, les uns ne pouvaient ni lire, ni ouvrij^les yeux; les autres mêlaient à leurs prières des
paroles désordonnées; d'autres croyaient voir des fourmis courir sur leur livre. Le matin, le
frère tailleur ne pouvait enliler son aiguille, il en voyait trois au lieu d'une. Tous guérirent.
— La Jusquiame blanche (H. albus), la 7. dorée (H. aureus), ont les propriétés de la J. noire,
mais à un moindre degré.
LaSTRAMoiNE (Datura stramonium) , est une herbe annuelle, inconnue des Anciens,
qu'on rencontre maintenant sur les fumiers, dans les lieux incultes, aux environs des villages;
son feuillage est triste, et sa fleur magnifique ; la corolle est blanche, très-longue, à cinq plis;
son fruit est une capsule hérissée de piquants, et nommée Pomme épineuse; elle nous a été
apportée au moyen âge, du fond de l'Asie, par les Ziogaris
vagabonds, ou Bohémiens ; son principe actif est la Datu-
rine^ qui se trouve dans les feuilles et surtout dans la
g]'aine, cristallisée en prismes irréguUers, brillants.—
Le Datura tatula (Z>. tatula ) , presque semblable à la
Stramoiney mais deux fois plus élevé, à tige pourprée, à
corolle plus grande; le D. pérock (Z>. ferox), dont la
corolle est petite et la capsule plus piquante; le D. fas-
tueux (/>. fastuosa), à corolle beaucoup plus grande,
violette en dehors^ nommé vulgairement la Trompette
du jugement dernier, et dont la capsule est tuberculeuse
plutôt qu'épineuse ; le D. Métel {D. Metel), à feuilles
ovales presque entières, à capsules globuleuses , dont les
Orientaux mêlent la graine à l'opium ; toutes ces Espèces
sont cultivées dans les jardins^ et possèdent les mêmes
propriétés que la Stramoine, Nous en dirons autant du
FBtlT DE LA STBABOlIf». y^ . _ . , x . .
Datura en arbre (Brugmannsia suaveolens) , arbrisseau
du Pérou , cultivé en Europe, à fleurs longues d'un pied, d'un blanc rayé de jaune pâle, et
d'une odeur suave.
Le D. BICOLORE {Br. sanguinea), que l'on cultive aussi dans nos jardins, croît sur les
montagnes du Mexique, où on le nomme Bovochevo; la corolle est verte à la base, jaune
sur son milieu et d'un rouge vif sur son limbe. Les indigènes préparent avec les fruits de cet
arbrisseau une boisson nommée Tonga: si on la prend délayée, elle est somnifère:
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SOLANÉES ET CESTHINÉES. 169
eaneentrée, elle cause un délire furieux, que Von apaise en avalant beaucoup d'eau froide. La
prétresse du temple du soleil, dans la ville de Sagamoza, maugeait des graibes de té^
Datura, pour se procurer une extase prophétique. La Pythie de Delphe usait d*un semUablfe
moyen. — Les gens qui cherchent à découvrir les cachettes souterraines où sont enfouis des
trésors, avalent des semences de Datura, afin de donner à leur esprit la connaissance des
choses secrètes.
. C'est aussi la graine de la StranK)ine que de prétendus sorciers employaient autrefois pour
produire des visions fantastiques, et iaire assister aux séances du sabbat les gens dont ils
exploitaient la superstition. A une époque moins reculée, on a poursuivi une compagnie d^
voleurs connus sous le nom d'endormeurs; ils mêlaient du tabac à de la poudre de Datura;
puis dans les lieux publics, dans les voitures, Ds se plaçaient à côté de gens auxquels ils
olFraient fréquemment du tabac, et dès qu'ils les voyaient assoupis ou délirants, ils les dé-
pouillaient sans obstacle.
lassons pour un moment les Solatiées viveuses^ et reprenons Thistoire des Espèces dont le
fruit est une baie.
L'Alkéhe.ngb {Physalis alkekingi), est une herbe indigène qui croit dans les lieujK
sans culture; sa baie peu succulente, légèrement aigrelette, est renfermée dans un ealyoe
accrescent , qui se boursoufle et prend une couleur rouge ; elle est employée comme diuré*
tique. Le Physalù somnifera, du midi de l'Europe et de l'Orient, possède des vertus plits
énergiques. Le Ph, peruvtana est dispersé dans la région tropicale ; sa baie odorante, d'une
saveur douce et acidulée, se mange crue avec du sucre, et entre dans la composition 4ies
philtres amoureux. La baie du Jaborosa et celle de VBimeranthXa sont aussi employées dans
l'Amérique méridionale pour exciter les passions amoureuses.
Le Pi MENT (Capsicum annuum), vulgairement appelé Corail des jardins, Poivre d'Inde,
Poivre de Guinée , est une herbe annuelle, originaire des Indes, et cultivée aujourd'hui dan»
toute TEurope australe, dans l'Amérique et dans l'Afrique ; sa baie est conique , lisse et
luisante, verte d'abord et d'un rouge vif à la maturité ; dans cette baie, presque sèche, réside
un principe résineux balsamique très-àcre, nommé Çapeicine, qui possède des proptriéiés
énergiques; elle irrite le tube digestif, provoque le vomissement et peut même agir eomine
poison narcotique ; c'est à elle que le Piment doit les qualités qui les font rechercher eomme
condiment dans toutes les contrées du ^obe. Le Piment vs Caverne (Capsicum fru-
tescens est désigné sous le nom de Piment enragé,
La Tomate [Lycopersicum esculentum), originaire des Antilles, cultivée dans tous les
jardins, produit un fruit nommé Pomme d'amour^ d'un rouge vif, à lobes arrondis, rempli
d^une pulpe orangée, aigrelette, et d'un parfmn doux et agréable. On en fait des sauces très-
usitées dans l'art culinaire.
Le Genre Morelle [Solanum), si nombreux en Espèces, a pour caractères une corolle
rotacée, des anthères presque cohérentes et s'ouvrant, non par ^les fentes longitudinales, mais
deux pores ouverts à leur sonunet. Citons d'abord la Doue s- auere (S, dtUcamara), arbris-
ssau sarmenteux, qui, malgré la couleur triste de son feuillage, décore nos campagnes par
ses jolies fleurs, puis par ses cymes pendantes de baies rouges. On la CAdtive pour garnir des
murs et des berceaux 5 sa tige, douée d'une saveur amère avec un arrière -goût douceâtre,
pourrait être employée comme narcotique^ mais c'est surtout comme dépurative qu'on l'admi-
nistre dans le traitement des maladies attribuées à une vice particulier des huBoeurs, et
notamment des affections cutanées, accompagnées d'une vive irritation.
La Mo R E L L E F A r X P I M £ .> T ( 5, pseudo-<apsicum ) , ou Pommier d^anwurj est un élégant
arbrisseau de l île de Madère, cultivé en orangerie, dont les fruits sont des baies globuleuses
d'un rouge vif, de la grosseur d'une petite cerise. Beaucoup d'autres Solantan sont cultivés
comme Plantes d'ornement, et produisent toutes un bel effet; nous ne mentionnerons que
la M. DE Madagascar (S, pyracanihum), dont les feuilles sont armées sur leurs deux
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170 HISTOIRE DES FAMILLES.
faces, de longues épines, couleur de feu, et le S. nocturne {S. somniculentum) (PI. VI),
ainsi nommé à cause de la somnolence qui lui fait fermer sa corolle pendant que le soleil est
au-dessus de l'horizon ; après le coucher de l'astre , la corolle se déplisse et veille toute la
nuit, et même dans les premières heures de la matinée, si le ciel est nébuleux. Cette Plante
curieuse est originaire du Mexique , et n'est connue que depuis peu d'années dans nos serres
tempérées ; elle peut passer en pleine terre tout le temps de la belle saison.
La M. NoiBE (5. nigrum) est une petite herbe peu élégante, qui croît abondamment le
long des murs des villages et dans les lieux cultivés; elle exhale une odeur vireuse, et sa saveur
est amère salée ; toutes ses parties, et surtout son fruit, contiennent un alcali, qu'on a nommé
Solanine, et qui est vomitif d'abord, puis narcotique. Cet alcali existe dans toutes les Espèces
du Genre, mais il y est souvent mitigé par un acide ou un mucilage. C'est précisément le cas
de l'Espèce en question, qui est employée communément à la manière des Ëpinards, dans les
régions tropicales, sous le nom de Brède, et à laquelle on trouve un goût délicieux.
Chez d'autres Morelles, le fruit lui-même est comestible : telle est la MÉLONGÊlfE
ou Aubergine (S. Melongena), Herbe annuelle, indigène dans TAsie tropicale, que la culture
a répandue dans la région méditerranéenne, et qui, transportée en Amérique, s'est natura-
lisée dans tout le nouveau continent. Son fruit est gros , ovoïde , lisse , ordinairement violet,
quelquefois jaune , contenant une chair blanche , qui devient comestible par la cuisson. Telle
est encore la M. ovifère [S. oviferum], vulgairement Poule pondeuse, dont la baie a tout à
fttit la forme, la couleur et le volume d'un œuf de poule. On mange ces baies, coupées par
tranches, et frites ou cuites entre deux plats.
Mais, de toutes les Morelles comestibles, la plus intéressante est la M. tubéreuse (Sda-
num tuberosum) , connue dans le monde entier sous le nom de Pomme de terre. Ce tubercule ,
qui nous fournit une fécule si abondante , n'appartient pas à la racine, comme on l'a cru long-
temps : c'est une dépendance de la tige , une sorte de loupe , qui se développe sur la partie
souterraine de la tige , véritable magasin de nourrituie , d'où naîtront autant d'individus nou-
veaux qu'il y a de petits yeux à sa surface ; l'humidité et Tobscurité favorisent la formation de
CCS excroissances : voilà pourquoi les cultivateurs ont soin d'entourer de terre le bas de la
tige, c'est-à-dire de la butter aussi haut que possible, afin de provoquer le développement d'un
plus grand nombre de tubercules.
La Ponune de terre est originaire des Cordillières du Péi*ou et du Chili, où on la nomme /mi/mz;
elle était cultivée depuis la plus haute antiquité dans l'Amérique occidentale ; elle l'est au-
jourd'hui dans le monde entier; non-seulement elle nous donne à peu de frais un aliment
agréable et sain, qui est le pain du pauvre et le régal du riche , mais les chimistes ont trouvé
le moyen de changer sa fécule en sucre et en alcool. — C'est aux savants travaux et au zèle
infatigable du chimiste Parmentier que nous devons l'extension de sa culture et de son emploi:
ce philanthrope sut, le premier, mesurer d'avance dans toute leur étendue les services que le
tubercule américain pouvait rendre à l'espèce humaine ; il fit part de ses idées au roi
Louis XYl, qui les partagea bientôt avec ardeur ; mais il fallait rendre ces idées populaires, et
surtout intéresser à leur succès la Mode, cette reine despotique, dont l'autorité domine celle
des rois. Louis XVI, par le conseil de Parmentier, se montra dans une fête publique , tenant à
la main un bouquet composé des fleurs de la Morelle tubéreuse : ces belles corolles bleues , à
anthères jaunes , disposées en corymbe , et accompagnées de feuilles élégamment découpées ,
excitèrent la curiosité ; on en parla à la cour et à la ville; on les imita poiur les faire entrer
dans les bouquets artificiels ; elles furent rangées par les fleuristes au nombre des Plantes
d'agrément, et les seigneurs, pour faire leur cour au roi, en envoyèrent à leurs fermiers, avec
ordre de les cultiver. Toutefois , cette première tentative resta stérile, les grands proprié-
taires avaient, il est vrai, suivi l'impulsion donnée par le bon Louis XVI ; ils avaient permis à
la Pomme de terre de végéter dans quelques coins de leurs domaines ; mais les paysans ne la
cultivaient qu'avec répugnance ; ils refusaient d'en manger , et Tabandonnaient à leurs bcs-
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SOLANÉES ET CESTRINÉES. 171
tiaux; il y en avait même qui ne la jugeaient pas cligne de servir d'aliment à ces derniers. Ce
fut Parmentier, qui, le premier, fit du pain de Pomme de terre : il avait entrepris de vulgariser
en France Tusage de ce précieux tubercule ; il comprenait que si la Pomme de terre pouvait
suppléer le Froment, toute famine devenait à jamais impossible. Aussi cet homme généreux
consacra-t-il sa fortune, son talent, sa vie entière à cette oeuvre immense de charité : ce n'était
pas assez d'encourager la culture de la Pomme de terre par des écrits, des discours, des
récompenses, en un mot, par tous les moyens d'influence que lui donnait sa haute position : il
acheta ou prit à ferme une grande quantité de terres en friche , à plusieurs lieues de rayon
de Paris, et il y fit planter des Pommes de terre. La première année, il les vendit à bas prix
aux paysans des environs : peu de gens en achetèrent ; la seconde année , il les distribua pour
rien, personne n'en voulut. A la fin , son zèle devint du génie : il supprima les distributions
gratuites, et fit publier à son de trompe dans tous les villages une défense expresse, qui mena-
çait de toute la rigueur des lois quiconque se permettrait de toucher aux Pommes de terre dont
ses champs regorçeaient. Les gardes champêtres eurent ordre d'exercer, pendant le jour, une
surveillance active, et de rester chez eux pendant la nuit. Dès lors chaque carré de Pommes de
terre devint, pour les paysans, un jardin des Hespérides , dont le dragon était endormi; la
maraude nocturne s'organisa régulièrement, et le bon Parmentier reçut de tous côtés des
rapports sur la dévastation de ses champs, qui le faisaient pleurer de joie. A dater de cette
époque, il ne fut plus nécessaire de stimuler le zèle des cultivateurs : la Pomme de terre avait
acquis la saveur du fruit défendu , et sa culture s'étendit rapidement sur tous les points du
royaume. Aujourd'hui, la France en récolte 78 millions d'hectolitres, ce qui équivaut à
250 millions de francs; les feuilles sont employées comme fourrage , et Ton tire même parti
de iVau de lavage qui a servi à l'extraction de l'amidon^ pour arroser les prairies, qu'elle enri-
chit de l'azote retenu par elle.
Depuis quelques années, ce précieux Végétal est sujet à une maladie qui a dévasté les
grandes cultures et jeté l'effroi parmi les populations. Cette maladie consiste en une sorte de
blessissement des cellules, dont les sucs se modifient et deviennent alcalins, au lieu d'être
acides, comme dans l'état normal. Cette altération du parenchyme ne s'étend pas aux grains
de fécule ; ceux-ci restent intacts, et leur quantité n'est pas considérablement diminuée. La
maladie est épidémique, car elle sévit à la fois sur des contrées entières , mais elle n'est pas
contagieuse , comme on s'en est assuré en plantant dans des hachis de tubercules malades
des Pommes de terre saines qui ont végété sans le moindre accident.
On avait pensé que le mal était produit par un Champignon du Genre des Moisissures, le
Botrytis infestant, lequel, pénétrant par les stomates des feuilles, descendait le long des tissus
et allait jusque dans le sol , tuer les tubercules. Cette hypothèse a été abandonnée, comme
beaucoup d'autres : un grand nombre d'agronomes regardent aujourd'hui la maladie des
Pommes de terre comme le résultat d'une lésion de fonctions dans les parties aériennes de la
Plante ; et^ ce qui vient à l'appui de cette opinion , c'est qu'on a réussi à prévenir le fléau en
supprimant la tige et les feuilles : le tubercule végète alors sans être en rapport avec les
oi^anes aériens, et il reste sain. La culture automnale est la consécration de cette pratique :
au lieu de planter la Pomme de terre en mars, on la plante en septembre ; pendant six mois ,
la v^étation souterraine du rhizome marche sans feuillage extérieur, et quand celui-ci se
développe au printemps, la Pomme de terre a pris assez de développement pour résister aux
influences atmosphériques.
N'oublions pas de dire que si le tubercule de la pomme de terre est alibile , les feuilles et
les fruits sont narcotiques ; dans le tubercule lui-même, il faut enlever avec soin les bourgeons
qui naissent sur les yeux : ils contiennent de la Solanine.
11 y a au Brésil une Mo belle (Solanum pseudoquina), dont Técorce, très-amère, est
employée comme fébrifuge, parmi les succédanées du vrai Quinquina.
Le Ta BAT. [Nicotiana Tnbncum) est une herbe glutineuse, couverte dans toutes ses
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172 HISTOIHE DES FAMILLES.
parties d'un duvet très-court ; ses feuilles sont sessiles, presque embrassantes, d'un vert pâle,
ovales-oWongues, très-entières; les fleurs sont disposées en panicule, le tube de la corolle est
Tcrdàtre , le limbe est étalé , à 5 plis et à 5 lobes pointus , d'une couleur rose ; la capsule
s'ouvre au sommet en deux valves septicides.
C'est d'Amérique que nous est venu l'usage universellement répandu, qui consiste à humer
la fumée et à aspirer par le nez la poudre des feuilles du
Tabac. Ceux qui, avec Christophe Colomb, en 1402, abor-
dèrent les premiers à l'île de Cuba, virent avec surprise les
indigènes rouler des feuilles desséchées de la plante, de ma-
nière à en former un tuyau qu'ils appelaient Tabaco, puis
l'allumer à une extrémité, mettre l'autre dans leur bouche,
et, par des mouvements d'inspiration et d'expiration, répandre
autour d'eux une fumée continuelle. Les navigateurs qui visi-
tèrent ensuite les îles et le continent du Nouveau-Monde dont
le génie audacieux de Colomb avait ouvert les portes, virent
partout la même coutume en vigueur chez les indigènes,
mais avec de nombreuses variations : les uns aspiraient la
fumée de ces tubes par la bouche, les autres par les narines;
d'autres employaient des tuyaux de bois ou d'argile cuite,
remplis de l'herbe hachée en menus morceaux, ou bien s'in-
troduisaient dans le nez les feuilles réduites en poudre, ou
même mâchaient ces feuilles entières. Les prêtres s'en servaient
comme d'une drogue pour s^exalter le cerveau, et prédire
l'avenir. Le Tabac était partout cultivé dans les champs et
dans les jardins.
{Niootil^TabMHm \ Ccttc Plante, vantée par les Américains pour ses vertus
calmantes, fut d'abord employée par les Portugais, puis par les
Anglais , bientôt elle se répandit dans toute l'Europe, et envahit rapidement le globe entier.
Cette coutume inouïe de fumer et de priser, introduite d'abord comme un moyen de calmer
diverses maladies, fut bientôt rangée parmi les délices de la civilisation et les premières né-
cessités de la vie; de sorte qu'on eût pu la regarder, ,non comme une invention nouvelle
arrivée du Nouveau-Monde, mais comme un besoin né avec le genre humain.
Le Tabac fut apporté en Europe en 1560. Jean Nicot, ambassadeur de France en Portugal,
en reçut d'un Flamand qui arrivait de la Floride. Ce fut lui qui offrit la première prise de sa
poudre à Catherine de Médicis. La reine y prit goût, toute la cour s'empressa de l'imiter,
et la Plante, que l'on avait d'abord appelée Nicoiiane du nom de Nicot, fut nommée Herbe
à la Reine, et célébrée comme une panacée. Walter Raleigh et ses compagnons en appor-
tèrent de la Virginie en Angleterre, et l'usage s'en répandit parmi les gentilshommes et les
courtisans les plus délicats. Bientôt l'engouement pour le Tabac devint si général, que les
rois s'en alarmèrent. Jacques !•«•, roi d'Angleterre, publia en 1619, contre l'usage de cette
Plante, un pamphlet écrit en latin très-élégant, et intitulé Misocapnos. Il déplore dans cet
opuscule l'extension rapide qu'a prise la Plante américaine dans son royaume. « Sans Tabac,
dit-il, on ne croit pas avoir traité un hôte assez somptueusement ; sans Tabac , point de
société agréable ; sans Tabac, point de médecine efficace. Si du moins cette manie fût restée
le partage exclusif des hommes ! Mais aujourd'hui les femmes éprouvent le besoin de dépraver
leur haleine, afin de pouvoir, par cette similitude , supporter Thaleine fétide de leurs
maris. » Le pape Urbain VIII, en 1624., fulmina contre le Tabac une bulle spéciale, et,
dans toutes les églises de la chrétienté, les bedeaux furent autorisés à s'emparer des tabatières
qu'ils surprendraient entre les mains des fidèles, confiscation très-productive, attendu que les
boîtes étaient, pour la phipart, d'or et d'argent. Le sultan Amurath IV, le Shah de Perse et
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PI. XIV
(
(Malvacéc.-» \
l Tet'nstrœruiacéei* 1
( Sterouhncéet» )
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.'V.....^.r V,.,^..A,
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SOLANÉES ET CESTHINÉES. 173
le grand-duc de Mosco\ ie, jugèrent que le meilleur moyen d'empêcher les priseurs de faire
usage du Tabac, était de leur couper le nez, et ils publièrent des firmans et des ukases en
conséquence ; mais la Nicotiane a triomphé de toutes ces persécutions; elle est plus que jamais
eu faveur; on s'en met dans le nez, On en hume la fumée, on en mâche les feuilles, et le
Tabac est plus connu que le pain dans certaines contrées du globe. Les gouvernements ont fini
parle tolérer; mais ils l'ont frappé d'un impôt énorme, qui s'élève maintenant en France à
près de 80 millions.
Le Tabac est quelquefois employé comme Plante médicinale, dont les propriétés sont ana-
logues à celles de la Belladone et des autres Solanées vireuses; ces propriétés dépendent
aussi d'une substance alcaline particulière, nommée Nicotine , et combinée dans le Tabac
avec un acide particulier ; on obtient la Nicotine par distillation , après avoir neutralisé, au
moyen d'un alcali fixe, l'acide qui la retenait. La Nicotine, poison très-violent, adonné
lieu tout récemment à un drame lugubre, qui a vivement occupé l'attention publique.
On ne peut se défendre d'un sentiment de confusion en pensant qu'une des causes les plus
puissantes de la propagation du Tabac réside dans la vanité de l'esprit humain. L'observation
de tous les jours nous démontre que la plupart des hommes sont devenus fumeurs dès leur
adolescence, non pour se donner un plaisir (car les premiers essais sont punis par un narco-
tisme souvent fort douloureux), mais uniquement pour imiter les hommes faits. L'imberbe
fume un cigare par la même raison qu'il racle ses joues glabres avec un rasoir. Les jeunes
Romains achetaient autrefois par des épreuves pénibles l'honneur de porter la robe virile;
aujourd'hui la pipe est devenue l'insigne de la virilité; et ce qu'il y a de déplorable, c'est que
le Tabac, inutile et nuisible dans le principe , devient nécessaire par l'habitude : l'excitation
permafiente qu'il établit dans les glandes salivaires, finit par rendre son usage indispensable.
On a vu des funieurs qui avaient entrepris de se corriger, devenir sérieusement malades par
suite de la privation qu'ils s'étaient imposée, et ne reprendre leur état normal qu'en revenant
au Tabac.
Le fils de Marie Stuart avait raison de maudire les femmes qui, de son temps, se sou-
mirent à cet ignoble usage; mais ce n'est pas seulement en corrompant la douceur de leur
haleine que le Tabac a nui aux dames, c'est en leur suscitant une concurrence désastreuse,
qui a porté un coup mortel à la galanterie européenne. Nous pourrions affirmer que si le
Tabac avait été connu au moyen âge, la chevalerie, née sous l'influence de la femme, n'aurait
jamais existé. Les salons français ont perdu tout leur charme depuis que la tabagie et Testa-
minet sont venus s'installer dans leur voisinage : Nicotine gazeuse et alcool liquide, voilà les
plus terribles rivaux du sexe féminin! Si ce malheureux sexe comprenait la toute-puissance
de l'association, s'il osait former contre les fumeurs une coalition bien cimentée, une véritable
sainte-alliance, qui écrirait siur sa bannière le titre du livre de Jacques l*', Miso capnosy
haine à la fumée ! ce serait un sur moyen d'extirper de nos mœurs cette volupté abrutissante :
mais, hélas ! il y aurait bientôt des fausses-sœurs, qui trahiraient la conspiration, et rendraient
inutile la persévérance de leurs complices.
Les feuilles du Tabac simplement séchées n'ont pas l'odeur acre du Tabac préparé ; pour
obtenir celui-ci, on humecte les feuilles sèches dans de l'eau salée, on les met en tas; bientôt
elles s'échaufient et fermentent, et^ après plusieurs mouillages successifs qui produisent de
nouvelles fermentations, on donne aux feuilles, à f aide de moyens mécaniques, une forme
adaptée à l'usage auquel on les destine. Pendant la fermentation que subissent les feuilles
imbibées d'une liqueur saline, les principes azotés du Tabac se décomposent, et forment de
l'ammoniaqoe; ceUe-ci sature l'acide de la Plante, et met à nu la Nicotine, qui, étant volatile
et unie à de l'ammoniaque en excès, donne aux feuilles l'odeur particulière qu'on nomme le
rmmtfmt du Tabac. Voilà pourquoi le Tabac préparé, dont la nicotine s'évapore sans cesse, en
contient moins que le Tabac naturel desséché, où cet alcali se conserve, combiné avec l'acide
de la Plante.
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nï HISTOIKE DES FAMILLES.
La NicoTiANE RUSTIQUE ( Nicutiuna rustica), originaire d'Amérique comme le
Tabac j en diffère par ses feuilles pétiolées, et sa corolle d'un vert jaunâtre, dont le limbe est
à lobes arrondis. Elle possède les mêmes propriétés.
Nous terminerons Thistoire de la Famille des Solanées par Ténumération rapide des
Espèces cultivées en Europe comme Plantes d'ornement. Commençons par le beau Genre
Pétunia, voisin du Nicotiana auquel il a même emprunté le nom sous lequel on désigne le
T^ibac au Brésil et dans les campagnes d'une partie de la France (petun, butunn). Les
Pétunia sont des herbes de l'Amérique méridionale, cultivées en Europe depuis très-peu
d'années, à tige et feuilles visqueuses, à pédoncules axillaires uniflores, à corolles infundibu-
liformes, qui se succèdent pendant tout l'été. — Le P. nyctage {P. nyctaginiflora) ^ a de
grandes fleurs blanches odorantes; le P. violet (P, violacea) ^ a des fleurs d'un pourpre
violacé, moins grandes que celles de l'Espèce précédente ; ces deux Espèces produisent, par
des croisements multipliés, des variétés hybrides, plus riches en couleurs que leurs types, qui
forment dans les jardins des massifs du plus bel effet. Nous citerons parmi ces hybrides le
P. PINTADE (P, meleagris), dont la corolle blanchâtre est marquée de taches d'un violet
vineux ; et le P. Van Volxem, qui a sa corolle d'un bleu pourpré, réticulée de veines plus
foncées, et bordée d'une bandelette verte.
Les NiÉREMBERGiA sont des Plantes de Buénos-Ayres, que l'on cultive en serre tempérée;
leur corolle est infundibuliforme, de couleur bleuâtre ou purpurine. — Le Fabiana ifnbricain
est un élégant arbrisseau du Pérou, qui a ses feuilles très-courtes, charnues, imbriquées, ce
qui lui donne la physionomie d'une Bruyère ; ses fleurs sont nombreuses , tubuleuses ,
blanches.
Le NicANDRA FAuxALKEKENGE { Nicandra physaloïdcs) , herbe annuelle, venue du
Pérou, a des fleurs solitaires d'un bleu
pourpré, à fond blanc, et marquées de 5
taches d'un bleu plus foncé ; elle est d'un
effet pittoresque dans les massifs d'arbris-
seaux.— L'Ulloa ORANGÉ (Ulloa au-
rantiaca) est un arbrisseau du Mexique,
à corolle tubuleuse, un peu arquée, plus
longue que le calyce, et d'un jaune orange;
on le cultive en serre tempérée.
Les Lycibt (Lycium) sont des arbris-
seaux indigènes, à rameaux arqués, que
l'on cultive pour en faire des haies et pour
couvrir des tonnelles ; on trouve aussi dans
les jardins des Espèces exotiques, telles
que le L. fuchsioïdb (Z. fuchsioîdes),
arbrisseau de la Colombie, à fleurs rouges
pendantes, très-belles; leL. de la Chine
(L, Sinensé), dont les fleurs sont pourpres,
et le fruit rouge orangé.
Dans la Famille des CestrinéeSy nous
1 citerons seulement le Genre Cestreau (Ces-
trum)^ dont toutes les Espèces sont de
l'Amérique tropicale; quelques-unes sont
cultivées dans nos jardins : tels sont le
fc"t1lm!) ' C. DIURNE (C dîumum) , arbrisseau de
Cuba, qui a des fleurs en faisceau,, de
couleur blanche, s'ouvrant en- novembre, et répandant une odeur suave pendant le jour;
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SOLANÊES KT CESTHINÊES. 175
le C. vesperlimwi, qui fleurit pendant Tété, et dont les corolles violettes répandent^ le soir
seulement, une odeur de vanille; le G. nocturne (C. nocturnum), dont les fleurs verdàtres
ne sont odorantes que la nuit. Ces trois Espèces sont de serre chaude, et ont reçu les noms
populaires de Galant de jour. Galant du soir^ Galant de nuit, — Le C. parqui est un arbris-
seau du Chili, qu'on cultive en pleine terre ; ses feuilles froissées ont une odeur nauséabonde ;
ses fleurs sentent le Jasmin pendant la nuit. — L'Habrothamnus élégant [H, eleyans)
ai un arbrisseau du Mexique, dont les fleurs, disposées en corymbe, ont leur corolle tubu-
leuse et de couleur pourpre ; on le cultive en serre tempérée. — L'Iochroma tubuleux
(/. tubulosum), qui appartenait jadis aux Habrothamnus^ est un arbuste originaire de Loxa,
dont les fleurs, d'une belle couleur violette, se sont montrées pour la première fois en Europe,
Tan dernier, dans les serres tempérées de TAngleterre.
Famille XXIX^ — ANTIRRHINÉES.
PÉDICULAIRES et SCROP HU LA IRES, de Jussieu. — HHINANTHOÏDES et PERSOISiNÉKS,
de Vcntenut, — Rhin antu acées et Personnées de Jussieu. — Scrophularinées,
de Rob. Brown. — Scrophulari acées de Lindley.
CARACTÈRE. — Galyce libre. Corolle hypogyne monopétale ^ généralement irrégu-
Hère, bilabiée. Examines, insérées sur le tube de la corolle ^ généralement moins nombreuses
que ses divisions. Ovaire dimère, biloculaire. Fruit capsulaire [rarement charnu).
Graines à plant ule dicotylédonée, albuminée.
Les Antirrhinées, ainsi nommées de leur
Genre principal, Antirrhinum^ forment avec
les Acanthacées , Bignoniacées ^ Gesnéria-
cées , Pédalinées^ Orobanchées, etc. La
Classe des Personnées; ce nom fait allusion
à la forme de la corolle, qui, dans la plupart
des Genres, et notamment dans le Muflier,
ressemble au masque de Théâtre, que les
anciens appelaient /><?7*$o/7a, mot latin, dont
les modernes ont fait, par extension, ceux
ÙQ personnage eiôe personne. J. J. Rousseau,
devenu misanthrope sur la fin de sa vie,
disait ironiquement à madame Delessert,
en lui décrivant les fleurs personnées : « Le
mot latin j^ersona signifie un masque ^ nom
très-convenable assurément à la plupart des
gens qui portent, parmi nous, celui de per-
sonnes. »
Les Antin^inées ont des feuilles simples,
sans stipules, et leurs fleurs sont complètes.
Le calyce est persistant, à sépales plus ou
moins cohérents (rarement libres), à j)rc-
"^ floraison imbriquée. La corolle est à 5 divi-
sions, ou seulement à 4, par soudure des
'[^::PP:^) ^^ divisions supérieures-, le tube est quel-
2. PKNTSTS1I05 k FI.KUII8 Bill Ks. qucfois prolougc à sa base en bosse ou en
éperon; le limbe est plus ou moins ir-
régiilier, tantôt rotacé, lantôt bilabic, à lèvre supérieure hilobée , rinféricur.* trilobée.
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HISTOIBE DES FAMILLES.
à préfloraison imbriquée. Les étammes sont normakment en nombre égal à celui des
lobes de la corolle, et alternes avec eux {Molène}; ordinairement en nombre moindre, tantôt
la postérieure étant stérile, ou nulle, ou rudimentaire {Penistétnon, Muflier, Scrofulaire);
tantôt les 2 antérieures étant, comme la postérieure, stériles ou nulles (Véronique); les
carpelles sont au nombre de 2, l'un antérieur, Tautre postérieur, relativement à Taxe de la
fleur; ils forment un ovaire biloculaire^ rarement uniloculaire au sommet; les ovules, ordi-
nairement réfléchis, sont flxés sur des placentaires épais occupant le milieu de la cloison; le
style est simple, le stigmate souvent biflde. La capsule est à deux loges, tantôt multisémioées
[Muflier), tantôt uni-bi-séminées {Méiampyre) ; s'ouvrant tantôt en deux valves, soit entières
(Limoselie, Digitale), soit bifides ou trifides {Gratiole, Molène), tantôt en valvules qui se
soulèvent au sommet du fruit [Muflier); ladéhiscence est tantôt loculicide (Véronique),
tantôt septicide [Digitale),Les graines sont ordinairement horizontales : la plantule est droite,
et occupe Taxe d'un albumen charnu ou corné.
MOLÈNE.
Verbascum.
RU8SÉLIA.
Russelia.
Celsie.
Celsia.
Digitale.
Digiialis.
Aloksoa.
Àlonsoa,
Pailonia.
Paulownia.
Calceolaire.
Calceotaria.
Erixe.
Erinus.
SCHCFULAIRK.
Scrofularia.
DiPLACUS.
Diplacus.
Akcéloma.
Angelonia.
MlMlTLE.
Mimulus.
Nemesia.
Nemesia,
&RATIOLÉ.
Gratiola.
Anarrbine.
Anarrhinium.
TORLNIA.
Torenia
LiNAlBE.
Linaria.
LlNDERNIE.
Lindemia.
Muflier.
Antirrhinum.
Manulea.
Manulea.
Maurandia.
Maurandia.
BUDLEIA.
Budleia.
LOPIIOSPERMIIM.
Lophospermum.
SiBTHORPIA.
Sibthorpia.
RHODOCHITOIf.
Rhodochiton.
LlMOSILLE.
LimosêUa.
SCHIZANTBUS.
Schizanthus.
VlRONIOUE.
Veronica
Salpiclusse.
Salpiglossis.
POEDEROTA.
Paderota.
Anthocercis.
Anthocercis.
Odoktitï.
Odontites
Browallia.
Browallia.
EUPHRAISE.
' Bupkrana
FRARaSQUB.
Franciscea.
Bartsie.
Bartsia.
Brunfelsia.
Brunfelsia.
Pldiculairi.
Pedicularis,
Chèlone.
Chelone.
Rhinanthe.
RhinatUhus.
Pentstémox.
Penlstemon.
Mllamptre.
Melampyrum
AFFINITÉ. — Nous avons exposé Tanalogie qui rapproche les Antirrbinées des Solanées:
raffinité qui les lie avec les autres Familles personnées est évidente, et la diagnose est facile ;
elles diffèrent des Acanthacées, auxquelles le Mélamptrb les unit étroitement, par la struc-
ture de la capsule et les graines albuminées; elles se distinguent, par les mêmes caractères,
des Bignoniacées, dont le Sésame les rapproche ; elles sont séparées des Gesnériacées , des
Pédalinées et des Orobanchées par de nombreuses difl'érences.
GÉOGRAPHIE. — Les Antirrbinées ne sont bannies d'aucun climat; elles croissent plus
abondamment dans les régions tempérées chaudes des deux hémisphères ; elles sont rares
entre les tropiques et sous les zones glaciales.
ESPÈCES REMARQUABLES. — Les propriétés médicales des Antirrbinées sont très-
diverses, en raison de la variété des principes amers , astringents et acres qui s'y trouvent
mêlés avec du mucilage , des substances résineuses et volatiles ; il en résulte que les unes
peuvent être rangées parmi les émollients, les autres parmi les toniques amers, d*autres parmi
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ANTIRRHINÉES. 1T7
les pui^atifs drastiques et les émétiques , quelques-unes parmi les narcotico-àcres , et que
plusieurs sont vénéneuses.
Parmi les Espèces émolUentes, il faut citer les MoLàNEs indigènes, le Verbascum
Thapsus ou Bouillon blanc, et la M. phlomoîdb. Les feuilles ont une saveur muqueuse,
légèrement amère et astringente , et les fleurs , qui contiennent un peu d'huile volatile , qui
sont d'une odeur agréable et d'une saveur douce, sont usitées en médecine. — Les Véroniques
sont des herbes amères, faiblement astringentes : plusieurs Espèces indigènes, recommandées
autrefois par les médecins, sont tombées en désuétude. La V. officinale ( Veronica offi-
cinalis) était employée comme vulnéraire; dans beaucoup de pays, on la boit en infusion
en guise de thé. La V. bbccabonga ( V, beccabimga) et la V. mouron (F. anagallis).
Espèces un peu gi*asses, qui croissent dans les lieux aquatiques, ont une sa\eur un peu amère,
acre et piquante ; on les emploie, à Fétat récent, comme diurétique et antiscorbutique ; les
jeunes pousses peuvent être mangées en salade.
La Scrofulaire noueuse [Scrofularia wodo.so) et la S. aquatique (S. aqvaitca)y
Plantes amères, acres, ne sont plus officinales ; la S. nou euse devait sa réputation à ses rhi-
zomes noueux, dont la form3 avait fait supposer qu'ils pourraient résoudre les engorgements
scrofuleux ; ce qu'il y a de certain , c'est qu'elle a une odeur fétide et une saveur amère qui
annoncent des propriétés activest — Les Mufliers et les LinaireSj qui sont acres et plus ou
moins amers, sont aussi bannis des pharmacies ; le Muflier a grandes fleurs [Antir-
rhinum majus), vulgairement Gueule de loup, était employé autrefois par les sorciers pour les
sortilèges; il est vulnéraire et diurétique. La Linaire commune (Linaria vulgaris) ei\dL
L. ÉLATiNB (L. élatiné), herbe couchée, suspecte aux gens du peuple , passent pour guérir
Thydropisie, la jaunisse et les maladies de peau. La L. cymbal aire (L. cymbalaria) a les
vertus des Véroniques. Les Euphraises (Euphrasia) sont d*une odeur douce, d'une saveur
un peu amère ; on en prépare une eau distillée pour les yeux ; les charlatans en font un grand
débit. Le Mélampyre des champs ( Melampyrum arvense ) , Pla nte com nune parmi le s
moissons, produit des graines qui, réduites en farine , sont usitées en cataplasme émollient.
Il est bien avéré que cette farine, mêlée avec celle des céréales, la rend bleuâtre, amère et d'un
usage dangereux. Les Pédiculaires sont des herbes acres, que les troupeaux évitent de
brouter; on pense, dans beaucoup d3 provinces, que ce sont ces Plantes qui donnent aux bes-
tiaux les poux qui les dévorent, de là le nom de Pédiculaire, La Gratiole officinale
(Gratiola o/Jîcinalis) est une herbe qui croît dans les prés , et dont les pauvres gens font usage
pour se purger : de là le nom d'Herbe à pauvre homme; cette plante est émétique, drastique,
et on ne doit l'employer qu'avec une extrême prudence; elle contient un principe résinoîde,
auquel sont dues ses propriétés énergiques.
Mais de toutes les Antirrhinées, la plus éminemment médicinale, celle que la thérapeutique
moderne compte parmi ses agents les plus héroïques, c'est la Digitale pourprée
(Digitalis purpurea), Plante indigène, bisannuelle, qui croit dans les lieux pierreux ou
sablonneux ; sa tige est simple, souvent rougeâtre, ses feuilles sont alternes, oblongues-
aiguës, décurrentes sur leur pétiole ; les fleurs forment des gi'appes unilatérales, les corolles
sont tubuleuses, marquées à l'intérieur de taches blanches en forme d'yeux, leur forme est
celle d'un dé : de là le nom de Digitale, et le nom populaire de Gant de Notre-Dame. Toutes
les parties de la Digitale ont été usitées, mais ce sont les feuilles surtout, et principalement
celles du bas de ^a tige, que l'on emploie aujourd'hui ; elles ont une saveur très-amère et un
peu acre; elles sont émétiques, stupéfiantes et vénéneuses à une dose un peu élevée; mais,
étant administrées en petites quantités, elles possèdent une action diurétique, et sédative du
cœur, qui les fait recommander dans les affections de cet organe , et les épanchements
séreux, connus sous le nom d'hydropisies; double propriété, d'autant plus précieuse
que les deux maladies se trouvent très-souvent réunies, c'est-à-dire que, par suite de
Totistacle apporté à la circulation veineuse par l'affection du cœur, le tissu cellulaire
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178 HISTOIRE DES FAMILLES.
s'infiltre, et les cavités viscérales se remplissent de sérosité. Toutefois, c'est avant celto
complication que la Digitale agit avec le plus de succès, et au point de faire croire à la
guérison d'une maladie, dont malheureusement elle n*estque le palliatif. En outre, la Digitale
est pour Testomac une cause d'irritation, qu'il est souvent difficile de faire cesser lorsqu'elle
s'est établie. Aussi administre-t-on la Digitale par la voie endermique^ c'est-à-dire en pansant
un vésicatoire appliqué sur la région du cœur avec la poudre de cette Plante.
On a remarqué que l'action sédative des battements du cœur, qui appartient à la Digitale,
ne produit pas les mêmes résultats dans toutes les affections de ce viscère; de là l'indispen-
sable nécessité d'une distinction très-importante : si les contractions du muscle qui est
l'organe de la circulation, sont énergiques, la Digitale est utile, en ce qu'elle les calme sans
nuire aux autres fonctions de la vie. Mais si la respiration est très-pénible, si les palpitations
sont faibles, si les extrémités sont froides, si la peau est violacée, la Digitale, en enra3rant
davantage les mouvements du cœur, ne fait que débiliter le malade, et aggrave sa position.
La même distinction doit s'appliquer aux palpitations purement nerveuses; celles-ci sont
dues à un état vital, à une lésion de fonctions, et non à une lésion organique; il faut , pour les
apaiser, un médicament qui atteigne direct jmejit les causes de leur perturbation, c'est-à-dire
un antispasmodique.
Les chimistes ont, après beaucoup d'essais infructueux, réussi à isoler le principe actif de
la Digitale, qu'ils ont nommés Digitaline, Ce principe est très- vénéneux, même à des doses
trèsrfaibles, et la difficulté de manier ces doses, jointe au peu de certitude sur la pureté de la
substance, rend préférable l'emploi direct de la Digitale elle-même.
Étudions maintenant les Antirrhinées au point de vue horticole ; et la Digitale , qui est la
première des Espèces utiles de la Famille, pourra aussi être mise à la tête des Plantes d'agrément
que cette Famille fournit à nos jardins. Rien de plus noblement élégant que le port de cette
reine des Antirrhinées, et sa beauté serait bien plus vivement appréciée , si elle éfait moins
commune ; mais , aux yeux des floriculteurs , et malheureusement de beaucoup d'autres , le
premier de tous les mérites est la rareté, parce qu'elle a pour résultat la possession exclusive;
il y aurait à faire, sur ce vilain côté du cœur humain, une longue dissertation philosophique,
morale et politique, que nous épargnerons à nos lecteurs.
La Digitale pouRPRÉEa des congénères exotiques, qui sont aussi très-recherchées dans
les jardins ; nous citerons la D. db Madère (/>. sceptrum), à fleurs rouges et jaunes ; la
D. DORÉE (Z>. aurea), Espèce vivace de la Grèce, dont les corolles sont d'un jaune doré en
dehors, et blanches en dedans. — Parmi les Mo lèn es, qui toutes sont d'un effet pittoresque,
nous citerons la M. purpurine ( Verbascum pliœniceum)^ dont on obtient des variétés à fleurs
roses ou blanches; la M. deMycon (Ramondia pyrenaka), dont les feuilles sont toutes radi-
cales , et dont la hampe est terminée par une , ou deux, ou quatre jolies fleurs d'un pourpre
violet. — Le Celsia ianceolata, plante originaire de l'Asie, a des fleurs solitaires, d'un beau
jaune taché de pourpre. VAlonzoa /meflm est un joli arbuste du Pérou , toujours vert, à
fleurs disposées en épi, dont la corolle a son limbe d'un rouge capucine, marqué de cinq raies
vertes. Les Calcéolaires (Calceolarià) sont des Espèces de l'Amérique méridionale, tirant
leur nom de la forme singulière de leur corolle, qui ressemble à un petit sabot; elles sont
pour la plupart d'un jaune plus ou moins vif et brillant, mais les semis ont donné des variétés
fiquetées, qui se succèdent chaque année, et se multiplient à l'infini. — Le Genre américain
Pentstemon , ainsi nommé, parce que, outre ses quatre étamines didynamcs, il en possède
une cinquième réduite à sou filet, et par conséquent stérile, fournit à Thorticulture de nom-
breuses Espèces herbacées vivaces, propres à rornement des parterres : nous citerons le
P. DIGITAL (P. (//^?7a//s), plante rustique, à fleurs blanches, et le P. a fleurs bleues
[P. Cyananthiis),Es>pèce nouvellement arrivée des Montagnes Rocheuses, qui a fleuri en pleine
terre, dans le jardin d'un botaniste anglais. Le Muflier^ que nous avons déjà cité , et dont
le type sauvage est lui-même fort beau , donne des variétés très-remarquables : tantôt le
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ANTIRHHINÉES. 179
lul>e de la corolle est d'un blanc pur, et le limbe d'un beau jaune ou d'un pourpre \if ;
tantôt la corolle est striée de rouge sur un fond blanc ; tantôt la fleur est double et devient
odorante. — Le Genre Schizanthus , ainsi nommé à cause de sa corolle déchiquetée ,
renferme des Espèces du Chili herbacées, annuelles, couvertes de poils glanduleux, à feuilles
pennitides, à fleurs disposées en grappes ou en panicules.
Les Franciscea^ dédiés à l'empereur d'Autriche, François I", sont d'élégants arbrisseaux du
Brésil, cultivés en serre chaude. Nous distinguerons parmi eux le f>. acuminata ^Pl. X), dont
les corolles nombreuses et d'une odeur suave, sontdabord d'un beau violet, puis d'un bleu
violacé, et enfin d'un blanc presque pur.
LcPaulonia impérial [Paidoicnia importait s) , dédxé à une princesse de la famille
impériale russe, est un arbre du Japon , remar-
quable par la beauté de ses feuilles en cœur, de ses
fleurs bleues, longues de deux pouces, odorantes,
disposées en nombreuses panicules terminales, et
surtout par sa vitalité : il suffit en eflet, pour le
multiplier, de bouturer en pleine terre des tron-
çons de racine ; on peut aussi le reproduire par
boutures de feuilles que l'on détache du tronc
lorsqu'elles ne sont encore qu'en boutons. Cet
arbre curieux a fleuri pour la première fois à Paiis
en 1842.
Les MiMULUS sont des herbes à feuilles oppo-
sées, à tige carrée, indigènes dans l'Amérique
extra- tropicale , l'Inde boréale et la Nouvelle-
Hollande , et dont on cultive en Europe de nom-
breuses Espèces; tels sont, entre autres, le M.
CARDINAL (M, cardinalis ) , dont les fleurs écar-
lates font, pendant toute la belle saison, l'ornement
des parterres, et le M. musqué (il/, moschatus),
petite plante étalée, rampante, à fleui*s jaunes, qui
exhale de toutes ses parties une forte odeur de
PAULOniA IVPKRIAL. mUSC.
iPauiou,nia^fnpeHai..) ^^^ BuDLÉJES (Budlsia) sonl dcs arbrcs ou
des arbrisseaux indigènes dans l'hémisphère austral; la plupai-t sont toujours verts. Le
B. GLOBULEUX (i9. globoso), arbrisseau du Chili, a ses fleurs très-petites, réunies en boule,
d'un jaune doré. Le B. a feuille de sauge [ff. salvi folio) a des fleurs blanches, à
disque jaune, disposéees en panicule terminale. Le B. de Lindley {B, Lindleyana)^
est un arbrisseau à rameaux flexibles, à fleurs en grappe, de couleur lilas, que Ton a
réussi à conserver en pleine terre.
Nous terminerons l'histoire de la Famille par celle du Genre Véronique {Veronica), dont
nous avons déjà cité quelques Espèces médicinales. Ce Genre se distingue, entre tous les
autres, par sa corolle rotacée, presque régulière, et ses deux étamines. Toutes ses Espèces
sont élégantes, et propres à l'ornement des jardins. Telles sont la V. a épis ( F. spicata),
indigène, à fleurs d'un bleu tendre, formant des épis qui se succèdent pendant tout l'été; la
V. MARITIME ( V. maritima), Plante d'Europe, àtige blanchâtre, à fouilles ternées, à fleurs
bleues ou blanches ou rosées, disposées en épis panicules ;laV.ÉLÉGANTE(F. €legans],di fleurs
petites, roses , la V. de Virginie (F. Virgimca),h fleurs blanches; la V. de Lindley
( V. Lindleyana), arbuste de la Nouvelle-Hollande, dont les épis inclinés, à corolles d'un
blanc. lilacé, se renouvellent sans cesse, et que l'on peut cultiver en pleine terre et à l'air
libre pendant Tété.
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180 HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille XXX'.— OROBANCHÉES.
(Orobanchées, de Jussteu. — Orobanchacées, de ZiW/ey.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hi/pogyne, tnonopétale, irrégulière. Éta-
mihes ky didynames insérées sur le tube de la corolle. Ovaire uniloculaire, à placentaires
pariétaux. Fruit cfl/)SM/a/re. Graines nombreuses, à planiule minime occupant l'axe d'un
albumen charnu. Plantes parasites^ sans feuille^.
Les Orobanchées doivent leur nom à leur Genre principal Orobanche; ce mot grec, qui
signifie y>VoM/fe les Orobes, exprime leur parasitisme. Ce sont
des herbes à fibrilles radicirormes^ implantées dans la racine
des autres Végétaux : leur souche est souterraine^ \ivacej la
hampe est revêtue d'écaillés diversement colorées , jamais
vertes, scssiles, alternes : on conçoit Tabsence des feuilles
(organes destinés à l'élaboration de la sève), dans des végétaux
se nourrissant du suc élaboré par la plante qui leur sert de
support. Les fleurs sont ordinairement complètes, et solitaires
à Faisselle des écailles supérieures. Le calyce est persistant,
a 4-5 divisions irrégulières. La corolle est insérée sur le ré-
ceptacle ; son tube se fend circulairement, et la base persiste;
le limbe est bilabié, à préfloraison imbriquée. L'ovaire est
sessile , ordinairement entouré , à sa base , d*un disque
charnu, ou muni d'une glande; généralement uniloculaire,
à deux placentaires pariétaux, F un antérieur, l'autre posté-
rieur , relativement à Taxe de la fleur ; quelquefois il y a
quatre placentaires rapprochés par paires; quelquefois IV
vaire est rendu biloculaire par une cloison à bords libres,
regardant les placentaires pariétaux; les ovules sont nom-
breux, réfléchis; le style est terminal; le stigmate est en tète
bilobée, quelquefois indivise. La capsule est à deux valves,
s'ouvrant par le sommet, ou par toute leur longueur, ou par
les côtés seulement.
Phélip-ea.
Phelipœa.
OrUB ARCHE.
Orobanche.
Clandestine.
Ctandestina.
Lathree.
Lathrœa
AFFINITÉ. — Les Orobanchées sont très-distinctes par
leur port et leur parasitisme ; elles se rapprochent des Ges-
nériacées , mais elles s* en distinguent par leurs placentaires,
OROBAifcnt . antérieur et postérieur,' et par leur plantule minime, albuminée;
{Orobaneh0.) ^jj^^ s'éloigucnt dcs Antirrhinées (dont elles imitent quelques
Genres), par leur placentation pariétale.
GÉOGRAPHIE. —Elles habitent principalement la partie tempérée de Thémisphère
boi-éal, surtout la région méditerranéenne.
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OROBANGHÉES.
181
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Orobanches sont légèrement astringentes, amères,
et quelquefois acres; quelques-unes renferment des matières volatiles, ou résineuses, ou colo-
rantes. — VOrobanche epiihymum naît sur les racines des Labiées ; la souche, renflée à la
base, était employée chez les anciens, à cause de ses vertus toniques, dans les affections
intestinales ; ses fleurs odorantes étaient administrées comme antispasmodiques . LaLATURÉE
BCAiLLEUSB [Lathrœa squamaria) était recommandée contre Tépilepsie. La Clandestine
(Lathrœa clande^tina) est amère , acre ; on croit qu'elle donne aux femmes une merveilleuse
fécondité. VEpiphegus americanus passe en Amérique pour guérir les ulcères cancéreux.
VjEginetia indicQy unie au sucre et à la muscade, est estimée comme antiscorbutique. Le
Phelipœa luiea fournit une couleur noire, qhe les Égyptiens emploient pour teindre les cordes
faites avec les fibres du Palmier tkébaîque.
Familles XXXI" ft XXXIK— GESNÉRIACÉES
a CYRTANDRACÉES.
(Gesnériées, de Richard. — Gesnérées, de Martius. — Gesnéragées, d'Endlicher.
— Cyrtandragées, de Jack. — Gesnéragées et Cyrtandracées, deLindle^f.)
CARACTÈRE. — Calyge libre, ouplus ou moins adhérent à l'ovaire. Corolle mono-
péialej irrégulière, insérée sur le réceptacle ou sur un anneau charnu épanché entre le calyce
adhérent et Vovaire. Étamines insérées sur le tube de la corolle, k didynames, quelquefois
accompagnées d'une cinquième stérile^ quelquefois deux seulement. Ovaire uniloculaire
à placentaiion pariétale. Fruit supère ou infère; Plantule dicotylédonée^ peu ou point
albuminée.
Les Gesnériacées et les Cyrtandracées sont
des plantes herbacées, rarement ligneuses,
à tige et à rameaux ordinairement tétra-
gones. Les feuilles sont généralement op-
posées ou verticillées, non stipulées, simples^
et presque toujours inéquilatérales. Les
fleurs sont complètes, en cyme, en grappe
ou en épi. Le calyce est persistant. La co-
rolle est tubuleuse, ou infundibuliforme, ou
campanulée, ou labiée, à préfloraison imbri-
quée. Les étamines ont leurs anthères
souvent cohérentes, à une seule loge, ou
à deux loges, quelquefois séparées par un
long connectif, dontune stérile. L'ovaire est
à 2 carpelles et uniloculaire ; les placen-
taires sont pariétaux, opposés^ Tun à droite,
Tautre à gauche de Vaxe de la fleur ; les
ovules sont réfléchis, le style est simple, le
stigmate capité ou concave. Le fruit est
bacciforme ou capsulaire. Les graines sont
pendantes ou horizontales, à funicule plus
ou moins développé. La radicide est voisine
du bile.
Grsririb di Gkiiold.
(Gtêmeria Gfro/diana.)
2i
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182
HISTOIRE DES FAMILLES.
C YRTANDR ACÉES. — Graines sans albumen.
ACSCHTNANTRIJS.
jEschynanthus.
Didtmocarpus.
Didymocarpus.
Cririta.
Chirita,
Cyrtandra.
Cyrtandra.
GESNÉRIACÉES. — Graines albuminées
MlTAAlIA.
Milraria,
Alloplbctus.
Alloplectus.
ACBIHÉNB.
Achimenes.
Gesnère.
Getneria
COLUHMÉA.
Columnea.
Gloxikie.
Gloxinia,
Besléria.
Besleria.
RHTnDOPHTLLUH.
Rhytidophyllum
Htpocyrta.
Hypocyrta,
AFFINITÉ. — Cette double Famille offre une étroite affinité avec les Bignoniacées,
Antirrhinées et Orobanehées : elle se rapproche de ces dernières par sa placentation pariétale;
les Gesnériacées se séparent des Cyrtandracées par leur graine albuminée; elles s'éloignent
du type des autres Personnées par Fadhérence fréquente du calyce à Tovaire. Les Cyrtandra-
cées, bien que leur ovaire soit toujours libre, et leur graine sans albumen, sont réunies par
plusieurs auteurs aux Gesnériacées , dont elles s'éloignent un peu par leurs placentaires
portés sur une lame et dilatés en fausse cloison, ce qui les rapproche de quelques Bigno-
niacées.
GÉOGRAPHIE. — Toutes les Gresnériacées habitent le nouveau continent, surtout vers
réquateur; quelques-unes sont parasites sur les vieux troncs d'arbres; les Cyrtandracées
croissent principalement dans TAsie tropicale, surtout dans les iles, et sur les versants méri-
dionaux de THimalaya.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Ces deux Familles, quoique considérables, offrent peu
./KsCHIXANTHt DR JaVA.
[^êekinanthuê Jatanieuê.)
Cbirita db Mooif.
{Chirita Moonii.)
d'importance sous le rapport des propriétés utiles. La Columnea scandens, petit arbrisseau de
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GESNÉRIACÉES ET CYRTANDRACÉES. 183
rinde, à tige grimpante, charnue, à fleurs d'un beau rouge ^ est cultivé dans nos serres
chaudes ; le disque glanduleux de la fleur fournit un nectar abondant , qui lui a valu dans sa
patrie le nom populaire de Liane à sirop, — Beaucoup d'autres Espèces de Gesnériacées et de
JkliTRjiiiii k rLiuat cocciNàu. Achiiiini a rioiLLKs vonBaiosif.
{Mitraria eoceinta.) [Aehimtne» multiflora.)
Cyrtandracées sont recherchées par les floriculteurs : nous nous contenterons d'en citer quel-
ques-unes. Les iEscHYNANTHUS, végétaux ligneux, volubiles ou grimpants, émettant de
leurs nœuds renflés des racines adventives, au moyen desquelles ils vivent en parasites sur les
troncs d'arbres, ont des fleurs d'une couleur rouge ou orangée éclatante. — Les Chirità
sont des Plantes herbacées ou sous-ligneuses , un peu charnues , à corolles grandes , roses ,
bleues ou jaunes. LeCn. de Chine {Ch.sinensis), (PI. Xn),estacaule; le pédoncule radical est
rougeàtre, et se divise au sommet en 2 ou 3 pédicelles, portant chacun une fleur dont la corolle
est d'un lilas vif au limbe externe et à la base du tube, blanche intérieurement ; la lèvre infé-
rieure présente un double cal d'un orangé vif; la supérieure , un autre plus court , plus gros,
arrondi d'un côté, biflde de l'autre. Le Ch. de Moon (Ch. Moonii) est remarquable par
son port élancé^ son beau feuillage, ses corolles d'un violet pèle, ornées à l'intérieur d'une
tache dorée.
La Mitraria coccinea est un petit arbrisseau du Chili , qui vit en parasite sur les troncs
d'arbres; sa tige et ses rameaux sont débiles; les pédoncules sont opposés, uniflores; la corolle
est d'un rouge éclatant. — L'achimène multiflore [Achimenes muliiflora) , Espèce
brésilienne, récemment acquise à l'horticulture, est, comme toutes ses congénères, remarquable
par l'éclat, l'abondance et la durée de ses fleurs; elle est toute couverte de poils, à l'exception
desa corolle, qui est penchée, àtube infundibuliforme arqué, d'un lilas pâle, à Umbe très-ample
d'un riche lilas purpurin, et légèrement frangé. — LaCoLUMNÉA de Linden (Columnea
Schiedeana) est une Plante ligneuse du Mexique, à corolle d'un jaune obscur, pointillé de
pourpre: laC. orangé e(C. aurantiaca), (PI. XXIX), a des corolles longues de 2 pouces; les
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184 HISTOIRE DES FAMILLES.
cinq glandes du disque entourant la base de Tovaire sont plus ou moins distinctes Tune de
Tautre.
Les Gesnères (Gesneria) sont des herbes de TAmérique tropicale, à racines tubéreuses
vivaces, à feuilles opposées ou verticillées, à fleurs disposées en thyrse, en cyme , en grappe
ou en épi; la corolle offre à la base de son tube 5 gibbosités. La Gbsnèrb db Gérold
(Gesneria Geroldiana ) est une Espèce magnifique , dont les fleurs, penchées dans le bas du
corymbe, ont une corolle écarlate supérieurement, jaune ponctuée de brun inférieurement.
Les Gloxinies {Gloxinia), (PI. Vlll), sont, comme les Gesnères, des Plantes tropicales à
racine tubéreuse ; les fleurs sont axillaires, solitaires ou peu nombreuses, grandes, penchées, à
corolles violettes, ou blanches^ ou d'un vert jaunâtre, quelquefois ponctuées de taches plus
obscures que le fond. — Le Gloxinia maculata a sa tige herbacée en forme de chapelet, ma-
culée de lignes pourpres ; les feuilles sont cordiformes , les fleurs d'un bleu violacé , assez
grandes. Le G, palUdiflora , récemment découvert aux environs de Santa-Martha, par un
botaniste voyageur anglais, ressemble au G. maculata par son port et ses feuilles, mais la Uge
n'est pas tachetée, et sa corolle est plus petite et d'un bleu plus pâle.
Les Gloxinies, par la durée autant que par la beauté de leurs fleurs, sont le principal
ornement des serres dans toutes les saisons de l'année ; mais les horticulteurs, qui possèdent
ces précieuses Pcrsonnées , ont trouvé le moyen de multiplier leurs richesses par des croise-
ments, donnant lieu à la naissance d'Hybrides , qui présentent réunies les beautés de leurs
parents. Cette création, car c'en est une véritable, qui honore le génie persévérant de
l'homme, est pour les Adonistes une source inépuisable d'émotions nouvelles. Non-seulement
les fleurs ainsi créées offrent des formes plus amples et des couleurs plus vives, mais quelque-
fois elles fournissent au botaniste un sujet d'observation : c'est ainsi que dans un Gloxinia
hybride obtenu par M. Fyfe, jardinier anglais, la cinquième étamine, ordinairement rudimen-
taire, s'est montrée complètement développée et pourvue de pollen.
Famille XXXIIP.— CRESCENTIÉES.
Cette Famille se compose de quelques Genres peu connus, placés par Endlicher à la fin des
Gesnériacées; ils habitent les régions intertropicales ; leur fleur est celle des Bignoniay leur
flruit est coriace, ou ligneux ou charnu, indéhiscent; les graines sont anguleuses, sans albu-
men. — Nous ne citerons de cette Famille que le Calebassier {Crescentia cujeté), arbre
indigène de l'Amérique tropicale, dont le fruit est semblable à une courge, et renferme ime
pulpe charnue , sucrée - acidulé ; les nègres s'en nourrissent ; on l'emploie aussi comme
médicament dans diverses maladies inflammatoires, dans la phthisie et l'hydropisie; on l'ap-
plique en outre comme topique sur les contusions. Le péricarpe ligneux sert à fabriquer des
vases, des assiettes, des cuillers.
Famille XXXIV". — BIGNONIACÉES.
(BiGNONES, de Jussieu. — BignoNIACées, de Rob. Broivn.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle kypogyne , monopétale , ordinairement
irrégulière. EXAMINES insérées sur le tube de la corolle. Ovaire à i, ou % ou k loges.
Fruit capsulaircy à valves se séparant des cloisons semintfères, et rarement placent ifères.
Graines ordinairement horizontales et ailées. Plantule dicotylédonée, droite^ exalbuminée,
à radicule généralement vague.
Les Bignoniacées doivent leur nom au Genre Bignonia, dédié à l'abbé Bignon , promoteur
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BIGNONIACÉES. 185
de la botanique. — Ce sont des Végétaux généralement ligneux^ souvent volubiles ou grim-
pants, à feuilles opposées, sans stipules. Les fleurs sont complètes, ordinaii-ement irrégulières.
Le calyce est monosépale à 5 divisions bilabiées ou bipartites. La corolle est à tube court, à
gorge ample, à limbe ordinairement bilabié, dont
la préfloraison est imbriquée. Les étamines sont
alternes avec les divisions de la corolle, rarement
au nombre de 5 , ordinairement k , didynames
par avortement ou stérilité de la cinquième,
quelquefois au nombre de 2 seulement. L'ovaire
est entouré d'un anneau charnu, et composé
de 2 carpelles ; les ovules sont nombreux, ré-
fléchis ; 4e style est simple , le stigmate ordinai-
rement biflde. La capsule est coriace ou ligneuse ;
les graines sont horizontales dans les Bignonia,
pendantes ou asceiidantes dans les autres.
Sésame.
Sesamum.
Calampeus.
EcCREMOCARPUS.
Incaryilléa.
Calampelis.
Eccremocarpus,
fncarvUlea.
TOURRETIA.
Tourretia.
Catalpa.
Tecoma.
Catalpa.
Tecoma,
Jacaranda.
Jacaranda.
BiGNONE.
Bignonia.
Jacaranda a fbuillb d'acacia.
[Jacaranda mimoto/bh'a.)
AFFINITÉ. — L'afflnité des Bignoniacées avec les Acanthacées et les Antirrhinées est
manifeste ; mais la circonscription de la Famille est difficile, et on ne peut guère en flxer la
diagnose, à moins d'exclure les Sésames, voisins des Pédalinées, et les Eccremocarpus:
voisins des Gyrtandracées ; les Bignones se distinguent des Pédalinées par leurs graines
horizontales.
GÉOGRAPHIE. — Cette Famille est tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Bignoniacées renferment quelques Espèces utiles.
Le bois dur des unes , les rameaux flexibles des autres servent à plusieurs usages chez les
indigènes de TAmérique.
Le Catalpa {Catalpa syringœfolia), est un bel arbre originaire de la Caroline, que Ton
cultive aujourd'hui dans tous les jardins de l'Europe; ses feuilles sont larges, cordiformes,
d'un vert tendre ; ses fleurs , disposées en nombreuses panicides terminales , ont leur corolle
blanche , tachetée de pourpe et de jaune : elles ne contiennent que 2 étamines anthériferes;
les 3 autres sont stériles ; le bois est blanc et peu polissable ; les capsules sont usitées en
décoction contre l'asthme chronique , chez les Américains. — La Bignonia leucoxylon,
arbre du Brésil , de la Guyane et des Antilles , nommé dans le commerce Ébène verte de
CayennCy a son tronc formé d'un aubier blanc très-épais, et d'un cœur jaune-verdàtre, peu
dense ; ce bois , odorant quand on le râpe , est connu en Amérique sous les noms vulgaires de
Gutrapariàa, Urupariba, Pao d'arco; son écorce est regardée comme l'antidote le plus sûr
du Mancenillier. La B. speciosa (PI. VI) est une élégante Espèce de l'Amérique méridionale,
cultivée depuis vingt ans dans les serres tempérées d'Europe; sa tige volubile porte des
feuilles opposées, et composées de deux folioles; le pétiole se termine par une vrille simple ;
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186 HISTOIRE DES FAMILLES
les fleurs sont géminées ou ternées à rextrémité des rameaux ; le tube de la cercle est de
couleur blanchâtre , le limbe est divisé en 5 lobes arrondis-obovales, ondulés, d'un nolet
pâle, et parcourus par des nervures purpurines. — Le Catalpa a feuilles de cift!«c
(Catalpa longissima), vulgairement nommé Chêne noir d* Amérique, croît aux Antilles; se»
capsules, longues de plus d'un pied, lui ont valu son nom spécifîque ; son bois est dur comme
celui du chêne, et n*est jamais percé par les vers; cette inaltérabilité le rend précieux pour
les constructions navales. — Le Técoii a a feuilles de frêne (Tecotna stans) ^ eûibimtm
de l'Amérique méridionale, est cultivé en serre chaude; ses feuilles sont persistantes, ses
fleurs disposées en grappes et de couleur jaune; la racine est diurétique, de là le nom de Boi$
de pissenlit, — La Bignone radigantb {Tecoma radicans)^ nommée communément le
Jasmin de Virginie , est un arbrisseau magnifique de TAmérique septentrionale , à feuilles
imparipennées , qui s'accroche aux arbres et aux murailles au moyen de racines aérienoes;
on le cultive en pleine terre ; ses fleurs, d*un rouge cind)re, forment des cymes du plus bel
effet. — La Bignonia chica est une Plante grimpante , à feuDles terminées en vrille ; ses
fleurs sont violettes, munies de k étamines fertiles et d*une stérile; les feuilles donnent,
par la macération dans Teau, une couleur rouge-brique^ avec laquelle les sauvages des bords
de rOrénoque et du Gassiquiare se peignent le corps et le visage. Ce principe colorant,
de nature résineuse , est envoyé en Europe sous le nom de Krajuru,
Les feuilles de plusieurs Espèces de Jacaranda contiennent un principe acre, astringent,
auxquels les Brésiliens attribuent de grandes vertus contre les maladies contagieuses des
organes de l'absorption.
Les Sésames (Sesamum) sont des Plantes herbacées, couvertes de glandes vésiculaires, qui
renferment un mucilage abondant. Leur graine, connue dans divers pays sous les noms
de Jugeoline, Gigéri, Gengéli, contient une huile fixe très-abondante. Le S. de l'Iïidb
(S. Indicum)ei le S. d'Orient {S, Orientale) sont cultivés de toute antiquité dans les
régions tropicales et subtropicales de TAsie et de l'Afrique; leur culture s'est répandue dans
le midi de l'Europe et dans l'Amérique. L'huile \irée des graines est employée chez les
Orientaux depuis la plus haute antiquité comme aliment, comme médicament et comme
cosmétique. En Egypte, les femmes en boivent tous les matins pour acquérir cet em-
bonpoint qui est le mérite suprême du beau sexe aux yeux des Musulmans. Dans le
Levant, on la mêle à l'amidon et au miel pour en composer des galettes , nommées calva, que
les calvadji vendent dans les rues, à Smyme. En Amérique , on s'en sert en guise dTiuile de
Ricin. Depuis quelques années , on la fabrique à Marseille avec des graines qui viennent
d'Egypte; en 1844, l'importation de ces graines s'est élevée à plus de 9 millions de kilograro.
L'huile sert à la fabrication des savons et à la falsification de l'huile d'olive.
En pensant au Sésame, on se rappelle involontairement le fameux Sésame ^ ouvre-toi! des
Mille et une Nuits, L'imagination superstitieuse des Arabes attachait-elle à cette graine hui-
leuse des vertus magiques qui forçaient les portes à rouler d'elles-mêmes sur leurs gonds? C'est
une grave question que nous n'approfondirons pas.
Famille XXXV. — PÉDALINÉES.
(Pédàlinées^ de liobert Brown. — Pédâliàcées, de Lindley. — Martykiacées,
de Linck).
CARACTÈRE. — Calyce libre. CoKOhh^ hypogyne, monopétale irrégulière. EXA-
MINES insérées sur le tube de la corolle, k didynames, ou 2 seulement Ovaire à 1, ou 3, ou
k loges. Fruit capsulaire ou drupacé. Graines peu nombreuses; plantule dicotylédonée
exalbuminée.
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PÉDALINÉES. 187
Les Pédaliûées sont des Plantes généralement herbacées, velues, souvent visqueuses; les
feuilles sont simples, sans stipules. Les fleurs sont complètes, irrégulières, axillaires. Le
calyce est à 5 divisions. La corolle est bilabiée, à préfloraison imbriquée. Les étamines sont
incluses dans le tube de la corolle. L'ovaire
est ceint à sa base d'un disque glanduleux,
et composé de 2 ou &• carpelles, formant par
leurs divers degrés d'introflexion ou 2, ou
4, ou 8 loges; les ovules sont réfléchis; le
style est simple, terminal ; le stigmate bi-
lamellé. Le fruit est sec ou charnu, quel-
quefois cornu au sommet par Tendurcisse-
ment des carpelles, ou épineux sur ses
angles ; tantôt il s'ouvre par décollement des
cloisons, tantôt il est indéhiscent, tantôt
l'épicarpe seul se détache par valves; et
l'endocarpe ligneux et fibreux reste clos.
Les graines sont tantôt peu nombreuses
dans chaque loge et horizontales ou pen-
dantes, tantôt solitaires et dressées; la
plantule est droite , à cotylédons charnus,
à radicule courte , voisine du hile.
Pédalium. Pedalium.
CoRNAHET. Martynia.
AFFINITÉ. — Les PédaUnées touchent
d'un côté aux Gesnériacées par l'intermé-
coBifABiT A T.oMM. diaiTc du Genre Martynia, de l'autre aux
{Manyma Prokccié^a.) Bignomacécs par le Genre Sésame,
GÉOGRAPHIE. — Les Espèces sont peu nombreuses et dispersées dans les régions
tropicales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Pédalinées sont couvertes, comme les Sésames, de
glandes vésiculeuses contenant du mucilage, et agrégées par quatre. Le Pedalium
murex, Plante indienne, vulgairement nommée Paturaja cingal, sent le musc, et quand on
la bat avec de l'eau, elle rend celle-ci mucilagineuse, et aussi épaisse que du blanc d'œuf.
Son suc est usité comme émollient; sa drupe épineuse est employée en guise de chausse-
trappe par les habitants de Ceylan. — Le Genre Cornarbt (Martynia) fournit à l'horti-
culture des Espèces annuelles, dont les fleurs en épi ressemblent à celles de la Digitale : tel
est le C A TKouPE {M. proboscidea) des Antilles, dont la corolle est blanche, ponctuée à la
gorge, jaune dans le fond, et dont les fruits sont armés de longues cornes.
Famille XXXVP. ~ ACANTHACÉES.
(Acanthes, àeJussieu, — Acanthacées, à& Robert Brown,)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne monopétale. Étamines insérées
surle tube delà corolle, kdidynames, ou^seulement. 0\ aire biloculaire, Cav&vlv. loculicide
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188 HISTOIRE DES FAMILLES.
à 2 valves, emportant chacune avec elles la moitié de la cloison. Graines soutenues par des
rétinacles en gouttière ou en cupule ; plantule dicotylédonée et albuminée, à radicule infère
et centripète.
Les Acanihacées sont des Plantes herbacées ou ligneuses j à tiges et rameaux noueux
articulés. Les feuilles sont opposées ou
verticillées, simples, sans stipules. Les fleurs
sont complètes, rarement solitaires, accom-
pagnées chacune d'une bractée et de deux
bractéoles géminées. Le calyce est à 4-5
divisions, quelquefois tronquées. La corolle
est ordinairement bilabiée, à préfloraison
contournée. Les ovules sont courbes; le
style est simple, terminal; le stigmate or-
dinairement bifide. Les graines ont leur
plantule généralement courbe^ à cotylédons
grands et orbiculaires.
Thunbebgia.
Thunbergia,
RUBLLIA.
Buellia.
GULDFUSSIA.
Goldfussia,
Geissomeria.
Geissomeria
ACANTBB.
Acanthus.
Grossamdra.
Crossandra,
Aphéi.andra.
Aphelandra.
Garmantine.
Justicia.
AFFINITÉ.— Les Acanthacéesunissent
les Antirrhinées aux Bignoniacées par Tin-
AcARTHB sAifi ipiRBi. tcrmédiairc du Genre Mélampyre; elles se
(AaanlAiM mollit) **' '
distinguent nettement des autres familles
par Tabsence d'albumen, la situation des placentaires, la direction de la radicule, la déhis-
cence ordinairement élastique de la capsule , la présence des rétinacles qui sous-tendent les
gaines , et enfin par leur port particulier.
GÉOGRAPHIE. — Les Acanthacées abondent entre les tropiques.
ESPÈCES REMARQUABLES. —11 n'y en a aucune qui soit employée en Europe
pour ses propriétés médicales : toutes sont mucilagineuses ) quelquefois un principe amer se
joint au mucilage; dans d'autres^ Tâcreté domine; quelques-unes contiennent une huile
volatile qui les rend stimulantes ; plusieurs renferment un principe colorant bleu ou rouge.
— L'Acanthe sans épines (AeanMu* mo/Zw), vulgairement ^ranc-i/rsinç, herbe vivace
de la région méditerranéenne, était autrefois vantée comme -émolliente. La beauté pittoresque
de ses feuilles sinuées avait frappé les anciens, qui les figuraient dans les sculptures de leurs
meubles et dans les chapiteaux des colonnes de l'ordre corinthien ; un bei^er de Virgile, dans
la troisième Églogue , vante « deux coupes que le divin Alcimédon a ciselées pour lui , et
dont l'Acanthe flexible embrasse les anses : »
Et nobis idem Alcimédon duopocula fecit,
Et molli circum est ansas amplexus Acantho.
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PI. XVI.
(Rosacée»)
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( Lythrariéftn )
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ACANTHAGEES. J89
Parmi les nombreuses Espèces que celte Famille fournit à la floriculture , nous citerons la
Carmantinb écaulate (Justicia coccinea), arbrisseau de Cayenne, haut de 6 à7 pieds, à
feuilles veinées, à fleurs magnifiques, disposées en épis tétragones, et se succédant pendant
tout Tété; YAphelandra fulgens (PI. IV), arbuste du Mexique, haut de 3 pieds, à longues
corolles d'un rouge éclatant.
Famille XXXVII". — LABIÉES.
(Verticillées, de Lijmé. — Labiées, de Jussieu. — Lamiacées, de Lindley,)
CARACTÈRE. — Calyce /i'6r^. Corolle hypogyne, monopétale , irrégulière. Exa-
mines insérées sur le tube de la corolle, 4 ou 2. F RViT composé de k akènes. Graines
dressées; plantule dicotylédonée, exalbuminée, à radicule infère. Feuilles opposées ou
verticillées.
Les Labiées sont des Plantes généralement herbacées, à tige ordinairement tétragone;
les feuilles sont simples, sans stipules ; les
fleurs sont complètes, irrégulières; elles
naissent à Taisselie des feuilles ou des brac-
tées , et forment des cymes contractées ou
rameuses, à floraison centrifuge, quelquefois
réduite à une fleur unique. Le calyce est
monosépale, persistant, tantôt régulier ou
presque régulier, à 5 divisions, rarement à
k par Tabsence de la supérieure ; tantôt irré-
gulier et divisé en deux lèvres , dont la su-
périeure représente 3 sépales, et Vinférieure
2. Le limbe de la corolle est irrégulier, 4-5-
lobé, à préfloraison imbriquée ; tantôt il est
divisé en 2 lèvres, dont la supérieure, repré-
sentant 2 pétales, est entière ou échancréc,
et rinférieure, représentant 3 pétales, 3-lo-
bée; quelquefois il paraît unilabié, parce
que la lèvre supérieure est fendue profon-
dément et que ses lobes sont très-courts
{Bugle, Germandrée) , tantôt il est cam-
panule, ou infundibuliforme^ à i- lobes
presque égaux, et porte des étamines presque
égales (Menthe) ; les étamines sont le plus
généralement didynames par avortement
(iiM.op«"î!lina/^..) ^® rétamine supérieure ; quelquefois les 2 la-
térales manquent, et les 2 inférieures seules
sont fertiles ; les anthères sont à 2 loges , séparées quelquefois par un connectif filiforme très-
allongé, qu'on prendrait pour le filet : alors la loge inférieure est stérile ou nulle (Sauge,
Romarin). Les carpelles forment un ovaire quadriloculaire , quadrilobé , à loges tantôt égale-
ment distinctes, tantôt cohérentes par paires, uniovulées; les ovules sont dressés et réfléchis;
le style naît à la base des carpelles, et se dilate en un gynobase tapissant le prolongement du
réceptacle ; le stigmate est bifide. Le fruit se sépare en k parties, qui figurent 4 akènes ou
nucules, distinctes ou géminées, à épicarpe quelquefois charnu (Prasium).
2:i
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190
HISTOIRE DES FAMILLES.
Basilic.
Plbctranthus.
COLÉUS.
Hyptis.
pogostémon.
Pbeslia.
MlKTHE.
Ltcope.
Sauge.
ROKABIN.
MONABDE.
Amabacus.
Obigan.
Mabjolaine.
Thym.
Sabbiette.
Hysopb.
CUNILB.
IlÉDÊOlfA.
Mélisse.
Clinopode.
Gabdoquu.
Thymbba.
Bbluellb.
Ocimum.
Plectranthus.
Coleus,
Byplis.
Pogostemon.
Preslia.
Mentha,
Lycopus.
Salvia,
Rosmarinus.
Monarda,
Amaracus,
Origanum,
Major ana.
Thymus.
Satureia.
Hyssopus.
Cunila.
Hedeoma.
Melissa.
Ginopodium,
Gardoquia.
Thymbra.
Prunella.
Clbonie.
Geonia,
Toque.
Scutellaria
Westringia.
Cataibe.
Glécome.
Westringia,
Nepeta.
Glechoma,
Dbacocéphale.
Cedbonelle.
Dracocephaium
Cedronella,
Méussot.
Melittis.
Lamibb.
Lamium.
Agbipaume.
Leonurus.
Galéopsis.
Epuibb.
Betoinb.
Galéopsis,
Stachys.
Betonica,
Cbapaudike.
Sideritis.
Mabbube.
MarrtUnum.
Ballots.
Ballota.
Léonotis.
Léonotis,
Phlohide.
Phlomis,
Ebémostachys.
Molccelle.
Eremostachys.
Moluccella,
Améthyste.
Gebmandbée.
Amethystea.
Teucrium.
Bugle.
Ajuga,
Les Labiées, parleur tige tétragone, leurs feuilles opposées, pourvues de glandes oléifères,
leur fleur irrégulière, leurs étamines didynames ou géminées, leur ovaire quadrilobé^ et leurs
ovules dressés, forment un groupe bien distinct; elles se rapprochent des Verbénacées et des
Borraginées : les Verbénacées leur ressemblent par le port, la tige ordinairement tétragone,
les feuilles presque toujours opposées, la structure du calyce, de la corolle et de Tandrocée;
elles en difTèrent par Tovaire et le fruit , le nombre et Finsertion des ovules , et Tabsence de
glandes oléifères. Les Borraginées, dont To^ aire offre une conformation semblable à celle de
Tovaire des Labiées , se distinguent facilement de ces dernières par leurs feuilles alternes,
leur inflorescence, la régularité et la proportion quinaire des trois premiers verticiUes, Tovule
inverse et la radicule supère ; l'analogie avec les Antirrhinées est beaucoup plus éloignée, et
ne porte que sur la corolle bilabiée et les étamines didynames.
GÉOGRAPHIE. — Les Labiées habitent en général Tancien continent, et surtout la
zone comprise entre le &•()* et le 50* parallèle boréal ; leur nombre diminue sous les tropiques
et vers les pôles ; au delà du Capricorne, on les rencontre rarement ; elles sont bannies des
zones glaciales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Labiées contiennent une huile volatile, un principe
gomrao-résineux amer, de Tacide gallique, et c'est à la combinaison variée de ces diverses
substances qu'elles doivent leurs vertus. Chez les unes domine une huile volatile, renfermée
dans des glandes vésiculaires situées sous Tépiderme des parties herbacées; chez les autres,
fhuile volatile, tient en dissolution une certaine quantité de stéaroptène, carbure d'hydrogène,
analogue au camphre; chez quelques-unes, le principe amer s'unit à l'huile volatile; chez
d'autres, enfin, l'huile volatile, le stéaroptène, l'acide gallique et les principes amers sont
réunis.
Les Espèces purement aromatiques sont employées, selon le plus ou moins de stéaroptène
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LABIÉES. lyi
que contient leur huile volatile, soit pour assaisonner les aliments, soit pour parfumer des
cosmétiques, soit pour préparer des eaux distillées médicinales ou autres médicaments. Tels
sont principalement les Menthes, le Thym, le Basilic, la Mélisse^ que Ton emploie fréquem-
ment en qualité de stimulants. La Menthe poivrée (Mentha joijorn/a), spontanée en
Angleterre, et cultivée dans tous les Jardins de l'Europe, est en tête de ce groupe ; après
elle vient la M. verte (Mentha viridis)\ à Thuile volatile est associé un principe résineux
amer, dans laMENTUR crépue (M. crispa) , avec laquelle rivalisent plusieurs autres Espèces
du même Genre, croissant dans les lieux humides de TEurope centrale et méridionale : ce sont
la M. SAUVAGE {M, sylvestris), la M. aquatique (M. aguatica), la M. b a u h b {M, gentilis),
la M. CULTIVÉE (Af. sa/im), la M. a feuilles rondes (iV. rotundifolia). he F ovliot
(M, pulegium) et la M. a feuilles étroites (Preslia cervina)^ s'en rapprochent par
leur propriétés comme par leurs caractères botaniques.
Plusieurs Espèces de Thym sont recommandées comme condiments et comme remèdes
stimulants, à cause de Thuile chaude qu'elles contiennent. LeTnTM serpolet [Thymus
serpyllum), le Thym commun (Th. vtdgaris), sont connus de tout le monde. Virgile cite le
serpolet parmi et les herbes aromatiques que Thestylis broie avec l'ail pour rafraîchir les
moissonneurs brûlés par le soleil, d
Thestylis et rapido fessis messoribus œstu
Allia serpyllum que herbas contundit olentes.
Le Thym de Crète (TA. capitatus) est un petit arbrisseau très-élégant, qui croît dans
les lieux arides et pierreux de la région méditerranéenne. Ses rameaux sont étalés, et ses
fleurs forment des touffes serrées; c'est à leur délicieux arôme que les anciens attribuaient
Texcellence du miel récolté sur le mont Hymette, en Grèce, et sur le mont Hybla^ en Sicile.
Un des bergers de Virgile croit faire un compliment très-flatteur à sa maîtresse en la compa-
rant à cette Labiée odoriférante : a 0 Galathée , Néréide plus blanche que les Cygnes , plus
gracieuse que le Lierre, plus suave pour moi que le Thym d'Hybla pour les abeilles; dès que
les taureaux retourneront du pâturage à Tétable , viens vers ton Corydon, si tu ressens pour
lui quelque amour. »
Nerine Galathea, Thymo mihi dulcior Hyblœ^
Candidor cycnis^ hederâ formosior albà,
Quùm primùm pasti répètent prœsepia tauri^
Si qua tui Corydonis habet te cura, venito.
La Mélisse [Melissa officinalis), vulgairement nommée Citronnelle, était vantée par.
les médecins de l'antiquité comme étant propre à réveiller agréablement l'action nerveuse des
organes de la vie de relation (médicament neruin)-, à dissiper, par son arôme diffusible et
pénétrant, certaines céphalalgies, vertiges, bourdonnements d'oreilles, etc. (médicament
céphalique); enfin à chasser j dit Sérapion, toutes inquiétudes sans cause et imaginations du
cerveau qui procèdent d'humeurs mélancoliques (médicament exhilarant). Cette renommée
s'est perpétuée jusqu'à nos jours, et c'est sur elle que repose la vogue de la fameuse Fau de
Mélisse des Carmes,
Le nom grec de Mélisse, qui signifie abeille, a été donné à cette Plante parce que les
abeilles la recherchent avec avidité. Virgile, dans ses Géorgiques, recommande aux cultiva-
teurs d'attirer les essaims v en répandant devant eux les mets propres à flatter leur goût, la
Mélisse broyée et l'herbe sans gloire du Mélinet. »
Hùc tu fusses adsperge sapores,
Trita melisphylla^ et Cerinthœ ignobile gramen.
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192 HISTOIRE DES FAMILLES.
Pline donnait à Ja Mélisse le nom d'Apiastrum, qui a le même sens^ les Provençaux rap-
pellent le Piment des abeilles,
LeCALAifBNT (3f. calamintha), la M. cataire (M, nepeta), possèdent des propriétés
analogues à celles des Menthes, L'A ci no s (M, acinos) tient le milieu entre le Thym et le
Pouliot. LeCLiNOPODE (Clinopodium vulgare) est, à cause de la faiblesse de son arôme,
rangé parmi les succédanés du Thé de Chine. Le Dracocéphalk de Moldavie (/>r(ico-
cephalwn Moldavica) est plus chaud que la Mélisse, mais son parfum est moins suave. La
Cédronelle (Cedronella triphyllà), herbe des Canaries, voisine de la précédente, réunit les
odeurs du Camphre et de la Térébenthine. Les B AS i l ics, qui nous viennent de ITnde, et qu on
cultive dans tous les jardins et sur les fenêtres des maisons à cause de leur odeur pénétrante,
remplacent la Mélisse chez les Indiens. Le Basilic a fleurs vertes {Ocimum viridi-
florum) croît dans l'Afrique tropicale, et est employé comme fébrifuge par les nègres.
Le Patchouli {Pogostemon patchùuly) est une Espèce indienne, sous-ligneuse, voisine
des Basilics, à fleur d'un violet pâle, à feuilles contenant une huile volatile d'odeur très-
forte , que Ton emploie pour préserver des teignes les vêtements de laine et les fourrures. On
renvoie de ITnde, hachée en menus morceaux ; c'est depuis quelques années seulement qu on
a réussi à la cultiver en serre tempérée.
Le Rom AR IN (Rosmarinus officinalis) est un petit arbrisseau de 3 à &• pieds, très-rameux,
qui fleurit au commencement du printemps ; on le cultive dans tous les jardins, mais il croît
spontanément dans le midi de l'Europe , et surtout près des rivages maritimes : de là le nom
de Bos marinus, composé de deux mots qui signifient parfum de la mer. L'huile volatile qui
abonde dans les feuilles et les fleurs de cette Plante est chaînée d'une notable quantité de
stéaroptène, qui augmente l'énergie de ses propriétés stimulantes ; les pharmaciens en prépa-
rent un vin, une eau distillée et un alcoolat, connu depuis longtemps sous le nom d^Eau de la
reine de Hongrie, C'est au Romarin que le miel blanc de Narbonne doit sa saveur aromatique;
on a même remarqué que la récolte du miel manque aux environs de Narbonne quand un
incident atmosphérique empêche la fleuraison de la Plante. Les anciens connaissaient le goût
des abeilles pour le Romarin : l'auteur des Géorgiques dit , en parlant du choix des terrains
propres à l'agriculture : « La colline couverte d'un aride gravier ne peut produire que
l'humble Casia et le Romarin, destinés aux abeilles. »
Nam jejuna quidem clivosi glarea ruris
Vix hutniles apibus Ckisias, Rorem que ministrat.
La Sarriette (Satureja hortensis) a un goût piquant et une odeur pénétrante; on l'em-
ploie pour assaisonner divers aliments, et notamment les pois verts ; de là le nom de Satvreia,
qui vient de satura ^ ragoût. Les anciens la. désignaient sous le nom de Thymbra. Cette
Plante est , comme la plupart des Labiées , recherchée par les abeilles ; nous avons cité dans
notre préface le vers de Virgile qui en fait mention. — Dans THysope {Hyssopus officinalis]^
les propriétés stimulantes de l'huile volatile camphrée sont modifiées par un principe amer,
qui donne à la Plante des vertus toniques. — La Cataire (Nepeta cataria] est une herbe
croissant le long des haies en Europe et en Asie ; sa saveur aromatique la fait employer en
médecine ; son odeur forte la fait rechercher par les chats, qui aiment à se frotter sur elle ;
ce qui lui a valu le nom vulgaire d'Herbe aux chats.
Beaucoup de Labiées se recommandent par leurs propriétés à la fois stimulantes et
toniques. — La Lavande spic (Lavandula spica), Plante méditerranéenne, fournit une
huile essentielle à odeur très -forte, nommée huile de spic, et par corruption huile d'aspic;
on l'emploie en frictions contre les douleurs rhumatismales. La L. officinale (Z. vera)esi
plus septentrionale que le Spic; c'est avec elle que l'on fait des bordures dans nos jardins.
L'Origan [Origanum vulgare) croît dans les bois secs et montueux de toutes les régions tem-
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LABIÉES. 193
pérées de Thémisphère boréal. La Marjolaine (0. majorana) est une Plante vivace , souvent
annuelle dans nos jardins , et très-variable ; ses fleurs forment des épis , dont les bractées ,
serrées et branchâtres, sont disposées sur quatre rangs. Cette Plante odoriférante était dési-
gnée par les anciens sous le nom ^'Amaracus, Lorsque Vénus, dans T^ne/r/e , substitue son
fils au jeune Ascagne, fils d'Énée , afm que les caresses de Cupidon, reçues sans défiance,
embrasent le cœur de l'infortunée reine de Cartbagc. « Elle verse un doux sommeil dans les
membres de l'enfant, puis l'emporte sur son sein, et le dépose endormi dans les bosquets
dldalie, où la tendre Marjolaine l'enveloppe de son ombre et de ses parfums. »
At Venus Àscanio placidum per membra soporem
Jrrigat, et fotum gremio dea tollit in altos
Idaliœ lucos, ubi mollis Amaracus illum
Floribus et dulci adspirans complectitur umbrâ.
Le DiGTAME bE Crète {Origanum Dictamnus) , célèbre chez les anciens pourlagué-
rison des blessures, croit principalement dansTile de Candie; son odeur est fragrante, et son
goût acre et piquant. Virgile a fidèlement décrit cette Espèce dans le passage de son poème ,
où (c Vénus^ afûigée des souffrances de son fils Énée, va cueillir en Crète, sur le sommet de
rida , le Dictame , dont la tige aux feuilles velues se couronne d'une touffe de fleurs purpu-
rines, herbe bien connue de la chèvre sauvage, qui la broute lorsqu'une flèche rapide est
venue se fixer dans son flanc. »
Hic Venus indigna nati concussa dolore
Dictamnum genetrix Cretœà carpit ah Idâj
Puberibus caulem foliis et flore comantem
Purpureo ; non illa feris incognita capris
Gramina, quùm tergo volucres hœsere sagittœ.
Dans les GIrmandrées (leucrium), Plantes indigènes, un principe astringent se joint à
Tamertume, et modifie leurs propriétés toni-
ques. Le Petit -Chêne (7'. chamœdrys) est
faiblement aromatique; on l'emploie comme
stomachique; la Germandrée femelle
{T, botrys) est presque inodore et peu usitée ; la
G. MARUM {T. mai^um) qui contient une huile
volatile camphrée, dont l'odeur attire les chats;
la G. AQUATIQUE {T, sco?'dium), qui sent l'ail
quand on la froisse; la G. scorodone (T.sco-
rodonia), dont les sommités fleuries laissent
sur les doigts l'odeur du Houblon, sont des
Espèces tombées en désuétude.
Les Bug LES (Ajuga) contiennent un prin-
cipe résineux-amer que la médecine a mis en
oubli. Il en est de même de l'A g ri paume
(Leonurus cardiaca)^ de laMoLucELLE (Molu^
cella lœvis), delaCRAPAUDiNE [Sideritis rnon-
tana), La Toque (Scutellaria galeriadata)
(ïtmTum^aîblm.) était autrcfois cmplovéc contre la fièvre tierce;
la T. LATÉRiFLORE [Sc. lateriflova) , Espèce
exotique, est préconisée contre la rage dans l'Amérique septentrionale. — Les Scutellaria
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194 HISTOIRE DES FAMILLES.
exotiques fournissent quelques belles Espèces aux amateurs de plantes d'ornement; tels sont :
le Scutellaria incamata (PI. XIII), originaire de la Nouvelle-Grenade, dont la corolle est d'un
beau rose pourpré, et le Scutellaria Ventenati que Ventenat avait confondu avec la précé-
dente Espèce. Cette belle Plante, dont la floraison dure plus de trois mois, porte de nom-
breuses grappes de fleurs d*un rouge écarlate vif : on la cultive en serre chaude. — Le
Lamirr blanc [Lamium album) et le L. tacheté (Z. maculatum], Plantes amères, dont
les feuilles, recommandées jadis dans diverses maladies, sont maintenant très-peu usitées, ont
des fleurs remarquables par leur odeur miellée et leur saveur mucilagineuse, qui se prennent
en infusion comme le thé . — LaGAtéopsiDE veloutée [Galeopsis ockroleuca), herbe un
peu salée et amère, que Ton rencontre fréquemment dans les champs cultivés^ était naguère
vendue au poids de l'or, comme remède secret contre la phthisie pulmonaire. — La Bétoinb
(Betonica offictnalis) a perdu beaucoup de sa renommée; sa racine fraîche est purgative;
sèche, elle est émétique. Ses feuilles desséchées et pulvérisées sont prises comme le tabac
pour provoquer Téternument. — Les Epi A ires {Stachys) sont complètement tombées en
désuétude.
Dans le Lierre terrestre {Glechoma hederacea), le principe aromatique est imi à une
substance acre et amère ; cette Plante est employée en tisane , en sirop, en extrait, dans les
aflections pulmonaires. — LcMarrube blanc [Marrubium vulgare) possède une amertume
plus prononcée; on le recommande encore comme tonique.
La Sauge (Salvta officinalis) réunit tous les principes médicamenteux que possèdent plus
ou moins complètement les autres Labiées; chez elle sont associés Thuile volatile, le stéarop-
tène, le principe amer et Tacide gallique; aussi la Sauge est-elle regardée, parmi les Labiées
aromatiques, comme une des plus stimulantes ; elle est de plus tonique et astringente, et c'est
à la réunion de ces propriétés qu'elle a dû sa longue réputation, un peu affaiblie de nos jours.
Salvta vient de salvus, et signifie Plante salutaire; mais on répète, sans y croire, le distique
léonin de l'école de Saleme : « Pourquoi mourrait l'homme qui a de la Sauge dans son jardin?
— Parce qu'il n'y a pas dans les jardins de remède contre la mort. »
Cur moriatur homo cui Salvia crescit in horto?
Contra vint mortis non est medicamen in hortis.
Chez quelques Labiées, le principe astringent prédomine ; telles sont MaBRUNELLE [Prunella
viUgaris), \àB KL LOT E(Ballota nt^ra) , la Phlomide tubéreuse (PA/owfs tuberosa),\e
Lycope (Lycoptis Europœus) ,F&peces indigènes, jadis employées en médecine, aujourd'hui
complètement abandonnées.
Beaucoup d'Espèces, parmi celles que nous venons de mentionner, sont cultivées comme
Plantes d'ornement, et la plupart croissent en Europe ; mais il en est quelques-unes d'exo-
tiques, que l'on rencontre dans les jardins, et que nous ne devons point passer sous sOence ;
ce sont entre autres :
Le Plbctranthus a feuilles d'ortie (Plectranthus fruticosus) ^ arbuste du Cap,
haut de 2 pieds, à feuilles grandes et cordiformes, à fleurs très-odorantes, petites, d'un bleu
clair, dont la corolle est éperonnée à la base de son tube;
La MoNAROB (Monarda didyma) y herbe de l'Amérique boréale, à fleurs fasciculées
d'un rouge vif, pourvues de deux étamines seulement, et dont les feuilles odorantes donnent
une infusion très-agréable, qui a valu à la Plante le nom de Thé d'Oswégo;
Le Westringia a feuilles de Romarin (VF. rosmarini /b/ia), arbuste élégant de
la Nouvelle-Hollande, haut de 3 à 5 pieds, à feuilles verticillées, blanchâtres en dessous, à
fleurs rapprochées en grappe, terminales et de couleur blanche;
Le Gardoquia de Hookbr (G , flookeri) , arbuste très-rameux de l'Amérique boréale,
haut de i à 2 pieds, à fleurs solitaires d'un rouge écarlate;
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LABIÉES. 195
LaCATALBPTiQUB DB ViRGiNiB ( Pkysostegia Virginica) , herbe vivace, haute de 2 à
3 pieds, à fleurs grandes, disposées en grappe^ de couleur rose, et qui, comme les personnes
frappées de catalepsie, gardent la position qu'on leur donne;
LeLéoNOTis qubue db lion (Z. Leonurus), joli arbrisseau du Cap, haut de 6 pieds,
à feuilles persistantes; à fleurs très-belles, de couleur aurore, disposées en cymes, formant
un épi serré et quelquefois un capitule;
L'Améthyste (Amethystea cœrulea), herbe annuelle, très-répandue dans l'Asie cen-
trale, souvent bleuâtre^ à feuilles 3-5-partites , à fleurs disposées en cymes lâches et
rameuses^ dont le calyce est bleuâtre et la corolle d'un bleu d'Améthyste, pourvue de 2
étamines seulement.
Famille XXXVIIP. — VERBÉNACÉES.
(Verveines, d'Arfawson. — Gàttiliers, de Jussieu. — Pyrénàcées, de Ventenat.)
CARACTÈRE. — Calyce //ôre. Corolle hypogyne, monopétale. Et kmf^Y.^ insérées
mr le tube de la corolle, 2 ou 4, ou 5, ou plus. Fruit tantôt drupacé à 2-4 noyaux bUocu-
laireSy tantôt bacci forme à 24 loges. Graines ascendantes; plantule dicotylédonée, exalbu-
minée, à radicule infère.
Les Verbénacées, ainsi nommées de leur Genre principal Verbena, sont des Plantes herba-
cées ou ligneuses, à feuilles généralement
opposées, sans stipules. Les fleurs sont
complètes, ordinairement irrégulières. Le
calyce est monosépale, persistant, tubuleux,
à limbe denté ou partit. La corolle est tu-
buleuse; son limbe est à 4-5-fîde; les éta-
mines sont ordinairement didynames, ou
réduites à 2. L'ovaire est à 2 ou 4 carpelles
formant 2 ou 4 ou 8 loges; les ovules sont
solitaires ou géminés, tantôt dressés et
réfléchis, tantôt ascendants et courbes ; le
style est terminal, simple ; le stigmate est
indivis ou bifide.
Vbktvini opvicinali.
[Vtrbtna officinaU'ê.)
LiPPIA.
Lippia.
Verveine.
Verbena.
Stachytarphëta.
Stachytarphëta
Cartopteris.
Caryopteris.
Lantana.
Lantana.
Gattilier.
Vitex.
Prbmna.
Premna.
Tkctoka.
Tectona.
Gmélina.
Gmelina.
V0LK41IÉRIA.
Volkameria.
Clèrodbndron.
Clerodendron.
DURANTA.
Duranla,
Pbtrœa.
Petrcea.
jEcirmLA.
Mgiphila.
Callicarpa.
Callicarpa.
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196 HISTOIRE DES FAMILLES.
AFFINITÉ. — Les Verbénacées, créées par la nature sur le même type que les Labiées^
diffèrent de ces dernières par la cohérence des parties de l'ovaire, par leurs feuilles quelque-
fois non opposées, et dépourvues de glandes oléifères; elles se distinguent sans peine par
leur radicule infère, des Myoporinées et des Sélaginées, familles très- voisines.
GÉOGRAPHIE. — La puissance numérique de cette famille réside dans la zone inter-
tropicale; les Espèces ligneuses habitent les régions les plus chaudes; les herbacées, les
régions tempérées.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Verbénacées contiennent une petite quantité
d'huile essentielle, tellement réprimée par les principes amers et le tanin ^ que peu
d'Espèces pourraient rivaliser avec les Labiées pour les propriétés aromatiques, aussi
occupent-elles une place peu distinguée dans la matière médicale. Les fruits bacciformes de
quelques Espèces sont légèrement amers, aromatiques et comestibles. Nos Verveines indi-
gènes, la F. officinale ( Verbena o/pcinalis), la V, couchée [V. supina)y étaient très-connues
chez les anciens Romains ; c'était sur la Verveine que roulait la table de Jupiter ; la Verveine
servait aux cérémonies lustrales; les pythonisses se couronnaient de Verveine pour entrer en
délire et annoncer l'avenir (et c'est peut-être de l'exaltation produite par la Verveine qu'est
venu le mot français verve, signifiant une inspiration poétique); les magiciennes brûlaient de
la Verveine avec de l'encens dans la préparation de leurs enchantements;
Verlienas que adole pingues et mciscula thura.
Quand les hérauts d'armes allaient déclarer la guerre aux nations ennemies, un homme
marchait au milieu d'eux, tenant en main une branche de Verveine; on le nommait Ver-
bénaire, verbenarius, — Les Druides de la Gaule se servaient aussi de Verveine pour
prononcer leurs oracles. La seule vertu que possède aujourd'hui cette Plante est d'être légè-
rement amère et astringente, et les médecins en font très-peu de cas : aussi est-elle tombée
en désuétude.
Plusieurs Verveines exotiques sont cultivées dans nos jardins : la plus connue est la V. a
FEUILLES DE Chamoedrys (F. Melindres)^ qui nous vient du Paraguay ; c'est une petite
plante vivace, à tige grêle, étalée, dont les fleurs, d'un rouge vif et velouté, ornent pendant
toute l'année les massifs et les serres tempérées. — La V. de la Jamaïque (Stachy-
tarpheta Jamaicensis), nommée vulgairement Gervao, est préconisée dans beaucoup de ma-
ladies, comme diaphorétique, par les médecins de l'Amérique du Sud. — LaV. changeante
[Stachytarpheta mutabilis), est un arbuste cultivé en serre chaude, haut de 3 pieds, à fleurs
grandes, et formant un bel épi, dont les corolles sont d'abord d'un rouge vif, et passent ensuite
au rose tendre. — La Stachytarpheta a arêtes {Stachytarpheta aristata) (PI. XII),
originaire, comme les précédentes, de l'Amérique méridionale, est un sous-arbrisseau de 2 à
3 pieds, hérissé de poils mous; les rameaux sont purpurins à leurs articulations; les épis,
longs d'un pied, sont couverts de nombreuses bractées étroitement imbriquées, et brusque-
ment terminées par une pointe aiguë; les corolles sont d'un pourpre sanguin foncé. — On la
cultive en serre chaude.
L'Aloysia citronelle {Lippia citriodora) est un arbrisseau du Pérou, cultivé en
orangerie ; ses feuilles, verticillées par 3, exhalent une odeur délicieuse de citron, qui ne
permet pas de douter qu'elle ne possède des propriétés stimulantes très-marquées. En atten-
dant que la médecine en tire parti , on emploie les feuilles séchécs pour remplacer le thé et
aromatiser des crèmes.
Le Genre américain Lan tan à est nombreux en Espèces dont plusieurs^ douées d'une
huile volatile odorante , sont employées en infusion théiforme , et en bains aromatiques : tel
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VERBÉNACÉES. 197
est le Z. pseudo-thea, vulgairement Capitao do matio, arbrisseau qui croît dans les rochers
quarlzeux du Brésil, où se trouvent les diamants. Les drupes des Z. trifolia et L. annua, sont
comestibles. On cultive en Europe plusieurs Lantana, dont le plus commun est le Z. camara,
arbrisseau de serre chaude , qu'on abandonne à la pleine terre pendant Tété , et dont les
fleurs, réunies en capitules, sont d'un beau jaune aurore, mais d'une odeur désagréable. Le
Callicarpa americana est un arbrisseau de la Caroline, dont les feuilles sont conservées dans
les ofGcines transatlantiques, comme un remède efficace contre Thydropisie ; il est cultivé
en Europe. Ses fleurs sont petites, purpurines, et ses fruits d'un beau rouge.
VŒgiphila salutarts est un alexipharmaque sur les bords de l'Orénoque, où on le nomme
Contra cuievra; la Plante exhale une odeur nauséeuse ; on fait boire à ceux qui ont été mordus
par un serpent venimeux la décoction de la racine et des rameaux, et en même temps on
applique sur la morsure les feuilles broyées. — Les Premna de l'Inde renferment dans
leur écorce une abondante quantité d'huile volatile , qui est employée comme médicament
nervin-tonique. — Le beau Genre Clérodendron se compose d'Espèces ligneuses, dont
plusieurs sont employées par les Indiens dans leurs sortilèges j quelques-unes sont remarqua-
bles par le suave parfum de leurs fleurs; leur racine à odeur forte et leurs feuilles amères-
âeres sont administrées dans certaines cachexies. — On cultive en Europe plusieurs Cléro-
dendron : nous citerons seulement le Péragut (CL infortunatum), arbuste de Ceylan ,
toujours vert, à feuilles grandes, cordiformes, à fleurs en panicules , dont la corolle a son
limbe d'un blanc de neige, et sent la fleur d'otanger.
LcGattilier {Vitex agnus castus) est un arbrisseau très-élégant, indigène de la France
méridionale, dont toutes les parties sont odoriférantes. Ses rameaux, droits, longs et flexibles,
portent des feuilles opposées, digitées; ses fleurs forment des cymes terminales; ses fruits
sont d'ime saveur acre et aromatique, ce qui a fait donner au Gattilier le nom d'Arbre au
poivre. Son nom d'agnus castus fait allusion aux croyances des anciens , qui lui attribuaient
la propriété d'éteindre les feux de l'amour. Dans les fêtes de Cérès, les femmes se faisaient un
lit de ses rameaux pour conserver leur chasteté : de là le nom grec agnos, signifiant chaste ,
qu'on a changé en agnus, et auquel on a ajouté castus, qui n'en est que la traduction latine.
Le Te K (Tectona grandis) est un arbre de grande taille, dont le bois est amer, imprégné de
silice, très-dur et d'une immense utilité. Les Anglais le mettent au premier rang des bois
propres aux constructions navales. Les fleurs sont diurétiques, les feuilles contiennent un prin-
cipe colorant rouge, amer et astringent. Les Malais en boivent la décoction dans le traitement
du choléra.
Famille XXXIX". — STILBINÉES.
(Stilbinées, de Kunth. — Stilbacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — C alyce libre. Corolle hypogyne, monopetale, presque régulièreou
bilabiée. Etamines4.ou5, insérées sur le tube de la corolle. Capsule biloculaire, s' ouvrant
uu sommet en k parties, ou Utricule. Graines dressées; plantule dicotylédonée, droite
dans Vaxe d'un albumen charnu; radicule supére.
Les Stilbinées, ainsi nommées à cause de leur genre principal Stilbe^ sont des arbrisseaux
du Cap, ayant le port des Bruyères, à rameaux alternes, à ramilles verticilléesj les feuilles sont
verUcillées, serrées, aciculaires, marquées en dessous de deux sillons, sans stipules. Les fleurs
sont régulières, disposées en épi dense au sommet des rameaux. Le calyce est persistant, à
5 divisions. La corolle est infundibuliforme, à gorge barbue, à limbe 4-5-partil, à préfloraison
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198 HISTOIRE DES FAMILLES.
valvaire. Les étamines sont saillantes; la 5*" est stérile ou complètement avortée. L'ovaire est
à 2 loges uniovulées; les ovules sont dressés, réfléchis.
AFFINITÉ. — Cette petite Famille est voisine des Verbénacées, dont elle se distingue
par la préfloraison valvaire du calyce et de la corolle, et par la plantule albuminée, ainsi que
par son port; elle diffère des Globulariées et des Sélaginées par ses anthères biloculaires et
ses ovules dressés .
