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Full text of "Revue musicale"

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■DS  L'IUFRIMERIE  DE  B.  DUrERGEK, 


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PAH  M.  F.  J.  FÉTIS,  ' 

PKOFBUEDB  DE  COMFOSITIÛH  A  l'ÉGULE  BOYALE  DB  MOSIQVB 


PREMIÈRE  ANNÉE.  —  TOME  I. 


AO  BUREAU  DU  JOURNAL,  RUE  BLEUE,  N*4- 
SAUTELET  ET  C" ,  PLACE  DE  LA  BOURSE, 

1827. 


Dlglll;(idt)yGûoglL' 


.StafftsbililiDliiek 


□IgilizsdbyCooj 


PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  UUSICIENS  '  ' 
COHPÔSITBUBa^-XKnBTM'kfT-JIK^Jl'IlilBasV  ' 

ET  PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

PR0FES9ECB  DK  mMPOfllTIO?!  k  L'ÉCOtB  HOYALE  DE  UDSIQUE  , 


tJTIl.ITÉ'1>*DN9&0»Iii'AL  DE  MDSKîUï,'  , 
" ''BTr£ur  BBi]Bi.vi-ci,     '     '  '' 

iabeamn  de  savoir  a(^te  leitaocid«  entior  :  la  aiviUs^lttia 

post.  PaiWfi^'iiu  point  où  etlei  e«t,  ellë  HA^ire  à  clmno 
io  lUsîff  d'être. iiutrnil  de  lout.sc  qui  le  toiiohe,  sai|L.danri 
ses  deoitat  ses  devoirs  obseiiplaiBÏrs.  Il  n'est  paiutd'JtMiime 
bleu'élevé  qui,  de  DOB^ourSi  rexte  vcriotilaicemèat  étrani 
geraux  queRlioiisqui  m  t  rail  eut  devant  lui.  Lelaïkga^des 
arlH,  celui  deasciences  même  devieniteat  chaque  jour  plus 
populaires!  Lfttempf  deMecrela  est  passé  peur  Uijfe  chose, 
et  celui  quiiSÏeudrait  ai:goucd''>uï  pader  ^itaïa^falùieti-.dH 

Haia  ^iveelaimême  qu*on  yuut savoir  IfeaDOonp  oa  est 
foro^  d'appreçâno  vite.  Oik  nexintert^hwKcoiveitcoHt 
muniqueRpromptfiHwnl  lesuotioas dovtdlt&bnidtardftiu 
1a  monde  quç  Jesjournatut,  soit, quQtfdit»MtM>i(pMadi* 
ques.  A  mesure  qu'où  avauce  dans  la  ciVilinti«a  i  ief 
bcsoiiissespéGÎaliseiitct  demandeut  dd  noaveBU  orgaucs- 
LcsfouiJilvN.puUtiqiies,.  de>BtiiiiéG8  à  flairer  la  sdciélé  sur 
ses  inlérËts  les  plus  chers,  ue  pcuyent  accurder  que  peu 
d'espaceà  des  objets  qmne^ontpQUr  elle  que  secondaires, 
tels  qtK[|eft4^0Hvertes:Ct  les  inveution»  quiise-faet  oli%- 
jour .^118  les  Bcioacesj  lee  arts  et  l'tndusiitie.' :JE«g)a 
rapides  f«ym»,.AeurG  jaualyses  Itères,. De  peuveut.4Mls 
fiQoii4iiifyi:9Ji*:/i'»Wte  xm  tVKtp  .d'inxitalite.  ttitsif 


émetleut.  De  là  rutilïté  des  journaux  Utléraîret,  HcïetilUi- 
■ques .  de  théâtres  et  aulres ,  qai  se  subdivisent  encore  tn 
une  fouie  d'objelN  parlicullers.  Quoique  moins  avancée 
nous  ce  rapport  que  d'aUtres  pays  voisins ,  la  France  pos- 
sède cependant  un  nombre  ceniidérabie  d'écrits  périodi- 
ques en  tous  genres  ;  la  musique  seule,  moins  favorisée 
que  les  aulres  (iroductions  da  génie  de  L'homme ,  u*y  a 
point  eujusqu'ici  d'organe  qui  ne  paijUt  q^ie  ton  la^g^tge. 
taudis  que  l'Allemagne  poisUo  oinq.  jowiBauz  ou  revues 
sur  cet  objet .  l'Angleterre  quatre ,  et  plusieurs  aulres  pijs 
dii  nord  au  moins  un. 

J'ai  dit  i]ue  la  France  n'a  point  eu  jusqu'à  ce  moment 
de  journal  con.sacréà  la  iiui.si^ue;  cela  n'est  point  exact. 
En  1770,  Frameryesnayad'enélablirun  quiparaissaitune 
fois  par  liiois,  mais  qui  ■n'enl  qu'une  courte  existence. 
li'anBéftiBoa-vtt  éolore-tioe  Correspondance  dea  ama- 
Ickhê-',  et  plastard  on  eut  les  ïVi^fefM de  Pofymnû.  Hais 
le  lempsn'était  pAs  venp  pources  sortes  de  publicaltons  : 
de  pareils  écrite -ne  s'adressaient  alors  qu'aux  musiciens 
de  profession  ,  et  le  nombre  de  ceux  qui  s'intéressaient  aux 
pra^rèa  de  leor  art  h'élait  point  assea  iconsidérable  pour 
atha— Igr-qw  jbnhMrf  qBBl6tiri&t»pédalwa«it  dertiné;. 

ùtfoiHbin  eut  chaînée  s  oequi  le  {trouve,  ce  sont  le* 
AemaiHlaa  nous  sont  adressées  de  tooles  parti  y  et  anx« 
quelles  nous  ne  faisons  que  céder  en  jetant  cet  écrit  dans 
ta  circulation:  NousnB-ftrous  point  de  promesses,  point 
de  penpenx  prMpfiOttu^  Kous  ne  vanterons  point  d'avance 
iKirù«.|inparlialilév  liotw  zèle,  notre conMience;  &  quoi 
tout  cela:  servivBilijl  P  «n  verra  bien.  A  l'égard  de  notre 

Nouff  enminerons  tbules  les  questions  qui  se  rattachent 
Sla  musique ,  sons  lesrapports  historiques,  de  Ihéuieou 
de  pratfque;  nous  analyserons  les  ouvrages  nouveau^  re- 
lalîfs'à  cet  art,  les  compositions  nouvelles  de  qAdque 
^bre  qne  «esoit,  et  les  perrectinnnemensdemélhtidequt 
Mtont  publiés,  soitén  FfancefSoit'dans  les  pays  étrangers. 
TMm  rendrons  compte  des  représentations  d'opéras  nou- 
-vaBiiKT4**<!»»oerlB,'desooarsj'des'inveiitiimsoa'deB  jpet^ 
'faMf6wMnMiiq<dHibinu»iu.:N<ua  dmineroHi'de»  oetfaes 


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3 

sur  1^  artistes  les  plus  oélÈbres;  enfin  nous  anBoacerous 
toute  la  musique  aassitAt  qu'elle  sera  publiée.  II  nous  a 
paru  qu'il  serait  utile  de  joindre  à  nos  analyses  dca  eiem- 
ple«  notés  pour  en  éclaircir  1b  sens,  et  aou^  avons  pri^  des 
mesures  pour  remplir  cet  objet  d'une  manière  satisfai- 
sante. NM'WmwvîpIfllirs  recemnt  ohaqoe  trime«tre  un 
fiwtndt  liUu^pUé.'d'^n.oompoai^rt  d'an  cbaatenr , 
qn  d*on  iiiBtrumetitifile'oël^bK. 

Le  succès  de  aglre  journal  est  assuré  si  nous  lui  don- 
nons le  degré  d'intérêt  dont  il  est  susceptible;  sinon  ce  ne 
sera  pas  la  faute  du  public,  et  nousaenoiisplaindronspas. 
Nous  montrons'  dans  ce  Protp^cltu  *st  Specimtn  ce  que 
nous  vAulonf  ùire^  auùa  comme  il  est  dans  la  aatare  des 
choses  qu'on  s'ïastrait  par  i*e<piirienoe,  Botuefpjfqpiikiré 
■nieui:  4i  m^aure  pav  Ilov9'^r^paerpt^.; 

SmÉnESSANS  VODR  L'BISTOntE  DE  LA^MÇSIQUE.  , 
mEKiuuncLB. 

Ksppsés  cont^  nous  |e  sonfines  par  notre  éducation 
à  considérer  rtiarmonie  comme  une  partie  iatégr<<a^e  de 
la  musiqnet  comme  une  condition  tùifi  gifd  n/fn  de  son 
exislenoet  ilaous^t  difficile  de  concevoir  ce  q|ie  pouvait 
être  pel  art  «dut^ç  les  Graoi  et  cbes  le^Romains,  dépourvu 
(tait  des  jeSbljS  si  divers  4e-la  manque  i  plusieurs  par- 
tlu  ;  nul  doulç  même  qu'on  ne  refusât  de  croire  à  la  pos- 
sibilité d'une  mosiquc  lemblabU  en  usage  constant  chez 
un  peuple  ,  si  celle  des  Orientaux  pc  nous  en  olTrait  tut 
exemple  fiM-t  remarquable  :  en  effet,  p^rmî  les  habitansde 
cet  espace  immense  compris  entre  1^  oAlcs  de  Barbarie , 
celles  de  la  Chine ,  la  Slbéije  «t  le  .cap  ComoTÎn on  ne 
trouve  aucunes  traces  de  cetlç  bacmonie  qui  pous  semt^s. 
si  nécessaire. , 

Trompés  pu  le  sens  éqDiraqoede„deui(.Xf:rs]d']3oraçe., 
et  par  an.pawaBe  de  la;Ré|m)iI/i{ae  de  Flafon , .  plus  «Âsoqr 
encore,  plusiQiin,,ériidilB  tels,  qael'ftl^ëFr^^ier^^ 
mon ,  les ié«^ie&  Dnceroeau^  Bpùg^nt  et  (|n^li|»^>u|{^s , 


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«nt  OHtreprlfi  de  détnniftrcr ,  âank  du  Ibiigues  âlIffiertattfïnB, 
(jué'ceiix  qui  refusent  aux  Hncibiis  Itt  cOiinalSïhitibë  de' 
rharmonic  sort  iiidiiiNeii  erreur  p^ir  lin  exumeii  'super- 
ficiel. Slalhcnreusemciit  pour  lu  cause  qu'ils  défendaient, 
toun  ces  discoureur!) ,  gens  fart  saVans  d'ailleurs ,  étnierit 
étrangers  h  lk  question.'  Pins  hàbilcâ,  tèari  advenatres-,' 
parmUeaquels  on  retnat^oé-Burene  et  Itf  père  Harlîul  i  due 
tiré  leurs  raUouneniens  de  la  nature  des'oboiei,'ef  Ici  onr 
appuyés  du  silence  absolu,  sur  celle  imiHète,  de  totis  les 
lIMoHéicns  grecN  el  klins  dont  les  écrits  sont  jtiti'veflliS' 
|ils<]u*à  nous.  Sans  vouloir  renouveler. une  discussion qut' 
aérait  sanS  intérêt  pour  nies  lecteurs,  je  ferbi  observer 
que  la  chaleur  qu'on  a  mise  dans  cette  coiilroverse  Hent 
au  point  de  vue  ruus  lequel  on  a  envisag&'la  question. Gon-' 
vaiuuus  de  la  supériorité  des  Grecs  dan^  quelques-urfs  des' 
artsdn  dessin,  et  de  l'élévation  habituelle  do  leur  pensée; 
persuadés  d'autre  part  qu'il  n'y  a  point  de  musique  sans 
harmonie ,  ou  du  moins  que  celle  qui  en  est  dépourvue  est 
inférieure  à  l'autre ,  les  partisans  de  l'an  tiquitéont  soutenu 
i|ue  des  hommes  si  bieu  oi;gauiaé.s .devaient  avoir  praliqtié 
ce  qui  est  meilleur.  Il  me  semble  qu'on  leur  eût  répoudu 
raisonnablement  en  disant  :  s  Nous  ne  révoquons  pointen 
■1  doute  la  délîcale.s.te  d'org^iuesdcsCreci;  et,  quoiqu'il  ne 
«nous  reste  aucun  mornimenl  do  knir  musique,  nous 
n consentons  à  croire  qu'elle  élaif  excellente;  toutefois, 
1  li'S  ^-crits  de  leurs  théoriciens,  la  forme  du  leurs  inslrn-' 
1  mens  et  plusieurs  circonstances  hisloriques,  prouvent 
.  ■  qu'ils  ne  pratiquaient  pas  l'harmonie  dont'Votis  pdrlez. 

■  Nous  n'examinons  pas  si  leur  musique  était 'inférieure  à 
«tâ  li&Ire;  mais  nous  pen'sons  queç'était  un  antre  arl,  qni 

■  rachelaît,  par  des  qualités  qui  nous  sont  inconnues  ,  les 
•  avautages  dont  le  nôtre  est  pourvu.  • 

Quoiqu'il  en  soit,  tout  porte  à  croire  que  l'idée  d'unir 
plu^^icurs  sons  simultanés,  que  l'harmonie  enfin  n'a  pris 
naissance  que  dans  le  neuvième  siècle  de  l'ère  chrétienne, 
ét  qii'ellë  dut  son  origiii*^  â'rintroduoliotï  de  forgue'  dans 
les  i%tifei-  bn  saf l  que  lé  prcmfef  huttrantent  de  tetle  cS' 
'pïcë'irdt  étiVoyéà  Pé(>ii) ,  '  père  de  Gharlcmagne ,  ea^ôf,' 
part'èinperenrd''Orleilt  ;  Ctthstaullti  Copronymet  et  qu'il 


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s 

fut  placé'daDB  l*égiise  de  Saint-Carneille,  à  Compiègnn. 
Hoeservit  d'aboril  qu'à  accompagner  le  chant  à  l'uniASOD; 
Diais  bientôt  Ja  facilité  de  faire  enteadre  pluBieur§  notes  à 
la  fois,  au  moyen  du  clavier,  fit  imaginer  une  sorte  irac- 
compagnement  qui  ne  fut  d'abord  qu'à  deux  parlies,  et 
auquel  on  donnait  le  nom  de  diaphonie  au  celui  d'orga- 
num'  :  ce  dernier  iiltcslei^oii  origine.  Les  moines  Hucbaud 
de  Salut-Âmand  et  Udon  de  Clnny ,  écrivains  du  dixiËme 
siècle,  £Oiitlet)  premiers  qui  aient  parlé  de  cette  nouveauté, 
In  sensible  meut  on  H'enhardit  et  l'on  eut  de  l'harmonie  à 
trois  età.  I|natrc  voîi,  qu'on  appelait  iriphmiie  et  lôira- 
phoni6';mMa  quelle  harmonie  ,  grand  Dieu  !  Tout  le  monde 
sait  que  do  nos  jours  les  successions  de  deux  quintes  ou  de 
deui  oclaveiiparinouvcmenl  direci  sont  proscriles  à  cause 
de  l'efiet  dur  et  plat  qui  en  est  le  résultat.  Les  oreiller  gau- 
loises de  nos  ancëtrcK  étaicnl  pluii  aguerries  que  les  ijâtrcit, 
car  leurs  létraphouicsconsislaieul  en  suites  de  quintes,  de 
quartes  et  d'octaves,  qniscfaixaient  entendre  pendant  toute 
la  durée  d'une  anlienae  ou  d'une  lilanîe;  on  étail  même 
alors  si  friand  de  celle  cacophonie  ,  que  ceux  (|ui  faisaient 
chanter  des  mcaBCs  consonlateul  volontiers  à  payer  aux 
chantres  tix  deniers  pour  avoir  le  plaisir  de  l'entendre,  au 
lieu  de  deux  deniers  qui  étaient  dus  pour  le  chant  simple. 

Les  choses  reslèi-cnt  dans  cet  étal  jusqu'à  la  iin  du  on- 
zième siècle;  alors  quelques  perfectionnemena  furent 
essayés,  comme  on  le  voit  dans  lex  écrits  d'un  prûtrc  aile- 
m  an  d  nommé  Francun  de  Cologne;  mais  une  lacune  im- 
mense se  fai|<ait  remarquer  dans  l'histoire  de  la  musique 
depuis  celte  dernière  époque  Jusqu'd  la  fin  du  quinzième 
siècle.  Aucun  progrès,  aucun  intermédiaire  n'était  coiuiu 
entre  les  essais  encoro  grossiers  de  l'écrivain  dont  on  vient 
de  parler  et  le-s  forme»  déjà  perfectionnées  des  composi- 
tions du  temps  de  Louis  XI  et  de  Charles^le-Téméraire. 
Les  travaux  de  Forkcl,  de  Duriiey,  dellawkins  et  de  Busby 
n'avaient  rien  produit,  ['lus  heureux ,  après  delongucs  re- 
cherches qui  avaient  pour  objet  la  confection  d'un  Diction- 
naire historique  des  Musiciens  et  d'une  Histoire  générale 

Odon,  Cluniac,  de  Miuic.1,iipua  abbal.  Gcrberla. 


<le  Ta  Kunfqne  ' ,  j'ai  découvert  de  prëcienx  'mannaeritk 
qui  jettent  une  vive  lumière  sur  ces  époques  inlénsNn- 
tcB  do  la  naissance  d'iin  art  non  moins  merrdileax-duiB. 
ses  premiers  progrèfi  f(m  dans  ses  dërniflrs  petfetotlMbB^ 
mens.  Je  pense  qu'on  ne  vefra'pas'sMitt'iiilAÂ-dlSsdéUlla 
Kur  les  ouvrages  que  contiennent  ges  mamncrilB,  et  dei 
notioes  sur  leurs  auteurs. 

Parmi  ceui  ci ,  kr  ptaa  «tMe»  SoiA-  j'aie  à  parier 
est  uu  trouTère  appelé  Adnn  de  le  fi&le;'Oir  loi  AminA 
le  Bumoni  de  Bonu  tCArmê,  îf  wih  4e  in  dtffimnité  et 
du  lieu  de  'sa  naissance.  L'époque  où  il  vit  le  jonr  paraH 
devoir  être  fixée  vers  ia4'>-  H  porta  d'abord  l'tiabit  ecclé- 
siastique, ntais  son  humeur  inconstante  le  lui  fit  quitter 
et  reprendre  ensuite  :  c'est  lui-même  qui  nous  donne  ces 
détails  dans  ses  adieux  è  s»  ville  natale ,  intitulés  :  €'e$t  H 
congUa  Àdottd'  jiraSf  pièce  publiée  par  M.  Méeo,  danssa 
nouvelle  édition  des  FaMiaux  de  Barbasan,  1. 1,  p.  lùtS'. 
iiikà  de  le  Haie  éimtna  une  Jeane  damoitette  qot  ,  pia- 
Oiitt'qu'Û  la  recherclnit^  Itit  seadifailtréualr  tooa  toi  agré- 
lAen»  de-son- sexe,  et  qn'il  prit  en  avetrioa  dès  qù'bllefiit 
devenue  aa  femme.  Il  la  quitta ,  vtot  demeurer  fi  Paris ,  et 
s'y  mit  il  la  suite  de  Rt^rt,  comte  d'Artois.  Ce  prince  ayant 
tnivi,en  laSa.lcducd'Alençon,  que  Philippe-le- Hardi  en- 
voyait an  secours  de  son  oncle,  le  duc  d'Anjou,  roi  de 
Naples.  pour  l'alderâtirer  vengeance  des  vêpres  flidiiennesi 
Adam  l'accomp^aa  dans  cette  expédition.  A  la  mort  du 
roi  de  Nàples,  en  laSS,'  le  comte  d'Artois  fut  itèOïm&ré' 
gent  du  royaTimei  et  iae  revint  en-FraDoe-^'iiu  mois  4e 
■éplMnbre  ioSy.  Arfam  dft'te'Hale  AaitÂiort  A  N^es-dai» 
cet  intervalle,  comntb  oR'  le  VoU  daRs-Tespêce  dé  diMtie 
rbtïtuléfe  Jeudupéùrin  (li  Gieus  du  pèlerin),  qu'on 
attribue  à  Jean  Bodei  d' A rra s,  contemporain  d'Adam.  G'est 
donc  A  tort  que  Fauctiet  et  ha  Groix  du  Maine,  qui  ont  été 
copiés  par  b  Biographie  universelle  de  M.  Michaud,  ont 
écrit  qu'Adam  se  fit  moine  à  l'abbaye  de  Vauielles  et  qa'H 
y  mourut'. 

(i)  Le  premier  de  cet  oarragea  va  {Ire  Uni  A  l'impreuion  ;  plouaun 
pirtiei  de  rBDlreaoDld^ktennlntei.        •  ' 
(9)  J'ai  Urt  cet  décallt  de*  otuenatitm»  prtUmiMlifet' qw  M.  de 


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7 

Comme  tous  len  Irouvùres  dus  don/iÈine  cl  Irciiième 
siècles,  Adam  de  le  Ealc  Tut  poèle  cl  musicien.  Il  8C  dis- 
tingua surtout  dan»  la  cliiiiiiton.  Les  manuscrils  du  roi, 
colés  65  et  66  (  Tonds  de  Cangc  ) ,  et  3,736  (  fonds  de  la 
Valtière),  nous  en  ofTrent  un  grand  numbre  qui  sont 
notées.  Ce  dernier  manuscrit  est  surtoiU  d'une  liaulc  im- 
portance potir  l'histoire  do  la  musique,  oar  il  contient 
seize  chansons  à  trois  voix  cl  sis  molels  dont  Adam  de  le 
Haie  est  l'~auteur.  Ce  pri.^cicnx  manuscrit ,  (]ui  est  d\i 
commencement  du  quatorzième  siècle,  nous  oDVc  donc 
Tes  pluK  anciennes  cnuiposilions- à  plus-de  deuc  parties, 
puisqu'elles  remontent  au  treizième  siècle.  Les  cliunsons 
ont  la  forme  du  rondeau,  et  sont  intitulées  :  Li  ronitet 
Adfin.  Leur  forme  n'esl  point  une  simple  diaphonie,  on- 
clisiastiqw,  c'cst-à-iiirc  ,  un  assemblage  de  voiï  procé- 
dant par  des  noies  égales,  et  faisant  uuc  suite  noiiinleTrom- 
pue  de  quintes  cl  d'oclaves,  comme  on  en  trouve  des 
exempl«|ft  dans  les  écrits  de  Gui  d'Arezzo  et  de  ses  succes- 
seurs. On  y  voit  à  ta  vérité  des  quintes  et  des  octaves 
Mcccssives ,  mais  cntrcmék'es  de  tierces,  de  sixtes,  de 
mouvemens  contraires,  et  de  cumbinaisuns  qui  ne  man- 
quent pas.  d'une  certaine  élégance.  C'est  sanit  doute  une 
musique  encore  bien  grossière,  mais  c'est  un  premier  pas 
vers  le  mieux,  un  intermédiaire  nécessaire  cnlrc  la  dia- 
phonie proprement  dite  et  des  compositions  plus  perfec- 
tionnées. On  concevait  ïi  nécessité  de  ces  premières 
améliorations  ;  mais  aucun  monument  n'étant  connu  ,  on 
ignorait  en  quoi  elles  consistaient.  I.a  découverte  du  ma- 
nuRcrit  dout  il  s'agit,  et  de  plusieurs  autres  dont  je  par- 
lerai après,  peut  donc  être  considérée  comme  un  événe- 
ment imporlaiil.  Je  crois  faire  une  chose  utile  en  publiant 
an  spécimen  des  chansons  à  trois  voix  d' Vdam  de  le  Hâte  , 
avec  la  traduction  en  notation  moderne. 

MaDlmcrqat  a  mîwi  en  téta  de  rUitîon  qa'il  ■  doDoèa  d'an  ouTiaga 
-  d'Adam  doal  je  pu-leni  ploi  loin. 


DijiiUBii  b/Coogle 


DlgnUai  by  Cooale. 


Les  Diotcts  de  ce  trouvère  nous  offrent  aiiasi  pluRÎeurfl 
parti chLi ri ti^a  remarquables.  Ils  ne  couipoRent  ilu  plaia^ 
ç  ha  D  t  d'uu^an  tient)  B  ou  d'une  hymne,  mis  à  lu  basse  avec 
les  paroles  lalincB,  et  sur  lequel  une  ou  deux  autres  voix 
font  une  sorte  de  contrepoint  flotiri  ;  et ,  ce  (|ui  peint  bien 
legoât  (le  ce  H  temps  barbareR,  ces  voix  Hupt^rieures  ont 
des  paroles  françaises  de  cliansons  <1'anioiir.  Ces  motets 
se  chantaient  dans  les  processions.  Quelquefois  le  motet 
est  établi  sur  un  seul  trait  de  plain-cliant ,  qui  est  répété 
dix  ou  douze  fol»  en  basse  coiltrainte;  sorte  d'invention 
qu'oncrnyait  beaucoup  plus  moderne. 

n  me  reste  à  parler  d'un  autre  ouvrage  d'Adam  de  le 
Haie,  qui  aurait  dû  suffire  pour  l'immortaliser.  Cepen- 
dant son  nom  a  été  inconnu  jusqu'à  ce  jour  à  tous  les 
musiciens.  Je  veux  parler  du  plus  ancien  opéra-comique 
qui  existe ,  et  dont  il  est  l'auteur.  Il  est  ïnlilulé  ie  Jeu  de 
Robin  et  de  Marion.  Les  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
■j^a  Roi,  0°  3,738  (fpuds  de  la  Yallitre]  ,  et  7,601)  (ancien 
fonds),  nouant  ol&enl  des  capiest  d'après  lesquelles  la 


Ulgfiiied  by  Googit 


kkUM  itt  UbliophUet  de  Paris  l'a  Ml  Imprimer  en  tSsa» 
au  nombre  de  viogl-cinq  ezem plairai,  pour  être  diilri^ 
bués  h  ses  ■nembre§.  C'est  une  brochure  in -8°  de  cent 
pages  :  les  caractères  de  musique  ont  été  fondus  par- 
U.  ffnnin  Didol. 

Celle  pièce,  oti  il  y  a  ouze  peraonaages,  est,  comme  _ 
on  vient  de  le  dire ,  un  opéra- comique  divisé  par  ttcènes , 
et  dans  lequel  le  dialogue  est  coupé  par  des  chaula.  On  j 
troum  des  airs  ^dea  «oapleU  et  des  duos  dialogiiés.  Uarion 
abne  Bobin  et  exprIAie  son  amoor  dans  un  air  :  survient 
anGfaevalieniaï-'*catlasédaIr8;elIe  r^eitesespropontions- 
et  déclare  qu'elle  n'aimera  jamais  que  Robin.  L'air  qu'elle 
chante  dans  cette  situation  n'est  pas  dépourvu  de  grâce. 
La  murique  de  cette  pièce  n'est  point  une  lourde  psalma- 
die  commeonen  trouve  lant  d'exemples  dans  les  chanHons- 
de  Raoul-de  Coucy,  de  Gacc»  Brûlez  et  du  Soi  de  Na- 
varre.; c'est  UD  chant  rhjthmique,  dont  les  phrases  sont, 
souvent  régulières  et  correspondantes.  Ou  en. peut;  juger 
par  les  exemples  suivans  : 

AIR  CHANTÉ  FAR  ROBlIf 
dan«  Icjea  de^Robln  tt  ia  Marim. 


n  parait  que  cet  ouvrage  fut  compoié  à  N«pleS|  rent 
1x6$, ^our  le  divertùsemenl  de  la,oow  qui,  «Iom*  étiK 
tonte  française.  H.  Roquefort  l'a  attribué  à,  Jaut-Bodel) 
d'Arras  (lUf  État  de  ta  poésie  ■franfoiié  don»  te»  tv.fit 
tS'gièctet,  p.  a6i  mais  c'est  évidemment  nneerr«Mr,cw 
le  manuscrit  n°  3,736  est  îDtilulé:  <7ftt  commonehs  U 
gieut  dû  Robm  e(  lU  Manon  o'Jdan»  flst  (  ici  oommewe 
le  Jeu  de  Robin  et  de  Macion  qu'&dam,  a  £(it).  , 

La  supériorité  du  ohaot  d'Adani.d«le  Haie  sur  celui  des 
trouvères  ses  compatriotes)  l'étendue  de  ses  oonnaissances 
dans  la  oon^position  de  la  masiqoe  à  plasieurs  parties:, 
enfin,  le  lieu  oli  il  parait  avwr  écrit  ses  meilleurs  ou- 
vrages ,  tout  cela  peut  faire  présumer  qa'U  apprit  des 
Italiens  les  principes  d'un  arl  qu'on  ne  soupçonnait  pM 
même  alors  en  France.  Nom  verrons ,  dans  les  siècltts 
suivana ,  comment  les  musiciens  Gallo-Belges  s'acqwt- 
tËrent  envers  ces  mêmes  Italiens,  en  portant  ohes  c^m» 
ci  des  petfeçtioODemons  d<Mit  i|ft  ^'avaient  pas  d'idte. 

EXAUEN  DE  L'ETAT ACtllEL  PÉ  LA  mSiqpi 

nnuBS  uncu.  . .  ' . 
(  Lamuti^ueatperdwlm  terivaition  1704,  BeBe4etlo 
Jlarccllo»  musicien  de  génie,  dont.les.ouvrages  démon* 
(aient  l'opinion.  Conlcmporain  d'Alexandre  Saarlalli, 
prédécesNeiir  de  Pergolèse  ,  de  Léo ,  <le  Jomelli ,  il  assistait 
sans  le  savoir ,  à  la  naissance  de  la  musique  dramatique, 
etse  croyait  appelé  à  prononcer  son  oraison  fuoèlwe. 
'  nhamtuiquettpcrdl  *  disait  eu  soupirant  K^moaq^ 
qui  ne  se  doutai!  gFiëreque,  malgré  ses  efforts,  elle  n'e:pf)- 
lait  point  encore,  en  1760, dans  le  pays.où  il  parlait  alnsii 
/  f  £0  mwi^w  3C  perdra!  1  s'écrient  de  nos  jours  de 
vieiu  amateurs ,  plus  sensibles  aux  souvenirs  de  leurjeiln 
nesaequeBatisfailsdesiuuovations  dont  ils  senties  témoins» 
etcoi^ins  musiciens,  qui  ne  peuvent  se. dissimuler  qu^ 
d^à  leurs  oiSnagcf  pubifsent  le  swl  qu'ils  p!t^Ua^If^f*^, 


ilftat  dtetàâiifaflr'OCr^eleee  déolainaltiins'OBt  de  réeVou 

din»  leuPflto^iWlUM'déeihlfuaiitc  •  Â  if&'ën  b  oMitInuant 

w  pefirfrtipo*.  ■■  '  ' 
'  Cet art'lte  B^st fb^nïé'iiiié leiilânien't;  Purement  inécani' 
quëd'dbtirfFt'ilà  tiii)vlditiib8es)>r6gt-ËK les periisntlonhemeiia 
de  méthode  deiiiïlianieiVrSi'deitEngtrunQéiilisten  et  de»écoteR'. 
AprtÉkthaqdërétbhilî^n.  oh  croyait  avoir  atteint  le  bni,  et 
qn'ft  (lY^Vait'rien  au-delà.  Mais  il  y  avait  loin  deti  drameÀ 
de  9oa(iatliV'MtnJ>()sé*'d'iiM'èt de rétntadfit , qui  n'avateùt 

oeb^IUftiM'fittnaHHblràde  dMjolinvbâ-lssétoâediœim 

ndïtttu  jAHS  '6rchesIreKi  H  y  avait  peu  de  Rapports  entre  le* 
dflUeefi  et'iiiMples'oaflUIènes  de  Pergolëse  ou  de  Léo,  el  len 
triQn' d«  fbrcie 'qtt'exécuteitt  mnintenant  leschtmtenra.  LeB 
iineHfiedislîfigiialeDt  p3r  lii  liitaTÎté  du  chant,  le  naturel  de 
l'eipreasion  et  la  pureté  d'hurmonic  ;  les  antreit  se  font 
remarquer  par  des  combioaisons  d'elTels  dont  ou  ne  pou- 
Vail  avoir  d'idée  vers  le  milieu  du  dix-hjuilième  siècle^  Ou 
alIÀlt  dU  Attiré  au  oompo^ié  :  cette  marche  est  natut^Ile'. 
Jusqu'il  ce  qu'on  fût  arrif  é  aux  limites  de  nos  iàcult^  sùv- 
ritives  et  iRtellecluelles  ,  chaque  pas  qu'on  faisait  dans 
Tart  était  une  conquête  ,  car  on  ajoutait  quelque  obose  à 
cèqn'on  possédait  déjà.  C'est  ainsi  que  tous  les  degrds  ont 
été-franchis  CD  Italie,  depuis  Carissimi  jusqu'au  maître  de 
Ttisai-o?  Cil  Allemagne,  depuis  Reiser  jusqu'à  Mozart;  sn 
frààcB  ,  depuie  Cambert  jusqu'à  Boieldi(;u. 

La  musiqne  Vlt  d'éinotions.  Celles-ci  sont  d'autant  plus 
vives  qu'ellfs  sont  plus  variées.  Elles  s'usent  promptement, 
parce  que  l'usage  do  cet  att  étant  kabituel,  le  besma  de 
nouveau  té  s'y  fait  sentir  pluSsoa?ent'que  datifttoul  Eltatre. 
De  là,  ridtérët  qu'un  prend  â  KK  févoIuttons'et  l'emhotU 
sîasnie  qu^elle:!' excitent.  De  là  aussi,  les  regrets  de  ceux 
qlii  iconsidèren^  les  formes  atyqaelles  ils  sont  accouttiméâ 
comme  les  i^àTes  admissibles,  et  les  exclamalïons  :  ta  mu- 
sig^  ié'jtë^i'Ui'iAvsiquàestpenlitel  qnlsi^Iiîeat  «eu- 
lenleBtqueialfninque  a  ehaugé  de  ttyle. 


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»5 

Ce  it'est  pas  qu'il  n'y  ait  des  ohoses  fort  regrettables  daus 
ce  qn'ou  abaoïioniic  quelquefois  par  amour  pour  la  dout 
veaulé.  Le  vrai  moyen  d'curichir  l'art  serait  de  conserver 
tuu8  les  slylea,  loutea  les  formea,  tous  les  procédé§,  pour 
un  faire  uBage  à  prupon  ;  mais  la  raison  ent  pour  peu  de 
ohose  danK  nos  seiisatioiis  i  les  hommes  oiiercheot  franelie- 
uient  le  plaisir,  el  ce  n'est  pas  leur  faule^'lls  n'en  éprou- 
vent point  à  ce  [[ui  ravissait  leur»  pËres;  il  faut  que  la 
mode  ait  son  règne.  Le  goût  dominant  Diit  souvent,  ilest 
vrai ,  appliq'.ïcr  le  Rlyle  qui  est  en  vogue  à  des  objets  qui 
sont  peu  snsceplibieK  'le  li:  recevoir.  Ainsi  l'excès  des  fio- 
ritures, dont  on  accable  aiijourd'biii.lesfilualions  les  plus 
dramatiques,  nuit  à  la  vérité,  mËme  de  coDVenlion,  qu'on 
veut  au  thëdlrc.  Les  mouvemcns  de  valse ,  les  crescendo , 
et  totui  les  lirillanN  faoebcts  du  jour  ,  ajustés  au  jeu  de 
l|or;pie  eL  à  la  uiusiqiie  sacrée,  comme  ils  le  sont  mainte- 
nant en  Itâlic,  produisent  des  conlrc-scns  monstrueux  et 
changent  l'église  cji  guiugHeJte..Mais  la  satiété  nons  dé- 
livrera de  ces  Tolies  dont  gémissent  ceux  que  j'appelle- 
rais volontiers  les  connaisseurs ,  si  les  unlhuusiasles  nu 
les  nommaient  dca  palans.  Tous  les  écarts  auxquels  la 
fantaisie  peut  entraîner  oe  sont  que  des  anomalies,  qui 
ne  prouvent  point  lu  décadence  génëralie  qu'un  a  si  sou-, 
vent  el  si  faussement  annoncée  à  la  «ausique.  In'avons- 
uous  pas  eu  l'école  de  David  sprès  celle  <lc  Doucher? 

Il  se  peut  tonlcfois  qu'un  pays  snil  moins  favorisé  que 
d'antres  pur  les  circonstances  ,  et  qu'un  art  y  soit  dans 
un  état  de  souffrance  momentané.  Far  exemple,  UD.pri 
sinistre  s'écUappe  depuis  quelque  temps  de  la  bouche  des 
Tçyageiin:  *||u'y  a  plus  de  musiqueen  Italie P  disent-ils.  ■ 
Plus  do  miisiquc  en  Italie  1  il  n'y  a  dono  pins  d'Italiens? 
Un  bruit  si  singulier,  bien  fait  pour  exciter  l'élonnement 
etia  curiusîté  desamiadccc  bel  art,  a  fixé  mon  attention, 
et  m'a  déterminé  à  prciulrc  des  informalions  et  il  recueillir 
tonales  éçlafrcissemens  (|ne  j'ai  pu  me  procurer.  J'en  offre 
aujourd'hulle  résultat  à  nos  lecteurs,  duns  l'espoir  que 
ces  détails  pourront  les  intéresser.  J'y  passerai  en-  revue 
les  compositeurs ,  les  chanleura  ,  les  ioatrnmeatisies  et  les 
écoles;  mes  recherches  serotat  accompagnas ;de  notices 


aUr^ées  sur  te»  principaux  artistes.  Enrin,  pour  rendre 
mes  investigation!)  plus  miles,  je  les  étendrai  à  l'Alte- 
mngnc  ,  à  la  France  el  k  l' Angleterre. 

L'une  de»  époques  les  plus  briilniiics  de  tu  nitiitique 
drâmalique  venait  <le  finir  en  Italie.  Trois  hommes  de 
génie  oonlflmporains,  Guglielmï,  Païsîello,  et  Cimaroia 
afaient  Inondé  la  scène  d'ouvrages  cliarmans,  chefi^ 
d'aaVM  de  cfaani,  de  grâce,  d'esprit  et  d'originalité.  Le 
premio-  avait  cessé  de  vivre ,  le  second  avait  renoncé  aux 
succès  do  ihëitre,  et  le  troisième  venait  de  faire  entendre 
le  cliant  du  -cygne  dans  ses  immortelles  composilious  de 
/I  Malrimonio  Segreto ,  de  Aatutzie  feminili  et  de 
f  Arttmisia.  Une  émulation  louable  précipitait  dans  la 
carrière  théâtrale  une  foule  de  prélcndans  h  la  succession 
de  gloire  de  ces  grands  artistes;  de  ce  nombre,  les  plus 
habiles  étaient  Uajr,  Farioelli,  Fiaravanll,  NicooEni» 
Pafir  «t  HuaoHni.  Hab  qiirïl  y  a  loin  de  rhalnlelé  ougénie  I 
SalisMU  dlmiter  avec  pins  on  moinade  succès  lesjuodëlea 
qall*  avaient  mus  les  jreux,  ces  niu^ciens  ne  songeaient 
point  à  inventer,  soit  dans  le  chant,  soit  dans  l'effet.  Ou 
nlnvenie,  il  est  vrai,  que  sans  y  songer.  De  légères  dilTé- 
reAcen  daUs  le  style ,  produites  par  les  circonstances  où 
ces  aoteoit  se  IrMvaient  placés  ,  distinguaient  seulement 
hsnrs'ouvrages  l'Slkisi  Hayr  et  Paër,  qui  avaient  vécu  en 
Allemdgne,«e rapprochaient  de  l'école  de  Mozart;  fiora- 
va'nti  avait  pris  pour  modtie  la  manière  de  fiuglielmi  et 
Ptarjnelli  s'élàit  feit  imfUlear  de  Gtmaroia.  De  tom>ees 
noms ,  ceux  qui  ont  eu  le  plus  d'éclat  sont  ceux  de-'Uajrr 
et  de  Paër. 

Jean-Simon  Mayr  ou  Mayer,  né  à  Mendorf,  petit  vill^^ 
de  la-Haufe-Bavière,  le  14  juin  1763,  offre  l'exemple  fort 
rare  d'un  artiste  qui  s'est  fait  une  réputation  honorable, 
quoique  son  instruction  dans  les  principes  de  son  art  ait 
été  tardive ,  et  quoiqu'il  n'ait  donné  son  premier  ouvrage 
qne  dans  un  ige  asuezavancé-  Il  était  dans  sa  vingt-sisièiae 
aaaée  quand  il  passa  en  Italie,  où  il  se-livra à  1-étude  de 
la'oompositlon  son»' la  direeUonide  Carto  Lmsi;- maître 
dechapeIleàBet^nne,etensuttesoi»cdledDFen^jiUHiA>- 
BtMini  à  Venise.  Il  iXait  Agé  4e  irenle-un  ans  y  lorsqu'il 


i5 


fit  Kprésenler  à  Venise,  en  1794 1  son  premier  opéra  Inti- 
tnlé  Saffà ,  ostia  i  riti  ttJpotio  Ltueadio.  Cet  oavrage 
fat  BtifTi  de  soîxau te- trois  autres  opéras,  de sépt  oratorios 
èt  de  pins  de  viugt  mesHes ,  vâpres ,  Mitenrc,  Btnedictut 
«t  Stabat,  dans  t'espace  de  vingt  ans.  Presque  toute*  ces 
prodnctiotis  ont  été  écrites'  pour  Venise  ou'  Uilao  ;  une  seule 
«Wtfii^rt^iùWiè'  i  Rome,  mais  Hajrr  n*e  jamais  ea  d'enga- 
^MHÉjK'^iià^  HaplM.  Sa  nutslquea  joui  de  beaucoup  d'es- 
thuB  eii'  ItaUo  on  troiiTe  maintenant  qu'^e  manque 
iPefi^.,Li)  &ii-ést  que  son  chant  est  souvent  dépourvu 
d'âUj^UÛù;  mais  son  instrumentation  ett  plus.l)rU- 
SHli^iftte^ -celle  de  ses  prédécesseurs  en  Italie*  H.'Hayr 
^l^tttBAàai  dans  la  reiralte  à  Bergame:  ila  cessé  de 
f^fM^ÛàHti^Xti  théitre  ;  mais  il  écrit  encore  pour  régUsè 
J^-wU^  -^i   -  ■ 


"^dentlu  FioravantI ,  né  A  Rome  en  1771,  a  débuté  dans 
MMmièigrt  dramatique  en  1791, par  l'opéra  bouffe  intitulé 
<niÉfmMSi''iMtfj<>  fa  perde,  qu'il  fit  représènler  i  Flo- 
riâ^!fei."Vingt^deuranlres  ouvrages  sortis  de  sa [dumccurent 
ibn  succès  tranquille  sur  les  principaux  théAIres  d'Italie. 
IMrïfMBBetti*  sOul  fo  CanUttricé  viitaw.  Ut  Caprieîàta 
^llÊIIÊk^-ià'Spt>ta  di  dueMariliei  if^irtuoti  amiuùtnli. 
flb^dèUier  a  éré  écrit  h  Paris  en  1808.  La  musique  de  Fio- 
riNi&6  a  de  ('effet  dans  le  genre  bouffe ,  mais  les  idées  en 
MttCliMAimtmi».  Cestàune  disposition  bien  entendue  des 
jilira^aa  Dsles  morceaux  d'ensemble  que  ce  compositeur 
doit' >és' succès.  La  révolution  qui  â'est  opérée  dansla  musi- 


^Mftiujât^le  depuis  environ  qaiuKeansa  réduit  Fioravanti 
ftb'tUetfce  :'  a'ptïs  pluneura  chutes  égalantes ,  il  a  renoncé 
i'U  sotbei  'IFèstmillDtonaat  'maître  cle  la  ohapUle  Sîitïnel 
:^(Wrt^<KiVio^U',  né  à  Elle  dans  le  Padouan't  vers  1770^ 
«Éânè^é^des  tntisïcales  au  conservatoire  detta  PUtà'dp' 
ViM^vtni,  àtiuplei.  SoMi  Tort  jeune  de  cette  école^  il  s*a- 
"  MMil4ilt  cnroposition  dramatique ,  et  bien  qu'il  se  bor- 
^'iM^lMHer le ^tyle  de  Cimarosai  il  obtint  des  succès  dans 
■  jpî'Wtqué  toutes  les  tIHcs  de  l'Italie.  Dans  l'espace  de  vingt- 
'VmU  ahs  il  a  écrit  quarante- neuf  opéras,  parmi  lesquels 
M  eiEa  ia  LffMtIdûm,  fa  Pamcta  maritata ,  Tercàà  e 
CUnutio ,  «(  DuMo  per  eom^pUmtnio  et  >f  Matrimoniù 


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■jicr  coucorso  comme  les  meilleurs.  Si  Kaiiucili  se  bornait 
liresijue  toujours  a  ètro  imilniciir,  il  faul  avouer  que  so» 
iniilnlinii  Éluil  quelquefois  fori  heurcnsc.  Tout  le  monde 
coiinaf  I  le  joli  duo  ISo  non  credo  a  ijuU  cht  dite,  qu'on  a 
iiilercalë  daus  il  Malrimonio  segreto,  cl  qui  a  passé  pour 
èlrc  de  Cîmarosa.  Depuis  18.2  ,  M.  Fariudli  a  re.ioncÉ  à 
écrire  pour  le  IliLâlre.  Il  a  succidé  à  Bouifucc  Asioli  dans 
l<!8  fonctions  de  dircclcur  du  eouservaloirc  de  Milan  j  mais 
il  n'a  point  remplacé  ccl  liabile  professeur. 

Né  dans  un  village  de  l'élat  vénilien,  en  1  j68,  St^baslien 
Nazzolini  apprit  lu  musique  au  conservatoire  deiMeiuli- 
canli.  h  Venise.  A  l'âge  de  vingt-deux  ans,  il  passa  en 
Anslcterre  pour  y  composer  sa  Mérope,  opéra  Bcria.  De 
retour  en  Italie,  en  1791 ,  il  y  écrivit  quatorze  ouvrages 
dramatiques,  parmi  lesquels  ou  remarque  ta  Morte  di 
CUopatra  et  h  Fcsle  d'Isidc  qui  semblaieul  donner  quel- 
ques espérances,  mais  Naziolini  mourut  à  Venise  en  1799, 
a  l'dge  de  trenle-iin  ans.  Gracieux,  mais  sans  force,  ce 
compositeur  u'a  réussi  que  dans  les  airs. 

l'hiB  uerveuic,  main  ioégal,  Joseph  Nîccolini ,  dojit  la 
musique  est  au  style  sérieux  ce  que  celle  de  Fioravauti  est 
au  bouffe,  est  né  à  Plaisance  en  1774.  Aprf-s  «voir  appris 
les  premiers  principes  de  la  musique  sous  la  direction  de 
son  père,  Omobono  Niceoliui,  maître  de  cliapellc  à  Plai- 
sance, il  entra  au  conservatoire  de  S.~Onofrio ,  et  reçut 
des  leçons  de  G.  lusanguinc  et  de  Cimarosa.  Ses  éludes 
étant  terminées,  il  écrivit  son  premier  opéra,  intitulé /a 
Famigtia  stravagante,  qui  fut  rcpréacnlé  à  Parme, 
en  179:).  Soixanle-aept  ouvrages  dramatiques  ont  succédé 
à  ce  premier  essai.  Outre  cela,  Niecolini  a  écrit  plusieurs 
ora  tories,  vingt-quatre  messes,  quai  re- vingts  psaumes,  trois 
Miser&r^,  ^leux  De  profwulis,  des  litanies,  des  sonates 
de  pianos,  des  quatuors  de  violon etdes cantates.  Trop  âgé 
pour  cbanger  de  manière  à  l'époque  do  la  dernière  révo- 
lution musicale,  manquant  de  l'originalité  nécessaire  pour 
conserver  quelque  avantage  dans  la  lutte  de  l'aucien  style 
contre  le  nouveau,  Niccolini  s'est  néanmoins  obstiné  à 
écrire  presque  jusqu'à  eejour,  et  alivréspnu 
breuses  humiliations.  . ,  . 


le  nom- 


'  Quelques  nomM  |>liia  obscunt  se  renconlrent  parmi  les 
musiciens  qui  écrivirent  depuis  1790  jusqu'en  iSiii'.  T^lf 
sont  cens  de  Federloi  1  de  Hosca  et  de  Gnecco.  fiiieeDt 
Federici,  né  &  Pesaro  en  .1766,  n'avait  ébauché  qu'à  peine 
rélude  de  la  musique  lorsqu'il  se  rendit  à  Londres,  àl'âge 
de  seize  ans.  Il  y  devint  pianiste  du  tliéàlre  Italien ,  et  s'y 
livra  à  l'étude  des  partitions  de  Durante  et  de  quelques 
autres  maîtres  babiles.  Après  avoir  écrit  pour  le  théâtre 
de  Londres  l'Otimpiade  ,  DemofoonU  ,  ta  Zenobia  et 
quelques  autres  ouvrages  ,  il  retourna  en  Italie  en  i8o3  , 
et  composa  pour  tous  les  théâtresjusqu'en  1811.  Sou  style 
ressemble  &  celui  de  Faripellï ,  mais  dans  uii  degré  plus 
fiiible.  François  MoSca ,  Hilanais ,  n'est  ni  géaie  iii  sa- 
voir en  mnsiqne.  Cependant  il  s'obstina  k  écrire  une 
vingtaine  d'ouvrages  qui  ne  survécurent  point  h  la  saison 
qui  les  avait  vu  naître.  Le  seul  mérite  qu'où  lui  counaisse 
est  d'avoir  fait  le  premier  usage  d'un  mouvement  progres- 
sif d'orchestre  sur  une  marche  de  basse  uniforme ,  mou- 
vement connu  sous  le  nom  de  crescendo,  que  M.  Bossini 
lui  prit  ensuite  ,  et  qui  est  devenu  célèbre  sous  sou  nom. 
On  dit  que  le  plagiat  excita  la  colère  de  ce  pauvre  Mosca, 
qui  fit  de  vives  réclamations  ;  mais  son  adversaire  ne  fit 
qu'en  rire ,  et  le  publie  n^f  prit  pas  garde. 

A  l'égard  de  Franc.  Gnecco  ,  né  à  Gênes  en  176g ,  et 
mort  à  Milan  en  1810,  il  n'a  écrit  que  douze  ouvrages, 
dont  un  seul  (  La  prova  d'un  opéra  séria  )  a  été  repré- 
senté à  Paris,  en  1807.  Le  chant  de  ce  musicien  est  tri- 
vial ,  et  quoiqu'il  eût  appris  le  contrepoint  sous  la  direc- 
tion de  Mariani,  savant  mattrede  chapelle  de  la  cathédrale 
de  Savonne  ,  son  style  est  Ucfae  et  incorrect. 

La  conclusion  naturelle  des  faits  qui  viennent  d'être 
exposés  j  c'est  que  les  écoles  d'Italie  ont  produit  jusqu'à 
la  fin  du  dernier  siècle  des  compositeurs  estimables ,  mais 
dont  les  ouvrages ,  bien  qu^ls  ne  fussent  pas  défraurvus 
d'agrément,  ne  se  distinguaient  par aucuncgrande  qualité. 
Une  sorte  de  langueur  s'était  répandue  sur  la  musique 
italienne  :  ou  l'aimait  toujours  ,  niais  de  l'amour  qu'un 
accorde  aux  choses  dont  on  a  l'habitude.  Ce  qui  est  digne 


i8 

de  remarque  ,  c'e^t  qu'on  ue  semblait  pa»  supposer  qu'il 
y  eût  autre  choie  à  faire.  On  croyait  que  cet  art  avait  at- 
teint la  perfecHon  ,  el  qu'il  ne  lui  restait  plus  de  roule 
qae  pour  déchoU-.  rtfaDailun  homme  de  génie  pourprou- 
rer  le  contraire  :  cet  homme  était  né.  Je  dirai  dans  un 
autre  article  ce  qu'il  a  fait  et  quelles  ont  élê  les  «onsé- 
quenceï  de  «es  innovations.  FË'tlS. 


INVESTIONS. 

govm  rts™JME8TPlOPHE*FÀCILliEBI.'ÀCC0BIHH>PIilI0, 

QiiRL  est  l'amateur,  l'artiste  mÈme,  parmi  ceux  qui  se 
Bonl  adonnés  à  l'étude  dli  piano,  qui  n'ait  ressenti  Yingt 
fois  tout  ceqo'U  y  a  de  pénible  dans  l'obligation  d'attendre, 
souvent  en  vain ,  un  accordeur ,  sans  le  secours  duquel  on 
ne  peut  se  servir  de  son  înslrument.Si  cesoccasioiiB  d'en- 
nui sont  fréquentes,  même  au  sein  des  grandes  villes,  ce 
n'est  rien  en  comparaison  de  la  province  et  surtout  de  la 
campagne.  U,  éloigné  quelquefois  de  douze  ou  quinze 
lieues  fies  secours  nécessaires,  on  estconlraint  à  mettre  son 
oreille  à  de  rudes  épreuves,  ou  àfermer  le  pianopour  long- 
temps. Cet  inconvénient  esi  si  grave,  que  souvent  les  pÈre» 
de  famille,  qui  résident  dans  des  provinces  éloignées  de 
la  capitale,  l'opposent conime  un  obstacle  insurmontable 
au  désir  que  manifestent  leurs  enfans  de  se  livrer  h  l'étude 
delà  musique.  ,  ,     ,  ™.  u- 

n  est  peu  de  pianistes  qui  n'aient  tente  de  s  affranchir 
de  pareilles  entraves  en  essayant  d'accorder  eux-mêmes 
leur  instrument.  Mais  que  d'obstacles  se  réunissent  pour 
empêcher  la  réussite  de  l'opération!  Le  plos^irand  de  tyus 
consiste  dans  la  difficulté  de  faire  ce  qu'on  nomme  ta 
partition^  c'est-à-dire  d'accorder  par  faite  ment  les  douze 
demi-lons  d'qne  octave,  pour  servir  ensuite  de  base  à  l'ac- 
cord de  tçut  le  reste  du  clavier.  Par  une  singulière  consé- 
quence de  fa  nature  de  notre  gamme  ou  échelle  musicale, 
ii  l'on  accorde  par&ilemcpt  Juste  treise  notes  à  la  quinte 


Digilized  by  CoOglc 


t'uue  de  l'atilrt:.  en  partant  d'ut,  par  exemple,  le  Ireixièms 
fion ,  si  dièse  ,  formant  la  douzième  quinte ,  ne  sera  point 
à  l'uniissoti  ni  !i  l'uctave  justi;  da  premier  UI,  uoriiiiie  il  ilu- 
vrait  l'être,  mais  se  trouvera  un  peu  plua  haut;  d'oii  il 
suit  qu'mi  piano  qui  serait  accordé  par  quintes  justes  se- 
rait faux  à  la  fin  de  l'opération.  De  là  la  néoessilé  du  di- 
qiinuer  un  peu  l'élévation  de  cfcsque  quinte ,  opération  à 
IjiqqellG  49nne  le  nom  de  tempéramatt*.  Mai$  oam- 
^çnt  s'assurer  qu'on  tail  exactement  la  diminution  néces*' 
>saire?  L'faabîtud#  guide  à  cet  égarâtes  accordeurs  pror 
fessioD}  mais  les  artistes  et  les  amateurs  qui  n'ont  point  cet 
avantage  sont  obligéi^  de  tâtonner ,  et  par  leurs  moi|V&- 
meu s  alternatifs  pour  monter  ou  baisser  les  cordes,  finissent 
par  les  fatiguer  et  les  font  casser. 

HU.  RoUer  et  Blanchet ,  dans  le  dessein  d'aplanir  ces 
«liEGcullés ,  ont  imaginé  un  instrument  qu'ils  nomment 
chromamètre,  à  t'aide  duquel  on  peut  accorder  un  piano 
sans  qu'il  «oit  oét^ssaire  de  faire  une  partition ,  ou  di^ 
■qqgep  au  tempérament.  Cet  instrument  es(,,uii  nàoiio- 
«orde  vertic£)l  qvi  {^sonne  au  moyen  d'un  marteau  "Dlac^ 
intérieurement ,'  ^u'on  fait  mouvoîr  par  une  louche 
semblable  à  celle  du  piano.  Sa  longueur  lotalé  est  de 
trente  pouces  ;  sa  plus  grande  largeur  est  iJe  quatre  pouces 
dix  lignes,  et  son  épaisseur  de  vingt-trois  lignes.  Sou 
manche  est  garni  d'une  lame  de  çitivre  divisée  en  douze 
degrés  ou  crans,  qui  portent,  comme  le  sommier  des  che- 
villes du  piano,  les  initiales  C,  C  dièxe,  D,  D  4iis6,  E,  V'j 
¥4ièf.tf  G,  G  diize.  A,  A  dU^e,  et  B.  La  corde  est  atta- 
cbéetlune  cheville  par  l'extrémité  supérieure;  par  l'autre, 
idle  tient  ^  nn  crochet  monté  sur  un  pas  du  vis  qu'uue 

(i)  La  neceuitâ  de  tempérer  l'éUvalion  des  quintes  a  élë  vétiEée  par 
det  EXpériencea  bien  faites,  el  aoumiit^B  au  calcal  pac  les  géomtlrca  qui 
CD  ODt  donné  la  tbtoiie;  Déanmoiae  on  muûcieD  de  DOi  joiirs  (M.  de 
Uomigpjja  nié  celteDéceiMté  daDiia  Seuk  viaitTiiéorU  ic laMiuique, 
llafSrme  qu'on  doit  accorder  par  quinlea  justes,  et  que  lei  mohacordisUt 
ne  laveat  ce  qu'iU  di<ent.  Je  ne  lui  opposerai  pas  les  Iravaui  d'uuè 
fbole  de  théoriciens  qut  démontrent  le  phénomène  ;  je  dois  croire  qu'il 
leacèniult  poiiquIlliÛTtjelte:  j'aime  mieux  le  prierd'accoiderun  piano 
(Hf  Ut iqéitWilf ^  t'illf  peut. et  da  le  furc  enKindit:  lui  {i^pelf  iif 
Ibïic  honne  GODttninc*  t\  de  d«  pat  m'carnlt. 


molette  facile  h  touruer  fait  moaler  ou  deHiendre;  et  à 
l'aide  de  laquelle  on  baism  du  on  élève  le  diapason  d'aussi 
peu  que  l'on  veutj  sans  eSbrt  ou  santi  secousse.  Vn  che- 
valet à  ressort  qui  se  fixe  &  volonté  sur  chacun  des  degrés 
modifie  l'iuloDation  ,  et  selon  qu'il  est  placé  sur  G ,  sur 
C  dièse  ,  ou  sur  D,  donne  ul  dièxé  ou  ré ,  et  ainsi  de 
suite ,  en  sorte  qu'il  suffit  d'accorder  les  mêmes  notes  à 
l'unisson  sur  le  piano  en  continuant  jusqu'à  B  ou  si;  il 
ne  renie  plus  après  cela  qu'à  accorder  à  l'oclavo  cliacune 
de  ces  notes  jusqu'aux  deux  extrémités  du  clavier. 

Le  dos  du  chroma  mètre  est  disposé  de  manière  qu'il 
s'adapte  à  tous  les  pianos  à  la  hauteur  du  clavier,  afin 
qu'on  puisse  touch»  à  la  fois  la  noie  de  cet  instrument  et 
celle  du  piano  qu'on  vent  accorder  à  l'unisson. 

L'idée  d'un  pareil  régulateur  n'eut  pas  nouvelle.  Fr. 
Loulié  ,  musicien  français,  avait  déjà  proposé  quelque 
chose  de  semblable  en  i6g8,  dans  un  livre  qui  avait  pour 
titre  :  'Nouveau  système  musique,  avec  ta  description 
du  sonomètre  ,  instrument  à  cordes  d'une  nouvelle  in- 
vention pour  apprendre  A  accorder  te  clavecin.  Mais  ce 
sonomètre,  étant  monté  de  plusieurs  cordes,  devait  être 
accordé  préalablement,  et  par  là  devenait  illusoire  dons 
ses  résultats.  On  a  Imaginé  eo  Angleterre)  il  y  a  plosieu» 
années,  une  suitede  douze  diapasons  procédantpar  demi- 
tons,  qui  servait  aussiàaccorderrigoureiisenienl  les  pianos. 
Celte  invention  ii'a  point  eu  de  succès  parce  que  les  vibra- 
tions d'un  diapason  s'affaiblissent  promptemcnt  et  ne  lais- 
sent qu'un  souveuirvagueà  l'oreille,  au  lieu  que  le  chroma- 
mètre  permet  do  répéter  à  volonté  ta  note  dont  on  veut 
prendre  l'unisson.  D'aillearS)  les  intonations  des  diapasons 
étant  fixes,  onétailfbroéd'accordertousles  pianos  au  même 
ton,  quelle  que  fut  la  différence  de  leur  construction  ,  pu 
l'usage  anqnël  on  les  destinait.  La  facilité  qu'on  a  de  varier 
par  la  molette  la  tension  de  la  corde  du  cliromamèlre  et 
d'obtenir  ainsi  un  diapason  vonlu,donneàcetinslrumentun 
autre  avantage  important  sur  les  eollcetions  de  diapasons. 

C'est  donc  un  service  réel  que  MM.  RoUer  et  Blanchet 
ont  rendu  aux  amateurs  de  musique  en  publiant  leur  io- 
venliOB.  Ils  ont  construit  un  certain  nombre  de  chroma- 


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mètrei,  qu'on  troiiTe  daus leur  magasin  de  pianos,  bou- 
levard Poissonnière,  n°io,  àParis.  Le  prix  de  l'instrument 
avec  l'étui  est  firé  à  80  francs. 

THÉÂTRE  DE  L'OPÉRA-COMIQUE. 
PREMIÈRE  REPHÉSENTATIOK  DE  L'ARTJSAK, 

OPÉRA -COMIQUE  EH  VU  ACTE. 

Tom  le  mande  avoue  qu'en  France  la  musique  est  mieux 
connue  par  le  public  de  nos  jours  que  par  celui  d'autre- 
fois; ses  notions  sont  plus  répandues,  ses  principes  mieux 
connus,  enfin  cliacun  en  parle  sinon  avec  discernement, 
au  moins  comme  d'une  chose  qui  ne  lui  est  pas  étrangère. 
Les  mats  d'orchestre,  de  morceau  d'enseméle,  de /ac- 
ture,  s'échappent  de  toutes  les  bouches  :  ceux  qui  n'en 
connaissent  pas  la  valeur  cachent  même  avec  soin  leur 
ignorance.  D'où  vient  donc  que  toutes  ces  améliorations 
qu'on  remarque  dans  le  goùl  des  Français  ne  semblent 
s'appliquer  qu'à  la  musique  étrangère?  Les  brillantes  sait- 
lies  du  maître  de  Pesaro,  ses  longs  développcmens,  son 
élégant  orchestre,  ont  excité  partout  une  admiration  que 
□'a  pu  diminuer  une  exécution  souvent  au-dessous  du 
médiocre.  Les  chefs-d'œuvre  de  Mozart,  du  sévère  Mozart, 
ont  même  porté  jusque  dans  les  provinces  les  plus  éloi- 
gnées de  la  capitale  le  goût  des  hautes  conceptions  musica- 
les. Mais  s'agit-il  d'un  opéra  français,  c'est  tout  autre  chose  ; 
nous  semblons  aussitôt  revenir  à  nos  anciennes  habitudes. 
Ce  n'est  plus  de  la  musique  que  nous  demandons  ,  ce  sont 
des  chansons.  •  Cet  opéra  est  charmant. — Qu'y  Irouvc-t-on 
•  de  remarquable  ? — Descoupletsfcrls  jolis  et  une  romance 
■  délicieuse.  >  Voilà  ce  qu'on  entend  Iouh  les  jours.  Un 
public  faclice  applaudit  avec  transport  ces  fadaises  aux 
premières  représentations.  Les  pianos  en  sont  bientôt  cou- 
verts, et  les  marchands  de  musique,  qui  n'e.iliment  que 
ce  qui  se  vend,  ne  se  chargent  d'une  partition  qu'en  raison 
des  vaudevilles  ou  des  chansonnelles  qu'elle  contient. 
Qu'arrive  t-il  ?  Nos  jeunes  compositeurs,  destinés  par  leur 
éducation ,  par  l'heureuse  époque  où  ils  sont  placés ,  et 
peut-être  parleur  génie,  à  donner  à  la  musique  française 


Ilmpukioa  dont-eUv  a  besoin  pour  le  mettre  auDiveaii  de 

celle  de  l'Italie  ou  de  l'Allemagne,  ai)  lieu  d'accomplir 
celte  noble  missioa ,  se  laîseent  dominer  par  le  déitir  de 
flalterle  faux  goût  du  parterre,  et  par  le  plaisirde  recueillir 
de  §lériles  applaudîssemens.  C'est  un  cercle  vicieux  dans 
lequel  le  public  et  les  musiciens  semblent  vouluir  se  relenîr 
mutuelle  ment. 

Ces  réflexions  jai'ont  éjé  suggérées  par  le  petit  opéra- 
eQn{îquedeL'.4rtùan,  qu'on  a  représenté  pour  la  première 
fi)iS(  mardi  Sojaqvier.  La  pièce  n'est  pas  bonne,  mais  elle 
offrait  quelques  occasions  de  musique.  Le  musicien, 
H.  Halevy,  ne  lésa  que  faiblement  esquissées.  Il  règne  dans 
presque  tous  ses  morceaux  un  air  décau.iu,  une  incerlitude 
de  plan  qui  faliguent  l'auditeur.  Ses  modulations  sont  mal 
atlacbéesuu  sont  nulles.  Mais  ce  qui  est  surtout  remarqua- 
ble dans  un  élève  d'un  des  plus  grands  musiciens  de- notre 
époque,  c'est  le  défi  ut  de  proporlion  qui  dépare  tout  ce 
qui  n'est  pas  romance  ou  couplets. 

Le  Btjet  de  cette  pièce  est  commun  et  invraigemblablD 
tont  à  la  fois.  Uo.inarin,  nommé  Hurville,  ayant  perdu  sa 
lêmme  >  a  conlîé  son  Ris  Justin,  âgé  de  six  mois,  aux  soins 
d'une  nourrice  provençale,  nommée  Françoise ,  puis  s'est 
embarqué  et  a  péri  peu  de  temps  après.  Cependant  Justin 
de  Murville  est  devenu  un  homme;  ou  en  a  fait  un  char- 
pentier, et  il  est  le  plus  iiabîle  ouvrier  du  putl  d'Aiilibes. 
11  aime  fort  Louise ,  sa  sœur  de  lait,  qui  le  paie  d'uu  tendre 
retour.  Tout  à  coup  arrive  un  cousin  de  Justin,  Gustave 
de  Uurvillc,  lieutenant  de  vaisseau.  A  la  mort  du  père  dç 
Justin,  lise  croyait  appelé  à  recueillir  l|i  succession  desop 
oncle ,  succeseîuu  de  trois  Cbnt  mille  francs,  dont  il  avait 
grand  besoin  pour  payerses  dettes  ;  mais  l'existence  de  son 
cousin  lui  a  été  révélée  à  Toulon,  et  il  vient  le  presser  dans 
ses  bras  et  le  mettre  en  possession  de  sa  fortune.  C'est  ici 
quecommencele  romanesque.  Justin  aime  son  métier  et  sa 
Louise;  il  ne  saurait  que  faire  de  son  .irgoril  et  il  prie 
Gustave  de  l'en  d<'barr;isflcr.  Dcsi.n  cûli;  Limise  a  entendu 
la  ooBversatiou  de  Justin  cl  de  sun  coiimh  ;  nWc  ne  veut  pas 
que  t'apiour  qu'il  a  pour  elle  lui  coûte  une  situation  hono- 
rable ,  ^  puiv  Itù  ravir  tout  espoir,  ej^c  se  décide  à  épouse 


!>3 

patron  Jeali ,  maître  charpentier  du  port.  Désespoir  de 
JnEtÎD  qui  veut  quitter  Aniibes ,  et  qui  «'éloigne  en  priant 
Gustave  dè  donner  cinquante  mille  éciis  à  Louise.  Hais 
^comme  il  ne  faut  pas  qu'il  parle,  on  ie  ramëne,  tout  s'ex- 
plique, et  Justin  retrouve  Louise  avec  ses  i5o,aoo  fr. 

L'ouverture  dont  le  début  est  pompeux  a  pour  allegro 
une  espèce  de  boléro  dont  le  motil'  est  chanté  dans  l'opérft 
par  M"  Casimir.  L'instrumentation  en  est  Taiblc  et  dénote 
peu  d'expérience.  Les  violons ,  si  puissana  quand  ils  sont 
bien  employés,  n'y  produisent  aucun  efTel.  On  n'y  entend 
guère  que  descors,  des  trompettes,  untrombon  ',el8urlout 
une  petite  flûte  qui  doit  être  fatiguée  quand  elle  a  fln!| 
car  elte  M  repose  peu.  |Le, premier  morceau  est  un  dliceDr 
d'ouvriers  charpentiers,  o&.Tod  remarque  ua  passage  de 
basHes^d'jin  bon  elTet;  mais,  quoique  je  soispeti  partisan 
deaîml  talion  s  matérielles,  je  ferai  remarquer  que  le  rythme 
de  ce  morceau  n'est  pas  bien  choisi,  car  l'embarras  des  cho- 
ristes pour  réglerlemouvemeiitdeleur  travail  sur  la  mesure 
était  évident.  Les  couplets  que  chante  ensuite  M"  Casimir 
sont  jolis,  et  ont  été  applaudis.  Mais  quoil  ne  pourrons- 
nous  doiicjamais  louer  que  des  couplets  ?  Le  début  du  trio 
oli^nté  [iarI>emonm'er,  H""  I>esbrasfleB  et  Casimir,  sem- 
blait promettre  gœlque  chose  :  bientôt  le  vague  des  Idées, 
le  défaut  de  formes  et  un  orchestre  mal  disposé,  ont  étouffé 
ce  premier  genne.  Après  ce  morceau ,  vient  une  romance 
qui  est  chantée  par  Chollet,  et  qui  n'est  qu'une  copie  de 
celle  que  chante  le  même  acteur  dans  Marie;  mais  la 
copie  est  loin  de  l'original.  Le  refrain  des  paroles  m'a  para 
fort  divertissant. 

Je  ne  sais  de  quel  nom  appeler  un  morceau  dans  lequel 
Ckollet  semble  chanter  d'abord  un  air,  qui  devient  ensuite 
un 'duo  par  quelques  notes  que  ohanleXemonuier,  etenfla 
on  trio  par  l'arrivée  de  U*"  Casimir.  Ce  morceau ,  qui  est 
assez  loqg,  commence  en  r^,  se  continue  en  ri  et  finit 
en  ri.  On  dirait  d'un  écolier  qui  ne  sait  pas  comment  on 
module.  Je  ferai  observer  à  H.  Halevy  qu'il  faut  que  le 
mufdcien  guide  le  poète  dans  la  disposition  des  paroles, 
pour  que  la  ooupe  des  morceaux  suit  lavorable  à  la  musi- 
que ;  dans  celui-ci,  la  dispusilion  est  très  défectueuse. 


al 

et  c'est  sans  doute  à  cette  caase  qu'il  faut  attribuer  la  faî- 

blesBe  de  la  composition. 

Si  l'espèce  de  trio  dont  je  viens  de  parler  ne  modide  pas  i 
on  revanche  le  quatucjr  qu'on  trouve  doux  scèin;»  plus  loin 
nousmène  ea  poste  d'un  ton  dans  un  autre  et  nous  ramène 
avec  la  même  célérité.  Quelle  qu'ait  été  mon  attention^ 
j'avoue  que  je  n'ai  pas  toujours  aperçu  le  diemin  qu'on 
me  faisait  prendre. 

En  résumé,  la  musique  de  VJrtisanest  très  faible.  Les 
chants  sont  communs  ou  nuls  ,  l'inslrumentution  lourd<] 
et  sans  elfet ,  et  parloot  l'on  remarque  une  timidité  déses- 
pérante dans  un  jeune  homme.  Jeunes  artistes,  osez  donc 
innover!  on  n'est  quelque  chosequc  par  l'audace.  Le  siècle 
d'ailleurs  vous  est  favorable.  On  assure  que  M.  Hatcvy  a 
du  talent,  et  que  le  Pygmalîon  qu'il  va  donner  à  l'Opéra 
.renferme  de  belles  choses  :  attendoDs  ce  second  ouvrage 
pour  le  juger  définilîvement,  et  espérons  qu'il  y  sera  plus 
heureux. 

J'ai  peu  de  chose  à  dire  des  chanteurs ,  parce  qu'ils  ont 
eu  peu  dechoseà  faire.  M"  Casimîra  chanté  agréablement 
ses  couplets  :  c'est  à  peu  près  tout  ce  qu'elle  a  de  remar- 
quable dans  l'ouvrage.  IJuant  à  Chollcl,  voici  ce  que  j'ai 
à  lui  dire  -■  «  Tous  ^iven  une  bt^llu  voiv  de  ténor,  vous  êtes 
bon  miisicicn  et  vous  savex  vocaliser  ;  enfin  vous  pouvez  èiro 
un  chanteur  fort  habile,  hi  vous  quittez  l'école  de  Martin, 
qui  n'était  bonne  que  pour  lui.  Laissez  là  ces  traits  sacca- 
dés qui  sont  d'un  mauvais  style;  renoncez  à  ces  éternels 
points  d'orgue  qui  font  qu'il  n'y  a  plus  ni  phrases  ni 
rythme  quand  ils  sont  multipliés  ;  en  H  n  n'abusez  pas  de 
la  voix  de  tète  et  ne  négligez  pas  vos  beaux  sons  naturels 
pour  une  voix  factice.  Si  vous  avez  ce  courage,  je  vous 
garantis  des  succès  véritables,  car  vous  avez  tout  ce  qu'il 
faut  pour  liis  oblenir.  Je  sais  qu'on  vous  applaudit  aujour- 
d'hui ,  qu'un  vous  fait  ri'pt-Icr  vos  romances  ;  mais  ayez  le 
courage  de  résister  à  l'engouement  et  au  mauvais  goût  du 
public,  otconlraignes-le  à  s'y  connaître  :  vous  y  gagncree 
tous  deux.»  X. 


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PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

FIOHtfiMPKOBOOMPOBinOirilï'éCOLB  BÏlTm  DB  MDaïQKB,  ' 
nmuOTBioiiu  tt*  oiriruuMiHluiTi  ' 

N*  I.      rÉVfilEB  1897. 


^       '  SDR  L'ATJTHENTICITÊ 

DU  REQUIEM  DE  HOZAllT. 

  ^  »  - 

On  discDuîon  fbrLvIvè  s'est -âe\*ée  en  Altemagne  de- 
pnÎR  environ-dix'huil:  mens  sur  l'atithentl<dté  delà  messe 
dé  Reguiem  atlribnée  à  Mosart,  qui,  comme  on  sait,  a  été 
publiée  comme  nue  oeuvre  posthume.  Avant  d'ebtrér  dauS 
des  détails  sur  la  polémique  qui  se  poursuit  avec  chaleut 
à  ce  sujet,  je  pense  qu'il  est  nécessaire  d'instruire  le  lec- 
teur de  plusieurs  circousiances  qui  en  sont  comme  la  clé. 

Le  bel  ouvrage  qu'où  connaît  sous  ie  nom  de  messe  de 
Be^uient  de  Mozart  fut  imprimé  pour  la  ptemière  fois  à 
Leipsick,  en'iSoo,  parlcssAïnsdéHM.  BreitLopf  et  Hœr- 
tel.  Mais  k  peine  eut-it.  parâ  que  des  doutes  s'élevèrent 
sur  la  part  qu'avait  eue  Mozart  à  cet  ouvrage,  doutes  qui 
étaient -molivéd  par  quelques'  ué^igtences  qi^on  y  remar- 
.  qaaIt.-Lfl  bruit  public  [H-oclamait  H.  Sflsimayéf,  ifltve  de 
Mozart  et  maître  de  chapelle  à<Vienne,  comme  l'auteur 
de  la  plupart  des  morceaux  de  cette  partition.  MM.  Breit- 
Lopf el  Hœrtel,  étonnés  de  pareilles  assertions  et  voulant 
s'éclairer  à  cet  égard,  s'adressèrent  à  M.  Siissmaycr  lui- 
même,  et  le  prièrent  de  leur  déclarer  la  vérité.  Voici  sa 
.tépouse  tolto^  qu'elle  fut  insérée  dans  le  n*  I"  de  la  qna- 
trlèmè  an1a&  de  la  Gazelle  Mutieate  de  Leipsick  (oc- 
tobre  1801). 

5 


,    -  a6 

'  Vienne,  S  KptembrB  iSoo. 
■  La  musique  de  Hosart  est  si  opîginaie  et  si  supérieure 
«  à  celle  de  la  plupart  des  compdsiteurs  rivans,  que  qul- 
4  conque  voudrait  imiter  son  style  ferait  reconnaître  ia 

■  fraude  par  le  mélange  de  ses  propres  idées,  et  ressem- 
«  bleriiit  au  corbeau  qui  se  parc  des  plnmes  du  paon.  Ce- 
•  pendnntj'ai  osé  terminer  IcRequiem  de  ce  grand  homme; 

«  La  mort  avait  surpris  Moj.irt  au  milieu  de  son  ilcniicr 
.  travail  {lùRequicm)-,  sa  veiivc,  qtii  privoyaii  que  ses  ou- 
(  vrages  seraient  recherchés  ,  engagea  plusieurs  composi- 

■  leurs  à  y  mettre  la  dernière  main.  Les  uns  s'excusèrent 
(SOUS  prétexte  d'affaire;  d'autres  convenaient  francUe- 

■  ment  qu'ils  n'oseraient  commolire  leur  réputation  avec 
t  le  génie  de  Mozart.  On  s'adressa  en  Tui  à  moi,  parce  qu'on 
f  sETaitque  j'avais  exécuté  et  chaulé  avec  Mozart  plusieurs 
(  morceaux  de  celte  composiiion;  qu'il  h'su  élait  souvent 
«entretenu  avec  moi,  et  m'avait  comruuiiiqui;  ses  idées 
«sur  la  partie  de  raccomi.a^Ticmnil  qui  l'iaîl  encore  à 
«  faire.  J'ai  fait  de  mon  mieux .  cl  je  désii-e  que  lus  con- 
«  naisseurs  reirouvent  dans  mon  travail  les  traces  du  génie 
<  immortel  de  Mo/art. 

«  Les  morceaux  qu'il  avait  à  peu  près  terminés  sont  le 
«  Requi&m  œternam,  le  Kyrie,  le  Dùê  irœ  et  le  Domine 
t,Jesu  Çhrille.  Les  quatre  parties  chautanles  et  la  basse 

■  chiffrée  de  ces  morceaux  sont  eotièrcmcnt  de  sa  main  , 
(  maisTinstrumeniation  n'était  que  motivée  en  divers  en- 

■  droits.  Le  dernier  verset  du  Dies  irœ  qu'il  a  composé 
«  est  le  tjuâ  resurget  esc  faviUd.  A  commiTirr.r  de  Judi- 
t.candus  htmo  reus  le  reste  du  Dies  irœ,  le  Sanctus, 
t  le  Beiiedictusetl'Àgnus  Dct  m'appariienuent  seuls;  et 
.  pour  donner  plus  d'unité  à  l'ouvrage,  je  me  suis  permis 
a  de  répéter  la  fugue  du  Kyrie  au  Cum  Sanàlis,  etc.  • 

La  manière  dont  H.  Sûssmayer  a  rempli  la  tâche  qij'il 
avait  acceptée  fait  le  pins  grand  honneur  à  son  talent  et 
à  sa  sagacité.  Le  style  de  Mozart  est  conservé  partout  avec 

(i)  C'e»l  le  premiet  des  quatre  dernier»  «ers  de  celle  prose. 


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un  rare  boiilieur  :  Iks  accuinpagnemcus  sont  bien  suivis 
dans  les  indicatïous  de  ce  graad  tnuHÏcieu ,  eufin  la  modu- 
latïoD  semble  être  inspirée  par  son  g^iiie,  dans  les  mor- 
ceaux qu'il  n'avait  pas  mtmè  ébauchés.  H  est  vraisem- 
blable qu'on  reconnut  alors  en  Allemagne  tonj  le  mérite 
du  travail  de  M.  Sûïîï,:iiayer,  car  on  affecta  de  croire  qu'il 
iivait  l'ait  moins  <|n'il  ne  disait  :  sa  lettre  fut  peu  citée,  et 
bientôt  ou  n'en  parla  plus. 

Les  choses  étaient  en  cet  étut  depuis  près  de  vingt -cinq 
ans,  lorsque  M.  Godcfroy  Wcber,  savant  maître  de  cha- 
pelle à  Darmstadt,  auteur  d'une  théorie  de  la  composition, 
qui  a  eu  deux  éditions  en  peu  d'années,  et  de  beaucoup  de 
compositions  Instrumentales  et  sacrées,  ramena  l'ottention' 
des  amateurs  de  musique  sur  ces  questions  :  Qttette  est  ia' 
part  çu'a  eue  Mozart  dans  ia  composition  du  Requiem, 
et  quel  est  te  de<jré  de  mérite  de  cet  ouvrage  ? 

Après  avoir  rapporté  en  entier  l.i  lettre  de  Sossmayer, 
Bl.Weber  élève  des  doutes  même  surce  que  cette  lettre  at- 
tribue à  Ma7.art  dans  la  composition  da  Requiem.  Par  l'exa- 
men qu'il  a  fait  de  cet  ouvrage,  il  lui  semble  que  ce  qu'on 
j  donne  pour  être  de  ce  grand  homme  a  été  pris  dans 
quelques  papiers  épars,  fruits  dea  études  de  sa  jeunesse, 
et  qu^il  ne  destinait  point  à  voir  le  jour.  L'écrit  périodique 
intilnlé  CacUia ,  qui  parait  à  Mayenco  depuis  i8a4 ,  con- 
tient plusieurs  articles  fort  étendus  dans  lesquels  M.  Weber 
développe  sa  pensée  par  l'examen  de  beaucoup  de  passages 
de  la  partition  du  Rtquiem.  Par  exemple  ,  il  ci'ilique  sé- 
vèrement la  fugue  du  Kyrie  sous  plusieurs  rapports.  D'a-i 
bord ,  il  démontre  que  le  sujet  de  cette  fugue  est  tiré  de 
YJlUiuia  de  l'orHlorio  de  Joseph,  par  Ilsendel  (voyez  les 
exemples  i  et  a),  et  d'une  autre  fugue  du  Messie  du  même 
auteur  (voyez  l'exemple  3).  Mais  ce  qui  est  remarquable , 
<^est  que  le  oontre-sujet  même  de  la  fugue  du  Requiem 
est  s«nblablB  h  celui  de  la  première  fugue  de  Hœiideï. 
La  manière  de  serrer  ce  contre-sujet  est  aussi  exactement 
laméme.  La  seule  différence  qu'il  y  ait  entre  ces  deux 
fugues ,  c'est  qoe  l'une  est  en  ré  majeur  et  l'autre  en  ré 
mùieur  (voyez  exemple 4).  M.  \Veberfait  d'ailleurs  au 


sujet  de  celle  fugue  une  observaliou  qui  n'a  point  échappé 
aux:  musiciens  habiles ,  el  qui  a  donnéliea  i  beaucoup  de 
critiques  ,  c'est  que  le  style  da  sujet  el  du  conlre^njet 
convient  plutôt  à  un  exercice  d'instrument  qn'auivoîx; 
qu'U  o'estTUîint  en  rapporfaVec  l'objet  sévÈre  d'une  mcsÈc 
de  jte?wi«»;  enttn  que  celle  fugue  offre  de  telles  diffi- 
cidléa ,  quil  est  presque  Impossible  que  1  en'cnlion  en  soil 
satisfaisante.  Ces  reproches  sont  applicables  à  la  fugue  de 
Hicndel. 

M.  ■VN^eber  établit  un  autre  parallèle  assez  curieux  entre 
le  début  du  Beguiem  et  celui  d'une  cantate  funèbre  pour 
la  mort  delà  reineCharlotled'AnglBterto.composéflenijS?, 
par  Haeodel  (voy.  les  exemples  5  et  6  ).  La  ressemblance  est 
frappaule ,  mais  ici  Mozart  imite  eu  homme  supérieur.  Ses 
entrées  fuguécs  des  voix,  qui  n'appartiennent  pas  à  Hoen- 
del ,  se  font  sur  les  medulations  les  plus  heureuses ,  outre 
que  le  système  d'aecompagncmenl  cl  les  disposilions  d'or- 
oheslre  sont  eutiètemcnl  de  lui,  cl  perlent  l'empreinte  de 
son  génie. 

Les  articles  que  M.  "Weber  a  inséras  <!^ins  [aCœciha  sur 
ce  sujet  contiennent  ^beaucoup  d'autres  critiques  moins 
impurtanles.  mais  qui  me  semblent  aussi  moins  fondées. 
Quoi  qu'il  en  soil,  cette  discussion,  qu'il  élait  peut-être 
inutile  d'élever,  a  soulevé  presque  toute  l'Alleniagne  mu- 
sicale contre  un  homme  recommandable  par  ses  talens  et 
par  son  caractère.  Le^arlicles  de  journaux,  les  pamphlèU, 
les  letlrcs  particulières,  rien  ne  lui  fut  épargné.  Lui-même 
a  fait  imprimer  dans  la  CœciUa  trente-une  de  ces  der- 
nières qu'il  a  reçues  de  Bcrli.i ,  de  Vienne,  de  Dresde,  de 
Leipsick,  de  Prague  et  de  Weiu.ar.  En  France ,  ou  Ton  ne 
s'intéresse  à  la  musiiiuc  qnr  par  les  plaisirs  quelle  procure 
immédiatement,  .le  pnreitics  questions  restent  inaper- 
çues :  les  musiciens  niémcs  s'en  occupent  peu.  Il  n'en  ést 
pas  de  même  dans  la  pairie  de  M.  Weber.  Les  hommes  les 
plus  distingués  y  prennent  part  à  tout  ce  qui  a  quelque 
rapport  à  l'art  qu'ils  cultivent,  aussi  trouve-t-on  les  no«u 
de  MM.  Hommeli  Seyfred.  Beukomm,  Ebers,  Hœser  et 
(te  l'abbé  Stadler,  parmi  ceux  qui  sbnt  intervenus  daoft-^ 


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49 

cette  querelle.  Le  mémo  abbé  Stadler,  comj^sit^ur  de 
beàiiËoap  de  mérite ,.  a  publié  Kur  ce  sujet  une  dissertation 
intitulée  :  Vertfteùliguntj  dcr  Echlheit  des  Mozartîscfien 
Jïe^tMem.  Àtlen.  V ert^hrern  Mo:arts getvidmet  (Défense 
de  L'aullieaticité  du  Requwm  de  Moznrt,  dédiée  à  tous  les 
admicateurs.de  .oe  grand  bomm^)..  Vi^pei  i8a6f  chez 
Tendier. 