GÉOGRAPHIE. — Les Stilbinées habitent le Gap de Bonne-Espérance. La tige contient
un principe résineux, sans usage.
Famille XL'. — MYOPORINEES.
(Myoporinées, de Bob Brown, — Myoporacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle ki/pogyne, monopétale, presque régulière ou
bilabiée. Étamines insérées sur le tube de la corolle. Fruit drupacé à loges contenant l-fc
ovules, Gb,a.i^es inverses; plantule dicotylédonée, droite dans Vaxe d'un albumen charnu ^
radicule super e.
Les Myoporinées doivent leur nom au Genre Myoporum; ce sont des arbrisseaux à feuilles
ordinairement alternes, simples^ sans stipules.
Les fleurs sont complètes, irrégulières. Le ca-
lyce est persistant, à 5 divisions. La corolle est
hypocratériforme . Les étamines sont didy names.
L'ovaire est à 2 loges, quelquefois subdivisées
en 2 logettes plus ou moins complètes. Les
ovules sont pendants, réfléchis.
AFFINITÉ. — Cette petite Famille est
voisine des Verbénacées, dont elle se distingue
par les ovules inverses, la graine albuminée,
la radicule supère et les feuilles ordinairement
alternes.
GÉOGRAPHIE.— Les Myoporinées ha-
bitent presque toutes R Nouvelle- H oUand
extra-tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES.— LesMyopo-
rinées sont généralement parsemées de glandes
résineuses; on n'en fait aucun usage. Quelques
Espèces sont cultivées en Europe. Nous citerons
le Myoporum a petites feuilles (M,
parvifolium), arbuste de 2 à 3 pieds, dont la
floraison dure tout l'été . Les fleurs sont blanches,
petites, inodores, fasciculées dans Faisselle
des feuilles.
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SÉLAGINËES. 199
Famille XLP. — SÉLAGINÉES.
(SÉLAGINÉES, de Jussieu, — Sélaginacées, de Lindley,)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, monopétale, subrégulière ou à
1-2 lèvres. Examines 2 ou 4, insérées sur le tube de la corolle. Akènes 2. Graine
inverse; plûntule dicotylédunée, droite, dans Vaxed^un albumen charnu; radicule supere.
Les Séîaginées, ainsi ûommées du Genre Selago , sont des sous-arbrisseaux , rarement des
herbes, à feuilles alternes ou fasciculées,
simples , sans stipules ; les fleurs sont com-
plètes , généralement irrégulières, disposées
en épi ou en corymbe. Le calyce est persis-
tant, tubuleux ou spathacé; la corolle est
à 4-5 divisions à préfloraison imbriquée. Les
anthères sont uniloculaires. L'ovaire est à 2
loges uniovulées; les ovules sont pendants,
réfléchis.
Cette Famille est évidemment voisine des
Verbénacées , des Globulariées et des Stil-
binées^ dont elle se distingue par le port, la
conformation du calyce et de la corolle , le
caractère du fruit et de la graine.
Toutes les Séîaginées habitent le Cap de
Bonne-Espérance.
Cette Famille ne possède pas de propriétés
marquées; plusieurs Espèces cependant
sont odorantes. VBebenstreitia dentata,
cultivé dans nos serres, est un arbuste de
deux pieds, à feuilles inférieures pennifîdes,
les supérieures dentées ; les fleurs ont leur
corolle tubuleuse, à une' seqle lèvre , mar-
quée d'une tache aurore; ces fleurs sont
skaco cillu. inodores au lever du soleil, d'odeur forte et
désagréable (gravéolentes) à midi; le soir,
elles exhalent un parflim délicieux. — Le Selago spuria a ses feuilles petites, oblongues; et
ses fleurs d'un bleu clair, disposées en corymbe. — Le Selago Gillii est une Espèce culti-
vée, comme les précédents, dans les jardins botaniques; sa tige est floribonde, rameuse
les fleurs sont disposées en épi lâche, et leur corolle est rose.
Famille XLIP. — GLOBULARIÉES.
(Globulariées, de De Candolle. — Globulariacées, de Lindley, — Globularinées,
d'' End li cher,)
CARACTÈRE. — Calyce libre, Coholli, hypogyne monopétale ybi labiée. ÉTAMiNESi,
insérées sur le tube delà corolle, Cartopse à graine inverse, Plxj^tvle dicotylédonée
dans faxe d'un albumen; radicule supere.
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200 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Globulariées tirent leur nom de leur Genre unique Globulaire; ce sont des ar-
brisseaux ou sous-arbrisseaux très-petits,
quelquefois des herbes vivaces, à feuilles
alternes^ simples, entières, sans stipules.
Les fleurs sont complètes, irrégulières, réu-
nies en capitule sur un réceptacle convexe,
pailleté et involucré. Les anthères, d'abord
biloculaires dans la fleur en bouton, de-
viennent uniloculaires par la confluence de
leurs loges. L'ovaire est uniloculaire, à ovule
unique pendant, réfléchi; le caryopse est
enveloppé par le calyce , et mucroné par
la base persistante du style.
AFFINITÉ. — La Globulaire est inter-
médiaire entre les Stilbinées et les Sélagi-
nées ; elle off're de Taffinité avec les Dip-
sacées, les Galycérées et les Brunoniacées,
dont elle se sépare par les anthères unilocu-
laires et Tovaire libre.
GÉOGRAPHIE. — LesGlobulariées ha-
bitent l'Europe tempérée.
^rr/Tt'" ^y"""x ESPÈCES PRINCIPALES. — Les
feuilles amères de quelques Espèces étaient
jadis officinales, à titre de remède légèrement purgatif. Nous citerons comme telle la
Globulaire commune {Globularia vulgaris) et la Gl. turbith (Gl. alyputn), jadis
surnommée Frutex terribilisy parce qu'on la croyait violemment drastique ; aujourd'hui ses
feuilles sont encore employées, à la place du Séné, dans quelques contrées de l'Europe
méridionale.
Famille XLIIP. — UTRICULARIÉES.
(Lentibulariées, de Z.-C Richard, — Utricularinées, de Link. —
Lentibulariacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, monopétale ^ irrégulière. Et k-
mines, 2, insérées sur le tube de la corolle. Fruit capsulaire, à placentaire central, libre.
Graines nombreuses; plantule exalbuminée, droite y à radicule voisine du hi le. Herbes
aquatiques.
Les Utriculariées tirent leur nom de leur principal Genre Utricidaria, qui doit le sien aux
vésicules aériennes répandues sur les feuilles submergées. « Ces Utricules sont arrondis et
munis d'une espèce d'opercule mobile. Dans la jeunesse de la Plante, ils sont pleins d'un mucus
plus pesant que Teau, et la Plante , retenue par ce lest , Veste au fond. Vers l'époque de la
floraison , les feuilles sécrètent un gaz qui entre dans les utricules , et chasse le mucus , en
soulevant l'opercule : la Plante, munie alors d'une foule de vessies aériennes, se soulève len-
tement, et vient flotter à la surface : la floraison s'y exécute à l'air libre ; dès qu'elle est ache-
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UTRICULAHIÉES.
201
vée, les feuilles recommencent à sécréter du tnucus ; celui-ci remplace Tair dans les utricules >
la Plante redevient plus pesante, et redescend
au fond de Teau , pour y mûrir ses graines
au lieu même où elles doivent être semées.»
(De Candolle, Physiologie végétale,)
Les Utriculariées ont leurs feuilles toutes
radicales, tantôt ramassées en rosette, tantôt
éparses ou verticillées ; elles portent des
radicelles filiformes, et sont souvent mu-
nies de vésicules aériennes ; les fleurs sont
solitaires sur la hampe, ou disposées en
grappe ou en épi, elles sont complètes, ir-
régulières. Le calyce est persistant. La co-
rolle est caduque, personnée ou bilabiée^ à
tube éperonné à sa base. Les étamines sont
incluses, à anthères uniloculaires. L'ovaire
est uniloculaire^ à placentaire central, basi-
laire, globuleux; les ovules sont nombreux,
réfléchis; le stigmate est à 2 lèvres. La
capsule est indéhiscente, ou se rompt irré-
gulièrement, ou s'ouvre en 2 valves.
UTB1CDL4IRI.
[ÏJtricularia,)
1. Tige de grandeur natorelle. — S. Feuille gro«»ie,
5. Véiicule grossie.
Utriculaire.
Gràssettb.
Utricularia.
Pinguicula.
AFFINITÉ. — Les Utriculariées tien-
nent aux Antirrhinées par la corolle et
randrocée^ aux Primulacées par la placentation basilaire ; elles en difl'èrent par la graine
exalbuminée.
GÉOGRAPHIE. — Les Utriculariées sont répandues sur toute la terre, principalement
dans les régions tropicales de l'ancien continent, où elles habitent les eaux dormantes et les
prés marécageux.
ESPÈCES PRINCIPALES. — L'Utriculaire communb (Utricularia vulgaris),
était recommandée par les anciens dans la dysurie ; le peuple l'emploie aujourd'hui comme
topique pour les plaies et les brûlures. La Grassette (Pinguicula vulgaris) se rencontre
fréquemment parmi les mousses des marais de l'Europe occidentale ; ses feuilles sont véné-
neuses pour les moutons ; à l'état frais, elles sont purgatives et vulnéraires : le suc gras des
feuilles est employé par les Lapons pour guérir les gerçures des mamelles de leurs rennes. Le
lait caillé de ces peuples hyperboréens se prépare avec les feuilles fraîches de la Grassette :
ils les placent sur une passoire, et versent par-dessus le lait récemment trait et encore
chaud ; après l'avoir rapidement filtré, ils le laissent reposer pendant 2 jours, pour qu'il
aigrisse; ce lait, ainsi préparé, est plus épais et plus consistant que le lait caillé ordinaire, le
sérum ne s'en sépare pas, et, quoique moins riche en crème, il est d'un goût très-agréable. Il
n'est pas besoin, pour en préparer de nouveau, d'employer de nouvelles feuilles de Grassette,
il suffit de mêler avec du lait frais une demi-cuillerée de lait caillé ; celui-ci possède comme
un ferment, la propriété de communiquer à d'autre lait les qualités qu'il a reçues de la
Grassette.
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202 HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille LXIV^ — PLANTAGINÉES.
(Plantains, de Jussieu. — Plantaginées, de Ventenat. — Plantaginacées,
de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyge libre. Corolle kypogyne, monopétale, scarieuse. Exa-
mines insérées sur la corolle ou sur le réceptacle, alternes avec les pétales. 0 y A.\Vi^ à une
ou deux loges unitnultiovulées. Fruit à une ou plusieurs graines. Plantule dicotylédonée,
droite ou à peine courbée, dans l'axe d'un albumen charnu ; radicule infère.
Les Plantaginées sont viraces, généralement herbacées, à feuilles tantôt radicales, tantôt
caulinaires, simples, sans stipules. Les fleurs sont complètes, quelquefois monoïques {Litto-
relie) j tantôt en épi, tantôt solitaires, ou
presque solitaires. Le calyce est monosépale,
persistant, à k divisions presque égales,
scarieuses sur leur bord, à 3 seulement dans
les fleurs staminées. LacoroUe est tubuleuse
ou urcéolée ; son limbe est 3-4 fide, régulier
ou presque régulier, persistant, à préflo-
raison imbriquée. Les étamines sont au
nombre de h^ rarement 1, à anthères
oscillantes. L'ovaire des Espèces monoïques
est uniloculaire, à ovule unique dre^,
réfléchi; l'ovaire des Espèces stamino-pis-
tillées est à 2 loges contenant 2 ou plusieurs
ovules flxés par un hile ventral au placen-
taire formant la cloison; le style est simple,
et le stigmate généralement indivis. Le fruit
est tantôt une nucule uniséminée, tantôt
un» capsule à 2 loges , subdivisées quelque-
fois par une fausse cloison, à déhiscence
horizontalement circulaire.
LiTTORELLE. LUtoTella.
Plantain. Plantago.
PLAHrAiX A LOXO BPI. ,
{pimntagô majin-.) AFFINITE. — Cctto fdmiUc , très-dis-
tincte par son port et ses caractères, offre
avec les Plombaghiées une affinité, confirmée par la structure de la corolle, par Tinsertion
des étamines tantôt sur la corolle, comme dans les Staticées, tantôt sur le réceptacle, comme
dans les Plumbago, enfin par la conformation de Tovaire et de Tovule, qui est basilaire dans
les Genres \iniovulés. Elle s'allie, mais de loin, avec les Phmulacées^ par la direction
des ovules, la déhiscence circulaire de la capsule, le hile ventral et la situation de la
graine dans son albumen.
GÉOGRAPHIE. — Les Plantaginées ne sont bannies d'aucun climat; eUes habitent
surtout les régions tempérées de Thémisphère boréal, et principalement la région méditerra-
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PLANTAGINÉES. 203
néenne et TAmérique septentrionale. Sous la zone torride, on en rencontre peu dans les
contrées basses ; elles recherchent les montagnes où la température est moins brûlante.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La racine et les feuilles du Plantain sont légèrement
amères et astringentes, quelquefois un peu salées. Le Plantain a long épi {Plantago
major) et le Pl. lancéolé (PL lanceolata) , jadis employés contre diverses maladies, et
même contre la fièvre intermittente, sont aujourd'hui tombés en désuétude. — Le Pl. a
CORNE DB CERF (PL coroYiopus) était employé par les anciens contre la rage; on le cultive
dans quelques pays pour le manger en salade, comme diurétique. — Le Plantain puck
(PL psyllium) a des graines d'un brun noir, lisse, qui lui ont valu son nom spécifique; elles
contiennent dans leur testa un principe gommeux abondant, qui se gonfle dans l'eau, et leur
donne une propriété émolliente; ce principe est employé aussi dans l'industrie pour le
gommage des mousselines; on récolte pour ce même usage le Plantain des sables
{PL arenaria), qui croit dans les lieux stériles de la France méridionale.
Famille XLV\ — PLOMBAGINÉES.
(Dentelaires, deJu&sieu. — Plombaginées, de Ventenat, — Plombaginacées,
de Lindley, )
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, monopétale ou polypétale. Exa-
mines insérées sur le réceptacle dans les monopétales ^ et sur la corolle dans les polypétales.
Ovaire uniloculaire y à ovule unique pendant. Plantule dycotylédonée, droite, dans
un albumen farineux; radicule supère.
Les Plombaginées sont des herbes ou des arbrisseaux à feuilles radicales fasciculées, ou
caulinaires alternes, sans stipules. Les fleurs
sont complètes, disposées en épi ou en pa-
nicule, ou en glomérule involucré. Le calyce
est monosépale, tubuleux à 5 plis, à 5 divi-
sions, persistant. La corolle est composée
de 5 pétales tantôt libres ou presque libres,
tantôt soudés en patère, à préfloraison con-
tournée ou imbriquée. Les 5 étamines sont
opposées aux pétales. L'ovaire est à 3-4.-5
carpelles, soudés par leur bord en une seule
loge; l'ovule est réfléchi, pendant à un
funicule allongé qui naît du fond de la
loge; le style se divise en 3-4-5 stigmates.
Le fruit s'ouvre tantôt par 5 valves à son
sommet, tantôt par déchirement de sa
base.
Tribu 1. — STATIG É ES. — Calyce sca-
rieux ou coriace ; 5 pétales libres, portant les
étamines à leur onglet, styles distincts; fruit se
rompant à sa base.
^
Ftaticb IMBKIOrB.
{Statue imbricata.)
Armlsia.
Armeria
Statice.
Statice,
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204 HISTOIRE DES FAMILLES.
Tribu 2.— PLOMBAGINÉES VRAIES. — Calyœ herbacé; corolle monopétaJe; Êtamines
insérées sur le réceptacle ; styles cohérents; fruit capsulaire.
Dentelairb. Plumbago,
AFFINITÉ. — Les Plombaginées sont très-distinctes parmi les Familles monopétalcs^ par
leur calyce plissé et leur ovule pendant à un placentaire central libre ; elles ne ressemblent
qu'aux Plantaginées , qui s'en rapprochent par leurs Genres uniovulés, et s'en éloignent par
leur inflorescence, l'abondance de Talbumen, et le port.
GÉOGRAPHIE. — Les Staticées croissent siu* les rivages maritimes et dans les terrains
salés du continent; on les rencontre dans les régions tempérées des deux hémisphères. Il n'y
a en Europe qu'un seul Plumbago; tous les autres habitent les contrées tropicales et sub-
tropicales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les propriétés de ces Plantes confirment leur séparation
en deux Tribus ou sous-Familles. Les racines et les feuilles des Staticées sont toniques et
astringentes. — Les Plumbago contiennent un principe colorant particulier, très-caustique,
nommé Plombagine, La racine de la Dentblaire [Plumbago europœa) renferme une
substance grasse, de couleur plombée, qui teint les doigts et le papier, et qui la faisait recom-
mander autrefois contre les maux de dents, les maladies cutanées , et dans le pansement des
ulcères cancéreux. Les médecins ont abandonné cette Plante , mais les mendiants s'en servent
pour se faire des plaies superficielles et exciter la pitié publique. — Les PL zeylanica et rosea
sont de l'Inde, et passent dans le pays pour des alexipharmaques. LaDBNTELAiRE grim-
pante [PL scandens) jouit de la même réputation en Amérique. La D. du Cap [PL capensis)
(P. X), est cultivée en Europe, ainsi que les précédentes; ses fleurs sont disposées en épi, 1^
corolles sont grandes, d'un bleu céleste, et se succèdent pendant cinq mois dans les serres
tempérées.
Plusieurs Statices exotiques et indigènes sont recherchés parles horticulteurs. Nous citerons,
parmi les premiers, le Statice imbriqué (St, imbricata), sou^-arbrisseau de Ténérifl*e,
entièrement couvert d'un duvet mou; les feuilles sont longues, de 9 à 10 pouces, lyrées,
bordées de rouge dans leur jeunesse ; les hampes sont largement ailées, et terminées par des
corymbes de petites fleurs à calyce bleu et à corolle blanche.
Famille XLVP. — PRIMULACÉES.
(LisiMACHiES, de Jussieu, — Primllacées, de Ventenat.)
CARACTÈRE. — Calyce libre ou rarement adhérent. Corolle monopétale, hypogyne
ou périgyne, régulière. Êtamines insérées sur la corolle, en nombre égal y et opposées à
ses lobes. Ovaire uniloculaire, à placentaire central libre; ovules courbes, rarement
réfléchis. Fruit capsulaire. Graines nombreuses; plantule dicotylédonée , albuminée.
Les Primulacées tirent leur nom du Genre Primula^ ainsi nommé parce que ses Espèces
naissent au printemps. Ce sont des Plantes généralement herbacées, annuelles ou vi\aces, à
rhizome ligneux ou tubéreux. La tige est ordinairement souterraine, raccourcie. Les feuilles
sont tantôt radicales fasci culées, tantôt caulinaires et opposées, ou verticillées, ou al-
ternes, sans stipules. Les fleurs sont complètes, tantôt solitaires ou en ombelles au
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FHIMLLACÉES. 205
sommet d'une hampe ^ tantôt solitaires ou en grappes à Taisselle des feuilles^ tantôt ter-
minales en épis. Le calyce est monosépale, ordinairement à 5 divisions. La corolle
est en roue, ou en cloche, ou en entonnoir, ou a 2 lèvres, à préfloi-aison contournée,
quelquefois nulle. L'ovaire se compose d'au-
tant de carpelles qu'il y a de lobes calyci-
naux; le placentaire est généralement glo-
buleux, et communique avec le sommet de
l'ovaire par des filaments arachnoïdes,
bientôt effacés; le style et le stigmate sont
simples. Le fruit est une capsule à déhiscence
transversale ou longitudinale. Les graines
sont ordinairement fixées par un hile ventral;
la plantule est droite dans l'axe d un albumen
charnu, la radicule est vague.
Andhosacb.
Androsace.
Primevère.
PrimtUa.
Ctclame.
Cyclamen.
GiROSELLE.
Dodecatheon
GORIS.
CJoris,
Gentenille.
CentunciUus.
Mouron.
Anagallis.
HOTTOMIA.
Hottonia,
Samole.
Samolus.
GORTUSE.
Cortusa,
SOLDANELLX.
Soldanella.
Glaui.
Glaux.
LTSIMACHIf.
Lysimachia,
Trientali^.
Trientalis.
OrBILLI d'OOBS ROIBI.
[Primula aurieula nigra.)
AFF IN ITÉ. — Cette Famille se distingue de toutes les autres par la position des étamines,
par l'ovaire uniloculaire, par les ovules à hile ventral; elle ne pe^ut être comparée qu'aux
Myrsinées ; elle offre quelque rapport avec les Solanées, mais la distinction est facile.
GÉOGRAPHIE. — Les Prhnulacées habitent principalement les régions tempérées de
l'hémisphère boréal, surtout en Europe et en Asie.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Les Primulacées brillent plus par la beauté de leurs
fleurs que par leurs propriétés médicales. LaPaiHivÉas [Primula verts) est une Espèce
indigène très-connue, dont la racine récente a l'odeur de l'ail et de l'anis, et contient un prin-
cipe amer et un peu d'huile volatile. On l'employait jadis comme nervin-tonique, contre
les maladies des voies urinaires et le rhumatisme articulaire. Les médecins l'ont abandonnée
depuis longtemps : l'infusion de ses fleurs est encore prescrite comme diaphorétique.
L*Oi BILLE D*ouBs (Primulù aurieula) est employée parles habitants des Alpes contre la
phthisie pulmonaire. — Les Soldàn elles sont purgatives. — Le rhizome tubéreux des
Gtclames est, àTétat fhùs, muqueux, amer. Acre et violemment purgatif et émétique; des-
séché et torréfié, il est alibile, en raison de la quantité de fécule qu'il contient: de là son nom
de Pain de pourceau. — L'herbe des Mourons est acre et amère ; on la préconisait jadis dans
l'hydropisie, la manie, l'épilepsie, et même contre la morsure des serpents venimeux et des
chiens enragés. — Le Mouron des champs [Anagallis arvensis) (P. XXX), dont la corolle
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206 HISTOIRE DES FAMILLES.
est tantôt bleue, tantôt rouge^ fournit un extrait qui, à la dose de quelques gros^ tue les chiens
en enflammant la muqueuse de leur estomac. Ce Mouron n'est pas le même que le Mouron
DBS PETITS OISEAUX^ ou Morgelifie ; il ne lui ressemble que par son port et ses feuilles
opposées, et il serait un poison pour les oiseaux. — Le
Trientalis europœa a des racines émétiques. Les Ltsi-
MACHiES ont cessé d'être officinales; le Samolus
Valerandi est amer et analogue à la Véronique Bec-
cabonga. Le Coris monspeliensis est un sous-arbrisseau
un peu aromatique, qui peut, dit-on, être employé
avec succès contre certaines maladies contagieuses.
Examinons rapidement les Primulacées au point de
vue horticole. Toutes les Primevères sont recherchées,
et surtout TOreills d'ours (Primula aurictUa),
Plante des Alpes, qui a fourni de nombreuses variétés,
parmi lesquelles nous citerons TOreille d'ours à fleur
pleine d'un noir pourpré. La Primevère db Chine
[Pr. sinensis), dont le calyce est enflé, dont la corolle
a son limbe rose et sa gorge jaune, est cultivée en serre
tempérée. — Le Ctclame d'Europe (Cyclamen Eu-
ropœum) a ses feuilles radicales maculées de blanc en
dessus, et de rouge en dessous; la corolle rosée a, comme
iclci^i!!^ ) ^^^^ toutes les Espèces du Genre, son tube incliné vers le
sol, et son limbe réfléchi et redressé vers le ciel. —
LaGiROSBLLE (Dodecatheon meadia) est une belle Espèce de l'Amérique septentrionale,
dont la hampe se termine par une ombelle de douze fleurs roses, à limbe redressé comme dans
lesCyclames. — Le Cortusa deMatthiole (Cortma Matthioli) est une herbe vivace
des Alpes, dont les fleurs sont blanches ou rouges, et disposées en élégante ombelle.
— La SoLDANELLE DBS AhP ES (Soldanclla Alpino) est une charmante petite Plante des
Alpes, cultivée en orangerie, à fleurs campanulées pendantes, de couleur blanche ou pur-
purine. La Ltsimachie a feuilles de saule {Lysimachia ephemerum) porte ae longs
épis de fleurs blanches, qui lui donnent une physionomie très-remarquable. La L. thtr-
si FLORE (Naumburgia thyrsiflora) est une herbe de l'Europe australe, haute d'un à deux
pieds, dont les fleurs, disposées en grappes, sont petites, jaunes et parsemées de glande
rouges. — Le Mouron a feuilles de lin (A7za^a//t> /tVit/b/ta) est une jolie Espèce qui
vient d'Espagne, et dont les corolles rotacées passent du bleu au rouge, et portent une tache
carmin au centre du disque.
Famille XLVIK— MYRSINÉES.
(Mtrsinées, de Rob. Brow. — Ardisiàcées, de Jussieu. — Mtrsinàcées,
de Lindley. )
CARACTÈRES. — Calice libre, ou rarement adhérent. CoviOLL^ hypogyne ou périgyne,
monopétale y régulière. Examines tantôt en nombre égal à celui des lobes de la corolle,
opposées à ces lobes et à anthères introrseSj tantôt en nombre double, dont 5 opposées aux lobes
et fertiles, à anthères extroses^ et 5 alternant avec eux, réduites à des écailles stériles. Ovaire
uniloculaire, à placentaire central libre; ovules nombreux, courbes. Fruit drupacé ou
bacci forme. Graine souvent unique par avortement; plantule dicotylédonée , albuminée.
TiGï. ligneuse.
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MYRSINÉES.
207
Mtrsimb.
Ardisu.
Myrsine,
Ardisia.
Jacquinia.
Théophbasta.
Jacquinia.
Theophrasta,
GÉOGRAPHIE et AFFINITÉ. — Les Myrsinées sont des arbres ou des arbrisseaux
des régions tropicales^ liés par une étroite affinité avec les Primulacées, dont ils ne diffèrent
que par leur stature et leur fruit charnu, souvent à une seule graine. La section des Théo-
phrastées se rapproche des Sapotées par la présence des étamines stériles, mais elle s'en
sépare par son frxiit.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Dans beaucoup d'Espèces, le bois, la fleur et le fruit
contiennent un principe résineux. Les baies de VEmbelia RibiSy arbuste de rinde,sont mêlées
fhiuduleusement avec le Poivre noir; elles ont une propriété purgative. — Quelques Ardisia
ont un fruit comestible. Les feuilles et les rameaux des Jacquinia sont employés pour
enivrer le poisson, et leur fhiit est vénéneux. — Le Bois-bracelet [J. armillaris), arbuste
de l'Amérique méridionale, fournit des graines que les Caraïbes enfilent comme des perles, et
dont ils font des bracelets. Les graines broyées duTnéoPHnASTADEJussiBu Theophrasta
Jussieui)y nommées à Saint-Domingue le petit coco^ servent à faire du pain.
Famille XLVIII». — iEGICÉRÉES.
Le Genre iËGiCERAS, qui constitue cette Famille, voisine des Myrsinées, comprend des
arbrisseaux croissant sur les rivages de l'Afrique tropicale et de TOcéanie, dont le fruit est un
follicule renfermant une graine unique, exalbuminée, ce qui le distingue des Myrsinées, dont
il se rapproche beaucoup par les étamines opposées aux pétales, et l'ovule courbe. *
Famille XLIX». — SAPOTÉES.
(Sapotilliers, de yti^siew. — Sapotées, de Bob. Brown, —
Sapotacées, d'Endlicher,)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyncy monopétale, régulière. Étamines
insérées sur la corolle, les fertiles tantôt en nombre égal à celui des lobes de la conolle^ et
opposées à ces lobes, tantôt plus nombreuses, bisériées ou plurisériées, quelquefois mêlées à des
étamines stériles qui alternent avec elle. Ovaire à plusieurs loges uni-ovulées; ovules ascen-
dants, situés à la base de Vangle central et réfléchis. Fruit bacci forme à une ou plusieurs
loges. Graines à tégument osseux; plantule peu ou point albuminée; radicule infère. —
Tige ligneuse; suc laiteux.
Les Sapotées sont des arbres ou des arbrisseaux des régions tropicales et subtropicales, à
feuilles alternes, entières, coriaces, sans stipules, et à fleurs complètes. Elles touchent aux
Myrsinées par l'intermédiaire du Jacquinia; d'un autre côté, elles se rapprochent des Ebéna-
cées par leur firuit, et s'en éloignent par leur suc laiteux, leurs ovules dressés et leur style
simple.
Chrtsophtlle.
Chrysophyllum.
LUCUMA.
Lucuma.
SiDÉROXTLOIl.
Sideroxylon.
Bassia.
Bassia.
BUMÉLU.
Bumelia.
M1MU8OPS.
Mimusops.
SjkPOTILLlBB.
Achras.
Imbricaria.
Imbricaria
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208 HISTOIRE DES FAMILLES.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Plusieurs Sapotéesont un fruit sapide et des graines
contenant une huile fixe ; Técorce de quelques-unes est amère^ astringente et fébrifuge. Les
baies des Espèces américaines de Sapotillibb et de Lucuma, ont d'abord une saveur
austère^ mais quand elles sont devenues blettes^ elles fournissent une chair pleine d'un suc
laiteux qui offre la saveur du Coing. Le Sapotillier (Achras Sapota)^ vulgairement
Zapote, NispérOy est renommé dans les Antilles pour Texcellence de son fruit ; son écorce est
pleine d'un suc laiteux^ qui lui donne des propriétés fébrifuges, vantées chez les Américains;
ses graines amères sont regardées comme efficaces dans les affections des organes urinaires.
Cet arbre, qui atteint dans son pays une hauteur de 36 à 4-0 pieds, est cultivé dans nos serres
chaudes. Le Luguma mamelu Lucuma mammosa) àonue aux habitants de l'Orénoque un
fruit délicieux; on le nomme dans le pays Joho-inco Javit; mais son écorce est inerte; ses
graines ont l'odeur des amandes amères. — Les Espèces du Genre Ckrysophyllum, indigènes
de l'Amérique tropicale, ont un fruit dont la chair mucilagineuse et sucrée est très-recherchée
aux Antilles; nous citerons le Caïnito (Ck. Cainiio), vulgairement nommé Chaimitier et
le BoRGis (Ch. argenteum). — L'écorce des Bumelia passe pour fébrifuge: Le B. kou
{B. ntgra), fournit un bois très-dur, employé pour les constructions ; on le nomme vulgaire-
ment Black Bully, Tree Jamatc.
Parmi les Sapotées asiatiques, on cite les Imbricaria, dont le fruit, semblable à une orange ,
est d'une saveur aigrelette-douce. Les fleurs du Mimusops Elengi sont célèbres par la force et
la persistance de leur odeur; on distille sur elles une eau aromatique : le fruit a une chair gra-
nuleuse , douceâtre et comestible ; les graines fournissent une huile fixe, que les peintres em-
ploient, et qu'on fait boire aux femmes en couches. Les feuilles, jetées au feu , font entendre
un pétillement très-remarquable.
Les ^(z^s/a sont renommés aux Indes. Le B. a longues feuilles (B. longifolta)îouinîi
par expro^sion de ses fhiits non mûrs et de l'écorce de ses jeunes rameaux un suc laiteux,
vanté comme astringent; ses graines donnent une huile fixe, employée à divers usages; son
bois est très-estimé pour sa dureté ; ses corolles succulentes sont mangées cuites ou crues, et
ont le goût du raisin. Le B. a feuilles labobs (B, latifolia), nommé vulgairement
Mahwa, Madhuca, a des fleurs que les chiens et les écureuils recherchent avidement , et avec
lesquelles les habitants des montagnes de l'Inde préparent une boisson spiritueuse ; l'huile des
graines est employée à la place de l'huile de Coco. On retire par expression des graines
du B. BUTYRBux [B, butyroceo), nommé dans le pays Fulwa, Ghee, une huile fixe qui
se fige promptement, et est vantée comme substance alimentaire et émolliente.
LcBEURBE DB Galam OU dc Bambouc cst uuc substaucc analogue à celle que nous
venons de mentionner, et employée aux mêmes usages ; elle provient aussi des semences d'un
Bassia, le B, Parkii; on le récolte dans l'intérieur de l'Afrique, à l'est du Sénégal.
Les Espèces de Sideroxylon , qui croissent dans Tlnde et au Cap , sont employées dans les
constructions, à cause de la dureté de leur bois; de là le nom générique, qui signifie boisée
fer. Il croît au Maroc un arbre de la même Famille, nommé Argania bois-db-pki
(Argania sideroxylon), dont les graines fournissent une huile comparable à l'huile d'olive.
On voit en Europe, depuis quatre ou cinq ans, une substance analogue au caoutchouc,
nommée Gutta-percha ou Gettania. qui se ramollit très-facilement dans l'eau chaude, et
devient alors très-plastique, c'est-à-dire qu'elle prend toutes les formes qu'on veut lui donner,
et les conserve après son refroidissement, tout en se laissant tirailler en tous sens : aussi en
fait-on des figures qui peuvent s'allonger ou s'élargir de manière à produire les effets les plus
grotesques. Le Gutta-percha est surtout utile pour fabriquer des instruments qui doivent réunir
la solidité et la flexibilité. Cette substance découle abondamment d'un arbre appartenant à la
Famille des Sapotées, et nommé honandra gutta , qui croit à Bornéo et dans les îles de Tar-
chipel malais.
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ËfiÉNAGÉES.
209
Famille h\ — ÉBÉNACÉES.
(Plaqueminiers, de JussieM. — ÉBÉNACÉES, de Venienat.)
CARACTÈRE. — Calice /lére» Corolle hypogyn€,mfmopétale. Et xm^iE.s, tantôt
en nombre égal à celui des lobes de la corolle et alternant avec eux, tantôt en nombre double ou
quadruple, Oy ki^E à plusieurs loges unibiovulécs; ovules pendants au sommet de l'angle
central. Fruit bacciforme. Graines peu nombreuses ou réduites à une seule, plantule
dicotylédonée, à albumen cartilagineux; radicule supère.^ Arbres ou arbrisseaux, à suc
aqueux, à bois dense.
Les Ebénacées ont des feuilles alternes, coriaces, entières, sans stipules. Les fleurs, souvent
incomplètes, sont régulières, axillaires. Le
calyce est à 3-6 divisions, et persistant. La
corolle est caduque, urcéolée , un peu co-
riace^ à 3-6 divisions, imbriquées dans
la préfloraison. Les étamines sont insérées
au bas de la corolle, rarement sur le ré-
ceptacle. La baie est globuleuse ou ovoïde,
quelquefois sèche, et alors, s'ouvrant par
rupture de son écorce.
Plaqueminimier.
ROTENA.
Diospyros.
Royena.
GÉOGRAPHIE. — Les Ebénacées se
rencontrent dans TAsie intertropicale ; elles
sont plus rares au Cap, dans la Nouvelle-
Hollande, dans l'Amérique tropicale et
dans la région méditerranéenne.
Plaqubhiribr vilu.
{Di'oêpyroê hir»uta.)
AFFINITÉ. — Les Ebénacées diffèrent
des Sapotées par Tabsence du suc laiteux, les
ovules pendants et le style ordinairement divisé, caractères qui les rapprochent des Ilicinées,
lesquelles s'en éloignent par le nombre de leurs étamines, toujours égal à celui des pétales, et
parleur corolle sensiblement polypétale. Les Ebénacées ont du rapport avec les Oléinées par
la placentation et la structure des graines ; elles s'en distinguent par les feuilles alternes. Tin-
florescence axillaire , les fleurs souvent diclines et diplostémonées. Leur affinité est plus
étroite avec les StyracéeSyCÇ^ n'en différent que par l'insertion périgynique delà corolle
et d'autres caractères moins importants.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Les Ebénacées rivalisent avec les Sapotées, moins par
les propriétés médicales ou alibiles que par la dureté et la beauté du tissu ligneux. Le bois
d'ébène était célèbre dès la plus haute antiquité pour sa couleur noire ; les anciens le rece-
vaient d'Ethiopie, et aujourd'hui on l'achète sur les côtes orientales de l'Afrique , et notam-
ment de Mozambique. Cette substance est d'un noir uniforme ou marqué de lignes blanches
ou fauves : elle vient des îles Mascare^es et de l'Inde , où croissent les arbres qui la four-
nissent : ce sont le Plaqueminier éh^ne [Diospyros Ebenum), que l'on cultive en serre
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210 HISTOIRE DES FAMILLES.
chaude; le P. ébénastrb (/>. ebenaster), le P. a bois noir (D. melanoxylon) j le
P. COTONNEUX (/>. tomentosa), etc. Il y a une remarque intéressante à faire sur 1^ bois
d'Ébène, c'est que dans leur jeunesse ils sont blancs, et que leur couleur ne change qu'avec
.râge^ aussi leur aubier tranche- t-il brusquement sur le noir du bois parfait.
L'écorce de plusieurs Plaqueminiers contient du tanin ; les baies de la plupart ont une
saveur austère; dans quelques Espèces elles sont comestibles; nous citerons parmi ces der-
nières le P, Lotus (D. Lotus), qui croît dans le midi de l'Europe et le nord de l'Afrique, on le
cultive dans les jardins ; ses fleurs sont dioîques. — On cultive aussi en Europe le P. db Vir-
ginie (/>. Virginiana), grand arbre^ à fleurs petites^ verdâtres et à baies comestibles; le
P. Kaki (Z>. Kaki), arbre du Japon^ à fleurs blanches^ à baies d'un rouge cerise, d'une saveur
délicieuse, nommées Figues-caques,
Famille \A\— ILICINÉES.
(Nerpruns, (en partie) à^Jussieu. — Aquipoliacées, de/>e Canddle, — Ilicinées,
àtBrongniart»)
CARACTÈRE. — Calyce libre^ à h-% divisions, Corolle hypogyne, presque mono-
pétale. Examines 4-6, alternes avec les pétales. Ovaire à 2-6 ou plusieurs loges uniovulées.
Oyvl^ pendant. Fruit drupacé. Plantule dicotylédonée, droite^ au sommet d'un albumen
charnu abondant; radicule supère, — Feuilles opposées, simples, sans stipules.
Les Ilicinées sont des Plantes ligneusessem-
pervirentes, à feuilles pétiolées, glabres. Les
fleurs sont régulières, axillaires, petites,
blanchâtres ou verdâtres. Le calyce est per-
sistant, à préfloraison imbriquée, ainsi que
la corolle. Les étamines ont leurs anthères
adnées ; les ovules sont pendants au sonunet
de l'angle central de chaque loge, et réflé-
chis ; le fruit est composé de drupes soudées,
formant autant de loges uniséminées.
Houi. Ilex.
Pbinos. Prinos.
AFFINITÉ. — Cette Famille a été
longtemps confondue avec les Célastrinées,
dont elle s'éloigne par le manque de disque,
par la corolle submonopétale, par les ovules
pendants, la plantule inverse et minime;
elle se place bien plus naturellement der-
rière les Ébénacées, parmi les monopétales.
GÉOGRAPHIE. — Les Ilicinées n'a-
bondent nulle part; elles sont plus nom-
/,. "*"?/.. X breuses dans l'Amérique septentrionale et
équatoriale, ainsi qu'au cap de Bonne-Espc-
rance; on les rencontre rarement dans l'Asie tropicale et dans l'Europe.
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ILICINÉES. 211
ESPÈCES PRINCIPALES. — On trouve dans les Ilictnées un principe extractif amer
et acre, nommé Iliciney qui, dans les diverses Espèces, est associé à des proportions variées
d*une résine aromatique et d'une matière glutineuse, nommée Viscine; de là la différence de
leurs propriétés: les unes sont purement toniques, d'autres purgatives et émétiques, quelques-
unes stimulantes.
Le Houx (Ilex aquifolium), est un arbre répandu du k^^ au 55® parallèle boréal, et qui,
sous un climat froid, n'est qu'un modeste arbuste. Il croit dans les forêts montueuses de
l'Europe occidentale -, ses (hiits sont rouges. On le cultive dans les jardins, surtout pour for-
mer des bosquets d'hiver, à cause de la persistance de ses feuilles d'un beau vert lustré, et de
ses baies d'un rouge éclatant. La culture en a obtenu de nombreuses variétés, à feuilles
inermes, ou panachées, et à fruits noirs, ou jaunes, ou blancs. — Les feuilles du Houx^ étaient
jadis usitées comme fébrifuges; l'Oicine a été proposée comme succédanée de la Quinine;
l'écorce de la Plante fournit la matière singulière connue sous le nom de glu; elle était
employée autrefois pour dissoudre les tumeurs; le bois est dense, dur, d'un blanc mat et
très-recherché pour l'ébénisterie, le tour et la tabletterie. Les baies sont violemment purga-
tives.
Plusieurs Espèces exotiques du même Genre ont des propriétés analogues. Le H. vomitif
(/. Vomitoria) croît à la Floride et à la Caroline ; ses feuilles, nommées Paragua ou Apala-
chine, servent à préparer une infusion diurétique [black drinck), qui est émétique à haute
dose. Les Peaux-rouges en font un grand usage. — Le Maté ou Thé du Paraguay (Ilex
Paraguajensis) remplace le Thé de Chine dans l'Amérique méridionale. Le Cassine gori"
gonha ou Camini, qui croît au Brésil, est employé pour le même objet.
On cultive en Europe plusieurs Espèces d'iLEX, comme Plantes d'ornement ; nous citerons:
17. dahouTij arbrisseau de l'Amérique septentrionale, le H. de Mahon (/. Baleartca), le
H. DB M4.DÉRB (/. Maderiensis), le H. du J apon (/. lattfolia),eic., etc.
LePairsos vbbtigillé [Prinos veriicillaius) est un arbrisseau de l'Amérique septen-
trionale, cultivé dans nos jardins, ainsi que plusieurs de ses congénères. Son écorce, d'une
saveur astringente, légèrement amère et acre, est employée par les médecins transatlantiques
comme tonique et antiseptique. — Les N i t r a r i a sont des arbrisseaux croissant dans les plaines
salées de l'Asie centrale et de l'Afrique Méditerranée et tropicale, remarquables par la pré-
floraison induplicative-valvaire de la corolle, les étamines en nombre triple de celui des
pétales, le fruit drupacé et le port; elles paraissent devoir être placées entre les Ilicinées et
les Rhamnées. Leurs feuilles et leurs fruits sont salés.
Famille LU'.— OLÉINÉES.
(Oléinées, de Link. — Oléacées, de Ltndley. — Jasminées, (en partie) àeJtmieu.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, régulière y à k pétales libres ou
cohérents. Etamines 2 insérées sur la corolle. Ovaire à 2-5 /o^es bipluriovulées. Ovules
pendants. F nviT bacci forme ou capsulaire, indéhiscent ou loculicide. Graines pendantes;
plantule dicotylédonéCj albuminée. — Tige ligneuse.
Les Oléinées sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles opposées, pétiolées, sans stipules.
Les fleurs sont ordinairement complètes et disposées en grappe, ou en panicule, ou en
fascicule. Le calyce est persistant, à k divisions, quelquefois nul ( Frêne] . La corolle, quelque-
fois nulle, se compose de 4 pétales ordinairement^ cohérents, en entonnoir ou en cloche, à
préfloraison valvaire. Les anthères sont dorsifixes; les ovules sont ordinairement géminés,
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212 HISTOIRE DES FAMILLES.
collatéraux. Le fruit est tantôt une drupe uniloculaire et uniséminée [Olivier), tantôt une
baie biloculaire ( Troène)^ tantôt une capsule bivalye loculicide (Lilas), tantôt une capsule
indéhiscente, prolongée supérieurement en
aile foliacée (Frêne). La plantule occupe
Taxe d'un albumen charnu ; la radicule est
supère.
Cbioranthi.
Chionanthui,
Oliyiei.
Œea.
FiLARU.
PhUlyrea.
TROiRS.
Ligustrwn.
FRiMB.
Fraxinw,
F01ITANB6U.
Fantanesia,
LILA8.
Syringa.
AFFINITÉ. — LesOléinées n'ont d'affi-
nité qu'avec les Jasminées, dont elles dif-
fèrent par le nombre binaire-quaternaire
des parties de la Fleur, les graines pen-
dantes, et la plantule albuminée.
GÉOGRAPHIE. — Les Oléinées ha-
bitent les régions tempérées , surtout de
rhémisphère boréal ; elles sont rares dans
l'Asie et l'Amérique tropicales. La plu-
part des Frênes sont de l'Amérique boréale.
OtiTiu. Les Lilas ont passé d'Orient en Europe.
{OUa Europma,) ^ '^
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Oléinées intéressent l'homme au double point de
vue de Taghculture et de l'horticulture. L'Olivibr (Olea Evropœa) est un arbre sans beauté^
mais son utilité est immense ; les anciens l'ont tiré de l'Orient, d'où il s'est répandu dans
toute la région méditerranéenne; sa drupe se nomme Olive; confite au sel et au vinaigre,
elle est comestible ; le péricarpe de cette drupe contient une huile fixe, qui tient le premier
rang parmi les huiles destinées aux usages culinaires et à la fabrication du savon. Il y en a de
plusieurs qualités , en raison du mode d'extraction. L'huile vierge est celle qu'on obtient
par pression modérée des Olives récemment cueillies et écrasées au moulin; elle est douce,
verdàtre, d'un parfum suave, et très-solidifiable par le froid. C'est cette qualité que les
amateurs apprécient le plus; on emploie aussi Thuile vierge dans l'horlogerie pour graisser
les rouages délicats des montres. Vhuile ordinaire est préparée en soumettant à la pression
des Olives écrasées et mélangées d'eau bouillante; l'huile entraînée par l'eau est jaune,
moins solidifiable que la première , et très-usitée pour la table ; mais elle se rancit facUe-
raent à cause du mucilage qu'elle retient . On a une huile inférieure à la seconde en ramol-
lissant par la fermentation le parenchyme de^ Olives^ et en le traitant ensuite par l'eau
bouillante. Cette huile ne peut servir que pour l'éclairage et la fabrication du savon. —
On donne le nom d'huile d'enfer à une quatrième qualité qu'on obtient en réunissant dans
une vaste citerne, nommée enfer , les eaux qui ont servi à délayer les tourteaux d'Olives; ces
eaux ont entraîné une certaine quantité d'huile tenue en suspension par le mucilage ; le repos
sépare le mucilage et l'eau de l'huile, qui vient surnager le liquide. Cette huile ne s'emploie
que dans la fabrication des savons.
L'huile d'Olive est très-souvent falsifiée dans le commerce ; à Paris^ c'est surtout avec de
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PL XIX.
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(Bal «aminée*)
C5-^,
(Anonaceeii i
( Rutacéo»;
/^. NMHgàrJ -.^/tug^, Artf.
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OLÉINÉES. 213
Vkuile blanche, ou huile de Pavots, qu'on la remplace ; au point de vue culinaire, la fraude est
peu importante ; il y a même beaucoup de personnes qui préfèrent avec raison Thuile blanche,
récente et pure, à Thuile d'Olive qui a déjà pris un goût rance ; mais , dans les arts , cette
sophistication est grave, et il est indispensable de la reconnaître : nous laisserons de côté les
moyens proposés par les chimistes, et nous indiquerons ceux qui sont purement physiques, et
par conséquent à la portée de tout le monde. L'huile d'Olive n'est pas siccative à l'air, mais
elle se solidifie quand la température descend au-dessous de 10 degrés; l'huile blanche ne se
soUdifie en partie que dans les temps de gelée, et elle est siccative à l'air. Si l'huile d'Olive est
pure, on aura beau agiter fortement la bouteille qui la contient, après quelque temps de repos,
sa surface restera unie; mais si elle est mélangée d'huile blanche, elle formera le chapelet,
c'est-à-dire qu'il restera tout autour une file de bulles d'air. Ce procédé peut faire reconnaître
un dixième d'huile de Pavot dans l'huile d'Olive.
Un autre moyen consiste à iiger artificiellement l'huile en la plongeant dans de la glace pilée.
Si l'huile est pure, elle se solidifie complètement; si elle est mélangée d'huile de Pavots, elle
reste en partie liquide.
L'écorce et les feuilles de l'Ohvier étaient employées autrefois comme amers-astringents.
Les vieux arbres de cette Espèce excrètent des larmes résineuses, qui ont l'odeur de la
Vanille, et se composent presque entièrement d'une substance particulière, nommée Olivile^
soluble dans l'eau bouillante, et surtout dans l'alcool. Ces larmes, qu'on appelle gomme d* Oli-
vier ^ ne sont donc ni une gomme ni une résine ; elles étaient en grande réputation chez les
anciens , et faisaient partie d'un grand nombre de médicaments externes, cicatrisants et
vulnéraires.
L'Olivibb d'Amérique [Olea americana) a des drupes comestibles, ainsi que plusieurs
autres Espèces exotiques, que l'on cultive en Europe, et dont la principale est l'O. odorant
(0. fragrans) de la Chine; les fleurs de cet Olivier sont mêlées par les Chinois avec les feuilles
de leur thé. — Les Phyllirea sont amers. — Les feuilles du Tro b n e [Ligustrum vulgare) sont
astringentes , ses baies , que mangent les oiseaux , fournissent une teinture noire. — Les
LiLAS [Syringa) sont des arbrisseaux qui naissent spontanément dans l'Asie centrale et occi-
dentale, et qui se sont aujourd'hui répandus dans toute l'Europe, où ils font l'ornement des
campagnes et des jardins par leur élégant feuillage, leur inflorescence, les teintes magnifiques
et le parfum de leurs corolles : nous citerons d'abord le L. commun [S. vulgaris), à feuilles
cordiformes, puis leL. de Perse (S.persica), à feuilles plus petites, oblongues lancéolées,
et le L. Varin (S, Rothomagensis), hybride, né des deux précédents. — Le bois du Lilas est
dense, d'un grain fin, veiné de brun, et facilement polissable. Les jeunes rameaux , vidés de
leur moelle, servent, chez les Turcs, à faire des tuyaux de pipe : de là sans doute le nom de
Syringa, donné au genre par Linné.
Les Frênes (Fraxinus) se recommandent par l'utilité de leur bois et les propriétés amères
de leur écorce , que l'on emploie comme succédanée du Quinquina : tel est surtout notre
Frêne (Fraxinus excehior), dont la fleur n'a ni calyce ni corolle. Plusieurs Frênes du midi
de l'Europe, le F R. Orne {F, Ornus), le Fr. a feuilles rondes(/^. rotundifolia) et
autres Espèces pourvues d'une corolle, excrètent des Assures de leur tronc, dans la saison
chaude de l'année, un suc sucré, qui se concrète à l'air^ et qu'on désigne sous le nom de
manne. Ce suc découle tantôt spontanément, tantôt par suite de la piqûre d'une Cigale; mais
on provoque sa sortie par des incisions réglées, que l'on fait dans l'écorce depuis juillet jusqu'à
septembre. La manne se compose presque entièrement d'un principe, nommé mannite; ce
principe, en s'altérant, acquiert des propriétés nauséeuses, et la manne, qui était simplement
nutritive à l'état frais, devient purgative avec l'âge ; c'est à ce dernier titre qu'elle est employée
en médecine.
Nous avons à mentionner quelques autres Oléinées cultivées dans nos jardins. Ce sont les
FiLARiA (Phillyrea), qui servent à former des palissades età orner les bosquets d'hiver; le
28
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2U HISTOIRE DES FAMILLES.
FoNTAifésiA A FEUILLES DE Fi L A B I A (F. /)Ay//t>^{V/e«), arbrisscau de Syhe, à mmeaux
longs el flexibles, à fleurs en grappes, dont la corolle se compose de quatre pétales réunis par
paires, d'abord blancs^ puis rougeàtres ;leCnioNANTHE de Virginib {Chionanthus Vir-
ginica)j arbrisseau croissant au bord des ruisseaux, à fleurs d'un beau blanc^ qui ont valu à la
Plante son nom générique, signifiant en grec Fleurs de neige.
Famille LUI'.— JASMINÉES.
(Jasminées, (en partie) de Jussieu, — Jasminées, deBobert Brown. — Jasminacées,
de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Corolle hypogyne, régulière^ monopétale, hypocraté-
ri forme, à 5-8 divisions, Étamines 2, insérées sur le tube de la corolle. Ovaire à 2 loges
uni-biovulées ; cvules collatéraux j ascendants. Baie ou capsule septicide. Graines dressées,
àplantule dicotylédonée, exalhuminée.
Les Jasminées sont des arbrisseaux ou des arbustes souvent volubiles, à feuilles ordinaire-
ment opposées, sans stipules. Les fleurs sont
complètes; le calyce est persistant; la co-
rolle est imbriquée dans la préfloraison ^ les
anthères sont basifîxes; l'albumen, d'abord
abondant^ est réduit vers la maturité à une
membrane très-flne ; la radicule est infère.
Jasmin. Jasminum,
Ntctarthe. Nyctanlhes,
AFFINITÉ. — Les Jasminées sont voi-
sines des Oléinées, mais elles en difTèrenl
par beaucoup de caractères, le nombre des
sépales et des pétales, la préfloraison de la
corolle, les ovules ascendants, Tendocarpe
jamais endurci, les graines dressées, Tal-
bumen résorbé^ ou réduit à une membrane^
et les cotylédons charnus; ces diflerenecs
les rapprochent des Apocynées, dont elles
s'éloignent par leur suc non laiteux, le
nombre binaire des étamines, les feuilles
souvent composées; elles ont aussi de Taffi-
nité avec les Ébénacées et les Verbénaeées.
jAs-it. GÉOGRAPHIE. — La FamUle habite
prmcipalement lAsie tropicale. Quelques
Espèces sont dispersées dans la région méditerranéenne.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Jasminées possèdent dans le tissu de leur corolle
une huile volatile, que l'on obtient, non par la distillation, mais en stratifiant des fleurs sur
du coton imbibe d'huile do Ben. Cette huile fixe, inodore et peu susceptible de se rancir.
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JASMINÉES. 215
dissout rapidement Thuile volatile du Jasmin, et la conserve avec tout son arôme. Le Jasmin
OFFICINAL {Jasminum officmale) est un arbrisseau sarmenteux, originaire de TAsie, haut de
dix-huit à vingt pieds, à feuilles pennées opposées, à fleurs blanches; on le cultive dans tous
les jardins, où il supporte bien le f^oid de Thiver; il est maintenant naturalisé dans toute la
r^on méditerranéenne; ses fleurs étaient autrefois rangées parmi les remèdes nervins,
apéritifs et émollients. LeJ. ODORiréRANT [J. odoratissimum) de l'Inde, a des corolles dont
la couleur et Todeur sont celles de la Jonquille; le J. des Açores {J, azoricum) es! un
élégant arbrisseau à feuilles opposées temées; le J. grandiplorb (J, grandiflorum] ju
Jasmin d'Espagnr, vient dcTInde; ses corolles sont grandes, rouges en dehors, blanches en
dedans et d'odeur suave ; le Jasminum fruticans est un arbrisseau indigène très-rustique, à
feuilles alternes et à fleurs jaunes. Enfin nous citerons le J. Sambac (7. Sambac), arbrisseau
grimpant de Tlnde, nommé par les Jardiniers Jasmin d'Arabie^ dont les fleurs sont très-
odoriférantes, surtout pendant la nuit, et se succèdent perpétuellement; c'est avec les corolles
de cette Espèce que Ton prépare la majeure partie de Tessence et de l'eau distillée de Jasmin,
débitées dans le commerce. — Le Ntctanthb triste (Nyctanthes arbor tristis) est un
arbrisseau indien, dont les fleurs s*ouvrent le soir, et répandent un parfum délicieux ; vers le
lever du soleil, elles tombent, et les jeunes filles du pays les ramassent pour s'en faire des
colliers et des couronnes : cet arbre^ à floraison nocturne, porte aux Indes le nom populaire
de Somnambule.
Famille LIV. — STYRACÉES.
CARACTÈRE. — C ALYCE/iôrc ou adhérent. Coi^OLLE périgyne, monopéiale, régulière.
Et AMINES insérées sur la corolle, en nombre double, ou triple, ou quadruple de celui de ses
divisions. Ovaire à 2-3-5 loges pluriovulées; ovules bisériés, réfléchis. Feuit dnipacé.
Graines inverses ou dressées; plantule dicotylédonée , droite dam Vaxe d'un albumen
charnu.
Les Styracées sont des arbres ou des arbrisseaux, à feuilles alternes, sans stipules. Les
fleur& sont complètes, solitaires ou eu grappe. Le calyce est à k-h divisions. La corolle,
insérée sur le calyce, est h 5-7 divisions profondes, campanulée ou rotacée, à préfloraison
imbriquée. Les anthères sont adnécs. La drupe est succulente ou sèche, à noyau quelquefois
uniloculaire par avortement.
AuBouFiER. Styrax. 1 Syuplocos. Symplocos.
Halesia. Halesia. \
AFFINITÉ. — Cette Famille est très- voisine des Ébénacées par le nombre des étaniines,
dépassant celui des divisions de la corolle ; elle se rapproche, parmi les polypétales, des
Temstrœmiacées, des Humiriacées, des Hespéridées.
GÉOGRAPHIE, — Les Styracées sont assez communes dans les contrées intertropicales de
TAsie ci de l'Amérique; elles sont rares au Japon et dms la région méditerranéenne.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Deux Espèces de cette Famille fournissent à la médecine
deux baumes composés d'une résine aromatique unie à une huile volatile et à un acide parti-
culier, nommé acide benzoîque; ces baumes, connus sous le nom de Storax et de Benjoin^
étaient autrefois administrés à Tintérieur comme stimulants; maintenant on ne les emploie
plus qu'à Textérieur; ils entrent dans la préparation des onguents, des emplâtres et de cer-
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216 HISTOIRE DES FAMILLES.
tains parfums. L'A liboufier officinal {Styrax officinale) est un arbre commun dans la
Grèce et T Asie mineure : le Slorax qui découle spontanément ou par incision de sa tige est
recueilli avec empressement, et devient Tobjet d'un commerce considérable. Le Storax
blanc est le plus estimé de tous , il est en larmes blanches , opaques, du volume d'un pois, qui
s'agglomèrent en masse, et ont Tarome de la Vanille ; il ne faut pas confondre ce Storax avec
le Styrax liquide, provenant d'un Liquidambar. Le Storax amygdaloïde est en masses
sèches, cassantes, brunes, d'une odeur suave, renfermées dans des tiges de roseau ou calamus:
de là son nom de Storax calamité.
Le Benjoin provient du Styrax benzoin, arbre qui croît à Sumatra, à Java et dans le
royaume de Siam. Ce baume découle par des incisions faites à la tige , sous forme d'un suc
blanc, qui se solidifie et se colore par le contact de Tair* Chaque arbre peut en fournir trois
livres, et les incisions peuvent être continuées pendant dix ou douze ans. Le Benjoin est livré
au commerce en masses composées de firagments de diverses couleurs, les uns pellucides , les
autres opaques ; leur odeur est pénétrante et délicieuse ; leur saveur , d'abord douce et balsa-
• mique , irrite ensuite fortement la gorge. L'acide benzoîque, cristallisé en aiguilles, que l'on
tire par sublimation de ce baume, est employé en médecine sous le nom de fleurs de benjoin.
Le Symplocos coccinea^ (PI. X) arbrisseau du Mexique, à corolle d'un rose pur, et d'une odeur
suave; les Hcdesia tetraptera et diptera , arbrisseaux de la Caroline et de la Pensylvanie, à
fleurs blanches pendantes, à drupe sèche, garnie de deux ou quatre ailes provenant du tube
du calyce, sont cultivés dans les jardins.
Famille LV«. — MONOTROPÉES.
Les Monotropées sont des herbes ayant l'aspect des Orobanches, charnues, simples, para-
sites sur les racines des arbres, portant sur la tige des écailles à la place de feuilles; les fleurs
sont blanches ou roses, en grappe ou en épi ; la fleur supérieure offre dans ses parties la pro-
portion quinaire, et les autres la proportion quaternaire. Le calyce est libre, à ilh ou 5 sépales
plus ou moins cohérents. La corolle est à W pétales hypogynes, libres ou cohérents. Les
étamines sont en nombre double de celui des pétales, libres d'adhérence avec la corolle et de
cohérence entre elles. L'ovaire est à ^ ou 5 loges pluriovulées. Le fruit est une capsule loculi-
cide ; les graines sont minimes, à plantule albuminée.
Les Monotropées vivent dans l'Europe et dans l'Amérique boréale , principalement sur les
racines des Pins et du Hêtre. L'espèce indigène, que l'on trouve aux environs de Paris, est le
Suce- PIN (Monotropa Hypopitys) dont les fleurs sont disposées en grappe unilatérale,
d'abord courbée en crosse, puis se redressant après la floraison.
Famille LVI\ — PYROLACÉES.
Les Pyrolacées sont des Plantes vivaces , herbacées , ou sous-ligneuses. La tige est nue ou
feuillée; les feuilles sont éparses ou verticillées , sans stipules. Les fleurs sont complètes,
régulières, ordinairement en grappe ou en ombelle, de couleur blanche ou rosée. Le calyce
est libre, 5-partit, persistant. La corolle est à 5 pétales hypogynes. Les étamines sont au
nombre de 10, dont quelquefois 5 stériles; les anthères sont à 2 loges s' ouvrant au sommet
par un pore ou une fente oblique. L'ovaire est à 3-5 loges multiovulées ; le stigmate est en
tête, garni d'une collerette annulaire. La capsule est loculicide. Les graines sont très-petites;
la plantule est minime à la base d'un albumen charnu.
Les trois ou quatre Genres composant ce petit groupe , qu'on a séparé des Éricacées,
habitent les régions tempérées et fraîches de l'hémisphère boréal; leur afflnité avec les
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PYROLACÉES. 217
Éricftcées est confirmée parTanalogie de leurs propriétés; en effet, les feuilles contiennent des
matières astringentes, amères et résineuses, unies quelquefois à un principe narcotico-âcre, qui
les rendent médicinales. La Pyrole a feuilles rondes (Pyrola rotundifolia), herbe
de nos pays, a jadis été en grande réputation comme vulnéraire ; elle est aujourd'hui tombée
en désuétude. La P. en ombelle (Chimophila umbellata), indigène en Europe et en Amé-
rique, commence à être préconisée comme diurétique, stimulante et sudorifique.
Famille LVIP.— ÉPACRIDÉES.
(Bruyères, (en partie) de yw55/eM. — Épàcridées, de JRobert Broivn, — Épacridàcées,
de Lindley,]
CARACTÈRE. — Caltce libre. Corolle hypogyne, monopétale, régulière, Ëtamines
en nombre ordinairement égal à celui des lobes de la corolle, et alternant avec ces lobes, insérées
sur le réceptacle ou sur le tube de la corolle. Anthères à une loge. Ovaire à plusieurs
loges, à placentat ion centrale. Fruit drupacé, ou bacci forme, ou capsulaire. Plant u le
dicotylédonée, droite dans un albumen charnu.
Les Epàcridées sont des arbrisseaux ou des arbustes à feuilles généralement alternes, sans
stipules. Les fleurs sont ordinairement complètes. Le calyce est 4-5 partit, souvent coloré,
persistant. La corolle est tubuleuse, en cloche, ou en eâtonnoir, ou en patère. Les ovules
sont réfléchis , solitaires , pendants dans les Genres à drupe, nombreux dans les Genres
à capsule.
AFFINITÉ. — Cette petite Famille n'a d'affinité qu'avec les Éricacéesdonf elle diffère
seulement par la structure des anthères.
GÉOGRAPHIE. — Les Epàcridées habitent principalement la Nouvelle-Hollande extra-
tropicale, où elles représentent les Bruyères, qui y manquent complètement. Une seule Espèce
a été trouvée dans l'Amérique méridionale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Epàcridées sont exclusivement pour l'homme des
Plantes d'ornement , aussi ne s'en occupe-t-on que pour les introduire dans les serres euro-
péennes, qu'elles embellissent pendant l'hiver. Il y en a pourtant quelques-unes dont les
baies sont comestibles; telles sont les Espèces du Genre Lissantes, et notamment le
L. Sapidb [L. Sapida), vulgairement Australian Cramôerry. Parmi les Espèces cultivées,
nous citerons le Styphelia triflora, arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, au port élégant, dont
les feuilles sont imbriquées, ovales, glauques, et dont les corolles, d'un beau rouge, ont leur
limbe rouge jaunâtre ; VEpacris grandiflora , à fleurs courbées; d'un beau rouge, disposées
en épi unilatéral ; VEpacris impressa, dont les corolles roses sont marquées de cinq fossettes
à leur base externe ; VEpacris autumnalis (PI. XI) , dont la corolle est d'un beau rouge
écarlate, à limbe blanc, étalé en étoile, et que l'on regarde comme une hybride des deux
Espèces précédentes; le Sprengelia incamata, dont les feuilles, imbriquées au bas de la tige,
sont étalées dans le haut, et dont les corolles rotacées, d'un rose purpurin, conservent leur
fraîcheur jusqu'à la maturité des graines.
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218 HISTOIRE DES FAMILLES.
Familles LVIII', LIX" ft LX". — RHODORACÉES,
VACCINIÉES a ÉRICACÉES.
(RosÀGES et Bruyères^ de Jussieu. — Erigées, de Rob. Brown. — Ericacées el
Vacciniacées, de Lindley,)
CARACTÈRE. — Caltce libre ou adhérent à ^ovaire. Corolle insérée sur un
anneau ou disque, soit hypogyne, soit épigyne, monopétale, régulière. Etami!«es en nombre
égal à celui des lobes de la corolle j alternant avec eux y ou en nombre double. Anthères
biloculaires, à loges séparées en haut ou en bas. Ovaire à 1-5 loges, à placentation centrale.
Graines inverses ; plantule dicotylédonée, droite, dans l'axe d'un albumen charnu.
Les Plantes composant ces trois Familles, réunies en une seule par plusieurs auteurs, sont des
arbrisseaux^ sous-arbrisseaux ou arbustes tou-
jours verts. Les feuilles^ ordinairement étroites,
sont articulées avec le rameau, et sans sti-
pules. Les fleurs sont complètes. Le calyce est
à 4.-6 divisions. La corolle est à 5-6 divisions
plus ou moins profondes, quelquefois presque
libres, à préfloraison imbriquée. Les ovules
sont pendants et réfléchis.
ÉRICAGÉES. - Corolle géoéralemeiit
persistante; ovaire libre; fruit généralement
capsulaire; feuilles ordinairement acérées;
bourgeons nuls.
H>
(ffrita ftUgtn».)
Erotèrb.
Erica.
Callunb.
Calluna.
Menzilzie.
Menziezia.
ÀNDtCMÈDE.
Andromeda.
Lyomia.
Lyonia.
Oletura.
Clethra.
ËPI6/EA.
Epigœa,
Gaulthéria.
Gaulthéria.
Arbousier.
Arbutus.
BlISSEROLLE.
Arctostaphylos.
Enktanthcs.
Enkyanthus.
VACG1N1ÉES. — Corolle tombante, ovaire infère; fruit bacciforme ou drupacé; feuilles
planes; bourgeons ordinairement revêtus d'écaillés imbriquées.
Cankebbrge. Oxycoccos.
Airelle. Vaccinium.
Thibaudia. Thibaudia.
Macleania. Macleania.
RHODORACÉES. — Corolle tombante, ovaire libre; capsule septicide; feuilles planes;
bourgeons écai lieux strobili formes.
Azalée.
Azalea.
Befaria.
Befaria.
Kalmie.
Kalmia.
Léiophyllum.
Leiophyllum,
Rosage.
Rhododendron.
LtDON.
Ledum.
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RHODORACÉES, VACGINIÉES ET ÉRICACÉES. 219
AFFINITÉ. — Ces trois Familles forment un vaste groupe très-naturel, malgré les diffé-
rences qui les séparent. La structure des anthères et le nombre des carpelles les distinguent
des autres Familles monopétales; les Vacciniées se rapprochent un peu des Campanulacées et
des Rubiacées; les Ericacées ont de Taffinité, d'un côté avec les Épacridées, de l'autre avec les
Pyrolacées et les Monotropées.
GÉOQRAPHIE. — Los Ericacées sont dispersées sur toute la surface du globe; elles
abondent surtout dans les régions firoides de Thémisphère boréal et au cap de Bonne-
Espérance. Les Bruyères sont bannies de TAsie, de l'Amérique et de la Nouvelle-Hollande.
Quelques Espèces de ce Genre vivent en société , et couvrent d'immenses terrains dans
l'Europe centrale et boréale, où leur présence indique un sol ennemi des Céréales. Leur plus
grand nombre est dans la région méditerranéenne.
Les Vacciniées vivent surtout en deçà du Cancer et dans TAmérique boréale. Les Rhodo-
racées habitent pour la plupart les régions tempérées et fraîches de Thémisphère boréal, et
surtout les hautes montagnes de l'Amérique. On n'en a pas observé au delà du Capricorne.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Ericacées contiennent des principes amers
asbringents, quelquefois une substance balsamique résineuse, ce qui leur donne de l'efficacité
contre les affections des voies urinaires, résultant de la débilité des tissus. Les fruits des
Ericacées à baie sont comestibles. Les Vacciniées se recommandent surtout par la saveur
acidulé et rafraîchissante de leur fruit; leurs feuilles sont légèrement astringentes; les
Rhodoracées sont narcotiques.
L'Arbousier (Arbutus unedo), arbrisseau toujours vert, qui croit sur les rochers stériles
de la région méditerranéenne, et même sur la rive atlantique de l'Irlande, produit une baie
rouge granuleuse, ressemblant à une fraise , qui est d'une saveur âpre avant la maturité, et
fade ensuite ; mangées en grande quantité , ces baies sont narcotiques ; les habitants de la
Corse préparent avec elles unp sorte de vin; dans le reste de l'Italie, on leur fait subir la fer-
mentation spiritueuse, et on en retire par distillation une liqueur alcoolique. Les feuilles et
récorcede cette Plante sont employées en médecine comme astringentes, et, dans l'Orient,
elles servent pour le tannage des peaujc. — La Busserolle, raisin d'ours (Arctostapkylos
uva ursi) est un petit arbrisseau croissant dans l'Europe centrale et boréale, ainsi qu'en Amé-
rique et en Asie; ses feuilles, d'une odeur faiblement aromatique , d'une saveur amère et
astringente, sont préconisées dans les affections calculeuses; ses baies sont très-âpres. — Le
Gaulthéria couchk (6r. procumbens) est un joli arbuste de l'Amérique septentrionale,
ses feuilles, mâchées, laissent dans la bouche l'arôme de la fleur d'Oranger; elles sont offici-
nales au Canada, et employées en infusion théiforme, de là leur nom de montain tea; leur
fruit, nommé box-berry, est comestible. Celui du G. skallon, du même pays, est délicieux.
— L'A NDROMÈDE A FEUILLES DR PoLiuM {A ndromcda polifolia)^ qui habite les terrains
tourbeux de l'hémisphère boréal, possède, comme ses congénères de tous les pays, des pro-
priétés narcotico-àcres , qui en font un pâturage pernicieux pour les moutons. L'A. arbo-
rescente [Oxydendrum arboreum), qui croit dans F Amérique septentrionale, a des feuilles
d'une saveur âpre et acidulé, qu'on emploie en décoction rafraîchissante.
La Bruyère commune (Ca//Mna vw/^am) revêt d'une tapisserie magnifique , en Europe ,
de vastes contrées dépourvues de forêts ; cet arbrisseau résineux subaromatique possède des
propriétés astringentes; les foulons et les teinturiers s'en servent quelquefois; ses fleurs sont
recherchées par les abeilles.
Les Airelles indigènes contiennent dans leurs parties herbacées un principe extractif
amer et beaucoup de tannin; leurs baies sont acidulés-sucrées, légèrement astringentes, et
employées comme aliments : les médecins en font aussi quelque cas , et les prescrivent
comme antiscorbutiques, à cause du mucilage, du sucre, des acides malique et citrique, et du
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220 HISTOIRE DES FAMILLES.
principe astringentqu'elles renferment : telles sont surtout TA irellb myrtille ( Vaccinitm
myrtillus) j la Ganneberge {Oxycoccos palustris), arbrisseau nain, qui rampe dans les tour-
bières des régions fraîches de Thémisphère boréal, et porte des baies rouges, d'une saveur
acide, renommées chez les peuples du Nord comme rafraîchissantes et antiscorbutiques. Une
congénère américaine de la Ganneberge produit des baies du volume d'une cerise, que Ton
confit au sucre, et que Ton vend dans les magasins d'épicerie aux États-Unis.
Le Genre Thibaudia, de l'Amérique du Sud, mérite d'être mentionné. Le Thihaudia
melliflora est un arbrisseau croissant sur les Andes du Pérou ; ses fleurs sont riches en nectar,
et les indigènes les sucent avidement; le Thibaudia macrophylla produit des baies que les
habitants de Pasto, dans la Colombie, soumettent à la fermentation spiritueuse pour en faire
une sorte de vin ; les fleurs du Thibaudia Quereine sont employées par les Péruviens pour
composer une teinture aromatique contre les maux de dents.
RutAGB DU Pont. KaLVU a rttlLLBS LABCkt.
[Rhododendron Ponliewm.) [Kalmim latifoUa,}
Les Rhodoracées sont remarquables par leur propriété narcotique ; le Rosace a fleurs
d'or (Rhododendron chrysanthos) y dshn^tdM(\m habile les Alpes de TAsie boréale , a des
feuilles amères et astringentes, qu'on emploie en médecine ; à petite dose, elles sont toniques;
administrées en plus grande quantité , elles causent des vertiges , des nausées , de la somno-
lence, et en même temps elles augmentent les excrétions intestinales et urinaires; Le
R. FERRUGINEUX (R, ferrugincum) àc nos Alpes, et le R. a grande fleur {R. maxi-
mum) de l'Amérique septentrionale, ont les mêmes propriétés. Les bourgeons du R. ferrugi-
neux, macérés dans Thuile , fournissent un Uniment, que les Piémontais nomment huile de
marmotte, et qu'ils emploient contre les douleurs articulaires.
Le Ledum palustre, arbrisseau commun dans le nord de l'Europe et de l'Asie a des feuilles
linéaires roulées sur leur bord, couvertes inférieurement d'un coton roux, que Ton emploie
en médecine ; elles ont une odeur narcotique, un goût amer et astringent; elles donnent, par
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I .
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PI. XX.
(NrlonibonorÉ»)
Y^'-^r/é^
/mp l/'Uifani-Mti^. /Wv.
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RHODORACÉES, VACCINIÉES ET ÉRLCACÉES. 221
distillation, une huile volatile jaune, d'une odeur enivrante, d'une saveur aromatique brû-
lante. — Ces feuilles ajoutées à la bière par une fraude condamnable, peuvent donner lieu à
des accidents pernicieux de narcotisme. Le L, latifolium , qui croît dans le Labrador, a des
feuilles qu'on recommande en infusion dans les toux violentes.
Les Kdmia de TAmérique boréale sont encore plus narcotiques que les Ledum; ils
causent la mort aux animaux domestiques et aux troupeaux ; le miel retiré par les abeilles
des fleurs du Kalmia a feuilles larges (Kalmia latifolid) provoque Tivresse, le délire,
les vomissements, les convulsions, et quelquefois même cause la mort. Le miel enivrant du
Pont-Euxin, si célèbre chez les anciens, depuis la retraite des Dix-Mille, était recueilli sur les
fleurs de VAzalea Pontica et du Rhododendron Ponticum,
Les diverses Espèces que nous venons de mentionner sont presque toutes cultivées comme
Plantes d'ornement, ainsi que beaucoup de leurs congénères, à cause de la persistance de leur
feuillage > de Félégance de leur port et de la beauté de leurs fleui-s. — Nous citerons avant
tous les autres le grand Genre Bruyère {Erica) , Genre très-naturel, malgré la diversité de
ses innombrables Espèces, dont la plupart sont du Cap de Bonne -Espérance 3 mais nos
Bruyères indigènes ne le cèdent en rien à ces dernières, et ont sur elles l'avantage de pouvoir
être cultivées en pleine terre. — Les Clethra sont des arbrisseaux américains, à fleurs odo-
rantes, disposées en grappes : le CL arborea, de Madère, a des fleurs d'un blanc rose : l'hor-
ticulture en a obtenu une charmante variété à feuilles panachées de rouge et de jaune. —
VEnkyanthus quinqueflorus (PL IV) est un arbrisseau de la Chine, qui tient le miUeu entre
les Arbousiers et les Busserolles : ses fleurs sont en ombelles, la corolle est marquée à sa base
de cinq fossettes nectarifères d'une belle couleur de carmin.
Les Vacciniées fournissent à l'horticulture, outre les Genres que nous avons mentionnés, les
Thibaudia et les Macleania, — Le Thibau-
dia pulcherrima est originaire du nord de
l'Inde, ses fleurs sont disposées en ombelles
sessiles sur les rameaux âgés dépourvus de
feuilles; les corolles sont tubuleuses, cam-
panulées, d'un rouge pâle, tournant quel-
quefois au vert jaunâtre, et marquées en
long et en travers de lignes d'un rouge plus
foncé. — La Macléanie a feuilles
en coeur (Macleanïa cordata), arbrisseau
du Pérou, a des feuilles coriaces, d'un beau
vert tendre; les fleurs sont nombreuses,
ternées ou quatemées, unilatérales, presque
horizontales; la corolle a son tube anguleux,
épais, charnu, jaune orangé; les divisions
du limbe sont étroitement deltoïdes , velues-
soyeuses et jaunâtres en dessus.
Parmi les Rhodoracées ornementales, nous
mentionnerons, outre les Rosages déjà cités,
le Bhodora canadensis, arbuste du Canada,
à fleurs pourprées ayant l'odeur de la Rose ;
le Befaria racetnosa, joli arbrisseau de la
Floride, haut de 3 à ^4^ pieds, à fleurs disposées
en grappe, à corolle polype taie purpurine;
MACtÉAHii â riuittit EH coKi;.. le LÉÏOPHYLLUM A FEUILLES DE THYM
{^marleania ecrdata.)
(L. thymifolium) , sous-arbrisseau de la
Caroline, à fleurs blanches rosées, réunies en corymbe serré, et TAzaléa des Indes
29
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22-2 HISTOIRE DES FAMILLES.
(Rhododendron indicum) (PI. XXII), qui n'est plus un Azalea, mais un Bosage, vu le nombre
de ses étamines, et dont on .a obtenu de nombreuses variétés à fleurs rouges, purpurines,
roses, blanches, et doubles.
Famille LXP. — PITTOSPORÉES.
(PiTTOSPORÉES, de jRob. Brûum.)
CARACTÈRE. — Cal yce libre à 5 divisions. Corolle hypogyne à 5 pétales libres.
Examines 5, alternes avec les pétales. Ovaire à 2-5 loges plus ou moins complètes^ multio-
vulées. Fruit capsiUaire ou bacci forme. Plantule dicotylédonée, minime à la base d'un
albumen abondant. — Feuilles alternes, simples , sans stipides.
Les Pittosporées sont des arbres ou des arbrisseaux. Le calyee est polysépale ou presque
polysépale. La corolle est tombante, à préfloraison imbriquée. Les ovules sont réfléchis, hori-
zontaux ou presque ascendants.
AFFINITÉ. — Cette Famille est voisine des Célastrinées capsulaires; elle s'en sépare par
la corolle et les étamines hypogynes, par le fruit ordinairement uniloculaire, Tabsence
d'arille, et la plantule minime.
GÉOGRAPHIE. — Les Pittosporées abondent surtout dans la NouveUe-Zélande extra-
tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Toutes les Pittosporées sont résineuses, aromatiques et
amères; mais leurs propriétés ne sont pas mises en usage. — Le fruit des Espèces baccifères
a un parenchyme résineux, âpre et désagréable au goût; cependant les indigènes de la
Nouvelle-Hollande, pressés par la faim, et ne trouvant rien de meilleur dans leur misérable
patrie, le mangent avec avidité.
Parmi les Espèces cultivées en Europe nous citerons le Pittosporum undulatum^ arbrisseau
des Canaries, haut de 5 à 6 pieds, à feuilles aromatiques, à fleurs blanches sentant le Jasmin ;
le Bursaria Spinosa, de la Nouvelle-Hollande, à rameaux grêles, épineux, à petites fleurs
blanches paniculées; le Billardiera scandens, arbrisseau australasien , de 2 à3 pieds, à
rameaux grimpants, à pédoncules uniflores, terminaux, à corolle jaune.
Famille LXIF. — ICACINÉES.
M. Adr. de Jussieu a placé sous ce nom , entre les Pittosporées et les Staphyléacées, le
genre Icacina, annexé pat les auteurs à la Famille des Olacinées, et dont voici les caractères :
Calyee court, S-fide, persistant. Pétales 5, hypogynes, velus à leur base interne, à préflorai-
son valvaire. Etamines 5, alternes avec les pétales, à anthères cordiformes, biloculaires, dorsi-
flxes. Ovaire assis sur un disque glanduleux , à une loge contenant 2 ovules collatéraux,
pendus au sommet de la loge. Capsule uniséminée par avortement , et indéhiscente. Graine
inverse, à albumien charnu. — Ce Genre est composé d'une seule espèce , Tl. du Sénégal
(/. Senegalensis), qui présente le port du Chrysobalane Icaco; de là le nom générique Icacim:
c'est un arbrisseau à rameaux velus , à feuilles alternes, appliquées sur la tige , entières,
coriaces, glabres, sans stipules, à fleurs disposées en panicule lâche.
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STAPHYLÉACÉES. 223
Famille LXIÏP. — STAPHYLÉACÉES.
(STAPHYLÉACÉES, de ^«r^/m^. — CÉLASTRINÉES, (cH partie), de De Candolle.)
CARACTÈRE. — 'Calyce libre, à 5 divisions. Corolle à 5 pétales hypogynes.
Etamines 5, alternes avec les pétales. Ovaire à 2-3 loges pluriovulées ; ovules ascendants
ou horizontaux. Fruit capsulaireou bacci forme, Plamtule grande, dans un albumen charnu,
— Tige ligneus€,*Fi,vihijE s ordinairement opposées, composées, bistipulées.
Les Staphyléacées sont des arbres ou des arbrisseaux dressés ; les fleurs sont disposées en
grappe ou en panicule. Le calyce est coloré, à préfloraison imbriquée. Les pétales sont insérés
sur ou sous un disque. Les ovules sont situés à Tangie interne des loges, et réfléchis. Les
graines sont globuleuses, à testa osseux, luisant. L'albumen est quelquefois peu considérable.
AFFINITÉ. — Cette petite Famille , réunie par beaucoup d'auteurs à celle des Célastri-
nées, en difTëre par ses feuilles pennées et la structure delà graine; elle se rapproche par
plusieurs caractères des Sapindacées, près desquelles elle serait peut-être plus convenable-
ment placée.
GÉOGRAPHIE. — Les Staphyléacées habitent principalement les régions tempérées de
TËurope et de T Amérique dans Thémisphère nord.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Le Stapuylier penné { S taphylea pinnata) , Sirhusie
indigène, produit des graines huileuses, un peu âpres et sucrées, que les enfants mangent, et
qui sont laxatives. — L'E usgaphis faux Stapuylier ( Euscaphis Staphyleoides ] , qui
croît au Japon, a des racines dont Fécorce extérieure, amère et astringente , est administrée
en infusion dans la dysenterie et les diarrhées chroniques.
Famille LXIV". — CÉLASTRINÉES.
(Nerpruns, (en partie), de yws^/ew. — Célastrinées, de Rob.Broivn, — Évonymées, de
De Candolle. — Célastracées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce //Are, à 4.-5 divisions. Corolle périgyne à 4-5 pétales.
Examines 4-5, alternes avec les pétales. Ovaire à 2-5 loges, ordinairement 1-2 ovulées;
ovules ascendants, F ^VIT capsulaire ou drupacé, GrjlI^es généralement pourvues d* un arille;
plantule dicotylédonée, droite dans l'axe d'un albumen charnu, — Tige ligneuse. Feuilles
û stipules caduques, ordinairement alternes.
Les Célastrinées sont des arbrisseaux ou des arbustes, quelquefois grimpants. Les fleurs
sont régulières, axillaires, disposées en cyme, petites, verdàtres, ou blanchâtres, ou pourpres.
Le fond du calyce est revêtu d'un disque charnu, qui quelquefois adhère à Tovaire. Les pétales,
élargis à la base, sont insérés sous le rebord du disque, et à préfloraison imbriquée. L'ovaire
est plus ou moins immergé dans le disque j les ovules sont réfléchis. Le fruit est à 2-5 loges,
tantôt indéhiscent, soit drupacé, soit samaroïde, tantôt capsulaire à déhiscence loculieide. Les
graines sont enveloppées dans un arille charnu ou pulpeux; la radicule est infère.
Fusain. Evonymus. 1 Celastre. Celaslrus.
Kat. Catha. I Mayténus. Maijtenus.
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22i HISTOIRE DES FAMILLES.
AFFINITÉ. — Les Célastrinées sont voisines des Rhamnées, Ilicinées, Hippocratéacées
et Pittosporées; elles difTèrenl de ces dernières par la présence du disque, Tinsertion périgy-
nique, le nombre moindre des graines et la plan-
tule plus développée ; des Hippocratéacées par
le nombre des étamines et la présence de l'al-
bumen ; des Ilicinées par les ovules dressés et la
plantule plus grande ; des Rhamnées par Talter-
nance des étamines et la nature du fruit et de la
plantule.
GÉOGRAPHIE. — Les Célastrinées sont
commensales des Rhamnées; elles habitent
principalement les régions subtropicales de Thé-
misphère' austral, deviennent rares vers les pôles
et réquateur, et sont complètement bannies des
zones glaciales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Dans la
plupart des Célastrinées^ des principes amers et
astringents s'unissent avec des substances acres,
purgatives et émétiques, ou simplement stimu-
lantes. Le fruit de quelques-unes est charnu et
CÎLA9T1E k FBoiLLit »■ luis. comcstiblc, la graine de quelques autres contient
une huile nxe. Nos Fusains mdigenes, les Evo-
nymus europœus, latifolius, verrucosus, présentent dans toutes leurs parties une saveur
nauséeuse, une odeur désagréable, quand on les froisse entre les doigts; ils sont purgatifs et
émétiques ; leur fruit est un poison pour les bestiaux ; on faisait autrefois avec ces fruits un
onguent pour détruire les poux, qui est tombé en désuétude ; leur bois fournit un charbon
très-léger, qui sert aux dessinateurs, et entre dans la fabrication de la poudre à canon. —
LeCÉLASTRE GRIMPANT [Celùstrus scandens)y qu'on nomme le Bourreau des arbres parce
qu'il les étrangle en s'enroulant autour de leur tronc, est indigène dans l'Amérique septen-
trionale; son éçorce est émétique. Le C. vénéneux (C, venenatus), arbrisseau épineux
du Cap, fait avec ses épines des blessures très-dangereuses. Le Maytenus macrocarpus est un
arbrisseau du Pérou, dont les feuilles sont acides. Le Maytenus chilensis est un remède efficace
contre le Sumac vénéneux; la décoction de ses feuilles est employée pour laver les parties
enflammées par cette Plante caustique, dont nous ferons bientôt Thistoire. Le Kat ou Gat
[Caiha edulis), cultivé avec le Café dans les jardins de TYémen, est en grand renom chez
les Arabes; ils mâchent ses feuilles qui les tiennent éveillés dans leurs prières nocturnes;
ils prétendent en outre que la peste ne pénètre jamais dans les lieux où croît cet arbre, et
qu'un homme qui porte dans son sein un rameau de Kat peut séjourner impunément parmi
les pestiférés.
Les Célastrinées fournissent à Thorticulture des arbustes qui entrent dans la composition
des bosquets : ce sont les Célastres et surtout les Fusains^ remarquables par la forme
anguleuse, la couleur rouge de leur capsule, qui figure assez bien un bonnet carré, et leur a
valu le nom populaire de Bonnet de prêtre.
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HIPPOGRATÉACÉES. 225
Famille LXV. — HIPPOCR/VTÉACÉES.
CARACTÈRE. — Câlyce libre à 5 divisions. Corolle périgyne, à 5 pétales.
ÉTAMiNES 3. Ovaire triloculaire , pluriovulé, à ovules ascendants. Fruit capsulaire ou
bacci forme. Plantule dicotylédonée , exalbuminée. — Tige ligneuse. Feuilles opposées,
simples, d stipules caduques.
Les Hippocratéacées sont des arbrisseaux ou des arbustes, quelquefois volubiles ; les fleurs
sont complètes, régulières, disposées en grappe, ou en eorymbe, ou en panicule. Le calyce est
persistant; un disque libre d'adhérence avec le calyce est épanché entre les pétales et
Fovaire. Les pétales sont sessiles, insérés à la base externe du disque, et à préfloraison
imbriquée. L^ovaire est plus ou moins plongé dans le disque ; les ovules sont réfléchis; la
radicule est infère.
AFFINITÉ. — Celte Famille, voisine des Célastrinées, s'en distingue par le nombre
ternaire des étamines dans une corolle et un calyce pentamères.
GÉOGRAPHIE. — Les Hippocratéacées habitent la zone tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Le fruit des Espèces à baie est comestible; tels sont le
K E B B TT [Salacia senegalensis) etleSAPOBA( Tontelea Brasiliensis) . La graine de VHippocratea
comosa , qui croit aux Antilles , fournit une huile qu'on emploie comme celle des amandes
douces.
Famille LXVP.— AMPÉLIDÉES.
(Vignes, de 7ussî>M. — Sarment ACÉES, de Ventenat. — ^^Vinifères, de Jussieu. -^
Ampélidées, de Kunth. — Vitacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce libre. Pétales ^-5 insérés sur le bord d'un disque hypo-
gyneou subpérigyne, à préfloraison valvaire. Etamines 5, opposées aux pétales. Ovaire
à 2-3-6 loges, i-^-ovulées. Ovules ascendants ^ dressés ou réfléchis. Baie à 2-6 loges.
Plantule dicotylédonée, droite, minime à la base d'un albumen charnu. — Tige ligneuse.
F ^VILLES palmilobées, ou digitées, ou pennées.
Les Ampélidées sont des arbres ou des arbrisseaux généralement cirrhifères et grimpants,
à suc aqueux^ abondant; les rameaux sont renflés aux nœuds. Les feuilles inférieures sont
opposées, les supérieures alternes; les stipules sont très-petites, quelquefois nulles. Les fleurs
sont petites, vertes, en panicule multiflore ou en cyme corymbiforme. Le calyce est très-petit,
obscurément denté ou presque entier, revêtu d'un disque qui porte les pétales et les étamines.
La corolle est polypétale ou presque polypétale; le style est très-court, le stigmate est en tête
aplatie. Les graines ont un testa osseux, un endoplèvre souvent replié à Tiritérieur; la radicule
est infère.
Tribu 1. — VITÉES. — Pétales et étamines libres; ovaire à deux loges; des vrilles opposées
aux feuilles.
(hssrs. Cissus. | Vione. Vitis.
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226 HISTOIRE DES FAMILLES.
Tribu 2. — LÉACÉES. — Pétales cohérents à leur base; étamines monadelphes; ovaire à 3-6
loges; point de vrilles.
Lééa. Leea,
AFFINITÉ. — Les Ampélidées oflVent une affinité manifeste avec les Araliacées, dont elles
se séparent pourtant par leur ovaire libre et leurs ovules dressés; elles ont quelque rapport
avec les Méliacées par Tintermédiaire du Genre Lééa,
GÉOGRAPHIE. —Les Ampélidées habitent toute la région intertropicale, et surtout
TAsie ; elles sont très-rares en dehors des
tropiques, et surtout de celui du Capricorne;
on n'en trouve aucune qui soit spontanée
en Europe; et si Ton rencontre la Vigne
vinifère dans quelques forêts basses de l'Eu-
rope méridionale, il faut la regarder comme
une Plante échappée à la domesticité. La
véritable patrie de ce Végétal bienfaisant
doit être cherchée dans la Mingrélie et la
Géorgie, entre les montagnes du Caucase,
de TArarat et du Taurus. Les plus antiques
traditions des peuples mentionnent la Vigne
dans les relations humaines^ de sorte que
sa culture, recommandée par les anciennes
religions, et consacrée par la loi nouvelle,
semble avoir pour date Tapparition de
rhomme sur la terre.
Si nous examinons géographiquement la
culture de la Vigne dans sa circonscription
actuelle, nous rencontrons une limite boréale
sur la côte occidentale de TEurope, à Fem-
bouchure de la Loire. Cette limite, en s'é-
tendant à Test, remonte vers le nord, et
atteint le 51* degré de latitude, au con-
fluent du Rhin et de la Moselle. Les Vignes
dispersées au delà de cette limite ne four-
vioxE. nissent pas de vin, et on en obtient à peine
[Vitiê vint fer a,\ ri r
du vinaigre. La culture du vin réussit dans
la vallée du Rhin et le long du Danube ; en Hongrie, elle ne prospère pas au delà du &'9* de^é^
et dans la Russie méridionale, elle s'éteint le long du rivage boréal de la mer Caspienne, sous
le kS^ parallèle. Cette limite forme dans son ensemble un arc, dont les extrémités s'appuient à
l'ouest sur le W', à Test sur le 48*, et dont la courbure atteint le 51* degré de latitude septen-
trionale : une telle courbure s'explique par la nature même de la Plante, dont les fruits, devant
mûrir rapidement dans l'espace de quelques semaines, reçoivent du soleil, à latitude égale,
plus de chaleur dans les continents que dans le voisinage des mers. — En continuant de la mer
Caspienne vers l'Orient, nous voyons que la Vigne n'est pas inconnue dans la Bucharie et le
nord de la Perse ; mais elle devient rare sur le versant méridional de THymalaya, et disparaît
complètement dans la vallée de l'Inde et la région maritime de la Perse. Au-dessous du
29* degré, elle demande à être abritée contre les ardeurs du soleil. Il y a des Vignes dans
l'Ile de Fer, située à 27*» 50' ; sous les tropiques on plante quelquefois la Vigne dans les
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AMPÉLIDÉES. 227
jardins; elle y pousse rapidement, mais le raisin se dessèche avant de mûrir. Dans TAraé-
rique septentrionale, la Vigne est rare; on ne la cultive pas en deçà du 38« degré. Dans
Thémisphère austral, on a plantédes Vignes au Cap de Bonne-Espérance, sur la côte du Chili,
àTembouchure de la Plata et dans la Nouvelle-Hollande. C'est en France, et près de la limite
boréale de sa culture, que la Vigne produit les vins les plus estimés.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La plupart des Ampélidées contiennent des acides de
différente nature , répandus dans toutes les
parties de la Plante, en plus ou moins
grandes proportions , tantôt à Tétat pur,
tantôt unis à des principes astringents et
colorants; c'est dans ces matières que réside
la source principale de leurs propriétés.
Dans la baie de quelques Espèces, un sucre
particulier, nommé par les chimistes glu-
cose, est combiné avec divers acides; ces
baies écrasées donnent un suc qui fermente
rapidement et devient cette liqueur connue
sous le nom de Vin, dont il est écrit dans
les Livres sacrés qu'elle réjouit le cœur de
rkomme.
Nous allons exposer rapidement la fa-
brication du vin. Les raisins murs con-
tiennent, avec beaucoup d'eau, de la glu-
cose, une matière azotée ou ferment, du
mucilage, un peu de tanin , des acides
malique et citrique, du bitartrate de po-
tasse, divers autres sels et des matières
colorantes; ces raisins sont foulés aux
pieds dans de grandes cuves en bois ou
en pierre. Au bout de quelques jours,
Raisin db coeikthb. ^* fermentation s'établit dans les maté-
riaux du raisin, ainsi mêlés et soumis à
l'influence de Tair; la masse s'échauffe, par suite des combinaisons qui produisent des
composés nouveaux, et le sucre contenu dans la liqueur se change d'une part en alcool,
de l'autre en acide carbonique : ce dernier se dégage en bulles innombrables qui viennent
bouillonner à la surface de la cuve, entraînant et soulevant les débris du fruit et une écume
épaisse, composée surtout de ferment altéré; il se forme aûisi une croûte, qu'on nomme le
chapeau de la vendange ; bientôt l'effervescence se calme, et le chapeau s'affaisse. Alors on
foule la cuve pour mêler toutes les matières, et ranimer la fermentation. Lorsque la liqueur ne
bout plus, qu'elle possède une saveur vineuse, et qu'elle s'éclaircit, on soutire le liquide dans
des tonneaux, où il continue à fermenter, même pendant plusieurs mois. L'écume qui s'était
formée de nouveau finit par se déposer au fond des tonneaux, et avec elle se précipite le
bitartrate de potasse, qui se sépare de la liqueur à mesure que l'alcool se forme; cette masse
déposée est ce qu'on appelle la lie.
Malgré la précipitation de la lie, le vin n'est pas complètement Umpide; il faut le clarifier :
pour cela on le colle avec des blancs d'œufs, ou une dissolution de colle de poisson, qu'on
introduit dans le tonneau ; l'alcool du vin coagule l'albumine des œufs ou la gélatine de la
colle de poisson, et celle-ci, en se précipitant, entraîne avec elle toutes les matières en suspen-
sion qui troublaient la transparence du vin.
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228 HISTOIRE DES FAMILLES.
Le vin rouge doit sa couleur à un principe bleu résinoïde, qui réside dans la pellicule du
fruit; ce principe, insoluble dans reau,est soluble dans Falcool, et colore le vin à mesure que
la fermentation alcoolique se développe; les acides libres contenus dans le vin le font passer
du bleu au rouge. Si Ton veut avec du raisin rouge faire du vin blanc, on soutire le moût,
dès que le grain est écrasé, de sorte qu'il ne puisse fermenter sur son marc ; si au contraire on
veut que du vin de raisin blanc soit rouge, il suffit de jetter dans la cuve des pellicules de
raisin noir.
Pour fabriquer les vins blancs mousseux, on met en bouteilles le moût vineux avant qu'il
ait achevé sa fermentation: l'acide carbonique, qui continue à se former, reste dissous dans
le vin, et s'y accumule. Lorsqu'on débouche la bouteille, le gaz, cessant d'être soumis à la
pression , s'échappe avec une
force d'expansion proportion-
nelle à sa quantité, et, en s'é-
chappant, il soulève le liquide
qui ne s'écarte pas assez rapide-
ment pour lui livrer passage.
Le vin contient les matières
colorantes, le tanin^ le muci-
lage et les sels que contenait le
moût; mais la glucose a disparu
ainsi que le ferment; à leur
place existe Valcool, en propor-
tions variables, qui donne au
vin sa qualité spiritueuse, et qui
s'est formé en même temps que
Tacide carbonique, par la dé-
composition de la glucose sous
rinfluence du ferment; outre
l'alcool, on trouve dans le vin des
acides acétique et œnanthique ,
une huile éthérée d'odeur vi-
neuse, un principe sapide par-
ticulier , nommé œnanthine ,
toutes substances dont les chi-
mistes ont indiqué la composi-
tion, et entin le principe aro-
Raisin d'Amkriqub. .. . . .-<
matique, ou bouquet, matière,
qui, en raison de sa faible proportion et de sa fugacité, échappe complètement à l'analyse
chimique, et ne peut être appréciée que par le palais exercé des gourmets.
Revenons aux baies de la Vigne qui n'ont pas subi la fermentation : le raisin est un des
fruits les plusdélicieux que fournisse à l'homme le règne végétal ; il est nutritif, rafraîchissant,
et devient salutaire dans beaucoup de maladies.
Les raisins de Damas, de Gorinthe, de Malaga, sont des fruits séchés au soleil, dont on fait
dans le monde entier un commerce considérable. Les baies non mûres et acerbes de la Vigne,
connues sous le nom de Verjus^ sont un condiment, et de plus un médicament domestique
employé dans les inflammations de la luette et des amygdales, ainsi que dans les aflections
scorbutiques. Enfin on emploie quelquefois en médecine les Vrilles de la Vigne, douées
d'une saveur acidulé astringente, à laquelle elles doivent leur vertu diaphorétique et diuré-
tique.
Les congénères américaines de la Vigne riV»'/^e produisent des baies acerbes, qui, cueillies
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PI. XXI.
f .'Vnmrant«<'<K'« )
( Crtrv*»phvllée»)
3ir-t^'ii^ tlici|<»1i*x ' Itnp ffa/!^ard-Jlfau^', Paru.
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AMPÉLIDÉES.
229
dans les forêts, parmi les fruits sauvages, ont quelque mérite comme fruit rafiraichissant. Les
innombrables Espèces de Cissus qui habitent toute la zone tropicale, ne rendent presque
aucun service à Thomme ; quelques-unes sont employées dans la médecine populaire comme
remède rafraîchissant; les jeunes feuilles de quelques autres, soumises à la cuisson, servent
d'aliment. — La Vigne vierge (Cissus quinquefolia), est un arbrisseau rustique de T Amé-
rique septentrionale, cultivé dans tous les jardins d'Europe, où il forme des berceaux, et
grimpe le long des murailles élevées dont il cache rapidement la nudité; ses feuilles sout
digitées à 5 folioles, d'un beau vert luisant, qui devient rouge à l'automne.
Famille LXVH". — RHAMNÉES.
(Nerpruns, (en partie), de Jussieu. — Rhamnées, de Bob. Brown, — Frangulacées,
de De Candolle. — Rhamnacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce libre ou adhérent à Vomire^ à 4.-5 divisions. CoROLLE/îm-
gyne à k-h pétales. Examines 4-5, opposées aux pétales. Ovaire à 2-4 loges i-^-ovulées;
ovules dressés ou ascendants. Fruit drupacé ou capsulai)*e, s' ouvrant par déhiscencc septicide
en coques. F Lk^TVLE dicotylédonée, grande ; albumen peu abondant. Tige généralement li-
gneuse. Feuilles simples, bistipulées.
Les Rhamnées sont des arbres, arbrisseaux ou sous-arbrisseaux, quelquefois grimpants. Les
fleurs sont régulières, petites, verdàtres, solitaires ou diversement agglomérées. Le calyce
est monosépale, à préfloraison valvaire ; un disque est appliqué sur le calyce ; les pétales sont
insérés sur la gorge du calyce ou sur son tube, ou sur le bord du disque, leur préfloraison
est valvaire; ils sont quelquefois nuls. Les ovules sont réfléchis; la radicule est infère.
Paliubb.
Paliurus,
Céakothe.
Ceanothus.
JUJCBIEB.
Zizyphus,
Phylica.
Phylica.
Beechliiia.
Berchemia.
SODLANCIA.
Soulangia.
HOYENIA.
Hovenia.
POMADKRRIS.
Pomaderris
Nebpiux.
Rhamnus.
GOUANIA.
Gouania,
AFFINITÉ. — Cette Famille, réduite aux Genres à étamines alternes avec le calyce. et
à ovules solitaires dressés, est très-facile à distinguer des Uicinées et des Célastrinées : elle
se rapproche aussi des Fuphorbiacées, dont les séparent ses fleurs complètes, sa corolle et
ses étamines insérées sur un disque calycinal, et ses graines solitaires dressées; elle se rap-
porte aux Buttnériacées par le calyce valvaire, la forme des pétales, la situation des éta-
mines et la structure intérieure de Tovaire; elle s'en éloigne par la corolle et les étamines
insérées sur le calyce, les anthères introrses et les graines solitaires.
Les Rhamnées sont répandues dans les régions chaudes et tempérées du monde entier;
très-nombreuses près des tropiques, et surtout au delà du Capricorne; eUes sont rares dans
la zone intertropicale, et ne se rencontrent jamais sous les zones glaciales.
ESPÈCES REMARQUABLES. — Le principe qui domine dans les Bhamnées est une
substance extractive amère, à laquelle se joint une matière acre ou astringente , et dans
beaucoup d'Espèces un principe colorant jaune ou vert. En général, c'est dans Técorce et le
bois que résident les propriétés médicales. Les fruits, dont Tamertume est corrigée parle sucre
et le mucilage, sont nutritifs et émollients; dans le cas contraire, ils sont émétiques et purga-
tifs. Les baies du Nerprun purgatif (Bhamnus catharticus), arbrisseau indigène, sont
nauséeuses, amères; elles doivent leur propriété à une substance extractive; Técorce inté-
rieure possède les mêmes vertus; les baies non mûres fournissent un principe colorant, jaune
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•230 HISTOIHE DES FAAJILLES.
ou vert. Le N. tinctorial [Rh. infectorius), le N. alatbrnr {Rh. alatemus), le N. dbs
Rochers (Rh. saxaiilis), ont des fruits qui servent également à la teinture sous les noms
de Graines d'Avignon, Graines de Perse, Graines jaunes. VAlateme a des feuilles astrin-
gentes; la Bourdaine (Rh. frangula) contient dans son écorce un principe acre et amer,
quelquefois employé à l'intérieur comme purgatif, plus souvent administré à Textérieur pour
guérir la gale ; Técorce du N. sanguin (/2A. san^um^t^), jouit au même titre d'une grande
renommée chez les Espagnols.
Les Jujubiers, Genre voisin des Nerpruns, ont des propriétés amères et astringentes,
mais leur fruit est comestible. Le Jujubier commun (Zizyphus vulgaris) (PI. XI)^ que les
Romains firent venir d'Orient , est cultivé aujourd'hui sur tout le littoral méditerranéen : les
Jujubes de couleur rouge, de saveur vineuse-sucrée, sont prescrites par les médecins comme
émollientes, nutritives et laxatives. Le J. lotos (Z. lotus) croît en abondance sur les côtes
d'Afrique et dans Tile de Zerbi, l'ancien pays des Lotophages; c'est son fruit, dont la saveur
agréable faisait oublier leur patrie aux voyageurs qui en avaient mangé. Vii^le, dans son
petit poème du Moucheron, le mentionne pour le maudire : « Parmi ces arbres est le Lotos
perfide, le Lotos qui séduisit les compagnons du triste Ulysse. »
Inter quos impia Lotos,
Impia quœ socios Ithaci mcerenlis abegit.
Le Paliure austral (Paliurus australis) croît dans l'Europe méditerranéenne; sa
racine et ses feuilles sont astringentes; ses graines huileuses , recommandées par les anciens
contre la toux, sont aujourd'hui remises en usage. Le Berchemia lineata est renommé
chez les Chinois comme purgatif drastique. Les feuilles du Ceanothus americanus sont recueil-
lies comme succédanées du Thé de Chine ; sa racine purgative est employée dans certaines
maladies contagieuses des organes de l'absorption. — Le Gouania Domingensis foiumit, par
expression, un suc stomachique ; le Colubrina fermenium, qui naît à la Gulane, fait rapide-
ment fermenter les liqueurs sucrées dans lesquelles on plonge ses rameaux. Dans YHovenia,
qui croît au Népaul et au Japon, les pédoncules charnus sont comestibles; ils ont le goût de
la poire; les Japonais le mettent aussi en usage pour adoucir l'asthme et pour se préserver
de l'ivresse de leur bière, faite avec du riz.
Toutes les Espèces dont nous venons de parler sont cultivées dans les jardins ; nous men-
tionnerons encore, comme Espèces exotiques : le Phylica ericoîdes, ou Bruyère du Cap, à
fleurs petites, blanches, réunies en petite tête au sommet des rameaux, et ayant l'odeur de
l'amande ; les bouquetières en font un grand usage ; le Soulangia axillaris, qui a le port d'un
Phylica, mais dont les fleurs sont axillaires ; le Pomaderris phylicifolia, arbuste grêle de la
Nouvelle-Hollande, à feuilles linéaires, blanches en dessous, à fleurs petites^ d'un blanc jau-
nâtre, disposées en grappes axillaires et terminales.
Famille LXVIIP. - CHAILLÉTIACÉES.
(Chaillétiées, de Rob. Brown. — Chaillétiacées, de De Candolle.)
CARACTÈRE. — CALYCE/eôr^, à ^divisions. Covlollj^ périgyne à & pétales libres m
presque cohérents intérieurement. Ovaire à 2-3 loges biovulées; ovules pendants. Fruit
capsulaire ou drupacé. Graines «o/eïaim, arillées; plantule dicotylédonée, exalbuminée.
Tige ligneuses. Feuilles alternes, simples, bistipulées.
Cette petite Famille , qui flotte entre les Rhamnées et les Térébinthacées , se lie , suivant
quelques auteurs, aux Aquilarinées et aux Ulmacées. — Elle habite principalement la région
intertropicale. — On ne sait rien sur l'utilité de ses Espèces :le Ratbanr [Chailletia taxi-
caria) est employé par les Anglais de Sierra-Léone pour empoisonner les loirs.
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STAKHOUSIACÉES. 231
Famille LXIX". — STAKHOUSIACÉES.
(Stakhousées , de Rob. Broum. — Stackhousiacées , de Lindley. )
CARACTÈRE — C altce libre, à tube ventru, à limbe S-partit.. Cor olle à 5 pétales
périgynes, soudés par leurs onglets en long tube et étalés en étoile. Examines, 5, alternes
avec les pétales, Fr u IT à 3-5 coques sèches, se séparant de l'axe , qui persiste , indéhiscents ,
à une seule graine. Graine dressée, plantule dicotylédonée y droite, dans l'axe d'un albumen
charnu; radicule infère. Herbes vivaces à su^ aqueux. Feuilles a/^em^s, simples, pourvues
de stipules minimes.
Cette petite Famille, composée de deux Genres, est voisine des Célastrinées et des Euphor-
biacées : elle diffère de celles-ci par ses coques indéhiscentes et ses graines dressées ; de
celles-là par son port, ses stipules, ses pétales soudés en tube, Tabsence du disque et ses car-
pelles presque libres.
Elle habite la Nouvelle-Hollande extratropicale.
Famille LXX'.— BRUNIACÉES.
(Bruniacées, de Rob. Brow.)
CARACTÈRE. — Calyce monosépale, libre ou adhérent. Pétales 4-5 insérés sur la
gorge du calyce, à pré floraison imbriquée. Examines 4-5, alternes avec les pétales. Ovaire
i'%h4oculaire. Ovules solitaires ou géminés, collatéraux, pendants. Fruit capsulaire,
septicide, ou nucamentacé, à graine inverse. Fljl^tv LE dicotylédonée, minime au sommet
d'un albumen abondant. Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux, ayant le port des Bruyères, à
feuilles petites, acérées, souvent imbriquées, sans stipules.
\jes Bruniacées sont voisines des Hamamélidées et des Cornées; elles diffèrent de celles-ci
par leur port, leur préfloraison et leur fruit sec^ de celles-là, par le manque de stipules et la
structure des anthères.
Les Bruniacées habitent le Cap de Bonne-Espérance.
Famille LXXP. — OMBELLIFÈRES.
(Ombellées, de Toumefort. — Sciadophytes , de Necker. — Ombellifères, de
Jussieu. — Ombellacées, Apiacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce adhérente /'ovaire. Pétales 5, inséréssurun disque épigyne,
onguiculés, à préfloraison valvaire involutive. Etamines5, alternesavec les pétales. Ovaire
infère, à 2 loges uniovulées; ovule pendant, réfléchi; styles 2. Carpelles se séparant par la
base et pendants au sommet d'une columelle. Plantule dicotylédonée, minime au sommet
d'un albumen abondant, corné. Feuilles alternes, simples, souvent découpées, à pétiole
engainant à sa base.
Les Ombellifëres sont des Plantes herbacées (très-rarement ligneuses) ; la tige est sillonnée
ou cannelée, fistuleuse ou remplie de moelle; les fleurs sont terminales, disposées en ombelles
et ombellules, quelquefois en capitules (/^awicauf), quelquefois en verticilles(Z^iyrfroco/y/«).
Les ombelles et ombellules sont tantôt involucrées par des bractées, tantôt nues. Le fruit porte
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232
HISTOIRE DES FAMILLES.
souvent des réservoirs ou canaux résinifères, nommés bandelettes, tantôt développés dans
répaisseur du péricarpe, tantôt placés dans les sillons des carpelles, ou à leur face commis-
surale, ou sur la graine même.
Htdrocottle.
Hydrocotyle.
Sélin.
Selinum,
DiDfSQUE.
Didiscus.
Opopanax.
Opopanax.
Saniclb.
Sanicula.
Férule.
Ferula.
ASTRAXCE.
Astrantia.
Peucedan.
Peucedanum.
Panicait.
Eryngium.
BUROM.
Bubon.
ClCUTAlRE.
Cicula,
Aneth.
Anethum.
AcnE.
Apium .
Panais.
Pastinaca
Ammi.
Ammi.
Berce.
Heracleum .
iEcOPOOE.
jEgopodium.
TORDTLE.
Tordylium.
Carvi.
Carum.
SiLER.
Siler.
BOUCAGE.
Pimpinella.
Cumin.
Cuminum.
Berle
Sium.
Laser.
Laserpitium.
BUPLiVRK.
Buplevrum.
Carotte.
Daucus.
Œnantue.
Œnanthe.
Caucalide.
Caucalis.
CEthcse.
CEthusa.
TURGÉNIE.
Turgenia.
Fenohl.
Fœniculum.
T0RILI8.
Torilis.
Sesi li.
Seseli.
SCANDIX.
Scandix.
J IHAKOTIS.
Libanotis.
Akthrisque.
Anthriscus,
LiCrSTIQUE.
Ligusticum.
Cerfeuil.
Chœrophyllum
SlLAÎTS.
Silaus.
Mtrrhis.
Myrrhis.
Meum.
Meum,
Cigu'b.
Conium,
Critbme.
Crithmum.
Arracacha.
Arracacha.
LlVÈCHE.
Levisticum.
Maceron.
Smymium
Angélique.
Angelica.
Bifore.
Bifora.
Archakgélique.
Archangelica.
Coriandre.
Coriandrum.
AFFINITÉ. Les Ombellifères, groupe très-distinct par le port et la structure du fruit,
n'ont d*étroite affînité qu'avec les Araliacées, qui les lient aux Cornées et aux Ampélidées;
elles offrent une analogie éloignée avec les Saxifragées.
GÉOGRAPHIE. — Les Ombellifères habitent principalement les régions tempérées el
fraîches de Thémisphére boréal ; elles sont rares entre les Tropiques, si ce n'est sur les hautes
montagnes et sur le rivage de la mer; on n'en rencontre qu'un petit nombre au delà du
Capricorne.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les Ombellifères àoiyeni leurs propriétés à une huile
volatile et à des substances résineuses; ces dernières résident principalement dans les racines:
la première abonde surtout dans les fruits. Le suc des feuilles de quelques-unes contient des ma-
tières alcaloïdes, qui le rendent narcotico-âcre, et même délétère. Quelques Espèces possèdent
dansleurs racines tubéreuses et la base épaissie de leur tige, une certaine quantité de sucre et de
mucilage, associés à des principes huileux et résineux aromatiques, dans une proportion telle
qu'il en résulte un aliment utile et agréable. Chez certaines Ombellifères, la matière gommo-
résineuse domine ; quelquefois il s'y joint un principe amer, ou une résine acre ; dans ce dernier
cas, la plante est éminemment médicinale. La racine de plusieurs Espèces est chargée d'un
suc laiteux et visqueux, qui contient des substances alcalines.
Les fruits de beaucoup de Plantes de cette Famille sont recherchés à cause de l'huile volatile
renfermée dans les réservoirs ou bandelettes de leur péricarpe ou de leur graine. Cette essence
leur donne les mêmes propriétés médical^ qu aux Composées et aux Labiées : la plupart sont
employés comme remèdes stimulants, quelques-uns comme condiments. L'Anis {Pimpinella
anisum), dont le nom, dérivé du grec anisos, sigaifie sans pareil, est usité dans la médecine et
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OMBELLIFÈRES. 233
dans J'art culinaire, à cause de son arôme agréable et de sa saveur sucrée et chaude : Fhuile
volatile qui réside dans les canaux du péricarpe est tempérée par une huile fixe contenue
dans la graine. Cette Plante^ spontanée
en Grèce et en Egypte , est cultivée dans
d'autres contrées, et Ton en fait un com-
merce considérable. L'Anis était en grande
réputation chez les anciens : Hippocratc
connaissait et vantait ses vertus emména-
gogues et diurétiques; GaHcu le recom-
mandait comme stomachique et carminatif
(ce dernier terme s'applique aux médica-
ments qui ont pour effet de chasser les gaz
développés dans le canal digestif) ; toutes
ce s propriétés de T Anis sont Incontestables.
On remploie surtout dans la dyspepsie :
par ce mot, qui signifie digestion difficile, il
ne faut pas entendre le trouble des fonctions
digestives, résultant d'une maladie générale
ou d'une irritation de quelque partie du tube
digestif : cette lésion de fonctions est pure-
ment symptomatique ; nous voulons indiquer
parle mot ^^5/7e/7$2> une altération primitive
des forces assimilatrices, qui rend difficile et
tardive la coction des aliments; c'est pour
cet état, lorsqu'il dépend d'un trouble dans
l'innervation, qu'est indiqué l'emploi des
DioisocB BLBu. excitants fournis par les ombellifères; les
dyspepsies spasmodiques et flatulentes dont
il est question sont singulièrement amendées par une infusion d'Anis, ou d'Angélique ou de
Menthe, etc. Dans certains pays, on mêle de TAnis au pain : ainsi préparé , cet aliment est ,
dit-on, plus léger, ce qui veut dire qu'il se digère plus facilement. On obtient aussi par distil-
lation des fniits de l'Anis une huile volatile d'abord blanche, puis jaune, d'une saveur sucrée.
Quelques autres Espèces du même Genre, les Pimpinella aromatica et peregrina , ont les
mêmes vertus, mais à un moindre degré. — Le Fenouil {Fœniculum vidgare) rivalise avec
TAnis; cette Plante croit spontanément parmi les moissons de l'Europe australe, et on la
cultive dans tous les jardins. Ses fruits sont usités comme aromate et comme médicament :
les médecins emploient aussi sa racine blanche, sucrée, légèrement aromatique, et nutritive,
de même que son herbe, modérément stimulante. Le Fenouil sucré {F, dulcé) est cultivé
dans le sud de l'Europe comme Espèce potagère, à cause de ses turions, qui sont comestibles;
le Fenouil des ânes (F. piperiium), spontané dans la Sardaigne et la Sicile^ a des fruits
acres et mordants ; le G a r vi (Carum Carvi) est une Plante très-connue, qu'on rencontre dans
les prés et les pâturages de presque toute l'Europe; ses fruits, pleins d'huile volatile, sont
stimulants, et très-usités parmi les condiments des gens de la campagne. Le C u m i n (Cuminum
Cyminum) naît en Egypte et dans l'Asie mineure, ses fruits, d'une saveur aromatique amère
chaude, sont rarement employés en Europe. La Coriandre cultivée [Coriandrum sati-
viim) , spontanée dans la Tartarie , a été disséminée avec les Céréales dans toute la région
méditerranéenne. L'herbe récente a une odeur insupportable de punaise, ce qu'indique le mot
Coriandrum , mais le fruit desséché n'en conserve qu'une agréable; les Tartarcs en sont très-
friands, et le font cuire dans leurs ragoûts; sa saveur chaude et sucrée rappelle celle de l'Anis.
L'A NET 11 (Anethum graveolens), hôte de tous les jardins, croît spontanément dans l'Orient;
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234 HISTOIRE DES FAMILLES.
l'usage de son herbe et de ses fleurs pour Tassaisonnement des sauces est très-répandu. Son
fruit n'égale pas celui du Fenouil et du Cumin ; on le dit pernicieux pour quelques petits
oiseaux. — VA. Sowa est cultivé pour la médecine dans les Indes orientales.
Parmi les Ombellifères exotiques tombées en désuétude, nous citerons le Sison amomum,
dont le fruit, nommé Amome par les pharmaciens, est aromatique résineux, d'une saveur
chaude ; TAmmi {Ammi majus), indigène dans l'Europe méditerranée , qui rivalise de loin
avecTAMMi de Crète (Ptychoiis copitca),Esipèce d'Egypte, dont le fruit aromatique est
conservé dans quelques ofAcines ; VAmmi visnaga , commune dans tout le bassin méditerra-
néen, est employée à d'autres usages : les rayons rapprochées de son ombelle se durcissent en
séchant, et fournissent des brosses à dents, que Ton trouve en Orient dans toutes les boutiques
de parfumeurs.
VOE NAKTHE PHELLANDRiE ( Œnauthe phellandrium ) est une Plante marécageuse de
nos pays, connue sous le nom de Fenouil aquatique; elle est dangereuse pour les bestiaux, et
mortelle même pour les chevaux ; son fruit a une odeur particulière , désagréable, et une
saveur chaude aromatique acre ; il contient, outre une substance amère et de la gomme, une
huile fixe et une huile volatile, une résine et de la cire; de là sa vertu, vantée par les méde-
cins, de calmer la toux, de diminuer Texpectoration et de supprimer la diarrhée; administrée
à haute dose, il devient narcotique. — On ne se sert plus du Ses é l i (Seseli tortuo$um] ni de
VAthatnanta cretensis, dont les fruits entraient dans la composition de la Thériaque.
Parmi les Ombellifères aromatiques qui doivent leur vertu stimulante à une huile volatile et
à une résine, nous nommerons d'abord F A Rcn Angélique officinale, qui croit surtout
dans les montagnes de l'Europe septentrionale, et qu'on rencontre cultivée dans tous les jar-
dins. La racine, récoltée en hiver, est conservée dans les officines ; son odeur est forte , sa
saveur est d'abord un peu sucrée, puis acre, chaude et presque amère; elle excite les fonctions
du système nerveux, du système vasculaire, et active la transpiration cutanée, propriétés qu'elle
doit à une huile volatile très-fugace , à une résine particulière , et à une matière extractive
amère-sucrée. Les Lapons cueillent cette racine dans le jeune âge , avant que la tige soit
montée ; ils la font sécher et la mâchent en guise de Tabac ; ils la regardent comme un excel-
lent préservatif contre toutes les maladies. Us sont aussi très-friands de la tige ; avant la
floraison, ils la coupent près de terre, arrachent les feuilles et détachent l'écorce, de manière
à ne laisser que la partie intérieure , blanche , spongieuse , succulente , légèrement amère et
aromatique, qu'ils mangent crue, comme une rave. En juillet, les enfants, qui font paître
les rennes dans les pâturages de la Laponie. et qui les ramènent à la case deux fois le jour
pour les traire , ramassent chemin faisant des tiges d'AngéUque , les émondent , et les
rapportent au logis, où toute la famille les mange avec avidité.
La racine de 1' Angélique sauvage [Angelica sylvestris) que l'on rencontre dans les
prés humides et le long des ruisseaux de toute l'Europe le cède à VArckangélique pour les
propriétés; les Italiens la regardent cependant comme un remède souverain pour laguérison
de la gale. — Les autres rivales de l'Archangélique sont I'Impératoirb (Imperatoria
ostruthium) , qui n'est pas rare dans les bois montueux de la France, et la Livéche
(Levisticum officinale)^ venue des montagnes du midi de l'Europe et cultivée dans nos jardins.
Les Boucages {Pimpinella magna et saxifraga) , ainsi nommés à cause de l'odeur de boue
qu'exhale leur racine fraîche, sont tombés en désuétude. La Berce BRANc-rRsiî*E
(fferacleum spkondylium), qui étale ses immenses ombeOes au-dessus des autres plantes de nos
prairies, a subi le même sort; sa racine est acre et amère, mais sa tige, débarrassée de l'écorce,
est sucrée, et les habitants de l'Asie boréale en font leurs délices. — Le Meum athamanticwnu
Plante des Alpes, a une racine aromatique acre , qu'on emploie encore dans la médecine
vétérinaire.
Le Panic AUX en aiipêtre ou Chardon Roland (Eryngiumcampesire) est une Plante
connue de tout le monde; sa racine était autrefois célèbre comme emménagogue et
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OMBELLIFÈRES. 235
diurétique ; celle du P. m a riti me ( E, mari(tmum) est mueilagineuse, sucrée, et mangée en
salade. VAstranda major, Plante indigène dont la racine est acre et amère, s'emploie aujour-
d'hui très-rarement. On la cultive dans les jardins à cause de la beauté de ses involucres. —
VHydrocotyle , petite Plante à feuilles en cuiller, qu'on rencontre dans les marécages de
TEurope, possède une âcreté particulière qui la rend détersive, vulnéraire et diurétique; ses
congénères américaines et asiatiques ont les mêmes propriétés. Les Thapsies méditerra-
néennes (Thapsia Garganica, villosa, Asclepitmi), ont des racines violemment purgatives. La
Sa.mcle (Sanicula europœa) était regardée par les anciens comme un puissant vulnéraire;
de là le vieux dicton populaire, qui n'a aujourd'hui ni rime, ni raison :
Qui a la Bugle et la Sanicle .
Fait aux chirurgiens la nique.
Les BuPLÈvRBs (Buplevrum falcatum et perfoliatutn) ,, dont les feuilles sont amères
astringentes, étaient aussi employés comme vulnéraires; la racine du B, falcatum est regardée
comme fébrifuge.
Plusieurs Espèces, préconisées jadis à cause de leur propriété légèrement aromatique,
stimulante, diurétique et vuUiéraire, sont tombées aujourd'hui dans l'oubli; tels sont : TH s a b b
AUX GouTTBux {Œgopodîum podagràrta) , IcBagile ou Pbrce-pirrrb (Crithmum
maritimum); le suc exprimé de ce dernier est anthelmintique; les feuilles, d'une saveur salée-
amère , aromatique , sont confites dans du vinaigre, et employées comme condiment. Le
CEnPEuiL {Anthriscus cerefolium) a conservé sa réputation culinaire, due à une saveur par-
fumée^ qui le fait employer comme assaisonnement. Le Myrrhis odorata est moins usitée miis
CD le cultive comme Plante d'ornement à cause de son magnifique feuillage.
Les racines de quelques Ombellifères, adoucies par la culture, contiennent une grande
quantité de mucilage et de sucre, à laquelle se joint une faible proportion d'huile volatile, qui
les rend légèrement stimulantes. Parmi elles nous citerons le Persil (Petroseltnum sattvum),
indigène dans le midi de l'Europe, et maintenant cultivé partout; son herbe et sa racine,
employées dans l'art culinaire, sont propres à assaisonner toutes espèces d'aliments. La racine
est sucrée; elle peut se manger crue, et alors son goût est aromatique; si on la fait cuire,
elle se digère facilement. Ses feuilles sont souvent confondues avec la Petite Ciguë
[ÂUthusa cynapimn]. Plante très- vénéneuse ; et ce qui rend ces méprises difficiles à éviter,
c'est que les deux Plantes croissent ensemble dans tous les lieux cultivés. Leurs caractères
distinctifs sont très-faciles à saisir et, à comparer pendant la floraison ; mais comme c'est
rherbe encore jeune que Ton va cueillir pour la cuisine , il importe de distinguer les deux
Espèces quand elles n'ont encore que la tige et les feuilles. Dans le Persil , les feuilles sont
d'un vert clair et gai ; dans la Petite Ciguë, d'un vert sombre et triste. Dans le Persil, les
découpures de la feuille sont assez laides, et leurs dents sont terminées par une petite tache
blanche ; dans la Petite Ciguë, les feuUles sont très-finement découpées. Dans le Persil, les
feuilles froissées entre les doigts ont une odeur franchement aromatique; dans la Petite
Ciguë, cette odeur est désagréable et suspecte; en outre, la tige est cannelée et marquée
inférieurement de stries vineuses, qui ne se voient jamais dans le Persil. — Le suc exprimé
du Persil est employé quelquefois en médecine comme émoUient et diurétique. — L'Achb
odorante (Apium graveolens) est connue de tout le monde; sa racine, cueillie dans les
marais qu'elle habite à l'état sauvage, a une odeur forte, une saveur amère et acre ; mais
cette même racine cultivée est sucrée et plus aromatique que celle du Persil. L'Ache cultivée
prend le nom de Céleri ; elle fournit encore à nos tables ses longs pétioles, qu'on a eu soin de
soustraire à l'action de la lumière, afin d^ les blanchir et de les attendrir.
Le Panais cultivé {Pastinaca saliva)^ qui croît dans les prairies de toute l'Europe, n'est
pas moins renommé que l'Ache; c'est le 52ser des anciens, que Tibère se faisait envoyer, comme
tribut annuel, parles habitants de la Germanie, et dont il disait lui-même qu'on se dégoûtait fa-
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PI. XXII.
( Eh a din* ao é e s ) ( Ny e f aginé es )
./;
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236 HISTOIRE DES FAMILLES.
cilement; en effet, il y a dans le Panais une légère amertume qui fait qu'un seul homme a bien de
la peine à en manger trois racines entières. LeSÉKAKUF [Pastinaca Sekakuf) croît à Alep et à
Alexandrie; sa racine est comptée parmi les mets propres à exciter les passions amoureuses, et
de ce nombre sont le Panais ordinaire et le Céleri. — LaBERLs Chervi {Stum sisarum) n a
rien de commun a\ec le Siser ou Panais des anciens; c'est une Plante qui naît à la Chine, au
Japon, au Mogol, à la Cochinchine, et qu'on trouve rarement cultivée daas nos jardins potagers.
On ne sait si c'est Marco-Polo ou les moines franciscains envoyés par le pape en Asie, dans le
treizième siècle, qui Tout apporté du nord de la Chine ; sa racine est sucrée, d'un arôme
agréable et très-stomachique. Le Ninsi (Sium ninsi), qu'il ne faut pas confondre avec le
Gin-seyig, paraît ne pas différer du Chervi. — La racine delaBERLP. a larges feuilles
(Sium latifolium)^ Plante indigène croissant dans les Marais, et exhalant une odeur bitumi-
neuse, est suspecte comme narcotique. — Le Mage ron (Smymium olusatrum)^ était estimé
comme légume chez les anciens: les turions et les feuilles sont très-aromatiques; la racine est
diurétique.
Parmi les Ombellifères à racine sucrée, la C a rott k [Daucxis carota) tient le premier rang;
le fruit de la Plante sauvage est aromatique amer, et passe pour carminatif et diurétique ; sa
racine, ligneuse et aromatique acre, est inusitée, mais la culture, sans détruire sa composition
primitive, développe en elle le mucilage, le sucre, la fécule, qui effacent l'huile volatile,
rhuile grasse et l'acide malique. La Carotte contient en outre une matière résineuse colorante.
On la mange crue et cuite, et elle est souvent pesante aux estomacs débilités ; son suc, obtenu
par expression, pur ou mêlé avec du miel, ou épaissi au feu, est recommandé par les médecins
comme analeptique, et exerçant une excitation modérée sur les voies urinaires. La racine
mangée crue passe pour détruire les Ascarides. Les Fleurs de la Plante sauvage, macérées
pendant quelques minutes dans l'alcool, lui communiquent un arôme délicieux ; c'est avec
l'alcool ainsi préparé que les distillateurs composent la Uqueur de table connue sous le nom
à*Huile de Vénus.
Le C a RU M terre-noix {Carum bulbocastanum), qui se rencontre dans les prairies, les
champs et les vignes de l'Europe centrale, a une racine tubéreuse, riche en fécule, sphérique.
du volume d'une cerise, noire extérieurement, blanche en dedans, que l'on mange crue ou
cuite sous la cendre. — LcBunium dénudé (Bunium demidatum, qui végète en Angle-
terre et dans la région méditerranéenne, produit aussi une racine tubéreuse ; le B. ferulaceum,
qui croît dans l'archipel grec, présente la même particularité; sa racine, de la grosseur d'une
aveline, rousse extérieurement et blanche en dedans, upmmée vulgairement Topana^ fait les
délices des Turcs et des Grecs.
De toutes les Ombellifères à racines tubéreuses, la plus célèbre est TArracaciia
(Arracacka esculenta), rivale de la Pomme de terre. C'est une Plante appartenant à un Genre
voisin de notre Genre Cicuis {Comum]^ naissant spontanément dans une région monta-
gneuse tempérée, près de Santa-Fé de Bogota , et cultivée par les habitants de la Colombie.
La racine se ramifie en tubercules nombreux ayant la forme et la grandeur d'une corne de
vache, leur couleur varie du jaune au blanc et au pourpre; ils se multiplient facilement par
éclats; et, cuits ou rôtis comme la Pomme de terre, ils fournissent un aliment agréable et de
facile digestion, très-usité chez les Colombiens. Nous cultivons très-difficilement l'Arracacha
dans nos jardins d'Europe : il se refuse à l'acclimatation.
Les racines aromatiques de ïAnesorhiza capensis et du Fœnicvlum capense sont mangées
avec délices par les colons du Cap. — Le Prangos pahularia habite les lieux élevés de l'Inde
où la chaleur est tempérée, et nourrit de ses feuilles d'innombrables troupeaux de bêtes à
laine. Cette herbe, qui a l'odeur d'une Férule, et que les indigènes mangent avec plaisir, est
probablement le Silphium dont parle Arrien, et que rencontra l'armée d'Alexandre.
Nous avons dit que quelques Ombellifères ont des propriétés vénéneuses narcotiques. La
Cicr Ë (Conium macidatum) est la plus connue de ces Espèces : c'est une Plante à physiono-
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PI. XXII.
( RhodDi'ftot'*» ) ( Nyc-ta^inées )
(B^^onxaeéea )
.'Br^o^tiot r.^itcK^nt.t^^v V ffangarrf- &,^r.;,^V7i
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OMBELLIFÈRES. 237
mie repoussante, à tige chaînée de taches livides, qui répand au loin une od«ur fétide d'urine
de chat; elle vit dans le voisinage des habitations, choisit les coins des jardins où la culture
est négligée, habite même les cimetières dans toute l'Europe et l'Asie boréale , et a pénétré
jusqu'en Amérique : sa racine , dans le jeune âge, est pleine d'un suc laiteux trèsrépais, de
saveur d'abord aromatique un peu sucrée , et ensuite acre ; elle est vénéneuse , surtout au
printemps; elle contient, outre un alcali nommé Cicutiney qui se retire plus facilement des
feuiUes, une huile volatile acre, une résine, des sels, et un acide particulier. L'herbe sèche et
fraîche est un agent thérapeutique très-actif, qui stimule puissamment les fonctions des
vaisseaux lymphatiques, des glandes et des viscères. Le suc de la Ciguë , pris à l'intérieur,
liquéfie le sang, le congestionne vers les poumons, rompt l'équilibre des fonctions vitales , et
cause une prompte mort, sans produire de lésions dans le tube intestinal. C'est le suc de cette
Fiante infâme, probablement mêlé avec de l'opium, que le peuple athénien ordonna de boire
au plus sage des hommes. Ecoutons le poète :
Mais Socrate , élevant la coupe dans ses mains ;
« Offrons, offrons d'abord aux Maîtres des humains
De l'immortalité cette heureuse prémice. »
Il dit, et vers la terre inclinant le calyce.
Comme pour épargner un nectar précieux.
En versa seulement deux gouttes pour les Dieux,
Et de sa lèvre avide approchant le breuvage.
Le vida lentement, sans changer de visage.
Puis, sur son lit de mort doucement étendu.
Il reprit aussitôt son discours suspendu :
« Espérons dans les Dieux, et croyons en notre àmc.
La Cicutine, introduite par une plaie dans le corps d'un animal , frappe d'un choc violent le
système nerveux, surtout la moelle épinière, ainsi que les nerfs qui donnent la vie aux organes
dumouTcment, et la mort est presque subite.
La CiGDB VIRE USE (Cîcuta virosa) naît dans les marais, les fossés inondés , et sur le
rivage des fleuves dans l'Europe et le nord de l'Asie : c'est la plus vénéneuse de nos Plantes
indigènes; le principe toxique réside principalement dansl'écorce de son rhizome épais, vide
intérieurement^ et partagé en loges par des portions de moelle ; il consiste en un suc laiteux jau-
nâtre, prenant à l'air une couleur safranée, d'une saveur caustique, d'une odeur très-nauséeuse,
contenant une résine , une huile volatile , du phosphate de chaux et une quantité considérable
de sucre ; on a vu souvent périr victimes de leur ignorance des personnes qui mangeaient de
ce rhizome, croyant manger la racine de l'Ache des marais. Introduite dans l'estomac , la
Ciguë aquatique cause une chaleur brûlante , des douleurs atroces, une soif inextinguible,
l'inflammation des entrailles, les hoquets, les spasmes, l'ivresse, le vertige, les convulsions et
la mort. Cette Plante n'est guère usitée en médecine. La Cicutaire tachetée [Cicuta
maculQta)^ de l'Amérique septentrionale, est employée en médecine à la place de la Ciguë
tachetée.
L'CEn A nthbsapranée (Œnanthe crocata)^ qui croit dans les marais de l'Europe australe
et occidentale, est vénéneuse à la manière de la Ciguë vireuse; TŒnanthb pistitleuse
{Œ. fistulosa), sa congénère et sa commensale, est moins active; les anciens croyaient sa
racine diurétique. La Petite Ciguë {Œthusa cynapium)^ qui ressemble au Persil, doit ses
propriétés vénéneuses narcotico-àcres à une substance alcaloïde nommée Cynapine, L'An-
thrisque sauvage [Anthriscus sylveslris) et le Cerfeuil penché (Ckœropkyllum
temuientwn), sont des Espèces suspectes ajuste titre. La racine du Cerfeuil duldeux
iCh, hulbosum] est mangée impunément en salade.
31
y
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2:î8 histoire des familles.
Nous allons maintenant passer rapidement en revue les substances gommo-résineuses que la
Famille des Ombellifèrcs fournit à la médecine.
Le Laser était un suc tiré par incision d'une Plante nommée Silphion ou Laserpitimn, qui
était en grande réputation chez les Romains. Ce suc, que Ton récoltait dans la Cyrénaïque, et
qui se vendait au poids de Targent, devint tellement rare , qu'il fut bientôt remplacé par une
gomme-résine analogue, venant de Perse et de Médie, qui conserva le nom de Laser. C'est par
les Arabes, qui en faisaient un grand usage , que cette gomme-résine a été transmise aux
moines de T Ecole de Salerne, et ceux-ci l'ont nommée Asa fœtida. — La Plante qui la pro-
duit est le Ferula asa fœtida de Linné ; elle porte en Perse le nom de Hingisèk, et son suc
est appelé Hingh. C'est de sa racine que ce suc est extrait. Les habitants des montagnes où
croît cette Férule creusent au printemps une fosse autour de la racine, afin de la découvrir;
ils la dépouillent de sa tige, de ses feuilles et des poils qui entourent le collet, et la recouvrent
d'un lit de feuillage, pour la préserver des rayons du soleil. Un mois après, quand le suc
laiteux de la racine a eu le temps de se concentrer par une évaporation lente, les montagnards
retournent à leurs racines, les découvrent, et avec une spatule en détachent les larmes qui
peuvent s'y trouver, puis ils creusent en godet le sommet de la racine, afin que le suc puisse
s'y rassembler; quelques jours après, ils font une nouvelle récolte, et rafraîchissent la plaie
de la racine pour que le suc puisse en sortir plus facilement; ils continuent ainsi pendant tout
l'été, jusqu'à ce que la racine soit épuisée.
L'Asa fœtida est en masses brunes, rougeàtres, parsemées de larmes blanchâtres , demi-
transparentes; lorsqu'on le casse, la nouvelle surface, qui est ordinairement d'une couleur
peu foncée, rougit promptementà l'air; il répand une odeur d'ail, d'une horrible fétidité, et
sa saveur est acre, amère et repoussante ; les Perses le vantent pourtant comme le plus déli-
cieux des condiments ; ils en frottent les vases destinés à la cuisson de leurs repas, et le bord
même de leur coupe, afin d'augmenter leur appétit; ils en assaisonnent toutes leurs sauces,
et l'appellent le mets des Dieux. Les Européens, dont le goût n'est pas oriental, lui donnent le
nom, diamétralement opposé, de Stercus diaboii,
L'Asa fœtida est employé dans les mêmes cas que la Valériane, mais moins souvent que
cette dernière, à cause de sa puanteur; cependant son action est plus efficace que celle delà
Valériane contre Tafi'ection nerveuse qui attaque spécialement la femme pendant la période
active de son existence, et que les médecins nomment hystérie. Nos lecteurs nous saurons
gré de reproduire ici quelques considérations éloquentes sur cette triste maladie , que nous
empruntons aux savants auteurs du Traite de Thérapeutique, MM. Trousseau et Pidoux.
« Quiconque a jeté sur l'Hystérie un coup d'œil vraiment médical, a du y voir une maladie-
mère, qui empreint de son caractère et de sa nature toute la série névropathique, s'étendani
depuis la vapeur la plus fugace jusqu'à l'accès effroyable qui lui avait mérité des anciens la
dénomination, si profondément vraie, de passion hystérique. Cette série est composée d'acci-
dents protéiformes, de manières d'être pathologiques, propres à la femme, manières d'être si
mobiles, si indéterminées, que les nosologistes n'ont pu que génériquement les enfermer dans
leurs cadres : ce sont ces maladies vaguement indiquées sous le nom de spasmes, de vapeurs^
de maux de nerfs. Chez l'une, ce sont des étouflements, des palpitations, un sentiment de
strangulation, un serrement des tempes, etc., etc.; chez l'autre, des battements, divers
bruits dans la tête, un enchifrènement passager, des frissons partiels, des bouffées de chaleur
au visage, etc. Celle-ci se plaint d'impatiences bizarres, de crispations, d'agacements, qui
l'obligent à des mouvements involontaires, à une jactitation (corps jeté deçà delà), avec
bâillements, pandiculations (extension et écartement des membres, avec renversement en
arrière de la tête et du tronc), hoquets, qui sont trop souvent le prélude d'accidents plus
violents; celle-là accuse de la dysphagie (difficulté d'avaler), des borborygmes (bruit de gaz
dans l'abdomen), des flatuosités (accumulation de vents), des brûlements d'entrailles, une
tympanite (ventre ballonné), se développant tout à coup et disparaissant de même, des
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OMHELLIFÈUES. 239
anxiétés préeordiales (sensation de serrement et de malaise à la région supérieure de Tab-
domen), des frayeurs paniques, de vaines susceptibilités. Quelques femmes résument ce tableau
changeant par une phrase qui , aux yeux du praticien, en peint d'une manière expressive
toutes les fluctuations : fai mal aux nerfs ^ mes nerfs sont en mouvement, etc., etc. »
La Valériane est d'une merveilleuse efficacité pour calmer ces nombreux phénomènes ;
mais FAsa fœtida réussit mieux qu'elle dans les accès d'hystérie violents et complets, lorsque
le caractère de la maladie est plutôt convulsif que vaporeux, — L'Asa fœtida est aussi
recommandé dans le traitement des maladies nerveuses des organes respiratoires, telles que
l'asthme essentiel, c'est-à-dire celui qui ne reconnaît pas pour cause une lésion organique du
cœur ou des poumons.
Le Sagapénum ou Gomme séraphique est une substance d'odeur forte, de saveur acre et
amère, composée d'une gomme, d'une résine et d'une huile volatile ; il a de l'analogie par
son odeur avec l'Asa fœtida, et vient de la Perse comme ce dernier; il en diffère par ses
propriétés moins énergiques^ et parce qu'il ne se colore pas en rouge au contact de l'air et de
la lumière.
Le Galbanum est employé de toute antiquité comme stimulant des systèmes nerveux et
vasculaire ; son origine est incertaine . — La Gomme ammoniaque était regardée par les anciens
comme étant le suc d'une Férule, qui croit non loin du temple de Jupiter Ammon, de là son
nom d'Ammoniaque y suivant Dioscoride ; mais les renseignements les plus récents font venir la
Gomme anmaoniaque du Dorenia ammoniacum, qui croît au nord de la Perse et de l'Arménie,
et Don pense que le mot Ammoniacum est corrompu dH Armeniacum. Cette résine réunit les
odeurs de l'Ail et du Gastoréum ; sa saveur, d'abord un peu sucrée, devient ensuite acre et
amère; elle rivalise pour les vertus médicales avec l'Asa fœtida, mais elle est moins puissam-
ment antispasmodique, elle stimule les viscères abdominaux et les organes respiratoires.
Nous terminerons l'histoire des Ombellifères en citant quelques Espèces non usitées en
médecine, mais cultivées comme Plantes d'agrément.
Le Didisque bleu (Didiscus cœruleus), est une plante annuelle de la Nouvelle-Zélande, dont
les fleurs sont en ombelle simple, d'un bleu clair. — Le Buplèvre frutescent [Buplevrum fru-
ticosum), arbrisseau de la France méridionale, a des fleurs persistantes, entières, glauques,
et des fleurs jaunes. — Le Selin trompeur {Melanoselinum decipiens) est un arbrisseau de
Madère, à larges ombelles, dont les fleurs sont d'un rose lilas. — Les Eryngium amethysti-
num et alpinum, sont deux Espèces indigènes, remarquables par leurs fleurs disposées en
capitule, d'un bleu magnifique ainsi que les involucres et le sommet des rameaux.
Famille LXXIP. — ARALIACÉES.
(Arâlies, de Jussieu. — Araliacées et Hédéracées, de BartUny,)
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à V ovaire ; Pétales h ou 10, insérées sur un disque
épigynCy sessiles, à pré floraison valvaire. Examines insérées avec les pétales, en nombre égal
aux pétales j et alternes avec eux, ou en nombre double. Ovaire infère , à 2 ou plusieurs luges
uni ovulées; ovules pendants, réfléchis; styles autant que de loges, distincts ou cohérents.
Fruit bacciforme, sec ou charnu. Graine inverse ; plantule dicotylédonée, minime à la base
d'un albumen charnu; radicule supère.
Les Araliacées ont en général une tige ligneuse ; les feuilles sont ordinairement alternes et
sans stipules. Les fleurs sont régulières, en tête, ou en ombelle, ou en grappe.
Adoza. Adoxa. 1 Aralie. Aralia.
Cns«ONiA. Cussonia. I Lierre. Hedera,
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240 HISTOIRE DES FAMILLES.
AFFINITÉ. — Les Araliacéçs, voisines des Ombellifères, s'en distinguent par leur inflo-
rescence en ombelle imparfaite, leur fruit ordinairement à plus de 2 loges, qui reste indi-
vis, et la consistance de leur albumen. Elles diffèrent des Ampélidées par l'ovaire infère, et
rinflorescence non opposée aux feuilles. Les Cornées s'en distinguent par leur fruit nuca-
mentacé^ les Hamamélidées par leur port, par la débiscence de leur fruit. Les Caprifoliacées
s'en séparent par leur corolle monopétale; il faudrait peut-être leur réunir le Genre
Adoxa,
GÉOGRAPHIE. — Les Araliacées habitent les régions tropicales, subtropicales et tem-
pérées des deux hémisphères.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les propriétés des Araliacées diffèrent de celles des
Ombellifères en ce que les principes aromatiques résineux et huileux sont masqués par des
substances astringentes et amères.
Le Lierre (Hedera hélix), qui grimpe le long des arbres, des murailles et des rochers, a
des feuilles toujours vertes, aromatiques quand on les froisse, et employées en onguent pour
les ulcères et pour la brûlure. Les vieux troncs, dans les pays chauds, fournissent spontané-
ARALIB IN GRAPPE*. LlBRRB GRIVPillT.
{Àralia racemoêa,) (ileJtra heUx,)
ment ou par incision, un suc résineux, autrefois usité en fumigations comme emménag(^e.
— LeJiN-SENG [Panax Jinseng) naît en Tartarie, en Chine et au Népaul; sa racine, d'une
saveur à la fois amère, acre et sucrée, jouit, dans l'Asie orientale, d'une immense réputation,
conune médicament tonique^ on Ty vend trois fois son poids en argent. Le Panax quinquefo-
lium croît dans l'Amérique septentrionale, et Ton vend sa racine aux Chinois comme succé-
danée du Jinseng. — L'Ara lie a tige nue (Aralia nudicaulis) est renommée conune
sudorifique, ses racines sont employées pour sophistiquer la Salsepareille. — On cultive en
France plusieurs Espèces d'Aralie. entre autres l'A. kn grappes (A. racemasa), de l'Amé-
rique boréale.
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GUNNÉRACÉES. 241
Famille LXXIIP. — GUNNÉRACÉES.
JA. Ad. de Jussieu place ce petit groupe entre les Garryacées et les Âraliacées. Ce sont des
herbes acaules, observées dans T Afrique et T Amérique méridionale, extratropicale; les feuilles
radicales sont longuement pétiolées, réniformes; les fleurs forment un épi composé. Le
périanthe, adhérent à Tovaire, a son limbe à & divisions^ dont 2 petites et 2 pétaloïdes. Les
2 étamines sont épigynes. L'ovaire est infère, uniloculaire, à ovule unique, pendant, réfléchi ,
couronné par 2 stigmates plumeux. La plantule est minime dans un albumen charnu. — Le
Gunnera scaôra a un suc mucilagineux , limpide , noircissant au contact de Tair ; Therbe
est rafraîchissante , la racine astringente , son suc est employé par les cordonniers et les
teinturiers.
Famille LXXIV». — GARRYACÉES.
Le Genre Garrya comprend des arbrisseaux à feuilles opposées, croissant dans le nord-ouest
de l'Amérique : ses fleurs dioïques monopénanthées, disposées pai* 6 dans des bractées oppo-
sées en croix et cohérentes , forment des chatons axillaires; les iSi* étamines alternent avec les
l sépales du périanthe ; les fleurs pistillées ont un ovaire infère, couronné par le limbe bilobé
du périanthe, uniloculaii*e ^ biovidé, à ovules pendants. Le fruit est bacciforme , la graine
unique, la plantule minime dans un albumen charnu. — On cultive dans les jardins le Garrya
elUptica^ (PI. Xlll), arbrisseau toujours vert delà Californie, à rameaux longs de 8-10 pieds,
à feuilles ovales elliptiques^ coriaces, ondulées sur les bords. Nous ne possédons encore que
rindividu à étamines^ dont les fleurs pendent en chatons nombreux du sommet des rameaux.
Famille LXXV. — CORNÉES.
(Caprifoliagées^ (en partie,) de Kunth, —Cornées, àt De CandoUe. — Corn âgées,
de Lindley. )
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à Vovaire. — Pétales k^ insérés sur un disque
épigyncy à pré floraison valvaire. Étamines 4, alternes avec les pétales. Ovaire en/^e, à
2-3 loges uniovulées; ovules pendants, réfléchis; style simple. Fruit drupacé, d2ou 3 loges.
Gfikifizs inverses. Plantule dicotylédcmée, droite dans l'axe d'un albumen charnu; radicule
supère.
Les Cornées sont des arbres ou arbrisseaux à feuilles ordinairement opposées, simples, sans
stipules; les fleurs sont disposées en tète^ ou en ombelle, ou en corymbe.
Cornouiller. Cornus. \ Benthamia. Benthamia,
AFFINITÉ. — Les Cornées se séparent des Caprifoliacées par leurs pétales libres; elles se
distinguent des autres Familles polypétales épigynes (parmi lesquelles elles se rapprochent
des Araliacées), par leur port et leur noyau osseux.
GÉOGRAPHIE. — Les Cornées habitent les régions tempérées et flraîches de l'hémisphère
boréal.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Quelques Cornées possèdent dans leur écorcc un prin-
cipe extractif particulier nommé Comiine, uni à une substance astringente^ et doué de
propriétés fébrifuges. — Les unes ont un fruit comestible, les autres des graines huileuses; la
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2^2
HISTOIRE DES FAMILLES.
A] \\
1^1
plupart ont un bois d'une grande dui'etc. Le Cornouiller mâle {Cornus inas) est un
arbrisseau connu de tout le inonde, dont
les ombelles annoncent le retour du
printemps ; la chair de ses dmpes, d'a-
bord très-àpre , est acidule-sucrée à la
maturité , et les médecins la recom-
mandent comme astringente. Le C.
SANGUIN (C sanguinea) a des fruits
amers et nauséeux, mais la graine donne
une huile ][)ropre pour Téclairage et la
fabrication du savon. Le Bentiiaiiia
poRTE-PRAisB (Bentkamia fragifera),
arbrisseau du Népaul et du Japon, cultivé
dans les jardins d'Europe, a des fruits
sapides, réunis en syncarpe offrant Tas-
pect d'une fraise. — Le Cornouiller
FLEURI (C, florida), arbrisseau de TA-
mérique boréale, possède une écorce
amère astringente , employée comme
succédanée du Quinquina dans les offi-
cines transatlantiques, et fournissant la
Comtine.
VAucuba est voisin des Cornées : c'est
un arbrisseau du Japon , très-glabre,
toujours vert, à feuilles opposées, co-
riaces, souvent panachées ; les fleurs sont
dioîques , petites , axill aires, disposées
en panicules -, elles ont k pétales, l éta-
mines ou un ovaire adhérent uniloculaire et uniovulé, a ovule pendant, réfléchi ; le fruit est
une baie. Cet arbrisseau, très-ramifié et très-élégant, est d'un bel etTet dans les jardins
paysagers.
Famille LXXVP. — ALANGIÉES.
(Alangiées, de De Candoiie, — Alangiacées, de Lindiey.)
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à C ovaire. Pétales en twmbre égal aux divisions
du calyce, à préfloraison convolutive, Ëtamines en nombre égal, ou double, ou quadruple de
celui des pétales. Ovaire « 1 om 2 loges uniovulées ; ovule pendant, réfléchi. Fruit rfrw-
pacé. Plantule dicoiylédonée, droite dans un albumen charnu; radicule supère.
Les Alangiées sont des arbres ou des arbrisseaux , à feuilles alternes, simples , pétiolées,
sans stipules. Les fleurs sont complètes, régulières, disposées en faisceaux ou en corymbes
axillaires.
AFFINITÉ. — Les Alangiées difl*èrent des Combrétacées par leur port et leurs graines
albiuninées; elles sont voisines des Cornées et des Bamamélidées.
GÉOGRAPHIE. — Ce petit groupe habite Flnde, et s'étend dans les îles et le continent
jusqu'au pied de FHimalaya.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Alangiées possèdent des propriétés purgatives;
leurs racines sont aromatiques, leurs fruits comestibles 5 leur bois est employé pour les
constructions.
CORIIODILLBR SANOUlfT.
{Comuê êanguinêa.)
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hamamëlidées. 243
Famille LXXVIK — HAMAMÉLIDÉES.
(Hamamélidées, de Rob, Brown. — Hamamélacées, de Lindley.)
CARACTÈRE. — Calyce à tube adhérent à tovaire, à limbe k-h-fide. Pétales nids,
ou insérés sur le calyce, et alternes avec ses divisions, à préfloraison valvaire dans le bas, et
eonvolutive au sommet. Examines indéfinies dans les Genres apétales; dans les Genres
pétales, en nombre double des pétales, les unes stériles, opposées aux pétales, les autres
fertiles et alternes; anthères carrées ou demi-circulaires. Ovaire demi-infbre à 2 loges uni-
multi ovulées. Ovules pendants et réfléchis; 2 styles et astigmates distincts. Cav&vle
septicide à loges uniséminées.
Les Hamamélidées sont des arbres, ou arbustes, ou arbrisseaux, ordinairement couverts de
_ poils étoiles; à feuilles alternes, pétiolées,
simples, bisiipulécs. Les fleurs sont presque
sessiles et disposées en panicule, ou en tête,
ou en épi.
Hamami lis. Hamamelis.
FoTHEBGiLLA. FothefgUla,
AFFINITÉ. — Cette Famille, voisine
des Bruniacées, Saxifragées et Cornées,
en diffère par son port , ses stipules et la
forme de ses anthères; elle offre une analo-
gie évidente avec les Balsamifluées.
GÉOGRAPHIE. — Les Espèces peu
nombreuses qui composent cette Famille
sont dispersées dans TAmérique septen-
trionale, le Japon, la Chine, Tlnde, Ma-
dagascar et le Cap. L'Hamamélis dr
Virginie [Hamamelis Virginica) est un
arbrisseau à fleurs fasciculées jaunes, dont
I Tovaire ne mûrit que Tannée suivante; on
le cultive dans les jardins; sa graine est
huileuse- farineuse et comestible; la décoc-
tion de son écorce et de ses feuilles, chargée
de tanin, de principes amers, acres, et
bhooolki» r.R champiov d'unc huilc volatile particulière, est em-
[Hhodoleia Championi.) "^
ployée contre diverses maladies dans les
États de TUnion. Le F o t ii f. r g i l l a a feuilles d'à u l n e ( /". alnifolia ) est un arbuste
de la Caroline, cultivé en Europe; ses fleurs sont en épi, blanches et odorantes; ses fruits
lancent leurs graines h distance et avec bruit. Le Rhodoleia Championi est un petit arbre
trouvé récemment en Chine par le capitaine Champion, dans les forêts qui avoisinent Canton,
et pouvant se cultiver facilement en pleine terre dans l'Europe tempérée. Ses feuilles sont
persistantes, ses fleurs sont groupées par cinq, et entourées de bractées roses, que Ton
prendrait pour un périanthe pétaloïde.
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iftk HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille LXXVIIK — PHILADELPHÉES.
(Myrtes, (en partie), de Jussieu, — Philadelphées, de Don.)
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à Vovaire, à préfloraison volvaire. Pétales en
nombre égal aux divisions du calyce, à pré floraison contournée. El AUi^ES en nombre multiple
de celui des pétales. Ovaire à ^ ou plusieurs loges, à placentaires centraux tnultiovulés.
Ovules ascendants ou pendants, imbriqués, réfléchis. Capsule multiséminée. Graines à
testa lâche; planttde dicotylédonée, droite dans l'axe d'un albumen charnu et régalant en
longueur.
Les Philadelphées sont des arbrisseaux dressés, à feuilles opposées simples, sans stipules.
Les fleurs sont complètes, régu-
lières, blanches, odorantes, dispo-
sées en cyme ou en panicule.
Seringat.
Philadelphus.
Decumaria.
Decumaria.
Dbutzia.
Deutzia.
AFFINITÉ ET GÉOGRA-
PHIE. — Les Philadelphées ha-
bitent TEurope australe, TAmé-
rique boréale, le Japon et Tlode;
elles ont été séparées des J/yr/flfe«,
à cause de la préfloraison valvaire
du calyce , de la séparation des
styles , des graines albuminées et
des feuilles non ponctuées. — Elles
se distinguent des Onagrariées par
le nombre des étamines, le testi
^ lâche, et la présence de Talbumen ;
\ elles se rapprochent des Hydran-
géacées par l'intermédiaire du
Deutzia.
ESPÈCES PRINCIPALES-
iPkàldlVhùéS ^^ Seringat (Philadelphus co-
ronarius) est indigène du midi
de l'Europe, et cultivé dans tous les jardins. Ses fleurs, très-odorantes, étaient autrefois
rangées parmi les médicaments nervins-toniques ; elles fournissent une huDe volatile, que
Ton emploie pour falsifier celle du Jasmin. Ses feuilles, légèrement àcres-amères, se mangent
en salade, mêlées avec d'autres végétaux. — Le Deutzia scabra est un arbrisseau du Japon,
cultivé dans les jardins botaniques; les Japonais se servent de son écorce intérieure pour
composer des emplâtres ; ses feuilles raboteuses sont mises en usage pour polir le bois. On
cultivé aussi en Europe, comme Plante de bosquet, le Decumaria barbata, arbrisseau sarmen-
teux de la Caroline, à tige articulée, prenant racine à chaque articulation, ce qui rend sa
multiplication facile; les fleurs sont d'une odeur suave.
<
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V uniuaees |.
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P] xxni.
l
( Connue»'»'» )
( Hœmodorao^es )
(OrrKjdees)
/mp HançKd ■ Vi.,
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ESCALLONIÉES, CUNONIACÉES, ETC. 2V5
Familles LXXIXN LXXX% LXXXP & LXXXIP. —
ESCALLONIÉES, CUNONIACÉES,
HYDRANGÉACÉES ft SAXIFRAGÉES.
(Saxifrages, de Jussieu. — Saxifragées, de Ventenai. — Saxifragacées,
de De Candolle.)
CARACTÈRE. — C alyce libre ou adhérent. Pétales insérés sur la gorge dit calyce
et en nomWe égal à ses divisions, Etamii<es en nombre égal aux pétales et alternes avec eux,
rarement en nombre double^ très-rarement indéfinies. Ovaires 2, 3 ou b, plus ou moins
cohérents; ovule réfléchi. Fruit capsulaire ou nucamentacé. Plantule dicott/lédonce, droite
dans Vaxe (Tun albumen charnu abondant, et régalant ordinairement en longueur.
SAXIFRAGÉES. — Herbes à feuilles alternes on opposées, sans stipules, on à pétioles
dont la base dilatée ressemble à des stipules ; fleuis en grappes ou en paniculcs, rarement so-
litaires.
Saiifragb. Saxifraga. 1 Dorine. Chrysosplenium,
HoTiiA. Hoteia. I
CUNONIACÉES. — Arbrisseaux ou arbres à feuilles opposées, à stipu'es interpëtiolaircs;
pétales quelquefois nuls; ovaire à 2-4 loges.
CcKOKiA Cunonia. \ Bàuera. Bauera.
HYDRANGÉES. — Arbrisseaux à feuilles opposées, simples, sans stipules; ovaire infère,
rarement libre; fruit ordinairement capsulaire.
Hortensia. Bydrangea.
ESCALLONIÉES. — Arbrisseaux ou arbres à feuilles alternes, sans stipules, simples;
ovaire infère ou libre; styles 2-5, cohérents.
EscALLONiA. Escallonia. \ Itéa. Itea.
AFFINITÉ. — Les Saxifragées, Plantes herbacées, sans stipules, sont voisines des
Crassulacées y dont elles diffèrent par leur pistil à 2 carpelles, souvent adhérent au calyce. Les
Cunoniacées, Plantes ligneuses, remarquables par leurs stipules interpétiolaires et leurs
feuilles, souvent composées, sont étroitement liées aux Saxifragées. Les Hydrangées ne
peuvent guère se séparer des CunoniacéeSy à cause de leur consistance ligneuse, de leurs
feuilles opposées, simples, sans stipules ; leur ressemblance est frappante avec les Viornes des
Caprifoliacées en ce qui concerne le port et Tinflorescence ; elles offrent aussi de grands rapports
avec les Philadelphées. Le passage est facile des Hydrangées aux Escalloniées, qui sont
également ligneuses, à feuilles simples, alternes, sans stipules, et se rapprochent, d'un côté,
des RibésiacéeSj de l'autre, des Bruniacées.
GÉOGRAPHIE. — Les Saxifragées habitent principalement les montagnes de Thémi-
sphère boréal. — Les Cunoniacées vivent surtout dans les régions extratropicales de Thémi-
sphère sud; les Hydrangées, dansTInde, le Japon et TAmérique septentrionale; Les Escallo-
niées végètent, pour la plupart, au-delà de Téquateur et même du Capricorne.
ESPÈCES PRINCIPALES. —n y en a peu d'utiles: Les Saxifrages sont acides,
quelques-unes sont acres ; nos pères qui croyaient que les plantes croissant entre les pierres
étaient bonnes pour broyer les pierres de la vessie, avaient donné aux Plantes en question le
32
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246 HISTOIRE DES FAMILLES.
nom de Saxifrage. Ils estimaient surtout la Saxifrage granulée (Saxifraga granulata),
herbe visqueuse, acide et acre, àont les racines en chapelet leur semblaient une indication.
La S. à feuilles épaisses (S. crassifolia), cultivée dans nos jardins, et fleurissant à la fin de
Thiver, est, dit-on, employée comme suc-
cédanée du Thé de Chine. La S. tridactyle
(S. tridactylites)y était usitée dans les ma-
ladies du foie. La Dorine à feuilles alternes
{Chrj/sosplenium al(et*nifolium) y était égale-
ment recommandée comme tonique. Ou cul-
tive aujourd'hui dans les jardins beaucoup
de Saxifrages, dont la plus commune et la
plus jolie est la Mignonnette [S. umbros%
à feuilles en rosette, à fleurs en panicule, dont
les corolles rosées, pointillées de rouge, sont
nommées vulgairement le désespoir des
peintres.
Plusieurs Cunoniacées ont une écoree
astringente, que les cordonniers mettent en
usage pour leurs cuirs, et qu'on substitue frau-
* duleusement au Quinquina. Les Hydrangées
sont dépourvues de propriétés utiles, mais
leur beauté compense leur inertie, et les fait
rechercher par les floriculteurs, qui estiment
surtout les Espèces dans lesquelles le limbe
calycinal a pris un développement mons-
trueux, et étoufl'é les autres parties de la
fleur. Tel est V Hortensia ( Hydrangea Hor-
l%ra:;'a%:;orc::L" ^^"«'«). ^el arbuste de 3-4 pieds, don
rinflorescence rappelle Y Obier boule de
neige, Commerson, le premier, en envoya en Europe des échantillons desséchés ; Tarbuste
fut introduit vivant d ns le jardin de Kew, en 1790, et bientôt il se répandit dans le
commerce français, où on le vendait au poids de Tor; maintenant il est à vil prix, mais il
n'en est pas moins supérieur à toutes les autres Espèces, parce que dans ces dernières, les
fleurs de la circonférence du corymbe sont seules frappées de stérilité. Nous citerons parmi
les Espèces nouvellement introduites dans la floriculture Y Hydrangea involucrata, dont les
fleuristes japonais ont obtenu k variétés, à fleurs lilas, à fleurs camées, à fleurs jaunâtres et à
fleurs roses; c'est cette dernière qu'on connaît en Europe; elle forme un beau buisson étalé,
à feuilles longues de k pouces, larges de 6 ; les cymes florales sont enfermées dans un invo-
lucre, ce qui lui a valu son nom spécifique; les fleurs très -pleines ressemblent à des roses
pompon. V Hydrangea Japonica, introduit en France depuis quelques années, a les feuilles
et le port de Y Hortensia; ses fleurs sont d'un rosé bleuâtre , les stériles de la circonférence
sont d'un blanc rosé. — V Hydrangea quercifolia , est cultivé en Europe depuis plus long-
temps. C'est un arbrisseau de la Floride, haut de 3 à &- pieds, dont les feuilles très-grandes,
sinuées et lobées, ressemblent à celles du Chêne; les fleurs forment un corymbe presque
panicule, les sépales stériles s )nt grands et pétaloïdes, de couleur blanche. V Hydrangea arbo-
resccns est la plus ancienne des Espèces connues en France ; sa tige s'élève à 4 ou 5 pieds,
ses feuilles sont grandes, cordiformes ; ses fleurs forment une large cyme plane , blanche; les
centrales sont petites et fertiles.
Les Escalloniées ont des propriétés analogues à celles des Ribésiacées; leurs pousses
résineuses et leurs feuilles amères sont estimées au Pérou comme toniques.
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Saxipragr TBiOâCTvr.r
[Saxifraga tiidaetyliteê.)
ESCALLONIÉES, CLNONIACÉES, ETC. 2W
II nous reste à citer, dans ces quatre Familles, réunies en une seule, quelques autres
Espèces, adoptées comme Plantes d'ornement : ce sont d'abord les
Saxifrages, dont toutes les Espèces cultivées sont charmantes;
nous en avons déjà nommé quelques-unes; nous citerons de plus la
S. PTRAHiDALB (S, cott/ledon), plante indigène, à feuilles charnues,
spatulées, étalées en rosette radicale, à fleurs nombreuses, blanches; la
S. MOUSSEUSE (S . hypnoides) y, nommée vulgairement yazan turc,
Plante alpine comme la précédente, dont les tiges stériles sont feuillées,
couchées et tellement entrelacées qu'elles forment un gazon serré
et semblable à une mousse épaisse; on la cultive pour garnir les
rocailles. Nous mentionnerons en outre VHoteia Japonica, herbe vivace
du Japon, à feuilles découpées, à fleurs blanches, dressées en panicule :
le Cunonia capenfiis, arbre haut de 2 pieds, à feuilles pennées, à fleurs
blanches nombreuses, disposées en grappe spiciforme axillaire; le
Bauéra a feuilles de garance (Bavera rubiœfolia) , élégant
arbrisseau de la Nouvelle-Hollande , à feuilles verticillées, à fleurs
solitaires, ou en tête, dont les corolles sont pendantes, petites et pur-
purines, avec des lignes blanches ; TEscallonia ploribond {Es-
callonia floribunda)^ arbrisseau toufl'u de la Nouvelle-Grenade, portant
de riches panicules de fleurs blanches; enfin Vltea virginica, arbrisseau de l'Amérique septen-
trionale, à feuilles d'un beau vert, et à fleurs disposées en grappe simple, terminale.
Famille LXXXIIP. - FRANCOACÉES.
Les Genres Francoa et Tetilla, qui consti-
tuent ce petit groupe, sont des herbes du
Chili, à feuilles radicalesou presque radicales,
à hampe terminée par des fleurs en grappe
ou en épi ; le calyce est à 4 divisions ; la
corolle est à 4 pétales; 8 étamines fertiles
alternent avec un même nombre de stériles ;
l'ovaire est libre, à 4 loges pluriovulées;
les ovules sont bisériés à l'angle interne
des loges , et réfléchis ; le stigmate est ses-
sile, 4-partit; la plantule est courte dans
l'axe d'un albumen charnu osl farineux.
Le suc des Francoa est employé, au Chili,
< comme remède sédatif et rafraîchissant. La
racine fournit un suc propre à la teinture en
noir. Les pétioles du 7\tilla , nommé dans
le pays Teta de capra, contiennent un suc
acide, et sont mangés comme astringents
par les dysentériques. — Plusieurs Espèces
de Francoa sont cultivées en Europe : le
F, appendiculata a des feuilles pennifides,
une hampe haute d'un pied et demi, ter-
minée par des fleurs en épi, de couleur rose ;
p«incoA A FttiLLBs DB LAiTBOJi. Ic F, soTichi foHtt y a dcs fcuilles ressemblant
[Praneoa êonehifolia.) « ii i » •
a celles du Laitron , qui lui ont valu son
nom spécifique; sa tige est haufe de 2 à 3 pieds; ses fleurs sont bleues et plus grandes que
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2W HISTOIRE DES FAMILLES.
celles de TEspcce précédente. Le F. alba est une variété à fleurs blanches. — La floraison de
ces Espèces dure pendant tout Télé ; on peut les cultiver en pleine terre, pourvu qu'on les
abrite à l'approche de l'hiver.
Famille LXXXIV^ — CÉPHALOTÉES.
Le Genre Cephalotus , que Labillardière avait placé dans les Rosacées , et que d'autres
auteurs ont annexé aux Saxifragées, est
constitué par des herbes vivaces de la
Nouvelle-Hollande, à tige courte et sou-
terraine , à feuilles réunies en toufie, offrant
deux formes distinctes : les unes sont planes,
ovales, oblongues; les autres^ situées un peu
au-dessous des précédentes, se composent
d'un pétiole qui se dilate au sommet en deux
lèvres: Tinférieure grande, creusée en godet,
s'ouvrant du côté supérieur par un orifice
circulaire ; la supérieure, plus petite, plane,
et servant comme de couvercle au godet
La tige est une fausse hampe , très-simple,
terminée par un épi composé. Les fleurs
sont petites, blanches ; le ealyce est libre, à
six divisions pétaloîdes, valvaires dans la
préfloraison ; la corolle est nulle ; les douze
étamines sont insérées sur le bord du tube
cal ycinal ; les six ovaires sont sessiles sur
un réceptacle plane, et verticillés autour
d'un faisceau central de poils, alternes avec
les sépales, uniloculaires, 1-2-ovulés; les
ovules sont dressés, réfléchis ; le fruit se
compose de 6 akènes, qui s'ouvrent cir-
^[celh!iZlJ^oi^^^^^ culairement à leur base; la plantule est
minime, droite, à la base d'un albumen
charnu. — Le Cephalotus follicularis a été introduit dans nos serres depuis quelques années.
Famille LXXXV^ — CRASSULACÉES.
(Joubarbes, de yw^siCM. — Plantes grasses, de Ventenai.)
CARACTÈRE. — Galyce libre. Pétales inséi^és sur le fond ducali/ce,en nombre égal à
ses divisions, libres ou cohérents par le bas, à pré floraison imbriquée, Étamines insérées
avec les pétales, et y adhérant ordinairement , en nombre égal à celui des pétales ^ m en
nombre double. 0 Y JlMles y autant que de pétales, libres ou soudés à un axe y munis d'une
écaille à leur base externe, et pluriovulés ; ovules horizontaux ou pendants. Follicules
ordinairement libres, à déhiscence ventrale, quelquefois soudés en capsule à déhiscence dorstde.
Plantule dicotylédonée , droite, exalbuminée, ou occupant l'axe d'un albumen charnu
très-mince.
Les Crassulacées sont des herbes quelquefois sous-ligneuses, plus ou moins grasses, h.
feuilles ordinairement simples, dépourvues de stipules; les fleurs sont terminales, en corymbc,
ou en cymc, ou en glomérule, quelquefois solitaires.
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CRASSULACÉES. 249
TlLL^A.
TUlœa.
COTYLST.
Cotylédon
Ckassule.
Crassula.
Ombilic.
Umbilicus.
BlTOPBYLLE.
Bryophyllum.
Sedum.
Sedum,
AFFINITÉ. — Cette Famille offre le type d'une symétrie complète dans les diverses par-
ties de la fleur ; elle est voisine des Saxifra-
gées, qui s'en distinguent par le nombre
moindre des carpelles. Il faut noter, dans
les Crassulacées, la corolle polypétale chez
les unes^ monopétale chez les autres, les
écailles situées à la base des carpelles, et
les divers degrés de cohérence de ceux-ci,
qui démontrent clairement qu'une capsule
pluriloculaire est formée de follicules soudés
ensemble.
GÉOGRAPHIE. — Les Crassulacées
naissent dans les régions tempérées chaudes
de l'ancien continent, et surtout au delà du
Capricorne. Ces Plantes grasses vivent dans
les terrains les plus arides , et y restent
fraîches, moins en raison de Thumidité
qu'elles absorbent dans Tair ou dans le sol,
qu'à cause de celle qui est conservée par
leur tissu, dont la transpiration est presque
nulle, vu le très-petit nombre de stomates
mettant le parenchyme en communication
avec l'atmosphère.
ESPÈCES REMARQUABLES.— Les
^ct^uù» t^*!i^"* Crassulacées sont gorgées d'un suc aqueux
un peu salé, légèrement âpre, contenant de
l'acide malique : aussi tiennent-elles un certain rang parmi les médicaments rafraîchissants,
sédatifs, antiphlogistiques (contre l'inflammation), antiscorbutiques et vulnéraires. Quelques
Espèces sont comestibles. — L'O rpin reprise (Sedum
Telephiuîn), le Sédum blanc («S. album), I'Orpin
RéPLRCHi (S. reflexum), la Joubarbe des toits
{Sempervivum teciorum)^ sont fréquemment employés
pour cautériser les plaies; de là le nom populaire de
reprise. — Les Crassulacées méditerranéennes pos-
sèdent les mêmes propriétés; la Vermiculaire
BRULANTE (Sedum acre) y qui croît dans les lieux
pierreux de toute l'Europe, contient un principe acre
qui la rend rubéfiante à l'extérieur, et purgative ou
émétiquc à rintérieur. — La racine du Sédum rho-
DiOLE (S. rhodiola), qui a Todeur de la rose, était
autrefois officinale, comme sédative et rafraîchissante ;
les Groenlandais mangent la plante après l'avoir fait
cuire. c
Sbdoii.
Les Feuilles du Bryophyllum calycinum, dont nous
avons déjà mentionné, page 41, la singulière fécondité, présentent un phénomène physiolo-
gique, qui n'est pas moins intéressant que les germes naissant à l'extrémité de leurs nervures :
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250 HISTOIRE DES FAMILLES.
le matin, après Tabsorption nocturne de l'oxygène, elles ont une saveur aigre; elles deviennent
insipides à midi, et amères le soir.
Nous citerons , parmi les nombreuses Espèces exotiques que cette Famille fournit à la flori-
culture, le Sept A s du Gaf (Septas 6'«/)^5is), à fleurs presque en ombelle , dont le calyce
est rouge en dehors et blanc intérieurement; la G rassd le écarlatb (Crassula coccinea)
et BLANCHE (Cr, lactea)'y le Grammanthes gentianoîdes (PI. XVII), herbe à fleurs disposées
en cyme, à corolle monopétale^ dont le limbe est découpé en étoile, et porte à la base de sa
division une macule figurant la lettre V (de là son nom générique , signifiant fleur écrite), k
Rochea falcata^ arbuste du Cap, à feuilles courbées en faux , à fleurs écarlates, disposées en
corymbe ; le Cotylédon orbiculairb (Cotylédon orbiculata ) , à feuilles bordées de
pourpre, à fleurs disposées en panicule; VEcheveria coccinea, Plante ligneuse du Mexique;
à feuilles en rosette, à fleurs d'un rouge vif, disposées en cyme.
Famille LXXXVP. — MÉSEMBRYANTHÉMÉES.
(FicoïDES, deJussteu, — Mésembryànthémées, de Fenzt.)
CARACTÈRE. — Calyce à tube soudé avec l'ovaire. Pétales indéfinis, insérés sur le
sommet du tube, à pré floraison imbriguée. Étamines indéfinies, insérées comme les pétales.
OvkiViE à plusieurs loges, à placentaires appliqués sur la nervure médiane des carpelles, et
occupant le fond de la loge; ovules nombreux, courbes; stigmates sessiies. Capsule multi-
valve. Plantule dicotylédonée, entourant un albumen farineux.
Les Mésembryànthémées sont des herbes ou sous-arbrisseaux du Cap; les feuilles sont
charnues, les fleurs
sont axillaires ou ter-
minales, solitaires ou
disposées en cyme-
corymbe. La capsule
est d'abord charnue,
puis presque ligneu-
se; les loges s'ouvrent
par le soulèvement
centrifuge de Tcpi-
carpe épais et coriace,
qui s'est séparé de
l'endocarpe , lequel
persiste sous forme de
feuillets géminés ,
membraneux, trian-
gulaires.
AFFINITÉ. -
Le Genre Ficoîde
{Mesembryanthemum)
qui àluiseul constitue
FICOTdB BCLATlffTB. FiCOToB FALCIPORMB. CCttC FamlllC , CSt,
(Mê»embryantytmunk fiilgidum.) [MetembryanthetHum faleiform».) ,, , . ^^|g^ J^
Portulacées par sa plantule courbe; de Tautre, il se rapproche par son ovaire et sa placentation
des Cactées et des Cucurbitacées, et sert de lien entre ces Familles, d'ailleurs si différentes.
ESPÈCES REMARQUABLES. — Beaucoup d'Espèces sont cultivées pour la beauté
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MÉSEMBRYANTHÉMÉES. 251
de leurs fleurs; quelques-unes sont utiles à rhonime; les feuilles succulentes contiennent des
sels et notamment de l'oxalate de chaux; quelques Ficoïdes ont un fruit sapide et sucré.
— LaFicoïDE GLACIALE (M. cr f/stallinta7i), qu'i s'est TépànôuQ d^ïis les Canaries et dans
la région méditerranéenne, est toute chargée de vésicules gélatineuses et brillantes, qui la font
paraître sous le soleil, couverte d'une couche de gelée blanche ; on emploie la Plante comme
diurétique, dans les hydropisies et les affections du foie. Les habitants des Canaries Tinci-
nèrent pour en extraire de la soude. Le fruit de la F. comestible [M, edule), qui a la forme
d'une figue, est mangé par les Hottentots. Parmi les Espèces d'ornement, nous citerons la
F. F A L Cl F o R M E (>/. folctforme) , qui doit son nom à la courbure de ses feuilles, et la F i c oï o e
ÉCLATANTE (M. fuigidian)h pétales d'un pourpre éblouissant.
Famille LXXXVIP. — CACTÉES.
(Cierges, de Jussieu, — C actoïdées, de Ventenat. — Nopalées, de De Candolle.)
CARACTÈRE. — Calyce adhérent à r ovaire, à limbe plurisérié pétaloîde, à peine
distinct de la corolle. Pétales nombreux plurisériés, à pré floraison imbriquée, insérés
sur le sommet du tube calycinal, tantôt libres, tantôt cohérents inférieurement en un long tube.
Examines nombreuses, multisériées, insérées à la base de la corolle. Ovaire infère,
uniloculaire, à placentaires pariétaux multiovulés. Baie pulpeuse. Graines nombreuses;
plantule dicotyédonée, droite ou courbée; albumen nul ou peu visible.
Les Cactées sont des Plantes américaines, ligneuses, charnues; la tige est rameuse, ou
simple par la suppression des boui^eons,
cylindrique, ou cannelée, ou aplatie, ou
globuleuse, marquée de tubercules mame-
lonnés qui représentent les rameaux avortés;
les feuilles sont tantôt nulles et indiquées
par un coussinet situé sous le bourgeon, tan-
tôt parfaites, planes, pétiolées (Pereskia);
les bourgeons situés à Vaisselle de la feuille
avortée ou développée sont de deux ordres:
l'inférieur est garni d'épines, le supérieur se
développe en rameaux ou en fleurs.
AFFINITÉ.— L'affinité des Cactées
est assez obscure ; on les avait réunies aux
Ribésiacées, dont elles se distinguent par le
port et le nombre des diverses parties de la
fleur. Les Mésembryanthémées avec les-
quelles elles offrent de l'affinité, en diffèrent
par le fruit et la placentaf ion ; les Cucur-
bitacées ont -quelque rapport avec elles,
mais la diiïérence est grande, relativement
au nombre des parties de la fleur, et à la
structure de l'ovaire et des graines.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les
ÊcHnocACTiT* A ori^Ts DR PKioKs. baîcs dc plusicuTS Cactées sont employées
(Fckinocactu, pect,n,feru..) ^^ médccinc contrc Ics affections bilieuses
et scorbutiques. — La Raquette (0, vulgaris), qui est naturalisée dans la région médi-
terranéenne, est diurétique; les articles de sa tige sont appliqués comme topique pour
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252 HISTOIRE DES FAMILLES.
hàterla maturation des tumeurs. — C'est sur la Raquette et sur le Nopal {Opuntia
cochinillifera) que vit la Cochenille, petit insecte très-employé dans la teinture pour la
fabrication du carmin et de la laque carminée. La femelle se fixe sur la tige du Nopal,
y fait sa ponte et meurt; mais^ utile encore à sa famille^ son corps, desséché et changé
en coque, lui sert de rempart contre toute cause extérieure de destruction. Bientôt, les œufs
étant éclos, les petits se répandent par mill'ers sur la plante, s'y attachent et y subissent
toutes leurs métamorphoses. A la dernière, les femelles prennent Tétat d'immobilité de leur
mère; c'est alors qu'on les recueille; on les dessèche au soleil et on les envoie en Europe. —
La racine àtV Opuntia reticulata est purgative, son suc laiteux est anthelminthique ; les
baies acidulés des Rhipsalis possèdent les mêmes propriétés.
Voici les principaux Genres de Cactées cultivés dans nos jardins :
Les Melocactus ont une tige subglobuleuse, cannelée en long, et surmontée d'un pompon
terminal laineux formé de mamelons très-serrés, à Taisselle desquels naissent des fleurs
tubuleuses, petites, éphémères. — Les Mamillaria sont ainsi nommés à cause des tubercules
ou mamelons coniques, disposés en spirales, qui couvrent la tige et qui sont terminés par une
touffe de soie ou d'épines. C'est entre les mamelons supérieurs que naissent les fleurs, qui
entourent la tige comme une ceinture, et durent plusieurs jours. — Les EcAinocactvs
offrent, comme les Melocactus, des côtes longitudinales, séparées par des sillons droits; mais
la tige n'est pas terminée par un pompon laineux; les côtes portent sur toute la longueur de
leur arête des mamelons cotonneux , blanchâtres , d'où naissent des épines noirâtres, courtes
et divergentes, et qui portent des fleurs tubuleuses, grandes, durant plusieurs jours. Tel
estrÉcHiNocAcTus A DENTS DE peigise(E. pectîni fcrus) plante basse, ovoïde -oblongue,
partagée extérieurement en 18 ou 20 côtes peu saillantes; les mamelons sont creusés en
dessus d'une petite fossette ; les aiguillons qui en sortent sont légèrement courbés sur la Plante,
ils se touchent et entremêlent leurs extrémités. Les fleurs sont très-grandes, d'un beau rose
vif, et sortent des fossettes sur les côtés ou vers le sommet de la Plante. — Les Cierges
(Cercus) ne sont pas rabougris comme les précédents; leur tige est continue, anguleuse; les
fleurs sont tubuleuses, les écailles calycinales sont dispersées sur toute la surface de l'ovaire.
Le Cierge du Pérou (C Peruvianus) est la plus belle Espèce du Genre; sa tige est octo-
gone, ses fleurs sont blanches en dedans, verdàtres le long du tube^ et roses sur le limbe
extérieur. — Les Épiph ylles (Epiphyllum) ont des tiges fortement comprimées, à articles
tronqués, parcourus par une nervure médiane; leur corolle est tubuleuse. Le Cierge db
RussEL (C. Russelianus) (PI. XXVIlj, récemment découvert au Brésil, dans les Montagnes
des Orgues, peut être considéré comme un Epiphyllum; ses articles sont obovales, garnis de
chaque côté d'une dent obtuse chargée d'un faisceau de poils; les pétales sont étalés et égaux;
les étamines intérieures sont monadelphes à leur base. — Les Raquettes {Opuntia) ont
leurs articles ovales ou oblongs, sans nervure médiane; la corolle n'est point tubuleuse, elle
s'étale en roue au-dessus de l'ovaire.
Famille LXXXVIIK — RIBÉSIACÉES.
(Cierges,) (en partie, de Jussieu. — Grossulariées, de De Candolle. —
Grossulacées, de Lindley,)
CARACTÈRE. — Calyce coloré, à tube adhérent, plus ou moins prolongé au-dessus de
l'ovaire. Pétales insérées sur la gorge du calyce, en nombre égal à celui de ses divisions, à
préfloraison imbinquée, Etamines, autant que de pétales, insérées et alternes avec ettx.
Ovaire infère à une loge, à placentaires ordinairement 2, pariétaux, ou appliqués à des
demi-cloisons; ovtdes horizontaux, réfléchis. Baie pulpeuse, Gkxi^hs ayiguleuses; plantule
dicotylédonéCy droite à la base d'un albumen presque corné.
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n.xxiv.
(Euphorbjaréf » )
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KIBÉSIACÉES. 253
Les Ribésiacées sont des arbrisseaux souvent armés d'épines placées au-dess^ms de la
feuille; les feuilles sont alternes ou fasciculées, à limbe palmilobé, à pétiole dilaté. Les fleurs
sont disposées en grappes axillaires dans les
Espèces dépourvues d'aiguillons, solitaires
ou peu nombreuses dans les Espèces aiguil-
lonnées. La baie est couronnée par le limbe
persistant du calyce. Les graines ont un
testa gélatineux dans lequel rampe un long
rapbé; Tendoplèvre est crustacé et adhérent
à Talbumen.
AFFINITÉ. — Les Ribésiacées ont de
l'affinité avec les Escalloniées , dont elles
se distinguent facilement par leur port, leur
fruit charnu, leurs graines pulpeuses et leur
plantule minime. Elles diffèrent des Cac-
tées, auxquelles on les avait réunies à
cause de leur baie infère et de leurs placen-
taires pariétaux , par leur albumen et le
nombre des parties de la fleur. Elles ofl'rent
quelque analogie avec les Berbéridées ,
quoique éloignées d'elles par de nombreux
caractères.
GÉOGRAPHIE.— Elles habitent prin
cipalement les régions tempérées et fraîches
de l'hémisphère boréal.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Le
^^''^Iml^a'lb'^mT''' ^^""^^ Groseillier (Ribes) constitue
presque à lui seul la Famille à laquelle
il a donné son nom. Ses Espèces contiennent dans leurs parties herbacées un principe
résineux aromatique Leur fruit est rempli d'un mucilage sucré, joint à des acides malique
et citrique, et quelquefois à une matière astringente. Le Groseillier a maquereau
{R, Uva crispa), arbuste très-épineux, surtout à l'état sauvage, dont les fleurs sont
solitaires ou géminées, varie beaucoup, dans les jardins, pour la couleur et le volume
de ses fruits , qui ont une saveur sucrée aigrelette et un peu aromatique ; le suc est
fermentescible, et donne un vin agréable, usité en Angleterre. LcGr. rouge [R. nthrum)
forme un buisson non épineux , à fleurs en grappe , à baies rouges ou blanches; les rouges
sont plus acides et moins mucilagineuses ; on emploie les unes et les autres, soit pour dessert,
soit pour la préparation d'une gelée ou d'un sirop. Le G. noir (R. nigrum) a des grappes
lâches, des baies noires, qui contiennent, ainsi que les feuilles, un principe résineux aroma-
tique. On les employait comme diurétiques et sudoriflques; on n'emploie plus le flruit que
pour la préparation d'un ratafia nommé Cassis, et connu de tout le monde.
On cultive dans tous les jardins, comme Plantes d'ornement, le Groseillier doré
[Ribes aureum) h calyce jaune, et à pétales blancs, puis rouges; le G. sanguin (R, sanyui-
vmm), à fleurs roses, tous deux de l'Amérique, et fleurissant au commencement du prin-
temps, et le R, Albidunij variété à fleurs blanchâtres, obtenue en Ecosse.
^
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25v histoihe dks familles.
Famille LXXXIX".— PASSIFLORÉES.
CARACTÈRE. — PéRIANTHE libre, pétaloïdey bi8értà,àtub€urcéolé,ordinairementmunià
sa gorge d'une ou plusieurs séries de filaments subulés. Et am i N E s tantôt insérées sur la gorge
du périanthe ou à sa base, tantôt ht/pogynes, soudées avec le support de l'ovaire, ordinairement
en nombre égal à celui des divisions externes du périanthe, 0\ kin^ stipité, àdoub placen-
taires, à 3 otf 5 styles terminés par des stigmates en massue; ovules réfléchis. Fruit
bacci forme, indéhiscent ou capsulaire^ « 3om 5 valves placenti fer es sur leur milieu. Graines
couronnées par un arillc charnu; plantule dicotylédonée , droite, dans l'axe d'un albumen
charnu, et l'égalant presque en longueur.
Les Passiflorées sont des Plantes herbacées ou ligneuses, ordinairement grimpantes, à
feuilles alternes , bistipulées, souyent pour-
vue de vrilles axillaires^ à pédoncules or-
dinairement uniflores. — On peut les con-
sidérer comme pourvues d'un calyce et
d'une corolle périgyne.
Passiflore
Passiflora
MURUCUJA.
Mnrucuja.
Tactonia.
Tactonia.
MODECCA.
Modecca.
AFFINITÉ. — Cette Famille, par Fin-
termédiaire des Genres dépourvus de vrilles,
se rapproche des Homalinées, des Samy-
dées, des Malesherbiacées , et même des
Papayacées, dont elle se distingue par do
nombreux caractères ; elle se rapporte aux
Capparidées, dont elle difi'ère par la struc-
ture de la graine , et aux Cucurbitacées, qui
s'en éloignent par leur ovaire infère et leur
graine sans albumen.
GÉOGRAPHIE. — Les Passiflorées
croissent généralement dans les forêts de
l'Amérique tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les
PiffirLOMB AiiiAiLB. Passiflores sont à la fois agréables et utiles.
par la beauté de leurs fleurs et la sapidité de
leurs fruits; plusieurs Espèces sont médicinales. L'arille pulpeux des graines, sucré ou acidulé,
sert à préparer des boissons, rafraîchissantes pour le voyageur altéré, comme pour le malade
atteint d'une fièvre inflammatoire. Les Tacsonia sont dans ce cas. — La Passiflore
ROUGB (Passiflora rubra) est préconisée aux Antilles et sur le continent comme possédant
une vertu narcotique ; on prépare avec les fleurs et les fruits un sirop ou une teinture qui est
administré à la place de l'opium. — Le Passiflora quadrangularis est cultivé pour la pulpe
délicieusement rafraîchissante de ses graines; mais sa racine est très-vénéneuse: à petite dose
elle est anthelmintique; à haute dose, elle cause le vomissement, les convulsions, la paralysie
et même la mort; elle tire ses propriétés d'un principe particulier, analogue à la Morphine
du Pavot, et nommé Passiflorine,
On vante aux Antilles le municuja ocellata, comme anthelmintique, diaphorétique el anti-
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PASSIFLORÉES. ' 255
hystérique. — La racine du Modecca pabnata, qui croît dans TAsie tropicale, étant broyée et
cuite dans de l'huile, passe pour tonique ; son suc exprimé et mélangé de lait de coco, est
employé dans Tangine; Técorce de la racine, mêlée avec du miel , sert à préparer un remède
béchique. Les feuilles du Modecca integrifolia, cuites dans du beurre, guérissent les hémor-
rhoïdes; leur suc facilite Taccouchement. — On cultive dans les jardins d'Europe un grand
nombre de Passiflores; nous citerons Tune des plus anciennement connues : la P. bleub
{P. cœrulea), celle qui la première a reçu le nom de Fleur de la Passion, et qu'on peut
cultiver en pleine terre, en la couvrant Thiver. — Les horticulteurs ont réussi à créer des
Espèces hybrides : telle est la P. aima blk (P. amabtlis), fille des P. alata et prtnceps, dont
les fleurs sont d'un rouge écarlate, et exhalent une odeur suave. — Le Murucuja ocellata.
Espèce de serre chaude, a ses feuilles ponctuées en dessous, et ses fleurs d'un rouge de feu. —
Le Tactonia mollissima (PI. XVJI)a des fleurs roses sans couronne; c'est une Plante grim-
pante, qu'on cultive en serre froide.
Famille XC. — MALESHERBIÉES.
(Malesherbiacées, de Don, — Passiflorées, (en partie), de Z>e Cam/o//^.)
CARACTÈRE. — Calyce tubuleux ou campanule, pourvu à sa gorge d'une couronne
membraneuse. Pétales 5, insérés sur le calyce, Étamines 5, hypogynes, soudées avec le
support de l'ovaire. Ovaire stipité , à S placentaires pariétaux, à styles dorsaux; ovules
pendants, réfléchis. Capsule à valves placentiferes, Plantule dicotylédonée, droite,
dans Vaxe dun albumen charnu,
La tige est sous-ligneuse à la base, à feuilles alternes, à fleurs solitaires ou agglomérées.
Cette petite Famille habite le Pérou et le Chili. Elle ne se distingue des Passiflorées que
par son port, la présence de la corolle, la position des styles et le défaut d'arille.
Famille XCI'.— MORINGÉES.
Les Moringa sont des arbres de l'Asie tropicale, à feuilles imparipennées, très-caduques,
stipulées; les fleurs sont irrégulières, en grappes paniculées , le calyce 5-partit, à divisions
un peu irrégulières. Les pétales sont insérés sur le calyce, linéaires oblongs, il y en a 5, dont
2 intérieurs un peu plus longs; leur préfloraison est imbriquée. Les 8 ou 10 étamines
sont insérées sur un disque tapissant la base du calyce; leurs filets sont soudés en tube
fendu d'un côté ; l'ovaire est stipulé, imiloculaire, à 3 placentaires pariétaux ; les ovules sont
pendants, réfléchis ; la capsule esta 3 valves, placentiferes sur leur milieu ; les graines sont sans
albumen. Ce Genre a été placée par quelques auteurs, près des Papilionacées, à cause de sa
corolle, de ses étamines et de son truit — Le Moringa oleifera est l'Espèce la plus
connue; son écorcc, sa racine et ses feuilles ont l'àcreté, l'odeur et le goût du Raifort; sa
graine donne une huile fixe nommée huile de Ben, qui est employée dans. tout l'Orient, parce
qu'elle ne se rancit pas.
Famille XCIK — SAMYDÉES.
CARACTÈRE. —Calyce libre, tubuleux, k-b-fide. Corolle nulle. Examines péri-
gynes, en nombre double, triple ou quadruple de celui des divisions du calyce, monadelphes à
la base y toutes fertiles, ou alternant avec des stériles. Ovaire uniloculaire, à 3 om5 placen-
taires pctriélaux. Capsule à 3 ou 5 valves séminiferes sur le milieu. Graines arillées;
plantule dicotylédonée, minime au sommet d'un albumen charnu.
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256 HISTOIRE DES FAMILLES.
La tige est ligneuse ; les feuilles alternes ou distiques, stipulées, ordinairement marquées
de points ou de lignes pellueides; les fleurs sont complètes, axillaires, ordinairement en
ombelle ou en glomérule.
Cette petite Famille habite la zone intertropicale , surtout en Amérique ; ses Espèces pos-
sèdent des propriétés légèrement astringentes. Les Casearia sont, les uns alexipbarmaques,
les autres vulnéraires ; d'autres s'emploient dans les maladies inflammatoires. Les feuilles du
C. esculenta sont comestibles.
Famille XCIIK - TURNÉRACÉES.
CARACTÈRE.— Calyce iubuleux. Pétales hjpérigynes. Etamines 5, presque
hypogynes. Ovaire libre y uniloculairCj à 3 placentaires pariétaux; ovules ascendants ^
réfléchis; 3 styles. CapsuleàS valves séminiferes sur leur milieu. G raines strophiolées.
Plan TU LE dicotylédonée, droite dans l'axe d'un albumen charnu.
Les feuilles sont alternes, simples, pétiolées, sans stipules. Les fleurs sont complètes, régu-
lières, axillaires, sessiles ou pédonculées.
Les Tuméracées habitent surtout l'Amérique tropicale. — Elles se rapprochent, d'un côté,
des Droséracées par leurs styles distincts; de l'autre, des Malesherbiacées, dont elles dif-
fèrent par les étamines périgynes, les styles terminaux et les graines strophiolées; elles se
distinguent des Loasées par l'ovaire libre, uniloculaire , la placentation et les étamines
définies.
Les Tuméracées sont des herbes légèrement aromatiques^ de peu d'usage ; le Tumera
ulmifolia est tonique et expectorant; l'infusion du T. opifera est employée comme digestive.
Famille XCIV". — HOMALINÉES.
CARACTÈRE. — Périanthe libre ou adhérent par sa buse à l'ovaire, à limbe très-
divisé, dont les divisions intérieures sont pétaloides. Etamines insérées sur la gorge du
calyce, plus nombreuses devant les divisions intérieures du périanthe ^ moins nombreuses ou
nulles devant les extérieures. Ovaire plus ou nwins adhérent, uniloculaire ^ à plaeentaires
pariétaux, s' évanouissant inférieurement ; ovules pendants, réfléchis. Baie ou capsule â
valves séminiferes sur leur milieu. Plantule dicotylédonée dans l'axe d'un albumen charnu.
La tige est ligneuse, les feuilles sont alternes, les fleurs en grappe ou en épi.
Cette petite Famille habite les régions tropicales de l'Amérique et de l'Afrique. Elle est
étroitement liée aux Bixacées„aux Samydées et aux Passiflorées, dont elle se distingue par
l'ovaire infère et la situation des étamines. — VHomalium racemosum est cultivé dans nos
serres chaudes; sa racine est employée en Amérique comme astringente.
Famille XCV«. — LOASÉES.
CARACTÈRE. — C ALtCE adhérent; pétales insérés sur la gorge du calyce^ à pré flo-
raison contournée ou valvaire, souvent en nombre double des sépales et bisériés, les intérieurs
plus courts et en forme d'écaillés. Etamines j9/i/5 nombreuses que les pétales; les extérieures
ordinairement soudées en phalanges; les intérieures stériles. Ovaire uniloculaire, à placen-
taires pariétaux; ovules pendants, réfléchis. Capsule rarement bacci forme. Plantule
dicotylédonée^ droite, dans l'axe d'un albumen charnu.
Les Loasées sont des herbes de l'Amérique tropicale, couvertes de poils brûlants, à feuilles
simples; sans stipules. On cuUive en Europe le Bartonia aurea (PI. Xïl), à fleurs grandes.
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LOASÉES. 257
d'un beau jaune doré ; le Loasapicta, à pétales d'un jaune vif dans leur moitié inférieure,
à écailles pétaloîdes nectariformes, bifides, blanches, bigarrées de rouge; le Cajophora
lateritia. Plante grimpante, à fleurs longuement pédonculées, d'un rouge orange; le Mentze-
lia aspera, joli arbuste de l'Amérique tropicale, tout couvert de poils accrochants.
Famille XCVP. — ONAGRARIÉES.
(Epilobiacées, de Ventenat, — ÛEnothérées, à'Endlicher.)
CARACTÈRE. — C alyce adhérent. Pétales en nombre égal aux divisions du calyce, à
pré floraison contournée. ÉTÀMiNESen nombre égal à celui des pétales y ou double. Ovaire
infère, pluriloculaire ; ovules réfléchis. F ïl\}\t capsulai? e ou bacci forme, à 2 ou k loges.
Graines à chalaze quelquefois ailée^ ou frangée, ou chevelue. Plan tl le dicotylédonée, ex-
albuminée.
Les Œnothérées sont des Plantes à feuilles sans stipules, à fleurs tantôt axillaires et soli-
taires, tantôt en grappe ou en épi. — Elles
sont voisines des Rhizopkorées, des Lythra-
riées et des Baloragées; elles habitent
surtout les régions extra-tropicales tem-
pérées de l'hémisphère boréal. — Les
Épilobes (Epilobium) et les Circées
(Circœa) sont mucilagineux. — Les anciens
croyaient que l'infusion aqueuse de l'Epilobe
à feuilles étroites [E. angustifolium) ap-
privoisait les animaux féroces, et que sa
teinture vineuse était pour l'homme un
calmant et un exhilarant — L'Onagre
[Œnothera biennis) , l'o. odorante
( Œ. suaveolens) originaires de l'Amérique
boréale, et cultivées dans nos jardins, ainsi
que beaucoup de leurs congénères, ont une
racine sucrée, que l'on mange crue ou cuite.
— Les Fuchsia (PI. XIlï) sont d'élégants
arbrisseaux de l'Amérique et de la Nou-
velle-Zélande, très-répandus dans les jar-
dins, et remarquables par la beauté de
leur feuillage, leur calyce pétaloîde et leur
o.fAoti oDOBiwT. corolle enroulée: tels sont les F. coccinea,
(Œnothera $uavtolen$,) *
mjacrostemma, gracilis, etc., etc. Les baies
de quelques Espèces de la Nouvelle-Zélande sont d'un parfum suave et d'un goût exquis.
Famille XCVIP.— HALORAGÉES.
CARACTÈRE. — Calyce adhérent. Pétales en nombre égal aux divisions du calyce, et
insérés ausommet de son tube, quelquefois nuls, Étamines, 1-2, ou 4-6-8. Ovaire uni-
pluriloculaire^ à loges uniovulées; ovule pendant, réfléchi. Fruit drupacé (Hippuris), ou
nucamentacé (ÏTdi^d), ou à eo^ue«(Calli triche). Pl x^ t \}hE dicotylédonée, occupant l'axed'un
albumen charnu, souvent très-mince.
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258 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les HaJoragées sont des herbes aquatiques, submergées ou nageantes, à feuilles irerticillées
ou opposées, à fleurs axillaires, sessiles. Elle» habitent les régions tempérées
et froides; elles offreut avec les Onagrariées une grande affinité. La Pbsse
{Bippuris vulgaris) est une Plante indigène, à feuilles vertieillées, à fleurs
pourvues d'une seule étamine. La Macrk (Trapa natans)^ nommée vul-
gairement Châtaigne d* eau, aune graine sans albumen, dont un cotylédon
est très-grand et farineux. Les habitants de la Thrace en faisaient autrefois
du pain, et on le mange encore aujourd'hui après l'avoir fait cuire.
Famille XCVIIK — COMBRÉTACÉES.
CARACTÈRE. — Cikhxo,^ adhérent. Pétales en nombre égal aux
divisions du calyce, ou nuls, à préfloraison valvaire. Etamines en nombre
égal, ou double, ou triple de celui des pétales. Ovaire infère, uniloculaire,
pluriovulé; ovules pendants , réfléchis. FKvn drupacé. Plantule dicoty-
lédonée, exalbuminée.
Les Combrétacées sont des Plantes tropicales, à tige ligneuse, à feuilles
sûnples, sans stipules; les fleurs sont régulières, disposées en épi, ou en
grappe, ou en capitule. Elles ont de Tariinité avec les Onagrariées et les
Rhizopkorées.
Les arbres de cette Famille sont utiles à l'homme par leur bois très-dur,
leur écorce astringente, employée par les tanneurs et les teinturiers, plus
encore que par les médecins, et leur fruit à graine contenant une huile fîxe;
ces fruits sont nommés dans le commerce myrobalanSy et par corruption
myrobolans.
PSMK
Famille XCIX", — RHIZOPHORÉES.
CARACTÈRE. — G aly ce adhérent. Pétales en nombre égal aux divisions du calyce.
Etamines en nombre double ou multiple de celui des pétales. Ovaire à 2-3-4 loges biovulées.
OwihES pendants, réfléchis. Fruit coriace, à une graine, qui germe dans son péricarpe , et
dont la radicule, après avoir percé le fruit, s'allonge et descend vers le sol, pour s'y enraciner.
Plantule dicotylédonée, exalbuminée.
La tige est ligneuse , les feuilles opposées, pétiolées, simples, entières, sans stipules. Les
fleurs sont pédonculées, ou réunies en capitule.
Les Rhizophorées se rapprochent des Onagrariées et des Lythrariées. Elles habitent les
rivages maritimes de la zone torride. — Leur écorce est un médicament astringent, et les
teinturiers et corroyeurs l'emploient dans leur industrie. L'écoree du Palétuvier ou
M AM G Li E n [Rhizophora mangle) est vantée comme fébrifuge.
Famille C". — NAPOLÉONÉES.
Ce petit groupe de deux Genres se compose d'arbrisseaux de l'Afrique tropicale, à feuilles
alternes, sans stipules; les fleurs sont complètes et régulières; le calyce est adhérent; la
corolle est monopétale, simple rotacée, ou double, Textérieure rotacée, l'intérieure rayonnée,
multiflde ; les etamines sont indéfinies ou au nombre de 5, pourvues de 2 anthères, et insérées
au fond de la corolle; le fruit est baccifonne. — On connaît aujourd'hui trois Espèces de Nt^Kh
leona, Vimpériale ( Pl. XV ) , à fleurs bleues , et deux autres à fleur pourpre et orangée. Elles
sont cultivées en serre chaude.
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MÉMÉCYLÉES. 259
Famille CP. — MÉMÉCYLÉES.
Le Genre Memecylon , qui constitue cette petite Famille , ne diffère des Mélastomacées^
auxquelles le réunissent plusieurs botanistes^ qae par son ovaire plus complètement adhéi^fit
avec le calyce.
Famille CIP. — MÉLASTOMACÉES.
CARACTÈRE. — Calyce libre ou adhérent. Pétales insérés sur la gorge du
calyce y en nombre égal à ses divisions, à p*é floraison contournée. Et A Bf INES en nombre double
des pétales, à filets infléchis dans la pré floraison, à anthères allongées, s' ouvrant ordinairement
au sommet par des pores. Ovaire tantôt complétetnent libre, tantôt adhérent au tube du
calyce par des nervures, à plusieurs loges ; ovules réfléchis. Fruit bacciforme oucapsulaire.
Plantule dicotylédonée, exalbuminée.
La tige est généralement ligneuse , à feuilles opposées ou verticillées, sans stipules, à 3-9
nervures principales, partant de la base du limbe.
Les Mélastomacées forment une famille très-distincte, apparentée d'un côté aux Lythrariées,
de l'autre aux Myrtacées^ dont elle s'éloigne par ses feuilles nervées, la préfloraison des éta-
mines et la structure des anthères. — Elles habitent principalement TAmérique tropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les propriétés des Mélastomacées sont généralement
astringentes; quelques-unes doivent leur vertu stimulante à une petite proportion d'huile
volatile ou de résine balsamique. Les fleurs et les fruits de plusieurs Espèces renferment des
acides libres, qui sont mitigés dans les baies par un principe sucré. L'écorce et les fruits de
quelques autres contiennent un principe colorant.
Les Mélastomacées fournissent à Thorticulture plusieurs Espèces d'ornement : nous citerons
le Blakea trinervia, arbrisseau de la Jamaïque, à feuilles trinerviées, à fleurs soltaires,
grandes, roses ; le Rhexia Virginica, herbe vivace , à tige rouge et verte , à feuilles bordées
de rouge, à fleurs grandes, d'un rouge vif; le Melastoma Malabathrica, arbrisseau de Malabar,
à feuilles d'un beau vert, et à fleurs roses ; ses feuilles sont employées par les Indiens dans les
dysenteries et les diarrhées ; les baies sont sapides , et teignent en noir les lèvres de ceux qui
les mangent; de là le nom générique de Melastoma, signifiant en grec bouche noire; VOsbec-
fe'a cane^r^rw , arbuste à feuilles blanchâtres en dessjus, à fleurs d'un lilas violacé; VAr-
throstemma parietaria, sous-arbuste à feuilles trinerviées, rougcàtres, et à fleurs d'un rose
pâle ; y Eriocnema marmorata (PI. XV] , Plante herbacée , succulente, à tige très-courte, à
feuilles presque radicales, marquées de 5 nervures, purpurines en dessous, vertes en dessus
et marbrées de blanc le long des nervures, à fleurs d'un rose lilas , offrant la disposition
scorpioîde.
Famille CIIP. — LYTHRARIÉES.
CARACTÈRE. — Calyce libre, à limbe bisérié. Pétales insérés au sommet du tube du
calyce, ennombre égal à celui de ses divisions internes, â pré floraison induplicative. Et a mines
en nombre égal, ou double, ou triple des pétales. Ovaire à 2 ou plusieurs loges, multiovulées;
ovules réfléchis. FnviT capsulaire. J^lk^tuli. dicotylédonée, exalbuminée, droite.
La tige est ordinairement herbacée ou sous- ligneuse inférieurement ; les feuilles sont
ordinairement opposées ou verticillées. Les fleurs sont solitaires, ou agglomérées en épi ou en
panicule.
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260 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Lythrariées sont voisines des Onagrariées, dont elles diffèrent par l'ovaire libre ; les
Lagerstrœmia les lient à quelques Genres des Malvacées. — Elles sont plus nombreuses
dans TAmérique équatoriale que dans les régions tempérées des deux hémisphères.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Quelques Espèces, contenant du tanin, sont employées
comme astringentes ; quelques autres possèdent des substances résineuses, qui les rendit
acres, éméliques et purgatives. La Salicaibe (ZyMrwm salicaria), Plante indigène, est
astringente .LaSALicAiRE a pbuille d'hysopb( Lythrum hyssopifolium) était employée
autrefois comme vulnéraire; le Lawsonia alba, arbrisseau d'Egypte, est célèbre dans tout
rOrient à cause de son parfum, et surtout du principe colorant que contiennent ses feuilles,
et que les femmes d'Orient mettent en usage pour se teindre les cheveux et les ongles des
doigts et des orteils. Le suc exprimé de VHeimia et des Cuphea est administré au Mexique,
comme diurétique, purgatif et sudorifique, dans certaines maladies contagieuses. L'Ammanta
vesicatoria^ herbe annuelle des Indes, d'odeur saline, a des feuilles très-caustiques, dont
l'action est aussi énergique, mais moins douloureuse que celle des Cantharides.
Parmi les Lythrariées cultivées, nous citerons la Salicaire rpfiléb {L. virgatum)^
Espèce d'Autriche, à fleurs grandes, en épi, d'un rose pourpre; le Grislea tomentosa, arbrisseau
de rinde, à fleurs d'un rouge vif, disposées en grappe ; le Nesea salicifolia, arbrisseau du
Mexique, à longs épis de fleurs jaunes; le Cuphea miniata (PI. XVÏ), arbuste à fleurs uni-
latérales, dont le calyce est gibbeux à sa base et d'un brun violet à la gorge, et dont la corolle
a deux pétales beaucoup plus grands que les autres, d'un rouge vermillon; le Lagers-
trœmia indica, arbrisseau de la Chine, à fleurs paniculées, dont la corolle a ses pétales
purpurins .
Familles CIV% ft CV^ — LÉCYTHIDÉES
a MYRTACÉES.
CARACTÈRE. — Calyce adhérent. Pétales en nombre égal aux divisions du calyce,
insérés sur un disque couronnant la gorge, à préfloraison imbriquée, rarement nuls, ETA-
mines ordinairement indéfinies. Ovaire ordinairement à 2-6 loges pluriovulées ; ovules
pendants, ré fléchis ou courbes; style simple. Fruit sec ou bacci forme. Plant ule rf«Vo/y/e-
donée, exalbuminée.
La tige est généralement ligneuse, les feuilles opposées ou
alternes y simples, entières, rarement stipulées, souvent
pourvues de glandes huileuses pellucides, plongées dans le
parenchyme. Les fleurs sont complètes^ régulières, soUtaires
ou diversement agglomérées.
Les Lécythidées se distinguent des Myrtacées parleurs
étamines réunies en urcéole, raccourci d'un côté, et prolongé
de l'autre en languette pétaloîde.
Les Myrtacées habitent surtout la région intertropicalc
et la Nouvelle-Hollande. Les Lécythidées sont toutes amé-
ricaines. Cette double Famille, très-naturelle, est, d'un côté,
voisine des Mélastomacées, et par l'intermédiaire de celles-ci,
se lient aux Lythrariées et aux Onagrariées; de l'autre côté,
myrtb. elle est apparentée aux Pomacées, qui s'en distinguent parleurs
yrt u» eommunit,) feuillesaltemes,stipuléesetnonmarquéesdeglandespellucides.
ESPÈCES PRINCIPALES, — Les Myrtacées tirent leurs propriétés du tanin et
d'une huile volatile, associés en diverses proportions, de sorte que les unes sont aromatiques
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Pl.XXV.
i^<Z'/^!<^«'W' ^>(<
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(^^,
( Cucurbitacéc»)
Imp.Huifài.: Krfîj^/-. j/'î.
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LÉCYTHIDÉES ET MYRTACÉES. 2()l
stimulantes^ les autres stimulantes toniques, et d'autres simplement astringentes. Les fruits
baeciformes doivent leur saveur agréable à des acides libres^ mitigés par du mucilage et
du sucre.
Le Myrte (Myrius communis), élégant arbrisseau méditerranéen, est aromatique dans
toutes ses parties; ses baies et ses feuilles, jadis administrées comme tonique-stimulant contre
les diarrhées^ les hémorrhagies passives et l'hydropisie, sont tombées en désuétude. On
préparait avec ses feuilles une eau distillée pour la toilette, et ses baies étaient la base de
compositions astringentes très-renommées. Les anciens croyaient que le vin où Ton avait
macéré des feuilles de myrte préservait de Tivresse, et qu'une couronne de Myrte suffisait
pour dissiper les fumées du vin.
La plus importante Espèce des Myrtacées est le G iroplier (Can/ophyilus aroniaticus).
GlROFLIBII.
[Caryophyllut aromalicu».)
arbre originaire des îles Moluques, cultivé aujourd'hui dans nos colonies françaises. L'épice
qu'il fournit était connue des Grecs et des Romains^ qui la recevaient des Arabes, auxquelles la
vendaient les Chinois naviguant dans l'archipel des Moluques ; mais quand les Portugais et
les Espagnols se furent partagé le Nouveau-Monde, le girofle fut apporté dans l'ouest de
l'Europe par les Portugais. Vers le milieu du dix-septième siècle, les Hollandais achetèren
du roi de Ternate le .monopole du Giroflier; ces avides commerçants, après avoir conquis par
la violence et Tastuce la domination souveraine de l'archipel des Moluques, avaient détruit
les GiroQiers dans la plupart de ces îles, et en avaient restreint la culture à un petit nombre
de localités, dont ils écartaient avec une vigilance jalouse les navires des autres nations.
Mais cette vigilance fut déjouée par l'activité de Poivre, intendant des îles de France et de
Bourbon, qui chargea, en 1769, un officier de marine, nommé Etcheverry, d'aller à la re-
cherche des Girofliers et des Muscadiers, pour en introduire la culture dans les colonies fran-
çaises. Etcheverry s'acquitta de sa mission avec autant d'intelligence que de zèle ; il commença
par se procurer des indications précises, que lui fournit à prix d'or un transfuge hollandais;
puis il se rendit à l'île de Guerby, dont le roi lui fit donner des Muscades et des Girofliers. A
son retour, il fut rencontré par cinq vaisseaux hollandais, satisfit avec adresse à leurs ques-
tions soupçonneuses, et arriva, après un voyage de trois mois, à l'île de France avec vingt mille
Muscades et trois cents Girofliers. Les semis et les plantations réussirent à merveille, et vingt
ans après, le Jardin national de Cayenne possédait une pépinière de quatre-vingt mille
Girofliers, qui alimenta largement toutes nos colonies équatoriales. Voilà comment tomba,
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262 HISTOIRE DES FAMILLES.
grâce à Poivre^ le monopole que les Hollandais avaient possédé si longtemps. Le Giroflier a été
introduit dans les serres chaudes d'Europe^ mais sa culture est difficile.
Le girofle du commerce, nommé vulgairement clou de girofle, n'est ni le fruit, ni la
graine du Giroflier, c'est la fleur cueillie avant son épanouissement, et lorsque les k pétales
sont imbriqués en voûte au-dessus des étamines et du pistil. On la fait sécher au soldl, et on
l'expédie en Europe. On rencontre aussi dans le commerce le fruit du Giroflier nommé
Anthofle^ ou mbre du girofle; il est beaucoup moins aromatique que le girofle. Celui-ci fournit
à la distillation une huile volatile, plus pesante que l'eau, très-aromatique, et employée en
médecine. Les Indiens confisent le girofle au sucre, et en font un mets délicieux; ils rem-
ploient aussi comme parfum, dont ils se frottent le corps pour réchaufler la peau; ils le
fument mêlé au tabac ; ils se servent en outre de Thuile volatile , tempérée par une huile ^wtj
pour préparer des onguents destinés à frotter les membres paralysés; ils en avalent même
quelques gouttes pour dissiper les coliques venteuses; ils regardent cette huile comme propre
à guérir la carie des os; ils en imbibent du coton, qu'ils appliquent sur leurs dents doulou-
reuses ; enfin ils s'en oignent l'abdomen pour calmer les tranchées et arrêter la diarrhée. Chez
nous le giroffe est plutôt un condiment qu'une substance médicamenteuse; nous l'employons
à assaisonner les viandes de venaison, à aromatiser des fruits confits ou des boissons spiri-
tueuses. Les médecins le recommandent quelquefois comme stomachique , mais ses propriétés
sont bien plus étendues : il est éminemment stimulant, tonique, emménagogue et sialagogue,
c'est-à-dire propre à activer la sécrétion de la salive. — Le Calyptranthes arotnaticus, arbre
du Brésil, a des fleurs qui, recueilUes avant leur épanouissement, peuvent rivaliser avec celles
du Giroflier.
Le Piment de la Jamaïque, mal à propos confondu avec VAmome des anciens, est le
fruit, desséché avant sa maturité, de VEugenia pimenta, arbre toujours vert, que l'on cultive
dans les Antilles, où il forme des promenades publiques; le péricarpe de ce fruit possède une
odeur et une saveur aromatique très-agréable, qui réunit celles de la cannelle, de la muscade
et du girofle, de là son nom de toute-épice. On en retire par distillation une huile volatile,
nommée dans le commerce Carpobalsanmm , plus pesante que l'eau, et jouissant des mêmes
propriétés que celle du girofle.
Plusieurs autres Myrtacées sont célèbres par la saveur aromatique de leur baie ; nous
citerons entre autres les Goyaviers (Psidium), dont le fruit nommé goyave , est jaune et
de la grosseur d'une poire; les Campomanesiay les Fugenia, qui sont pour la plupart des
arbres de l'Amérique; les Jossinia de la Mauritanie, et les Jambosa de l'Inde. Le fruit du
Jambosier (Jambosa vulgaris), semblable à une petite pomme à chair sèche et sans odeur,
répand dans la bouche l'odeur de la rose. Cette Plante est cultivée en serre chaude, ainsi que
le Jambosa jntrpurascens (PI. XXVI ), arbre à fleurs pourpres, qui croît aux îles de la Trinité.