M>  "V/eber  n'aocordalt  pas  même  à  Uozart  la  pîtrt  que 
liH.  lajuait  U.  Susamaypr  dau»  sa  lettre:  l'abbé  il  tadler 
ap  Con^aire  l'^uginçnle  dans  ga  dissertation.  Le^^n'emieti 
préstm^  qu'on  avait^tîré  de  feuilles  éparses  quelques 
idéeH  dbnt'on  avait  iait  le  Requiem;  le  second  p^arle 
d'un  manuscrit  entier  de  la  inaîu  de  Mozart ,  qu'il  a  sous 
les.  yec^.  Uoe  partie  de  ce  manuscrit  lui  appartient; 
r«utr&îest  la  propriété  de  M.  Joseph  Eybler,  maître  de 
chapeilè  de  la  cour  ile  Vienne..  Il  est  divisé  comme  il  sait  : 
le.Aefujtem  et  le  Ai/fie.coniieanent  cinq  feuilles  qui  sont 
cotées  depuis  lu  page  i  jusqu'à  lo.  Le  Diesineest  renfermé 
dansooze  feuilles ,  qui  sout  numérotées  degub  la  page  i.i 
j.usqa'à3a;  le  Lacrf/mosà,  dont  il  n'y  a  que  les  huit  pre-,  ' 
mières  mesures,  est  écrit  sur  la  page  55;  enlin,lei)tMnï»e 
Jtsu  CkristeelHûsliasioul  rentermés  depuis  la  page  54jus- 
qu'à  la  45-.  Tout  le  resteestincoulestablemcntiic  M.Sùss- 
mayer.  Quant  à  rinslrumcntation  que  celui-ci  dit  dans  sa 
lettre  n'avoir  été  qu'indiquée  par  Mozart,  M.  l'abbé  Sladicr 
affirme  au  contraire  qu'elle  est  presque  en  entier  do  sa 
main  dans  le  Requiem,  le  Kyrie,  et  une  partie  du  Diea 
irà.  fil.  André,  éditeur  de  musique  à  Oflbnb^ch,  annonce 
nue  édition  exacte  de  cette  œuvre  singulière ,  avec  l'în^- 
caUondeoe  qutapparïlentâ-Hpeart  et-à  Sfissmayer  par - 
les  lettres  M.  et  S,  Cette  partition  sera  curieuse. 

En  résumé ,  M.  Weber  me  parait  avoir  prononcé  trop 
légèi-enieiit  que  le  Requiem  ne  pouvait  être  de  Mozart.  N'y 
eilt-il  que  l'admirable  ifet^oMare,  quelautreque  ^.e  maître 
c;ùt  pu  réunir  tant  de  beautés  de  différeuK  gcnrci  dans  un 
i||pal morceau.  Ëipressiou  religieuse,  modulations  neuves 
et  piquantes,  chants  heureux,  slyle  pur  et  correct,  or- 
e élégant,  tout  se  trouve  dans  cette  adntirable  pro- 


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5n 

ductloii,  iligiic  du  génie  de  son  immortel  Auteur.  Quant 
aux  critiques  de  M.  Wcber  sur  leRequiem  et  sur  le  Kffrits,  ' 
elles  sont  Tondécs,  <|)ioi({ii'elles  aient  révolté  les  préven- 
lians  de  ([iielqiies  arlniiratetirs  d'un  grand  artiste.  Il  y  a 
quelque  cliosede  plus  précieux  que  la  gloire  d'un  hommef 
quelque  grand  fiu'il  .soit ,  c'est  la  vfrilé.  Mozart  a  eu  tort 
d'emprunter  ù  un  homme  Ici  que  Uoindcl ,  dont  les  idées 
n'ont  pus  bssoln  ,  pour  se  produire ,  d'embelUssemens 
étrangers;  Il  a  un  autre  tort  plus  grave,  c'est  d'avoir  pris 
des  moli&qui  pouvaient  convenir  à  un  Jttetuia,mais  qui 
sont  déplacés  dans  une  messe  de  Sequitm. 

ïtAU  par  les  réponses  on  peu  dures  qu'on  lai  a  faites, 
M.  'Webér  a  peut-dire  répliqué  avec  trop  de  vivacité.  Hais 
qui  osRrait  aflirmci-  que,  placé  dans  les  mêmes  circon- 
Klances,  il  conserverait  pin»  de  calme?  La  question  de 
l'authciilHili';iy:nili''Wn''Kolue  parl'écrilde  l'abbé  S  lad  1er, 
et  H.  W  L'hcr  ,  qui  l'a  commenté  dans  le  vingt-deuxième 
numéro  de  la  Cacilia  ;  ayant  fait  toutes  les  observations 
nécessaires  i  sa  défense,  il  est  vraisemblable  que  cette 
discussion  ne  sera  plus  renouvelée.  Toutefois  on  assura 
que  la  famille  de  Hozart  est  vivement  blessée,  et  que  H.  lé 
conseiller  danois  de  Nyssen,  qui  a  épousé  la  veuve  de  co 
grand  artiste,  veut  publier  un  mémoire  pour  sa  déCense. 

FÉTIS. 


INSTITUTION  ROYALE  DE  MUSIQUE  RELIGIEUSE. 

Ccfrctrra  0U  Cancata  sptrittuto. 


L'Institution  royale  de  Uosiqne  religieuse ,  destinée  A 
remplir  nn  vide  qui  existait  depuis  longues  aimées  dans 
les  études  musirales  en  France,  a  déjâatlciat  en  partie  son 
but  cil  or^.iLiisniil  un  service  régulier  dans  une  de  nos  prin- 
cipales if'glises.  Le  dcsir  de  se  conl'urmer  entièrement  au 
but  de  sa  cri'alinii  la  détermine  aujourd'hui  à  consacrer 


Si  • 

.  line  série  d'exercicett  spéciaux  à  l'exécution  dea  marctiaiu 
de  musique  sacrée  qui ,  en  raison  de  leur  genre ,  de  loue 
furnie  uu  de  leur  étendue,  ne  pëuvcnt  s'appliquer  aux  be- 
Boins  ordinaires  du  culte. 

L'exécution  des  cheis-d'œuvres  de  l'art  en  ce  genre  est 
trop  rare  en  France  pour  que  le  génie  de  leurs  auteurs  ob- 
Uenae  généralement  la  justice  qu'il  mérite.  Propager  la 
connaissance  de  tant  de  belles  productions ,  c'est  A  la  fois 
réparer  d'un;e  mdnîëre  éoUtauteroidili  iiijurieux  qui  pèse 
>nr  la  mémoire  des  grands  hommes  des  siècles  précédeos, 
et  répoudre  au  liesoin  dè  tant  de  personnes  édairées  qui 
placent  les  études  musicales  an  rang,  de  leurs  plus  nobles 

On  pent  espérer  que  les  nouveaux  exercices  de  l'Institu- 
tion royale  de  ftlusique4freligieuse  seront  accueillis  avec 
faveur,  tant  par  les  amateurs  privés  jusqulcl  de  l'audition, 
de  tant  de  chers-d' œuvre,  que  par  les  personnes  .qui  sln- 
terdisent  les  rSprésen talions  théâtrales.  . 

Cesoxevdces,  qui  auront  lieu  pendant  six  mois  deTau- 
néet  sont  fixés pravisoirement à ^ par  trimestre:  chacun 
-d'eux  sera  composé  de  deux  parties,  la  première  consacrée, 
i  des  morceaux  détachés  tels  que  psaumes,  motets,  ma- 
drigaux; Konnelsou  cantates,  etc.;  la  seconde  entièrement 
remplie  par  un  corps  complet  d'ouvrages  tels  que  messes 
solennelles ,  oratorios,  etc. ,  à  grand  chœur.  Ils  aurout 
lieu  le  jeudi,  de  qmozaîne  en  quiniaine,  &'compterda 
aa  février  1817,  à  deux  heures  après  midi. 

Au  nombre  des  morceaux  qui  seront  exécutés  dans  le 
premier  trimestre  on  oompte  le  Uessie  d!Handel ,  les.scpt 
paroles  d'Baydn,  une  messe  solennelle  d'Hummel,  une' 
cantate  de  U.  NeuLomm,  celle  de  Mozart  intitulée  Davùfe 
pénitente,  el  en  outre  un  grand  nombre  de  psaumes,: 
motels,  madrigaiiï  et  antres  pièces  détachées  de  Pales- 
trina,  Mareiizio,  II.  Marcello ,  Clarî,  Porpora,  Durante,, 
Lei),  Jomelli ,  Monleverdc,  Lotli ,  Scarlati ,  etc. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  à  25  francs. pour  six 
concerts,  18  fr.  ponr  quatre, et  lofr.  ponr  deux  au  parquet; 
et  de  3o  fr. ,  10  fr.  el  11  fr.  dans  la. tribune  :  le  tout  payable 


dealenieiit  en  retirant  les  caries  d'entrées  nomînaleB  qui 
seront  délivrées  xiiriin  avis  expédié  quelquesj  ours  aven  Ile 
premier  concerl. 

On  souscrit  au  secrétariat  de  i'InstitutloD  royale,  rne  de 
Vaiigîrard,  n*  69. 

(  Jrtioie  ecmmuni^ué,  ) 

SVR  LES  FEBVEGTIOnnBUBIfS  IMTOBTARS 
QUI  ONT  M  iim  Ducis  feu  s'imiBS 
DANS  LA  FABRICATION  DES  PIANOS. 

Quand  on  eonsidërerétatd'ïn^erreclion  dans  lequel  se 
trouvaient  les  iiislruincns  à  clavier,  il  y  ,i  (r.injH'en,  on 
a  peine  à  croire  que  leurs  aDalogucs  l'  iaitint  déjà  en  usage 
en  i53o.  On  en  avait  cependant  alors  de  quatre  es[>ÈccK, 
dont  l'étendue  était  de  trots  octaves  et  demie,  d'iait  :  l'Ie 
ciovictf  Arnui»!  qui  éïait  monté  de  cordes  à  boyuu,  qu'un 
buffle  poussé  par  la  touche  faisait  résonner;  a'  la  viTgi- 
nofe,  dont  les  cordes  étaient  d'ioier,  et  dont  ou  a  fera  mal 
à  propos  que  le  nom  était  une  flatterie  pour  Elisal)ethj 
reine  d'Angleterre,  qui  jouait  de  cet  instrument  et  qui 
l'aimait  beaucoup  ;  3°  le  ctavicorae,  monlé  de  cordus  de 
laiton;  4°  enfin  le  clavecin,  qui  iw.  diffcTail  de  celui  qui 
a  été  en  usage  jusque  vers  1770  que  par  son  LHcnduc 

De  tous  ces  iustrumeus,  rAlIcinagiic  avait  adoplé  par- 
ticulièrement le  clavieorde.  L'^/ftnet Ce,  espèce  de  virginale, 
et  le  clavecin,  restés  seuls  en  France,  en  Italie  et  en  An- 
gleterre,  ne  reçurent  que  peu -d'améliorations  pendant 
deux  siècles.  Ce  ne  fut  qu'eni7iS  qu'un  Florentin,  nommé 
Criatofori,  imagina  le  olavedn  à  marteaux  que  uons  nom- 
mons piano,  sorte  d'invention  que  les  Anglais  et  les  Âlie- 
mands  s'attribuent,  et  qn'ib  flxentplus|1ard. 

Il  parait  que  les  premiers  essais  en  ce  genre  furent  reçus 

[ij  Vîd.  Ollom.,  Liucîoii,  JlfniurgMMu  fnmtMioKa,  p.  S>g. 


35 

froidemeril ,  car  ce  n'est  qtio  vers  1760  que  Ztumpf,  ea 
.Aoglelerre ,  et  StUwrmann,  en  Allemagne ,- eurent  defl 
briques  régalières  et  commencèrent  à  multiplier  lea  pia- 
nos. En  France,  M'M.  Erartt  frèreB  conslrulsaicnt,  dès  1776^ 
ie  petils  pianos  à  cinq  octaves  avec  deux  pédales ,  dont  la 
qualité  de  son  argculiiie  était  très  renia rquubin  pour  le 
tcnips.  Mais  quoique  ce<  son  fiU  assez  éclatant,  i]  n'»vait 
qu'une  portée  fort  courte,  parce  que  les  cordes  étaient 
greies,  et  parce  que  ta  eourbti  du  chevalet  ajrant  étàjd'a- 
bord  mal  calculée,  ne  permettait  pas  de  leur  donn^une 
longueur  aoffîsanle,  fiurtout  dans  le  hant.D'aîneun  la  table 
sonore  de  rinstrument  n'occupant  alors  qa'tuie  étendue 
fort  oiroonsorite,  ne  pouvait  dle-onème  fournir  que  des 
vibrations  peu  prolOngécR.  On  fut  long-temps  avant  de 
s'apercevoir  de  ces  défauis,  et  quand  on  voulut  y  remédier, 
ou  cruA  que  le  sniil  inoyt^ii  d'ublenir  un  plus  grand  volume 
'de  son  était  d'applî']ucr  le  mécanisme  du  piano  à.  des 
Instrumens  faits  dans  la  forme  de  l'ancien  clavecin.  En 
effet,  la  longueur  de  la  laLle  sQnoru  et  l'uvuntage  de  frap- 
per les  cordes  dans  le  sens  de  leur  longueur  devaient  pro- 
curer des  vibrations  plus  énergiques  et  plus  prolongées.  Les 
facteurs  anglais  qui,  les  premiers,  en  firent  l'essai ^  réus- 
drent  assez  bien ,  et  perfectionnèrent  ensuite  leur  travail.' 

-A  l'égard  des  pianos  carrés,  on  n'imagina  pas  de  meil- 
leur moyen  pour  augmenter  la  force  du  son ,  que  d'ajouter 
une  corde  aux  deux  qu'il  y  avait  déjà  sur  cliaquc  note. 
L'addition  était  bonne  en  soi ,  mais  cependant  elle  n'aug- 
mentait pas  l'iulcnsité  du  son  dans  la  proportion  de  deux 
à  trois ,  car  il  est  bien  diffu  ile  que  les  cordes  d'un  piano 
soient  assez  bien  disposées  sur  les  cbevilles  pour  présenter 
un  plan  parfaitement  horizontal  au  marteau  qui  doit  les 
frapper.  Que  l'une  soit  un  peu  plus  élevée  que  les  autres, 
le  marteau  ne  l'atteindra  pas,  ou  ne  la  touchera  que  lé- 
gèremei^,  tandis  qu'il  frappera  les  autres  avec  force.  Cet 
inconvénient  est  d'autant  plus  sensible  que  les  cordes  sont 
plus  fmes. 

Un  autre  défaut  qui  résulte  de  la  forme  des  pianos  car- 
rés, c'est  l'angle  que  fait  la  corde  sur  la  pointe  auprès  da 


34 

point  d'altaohe  ;  car  la  marteau  la  frappant  daas  oot  en-* 
droit,  le  mains  flcuiliie  de  loute  sa  longueur,  le  ohoc  eut 
plus  violent ,  la  résistance  pin»  énergique ,  et  le  résalUt  de 
cette  ré§ÎBlance  est  de  fuîre  casser  la  corde.  M.  Broadwood, 
célèbre  facteur  anglais,  imagina,  îly  a  environ  quinze  aiiBi 
un  moyen  ingénieux  qui  semblait  devoir  faire  disparaître 
ce  défaut. Il  consistait  à  retourner  en  quelque  sorte  l'attache 
des  cordes,  on  plaçant  les  chevilles  sur  le  sommier  qui 
régule  long  de  la  ligne  des  marteaux,  et  les  pointes  où 
s'arifle  l'œillet  des  cordes  sur  la  table  sonore.  Halheureu-, 
sèment  les  pianos  de  celte  espèce  avait,  des  vibrations  si 
prolongées  que  les  sons  se  confondaient. 

Beaucoup  d'autres  essais  infructueux  avaient  été  faits 
pour  améliorer  la  construction  des  pianos  carrés ,  et 
dans  l'impossibilité  d'y  parvenir,  on  avait  eu  recours  ii 
l'augmcatatio»  du  nombre  de  pédales,  dont  l'objet  était 
de  modifier  la  nature  des  sons.  Mais  les  artistes  distingués 
et  les  vrais  amateurs  firent  toujours  peu  de  cas  de  ces 
moyens  d'effets  factices.  On  préférait  les  pianos  k  queue  ^ 
nonobstant  l'embarras  que  causait  leur  dimension ,  et  l'é- 
mulation des  Acteurs,  excitée  par  la  préférence  qu'on  ac-  ' 
cordait  à  ces  Instrumens ,  leur  faisait  faire  des  recherches 
pour  approcher  de  la  perfection,  autant  qu'on  le  pouvait. 
Broadwood,  de  Londres,  l'avait  rencontrée  quelquefois; 
UM.  Erard  et  Frcudent ha  1er, avaient  fait  d'heureux  essais;. 
Vienne  fournissait  de.-;  instrumens  d'un  petit  modèle,  dont 
le  mécanisme  léger,  mais  peu  solide,  n'opposait  pas  plns-< 
de.  difficulté  à  l'exécutant  que  celui  des  pianos  carrés. 

Ceux-ci  semblaient  être  condamnés  à  rester  désormais 
dans  leur  état  dlmper&ction  ,  lorsque  JASâ.  Ffeiffer  et 
Pctzold,  alors  associés,  changèrent  tout  à  coup  les  prin- 
cipes de  leur  construction,  et  obtinrent  les  plus  heureux 
résultats.  La  table  sonore,  qui  précédeuimenl  n'occupait 
qu'une  partie  de  la  longueur  de  l'îiislrunicnl ,  fui  prolon- 
gée d'un  bout  à  l'autre;  la  cuii^sc  fut  élargie  et  permit  de 
donner  à  la  courbe  du  clievalet  une  dirfsclioii  telle  que  la 
longueur  des  cordes  l'ut  jioi.iblenic-nl  augiueiiléi^ ,  surtout 
dans  le  haut  ;  un  nouveau  nu  canisme ,  soigné  dans  tons 


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55 

ses  détails,  fut  calculé  pour  donner  un  levier  consMérable 
au  marteau.  afÎD  qu'il  frappât  lescordes  avec  plus  de  force 
et  et\  tirât  plus  de  son.  Mais  l'augiiieiilation  de  force  dans 
Taction  du  marteau ,  jotule  à  celle  de  la  longueur  des 
cordes ,  obligeait  à  donner  à  celle-ci  un  diamètre  plus  con- 
sidérable} or,  pins  lés  corde!  sont  grosses,  plus  elles  mon- 
tent diffloUement,  et  oonséqnemnient,  plus  leur  tension 
latigue  Ilnslruroent  dans  le  sens  de  sa  Ibnguenr.  Il  fiiut 
donc  proportionner  la  résistance  de  la  caisse  &  TactioR  ' 
exercée  sur  elle  :  fout^elafiit  fait  avec  uuesagaoitj  et  une 
précision  râmarquables  ,  et  pour  prix  de  leurs  effisrts  » 
HM.  PfeiGTeret  Petzold  obtinrent  des  instrumcQS  excellenR, 
dont  ils  ont  successivement  |>erfectionné  les  détails,  et 
qui  satisfont  maintenant  les  artistes  les  plus  ciigeans, 
soit  sous  le  rapport  du  son ,  soit  sous  celui  du  mécanisme. 

Depuis  lors,  tous  les  facteurs  adoptant  lus  mâmes  prin- 
cipes, et  les  mettant  en  pratique  avi^c  plus  ou  moins  de 
succès,  y  ont  seulement  introduit  quelques  variétés,  soit 
dans  le  mécanisme,  soit  dâns  des  accessoires  qui  ont  un  but 
d'ntilité  spédala.  Par  exemplcj  M.  RoUer,  aujourd'hui  asso^ 
ciéàlU.BIancliet,  ayant  remarqué  la  difScultéqu'éprouvent 
tous  les  amateurs  et  même  quelquesprofe.<i«eurs  à  transposer 
sur-le-champ  d'un  ton  dans  un  autre  l'acciinipagnemeut  de 
certains  morceaux  qui  sont  trop  élevés  ou  trop  bas  pour 
les  voix,  U.  Roller,  dis-je,  a  voulu  venir  à  leur  secours  en 
réduisant  le  tout  à  une  simple  opéra|jon  mécanique.  Il  a 
lendQ  son  clavier  mobile,  afin  qu*on-pût  le  transporter  à. 
volonté  un  demi-ton,  un  ton,  ou  un  (on  et  demi  plus  bas, 
ou  enfin  un  demi-Ion  plus  haut,  en  sorte  que  l'exécutant 
jouant  la  musique  telle  qu'elle  est  (écrite  transpose  sans  oc- 
cuper son  esprit  d'un  calcul  dilTicile.  M.  Pfeitfcr  a  perfec- 
tionné ce  mécanisme  en  y  appliquant  une  pédale;  mais 
SCS  pianos  ne  transposent  qu'à  un  demi-ton  au-dessous, 
ce  q^t  suffit  dans  l'usage  le  plus  habituel.  L'idée  des  pia^ 
nos- Iranspositcurs  n'était  pas  nouvelle.  lAAl.  Ërard  et 
Pfisiffer  en  avaient  exécuté  autrefois  dans  lesquels  la  table 
sonpre  était.une  colonne  verticale  sur  laquelle  tes  cordes 
étaient  tendues,  èt.qu'on  pouvait  tonrner  à  volonté,  de  ma- 


96 

nière  que  le  même  marteau  frappit  tsilanote  voulue.  Hais 
l'obligation  de  contraindre  le  boisponr  lui  faire  prendre  la 
formu  cylindrique  le  privait  de  vibration,  et  l'on  n'obtenait 
qu'un  g<j[i  défectueux.  On  avait  donc  été  forcé  d'abandon- 
ner celte  invention. 

M.  Pleyel  vient  d'iulroduire  les  perfection nemans  le? 
plus  heureux  dans  la  iàbrioation  des  pianos  carrés  et  à 
queue.  Ces  perfectionnemens  sont  de  plusieurs  espèces. 
Convaincu  d»  la  difficulté  presque  iuaurmonlabls  qui  s'op^ 
pose  à  l'accord  parfait  de  plusienrsjiordcs  à  l'unisson,  et 
conséquemment  à  une  sonorité  bien  nette,  M.  Pleyel  a 
essayé  de  réduire  le  piano  carré  à  une  seule  corde  pour 
chaifue  note,  et  le  succès  a  couronné  son  entreprise.  Par 
une  [junue  disposition  des  diverses  parties  de  l'instrument 
et  parle  diamètre  considérable  des  cordes,  M.  Pleyel  est 
parvenu  à  donner  à  ses  pianos  uniot^rf^M  une  force  de  son 
égale  à  celle  des  bous  pianos  ù  deux  cordes,  et  une  netteté 
d'inlouBtiou  qu'on  cberclie  souvent  en  vain  dans  ceux-ci. 
Ces  unicordes  seraient  sans  doute  trop  faibles  pour  de 
grandes  salles  de  concert,  mais,  ils  sont  très  satit^aisans, 
dans  un  salon.  • 

D'autres  perfectionnemeus  bien  plus  importans  sont 
oeux  qn^M.  Pleyel  a  apptii|ués  à  la  construction  des  pianos 
à  queue.  Ju.stju'à  ce  jour  le.s  grands  pianos  anglais,  et  oo- 
tammeiil  ceux  de  M.  Broadwood,  avaient  eu  un  avantage 
incontestable  sur  ceux  qui  sortaient  des  fabriques  fran- 
çaiseti  ;  mais  ceux  de  AI.  Pleyel  luttent  maintenant  avec 
succès  contre  les  meilleurs  instrumens  sortis  des  ateliers 
anglais.  Par  un  barrage  en  fer  dtmt  la  combinaisen  assure 
1m  solidité  rfeices  grandes  macbines,  le  fond  nuisùfdu 
piano  a  pu  être  supprimé ,  et  les  vibrations  de  la  table  so- 
Btm  devenues  libres  en  tous  sens  propagent  le  son  en 
dessous  comme  au-dessus.  Ce  son  est  plein ,  volumineux . 
d'une  longue  portée  et  moelleux  à  la  fois;  eu  un  mot,  on 
ne  conçoit  pas  qu'il  soit  possible  d'aller  au-delU et  la  per- 
fection semble  Être  atteinte.  On  a  pu  juger  delà  puissance 
d'un  pareil  instrument  suus  la  main  d'un  artiste  tel  que 
M.  Kalkbrenner,  dans  le  concert  qui  a  été  donné  dans  la 


salle  de  la  rue  Bergère,  le  4  de  cemoh.  Un  autre  avantage 
précieux  de  ces  pianos  ;  c'est  l'accord  invariable  qu'ils  - 
gardent,  quel  que  soit  le  m  un  ve  ment  qu'on  leur  imprime. 

Des  essais  seront  sans  doute  encore  tentés;  des  recher- 
ches seront  faites;  OR  pourra  perfectionner  quelques  dé- 
tails, mais  il  «St -vraisemblable  quelasOQorItâ  du  plaAo  a 
atteint  le  maximum  d'intensité  possible. 

FÉTIS. 


S^irîfs  mnsmUs  Pt  ^natmts  et  U  £âninf«H! , 
DOUiféta  TAU  M.  gAïuor. 


Plus  l'aeage  du  piano  ae  répand  dans  hi  sot  i(':h: ,  moin.s 
les  aulres  instmmens  ;  sont  employés.  Cet  orclicstrc  com- 
mode qui  n'occupe'  que  peu  dé  place  et  qui  n'exige  la  pré- 
sence que  d'un  seul  exécutant,  a  remplacé  partout  le 
quatnor ,  même  poar  l'accompagnement  des  solos  tie  vio-  - 
Ion  ,  de  flûte  ou  de  hautbois.  Ce  nouvel  arrangement  a  des 
avantages  qu'on  ne  peut  nier;  car  la  facilité  ilè  faire  et 
d'enteudre  de  la  musique  en  propage  le  goût,  et  c'est  à 
son  influence  qu'il  faut  attribuer  les  rapides  progrès  qu'on 
a  iaits  en  l''rniirc  diipuis  peu  dans  cet  art. 

MalliCTutiisenienl  on  pcnl  souvent  d'un  cote  ce  qu'on 
gagne  d'un  aulrc.  Ainsi,  le  triomphe  du  piano  n'a  eu  lieu 
qu'aux  dépens  de  toute  autre  musique  instrumentale.  Il 
ya  vingt  ans  qu'an  trouvait  à  Paris  et  dans  les  dép^rtemens 
nae  foule, de  i-éuiiions  d'amateurs  et  d'artistes  i{ui  avaient 
pour  objet  de  savourer  les  trios  ,  quatuors  et  qtiinlellî  de 
Mozart,  de  Haydn  ou  di;  lîculliovcn,  aiimiralilefi  composi- 
lions  que  le  vulgain;  tonnait  à  pdnii  ilu  nom.  .Hais  au- 
jourd'hui t(!s  aiiialiiins  n'e\islcnl  jilu-.  et  n'ont  point  été 
remplacés  p.n'  d'autres.  Un  seul,  aussi  rei'ommaudable 
par  sa  position  sociale  que  par  son  amour  pour  la  musique 
et  par  son  goùl  éclairé,  rassemble  encore  autour  de  lui  quel- 


58 

ques  artioles  distingués  qui  fuiit  tiiteiiiJre  aux  ùlas  ces 
prodiiclions  ravissantes  duiit  tant  du  gens  nii;coiiiiaisseiit 
le  mi^rile  ,  cl  les  préserve  ainsi  d'un  entier  oubli. 

Une  occasion  précieuse  est  ofFerie  au  public  cet  hiver 
pour  eutendre  la  musique  dont  je  viens  de  parler;  pour 
ï'enMHidre ,  dis-jc ,  si  parfaitement  rendue  que  l'cxéGutioD 
ajoute  mille  beaiités  &  celles  qu'ont  imaginécti  les  auteurs. 
Cette  occasion ,  c'est  Id.  Baillot  qui  la  procure  par  ses  soi- 
rées de  quatuors  et  de  quintelti.  Dans  le  conoertu ,  dans 
le  solo»  H.  Bailtut  est  un  grand  artiste  :  dans  la  musique 
do  chambreiifst  inîmilabic.  Là,  son  ame  comme  dégagée 
d'entraves  s'épanche  avec  enthousiasinc.  Musicien  pas- 
sionné, violoniste  prodigieux,  ilprend  avec  luie  im  ruj  nble 
flexibilité  tous  les  tons,  tous  les  styles,  et  j.iui.iis  son  ar- 
cbel  ne  se  rcfase  à  rendre  les  traits  que  son  exallation  lui 
inspire.  Passant  dans  la  même  soirée  de  Boochérinî  à 
Mozart,  do  celui-ci  &  Beethoven  et  ensuite  à  Haydu ,  il  est 
tendre  et  naïf  àvec  le  premier,  mélancolique  et  passionné 
avec  le  second,  fougueux  avec  le  troisième,  et  noble 
avec  le  dernier.  Une  inépuisable  variété  d'archet  fijoute 
encore  à  ces  nuances  délicates  le  charme  d'une  exécution 

Dans  la  prcmif^re  suirée  qui  a  eu  Heu  le  premier  de  ce 
mois  (i)  ,  on  a  entendu  un  quiiitelto  en  re  de  Boeclierlni , 
uu  autre  qulutetlo  en  mi  6  d'André  Rombcrg  ,  un  quin- 
tetto  en  ut  do  Atozarlj  uu  quatuor  en  ji  mineur  de  Haydn, 
et  un  adagio  avec  polonaise  de  U.  Baillot.  De  tous  les  au- 
teurs de  musique  instrameniale ,  Boccherini  est  celui  qui 
gagne  le  plus  &  être  joué  par  notre  grand  violoniste.  Ses 
idées  mut  charmantes ,  naturelles  ,  originales  ,  mais  son 
etyie  a  vieilli  et  son  harmonie  est  un  peu  maigre,  line 
foule  de  nuances  délicates,  d'intentions  qu'eût  enviées  Boc- 
cherini lui-même  sont  ajoutées  par  le  virtuose  à  la  musi- 
que qu'il  exécute  et  donnent  un  a1r  de  nouveauté  à  des  for- 
mes surannées.  le  quintetio  de  Bomberg  est  élégamment 
écrit  due  manque  pas  de  grâce  dansle  chant;  mais  le  style 

|t]  a  l'anciirn  IiùIgI  FckcIi,  rue  Sainl-Lui»,  D°  A9,  an  coin  de  la  me 
de  lu  ClianiiÉc  d'Antin. 


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5a 

en  c.^t  froid  et  peu  varié.  Le  premier moroeau  du  quiaiello 
deMoznrt  n'est  pas  en  qui  est  Borli  de  meîllmir  de  la  plume 
de  ce  grand  homme,  bien  'lu'il  soit  savamment  écrit;  mais 
)a  langue  n'a  point  de  mots  pour  exprimer  la  beauté  mer- 
veilleuse de  l'adagio,  du  menue^et  du  rondo.  U.BaiUoten 
a  été  le  digne  iaterpiële.  Lé  plaisir  qu'il  a  causé  ensuite 
à  l'auditoire  dviB  l'exécution  du  quatuor  de  Haydn  a  été 
jusqu'à  l'enlhousiasme.  Jamais  rien  de  si  parfait  ne  se  6t 
entendre.  Quelle  pureté,  quelle  tendresse  dans  l'adagîo! 
quelle  verve,  quelle  fougue,  quelle  Énergii:  dan.sle  morceau 
final  1  11  semblait  que  l'habile  artiste  avait  épuisé  tous  les 
tons  dans  celte  soirée  ,  lorsque  dans  l'adagio  qui  précède 
■a  polonaise  il  se  lit  entendre  un  son  si  formidable,  qu'on 
doutait  qu'il  pÛt  sortir  du^violon. 

l'out  conoonrt  à  rendre  ces  soîrëes  délicieuses.  Des  ar- 
tistes du  premier  ordre,  tels  que  HH.  Vidal,  Urhan,  Nor- 
bUn  et  Vaslin  se  font  un  honneur  d'accompdgner  le  vir- 
tuose, et  s'identifient  si  bien  à  ses  intentions  qn'ilï  sem- 
blent ne  faire  avec  lui  qu'un  seul  exécutant  :  l'auditoire 
composé  de  vrais  amateurs  qui  viennent,  non  pour  passer 
une  soirée  mais  pour  jonïr,  exprime  sans  réserve  le  plaisir 
qu'il  éprouve,  et  excite  par  là  l'émulation  des  artistes. 
Le  salou  comtaiodément  disposé,  sans  Ëire  trop  grand, 
est  favorable  à  la  propagation  des  sons.  Enfin  nul  doute 
que  ces  réunions  ne  devinssent  le  rendez-vous  de  tout  Pa- 
ris, si  l'intérêt  qu'on  prend  à  la  musique  dramatique  ne 
distrayait  pas  de  toute  autre. 

'  FÉns. 

CONCERT,. 

2bi  Unifite  ie  ims  ot^fUnsj 

QDi  À  iiÊ  soflirÊ  m  4  r^vuEs  dihs  u  siue  db  u  kob  bbkgbkb. 

Jamais  réunion  de  talens  plu  s  Cn'ax  pourpiquer  la  cu- 
riosité du  public  n'avait  été  annoncée;  des  noms  tels  que 


4o 

ceux  de  MM.  Kalkbrenner,  B'aillot,  ¥0^1,  f.nilay,  étaient 
pluit  c]ki'il  ne  fallait,  pour  attirer  la  foule  ;  aussi  s'était-cUe 
l»écîpitée  daus  la  salle  dès  l'ouverture.  La  bienlatsaace , 
«xercée  par  ces  àrlislcs  dont  on  n'invpque  jamais  eu  vain 
la  générosité,  avait  donc  atteint  son  but  ;  il  n e  resta i t  pli^n 
qu'à  juslifier  l'e  m  près  sèment'  des  amateurs,  et  l'on  pou- 
vait prévoir  qn'ils  sci'uieut  indemnisés  avec  usure- 

Le  concert  a  commencé  par  ie  premier  morceau  de  la 
symphonie  de  Haydn ,  dont  le  di^nit  esl  en  ré  mineur,  et 
l'allé^foeii  rêmiiji-tif.  Vnc  cnUrv.  manqué:,!  p:ir  le-  liassons 
dans  riiilniiluclion  :\  uni  il  poli  cffur.  i.a  preniirrc  partie 
de  l'allégro  a  été  bien  cxéeiilée,  niais  dans  la  seconde,  si 
vifPt  si  vigoureuse,  l'orcbestre  n'a  point  eu  de  chaleur  ni 
de  verve.  Quelques  fluctuatioa^demouvemens  ont  einpé- 
«hé  les  vtolous'de  marcher  ensemble ,  et  les  contrebasses , 
en  trop  petit  nombre,  ont  manqué  dîéuergie  dans  le  mo- 
ment d'explosion. 

Dans  un  duo  d'Étisa  e  Ciaudio  dcHercadante,  MM.Do- 
mange  et  Renault  ont  montri;  qu'ils  ne  comprenaient  pas 
ce  qu'ils  chanlaienl.  Le  lùcior  (M.  Doniange)  a  elianlé  lan- 
goureusement tout  le  duo  qui  peint  une  situation  forle; 
et  la  basse  (M.  Reuault)  semblait,  en  maudissant  un  fila, 
lai  donner  sa  bénédicUan.  Presque  tons  les  mouvemens 
«nt  été  mal  prï»:  M.  Renault,  ne  s'est  pas  aperçu  qu'il 
doublait  la  durée  de  la  mesure  dans  le  début  do  l'allégro. 

Une  fanUisic  pour  le  haulbois  sur  des  thtmes  de  Léo- 
COdte. composée  par  Jl.Vogt  et  exécutés  parliii,  a  proeoré 
à  cet  artiste  l'occasion  de  montrer  to\ite  la  llésibilité  <iu  son 
beau  talent.  Je  Ini  ferai  observer  cependant  que  la  coda 
du  dernier  mouvement  rte  son  morceau  manque  d'effet  et 
n'est  point  assez  brillante,  . 

M.  Bailiot ,  toujours  admirable,  a  joné  supérieurement 
une  sicilienne  el  un  rondo  dont  le  début  plein  d'énergie 
est  suivi  d'nn  motif  fort  original.  Le  public  en  a  peut-être 
trouvé  le  style  u»  peu  sériteux,  mais'les  ar tisles'ont  fort 
goûté  l'ensembip  de  c^tle  compo^tîon. 

M"  Sloekhaosen ,  jeune  cantatrice  peu  connue  mainte- 
nant, mais  qui  oe'peut  tarder  de  l'être  fort  avantageuse- 


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4. 

tnent,  s'esl  Tait  entendre  dans  des  vurialioas  sur  l'air:  sut 
margino  d'ûn  rio,  et  dans  un  air  d'Elîsa  e  Ctaudio.  Sa 
voix  fucîle  et  juste  exécute  Ibrt  bien  les  traits  les  plus  dif-* 
Ticiles.  Mais  pour(|uoi  chanter  des  variationsP  Pourquoi 
imiter  en  cela  M"  Catalan!,  aussi  célèbre  par  son  mauvais 
goût  et  son  iguoraucc  du  l'art  du  chan  t ,  que  par  la  belle  ■ 
voix  qu'elle  eut  autrefois?  M"' Stockhuusen  est  d'autant 
moins  excusable  qu'elle  sait  cbaoter  et  qu'elle  est  dpuée 
d*iiD  bon  sentiment  musîoal.  Elle  l'a  prouvé  dans  l'air  d'£- 
tiaae  Ctaudio,  dont  elle  a  fcvt  tnen  phrasé  tonles  les  par- 
ties. Il  y  avait  de  l'exaltation  dans  son  récitatif;  on  y  a 
retrouvé  quelques  traces  des  traditions  de  fA"  Pasla ,  qui 
n'ont  rien  gité. 

Je  suis  fâché  de  ne  pouvoir  donner  à  M.  SlocLhausen 
autant  d'éloges  qu'à  sa  femme  :  il  ue  m'en  laisse  pas  le 
pouvoir.  C'est  peul-êlie  un  bon  professeur;  mais  ce  n'est 
point  un  harpiste  habile.  Il  ne  tire  qu'un  sou  maigre  de 
son  instrument;  ses  pieds  ont  l'air  de  s'embarrasser  à  cha- 
que instant  dans  sou  double  rang  de  pédales;  enGa  lors- 
qu'il £iit  des  traits  des  deux  mains,  l'une  d'elles  s'accroche 
presque  toujours  quelque  part.  Sa  musique,  puisque  mu- 
sique il  y  a,  n'est  pas  de  nature  à  faire  oublier  les  défauts 
de  son  jeu,  car  ce  n'est  qu'un  assemblage  de  traits  com- 
muns et  mal  cousus. 

Le  héros  de  la  féte  était  M.  KaliLbrenncr  ;  on  le  désirait, 
on  l'appelait  de  tons  ses  vceux  :  il  a  surpassé  l'attente  du 
public  et  des  connaisseurs.  Habitués  comme  nons  le  som- 
mes aux  tours  de  force  des  pianistes  de  la  nouvelle  école, 
il  était  inlérossant  d'entendre  la  tradition  la  ^os  pure  de 
cette  belle  manière  dasaiqae  de  Clémenti ,  îa  Cramer  et 
des  ^ands  clavecinistes  du  siècle  dernier.  D'abord  la  fa- 
cilité avec  laquelle  Al.  Kalkbrenncr  exticute  les  traita  les 
plus  difTiciles ,  a  fait  croire  au  public  qu'il  s'agissait  des 
chosesles  plussimplcs;  mais  bien  tôt  cntruiné  parlecharme 
d'une  exécution  partaile,  l'audiiuire  a  téinoigué  au  vir- 
tuose par  les  applaudisscmcns  1rs  plus  llalleurs  le  plaisir 
qu'il  éprouvait,  cl  son  enchantement  a  été  croissant  jusqu'à 
la  fin  dit  dcTnicr  morceau.  Le  mérite  de  la  composition  du 
4 


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4î 

concerto  de  M.  Kalkbrcuiier  ^tjoiiuil  encore  au  plaisir  que 
oàusail  son  jou.  Le  premier  murccau  eut  d'un  stylé  large 
el  vigoureux;  l'introduction  lente  du  rondo  est  suave,  et  le 
ihëme  de  ce  rondo,  plein  d'élégance 'et  d'originalité,  est 
tnodaléde  la  manière  laplus  heureuse.  L'InstrumentalloD 
«tn  éa  odtrâ  excellente';  niais  inal heureusement  l'orchestre 
'hltcoaiupagné  tofttleooncerloavecuae  négti'ge'nce  impar- 
donnable. Les  ÏDstrumeas  à  vent  ont  manqué  toutes  leurs- 
entrées  et  souvent  ont  altéré  la  mesure^ 
-  M.  Gallay  a  un  beau  taïeut  sur  le  cor  :  la  qualité  du  son 
qu'il  lire  de  son  inslrumcnt  est  d'une  purcfé  ravissante. 
Il  chatitb  bien  et  exécute  ses  Iraïls  avec  beaucoup  de  net- 
teté :  malheureusement  il  était  tard  quand  il  a  joué  son 
solo,  l'attention  du  public  était  fatiguée,  vn  sorte  qu'Ù 
h'a  pas  recueilli  tous  les  applaudissemens  auxquels  il 
pouvait  préteudre.  ^ 

L'ùTQbeltrè <t  joué  rouvectare  de  Proserjnnc^  de.  H.; 
Scliiieitz&œireri  au  'commencement  do  la  deuxième  par4 
lie  duconcërt.  Ilya  de  la  Verve  dans  cemorceau  qui  méri- 
terait d'être'  entendu  plus  souvent  dans  des  occasions 
semblables. 

L'heure  avancée  ne  m'a  pas  permis  «d'en  tendre  le  qua,- 
lubr  de  Bianca  e  Falvero;  d'ailleurs  j'avoue  que  rex^ci:t7 
lion  me  faisait  peur.  Ilm'aparu  qu'une  patlie  desassistans 
partageait  ma  crainte,  car  un  grand  liombre.a  ïçiîlé  ma 
prudente  retràîle.  '  p^,^  .  .,  „, 


THÉÂTRE  DE  ITODÉON.     '     "  ' 

Première  représentation  d'£n»meiine,  ou  .<»  FomsMei 

suiMe,  musique  dp  Weîgl.  ;  i 

Il  est  peudevoyageursenillemagnequi  n'aieulcopsefTré 
Hii  souvenir  agréable  de  l'ouvragé  de  Weigl  qu^nn  ,yiool  de- 
Iransporter  sur  la  scène  de  l'Odéon.  IfCS  compatriotes  de 
ce  musicien  habiieestinieDtbeàiicoupsamusiqtie.L'impé- 


43 . 

ratrïce  Harie-Lnulse,  dont  elle  fuisaîl  li»  fîl  faire, 

eu  iSii.iine  traduction  du  Famîtte  Suisse_,  qai 
jouée  BUT  le  thi'dl rc.de  Saiol-Cloiul  [Kir  les  coniédiei»:  dQ, 
rOpéfa-Comiqiie.  L'ouvragu  n^iissit^  la  cour,  mais  l'eM^i 
qu'un  ea  fit  au  théâtre  l<'<:yiie3ii  n'eut  pan  le  même  succëa, 
et  aprèa  trois  répréaen  lu  lions  on  fut  obligé  de  retirer  la. 
pièce.. 

Le  nouveau  Iraductt^ur  vient  d'être  .plus  li^ureui;.4.i'0-:. 
déon,  non  que  cet  opéra  soit  d«ua^u^,^  fi,t,iircr  If^.fp.uler 
car  une^piÈçe  ne  peut  avoir  en  France  nu  succès  prqd^plif 
quand  elle  est  aussi  dépourvu^  d|intërfiteÈ  de,mquvem^t 
que  y^t  Êmmeiine;  ipais  la.musiqi^e  de  ^eigl . sembla 
^tre^assez  goùlée  pour  procuii^rà  ('ouvrage  un  cert3i;i,noin<, 
bre  dt!  représentations.  ,       ...  i 

Pour  qui  attache  quelque  intérêt  à  observer  le.sépoqiiea 
dë  rbistaire  des  arts,  il  y  a  quelque  chose  de  curieux  dans 
la  musique  de  Weigl;  car  c'est  à  elle,  que .  commence  Id 
nouvelle  école  qui  s'est'  développée  jusqu'à  Churlç8-.*|arie 
deWeber.  Les  compositeurs  qut  avaient, succédé.A  Sluzatt. 
avaient  imité  sa  meulière;  mais  Weigl  H'a  suivi  que,  seS; 
prttpr^N  intipirationti.  dans  tout  ce  qu'U  a,  prp4uilt  $pu 
çliani,  lequel  on  Irouve  de»  phr^^fis  çbqrioia^tes  est^ 
je  ràyoue }  sçuvent  vagtit;.oii^éc(iUBUj.Tniiip  ilik.uiLcarac^, 
tère, particulier,  une  pnysionpmievEergequ'i^uçheiiçheraît 
en  vain  dans  beaucoup  d'autres  prnductiqiis  <pii.  sont  plus, 
à  la  mode. 

La  profusion  de  moiivemens  leutx  ul  d'effets  doux  est 
le  dtfaut  capital  du  la  musique  de  ta  Famille  SuÎssô. 
Les  premierK  morceaux  o»t  beaucoup  de  charme;  mais 
Itinifbrmité  de  style  produit  à  la  fui  une  sorte  d'engour- 
dissemeot  dans  l'ame  du  spectateur ,  dont  l'attcnlinu 
n'est  réveillée  que  de  loin  en  loin  par'  des  effets  d'une 
harmonie  plus  nourrie.  Ce  début  poovàlt  être. autrefois 
moins  sensible;  mais  lu  musîquii  db  Rossini ,  eu  usant 
nos  sensalioHs,  nous  a  rcniliis  plus  difficiles  à  émouvoir. 
On  aime  d'ailleurs  Liiijoiird'hiii  les  longs  (kH-chippcmciis, 
et  presque  tous  les  murceaux  tic  la  partition  de  Wcigl 
sont  courts.  L'iustrumentutiou  est  éléganle  et  juirc;  mats 


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elle  a  lo  même  défaut  que  les  autres  parties  de  l'ouvrage, 
celui  de  l'uniformité.  Les  violons  sont  trop  souvent  en 
arpiges  ou  en  iatteries  sur  les  cordes  basïtcs  pour  avoir 
du  brillant,  et  c'est  presque  toujours  le  hautbois,  la  flûle 
ou  la  clarinette  qui  chantent.  L'objet  du  compositeur  était 
de  rappeler  par  cemojen  la  musique  desmontagnei;mab 
trois  actes  d'effet§iH)mï>lables  sont  bien  longs.  Il  y  a  cepen- 
dant des  traits  channans  de  violons  en  pluueurs  endroits , 
notamment  dans  la  finale  du  second  acte. 

Les  morceauiles  plus  remarquables  de  cet  ouvrage  sont 
le  quatuor  chanté  au  premier  acte  par  Emmeline,  ses  paréos 
et  le  comte;  [e  duo  d'Emmeline  et  de  son  père;  deux  mor- 
ceaux d'ensemble  au  second  acte  ;  les  couplets  chantés  par 
l'espèce  de  niais  de  la  pièce,  et  un  trio  au  commencement 
du  troisième  acte.  Le  motif  en  mt  mineur  du  tria  chanté 
au  premier  acte  par  la  mère  d'Emmeline ,  son  père  et  le 
comte  est  délicieux;  mais  lem^eurest  im  peu  trivial. 

An  reste,  il  faut  qu'ily  ait  un  grand  mérite  dans  la  mu- 
sique de  'Weigl,  puisqu'elle  résiste  à  l'exécution  dépIor3>- 
ble  qu'on  lui  fait  subir  à  l'Odéon.  Jamais,  je  crois,  on 
n'a  chanté  plus  faux  que  ne  le  font  dans  cet  ouvrage  Adol- 
phe, Lecler,  madame  Meyssin,  el  mâmc  Mondonvîlle- 
Madame  Moiidoiiville ,  t|iiuit(iie  bien  iuible,  est  la  meil- 
leure. L'orchestre  est  satisfoisaiil  :  ceiicnJant  j'engage  les 
cors  à  être  plus  soigneux  dans  quelques  endroits,  et  l'ar- 
titte  qui  joue  la  'partie  de  seconde  clarinette  à  changer 
d'instrument  ou  d'embouchure,  car  il  jone  toujours  trop 


CORRESPONDANCE. 


A  M.ie  ditKcteur  de  ta  Revue  Musicale. 

UOKSIBDB  , 

Tons  laites  un  journal  sur  la  musique;  vous  le  faites  , 
dites-vous,  dans  l'intérêt  de  l'art  :  ne  pourricz-vous  pas  le 


45 

faire  anui  dans  celui  des  artistes?  Tous  êtes  prolbssear  à 
r£cole  royale  de  Musique;  comme  tel,  vous  augmentez 
chaque  jour  te  nombre  des  musiciens  qui  végètent  en 
France  :  vous  devez  au  moins  protection  à  vas  élèves  ;  dans 
cette  persuasion  je  prends  la  lil>erté  de  vous  adresser  quel- 
ques observations  dont  vous  ferez  l'usage  que  vous  jugerez 
convenable. 

Comme  tant  d'autres  je  suis  élève  de  l'École  royale  ;  j'y 
ai  appris  à  peu  près  tout  ce  qu'on  peut  apprendre  ;  et ,  per- 
suadé qu'on  attachait  dans  le  monde  autant  d'importance 
que  moi  au  savoir  en  musique ,  je  crus  ma  fortune  &ile 
dès  que  mes  études  furent  terminées  :  je  me  trompais. 

Je  crois  avoir  du  génie  pour  la  composition,  et  le  genre, 
que  je  préfère  est  celui  de  la  musique  tliéâlrale.  Dès  que 
je  fus  sorti  de  l'école,  je  songeai  à  me  procurer  un  poème 
pour  le  seul  thédtre  où  il  soit  permis  aux  Français  de  faire 
représenter  leurs  ouvrages.  Je  frappai  donc  à  la  porte  de 
plnneuts  auteurs  ;  ils  me  demandèrent  mon  nom,  je  leur 
déclinai  avec  importance  ma  qualité  d'élève  du  Cooserva- 
tofra>et-iigme  tournèrent  le  dos.  Étonné  de  cette  conduite, 
mais  non  découragé ,  je  cbcrcbe  à  pénétrer  dans  l'intérieur 
du  théAire,  comptant  sur  les  bons  avis  que  j'y  pourrais  re- 
cevoir pour  arriver  à  mon  but.  Après  quelques  politesse» 
faites  au  concierge,  je  parvins  enfin  à  m'élabUr  dans  les 
coulisses  Là  je  fais  la  connaissance  de  quelques  acteurs» 
et  je  leur  explique  en  tremblant  quel  est  l'objet  de  mes 
vœux  :  ils  m'écoutent  en  silence  et  sourient  en  détournant 
la  tète.  Enfin  l'un  d'eux ,  plus  charitable,  me  fait  entendre 
que  la  faveur  de  faire  représenter  des  pièces  à  l'Opéra- 
Comique  ne  peut  être  accordée  qu'aux  musiciens  lauréats, 
h  ceux  qui  ont  joui  de  l'avantage  d'être  pendant  plusieuia 
années  pensionnaires  du  roi  à  Rome  et  eu  Allemagne.  La 
roule  me  paraissait  un  peu  détournée  pour  arriver  jusqu'au 
tbéfttre  de  la  rue  Feydeau;  mais  je  m'y  décide  et  je  me 
présente  au  concours  oiï  je  n'obtiens  qu'un  accessit.  Ce 
n'était  pas  mon  compic  ;  mais  je  ne  perds  pas  courage ,  et 
les  membres  de  i'iniïliint  me  retrouvent  fidèle  à  mon  poste 
trois  années  consécutives.  Cependant  je  n'étais  pas  plus.  ^ 


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4S 

heureux.  Enfin  je  trouve  un  proteoteurà  qui  je  persuade 
que  je  me  re^rde  comme  son  élève ,  et  me  w^l&àHoma. 

VoiA'penaeBbleii,  monsieur,  que  je  n'y  'pu  gtand' 
ohose,  caronn'ytroQTerienà  fiiîre.  lyaiUeurfl  m<iii  esprit 
était  trop  préoccupé  de  ces  poèmes  qui  m'attendaient  à  Paris 
poureougerà  dos  études.  J'abrégeai  autant  qnejc  le  pas 
la  durée  de  ce  que  j'appelais  mon  exil,  cl  je  revins  avec  em- 
pressement dans  ce  Paris,  que  je  n'avais  quitté  qu'avec 
regret.  A-peine  descendu  de  voiture,  je  cours  au  théâtre 
oil  chacun  me  fait  le  meilleur  accueil.  Ravi ,  transporté,  je 
reviens  chaque  soir,  et  chaque  soir  mêmes  démonstration» 
d'intérêt  et  d'amitié;  mais  de  poème,  juAuV.  Fatlgué-d'at- 
tbb^en  ralti,  je-coilitt'clieicmoii  aaeieD  proSnaetii* el le 
prie  de  ma  recommander  &  quelque  autèu^  de  sa  tionhais- 
sanee;  pooï  toute  réponse  il  me  peint  les  embarras  et  les 
ohtfgrjos  delà  carrière  dramatique;  je  m'adresse  à  ceuxde 
mes  camarades  dont  le  retour  avait  précédé  le  mien;  ils 
tti'avoiieat  que  leur  position  est  absolument  semblable  à 
cellAdonl  je  me  plains.  .  i 

Cependant  il  butri^rfl ,  le  temps  presse,  etjdme  déoMe' 
à  oompMer  de  la -musique  insirumentale.  Je  fiilsdevqùa- 
tuoTB,  des  qNnphohîeB,  des  wnateB  oh  je  mets  toute»  les 
inqiiraHons  de  mon  génie  et  toute  la  aoienoe.^e  j'af  ac- 
quise. Je  ne  doutais  pas  que  les  marchands  de  musiqtae- 
ne  s'empressassent  d'acheter  mes  ouvrages  dés  qu'ils  les 
auraient  entendus;  mais  ils  me  déclarèrent  tous  qu'ils  ne 
pourraient  s'en  charger  qu'après  que  l'une  de  mes  compo- 
sitions aurait  eu  du  succès  dans  le  monde.  J'avoue  que-je 
n'étais  pas  préparé  à  cette  nouvelle  diCBculté  qui  me  pa- 
raissait insunnonlable,  car  pour  qu'un  ouvrage  ait  du 
succès  il  faut  qu'il  soit  publié ,  et  l'on  ne  voulait  les  iinpri- 
mèr  qu^près  que  le  jtnoçèS' aurait  été  obtenu.  L'un  de 'MA 
dtësblèurs  finit  dépendant  par  me  dire  qu'il  sTimereSBall 
à iiioirfltme  demanda  si  je  VoulaiB-faireponr  Idl  des  Va- 
riations sur  l'air:  Guemadicf,  gue  tum' ajfligM!  lOilh  dune 
oh  m'ont  conduit  mes  études  d'harmonie,  mes  fugues  cl 
mon  contrepoint  AUa  Patatrina. 
f  Les  journaux  m'ont  bercé  long-temps  de  l'espoir  de  l'é- 
f 


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47 

tabliasemeut  d'un  second  tliédlrc  d'opéra-comique  ,  mais 
OD  dit  que  les  comédienH  du  théâtre  Feydeau  réclament 
fa  fovflur  de  leur  prîviUge  >  car  eo  France  tout  se  hit  par 
{N^Tilége.  Cependant  paÏBqa'II  y  a  quatre  théâtres  privi- 
^tdrponrle  vaudeville, et  denx  théilres  |rrtviC^^  pour 
b  musique  étrangère,  il  me  semble  qu'il  pourrait  aussi  y 
en  avoir  deux  pour  la  musique  française.  Ce  ne  serait  point 
d'ailleurs  une  nouveauté;  car  jlyen  eut  deux  autrefois, et 
o'estalorsqu'ont  été  composés  les  opéras  ieMédéejdaMont 
Saint-Bernard,  àsidtux  Journées,  de  Moalano  Sté- 
phanie, des  deux  Lodottka,  des  deux  Paut  et  Virginie, 
des  deux  Roméo  et  des  deux  Cavernes.  Ce  temps  est  celui 
de  la  gloire  de  la  musique  française. 

Qu'il  y  ait  au  moins  uo  asile  pour  les  jeunes  composi- 
teurs français ,  ou  qn-on'cesse'd*en  former.  A  quUtsert  de 
leur  enseigner  les  principes  d'un  art  qu'ils  ne  doivent  point 
mettre  en  pratique?  Pourquoi  les  diriger  sur  une  roulte 
qu'ils  ne  doivent  suivre  ?  El  pourquoi  leurdonnerunèautte 
instruction  que  celle  quiconvient  à  un  coureur  de  cachets, 
puisque  c'est  la  seule  ressource  qui  leur  reste  pour  ne  pas 
mourirdefaim?Voîlà,  Monsieur,  les  réflexions  que  fontles 
jeunes,  ajctistes  qui  regrettent  d'itvj)lr  perdn  dix  années  à 
w  préparer  1  une  carriÈ»  qu'ils  ne  doiveol  poinfconrip. 
J'ai l'honnQDr  d*£tre,  etc.  ^ 

va  pittvKB  nBiGm. 


NOUVELLES  DBS  THÉÂTRES. 

Qfaobp^'OlMt^- point  dans  notre  plan  d'annoncer  les 
re|»ëwnlat{ons  à  bénéfice  „  npns  croyons  dévoir  parler  de 
celle  que  les  sociétaires  du  théâtre  de  l'Opéra-Comique 
donneront  lea4  ce  mois  pour  leurcamaradeHuet,  parce 
qu'dle  offrira  de  l'intérêt  sous  le  rapport  de  ta  musique. 
Cette  représentation  commencera  par  le  second  acte  du 
Mariage  de  F^oro ,  de  Beaumarchais,  qui  sera  joué  par 
les  acteurs  du  thé&tre  de  l'Opéra-Comique,  et  précédé  de 
l'onverture  des  Tfoees  de  Figaro ,  de  Moiart.  Cet  ouvrage 


48 

sera  suivi  delà  première  représenta  ti  on  d'un  opéra-cocoi- 
que  en  un  acte,' intïtuléfe /.ou/*-Gai-ou,  qu'on  attribueà 
deux  auteurs  spirituels  accouiuméa  aux  succès,  et  dont  la 
miiriqueest  due  &  une  jeuue  personne  qui  s'est  d^à  Alt 
connidtre  par  des  essais  remplis  d'énergie  et  d'intérël  dra- 
maUque.  La  représentation  sera  terminée  par  l'opéra  de 
Jeannotet  Cotin,  dans  lequel  Martin  jouera  pour  la  der- 
nière fois  le  râle  de  Jeannot,  et  dans  lequel  on  a  intercalé 
un  concert  oii  les  artistes  les  plus  célèbres  de  la  capitale  se 
feront  entendre.  '  ' 


TARIÉTÉS. 

On  annonce  poUr  le  ao  de  ce  mois  un  oofiwrt  qui  sera 
donné  par  M.  Herz  jeune ,  dans  les  salmis  de  H.  Erard, 
rue  du  Mail,  u.  i3.  Cet  intéressant  artisteyjouera  plu- 
sieurs morceaux  nouveaux  de  sa  composition ,  et  l'on  en- 
tendra Al.  lafondsurle  violon. 

— U. Maurice  Schlesinger,  éditeur  demusique,  rue  de  Ri- 
chelieu, n.  97,  vient  de  mettre  en  vente  les  morceaux  dé- 
tachés de  t'opéra  de  VATtîtansles  premiers  numéros  sont 
gravés  depuis  plusieurs  jours ,  le  reste  paraîtra  dans  le  cou- 
rant de  cette  semaine. 

Pulitioatiotu  itrangb^. 

.  l'Letteradelprofenore&'tuB^ipeCaiTiant.sullamuaica 
di  Gioacchimo  Rosrini.  Romaj'iSaS,  in-ft,  nella  tipogra- 
phia  di  Criapioo  Puccinelli. 

2°ConradBerg,idenzueinerrationellen  tefvrmnthode 
fûr  Musiktehrer  ■aéerhaupt,  mit  éeaoruUrer  Anwen- 
dung  aufdas  ctavîerspùi,  mit  einem  Vorworte  von  Gfr. 
ff^eier.{ldie  d'uuemélhode  gt-nérule  raisonnée  pour  l'en- 
seignement de  la  musique,  àl'asage  des  professeurs,  etc., 
par  Conrad  Berg),  Mayence,  Schott  lits,  décembre  1836, 
brochure  in-8  de  six  feuilles. 


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PUBLIÉE  PAR  M.  F^T'IS»  ,  ' 


a*  2.  -r-  FéVBIBB  1807. 

BXAHrai  DES  DirEB^  MÉTHODES 
PQUIt  L'ENSEIGNEUERT  de  HUSIQÛE. 


On  na  peufjeterles^ax  nirlfis£[»nti«smstéri4lle»  de  ù, 
musiqiio  Bans  (tre  frappé  des  difficulté  qu'elles  opposent 
parla  complication  de  leurs  élémens  au  désir  de  quicon- 
que vent  s'cD  instruire-  Outre  que  les  signes  du  langage  de 
oel  art  n'ont  point  d'analogie  avec  ceux  d'aucune  langue 
connue;  outre  que  leur  multiplicité  est  telle  que  le  même 
son  peut  se  présenler  sous  dix-  neuf  a.spcots  dïlTérens,  en 
y  comprenant  les  variétés  de  durée,  la  uécesïilé  de  recon- 
naître le»  signef  simples  au  milieu  de  celle  foule  de  cam-* 
iHOtuBOUB  quioouvrentlepqpier,  jointe  à  l'obligation  dçJei 
eq^rimer  suî^le-ohfuiip,Mjii»  tfumqoer  k  la  mesure  et  sans 
feuiser  rintoQalion ,  jetl«  dans  le  déo^uragemeot  tout 
homme  qui  .veut  réfiéchlr  sur  Tolget  de  les  étnde^. 

Cependant,  on  voit  communément  Icb  etifans^douén  de 
quelque  ïnlclligence  apprendre  les  principes  de  la  musi- 
que ,  le  solfège,  et  devenir  de  bons  musiciens,  après  quel- 
ques années  de  travail ,  sans  avoir  éprouvé  de  trop  grandes 
dillîcultés.  ils  ne  remarquent  même  pas  cettccomplieutîon 
dont  ou  se  plaint  dans  un  âge  plus  avancé.  Pour  eux,  touf 
est  babitude  >  et  U«  sont  muBioiepB  d'iqstinot  long-  temps' 
avant  de  l'fitre  par  réflexion.  Le  temps  leul  I^it  ^iv^f 
cation j  et  comme  ils  ont  boaàcovip  <ie  loisir ,  ils  peoreat 
recommencev  iMmémés  ohosesjuBqu'&ceqn'ilsleBSMbent 


□  igWed  by  Google 


5o 

'demanièreà  neplnslos  oublier.  On  n'a  pas  le  même  avan- 
tage dès  qu'onest  entré  dans  le  monde.  Mille  devoirs  s'em- 
parent de  tout  le  temps  qn'un  voudrait  employer  à  culti- 
ver les  arU  d'agrément,  et-si  l'on  veut  apprendre  qnetque 
chose ,  il  faut  quo  ce  soit  promplcnicnt.  Ces  réflexions  ont 
conduit  plusieurs  hommes  de  mérite  à  chercher  des  mé- 
thodes propres  à  communiquer  plus  facilement  qu'on  ne 
le  faisait  auparavant  la  connaissance  des  élémens  de  la 
imuique,  et  à  les  mettre  en  pratique  aTeo  plus  ou  moins 
de  succès.  Ce  sont  ces  méthodes  que  je  me  propose  d'exa- 
miner loi.  *  ' 

La  méthode  ooncertanle  de  H.  Choron,  celle  d'ensei- 
gnement simultané  de  M.  Massimino,  celle  du  MétoptaaU 
de  SI.  Galin ,  et  celle  de  la  tyre  harmonùfw  de  H.  Pas- 
tou  ont  élé  essayées  en  France  depuis  douze  ans.  Toutes 
ont  leurs  partisans  ul  leurs  déîracteurs.  Voyons  sur  quoi 
sont  fondés  les  Éloges  et  les  critiques. 

Frappé  de  cette  considération  importante  que  le  senti- 
ment de  l'intonation  et  celui  durhjthme  sont  indépendans 
t^n'de  l'autre,  U.  Choron'Conclut  qu'on  doit  séparer  dans 
l'enseignement  les  notions  qui  les  concernent.  Passant  en- 
suitié'à  la  gradation  des  difficultés,  il  fait  voir  combien  il 
est  nécessaire  de  régler  avec  soin  cette  gradatiou.  C'est  & 
racconiplissemenldecesdeux  conditions  qu'il  destine  l'es- 
pÈce  de  RolfÈge  à  quatre  partii;s  qu'il  a  publié  en  i8ao,  sous 
le  titre  de  Méthode  concertante  de  musique  ,  \ui  volume 
grand  in-S'  rte  plus  de  3oo  |iagcs. 

Celte  méthode  est  écrite  pour  quatre  voix  égales ,  et  di- 
visée eu  cent  trcnle-six  léçoiis  qui  conllennent  toutes  les 
combinaisons  de  mestirea,'  de  temps  et  de  tOnS.  L'une  des 
parties  ne  renferme  que  des  rondes  |  des  btenohes  simples 
oVi  pointées,  c'est-à-dire  des  radieales  de  mesures  simples 
èt  Composées,  Elle  est  destinée  aux  élèves  les  moins  ex- 
périmentés, dont  M.  Choron  forme  la  première  classe. 
La  partie  des  élÈvcs  de  la  seconde  contient  les  divisions 
simples  p,ii-  deux  un  par  Iriiis  des  r:idicalcs  de  mesures. 
La  troisième  pni  lie  ri  iifeiiiie  les  eonibinaîsoiis  des  quar's 
ou  des  sixièmes  de  temps  radicaux,  et  la  qualrii;ide,  les 


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5i 


GOmUnaisODS  àm  huitièmeH  ou  des  douziËmes  de  ces, 
mêmes  radicaux.  même  gradation  est  observée  pour  les 
tons  et  pour  la  diversité  des  clés. 

Ai'égnrd  de  la  manœuvre  de  l'enseignement,  M.  Clioroii 
«eut  qu'on  divisele  nomlm  d'élèves  qu'on  veut  former,  quel- 
que ^and  qu'il  soit,  eu  quatre  classes,  dont  la rëparlilion. 
se  ùàt  selon  le  degré  d'ïntelllgeDoa  ou  d'ar^noeiiien  t  des  In-,, 
dividus.  Chaque  élève  est  pourvu  d^une  Méthode  concer- 
tante, et  chante  la  partie  delà  classeà  laquelleil  appartient, 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  reconnu  qu'ilest  assez  instruit  pour  pour 
voir  passer  à  une  classe  supérieure.  Des  chefs  de  pupitro 
dirigent  les  autres  élèves  ;  le  maître  est  au  piano ,  il  donne 
le  signal,  elcent  ou  deux  cents  Élèves  commencent  la  leçon 
à  quatre  parties  qui  est  l'objet  de  l'étude  du  jour.  Si  les  chefs 
de  pupitre  s'aper^ivent  que  quelque  élève  manque  à  la 
mesure  ou  4  l'intohaiion,  on  s'arrAte,  on  le  fait  exercer 
seul ,  flt  lorsqu'il  est  parvenu  à  c&arj^  juste  et  exactement 
on  reconimence  l'ensemble. 

Les  principes  sur  lesquelR  reposent  cette  méthode  sont 
les  mêmes  que  ceux  dont  on  trouve  l'exposé  dans  tous  les 
ouvrages  élémentaires;  ils  ne  diffèrent  que  par  l'ordre  dans 
lequel  ils  sont  prénen  tés.  Le  but  u'est  pas  d'abréger  le  temps 
de  l'étude  ,  mais  de  le  bien  employer.  Les  élèves  ne  devien- 
nent peut-ëlre  pas  des  lecteurs  plus  habiles  que  ceux  qu'on 
instruit  par  les  procédés  ordinaires;  mais  leur  oreille  de- 
vientplusmusicalepul'habitudejd'entendredei'harmonïe.. 
Ciiaàrgé,  depuis  iSiS^par  le  gouvernement,  de  la  direction 
d'une  école  spéciale  ^  chant,  qui  a  reçu  depuis  le  titre 
à'Jnstitution  royaU  de  muHqve  religieuse,  M.  Choron 
a  mis  en  pratique  sa  méthode  sur  des  masses  considérables 
d'enfuus,  et  l'on  ne  peut  nier  qu'il  n'ait  obtenu  les  résul- 
tats les  plus  salisfaisans,  sous  le  rapport  de  ce  seuliment 
musical  dont  je  viens  de  parler.  La  musique  vocale  d'en- 
semble s'exécute  dans  son  école  avec  un  fini,  qu'on  ober^ 
cherait  vainement  ailleurs  en  France. 

Vers  1^16,  H.  Massimîno  a  oùvert'à.  Paris  un  couâ1[è 
mosique  basé  sur  une  métbod.e* nouvelle,  qui  a  eu  un  suc^ 
cès  prodigieux  dans  sa  nouveauté..  Elle  consble  à  dicter 


Si 

itil  bertaln  UombK  d'éltlvèa  iinè  leifon  ^'Ût  écrivent  sot  Acé 
ardofsca  ob  l'on  â  tracé  des  portées.  Cette  teçon ,  d'abord 
fort  simple,  devient  graduellement  plus  dilQcile.  L'opéra- 
tion terminée,  le  maître  appelle  près  de  lui  chaque  élève, 
lui  fait  chanter  la  leçon  et  lui  fait  corriger  les  fautes  qu'il 
a  commises  en  écrivant  sous  lu  dicrée.  Les  corrcclions  étant 
achevée»,  toutes  les  voix  se  réunissent  pour  clianler  la 
leçon,  qu'on  recommence  jusqu'à  ce  que  l'exécution  soit 
satlslâlMilte.  On  voit  qu'il  s'agît  ici  d'une  application  de  la 
méthode  lancaatérienne ,  obi'on  apprénd  ï  lire  en  écri- 
vant; c'est  ce  qui  a  fait  donner  improprement  au  procédé 
iè  H.  Hassimino  le  nom  à" Enseignement  mutuH  demu- 
itifùe.  Bien  qu'il  y  ait  des  moniteurs  dans  l'école  dont  il 
'  éM  question ,  et  que  ces  mouilcurs  dirigent  une  certaine 
quantité  d'élèves,  ils  n'enseignent  cependant  pas  réelle- 
ment, puisqu'ils  sont  dirigés  par  le  professeur,  qui  dicte 
la  même  leçon  pour  tous. 

Il  y  a  quelque  choie  de  séduisant,  d'ulile  mémo ,  dans 
les  procédés  de  U.  Massimlno.  Tout  lo  monde  sait  qull  ar- 
rive souvent  qa'un  élève  éprouve  beaucoup  de  difficultés 
ik  reconnaître  le  notn  d'une  note  à  la  seule  audition  du  son 
et  à  lui  assigner  avec  promptitude  la  valeur  de  sa  durée^ 
bien  qu'il  soit  lecteur  passable.  Celle  difficulté  tient  à  la 
paresse  naturelle  de  notre  esprit ,  que  rien  ne  porte  à  réflé- 
chir s'il  n'y  est  obligé.  C'est  donc  un  eïercice  utile  que  ce- 
lui qui  développe  en  nous  la  mémoire  des  sons  et  celle  du 
rhylhmc.  Mais  il  faut  que  ce  ne  soit  qu'un  accessoire  de 
l'instruclion  générale  que  reçoit  l'élève ,  et  que  cet  acees- 
wlre  suive,  mais  ne- précède  pas  la  connaissance  des  prin- 
oïpeset  leur  application  dans  la  admisadon  ;  car*  oomment 
espérer  qu'on  conserve  le  souvenir  de  la  forme  et  de  l'usage 
d'une  foule'de  signes  arbitraires,  si  un  long  usage  oe  nous 
les  a  rendus  familiers?  Je  crois  que  M.  Massimiuo  a  nui  à  la 
continuation  des  succès  obtenus  par  sa  méthode  en  la  res- 
treignant presque  au  seul  procédé  de  l'écriture  sous  la 
dictée.  Les  progrès  des  élèves  sont  sensibles  d'abord  par 
l'clfet  naturel  de  l'action  des  masses  sur  les  individus; 
oeus-ci  sont  entraînés  comme  par  enchantement.  Hais  à 


Dlgilizedbyi 


65 

MCWire  que  h»  diffloalléi  auguentent,  les  moyens  néoes- 
nini  ponr  les  résoudre  manquent  à  l'élëTe  qui  n'est  pas 
préparé  par  des  exercices  de  solfège  réitérés,  et  les  progrès 
■'arrêtent. 

J'arrive  à  la  méthodd  qui,  dans  ces  derniers  temps  a 
eule  sAooèale  pliupopalairecii  Vkance:  je  veux  parler  de 
C«U«  du  Métvptattt.  Sou auUar,  Pierre  Galin,  néàBor- 
daBDxai)'i7S6etmoH&  Paris  tti  iSai,  fut  aussi  distingué 
par  la  netteté  de  son  esprit  que  par  la  variété  de  ses  con- 
saiiMnoM.  Il  avait  été  élève  de  l'École  Polytechnique  et 
étaft  devenu  inatituleor  à  l'École  royale  des  sourds-et- 
nuiets  de  sa  ville  natale.  L'habitude  d'analyser  les  idées 
qui  est  le  résultat  Aa  l'étude  des  sciences  ,  l'avait  rendu 
propre  &  reconnaître  les  défauts  dos  divers  procédés  em- 
ployés jusqu'à  lai  pour  enseigner  la  musique.  11  avait  été 
frappé  surtout  de  la  dJffioulté  qu'on  éprouve  à  attacher 
ndéedesBOiiBaiiza^nesqiiI  les  représentent,  et  de  l'embar- 
ras que  oanse  an  lecteur  tout  l'échafiiudaBe  de  ces  rignes ,  et 
set  recherches  uaieat  en  pour  ^et  de  fàoUiter  aux  com- 
nunçanslfe  «mmabsaQMprftUqoe  des  intervalles  d'ai|>rès  un 
ton  donné,  et  d'ensei^er  à  lire  la  musique ,  abstraction 
folle  des  noies  et  des  dés.  Il  a  pabHé  à  Paris ,  en  1618 , 
l'analyse  de  ses  principes  sons  le  titre  d'Aa^osiftwi  icf  «ne 
nouveMe  méthode  pour  fenttignetMM  de  ta  muti^ue  ^ 
1  vol.  ia-8.  , 

Ce  que  Galin  appelle  le  MétoptiUteeBt  une  planche  sur 
laquelle  on  a  tracé  des  lignes  dans  la  forme  de  la  portée 
ordinaire  avee  des  lignes  plus  petites  placées  au-dessus 
et  en  dessous  de  cette  portée  pour  les  notes  qui  dépassent 
IWendue  de  Toctave.  Cette  figure  a  la  forme  suivante  : 


54 

Galio  suppose  que  les  sous  de  la  gamme  Mnt  Kpréinntéw 

par  les  Ûgnes  et  par  les  intervalles  qu'elles  laissent  entre 
elles,  el  comme  il  n'y  a  poiot  de  clé  au  commencement 
de  la  portée,  il  est  libre  d'appeler  à  volonté  chaque  ligne 
ou  chaque  intervalle  ut ,  fa  ou  soi,  etc.  Une  baguette  dont 
le  bout  se  promène  sur  la  portée  est  dans  la  main  du  pro- 
fesseur; elle  représente  la  note,  et  la  tonique  étant  donnée, 
elle  indique  à  l'élève  dont  la  voix  suit  ses  monvemens  la- 
note  qu'iï  doit'  entonaer.  Pour  &otliter  rinlonalfon,  Ga- 
lio reut  qu'on  ne  note  aux  yenx  de  l'âève  arec  la  tugnetle- 
que  des  airs  qu'il  connaît,  en  sorte  que  par  ce  procédé  la- 
connaissance  de  l'intonation  précède  celle  du  signe  qui 
la  représente,  au  lieu  que  dans  la  méthode  ordinaire  la 
notion  du  signe  précède  celie  du  son ,  qu'on  ne  peut  dé' 
couvrir  que  lorsque  l'habitude  en  fournit  les  moyens.  A 
l'égard  di:  la  division  du  temps,  Galin  en  donne  la  dé- 
monstration au  moyen  d'un  chronomètre  comparatif  qn^l 
appelle  chronomèriste.  .     '  ■  ■ 

.L'idée  pnacipale de  Galin,  celle  do  mélt^asta,  était 
loin  d'Atre  nouvelle ,  car  die  n'est  qu'une  variété  de  celle 
de  la  main  nwticate  que  Gui  d'Arezzn  a  imaginée  en 
ioa4-  £n  elTet  les  cinq  doigts  de  la  main  étant  ouverts  re- 
présentent les  lignes  et  les  intervalles  sur  lesquels  l'index 
de  l'autre  main  se  promenait  pour  indiquer  aux  élèves  la 
bote  qu'ils  devaient  entonner.  Cette  méthode  de  la  main  a 
été  la  seule  en  usage  pour  enseigner  la  musique  jusque 
vers  temilleudu  seizième  siècle;  alors  un  musicien  nommé 
Louis  Bourgeois  proposa  la  solmisatton  actuelle  dans  un- 
livre  qui  avait  pour  tilre  :  Le  droîct  Chemin  thmu»igu», 
avec  ta  manière  de  chanter  tes  psaumes  par  utage  ou 
ruse  sans  ie  secours  deia  main;  Genève,  i55o,  in-8. 
Ramcfiu  avait  reproduit  en  1760  l'idée  de  la  main  dans 
son  Code  de  Musique ,  et  Jacob ,  musicien  de  l'opéra,  avait 
proposé  l'usage  d'une  portée  sans  clé,  qui  est  le  fondement 
du  métoplaste,  dans  une  mélftode  de  musique  imprimée  à 
Paris  en  1769.  Uais  telle  est  la  destinéedesohoses  humaines 
qu'on  ne  fit  point  attention  ^  l'onvrage  du  pauvre  Jaoob 


.86 

.lorsqD'il  parut-,  et  que  le  méloplaste  a  obtenu  do  nos  jours 

un  succès  de  vogue. 

Le  défaut  radical  de  cette  méthode ,  comme  de  touleH 
celles  du  même  genre,  c'est  (ju^il  faut  bieu  eu  venir  à  mon- 
trer enfin  aus  élèves  de  la  musique  écrite  et  chargée  de 
lous  ces  signes  dont  l'usage  ne  leur  est  point  babituel ,  et 
dont  l'aspect  compliqué  n'a  plus  de  rapport  avec  les  idées 
simples  auxquelles  ils  sont  acooutnméa.  Alors  se  révèle 
une  vérité  tqoontesiable,' c'est  qu'on  a  appris  qudque 
ohose  qui  peut  servir  d'inlroduotion  à  l'étude  de  la  mu- 
sique, mais  qui  n'est  pas  la  musique  elle-m£me.  Tant  que 
l'art  fut  dans  l'état  de  simplicité  qu'il  a  oonserré  justpi'an 
seizième  siècle ,  de  pareilles  méthodes  d'enselgnsment 
pouvaient  être  suClisantes;  maïs  étant  arrivé  au  point  dfl 
GompIîcatioD  où  il  est  maintenant,  je  doute  qu'eUei  pais- 
sent conduire  à  lire  couramment  le  chant  d'un  air  d'op^a. 

11  est  une  méthodeanaiogneàoeUedaméloplaste«  par- 
ce que,  d'après  l'aveu  modeste  de  l'auteur,  elle  déijve  des 
mêmes  sources  :, c'est  celle  de  la  Lj/re  futrmonipit,  de 
H.  J-.B.PaBlan,  anoien  violoniste  duThéAfre-Italien,  Dans 
cette  méthode  les  cordes  d'une  lyre  représeptent  les  lignes 
de  la  portée.  H-  Pasiou  emploie  des  procédés  qui  ont  de 
l'analogie  avec  ceux  de  Galin  ;  maïs  comme  il  est  fort  bon 
musicien ,  qualité  qui  manquait  à  l'auteur  du  méloplaste, 
il  a  perfectionné  une  foule  de  détaib  au  moyen  desquelsil 
faitfaire  beaucoup  de  progrès  à  ses  élèves.  Ceux-ci  ont  été 
quelquefois  au  nombre  de  plus  de  cent  dans  cours.  ' 
.  Eu  résumé les  .méthodes  dont  je  viens  de  dpnner  une 
idëo  n'offrent  peut-être  pas  tous  les  avantages  que  se  sont 
proposésteur^auteurs;  mais  elles  en  ont  uu  auquel  ils  n'ont 
point  pensé,  c'est. celui  de  populariser  lego&t  de  fa  mu- 
sique en.Fraqc^iar  tes  facilitésqu'elles  prometteut, et  parle 
prixpea élevé  ^  cours.  C'est  surtoutcelui  de  faire  péné- 
trer dans  les  classes  inférieures  des  habitudes  de  chant 
moins  grossières  que  celles  dont  nos  oreilles  sont  ofleo^ées 
journellement.  Lebut  n'est  point  atteintjip^îs  ou  s'y  ache- 
mine inscosiblement.  C'est.  par  le  peyplq  que  les^arts  se 
naturaliscul  dani;  un  pays  .t  l'AUemagn^en  offre  une  preuve 


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56 

évideote  pour  lamusique. Resserrée  dans  IcsbauleaolHMt, 
la  pratiqua  du  ces  arls  u'est  en  quelqas  sorte  qu'siotiquo. 
C'est  donc  l'éducalion  du  peuplfl  qu'il  font  pmÂotioàner  : 
je  ferai  voir  ailleurs  queli  moyen»  BOot  lu  pliu  ofBoaOM 
pour  remplir  oet  otget. 

FÉns. 


NÉCROLOGIE. 


L'année  qui  TÎentdes'éaouleraété  marquée  par  lapei^e 
douloureuse  dcdeuxgrandsmnsioienBderécole  allemandoi 
Charles-Marie  deWeberet  F.-Ë.  Fesca,  qui  ont  brillédaus 
des  genres  différena.  Nous  donnons  ici  les  renseignemens 
qui  nous  sont  parvenus  sur  le  dernier. 

Frédéric-Emest  Feaca  naquit  le  17  février  178g,  à  Uag- 
âebonrg.SoB  père,premier  secrétaire  de  radmlnlstration  de 
cette  ^lle .  était  habile  sur  le  piano  et  nir  le  violoncelle; 
sa  mère  ci-devant  cantatrice  de  la  chambre  delà  duchesse 
de  Courlande  était  une  élève  distinguée  de  Hiller.  Le  latent 
et  l'amour  pour  la  musique  furent  donc  pour  ainsi  dire 
innés  chez  le  jeune  Fesoa ,  et  les  fréquens  exercices  mn> 
ricaux  de  la  maison  paternelle  excitèrent  les  premières 
Int^lsionB  et  les  premières  joies  de  son  ame.  Des  indices 
de  son  talent,  des  résulta  ta  de  son  goût  ne  tardèrent  pas  à  se 
manifester.  Dès  l'âge  do  quatre  ans,  l'enfant  touchait  avec 
ltn  plaisir  exttéme  de  petits  morceaux  sur  le  piand  et  ré- 
pétait les  chants  qntl  entendait  exéeuler  par  sa  mère  et 
qo^l  retenait  promptemen  t.- Quoiqu'il  ne  restât  pasen  ar* 
rièrâ  â  l'égard  des  autres  connaiaaauces  élémenlairea  ap- 
propriées à  son  âge,  on  ne  put  méconnaître  en  lui  un  ta- 
lent prédominant  et  une  préférence  marquée  pour  la  mu- 
sique.Ilpossédait  d'ailleurs  un  excellentguidedanssamère 
qu'il  chérissait  tendrement. 

If  reçut  dans  sa  neuvième  année  des  leçons  de  violon  de 
Lobse,  premier  vîolonisteau  théâtre  de  Hagdebourg,  mu- 


slclcn  habile  et  cxccIlcDt  luaitre,  il  )k  ,1e  i-^ipidcs  progrès 
•ur  cet  inatriimeal.  Mais  .son  e^çU  uUon  goûl  musical 
oonunencëreut  dèslore  à  s'élever  au-dessus  de  luut  ce  qui 
n'était  qu'ordînaîre.IescompOiiilionBdoPleyel,  alors  fortà 
la  mode,  ne^  sàtisfiteiiibientôlplus,  et  iU'adonoa  avea 
appliootiou  àl'étude  desœuvresetpriacipa^MneiTtdeflquV 
tuors  d'Haydn  et  de  Mosart.  II  élail  dans  sa  OH«ièmeanpée 
lorsque  la  sœur  de  sa  n.Ère  élant  venue  à  Hagdeboitw  et  j 
ayant  donné  un  ,  oncerl,  il  y  Joua,  sur  l'invitalion  de  idu- 
sieurs  amateurs,  po„r  lii  première  fois  en  public  mi  con- 
certa de  violon.  Le  succès  qu'ily  oblinl  l'aiguîilonna  k  faire 
'*e,^j^!?A!p?t?tivea,  et  les  conceris  d'abonnement  de 
Il 

moins  d'ardèûr.à  la  partie  théorique  de 
^'''"■V'^  '*^*^*^'*"  premières  leçons  de  Zacharia,  alors  dj- 
recÊ|âi>de1a  inusjque  da  l'école  d'Allstadt.  Plus  tardii  mit 
à  ^fit^Ço^re  que  lui  flt.pitterlin ,  homme  d"esprit>t  de 
talent,  directeur  de  la  musique  au  théâtre  de  Magdobourg, 
deriaitierplusavant  dans  les  socrels  de  la  musiqueet  dans 
l'emploi  de  kèê  ressources.  Il  ddl.'i  cet  homme  recomman- 
'!''<■  pradiùl  loujoursun 
9>Mngffl|Ç^|>ien  réglé^et  solide,  mais  encore  la  tendance 
'  P"'        parfait.  Un  des  avantages  îles 

excellent  professeur  fut  d'enflammer  l'esprit 
^^^^ff^fi'^  parcourant  avec  lui  lesche&Td'œurrie  des 
B^J^^^tws,-  Malheureusement  Pitterjin  mourut  dèi 
Paii'itÉ^îlpi,  profondément  regrelté  de  son  élève  refcon- 
naissanl,  à  qui  sa  mémoire  est  toujours  restée  chère, 

La  perte  d'un  Ici  ma Hre  litaiit  irréparal.le  ùMagdebourg, 
Fesca,  i]uî  avait  alors  seize  ans,  se  rendit  nit  mois  de  juin 
de  l'année  suivante  à  Leipzig,  pour  y  conlinucr  ses  OSiides 
sous  la  direction  d'Augnsle-liberliard  JlûUcr.  cliantrc  el 
directeur  de  musique  génêralmnenl  eslimé,  qui  mourut 
plus  tard  àWeimar,o(i  il  ét^itmaitrcdechapellE.  Le  jeune 
homme  s'appliqua  parliculièrement.'i  l'étude  des  anciennes 
.compositions  religieuses ,  pour  laquelle  il  ne  pouvait  man- 
quer de  trouver  dans  cette  ville  de  grandçs  facilités.  II 
continua  également. a vco  persévérance;  sous  la  direction. 