Les Myrtacées à capsule possèdent dans leurs feuilles une huile volatile, et se recommandent
à riiorticulture par la merveilleuse beauté de leurs fleurs.
Le Leptospermum scoparium a été essayé, à la place du thé, par des navigateurs, errant sur
les côtes de la Nouvelle-Zélande ; plusieurs de ses congénères servent aujourd'hui pour le
même usage aux colons de la Nouvelle- Hollande. — On cultive en Europe un assez grand
nombre de Leptospei*mum ,
Le Melaleuca. cajuputi est un arbrisseau des Moluques, renommé pour les propriétés de
l'huile volatile (huile de cajepnt), qu'on retire par distillation de ses feuilles et de sa capsule.
Cette huile est très-liquide, verte, diaphane, et d'une odeur suave et pénétrante, qui tient à
la fois de la Térébenthine, du Camphre, de la Menthe poivrée et de la Rose. — Beaucoup
d'Espèces de Melaleuca ont été introduites dans nos serres tempérées.
Le magnifique Getire Eucalyptus, dont les Espèces innombrables, non encore toutes dé-
crites par les botanistes, sont cependant désignées chacune sous un nom particulier par les
indigènes de l'Australasie, renferme beaucoup d'arbres résinifères ; quelques-uns possèdent
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LÉCYTIDÉES ET MYRTAGÉES. 263
une liuile volatile analogue à celle du Cajuputi, Quelques autres donnent de la manne.
VEucalyptus resinifera, arbre rameux d'une grande beauté, fournit par incision un suc
rougeàtre, puissamment astringent, que Ton vend sous le nom de Gomme Kino australe. Les
troncs de beaucoup d'Eucalyptus sont d'une immense utilité pour les colons comme bois de
construction; leur écorce contient du tanin. Un grand nombre d'Espèces sont cultivées en
Europe.
Le Metrosideros vera est un arbre des Moluques^ nommé vulgairement Nani, dont Técorce,
offrant une saveur d'abord sucrée, puis amère-astringente, est vantée contre les diarrhées et
les inflammations urétrales; son bois est d'un tissu très-sen*é et d'une durée merveilleuse. 11 a
été introduit depuis quelques années dans les jardins d'Europe.
Les Gustavia sont des arbres de l'Amérique tropicale, dont quelques-uns exhalent une
odeur cadavéreuse. Le fruit du G. speciosa, de la Nouvelle-Grenade, est recherché avidem-
ment par les enfants, lesquels deviennent tout jaunes après en avoir mangé, et reprennent leur
couleur naturelle ^ sans aucun remède, au bout de vingt^uatre heures. Les graines du
Barringtonia speciosa, arbre de l'Inde, servent à enivrer le poisson. Gette Espèce est cultivée
dans nos serres chaudes^ où elle n'a pas encore fleuri.
Les Lécythidées sont remarquables par la grosseur de leurs fruits ; leurs graines sont
huileuses, et peuvent rivaliser avec celles de l'Amandier; tel est le Bertlioletia excelsa ou
Gh ATA I G N I E R DU B RK S I L, uommé vulgaircmcnt Juvia, dont les semences sont envoyées
en Europe ; mais elles rancissent dans la
traversée . Le Couroupita ( Couroupita
guyanensis) est un grand arbre de l'Amé-
rique tropicale, à fleurs roses d'odeur suave;
son fruit nommé boulet de canon, est sphé-
rique et aussi gros que la tète d'un enfant;
il renferme une pulpe aigrelette sucrée,
d'une saveur vineuse très-agréable^ que l'on
emploie comme rafraîchissante et antibi-
lieuse; on le cultive bien difficilement dans
les serres chaudes de l'Europe. — Le
QuATELÉ ou Sapucaya (Lccythis ollarid)
est un des plus hauts arbres du Brésil;
sa capsule est ligneuse, très-épaisse, pour-
vue vers le milieu de sa hauteur d'un bour-
relet proéminent^ qui est la cicatrice du
limbe calycinal; au-dessus de ce bourrelet,
la capsule se rétrécit brusquement, puis
s'ouvre circulairement en travers, et se
termine par un opercule ligneux, arrondi
supérieurement en forme de calotte, et
prolongé inférieurement en axe conique à
4 loges, renfermant des graines huileuses
comestibles. On fait avec cette capsule des
sa'«"ta vases et des marmites, de là le nom popu-
laire de Marmite de singe.
Outre les Eucalyptus ^ Metrosideros, Leptospermum, Melaleuca, Psidium, Jambosa, Bar-
ringtonia, Coufvupita, que l'horticulture a mtroduits dans les Jardins d'Europe, on y trouve
encore un grand nombre de Myrtacées exotiques; nous mentionnerons les principaux
Genres, qui sont: les Tristania, arbrisseaux australasiens, à feuilles alternes, à fleurs jaunes^
disposées en corymbe ; les Callistemon, à fleurs sessiles, forment un épi couronné d'une touflc
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26i HISTOIRE DES FAMILLES.
de feuilles; les Beaufortia, qui oiïrent la même inflorescence, et dont les étamines sont
groupées en cinq phalanges monadelphes, opposées aux pétales ; les Fabricia, à fleurs
solitaires, presque sessiles et de couleur blanche; les Baeckea, à fleurs blanches, disposée^ en
ombelles^ etc. , etc. Mais aucune de ces Myrtacées n'efljace FEspèce principale du Genre qui
donne son nom à la Famille : les variétés de notre Myrte sont nombreuses, nous citerons
seulement le M. romain^ à feuilles ovales et à longs pédicelles; le M. de Tarcnte^ à feuilles
sessiles, courtes, ovales et à petites fleurs; le M. d'Italie^ à feuilles lancéolées aiguës, à fleurs
rougcàtresau sommet; le 3/. d'Andaiotisie, à feuilles réunies en paquet; le M. de Portugal,
à feuilles petites, aiguës, d'un vert sombre; le M. de Belgique, à feuilles rapprochées
acuminées, dont la nervure médiane est rouge en dessous, etc.
Famille CVl". ^ GRANATÉES.
LcGrbnadieu (Puniea), qui constitue cette Famille, est un arbrisseau, à rameaux
dégénérant quelquefois en épines, à feuilles entières, glabres, non ponctuées, et sans
stipules, à fleurs terminales, d'un beau rouge écariate,
quelquefois blanches. Le calice est coloré, coriace, charnu,
à tube adhérent, à limbe épais, valvaire dans la préfloraison;
les pétales sont insérés sur la gorge du calyce, alternes
avec ses divisions, à préfloraison imbriquée. Les étamines
sont indéfinies, multisériées ; Tovaire forme deux étages
superposés, Tinférieur triloculaire, à placentaires centraux,
le supérieur 5-7-loculaire, à placentaires pariétaux ; le fruit
est bacciforme, les graines sont nombreuses, à tégument
plein d'une pulpe pellucide; la plantuleest dicotylédonéc,
exaibnminée , droite, à cotylédons foliacés et roulés en
spirale.
Le Grenadier est originaire de la Mauritanie , d'où lui
vient le nom de Punica; son nom français fait allusion à la
grande quantité . de graines qu'il contient. Il s'est répandu
sur le littoral méditerranéen, et de là dans toutes les régions
tempérées du globe ; il est très-voisin des Myrtes, dont il se
distingue par la singulière structure de son ovaire. Son
grknadibii. fruit, nommé grenade, est recouvert d'une écorce coriace,
(Puniea.) , ,. . .
nommée malicor, tres-nche en tanm, et pouvant servir
aux corroyeurs; récorce de sa racine contient une substance astringente, un principe doux
particulier, nommé Granatine, et un principe acre, qui lui donnent la propriété toute
spécifique de détruire le tœnia ou ver solitaire ; déjà, chez les anciens, on administrait ses
graines comme vermifuges, ainsi que ses fleurs, nommées balaxistes.
Famille CVIP. — CALYCANTHÉES.
CAUACTÈRE. — Calyce libre, à tube urcéolé, à limbe multisérié, dont les divisions
internes sont pétnloîdes. GOROLLE îiulle. Et AMI NES indéfinies, insérées sur un anneau
charnu, couronnant la gorge du calyce , les extérieures fertiles, les intérieures stériles;
anthcres cxfrorses. 0\ xin¥.S nombreux, libres, uniovulés, insérés sur la paroi interne du
tube du cahjcc, styles nombreux ; ovules ascendants, réfléchis. Akènes. Plantule diay-
tylédonéc , exalbuminée.
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CALYGANTHÉES.
%5
La tige est ligneuse, tétragone ; les feuilles sont opposées, sans stipules.
Les Calycanthées offrent une grande affinité avec le Rosier^ mais elles s'en éloignent par leur
tige carrée, leurs feuilles opposées et sans stipules , leurs étamines intérieures stériles et leurs
anthères extrorses. — Le Calycanthus floridus, arbrisseau de la Caroline, cultivé dans nos
jardins, a une écorce aromatique , possédant l'odeur et la saveur chaude de la Cannelle, et
employée en Amérique comme tonique stimulant. Le bois du tronc et de la racine sent le
camphre. — Le Chimonanihns fragrans^ arbrisseau du Japon, cultivé en Europe, a des fleurs
d'odeur suave, naissant avant les feuilles ; son écorce est inodore, mais très-âcre.
Familles CVIIP-CXIV. — ROSACÉES.
Les Rosacées, autrefois réunies en une seule Famille, constituent aujourd'hui une Classe,
comprenant les Pomacées, les Rosées, les Dryadées et Sanguisorbées , les Neuradées, les
Spiréacées, les Amygdalées et les Chrysobalanées, — Avant de les décrire séparément, nous
allons indiquer leur caractère commun.
ROSACÉES. — Calyce monopétale, à tube tantôt libre y tantôt adhérent à T ovaire ^ à
limbe 4-5 /o6e, imbriqué dans la préfloraison. Pétales, autant que de sépales, alternes avec
eux y libres, insérés sur le calyce , à pré floraison imbriquée y quelquefois nuls. Etamines
presque toujours indéfinies y insérées comme les pétales. Pistil très-varié. Ovule réfléchi.
Plantule dicotylédonée, droite, exalbuminée. — Feuilles alternes, à stipules souvent
caduques. Fleurs ordinairement complètes. Inflorescence variVe.
POMACÉES. — Calyce à tube adhérent, à limbe 5-lobé; pétales 5. Étamines nombreuses.
Carpelles 5, quelquefois 5-2-1; ovaires uniloculaires, biovulés ou pluriovulés; styles, autant
que d*ovaires, libres ou cohérents par leur base. Fruit formé par le tube calycinal, devenu
succulent, et les carpelles, à 5 loges, à endocarpe tantôt càTiWà^neui {Poirier y Sorbier,
Cognassier), tantôt osseux et indéhiscent ( Néflier, Aubépine, Cotonéaster, Amélanchier).
Graines ascendantes, radicule infère. — Tige ligneuse; feuilles à stipules caduques. Fleurs ter-
minales en corymbe, ou en cyme, ou en grappe, ou en ombelle.
COGIf ASSISE.
Cydonia.
COTONEASTER.
Cotoneaster,
POIBIBB.
Pyrus
Photihia.
Photinia.
Neflieb.
Mespilus.
Raphiolèpis.
Raphiolèpis.
Amélanchier.
Amelanchier.
Alisieb.
Cratœgus.
ROSÉES. — Calyce à tube ventru, à gorge rétrécie par le torus, à limbe divisé en 5 lanières,
ordinairement penniséquées. Pétales 5. Étamines nombreuses. Carpelles nombreux, insérés sur
le fond et la paroi du tube calycinal, uniovulés; ovule pendant. .Akènes renfermés dans le
tube calycinal , qui devient charnu à la maturité. Graines pendantes, radicule supère. — Tige
ligneuse, ordinairement aiguillonnée; feuilles i m pari pennées , stipulées. Fleurs terminales,
solitaires ou en corymbe.
HosiBB. Rasa. \ Hulthémia. Hulihemia.
DRYADÉES. — Calyce 4- 5-partit, libre, persistant , tantôt nu (Ronce)y tantôt pourvu
extérieurement de bracléoles. Pétales 4-5. Étamines nombreuses. Carpelles ordinairement nom-
breux, disposés en tète sur un réceptacle convexe; ovule tantôt ascendant {Fraisier, Dryns),
lantôt pendant (^owce, Potentille); style non terminal. Akènes {Fraisier, Potentille), ou dru-
péoles {Ronce), sur un réceptacle tantôt sec {Potenlille , Ronce)^ tantôt charnu {Fraisier). —
Tige herbacée ou ligneuse; feuilles digitées ou pennées, stipulées.
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zfiO
HISTOIRE DES FAMILLES.
Ronce.
Rubus.
POTBNTILLB.
PotentUla
Fraisibb.
Fragaria.
BmoiTB
Geum,
GOMARBT.
Comarum.
Dbyadb.
Dryoi,
SANGUISORBÉES. — Fleurs quelquefois monoïques ou |M)lygaines (Pimprenetie). Galyce
porsislaut, à tube urcéolé, à limbe S-fide. Pétales ordinairement nuls. Étamines peu nom-
breuses,'2-30. Carpelles 1-b ; ovaires unio vu lés , style non terminal; ovule tantôt ascendant
[Alchimille)^ tantôt pendant [Aigremoine) . Akènes renfermés dans le tube du calycc. — Tige
ordinairement herbacée; feuilles pennées ou palmées, stipulées. Fleurs terminales, en grappe,
ou en corymbe, ou en fascicule.
AlGBBMOIME.
Alcbuiille.
Âgrimonia,
Àlchimilla.
Sanguisorbb.
PiMPRBMELLB.
Sanguisofba.
Poteriutn
NEURADÉES. — Calyce persistant, croissant avec les ovaires. Pétales 5. Étamines 10.
Ovaires 10, libres du côté de l'axe, et adhérents par leur dos au tube du calyce, uniovulés;
ovule pendant. Fruit capsulaire. — Herbes à feuilles sinuées, pennifidcs, stipulées. Fleurs aiil-
laires, solitaires.
SPIRE ACÉES. —Calyce 6-partit, libre, persistant. Pétales 5. Étamines nombreuses.
Carpelles ordinairement 5, verticillés, libres, uniloculaires , pluriovulés, à ovules pendants.
Follicules. Tige ligneuse ou herbacée ; feuilles à stipules souvent avortées. Fleurs axillaires oa
terminales, disposées en grappe, ou en corymbe, ou en cyme, ou en panicule.
Spiréb. Spirœa. | Kbrria. Kerria,
AMY6DALÉES. — Calyce libre, tombant. Pétales 5. Étamines nombreuses. Carpelle
unique; ovaire à 2 ovules collatéraux, pendants. Fruit drupacé. — Tige ligneuse, rameaux
avortant quelquefois en épines; feuilles simples, à stipules caduques^ à pétiole glanduleux.
Fleurs axillaires, solitaires, ou géminées, ou en grappe, ou en corymbe, ou en ombelle.
Amahdieb. AmygdaluB, \ Pbuhier. Prunus,
CHYSOBALANÉES. — Calyce irrégulier àsabase. Pétales 5, un peu irréguliers. Étamines
15, ou plus. Ovaire unique, à 2 ovules collatéraux dressés; style non terminal. Fruit drupacé.
— Tige ligneuse; feuilles simples, à stipules caduques, à pétiole non glanduleux. Fleurs un
peu irrégulières, en grappe, ou en épi, ou en corymbe.
Chrysobalanb. Chrysobalanus | Parinarium. Parinarium.
AFFINITÉ. — Les Pomacées rtlitni les autres Rosacées aux Myrtacées. Les Rosiet,
DryadéeSy Sanguisorbées et Spiréacées diffèrent des Amygdalées par leur fruit non drupacé,
et des Chrysobalanées par leurs fleurs régulières. Les Dryadées ont quelque rapport de phy-
sionomie avec les Renonculacées ; les Spiréacées ont une affinité évidente avec les Saxifragées,
dont elles ne se distinguent guère que par le défaut d'albumen. Les Amygdalées se distinguent
par la nature de leur fhiit, par la présence de Facide hydrocyanique dans les feuilles et hi
graine de plusieurs Espèces; elles se rapprochent àesAnacardiacées par leur ovaire et leur tronc,
d'où découle un suc propre. Les Chrysohalanées se séparent des Amygdalées par leurs pétioles
non glanduleux, leur calyce irrégulier, leurs étamines moins développées d'un côté de la fleur,
leurs ovules dressées, et l'absence de l'acide hydrocyanique; leurs fleurs obliques et le pied
de l'ovaire soudé avec le calyce les rapprochent de quelques Genres des Légumineuseê.
GÉOGRAPHIE. — Toutes les Pomacées habitent, en deçà de TÉquateur, l'Europe, l'Asie
et l'Amérique septentrionale. Les Dryadées et les Sanguisorbées habitent les régions tempérées
et fraîches de l'hémisphère boréal; quelques-unes se rencontrent sous la zone intertropicalc,
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KOSACÉES, 267
maïs elles y occupent des stations élevées (les Aigremoines seules sont plus nombreuses au
delà du Capricorne). Les Rosées vivent toutes en deçà du Cancer, ainsi que les Spiréacées. Les
Neuradées se rencontrent au Cap et sur le
littoral méditerranéen de TAfrique. Les
Amygdalées naissent pour la plupart dans
les parties tempérées de l'hémisphère bo-
réal; très-peu vivent sous les tropiques,
aucune ne se rencontre au delà du Capri-
corne. Les Chrysobalanées ne sont pas rares
près du tropique du Cancer^ surtout en
Afrique et en Amérique.
ESPÈCES REMARQUABLES. —
Les PoMAcéEs fournissent à Thomme un
fruit dans lequel les proportions de sucre,
de mucilage et d'acide malique sont heu-
reusement combinées pour flatter notre
goût; c'est à la culture qu'elles doivent leur
mérite, car les Espèces sauvages sont âpres
et sans suc. Le grand GenrePoiRiER [Pyrus)
comprend d'abord les Poiribbs propre-
ment dits (Pyrus comrnunis) , dont le fruit
est allongé en toupie à sa base, et fournit
aux horticulteurs de nombreuses variétés,
plus ou moins estimées pour leur chair sa-
voureuse et fondante; puis les Pommiers
(Pyrus malus) ^ dont le fruit se distingue
RosiH A ONT rKciLLit. dcs poircs par sa base ombiliquée, et par sa
(Ro»a eentifoua.) ^^^^ fcrmc, cassautc et acidulé.
La pomme nous rappelle des vers charmants de Virgile, exprimant le désespoir d'un berger
qui apprend que Nisa, son premier, son unique amour, va devenir réponse d'un autre {Mopso
Nisa daturf); il se reporte au jour de sou adolescence, où il la vit pour la première fois,
cueillant des fruits avec sa mère. Virgile, avant Bernardin de Saint-Pierre, avait compris que
la peinture des passions afTectives est plus sensible et plus frappante quand on la colore par
des images empruntées au monde physique :
(c Tu étais bien petite encore, lorsque dans nos vergers, où tu m'avais pris pour guide,
je te vis avec ta mère, cueillant des pommes humides de rosée. Je venais d'entrer dans ma
douzième année ; déjà je pouvais atteindre aux rameaux chaînés de fruits. Je te vis, je
t'aimai... quel funeste délire égara mon esprit! »
ScBpibus in nostris parvam te roscida mala,
Dux ego vester eram, vidi cum matre legentem.
Aller ab undecimo tùm me jam ceperat annus;
Jam fragiles poteram à Urrâ contingere ramos.
Ut vidi, ut perii, ut me malus abstulit error !
On a divisé les Pommiers en Pommiers a couteau (Malus sativa) et en Pommiers a
CIDRE (Malus acerba); c'est avec les pommes de cette dernière EvSpèce que se fabrique la
liqueur fermentée qui sert de vin aux populations du nord-ouest de la France. Le poiré est
une boisson préparée avec les poires ; mais comme le moût des poires est plus riche en sucre
que celui des pommes, le poiré est aussi plus riche en alcool et plus capiteux que le cidre :
aussi ce dernier est-il d'un usage beaucoup plus général.
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268 HISTOIRE DES FAMILLES.
Après les Pommiers et les Poiriers viennent les Sorbiers et les Alisiers, Le Sobbier
DOMESTIQUE (Pyrus sorbus) est un arbre à feuilles ailées; il porte des fruits nommés cormes
ou sorbes, ressemblant à de petites poires
d'un jaune rougeâtre^ qui ne sont murs
qu'en hiver, et donnent aux habitants du
nord une boisson fermentée. Nous ne pou-
vons résister au plaisir de rappeler les vers
où Virgile mentionne cette l)ois$on, en dé-
crivant les mœurs des Scythes ; Ifô plus vils
détails de la vie matérielle s'ennoblissent
sous la plume d'un grand poète, et nous
serions trop heureux de pouvoir mnémo-
niser chacune des Plantes dont n jus faisons
r histoire par une citation empruntée à Tim-
mortelle Antiquité :
« Au sein des cavernes creusées dans les
profondeurs de la terre, ils goûtent un repos
romiB». paisible; assis autour du foyer où sont en-
^"^ tassés et livrés aux flammes les troncs des
chênes et les ormes entiers, ils passent leur longue nuit dans les jeux, et remplacent gaie-
ment le nectar de la Vigne par le suc fermenté de Taigre Sorbier. »
Ipsi in defossis specubus tranquilla sub altâ
Otia agunt terra, congestague robora, totasgue
Advolvére focis ulmos, igni que dedére.
Hic noctem ludo ducunt, et pocula lœti
Fermenta atque acidis imitantur vitea Sorbis.
Le Sorbier torminal (Pyrus (orminalis) est un arbrisseau indigène, dont le fruit, de
couleur orangée, très-âpre en automne, est adouci par la gelée; son écorce était jadis
employée comme astringente dans la dysenterie; de là son nom spécifique torminalis, qui
vient de tormina, tranchées. — L'Alisier alloichier (Pyrvs aria] est aussi un arbuste
indigène ; sa pomme, nommée a//5e, est rouge, globuleuse-ovoïde, et douce lorsqu'elle est
mûre. — Le Sorbier des Oiseleurs (Sorbus aucuparia), est un arbreà feuilles ailées très-
élégantes ; ses baies d'un rouge vif contiennent de l'acide malique pur, et sont recherchées
avidement par les merles et les grives ; mais leur saveur est nauséeuse pour l'homme.
Le Cognassier (Cydonia vulgaris) produit un fruit couvert d'un duvet blanchâtre, et
très-odorant; il est acerbe à l'état cru, mais la cuisson le rend comestible, surtout quand il est
uni au sucre; on en prépare une gelée très-agréable et un sirop légèrement astringent; ses
nombreux pépins contiennent un mucilage employé en médecine comme émollient. C'est
souvent au Cognassier que l'horticulteur demande des sujets pour la Greffe des Poiriers, opé-
ration qui était connue des anciens, comme l'atteste ce vers plein de sentiment, que tous les
pères de famille devraient savoir par cœur : a greffe des Poiriers, ô Daphnis, tes petits-enfants
en cueilleront les fruits. »
Insère, Daphni, Pyros; carpent tua poma nepotes.
Les Cognassiers du JAPONctoE la CnifiEiC.Japonica (Pl.XVl)etC S inensis) sont des
arbres d'une admirable élégance, cultivés dans nos jardins. Le C. du Japon est tortueux, à
peine haut de k pieds; les feuilles ovales, lisses, sont ornées de grandes stipules arrondies; ses
fleurs, groupées en faisceau , presque sessiles, sont larges d'un pouce et demi et d'un beau
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PI. XXVI.
1 Ammilmoécu )
Imp. ^an^ard- Mfiu^i . fiant
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UOSAGÉES. 269
rouge foncé. Le C. de Chine est droit, à feuilles en coin, à fleurs roses sentant la violette.
LeNÉFLiBE [Mespilus Germanica) porte un fruit nommé nèfle y qui est d'abord d une âpretc
excessive, et devient très-agréable quand son parenchyme s*est ramolli par le blessissement.
L'AzÉROLi ER [Cratœgus azarolus) est un arbre du midi de l'Europe , dont les fruits assez gros,
de couleur écarlate, sont savoureux. L'Aubépine [Cratœgus oxyaeantha), arbrisseau épineux,
(jui forme des haies dans nos campagnes, produit des firuits insipides; mais l'élégance de ses
fleurs le fait cultiver pour l'ornement des bosquets et des massifs. On en a obtenu des variétés à
fleurs roses, écarlates, doubles, à fruit jaune, et à feuilles panachées.
Outre ces Pomacées, qui sont cultivées autant pour leur agrément que pour leur utilité,
nous citerons encore, comme arbres d'ornement : I'Alisier buisson ardent [Cratœgus
pyracantha), petit arbuste épineux haut de 4 à 5 pieds, à fleurs blanches rosées, à fruits
nombreux, d'un rouge de feu, qui produit un eff'et pittoresque dans les bosquets d'automne ;
les Cotoneastery arbrisseaux inermes, tortueux, à
feuilles blanches et cotonneuses en dessous, à
corymbes latéraux de fleurs persistantes et à fruit
d'un rouge écarlate; les Amelanchier, arbrisseaux
à fleurs blanches en grappes, à fruits noirs, bleus
ou rouges ;le Néflier du Japon [Eriobothrya
japonica), bel arbrisseau, cultivé en pleine terre dans
le midi de la France, à feuilles épaisses, coriaces,
persistantes, laineuses en dessous, à fleurs blanches
en grappes terminales, ayant l'odeur de Tamande,
et donnant des fruits jaunâtres, velus, comestibles;
TAlisier luisant {Photinia glabra), bel arbuste
d'ornement, résistant à l'hiver de nos climats, à
feuilles larges, longues, lisses et persistantes, à fleurs
en corymbes, blanches rosées; \ç&Raphiolepis, arbris-
seaux indiens, toujours verts, à grappes terminales
couvertes de bractéoles écailleuses, persistantes.
Le bois de la plupart des Pomacées est d'un grain
très-serré , qui le rend utile aux ébénistes et aux
tourneurs.
Les Rosées sont constituées par le Genre Rosier. Les nombreuses Espèces de ce beau
Genre, cultivées dans nos jardins, se sont croisées à l'inflni et ont produit des milliers d'hy-
brides qui rendent très-difficile leur détermination.
Le Rosier sauvage (Ro$a canina) est une Espèce indigène, commune sur la lisière des
bois; ses fruits ovoïdes, lisses, d'un rouge de corail, renferment une pulpe jaune, acidulée et
astringente, dont on prépare avec le sucre un médicament nommé conserve de cynorrhodon,
et qu'on administre dans les fièvres putrides, le scorbut, la dysenterie. L'écorce de sa racine
était préconisée autrefois contre la rage ; de là son nom spéciflque de canina; ses akènes
chargés de poils roides, pris à l'intérieur, chassent les vers intestinaux.
On donne le nom d'Églantier sauvage à deux Espèces : le Rosier des chiens (Rosa
canina ), et le R. a odeur de reinette {R. rubiginosa ) ; l'Espèce , qu'on nomme
Églantier des jardins, est le R. eglanieria, à pétales jaunes ou ponceau, qui exhale une odeur
de punaise.
Le R. rouge (Rosa ^aZ/îca) apporté de Syrie en France à Tépoque des Croisades, est
cultivé à Provins et à Fontenay-aux-Roses ; c'est lui qui fournit les pétales employés en
médecine comme astringents. On les mêle pulvérisés, ou on les pile avec du sucre pour com-
poser une conserve; on prépare aussi avec eux le Miel rosat.
Le Rosier a cent feuilles [Rosacentifolià], originaire du Caucase, qui donne la plus
35
ROftlBK A ODIUK Dl KKi:«BTTB.
[So$a rubiginoêa.)
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270
HISTOIRE DES FAMILLES.
Bbhoiti kcaklatb.
{Geum toeein«uM .
belle des Roses, est cultivé dans tous les jardins , où sa fleur se montre complètement pleine;
mais ce luxe de pétales semble affaiblir son parfum, et on
lui préfère la Ro SB db Damas (RosaDama$cena)ynomnik
aussi Rose des quatre saisons , que Ton cultive en pleine
terre, près Paris, autour du Calvaire : dans cette Espèce,
les étamines ne sont pas toutes métamorphosées, et son
odeur est beaucoup plus suave : c'est avec ses fleurs que
Ton distille VEau de Rose. L'huile volatile, nommée et-
sence de Rose est extraite, surtout en Orient, des Rosiers à
cent feuilles, de Damas et du R, musqué, {R. moschatà), qui,
sous le soleil de Perse et d'Afrique, acquièrent un arôme
bien plus intense. Les uns distillent les Roses avec un peu
d'eau , les autres les macèrent dans Feau en les exposant
au soleil ; les pétales , ramollis par l'eau , laissent sortir
leur huile, qui vient surnager. Le procédé le plus usité
consiste à stratifier alternativement des roses et des graines
de Sésame : quand ces graines huileuses se sont gonflées
en absorbant l'essence de Rose , on les soumet à la presse
pour en extraire Thuile fixe qui a dissous l'huile volatile.
LesDRTADÉES possèdent surtout des propriétés astrin-
gentes. LaToBMENTiLLB( PotentUla tormentilla ) , herbe
riche en tanin, tient le premier rang parmi ses congénères, I'Argentinb {P. anserim]^
la Q uiNTEFEuiLLE (PotentUla
reptans), etc., qui sont aujour-
d'hui hors d'usage. — La Be-
noîte [Geum urbanum) n'est pas
abandonnée ; sa racine contient
une huile volatile, unie à un
principe astringent, amer, gom-
meux, résineux, qui lui donne,
mais à un degré modéré, une
vertu tonique et stimulante. Elle
a l'odeur de l'CEillet, d*où lui est
venu son nom de Caryophyllata.
— La Benoîte des ruis-
seaux [Geum rivale) et la
DUYADE A HUIT PÉTALES
[Dryas octopetala) sont simple-
ment astringentes. — Le Frai-
sier (Fragaria vesca) croît na-
turellement dans nos bois , où
son réceptacle succulent, plus
petit, mais bien plus parfumé que
dans les jardins, est^ comme le
dit Linné, la consolation du bo-
taniste au commencement de
juillet [solatiismi botanistarum
ineunte julio), La racine de
Fraisier est usitée en médecine comme astringente et diurétique. — Les Ronges (Rubus) se
recommandent par un fruit agréable et utile; on estime surtout le Framboisier [Ruhus
mm
Ro:iCB k mciT blcuatrk.
(ffH6u« oatius.)
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ROSACÉES. 271
idœus) dont les drupéoles, d'une saveur acidulé , sucrée et aromatique, sont recherchées sur
les tables comme dans les officines, où on les emploie pour
préparer le Vinaigre framboise. Les Ronces sauvages
[Rubus fruticosus, corylifolim, cœsius, etc.), ont des fruits
nommés mûres de haies, que mangent les enfants, et dont
on faisait autrefois un sirop ; les jeunes pousses étaient usitées
comme astringentes. LeR. faux-mûrier (/Î. chamœmorus) ,
qui croit dans les régions les plus septentrionales de notre
hémisphère, a des fruits sucrés, très- estimés comme mets
de dessert, par les habitants du Nord.
On cultive dans les jardins un grand nombre de Drya-
dées exotiques, telles sont : la Benoîte écarlate (Geum
cocçineum), Espèce de l'Asie mineure, à fleurs nombreuses,
dressées, dont les pétales sont grands et d*un beau rouge
écarlate; laPoTENxiLLE ligsevse (Potentiila fruticosa),
arbrisseau indigène, à feuilles penniséquées, à fleurs jaunes,
> en corymbe, qui se succèdent pendant tout Tété; la
P. POURPRÉE SANGUINE (P, otro sanguineo), du Népaul,
à corolles d*un pourpre noirâtre. La P. de mac n as
{P. Macnabiana) y (PI. XVI), est une hybride récemment
observée dans les jardins d'Angleterre, remarquable par
alchimilli tclgaim. l'ampleur de ses feuilles radicales, soyeuses-argentées en
[Aickimiua vMtganê.) dcssous , par SCS hampcs multiûores, par ses pétales d'un
jaune d'or, qui deviennent en dessus d'un pourpre éclatant et conservent en dessous leur
teinte dorée. On suppose que cette ma-
gnifique hybride a pour mère la Poten-
TiLLE INSIGNE (P. insiguis) y sur les
stigmates de laquelle les insectes suceurs
ont transporté le pollen de la P. pourprée
SANGUINE (P. atro-sanguinea).
Les Sanguisorbées possèdent les
mêmes propriétés que les Dryadées; elles
sont aujourd'hui inusitées; TAlchimille
VULGAIRE (Alchimilia vulgaris) , ainsi
nommée parce que les alchimistes recueil-
laient précieusement la rosée de ses feuilles
pour la préparation de la Pierre philosophale,
possède une astringence très-prononcée. Les
femmes du midi de l'Europe la croyaient
autrefois propre à raffermir les chairs. —
La Pimprenellr (Poterium SangUi-
sorba) n'est plus employée que comme
condiment.
Les Spire AcÉ ES renferment, outre des
principes astringents, une petite quantité de
résine et d'huile volatile jlaSpiRÉEBARBE
DE CHÈVRE (Spirœa aruncus), dont la
racine était jadis vantée comme tonique et sfim» nuruioctB.
fébrifuge, est tombée dans l'oubli; celle {spirœa ,iiip,nduia.)
de la Reine des prés {Spirœa ubnaria) passe pour anthelmintique ; celle de la
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272 HISTOIRE DES FAMILLES
FiLiPENouLE (Spirœa filipenduld) y qui est tubéreuse, a été préconisée contre la rage.
— Les GiLLÉMA de rAmérique sont émétiques, et employés comme succédanés de Tlpé-
cacuanha. On cultive en Europe le Gillenia trifoliataj comme plante d'ornement, ainsi que
le Kerria japonica, vulgairement nommé Corchorus, arbrisseau très-rustique, à fleurs jaunes,
doublant par la culture.
Les Amygdâlées se distinguent des autres Familles de leur Classe par Tacide hydrocya-
nique que beaucoup d'Espèces possèdent dans leur écorce , leurs feuilles , et surtout leur
graine, et qui souvent s'allie à une huile volatile particulière; elles doivent à ces principes
une vertu narcotique assez prononcée. La culture, pour la plupart des Espèces, développe dans
le parenchyme de la drupe le principe sucré qui, dominant Tacide sans Teflacer complète-
ment, donne au fruit une saveur délicieuse : tels sont les Pruriiers, les Cerisiers, et surtout les
A bricotiers et les Pèchei^s, ,
Le Prunier épineux ( Prunus spinosa ) est un arbrisseau indigène , dont les fleurs sont
purgatives, et dont les fruits , nommés prunelles , sont très-acerbes , mais deviennent comes-
tibles quand la gelée a macéré leur parenchyme; leur écorce est astringente , amère et
fébrifuge .Le Prunier domestique {Prunus dornestica ) , ( PI . XXVI ) , et son type sauvage
(Prunifs insititia), propagées de TOrient dans toutes les régions tempérées du globe, ont
fourni un grand nombre de va-
riétés; celle qui donne les prunes
de Damas a de tout temps été
la plus estimée ; on fait sécher
les prunes alternativement au
feu et au soleil pour les amener
à rétat de pruneaux , employés
comme aliment et comme mé-
dicament. — Le Cerisier
(Cerasus)^ ainsi nommé de la
ville de Cérasontey d*où Lucullus
l'apporta à Rome après ses vic-
toires sur Mithridate^ fournit
plusieurs Espèces ou variétés à
fruit comestible : tels sont le
C. G R I OT T I E R (C caproniana),
dont la drupe est sphérique,
fondante, à chair acide, non
adhérente au noyau, à épicarpe
facilement séparable ; le C. g u i-
GNIER (C. Juliana), dont la
drupe est en cœur, rouge ou
noirâtre, à chair acide, tendre,
adhérente au noyau et à Tépi-
carpe qui la recouvre; leC. bi-
garre autier (C duracina),
dont la drupe est en cœur,
rouge, ou rosée, ou jaunâtre, ou
presque noire, à chair ferme et cassante, adhérente au noyau ainsi qu à Tépicarpe. Le
C. MERISIER (Cerasus avium) est une Espèce européenne. Les Allemands préfèrent
son fruit à celui des autres cerisiers pour la préparation du Vin de cerises et du Air-
sc/ifirnsser, alcool très-usité dans le nord-est de TEurope. — Le Merisier a grappes
[Cerastts pndf(s) est ini arbre indigène, dont récorcc, douce d'une odeur forte et désa-
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ROSACÉES. 273
gréabic y et d'une saveur amère et astringente , a été proposée comme succédanée du
Quinquina.
Le L A u R I E n c s r i s e est un arbrisseau toujours vert, originaire de T Asie-Mineure, à feuilles
épaisses, coriaces, glabres, luisantes en dessus, qui contiennent une notable quantité d'acide
hydrocyanique et d'huile volatile ; on s'en sert en cuisine pour aromatiser les crèmes^ les phar-
maciens préparent avec ces feuilles une eau distillée très-active, que les médecins doivent
manier avec précaution, parce que Tacide hydrocyanique, même à petite dose, est le plus
rapide et le plus redoutable des poisons narcotiques. Cette eau^ ajoutée en petite quantité
à des crèmes, leur donne un délicieux goût d'amandes amères ; unie à l'alcool et au sucre ,
elle compose un excellent ratafia, semblable à la liqueur de noyau.
L'Abricotier (Primits armeniaca), originaire de TOrient, est cultivée aujourd'hui dans
toute l'Europe; son fruit est pourvu d'une chair jaune, un peu fibreuse, sucrée, aromatique,
que l'on conserve sous forme de marmelade ou de pâte sèche. La graine est douce dans cer-
taines variétés et amère
dans les autres ; cette dif-
férence s'observe aussi
dans les deux variétés de
r A 11 A N D 1 é R {A mygdalus
communis), arbre indigène
de l'Afrique, et cultivé
aujourd'hui dans toute
l'Europe tempérée ; le mé-
v^^ socarpe de sa drupe est
J fibreux , presque sec, et
tout à fait inutile à l^om-
me, mais Vamande est
recherchée pour le ser-
vice de la table et de la
pharmacie : ce sont ses
cotylédons qui, broyés et
délayés dans l'eau, four-
abricotim. pftcDiK. nissent Témulsion avec
loochs et le sirop d'orgeat; ils contiennent une huile fixe abondante, du sucre, de la gomme
et de l'albumine : c'est par l'intermédiaire de ces derniers principes que l'huile est tenue
en suspension dans l'eau, et lui donne un aspect laiteux. L'huile d'amandes s'obtient par
expression des graines sèches, et celle des amandes amères n'est pas difl'érente de celle des
amandes douces ; les premières sont un poison actif pour les oiseaux, et peuvent même nuire
à Thomme, s'il les prend en grande quantité.
Le Pêcher (Amygdalus persica)^ arbre originaire de la Perse, est cultivé aujourd'hui plus
généralement encore que l'amandier, mais sa culture demande beaucoup de soin, et occupe
en France une industrie toute spéciale. Sa chair, qui, dit-on, est purgative en Perse, possède
dans nos climats une saveur exquise et simplement rafraîchissante; mais sa fleur est laxative,
et employée comme telle en médecine. Sa graine contient, comme l'amande amère, de
l'acide hydrocyanique et une huile volatile; l'endocarpe osseux en est lui-même imprégné, et
c'est avec l'endocarpe et la graine broyés que l'on prépare la liqueur connue sous le nom de
noyau. — Le bois de la plupart des Amygdalées est, comme celui des Pomacées, très-employé
pour le service de la menuiserie et de l'ébénisterie.
Les Chrysobalanées fournissent aux habitants des régions tropicales quelques substances
alimentaires et médicamenteuses. Le CnRYsosALAiNE icaco Ckrysobalanus icaco) est un
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27fc HISTOIRE DES FAMILLES.
arbuste croissant sur les rivages des Antilles; sa racine^ son éeorce et ses feuilles sont astrin-
gentes; la chair de sa drupe, légèrement âpre, devient délicieuse lorsqu'on Tunit au sucre ;
ses amandes sont huileuses et très-sapides. Les Parinarium ont un fruit moins estimé. La
drupe du Parinarium excelsum est mangée avidement par les nègres du Sénégal ; mais elle ne
ûatte pas le palais des Européens.
Familles CXV, CXVP a CVXII'. —
MIMOSÉES, CÉSALPINIÉES a PAPILIONACÉES.
(LÉGUMINEUSES^ de Jussteu.)
Ces trois Familles^ autrefois réunies en une seule, constituent aujourd'hui une Classe. Nous
indiquerons leur caractère commun, et chacune d'elles sera ensuite décrite séparément ;
nous subdiviserons la Famille des Césalpiniées en Césalpimées et Swartziées.
LÉGUMINEUSES. — Càlyce libre monosépale. Corolle périgyne ou hypogyne,
irrégulière ou régulière, ET k^ifi%% en nombre double des pétales, ou indéfinies. Vi^Til à
carpelle unique. Fruit : un légume. Plant ule dicotylédonée, droite ou courbe, exal-
buminée. FEViLLESaltemeSy stipulées.
PAPILIONACÉES. — Calyce à préfloraison imbriquée. Corolle périgyne, polypétale,
papilionacée, à préfloraison imbriquée. Étamiiies 10 , à filets ordinairement monadelpbes ou
diadelphes. Ovaire simple, uniloculaire ; ovule ordinairement courbe. Légume ordinairement
bivalve, quelquefois tordu en spirale (Luzerne), quelquefois divisé en deux loges par une cloison
longitudinale (Astragale), quelquefois uniséminé et indéhiscent (Trèfle)^ quelquefois divisé ptr
des cloisons transversales en plusieurs loges superposées (Tétragotwlobe) y quelquefois lomen-
tacé, c'est-à-dire partagé par des étranglements en articles, qui se séparent à la maturité
(Sainfoin). Plantule ordinairement courbe.
La tige est ligneuse ou herbacée ; les fleurs sont complètes , à inflorescence axillaire , dispo-
sées en grappe, ou en épi, ou en tète, ou en ombelle, ou solitaires.
AlfAGTRE.
Anagyris.
Baguenaudier.
Colutea.
Crotalaire.
Crotalaria
Astragale.
Astragalus,
Lupin.
Lupinus.
CiCHE.
Cicer.
BuGRAIfE.
Ononis.
Pois.
Pisum
Afonc.
Ulex.
ËRS.
Ervum.
Spartiuv.
Spartium.
Vesce.
Vida.
Genêt.
Genista,
Gesse.
Lathyrus
Cytise.
Cytisus.
Orobe.
Orobus.
Anthtllide.
Anthyllis.
Scoepiore.
Scorpiuruf.
Luzerne.
Medicago.
CORONifLB.
Coronilla.
Trigonelle.
Trigohella.
Ornithope
Omithopus.
AIêlilot.
MelUotus.
Hippocrepide.
Hippocrepis
Trèfle.
Trifolium.
Aracbide.
Arachis.
Lotier.
Lotus
Sainfoin.
Hedysarum
PsORALIER.
Psoralea.
Esparcette.
Onobrychis.
Indigotier.
Indigofera.
Ebène.
Ebenus.
Rlglisse.
Glycyrrhiza.
Ertthrine.
Erytkrina.
LavanAse.
Galega.
WlSTÉRIA.
Wisteria.
Rorimer.
Bobinia.
Haricot.
PiMseolus
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MIMOSÉES, CÉSALPINIÉES ET PAPILIONACÉES. 275
DOLIOUE.
Dolichos.
SOPHORA.
Sophora.
Abrus.
Abrus.
Gladrastis.
CladrasHs.
Pterocaape.
Pterocarpus,
Gaikieb.
Cercis.
Mtbospermum.
Myrospermum,
CÉSALPINIÉES. — Galyco à préfloraison imbriquée. Corolle périgyne, polypétale, sub-
papilionacée ou presque régulière, quelquefois nulle. Élamines 10, ou moins, ordinairement
libres. Pistil des Papilionacées. Plantule ordinairement droite.
La tige est ligneuse, les feuilles ordinairement composées; les fleurs sont complètes, dispo-
sées en grappes ou en épis.
Fevier.
Crleditschia'
Casse.
Cassia,
Cbicot.
Gymnocladus
COURBARIZ..
Hymenœa,
Bresillet.
Cœsalpinia.
Bauhinia.
Bauhinia.
POINCILLADK.
Poindana.
COPAYER.
Copaifera,
CampAcbb.
Hcematoxyion,
Caroubier
Ceratonia,
8WARTZIÉES. — Calycc à préfloraison valvaire. Pétales libres hypogynes, plus ou moins
irréguliers, à préfloraison imbriquée, ordinairement 5, quelquefois 3, ou 2, ou 0, par avorte-
ment. Étamines 9-10, ou indéfinies, à filets libres. Légume bivalve, ou charnu et indéhiscent.
Graines à plantule ordinairement courbe.
La tige est ligneuse, les fleurs sont complètes, en grappes.
SwARTzu. Swartzia, \ Détar. Detarium.
MIMOSÉES. — Calyce à préfloraison valvaire. Corolle hypogyne ou presque hypogyne,
régulière , à préfloraison valvaire , souvent monopétale. Étamines ordinairement en nombre
double ou multiple de celui des pétales; filets libres ou légèrement monadelphes. Carpelle
unique, quelquefois plu-sieurs, libres {Affbnsea), Ovules réfléchis. Légume bivalve ou lomentacé.
Plantule droite, ordinairement exalbuminée.
La tige est ordinairement ligneuse; les feuilles sont pennées, quelquefois irritables. Les
fleurs sont quelquefois polygames, disposées en épi ou en. tète, rarement en panicule ou en
corymbe.
Acacia. Acacia,
Vachélia. Vachelia.
Inga. Inga.
AFFINITÉ. — Les Papilionacées se distinguent des autres Légumineuses par la soudure
des étamines et la courbure de la plantule. Les Césalpiniées sont moins irrégulières que les
Papilionacées; les étamines sont souvent plus nombreuses^ et la plantule est droite. Dans les
Stmrtziées, les pétales se réduisent en nombre, ou même manquent tout à fait ; la plantule se
remontre courbe. Les Mimosées sont remarquables par leur corolle régulière , leur préflo-
raison valvaire, leurs étamines bypogynes souvent indéfinies, et leur plantule droite. Quelques
Genres de Papilionacées apétales se distinguent à peine des Térébinthacées,
GÉOGRAPHIE. — Les Papilionacées ne sont bannies d'aucun climat; elles abondent
surtout dans les régions tropicales et subtropicales, plutôt dans Tancien continent que dans le
nouveau, et en deçà du Cancer qu'au-delà du Capricorne. Les Césalpiniées habitent principa-
lement les tropiques. Les Mimosées sont tropicales et subtropicales , surtout dans Thémi-
sphère austral.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La Famille des Légumineuses est, de toutes les Familles
du Règne Végétal, celle qui fournit le plus de substances utiles à la médecine, à l'économie
domestique, aux arts et à Tborticulture. Nous allons énumérer rapidement les Espèces les
plus importantes.
Parkia,
Parkia.
Mimosa.
Mimosa.
Emtada.
Entada.
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276 HISTOIRE DES FAMILLES.
Plusieurs Papilionacées possèdent des principes sucrés, qui abondent surtout dans leurs
racines. La tige et les feuilles en contiennent très-peu ; les fleurs et les fruits non mûrs en
présentent une plus grande quantité. Les Réglisses doivent être placées en première ligne.
La RÉGLISSE GLABBE (Glt/cyrr/itza gla-
bra) croît spontanément dans le midi de
TEurope ; c'est le suc épaissi de sa racine,
ou plutôt de son rhizome traçant^ qui fournit
l'extrait sec, connu de tout le monde sous
le nom de suc de réglisse. On emploie la
racine en nature pour édulcorer les tisanes ;
mais il faut que cette racine soit traitée
par macération, et non par décoction ou
infusion, attendu que Teau chaude dissout
un principe résineux^ acre, qui altère les
propriétés émollientes de la Réglisse. La
Réglisse hébissêe [G. echinata) a sa
racine pivotante et volumineuse^ beaucoup
moins sucrée que celle de l'Espèce précé-
dente; elle a passé de l'Italie dans l'Orient
et dans l'Asie centrale. VAbi*usprecatorim,
arbrisseau indigène de l'Asie et de l'Afrique
tropicale, transplanté en Amérique^ est au-
jourd'hui le succédané de la Réglisse dans
toute la zone torride; ses graines lisses,
d'un rouge brillant, et marquées à leur bile
iHDiooTiBK COUCHÉ. d'uuc tachc noirc, servent à faire des cha-
(indigcfera procu 0ns, pelcts ct dcs objcts d'omcmcnt; prises
à Vintérieur, elles sont vénéneuses. Les feuilles de TAstbagale fausse réglisse
[Astragalus glycyphgllos), d'une saveur sucrée nauséeuse, étaient autrefois préconisées
contre la dysurie, ainsi que celles de I'Esparcette (Onobrychis saliva). Le Robi-
nier FAUX ACACIA ( Robiuia pseudo-acacia ) , arbre élégant de l'Amérique septen-
trionale, naturalisé en Europe, contient dans sa racine et dans Técorce intérieure de son
tronc des principes sucrés, qui peuvent rivaliser avec ceux de la Réglisse. Ses fleurs, riches
en nectar, sont recherchées par les abeilles, et leur parfum est recueilli par quelques distilla-
teurs pour falsifier Teau de fleurs d'oranger; de plus elles fournissent un principe colorant
jaune j ses feuilles peuvent servir de fourrage, et les graines contiennent une huile fixe.
Quelques Espèces de Dolique, de Gesse, d'Apios, et autres Genres, ont des racines tubéreuses,
contenant des principes amylacés, mucilagineux et sucrés, qui les rendent nutritives et émol-
lientes. — L'Alhagt des Maures (Alhagi Mauroimm] est un arbrisseau de l'Asie et de
l'Afirique tropicale ; celui qui croît en Perse produit par exsudation une espèce de manne, qui
peut rivaliser avec celle du Frêne.
Les fruits et les graines de beaucoup de Légummeuses, telles que le Haricoly recueillis
avant la maturité, contiennent du mucilage et du sucre, et fournissent à Thomme un mets
délicat; si on attend la maturité complète des graines, il s'y développe de Tamidon et un
gluten particulier nommé légumine, qui donnent au Ciche, à la Fève^ à la Lentille, au Pois
et au Haricot des propriétés très-nutritives; mais ces substances, tout en apaisant la faim,
produisent trop souvent l'obésité. Le Lupin, \eCaja,\Q Soja, sont aussi employés comme
aliments dans les pays étrangers. La plus remarquable des Légumineuses à graines alibiles,
habitant la zone tropicale, estrARACHiDESouxERRAiNEouMuNDUBi (Arachis bypogœa),
herbe annuelle, originaire du Brésil, d'où elle s'est répandue dans toutes les contrées chaudes
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MIMOSÉES, CÉSALPINIÉES ET FAPILIONACÉES. 2T7
du globe; après la fécondation, le réceptacle s'allonge en se recourbant vers la terre, de
manière à y faire pénétrer Tovaire à une profondeur de 2 pouces ; le fruit, ainsi enterré,
mûrit ses graines buileuses, qui sont très-sapides et très-nutritives. — Dans la plupart des
Espèces, la gousse mûre est ligneuse ou coriace; cependant celle du Caroubibr (Cera-
tonia siliqua) est comestible : c'est un arbre très-commun sur les bords et dans les lies
orientales de la Méditerranée; son fruit est lomentacé, et contient une pulpe abondante
dans laquelle sont nichées les graines. Cette pulpe, d'un goût miellé, est peu nutritive
pour rhomme, mais elle sert à engraisser les troupeaux ; les enfants en sont friands, et les
médecins la prescrivent quelquefois comme laxalive. Le terme de karat qui indique un
poids de 4 grains, en usage chez les lapidaires, vient des graines du Caroubier, nommées en
grec Keration,
Beaucoup de Papilionacées ont une herbe mucilagineuse, sucrée, plus ou moins amère et
aromatique, qui fournit un excellent pâturage. Nous placerons en première ligne les Trèfles
et les Luzernes, Les Mélilots, qui les touchent de près, possèdent une odeur particulière, une
saveur légèrement acre et aromatique, qui les font employer comme vulnéraires; les Suisses
s'en servent dans la préparation de leurs fromages. Le Lotie a {Lotus corniculatus), herbe
commune sur toutes les pelouses, a les mêmes propriétés. — LeFENUGREc( Trigonella fœnum
grœcum ) a une odeur plus désagréable ; ses graines mucilagineuses amères sont réduites en
farine dans les pharmacies pour préparer des cataplasmes, auxquels une petite quantité
d'huile, contenue dans la graine, donne des vertus stimulantes ; mêlés avec de Tavoine que Ton
donne aux chevaux, ces graines les remplissent d'ardeur. Les femmes renfermées dans les
sérails de TOrient les font cuire avec du lait pour acquérir Tobésité qui charme leurs maîtres.
— LaLAVAMBSB (Galega officinalis) est inodore, mais elle réunit la saveur du Mélilot à
celle du Fenugrec, ce qui la faisait ranger autrefois parmi les médicaments 'diaphorétiques,
diurétiques et vermifuges. Le Psoralier bitumineux [Psoralea bituminosa), Plante indi-
gène, d* odeur forte, était recommandé par les anciens dans Tépilepsie, Thystérie, et les fièvres
intermittentes; aujourd'hui on l'emploie en Italie comme anti odontalgique. Les graines du
CouM A Rou (Cnumarouna odorata), arbre de la Guyane, possèdent Tarome du Mélilot, combiné
avec celui des amandes amères ; on les emploie pour parfumer le tabac ; elles sont connues
dans le commerce sous le nom de fèves tonka. Les chimistes en ont retiré une espèce de
stéaroptène, cristallisable en aiguilles, nommée Coumarine.
LeSoPHOBA COTONNEUX (6^o/>Aora tomeniosa) est un arbuste célèbre chez les Indiens
pour les vertus de sa racine et de ses graines, qui sont vantées comme spécifiques contre les
vomissements du Choléra. — Le Sophora du Japon {Styphnolobium japonicum) a été
introduit dans les jardins d'Europe, où l'on en cultive une curieuse variété à rameaux pendants,
connue sous le nom de Sophora pleureur; sa gousse contient une pulpe d'une saveur très-
austère, qui fournit un principe colorant d'un jaune magnifique, exclusivement employé à
teindre les vêtements des empereurs du Japon.
D'autres Papilionacées sont purement astringentes ; I'Anthyllidb vulnérairb(A7i-
thyllis vulneraria), Plante indigène, est mise en oubli ; dans les racines et les graines du
Guilandina Bonduc, arbrisseau indien, le principe astringent est uni à un principe amer,
auquel est due leur propriété tonique. — Uécorce (Talcornoque est fourni par le Bowdichia
Vtrgilioïdes, SLvhre de l'Amérique tropicale, qui croît vers l'embouchure de l'Orénoque;
annoncée d'abord comme remède spécifique de la phthisie pulmonaire, puis comme succédanée
de ripécacuanha, elle n'a pas réalisé les espérances qu'elle avait fait naître, et sa réputation
est à peu près tombée aujourd'hui.
Quelques Espèces de l'ancien continent possèdent un suc astringent, soluble dans l'eau et
dans l'alcool, qui coule par incision de leur écorce, et se trouve dans le commerce : telle est
la gomme Kino d'Orient, qui provient du Butea frondosa, et difi'ère par une plus grande
quantité de tanin de la gomme Kino de Gambie^ ou Kino vrai, fournie par le Drepanocarpus
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278 HISTOIHE DES FAMILLES.
seyiegalensis, — Le Sandi^agon de Carthaghie substance résineuse rouge, soluble dans Talcool,
est produit par le Pterocarpus draco, Papilionacée d'Amérique.
Plusieurs Espèces américaines sont tinctoriales ; le hois de Brésil ou de Femambouc^ qui
contient un principe colorant rouge nommé BrasilinCy appartient au Cœsalpinia echinata, et
a été autrefois recommandé contre les fièvres intermittentes ; le Brésillel ou Bois de Sainte-
Marthe, vient, dit-on, du C brasiliensis, arbre des Antilles; le Sa pp an (C . sappan), qui
croît aux Indes^ contient un principe rouge
qui rivalise avec celui des Espèces d'Amé-
rique. Le Bois de Campêche provient de
YHœmatoxylon campechianum ; il contient
un principe particulier, nommé hématine.
Son suc est employé en Amérique comme
astringent, mais son principal usage est de
servir pour la teinture en noir et en violet.
Ce bois, plus pesant que Teau, à odeur d'iris,
à grain serré et compacte, peut recevoir
un beau poli , et les ébénistes en font des
meubles de prix. — Les bois de Santal
rouge, usités dans la teinture, Tébénisterie,
la tabletterie, appartiennent au Pterocarpus
santalinuSy et à quelques-uns de ses con-
génères.
Mais la première des substances tincto-
riales, fournies par la Famille des Papilio-
nacées, est V indigo; il est retiré de Ylndi-
go fera tinctoria, sous-arbrisseau, naissant
spontanément dans TAsie tropicale, et
maintenant cultivé dans toutes les régions
appartenant à la même zone. On Tobtient
en laissant fermenter dans Teau les feuilles
Bois db CAVPftcBi. de la Plante ; on soutire ensuite Teau qui
iHematoxylom Campeehianuwt.) » i i « i • • .
s est charge du prmcipe colorant, on 1 agite
au contact de Tair jusqu'à ce que Vindigotine soit oxygénée, et passe au bleu ; on accélère sa
précipitation par Teau de chaux, et on fait sécher le précipité. L'indigo desséché est une
substance cassante, d'une couleur bleue foncée, et prenant un éclat cuivré par le frottement
de l'ongle ; cette propriété caractéristique de Findigo a fait croire, jusque dans le dix-
septième siècle, qu'il était de nature métallique. V Indigo fera argentea et V Indigo fera anil
oiu'nissent aussi de l'indigo d'une qualité supérieure , mais la première Espèce le donne en
plus grande quantité ; aussi la préfère-t-on pour la culture. La racine de tous les indigotiers
passe pour efficace dans les affections calculeuses -, leurs feuilles amères toniques sont mises
au nombre des fébrifuges.
Le bois d*Aloès est un bois résineux aromatique, fourni par un arbre croissant sur les plus
hautes montagnes de la Codi[nchme,Y Aloéxy Ion A gallocke. Les Malais le nomment Calambac,
Ce bois est d'un brun obscur et cendré, strié par de longues veines noires ; il contient une
substance résineuse d'une odeur exquise, analogue à celle des écorces du citron; c'est surtout
dans les troncs très-àgés que cette résine se trouve accumulée. Le bois d'Aloès brûle avec
Gamme, et répand en brûlant une odeur suave de benjoin. On l'emploie rarement en Europe;
autrefois on en faisait des fumigations céphaliques. Les Indiens le font entrer dans leur
Cachundé, pastilles composées, dit>on, d'ambre, de musc, de cannelle, de rhubarbe, de
rubis, d'émeraudes, de grenat, etc., qu'ils regardent comme un puissant antidote.
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MIMOSÉES, CÉSALPINIÉES ET PAPILIONAGÉES. 279
La Résine copaly nommée aussi Résine animée orientale, est une slibstancc très-employée
dans la fabrication des vernis; elle est insoluble dans l'alcool et dans Tesseuce de térében-
thine ; mais quand on fait fondre le copal sur un feu vif, et qu'on y ajoute de Thuile de lin,
la résine se mêle intimement à Fhuile fixe, laquelle ensuite peut se dissoudre dans lies-
se nce de térébenthine; c'est cette préparation qu'on nomme vernis gras au copal. On a cru
longtemps que cette précieuse substance venait du Mexique, puis on l'a considérée comme
originaire de Tlnde. Aujourd'hui on sait p'jsitivement qu'elle est fournie par le Courbaril
vERRUQUEux (Hymenœa verrucosa), arbre de Madagascar, *nommédansle pays Tanrouk-
rouki.
LesCopATBRS [Copaifera) sont des arbres de l'Amérique tropicale, du tronc desquels coule
par incision un suc oléo-résineux, improprement nommé boxime de Copaku, très-fréquemment
usité en niédecine dans le traitement de certains catarrhes urétraux, du catarrhe de la vessie
et même du catarrhe pulmonaii'e chronique.
Le baume du Pérou est une substance résineuse aromatique, dont les propriétés médicales
sont analogues àcellesduCopahu, et qui provient du Myroxylon peruanum^ arbre de l'Amé-
rique tropicale. C.ette substance^ nommée aussi baume noir de San- Salvador, est brunâtre,
liquide comme du sirop, d'une odeur très-agréable de Vanille et de Benjoin, d'une saveur
aromatique, un peu amère et très-àcre ; elle est formée d'une résine, d'une huile plus pesante
que l'eau, graissant le papier, et incomplètement volatile, nommée Cinnaméine; en outre,
d'un acide, qu'on avait pris pour de l'acide benzoîque^ et qui est de l'acide cinnamique. —
Le baume de Tolu est produit par le Myroxylon toluiferum^ qui croit dans la Colombie; il est
sec ou mou : le baume sec est d'un blond rougeàtre, plus ou moins translucide, d'une odeur
suave et d'une saveur parfumée, accompagnée d'une légère àcreté; il se compose d'une ré-
sine , de Cinnaméine, d'une huile volatile nommée Tolène, d'acide cinnamique et d'acide
benzoîque. Le baume liquide a une consistance de poix molle , sa transparence est plus
grande , son odeur plus pénétrante ; il contient moins d'acides benzoîque et cinnamique ,
parce que, étant plus récent, son huile volatile n'a pas eu le temps de s'oxygéner et de
se changer en acide. Le baume de Tolu est usité en médecine, au même titre et même plus
fréquemment que celui du Pérou.
La gomme adragante est un suc gélatiniforme , qui se gonQe dans l'eau , et lui donne une
consistance très-épaisse; on l'emploie en pharmacie, pour les loocbs; en cuisine, pour les
crèmes et les gelées ; les teinturiers et les gaziers s'en servent pour lustrer et empeser leurs
soieries. Cette matière, qui n'a aucun rapport avec la gomme arabique , exsude du tronc de
plusieurs Espèces d'A stragalb, et notamment des Asiragalus verus, creticus, arisiatus, etc. ,
qui croissent sur les montagnes de la Grèce, de la Syrie et de la Perse.
Le principe amer-àcre, émétique et purgatif que possèdent beaucoup de Légumineuses
exotiques, manque dans celles de notre pays, ou est masqué par d'autres substances. Cepen-
dant il se montre chez quelques Espèces indigènes : tels sont le Genêt d'Espagne (Spar-
tium junceum), IcGenêt a balais ( Sarothamnus sco/)arius ),laGB?cE8TR0LLK { Genista
tinctoria ) et plusieurs autres , que les médecins laissent dans l'oubli. Les sommités fleuries de
la Genestrolle, que l'on a préconisées contre l'hydrophobic, ne s^nt plus utiles que par la couleur
jaune et verte qu'elles fournissent. Le Cytise des Alpes (Cytisus /a^mum) , élégant
arbrisseau connu de tout le monde, a été rejeté des officines, malgré le principe particulier,
nommé cylisine, auquel ses feuilles et ses graines doivent leur vertu. — L'Arrête- boeuf
[Ononis spinosa) , dont les belles fleurs nous annoncent la fin de l'été , contient, avec du
mucilage et du sucre , une résine particulière , qui le rend propre à sthnuler les organes de la
sécrétion et principalement les reins. — L'A nagyrb fétide (A nagyris fœtida) , arbrisseau
méditerranéen, est stimulant et purgatif. Les feuilles du Bagubnaudier {Colutea arbo-
rescens), indigène dans le midi de l'Europe, et cultivé çà et là dans nos jardins, sont laxatives,
et ses graines sont émétiques ;laCoRONiLLE eu é rus (Coronilla ements ) , dont les feuilles
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280 HISTOIRE DES FAMILLES.
ont les mêmes propriétés, n'est plus employée aujourd'hui. La Coroisillb bigareée
(C. varia) est très-purgative, et en même temps diurétique.
C'est surtout chez les Césalpiniées que se montre la vertu purgative : nous mentionnerons
principalement dans cette Famille le Tamarin, les Casses et les Andira. — Le Tamarin
( Tamarindus indica), arbre magnifique, croissant spontanément dans les régions intertropi-
cales de l'ancien continent, a été naturalisé en Amérique. Les gousses renferment une pulpe
d'odeur vineuse et de saveur aigrelette , que l'on conserve dans les officines, mêlée avec les
graines et les débris du péricarpe. Les propriétés laxatives et rafraîchissantes de cette pulpe
ne dépendent pourtant pas dif principe amer-àcre dont nous parlions tout à Theure; c'est au
mélange du sucre et des acides citrique , tartrique et malique qu'elles sont dues : il en est de
même de la Casse {Cassia fistula) , arbre indien , dont le fruit contient une pulpe sucrée et
gélatineuse, qui est laxative et adoucissante. C'est dans les feuilles de quelques congénères
africaines de la Casse, nommées Séné^ que réside essentiellement le principe purgatif; les
Cassia obovata , acutifolia, lanceolata, Œthiopica, sont les Sénés les plus recherchés. Il
arrive tous les ans de la haute Egypte à Tentrepôt de Boulac, près du Grand-Caire, 15 à
16,000 quintaux de Séné, appartenant à ces diverses Espèces; on les mêle, on les
concasse légèrement pour mieux les confondre, on y ajoute même des feuilles d'ARcuRi
(Solenostemma Ar^^e/) Asclépiadée, que nous avons mentionnées (page IW) : c'est ce mélange,
appelé Séné de la Pâlie, du nom de l'impôt auquel il est assujetti, qui constitue le Séné le
plus estimé.
On apporte, au Caire et à Alexandrie, les graines du Cassia absus, herbe annuelle, qui croît
dans rintérieur de l'Afrique ; ces graines, très-amères, légèrement aromatiques et mucilagi-
ncuses, sont efficaces pour guérir Topbthalmie d'Egypte.
Les principes narcotico-àcres , qu'on a observés chez les Anrfira, sont très-races dans h
Famille des Légumineuses; Técorce de V Andira surinamensis et de V And ira inermis contient
une substance cristallisable, qui la fait employer comme émétique, purgative et narcotique ;
celle de V Andira racemosa, arbre du Brésil, ainsi que les graines du Geoffroya, sont de puis-
sants antelminthiques. — Les racines et les graines des Tephrosia^ Plantes de TAmérique, de
l'Afrique et des îles de la mer du Sud, sont jetées dans l'eau pour stupéfier le poisson.
Les Swartziées fournissent aux besoins de l'homme le Swartzia tomentosa , dont l'écorce
résineuse rouge est un excellent sudorifique, et dont le bois est très-dur et très-amer. Le fruit
du Detarium Senegalense présente deux variétés , l'une sucrée et l'autre excessivement
amère, que les nègres croient très-vénéneuse. Les drupes du Detarium microcarpttm sont
très-sapides.
Les Mimosées doivent leurs propriétés, d'une part au tanin, de l'autre à des sucs gommeui.
V Acacia caiechu, arbre de l'Inde, fournit un suc épaissi, soluble dans l'eau, connu dans les
officines sous le nom de Cachou ou terre du Japon, et placé au rang des principaux
toniques astringents de la matière médicale. L'écorce des Inga jouit de propriétés ana-
logues. Il en est de même du Vachelia famesiana, arbre des Antilles, qui s'est répandu
dans les régions chaudes du globe entier et jusque sur les bords de la Méditerranée ; l'écorce
de sa racine, qui exhale une forte odeur d'ail, est employée, pour préparer des bains mé-
dicinaux dans le traitement des fièvres adynamiques; les fleurs répandent une odeur déli-
cieuse; les graines sont acres. VAlgarobia Juliflora est un arbrisseau croissant dans les
campagnes arides de la Jamaïque; les animaux mangent impunément son fruit dans la saison
sèche; mais, pendant la saison des pluies, cette pâture est pernicieuse pour eux^ parce
que les graines subissent dans leur estomac un commencement de germination , et y pro-
duisent une inflammation mortelle. Les graines du Parkia Africana, réduites en bouillie
et abandonnées à la fermentation, puis, mises en tablettes et desséchées, sont pour les
nègres un mets délicieux.
Les arbres à gomme appartiennent au Genre xXcacia^ qui croît principalement dans
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MIMOSÉES, CÉSALPINIÉES ET PAPILIONACÉES. 281
r Afrique tropicale. Les Acacias produisent deux sortes de gomme, qui ne diffèrent nullement
pour les qualités^ mais qui proviennent de pays et d'Espèces différentes. La gomme arabique
vient du nord-est de FAfrique et des régions asiatiques voisines ; elle est fournie par les
Acacia vera, Arabica, et autres Espèces moins connues j la gomme du Sénégal émane
des Acacias Verek , Segal et Adansonii, qui croissent sur la rive septentrionale de la rivière
de Gambie.
Beaucoup d'Espèces de Légumineuses fournissent des bois précieux à la metiuiserie, à
rébénisterie, à la tabletterie. Nous citerons les principales : VAngica provenant de V Acacia
angico, du Brésil; le bois d*Aloés, dont nous avons déjà parlé; le bois de G am (Baphia
niiida), qui vient d'Afrique, et sert aux teinturiers comme aux ébénistes; \eshoh de Campêche
et de Santal, déjà mentionnés ; le bois à' Amarante, violet et rouge, dont on ignore Torigine ;
le Palissa iNDRB (Dalbergia latifolia), qui provient du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique; le
bois de Rose, congénère du Palissandre, le bois Diababulou d'ARA riba {Acacia Arabica)-^
le bois néphrétique, qui nous vient du Mexique, et dont l'origine végétale est inconnue, de
même qwe celle du bois de Grenadille, de Guba; TÉbene noire du Brésil (Melanoxylon
Brauna)', le bois de Boco, ou bois de fer, du commerce [Bocoa prouaensis), et le bois de
Pa N a G oco, ou bois de Perdrix, du commerce (Bobinia panacoco) qui viennent de la Guyane ;
leVouACAPOU, ouANcéLiN, delà Guyane [And ira racemosa); le Cov m xvlov {Coumarouna
odorataj déjà cité pour sa graine odorante; le Courbaril (Hymenœa courbaril), etc.
Il nous resterait à mentionner les Légumineuses cultivées pour Tornement des jardins et des
serres; mais cette énumération, même incomplète, nous entraînerait trop loin, et nous
sommes réduits à ne citer qu'un très-petit nombre d'Espèces. Nous choisirons dans les
Papilionacées , la Glycine de Chine (Wisteria sitiensis) , liane élégante, à feuilles
pennées, à riches grappes pendantes
de fleurs bleues, odorantes, qui pa-
raissent en avril et reparaissent plu-
sieurs fois dans Tannée. Cette ma-
gnifique Espèce peut vivre chez nous
en pleine terre. Les Japonais la
plantent dans leurs promenades pu-
bliques, et elle inspire, comme la
Rose, des poésies admiratives aux
imaginations sensuelles de la race
malaise.
Les Clianthus sont des Plantes de
l'Australie, à fleurs en grappes ou en
ombelles, de couleur écarlate, ou
blanche-pourprée. Le Cl. de Dam pi er
[CL Dampieri), (PI. XVII), est une
herbe à base ligneuse, à rameaux tom-
bants et diffus, dont le feuillage pâle
fait mieux ressortir le rouge éclatant
des fleurs. — Les Papilionacées euro-
péennes fournissent aussi de belles
Espèces à Thorliculture; il suffit de
citer la Gesse a bouquet [Lathyrus
latifolius), dont les fleurs sont d'un
{ulyru. !aiTi^ ) pourprc rosé, et la G e s s e o d o r a k t e
(L. odoratus), à fleurs violettes, roses
ou blanches, qui exhalent un si doux parfum. — Parmi les Césalpiniées, nous citerons les
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282 HISTOIRE DES FAMILLES.
Casses (Cassia), et enti-e autres la Casse dr Herbert, variété de la Cassb élégante
(C, floriàunda) j arbrisseau de la Nouvelle-Espagne, haut de k pieds, à feuilles composées de
3-5 paires de folioles pubescentes, et munies de glandes coniques entre chaque paire; les
fleurs sont jaunes, et disposées en grappes paniculées. — Le F Èy lEtk (Gleditschiaij^iacanthos),
est un arbre rustique et très-élégant du Ca-
nada, à rameaux souvent convertis en épines
rameuses, à feuilles bipennées, à fleurs ver-
dàtres, en grappes, à gousses grandes,
brunes , tachées de rouge ; il en existe une
variété à rameaux pleureurs. — Les Mimo-
sées se font remarquer par la légèreté de
leur feuillage, qui oflre souvent une parti-
cularité curieuse, en ce que les folioles
avortent, et le pétiole se dilate en phyllode
pour les remplacer. VInga pulcherrima
(PI. XV), est un petit arbuste à feuilles bi-
pennées, à fleurs réunies en tête, d'un rouge
cramoisi, au centre desquelles s'élèvent des
étamines brunes. — L'Acacia Julibris-
81 N (Alhizzia Julibrissin)^ est un arbre
d'une admirable élégance, qu'on peut exposer
en plein air, à Tàge de deux ou trois ans.
H vient de VAsie occidentale ; ses feuilles
sont grandes et bipennées; les capitules
forment dans leur ensemble une riche pani-
cule terminale ; les fleurs ont des étamines
d'un blanc rosé purpurin , qui s'élèvent au-
dessus des pétales en aigrettes magnifiques,
tr ^**" J»« hbrbbht. Lç nom spécifique de ce bel arbre est une
(Var. du CaMia floribunda.) "^ ^
altération du nom vulgaire qu'il porte en
Orient, Gul-ibrichim, et qui signifie Fletir de soie; on le nomme aussi en France -4 rére (/e
soie^ Arbre de Constantinnple.
Nous ne quitterons pas les Légumineuses sans parler des mouvements qu'exécutent les
feuilles de certaines Espèces, et qui les font paraître douées d'une sorte de sensibilité. Ainsi,
pendant la nuit, les folioles de la Fève et des Trèfles se relèvent, celles de la Réglisse et des
Robiniers se baissent verticalement ;le Sainfoin oscillant (Desmodium gyrans), origi-
naire du Bengale, exécute des mouvements continus, qui semblent dépendre, non de la lumière,
mais de la température; la feuille se compose de trois folioles; les deux latérales, beaucoup
plus petites que la terminale, sont animées d'un double mouvement de flexion et de torsion
sur elles-mêmes ; ce mouvement est rapide et saccadé ; il s'exécute la nuit comme le jour ;
la foliole impaire, au contraire, dort et veille, c'est-à-dire est abattue ou redressée, suivant
l'action de la lumière. — La Sensitive (Mimosa pudica) exécute des mouvements provo-
qués par une excitation accidentelle extérieure ; son sommeil, c'est-à-dire l'inclinaison de ses
folioles, ne suit que très-irrégulièrement les alternatives du jour et de la nuit; mais sa
veille est soumise à des vicissitudes qui dépendent des causes les plus légères; une faible
secousse, un peu de vent, le passage d'un nuage orageux, la projection d'une ombre, le déga-
gement de vapeurs irritantes, le toucher le plus délicat, suffisent pour faire abaisser subite-
ment toutes les folioles; elles se rabattent en s'imbriquant les unes sur les autres le long de
leur pétiole, qui s'incline à son tour; mais, peu de temps après, si la cause cesse, la Plante sort de
cette espèce de défaillance ; toutes ses pai-tiosse raniment, et reprennent leur position preraicre.
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ANACARDIACÉES ET SPONDIACÉES.
283
Familles CXVIIP & CXIX".— ANACARDIACÉES
a SPONDIACÉES.
(TÉRÉBiNTHACÉES, (en partie), de Jussieu.)
CARACTÈRE. — Fleuves ordinairement diclines par avor tentent, C ALT CE libre, ou
très-rarement adhérent à r ovaire. Pétales insérés sur un disque pérygine ou sur un court
gynophore, égaux en nombre aux divisions du calyce, quelquefois nuls, à pré floraison imbri-
quée. ÉTAMINE8 en nombre égal à celui des pétales y et alternes avec eux, ou en nombre
double ou multiple. Carpelles ordinairement réduits à un seul uniloculaire, ou 4-5, dis-
tincts, dont un seul fertile. Ovule unique, ascendant, ordinairement libre, courbe ou demi-
réfléchi. Fruit drupacé, ou sec. Fhk^TVLEdicotylédonée, exalbuminée, courbe. — Tige
ligneuse, à suc gommeux ou laiteux. Feuilles alternes, sans stipules.
Les SPONDIACÉES, annexées aux Anacardiacées, en diffèrent par leurs 5 carpelles, réunis
en un ovaire à 5 loges.
Pistachier*
Pistacia
SCHINDS,
Schinus.
DUVAUA.
Duvaua.
SCMAC.
Rhus.
Botrtcëras.
Botryceras.
Anacarde.
Anacardium
Manguier.
Mangifera.
Spondias.
Spondias.
AFFINITÉ ET GÉOGRAPHIE. — les Anacardiacées forment le centre de la Classe
des Térébinthacées : d'un côté elles sont V(>isines des Burséracées et des Zanthoxylées, dont
elles se distinguent par leur ovaire unique
fertile ; d'un autre côté, elles se rapprochent
par beaucoup d'analogies des Rosacées et
des Légumineuses. hesSpondiacées ïÀewneni
le milieu entre les Anacardiacées et les Bur-
séracées, elles touchent aux premières par
leurs ovules solitaires, et la courbure de la
plantule, aux dernières par la pluralité des
ovaires fertiles. Les Anacardiacées habitent
principalement la zone intertropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les
Anacardiacées doivent leurs propriétés à
un suc résineux, qui, dans quelques Espèces,
ressemblent à la térébenthine du Sapin;
dans la plupart des autres, il est mélangé
de substances acres, qui le font noircir au
contact de Tair, et lui donnent des pro-
priétés très-stimulantes, ou même véné-
neuses. Les substances amères et astrin-
gentes, que quelques-unes contiennent dans
leur écorce et dans leur bois, viennent
modifier leur action sur nos organes. Le
fruit de quelques autres est charnu, abondant
en sucre et en acides libres, et Tabsence de
Pi8TACHi.li. la résine le rend comestible. Les graines
[Pittacta.) '-'
contiennent une huile fixe.
Le Pistachier lbntisqub (Pistacia lentiscus), cultivé dans les îles de TArcbipel grec,
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28V HISTOIRE DES FAMILLES.
et le P. ATLANTIQUE {P. ailanticà), s^ouiàné dans la Mauritanie, produisent le mastic,
résine unie à une huile volatile , d'usage universel chez les Orientaux, qui le mâchent pour
se raffermir les gencives, parfumer leur haleine, et se procurer une sorte de volupté qui
accompagne la mastication. Pour obtenir le mastic, on fait de nombreuses et légères incisions
au tronc et aux branches principales de Tarbre ; le suc qui en découle s'épaissit peu à peu en
larmes d'un jaune pâle, d'odeur agréable, de saveur aromatique, qui se ramollissent sous la
dent et deviennent ductiles.
Le Pistachier térébinthb {P, terebinthus) croit spontanément dans toute la région
méditerranéenne ; de son tronc coule, par incision, une térébenthine, épaisse, limpide, d'un
jaune bleuâtre, d'une odeur pénétrante, qui tient le milieu entre le citron et le fenouil, d'une
saveur balsamique , exempte d'amertume et d'àcreté ; cette substance , connue sous le nom
de Térébenthine de SciOy est rarement pure, et sa composition n'est pas bien connue des chi-
mistes : ses graines , jadis employées dans les hémorrhagies passives et la dysenterie , sout
aujourd'hui tombées en désuétude. La piqûre d'un insecte (Puceron du Pistachier) détermine
sur les rameaux du Térébinthe la formation d'une galle en forme de corne allongée et con-
tournée, qu'on nomme caroub de Judée, et que les asthmatiques fument comme le tabac. Le
Pistachier vrai (Pistacia vera) , spontané en Perse et en Syrie, est aujourd'hui cultivé
dans toute la région méditerranéenne ; ses graines huileuses, nommées amandes vertes, sont
d'un goût agréable , et employées par les pharmaciens, qui en font des émulsions, ainsi que
par les confiseurs et les glaciers.
Le Manguier (Mangifera indica), arbre originaire de l'Asie, s'est propagé dans toute la
zone intcrtropicale ; ses drupes volumi-
neuses, nommées Mango, sont très-recher-
chées pour leur saveur parfumée^ acide et
sucrée, mais il faut en user modérément;
car, prises en grande quantité, elles puisent
violemment et causent des éruptions pustu-
leuses ; les graines amères passent pour an-
thelmintiques ; le suc brun, amer , acre et
odorant qui découle de son écorce est em-
ployé pour arrêter les diarrhées clironiques.
En échange du Manguier , qu'il a reçu
de l'Asie , le nouveau monde donne à l'an-
cien TAnacarde (Anacardium occiden-
tale) , arbre indigène dans les Antilles et
dans l'Amérique tropicale , aujourd'hui
répandu dans le monde entier, sous la
même zone : sa noix , petite et réniforme,
nommée noix d'Acajou , réside au sommet
d'un pédoncule charnu, représentant une
grosse poire; le péricarpe contient une
huile caustique, la graine a la saveur de
l'amande , le pédoncule , nommé pomme
d'acajou , est acidulé , sucré , un peu acre ,
mais agréable ; on prépare avec l'épicarpe
aîtacahdb. un onguent épispastique , et le fruit entier
[Anucardiutn oeeidentale ) «-»«,» i ^ ^
est prescrit contre les diarrhées ; la gomme
d'acajou exsude du tronc, elle est inusitée. L'arbre qui fournit le bois d'acajou n'appartient
pas aux Anacardes.
V Anacarde orientale est un arbre de l'Inde, dont les graines non mûres donnent de la glu ;
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Pl.XXVIlI
JÔanjacée « )
( a la 0.. Mit tMiotVt
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ANACARDIACÉES ET SPONDIACÉES. 285
on prépare aussi avec elles le vernis de la Chine , ainsi qu'avec d'autres arbres de la même
Famille.
Les Sumacs ont des propriétés très-diverses. Le Sumac fustet (Jihus co(inus) est indi-
gène dans TEurope australe ; son écorce , légèrement aromatique et très-astringente . est
comptée au nombre des succédanées du Quinquina ; ses feuilles sont employées en garga-
rismesjson bois fournit une couleur jaune; le Sumac des corroyeurs [Rhm coriaria\
habite la région méditerranéenne ; ses fruits acides sont
mêlés aux aliments par les Turcs, et servent à aiguiser
le vinaigre ; ses feuilles et ses rameaux sont employés
parles tanneurs et les teinturiers. Les fruits et les fleurs
des Rhus typhinnm, glabrum et elegans, arbrisseaux de
l'Amérique septentrionale, y sont employés comme
condiments. Le S. de la Jamaïque [Bh. Metopii)
laisse découler de son écorce incisée une gomme-résine
purgative , émétique et diurétique , employée en mé-
decine. Le S. VERNIS (Rh, veimix) est un arbrisseau
du Japon, dont on obtient par incision un suc laiteux,
qui s'épaissit et noircit à l'air, et qui, dissous dans une
huile siccative, sert à faire un vernis noir, nommé
vernis du Japon. — Le Sumac radicant et le
S. VÉNÉNEUX (Rh. radicans et Rh, toxicodendron)
sont des arbrisseaux de l'Amérique boréale, peu distincts
Tun de l'autre , et formant peut-être une même Espèce,
qui ont été transportés dans des jardins. Vers le temps
de la floraison ils charrient, en abondante quantité, un
suc laiteux qui noircit au contact de l'air. Ce suc possède
une âcreté volatile si intense, qu'un homme assis à
l'ombre d*un de ces arbres éprouve bientôt des déman-
geaisons violentes; sa peau rougit, se gonfle, et se
couvre de pustules qui ne se dissipent que par la
desquamation. Les feuilles de ces Sumacs ont été re-
commandées dans la paralysie, les affections dartreuses,
la mélancolie et la consomption. Mais l'effet qu'elles
produisent est trop variable pour qu'on puisse asseoir
une opinion positive sur leurs propriétés.
Quelques Espèces de Schinus dégagent aussi, dit-on, des effluves nuisibles; le Shinus mdle
fournit un mastic légèrement purgatif. Son écorce et ses feuilles sont aromatiques, et sa
drupe est sucrée. Le Duvaua dépend ens est un petit arbre épineux du Chili, dont les graines,
en infusion, sont stomachiques, diurétiques et antihystériques ; on prépare en outre avec elles
une boisson enivrante, nommée Chicha; la décoction de son écorce, et la gomme qui en découle
sont balsamiques et vulnéraires.
Les Espèces du Genre Spondias ne sont pas sans intérêt. Le Sp. purpurea, des Antilles, a
des drupes d'une saveur acidulée-sucrée, que Ton trouve agréable; celles du Sp, lutea le sont
beaucoup moins, mais on les emploie dans les maladies bilieuses. Leur congénère, le Sp, sucré j
est cultivé dans les Iles des Amis et de la Société ; on Ta transporté aux îles Mascareignes ;
son fruit est très-savoureux et très-sain, et pourrait rivaliser avec celui de l'Ananas; il est
rafraîchissant, antiseptique, laxatif, et convient à ceux qui, sous ce climat chaud et humide,
sont malades d'affections bilieuses et d'obstructions. Le Sp, birrea , qui croit dans la Séné-
gambiç, a des fruits qui servent aux nègres à préparer une liqueur vineuse.
La plupart des espèces dont nous venons de parler sont cultivées dans les jardins d'Europe.
37
Sumac Fcstet.
[Rhu* eotinut.)
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286 HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille CXX^ — GONNARAGÉES. — Les Connaracées, arbres ou arbustes iotertro^
picaux, se distinguent des autres familles appartenant comme elles aux TérébinthacéeSy parleur
plantule antitrope. Elles se rapprochent des Oxalidées et des Légumineuses de la section des
bétarSy qui n'en diflfèrcnt que par l'ovaire simple, la position de la plantule et la présence
das stipules.
Le Genre Camé lé e (Cneorum), gui a été annexé aux Gonnaracées, se rapproche des Phy-
tolaccées par son gynophore, son fruit, sa plantule amphitrope et albuminée. — Les feuilles et
les fruits amers-âcres du Cneorum tricoccum , arbrisseau inaigène, sont purgatifs; Fécorce du
Cn, pulverulenittm, arbrisseau des Canaries, passe pour fébrifuge.
Famille CXXP. — BURSÉR ÂGÉES. — Les Burséracées sont des arbres ou arbris-
seaux, à suc résineux, de la zone intertropicale, qui se distinguent, parmi les autres Térébin-
thacées, par leur ovaire, à plusieurs loges biovulées, leurs ovules collatéraux pendants, et
leurs cotylédons plissés contournés; elles se rapprochent des Euphorbiacées par la situation et
le nombre des ovules.
ESPÈCES PRINCIPALES — Le suc oui découle spontanément ou par incision de ces
arbres, est exempt décrété, doué d'une odeur balsamique et de vertus stimulantes toniques ; il se
fige en larmes solides au contact de l'air, et donne ïencenSy estimé comme parfum et comme
médicament. On n'est pas d'accord sur les diverses Espèces d'encens et sur leur origine végétale.
VOliban indien est fourni par le Boswellia serrata, arbre qui habite les montagnes au delà du
Gange; Vencens d'Arabie vient peut-être du même arbre. — La Myrrhe, gorarae-résine
célèbre dans les littératures profane et sacrée, provient du Balsamodendron-Kataf àe FArabie
heureuse; le baume de la Mecaue^ connu dans l'anliquité sous le nom à'opobalsamum, est le
suc du Balsamodendron gileaaense, et du ^. opobalsamum, arbres de T Arabie heureuse; on
l'obtient par incision faite dans Técorce avec la pointe d'un caillou. Le Bdellium de V Inde fX
le Bdellium d* Afrique viennent aussi d'un Balsamodendron. La résine Élémi occidentale est
fournie par VIcica icariba, arbre du Brésil; le baume alcouchi vient ausi d'un Icica ; la résine
chibou, du Bursera gummifera, de l'Amc^rique tropicale; la résine Caraque^ du B.acuminata»
Toutes ces substances sont employées en médecine.
LesAmyris, annexés aux Burséracées, s'en distinguent par leur ovaire uniloculaire ; ils
habitent l'Amérique; une de leurs Espèces fournit une sorte de résine Élémi.
Famille CXXII'. — HESPÉRIDÉES.
(Orangers, de Jussieu. — Aurantiacées, de Corréa.)
CARACTÈRE. — Calyce /eôre monosépale. Vtiki,!.^ hypogynes libres ou presque
libres, en nombre égal aux divisions du calyce et alternes avec elles, à préfloraison imMquée.
Et AMINE s en nombre double ou multiple de celui des pétales, monadelpkes ou polyadelphes,
à filets ordinairement aplatis, unisériées. Ovaire à plusieurs loges; ovules pendants ou
horizontaux, réfléchis; style simple, stigmate en tête. Baie à épicarpe épais , à endocarpe
pulpeux. Graines à raphé rameux contenant souvent plusieurs plantules ; plantule dicotylé-
donée, exalbuminée, droite, radicule supere.
Les Hespéridées sont des arbres spontanés, dans TAsie tropicale, aujourd'hui répandus dans
toutes les contrées chaudes du globe ; leurs feuilles sont alternes, sans stipules, souvent uni-
(oliolées par avortement, à foliole articulée avec le sommet du pétiole souvent dilaté; un des
bourgeons axillaires se change souvent en épine persistante ; les fleurs sont terminales, soli-
taires ou en grappes; Técorce, les feuilles, le calyce, les pétales, les filets et l'épi carpe sont
munis de vésicules pleines d'huile volatile.
Cette belle Famille tient, d'une part, aux Méliacées et aux Humiriacées, de Tautre aux
Amyris. — Les Espèces qui la composent doivent à leur huile volatile et à des principes
amers une vertu tonique et stimulante ; à des acides libres, le malique et le citrique, qui
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lllîSlMUllDÉES. 287
résident dans la pulpe de leurs baies, des propriétés antiphlogistiques, antibilicuses et anti-
putrides; par là s'expliquent leur célébrité, qui remonte à l'antiquité la plus reculée, et Tusage
qu'on en fait aujourd'hui dans le monde entier. Le Citronnier (Citrus) est le principal
Genre de la Famille. L'Oranger {Citrus auront îuîh), originaire des Indes orientales,
est cultivé en pleine terre dans les régions tropicales et tempérées; en France, il faut l'abriter
pendant l'hiver. La pulpe de son fruit est douce et aigrelette. LeBiGARADiER(C. vulgaris)
est la plus utile espèce du Genre; sa baie, nommée bigarade ou orange amère, n'est pas comes-
tible; mais on se sert du suc pour assaisonner le poisson, et sa pulpe, adoucie par le sucre, fait
d'excellentes confitures; c'est elle qui fournit les fleurs qui servent à distiller VEau de fleurs
d'oranger et V Essence de Néroly; ce sont ses feuilles 'qu'on emploie en infusion antispasmo-
dique ; c'est aussi l'écorce de son fruit que l'on préfère , parce que toutes ces parties sont
plus aromatiques que dans V Oranger, Le fameux Oranger de Versailles, que Ton connaît sous
les noms de Grand-Bourbon^ Grand-Connétable, François l'^ , est un Bigaradier; il est âgé
aujourd'hui de HO ans, son tronc a 21 pieds de hauteur, et sa tête kh pieds de circonférence.
Cet arbre fut planté en l'an 1V21 parle jar-
dinier de la reine de Navarre; le plant fut
élevé à Pampelune, capitale du royaume de
Navarre, et vint à Chantilly par succession.
Le connétable de Bourbon , seigneur de
Chantilly, ayant pris le parti de Charles-
Quint contre son roi légitime, François 1*'
fit confisquer ses biens, et transporter TO-
ranger, unique alors en France, à Fontai-
nebleau, en 1532. En 168'*, Louis XIV le
fit placer dans son château de Versailles,
où on le voit encore : c'est le plus beau,
le plus grand et le plus fertile de l'oran-
gerie.— Le LiMETTiER {C . Limetta), ]c
Bergamotier (C. Bergamota), dont Vè-
picarpe était très- usité autrefois pour faire
des bonbonnières nommées Bergamotes; le
Limonier {C, limonium), à fruit nommé
limon, d'un jaune clair, ovale oblong,
terminé par un mamelon, à pulpe très-
acide, employée pour le Sirop de limon; le
CÉDRATIER, ou Citronnicr proprement
dit (C, Afedica) , à fruit très-volumineux,
LiMONiBR. oblong, mamelonné, à zeste épais, cha-
génères, riches en huile volatile, sont employées dans la parfumerie; VEau de Cologne
n'est autre chose que de l'alcool tenant en dissolution l'essence contenue dans les ûeurs
et l'épicarpe de ces divers Citronniers.
Le Cédratier n^a été connu en Europe qu'après les guerres d'Alexandre , qui l'a trouvé
spontané en Perse et en Médie. Virgile a décrit très-fidèlement cet arbre ; il nomme son fruit
pomme de Médie, et le vante comme le plus efficace des antidotes, ce qui pouvait être vrai, à
cette époque, où tous les poisons étaient de nature végétale : « La Médie produit une pomme
« salutaire, d'une saveur acerbe, et lente à mûrir. Lorsque la marâtre perfide a versé dans les
« coupes le suc des herbes vénéneuses , en prononçant sur elles des paroles malfaisantes, la
^( pomme de Médie, prompt et puissant remède , vient au secours de la victime, et chasse de
« ses veines le noir poison. L'arbre qui la porte est de haute stature, cl son aspect est celui
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288 HISTOIRE DES FAMILLES.
« du Laurier; ce serait même un Laurier si Todeur qu'il répand au loin n'était pas différente.
« Le souffle des vents les plus impétueux ne peut faire tomber ses feuilles; sa fleur n'est pas
« moins tenace; les Mèdes la cueillent pour réchauffer et purifier leur haleine, et son parfum
« relève les forces des vieillards haletants. »
Media .fert tristes succos, tardum que saporem
Felicis mali, quo non prœsentius ullum,
Pocula si quando sœvœ infecére novercœ,
Miscuerunt que herbas et non innoxia verba,
Auxilium venit, oc memhris agit atra venena,
Ipsa ingens arbos, faciem que simillima lauro,
Et si non alium latè jactaret odorem,
Laurus erat; folia haud ullis labentia ventis;
Flos apprima tenax : animas et olentia Medi
Ora fovent illo, et senibus medicantur anhelis.
Le Citrus decumana, cultivé çà et là sous les tropiques, est célèbre par la grosseur de son
fruit. Le fruit vert du Citriis myrii folia est confit à reau-de-\ie et servi sur nos tables sous le
nom de chinois. — D'autres Espèces de la même Famille sont cultivées dans les Indes et en
Chine pour leur fruit comestible. La baie encore verte de VŒgle est employée contre les
diarrhées et le choléra. Les Indiens emploient Técorce de sa racine pour favoriser la di-
gestion, et ses feuilles pour soulager l'asthme ; enfin Técorce astringente des fruits fournit un
principe tinctorial jaune. — Le bois des Hespéridées est estimé à cause de son tissu serré et
incorniptible.
Famille CXXllI*. — CÉDRÉLÉES. —Calyce à 4-5 sépales, libres ou soudés. Pétales
hypogynes, autant que de sépales, et alternant avec eux, libres, à préfloraison contournée.
Étamines insérées sur un disque hypogyne , en nombre double de celui des pétales, les unes
alternes avec les pétales, et toujours fertiles; les autres quelquefois stériles; filets cohérents ou
libres. Ovaire à 3-5 loges phiriovulées; ovules bisériës, réfléchis ; capsule à valves se séparant
de l'axe septifère. Graines ailées; plantule dic(»tylëdonée, peu ou point albuminée.
Les Cédrélécs sont des arbres de la zone tropicale, souvent élevés, à bois dense, odorant et
coloré; les feuilles sont alternes, pennées, sans stipules; les fleurs sont disposées en panicule
terminale.
Les Cédrélées ont une étroite affinité avec les Méliacées, mais elles s'en distinguent par
leur capsule multiséminée, et leurs graines, dont le testa est dilaté en aile membraneuse.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Les Cédrélées, célèbres par la belle qualité de leur bois,
se recommandent aussi par leurs propriétés médicales; toutes contiennent des substances
astringentes, am ères et toniques, auxquelles se joint souvent un principe aromatique; nous
citerons seulement le Soymida fcbrifuga, le Cearela febrifuga, le Swieienia Mahogonty qui
se sont introduits dans la matière médicale de l'École européenne. — Le Swietena makogoni
est un arbre des Antilles, qui fournit le bois d'acajou, dont on fait une immense consommation
pour la fabrication des meubles : on le plaque sur bois blanc, après l'avoir réduit en feuilles
minces. — V Acajou femelle est fourni par le Cedrela odorata : ce bel arbre porte des fruits
exhalant une odeur alliacée dont s'imprègne la chair des perroquets qui s'en nourrissent;
l'écorce est fétide comme le fruit, mais le bois est aromatique, léger, poreux et incorruptible.
— Le Bois d'Amboine appartient probablement au Flindersia Amboinensis; le Bois satiné de
rinde est fourni par le Choroxylon Swieteniœ,
Famille CXXIV^ — MÉLIACÉES. — Calyce libre. Pétales hypogynes, alternes avec
les divisions du calyce, libres ou cohérents à leur base, à préfloraison valvairc ou imbriquée.
Étamines en nombre double des péla'es, à filets larges aplatis, cohérents en tube,biridesàleur
sommet. Ovaire à 2 ou plusieurs loges; ovules ordinairement géminés , droits ou réfléchis, ou
courbes. Fruit capsulaire, ou drupacé, ou bacciforme. Graine solitaire dans chaque loge;
plantule dicolylédouée, albuminée ou exalbuminée.
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MÉLIACÉES.
289
AziOAlUCH BIPKNKB.
[Melia tuederaeh.)
Les Méliae<îes sont d<'s arbres ou arbrisseaux, résidant pour la plupart entre les tropiques , à
feuilles généralement alternes, sans stipules, à fleurs régulières, en panicule, en corymbe, en
grappe, ou en épi. — Elles sont voisines des Hespéridées et
des Cédrëlées; elles se rapprochent par plusieurs caractères
des Sapiîidacees j des Èurséracées et des Butacées ; elles
ont quelque analogie avec les Ampélidées.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Méliacées con-
tiennent des substances acres et amères astringentes,
en proportions diverses, auxquelles les unes doivent une
vertu tonique-stimulante; les autres des propriétés émé--
tiques et purgatives. Les graines et le péricarpe sont géné-
ralement remplis d'une huile fixe; le fruit d*un petit
nombre d'Espèces est sucré, sapide et rafraîchissant. — Le
bois de la plupart rivalise avec celles des Cédrélées. —
L'A zÉDARACH BIPENNE ( Meltu azederack) , arbuste de
Perse ou de Syrie, qui s'est naturalisé dans l'Europe mé-
diterranéenne et l'Amérique du Nord, possède des pro-
priétés énergiques; toutes ses parties sont amères, purga-
tives, vermifuges ; à haute dose, elles causent des vertiges,
des nausées, les vomissements, la diarrhée, les convulsions
et la mort.
Famille CXXV^— ÉRYTHROXYLÉES.— Calyce
libre. Pétales 5, hypogynes. munis à leur base de 2 écailles,
à préfloraison imbriquée. Etamincs 10, cohérentes à leur
base en urcéole. Ovaire à 2-4 loges uniovulées; ovule pendant, réfléchi. Fruit drupacé, à
graine unique. Plantule dicotylédonée, droite, dans l'axe d'un albumen cartilagineux peu
abondant. — La tige est ligneuse; les feuilles sont simples, stipulées; les fleurs sont solitaires
ou fasciculëes.
Les Érythroxylées sont très-voisines des Malpighiacées ei des Sapindacées; eWes s'en dis-
tinguent par leur port, les appendices des pétales, et la drupe à graine unique, albuminée. —
Elles habitent la zone tropicale. — Les feuilles de V Erythroxylon coca sont mâchées par les
Péruviens en guis^e d'opium ; leur saveur est peu prononcée; leur principe actif est très-volatil
et porte la perturbation dans le système nerveux ; l'imprudent qui a commencé à abuser de ce
dangereux stimulant, est entraîné par un attrait irrésistible à en continuer l'usage, tout en re-
connaissant et en maudissant ses funestes eflets.
Famille CXXVP. - MALPIGHIACÉES.
CARACTÈRE. — Caltge libre, à 5 divisions ordinairement biglanduleuses à leur base.
Pétales 5, insérés, soit sur le réceptacle, soit sur un disque hypogyne ou subpéri gyne,
longuement onguiculés, à préfloraison imbriquée. Examines en nombre double des pétales,
tantôt toutes fertiles, tantôt en partie stériles ; filets ordinairement cohérents à leur base.
Ovaire composé de 3 carpelles [rarement 2), soudés à Vaxe , ou libres par le sommet, et
formant 3 ou 2 loges uniovulées; ovule réfléchi, attaché à un funicule pendant , et ascendant
par son extrémité libre. Fruit à 2 om 3 coques, ordinairement samaroîdes. Graines
inverses; plantule dicotylédonée ^ exalbuminée, rarement droite; cotylédons ordinairement
vliés sur eux-mêmes; radicule super e.
Les Malpighiacées sont des arbres ou arbrisseaux , ordinairement couverts de poils, en
forme de navette, tantôt fixés par le milieu de leur longueur et brûlants , tantôt soyeux, de
couleur rouillée ou à éclat métallique, couchés et inertes. Les feuilles sont ordinairement
opposées , simples , à stipules peu marquées. Les fleurs ofl*rent souvent deux formes sur la
même tige: les supérieures sont normales; dans les inférieures , la corolle , les étamines et
les styles sont rudimentaires, mais le fruit et la graine viennent à matuiité. — L'inflorescence
est une gi*appe ou un corymbe.
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290
HISTOIRE DES FAMILLES.
Cette Famille, très-naturelle, est voisine des Érythroxyléeset des Acérinées; elle se distingue
de celles-ei par son calyce, ordinairement
glanduleux, ses pétales longuement ongui-
culés, se^ étamines monadelphes, son fruit
trimère et ses ovules solitaires, pendants ; de
celles-là par ses pétales sans appendices et
ses graines sans albumen. — Elle habite
principalement les plaines et les forêts vierges
derAmérique, situées entre Téquateur et le
Capricorne. Beaucoup de Malpighiacées con-
tiennent dans leur écorce et leur bois un
principe colorant rouge et du tanin, qui leur
donnent des propriétés astringentes. Les fruits
du Malpighia urens sont sucrés acidulés, et
recommandés par les médecins comme ra-
fraîchissants, antibilieux et antiputrides. —
La graine du Bunchosia Armeniaca, arbre du
Pérou, est réputée vénéneuse.
Famille CXXVIL— ACÉRINÉES.-
Culyce libre, à ^-5 divisions, tombant. Pélales
MiLncnu voluvilk.
{Malpighia volubiliê.)
ËUIBLS PLAfCB.
(Acer platanoide» )
Ékablb Sycomobi.
(.4ct-r piffudoplatanua.)
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t-
o
co
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ACÉRINÉES. 291
4-5, alternes avec les sépales, insérés sur un disque hy|>ogyne, à préfloraison imbriquée,
tombanls, quelquefois nuls. Ëtamines 4-12, ordinairement 8. Ovaire libre, composé de 2
carpelles, bilociilaire, et comprimé perpendiculairement à la cloison ; ovules géminés dans
chaque loge, pendants et courbes. Fruit à coques samaroïdes. Plan tule dicotylédonée, sans
albumen ; cotylédons plies irrégulièrement ; radicule descendante.
Les Aciirinées sont des arbres à feuilles opposées, pétiolées, sans stipules; les fleurs sont
régulières, en grappes, ou en corymbes. — Elles ne peuvent être comparées qu'aux Malpighiacées
et aux Sapindacées^ qu'elles représentent dans nos climats ; elles difi*èrent des Malpighiacées
par leur calyce non glanduleux , leur ovaire bicarpellé à loges biovulées, leur radicule des-
cendante et leurs feuilles palminervées ou composées; elles se distinguent des Sapindacées
par ieurs feuilles opposées, leurs pétales sans écailles et leur fruit à 2 carpelles.
Toutes les Acérinées charrient une sève sucrée, limpide ou laiteuse, que Ton recueille par
incision, pour en retirer du sucre ou la soumettre à la fermentation spiritueuse. Tel est surtout
rÉiABLB SUCRÉ {Acev socckarinum) de TAmérique septentrionale; beaucoup d'autres
Espèces sont cultivées dans nos jardins, et, entre autres, le Négondo [Acer negundo)^ dont
les feuilles sont pennées; mais aucune n'est plus belle que nos Erables indigènes, le Sycomork
{A. pseudoplatanus)^ dont les fleurs pendent en longues grappes, et 1 Erable planb
(A. j^atanoides), dont les fleurs forment un corymbe dressé.
Famille CXXVIII. — HIPPOCAS-
TANÉES. — Calyce libre. Pétales h ypo-
gynes, 4-5 inégaux, libres, imbriqués. Ëta-
mines 7-8, insérées sur un disque. Ovaire
à 5 loges biovulées. Ovules courbes. Capsule
coriace, souvent uniloculaire par avortement,
à 2-3 valves septifères. Piantule dicotylé-
donée, exalbuminée. Tige ligneuse. Feuilles
opposées, digilées. Fleurs en panicnle ter-
minale.
Les Hippocastanées sont voisines des Sa-
pindacées; elles habitent l'Amérique boréale,
excepté le Marronnier d ' I n d e (^5ci//w5
hippocastanum), arbre magnifique de l'Asie,
qu'on cultive partout en pleine terre: son
écorce contient de l'acide gallique et un
principe amer; elle est tonique; ses eraines
féculentes sont données en Turquie aux
chevaux poussifs, de là son nom aHippo -
casianum; on les râpe pour en faire une
sorte de pâte savonneuse; on les torréfie
pour les employer en guise de café. —
Les Pavia sont des arbrisseaux que Ton
cultive dans les jardins; ils diffèrent des
yEsculus par leurs foliolas pétiolulées et
leurs étamines droites.
Makro!I!<iibk o'Indb.
(^•e«/u« hippocoêtanmn.)
Famille CXXIX. — SAPINDACÉES. — Calyce polysépale, souvent Irrégulier.
Pétales k ou 5, sur un disque hypogyne ou subpérigyne, à onglet glanduleux, appendiculé. Eta-
mines ordinairement en nombre double des pétales. Ovaire central ou excentrique, à 3 loges,
rarement à 4 ou à 2. Fruit à 2-4 loges, capsulaire ou samaroïde. Piantule dicotylédonée, ex-
albuminée, droite ou courbe. Tige ordinairement ligneuse, à feuilles le plus souvent alternes et
composées.
Les Sapindacées h'^bitent principalement les régions intertropicales, surtout en Amérique ;
elles se distinguent des Acérinées et des Malpighiacées par leurs feuilles alternes, leurs pétales
appendiculés et leurs fleurs ordinairement irrégulières.
Le Savonnier (Sapindus saponaria), arbre des Antilles, fournit à la médecine une écorce
et une racine astringentes, qu'on range parmi les toniques; son fruit doux-amer est dans le
même cas; la pulpe de ce fruit écume dans l'eau comme du savon, et sert au blanchissage des
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292
HISTOIRE DES FAMILLES.
toiles. — Les Melicocca de l'Asie et de l'Amérique, ont un arille pulpeux, très-recherché sous
les tropiques ; ainsi que le Cupania sapida, arbre de la zone torride, dont les fruits, cuits avec
du sucre et de la cannelle, sont employés dans la diarrhée. — Les Serjania et les Paidlinia sont
vénéneux ou au moins suspects. La sève du Serjania lethaiisy arbrisseau du Brésil, est rési-
neuse et narcotique. On s'en sert pour enivrer le poisson ; c'est dans sa ûeur que la guêpe
Léchéquana recueille le miel vénéneux qui a mis en danger de mort un célèbre botaniste,
M. Auguste de Saint-Hilaire. Le Paullinia g u ru r a (Aztica/nVo) sert aux sauvages de la
Guyane pour envenimer leurs flèches ; les nègres esclaves se servent de celui du P. pinnata
pour empoisonner leurs maîtres. Le Paullinia potable (P, sorbilis) produit des graines
d'une saveur amère astringente. Les Brésiliens les réduisent en poudre, et en font une pâte avec
de Teau ; ils- la roulent en petits pains ou cylindres, qu'ils font sécher; les voyageurs emportent
cette pâte, nommée Gvarana^ et ils la délaient avec de Teau sucrée pour en composer une
boisson rafraîchissante, fébrifuge et antidysentérique. — On cultive en pleine terre, dans les
jardins d'Europe, le Kœlreuteria panicmata^ arbre de la Chine, à feuilles pennées, à fleurs
d'un beau jaune.
Famille CXXX. — POLYGALÉES. — Fleurs irrégulières à pré-
floraison imbriquée. Calyce libre à sépales plus ou moins soudés, souvent
très-inégaux. Pétales hypogynes, libres, inégaux, soudés par l'intermédiaire
des fliels des étamines. Elamines 8 ou 4, à fllets ordinairement cohérents en
tube fendu extérieurement, à anthères disposées en deux faisceaux, ordinai-
rement unilojulaires, basifixes, s'ouvrantau sommet par un ou deux pores.
Ovaire à 2 loges, 1-2-ovulées ;' ovules pendants, réfléchis. Capsule loculicide.
Plantule dicotylédonée, occupant l'axe d'un albumen charnu qu'elle égale en
longueur. Tige herbacée ou ligneuse. Fleurs ordinairement alternes. Fleurs
en épis ou en grappse.