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lie  son  aouvcau  mailrc.  ses  travaux  de  composiliiin.  Riilrc 
antres  choses,  il  écrivit  pour  lui-même  des  concertos 
de  violon  ,  dont  un  en  mi  mineur,  qu'il  exécuta  en  i8o5 
avec  un  succès  complet  devant  un  nombreux  auditoire. 
Hfntihai,  directenrde  concerlsà  Leipzig,  artisie  distingué, 
loi  avait  été  Irès  ulîle  lionr  le  ftiii  de  non  jeu,  et  la  société 
de  beaucoup  d'autres  personnes  qnt  aimaient  à  accueillit 
en  lui  1b  jeune  homme  aimable  .  plein  détalent  et  mAdeite, 
contribua  beaucoup  à  le  former  sotis  tous  les  rapports.  De- 
puis cette  époque  Fesca  n'a  pl  us  ^crit  de  concertos;  il  n'é- 
tait pas  fait  pour  ce  genre  de  composilion. 

La  présence  dii  duc  d'Oldenbourg  à  Leipzig  .  en  jan- 
vier iSo6,  fut  cause  que  le  jeune  Fesca  quillu  prumpte- 
ident  cette  ville.  Le  duc,  qui  l'avaitenlendudansuo  concert, 
se  le  fit  présenter,  racçueillit  avec  bienveillance,  et  lui 
oBrït  une  place  dans  sa'ôhapelle.  Fesca  accepta  cette  oS^ 
avec  d'autant  plus  dejoie  qu'il  cessait  par-là  d'ètreàchargeà 
ses  parens  qui  avaient  d'autres  enfans  à  élever,  et  qu'il  de- 
vhît  luî  rester  assez  de  temps  pour  continuer  ses  ('tudes. 

Cependant  ce  superflu  même  de  loisir,  ce  manque  d'oc- 
cupation pourun  cspritsi  avide  de  progrès,  l'occasion  trop 
rare  d'eiitemlri:  quelque  chose  île  vraiment  distinguii.  d'en 
observer  TiiUet,  comme  aussi  d'exécuter  par  lui-même  et 
d'appliquer  se»  observations  à  un  but  unique,  lui  Tirent 
bientôt  sentir  qu'il  n'était  pas  à  sa  place,  quoiqu'il  pût  §e 
trouver  bien  d'ailleurs.  Une  Visite  qu'il  fit  à  la  fin  de  l'an- 
née 1807  à  ses  parens  pour  voir  encore  une  fois  sa  inère 
languissante,  lui  donna  l'occasion  d'entrevoir  une  per- 
spective nouvelle  et  plus  favorable.  La  chapelle  et  l'opéra 
de  Cassel,  capitale  du  nouveau  royaume  de  Wcslphalie, 
étaient,  grâce  à  l'influence  de  Tteîchardt,  riches  en  lafens 
de  premier  ordre,  qui  iraient  occupés  d'une  manière 
brillante,  et  largement  vécompcusés.  Un  faisait  tant  pour 
étendre  et  embellir  ces  deux  établissemens ,  favoris  d'une 
cour  qui  n'était  rien  moins  qu'économe,  qae  le  désir  vint 
naturellemeat  à  Fesca  d'entrer  dans  le  premier.  Sur  la 
recommandation  da  maréchal  dnc  de  Bellnne,  dont  il  était 
connu,  il  trouva  l'occasion  déjouer  devant  ta  cour,  et 


5y 

avec  tant  de  succès,  iju'it  fut  placé  aur-le-champ comme 
violon  Holo- 

C'est  à  Cassel,  a'a  il  rcsU  jusqu'à  lu  fin  de  (|u'il 
passa  ses  années  les  plus  heureuses,  quoique  de  fréqueiiies 
atteioles  de  maladie,  surtout  en  1810  et  1811,  vinssent 
drjà  le  lourmeuler.  La  rare  activité  de  la  vie'  musicale 
qu'il  y  trouva,  et  à  laquelle  il  eut  amplement  ù  con- 
tribuer ,  faisait  le  fondement  de  son  bonheur  :  la  gallé  de 
lajenuesse.  la  société  intime  de  différens  artistes  distingués, 
la  considÉration  et  la  bienveillance  avec  lesquelles  il  était 
généralement  accueilli,  l'augmcnlèrunt  encore.  C'est  alors 
qu'il  se  produisit  comme  compositeur.  Il  écrivit  à  Cassel 
■es  oept  premlen  quatuors  (op.  i  et  a,  et  celui  en  ré 
majeur  de  roènvrc  3 ,  )  et  ses  deux- premières  symphonies 
(en  mi  6.  et  en  ré  majeur).  Il  avait  fait  à  tout  le 
monde  un  secret  de  ces  travaux  jusqu'à  ce  qu'ils  fus- 
sent achevés  :  leur  apparition  surprit  et  ravit  le  cercle 
de  ses  amis.  On  sait  que  dans  ces  quatuors,  la  partie  du 
jiremicr  violim  ,  richement  travaillée,  a  été  soignée  d'une 
manière  particulicre.  Cette  préférence  qu'on  ne  peut  trou-' 
ver  injuste,  puisqu'elle  ajoute  dn  eharme  à  ces  ouvrages, 
et  ope  les  autres  iustrumena  sont  loin  d'être  négligés,  ve- 
nait de  ce  qu'il  pensait  volontiers  à  luî-mËme  en  tes  com- 
parant. C'était  en  effet  dans  une  exécution  parfaite  du 
quatuor  et  principalement  de  l'adagio  où  se  reflétait  toute 
son  ame,  que  consisluit  le  mérite  de  Fesea  comme'violo- 
nisie.  Il  est  souvent  arrivé  que  desariistes  et  des  amateurs 
très  recommandables,  qui  connaissaient  ses  quatuors  et 
ses  quintettis  ,  les  aient  trouvés  tout  autres,  e|  y,  aient 
reconnu  bien  plus  de  scnsibililé  et  d'originalité  quand  ils 
les  entendaient  exécuter  par  Ini-méme. 

Agrès  la  dissolution  du  royaume  de  Westphalie ,  il  se 
rendit  en  janvier  i8i4,  &  Vienne,  pour  y  voir  son  frère, 
et  y  passa  .quelques  mois.  Sa  santél'ayant  obligé  ^renoncer 
k  jooer  dans  les  concerts,  il  se  borna  à  exécuter  ses^  qua- 
tnoM  dans  des  Bociétéa  particulières.  Il  pidtlia  à  Tienne 
(chez  Mechetti)  les  trois'  premières  livraisons  de  ces 
mêmes  quatuors.  , 


□  tgilized  by  GoOglc 


Go 

5.ir  l'a  ptoposilion  du  baian  do  Eodo,  intendanl  du 
HéSlre  de  la  cour,  à  Carlaruh»,  FeMa  toi  nommi  premier 
,iol«ii  au  «ewice  a«staiid.duo  de  Bade,  el  en  i8i5,  matlre 
de  ooncerls. 

C'est  ià  qu'il  composa  dans  l'espace  de.onae  ans  ses 
■.eutaulresqiialnoreotqnalre  quiotatlj  pour  te  ; 
ainsi  que  qnalr.  qualuors  el  un  qnlnlello  avec  Unie.  Il 
m  poi  l'orchestre  et  pour  le  théâlrepluslcur,  ouvertures 
«tdoui  opéra.:  Con<em«re'«l  Omar  et  Cette.  On  lui 
doit  aussi  pour  le  chant  beaucoup  de  composilions  déta- 
cbéoa ,  des  chorals  à  quatre  voix ,  de.  p.aumes  et  d'autre. 
comporfBon.  religicoses.  Il  écrivit  .e.  psaumes  dans  dl-  • 
verse,  circonstance! importante,  de  ,a  vie,  et  .eulemont 
pour  épancher  devant  Dieu  .es  .enllmon.  intimes  de  la 
maniiirc  qui  lui  était  le  mieux  appropriée;  par  exemple 
il  compo.a  le  fragment  du  p.aume  i5  (œuvre  a5)  4  l'épo- 
que où  dan.  une  louiji.e  et  pénible  maladie  il  avait  perdu 
MM  espoir,  elle  p.aume  iû5  (œuvre  =6),  dun.  le  sen- 
ifment  do  reconoai..anco  que  lui  in.pirail  sa  gnénion 
de.  fréqiicns  accès  d'hémorrhajie  qui  l'avaient  conduit 
pendant  le  prinlemp.  de  .8».  aux  porte,  dt,  tombeau 

Sa  auéri.on  ne  fut  cependant  pa.  complète,  et  .1  ne 
«leva  plus  de  celte  maladie.  Il  rctu.a  en  outre  de  .ui- 
vro  qnelquos  oon«iil.  qui  auraient  pu  améliorer  .a  po.i- 
tioo  et  vit  .on  corp.  valémdinaire  dépérir  dan.  une  lente 
consomption.  Il  no  pouvait  plus  voir  autour  do  lui  qu'an 
petit  nombre  d'homme,  qui  lui  étaient  parlioulièremenl 
chers  el  qui,  .eul.,  réus.i.saient  quelquefois  à  l'arracher 
™n.n»lnstantà.atri.tes.e  et  il  révoilier  en  lui  quelque 
ïspéranoe  de  vie.  Cependant  même  dan.  cet  état  d  abat- 
tement .on  e.prit  demeura  libre  et  actif,  et  l'on  peut 
même  en  comparant  «e.  dernière,  production,  avec  le. 
précédcnic»  ,  ï  trouver  pin.  .le  verve  cl  de  gallé 


.écéilcnics  ,  y  ir»'""  1"""    . 

L'usage  de.  eaux  d'Em. ,  pendant  l'été  de  iSaS,  parut 
lui  faire  du  bien,  et  ranima  tellement  ses  forces  qu'il 
écrivit  encoreune  ouverlnro  àgrand  orchestre,  et  son  der- 
nier quatuor  pour  la  flûte.  Mais  n'était  I.  dernier  édal 
d'une  flamme  qui  aUalt  s'élelndte.  La  lonx  M  le.  oppres- 


sions augmentèrent  lellcmeiit  ijii'il  finit p^r  di^sircrla  mort, 
et  ce  souhait  Tut  accompli  le  a4  mai  iRa6,  à  8  heures  du 
Boir.  L'amour  et  l'oinitiii  cherchèrent  à  adoucir  autant  que 
^wHdé  oe  dernier  motaeut.  Je  ne  voii  ptm!  furbut  ses 
derniers  mots.  Il  se  fit  mettre  sur  son  séant,  rassembla 
ses  forces,  éleva  ses  mains  joîtites  en  priant,  et  expira 
sans  qu'on  pût  remarquer  la  moindre  convulsion  de  mort 
sur  ses  traits.  Sa  figure,  qui  d'ailleurs  était  belle,  s'éolair- 
cit  tellemenl  en  cet  instant  que  tous  les  nssistans  en  fu. 
renl  profondément  émus.  L'ouverture  de  son  corps  mon- 
tra une  telle  consomption  dans  les  poumons,  qu'un  put 
à  peine  comprendre  comment  il  avait  pu  vivre  si  long- 
temps, la  considération  et  l'affection  générale  qui  l'avaient 
entouré  se  manifestèrent  au  moment  de  son  inhumation 
de  la  manière  )a  plus. cordiale.  Parmi  les  solennités  qui 
eurent  lieu  &  cette  accasion,  nous  ne  citerons  que  le 
chœur  chanté  sur  sa  tombe  par  sea  camarades  et  ses 
amis,  et  qui  avait  été  arrangé  à  quatre  voix,  par  le  dlrec-  ' 
tenr  de  musique  Srauss,  avec  le  chant  du  De  profundis, 
si  profondément  senti  par  Fosca.  Deux  personnages  dis^ 
lingués  oi^anisèrcut  quelques  jours  après,  en  rtioiineur 
de  sa  mémoire  et  au  bénéfice  de  se>i  héritiers,  un  concert 
paUio  bien  composé,  qui  atteignit  complHemcnt  le  dou- 
bla bot  qu'on  s'était  proposé. 

Noos  donnons  ioî  nue  liste  complète  de  ses  compositions. 
Ceux  de  ses  ouvrages  qu'il  préférait  sont  marqués  d'une 
astérisque. 

1°  Trois  quatuors  pour  le  violon,  œuvre  i",  Vienne, 
Mcchetti.  —  a° Trois  îd.,op.  a,  iûùL  —  3°  Trois  ïrf. ,  op.  5, 
eu  laii.' ,  i;n  H  et  en  in*  majeur.  —  4°  0»  grand  quatuor 
tn  mi  h,  op.  4  *,  Vienne,  Sl^jincr.  —  5°  Six  cliansonsat- 
lemandcii  avec  acc.  de  piano ,  op.  5  ,  ibid.  —  6'  Première 
sjmphouie,  en  mi  mnjcur,  op.  G,  Vienne,  Méchetti.  ~ 
j"  Pot-pourri  pour  viuluu ,  (;n  ut ,  if/îd.  —  8°  Deux  qua- 
tuors pour  le  violon  ,  op.'  y  ,  Lcipsick.,  Peters.  —  9*  Quin- 
telto  pour  le  violon,  en  ré  majeur,  op.  8.  —  10°  Un 
idem,  en  mi  majeur,  op.  9  *  Leipsiok,  Peters.  —  11* 
Deuxième  symphonie  en  ré  majeur,  op.  lo^t^K^. —  la* 


63 

Pot-pourri  pour  le  tîoIoii  ,  iftid.  —  iS"  Un  qaaluor  en  ré 
mineur, op.  ta,  Leipaick, BreilkopfetHsertel. — 14° Troi- 
sième symphonie  en  ré  majeur,  op.  iS,  ILeipsick,  Hof- 
meister.  —  lÔ'Vn  quatuor  pour  violon  easii,  op.  i^iùid. 

—  i6'  Un  (juinteUo  pour  violon ,  en  mi  majeur,  op-  i5, 
ii/id.  —  17°  Sii  chansons  allemandes  avec  acc.  de  piano 
op.  Vienne  ,  Mechclli.  —  18"  Chants  à  ((ualre  voix  avec 
ucc.  ,  op.  17  ' ,  ii/id.  —  19°  Cantemire,  opéra  eu  deux 
actes,  op.  18,  partition  de  piano,  Bonn,  SimrocL.  —  30° 
Un  quiutetto  pour  violon  en  6 ,  op.  3o ,  XeïpsicL,  Bof- 
meister.  —  21*  Le  psaume  t)*  avec  orchestre,  op.  ai  iiiid. 

—  33'  Quinletto  pour  la  flûte  en  ut  majeur,  op.  aa,  Bonn, 
Simrock.  —  25"  Pot-pourri  pour  le  violon  ,  en  ia  majeur, 
op.  a5,  ibid.  —  24°  Sis  chansons  allemandes  avec  acc.  de 
piano,  op.  24  i/'i^-  — 2  5  Le  psaume  i5*  à  quatre  voix, 
avec;  acc.  de  piano  ,  op.  25  ihid.  —  a6°  Le  psaume  io3' 
avec  orche.'ilre,  op.  26  ibid.  —  ij*  Cinq  chants  allemands 
avec  acc.  de  piano,  op.  a?  iéid.  —  a8*  Omar  et  Ltîla, 
opéra  romantique  en  S  actes,  op.  a8,  iiid.  —  39*  Pot- 
pourri  pour  le  cor,  op.  ag,  ihid.  —  3o*  Six  chaasons  al- 
lemandes avec  aco.  de  piano,  op.  Zo,ibid.  —  3i°  Chan- 
son de  table  à  quatre  voix,  a  ténors  et  2  basses,  op.  3i  , 
itid.  —33°  Cinq  chansons  allemandes  avec  acc.  de  piano, 
ihid.  —  35°  Air  italien  avec  acc.  d'orchestre ,  op.  55,  ibid. 

—  54'  Uii  quatuor  de  violon  en  ut  majeur ,  op.  34 1  ibid. 

—  55°  Six  chansiAs  de  tabl<^  à  quatre  voix,  op.  55,  ihid. 

—  56°  Un  quatuor  de  violon  en  ut  majèur,  op.  36  *  ibid. 

—  3;*  Un  quatuor  pour  flûte  en  ré  majeur,  op.  3^ ,  ihid. 

—  38°  Un  iÛem  en  jof  majeur,  op.  38,t£ti/.  —  3^'  Ân- 
danteetBondo  pour  le  cor,9p.  39>t6ttf. — 'jo'Un  quatuor 
pourfliDtc  en  J'a  majeur,  op.  ^o,*  i6id. — 4>*  Ouverture 
pour  l'orchestre  en  ut  majeur,  op,  4"  1  *  ibid.  —  4*'  Qua- 
tuor pour  flûte  ,  op.  4a  ;  ihid.  —  45'  Ouverture  pour  l'or- 
chestre, op.  45-  On  a  publîéà  Paris  une  collection  com- 
plète des  quatuors  et  des  qwintetti  de  Fesca. 

Lee  quatuors  de  Fesca  sont  considérés  comme  ses  meil- 
leurs ouvrages  ;  cependant  nous  croyons  que  ses  bonnes 
compositions  religieuses  sont  supérieures.  Personne,  que. 


63 

nous  sacliions,  n*a  conlesté  àacB  q^uatUQrfl  le  Caa,  l'ame, 
l'art,  le  goût,  U  fiai  et  en  résultat  la  nouveauté.  Cepen- 
dant quelques  voix  se  -sont  élevées  pour  révoquer  en  doote 
son  génie  et  son  originalîté.  Nous  oieyom  que  c'eut  à  tort; 
et  ce  qui  prouve  en  faveur  de  notre  opinion  j  cW  le  grand 
succès  que  ses  ouvrages  ont  obtenu.  Ses  compontions  sont, 
dit-on,  inférieures  à  celles  de  Haydn,  de  Uosirt  et  de  Bee- 
thoven ,  à  la  bonne  heure;  maU'ft  a  fait  antre  ehose,  ét 
c'est  beaucoup, 

Un  air  Hérieux,réfléchtetcBlme,ua  extérieur  modeste, 
agréable  et  qui  prévenait  en  sa  faveur,  un  sentiment  pro- 
fond, de  l'enthousiasme  et  le  plus  grand  attachement  pour 
ses  amis  étaient  les  qualités  dominantes  de  Fesca.  Lorsque 
dex  aiiciiii«s  ruiurrces  de  maladie  eurent  attaqué  sa  cpn- 
stiiiKiiiu  (K'iiriiH:  r.i  faible .  et  que  des  peines  domestiques 
l'eurciii  uuaiiii,  u  se  manifeRta  chez  lui  une  disposition 
triste  et  mélancolique  et  une  sensibilité  trop  irritable; 
cepenilant  il  n'en  fit  presque  jamais  souffrir  personne  et 
la  renfermait  en  lui-même.  Dans  l'intin^té  il  montrait 
'souvent  la  galté  d'un  enfant,  pourvu  que  ses  soufirances 
physiques  lui  donnassent  quelque  repos.  Comme  homme 
et  coomie  artiste,  itn'étaît  pas  indifférent  an  succès,  mais 
il  n'y  fit  jamais  le  sacrifice  de  ce  qn'il  regardait  comme  le 
bonet  le  beau.II  tendît  totyoïirs  vers  ce  but  tel  qu'il  le  com- 
prenait avec  une  infatigable  continuité  d'efforts.  S. 

EXAMEN  DE  L'ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 


Singulière  bizarrerie  des  destinées  humaines ,  que  les 
mémw&oultésintellectueltes  placent  celui  qui  les  possède 
aufalte  de  la  gloire,  ou  le  laissent  dans  l'obscurité ,  scion 
lei  cireonitances  oh  le  sort  l'a  jeté  I  Napoléon,  né  en  1 730 , 


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04 

iiiir;iîl,  vOi;u  iguuré;  mais  il  ealvumi  qujraiile  ios  [ilus  laM 
et  60U  nom  uaoïipc  l'univerH.  Mozart,  qui  n'a  point  eu 
iVégal  cl  ipiî  penl-élro  n'en  fiiira  jamais,  a  frnnclii  d'un 
saul  tons  les  interméiliairca  qui  auraient  dû  se  Ironvcr  entre 
la  nuifiii|ue  simple  de  ses  [irédéeesseiirs  et  la  sienne.  Son 
siÈclcii'éiiiit  point  préparé  à  l'eulendro ,  car  il  avail  devancé 
le  temps;  qiiïsî  vit-il  son  talent  mécoiinn.  Son  ombre  seule 
a  respiré  l'encens  que  nous  brillons  sur  sua  autels. 

Ros.sinil  toi  que  la  nutui'ca  combli:  du  ses  dons  ;  loique 
la  forliine  semble  conduire  par  la  main  ,  Bens-lit  bien  tout 
le  prix  des  Icmpa  qui  t'ont  vu  naitrc?  Coiilemporaiu  do 
Cimarosa,  de  Paisicito,  il  eût  fallu  le  cunicnicr  d'une 
gloire  patlagL^o;  mais  tes  yeux  ont  vu  le  jour  quand  ceux 
de  ces  grands  bommBS  élaîeni  prÈs  de  «e  fermer,^  la 
renoniitiée  efface  loiiles  les  leiiominées. 

Ce  qui  est  vrai  pour  ces  hommes  rares  qnc  la  nature 
destine  à  changer  la  face  des  choses,  l'est  bien  pluscucoro 
puiir  ceux  qu'elle  n  traités  moins  favorablement.  Que 
d'hommes  d'uu  talent  r&l  qui  n'ont  point  joui  ilo  la  célé- 
brité qu'ils  mérifaieiil,  parce  que  le  lonips  où  ils  se  sont 
produits  ne  leurf  ui  pas  favorable!  Aiosi  les  frères  Orgitano, 
Cenerati,  Mortacehi,  et  plusieurs  autres  ont  vu  leur 
carrière  se  borner  à  tpielijucs  succès  do  localité  en  Italie, 
sans  que  le  re.tle  ilu  monde  musical  ait  été  informé  de  la 
part  qu'ils  ont  eue  dans  In  révolution  dramatique  que 
ItoGsiui  a  cousoDjmée;  et  cela  parce  que  leurs  inventions 
furent  à  pchi'e  connues  que  leur  redoutable  rival  apparut 
et  attacha  à  la  gloire  de  sion  nom  ceti  mêmes  innovaiious 
qui  auraient  sufii  pour  les  immurlaliser ,  tandis  qu'elles 
n'étaient  pour  lui  que  des  accessoires. 

Des  deux  frères  Orgitano,  Napolilains,  Rafaël  fut  celui 
qui  eut  le  plus  de  laiciit  ;  le  sien  était  original.  Les  furmeti 
de  SCS  cautilÈnes,  la  coupe  des  morceaux,  Tinslrumen- 
tulion ,  toutes  les  parties  de  sa  musique  enlin  sortaient  de 
la  manière  des  maîtres  du  dix-hiiîliènie  siècle  et  annon- 
çaient une  révolutlun;  niuis  Ur^itano  mourut  fort  jeune 
et  n'eut  pas  le  temps  de  réaliser  les  espérances  qu'il  avait 
doDuécs.  Les  musiciens  uni  remarqué  un  air  de  ce  com- 


65- 

poeiteof ,  qa'oo  aTsIt  Introduit  daus  l'opéra  de  Pirro ,  qûi 

fut  joué  à  rOdi^on,  en  1811.  Le  style  en  était  briUaut  et 
nouveau.  Son  opéra  bouffe  de  Amore  intraprendenie 
contient  ies  chants  les  plua  heureux,  et  son  insirumentatïoD 
Beuibie  avoir  été  faite  dans  l'école  de  Rossini. 

Pietro  Mercandettî,  qui  n'est  connu  que  sous  le  nomde 
Gênerait,  et  que  les  Italieus  même  croient  Romain,  est 
né  en  1787,  à  Masserano,prë6  de  Verceil ,  dans  le  Elénioat 
(Toyes  Gregori,  dttia  Litteralura  Vcrcettei»).  ijam 
suiii  son  père  à  Rome  lorsqu'il  était  encore  fort  jeune ,  il  y 
apprit  la  musique  et  devint  un  compositeur  dislibgiaé. 
Doué  du  génie  le  plue  heureux,  Général!  était  appèléà 
prendre  place  au  premier  racig  dauh.soii  art  j  mais  entraîné 
dans  une  vie  désordoiince  par  des  passions  ttiugueus^,  il 
s'est  plongé  dans  les  excès  les  plus  condamnables  et  .a  lîni 
par  altérer  ses  facultés.  Sa  fécondité  était  égale  A  pou  ta- 
lent :  on  en  peut  juger  parla  listesuivante  doses  opéras, 
qui  n'est  peut-être  pas  complète.  1°  Don  Chisciotlc,  op> 
bouffe;  a°  ia  Pameta  nubile;  3°  ie  lagrimt  d'una  Vc- 
dova;^'  La  Cafzolara;  5'  i'  Adelina  ;  6°  la  Tedovadeti- 
rùnU;  ^'ta  Luisana;  ^°  itKilratto  dei  Duca;  9°  ta  Mo- 
gtiegiudive  det  Marilo;  10°  Chinonrisieaiutn  rosica; 
w  Orgoijlio  cd  umitiaziane  ;  12,°  le  Geiosie  di  Giorgio  ; 
13"  U  MaTCôtorido  :  i4"  ^w.  Contcssa  di  Coiie  Erbosc; 
i5'  UBajazet;  16' la  Cecchina;  17°  t'Orùo  che  ci  Vede; 
iB"  H  Scrvo  padrone  ;  19°  Rodrigo  di  f^aUnsaj  ao*  Bac~ 
caiiatidiRomai  ai't^IdotoCinese;  M'UGaèéaTnondoi 
nZ'Eietia edAlfr&do;  34*  AdelaîdtdiBorgogno; sS' Chia- 
ra  di  Rosemierg  ;  36°  la  Testa  iniravigtiosa,  etc. ,  etc. 
Uu  ne  connaît  à  Paris  de  Generali  que  le  petit  opéra  d'^- 
delina,  qui  a  été  horriblement  exécuté  par  la  déplorable 
CantarMi ;  mais  l'eùt-il  été  mieux,  il  serait  aussi  injuste 
de  le  juger  sur  cette bluette  qu'il  serait  absurde  de  prendre 
la  Scaia  di  Sela  puur  mesure  du  talent  de  llossini. 

Moins  original,  mais  cependant  fort  estimable,  Fran- 
çois lUorlacchi,  nâ  à  Pérouse,  en  17841  s'annonça  aussi 
d'une  manière  avantageuse  dès  son  début.  Après  avob*  reçu 
les  premières  leçons  de  musique  de  Louis  Caruso,  Napo- 


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66 

Htain ,  il  fut  euvoyé  suocCssivement  à  Bologne  et  à  Lorelte 
pour  yémdier  le  contrepoint  sous  la  direction  dupèreMal- 
teieldeZ,ingarelli,aui  frais  du  corn  lejBaglioçi, protecteur 
éclairé  des  arts,  le  premier  ouvrage  qu'il  écrivit  pour  le 
théâtre  fut  l'intermède  de  il  Poeta  in  eampagna,  qui  fut 
représenté  à  Florence  en  1807.  Il  fut  suivi  dans  la  mflme 
année  de  l'opéra  haSa.  il  Ritratto ,  à  Vérone,  de  Corra- 
dino  età'Oreate.  à  Parme,  en  tSoS,  d'Enone  e  Paride, 
opéra  séria,  àLîvonrtie;  danBlaméme  année,  de  RinaUto 
d'Jtti,  i  Parme ,  de  ta  Pirinoîpma  per  Ttpîego,  à  Ronie  ,- 
de  U  Simoncino,  dans  la  même  ville ,  et  de  Aviimture 
divnagioTTiata.  à  Milan,  en  1809.  En  1810,  il  écrivit 
l»  DanqSde,  pour  Rome.  Appelé  à  Dresde  l'année  sui- 
vante, composa  Raout  di  Crequi;  l'oratorio  de  la 
Pasaitme,  en  181a;  ia  Caprioiosa  peniila,  «n  i8i5, 
et  it  Barhiere  di  SevigtiU,  en  1814.  Deux  ans^prèall 
fit  représenter  ù  Pillnitz  {afiUanettarapitadiPima. 
Isacco,  oratorio,  fut  le  dernier  ouvrage  qu'il  écririt  pour 
Dresde  en  1817:  ily  lit  l'essai  d'unedéclamatioD  rbythméii 
qui  tenait  lieu  de  récitatif.  Son  relonr  en  Italie  fut  marqué 
par  l'opéra  séria  de  Laodicea,  qui  fut  rept^SCBlé  au 
théâtre  Saint-Charles  à  Nftplcs,  et  par  Giarmi  di  Parigi, 
à  Milan.  Ce  dernier  passe  pour  être  un  deses  meilleurs  ou- 
vrages. Enfin  ,  on  connatt  encore  de  Morlacchi  la  Morte 
d'Ahele,  oratorio;  Donna  Aurora,  opéra  buffa  ;  iaGio- 
vtntu  di  Enrico  quinto,  Teobatdo  ed  Isoiina,  et  plu- 
ies trois  musiciens  dont  je  viens  de  parler  semblaient 
destinés  à  régaer  sur  la  scfene  lyrique  de  l'Italie ,  lorsqilc 
tout  à  coup  un  jeune  bpmnie  de  vingt  ans,  aprta 
donné  deux  ouvrages  sans  împortaaoe,  appelés  la  Cam~ 
iiait  di  matrimonto  et  VEqtdvoco  stravaganU ,  fit  'Re- 
présenter à  Venise,  en  181a,  i^Inganno  feiice,  oii  l'on 
trouvait  L'invention  à  côté  du  plagiat,  l'audace  près  de  la 
timidité,  des  chants  heureux,  un  orchestre  élégant  el sur- 
tout un  trio,  chef-d'œuvre  de  gracu  i:l  de  verve  comique. 
Ce  jeune  homme  était  Russioi. 

Wé  le  39  février  179a,  à  Pesaro,  petite  ville  de  l'état  du 


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Pape  ,  sur  le  golfe  de  Venise,  CioacchinoRossini  eiil  pour 
parens  deux  artistes  pauvres,  nommés  Joseph  Rossini  et 
Anne Guidarinî.  Lepërejouait  du  cor  dans  les  orchestres 
des  petites  villes,  oit  sa  femme  était  engagée  ea  qualité  de 
atconda  donna,  et  daos  les  inlerralles  des  saisoD s  de  théâ- 
tre, ils  revenaient  habiter  leur  petite  maison  de  Pesaro. 
Le  célèbre  artiste  qui  fait  aujourd'hui  leur  gloirepar  se» 
SUCCÈS  ,  met  la  sienne  à  leur  prouver  sa  piété  filiale  par 
l'existence  douce  et  iniîépendaule  qu'il  leur  procure. 

En  1799 .  les  pareils  de  Ilossinî  le  conduisirent  à  Sologne, 
mais  il  n'y  commença  l'étude  de  la  musique  qu'en  i8o4j  & 
l'âge  de  dnuze  ans.  Son  premier  maître  Fut  un  prêtre  nom- 
mé Jngtto  Tesei.  C'est  de  lui  qu'il  apprit  l*art  du  obant» 
celui  de  l'aocompagnement  et  quelques  notions  dn  contre- 
point. En  moins  de  trois  ans  il  âvait  fait  assez  de  progrès 
pour  âtre  en  état  de  Icnir  le  pi.mo  dans  les  orchestres  de 
qùelques  petites  villes ,  telles  que  Lugo,  Forli,  Sinigaglia , 
où  il  accompagna  sa  mkve  en  1806.  L'année  suivante  il 
entra  au  lycée  de  Bologne ,  et  y  re<;ut  des  leçons  de  musi- 
que de  MatUi.  Mais  Rossini  n'élail  jioint  né  pour  faire  des 
études  sérieuses  dont  il  n'apercevait  pas  le  but  immédiat. 
C'était  une  instruction  de  [iratiqiie  qu'il  lai  &llalt,  parce 
que  si  ce  n'est  la  plus  solide ,  c'est  la  plus  expéditive.  Voilà 
pourquoi  il  prél'érail  aux  lenteurs  du  contrepoint  la  mé- 
thode de  mettre  en  partition  les  ouvrages  qui  plaisaient  à 
Rou  oreille,  comme  les  quatuors  ou  les  symphootes  de 
Mqzart  ou  d'Haydn.  Son  esprit  très  délié  et  ce  tact  parfait 
qu'il  porte  dans  ses  actions  comme  dans  ses  ouvrages,  lui 
disait  apercevoir  d'abord  ce  qui  pouvait  élru  utile  auprès  du 
public:  quant  au  reste,  il  n'y  prenait  pas  garde.  Voilà  le 
secret  de  ces  négligences  qu'on  trouve  dans  ses  partitions 
et  dont  il  se  moque  tout  le  premier. 

Ce  fut  en  1808  que  Rossini  fitjentendre  ses  premiers  on- 
Trages  qai  consistaient  en  une  symphonie  et  une  cantate 
intitulée  :  H  Pianlo  tPArmània.  On  a  vu  quels  furent 
ses  débuts  au  théâtre.  A  finganno  FeUe»,  succéda  fO- 
ratorio  de  Ciro  in  Babitonia  qu'il  écrivit  à  Forrare  ;  puis 
il  donna  à  Venise  ta  Scata  di  Seta,  VOeeazume  fa  H 


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lin 

Ladro  ei  *(  Figlio  par  Jzuirdo.  EuHn  parut  Tancredi 
dans  1o  carnaval  de  iSi5.  l.à  se  Irouvait  la  réfurme  pres- 
que complÈlo  do  l'opéra  Hétieus;  là  brillait  d'un  vif  éclal 
une  îmagiuatioo  jeuac  et  vierge  ,  des  obaiits  délicieux ,  un 
orchestre  ravissaot  ;  là  ne  trouvait  enfiu  ce  nouveau  qu'où 
demande  aux  artistes  de  toutes  parte,  mais  qu'ils  peuvent 
rarement  douner.  Ce  qui  ne  l'était  pas  dans  l'oeuvre  de 
Boasinî  araït  été  préseoté  par  lui  avec  tant  d'adresse  qu'il 
en  avait  toute  l'apparence.  J'en  excepte  oependaut  un 
chœur  au  premier  acte  dont  le  motif  et  les  dispositions 
sont  pris  sans  façon  dans  les  Noces  tte  Figaro,  de  Mozart. 
Uon  intention  n'est  pas  d'analyser  ce  charmant  ouvrage  v 
deux  cents  représentatianB  à  Farisî  et  tous  les  morceaux 
répandus  aveo  profusion  en  France ,  me  dispensent  de  ce 
soin. 

A  Tanoredi  succéda  VItaliana  inÀ^ieri  qui  n'a  ja- 
inais  eu  beaueoiqi  de  succès  à  Paris,  quoiqa'ou  y  trouve 
nnecavatinech3rmante(£anjruti'pe>>uiia£e/fa},  uuduo, 
l'un  des  meilleurs  morceaux  de  Rossini,  qui  depuis  eu  a 
imité  le  slyie  dans  le  motif  du  quartetto  du  premier  acte 
de  la  Cenerentoia,  Zillo,  Zitto,  ■piano,  piano.  Le  finale 
de  VItaliana  esl  plein  de  verve  comiijtie;  c'est  nu  vrai 
morceau  de  scËnc  qui  perd  beaucoup  dans  un  salon.  Cet 
ouvrage  est  le  premier  de  Itossiui  qui  ait  été  joui-  à  Paris  : 
on  n'était  point  préparé  à  la  nouveauté  du  genre,  ou  ue  le 
godta  pas ,  et  la  prévention  est  reittée. 

Je  ne  dirai  rien  de  la  Pietra  di  Part^ont,  parce  qu9 
bien  que  j'en  aie  entendu  quelque  chose  lorsqu'on  l'a  es- 
sayée au  théâtre  Louvois,  je  crois  que  le  publia  et  moi  ne 
laconnaissonHpas.  L'ouvrLii;e  .ivail  t;lL-uiulili'  ut  l'on  n'av^iit 
point  alors  à  Paris  des  aclciirt.  h'Is  (l.illi  ou  Zucclielli 
pourjouer  les  rôles  de  Don  Paouvio  fit  de  Don  Marforio. 

L'dureiianoin  Paimira  qui  fut  ccrità  Milan  en  i8i4, 
n'a  point  réussi  en  Italie.  L'inirortuctioii  est  nn  des  meil- 
leurs morceaux  de  Rossini.  Le  motif  du  premier  chœur  : 
Sposa.  del  grande  Osiride,  a  été  employé  par  lui  de- 
puis  lors  dans  la  oavatine  du  Barbier  de  Séviile  ;  Eeeo  ri- 
dente  i4  Ciel.  L'idée  de  faire  servir  le  cjiant  d'un  chœur 


□IgilizalHyC. 


6o 

rcllgieDs  jjahs  uno  sérénaile  qu'un  amant  donoe&  sa  maî- 
tresse est  une  bouffonnerie  qui  peint  à  merveilie  le  Carac- 
tère de  co  célèbre  artisie , 

H  Turco  in  Ilati/i  et  Sigismondo  ont  été  é'orlts  dans 
la  même  année  que  VAuretiano,  Van  â  Milan ,  l'autre  à 
Venise.  Le  premier  a  eu  du  succès  à  Paris.  Le  trio  :  un 
Marito  scimunîto,  le  duo  :  Perpiacere  alla  signora, 
et  le  quintetto  du  deuxième  acte  :  0  guardaU  ohe  acci- 
dmtet  sont  excelleâs.  Houa  ne  cannaisaons  du  Sigimtondo 
que  Tair  qui  a  été  chanté  par  madame  Pasta  dans  Romeo 
et  Giuiietta.' 

VBiisaieth  (i8i5)  fut  le  début  de  Rossfn!  &  Naples.  Ce 
début  fut  heureux.  A  Paris  l'ouvrage  n'a  point  réussi, 
quoiqu'il  ait  été  joué  eue cessive ment  par  madame  Hain- 
vielle-Fodor  et  par  madame  Pasta.  L'ouverture  de  V^ure^ 
tiano,  qui  est  devenue  celle  de  l'Elisabclh  ,  a  servi  aussi  de  ' 
molif  au  finale  de  cet  opéra  ;  enfin  elle  sert  encore  d'ou- 
verture au  Barbier.  Cent  cinquante  représentations  de  ce 
demierouvrage  avaient  précédé  la  premièredel'EliBabelh. 
La  répétition  coutinuelle  d'une  phrase  usée  pour  le  poblio 
Indisposa  celui-ci ,  et  empêcha  le  succès.  Torvaido  e  Dor-  , 
tisca,  qu'on  a  vu  aussi  à  Paris  et  qui  est  tombée  à  plat,  est 
un  ouvrage  médiocre. 

Ce  fut  en  1816  que  Bossîni  écrivit  à  Rome  ce  Barùiere 
di  Sevifftia,  objet  des  prédilections  des  Français,  et  qui 
mérite  de  l'être  par  l'esprit,  la  grâce  et  l'abondance  de 
motifs  qu'on  y  trouve.  On  dit  que  les  Romains  remplis  de 
préventions  pour  le  Barbier  de  Paisiello,  nevoularentpoint 
entendre  celnî  dcRossini  Icjourdela  première  représenta- 
tiOD.Uaïs  le  lendemain  ils  furent  honteux  de  leur  sottise  et 
applaudirent  avec  transportée  qu'ils  avaient  sifllé  la  veille- 
Ce  chef-d'œuvre  a  fait  le  tour  de  l'Europe.  La  Gazeta, 
ouvrage  sans  importance,  précéda  Oletlo,  qui  fut  donnéà 
Haples  dans  la  même  année  que  le  Barrière  l'avait  été 
à  Rome.  Ce  fut  dans  ce  bel  ouvrage  que  Rossini  com- 
mença à  changer  sa  manière  par  les  longs  dévelojtpe- 
mens  qu'il  introduisit  dans  ses  opéras  sérieux,  et  par  l'éclat 
de  son  orchestre  qu'il  rendit  pins  bruyant;  système  qu'il  a 


70 

exagéré  dans  MosÈ  in  Egitlo ,  dans  Maometlo  seconda, 
daiis  Zeimira  et  dans  Semirainvle. 

Tout  le  monde  connaît  la  Gazia  La'Ua  et  la  Cciicreii- 
tola,  qui  furent  écrits  à  AlUaii  et  i  Roiiic  eu  1817,  Le 
premier  de  ces  ouvrages  est  un  opéra  seoii-seria  rempli 
de  beautés  du  premier  ordre;  le  second  n'a  été  connu  des 
dilellauti  de  Paris  qne  quand  H"'  Monbellij  GalU  et 
Zachelli  ont  été  cbargée  des  principaux  rAles.  On  lui  avait 
nui  beanconp  en  ialroduisant  des  fragmens  de  ses  plut» 
beaux  morceaux  dans  le  Turc  en  Italie.  Les  déptaccinens 
gâtent  toujours  la  musique. 

On  ne  connaît  communément  d'^rmit/a  { Napics  1817  ) 
qu'un  duo,  qui  est  devenu  célèbre  et  qui  m'a  toujouripriru 
être  un  coutre-seos. 

Adélaïde  di  Borgogna,  (llomc,  1818),  Ermione 
(Naples,  i8iq)  et  Editardo  »  Cristina  (\enisB,  i8ig)i 
sont  peu  connus  etn'onteuquepeudesaecès.ittctnor^e 
Zoraide  (Naples,  1818)  ,  contient  un  fort  beau  tHo,et 
Bianca  e  Fatiero  (Milan,  1830),  un  quatuor  qui  est 
devenu  célèbre.  On  trouve  dans  Malitde  de  Shabran 
(Rome,  1831),  un  sestetto  qui  n'est  point  connu  en 
France  et  qui  cepcndantcst  eicullent.  La  Donnadel  Lago 
cutaKaplex  une  chute  cumplélt; ,  le  4  octobre  1819.  cE 
alla  aux  nues  le  lendemain,  C'est  un  de»  ouvrages  de  Itos~ 
sini  que  les  Parisiens  ont  le  plus  de  peine  à  comprendre. 

D&aaUa<muito seconde,  ZUmwasXSemiramide,  on 
trouve  4e  fort  belles  choses  :  mais  la  manière  da  maître 
s'aUonrdit  sensiblement.  Est-ciB  l'effet  d'un  système?  est-ce 
fatigue  de  l'imagination?  c'est  ce  que  l'avenir  seul  pourra 
révéler.  J'analyserai  dans  un  autre  article  les  beautés  et 
dé&uts  de  cette  musique ,  qui  depuis  quinze  ans  occupe 
le  monde  entier;  et  je  ferai  voir  l'iulluence  qu'elle  a  eue 
et  qu'elle  aura  sur-^'art  et  oar  les  artistes.  FÉTIS. 


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DÉCOUVERTE  DE  MANUSCRITS  ^ 
BiuTirs  A  u  namirB, 

jBhtaa,  lu  HHaiitt^i^t  ^mtiroteUnnr  jnilon. 


Fouu  (dans  sa  tittinUun  de  la,  mutùfw,  pag,  487,  ) 
parie  d'Anselme  de  Parme,  écrirain  didactique  qui  S6rÎHBll 
avant  le  temps  de  Gafforio.  L'ouvrage  de  cet  auteur,  selon 
ce  dernier,  coiisïsie  en  trois  livres;  mais  il  ne  donne  aucun 
éclaircissement  sur  l'auteur  ni  sur  te  tenipH  où  it  vivait. 
Gerber  (  Dictiannaire  historique  des  musiciens  )  croit 
que  cet  Anselme  de  Panne  est  le  même  qu'Antielme  Fla- 
mand, muBioien  dit  duo  do  Bavière»  que  Zaoooni  (Pro- 
tieadenmnta,  part.  II,  chap.  10)  oonsidère  comme  le 
premier  auteur  de  l'addition  de  la  septi&me  itots  A  l'hexa- 
corde  de  Gui  d'Arezzo.  L'ouvrage  d'Anselme  a  été  décou- 
vert dans  la  bibliothèque  Ambroisienne,  oti  II  est  parvenu 
d'une  manière  très  singuUèr».  Quelqu'un  qui  était  entré 
dans  la  boutique  d'un  épicier  remarqua  que  le  maroband, 
pour  envelopper  ce  qu'il  venait  d'itcheter,  déchirait  une 
page  in-foliu  dont  la  couverture  était  déjà  arrachée;  ima- 
ginant que  ce  volume  pouvait  mériter  un  meilleur  sort, 
il  en  fit  l'acquisition  et  le  montra  à  un  de  ses  amis  ii|ul  en 
reconnut  aussilAt  1j  valeur;  Il  pasHu  alors  des  mains  de 
cet  acqnér«nr  dans  le  magnifique  dépôt  ofi'  il  se  troUTo 
aujourd'hui. 

Le  père  Alfa,  Iribllotiiécaira  de  Parme,  fait  l'éloge 
d'Anselme,  dans  un  ouvrage  en  5  vol.  io-4*)  intitulé: 
Memone  degti  scrittori  t  teturati  Parmeggiani  et  dé- 
plore amèrement  la  perte  d'un  dialogue  sur  la  musique  écrit 
par  lui.  Heureusement  ce  dialogue  existe  dans  ic  volume 
dont  nous  parlons,  et  l'on  y  peut  remarquer  qu'Ani>elme 
était  fort  célèbre  de  .sou  temps,  et  qu'il  est  auteur  de  vingt- 
deux  ouvrages  sur  les  matliémutiqucK.  Le  volume  consiste 
en  quatre-viagt-sepipagesin-foliod'une  écriture  très  serrée, 


aTCO  <m  grand  nombre  d'abréviations.  Lii  première  pagecst 
à  peine  lisible  ,  elle  commence  uiitsi  qu'il  HUit^  n  Prœstau- 

0  li»|iini  ac  cKiristiiniî  miisici,  arlium incdioinsqlKr  ao  as- 
■  Irologia;  consuEniilissimi  Auijclmt  Ceorgii  FarmenslB^de 

1  tntisicu  dicta  prima  valnearufu.  ■ 

■  1  Magnifico  militi  domino  et  beaeiaolori  meo  optimo, 
domiuo  Feiro  Rubeo,  Georg.  Anselmus  salntem  et  recom- 
mendatîouem  diaputationem  nostram  De  harmonica  oe- 
lesti  quam  coraen»,  soptembri  praxïmo,  in  Balbeis  habui- 
mus,  redactum  luo  jussu  bis  in  scriptis  ad  te  milto. 
Quantum  lamen  rioolero  valui  j  quatenua  qnod  erratum 
aut  negleotum  fuerit  pro  arbilrio  eroendcs.  Valc,  iulcger- 
rime  beros;  ex  Farma,  idus  Aprîlis  i 

Après  ceci  il  y  a  trois  sections  ou  dialogues  :  l'deHar- 
monia  eeieati  ;  a*  Harmonia  instrumentaU;  3'  de 
BarmotUacantaim.  Ileat  à  regcettei;  que  dans  cette  dcr- 
nîère  section  les  exemples  de  musique  manquent  presque 
tous.Quantà  la  latinité,  elle  est  extrêmement  mauvaise.  A 
laGnde  ce  traité  on  tronfc  la  ligne  suivante  écrite  par  une 
antre  main  ;  i  Liber  Frauohiai  Gaffori  laudensia  musicae 
professons  Mediolani  Phonasoi.  i  qui  parait  èlre  l'auto- 
graphe de  GaiTorio.     (La  suite  au  prochain  numéro.) 

• — — — —  ^.^^ — y  I  

HOU V ELLES  DES  THEATRES  iTRANGERS, 

Le  nouvel  opéra  que  Uercadante  a  écrit  pour  le  théâtre 
myal  de  Turin  vient  d'obtenir  du  succès.  Le  s^jet  de  l'ou- 
Trage  est  VEmo  de  Uetastase,  qui  a  été  réduit  en  deux 
actes,  et  auquel  on  a  i^oulé  des  morceaux  d'ensemble  et 
des  (înaii  coupés  dans  la  manière  actuelle.  La  Gazetta 
Pîemontese  signale  comme  des  morceaux  oxcellens  la  ca- 
valine  d'Ezio,  le  duo  entre  ce  personnage  elFutvia,  le 
guintetto,  le  chœur  et  le  finatt  du  premier  acte)  ainsi  que 
l'airde  Fuivia  et  le  rondeau  d'£zjo,  du  second  acte.  On 
Tante  beauooap  le  talent  que  ta  signera  Basii  a  dé{dayé 
dans  cet  ouvrage. 


□Igilized  by  C  oog  1^ 


.  PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

PBOIEBSkcB.SB  OOMOSmOH  1 1.*ÉCOL«  BOTAIB  DB  MOSIQDB, 

3.  —  FÉVRIER  1837- 


DE  L'OPÉBÂ,  Par  J.-T.  MERLE 


Deux  coiisidér.itions  si;  présentent  toujours  dès  qu'il  s'a- 
git lie  celle  injiii'/iisj  i\\t'on  uppMcl'Opéra.  L'une 
est  1,1  ui^i'essLh^  il'iiiléri'sser  un  irauuHur  le  public;  l'autre, 
le  besoin  de  rcstrciniîro  les  dépenses.  Toutes  les  administra- 
tions qui  sesont  succédées  dails  cet  l'iablîsscment  ont  eu  le 
dessein  d'atteindre  au  double  bulque  je  viens  de  dire:  bien 
peu  y  ont  réussi  ;  on  peut  dire  même  qac  LuUy  seul  en  a 
trouvé  le  secret  ;  c'est  que  Luily  était  à  la  fois  un  homme  , 
de  génie  et  un  bon  administrateur.  II  ava)t  obtettu^e 
Louis  XIV  le  privilège  de  l'Opéra,  en  i6;a;mals  il  n'y  avait 
alors  en  France  ni  cliaiiteurs ,  ni  danseurs,  ni  musiciens 
en  état  déjouer  dans  un  orchesire.  11  fallut  tout  créer,  et, 
Luily  en  vint  à  boni.  II  élait  à  lu  fois  le  seul  compositeur 
pour  son  théâtre ,  le  chef  d'orchestre ,  le  mattre  de  chant, 
le  mattre  de  ballets  et  le  maître  de  danse.  Lui  seul  mettait 
les  pièces  en  scène  et  enseignait  à  ses  acteurs  à  marcher 
et  à  gesticuler.  Il  trouvait  du  temps  pour  tout,  et  cepen-  ' 
dant  il  a  écrit  dans  l'espace  de  quinze  ans  la  musique  <Ie  - 
Vingt  opéras  et  de  vingl-cinq  ballets,  oiitre  une  foule  de 
divertisBcmens  et  de  symphonies  pour  la  cour.  AuSsi  son 
administration  fut-etlc  prospère.  A  sa  mort,  qui  eut  lieu 

(i)  Varit,  B*adoDlD  frire»,  i8i;,  brochme  de  3^  pages  m-8'. 

7 


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j4 

le  ai  mare  16871  ^1  trouva  iaus  ses  ooffres  63o,o(io  frano 
en  or,  somme  énorme  pour  ce  temps.  Il  laissait  en  outre 
le  matériel  de.  son  théâtre  que  sa  veuve  vendit  à  Franciui, 
son  gendre ,  moyennant  10,000  livres  de  rente  viagère. 

Après  LoUy  le  secret  de  l'adminislration  de  l'Opéra  fut 
perdu.  C'est  ce  qu'où  voit  avtc  i^vidtoci;  par  le  pril-ambule 
du  règlement,  donne  eo  171:.,  par  Louis  XIV,  qui  com- 
mence par  ces  mois  ;  1  Sa  Majesté  étant  informée  que  de- 

■  puî.sle  décès  du  feu  sieur  Lully,  on  s'est  rellché  insensi- 

■  blementdela  règle  et  du  bon  ordre  de  rintérieur  de 
«  l'Académie  roynie  de  Musique...  et  que  ^ar  la  cDafosion 
c  qui  s'y  est  introduite,  ladite  Académie  a'eit  trouvée  sur- 

■  chargée  de  dettes  considérables,  et  le  public  exposé  à  la 
«privation  d'un  speotacle  qui  depuis  loag-lemps  lui  est 
«toujours  également  agréable,  etc.  » 

Vingt-cinq  ansaprèsia  mort  de  ce  grand  artiste,  les  en- 
trepreneurs du  spectacle  oii  il  avait  fait  sa  fortune  étaient 
donc  accablés  de  dettes!  Oepeudant  la  dépense  totale  du 
personnel  de  l'établissement  n'était  que  de  â^goSo  francs. 
Les  premiers  aiijets  du.chant  étaient  aux  appointemeiu  de 
i,Çoo  livres,  en  sorte  que  tous  les  acteurs,  qui  étaient  ao 
nombre  de  quatorze,  ne  coûtaient  que  i4i7ee francs.  Les 
chœurs,  composés  de  trente-six  personnes,  coûtaient 
i3,aoofranQs  ;  la  danse,  i3,8oo  francs;  l'orcbeslre,  y  eom- 
iptielebalieur  demMure  et  quarante-six  musiciens,  3o,i5o 
francs.  Le  reste  était  réparti  entre  le  maître  de  danse,  le 
compositeur  de  ballets,  le  dessinateur ,  les  machinistes  et 
le  tailleur.  Cent  vingt-quatre  personnes  coûtaient  dono 
5;,u5o  francs  :  c'est  un  peu  |tlna  de  5oo  IVancs  pour  cha- 
cune. Il  ne  faut  pas  croire  copeiidant  que  ce  fiuseiit  des 
gens  dépourvus  de  talent  dans  leur  geore  :  o'ét^  Théve- 
nard ,  que  les  mémoires  du  temps  célèbrent  conune  une 
basse-taille  incomparable;  So»te<ou,  dont  la  voix  de  haute- 
contre  faisait  pâmer  et  la  cour  et  la  ville;  la  demoiselle 
Antièr,  si  célèbre  par  sa  belle  déclamation  et  sa  gnatide 
vois  ;  enfin ,  dans  la  dausc ,  le  fameux  Marcet,  qui  voyait 
tant  de  choses  dans  un  menuet.  Lesautres  dépenses  étaient 
dans  la  même  proportion. 


?5 

Du  temps  de  Luily  la  recette  moulait  de  i3o  à  i40'iniUo 
francB,  et  les  dépenseN  de  70  à  80  mille.  Ses  successeura 
avaient  porté  la  recellejusqu'à  340,000  francs;  la  dépease 
u'avait  été  en  171 5  que  de  317,000  francs;  néanmoins  îla 
étaient  alors  endettés  de  580,780  francs.  Ces  dettes  furent 
payées  en  1730  par  uu  nouvul  entrepreneur  ;  mais  en  174? 
on  en  avait  contracté  de  nouvelles  pour  environ  70O1OO0 
fracCH  ;  dix  ans  après  ,  elles  s'élevaient  à  i,aoo,aoo  Uvrea,- 
qnai^u'oDj  eut  r«çu  une  indemuilé  annuelle  de  ipo^opo 
francs  des  tonds  parlïotdîera  du  roi.  La  ville  se  ohargea  de 
payer  le  déficit. 

Jusqu'en  1778  on  avait  cru  que  le  défaut  de  variété  des. 
«pectaclcs  aviiil  caust-  lu  jieile  de  tous  les  enlrepreneurs 
qui  s'élaieut  .cliargt^s  de  la  dïrcctïun  de  l'Opéra  :  on  eut 
alors  la  preuve  qu'on  ne  peut  élever  le  produit  sans  aug;- 
menter  proportionnellement  la  dépense.  Dcvismes,  ama- 
teur de  musique  assez  éclairé,  offrit  de  se  charger  ie  cette* 
grande  entreprise  et  de  verser  5oo,ooo  francs  dans  la  caisse 
de  la  ville,  pour  garanlîe  de  sa  gestion:  à  la  (lu  de  l'année 
ses  5oo,ooo  francs  étaient  perdus  et  il  sollicita  la  permis- 
siou  de  se  retirer.  Cependant  il  avait  donné  dans  le  cours 
de  cette  année  Thésée  <Ie  Luily,  Castor  et  PoUua:  et  Pig' 
mation  de  Rameau,  Ertielinde  de  Pliilîdor,  fcj  Trois  jtges 
de  Grétry,  Armide,  Iphigénie  et  Orphée  de  Gluck,  Bo- 
iand  de  Piccini,  et  de  plus  ayant  rappelé  les  bouffons  et 
les  faisant  jouer  alteruattvement  avec  l'opéra  français,  il 
avait  fait  connaître  les  plus  jolis  ouvrages  de  Piccini,  d'An- 
ibssl  et  de  Paisïello;  mais  le  personnel,  qui  ne  coûtait 
qâe  67,050  francs  en  1715,  donna  lieu  en  1778  à  une  dé- 
pense de  35a,58o  francs ,  non  compris  les  bouffons  aux- 
quels on  donnait  8a,ooo  francs;  enfin  la  dépense  totale  de 
1713  était  de  3i7,o5o  livres,  et  celle  de  1778  de  99 7, 58a 
francs.  Les  piemicr.-;  sujets  du  chant  etde  la  danse^taleut 
alors  Larrivée,  Legrus,  U"'  La  Guerre,  Vestris,  Gardel  atné,_ 
Dauberval  et  M.""  Cniutard. 

Cette  dépense  du  personnel  s'est  élevée  progressive- 
ment; elle  est  aujourd'hui  de  900,000  francs,  et  montera 
probablement  encore,  oar  plus  les  sujets  deviennent  rares 


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>6 

plus  Ub  loiit  reoherchéfi  et  plun  il  faut  le»  payer.  C'est  un 
mal  sans  remède  contre  lequel  tous  los  prqjeis  d'économie 
Tiendront  échouer,  et  auquel  il  faudra  ee  soumettre  tant 
qu'on  n'aura  pas  trouvé  le  moyen  de  formër  des  lalens 
qu'on  puisse  oppo.'ïer  à  des  prétentions  mal  fondées.  Ma- 
daiiiu  Sniiii- Il  uh(:iiyroLC\ Mit  1^,000  francs  d'appoînlemens: 
son  emploi ,  p^iriLigi;  aujourd'hui  entre  trois  OU  quatre  nul- 
lités, en  coûlc  environ  (io.ooo. 

Il  est  une  vérité  qu'on  n'it  pas  comprise  jnsipi'à  ce  jour  : 
c'est  qu'à  l'eiceplion  des  pclits  tlu^iihcs  qu'on  administre 
à  peu  de  fraiS)  toute  entreprise  qui  u.pour  objet  les  plai- 
sirs du  public  est  ruineuse ,  surtout  lorsqu'il  s'agît  de 
théâtres  de  luxe.  Malgré  tout  son  génie  et  son  aetivité, 
Bœndel,  secondé  par  dcsialens  tels  queceuxdcSeaesîno, 
de  la  Guzzoni,  de  Faiislina,  et  de  phisieui-s  aiUres  de 
même  force,  fit  des  perles  énormes  dans  radmitiistratioii 
de  l'Opéra  qu'il  avait  établi  à  Loniîrcs  ,  cl  ne  se  sauva  que 
par  la  nouveauté  de  ses  oratorios.  Les  entrepreneurs  des 
théâtres  d'Italie  |ieiiveiit  rai-ement  tenir  plus  de  trois  ou 
quatre  ans;  presque  tous  nos  directeurs  de  provincefont 
de  mauvaises  utTaircs,  et  dans  l'espace  do  quarante  ans 
l'Opéra'Comique  du  Paris  s'est  trouvé  trois  ou  quatre  fois 
dans  un  état  de  crise  alarmant.  Lorsque  le  gouvernement 
.  se  charge  d'administrer  un  théâtre ,  il  doit  y  perdre  plus 
que  tout  autre,  parce  (|u'i!  ne  peut  exercer  sa  surveillance 
que  par  des  înlermctlijires  :  il  p'a  plus  qu'à  ouvrir  sa 
bourse  et  à  fermer  les  yrui.  L'itlée  ilc  diminuer  les  dé- 
penses de  rOpL-ra  est  doue  an  projet  impraliciible;  loin 
de  diminuer  eiics  ungnieiilcroiit  suion  toute  ap|)arence. 
Les  réformes,  sonvcut  projetées,  util  donné  lieu  ^  une 
foule  de  brochures  qui  oijit  été  publiées  à  toutes  les  épo- 
ques. Chacun  a  proposé  son  système ,  depuis  l'auteur  des 
Lettres  fiistoriquea  sur  t'Opéra,  Paris,  1790,  in-ia* 
jusqu'à  Hf.  Merle,  ancien  directeur  du  théâtre  de  la  Porte- 
Saint-Martin  ,  qui  vient  de  publier  un  petit  écrit  quia 
pour  litre  ;  de  t'Opéra. 

Ce  n'est  pas  une  diminiiiion  de  dtpense  que  itemande 
M>  Merle  :  c'est  une  réforme  comptât c  de  l'Opéra.  Lesob- 


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Î7 

jets  qu'il  passe  eu  revue  sont  :  i°  t'administratiûn;  3°  tes 
depenaea  deCOpéra;  5>  ta  troupe;  ^'  U  poè^e;  3°  ia 
Mttaique  ;  G'ia  dame  ;  7*  (et  déc'oraUoM  tt  tes  maahi~ 
nea;  S°  4a  ntUt  en  seine.  Je  vais  le  suivre  dans  ses  r^i- 
sonnemens,  et  faire  voir  ce  «iii'ils  ont  de  réel  ou  de  faux. 

X.'jidmini3tration.  Elle  ne  composait  autrefois  d'un  di- 
recteur, mailre  absolu  et  d'une  autorité  à  la<|iiclle  il  u'é- 
tait  obligé  d'avoir  recours  que  dans  des  occasions  fort 
rares.  Quant  aux  cheis  de  services,  acteurB,  danseurs, 
subordonnés  G nfin^e  toi^te  espèce,  ils  ne  connaissaient  que 
le  directeur  et  ne  devaient  pas  connaître  autre  chose.  De- 
puis la  restauration  tout  est  bhangé.  Une  anlorité  patente, 
placée  en  dehors  de  l'Opéra ,  mais  cependant  assiégée  par 
le  peuple  des  coulissos,  ËiEt  et  défait  à  volonté  les  direc- 
teurs ou  les  administrateurs,  entre  dano  les  moindres  dé- 
tails et  donne  des  ordres  jusque  sur  la  l'orme  de  TaiSche. 
11  résulte  de  là  que  le  directeur  et  l'admitii.strateur  ne' 
sont  que  des  commis  dont  l'antorilé  est  illusoire,  parce 
qu'on  sait  qu'on  peut  toujours  appeler  de  leurs  décisions, 
et  parce  qu'en  définitive  on  ustccrljiii  du  les  faire  renvoyer 
s'ils  déplaisent.  M.  Merle  fait  k  ce  sujet  les  réflexions  sui- , 
vantes ,  qui  sout  fort  sensées.  •  Les  vices  de  l'Opéra  rési- 
t  dent  principalement  dans  la  mauvaise  distrîbulion  des 

■  pouvoirs,  dans  l'ignorance  de  quelques  chefs,  dans  le 
•  fâcheux  état  de  quelques-uns  des  services,  et  surtout 
«dans  les  nombreux  abus  qui  existent  à  ce  théâtre,  de- 

■  puis  la  porte  d'entrée  jusqu'à  la  loge  des  comparses.' 

■  Mais  il  faut  penser  qu'on  ne  délrnit  pas  les  abus  sans 
f  léser  des  intérêts ,  el  qu'on  ne  rélablit  pus  l'ordre  sans 
«blesser  des  amours- propres  ,  et  que  les  iuli-rÊls  léaùa  et 
«les  amours-propres  blessés  font  et  défont  les  pouvoirs  : 

■  rien  n'y  rësi'ste,  préfets  du  palais,  chambellans,  surin- 
(tfiudans,  maréchaux  de  France,  intendans  dos  menus, 
«ministres,  directeurs,  agens,  administrateurs,  régis- 
tseurs,  maîtres  de  chant;  tout  est  changé ,  déplacé,  ren. 
«voyé,  mis  à  la  retraite  ou  appelé  à  d'aulres  fonclïcips.  » 

*  Ces  variations  coulinuellcs  du  pouvoir  ,  cette  înstabi- 
« lilé  des  chefs  de  celte  administration,  sont  les  causes 


■  itrlncipales  de  la  décadence  progressive  de  l'Opéra  ;  il  - 

•  faut  poiik'  opérer  le  bien  dans  une  entreprise  de  ce  genre 

•  d'abord  âu  talent  et  ensnite  de  l'avenir;  par  malbeiir  un 

•  directeur  e^t  tellement  convaincu  en  y  entrant  qu'il 

■  n'est  là  qu'en  passant ,  qu'il  songe  d'avance  à  s'assurer 
c  une  retraite;  et  comme  il  en  sort  presque  loigours  par 

■  un  caprice  ou  par  uae  ii^ustloe,  il  trouve  aisément  le 
(  moyen  de  se  faire  payer  son  silence  ou  acheter  ses 
<  plaintes.  ■ 

H.  Herlc  pense  que  c'est  «ne  erreur  de  croire  qu'un 
seul  diri:ctcur  puisse  conduire  l'Opérit,  et  que  les  cuiinais- 
xanccs  que  nécessite  son  adraînistralion  sont  trop  variées 
pour  qu'on  puisse  les  trouver  réunies  dans  un  seul  homme.- , 
Il  voudrait  donc  qu'on  nomm&t  un  administcatcur  géné- 
ral qui  représenterait  l'autorité  supérieure  et  qui  serait 
chargé  de  toute  la  comptabilité,  de  la  haute  surveillance 
des  recettes  ot  des  dépenses,  et  des  marchés  detoutgenre. 
Il  présiderait'  le  comité  d'administration ,  Fixerait  l'ordre 
des  ouvrages  à  Bietlre  en  scène,  discuterait  tous  les  pro- 
grammes qui  lui  seraient  souiitis  ;>.'u  le  ilirt^cieur  de  la  mise 
eu  scène,  et  serait  constannnentau  llii'.Urc  pour  régulariser 
clfaque  branche  de  service  ;  ce  serait  à  lui  que  s'adresse- 
raient toutes  les  réclamations;  elles  seraient  déddéessur- 
le-jthamp. 

Après  cet  administrateur  général,  viendrait  un  direc- 
teur de  ta  mise  en  scène  qui  aurait  sous  ses  ordres  {e  cA«f 
de  ta  danse,  te  che/'des  décorations  et  de*  machines, 
enfm  te  cttef  du  matériel.  Tous  ces  messieurs  compose- 
raient le  comité  d'administration. 

Knus  voici  du uc  urrivés  aux  comités  d'administration  I 
Eicellent  moyen  pour  ne  rien  faire  et  pour  tout  perdre, 
inventé  par  des  gens  en  place  qui  voulaient  se  débarrasser 
deleurresponsabililé.  Bien  n'est  plus  commode  que  ces 
comités  ;  on  se  sert  muluellemcut  de  garant  et  personne 
n'est  coupable  du  mal  qui  arrive.  Dans  l'élat  de  détresse 
où  esll'Opéra,  tout  est  à  refaire;  or  les  comités  discutent 
et  ne  font  rien.  Un  homme  seul,  «n  honnête  homme,  vu 
homme  doué  de  beaucoup  de  fermeté  et  d'une  grande  ca- 


.  79 

pacîté ,  pourrait  sauver  encore  l'Opéra  de  la  ruîne  dont  ii 
est  menacé.  Si  jamais  on  Irouve  cet  homme  et  si  l'on 
veut  l'employer,  voici  In  langage  qu'il  tiendra  à  l'autorité  : 
1  Si  vous  voulez  me  nommer  l'un  des  administrateurs  de 
«t'Opéra,  je  vous  remercie  de  cet  honneur,  mais  Je  ne 
«puis  L'accepter.  Si  votre  intentiun  est  de  m'élever  à  la 

>  gnfté  de  directeur,  jtÏGcepte ,  mais  aux  conditions  8ui- 
k  vantes.  D'abord  je  sera!  maître  absolu  et  vous  me  i&- 
'  barrasset^z  de  tous  ces  gens  qui  se  croient  les  conseillers 
»  nés  de  tout  directeur  qui  traverse  la  salle  d'administration 

■  de  l'Opéra,  et  qui  le  conduisent  toujours  dans  la  même 

•  ornière.  Je  sens  ce  qu'il  faut  faire,  je  le  ferai;  mais  si 
«j'étais  obligé  de  leur  expliquer  les  motifs  de  ma  con- 

•  duite  ,  je  ne  saurais  comment  m'y  prendre;  ils  ne  me 

•  comprendraient  pas,  me  prendraient  pour  un  estrava- 

■  gantt  et  m'aaraient  bientôt  renversé.  Je  vous  soumet- 
'  trai  les  règles  de  ma  g«aâoD,  isA  je  veux  une  respon- 

laUlUtË':  je  la  veux  pleine  et  entière.  Si  je  vous  trompe 

■  on  "ti' je  inis  maladroit,  ce  qui  serait  la  même  chose  dans 

■  ma  position,  vous  me  chasserez  ignominieusement  et 

■  me  déférerez  à  la  risée  ou  plutAt  à  l'indignation  publi- 

•  que.  Hais  s'il  est  juste  que  vous  soyez  instruit  de  la 

■  marche  générale  de  mes  opérations ,  il  cf,\.  indispensable 
»  que  vous  restiez  étranger  aux  détails.  Que  votre  appro- 

>  che  soit  donc  interdite  à  tous  mes  administrés  ;  qu'ils  ne 
«  'étendent  que  de  moi  et  qni'ils  sachent  que  mes  décï- 

■  lions  seront  sans  appel.  A  ces  conditions  je  vous  promets 

■  dé'Mnâre  l'Opéra  florissant,  et  je  vous  demande  trois 

■  ans  poor  achever  la  métamorphose,  a 

C'est  le  despotisme  que  vous  demandez  là,  dira-t-oni — 
Je  n'ai  pas  dit  que  ce  fût  autre  chose  :  d'ailleurs  on  doit 
se  souvenir  que  ce  directeur  serait  un  faonnâte  homme.  — 
Maïs  où  le  trouver? — Je  l'ignore. 

J'admire  l'obslination  qu'où  met  à  suivre  les  mi^mes 
erremens  depuis  si  long-temps ,  malgré  les  preuves  multi- 
pliées de  leurs  funestes  effets.  Toujours  des  comitésj  des 
oommtssaires  du  roi ,  des  inspecteurs ,  que  saisie  ?  l'auto- 
rité supérieure  veut  sincèrement  le  bien,  mais  ne  peut 


8o 

découvrir  les  moyens  do  le  faire  au  milieu  do  tout  cet 
attirail.  Comment  croire  que  dix  personnes  qui  disent  la 
même  cbose  se  trampeni  1  Ce  sont  toujours  de  petites 
vues,  de  peUts  moyens  jdes  enfantUlagcs  qu'on  prend  pour 
de  grandes  résolutions ,  et  si  par  hasard  quelqu'un  ouvre 
un  avis  raisonnable  ou  lumineux  qui  demande  quelque 
fermeté  dans  reKt:Cution  ,  rclfroi  s'empare  de  tous  les  as- 
sîslans  qui,  craignant  de  ne  compromettre,  se  hdlcnt  de 
le  rejeter.  Ceci  me  rappelle  qu'un  jour  un  comité  avait 
été  convoqué  à  l'Opéra  pour  aviser  aux  moyens  d'empê- 
cher ics  petits  speclacles  de  nuire,  autant  qu'ils  le  fai- 
fiatent,  aux  théâtres  royaux.  Chacun  donnait  son  avis;  les 
xma  voulaient  qn'on  leur  interdit  les  loges  et  qu'on  les 
obl^Ât  à  n'avoir  que  des  galeries;  les  autres,  qu'on. leur 
défendit  de  mettre  dans  leurs  pièces  de  la  musique  d'o- 
péra, elc.  Un  homme  d'esprit  qui  avait  été  nommé  direc- 
teur de  l'Opéra ,  proposa  de  les  mettre  eu  administration 
royale.  Le  moyen  élail  excellent,  mais  comme  on  ne  peut 
pas  dire  impunément  de  ces  cliu.cc^^  à  des  commissaires  du 
roi,  l'homme  d'esprit  ne  fui  Jl;^s  luiif,'-len]ps  liiiecleur. 

'  FÉns, 

!  ,      ■  (  La  suite  au  numéro  prochain.  ) 


EXAUËN  DE  L'ÉTAT  ACTUEL  DELA  MUSIQUE 
^taûi,  «n  %,iUma$tttf  tn  '^n^Uiern  et  tn  France. 


TBOISliHB  AKTICLB. 

J'ai  dit  que  les  circonstances  ont  favorisé  le  génie  de 
Ilossini;  j'aurais  pu  ajouter  que  la  lonrnurc  de  son  esprit 
n'a  pas  été  moins  lavorable  à  ses  succès  :  je  m'explique. 
Hoiart,  artiste  passionné,  disait  la  musique  comme  il  la 
sentait;  il  la  faisait  pour  lui-même  et  prenait  la  chose  au 


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}  sérieux,  fniaa  imaginer  qu'on  pouvail  H'occu[>er  de  plairo 
à  d'autres  personiicH  qu'à  ceilei)'i]ui  sentent  la  musique 
Tivement  et  qui  \a  jugent  avec  connaiisanoc  de  oaaMii 
Lorsqu'il  s'apercevail  qu'un  de  sei  ouvrages  d'otoU  pas  te 
succès  qu'il  avait  espéré ,  il  s'cofemiait  ofaes  lui  «veo  qud- 
ques  amis,  leur  faiwtit  entendre l'oaTivge  dédatgnAparle- 
publie,  et,  ftalisfalt  de  leurs  étt^s,  ne  songeait  plus  à  sa 
mésaventure.  En  un  mol,  c'élaît  l'homme  le  moins-pro- 
pre  à  réussir,  aussi  n'a-t-il  point  réussi,  du  moins  pen- 
dant sa  vie.  Rossini  a  peut-être  commencé  de  la  même 
manière  ,  mais  il  n'a  pas  lardé  à  remarquer  ce  qui  était 
agréable  ou  ce  qui  déplaisait  au  public  pour  lequel  il  écri*- 
vail ,  et  bientôt  il  prit  la  résolution  d'éviter  l'un  et  de  rc~ 
chercher  l'autre.  Ces  sortes  de  calculs  se  font  rarement 
par  les  hommes  de  génie  ;  mai»  tout  nous  prouve  que  Bos* 
sini  a  fait  celui  dont  je  parle.  Ces  coupes  arrêtées  et  tou- 
joDTC  semblable*  de  ses  airs ,  de  ses  duos ,  de  ses  morceaux 
d'ensemble;  cescrescendo  si  souvent  répétés;  ces  rhylhmes 
symétriques  employés  avec  obstination  dans  le  dernier 
mouvement  d'une  fouie  dé  morceaui;  ces  accompagne^ 
mens  en  accords  'lélacbés  par  les  iiisl rumens  à  veut;  cette 
quantité  prodigieuse  d'espèces  de  canons  à  l'octave;  enfin 
ces^adHlatiotia  contintielles  ao  mode  mineàr  do  la  tieice 
snttÀrieare-,  sont  devenus  évidemment  àttuyBtbiim»  afitia 
avéiP:  été  dés  inspirations.  D'ailleurs  plusienn  de  ces 
m^edS'màlériels  n'appartenaient  point  à  (tossini;  lecm* 
éenào  est  tinè  ancienne  invention  à  laquelle  Hpsoa  avait  < 
donné  la  fîirme  à  la  mode;  l'accompagnement  en  aocords 
plaqués  par  les  cors  et  les  bassons  a  été  employé  pour  la 
première  fois  par  Mozart,  dans  l'andanle  de  sa  grande 
symphonie  en  ut;  la  modulation  au  mode  mineur  était 
line  créatioa  de  Majo ,  dont  plusieurs  musiciens  s'étaient 
emparés  avant  que  Rossini  tùt  né  :  maiK  jusqo'à  loi  ou 
n'avait  usé  de  ces  ressources  que  dtf  loin  en  loin  et  avec 
dtscrétion.  Le  premier  il  remarqua  qu'on  rend  les  choses 
riennes  par  l'tuage  fréqnent  qu'on  en  fait  ;  il  vit  que  ce 
qui  agit  avec  le  plus  de  force  sur  les  hommesestierhylhme 
bien  cadencé;  enfin  il  reconnut  que  mndu!ali<m  ponrmo- 
8 


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(Iiilulidii  il  lui  i;l;ui  ,iv.iii:^i,'eiix  de  su  survie  do  ccllu 

dout  l'weille  était  niuins  l.,i:f;Lié«  ipie  du  «iiivre  l'usage 
ordinaîret  qui  consiBle  à  moduler  à  la  dumiaaaie  odhu 
mode  mageur  oa  nùneur  rclutifs,  et  coinmo  U  jetait  au 
ittilieu  de  tout  cela  une  quaulitii  prodigieuse  de  chanls 
heureux  fit  d'inspirations  dramatiques,  un  air  .de  vie 
aifin  qui  proQUre  les  suacès<  il  a  fini  par  s'approprier  tout 
ce  qu'il  avait  emprunté  ,  et  par  se  faire  pardonner  ses  rér 
m  i  ni»  ce  n  ce  s. 

Ses  imitateurs  n'ont  [jas  peu  contribué  à  rendre  le  public 
imiitrÉreii  t  sur  ctsdélautsdoiil  les  iiuisiciciis  taisaient  grand 
4iruit.  A  entendre  une  foule  de  critiques ,  il  n'y  avait  dans 
toute  la  musique  du  mailre  de  Pcsaro  que  des  moyens  ma- 
tériels idont  il  répétait  l'emploi  jusqu'il  satiété,  et  qui  lui 
donnaieollesmoyensd'écriresesouvrageseiipeude  lenips. 
Mats  des  inojrens  matériels  sont  la  propriété  de  tuut  lu 
monde;  or  ■fwi»»,  Raimotuli,  Doitîzetli  *H  plusieurs 
autres  ont  usé  asseï  largement  des  mêmes  ressources;, 
"qu'en  est-il  résulté?  des  imitations,  de  la  musique  jetée 
eoulinuellcmenl  dans  le  mémn  moule  ,  et  pas  un  ouvrage 
reiiiarquablc.  H  ne  sulTil  dune  pas  île  savoir  que  par  un 
moyeu  donné  on  produit  un  effet  voulu;  s'il  en  éiaii  ainsi, 
l'art  ne  serait  plus  digne  de  ce  nom  :  oe  serait  un  métier. 
ha»  mo]«fis.mal.â-iels,  qui  n'exclueut  pas  le  géuie,  peU" 
veol  être  «llies  daus  les  mains  d'un  homme  supérieur  ; 
mais  ils  sont  improductifs  dans  ecllefi  de  la  médiocrité. 
■  Ooiie  peut  disconvenir  que  Rossiini,  (ont  eu  caressant 
le  goût  du  public,  ne  l'ait  fait  dans  de  certaines  cireons- 
lances  par  mépris  pour  celui  de  quelques  villes  dans  les- 
quelles il  étrivaiï.  ï.a  lu^uiiore  peu  lavoraUc  dont  on 
accueillait  plus  hi'au>.  Irait,  é.  liappis  à  non  génie  le 
conduisait  quelquefois  à  se  moquer  de  ses  juges.  Ce  u'est 
pas  bu  elfet  ce  qu'il  a  lait  de  mieui:  qu'op  applaudit,  tou- 
jours le  plus;  on  eu  a  la  preuve  dans  ce  «lélicicux  duo. du 
ijpcond  acte  d'Olello  :  vorrei  che  H  tuo  pmaiere,  qu'on 
remarqiieà  peine  au  théâtre.  A  Venise,  toute  la  première 
partie  de  l'air  d'Assur,  dans  la  Semiramùte ,  avait oom- 
■pltumeiit  ennuyé,  quoiqu'il  soit  du'plus  beau  caractère. 


Digilized  by  C  ' 


Rossini ,  qui  l'iivalt  jirévu  .  le  termina  par  cet  alWgro  ridi- 
cule dans  lequel  la  petite  flûte  semble  siUler  le  parterre. 
Les  imilntcurs  de  ce  grand  artiste  font  anasï-cle  ceaohosea- 
!à  ;  niaifl  ils  les  |irei)nent  ausërieux,  et  rien  n'est  plus 
pl,i,„nl. 

La  musique  dram3ti(|\ie  de  l'épofjue  acioelle  a  produit 
sur  le  pabiic  nn  otFi't  qui  rrj.-iillit  sur  l'arlcn  générai  ;  c'est 
de  foirE'  ii:iraîlrc  iïoiilty  loiittsios  cora  positions  qui  ne  sont 
pas  t;iivi.'lap|!t'€s  du  ]u\n  d'un lu'sti-e  auquel  nous  sommes 
at-joiUuiH^i..  C-eslIà,  t.;  me  semble,  un  mal  rfel,  car  enfin 
il  faudra  bien  qn'iiu  s'arrèle  quelque  part.  Nos  facultés  sen- 
BÏlives  Ont  uu  terme  !  L'exagération  des  effets  o'est  peut- 
6tre  pointàsoa  eomble,  maiBelle  ^arrivera;  qae  fera-t-on 
alors  t  II  faudra  bien  prendre  une  roule  rétrograde  ;  mais 
comme  il  est  plus  diiSciled'iiinoTCr  dans  le  simple  que  dans 
le  composé,  i!  y  aura  probabieiiicnt  une  époque  où  l'art 
sera  dans  un  étal  de  lan^'ucur  plus  ou  moins  prolongé, 
jusqu'à  ce  que  l'homme  de  génie  destiné  à  opérer  ta  révo- 

L'Opcra  séria ,  tel  qnc  le  faisaient  h-.s  anciens  'maîtres 
italiens,  et  même  Cimarosa  et  Paisicllo,  contenait  trop 
de  récitatifs,  d'airs  et  de  duos ,  et  pas  assez  de  morceau,! 
d'ensemble.  Il  éa  résultait  une  monoronEe'qnï  détruisait 
l'effet  des  beautés  répandues  dans  les'  ouvrages  dc^ces  au~ 
leurs.  La  marche  que  prit  Rossini ,  dès  le  Tancredi,  opéra 
à  cet  égard  une  réforme  nécessaire  qui  fut  achevée  dans 
OleUo.  Là,  toutes  les  fiituations  sont  dans  la  musique,  en 
sorte  qu'il  y  a  peu  de  récitatifs;  celui  qu'ony  trouve  étant 
accompagné  par  l'orchestre  ,  a  aussi  plus  d'intérêt ,  et  le 
Rpectaleur  n'a  pas  le  temps  de  se  refroidir  dans  l'inter- 
Talle  d'un  morceau  à  un  autre.  Cette  manière  de  traiter 
l'opéra  sérieux  est  doue  une  créatiou  de  Rossini,  qui.su^- 
firait  pour  sa  gloire.  9falfaeui>etiiemeiit  en  exagérant  son 
système  dans  ses  *demiers  ouvrages,  en  voulant  toujours 
occuper  l'attention 'de  l'auditeur  par  de  longs  développc- 
meiis.  it  la  fatigue  et  dépasse  les  bornes  des  facultés  audi- 
tives. L'ne  partition  d'orchestre  gravée  des  Horace»  ds  Ci- 
marosa  ou  de  quelijnc  autre  opéra  de  ce  maître  ,  est  d'en  ■ 


84 

viron  4<K>  pages  ;  et  les  partilionH  réduitcii  pour  lo  pimio 
de  la  Semiramide  i>u  de  Ztlmira,  eu  ont  près  de  6uo.  On 
dit  i{ue  ces  ouvrages  ont  bu  beaucoup  deiuocÈsen  Italie  : 
je  doute  qu'ils  en  aient  jamais  &  Paris  autant  que  Ofef^ 
ou  Tancredi. 

Personne  n'a  mieux  réusei  que  Rossini  à  rendre  l'or- 
^eilre  brillant  et  à  lui  donner  de  l'inlérél ,  même  pour 
lesaniateurs  médiocres.  Mais  soit  qu'il  désespérât  de  sou- 
tenir net  intérêt  par  des  moyens  ordinaires ,  soit  qu'il  ai" 
■lit  le  brui^ ,  11  a  emidoyâ  dans  ses  derniers  ouvrages  le 
gros  tambour,  les  timbales  et  les  instrumens  de  cuivre 
avec  tant  de  profusion ,  qu'on  n'éprouve  plus  qu'une  seule 
sensation ,  celle  de  la  fatigue.  Ce  n'est  plus  ccllu  manièi'e 
vive  et  spirituelle  de  Itossini,  âgé  de  vingt  â  vingt-cinq  ans; 
c'est  celle  de  Itossini  faligué ,  je  dirais  presque  dé^'oùlé  de 
musique.  S'il  ne  s'agisfiaïl  que  iriin  linninie  ordinaire,  nu 
pareil  abus  serait  (langer  pour  l'iirt  ;  mais  liossiiii 

s'égarent  entraîne  une  l'oule  d'imitateurs  à  sa  suite  ;  et  le 
mal  est  d'autaut  plus  grand  que  s'il  reconnaît  quelque  jour 
son  erreur,  !1  n'aura  plus  les  ressources  de  la  jeunesse 
pour  se  frayer  une  meilleure  route. 

Il  est  un  aulre  reproche  qu'on  lui  fait  communément  et 
qui  est  fondé  en  partie  :  c'est  d'avoir  dirigé  tous  les  chan- 
teurs sur  la  même  roule ,  et  d'avoir  détruit  toute  variclé 
dans  le  chant,  en  écrivant  Ions  les  Irails  et  les  porilures 
qu'on  abandonnait  autrtlbi*  à  la  fantaisie  diis  virluoses. 
11  est  certain  qu'à  l'exception  de  deux  ou  trois  artistes  dis- 
tingués, il  y  a  maintenant  une  telle  similitude  dans  la  ma- 
nière des  ohanieuts  italiens  qu'ils  semblen  t  chanter  toujours 
la  même  ohose.  Ce  sont  toujours  les  mêmes  traits,  les 
mêmes  agrémens,  et  malheureusement  la  même  ignorance 
des  vrais  principes  de  l'art  du  chant.  Rossini  s'excuse  en  di- 
sant que  c'est  précisément  le  peu  de  taleut  des  clianleurs 
qu'il  devait  employer  qui  l'a  obligé  d'écrire  les  Irails  et  les 
fioritures  qu'ils  élaienten  étal  d'etéculer;  maisqu'ils  n'au- 
raient point  imaginé.  Celle  excuse  est  excellente  pour  lui; 
car  c'était  agir  en  artiste  habile  qui  tire  parti  des  inuycos 
qui  sont  à  sa  disposition  ;  mais  c'était  perpétuer  le  mal  et 
le  rendre  incurable. 


85 

J'ai  parlé  des  imllateurs  de  Bogiinii  ils  sont  maiatenant 
en  grand  nombre.  Quelques-uns  ont  un  talentréel  fit  n'unt 
pris  de  son  stjde  qbe  ce  qui  pouvait  s'ailler  à  Jeun  profurea 
idées;  tels  sont  HH.  Garafa,  Hercadanle  etMajerbeer.  Je 

place  ce  dernier  au  nombre  des  compositeurs  italiens, 
quoiqu'il  soit  né  à  Berlin  et  qu'il  ait  étudié  la  musique  eu 
Allemagne,  parce  qu'il  a  écrit  tous  ses  ouvrages  en. Tlalie. 