Les Polygalées ont souvent leur graine munie â sa base, tantôt d'une
caroncule lobée (Polygala), tantôt d'une toufle de poils enveloppant le
testa [Comesperrna], — Leur principal Genre (Polygala) habite surlout
les régions tempérées de l'hémisphère nord; les autres Genres se ren-
contrent dans la région in ter tropicale, et même un peu au delà du Capri-
corne. — Cette Famille n'a d'affinité bien marquée avec aucune autre, si ce
n'est avec les Trémandrées et avec les Sapîndacées.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Polygalées doivent leur propriété
toniqueà un principeamer auquel se joint souvent nne substance acre, nommée
Sénégine, qui, selon ses proportions, peut les rendre émétiques. Le Polygala
DE Virginie (Polygala Senega) tient le premier rang parmi les Espèces
médicinales de cette Famille. Les naturels l'emploient contre la morsure du
Crotale ; les médecins d'Europe le prescrivent dans les maladies du poumon,
à cause de son action stimulante sur la muqueuse des organes respiratoires,
et sur le système lymphatique. La Serpentaire (/^. serpentaria) est
employée par les habitants de l'Afrique australe pour guérir la morsure des
serpents venimeux. La racine de Ratanhia [Krameria triandra) et son
extrait sec, qui contiennent beaucoup de tanin, fournissent un médicament
puissamment astringent et tonique. — On cultive dans les jardins quelques
Polygalas exotiques.
POLTOALA COMMUN.
(Polygala vulgarit.)
Famille CXXXL — TRÉMANDRÉES. Les Trémandrées sont des arbrisseaux de la
Nouvelle-Hollande, souvent couverts de poils étoiles et glanduleux, qui ne difl'èrent des Poly-
galées que par leurs fleurs régulières, dont la préfloraison est valvaire, et leurs étamines libres, à
anthères extrorses, 2-4-loculaires, s'ouvrant au sommet par un ou deux pores.
Famille CXXXIL — VOCHYSIÉES. — Calyce libre ou adhérent. Corolle à un ou
plusieurs pétales insérés sur le calyce. Etamines ordinairement 1. Ovaire libre, à 5 loges plu-
riovulées, ou adhérent, à une loge biovulée; ovules courbes, réfléchis. Plantule dicotylédonée,
exalbuminée, à cotylédons chifl'onnés. Tige ligneuse. Feuilles opposées ou verticillées. Fleurs
irrégulières, en grappe, ou en panicule, ou en cyme.
Les Vochysiacées sont des Plantes de la Guyane et du Brésil, dont l'affinité e^t incertaine;
elles se rapprochent des Combrétacées par leur plantule.
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/
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HYPÉRICINÉES. 293
Famille CXXXIIP. — HYPÉRICINÉES.
(Millepertuis^ de Jussieu, — Htpérigâgées, de Lindley, )
CARACTÈRE. — Calyce libre à 4.-5 sépales plus ou moins soudés. Pétales hypogynes
5-4, à préfloraison contournée. ET kUi^EH indéfinies y libres, oumonadelphes, ou polyadelpkes .
Ovaire à 3-5 loges, ou uniloculaire, à cloisons incomplètes; ovules nombreux, réfléchis ou
courbes, Fkvit capsulaire ou bacciforme. Vlxhtvli, dicotylédonée ^ exalbuminée. — Tige
ligneuse ou herbacée. Feuilles opposées ou verticillées, simples, entières, ordinairement
ponctuées de glandes pel lucides. Fleurs régulières, en panicule ou en cyme.
Les Hypéricinées sont répandues dans les régions tempérées et chaudes du globe^ et surtout
de Thémisphère nord. Toutes les
Espèces ligneuses sont intertropi-
cales. Elles sont étroitement liées
aux Guttiferes, dont elles se dis-
tinguent par leurs rameaux non
articulés, le nombre quinaire de
leurs enveloppes florales, leurs styles
distincts, leurs graines nombreuses
et dépourvues d'arille.
Leurs propriétés confirment leur
affinité avec les Guttiferes; presque
toutes, en efîet, contiennent, outre
une huile volatile, des sucs résineux
balsamiques qui découlent abon-
damment des Espèces ligneuses, et qui
bacées sont renfermées dans des gla
pellucides occupant le parenchyme
Les Vismia d'Amérique fournissent ui
jaune, très-purgatif, analogue à la gom
Toute- SAINE (Hypericum androsa
indigène, était autrefois employée com
Aujourd'hui la seule Hypéricinée usit^
est le Millepertuis perfore {L
foratum) à feuilles criblées de glandes
qui lui ont valu son nom, et bordées (
glanduleux; à fleurs d'un jaune éclatant
sont bordés de points noirs. Les sommil
deux principes colorants, Tun jaune, sol
Tautre rouge, de nature résineuse. Ces
fusées dans Thuile, sont employées en
les douleurs goutteuses; infusées dans
font partie du Baume du Commandeur
plique sur les plaies récentes. On cultive
quelques Espèces de Millepertuis, ei
M. A GRANDES PLEURS {H. grandi)
du Levant, propre à orner les rocaille» uc» jarums
paysagers; le M. a odeur de bouc {H. hircinum), milllpirtuis piiro«B.
etlaTouTE.SAiNE(/f.ûm/ros^nMm), sous-arbrisseau [«yp^ncun. ^.rforatun.)
touffu, à feuilles rougissant en automne, et à baies noires et luisantes.
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29i HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille CXXXIV. — MARCGRA VIACÉES. Sépales 2-4-6. Pétales h vpogynes Un loi
en iioriibre égal à celui dessdpales, libres ou soudés à leur base, tantôt plus nombreux el soudée
en coiffe qui se déchire ci roui aire ment à sa base. Élamines ordinairement indéfinies. Ovaire à
3-5 ou plusieurs loges pluriovulées. Ovules réfléchis. Fruit capsulaire ou bacciforme. Piaotulc
dicolylédonée, exalbuminéo. — Tige ligneuse. Feuilles alternes, simples, sans stipules. Pleurs
régulières, en ombelles, on en grappes, ou en épis.
Les Marcgraviacées, Plantes de rAmérique tropicale, sont très-voisines des Guttiferes, dont
elles se distinguent par leurs feuilles alternes et leurs anthères dorsiGxes.
Famille GXXXV. — Guttifères. — Sépales 4-6 ou plus. Pétales 4-6 ou plus,
libres, insérés sur un torus charnu. Ëtamines ordinairement indéfinies, libres ou monadelphes
ou réunies en anneau, ou en tube, ou en faisceaux. Ovaire à une ou plusieurs loges. Ovales
droits ou réfléchis. Fruit capsulaire, ou drupacé, ou bacci forme. Plantu le dicotTlédonée, ex-
albuminée.— Tige ligneuse. Feuilles opposées, simples, entières, à pétiole articalé avec le ra-
meau, ei .'ans stipules. Fieurs régulières, solitaires ou agg'omérées.
Les Guttifères habitent pour la plupart la zone tropicale. Elles sont voisines des Temstroé-
miacees, Marcgraviacées et Hypéricinées, dont elles se distinguent par leurs feuilles opposées el
ai ticuléi'S à la base.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les
Guttifères laissent découler de leur tige, par
incision, un suc jaune ou vert, qui renferme
une rébine acre, dissoute dans une huile vo-
latile, quelquefois tempérée par un principe
gommeux. Ce suc fournit aux peintres une
riche couleur, et aux médecins uo remède to-
nique stimulant, qui agit principalement sur
les viscères abdominaux. — La baie de quel-
ques Espèces contenant du mucilage, du
sucre et de Pacide cilrique, est d'un ^ût
très agréable. D'autres produisent des graines
huileuses. Toutes ont un bois précieux pour
sa duri'e. — Le G utt i s a ( Hebradendron
camàogioîdes) est un arbre du Ceylan, dont
le suc épaissi au soleil, et noaimé gomme-
gutte, ferme une masse solide, homogène,
d*un rouge safran, opaque, lisse, luisante,
fragile, où domine' une résine purgative. —
On a longtemps cru que le Garctma cam-
bogia était le vrai Guttier; son suc épais^^i
dtiière complètement de la gomme-gutte; il
est élastique, de couleur citron ; il contient
une huile volatile, et ne possède aucune vertu
purgative.
Les Clmia sont des arbres parasites,
d>»nt plusieurs fournissent un suc utile à
la médecine. Celui du Glusia rosi
(Clusia rosea), arbre des Antilles, est
Clusia iosb épais, noirâtre, durcit à Tair, et on l'em-
tc lutta roêea.) ploio commc purgatif; ce Clusia est cul-
tivé en Europe ; ses feuilles sont obovales,
échancrées, slriées, ses fleurs sont à six pélales roses deux fois plus grands que le calyce, à
8-12 stigmates sessiles rayonnants. Le suc du Cl. flava, cultivé aussi dans nos serres chaudes,
est vanté à la Jamaïque comme vulnéraire. — Le Mangoustan (Garcinia mangostana) e^i
originaire des îles Moluqiies; sa baie renferme, sous un épicarpe amer et astrin^^ent, une piilpe
d*une saveur délicieuse, qui fournit aux colons un rafraîchissement très-ulile dans ces climaU
favorables au développement des maladies bilieuses.
Famille GXXVl. — RHIZOBOLÉES. —Calyce 5- parti t. Pétales hypogynes 5-8, à
préfloraison contournée. Étamincs indéflnies. Ovaire à 4-6 loges uniovulées; noix 4-6. Planlule
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RHIZOBOLËES. 295
dicotylédonée, exalbumiiiée, courbe, à radicule énorme. — Tige ligneuse. Feuilles opposées,
digitéeit. Fleurs grandes, en grappes.
Les Rliizobolées, arbres élevés de la Guyane et du Brésil, sont voisines des Sapîndacées et des
Hippocastanées, et se rapprochent des Anacardiacées par Tinterniédiaire du Manguier. Elles
s'éloignent des Guttifères par leurs feuillei^^ composées.
Le CxaTOCAn porte-noix (Caryocarnuciferum) (PI. XXVIl), à feuilles trifoliolées, à
calyce, corolle et pédoncules d'un rouge brun frangé, à étamines très-nombreuses, à 4 styles
rouges, produit un fruit gros comme la tête d*un homme, à k noix, dont Tamande est d'un
goût agréable et contient une huile iixe. L'endocarpe du G. buttrbux (C butyrosum) contient
une sorte de beurre comestible. — Le bois de ces arbres est précieux pour les constructions
narales.
Famille CXXXVH. —DIPTÉROGARPÉES. — Calyce à 5 sépales. Pétales hypo-
gynes 5, à préfloraison convolutive. Elamines nombreuses. Ovaire à 3 lo^es biovulées. Ovules
collatéraux, pendants, réfléchis. Fruit à une graine, capsulaire ou indéhiscent. Plantule exal-
buroinée, à cotylédons irès-grands. — Tige ligneuse. Feuilles alternes, entières, stipulées, à
pétiole articulé. Fleurs régulières, en grappes.
Les Diptérocarpées sont de grands arbres de Tarchipel indien ; elles ont de l'affinité avec les
Tiliacées élœocarpées et les Malvacées; elles diffèrent des premières par l'absence de disque et
d'albumen, et la conformation des cotylédons; des secondes, par les elamines libres ou presque
libres, la préfloraison de la corolle, la structure des anthères, et la situation des ovules. — Ces
Plantes contiennent des sucs résineux balsamiques, quelques-unes possèdent une huile volatile,
qui fournit une espèce de camphre, beaucoup plus estimé que le camphre ordinaire, parce qu'il
Qst moins volatil.
Famille GXXXVIIL — TERNSTRCEMIACÉES. —Calyce libre, rarement adhérpnt
à la base de l'ovaire. Pétales hypogynes, rarement périgynes , autant que de sépales, à préflo-
Thî db Chinb Cambllia CATroBum.
{Thea Chinenêtê.) (Camellia Candor.)
raison imbriquée. Elamines indéfinies, libres ou cohérentes par leur base. Ovaire à 2-3-5 loges
ou pins. Fruit capsulaire ou indéhiscent. Plantule dicotylédonéc. — Arbres ou arbrisseaux à suc
aqueux, à feuilles ordinairement alternes, simples.
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296 HISTOIRE DES FAMILLES.
Cette Famille habite principalement FAmérique tropicale et TAsie orientale ; elle se rap-
proche des Guttifères et s*en distingue par ses enveloppes florales moins nombreuses, son
calyce plus foliacé, et ses feuilles généralement alternes.
Les parties herbacées sont mucilagineuses, Técorce de quelques Espèces est astringente, celle
de ^uelaues autres est résineuse ou tinctoriale; la plupart ont des fleurs d*odeur suave, et des
graines huileuses.
Le Thé de Chinb (Thea Chinensis)esl la plus importante Espèce de cette Famille. Ses
feuilles, infusées dans leau, fournissent une boisson stomachique, dont T usage se répand
dans le monde entier. Les vertus stimulantes du Thé sont dues à un principe astringent, à
une substance azotée particulière, qu'on a nommée Théine, et surtout à une huile volatile, un
peu narcotique, qui y existe en petite proportion. Quant à la Caséine^ matière éminemment
nutritive qui est contenue dans les feuilles, et représente presque le tiers de leur poids, elle
ne se dissout pas dans Teau ; mais les peuples de I Asie, après avoir bu Tinfusion, mangent
les feuilles bouillies, et y trouvent un ahment très-substantiel.
Les personnes qui abusent du Thé en sont punies à la longue par de la dyspepsie, une éner-
vation générale, la détérioration des dents, le ramollissement des chairs, etc. — Il n'y a pas
encore deux siècles oue le Thé a pénétré eu Europe, et aujourd'hui on en importe annuelle-
ment plus de 10 millions de kilogrammes : les deux principales sortes de Tht^ du commerce,
nommées Thé vert et l'hé noir, appartiennent à une même Espèce; la différence qui existe
entre elles vient de ce que le Thé noir a subi une préparation particulière avant 9a dessiccation.
On a fait de nombreux essais pour cultiver le Thé en Europe, mais l'expérience a démontré
que l'arbrisseau du céleste Empire perd ses vertus en s' expatriant.
Le Gambllia (Camellia japonica) ou Rose du Japon (PI. XIV), dont le feuillage per-
sistant et les larges fleurs font les délices des adonistes , a été introduit en Europe en 1759;
la culture est bientôt parvenue à dilater en pétales ses nombreuses étaminos; et ou en compte
aujourd'hui plus de 700 variétés, qui portent les noms les plus disparates; parmi ces variétés,
dédiées pour la plupart à des personnages puissants ou à des gens riches, par l'esprit d'adulation,
inséparable de l'horticulture, nous en citerons une qui a reçu un nom poétique: c'est le
Gambllia candbur (C, condor). — On cultive encore, comme Plante d'ornement, le Gardo-
nia LasianthuSy arbre de la Caroline, à feuilles persistantes, à fleurs blanches, velues ; le
Stuartia malachodendron^ bel arbrisseau de Virginie , à pétales blancs , maculés de pourpre ,
profondément crénelés, et odorants, etc.
Famillb CXXXIX. — CHLiENlACÉES. — Sépales 3, pétales 5-6, hypogynes, ï
préfloraison convolutive. Elamines ordinairement indéhnies. Ovaire à 3 loges biovulées ou
muitiovulées. Ovules pendants, réfléchis. Capsule à 3 loges, ou à une seule par avortement.
Plantule droite dans l'axe d'un albumen charnu, et l'égalant en longueur. — Tige ligneuse.
Feuilles alternes, entières, coriaces, stipulées. Fleurs en corymbes ou en grappes, garnies d'un
involucre ou d'un involucelle.
Cette petite Famille, voisine des Guttifères, s'en distingue par le nombre de ses sépales, de
ses pétales, et de ses fleurs involucrées. Elle habite Madagascar.
Famillb CXL. — HUMIRIACÉES. — Calyce persistant, 5-fide. Pétales hypogynes 5.
Etamines en nombre double ou multiple de celui des pétales; fllets soudés en tube à leur base,
ou réunis en phalanges alternes avec les pétales. Anthères à connectif prolongé en languette.
Ovaire à 4-6 loges 1-2-ovulées. Ovules superposés, quelquefois séparés par une cloison
secondaire, pendants, réfléchis. Drupe à noyaux osseux, 1-5-ioculaire. Plantule dicotylédonée,
droite, dans Taxe d'un albumen charnu, et l'égalant en longueur. Tige ligneuse à suc balsa-
mique. Feuilles alternes, simples, sans stipules. Fleurs régulières, en cyme ou en corymbe.
Les Humiriacées habitent l'Amérique tropicale. Elles sont apparentées d'une part aux
Méliacées et aux Hespéridées, de l'autre aux Styracées.
Vffurmrium florihundum, arbre du Brésil, aonne une Térébenthine d'odeur suave, pouvant
remplacer le baume de Copahu.
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TILIACÉE9.
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Famille CXL1^ — TILIACÉES.
CARACTÈRE. — Sépales 5, caducs, à préfloraison valvaire. Pétales insérés sur un
disque hypogyne, 4.-5, ou nuls, à préfloraison imbriquée, souvent munis à leur base, d'une
fossette ou d*une écaille. Examines en nombre double ou multiple de celui des pétales, toutes
fertiles, ou les extérieures stériles, libres ou polyadelphes à la base. Ovaire û 2-10 loges;
ovules réfléchis. Fruit capsulaire ou indéhiscent, coriace ou charnu. Plantule dico-
tylédonée, droite dans l'axe d'un albumen charnu, quelquefois nul. Tige ligneuse.
Feuilles ordinairement alternes^ stipulées. Fleurs régulières, solitaires, ou en grappes,
ou en corymbes.
Les Tiliacées habitent principalement la zone intertropicale; elles ont de Taffinité avec les
Buttnénacées ; elles diffèrent des Ternstroémiacées par
la préfloraison du calyce, des Bixinées par la structure
du front.
Les Tiliacées contiennent un mucilage abondant,
auquel s'unissent, dans Técorce, des substances astrin-
gentes et amères résineuses. La fleur de quelques-unes
contient un peu d'huile volatile ; quelques autres ont
un fruit charnu, sapide^ ou leurs parties herbacées sont
comestibles. Les graines de la plupaii sont huileuses.
Le bois est léger et propre à divers usages. Nos Tilleuls
[Tilia parvifolia et grandi folia) sont connus et aimés
de tous, pour la beauté de leur feuillage et Tarome
suave de leurs fleurs. L'écorce est fibreuse et sert à
faire des cordages; on remploie aussi dans la médecine
populaire comme vulnéraire; le bois, qui se laisse faci-
lement travailler, est mis en œuvre par les menuisiers,
les tourneurs et les sculpteurs; son charbon est très-
estimé. Les fleurs, recherchées par les abeilles, con-
tiennent une huile volatile, du sucre, du mucilage, de
la gomme et du tanin ; leur infusion est antispasmo-
dique et diaphorétique, mais il faut les séparer avec
soin de la bractée colorée qui les accompagne, et dont
les propriétés sont très-astringentes; leurs graines
huileuses sont au nombre des succédanées du Cacao.
Le Sparmannia Africana est un joli arbrisseau du
Gap, cultivé dans nos serres, à cause de son feuillage
toujours vert et de ses riches ombelles de fleurs à
pétales blancs et à étamines pourpres, dont les an-
thères sont irritables et s'éloignent du style lorsqu'on les touche.
TiLLIUL A 0RANDB8 FBOILCU.
I Tilia grandifblia,)
Famille CXLIP. - BUTTNÉRIACÉES.
CARACTÈRE. — Calyce à 4.-5 divions. Pétales 5, hypogynes, ou nuls, à préfloraison
valvaire ou contournée. Étamines tantôt en nombre égal à celui des pétales, et alors opposées
aux pétales, tantôt en nombre double ou multiple, et alors il y en a souvent de stériles qui sont
opposées aux sépales; filets ordinairement soudés en cupule, en tube ou en colonne. Ovaire
« 4-5-10 loges unibipluriovulées ; ovules ordinairement ascendants , réfléchis. Fruit
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298 HISTOIRE DES FAMILLES.
ordinairement capsulaire. Plantule albuminée ou exalbuminée. — Tige ordinairement
ligneuse, couverte de poils étoiles ou bifurques. Feuilles alternes, simples, stipulées. Fleurs
régulières, enpanicule, ou en épi, ou en glomérule.
Les Buttnériacées sont étroitement liées aux Malvacées et aux Sierculiacées, dont elles se
distinguent par le nombre des étamines, la situation des étamines fertiles et des stériles, et
leur degré de cohésion. — Elles habitent les régions tropicales, le Cap et la Nouvelle-
Hollande.
Ces Plantes contiennent un mucilage abondant, auquel se joint ordinairement une matière
extractive, amère, astringente; le fruit de quelques Espèces est pulpeux et très-sucré ; les
graines sont huileuses. — La plus célèbre des Buttnériacées est le Cacaoyer (Theobroma
Cacao), arbre mexicain, que la culture a propagé dans T Afrique et T Asie; au milieu de la pulpe
Cacaoyer.
[Thtobrama coeao.)
amère de son fruit sont nichées des graines contenant une huile fixe, une substance extrac-
tive amère , une matière colorante rouge, de la gomme et un principe azoté cristallisable;
nommé Théobromine. La pulpe et les semences sont entassées dans des auges en bois et livrées
à la fermentation ; au bout de vingt-quatre heures, la pulpe se liquéfie, et la plantule est tuée,
c*est-à-dire privée de la faculté de germer. On sépare ensuite les graines de la pulpe, et on
les fait sécher au soleil; quelquefois on enfouit le cacao pendant quelques jours dans la terre
pour lui faire perdre de son âcreté; ces graines, dépouillées du testa chartacé qui les recouvre,
et légèrement torréfiées, puis broyées et mêlées avec du sucre constituent le chocolat, mets
délicieux quand Q est pur et bien préparé ; on le rend plus facile à digérer en TaromatisaDt
avee de la vanille ou de la cannelle ; associé à des substances nourrissantes, telles que la gelée
de Lichen^ il est éminemment analeptique. Le testa des graines, torréfié, est au nombre des
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HAOHAH. Afliwsoiiia. (STERCL'LIACÉES.)
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BUTTNÉRACÉES. 299
succédanées du café. L'huile fixe est exprimée de la graine pulvérisée au moyen de Teau
bouillante; on la nomme Beurre de Cacao; elle a la consistance du suif, et ne se rancit pas,
ce qui la fait employer en médecine pour la préparation de divers médicaments externes.
On cultive dans nos serres chaudes quelques Buttnériacées : nous mentionnerons le Lasio-
petalum purpureum, arbuste de la Nouvelle-Hollande, à fleurs purpurines, disposées en
grappe; YHermannia denudata, arbuste du Cap, à longues feuilles persistantes, à fleurs
géminées, jaune, d'odeur suave ; le Mahernia pinnala, à feuilles pennifides persistantes, et à
fleur rouge; le Pentapetes phœnicea. Plante annuelle de llnde, à feuilles hastées, à fleurs
solitaires, grandes, écarlates; le Dombeya reginœ, arbuste de Madagascar, à feuilles en cœur,
à fleurs ramassées en ombelle, presque sessiles, à pétales blancs, d'un rose vif au sommet ;
YAstrapœa Wallichiij arbre de Madagascar, à rameaux divergents, à feuilles en cœur, longue-
ment péliolées, à stipules grandes, foliacées, à fleurs d'un rose pourpre, disposées en ombelle
ramassée en capitule.
Familles CXLIII et CXLIV. — STERGULIACÉES ET BOMBACÉES.— Cajyce
à 5 divisions, tombant. Pétales hypogynes 5, à prt^flornison imbriquée, souvent nuls Ëtamines
indé6nies, monadelphes. Anthères à 2 loges plus ou moins complètes. — Tige ligneuse, couverte
de poils étoiles. Feuilles alternes, simples ou digilées. Fleurs solitaires, ou en grappes, ou en
panicules.
STERCULIACÉES. — Fleurs diclines par avortement. Calyce régulier. Corolle nulle;
filets cohérents en un tube adhérent au carpophore. Follicules verticillés. Pétiole des feuilles
renflé au sommet.
BOMBACÉES. — Fleurs staminopistillces. Calyce et corolle souvent irréguliers. Pétales
Quelquefois nuls; filets cohérents en un tube couronnant l'ovaire ou adhérent au carpophore.
ovaire sessile ou stipité. Fruit à carpelles libres ou légèrement cohérents.
Cette double Famille tient le milieu entre les Maivacées et les BuUnériacées. — Elle habite
principalement la région intertropicale.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les propriétés des Sterculiacées ne diffèrent pas de celles
des Maivacées: la différence ne provient que ae la durée des Plantes et de leur moue d'accrois-
sement. En effet, les parties herbacées sont mucilagineuses, mais Técorce des rameaux âgés
renferme des principes amers astringents, auxquels s'unissent souvent des substance:) stimu-
lantes et émétiques; les graines sont huileuses — Le Baob ab (Adansonia digitata)^ arbre de
rAfrique tropicale, transplanté par Tbomme en Asie et en Amérique, peut être range parmi
les merveilles de la nature. Son tronc n'a que 12 à 15 pieds d'élévation « à partir du sol
jusqu'aux branches, mais son épaisseur est énorme; et il peut acquérir 90 pieds do circonfé-
rence. Ce tronc se divise à son sommet en rameaux longs de 50 à 60 pieds, qui s'étendent au
loin ; vers leur extrémité, ils se rapprochent de la terre en s'inclinant ^ous leur propre poids,
et cachent la tige dont ils émanent sous un immense dôme de verdure, dont le circuit dépasse
400 pieds. La longévité de ces colosses du Règne végétal est prodigieuse; Adanson en a observé
aux ties du Cap Vert, qui avaient été mesurés deux siècles auparavant ]}ar des voyageurs, et
d'après le peu d'accroissement qu'ils avaient pris depuis cette époque, il calcula que leur âge
devait être de plus de six mille ans. Les feuilles et les fleurs de cet arbre sont émollientes. Les
nègres du Sénégal mêlent à leurs aliments les feuilles pulvérisées, qu'ils nomment lato; ÏU
attribuent à cette poudre dfs propriëti^H rafraîchissantes et antifébriles; il en est de même du
fruit, dont la pulpe fibreuse et aigrelette est très-agréable au goût; elle devient friable en se
desséchant, et on l'emploie en cet état comme médicament. Lan graines du Pachira aquattca, qui
crott sur les rives des fleuves d'Amérique, se mangent comme des châtaignes. Le nectar qui
coule des fleurs du Salmatia Malabarica est laxatif et diurétique; le bois des Bombax est mou et
léger; les sauvages le creusent pour faire des barques qui les transportent sur les grands fleuves
de l'Amérique. L'endocarpe ae beaucoup de Bombacées est pourvu de poils très-lisses, qui
ne peuvent être fi'és. On en fait usage dans les pays chauds pour garnir des matelas et aes
coussins.
Les StercuUa, qui donnent leur nom à la Famille, ont des propriétés variées; l'arille des
graines est sapide, et la graine huileuse possède une certaine âcreté qui la fait employer pour
assaisonner les aliments, et pour purifier Teau, qui se corrompt si vite sous la zone torride;
leur écorce est astringente; quelques-uns fournissent une gomme analogue à la gomme
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300 HISTOIRE DES FAMILLES.
adra^ant. l/écorce du StercuHa fœtida est estimée chez les Indiens comme diaplioi-élique
et diurétique.
On cultive en Europe quelques
Slerculiacées : nous citerons d'a-
bord le Baobab^ qui reste petit
dans nos serres, à feuilles digi-
tëes, à fleurs solitaires, grandes,
longuement pédonculées et de
couleur blanche; le Pachira in-
signis^ bel arbre de l'Amérique
méridionale, à feuilles digitées,
à longues fleurs d'un rouge ma-
gniflque, dont les pétales sont
étalés au sommet ; le Pachira
aquatica ou Carolinea princeps,
à fleurs très-grandes et très-
élogantes , dont les ptUales sont
jaunes en dessus, verdâlres en
dessous, les filets rouges et les
anlhères purpurines; le Fro-
MAGKR Î^.PINEUX ( BomÔOX
Ceiba) , à ti^e épineuse, à feuille:*
digitécs, à fleurs blanches; le
Sterculia Balanghas, arbre du
Malabar, qui reste arbrisseau
dans les serres, à feuilles simples,
à fleur en panicule, blanchâtres,
exhalant Todeur de la Vanille;
enfln le Reevesia thyrwidea
(PI. XIV), arbrisseau de la Chine,
dédié à Jolm Reevies, zélé pro-
tecteur de la botanique; celte
belle Plante, qui n'a été intro-
duite qu'en 1826 dans les serres
européennes , a ses fleurs dispo-
séesen corymbe; ses pédicelïes, [cZ^LZ^","]'-
son calyce et son ovaire sont
couverts d'un duvet de poils étoiles ; les pétales sont blancs, les anlhères sont rassemblées en
lêtc; le stigmate est seshile et quinquélobé.
Famille CXLV\ — MALVACÉES.
CARACTÈRE. — Calyce libre, à pré floraison valvaire. Pétales hypogynes, ordi-
nairement soudés entre eux et avec le tube staminaire, à préfloraison contournée. Examines
indéfinies, monadelphes, à anthères uniloculaires. Plantule dicotylédonée j courbe.
Feuilles a/^ern^s, stipulées.
La tige est herbacée ou ligneuse, à poils ordinairement étoiles. Les feuilles sont simples^ à
nervures palmées; les fleurs sont complètes, régulières, axillaires, solitaires, ou fasciculées,
ou en grappe terminale ; le pollen est à gros grains globuleux hispides ; les carpelles sont ordi-
nairement nombreux, quelquefois 5-3-i, à ovaires verticillés autour d'un prolongement de
l'axe floral, ou quelquefois agglomérés en tête, soit libres, soit plus ou moins cohérents. Les
ovules sont insérés à l'angle central des loges, ascendants ou horizontaux, courbes. Les styles
sont libres supérieurement. Le fruit est tantôt formé de plusieurs coques, plus ou moins cohé-
rentes par leurs bords, tantôt c'est une capsule loculicide à valves septifères ; quelquefois
il est indéhiscent, sec ou charnu. Les cotylédons sont plies et emboîtés 'un dans l'autre j
l'albumen est mucilagineux, peu abondant.
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MALVAGÉES.
301
Malope.
Latatère.
Guimauve.
Haute.
Malope.
LavcUera.
Althœa,
Malva.
Kbtmie.
gotonnier.
Sida.
Abdtilon.
Hibiscus.
Gossypium
Sida.
Abutilon*
Les Malvacées abondent surtout dans les régions tropicales ; leur nombre diminue vers
les Pôles. Elles ont une affinité manifeste avec les Stérculiacées, Tiliacées et Buttnériacées.
Quelques Genres de Bombacées se rapprochent des
Malvacées, et s'en distinguent par leurs feuilles
composées et les poils laineux qui occupent Ten-
docarpe du fruit et non le testa des graines.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La principale pro-
priété des Malvacées dépend d'un mucilage qui
abonde dans la plupart des Espèces de cette Famille
nombreuse et très-naturelle ; aussi ces Espèces sont-
elles reconnues comme émollientes dans tous les
pays où elles naissent. Chez quelques-unes, des
acides libres^ et surtout Tacide oxalique, se joignent
au mucilage, et les rendent rafiraîchissantes, anti-
bilieuses et antiscorbutiques. Celles dont le mucilage
est altéré par une petite quantité de résine ou
d'huile volatile, ont une odeur désagréable, et sont
rangées parmi les médicaments stimulants, diapho-
rétiques et diurétiques. — Les graines contiennent
une huile fixe^ quelques Espèces ont des fibres
tenaces , d'autres ont des graines laineuses.
Parmi les Malvacées indigènes, la Gdiuauvb
{Althœa officinalis) tient le premier rang comme
émolliente; c'est dans sa racine surtout que réside
cette propriété ; elle contient un principe cristalli-
sable identique avec VAsparagine de TAsperge et de la Réglisse. Les feuilles et les fleurs
des Mauves occupent le second rang. La mauve sauvage (Malva sylvestris) vulgaire-
ment nommée Grande-Mauve, se rencontre fréquemment dans les haies et les lieux incultes.
Sa tige s'élève à trois pieds. Ses feuilles sont longuement pétiolées^ arrondies, échancrées en
cœur à la base et découi)ées en cinq ou sept lobes peu profonds. Les pétales sont grands, roses,
rayés de lignes purpurines, quelquefois, mais rarement, de couleur blanche. La dessiccation
leur fait prendre une couleur bleue, qui s'altère par l'action prolongée de la lumière et de
l'humidité. Les fleurs de la Mauve, mêlées à poids égal, avec celles du Coquelicot, du Tussi-
lage et du Pied-de-Chat, constituent ce qu'on nomme en pharmacie les fleurs pectorales y ou
quatre fleurs. On fait bouillir dans l'eau les feuilles de la plante, qui sont très-mucilagineuses,
et l'on se sert de la décoction pour faire des fomentations émollientes. Les feuilles cuites sont
elles -mêmes employées en cataplasmes — La mauve a feuilles rondes (Malva rotun-
difolia), vulgairement Petite- Mauve, a des tiges couchées, des fleurs beaucoup plus petites et
d'un blanc rosé : cette plante est employée dans les campagnes comme la précédente.
Parmi les Malvacées acides, nous citerons les Hibiscus sabdariffaeidigitatus, nommés
vulgairement Oseille de Guinée. Le Gombo ou Bamia [Hibiscus esculentus) est une herbe
annuelle qui croit dans les régions tropicales; sa capsule verte fournit, au moyen de Teau
bouillante^ un mucilage qui sert à épaissir les aliments ; on la mange aussi cuite et assai-
sonnée.
Les CoT 0 N N I E as (Gossypium) croissent spontanément en Asie et en Amérique. Plusieurs
39
GUIMADVB.
{^Althaa offleinaliê.)
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^:
'M
302 HISTOIRE DES FAMILLES.
Espèces de ce Genre sont aujourd hui cultivées en grand, dans toute la zone intcrtropicale.
Les poils laineux et denticulés qui recouvrent le testa de leur graine constituent le coton,
substance facile à filer, connu en Egypte dès la plus haute antiquité, aujourd'hui répandue
dans le monde entier, et nous fournissant à
-^T-^ peu de frais un vêtement moelleux. Les
^ monuments de la littérature grecque nous
sont parvenus écrits, sur de la toile de
coton. La graine des Cotonniers donne par
expression une huile fixe , employée pour
les lampes.
Beaucoup de Malvacées exotiques sont
cultivées en Europe; nous mentionnerons
seulement le Mcdope trifida^ Plante annuelle
de r Afrique boréale , à tige de deux pieds,
couverte pendant tout Tété de fleurs d'un
rose vif; le Kitaibelia, Plante bisannuelle de
Hongrie, à feuilles lobées, à fleurs blanches;
le Lavatera arborea, du midi de la France,
à fleurs grandes, violettes ; VAlthœa rosea,
vulgairement nommée Passe-Rose ou Rose
tréfïïière, Plante de Syrie, dont les variétés
sont nombreuses; la Guimauve gban-
V R I N B [Althœa cannabina), Plante du midi
de TEurope, à jolies fleurs roses, dont la
tige a des fibres tenaces comme celles du
coT^jiniBR. Chanvre, et employées au même usage;
le Sphœralcea umbellata, arbrisseau de
TAniérique tropicale, à fleurs d'un rouge pourpre, à fruit globuleux ; V Hibiscus Syriacus,
du Levant, à feuilles trilobées, et dont les fleurs varient à Tinfini ; V Hibiscus Abelmoschus^
arbrisseau indien, à fleurs de couleur soufre, bnme au centre, dont la graine, nommée am-
ùrefte, à cause de son odeur musquée, est recherchée des parfumeurs ; le Malvaviscus arboretis,
arbrisseau des Antilles, haut de plus de neuf pieds, à feuilles persistantes, à fleurs d'un rouge
écarlate très-vif; le Sida ai^borea, arbrisseau du Pérou, à feuifles cordiformes, à fleurs
blanches; VAbutilon striatum, arbrisseau du Brésil, à fleurs soUtaires, pendantes, d'un jaune
d'or, veiné de pourpre; le Pavonia velutina (PI. XIV), arbrisseau du Brésil, récemment
introduit dans nos serres, à feuilles cordiformes veloutées, à fleurs nombreuses d'un beau
rose vif, se montrant dans Thiver et au commencement du printemps.
Famille CXLVl'. — GÉRANIAGÉES. — Calyce libre. Pétales hypogynes ou obscu-
rément périgynes, en nombre t'gal à celui de^ sépales ou moindre, égaux (iSeranium)^ ou in-
égaux, et alors réduits à 4 ou 2 (Peiargonium) , à préfloraison contournée, caducs. Étamines
ordinairement en nombre double de celui des pétales, bisériées, toutes fertiles (Géranium) ou
sléiiles en partie (Erodium, Pelargomum) ; filets plus ou moins monadelphes. Carpelles 5,
appliqués à un prolongement de l'axe, et formant un ovaire à 5 loges biovulées. Planlule dico-
tylédonée, exalbuminée, courbe, à cotylédons plissés ou enroulés. — La tige est herbacée ou
ligneuse; les feuilles sont stipulées, opposées, les supérieures quelquefois alternes ; les fleurs
sont complètes, régulières ou irrégulières (Pelargonium)^ tantôt solitaires, lantôt en cyrae biflore
ou ombelliforme. Les ovules sont ascendants, d'abord courbes, puis demi- réfléchis. liCS styles
sont soudés en une colonne dépassant le prolongement de Taxe, et se confondant avec lui, libres
vers leur sommet, et ^tigmati(e^es le long de leur bord interne. Le fruit est une capsule à
5 coques, se détachant élasliquement de Taxe avec leur graine de la base au sommet, laissant
en place leurs placentaires soudés à Taxe et les 5 branches stigmatiques.
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GÉRANIACÉES.
303
Les Géraniacees se rencontrent dans les régions tempérées exlrairopicales, et surtout au Gap .
leur affinité est manifeste avec les Zygophyllées, et surtout avec les Linées^ Oxaiidées, Balsa-
minéeSy Tropéolées, dont elles diffèrent par le port, les feuilles stipulées, le fruit et la courbure
des cotylédons. Elles ont quelque rapport avec les Malvacées par les stipules, les feuilles, les
élamines et la plantule.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les Géranicm contiennent du tanin et "de l'acide
gallique, qui les faisaient autrefois employer en médecine comme astringents, vulnéraires et
diurétiques. Le G. Bobertianum, vulgairement nommé Herbe à Bobert, dont l'odeur est forte,
la saveur âpre, \ Erodiinn moschatum^ qui exhale une forte odeur de Musc, possèdent des pro-
Ehodidm a fbuillbs db Ciouk.
(Erod^um eïeutarium.)
PBLABGONIOII.
priétés stimulantes et antispasmodiques, que les médecins ont oubliées. L'Erodium a
FEUILLES DE GiGUE (Evodium cicutarium) est l'Espèce la plus commune, on la rencontre
partout, étalant ses tiges couchées sur les pelouses, le long des chemins, dans les prairies, parmi
les décombres; elle varie à l'infini, tant pour la fornie de ses feuilles, toujours pcnniséquées,
que pour la couleur de ses pétales, rouges, ou purpurins, ou roses, ou blancs.
Les PÉLARGONIUM, Plantes du Gap, contiennent une huile volatile, qui leur donne une
odeur très-forte, et quelquefois importune : les P. roseum et capitatum fournissent à la distil-
lation une essence, qui sert à falsifier l'essence de roses. — On en cultive en Europe des
centaines d'Espèces, variées à l'infini. Nous nommerons seulement je P. zonale, remarquable
par une zone noire qui marque le contour de sa feuille, et le P. triste, qui répand la nuit une
odeur suave. — Parmi les Géranium cultivés dans nos jardins, on remarque le G. striatvm ,
d'Italie, à feuilles maculées, à piUales d'un blanc rosé, veinés de lignes purpurines ; le G. ibe-
ricum (PI. V), originaire du Caucase, à fleurs grandes , disposées en bouquet, et posées sur un
pédoncule dressé, qui part de l'aisselle des feuilles supérieures ; la couleur des pétales passe du
violet au bleu d'azur.
Famille CXLVIK —BALSAMINÉES. — Sépales libres, inégaux, pélaloïdes. Pétales 5,
hypogynes, inégaux. Etamines 5. Carpelles 5, soudés en ovaire à 5 loges; ovules superposés ,
pendants, réfléchis. Capsule à 5 loges, s'ouvrant élasliquement en 5 valves, qui s'enroulent de
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30^^
HISTOIRE DES FAMILLES.
la base au sommet. Plantule dicotylëJonée, exalbuminée^ droite. — Tige herbacée, succulente.
Fleurs axillaires.
Les Balsaminées naissent principalement dans TAsie tempérée et tropicale. Elles se distinguent
des Linées et des Oxaltdées par leur ir-
régularité. — Le Genre Impatiens j ainsi
nommé à cause de Téiasticité de ses capsules,
qui lancent leurs graines dès qu*on les
louche, fournit à rhortjcullure plusieurs
Espèces, dont la plus irritable est VI. noli
tangere {n'y touchez pas) ^ Plante indigène,
vivace, à fleur jaune. La Balsamimb com-
muns (/. balsatnina) ^ Plante annuelle de
ITnde, a doublé par la culture, et varie sin-
gulièrement pour la couleur. La Balsa-
mine A TiGBs rampantes {Impottens
repens), de Ceylan, récemment introduite en
Europe , forme des touffes épaisses et étalées
sur le sol, portant un feuillage très-petit et
de grandes fleurs poilues, d*un beau jaune
relevé d'orange. La B. a pAtalbs plats
(/. platypetala) (PI. XIX), charmante
Plante, importée de Java, a des feuilles ver-
ticillées, dont la nervure médiane et le
pétiole sont de couleur pourpre. Les fleurs
sont grandes, d'un rose vif relevé de cra-
moisi ; avant leur épanouissement , elles
simulent des casques armés de pointes me-
naçantes.
BaLSAMIUI à. TI6B8 BAMrAIfTU.
(fmpaften« reptnt.)
Famille CXLVIIK — TROPÉO-
LÉES. — Calyce5-fide hilabié, pétaloïde.
Pétales 5, inégaux, insères sur le fond du
ralyce. EtaminesS, hypogynes. Ovaire à 3
loges uniovulées; ovules pendants, réfléchis.
Fruit succulent, ou sec, à 3 coques, ou sa-
inaroïde. Plantule dicotylédonée , exalbu-
minée, droite. — Tige herbacée, succu-
lente, difl'use ou volubile. Feuilles peltées,
les inférieures opposées et stipulées, les su-
périeures alternes et sans stipules. Fleurs
axillaires.
Les Tropéolées habitent toutes FAmé-
rique méridionale. — Elles se rapprochent
des Géraniacées et des Limnantnées, dont
elles se distinguent par le nombre des car-
pelles et la situation de la radicule. — Le
Genre Capucine (Tropœolum) est cultivé
en Europe: la G. grande {T. majus), et
la G. PETITE (T'. rwiwt/s), sont du Pérou;
leurs fleurs sont légèrement acres, et leurs
capsules sont mangées en salade. Le T. tu-
berosum a des racines nombreuses, fécu-
lentes et comestibles. La G. élégante
(T. speciosum) (PI. XVIII), qui vient de la
Patagonie, a des fleurs d'un rouge cramoisi et des feuilles lobées. — La fille de Linné a observé
Capccim.
(Froporolum.)
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TROPÉOLÉES. 305
que les fleurs de la Grande Capucine exhalent à la fin d*un jour chaud de l'ëtë des phospho-
rescences qui sont intermittentes et ressemblent à de petits éclairs.
Famille CXL1X^ — LIMNAN-
THÉES. — Calyce libre. Pétales in-
sérés sur un anneau presque përig^rne,
5 ou 5, à préfloraison convolutive.
Etamines 6 ou 10. Carpelles 3 ou 5 ,
cohérents, uniovulés; ovules dressés,
réfléchis. Fruit composé de â-3 akènes.
Planlule dicotylédones, exalbuminée,
droite.
Les Limnanthées sont des herbes de
l'Amérique boréale , annuelles , maré-
cageuses, molles, glauques, à feuilles
alternes, à fleurs régulières. Elles se
distinguent à peine des Tropéolées.
Le LiMNANTHÈs KOSÈ (Limnauthes
rosea), Plante de la Californie, a ses
feuilles découpées en segments fili-
formes; ses fleurs sont longuement
pédonculées, grandes, d'un rose pâle.
l.lMNAHTBÎfl RMÎ.
(Limnantheê roêea.)
Famille CL*. — LINÉES. — Sépales5-4., libres ou soudés
à la base, persistants. Pétales 5-4, hypogynes, à préfloraison con-
tournée, caducs. Etamines légèrement monadelphes, 5-4, souvent
10, dont 5 extérieures fertiles, les inférieures stériles opposées
aux pétales. Ovaire à 4>-5-3 loges biovulées, subdivisées chacune
en 2 logettes par une cloison pariétale plus ou moins complète;
ovules pendants, réfléchis; styles 5-5, filiformes; stigmates en
tête. Capsule septicide. Plantule dicotylédonée, exalbuminée.
— Tige herbacée ou sous-ligneuse. Feuilles simples, sans stipules.
Fleurs régulières.
Cette petite Famille, composée de deux Genres, est dispersée
dans les régions tempérées du globe entier. Elle est liée par une
étroite aTinitéavec lesGéraniacées et les Oxalidées; elle en diffère
par ses fouilles linéaires, sans nervures, la structure de son ovaire,
et le défaut d^albumen. Elle a des rapports éloignés avec les Ca-
ry ophy liées ^ plus rapprochés avec les Elatinées,
LeLiM COMMUN {Linum usitatissimum) est spontané dans
TEurope australe et dans TOrient. En France, de vastes terrains
sont consacrés à sa culture. Le testa contient un mucilage abon-
dant, qui donne à la graine des propriétés émollientes; réduite en
farine , cette graine est employée en cataplasmes. L'huile fixe qu'on en retire par la pression
est désagréable au goût et légèrement purgative, mais les arts en tirent un grand parti pour
la peinture et les vernis gras; elle est très-siccative, et le devient encore davantage quand
on Ta fait bouillir avec de l'oxyde de plomb. Les fibres de la tige du Lin sont très-tenaces, et
on en fait des toiles fines et du papier. — Le Linum catharticum est une jolie petite? Espèce ,
qu'on rencontre partout; elle est légèrement purgative. — On cultive dans les jardins plusieurs
ZiTîurw .* tels sont le Lin vivacb (Z./>erenn^j, à fleurs bleues, et le L. a grande fleur
Lllf COMMUN.
[Linum usitatiuimum.)
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306 HISTOIRE DES FAMILLES.
(Z. grandifloimm) (PI. lll), Espèce annuelle de l'Afrique boréale, à pëlales d'un rouge
éclatant, dont l'onglet, parcouru par une bande blanche, offre de très-fines nervures noirâtres,
qui montent en divergeant vers un cercle foncé marquant la naissance du limbe.
«
Famille CLI*. — VIVIANIÉES. — Ce petit groupe de quatre Genres comprend des
herbes ou des sous-arbrisseaux de l'Amériaue méridionale, annexés par quelques auteurs aux
Géraniacées. — Feuilles opposées ou verticillées par 4, sans stipules. Fleurs en panicule, blanches
ou roses. Calyce campanule , à 5 divisions. Pétales 5, hypogynes, à prëfloraison contournée.
Etamines, 10, libres. Ovaire à 3 loges biovulées ; ovules superposés, le supérieur ascendant,
l'inférieur pendant. Capsule loculicide, à valves séminilères. Plantule dicotylédonée , courbe,
dans un albumen charnu.
Famille CLIP. — OXALIDÉES. — Sépales plus ou moins cohérents. Pétales hypo-
gynes 5, libres, à prëfloraison contournée. Etamines 10, ordinairement monadelphes à leur
base. Ovaire à 5 loges pluriovulées; ovules pendants, réfléchis. Capsule loculicide, ou baie
indéhiscente. Graines à épiderme succulent. Plantule dicotylédonée, occupant Taxe d'un albu-
men charnu. — Tige herbacée ; feuilles alternes, pétiolées, digitées ou pennées, à folioles
souvent irritables, sans stipules.
Le Genre OxaliSy qui constitue presque à lui seul cette Famille, et dont on connaît plusieurs
centaines d'Espèces^ habite principalement l'Amérique tropicale et le Gap de Bonne-Espérance.
11 se rapproche des Géraniacées, dont il se distingue par ses carpelles cohérents sans colonne
centrale, par la pluralité des ovules, Tépiderme charnu des graines, et les feuilles composées.
La plupart des Oxalidées contiennent dans leurs parties herbacées et dans leur fruit, quand il
est charnu, de l'acide oxalique, auquel elles doivent leurs propriétés rafraîchissantes, antihi-
lieuses et antiseptiques. Plusieurs Espèces ont des tubercules féculents; quelques-unes ont des
feuilles irritables comme celles de la Sensitive.
La Surelle {Oxalis acetosellg), herbe élégante de nos pays, concourt avec les Oseilles.
à la production du suroxalate de potasse, vulgairement nommé Sel d'oseille. L'Oc a (Oxaltscre-
nata) est cultivé au Pérou àcause de ses tubercules alimentaires; ils atteignent rarement le volume
d'un œuf, mais ils sont très-nombreux; leur qualité n'est pas la même que celle de la Pomme
de terre, et, sans être aussi agréables, ils sont sains, légers et très-nouriissants; leur saveur,
légèrement acide, disparait quand on achève leur cuisson, qui est très-facile, dans une seconde
eau. — Plusieurs autres Oxalis sont aussi riches en fécule que l'Espèce précédente , on les
cultive comme Plantes d'ornement; ce sont les 0. Deppei, ietrapkylla, lasiatiara, très-propres à
former des bordures de plates- bandes. L'Oxalide a etamines velues (0. lasiandra)
(P. XX), est remarquable par ses feuilles radicales digitées, ses fleurs en ombelle d'un beau
rouge cramoisi, surtdut à l'intérieur, et ses etamines couvertes d'un duvet glanduleux.
V Oxalis sensiiiva est une herbe de l'Inde, dont les feuilles légèrement amèren sont toniques
et stimulantes; sa racine est vantée contre les affections calculeuses et la morsure des scor-
pions.
Famille CLJIP. — ZYGOPHYLLÉES. — Calyce libre , 5-4-parli t. Pétales hypo-
gynes, libres, égaux en nombre aux divisions du calyce, à préfloraison mibriquée. Etamines
égales en nombre aux pétales. Ovaire pluriloculaire ; ovule réfléchi. Capsule loculicide ou se
séparant en coques. Plantule dicotylédonée, exalbumiiiée ou renfermée dans un albumen carti-
lagineux. — Tige herbacée ou ligneuse. Feuilles opposées, pennées, stipulées.
Les Zygophyllées habitent les régions chaudes extratropicales. Elles s'éloignent des Diosmées
et des JtutacéeSy par leur fruit et leurs graines, et surtout par leurs feuilles composées, opposées
et stipulées.
LeGATAGOFPiciNAL (Guajacum officinale) est un arbre des Antilles, dont le tronc acquiert
séculairement une circonférence de neuf pieds; son bois est très-dur, bien plus pesant que l'eau,
à aubier jaune, à cœur brun-verdâtre, d'une odeur faiblement aromatique, d'une saveur acre
et amère; il est employé dans l'industrie pour fabriguer des roulettes, des roues de poulies, et
autres objets qui doivent résister au poids et au frottement. Sa râpure est un médicament
précieux, recommandé comme dépuratif, à cause de ses propriétés sudorifiques et diurétiques.
Ces pro|^iélés sont dues à une matière résineuse contenue dans le bois, et qui en découle pu*
incision ; on la nomme Guamcine; on l'obtient aussi en traitant le Gayac par l'alcool, et faisant
évaporer la teinture. — Le Gayac saint (Guayacum sanctum), qui croît dans les mêmes pays.
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ZYGOPHYLLÉES. 307
cl dont les propriétés sont semblables, n'est employé qu'en Amérique. — LaFABAGELLE
[Zygophyllum fabago), naît en Orient et
dans l'Afrique boréale; on l'emploie
comme anthelminlique; elle est cultivée
dans les jardins, ainsi que le Tribulvs
terrestris^ jadis vanté comme astringent,
et le MÉLiANTHE {}felianthus major) y
arbrisseau du Gap, à feuilles pennées,
glauque, fétide, à fleurs d'un rouge foncé,
pleines d'un nectar sapide, qui en découle
abondamment quand on secoue la tige.
Famille CLIV«. — RUTAGÉKS.
— Calyce libre, 4-3-partit. Pétales insérés
à la base d'un gynophore, égaux en nombre
aux divisions du calyce, libres, à préflo-
raison imbriquée. Ëtamines en nombre
double ou triple de celui des pétales. Ovaire
2-3-5 lobé, à 2-3-5 loges ; ovules pendants,
réfléchis ou courbes. Gapsule loculicide,
ou s'ouvrant en coques déhiscentes à
leur sommet interne. Plantule dicotylé-
donée, droite ou courbe dans l'axe d'un
albumen charnu. Tige herbacée ou sous-
ligneuse; feuilles alternes, simples, sans
stipules, ou pourvues à leur place de dents
sétiformes. Fleuis terminales, en grappes
ou en corymbes.
Les Rulacées sont voisines des Zygophyl-
lées, dont elles diffèrent par leurs feuilles
tGajc^lm7ffiVinlu) altcmes, la position de leurs ovules et la
naturede leur albumen. Elles appartiennent
toutes à l'ancien continent, et habitent principalement les régions tempérées de l'hémisphère
boréal.
Les Rutacées doivent leurs propriétés stimulantes à une substance amère, à une résine acre
et à une huile volatile contenue dans les glandes des feuilles et des fleurs. La Rue {Ruta
graveolens)y spontanée dans le nord de l'Afrique, naturalisée sur tout le littoral méditerranéen,
et cultivée dans nos jardins, a conservé son antique réputation comme sudorifique, anthelmin-
tique et emménagogue; son odeur est forte et désagréable, sa saveur est très-âcre. On emploie
surtout son essence, qu'on obtient par distillation. La fécondation de la Rue offre un curieux
phénomène, facile à observer : on trouve dans la plupart des fleurs une des 8-iO étamines, qui,
au lieu d'être étendue horizontalement dans un pétale ou entre deux pétales, comme les
autres, se tient debout, inclinée sur le pistil, contre lequel son filet est appliqué; l'anthèn^
s'ouvre bientôt, le pollen tombe, et alors cette étamine, dont la mission est remplie, reprend
sa position horizontale; une autre se redresse à son tour pour venir la remplacer, et ces évo-
lutions se succèdent jusqu'à ce que toutes les anthères aient payé leur tribut au pistil.
Le Peganum harmola^ qui croît dans les lieux stériles de la région méditerranéenne, exhale
aussi une odeur forte et fétide. Les Turcs emploient ses semences comme condiment, et ils en
retirent une couleur rouge.
Famille GLV*. — DIOSMÉES. — Galyce à 4-5 divisions. Pétales égaux en nombre
aux divisions du calyce, insérés sous un disque hypogyne ou presque périgyne, ordinairement
libres. Étamines en nombre égal à celui des pétales ou double. Ovaires libres ou plus ou moins
cohérents, ordinairement biovulés; styles distincts à leur base, cohérents à leur sommet.
Capsule à plusieurs coques, dont l'endocarpe, lisse, cartilagineux, s'ouvre élastiquement en
deux lobes. Plantule dicotylédonée. — Tige ordinairement ligneuse. Feuilles sans stipules ou
pourvues de 2 glandes à la base des pétioles.
Les Diosmécs habitent principalement l'Afriaue australe extratropicale et la Nouvelle-Hol-
lande ; elles ont beaucoup d'affinité avec les Zanihoxylées; et la Fraxinelle, dont les graines sont
albuminées, les rapproche des Rutacées.
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1
308 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les propriélésdes Diosmées dépendent, soit d'une résine et d'une huile volatile, soit d'un
principe amer particulier; les Plantes de la Tribu des Guspariées doivent les leurs à ce prin-
cipe amer alcaloïde; les vraies Diosmées, à Thui'e et à la résine. Parmi les Guspariées se place au
premier rang le Gcdipea cusparia , arore for-
mant de vastes forêts sur les bords de l'Oré-
noque; son écorce, nommée Angusiure vraie,
est regardée comme un puissant toni(jue, et
Ton s'en sert contre les fièvres intermittentes
et la dysenterie. — Le Diosma crenata est un
arbrisseau du Gap, dont les feuilles sont re-
commandées comme dtaphorétiques et diu-
rétiques, contre les spasmes, les rhumatismes
et les affections dos reins et de la vessie.
Ges feuilles, nommées buchu ou àucco, ont
une odeur forte, une saveur chaude et acre.
On cultive en Europe beaucoup de Dios-
mées; nous citerons d'abord les Diosma, ar-
brisseaux du Gap, à feuilles glanduleuses
ponctuées, à fleurs blanches ou rougeâtres,
les Adenandra, ainsi nommés à cause de la
glande pédicellée qui termine leurs anthères,
et dont les fleurs sont roses ou rouges; les
Leinoniay arbrisseaux des Antilles, dont une
Espèce, la Lbmoisie charmante (Zernonta
spectabilis (PI. XIX), récemment importée de
Cuba en Angleterre, a des feuilles trifoliolées,
des fleurs purpurines disposées en grappes, à
sé| aies inégaux, les deux extérieurs formant
involucre, à corolle monopétale charnue, en
patère, à étamines réunies en tube; les Cor-
rea, de la Non vellq-Hol lande, à tige couverte
d'un duvet écailleux , à feuilles opposées,
simples, parmi lesquelles on remarque le
C. virens, à fleurs vertes, le C. speciosa, à
fleurs dont le lube est rouge et le limbe vert;
laGoRRÉE A LONGUES FL E U RS (C /oil^t-
fiora) (PI. XVllI), hybride, à fleur pendante,
rouge pâle, àétamines et style un peusaillanb.
— On cultive aussi la Fraxinbllb (Dictam-
nus fraxinella)y Plante du midi de la France,
dont les feuilles pennées ressemblent à cellesdu
Frêne; ses fleurs un peu irrégulières, de
couleur blanche ou purpurine, forment une
élégante grappe terminale, dont les rameaux
sont chargés, ainsi que la fleur, de petites
(DiJmnl\Taxineiia.) glaudcs pédicellées odorantes; l'huile volatile
qui s'exhale de ces glandes est tellement abon-
dante, que si, à la fln d'une chaude journée d'été, on approche de l'inflorescence une bougie
allumée, Tatmosphère hydrogénée qui l'enveloppe s'enflamme, sans endommager la Plante.
Famille GLVI*. — ZANTHOXYLÉES. — Galyce libre. Pétales hypogyncs, égaux en
nombre aux drvisions du calyce, à préfloraison convolutive-imbriquée, tombants, rarement
nuls. Etamines autant que de pétales, ou en nombre double. Garpelles posés sur un gynophore,
libres ou cohérents à leur base, ou complètement soudés en ovaire à plusieurs loges, conte-
nant chacune 2 ou 4 ovules réfléchis. Fruit varié. Plantule dicotylédonée, dans Taxe d*un
albumen charnu ; radicule su père.
La tige est ligneuse, les feuilles sans stipules, les fleurs ordinairement diclines; le fruit est
tantôt simple, soit charnu, soit samaroïde, indéhiscent, ou se séparant en coques déhiscentes,
tantôt multiple et composé de drupes ou de capsules uniséminées.
Les Zanlhoxylées habitent les régions tropicales et subtropicales de TAmériquo et de l'Asie.
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LISIÈRE DE BOIS.
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ZANTHOXYLÉES. 309
— Elles sont liées aux Simarubées et aux Diosmées ; elles se distinguent de celles-ci par leurs
fleurs diclines et la structure intérieure de leur fruit, de celles-là par le nombre des ovules et
les graines albuminées. Elles ont avec les Anacardiacées etlesBurséracëes une affinité confirmée
par leurs propriétés. Elles se rapprochent des Eupkorbiacées par la diclinie, les fruits en coque,
et la plantule inverse dans un albumen charnu.
Plusieurs Espèces contiennent dans presque toutes leurs parties une résine et un principe
amer, qui leur donnent des propriétés toniques et stimulantes , favorables aux organes de la
digestion et de la si^crétion. La première place parmi les Zanthoxylées médicinales appartient
au Britcea antidysenterica^ arbrisseau de TAbyssinie, dont Técorce intérieure et les feuilles
sont employées avec succès contre la dysenterie et les fièvres intermittentes. — Le Genre
Glàvalier (Zanihoxylum), qui donne son nom à la Famille, doit ce nom, signifiant en grec
boisjaune^ à un principe amer et colorant, cristal lisable (Zanthopicrite)\ la racine et fécorce
de plusieurs Espèces sont employées, comme fébrifuges, en Chine et au Japon ; les feuilles, les
capsules, les graines de quelques autres sont employées comme condiment à la place du poivre.
— Le Clavalibr jaune (Z. clava Hercidis), arbrisseau des Antilles, fournit aux arts et à
la médecine une écorce tinctoriale et fébrifuge; le Cl. a peuillbs de Frêne (Z. Fraxi-
neum), de l'Amérique septentrionale, est cultivé dans nos jardins; son écorce, d'une saveur
acre, excitant la salivation, est employée en Amérique pour calmer les maux de dents. — Le
Ptelea trifoliata^ petit arbre de la Caroline, est cultivé dans nos jardins sous le nom d'Orme
de Samarie; ses feuilles Irifoliotées sont regardées comme vermifuges et propres à déterger les
ulcères; ses capsules amères-aromatiques sont employées à la plice du Houblon dans la fabri-
cation de Iji bière. — VAUantus glanduiosa est un bel arbre du Japon, très-répandu aujour-
d'hui dans nos jardins et nos promenades publiques; ses feuilles sont imparipennëes; ses fleurs
sont diclines, verdâtres, disposées en panicule et d*une odeur peu agréable. Cet arbre s'accom-
mode de tous les terrains ; dans un sol un peu humide et abrité, sa croissance est de 3 pieds par
an. Son nom populaire de v^rwwrfMya/xm renferme une erreur ; ce n'est pas lui, c'est un Sumac
qui fournit le vrai vernis du Japon.
Famille CLVIK — SIMARUBÉES. —Celte petite Famille diffère de la précédente
par ses étamines, toujours en nombre double de celui des pétales, ses ovaires libres, uniovulés,
devenant des drupes, sa graine sans albumen, et s\ radicule courte, retirée entre les cotylédons.
— Elle habite principalement l'Asie tropicale^ file de Madagascar et TAmérique équatoriale.
Les Simarubées contiennent une substance cristallisable , nommée Qiiassiney fortement et
franchement amère, qui, tempérée par un peu d'huile volatile, une résine et des sels, leur
donne des propriétés toniques, applicables surtout aux organes de la digestion. L' écorce des
racines du Sim arouba (Quassia simaruba)^ arbre de Cayenne , est fébrifuge et antidysenté*
rique; le Quassi (Quassia amara) est un arbuste de Surinam, dont les vertus ont été misei
en lumière par un nègre, nommé Quassi, Cet homme, pour témoigner sa reconnaissance à un
officier hollandais, son bienfaiteur, lui révéla les propnétés fébrifuges de la racine, dont il se
servait secrètement pour guérir les fièvres intermittentes pernicieuses : Linné donna son nom à
l'arbre qu'il avait fait connaître.
Famille CLVIIK — OGHNACÉES. —Sépales 4-5, libres ou presque libres. Pétales,
autant que de sépales, hypogynes, à la base d'un gynophore. Etamines en nombre double ou
multiple de celui des pétales. Ovaires 4-5, ou plus, plus ou moins soudés avec l'axe stylifère, et
uniovulés. Ovule pendant, réfléchi. Baies ou drupes distinctes. Plantule dicotylédonée, peu ou
point albuminée. — Tige ligneufte. Feuilles alternes, simples, stipulées.
Les Ochnacées ont pour caractère distinctif la situation du style entre les lobes de fovaire.
— La plupart sont intertropicales. — Elles sont amèrcs comme les Simarubées , mais l'astrin-
gence est leur propriété dominante.
Famille CLIX*. — CORIARIÉES. — Le Genre unique Coriaria, qui constitue cette
famille, a été détaché des Malpighiacées; il en diffère par ses feuilles toujours dépourvues
de stipules, ses pétales charnus, scssiles et persistants, ses filets libres, son ovaire à 5 lobes, son
fruit à 5 coques.
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310 HISTOIRE DES FAMILLES.
LeConiAinÈ a feuilles db Myrte [Coinaria myrti folio), indigène dans la région
méditerranéenne, contient une abondante quantité de
(anin , qui le rend précieux pour les corroyeurs. Se«
feuilles, très-narcotiques, sont mêlées frauduleusement
avec celles du Séné, et cette sophistication a causé la
mort de beaucoup de malades.
Famille CL \%— MÉNISPERMÉES. — Sépales
libres, tombants. Pétales 3-6-12, hypogynes, ordi-
nairement libres, quelquefois nuls. Etamines, autant
que de sépales , rarement p'us, à filets libres, quelquefois
monadelphes. Ovaires plusieurs, libres, uniovulés;
ovules courbes. Fruit bacciforme ou drupacé. Graioe
droite ou courbe. Plantule très-grande, peu ou point
albuminée.
La tige est ligneuse, flexible, grimpante ; les feuilles
CORUIKB A FKriI.LB9 AB MTRTB.
(Corjona myrtifolia.)
sont alternes, simples, sans stipules,
les fleurs ordinairement diclines.
Les Ménispermées habitent principa-
lement les régions intertropicales de
l'Asie et de l'Amérique. — Elles ont
de raffmité avec les Anonacées, les
Berbéridées et les Lardizabalées ; leurs
propriétés médicales ne sont pas à mé-
priser: les unes possèdent aans leur
racine un principe amer, qui les rend
toniques ; cnez les autres , cette amer-
tume est aiguisée par un principe acre ,
propre à stimuler les fonctions des
reins et de la vessie. — La racine du
Colombo (Cocculus palmatus) ^ de |
l'Afrique australe, est prescrite contre la
dysenterie et les vomissements. — La
racine du Pareira-brava (Cissam-
pelos pareira), des Antilles, est vantée
comme diurétique, et employée à la
Martinique contre la morsure du Trigo-
nocéphale. — La Coque du Levant est le fruit de VAnamirta cocculus, arbrisseau de F Asie
tropicale : on en fait usage dans Tlnde pour enivrer et empoisonner les poissons, et ce procédé
a passé en Europe; il produit en efl'et des pêches abondantes, mais il est quelquefois dangereux
de manger le poisson qui a été pris par ce moyen, attendu que la graine de VAnamirta contient
un principe narcotique [Picrotoxiné) qui n'est guère moins vénéneux que la Strychnine. — La
bière anglaise est quelquefois falsifiée avec la Coque du Levant. — On cultive dans les jardins
botaniques plusieurs Espèces de Menispermum, et principalement le M. du Canada
{M. canadense), à tige volubile, à feuilles peltées, cordiformes arrondies.
Famille CLXP. — LARDIZABALÉES. —Cette Famille , autrefois jointe à la précé-
dente, en diffère par ses ovaires pluriovulés , sa plantule minime dans un albumen abondant,
Mbicispbriib du Cahada.
{Meniêpormum Canadtnê»,)
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LARDIZABALÉES. 311
et ses feuilles composées. — Les Lardizabalées sont répandues dans les régions tempérées de
TAmérique méridionale, de l' Inde et du Japon . — Elles ne contiennent pas de principe amer ; leurs
baies sont mucilagineuses et comestibles.
Famille CLXIK — BERBÉRIDÉES. — Sépales 5-4-9 libres, plurisëriés. Pétales
hypogynes, libres, en nombre égal à celui des sépales ou en nombre double, pourvus à leur
base d'une double glande, ou dédoublés d'un appendice. Etamines, autant que de pétales,
rarement en nombre double. Ovaire unique, uniloculaire, à ovules pariétaux ou basilaires, ré-
fléchis. Pniit bacciforme ou capsulaire. Plantule dicotylédonéedans Taxe d'un albumen charnu.
La tige est ligneuse ou herbacée ; les feuilles sont alternes, simples ou composées. — Les Ber-
bel idées habitent les régions tempérées de Thémisphère boréal et de l'Amérique méridionale;
elles t ennent aux RenonculacéeSy aux Anonacf^es et aux Papavéracées.
Les parlies herbacées et les baies des Berbéridées contiennent de l'acide malique libre ; les
chimistes ont retiré de la racine et de Técorce de plusieurs Espèces, un principe jaune amer
(Berbérine), qui possède les vertus purgatives de la Rhubarbe. Le Vinettier commun
(Berberis vtUgarts); nommé vulgairement Epine-vinette, donne des baies avec lesquelles on
prépare une confiture très-agréable. Ses élamines sont irritables, le moindre contact les fait
redresser vivement du fond des pétales et se jeter sur le pistil : le chatouillement opéré avec la
S ointe d'un aiguille, le frôlement des ailes d'un insecte, suffisent pour exciter leur sensibilité.
>n emploie Técorce du Vinettier dans la teinture.
Plusieurs Berberis exotiques sont cultivés dans les jardins; ce sont, entre autres, les
B. aristatay nepalenstSj canadensis, etc. Le Berberis ilicifolia (PI. XXI) est un arbrisseau de
la Terre de Feu, dont les feuilles sont coriaces, dentées et piquantes comme cellos du Houx ;
les fleurs sont globuleuses, d'un jaune d'or foncé ou orangé. — Les Mahonia, sont des arbris-
seaux élégants voisins des Berberis, dont la plupart sont américains; leurs feuilles pennées et
persistantes produisent un effet pittoresque dans les bosquets d'hiver.
Famille GLXIIK—SCHIZANDRÉES.— Sépales 3-6. Pétales hypogynes6-9, libres,
plurisériés. Etamines indéfinies. Ovaires
nombreux, portés sur un gynophore, libres,
quelquefois cohérents, à 2 ovules pondants.
Baies en tête ou en épi. Plantule dicotylé-
donée, droite, minime, à la base d'un al-
bumen charnu. Tige ligneuse, sarmenteiise.
Feuilles alternes, simples, sans stipules.
Cette petite Famille, voisine des Magno-
liacées, habite les régions chaudes de l'Inde,
du Japon et de l'Amérique boréule. — Les
Schizandrées contiennent un suc niucila-
gineux sans aromo et sans àcreté ; la plu-
part sont remarmiables par la beauté de
leurs fleurs. — On cultive en Europe le
Schizandra coccinea , sous -arbrisseau à
fleurs petites, de couleur écarlate.
Famille CLXIV*. — MYRISTI-
CÉES. — Fleurs dioïques. Calyce 2-4-
fide. Corolle nulle. Etamines monadelphes.
Ovaire unique, uniloculaire; 1-2 ovules
dressés, réfléchis. Baie capsulaire, à une
loge, bivalve. Graine unique, enveloppée
d'un arille charnu, déchiqueté; testa dur.
endoplèvre membraneux ridé. Plantule
minime à la base d'un albumen ruminé.
Les Mvristicées sont des arbres ou arbris-
seaux de la zone tropicale, à feuilles alternes,
coriaces , simples, entières; longtemps
(iTyrisiica moêchata.) confoudues avec Ics Lauriuees à cause de
la petitesse de leurs fleurs apétales, de
leur diclinie, de leur parfum et de leur port, elles sont aujourd'hui plus naturellement
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312 HISTOIRE DES FAMILLES.
près des Anonacées. Toutes leurs parties sont aromatiques; leur suc est stypliqueet rougit à Pair.
Le Muscadier [Myristica mosckata) est un bel arbre des Molusques, introduit dans nos
colonies de Bourbon et de rile-dc-France, puis propagé en Amérique. Ses semences, nommées
noix muscades y et son arille lacinié, nommé macis, sont employés comme épice eî médicament
stimulant; mais on les accuse avec raison de cacher sous leur arôme suave un principe véné-
neux narcotiaue. La muscade contient une essence qu'on peut obtenir par la distillation, et une
huile fîxe, solide, qu'on en relire par Fexpression à chaud, mêlée avec l'huile volalile. Celte
huile mixte est nommée ùeurj'ede muscade, à cause Je sa consistance et de sa couleur jaune.
La muscade, prise à rintériour en quantité considérable, allume la soif, rend la tète pesante,
cause do Toppression, de Tivrosse, du délire, et peut amener Tapoplexie. On s'est même
assuré que les exhalaisons du Muscadier et des muscades entassées sont pernicieuses pour les
personnes couchées dans le voisinage de l'arbre ou des graines.
Familles CLXV*. — ANONACÉES. — Sépales 3. Pétales hypogynes 6, bisériés,
à préfloraison valvaire. l'iamines ordinairement indéfinies, multisériées. Carpelles nombreui,
libres ou presque libres, à un on plusieurs ovules dressés ou ascendants. Fruit capsulaire ou
bacciforme. Plantule minime à la hase d'un albumen ruminé. — Tige ligneuse. Feuilles alternes,
simples, entières, sans stipules.
Les Anonacées hahilenl presque toutes la zone torride; elles sont voisines des Myristicéescl
des Magnoliacées; elles diffèrent des Schizandrées par leur port, leur arôme, leurs fleurs com-
plètes et leurs étamines libres.
L'écorce des Anonacées est aromatique et stimulante; quelquefois acre, quelquefois nau-
séeuse. Ces fleurs sont en général d'odeur suave; les fruits sont aromatiques et poivrés quand
ils sont formés de carpelles libres; dans le cas contraire, ils sont seulement comestibles. — Les
fleurs du Gananga (Uvaria odoraia) font les délices des Malais; ils en ornent leurs cheveui,
leurs habits, et en font des guirlandes
pour orner leurs maisons dans les
jours de fêtes; ils préparent avec cps
fleurs et de la racine de Curcuma,une
pommade odorante, nommée ^or^ri,
dont ils se frictionnent le corps pour
se préserver des fièvres dans la saison
des pluies. LesEuropi^ensqui habitent
rinde, et surtout les femmes, font
macérer le Cananga dans de l'huile de
coco, et s'en servent pour lisser leur
chevelure au sortir du bain. Les
fruits bacciformes de Y Unona œtkio-
pictty arbrisseau d'Afrique, fournissent
une épice connue sous le nom de
poivre d* Ethiopie, Les Anona pro-
duisent des fruits délicieux. Le Ché-
ri m o l i a (A. cherimolia) , qui croît
au Pérou, est le plus vanté, h* A. fm-
ricata donne le Corossol et VA.Squa-
mosa, la Pomme-cannelle \ ces Iruifc?
charment les yeux par leur forme
élégante autant qu'ils flattent l'odorat
et le goût. Les Européens les mangent
avidement sans jamais en être incom-
modés. On suppose que les Anona sont
originaires d'Aménque, et ont été
répandus par l'homme dans toute la
zone interlropicale. — On cultive en
Europe quelques Anonacées, entre
autres I'Anona a trois lobes
roiiM«-a:,5ELLE. (A. triloha) (PI. XIX), arbrisseau
\ Anona »qunmo,a) ^^ l'Amérique boréalo , à fleurs
d'un rouge obscur, à fruit trilobé;
VA. sqnam<isa, à feuilles pellucidcs ponctuées, à fleurs verdâtres et à fruit écailleux.
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MAGNOLIACÉES. 313
Famille GLXVl«. — MAGNOLIACÉES. — Sépales 3, rarement 2, ou 4, ou 6.
Pétales hypogynes à la ba^^e d'un réceptacle allongé, 6 ou plus, libres. Etamines indélinies.
Ovaires nombreux, soit libres, soit plus ou moins cohérents, bi pluriovuUs. Ovules pendants,
réfléchis. Fruit varié : carpelles pédicellés, libres, ou cohérenls en épi, déhiscents ou indéhiscents,
secs ou charnus. — Graines à funicale allongé. Plantule minime à la base d*un albumen
charnu. . • , ,
Les Magnoliacées sont des arbres à feuilles alternes, simples, a stipules cadu(|ues; elles habitent
principalement l'Amérique boréale, Tinde, la Chine, le Japon et la Nouvelle-Hollande, Elles se
rapprochent des Anonacées par leurs fleurs à nombre ternaire, leurs anthères adnées, le nombre
et la position des ovaires; elles tiennent aux Dilléniacées par le port et la ressemblance des
organes de la fructification ; elles diffèrent peu des Schizandrées.
Les Magnolia sont de beaux arbres de
PAmérique septentrionale et de l'Asie
tropicale, à feuilles grandes, souvent per-
sistantes et à fleurs magnifiques , dont la
culture se répand dans les jardins d'Eu-
rope, et leur donne une physionomie toute
particulière. Le M, grandiflora^ de la Ca-
roline, s'élève à 90 pieds; ses feuilles sont
longues de 7 pouces et persistantes, ses
fleurs, dont le diamètre est de 7 à 8 pouces,
sont d*un blanc pur et d'une odeur suave.
Lo A/. ^/oz/Cd, ou Arbre de castor, est
un arbrisseau rustique, haut de 15 pieds, à
feuilles glauques en-dessous , à fleurs
blanches très-odorantes. Le M. Thomp-
soniana, variété du précédent, est un bel
arbre pyramidal de 20 pieds, qui diffère
du M. Glauca par ses feuilles plus grandes,
et ses fleurs larges de 5 pouces. Le
M, Yidan est une espèce de la Chine, dont
les fleurs innombrables éclosent toutes à la
fois, avant les feuilles, au mois d'avril. Les
Chinois en font leurs délices; ils emploient
ses graines comme fébrifuges. — Le
Tulipier (Liriodendron tulipifera) est
un arbre de Virginie, qui parvient dans
sa patrie à une hauteur de 100 pieds, et
dont nous admirons encore la beauté ma-
jestueuse dans les sujets cultivés en Europe :
ses feuilles sont à k lobes, inégaux; ses .\uc.olu du t..omp*ox.
fleurs, en forme de tulipe, sont nuancées {nagnoua Thompsomana.)
de vert et de jaune pâle, avec une tache
jaune orangé ; son écorce amère aromatique, est rangée parmi les meilleures succédanées de
la Cascarille et du Quinquina. L'écorce de plusieurs Magnolia est également estimée comme
médicament tonique.
La Badiane {ïllicium anisatum) est un arbrisseau de Chine, toujours vert, dont le fruit se
compose de capsules ligneuses, vcrticillées sur une seule série ; ce fruit, nommé Ani$ étoile, à
cause de sa forme et de son odeur, contient, avec un principe amer, une résine dissoute dans
une huile volatile; il est employé comme stimulant, et les liquoristes le font entrer dans la
composition de Yanisette de nollande. — Le Sk i m m i (lUicium religiosum, qui n'est peut-être
qu'une variété de la Badiane, possède les mêmes propriétés, mais à un degré inférieur ; il est
cultivé au Japon, et les Bouddhistes prétendent que la vue de cet arbre réjouit leurs dieux; ils
font avec ses rameaux des guirlandes dont ils décorent leurs temples et les tombeaux de leurs
parents : les veilleurs publics se servent de son écorce pulvérisée, comme d'un chronomètre :
ils en remplissent des rigoles creusées dans de la cendre , et y mettent le feu ; cette poudre se
consume lentement, la combustion emploie un temps égal pour parcourir un espace déter-
miné ; c'est sur cet espace que se règlent les veilleurs pour annoncer l'heure au peuple, en frap-
pant sur des timbres. Cette singulière horloge est renfermée dans une boîte dt>nt la longueur
n'excède pas un pied, mais les rigoles sont nombreuses. Pour que la combustion soit régu-
lière, ils tiennent la boîte fermée, l'air y entre par un trou, et la fumée en sort par un autre.
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314. HISTOIRE DES FAMILLES.
Famille CLXVIK—DILLÉMACÉE S. -Sépales libres. Pétales libres, hypo^yoes. EU-
mines indélinies. Ovaires, plusieurs, libres ou presque libres, à un ou plusieurs ovules, ascen-
danls ou dressés, réfléchis. Capsules folli-
culaires ou bacci formes, libres ou cohé-
rentes. Plantule dicolylédonée, minime à
la base d'un albumen charnu.
La tige est souvent grimpante, les
feuilles sont alternes, et rarement op|H)sées,
les stipules nulles, ou enveloppant le bour-
geon, et caduques; les fleurs sont souvent
rendues irréguiières par la position latérale
des élamines. — Les Dilléniacées se rap-
prochent des Majjnoliacées, dont elles dif-
fèrent par le nombre et la situation latérale
de leurs élamines, la proportion quinaire
de leurs enveloppes florales, toujours uni-
sériées, et leur propriété astringente. Elles
diffèrent des Rvnonculacées par leur porl,
leurs étamines unilatérales, leur prrame
arillée,etleuraslringence. — Elles habitent,
au-delà de Téquateifr, les régions tmpicales
de TAsieet de l'Amérique. — L'écorcc de la
plupart des espèces est employée par les
tanneurs; le fruit de quelques-unes est
aigre ; on s'en sert dans la prî§paration des
hauces, et pour comp<»>er des sirops rafraî-
chissants : tel est le Dillenia speciosa, bel
arbre de Java, à feuilles longues d'un
pied , larges de 5 pouces , à fleurs soli-
taires très-grandes, b'anches; on le cultive
dans les serres d'Europe, ainsi que VHib-
HiBBBKTiA yoLUBiLB, bcrtia voluMlis , arbrisseau de la Nou-
[UibbBriia voiubiiiê') velie-Hollaude, toujours vert et grimpant,
à rameaux roses, à feuilles luisantes,
soyeuses intérieurement; $es fleurs simt d'un jaune doré, mais leur odeur est dé:Fagréable.
Famille CLXVIIK— RENONCULACÉES.
CARACTÈRE. — Calyce ^jolysépate. Pétales hypogynes , de forme variée, quelque-
fois nids. Et kMi^ ES ordinairement nombreuses^ à anthères ordinairement adnées. 0\v il
réfléchi. Plantule dicotylédonée, minime^ à la base d'un albumen corné.
Tribu 1. — CLÉMATIDÉES. — Sépales pétaloïdes à préfloraison valvairc; pétales nuls, ou
plus courts que les sépales, et planes. Akènes nombreux, terminés par les styles allongés en queue
plumeuse. Graine inverse. Feuilles opposées.
Clématite. Clematis. \ Atragène. Atragene.
Tribu 2. — ANÉMONÉES. — Sépales pétaloïdes, à préfloraison imbriquée; pétales nuls;
akènes nombreux ; graine inverse. Feuilles radicales ou alternes.
PiGAMON. Thalictrum.
Anémone. Anémone,
Hépatique. Hepatica.
Adonide. Adonis,
Tribu 3. — RENON CULÉES. — Sépales et pétales à prcfloraison imbriquée. Pétales à onglet
rendu bilabié par une écaille interne, ou simplement creusé en fossette nectaritère. Akènes nom-
breux. Graine dressée ou inverse. Feuilles radicales ou alternes.
Renoncule. Ranunculus. 1 CiRATocÉpnALE. CeratocephaLus.
FicAiBE. Ficaria. \ Myosure. Myosure.
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RENONCULACÉES.
315
Tbibu 4. — HELLÉBORÉES. — Préfloraison imbriquée; sépales pétaloïdes ou sub pétaloïdes,
souvent inégaux (Aconit); pétales ordinairement tubuleux, quelquefois soudés irrégulièrement en
un seul (Dauphinelle), quelquefois nuls {Caltha). Follicules verticillés, ou en tète, rarement soli-
taires, quelquefois soudés plus ou moins complètement en capsule pluriloculaire. Feuilles radicales
ou alternes.
POPULAGB.
Caltha.
NiCF.LLE.
Nigella.
Trolle.
TrolUus.
Ancolie.
Aquilegia.
Erantbis.
Eranthis.
Dauphinelle.
Delphinium
Hellébore.
Helleborus.
Aconit.
Aconitum.
Tribu 5. — PÉONIÉES. — Préfloraison imbriquée. Pétales quelquefois réduits à une lame
étroite; anthères basifixes. Fruit folliculaire ou charnu. Feuilles alternes.
ACTEE.
Actœa.
Pivoine.
Pœonia.
Les Renonculacées sont pour la plupart des Plantes
herbacées, quelques-unes ligneuses et grimpantes;
les feuilles sont généralement alternes^ à pétiole
dilaté inférieurement en gaîne, et à limbe découpé.
— Cette Famille est voisine des Dilléniacées et des
Berbéridées ; elle se rapproche des Nympkœacées
et des Papavéracées ; on lui trouve même quelques
traits de ressemblance avec les Ombellifères et les
Altsmacées. Elle est répandue sur toute la terre ,
et habite principalement les régions tempérées et
froides de Phémisphère boréal.
ESPÈCES PRINCIPALES.— Les Renoncu-
lacées contiennent presque toutes un principe plus
ou moins acre , quelquefois vénéneux : ce principe
est généralement volatU , et disparait par la cuisson
ou la dessiccation. Mais, dans quelques-unes, il est
de nature alcaline, et par conséquent plus fixe et
plus énergique. Les racines de plusieurs Espèces
vivaces renferment une matière résineuse, purgative
ou vomitive. Dans les graines , le principe acre est
souvent uni à un principe aromatique.
L'herbe récente de plusieurs Renonculacées
était jadis recommandée par les médecins comme
rubéfiante et vésicante. La Clématite aubb-
YiGNE {Clematts vitalba) , Plante indigène, est
employée par les mendiants, qui écrasent ses feuilles,
et les appliquent sur leur peau pour y produire
des ulcères superficiels, et exciter la commisération publique. — Beaucoup d'Espèces du
Genre Renoncule {Ranimculus) possèdent aussi une vertu vésicante : telles sont les B. flam-
muta, Itngm, arvensis, muricatus, bulhosus , acris, sceleratus, etc. , Teau distillée de ces
Plantes contient un principe volatil cristallisable d'une extrême àcreté ; les animaux herbi-
vores n y touchent pas quand elles sont fraîches, mais on en fait de très-bon foin. Plusieurs
Espèces deviennent même comestibles par la cuisson: c'est ainsi que laR. scélérate
elle-même est usitée dans quelques pays comme Plante potagère; il en est de même de la
Clématite flammète ( Clematis flammiUa) , Espèce des plus acres, dont les jeunes pousses
sont mangées impunément. La Ficaire (Ficaria ranunculoides] , qui se rencontre dans
DAuramnxv a grakdi flitjk.
(Delphinium grandiflorum.)
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316 HISTOIRE DES FAMILLES.
tous les lieux cultivés, est acre dans sa jeunesse, mais, eu même temps que ses feuilles et que
ses tubercules, se développent du mucilage, des sels et de la fécule , qui radoucissent et la
rendent comestible. — La Renonculb alpestre (/?. al/jestris ] est acre , vésicante et
purgative ; cependant les chasseurs des Alpes mâchent ses feuilles pour se préserver du
vertige et se reconforter.
Les Anémones ne sont pas moins acres que les Renoncules; la Sylvie {Anémone nemorosa)
est vésicante, ainsi que ses congénères exotiques.
L^Anémonk renoncule {A. t'anuncidoides) est
employée par les habitants du Kamtschatka pour
empoisonner leurs flèches. L'Hépatique (Hepatica
triloba), qui nous annonce le printemps, est astrin-
gente et sans âcreté ; les anciens avaient cru recon-
naître dans ses feuilles à 3 lobes, colorées en brun
comme le foie, une indication pour son emploi contre
les maladies de cet organe. — La Pulsatille (A.pul-
satilla), employée fraîche, possède des propriétés éner-
giques; sa saveur, faible d'abord, devient bientôt très-
mordante; son odeur est presque nulle, et cependant
quand on la broie , elle dégage une vapeur acre qui
irrite les yeux , le nez et rarrière-bouche ; elle contient
un acide volatil, un alcali nommé Anémanine, et une
petite quantité d'huile éthérée. On emploie cette Plante
avec succès dans les paralysies, surtout celle du nerf
optique, ainsi que dans les autres ophthalmies, les
/« "*/*",^*'r'i. ^ affections rhumatismales et les maladies cutanées re-
[Uepattca trtloba,)
belles : la dessiccation diminue beaucoup ses propriétés.
Beaucoup de Renonculacées purgent violemment et excitent la sécrétion urinaire. Quelques-
unes sont diaphorétiques, quelques-autres possèdent un principe amer qui les rend toniques.
On emploie encore quelquefois le Pic a mon jaune (Thalictrum flavum) on Rhubarbe des
pauvres^ dans Tictère et contre les fièvres intermittentes. On prépare , aux Antilles , avec la
décoction de la racine du Clematis dioica , mêlée avec de l'eau de mer, une médecine très-
vantée contre l'hydropisie. La Dauphinbllb des champs (Delphinium consolida) est
estimée comme diurétique et vermifuge : c'est dans ses graines que réside surtout son prin-
cipe actif; ses fleurs ont été jadis préconisées contre les maladies des yeux, et, si l'on en croit
une vieille tradition, la Plante, suspendue dans le cabinet d'un savant, lui conserve une vue
inaltérable. — Les graines de la Staphysaigre (D. staphysagria), et des Espèces de l'Eu-
rope méridionale et de l'Asie, possèdent un alcaloïde, nommé Delphine, uni à de l'acide ma-
lique, à une huile flxe, à une gomme ^ à une substance albumineuse et à de l'amidon; ces
divers principes leur donnent des propriétés fortement drastiques, vomitives et anthelmin-
tiques. On ne les emploie, en France, qu'à Textérieur pour faire mourir la vermine de
la tête, et guérir la gale ou les dartres. — La semence de la Nigelle (Nigella sativa) ou
Cumin noir, qui est légèrement aromatique, n'est plus usitée en médecine, mais on l'emploie
généralement chez les Orientaux pour assaisonner le pain.
La racine de 1' Hellébore d'Orient [Helleborus Orientalis) était jadis préconisée par
les médecins de l'école d'Hippocrate contre la manie, l'épilepsie et l'hydropisie. Cette Plante
croît dans les montagnes de la Grèce et de l'Asie Mineure. Notre Hellébore officinal est
V Helleborus niger, dont la racine fraîche a une odeur rance, une saveur sèche, acre, un peu
amère, qui donne dans la bouche une sensation de chaleur brûlante et d'engourdissement;
elle doit ses propriétés à une substance amère et à un principe résineux; prise à haute dose,
elle peut devenir mortelle; mais en petite quantité, elle donne une impulsion salutaire aux
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PAYSAGK ALPESTRF:
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HENONCULACÉES. 317
fonctions des viscères abdominaux. Les Helleborus viridis, fœtidus, hyemalis ont des pro-
priétés analogues.
Les Aconits sont des herbes narcotico-àcres, très-vénéneuses, dont les feuilles fournissent
à la médecine un puissant stimulant des organes glanduleux et des vaisseaux lymphatiques;
ils doivent leurs vertus à un alcaloïde nommé Aconitine, combiné avec un acide particulier, et
uni à des principes résineux et volatils. L'Aconit napel (Aconitum napelius), ainsi nommé
à cause de sa racine en forme de petit navet ^ est notre Espèce officinale; mais il importe de
ne le cueillir qu'après son parfait développement : en effet, dans le jeune âge, ses propriétés
sont si peu développées que Ton mange ses jeunes pousses cuites dans la graisse. L'Espèce
la plus vénéneuse est l'A. féroce (A. ferox), qui croît sur THymalaya.
La Tribu des Péoniacées offre quelques Espèces médicinales. L'Acte e {Actœa spicata) est
une Plante indigène , dont la racine, jadis employée à l'intérieur contre l'asthme et le vice
scrofuleux, à l'extérieur contre les dartres, est aujourd'hui tombée en désuétude. La racine de
TActéb serpentaire {Cimicifuga serpentaria), Espèce américaine, est nauséeuse, amère,
astringente et un peu mucilagineuse ; on la regarde comme le plus efficace des remèdes pour
guérir la morsure du Serpent à sonnettes, La Pivoine, herbe fameuse au temps des sorciers,
est aujourd'hui presque abandonnée; ses graines sont émétiques; on en fait des colliers pour
favoriser la dentition des enfants.
La Famille des Renonculacées intéresse l'horticulteur aussi bien que le médecin. La plupart
de ses Espèces peuvent servir de Plantes d'ornement. Parmi les Clématites grimpantes, nous
citerons la Cl.* A fleurs bleues {CL viticeila), la Cl. viorne (Cl, v/orna), de la Vir-
ginie, à fleurs propres pourpres en dehors, jau-
nâtres en dedans; I'Atragène des Alpes
(Atragene alpina], arbuste indigène, à grande
fleur bleue. La Clématite a feuilles
étroites (Clematis angustifolia) est une
herbe d'Italie non grimpante, à pédoncules uni-
flores, à feuilles dont les segments sont linéaires.
— Les deux principales Espèces du Genre Ané-
mone, cultivées dans les jardins, sont VA, hor-
tensis et VA , coronaria, qui ont fourni les nom-
breuses variétés doubles, si recherchées par les
amateurs. Les Adonis œsiivalis et vernalis sont
des Espèces indigènes, à pétales d'un jaune ou
d'un rouge vif, souvent maculés de pourpre noir
à leur base. En tête des Renoncules brille le
Ranunculus asiaticus , dont on a obtenu des
variétés doubles et semi -doubles, de toutes les
couleurs. Le Bouton d'or n'est autre que notre
Banunculus acris, indigène, dont la culture a
cLiMATiTK A rBoiLi.g8 KTtoiTBs. métamoTphosé Ics étamines et les carpelles en
Clematiê anguêtifolia, n^ i »»
pétales et en lames vertes. — Tous les II ellé-
bores sont intéressants pour Thorticulteur, parce que la plupart fleurissent pendant l'hiver;
tels sont rn. NOIR ou B ose de Noël, et \e petit Hellébore ik\}^K {Eranthis hyemalis),
qui montre sa fleur dès que les neiges ont commencé à fondre. — Les Aconits fleurissent
au milieu de l'été ; la plupart sont d'Europe. Les A. lycoctonum^ anthora et pyrenaicum
ont des fleurs jaunes; les A, napellus, panicidatiim et variegatum sont à fleurs bleues; la
dernière est remarquable par ses sépales dont le bord est d'un bleu foncé, et le reste d'un
bleu pâle; c'est une variété de VA. paniculotum, — Les Nigelles se font remarquer par
leurs petits pétales bilabiés et leurs follicules soudés en capsule; telles sont la Nigelle
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318 HISTOIRE DES FAMILLES.
DE Damas {Niijella damascena) ou patte d'araignée, et la N. d'Espagne (;V. hispa-
nica), dont les teintes sont plus vives que celles de TEspèce précédente. Les Ancolies
sont toutes du plus bel effet ; nous placerons en première ligne notre Espèce indigène
(^quilegia vuigaris), dont les 5 pétales,
semblables à des cornes d'abondance,
peuvent passer du bleu au rouge, au rose,
au blanc, au panaché, et se multiplient par
la culture, de manière à former des piles de
cornets emboîtés les uns dans les autres ;
viennent ensuite VA. canadensis^ à fleurs
sveltes, d'un beau rouge safrané; VA.
glandulosa, de Sibérie, à pétales blancs cl
à sépales bleus. L'A. agrrabls (^4. ju-
cunda), récemment introduite dans nos
jardins, se distingue de l'Espèce précédente
par ses folioles arrondies, ses sépales légè-
rement acuminés, d'un bleu tendre, et ses
pétales bordés de blanc, à cornet court, cro-
chu. — Les Dauphinbllbs (Delphinium)
sont ainsi nommées à cause de leur sépale
supérieur, relevé comme la queue d'un
dauphin. On en cultive de fort belles, le
D, elatunij le D, grandi florum. Espèces
vivaoes de Sibérie, etc.; mais la plus
élégante, pour le port, est la D. d'Ajax
(I). Ajacis), nommée vulgairement pied
d'alouette des jardins. Elle offre à la base
[A^ZZllriTatfn.s ««^emc dc son pétale unique des lignes
noirâtres, figurant assez bien les lettres
A I A. Les poètes racontent qu'Ajax, fils de Télamon, qui disputait à Ulysse les armes
d'Achille devant l'assemblée des princes grecs, ayant été vaincu par l'éloquence du
favori de Minerve, tomba dans un délire furieux, massacra les troupeaux de l'armée
qu'il prenait pour Ulysse et les Atrides, et se tua de désespoir quand il eut repris sa
raison. Les anciens croyaient que les dieux, touchés de pitié, l'avaient changé en fleur, que
cette fleur était notre pied d'alouette, et que le nom d'Ajax avait été écrit sur la corolle
pour attester la métamorphose. Mais, si Von en croit uie tradition toute différente, notre
Delphinium indigène n'est autre chose que le jeune Hyacinthe, ami d'Apollon : ce dieu
jouait au palet avec son favori; mais Zéphyr, jaloux d'Hyacinthe, détourna le palet vers
le front du jeune homme, qui tomba fhippé d'un coup mortel. Apollon , voulut immortaliser
son ami, le changea en fleur, et grava sur la corolle le cri de douleur AÏ AÏ, qu'il avait
poussé en tombant. Ovide concilie ces deux Actions poétiques lorsqu'il raconte la mort
d'Ajax : «... Et la terre rougie de son sang flt sortir du vert gazon la fleur purpurine, qui
({ jadis était née du jeune Hyacinthe ; des lettres furent écrites au milieu de ses feuiUes,
« indiquant à la fois le nom du héros et le cri plaintif de l'enfant. »
. . . ruhefacla que sanguine tellus
Purpureum viridi genuit de cespite florem,
Qui prius Œbalio fuerat de vulnere natus.
Littera communia mediis puera que viroque
Inscripla est foliis, hœc nominis, illa querelœ.
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RENONCULACÉES. 319
Les Pivoines herbacées, fleurs magnifiques qui ouvrent le printemps dans nos jardins, sont,
les unes doubles par la métamorphose de leurs innombrables étamines, les autres simples ; et
ces dernières sont certainement les plus belles , sinon les plus riches : nous citerons la
PivoiNB OPFIGINALB (Pœonia officinalts] et la Pivoine corail (Pœonia corallinà),
dont les variétés sont innombrables. — La Pivoinr en aebre (Pœonia moutan) est une
Espèce ligneuse qui a été transportée de Chine en France au commencement de ce siècle. —
Les Chinois la cultivent depuis 1,500 ans, et en ont obtenu plus de 200 variétés, dont ils
raffolent, comme les Hollandais, véritables Chinois de TEurope, raffolent des Tulipes. Dans la
variété papavéracéCy les carpelles sont enveloppés d'un godet membraneux, qui les entoure
sans adhérence. (Voyez page ^2.)
Familles CLXIX% CLXX^ ft CLXXP. —
HYDROPELTIDÉES, NÉLOMBONÉES
a NYMPIliEACÉES.
Ces trois Familles , réunies en une seule Classe par les botanistes , se composent d'herbes
aquatiques^ à feuilles simples, sans stipules^ à pédoncule uniflore^ à calyce de ^-6 sépales, à
pétales nombreux , multisériés, hypogynes ou périgynes, à étamines ordinairement indéfi-
nies, à carpelles nombreux , libres ou cohérents.
m
NYMPHiEACÉES. — Torus charnu, développé en godet, enveloppant le pistil, tantôt
laissant le calyce libre (Nympkœa, Nuphar)^ tantôt se soudant avec lui et adhérent à Tovaire
( Euryale), Pétales libres , sessiles , les intérieurs passant ordinairement à Tétat d'étamines;
tantôt hypogynes (iWnw/zAar), tantôt étages sur la surface externe du torus [NymphcBa), tantôt
naissant au sommet du tube du calyce, quand celui-ci est adhérent à Tovaire par Tintermé-
diaire du torus. Étamines nombreuses, à filets larges, à anthères introrses , adnées. Carpelles
Sou plus, soudés en ovaire à plusieurs loges multiovulées ; ovules insérés aux parois des
cloisons, réfléchis; stigmates sessiles^ rayonnant en plateau. Fruit charnu, composé du torus
et du péricarpe, indéhiscent, à loges pulpeuses. Graines nombreuses nichées dans la pulpe du
péricarpe, à arille succulent, à testa crustacé. Plantule dicotylédonée, droite^ à la base d'un
double albumen, Fintérieur charnu, Textérieur farineux. — Plantes vivaces, à rhizome
noueux, charnu. Feuilles radicales alternes, à long pétiole, à limbe cordiforme flottant. Fleurs
radicales, longuement pédonculées.
ESPÈCES PKINCIPALES. — Les Nymphaeacées diffèrent des Nélombonées par \euTs
ovaires cohérents, multiovulés, et leurs graines albuminées; des Hydropelt idées par leur
torus et le grand nombre de leurs ovules. Leur fruit a du rapport avec celui des Pavots, Elles
habitent les eaux limpides et dormantes de Thémisphère boréal. Ces Plantes , dont les larges
feuilles décorent les eaux d'un tapis de verdure parsemé de fleurs magniflques, étaient ran-
gées dès la plus haute antiquité au nombre des Végétaux sacrés ; les anciens appréciaient leurs
qualités utiles autant que leur beauté; ils se nourrissaient de leur rhizome, qui, dans le jeune
âge, est féculent, mucilagineux et sucré, et employaient comme remède la même partie
devenue adulte, et pénétrée d'acide gallique ; ils connaissaient aussi la propriété narcotique
des fleurs. On trouve dans le Nil deux belles Espèces de Nymphœa , peintes et sculptées sur
un grand nombre de monuments antiques : Tune est le N. lotus ^ à feuilles ovales, à fleurs
blanches , rosées sur le bord des pétales ; c'est le Lotos des Égyptiens ( qu'il ne faut pas
confondre avec le fruit des Lotophages , le Jujubier Lotos, dont nous avons parlé en traitant
de la Famille des Rhamnées) ; l'autre est le Nymphœa cœrulea, à feuilles arrondies , à fleurs
d'un beau bleu d'azur; on la cultive en Europe dans les serres chaudes; les Arabes lui donnent
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320 HISTOIRE DES FAMILLES.
le nom de Niloufar^ dont nous avons fait Nénuphar; ils se servent des feuilles et des fleurs
dans le traitement de la jaunisse. Les graines des deux Nymphaeas contiennent aussi beaucoup
de fécule j les habitants de TEgypte en font une sorte de pain, et se nourrissent de leur
rhizome, comme les Egyptiens du temps des Pharaons. Le plus beau de nos Nymphaeas indi-
gènes est le N. alba , qui étale au milieu de ses larges feuilles veiies ses riches corolles
blanches, s'épanouissant à sept heures du matin pour se refermer à cinq heures du soir. Le
rhizome jeune est comestible ; les feuilles passent pour vulnéraires; la fleur, un peu narco-
tique, possède, dit-on, la vertu d'éteindre les ardeurs de l'amour. — Le Nymphœa lutea a
des fleurs jaunes moins splendides que celles de l'Espèce précédente ; son rhizome sert d'ali-
ment en Russie, ses feuilles sont employées pour arrêter les hémorrhagies ; on les applique
aussi sur le sein des nourrices pour diminuer la sécrétion du lait.
L'EuRTALB FÉROCE {Eut^yalc ferox) appartient à un Genre dont le tube est adhérent à
l'ovaire; il croît spontanément dans les lacs du Népaul; ses fleurs sont sans éclat, et ue
dépassent pas le volume d'une tête d'artichaut. 11 a été importé chez les Chinois, qui le
cultivent à cause de son rhizome comestible et de ses graines sapides et rafraîchissantes.
Mais , de toutes les Nymphaeacées , la plus grande , la plus riche . la plus belle , est cette
Plante merveilleuse que l'on a dédiée à la reine d'Angleterre, et qui porte le nom de Victoria
regia (PI. XVIIl). — Elle habite les eaux tranquilles des lacs peu profonds, formés par
l'élargissement des grands fleuves de l'Amérique méridionale. Ses feuilles ont de 15 à 18 pieds
de circonférence; elles sont peltées, planes; mais leur bord se relève de 2 à 5 pouces de hau-
teur. La face supérieure est d'un vert foncé brillant; Finférieure est d'un rouge cramoisi, et
munie de grosses nervures saillantes, celluleuses, pleine* d'air, hérissées, ainsi que le pétiole
et le pédoncule, d'aiguillons élastiques : ces nervures forment un réseau élégant et régulier,
circonscrivant des aréoles quadrangulaires. Les fleurs s'élèvent de 6 pouces au-dessus de •
l'eau ; quand leur épanouissement est complet, elles ont une ciiconférence de 3 à 4 pieds. Le
pédoncule radical est uniflore; le calyce adhère à l'ovaire comme dans les Euri/ales, son
tube est aiguillonné, et son limbe quadrifide, d'un brun foncé ; à la gorge du calyce s'arrondit
un torus annulaire qui porte une centaine de pétales et autant d'étamines ; les pétales s'épa-
nouissent le soir; leur couleur, d'abord d'un blanc pur, passe, en vingt-quatre heures, par
des nuances successives, d'un rose tendre à un rouge vif. Ils exhalent une odeur agréable
pendant la première journée de l'épanouissement ; à la fin du troisième jour, la fleur se flétrit
et se replonge sous les eaux pour mûrir ses graines. Le fruit, à sa maturité, ofl're le volume de
la tête d'un enfant; les graines, riches en fécule, sont recueillies par les habitants, qui les font
rôtir, et trouvent en elles un aliment agréable.
La description de cette magnifique Plante explique les transports d'admiration qu'ont
éprouvés les naturalistes* en la voyant pour la première fois. Le célèbre Haenke voyageait en
pirogue sur le Rio Mamoré, un des principaux affluents de l'Amazone, en compagnie du
Père Lacueva, missionnaire espagnol, lorsqu'il découvrit, dans un marais du rivage, la gigan-
tesque Nymphaeacée. A cette vue, le botaniste se précipita à genoux, et exprima son enthou-
siasme religieux et scientifique par des exclamations passionnées et des élans d'adoration vers
le Créateur, te Deum improvisé, qui dut singulièrement édifier le vieux missionnaire. —
En 185h5, un voyageur anglais, M. Bridges, suivant à cheval les rives boisées du Yacouma,
l'une des rivières tributaires du Mamoré, arriva devant un lac enclavé dans la forêt, et y
trouva une colonie de Victoria, Entraîné par son admiration, il allait se jeter à la nage pour
en cueillir quelques fleurs, lorsque les Indiens qui l'accompagnaient Tavertirent que ces eaux
abondaient en alligators. Ce renseignement le rendit prudent, sans diminuer son ardeur; il
courut à la ville de Santa-Anna, dont le corrégidor lui donna des bœufs pour traîner un canot
de la rivière jusqu'au lac qui renfermait les trésors, objet de son ambition. Les feuilles
étaient si énormes, qu'il* ne put en placer que deux dans le canot, et il fut obligé de faire
plusieurs voyages pour compléter sa récolte. S'étant chargé de feuilles, de fleurs et de capsules
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A
y
"/Vv^ .
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HYDROPELTIDÉES, NÉLOMBONÉES ET NYMPH.EACÉES. 321
mûres, et voulant les emporter sans encombre, il les suspendit sur de longues perches, en
soutenant les pétioles et les pédoncules avec de petites cordes ; puis il les fit enlever par ses
Indiens qui, posant sur leurs épaules chaque extrémité de la perche, les portèrent amsi dans
la ville. — M. Bridges arriva bientôt en Angleterre avec des graines qu il avait semées dans
une argile humide 5 deux de ces graines purent germer dans Yaquartum de la serre de Kew ;
on en envoya une dans les grandes serres de Chatsworth ; un bassin fut préparé pour la rece-
voir ; on y mit de la terre, on le remplit d'eau, on éleva la température, et la plante fut placée
au milieu de cette terre ; l'opération fut faite le 10 août 18^9. A la fin de septembre, il fallut'
agrandir le bassin du double pour donner de l'espace aux feuilles, qui développaient rapide-
ment leur limbe : ce limbe était si solide qu'il soutenait le poids d'un enfant. Le premier
bouton s'ouvrit au commencement de novembre. La fleur épanouie fut ofl'erte à sa royale
patronc par M. Paxton (le célèbre inventeur du Palais de cristal), et tous les grands person-
nages de l'Angleterre vinrent admirer à Windsor-Castle la belle homonyme de leur gracieuse
souveraine.
VlCTOBIA Reçu DAXS la SKRRB DK CHATgWORTlI.
Le nom donné par Lindiey à cette merveilleuse Plante était heureusement choisi , et les
beaux esprits de la cour britannique ont pu établir des rapprochements plus ou moins ingé-
nieux entre Victoria, la puissante reine des mers, et Victoria^ la reine pacifique des lacs de
TAmérique méridionale. Mais, pour que la comparaison pût être faite équitablement, il eût
fallu contempler la Nymphaeacée dans son empire, et non sur la terre d'exil. Quelle est en
effet la beauté d'une fleur tropicale, transportée sous un ciel brumeux, emprisonnée dans une
auge de pierre, abritée par un toit de planches?... Les productions de la nature ne brillent
pas seulement de leur propre beauté, elles s'embellissent encore du milieu qui les environne.
Que deviendrait la majesté de la reine d'Angleterre, si elle paraissait à nos regards, éloignée
de ses châteaux somptueux, séparée de son brillant cortège, dépouillée de sa couronne et de ses
diamants, réduite à ses charmes intrinsèques, et assise sur une escabelle de bois, dans quelque
pauvre chaumière?... 11 en est de même de la Plante qui porte son nom; pour l'apprécier
dignement, il faut la voir dans son humide palais, encadré par un amphithéâtre de forêts
primitives; il faut la voir, au milieu des immenses nappes d'eau, tiédies et illuminées par les
soleils de la zone torride, étendre au loin ses feuilles lustrées, sur lesquelles les oiseaux
échassiers et les passereaux insectivores marchent à grands pas , en s'appelant d'une voix
aiguë, tandis qu'au-dessous d'eux, les alligators circulent tranquillement entre les tiges de la
Plante qui les cache sous son ombrage.
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322 HISTOIRE DES FAMILLES.
NÉLOMBONÉES. — Sépales 4-5, libres, réceptacle charnu, portant à sa base rétrécie des
pétales nombreux et des étamines indéfinies, et sur son sommet dilaté, tronqué, 15-30 car-
pelles, libres, nichés dans des fossettes, uniovulés. Ovule réfléchi, pendant à rextrémité d*un
funicule basilaire; !>iigmate sessile. Noix globuleuses. Plantule exalbuminée, à cotylédons
épais, charnus. — Rhizome épais; feuilles à long pétiole, à limbe orbiculaire, pelté.
Celte petite famille se compose du genre unique Nelombo (Nelumbitim)^ dont on ne connaît
quo deux espèces; Tune, à fleur jaune, vivant dans les régions tempérées de rAmérique boréale;
1 autre, à fleur rose, commune dans les eaux de l'Amérique tropicale et aux embouchures du
^ Volga, jadis cultivée en Egypte, où on ne la retrouve plus : cVst le Nelumbium speciosum
(PI. XX], cultivé aujourd'hui dans les jardins botaniques de Paris et de Montpellier. Cette belle
plante, sur laquelle M. Decaisne, professeur au Muséum d'histoire naturelle, vient de publier
une notice pleme d'intérêt, a des feuilles peltées, creusées en cu^ette; les fleurs, semblables à
d'énormes tulipes, ont 20 à 50 pétales roses; les fruits, enchâssés dans le réceptacle, soDt du
volume d'une noisette ; les cotylédons renferment une gemmule très-développée, dont la pre-
mière et la seconde feuille ont leur pétiole replié.
Le Nélombo est le Lotos sacré des peuples de TOrient, qui voient dans sa feuille mystérieuse,
venant s'épanouir à la surface du K\\ ou du Gange, Temblème du monde sorti du sein des
eaux. Les feuilles du Lotos sacré ombragent les tètes dlsis et d'Osiris; elles servent de
siège à Brama et de conque flottante à Vishnou. 1^ plupart des monuments de l'Egypte re-
présentent des tiges ou des feuilles de Lotos; ses fleurs et ses fruits couronnent le front de PAn-
tinoiis antique^ et sont sculptés sur la base de la statue du Nil, qui orne le jardin des Tuileries.
— Les graines du Nélombo,^crues ou cuites, servent de nourriture aux Indiens et aux Chinois,
comme aux anciens Egyptiens, qui leur donnaient le nom de fève d'Egi/pte; ses pétales, qui ont
Todeurde PAnis, sont employés comme astringents, ainsi que les pétiolt-s et les pédoncules.
HYDROPELTIDÉES. — Sépales 3-4, pétaloïdes, du moins à Tintérieur. Pétales hypo-
gynes, égaux en nombre aux sépales, à préfloraison imbriquée, persistants. Etamines en
nombre double ou multiple de celui des
pétales. Carpelles 2 ou plus, libres, à 2-3
ovules superposés, pendants, réfléchis.
Fruits indéhiscents. Graine semblable à
celle des NymphsBacées. — Tige nageante;
feuilles inférieures opposées, submergées,
k segments capillaires, les supérieures al-
ternes, à limbe nageant, orbiculaire, pelté.
Les Hydropelt idées, ou Cabojnbées, for-
ment une famille composée de deux ou
trois Espèces tropicales ou subtropicales.
Famille CLXXIl*. — DROSÉ-
RACÉES. — Sépales 5-9, libres ou
presque libres, pétales hypogynes. 5, al-
ternes avec les sépales, à préfloraison
imbriquée. Etamines en nombre égal à
celui des pétales, ou en nombre multiple;
anthères extrorscs. Ovaire libre à placen-
taires pariétaux 3-10; ovules réfléchis;
styles libres, stigmates capités. Capsule
loculicide, à valves séminifères sur leur
milieu. Albumen charnu. — Tige herbacée,
quelquefois sous- ligneuse, chargée de poils
glanduleux ; feuilles alternes ou radicales,
ciliées, sans stipules; fleurs solitaires ou en
grappes unilatérales.
Les Droséracées sont voisines des PVo-
Dio:iKE ATTR*rK-«occHE. locées, des Cistinées et des Tuméracées.
[Uiouœa muscipn'a.) Lcs Droscra^ que Ton cultive quelquefois,
sont de petites plantes indigènes, croissant
dans des marais tourbeux, à feuilles radicales spatulées, garnies de cils irritables, et à fleurs
blanches. Les Drosera sont acres, amers, vésicants, et pernicieux pour les moutons; le suc
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DHOSÉRACÉES.
323
acre, sécrété par les cils glanduleux des feuilles, et formant autour de leur limbe une élégante
couronne de gouttelettes diaphanes, était précieusement recueilli pur les alchimistes, qui
le nommaient ros solis, rosée du soleil. — La Dionéb attrapb-mouchb [Dionœa
muscipula) est une plante bisannuelle de la Caroline, dont Texcitabilité est funeste pour
les insectes qui s'en approchent : ses feuilles sont terminées par deux plaques arrondies,
hérissées de poils; entre ces deux plaques s*étend une charnière, qui les réunit, comme
le dossier d'un livre en réunit les deux côtés ; sur leur face supérieure sont deux ou trois
petites glandes distillant une liqueur qui attire les insectes ; si une mouche vient à les
toucher, les deux plaques se redressent vivement le long de leur charnière, se rapprochent
et saisissent Tinsecte; celui-ci, par les efforts qu'il fait pour sortir de captivilt^, augmente
rirritalion de la Plante, et finit par être étouffé; puis, quand ses mouvements ont cessé avec
sa vie, les deux plaques de la Dionée s'ouvrent et s'étalent de nouveau, en attendant une
nouvelle victime.
Le genre Parnassia, qui a été annexé aux Drocéracées, s'en distingue par ses écailles péta-
loïdes, que terminent des poils glanduleux
(Fig. 16iS), et qui représentent peut-être
des phalanges d'étamines stériles, ce qui
le rapproche des Hypéricinées. On cultive
dans les jardins le Pamassia palustris,
élégante herbe indigène, chez laquelle on
observe le même phénomène que dans la
Rue, relativement à la fécondation.
Famillb CLXXIIL — SARRA-
CÉ NIÉES. — Sépales 3-5. Pétales hy-
pogynes, égaux en nombre aux sépales et
alternes avec eux, onguiculés. Etamines
indéfinies. Ovaire à 3-5 loffes pluriovulées;
ovules réfléchis. Capsule loculicide. Plan-
tule dicotylédonée, minime à la base d'un
albumen charnu. — Herbes aquatiques,
vivaces; feuilles radicales à pétiole tubuieux,
ou renflé en cornet; à limbe petit, ordinai-
rement infléchi sur rorifice du pétiole. —
Cette famille de l'Amérique boréale, com-
posée de deux genres, diffère des Nym-
phœacées par le port, l'absence de torus
et la structure de la graine. — On cultive
quelques espèces de Sarracenia : le S.
purpurea, à feuilles Formant un cornet
sinué et ventru, teintes de rouge sur les
nervures et sur les bords, à fleurs grandes,
purpurines en dehors et vertes en dedans ;
le o . de Drummond {S. Drummondi) , à
fleur rougeâtre, à cornets élégants et bigarrés, hauts de plus de deux pieds, etc. •
Sarbacbnik db Dbommond.
[Sarrawnia Drummundi.)
Famille CLXXIV». — PAPAVÉRACÉES.
CARACTÈRE. — Sépales 2-3, caducs. Pétales hypogynes , en nombre dovble ou
quadruple des sépales, à pré floraison imbriquée. Examines nombreuses. Ovaire unilocu-
latre, à placentaires pariétaux, tantôt prolongé en lames verticales y tantôt filiforme. Fruit
capsulaire, Plantule dicotylédonée, albuminée, à la base d'un albumen charnu.
Tige herbacée ou sous-ligneuse, contenant un suc laiteux, blane, ou jaune, ou rouge.
Feuilles alternes; inflorescence terminale.
BOCCONIA.
Bocconia.
Pavot.
Papaver,
Sanguinaire.
Sanguinaria.
ESCHSCHOLTZIA.
Escfischolizia,
Chélidoine.
Chelidonium.
HUNNEMANIflA.
Hunnemannia
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32^ HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Papavéracées tiennent, d'une part, aux Berbé ridées et aux Henonculaeées, de l'autre,
aux Ct'uciferes et aux Nymphœacées. Elles habitent principalement les régions tempérées de
l'hémisphère boréal.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Papavéracées contiennent des substances particu-
lières, narcotiques et acres, dont les proportions réciproques varient dans les diverses
Espèces. — Le suc laiteux du Pavot
(Papaver somniferum), recueilli dans TAsie
mineure par incision superficielle de la
capsule, et épaissi à l'air, est VOpinin^
substance douée de propriétés énergiques,
et l'un des plus précieux auxiliaires que
possède la médecine. L'Opium a fourni à
l'analyse chimique un grand nombre de
produits, parmi lesquels on compte six alca-
loïdes cristallisables, dont le principal et le
plus efficace est la Morphine^ que l'on em-
ploie aujourd'hui presque exclusivement,
après l'avoir rendue soluble par l'acide
acétique ousulfurique. L'Opium, dans les
cas d'insomnie morbide, procure le som-
meil, il soulage la douleur, quelle qu'en
soit la cause, soit qu'on l'applique locale-
ment, (et alors il agit en engourdissant la
sensibilité des nerfs de la partie avec la-
quelle il est en contact), soit qu'on le
porte dans le torrent de la circulation (et
alors il agit à la fois sur le cerveau, qu'il
rend inapte à percevoir les sensations dou-
loureuses, et sur les oi^anes souffrants, au
Pavot .oM„.FàaE. ^^j^ dcsqucIs il pénètre avec le sang).
L Opium est utile dans le traitement de
l'hystérie, où on l'associe aux antispasmodiques; administré à haute dose, il combat
avec succès le tétanos, maladie nerveuse, presque constamment mortelle. Dans les névralgies
et les affections rhumatismales, il produit des effets merveilleux, lorsqu'on l'applique sur la
peau qui recouvre le lieu de la douleur, après avoir dénudé le derme au moyen de
l'ammoniaque ou des Cantharides. Il dissipe le point de côté et la fièvre dans la pleurésie;
il apaise l'irritation et la toux dans les catarrhes aigus des voies respiratoires; associé à
certains médicaments héroïques, tels que le Quinquina et le Mercure, il met les oi^anes en
état de les tolérer; enfin, dans quelques maladies, où le médecin est sans espérance, telles
que la phthisie et le cancer, l'Opium est un agent consolateur, qui adoucit les derniers
instants du malade.
Mais si l'Opium, administré comme médicament par des mains habiles, mérite les bénédic-
tions de l'humanité souffrante, il doit être maudit par tous ceux qui voient dans l'avenir
l'influence funeste qu'il exercera sur la destinée des peuples. Les premiers Musulmans de la
Perse et de l'Egypte, condamnés par la loi de Mahomet à s'abstenir de vin, trouvèrent dans le
suc du Pavot un breuvage qui leur procurait une ivresse bien plus délicieuse que celle du
jus de la Vigne, et l'Opium ne tarda pas à envahir l'Asie mineure et la Turquie d'Europe.
Aujourd'hui les Orientaux en font un usage immodéré : ils le boivent, le mâchent, le fument,
et, l'habitude émoussant son action, ils sont obligés d'user de doses successivement
croissantes pour obtenir cette exaltation, qu'ils regardent comme la félicité suprême : aussi
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o
Se
ïe
2
S:
I-
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PAPAVÉRACÉES. 325
tombent-ils bientôt dans un état d'abrutissement physique et moral , dont rien ne peut les
tirer. C'est beaucoup plus tard que TOpium a pénétré dans TEnde ; aujourd'hui la culture du
Pavot y occupe de vastes terrains. Les Chinois, qui avaient expérimenté à leur détriment les
pernicieux effets de TOpium, ont voulu le repousser de leur empire; mais les Anglais, qui ne
veulent pas renoncer au Thé, les ont contraints, à coups de canon , d'accepter le poison qui
doit inévitablement les abaisser au niveau de la brute. Ces homicides, volontaires et prémédités,
qui détruisent lentement des nations entières, n'ont pas été prévus par les lois humaines; et
si l'opinion publique s'en émeut un instant, les péripéties qui se succèdent rapidement dans
le grand drame oii Thomme est à la fois acteur et spectateur, font que Tévénement de la
veille est effacé de notre mémoire par celui du lendemain ; mais la Justice céleste, qui voit
tout et n'oublie rien, enregistre sur le grand Livre les crimes des nations, comme ceux des
individus : elle n'a pas encore fini de châtier l'Espagne, qui a dépeuplé l'Amérique; elle a
déjà conunencé le châtiment de l'Angleterre, qui force la Chine à s'empoisonner.
L'Opium, originaire de l'Orient, est déjà sorti de l'Asie, et menace de faire le tour du
globe : tous les climats lui sont indifférents ; il s'est glissé en Allemagne, où il gagne du
terrain de jour en jour; son invasion se fait sans bruit, mais elle ne s'arrête pas, et si Vopio-
manie franchit le Rhin, elle marchera le front levé dans notre pays de France, où la nou-
veauté plait, surtout quand elle est d'origine étrangère.
On distingue deux variétés dans le Papaver somniferum : l'une, nommée Pavot blanc, a sa
capsule globuleuse, à orifices béants sous le disque des stigmates, et ses graines sont
blanches; l'autre, nommée Paro^ noir, produit une capsule ovoïde, à orifices peu distincts, et
ses graines sont noires; toutes les deux peuvent fournir de l'Opium; mais c'est le Pavot
blanc que l'on cultive de préférence. Le Pavot noir est cultivé en grand dans le Nord de la
France, à cause de ses graines qui fournissent par expression une huile douce, connue sous
le nom d'huile blanche, huile à' œillette, du mot italien olietto (petite huile). Les graines du
Pavot blanc en contiennent aussi, mais elles servent plutôt comme aliment chez les Orientaux.
En Italie on les recouvre de sucre, ou on les associe à des pâtisseries; en Allemagne, on les
mêle au pain, et on en fait des émulsions; ces graines n'ont, rien de narcotique^ quand il ne
s'y mêle aucun fragment de capsule.
Le Coquelicot (Papaver Jthœas), est une Espèce commune parmi nos moissons, dont les
pétales, mucilagineux, amers, sont émoUients et légèrement narcotiques. U est cultivé, ainsi
que le P. somnifère, comme Plante d'agrément, parce que ses pétales varient beaucoup et
qu'il double facilement. Le Papaver orientale est une Espèce vivace du Levant , à pétales
très-grands, d'un rouge orange, tachés de noir à l'onglet. Le P. bracteatum est muni
d'une grande bractée au-dessous du calyce. Ses pétales sont plus grands et d'un rouge
vif. Parmi les autres Papavéracées , introduites dans nos jardins, nous citerons le Boc-
conia cordata, Plante du Chili, sous-ligneuse, à feuilles en cœur, à fleurs blanches en
panicule ; le Sanguinaria canadensisy Plante vivace de l'Amérique boréale, à suc laiteux
d'un rouge de sang, à feuille unique radicale, veinée de rouge, à fleur blanche;
VEschsckoltzia Califomica, herbe vivace, à fleur solitaire, grande, dont les pétales d'un
jaune vif, et safranés au centre, se ferment par le temps pluvieux; V Htmnemannia fumariœ-
folia, à feuilles découpées comme celles de la Fumeterre, à fleurs très-larges d'un beau
jaune, ressemblant à la précédente, et venant comme elle de la Californie. LaCnéLiDoiNB
[Chelidonium majus)^ est une herbe vivace qu'on trouve dans les lieux cultivés, sur les
murs et dans les décombres ; ses fleurs sont petites, jaunes et son fruit est une silique ; elle
est remplie dans toutes ses parties d'un suc laiteux jaune, qu'on regarde au Brésil comme
efBcace contre la morsure des serpents ; les médecins de l'Inde l'emploient dans les
ophthalmies ; on l'employait aussi en France pour dissiper les taies qui se forment sur la
cornée transparente : de là le vieux nom de grande éclaire^ donné à la Plante; aujourd'hui
on ne s'en sert plus que pour guérir les verrues.
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326
HISTOIRE DES FAMILLES.
F^NTLi/E tiLXXV'. — FUMARIACÉES. — Cette petite famille, que plusieurs boU-
nistes annexeirt aux Papavéracées , s'efï distingue par son suc aqueux , ses étamines soutent
réunies «n plialangcs, et ses pétales irrégulieis. — La principale espère est la Fumetkrrr
(Fumaria officinalis)^ qui se rencontre dans les moissons; sa saveur est très-amère; elle est
employée en médecine comme stomachique vi dépurative. Quelques espèces sont cul livées dans
les jardins : nous citerons le Dicentra spectabilis (Pl. IX), plante de Chine, à Ueurs en grap-
pes, longues d'un pouce, purpurines, et VAdlumia cirrhosa, espèce du Canada, à liges grim-
pantes, à^euilles munies de vrilles, à fleurs blanches, mélangées de rose.
Famille CLXXVR — CRUCIFÈRES.
CARACTÈRE. — Sépales 4, libres. Pétales hypogynes k, libres, Étamines 6,
tétradynames. Ovaire biloculaire à placentaires pariétaux. Fruit ordinairement siliqueux.
Plantule dicotylédunée, exalbuminée,
La tige est ordinairement herbacée, les feuilles généralement alternes, et les fleurs en grappes
terminales. Les sépales sont en croix, à préfloraison imbriquée, les deux extérieurs, opposés,
l'un supérieur, l'autre inférieur, répondant aux placentaires j les deux intérieurs latéraux,
ordinairement plus larges, et gibbeux à la base. Les pétales sont en croix, à préfloraison
imbriquée^ alternes avec les sépales. Les étamines longues sont insérées par paires devant les
sépales placentaires, le torus est chargé de glandes nectarifères, isolées ou continues. I^
deux carpelles sont adhérents par leurs ovaires^ leurs styles et leurs stigmates; les ovules sont
suspendus, courbes; le fruit est déhiscent en deux valves {silique ou silicule) s'ouvrant de bas
en haut, quelquefois indéhiscent à graine unique, quelquefois lomentacé. La plantule est
huileuse, courbée ou pliée, ou roulée en spirale.
Mathiule.
Mathiola.
Ibéride.
Iberis.
Giroflée
Cheiranikus
Julienne.
Hesperis.
Nasitord.
Naslurtîum.
SlSTMlRI.
Sisymbrium
AlABETTB.
Ârabis
Velar.
Erysimum,
Gardamine.
Càrdamine
Gapselle.
Capsella.
Dentaire.
Dentaria.
Lépidium
Lqndium.
Lunaire.
Lunaria
Guède.
Isatis,
Vésicaire.
Vesicaria.
Chou.
Brassica,
Alysson
Alyssum.
Sénevé.
Sinapis.
Drave.
Draba.
Craire.
Crambt,
Cochléaria.
Cochléaria.
Radis.
Haphanus,
Thlaspi.
TMaspi.
Les Crucifères forment une Famille très-naturelle, très-distincte, et facile à reconnaître:
aUiée d'un côté aux Papavéracées, de l'autre aux Capparidées, elle diffère des premières par
Tabsence d'albumen, des secondes par la conformation des enveloppes florales et la stnicture
du fruit; de toutes les deux par le nombre défini des étamines, qui ne s'accorde pas avec la
nombre de sépales et des pétales, et par son fhiit biloculaire. — Les Crucifères sont dispersées
sur toute la surface du globe, de telle sorte que le plus grand nombre habite les régions
tempérées de l'hémisphère boréal, surtout dans l'ancien continent; elles sont rares entre les
tropiques; dans les pays chauds, elles recherchent la fraîcheur des montagnes; elles rede-
viennent nombreuses au delà du Capricorne, mais moins qu'en deçà du Cancer.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Crucifères possèdent un principe acre, volatU,
dispersé dans toutes leurs parties, et souvent allié au soufre, auquel elles doivent une saveur
piquante, une odeur particulière, qui devient ammoniacale par la putréfaction ; dans plusieurs
Espèces il se joint à ce principe quelque chose de salé et d'amer, et une huile grasse, princi-
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CRUCIFÈRES.
327
paiement élaborée dans la graine, qui dominent Tâcreté native de la Plante. Les propriétés
des Espèces annuelles résident dans les feuilles, celles des Espèces yivaces dans la racine ;
quelques-unes, dont les feuilles sont inertes, ont des graines très-àcres ; beaucoup de Crucifères
s'adoucissent par la culture, qui augmente chez elles la proportion du sucre et du mucilage.
Les vertus stimulantes et antiscorbutiqnes de plusieurs d'entre elles sont connues de toute
antiquité; l'herbe et la racine de quelques autres sont employées, crues ou cuites, coinme
légume et en salade, ou bien leur graine fournit un assaisonnement. Il en est un petit nombre
dont les graines sont oléifères^ ou dont la racine est tinctoriale.
Le CociiLÉAEiA ovFxcî s \L {Cocklearia officinalis)^ qui habite le littoral du nord de
FEurope, et même le rivage des lacs salés du continent, est le
premier des antiscorbutiques. Ici se présente l'occasion de
donner quelques détails succincts et élémentaires sur TafTection
qu on nomme le scorbut : c'est une maladie qui attaque les in-
dividus exposés au froid humide, o\^ privés d'aliments végétaux,
ou astreints à une nourriture non variée, surtout aux viandes
salées^ ou forcés à une vie sédentaire et inactive, ou livrés à des
passions tristes. L'homme atteint de scorbut se sent un affaiblis-
sement général, il se refuse à toute espèce de mouvement;
il accuse des lassitudes, de l'engourdissement dans les membres
et des douleurs très-vives dans les articulations; un gonflement
pâteux alourdit ses jambes, qui se couvrent de taches li-
vides, semblables aux ecchymoses que produisent les contu-
sions, et résultant de l'épanchemeht sous-cutané du sang, sorti
par son propre poids des vaisseaux qui le renfermaient; les
membranes muqueuses sont aussi le siège d'hémorrhagies
passives; les plaies anciennes se rouvrent, et des plaies nou^-
velles se développent sur différentes parties du corps. La face
est pâle et bouffie, les gencives gonflées, saignantes et dou-
loureuses; l'haleine est fétide, les dents vacillent et tombent;
la circulation est sans énergie, la respiration gênée, la chaleur vitale diminuée, les diges^
lions troublées; et l'abattement moral répond à la débilitation physique. Cette triste
maladie, qui présente tous les degrés d'intensité, depuis la simple aversion pour le
mouvement jusqu'à la cachexie la plus complète, réclame les secours de l'hygiène autant
que ceux de la médecine : habitation d'un lieu élevé, air sec, chaleur et lumière du soleil,
linge frais, aliments végétaux, chair des jeunes animaux, vin généreux, ordinairement
trempé, quelquefois pur, récréations morales : voilà l'indication hygiénique. Quant aux
médicaments, ils doivent être choisis parmi les toniques stimulants, et ce sont les acides
végétaux, citrique et malique, la racine de la Gentiane, l'écorce du Quinquina, et surtout
l'herbe du Cochléaria, qu'il faut employer pour combattre le scorbut; toutes les Espèces du
Genre Cochléaria, ainsi que beaucoup d'autres Crucifères, peuvent être les Succédanées du
C. OFFICINAL. Le Cresson al énois (Zqojrfiwm «û/jvmwï), et le Cresson de fontaine
{Nasturtium officinale) viennent après le Cochléaria; leurs congénères d'Afrique et d'Asie
possèdent les mêmes propriétés, surtout le Lepidium oleraceum, qui croit sur les rivages de
la Nouvelle-Zélande, et qui est le légume quotidien des marins naviguant dans ces parages.
Les Cardamine amara et praiensis, herbes de nos prairies humides, rivalisent avec les
précédentes.
Le R A I F 0 RT {Cochléaria armoracia) n'est pas moins efficace que ses congénères; mais c'est
dans la racine, et non dans les feuilles, que résident ses vertus excitantes et antiscorbutiques.
Cette Plante, nommée vulgairement Cranson de Bretagne, se rencontre peu. communément
en Europe ; mais on la cultive dans beaucoup de jardins. La saveur piquante de sa racine est
COCHLgARIA DBS OmCIHBS.
[Cochléaria offUtinaliê-i
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328 HISTOIRE DES FAMILLES.
devenue un terme de comparaison , et la vapeur acre qu'elle exhale lorsqu'on la coupe ou
qu'on la broie, excite le larmoiement; mais on fait à ce sujet une remarque très-intéressante:
c'est que le Raifort est presque inodore lorsqu'on le coupe longitudinalement, c'est-à-dire 4ans
le sens de ses vaisseaux^ tandis que, par la section transversale ou la contusion, il développe
un principe volatil d'une telle âcreté, que les yeux ne peuvent le supporter. Cette circon-
stance, dit le savant et judicieux pharmacologue Guibourt, indique que le principe âcre^
volat'l du Raifort n'est pas tout formé dans la racine, et qu'il ne prend naissance que
quand, par la rupture des vaisseaux et par l'intermède de l'eau qu'ils contiennent, des prin-
cipes différents, isolés dans des vaisseaux particuliers, viennent à se mêler, et à réagir les
uns sur les autres. Les chimistes ont analysé cette précieuse racine, et ils en ont retiré de
Talbumine, de l'amidon, de la gomme, du sucre, une résine amère, des sels de chaux et
surtout une huile volatile très -acre, contenant du soufre, à laquelle le Raifort doit ses
propriétés. — Le Radis (Raphanus sativus), qui croit spontanément aux extrémités de
l'Asie, est cultivé dans nos jardins depuis un temps immémorial, à cause de sa racine charnue
d'une saveur piquante ; il y en a deux variétés principales : Tune a sa racine noire en dehors et
blanche en dedans : c'est le Radis noir; l'autre a une racine blanche, rosée ou violette : c'est
la petite Rave : toutes deux sont servies sur nos tables, et mangées avec du sel ou du vinaigre ,
mais elles sont de difficile digestion.
La culture des Choux (Brassica) remonte à la plus haute antiquité. I^ racine du C h ou
RAVE (B. râpa) est charnue, un peu acre et presque sucrée. Les graines du Colza
(B. oleifera) fournissent une huile employée pour l'éclairage. LeCnou potager [Bm oleracea),
que nous avons déjà mentionné (page ^3), fournit des variétés ou races connues sous le nom
de Chou vert y Chou cabus, Chou rabioJe, Chou-fleur, Broccoli, etc., etc.
Le Cramré maritime (Crambe maritima), qui croît sur les rivages de l'Atlantique ,
n'est guère usité que chez les Anglais, comme Plante potagère : ils font blanchir au printemps
les jeunes pousses , en les tenant à l'abri du soleil ; ces turions cuits ont le goût du chou-fleur.
Le Sénevé noir, ou Moutarde noire [S inapis nigra)^ qui croît dans les champs de toute
l'Europe, a des graines très-âcres, employées en farine comme condiment et comme médica-
ment -y elles fournissent une huile fixe et une huile volatile très-àcre , à laquelle est due leur
vertu excitante. Mais cette huile volatile n'y existe pas toute formée, comme l'a fait remar-
quer M. Guibourt; elle est produite par la réaction d'une albumine particulière (Myro-
sine), sur l'acide myronique contenu dans la amenée : c'est cet acide qui devient une
huile volatile. Or, pour que cette transformation ait lieu, il faut que l'albumine soit délayée
dans de l'eau froide, ou simplement tiède. Si donc on traite la graine de Moutarde par de
l'eau bouillante ou des acides, ou de l'alcool, ou de l'éther, l'albumine est coagulée ; dès lors
elle ne peut agir sur l'acide myronique, et il n'y a pas formation d'essence. Voilà pourquoi,
dans la préparation des sinapismes, qui doivent leur vertu rubéfiante à cette essence , il im-
porte de ne pas mêler d'abord la farine de Moutarde avec de l'eau bouillante ou avec du
vinaigre : il faut commencer par la délayer dans de l'eau froide, qui dissout l'albumine , et la
rend apte à transformer l'acide myronique en huile volatile acre. — La Moutarde blanche
(S, alba) contient des principes analogues à ceux de la M. noire; on prend à l'intérieur la
graine entière, pour stimuler les fonctions digestives; mais ce stimulant, dont on abuse trop
souvent, finit par causer des lésions graves dans l'estomac et les intestins.
Les graines delaCAMÉLiNE (Camelina sativa) contiennent une huile fixe abondante, em-
ployée pour l'éclairage. La racine de la Guèdb {Isatis tinctoria) fournit un principe colorant
bleu, nommé pastel, analogue à l'indigo, mais d'une qualité inférieure et d'un prix plus élevé.
Les anciens Pietés l'employaient pour se peindre le corps en bleu.
Parmi les Crucifères cultivées comme Plantes d'ornement, nous citerons les Iberis amara,
umbellata, semperflorens, remarquables par leur corolle irrégulière , à pétales extérieurs plus
grands j les Lunaria annua et rediviva , qui doivent leur nom générique à la forme dis-
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CRUCIFÈRES.
329
coîdale de leurs silicules; rALYSsuM saxatilb, ou Corbeille d'or, elle Malcolmiamart-
timoy à fleurs purpurines, employés pour bordure; la Giroflée [Cheiranthus cheiri), à
fleurs odorantes d'un jaune d'or rouillé. Les M ath iol es (Mathiola incana, annua, fenestralis,
grœca)y à fleurs blanches, roses ^ rouges, violettes, sont connues et aimées de tout le monde
pour la douceur de leur parfum. Le nom générique de Julienne (Hesperis), qui signifie
fleur du soir, fait allusion à son odeur, qui devient plus su^ve après le coucher du soleil.
La JéRosE HYGROMÉTRIQUE ( A wo^^û/i co yerocAww/ica) cst unc petite Plante annucllc ,
haute de 3 à &• pouces, qui croit dans les lieux sablonneux de TArabie , de TÉgypte et de la
Syrie ; sa tige se ramifie dès la base, et porte des fleurs sessiles, blanches, qui deviennent des
silicules arrondies ; à la maturité de ces fruits, les feuilles tombent, les rameaux s'endurcissent,
se dessèchent^ se courbent en dedans, et se contractent en un peloton arrondi ; les vents
d'automne déracinent bientôt la Plante, et l'emportent jusqu'à la mer. C'est là qu'on la
recueille pour l'apporter en Europe, où on la vend fort cher, à cause de ses propriétés hygro-
métriques, qui produisent un phénomène fort curieux : si l'on plonge dans l'eau l'extrémité
de sa racine, ou si même on la place dans une atmosphère humide , ses silicules s'ouvrent ,
ses rameaux s'étendent , puis ils se resserrent de nouveau , à mesure qu'ils se dessèchent.
Cette particularité, jointe à l'origine de la Plante, a donné lieu à des superstitions populaires :
dans beaucoup de pays, on croit qu'elle n'est pas un Végétal entier^ mais bien l'extrémité
des rameaux d'un arbrisseau sur lequel la Vierge étendait les langes de l'Enfant Jésus. De là
le nom populaire de rose de Jéricho. On croit encore que cette rose merveilleuse s'épanouit
tous les ans au jour et à l'heure de la naissance du Christ. Les jeunes femmes qui vont devenir
mères pour la première fois, et celles qu'ont épuisées des couches nombreuses, la mettent
tremper dans Teau dès que commencent les douleurs de Tenfantement ; eti la Plante étant
placée près de leur lit^ elles prennent patience, en la voyant s'ouvrir peu à peu, fermement
convaincues que son épanouissement sera le signal de leur délivrance.
Famille CLXXVII».— CAPPARIDÉES. —Sépales 4, libres ou presaue libres. Péta-
les hypogynes, 4, ou 8, ou nuls, a préfloraison convolutive. Etamines^ 6 ou 8, ou indéfinies.
Ovaire ordinairement slipiié, uniloculaire ou pluriloculaire, à deux ou plusieurs placentaires
pariétaux; ovules courbes. Fruit capsulaire ou bacci-
forme. Plantule dicotylédonée, exalbuminée, amphi-
trope. — Tige herbacée ou ligneuse; feuilles ordinaire-
ment alternes; stipules herbacées ou épineuses, ou
nulles.
Celte famille est voisine des Crucifères; elle a Quelques
rapports avec les Bixinées et les Passiflorées, dont elle
s'éloigne par ses graines sans albumen. Elle habite les
contrées tropicales et subtropicales de l'Amérique et de
l'Afrique. Les Capparidées possèdent un principe acre,
volatil, comme les Crucifères.— Le Câprier [Capparis
spinosa), arbrisseau méditerranéen, est l'espèce la plus
importante; l'écorce de sa racine, acre et amère, est
employée, de temps immémorial, comme diurétique;
ses fleurs sont récollées à l'état de boulon, on les confit
au sel et au vinaigre, et elles sont vendues comme con-
diment, sous le nom de Câpres.
Famille CLXXVllK — RÉSÉDACÉES. ~
Calyce 4-7-parlit. Pétales hypogyncs, 4-7-2, ou nuls,
découpés, inégaux. Etamines3-40, insérées sur un disque
charnu, à filets libres ou submonadelphes. Carpelles 3-6,
tantôt soudés en un ovaire uniloculaire, à placentaires
pariétaux, tantôt libres, l-2-ovulé8; ovules courbes. Fruit tantôt capsulaire, aune loge béante
au sommet, ou à plusieurs follicules, tantôt bacciforme. Plantule dicolylédonée, exalbumince,
Capkibb.
[Cappariê $pinoêa.)
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330 HISTOIRE DES FAMILLES.
arquée. Feuilles alternes, à stipules minimes^ glandulîformes; fleurs en grappes ou en épis.
Les Résédacées sont voisines des Capparidées ; elles ont du rapport avec les Papavéracée^^,
dont elles se distinguent par leurs graines sans albumen. —
La plupart habitent la région méditerranéenne. — 1^ racine
de la G AU DR (Reseda luteola), a Foileur du Raif(»rt et
contient un principe acre, qui la fausait employer autrefois
comme diurétique et sudorilique ; ses parties aériennes
sont d*une grande amertume, on les emploie pour la
teinture, à cause du principe jaune [Lntèoliné] qui y abonde.
Le RÉSÉDA ODORANT (R, Od/^rfl^a), doul les fleurs exba-
.lent un parfum si suave, est originaire d^Egyple : sous-
ligneux dans sa patrie, il reste berbacé et annuel en Europe;
mais si on le lient en serre tempérée, en Tempùcbant de
fleurir la première année, il devient un petit arbuste qui
fleurit tout l'hiver, et dure plusieurs années.
Famille CLXXIX*.^ BTXINÉES. — Sépales libres
ou presque libres, 3-4-7-12. Pétales hypogvnes, autant
que de sépales, à préfloraison imbriquée, quelquefois nuls.
Etamines indéfinies, hypogynes ou subpérigynes, ordinaire-
ment toutes fertiles. Ovaire uniloculaire, à placentaires
pariétaux, 2 ou plusieurs; ovules réfléchis. Fruit bacciforme
ou capsulaire, à valves séminifères sur leur milieu. Plantule
dicotylédonée, droite, albuminée. — Tige ligneuse; feuilles
alternes, simples, à stipules caduques ou nulles.
Les Bixinées, plantes tropicales et subtropicales, se rap-
„. , • prochent des Homalinées, des Samydées et des Passiflorées.
[Re»€da odorata.) Nous ue citerous dans cette lamille que le Rocoutbr [Bixa
oreUana)y cultivé dans nos serres; arbuste élégant, haut de
12 à 15 pieds, à feuilles en cœur, à fleurs rosées, disposées en panicule; les graines sont recou-
vertes d'un tégument pulpeux, sentant la violette, d'une belle couleur rouge; le principe
colorant contenu dans ce tégument est le rocou^ substance de nature résineuse, très-employée
pour teindre en rouge et en jaune. On s*en sert fréquemment pour colorer la cire et le beurre,
et nous devons avertir les consommateurs de cette huile végéto-animale, que \o& marchands,
pour conserver au rocou sa consistance molle, le pétrissent de temps en temps avec de l'urine.
Famille CLXXX^. — CISTINÉES. — Sépales 3, libres, persistants, souvent munis exté-
rieurement de 2 bractées. Pétales hypogynes 5, caducs, à jpréfloraison contournée. Etimincs
hypogynes, libres, indéfinies. Ovaire uniloculaire à placentaires pariétaux, 3-5-7-10; ou divise
en loges incomplètes par des demi-cloisons contiguês dans le bas, séparées dans le haut de
l'ovaire; ovules droits. Capsule à valves séminifères sur le milieu. Plantule dicotylédonée, or-
dinairement courbée ou spirale, antitrope. — Tige herbacée ou ligneuse, souvent duvetée de
poils étoiles; feuilles simples, ordinairement opposées, entières; stipules foliacées quand le pé-
tiole est aminci à sa base, et nulles quand il est amplexicaule. Fleurs terminales , solilanes
ou en grappes, unilatérales. — Cette petite famille tient d'une part aux Droséracées, Violacées et
Rixinées; de Tautre, aux Hypéricinées et aux Linées. — Elle habite principalement la partie
occidentale de la région méditerranéenne. Les Cistes et les Hélianthênies qui la constituent
sont cultivés dans nos jardins comme plantes d'ornement ; le Cistus ladani férus fournit par exsu-
dation une résine balsamique, peu usitée.
Famille CLXXXI*. — VIOLACÉES. — Sépales 5, libres ou cohérents, ordinairement
inégaux, et se prolongeant au dessous de leur insertion. Pétales 5, hypogynes ou subpérigynes,
à préfloraison imbriquée, tantôt égaux (Alsodeia) , tantôt plus ou moins irréguliers , l'in-
terne souvent prolongé en cornet creux au dessous de son insertion [Violette). Etamines 5, hy-
pogynes ou périgynes, à filets très-courts; anthères introrses, souvent connivcntes, à connectif
prolongé aii -dessus des loges en languette membraneuse, et, dans les deux etamines des fleurs
irrégulières, formant à la base de l'anthère un renflement glandueux ou un appendice filiforme
charnu, qui .se loge dans le cornet du pétale creux. Carpelles 5, soudés en ovaire uniloculaire,
à 5 placentaires pariétaux ; ovules nombreux, réfléchis. Capsule à 3 valves, séminifères sur le
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VIOLACÉES. 331
milieu. Plan Iule dicotylédonée droite, dans Taxe d'un albumen charnu. — Tige herbacée ou
ligneuse; feuilles ordinairement alternes, simples, stipulées; fleurs axillairos.
Les Violacées touchent aux Droséracées, Cistinées et Sauvagésiées ^ dont elles diffèrent par
leur fleur irrégulière, leurs anthères ap-
pendiculées, et le style simple, renflé au
sommet, dernier caractère qui distingue
surtout les Violacées régulières. Les
Violettes herbacées habitent surtout
rhémisphère boréal; les Violettes li-
I gneuses vivent dans l'Amérique équa-
toriale; les Violacées régulières dans
toute la région intertropicale.
Les Violacées possèdent dans leur ra-
cine ou dans leur rhizome im principe
acre très -actif ( Violine)^ que 1 on re-
garde comme pouvant rivaliser avec VF-
métine do Pipécacuanha; c'est surtout
dans les lonidium que Ton observe cette
propriété vomitive. Deux de nos Violettes
indigènes sont usitées en médecine : la
V. ODORANTE {Violù odorota) est vi-
vace, et cultivée dans tous les jardins, où
elle double facilement ; ses racines sont
émétiqueset purgatives; ses fleurs même
ont une saveur légèrement nauséabonde ;
elles sont employées en infusion émoi-
lien te. La Pensée (Viola tricolor) est
annuelle; son velouté, si doux à Toeil,
et ses nuances variées, font les délices des
adonistes, qui en obtiennent chaque
jour des variétés nouvelles. — D'où vient
le nom de Pensée? Tl a évidemment un
p^^g^_ motif quelconque : a t-on voulu faire
(rioi« trieôior.) alluslon à la physionomie expressive que
la fleur reçoit de sa forme et de ses
couleurs dissemblables? ou aux passions tristes dont ces couleurs sont les emblèmes? ou
bien à l'altitude méditative de son pédoncule incliné? ou bien encore à son héliotropisme,
qui Id fait toujours regarder le soleil, de même que \e penseur dirige sans cesse son esprit
vers la lumière do la science ? Toutes ces explications sont peut-être bien loin de la véritable.
Quoi qu'il en soit, la Pensée sauvage est encore aujourd'hui usitAe en médecine comme dépu-
rativc, dans les affections de la peau.
Famille CLXXXIP. — S AU V ÂGÉ SI ES.— Petite famille de rAmériçiue tropicale, qui
ressemble aux Violacées régulières, par le calycc, la corolle, l'ovaire, le fruit et la graine, et
qui en diflere par ses étaminesà anthères extrorses. plus nombreuses que les pétales, dont les
extérieures sont stériles. — Le Sauvagesia erecta est une herbe mucilagineuse, aromatique,
amère, employée parles médecins du nouveau continent. Les Luxemburgia sont d'élégants
arbustes du Brésil, à fleurs jaunes , disposées en corymbes ou en grappes terminales.
Famille CLXXXIIIV— TA MARISCINÉES.— Sépales 3-5, libres ou presque libres.
Pétales hypogynes 5, à préfloraison tordue, marcescents. Etamines en nombre é<^al à celui des
pétales, ou en nombre double. Ovaire uniloculaire, à placentaires pariétaux, simulant au fond de
l'ovaire un placentaire central; ovules ascendants, indéfinis; styles et stigmates libres. Fruit
capsulaire. Graines à chalaze chevelue ; plantule dicotylédonée , droite , exalbuminée. —
Tige ordinairement ligneuse; feuilles petites, sessiles, alternes, imbriquées, un peu charnues;
fleurs en épis, formant des grappes terminales.
Cette petite famille habite principalement la région méditerranéenne. Elle a de TafOnité, d'un
côté, avec les Jtéaumuriacées et les Hypéricinées; de l'autre, avec les Lythraiiées. Elle offre une
analogie éloignée avec les Salicinées.
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332 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Tamariscinées ont des propriétés astringentes et amères, qui dépendent du tanin, de la
résine et de l'huile volatile qu elles contiennent. Tel est le Myricaria germanica^ sous-ar-
brisseau d'Allemagne, dont Tëcorce est usitée contre la jaunisse. Celle du Tamarix ^allica,
arbrisseau de France, passe pour apéritive; lorsqu*on la mâche, elle teint la salive en rouge.
Les anciens attribuaient à cette plante une singulière antipathie pour le viscère qu'on nomme
la rate; ils affirmaient que les pourceaux qui prenaient leur nourriture dans des auges faites
de bois de Tamarix, perdaient leur rate; en conséquence, ils prescrivaient aux gens qui avaient
cet organe malade, cfe boire et de manger dans des vases de Tamarix. — Le T. mannifêre croît
abondamment dans TArabie pétrée et sur le mont Sina! ; ses rameaux, piqués par une espèce
do Cochenille, excrètent une matière mucilagineuse et sucrée , que Ton pense être la marme,
célèbre dans r histoire des Hébreux. On cultive dans les jardins plusieurs espèces d« Tamarix, et
toutes produisent un effet pittores^que par leurs rameaux sveUes et pendants, que termi-
nent des fleurs rosées ou purpurines, et qui offrent un aspect vaporeux.
Famille CLXXXIV'.— RÉAUMURIACÊES. — Sépales libres ou presque libres. P^
taies 5, hypogynes. Etamines définies et monadelphes, ou indéfinies et polyadelphes. Ovaire à
placentation basilaire , plunloculaire inférieurement. Fruit capsulaire. Plantule dicotylé-
donée, à albumen farineux peu abondant. — Tige ligneuse ou sous-ligneuse , divariquée ,
glauque, glabre; feuilles alternes, sessiles, plus ou moins charnues, parsemées intérieu-
rement de glandes résineuses; fleurs solitaires, sessiles. — Cette petite famille, qui a pour type
le genre Reaumuria, dédié à notre grand naturaliste Réaumur, habite les terrains salés de la
région méditerranéenne orientale et de TAsie centrale. Elle se lie d'une part aux Tanuris-
cinées, de l'autre aux Hypéricinées. — Les feuilles du Reaumuria vermtculata sont salées ;
les Arabes les emploient en topique et en décoction contre les maladies de la peau.
Famille CLXXXW— FRANKÉNIACÉES.— Calyce libre, tubuleux, i-S-fide. Pé-
tales, hypogynes, onguiculés, 4-5. Etamines, ordinairement 6. — Ovaire uniloculaire , à pla-
centaires pariétaux, o-ï, s' évanouissant vers le milieu; style simple, à 3-4 branches, stigmati-
fères du côté intérieur; ovules réfléchis. Capsule à 5-4 valves séminifères sur le milieu. Plan-
tule droite dans Taxe d'un albumen fanneux , et de même longueur. — Herbes ou sous-
arbrisseaux, à rameaux noueux, articulés ; feuilles petites, opposées ou vertici liées, les jeunes,
souvent fasciculées, cohérentes par leur base amplexicaule ; fleurs en cyme dichotome. Cette
famille semble voisine des Turm^racëes et des Sauvagésiées ; beaucoup de caractères la rappro-
chent des Caryophy liées, dont les éloignent leur placentation et la structure de leur graine;
elles ont une affinité évidente avec les Tamariscinées, malgré leurs graines albuminées. Elles
habitent le littoral des mers extjratropicales ,* et surtout de l'Atlantique et de la Méditer-
ranée.
Famille CLXXXV?.— ÉLATINÉES. — Calyce libre, 3-4-5-partit. Pétales hypogy-
nes, 3-4-5. Etamines en nombre égal ou double de celui des pétales. Ovaire à 5-5 loges, ou
uniloculaire («ar insuffisance des cloisons; ovules nombreux, réfléchis; styles libres, stigmates
en tète. Capsule à valves se détachant des placentaires et des cloisons. Plantule dicotylédonée,
exalbuminée. — Herbes annuelles, marécageuses, à tiges grêles, couchées, radicantes. Feuilles
opposées, les pins jeunes en faisceaux axillaires, imitant un verticille ; stipules membraneuses.
Cette petite famille, longtemps confondue avec les Caryophyllées de la section des Alsiftées,
s'en distingue par sa plantule droite ou presque droite, exalbuminée. Elle se rapproche des
Hypéricinées, qui en diffèrent par la placentation.
Famille CLXXXVIP. — CARYOPHYLLÉES.
CARACTÈRE. — Sépales 5-4, libres ou cohérents. Pétales 5-4, hypogynes ott
subpérigynes , suuvent soudés ensemble et avec la base des etamines. Etamines en nombre
double des pétales et bisériées, les intérieures opposées ata: pétales, quelquefois en nombre égal.
Pistil plus ou moins stipité, à 2-5 carpelles, cohérents en un seul ovaire; styles libres, stigmati-
feres sur leur face interne. Ovaire pluriloculaire dans le jeune âge, devenant ordinairement
uniloculaire par la destruction des cloisons; ovules courbes. Fruit capsulaire et déhiscent, ou
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**3
o
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CAUYOPHYLLIÏES. 333
bacciforme et indéhiscent, Plantile dicotytédonée, courbe, entourant un albumen farineux,
— Tige herbacée ou sous-ligneuse, à articulations renflées. Feuilles opposées, entières,
quelquefois stipulées. Inflorescence définie.
Tribu i. — SILÉNÈES. — Calyce tubuleux, 5-deiitc ou o-fide. Pétales à long onglet.
OEitLET. Dianthus.
Saponaire. Saponaria.
Gtpsopuile. Gypsophila.
Tribu 2. — ALSINÉES. — Sopah's lihres ou presque libres; pétales courts ou sans onglet
quelquefois nuls. Etamines souvent sub périgynes. Feuilles s<^)uvent stipulées.
Lychnide.
Lychnis.
SlLÉNÉ.
Silène.
CORMLLET.
Cucubalus
Spargoi'tb.
Spergula,
ClBAISTE.
Cerastium
Stellaire.
Stellaria.
Sabline.
Arenaria.
Alsine.
Alsine.
Sagine.
Sagina.
Les Caryophyllées sont cosmopolites, et habitent principalement les régions exlratropicales
de Phémisphère nord. Cette Famille se lie , par sa plantule recourbée en anneau autour
d'un albumen farineux, avec les Parongchiées, les Po?*tulacées, et même avec les Atriplicées,
Amarantacées, Nyctaginées et Polygnnées, nonobstant Pabsence des pétales dans ces der-
nières; Pexistence delacoroUe, ainsi quePinsertion hypogynique ou périgynique, parait avoir
ici peu d'importance.
ESPÈCES PRINCIPALES. —La Saponaire officinale [Saponaria officinalis)
est une Plante indigène, dont la racine contient une matière moussant avec Peau comme le
savon, une résine molle et de la gomme,
principes auxquels on attibue ses propriétés
fondantes et dépuratives. La Lyc ii n i d e
nioïQUE {Lychnis vespertina), la L. de
Galcëdoink (A. chalcedonica) , et plu-
sieurs autres congénères des Saponaria
sont également savonneuses et douées des
mêmes propriétés médicales. — Les Œil-
lets sont aromatiques, et Pon fait avec
leurs pétales un sirop cordial. La Nielle
des blés (Lychnis githago) a dès graines
d'une saveur àcr€ et brûlante, qui^ ré-
coltées avec le blé , et mêlées au pain en
trop grande quantité, peuvent causer des
accidents graves. •*— Les Stellaires , les
SjmrgortteSj les Sablines sont tout à fait
inusitées; la Morgeline , ou Mouron (Alsine
média), qui croît partout, fournit des
graines servant à la nourriture des j^etits
oiseaux qu'on élève en cage.
On cultive dans les jardins beauc(uip de
Caryophyllées : ce sont principalement
POEiLLET DES fleuristes (Diautluis
Caryophyllus], que nous venons de men*
oEiLLBT DK roKTK KT uK A iktalks coiLKin DK SANG. tîonncr commc Plantc médicinale ; ses
[Dianthut barbatUA et D. crHentuê.) n < ui i i
fleurs sont rouges, roses, blanches, quel-
quefois panachées, ou doubles; elles ont Podeur du Girofle; POE. mignardise (D. mos-
cliatus). Plante gazonnante, à feuilles glauques, à pétales laciniés, rouges, ou blancs, ou
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SVt
IIISTOIHE DES FAMILLES.
I.ICliMDE DIOlQl'B.
[Lichxt'ê teêprrtina )
rosés, ponctués de blanc et de pourpre; TOEillet de poète (Z>. barbatus), à fleurs en
corymbe serré , protégées par des bractées calycinales, qui les égalent ou les dépassent.
L'Œ. A PÉTALES COULEUR DE S A N G (/>. cTMew/e/^) a été récemment CHvoyé dc Hussic;
il vient probablement du Caucase; ses fleurs forment une cyme presque globuleuse, et sont
entremêlées de bractées roussàtres et longuement mucronées: le calyce est violacé,
le limbe des pétales élégamment denticulé , muni à sa
base de quelques poils violacés , est d'un rouge carmin
très-vif. — Ce sont encore les Gtpsophiles (Gyp-
sophila paniculata et elegans), à petites fleurs blanches,
portées sur des pédicelles très-fins; la Saponaire,
dont nous parlions tout à l'heure, dont les fleurs sont
d'un rose tendre, et doublent facilement; le Silène
armtria , Plante indigène, à fleurs roses, en corymbe,
à tige visqueuse au-dessus des nœuds supérieurs; la
Rose du ciel (Silène cœli rosa), Plante annuelle,
à tige rameuse, à fleurs nombreuses, d'un rose vif ; le
SiLÉNÉ ÉLÉGANT (S, spcctosa) (PI. XXI), Plantc
vivace , probablement originaire des hautes montagnes
de l'Amérique tropicale, entièrement velue, à l'ex-
ception des pétales et du limbe des feuilles , à fleurs
grandes, à pétales étalés en roue, dont le limbe est
appendiculé à son origine, profondément bifide, et
portant latéralement 2 dents, ce qui le rend presque
quadrifide. Nous citerons aussi les Lychnides : le
Lychnis chalcedonica, belle Plante, qui serait bien plus appréciée si elle était moins com-
mune, à fleurs disposées en cyme, à pétales d'un rouge éclatant, échancrés et formant une
croix de chevalier; le L. fulgens. Plante de Sibérie, apétales larges, d'un ronge éblouis-
sant; et enfin le L. vespertiim ou L. dioïque, Plante indigène,
déjà mentionnée, à pétales d'un blanc laiteux , qui deviennent odo-
rants après le coucher du soleil.
Les Alsinées ont beaucoup moins d'importance que les Silénées
aux yeux des horticulteurs : on en cultive cependant quelques-unes
pour bordures : telle est la Sabline de Mahon [Arenaria balea-
ynca) Plante gazonnante à feuilles persistantes, à petites fleurs
blanches très-nombreuses ;leCÉRAisTE cotonneux [Cerastium to-
mentosum) plante traçante, formant des toufl*esde feuilles d'un blanc
argenté, propres à onier les rocailles, etc., etc.
Famille CLXXXVIII*. — PARONYCHIÉES. — Celle fa-
mille se compose de plantes grêles , ordinairement couchées, h
feuilles stipulées, le plus souvent opposées. Elle difl'èrc des Caryo-
pliyllées par sa périgynie bien prononcée, sa plarenlalion basilaire
et son fruit souvent nucamenlacé. Les Paronyques (Paronychia),
petites plantes à pétales ëcailleux ou nuls, ont un intérêt purement bo-
tanique. On en emploie cependant une espèce dans le midi de l'Europe,
contre les panaris, de là son nom de Panarine, qui est la traduction
du mol grec Paronychia. — La Herniaire ou Turquette [Her-
îiian'a glabra), passe pour fondante, diurétique et vulnéraire ; la
racine de la Gnavelle (Scleranihus perennis] ^ nourrit la Co-
chenille de Pologne (Coccus Polonicus) ^ donnant un rouge qui
peut remplacer, quoique à mérite inférieur, la Cochenille du
Mexique.
>RRTICILLEI.
rrrttcHtatum
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PAHONYCHIÉES.
335
Familles CLXXXIX» et CXC«.— PORTULACÈES ET TÉTRAGONIÉES. -
Calyce libre ou adhércnl à 2 sépales, ou 5-5-iide. Pétales nuls, ou définis, quelquefois soudés
à la base, très-fugaces. Etamines hypogynes ou périgyncs, en nombre égal à celui de^ sépales,
et alternes avec eux, ou en nombre multiple, les extérieures opposées aux pétales. Ovaire
t-8-loculaire, à ovules courbes, pourvus d'un funicule, et insérés sur un placentaire central
libre; styles ordinairement divisés en branches stigmalifères du côté interne, ou terminés
par un stigmate capité. Fruit à 1-8 loges, indéhiscent ou loculicide, ou s'ouvrant en pyxide,
quelquefois drupacé quand le calyce est adhérent. Plantule dicolylédonée, courbe, circulaire,
ou presque droite, appliquée sur un albumen farineux. — ïige herbacée ou sous-ligneuso;
feuilles alternes, ou presque opposées et cohérentes à la base, entières, à une seule nervure^
quelquefois peu visible; fleurs en cyme^ rarement solitaire.^.
Les Portulacées , Plantes cosmopolites, tiennent le milieu entre les Mésembryanlhémées, les
Paronychiées et le^j Caryophyllëes-Alsinées. Les feuilles de beaucoup d'Espèces contiennent un
suc mucilagineux; chez quelques-unes il s'y joint un principe astringent, qui les fait em-
ployer comme toniques et diurétiques; d'autres sont comestibles : parmi ces dernières , la Té-
TRAGONB ÉTALÉE (7'etragonia olûta), tient le premier rang. C est une plante à Heur apé-
tale, do la Nouvelle-Zélande, dont le capitaine Coke a, le premier, expérimenté sur ses mate-
lots les qualités alimentaires et antiscorbutiques; Banks Va introduite en Européen 1772;
la nécessité força les Européens de la mettre en usage , maintenant on la sert sur nos tables,
sous forme d'épinards, comme un mets délicat. — Le Pourpier (Portulaca oleracea) est une
plante annuelle du midi de la F:ance, que l'on mange en sa'ade, et que les médecins recom-
mandent, à cause de ses propriétés rafraîchissantes, calmantes et antiscorbutiques; sa graine^
macére'e dans du vin, donne à celui-ci une vertu emménagogue.
On cultive plusieurs Portulacées exotiques : le Calandrinia grandi flora, du Chili, est vi-
vace, sous-ligneux, à feuilles en rosettes, spatulées, glauques, rougeâlres en-dessous, à fleurs
d'un rose violacé, dont les etamines S(int disposées par pinceaux opposés aux pétales. Los
Ca/awfi?rinm sont comestibles. Le Pourpier a grandes vlevks (Portulaca grandiflora)
(PI^VHl), Plante annuelle de l'Amérique méridionale, a des feuilles subulées, des fleurs ter-
minâmes, larges de deux pouces, dont les pétales, d'un violet purpurin, sont marqués à leur
base d'une tache triangulaire blanche. On en a obtenu des variétés magnifiques, dont les deux
plus nouvelles sont, l'une, à fleur jaune, maculée de pourpre; l'autre, à fleur blanche argentée,
sans macules, mais striée en long de filets d'un rose vif.
Familles CXCP ft CXCIK — ATRIPLICÉES
a BASELLÉES.
(Arroches, de Jussieu, — Chénopodées, de Ventenat.)
9 •
CARACTÈRE. — PÉRIANTHE herbacé à 3-5 sépales, libres ou presque libres, persistanti
quelquefois accrescenis ou charnus. Etamines égales en nombre et opposées aux sépales, quelque
fois moins, jamais plus, hypogynes oupérigynes. Ovaire libre, à placentation basilaire, âun
seul ovule courbe. Fnnit utriculaire. Plantule dicotylédonée, tantôt annulaire, et entourant
un albumen farineux; tantôt contournée en spirale, à albumen peu abondant cm nul (Soude,
Raselle). — Tige herbacée, rarement ligneuse, quelquefois nue. Feuilles ordinairement
alternes, sans stipules. FLEURSjoew apparentes, quelquefois diclines.
Salicorne.
Salicornia.
Camphrée.
Cktfnphorosma
Arrocue.
Atriplex.
Bettb.
Beta.
Epinard.
Spinacia,
Anslrinb.
Chenopodium.
Cette Famille est très- voisine des Amarantacées ; elle se rapproche des Paronyques, dont
elle difiere par Tabsence de stipules, et desScléranthes, dont elle s'éloigne par son ovule soli-
taire, ses feuilles ordinairement alternes, et son hypogynie. Elle se distingue facilement des
Phytolaccées par ses etamines opposées aux sépales et son carpelle unique.
Les Atriplicées habitent en général les rivages de la mer et des lacs salés; d'autres aiment
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33(5 HISTOIUE DES FAMILLES.
le voisinage de l'homme, elles s'établissent dans les lieux où Ton jette des débris organiques,
et où le sol exhale de l'ammoniaque.
ESPÈCES PRINCIPALES. —Si l'on considère l'aspect peu brillant des Atriplicées, on
les rangera dans la populace du royaume
végétal ; mais si Ton lient compte des
services variés qu'elles rendent à l'homme,
on les mettra au-dessus des Familles les plus
remarquables par leur beauté. — En effet,
il en est plusieurs dont l'herbe est mu-
cilagineuse, salée, et fournit un aliment
léger; d'autres contiennent un arôme volatil
qui possède une vertu antispasmodique;
quelques Espèces littorales s'assimilent les
sels qu'elles ont puisés dans le sol^ et leur
cendre fournit de la soude carbonatée. —
U en est dont la racine tubéreuse est
sucrée et alimentaire ; il en est dont les
graines, sont tantôt riches en fécule et co-
mestibles, tantôt purgatives, ou anthelmin-
liques.
Parmi les Atriplicées potagères, TE pi-
nard [Spinacia oleraceà) tient le premier
rang; cette Plante, inconnue des anciens,
a été introduite en Espagne par les Ara-
bes, et répandue dans toute l'Europe.
paskmb RocGit. — ]^es feuilles de I'Arruchb des
(Baêelta rubra.)
JARDINS (A triplex hortensis), nommée
aussi bonne-dame, sont employées comme aliment et comme médicament rafraîchissant. Les
Ansérines (Chcnopodiurn album, viride, Bonus- Henricus, ficifoliurfiy etc.) ont des pro-
priétés analogues. La Bette ou Poiré E [Beta cycfa), dont l'origine reste incertaine, est
cultivée partout; ses feuilles sont alimentaires dans le jeune âge, et leur vertu laxative les fait
employer pour le bouillon aux herbes. On en connaît trois variétés, blanche, rouge et blonde :
cette dernière, nommée Carde, a des feuilles jaunâtres, dont la pervurç médiane se mange
comme celle du Cardon. — La Betterave (Beta vulgaris) diffère de la Bette par ses fleurs
ramassées et ses racines volumineuses et charnues; ses feuilles sont une excellente nour-
riture pour les bestiaux, et sa racine, cuite ou crue, fournit un aliment agréable et rafraî-
chissant; mais elle est devenue une Plante de première importance, depuis que les chimistes
sont paiTcnus à séparer le sucre qu'elle contient des matières albumineuses, gélatineuses,
salines auxquelles il est uni, et à Tobtenir en cristaux exactement semblables, par leurs pro-
priétés physiques et chimiques, au sucre de la Canne. La fabrication du sucre de Betterave est
aujourd'hui en France l'objet d'une industrie sujette à de grandes vicissitudes : les uns y
trouvent des bénéfices énormes; d'autres voient leurs espérances trompées par les résultats
d'une culture exigeant une expérience que le temps seul peut donner. Dans beaucoup de pays,
les céréales ont été négligées pour la Betterave, et la Canne à'sucre a rencontré en elle une
rivale redoutable. Les colonies ont réclamé la protection de la mcre-patrie, qui a fait
de son mieux pour tenir la balance égale entre tous ses enfants; mais l'industrie persévérante
de Fhomme du nord, et l'avidité impatiente de l'habitant des tropiques sont restées en pré-
sence, plus hostiles que jamais, et ne se réconcilieront que le jour où Dieu, qui composa
des mêmes éléments la fécule et le sucre, aura, pour mettre les concurrents d'accord, changé
le sucre en fécule en lui enlevant une molécule d'eau.
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ATRIPLICÉES ET BASELLÉES. 337
La Uasellr t ibère use [Basella tuberosa) fournit aux Péruviens de Quito une racine
qui passe pour donner aux femmes une merveilleuse fécondité. La B. rouge [B, ruhra) se
mange cuite aux Indes, sous forme d'épinards. — La B. blanche (^. alba), qui diffère de
la précédente Espèce par ses feuilles ondulées, est administrée comme laxatif doux, par les
médecins de TAsie tropicale aux jeunes enfants et aux femmes enceintes.
Les graines féculentes des Ansérines peuvent être , en cas de famine, mêlées aux céréales.
Le Qu I N o A (Chenopodium quinoa] est une herbe annuelle du Chili, dont les semences, réduites
en bouillie, servent de nourriture aux habitants des montagnes. On cultive en Languedoc
plusieurs espèces de soude, dont la graine est donnée aux chevaux.
Nous n'omettrons pas de mentionner les Atriplicées qui doivent à une huile volatile des
propriétés médicales : le Botrys {Chenopodium botrys) est une herbe haute d'un pied, qui
croît dans l'Europe centrale et méridionale; son toucher est visqueux, et son odeur agréable ;
on l'emploie en infusion contre la toux; on s'en sert aussi pour chasser les teignes des étoffes de
laine . L'A m br o i s i e {Chenopodium ambrosioides) est une Plante, originaire du Mexique, d'odeur
agréable et pénétrante, que Ton cultive dans beaucoup de jardins; on l'emploie en infusion
comme stomachique ; de là son nom de Thé du Mexique. Les graines d'une autre Ansérine
de rAmérique du sud, le Ch, anthelminthicum), sont un excellent vermifuge. — La Camphrée
D E Mo N T p E L L I E R [Cumphovosma Monspeliaca) exhale une odeur de camphre très-prononcée ;
on l'emploie dans le midi, en infusion théiforme, comme diurétique, céphalique, antispasmo-
dique. L'A NsÊRi NE FÉTIDE [Ckenopodium vulvaria) est une herbe commune dans les lieux
incultes des terrains calcaires; toutes ses parties exhalent par le froissement une horrible
odeur de poisson pourri ; on a reconnu dans la plante l'existence du carbonate d'ammoniaque ;
elle est employée en lavement et en fomentations, comme antihystérique, antispasmodique et
emménagogue.
Les Soudes (5a/so/a) sont des plantes sous-ligneuses, croissant en abondance dans les
lieux maritimes et dans les terrains salés; elles contiennent divers sels alcalins, que l'on
obtient en incinérant la plante ; la masse saline est ensuite calcinée avec du charbon et du
carbonate de chaux, et entièrement convertie en carbonate de soude.
Famille CXGlll*. — AMARANTACÉES. — Périanthe pre>que scarieux, herbacé ou
pëtaloïde, à 5-4 sépales distincts ou soudés à la base et persistants. Etamines hypogynes, ordi-
nairement 5, opposées aux sépales, alternanl quelquefois avec des élamines stériles; lilels libres,
Quelquefois monadelphes; anthères souvent uniloculaires. Ovaire libre uniloculaire, à ovules
uressos, courbes. Utricule membraneux, indéhiscent ou ruptile, ous'ouvrant circulairemcnt,
quelquefois bacciforme. Plantule dicotylédonée , annulaire ou en fer à cheval, entourant un
albumen farineux. — Tige herbacée, quelquefois sous-ligneuse ou ligneuse, ordinairement
pubescente; feuilles opposées et alternes, simples, entières, sans stipule.^; fleurs petites,
rapprochées en glomérules ou- en cymes, formant des panicules spici foi mes, pourvues de 3
bractéoles.
Lss Amarantacées sont liées par une étroite afOnité avec les Atriplicées , dont elles ne se dis-
tinguent que parle port et l'ensemble des caractères. — Leur station est principalement inter-
Iropicale. — Quelques-unes sont alimentaires : telle est I'Amaramte blite {Amarantus
blitum), que les paysans d'Italie et de la France méridionale mangent en guise d'épinards : telles
sont VA, viridis du Brésil et VA. spinosus de la Jamaïque. — On cultive dans nos
jardins l'A. queue de renard (A. caudatus), plante annuelle, à longues grappes
pendantes, d'un rouge cramoisi, que l'on nomme vulgairement discipline de religieuse;
\'A. tricolor^âe l'Inde, à feuilles tachées de vert, de jaune et de rotige, et VA, speciosus^
du Népaul, à tige pyramidale, haute de 5 à 6 pieds, portant des fleurs pourpres, agglo-
mérées le long de ses rameaux. Les Gomphrena officinalis et macîvcephala portent au brésil
le nom de Para tudo, à cause de leur propriété stimulante, que Ton croit efficace contre
toutes les maladies; on les applique surtout à la guérison des fièvres intermittentes, des
diarrhées et de la morsure des serpents. — Le Gomphrena globosa de l'Inde est cultivé
en Europe ; ?es fleurs,' raj^st niblées en tètes globuleuses, sont rouges purpurines, quel-
(piofois couleur de chair, quelquefois blanches; le Gomphrena pulchella^ on Amarnntine
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338 HISTOIRE DES FAMILLES.
jolie (P\. XXI), qui croit spontanément sur les bords du liio de la Plata^ a récemment fleuri en
Europe; son nom est justifié par la beauté des nuances carminées et rosées qui brillent
sur les sépales et les bractéoles, et au milieu desquelles éclate le jaune doré des étamine:;. —
Le Celosia crhtata, que Ton administre en Asie comme astringent puissant, n'est connu en
Europe que comme plante d'ornement, sous le nom de Passe-velours ; ses fleurs, très-petites
et très -nombreuses, sont serrées en tête longue, aplatie et plissée, figurant une crèle ou un
morceau de velours.
Famille CXCIV«. — NYCTAGINÉES. — Involucre calyciforme, tantôt uniflorc (iVyc-
tage), tantôt pluriflore (Boerkaàvia), Périanihe simple, hypogyne, pétaloïde à base herbacée,
globuleuse, entourant Tovaire sans y adhérer, à préfloraison contournée. Etamines hypogynes,
à filets quelquefois insérés sur un godet, ou soudés avec la base du périanthe. Ovaire unilocu-
laire, à ovule unique, dressé, sessile, courbe. Akène enveloppé par la base du périanthe.
IMantule dicotylédonée, entourant un albumen farineux. Radicule infère. — Tige ordinairement
herbacée, à rameaux noueux articulés. Feuilles ordinairement opposées.
Les Nyctaginées sont voisines des Polygonées et des Phytolaccées; elles habitent principale-
ment les régions intertropicales. — La racine de plusieurs Espèces de cette Famille est douée
de propriétés purgatives et émétiques. Tels sont les Mirabilis (F\. XXII), dont deux Espèces sont
cultivées dans nos jardins sous le nom de Belle de nuit, parceque leur fleurnes'ouvre qu'après le
coucher du soleil et exhale une odeur suave : Tune est le Mirabilis Jalapa, ainsi nommé parce
que l'on a longtemps cru que sa racine élait le Jalap officinal; ses fleurs sont rouges, jaunes,
ou blanches, ou panachéi^s ; fautre, le Af. longiflora, à fleur blanche ou violette, dont le tube
est très-long. — Le croisement de ces deux Espèces de Belle de nuit y habilement pratiqué par
M. Lecoq, de Clermont, a produit de nombreuses variétés hybrides, oui se distinguent par les
coloris les plus variés et les plus bizarres : la fleur offre quelquefois trois couleurs distinctes, le
blanc, le rouge et le jaune; la même pUnte porte souvent des fleurs de couleur difl'érente,
panachées, marbrées ponctuées, bigarrées avec une merveilleuse diversité.
Famille CXCW— PHYTOLACCÉES.— Cette Famille, qui appartenait autrefois aux
Atriplicées, en diffère par la position des élamines, alternes avec les sépales, par leur nombre
plus considérable , et par la pluralité des carpelles. Elle tient le milieu entre les Atriplîcées,
Amarantacées, Nyctaginées, Polygonées ^ Caryophyllées, Porlulacées et Malvacées. Sa station
principale est dans les régions tropicales et subtropicales. Les Phytolaccées contiennent des
principes acres, vésicants et drastiques, qui les distinguent des Atriplicéeset des Caryophyllées.
Nous citerons seulement le Phytolacca decandra^ belle Plante originaire de l'Amérique septen-
trionale, et cultivée en Eunipe, dont l'action purgative est très-énergique; sa tige herbacée est
rameuse, rougeâtre, haute de 6 pieds; les feuilles sont grandes, alternes, à nervures rouges;
les fleurs sont rosées, en grappes axillaires; les fruits sont des baies remplies d'un suc rouge,
rendant purgative la chair des pigeons qui en ont mangé. Nous mentionnerons aussi les
Petiveria y Espèces américaines, exhalant une forte odeur d'ail; leur racine est employée
comme antifébrile, vermifujje, et surtout comme diurétique : c'est pour cela qu'on la nomme
vulgairement racine de pipi.
Famille CXGVI». — POLYGONÉES.— Périanthe herbacé ou pétaloïde, à 3-4-5 sé-
pales plus ou moins cohérents. Etamines périgynes ou hypogyne-», ^-10. Ovaire uniloculaire,
nniovulé, triangulaire ou comprimé; ovule dressé, droit; styles 2-3. Akène ou cariopse. Plan-
tule dicotylédonée, antitrope, droite ou arquée, dans un albumen farineux. — Tige ordinairement
herbacée. Feuilles alternes, à stipules soudées en une gaîne qui entoure la tige. Fleurs petites,
en cymes formant des épis ou des grappes.
Les Polygonées se distinguent des Amarantacées, Alriplicées et Nyctagmées par leur ovule
droit, le nombre ternaire des parties de la fleur, et surtout par leurs stipules. — Elles croissent
surtout dans les régions tempérées de rhéuiisphcre boréal.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Les Rumex , Renouées, Rhubarbes, constituant presque
entièrement cette Famille, possèdent des propriétés qui confirment leur affinité: les parties
herbacées de plusieurs E'^pèces contiennent des acides oxalique, citrique, malique, et sont
alimentaires et médicinales; les graines farineuses de quelques autres peuvent remplacer les
céréales ; dans la plupart, les racines contiennent des suhstanccs astringentes, quelquefois unies
à un principe amer résineux , qui leur donne des vertus que lu médecine a su mettre en usage
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POLY(iONÉES. 339
(lès la plus haute antiquité. — Nous placerons en prcîniicro ligne la racine de Rhubarbe , dans
laquelle les chimistes ont trouvé un principe amer (Rhabarbarine) , une huile ïxxe., un peu de
gomme , d'amidon , et de Toxalatc de chaux , faisant le tiers de son poids. La Rhubarbe est
spécialement employée en médecine contre les maladies de Tappareil digestif; mais ses principes
colorants et amers ne sont pas décomposés par Tacte de la digestion ; ils passent dans le sang,
colorent en j;une l'urine, la sueur, la salive; le lait des nourrices reçoit d'eux une teinte jau-
nâtre, une saveur amère et des qualités
laxatives qui. dans quelques circonstances,
peuvent être utiles à leur nourrisson. Cette
précieuse racine purge doucement sans
causer de coliques, et sans fatiguer l'esto-
mac ni les intestins; on Tadministre, soit
en poudre , soit en infusion ou en décoc-
tion. Quelques médecins conseillent à
leurs malades de la mâcher et d'avaler leur
salive.
La Rhubarbe se distingue de tous les
autres purgatifs, en ce que, au lieu de di-
minuer l'appétit et de causer du malaise,
comme ces derniers, elle relève les fonctions
de Testomac. Il est dangereux de l'adminis-
trer dans le ^ours des maladies aiguës,
mais e le est indiquée dans les dyspepsies
qui succèdent à ces maladies, et avec les-
quelles coïncident l'amertume de la bouche,
la sensibilité de Tépigastre et la constipa-
tion. On remploie aussi dans le traitement
de la dysenterie épidémique et des affections
vermineuses.
L'origine botanique de la Rhubarbe est
encore enveloppée d'obscurité. C'est au
dixième siècle que les Arabes l'ont reçue
des Chinois, et répandue dans les officines
européennes. Mais les Chinois n'indiquent
que vaguement la localité de leur Rhu-
barbe; ils refusent d'en livrer des graines
{Rheum ihapontiium.) OU des boulures , qii on leur propose
d'acheter au pt»ids de l'or. On connaît dans
le commerce trois sortes de Rhubarbe : celle de Chine, vient du Thihet à Canton, où les
vaisseaux européens vont la cheicher pour la transporter en Europe; elle est souvent
piquée des vers, et sa couleur est altérée par le voyajre sur mer. LaRhubarbedilerfeilfo5co^;^>
est la plus estimée. En vertu d'un traité conclu entre les Chinois et les Russes, il arrive tous les
ans une caravane chinoise à Kiatcha, ville de Sibérie, située sur les confins de la Russie et de
la Chine; elle livre d'immenses quantités de Rhubarbe aux commissaires russes préposés pour
la recevoir : ceux-ci examinent scrupuleusement tous les morceaux, paient ceux qui n'ont
aucun défaut, et brûlent le reste; ces morceaux sont envoyés à Pétersbourg, où on les inspecte
de nouveau avant de les livrer au commerce européen. La Rhubarbe de Perse venait autre-
fois du Thibet par la Perse et la Syrie; aujourd'hui les Anglais vont la prendre à Canton. Ces
trois sortes de Rhubarbe ont une odeur prononcée, une saveur amère-astringenté ; elles colorent
fortement la salive en jaune-safran, et craquent sous la dent. Parmi les Espèces dont on a pu
se procurer des graines, et qu'on a cultivées en Europe, la Rhubarbb a feuilles palmées
{Rh, palmatum)e»i la seule qui possède complètement l'odeur et la saveur de la Rhubarbe vendue
par les Chinois; mais elle ne craque pas sous la dent. La Rh. émodi {Rh. australe), que les
Anglais ont reçue il y a peu d'années des montagnes du Thibet et cultivée à Ca'cutta, jouit de
cette propriété; en outre, la forme de ses feuilles s'accorde avec la description que les Ruchares
ont faite de la vraie Rhubarbe au naturaliste Pallas : c'est cette Espèce que l'on croit aujour-
d'hui être le vrai Rheum des officines.
• Le Rhapontig {Rheum rhajx)nticum) croit spontanément dans l'ancienne Th race et sur
les bords de la mer Noire : c'est l'Espèce primitivement connue des anciens, qui lui donnaient
le nom de Rha; ou l'appela plus lard Rha-ponticum , pour le distinguer d'une autre Espèce
apportée de Scythie, qu'ils nommaient Rha-barbarum, mot dont nous avons fait Rhubarbe.
RilAPOTITIC.
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3V0 HISTOIRE DES FAMILLES.
Quant aux Rhubarbes cullîvées en Europe , quelle que soit TEspèce à laquelle on doit les
rapporter, elles diffèrent de celles de la Chine en ce que l'oxalale de chaux y est remplacé par
une égale quantité de fécule , aussi ne craquent-elles pas sous la dent. Les médecins en font
peu de cas, mais elles sont irès-estimées en Allemagne et en Angleleterre comme Plantes pota-
gères; on fait un grand usage du pétiole et des nervures principales de leurs feuilles, que Ion
pèle et que Ton coupe par tronçons pour mettre dans les tartes, et pour préparer les confitures.
Le Genre 7?{impx comprend des Espèces formant deux groupes distincts : les unes ont des
feuilles de saveur acide; ce sont les Oseilles (/?. acetosa, acetosella , scutatus), qu*on em-
ploie comme substance alimentaire et comme médicament laxatif, et dont on retire du suroxa-
late de potasse , les autres ont des feuilles âpres : ce sont les Pat i en c es (H, patientia^ R. cris-
rms). La racine de ces dernières Espèces est jaune et odorante; elle contient du soufre: on
remploie comme dépurative.
Le Genre Rrnouée [Polygonum) ^ fournit aux besoins de Thomme deux Espèces : Tune ali-
bile etTautre médicinale; la première est le Sarrasin ou Blé noir (P, fagopyrum). Plante
venue d'Asie versle milieu du quinzième siècle, et dont la graine est riche en fécule, et remplace
le froment dans les contrées où le sol se refuse à la culture des céréales; la seconde est la
BisTORTE {P. bistorta) ^ Plante indigène, dont la racine, toute contournée, contient du
tanin, et est employée comme tonique et astringente. Deux autres Renouées sont cultivées dans
nos jardins: l'une est le P. orientale, herbe annuelle du Levant, haute de 8 à 10 pieds, à
fleurs rouges ou blanches, formant de longs épis pendants; l'autre est le P. tinctorium. Plante
de Chine, dont les feuilles contiennent de Hndigo.
Famille CXCXVIP. — GYROCARPÉES. — Arbres ou arbrisseaux des régions
intertropicabs, étroitement liés aux Laurinées par la structure du périanthe et des anthères et
la position de l'ovule, s'en distinguant par l'ovaire adhérent au périanthe, et les cotylédons
pétioles, enroulés autour de lu gemmule.
Famille CXCXVIIP. — LAURINÉES. — Périanthe calycoïde à 4^ divisions bi-
sériées, trinerviées, imbriquées. Etamincs périgynes, insérées sur un disque charnu naissant
au fond du périanthe et persistant avec sa base, en nombre quadruple, ou triple, ou double
de celui des sépales, quelquefois en nombre égal, et alors opposées aux sépales; filets libres, les
intérieurs pourvus de deux glandes latérales; anthères adnées, biloculaires ou quadriloculaires,
tantôt toutes introrses (Laurier)^ tantôt les extérieures introrses, les intérieures extroi*ses, les
plus intérieures souvent stérihs (Cannelier), à loges s'ouvrant de la base au sommet par une
valvule longitudinale persistante. Carpelhs 5, réunis en un seul. Ovaire uniloculaire, a un seul
ovule, pendant, réfléchi; style simple, stigmate trilobé. Fruit bacciforme, protégé par la base
accrescente du périanthe. Plantule dicotyléJonée, droite, exalbuminée. Tige ligneuse, à écorcc
aromatique; feuilles alternes, aromatiques; fleurs souvent diclines, axillaires en grappes,
panicules ou ombelles.
Les Laurinées, autrefois presque entièrement constituées par le Genre Laurier (Laurus),
habitent principalement la région intertropicale, et forment des forets entières sur la pente des
montagnes où ta température est un peu fraîche. Elles ne sont comparables pour la structure
des anthères qu'aux Athérospermées et aux Gyrocarpées ; elles diffèrent de celles-ci par leur
ovaire libre et leur plantule droite; de celles-là par leur ovaire unique et leurs graines sans
albumen. — Elles sont rangées dans la môme classe que les Santalacées , Thymélées,
Kléagnées^ etc., dont elles se distinguent par leurs anthères et leur pistil à 3 carpelles; leur
qualité aromatique les rapproche des Myristicée".
ESPÈCES PRINCIPALES. — Le Laurier d'Apollon {Laurus nobilis) , indigène
dans le midi de l'Europe, a des feuilles persistantes, longues et larges, coriaces, li.sses, douées
d'une odeur agréable; on les emploie en cuisine comme assaisonnement; macérées dans l'huile
ou dans Taxonge, elles cèdent à ces substances leur huile volatile et leur chromiile. Les baies,
dont le péricarpe est très-mince et la semence volumineuse, contiennent une huile fixe et une
huile volatile. Les pharmaciens les traitent par l'alcool ou par les corps gras, pour préparer des
médicaments externes, tels que le baume de Fioravanti et l'onguent de Laurier.
Le Sassafras (Laurus sassafras) croît dans la Virginie, la Floride et au Rrésil; le bois et
Técorce de sa racine ont Tarome du Fenouil, uni à une odeur de camphre; on les emploie
comme sudoriflques. — L'Avocatier {Persca gratissima) est originaire de l'Amérique mé-
ridionale; il n'est point aromatique, mais son fruit, qui a la forme et le volume d'une poire,
et dont la chair est butyreuse, est recherché pour la table, où on le mange comme hors-d'œuvre
avec les viandes; il plaît à tous le» animaux domestiques, même à ceux qui sont Carnivore?.
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LAURINÉES. 341
Le Laurier cinnaiiome [Lauras Cinnamomum) fournit Técorce aromatique, nomméii
dans le commerce Cannelle de Ceylan : c'est le véritable Cannelier officinal ; on le cultive à
Geylan et dans les colonies intertropicales. L'écorce, séparée de son épiderme, est récoltée par
incision sur les rameaux âgés de plus de quatre ans ; sa couleur est blonde, sa saveur est chaude,
aromatique et sucrée, et son odeur suave; elle est usitée comme condiment et comme médica-
ment tonique-stimulant. L'eau distillée de cannelle est souvent préférée à la canoile en nature
pour aromatiser les crèmes. — Le Laurier cassia (Laurus cassia) fournit la cannelle de
Chine ; cet arbre croît au Malabar, à la Cochinchine, en Chine et dans les îles de la Sonde. Son
écorce est plus épaisse que celle de la cannelle do Geylan; sa couleur fauve est plus foncée ; son
odeur est peu agréable; sa saveur est chaule, piquante, et rappelle la punaise; aussi est-elle
moins estimée.
CAHramiim oppiciual. Cannilibb.
(Lauruê Camphora.) {Laurut Cinnamomum.)
Le Camphre est une huile volatile concrète, incolore, plus légère que l'eau, d'une odeur
pénétrante, d'une saveur acre et fraîche, très-soiuble dans les huiles fixes et volatiles, ainsi que
dans Talcool et dans Téther, se vaporisant complètement à Tair, très-inflammable, et brûlant
sans laisser de résidu, même à la surface de Feau. Ce principe existe dans beaucoup de Végétaux,
et notamment dans les Labiées; mais il abonde surtout dans le LAURiER-cAiiPHRiER(ZaMn^5
camphora)^ arbre du Japon, aujourd'hui nommé Camphrier officinal (Camphora offi -
cinarum). On <ibtient le camphre en distillant à Feau chaude des fragments de racines et de
branches du Camphrier; on met ces fragments dans descucurbites de fer, surmontées do cha-
piteaux en terre, dont la concavité intérieure est garnie de paille de riz, le camphre, soumis à
raction de l'eau modérément chauffée, se volatise et va se suolimer sur la paille.
Le camphre est un médicament dont les effets ont été appréciés d'une manière très-diverse
par les auteurs. Les uns affirment que le camphre, prisa l'intérieur, est uniquement sédatif ;
d'autres qu'il est purement excitant. Ces opinions, diamétralement opposées, auraient pu se
concilier si l'on avait compris que l'action du camphre sur nos organes est complexe, etpeutsc
diviser en plusieurs temps. A peine introduit dans le système digestif, le camphre produit une
sensation d'âcreté à laquelle s'unit celle d'un frais local, qui rayonne rapidement. La première
de ces sensations s'explique par Faction irritante du camphre sur la surface qu'il touche; la
seconde par sa volatilité qui le rend propre à soustraire le calorique à tout ce qui Favoisine. A
cette double perception d âcreté et de fraîcheur succède bientôt une sédation résultant de Fab-
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342 HISTOIHE DES FAMILLES.
sorption du camphre, qui peut, suivant les doses, représenter un narcotisme complet : résolu-
tion des forces, obscurcissement de Tinteiligence, ralentissement de la circulation, pâleur,
défaillances, nausées, sueurs froides, etc.; enfin se produisent des phénomènes fébriles, réaction
conservatrice due aux efforts que fait l'organisme pour surmonter l'effet sédatif, et en expulser
la cause : cette fièvre passagère est terminée par une crise qui consiste ordinairement en une
sueur répandant Todeur du camphre.
Nous n'entrerons pas dans le détail des appliquions thérapeutiques de cette huile volatile
concrète; il nous suffira de signaler ses propriétés sédatives, antispasmodiques et antiseptiques.
Tout le monde connaît la vertu résolutive de l'eau-de-vie camphrée et de l'huile camphrée,
employées k l'extérieur- Enfin, pour compléter l'histoire du camphre, nous mentionnerons les
fameuses cigarettes, préconisées dans ces dernières années comme le médicament par excellence,
destiné à remplacer tous les autres, en vertu d'une théorie qui établit que les maladies ont pour
cause la présence d'insectes dans le corps humain, et que par conséquent le camphre, substance
éminemment insectifuge et insecticide, est un remè«le universel.
Familles CXGXÏX- et GCe. _ ATHÉROSPERMÉES kt MONIMÏÉES. —
Arbres ou arbrisseaux de l'hémisphère austral, à Atours ordinairement dicline<. Périanthc
calycoïde. Elamines indéfinies, insérées sur le tube du périanthe. Anthères à déhisccnce longi-
tudinale chez les Monimiées s'ouvrant par des valvules ascendantes chez les Athérospermées.
Ovaires nombreux, libres, insérés sur le fond du périanthe; ovule unique, pendant chez les
Monimiées, dressé chez Its Athérospermées Drupe ou noix. Graine albuminée.
Famille CCI''. — PÉNÉACÉES. — Arbrisseaux du Cap, toujours verts, à feuille oppo-
sées, imbriquées, entières, coriaces. Périanthe pétaloïde. Etammes périgynes , égales en
nombre, et alternes à ses divisions. Ovaire libre, à 4- loges biovulées; ovules collatéraux, dressés
à la bnse des loges. Capsule loculicide, à k valves.
Famille CCIP. — AQUILA-
RINÉES. — Arbrisseaux de Tlnde,
à feuilles alternes. Périanthe tubuleux,
pétaloïde, portant à sa gorge 5-10
écailles, soudées en urcéole. Elamines
5-10, insérées près de la gorge. Ovaire
incomplètement biloculaire, à 2 pla-
centaires biovulé-*: ovules pendants, ré-
fléchis; capsule à 2 valves. Plantule
exalbuminée.
Famille CCII^. — THYMÉ-
LÉES. — Périanthe tubuleux, péta-
loïde. Ëtamines périgynes, en nombre
égal aux divisions du périanthe, ou en
nombre double ou moindre. Ovaire
libre, uniloculaire; ovules pendants.
Fruit drupacé ou nucamentacé, ordi-
nairement à une gruine, exalbuminée.
— Tigeordinairement ligneuse ; fouilles
simples.
Les Thymélées sont voisines des
Santalacées et des Eléagnées; elles
se distinguent des premières par l'o-
vaire libre, le nombre et la position des
ovules, et Tabsence d'albumen; desse-
edorwortoi. a FL.UH. ,AUN«.. coudcs par lagraiue invorse.— Elleshabi-
[EdfMtoTthia chry%antka,) teut principalement les régionsextratro-
picales chaudes de l'hémisphère austral.
Toutes les Espèces du Genre Daphne, le principal de la Famille, contiennent un principe
acre, qui leur donne une propriété vésicanle ; telles sont surtout le Garou ou Sain-bois
(/>. gnidium), le Bois -gentil {D. mezereum), etc. Ces Espèces indigènes sont cultivées pour
l'ornement des jardins, ainsi que le D. laureola, le D, tartonraira, et plusieurs Espèces exo-
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THYMÉLÉES. 343
tiques, le />. pontica et le />. indica. — On ciillive depuis quelques annm en Angleterre le
D. DE Fortune (AFor^wneî) (PI. XX), Espèce découverte en Chine par le voyageur dont elle
porte le nom : c'est un petit arbrisseau cotonneux, buissonnant, à feuilles minces, oblongues, se
développant plus tard que les fleurs, qui sont d'un Mas rougeâtre, quaternées au sommet des
rameaux, et couvertes, comme les feuilles, de poils fins et soyeux. — C'est encore à M. Fortune
qu'on doit l'introduclion de rEDGEwoRTiUE a fleurs j a vk es (Edgeworthia chr y sant ha],
trouvée par lui dans les jardins de Chusan, arbuste produisant de sa base des rameaux élancés,
qui partent, seulement à leur sommet, des feuilles couvertes de soies très-serrées; les fleurs
forment des capitules denses et multiflores; elles sont d'un jaune d'or, et leur odeur est suave.
Famille CCIV«. — ÉLÉAGNÉES. — Fleurs souvent diclines. Périanlhe herbacé, ou
coloré en dedans, à 2 ou & divisions soudées inférieurement par un disque glanduleux, portant
les élamines en nombre égal à celui des divisions du périanlne, ou en nombre double. Ovaire
libre, uniloculaire, à ovule unique, die^^sé. Fruit inclus dans la base endurcie du périanthe.
Plantule droite dans Taxe d'un albumen charnu mince. — Tige ligneuse ; feuilles recouvertes,
surtout h la surface inférieure, d'écaillés fixées par le centre, argentées ou brunes.
Les Eléagnées sont voisines des Thymélées, Protéacées et Santalacées ; elles habitent prin-
cipalement les régions chaudes et tempérées de l'Asie. — La base charnue du périanthe rend
comestible le fruit de quelques Espèces. Le Cha lrf oriental (Elœagnus orientalis) fournit
aux habitants de la Perse un fruit acidulé très-agréable. L'Argousier ruamnoïde (Hip-
pophae rhamnoides), arbrisseau indigène, épineux, est cultivé pour former des haies; on l'em-
ploie dans le nord de la France pour fixer les dunes. Les Finlandais se servent de son fruit,
aigre et âpre, pour assaisonner le poisson.
FAMII.LB CCV». — PROTÉACÉES. — Périanthe coloré, à 4 sépales, plus ou moins
cohérents. Elamines h ou 3, opposées aux sépales, périgynes ou hypogynes. Glandes hypo-
gynes k , alternes avec le^ sépales, quelquefois nulles. Ovaire libre, uniloculaire; ovules
réfléchis. Noix, ou samare, ou drupe, ou follicules. Plantule exalbuminée, droite. Radicule
infère. — Tige ordinairement ligneuse; feuilles toujours vertes, ordinairement alternes;
fleurs brillantes, en épi ou en capitule.
Les Protéacées se distinguent des Familles voisines par la graine exalbuminée et la radicule
infère. — Elles habitent pour la plupart les régions subtiopicales situées au delà du Capricorne,
et notamment le Cap et la Nouvelle-Hollande.
Les Espèces de cette Famille sont plutôt des Plantes d'agrément que des Plantes utiles —
On cultive en Europe le Leucadendron argenteum, arbrisseau du Cap, à feuilles soyeuses, à
fleurs munies de longues écailles; les Protea, arbrisseaux à fleurs réunies en capitule, garni
d'un involucre coloré ; les Gt^evillea, de la Nouvelle-Hollande, à fleurs jaunes ou rosées, dis-
posées en épi rameux; I'Hakéa poignard [Hakea pvgionifonnisV arbris>eau de la Nouvelle-
Hollande, à feuilles cylindriques piquantes, et à fleurs tasciculées, olanchfttres; les Bancksia, à
rameaux en ombelle, à fleurs disposées en chatons. Le Sténocarpus de Cukninguam
(Stenocarpus Cunninghami) (PI. XXX), est un arbrisseau de la Nouvelle Hollande, à feuilles
tiersistantes, luisantes, entières ou sinuées, ou pennifides, longues d'un à deux pieds. Lt-s fleurs
orment une ombelle composée de cinq ombellules, dont quatre étalées horizontalement, et la
cinquième verticale, terminée par un disque d'où rayonnent treize ou quatorze pédicelles, portant
chacun une fleur d'un brillant écarlate, orangé à Tintérieur.
Famille CCVI». — LORANTHACÉES. — Calyce adhérent à l'ovaire. Pétales libres
ou cohérents, épigynes 4-6-8, à préfloraison valvaire. Étamines opposées aux pétales ou aux
divisions du périanthe simple. Ovaire uniloculaire; ovule pendant. Raie à une ffraine. Plantule
placée à la superficie d'un albumen charnu abondant. — Petits arbrisseaux dichotomes, vivant
implantés dans les parties ligneuses des autres Plantes; feuilles ordinairement opposées, entières;
fleurs quelquefois diclines.
Les Loranthacées habitent pour la plupart les régions inlertropicales; leur écorce contient
une matière particulière nommée glu, qui tient le milieu entre la cire et le caoutchouc. — Le
Gui blanc (Viscum album) est la seule Espèce qui représente la Famille en France : c'est
un arbrisseau dioïque, à feuilles épaisses charnues, à fleurs verdâlres, peu apparentes, ses-
siles; il vit sur les Poiriers, les Pommiers, les Sorbiers. l'Aubépine, les Peupliers, le Chêne, etc.
— Le Gui était révéré chez les anciens peuples de la Gaule, qui voyaient dans sa na-
ture parasite un phénomène mystérieux. Le Gui, cueilli sur le Chêne, était la Plante
sacrée des Druides. Aujourd'hui encore, les habitants de Java ont un respect superstitieux
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3W HISTOIRE DES FAMILLES.
pour le Figuier des Pagodes (Ficus religiosa], sur lequel s'est implantée une Loranlbacée;
ils croient que les ombres de leurs
pères, errant sous ces voûtes de ver-
dure, sont réjouies parla vue des Vé-
gétaux parasites.
Famille CCV11«. — OLACl-
NÉES. — Le Genre Olax, type de
cette petite Famille, a pour caractère :
Galycc libre, minime ; corolle (ou calyce
interne) à 4-5-6 pétales hypogynes.
Étamines fertiles 3-4-5. Ovaire unilo-
culaire , à placentaire central libre.
Drupe sèche. Graine pendante. —
Arbres ou arbrisseaux de l'Asie et de
l'Afrique tropicale, et de la Nouvelle-
Hollande, à tige glabre, à feuilles al-
ternes, entières, à fleurs axillaires,
solitaires ou en épi, souvent diclines.
Famille CCVIII*. — SANTA-
LAGÉES. — Périanthe coloré inté-
rieurement, 4-^-Kde. Étamines 4-5,
périgynes. Ovaire adhérent au pé-
rianthe, uniloculaire, à placentaire
central libre; ovule pendant. Drupe
ou nucule. Albumen charnu. — Tige
herbacée ou ligneuse ; feuilles alternes.
Gette Famille habite les régions
{fScJ« a/fruii.) tempérées de l'un et de l'autre hémi-
sphère. — Le Santal blanc et le S,
citrin, bois aromatiques, à odeur suave de citron, jadis célèbres en médecine, et aujourd'hui
employés dans l'ébénisterie et la parfumerie, sont l'aubier du Santalum album et de plusieurs
autres Espèces do l'Asie méridionale.
Famille GCIX». — ARISTOLOGHIÉES. — Périanthe à tube adhérent, à limbe
régulier ou irrégulier, coloré. Étamines épigynes, 6-12, se confondant avec la base du style.
Ovaire pluriloculaire, multiovulé. Fruit indéhiscent ou loculicide; plantule minime à la base
d'un albumen charnu. Tige herbacée ou ligneuse. Feuilles alternes; fleurs axillaires.
Les Aristolochiées habitent pour la plupart l'Amérique tropicale. Beaucoup d'Espèces pos-
sèdent dans leur racine une huile volatile, une résine amère et un principe extraclif acre, qui
leur donnent des propriétés excitantes, très-énergiques. Les deux Genres principaux (AristoUh
chia et Asarum) sont employés en médecine.
Les i4m/o/ocA«5 indigènes sont antihystériques, emménagogues, et propres à hâter le rétablis-
sement des femmes en couche. La Serpentaire de Virginie [A. serpentaria) est em-
ployée comme tonique dans les fièvres typhoïdes dont la forme est adynamiaue; sa racine
fraîche chasse les serpents venimeux et guérit leur morsure. Il en est de même ae l'A. siphon
(A.sipko) (PI. XXV), arbrisseau grimpant de l'Amérique septentrionale, cultivé aujourd'hui dans
nos jardins pour couvrir les puits et garnir les tonnelles; ses feuilles sont grandes, cordiformes;
^es fleurs jaunes et rouges noirâtres, représentent une énorme pipe. — Le Gabaret
( Asarum Europcewn) est une petite Plante indigène, dont la racine est fortement purgative et
émélique.
Familles GGX% GGXI% GGX11% GGX1II% GGXIV.— HYDNORAGÉES, RAF-
FLÉSIAGÉES, GYTINÉES, APODANTHÉES et BALANOPHORÉES. — Gescinq
Familles ctmstituent la classe des Rhizanthées^ dont voici le caractère commun : Plantes com-
posées d'un tissu cellulaice parcouru par de rares faisceaux vasculaires; parasites sur les racines
ou sur les tiges des autres Plantes. Feuilles réduites à des écailles, jamais vertes, privées de
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ARISTOLOCHIÉES. 345
stomates et de vaisseaux, ordinairement imbriquées. Fleurs complètes, ou polygames, ou
diclines. Graines à plantule indivise.
Nous citerons dans ces Familles une Espèce indigène et une Espèce exotique.
l.e Cytinus hypocys-
tis a* des fleurs monoï-
ques, un périanthe co-
loré, tubuleux,4-lobë,
8 ëtamines, adhérentes
encolonnecentrale; To-
vaire est adhérent au
périanthe , unilocu-
laire, à placentaires
f ariétaux ; la tige est
de six pouces, charnue,
I à fletirs en épi; les
' pistil lëes en bas , les
staminées en haut.
La Plante vU sur les
racines des Cistes, et
habite principalement
la région méditerra-
néenne.
Le Genre Rafflesia,
R.n^LÉ.,. D'ARKotn. ^^ont les Espèces ha-
(Ra/}lMra Arnoldi.) bilCUt loS îleS de lu
Sonde, a pour carac-
1ère : Périanthe tubuleux, à 5 lobes entiers, muni à sa gorge d'une couronne annulaire ,
entière. Elamines réunie» en un seul
corps, soudé avec le tube du périanthe,
et s'évasant au sommet en patère. dont
le bord, roulé en dehors, porte les an-
thères à plusieurs loges concentriques,
s* ouvrant au sommet par un pore com-
mun. Ovaire inséré sur la base du pé-
rianthe et du tube staminaire , unilo-
culaire , à placentaires pariétaux ,
nombreux. Styles adhérant au tube
staminaire, et assis sur son disque. Fruit
bacciforme, à écorce sèche et dure, pul-
peux intérieurement. Les Rafflesia se
composent uniquement de la flour;
mais cette fleur, qui représente le Vé-
gétal tout entier, acquiert dans quelque^
Espèces des dimensions monstrueuses :
celle du Rafflesia A moldi, qui croît à
Sumatra, parasite sur la souche d'un
Cissus, a près de 9 pieds de circonfé-
rence; son nectaire possède une capacité
de 12 pintes , et son poids n'est pas
au-dessous de 15 livres. Avant son épa-
nouissement , elle a la forme d'une
grosse tête de chou; bientôt les brac-
tées qui l'enveloppent s'étalent, et le
périanthe s'épanouit; sa couleur de
chair et son odeur cadavéreuse attirent
les mouches, qui doivent être les auxi-
liaires de la fécondation. N.rsHTB.. „. R;,„l.s.
[Nêptntheê Raffteêiana.)
FaMILLB CGXV. — NÉPEN- l. A.cldie. - 2. Pleur mâlc .épa.ie. - 3. Fruit.
THEES. — Plantes sous-ligneuses de l'Asie tropicale et de Madagascar. Fleurs en grappes,
dioïques. Périanthe herbacé, 4-iide. Etamincs id, cohérentes en colonne centrale. Ovaire
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3h6
HISTOIRE DES FAMILLES.
^!mk
1^^
libre, à 4 loges. Capsule loculicide. — Le Nepenthes^ type de la Famille, a des feuilles
alternes, dont le pétiole, courtement engatnant à sa base, se dilate ensuite en limbe; mais
sa nervure médiane se prolonge au delà du limbe pour porter une nouvelle expansion foliacée,
creusée en vase, à rorifice duquel s'adapte une sorte de couvercle, attaché comme par une
charnière, et susceptible d'abaissement et d'élévation. Le vase, fermé la nuit, ouvert le jour,
se trouve souvent plein d'un liquide aqueux, sécrété dans sqn intérieur, insipide , selon les
uns , légèrement hucré, .«elon les autres. — La plus grande et la plus belle Espèce du Genre
est le N. Rafflesiana découvert, il y a trente ans, par sir Raifles, à Singapour : les urnes
on ascidies, brillamment colorées, pré^ententdeux formes: celles des feuilles inférieures ^ont
ventrues-campariulées, et munies d'ailes membraneuses, ciliées; celles des feuilles supé-
rieures sont en entonnoir; toutes ont leur orifice élégamment strié de lignes parallèle:^ de
diverses couleurs.
Famille CGXVI«. — PANGIACÉES. — Le Pangium vknénecx ( Hydnocarpus
inebrians) est un arbre de l'Asie tropicale, à feuilles alternes, stipulées. Fleurs dioîques
en corymbe; 5 pétales squamilères, hypogynes; 5 étamines. Ovaire uniloculaire, à pla-
centaires pariétaux, multiovulés. Baie globuleuse, employée à Ceyian pour enivrer le
poisson.
Famille GCXVIK — PAPAYACÉES. — FI» urs diclines. Calyce minime, 5-denté.
Pétales hypogynes5, soudés en onlonnoir dans les fleurs staminées, libres dans les fleurs
fnstillées. Etamines 10. Ovaire uni-
oculaire ou à 5 loge.s; placentaires
pariétaux. Baie pulpeuse. Graine
albuminée. — Arbres de l'Amé-
rique tropicale, à suc laiteux.
Le Papayer (Carica papaya)
est un arbre à tronc cylindrique,
simple, couronné à son sommet
par une touffe terminale de feuilles
palmilobées, et croissant de 20
pieds en trois ans: ses fleurs sta-
minées sont en longues grappes
multiflores; les pislillées sont
presque sessiles; son fruit est de
la grosseur d'un petit melon : on
le fait cuire, ou on le mange
cru ; la pulpe forme avec du sucre
une marmelade délicieuse. — Le
suc laiteux de la tige et des feuilles
contient une matière fibrineuse,
et jouit d'une singulière propriété:
si dans de l'eau où on a versé
quelques gouttes de ce suc, on fait
tremper pendant quelques minutes
des viandes crues, fraîches ou co-
riaces, ces viandes s'attendrissent
rapidement; on obtient le même
effet en les enveloppant de feuilles
(le Papayer, ou en les suspendant à
l'arbre pendant vingt -quatre
heures; mais elles se gâtent si on
ne les mange pas sur-le-champ.
(C'ai*iea papaya.)
Famille CCXVI^^ — CUGURBITAGÉES. — Fleurs monoïques, ou dioïques, ou
polygames. Galyce à tube adhérent à l'ovaire. Pétales 5, à préfloraison imbriquée, rarement
fibres. Etamines libres, ou monadelphes, ou triadelphes; anthères extrorses à loges hnéaires,
Uexueuses. Ovaire do 3-5 carpelles (rarement \), s'inflécliissant jusqu'à Taxe idéal delà fleur,
et formant par leur jonction des cloisons épaisses, pulpeuses, qui se réfléchissent du centre à la
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CUCURBITACÉES. 347
circonférence, et se dilatent en placentaires arrondis, muitiovult^s; ovules réfléchis. Baie unilo-
culaire par rupture de cloison, indéhiscente ou ruptile avec élasticité. Plantule dicotylédonée,
exalbuminée. Tige ordinairement herbacée, grimpante; feuilles alternes, palminerviées, munies
d'une stipule latérale, allongée en vrille simple ou rameuse et contournée en spirale; inflores-
cence aiillaire.
Les Cucurbitacées se rencontrent surtout dans les régions tropicales et subtropicales; elles
sont rares dans les régions tempérées, mais leur vie, bornée généralement à la saison dYHé,
permet de cultiver en Europe des Espèces tropicales.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La plupart des Cucurbitacées doivent à des substances
amères exlraclives ou résineuses, cristallisables ou incristallisables, une vertu purgative et émé-
tique, offrant de nombreux degrés d'intensité, selon la nature des organes, leur développement
ou la présence de quelques principes accessoires, {e\s que le sucre; cVst ainsi que Ton peut
compiendre l'affinité qui réunit la Coloquinte et le Melon : la baie de la Coloquinte est le plus
amer de tous les fruits, et son action est violemment purgative; la baie du Melon [)ossède une
pulpe sucrée, parfumée, à peine laxa-
tivo; Sttn amertume ne réside que dans
Tépicarpe, mais sa racine est fortement
éniétiqiie. — Celle des Bryonbs
(Bryonia) est purgative, non-seulement
lorsqu*on l'administre à l'intérieur, mais
lorsqu'on l'applique fraîch»* sur l'abdo-
men. La Coloquinte [Cucumis co-
locynthis)^ Plante croissant spontané-
ment en Orient , doit Tamertumc
insupportable de sa pulpe spongieuse
à une huile fixe, à une résine et è un
principe extractif nommé Colocynthine,
Le Melon (Cucumis melo), originaire
d'Asie, fournit à l'horticulture de nom-
breuses variétés, à ôcorce réticulée,
ou lisse , à côtes tuberculeuses, etc. ;
le Pastèque ou Melon d'eau
(Cucumis citrullus] est originaire d'A-
frique et des Indes; son fruit, globuleux
et lisse, offre dans ces régions brûlantes
le plus délicieux des rafraîchissements;
la chair du Concombre cultive
(Cucumis sativus) est comestible; son
suc, mêlé avec de la graisse de veau,
donne la pommade de concombre^ géné-
ralement employée comme cosmétique.
Cette Esp^ce est originaire des Indes et
de la Tartarie; le fruit d'une de ses
variétés, cueilli dans sa jeunesse et
'i;i:iV:Z'..':*'r.',"- confit au vin«ig.e, e«t emnioyé comrae
condiment sous le nom de cornichon,
— Le Concombre Dudaïm (C Dudaim) est cultivé en Turquie à cause de son fruit, dont la
pulpe eslinsipide,mai<douée d'une odeurdélicif use. LaCouRCE potiron (Cucurbitamaxima),
dont la patrie est inconnue, fournit un fruit globuleux un peu aplati à ses deux extrémités, et
acquérant des dimensions énormes. La Courge citrouille (Cucurbita pepo) est originaire
d'Orient. Son fruit charnu, globuleux ou allongé, porte les noms de Citrouille^ Giraumon,
Courge, etc. La Courge Mélopepon (C. 7we/o/)€^o) vient aussi des Indes orientales; son
fruit déprimé a une chair assez sipide; les carpelles font saillies au-dessus du tube calycinal,
qui forme autour d'eux un gros nourrelet figurant un turban ; on le cultive sous le nom de
Bonnet d* électeur, Pasisson, Couronne impériale, etc. — La Calebasse (Lagenaria vul-
garis)y originaire des régions intertropicales, est polypétale; son fruit, d'abord duveté, devient
glabre et très-lisse h la maturité, et figure tantôt deux ventres inégaux séparés par un étran-
glement (gourde des pèlerins) , tantôt un seul ventre, terminé par un col oolong (cougourde) ;
tantôt un ventre peu prononcé, s'amincissant en col, souvent recourbé (gourde-trompette ^
gourde-massue). — Le Concombre sauvage (Ecbalium agreste) croît spontanément
dans le midi et dans l'ouest de la France; son fruit s'ouvre par la séparation du pédoncule, et
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348 HISTOIRE DES FAMILLES.
lance avec élaslicité les graines, accompagnées d^un suc mucilagineux : ce suc est un violent
purgatif. LcPandipave ou Papareh {Momordica charantia) est une Plante des Indes, à
feuilles palmilobëe^, dentées, à fruits oblongs, abguleuz, tubercules. Ses feuilles infusées dans
rhuile sont en grand renom comme vulnéraires.
PANDIPAVB.
(Afomordiea eharantiaj)
Parmi les autres Cucurbitacées, cultivées comme Plantesd'agrément, nous citerons TAngurie
DB Makoy (Anguria Makotfana) (PI. XXV), Espèce nouvellement introduite dans nos serrts
chaudes; la tige, muniedo vrilles simples, grimpe le long des vitraux,'et ses feuilles larges et tri-
lobées abritent les Plantes de Tititérieur; elles sontcouverles, comme toute la Plante, de poils mou»,
blancs; les fleurs forment de nombreux épis-capitules d'un vermillon orangé. — L'Anguink
A FRUITS EN SERPENT {Trichosanthcs colubrina) est aussi une Cucurbilacée exotique de
l'Amérique méridionale; la tige est munie de vrilles bifurquées; les feuilles, dont le diamètre
est d'un pied, sont cordiformes, à 5 ou 5 lobes ; les fleurs sont disposées en corymbe ; la corolle
est blanche et ses lanières sont bordées d'une frange de longs cils : c'est ce qu'indique le nom
du Genre Trichosanthes^ signifiant en ^vec fleur poilue.