M.  Carafe  (  Michel],  né  à  Naples  le  novembre  1785, 
a  comnicuci^-  l'étude  <te  la  musique  au  couvent  de  Monte- 
Oiiveto ,  à  l'âge  (le  huit  ans.  Son  premier  maître  fui  ua 
musicien  mantouan  nommé  Fazzi,  habile  organiste.  Vn 
élërede  Fenaroli,  nommé  Francesco  Bi^gî*  lui  fil  dire 
ensolle  des  études  d'harmonie  et  d'accompagnement,  et 
plus  tard  il  passa  sous  ta'  direolion  de  Fenaroli  lui-même. 
Enfin,  dans  un  séjour  qu'il  fit  à  Paris  ^  il  reçut  de  M.  Che- 
rubiui  des  leçons  de  contre-point  et  de  fugue.  Quoiqu'il 
eût  écrit  daus  sa  jeunesse  un  opérn  pour  des  amateurs,  qui 
était  intitulé  it  Fantastna,  et  qu'il  eût  composé,  vers 
180a,  deux  oantales,  ilnataUdi  Giove  et  AchiUe  eDeù 
damia,  dans  lesquels  un  trouve  le  germe  du  talent,  néan- 
moins il  ne  songea  d'abordà  cultiver  lamusiquc  que  comme 
ftaiilUsaxy  étembrassala  carrièredessnues.  Admiscomme 
officier  dansun  régiment  de  hussards  de  la  garde  de  JSurat, 
ll^t  enstiile  nommé  écuyer  da  roi  dans  l'expédition  oofitre 
la  Sicile ,  et  chevalierde  l'ordre  des  De^s-Sioiles.  En  iSia, 
il  remplit  auprès  de  Joachim  les  fonctions  d'officier  d'or-- 
donnance  dans  la  campagne  de  Russie  et  fat  bit  chevalier 
de  la  Légion-d'Boimeur. 

Ce  ne  fut  qu'an  printemps  de  i8i4  que  U.Çarafa  songea 
à  tirer  parti  de  son  talent,  et  qu'il  Rt  représenter  sou 
premier  opéra  itAitvXéiHVaaoelio  foccidento  au  théâtre 
det  fonde.  Cet  ouvrage,  qui  eut  beaucoup  de  succès,  a  été 
suivi  de  la  GeiMta  CorrtUa ,  au  théâtre  des  Florentins, 
dans  l'été  de  i8i5;  daGairùUdiVertfi,  qui  fut  jouée  au 
ihéUredelFondo,  le  3  juillet  1S16;  A' I/igenia  in  Tau- 
ride,  il  Saiut-Charles,  eu  1817;  à'Adetedi  Lusignano, 
à  Milan,  dans  l'automne  de  la  mémo  année;  de  Ûereniee 
in  Siria,  au  théâtre  Saint-Charles  à  Kaplcs ,  dans  l'été 


do  al lioVEiisabeth in Derùishire,  k  Venise,  le  aSdé- 
cembtii  du  la  même  iiDoée.  C'eut  dauH  cetle  pièce  que  ma- 
dame Maiiiviellc-Fodor  a  débuté  pour  la  première  {oie  eu 
Italie.  Dons  lu  crirna* ol  de  18 19,  M .  Carafa  a  ^crit  A  Venise , 
H  Sacrifizio  d'Epilo,  et  l'annÉe  suivanlu  il  a  fait  repré- 
senter à  Milan  les  Deux  Fiyaro.  En  iSaj  ,  on  a  jutié  au 
lllOilire  Fuyiieaii  J&aaiie  d'Arc,  dont  il  avuil  fait  la  mu- 
sique, et  qui  cunlieiit  de  fort  belles  choses.  Après  la  mise 
eu  acënodccet  ouvrage,  M.  Carafa  alla  à  Rome,  où  il  éorivit 
ta  CaprwioiaeilSotdato,  qui  eut beaucoupoe  succès. 
Il  y  composa  aussi  la  musique  âwSatitaire  poucle  théâtre 
Feydeaii,  et  u^lledc  Tam^Wano,  qui  était ilestiné  au  théâtre 
Saiiit-Chai'lcsde^apleN  ,  mais  qui  n'a  peint  été  représeuté. 
Après  le  .S(j/j/«!>6 ,  qui  fui  jontîà  l'arïsun  muis  d'août  i8aa, 
il  retourna  à  itume  punr  y  écrire  Euf'ciiiio  di  Messina  , 
qui  réussit  complètement;  jiuls  il  donna  à  Vieoiii:  dans  l'été 
de  i8a5 ,  Abufar ,  dont  juiiriuuix  allemands  ont  vanté 
la  musique.  Ueveuu  à  Paris,  il  y  duuna  dans  la  même 
auuëe  le  ViUet  de  CAamérei  eu  i&^i,  l'Aul^rgcSup- 
posi»,  et  eu  iSx5,  un  grand  opéra  intitulé  :  Là  Bette  att 
Bûitdm'mant.  M.  Carafa  a  écrit  aussi  à  Milan,  H  Son- 
nanùuto  ,  dans  l'automne  de  182/1 ,  et  le  Pariah  Venise, 
au  mois  de  février  1836. 

Saverio  Mercadante .  né  dans  la  Pouille ,  en  1798 ,  a  fait 
ses  études  au  collège  royal  de  musique  de  ^'apleB.  Zinga- 
relli ,  qui  a  été  son  mailre  de  eomposilion ,  le  prit  d'abord 
en  affeelion  ;  maison  dit  que  l'ayant  surpris  un  jour  occupé 
à  mettre  eu  partition  des  quatuors  de  Mozart,  il  le  chassa 
iiu pitoyablement  de. l'école.  Mercadante  avait  été  d'abord 
, premier  violon  , et  chef  d'orchestre  au  Conservatoire,  et 
avait  ûcrit  beaucoup  de  musique  iustrumenlule,  lorsqu'il 
se  livra  à  la  cumpo^itinn  dnimatique.  Ses  jirincipaux  ou- 
vrages .sont  :  V Apotcoxi  d' ErctiU', ,  yiotaizo,  c  Costanza, 
Didoiic,  i\'i/ori-i ,  Scipionc  a  Carlaijio ,  à  Rome  ;  Elisa 
eCtaiidio,  à  .Milan;  Muriaiine,  et  Donna  Carilea  ,  h 
Venise,  i8aG|  Maria  Stuarda ,  Il  Posto  A  hundonalo  , 
Amietû,  LcDanaide,  à  Naplcs;  Erodc,  h  Gûncs;  et  Ezio, 
à  'furin,  eu  iSa^.  Ce  jeune  composileuv  s'était  annoncé 


d'une  manièiie  avantagéime;  son  npéra  à'Etisa g  Ctaudio 
■oartoutcoalicnt  plusieurs  morcciiiix  qiit,  bien  qu'ilsMÏeut 
empreinlfl'delloùitllsine,  ne  sont  pus  des  copies  aervilës. 
Ooy  irouVe  du  mouvement,  do  la  passioitméme;  maia  les' 
(Espérances  qu'il  avait  données  se  sontévaaouies  depuis  ses 
derniers  ouvrages. 

H.  Mayerbeer  .s'est  placii  parmi  les  bons  compositeurs 
de  cette  époque  par  ses  opéras  d'Eiiima  de  Resburrfo,  de 
Romililo  et  Costaiiza,  d'il  CrociaU)  et  de  Marguerite 
d'Anjou;  m.iis  cultivant  ia  mii^iijm;  eomnie  amaluiir,  il 
écrit  peu  ,  et  l'on  «c  peut  asseoir  de  jugement  sur  son  ta- 
lent CDOimc  sur  celui  d'un  musicien  qui  a-produit  beau- 
coup. 

Pacînî  c  Vaccnj  sont  après  ceux  que  je  viens  de  citer  les 
compositeurs  les  plus  renommés  de  l'Italie:  mais  leurchaut, 
la  forme  des  morceaux,  leur  instr^imeiiiation,  toutcst  cal- 
qué sur  la  mLisif[iie  do  Rossini.  Né  à  Syracuse  en  1798,  Pa- 
cini  vint  fori  jcimc  à  Holo!;ue  el  y  reçut  des  leçons  de  Sta- 
nislas .M;ittci.  Avant  d'avoir  atteint  l'âge  de  dis-scpt  ans , 
il  écrivil  son  premier  opéra,  cl  donna  successivemciit^ii- 
ttetla  cLuciiido,  l'Ambizione  deiusa,  U  ■baroTte  diDols- 
heim,  U  Camavale  di  MUano,  ta.  Pûeteata,  dtUa  Bcffa 
UDisingamw,  Adetaidee  CoOiii^o,  Pigliaitmondo 
conte  viene,  ta  Gioyentà  d'Enrieo  V,  ia  Veatatt,  ta 
Schiava  in  Bagdad,  ïiabetta  ed  Enrieo,  Atessamdro 
iietP  India,  Amazitîa,  t' Uttimo  giorno  di  Pompeia , 
et,  le  19  novembre  i8a{>,  fHobe,  au  théâtre  Saïtit-Charles 
à  Naples.  Son  triomphe  dans  ce  deiriier  ouvrage  a  éié  com- 
plet :  j'iijnorc s'il  élail  mijrili^.  ^ic^Ihl,s  V.iccij,  compositeur 
dranialiipie,  iié  eu  1 71)1 .1  rolciilin  >.  près  de  l'esai-n,  a  l'iii- 
dié  le  conlre-poinl  cous  la  direction  de  Janaconii  l'un  des 
examinateurs  de  la  chapelle  de  Saiut- Pierre,  à:  Rome,  et  le 
style  idéal  sous  Paisiello.  Son  premier  op^a  ,  Matvina, 
fut  représenté  à  Venise  en  iSiS.  Outre  la  musique  do  plu- 
bieurs  ballets,  il  a  écrit  :  U  Lupo  d' Ostende  ,  Pictroit 
grotMte,  à  Parme  en  i8a4;  ta  PastorvHa  Fetidntttrèct , 
dans  la  même  année.  à'I'arin;  Zudifj  ed  Astartéti ,  au 
lliéàtr«  de  Sainl-Cliarles;  A-Naptos,  en  iSiS;  GivUelta  e  - 


Romeo,  à  Milan;  Bianca  di  Mossijia,  àTurin,  eu  1826; 

Au  dernier  rang  de§  comifoiiIteiiFS  vîvaiu  (ta  Ironve  Do- 
nîiellit  Raimondi,  Sapienîa,  imitateurs  obscurs  de  la  ina-< 
niëre  Itosainiennc.  Je  crois  inutile  de  donner  la  liste  de 
lears  productions;  elles  sortent  rarement  des  villes  où 
elles  ont  éti';  écrites. 

Eli  résumé  ,  l'Italie  ,  salurée  de  Rossinisme,  ne  possède 
pus  un  musicien  qui  suit  eii  ét.it  de  lui  fuire  guûter  autre 
chose.  Tous  les  jeiiut^s  eornpositeiirsqui  se  |icr9iL,ident  que 
les  mojens  matériels  dont  j'ai  parlé  sont  la  musique  de 
Rossini,  M  jettent  tous  dans  l'excès  de  ces  procédés  méca- 
niques, en  sorte  qull  y  apea  d'espoir  d'avoir  autre  ol^pw 
quedescrefceiu/o,  de*  canons,  et  tout  l'attirail  dramatique 
doiil  nouH  sommes  futiguéit,  À  moins' d'une  révolution  com- 
plète qu'il  est  dilficile  de  prévoir. 

Il  me  reste  à  parler  des  chanteurs,  des  écoles  et  des  exé- 
cutans  de  toute  espèce.  Ce  seral'oliget  d'un  article  spécial. 


!NSTIT0TION  ROYALIÎ  DE  MUSIQUE  RELIGIEUSE. 


MIMIU  BSUGIOB,  OD  GOUCBBI  SPlUTirill. 

Honneur  à  H .  le  vicomte  de  la  Bocbefoucault ,  dont  la 
protection  éclairée  a  donné  de  U  consislauco  et  de  la  sta- 
bilité k  l'étabUasement  qui  offre  aux  amis  de  l'art  musical 
des  résultais  telti  que'ceuz  dont  nous  avons  été  U»  témoins 
jeudi  dernier.  Il  ne  s'agit  point  ici  d'un  de  ces  succès  d'ap- 
parat nomme  on  en  voit  beaucoup  à  Paris,  dans  lesquels 
des  ili'liiuls  esseiilicls  sont  ninsqurs  avec  adresse:  dans 
rinslitulion  royale  de  musique  religieuse,  le  choix  de  la 
musique,  l'exécution  des  masses ,  les  solos,  et  surtout  le 


FÉTIS. 


«9 

sentimetit  musical ,  tout  est  bon  ,  excellent.  Je  le  répète , 
honneur  à  celui  qui ,  ilioisi  par  le  roi  po«r  administrer  les 
arts ,  a  su  discerner  l'utiliti^  d'un  pareil  étiiblissenient  et  lui 
a  donné  ta  direction  la  pUi»  utile  pour  les  progrès  de  la 
musique  en  France. 

CVat  pat  le  s^le  religieux  que  la  musique  conserve  ses 
formes  classiques;  rien  ne  le  prouve  mieux  que  le  plaisir 
qu'où  éprouve  encore  à  l'audition  des  bons  ouvrages  des 
siècles  précédons,  tels  que  ceux  de  Hiendel ,  d'Alexandre 
SCarlatti,  de  Lolti  et  même  de  Palestrina ,  landin  qu'on  ne 
■uppiirlerait  plus  au  théâtre  la  rcpriïscntation  d'un  opéra 
du  plus  moderne  de  cesmiiilros.  MailLCTirrdsement  la  plu- 
part des  chefs-d'œuvre  en  ce  genre  des  écoles  d'Italie  et 
d'Allemagne  sont  inconnus  en  France.  On  ne  fuit  plus  au- 
jourd'hui de  musique  dans  les  églises ,  et  lorsqu'on  en  fai- 
sait ,  lorsque  les  maîtrises'  de  oatbédratès  étaleut  en  grand 
nombre  dans  les  proTiàcee,'  la  plupart  des  maîtres  sa  bor- 
naient à  faire  exécuter  la  musique  qu'ils  composaient  Haï.- 
mêmes,  musique  bien  inférieure  à  cellede  nos  Toifins;  omr 
l'école  et  le  goût  ont  été  déleHtables  chez  nous  jusqu'à  l'é- 
tablissement du  Conservatoire.  Le  seul  musicien  français 
qui  ait  du  talent  pour  l'église  est  Lalande.  M.Gosseca  mon- 
tré ,  par  sa  messe  des  morts,  qu'il  pouvait  faire  de  l>BUes 
cbofies;  mais  il  a  peu  écrit.  Quant  ù  Giroust,  il  est  tombé 
dans  l'oubli  ainsi  que  tous  les  musiciens  de  son  école  :  au- 
cun d'enx  ne  méritait  un  meilleur  sort.  C'est  dimc  an  ser- 
vice importan  t  que  M.  Choron  rend  aux  artistes  et  au  pu- 
MEc  quede  les  Familiariser  avec  ce  que  lAllemagne  et  l'Italie 
ont  produit  de  meilleur  à  toutes  les  époques;  on  peut  s'en 
rapporter  à  lui'  pour  le  choix  des  morceaux;  sou  goût  et 
soi!  expérience  sont  de  sûrs  garans  que  ce  choix  sera  fait 
avec  discernement. 

Dt'gà  il  avait  établi  im  service  régulier  dans  l'église  de 
la  Sorbonue,  service  qui  était  fait  par  les  élèves  de  son 
école,  et  <fui  se  continue  tous- les  dimanolies  etfëte^Les. 
ouvrages  qu'on  y  entend  sont  ceux  qu'au  dérigueen  AUa- 
magoe  parle  nom  AApeHte  mu9Ù}ued'6gii*o parce  qu'elle 
est  très  brève.  Ce  n'est  ptdnt  de  la  masiqoe  fi^te;  mais 


90 

cependant  leurs  auteurs  tels  qiicBûhler,  Obiiewald  ci  sur- 
tout Dédier,  ne  sont  pas  dépourvus  de  tnlenl.  Leurs  com- 
positions ont  le  double  mérite  d'une  exécution  facile  et 
d'une  harmonie  qui  a  de  la  douceur  et  du  charme ,  quoi- 
qu'elle soit  fort  simple.  L'entreprise  que  forme  aujourd'hui 
M.  Choron  est  bien  plus  intéressante  pour  les  vrais  ama- 
teurs :  cesontles  chefs-d'œuvre  de  Hœndel,  de  Bach,  de 
Jomelli,  de  Moxart,deHa;du,de  âcarlatti , de  Beethoven , 
de  Cherubini,  deHnaimel,et  detouBles  vieux  maîtres  des 
deux  écoles  qui  voat  charmer  leur  oreille  par  rexëeution 
parfaite  de  plus  de  oenlélèves. 

Ces  exercices  ou  concerts  spirilucls  que  nous  avons 
annoncés  dans  notre  prcmierDamérOjOnt  commencéj<9udi 
dernier,  33  de  ce  mois;  un  auditoire  nombreux  et  choisi 
y  assistait,  tt  a  uiKTiireslé  par  des  ap[ilaudissemens fré- 
quent le  pLiisir  et  l'élomiomerit  qu'il  i;|)rouvail.  Le  pro- 
^grammu  ne,  coni|iOHait  comme  il  suit  :  I'bemièiie  PimiE. 
1°  Splcnilantc  te,  Dtus ,  mglel  de  Moz:irt,  cliaiilé  eii 
choL-ur  ])ai-tuusks  i^lèves.  -2°  Ps.  Ecc:  <i  uiim  honum  , 
à  quatre  voix  d'bommcs^j  par  Tabbii  \  ogicr.  5°  Snsaixn:  et 
vanœ  curas,  motet  de  J.  Haydu ,  chauté  eu  chœur  par 
tous  les  élèves.  4°  mio/  madrigal  à  cinq  voix  >  sans 
accompagnement,  par  A.  Soarlatli.  5*  Mentreio  ripongo, 
Salmo  X,  de  Bencdetto  Marcello.  Dbcxièhe  riariE.  Le 
Metsie,  oratorio  de  Haendcl.  Première  partie  :  la  naissance 
du  Messie. 

Quoiqu'ils  fussent  6mus  par  la  cr.iinte  inséparable  d'un 
premier  essai,  les  élèves  ont  niocilré  dés  le  début  du  molet 
de  Honart  tout  ce  qu'on  devait  attendre  d'eux.  Uuc  ex:K;- 
ti  tu  de  rigoureuse  de  mesure  et  d'iutonaliuii ,  une  grande 
fermeté  d'ensemble ,  un  sentiment  uuatùmc  des  nuances , 
etuDeprononciatiuD  parlàitc,  moyen  certain  d'expression  , 
furent  les  qualités  qu'on  remarqua  en  eux,'  et  qoî  frappè- 
rent vivement  l'auditoire.  Jamais  d'hésitation,  de  rentrée 
mal  faite  ;  il  semblait  qu'il  n'y  eût  qu'un  seul  exécutaut  à 
chaque  partie,  tant,  l'ensemble  était  parfait.  Le  psaume 
de  l'abbé  Vogler  est  plein  de  grâce  cl  de  l'iiarmoiiie  la  plus 
suave.  Il  a  été  fori  bien  chanté  par  MM.  Boaucourt,  de 


9» 

Villiers ,  Canapies  et  Masson.  Ou  reconnaît  la  vigueur  de 
Haydqdausie  motet /luatuc  et  vaiue  curœ,  de  J.  Haydn; 
maisl'irrégulartlé  de  lu  mudalalioii  iniipiisse  de  ré  mineur 
en  fa  mineur  à  la  fin  de  la  premif;re  partie  donne  à  la 
coupe  du  morceau  un  certain  air  i'iîlranijclé  qui  détruit 
une  partie  ilu  plaisir  i]uc  Toiil  éprouver  les  liiiUes  clioses  , 
qui  sunl  d'ailleurs  prodiguées  iljns  le  it^ste  du  morceau. 
Les  élèves  de  H.  Cborou  ont  montré  dans  l'exéciitiou  une 
énergie  digne  du  grand  maître  dont  ils  rendaient  les  ins- 
pirations. 

L'în disposition  subite  d'uue  jeune  personne  u'a  pas  per- 
mig  d'exécuter  l'admirable  madrigal  de  Scarlattt  :  Cor  mîo! 
Mai8  il  a  été  remplacé  par  celui  de  Paleslrinu  :  Atla  riva 
det  Tebro,  curieux  speeimen  des  compositions  du  plus 
grand  musicieu  du  seizième  siècle.  L'école  dirigée  par 
U-  Chorou  es!  certainement  le  seul  endroit  de  l'Europe  où 
l'on  puisse  entendre  av^ourd'hui  ce  genre  de  musique  ausat  , 
bien  exécuté.  L'habile  professeur  qui  la  dirige  a  trouvé  la 
tradition  qui  peut  le  mieux  eu  faire  ressortir  les  beautés  ; 
et  ce  n*eat  pas  une  des  choBes  les  moins  étonnantes  de  cet 
établissement  que  d'entendre  cent  chanteurs  qui  exécutent 
piano  un  long  morceau  à  voix  soutenue  sans  accompa- 
gnement, et  qui  finissent  dans  le  lou  ou  ih  ont  commencé 
avec  une  justesse  prodigieuse.  Â  la  suite  du  madrigal  de 
Palestrina,  M.  Ghoron  a  t'ait  chanter  à  ses  élbvcs  l'iutro- 
duction  du  Davide pénitente,  oratorio  ou  plutôt  cantate 
de  Mozart,  dont  le  mérite  est  an-dessus  de  tout  éloge,  et 
qui  cependant  «st  resté  jusqu'à  ce  moioeut  inconnu  en 
France.  Mademoiselle  Duperron  en  a  chanté  les  récits  avec 
beaucoup  de  goût  et  d'ame.  Cette  jeune.personne  est  douée 
d'un  aiantage  fort  rare  :  un  organe  sensible  et  dont  les  in- 
flexions se  prêtent  h  uicrvc:illc  auT  chants  d'expression. 
Le  dixième  p.sauiue,  jiai-  ^Ln  eellu ,  a  tcrniiué  la  première 
partie.  Ce  n'est  pas  le  nii  illiiui-  lie  ei;  cuaitie  ;  mais  le  der- 
nier morceau  eu  est  excellent.  Les  élèves  de  IVI.  Chorou  l'ont 
chanté  supérieuremeut ,  quoiqu'il  soit  fort  dllficile,  et  y 
ont  mis  mi  feu ,  un  trio,  une  convenance  de  tradition  qui 
leur  fait  le  plus  grand  honneur. 


tfSlized  by  CoOgfe 


Que  dire  de  ce  Messie  de  Hœndel  ijui  occupait  la  se- 
conde partie  de  l'exercice?  Oii  trouver  des expreisions pour 
louer  dignement  celte  composition  colote&le?  Il  fau^  l'en- 
tendre, admirer  et  se  laîre.  On  croit  communément  en 
France  que  ce  slyle  sévtri?,  hérîssi^  <lcfu£;iic>i  c\  d'imîuiions, 
n'est susceplitili;  de  [il.iiro  qu'à  dps  orcilli  s  -riv^iiiIeN;  c'est 
One  erreur  qu'abjurera  tuut  lioriim<;  seii<llilt^  à  la  musique 
qui  entendra  l'ouvrage  dont  je  parle  comme  il  vient  d'Être 
chantéchez  M.  Choron .  Quoique  dépouillé  de  son  orchestre 
et  accompagné  seulement  par  le  piano  et  des* basses,  ce 
bel  ouvrage  a  produit  sur  l'auditoire  l'effet  le  ptos  vif.  Il 
y  a  quelque  chnne  de  si  grand,  de  si  supérieur  dans  cette 
œuvre  immortelle,  qu'on  est  subjugué,  entraîné  même 
par  ces  fugues,  objet  ordinaire  d'effroi  pour  les  amateurs 
médiocres.  L'exécution  des  soloset  des  choeurs  a  complété 
le  triomphe  de  M.  Choron  et  de  ses  élèves;  et  les  éloges 
des  artistes  disliiigut^s  qui  assisUieiit  à  la  néauce  ee  tsoat 
joints  aux  triples  salves  d'applaudissemcns  du  public. 

H.  Choron  aime  passionément  la  musique  et  commu- 
nique son  enthousiasme  à  ses  élèves.  Chez  lui  on  se  sent 
dès  te  premier  abord  comme  dans  une  atmosphère  musi- 
cale. L'émulation  est  complète,  car  elle  est  arrivée  au  point 
que  le  plus  grand  plaisir  des  élèves  est  de  faire  de  la  mu- 
sique. Delà  les  heureux  résultats  dont  je  viens  d'entretenir 
mes  lecteurs.  Pourquoi  faut-il  que  le  chef  d'une  autre 
école ,  bien  plus  importante  par  son  ancleuneté  et  par  le 
nombre  de  ses  professeurs  et  de  ses  élèves ,  ne  Hache  pas 
cxcilcr  une  émulation  semblable?  Mais  n'anticipons  pas  sur 
ce  que  j'aurai  à  dire  sur  ce  sujet  quandj!examinerai  l'état 
de  la  mpsiqoe  en  France. 

FÉns. 


BIOGRAPHIE. 


CuTiii  (FrancoisJ,  l<:  plus  habile  théorbisle  qu'il  y  ait 
jamais  eu,  naquit  à  Florence  dans  la  seconde  moitié  du 


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95 

dix-septième  siècle.  On  ignore  où  il  fit  ses  éludes  musicales; 
mais  il  parail  qu'elles  furtiil  bien  clirigiics,  car  il  écrivait 
bieu ,  quoiqu'il  maiii|ii.U  d'uiveiilïoii  ,  et  qu'il  se  bornât  à 
imiter  le  slyle  d'Alesantire  Scarlalli.  Conti  se  rendit  à 
Vienne  en  i^o5,  cl  y  cnlr.-i  dans  l'orchestre  de  la  chapelle 
impériale  en  qualité  de  théorbiste.  L'Empereur,  qui  aimait 
-aoo  talent,  le  nonima  peu  après  compositeur  de  sa  cliam- 
bre  et  nce-mallre  de  sa  chapelle.  Â  la  mort  de  Kiani,  en 
■  723,  il  devint  titulaire  de  sa  plaee.  Qiianiz,  qui  entendît 
Conli  jouer  du  ihéorbe  à  Prague,  en  i^ni,  dans  Topéra 
de Cottartzaet Forlesza,  parle  desonjeuavec admiration. 
11  parait  qu'il  avait  fait  un  voyage  à  Londres,  vers  1^09,  car 
on  y  représenta,  daim  le  cours  de  celte  année,  son  premier 
opéra,  iutituléClolilda.  Cetouvrage  fut  suivi  de  beaucoup 
d'autres  qu'il  composa  pour  la  cour  de  Vienne,  et  qui  lui 
valurent  l'estinie  du  public  et  la  faveur  de  l'Empereur,  Un 
événement  inattendu  vint,  en  1730,  renverser  l'édifice  de 
sa  fortune ,  et  le  plonger  dans  une  situation  déplu^aUe. 
Cette  hiiiloire  est  curieuse  et  mérite  d'être  rapportée.  Une 
dtscussiou  s'étant  élevée  eulrc  un  prëire  séculier  et  Conli, 
celui-ci  fut  insulté  d'une  manière  grave  par  l'homme 
d'église ,  et  se  vengea  par  un  sonfllet.  Le  clergé  ayant  été 
saisi  de  cette  aCTaïre,  condamna  le  compoMlcur  à  faire 
amende  honorable  à  la  porte  di;  l'église  cathédrale  de 
Saint-Étienne,  pendant  trois  jours.  Quoique  l'Empereur 
fût  attacfié  à  son  maître  de  chapelle,  il  u'enl  point  le  cou- 
rage d'annulefoetarrët;pent-étreneorojait-iI  pasën  avoir 
le  pouvoir  :  il  se  borna  à  réduire  à  une  seàle  séance  la 
station  à  la  porte  de  l'église.  Irrité  par  l'insolence  des  prê- 
tres et  purrhiimilialion  à  laquelle  il  était  condamné,  Conti 
n'employa  le  temps  qu'il  passa  sur  les  marches  de  Saint- 
Etienne  qu'à  vomir  des  injures  contre  ses  juges.  Celle 
scène  scandaleuse  le  fit  condamner  à  recommencer  son 
épreuve,  le  17  seplcmbrc  snivanl,  ri!v(^tu  d'un  cilice  , 
et  entouré  de  douze  gardes,  avec  une  lorcbe  dans  la  main. 
Biffutftt  après  un  arrêt  du  tribunal  civil  le  condamna  à 
payer  an  clergé  une  amende  de  mille  florins,  à  un  empri- 
sonnement dé  quatre  ans ,  et  ensuite  à  être  bftnni  de  TAu- 
triohe.  Ou  croit  que  cet  infortuné  mourut  daus  sa  pristui. 


Voici  la  liste  de  ses  mivraj;?»  :  J°  Clotiida ,  opéra- séria , 
il  Londres,  e(t  i^i'Ç)  ;  2"  Albii  Corneda ,  à  Vienne,  en  1 
5*  /  Satiri  in  Areadia,  1714;  -'i"  Tejeo  in  Creta,  i  ji5; 
5-  lipnto  Poticarc.  1716;  6°  Ciro,  i^ifj:  7-  Jiexsandro 
inSidont,  ijaij'B'  Von  ChiscioUe  in  Siéra- M  or  ena, 
Arcketao,  Re  di  Cappaàocia,  1733;  10*  Afosff 
préservant,  1733;  11°  J>e>Mio;K,  1794;  la'GmeMtKi  i;a5; 
i3*  Isifiie;  i4*  Gaiatea  Vindieata  ;  i5°  HHrienfo 
deW  A  more  e  deW  Amieiiia;  ir'  MoUllo  à  soprtmo 
solo,  ?.  viot.  conci'.rt..  1  viotini  rtpïeni,  a  ob.,  viota, 
vioia  di  Gamiia  e  Basso;  18°  Cantata- :  Lontananza 
deW  amalo,  etc.  à  soprano  soio ,  cbalumeawx  ,  flauta , 
viotina  sordinato,  iiuto  franeese  c  remiiaio  ;  iiyCan- 
tata  :  Conpiu  iuci  di  Condori,  atc.  à  soprano  solo,  cha- 
lumeaux, a  vioiini  con  cemhalo;  20°  Cantata ,  Poi  che 
speme,  etc.,  àsopratto,  aviotinifViotaeiasaoi  m'Cim- 
tataiquandopetMoacotei,àsoprano6cem6ato,Le&pLTchl- 
ves  de  musique  du  prince  de  Sondershausen  contiennent 
lin  volume  manuscrit  qui  renferme  vingt-six  cantates  de 
Conli. 


DÉCOUTERTB  DE  MANU5GB1TS 

Bam  la  0iblÎ0tj^èqtu  ^mbroteietutr  lie  inUon  '. 


Le  succès  quicauTounait  lesreoborctiesdu  célèbre  pro- 
fesneur  Majo  stimula  d'antres  savans  et  les  engagea  à  ex- 
plorer celte  superbe  bibliothèque  dans  l'espoir  d'y  faire 
encore  d'importantes  découvertes.  1h  réussirent  dans  letir 
cntrepri.Eu  ,  cl  parmi  les  choses  curieuses  qu'ils  y  surent 
trouver  ,  on  peut,  citer  les  suivantes  comme  les  plus  In- 
téressantes. 

Le  premier  manuscrit,  coté  R.  4?  >  du  quatorzième 
siècle  ;  il  contient  pluslours  traités  do  Roger  Bacon  sur  les 

[■)  Vojei  le  n*  1  de  la  Bevat  Miiiieal»,  p>  ;i-  ^ 


□lgtti;edbyCo<^le 


95 

math émali que» ,  panni  loitquels  on  cq  trouve  ud  sur  la 
musique iiiliUilé  ;  OpuscutitinvatiUutite  demuticd.lleat 
écrit  eu  abréviation!)  très  dilCciles  il  dë<'hiffrcr  et  remplît 
ïiiigl-huii  jtaf^es  in-folio.  Ce,  IrailÉ  ii'esl  pa^conlenu  dans 
lYdition  des  (EiivrPS  de  lincon  publiée  par  Samuel  Jebbe  , 
à  Londres,  en  1775,  iii-fulio.  On  y  trouve ,  page  4^  i  "n 
cliapiire  Birlfiidier  (jui  :i  puur  Mlrt:  :    .  giionuiilo  pulsus 

■  sive  arleria;  nuisicas  iiiovi?,iiilLir.  De  seeuiitii»  vero  pro- 
•  missionis quo  modonatura  musicc  in  piil.su  invenianlur, 

■  BÏCDt  dicunt  Galieaus  et  Avioena.  t 

Ce  traité  est  tont-à-fait  différent  de  celui  &a  même  an- 
leur,  Intitulé  ;  de  y atort  musicea,  et  je  ne  sache  pas  qu'il 
ait  jamais  été  cité  par  aucun  écriTaîn. 

Le  second  manuserit,  colé  0,  laS,  est  aussi  du  quator- 
zième siècle.  Il  conlient  onze  pages  et  reitlVrmn  des  r^gle.4 
pour  chiinler  la  musique  grecque  avec  uni;  liyiunu  notée. 
Le  lilrc  du  livre  est  lomme  il  suit  :  Ai;.-  tS. 

roï'a  iiZy  T~iç  J.aArsxït  rî'x*"-  On  trOUVC  Ciisuiie  l'oxplira- 

lion  des  noies,  des  tons,  etc.  Le  tout  est  entremêlé  de 
signes  musicaux ,  partie  en  encre  rouge  et  partie  eu  encre 

Ee  troisième  mannscrit,  R.  71 ,  consiste  en  cen.1' qua- 
rante feuillets  de  parchemin ,  in-folio.  Il  renferme  des 
chansous  populaires  du  qualorzjËniesiËcie,  dont  une  par- 
lie  esl  notice  en  musique. 

Dans  la  bibliothèque  du  marquis  Jean-Jacques  Trivulzio 
de  cette  ville,  se  trouve  un  superbe  manuserit  qui  contient 
UD  traité  de  musique  eu  quatre-viugt-quinic  feuilleta  de 
parcHemin,  in-folio,  par  un  prélre  nommé  Florentins.  Il  est' 
du  quinzième  siècle.  Le  titre  eal  richement  orné  de  mi- 
niatures et  de  peintures  de  l'école  de  Lé<ib«rd  de  T^nel. 
Une  des  figures  représente  nifime  le  portrait  de  ce  célèbre 
peintre. Les  iTotes,  la  main  musicale  de  Gui  d'ArcKZO,  et 
les  autres  signes  musicaux  qui  se  rencontrent  dans  le  texte, 
qui'lui-méme  est  extrêmement  soigné  ,  sont  presque  tons 
en  or.  Sur  un  des  cAtés  du  titre  sont  ces  mois  :  ■Florenlii 
music!  sacerdolisque  ad  illustriss.  et  ampliss.  Dora,  et 
D.  Ascanium  Mariam  Sforztam,  -vioe-comitem  ac'Sanotî 
viti  diaconnm  cardinalem  digniss-libcr  mustces  inciinl.i 


06 

fie  l'antre  aùXi  :  ■  Florenllnus  mnBloua  etsacetdoa  iU".  an 
•  ompliM'.  &acanio  oardinHli  domino  wo  S.  ■ 

D'après  ce  titre,  ou  peut  conjecturer  que  le  maDuscrit 
a  été  écrit  en  149^-  Vient  ensuite  la  dédicace,  un  court 
index  des  noms  contenus  dans  le  teste .  et  une  table  des 
maltèreB.  Le  traité  «urla  musique  est  divisé  en'Irois  livre», 
lesquelssont  intiluléscumme  il  suit:  *Dclaudibi]!<,viriiac, 
uHÛtateetefi'ectii  niusices.  Quid  sil  musica;  unJe  dicatur. 
DetribusmusiceHgeDeribus.  Quid  voz;  tiude  dicatur,  et  quot 
ejuB  species.  Quomodo  in  manu  uiusices  lilterae  vocesque 
ordinantur.  De  mutalionibua.  De  eignia  acumen  gravita- 
teaaquc  signiHcantibus,  et  corum  ofScio  quare  in  ti,  fa, 
mi,  noa  fit  comniulalio.  De  modis.  De  cognoscendis  An- 
tiphonis  et  aliis  cautibiif  teclcsiastici^t.  De  uiudo  lign- 
rando  nolulas.  De  conjuuclis,  De  coiisonuuliis.  De  coii- 
trapuncto.  De  compo.sitione.  De  Neuma  et  cadcntia.  De 
centu  figuralo,  etc.  1  Florentius  et  sou  livre  ont  été  ia~ 
connus  à  tous  les  Ubliograpfaos. 

MUSIQUE  NOUVELLE  ET  ANNONCES. 

N°I.  Huit  ))Ctilefi  pièces  pour  guitare  seule,  composées 
et  dédiées  à  U"'  Athénaïs  Paulraiu  ,  par  D.  Agnado.  Prix, 
4&.  Soc. 

'  N*]I>  Six  petites  pièces  pour  guitare  seule,  composées 
et  dédiées  à  Madame  Sophie  de  Foasa,  par  D.  Aguado.  Prix, 
5  fr.  5o  c.  '  • 

Chef  Blcdiault,  éditeur,  boulevart  Polssonflière^o*  16; 
MeisKiniiier  atné.  bonlevart  Hontmartre,  a*  a5,  etohes 
'l'auteur,  ptaoedèsDaliens,  hAtel  Farart. 

N'III.  Sonatefacite  pour  piano-forté , composée  exprès 
pour  des  petites  maius,  par  M,  A.  F.  de  Terdova  Prix, 
!>ir.  ChezRichault,  éditeur  de  musique,  boulevart  Pois- 
sonnière, n"  16,  au  premier. 


Les  vrais  amateurs  de  musique  apprendront  sans  doute 
avec  plaisir  que  iVI.  Baillot  donnera,  dans  le  moi*  pro- 
cliaiu,  quatre  nouvelles  soirées  de  quatuors  et  de  qiiiu- 
tclli  dans  le  local  de  l'ancien  lirtfcl  Feseh,  rue  Siinl- 
Lazare .  n-  5q.  Elles  auront  lieu  les  8 ,  i5 ,  2a  et  mars. 

On  souscrit  cbez  M.  Baillot ,  rue  des  Messageries ,  n°  6. 


DigHizfidby  Cl 


PUBLIÉE  PAR  m.  FÉTIS, 

rBOVESSEVB  DË  GOHrOSmOH  1  l'ÂGOLB  BOTALB  DB'xagiqiTB, 

R  MILIOTBlClIll  DM  CIT  tUlUaiIKin. 

ir- ft.  —  HAB8  1837. 


DE  L'OPÉRA,  Par  J.-T.  MERLE  * 


DEr XI  faits  IRTICIB 

Des  dépenses  de  i'Opéra.  •<  Plus  on  éco  no  misera  à 
-  rOpi'ra,  plus  l'OpÉM  coùlera  cher,,  dit  M.  Merle;  «celte 
(  opiuioD,  qui  a  i'air  d'un  paradoxe,  est  pourtant  d'une 
«  grande  vérité}  dans  an  théâtre  qui  ne  vit  que  de  luxe  et 
<  (le 'splendeur,  oa  ne  dïminne  pas  les  dépcnfle><  sans  di- 

■  mînuerlés  recettes  dans  a  ne  proportion  effrayante;  un 

■  directeur  qui  prendra  l'Opéra  au  rabais  ruinera  le  gou- 
>  rerneinent.  *  Pour  donner  plus  de  poids  ù  son  opinion  , 
H.  Merle  compare  les  recettes  et  les  dépenses  des  années 
1781  et  j;'87;  d:ins  la  première,  lei  dépenses  de  l'Opéra 
s'élevèrent  à  911,977  livres,  les  recettes  à 465,05?  liv,  ;  le 
déficit  fut  de  448,240  liv.;  dans  l'autre,  les  dépenses  mon- 
lèreolà  i,i34,jo5  liv.,  les  recettes à&64,45i liv.;  le  déficit 
ne  fut  que  de  270,354  livres. 

Ilya  tovifgue  dans  la  manière  dont  ^.  Herleezprime 
sa  pensée  :  peut<étre  n'était<elle  pas  même  bien  nette. 
Sous  la  dénomination  générale  de  dépenses  4e  fOpéra,  il 
n'eiilenil  que  celles  qnî  sont  occasionnées  paif'les  ouvrages 
nouveauxou  par  la  remise  en  scène  des  anciens;  mati  ce 
n'est  là  que  la  plus  petilepartiede  cequecoûiece  théâtre. 

(i)Farii,  Baudouin' fréiM,  1817,  bmafanM  da  Sg pig«i 
[9]  Vojes  le  n'  S  de  U  Rtvm  Miuicel» ,  p.  7S, 


fioyeiische 
StmitsbfMothsIc 


L'énonne  bndg&t  du  perAnnncl  qui  reste  le  même  ou  qui 
augmente  i  quel  que  soit  le  produit  des  leccllCH  :  voilà  lu 
ruine  de  l'Opéra.  Quaut  au\  ■l^-pi-.isi.'^  di:  iuxi;,  il  ii'éuii  pas 
nécessaire  de  recourir  nus  années  ijSk^I  i  -88  poiirdi^moii- 
Irer  qu'elle  «ont  utiles  quand  elles  sont  appliquées  à  des 
ouvrages  susceptibles  de  succàs.  Qui  doute,  par  exemple, 
qu'on  ait  eu  raison  de  monter  avec  pomçe  ta  Lampe  mer- 
vçitttuêe,  dernier  ouvrage  productif  de  ce  théâtreP-Ce 
n'est  agsuTÉment  ni  la  pièce  ni  hi  musique  qui  ont  été 
oanscH  de  l'empressement  du  public  ;  mai.t  un  coule  popu- 
laire, un  sujet  qu'on  pouvait  comprendre  sans  entendre 
lOB  paroles,  avantage  précieux  à  l'Opcra  ,  enfin  une  occa- 
sion naturelle  do  spectacle  et  de  luïc  qu'il  eût  été  maladroit 
de  manquer:  vuilà  ce  cpii  a  procuré  soixanle-dix  bonnes 
représent  allons  à  un  ouvrage  médiocre. 

M.  Merle  me  paraît  s'élre  trompé  dans  lo  choix  du  titre 
de  sou  paragraphe  ;  il  devait  C'tre  :  (les  receltes  de  i' Opéra; 
Cjarson  olijcl  principal  est  le  produit.  Or,  le  produit  est  préci- 
sément le  résultai  de  la  situation  plus  ou  moins  florissante 
des  diverses  parties  qui  composent  le  spectacle,  diichoiides 
pièces,  delà  variété  du  répertoire,  du  talent  dos  chantcurit 
et  des  danseurs ,  de  la  bonté  de  la  musique ,  de  l'exécution 
plus  ou  moins  soignée  de  l'orchcsTre  et  des  chœurs,  d'un 
luxe  bien  entendu ,  enfiu  de  la  renommée  bonne  ou  mau- 
vaise que  le  spectacle  obtient  dans  le  monde.  C'est  donc 
tout  cela  qu'il  faut  améliorer  d'abord  ;  quant  Â  la  dépensa 
du  matériel,  il  est  certain  que  la  différence  entre  l'éclat 
et  la  négligence  no  sera  pas  de  cent  mille  francs  par  an  :  ce 
n'est  donc  pas  de  cela  qu'il  s'agit.  Il  n'eut  même  pas  ques- 
tion de  savoir  si  tel  ouvrage  est  de  nature  à  indemniser  des 
dépenses  qu'on  fera  pour  lui  ;  car  ,  dans  le  doute,  il  faut 
rejeter  la  pièce  au  lien  de  ta  monter  mcsquincuienl. 

M.  Alerle  me  parait  trop  occupé  de  petits  détails,  de 
fuinfUCCSidefripouneriesde  tailleurs,  de  charpentiers,  etc. 
11  fait  consister  en  partie  les  taleus  des  administrateurs 
à  empêcher  ces  désurdreu;  mais  ce  n'est  là  que  la  science 
d'an  maître  de  maison  qui  veille  à  ce  que  son  cuisinier, 
son  cocher  ou  son  intendant  ne  le  volent  pas.  Nul  doute 


99 

qu'il  soU  nécessaire  d'écoaiAniser  ét  d'empéfiber  te  gaspil- 
lage; mais  il  fuut  commencer  par  Buppriiner  tonleii  les 
places  non-seulemciit  inutiles ,  quel  que  itoit  le  mérite  de 
ceux  qui  les  occupent ,  mais  même  nuisîbIeH  parce  qu'elles 
gênent  le  jeu  (t'uno  maclilue  d^jà  trop  oompliquëe.  Ou 
^s>{iirc  qti'il  y  a  pour  plus  de  sDÎxttDte.mills  francti  do  cen 
places  à  l'Opéra  !  Or,  soixante  mUle  franca-bieD  employés 
peuvent  rappurler  un  million  en  recettes.  Je  passe  à  d«s 
olgels  plus  importans. 

La  troupe.  Trinte  onjetde  réflexion»  I  parce  qu'à  oôié 
du  mai  présent,  se  trouve  un  avenir  sans.espoirf  à  moins 
que  des  mesures  vigoureuses,  qu'on  ne  prendra  pcut-ôire 

M.  Merle  n'examine  les  sujels  de  l'Opéra  i^ue  sous  le  rap- 
port de  ce  qu'ils  coûtent ,  elsous  celui  de  l'obéissance  qu'on 
est  en.  droit  d'exiger  d'eux.  Hais  c'est  assez  nous  occuper 
d'argent  ;  Il  est  temps  de  passer  à  des  considérations  plas 
élevées.  .  - 

A  rexceptîoD  de  quelques  acteurs  trop  ïticonnés  aux  an- 
ciennes routines  ponr  changer  de  manière ,  on  chante  mieux 
4  l'Opéra  qu'on  ne  le  faisait  anirefoïs;  mais  ce  mieux  n'est, 
que  relatif.  On  a  suivi ,  presque  malgré  soi,  la  tendance  au 
chant  qui  se  manifeste  dans  toiih^s  U-s  i:l,i<is<'s  rli^la  sucii^té, 
et  que  nous  devons  à  la  présence  d'un  Ihéàtru  Italien.  Un 
chante  mieux  généralement;  mais  nous  n'avons  point  do 
grand  chanteur,  comme  il  en  faudrait  â  l'Opéra ,  jc'est-àr 
dire  de  belles  voix  unies  à  une  belle  mise  de  son,  k  une  . 
vocalisalioaparraite,  à  beaucoup  d'ameet  d'énergie.  Autre- 
fois les  acteurs  de  oe  théâtre  n'étaient  pas  d'habiles  chan- 
teurs; quelques-uns  inéme,  tels  que  Laloee  ou  Adrien, 
chantaient  comme  des  cuistres;  mais  ils  se  distinguaient 
presque  tous  par  quelque  qualité  dominante  qui  suflîsait 
aux  plabîrs  du  public.  Legros,  Rousseau,  Ciiérou  ,  Lays, 
avaient  des  vois  magnifiques;  Lainez  était  douù  d'une, 
chaleur  entraînante,  et  M"  Saiut-Hubcrty  fut  l'une  des 
meilleures  actrices  qu'il  j  ait  jamais  eu.  D'ailleurs,  la- 
nature  de  leur  talent  était  analogue  aux  ouvrages  qu'ils- 
représentaient   La  déclamation  lyrique  régnait  alors  &: 


rOpéra.  LemAIegéniedeGIncli.  avattaccoutum'éles  Frao^ 
çalsànne  expression  fortement  dramatique ;-ei  domme 
toutO'la  nation  arail  du  penchant  pour  les  crin,  lesfornwB 
obantantes  araietit  été  négligéen,  et  l'art  du  chant  était 
devrnu  moins  néceiisaîre.  Tout  lilail  donc  bien  ,  puisqu'il 
y  avait  accord  entre  les  acteurs  el  le  puliUe.  Mais  les  ouvra- 
ges de  l'homme  célèbre  qui  avait  traci^  cr.lfe  roule,  sans 
cesser  d'être  admirables  en  leur  genre  pour  le»  vrais  con- 
naisseurs ,  no  plaisent  plus  à  la  généralioa  nouTulle.  Or, 
on  ne  raisonne  point  aveo  le  public  sUr  ses  goûts  ;  s^  vent 
du  nouveau ,  il  &ut  le  lui  donner,  sous  peine  de  le  voir 
s'éloigner.  Une  révolution  eiit  devenue  nécessaire,  cela  est 
évident;  mais  pour  la  consommer,  il  faudrail  des  moyens 
d'exécution  ;  ces  moyens  sont  maintenant  bien  faibles  et  le 
deviendront  peut-être  davantage. 

Nourrit  a  diignùt ,  de  l'ame  m^me  et  clianle  fort  agréa- 
blement; mais  sa  laillc,  le  volnmt;  de  sa  vois,  tout  s'oppose 
à  ce  qu'il  Joue  les  rôles  de  héros.  La  nature  l'a  destiné  au 
genre  gracieux  dans  lequel  il  a  obtenu  et  obtiendra  des 
suecès  mérités.  LeSKnlreB  lenorsdel'O  péra  sont  d'un  enul- 
lité  désespérante.  Dërivis,  Prévost,  Bonnel  et  quelques 
autres  se  partagent  les  rôles  de  basse;  je  ne  dirai  rien  du 
premier  puisqu'il  est  au  bout  de  sa  carrière  théâtrale;  Pré- 
vost et  Bonnel  peuvent  être  utiles  eommc  seeondc-s  basHes, 
mais  ne  sauraient  remplir  l'emploi  de  premîÈres  d'une  ma- 
nière satisfaisante;  il  ne  reste  clone  que  Icvasscur  qu'on 
dit  être  engagé,  Celiii-Ià  a  une  belle  voix  ;  il  est  bon  musi- 
cien, chante  avec  goût  et  produit  de  l'elTet  dans  les  mor- 
ceaux d'ensemble;  malheureusement  il  est  iiroid,  timide , 
inaniitlé  lorsqù^l.est  seul  surlasc6neet'l'aa  ne  peut  guère 
espérer  de  lui  qu'il  devienne  bon  aoteur;  niais  on  peut 
en  tirer  parti  en  faisantdes  rôles &ia  taille.  Lelourdemploi 
de  Lays ,  de  ce  barifon  qui  ne  vocidise  point  est  un  reste 
du  système  gothique  de  l'Opéra'.  A  Dieu  ne  plaise  que  je. 
njelte  ce  genre  de  voix  qui  lie  l'harmonie  entre  la  basse 
et  le  ténor;  mais  il  fanl  qu'elle  chante,  qu'elle  vocalise, 
et  elle  ne  l'a  pas  fait  chez  nous  jusqu'à  présent.  Dabadie, 
qui  est  chargé  de  cet  emploi ,  le  remplit  sans  émulation  » 


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14» 

sans  chaleur  et  comme  uu  homme  qui  fait  tranquillement 
Ron  métier;  maifi  il  est  enG4iTe  jeune,  et  peut-être  en  atta- 
quant son  amour-propre  psrriendratt-on  à  hii  faire  sentir 
la  nécessité  de  travailler  et  de  chan^r  de  manière.  Tenoiu 
aux  femmes. 

Il  n'y  a  [dus  degrande  actrice  à  l'Opéra;  disons  mieux, 
il  a  |duB  d'actrice  :  H"'  granchu  a  été  la  dernière. 
H"'  Cinti,  sur  laquelle  on  ne  peut  guère  compter  parce 
qu'elle  fait  un  double  xervicc  ,  M"*  Cititl  chante  avec  pureté, 
avec  élégance,  mais  sans  chaleur,  sans  amc,  et  sans  aui- 
.  mer  la  scène.  Toutefois,  c'est  une  ressource  qu'il  faut 
ménager,  car  le  plaisir  des  oreilles  eut  ijuclquc  chose. 
H"'  Gras^ari  ne  me  paraît  Être  d'aucune  utilité  :  c'est  nue 
faible  actrice  dans  l'ancicu  niyie  dont  il  ne  faut  plus. 
U  n'en  est  pas  de  même  de  M™  ûabadie;  elle  ne  manque 
pas  de  chaleur  et  ne  vocalise  pas  mal;  un  directeur  qui 
aatait  lo  seatimeiit  de  sa  posilion  et  de  ses  ressources  en 
tirerait' parti.  &  l'égard  de  M""  Frémonlet  JawurecL,  elles 
ne  penvent  prétendre  à  l'emploi  de  première  femme ,  mais 
elles  seraieut  d'assez  bonnes  secondes.  Ce  qui  manque 
essenliellement  &  l'Opéra  comme  en  France,  c'est  un  bon 
conlr'nlto ,  espèce  de  voix  qui  n'était  pas  même  remplacée 
autrefois  parleshautes-conlres  du  midi;  mais  dont  l'abst^nce 
est  encore  plus  sensibleaujaiird'liui,  l'iotervallc  d'octave 
qui  se  tronve  entre  la  voix  de  soprano  et  celle  de  ténor 
n'étant  [dos  rempli.  .< 

Toutoe  que  je  viens  de  dire  du  personnel  chantant  n'est 
pas  satisfaisant  ;  mais  comme4)n  ne  crée  pas  des  chanteurs 
dramatiques  en  mt  tour  de  main  ;  comme  il  faut  que  le 
tfaéAtrene ferma  pas,  il  faut  Lien  songer  à  user  de  ce  «pi'on 
a. en  l'employant  de  la  manière  ta  plus  avantageuse.  Pour 
cela  ilfaut  prendre  un  parti  sur-le-champ;  mais  le  prendre 
Iranohemcnl,  sans  regarder  en  arrière,  et  sans  se  laisser  ar- 
rêter par  des  obstacles  qu'on  est  sûr  de  renoonirer,  quelifue 
routo  qu'on  prenne.'  Quittet  I'an4:ien  répertoire;  laisses 
reposer  Gluck.,- Saochinî',  Piccini;  Abandonnez  tous  ces 
otimges  que  vous  ne  ponvez  "plus  jouer' avec  avanlagCt 
n'ayant  plus  de  lalens  dramaliques  à  votre  disposition  i 


vous  montrerez  plus  de  respect  pour  ces  grandB<  artistes 
en  roDfermant  leurs  chefs-d'œuvre  Anus  vos  bibliothèques 
qu'en  les  (ixpoiaiit  aux  outrngcs  d'une  exécution  déplo- 
rable! Vous  avcE  quelques  éliimciiR  de  cliaiil ,  servez-vous- 
en.  Faites  compascr  des  ouvrages  pour  vos  acteurs,;  en 
Éliidîanl  les  moyens  <1e  cliacim,  on  ii;  nioolrera  du  cdié 
qui  lui  esl  li;  plus  liivin-.iblo,  et  Ici  qui  n'excile  aujourd'hui 
que  la  pilii;  passera  peut-Circ  bientôt  pour  un  artiste  ha- 
bile. Excitez  le  zËlc  ci  la  verve  de  Rossiui ,  du  iUayerbeeii 
de  Boicldicu ,  d'Atiber,  etc.,  et  reposez-vons  fiur  eux  du 
soin  de  lïrcr  parti  de  vos  moindres  ressoorceB;  le  sort  de 
leurs  compositions  y  est  atiaché. 

.  Ce  n'est  pas  tout.  On  no  se  fait  pas  un  répertoire  nou- 
veau CD  employant  six  OH  huit  mois  à  répéter  un  opéra. 
Deux  mois  pour  les  ouvrages  eu  trois  actes,  cinq  ou  six 
semaines  au  plu»  pour  ceux  qui  n'en  ont  qu'un  ou  deux, 
voilà  loul  ce  qu'il  faut,  ,1c  sais  bien  que  l'obligation  de  tri- 
pler le,  travail  aeeoulunié  va  l'aire  jeter  des  cris  d'îndi- 
gnatiou  ;  je  sais  aussi  qu'un  éprouvera  de  toutes  parts  une 
foule  de  petits  obstacles ,  île  pclites  résist.un^es  au  moyen 
destjnels  on  se  flaltùi  Ji  d'ariéler  la  marche  de  l'iKiministra- 
tion  :  à  tout  cela  je  sais  un  remède  certain  ,  le  voici.  J'ai 
dit  d'après  ma  conviction  intime,  qu'un  directeur  absolu 
qui  userait  de  tout  sou  pouvoir  poni-  Tiire  le  bien ,  et  qui 
n'en  abuserait  pas  pour  opprimer,  me  paraissaitlcmcIUeuF 
mode  d'administration  ,  on  supposant  le  directeur  pourvu 
de  toutes  lesconuaissanees,  de  tout  le  Efdc  nécessaires  ,  et 
pénétré  de  la  nécessité  de  faire  des  innovations  en  raison 
des  circonslanecs  nouvelles.  Jiais  conimc  il  .se  peut  que 
l'autorité  ail  des  motifsque  je  ne  connais  pas  pour  préférer 

une  udminisiratiun  partagée  entre  plusieur,s  chefs  dont  les 
attributions  sont  diirérentes,  je  ne  vois  d'autre  moyeu 
d'opérer  dans  toutes  les  parties  de  la  musique  la  révolution 
nécessaire  que  d'avoir  un  cAe/'de  fa  munfW.  compositeur 
habile ,  connaissant  bien  l'art  du  chant,  homfae  de  tact  et 
de  goût,  et  surtout  pénétré  de  l'importance  de  ses  fonc- 
tions. Il  faudrait  qu'il  eût  assez  de  jeunesse  et  de  verve- 
pour  échauffer  le  zèle  de  ses  subordonnés;  on  Mt  toujours 


io5 

passer  la  conTÎction  dans  l'ame  d'nutrui  (|uan(l  on  est  bien 
convaincu  soi-même.  Il  r.iuili'^iil  jiissi  (|iril  eût  dans  son 
arl  un  uom  anse/  respeclablu  iiour  iiispiriir  la  conPiance. 
Ce  chef  dirïgiiiait  les  acleurs  il:ms  la  roule  nouvelle  qii'iU 
auraîcDl  à  parcourir ,  assisterait  aux  répétitions  ët  les  ren- 
drait Jrnctuenses  par  ses  avis;  il  aurait  so-js nés  ordres 
les  chefs  Au  chant  et  ceux  de  L'orchestre ,  eniîn  II  coordon- 
nerait loulcii  les  parties  de  cette  grande- machine  et  empê- 
cherait que  l'orchestre  n'allét  de  son  cdté  tandis  que>-le 
théâtre  irait  du- sien:  Si  par  hasard  ee  chef  se  rencontrait 
avec  toutes  les  qualités  que  je  guppose  ,  L'Opéra  serait  sauvé 
soiisie  rapport  delà  musique  ,  ce  qui  csl  la  point  impnriant, 
car  la  ilanse  est  ilorissanlr  ,  et  le  ri'iti;  n'est  qu'il  iie  alfaire 
d'ordre  et  de  mi;nage.  M.  fllcrle,  qui  regrette  te.  goûl  et 
l'expression  de  Lays,  et  qui  avoue  son  ineapaeilé  en 
musique,  u'a  point  pensé  à  tout  cela  :  il  voit  tonjo'jrs  l'ad- 
ministration dans  les  bureaux. 

Après  avoir  pourvu  au  présent,  il  faildraît  songer  â  l'a- 
veuif,  qui  se  présente  sous  un  jour  si  nébuleux  .C'est 
pour  cet  avenir  qu'il  est  néeessaire  de  prendre  des  mesures 
décisivei!. 

Autrefois  les  maîtrises  de  cathédrales  et  de  collégiales 
entretenaient  environ  quinze  mille  eufans  de  chœur,  et 
formaient  autant  de  musiciens.  Dans  ce  nombre  se  trou- 
vaient de  belles  voix  qui  résistaient  h  la  mue.  Le  genre 
d'éducation  que  recevaient  ceux  qui  les  possédaient  u'é- 
lait  paâ  propre  à  former  des  chanteurs  habiles,  mais  fai- 
sait de  bons  musiciens,  avantage  qui,  joint  àldes  voix 
sonores  et  franches,  était  alors  sullisaut  pour  alimenter 
nos  théâtres.  Lorsque  ces  musiciens  sortaient  dp.ï  maî- 
trises, les  directeurs  de  l'Opéra  sollicitaient  pour  eux  un 
ordre  de  début  des  premiers  geulilshoumies  de  la  chambre 
du  roi ,  et  la  troupe  était  toujinrr,  recruléi;  de  la  mémo 
manière,  i  moins  qu'on  ne  trouvât  dans  les  lliéàtres  de 
province  quelque  sujet  distingué  qu'on  se  hâtait  d'appeler. 
C'est  ainsi  quoLegros',  Rousseau,  Chérou  et  Lays  sout 
arrivés  à  rOpér&.  Les  mêmes  ressources  n'existent  ptug,  et 
If»  besofns  ont~  changé  de  nature,  n  n'y  a  plus  de  malT' 


ImeN,  et  IcR  théâtres  de  province  ne  posst^dcnt  pan  un  ncuI 
chanleiir.  Le  Conservaloire  (anjourd'iiiii  l'École  royale  de 
musique)  a  d'abord  h uffi  à  l'alimenlalion  des  théâtres  de 
1,1  capilale  ut  di;  la  piovïiKi; ,  ci  a  doniii;  Miccossivi'niciit 
Nourrit  père,  Ilulaad,  Démis,  Éloy,  LcvaseiiiUr,  Ponchard, 
Ur>  3raiic|iu>  Albert,  Durel,  Boulanger,  Rigaut,  laat^oe<t*>' 
ohanUflufioiOU  a  ohan(é«n  ÇraUoe  pendant  treoU  afti^  Ut^ 
il^Bvait  iilors  un.hommo  unique ,  un  homme  dont  t'exis- 
An%a  était  lin  prodige  djiis  le  pays  qui  l'avait  vu  naître  :  cet 
homme  était  Gorat.  Jamais  on  ne  trouvera  réunis  dans  un 
seul  liommu  lauldc  vei  vc,  d'éiiergio,  di;  passion ,  un  «ienli- 
mëut  si  délicat  du  beau,  des  traditions  xi  variées  et  si  sûres, 
et  un  amour  de  son  art  porté  à  ce  degré  de  fureur.  Comme 
virtuose  il  était  admirable  :  comme  prolessciir  il  était  plus 
étonnant  encore.  •  '1  aurait  animé  et  fait  ciianler  den  sta~ 
tues  ;  sa  chaleur  se  çB&unuiiiquaït  i  ses  élÈveK  et  les  éle- 
vaient au-âcHsus  d'eux-mêmes  :  un  homme'  médiotfré  âfr- 
ven ait  quelque  chose  entre  set)  mains  :'îl  tirait  parti  den 
moindres  •quaUléB  et  masquaiMes  dé&uts  aveo' une- étoA- 
nanteadresHOvenfin  il  faisait  de»  miracles ,  <iui  probaUer 
ment  ne  se  renouvellorouF  plus,  car  no^  professeurs, 
quoique  fort  habiles,  ont  en  général  une.  indilIVience  qui 
taaip^ke  de'ri^'-proânire.  L'âcolc  i-eu  mIc  <j<^  n'a 
riendonn^Se'pui» plusieurs  années,  ui  m  jniKin  IiImi  jKiur 
Favenir.' Ce|)M<laDt  l'Opéra  csldan»  sa  dépci^danee ,  et 
ne  petit  BubsislcF  quepar  s«Arecruiemens  dans  celte  éoOlé-. 
' . OàiW' plaittb'de  la  rareté  des-voix  :  c'est  à  torii.  Je,  défis 
offKn-iiifotmé^'des  f«s80urees<  de  la  France  pour  assiirer 
qtf^tliran  possède,  et  même  beaàconp;  mdïs  on  aUebd 
qUfeUeslSB'ptiéseAitent,  èl  ^affirme  qu'elles  ne  se  présente- 
ront pas.  Il  faut,' pou r'ics  trouver,  qu'un  homme,  pourvu 

les  explore  avi'c  s.iiii.  Il  l'.iul  .i      (l^|u,^i[il)ll  jfs 

moyens  de  déterminer  les  parens  à  coulier  leur<i  enfana 
à  Ib  tutelle  de  la>  maison  du  roi-,  il  faut  que  l'avenir  de  ces 
jeunes  gens  ne  solt'pobit  illusoire,  et  qu'obus  fasse  point 
aveoi  eux  comme'  on-  «  fAtt  A\eo  Cerda;  le  sedl'^liTe  de 


l'École  royale  qui  iloiiuâl  dee  espérances,  et  qu'on  u  coii- 
4raii)t  à  s'éloigner  par  des  tracasseries  mal  entendues. 

Les  sujets  trouvés, il  ne  s'agirait  plus  que  de  les  l'ormer. 
Voici  le  moyen  que  je  proposerais  pour  arriver  à  de  prompts 
résultats.  On  établirait  une  école  de  chant  à  l'Opéra  :  cette 
école  serait  sous  la  direction  du  chef  de  la  musique  ,  et 
serait  une.'de  ses  priocipales  attributions.  Un  maiire  de  sot- 
l>s;e,  un  maître  de  vocalisation  et  un  accompagnateur  sof- 
ficaieut.  Les  fonctions  du  chef  do  musique  consisteraient  à 
exciter  l'enthousiasme  et  l'amour  de  l'art  chez  les  profes- 
seurs et  chei  les  élèves;  à  faire  discerner  à  ceux-ci  le  beau, 
le  grand  et  à  les  y  faire  atteindre  autant  qu'il  le  pourrait  ; 
à  diriger  des  éludes  d'ensemble ,  afin  d'accoutumer  les 
élèves  à  l'unanimité  de  8cntimeat,fiî  commun  chez  les 
Italiens  et  si  rare  chez  les  Français,  Surtout  point  de  dé- 
clamation lyrique,  point  d'étude  de  l'ancien  répertoire. 
Du  solfège,  de  la  mise  de  voix,  de  la  voealisation ,  de  l'exal- 
tation :  voilà  tout  ce  qu'il  faul. 

J'insiste  sur  l'utilité  de  cette  école  de  chant  attachée  à 
l'Opéra,  parce  qu'il  est  intolérable  qu'un  élablissemeut 
aussi  considi^rable  soit  à  la  merci  d'un  autre  et  devienne  sa 
victime.  D'un  autre  côté ,  l'École  royale  n'étant  plus  do- 
minée par  te  besoin  de  fournir  promptemcnt  des  sujets  à 
l'Opéra,  aurait  le  temps  de  reformer  son  pensionnat  et  de 
donner  une  éducalion  forte  aux  chanteurs  qui  y  seront  ad- 
mis. Lee  deux  élablisscmens  y  gagneraient. 

Si  l'on  est  effrayé  de  la  dépense  qu'occasionnerait  ta 
recherche  des  sujets  et  l'établissement  d'une  école,  je  pro- 
poserai un  moyen  de  s'indemniser  île  ces  dépenses,  moyen 
qui  touruerail  au  profit  de  l'art  sous  plu<iienrB  rapports. 
Qu'un  établisse  au  théâtre  Louvois ,  ou  ailleurs,  uue  suc- 
cursale de  l'Opcra;  que  tes  élèves  y  joucut  deux  fois  par 
semaine  des  opéras  de  genre  en  un  ou  deux  actes;  que  la 
musique  de  ces  opéras  soit  contposée  uniquement  par  tes 
musiciens  lauréats  qui  n'auront  point  encore  écrit  pour 
pour  les  autres  théâtres  :  on  accoutumera  par  ce  moyen 
les  élèves  de  l'Opéra  à  paraître  en  public,  et  à  se  préparer 
à  des  débuts  brillans;  on  satisfera  un  besoin  inipérictix  à. 


D[gilL!aû  b/  Google 


l'égard  des  j«uiies  cumposileurs  ,  el  l'on  aura  l'avaBtage 
de  prévoir  d'avance  ce  qu'on  peut  attendre  des  uns  et  des 
anlHW.  Lee  dépenses  du  personnel  seront  DUlles  t^uant  au 
chant;  les  autres  te  borneront  à  peu  de  ohoae,  et  le  ma- 
tériel sera  fourni  par  les  magasins  del'Opéra. 

He  voici  bien  loin  de  M.  Merle  et  de  son  écrit;  mais  la 
question  était  importante,  fondamentale,  et  j'ai  cru  de- 
voir la  traiter  k  fond.  Jo  m'étais  ûatté  de  finir  dans  cet 
article  l'examçu  de  l'^it  .qui  y  a  donné  lieu  :  mais  je  me 
vois  forcé  de  rejeter  au  numéro  prochain  ce  qui  me  reste 
à  dire,  ayant  encore  à  traiter  pinceurs  questions  épi- 
neuses. 

.  .  FÉTIS. 


JSUcomttit  "be  Maimcvixa  inthmatts 

POtH  L^mSTOIIUE  DE  LA  MUSIQUE. 


Si  la  musique  vieillit  promptement  à  mesure  qu'elle 
s'enrichit  de  formes  et  d'effets,  si  nous  voyons  les  révo- 
lotions  dcr  cet  art  se  succéder  Rapidement,  et  des  cheft- 
d'œuvre  délaissés  seulement  par  amour  pour  la  nouveauté, 
nous  ne  devons  pas  en  conclure  qu'il  en  a  toujours  été  de 
même.  L'usage  de  l'harmonie ,  dont  j'ai  indiqué  l'origine 
dans  mon  premier  article,  ne  s'est  établi  que  lentement; 
sa  théorie  s'est  perfectionnée  plus  lentement  encore,  et 
tel  était  l'état  d'ignorance  et  d'apathie  dans  les  premiers 
temps  qu'ib  fallut  deux  cent  cinquante  ans  pour  arriver 
de  la  diaphonie  de  Gui  d'Arezco  aux  chansons  d'&damde 
le  Hide*  où  les  quintes,  les  octaves  successives  et  Jes  dus- 
ses rdations  fbannilleut  encore.  D'ailleurs ,  toutes  les  hor- 
nurs  de  oetle  harmooie  grossière  qui  nous  révolte  étaient 
douces  aux  oreilles  vls^tbes  de  nos  aïeux;  ils  en  étaient 


(i)  TojEi  11  Bfvue  Maùeak,  pratpectui  tt  ntHnitn,  p.  3> 


r 

■If^aquelorsiiu'ils  curent  une  miiiiiqui;  plus  duvce.  iU  f 
revenaient  de  temps  en  temps.  On  ne-peut  duutei-  de  ce 
fait ,  car  G.ifforio ,  qui  écrivait  à  ta  fm  du  quinzième  siècle, 
oile  des  lîtuuies  qu'on  cbnmait  encore  de  son  temps,  la 
veille  des  morts,  dans  la  calliédrale  deHilau,'eldaut  l'iiar- 
mDDjen'étaitcomposéequo  de  quartes  et  de  secondes:  ou 
.té»  nommait  à  cause  décela  lAtatnee  morttuirujn  diteor- 
daniet  {yid.  Gaffor.  PrMlSca  muii^ia,  Ui.  5,  c.  14.  ) 

.  Il  ne  fallait  pas  moins  de  génie  alors  pour  imaginer  quel- 
ques perfeetî on u émeus  et  les  faire  goûter  que  n'en  ont' 
montré  depuis  A.  ScarlalU,  Pergolëbc,  Hicndelct  Uozart 
dans  leurs  conceptions,  dramatiques.  Les  noms  des  inven- 
teurs, intermédiaires  nécessaires  entre  Adam  de  le  Haie 
«tles  compositeurs  du  quinzième  siècle,  seraient  peut- 
élre  demeurés  été ruelleoient  dans  l'oublijai  un  manuscrit 
]H^(»eux  de  la  Bibliothèqtie  du  roi  (eoté  535  du  supplé- 
ment) ne  nous  lef(  révélait  et  ne  aousf^isaitconnaltre  leurs 
oi^vrages.  Ce  manuscrit,  dont  aucun  écrivain  n'a  parlé, 
et  qui  parait  avoir  été  inconùujusqu'àce  jour,e8tdu  com- 
mencement du  quinzième  siècle,  et  contient  cent  <|uatre- 
vingt-dix-neuf  cliansoBS  italiennes  à  deux  et  à  trois  voix. 
Les  musicieus,  auteurs  de  ces  cbansons,  sont  au  nombre 
dfr  treize  et  se  nomment  :  Maestro  Jacopo  da  Hotogna', 
FrancMoo  d'egii  Orgami,  Fraté  Guiglislmo  di  Francia, 
DoniD  onato  da  Caaeia,  Maestro  Giovanni  da  Firenze, 
iMrenso'di  Firenze,  S.  Gherori£etio,  S.NiehoiodetPro- 
fOftù,  fAbaU  finemsiodalmota,  DonPaotoTenoriita 
da  Firense,  Frate  BarthoUno,  Fraie  Anàrea  et  ùiau. 
Toioano. 

Deux  moyens  nous  soot  ofTcrls  pour  fixer  avec  curti(ii<1u 
l'Age  des  compositions  qui  sont  contenues  dans  ce  mai:u- 
Bcrit  :  l'un  est  le  nom  d'uu  des  musiciens  ;  l'autre,  le  Rys- 
tème  de  la  noialion.  Le  musicien  dont  je  veux  parler  est 
celui  qui  est  désigné  sous  le  nrân  Û6  Fi'ancescod^egtiOr- 
gati;  entre  tons  cetix  qtie  je  viens  de  nommer,  c'est  le 
.  seul  qui  fût  connu  avant  la  découverte  du  manuscrit  que 

(1}  l'tois  eu  nomj  leloD  l'orthogripUc  da  manicrit. 


j'examine.  Son  nom  vtirilable  ftait  François  Landiuo. 
Filsd'iiii  peintre  qui  avait  quelque  n^putalïon,  il  naquit 
à  Florence.  ïcrs  i5a5.  Ayant  perilu  la  vue  dans  son  en- 
fance par  suite  ile  la  petite  vérole,  il  sentit  ilc  bonne  beun; 
la  nécexBité  d'adoiicir  le  malheur  de  tm  situation  p»T  la  cul- 
ture d'an  art  qui  procure  les  plus  Agrëabks  dislractiona  : 
la  musique.  Fresque  tous  lei  iDstcumens  lui  derinrant 
mlliers;  il  en  inventa  même  plusieurs;  mais  céfut  surtout 
par  son  habileté  sur  l'orgue  qu'il  se  rendit  c^èbre.  TU  sur- 
passait tellement  tous  ses  con  temporal  n!t  dans  l'art  de  jouer 
de  cet  instrument  qu'on  lui  donna  par  excellence  le  nom 
de  Franccsco  d'egli  Organi.  On  l'appelait  aussi  quelque- 
fois Francesco  Cieco,  à  canse  de  sa  cétilé.  Sa  siipt'riorité 
était  si  pitii  contestée  que  les  principaux  musicieni  de  sou 
temps  lui  décernèrenlune  couronne  do  laurier:  ce  fut  le  roi 
de  Chypre  qui  le  couronna  à  Venise.  Il  mourut  à  Florence 
:en  i5go*.  Outre  ses  talens  en  musique,  il  possédait  aussi 
ceux  de  poËtc  :  on  trouve  plusieurs  de  ses  pièces  dans 
quelques  manuscrits;  elles  sont  intitulées  .*  VerausFran- 
ùisd  orgaiùstœ  de.  Florentiâ. 

Chaque  siècle,  chaque  époque  ,i  cii  un  homme  qui 
s'élevait  au-dessus  îles  autres,  soil  (l;ins  les  arts ,  soit  dans 
les  sciences  ou  dans  les  lettres.  Rarement  les  couleinpo- 
rains  se  trompent  nur  ces  sortes  de  supériorités.  Celle  de 
François  Landino  est  constatée  par  les  écrivains  de  son 
temps;  mais  n'ayant  aucun  moyeu  de  vériiîer  la  justesse 
de  leurs  éloges,  nous  étions  forcés  de  les  croire  sur  pa- 
role. Les  compositions  de  ce  musicien  qu'on  trouve  dans 
le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  roi  justitïent  tout  ce 
qu'on  a  dit  de  leur  auteur.  On  y  trouve  plus  de  dou- 
ceur, un  sentiment  d'harmonie  plus  délicat  que  dans  les 
pièces  des  antres  compositeurs  de  la  même  époque.  Jacopo 
da  Botngna  est  le  seul  qui  soutienne  la  comparaison  sans 
désavantage. 

J'ai  dit  que  François  Lanilino  nous  donne  les  moyens 
de  déterminer  l'dgc  des  compositions  contenues  dans  le 

(i)  Filip.  Villani,  vile  d"illattri  Fiorentînl,  p.  84. 


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109 

munuBcrit  île  lu  BibliuLLèqui:  du  lui;  on  volt  en  dTclqu'cl- 
les  datent  du  miliuu  du  quiitorziëme  siècle.  D'un  autre 
c6lé,  leur  notation,  qui  est  presque  toute  à  noie  nègre 
(notes  poires)  sur  de»  portées  de  six  Hgneti',  annonce  une 
époque  antérieure  à  i^Zo,  mèine  pour  les  plus  modernes, 
car  Dufay,  Duustaple  et  Bincliois,  qui  s'illiiitrèrent  dans 
la  première  moitié  du  quinzième  siècle ,  avaient  adopté  la 
notation  blanche,  dont  on  ne  trouve  que  peu  de  traces  dans 
les  ouvrages  de  Francesco  d'egli  Organi,  deJacopo  da 
Botogna  et  de  leurs  Ruccesseurs  immëilialH.  C'est  dono 
dans  l'intervalle  de  i35o  à  i43o  que  toutes  les  cliansons  à 
deux  et  à  Iroîs  voix  du  manuscrit  dont  je  dunn^  la  notice 
ont  été  composées  :  époque  et  monumcns  qui  nous  inté- 
rc&senl  d'autant  jdus  que  c'est  à  eux  que  la  musique  com- 
mence à  mériter  le  nom  d'art. ■ 

Nous  ne  Kommes  maliieureusenieni  pas  pourvus  de  rcn- 
seignemens  aussi  précis  sur  les  autres  niusiciens  de  ce 
recueil  que  sur  François  Landino;  car  i\»  se  bornent  à 
peu  près  nux  indications  qui  sont  fournies  parle  manuscrit 
même.  Toutefois,  l'époque  où  ces  musiciens  ont  vécu  étant 

compositeur  est  presque  toujours  joint  celui  du  lieu  de  sa 
naissance  ou  la  désignation  do  sa  profession.  On  y  voit 
que  maître  Jucob  était  de  Bologne,  don  Donato  du  bourg 
de  Cascia  ou  Casciuno ,  près  de  Florence ,  maMre  Jean  dr. 
celle  ville  ainsi  que  S.  Lorenzo,  l'abbé  Vinccnzïo,  de  la 
petilc  ville  d'Imola  ,  et  Paul  Tenorista  de  Florence.  Quant 
à  Gian  Toscano,  je  soupçonne  que  c'est  le  même  que 
niatlre  Jean  de  Florence.  Frère  Guillaume  ,  frère  Bartliu- 
lin  et  frère  André  étaient  évidemment  des  nidincsi  on  ne 
peut  douter  que  don  Donato  et  don  Paolo  Tenorisia  ne 
fussent  d'extraction  noble;  enfm  la  qualité  de  maître 
(Maettro),  qui  est  donuée  à  Jean  de  Florence  et  à  Jacob 
de  Bologne,  prouve  qu'ils  remplissaient  des  fonctions  de 

(i)  Les  principes  de  rctte  DOtallop  itulmt  canaui  ûèa  le  oDiiéiiia 
lièclc,  elaaL  été  cipoaii  par  Franc  DU  de  Calugne ,  daoi  >od  Tr«iti  d< 


110 

profeiweure ,  soit  dans  le  lieu  àe  leur  naiisaDce ,  loît  dans 
quelque  autre  TÏUe  d'Italie.'  A  Vêgarà  du  dernier,  il  est 
difficile  de  décider  <iiiel  il  fut.  Orlandi  (  A'oliste  d'egti 
terittori  Botûgnesi ,  p.  i85)  cite  un  Jacopo  Botognae , 
qui  vécut  dan»  le  qualorzlème  siècle  et  qui  fui  l'un  des 
premierM  comnieiitatciiv»  <la  Daole.  Il  était  aussi  savant 
musicien.  Il  scmhlcriiit  donc  que  les  chansons  du  iusdu- 
scrit  lui  appartiennent i  mais  je  me  rappelle  d'awir  luquel- 
que  part  Textrait  d'une  chronique  italienne  qui  rapporte 
qu'un  inudcien  d*noe  habileté  extraerdinura  «  nommé 
Jaco^ouGiMonio.'deBologne,  lequel  vivait  vers  le  mAme 
temps,  inspira  uue passion  violente  k  une  duchesse  d'A- 
malfi;  et  que  le  mari  de  cette  dame  ayant  découvert  l'in- 
trigue fît  poignarder  sa  femme  et  son  amant,  lise  pourrait 
que  Taiiteur  des  cliansoDs  fut  celui-ci  :  an  reste  cela  est 
de  peu  d'importance. 

Ce  qui  est  digue  de  l'aitontion  des  artistes  et  des  ama- 
teurs ,  c'est  la  distance  considérable  qu'on  remarque  entre 
ces  chaasons  et  l'état  d'imperfection  des  essais  d'Adam  de 
le  Haie.  Ici,  point 'de  sucoesnons  de  qnintes»  de  quartes 
où  d'oclaves  par  mouvement  direct  ;  point  d'enjambement 
do  parties  mal  combiné  ;  ou  du  moins  si  l'on  rencontre  ces 
fautes,  ce  n'est  que  dans  des  occasion);  fort  rares,  et  dans 
des  cas  embarraxsans  où  il  aurait  fallu  plus  d'expérience 
qu'on  n'en  avait  dans  ces  temps  reculés.  Les  imperfections 
les  plus  communes  dans  les  ouvrages  de  tous  ces  patriar- 
ches del*harmoniesontlesré!!olutionssur  desconsonnances 
parfaites  par  mouvement  direct ,  résolutions  qui  produisent 
ce  qu'on  appelle  dans  le  langage  de  l'école  des  quinte»  ou 
octaves  cocÂ^.  On  y  voit  aussi  beaucoup  de  dissonnances 
attaquées  sans  préparation  ou  plutAt  par  anticipation, 
comme  sont  aujourd'hui  la  plupart  de  ces  ornemens  qu'on 
nomme  appogiatures.  Quoiqu'on  y  trouve  quelques  dis- 
RDiinanccs  par  prolongations ,  on  voit  que  ce  n'est  point 
ainsi  que  Icsmusîcieusde  ce  temps  concevaient  en  général 
l'emploi  des  inlervaltcs  de  cette  espèce;  ce  n'est  que  vers 
i44o  que  DuTay,  Binchoîs  et  Dunstaple  ont  fiiit  les  pre- 
mlën  easalsde  cette  sotie  .d'artifice  d'harmonie..  le  dimon- 


'  lit 
tnral  ce  &it  dans  I«  notlce  'que  je  donnerai  d'un  autre 
manuscrit  fort  important  et  également  îbcoanu  jusqu'ici. 

J'ai  dit  que  François  Laiidino  est  parmi  les  composileiirs 
du  quatorzième  siËcle  celui  dopt  la  musique  a  le  plus  de 
douceur  et  d'effet  ;  ceux  qui  me  paraissent  mériter  de.  venir 
immédiatement  après  lui  sont  Jacob  rie  Bologue  et  maître 
Jean  de  Florence.  Je  regrelle  qœ  les  bornes  de  ce  joarnal 
nome  permettent  pas  de  donner  un  exeinpie  delao^uiique 
de  chacun  de  ces  vieux  maîtres ,  car  la  oomparaison  des 
mont^nens  de  l'art  est  bien  plus  t»ile  pour  se  former  tme 
idée  juste  de  ses  progrès  qae  les  dissertations  les  plus  éten- 
dues. La  ciianson  de  Francis  Landino  que  je  joins  Ici, 
iiprès  l'avoir  mise  en  partition  et  on  notation  mdderno, 
servira  dti  moius  à  faire  comprendre  tonte  l'importanoe  du 
recueil  que  j'analyse. 

CHJLNSOH  ITALIEItn^  A  TROIS  TOIX,  ■ 
coHcosiE  tu.  nujiçois  UHViHO,  T^s  i36a. 


□IgitÈedbyC 


Vers  la  fin  dti  manuscrit  on  trouve  «juciqiies  chansouS 
françaises  à  troLs  voix ,  sans  nom  d'aulmir;  j'ignore  si  elles 
sont  l'ouvrage  des  mêmes  musiciens  que  les  autres  pièces 
dn  recueil,  ou  si  elles  oiitété  composées  par  des  musiotens 
Français.  Leiir  mise  en  partition  lu's  montré  te  même 
degré  de  savoir  que  les  chansons  italiennes.  L'nne  de  ces 
chansons  est  curieuse  â  cause  de  ses  paroles  qui  nous  mon- 
trenl  le  plu»  ancien  exemple  de  ces  vaudevilles  a  refrain, 
tels  que  les  flons-flons  ;  les  faridondaines ,  farîdondon. 

Le  nianuscril  est  lermîné  par  un  Gtoriak  deux  voix  de 
Glierardrllo;  un  Credo  Av.  Harllioliiio ,  un  Sanclus ,  un 
Agnus  et  un  Benedicamvs  Domino  de  S.Loreuzo.Cc  der- 
nier morceau  e8t  un  exercice  de  vocalisation  assez  difficile. 

En  résumé,  le  manuscrit  dont  je  viens  de  donner  la  no- 
tice est  l'un  des  monumens  les  pins  précieux  de  l'histoire 
de  la  musique;  il  a  échappé  aux  recherches  de  Bomey  et 
de  l'abM  Ccrbert ,  parce  qu'il  u'apparlendl  point  k  la  Bi- 
tiliuthËque  Sa  roi  à  l'époque  'lA  ils  rassemblaient  les  ma- 
tériaux de  leurs  oavra^s. 

FfiTIS. 


-  BIOGRAPHIE. 


Beethoven  (Louis  van),  composileur  célèbre,  est  né  ei» 
ijja  à  Bonn ,  «ù  son  jjère  élait  musicien  de  la  chapelle  de 
l'élecleur  de  Cologne.  Les  premiers  principes  de  la  musi- 
que et  du  clavecin  lui  furent  enseignés  par  Neeib)  orgfkotste 
de  la  cour.  Ses  progrès  furent  si  rapides  ,  qu'en  peu  de 
temps  il  parvint  à  jouer  correctement  les  préludes  et  les 
fugues  de  J.  S.  Bach.  Mais  ud  talent  d'exécution  ne  pou- 
vait captiver  seul  son  ardente  imaginatioii;  il  était  tour- 
menté du  besoin  de  produire ,  et  sa  oniième  année  n'était 
point  écoulée,  que  di^jà  son  nom  avait  été  révélé  au  public 
par  (les  sonates,  inie  niarclie  variée  et  dos  airs  pour  le 
'  piano,  publiés  à  Spire  et  à  Manheiui  eu  1783.  Malgré  l'in- 
cohérence des  idées,  les  brusques  modulations  et  le  dé- 
sordre qui  déparaieut  ces  premiers  ess^s ,  ou  pouviklt  ce- 
pendant y  apercevoir  que  leur  auteur  ne  serait  point  un, 
Iicmmo  ordinaire.  II  parait  avoir  reconnu  lui-même  tous 
les  défàntx  de  ces  ouvrages ,  car  il  les  désavoua  plus  tard  , 
c|  cofopta  comme  son  premier  œuvre  les  trios  de  piano 
qu'il  publia  à  Tiennelong-lemps  après.  Quoi  qu'il  en  soit, 
ces  publications  furent  suivies  d'un  long  repos,  pendant 
lequel  licellioven  semble  m:  s'être  occupé  que  du  soiu  de 
perfectionner  son  talent  d'exécution  sur  le  pianu,  et  par- 
ticiiliiïrement  celui  de  l'improvisation,  oii  il  parvint  à. 
une  telle  supériorité,  que  aut  ne  pouvait  lui élrc, comparé,- 
et  que  tous  ceux  qui  l'ont  Imité  depuis  n'ont  Até  que  de 
faibles  copies  d'un  original  admirable.  Aluis  Bonn  et  l'é.vù- 
ché  du  Cologne  n'étaient  point  le  théâtre  qui  convenait  À 
BGS  talens;  rien  n'y  exciiail  sa  verve,  son  génie  y  était  mé- 
connu, et  .sa  jeuncfse  s'y  consumait  en  clfurts  impuissdUS 
pour  se  produire  au  dehors.  D'ailleurs  ,  la  brusquerie  do 
son  caractère,  sou  inipolilcssc  liabiUmIle  cl  sou  iiejiohant 
àla  mélancolie,  éiuii^uiiieiil  de  lui  lou'^  ci^ux  que  ses  talens 
en  auraient  rapprochés.  Enfin  rélerlenr  aperçut  l'homme 


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de  génie  caché  sous  une  enveloppe  grossière ,  et  voulant 
lui  fournir  les  moyens  de  perfectionner  son  talent  et  de  se 
faire  connaître,  il  l'envoya  à  Vienne,  en  1793  ,  lui  fouruit 
nncpcnNÎon  pour  son  entretien,  et  le  rccamnianda  anKSointi 
de  Haydn.  Hais  ce  grand  liouime  semble  avoir  mËconnii 
le  génie  de  Beeltioven,  car  il  se  borna  loujutirs  à  vanler 
son  talent  d'exécution,  et  lorsqu'on  lui  citait  avec  liloge 
quelque  composilion  Oe  Beelhoven,  il  répondait  seule- 
ment :  C'est  un  gratté  ctavecinisle.  Toutefois  ,  il  l'ac- 
cneillit  avec  celte  bonté  qui  lui  était  naturelle,  el  lorsqu'il 
quitta  Tienne  pour  aller  à  Londres,  en  i^g^,  il  recom- 
manda Beethoven  aux  soins  d'Albrechtsbcrgcr,  te  plus  ha- 
bile conlrapunlisle  de  rAllemagnc. 

Comme  il  arrive  presque  toujours,  quand  les  études  sé- 
rieuses do  composition  ne  sont  point  faites  dans  l'enlance, 
il  était  trop  tard  pour  que  Itcethoven  pût  devenir  un  savant 
compositeur;  sa  manière  était  lixée,  el,  malgré  les  leçons 
d'Albrechtsberger,  il  ne  put  jamais  acquérir  une  graude  pu- 
reté de  style;  mais  la  beauté  de  son  génie  fait  excuser  ou  plu- 
tôt oublier  SCS  incorrections  et  ses  écarts.  En  iSoi,  il  perdit 
son  protecteur,  l'électeur  de  Cologne,  et  avechiïlesmuyens 
d'existence  qu'il  en  avait  reçus  jusi|u'ulars.  Connu  commeil 
l'était  à  Vienne,  justement  admiré  comme  compositeur  et 
comme  virtuose,  il  aurait  pu  facilemcoE  assurer  son  inilé- 
pendauce  et  sa  fortune;  mais  capricieux,  bizarre,  enneaiî 
lies  usages  du  monde  et  de  la  gène  qu'ils  imposent,  il  s'é- 
tait insensiblement  éloigné  de  tous  ceux  ipii  pouvaient  le 
servir  utilement,  et  n'avait  conservé  qu'un  petit  nombre 
d'amis  qui ,  eu  cuusidéraliou  de  ses  talen.s ,  excusaient  S08 
lirnsqncries.  Il  se  trouva  donc  réduit,  pour  toute  ressource, 
au  produit  de  ses  compositions,  produit  bien  faible  dans 
un  paya  comme  rAllemagnc,  divisé  ca  une  foule  d'élaln 
indépendans  les  uns  des  autres,  oit  ce  qui  s'imprime  à 
Vienne  petit  être  imjxuiément  contrefait  k  Munich,  à 
Dresde,  àStiittgard,  à  Leipuiet ,  '''rancfort ,  etc. ,  et , 
conséqucmmcnt ,  nù  les  marehands  de  musique  ne  peu- 
vent accorder  aux  auteurs  qu'un  prix  fort  modique  pour 
lenrs  ouvrages.  Aussi  llpetlioven  se  trnuva-t-il  presque 


toujours  dans  un  élat  du  gêne  (|ui  ne  fît  qu'irrilcr  Ha 
mauvaise  humeur.  D'aillcurB,  délaissé  par  la  cour  impé- 
riale ,  qui  n'aimait  (juc  la  mutiiqui:  ilalieuue,  et  qui  mon- 
trait puiir  les  compoiilciirs  allemands  la  même  iiidifférence 
que  Frédéric  II  avait  l'ail  voir  au  trcfuis  pour  les  liltérateurit 
pruiisicnB,  il  n'en  recevait  aucune  sorte  de  traitement  ou 
de  pension  :  Salïeri  possédait  seul  tous  les  lionueurs,  tous 
les  emplois ,  et  ne  négligeait  rien  pour  écarter  un  homme 
dont  il  ne  pouvait  se  diïisimtilcria  supériorité.  Cet  abandon 
délerniiua  Bcelliovcn  à  accepter,  en  1809,  la  place  de 
matlrc  de  chapelle  du  roi  do  Weslphalie,  Jérôme  Hapo- 
léoD.  Heureusement  pour  l'honneur  de  Vienne  et  de  l'Au- 
triche, l'archiduc  Rodolphe  elles  princes  de  Lobkowitzet 
de  Kiuski  le  firent  renoncera  celle  résoluiïou,  et  lui  assu- 
rèrent une  pension  de  4]O00  llorïns ,  sous  la  NCule  coudi- 
lion  de  rt'sidor  à  Vienne  ou  du  moins  en  Autriche ,  et  de 
ue  point  voyager  en  pays  élranger  sans  le  consentement 
de  ses  Mécèuus.  Quoiiju'il  ei^t  le  déair  de  visiter  l'Angle- 
terre, il  ne  parait  pas  qu'il  ail  jamais  demandé  de  congé 
à  l'archiduc  IloJolphc,  mainlcnanl  son  seul  prolecteur,  les 
princes  de  Lobkuwilz  et  de  Einsky  étant  morts.  D'ailleurs, 
une  infirmité  cruelle  ne  lui  ocrmet  plus  maintenant  de 
réaliser  son  projet  de  voyage  :  il  est  devenu  sourd,  au  point 
de  n'entendre  pas  même  un  orchestre  placé  prÈs  de  lui. 
L'habile  mécanicien  Maclzcl  lui  a  cependant  procuré  le 
plaisir  d'enlendre  son  piano  lorsqu'il  compose  ,  au  moyen 
d'un  appareil  acousiîque  sous  lequel  il  se  place.  Celte  in- 
firmité a  beaucoup  augmenté  sa  mélancolie  habituelle,  et 
l'a  déterminéà  passer  la  plus  grande  partie  de  l'année  à  Ba- 
den,  à  cinq  lieues  de  Vienne;  là  il  se  promène  presque  tou- 
jours seul  et  dans  les  lieux  les  plus  Holitairea.  Il  compose  en 
marchant,  et  n'écrit  jamais  une  note  avant  que  le  mor- 
ceau ne  soit  complètement  achevé  dans  sa  tête.  Comme 
tous  les  hommes  qui  se  frayent  une  route  nouvelle  et  qui 
se  font  une  manière  indépendante  des  règles  et  des  con- 
ventions, Beethoven  eut  d'abord  des  délracleura  acharué.s 
cl  des  admirateurs  enthousiastes  ;  les  uns,  ne  voyant  dans 
ses  ouvrages  que  des  incorrections  ou  de»  hardiesses  qui 


DIgllLzBft  Googl^ 


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117 

choquaient  leurs  habitudes  ,  et  ne  pouvant  comparer  sa 
manière  avec  aucune  aulre  ,  restaient  indifTi^rens  à  des 
beautés  dont  ils  n'avaient  pas  la  mesure,  et  accuitaicnt 
leur  auteur  de  perdre  l'art  sans  ressource  ;  les  autres,  uni- 
quement préoccupés  du  Ijesoin  de  iiouveaulé  qui  tour- 
meule  les  homnicB  vulgaires,  et  Irouvanl  avec  profuHÏou 
dans  les  ccuvres  de  Beethoven  ce  qu'ils  rcclicrclient  avec 
avidité,  lui  savaieut  gré  même  de  ses  dérauts,  et  l'élc- 
vaicut  au-dci!sus  de  tous  ses  eonlenipnriiins  et  de  ses  pré- 
décesseurs. Insensiblement  les  CKprïts  se  sont  calmés,  et 
Bcelhovcn ,  mieux  apprécié  ,  a  pris  au  milieu  des  compo- 
siteurs le  rang  qui  lui  iipp;irlienl.  On  a  reconnu  ([uc  si 
l'originalité  des  idées  brille  dans  toutes  ses  compositions, 
on  y  aperçoit  souvenl  raflcelalion  et  la  recherche  ;  au  mi- 
lieu de.i  incorrcclionK  de  .son  haruiouîe,  on  a  discerné 
l'élégance  de  ses  accompagncmens ,  la  nouveauté  de  leurs 
formes ,  la  richesse  île  sa  modulation  ;  à  côté  do  duretéN 
inlolérales  on  a  trouvé  des  chants  d'une  suavité  délicieuse: 
eniin,  parmi  des  phrases  incoliéreiiles  et  bizarres,  on  a  vu 
hriller  un  plan  .lagcmcnt  conçu  et  dc^  idées  .limples  rl 
naturelles.  Bien  moins  universel  que  Mozart,  bien  moins 
pourvu  de  la  faculté  déchanter  toujours  heureusement ,  il 
l'a  quelquefois  égalé  dans  les  détails,  cl  l'a  même  surpassé 
dan.sia  sonate  de  piano,  dont  il  a  perfectionné  les  formes. 
S'il  n'a  pas  la  pureté  de  Haydn,  r'iI  ne  sait  pas  eomnte  lui 
produire  de  grands  effels  avec  peu  de  moyens,  il  a  bien 
plus  de  véhémence,  plus  d'abandon,  et  sa  manière  est 
plus  variée.  Ses  adagios  on  se.s  andantc  sont  presque  Ions 
cicellens;  ses  sonates  do  piano  approchent  souvenl  de  la 
perfeclion  ;  ses  quatuors,  ses  quinlettis,  ses  symphonies, 
.sont  remplis  de  beaulè.i  du  premier  ordre  et  qui  sont  à  lui; 
enlîn,  dans  la  musique  instrumentale,  il  s'est  placé  â  cAté 
d'MnydncE  au.ssï  prés  rie  Mozart  qu'il  est  possible.  Les  ou- 
vrages de  sa  jeunesse,  soil  symphonies,  quatuors,  quin- 
tellis  .  sonates  cl  trios  de  piano  ,  .sont  ceux  uii  l'on  trouve 
le  chani  le  plus  naturel,  l'originalité  la  moins  alTcclée, 
les  modulations  les  plus  douces  ;  néanmoins  .  par  lui 
aveuglement  qui  n'est  l|uo  trop  ordinaire,    il  méprise 


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1)8 

aujourd'hui  ces  iiiËmcs  ouvrages  ,  ses  jjIus  lieaux  litres  de 
gloire,  et  u'estime  que  les  derniers ,  dotit  ijuciqucs-uns  ne 
sont  que  de  longues  extravagances.  Beelhoven  s'itst  aussi, 
owiyé  dam  la  mnsiqoe  théâtrale  ;  mais  il  s'y  montre  bieq. 
inférieur  à  liiî-mèine.  Son-oprra  de  Fittetîo,  reprénenté 
sans  aiiceès,  au  mois  tic  novembre  i8o5,  est  {ircsqu'cntië- 
rciiieiil  f1é()Uiirvii  de  clianl  et  d'iulécéf  ilrjnmllque.  Lo 
slylc  aiisli'rt!  lui  cocivroail  davantage;  aussi  a-t-il  mieiic 
ri^tiiiai  dans  son  oralorio  du  Christ  au  Jardin  des  Oiivett 
et  dans  ses  messes.  En  résumé,  on  peut  alIîriDeÉ|É|ue 
Beetlioreo  est  l'un  des  plus  grands  musiciens  dai^nFliO- 
iiore  rAllemagne.  Voici  la  Jislc  do  ses  ouvrages  :.  ^  ~ 

I.  Symphonie»:  i*en  ut.  op.  ai;  a*  en  Ti,  op.  56; 
5*  en  mi,  op.  55;  4*  en  ri  6,  op.  6o;  5°  en  ut  mineur 
op.  67;  6*  symphonie  pastorale  eu  fa,  op.  6S;  ^  oavert. 
de  Fromelhée,  à  grand  orchestre  ,  op.  ^3  (admirable  )  ; 
8°  ouvei'lure  de  Coriolan,  en  ut  mineur,  op.  82;  9°  ouvert- 
et  entr'actesd'Egmont,  op.  8^;  lo'lagloirode  Wellington, 
ou  la  bataille  de  Vittoria,  op.  91  ;  1 1<  iiyinphoiiic  avec 
chœur  fuial  sur  IWe  d  <^ore  de  Schiller,  op.  i25  :  ces 
symplioiiie.'i  ont  été  publiées  en  partition;  ia"dinue  coiili  e- 
dansBs  à  grand  orchestre.  —  Jl.  Septuors',  .sextuors  et 
quintetti:  l'septetto,  enmf£,  pour.violdn,  ajto,  cor, 
clar.jVÏoLono.  et  contre-b. ,  op.  ao;  a*  seatetto,èn  mi  ù, 
pour  aviolonEi,  altOj  Wolapoello  et  acors,  op-  81  ;  iS*  quiu- 
lettoen  mit,  op.  4î  ^'id.  en  ut,  op.  sg;  5'  id.,. op^  8a; 
6°  id.  en  H  6,  op.  60;  y*  id.  en  ut.  —  III.  QuatuOr»  .• 
l' wx  pour  a  violonA,  alto  et  basse,  op.  18,  liv.  1  ei  a  ;  a* 
trois  tdC.,  op.  59;  5°  quatuor  en  tiu  i,'op.74;  ^'id.eami  ft, 
op.  jS. — IV,  1°  Grand  trio  en  mi  ii,  pour  viol.,  allo  etb"., 
op.  3;  2°  trois  triosîd.  op.  4;  3°  séréiiadi;  en  ré,  id..  Op.  8  ; 
4°  trois  trios ,  op.  9;  5°  grand  trio  pour  a  violonH  et  alto , 
op.  55;  6°  douze  menuets  pour  a  violoqltetbasso;  7*  douce 
danses  allemandes,  ù2.^  8°  sechsIœnderischeUenze,  ii^. — 
V.  Concerto»:  i*  grandconcertoenut.  pour  piano  et  0I-- 
cheiitTe,op.  i5;  9°  id.,  en  ei6,  op.  19;  ^'id.  enuf  mi.^ 
iteur,op.  37;  4*  ^  'o'j  op.  58;  5*  id.,  en  mi  6,  op.  7^ 
^  ajrrophonîe  concert  an  le  pour  piano,  violon  et  vîolon- 


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celle,  op.  56;  fantaisie  puiir  piano,  avec  orcheslre  et 
chceiir,  op.  80;  8'  concerto  pour  violon ,  en  ro,  op.  61  ; 
Q°  romance ,  id. ,  en  sot,  op.  40;  10"  romance,  id.  en  fa. 
op.  5o.  — -  VI.  Quintetli  et  (ri'os  pour  ■piano:  i"  grand 
quintetto,  en  mi  h,  avec  hiiutbeis,  clarin, ,  cor  et  bassoD 
op.  )6;  3°  trois  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op  .  i 
grand  trio ,  id.,  op.  >  1  ;  4°  deux  id- ,  op.  70  ;  5°  un  id. , 
op.  83.  — yil.  Sonates  pour  piano:  1°  troissonates,  op.  a; 
3'  id. ,  h  quatre  mains ,  furilc,  op.  G  ;  Z°  grande  sonate  en 
mi  é,  op.  7  ;  4°  trois  id. ,  op.  10;  5'  deux  id. ,  op.  i  j; 
6°  grande  sonalc  potli^tique ,  op.  i3  ;  7°  deux  û/.,  op.  14; 
8-  grande  sonate  en  op.aa;g'  id.,  eniaé,  op.  z6; 
I  o>  Bonata  qnasi  una  fantasia ,  en  mi  i  et  eu  fa  dièse  mi- 
neur, op.  07  ,  n"  1  et  a  ;  11°  grande  id. ,  en  ré,  op.  a8; 
13°  prélude  en  /a mineur, op.  ag  ;  i5°  trois  sonates, op.  39; 
1 4°  deux  t^. ,  en  sot  et  en  mineur ,  op.  5i  ;  i5°  baga- 
telles, op.  33;  i6'  grande  sonaleen  mi  h ,  op.  34;  17°  an- 
dante  favori,  en  fa,  n°  55;  18°  deux  priïludes  dans  tous 
les  tons  maj.  et  min, ,  op.  3<);  19°  deux  sonates  faciles; 
op.  49;  20"  grande  sonate,  en  ut,  op.  55;  ai°  cinquante- 
unième  sonate,  ea  fa,  op.  54;  23°  cinquanle-quatrièmo 
sonate ,  en  fa  mineur,  op.  S?  ;  aS"  sonate,  en  mi  mineur, 
6p.  58  ;  a4°  fantaisie,  en  sot  mineur,  op. 77  ;  35"  sonate,  en 
fa  dièse  min.,  op.  78  ;  26°  sonatine,  en  sot,  op.  7g;  aj"  les 
Adieux  ,  l'Absence  et  lo  Retour,  sonate  en  mi  b,  op.  81 , 
38" sonate,  eu  mi  mineur,  op.  90.  —  Vlll.  Sonates  ac- 
compagnées :  1°  deui  grandes  sonales  avec  violoncelle, 
op.  5  ;  a°  trois  grandes  id. ,  avec  violon, op.  12;  3°  une  id., 
en  fa,  avec  cor  ou  violoncelle  ,  op.  17  ;  îd. ,  la  mi- 
neur, avec  violon  ,  op.  a3;  5°  id. ,  en  fa,  op.  24;  6"  trois 
id ,  op.  3o  ;  7°  sonala  (  en  fa  )  scrilta  in  uno  stilo  molto 
concertante  quasi  come  d'un  concerto,  op.  47;  8°  gr.  id., 
en  la,  avec  violoncelle,  op.  €0;  9°  grande  eonate ,  ^ata, 
id.,  op.  6g;  io°Ùf.,  op.  96;  11°  rondeau,  id. —  IX.  Outre 
ces  compositions,  ou  a  aussi  de  Beethoven  une  foule  de 
pièces  détachées ,  de  variations ,  de  rondeaux,  d'andantc, 
demcnuets,  etc.,  an  nombre  de  plus  de  cinquante  recueils, 
mais  qu'on  croit  inutile  de  délaillerici.  — X .  Musique  sacrée: 


I  "  Chrislus  am  ŒibergG  (le  Chrisl  au  jardin  des  Olives), 
oratorio,  op.  85;  2°  messe  à  quatre  voix,  op.  86;  3°  trois  hym- 
nes, àquatrc  voix,  et  orchc«tr« .  — Xl.ihui^uedramatitfuo 
]•  Léooore  ou  Fiiiclio,  opéra  en  3  aotec;  a°  l'Homme  de 
Prométhée ,  ballet  ;  3°  ouverture  et  entr'acte  d'Egmont , 
drame  ;  —  XII  Pièces  da  ohantf  avte  aoeomp,  lU  piano: 
i>  Adélaïde,  cantalf  de  HatlhÎBSOa;  a'aïx  chaiMous 
Gellert;  3°  huit  okan8oas,-op.  Sa;  4*         italienne  : 


NOUVELLES  DES  THÉÂTRES "D'IT ALIE- 


NAMES. L'opéra  de  Niobé,  de  Paciui ,  qui  avait  obtenu 
beaucoup  <]c  succès  au  lliOàtrc  lie  ^^itil-Cli^irles,  daas  ïtt 
mois  de  novemlire  dernier,  ne  s'est  pas  soutenu  long- 
temps ,  car  dès  le  mois  de  décembre  il  était  abandouné. 
U"  Pasta ,  qui  y  avait  brillé ,  a  Hé  obligée  de  reprendre 
Medea,  de  Jiajr ,  Zelmira  et  Tancredi,  âe  Rossini.  Ces 
trois  ouvrages  avec  GairicUa  di  Vtrgi,  de  Gara&,  ont  été 
les  seuls  qui  aient  occupé  le  théâtre  pendaut  Ibs  mois  4e 
janvier  et  de  février. 

Ou'a  représenté  oonslammeut  pendanloes  deux  mois  au 
tbéàtre  t^etFoncto.*  Otetto^ia  Gm^aLadra,  de  ilossinï , 
Nina,  ta  Hodiaia  raggiratrice  de  Palsiello ,  et  U  canta- 
trice Vittaae,  de  Fioravanti.  Lespîèoea  représentées  dans 
le  même  temps  au  théâtre  detta  Fenice  sont  :  It  Baréiere 
di  Sivigtia,  de  Bossini ,  l'Uilimo  giorno  di  Pompei,  de 
Pacini,  elHBartmedi  Dotsheim. 

Ro».  Le  ^jauTÎer,  Gaelano  Danizetti  a  donné  au 
thé&Ire  Valle  on  opéra  bouffe  intitulé  (Mivo  c  Païquate. 
Cet  ouvrage  n'a  point  réussi.  dkantours  étaient  Fris- 
sotini,  primo buffo,  ^eiyeii,.ieiiare,  Coielfi,  basso can- 
tante,  et  £mMw  Bonint,  prima  donna.  LadwMds  eet 
opéra  a  obligé  de  reueltre  poua  le  reste  de  la  saison 
l'OteUo  de  Roasini. 


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MiLAi'.  Alessandro  jwW  Inilie,  de  Patiiii ,  hitieittrdo  o 
Zoraîdc,  de  BoBsiiii,  el  Dtdonc  ntiandonatn,  ilc  Mcrca- 
«laolc ,  ont  été  représentés  pcnitant  Ica  mois  de  janvier  et 
de  février  au  théâtre  de  la  Scale.  La  troupe  de  la  xaison 
dernière  a  subi  peu  de  chungcmcns,  et  se  compofie  de  Sa- 
vino  Monetii,  Francesco  Piemarini,  Antonio  Ambrogi, 
Andréa  Bartohicci ,  Giovanni  Giordani,  Antonio  Or- 
landini,  CaHo  Poggiaii,  FUtppo  Luchini,  el  dos  cati- 
Lauretta  Garcia,  Girolama  Dardandli ,  Scra- 
fina  Gai,  Carotina  Franchini,  Maria  Sacchi  et  Teresa 
Riiggieri.  On  vante  les  talens  du  bciulfc  Giordant  et  du 
tcnore  Uonelli. 

Saini~GaU.  M.  Iwan  Muller,  virtuose  sur  la  clarinctlc, 
inventeur  de  la  ctannette-atto  et  de  celle  à  douze  clén, 
pour  jouer  dans  toun  les  tons,  a  donné  dans  le  mais  de 
février  des  concertH  dans  cette  ville  et  à  Bùle  avec  le  phin 
grand  succès. 

Friiourg.  M.  Uandertang,  de  Munieh,  s'est  fait  en- 
tendre dans  cette  ville,  le  i5  février,  sur  la  trompette 
chromatique,  instrument  nouveau,  et  a  excité  l'étonne- 
inont  par  les  difficultés  qu'il  exécute  avec  un  fini  remar- 
quable. 

THÉÂTRE  ROYAL  IT.VLIEN. 
ISmtrl  bt  ^.  ienfonf. 

fi  Mars.  —  Le  concert  de  M.  Lafont  avait  attiré  liiur  .in 
Théâtre-Italien  une  société  brillante  et  cbciisie.  Le  latent 
du  célèbre  violoniste  et  lo  nom  de  M.  Hcrz  le  jeune ,  placé 
sur  raffiche,  étaient  des  motifs  RuiTtsans  pour  piipier  la 
curiosité  des  amateurs.  Le  concert  était  précédé  du  pre- 
mier acte  de  Scmiramide  de  Rossini,  et  suivi  du  second. 
Ce  n'était  pas  la  partie  brillante  de  la  soirée.  Si  l'on  trouve 
ilans  cette  grande  composition  assez  de  beautés  pour  csri- 


fer  t'admiration  «malgré  les  âéfoulR  qui  appeUeirtIa<)riti(|iie^ 
un  SDulfrc  de  voir  ces  beautés  exposées  à  ube  exécution 
semblaUe  &  celle  d'hier.  M"*  Blasis  ,  écrasée  sous  le  rôle  de 
Sémiramis,  ii'a  fait  entendre  qu'un  clianl  mesquin,  une 
vocalisation  dél'eclucusc  et  a  manqué  de  voix  dans  les  mo-- 
mens  les  plus  éiiersi<|"es.  Quant  à  M""  Cesari ,  rafl'ecmtEpq 
qu'elle  met  à  prononeer  donne  à  son  chant  un  air  caistint 
et  pointu,  qui  ressemble  aux  mouvemens  do  sa  pcrsanne. 
Elle  a  oomplètement  manqué  toute  la  pramière  pMfjfl4fl 
cbn  4vo;(ff^  Amtr,  mais  vers  le  milieu  elle  a  ,«^i}n« 
phrase  avec  a^ez  de  grâce.  Galli  et  Levasseur  seuls  OBt  été 
digues  de  la  musique  qu'ils  chantaient.  Puisque  j'en  suis 
à  l'exécution  de  cet  ouvrage,  je  dois  dire  à  l'orelieslre 
qu'il  oublie  la  responsabilité  que  lui  impose  la  rêputaliou 
dont  il  a  joui  en  Europe  jusqu'à  ce  moment.  Point  d'en- 
semble, iioinl  de  finesse ,  de  la  lourileiir  cl  dii  l'iiésiiation  , 
voilà  ce  que  j'ai  remarqué  liier  pendant  toiilc  la  Hoiréc. 
Les  iuslrumensà  vent  n'ont  pris  le  mouvement  Ae  six-huit 
du  chœur  des  femmes  au  premier  acte  qu'après  la  dixi&me 
meBi)re,"et  dans  pliisieors  endroits  on  a  jouéen  nu^i^r 
dans  une  partie  de  l'orchestre,  et  en  mineur  dans  une 

Qui  donc  a  présidé  au  choix  de  la  misérable  ouverture 
qui  a  siirvi  d'iutroduclion  au  coocerlP  Cette  pelile  sym- 
phonie dans  l'ancien  style  a  produit  l'eiret  le  plus  gro- 
tesque après  la  musique  formidable  de  Roasinî;  aussi  le 
publie  eu  a-t>ii  fait  justice  par  un  silence  dédaig;neux. 
Enfin  M.  Lafont  s'est  foit  entendre  et  a  ravi  rassemblée 
parnne  justesse  qui  tient  du  prodige,  parla  netteté  de  son 
exécntioD  et  parla  grâce  de  son  jeu.  Les  applaudïssemens 
les  plus  vi&  lui  ont  témoigné  A  plusieurs  reprises  tout  le 
plaisir  qu'il  c-4isait  à  l'assemblée.  Cependant  la  salle 
sourde  de  Fa^art  nuisait  à  la  propagation  du  son  qui 
généralement  paraissait  un  peu  faible.  Je  ferai  observer 
à  M.  Lafont  que  sou  arciiet  n'est  peut-élrc  pasassex  tendu. 
}e  sais  qu'il  le  tient  lÂohe  pour  arriver  à'une  plus  grande 
pureté  de  son  lorsqu'il  joue  piano  dans  le  haut  del'iDslru- 
ment;  mais  dans  les  endroits  qui  demandent  de  la  force  , 


la  trop  grande  OexibUité  de  l'wihet  est  un  obtlada  qiw 
toute  eoD  hAbiletd  ne  peut  vaincre,  et  0  en  Menlte  peu 
de  monotonie.  01.  Lafont  ett  trop  grand  artiil«  poav  qoe 

mon  observation  put<ise  la  bleaser,  et  je  me  flatte  qu^l  ap- 
itoiera le  motif  qui  me  la  dic>e. 

^yloi^urs  étonnant,  M.  Herz  a  joué  des  variations  sur  la 
^Mbaoee  de  Joteph  ayec  une  fermeté  et  un  biîllaDt  admi- 
rables; mai»  pourquoi .^oo  a-t-il  choisi  pour  jouer  dans 
OM^q^limÎBe^iaUe  un  piano  plus  mauvais  encore ,  dont 
les.amiB.mw  .et:4iV8  empéchaïem  qu'il  pût  nuaoo^  «m 
jenPleoboix  d'an  îostrumeat  est  plus  i mpori an t  qu'on 
ne  pense ,  car  le  plus  grand  nombre  des  auditeurs  est  in- 
capable de  faire  la  part  de  l'artiste  et  celle  du  piano. 

Il  n'y  avait  que  deux  morceaux  de  chanl  dans  ce  con- 
cert. L'an  était  l'air  de  Don  Ottavio,  de  Don  Juan  ,  que 
QoiMEeUi  a  fbrt  bien  cbanté  :  l'autre  un  joli  air  du  Crociatu 
<k  m .  Hay erbeer ,  dans  lequel  1Q"°  Cinti  a  montré  beau- 
ooi^jdiégoût  et  de  pureté.  Eu  résuméi  l'exécution  du  con- 
Ctat  a  (HHitolé  de  celle  de  Semiramidû. 

•    ANNONCES  DIVERSES. 

Classe  chant  itaiim  et  français,  dirigée  par  A.  de 
Garmtdé,  professeur  de  chant  à  l'École  Royale  de  Mti.ii- 
que,  auteur  de  laMÉtaoDE  coHPbkrE  de  cbant,  dédiée  à  son 
élève.  M"*  CoraitU,  prôna  donna  des  tbéÂtn»  I.  et  A. 
de  Naples  et  de  UUan. 

Cette  classe  aura  lieu,  trtùs  fols  par  HDaaine,  lUe  de 
Marivaux,  u'  i3,  boulevard  Italien.  Le  pris  est  de  36  fr. 
par  mois.  On  n'y  admettra  que  six  élËvus. 

Les  matinées  musicales  ifuc  MU.  Boucher  përo  et  fits 
donnent  tous  les  dimaiicheK  (rue  UonlLolon,  n°  5)  aitirent 
une  KOciété  choisie  d'amateurs  et  d'ariistcs.  On  y  enlond 
M.  Alexandre  Boucher,  qui  s'csi  fait  une  réputa^n  par 
sa  manière  originale  de  jouer  du  violon  ;  H"  Boucbcr, 
aussi  habile  sur  le  piano  que  sur  la  liarpc  ,  el  les  fils  do  M. 
Boucher,  dignes  élèves  de  leur  [lèrc,  et  dt^jâ  professeurs 


1^4 

«amme  lui.  Cette  intéressante  famille,  après  avoir  par- 
couru une  partie  de  l'Europe ,  est  rentrée  ilans  m  patrie  , 
et  a'CBl  fixée  à  Paris ,  où  elle  se  livre  à  l'uDscignement. 

Deux  romances  nouvelles  <lc  AIM.  Édouard  Brugiëre  et 
Panseran,  l'un  aveo  accompagnement  dehaatboU  oUigé. 
l'autre  avec  cor  obligé ,  paraîtront  dans  le  coura  de  oette 
semaine  ches  tons  les  marchands  de  manque. 

On  pourra  aussi  se  procurer  les  mêmes  romances  r6- 
duites,  avec  accompagnement  de  piano  et  de  guitare. 

80ItS<IBimoit. 

Pour  Six  nouv6€ma  morceaux  de  guitare ,  composés 
par  ttMioBixm  Soa. 

Cette  souscription  a  pour  objet  la  publication  de  douze 
études  nouvelles,  trois  airs  connus,  variés,  une  grande 
sonate  composée  de  quatre  morceaux ,  et  enfin  hait  petites 
pièces  faciles.  Le  tout  est  publié  en  une  seule  lintison . 
Le  prix  est  de  la.  fr.  net. 

On  souscrit  h  Paris  chez  A,  Meilêonaier,  éditeur  dçs 
œuvres  complètes  de  F-  Sor,  boulevard  Hontmartrè, 

La  guitare  était  autrefois  un  pauvre  instrument  destiné 
à  soutenir  par  quelques  harpÈges  le  chant  d'une  romance 
ou  d'une  ariette.  Les  travaux  do  plusieurs  artiste»  distin- 
gués lui  ont  donné  depuis  une  plus  grande  importance 
dans  la  musique  ;  mais  personne  n'a  su  y  trouver  autan  t 
de  ressources  que  M.  Sor.  LesefTets  que  cet  habile  artiste 
tire  de  cet  instrument  tiennent  du  prodige.  Sa  musique  , 
presque  toujours  écrite  à  plusieurs  parties  réelles,  est 
aussi  remarquable  par  la  nature  des  idées  que  par  la  pu- 
reté du  style  ;  aussi  est-elle  devenue  classique.  Nous  igno- 
rons si  U.  Sor  sera  quelque  jour  surpassé  en  habileté 
sur  la  guitare,  mais  nous  pouvons  assurer  que  ses  ouvra- 
ges resteront  comme  des  modèles  de  godt  et  de  savoir  en 
leur  genft. 

La  souseription  sera  fermée  le  3i  mars.  Après  ce  terme,' 
le  prix  marqué  sera  :  sur  beau  papier,  5G  tr,  ;  sur  papier 
orAnaire,  3o  fr. 

Cette  collection  doit  être  ornée  du  portrait  del'aulenr, 
lithograpfaié  par  Bordes  avec  le  plus  grand  soin. 


DigilizedliyGQt^le 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

nuFUSEDB  DE  COMPDaiTlOB  1  J.'ÉCOLE  KOTt-l-E  DE  MDBIQCE, 


N-  5.  —  MARS  1827. 


DE  L'OPÉRA,  PAH  J.-T.  MERLE 


Le  Poème.  —  Ce  nu'oii  aiipuile  en  France  do  ce  nom 
pompeux  csl  le  canevah  qui  .sert  de  {irclcxtc  ix  la  musique; 
car,  i\uoi  qu'on  en  dîne  ,  quand  on  aura  de  l.i  musiqne  ftu- 
përîeure,  te  poème  ne  sera  jamais  que  le  prétexte  d'un 
opéra ,  en  France  comme  en  Italie.  Il  est  vrai  qu'on  exige 
cliez  nous ,  dans  ces  sortes  de  pièces ,  un  peu  plus  de  bon  - 
sens  que  chez  lex  iiltrainontnins;  main  à  tout  prendre .  il  j 
a  peut-ëtrs  pluN  de  mérite  relatif  dans  un  bon  Hbretto  que 
daus  nos  poèmes  d'opéras-  Cependant ,  grande  est  la  diffé- 
rence entre  le  sort  d'un  poêla  et  celui  d'un  poêle  :  il  pû~ 
vero  machina  livre  son  travail  à  l'entrepreneur  pour 
quelques  écus ,  cl  le  poète  touche  d'énormes  droits  d'au- 
teur, en  gémissant  sur  la  dure  loi  qui  l'oblige  à  ne  recevoir 
pour  son  ouvrage  qu'une  rt'tribiilion  ég^ile  à  celle  du  mu- 
meien  ;  it  poêla  est  le  très  humble  serviteur  du  maestro; 
il  doit  suivre  en  tous  points  la  volonté  de  ecluî-ci ,  soit  sur 
le  placement  des  airs ,  duos  et  quatuors,  soit  sur  ]a  coupe 
des  vers  ou  sur  leur  rhythnie,  et  Kon  instinct  musical  le  sert 
ordinairement  si  bien  que  les  morceaux  ont  déjit  leur  forme 
toute  dessinée  quand  ils  sortent  de  ses  mains.  Le  poite,  au 


ii6 

conlr.iire,  liiimiin;  à  l'Opi^ru  ,  ^lUaclie  une  grande  impor- 
tance à  ses  il ëniisti elles,  [leiniiiide  avant  tout  au  musicien 
de  uc.point  lea  gâter,  et  ue  se  doute  paii  de  ce  qiie  c^esl 
qu'une  forme  musicale»  une  coupe  régulière  on  on  riiylhme 
favorable. 

Toutes  les  obscrvalîoiiB  de  M.  Merle  aar  le  poème  se  ré- 
duisent à  dire  qu'il  faut  rejeler  tout  opéra  dont  le  sujet 
est  puisé  dans  l'histoire  ou  la  mythologie  grecque  ;  <  que 
Il  les  ^gamemnon ,  les  les  Aiiacréon,  etc.,  sont 

■  aujourd'liui  des  personnages  peu  dramatiques,  Kurlout 
ïà  l'Opéra  ,  et  que  tes  élcriiclles  familles  de  Grec»  et  de 

■  TroyeuR,  dont  les  mailicurii  et  les  plaisirs  occupent  notre 

■  scène  depuis  plue  de  cent  ans,tEont  cause  que  l'Opéra, 
t  avec  une  dépensa  toute  royate ,  passe  en, Europe  pour 

-  V  le  spectacle  le  plus  ennuyeux  du  monde.  » 

Pourquoi  cette  proscription  contre  des  sujets  éininem,- 
ment  dramatiques,  quoiqu'on  dific  M.  Merle,  par  oel« 
seul  que  les  personnages  sont  vëlus  d'habits  grecsPet  pour- 
quoi conclure  qu'on  ne  peu!  fair  un  bon  opéra  aVCc  Ana- 
créon,  Alciiiiadiiaw.  Aristtppe,  de  ce  que  ceux  qu'on  a  sur 
les  infimes  sujets  sont  ennuyeiis?  Confiez  ces  sujets  k  un 
homme  habile ,  qui  sache  que  la  musique  doit  jouer  le 
pf|inier  rAle ,  qui  évite  les  longs  récttatiis,  source  d'ennui, 
OQv'l^^nbe.  comme  en  Italie  >  et  qui  sache  amener  des  si- 
tuàtioDS  intéressantes;  vôus  Terrez  que  ta  famiite  des 
Atrides ,  si  féconde  en  grands  crimes  et  en  grandes  pas- 
sions, est  encore  ue  qu'on  peut  mettre  de  plus  drama- 
tique sur  la  scène.  Ce  qu'il  faut,  c'est  de  l'inlérÉl,  et 
pourvu  qu'on  ait  le  talent  d'eu  mettre  dans  une  pièce,  peu 

,  importe  que  l'aclioii  se  passe  chez  un  peuple  ou  chez  un 
autre.  ^ 

^  L'usage  adopliï  par  l'administration  de  l'Opéra,  comme 
par  celles  de  tous  les  théâtres,  est  d'avoir  un  comité  de 
lecture  pour  la  réception  des  ,pièces.  Cet  usage  me  parait 
peu  raisonnable',  quand  il  s'agit  d'ouvrages  dont  IdSnuri- 
que  doit  faire  le  succès;  car  le  compositeur  peut  seul  rë- 
connattre,  après  un  mftr  examen,  si  les  situations  seront 
fôïorables  à  ses  inspirations.  C'est  k  peu  pirès  tout  ce 


Digilized  by  CoOgle 


qu'on  peut  décider  d'avance;  mais  au  lieu  décela,  ou 
pose  plunieiirs  queslionn  oiseuscH  auiquelles  le  camilé 
doit  répondre.  Telle  est  celle-ci:  h'ouvragt  eat-it 
bien  écrit?  Eh!  (pr  importe  !  Si  au  lieu  de  toutes  ces 
niaiseries,  !c  directeur  demandait  ni  la  pièce  réussira,  per- 
sonne ne  rëpoudrait;  c'est  cependant  cela  qu'il  faudrait 
Ëvoir.  Ajoutez  à  l'incapacité  du  comité,  les  petites  in- 
trigues ,  l'esprit  de  coterie  ,  et  le  chapitre  des  considéra- 
tions, quisouvenlvicient  son  jugement,  ut  vousconcluerez 
comme  moi  que  l'iiuitincl  d'un  bon  direcle'ir  la  guidera 
miei;iz  pour  la  récepliou  des  pièces  que  ies  lumières  d'un 
comité,  quel  qu'il  soit. 

La  Musique.  —  L'Opéra  est  un  spectacle  trop  coûteux 
pour  que  ce  soit  un  théâtre  d'essai;  il  faut  n'y  faire  repré- 
senter que  des  ouvrages  qui  prÉseiitent  de  nombreuses 
chances  de  succès.  Je  crois  donc  qu'on  a  ou  tort  d'y  ad- 
mettre jusqu'ici  lies  compositeurs  qui  n'avaient  point  dé- 
buté ailleurs.  L'homme  lo  plus  heureusement  né  com- 
mence souvent  faiblement;  or,  \a  grande  machine  de 
l'Opéra  demande  une  expérience  des  masses  ,  qui  n'est  le 
fruit  que  du  Icmps.  Mozart  a  commencé  par  Lucio  SiUa. 
et  Rossiui  par  ta  Caintiaia  di  Matrimonio.  Il  faudrait 
bisser  établir  autant  de  théâtres  d'opéra-comïque  qu'on 
trouverait  de  gens  disposés  àec  faire  l'entreprise,  afin  de 
faciliter auxmusiciens  lesmoyenadeso  produire.  Ceux  qui 
»'ydi9tingueraiont  seraient  invités  à  travailler  pour  l'Opéra. 
Ce  n'est  pas  que  je  veuille  dire  que  l'on  ne  doit  point  ac- 
quitter les  promesses  qu'on  a  faites  ;  à  Dieu  ne  plaise  !  car 
les  musiciens  qui  attendent  cnaiulcnant  un  tour,  n'ont 
travaillé  que  sur  la  foi  de  la  récepLion  ,  et  il  ne  serait  pas 
juste  de  les  priver  de  droits  acquis  :  je  no  parle  que  de 
t'^avenk. 

Eu  supposant  que  les  mesures  que  je  propose  fussent 
adoptées,  il  faudrait  que  la  première  condition  de  la 
réception  d'un  poème  fut  que  l'administ/ation  pourraiten 
disposer  à  son  gré  en  faveur  du  compositeur  qu'il  lui  plai- 
rait de  choisir;  cette  administration  aurait  ainsi  en  peu  de 
temps  un  certain  nombre  de  pièces  disponibles  dans  les- 


ta» 

quelteales  musiciens  ehoisiraieiitGeUesquicoiivi&ndiaiout 
*  lemieuxà  la  nature  de  leur  Ulent,  et  le  direoteur  ou  l'ad.- 
UikHatràtent  ne  ae  ttouverait  jamais  sftns  ouTtages.prUs  à 
monter,  «urtaut  si  l'on. mettait  beauconp  d'activité  dans 
les  éludes  et  dan»  la  mise  en  !icènc.  On  éviterait  par  ce 
ttiojren  l'ebcombremeut  de  partitions  non  représentée))  qui 
aoeable- l'Opéra ,  et  qui  fait  le  désespoir  de  quiconque  veut 
tvaniller  pour  ce  thédtre.  On  a  calculé  que  Ig  nombre 
d'opéras  reçus  depuis  i;4o.  donl  b  musique  est  faile,  et 
qui  n'out  pas  été  joués ,  s'ùlËve  à  plus  de  duuze  eeuts.  C'est 
une  odieuse  déception  qui  prend  sa  source  dans  la  fapilité 
avec  laquelle  on  reçoit  les  pièces,  dansle  peu  deconfîanoe- 
<fu*ins[rfrenl  Isslnusidens ,  et  dans  llneuite  des  divenes 
admliristrations  qnl  ae  sont  sncoëdées  à  l'Opéra.  C'est  un 
loi-t  réel  qu'on  litit  aux  artistes  dont  on  occupe  )e  (emps 
inulilemcnt,  et  ca  Iwt  est  d'aulant  plus  graiiil  (ju'il  vîcut 
un  moment  où  ii  n'est  plus  pogeiblc  de  le  réparer;  c^ir  un 
onvrage«iui  pouvait  £tre  bon- il  y  a  vingt  aos,  ne  l'est  plus 
ai^ounfbtii. 

M.  niei'lc  dit  aveo  raison  que  l'adminislraliou  de  l'Opéra 
^doil  pas  «'occuper  de  décider  quelle  etit  la  bonne  ou  ta 
mauvaise  musique  «  ef  que  la  meilleure  pour  elle  est  celle 
qttî  plaît  au  publié,  en  définitive  seul  juge  obmpétent  dails 
léB  arts-qui  se  rattachent  au  théâtre.  Efi  partant  de  ce  pria^ 
Cipc,  l'admlnistralioD  doit  donc,  sans  craindre  qu'on  la 
taxe  de  prévention ,  ne  s'adresser  qu'à  des  réputations  fai- 
tes ,  parce  que  les  réputations  sont  pour  ielle  des  garanties. 
Le  public  se  décide  sur  l'affiche,  etles  ngms  de  lUM.  llos- 
stni,  Boieldicu,  Maycrbeef,  Auber,  Cacafa ,  etc.,  sont 
pour  lut  des  talismans  qu!  le  poussent  ver8>les  ibé.itres  ai» 
l'on  joue  lenrs  ouvrages.  Il  n^  a  là  d'injustice  de  part  ni. 
d'autra,  car  cet  empressement  pour  les  noms  connmet  k» 
fittideur  pour  les  atitres,  ne  pr^genl  rien  eanlreeeux-er.: 
i^fezdu  talent,  Tot;«tourvIen^a.  Il  ae  Taulpas  cependant 
fitiusser  trop  loin  la  confiance  dans  les- réputations  faites, 
Otïi'  il  y  a  des  hommes  qui  ont  eu  un  talent  réel  ;  mais  dont 
llmagîuation  est  fatiguée.  On  devrait  leur  préférer  nu  jeune 
homme,  fiît-il  absolument  inconnu;  car  du  moins  avec 


lui ,  il  y  aurait  une  cliance  de  sucoès ,  et  il  D'y  ea  a  point 
av«o  uK  taluit  usé. 

Je  pane  l'artiole-de  la  d^nU)  <{ui  me  Mmble  u«  rien 
Itdflser  à  ilë§ver  :  j'avoue  d'aiUqo»  mon  iaoapaciié  poiir 
«juger. 

■£«  décoration*  tet  maohint».  Je  croii^  ne  pouvoir 
mteux  faire  tjue  de  traDSciire  ici  ce  que  iliL  M.  >lurk  sur 
celle  maliirc,  qui  csl  fort  iinportitnle,  eHiii'il  me  paraît 

I  Le  système  de  pcinlure  i]u'on  a  adopté  à  l'Opéra  ne  me 

•  parait  pas  conveuir précisément  augenre.  Lesdécoratioiut 
v40la  iMmpt,  ■é'jimtUU  et  da  Siige  do  Cotigithe,  S99t 

■  A'adnirablutaUaaux,  malsno  MOt  pai  dea  décorailona 

■  itm  grand  effett  il  y  a  laat  de  fini  dans  les  détails,  .dç 
«  filteaM  dans  las  tdbs,  une  hamtonie  si  parfaite  dans  toiv 

•  (es  les'partiesi^que  le  go&t  est  toujours  satisfait;  aul* 

■  IHdi  agi  nation  n-'est  jamais  frappée  :je  préférerais  cette 
(  perfection  leS  Ions  crus  et  beurtés  des  décorateurs  anglais 

■  et  le  cbarlalanlsme  puéril,  si  l'on  veut,  des  peintres 

■  italien'»,  pourvu  que  j'obtinsse  de  ces  piquaus  effets  de 
(  lumière  et  de  perspective  qui  sont  sans  doute  plus  facile» 

■  à  pradvire,  nuûs  qui  ne  manqoeat  janaai*  de  sidoire  la 

■  mnltitudei 

<  Je  oroîs  bien  que  la  manière  d'éclairer  le  théâtre  entre 
(  pour  beaitcoup  dans  la  difficulté  de  l'illosion ,  et  imlit 

•  reste  tout  à  faire  pour  remédier  à  cet  inoonvéniBab- 
-t  Cependant  il  n'est  pas  impossible  d'y  arriver. 

■  J'ai  vu  à  Londres  le  système  d'éclairage ,  et  je  me  suis. 
«  convaincu  iiu'il  cM  fort  -inp^rieur  an  nôtre.  La  lumiÈra 

<  Inégale  de  iics  pnrtans ,  ic  jour  faux  et  douteux  do  nos- 
(  iuTita,  l'éclat  permanent  et  monotone  de  notre  rompe,. 

■  ■ont  des  obfltaeies  qu'il  Ikut  vaiuere  et,  que  les  Anglais 

•  «Bt  iUrmontéa ,  du  hmmus  en  pMIe.  le  ne  parle  pas  da. 
t  l'Opéra  ds  Londres,  le  plus  pauvre  et  le  plus  ridlonle  de 

■  l'Europe  sous  le  rapport  dee  machines  et  desdécopatioBB; 

<  mais  je  parle  des  tliéâlres  de  Drury-Lane  et  de  CùUtnt- 
tGardmt,  des  théàire.t  de  Surruy  et  do  Cobourg,  et 
I  mâme  de  l'JiUipki  et  de  VEngHsh-Opera. 


i3o 

•  Je  pense  que  U  première  tentative  à  faire ,  c'est  d'es- 

■  sayor  le  contraire  de  ce  qni  est ,  c'est-  à-dire  d'éclairer  la 
«salle  i  l'hnlle  et  le  théâtre  aa  gaz;  par  ce  moyen  la  ia- 
ciqiir^âu  lustre  ne  disputera  plus  de  vivacité  avec  celle 

•  de  la  scène,  et  lesdécoratîonsjoiiiroiil  de  ton)  le  brillant 
-  ide  leurs  couleurs.  En  .itlt-niiRiit  IVclat  ilo     ç,\ahc  lunii- 

«  neuxquiest  constamment  pincé  ccitrc  l'œil  du  Rpuctatcur 
«  et  le  théâtre,  on  rendra  aux  tableiiuic  ijui  y  sci'oni  repré- 

■  senlés  Itiul  l'cfTet  d'un  beau  jour  et  on  se  r;i|i])iucliera  de 
I  la  nature  autant  que  pos.sibie.  Un  obtiendra  par  ce 

■  procédé  seul  de  grands  avantages  ;  d'abord  on  pourra 

■  d'un  seul  coup  derobluet  priver  ou  inCDder  le  théâtre 
(  de  lumière'.  Le  gae  renfimné  dans  des  tuyaux  fiexlMes, 

■  armés  de  garnitures  de  cuivre ,  pourra  ëire  transporté 
c  dans  toii.s  les  coins  de  ta  scène  J'ai  vu  obtenir  partie 

■  moyen  des  reflets  de  clair  de  lune  et  d'incetidic  sur  les 
teauz  d'un  elTct  étourilis.'iant  de  vérité  ;  je  suis  convaincu 
(  que  si  on  autorisait  Ciceri  à  éclairer  son  lliéûtre  comme 
«il  l'entend,  it  arriniraii  d.ins  cette  partie  aux  résultats 
«  les  plus  liCHreux.  n 

Passant  ensuite  an  jeu  des  machines,  H.  Merle  déplore 
l'état  de  décadence  oU  se  trouve  cette  partie  du  service  de 
l'Opéra ,  ou  plntdt  le  défant  de  progrès  qni  ■'yialt  romar- 
quer ,  les  maladresses  sans  nombre  des  ouvriers ,  les  arti- 
fices grossiers  don  ton  se  sert  pour  ujasqucrlesmouvemens 
et  les  cbangemens  de  décorations ,  enfla  toiilcK  lus  fautes 
inexcusables  qui  étaient  souvent  le  public  aux  dépens  du 
machiniste;  il  termine  par  ces  rétieïions  :  «  La  routine' 

•  dont  ou  ne  veut  pas  s'afTraneliir  i  l'Opéra,  parce  qu'il 
cfaudrait  avoir  le  talent  démettre  quelque  chose  à  la  place, 

■  est  cause  qu'on  tient  à  ne  pas  baisser  le  rideau  à  chaque 
■acte;  le  machiniste  se  croirait  déshonoré  s'il  ne  donnait 
«pus  son  conp  de  sifQet  pour  nourmâsqner  une  décora- 

■  tîon  de  dix  plans  par  une  décoration  de  quatre  ptani, 

•  ou  par  le  même  effort  de  génie,  par  nous  eolever  nn 

•  rideau  de  la  fane ,  pour  nous  laisser  apercevoir  le  théâtro 
(jusqu'au  iointaiii.  Eh  bien  ,  cette  itetitc  manœuvre  est 

■  d'un  ridicule  achevé:  il  faut  que  le  machiniste  nou» 


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imontre  son  talent  dans  le  courant  des  actes ,  qu'on  y 

•  voie  tou8  les  coups  de  théâtre  que  sou  géQie  pourra  lui 
(fournir;  mais  il  ne  laut  pas  que  1*0 péra  soit  privé,  pour 
fdiGs  changemeus  à  vUe  sans  mérite,  comme  sans  effet) 
ides  avantages  immenses  ijn'oD  peut  tirer  des  iever  et^W 
c6aùser  de  rideau;  pour  cliaque  commeacèmeiit  et  cha^ 
«qae  Sa  d'acte,  ils  penveat fournir  des  tableaux  posés  qui 
(doivent  servir  merveilleusement  an  sgectaole  et  à  la 

•  pompe  d'un  opéra.  > 

J'ajouterai  que  cet  usa^'e  est  puur  beaucoup  dans  l'en- 
nui qu'on  épi'ouve  ;i  l'Opéra,  L'obligalioii  de  rester  en 
place  pendant  trois  actes  cause  au  public  une  fatigue  qui 
influe  sur  ses  dispositions  morales.  distraction  des  en- 
Ir'actes  serait  déjà  an  grand  pas  de  fait  contre  cet  ennai 
dont  oD  ee  plaint. 

La  mise  en  scène.  Ce  qu'on  appelle  ainsi  est  l'art  de 
faire  mouvoir  les  masses  de  choristes,  de  comparses  et  de 
figutatu,  de  manière  à  les  faire  concourir  à  l'action 
dramatique,  à  former  des  tableaos  animés  et  à  faire  des 
entrées  et  des  sorties  bien  exécutées.  Cet  art  est  nul  à 
l'Opéra,  parce  qu'il  n'y  a  pas  encore  eu  à  ce  théâtre  de 
directeur  de  la  scène  qui  ai'  eu  le  talent  qu'exige  celte 
plHO^.Ït^pretnier  qui  s'en  a\isera  aura- beaucoup  de  diffi- 
(^i^l^' à  iitratinôraj  maïs  de  grands  succès  l'attendent  sll 
sait^acoomplîr  sa  mission. 

J'ai  dit  dans  mon  premier  article  que  tout  est  à  refaire 
dans  celte  grande  machine  de  l'Opéra  :  les  détails  qu'on  a 
vus  sur  les  diverses  branches  de  son  administration  ont  dé- 
montré su  flisamme  rit  cette  vérité.  Que  aerait-ce  si  j'étais 
entré  dans  les  considérations  de  résistances  morales  qu'on 
épro.uve  autisildt  qu'on  veut  améliorer  quelque  partie  du  . 
secïicc  ou  détruire  quelque  abus.  Les  clameurs ,  la  calom- 
nie, OU' du  moins  la  médisance,  sont  les' premières  armes 
qu'emploient  œnx  dont  les  réformes  pngetées  blessent  les 
intérêts.  Si  ces  moyens  sont  insoffisans ,  ils  opposent  la 
résistance  d'inerlie ,  sorte  de  difficulté  qui  finit  wdinaïre- 
meot  par  lasser  la  patience  de  quiconque  veut  indover,  ' 
et  les  choses,  restent  dans  l'état  où  elles  étaient  précédera- 


l33 

ment.  Ponr  opérer  la  réformn  générale  dont  J'ai  pariée  il 
faudrait  donc  attaquer  A'aborâ  cet  esprit  d'InHubordina- 
tion  qui  se  inanU)e§le  depuis  Ip  chef  d'emploi  jusqu'au 
comparse,  et  depuis  le  chef  de  service  jusqu'au  garçon  de 
.  tbéàlrc  ;  fl.fin]drBit  persuader  ft  cbaoao  qu'nn  ordre  donné 
est  irrévocable ,  qu'une  décision  prise  est  sans  appet,  etœ 
n'est  qu'après  être  parvenu  &  remplir  cette  léehe  diffiéfic 
qu'on  pourrait  espérer  de  reconstruire  le  reste  de  IWMoe. 

FÉTIS. 


SYMPHONIE  AVEC  CHOEUlt  FINAI, 
'Sur         ù  ï«  ^m,  5(  ScÇlUrt, 

EODBCBAHD  OBGBBSTSB,  qCÂIlB  VOIXSOIOBTGHCECI, 
PAU  LOmS  DE  BEerBDflEt.  (CKDVIUl  IM.) 
(Eilciil  Je  11  Ga:iMc  masUale     Birlin.)  (I  ; 


VbetH0V£»  Li  iloiiï  luis ,  sans  s'en  duulcr ,  fuit  de  son  iii- 
dividunlilé  d'.irlisli;  le  sujet  d'un  ouvrage  d'art.  Les  com- 
positions où  l'on  peut  remarquer  ce  fait  y  gagoenl.  Iodé- 
peiidammcnt  de  l'espression  générale  qu'elles  contiennent, 
une  importaiipe  particulière  eu  raison  de  ce  que  l'homme 
qui  s'y  est  peint  est  plus  grand  et  qu'on  y  retrouve  davan- 
tage ses  traits. 

Le  premier  des  ouvrages  dont  il  est  ici  question  est  la 
faplaisie  de  Beelliovcn,  avac  orcliosire  cl  chœur.  Le  tilrc 

(i}  Dbiu  l'inteotloa  uù  nous  sommes  dn  donner  un  .ipcrçu  de 
actuel  de  la  mutiquc  en  Atleoiagiie ,  nous  Brona  cru  qu'il  èl*ï(  ulïlc  dr 
lUte  présider  cet  exuMO  par  l'arluile  dont  naat  olTroni  ici  la  Iraduc- 
tloUi  afin  dehire  compiendre  i  ao*  lecteurs  saus  quelaspecl  )a  muii' 
qfK  elt  considérée  daai  ce  paji.  On  j  len-a  cDiunient  la  plupart  des 
théoriciens  et  dei  isTani  întiodniienl  dans  le  langage  des  arts  et  jusque 
d*Di  la  musique  les  procédés  et  les  formes  pUIoiopbiqnei  du  plato- 
nisme et  defécole  de  Kanl. 

(  KtU  du  ndaelsur.) 


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i35 

seul,  contraBU  ap|iareut,  aniiouçant  la  réunion  de  l'essor 
vagaboad  de  l'imaginalioa  d'un  artiste  abandonné  seul  à 
lïd-méme,  et  des  sévèreê  enlraves  de  l'onîté  d'aoHon  d'qn 
oHdiestreet  d'un  êhœuf  ;  letitre  seul  aufflakità  l'appaiitloii 
de  cette  couvre  poar  rendre  attentif  le  monde  musical  et 
loi  indiquer  qu'an  deraît  s'attendre,  cl'aprËS  l'iilée  pre- 
Bttière  ,  à  quelque  cfa ose  de  Troimeiit  nouveau ,  et  qu'on  ne 
pmivaît  juger, d'après  aucune  mesure  usitée;  d'autant  plus 
que  la  fantaiflie  n'est  pas  seuJement  un  prélude  libre  du 
pianiste  avant  l'entrée  de  l'orchestre  cl  du  chœur,  mais 
que  le  caractère  en  est  conservé  et  observé  par  le  solo, 
conjointement  aveo  l'orchestre ,  d'une  manière  telle  qu'on 
n'a  pu  l'atlendre  jusqu'à  cejonr  que  det  meilleurs  impro* 
rioattura.  Eù  partant  de  cette  Idée,  on  se  serait  épargné 
maintes  fonsSes  interprétations  et  .bien  desjagemflus  erro- 
nés ,  et  l'ouvrage  serait  depuis  Ion  g- temps  plus  connu  dtf 
la  plus  grand  partie  du  public.  Le  sujet  n'est  autre  que  la 
représentation  de  l'esprit  de  l'artistes'élevant^  dans llmpro'' 
visation ,  à  une  création  libre  et  arbitraire ,  et  planant  au- 
de&susdetoatun  orchcslreetdes voix. Quelque  essor  élevé 
que  nous  voyions  prendre  à  nos  grands  maîtres  sur  le  cla- 
vier qui  a  ses  bomesetles  yrcnferme ,  c'est  là  mainlenaAt 
qn&  dut  tendre  le  vol  des  pins  ^ands,  sinon  de  tous.  Ce 
•erait  l'aiprêsaion  la  plus  étendue  de  oe  genre  d'iSuvragc»  ; 
et  le  sujet  particulier  en  détigne  Beethoven  k  la  fbis  comme 
créateur  et  comme  modèle.  Il  faut  bien  remarquer  que 
c'est  lui ,  le  plus  grand  compositeur  de  musique  instru- 
mentale,  qui  le  premier  fut  si  profondément  pénétré  et 
rempli  de  l'origine  de  ses  créations ,  qu'il  a  été  eu  quelque 
sorte  forcé  de  la  fixer  couime  d'une  manière  hiéroglyphi- 
que et  historique  dans  un  ouvrage  d'une  forme  nouvelle- 
Deux  artistes ,  plus  renommés  pour  l'exécution  que  pour 
la«ampbBitioa,  ont  suivi  ses' traces,  et  prodtiit,  par  l'élan 
irtMaUMe  de  l'idée  que  renferme  «elle  liOaTelle  fonufti 
le  premier  (Hanund  ) ,  de»  variutons  de  liravotlre ,  aveo 
ebant  i  4a  mort  fldèU  de  Keentet',  le  second  (  FraentdJ , 
an  concerto  de  violon  avec  ohttiïr. 
Le  tnooafl  «Uvrage  appartient  d'^e  manière  plus  par- 
iS 


134 

ticuliëre  encore  à  riiidivi(Iiialit<3  de  Beethoven  ,  et  cet  ou- 
vrage est  la  symphonie  (  la  9'  )  avec  chœur,  doot  dous 
AfloDi  parler  et  que  le  publie  oommenoe  à  coanatlre.  Le 
premier  regard  jeté  sur  la  parlilion  nom  apprend  qu'on  a 
employé  dans  cette  composition  une  forme  toute  naurelle 
qui  dérive  d'une  nouvelle  idée  fondamentale  à  laquelle 
seule  on  peut  l'attribuer.  Quand  lus  inslrumens  et  les 
voix  se  présentent  ensemble,  celles-ci  prennent  la  pre~ 
mière  place ,  comme  l'humanité  dans  la  création,  car  le 
chant  qui  comprend  la  parole ,  et  la  puissance  musicale 
qui  réside  daasl'homme,  représente  ce  qui  est  de  l'homme, 
en  oppositioa  avoe  l'instrumental  qui  offre  ce  qui  est  en 
dehnra  de  l'homme.  Four  qui  considérerait  cette  création 
nouvdle  de  BMthoven  comme  une  composition  de  ohanlj 
dans  l'acception  usitée  jusqu'à  ce  jonr,'la  làctureen  de- 
viendrait inintelligible  et  paraîtrait  même  défectueuse.  Il 
ne  pourrait  comprendre  un  si  long  prélude  (quatre  parties 
de  symphonie)  pour  un6  cantate  d'une  longueur  ordinaire  : 
il  nç  serait  rieu  moins  que  satisfait  par  l'arrangement ,  à 
commencer  par  le  moroeUement  de  l'ode  de  Schiller,  dont 
Beethoven  a  bouleversé  l'ordre. 

On  doit  reconnaître  après  oel9  qu'il  s'agit  d'autre  chose 
que  d'une  composition  de  chaol,  et  qu'on  doit  attendre 
quelque  chose  de  plus  élevé  qu'une  cantate  sur  l'ode  de 
Schiller,  quand  on  voit  ce  grand  travail  musical  se  sé- 
parer en  deux  parties  distinctes  ;  une  symphonie  indépen- 
dante et  des  chants  exécutés  en  solos  et  en  chœur  atta- 
chés à  la  suite  de  la  symphonie. 

Ce  double  édifice,  cette  séparation  faite  à  dessein  des 
deux  domaines  de  la  musique  >  après  laquelle  la  phrase 
d'introduction  et  d'union  <dtée  of-deasm  devenait  néoes- 
8aire,nous  conduisent  à  considérer  la  manière  d'être  par- 
ticulière de  Beethoven ,  et  nous  la  fait  voir  si  clairement 
que  nous  n'hésitons  pas  à  dire  que  la  fantaisie  étant  l'his- 
toire de  son  commencement  dans  l 'art ,  représenté  par  le 
moyen  de  l'art,  la  symphonie  avec  chmar  est  l'ei^ression 
artificielle  de  son  intelligence. 

Elle  est,  pon^  la  définir  en  peu  de  mots*  sa  ooncen- 


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Ir.iliou  el  soci  immersiun  totale  dans  la  musique  inslm- 
meutaic.  Quelques  richesses  qu'il  nous  ait  donuées  dans  son 
opéra  de  Fidetio,  dans  ses  mosses  el  dj„«  ses  a.ilres  chants, 
ou  a  dû  arrivera  recunnail,-,.  séiu'r™lei,.e.il  la  composition 
instrumentale  comme  la  sptière  de  ses  crcalioiis  les  plua 
élevée»  et  les  plus  originales  :  on  pourrait  même  démon- 
Uer  que  les  plus  grandes  beautés  de  ses  compoiiiions  de 
chant  appartiennent  par  leur  nature  au  domaine  instru- 
mental. Enfin  le  malheur  de  la  surdité,  malheur  inogï, 
pour  un  artiste  créateur,  a  dû  le  forcer  à  s'arracher  à 
toute  influence  du  langage  vivant  de  l'homme .  à  toute  so- 
ciabilité, pour  8e  perdre  en  loule  liberté  dans  la  contem- 
plation du  monde  înalrumeulal ,  et  pour  y  pénétrer  dans 
ses  derniers  ouvrages  à  une  profondeur  inconnue  jusqu'a- 
lors/ Les  formes  et  les  combinaisons  sont  infinies  dans 
le  monde  instrumenul,  comme  tout  ce  qui  est  en  dehors 
^  derhomme  dans  le  vaste  domaine  de,  la  nature.  Tantôt 
elles  8'app,rochent  de  l'eipreBsion  ef  du  chaut  humains, 
et  l'on  est  tenté  de  croire  avoir  entendu  des  modificalions 
delà  voiï  humaine;  tantôt  se  perdant  dans  l'élément  qui 
leur  est  propre ,  elles  sont  bornées  au  sdn  puret  simple,  et 
bientôt  après  les  formes  qui  s'étaient  évanouies  reparais- 


sent Rpur  concourir  dans  im  vaste  cnstimblc  à  l'unilé  d' 
(ont.  D'un  antre  côté  csl  le  chant ,  éi,:rnellemeni  pur,  mo- 
Mcalion  des  plus  sublimes  delà  nature,  propriété  ac- 
cordée à  l'homme  et  dans  sa  simplicité,  vainqueur  pat  sa 
puissance  spirituelle  du  Protée  instiiimenlal. 

C'est  une  pareille  intention  que  Beethoven  uouq  pacaJt 
avoir  «primée  dans  sa  symphonioavec chœur.  Lui-méma 
régnant  dans  le  monde  mafiique  des  inslrumens,  épie  lu 
simples  sonsdD  la  vois  humaine,  et  élève  l'innocente  mé- 
lodie de  la  chanson ,  bngue  propre  à  l'homme,  conser- 
vatricp  et  «pression  spirituelle  d'une  heureuse  sociabilité 
Bur  le  trÔDÇ  où  U  se  place  plus  tard  lui-même  pour  ouvrir 
à  1  esprit  humain  de  nouveaux  domaines.  Ce  n'est  point 
nn  ohœur  accidentel  fait  pour  une  composition  instru- 
menlale  qui  n'avait  besoin  d'aucune  péroraison  éttan- 
gère;  ce  n'est  point  une  musique  faitepour  l'ode  de  Schiller, 


.M. 


i36 

ni  même  l'expression  musicale  de  l'idée  qui  domine  cette 

poésie;  ce  n'est  que  lechuAt,  que  la  modiricatiM  Ta'plas 
simple  du  langage  musical  de  l'homme  qu'il  a  cherché 
à  reproduire ,  pour  le  glorifier  de  sa  victofre  sur  le  monde 
iniitrumeiital.  Cette  victoire  lui  a  paru  tellement  sûre,  tel- 
lement inévitable,  et  le  chant  par  lui-même  si  intimement 
prupre  à  l'homme  et  si  puissant  chez  Jui ,  qu'il  a  laissé  les 
voix  .marcher  comme  devant  vaincre  par  elles-mêmes, 
et  sans  y  ajouter  aucun  ornement  étranger, 

AJnd  pour'  ne  pas  s'exposer  &  une  &usse  interprétation 
de  la  première  mélodie  de  cette  symphonie  [voyez  l'exem- 
ple i"),  on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  l'idée  fondamentale 
de  l'ouvrage,  l'opposition  des  deux  puissances  musicales, 
comme  nous  venons  d'essayer  de  le  démocitrer,  et  en  se- 
cond lieu  ,[la  séparation  marquée  de  l'ensemble. 

Aux  entrées'  successives  des  seconds  violons ,  des  vio- 
loncelles, des  cors  des  hautbois,  des  flûtes  et  des  bassons 
{voyM  l'exemple  a)  apparaît  l'idée  principale ,  quise  déve- 
loppe puissamment  devan t  nosyeux.(v0i/es l'exemple 5.) 

Quant  aux  formes  qui  en  résultent  ou  qui  s'y  joignent, 
on  n'a  qu'à  penser  anx  plus  grands  ouvrages  de  Beethoven; 
les  masses  d'instrumens  n'ont  jamais  été  présentées  d'une 
manière  plus  puissante  et  plus  libre,  jamais  opposées  d'une 
manière  plus  décidée  dans  leur  séparation  en  inslrumens 
A  veut  et  à  cordes  que  dans  la  seconde  partie  principale 
(ex.  4-;)  leur  fougue  n'a  jamais  été  conjurée  d'une  tna- 
nière  plus  l'orte  que  daus  la  péroraison  de  ce  morceau  gU 
gantesque  (ex.  5)  qui  se  continue  jusqu'à  cequ'après  dix- 
huit  mesures ,  le  premier  thème  revient  travaillé  avec  plus 
de  force  qu'auparavant  et  conclut  dans  le  fortissimo  de 
tout  l'orcheslre.  (ex.  6.) 

Après  s'ûtre  rendu  complètement  ma  tire  de  la  masse  des 
inslrumens,  Beethoven  Tentralne  dans  un  scherzo  et  ap- 
pelle hardiment  chaque  iustrument  isolé  à  l'exislencc  in- 
dépendante qui  lui  est  particulière.  Il  passe  de  l'un  à  l'au- 
tre avec  une  telle  facilité  que  l'allure  la  plus  libre  est 
«oiuervée.à  ohaoDu  «t  que  les  moti&  de  tous  s'enlacent 
dans  un  cercle  aérien  inépuisable  en  beautés  nouvelles ,  et 


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available 


B'enohalDânt  de  la  manière  la  plaa  variée  à  cet  appel  ea- 
tratnq^t  du  maître  (  votf.  ex.  7  ) .  qui  a  suîei  d'une  maio 
ff^rte  l'empire  de  ta  masse  dans  le  premier  morceau  et  ^- 
rigé  chaque  instrument  séparé  dans  le  second. 

Après  avoir  créé  la  sphËre  à  laquelle  il  peut  consacrer 
son  sentiment  intime ,  transmettre  lies  inspirations  les  plus 
secrètes,  et  qui  doit  résonner  di;  sas  chants,  il  nous  con- 
duit à  Vadagio ,  dans  lequel  la  passion  lu  plus  tendre ,  la 
^uB  touchanle,  et  les  mélodies  les  plus  caressantes  énuo- 
vent  l'ame  tour  à  tour.,  . 

C'est  ainsi  qu'a  été  maintenue  jusque  là  la  murhe  je 
la  symphonie ,  conçue  par  uu  esprit  supérieur ,  et  ce  que 
uous  en  avons  fait  connaître  jusqu'à  présent  ne  doit  lui. 
servir  que  de  signalement.  Chaque  morceau  a  produit  une 
grande  satisfaction,  mais  il  en  fallait  encore  une  plus 
complète.  L'homme  peut  réfléler  son  ame  sur  toute  la  na- 
ture qui  l'environne,  l'animer  d'une  manière  presque  hu- 
inaine>  maïs  il  reste  toujours  impérieusement  dominé  pfx 
Jle^dMr  delà  société  de  l'homme.  La  masse  des  ingtrwK#s 
a'étélnaltriBé^;  chaooD.  d'eux  a  re^u  iiolémeat  la  rie  par- 
ticulière qui  lui  est  propre;  chacun  a  redit  ce  que  l'artiste 
sentait  dans  l'intimité  de  son  ame ,  mainlËnant  il  les  en- 
traîne avec  force  par  leur  accord  simultané  aii-ilevant  de 
l'expression  humaine  du  chaut.  Les  basses  prennent  la 
forme  du  récitatif  pour  préparer  la  voie  au  langage  qui  doit 
se  produire  d'une  manière  imposante  aprèit  de  si  grands 
préliminaires,  [foy.  l'exemple  8.) 

Autour  de  ces  phrases  de  griind  style  voltigent,  comme 
des  épisodes,  les  pensées  principales  de  toutes  les  parties  de 
ta;i7iiiphonîe  du  premier  morceau,  du  aeH*no,  da  Vada- 
-gia  qid  semblent  comme  un  regard  iavotontalrement  jelé 
.en  arrière;  enfin  se  font  entendre  les  mélodies  qui  vont 
bientAl  sortir  du  sein  de  l'homn^  :  elles  sont  solennelle- 
ment indiquées  par  les  instrnmcns  indépendans  pour  la 
dernière  fois.  G'esLIe  dernier  morceau  de  la  symphonie 
qui  BOUS  conduit ,  non  à  une  concinstqti  ,.maiB.aû  premier 
récitatif  chanté  par  la  voix  de  basse,  dans  de  grandes  piv- 


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i38 

portions,  comme  l'exigeait  la  représentai! ou  du  chant 
hamaiD  se  développant  du  milieu  dë  l'instrumental.' 

Noul  le  répétons,  ce  ne  sont  paslei  paroles  de  l'Intro- 
daotioD ,  ni  le  fiens  des  vers  de  Schiller ,  mais  bien  la  re- 
présentation de  la  naliire  humaine  et  de  la  société,  expri- 
mée par  le  chaut ,  qui  font  le  sujet  de  la  cantate.  Comme 
on  mécoiiuutirait  ,  selon  nous,  les  intentions  du  grand 
artiste,  si  l'on  voulait  juger  ce  récitatif  d'après  les  règles 
communes  de  la  composition  déclamatoire ,  sans  le  consi- 
dérer comme  une  émanation  immédiatedu  grand  ouvrage, 
et  sans  iàire  attentiou  qu'il  ne  prend  pas,  comme  dans  les 
compositions  ordinaires,  sa  source  dans  te  langage  de 
l'homme  I  nous  croyons  qu'il  ne  nous  est  pas  permis  db 
fkfre  attention  «nx  principes  applicables  à  la  composition 
du  chant ,  de  préférence  aux  intentions  originelles  de  l'ar- 
tiste. Cette  intention  ,  il  avait  besoin  de  mots  pour  la  re- 
produire. Mais  s'inquiétant  peu  du  sens  caché  qu'ils  ren- 
t'crmaieiit ,  du  parti  qu'un  en  pouvait  tirer,  il  s'en  est  servi 
comme  de  matériaux  qui  l'aidaient  à  atteindre  son  but,  et 
auquel  ii  n'attachait  pas  d'autre  Importance- 

Ce  procédé  nous  semble  éclater  d'une  manière  si  cer- 
taine dans  la  construction, de  l'cusemblc ,  que  nous  n'aban- 
donnerions pas  notre  assertion ,  lors  même  qu'on  pourrait 
élever  quelque  doute  que  Beethoven  n'aurait  pas  eu  l'idée 
de  rendre  l'expression  réelle  de  la  cantate  de  Schiller. 

Hi  nous  jetons  un  coup  d'œil  sur  l'ensemble  du  plan  de 
la  syiiiplionic  ,  tel  que  noua  l'avons  indiqué ,  nous  y  trou- 
verons d'abord  l'opposition  et  l'encbainemcnt  de  deux 
muNques ,  instramentale  et  vocale. 

I"  partie  :  gi^ande  symphonie,  se  composant  ■*-  de  la 
production  et  da  la  domination  delà  masse  instramentale; 
a*  de  la  viviiication  de  chaque  instrument  isolé)  ayant 
obacnn  une  existence  pfopre;  S°  de  la  transmission  des 
sentimens  internes  de  l'homme  :  désir  d'une  satisfaction 
pUiS  complète:  4*  développement  du  mitien  de  l'instru-. 
mentfttîun  :  fuite  snccesBive  de  tous  les  motifs  antérieurs 
devant  l'arrivée  de  la  parole;  5*  parole  et  prologue  du 
chant. 


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11'  partie.  Grande  solennité  vooale^^,  avMrCfx^iération  dé 
toute  rinttrmaentatiou .  '  - 

Et  noluy  reconnaîtrons  alors  bt  pensée  «t:la  di^osfUon 
les  plus  grandes  eties  plus  hardies-qaî  aient  jamaïa  dominé 
une  composition  inatxumental'e.  '  '      '  ' 

Voil  ce  qu'on  devrait,  avant  tout^  ue  pas  perdre  db 
vue  partout  oli  l'on  prépare  une  exécution  de  ée  grand 


MUSIQl]E  DES  ORIENTAUX. 
^tttet  sur  tts  itfstnmns  h  i^mn«t  ht  ^<trf<tii#a, 

A  HOVmCB  IIE'L'«iFIBE  BlUiH. 

(Bllnil  dl  IVaiL  ptf  odiqoa  ujlili,  qal.  ■  piartUn  i  TU  QiaïUify  ^Muiat 
JfBfOHlHudJImnr.  Toiwili.p.  4S1.)(I) 


HOHglEOK, 

Je  prends  la  liberté  de  vous  envoyer  les  détails  suivant, 
sur  la  musique  des  Indiens,  extraits-  d'une  lettre  (|ue  je 
viens  de  recevoir  de  mon  frère ,  qui  itert  dans  ce  Daement 
avec  les  troupes  indiennes  contre  le  Burmcse,  par  l'espoir 
qu'ils  pourront  intéresser  vos  lecteurs.  Je  désire  seulement 
qu'on  n'oublie  p^isi  que  celte  leltro  no  l'nt  point  écrite  dans 
le  dessein  d'élru  pu!)liée. 

Martaban,  iSaS.  hLcs  mceurs  et  coutumes deB  habi- 

■  tans  duMartabaa  étant  peu  connues  en  Âogleteere,  quel-. 

■  quos  détails  sur  ce  peuple  pourront  peut-étrp  vous  in-> 

■  téresser.  Ils  paraissent  aimer  prodigieasemei|t  notra 

■  musique,  de  laquelle  la  leur  se  rapproche  plus  que  celle 
•  d'aucun  autre  peuple  de  l'Inde.  Les  îuslrumens  dont  ils 
"  font  usage  méiilent  d'Être  observés.  Ils  ont  u  n-4th  aveo 

■  deux  cordes  de  laiton ,  qu'ilsjouent  laulAtaveo  un  ar- 

(i)  Les  diliïli  que  oantieat  cette  lettre  noiu  ont  pua  aToii  quelque 
àrtérSt  ;  miïi  nom  noSi  cm  devoir  en  oter  tontea  lea  ramjectant  du 
'auteur  qui  ne  m  lappoiUient  pu  -dinfetCDiiSDl  k  la  mOâfne.  - 


■4o 

(  ohet,  et  tantôt  avec  les  doîgU;  uae  espèce  de  violon,  et 
«  un  crocodile,  instrument  dans  la  forme  de  oet^ninià> 
^  ^li  a  trois  cordes  tendaesaur  sim  dos ,  daox  en  soie  et  une 
t  de  laiton.  lia  ont  encore  an  instrament  que  j'appellerai 
*ehat,  parce  qu'il  représente  cq  quadrupède  assis  avecles 
ijambes  ployée»  soiis  lui,  et  la  queue  ramenée  en  demi 
t  cercle,  au-desBUK  de  sua  dos.  C'est  sur  celte  queue  que 

■  les  cordes  sont  alt3cliée<<.  Ils  ont  en  outre  des  espèces 
<  de  flûtes,  de  flageolets,  de  taïutams  et  de  cloclies  qu'ils 
■I  appelenl  gongs.  Quant  à  l'urrangemeut  de  leur  échelle 

■  musicale ,  je  vais  essayer  de  vous  en  donner  une  idée, 
f  Le  chat  a  habituellement  douze'  on  Ireiie  cordes  ;  sup- 
("posez  que  la  corâe  la  plus  basse  donne  ri,  l'échelle  ne. 

■  suit  pas  comme  la  note  par  tons  cl  demI>loni, 

■  celte  manière  :  i"  corde,  ré;  o.;,fa;  3',  ia;  4*,  tôt;  5<, 

■  6*,  ré  ;      ut  ;  8*,  mi  ;  g*  sol  ;  et  ainsi  de  suite.  Je  ne  sais 

■  rien  de  leurs  autres  instrumens  à  cordes ,  si  ce  n'ât 

■  qu'Us  s'en  servent  dans  leurs  concerts  avec  le  chat.  •  ' 
Tel  est ,  monsieur,  le  récit  de  mon  frère  ,  pour  lequel  je 

demande  votre  indulgence  et  celle  de  vos  lecteurs.  Je  la  rè< 
dame  également  pour  quelques  oitscrvations  que  je  crois 
devoir  Tons  soumettre.  Il  s'agit  principalement  de  deux 
instniiiiei»  que  je  crois  devoir  appartenir  à  la  plus  hante 
antiquité.  Ils  sont  probablement  l'ouvrage  d'un  peupla 
grossier,  qui  essayait  de  produire  des  sons  autres  que  ceux 
qtt'on  obtient  en  soufflant  dans  un  roseau.  Le  phii  ancien 
que  nous  connaissions  est  conscrviï  sur  lu  Guglia  Moma'. 
Ce  curieux  inslrumenl  a  deux  coriles  et  un  manche,  sem- 
Uabte  à  celui  du  calasciane,  maintenant  en  usage dansle 
royanme  de  Naples.  Les  Russes  ont  leur  éalalaika;  le 
»  r^ec.  qui  n'avait  que  deux  cordes  et  qu'on  jouait  avec  un 
archet  (  le  lecteur  observera  la  ressemblance  qui  existe 
entre  cet  instrument  et  le  lulh  du  Martaban),  arriva  en 
BipagueVoec  les  Maures;  il  passa  ensuite  en  Italie,  où, 
avec  l'addilion  d'une  Iroisiëme  corde,  il  reçut  le  nom  de- 

(i)  On  du  obiligqucB  qu'on  luppoae  avoir  élé  ëUi6*  p«r  8<a(ntria  \  ~ 
fiMiopolîit^B')*"'  *v»nt  le  liégt  di  Troie. 


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•4* 

rtétea.  De  U  vient  le  vieux  rebec  brilaoulquc  »  ou  violon 
avnc  trois  voràea.  D'après  ce  que  je  viena  de  dire ,  on  doit 
peoier  quête  Inlh  du .Marlaban  cêt  d'origine  égyptienne' 
^il  reste  des  doutes  à  cet  égard,  on  ne  peiil  dn  moins  en 
élever  relativement  au'CfvHKdïftf .'  sa  forme,  qui  est  oelle. 
d'un  des  animaux  révérés  en  Ëgy pte  >  et  sa  ressemblance 
avec  la  lyre  de  Mesure  prouvent  suffisamment  qu'il  vieqt 
ortgÏDairemenI  des  bords  du  Hil,  ^ 

Le  chat,  ou  harpe  dnilartaban»  est  une  imitation  fla 
l'élégante  harpedesfljppogées,parsa.fiirmeetparle  nom'ï 
bre  de  ses  owdes.  Cette  ressembbnoe  me  conduit  à  peuT 
ser  que.lesarts  etiea  soienoes  étant  demeurés  stationoaires 
pendant  une  longue  suite  de  siècles  dans  la  plupart  des 
provinces  de  l'Asie?  la-musiqu^t  les  instrumens  qui  sont  ' 
aujourd'hui  en  UKage  dans  l'ffdostan  et  duns  l'empire 
birman  doivent  leur  origine  à  une  très  haute  antiquité. 
Ne  peut-on  pas  croire  que  les  Phéoicieos,  qui  ont  porté 
leur  commerce  dans  presque  toutes  les  parties  du  monde 
GODutt,  ont  éla^dang  les  Indes  les  sciences  et  les  arts 
tim  Âiltïi^és  enVgypte. 

L'examen  du  chat,  ou  harpe  du  Marlaban  est  très  inté- 
ressant par  son  analogie  avec  celle  des  tombeaux  de  Thèbesi 
L'une  et  l'autre  sont  dépourvues  du  second  côté  de  la 
liarpe  irlandaise  ;  la  harpe  de  Thëbe.q  est  représentée  aveo  , 
treize  corde»  ;  celle  du  Marlaban  n'en  a  pas  davantage. 
Tout  se  réiiiiil  ddiir,  |)(uii-  prouver  que  tel  instrument  vient 
Driginairemeiit  d'l:;;;y|ii(i.  T, 'invention  de  la  harpe  esl  allri- 
buée,  par  quelques-uns,  aux  Arpi',  peuple  de  l'Italie; 
maisGalilée  «outienl  qu'elle  fut  inventée  parles  Irlandais, 
qui)*  transmirent  aux  Arpi.  Je  n'ai  point  l'inlention  de 
discuter  ici  ce  point  :  j'en  parle  seulement  parce  qu'ayant 
d^à  observé  que  l'ancienne  harpe  égyptienne  et. celle 
du  Martaban  n'ont  qu'un  seul  côté,  j'ajouterai  que  dans 

(i)  Papîai  dit  (Gloaar.  Hinoacril  de  1*  Bibliothèque  du  roi,  fonda  de 
l'ÉgUie  de  Pari»,  cité  par  Ducange.)  i  Barpa  iiela  i  genti  Arporum  qui 
km  ùutmmMum  matieiaa  l'iiMturtmt.  Arpei ,  «uivant  cet  auteur, 
llident  dM  penplei  d'Italie  qui  paMaieat  pour  ttn  très  aucieni. 