Famille CCXlX^ — BÉGONIAGÉES. — Cette petite Famille se compose du Genre
unique Bégonia:, dédié par Linné à Michel Bégon, promoteur de la botanique, qui vivait au
dix-septième siècle. Herbes de la région tropicale, à feuilles alternes, stipulées. Fleurs mo-
noïques. Périanlhe pétaloïde, à tube adhérent avec l'ovaire. Ëlamines nombreuses. Ovaire
infère, triloculaire, multiovulé. Capsule à 5 angles, loculicide, à 5 valves. Plantuie occupant
Taxe d'un albumen charnu. — Ces Plantes contiennent de l'acide oxalique; ce qui, joint à la
présence des stipules et à la nature du périanthe, les rapproche des Ruinex. On en cultive de
nombreuses Espèces dans les serres d'Europe. Nous citerons deux des plus nouvelles : la
Bégonie a fleurs blanches et pourpres (i^e^onta a/6o-cocctnea), est originaire de
rinde orientale; les pétioles rouges portent des feuilles peitées; les fleurs, disposées en panicule
lâche, se composent de 4 sépales inégaux, dont les deux extérieurs sont amples, d'un pourpre
écarlale en dehors, et d'un olancrose en dedans; les deux intérieurs sont étroits, blancs ou roses.
— La Bégonie a fleurs cinabre (C Bégonia cinnabarina) (PI. XXII) nous vient de la
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BÉOONIAGÉES. 3'^9
Bolivie, ses feuilles sont courtcment pëtioldes, ovales, lobées; les fleurs et les pcdicelles olFront
la leintc de la capucine, relevée d'un nflet
, . _ d'un rouge cinabre.
Famille CCXX«.— DATISCÉES.
— Plantes de l'Asie et de l'Amérique sep-
tentrionale, à fleurs ordinain-ment diclines,
apétales. Calyce adhérent à l'ovaire, h ^-5
divisons. Élaniines A ou 15. Ovaire nni-
luciilaire, béant au sommet, à pjaccntairi's
pariétaux; albumen charnu. Tige I gneuse
ou herbacée. Feuilles alternes, imparipen-
^ nées ou penniséquées. — Le Datisca can-
nabina est une herbe amère, laxaiive et
ëmétique.
Famille CCXXIp. — PODOSTÉ-
MÉES, — Girnctère du Genre type Po-
dostemon : Uerbe d'Amérique et de Ma-
dagascar, submergée, à feuilles alternes,
découpées-capillaires. Fleur pourvue d'une
spalhe. Périanthe de 2 bractées collatéra-
les. Filet unique à 2 branches portant cha-
cune une anthère. Ovaire biloculaire plu-
riovulé. Gapsule bivalve. Albumen nul.
Famille GCXXII'. — LAGISTÉ-
MÉES. — Garaclère du Genre type
Lacistema : Arbres ou arbrisseaux de
l'Amérique tropicale , à fleurs en chatons
fascicules, munies chacune d'une bractée
BiaORIB A FLBQRS BLAPICUU BT P0VBPBB8. ^JJL , Jt t rkJt* tl.
^Bégonia cwjcinea.) ct do deux bracléolfS. Périanthe minime,
4-partit; disque hypogyne. Une étamine
h (jlet bifurqué portant 2 anthères. Ovaire uniloculaire plqriovulé, à placentaires pariétaux.
Gap-ule à 3 valves placentifères. Graines albumim^es, à radicule supère.
Famille CCXXllïv — EMPÊTRÉES. -^ Caractère du Genre-type Empetrum :
Arbrisseaux de l'Europe et do l'Asie boréale, couchés, rameux , à feuiMes alternes ra^las^ées,
linéaires, à fleurs axillaires, folilaircs, sessiles, polygames. Calyce à 5 sépales. Pétales hypo-
jîynes 3. Elaniines 3. Ovaire assis sur un di-qiie charnu, è 6^-9 Ipges uuiovulées. Drupe à
6-9 noyaux. Graines albuminées; radicule infère.
Famille CCXXIV". - EUPHORBUCÉES.
CARACTÈRE. — Fleurs dicUnes, et souvent apérianthées. Sépales libres ou soudés, à
jjréfloraison ordinairement valvaire. Pétales libres, à préfloraison contournée. Étamines
définies et indéfinies. Ovaire ordinairement à 3 loges i'2-ovulées, à carpelles soudés avec
un axe central stylifère, — Fruit capsulaire à épicarpe sec ou charnu^ se séparant en co-
ques, qui se détachent de l'axe central persistant. Graines pendantes; plantule dicotylédo-
néCy droite, dans l'axe d'un albumen champ.
Cette famille, très-variée et cependant très -naturelle, se rapproche des Rhamnées, des
Rutacées, des Juglandées et des Burséracées ; la structure de son fVuit rappelle celui des
Malvacées. La grande majorité des Euphorbiacées habite TAmériqtie équatoriale.
ESPÈCES PRINCIPALES. — La plupart des Espèces sont pourvues d'un suc laiteux
très-âcre et souvent vénéneux ; ce sue contient souvent, outre les principes acres, une ré-
sine élastique particulière, et quelquefois un principe colorant. Les graines sont huileuses; la
racine est quelquefois féculcntp.
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350 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Euphorbes [EujtJiorbia)^ Genre monoïque, type de la Famille, offrent un port très-
variable : quelques-unes ont une tige
charnue, anguleuse, portant des épines à la
place de feuilles, comme celle des Cierges,
de la Famille des Cactées; les autres ont
une tige et des feuilles normales. Ce sont
les premières [Euphorbia antiquorum, Ca-
nariensiSy officinarum), Espèces de TAfri-
que, de T Arabie et de Tlnde, qui fournissent
par incision une gomme résine, nommée
Euphorbe, dangereusement pui^ative, et
employée à Textérieur comme vésicante.
Plusieurs Euphorbes cactiformes sont cul-
tivées comme plantes d'ornement; telles
sont : VE, mêloniforme (E, melonifor-
mis) du Cap, masse presque ronde, verte,
ayant Taspect d'un Echinocactus; TE. tête
DE Méduse (E. caput Medusœ), Plante
globuleuse, émettant en tous sens des ra-
meaux charnus, divisés au sommet. L'E.
Brillante (E. splendens) (PI. XXIV),
est un arbuste des îles Mascareignes, droit,
à tige carrée, munie de longues épines; les
feuilles sont en coin et tronquées ; les pé-
doncules sont terminées par des involucres
„•;•<="'• , à 2 bractées d'un rouge éclatant.
[Rietnuê.) °
Le Genre Mercuriale [Mercurialis)
est dioîque ; les M. annua et perennis , Plantes indigènes, sont drastiques ; on ne les emploie
que sous forme de lavement. L'Arbre aveuglant (Excœcaria agallocha), des îles Molu-
ques, contient un suc tellement acre, que s'il en tombe une goutte dans les yeux, on risque de
perdre la vue : c'est ce qu'ont éprouvé des matelots qu'on avait envoyés à terre pour y
couper du bois.
LcMancenillier [Hippomane Mancinella) est un bel arbre de l'Amérique intertropicale,
renommé pour ses propriétés vénéneuses. Si l'on en croit les récits des gens qui viennent de
loin, rimprudent qui s'est endormi sous son ombrage ne se réveille plus; la pluie qui tombe
sur la peau, après avoir coulé sur ses feuilles, y produit l'effet d'un vésicatoire. Ces faits n'ont
jamais été bien constatés, et l'expérience, tentée par de courageux voyagcui^, n'a donné au-
cun résultat; « ce qui, comme l'observe M. Ad. de Jussieu, ne décide pas la question, ainsi
que tout résultat purement négatif : le principe qui donne ces propriétés étant ordinairement
volatil, il est clair que l'atmosphère du Mancenillier pourra, suivant les diverses circonstances
météoriques, eu être chargée à divers degrés. » Ce qu'il y a de vrai, c'est que, dans certaines
contrées, on ne le fait abattre que par les criminels, et qu'une goutte du suc laiteux posée sur
la peau y produit l'effet d'une brûlure et soulève une ampoule pleine de sérosité. Les indi-
gènes, avant de connaître les armes à feu, empoisonnaient leurs flèches en les trempant dans
ce suc. Le fruit, qui est drupacé, a la forme, la couleur et l'odeur d'une pomme, et semble
inviter à le cueillir le voyageur inexpérimenté. Si celui-ci se laissait séduire par ses vives
couleurs et son parfum suave, il périrait au milieu des plus affreuses douleurs; mais cet acci-
dent est peu à craindre, parce que le premier contact du fruit brûlerait les lèvres de l'igno-
rant, et l'avertirait du danger.
Le Sablier élastique [Hura crépi tans) est un arbre américain à capsule ligneuse.
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ELPHOUBiAGÉES. 351
composé de 12-18 coques, qui, en se desséchant, s'ouvrent subitement par le dos en 2 valves,
se détachant élastiquement de Taxe, et font entendre un bruit semblable à un coup de pisto-
let; la capsule, après cette déhiscence, des-
séchée et criblée d'ouvertures, peut servir
de sablier. Le Siphonia elastica, arbre de la
Guyane, est, de tous les végétaux connus,
celui qui fournit le plus abondamment la
résine élastique, nommée caoutchouc^ de-
venue aujourd'hui Tobjet d'un commerce
considérable. Ce suc laiteux, obtenu par des
incisions faites au tronc, se prend à Tair en
une masse tenace, très-élastique ; ou l'ap-
plique couche par couche, tandis qu'il est
encore fluide, sur des moules .de terre qui
lui donnent la forme d'une bouteille, et que
Ton brise ensuite.
Le Genre Manioc (Manihot) renferme
deux Espèces impoi-tantes, que l'on cultive
en Amérique à cause de leur racine fécu-
lente. Celle du Manioc doux (M, Aipi)
se mange cuite sous la cendre ou dans Teau
comme les pommes de terre, et les animaux
peuvent la manger crue jI^Manioc amer
(M. utilissima) contient dans sa racine un
suc chargé d'acide cyanhydrique, ou d'un
corps pouvant facilement se transformer
en cet acide, qui est, comme nous Tavons
mancbmllieh. dit, le plus violent de tous les poisons. Mais
sa volatilité permet aux habitants de TA-
mérique de se nourrir impunément des matières amylacées qui raccompagnent; elles
portent, suivant leur mode de préparation, le nom de couaque, cassave, moussache ou ci-
pipa^ tapiokay etc. Le couaque se prépare avec la racine râpée, mise en presse, séchée et
tamisée, puis légèrement torréfiée sur des plaques de fer; il se gonfle considérablement dans
l'eau ou le bouillon ; la cassave se prépare de la même manière, mais on ne fait pas sécher
la pulpe râpée, on l'étend sur une plaque de fer chauffée: la fécule et le mucilage, en cuisant
ensemble, lient toutes les parties de la pulpe, et en forment un biscuit solide, que les créoles
nomment /xim de cassave. Le cipipa est la fécule pure du Manioc, qui a été entraînée par le
suc de la racine soumise à l'expression, et que l'on a lavée et séchée à l'air. Cette même fé-
cule, chauffée sur des plaques de fer, se cuit en partie, et s'agglomère en grumeaux durs et
irréguliers, que l'on nomme tapioka. Le taptoka est en partie soluble dans l'eau froide, et
forme avec l'eau bouillante un empois visqueux et transparent.
Le Ricin, ou Palma-Christi (Ricinus communis), est une belle plante lierbacée de
l'Amérique, de l'Inde et de l'Afrique, cultivée dans l'Europe méridionale ; ses feuilles sont
larges, palmifides, à 8 ou 9 divisions. Les étamines sont nombreuses, disposées en pinceaux
très-rameux ; la capsule est hérissée, à 3 coques ; les graines fournissent, par expression. à
froid, une huile fixe, soluble dans Talcool, ce qui la distingue de toutes les autres huiles ;
elle est très-usitée comme médicament purgatif. — Le Croton tiglium a des graines nommées
grains de tillt/, qui contiennent une huile unie à un acide, dont l'action est si énergique
qu'une ou deux gouttes, prises à l'intérieur, purgent fortement. ïl suffit nicme, pour obtenir
cet effet, d'en frotter Tabdoiiien : cette onction détermine, en outre, sur la peau, une
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352 HISTOIRE DES FAMILLES.
violente éruption de pustules, qui peut quelquefois contribuer è la guérison du malade.
La cascarille est récoj*ce d'un arbrisseau des Antilles, le C raton eluteria; sa saveur est
amère, aromatique ; lorsqu'on la pulvérise ou qu'on la brûle, elle répand une odeur agréable ;
elle doit sa propriété tonique el stimulante à Tuiiion d'un principe amer avec une huile et
une résine.
Le Buis (Buxus seinperûirens) appartient à la Famille des Euphorbiacées : c*est un ar-
buste haut de 15 à 18 pieds, dont une variété est cultivée pour bordure dans tous les jar-
dins : on la taille très-souvent pour Tempécher de s'élever et de fleurir. Le tissu serré et ho-
mogène du bois le rend précieux pour la gravure, et c'est au Buis que sont dues les figures
intercalées dans le texte de Touvrage que le lecteur a sous les yeux : sur une tranche bien
polie de ce bois, le dessinateur trace un sujet au crayon ; puis le graveur creuse tous les points
de la surface qu'on a laissés blancs, de sorte que les traits du crayon restent en relief; et le
dessin peut être mis sous presse comme un caractère d'imprimerie. — On se sert des feuilles
du Buis à là place du Houblon pour donner de l'amertume à la bière ; mais cette falsification
est dangereuse, ei\ ce qu'elle donne lieu à des inflammations intestinales.
Famille CCXXV». — PÉRACÉES. —Caractère du Genre type i^mi ; Arbres de
l'Amérique tropicale, à feuilles alternes, entières, écdilleuses en dessous. Fleurs fasciculées,
dioïques,apénanthées, involucn^es. Elamines nombreuses, bisériées, entremêlées d'écaillcs plis-
scies, multifides. Ovaires 4>,iitipi lés, à 5 loges uniovulées, devenant chacun une capsule à Scoques.
Famille CCXXVP. — SCÉPAGÉ ES. — Caractère du Genre type Sw/)a/ Arbres de
rinde, à feuilles alternes, stipulées. Fleurs dioïques, les staminées, eu chaton, à périanlbc
de 4 sépales minimes, membraneux, à k étamines; les pistillées en grappes, à përianthe de 6 sé-
pales bîsériés; àt)vaire libre, biloculaire; à ovules géminés collatéraux, pendants, couronnés
chacun par une lame saillante du placentaire.
Famille CCXXVIÏ*. — ANTIDESMÉES. — Caractère du Genre type Antidesma:
Arbres de Tlnde, à feuilles alternes, stipulées, à fleurs dioïques, on épi. Périanthe 5-5-partit.
Etamines 2-3-5. Ovaire libre, uniloculaire, entouré à sa base par un disque annulaire; ovules 2,
pendant». Drupe à graine unique, albuminée.
Famille CCXXV1II«.— SAURURÉES. — Herbes aquatiques ou marécageuses, à
rhizome vivace. Feuilles alternes, simples, à pétiole engainant, rieurs disposées sur un spadice,
enépisouen grappes^ stamino- pisti liées, apérianthées. Etamines 5-5-6, ou plus. Carpelles 3-6,
plus ou moins soudés, en un ovaire pluriloculaire; ovules ascendants, droits. Fruit capsulaire ,
folliculaire ou bacciforme. Planlulc dicotylédonée, pourvue d'un double albumen, 1 externe
farineux, Tinterne corné ; radicule supèrc.
LesSiururées habitent principalement TAsie tropicale, le Cap et l'Amérique. Elles se rap-
prochent des Ptz>erac^es p«r leur pétiole engainant, leurs fleurs apérianihées et leur planlule
anlitrope à double albumen. — On cultive dans les jardins le Saururk PBNcné iSaururm
cernuus), Espèce de Virginie, à fleurs blanchâtres en grappes serrérs , penchées; 1 nouttuynia
cordata, du Japon, à spadice muni d'un involucre blanc, pélaloïde, etc.
Famille CGXXIX«. — PIPÉRACÉES. — Caractère du Genre type Piper: Fleurs
disposées en épis sur un spadice allongé^ apérianlhées , munies chacune d'une bractée peltée.
Elamines 3 ou plus. Ovairç uniloculairo, uniovulé; ovule basilaire, droit. B.iie à une graine.
Plantule dicotylé'lonée, munie d'un double albumen, l'extérieur ayant l'arôme du Poivre,
l'intérieulr insipide. — Herbes ou sons-arbrisseaux des Tropiques, pré.^entant dans leur tige
des faisceaux fibro-vasculaires épars^ comme chec les Monucotylédonées.
Les Pi péracées doivent leur arôme à une résine molle, acre, à une huile volatile el à une
substance cristallisablô, nommée /*//)mn^. Le Poivuier [Piper nigrum) est une Plante grim-
pante, des Indes orientales; ses feuilles cordiformes ov.iles, luisantes et coriaces, offrent "ï ner-
vures principales, les fleurs forment des épi-^ opposi^s aux feuilles; le fruii, cueilli avant la
maturité, séché et pulvérisé, est le Poivre noir, épice connue en Europe depuis les conquêtes
d'Alexandre; le \vn\i mùv àonn^ \q, poivre blanc ; on préfère ce dernier pour le service des
tables ; le second est employé en médecine comme stimulant : il en est de môme du Poivre
cuBÈBR (P. cubeba)^ que l'on administre dans les afl*ections de la muqueuse urétrale. Le
Poivre long est l'épi entier, cueilli avant la maturité, du Piper longnm; Icâ jeunes fruits qui
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BOULE Ai, Betula. (liÉTUi.ACÉES.)
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\ -■;.
I « /
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PIPÉRACÉES, 3Ô3
le composent oui une saveur erifcore plus brûlante que Celle du Poivte noir. Le Poivre
iiF.TEL {P* bétel) a des feuilles aromatiques amères^ que les habitants de TAsic équatortalc
mêlent avec la noix d*Arecet la chaux pour former le masticatoire dont ils font un usage continuel :
ce mélange est utile pour relever les forces digestives dans ces climats chauds et humides; mais
son abus est pernicieux pour la santé. L'A va [Piper methysticum) croit dans les fies tropi-
cales de Tocéan Pacifique; sa racine, mâchée, et mêlée ensuite avec du suc do coco, forme une
boisson très-^-enivrante et légèrement narcotique.
Famille CCXXX».— GHLORANTHACÉES. — Caractère du Genre type Chloran-
thus : Plantes herbacées ou sous -ligneuses de TAsie tropicale, à rameaux noueux articulés, à
feuilles opposées, stipulées. Fleurs stamino-pistillées, apérianthées, en épis lâches, assises cha-
cune sur une bractée. Ktamines 5, insérées sur Tovaire. Ovaire uniloi'ulaire; ovule unique, pen-
dant^ droit. Fruit drupacé. Plantule anlilrope. albuminée.
Famille CCXXXI«. — CÉRATOPHYLLÉES. - Herbes aquatiques de l'Europe et de
l'Amérique boréale^ à rameaux noueux-articulés, à feuilles verticillées, découpées en segments
(ilifornics. aigus. Fleurs monoïques, sessiles dans rai>selle des feuilles. Périanthe nul; invo-
lucre axiliaire^ multifide, sessile. Anthères nombreuses, sessiles. Ovaire unique, uniloculaire;
ovule unique pendant, droit. Nucule coriace, aiguillonnée à sa base. Plantule à k cotylédons
vcrticillés, dont 2 ovales et 2 linéaires.
FAMILLES CONSTITUANT LA CLASSE DES JULIPLORES.
Les Jiili flores (ainsi nommées du mot latin iulus, qui signifie chaton de Coudrier), compre-
naient autrefois deux grandes Familles, les Amentacées et les Urticées^ qui, aujourd'hui, en
forment un plus grand nombre j elles ont pour caractère commun : Feuilles ordinairernertt
alternes ; fleurs ordinairement dielineSf
disposées en chatons ou agglomérées sur
des réceptacles communs ; périanthe simple
calycoîde^ souvent nul et remplacé par des
bractées, — Les Urticées ont été divisée»
en Cannabinées, Urticées, Celtidées^ Ar-
tocarpées: les Amentacées ont été divisées^
en Platanées, Balsamifluées, Salicinées,
Juglandées , Cupulifères , Bétulinées^
Myricées et Casuarinées. Nous allons dé-
crire succinctement ces Familles.
Famille CCXXXIK- CANNABÏ-
NÉES. — Fleurs dioïques. Périanthe des
fleurs staminées calyciforme, périanthe
dns pistillées réduit à une bractée. Ovaire
uniloculaire, à 2 style*; ovule unique pen-
dant, courbe. Nucule ou pkène. Plantule
exalbuminée, recourbée. Tige herbacée
feuilles stipulées, opposées, ou les supé-
rieures alternes. — Les Genres Chanvre
(Cannabis) et Houblon [Humulus) com-
posent celte petite Famille.
Le G H A N v R E (Cannabis saliva) , origi-
nairc de Perse, a dos feuilles à segments
|)almés et dentés. L'individu qui porte les
"ZXT»pu7u7i fleursslaminéescsl plusgrèle, et sedessèche
plus vile que celui qui porte des graine?;
3n lui donne vulgairo.n'.ent le nom de Chanvre femelle. L'individu qu'on appelle Chanvre
mule, est celui dont on met en œuvre les libres corticales, après les avoir séparées des
fibres ccnUalcs par une macération prolongée dans Peau : ces fibres corticales servent à
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3» HISTOIRE DES FAMILLES.
préparer ta filasse y dont od fabrique la toile et les cordages. Les graines du Chanvre,
nommées chénevis, contiennent une huile fixe, que Ton emploie pour la fabrication du favon
noir et pour Téclairage. — Le Houblon {Humulvs lupulus) a une tige volubile, anguleuse,
des feuilles en cœur, lobées; son akène c^t recouvert, ainsi que le caïy ce- bractée, de glandes
globuleuses jaunes, contenant une substance aromatique et amère, nommée Lupuline, Le
Houblon et le Chanvre, quoique d*aspect différent, se rapprochent, non-seulement par leurs
organes floraux, mais aussi par la ténacité de leurs fibres, et le suc amer-narcotique qu'ils
contiennent. La Lupuline du Houblon donne à la bière une qualité légèrement narcotique aui
la fait rechercher par les gens du Nord, tandis que k's habitanls de TAsie tropicale, épuisés par des
délices immodérées, trouvent dans le Chanvre une substance qui leur procure une ivresse joyeuse
et des rêves agréables. Cette substance, nomnii'e en Orient cherris^ est une sorte de résine glo-
tineuse, qui exsude de glandes placées à la surface de la tige et des feuilles. On se la procure,
soit en pressant la plante pilée dans une toile grossière qui retient la résine entre ses mailles,
soit en faisant courir dans des champs de Chanvre des hommes couverts d'un vêtement de cuir,
qui enlèvent la résine en se frottant contre les tiges de la Plante. Ce principe, plus narcotique
et plus dangereux encore queTOpium, est la base d'une préparation grasse, composée a vecles
feuilles du Chanvre, et nommée kachich chez les Arabes.
Famille CCXXXllh — URTICÉES. — Fleurs monoïques, ou dioïques, ou polygames.
Férianthe souvent nul. Élamines 4-5, opposées aux sépales. Ovaire uniloculaire, à ovule unique,
droit, dressé, devenant un akène. Plantule dicotylédonée droite, dans Taxe d'un albumen
peu abondant. Tige ordinairement herbacée ; feuilles stipulées.
Les Genres Ortie {Urtica) et Pariétaire (Panetaria) sont les principaux de cette
Famille. — L'Ortie brûlante [Urtica urens) est une petite Plante commune dans les
lieux cultivés, couverte de poils brûlants (de là le nom à''urtica). Les anciens médecins fouet-
taient leurs malades avec la plante fraîche pour irriter la peau, et produire une révulsion salu-
taire; ce traitement, nommé wr/tca^ion, est aujourd'hui peu usité. — LaGBA^DB Ortie
{Urtica dioïca] n'est plus employée en médecine, mais elle constitue un bon fourrage pour les
vaches laitières, et ses feuilles sont mangées à la manière des Épinards. — L'Ortie coton-
neuse (Urtica nivea) est une Espèce vivace de la Chine, à feuilles d'un blanc de neige en
dessous; les fibres de la tige sont mises en œuvre par les Chinois pour fabriquer des étoffes.—
La Pari et a IRE (Parietaria officinalis) est commune le long des haies et dans les fentes des
murailles; elle contient une quantité notable de nitre, ce qui la fait employer comme diu-
rétique, en décoction et en applications externes. Ses étammes sont irritables, autant que celles
de l'Epine-vinette : si l'on effleure légèrement avec la pointe d'une aiguille les filets qui sont
enroulés en dedans, on les voit se dérouler et se roidir subitement, et l'anthère, qui était
inclmée au fond de la fleur, se redresse pour lanccîr un petit nuage de pollen. Les Orties pré-
sentent la même particularité.
FamillbCCXXXIV*. — CELTIDÉES. — Arbres ou arbrisseaux, à feuilUs alternes,
."Stipulées. Fleurs ordinairement stamino-pistillées. Périanlhe 5-parlit. Etamines 5, périgynes,
opposées aux sépales. Ovaire libre, uniloculaire, uniovulé ; ovule pendant, courbe; 2 stigmates,
brupepeu iharnuo. Plantule entourant un albumen charnu peu abondant. — Le Micocoulier
»u Midi [Celtis australis) est un arbre de 50 à 60 pieds, à feuilles duvetées en dessous, dont
le bois, presque incorruptible, est très-recherché par les ébi nistes.
Les Ulmacées, dont le Genre type est I'Orbie (Ulmus), et que l'on réunit aux Cellidées, ont
pour caractère : Fleurs fasciculées, stamino-pistillées; périanlhe 4-5-fide ; etamines périgynes,
opposées aux sépales, et en nombre égal; pistil de 2 carpelles cohérents en un ovaire à une ou
2 loges uniovulées; fruit samaroïde ou capsulairc; graine inverse; plantule dicotylédonée, ex-
albuminée; tige ligneuse; feuilles alternes, stipulées. — L'Orme (Ulmus campestris) esi v^
arbre commun sur les routes, dans les villages et les buis peu élevés; son écorce, contenant un
iiiiicilage abondant^ amer et astringent, était autrefois employée comme tonique.
Famille CCXXXV«. — MORÉES. — Les Genres Mûrier (yVorws), F i gui erjFM.
Dorsténia (Borslénia), etc., qui composent cette Famille, sont, malgré la diversité do lejir
iiiflore.scencc, très-naturellement associés, à cause de la similitude de leur fleur et de leur fruit.
L'ovaire est uni biloculuire, à ovule unique, pendant, courbe; le fruit est un akène ou unuln-
cule, et la graine est albuminée; les feuilles sont alternes, stipulées; la tige est généralement
ligneuse. — Les Mûriers sont monoïques, leurs fleurs sont en épis distincts; le périanlhe
^-partit porte k etamines opposées à ses lobes; l'akène est enveloppé par les sépales, devenu:*
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MORÉES. 355
succulents à la maturité; et I ensemble de ces calyces, gonflés de suc, forme le fruit collectif
qu'on nomme la mûre. Le Mûrier noir {M. nigra), qui s'est naturalisé en Europe, est
originaire delà Perse; le Mu ri br blanc {M. alba) dKTère du précédent en ce qu'il est plus
petit , et que ses fruits sont d'un blanc rosé, et insipides ; il est originaire de la Chine , où on le
cultive pour Téducation des rers à soie. Deux missionnaires grecs, envoyés secrètement en
Chine par l'empereur Justinien, rapportèrent à Constantinople des graines de Mûrier et des
œufs de vers à soie; la culture du Mûrier se répandit bientôt dans le Péloponèse , qui en reçut
son nom moderne de Morée; de là, les Mûriers et les vers à soie passèrent en Sicile; puis, à la
suite des f^uerres que les Françiis soutinrent en Italie pour la conquête du royaume de Naples,
l'arbre et l'insecte qui s'en nourrit furent introduits dans le midi de la France, oiï le Mûrier
blanc est aujourd'hui presque naturalisé, grâce à Charles VIll, à Henri IV, et surtout au grand
ministre Colberl.
Le Mûrier a papier (Broussonetia papyri fera) e^i un arbre dioïque, originaire de la
Chine et des lies de la mer du Sud, cultivé aujourd'hui dans tous les jardins; ses feuilles se
font remarquer par la diversité de leurs formes; elles sont irrégulièrement lobées dans leur
jeunesse, et, plus tard, elles deviennent cordiformes, entières; le fruit se compose d'akènes
portés «ur des gynophores charnus; l'écorce fibreuse de la tige sert à fabriquer le papier de
Chine : c'est aussi avec cette écorce que les insulaires préparent une toile non tissue, dont ils
se font des vêtements.
On cultive dans les jardins d'Europe le Maclura épineux [Maclura aurantiaca)^ bel
arbre diolque de la Louisiane, dont les feuilles peuvent nourrir les vers à soie; son bois,
d'un jaune brillant, est très-élastique, et les Indiens l'emploient à faire des arcs; le fruit
est jaune orangé et de qualité médiocre; les guerriers indiens se peignent la face avec son suc
pour se donner un air plus terrible.
Les Figuiers sont des arbres à fleurs très-petites , renfermées dans un réceptacle charnu , en
poire, muni à sa base de quelques bractées écailleuses, et fermé à son orifice par des écailles
(fig. 68); les fleurs sont fixées par un pédicelle à la paroi interne du réceptacle; quelques
Espèces sont dioïques; mais, dans la plupart, les fleurs supérieures sont staminées et les infé-
Heures pistillées^ les staminées ont un périanthe tripartite et 5 étamines , les pistillées ont un
périantheà 5 lobes; les akènes sont enfoncés dans la pulpe du réceptacle commun. Le Figuier
COMMUN (Ficus carica) a des feuilles en cœur, à 5 lobes, arrondis, palmés; le réceptacle,
nommé figue, est employé comme aliment et comme médicament. — Le Figuier a été apporté
d'Orient à Marseille par les Phéniciens, six cents ans avant l'ère chrétienne. On le cultive
maintenant dans toute la région méditerranéenne.
Le Figuier commun laisse découler, par incision de son écorce, un suc laiteux, acre, caus-
tique, contenant une notable quantité de caoutchouc ; celui des Figuiers des régions tropicales
en contient bien davantage : tels sont le Figuikii élastique (Ficus elasiica), le Figuier
DES Banians (Ficus indica) , le Figuier des Pagodes (Ficus religiosa), Cesdernières
Espèces forment de grands arbres toujours verts, dont Içs rameaux descendent vers le sol et s'y
enracinent ; bientôt de ces racines s'élèvent de nouveaux troncs qui produisent des jets propres
à s'enraciner. Ces rameaux, enfants d'un seul et même arbre , s'étendent ainsi d'arcade en
arcade sur un vaste terrain, et y établissent çà et là de verdoyantes colonies, qui se suffisent à
elles-mêmes, sans cesser de communiquer avec la mère-patrie. — Le Fraisier nous offre en petit
le même mode de végétation.
Les arbres indiens dont nous venons de parler nourrissent un insecte hémiptère du même
genre que la Cochenille ^ le Coccus lacca : les femelles qui couvrent en grand nombre les
branches de l'arbre, laissent exsuder une résine particulière, nommée laque j employée pour la
fabrication de la cire à cacheter et des vernis.
Le Figuier sycomore (Ficus sycomorus) est un arbre de l'Orient, dont le bois, très-
léger et incorruptible, était employé par les anciens Egyptiens pour faire les cercueils.de leurs
momies. Son fruit est très-estimé chez les Arabes.
Nous citerons, pour terminer l'histoire des Morées, le Genre Dorstenia, qui appartient à
l'Amérique tropicale; il diflere des Figuiers en ce que le réceptacle, au lieu d'être conformé en
Foire, ouverte seulement au sommet, est étalé et peu concave. Le Dorstenia contrayerva, que
on cultive dans les serres chaudes d'Europe, est une Plante herbacée à feuilles radicales
pennifides, à réceptacle lobé. Le Contrayerva officinal (/>. Brasiliensis) a ses feuilles
ovales, obtuses, crénelées, et son réceptacle orbiculaire; c'est cette Espèce dont la racme est
employée au Brésil contre la morsure des serpents ( contrayerva signifie contre-poison).
Famille CCXXXVI*. — ARTOCARPÉES. — Cette Famille se compose d'arbres
croissant sous les tropiques, à suc laiteux, à feuilles alternes, stipulées, à ovule droit, à graine
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366 HISTOIRE DES FAMILLES.
sans albumea. --- Ell^ doit son nom nu Genre Artocarfms^ formé de deux mois grecs, signifianl
fruit-pain* Le Jaquiba ou Arbee a {»ain [Artocarpus incisa) est un arbre à grandes
feuilles incisées, 4ont le fruit collectif, composé d'ovaires agglomérés sur un réceptacle charnu.
Vit gros cuiuoi<e la tôte d'uA homme : les habitants de TOeëunie (rouvent dans ce fruit un aliment
:>aixi et abondant; ils le coupent par tranches, qu'ils (but rôlir sur des charbons. Les Anglais
ont propagé ce Végétal dans toute la sooe lorride. -La Colombie pos>ède un autre arbre de la
même Famille, non moins utile que le Jaquier: c'est TArba^ de la vachb ou Polo de
vc^cca (Galaetodendron utile), qui fournit par incision une énorme quantité d'un liquide
blanc et épaisi, oilîrant touU^s les propriétés physiques 4m n>eilleur lait . et en outre une odeur
balsamique Irès-agréable. Sa composition chimique diffère de celle du lait animal ; lo beurre y
«si remplacé par la cire, lecaséum par une substicce azotée, analogue àia fibrine du >ang; le
sérum par un liquide sucré; mais il n'est pas moins nourrissant que le lait; si on le fait éva-
porer douceœeat sur le feu, il se convertit en une sorte de frangipane, et la partie librineusc
qui s'épaissit répand Todeur d'un nioitreau de viande qu'on ferait frire dans la graisse. — Ce
i|u'il y a de très-r«marquable, c'est que cet arbre, qui a plus de 80 pieds de hauteur, depuis
la racine jusc^'à la naissance des branches» crott parmi les rochers les plus arides de la Cordi-
llère américAïAe : ce n'est donc pas dans le sol, mais uniquement dans l'atmosphèi'e qu'il puise
l'acide carbonique et l'ammoniaque éléments constitutifs des principe? azotés et hydrogénés, si
abondamment contenus dans sa sève.
A câté du Genre Galaclodendron, se place lePoHON upas {Ardiaris toxicaria), arbre des
Moluoues et -des Philippines, dont le suc laiteux est renommé comme un des plus violents |>oi-
«008 au Bègne végétal ; les naturels y trempent leurs flèches pour les rondro vénéneuses. Nous
l'avons déjà mentionné (page 135) en faisant l'histoire! de VUpas tieuié, qui appartient à la
Famille des Loganiacées.
Famille CCXXXVllv — PL AT ANÉES. -- Arbres de l'Asie et de l'Amérique boréale
tempérée, à épiderme tombant par plaques. Feuilles alternes, palmilobées^ stipulées; bourgeons
cachés sous la base concave du pétiole. Fleurs monoïques, apérianthées , formant des chatons
globuleux , compactes, sans involucre, qui se composent d'étamines nombreuses ou de pistils
nombreux, entremêlés d'écaillés en massue. Ovaires 1-2-ovulés; ovule droit. Nucule munie à
sa base de polis articulés. Graine albuminée. — Les Platanées se distinguent des Batsamifluées
fiar l'absence du suc balsamique, des Artocarpëes par l'absence de suc laitcut et la structure de
a «raine.
Le Genre Pl atanb (Plnianus), qui constitue la Famille, se compose de beaux arbres^ dont
le majestueux ombrage a été célébré par les prophètes juifs et les philosophes du paganisme.
On cultive en France le Platane d'Obient (P. omw/«/is) et le Platane d'Occident
(P, occidental is)^ qui vient de l'Amérique, et diffère du prccëdont par ses feuilles lobées moins
profondément et ses chutons plus volumineux.
Famille GCXXXVIIK — BA LgA Ml FLUÉES. -.- Caractère du Genre unique Zi^Mf-
dambar. Fleurs monoïques, apérianthées, en chatons subglobuleux ou coniques, munis d'un
involucre de 4 bractées. Etamines nombreuses, cniremôlées d'ecailles menues. Pistils entre-
mêlés d'écaillés accrescentes. Ovaire biloculaire, pluriovulé; ovules courbes. Capsules incluses
dans les écailles cohérentes et endurcies à leur sommet. Albumen peu abondant. — Arbres
élevés, laissant exsuder de leur écorce des sucs balsamiques ; feuilles alternes, stipulées ; fleurs
paraissant avant les feuilles On connaît trois Espèces de Liquidambar : l'une de l'Asie
mineure, l'autre de l'Amérique boréale , et la troisième do l'tle de Java et de la G>chinchine.
— Le Styrax liquide^ baume contenant de l'acide benzoïque , et employé en médecine, pro-
vient du Liquidambar d'O b i e n t (I^iquidambar orientale) .
Famille CCXXX1X^ — SALIGINÉES. — Arbres ou arbrisseaux, à feuilles alternes,
stipulées. Chatons paraissant avant ou avec les feuilles. Fleurs dioïques, apérianthées, naissant
chacune à l'aisselle d'une bractée écailleuse. Ovaire uniloculaire à placentaires pariétaux plu-
riovulés; ovules ascendants, réfléchis; 2 stigmates. Capsule à 2 valves. Graines minimes, à
funicule épanoui en touffe Inineuse; plantule exalbuminée.
Les Salicinëes comprennent les Genres Saule (Salix) et Peuplibb (Populus). Les Saules
sont répandus dans les lieux humides et marécageux de tout Thémisphère boréal; leur écorce
amère contient un principe particulier (Salicine) recommandé comme fébrifuge. — Les Peu-
pliers sécrètent une résine balsamique qui enduit les écailles de leurs bourgeons^ et qu'on
ismploie en médecine. — Nous citerons parmi les Saules le S. pleureur [S, bahylonica).
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I. UPAS ANTFAR. Avtiaris Toxicaria,
2. ARBRE A LA VACHE. Golactodendron utile, (artocarpkes)
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SALIGINEES.
357
Espèce originaire d'Orient, cultivée pour décorer lus fontaines et les tombeaux ; parmi les Peu-
pliers, le P* p Y R A M I D A L (P. fasti-
giata)^ originaire de P Asie mineure,
d*où il passa en Italie ; il n'y a pas
encore un siècle qu'on le cultive en
France. Le Peuplibr tremble
(P. tremxUa) est un arbre à feuilles
deltoïdes, plus larges que longues,
dont le pétiole est comprimé laté-
ralement, ce qui fait s'agiter les
feuilles au moindre vent.
Famille CCXL». — JU-
GLANDÉES. — Caractère du
Genre- type Noyer [Juglanê] :
Fleurs monoïques ; les staminées en
chaton, à pénanthe simple, à éla-
mines nombreuses; les pistillées
SaI!LK tfARCBil.
(Chaton ffmtUe.)
Saitlb Marckac.
[Chaton viAU.y
solitaires, ou agglomérées on petit nombre, à calyce adhérent
à l'ovaire. Ovaire à ovule unique* droit. Drupe peu charnue ;
placentaire épais, d'où émanent k lames formant des cloisons
incomplètes. Graine exalbuminée, dont les lobes sinueux figu-
rent le cerveau des animaux vertébrés. — ^ Tige ligneuse;
feuilles alternes, pennées, aromatiques, sans stipules ; fleurs
précoces.
LeNoYER COMMUN (Juçlans regia) est originaire de la
Perse ; son fruit est
entouré d'un brou^
contenant du tanin et
une huile volatile qu'on
dissout dans l'alcool
pour préparer une li-
queur de table; sa
graine jeune, nommée Novir coundk.
cerneau, et s-a graine [Jugian* regia.)
mûre, nommée noix,
sont alimentaires; on en relire une huile fixe, très^
siccative. Les feuilles sont aromatiques, et employées
en médecine.
Famille CCXLK — CUPULTFÈRES. —
Fleurs monoïques, les staminées en chaton, à enveloppe
florale calyciforme ou bractéi forme ; les pistillées soli-
taires ou réunies 2-3, dans un involucre, les involucres
étant solitaires ou groupés, quelquefois disposés en
grappe ou en épi. Périanthe adhérent à l'ovaire. Ovaire
à 2-3-6 loges, 1-^-ovulées; ovules pendants, réfléchis.
Fruit protégé par 1 involucre accrescent, nommé cupule
(de là le nom de la Famille); cupule tantôt foliacée
(Charme^ Coudrier), tantôt coriace [Hêtre y Châtaianier),
tantôt lieneuse [Chêne], quelquefois hérissée d épines
(Carp?'«."ïe"û/-..) mollcs [Hêtrc), ou piquantes [Châtaignier). — Nucule
uniloculaire par destruction des cloisons, ordinairement
uniséminée par avorlement. Graine exalbuminée. — Tige ligneuse; feuilles alternes stipulées.
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358 HISTOIRE DES FAMILLES.
Les Gupulifères sont les arbres les plus beaux et les plus utiles de nos forêts; elles habitent
surtout rhémispbère boréal. Elles se distinguent de toutes les Juliilores par leur involucre et
leur ovaire adhérent.
Les Chênes doivent être placés en lêle de la Famille; leur fruit, nommé gland, est enchâssé
à sfi partie inférieure dans une cupule formée par des bractées très-petites, imbriquées et
soudées ensemble. Le Chêne commun [Quercus robur) fournit un bois précieux pour les
constructions qui demandent surtout de la soliilité. Son écorce, nommé tan^ contient des prin-
cipes astringents (tanin et acide gallique), qui la rendent utile pour durcir le cuir. Son gland^
riche en fécule, mais pénétré d'un principe- amer,. est mangé avidement parles pourceaux.
1^ GHÊNR-LiécB {Q. suber] croit dans les provinces méridionales de la France et le midi de
l'Europe ; c'est la partie extérieure de son écorce, crevassée et spongieuse, qui fournit la sub-
stance élastique conrme sous le nom de Itége, Les Quercus liex , balloia^ œsculuSj etc.,
qui croissent dans la ré^iim méditerranéenne, produisei^t un gland exempt d'amertume, que
I homme mange avec plaisir. Le Chêne a galles [Quercus infectoria) crott dans rAsie
mineure : un insecte liyménoptère pique le pétiole de ses feuilles pour y dép«>ser ses œub; les
sucs végétaux s'extra valent à I endroit qui a été piqué, o! y forment une excroissance ou tumeur
{noix de galle) ^ contenant un acide, auquel elle a donné son nom. Si Ton infuse des noix
de gai e dans de Teau, et qu'on dissolve ensuite dans cette eau un sel de fer avec excès de base,
l'acjde gallique s'empare du fer en excès, et forme avec lui 'a liqueur nommée enere.
Le Coudrier [Coryllus avellana) donne un fruit nommé noisette on aveline, contenant
une huile fixe, agréable au goût. — Le Hêtre (Fagus sylvatica) a des fruits anguleux
nommés faînes^ dont les graines sont huileuses et sapides; mais si on en mange beaucoup,
elles causent de la céphalalgie et des vertiges. — Le Charme (Carpinus bettdus) est cultivé
pour faire des charmilles, et son bois est employé dans les arts. — Le Châtaignier (Cas-
tanea vesca) produit des graines farineuses; rinvolucre renferme ordinairement 3 pistils^ con-
tenant chacun 6 ovules, dont cinq avortent; ces fruits sont nommés châtaignes. Dans la variété
cultivée, rinvolucre ne renferme qu'une seule nucule, qui alcfs se nomme marron.
Famille CCXLIK — BÉTULTNÉES. — Cette petite Famille, qui comprend les
Aulnes et les Bouleaux, ne se distingue de celle àesCupuliferes que par l'absence de pénanthe
pour les fleurs pistilléos, et l'ovaire libre. Les chatons paraissent en automne, et se développent
au printemps avant les feuilles. Nous citerons seulement le Betula alba, arbre à épiderme
d'un blanc satiné, à rameaux grêles, à feuilles deltoïde^, qui est d'un effet pittoresque dans les
bois montueux ; et I'Aulne glutineux (Alnus glutinosa), à feuilles glabres et d'un vert
sombre en dos>us, pâles en dessous et pubescentes à la bifurcation des nervures, couvertes dans
leur jeunes?e d'un enduit collant. Cet arbre habile les plaines et le bord des eaux courantes.
Famille CCXLllI*. — MYRICÉES. — Fleurs mon«»ïquos ou dioïques, en chatons; les
staminés filiformes, les p'slillés ovoïdes. Ovaire uniloculaire, à ovule unique droit. Drupe
protégée par les bracléoles persistantes, et chargée de glandes résineuses. Graine exalbuminée.
Arbrisseaux à feuilles alternes^ parsemées de points résineux; stipules nulles ou fugaces;
chatons paraissant avant les feuilles. — Le Myrica gale croît dans les lieux marécageux du
nord de I Europe et de TAmérique, ses feuilles odorantes, jadis employées en infusion théi-
forme, sont tombées dans l'oubli. — Les M. cerifera et pensylvanica, de l'Amérique septen-
trionale^ excrètent de la surface de leur fruit une cire abondante que l'on trouve dans le coon-
merce, et qu'on vend à la place de la cire des abeilles.
Le Myrica succulent [Myrica esculenta) (PI. XXIX), est un arbre de l'Afrique australe,
que l'on cultive depuis quelques années dans les serres d'Europe ; ses feuilles sont lancéolées,
glabres^ coriaces, ses fleurs pistillées donnent naissance à des fruits d'un rouge vineux, qui de-
vient pourpre à leur maturité. Ces fruits sont succulents, et leur saveur agréable, quoique un
peu résineuse, rappelle celle de la Mûre rouge. Cet arbre, intéressant par le goût de son fruit et
par la cire qu'il produit, pourra être cultivé dans nos possessions d'Algérie.
Famille CCXLIV». — GASUARINÉES. — Genre unique Camirina : Fleurs mo-
noïques ou dioïques; les staminées en épi, à périanthe de 2 sépales, à étamine unique; les
pistillées en capitule; ovaire uniloculaire, à ovule unique pendant; caryopse à graine exalbu-
minée; arbres à rameaux verticillés, sans feuilles, noueux-articulés, à articles engainants. — -
Les Casuarina habitent la Nouvelle-Hollande; ils offrent l'aspect des Prêles ou d'un Genêt
sans feuilles. Ce sont des arbrea de première grandeur, très- utiles pour les constructions navales.
Leur culture réussit très-bien en Algérie.
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SAPINS DE NORVEGE. Aùies excelsn. (abiktinkes.
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i , - ' i ..
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COiNlFÈKES. 350
FAMILLES COMPOSANT LA CLASSE DES CONIFÈRES.
Les Conifères, nommés vulgairement arbres verts, sont des Plantes à tige ligneuse résini-
fère, à feuilles ordinairement persistantes, tantôt coriaces et effilées, éparses, ou fasciculées^ ou
verticillées^ tantôt minimes et imbriquées^ quelquefois élai^ies. Les fleurs sont diclines, sans
corolle, sans style, sans stigmate, et généralement disposées en chaton. Les ovules sont droits,
et naissent sur un disque ouvert ou sur des bractées ou écailles non closes, tenant lieu de
feuilles carpellaires. Le fhiit tantôt forme un strobile sec ou bacciforme, par la réunion des
écailles, épaissies et souvent endurcies (Pin), quelquefois charnues [Genévrier)] tantôt il
offire Tapparence d'une drupe par l'accroissement du disque développé en cupule succulente
(ff). Les graines sont nues, à micropyle béant j la plantule, dicotylédonée ou polycotylé-
donée, occupe Taxe d'un albumen charnu.
Les Conifères ont été subdivisées en quatre Familles: CCXLV*, Gnétacées; CCXLVl',
raxiné€s;(lCXL\\l', Cupressinées ; CCXLVl\l% Abiétinées.
ABÏÉTINÉES. — Cette Famille comprend les Genres Pin, Sapin, Mélèze, Cèdre,
Cunninghamia, Araucaria, Dammara, etc.
Le Genre Pin [Pinus] est monoïque; les chatons à étamines sont réunis en grappe serrée à
la base des jeunes pousses de Vannée -, chaque fleur est composée d'une anthère à deux loges,
placée sous un connectif bractéiforme qui la dépasse; les chatons à pistils sont composés
d'écaillés imbriquées, écartées avant la fécondation pour recevoir le pollen, tombant comme
un nuage de poussière des branches supérieures; elles portent à leur base deux ovules colla-
téraux pendants ; les écailles du cène fécondé sont ligneuses, terminées en massue à sommet
rhomboidal, et étroitement imbriquées; à la maturité, elles s'écartent pour la dissémination
des graines, qui sont munies d'une aile membraneuse caduque. — Les Pins sont des arbres à
feuilles persistantes, linéaires, amincies en aiguille, naissant par 2, 3« 5 d'un rameau avorté.
-** Les Espèces connues sont nombreuses. Nous citerons seulement, parmi les Espèces à feuilles
géminées ; le Pin sylvestre (P. sylvestris), à feuilles glauques, longues d'un pouce et
demi, à cônes de la même longueur; le P. maritime {P. nuxri(ima), à feuilles longues de
7 à9 pouces, à cônes longs de 5 à 6 pouces; le P. de Corse (P. laricio), à feuilles de
6 pouces, chifîonnées, à cônes de 2 pouces et demi ; le P. pic n on (P. pinea), à rameaux en
tête arrondie, à cônes très-gros, longs de 6 pouces, dont les graines sont comestibles. — Le
P. torche {Pinus iœda), a des feuilles temées; le P. du Lord [Pinus strobus), a des feuilles
très-fines, réunies par 5.
Les Sapins [Abies) ne diffèrent des Pins que par leur cône oblong-eylindrique, à écailles
lisses, amincies, arrondies au sommet, non épaissies en massue anguleuse, et leurs feuilles
éparses ou distiques. Tels sont le Sapin commun ou Epicéa [Abies excelsa), arbre de
120 pieds, à feuilles éparses, carrées, aiguës, très-vertes, à écailles en losange, usées et comme
bifides au sommet; le S. pectine ou Sapin blanc (il. pectinata), à feuilles presque dis-
tiques, à écailles larges et obtuses au sommet, et munies extérieurement d'une bractée qui
sMonge en pointe recourbée.
Les Pins et les Sapins fournissent des poutres et des planches, que leur longueur et leur rec*
titude rendent précieuses. Le suc, nommé térébenthine, qui découle de leur tronc, est une
résine dissoute par une huile volatile; il est employé dans les arts et en médecine, et prend,
selon les préparations qu'on lui fait subir, les noms de poix résine , poix de Bourgogne,
galipot, colophane, goudron, etc.
Les Mélèzes [Larix) diffèrent des Sapins en ce que leurs feuiltes naissent par fascicules
de bourgeons écailleux, et deviennent ensuite solitaires et éparses par l'allongement du
bourgeon ; elles persistent pendant un hiver. Les écailles de leur cône sont lâchement imbri-
quées. — Le Mélèze d'Europe [Larix Europœa) est un arbre s'élevant à 100 pieds; son
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360 HISTOIKE DES FAMILLES.
bois rougeâtre est d'un tissu plus serré que le Sapin^ et sa durée est bien plus considérable; il
fournit une Térébenthine très-estimée.
Les Cèdres [Cedrus] se distinguent des Mélèzes en ce que leurs feuilles persistent pendant
plusieurs années après rallongement du bourgeon, et que les écailles du cône sont très-
serrées. — Le Cèdre du Liban (Cedrtis Libani), arbre à la fois élégant et majestueux,
atteint une hauteur de 120 pieds, et son tronc peut acquérir 30 pieds de circonférence ; il est
fort rare aujourd'hui sur le Liban^ mais abondant aux environs de la mer Caspiennne et sur
les monts Ourals. On en trouve en Algérie une variété à feuilles d'une couleur glauque un
peu moins sombre que dans l'Espèce type.
Le Cnnninghamia est un arbre de la Chine, à feuilles distiques linéaires- aiguës^ marquées
en dessous de deux lignes argentées. — Les Araucaria sont des arbres gigantesques, formant
de vastes forêts dans le Chili, Tile Norfolk, la Nouvelle-Hollande et le Brésil; leurs rameaux,
horizontalement verticillés el étages en pyramide, portent des feuilles sessiles, roides,
imbriquées, lancéolées , ou linéaires subulées. — Les Dammara , arbres élevés de la Nou-
velle Zélande et de l'Asie tropicale, sont remarquables par leurs grandes feuilles ovales,
rétrécies aux deux bouts. On cultive en Europe des Espèces appartenant à ces trois derniers
Genres.
CUPRESSINÉES. — Cette Famille comprend les genres Cyprès, Thuia, Genévrier, etc.
— Les Cyphès (Cupressus) ont des chatons staminés ovoïdes, à anthères uni quadriloculaires,
insérées sous des écailles ; les chatons pistillés sont globuleux, à écailles quadrisériées, plurio-
vulées, ligneuses à la maturité, et terminées par une surface élargie, anguleuse et pointue au
centre. Les rameaux sont carrés, à feuilles minimes, imbriquées sur quatre rangs, et persis-
tantes. Le Cyprès horizontal (C hortzontalis) et le C. pyramidal (C, pyramidalis)
sont originaires de l'Orient, et ne diffèrent que par la direction de leurs rameaux. Les anciens
avaient consacré la deuxième espèce aux dieux infernaux, et en ornaient le champ des morts.
Les modernes ont conservé cet usage, et nos cimetières sont devenus des forêts de cyprès ;
leur sombre verdure est un emblème de deuil : mais la perpétuité de leur feuillage et la di-
rection pyramidale des rameaux nous offrent le symbole de Tàme immortelle qui tend à re-
monter vers les cieux.
Les Thuia (Thuia) ne diffèrent des Cyprès que par leurs rameaux aplatis ; leurs chatons
pistillés sont déprimés ; les écailles sont ligneuses à la maturité, et portent au sommet de leur
face dorsale une pointe recourbée en arrière. LeTnuiA d'Orient {Thuia onentalis) est
originaire du nord de la Chine, et presque naturalisé en France. Le Th. occidentalis nous
vient de l'Amérique septentrionale ; ses feuilles, froissées entre les doigts, exhalent une forte
odeur de thériaque. Le Thuia articulata du Maroc produit la sandaraque, résine connue de
tout le monde, employée pour rendre imperméable à Tencre le papier qui a été gratté, et
pour fabriquer des vernis.
Les Genévriers (Juniperus), sont des arbres ou arbrisseaux à feuilles ordinairement verti-
cillées par 3, linéaires, subulées, piquantes, et à fleurs dioïques^ les staminées se composent d'une
anthère à 4-8 loges, placée sous un filet qui s'évase au-dessus d'elle en bouclier excentrique ;
les strobiles sont globuleux, bacciformes, à 3 écailles uniovulées, charnues, et soudées ensem-
ble. — Le Genévrier COMMUN (Juniperus communis) est un arbrisseau indigène, dont les
fruits, nommés l^aies de Genièvre sont employés en médecine, et donnent par la fermentation
une espèce d'eau-de-vie (gin) très-recherchée par les marins et les habitants du Nord. — La
Sabine (Juniperus sabina) est d'une odeur forte et pénétrante ; on emploie avec précau-
tion ses feuilles, ou même son huile volatile, comme emménagogue. — Le G. de Virginie
(/. Virginiana) est nommé aussi Cèdre rouge ; son bois très-odorant, léger, d'un grain fin el
d'une consistance molle, sert à fabriquer les demi-cylindres canaliculés dans lesquels on
renferme les crayons.
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CONIFÈRES. 361
TAXI NÉES. — Cette Famille comprend les Genres //", Podocarpus, Salisburia, etc. —
Les Ifs (Taxas) sont des arbres à feuilles linéaires, raides, éparses, et à fleurs dioîques ;
les staminées sont en chatons, composées d'anthères à 4-8 loges, placées sous un filet
qui s'évase en disque pelté et lobé ; les fleurs pistillées sont
solitaires, entourées de bractées imbriquées; Fovule est dressé,
et accompagné d'un disque accrescent, véritable arille, qui
devient, plus tard, une cupule charnue et colorée, enve-
loppant la graine sans y adhérer. — L'If commun (T.
baccata) est un arbre de 20 à 30 pieds, à bois très-dur, in-
corruptible, à feuilles d'un vert noirâtre, vénéneuses, à ftruit
agréable au goût. Les anciens croyaient que Tif donnait la
mort à ceux qui s^endormaient sous ses rameaux : ce qu'il y
a de certain, c'est que son ombre est nuisible aux plantes,
et que son voisinage peut causer de violents maux de tète,
soit à ceux qui se reposent sous son ombrage, soit aux jardi-
niers qui taillent ses branches.
Les Podocarpus sont des arbres des régions tropicales et
fT^^b^M^ta.) subtropicales, à fleurs dioîques, à feuilles étroites, lancéolées,
persistantes : on en cultive plusieurs Espèces en Europe, entre
autres, le P. a longues feuilles {Podocarpus macrophylla) (PI. XXVII), ou Maki, arbris-
seau de 10 à 12 pieds, dont les fleurs staminées sont disposées en chatons groupés àTaisselle
des feuilles, et dont le fruit se compose d'une cupule rouge ou purpurine, renfermant quelque-
fois deux graines. — Le G \^ ko (Salisburia adianthifolia) est un arbre du Japon, cultivé en
Chine et aussi en Europe ; sa tige est pyramidale ; ses feuilles sont alternes ou fasciculées,
rhomboïdales, incisées^ bilobées, striées ; son fruit est du volume d'une prune de Damas ; sa
graine est comestible, et se torréfie comme la châtaigne.
GNÉTACÉES. — Les Genres Gnetum et Ephedra composent cette petite Famille qui se
distingue parmi les Conifères par ses fleurs staminées, pourvues d'un périanthe. Les Gnetum
habitent la zone tropicale, et leurs feuilles à nervures pennées les rapprochent des Chloran-
thées. Les Ephedra, arbrisseaux qui se rencontrent sur les rivages maritimes des régions tem-
pérées, ont des rameaux très-nombreux, articulés, munis à leurs articulations d'écaillés mi-
nimes, opposées, tenant lieu de feuilles.
Famille CCXLIX*. — CYCADÉES. — Arbres ou arbustes de la région tropicale, de
r Afrique australe et de la Nouvelle- Hollande, ofl*rant Taspect des Palmiers, à tronc gros ,
simple, terminé par une couronne de feuilles penni -parti tes. — Fleurs diol(jues , apérian-
Ihëes; les staminées composées d'anthères nombreuses, situées à la face inférieure d écailles
disposées en chaton ou en grappe sur un axe foliacé au sommet, et portant sous leur disque
1-2 ovules nus^ droits. Graines à testa osseux. Plantule dicotylédonée, dans Taxe d*un albumen
charnu.
Les Cycadées possèdent une moelle centrale volumineuse, riche en fécule; les habitants du
Japon pn^parenl avec la moelle du Cycas revoluta une farine nommée ^a^ou, qu'ils pétrissent
t't font cuire comme du pain. Leurs lois défendent, sous peine de mort, de transporter cet arbre
précieux hors du pays. Le Cyc as des Indes {Cycas circinalis) est un arbuste de 3 à 4 pieds,
à folioles linéaires lancéolées, courbées en dehors, coriaces, et n'ofl^rant qu'une seule nervure;
le pétiole commun est un peu épineux. Les Zamia ont des feuilles pennées, dont les folioles
sont parcourues par plusieurs nervures simples. — Le Dion comestible {Dion edule^ a des
feuilles longues de 5 pieds, à 60 paires de folioles; son fruit, dont le volume éçale celui de la
tête d'un enfant, se compose d'écaillés cotouneuses, portant à leur aisselle des graines de la gros^
seur d'un œuf de pigeon.
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362 HISTOIRE DES FAMILLES.
Avant de dore Thistoire des Familles dicotylédones, nous avons à mentionner quelques
arbres appartenant aux Juli flores et aux Conifères^ et remarquables, tant par leurs dimen -
sions que par leur longévité. — Nous commencerons par le Chène^ChapeUe, que Ton voit
dans le cimetière d'Allou ville, près d'Yvetot. Son tronc/ creusé par les siècles, a été trans-
formé en une chapelle consacrée à la Vierge, il y a cent cinquante ans, par le curé du lieu.
Cette cbapelle a sept pieds de diamètre -, elle est soigneusement lambrissée, et rentrée en est
défendue par une porte grillée. Au-dessus est un petit ermitage^ contenant une couchette; on
y arrive par un escalier qui tourne autour du U'onc. Le' sommet de ce petit donjon est abrité
par un toit en pointe, surmonté d'une croix de fer qui s'élève au-dessus du feuillage, et sanc-
tifie ces masses vénérables de verdure. Les crevasses du tronc sont garnies de bardeaux, qui^
rem{daçant Técorce^ contribuent à sa conservation. On a voulu calculer approximativement
rage de ce doyen des Chênes de la Normandie, en comparant les dimensions qu'il offrait en
1843 avec celles qu'on avait observées en 1821. La circonférence du tronc était, à cette der-
nière époque, de 8 mètres kk centimètres; en 18W, de 8'" ,65. Le rayon était, en
18S1, de li",34â7; en 1843, de 1"",3761; ce qui Cait en vingt-deux ans un accroissement
de 0"»,0334. Ce chiffre, divisé par 22, nombre d« années écoulées entre les deux observa-
tions, donne 0*",0016 : c'est l'épaisseur moyenne des couches ligneuses développées pen-
dant une année* Si maintenant Ton divise le rayon observé en 1843, par cette formule d'ac*
croissement, on trouve 870. Le Chéne-Chapelle d'Allouville serait donc âgé de 870 ans.
On cite aussi, comme exemple remarquable de longévité, les deux \h de la Haie de Rfmlot^
près de la forêt de Brotonne, dans le département de l'Eure. Leur tronc, qui est creux, a près
de 9 mètres de circonférence; et, en comparant leur volume à celui d'autres Ifs, dont Tàge est
connu, et qui sont placés dans les mêmes circonstances, relativement au sol et à Texposition,
on a pu évaluer leur âge à 1460 ans.
Un autre Conifère de l'Amérique, le Cyprès chauvb (Cupressus disticha), que l'on cul-
tive en Europe, atteint dans sa patrie une grosseur et une hauteur prodigieuses. 11 y en a un
individu au Mexique, dans le cimetière de Sainte-Marie de Tesla, à deux lieues ouest
d'Oaxaca, qui a cent pieds de haut et cent dix-huit pieds de circonférence. Il est mentionné
parFernand Cortez, qui abrita sous son ombre toute sa petite armée, quand il vint faire la
conquête du Mexique. — Ce colosse, toujours vivant et toujours vert, est un objet de haute
vénération pour les Mexicains indigènes.
Le Châtaignier de F Etna est le plus gros de tous les arbres connus. Son tronc a cent cin-
quante pieds de circonférence ; il est percé d'une ouverture assez large pour donner passage à
deux voitiires marchant de front ; mais sa végétation n'en souffre aucunement. On le nomme
dans le pays le Châtaignier des cent chevaux, parce que, suivant une tradition populaire,
Jejmne, reine d'Aragon, l'alla visiter avec une escorte de cent cavaliers, et qu'un orage étant
survenu, toute la troupe se réfugia sous l'arbre, où elle fut parfaitement abritée. Quelques
voyageurs pensent que le tronc de cet énorme végétal est un assemblage de cinq arbres, qui,
pressés l'un contre l'autre, se sont soudés en grossissant, et ont fini par se trouver réunis sous
une même écorce; mais le savant chanoine Récupero, naturaliste sicilien, affirme que la ra-
cine est unique et que, par conséquent , la tige doit l'être aussi.
Cette CTcistence prospère d'un arbre creux ne sera pas un sujet de surprise pour ceux
qui connaissent le mode d'accroissement des Végétaux dicotylédones : c'est entre les cou-
ches les plus externes du bois et les plus internes de l'écorce que chemine la sève destinée
à former de nouveaux tissus : le bois central n'est donc qu'un chemin accessoire pour la sève
ascendante, et il peut disparaître sans que les voies de communication soient interceptées
entre cette sève et la région supérieure de la Plante.
Il ne faut pas non plus considérer ces patriarches du Règne végétal, bravant les hivers de-
puis tant de siècles, comme des individus plus favorisés que les autres végétaux de la même
Espèce. Un arbre n'est pas un individu; chacun de ses bourgeons pouvant reproduire l'Es-
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GYCADÈES. 3«3
pèce, et tous les boui^eoDS étant exactement semblables, il s'ensuit qu'un arbre, et même
que Therbe la plus humble doit être regardée comme un être collectif, une congrégation, un
phalanstère d'individus qui se nourrissent en commun, et dont les générations successives se
superposent, à Tinstar des zoophytes d'un polypier. Quant aux individus premiers-nés, qui
occupaient les parties centrales et inférieures de Tarbre, et qui, servant de support à leur
postérité immédiate, lui transmettaient les sucs puisés dans le sol, Fàge adulte de cette der-
nière a rendu leur intervention superflue, et ils ont pu être détruits sans que les jeunes en
aient souffert : c'est ce qu'on voit dans les arbres creux.
MONOGOTYLÉDONES.
Plantule à un seul cotylédon. Tige à faisceaux fibro-vasculaires épars dans la
masse du tissu cellulaire, ne formant pas un cercle régulier; les tiges vivaces ne
s accroissant pas par des zones concentnques distinctes de bois et d'écorce.
Famille CCL".— ORCHIDÉES.
CARACTÈRE. — Périanthe supère, à limbe pétalotde, irrégulier ^ à 6 divisions
bisériées, dont une interne, devenant inférieure par la torsion du pédicelte élargie en labelle,
et souvent prolongée en éperon à sa base. Et A mi NES épigynes^ 3, les 2 latérales ordinaire-
ment avortées. Anthères biloculaires; pollen réuni en masses. Ovaire adhérent, unilo-
culaire, à 3 placentaires pariétaux ; style soudé avec les étamines; stigmate concave, visqueux.
Capsule à 3 valves, placentiferes sur leur milieu et laissant en place les 3 nervures médianes
des carpelles, réunies en châssis par leur base et par leur sommet. Graines très- fines;
plantule monocotylédonée, exalbuminée.
Les Orchidées sont des plantes herbacées, rarement sous-ligneuses, à racines tantôt toutes
fibreuses, tantôt les unes fibreuses et les autres tubéreuses; les feuilles sont entières, quelque-
fois articulées à leur base, et, dans beaucoup d'Espèces exotiques, renflées au-dessous de l'ar-
ticulation en une masse charnue (pseudo-bulbe). Les Orchidées indigènes croissent sur la
terre; beaucoup d'Orchidées tropicales sont épiphytes, mais non parasites; elles s'établissent
dans les fentes des arbres, les bifurcations des rameaux, au milieu de la mousse humide qui
les recouvre. Cette végétation aérienne rend facile leur culture dans nos serres chaudes,
où ou les suspend dans des corbeilles à claire-voie , pleines de mousse humide ou de
détritus végétaux. Les fleurs, disposées en épi, ou en grappe, ou en corymbe, pré-
sentent les formes les plus bizarres : il y en a qui imitent une mouche, une araignée, un
singe à longue queue, un homme pendu par la tête ; quelques-unes brillent des couleurs les
plus vives et les plus variées, et répandent un parfum délicieux ; d'autres offrent une colora-
tion livide et exhalent une odeur infecte. — Cette diversité de formes, de couleur et d'odeur,
qui toutefois ne s'écarte pas du caractère type de la Famille, les fait rechercher avidement
par les Adonistes : ces amateurs d'étrangeté dépensent des sommes énormes pour orner leurs
serres chaudes d'une Espèce ou d'une Variété nouvelle; aussi le nombre des Espèces va-t-il
croissant de jour en jour : on en connaît déjà plus de 1,600. Nous nous contenterons
de mentionner la plus curieuse de nos Espèces indigènes : c'est le Sabot de Vénus
{Cypripedium calceolus), la tige est un peu sinuée; les fleurs, dont l'odeur est suave^ ont
leurs segments étalés, d'un pourpre foncé; le label le, ou segment inférieur et interne^ est
jaune, renflé, creux, ouvert par en haut, et représente un sabot. On cultive dans les serres
plusieurs Espèces de ce beau Genre, originaires de l'Inde et de l'Amérique septentrionale.
Tel est le C. Spectabile (V\. XXlll), dont le lahelle est rose, cl les segments supérieurs
d'un blanc lavé de teintes rosées.
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364 HlSTOIRt DES FAMILLES.
Les seules substances utiles que Thomme reçoive de la Famille des Orchidées sont le Salep,
la Vanille, et le Faham. — Le Salep est fourni par les racines tubéreuses des Orckis et des
Ophrys; ces racines contiennent une abondante quantité de fécule , et un autre principe
analogue à la gomme, et nommé bassorine,
qui se trouve concentré dans de petits
noyaux disséminés au milieu de la masse
charnue constituant la racine tubéreuse.
C'est avec ces racines que Ton prépare un
aliment très-analeptique. On continue à
tirer le Salep de la Perse et de TAsie mi-
neure ; mais nos Orchis indigènes ne sont
pas inférieurs aux Espèces exotiques, et
Ton pourrait les exploiter avec avantage.
Il n'en est pas de même de la Vanille, dont
le fï'uit a besoin d'un soleil tropical pour
développer complètement son déUcieux
arôme. Le Vanilla aromatica, que Ton
cultive dans les serres d'Europe, est une
plante sarmenteuse qui habite les rivages
maritimes de la Colombie et de la Guyane ;
elle grimpe le long des rochers, enfonce ses
racines ad ventives dans leurs fissures et dans
les mousses qui recouvrent Fécorce des
arbres voisins ; elle finit même par se sé-
parer du sol : le sol aérien qu'elle est allée
chercher suffit à sa végétation. C'est sa
capsule charnue, longue, déhiscente, que
Ton emploie comme condiment. Ce fruit
vahillb a labobs fbcillbs. contient, en notable quantité, une huile vo-
l Vanilla plant folia.) ' *
latile, d'odeur suave, et de Tacidebenzoïque,
que l'on trouve à l'intérieur, cristallisé en aiguilles : de là le nom de Vanille givrée. —
Le Faham est la feuille d'un Angrrc (Angrœcum fragrans), Genre voisin des Vanillaj
et habitant comme eux la région tropicale. Cette feuille, dont l'odeur rappelle celle de la
Vanille et de la fève Tonka, est employée aux îles Mascareignes en infusion théiforme (Thé
de Bourbon) comme digestive, et propre à arrêter les progrès de la phthisie pulmonaire.
Famille CCLl«. — APOSTASIÉES. — Plantes herbacées de l'Asie tropicale, différant
des Orchidées par leur pollen pulvérulent, leur ovaire à 5 loges et leur placentation centrale.
Famille CCLIK — BU RMAN NI ACÉES. — Plantes herbacées des régions tropicales,
à feuilles en glaive. Périanlhe pélaloîde à 6 divisions bisériées. Etamincs 3, alternes avec les
divisions extérieures du périanthe. Ovaire adhérent, à 1 ou 3 loges. Graines albuminées.
Familles CCL11I% CCLIV% CCLV. — ZINGIBÉRACÉES, CANNÉES, MUSA-
CÉES.— Ces trois Familles, constituant la classe des Scitaminées, ont pour caractère commun :
Tige herbacée, quelquefois arboriforme, simple. Feuilles engainantes, entières, à une seule
nervure principale, d'où partent des nervures secondaires, obliques ou transversales, recourbées
au sommet. Périanthe supère, irrégulier, tantôt simple à 6 divisions, avec 6 élamines
(Musacées)\ tantôt double, l'extérieur herbacé trimère, l'intérieur pétaloïde hexamère, avec une
étamine insérée, soit sur la division externe et antérieure de la corolle [Zingibéracées]^ soit sur
la division interne et latérale de la corolle (Cannacées). Ovaire adhérent, à3 loges; ovules réflé-
chis. Fruit capsulaire ou bacciforme. Graines à albumen, quelquefois double (Zinaibéracées).
Les ZtV2^t6^ac^e5 sont des Plantes tropicales, dont les racines contiennent une huile volatile et
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BANANIER, Musa. (mUsacées.)
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F'
ZINGIBÉRACÉES, CANNÉES ET MLSACÉES. 365
uDeré:»ine arom.'i tique, qui les fail rechercher comme condiments et coinme médicaments exci-
tants.— Le Gingembre (Zm^/îôer o/]^cina/e). Plante originaire de l'Inde, a été transporté
dans les colonies tropicales de rÀmérique; ses feuilles sont oblongues, lancéolées ; ses hampes
naissant d'un rhizome tuhéreux et vivace, sont terminées par un épi oblong, muni de bractées
larges, imbriqui'cs, purpurines sur leurs bords, à Taisselle desquelles naissent des fleurs jau-
nâtres, maculëtsde pourpre foncé; son rhizome est le Gingembre du commerce. — Les Cwr-
cuma contiennent une matière colorante jaune, plus employée en teiniure qu'en médecine : le
C. DE KoscoE (C Roscoeana) (PI, XXIV) est une Espèce de Tlnde, h feuilles longuement -
pétiolées, à hampe droite, terminée par un épi de fleurs jaunes, qu'enveloppent des bractées
rougeàtres, imbriquées.
Les Cannacées représentent, dans l'Amérique tropicale et subtropicale, les Zingibéracées de
l'Asie; quelques-unes ont des racines nulrilives : tel est le Maranta arundinacea, qui fournit
au commerce une fécule excellente, nommée a/TOM;-roo^ Les Balisieus (Canna) pas^ent
pour diurétiques et diaphorétiques; leurs graines sont employées comme succédanées du café.
Le Balisier gracieux (Canna speciosa) (PI. XXIII), du Brésil, se distingue de ses congénères
par ses feuilles étroites et sa fleur, dont les 3 divisions supérieures sont rouges, et les 3
inférieures jaunes, ponctuées de rouge.
Les Musûcées ont pour type le Genre Bananier (Musa). Les Bananiers sont des herbes gigan-
tesques, originaires des contrées chaudes et humides de l'ancien continent, et cultivées main-
tenant dans toute la zoneinlertropicale. Le Bananier de l'Éden [Musa paradisiaca) a une
tige haute de 18 à 20 pieds, couronnée par un bouquet de feuilles, longues de 10 pieds sur 2
de largeur ; le pédoncule qui sort de ces feuilles est long de 3 à ^^ pieds, et garni de fleurs ses-
siles, enveloppées dans des spathes ; les fruits sont des baies jaunâtres, longues de 6 à 8
pouces, fournissant un aliment très-nourrissant, qui a le goût d'une pâte de beurre frais , légè-
rement sucrée. Linné donna le nom àe paradisiaca à ce Bananier, parce que, suivant la tra-
dition, ce fut cet arbre dont le fruit tenta nos premiers parents, et dont ils employèrent la feuille
pour cacher leur nudité. La feuille du Bananier, en effet, sert de vêlement aux habitants de
l'Afrique et des Indes, qui en couvrent aussi leurs cases, et tirent de sa tige un fil assez tenace.
— On cultive dans les serres européennes le Ravenala de Madagascar (^ranm speciosa)
dont les feuilles sont distiques, longues de 8 à 9 pieds, et dont les pédoncules dressés portent
des fleurs agglomérées à l'aisselle de spathes distiques. C'est l'Espèce la plus belle de la Famille.
Les habitants de Madagascar se servent de ses feuilles pour couvrir leurs cases; ils retirent une
huile volatile de. l'arille pulpeux de sa graine; et la graine elle-même, dont la couleur est
d'un beau bleu d'azur, leur fournit une fécule, avec laquelle ils préparent une bouillie.
La gaine des pétioles renferme une eau limpide et fraîche , que Ton peut extraire en les
perçant à la base; de là le nom populaire àH Arbre du Voyageur.
Famille GCLVl*. — BROMÉLIACÉES. —Plantes de l'Amérique tropicale, ordinai-
rement herbacées, à souche vivace, à feuilles roides, engainantes à la base. Fleurs en épi ou en
grappe. Périanthe Ubre (Tillandsia) ou adhérent (Bromelia) ^ à 6 divisions bisériées, les inté-
rieures pétaloïdes. Staminés 6. Ovaire à 3 loges. Fruit bacciforme ou capsulaire. Graine
albuminée.
Cette Famille fournit à l'homme l'A n an as (Bromelia ananas] (PI. XXIX), Plante à feuilles
radicales divergentes, roides, glauques, épineuses sur les bords, à fleurs bleuâtres, formant un
épi couronné par une touffe de feuilles. Après la floraison, les ovaires grossissent, deviennent
charnus, et forment un fruit collectif jaune, de forme ovoïde, dont la surface est sculptée en
losanges élégants ; sa chair est aigrelette-sucrée et aromatique.
Famille CCLVII*. —HÉMODORACÉES.— Plantes herbacées de l'Amérique boréale,
du Cap et de la Nouvelle-Hollande. Feuilles ensiformes. Périanthe à 6 divisions bisériées.
Elaraines6, dont 3 souvent stériles. Ovaire plus ou moins libre, 3-loculaire. Capsule à graines
albuminées. — On cultive dans les serres le Wackendorfia thyrsiflora^ petite Plante du Cap,
à hampe terminée par un épi de 20 fleurs, d'un beau jaune jonquille et d une odeur douce; la
Barbagènb a fleurs pourpres [Barbacenia purpurea) (PI. XXIII), Plante du Brésil, à
feuilles dressées, recourbées, carénées en dessous et canaliculées en dessus, disposées en touffe
spirale. Les hampes sont uniflores; la fleur est inclinée, d'un beau pourpre violacé.
Famille CCLVllP. -- HYPOXIDÉES. — Plantes exotiques, herbacées, à souche
vivace. Feuilles radicales, linéaires. Périanthe pétaloïde, à 6 divisions bisériées. Etamines 6,
périgynes. Ovaire adhérent, à 3 loges. Graines à strophiole allongée en bec,
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3GG
IIISTUIUE DES FAMILLES.
Famille CCL1X«. — AMARYLLIDÉES. — Plantes herbacées, vivaces. ordinaire-
ment bulbeuses et à feuilles radicales. Périanlhe à tube soudé avec Tovaire, à limbe pétaloide,
su|)ère, à 6 divisions bisériée:;, représentant calyce et corolle. Etamines 6, quelquefois accom-
pagnées d'étamines stériles, libres ou soudées en godet. Ovaire infère, à 5 loges piuriovulées.
Capsule à graines albuminées.
Cette belle Famille, qui habite principalement la région tropicale de Thémisphère nord, dif-
fère des Liliacées par son ovaire adhé-
rent, et dealridées par le nombre dt*
ses etamines à anthères inlrorses. Elle
fournit à rhorliculture de nombreust*s
Espèces. Nous allons citer les plus inté-
ressantes.
GaLANTHINE PBRCB-M16B (Go-
ianthus nivalis), indigène; hampe à
i-2 fleurs penchées; calyce d'un bJanc
pur; pétales plus petits, échatici^,
marqués d'une tache verte. NivéoLK
PRiNTANiÈRE (Leucotum venuan),
indigène; spalhe membraneuse enve-
loppant 1-2 fleurs blanches, tacheras
de vert au sommet des sépal«A et ées
pétales. AnAEYLLIS CIIAR1IA!^TE
{Amaryllis formosissima), de T Amé-
rique méridionale; ileur bîlabiée, d*»n
rouge pourpre velouté, et sablé à'&r au
so'eil. A RÉTicuLéB (A, retictUata),
du Brésil ; feuilles parcourues par une
nervure médiane blanche; périanthe à
segments étalés, recoiurbés, de couleur
rose tendre, marqués d'un réseau de
lignes purpurines. Crinolb d'Amé-
rique (Crénum A mericanum); ieu^les
en faisceau, longues de 2 pieds ; flei»rs
blanches en ombelle, à limbe é^al au
tube; etamines inclinées. Phi celle
BRILLANTE (Phycclla corusco) (Pt. I),
du Chili ; fleurs 6 ou plus, d'un rouge
éclatant, disposées en ombelle, et sortant
d'une spathe à plusieurs bradées; pé-
rianthe un peu irrégnliec. à divisions
externes plus grandes; styles et ét;imines saillantes. Pancratium a rLcufts en cauPE
(Ismene calathina), de l'Amérique méridionale; ombelle de k fleurs; ovaire triangulaire,
sessile: tube du périanthe cylindrique, recourbé, marqué de côtes saillantes » vert; segments
du limbe longs de 4 pouces, blancs, les 5 externes à sommet aigu, les internes obtus^ plus
canaliculés; gorge du périanthe portant un godet accessoire, long de 3 pouces, blanc au
dehors, niarqué intérieurement ae bmdolettes vertes, à 6 lobes séparant les etamines.
Narcisse faux Narcisse {Narcissus pseudo-Narcissus), indigèpa; fleurs jaiwes à pé-
rianthe couronné par un godet accessoire de mémo couleur, plus foncé que le limbe. N. poé-
tique (TV. /)fl?/icw5); périanlhe à limbe d'un blanc de lait, d'odeur suave ; godet petit, de
couleur jaune, bordé d'une frange pourpre. N. Jonquille {N. Junquilla]; feuilles menues
comme du jonc; fleurs jaunes, odoriférantes..
Les Alstrœmères sont des Plante* à racines tubéreuses fasciculées, à tige feuillée, grim-
pante, à fleurs disposées en ombelle. Le périanthe est profondément divisé, sub-campanuté,
régulier ou presque bilabié, à divisions intérieures plus petites^ dont 2 tubuleuses à leur hase ;
les etamines sont un peu déclinées, ascendantes ainsi que le style. L'Alstroemèrb pélé-
c RiNE (Alstrœmeria pelegrina), ou Lis des Incas, est du Pérou; l'ombelle se compose de
4 fleurs, à limbe ouvert, blanc, rayé et lavé de rose foncé; les segments intérieurs sont mar-
qués à la base d'une tache jaune pointillée de pourpre. Les Alstrœmères du Chili offrent de
nombreuses variations, même dans leur patrie, et la culture les fait varier à Tintlni dans les
serres d'Europe.
Les Agave sont des herbes gigantesques, originaires du Mexique, et aujourd'hui presque
1 AmARYLLIH HBTICn.CB.
[AmarylltH retieulata.)
2. Parc iatiuh a plrdrs ity coupr.
[lamene calathina.)
3. Alstrobmkrbs du Chili.
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AMARYLLIDÉES.
307
naturalisées dans toute l'Amérique et même dans TËurope méditerranéenne. Ëlle> vivent des
siècles dans nos jardins, où elles font notre admiration par la rapidité avec laqut^Ho s'allonge
leur pédoncule floral, qui croît d'un pied en un jour. — Leurs feuilles radicales, longues,
épaisses, pointues et bordées d'épines, peuvent former des haies impénétrables. Les libres li-
gueuses contenues dans ces feuilles fournissent une excellente filasse, que Ton nomme soie végé-
tcUe. Les Mexicains arrachent le bourgeon central de leur Agave, et recueillent la liqueur lim-
pide et sucrée qui en déroule^ pour obtenir par la fermentation une boisson enivrante, qu'ils
nomment pulqué.
Famille CGLX*. — IRIDÉES. — Herbes vivaces, à rhizome tiibéreux ou bulbeux;
feuill&s ordinairement toutes radicales, les caulinaires distiques, engainantes, ensiformes ou
linéaires; fleurs en grappe ou en épi
terminal, rarement solitaires, munies
de bractées spathacées. Périanthe à tube
adhérent; limbe pétaloïde à 6 divisions
bisériées, souvent dissemblables, quel-
quefois irrégulières, à préfloraison con-
tournée. Ëtamines 5, insérées à la base
desdivisions externes; anthères extrorses.
Ovaire infère, à 3 loges pluriovulces;
ovules réfléchis; style divisé en 3 ra-
meaux stigmatifères, souvent dilatés.
Capsule loculicide à valves septifères
sur le milieu. Planlule occupant l'axe
d'un albumen abondant.
Cette brillante Famille habite princi-
palement les régions tempérées extra-
tropicales. Elle intéresse surtout les
horticulteurs, et ne fournit que peu de
f)roduits à la mitière médicale. Parmi
es Iris (/m), qui toutes sont d'une
grande beauté, Tlais de Florence
[Iris floreniina) possède un rhizome
d'une belle couleur blanche, et d'une
odeur de violette très-prunoncée ; on en
fait un gra-id usage dans la parrumerie;
à Tétat frais, il est violemment purgatif;
desséché, il devient légèrement stimu-
lant. On en fabrique de petites boules,
qui sont employées pour entrelenir la
suppuration des cautères. — Le Sa-
fran CULTIVÉ {Crocus sa(ivus) est
une Espèce indigène^ dont U s stigmates
en crête contiennent une huile volatile
très-odorante, unie à un principe co-
lorant amer (Polfjckroîte)\ on les em-
ploie en médecine comme stimulant de
Testomac, du cerveau et de l'appareil respiratoire. Ils servent aussi pour la teinture.
Parmi les Iridées cultivées dans les jardins, nous citerons d'abord les G l'aï euls (Gladiolus),
Genre à fleur bilabiée, dont la plupart des Espèces sont originaires de l'Afrique australe, et
entre autres le G. perroquet {G.psittacinus),k fleurs épaisses, d'un beau jaune verdàlre mor-
doré ; laBERMUDiENNB A GRANDES FLEURS {Sisyrinckium grandi florum) y de l'Amérique
boréale ; Plante glauque, dont les fleurs sont campaniformes, à segments étalés, violets et rayés
de 5 nervures saillantes plus foncées ;laTiGRiDiE queue de Faon ( Tigridia pavonina) ,
dont les fleurs ne durent que huit à dix heures, et sont remarauables par leurs segments creusés
en coupe et horizontaux ; les extérieurs violets à la base, cerclés de jaune, mouchetés de taches
purpurines^ et terminés par un rouge éclatant; les 'intérieurs, plus petits, jaunes et tigrés de
pourpre; laRiGiDBLLE a fleurs dressées (Bigidello or^Aan/Aa), Plante du Mexique,
à feuilles roides, ovales lancéolées, à fleurs très-grandes, nocturnes, dont les segments externes
sont d'un rouge carmin.^, brillant, strié de lignes pourpres, à larges onglets, se rétrécissant et se
coudant brusquement pour se dilater en limbe; les segments internes allongés en lame linéaire,
jaunes à la base, orangés et ponctués de pourpre au sommet; le Vi f.usseitxia a taches
1. RKimt'DIBMIB A ORAnDRS PI.KL'R».
(Sinyr ineJkittm grandtflorum . )
2. R16IOKLLB A PLIURtf ORKSsilB.
(Rigid«Ua orthantha,)
3. ViBUSSBOXIA A TACHBS BLBUBS.
( ri>iM««uj;ia glaueopit . \
4. Sparaxis. 5. UiA.
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308 HISTOIRE DES FAMILLES.
BLEUES ( Vieusseuxia glaucopis], Plante du Cap, dont les fleurs pt^dicellées ont leurs segments
étalés en roue, les internes étroils, découpés en 3 pointes, les externes arrondis, d'un blanc pur,
ornés au centre d'une tache bleue, entourée d'un cercle brun ; les Sparaxis, à périanlhe
infundibuliforme, dont le limbe s'ouvre en étoile, d'un rouge vif, d'un violet velouté ou d'un
jaune d'or ; bs /xia, à périantlie en patère, dont tous lis segments sont égaux, et présentent les
nuances les plus vives et les plus variées; enfin la Gélasi ne a fleurs azv ut es {Gelastne
azurea) (PI. IV), originaire de l'Amérique méridionale, à périaiilhe dont les segments sont
lancéolés, rapprochés en tube large, et à peine élalés au sommet ; leur limbe est d'un bleu d'azur,
marqué inférieurement d'une tache blanche cerclée de points noirs.
Famille CCLXï*. — TACCACÉES. — Herbes de la zone tropicale, vivaces, à tuber-
cule farineux, à feuilles toutes radicales. Périanlhe pétaloïde, à tube adhérent à l'ovaire, à
limbe bisérié. Etamines 6, à filets péialoîdes. Ovaire uniloculaire, à placentaires pariétaux,
pluriovulés. Baies à graines albuminées.
Famille CCLXII* — DIOSCORÉES. — Heibes vivaces ou sous-arbrisseaux volu- j
biles, à tubercule radical charnu, farineux; feuilles palminerviées, à veines en réseau; fleurs ;
dioîques. petites, en grappe ou en épi axillairc. Périanthe herbacé ou presque pétaloïde, à tube |
adhérent à l'ovaire, à limbe 6-fide, bisérié. Etamines G. Ovaire à 3 loges 1-2-ovulées. Fruit j
capsulairc ou bacciforme, à graines albuminées. j
Les Dioscorées sont voisines des Smilacinées, des Taccacées, et même des Aristolochiées; elles i
habitent principalement les régions tropicales et extropicales de l'hémisphère sud. — L'I g n a m e i
MAIN (Dioscorea sativa) , l'I. ailé (Z>. alata) sont cultivés dans toute la zone intertropicale; |
les indigènes de l'Océanie se nourrissent de leurs tubercules, qui pèsent quelquefois plus de ,
30 livres. Le Ta minier [Tamits communis] est indigène; sa racine est acre et amère; on
l'employait autrefois à cause de son action purgative et diurétique, comme antiarthritîque, et
vulnéraire dans les cas de contusion; de là son nom populaire de racine aux femmes battues.
Ses jeunes pousses se mangent comme les Asperges, mais si leur cuisson est incomplète, elles
purgent violemment.
Famille CCLXïIK — MÉLANÏHACÉES ov COLCHICACÉES. — Herbes à
rhizome bulbeux (Colchique), ou pourvu seulement de fibres radicales charnues ( Vérairé) ;
feuilles radicales ou alternes, sessiles, amplexicaules. Périanthe pétaloïde à 6 segments libres
ou cohérents, bisériés, à préfloraison valvaire. Elamines 6 ou 9. insérées à la gorge ou à la base
du périanthe , à anthères dorsitixesct versatiles. Carpelles 3, plus ou moins cohérents en ovaire
à 3 loges pluriovulées ; styles 3, stigmfitifères sur leur face interne^ Fruit capsulaire, quelque-
fois formint supérieurement des follicules ; déliiscence septicide. Graines albuminées.
Cette Famille^ voisine des Liliacées et des Joncées, est représentée dans presque toutes les-
conirées du globe. Les Mélanthacées sont des Plantes acres, violemment purgatives etémétiques;
leurs propriétés sont dues à des alcaloïdes (F^ra^rme, Colchicine, SabadillinéV, qui résident dans
toutes les parties. Le Colchique d'automne [Colchicum autumnale) (P\. XXX), dont la
racine et les semences sont employées en médecine, est commun dans les pâturages de TEurope,
sa fleur part du collet de la Plante, sans être accompagnée par des feuilles, et se compose d'un pé-
rianthe à tube très-allongé, terminé par un limbe à six segments d'un rose de chair, qui s'épa-
nouissent à l'automne ; au printemps suivant, les feuilles se développent, et les fruits paraissent
au milieu d'elles. La racine du Vératre blanc (Veratrum album), était Vellébore des an-
ciens; cette Plante croît dans les Alpes et dans l'Europe méridionale. La Cévadille ( F. &ab-
badilla) croît au Mexique; c'est la graine qu'on emploie en médecine.
Famille CCLXIV». — SMILACINÊES. — Htrbes ou sous- arbrisseaux vivaces, à
rizbome rampant. Feuilles alternes ou verticillées, quelquefois réduites à des écailles membra-
neuses (Fragon). Fleurs quelquefois diclines. Périanthe pétaloïde, à 6 ou à 4-8 segments bisé-
riés, libres ou cohérents. Etamines égales en nombre aux segments du périanthe, insérées à leur
base ou sur le réceptacle. Ovaire libre, à 3 ou 4-8 loges pauciovulées. Fruit bacciforme, à
semences globuleuses, pourvues d'un albumen dense.
Les Smilacinées habitent principalemenl les régions extratropicales du nouveau continent.
Elles fournissent à la médecine et à l'horticulture des Espèces intéressantes. — Les Smilax,
genre type, sont des Plantes ligneuses volubiles, à feuilles cordiformes; deux Espèces exotiques
.«'ont à citer : l'une est la S qui ne (Smilax china), du Japon et de la Chine; l'autre est la
Salsepareille (S, sarsaparilla), du Mexique; leur racine est émineniiment sudorifique, et
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SMILAGINÉES. 369
employée comme telle dans les maladies où il faut purifier la masse du sang. — Les F ragons
[Buscus), sont des arbrisseaux toujours verts, à fleurs dioïaues, naissant sur des lames vertes ,
coriaces, termindes par une pointe piquante, et qu'on prendrait pour des feuilles , mais qui ne
sont que des rameaux aplatis, situés à Faisselle de petites écailles membraneuses : celles-ci
représentent les feuilles par leur position; mais les lames vertes qui portent les fleurs doivent
être considérées comme les véritables feuilles au point de vue physiologique. La racine do notre
PETIT Houx {Ruscus acul eatîis) y d' une stkweur sucrée^ âcreetamère, est employée commediuréli-
que. — Les Convallaria et les Polygonatum sont à la fois des Plantes utiles et des Plantes d'agré-
ment. Le Sceau de Salomon (Polygonatum vulgare) à un rhizome dont les nodosités ont
la figure d'un cachet, et lui ont valu son nom vulgaire; elle croît dans les bois , et on la cultive
dans l&s jardins, ainsi que le Muguet (Convallaria maialis) , nommé vulgairement Lis des
vallées^ dont les fleurs blanches, en godet, exhalent une odeur des plus suaves. — Le
Lapageria a fleurs roses (Zoca^ena rosea) (PI. XI) , Espèce annexée à la Famille des
Smilacinées, est un arbrisseau du Chili, à tige volubile, à feuilles alternes, ovales , lancéolées;
pédoncule est axillaire et uniflore; le périanlhe est campanule, de couleur rose ; l'ovaire est
uniloculaire, à placentaires pariétaux ; le fruit est une baie volumineuse, d'une saveur douce et
d'un parfum délicieux. Cette Espèce a été dédiée à Joséphine de La Pagerie, femme de Napo-»
léon, protectrice de la Botanique, et surtout de l'horticulture.
Famille CCLXV". — LILIACÉES.
CARACTÈRE. — Périamhç pétaloide à six divisions bisériées^ peu dissemblables^
libres ou cohérentes. Et aminés 6, hypogynes ouperigynes. Oy AIRE à 3 loges. Fruit capsu-
laire ou bacciforme. PLANTUiE droite dans un albumen charnu.
Plantes ordinairement herbacées ou vi^
vaces, à souche ordinairement bulbeuse^
quelquefois rampante. Feuilles radicales ou
caulinaires, à nervures parallèles. Flçurs
quelquefois diclines, terminales, disposées
en épi, ou en grappe, ou en ombelle, ou
en tète, ou en fascicule, ou solitaires.
Les LiUacées se trouvent répandues dans
toute la terre, et abondent surtout dans les
régions tempérées et subtropicales de Fan-
cien continent; elles sont bannies de la
zone glaciale. — La médecine et l'art cu-r
linaire trouvent dans cette Famille quelques
Espèces utiles; ce sont principalement la
S cil le, VAlocs, les nombreuses Espèces
d'Ail, le LiSy V Asperge et le Dragonnier,
— La Se 1 L L E (Scilla maritima) croît sur
les rivages de TOcéan ; les écailles de son
bulbe, qui est très-volumineux, contiennent
un principe lixe, très-amer, et un principe
volatil, acre et corrosif, qui se dissipe par
la dessiccation. On emploie laScille, en mé-
decine, comme diurétique, pour favoriser
i.lisNanciw. 3. Lis blboant. Toxpectoration, et quelquefois pour déter^
[Lilium Te»taeeum.) {^Liltum $peoioium.) ^ '^ ai* xj
2. mbtiio:«ioc8 DB lbopold. 4. cuMinoiB a trois TACHES. miner le vomissement. Les A/oes sont des
(MeiHon,ca L.opoldi.) iCufmnçia tHmaoulata.) pj^^^^^ ^^. ^^^^^^^^ ^J^^S ICS régionS
chaudes des deux continents; leurs feuilles grasses, fermes, à bords dentés et piquants,
fournissent, par incision ou par expression, un suc d'une excessive amertume. On l'extrait
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370 HISTOIRE DES FAMILLES.
surtout deTALoÈs succotkin [Atoe Soccotrina), croissant en Arabie et kSoccotora, Ge
suc, soluble dans Teau bouillante et dans l'alcool, possède des propriétés énergiques; ^ petite
dose, il active les fonctions de Testooiac, et purge doucement; à haute dose, il est drastique,
emménagogue, et porte spécialement son action sur le gros intestin, ainsi que sur les autres
organes situés dans le bassin. L'Aloès est la base de ces pilules argentées ou dorées, nommées
grains de santé, que l'on prend avant le repas pour stimuler l'organe digestif.
Le Genre Ail [Allium) a pour inflorescence une ombelle enveloppée d'une spathe; dans
quelques Espèces, on trouve de petits bidbilles au milieu des fleurs. L'Oc non (Allium Cepa)^
à bulbe volumineux, à feuilles cylindriques flstuleuses; la Civette (A. schœnopraswn), à
feuilles gazonnantes ; TEghalotte (A. ascalonicum), à bulbe multiple; le Poibbav (A.
porrum)j à bulbe allongé; la Roc aubolle (A. scorodoprasum) à tige contournée en spirale
avant la floraison, et à ombelle bulbifère; ces diverses Espèces sont culinaires; elles exhalent,
lorsqu'on les froisse ou qu'on les divise^ une odeur désagréable et souvent irritante; mais, de
tous les Aulx, le plus fétide est sans contredit l'A i l c u lt i v é (A . sativum). Cette Espèce con-
tient dans sa tige, dans ses feuilles, et surtout dans son bulbe, composé de plusieurs cayeux, une
huile volatile sulfurée, acre et caustique^ à laquelle elle doit les propriétés stimulantes qui la font
rechercher comme condiment, surtout dans le midi de l'Europe ; cependant tous les estomacs
ne sont pas également disposés à le digérer; il en est qui s'y refusent avec indignation : lors-
que ce cas fâcheux arrive, le soufre, Thydrogène, l'azote et l'acide carbonique, éléments fbumis
par TAil ou par l'estomac lui-même, et combinés 2 à 2, ou 3 à 3, dans ce vivant laboratoire,
s'en dégagent sans cesse^ et enveloppent le coupable d'une vapeur éminemment anti sociale.
Il y a dans Horace une imprécation hyperbolique, exprimant l'horreur qu'inspirait l'ail
au poète romain, qui en avait avalé par mégarde en soupant chez Mécène : a S'il est un
homme qui de ses mains impies serra jadis le gosier de son vieux père, que celui-là soit con-
damné à manger l'Ail, plus vénéneux que toutes les Ciguës. 0 moissonneurs, que vos entrailles
sont dures I Quel est donc ce poison qui dévore les miennes! »
Parentis olim si quis impià manu
Senile guttur fregerit^
Edai cieutis allium nocentius^
0 dura messorum ilia !
Quid hoc veneni scBvit in prœcordiis ?
Alphonse^ roi de Castille, fonda, dans le quatrième siècle, un Ordre de chevalerie, dont les
statuts interdisaient l'Ail à ceux qui en faisaient partie; les délinquants étaient exilés de la
cour pour un mois. — On emploie l'Ail en médecine comme vermifuge^ et il entre dans la
composition d'une liqueur pharmaceutique^ préparée avec du vinaigre, des aromates, du
camphre, à laquelle on a donné le nom de Vinaigre des quatre voleurs parce que quatre scé-
lérats qui exerçaient leur brigandage dans la ville de Marseille, désolée par la peste, se préser-
vèrent du fléau, en faisant usage de cette liqueur.
Le Lis (Lilium candidum), dont les fleurs éblouissantes, mais éphémères, ornent les jardins
après le solstice d'été , est aussi quelquefois usité dans la médecine domestique : ses b«dbes,
cuits sous la cendre, sont appliqués en cataplasmes émollients. — l'AsPEacE {Asparagus
officinalis), qui se distingue des autres Liliacées par ses fleurs diolques, son fruit charnu, ses
rameaux flliformes et ses feuilles, réduites à l'état d'écaillés membraneuses, est cultivée à
cause de ses jeunes pousses, dont le parenchyme, soumis à la cuisson, fournit un mets très-
délicat; leur propriété diurétique est connue de tout le monde; cette propriété existe aussi
dans la racine.
Quant aux Liliacées cultivées pour l'ornement des jardins, les bornes de cet ouvrage ne
permettent pas de les décrire ; nous mentionnerons seulement les principaux Genres : ce sont
les Tulipes (Ttdipa), à pédoncule uniflore, à périanthe campanule, à stigmate sessile; les
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DfiAGOSIHn DE L'OROTAVA. Dracœna draco. {^vk il m: lîi P. ¥.<iK
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LILIACÉES. 371
FuiTiLLAiRKs {F*ritillaria)j à feuilles verticillées, à fleurs penchées, dont chaque sépale est
creusé à la base d'une glande nectarifère; les L i s (Liliitm), à périanthe eampaniforme, dont
les segments sont cohérents à leur base et arqués en dehors : tels sont le l.is nankin
(L. t€staceum)y à fleurs penchées, de couleur nankin dair à reflets roses ^ à segments
retroussés, presque lisses intérieurement, et beaucoup plus longs cpie les étamines; le
L. ELEGANT (L spectosum) , du Japon , à fleurs couchées, lavées de rose sur un fond blanc,
dont les segments internes sont couverts de papilles rouges; le Calochoute brillant
{Caloehortus spiendens) (PL XXV), Plante de la Californie, portant 3-5 fleurs, à segments
munis au-dessus de leur base d'une fossette nectarifère , les intérieurs barbus, d'un beau lilas
violacé, ornés intérieurement de deux taches pourpres; la Méthonique de Léopold
(MethonicaLeopoldi), Plante de l'Afrique occidentale, grimpante, à feuilles longuement acu-
minée en vrille, à fleurs grandes, renversées, dont les segments ondulés et allongés en queue
à leur extrémité, d'abord jaunes, puis marbrés et stWés de rouge , se relèvent et se rap-
prochent les uns des autres; le Pkormium tmax, herbe de la Nouvelle-Zélande, à racine
tubéreuse, à feuilles distiques, coriaces^ dont les fibres constituent un El, le plus tenace de
tous après la soie ; VAgapantkus, du Gap, qui porte une ombelle de nombreuses fleurs bleues;
la Tubéreuse {Polianthes tuberosa), Espèce intertropicale, à souche tubéreuse^bulbeuse, à
fleurs «n épi, de couleur blanche rosée» et d'odeur pénétrante ; les Muscari, à périanthe glo-
buleux, à fleurs en grappe, dont les supérieures sont stériles ; Ic^Jacintues ( Byaeinthus) ,
à périanthe campaniforme, et recourbé en dehors; les EucomiSy du Gap, dont la grappe est
couronnée par un bouquet de feuilles; les Se il les (Sciila), à périanthe profondément divisé
etrotacé;les Ornithogalbs (Ornithogalum), dont une Espèce indigène, nommée Dame
d'onze heures, ouvre son périanthe à onze heures du matin; les Asphodèles {Asphodehts) ,
à racine fibreuse, à fleurs en grappe, blanches, dont le périanthe est polysépale; les Héilé-
rocallbs [Hemerocallis)^ à racine tubéro-fibreuse , à hampe ramifiée, à fleurs jaunes, qui
durent un jour.
A la limite extrême des Liliacées, qui presque tontes sont des herbes, et près de l'humble
Asperge aux rameaux filiformes , vient se placer le monstrueux Dragonnier, de l'Inde orientale
et des îles Ganaries. Le Genre Dracœna est caractérisé par son périanthe profondément divisé,
à Segments courbés en dehors, par ses étamines à filets épaissis dans leur milieu, et insérés au
fond du périanthe, et par sa baie sillonnée, à 3 loges ne contenant qu'une graine. Sa tige , de
consistance molle, laisse exsuder, dans les grandes chaleurs, un suc résineux rouge, qui est
le vrai sang^dragon des ofGcines ; ses rameaux, qui vont en se bifurquant, sont couronnés à
leur sommet par des touff'es de feuilles en forme de glaive^ épineuses à leur extrémité; et les
fleurs forment des grappes rameuses, terminales.
G'est surtout le Dragonnier HOrotava^ que les voyageurs vont admirer à Ténériffe. Son tronc
creusé par le temp^jusqu'àTorigine des premtèresbranclMS,s'é1èveàuneha«teiiir de 72piedfi,
et dix hommes se tenant par la main peuvent à peine embrasser sa circonférence. — Lorsque
l'ile deTéBérifle fat découverte, en 1&02, la tradition rapforte qu'il était déjà aussi gros qu'au-
jourd'hui : c« qui vient confirmer cette tradition , e^est la lenteur avec laqueUe croissent les
jeunes Drs^onniers qui vivent aux Ganaries, et dont Tâgc est exadiemen^ connu. Gette com-
paraison donne lieu à des calculs qui confondent l'imagination, et dont les plus modestes ne
permettent pas de douter que le Dragonnier d'Oratava ne soit le plus vieux des végétaux dis-
pensés sur la surfoee de la terre.
Le tronc de ce colosse, qui a précédé peut-éire la création de l'Homme, et sur lequel ont
glissé quatre siècles sans y laisser la trace de leur passage , résiste inébranlable à Fétemeï
assaut du vent alizé supérieur, qui s'abat sur le globe à la hauteur des iles Ganaries pour aller
remplacer aux pôles l'alise du nord-est^ et si quelquefois les branches les plus élevé^ sont
brisées par la tempête venue de l'équateur, k tronc continue de végéter avec une vigueur
inépuisable pour en former de nouvelles.
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372 HISTOIRE DES FAMILLES.
.Famille CCLXVI. — GILLIÉSIÉES. — Groupe de deux Genres du Chili, voisin des
Asphodèles^ et s'en distinguant par leur involucre dounle et leur périanthc trimère.
Famille CCLX VII«. — PONTÉDÉRACÈES. — Herbes vivaces à rhizome rampant,
aquatiques; feuilles radicales, cngaînanlcs; fleurs sortant d'une spathe ou d*iine fente du petiote.
Périanthe pélalolde, 6-partit. Etamines 6 ou 3, périgynes. Ovaire libre, à 3 loges. Capsule locu-
licidc. Albumen farineux. La Ponlederia cordatade la Virginie, à feuilles en cœur, à fleurs
bleues en épi, est cultivé dans les bassins des jardins d'Europe.
Famille CCLXVIIIv — JONCÉES. — Périanthe à 6 segments écailleux ou subpéU-
loïdes. Etamines 6, insérées à la base des sépales. Ovaire à trois loges, quelquefois incomplètes ;
ovules dres>és, réfléchis; capsule loculicide ou septifraj^e. Planluîe à la base d'un albumen
charnu. — Tige herbacée, feuilles alternes engainantes ; fleurs bractéolées. — Les Joncées,
dont le Jonc est le Genre type, habitent principalement les régions tempérées et fraîches, ou
même froides, de l'hémisphère boréal. La Calectasie a fleurs bleues {Calectasia
cyanea) (PI. XXV) est annexée à cette Famille : c'est un petit arbrisseau de la Nouvelle -
Hollande, dont la fleur est solitaire, à limbe d'un bleu d'azur, à 6 divisions étalées en patère.
Famille GCLXIX». — COMMÉLYN ÉES. — Périanthe double, Pext^îrieur à 3 sé-
pales, herbacés ; l'intérieur à 3 pétales libres. Etamines 6, hypogynes, quelquefois en partie
stériles. Ovaire à 3 loges pauciovulées. Capsule loculicide ou baie. Plantule autitrope, al-
buminée. — Tige herbacée à feuilles alternes, engainantes ; fleurs protégées par des bractées.
Ces Plantes habitent surtout la zone tropicale. On cultive en Europe les Commélynes
(Commeh/na), h fleurs fasciculées, involucrées, de couleur blanche ou bleue ; les Ephémé-
RiNBS (Tradescantia) (PI. XXVIII), qui diffèrent des Commélynées parleurs fleurs en grappe
ou en ombelle, leurs pétales sessiles, et leurs etamines à fllets barbus.
Famille CCLXX*. — XYRIDÉES. — Herbes exotiques, marécageuses, vivaces, à
feuilles radicale», engainantes ; fleurs en capitule, à bractées imbriquées. Périanthe double,
l'extérieur composé de trois pièces écai lieu ses; rinlérieurpétaloîde, tubuleux ou en patère. Eta-
mines 6, dont 3 stériles, insérées sur le tube du périanthe. Fruit capsulaire. Plantule antitrope,
albuminée.
Famille CCLXXK — ÉRIOCAU LONÉES. — Plantes exotiques, marécageuses,
vivaces, à fleurs linéaires, demi-engainantes, radicales ou alternes. Fleurs monoïques ou dioî-
ques. Périanthe double, Textérieur à 2-3 sépales, l'intérieur tubuleux, tri fl de. Etamines k ou 6,
inséréessur le périante. Ovaire à 2-3 loges uniovulées. Capsule loculicide. — Plantule antitrope,
albuminée.
Famille CCLXXIK— RESTIACÉES — Périanthe écailleux, calyciforme, bisérié.
Etamines 2-3. Ovaire à 2-3 loges uniovulées. Capsule loculicide, ou noix indéhiscente. Plantule
antitrope, albuminée. — Plantes de l'hémisphère austral, à souche rampante; feuilles radicales
eu alternes, à gaine fendue d'un côté.
Famille CCLXXIIK—CENTROLÉPIDÉES. — Herbes de la Nouvelle-Hollande,
petites, à racine tibreuse, à chaume filiforme, à feuilles radicales, se tacées^ engainantes. Fleurs
en épillets distiques. Périanthe écailleux, à 1 ou 2 écailles. Etamine unique. Ovaire 1, ou plu-
sieurs uniovulés. Fruit utriculaire. Plantule antitrope, albuminée.
Famille GCLXXIV». — CYPÉRACÉES.— Plantes herbacées à rhizome ordinairement
vivace. Tige anguleuse à nœuds resserrés ou nuls. Feuilles alternes, naissant des nœuds, et che-
vauchant les unes sur les autres. Pétiole en gaine close, souvent sans limbe; limbe linéaire.