[Dot*  in  Kdwtwtf.) 


tous  les  dessins  de  harpes  britanniques  que  j'ai  pu  cxami-^ 
uer,  je  n'en  ai  rencontré  aucune  de  cette  construction 
particulière.  Cette  circonstance  |irouve-t-elIe  que  cet  in- 
strument a  été,  à  diverses  époques,  inventé  par  différons 
peuples ,  ou  qu'il  a  reçu  des  améliorations  ?  J'abandonne 
telle  (juestion  à  ceux  qui  voudraient  faire  sur  ce  sujet  des 
rcclicrches  plus  éleiidues  que  les  miennes.  Peut-ôlre  on 
me  demandera  à  quel  résultat  ces  recherches  peuvent 
conduire  P  Je  répoudrai  que  si  l'on  pouvait  prouver  d'une 
manière  iucoulestable  que  le  luth ,  la  lyre  cl  le  chat,  ou 
la  harpe  duMartaban  vicnuent  originairement  d'une  n.i- 
tion  ancienne  et  savante,  qu'ils  ont  éié  conservés  chez  un 
peuple  orientai  dont  il  nous  reste  à  peine  quelquei  sou- 
'venic»,  if  swaU  suffisamment  prouvé  que  c'est  dans  ce 
pays,  si  peu  connn  des  Européens ,  qu'on  doit  chercher 
les  traces  de  la  musique  des  Égyptien»  et  peut-être  môme- 
dés  Grecs. 


.  COPjCEIt'l-  l)K  M.  UfiNISI  HEiffe  JEUME. 


I.cscontcrts  S!!  pressent  dan  s  la  saison  oii  nous  sommes. 
Chaque  talent  aimé  du  public ,  ou  qui  désire  se  faire  con- 
naître de  lui,  choisit  ce  moment  pnur  iloiiiici-  simi  ;  te 
sont  comme  les  préludes  de  ces  lamcuv  toiiccrls  -.pirilùels 
qui  ont  le  privilège  de  rassembler  la  plus  brifluntu  et  la 
plus  nombreuse  société,  quoique  leur  exécution  laisse  sou- 
■  vent  beaucoup  à  désirer.  La  salie  que  M.  llar^  avait  choisie 
pour  donner  le  sien  était  trop  petite  pour  contenir  tous  les 
amateurs  qui  auraient  voulu  jouir  du  plaisir  de  l'entendre 
ainsi  que  les  talons  distingués  qu'ilavait  rassemblés  autour 
de  Juî  comme  auxiliaires;  mais  si  l'assemblée  n'était  pas 
nombreuse,  elle  était  du  moins  choisie,  car  nous  y  avons  re- 
marqué une  foule  d'artisfes  dunt  la  priîscucc  ùlaii  ilrjj  u,, 
éloge  de  ceux  qui  devaient  se  Wih  i:  cnleudre. 

Le  concert  a  commencé  par  un  nouveau  concerto  de 


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.43 

piano,  composé  et  cxiiculé  par  AI.  Ilerz.  Ce  morceau, 
dans  lequel  le  chant  n'occupe  peni-étre  pas  assez  de  place, 
est  runarqoable  par  Foriginotilé  des  traits  et  des  diOicaltés. 
M.  Herz  les  a  exécutés  avec  le  brillant  et  la  fermeté  qu'on 
lui  connaît  :  Plusieurs  fois  il  a  excilë  l'élonnemeut  par  son 
adresse  merveilleuse  à  mullipticr  ses  doi;;ls;  mais  ou  pa- 
raissaîl  regretter  qu'il  dédaignât  de  laisser  reposer  un  peu 
l'admiration  pour  faire  place  au  plaisir  de  l'entendre 
chanter  davantage.  Le  rondeau  nous  a  paru  Être  le  mor- 
ceau qu'on  a  écouté  avee  le  plus  de  plaisir.  Mais  c'est  sur- 
tout dans  BÇs  variations  sur  la  marche  du  Stége  de  Corin~ 
tAe  que  M.  Hersa  ravi  l'assemblép;  rien  en  effet  de  plus 
brillant,  de  plus  énergique  et  deplus  âtonuant  que  l'ezé-  , 
cuiion  de  ce  virtuose  dans  ce  morceau.  De  pareilles  dïfii- 
cullés  auraient  paru  impraticables  autrefois;  il  est  vrai  que 
beaucoup  de  nos  habiles  piani.'ïtcs  siéraient  fort  embarras- 
sés pour  jouer  tes  fugues  de  llach  dans  leur  vérilablc  style, 
oumémeles  t0cca(»(/e  Frescobaldi,  qui  ont  été  écrites  il 
f  a  plïis  de  deux  cents  ans.  Nous  répéterons  ici  ce  qu^nous 
avons  dé)à  dit  du  piano  iTe  M.  Bcrz  :  pourquoi  donc  s'oba^ 
line-t-il  &  jouer  sur  ce  miséraHe  sabot?  on 'dit  qu'il  est 
d'Erard:  j'en  suis  fâché. 

MM.  Vogt  suris  hautbois,  Gallay  sur  le  cor,  et  Lafonl 
sur  lé  violon  ont  montré  leur  pcrfcetiou  accoutumée.  Ce 
dernier  a  été  ravissant  dans  sa  fantaisie  sur  la  romance 
A'Otelio.  La  maciiiru  dont  il  a  ev^ciiit^  le  thème  a  eausé 
la  plus  vive  L^molioii  aux  -.iiilileurs.  ■ 

M"'  Stockliausen  el  Labat  ont  foit  bien  chanté  le  duo 
de  Paër  qui  se  trouvait  dans  la  première  partie.  Nous 
avons  d^àeu  oocasiou  de  parler  dutatent  delà  première, 
et  de  lui  diinner  les  éloges  qu'elle  mérite.  Quant  à  M*"  La- 
bat,  on  reconnaît  en  elle  une  excellenle  école ,  et  sa  voix 
est  %rt  belle;  ce  sera  probablement  une  habile  canta- 
trice; mais  pourquoi  ces  variations  de  mauvais  goût  sur 
ce  motif  <f  dotée  Conlento?  est-ce  qu'on  ne  peut  montrer 
(le la  k-sèreté  cl  île  la  i>rciuoui-c  t[Uù  dans  iiislcs  tours 
du  IbiccV  l'oiirqiioi  doiic  iiiiiicr  [VI-  Cilal.ini  dans  ce 
iprcllc  a  eu  de  plus  n-préhcnsiblc  ?  Sous  cug.'igcons  M."'  La- 


>44 

bat  à  renoncer  à  ce  charlatanisme  dont  elle  n'a  pan  besoia 
pour  se  &ire.  une  brillante  répulation.  La  cavaliiie  <Ic 
Sapîema  chantée  par  U"  StocLhauscn  est  bien  faillie  , 
mais  les  airs  suïa«es  qu'elle  a  fait  entendre  dans  le  dïakcie 
du  pays  sont  ravissans  en  passant  par  sa  bouche.  Nous 
□e  répëteron>i  pas  ce  que  nous  avoii^  dit  dans  une  autre 
occasion  du  chaut  de  M.Dommangedaos  le  duo  d'Elisae 
Ctaadto,  de  Uercadante  :  toujours  même  médiocrité.  En 
somme ,  cette  soirée  a  été  charmante. 


THÉATBE  DE  L'OPÉRA-COMIQUE. 

Première  et  deuxième  représentations  du  Loup-Garou , 
paroles  de  MU.  Scubb  et  Hae^bes  ,  musique  de  Made- 
moiselle Louise  Bestih. 

Ce  n'est  pas  sans  éprouver  une  sorte  d'embarras  que 
nous  nous  voyons  obligé  de  rendre  compte  de  la  musique 
dn  cet  ouvrage  ;  l'intérêt  que  nous  portons  au  oompmi- 
tenr,  dont  nous  avons  guidé  les  premiers  pas  dans  la  car- 
rière musicale,  doit  inspirer  quelques  doules  sur  l'in- 
dépendance  de  notre  jugement,  et  nous-mêmes  devons 
nous  défier  d'uncbienveillance  qui  doit  s'emparer  de  nous, 
malgré  notre  désir  de  n'être  que  juste;  d'un  autre  côté, 
l'impartialilé  que  nous  professons  nous  oblige  à  faire  tous 
DUS  efforts  pour  apercevoir  la  vérité  et  pour  avoir  le  cou- 
rage de  la  dire.  C'est  au  lecteur  à  décider  si  nous  tivons  su 
échapper  au  piège  que  nous  Icndaient  nos  aiTccliuus  et  si 
nous  avons  élé  fidèlu  à  nus  engagemcns. 

Le  littérature  (irainiilique  ii'i-tnnt  |ias  l'objet  de  celle 
Revue,  nous  avions  formi'  li;  |)rqjct  de  reuontrr  à  l'exa- 
men de  la  piÈcc  el  de  nuus  bunicr  !i  celui  de  la  musique. 
Quant  à  celle-LÏ ,  non,',  voulions,  [)our  la  juger  eu  sûreté  de 
conscience  ,  prendre  l'avis  de  quelques  musiciens  distin- 
gués qui  suivent  la  carrière  théâtrale  avec  tant  de  succès  , 
qu'on  ne  pilt  les  soupçonner  de  jalousie  contre' le  premier 
essai  d'une  jeune  personne  encore  inconnue  i  jet  qui  par 


,45 

leurs  lumières  fussent  en  état  de  porter  un  jugement 
aaÏD.  Malheureusement  l'animoBité  manifeste  d'une  partie 
des  spectateurs  a  cnusé  un  tel  hrouhaha,  dès  le  commen- 
cement de  la  première  représentation  ,  qu'il  n'a  point  été 
possible  d'enteudre  l'ouvrage  avec  calme,  et  <jue  paroles 
et  musique  ont  été  enveloppés  dans  la  même  proscription, 
uns  qu'on  pât  distingner  oe  qui  méritait  les  éloges  ou  le  ' 
bUme.  La  salle  pr&enlalt  l'aspect  d*uné  arène  dans  la- 
quelle on  semblait  combattre  pour  une  question  toute  dif- 
férente que  celle  du  mérite  de  la  pièce  ou  de  la  musique. 
Les  spectateurs  étrangers  à  l'esprit  de  parti  qui  paraissait 
en  animer  d'autres  n'avaient  pu  se  former  une  idée  nette 
des  qualités  ou  des  défauts  de  ce  petit  opéra;  seulement, 
on  avait  pu  apercevoir  que  quelques  inconvenances  dans 
le  dialogue,  quelques  longueurs  dans  la  marche  de  la 
|Mèce  et  dans  la  musique  nécessitaient  des  coupures  et  dés 
nipp^èii^bns,  qui  donneraijDnt  pour  résultat  un  effet  gé- 
néral satisfaisant. 

Ces  remarques,  les  auteurs  les  avaient  faites, .et  dès  le 
lendemain  les  coupures  et  les  améliorations  jugées  néces- 
saires avaient  été  consenties  par  eux  avant  même  que  les 
journaux  les  eussent  indiquées.  Le  succès  complet  de  la 
seconde  représentation  a  prouvé  qu'on  ne  s'était  point 
trompé  sur  la  nécessité  des  sacrifices  qui  avaient  été  faits, 
et  L'on  en  a  reoueilli  le  fruit  dans  les  applaudissemens  uua- 
ninjes  d'une  assemblée  impartiale. 

I^,qiialité.  dominante  qiiï  a  été  remarquée  Jansla.mii- 
sique  est  une  ùtdépendaïuie  de  manière  qui ,  au  premier 
abord,  paraît  plus  étrange  que  séduisante;  mais,  sous  ces 
formes  inusitées ,  sous  cette  harmonie  singulièrement  atta- 
chée, sous  ces  accompagn émeus  empreints  d'un  peu  de 
bizarrerie,  on  découvre  bientôt  une  vigueur  qui  ne  semble 
pas ^pâi^lenir  au  sexe  de  l'auteur,  des  idées  originales, 
unemaniiire  de  sentir  particuhëre ,  vive  et  profonde  ;  c'est 
quelque  chose  enfin  qui  ne  ressemble  point  à  ce  qu'on  a 
fait  jusqu'ici,  et  c'est  beaucoup.  On  y  trouve  du  chant; 
mais  ce  chant  est  généralement  mélaocoUque ,  et  décèle 
ploB  de  penchant  aux  choses  fortement  dramatiques  que 


Oc  lulcnt  [lour  l,i  miii.ii[uc  coiiiiiiuc  :  nous  t^iierons  pour 
exemple  la  phrase  cliantce  si  délicicuscineQt  par  Cliollet 
dans  le  quintetto:  Qu'entemls-jG?  Cette  phrase  est  belle, 
maïs  d'un  caraclère  mélaucolique  qui  ne  semblait  pas  ap- 
partenir à  la  couleur  de  l'ouvrage  dont  le  sujet  est  bouRbn. 
.l'en  dirai  autant  de  ronscmble  en  mi  iémit  du  mémo 
mortcati,  qui,  d'ailleurs .  est  d'un  bon  effet  et  fort  bien 
dis[ii>SL'  [loar  les  voîi.  On  a  cependant  dislingué  des  cou- 
plets îort  jiili.s  ei  assez  fi;ais  qui  sont  chaulés  par  Cliollet, 
Valùrr  rt  11  liOMLiiigcr;  le  duo  de  Chotlel  et  de  M"' Prévost 
a  fait  aussi  liuaiitmij]  de  jdaiHir.  L'uuverture  et  le  finale  ne 
sont  heureux  ni  d'idées  ni  de  formes.  Eu  résumé,  cet  ou- 
vrage donne  des  espérances,  parce  qu'on  y  trouve  de  Tori- 
ginalité)  chose  fort  rare;  mais  Tauteur  a  besoin  de  tra- 
valller  beaucoup  :  ilabesoin  d'apprendre  certains  procédés 
de  l'art  sans  lesquels  le  génie  le  plus  heureusement  orga- 
nisé ne  peut  se  ilalter  de  pruduirc  Icn  effets  auxquels  il 
prétend.  Quelque  originale  que  soit  la  tournure  de  notre 
esprit,  nous  avons  besoin,  pour  le  faire  briller,  des  com- 
municalions  de  ce  qui  nous  entoure.  L'ouvrage  a  été  fort 
bien  }oné  par  Chotlet,  Vïzentini,  Valëre,  M""  Boulanger 
et  Prévost. 


NOUVELLES  DES  PAYS  ÉTRANGERS. 


Ebpaghb.  La  place  d'organiste  de  la  paroisse  de  Safait- 
Sébaslien  de  la  ville  de  Reinosa ,  érigée  en  bénéfice  ecclé- 
siastique ,  est  vacante  ;  le  bénéfice  est  de  a,aoo  réaux  an- 
nuels, outre  le  produit  des  oilicci  qui  est  de  cent  ducats 
environ.  Pour  ûtre  admis  à  remplir  cette  place  il  faut  être 
prêtre  ou  prCt  à  recevoir  l'ordiiialion.  (S'adresser  par  écrit 
au  .syiulie  de  la  paroi>.j«c  av.ml  la  lin  du  mois  de  mars.  ) 

LosDEES.  Le  premier  oratorio  (le  la  saison  a  été  exécuté 
au  théâtre  de  Drury-Laiie,  vendredi  a  mars.  L'ouvrage  qui 
avait  été  choisi  était  le  Messie,  la  plus  sublime  peut-être 
de  toutes  les  compositions  d'Hsndel.  Les  chœurs,  et  par- 


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ticulièrement  celui-ci  :  uiHo  us  a  chitdren  is  hom  {un 
enfant  est  népoiirnouojî  ont  été  rendus  avec  beaucoup  de 
préoiEÏon  et  d'effet.  L'orclientrc  ëlail  parfait.  Entre  les  deux 
parties»  le  violanisle  Mor;  a  joué  un  concerla  ixa»  lequel 
it  a  obtenu  le  plus  grand  suooèa.  Les  oratorios  sont  cetle 
année  sons  la  direction  du  célèbre  compositeur  Bjghop. 
ANNONCES  DIVERSES. 
CiiuuffiA  (D.)  H  Matrimonùj  secrcio,  opéra  buffa, 
réduit  pour  le  piano,  nouvelle  édition,  n°  20  de  la  collec- 
tion de  partitions  publiée  par  Paciiii  ,  boulevard  des  )ta- 

Cette  édition,  commr  lotitea  cellfs  qui  ont  iiè  ilunntcs  par  M.  Pa- 
dnî,  «e  dùtiogoe  par  une  hellc  eI^cll^ion  lj'pcij,'rapliiqnc,  beaucoup  de 
cOiTectioa,et  une  dispoiition  très  commciriv  pour  reiécullon,  en  ce  que 
le  nom  des  pertonnigei  le  tPOUTe  toujonra  k  e61é  dn  la  lîfsnc.  Le  te- 

nc  point  enip|[>yor  cfttc  clef  ponr  les  basses  comme  l'a  fait  précÉdem- 
mcol  un  autre  éditeur;  il  a  sonli  que  par  celte  mttLodc  rïdicu!e  l'bar- 
nionic  étaii  rpaïmrjc  et  ptésenloit  ii  l'tcil  des  dispositions  trts  fautives. 
Celle  èJilinn  est  encore  remarquable  en  ce  qu'elle  présente  pour  la 

Cioiarosa.  M.  Caslil-ltliiio  av.ut  ^isnalù  plusieurs  foi^  le  désordre  iioi'îui 

piste  avait  imaginé  d'y  introduire  des  Irails  tirés  d'om-  antre  nurerLurc 
de  Cimarosa  et  d'en  supprimer  un  chant  fort  joli  qui  élablit  un  bon  sys- 
tème de  modalation  :  c'est  ainsi  qu'on  l'atait  toujours  enlendue  au 
Ibéâtrc  Italien.  M.  Pacini,  qui  jon»itdans  IWliestrc  à  tapies  lorïquc 
Cimarossi  f  Gt  monter  ion  ouvrage,  a  rétabli  dans  son  èdilion  l'oaier- 
ture  originale  dont  U  ganatit  la  fidélité.  Il  me  semble  ^ue  celte  tonga- 
laritÉ  deTTuttaffirepour  UieieElierabef  l'iditioii  de  H.  Faoinipaitous 
les  nais  amatean. 

Jodutal  de  ucsiqcEBGLiGisvsE,  offrant  nnchoiz  de  textes  et 
depoéûesnioralcs  ou  sacrées,BoitfirançaiBeB,6oitlatineg,  mi- 
ses en  musique ,  à  une  ou  plusieurs  voir  avec  accompagne- 
ment d'orgue  ou  de  piano,  parles  meilleurs  compositeurs, 
et  également  susceptibles  d'être  employées  pour  l'élude  de  la 
musique ,  pour  le  service  de  l'église  et  les  réunions  oti  so- 
ciétés de  musique  ,  publié  pour  l'usage  des  ceramunantés 
et  des  maisons  d'éducation  de  l'un  et  de  l'aulre  sexe,  par 
M.  A.  Choron,  directeur  de  l'inslitulion  royale  de  musi- 
que religieuse. 


Ce  jonnulut  miiupiMt  de  clnqiunu^ax  numéroi  p*T*n,qa{f«rmia' 


mimèioi,  pour  vingt-aîx  oa  pour  lielie.  Leprixdeoinqnmte-dBaxtin* 
méifi  ni  de  s5  fr. ,  de  i5  ti,  pooi  xïi^ali,  et  de  9  fr.  pour  treize.  Il 
fini  njaater  5  cent,  par  numéro  pour  le  part  poor  la  France,  et  10  cent; 
poar  rttranger.  Les  lettrea  de  demindei  et  l'usât  doÏTcnt  être  adrcuès 
franc  de  port  &  mademoùellB  Alexandrinc  Choron,  h  Faiii,  rae  de  Vid- 
girard,  n*  69. 

MirBODB  pbitiqub  podk  le  forte-euno,  contenant  un 
abrégé  des  principes  de  musique  en  seize  tableaux,  un 
grand  nombre  d'exercices  dans  différens  genres ,  les  gam- 
mes dans  tous  les  tons  majeurs  et  minears,  et  soixante 
leçons  exli^mement  graduées,  et  à  la  portée  des  mains 
les  plas  peliles,  rédigée  par  Bmrg  Lemoino,  prix  18  fr. 
brochée,  et  30  fr.  cartonnée,  à  Paris  chez  raulenr,'rue-de 
l'Echelle,  n*  9. 

ïi«iqne  toai  le*  grands  planlatt*  ««  lOnt  oceupéa  dei  moyens  dé  ta- 
cISter  rétnde  de  tenr  ùutrumMiti  et  ont  éoiit  des  ouvragei  mttbodtqnes 
dani  ce  but;  noaa  avoua  le  Gradui  ad panuuium  de  CIemeati,'la  mé- 
tbode  de  Dnuek,  celle  de U.  Adam,  le  ooun  d'études  pour  le  piano  de 
mad.  dpHontgennilttlU  élndel  de  Cramer,  elc;  maii  leaTormes  afTères 
et  très  développtea  de  la  plapart  de  es  aavrlgM,  les  difflcnllés  qu'ils 
oonliennentetleur  prix  élevé  en  rendent  l'usage  peu  propre  aui  cooi- 
meaçyM.  On  a  Hnivent  euajé  d^  aapplécr  par  de  petites  méthodes 
dont  on  ëpromait  le  bes(4n ,  mtla  qni  sont  tautea  plua  ou  moini  dérec- 
tneuaea.  Parmi  celle»«i,  la  méthode  de  Viguciie  {ouil  en  Prauce  de 
beéncoup  de  célébrité ,  quoiqu'elle  atnt  fort  midincre.  Celle  de  M.  Le- 
minne  que  noua  ■noonçons  ici  noua  paraît  réunir  toutei  les  qualités  dé- 
^blea,  et  nosa  ne  balanceiioua  pas  k  aOIrmer  qu'elle  doit  bientôt  tkire 
oublier  IWnage  de  Tignerie ,  à  U  routine  n'avait  pai  tant  de  poavoli 
aur  U  plupart  dea  prufesBeurs  de  ce  paya- 

SoDVEBifls  DES  Bouffes,  mélanges  pour  piano  et  liaiiibois 
oa  flûte  ou  violon,  avec  accompagnement  de  busse  ad  li- 
iitum,  sur  des  thèmes  d'opéras  ilaliuns,  pur  A.  Adam  et 
A.  I.Venj,  op.  18  et  4,  liv.  I  n°'  1,2  et  3,  pris  ti  Ir.  chaque 
numéro,  à  Paris,  chez  H.  Lenioiiie  ,  rue  lie  l'Echiille ,  u'g. 

Les  (alcas  très  remarquable!  de  MU.  Vogt  et  Rroô  oal  fuil  du  hautbois 
un  ioatiumenl  à  la  mode  dans  les  saloos ,  et  l'uo  voit  se  multiplier  cha- 
que jour  la  musique  qui  lui  est  destinée.  Les  oiélaugca  que  nous  annon- 
çons D0U9  paraissent  de  nature  à  obtenir  du  succès  dans  le  monde  pS|> 
le  cboii  des  tliimes  et  l'agrément  qui  règne  dans  l'arraDgemeet. 


sent  le  lundi  de  chaque  aemdne.  On  peut  1 


tire  pour  da 


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PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

tBOVBSSm»  SB  GOMPOSlTIOa  A  1,'ÉCOU  BOT  AU  DB  HDSIQDB, 

■T  IDHOnilUIBI  U  OKI  iuiLUf  UIMW- 

,  N°  6.  ^  MABS  1827. 


EXAMEK  DE  L'ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 


«JTtATBIÈMB  ARTICLE  *. 

Lo<!iqd'eii  1770,  Bntne; parcourut  Iltalie  poarïaiscim- 
bler'les  matériaax  de  son  Histoire  de  la  musique,  il  y 
trouva  une  foule  de  chanleurs  du  premier  ordre  ,  parmi 
Jesquels  ou  remarquait  Ca/l'areUi ,  Guadagni,  Casati, 
Âpriie,  Ettori,  Caribaidi,  Gvarducd,  Ciprandi ,  la 
fameuse  GafirieUi  ,  l'autre  Gaérieiti,  surnommée  {a 
Ferrareie,  H*"  Ortotani  et  beaucoup  d'aufres  ;  des  com- 
positeurs tels  que  JometU,  Pyscini,  Sacchini,  O*- 
tuppi ,  surnommë  Buraneiio,  créateur  du  véritable  opéra 
bouffe,  Sarti  ei  Paisieito;  les  maîtres  de  chapelle  FiorMit 
à  Milan,  SatuHni  à  Sienne,  Mei  à  Livotinie  ,  San- 
Martini  ,  Santaretti  ,  Bertoni ,  Valotti  el  Casait  ;  les 
professeurs  et  tliL-oricieiis  i/ean-Baptwfe  Martini,  Gio- 
venaie  Saechi  ,  P'ijicent  Utanfredini  ,  Paoiucci ,  Cotu- 
macci  el  Vatotii  ;  d'exceitens  orgauisles  comme  Coiista, 
Gasparini,  Dominique  LocaUlto  à  Padoue  ,  San-Mar- 
timi  el  beaucoup  de  moines  fort  habiles.  Eufui,  il  entendit 
aveo  ravissemenl  des  violonistes  teh  que  Pugficmi ,  JVor- 
dmi ,  Morigi ,  Capusai  et  CeSeitim.  Les  belles  écoles  d« 

(i)  Voyez. U  Rbud»  Stui'fl*,  Pmftctui  el  Speàmm,  p.  lii  n'a, 
p.  63,  et  n'  3,  p.  Sa. 

i4 


ciiaiit  fondées  piir  Fedi  à  Itoiiii^,  IVaiirois-Anloiiie  Pisloc- 
chi  à  Bologne ,  François  Rcdi  à  Florence ,  Joseph-Ferdi- 
nand £i^v»0t>  Milao,  François  PHià  Modène,  Josepb 
^mocforï  à  Rome,  Dominique  Giavi,  Nicolas  Porpora  , 
Léonard  Leo-bt  François  Feo  iiNaples,  étaient  eucore 
debout  et  se  perpétuaient  par  leurs  élèves.  Venise  avait 
cinq  conscrvaloires  qu'on  appelait  dctla  Pîetù ,  de'  Me»- 
dieanti,  deyl'  Incurabili  ,  et  i'Ospedatetlo  du  saint  Jitau 
etsaint  Paul;  Nazies  en  avait  troiii ,  saint  Oiiofrio^ia 
Pietà  et  Saiita-Maria  di  Loreto.  A  Milan  ,  il  eulend  le 
même  jour  troifl  messes  et  deux  vêpres  en  musique  dans 
cinq  églises  difTérenles;  les  concerta  se  succèdeut  avec  la 
même  rapidité.  A  Padoue,  le  service  de  la  chapelle  de 
Saint-Antoine  se  composait  tous  les  jours  de  qaarante 
musiciens  ,  au  nombre  desquels  se  trouvaient  les  meil- 
leurs élèves  de  Tartini  ,  et  les  virtuoses  Guadaguï  et 
Cazali;  les  dimanches  ce  nonibrc  était  doublÉ  ,  cl  l'on 
trouvait  en  outre  dans  celte  ville  quatre  organistes  en  état 
de  jouer  supérieurement  les  quatre  orgues  magnifiques 
qui  ornaient  le  chœur  de  l'église.  Le  dôme  de  Saiut-Marc, 
à  Venise  ,  avait  conservé  d'habiles  malires  de  chapelle 
depuis  ZaWiiuf  jusqu'à  Ca/u^'T'i.  Ou  trouvait  alors  dans 
cette  ville  trois' opéras  sérieux  et  quatre  opéras  bouffes  cha- 
que jour.  Outre  cela ,  il  y  avait  messe  en  musique  dans 
toutes  les  églises  et  dans  tous  les  'couvens  d'hommes  ou  de 
femmes  ,  et  l'on  faisait  de  la  musique  avec  orchestre  tous 
les  soirs  d.ins  chaque  conservatoire.  Cepcudaiit  icUe  était 
la  passiuu  de^i  Vénitiens  pour  lu  musique,  que  parluul  on 
trouvait  du  monde  eu  abondance.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
étonnant,  c'est  que  l'cxécuLion  était  fort  bonne  partout. 
A  Bologne,  Farinelli,  le  père  Marlinifil  ses  élèves  Za- 
tWtti,  Gabritl  Vigiuyli ,  Bernard  Ottani  et  François 
OraoM,  tous  exccUens  compositeurs  pourTéglise,  étaient 
des  mollis  sufiisaus  pour  csciter  l'intérêt.  L'orchestre  et 
les  chanteurs  de  l.'i  cailiédrale  se  composaient  de  plus  de 
cent  personnes.  Finie uci;  ,  Sienne  ,  Pisc  renfermaient uue 
foule  d'artistes  disliii;;ués  dans  tous  les  genres.  La  cha- 
pelle pouliticale  à  ilouic  possédait  alors  i(!s  plus  belles  voix 
de  Boprauo  qu'un  pût  entendre  ,  et  la  musique  dirigée  par 


DigiUzed  Dy  Cotslc 


Santarelli  était  esccllcste.  tapies  était  au  comble  de  su 
gloire  mosioale ,  enfla,  o'élail;  alors  qu'on  pouvait  appeler 
riialîe  Isr  lerre  etaitifue  de  ia  mmî^ue.  Opposons  à  ce 
tableau  celui  tte  l'Italie  aetuelle.  « 
-  Vingt-quatrBanss'étaientàpeineéconlésdepuislevofage 
de  Burney,  lorsque,  par  suite  des  évéD émeus  de  la  révo- 
lution française ,  ce  pays  fut  envahi  par  nos  armées  et  de- 
vint le  théàlrc  de  iio.s  miccj:s  et  de  nos  revers.  Occupé  lour 
à  tour  par  les  Fraiiç.ii-î ,  kfi  Autrichiens  et  les  Riisses,  ce 
malheureux  pjy s  fui  iravcrsé  eu  touti  sens  pendant  sept 
années  et  dévasté  par  des  soldais  tantôt  vainqueurs,  tantôt 
vaincus.  Effrayés  parles  dangers  qui  les  environnaient»  les 
plus  grands  artitilesi  ohaa leurs  ou  oompositeurs,  a'éloi^ 
jgnèreiit  de  Jeur  pays  et  portèrent  leurs  lalens  dans  les 
coure  d'Allemagne,  de  Russie,  d'Espagne  ,  de  Portugal, 
,et: en  Angleterre.  La  suppression  d'une  partie  des  couvens 
etiévcontributîODB  dont  le  clergé  fut  frappe  dispcruLTunt 
les'musiciens  de  chapelle  et  minèrent  la  musique  d'église. 
Teaisje»4^hue de  son  ancienne  splendeur,  vit  scfermerla 
^apart  de  ses  oonscrratoires  et  de  ses  théâtres;  les  que- 
relles de  Rome  avec  la  France,  et  l'enlèvement  des  deux 
papes  Pie  VI  et  Pie  VII ,  causèrent  les  mèaies  dommages 
an^  établiss^cns  de  musique,  et  parliciilièrement  à  la 
chapelle  pontificale;  les  diverses  révolutions  du  royaume 
de  Naples, la  translation  do  la  cour  dans  la  Sicile,  l'étu- 
blissement  et  la  chute  d'une  nouvelle  dynastie  ,  porléreiit 
aux  écoles  de  Naples  des  coups  dont  elles  n'ont  pu  se 
relever;  enfin  l'importance  politique  qu'avait  acquise  l'I- 
talie ,  l'amour  de  ia  liberté  qui  avait  été  substitaé*  à  celui 
des  arts,  et  les  événemens  qui  détruisirent  de^l  belles  es- 
pérances et  qui  ont  plongé  de  nouveau  ce  malheureux 
pays  dans  l'asservissement,  ont  achevé  d'anéantir  le  ]goùt 
des  études  sérieuses ,  les  bonnes  traditions  et  les  moyens 
de  réôonstruire  l'édifice  musical  tel  qu'il  était  autrefois. 

J'ai  dit  quel  est  l'état  actuel  de  la  musique  dramatique  , 
et  ce  que  senties  compositeurs  de  nos  jours,  comparés  à 
ceux  de  l'époque  de  Burney.  Quant  au  sljle  religieux,  il 
n'existe  plus,  de  l'aveu  même  des  partisaug  le  plus  eu- 


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thonsiastes  des  nouveautés  à  la  mode.  Mayi-  '  fienl  a  con- 
hP.rvé  quelque  dignité  à  ce  genre  de  musique.  Le  style  de 
l'orgue  n'est  pas  moins  altéré,  et  le  Inlent  des  organistes 
est  à  peu  près  nul.  Les  ouvertures  de  Rossini  sont  les 
seules  pièces  qu'on  entende  maÎDtenant  dans  toutes  les 
églises  d'Italie  aux  offertoires  ou  aux  Magnificat  :  ou  est 
même  arrivé  au  point  de  ne  pas  croire  qu'on  pnistœ  jouer 
autre  ciiose. 

A  l'i^gard  des  écoles,  elles  ne  sont  guère  plus  salisfai- 
sanles.  Au  commencement  de  ce  sièclu,  le  Lycée  musical 
de  Bologne  avait  été  établi  par  Napoléon.  Le  père  Stanislas 
Matlei,  digne  élëyedu  père  Hartini,  fut  chargé  d'y  diriger 
l'éducation  des  jeunes  componteurs.  La  Jradilion  des 
Irannes  études  se  maintînt  dans  son  école  tant  qu'il  vécut  ; 
n/als  à  sa  mort  il  ne  s'est  trouvé  que^dea  hommes  mé- 
dlobres  pottr  lui  succéder,  et  bienl&t II  neresimi  pins  rien 
de  cette  fameuse  école  fondée  par  le  père  Harlinï.  L'In- 
stitut mtisical  de  Uergamc ,  dont  l'origine  ne  remonte  pas 
an-delA  du  iHui) ,  csl  placi;  sous  ia  direction  de  Mayr  ;  ce 
mailrc  est  digne  de  sa  place;  mais  Itergame  n'cpt  point 
un  foyer  de  musique  comme  Naples  ou  Venise,  et  l'école 
n'a  point,  à  cause  de  cela ,  le  succès  qu'elle  aurait  si  elle 
était  placée  dans  l'une  de  ces  villes.  Le  couservalidre 
de.Miiao  date  de  1807.  Bonifare  Anioli  fut  chargé  de  Vor- 
ganiser  et  y  professa  pendant  plusieurs  années.  Ce  n'était 
pas  un  homme  bien  fart  ;  mais  c'était  un  aigle ,  si  on  le 
compare  à  ses  successeurs,  itliiioya,  qui  obtint  sa  place 
lorsqu'il  se  retira  à  Correggio,  sa  patiie,  était  assez  bon 

(i)C'eiftIri,Ia  Itea  de  lectlfier  nae  errenr  qoe  j'aloomndsetrïgBid 

de  ce  conipD«lteiir  dani  mon  premier  at^llcle  Mii  l'état  actuel  de  1>  mu- 
sique en  Italie.  J'oi  dit  qu'il  n'avait  ju ma iji  écril  pour  les ItiËAtrcsde  ffa- 
ptci  :  je  suivais  en  cela  les  mÉinoires  de  GervasonL  (Yumii  Icona  di  ma- 
lica,  p.  61  —S^)i  mais  le  livre  dont  il  a' agit  ■  élÉ  iroprimi  en  1811, 
et  c'est  dans  cctic  aonèc  que  Mbjt  a  compoiè  sa. Mtdêa  in  Corinio,  i 
Saiat-Cbarles,  ouvrage  qui  eut  un  grand  succèi.  Ea  iSi3,  il  a  écdt  pcmi 
le  tbéAlre  ijcs  l''luientius  de  celte  ville  Eleaa  e  Calantha  et  Abnao  e 
Coni  pour  celui  de  Saint-CLarles;  enfin,  en  i8i5,  il  >  cumpaaËla  f^fïn 
delt'  ArittYioiT  SaiDt-Charlea.  lie  peu  desucciidc  cet  oamge  l'a  déter- 
miné à  no  plus  retourner  i  Niplei. 


i53 

■naître  de  chaut ,  maU  n'avait  qu'une  iostmction  supeh- 
ficielle  dans  le  cou  Ire-point,  A  sa  mort,  Feilerici  lui  a  suo- 
c^flé ,  et  c'est  lui  qui  maintenaBt  dirige  cet  établissement. 
Il  serait  peut-être  uu  bou  mattro  d'accompagnement , 
mais  il  est  hors  d'état  d'enseigner  le  style  sévère  du  coutre- 
poiut. 

Tons  les  couscrvatoircs  de  Naples  ont  disparu  et  ont  été 
remplacés  par  le  eolli-ge  royal  de  musique,  qui  est  dirigé 
[lar  Zingarelli.  -Nicolas  Zingardli  ,  né  à  Naples  ,  eu  i;5a, 
selon  quelqnes  biographes ,  c(  à  .Milaii  ,  en  i  jGo,  si  l'oo  en 
croit  Gerbcr  (iVeuej  Leaticon  der  TonkanstUr),  fut  placé 
fort  jeune  «Il  ooniiervatoire  de  Lorette,  oii  jl  étudia  soi» 
la  direotion  de  Fenaroli.  Après  avoir  quitté  le  conserva^ 
toîre  il  terinûia  ses  études  avec  Speranza.  Son  premier 
oiivrai;c  dramalique  fui  Montesuma  ,  qu'on  représenta  & 
Naples  en  1 7S I .  Il  écrivit  ensuite  pour  la  plupart  des  théâtres 
d'Italie.  Eu  ijSij,  il  vjiil  tu  France  et  écrivit  pour  l'Opéra 
Anliffone,  i|ni  eut  peu  iW:  succès.  Il  retourna  ensuite  en 
Italie  et  t  ilt  nommé  maîlrc  île  chapelle  de  la  ealliéilralc  de 
Milau.  b:n  iSo.'i .  il  siicccda  à  Guglicimi  dr.us  la  place  de 
maître  de  la  chapelle  iiontiricale,  place  q.i'il  a  conservée 
jusqu'à  l'époque  oii  il  a  été  nommé  directeur  du  collège 
royal  de  musique  à  Naples.  Ses  princpaux  ouvrages  sont: 
jtf «mtezunia ,  fnes  de  Castro ,  Ctitemnesira,  il  Bevîtor 
forlunalo,  Pirro,  Romeo  e  CiutelUt,  la  Disli-uiione  di 
Gerusàiemvm ,  MilridaCe,  U  Baito  délie  Sabine,  H 
Conte  di  Saida/fna,  H  Trionfo  di  Davide,  ta  Sccchm 
rapita,  Meleiiifro ,  Teiemuco ,  caulate,  à  Jlilan,  ip85; 
Ricimero,  Viuiise  ,  .irmida,  Itoine,  178(1;  la 

Morte  di  Ccsarc,  iUUut .  1791  ;  it  Mercato  di  3Ioiifi-e- 
goso.  Vienne,  1793;  t' Oracolo  de'  Sannili,  fiaples ,  i8o5; 
Ifigenia,  Artaicrao,  JpeUe  eCampaipt,  U  Ritratlo, 
(»au(»iip  de  musique  d'église ,  et  surtoat  un  beau  Jlfùe- 
ren,  k  quatre  voix,  qu'on  chaule  à  la  chapelle  des  cha- 
noines à  Rome.  Comme  directeur  du  collège  royal  de 
musique  Zingarelli  ne  mérite  paj  les  mêmes  éloges  que 
comme  compositeur.  Trop  âgé  pour  prendre  à  l'élablisse- 
ment  qui  lui  est  coafié  un  intérêt  bien  vif,  e(  surtout  dé- 


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tourné  des  «oins  que  demande  une  semblable  administra- 
tion par  une  dévotion  minutieuse  ■  il  ne  fail  aucun  effort 
pour  ranimer  une  école  expirante.  Tritin  ou  Tritta  ,  vieux 
matire  napolitain ,  et  dernier  élève  de  Durante  ,  avait  con- 
servé la  tradition  de  l'ancienne  école,  et  après  avoir  été 
long-temps  mallre  du  congcrvàloire  de  la  Pietà  de  Tur- 
chini,  enseignait  encore  au  collège  de  musique;  mais  au 
mois  de  Keplembrc  iSa^i  mourut  à  Naples,  à  l'dge  de 
gi  ans.  Avec  lui  s'i^lcignït  la  dernière  kicnr  du  feu 
sacré  qui  s'était  alimenté  pendant  près  d'un  siècle  et 
demi  ;  et  ce  qui  peint  bico  l'état  de  décaduncc  de  la  musî- 
q[ueen  Italie,  c'est  qu'il  ne  s'est  pas  trouvé, après  «a  mort, 
un  seul  homme  capable  de  remplir  sa  place  :  aussi  est-elle 
restée  Tacante;  les  élèves  se  sont  dispersés,  et  les  cours 
de  l'école  n'ont  plus  servi ,  dans  les  deux  années  qui  vien- 
nent de  s'écouler,  qu'à  recevoir  les  troupes  autrichiennes 
qui  7  allaient  faire  l'exercice.  Il  se  peut  qu'il  y  ait  encore 
en  Italie  quelques  vieux  musiciens  initiés  aux  anciennes 
doctrines  ;  maïs  le  mépris  qu'on  j  affecte  pour  toute  es- 
pace d'éliide  les  intimide  et  les  contraint  à  rester  dans 
l'obscurité. 

Une  suite  non  interrompue  de  théoriciens  et  d'écrivains 
sur  la  musique  a  illustré  l'Italie ,  depuùi  GafTorio  jusqu'au 
père  Sabbatini  (de  i^JSo  à  1801  );  mais  depuis  vingt-cinq 
ans,  il  n'a  point  été  publié  un  seul  ouvrage  qui  mérite 
quelque  attention  sur  l'iiarnionic ,  le  coulre-point  ou  sur 
quelque  partie  de  l'hisloiru  ou  de  la  littérature  musicale, 

Quoii|ue  ImliUVIius  île  la  sii|iéii(jrit('  qu'ils  avaient  au- 
trefois, [ihisieiii-s  violonistes  italii^ns  conservent  cependant 
quelque  ri'-putalioti  et  la  méritent.  Alexandre  Boita,  Ni- 
colas Paganini ,  leaa-RaptislePoUedro  et  Fierre  itoveff» 
sont  sans  doute  fort  loin  de  Tartini,  de  Pugnani ,  de  Nar- 
dini ,  de  Violti,  et  inférieurs  à  Baillot,  à  Lafont,  à  Bértot; 
mais  ec  sont  encore  des  hommes  de  beaucoup  de  talent, 
et  l'on  ne  peut  refuser  à  Pagauini  une  originalité  de  ma- 
nière fort  remarquable. 

Les  orchestres  italiens  accompagnent  assez  bien,  et  les 


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■  55 

înstrumens  à  vent  sont  bons;  mais  ceux-ci  sont  presque 
tous  allemands.  Il  faut  cepenilant  escbpter  les  orchealres 
des  théâtres  de  Rome  qui ,  de  l'aveu  den  compositeurs  ita- 
liens^ sont  au-dessous  du  médiocre. 

J'arrive  aux  chanteurs.  Ce  n'est  plus  le  temps  où  vîugt 
ténors,  autant  de  coiilr'allo  et  de  .soprano  du  premier  or- 
dre ,  et  quaraiilc  ou  cinquaiilc  du  second,  qui  seraient 
fort  supérÏQurs  à  nos  uiervtîlles  ilu  jour  ,  brillaient  à  la  fois 
noD-seulement  sur  les  théâtres  de  l'Italie,  mais  sur  ceux 
de. toute  l'EuropA  Apres  la  retraite  de  Pacchiarotti ,  de 
Uarchesf  et  de  Cresccntini  il  ne  s'est  rien  trouvé  pour  les 
remplacer.  Je  me  .  vois  forcé  ^d'aborder  ici  une  qiieslîon 
délicate»  qui  se  complique  do  deux  sortes  d'intérêts  fort 
opposés  :  cenx  de  l'humaailé  et  ceux  de  l^rt  musical. 

L'usage  de'  mutiler  des  enfans  pour  obtenir  ces  belles 
voix  de  soprano  cjii'on  a  tant  admirées  dans  les  Caffarelli, 
les  Seoeeiuuj  les  PacchiarotLi ,  etc. ,  était  établi  depuis 
long-temps  dans  l'éiat  romain  et  dans  une  partie  du 
roj^aume  de  Naples  '.  quoique  par  une  contradiction  mani- 
ieste.f  le  gouvernement  pap^  défendît  cette  mutilation 
tata^r'qu'll  employait  les  chanlears  <|;ui  y  avaient  été 
Boum^.  Dès  l'établissement  de  l'autorité  française  en  Ita- 
lie, les  mesures  les  plus  énergiques  furent  prises  pour 
mettre  un  terme  à  cet  outrage  fait  à  l'humanité  :  il  a  cessé 
en  effet  de  se  reproduire  ,  mais  les  chanteurs  ont  disparu  : 
Veiuti  sera  [irol),il)lei]ii;iil  le  ileriiier, 

LaprO|jritlé  la  jihi-  i  ctiKini iialilc  i\f'i  vlli^  île  nopruno 
est  unemwe  dt  .tnii  iiaiiiri;lle  <|ue  les  chanloiirs  ne.  per- 
dent pas  même  en  vieillissatiL.  CeUô  urne  du  voix  i[ui  se 
couiposc  de  l'art  de  poser  k  son  ,  de  l'eniler  jusqu'au  for- 

(fltno  de  Pérouse ,  fut  le  [ireiiiiur  cliantuur  de  cttte  espÈcc  qu'.m  tmplnja 
àtas  l'égti,.c  :  il  entra  ilans  la  chapelle  ponliQeale  en  iCm.  (Voyp,,  San- 
laielli,  delta  musica  dd  santurio  e  dciia  diicipiinade  s,wi  .aiiiori .  )  Cepen- 
dant Théodore  Balsamone,  canonistu  italien,  dit  ipé  l'usage  <loii  1 11  s'a- 
^1  existait  dËjï  dèa  io  daaiièine  «ièdc.  Voici  ses  paroles  :  Olim  cantorum 
ado,  nontxtiaauiùt,  athodUfl,  cmuiituctatur, ex  âtgainaneraat 
hiym  mmEfchnla.  tl  ameUio  1>u/Ainiii  (  CtD.  it.) 


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i56 

tUsimo  et  de  le  diminuer  jusqu'à  rémission  lu  plus  douce, 
«st  le  moyeu  le  plus  puissuni  pour  exciler  de  viveH  deasa- 
liot»  en  musique.  C'est  un  art  cnmpllilemeiit  ignoré  de 
nos  jouni.  Les  chanteurs  dont  je  paris  ae  lîTraieot  Qrdi- 
nairemeut  à  l'enseigneinent  après  qu'ils  s'étaient  retirés 
du  théâtre ,  el  fuîsaient  acquérir  à  leurs  élèves  par  le  tra- 
vail celle  i|u.iUt<'-  pri^ciciisc  qu'ils  pbfiSi'daicnt  natiircllc- 
ment;  et  dont  ilsconnaissiiient  parfaitement  le  mécanisme. 
De  là  cette  foule  de  chanteurs  parfaits  eu  tous  genres  qu'a 
produits  le  diz-huitiéme  siècle.  Mais  la  bausé  ayant  cessé, 
1^  eOels  ne  se  reprodnirout  plus.  Je  n'insiste  pas  sur  oe 
qu'il  faudrait  iaire ,  je  me  borne  à  constater  un  fait.  La 
■  nomination  de  Crescentiui  ^  la  place  de  professeur  de  chant 
au  collège  de  musique  de  Nitples  avait  l'ait  L'oii<;i;v(>lr  dus 
espérances;  niais  la  mauvaise  admini-^tration  de  cet  éla- 
Uissement  eu  a  éloigné  its  clèves,  et  CrusccnUoi  n'a  de 
sa  place  que  le  nom  et  les  eniolnmeos.  Je  ne  citerai  qu'un 
fait  à  l'appui  de  mon  opiniuii  sur  i'utilitù  des  l'.aslrali pour 
l'enseignement  du  chant  ;  le  voici.  Tout  le  mondecon vient 
de  la  Bupétiorité  d'école  qui  brille  dans  le  talent  deM"  Pt- 
saroui  :  eb  bleni  elle  doit  cette  supériorité  aux  leçons  de 
deux  soprani. 

Née  à  Plaisance  eu  179.".  Benedetia  Itosamniida  Pisa- 
roni  reçut  Icii  premières  leçons  de  musique  d  uu  mattre 
obscur  nomme  Piuo.  A  1  âge  de  douze  uns  elle  passa  sons 
la  direction  d'un  soprunisle  iiumnie  Moschiiu.  qui  était  au 
service  du  vicc-rui  (I  Italie ,  à  Md.'tn.  Apie.s  avuir  appris  de 
lui  l'art  du  chant  (lanK  les  principes  tic  1  ancienne  école, 
elle  reçut  des  conseils  de  Murchesi ,  qui  se  chars;ea  de  per- 
fecllouiier  son  goût,  et  lels  furent  les  avantages  qu'elle 
rcctieillit  des  leçons  de  ses  deux  maîtres  que,  malgré  le 
physique  le  plus  rr|ioup,siinl .  malgré  les  délauts  d'une  voix 
ingrate  et  criarde  dans  le  liant .  clic  a  icr  u  partout  de  vifs 
témoignages  de  la  salisfuciiun  du  pulihc  et  dis  connais? 
seurs.  Depuis  sou  premier  début .  qui  eut  lieu  a  Itergame 
en  181 1 ,  elle  a  marché  de  triomphe  en  triomphe  sur  tOQS 
lesthéAlres  d'Italie. 
A  l'exception  de  cetie  virtuose,  de  Ù"  Pasta  [plusre- 


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marquabic  par  son  jeu  pafisionnd  quo  par  la  purclc  du  suii 
chant),  lie  Veluti,  ilelUibiui,  <le  Galli  et  de  Lablacli<j.  loiiL 
ce  qui  nu  moulri;  maiiilenaut  sur  la  scène  est  plii^  ou 
moins  médiocre.  Je  n'axcepte  pas  même  Dnvid,  bieri  qu'il 
^lit  quelquefois  de  la  verve ,  et  quoique  sa  ïoix  ait  élu  belle. 
II  méprise  toute  règle  ,>  toute  espèce  de  frein  et  se  jette 
presque  toujours  duusiin  cncèsde  riorilurcs  poussé  jusqu'à 
l'exlravagauce.  Fils  d'un  très  habile  chanteur  (diacumo 
David),  il  pouvait  se  former  une  méthode  pure  et  classi- 
que; mais  les  applaudisscnicus  qu'il  recueillit  à  ses  débuis 
l'ont  perdu.  Eslher  Uombelli  est  bonne  musicienni: ,  ;i  du 
l'i^iicrgic  et  produit  de  l'effet  dans  les  morceaux  d'ensem- 
ble; mais  elle  manque  d'i^cole  et  ne  sait  pas  phrascr  un 
uir  Quelques  chanteurs  de  l'ancienne  école  se  font  encoi'c 
cntcudrc;  mais  ils  sont  vieux  cl  liois  d'état  de  conilMlIre 
le  mauvais  goût  qui  les  euvcloppe.  l'cl  est  ctdiii  Triât  <lu 
cbaut  en  Italie  que  ce  sont  dcii  cantatrices  fi'ançniiics  qui 
occupentlepremierrangsurics  théâtres  du  premier  ordre. 
M*'  Mainviellc-Fodor  a  éclipsé  toutes  ses  tivalfiS  à  Veuise 
et  à  Naples  ;  M"  Sléric  Lalanile  qui  lui  a  succidé  n'est  fias 
moins  applaudie;  et  M"  -  Cliaumel  (aujourd'hui  M""  Hu- 
ùini)  et  Colombelle  (Comldi)  ont  été  vantées  par  tous 
les  journaux  italiens.  La  musique  esislaut  en  Italie  pai- 
des  secours  étrangers  est  uue  anomalie  monstrueuse. 

Cependant  si  cet  éiai  de  choses  est  ailligeant ,  c'est  en- 
core la  prospérité  en  comparaison  de  ce  que  sera  l'avenir 
si  les  circonstances  ne  ehangentpa»*  si  l'on  ne  s'empresse 
de  se  servir  de  faibles  ressources  qui,resteut,  et  si  les  pim- 
veriicmeus  ue  font  des  efforts  pour  reconslilucr  les  écoles. 
Ce  qui  reste  maintenant  de  passable  est  le  IVuït  d'anciens 
souvenir»;  mais  quand  CCS  souvenirs  seront  eifacés,  il  ne 
restera  plus  quo  l'aptiiudc  naturelle  des  uUramonlytns 
pour  la  musique,  et,  commedansle  seizième  sièçlc,  on  sera 
forcé  d'appeler  des  élranger.s  pour  vivifier  ees  heureuses 
dispositions. 

Si  le  tableau  que  je  viens  de  présenter  de  l'élal  déplo- 
rable de  la  musique  eu  Italie  semblait  uxa-éié.  j'invn.jnu- 
rais  le  témoignage  d'un  sav:)nl  niusiciuu         réside  dnns 


i58 

ce  pays  âfff/m  iong-tw^ts  S  ,et  qui  davs  uo  ouFrage  im- 
portai^ qu'il  vient  4epublïer8ur  sau  art,  a  consigné  ces 
parolea  reraanquabUs  :  Convie.ne  perà  confMsare  c/te  in 
oggi  t'IUUia  non  i  piA  qtuUa  de'  stcoU  paisati  riêpeUo 
aieompotiU)!^  aicMtMiti     agUautori  didaUiei,  tt 

forip-  (Oiu  doit  oepABdaiff -oonvepir  que  l'baîie, n'flUltllV 
(çe  qvt'clle  fitf  ati^efoipjMHW  r^Hwrt  des  compunleiirar 
deB(Àant4«wM4«9aiMew»  didaOiÛque«,  ot  qife  la  mnai- 


BIOGRAPHIE. 

GABrMEi.r.1  (CallicriiiG)  ,  oiUèhre  caiilalrîce,  née  à  Bonic  " 
le  la  Tioïfiiiini;  ij^ii.  liutpoiir  père  un  cuisinier  du  priucc 
Gabrielli  ;  duucc  par  la  nature  d'une  voix  admirable ,  elle 
était  arrivée  à  l'âge  de  quatorw  ans ,  sans  avoir  en  d'autre 
guide  daua  l'art  da  chant  qne  son  go6t  naturel,  et  la  tra- 
dition des  chanteurs  qu'elle  entendait  qnctqoefok  an 
théâtre  de  ^  Argenlina.  Uii  jour  qu'elle  chantait,  pour  se 
délasser  de  son  travail,  un  air  difficile  de  GaluppI,  le 
prince  Gabrielli ,  qui  hc  promenait  dans  ResjardinK  l'ayant 
écoutée,  demanda  comment  une  telle  Tjrtuoac  se  trouvait 
chez  luîî  On  lui  répondit  que  ce  n'était  que  la  fille  de  son 
cuisinier  ;  s'I  eosi,  il  mio  cuoco  deverra  presto  un  asino 
d'oro.  •  S'il  en  est  ainsi,  dit-il,  mon  culxinier  va  devenir 
HenlAt  un  Ane  d'or  >  Ayant  foit  venir  Cattierine  en  sa 
présence ,  Il  lut  fit  chanter  qudques  moroAaux  dont  elle 
se  tira  &  merveille.  Elle  était  en  outre  fbrl'jolie,  quoi- 
qu'elle louchât  un  peu  de  l'œil  droit.  Le  prince,  charmé 
de  ce  qu'il  voyait  et  de  ce  qu'il  entendait,  se  chargea  de 
l'éducaliou  do  la  jeune  cantatrice,  et  la  confia  aux  soins 
de  Garcia ,  dit  to  Spagnolello.  Elle  passa  ensuite  sous  1% 

-  (■}  Le  âoetcocIiiobseidhBL  V-otce-Im  lononcfe*  MrMgtrci,  diiiice 
njiméni,  p.  i/O. 


.59 

dirticlion  île  Por|)0[*a.  Lu  jiHiicc  donnait  souvent  Ues  con- 
cerlB  chez  lui  pour  faire  utilcnilrc  sa  proU'géc,  et  bientôt 
il  ue  fut  pjrlé  411e  de  la  cochetla  di  Gahrielli  (  la  petite 
cuisinière  de  Gabricllî) ,  d'oii  ce  dernier  nom  lui  est  resté. 
Ayaot  atteint  l'âge  de  tlix-sepl  ans  eu  1747,  elle  débula 
BUT  Id  Ihédtrc  de  Luciiues ,  comme  ■prima  donna,  dan§  la 
SofonUha  de  Caluppi  ;  son  succès  fut  prodigieux.  Son  ta- 
lent était  ta  iiravura,  une  vocalisation  facile  et  uce  éten- 
due de  voix  prodigieuse.  Ce  genre  de  mi^rile  a  toujours 
produit  ptna  d'offctsur  le  public  que  ceux  de  l'expression 
et  de  la  correction  de  stjle.  Aussi  Cuadagni ,  qui  po.ssédait 
ceux-ci  au  plus  haut  degré  .  cl  (jui  était  à  Lucquos  avec  la 
Gabrielli ,  eut-il  beaucoup  de  peine  à  soutenir  sa  réputa- 
tion près  d'elle.  Néanmoins  ce  célèbre  sopraniste ,  au  Heu 
d'en  concevoir  de  la  jalousie,  donna  des  conseils  à  sa  jeune 
rivale,  et  s'atlaciia  à  former  sou  goûl.  Aussi  ue  fut-elle 
point  ingrate,  et  l'on  assure  qu'elle  devint  éperduemcnt 
amoureuse  do  son  nouveau  maître.  Après  avoir  parcouru 
plusieurs  théâtres  d'Italie,  elle  passa  à  Naples  en  ipSo, 
ou  elle  débuta  dans  la  Didone  de  Jomelli.  Elle  ebanla  l'air 
son  retjina  6  sono  amante  avec  un  talent  si  supérieur, 
que  les  Napolitains  furent  dans  l'ivresse,  et  que  dès  ce 
moment  sa  réputation  fut  à  j-imais  établie.  Métastase,  qui 
dirigeait  alors  le  ihéiiire  de  Vienne,  s'empressa  do  la  faire 
venir  dans  cette  ville,  où  elle  devint  pren)ière  cantatrice 
de  la  cour.  L'empereur  François  I  aimait  tant  son  talent 
qu'il  u'allait  au  tliédtrc  que  quand  elle  chaulait.  Métastase 
donna  de»  leçons  à  la  Gabrielli,  et  perfectionna  sa  décla- 
mation théâtrale.  Il  parait  (jn'il  ne  fut  point  iusensibleà 
ses  cfaarmes;  mais  snil  qu'elle  ne  partagea  pas  son  amour, 
soit  inconslaoce  delà  part  de  celte  femme  capricieuse ,  il 
fut  obligé  de  se  borner  à  la  simple  amitié.  Partagée  ejitre 
son  goûl  pour  les  comédiens  ,  ses  camarades .  et  le  désir 
d'acquérir  des  richesses  qu'elle  ne  poiivai  t  oblenir  que  de 
l'amour  des  grands  seigneurs,  elle  trompait  les  uns  elles 
autres.  Celte  circonstance  pensa  lui  causer  à  Vienne  un 
accident  très  ficbeux.  L'ambassadeur  de  France  et  celui 
de  Portugal  lui  disaient  la  cour;  et  tous  deux  se  croyaient 


i6<. 

KHliB  rivaux.  CepPiidiiiil  le  Kraiiçniti,  so  doutant  eofiti  qu'il 
élail  trahi ,  treuva  le  moyen  de  se  cacher  dans  la  maison 
(le  su  mattnïsse.  Il  ne  larda  point  à  voir  sortir  un  rival  de 
1,1  clianilii  e  de  la  Gabrii-Ili.  l-'urievix  ,  il  sV-Liiire  sur  elle  et 
rauraîl  prrni-e  (lu  sou  (■pi^t!,  s.tiis  Lt  ri^sisl;i[ice  ([n'opposa 
snn  rdi'sot  du  hnlciiu! ,  l  u  (|uî  fil  i[ii'cllu  ne  reçut  qu'iuKi 
légt-rc  blessure,  l/auil);Lss;idi;m'.  ii>iili:uil  en  lui-niùnic, 
sii  jela  à  ses  genoux  pour  lui  demander  son  pardon;  il  l'ob- 
tint à  la  condition  d'abandonner  son  épée  à  la  cantatrice  , 
i[ui  vuulait  y  fait«  grai'âr  G«tiiaotB  -.EpéiidèS'.lX  ^Utiira 
frapper  ia  GairioUi  tet  jour,  etc.;  mais  Métastase  par- 
vînt à  la  l'aire  renoncer  à  son  projet,  et  à  rendre  l'épée 
mie  (luift.i  Vienne  en  i7fi5,  comblée  dcriulicssc,  cl  st 
ïdndit  en  Sicile,  où  elle  causa  le  mOmu  cnthousiasni  ■ 
■qocd^ius  lous  kis  ;ui!i-i's  iiiMiv  ui'i  elle  s'ùlait  fait  cnifndru. 
iËlley  ili.i.ii.i  aii^-i  l.i  pveinc  A.-  -r^  i;i priées  ordinaires. 

Le  >ie,-ini  l  av.iiH  ln^\'r.^  lii.u  i-  ,UTe  l,i  plus  liauLe  no- 
blesse de  l'nlcrnic  ,  comme  elle  tardait  à  se  rendre  au  palais 
àPbeura  fixée ,  on  envoya  chez  elle  pour  savoir  (a  cause  de 
oeiietard;  Le  valet  de  èfaambi^  chargé  de  celté'Ël^Iffiâlli^ii 
trouva  la  Gabrielli  Usant  dans  son  lit.  Elle  1e>^t^â^%a^ 
ses  excuses  et  de  dire  qu'elle  avait  oublié  cnVët^l^^&H. 
Levioc-roi  lui  pardonna  ct-tL,^  inipc^rtinence;  illSiâ*fô«fflÉ>i 
lorsque  les  conviés  se  rendirent  au  tliéâtrerlff  6318801 
joua  et  chanta  son  rôle  à  dcuii-voix  et  avec 
taégligencQ.  Ne  voulant  point  souffrir  ce  nouveau' Ëàpi^é', 
Je  vico-roi  l'envoya  en  prison.  Pendant  douze  jours  qtrolle 
y.resta,  elle  donna  de  somptueux  repas,  paya  les  dtttei 
ded'détenUB  j  et  distribua  beaucoup  d'argenl  aurpafU^I^^ 
Iie<^oir,«lUrr4aDiBsàït  chez  elle  les  priù>tini6n'/<ë^''ll%^ 
chantait  de  la  meilleure  grâce  ses  plusbeauX'&irs.  Lé  vltte- 
roi  fut  enfin  contraint  de  céder  aux  vceuiï  du  publie,  et 
ijuanil  laiMiilalLii  <'  ■■orllf  île  pii-uii  .  elle  était  attend lic  ]),:r 
une  Ibule  de  pauvres  (|ui  l'aeeonip.i^-iiéi eut  chez  elle  en 
triomphe.  Eu  176;,  elle  hc  rcndil  à  l'arme,  où  l'infant 
doit  iPhilippe  devint  fuUeuiciit  épris  de  ses  obermes'  ét'de 
ÙQDttaLeut.  Il  lui  passait  tous  ses  caprices.  MaiBeO'rti^Ddhs 
U  la  tourmentait  par  sa  jalousie,  au  point-dè  l'enifelimet 


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i6i 

quelquefois  chez  lui .  dans  une  chambre  dont  il  gardait  lu 
olet'.  li  en  ré^ulluil  dcH  sefcncs  violentes,  dans  lcsi|<ielles 
la  Gabriclli  s'oubliait  nu  point  d'appeler  le  prince  goùbo 
inafe</ett0(mai)dîtbDSBii}. Enfin  elle  s'évada  secrèlcmcnt 
de  Parme  [en  1766), et  alla  en  linnsie  uii  Catlicrine  It 
l'appelait  depuis  long-tempti.  Lontiju'il  Tut  ijuestion  de 
literscs  lionoraires,  elle  demanda  cjni|  mille  ducals.  Cinq 
initie  ducats l  lui  répoudit  l'inipéralHce ,  je  jie  faiesur  et 
pied-tà  aucun  de  mes  febl-maréchaux. — f  otre  majesté 
n'a  tjii'à  faire  chanter  ses  f'eid-maréchaux  ',  L'ïmpilra- 
Irîce  paya  Iëk  {3in<[  mille  diical.s.  Après  un  si^jotir  de  plu- 
îiieurii  années  à  Pélersiiour); ,  la  Cabi'ieltl  revint  en  Ilaiie , 
ayanl  amassé  le  capilal  d'un  revenu  de  ijunlrc  mille  éeiis 
{ao.ooofraucs).  Elle  chaulai  Vciiine  (1777)  avec  l'acchia- 
rulli,  qui,  malgré  son  talent  admirable,  se  crnl  |>crdn  la 
première  fuisqu'ilse  trouva  avec  elle  en  scène.  Quoiqu'elle 
eut  alor.'i  près  ilc  cinijnaiilc  iins,  elle  déploya  ce  jonr-l.i 
tant  de  moyens  et  de  lalcns  dans  un  air  de  bravoure ,  que 
Paccliiarulti  s'enfuit  derrière  les  coulisses  en  ^'écriant 
povero  me!  povero  me!  rjuesta  é  un  porlenio.  (Mal- 
heureux que  je  suis!  c'est  un  prodige).  Ce  ne  fui  pas  s.Tiis 
peine  qu'on  l'engagea  h  reparaître  de  nouveau.  Il  chanta 
avec  tant  d'espressïon  un  air  qu'il  adreiisait  i  la  Gabrîelli , 
qu'elle  en  fut  émue  ainsi  que  les  speclaleur.i.  iV  Milan 
(en  17S0]  ,  son  succès  fut  balancé  par  celui  de  Marclieiii, 
qui  chantait  dans  la  mCme  manière;  e(  connue  il  arrivait 
.souvent  alors ,  les  spectateurs  se  pariagèrcnt  en  deux  par- 
lies  ,  qui  se  battaient  dans  la  salle,  et  même  dans  les  rues 
et  les  cafés  .  pour  soutenir  la  cause  de  leurs  protégés.  Après 
celte  saison ,  la  CabricDi  se  retira  k  llomc ,  avec  sa  sœur 
Anna,  qui  l'avait  suivie  partout  vtiinrne  seconda  donna-, 
et  y  vécut  de  ses  épargnes,  qui.  bien  ipie  réduites  à  snnn 
éciis  de  renie  (  10,000  Francs)  par  ses  prodigalilés ,  suffi- 
rent cependant  pour  assurer  sou  iiidëpenda  nce  jusqu'à  la 
ftu  de  sa  vie.  Elle  est  morte  d'un  rhume  négligé,  en  Hvril 
1796.  Ëlle  n'avait  jamais  voulu  eoniracler  d'engagement 

(1]  Oa  allribue  une  icpnnEes  peu  p'^G  sciiiIiIuIIl'  3  Ganatelll. 


t63 

pour  l'Angleterre.  ■  Sur  le  thëAtre  de  Londres,  disaït-elle, 
je  ne  ponrratB  faire  tontes  mes  volontés;  si  je  me  mettais  dan  s 
la  tête  de  ne  pas  vouloir  chaiiter,  la  populace  m'insulterait 
et  psut-élre  m'assommerait;  j'aime  mieux  dormir  ici  en 
bonne  santé,  fdt-ce  même  en  prison.  >  Quoique  capricieuse 
et  légère ,  la  Gabrielll  avait  un  bon  cœur .  et  Taisait  beau- 
coup d'aumônes.  Sa  conversation  était  spirituelle ,  et  sou- 
vent il  fai  éabappait  des  traits  pleins  d'ori^nallté.  Dans 
ICB  dernières  annéea  de  sa  vie,  dla  donnait  des  concerts 
ob  se  rendait  la  nobleme,  qui  la  traitait  avec  dlstbiotton  : 
mais  elle  y  chantait  rarement. 


NOUVELLES  ÉTRA^GÈRES. 


Vauovii  1"  novembre  *.  Après  uu  repoH  foï<^  de  oioq 
mois,  occasionné  p«r  Le  deuil  national ,  le  Ihédtie  a  été 
rouvert»  et  la  muse  de  Weber  y  a  fait  enfiu  son  apparUian 
dans  le  Freitchutf.  Les  aniaEuurs  de  musique  étaient. cur- 
rieux  de  savoir  quelle  place  elle  prendrait  auprès  de  celle 
de  RoBsini,  dont  le  Bariiier  de  Sùvilte  uvalt  cliarmé  le  pu- 
blic. Elle  a  beaucoup  réussi  en  dépit  de  quelques  personnes 
qui  n'aiment  que  la  musique  et  le  Ghai>t  italien,,  unique- 
ment parce  que  cela  est  italien,  saus  i'^nibaKit^iw»  eklfis 
méloiÛea  sont  belles  ot  tï  lanwm^qFépfUid  MuaittutiOMi 
dramaHqinei.  Enfii),  le  Fteiseftitte  plalt  chaque  jour  da- 
vantage; il  est  devenu  l'opéra  favori  du  public,  tellemest 
qu'il  a  alterné  pendant  tout  l'été  avec  le  Turco  in  Itatia, 
plus  souvent  avec  la  Gaaa  Ladra,,  et  avec  le  Baréittfc 
di  Siivigiia.  Il  3  a  été  don^^  cinq  fois  de  suite  aveo  eh«m- 
iM^ftcon^iléte»  malgré  une  ohaleup  luBupponUbla^hanBenr 
que  ii'avaU  otri^oq  aec^n  aultv  oRié.ra.  On  doit  oependeat 

(i)  Quoique  ce>  détails  aient  dt}l  noe  dateaiiex  ancienne ,  Don^a^ou 
cm  qa'ili  ne  leriienl  pu  uni  Intirêt  pour  nos  lectenn,  parce  qn'ellai 
concernent  un  paya  pan  connu  «n  France  soûl  le  rapport  maiiea). 

{  SeU  tfil  rédacteur.  } 


i(i3 

remarquer  quu  ca  ituuiiès  n'a  pas  été  scLilûinciit  dù  à  la 
partiliOD ,  mais  bien  aiiKsi  à  l'inlérët  ejxïté  par  le  sujet  du 
poème  qui  avait  été  biou  traduit.  L'ouvrage  ii  élé  monté 
avec  soin  aous  tousles  rapports,  et  l'honneur  en  doit  revenir 
ù  M.  Kurpinski ,  directeur  de  l'opéra  ;  rorcheslre  s'est  dis- 
tingué; et  quoique,  d'après  l'état  du  persunucl,  on  eût  pu 
désirer  une  autre  diatribulîou  de  deux  r61ea  de  l'opéra, 
madame  Kurpiuska  a  suppléé  par  un  jeu  cbarmaut  dans 
celui  d'Aunelte  au  peu  de  volume  de  sa  voix. 

Lors  des  solennités  fuuèbres  ordoiinéci  il  l'occasion  de 
la  mort  de  l'empereur  Alexandre,  on  a  exécuté  dans  l'église 
cathédrale  \e  Requiem  de  Mozart  et  celui  de  KoslowHki. 
On  avait  élevé  k  cet  eiTet  un  grand  cLœur  sur  des  colonnes 
près  de  l'orgue.  Le  nombre  des  personnes  de  l'orchestre  et 
des  chanteurs  ,  auxquels  s'étaient  réunis  les  chanteurs 
du  théàtrC)  les  élèves  du  Conservatoire  et  plusieurs  ama- 
teurs ,  s'élevait  à  deux  ceuts  environ.  Le  premier  jour,  on 
exécuta ,  sous  la  direction  de  AI.  Soliva,  directeur  du  chant 
au  Conservatoire,  le  ite^uiemde  Koslowski,  qu'on  avait 
fait  précéder,  lorsque  la  procession  entra  dans  l'égline ,  de 
quelques  versets  du  Sliaercre  d'Allcgriallernant  avec  deux 
ilao»i  et  le  dernier  .:4-;iien  du  i5tu^ttf  de  Pergulëse.  i^I.  Soliva 
avait  remplacé  le  Domine  Jesu-Chriale  de  Koslowski  par 
le  Domijic  du  Beifuicin  de  Cberubini,  et  à  la  place  du 
Betiediclus ,  madame  Mcyer  chanta  un  Osadularis  hoilia 
également  de  Cberubini ,  auquel  on  avait  adapté  le  texte 
0  rem  inletule,,  etc.  W.  Soliva  avait  écrit  une  introduction 
pour  préparer  à  cet  air.  Le  solo  de  ténor  /tgiius  Dci  a  été 
cbanté  avec  beaucoup  de  goût  par  Al.  Zaleski,  référendaire 
d'état,  et  l'un  des  amateurs  les  plus  distingués.  Après  la 
messe,  suivit  un  Saive  Mct/ùia  de  Salierî.  L'exécution  ré- 
pondit aux  clforts  de  (M.  Soliva.  Le  second,  le  troisième  et 
le  quatrième  jour  on  exécuta  le  Requiem  de  Morart  seul, 
sous  la  direction  du  maîlre  de  chapelle  Kurpinski.  Le  per- 
sonnel des  exéctitans  avait  été ,  celle  luis ,  renforcé  d'en- 
viron cinquante  personnes.  Cette  augmentation  devint 
nécessaire  parce  que  Sf.  Kurpinski  avait  ajoulé  ans  inslru- 
mcDB  marqués  daus  lu  partition  de  Mozart  des  petites 


tlÛiRs,  ii<:s  (iùlae,  h.iiilbuis,  c^lariiiellcs.  cors .  etc.  ;  de  jilii». 
\e  cliieiir  d'insli-iiiuciis  ilc;  cuivre  d'un  ri^;iiuent  de  chas- 
HuurSi  pour  le  Dies  ini; ,  le  Jain;(us  et  la  pÉroi-aisuii ,  ul 
deux  liui'pos  puiir  le  Domine  et  le  lieitÉtlictus.  Veitel  pru- 
duit  pur  toute  cr^lle  instrumentation  a  été  surprenant  dans 
le  premier  allegro  du  Dies  irœ;  mais,  au  total,  cette  ad- 
dition a  éclairé  d'un  jour  trop  Éclatant  l'œuvre  de  Mo£art , 
et  n'a  pu  reproduire ,  pour  les  personne»  ijui  avaient  déjà 
enleuilii  cet  ouvrage,  les  inipressioua  rclîgicuBes  qu'elles 
avaient  éprouvées.  Do  reste ,  reiéculion  a  élé  salisfaisunk; 
malgré  Iva  ditTicultéK  i[ue  préiiitnlait  un  periiounel  si  noni- 
lireux.  Le  cinquième  jour  on  a  elianlé  de  nouveau,  poiir 
Icrminer,  le  Re<jiiiem  de  Koslowski.  Celte  seconde  csécii- 
tiou  n'a  rien  ajouté  à  l'inipreasion  dn  premier  jonr. 

Dus  fioleunilés  semblables  ont  été  célébrées  dans  les 
temples  de  toutes  les  cui]ri:s.-iiaua ,  ni  la  communion  lullié- 
riunnc  se  distinjjua  eiiire  autres  par  t'csécutiou  du  nou- 
veau Rcijuiem  du  prurcsscui'  recteur  Elsiier.  Ce  Requiem, 
prétention,  mats  dont  la  mélodie  et  l'harmonie  ne 
|>inivenl  que  produire  des  im|ircsNio[)s  religieuses ,  eut  écrit 
seulement  pour  des  voi:t  d'hommes  ,  avec  accompagnement 
iUt  violoncelles,  de  hautbois,  de  basses  avec  quelques  autres 
insirumens  ,  ieU  que  des  trombones  ,  cors  ,  trompettes  cl 
timbales.  Au  lieu  de  l'orgue,  on  employa,  dans  les  endroits 
qui  l'exigeaient,  le  clioraleon,  instrument  nouveau. 

i.a  Btntdiclus  k  trois  voiï  fut  chanté  avec  un  simple 
uccompagnemcni  de  cor.  La  partition  de  ce  bel  ouvrage 
diiil  paraSlrc  chez  Urcci'.inn. 

hnuB  avons  entendu  d^ns  les  concerts  le  petit  pianiste 
Rrogulski ,  qui  est  de  retour  de  son  voyage  d'AUcmagiio  , 
OÙ  il  a  l'ail  beaucoup  de  progrès,  Kuus  ayons  vu  arriver 
presque  en  mfmc  temps  trois  chanteurs  allemands , 
MM.  Ucrz  ,  Iluber  cl  Vutke  ,  qui  sunl  vcnu.«  de  Vienne  par 
la  Gallicie.  Ils  ont  complèlenicnt  réussi ,  car  ils  ont  luu'- 
jours  eu  chambrée  complète  dans  les  einq  concerts  qu'ils 
ont  donnés,  et  on  l'on  n'a  entendu  que  de  la  musique  vo- 
cale sans  accompagnement.  Dans  les  antres  actes,  M.  Votke 
qui  chante  la  basse  a  beaucoup  amusé  le  public  par  des 
^concs  très  comique?       vcnlriloquic.  Le  succès  de  ces 


i65 

arlisles  parle  d'autant  plus  en  leurfaveurqu'ilsne  chantent 
guère  que  des  chansons  allemandes  de  Mozart,  deSpt^  , 
de  Beethoven  ,  de  Ch. -Marie  de  Weber,  de  Drei^sler, 
d'Eisenhofer,  etc.  Ce  n'est  qu'à  leur  apparitiuu  au  grand 
théâtre  qu'its  ont  chanlé  en  langue  italienne  avec  accom- 
pagoeinent  d'orchestre  le  duo  du  Baréier  de  Sévittc ,  a 
Videa  di  quatmetaUo,  qu'ils  ont  répété  à  la  demande  du 
puUÎG  ,  dan» leur  aalle  de  concert,  avec  accompagnement 
de  idanq  et  de  guitare. 

La  musique  vient  de  perdre ,  en  Allemagne^  une  inter- 
prète d'an  rare  mérite  dans  la  personne  de  Clara  Wes- 
permann,  née  Uelzger,  oantatiîoe,  morte  l6'6  mars',  à 
Munich ,  dans  sa  vingt-hultiëme  année.  Les  qualités  do- 
minantes de  madame  Wespermanii  étaient,  outre  un  goût 
et  une  méthude  de  bonne  éooln,  he.mcoap  de  sensibilili; 
et  une  grande  profondeur  du  sentiment  musical.  Les  Al- 
lemands lui  trouvaient  plusieurs  rapports  avec  madame 
Pasla.  Élève  du  célëhre  SVinter,  elle  avait  refusé,  pour  ne 
pal  l'abandonner,  un  cnga^méat  qu'on  lui  ofirit,  il  y  a 
environ  cinq  ans ,  à  l'Opéra-Italien  de  Paris. 

—  H.  Guiîlon ,  premier  flûtielo  de  l'Académie  royale  do 
musique  de  Paris;  a  donné,  le  4  de  ce  mois,  un  eonccrt 
public  à  Berlin.  Les  journaux  de  cette  ville,  tout  en  re- 
connaissant  dans  sa  manière  de  grandes  difTérences  avec 
celle  de  Drouet,  lui  accordent  beaucoup  d'éloges.  On  dit 
aussi  beaucoup  de  bien  de  deux  jeunes  articles  nouvelle- 
ment engagés  à  la  chapelle  de  Berlin,  les  frères  Ganz  de 
Hayence,  qni  se  sont  fett  entendre  dans  le  même  conce  rt, 
l'on  sur  le  violoncelle  et  l'autre  sur  le  violon..^ 

Napies.  — .  On  lit  dans  le  Giornaie  del  regno  dette  du6 
Sidiie  les  réflexions  suivantes  sur  les  théâtres  de  Napies  : 

<  Toulsembtecoucourîrcetle  aiinéeârendre  le  carnaval 
■  brillant,  Len  directeur.^  des  lliéAtrcs  n'ont  rien  épargné 
n  pour  ofiHr,  au  public  des  .iiicclacles  attrayans  tant  par  la 
f  nouveauté  des  ouvrages  représentés,  que  par  le  bon 


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<goÛI  qni  a  pwéaiàé  anx  ehoixdes  ancÀeiis  opéra» que  l'oa 
«  aremis  àla  Hcèue.  v 

■  On  a  donné  au  Ihéâtre  Nuovo,  nu  opéra  boiiife, 
(intitulé  :  tmDiavata condannalanetnwndoaprender 
tmoffiie,  ta  musique  est  du  sig.  Ricci,  élève  distingué 

•  du  Conservarnire  royal  de  musique  :  il  a  obtenu  an- très  ' 
I  grand  succès;  mai»  contre  le  senriment  ^néral,  aovCà 

<  l'atlribuons  plutôt  au  libretto  .qu'à  la  musique.  Cet 

■  ouvrage  est  reinpli  de  cesextravagames  qfui«onTiBiiBeiit 
■4  à  la  saison  pour  laquelle  il  a  été  fait,  et  qui  manquent 

■  rarement  leur  effet  sur  la  multitude. 

•  Les  théâtres  royaux  de  St.-CharleB  et  dei  Fonda  nous 
lont  donué  successivement  et  en  très  peu  de  temps 

<  VOteilo,  ia  donna  del  Lago,  la  Zetmira,  il  Tancredi, 

•  ia  Gahrielta ,  ia  cantatrice  fiitane,  laîiina.  Nous 

•  avons  vu  en  outre  mettre  en  scène  la  Dtnwa  6ianotk 

■  (la  Dame  blançhe),  musique  du  maestro  Boieldleii', 

■  opéra  qui  a  obtenu  à  Paris,  en  i8a5,  le  plus  brîUanb 

■  succès. 

■  Parmi  les  représentations  les  plus  brillantest  on  doit 

•  ranger  celles  d'Ote^to ,  de  Tancrèdtetàe  ia  Nina,  dans 

0  lesquelles  le  talent  musical  et  dramatique  de  la  signora 

•  Paeta  a  paru  d'une  manière  si  éclatante.  L'accueil  fait 

■  par  le  public  à  la  Nina  nous  a  fait  naître  quelques 

■  réûexiuns  que  nous  ne  croyons  pas  inutile  d'exposer  ici. 
«Une  certaine  classe  d'amateurs,  tirant  une  ligue  de 

■  démarcation  entre  la  musique  aucieune  et  la  moderfle, 
«  accordent  à  peine  quelques  éloges  à  la  première  et  don- 

•  nent  tous  leurs  suffrages  à  la  secoude.  Ils  feraient  mieux, 

1  à  notre  avis ,  de  tirer  cette  même  ligue  entre  la  bonne  et 

■  la  mauvaise  musique  de  toutes  les  époques,  et  de  se  per- 

■  suadcr  que  les  chefs-d'œuvre  de  ce  bel  art  plairont  tou- 

■  Jours  en  dépit  de  l'enthousiasme  de  quelques  fanatiques 
(  pour  les  bruyantes  nouveautés  musicules.  La  simplicité 

•  est  compdgne  du  beau  et  du  grand  dans  les  arts  et  dans 
"  ie  genre  pathétique;  elle  ne  peut  jamais  manquer  son 

•  effet  sur  lin  peuple  qui  n'est  pas  totalement  dépourvu  de 

■  goût.  Celle  qui  règne  dans  ta  Nina,  chef-d'œuvre  de 


notre  immorlcl  Paisiclto,  émetil,  nvil,  cnchiiule  ,  cl 
millearguincns  contre  L'C  genre  de  iniisii|iiR  ne  peuvent 
détruire  ce  fait  1(111  suffit  ]miir  les  rûfiiler  tous.  M"'  Pasia 
n'a  pas  peu  contribué  Ix  fiiire  ressorlir  les  beaulés  de  la 
partition  de  ta  Nina,  tant  par  ïe  sentiment  profond 
qu'on  remarque  dans  son  chant  que  par  son  expression 
dramatique.  La  folie  de  la  pauvre  Nina  n'est  pas  seiile- 
ment  peinte  dans  ses  traits,  elle  est  empreinte  dans  toute 
S3  personne.  M""  Pasta,  dans  Nina,  n'a  pas  un  seul  guatc 
qui  n'exprime  l'atiénalinn.  Grande  tragédienne  quand 
elle  représente  i'amanic  infortunée  d'OlcIlo  ,  elle  émeut 
profondément;  el  non  moins  admirable  actrice  quand 
elle  se  présente  sous  les  iraits  de  la  Pazza  peT  amore , 
elte  touche  tous  les  cœur!i. 

*  Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  exprimer  le 
regret  qno  la  crainte  des  longueurs  ait  fait  faire  des  cou- 
pures dans  phisieurs  morceaux  de  celte  belle  partition, 
ïl  nous  paraît  également  fâcheux  qu'on  ail  quelquefois 
représenté  le  premier  acte  de  la  Nina,  sans  le  second, 
etvicc  vend.  L'intérêt  d'un  opéra  est  fondé  sur  la  gra- 
dation naturelle  des  passions;  interrompre  cette  grada- 
tion, c'est  nuire  à  l'effet  général  de  la  rcprésenlation  '. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 


Deux  concerts  ont  eu  lieu  dans  le  cours  de  )a  semaine 
dernière,  sous  le  titra  modeale  de  soiriet  muncales ;  l'an 
était  donné  par  M."'  Delphine  de  Schauroth,  l'autre  par 

(1)  Voifi  des  idée!  bien  raiiDonablcs  ,  et  cjhM  cbI  iiingulier  de  Irouver 
dani  UD  Italien  qui  parle  de  musique  :  Son  gémit -on  dcji  ii  faire  un  pan 
rdtrogiade  veii  le-iinipic,  et  loudrait  on  donner  mainlenanC  pin  dlm- 
poitKDce  Â  l'intérêt  dramatique  qu'on  ae  l'a  fait  jagqu'icii  Quoiqu'il  on 
K)it,  nom  aTOoa  cru  qu'il  n'était  pai  inutile  de  canjtalcr  qb  Ebaiigemcnl 
iaal  tendu. 

{Nnltda  ridiKtciir.) 


166 

le  jeune  Jliert  SchUiing ,  Âgé  de  10  ans  et  demi.  Tous 

deux  onl  eu  lieu  dans  la  nalIc  ilc  la  rue  de  Cléry;  le  pre- 
mier, le  lâmars,  et  ic second  ,  le  iG.  Les  duiixbÉu<ifitiiiircs 
siiiil  [liauisles,  et  tous  Ueiix  onl  du  lalunl.  L'orcheslre  sti 
composait  seulement  d'un  quatuor,  et  léchant  a  été  accom- 
pagné par  le  piano.  U"*  de  Scbauruth.  a  des  doigts  brii- 
laus  et  i|n  beau  mécanisme;  mais  il  me  semble  (|us  c'est 
iaut  ce  qu'un  peut  dire  de  son  jeu.  C'est  beaueoup ,  sans 
doute  1  tuais  <ie  n'est  pas  assez  pour  être  remariiué  aujour- 
d'hui; caries  talens  de  pianistes  se  multiplient  à  l'infiui. 
Le  jeune  Schilling,  dont  l'exéculion  est  au^sl  très  bril- 
lante, a  tine  exprefisiun  fort  étonnante  pour  son  âge.  Nous 
sommes  jirli  parlis.Tn  des  prodiges,  parce  que  les  études 
forcées  qui  ks  produisent  usent  avant  le  temps  l'imagi- 
uation  des  enfans  ou  ruinentleur  santé;  mais  nous  sommes 
obligé  de  conveuir  çjue^ch^  celui  dontil  s'agit  le. sentir 
ment  musical  paraltCtre  réel,  et  plutdtundou  dé  nature 
que  le  résultat  du  travail.  L'inévitable  duo  d'£<ùa  e  Ctmt- 
dio  a  éié  ehanté  par  MM.  Domaiige  et  Stéptken  au  cou- 
cerl  de  M"'  de  Schauroth;  mais  par  compeusatian 
M="  Stockhauseu  adit  à  merveillel'air ravissant i)ofeaoii(i 
du  mariage  de  Figaro.  Le  public  a  paru  fort  satisfait  d'uu 
duo  de  liarpe  et  hautbois,  de  Bochsa ,  oxi^cuié  par  M"  Jules 
Chèvre,  et  M.  Urod,  au  concert  de  Sehilliug,  aiusi  que 
des  variations  de  violon ,  composées  et  exécutées  par 
M.  Battu. 

Les  théâtres  musicaux  n'ont  rien  otTert  de  nouveau  de- 
puis la  première  reprt'Nenliitiiiii  du  Loiip-Carou  à  l'OpiJra- 
Comiqiic;  mais  des  évéïieniens  imporlans  i^e  iiri''pareiit  à 
l'Académie  royale  de  Husiijue  et  au  Ihéiltre  de  la  rue  Fey- 
deau.  L'un  est  la  première  représentation  de  Moïse,  opéra 
de  M.  Itossiui,  arrangé  pour  la  scène  française,  avec  des 
changemens considérables,  et  auquel  on  ditquc  M.Itos.sinî 
a  ajoutébeaucoup  de  musique  nouvelle.  Cette  première  re- 
présentation doit  avoir  lieu  mercredi,  a  1  courant  :  nous  uous 
empresserons  de  faire  connaître  le  résultat  de  cette  soirée 


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intéressante.  L'aùtra  événemeat  est  la  première  repré- 
sentation â'Elheiwina ,  opéra  en  irois  actes ,  qu'on  an- 
nonce à  rOpérà-Comîque  pour  lundi  36.  La  musique  eut 
d'un  musicien  lauréat  :  on  en  fait  l'éloge. 

Un  jeune  homme,  nommé  Molintcr,  élève  de  l'École 
royale  de  Musique ,  a  débulé  il  y  a  quelques  jours  à  ce 
théâtre  dansie  rôle  du  médecin ,  â'Euphrosine  et  Coradin. 
Sa  voix  est  un  barilon  ;  mais  le  rôle  qu'il  avait  choisi  élant 
peu  favorabie  au  développement  de  ses  moyens ,  nous  at- 
tendrons pour  le  juger  qu'il  ail  continué  ses  débuts. 


AîfBCDOTES. 

Vera  1689,  undireotenrd'apétadepraviooeayantre&Bé 
de  payer  les  mniiclaiis  de  son  orcheslro ,  «n»  [urétexle 
qu'ils  étaient  incapables  de  fiiire  leur  servioe,  fut  assigQé 
par  eux  devant  le  tribunal  du  lieu.  Campra,  homme  d'es- 
prit ,  qui  était  alors  maître  de  musique  de  la  troupe , 
demanda  pour  les  musiciens  la  permission  de  plaider  eux- 
mêmes  leur  cause;  ce  qu'ayant  obtenu  ,  il  les  fit  ranger  ii  ■ 
la  barre,  et  leur  fit  jouer  une  symphonie  de  tully  dont 
l'exécution  Gt  tant  de  plaisir  aux  juges,  qu'ils  condamnè- 
rent tout  d'une  vois  le  directeur  à  payer  ce  qu'il  devait. 

—  On  reprochait  souvent  à  Colasse,  maître  de  la  chapelle 
du  nn ,  les  lanùns  qu'il  6â«at  &  Lolly  poor  composer  sa 
musique.  ,Vn  jour  ilse  prit  de  querelle  avec  un  acteur  de 
l'Opéra ,  et  la  dispute  se  termina  par  un  combat  à  coups 
de  poing,  dans  lequel  Cotasse  eut  ses  habits  déchirés. 
Vu  de  ses  amis  le  voyant  en  cet  élat,  lui  dit  :  *  comme  le 
Toilà  faitl  —  Comme  quelqu'un  qui  vient  du  pillage  >, 
répondit  M"*  Rochois ,  célèbre  actrice  de  ce  temps. 

Ce  Golasse  (Paschal),  né  k  Paris  en-iÔSg,  et  mort  & 
Versailles  en  1709 ,  fut  d'abord  en&nf  de  ofaaaurÂSt.-l'auI, 
et  devint  ensuite  l'être  de  haOj,  qui  lui  fit  épouser  aa 
fille.  Son  opéra  à'ÂchH4Ct  dont  les  paroles  étaient  de 
Cvnpistron ,  donna  lieu  à  cette  épigrammo  • 


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Enire  Gampïtlrun  el  Colaese  , 
Grand  débit  s'i^mut  au  FarnaSBe, 

De  BOo  mauvais  succès  nul  oeae  croit  conpaMè. 

I/ua  dit  ipn  la  mnsiqne  ut  pitle  et  mbfrablc , 

{•'witie ,  que  la  conduite  it  lea  Ter*  tout  alTreiu  ; 

Et  le  gnnd  ApoUon ,  taujoqn  juge  ^cpiitable , 

Tnnra  qn'Ss  ontrainm  t«aï  deux. 
Oulie  le  tort  4c  faire  de  mauvaise  musique,  Colaspe  eut 
celui  de  olierclier  la  pierre  pbilosophale  ;  il  ruina  sa 
boarseetsasanlé. 


^  ANNONCES  DIVERSES. 

PIBTU  ÉTRÀHGBBB. 

Un  ouvrage  important ,  annoncï  depais  long-len^a,  et 
qui  ëtaft*ttendii  aMe  {inp«tianov  par  le»  moaioiai»  «loi 
B'oooapen*  4e- la  IttUnatnrpde  laur-art ,  vient  de  pardtieà 

Hilan.  Cetoarra^  est  du  docteur  P.  Lîcfatenihal ,  saTsat 
profenseiir  allemand  qui  est  fixé  en  Italie  de^mia  long- 
temps. Il  est  intitulé  :  Dizionario  e  ivbiiografia  dtUa 
musica,  lUilao ,  Fontana,  1827,  1)  volumes  îa-8°.  ^s 
deuK  premiers  volumes  c  on  tien  tient  un  dictionnaire  (eoh- 
□ique  de  la  musique;  les  deux  autres  renferment  la  partie 
Iiibliographique.  Le  docteur  Lichtenthal  a  pris  pour  base 
de  sou  Itavatl  la  littérature  générale  de  la  musique  de  For^ 
]uA[J^aaeint  Uttiratw  dermusi&);  maiflilfxajoulé 
on-giiaBABonibre  d'aedcles  et  des  améliorations  oonsidér*- 
Ues.  Mous  lertHis  connaître  par  des  analyses  ce  livre,  fruit 
débeaucoup  d'années  do  recherches  et  d'une  rare  érudition. 

—  Rottini  e  iii  musica  ossia  Amena  biogra{ia  mvsi- 
eale  ,  Milun  .  Ant.  Fort.  Stella  et  Tila,  1836.  L'objet  de  cet 
ouvrage  est  de  uarrcr  les  faits  principaux  de  la  vie  des 
meilleurs  musicien. >!  :  l'auteur  a  choisi  la  forme  du  dialo- 
gue ,  et  £aîl  parler  les  personnages  eux-mêmes. 

—  Sous  10- titre  de  II  theatro  deUa  Ftnice  ou  publie  à 
Venise  chaqtie  année  un  petit  volume  quf  oontient  la  vie 
et  les  portraits  des  plus  oâèbiW  ebauleurB,  danseurs  et 
compoElleurs  qui  ont  brillé  à  ce  thélire.  Ceint  de  ife6 


renferme  àes  notices  s^r  Dntnelli  et  sur  EiUier  Hombelli , 

des  détails  Hur  les  ouvrages  représentés  dans  le  ooacs  de 
l'année ,  et  une  table  de  toutes  les  pièces  depuis  la  fonda  - 
:tion  du  ihéâlre  eu  i79a,juaqu'eu  1600. 

— fg.lLaudier,  >euiMi  piusioien' allemand,  qui  a  véc" 
long-lefOipsâ  Naples ,  et  auquel  on  dpit.une  fort  bonne 
jiotice  sur  la  «ie  et  les  ouvrage»  de  Basse ,  a  fait  insérer 
«laus  les  ^IffkmfritH  titurarie  di  B-Orad  (  t.  yi,  p.  So  )  des 
atuerT»\ioiW  sur  l'état  ^^lent  de  la  musique  daii^  te 
rofwwr  4b  9bp{«B  {Ûaatmasimi  mU».  snnvpfmvu 
dû/»  mwdmit»liivt(ti).  £«•  obaenfHlîDns  wnt,  àikron, 
foflt^iipiatili». 

— .iÛtWBl*  ï-éBJwrtd  CiTOg""'''»  a«nonce  (  t.  Y,  p.  ag , 
4es  S^^vivriiit/iUfirarit:  4i  Moina),  comme  nue  d^u- 
yerte  pouvQlle.le  VM^tn^emiolo  de  l'abbé  G négfMTsTn^- 
lin  ;  niais  ou  fait  oMhervcr  dass  La  Biètiût/té^jttetitatienne 
(  t.  44)t  qu'un  uiécanicieu  4e  Uilau,  nmawéG^rti,  AiËtitt 
coonalW  un  tustruaMllt  A  pou  prit  wnbbble  U  J^a  plu- 
i^eiia  ««Aéee ,  et,  i'A  fMt><ntepdt»  dana  pluuew»  iglflwtflt 
d4M!^vw  Dosflwtfl.  Oetiw^nwnwt  «vaît.lii  tome  i'aa 
cUtedila,  les  «orde«  étalent  de  boyaut  «t  étaient  joaéas 
par  des  Sfcbets  de  criQ  qui  appujaient  sur  les  oordes 
lorsque  les  doigts  pressaient  le  clavier.  NiIhib  croyons  de- 
voir rapfKler  qu'uiie  iuveoliou  semblable  a  été  Imise  à 
l'expoiUion  dçs  produits  ds  l'industrie,  eu  180Ô,  par 
Sctupai^ti)  lacleur  de  pjan»,  à  Paris.  L'instrument  était  uo 
çar^UiT^t  et  avait  m  tiwiv  h<iha^w  «Ktrémité.  Vun 
f^tt^tt^iaDner UB  pitmaor4ûll><r4i  l'aiftre était  déstinéfr 
jQiwr.4i»:«ovdas  'de  litgw  qui.iibr«ici)tpBi!t«iqciïM  de 
petits  jH«h^«fIind9Îq4Qsj[^^(aI«iit«tia«ii  inouv8m«iit 

en  raiasB  4^  i»  pisni«n  des  doigts  aor  le  clavferi'  1; • 

■'■     '  FWIB  VBIRÇUSE.'' '  ■ 

Deux  quadrilles  de  contredanses  pour  {[ji^no  ,  avec  ac- 
compagnement dç  violon  (id  lipilûijri^  .par  ^adame  dis 
Saint-Uioh^l,  née  Sondi^;  à  Parif,  ôh^  Xemotp^alné^ 
marchand  de  piuBi<]ue,  raeDaufhiiie»  n°  Sa.  .  . 


.  .L'Ittstilalîon^  n^ole  de  musique  reliflietue  donneia", 
demain  aa,  son  troisième  exercice,  ou  concert  spirituet, 
dont  voici  le  programme  : 

PrûmiirD  partie  :  Morceava:  détachés.  l' Insanœ  et 
vanœ  curœ,  motet  en  choenr  At  Haydn  ;  2*  psaume  )52, 
Ecce  quam  ionum,  à  quatre  voix  d'hommes ,  par  rabl>é 
Togler,  chanté  par  MM.  Beauconrt,  de  Villiers ,  Can<<plcs 
«t  MasBon;  3°  Chori  tanctarwm  vir^inum  ',  atrophc  de 
l'hymne  de  la  Toussaint,  ohœurà  quatre  parties,  par  Giov. 
P.  Lnig.  da  Falesirina,  maître  de  ohapelta  de  St.-Pierre.de 
Vijm.9^eai5^v,^' Cantandow*di,A.mi\OTaain%sAes<\aa, 
de  GioT.  B.  C.  M.  Clarl,  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale, de  Pistoja,  en  1720,  chanté  par  M""  Kromhi^  cl 
Tardieu,  suivi  de  Addio  campagne  ameiie,  terzetlo  du 
même  genre ,  par  le  même  auteur ,  chanté  par  les  mêmes 
et  M.  Boulanger;  5°  Chi  in  Dio  ifât  spera,  clireiir  de 
Daviddc  ■penitenle, ,  dr-,  Mozart. 

Deuxième  partie:  Le  Messie,  oratorio  d'Hendel,  retou- 
ché par  Uozart,  première  partie:  Naissance  du  Messie. 
1*  ConBOtamini,  Omni»  vattis,  récitatif  et  air  chaulâs 
par  H.  Wartel,  Etrevetaéilur,  chœur;  a*  Bœc  dieitDo^ 
mjmw,  ÇwM  poJerit?  récitatif  et  air  chantés  par  H.  Dc- 
villiers,  Emundans  argenium ,  chœur;  5°  Ecce  virgo, 
récitatif  et  air,  chantés  par  M"'^  Mongin,  O  tu  qui  evmi- 
geiizas  Sion!  chœur;  4°  Ecce  tenehrœ,  Poputm  ijui 
améutatiat,  récitatif  et  air,  chantés  par  M.  rte  laGalinc, 
Parvulusenim,  chœur;  b°  Pastoreserant.  récitatif  clin  nt<5 
par  M'"  Charte,  Gioria  Deo!  chœur;  6°  Tune  oouii, 
VeHiU,  léGlIatif,  air  et  duo,  chanlés  par  H""  Kromhé  et 
Tatdieu.  Suitm  jugum  eetsuave,  efaœur;  7°  AUeluiai 
«hœnr  filial.  Cet  exercice  aura  lieu  dans  la  salle  principale 
de  llnstihilïon^ruedeVaugiraTd,  n°  69  (maison  de  M.  An- 
dry,  médecin),  à  deux  heures  très  précises  après  mi<ti. 
Les  personnes  qui  désirent  y  assister  sont  invitées  à  se 
prÔcurer  des  billets  d'avance,  attendu  qu'il  n'en  sera  point 
délivré  le  jour  même;  elles  devront  élre  rendues  avanl 
l'heure  fiiéc;  à  rteui  heures  précises,  les  portes  txlérieii- 
res  seront  fermées,  et  personne  nepourra  plus  élre  admis. 


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FUSLIÉË  PAR  H.  PÉTIS, 
noruseri  in  coïiPognioH  x  rïcoiJt  botau  m  mtuqcK, 
iT  ibiuoxBbiuu  M  EH  tiULiËnmita, 

W1.  —  TWB  1S27. 


Ste  nn  IttU  ï^leaK. 


TLne  s'agit  point  ici  de  cette  espèce  de  primaulft  quE  eit 
le  pntîlégedu  lalcnl;  ieroidesviotontn'élaitpM,  conunB 
ou  pourrait  le  croire ,  celui  qui  jouait  le  mieux  de  sou  ins- 
trumeut,  mais  un  maître  de  danse  qui  exerçait  en  France 
noe  juridictiou  bizarre  sur  tous  les  maîtres' de  danse 
et  mémo  sur  tous  les  musiciens  du  royaorne,  et  qui  los 
oUigoait'ji  lui  pay L<r  une  oerlainè  redevance  ^onr  avelr  lé 
droit  de  faire  usage  de  leurs  talens.  Cette  ringularitë, 
qot  denna  Ueu  à  lîeaacoup  de  oonteiiialionB  et  de  procis , 
mAfite  d'être  observée  dans  son  origine. 

On  sait  que  l'on  donnait  le  nom  de  méneslreis  ou  mé~ 
nitriera  aux  mnsicieus  ambul^ns ,  qui  allaient  de  château 
en  château  chantant  des  chaosons  et  des  poésies  chevale- 
resques et  s'accompagnant  de  quelque  Instrument.  Celui 
dont  ils  se  servaient  Iiabituellem^nt  était  le  Violon,  auquel 
ou  donnât  alors  le  nom  do  viette  ou  viote*;  de  là  vient 

(i)-  Lu  mot!  viole  et  tiUh  qu'on  boavs  sdnTent  dam  les  anciens  puilc* 
ftaaçù»  ugDi&eat  éTidsinment  le  violon.  L'ioalrument  qua  nou»  »ppe- 
loni  la  vielle  te  Dornnuit  rofs  daoa  lu  Uagae  romano.  Ce  qui  pniuTe  qne 
la  viite  n'Ëtail  autre  cho«  qoe  le  violon ,  c'eit  qu'on  U  jonùt  «oo  nn 

.J'aI»io(BTec)Uelpraelet  ' 
■  O  tole  la  Tliilc  et  l'arcbel 
•  Si  U  >i  chantË  le  innBet.  ■ 

Poiila  de  CouN  Mosbt. 
Oua  IwjHiradwtbb  A^^{puGaiitîcr  de  Coinsi,  Ut.  ti|  cb.  xiv,* 


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(|u'oiiappelaitaiissili;sinéiii!Uierstks  nietUux.  Vtrs  (33w, 
la  confrérie  de  S:iiiil-]ulien  des  méiiélricrs  Ait  tHablie.  cl 
l'.-iiinéc  suivanlc  elle  Ibnd.i  rlu^]iilal  qui  a  portû  ce  nom  cl 
HU  donna  un  chel'  qui  prit  le  liire  de  roi  des  ménctriers. 
Les  acles  de  celle  confrérie  furent  enrejjislrés  au  Cliillelel, 
le  a3  novembre  i55i.  On  appelait  alors  menestrandie  une 
société  nombreuse  qui  se  composait  de  chanteurs  ,  de 
joiicunt  d'instrumons ,  dI  même  de  baladins  et  de  faiseurs 
de  toura.  Les  musteieiis  humiliés  de  celte  espèce  d'asso- 
ciation se  sépariirent  de  ces  derniers  et  firent,  en  i3()7,  de 
iiutivcaux.  réglemens,  qui  furent  confirmés  par  une  or- 
donnance de  Charles  VI,  en  date  du  ^4  avril  '^o^.  Ou  voit 
|)ur  cette  urdunnance  que  les  ménestrels  chaugËrent  leur 
tilre  en  celui  dcjoueursd'instrume-^is,  tanlhauts  comme 
■bas,  .dénomination  qui  semblerait  indiquer  qu'il  y  avait 
di-jà  des  espèces  de  ùasses  de  vioic  vers  la  fm  du  quator- 
zième siècle.  On  voit  d'ailleurs,  dans  un  mémoire  publié 
eu  i(î<j3,  en  faveur  des  clavecinislcs  contre  les  maîtres  à 
danser  de  France,  que  les  ménétriers  scdivisaicnt  en  deux 
classes  :  les  joueurs  de  violon  ou  de  reùcc  proprement 
dits,  et  les  joueurs  de  haales-contrcs,  tailles ,  qiiinlcs  el 
liasses,  insirumens  qui  notaient  que  des  variétés  de  la 
viole,  el  qu'on  trouve  dans  les  parlilions  de  Lnlli.  L'ordoD* 
nance  de  police  du  sg  avril  ifiSy  donne  aux  ménétriers  le 
litre  i.c  joueurs d'inslTumens,tantiiauls  i/ue  iiastthaui- 
hoîs. 

Louis  XIV,  qui  confirma  ia charge  de  roi  des  violons, 
régla,  par  des  statuts  du  mois  d'uciiibre  i65S,  Icadroils  et 
éiiioluuiensqui  j  élaient  allaehé.s.  Un  y  voit,  i°que  l'on  ne 
pouvait  élrc  admis  à  la  maîtrise  qu'après  quatre  aniiéeii 
d'apprentissage;  a'  que  les  maîtres  étaient  obligés  deiaîro 

f-  iG6,  maniuciiliIclaliibliolliMiucdunù.rgndsdcl'celicilaParig. 
M.  n°  10) ,  il  en  eiL  un  inlllulé  :  Du  cierge  qai  Piolre-Dame  Hlx  liBmadoiir 

Ce  méneitrci,  uommâ  rierru  de  SyBelarl.ne  pa^ail  jamsia  devJ^t  l^i; 
luingD  lit!  la  Vierge  tans  j  Taiic  une  prière  el  aana  clianler.  Ln  vigaetle 
[ilucéG  «n  l£le  du  miracie  rcprtscatc  le  mioBtrier  teniat  eon  violtin 
it'uae  iiiii!t>  et  l'atchct  de  l'autre. 


inscrire  leurs  é)6vcs  chez  le  roi  cIch  vkiluns ,  et  ilc  lui  payer 
wn  liroît  poiir  cbaciiii;  en  cas  de  fraude,  le  mallre  devait 
payer  unu  ameiide  lie  ciin[iiaiile  livres  ;  3"  les  élèves  qui 
voulaient  se  faire  recevoir  niiiitres  payaient  soixante  livre» 
nu  roi  des  violons  et  dix  livres  aux  maîtres  de  la  confri^ric 
de  Saint-Julien  ;  4°  les  mallres  étaient  tenus  d'une  rede- 
vance de  Ireule  sous  par  au  envers  la  confi'érie  ;  5°  lo  roi 
'levait  envoyer  des  licutcnans  dan.s  les  provinces  pour  faire 
observer  les  réglemens  et  pour  recevoir  les  maîtres  ;  6°  il 
lîtail  défendu  aux  musiciens  qui  n'étaient  pas  maîtres  de 
jouer  aux  catarels ,  chambres  garnies  et  autres  iieux, 
ni  dessus  de  violons ,  liasses  et  autres  ■parties,  à  peine 
de  prison  ' ,  et  au  cas  de  contravention ,  le  roi  des  violons 
pouvait  faire  briser  les  insirumens.  Les  vingt-quatre  vio- 
lons de  la  grand'bande  de  la  chambre  du  rai  devaient  aussi 
se  faire  recevoir  par  le  rai  des  violons  et  lui  payer  un  droit. 
Les  deux  Connlantin,  les  Dumanoir  et  Cuignon  sont  les 
plus  connus  de  ceux  auxiiuels  ou  conféra  la  dignité  de  roi. 
Ce  dernier  était  un  violoniste  très  remarquable. 

Quelque  étendue  que  fîit  la  juridiction  du  roi  des  vio- 
lons, elle  parut  encore  trop  restreinte  &  Dumanoir  le  jeune, 
qui ,  se  fondant  sur  la  dénomination  vague  de  sa  confrérie 
(Ménétriers  eCjoiteurs  d'instrumens tant  liauCs  que  bas), 
voulut  obliger  les  organistes,  les  nialtreit  de  clavecin  et 
même  les  compositeurs  à  prcudrc  la  maîtrise  et  àlui  payer 


(i)  Il  7  STuit  cependant  aac  ciccptian  ca  faVQnr  de  ceai  gni  ne 
jonaicnt  que  du  reiec.  Le  rebcc  ttait  un  TÏoton  groisier  qui  arait  pré- 
cédé l'uange  de  celui  que  onai  cuanaijioui.  11  avoit  ta  forme  d'un  bat- 
toir èchancrt  par  les  quatre  angles ,  au  lieu  d'£tre  arrondi  cumnie  le 
violon,  et  n'étllil  monté  que  du  trois cordei  :  mi,  h,  re. 

11  parait  par  une  eenlence  du  préiùt  de  Paris,  du  i  mai  i644i  îu'îl  T 
avait  des  hautei-contrcB,  des  taillea  et  des  basseï  dBTtlicc.  Cet  inilru- 
ment  a'estmaiDtcnu  en  France  {ui qu'A  la  fin  du  dii  septième  slèole,  ely. 
fut  loDg-tempi  d'an  usage  généra).  On  connaît  cet  vers  de  la  lo*  «atire 

O  musc  !  je  l'invoque,  emiuielle-moi  le  bec, 
El  bande  de  tes  mains  les  nerfs  de  mon  rebcc. 
On  trouve  encure  le  rebeo  dam  le»  mains  des  paysans  de  quelque* 
canloai  d'Angleterre. 


i;6 

un  droit.  Une  scotcncc  de  police  dit  16  juin  i(>95coa0rma 
Hcs prétentions,  et  asRimilaà  des  ménutriers  des  musiciens 
lela  que  François  Couperiii  ,.surnoniiiié  ie  grand,  Mivcrs, 
cl  le  Bègue.  Ceux-ci  nppclùrent  de  celte  NC!it[ciice,et  pu- 
blièrent un  mémoire  curieux,  en  réponse  â  celui  de  leur 
adversaire.  Guillaume  Dimmqoir  prétendait  que  la  diffi- 
culté que  faisaient  les  organises  et  le»  maîtres  de  clavecin 
d'appartenir  à  la  confrérie  des  ménétriers  était  injurîeuiîe 
pour  elle;  que  cette  confriirie  avait  compléaunomlircdescs 
membres  des  arlimes  du  premier  ordre  cl  nolummcnt  2. uf^« 
qui,  ayant  été  violon  de  la  grand'bundc  du  roi,  u'avait 
pu  en  remplir  les  fonctions  sans  être  reçu  maître.  Les  or- 
ganistes et  coniposilenrs  répandirent  c{uc  loin  d'avoir  été 
de  la  communauté  des  violons,  Lulli  en  faisait  si  peu  de  cas, 
veu  te  peu  de  facilité  des  maisires  à  jouer  ieurs  parties 
sans  ies avoir  étudiées,  qu'il  les  traitait  demaistrcs  ati- 
iiorons  et  de  maistres  iJjnoTans ;  qu'il  était  vrai  qu'il  eût 
joué  du  violon  dans  sa  juunes:iO,  mais  qu'il  y  avait  re- 
noncé pour  s'adonner  uu  clavecin  et  à  la  composition, 
sous  ta  discipline  des  sieurs  Mriru,  Roùertlct  et  Gigautt, 
organiste  de  Saint-NicotO'S-des-Ciianips^  qui  vivaient 
encore  et  étaient  an  nombre  de»  appel:iiis  de  la  ncutcncc 
du  S  juin  iGçjS.  Il  est  certain  que  jusque  là,  il  n'y  avait 
point  en  en  France  de  viuloni.sie  qni  méritât  quelque  es- 
time, llapliste,  éitvcile  Corc-lli ,  fut  le  pi-emier  qui  montra 
du  talent.  Un  arrêt  délïoitif  du  parlement,  en  date  du 
7  mai  1G95,  donna  gain  de  cause  aux  organistes  et  aux 
compositeurs. 

Mais  la  confrérie  des  ménétriers  de  Saint-Julien  no  re- 
nonça pas  à  ses  prétentions  :  une  occasion  favorable  se 
présenta  bientôt,  et  elle  la  saisit.  L'état  déplorable  des 
finances  du  royaume  pendant  la  guerre  de  la  succession 
avait  obligé  Louis  XIV  à  créer  de  nouvelles  charges  pour 
SB  procurer  de  l'argent  :  la  confrérie  de  Sainl-Julien  offrit 
de  payer  vïugt-dcusmillefrancspouravoirle  droit  deson- 

(i)  CcB  deuils  cuiieui  sur  les  ùtudei  <lc  Lalli  ont  iti  inconnua  h  tous 
»n  biographes.  Il*  iitouïi^nt  que  c'esl  k  torl  qu'on  l'n  cooiîdOri;  ronimc 
lijani  n|iparté  en  France  le  gnAt  de  la  mutique  lUlienne  de  eau  tcmin. 


Dlglii^ed  ùy  Cu 


K7 

mcltre  à  sa  jnriillclicn  IcRiiiailres  âc  clavecin,  de  ilcssiis  et 
banse  de  viole, <le  Ihéorbc,  de  lulh  ,  du  guiUre  et  deQille 
allemaiidci  ce  droit  lui  fut  accordé  par  IclIreii-patenlOD 
du  5  avril  1707,  e!  il  fut  dérendu  à  tous  les  prorcssciirs  do 
ce»  inslriimens  d'en  donner  des  leçons  soil  che:  eux,  soit 
en  ville,  avant  des'ûirefail  recevoir  m.iîlres  à  danser  dJins 
ladite  conrréric,  sons  [iBÎnc  de  quatre  cents  livre!)d\iTneii(Ic. 
Les  organiutC!!,  les  muitrca  de  clavecin,  et  tous  les  pro- 
fesseurs de  niuiii<{iie  firent  grand  bruit  snr  celle  nouveaiilé, 
et  Tou  l'ut  contraint  de  rapporter  les  Icllres-patcntes,  pour 
leur  en  substituer  d'autres;  mais  ce  qu'il  yent  tie  plaisant, 
c'est  qu'on  garda  l'argent  de  la  confrérie  powr  lui  con- 
firmer ses  anciens  droits  que  pcrsuune  ne  lui  conlenlail. 
Le  aS  juin  de  la  même  année,  les  organistes  de  la  chnpello 
et  les  professeurs  de  musique  obtinrent  des  lellres-patcntcs 
qui  leur  confirmaicnllcdroitd'exerccrlibrcmenlleur  pro- 
fession, et  faisait  défense  aux  roaitrcs  ù  danserde  les  trou- 
bler dans  cet  exercice. 

Dans  toutes  ces  coiilcstations,  la  confrérie  avait  élésculo 
en  cause,  parce  que  Dumanoir  le  jeune  s'était  dérais ,  en 
il>95,  des  attributions  de  ^a  ehar^  de  roi  des  violons.  Huis 
en  i;4)i  Giiîgnon  demanda  et  obtint  que  cette  charge  fiit  ré- 
tablie en  sa  faveur.  L'un  de»  premiers  actes  de  sa  royauté  fut 
dfi  faire  [en  1 74?)  nouveaux  réglemeus ,  par  lesquels  il 
mettait  sans  façon  tous  les  musiciens  du  royaume  sous  sa 
dominalion.  Les  organistes  de  Paris  IVirniiTcnt  opposition 
à  ce  règlement,  le  ig  août  17^7  ;  bientôt  ceux  des  princi- 
pales villes  de  province  se  joignirent  à  eux ,  etl'aiTaire  dé- 
fini générale  et  décisive.  Parmi  les  opposans  ou  remar- 
quait Daquin,  Calvières,  Armapid-Louis  Couperin,  les 
-deux  Forqucray,  les  deux  Clerambault et  Marchand.  Des 
mémoires  furent  pnbliés  de  part  et  d'autre,  et  les  procé- 
dures durèrent  trois  ans;  enfin  un  arrÊt  définitif  de  la 
gratid'chambre  du  parlement,  en  date  du  5o  mai  1750* 
mit  fin  à  ces  conlcslatîons  et  déboula  pour  tonjours  le  roi 
des  violons  ic  ses  prétentions,  Gui^uon  continua  d'exercer 
sa  charge  jusqu'en  1775;  mais  convaincu  enfin  delà  né- 
cessité d'afiroucbir  la  musique  dc.H  entraves  que  sa  ridicule 


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.  maoAtcltie  opposait  à  aen  progrès ,  il  abdiqua  au  nralB  de 
fiSvrîer  'da  cette  aunée ,  et  bn.édk  du  mais  de  stars  BUp- 
prîma  l'office  de  roîet  màlti«  des  méaritriem. 


H0UVBLLB8  DBS  THEATRES. 
tatina  dotal  hâuui. 


Lb  mérite  le  plus  réel  ne  suffit  pas  loqJourS  pour  procurer 
ir^rti-iie  qui  le  passËdc  le  succès  qu'il  espire  etqu'iladroit 
d'obtenir,  ëq  France ,  on  n'a  guère  que  des  admirations 
d'habitude,  et  l'en  s'infurmed'aborddu  nom  de  celui  qu'on 
écoule,  pour  savoir  si  l'on  doit  l'applaudir.  Ce  n'est  pas 
tout  :  U  faut  Être  soutenu  par  un  ceilain  monde ,  par  celui 
qui  donne  le  Ion  ;  car  la  gent  moutonnière ,  si  uombreow 
'  parmi  nouBj  suit  ordinairement  la  route  qu'on  lui  traMi 
et  no  voudrait  pas  manquer  à  ce  qui  eit  de  ion  goiU,  Je 
sais  que  le  véritable  talent  finit  par  triompher  des  préven- 
tions;  mais  pour  cela  il  faut  un  temps  plus  nu  moins  long. 
Il  se  peut  que  pressé  par  les  circonstances,  l'artiste  n'ait 
pas  à  sa  disposition  celui  qui  serait  nécessaire  -paotbif 
tevenirle  public  sur  l'injustice  d'un  premier  jugetnenli-ri 
qu'il  demeure  victime  de  l'ignorauce  des  speotateun. 

Cei  réOeuDos  m'ont  été  suggérées  par  le  début- de 
H"'  Albini ,  qui  a  eu  lieu  samedi  a4)  an  IhéAtni  itaUea. 
Cette  jeune  personne  u'ayaiit  chanté  quaaurdsnx  théAtres 
en  Italie  avant  de  se  rendre  à  Barcelone,  où  elle  est  enga- 
gi'e  depuis  trois  ans ,  n'avait  point  eu  le  Icmps  de  se  faire 
un  nom  qui  fût  parvenu  jusqu'aux  rives  de  la  Seine.  Elle 
est  venue  ix  Varia  sans  y  ëtreattendue;  c'est  un  tort  presque 
égat  à  celui  deii'avoirpas  de  réputation;  car  on  seprévielit 
défavoralilement  pour  les  choses  qui  ne  sont  point  annon- 
cées. Quoi  qu'il  en  sott,  U"*  AUùui.a  débuté-n'ayaot-pour 


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ellti  qu'une  lieile  voix,  uueiaiilo  et  une  figure  avaiitageuKe». 
de  la  chaleur,  <)e  |-inrelligence,  unu  vocalisalion  salîsrai- 
saule  et  plus  do  lalenl  naliircl  que  n'en  avaient  Ja  plupart 
des  canlalrices  qui  uni  paru  sur  le  Ihtàire  Italien  ,  depuis 
plusieurs  années.  Aussi  n'a-l-eJle  recueilli  que  le  suffrage 
des  artistes  et  des  connaisKcur».  Uue  apposition  conslaule 
s'est  manifestée  sur  plusieurs  polo  ta  de  la  salle,  et  sans  le 
bon  goût  et  la  fermeté  de  quelques  jeunes  gens  du  balcon, 
il  est  vraiBcmblable  que  M"'  Albini  aurait  eu  beaucoup 
moins  d'applaudisscmenH  qu'elle  n'eu  a  reçus.  Il  esl  juste 
de  dire  cependant,  qu'incapables  de  juger  des  qualités  d'un 
chanteur,  autrement  que  par  les  résullals,  la  plupart  des 
spectateurs  n'ont  point  vu  que  l'émotion  donnait  à  certains 
sons  de  M"-  Albini  une  apparetiee  sourde  et  maigre  que 
«a  voix  n'a  pas  naturellement,  et  que  pour  se  donner  de 
l'assurauce,  elle  poussait  quelquefois  avec  trop  de  force 
ceus  du  haut.  Mais,  pour  qui  s'y  connaît,  il  Était  facile  de 
voir  que  la  voix  de  celle  cantatrice  est  pleine,  sonore  vi- 
treuse, et  que  son  <:  icndue  olfrc  deux  ocravcs  de  sons  éga- 
lement bien  limbrés  et  susceptibles  des  nuances  du  forte 
et  du  pÎMW.  Dans  le  finale  du  premier  acte  elle  a  allaqué 
l'ut  aigu  avec  une  pureté  cl  une  fermeté  fort  rare.  La 
manière  dont  elle  a  dit  la  première  phrase  de  son  rôle  : 
Fra  fanti  rtgiepopuU,  a  prouvé  qu'elle  connaît  l'art  de 
nuaucerson  chant  cl  de  disposer  les  edela;  elle  a  été  moins 
heureuse  dans  le  trait  Tréma  iiieinpio.  mais  dans  la 
cavaline  Bel  raggio  Lusinghier,  et  surtout  dans  le  duo 
Serbami  ognor  elle  a  repria  loua  ses  avantages.  Enfiu  elle 
a  déployé  loute  la  puissance  de  sa  vois  dans  la  scène  du 
IrÛDC,  et  a  dit  avec  espression  l'andanlino  :  Qualmcsto 
gemito.  Je  ne  doute  pas  qu'elle  n'eût  produit  plus  d'elTcl 
si  elle  u'eûteu  àlutter  contre  uue  disposition  peu  favorable 
du  public ,  et  si  la  craiele  ne  lui  avait  fait  forcer  quelque- 
fois sa  vois  dans  le  haut  de  manière  à  produire  dos  sons 
durs  et  désagréables.  J'engage  H"-  Albini  à  se  modérer,  à 
se  posséder  mieux,  à  éviter  de  mar-iuer  la  mesure  parles 
mouvemens  du  corps,  comme  elle  le  fait  quelquefois,  et  à 
semoioB  préoccuper  de  l'oroheslre  qu'elle  ne  semble  lefaire. 


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Du  rCBLu,Bl  clic  (luit  dcmciirci'<]UËlquc  tcinp<< pnrmi  nous, 
je  lui  prédift  des  succès;  elle  a  loul  ce  qu'il  faut  pour  les 
obtenir.  Di'jà  elle  a  reçu  duiis  son  premier  début  qnelqueii 
applaudissemeut);  main  le  public  n'avait  pas  la  maïii  lieu- 
TGusOi  carilduima  plusieurs  fois  Rou  stiffrageàdes  choses 
mëdiocrcï,  et  chuta  ce  qui  méi-ilail  d'être  applaudi. 

La  parlilion  de  Semiramide  n  subi  des  cliaiigemoiia  et 
des  Huppressious  depuis  lu  premiÈre  représeiilalioii  qui  en 
a  Été  douuéo  à  Paris.  Le  duo  Scrùami  ognor,  qu'où  a  ré- 
tabli pour  ,M"°  Albiiii  et  qui  est  uu  des  meilleurs  morceaux 
de  l'ouvrage,  avait  été  relranclié  après  la  première  repré- 
HCiitation.  L'air  de  lenore  Ahl  dove  il  ctinento  n'a  jamain 
été  ebauté  au  tbéàtrc  Italien  :  il  est  inutile  à  l'action  et 
peu  remarquable  S.1I1S  le  rapport  musical.  On  en  peut  dire 
autant  de  l'air  avec  cbœur  :  La  sptratiza  pîu  soave  du 
secuud  acle,  qui  a  aussi  disparu  ;  mais  on  doit  regretter 
que  la  GCËuu  magnifique  d'Assur  du  même  acte  n'ait  pas 
èlé  conservée.  La  musique  u'a  pas  de  plus  beaux  acccUH 
que  ceux  de  l'air  Dih!  ti  fe.rma,  et  le  récitatif  qui  pré- 
cède cl  qui  suit  est  également  beau.  Pent-ëtre  la  manière 
un  peu  lourde  dont  Galli  chantait  celte  scène  a-t-ellc  con- 
tribué à  la  faire  supprimer.  Rien  de  plus  original  que  le 
premier  cbœur  :  Setosi  ccteiri,  cl  que  celui  Diptausi 
tjual  cttimor;  ou  pourrait  cependant  reprocher  à.  ce  der- 
nier de  répéter  trop  Bouvciit  les  mêmes  modulations.  Pres- 
que tous  les  morceaux  de  Semiramide  contiennent  de 
[jrandes  beaulés;  riu--lrumentation,  quoique  surchargée 
d'efTels  d'instroniens  de  cuivre,  est  neuve  et  piquante. 
Cependant,  au  milieu  de  cette  riclicsac  instrumentale,  on 
ne  peut  disconvenir  qu'il  n'y  ait  une  sorte  de  inuuolonie 
do  manière,  et  comme  je  l'ai  dit  dans  un  antre  endroit, 
uu  eerlaiu  allourdissenicnt  qu'on  ne  trouve  ni  dans  le 
Barbier,  ni  dans  la  Ga::a,  ni  dans  OteUo. 

Dans  un  autre  article  j'ai  reproché  irorehcstrelo  peu  do 
soin  de  son  e\éculion  ;  il  y  a  ou  plus  de  fermeté  dans  celle 
dolarepi'éscntallon  du  s4i  maisj'y  ai  remarqué  encore  bien 
de)t  fautes,  et  en  général  un  manque  de  fiacsso  qui  était 
l'orl  rare  anlrcfuis.  Dès  Vandantîno  des  cors  dans  l'ou- 


«entarfl»  lia.'paitie  'baâe  a  manqué  aoa  aocampagnemeat, 
et  le  trait  deftiDatnuqcna  à  vent  dus  le  premier  qiiiatetto 
du  finale  &a  premier  acte  a  été  amtà  fort  mal  exéooté;  de 
pareilles  fautes  ne  peuvent  être  coinmi§e8  que  par  l'in- 
différenoê^  ded-artivtes  pour  la  musique  qu'ils  doivent  ren-  ' 
dre;  oUnaont  inexcasatries  aprèi  pluùeui»  rpp^ieitlatipQs 
d'iui-onvrag?' 


ACADÉMIE  ItOYALE  DE  MUSIQUE. 

PREMIÈRE  REPRÉSENTATION  DE  MOÏSE, 

OBATOBIO  EH  F^ATIBS» 

37  mars;  —  Placé  entre  le  besoin  de  uo^l^auté ,  de  ra- 
joanissement,  et  le  préjugé  d'une  prétendue  dignité  du 
genre,  l'Opéra,  te  gra7id  Opéra,  n'avait  plus  qu'une  exls^ 
tence  languissante.  En  vain  le  public  avcrtîssait-il  par  son 
absence,  le  plus  nignificalif  des  avertis^einens ,  qu'il  ne 
trouvait  plus  à  ce  speclacle  l'atlrnil  qui  l'y  alliratl  autrefois.  ~ 
La  routine,  ia  gloire  nationale,  qu'où  l'aisuit  consister  à 
ennuyer  méthodiquement  les  speclatcur.s ,  Jn  paresse,  et 
peut-être  aussi  l'absence  d'un  homme  de  génie  capable  de 
reconstruire  ce  vasleédifice  sur  de  nouvelles  bases,  s'oppo- 
sait à  ce  qu'on  songeât  à  satisfaire  aux  vœux  exprittaés  de 
tOHlesjiiaiti.  Cependant  on  pouvait  apercevoir  que  ta  révo- 
lution lant  désirée,  et  qu'on  ne  faisait  que  reculer,  é<a{t 
imminente  :  elle  est  enfin  consommée.  Commencée'  àvec 
moin  s  de  bonheur  qu'on  n'aurait  pu  l'attendre  parle  Siège 
de  Corinthe,  elle  s'est  achevée  hier  avec  le  succès  le  pUls 
complet  dans  l'oratorio  de  Moïse.  Jouis  de  ton  triomphe , 
Rossini,  il  est  bien  mérité  t  tes  admirateurs  sincères  n'ont 
plus  rien  à  désirer  pour  ta  gloire;  les  détracteurH  et  les  en- 
vieux doivent  renoncer  à  une  lutte  inégale,  dans  laquelle 


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il  ne  reste  pas  mémo  l'espoir  d'une  n^sistance  raisonnable. 
Les  partiHaiu  h  cbauin  iagtoimnationate  te  domat 
ai^me  de  la  reconnaissance,  car  tu  viens  de  prouver  qu'a» 
.  sait  chanieren  France,  ce  qae  leor;7iitrt(irîfm«s'obslliiafl: 
à  nier. 

Il  ne  fallait  pas  moins  que  le  génie  ilu  grand  artiflte  à  qui 
l'on  doit  la  musique  de  l'oraloriu  de  l^oise  pour  triompher 
des  vices  d'un  sujet,  dont  le  moîmtte  défaut  est  celui  d\me 
action  qui  ne  marche  pas,  et  qui  l^iisse  la  pièce  vers  la  Gii 
du  quatrième  acic  à  peu  près  au  même  point  oii  elle  était 
au  commeucenient.  D'ailleurs  il  y  avait  un  obstacle  pres- 
que invincible  pour  lout  autre  que  pour  Rossini  djns  ces 
inTOoations  ee*  prièio^  perpétuelles  qui  semblaieiit  de- 
voir donner  une  leiate  d'uniformité  à  tout  l'ouvrage;  on 
en  compte  onze  dana  la  pièce  telle  qu'elle  a  été  arrangée 
pour  l'Opéra.  Hais  ce  qui  aurait  été  un  écueil  pour  uu 
compositeur  wlin aire  a  fourni  à  RoNsin!  les  moyens  de 
montrer  tuufljPles  ressources  de  sou  imagination.  Saisis- 
sant plutôt  les  situation*  (îe  la  sctiic  ijuc  le  sens  positif  des 
paroles  ilc  toulcsces  invocations,  il  a  nu  imprimerie  cachet 
de  la  variété  à  ce  qui  semblait  devoir  l'exclure,  et  a  ren- 
contré avec  un  rare  bonheur  la  nuance  délicate  qui  ne 
IrotfVO  enlre  up  amour  désespéré  qui  cherche  detr  consola- 
tions dans  la  pribre,  et  l'exptession  des  euuRhin ces  d'un 
peuple  qui  n'a  d'espoir  que  dans  son  Dieu. 

Les  auteurs  du  poème,  en  cachant  leur  nom,  ont  suffi- 
samment montré  qu'ils  n'attachent  point  à  leur  travail 
plus  d'importance  qu'il  n'en  mérite.  D'ailleurs,  ils  décla- 
rent eux-mêmes  dans  leur  avertis.qemeiit  qu'ils  n'oot  voulu 
que  procurer  au  public  le  plaisir  d'eiileiidre  la  belle  par- 
tition du  Mosè,  exécutée  d'une  manière  digne  de  cet  ou- 
vrait et  de  fournir  an  compositeur  des  occasions  d't^ou  1er 
deDouvelles  beautés  &  celles  qu'on  connaissait  déj&.  Ils  lae 
se  sont  point  bornés  ^  une  simple  tradudUdn  de  ta'piëce 
italienne.  Renversant  l'ordre  des  scène»,  ils  ont  voulu  que 
celle  des  ténèbres,  qui  forme  le  sujet  de  la  belle  introduc- 
tion du  lilosè,  fût  la  conséquence  d'un  premier  paijure  de 
l'baraon ,  et  pour  cela,  voici  comment  ils  ont  disposé  leur 
pièce. 


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te  premier  acli;  se  passe  dans  le  camp  des  Madîai.ileK, 
sons  les  murs  de  Memphis.  Lex  Hébreux  des  deux  sexes 
déplorent  dans  un  chœur  la  servitude  oii  ils  soiil  retenus 
par  les  Égyptiens.  Jloïse  parait  au  milieu  d'eux,  et  Jeur re- 
proche leur  poil  de  foi  en  la  parole  de  Dieu.  Il  leur  an- 
nonce que  sou  frère  Éliézer  a  élÈ  envuyé  pur  lui  pour 
demander  leur  a ffranehis sèment  à  l'haraon.  Dienlûl  Jilîé- 
zer  arrive  suivi  de  Marie,  soeur  de  Mohe,  et  de  sa  f.lle 
Ana..  El.ézcr  apprend  à  Moïse  que,  malgré  les  artifices 
(lu  grand -preire  Osiride,  la  rein::  Siuaïdo  a  oblcnu  de 
son  cpoux  que  les  Hébreux  fussent  libres  de  sortir  de 
l'Egypte,  et  do  se  rendre  daus  la  Terre  Promise.  Tout  à 
coup  l'arc  en  ciel  paraît  en  .lalliancc  entre  Dieu  et 

son  peuple;  un  météore  lumineux  tombe  sur  un  buisson 
et  l'embrase,  une  voix  mystérieuse  se  fuit  entendre,  ct  iu- 
vite  Moïse  ù  venir  recevoir  les  lableg  de  la  loi;  Moïse  pré- 
seule  ces  tables  aux  HObrcux  qui  se  prosternent;  on  con- 
sacre les  premiers-nés  sur  un  aulel,  et  Moïse  annonce  aux 
Hébreux  qu'ils  vont  quitter  les  bords  du  Nil.  Hsort-  Élïézer 
Marie  et  le  peuple  l'aecampagnont,  Anaï  restée  seule,  prié 
Dieu  de  lui  pardonner  l'amour  qu'elle  éprouve  pour  Amé- 
nopliis,  héritier  du  trùne  de  l'Jigypte.  Lui-même  .se  pré- 
sente a  ses  yeux ,  et  la  conjure  de  ne  point  sacrifier  leur 
amour  au  devoir  q.i'cUc  s'est  imposé  de  suivre  Moïse  et  sa 
mère,  mais  elle  e.st  inébranlable.  Une  marche  annonce  le 
départ  desHébreux.  Aménophis  furieux,  annonce  à  Moïse 
que  Pharaon  a  rétracté  sa  promesse  et  fait  avancer  .ses 

garde»;  Pharaon  paraît  lui-même  ,  et  menace   

colère;  celui-ci  invoque  Dieu  contre  les  ennemis  de  son 
peuple;  aussilàt  le  soleil  s'obscurcit,  la  terre  tremble,  les 
arbres  se  brisent,  une  pyramidcs'écroule  et  se 
en  un  volcan,  d'oii  s'échappe  un  ruisseau  de  lave  enflum- 
mee  qui  semble  inonder  la  plaine  deMemphis.  Les  Èsyp- 
Uens  et  les  Hébreuxfuieul  en  jetant  des  cris  d'effroi. 

Au  second  acte  la  .scène  e.st  dans  une  galerie  inlériourc 
Î'.J,'?!!''  ^"^  P'-ofondc  obscurité  règne  sur 

■  qui 


le  théâtre.  Pharaon  et  sa  cour  déplorent  les 


iblcnt;  c'est  la  s.;cnc  .le  ri.iKoduelion  du  MosÈ  il 


lien.  Pliaraoïi  n.il  appolur  Mui>,c,  le  conjure  de  délivrer 
l'iif^pli;  (Irs  rjui  ,m<l-c1Ii',  el  lui  promcl  .1<: 

donner  la  libcrli';  .lux  Hcbreiix  ;  Mdlsp  iiivoqiic  Dieu  ,  et  la 
lumière  ruparail.  Pharaon  resté  seul  avec  sou  fils  lui  ap- 
prend qu'il  doit  se  préparer  à  épouset  la  fillB  du  Bol  d*As- 
ityrie  ;  Ami nophis  a'o»e  révéler  à  sad  pfere  le  secret  de  son 
amoiirpoiir  Anaï;  c'est  comme  on  sait  le  snjet  du  dno  : 
^arttar,-tpiegar,del!ii  pièce  italienne.  Celle  scène  esisnivie 
de' celle  oli  Sioaïde  presse  son  fils  de  renoncer  à  son 
hmonr  et  d'obéir  à  son  père. 

'■  An  troisièniu  aclu ,  le  thOàtre  reprénenle  lu  porche  du 
Icmplc  (l'Tsis,  l'Iiaiiinii .  sa  cour,  Osirido  cl  Il^s  prèlrcs  s'y 
rendent  pour  lïlcîlirer  la  léle  c!<i  la  déesse.  Au  milieu  de 
celte  fête,  Moï.sc  suivi , d'Hébrcnx  vient  réclamer  l'exé- 
«ution  des  promesties  de  Pharaon.  Osïride  demande  qu'a- 
V£illl^i<iqnitîer  Héàî0ia,leB  Hébreux  se  p~roittenient  de^ 
vaht  les  dieux  de  l'Ëgypte';  le  peuple  est  prêt  d'obéir  à  cet 
ordre;  Moïse  s'y  oppose.  Aufidc.  capilaïno  des  [gardes  de 
PharatiQ.  vient  annoncer  que  plusieurs  liteaux  désoli  nt 
rtigypie;  les  ligypliens  invoquent  leurs  dieux  conlre  les 
Hëbreux,  mais  Moïse  élend  la  main  et  la  statue  d'Jsiss'é- 
cruute.  Pharaon  ordoni^  que  les  Hébreux  soient  chaînés 
de  fers  et  conduite  eu  cet  étal  hors  des  mnrs  de  Hemphis. 
Finale.  '■  ■     •  ■  n'-'^-r., 

'  Le'tbéfttre' représente  au  quairîèmé  acte  unê'parfEeMù 
rivage  de  la  mer  Rouge.  Aménophis  propose  k  Anaï  3e  l'é^ 
poutier  et 'de  renoncer  pourelleau  trÂne  de  l'Ëgypte  ;  Anaï 
rejette  ses  Vœux.  4Ioise,  suivi  des  Hébreux ,  ,se  dirige  vers 
le  'désert.  Aménophis  arrête  sa  marche  et  lui  deniantle  la 
Tnaiil' d^Anaï  ;  celui-ci  reluse  et  laisse  à  ia  ji'une  iille  le 
choix  entre  son  Dieu  et  son  amant  :  elle  veut  suivre  Mo'isc. 
Alors  Aménophis  annouee  aui  Hébreuï  iju'iU  sont  enve- 
loppés par  Pharaon  et  qu'ils  ne  peuvent  échapper.  Les 
Hébreux  ae  prosternent  et  prient;  Moîse,  plein  de  con- 
fiance eu  Dieu ,  entre  dans  la  mer  quF  s'ouvre  'et  livre 
an  plissage  au  peuple  qn'Il  conduit;-  Les  égyptieDR,  'qui 
ptmrSaifen lies  Hébreux,'  veulent  prendre  le  taéme'cbemiii; 
maisibi  sont  engloutîn  par  les  eaux,  et  lorsque  les  nuages 


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i85 

sont  ilisHiiiés,  on  aperçoil  lu  peuple tiL-bicux  rend  gratcn 
à  Uieu  sur  la  rive  opposée. 

Telle  est  lacouduilc  île  cet  ouvrage  dont  les  auteurs  ii'uul 
eu  la  prcleiitioii  de  faire  une  Ikmiiiu  |>itM;e,  mais  qui, 
comme  ou  le  voit,  uffruà  cliaque  xcËiiedes  situations  muai- 
cales.  Le  seul  obstacle  était  la  resaciuiiUnce  de  plusieurs  de 
ces  situations;  mais  cet  ubslaclu  mËiue  a  l'uurtii  à  lloiisîiii 
l'ocvasion  de  montrer  la  suptriorilé  de  .son  lalent.  La  pièce 
îlalicniie,  telle  qu'on  la  joue  an  TliÉàtre  Favart,  était  res- 
serrée dans  un  trop  petit  cadre  pour  son  olijei,  el  l'on  ni^ 
pouvait  juger  del'effet  desniassesqui  avaient  élé  disposées 
pour  une  grande  .scène.  La  gradation  est  d'ailleiip  mieux 
observée  dans  le  poème  l'rauyuis.  L'iiitroductiou  a  donné 
au  musicien  une  situation  nouvelle  dans  la  scène  où  Moïse 
reçoit  les  tables  de  la  loi  :  llossiul  y  a  l'ait  an  ijualiuir  avec 
cliŒur  sans  accompagnement  (|ui  est  vraiment  admirable. 
L'entrée  do  Hoîsg  par  demi-Ions,  suivie  d'une  modulation 
iuatteudue,  du  ehanl  le  plus. suave  et  deTbarmoniela  plus 
pure;  la  reprise  des  mêmes  moyen.s  dans  un  antre  Ion  avec 
une  gradation  croissaiiti:  d'intérél,  toutes  ces  choses,  disr 
jot  sont  autant  de  trails  de  gËnie  cl  portent  le  cachet  d'un 
talent  qui  est  sûr  des  efTels  qu'il  veut  produire.  Un  des 
chœurs  de  cette  introduction  est  tiré  do  ciille  A'Ai-mida; 
c'est  le  motif  :  Geriiiano  a  te  richiede.  Celui  de  la  consc-- 
uratiuD  des  uouveau-nés  e^l  chuimani  ;  il  est  tiré  d'un 
autre  checur  d'Armide;  Clietulloè  ctUina.  Ledno  d'Aou'. 
uophisetd'Auaï:  J/t/  sijn  jitrds  l'uhjcl  ijua  j'aime.  u'fM 
autre  que  celui  de  3/o.ïè  :  A  h!  se  piufi  cosi  lasditeniii  il 
est  mieux  placé  dans  lu  pièce  Iranç.aiscqnc  dans  l'italieiinL'. 
Lesaulrcs  morceaux  du  Alosè  qui  ont  été  conservés  sont  le 
cliceur  Ail'  Elra,  al  CÏcl  (jour  de  gloire  ,  joursoleiinel  ), 
le  charmant  duo  Tutlo  mi  ride  intorno  (  Dieu  ■  dans  c- 
jour  prospère),  le  finale  du  premier  acte ■  l'introdiiclioi] 
si  profondùmeul  sentie,  le  duo  Pai-lai;^piiiija>-  (cruul  im- 
mcnt  1.  .).  le  duo<^Kn/e  ussoifo  (jour  tiuiusli;,  loi  cruulle), 
le  quatuor  Mi  nuinca  ta  voce,  qui  a  clé  inli'odiiit  dans  li: 
finale  du  Iroisicnic  acte.  In  ruoriicui  d'ensemble  Pori/i  tu 
dtstra  amata,  la  belle  priÈro  l)ai  tuo  slultaln  soytio  (des 


□Igrtizodby  Google 


1 


iS6 

cienx  oh  tu  ré*[deit)-et  le  cbœnr  final.  Parmi  les  morceaux 

nouveaux  queBossini  a  composés  pour  Moïse,  on  rmnnrque 
surtout  le  quatuor  dont  j'ai  parlé,  titi  supeibe  finale  au 
troÎBÎëme  acte,  et  un  air  ravissant  que  cliaiiti;  M"'  Cinli. 
L'ancompagnoment  fljifdftf  de  cet  air  peint  admir^lilement 
le  désonliv  d'ini  amour  désespéré.  Toiilfis  Ips  rie  liasses  iu- 
strumciiLileii ,  accumulées  dans  cet  onvra^e,  ne  causent 
point  de  fatigue,  pofce  (|ue  le  caractère  des  morceaux  ent 
varié  avec  beaucoup  d^rt.  Ilest  remarquable  que  Romlat 
a  saisi  éïi  cela}  atéo  fia  sagftciré  ordinaire,  \eà  oontto^ftiHtMl 
de  notre  ticène,  et  qu'il  a  évité  avec  plui  de  soin  qu'il  rie" Hit 
fiiil  dansquel<]ues-uns  de  scsoiivragesitalieiisi'unifornriirtt' 
d,-,  style.  Les  monceaux  nouveaux  iju'ii  a  composés  ou  oeuX 
<|u'il  a  intercalas  l'ont  liiiîii  .servi  eu  rela.  .Te reviendraipa* 
iliis  an;i)V'es  pliiii  ili'-lailtée*  t|vie  ne  le  permettent  les  boroes 

eompay  lierai  ces  :;ri,ily>.es  iles  [j;is.-iage.'i  notés  qui  pourront' 
donner  lieu  à  quelques  remarques  intéressantes, 

Cen'estpaiisansun  élonnement  ■^léd'uuvifplaïsil'^qafw 
le  public  it  eatendu  olianter  les  acteurs  de  VOfitstsOsàii^  ' 
auraient  pu  le  faire  de  bons  chanteurs  ila1ieuB,6taTeë'pldft 
du  mérite,  à  cause  des  difficultés  de  la  langue.  Se  F^vals 
dit  dans  un  de  mes  arlielcf  sur  l'état  actuel  de  l'Opéra:  le 
^■liant  est  le  seul  moyeu  de  succts  possible  aujourd'hui; 
l'évéïicuientricntile  prouver  que  je  ne  m'étais  pas  trompé, 
l'ont  le  monde  elianle  liieLi  dans  Moïse;  tout  le  moudee.sl 
bien  placé  .  ear  e'esl  encore  un  mérite  particulier  à  Rossini 
de  savoir  tirer  le  meilleur  parli  possible  de  ses  acteura. 
Adolphe  Nourrit,  Dabadie ,  Alexis  Dupont,  H^Gintï  >>lMl^.  ' 
efVStëiié  bbt  rivais  de'  talent  dans  tout  ce  qvU'iéml:^^ 
confié.  JSmai*  leduoPar/nr,^*«(ïarn'a  été  mîettx chàtrté 
au  Theàtre-Ilalieii  que  sa  traduction  cruel  moment  ne  l'a 
été  pur  Noni'rit  cl  l):ili^idic.  el  jamais  peut-être  il  n'a 
produit  lanl  d'effet  sur  li's  spuclaleurs.  Quoique  M"*  Cinli 
lût  soulfranle,  elle  a  chaulé  tout  son  rfile  avec  beaucoup 
de  pureté;  H""  Dabadie  et  Mon  ont  été  très  satisfaisatiteVi 
cl  là  ^ifx  d'Alexis  Dupont  s'csl  déployée  ayed'beUlfàâif^.. 


DIgilizedby  Google 


d'avaiilagw  ddDsle  réciuUf  et  dau  le*  morceanx  d'aaBem- 

Le  Hortde  l'Opéra  eHl  fixé  depuis  la  reprâkentatîonda  at>( 
l*adntiabl»tl»it  a  muinlcnant  des  moyens  sal&sans  pour 
exploiter  le  présent ,  ut  a  le  temps  île  préparer  l'avenir: 
elle  est  sauvée.  On  lui  doit  la  justice  de  dire  qu'elle  a  eu 
le  pressentiment  du  aiiccèiî,  et  iju'elle  a  mis  à  se  le  pro- 
curer tiDe  activité  dont  il  n'j  avait  point,  eu  d'exemple  j os- 
qijjMf  j^.dqux,moia  l'idée  do  donnei^cet  qpërjiét^  conçue, 
Utî^mi  ia  compositeur  acbevé,  la  pièce  montée  et  tout 
le  malériel organisé;  cela  tient  du  prodige  si  l'on  considère 
que  certains  ouvrages  ,  rotiinic  l:i  Vrslrilr,  oui  i^lf  liiiil  ou  , 

leurs  fort  beau;  la  mise  en  scène  t>t  plus  suigiiéa  nue  d'or- 
df^l^lé^sostumes  «ont  exacts  et  riches,  et  un  certaiu 
a^^tSyilBi^if  wr^gt  répandu  sur  tout  l'ouvrAge.  Les  déco- 
ratioDs  seules  ont  été  peu  goàlées.  Soit  que  le  décorateur'i 
peu  accoii(uméilaDtd%promptitude,  o'aiïpâsèu  le  temps 
de  soigner  davantage  son  tràïail,  sRÏt  qui^  ifît  mantiaé 
rl'imagiiiatiun ,  il  est  certain  qu'il  n'a  donné  qu'une  faible 
idée  des  bords  rians  du  Nil  et  de  li  .superbe  Hemphis.  La 
galerie  ihi  |);il.iis  dii  l'Ii.ir.^on  ijiiï  i^sl  une  copie  jsscz  eiiiete 
il'un  des  (cniplcs  i':;y|ilicin  piildii?  p.ir  l.i  commission  - 
d'Égyple,  est  neule  satÏHi'aisante.  Quant  à  la  mer  du  qua- 
Irt^yi^ypst^.st  au  travail  du  mécamcieu ,  tout  le  monde 
«Vjf^l^ldOflirQp^a  est  resté  au  de^saus.du  Ui^tre  des  bou- 
lAVWtitij^'o;!  «'représenté  le  même  sujet. 

JU«^j|l^^^  ^  s'apercevoir  que  Forebestre  exécnlaît 
«Wfftpf^f^lA.musique  qui  lui  était  eotifiée,  cor  II  n'y  a 
que  deii'^loges  &  lui  donner.  Rien  ne  stjrpasso  l'énergie 
qu'il  B  déployée  en  plusieurs  endroits,  son  ensemble  et 
l'exaciitude  de  ses  nuances.  L'duvrage  prAenle  cependant 
des  dilliculti^s  telles  qu'on  les  aurait  crues  iosoiimon tables, 
il  y  a  dix  ans. 

Jejiîai'pas  liesaiii  d\ijonler  à  ce  <|iie  je  viens  de  dire  que 
lBtH(M)i^- ^snspprté  lie  |dai^ir  a  deiriamlé  h  grands  «rie  ' 
l'Al^pnc  i6.  la  musique  ,  et  que  son  nom  a  élë  couvert 


m 

d'àpplaudifiBemenH.  RoBsibij  amené  bot  la  acène  par  Nourrit 
etDabadieareçu  en  personne  les  marquesnon  éqqivoquès 
de  rénlhousiaime'  des  npecta  leurs. 

FÉns. 


■  CONCERTS. 
INSTITUTION  ROYALE  DE  MUSIQUE  RELIGIEUSE 
^in^if  far  "Si.  t^goron- 

ntOlublB  BXEBGIGB. 


23  mars.  —  Ces  exercioes  ont  acquis  en  peu  de  temps 
uu  tel  ilegré  d'iulérËl  que  la  salle  ne  peut  contenir  tous  les 
amateurs  qu'ils  atlicent,  et  que  les  artistes  de  la  capitale 
se  font  un  plaisir  d'y  assister  réguKërement.  Le  dernier  a 
présenté  dans  son  ensemble  une  foule  de  choses  très  satis- 
faisante^. La  musique  qu'on  y  acliantée  joint  à  des  beautés 
supérieures  le  piquant  de  la  nouvednlé  pour  l&s  Parisiens, 
quoique  assurément  elle  ne  soit  pas  d'hier.  II  est  assez  cu- 
rieux de  voir  des  compositions  du  seizième  et  du  dîx-sep- 
tième  siècles  exciter  l'enthousiasme  des  diteitanti  du  dix- 
neuvième,  eiPaiÉstrhia  Aii\en\i  j'iiskionnable  en  183^, 
malgré  sa  date  de  iSjo.On  dit  que  l'administration  de  l'O- 
péra veut  offrir  dans  ses  concerts  spirituels  de  cette  année 
les  morceaux  qui  ont  obtenu  le  plus  de  succès  aux  exer- 
cices des  élèves  de  H.  Choron.  Félicitons  ce  dernier  de  ce 
qu'il  a  révélé  aux  administrateurs  de  l'Opéra  qii'il  existe 
d'autre  musique  religieuse  qne  le  Slaitat  de  Fergol^e  'M 
leS  'âeux  ou  trois  autres  morceaux  qu'on  exécuté  médio- 
crement avec  une  canstance*héi^ïque  depuis  vingt-cinq 
ans,  et  qu'on  peut  composer  un  concert  spirituel  avec 
d'autres  morceaux  que  des  airs  bouffes. 

J'ai  dt^jà  parlé  du  motet  de  Haydn  Insanœ  et  vanœ  cura'. 
ainsi  qiie  du  psaume        de  Vogler.  Le  premier  a  été  dit 


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avec  beaucoup  d'isuHcmbli;  p.nr  les  chœurs;  l'cxéctitioii  du 
necond  n'a  pas  été  aussi  salisfaisante  qu'au  premier  c^r- 
cïce,  parce  qne  le  preniitT  ténor  était  iucomniodé  d'uD  eii- 
rouemeut  qui  s'était  déclaré  siibileintiiil.  Rien  lie  plus 
uoble,  de  plii.s  reli^^ieux  ni  de  plus  pur  que  lastroplie  de 
l'hymne  de  la  Tuussnint  par  l'alcslriua;  les  cent  élèves  de 
M.  Choron  l'ont  chanté  sans  accompagnemctu  {  Ici  qu'il 
est  écrit)  avec  une  justesse,  un  ensemble  et  un  Tiui  qui  out 
excité  l'admiration  des  artistes  et  des  amateurs.  On  a  fait 
répéter  le  délicieux:  duo  de  Clart  Caniando  un  di,  et  des 
transports  unanimes  ont  manifesté  à  plusieurs  reprises 
le  plaisir  de  l'assemblée.  Ce  genre  de  musique,  [[ui  semble 
étranger  aux  passions  humaines,  n'a  pas  besoin  d*u»e  ex- 
pression fortement  sentie  pour  briller;  la  candeur  virginale 
des  voix  de  M""  Rrombé  et  Tardieu,  leur  chant  naïf  et  pur 
qui  s'accorde  si  lïien  avec  les  inspirations  angéliques  de 
Clari,  voilà  ce  qui  faisait  le  charme  de  ee  morceau  qui  a 
réuni  tous  les  suffrages.  Je  crois  devoir  faire  observer  à 
M.  Choron  que  le  trio  du  même  auteur,  Jddto  compagne 
amené,  aurait  produit  plus  d'cif et  s'il  n'avait  pas  été  dit  im- 
médiatement après  le  duo  dont  je  viens  de  parler.  Si  la  va- 
riété est  toujours  nécessaire  dans  un  concert  ordinaîrL", 
elle  est  indispeusable  dans  ces  exercices  qui  se  composent 
d'ouvrages  dont  le  style  est  toujours  plus  ou  moins  grave; 
ce  trio  d'ailleurs  est  long  ,  et  les  deux  derniers  mouvemeus 
sont  presque  du  même  caractère.  Je  pense  qu'il  l'audail  en 
changer  l'ordre,  et  mettre  l'allégro  Quat  or'  jier  l'aria 
dont  les  formes  sont  vives  et  piquantes  à  la  fin  du  trio.  Le 
ehoeur  de  Mozart  CAi  m  dio  solspera  a  produit  peu  d'ef- 
fet :  il  est  remarquable  que  ce  grand  homme,  si  plein  de 
chaleuret  de  passion  daus  tousses  ouvrages,  est  sec  et  l'roid 
dansas  fugues;  cependant  il  aimait  beaucoup  ce  genre  de 

Ce  n'est  pas  ainsi  que  la  faisait  ce  géant  de  Hoindel. 
Quelle  vigueur,  quelle  majesté  dans  ce  ^mte,  dont  les 
morceaux  formaient  la  seconde  partie  do  l'exercice  !  Ivt  en 
même  temps  qnelle  grâce,  quelle  variété!  Ce  n'était  pas 
sans  motif  que  Mozart  considérait  Hiendel  comme  le  plus 


"H 

grand  compositeur  qui  eût  exialé  ;  Beeihoven  profenae  au- 
jourd'hiiî  la  même  opinion.  Parmi  tes  divers  morceam  d« 
l'oratorio  du  Uessie  qui  ont  été  chantés  ohez  M.  Choron , 
on  a  surtout  remarqué  le  style  ferme  et  nuancé  d'un  jeûna 
homme,  nommé  Wartel ,  i\jns  lo  récilalif  Consotamitii, 
et  dans  l'air  ;  Oinia  raUïs.  Si  je  ne  mo  Irompe,  ce  jeune 
artiste  ira  loiii.  Quoique  sa  vais  ne  soit  pas  encore  entière- 
ment formée,  ou  peut  apercevoir  qu'elle  aura  de  l'étendue 
ot  du  timbre.  11  a  une  mise  de  ¥oii:  natnrelle,  uao  ex- 
pression vraie  et  de  l'énergie;  maidil  a  besoin  de  travaHler 
sa'  TOcalisation  et  surtout  le  trilt»  qu'il  ne  possède  pas,  el 
sans  lequel  on  n'est  pas  chanteur.  L'exAontlon  âeschœnm 
a  étépar&lle;  celle  dGl'..^^tefufi»aoaaséfttOHtl'au4itotr« 
une  admiration  profonde  pour  oc  obef-d'canvre. 


SOIRÉES  DE  QUATUORS  ET  DE  QUINTETTIS, 


C'est  loujoiirs  avec  regret  que  loi  vrais  amaleara,  o'ett- 
à-dire  cem  qui  aiment  également  tous  les  genres  de  ma- 
sique.  voient  s'éloigner  l'époque  où  H.Baillotleorpioanre 
des  plaisirs  ni  vifs  dans  Heu  soirées  de  qt»(uoi«  et  de  qoia- 
tettls.  Dans  les  concerls,  aux  spectacles,  anTbéAtre-HaUen 
même,  lorsque  la  troupe  est  composée  des  metlleura  ar- 
tistes ,  il  est  rare  que  l'exécution  d'un  metceau  soït  uns 
taobe,  et  presque  toujours  le  cours  d'une  représentatieii 
oRVeplusIeurs  parties  faibles  on  complètement  défectueu- 
ses ;  les  soirées  de  M.  Baillol  seules  donoenl  l'idée  delà 
perl'eclion.  La  dernière  à  lai|uellenoiis  avons  assisté  tenait 
du  prodige.  Vu  quintetto  délicieux  de  Boccherini,  le  beau 
quatuor  en  si  b  de  Beelboveii,  un  quinlello  en  sot  taî~ 
neur,  plein  de  verve  el  d'effet,  composé  par  M-  Onslow, 
l'admiralile  qiialnor  en  fa  mineur  de  Haydn  et  un  joli  air 
varié  (inédit)  de  M.  Kode,  ont  donné  à  notre  pand  ^UAo- 


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i 


191 

nùte  rnccasiun  île  développur  mu  talent  avec  des  niiuaoea 
si  divereeH,  si  délic:ate!<  et  dans  des  proporliuiisHi  cdlossales, 
<|iic  penrianl  près  de  deiis  heures  cl  demie  l'admiratioii , 
l'enthousiasme  n'oat  cessé  d'éclater  duns  toulcu  les  parties 
de  la  Italie,  et  qiic  l'on  u'enlendail  eu  sorl.-mt  que  ee<imols  : 
parfait,  admiraùla.  I'i-e.s[]Lie  imijoiirs  i'ext^cution  d'un 
marceiui  est  fort  loin  de  ce  que  l'anteiir  a  imaginé,  et 
raremeiil  il  a  lieu  d'èiro  salisfait;  mais  ikjus  croyons  que 
si  Haydn,  Mozart  et  Beethoven  avaient  entendu  leurs  pro- 
duclioDH  telles  que  le.i  reiidenl  M.  Baillul  ei  sen  habiles  ac- 
cumpagnateurK  ,  ils  auraient  avoué  . que  l'cHét  de  leurs 
ouvrag;es  surpasse  celui  qu'ils  ont  vciiiUi  produire. 

La  dernière  de  ces  charmantes  soirées  doit  avoir  lieu,  le 
de  ce  mois,  bu  local  ordinaire  fhôlel  Fesch.  rue  St-La- 


NOUVELLES  ÉTRASGËRIIS 


MuiiiCB.  ■  L'a d mi nist ration  du  théâtre  contiuue  à  don- 
ner à  l'opéra  une  attention  toute  particulière,  à  s'appro* 
prier  ce  qu'il  y  a  de  mieus  et  à  réparer  le  temps  perdu. 
C'enl  ce  qui  a  eu  lieu  avec  le  Faust  de  Spohr,  qu'on  peut 
)usiemeut  classer  au  premier  raa^  des  productions  origi- 
nale» de  ri-Ueaiague.  On  y  trouve  peu  de  mélodie,  mais 
le  compositeur  aurait  pu  y  mettre  eucore  moins  de  chaut, 
y  déployer  pins  de  science  harmoniqiu: ,  ainsi  qu'il  l'a  fait, 
dit-OD ,  dans  ïcs  dernierd  ouvrages  qui  ne  sont  pas  encore 
connus  ici.  Il  s'y  trouve  cependant  deschoi^es  si  gracieuses 
et  parlaiies,  bien  qu'elles  ne  Koîeiit  pas  loujouM  de  nature 
à  être  comprises  sur-le-chiunp,  qu'on  accueille  avec  un 
plaisir  égal  ce  qui  tombe  dans  l'exagéré  et  dans  le  gigan- 
tesque, et  qu'uD  se  réjouit  qu'il  existe  encore  un  composi- 
teur qui  s'eirurce  dtt  maintenir  avec  un  bras  vigoureux 

(1)  Noua  avons  cilraït  cet  article  de  It  Gaietle  Uniicale  dt  Lcipiicki 


l'autique  réputation  acquise  dans  cet  art  à  la  nation  alle- 
mande. 

•  M.  Slaadaclier  a  bien  joué  le  rôle  de  Faust  etl'a  bien 
chanté  quand  cela  était  possible.  Les  autres  rôles,  en  raition 
de  l'état  du  per^ouiiet,  n'out  pas  été  rempli!*  aussi  bien 
qu'on  aurait  pu  le  désirer.  Les  costumes  et  les  décoraliuiis 
étaient  convenables  et  l'exécution  a  été,  en  somme,  satis- 
faisante, mais  l'opéra  a  produit  peu  d'effet.  Le  mueiciea 
atnip laissé  aux  auditeursietempsde faire  altenlioD  àl'ou-- 
Trage.da  poète,  qui  n'a  pas  tiré  de  ce  magnifique  sq'et  tout 
le  parti  qu'on  pouv^t  eu  attendre. 

■  Fatutaélé  donné  deux  fois.  C'est  tout  ce  que  nous  avons 
eu  en  produits  nouveaux  de  la  muse  allemande.  Le  réper- 
toire des  opéras  allemands,  à  l'aide  desquels  ou  pourrait 
se  promettre  UD  succès,  est  maintenant  très  borné.  Nous 
avons  perdu  un  grand  arti||e  et  nous  ne  savons  qui,  dans 
notre  bonne  patrie,  se  forme  et  se  prépare  en  silence  & 
faire  prendre  à  l'art  un  nouvel  essor.  Ce  n'est  pas  sans  rai- 
son que  les  premiers  artistes  hésiteraient  à  entrer  dans  une 
route  o!i  Bosslniachève  de  glaner  les  dernières  roses  ne 
laisse  aux  autres  queles  épines.  Nous  nous  tournons  donc 
vers  les  théilires  (étrangers,  et  après  avoirappliqué  la  grande 
mesure  aliimiande  à  ces  produits  esoliques  et  les  avoir 
traités  assez  sijvtrcnient,  nous  les  recevons  tranquillement 
chez  nous  et  les  faisons  traduire,  en  y  appliquant  des 
paroles  qu'on  ne  peut  toujours  chanter. 

(  La  première  des  jiouveaulés  importées  était  iapicvo- 
itus&,  attendue  impatiemment  p>ir  le  plus  grand  nombre  ; 
car  chacun  voulait  voir  l'aimable  Ninette  allant  au  sup- 
plice avec  accompagnement  de  trompettes^  de  cymbales  et 
de  petite  (lûte.  Le  r<ftle  de  Ntnelle  appartenait  à  M"'  Sîgl , 
qui  l'a  rendu,  sons  le  rapport  du  jeu  et  du  cliani,  avec  son 
talent  aceoatumë.  On  lui  ,)  dit  iwm:  be^iticoiip  <\c  raison, 
à  titre  d'éloges,  qu'un  gosier  allemand  pouvait  rivaliser 
avecungosîerfranco-italien,  c'est-à-dire  avec  Ai"  L  al  an  de. 

iLa  seoonde  udureauté  de  cette  espèce  é\.a3.H6  Croisé 
{Croeiàto).On  pouvait  s'attendre  queleschœurs,  lesfinalcs 
et  les  prièresj  entremêlés  de  jolies  oavatines,enfin  la  réunion 


•93   .  ' 

de  toutes  les  grandes  machineR  de  l'écofe  moalcâle  la  plné 
récente,  ne  manqueraient  pas  lenr  effet.  L'opéra  a  parfài- 
lement  réussi  :  mala  comme  on  ne  l'a  donné  jusqu'à  pré- 
sent qu'une  fols,  nous  attendrons  encore  pour  parler  dé 
son  mérite. 

.  «Venant  aux  reprises  qui  ont  eu  lieu,  nous  parlerons  d'a- 
bord de  celles  fournies  par  les  maîtres  allcmauils.  Ce  soiil  ; 
te  Freischatt,  donné  au  bénéfice  de  la  famille  du  compo- 
sitenr;  le  monodrame  de  Cordetia,  monotone  comme 
poésie  et  comme  musique,  et  véritabtewfléan  pour  la  can- 
tatrice 'i  La  Princeate  de  Provence-;  Euryantée  t  enfin 
^Eniivement  du  Sérail,  coup  d'emai  hercutUn.  d'an 
grand  géulé,  calculé  tont-à-làit  pour  des  voix  allemandes, 
et  proMème  qui  serait  insoluble  pour  tons  les  cbanteurs 
italiens. 

t  Viennent  ensuite  li'aulrL-s  opéras  qui  ont  obtenu  droit 
de  bourgeoisie  en  Allemagne,  et  parmi  lesquels  on  tomple 
JtfoîS«,  joué  deiii  fois,  et  Don  Juan.  C'est  i  cette  occasion 
quea'est  fait  entendre  uu  avertissement  sur  rëtat  actuel 
de  l'orofaestre  ;  tout  en  rendant  Jiutice  at^méritct distingué 
de  chaque  artiste  considéré  isolément,  nouv  avions  trop 
préseatàla  pensée  la  dernië'reet  excellente  représentation 
qu'en  avait  donnée  la  troupe  italienne,  sous  la  direction 
du  maître  de  chapelle  Aibiinger  et  du  maitre  de  concert 
Moralt,  pour  ne  pas  être  frappés  de  la  manière  tiède  et 
machinale  avec  laquelle  il  avait  été  dtganisé  cette  fois. 
Là  Me^iire  a  fourni  à  B"*  Mauermayr  ane  oooasion  de  se 
£drtf«ntendre. 

'  '•*'isil(Sil^it6on  àelA  f^egtate  à  été  très  faible.  L^avertisse- 
mènt  s'est  fait  entendre  une  seconde  fbis ,  mais  plqs  sé- 
rieusement.  On  ne  peut  nier  que  depuis  qu'oo  a  retranché 
des  violons  à  l'Opéra,  il  règne  dans  l'ensemble  de  l'orJ 

(i)  Noui  nous  élonoona  de  trooTcr  ici  une  critique  si  me  de  cet 
opéra  de  Conr.d  Krenlier  dont  lobi  le»  artislei  qui  oui  virflé  l'Alli!- 
magae  nom  ont  l'éloge.  An  re«c ,  noos  âllon»  être  b  même  de  juger 
drce  qné  Ut  ^ogetOa  le>  critique» ont  de  réel,  cir  ConteUa  rient 
d'être  twdnh  el  "  eue  Joné  i  i'OdéoD. 

(  Note  du  ridadear.  ) 


>a4 

clicstrc  un  cerlaiii  vacilicmciit  et  dos  irrégiilarilés  conviil- 
sivcs  1res  sensibles.  Ou  a  donné  cnHuilc  Joseph  cl  Otcilo. 

■  On  a  représenté  sur  le  petit  Ihédlrc  de  In  cour  <le  pelilH 
ouvrages  de  convtrsalion  el  îles  farces  (  posuen  )  cliauléeti 
el  réeilécHqiii  pGrrtraicnUeiir  effet  dans  une  grande  salle'. 
Parmi  les  opérettes  de  ce  genre,  nous  citerons  les  Sept 
jeunes  Fitles  en  -uniforme,  el  l.i  fulie  des  f^iennoîs  à 
Berlin,  dans  Icsquellesnos  grandes  cantatrices,  mesdames 
Siglet  Wespermanii ,  chantèrent  des  airs  populaires  qui 
lîrent  grand  plaisir  et  qu'elles  furent  obllgi^es  de  répéter- 

a  La  partie  dus  concerts  u  eu  quelque  importance. |Nous 
parlerons  d'abord  de  celui  quî  a  élé  donne  le  18  octobre  , 
par  l'académie  musicale,  au  prolîtde  non  coreligionnaires 
délaissésen  Orient,  et  dans  lequel  on  entendit  les  premiers 
de  nos  vlrtiroses.  Il  n'y  manquait  que  M.  Moliqiie  qui ,  à 
notre  grand  regret,  est  engagé  dan»  le  'Wùrtcmberg.  La  se- 
conde partie  de  ce  concert  se  composait  du  Combat  des 
peuples,  canlalo  de  Ch.  Alurîe  de  Webcr.  Cette  produc- 
tion, comme  toutes  celles  de  ce  maître,  qui  nous  a  été  ravi 
si  préinalurùnient,  est  remplie  de Lardiesse, dedifCcultés. 
de  génie,  el  demande  beaucoup  d'iillcnlion  et  des  répé- 
titions frtiqucntes.  Tous  lescfforls  de  notre  orcbestre  n'ont 
pas  empêché  qu'il  ne  restât  quelque  cbose  ù  désirer  dans 
ia  première  exécution  de  cet  ouvrage  difUcile. 

■  MoB  Tonnions,  telles  que  le  Musée,  l'Harmonie ,  la 
Gatlâ,  la  Bessaurce ,  n'ont  pas  manqué  de  plaisirs  musi- 
l  aui  créés  par  dles-raémcs.  Elles  ouvrent  aussi  lenrssalles 
aux  artistes  voyageurs  qui  y  trouvent  l'occasion  de  faire 
apprécier  leur  lalcnl  par  une  société,  sinon  nombreuse,  du 

(1)  Lus  poijcii ,  larci^M  Dii  folii:»  irs.-emhIcnC  hcnuclliip  ti  noi  vaude- 
villes dnnl  elliw  n^xGnl  Ir  phi;  Euwvrril  que  .Ifs  Irnductluns  bien  qall 

qui  ne  aoDl  pua  les  moins  origiaales.  Mail  ellea  différent  eBscntiellemcnt 
de  nOB  vutidcïilleii  tant  le  rapport  oiuaicBl.  Aucun  deB  pctill  moiceaal 
qn'on  7  eiécule  ne  mérite  le  reprocbc  de  barbarie  qu'un  peut  trop 
euiiTCDt  adcetsci  aux  auleors,  aux  cLaulvors  cl  oui  fipi»;laleurs  de  oo> 
fcliU  thcftUcs.  On  voit  d'aiileur»  dam  cet  arliclc  que  les  meilleures  can- 

{Note  du  ràkcttur.) 


r 


195 

moinH  choisie ,  et  souvcn  t  de  rélnblïr  leur  répulalïon  com- 
promise dans  la  grande  salle. C'est  iiirisi  que  M.  Troploiig, 
le  violoniste ,  Cl  H"°  Krings,  iiarpinle,  ({iii  se  pcrrectioiiiieiil 
en  silence ,  uni  donné  des  concerta ,  l'uu  >i  la  Gatté,  l'aiilrc 
au  IHusée. 

■  ni.  FËréol  Mazja,  violoniNle  renommé,  a  chuisi  le 
nouveau  lliéàire  pour  sa  (iremiÈre  apjiarilion  C'est  un 
héroHtiur  son  inslrumenl  :  son  jeu  noble,  la  manière  large 
qu'il  a  déployée  dans  le  concerto  qu'il  appelle  wt^ifairti, 
son  excellente  exécution  de  ValUgfo  et  de  Vadagio  lui  ont 
valu  le  Huccës  lu  plus  brillanl ,  et  le  placent  auifireminr 
rang  des  violonistes. 