Fleurs souvent diclines, pourvues chacune d'une bractée scaricuse, nommée glume, et disposé^^s
en épis. Périanthe tantôt nul (Souchet)^ tantôt constitué, ou par des soies [Scirpe^ Linaigretie),
ou par deux écailles soudées en urcéole [Carex). Etamines trois, rarement deux; hvpogynes, à
anthères basifixes. Ovaire à ovule unique, dressé, réfléchi. Style divisé en trois ou deux bran-
ches stigmatifères. Akène à plantule minime, incluse dans un albumen farineux ou charnu.
Cette Famille ne diffère des Graminées que par la situation de sa plantule et son chaume an
guleux, à nœuds resserrés ou nuls. Elle est répandue par toute la terre. Elle présente peu d'in-
térêt sous le rapport des services qu'elle rend à l'homme. Le rhizome des Carex était recom-
mandé autrefois comme sudoriflque. Le C. des sables (C arenaria) croît dans les sables
maritimes du nord de l'Europe. Ses longues souches rampantes contribuent à fixer le sol des
dunes, et à consolider les digues de la Hollande. Le Souchet long [Cyperus longus) et le
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/M VSAGE UlNDUl
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CYPÉRACÉES. 373
S. EOND (C. rotundus) ont un rhizome odorant, usité en médecine comme stimulant. Le
SoucHBT A PAPIER (C. papyrus) croît dans les marais de l'Egypte et de la Sicile; sa lige
est triangulaire, haute de 6 pieds, sans feuilles; ses épis sont disposés en ombelle vaste et élé-
gante* Les fibres parallèles de la lige serviiient autrefois à fabriquer du papier. Les anciens la
coupaient en tranches longitudinales, qu'ils plaçaient en croix, les unes sur les autres; ils les
pressaient, les battaient, les aplatissaient, et le feuillet formé était ensuite lissé avec Tivoire.
Le papier de Chine, sur lequel on imprime les gravures de prix» se f brique, môme en Eu-
rope, avec les fibres des Cypéraeées. LeSoucHET comestible {Cyperus esculentus) qui
croît dans TEurope méridionale, contient dans les tubercules de son rhizome de la fécule, du
sucre et une huile fixe d'un goût agréable.
Famille CCLXXV». —GRAMINÉES.— Plantes généralement herbacées, à rhizome
raccourci, ou allongé et rampant. Tige cylindrique, creuse, à nœuds renflés. Feuilles naissant
des nœuds, alternes, distiques; pétiole eu gaine fendue, embrassant la tige; limbe linéaire, à
nervures parallèles ; ligule à la limite du pétiole et du limbe. Fleurs rarement diclines, dis-
posées en petits épis distiques à l'extrémité des rameaux. Epillets ses>iles, formant un épi, ou
pédoncules, formant une panicule, involuci'és par deux bractées écililleu^es nommées glumes,
opposées presque de niveau, Tune externe, Tautre interne. Epillets uniflores ou pluriflores,
contenant quelquefois des fleurs stériles ; fleurs pourvues chacune de deux bractées nommées
glumelles ou balles^ dont une inférieure et externe, plus grande, carénée, emboîtant l'interne.
Périanthe ordinairement nul, ou con-
stitué par un verticille de 2-5 écailles
charnues, hypogynes, nommées glu*-
melluies. Etamines hypogynes, ordinai-
rement 3, quelquefois 6, à fliets capil-
laires, à anthères domfixes. Ovaire
uniovulé, à 2-3 styles, à stigmates
plumeux. Caryopse. Plantule minime,
située à la base externe d'un albumen
farineux.
AFFINITÉ.— Les Graminées ont
une physionomie qui les fait distinguer
sans peine de toutes les autres Familles.
La simplicité de leur structure leur as-
signe un rang inférieur parmi les mo-
nocotylédones. Elles i^ont voisines des
Gypéracées , dont elles diffèrent par
leur chaume non anguleux, à nœuds
saillants, leurs feuilles à gaine fendue
et ligulée, leur ovule pariétal , leur
graine adhérente au péricarpe, et leur
plantule superficielle. Les Roseaux ar-
borescents rapprochent les Graminées
des Palmiers.
GÉOGRAPHIE. — Cette nom-
breuse Famille fournit à nos troupeaux
leur pâturage, et à Thorame les Céréales,
Elle n'est exclue d'aucune contrée du
Cawwb a >ccr> globe ; elle abonde surtout dans les ré-
(saeohirum o0Mnarum.) gions tempérées do rhémisphère boréal.
Vers Téquateur, le nombre des indivi-
dus diminue, mais celui des Espèces augmente ; leur tige devient ligneuse, leurs feuilles s'élar-
ffissent, et cette végétation luxuriante rend souvent imparfait le développement des organes de
la reproduction. On ne peut asseoir aucune certitude sur la patrie des Céréales. L'Avoine et
VOrge sont cultivés surtout dans le Nord ; le Seigle et le Froment dans des climats tempérés ;
le Meus en Amérique, et le Riz en Asie. Ces six Espèces nourrissent de leurs semences la plus
grande partie du genre humain.
L'analogie de leur composition chimique, non moins que celle de leurs caractères extérieurs,
montre leur affinité, et en fait des Plantes essentiellement nutritives. Les parties herbacées
contiennent de la silice, de la chaux phosphatée, de l'albumine, du sucre et des principes mu-
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37/^ HISTOIRE DES FAMILLES.
cilagineux. Les graines renferment en abondance de Tamidon et du gluten, une certaine quan-
tité de sucre, qui augmente à Tépoquede la germination, un peu d'huile fixe, et divers sels.
Il en est peu qui fassent exception. L'Ivraie bnivrantb (Lolitnn temulentum), grameo
suspect aux gens de la campagne, contient en effet un principe narcotique [Loliiné). Les A/b-
linia nuisent aux chevaux; le Pigonil {Feshica quadridentata), qui croît en abondance au
Pérou, est, dit-on, très vénéneux, et mortel pour le bétail. Nos troupeaux ne touchent pas aux
Calamagrostis, dont l'herbe est sans suc; et lorsque, pressés par la faim ils les ont broutés,
leur œsophage et leurs intestins sont mécaniquement lésés par ce fourrage siliceux. Le rhizome
de quelques Brrnnm est purgatif.
La Flouvb {Anthoxanihum odoratum)^ dont les racines contiennent de Tacide benzoïque,
donne au foin de nos prairies Todeur balsamique qu'il répand lorsqu'on le fait sécher, l'arcni
les Graminées officinales, se place en premi<>re ligne le Chiendent {Triticum repens)^ oui
crott dans les lieux cultivés de toute TEurope, et dont le rhizome indestructible infeste les
jardins. Celui du Chiendent pied de poule (Cynodon dactylon)^ et de plusieurs autres
espèces, est employé, ainsi que le précodent, en tisane émolliente et apéritive. La semence de
TOrge [Hordeum vulgare et H, distichum)^ privée de ses téguments (Orge mandé), e»t aussi
très-usilée en médt^cine. Ce qu'on nomme malt est la graine de TOrge qui a subi un commen-
cement de germination, et dont la fécule s'est convertie en sucre ; ce malt, séché rapi lement et
broyé, est la base de la bière.
La Canne a Sucre {Sacchûrum officinarum] est originaire des Indes orientale.^. Vers la
fin du treizième siècle, elle fut portée de l'Inde en Arabie, puis en Egypte, dans rA>ie-Mincnre
et les Etats barbaresques. En 1506, elle fut introduite à Saint-Domingue, d'où elle sVst
répandue dans toute I Amérique tropicale. C'est dans la partie inférieure de son chaume que
se trouve le sucre en plus grande quantité. On le coupe, on Técrase ; la sève qui en découle est
épaissie au feu, et dépose par refroidissement la Cassonnade. Ce sucre, grossièrement cristal-
lisé, est ensuite raffiné au moyen du charbon animal, qui s'empare des principes colorant, et
de Talbumine, qui enveloppe, en se coagulant, les matières insolubles mêlées à la (^ssonnade.
Les Bambous sont des Graminées arborescentes dont le chaume ligneux s'élève à plus de
soixante pieds ; leurs épis verticiilés se ramifient en grandes panicules; les fleurs présentent
dans leur structure une symétrie numérique fort remarquable : le périanthe interne <c compose
de 3 dumellules enlièreâ et ciliées, et Tandrocée, de 6 étamines bisériées. De leur tige flexible
et solide on fait des cannes, qui se vendent en Europe. Les jeunes pousses renferment une
moelle sucrée qui entre dans la composition d'un assaisonnement indien, nommé atchar, le-
2uel consiste en fruits verts de beaucoup d'Espèces, confits dans le vinaigre avec le^î aromates
u pays.
La Canne de Provence (Arundo donax) croît dans le Midi de la France. Son rhi-
zome est employé comme diurétique et sudorifique, pour arrêter la .«écrétion laiteuse chez les
femmes en couche. Les Andropogons ont des racines aromatiques» usitées en médecine. I.e
Schomanthe d'Arabie, ou foin des chameaux^ provient d'un Andropogon : c'est une herbe
très-odorante, célèbre dans l'Orient pour ses propriétés stimulantes, diurétiques et diaphoré-
tiques. Le Vétiver est la racine fibreuse de V Andropogon mur icatus^ Plante de l'Inde, qui sert
à préserver des insectes les étofl*es et les vêtements.
Le Froment {Triticum sativum) est la première des Céréales ; la graine contient plus de
gluten que celle de toutes les autres; celle du S e i g l e (À^co/^ céréale) contient plus de
gomme ; celle de l'orge est pauvre en gluten : aussi est-elle de difficile digestion. Viennent
ensuite Vkyo\s^(Avena saliva), le Riz (Oryza zativa), le Maïs (Mays zea). D'autres cé-
réales de second ordre appartiennent plus particulièrement à certains pays ; le Mfllbt {Pa-
lium miliaceum), le Sorgho {Holcus Balepensis), sont cultivés dans le midi de l'Europe;
VEleusine caracana, dans l'Inde; le Boujera [Penicillaria spicata), en Asie; le Patcrin
d'Abyssinie (Poa Abyssinica), dans l'Afrique tropicale.
Les Graminées, dont la couleur est uniforme, dont la structure est simple et la physionomie
modeste, les Graminées, qui vivent partout et de peu, qui sont tributaires de tous les animaux
herbivores, et représentent la tourbe menue de la Nation des Végétaux, devaient être néces-
sairement rangées par Linné dans les classes inférieures de la Société. Voici comm»*nt le natu-
raliste-poète caractérise cette famille dans sa phrase latine*, que nous traduisons littéralement.
Il n'y a pas un mot qui ne renferme une allusion piquante : <c Les Gramens, plébéiens,
(c campagnards, pauvres, gens de chaume, communs, simples, vivaces, constituent la force et
« la puissance du Royaume végétal, et se multiplient d'autant plus qu'on les maltraite davao-
« tage et qu'on les foule aux pieds. » — c(Graiiina plebeii, rustici, pauperes, culmacei,
a simpiicissimi, vivacissimiy Regni vegetabilis vim et robur constituentes, qm que magis
<( mulcfati et calcatiy magis multiplicativi. »
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GRAMINÉES. 375
Ces idées ont été paraphrasées dans un Poème inédit sur les Graminées, dont voici les pre-
miers vers :
Famille bienfaisante, aimables Graminées,
De vos modestes fleurs les humbles hy menées •
Devraient être bénis par tout le Genre humain.
Car c'est à leurs amours que THomme doit son pain.
Linné, qui connut tout et qui sut tout décrire ,
Linné, législateur du végétal Empire ,
Vous classa dans les rangs des obscurs plébéiens ;
Oui, vous êtes le Peuple, utiles citoyens :
Comme lui de TEtat vous fondez la richesse,
Comme lui, vos enfants, sous le pied qui les presse,
Poussent avec vigueur de nombreux rejetons.
Qui, toujours opprimés^ renaissent plus féconds.
Famille CCLXXVI». — PALMIERS. — Arbres à tige élancée, simple et cylindrique,
couronné au sommet par une touffe de feuilles dont les plus inférieures se détruisent chaque
année, et sont remplacées par celles qui sortent du bourgeon terminal. — Feuilles a'ternes, à
S étiole engainant^ à limbe pennilobé ou palmilobé; feuilles ordinairement monoïques ou
ioïques, formant un épi rameux (régime), protégé par une spathe. — Périanlhe à 6 divisions
bisériées, les extérieures calycoïdes, les intérieures pélaloîdes. Etamines ordinairement 6, in-
sérées sur le réceptacle ou à la base du périanthe. Carpelles 3, libres ou soudés en un ovaire
à 3 loges, dont 2 avortent ordinairement (Cocotier); ovule solitaire dressé ; stylo indivis à
3 stigmates. Fruitsbacci formes ou drupacés ; mésocarpe charnu (Dattie?-) ou fibreux [Cocotier) ;
endocarpe papyracé, ou fibreux, ou ligneux, ou pierreux. Graines à lesta soudé avec Tendo-
carpe; plantule petite, occupant une fossette latérale, creusée dans un albumen abondant, d'a-
bord laiteux, puis se condensant, et devenant cartilagineux ou corné et ordinairement ruminé.
Les Palmiers habitent la zone intertropicale; ils sont le plus bel ornement de la féconde
Amérique, et abondent surtout dans les îles vierges de Inémisphère oriental. Leur limite
boréale est, en Asie le 34.' parallèle, et le 36" en Amérique. Transportés en Europe par les
anciens, ils y végètent jusqu'au 44' degré, mais ils fructifient rarement.
ESPÈCES PRINCIPALES. — Cette Famille est non-seulement la plus belle, mais en-
core la plus utile du Règne végétal ; elle ne le cède ni aux Graminées, ni à la Vigne, ni à
rOlivier, car elle fournit en abondance aux habitants de la zone torride du pain, du vin et de
rhuile. — La lige de plusieurs Palmiers renferme une moelle farineuse et nutritive,
et les jeunes feuilles, cachées dans leur bourgeon terminal, son^ un mets des plus délicats.
D'autres laissent couler de leur tronc une sève rafraîchissante et sucrée qui se convertit
par la fermentation en un vin très-spiritueux. Quelques Palmiers à éventail ont un suc émé-
tique qui passe pour un contre -poison efficace. La drupe d'un grand nombre d'entre eux est
revêtue d'une chair savoureuse et sucrée, quelquefois acide. La liqueur laiteuse qui s'écoule
des semences non mûres de plusieurs Espèces est un breuvage d'une délicieuse fraîcheur pour
ceux qui vivent sous le ciel brûlant des tropiques. L'huile fixe, exprimée des graines, est d'une
immense utilité ; souvent le mésocarpe lui-même est huileux.
Les Palmiers à moelle farineuse sont le Sagoutieb (Sagiis rumphia) des Indes, et les
Mauritia de l'Amérique; les Palmiers à suc vineux, les Arenga^ les Cocotiers, les Raphia^ etc.
LeD ATTiER (Phœnix dactylifera) croît dans la Perse, dans l'Inde, et surtout dans la vaste
contrée qui longe, derrière l'Atlas, nos possessions d'Afrique. C'est un arbre dioïque, do
soixante pieds, dont le bois, dur extérieurement, mais mou et facilement destructible à l'inté-
rieur, est emplové pour les constructions ; ses feuilles sont pennées ; son spadice, ou régime^
sort d'une grande spathe, et porte des fleurs staminées ou pistillées : ces dernières deviennent
des baie?, dont la graine a un testa membraneux et un albumen osseux très-dur, sillonné d'un
côté; le mésocarpe sucré est l'unique nourriture des nègres et des tribus arabes qui vivent dans
le Biledulgerid.Quand ces peuples se font la guerre, ils vont détruire les Dattiers à étamines sur
le terrain de leurs ennemis, afin de les affamer en rendant stériles les Dattiers à pistil.
Le Cocotier (Cocos nucifera) habile toute la zone torride; il aime le voisinage des mers,
comme la race neptunicnne, que son instinct maritime empêche de quitter le littoral de
rOcéan Pacifique, et qui semble y être- retenue par les bienfaits que lui prodigue le Cocotier :
rhomme trouva dans ce précieux Végétal de quoi suffire à tous ses besoins; la lige, les feuilles,
les fibres ligneuses, la graine, servent à Tabriter, à l'enivrer môme, à le vêtir, à le loger, à
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376 HISTOIRE DES FAMILLES.
Téclairer, à lo chauffer, à le transporter sur les mers, à le nourrir, à le désaltérer, et à le guérir
dans SCS maladies. La tige, dont le diamètre est à peine d*un pied et demi, s'élève, en colonne
hardie, à une hauteur de 90 pieds, et se couronne d'un chapiteau de feuilles pennées, longues
de 18 pieds. Le fruit est une drupe, du Yolume de la tète, à mésoiarpe fibreux; Tendocarpe
est osseux, percé de trois trous i sa base; la graine est presque entièrement formée d*uD albu-
men, d'abord liouide, puis charnu et ferme, qui, selon son âge, fournit une liqueur sucrée,
acidulé et rafraîchissante, ou un aliment solide et substantiel : on en retire par expression une
huile fixe, qui sert à la préparation des aliments et à l'éclairage.
Le Palmier Avoira {Fiais guineensis) , onginiiire de l'Afrique, a été transporté dans
TAsie et dans l'Amérique; il est monoïque; son fruit fournit deux espèce^s d'huile: celle du
mésocarpe est jaune, odorante, liquide sous le ciel tropicale, mais se figeant en Europe, où on
l'emploie, sous le nom d'huile de palme ^ à la fabrication des savons. — Le Calyptrocalyx es^t
un Palmier indien, à tronc cannelé, lisse, à feuilles penuiséquées, dont le pétiole se divise en
fibres sur les bords; les fleurs monoïifues sont cachées dans les excavations de l'axe du
régime, et recouvertes d'une écaille ; le fruit est une baie sèche, globuleuse. — Le Rbnti4
ELEVE (Keniia procera) est un grand arbre monoïque de l'Archipel Indien , croissant sur les
rochers; son tronc est lisse, ses feuilles penniséquées, à segments pectines et bifide:! ; ses spa-
dices sont placés au-dessous des feuilles, et couverts de fleurs incrustées dans de petites fossettes.
Le fruit est ellipsoïde et petit. — L'Arec [Areca cathecu) y arbre de l'Inde et de Ceyian,
fournit un ca^^utrès-estimé; son amande, coupée par tranches, saupoudrée de chaux, et enfer-
mt>e dans une feuille de Poivre belel, compose le masticatoire dont nous avons déjà parlé. — \jf%
Rotangs (Cû/ûwws) sont des Palmiers grêles, à tiges grimpantes, peu ou point feuillées,
montant le long des arbres, passant d'une branche à l'autre, et se prolongeant indéfiniment ;
leur longueur est quelquefois de 500 pieds On en fait des badines, des meubles treillissés, et
des cannes flexibles, luisantes, connues en Europe sous le nom de Jonc, Le Calamus draco
fournit une sorte de sang-dragan, — LeCéaoxTLON des Andes ( Ceroxylon andicola) ,
arbre du Pérou, est le plus haut de tous le^ Palmiers ; les individus ordinaires ont 120 pieds de
hauteur, mais M. de Humboldt en a vu s'élever à 180. Il produit une cire qui exsude de ses
feuilles, et surtout de la base de leurs pétioles, formant des anneaux sur la tige. — Les Corypha,
magnifiques Palmiers à fronde en éventail, sont également cérifères.
Familles CGLXXVIl* ET CGLXXVIIP.—CYCLANTHÉES ET PANDANÉES.—
Plantes tropicales, vivaces, arborescentes ou grimpantes, à feuilles alternes, imbriquées, presque
engainantes; fleurs diclines, en spadice pourvu d'une spathe. Etamines nombreuses, fruit charnu
composé de plusieurs carpelles soudés en fascicule, et paraissant multiloculaire. Graines albu-
minées. — Les Cyclanthées ont des feuilles pennées ou en éventail; et des fleurs pourvues d'un
périanlhe; les Pandanées ont des feuilles simples et des fleurs nues. — Les Baquois {Pan-
danns) ont une tige arborescente , menue, des feuilles imbriquées sur trois rangs, linéaires
lancéolées, ampicxicjiules, épineuses sur leurs bords, et des spathes colorées, d'où sortent des
fleurs, souvent très-odorantes.
Famille GGLXXIX*. — TYPHACÉES. — Herbes aquatiques, cosmopolites, à rhizome
rampant, vivace; à feuilles alternes, linéaires, engatumtes. Fleurs diclines, en épi, à périanthe
nul, ou remplacé par des soies. Fruit drupacé. Graine albuminée. — Les Massbttbs (Typha)
et les Rubans d'eau {Sparganium) habitent les eaux tranquilles de nos rivières et Je nos
étangs.
Famille CGLXXX% CGLXXXI% GGLXXXIK — ORONTIACÉES, ARACÉES,
PISTI ACÉES. Plantes vivaces généralement herbacées, à souche portant les cicatrices des
bases dilatées des pétioles. Feuilles alternes, cordiformes ou hastées,à nervures palmées ou
pédalées, ou peltée<. Hampe simple, terminée par un spadice qui naît à l'aisselle d'une spathe;
fleurs tantôt monoïques et apénanthées, tantôt stamino-pistillée et quelquefois périanthées.
Baie indéhiscente, à graines albuminées.
Ges trois Familles constituaient autrefois celle des Arotdées; leur principal Genre est celui
des Arum, dont une Espèce, le Gouet vulgaire (Arum maculatum], se trouve communé-
ment dans nos bois ; fcs feuilles sont tachetées de noir, et son spadice monoïque est terminé par
une sorte de massue ou de pompon, qui développe pendant la floraison une chaleur sensible à
la main ; son rhizome est acre et purgatif drastique. — Les Bracunculus ont leur hampe
tachetée de noir comme la peau d'un serpent. On en cultive plusieurs Espèces : telle est le
Dragon NET a longs poils (DracunciUus crinitus), Plante méditerranéenne, qui exhale des
miasmes cadavéreux ; les mouches attirées par cette odeur s'engagent dans la spathe , roulée en
cornet, mais elles no peuvent plus en sortir, parce que Porifice du cornet est garni de poils
roidcs, inclinés, qui ont permis à l'insecte d'entrer, et s'opposent à sa sortie.
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ORONTIACÉES, ARACÉES ET PISTI ÂGÉES. 877
Les Caladiam ont une spalhe roulée en cornet, cylindrique ; les feuilles sont presque pellées et
en flèche. Celle du Galadium
A DBux COULEURS (C.bicolor)
(PI. XXVUI) ont leur limbe
d'un rouge vif au milieu, et d'un
beau vert à la circonférence. Le
rhizome de cette Plante est ali-
mentaire, ainsi que celui du C.
escidentum, ou Chou caraïbe^ dont
on mange aussi les feuilles. —
La CoLOCASE {Colocasia anti-
quorum), originaire de Tlnde,
est cultivée en Egypte, comme
plante alibile, depuis les temps
|)lus reculés.
Famille GCLXXXIIK —
LEMN ÂGÉES. --Plantes pe-
tites, connues sous le nom de
Lentilles d'eau, flottant à la
surface des eaux stagnantes,
submergées pendant i'hiver. Tige
DBAG0N5IT A L0JÏ08 POILS. L U ^ Ji J' i* ll«
[Dfaountuiuê crinitM.) herbacée , composée q articles
aplatis, figurant des feuilles discoidales, unies latéralement Tune à
Tautre; face inférieure de la tige, spongieuse, émettant de son centre
des fibrilles radicales terminées par une spongiole. Fleurs monoïques ;
spathc bivalve, renfermant 2 étamines et un ovaire uniloculaire à 1-4
ovules. Graines à albumen farineux.
Famille CCLXXXIV — HYDROGH ARIDÉES. — Plantes
habitant les eaux tranquilles dans les régions tempérées des deux hé-
misphères. Fleurs ordinairement dioîques, incluses dans une spathe.
Périanthe double, bisérié. Etamines 6 ou nombreuses. Ovaire à 1, ou 6,
ou 9 loges; ovules réfléchis. Graine sans albumen. „,,„. ^, ,.,,. «.«..,.
La Mo R RENE {Hydrocharis morsus ramœ), ou petit Dfenupnar, {raïuêntria spifUê.)
était employée autrefois comme émolliente avec le Nymphœa.
La Vullisnérie spirale est une espèce dioïque, submergée^ croissant dans les eaux
stagnantes du midi de TEurope; la fleur pistillée est portée sur un long pédoncule roulé en
spirale; les fleurs staminées, placées dans son voisinage, sont fixées sur un pédoncule court,
e^. groupées autour d'un axe enveloppé d'une spalhe. A Pépoque de la fécondation, la Yallis-
néne à pistil allonge sa spirale, et sa fleur vient s'épanouir à la surface de Peau; alors les fleurs
à étamines, excitées par un instinct, dont Dieu seul a le secret, rompent le pédoncule qui les at-
tachait à l'axe, s'échappent de la spathe qui les emprisonnait, et, jouissant enfln d'une liberté qui
doit leurcoûter la vie, viennent vnguer autour de la Valiisnérie à pistil, qu'elles ne tardent pas
à saupoudrer de leur pollen. Après cette fécondation merveilleuse, la fleur chargée de repro-
duire I Espèce referme son périanthe, raccourcit sa spirale, et descend au fond des eaux, où
doivent tranquillement mûrir les graines renfermées dans son sein.
Famille GGLXXXV% GCLXXXVP et GGLXXXVIIv— BUTOMÉES, ALIS-
MAGÉES iT JONGAGINËES. — Herbes marécageuses, à feuilles radicales engainantes ;
fleurs régulières, à périanthe double, Tintérieur pétalolde (Alismacées et Butomées) ou
concolore, ou nul (Joncaginées), Garpelles plusieurs, libres, folliculaires, tantôt 1-2-ovulés, à
placentaire ventral (Joncaginées et Alismacées), tantôt multiovulés, à placentation pariétale
{Butomées), Graines sans albumen. — Le Butome en ombelle (Butomus umbellatus) ou
Jonc fleuri /IoPlantain d'eau [A Usina plantagn) ; le Troscart ( Triglochin palustre)
se rencontrent assez communément dans les régions tempérées de l'Europe.
Familles GGLXXXVIIl», GCLXXXIX», GGLXG'.— ZOSTÉRAGÉES, POTA-
MÉES^ NAIADEES. — Ges Familles, réunies dans une même classe sous le nom de Fluviales,
se composent d'herbes aquatiques, à ti^e noueuse articulée; les feuilles sont ordinairement
alternes, à pétiole engainant, à stipules mtrapétiolaires, amplexicaules. Les fleurs sont mo-
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378 HISTOIRE DES FAMILLES.
Dolques ou dioïques, rarement stamino-pisli liées et pëiianthées (Potamogeton), Les élamincs
sont eo nombre é^al à celui des lobes du périanlhe. Les ovaires sont libres ou réduits à un seul,
uniovulés. Le fruit est capsulaire ou nucamentHcë. La graine est dépourvue d'albumen.
Les Naïades (iVo/Vw) se rencontrent dans les lacs de l'Europe centrale. Les Potamots
(Potamogeton) habitent les eaux courantes et stagnantes des régions tempérées. Les Zostbres
(Zostera) vivent au fond des mers et y fructilinrit sans s'élever à la surface comme les autres
Plantes aquatiques ; leurs feuilles linéaires, étroites, et semblables à des lacets bruns ou ver-
dâtres, sont jetées par les flots sur lo rivage; on les emploie en Hollande dans la construction
des digues, et depuis quelques années elles servent en France à garnir des couchettes.
CRYPTOGAMES
OU ACOTYLÉDONÉS
Végétaux dépourvtcs d'étamines, de pistils et même d'ovtUes; repro-
duction par des spores simples, homogènes y ordiîiairement formées
d'une seule vésicule et n'adhérant par aucun placentaire aux parois du
sporange.
Famille CCLXGK — RHIZOGARPÉES. — Plantes aquatiques, herbacées, vivaces, h
rhizome pourvu de vaisseaux annulaires et rayé'*. Feuilles distinctes alternes. Organes repro-
ducteurs de deux sortes (sporanges et anthéridies), renfermés dans des involucres capsuli-
formes, qui sont situés sur le rhizome, à la base des feuilles. Genres principaux : Marsilbe
(MarsÛea), Palulaibb (Pilularia)^ Salvinib (Salvinia).
Famille CCLXCII*. — FOUGÈRES. — Plantes terrestres vivaces, à rhizome, ou à ligi»
arborescente. Tige pourvue de faisceaux fibro-vasculai'es, entourant une moelle centrale, qui
communique, entre les faisceaux, avec une moelle périphérique; écorce formée par les bases
persistantes des rameaux. Rameaux semblables à des feuilles, et nommés frondes^ épars
sur le rhizome, ou naissant en rosette au sommet de la tige arborescente, enroulés en
crosse avant leur épanouissement, de manière que la face externe ou inférieure est
toujours cachée dans le jeune âge; limbe penniséqué, celluleux, stomalifère. Organes re-
producteurs uniformes, tantôt naissant sur la face externe de la fronde, et rapprochés en
groupes nommés sor^s; tantôt, par suite de la disparition du limbe de la fronde, formant des
panicules ou des épis isolés (Ostnonde). Sporanges souvent munis d'un anneau élastique, con-
tenant des spores nombreuses, libres, qui, à la germination, s'allongent dans tous les sens, puis
émettent inférieurement des radicelles^ et supérieurement une petite tige.
Les Fougères de nos climats sont peu nomnreuses : la Fougère mâle (Ntphrodium filix
mas) y lePoLYPODE (Poly podium vulgare)^ les Capillaires (Ad tant hum capillus Veneris et
A, pedatum)^ la Doti ad ille (Asplenium trichomanes), la Scolopendre [Scolopendrium
officinale) y sont employés en médecine.
Famille GGXCIII». — ÉQUISÉTACÉES. — Plantes marécageuses, vivaces, à rhi-
zome rampant; tiges cylindriques, sillonnées, articulées; articles facilement séparables, émet-
tant à leur sommet un verticille de feuilles minimes qui forment une gaine dentée, fermés à
leurs deux extrémités par un diaphragme, fistuleux, cannelés, et munis de vaisseaux annulaires;
rameaux verticillés, naissant au-dessous de la base des gaines. Fructification terminale, figu-
rant un chaton conique, composé d'écaillles eu tète de clou, sous lesquelles sont des sporanges,
d'où sortent des spores, dont chacune est munie de k appendices (élatères) enroulés autour
d'elles. — Les Prêles lEquisetum), vulgairement nommées Queue de cheval, sont incrustées
de silice ; ce qui les rend propres à polir le bois et même les métaux.
Famille CGXCIV. — LYGOPODI ÂGÉES. — Plantes terrestres, vivaces; tige com-
posée de cellules allongées et de vaisseaux rayés ; feuilles très- petites à une seule nervure,
serrées ou imbriquées; sporanges solitaires h Taisselle des feuilles, ou rapprochés en épi, s'ou-
vrant en 2-5 valves, remplis despores lélraédriques, cohérentes par 4. — Les spores du Lyco-
PODB A massue (Lycopodium clavatum) sont pulvérulentes et très-inflammables; on les
emploie sur les théâtres pour produire des flammes subites ; les pharmaciens s'en servent pour
rouler les pilules, et les nourrices pour dessécher les écorchures survenues aux plis des cuisses
chez les petits enfants.
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LYGOPODIACÉES. 379
Famille CCXCV». — MOUSSES. — Végétaux tapissant la surface de la terre, les ro-
chers, Técorce des arbres et croissant quelquefois sous Teau. — Tige herbacée, petite ; feuilles
vertes, indivises; organes reproducteurs de 2 formes, monoïques et dioïques : les uns
(anthéridies)^ consistant en sacs celluleux, émettant par leur sommet une matière mucila<?i-
neuse; les autres (sporanges), consistant en nn ovaire uniloculaire (ume)y à axe central {colu-
mellé), clos supérieurement par un couvercle (opercule)^ et porté sur un pédicelle (soié)^ que
termine une sorte de réceptacle (apophyse). Urne formée d'une double paroi : bord libre de la
paroi externe, couronné par des dents 4, 8, 16, 32, 6i; bord libre de la paroi interne, denté,
ou dilaté horizontalement en membrane (épiphragme) . Opercule surmonté d'une coiffe ca-
duque [calyptra); soie engatnée à sa base par une membrane persistante (vaginule)^ laquelle,
dans les premiers temps, formait, avec la coiffe, un sac membraneux enveloppant complètement
Turne, plus tard, rompu transversalement par rallongement de la soie. Paroi interne de Turne
tapissée, sans adhérence, par une membrane renfermant un parenchyme de cellules lâches,
3ui, se séparant bientôt les unes des autres, produisent chacune 4 spores et sont rapidement
étruiles. Spores très-nombreuses, pulvérulentes, mêlées aux débris des cellules-* mères.
Famillb CCXCVI». — H ÉPATIQUES. — Plantes vivant dans les lieux humides, com-
posées d*un tis-^u cellulaire lâche. Frondes vertes, tantôt étalées en lames foliacée-;, radicifères
à leur face inférieure, tantôt pourvues d*un axe chargé de petites feuilles. Anthéridies mem-
braneuses, remplies d'un liquide mucilagineux, qui se coagule et se divise en cellules, dont
chacune contient un animalcule doué de mouvements actifs. Sporange enveloppé dans le pre-
mier âge par un sac membraneux, qui se déchire au sommet pa** accroissement du pédicelle ; il
contient : 1* des cellules mères, qui produisent chacune 4 spores , et se détruisent rapidement;
2» de^ cellules fusiformes (élatères), contournées en spirale, et servante disséminer les spores
disposées autour d'elb's. — Les Hépatiques, outre les anthéridies et les sporanges, pos-
sèdent souvent des bulbilles , agglomérés sur la fronde, et învolucrés par un godet à bords
frangés.
Famille GCXGVII*. — LÏCÏIENS. — Végétaux cellulaires, vivaces, s'étendant sur les
pierres, ou sur la terre, ou sur Técorcc des arbres, absorbant leur nourriture dans Tair seule-
ment, et par tous les points de leur surface Corps végétant (thallus) laminaire, ou filamenteux,
ou crustacé, ou pulvérulent. Organes reproducteurs contenus dans des réceptacles (apotkèques),
tantôt ouverts, tantôt clos par une membrane nommée périthèque. Sporanges (thèques) consti-
tués par des sacs qui renferment des corps cloisonnés (spores)^ au nombre de 4 ou dos multiples
de 4. Sporanges entremêlés de cellules allongées, stériles (paraphyses)^ dont Textrémilé, renflée
et colorée, constitue la couleur du réceptacle.
Les Lichens fournissent aux arts des Espèces employées en teinture : tels sont les Roccella et
IfS Variolaria, qui donnent les orseilies d\i commerce. Plusieurs Espèces sont médicinales, et
notamment le Lichen d'Islande (Cetraria Jslandica) et la Pulmonaire de chêne
(Sticta pidmonacea), — D'autres sont féculents, et alimentent les animaux et l'homme : tel est
le Lichen des rennes (Cetiomyce rangiferina), tel est surtout le Lichen comestible
(Lecanora esculenta), que l'on trouve en abondance dans les déserts de la Tartarie, et qui ne
lient ni au sol ni à aucun support.
Famille CCXCVllK — CHAMPIGNONS. — Végétaux vivant sur les corps orga-
nisés, morts ou m^iladcs, dépourvus de fronde, et formés uniquement de cellules. Filaments
entrecroisés, tenant lieu de lige, et se développant horizontalem-int en un réseau (mycélium).
Réceptacles de la fructification, de consistance charnue, ou spongieuse, ou gélatineuse, portés
ordinairement sur un pédicule (stipe), et figurant une boule, ou un godet, ou une massue, ou
un chapeau ; les spores sont nues ou renfermées dans un sac clos (thèque).
Les Champignons forment une classe plutôt qu'une Famille : les Agarics [Agaricus] ont
leur réceptacle en chapeau, garni en dessous de lames rayonnantes, et tipissées sur leurs deux
faces d'une sorte de velours ( Hymenium) , composé de cellules juxtaposées,- dont les
moyennes [ba^ides)^ sont terminées par k pointes, portant chacune une spore. — L'Agaric
des champs [Agaricus campestris)^ la seule Espèce vendue à Paris, se propage au moyen du
blanc de champignon, qui n'est autre chose aue le mycélium de la Plante, et que l'on étend sur
des couches de fumier, où il se développe et fructifie rapidement.
Les Bolets (Boletus) différent des Agarics par des lames réunies en masse tubuleuse. Ces
deux Genres sont ceux qui fournissent la plupart des Espèces comestibles et vénéneuses, sou-
vent fort difficiles à distinguer les unes des autres, et qu'il faut, en cas d'incertitude, faire ma-
cérer dans de l'eau vinaigrée avant de les cuire; il est en effet reconnu aujourd'hui que le
vinaigre dissout le principe vénéneux du Champignon.
La Truffe (Tuber) est une masse de tissu,dont l'intérieur offre des filaments blancs portant
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380 HISTOIRE DES FAMILLES.
9
des thèques noires qui renferment 4 spores. Les Uredo sont des Champignons parasites, se dé-
veloppant dans le parenchyme des Végétaux, et y formant une poussière noire nommée charbon.
Dans Tovaire du Seigle, un champignon de ce genre produit une maladie qui fait prendre à la
graine un développement monstrueux et lui donne la forme d'un ergot de consistance cornëe:
C'est ce qu'on nomme Seigle ergoté, ^^Les Moisissures (Mucor) proviennent des spores
d'un Champignon remplissant l'atmosphère et végétant à la surface de tous les corps organi-
sés privés de vie, sur lesquels le hasard les fait tomber, et qui leur servent de terrain. Du my-
célium en réseau qui se forme en quelques heures, s'élèvent des pédicules celluleux terminés
par une vésicule («/>ora72^e) qui s*ouvre bientôt et laisse échapper les spores. C'est une Moisis-
sure (^o/ry/2>), qui s'inlrodnit dans les vei-s à soie par leurs stigmates ou orifices respiratoire<,
et qui, après avoir végété en refoulant les viscères, perce la peau de Tanimal, et montre au-de-
hors ses grappes chargées de spores. C'est une Moisissure (Oïdium) qui recouvre souvent les
fruits de la vigne, et a causé celte année de si grands ravages dans les départements vinicolcs.
Fammille CCXCIX*. — CHARACÉES. — Plantes aquatiques submergées, àrhizomc
articulé; tiges cylindriques, sans feuilles, à articles souv?nt incrustés de sels calcaires ; rameaux
verticillés, portant les organes reproducteur le long de leur face interne, ou à leur sommet,
ou dans l'angle de leurs divisions. Anthéridies globuleuses et remplies de filaments cloisonnés,
dont chaque cellule renferme un animalcule filiforme, muni de 2 soies vers l'une de ses extré-
mités; sporanges couronnés de 5 dents, à spore unique, cannelée en spirale.
Famille CCG*. — ALGUES. — Végétaux entièrement cellulaires, vivant dans Peau ou sur
la terre humide, fixés souvent aux rochers par leur base élargie ou divisée en griffe ; de consis-
tance membraneuse, ou coriace, ou gélatineuse, conformés en fil ou en lame, ou en fronde,
indéfiniment ramifiés, de couleur verte, ou olive, ou pourpre. Organes de la fructification, tan-
tôt renfermés, soit dans l'intérieur de la Plante, soit dans des conceptacles tuberculeux, tantôt
se confondant avec les organes de la végétation. — Les Algues forment une immense Classe
plutôt qu'une Famille.
Lenykïi ECS {Fucus) sont des Algues marines à fronde ordinairement dichotome, filamen-
teuse, brune ou olivâtre, noircissant à l'air. Les fructifications se composent de sporanges et
d'anthéridies, ordinairement réunies dans un même conceptacle ; les premiers occupent le fond,
les secondes tapissent le voisinage de l'orifice. Ces anthéridies sont aes vésicules ovoïdes, d'où
sortent des corpuscules transparents, munis à chaque extrémité d'un cil délié, et s'agitant avec
vivacité. I^s Algues maritimes^ dont le Varec est le Genre type, fournissent à la médecine des
Espèces qui doivent leur vertu anthelmintique à Viode et à une huile volatile très-odorante :
telle est la Mousse de Corse, mélange de différentes Algues, dont les principales sont le Gigar-
tina helminthocorton et le CorcUlina officinalis. C'est de la cendre des Varecs qu'on retire
Viode, médicament énergique qui occupe, depuis quelques années, une place importante dans
la matière médicale. Quelques autres Varecs, dont le mucilage n'est pas altéré ^àv Viode et f huile
fétide des autres Espèces, peuvent servir d'aliment. Tel est le Carragéen, on mousse perlée
(CAonrfru«/)o/ymor/}Ati«), qui nourrit les populations pauvres habitant lelitloraldes mersdu Nord.
Les Conferves sont des Algues vivant dans l'eau douce ou dans Tair humide, et consistant
en tubes cloisonnés, souvent agglomérés en pinceau. A l'époque de la reproduction, les cellules
de chaque tube cloisonné se gonflent latéralement : dans la saillie résultant de ce gonflement
s'agglomèrent des vésicules vertes, dont chacune est destinée à devenir une spore ; bientôt ces
vésicules oToides crèvent la paroi de la cellule, et se répandent au dehors ; c'est alors qu'elles
étalent des cils ou filaments qui étaient d'abord rabattus sur leur convexité ; elles les agitent
dans l'eau comme des nageoires et se meuvent avec rapidité Ces mouvements spontanés sont
très-éphémères, et ne peuvent s'observer que dans les premières heures du jour. Bientôt les
c\U cessent de se mouvoir et disparaissent ; la spore [jrend une forme sphérique, et répartit
également dans sa cavité la matière verte, qui primitivement était accumulée à l'un de ses
Ï»ôles ; elhe s'allonge rapidement, devient un tube cloisonné comme la Plante-mère , et
'animalité qui avait signalé la première période de son existence fait place à une vie fran-
chement végétale.
Nous sommes ici sur la frontière du Royaume; un pas de plus va nous conduire aux
Oscillaires qui forment, avec les Nostocs, sur la terre et sur les pierres humides de petites
croûtes vertes et rougeâtres ; ce sont des filaments entourés d'une enveloppe muqueuse, et
feutrés ensemble par leurs bases ; ces filaments, composés de deux cellules tubuleusrs emboîtées
l'une dans l'autre, exécutent des oscillations continues ; leur extrémité libre se meut circulaire-
ment, ou se balance d'avant en arrière, ou décrit des ondulations variées. Les Oscillaires sont-
elles des Animaux ou des Plantes? C'est par cette question, exprimant les incertitudes de la
Science, que nous terminerons l'histoire des Familles du Règne végétal.
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INDEX
AlKilie 10O-1M
A'.ies 359
Abiétinécs... 61^359
Abricollcr 273
Abrus 275
Absinthe 71
Abutiloii 301
Acacia:. 275-281-282
Acajou 288
Acanihacées.. 63-187
Acanthe 188
Achaine 35
Acer 291
Acérinées 290
Ache 232
Achillée 70-72
Achiméne 182
Achras. 207
Acicarpha 85
Acide caféique. 109
AciDOS.. ...... 192
Aconit 315-317
AcotylédOQées. . 378
Acotylédones. . . 48
Acramphibryés . 51
Acrobryës 51
Acrogénes 53
Aciëe. 315
Adénandra 308
Adénophore. ... 92
AdiaDthum 378
Adlumia 32G
Adonide 314
Adoxa 239
.Ssculus 291
iEthuse 232
Agapantbus.... 391
Agaric 379
Agathothes 149
A^aTC 566
Agripaume . 193-199
Abouai 140
Algremoine 266
Aiguillons 6
Ail 370
Ailes 25
Ailantus 309
Airelle 218
Ajonc 274
Ajuga 190
Akum 146
Alangiées... 63-212
Albzzia 282
Albumen 39
Albumine 59
Alchimille 266
Algarobia 28()
Algues.... 53-60-380
Alhagi 276
Aliboufier 205
Alisier 265-268
Alisma 377
Allsmacées... 60-377
Alizarine 105
Alkfkense 160
AUamanda 139
Alk>plectii6 182
Aloexylon: 278
Aloës 369
Alone...'. 164
Alonsoa.... 176-178
Aloysia 196
Alsine 333
Alftlonia 143
Alsirœmère 366
Altbffia 301
Alysson 326
Alyxi:i Ht
Amandier 273
Amaracus 190
Amarantacées 61-337
Amarante 337
Amaryllidées. 60-366
Arobelania.. 138-139
Amberboa 80
Ainbraria IO9
Ambroisie 337
Ambrosie 70
Amélanchier. . . . 265
Amentacées. . . 44-56
Améthyste.. 190-195
Amml 232
Ampélidées.. 63 225
Amphibryés 51
Amphi^ëbes 53
Amsonie 139
Amygdalécs.. 62-266
Amyris 286
Anacarde . 283-284
Anacardiacées ^283
Anacyclus 74
Anagallis 205
Anagyre.... 274-279
Anamirta 310
Ananas 365
\narrhine 176
Annrrinium 176
Anastatica 329
Analomie 1
Anchusa 161-162-163
Anchusées. 162
Ancolie 315
Andira 280
Androcées 9-. 6
Andromède 218
Andropogon.... 374
Androsace 205
Andryale 71
Anémone. 314
Anelh 232
Angelin 281
Angélique 232
Angelonia 176
Angiosperroie. . . 46
Angiospermées 54-70
Angiosporées ... 60
Angrec 364
Anguine 348
Anguria 348
Angusture 308
Anis 313
Anisandrées 63
Anisette 313
Anisogynes 54
Anisostémones. . 54
Anomales 41
Anona 312
Anonacées. . 62-312
Anophytes 51
Anatomoses 12
Ansérine 335
Antennaria 82
Anthémis 70-73
Anthère 26-27
Anthéridie... 41-379
Anthocercis. .... 176
Anthoxanthuin . 371
Anthrisque 282
Anthyllide. . 274-277
Amiaris 135
Antidesmées.... 352
Antirrhiaées. . . .
. . 6Ï-175176-1T7
Apétales 61
Apétalées 5i
Aphelandra 188
Aphylles 49
Apium 232
Apocyn.... 139-142
Apocynées... 64-144
Apodanlhées. 61-341
Apophyse 379
Apostasiées. . 60-361
Apothèque 379
Aquilarinées. 61-342
Arabette 326
Aracées 60-376
Arachide 274
Aralia 239
Araliacées... 6^239
Arariba 281
Aniuja 145
Arbousier 218
Arbre ^iveuglaat 350
Arbre à la vache. 356
Arbre de castor. 313
— de Gonstaaii-
nople 282
— de soie.... 282
Arbre d'or et d'ar-
gent 101
Arbrisseaux 10
Archangélique . . 232
Arctionne 70
Arctostaphylos. . 218
Ardisia 207
Arec 375
Arenaria 333
Argania 208
Argentine 270
Argousier 343
Arguel 280
Ai^ziées 161
Aricine liO
AriUes 39
Arillodes 39
Aristolochiées 81-344
Armeria 203
Armoise 70-72
Amébie.... 162-163
Arnica 70-74
Aroïdées 53
Arracacha 2
Arrête-bœuf. .. . 279
Arn)ch<> 335
Arlemisia.. 70-72-73
Artichaut 70-77
Artocarpées.. 61-355
Artocarpus 3nit
Arum 376
Asa rœtida 238
Asarinées 55
Asarum 3i4
Aschidobhstées . lif)
Asclepiadacées. . 144
Asclépiade.. 14.5-146
Asclépiadées. 84-144
Asclépiadine.... 145
Asclépiadinées. . .54
AspériMiées. 64-161
Asperge 370
Asperugo 162
Aspérule... 104-108
Asphodèle 371
Asplenium 378
Aster 70-81
Astéroldées... 54-70
Astragale... 274-279
Astrance 232
A^trapoea 290
Athérospermées.
61-312
Atragene 314
Atriplex 335
Atriplicées... 61-335
Airopa 165-167
Atropine 167
Aubépine 269
Aubergine 170
Aulne 358
Aunôe 70-74
Aurantiacées ... 286
Aurone 72
Ava 353
Avena 374
Avocatier 340
Avoine 374
Axes de l'inflo-
rescence 19
Axospfrmées. . 62-63
Ayapana 75
Azalée 218
Azèdarach 289
Azérolier 269
Baccharide 70
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382
INDEX.
B:i«1iane 313
B.iguenau(lier. . .
271-279
Baie simple. .... 53
Baignoire deVé-
nu-s ft5
Balanophurees6l-344
Balisier. ..... ■ 365
Ballole... 19M94
B Isam filées 61-356
Balsainiue. . 74 3i»5
Bal*^m<iié«'S 6*2-303
Balsainita 74
Balsamo lendron 2R6
Bimia 301
Biaanier 365
Baobab ^99
Biquoi<i 376
B irbacén»^ 365
Biirbt^u 80
Birboline 72
BaHan' 70-76
Bardanetle .... 162
Barkha-jsij 80
Burloiii.! 256
B irriiiglonia 263
Banlsie 176
BaseliH 336 337
Basellées. . . . 61-335
Basilic 19»
Bassia 207
B II «tas 153
B uera 2t5
Bauhinia 275
Baumes... 167-279
Blellium 286
Bea fortia 264
Bt^faria 2i8
Bi'goDiacées. 61-318
B-gonie 3*8
Béheu 76
Belladone.. 165-167
Belle de jour... 1j4
Belle de nuit... 338
Bellis 70^
Bclliuin 70
Bnula 358
BtHterave 336
B^njuin 216-
Bemiiie 2(S6
Benthamia 245
Bcrberidées . 61-311
Berbe iiices. ... 55
Berbcris 311
Bercé 3i?
Bercbemia 229
Bppi^amotier. . . . 287
Berle 232-236
Bermudienoe... 367
Besleria 182
Beu 33j
Bétel 353
B(Jlone 19«i
Biite 335
Betulmées... 61-358
Beurre de ^alam 208
Bjdeni 70
Bifore 232
Bigaradier 287
BijtDone. 185
Bignoniacées 63-181
Billardlera 222
Bisiorte 310
Biia 3?0
Bixiaécs.... 61-330
Blé noir 3i0
Bleuet 76
Bocoa 281
Bocconia 325
Bois bracelet. . . 207
— boulon. ... 109
— d'aioés 278-281
— d'amarauta 281
— d'amboine. 288
— de BiKO... 281
— de B ésil . 278
BoisdeCim.... 281
— de Cam-
pèche.. 278 281
— de fer 281
— de coulcu-
— vre... 136-141
— de greoa-
dille 281
— de panacoco 281
— de Rhodes 1:î3
— de rose. 153 281
— de santal.. 281
— satiné de
rinde 288
Boisgentil 312
B let 380
B»lloiii4 83
Bombicées. C2-*299
B »ne>ei 75
B m net d'élec-
teur 317
B lupidoHS 81
Btio.iis ... îS5
B»rbari 3i2
B.trys • . 337
Bmje'ra 374
Born«ginacées . . 161
Borraginée*.. 63-161
Boswellia 286
B.itryceras .... 283
Barytis 171
Boucage 232
Bouillon blanc. 177
Boule de neige.. 102
Boulett- 80
Bourg on 7
Bourriiche.. 162-163
Bouton 7-82
Bouture 40
Bouv^rdia.. 104-116
Boxochevo ..... 168
Bractées 19
Bra^iline 278
Brède 170
BréHlIH.... 275-278
Brinvilliére 137
Bromelia 365
Broiiéiicées 60-365
BromelHiîJces .. 54
Bruwdlia 176
Brucea .... 137-309
Brucine 135
Brugiiann^sa ... 168
Brune I'.. . 190-194
Branfesia 176
Bruniacée^. . 63-231
Brunonia 86
Brunoniac^HSa . 61-86
Bruyère 218
Bryones 317
Bryophylle 2*9
Bubdieia. . . 176-179
Bubon 232
Bucerosia.. 115-118
Bucbu 308
Bugle 109
Buglosse 161-162-163
Bugrane 271
Buts 352
Bulbe 9
Bulbille 41-379
Bumelia 207
Bunchosia .... 290
Bunliim 236
Buphialme... 70-83
Buplèvre 232
Burchellia.. 101-117
Burmanniacées.
60-364
Buryaria 222
Burséracées. 62-286
Busserolle 218
Butea 277
Butomées... 60-377
Butlnériacées. 62-297
Buxus 352
Cabaret 314
Cacalie 70-83
Cacaoyer 29.S
Carhou 281
Cachundé 278
Cactées 63-251
Cacloîdéc 55
Caféier 103-109
Caféine i09
Caille-lait 106
Cajophora 257
r^lac 138 139
CHiadiiim 377
Ci-flainagrostis. . 371
Calaiiient 192
Calambac 278
Calimpelis 185
Caïamus 375
Calandrina 3:^5
Caliéidaire.. 176-178
Calritrapa 76
C-ile'iasse. «... 3 7
Calfbassier . . . . 181
(^leciasie. . .. 372
Calendula 70 78
Callicarpa 19 1
Calliopsis 70 83
Callisiemon .... 263
Callibibcpbus ... 81
Calocborte 371
Ca'otropis.. 145-146
Caltha 315
Calycanlhées. 62-264
Oïlycc 19-22-23
CalywTées. 64-84-85
Caiyciflores. . .. 49
Calycule 23
Caiyptra 379
Calypiranthes. .. 2n2
Ca*yt>tiocalyx .. 375
Calystegia.. 153-154
Cambium. 11
f'^mclée 28'j
Caméline 32H
Caroeliii 2;I6
Camomille. . . . 70-73
Campaiiiformeî». 44
Carapanulacées 64-91
Campanule... 9i 93
Campanulinècs.. 34
Campéclie 272
Camphorosma . . .335
Camphre 341
Camphrée .335
( amphrier 34l
Cannabinéfs. 61-353
Cananga... 312
Canarine 92-93
Cunne à sucre . . 374
Canne de Pro-
vence 374
Caonelier 341
Cannées 60-364
Canneberge. 2)8-220
Canlua 15fr-157
Caonichouc .... 351
Capillaire 378
Capitule 19-20
Capparidées . 62-329
Câprier H29
Gapri foliacées. 64-99
Capse'le 326
Capsicinc 169
Capsule 35
Capucine 304
Caraquc 286
Card«ininc 3.6
Cardére 19-95
Cardon 77
Girdonccîle 70
Caréné 25
Carillon 92
Carissa 138 ir)9
Carlinc 70-70-77
Carm:mlinc 188
Caroncules 39
C trotte 232
Caroubde Judée. 281
Caroubier. . . 27.V277
Carpelles.. ... 28
C'-ir inns 3.">8
Carpodine 138
Carthime 70-77
Carvi 232
C»ryocar 295
Caryophyllées.61S32
Caryo •hylliiiées. 55
Caryoj»se 35
C iryopleris .... 19»
Casca d'tania. . 141
Caseearia 2ô6
Casi-arilla 12 •
Ciisi arille 352
Cajséine 9
Casse . . 275-280-282
Casse-luneite. .. 76
C issonnade .... 374
C'istanea 358
Casuarinées. 61 -35^
Cataire lîK)
Cataleptique. ... i95
Catalpa 185
Caianancbe .... 80
Caucali.le 232
Céanolbe 229
«'.édniler 187
Cédrél.HïS ... 62-2h8
Cedr« 360
Ccdrola 2^8
Cedronnclle 190
(é'asire 223
CéUsirinées.. C3-2.:3
Célaslroîdécs. ... .S5
C"losia 3ai
Cellulaires 60
<^llnles 4
Celsia 178
Cellidécs.... 61-351
CcHU 3.M
O'nianrée 70-76 151
Centenllle :a5
Ceitranthe.... 97-99
Ccntrolépidée>60 372
Cenlropognon. 8**-90
Centroslemnia... 145
Cepbaelis... 104-108
Cepbalaire 95
Cepbalanibe. 104-109
Cephalotées.. 64-248
Céraisle 333
Ceratocéphale... 314
Céraiophyllées 61-365
Cerbera.... 139-140
Cercis 275
Cerfeuil 232
Cérinthe 162
Cerisier.... 101-272
Ceropeçia.. 145 147
Geroxylon 375
Gésalpiniées. . 62-274
Cestracées 164
Gestrinées... 63-161
Cestrum. 165-171-175
Cévîiddle 368
Cbailleiiacées. 63-230
Chaluze 37
Chilef 343
Cliaineléon 77
Champignons . ..
53-60-379
Characécs 60-380
Chardon... 70-76-95
Chanvre 353
Charme 358
Chapialie 71
Chàlaij(ne d*c:Mi . 258
Châtaignier. 263-35S
Chaya-ver 106
Cheiranius. . .1-26-329
Chclidoinc. . 323-3i5
Chélonc 173
Chêne 365
Cheno|H)dia!n . . 335
Chérimulia 312
Charria 35l
Chevelu 8
Chévrefemlle. 99-101
«.hifofée . 71-78 79
Chicoracées 7l
Chirul 275
Chiendent 37^
Chimophiln 217
C.hiocmtta.. 104-llrt>
Chionanth*.. 212-214
Cliitmanthiis. . . . 265
Chirila 18:
Chironie ... 149-152
Clilauiydubkisiées 62
Chlœnacêes. . 6-2-296
Chloraiilhacées 61-353
Chlore 149-1 :>1
(iiimdrille 71
Choroxyloii 288
Chou 153-326
Chromnle «. 5
Chr«santhéii»e. 70-85
Chr}Sobalané(*8. .
61-266-172
Chry>ocoaie. ... 73
Chrtsophylle,. . . 207
Chr>suS|.leniuin. 245
Ciceiidia IV.i
Cirhe 271
Ciihonum 71
Cicuiaiie 232
Cierges ... 2.v2
Cigiiè , 232
Ciiu'hona
.... 104-iiimio
w nchonacées... 115
Cinchonine 122
Cinér ire 8i
Cmnaméine 879
Oida 351
Circée 257
Cirse 70
Cirsiuui 7.1-76
Cssamiielos, 310
Cissus, Aï
C slinéi's . . . 62-330
CilniiiHIc 72
Citronnier 287
Citrouille ."(47
Citrus 2 7
C'vettc .^B0
Cladrastis 175
GlandeMine. 180 181
Oasses 42
Glavalier 30»
Clématite 3ll
Cléonie 1!K1
Qérodendron.,. 195
Gleibra 218
Oianthus 281
Clinopode 190
Qintottie 89
Cloche- fleur. ... 93
Cloisons .10
Clusia 2JJ
Cnicus........ 76
Cobœa 16 15*
Cocotier 3.i5
Cocculos 310
Coccus 33V-355
Cochenille. . .. .Tt
(jocblearia 3 6
Cœlosiylis f I
Coffea 10 i- 09
Cofféacées 10»
Cofféinôes 5*
C(»gnassier. . 2(5-298
Coichicacées . . . :m««
Colchique 3R8
Coleus 1(M
ColIeL 7
Colloinia 15rs
Collopbore. 138-1.19
Cdocase 366
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INDEX.
383
Colombo 3tO
r,uloquinte 3t7
4À)lumellp 30
i ^olutnelliacees, 61-tft^
0>luitiQia <H2
r4)lutea 27»
OiIm 3-2H
Comaivi 2'*6
Combréticées, 62-258
Oom^perma.,.. 29*2
Compui^t^s, . . . 6i-65
«>mcombrj .... 3*7
rôort m
Conifôros.. . S6-3âl)
Cui»f.Tves 3>0
Omn raréea. 62-2H<)
Coiiiieoiif 26
Consolide 162
Conlrajrerva.... 35»
Conv<llaria 369
OaivolvQlac.éea .
63-15*-l5.>
(>)n?ulvulét*8..., 152
ConvolvuHnôc'S, . 44
Gon.olvulus....
162-163-151
Conyx-i 70
Conifrtre*, 5(5
Copayer.... 27^279
Copr«'8mi 100
Coque 85-310
Coquelicot 325
Coqiieret , i65
Curaç 'Ode Jésus 75
Corail d**8 jardins l«t9
Coralline ;i80
Corbeille d*or... 3^9
Cordia 160
Cordiacées... 63-160
Core'>p«f8, 70
Corlalre 3«0
Coriandre 232
Coriariées... 62-309
Coris 2115
Connophytes, ... 50
Cornarel 187
Cornées 63 241
Cornillot 333
Cornouiller — 211
Corolle.... 19-24-25
r4)rol|iflurt;s. ... id
(^jronilie... 974-279
Coronule 21
Corof(8ol 312
»>>rrée 306
Cortuae 205
4^rymbe 19 20
Coryus 358
Cosmos 70
Coloue»8ter 265
Cotonnier 30f
Cotylédonées..., 65
Cotylédons... 37-250
GHylel 2*9
Couaqae 351
Coudrier 3'>8
Couina 138-139
Coomarioe 277
Coumarou.. 277-281
Courbaril
276-279-281
C^ur^e 371
Couronne im|>é-
riale 374
C^Mjruupita 263
CouUrea. .. 101-116
(À)uloubea 14)*
Crassii lacées. 63 248
Crassule 249
Crassulinéfs.... 55
Crampe .3-26
Cransun 32<î
C^paudinc 190
Craiœgus 265
Crépidc 71
Crôp'S 71-KO
CrpS'Ciiii:! 184
Cres«'t*.iiiites. 63 1S4
Cres&i .... 153-154
Cr'fson.. .. 74-325
CHoiile 366
ChniKii 36t>
Crillime 232
Cf«>cu* 3t*7
Cro saniira 1n8
Croialairc ..... 274
Croion 351
Cn>loii!nces 56
Cruri iiolle 104
Crucifères. . . 62-3*16
Cru. if rinée..... 55
CriHifuriiies 44
Cr>pi(pm«s 60
Gryp'ogames
.... 49-5*^0-378
Cry togiinie 45
C«.|»é ......... 352
C.ryplolé|ïde.Ï3»^142
Ciicubalus 333
Cuciiuns 347
Cuciirbiui 317
Ciicurtiiiacées. . . 61
Cu'urbittnécs. . . 56
Cumin 232
('iinile 190
Cuuninghamia.. 3i>0
Cunonia 245
Cuiioniacées . 63-245
Cuiania 292
Cuphea 260
Cupidone 80
Ciipressinées. 61-360
Cupule 23
Cupiiiiféres.. 61-3L7
Curare J36
Curcuina 3fô
Cuscute 15r-l.T5
CusHonia 239
Cuticule 6
Cycad<ics. ... 61-361
C)cadoîdées 56
Cvcas 361
Cyclame 205
Cyttlanlbees. 60-376
C)clo8pertnées. . 61
CydoDia 265
C)me 19 21
Cynancbum. 146-153
Cynanque. . 145-153
Cynara 70-77
Cynarecs 70
Cynodon 374
Cynoglofise. 162-163
Cyi»eracécs. . 60-372
Çyi>eros. 373
Cyorès... . 360-36i
Cypripediom. . . . 373
C>rlandra 182
Cyrtandracées...
63-181
Cyiiuées.... 61-344
Cyli e 274-279
Cyiinus 344
Dahlia 70-83
Dinied*onzebeu-
tes 371
f)umm»ra 360
l)»pbne 34*2
Ua'iscées.... 61-349
l).«llier 375
Oatura 165-168
Daturine 168
hiphnoîJét^s... 56
Daucus 232
Oauphinelle . . . . 315
Décandrie 45
Decumaria 241
Dcbis€4>nce 27-34-35
Dentaire 326
Dontelaire 204
Délar 275-280
D uizia 24i
DalKihu '281
Diaiielphie 4.)
Diiigrauime 33
Diuly.éiales.... 54
l)aiyp«>iaiéi*>. .. 51
Dian >rie 45
Diintiius 3:i3
Dicrtulra 326
D ciiuii'ira 1.^5
Dichonrlrrfcét^ 64-155
Dicline^ 48-61
Dicotylédones ..
10-38^-54
Diciauus 308
Di'iisi)M«> 232
Didymocarpus.. 182
Di iyiiain s 26
Did)naiiiit. .... 45
Di rviile. .. 100-101
Digital**
.. 175-176-177-178
Digitaline 178
Diieyuie 45
Diri< niacées. 62 211
DitBcic 45
Dion 361
Dioiiéa 322
Diusc<M*4 3<i>
Dioscorées . 60-368
Diosinecs . . . 6i-3U7
Diospyri î iées . . 51
Diosp^ros 209
Diolis 70
Dtplacus. ...... 176
Dipladéni»*. ...
138-139-142
DipsarOes . . . . 61-91
Di|)saciis 95
Diplérocarpées 62-295
Dicipliuede rts-
iigieu>e 337
Dis iue 31
Divi-ladner .... 141
Doiécandrie ... 35
Dodécathéun. .. 205
DoliMUtt.. 275
Dombcya 299
Dompte- ven i n 1 15-1 46
Dor»dille 378
Donne 24»
Doronic 70-74
Dorstenia 354
Douce-amére . . . 169
Dra !océ|4iale . . . 190
Drarœna 371
Dracunculus ... 377
Dragcmnier .... 371
Drave 326
Drepano4*arpus. . 277
Droséracées. • 62-322
Drupe 35
Drujiéoles 35
Dryade 260
Dryadées 62-265
Duranta 195
Duvaua 283
Eau de Cologne. 287
Eau de fleurs u'o-
ranger 2H7
Ebénacees... 63-2t)9
Ëbène. . 18>-274 281
Kcrremocarpus. . 185
Echalotie 370
Echinocactus . . . 252
Echinope.. .. 70-80
E<*hinosperm>iin. 102
Ëcbium... . 162-163
Econymus 223
Êcorce Il
Edgeworthi*' 342-343
Ehretia.... 162-163
Fhreliat<^es. 63-161
Elaî< 375
Elatéres 379
Elaliuc'js. . . . C133i
Eli^auni^cs... 61-3*3
Hi'iiJMhliasis. . . 146
Eliui 286
KiiilN'Iia ribis. .. 207
Eiiéiiii.^ 107
Einp^ln^es... 61-349
Enaiiiiiihlaslèes. . 60
iLiMciisd'Ar bie. 286
EiidiKar|)e 29
Endoj)lévre 37
Endostome .... 39
Eiikyiitlju:;.... 218
Ennéaiidrie.. .. 45
Eniada 27h
Enire nu'ud.*. , . 7
Eii/iaii - Brannt-
wHii 150
Epac id«^ ..63-217
EiHTviérb .... 71-80
Epheira 361
Ku'om'Miiie.,.. 372
Eoiplingiie . .. 379
Ep 19-20
Ei»iaire 190
Epicar 'C 29
Epicoro! ées co-
rsaiitherees. . 48
Epicorolii^fS sy-
naiilhcrces ... 48
Epidrnn*' 6
Eitigœa 2i8
Epigyiies 26
Epiilet 20
E..llob»' 257
Ep lohiarces.... 257
Epinr 335
Epine 6
Epiiir-vinrtte... 311
Epi|M'lali'es 48
Epiphfgus 181
Epipliylles 252
Epislaniinées ... 48
Equiséiacces. 60-378
Erable 291
Eranthis 315
Erémostacltys... 190
Erica 218
Eriraci-os 63-2*8
Erit-oîdces M
Erigerun 70
Eiiiie 170
EriocauUnees . . 372
Eriuciieiiia 259
Frodium 303
Ers 274
Eryiis'um 2C9
Er)ihrce.. . 149-151
Frjlhriiie 274
Erylhroxylées 62-289
Escalluiiia 245
Kscalloiiiées. . 63-245
Es<-hsc»oll7.ia... 323
h:s|»arc*'lle 274
Es|iôces 42
Essi>n<-e de néroli 287
F.siivati<in 32
E>lra;;ou 72
Eiamiiits 26-27
Etendard 25
Etoiices 103
Eiui Hicdullaire. 10
Eucalyptus 262
Euniono étalées. 63
Ëupatoirc.9. ...
... 70-73-74-75-83
Eupaiuriacéts. . 70
E'ipbiiriies. .. .. 350
Eupli*ibiacéef'61-d49
Eiiphrai e. . 176-177
Euryaii* 320
Eusi-aphis 2/3
Eiistoma 148-149-150
Eutoca 159-160
Evolvule 154
Exacum 149
Exaguuium . . . . 153
Exalbuminées. 50 fO
Kx sieiunia 10^
Fxustoifie 39
Fabagclle 307
Fabiana 1k4
Fabricia 2tr7
Faurée 134-138
Faeu«.. 954
Faham 31V7
Falkia 155
Famines 42
Fascicule 21
Paosse angusture 137
Fausses clo'sms. 30
Faux «olombo . 150
Fécule 5
Fedia 97-99
Fenouil 232
Fenugrec 277
Férule 232
Festuca 3.4
F.uill s
12-13-14-15-16-17
Fève d Egypte . . 322
Fève Sl-ïguac*.
135-137
Févetonka 277
Fevirr 275-282
Filtres 4
Fibrine 9
Ficaire 314
Ficoïdes 250
Fkîus 354
FiguitT 351
Fiiaria.... .... 212
Filet 26
Filicinées 53
Fleur
19-33-31-44 80-282
Foliacés 49
Folioles 16
Follicnle 35
Pontanesia 212
Force \i(ale.... 2
Fornices 24
Forstére 86
Fothergilla. ... 243
Fougère.... 60-378
Fovilia 28
Flind.rsia 288
Flore 43
Floscnleuscs ... 44
Flouve 378
Fluviales. .. 51-374
Fragaria 2€6
Fragon 369
Fraisier 266
Framboisier.... 271
Franciscea. 176-179
Francoa 247
Francoacées. 63-247
Frangipanier. ..
•a... 139-141-112
Frareulacées... 229
Frankéniacées62-3:i2
Frasera... 119-15o
Fraxinelle 30a
Frêne 212
Fritiiiaire 37|
Fromager 30q
Froment 3. a
Frondes 4|
Fruits.... 34-35-3^
Fruit à crmée. . 143
Fuchsia 25?
Fucus 3Sn
Fumariacées. 62
Fumeterre ,
Funicule. .
Fusain ...
Gaillardia 83',
Gaillet 104-10^
Gainicr 27^
Galactodendron. 356
Galant 175
6«lanlbine..... 366
^
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38^
Galbanum 239
Galéopsis IIK)
Galipea 308
Galium 406
Gamocarpba .... 85
Gamopétales. ... 54
Gamopétalées... 51
Canosf^pal' 22
Gant de Nuire-
Dame 177
Garance. 104-105-106
Garcinia 201
Gardénia... 10M77
Gardnéna.. 131-137
Gardoquîa.. 100-194
Garou 342
Garryac-ées.. 03-241
Gaitilier^ 195
Gaude 330
Gaulheha 218
Gayac 306
Gazante 70
Gei«8omeria .... 188
Gelasine 368
Gemmule 37
Opnesirulle 279
Genêt 274-279
Genévrier 300
Geni|»a 104
Géiiipi 72-73
Genisu.. 279
«Genres 42
Gentianac«'es. . . . If 8
Gentiane. . . 149 150
Genlianécs.. 63-148
Geniiaiielle 150
Geonnna 83
C;éraniuîd4 es. . . • 55
Géraniacées. . 62-302
Germandrée. . . . 190
Géropogon 71
Gpsnére.... 182-18f
Gesnériées. .. 63-181
Gesnériacées.... 181
GesnéHe 181
Gesse 271-281
Geom 266
Gialap ... 153
GiKartina 380
Gillia ...... 156-157
Gilliésiées 60
GinHfmbrtf 365
Ginko 361
Giiaumon 347
GiroHier 261
Girufli-e. .. .326-329
Giroselle 205
Gland 6
Glandes neclari-
fèrcs 19^
Ghdlolus ..... 367
Glaux 205
Giayeul 367
GIVome 190
Gleditschia.. 275-282
Globulariées. 63 199
Glossoltgié 1
Gloxinie.... 182 184
Glumacées. . . . 53-60
Glumnllules.... 373
Glukn 5
Glycine 281
GIvcyrabiza. ... 274
Giiiélma 195
Gnapbale.. 70-75-82
Gnavelle 335
Gnétacces. . . 61-361
Gncluin 361
Gobc-moucbe. . . 14*2
Gœrl liera 131
G»ldrus>ia 188
Goiiibo 301
Gomme adraçantc 279
G MnmeduStin(^gal281
Gomme umiiio-
niaquc 239
Gomme Kin't . . . 277
Gompbocarpe 115-146
Gomphrena 337
Gonolobe... 145-147
Goodenia 88
Goodeniacées . 64 87
GordoDia 296
Gorge 27-25
GossypiUDi dOt
Gouania 229
Gouet 376
Gousse 35
Goyavier 262
Graine 36-38
Grains de santé 370
Graminées. . 6IK373
Granalées... 62-261
Granatine 264
Grande éclaire. . 325
Grand Liseron.. 151
Grappe 19-20
Grassetle 201
Graliole.... 176-177
Greffe 4f
Grémil.... 162-183
Groseillier 253
Grossulacéen. . . . 25*2
Grossulariées . . . 252
Guaco , 75
Guarana 292
Guéde 326-328
Gueule-de-loup. 177
Gui 343
Guilandina 277
Guimauve 301
Guirapariba .... 185
Guizoïia oléirera 76
Gul-ibricbin.... 282
Gunnéracées. 63-241
GusUvia 263
Gutia-percba 2ilH
Giittier 294
Guiliféres. 5542-294
Gymnanlbére . . . 145
Gymnéma.. 145-117
Gymnocladus. . . 275
Gymnospermes. 51-61
Gymnospermie.. 45
Gymno^sporées. . 60
Gynandres 61
Gynnndrie. .... 45
Gynécée 29
Gynophore 28
Gjniira 83
Gypsophile 333
Gyrocarpées . 61-340
Habroibum-
nus 165-175
Hachicb 351
Hakéa 313
Halésia 215
Haloragées... 62 257
Hamainèlidées 63-24 1
Hamamélinées. . 55
Hamamelis 243
Hancome... 138-1 :)9
Haricot 274
Hebenstreitia ... 199
Hebradendron . . 2ili
Hédéma 190
Hedysarum 274
He'éninc 74
Holcnium . ... 70
Héliantbe.... 70-75
Hélichrise.... 70-82
Héliotrope 82 162163
Hcliuiropicées. . 161
Hellélwre 315
Helléborées 315
Hclmimbie 71
Hemérocalle ... 371
Hi^mairne 278
Uémidesme 146
Hépatique 60-314-369
llcptandrie 45
Hcraclt^um 232
INDEX.
Herba de cobra. 75
Herba-roia 73
Herbe à étemuer. 73
Herbe à la ouate. 146
Herbe à la Reine 172
Herbe à Robert. 303
Herbe au char-
pentier 73
Herbe au pauvre
bomme 177
Herbe aux perles 163
Herniaire 335
Hervadorato... 109
Hespéridées.. 62-286
Hesperis 326
Héire 358
Hexandrie 45
Hexaçynie 45
Hibberlia 314
Hibiscus 301
Hiéble 102
Hieracium.. .. 71-80
Hippocasta-
nées 62-291
Hippocratéa-
cées 63-225
Hippocrépide... 274
Hippuris 258
Hile 37-38
Hiliia 104-116
Himeranihus 165-169
Hindsia 104-115
Hœmatoxylon27&-278
Hœmodoracées* .
60-365
Hoïizia 156-157
Hnicus 374
Homalinées.. 63-256
Homoblasiées... 60
Hordeum. 374
Hortensia 245
Uoieia 245
HottoQia 205
Houblon 353
Houttuynia 352
Houx 210-369
Hoya 145-147
Hoyenia 229
Huile de Ben... 255
Huile de Cajeput 262
Hullhemia 265
Humiriacées. . 62296
Humirium 296
Hunnemannia.. . 323
Hura 350
Hya-Hya 141
Hybridiié 43
Hydnocarpus... 346
Hydnoracées. 61-341
Hydrangea 215
Hy d rangèacées 63-245
Hydrocharidéf 860-377
Hydrocolyle 232
Hydrolea 158
Hydroléacées 63-158
Hydropeltidées 62-319
HydrophyUées63-l58
Hydrophylle .... 159
Hymenea... 275-281
Hyoscyamie 168
Hyoscyamus. 165-168
Hyoseris 71
Hyi»ericacées... 293
Uypericinées. 62-2U3
Hypericum 293
Hypochœris. ... 7l
UypocoroUées. . . 48
Hypocyrta 182
Hy))opélalées.... 48
Hypostaminées . . 48
Hypogynes.... 26-63
Hypoxidées. 60-365
Hip|K)mane. ... 350
Hypiis 190
Hysope. ... 189-190
Hyslcrupbylcs.. . 50
IbéMe 326
Icacinées.... 63-222
loosaodrie 45
If 361
Igasur 137
Igname main . . . 368
lîex 210
Ilicinées. . . . 63-210
Illicium 313
Imbricaria 207
Immortelle .. .70-82
impatiens 304
Incarvillea 185
Indéhiscence... 34
Indian tabaceo. 90
Indigo 278
Indigotier 274
Inferovariées. . . 60
Inflorescence. . . 19
Inrundibulirur-
mes 44
Inga .. 275-280-282
Inula 70-74
Insertion 26
Involucelle .... 20
Involucrf.. 19-20-23
lochroma... 165-175
Iode 380
looidium 331
Ipécacuanha....
106-IC8-146
Ipomaea. 152-153-154
Iridées 60 367
Isatis 326
Isaodrées 63
isogynes 54
Isolobe 89
Ismène 366
IsostémoDées.... 51
Isotoma 86-91
Itea 215
Ifa 73
Ivraie 74
Ixia 368
Ixora... 104-109-46
Jaborosa... 165-169
Jacaranda 185
Jacèe 76
Jacinthe 371
Jacobée 82
Jac^uinia 207
Jalap 153
Jambosier 262
Jaquier 356
Jasione i^2-93
Jasmin 154-214
Jasminées63 2U2l2
Jt^roe 329
Jin-seug 210
Joncacée:*. ..... 60
Joncaginéfs . 60-377
Joncées 372
Joncinév s 53
Jonquill-' 366
Joubarbe- 248
Juglans 357
JuKiamiées,. 61-357
Jujubier i29
Ju ienue 326
Juliflorcs 353
Juni))erus 360
Jusquiam-.. 165-168
Jusiicia 488
Kalmie 218
K t 223
K bell , 225
Kciitia 375
Krrri.i 266
Kchiiie 301
Kiiailhlia 302
Knautic « ^ 95
KœlriiJteria 292
Krajiirri 186
Krameria 292
I.: bialiUores ... 71
labiées. 4t-<>3-189
Lacistémées. • . . 349
Lacluca 71-:9
Lactucarium. .. 79
Lacune 4
Lagenaria 347
Lagerstismia.». 260
Laitron 71
Laitue 71-79
Lame 24
Lamiacées 189
Lamier 190
Lamium 190
Lampourde. .... 70
Laropsane 71
lanières 15
Lantana 195
Lapageria 369
Lappa 70
Lardiz^balées 62-310
Laser 232238
Lasiopetalum. .. 299
Uthrée ... 180-181
Latbyrus... 274-281
Laurêntie 89
Laurier 340
l.aurierCassia... 341
Laurier-ciTise. . 273
Laurit'iM'ose . . . 143
Laurier-tin..... lOi
Laurinées«.. 61-340
Laurus.. ;. 340
iJivanése. . 274-277
Lavatére 391
Leacées 326
Lecanora 379
Lecytbidées. 62-200
Lecyibis 263
l^on 2i8
Léea 226
Légume 35
Légumineuses.. 271
Légumiooaéea . . 56
Leiophyllum . . 218
Lismnacées . 60-377
Lémonée 306
Lentilles d'eau. 377
Leucodendron... 313
LeuDotis ... 190-195
Leontodon 71
Leonurus 190
Lepiiium 326
Lf pto^ipbon . . 157
Lf'schenaultia. 87-88
Leucoium 366
Leyce^^téria 190
Li-ne à sirop... 183
Libanotis* 232
L'ber Il
Liohfns 00-379
Lichenées 63
Lierre 230
Ligtiliflores. .... 71
L'guslique 232
l.igustrum 212
Lilas 212
Liliacé s. 41-60-369
Lilium 370
Limbe... 12-22-25
Lîmettier 287
Limnanthcs .... 305
Limnanthées 62 305
Limonier.. ..,..287
Limoel'e 176
Lin 306
Linaire 176-177
Lindf mie 176
Liiiét s . .
... 62100-101-305
Linoldét-s 53
Liondent 71
Lipi'ia 195
Liqtiilambar . . . 356
l.iriailcuuruTi... 313
Lis 360
Lis des vallées. 360
Ucron... 153-154
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lJsianthu«
448-149-150
Li^iin»ebifS . . . 20t
l.i>8anth'^ 217
Li'huspermum..
...VT... 162-163
Litlorelle 202
Livéche 232
Loa^ées 63-256
Lot>élie 89 90
Lo*>éliae^e8. . . 64-88
I obes 16
Lochnera . . 139-143
Loganéf^ 133
Loganiacres. 64-133
Logti. 26
Lolium 374
UDicérées..... 99
Lonicera... 100-iOl
LoDicéroïUces . . 54
Lophospennum . 176
l.oranlh3cé«s. 6] -343
LoiItT 271-277
Lotos 319
Lotus 274-277
Luculia.... 104-116
Luculi-swa .... 116
Lucuma 207
Lanaira 326
Lupin 274-276
Lupuline 354
Lurides 16«
Luzerne 274
Lycbnfde 333
Lycict 165-174
Lycium.... 165-17i
Lycope .... 19J-194
i •ycopersicuml6v169
Lycopode . . . . . . 379
Lycopodiacées 60-378
Lyco|Kide 162
LyKodyflodéacèe«103
Lyonla 218
LysHnacbfe. . . . 205
Lyihrariées. 62-2Ô9
Maceren 232
Macis 312
Marleania 218
Maclura a55
Macre 258
Madia 7%
Mador 146
Magnolia 313
Magnoliacées. 62-313
Magnolini^es 55
Mabernia 299
Mahonia 311
Maïs 37i
Maki 361
Malcolmia 329
Mhleshf rbiées. 63 255
Malofie 301
Malpighiacées. 62-289
Blalva 301
MHivao«»es... 62300
Malvoîdées 55
Mamelles végéta-
les 37
Mancenillier. . . . 350
Mandivllle 139
Mandragore. 165-167
Maneilia 104-116
Mangaba 139
Manglier 258
Mangoustan 294
Man;:uier 283
Maniboi 351
Manioc 351
Manne 332
Manulea 170
Marrgraviac^es .
b2-29i
Marcotle 40
Marguerite do-
i>^ 80-81
Marjolaine.. 190-193
Maroute 73
Marronnier d'Inde 291
Marrube 190
Marsdénie.. 145-147
Marsilée 378
Martjnia 187
Mariyniacées . . . 186
MaruuGotula.. 73
Massette 376
Mat(^ 211
Malhlole.... 3J6-329
Matricaire.... 70-73
Maurandia 176
Mauve 301
Maysz^a 374
Maylenus 223
Méil 4
Méchoacan 153
Mélampyre.. 176-177
Melanoxylun 261
Helanthacées 60-368
Mélastomacées62' 259
Melézc 3î9
Méliacées... 62-288
Meli&nlbe 307
Melicocca 292
Melilot 274
Mélisse 190
Mélissol 190
Melittis 19<>
Mélodine... 138-139
MeloDgène 170
Mélopepon 347
Mémécylées.. 62-259
Ménispermées. 62-310
Menlbe 74-190
Mentzelia 257
Menyanibe. 149-151
Menyanthées.... 149
Menyanlhine.... 151
Menziézie 218
Mercuriale 350
Merisier • 272
Mésembryanlbé-
mées 63-250
Mésocarpe 29
\1e>pilus 265
Méthode 43
Mélbf. nique.. .. 371
Métinel 162
Metrosideros. . . . 2i>3
Meum 232
Micocoulier 354
Micrope 70
Mitropyle 37
Mikania 75
MiUereuille 82
Millepertuis 293
MiIlH 374
Mimosa.... 27n-28«
M iraosées. 6^274-275
Mimule 176-179
Mimusops 207
Mirabilis 338
Mitcliella... 104-115
Mitrariâ 182
Myxa 160
Mùdocca......... 254
Moelle 10
Moisissure 380
Moléne. 176-177-178
Molinia 374
Molucelle 190
Momordica .... 348
Monadelphie .... 45
Monandrie 45
Monarde... 190-194
Moiiimiées. . . 61-342
Monocblamydée. 45
Monocol^lédones
10-38-363
Monœcic 4'>
Moiio-épigyncs. . 48
Monogynic 45
Mono-bj[pogyncs. 48
Mono-[>érigyues. 48
INDEX.
Monopétales.. 44-63
Monoporées . 63-216
Monosépale 22
Btorées 61-354
Morelle
..465-169-170-171
Morène 377
Morgeline 333
Morina 95-96
Moriiida. 104-114-1 15
Mdringées... 63-255
Morphine 3^
Mors au diable. . 95
Morus 354
Moschaire 71
Mouron.... 205-333
Mousses «.. 60
Mousse 379
Mousse de Corse 380
Moutarde 328
Mucor 380
Mudar 146
Mudarine 146
MuOier 176-177
Muguet 360
Muguet des boU. 106
Mûrier 354
Murucuja....w. 250
Musacéts.... 60-364
Muscadier.. 311-312
51uscari 371
MuscîDées 53
Mussaenda. 104-117
Musschia 92-93
Mulise 71
Mulislacées 71
Myoporinées. 63-198
Myoporura 198
Myosotis.,.. 162-164
Hyosure 31i
Myrica 358
Myrîcaria 332
Myricé^.... 61-358
Myristicées. . 62-311
Myrospermum.. 275
Myroxylon 279
Myrrhe 286
Myrrhis 232
Myrsine 207
M)rsinées... 63-206
Myrtacécs... 62-260
Myrte 261-261
MyHoîdées .... 56
Nacelle 25
Maîadées.... 60-378
Napoléonées. 62-258
Naicii>$e 366
Nard 08
Nnn'osmla 82
Nardostai'bys ... 98
Nasilord 326
Nassuviact es ... 71
Nastunium 326
Nertaires 19-32
Néflier 265
Negondo 29!
Nélombo 322
Neloiiibonées. . .
6i-3i9
Némésiî 176
Némophile.. 159-160
Ne m'oubliez pas 164
Népcnihées.. 61-345
Nepenlbes 345
Nepela 190
Nerion 139-143
Nerprun 229
Nervures 12-13
Neuradées. .. 62 266
Nicandra.... 65-171
Nicolianc
...165-171172-174
Nielle 333
Mereinb rsia.. .
.'. 165-174
Nigelle 315
Ninsi 236
Nilraria *.. 211
Nivéole 366
Nœud vital.... 7
Noiana 164
Noianées.... 6^161
Nomenclature . . 1
Nonnée 162
Noock 76
Nopal 252
Nostoc 380
Noyer 357
Nuculaine 35
Nucule 35
Nyctaginées. 61-338
Nyctanihe 214
Nymphœacées. . .
621319
Nymphsainées .. 55
Oca 306
Ochnacées... 62-309
Ocimum 190
Octandrie 45
Odontite 176
OEgicérées... 63-207
OEginelia 181
OEuiphila 195
CEgle 288
OËgopode 232
QEil de Christ. . 81
QEillet 82-333
CEnanthe 232
GEnoihérées 257
OEsohynanthus. . 182
(Esculinées....s 55
Oïdium 380
Oignon 3-370
Olacinées.... 61-344
Oldenlandia ... 106
Olea 212
Oleinées 68-211
Oliban 286
Oligostétnones... 55
Olivier 212
Ombelle 19-20
Ombelliréres4l-63-«31
Ombellinées 55
Ombellule 20
Ombilic 249
Omphalode.. 162-163
Onagrariées.. 6t-257
Onglet... 21
Onguent popu-
leum 167
Onobrychis 274
Ononis 274-279
Onoporde 7«)-77
Onopordon 77
Onosma 162
Opercule
Ophiorrize 104
Ophioxylon.. 139-1 11
Opi>paiiax 232
Opuntia 252
Oranger 287
Orcaneile... 162-163
Orchidées . . . 60-363
OrrhiuïdtM?» 54
Oreille d'ours.. 206
Organes 7-419
Organographie. 1-41
Orge 374
Origan 190-192
Orme 354
Orme de Samarie 309
Ornithogale. ... 371
Ornilhrope i74
Orobancliacées63-180
Orobanciie 180
Orobanchées. . . IKO
Orobe 274
Oronliacécs. . 60-376
Orphium 149
Orst»ilt»' 379
Onlianiherj iM
Ortie 354
385
Oryza 374
Oscillaire 380
Oseille.. 301-306-340
Oraire 29-30
Ovule .... 29-39-40
Ox«lide.... ... 306
Oxalidées ... 02-306
Oxyanthe... 104117
Oxycoccos...... 218
Oxystelma... 145-147
Pachira 299
Pacouria. . . 138-139
Pain de cassa ve. 351
Palapalla 143
Palétuvier 258
Palicourea.. ..109
Palissandre. ... 281
Paliure 229
Palma-rbrisii . . . 351
Palmiers
. . . 374-37t»-60-181
Palo de vacca... 356
Panais 232
Paucralium 366
Pandanées... 60-376
Pandenoîdées. . . 53
Pandipave; 348
Pangiacées. . 61-346
Pangium 346
Panicaut 232
Panicule 19-20
Paod'arco. 185
Pao Perdra 141
Papareh 348
Papaver.. 325
Papavéracées. 62-323
Papavérlnées.... 55
Papayacées.. 61-346
Papayer... 346
Papier de Chine 373
Papilles 29
Papilionacées. . .
44-62-274
Para tudo 337
Paraphyfe 379
Pariétaire 354
Pamassia 323
Pâquerette.... 70-80
Paquerolle. ..... 70
Paraguay-Roux . 74
P.«reira-Brava... 310
Parenchyme.... 4
Parkia...... 275-280
Paronychiées 61-334
Parinarium 266
Passe-Rose 302
Pa5S( -velours... 337
Passiflore 254
Passiflorées. . 63-^54
Passiflorinées .... 55
Pastèque 347
Patate 153-154
Patchouly 192
Patience....... 340
Polisson 347
Palrinla 98
Paiurin 374
Paullinia 292
P:iulonia ... 176-179
Pave' ta 104-109
l'avia 291
Pavonia 302
Pavot 323-325
Pécher 273
Peclis 70
Pédalinées... 63-186
Pédalium 187
PénéacéfS... 61-342
Penicillaria. . . . 374
Pédiccllc 49
Pédiculaircs. 17.5-176
l'ediiularis .... 176
Pédoncule 19
léiarées 352
Pciillirquf... . 379
Péganuni 307
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■r
Pélarffoniuro.. .. 90S
Penéàntliées,... 61
Pensée..., 331
PeDlagyoie 45
Pent mdrie 45
Pentap^les 209
Pânbtemon
175-176-178
Péponide....... 36
Péragui 197
Péricarpe 34
Périoorullées ... 48
Perigynes
... 26-.'>5-61-62-64
Périhypogynes.. 63
Peri^ieUlees.... 4»
Periploca... 145-147
Periplocees 145
Peristaminées. . . 48
Persea 340
PersciiiDées 4»-5l-175
Pervenche.. 139-143
Petse 258
Peiiveria 338
Pétale 24
Pélasiles 75
Pétiole 42-16
Péiiolule ,. 16
Petit hranda..., 1(J0
Petit chêne 193
Petiveria 338
Peirœa 190
Pétunia.... 165-171
Peucedan 232
Peuplier. .. 356-357
J'hacéUe.... 159-160
Phanérogames. .
49-60-65
Pharbilis... 153-154
Phaseolus 274
Phelipœa... 180-lHI
Philadelt>hécs 63-24f
PhiUtieriia.. 145-147
Phlox 156-157
Pblomiile... 190-191
PtKBniroîdées... 53
Phoniputiilenax 371
Phoitiiia 265
Phycelle 366
Phvlica 'Z29
Ph'ys..lis.... 16.J-169
P^ysiologif 1
PbyteuuM 92
Phytogitiptiie. . . 1
Pbyiolacctes. 61-338
Picris 71
PiLToioxine.... 310
Pied «le chat 76
Piguuil 374
PigHinon .. 3(4-316
PiMjhire 378
Piment. 165-1(J9-262
Piiiipinoliu 232
Piiii^ireuelle .... 266
IMii 359
Pintkiicya., tOI-116
Pingiiiciila 201
Pij»fraccos. . . 61 -352
Pipcrjue 352
Pipohiiées... 5j 325
Pi>seiihi 71-78
Pislachicr 283
Pisiaeia 283
Pi>iiacccs . . . GO-376
Pistil 19-:>8-29
Pisum.. 274
Pilios[K)ices . 6:)-222
Pivoine .... 31.i-319
PUiccnlaiiv. •i9-30-31
Planiagiiiées. 63-202
Phinlain. 202-203-377
riaiHule... 37-38-39
Plaqucujiiiiei*d . . 209
Platane 356
I lilrinccs 01-356
Plalycodon.. .. 03
Plectranthus 190^194
Pieclrocephalus. 80
Pleurospermées 62-63
Plombaginées 63-203
Pluroeria 139-111-1 42
PœderoU 176
PcBderia.... 104-106
Poa 374
Podocarpus 361
Podostémées . . , 349
Pogostemon .... 190
Pohon upas 135-356
Poils 6-7 -3t
PoiBciana 275
Poincillade 275
Poireau........ 370
Poirier 265
Pois...., 274
Poivre 469-312
Poivrier 352
Polémoniacées 63-155
Poléinoine 156
Polianthes 3.1
P(" .26-28
P< ... 45
P< ... 26
P< ... 45
P< ... 367
P( ... 292
Tt 62-292
P< ... 55
P< . 45^46
P< . . 369
P( 61-338
P( ». . 55
P< ... 45
P( ... 61
P< ... 378
IH ... 55
P< 62-265
Pomaderris.... 229
Pomme cannelle. 312
Pomme d'amour. 169
Pomme de Hédie 287
Pomme de terre. 170
Pomme épineuse 168
Pommier d*amour 169
Pongatiées 93
Pontédéracées 60-372
Populage 315
Porcelain blue.. Ii5
Porcelle 71
Portulacé^. . . 61^335
Portulaca 335
Posoqiieria. 104-117
Pouliacées. ... 133
Polaliées 133-134-137
Polamées.... 60-H78
Polamogelon . . . 378
Potenlille 266
Poterium 266
Poudre de la com-
tesse 122
Poudre cardinale 122
Poudre des Jé-
suites 1^
P-'ule pondeuse. 170
Pouliol 19!
Pourpier 335
Préfloraison .... 32
Prèle 378
Premna 195
Pregnanthes.. 71-79
Prepusa.... 148-150
Preslia 192
Prévenu Gaballos 90
Primevère 2(>5
Primine 39
Primula ... .... 203
Primulacées . 63-20 1
Primulinées .... 54
Prinos 210
Prismatocarpe. . 92
Protéacées . . 61-343
Protéinées 56
Proiopbytes 50
INDEX.
Prunier .... 266-272
Psidium 263
Psoralier... 274-277
Psycboiria. 104-108
Ptarmitiue 73-^
Ptelea 309
Plèrocarpe. 275-278
Ptéroc(>pbale ... 96
Pulicairè 74
Pulmonaire
162-163-S79
Pulsatiile 316
Purpurine 105
Putoria 106
Pyrènacé^ 196
Pyrèthrc. 70 74-81
Pyrolacêcs... 63-216
Pyrole 217
Pyrus 265
Pyxide 35
Quarooclit. 153-154
Q lassi 309
Quissi.1 de Para 150
Quassine 309
c^uaielé 263
Queue de Cheval 378
Quinine 122
Quino3 337
Quinquina
104-118-120
Qtdnlereuille... 270
liacine 7-8
Racine aux Tem-
mes battues.. 368
Racine de Turbiih 153
Racine de pipi.. 338
Radicule 37-38
Radiées 44
Radis 326
Raifort 326
Raiponce 92
Rafflésiact'cs 61-344
Rafïlésie 345
Ramondia 178
Ram-till 76
Rapette 162
Raphaous 326
Raphé 37
Raphiolépis — 265
Raquette 251
Raunhia 292
Ratbane 230
Ravenala 365
Rayon 10
Réaumuriac<^es.
6'J!.332
Réceplade... 19-20
Réeve ia 300
Réglisse 274
Reine Marguerite 81
Renoncule 314
Renonculac^es. .
62-311
Renonculinées . 55
Renouée 340
Réséda 330
Rpsédacées.. 62 329
Résine 279
Rnsiiacées . . 60-372
Rbnbarbarine... .^39
Rhatnuée'i.. . 63^9
Rhamnoïlées.. . 56
Rhamnus 229
Rhaponlic 339
Rhinaiilhaeées . 175
Rhinanthe 176
Rbinaulboïles.. 175
Rhizanthées 61
Rbizobolées . 62-294
Rbizocarpées 60-378
Rhizome 9
Rhizophorées 6*2-258
Bbododaphoc . . 143
Rhodocbilon 176
Rbodor:ic/>cs. 62-218
Rhubarbe...... 339
Rhubarbe des In-
d s 153
Rhus 283-285
Rbyiidopbyiliini 182
Rfbes 253
Ribésiacée .. 63-252
Richard oiiia... 108
Ricin 351
Rigidelle 367
Rindérd.... ll>2163
Riz. 374
Rob de sureau . 102
Robinia 281
Robinier 27i
Rocimbolle.... 370
Roccelia 379
RocouyiT 330
Roella 92-93
Rogeira 115
Rf>mariQ 190
Rouc«) 266
Rondeletia.. 104-115
Rosacées. 41-62-265
Rosage 218
Rose de Gueidre 102
Rose de Jéricho. 329
Rosed'Iide.,.. 82
Rose du ciel ... 331
Rose trémière.. 302
Rosier 265 269
RoNnées .'S6
Rotang 375
Koupelli.'. . 138143
Royena 209
Ruban d'eau... 376
Rubia.. 101-105-106
Kubiacées... 61-103
Rubiis 206
Rudbfckie . . . 70-83
Rue 307
Ruellii 188
Russelia 176
Rutâ 307
Rutacées.... 02-307
Sabbaiia... 119-151
Sablier 350
Sabline 333
Sabot de Vénus 363
Saccharum 374
Safran 367
Sagapenum.. .. 239
Sagine. 333
Sagoutler 375
Sagus 375
SainlK)is 342
Sainfoin 274-282
Salep 364
Salicine 356
Salicorne 335
Salicaire 260
Salicinées... 61-:i56
Saliiiburia 361
Salii 356
Salmatia 299
Salsepardlle ... 368
Sal epareille de
rinde. 116
Salsola» 337
Salpiglos^e 176
Salsili 71
Salvla 190
Salvinie 378
Samare^ 35
Sambiicus 99100-102
Simole 205
Samyd*'es. .. 63-255
Sang dragon 278-371
Sangueniie 73
S inguinaire .... 323
Sangui.vorbe.... 266
Sanguirorbées.. 266
Sanicle 232
Santal 278-3U
Sanlalacées. . 61-344
Santalinées 55
Santo'i:ic — 70 73
Santonine 7.1
Sapapénuiii 2:^9
Sapin 359
^iapinda< écs . 62-291
Sap«inaire 3.13
Sapolées.... 63-2U7
Sapotiliier 2l)7
Sappan 278
Saprosma 106
Sapucaya 263
Sapura 2^
Sarment:icées. .. 225
Sarracenia 321
Sarracéniées. 6>323
Sarrèi»-
... 70-77-190-192
Sarrasin 310
Sas afras 340
Satureit 190
SaugA 193
Saule a'»
Siunirt'es... 61-352
Sanva'/ésif'es 62-331
Savmnier 291
Sixfrage 245
Saxifragée- 61
SaxifrdgiMétis. .. 5.1
ScibifUfH ^15-96
Scammonée. 146-153
Scanilix 232
Scaro'e 79
Sceau de Silo-
nion 369
Scepaiées. . , 61-:i52
Schinus 2S3
Srhizan'lré« s. 62-311
Schizanihu- 176-1/9
Scbœnanibe., . 374
Scille 3 9
Sciuminées . . . . 54
Si'leranlbus .... 335
Scœvole H7
Scœvolées 87
Scolopendre.... 378
Scolyme 71-79
Scorpiure 274
Scorzonèie... 71-7»
Scrophul lire 176-177
Scrophulariacces 175
Scrophulaiiée... 175
Scrophularinées 175
Scutellaria 190
SébesUer i60
Secale 371
Sécauione . 115-146
Sécamooées. ..115
Secondine. .... 4()
Sedum 249
Segments 16
Seigle 374
Seigle e-goié . . . 3N0
Sekakuf 236
Selago 196
Selaginées... 63-199
Sélaginoîdces .• 54
Sélin 232-239
Semencine 72
S^men-conira . . 72
Semi-flj>culeu>e< 44
Séné 280
Séneçon . 70-82
Senéciouidet'S.. 70
Sénevé 326
Sensilive 282
Sépale 22
Sepus 250
Seringat... 101-241
Sériolle 71
Serissa 106
Serpentaire 292
Serpentaire de
Virginie 344
Serratula .... 70-77
Sésame 176-iavi86
Seséli 21 J
Se\e 5
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Shetereia 154
Sihlhorpia ..... 176
Sida 301
Siderilis 190
Siileroivlon. . . . 207
S laûs 2:^2
Silèue 33;J
Siler 2a2
Sdicule 35
Siliqiie 35
Silrbe 70
SilybRm 70-76
Simarouba 300
Stinarubées. 62309
Sinapis 326
Sip:)iiea . . . . 10M15
Siphiel 70
Siph icampylu» 89 00
Sipbonia 351
Sisyriiichiuin . . . 367
Sisymbre 326
Sinin 232
Skimmi 313
Smilacinées.. 00-368
SmyrniiHR 232
Sole 379
Solanacées 161
Solandra 161
SolanAes . . . . 6^165
SoUoine 170
Solaniné<?8 54
Solaoum
. 165.169-170-171
Soldanelle 205
SolenosU'mma . .
145-146-280
Solidage.... 70-82
SoQcbus 71
Sophora 27à 277
Sorbier 2fî8
Sorgho 374
Souche 9
Soiichel 373
Soiici 70-78
S.udes 337
S'mianffia 229
Soymida 288
SpadicîQores ... 60
Spargoule 3:)3
Sjarminnia. . .. 297
Sparlium... 274-279
Siaraxis 368
Spéculaire 92
Speri^ula 33J
Sphetiocleacées 64-93
Sphaeraclea .... 302
S lica nard 98
Spigplie.... 134-137
Spilamh s.... 70-74
Spinacia 335
Spirale 32
S»irée 966
Spiréacées... 26 266
S^Oidias 283
Spondiaci^es . 62-283
Spongiode. ... 8-11
Sporange 41
S|ior.' 379
Spr^Dgelia 217
Spiiiie 368
Siachys 190
Siacbytarpheta . 195
S uckhousiées 63-231
SUpélie... 145-148
Siaphyléacées 63223
Slaphysaigre ... 316
SUiicées 203
Slellairc 333
Slenocarpus.... 313
Stephanotis 145-147
Slercaliacées 62-299
Siicta 379
Stigmate 29-31
Siilbinée9.... 63197
Sliprtll«»8 16
SUpules 13
Stomates 6
Stramoiue.. 165-168
Strobile 36
Strophantas. ..143
Sirophiole^ 39
Sirycboacées. . . 133
Strychnéea 133
Strychnos
. 13M85-136-137
Siu irtia 296
Style 29-31
Stylidées 85
Stylidiacées .... 85
Stylidiées. ... 64-85
Styiidier 85«
Stylidium.. .. 85-86
Siyraoées. . . . 63-215
Suce-pin 216
Sujet 41
Sumac. 159-283-285
SupéroTariées. .. 60
Sureau 100-102
Surelle 306
Suture 26-31
Svvartzia 280
Swartziées 275
Sweet-PinshamiD 139
Swertie 149
Swie ténia 288
Sycomore.. 291-355
Symétrie 33
Symphoricarpus
l«)0-10l
Symphornu 100-101
Symph\tum.... 162
Symplocos 215
Syn^énésie 45
Synn^a 212
Système 43
Tabac 171
Tabaco 172
Tabœrncmonta-
na.. 13S- 139-141
Taccacées... 60-368
Tachia 149-150
Tacsonia 254
Tagète 70-82
Taitch>ling-Oua. 93
Tamarin 280
Tamarindus 2K0
Tamariscinées 62-331
Tamarix 332
Taminier 368
Tamus
Tanaceium.. . 70-73
Tanaisie 70-73
Tangbin véné-
neux 139140
INDEX.
Tapioka 351
Taraxacum . . . 71-78
Taxonomie. ... 1-42
Taxinées.... 61-361
Taxus 361
Tecoma 185
Teclona 196
Téguments .... 39
Tpk .. 197
Telekia 83
Tcphrosia 280
Tercine 40
Térébenthine 284-359
Térébinthinées. 55
Ternslrœmia-
cées 62-^95
Terre du Jaiion. v80
Testa 37
Tétradynames . . 26
Télradynamie. 45-46
Télragone 335
Tétragoniées. 6i-335
Tétragynie 45
Teucrium lOO
Thalamiflores. . . 49
Thalictrum 314
Thallophytes ... 50
Thallus 41-379
Thé........ 73-296
Thé de Bourbon 364
Thé du Mexique. 337
Théine 296
Theobroma 298
TheophrasU.... S07
Thibaudia 218
Thlaspi 326
Thridace 79
Thuia 360
Thunbergia .... 188
Thym 190
Thyrabra 190
Thymélées . . 61-342
Tige... 7-040-11-12
TIgelle 37
Tigridie 367
Tiliacée^.... 62-297
Tillaâd^ia 365
Tillœa 249
Ti<8U 4-29
Titan-cotte... . 137
Tiaridium 162
Toléne 279
Tomate.... 165 169
Tonga 168
Topinambour. . . 75
Toque 190
Tormentille 270
Tordyle 232
Torenia 176
Torilis 232
Torus 31
Toumerortta 162-163
Tournerortiées.. 162
Tourretia 185
T*>ute-5aine..... 2D3
Trachées 10
Trachélie 92
Tradrscantia *.. 372
Tragopogon .... 71
Trèfle 274
Trémandrécs 62-292
TrianrJrie 45
Trichosanlhes. . . 3iS
Tribulus 307
Trientalis 204
Tilfolium 27*
Triglochin 377
Trigonelle.. 274-277
Trigynie 15
Triptilion 71
Triosteum .. 100-101
Trilicuni ^1%
Troène 2l2
Trolle 315
Trompette du ju-
gement dernier 168
Trupéolécs . . 62-301
Troscart 377
Truffe 380
Tuaquetle 335
Tube.. 22 25-28-29
Tuber 380
Tubercules 10
Tubéreuse 371
Tulipe 370
Tulipier 3i3
Tunique 37
Tupa 89-90
Turgénie 232
Tumera 256
Turnéracécs. 63-256
Tussilage . 70-75-82
Tweedia.... 145147
Tylophore. . 115 147
Typha 376
Typhacéc-J. . . 60-37t»
Dlex 274
Ulmacécs 354
Ulmus . 354
1)11 »a 165-lU
Upas Radja 13.)
UpasTjettt'k... 135
Urcéole 139
Uredo 3S0
UrUcées .... 61-351
Urticinée^' 55
Uruparib.i 185
Ulricule 35
Utriculaire 2<M
Utriculariéfs 6:V2()0
Vaccinlées. . 63 218
Vaccinium 218
Varh-lia ... 275 2S0
Varinulr 379
Vabea-gutnniifcral12
Vai-iseaux 4-5
Valériana(Hv< . . 9(i
Valériaiii'. • ...
.... «7-08-99-156
Valérianée-.. (i4 96
Valériancli»*.. .. 97
Vallésie.. 11-135-11'
Vallsnérie 377
Valves 26 35
VaUuIes 35
Vanille 361
Varaucia 105
Varec 380
Variolîi'i 379
Vascubi oi 60
Végétaux «'tllii-
laire 4i)
Végétaux vas u-
hir .* 49
S87
Vél^r 326
Vératre 368
Verbascum
176-177-178
Verbénacées. 63-195
Verbèninées. ... .'»4
VfTge d'or 82
Vergeretle 70
Vergiss-mein-
nicht 161
Vernis 70
Vernis du Japon. 309
Vernonîa 70
Véronique
176-177-179
Verticille 32
Verticillées 189
Verveine 195
Vesce 274
Vesicaire 326
Vestia 165
Vétiver 374
Viburnees 99
Vibumiim
100-102-103
Victoria regia . . 320
Vieusseuxia.... 367
Vigne 225
Villarsie.... 149-151
Vinca.. 138-139-142
Vincetoxicum. .
145146
Vinettier 311
Violacées.... 62-330
Violine 331
Violinées 55
Viorne. 100-102-103
Vipérine... 162 163
Vismia 208
Vltacées 225
Vitex 195
Vivianées. . . 62-306
Vochysiées. . 62 292
Volkameria I95
VolubUis 154
Vomiqiier 136
Vonacapou 281
Vraie angustu«'f. 137
Vrilles.... 12-13-18
WachendorGa.. 365
Wahlt-nbergia. 92-93
Weigelia... 100-101
Westringia. 190-194
Whrigtia 143
Wigandia J58
Willuglibeia.... 136
Wi^teria . . . 274-281
Xanlhium 70
Xeraiithème... 70-82
Xyridées 60-372
Yeux de TEnrant-
Jésu-» 164
Zacynthe 80
Zmth'picrite.. 3(MI
Zanthoxylées 62 308
Zanlhoxylum... 309
Zingibi>racées 60-3t)4
ZInnie 70-82
Zizyphus. 229
Zo-lér.icées . 60-377
Zostèr s 378
Zygophylées. 62.306
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TABLE DES MATIÈRES
LETTRE A M. ADRIEN DE JUSSIEU I
INTRODUCTION 1
Descripton des organes 41
Organes élémentaires ,
Organes composés 7
— de la nutrition 7
— de la reproduction 19
TAXONOMIE 42
Méthode de Tournefort 44
Clé du système de Linné 45
Méthode de A. L. de Jussieu i 48
Arrangement de A. P. de CandoUe 49
Système de Steph. EndUcher 50
Classification de M. Ad Brongniart 53
Classification de M. Adrien de Jussieu 59
HISTOIRE DES FAMILLES 05
Phanérogames ou cotylédonées 65
Dicotylédones 65
Monocotylédones 363
Cryptogames ou acotylédones 378
INDEX 381
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1 2
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