■  Angélique  Calalani  est  toujours  le  modèle  du  chant 
noblo.  La  nature  et  l'art  seuiblcnt  s'filrB  réunis  pour  eu 
faire  une  canlalriee  accomplie.  Dans  le  concert  qu'elle  a 
diiiuié  b  II  novembre,  clic  a  clianlé  d'abord  l'air  de 
UoAtarïùLà  dimarUnl  rampo  nrinaio,  puis  la  cavalïne 
de  la  Dame  du  lac  :  Elena,  0  ta  cfi'ia  amo,  un  air  de 
Zjngarelli,  et  iVtMi  piic  iindrui,  far/hltonc  amoroso,  de 
Aluzart.  Elle  a  élé  rappelée  par  d'utianimcs  aeclamalioiis 
pour  le  répéter;  mais  elle  chanla  à  la  place  le  God  save 
tkeKing.  LcsconiiaisaeursquI  ont  eu  roccasion  d'entendre 
ilya  10  ans  celte  célèbre  canlalriee,  assurent  que  bien 
({u'elle  soit  destinée  par  lu  nature  à  ciéculer  la  musique 
de  bravoure,  elle  a  gagné  depuis  celle  époque  en  naturel, 
en  «mplicilé  et  en  scnlimcnt.  Les  années  n'ont  point  af- 
faibli ce  talent  composé  des  qualités  les  plus  précieuses , 
développées  dans  l'école  la  plus  pure  d'Italie ,  qu'on  peut 
ref^arder  comme  à  peu  près  ruinée  aujourd'hui.  ■ 

iTALfB.  Nous  croyons  faire  plaisirà  nos  leeteurs  en  leur 
donnant  l'extrait  d'une  lettre  particulière  écrite  de  Milau 
sur  l'étal  de  la  musique  dramatique  de  cette  ville  ,  pon- 
dant la  saison  d'hiver. 

MiLwi,  19  mars  «La  slagiane  d'iitverno  iiïaSf:ii\a. 

a  Été  remplie  par  quatre  opé/as  dont  trois  de  Tacini ,  et 
par  un  cinquième  (le  Ilossinî.  Le  premier  a  élé  la  Didone 
aliôanflonnatn  de  Mcrcadaiilc  qui  n'a  eu  aucun  succès. 
Une  M"'  Garcia  de  Loruln,  qui  part  le  1"  avril  pour  l'aris  , 


'9* 

chantait  le  rAIe  de  Didon.  C'est  une  jolie  et  grosse  espa- 
gnole qui.ué  doit  point  réiiHsir  à  Favart,  car  elle  prouoDce 
et  joue  mal,  sans  amc  et  Kans  expression.  Cependant  l'ad- 
laiiilsiraiiôn  fraiioaiao  ,  toujours  trompée  dans  ses  choix, 
luî  donne ,  m'a-t-oii  ilil ,  55,000  fr.  [nir  an, 

»  Le  deuxième  opéra  a  été  VJiessandfo  utile  Indie, 
composé  à  Piapids  par  l'acînï  ;  il  j'  a  de  fort  agréables  cho- 
ses. Le  troisième  VAmazilia  du  nifme,  venant  aussi  de 
Naj>leg,^eBt  encore  agréable.  Le  quatrième  a  été  eomowé 
exprès  poitr  Milan  Pfiolai  pendant  les  deux  dermm 
mois.Ol  innsiqbe  de  cet  tnivrage  ia\.i\.\Ai:Gti  Arabiivétie 
Gattie  est  médiocre,  ce  qui  ne  l'a  pas  empâché  d'avoir  un 
grand  saceës,  grâce  A  la  manii^re  délicieuse  dont  elle  a  été 
reàSué'par  le  célèbre  ténor  David,  par  un  contralto  par- 
lait,  H"'Loreiizani,  et  par  la  Favelli,  prima  donna.  La 
i'avelll,  allez-vous  dire?  elle-même;  elle  a  ini^uirinip  ac- 
quis en  Italie  et  ne  vous  déplairait  pas,  j'iiii  .■;iii;^  siif.  Le 
cinquième  opéra  a  été  la  Zoraîde  de  Rossini  cliLUitée  aussi 
par'David,  Lprenzani  et  Favelli. 

^ftôsstni'esf  lonjours  regardé  ici  comme  le  Dieu  de, la 
lyre  :  mais  on  veut  du  itonveaii.  i-ton  eu  a,  Vaccai,  Sapieuza, 
Mcrcailante.  P.iciiii  ti'iiï;uiii;i)l  ,  i^l  •[n[iii[u'ils  soient  à  cent 
li,;iiu=a,-  l.  iir  ni.iiliT,  il-  [iLiisi  ni  fi  .;,.u>l'  i!e  la  uoLiveaiUé, 

Cl  .l  ai  VII  ici  ilci  ilikoi  aiiuii-  it;ll,M,u;iii  j;raii .liûses  et  ad- 
mirables que  de  leur  vie  les  Parisiens,  même  dans  leur 
Lamp6  IBèrveiHeUse  n'ont  vu  et  ad,  v^fxont  rien  de  sein- 
l)^lë^i  à^imoins  que  Sanqulriooneviéiiba.à  Paris.  '  . 
'•'F.  Je  ne  fenqerai  pas  ma  lettré  sans  'vou^  di^^  ce 
quevbus  savez  peut-être  déjà,  que  David  et  Lablacili^^lB; 
tetônt  cet  été-à  Paris.i  , 

ANNONCES  OIVEEtSBS. 

Adied,  Patbie,  prière  à  quatre  voix,  paroles  de  M-  Ca- 
simir Delavigne,  musique  de  H.  Amedée  de  Be^uplan , 
prix  :  5fr.  75  c,  ,  '     -  - 

Ls.BoB  Fbâhçiis,  chanson  ,  musique  de  M.'  Amédée  de 
Beauplao,  prix  :  i  fr.  5n  c.  A  Paris,  cbcz  S.  Gaveaux,  boti- 
hivard  Ilallén  et  passage  de  l'Opéra,  n"  a.  , 


Digiiized  byGt  - 


PUBLIÉE  PÀli  M.  FÉTIS^  ,      .  ;, 
N'  8.  —  AVRIL  1827. 


Sur  le  €omat  JSîpinU^l. 


-  '  Ad  rolourdel'époqite  annuelié  des  boncerla  Eplribiel>i 
itinepara1ti{K'irB'eït|)afiiautrle  de' donner  quelques  3éta Ifs 
itii'lfurEglileetle'BprOgrfesdecene'iUBtitution,  et  défaite  paît 
Ba)Mlâidel  adxpersortnes  <%a'igé«i  de  l'administration  dë 
la-itRiHfqire'eA'Fpancë  de'^uetqdésiaéès  que  je  crois'xilllei 
àla  prospérité  de  cet  art. 

Aiilrel'ois  U  n'y  avuil  point  de  représentation  h  l'Opéra  le 
1  février ,  jour  de  la  purilication  de  la  Vierge  ,  le  a5  mars, 
fftie  dé  rAnnoiiciatién  ,  depuis  le  dimanche  de  la  Passion 
jÏHfjjuli^ eeli^i  ipiln-^àsimotio  IncluMvemeiit,  lesjo'uivd^" 
rAKcensîon,  delà  PenteGAteet[IelaFéte-Dieuj.Ie  iSapAt, 
fSto'dé  l'A^oihptîonde'la  Vi^^S^,.Io  8sept£^br^;Joi^r^la 
ïfàtfVIté^Iei^  iî6Venil)'re,'fè|fe^ê  l^:Tp*'i^4^<l'i^^4^.(>^^r<« 
j0W^Vj^àDicepycmt.i«9Wle'35.dâoeiiibte;ièlUeeijiiu^ 
deNbS.  Vn  musicien  deia  cfaaètbrttet  de  la  chapelleilirral/ 
uommé  Pliiliilor*,  conçut ,  eii  ipaiSy  te  "projet  dç  remplà- 
cerces  repri^sentalioiis  par  des  coiicert!  jpt«(wefa,  c'està- 
dïre  des  concerts  où  l'oii  n'exéculerait  que.de  la  lausiquë 
sacrée  et  de  la  niubique  iiislrumenlale.  Spuidé«  fut  goûtée 

(i)  t<B  nom  de  famine  de  ce  mniiGien  iul*  Bimiian.  11  descendait  de 
MicbciDgniuiin,  liautboïste  dfeJa  msi^ue ds baiw^Xin.  On  rapporte 
i|uecepriDP^'fl;>DteDCendaj<9icTide'iaiiît>lrnnientiditiceui  qui  l'en-' 
lovni^ati  J'ai  jttrM'd.iotttemdPhiliAr.  Philidur,  ou  pluiet  /Th'- 
ifarf  SiefW^ 4t»lt  m  Ikmeax  li«ilboItl»ide  ce  tempa.  Btpuialon, 
HidielI>atiiQMfritkBOnidejPhiIldarv«t  1»  tuqimit  i_s»  ramillc.  Il 
i6 


et  a  «btiMt  1«  privilège  il'ijlablir  ce  coiiccrl  au  ctiMuau  des 
Tuileries,  8QUS  la  oundUîuu  dp^wj'cràJ'Op^a  une  somme 
de  six  niltlë  Ymçfi  par  au.  Le  premier  coocert  eut  lieu  le 
dimanche ds la 'PattsioD ,  iSntan  i^aS,  Il coOunença par 
une  suite  d'airti  de  violon  de  Lainiide,  mtIvEe  d'un  caprice 
du  même  auteur,  cl  de  hou  Confltetor.  Ou  joua  ensuite  un 
coucei-la  de  Corellï ,  intiutlé  ia  Nuit  dt  iVo^f  ' ,  et  le  concert 
finît  par  le  Cantate  Domino  do  Lalande.  Il  avait  com-y 
neucé  à  six  lieures  du  soir  et  finit  à  huit ,  laissant  l'assem— 
bliïe,  qui  avait  tlé  Lrès  noiiibrcuï^e  ,  dans  te  ravissement  de 
ce  qu'elle  venait  d'entendre. 

En  i^aS)  Philidor  ci^da  son  privilège,  qui  Tut  suocessi- 
vement  exploité  par  l'AcadémIft  royale  de  mu«iqup  en 
1734;  par  floyer,  ep  par  Qapenq,  bu  i;3o;  fax 

iUoii4pnviIle ,  en  i^SS;  par  D*AuTergiie|-tin  par  Ber^ 
Ion,  en  1771;  par  CaviniÈBetle  Duc.  enip^S, stenSn  par 
Lcgros ,  qui  s'çq  chargea  en  i;;;  et  qui  le  garda  juuju'A 
ee  que  lc»évfiuen|ei^4el^'révptu(ïoaeusiunt  détruit  «elU 
iiiatituLion. 

f.es  Irèr^  Be^ouJ,  q^i  firent  un  voyage  à  FarIS)  en  i^SS, 
furent  les  prcmierti  musiciens  étr^n.eers  qui  se  fiietit  eti- 
Iciidre  au  concert  spirituel  Ces  artistes  cétëbres  qui  firent 
pour  les  iuslrumeus  à  vent  la  révolution  que  Corelti  avdit  . 

eul  deux  Gli;  l'aiué,  Michel  Danican  FLilldar,  eicelleot  basgoniilu  qni 
iiii»  qudquïs  œuvrts  ù  Louis  XIV,  «ui  Irais  euraiu  d^lll  premier 
Hl  :  f'dluÉ,  Anoe  Dncican  rlillidor,  bon  llâtiile,  fui  celui .  fni élAblit le 
coDccrl  fpiiituel.  Hictiel  Ph^idoc  l'étant  remerU  eut  phitlranwuu  de- 
ijUDSCciind  niacisge,  enlre  ^uirea  le  célèbre  compoailijilr  at  joD&t  d'^ 
cbecs  (  André  Pbilidor  }  qui  i|aqail  k  Dieui  eu  1736. 
(1)  C'eslleS>  concErto  (iïl'uuvrte*. 

(i)  La  faiDllIe  llcaoui,  qui  est  originaire  de  Parme  ,  t'est  iiluslréede- 
puii  ifiga  juiqu'iii  cainineDCumciit  du  dfx-neuiiéuic  Bibclc.  Les  lieui 
t'rècei  dont  il  cM  ici  quealiiui  élaieni  Gla  de  Joseph  Betbiii ,  luùstcii'n 
dislingllé.  L'alnli,  AleiaaJre,  naquit  à  Parme  en  Ijnu.  11  e«  livra  du 
iHuine  lieiircà  l'élude  du.  baulbuia ,  et  j  icquil  uns  grande  Latilelé. 
Veia  ijSo,  il  pBUB  sa  MTvice  ^  nude-Bardaif^e,  «Lderint  premier 
baa^dîaie.  de  M'cbambre  et  da.  aachapcUe.  Lonqno  fiuva^  le  *it 
BO  iLtraif  {iliU'd*  HiiaolttroaM  )iiu,at  nAcalaoinl  11  jootft  co- 
Guié  dal^Ab(iU,ai'eoiiiN'p«iftBlkui.iaDe.  Il  nna'itait  jfmaiatiiBriéet 
ViTÛl  depniijIuadcfuanBle  apiddu  twedonM  iaâiiillt  wrco  lâtaw. 


•99 

fdilc  pour  le  viulon ,  excitèrent  l'enthousiasme  dan»  lesdim 
du.  hâiitboÎH  et  fie  baMun  qu'ils  exécutèrent  alors.  Leur 
eveinplc  a  été  suivi  depuis  par  le»  înstrtimenlistc^  les  plus 
faabilça,  teitt  que  Beilaud,  HeiB§er,  Rodolphe,  Vtotli,  Jat-no- 
wïch,elo.(  et  parlée  chantedra  tes. plus tenomnés,  comme' 
79En»elU*  Ca&telU  et  David*,  fia  réputolionda  ce  concert' 
.'Aevint  mûme  si  bien  établis  que  nul  ne  croyait  arair  mis 
la  «fxu»  i  I*  sIeiinB  kSI  no  i-'y  était  âtt  enlsadce-  Si  qoel- 
samiciaa' si;  diSlingnaitdus  son  art,  ses  amla  roU)- 
geaieut  W.  quelque  sorte  ik  se  rendre  à'Tarïs  pour  «y  faire 

ion  frère,  célibatain;  comme  lui.  La  coafonnitfr  de  lean  gD^.itki^ 
telle  qu'ili  se  vCliisaient  eiaclement  de  la.  mËme  maatire,  Depot^  leur 
eDtrée  au  serricc  du  roi  de  Sardaigne  ,  ilt  u'iraieiit  qailtâ  TuiÎQ.qiK 
dnn  tvis  ;  l'une  pour  un  ïojage  fort  court  1  Parl«,  l'antre  poai  revoir 
It  Vita  de  leur  utinssce.  Lenr  poiilion  était  aiafe  :  lia  aTalent  milion 
de  ville  et  de  campagne,  et  tautei  deoK  étaient  ornéetde  boni  tableauii' 
Altiaoïlre  eil  mort  à  Turin,  en  1775;  on  a  graié  de  lui  à  Paria  et^ 
Loniired  nii  ccnvrei  de  trioi  et  de  aolus  pour  violon  on  binlboU.  JéiftnM 
Betoni,  ni  &  Panne  en  1771,  s'adonna  i  l'étude  du  basson,  éi  f»C' 
qDltno  degié  dlubilcté  égal  ï  celui  de  ses  Trèrei  sur  le  hanlbcria. 
loague  GoliabUiliDn  avec  son  Frère  Alexandre,  et  les  étude) firent 
«•cmble,  leui:  dpnnérentt.toiu.deox  na  fùii  d'pxécDliai'  tf/iS*  n'ao* 
calent  peut-être  pu  wi  s'ili  eimeat  ttaTuUé  tépuimeat.  ll«  aniuit  - 
compoié  eoiemble  de  la  tnntfqm  paturhanlboii^albuson,  uniquement 
ennaacrée  i  leur  ntage ,  et  qui  n'*  pidnl  %tè  pobfiM  •prtt  «ut.  Jéllmé 
^tmort  ver»  178S, 

AntoiM,  frère  putnâ  d'Alciandre,  i(*giiltA  fM|M  en  t^tj'  Jl  ds* 
Tlnïprentier  hauiboîilede  la  cour  de  Drcadçen  l7<iot<«t  H:tt(u;7aî>  eOT 
eore  dadi  celte  ville  en  1773,  lorsque  B>u'n<7'j:arriT>.  Ajirèi  la  mort  de 
Km  IHre  Alexandre,  il  ae  rendit  anprèt  delérOne  k Taris,- et  y  marnât 
(n  178».  9e<  oompoiitioiis  poarieaîaitniDeDtti'ontpolàlétigablïée'. 

GaetaAi  lepltufeons'dwqqatrelMrei^  n«qi|ît  t  Païine  ».iyaf,-U 
futrc  dtalÇnd an  wnle^  de  lacanrde  nap^et  domiiie  LBatV>IilU.4"  I* 
iTpasn  enFranceet  cnSa  h  Loadrea^  oh, il  m  trouvait  ^(ififij^,  1793, 
Qaoiqn'ilent  alori  soUante-huit  i|DS  ,'il  ilonn|it  p^ar  1«  pc^ion  et  la 
fini  do  son  jeu.  Il  ne  parsttpas  qu'ildït-Ailtimptltaïr'ies  OoiMbnM.' 

CbarleBBeiozii,fiti  d'Antoine,  naqait iOtcado  en i74S<Hb«,dS 
Ma  ptre  pouT  le  bantbei*,  ilfIeipr^MMii.hsUUéaldi^ât  laôraïda 
Fbcher.  Opjgoofc  l'épuaB  daaa  Jnort. .  - 

Enfin  Jétùwfi,  Blid8B^fitan,etcoi|inie  ^hsâtboble, entn  aa'seï;; 
ttoedo  tdde  RnuiM  ven  i;6g.C'e«t  Ibt  tfw  Butne;  entendit  «a  con- 
oali^itaeI«f  177V,  Iteaf  moit'à'Parià'tn  17S5;  laî.lMul'un  Gk  ipia 


300 

entendre  au  concert  spiritnel;  eux  •mêmes  f'&tïotimiià'' 
giinienl  pour  jouir  de  non  succès,  et  Iriénlàt  sou  nom  in- 
couiiu  jusqu'alors  se  répandait  en  Siirope.  Il  résultait  da 
l'intérêt  qu'on  prenait  à  cet  établissement  que  Iles  étrangers' 
etles  babitans  les  pins  distingnés  des  provïaoea  abondaient* 
à:  Faris'dans  ia  quiniaino  db  Pâques,  et  qoe  oett«  saisot^. 
était  là  plusbrlllaute pour  laicapltale. 

Cependant ,  malgré  lè  goût  que  toute  la  nation  manifes- 
tait pour  le  concert  spirituel,  et  quoiqu'on  y  eât  entendu 
des  virtuoses  étrangers  qui  eussent  dû  servir  de  modèle ,  il 
ne  parait  pas  qu'on  eût  songé  avant  1770  à  sortir  de  la 
OiEinraise  route  ûà  l'on  élaîE  en  France ,  tant  pour  te  cbb'i]^ 
(le  ta  musique  que  pour  lè  mode  d'ex^culiou.  Voici  jQe'.qijp. 
dit^ur^eyiiur  cesufet.      ,  ,  ..  ■!  iifiïiMi 

:  ■  J'aUai  k  cinq  heurea  an  <3oncert  Bplritnél  (ie  t4'3i^''*' 
le  seul  amusanent'  public  qui .  soit  permis 

•  dkns'les  jWiira  3e  grande' féle.  Le  premier  morceau  fut  ' 

•  iin  inotet  de  Lalande ,  Dominua  vegnavit,  composé 
«  à  grand  obmur,  iet  exécuté  avec  plus  de  force  que  d'ex- 

■  preÙIonfiLe'style était  celui  du  vieil  opéra  français,  et 
■'|nË  ^iariif f{tH  enbiiyeux,  quoiqu'il  fSt  couvert  d'applau- 
■'diësemêtït'par.i'a'a'ditoîre^U^  «at  ensutle  un  concerto  de 
(  baujbpig  j^jCUiié.|)arBes|Oizï.  K  Jieveu  des  célèbres  baa- 

•  nmis  et  hautbois  de  ce  nom  à  Turin.  Je  suis  forcé  de  dire,' 
€  pdiir  l'honneur  des  Français,  que  ce  morceau  fut  très 
<  applandi.  C'est  fnirc  un  pas  vers  la  rOfurme  que  de  to- 

•  lércr  ce,  qui  devrait  Être  adopté.  Après  que  liesozzi  eut 
«  aciievé  son  morceau,  maiicmoiscllc  Delcanibre  cria 
«  VExaitdi  Deus  avec  toute  la  force  de  poumon  dont  cUo 
>  était  capable  ,  et  fut  ausïi  liieti  accueillie  que  si  Besuzïi 
«  n'eût  rien  fait.  Vint'  éu^uile  Tfaversa .  premier  violon 
«  ^VîipnSftti'flprSlWiiêfl^^^  bien  un  concerto 

■  qii'rOQ  gqûtarpèunfttadfline- Fhilîdor  clianla  un  motel  de 
,  I la. Gom position  dé  son  mari;  mais  qiioique  ce  raorceaii 

■  fût  d'un  meilleur  genre  -pour  le  clia^t  et  pour  Tbarmo- 

que  ceux  qui  avaient  élé  chaulés  préccdommcnt ,  U 
«  ue  fut  pas  applaudi  avec  l'eulhiiusiasme  qui  ne  laisse 
«  pas  de  doule  sur  le  succès.  Le  çpucertet;  lamina  par 


□Igilized  tiy  Google 


B  un  Beatua  vir,  motet  à  graiiil  chœur ,  méié  de 
*so{os.  Le  chanleur  qui  récitait  ceux  do  baote-conlre 
c  teugla  aussi  fort  (ju'il  aurait  pu  1{!  faire  si  ou  lui  eût 

■  mis  le  couteau  sur  la  gorge.  Je  n'eus  pas  di;  peine  àm'aper- 
«  cevoir,  par  la  satisfaction  qui  ri^gnait  sur  toules  les  pliy- 
•I  sîuRoniies,  que  c'était  la  musique  que  les  Françnis  sen- 

■  taictit  et  qui  leur  conveuiiit  le  mieux.  Mai^  le  tleniier 
.  chœur  mil  le  comble  à  leur  plaisir.  De  ma  vie  je  n'ai 

■  entendu  iiu  lel  charivari.  J'avais  souvent  ti  onvé  que 

■  les  chœurs  de  nos  oralûrios  sont  trop  fourni.*  et  trop 
€  liruyaiis;  mais  conipari^s  à  ceiiv-ci  ,  c'e.<il  une  [niuiique 
«  douce  et  mélodieuse  ,  telle  (|H'il  b  faudrait  pour  inviter 
.  au  sommeil  l'héroïne  d'une  trasédie.  - 

L'arrivée  de  Gluck  et  de  Piccini  eu  France,  en  1774  et 
en  17761  opéra  dans  le  goût  françai.'i  une  réforme  né- 
cessaire, et  l'adminislratio»  de  Legroa  améliora  considé- 
rablement le  concert  spirituel.  Le  choix  de  In  musique  fut 
mieux  fait;  des  eneouragcmens  furent  donnés  aux  jeunes 
artistes  et  aux  compositeurs ,  et  Lcgr'os  prit  pour  principe 
d'accueillir  tout  ce  qui  se  présentait  à  lui ,  de  faire  essayer 
les  eu  m  positions  nouvelles  et  les  arti.stes  soit  chautcurs, 
BOit  inslrumeulisics ,  „  ue  rejeter  que  ce  qui  était  re- 
connu médiocre  ou  mauvais,  san=  „,,■„„  n„^g^  j\ 
obtint  de  Louis  XVI  la  permission  de  transporter  10 
cert  dans  la  grande  salle  des  Tuileries,  aujourd'hui  la 
saile  des  Maréchaux,  lille  fut  décorée  avec  luxe;  on  y 
construisit  des  loges,  ce  t|ui  n'avait  point  eu  lieu  jusqu'a- 
lors ;  les  spectateurs  n'ayant  eu  précédemment  que  des 
chaises  et  des  banquettes  peur  s'asseoir;  un  orgue  fut 
ajouté  à  l'oreheslre ,  et  celui-ci  devint  plus  nombreux.  Ce 
ne  fut  que  peu  de  temps  avant  les  événemcns  de  i-Sij  que 
le  concert  fut  transporté  dans  le  local  ..il  est  maintenant 
la  salle  de  spectacle,  aux  Tuileries,  et  c'est  là  qU  il  a  pris 
6n  en  1791. 

Dans  les  trente  dernière.*  années  du  dîx-buitièmo  siÈcle, 
Paris  n'avait  point  été  borné  aux  concerts  spirituels  ;  une 
autre  entreprise  d'un  genre  analogue  avait  été  fondée  vcr.s 
1775  parBI.  delà  Haye,  femiicr-séiiéral  .  et  parle  baron 


30  a 

irOgni  tîln,  siirinlendant  des  posiez,  sous  le  nom  de 
Concert  des  A  mateurs.  Le  local  choisi  fui  l'iiôtcl  île  Sou- 
biac  on  de  Rohan,  rue  de  Paradis  et  Vieille  rue  du  Teoiple 
au  Marais.  On  n'ycnlrait  poiiiteiipjyaiilù  la  porte  comme 
au  concert  spirituel ,  mais  au  moyen  d'une  souscriptiao 
dont  les  personnes  les  pins  disliiigtiécs  de  la  cour  et  de  la 
ville  Taisaient  lea  Trais.  Il  était  dirigé  par  M.  Gosscc  ,  et  le 
lumeux  chevalier  de  Sainl-Ceorgcs  en  i^tait  le  premier 
violon.  Ce  ftu  à  ce  coiiccrl  qu'on  entendit  puur  la  pre- 
mière fuis  des  symphonies  avec  des  inslrumens  à  vent, 
telles  que  celles  de  'L'oclsky,  de  van  Maldcr,  de  Vanhall, 
de  Slaniitz  et  enfin  de  M.  Gos-secqui,  le  premier,  commença 
à  y  mellre  dti  grandiose  cl  du  brillant.  Mais  toutes  ces 
compositions  disparurent  devant  les  immortelles  sympho- 
nies de  Haydn,  qni  furent  apportées  en  France  pour  la 
première  fois  en  1779  par  Fonlesky,  violoniste  polonais, 
qui  depuis  a  été  atmché  à  l'orchestre  du  Théilre  Français 
et  à  celui  du  Concert  des  limaleurs. 

En  i;8o  ,  ce  concert  fut  transporté  rue  Coq-Héron  , 
dans  la  galerie  dite  de  Henri  III  :  ce  fut  alors  qu'il 
prît  le  litre  de  Concert  de  ia  iog&  Oli/mpîque.  for- 
cheslre  présenta  à  celte  énoaup        retmion  la  plug 

eilraordinaii'e -{^' —  ïoif  Je  talens  du  premier  or- 

 „  Tcoiomsles  comptaient  dans  leur»  rangs  ViolU, 

Mestrino,  lahoussaic,  Gervais,  llertheaumc,  Fodor,  Jar- 
iLowich,  Guéniu,  les  deui  Blasius  ,  etc.;  parmi  les  basses 
sa  trouvaient  les  deux  Duport,  les  deni;  Jeanson,  les 
deux  Lcvasseur,  cl  l'aiislaisCrosdiU,  lorsqu'il  était  à  Paris  ■ 
enfin  on  trouvaîtdans  les  instrumensà vent  Rodolphe pou^ 
lu  cor,  Ranit  et  Dugot  pour  la  flùle,  Sulentiu  ponrie  haut- 
bois, Ozi  et  Devienne  pour  le  basson  ;  Navigille  atné ,  l'up 
lies  meilleurs  chefs  d'orchestre  qu'il  y  ait  eus  en  France, 
dirigeait  celui-là.  Ce  fut  là  que  les  symphonies  de  Haydù 
furent  eidcutées  dans  leur  style  véritable ,  et  qu'elles  ob- 
tinrent tout  le  SUCCÈS  qu'elles  méritaient.  Les  directeurs 
de  ce  concert  avaient  fait  un  arrangement  avec  ce  célèbre 
musicien,  pour  qu'il  en  composât  un  certain  nombre 
pour  leur  usage  :  ce  sont  celles  qui  ,  dans  les  premières 


ùdtlîons,  porleiit  le  litre  de  Bèpôrloirc  d&  la  tojc  Oli/m~ 
pique  Les  événemeiia  de  lu  révolution  ont  détruit  co 
bel  établissement,  doot  les  concsriH  de  Feydeau  et  ceux 
do  1.1  me  de  Cléry  n'ont  été  (jiie  de  faibles  copies,  quoi- 
<|n'ils  aient  obtenu  le  plus  grand  siicuÈs  en  i  jgG  et  en  180a, 
CcsDCcés  fut  dÙHurlout  aux  grands  arlisics  qâfcj  jouÈrent 
des  solo»  et  qui  y  eliaulërciit.  Hode,  Kreuteer,  fe.  Dnver- 
noy,  Garât  et  madame  Barbier-Valbonue  s'y  firent  admi- 
rer :  mais  <|noiquc  l'orclieslre  fût  fort  lion  ,  U  n'égalait 
pas  celui  du  concert  de  la  loge  Olympique. 

Cependant  la  formation  du  Conservatoire  de  musique 
avait  ouvert  nue  nouvelle  Koarce  do  prospérité  à  ect  art  en 
France.  Les  prcmitrcs  années  avaient  é\é  employées  à  pré- 
parer des  moyens  d'eiéeuliou  pour  des  concerts  qui  prirent 
d'abord  le  lilre  modeste  d'Exercices  des  élivcs  du  Conser- 
valaire.  Ces  exercices ,  qui  finirent  par  remplacer  tous  les 
autres  concerts,  acquirent  bieulât  une  grande  imporlaneo 
et  deviiirciit  le  rendez-vous  des  artislcji,  des  amateurs,  et 
des  étrangers  de  distinction.  La  symphonie  y  fut  exécutée 
avec  un  feu,  nne  verve  de  jeunesse  qu'on  ne  retrouvera 
peut-Ètrc  plus,  Lcssympimnies  de  Monart  et  Je  Beethoven, 
devant  lesquelles  l'oreheslre  du  concert  de  la  rue  deCléry 
avait  reculé,  y  firent  pour  lu  première  (ois  leur  apparition 
devant  un  public  français,  et  ne  furent  bient.lt  plus  que 
des  jeux  faciles  pour  lu  jeunesse  urdenie  et  studieuse  qui 
peuplait  celte  célèbre  école.  Les  soloa  d'iustrumens  étaient 
aussi  dignes  d'elle;  mais  quoique  plusieurs  chanteurs  re- 
marquables y  aient  été  formés  ,  jamais  l'exécution  des 
masses  chantantes  ne  fut  couiplèlcmciit  satisfaisante,  et 

(.)  Haydn  remotlail  Je  manuscrit  de  sa  punition  à  un  banquier  de 
■Vienne,  qui  Était  cIiargL-  do  lui  cumplcr  6„o  rrancji;  c'élail  peu  de  cboM 

dus  marclianda  du  œmiqut  payent  aujourd'hui  beaucoup  plus  obtr'^do 
mîsùrablc»  rantaiaies  pour  lu  piano;  niaia  c'élail  alors  quelque  cbose. 
U'aUleur»,  apri»  que  les  syniplionies  nvaicni  «lé  eiéciilèe*,  ba  diicc- 

bique  les  plus  en  vogae,  moyennant  mille  ou  douic  ceol»  ùaaci,  cl  <e 
Lltaient  d'envoyer  ces  sommes  à  Ilaydn ,  EOuimt  un  bomuiage  reudu 
à  ses  talens.  De  pucili  procédés  Talent  mieux  que  l'argeut. 


!to4 

JamaÎR  cet  Qrcbestro  bouillant  ne  sut  se  former  ^l'accom^ 
pagnenicnt.Lcfl  ooucérls'diiCouser valoir^  fiaient  célèbres 
daiiA  toute  l'Ëuropc,  maÏK  dans  un  genre  «pécial  :  celui  da 
la  «lymphonie  et  du  solo  inslru mental.  Ile  ament  cepep- 
daiit  produit  un  grand  bien,  même  sous  le  rapport  du 
chant  rt'éluit  d'avoir  lait  connaître  quelques  chefs-d'œuvre 
des  compositeurs  allem^iidsetilalîen8,  donirexislencc  était 
iguorL'e  auparavant.  ■  '.fe 

Ed  i8o5i  l'administration  du  Thédtre-Itallcn  enti«prït 
derélablir  les  concerts  spirituels  el  débuté  parles  titAnies  de 
Durante,  vu  oOcrIoîre  de  Jomellt  et  (quelques  morceauKiIe 
îà  Créaiûm  AeHaydn,  Quoiqu'on  y  employât  les  meilieura 
chanteurs  français  et  îtalieus,  l'exéculion  fut  très  faible,  et 
le  Ruccè.i  ne  répondit  pas  aux  espérances  qu'on  avait  con- 
çues. 74ëanniuinsou  neserebula  pas,  etdenouveaurefTorls 
plus  ou  moins  heureux  se  reproduisirent  chaque  année,  et 
les  concerts  spirituels  continuèrent  d'être  eijdoités  par  les 
diverse!^  admînislralious  du  Théâtre- italien ,  tanlAt  afx 
Théàtre-Louvois,  tantôt  à  L'Odéon,  ensuite^  Favart,,et 
éiifin  i  Louvoie  de  noiiveau.^Cë  à^^^i  qi)^de|^s  Irais  ou 
quatre  ans,  ((ye  'l'âdmùiîàtrâlion'.de^.l^çffdéiâie  ifijj{f^ç.jdi|^ 
musique  lés  a  , transportés  dans  le  lôcal. de  l'Opéra,  en 
sàyant  de  lés  établir  sur  une  plus  grande  dimedsiop.  Mai» 
le  l^îsscr-aller  qui  se  faisait  apercevoir  d^^is  toutes  les  par- 
ties dé  cette  administration  su  nianifrstait  encore  dans  c^, 
concerts,  qu'iliïtaltccpendant  facile  de  rendre  iptéressap^. 
A  là  vérité  quelques  iaslrumejitistes^ci^-ljabiiea.a'j'sioa^ 
fait  entendre,  surtout  dans  les  concBfiB'duveii^reçUrMÙnt, 
ét'àà^oàr  àé  ^iquesj  car  ceux  du  lundi  et  du  mercredi^ 
M  la'se&aiiie'-sainié  'sQnt  ordinairement  sacrifiés  et  n'at- 
lirp^t.  personne  :  mais  .oull«  variété  dans:  la  ohoix.  de  la 
musique,  nul  soin  dans  FertcuUon.  Quetqttfis  versets  du 
Slabat  de  Pergolèse,  un  ou  deux  airs  de  ia  Création  de 
Haydn,  r^rfre lerwm deM'oiarl,  et  quelques  morceauido 
l'oratorio  de  Beethoven  te  Chrisi  au  Jardin  des  Oliviers, 
composent  à,  peu  ptèg^lout  )a  répertoire  des  concerts  spj-' 
riluflls  dejuiis  dixou  !d(^^^É|^'iMoatez  à  ta  blonotente  da 
r^>et4oiM  les  vices  d'Airaf^Étitlc^'  négligée,  jet  fousaurex  ' 


Digili^ed  by  C . 


r 


uneidée  du  geure  de  divcrtissenieot  qu'on  y  offre  au  public. 
Ce  D'est  pds  (out  Mes  chaaleurs  ilaliens  qu'on  réunit  à  ceux 
de  l'Opéra  sentant  (qu'ils  n'ont  plus  la  Iradîlion  de  !a  musique 
sacrée,  et  ne  voulant  pas  comprometlrc  leur  réputation , 
ne  chaulent  ordinairement  que  des  morceaux  extraits  des 
opéras  qu'on  entend  babilutllemeut  au  tliéfltre  et  par-là 
faussent  l'instilulion.  EnTin,  quoiqu'on  ait  la  faculté  de 
choisir  parmi  les  symphonies  de  Beethoven,  de  Spohr  et 
de  Mozart  des  ouvrages  ouoomplèicmeni;  inconnus,  ou  ra- 
rement entendus ,  l'on  s'oliBtine  à  ne  point  sortir  du  cercle 
de  sept  ou  huit  symphonies  ou  ouvertures  qui  reparais- 
sent k  tour  de  rôle,  malgré  le  désir  que  témoigne  le  public 
d'entendre  du  nouveau. 

Il  y  a  toujours  du  succès  à  eapérer  d'une  chose  spéciale 
à  laquelle  on  donne  la  physionomie  qui  lui  est  propre, 
el  dont  on  ne  néglige  aucun  détail  :  celui  qu'obtiennent 
les  exercices  des  élèves  du  M.  Choron  en  est  une  preuve 
convaincante.  Je  voudrais  donc  que  l'administration  de 
l'Opéra ,  qui  a  de  si  beaux  moyens  à  sa  disposition ,  voulût 
donner  à  ses  couccrls  spirituels  l'aspect  austère  qui  leur 
convient,  et  commençûl  par  en  exclure  toute  musique 
profane,  à  moins  qu'elle  ne  participât  du  style  sacré  par 
l'époque  à  laquelle  elle  apparliendrait,  comme  les  madri- 
gaux du  seizième ,  du  dix-septième  et  du  commencement 
du  dix-huitième  siècles.  Je  voudrais,  si  l'on  n'est  point 
aucoiirantdes  sources  oii  l'on  peut  puiser,  qu'on  s'adressât 
k  quelque  musicien  instruit  qui ,  sans  doute ,  se  ferait  un 
plaisir  de  donner  tous  les  renseiguemens  désirables.  Les 
bibliothèques  du  Roi  et  du  Conservatoire  regorgent  de 
chefs-d'œuvre  de  tous  les  temps.  Les  admirables  compo- 
sitions de  Hsendel ,  de  Marcello  ,  de  Jean-Sébaslien  Bach, 
de  Léo ,  de  Mozart ,  de  .lomelli ,  de  Haydn ,  de  Clieruhini 
et  de  Salestrina  même  offriraient  une  source  inépuisable 
de  variété.  Le  goût ,  qui  présiderait  au  mélange  de  toutes 
ces  choses,  éviterait  la  monotonie.  Mais  après  qu'on  aurait 
fail  de  bons  choix,  il  faudrait  bien  se  persuader  que  l'exécu- 
tion fait  tout  eu  musique,  et  que  ce  n'est  pas  avec  une 
répétition  de  quelques  heures  qu'on  peut  en  obtenir  une 
/  '!> 


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salisfaisyuto.  Il  no  faudrait  rien  négliçier  pour  rendre  les 
masses  imposantes:  la  réunion  de  toutes  les  ressources  ds 
l'Opéra  et  du  Théâtre- Italien  ne  serait  pas  Burabondanle. 
Le  style  sacré  a  besoin  d'une majeslé-qu'on  se  peut  obtenir 
que  par  des  orchestres  et  des  chœurs  très  nombreux*  D'ail-' 
leurs,  il  est  une  vérité  qui  a  fiappé  tous  les  musiciena  ol^ , 
servateiirs  :  c'est  que ,  par  la  disposition  de  l'orcheslre  rar 
ie  lhéÂtre,une  partie  du  son  se  perd  dansée  ceintre  et  dànfc 
lescoulisses;  aussi  celui  de  l'Opéra,  malgréle  nombre  coi>- 
sidérable  de  ses  musiciens,  produit»!!  Hen  moins  d'éS^ 
que  ne  le  faisaîf  celui  du  GoDserratoire  dans  les  mêmes 
ouvrages.  '     -  ■ 

Ceci  me  conduit  à  faire  remarquer  que  les  salles  de  spec- 
tacles sont  peu  convenables  pour  les  concerts.  Paris  estj 
BOUS  ce  rapport,  moins  favorisé  que  la  plupart  des  villes 
de  province ,  même  de  second  ordre ,  car  partout  on  trouve 
une  salle  i\c.  coneci  l  plus  ou  moins  belle  :  Paris  seul  n'en  a 
pas.  J'ai  souvent  pensé  qu'ilcsl  singulier  que  dans  une  ville 
où  l'on  trouve  des  gens  disposés  à  faire  des  spéculations  de 
tout  genre  il  ne  se  soit  pas  rencontré  un  homme  qui  ait 
voulu  faire  celle  de  bâtir  une  ■belle  salle  de  concert,  dis- 
posée comms  une  salle  de  spectacle  quant  aux  loges,  aux 
galeries  et  au  parterre ,  mats  dont  l'amphiihéilre  des  mn- 
diciMB  M^i^it  enoeint  demun ,  et  dont  les  ToAtes  ser^dent 
disposées  de  la  manière  la  plus  avantagée  &  la  propaga- 
tion du  son.  Le  b&timent  pourrait  en  outre  contenir  diverses 
salles  plus  petites  pour  les  matinées  et  les  soirées  de  mu- 
sique, une  bibtiothËque  musicale)  et  tout  ce  qui  serait 
nécessaire  pour  le  service  des  concerts.  Il  serait  digne  du 
gouvernement  de  consacrer  de  s  fonds  à  l'érection  d'un  pareil 
édifice.  Revenons  au  concert  spirituel. 

On  assure  que  l'admiaistration  de  l'Académie  royale  de 
Afusique  se  pxopoee  de  donner  eette  année  dans  s*con- 
.péittsles  «norceaux  qui  ont  produit  lepins  d'effet  aux  exw^ 
«ices  das  élèves  de  BI.  Choron.  C'est  dtjk  quelque  chose 
que  de  songer  i  étoidre  enfin  un  répertoire  beaucoap  trop 
bomé;  mais  pourquoi  lond>er  dans  l'Imitatlonf  craint-on 
de  auinquerdebeIle3ûvisiqueP<Qu!onsB'raisiu«:  osponr- 


raîl  donner  cent  conccrU  iloiit  tous  les  morceaux  seraient 
diQiitens ,  sans  épuiser  les  rcasoui'ccs  que  plu>;icurs  siècles 
ont  priïparées.  D'ailleurs  si  les  moyens  d'cxiicul  ion  de  l'O- 
péra  sont  plus  formidables  i[ne  ceux  dont  H.  Clioron  peut 
Uisfioser,  ses  élèves  ont  aussi  un  avantage  sor  le»  musiciens 
do  l'Opéra,  celui  d'avoir  fait  des  répélilions  mullipliées  qui 
les  uni  accoutumés  au  style  de  lamuaique  qu'ils  exécutent, 
avantage  énorme  qui  pourrait  faire  que  la  comparaison  no 
fiit  pas  en  faveur  do  l'Opéra  ;  c'est  d'ailleurs  renoncer  gra- 
tuitement aux  chances  qu'on  a  toujours  pour  soi  lorsqu'on 
offre  au  public  quelque  chose  qui  lui  est  inconnu.  Los  au- 
teurs que  j'ai  cités  ont  produit  plus  d'un  chef-d'œuvre.  Ou 
peut  choisir  pour  celle  année  dans  les  Mackabécs  ou  le 
Samson  de  Uœndel;  on  a  ia  Mon  du  Jésus  dcGraun, 
les  psaumes  de  Marcello,  les  caniatea  sacrées  de  Mozart, 
les  beaux  motels  AcChéT\ih\a\,saiiiU H étène au  Calvaire 
lie  Léo  ,  lo  Miserere  de  Jomelii,  le  saint  Pierre  ■pénitent 
ilu  même ,  /es  Israélites  dans  ie  désert  de  Ch.-Ph.-Em. 
Ilach,  plusieurs  motels  admirables  de  Haydn  ,  et  notaui^ 
ment  celui  O  fons  ■pictatis  !  Je  pourrais  couvrir  plusieurs 
pages  de  citations  du  même  genre  :  mais  eu  voili  plus  qu'il 
n'eu  faut. 

Je  ne  finirai  pas  sans  témoigner  le  désir  de  voir  rétablir 
à  Paris  plusieurs  concerta  pcrrriancns  qui  auraient  des  des- 
tinations différentes  r  par  exemple,  je  voudrais  qu'on  son- 
gedt  à  rendre  à  l'école  royale  son  litre  de  Conservatoire, 
qui  a  fait  sa  gloire ,  et  .ses  exercices  qui  l'ont  propagée;  je 
voudrais  qu'on  y  rétablit  enfin  le  règne  de  la  symphonie; 
je  voudrais  aussi  que  des  exercices  d'été  fussent  deslinés  à 
essayer  les  compositions  des  jeunes  gens  qui  font  leurs 
éludes  dans  l'école,  afin  d'exciter  leur  émnUiion  et  de  les 
instruire  par  l'expérience,  ce  [|ui  vaut  mieux  que  les  leçons 
du  maître.  Je  reviens  souvent  sur  la  nécessité  d'améliorer 
lu  sort  desjeuoes  compositeurs  français  ;  etj'insiBlerai  plus 
d'une  fois  encore  sur  ce  point,  parce  qu'il  est  urgent  de 
faire  cesser  le  découragement  qui  se  manifeslc  de  toutes 
parts.  En  Allemagne ,  les  snccËs  qu'on  obtient  à  Wcimar, 
à  Catisel,  à  Stuttgard,  valent  ceux  qu'on  peut  avoir  à 


ao8- 

Vienne ,  à  Berlin ,  à  Dresde,  à  Munich ,  etc.  ;  en  Italie ,  les 
théâtres  de  Rome,  de  Naples,  de  Venise,  de  Milan,  de 
norenoe ,  de  Pi»e ,  de  Uvourne ,  de  Turin  et  de  vingt  au- 
tres vîUes  offrent  des  ressources  aux  compositeurs,  du 
moins  pour  essayer  leurs  forces  et  former  leur  goût;  mais 
en  l' rancc ,  il  n'y  a  que  Paris ,  et  dans  Paris  qu'un  théâtre. 
On  n'a  plus  même  la  ressource  des  maîtrises  de  cathédrales 
pour  faire  de  la  musique  d'église.  Qu'on  pèse  bien  dif- 
férences, et  l'on  verra  que  b'U  ne  se  présent^ppipt  d'wfi*- 
i-anœs  pour  l'areiUr,  c'est  moins  U  laute  s  jefiDfts  gens 
-qai  te  destinent  â  la  composition  qne  celle  des  adnUnbtra- 
tious  qui  jusqu'ici  ont  repoussé  leurs  efibrts.  ... 


NOUTELLES  DE  PARIS. 

'iHÉUBB  DE  L'Opitl-COMlQWl. 

REPRÉSENTATION  D'ETHELWINA, 


^^nsitine  U  «dation. 

Pour  qui  cherche  surtout  la  musique  dans  un  opéra,  il 
y  a  quelque  chose  de  bon  augure  dans  l'aononce  d'un 
<Irame.  On  ne  peut  jamais  décider  d^avance  quel  serais 
sort  d'un  ouvrage  dramatique;  mais  lorsqu'il  s'agît  d'un 
drame,  on  .peut  prévoir  que  les  situations  musicales  ne 
manqueront  pas;  et  si  le  compositeur  a  su  les  saisir,  sa 
part  sera  toujours  honorable,  soit  que  la  pièce  tombe  ou 
qu'elle  réuswsse.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'opéra-eo- 
mique  proprement  dit.  Là,  les  situations  favorables  à  la 
musique  sont  rares  ;  la  place  des  morceaui  n'est  pçs  telle- 
mentindiquée  par  la  marche  de  l'action  qu'il  ne  soit  per- 
mis de  sappoaer  qu'on  .eût.pa  les  placer  ailleurs;  euBa ,  ce 
sont  presque  toujours  des  indications  de  ^emi- caractère 
qui  ne  sont  ni  gaies  ni  tristes.  L'imagination  du  musicien, 


DlgilizedtiyC 


aog 

iucerlaiiie  sur  le  parli  qu'il  l'aul  prendre,  enfante  quelque- 
fois de  jolîeB  choses  sur  de  pareils  sujets ,  mais  ne  peut  rien 
produire  de  grand ,  et  le  sort  de  son  travail  suit  ordinaire- 
ment celui  du  poète.  Mais  on  veut  des  succès;  on  sait 
que  le  public  goùle  difficilement  ce  qui  est  ou  sérieus  ou 
triste ,  et  l'on  préfère  une  réussite  «ans  conséi]uence  à  une 
chute  honorable.  11  y  a  donc  eu  ducouragcàM.Batlon  dans 
sa  résolution  de  mettre  en  musique  Ethetwina,  dont  le 
sujet ,  quelque  talent  que  les  auteurs  eussent  mis  à  le  trai- 
ter, ne  pouvait  faire  espérer  un  succès  d'enthousiasme. 
On  en  peut  juger  par  cette  analyse  succincte. 

Un  roi  de  Danemarck,  nommé  'Waldemar,  séduit  par  les 
charmes  et  les  vertus  d'EthcIwina  ,  l'épousa,  quoique  sa 
naissance  ne  dût  pas  lui  faire  npérer  de  monter  sur  le 
trône.  Aucun  fruit  ne  vint  de  cet  hymen.  Il  y  avait  à  la 
cour  uu  jeune  seigneur  nommé  Ethelbert  qui  avait  con- 
tracté un  mariage  secret  avec  la  sœur  de  Waldemar,  et 
qui  en  avait  eu  un  iils.  Uu  homme  qu'Elhelbert  croyait  son 
ami,  nommé  Seward,  jaloux  de  sa  laveur,  parvint  ù  le 
rendre  suspect  au  roi  et  le  Ht  exiler.  Etiielbcrt  se  relira  en 
£coBse,et  ciioisil  Eihelwina  pour  conildcnle  de  son  hymen 
et  pour  intermédiaire  de  sa  correspondance  avecsa  femme. 
Le  nom  d'i^thclwioa  fut  même  toujours  mis  à  la  place  de 
celui  de  la  sœur  du  roi  dans  toutes  les  lettres  d'EllicIbert, 
afin  de  mieux  dérober  à  Waldemar  la  connaissance  de  l'iu- 
Irigue.  L'épouse  d'Etlielbert  mourut ,  et  après  sa  mort  la 
correspondance  faite  sous  le  nom  d'LlIiehviiia  lumbu  dans 
les  mains  de  Seward.  Celui-ci,  qui  avait  conçu  le  dessein  de 
mettre  sa  fille  sur  le  Irûnc  du  Daiieuuirck,  résolut  de  s'en 
servir  pour  perdre  Elhelwina.  C'est  ici  que  la  pièce  corn- 

L'enfant  d'Elhelbert  est  élevé  secrètement,  et  la  reîue 
se  rend  souvent  près  de  lui.  Rcward  fait  épier  ses  démar- 
ches et,  fort  des  apparences  qui  servent  ses  projets,  il 
remet  au  roï  la  correspondance  d'Élhelbeit  et  fait  passer 
à  ses  yeus  le  GU  de  celui-ci  pour  le  fruit  adultérin  des 
amours  d'Éthelwina.  Waldemar,  accablé  de  honte  et  de 
douleur,  ordonne  qii'Éthchrina  soit  jugée;  et  comme  toutes 


Dlgitaad  by  Coogit 


I 


les  a|ip:irciices  se  réunisse  ci  t  conire  elle ,  il  semble  qu^  rien 
ne  puisse  la  SHiiver,  quand  tlllielbcrt  reparaît  sous  l'Iialiit 
il'un  miîncstrel  écoss^iîs.  Sur  le  brait  du  danger  qui  menace 
la  reine ,  il  demande  à  voir  Seward ,  qu'il  croit  encore  fion 
ami.  Celui-ci  le  reconnaît  d'abord  .  mais  feif>uant  de  le 
prendre  pour  un  imposteur,  il  le  fait  arrêter  et  conduire 
dans  une  tour  du  château  où  »c  trouve  toulc  la  cour.  Ce 
cbûleau  cat  attaqué  tout  à  coup  par  les  Suédois.  Waldemar 
en  les  repoussant  reçoit  nne  blessure  qui  fait  craindre  pour 
sa  vie;  maîsÉthelwinas'iiilroiluil  secrèlement près  de  lui, 
suce  sa  plaie,  et  lui  rend  miraculeusement  la  santé.  Ce- 
pendant le  jour  oii  cite  doit  être  jugée  est  arrivé  ;  Seward 
va  triompher;  maisUhald,  homme  vertueux,  a  pénétré  se» 
desseins,  cl  fait  meltre  en  liberté  Éibelbert  qui  comraeuce 
par  rcpou!iscr  les  Suédois,  et  qui  vient  ensuite  révéler  au 
roi  le  secret  de  «on  liymon  et  prouver  l'innocence  d'Klhel- 
wina.  Seward  est  exilé  et  la  pièce  finit  par  le  triomphe  da 
la  vertn  ,  mais  non  par  celui  des  auteurs ,  car  une  opposi- 
tion assez  forte  s'est  manifcalée  en  plusieurs  endroits  et 
Giirlout  à  la  fm. 

Cet  ouvrage  est,  comme  on  voit ,  du  genre  le  plus  sé- 
rieux. De  nombreux  changemens  faits  dans  le  cours  des 
répétitions  ont  fait,  dit-on  ,  disparaitr^  beaucoup  de  lon- 
gueurs et  des  inconvenances ,  mais  ont  uni  à  la  clarté  ;  et 
le  public  n'a  suivi  que  péniblement  tous  les  détails  di!s  évé~ 
nemens,  et  surtout  de  ceux  qui  avaient  été  jetés  dans  l'avanl- 

La  musique  ,  qui  occupe  la  plus  grande  partie  de  ce 
drame,  annonce  un  talent  formé  et  un  mérite  très  réel. 
Les  convenances  dramatiques  y  sont  bien  observées;  le 
style  en  est  noble,  correct,  et  l'instrumentation  prouve  que 
M.  BattoD  possède  de  l'expérience  et  une  connaissance 
assez  étendue  des  effets.  On  y  désirerait  à  la  vérité  plus  de 
nouveauté  dans  les  idées.  Quoiqu'on  ne  puisse  pas  y  si- 
gnaler précisément  de  réminiscences,  il  y  a  dans  la  nature 
du  chant  et  dans  les  formes  de  l'accompagnement  certain 
air  connu  qu'il  est  chaque  jour  plus  difficile  d'éviter,  el 


r 


«ur  lequel  le  public  devieDlcepcniladl  plm  s^vtre  à  mesure 
<|iie  son  oreille  se  forme,  et  nue  ses  connniNsances  s'Élen- 
ileiil.  Plusieurs  morce  >iit  n'ont  pis  produit  à  la  première 
représenta  lion  louirefretqu'oilaurailpuCD  attendre,  par 
RU  île  d'une  exécution,  défeetueuse ,  causée  par  le  Irouble 
lies  acteurs.  Je  eileraià  cet  (>gard  l'inlroduclion  du  pre- 
mier acle,  morceau  trj»  salisl'aisant,  mais  dans  lequel  an, 
passage  peu  favorable  à  la  vo!x  de  Henry  a  fail  fausser  cet 
iVcteuF  de  manière  i  gdter  ce  qui  avail  précédé  :  l'air  do 
Seward ,  dans  le  même  acte ,  oii  Valcre  s'est  trompé  de  toa 
daiisuoemodulalionde  la  lin,  el  a  délruit  le  bon  eilct  que 
le  commencement  avait  produit.  L'ne  ballade  écossaise  ter- 
minée en  duo ,  un  air  délicieusemeut chaulé  par  l'oncbard, 
la  fiuale  du  secoud  acte,  ei  la  romance  de  Cbollut,  out  été 
remarqués  et  vivement  applaudis. 

Quoique  j'iiie  rendu  justice  au  talent  do  M.Ealton  pour 
riustrumenliitioD  ,  je  lui  ferai  cependant  observer  que  le. 
luxe  qu'il  y  a  mis  nuit  quelquefois  à  l'ellel  du  cbanl.  Son 
Lanuoiiie  manque  aufisi  du  calme  nécessaire  en  plusieurs 
endroits.  Les  iiiynTirti  multipliés  ont  le  défaut  de  distraire 
l'oreille  du  cliant  principal  ;  les  harmonistes  les  plus  bril- 
lans ,  l«ls  que  Mozart  et  Rossini ,  laissent  toujours  le  chant 
à- découvert  dans  le  eantabile  el  dans  les  motifs  princi~ 
paux  des  airs  au  des  morceaux  d'ensemble,  et  ne  déploient 
1b  luxe  de  l'instrumentalion  et  les  recherches  dTiarmonîe 
que  dans  les  modulations,  dans  les  cnscmbles-et  dans  les 
tirettes.  Pour  n'avoir  point  suivi  le  même  système,  M.  Bat- 
ton  a  quelquefois  empêché  l'effet  qui  serait  résulté  de  ses 
ctHiftenes  et  a  gfiné  ses  chanteurs.  Par  exemple,  îa  vois 
de  Chollct ,  que  le  public  aime  tantàen tendre,  a  éic  con- 
tinuellement combattue  dans  sa  romance  par  les  passages 
de  flCile  et  do  clarinette  dont  l'accompagnement  est  sur- 
chargé. Je  ne.  m'étendrai  pas  davantage  sur  ces  observa- 
tions qu'il  suffit  d'iudiipierà  M.  Dation.  J'ajouterai  à  ce 
que  j'ai  dit  en  général  de  la  musique  d'Ellielwina  que  son 
mérite,  apprécié  par  le  publie,  a  souleru  l'ouvrage  et  luî 
a  procuré  parmi  les  amateurs  un  succès  d'estime. 
La  réunion  de  Poncliar.l ,  de  ChoUcI ,  de  Valère  ,  et  do 


M*"  Rigaud  et  Ponobard  proButUait  qw  Voavwage  serait 
iàta  cbaplé,  et  ceBartiateshalnles  OD|tmU'pBMi«.  Ileat 
impossible  d'entendre  rien  de  plus  par ,  de  plusXioirKBt^et 

de  plus  expressif  que  le  chaKt'Se  Ponclijird  iknsMt'ètSlKib 
et  surtout  dans  son  air.  Le  duo  qu'il  chante  nvec  Talfere 
au  second  acte  n'est  pas  aussi  hcureusemeal  placé  dans 
la  nature  de  ses  moyens  que  les  premiers  morceaux. 
M"'  Higaaf  a  généralement  bien  tlianlé,  et  l'on  ne  peut 
qu'applaïKiirùl.Tlieauléde  s.i  viicalisaliori;  mais  ji;  l'engage 
à  supprimer  des  traits  d'un  birn  mauvais  goût  qu'elle  a  in- 
troduits dans  son  air  du  premier  acte.  La  peur  qui  domiae 
tovgours  H^'^Ponchard  l'empéohede  monirepaii'pnbU<a4.6- 
talenf Ute  véeï  âbtireUë>«tt  iptiurvue  :  '  Si/elle  'tte^t^ttil^ 
ii&rHïmallri«9i^  lïnè  ôVainte  ^li  TaisoDbàbtà  ."^^ili^^â^ 
pas  qa'^  ne  prenne  un  r&ngrëBi^(Aabte'pai^né)>4l(tfH^- 


Moaaav.  L'opéra  a  éii  fort  brillant  ici  pendant  cette  sai- 
son. L'orchestoe  et  le  personnel  du  théâtre  ont  été  consi- 
déraUement  augmentés;  le  premier  consiste  maintenant 
en  Boixante-dîx  musiciens,  il  est  particulièrement  riche  en 
instrumens  à  vent,  lest{.uels,  comme  on  le  sait,  ont  tou- 
jours été  excellens  en  Russie;  nos  priucipaus  chanteurs 
sont  :  Al"*  Pfaillb  Andrieu,  fille  du  chanteur  de  oe  nom; 
Bt^  WutramnlLÎ  et  Sahorow^MH.  BaUchaff  et  Uaxia^ 
tteofs,etH.  Iia^irroSybauechantanle. 

La  saison  s'est  onrertepar  VJgtuaoàe  H.  Faëry  qui  fat 
parfaitement  exécutée. 

M"*  Saburow  a  chanté  pour  son  bénéfice  la  grande.scène 
de  l'opéra  de  Sapho  de  Morlacohi  ;  cette  musique  passion- 
née ,  l'un  des  meilleurs  ouvrages  de  cet  auteur,  a  été  exé- 
cutée par  clleaveo  pureté  et  expression.  :£Ue  est  très  jeune, 
et  fait  partie  de  l'école  de  musique  dépendante  du  théâtre, 
laquelle  contient  dans  ce  moment  plus  de  soixante  élèves. 


cahtatrifSSV'' 


NOOVELLBS  ËTRANGàRES. 


ai3 

L'événement  le  plus  remarquable  ilc  la  saiflon  a  élé  la 
mise  en  scène  du  fameux  Fr&isehutz.  Rien  ne  peiil  sur- 
passerl'inléréleïcilÉ  parla  première  représentalion;  toutes 
les  avenues  du  théâtre  étaient  remplies  par  la  foule  long- 
temps avant  l'ouverlure  des  portes;  et  l'effet  des  cris  des  - 
femmes  mêlés  aux  vociférations  des  hommes  à  l'ontrée  gé- 
nérale dans  la  salle,  offrait  une  espèce  d'anlicîpalion  de  la 
terrible  scène  du  second  acte.  L'ouverture  fut  parfaitement 
exécutée  et  applaudie  avec  transport.  Elle  avait  été  écoulée 
dans  im  profond  silence  qui  semblait  incompatible  avec 
une  foule  aussi  nombreuse;  tout  l'ouvrage  a  été  parfaite- 
ment rendu  par  l'orcbestre  et  par  les  chanteurs,  à  très 
peu  d'exceptions  près.  Les  chœurs  ont  été  chantés  avec 
un  ensemble  très  satisiaisant. 

Les  amateurs  de  musique  d'église  ont  eu  le  plaisir  d'en- 
tendre exécutcrle  Requiem  Mozart.  Il  a  été  clianlé  sotis 
la  direction  du  maître  de  chapelle  Scliolz,  avec  un  or- 
chestre composé  de  cent  vingt  personnes,  au  nombre  des- 
quelles se  trouvaient  les  élèves  do  l'école  musicale. 

Bebun.  Théâtre  royal.  On  a  exécuté,  à  l'occasion  de 
l'anniversaire  du  prince  royal,  Puimira,  grand  opéra  de 
Saliéri,  traduit  de  l'italien  et  adapté  à  la  scène  allemande 
par  filum,  directeur  de  la  musique,  et  orné  de  ballcis 
arrangés  par  Telle.  Cet  opéra,  qui  fut  donné  pour  la  pre- 
mlËre  fois  en  17<)6,  renferme  de  grandes  beautés.  Dans 
cette  circonstance,  quelques  changemeiis  ont  été  jugés  né-  f 
cessaircs.  L'ouverture  a  élé  remplacée  par  celle  de  Cati/pso 
de  Winter,  et  l'on  a  ajouté  deux  airs  de  bravoure ,  l'un  de 
Mayer  et  l'autre  de  Zingarclli.  On  pourra  peut-être  blâmer 
cette  liberté  prise  avec  uusi  grand  maître  ;  quoi  qu'il  en  soit, 
l'effet  de  la  représentation  a  élé  extrêmement  agréable.  Les 
rôles  étaient  distribués  comme  il  suit:  Patmira,  M*"  Schulz; 
AlcindoT,  M.  Bader;  Oronte,  il.  Blum  ;  Aldcrano , 
M.  Devrient.  Cet  opéra  a  élé  représenté  six  fois  consécu- 
tives. On  a  repris  ensuite  VEuryanthù  de  'Weber.  Le  rAle 
de  Lf/siatéiait  joué  d'une  manière  supérieure  par  M.  Han- 
ser,  du  théâtre  royal  de  Berlin. 

On  a  récemment  essuyé  de  remelii'c  Ici  puutomimes  à  la 


ii4 


mode.  Ce  genre  de  spectacle  était  abandonné  âepuiaquel- 
temps.  On  a  donné  ta  Ctef  d'or ,  pantomime  avec 
mmîqœ,  danses,  machines,  etc.;  par  J.  L.  Lewin  des 
théâtres  royaux  de  Lohdres  et  de  Tienne.  La  musique  est 
parfaitement  choifiie  et  arrangée  ;  un  assez  grand  nombre 
de  morceaux  étaient  inconnus.  Le  public  a  parfaitemont 
accueilli  cette  nouveauté. 

Tttiâtrt  tU  ta  Cour,  L'ouvrage  le  plus  nouveau  repré- 
senté sur  le  théâtre  de  la  cour,  est  unkopéra  en  deux 
actes ,  airangé  d'après  Kpliebué ,  et  mis,eu  musique,  par 
Sussmayer ,  intitulé  Jfitdfang  ;  il  contient  pluaieum 
bons  morceaux,  entre  autres  une  romance  qui  est  devenu» 
'  populaire. 

BoUmdt  Knappen,  opéra  de  Henri  Dom,  a  été  joué 
avec  succès.  L'ensemble  est  satisfaisant,  plusieurs mor-- 
t^ux  sont  vraiment  dramatique.  Le  compositeur  n'a  qoe 
vingt  ans ,  et  cet  ouvrage  fait  concevoir  des  espéraoce» 
qu'il  justiRera  sans  doute  par  la  suite.  - 

Dans  une  des  soirées  musicales  on  a  eu  le  plaisir  d'eu- 
tendrc  une  nouvelle  cantate.  Les  paroles  sont  de  F. 
Weîdmann  ,  la  musique  d'Ignace  ,  baron  V.  Seyfried.  On 
y  remarque  beaucoup  de  mélodie  et  quelques  beaux  effets 
«riiarmonie  ;  clic  ne  peut  qu'ajouter  à  la  réputation  de  son 

Le  4  du  mois  dernier  un  grand  concert ,  au  bénéfice  des 
veuves  et  orplieltns  de  musiciens,  a  élé  donné.  On  y  a  exÉ- 
culé  ia  Création,  d'Haydn,  sous  la  direction  de  Mccser, 
directeur  do  musique.  Les  principaux  solos  étaient cfaauté» 
pur  M""  Sontag  et  Cari,  et  par  MU.  Blom,  Slrumer  et 
Devrîent.  Les  chœurs,  qui  étaient  nombreux  et  très  bonsr 
étaient  dirigés  par  M.  Hausmann,  chef  de  l'académie  de 
citant.  Les  progrès  qui  ont  élé  faits  dans  cet  établissement 
depuis  quelques  années  sont  on  ne  peut  plus  salisiâisans. 

a4  mars.  M>  GuîUou,  premier  flûtiste  de  l'Académie 
royale  de  musique  de  Paris,  a  donné  le  19  uu  second 
concert  vocal  et  instrumental  qui  su  composait,  en  grande 
.partie,  demusique  française.  Le  bénéfini^iire  y  a  exécuté 
son  coneerto  mititaire,  dédié  au  roj  de  l'russc,  dunt  lUo- 


3l5 

•trumentatton  a  paru  trop  bruyanlo  pour  l'accompagne- 
ment A'un  instrument  lel  que  la  ilûte.  M.  Guillou  a  réuiieî, 
mais  il  a  obleou  plus  de  succès  clans  les  variations  sur  la 
Clair  de  tune,  et  principalement  dans  le  cantatile. 
M""  Sonlag  a  chanté  un  air  deRossin!  et  PhilomèU,  r(>- 
mance  française  de  M,  Panseron ,  avec  accompagnement 
obligé  de  Aille.  Cette  jeune  virtuose  platt  IouJouth,  mais 
les  journaux  de  Berlin  lui  reprochent  d'abuser  du  chant  à 
nuzza  voce,  tellement  que  daaa  la  romance  e^le  laUsaït 
souvent  couvrir  sa  voix  par  la  flûle.  Ce  fKlit  morceau  a 
d'ailleors  fait  grand  plaisir.  Sohultz  a  été  très  remar- 
quable dans  le  grand  air  A'idomenét  de  lUozart,  avec  ac- 
compajjncment  obligé  de  violon ,  parfaitement  exécuté  par 
le  directeur  des  concerts  Mœscr.  L'ouverture  do  Lodoîska 
de  Chétubini  précédait  la  première  partie  du  concert ,  et 
colle  du  ballet  A&Proscrphie.  de  M.  SchncîlzhœfTer,  tout-à- 
fait  inconnu  aax  Allemands,  avait  été  placée  eu  tête  de  la 
seconde.  On  a  trouvé  beaucoup  d'effet  dans  cette  sympho  - 
nlei/^jif^iiles  journanz  de  Berlin  se  plaignent  de  ce  qu'il 
Boi{iîi!Ç|^|dé  comme  de  mauvais  ton ,  dans  cette  ville ,  d'àp- 
plapf^if^'4es  composilions  instrumentales  de  grande  di- 
mension. 

I.es  BerliDoÏB ,  qui  aiment  beaucoup  VOlymfrU  de 
U.  Spontini,  ont  voulu  la  revoir,  et  M.  Spontini  ne  les  a 
pas  fait  attendre.  L'enthousiasme  a  été  général  après  l'ou- 
verture, qu'on  a  fait  recommencer;  mais  il  s'est  un  peu 
refroidi  quand  on  a  vu  que  l'opéra ,  avec  les  morceaux 
ajoutés  Ion  du  dernier  voyage  à  Paris,  ne  durait  pas  moins' 
de  quatre  henrest  ce  qui  est  presque  un  scandale  pour  les 
haUlans'de  Berlin ,  accoutumés  à  voir  finir  leurs  speelaoles 
ï  dix  heures  du  soir.  Néanmoins,  ili  paraissent  tout  dis- 
posés à  pardonner  la  longueur  en  &Teur  des  grandes 
beautés  qui  les  charment  dans  oëtte  partition  et  h  condi- 
tion de  faire  quelques  suppressions ,  notamment  dans  la 
scÈoe  de  la  mort  d'Ântigpnc. 

On  vient  d'arrêter  la  liste  des  opéras  nouveaux  qui  seront 
montés  h.  l'Opéra  de  llcriin  pendant  le  semeiïtre  prochain. 
Ce  sont  :  i*  ia  Rose  enchantée  de  Wolfram,  qui  s'était  pro- 


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2l6 

duit)  dil-on,  avec  cet  ouvrage,  au  concours  ouvert  à 
Dresde  pour  te  remplacement  de  Ch. -Marie  de  Weber; 
9*  Agnis  de  Hohenstaufev-,  opéra  de  circonstance,  ëcrft 
par  M.  Sponlini  pour  le  mariage  du  prince  Charles  de 
Prusse;  5°  tes  Donquichotteries ,  musique  du  jeune  Men- 
dcbohn  4°  enfin,  Oieron  de  Ch.-Harîe  Weber  §era 
donné  le  jour  de  la  fête  du  roi,  le  5  août.  Quatre  opéras 
en  six  mots  I  voilà  un  admirable  exemple  d'activité  à  pro- 
poser au  grand  Opéra  de  Paris. 

Dbbsde.  Opéra  aliemand.  On  a  donné  depuis  peu ,  sur 
ce  théâtre ,  un  opéra  qui  a  obtenu  le  succès  le  pins  décidé  ; 
il  est  intitulé  :  die  tesauberte  Rose  (la  Rose  enchantée.  ) 
C'est  le  premier  ouvrage  de  M.  Wolfram,  amateur.  Gel 
opéra  renferme  d'excellentes  choses,  écrif es  avec  beaucoup 
d'originalité.  On  a  remarqué  surtout  l'introduction,  nn 
air  et  un  trio  daus  le  premier  acte;  un  air,  un  duo  et  un 
chœur  de  cbasseurs  dans  le  second.  Depuis  le  grand  suc- 
cès du  chœur  du  FreUchAU,  il  est  devenu  de  mode  de 
composer  des  chœurs  de  chasseurs.  Il  est  juste  de  dire  que 
de  tous  cens  qui  ont  été  ooniposés  depuis  Weber,  ce- 
Ini-of  est  le  mbillenr.  Le  succès  de  cet  opéra  fait  d'autant 
plus  d'honneur  à  M.  Wolfram  qu'il  est  dû  entièrement  â 
la  musique,  la  pièce  étant  tout-à-fail  dépourvue  d'imérél 
et  de  fliluations. 

Un  autre  ouvrage  intitulé  :  die  Ochsen- Menuet  (le 
Menuet  (lu  Bœuf) ,  purfLiitement  arrangé  sur  rte  la  musique- 
de  H  aydii  par  le  baron  du  Seyfried ,  a  fort  bien  réusfii  :  le 
talent  de  MAI.  Gênée  et  nosenfeld  a  puissamment  contri- 
bué au  succès:  le  premier  a  une  basse  bien  timbrée  et 
trèsfieKlble;  le  second  joint  à  beaucoup  fexpresstoas  une 
voix  d'une  grande  étendue. 

Les  ouvrages  du  célèbre  Weber  continuent  à  être  repré- 
sentés de  temps  en  temps,  comme  le  plus  digne  hommage 

(1)  H.  UcDdebohii ,  aniateiir  dont  les  tileos  donoent  de  grandci  ts- 
pteancei,  aat  Ali  d'aq  riche  banquier  de  Berlin.  Celle  ville  eat  heureuac. 
H.  M'eyerbeer,  doni  l'Allemagae  >'Lonure,ya  »assi  tii  Icjour.etdoit  la 
aaiiasDce  ï  l'un  de  ece  financiers  lea  plu>  lecoinmandablea.  ' 

(iVoniliiHabcfcur.) 


17 


qu'on  puisse  rciiilrc  à  sa  mÉmoirc.  On  a  joué  dernièrement 
Preciosa.  H'"  Harlknocli ,  du  tliéiirre  de  Weimar,  s'y  est 
fort  distinguée.  Ou  répèle  en  ce  moment  Oieron,  qui  a 
été  traduit  en  allemand  par  E.  Gche.  Plusieurs  grands 
théâtres  de  l'AUcoiagnc  se  préparent  ù  représenter  cet 
opéra;  mais  les  faabïtaus  de  Dresde  veulent  élre  les  pre- 
miers à  faire  entendre  dans  leur  patrie  cet  ouvrage  com- 
posé sur  les  bords  de  la  Tamise ,  et  qui  peut  être  consi- 
déré comme  le  chant  du  cygne. 

Opéra  itatien.  L'opéra  italien  vient  de  perdre  la  siguora 
Tibaldi ,  qui  relourne  dans  son  pays.  M'"  ScIiiaseKi  a  été 
engagée  pour  la  remplacer;  elle  a  diibuté  dans  l'Itaiiana 
in  Aigeri,  où  elle  a  réussi  complfetemenl.  Les  opéras  ita- 
liens que  l'on  joue  en  ce  moment  sont  ;  Teotattlo  ed  Isa- 
iina,  de  Morlacchl,  taPastoreita  noHte,  de  Vaccaj,  ia 
Cenertntota ,  Matitde  di  Sabran  et  Mosb,  do  Rossini. 
Dans  ce  dernier  ouvrage ,  le  rôle  de  Pharaon  a  été  rempli 
d'une  manière  supérieure  par  Salvatori. 

Flobehce.  Théâtre  detla  Pergola.  Le  célèbre  composi- 
teur Pielro  Général!  vient  de  rentrer  dans  la  carrière  dra- 
matique par  l'oratorio  de  Jefu  qu'il  a  écrit  pour  celle 
ville,  et  qui  a  été  représenté  le  1 1  mars.  L'exécution  plus 
que  médiocre  de  la  première  représentation  nuisit  à  l'ou- 
vrage, et  ne  laissa  l'auditoire  que  faiblement  satisfait. 
Mais  les  beautés  remarquables  qui  se  trouvent  répandues 
dans  celte  composition  ont  bientôt  fait  revenir  le  public 
nur  l'impression  défavorable  qu'il  avait  reçue  d'abord,  et 
chaque  jour  il  goûle  un  plaisir  plus  vif  à  l'entendre.  Les 
cbceurset  parliculièremeut  celui  Je  VAddio  ont  réuni  loua 
les  suffrages.  On  reprucbe  à  un  trio  du  second  acie  de 
n'être  qu'une  réminiscence  du  duo  de  Scmiraniido  :  BeUa 
imago  ;  mais  en  général  on  s'accorde  à  dire  que  la  musi- 
que de  JcflG  est  digne  de  l'auteur  de  I.  Baccanali.  Une 
indisposition  de  madame  Bonini  nu  lui  a  pas  permis  de 
déployer  dans  celouvrage  tout  son  talent  :  les  autres  chau- 
lonrs  Reinai,  et  mesdames  Olto  et  Tiirietli  n'appartiennent 
qu'i!i  un  ordre  inférieur. 

.  AliLM*)  i6  mars.  MademoiseHe  Aline  Bertrand  a  donné, 


ii8 

vciiili-cili  ,  un  graiiil  coucert  au  théâtre  île  l:i  Sôata.  Ella 
y  a  joué  trois  morceaux  dout  uti  de  sa  composiliun ,  un 
rondo  composé  csiircsscmenl  pour  elle  par  M,  Panseron, 
et  la  fnnlaisie  de  M.  Labarre  but  des  motifs  du  siège  de 
Corinihe.  Rappelé  chaque  fois  par  le  public ,  elle  a 
obtenu  les  liiinneurii  du  iis  dans  lo  dernier  morceau. 
Mademoiselle  Démeri,  qui  a  chanté  k  ce  concert,  est  en- 
gagé à  l'opéra  de  Paris. 


NOUVELLES  DES  DÉPARTEMENS. 


Noti.'i  apprenons  qu'uucsociélé  philharmonique ,  établie 
sur  des  bases  solidos,  el  qui  permellent  d'eapérer  qu'elle 
recevra  par  siiïle  un  grand  développement,  vient  J'ëtre 
fondée  il  Cacu,  sous  le  titre  do  Société  phUharmooique  du 
Calvados,  Elle  a  donné  son  premier  concert  le  i6  mars  ;  il 
se  composait  de  l'ouverture  du  Siège  de  Corinthc,  d'uue 
syniphoDie  do  Haydn  ,  de  chœurs  et  de  solos  de  chant  et 
de  viotOD.  U[ic  quétc  en  faveur  des  pauvres  sera  faite  à  cha- 
(jue  concert,  de  sorte  que  la  Société  aura  le  double  avan- 
tage d'offrir  du  plaibir  à  Phomme  fortuné  et  des  secours 


ANNONCES  DIVERSES. 

Collcclion  de  FisTmoKS  réduites  pour  le  piano,  publiée 
par  Pacini,  boulevard  des  Italiens,  ii'  ii ,  prix  marqué, 
ZG  fr.  chaque  ;  on  ne  les  paie  que  la  fr,  lorsqu'on  prend 
toute  la  collection ,  qui  se  compose  des  opéras  suîvans  de 
Rossini  :  i°  li  Barùiere,  2"  Tancredi,  5°  Cenerenlaia, 
4"  Gazza  Ladra,  5°  Mds&  in  Eyilto ,  6°  Elisabella, 
r'Oieilo,  &' Zetmira,  Q°  Ricciardo  c  Zoraïde,  >a' DontM 
delLagOt  w'italianain  /llgtrî,  it°  Corrculino ,  iTi'  Àr- 
mida,  lie  Semivamidc,  i5' HJaoïnetto,  Turco  in 
Jliilia,  \y  VInganno  fartunato,  i8" /vanAtKÎ.  Mojer- 


Dlgiiizca  hi  Cooji 


bf.er ,  il  Ci'Ouiato;  Cimar-ona ,  1 1  M ati'imonio  ;  Mozarr  , 
a  Flaulo  magico.  Requiem;  raisieilo  ,  Niua,-  Mcr- 
caJaiite  ,  Elisa  eClaudio. 

Toulc»  les  rormeji  de  l'éloge  «Dnl  «puisées  sur  le  mériHi  de»  ouvragM 
qa|coQ)^po(enl  l'iolcrïssanle  eollecliou  que  nom  annonçona.  La  favear 

rauslcjuB  qui  a  le  privilège  do  cliarmer  DOn-.tuIemcQl  les  hobiiuna  de 
TEuropo,  mais  ccui  des  dcui  mondes?  Les  borji  de  rOrédoi|Uft 
comme  ceui  du  Tibre  ou  de  la  Nira  retenLlsîent  des  accena  de  la  Ijre 
loisinienne;  la  muio  de  Moiart  enchante  les  rivages  de  l'Océan  paei- 
fiquc  comme  ccuï  de  la  mer  d'Allemagne  ;  il  n'y  a  riuii  à  ajouler  1 
cela.  Les  tingl-cinq  parlitions  de  la  cullectioa  publiée  par  M.  Faelni 
ft  celles  ijui  doiient  les  suivre  composent  une  biblioLbéque  musicale 
uauelle  presque  eomplile.  leur  prii  Irés  modiqne,  leur  eiécutioo  ly- 
pograpliique,  el  leur  correcllon  les  recommandenl  ï  l'sllenlion  desama- 
leurs  etJe*  arlisLes.  L'atcompagnemenl  réduit  esl  bien  arrange,  et 
rend  autant  que  cela  se  peut  les  ulTels  de  l'urcbesL™.  Enfin  tout  con- 
conrt  k  assurer  ï  l'entreprise  de  M.  Facini  un  juccèt  populaire  et  dn- 
TBble. 

L'ïcao  LTMQiiE,  uoiivcau  journal  de  chanl,  rédigé  par 

MM.  PAClMEt  F.  Gl,.lJ*T. 

Teauléi  Trançaises  des  auteurs  lei  plus  dlslingués,  on  y  joindra  cellci 
qui  Burant  obleau  te  plus  de  succès  sur  les  théâtres  d'Italie.  M.  Grast, 
déjï  avantageusement  connu  par  quelques  producllong  agréables,  dont 
U.  Facini  cil  éditeur,  fournira  au  journal  des  pièces  louttrait  noi- 
velles  de  sa  composition  ,  comme  ramances,  obansannelles,  caiatiner, 
DDclorHs ,  bclvéticnncs ,  etc.  L'Écho  lyrique  paraltia  du  an  âo  de 
chaque  moi»,  ï  dater  de  celui  de  mars.  Il  contiendra  toujours  Iruii 
pièces,  dont  une  italienne.  Le  prit  de  l'abonnement  de  ce  journal,  avio 
■ccom  pagne  ment  de  piano  ou  de  harpe ,  est  de  a5  francs  par  an.  Lea 
eniois  scrool  faiii  franco  par  la  poslu. 

On  s'abonne  à  Parts,  chez  Pacihi  ,  éditeur  des  oeuvrea 
de  Beethoven,  Cimarusa ,  Mozart,  Rossini  et  autres,  bou- 
levard Italien ,  n"  1 1 .  —  A  Genève ,  au  magasin  de  musi- 
ijuB  de  Gbàst,  Grande-Rue ,  n"  207. 

Nota.  L'abonnement  se  paie  d'arauce  et  l'on  est  pri£ 
iTaffrancliir  les  lettres,  ainsi  <}ue  les  cnvais  d'ai^eot. 


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Grandes  Vasuiioms  pour  le  forté-piano  sur  le  thème  : 
Queiieest  ietie,  ^uel  doux  sourire!  chanté  par  M^Pod- 
chard,  dans  l'opéra  d'Emma,  composées  pour  son  élève 
M"'  Louise  Proton,  par  M.  J.-B.  Woels,  op.  ôa*  ptix,: 
^fr.  5a  c;  à  Paris,  chez  Â.  Petit,  successenr  de  H.  Laf- 
filé,  à  la  Lyre  moderne,  rue  Viviennc,  n*  6,  an  coin  de 
>  galerie.  .    ,  .\ 

Ces  TariBliom,  qui  Bont  liés  brillantes,  K  Tecommandcnt  pu  la noô- 
TCaati  des  traits  et  uDcharmoiiie  puie,  deoi  gcDres^e  mérite  qui  de - 
TieDDCDt  chique  jour  plus  rares, 

"  Solfèges  progressifs,  avec  accompagnement  de  piano, 
précédés  dès  principes  de  la  musique,  ouvrage  qui  présente 
aax  élives  Us  élémeus  de  l'art  musical  dans  l'ordre  le  plus 
naliwelet  le  moins  compliqué;  par  F.-J.  Féti>i,  professeur 
ide  composition  à  l'École  royale  de  musique  et  bibliothé- 
caire de  cet  t^lablissemenl  ;  prix  :  24  ^  Paris ,  chez  Ja- 
uet  et  Colellc,  marchands  de  musique  du  roi ,  rue  de  Ili- 
cbelicu ,  11°  92 ,  prËs  celle  Fcydeau  ;  et  rue  Sainl-Honoré , 
n"  ia5;chczPh.PelLt,  rucVivienne,  n°i8,  maison  Gai ignani  ; 
et  chez  l'auteur ,  rue  Moiiiliolon ,  n'  'iC^.  A  Bruxelles.^,  chez 
Mcssemakers,  professeur  et  marchand  de  musique  t.  nifij^ÀU 
Loxum,  n°  3C)8,  pr^s  celle  de  la  Montagne. 

-  lions  analyscroDi  cet  ouvrage  qui  est  établi  sur  un  plan  aent,  et  qui 
eat  le  fmit  de  longnes  méditations  et  de  beancoup  de  travail. 

QsESTiONR  sur  la  diversité  d'opinions  et  de  doctrines  dea 
buteurs  didactiques  eu  musique  ,  adKssées  à'UHvleS'pr»- 
fe'sseurs  et^men^bres  du  ConservàtOiM  de'  Tr^t^f  " 
P/Hacariy',  musicien  de  province.  ^fii«ç^aj^lï^ 
QSiptagea  avefi  4'P''>?°'>c^  Paris,  iSâ^)  jàqe|lj^i^" 
liiw«ti^es.»  VHQ  A^v,  Peti^^bamp&,  ^11*  JHi;;llïf(^^|g 
moift,  UbraiCOi  pj^W-Rojïle,  n*5.  . ,  -/.  ,r.:A\ntK 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 
*    ir*  >.  —  AVBIL  1837. 


EXAUEN  DE  L'ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQTIE 


ALLEMAGKE. 

Il  Mt  impossible  de  se  former  une  idée  joate  de  l^étMde 
prospérité  ou  de  décadence  o[i  se  trouve  un  arf  âaDsxin' 
payn,  si  l'on  ne  possède  une  conuaissance  au  moins  som- 
maire de  ce  mi'il  y  fut  précédemment.  Ce  (|ue  J'hî  fait  en 
abrégé  pour  l'Italie,  je  crois  doiicdevotr  IcËiire  pour  l'Ai  ■ 
lemague,  et  avaùt  d'examiner  quel  est  l'élal;  actuel  de  U 
atuiqne  dans  cette  intéreMante  , partie  del'Emepe ,  je  vaÎB 
présenter  UB  tableau  wiocitiot  de  aou  bïtloi|re  pendant  la 
dîK-huitiime->i6cle  dkus  le  patrie  du  Baoh  ^  de  H»âel  et 
de  Mozart. 

La  difUiait  dcfilloniagne  en  étals  caUiollqins  et  Inthé— 
rieiiH  y  a  donné  à  la  musique  religieiue  une  double  diree- 
lion  ;  l'une  conforme  aux  rites  de  l'église  romaine;  l'aulre~ 
fondée  fiur  l'unage  d'introduire  le  peuple  dans  le  chant  du' 
licrvicc  divin.  Dans  la  premiërese  trouvent  les  meEses, 
près,  TeDeum  et  moletu;  dansla  seconde,  les  cantiques 
et  tes  psaumes  qa*<ui4é8fgne  KtQS  le  nom  de  choraU.  Depuis 
1390,  l'Alleaiagiie s'est  saccessivement enriohie  de  bcUeS' 
prodaciiotradatHlei  deux  genres.  Âdam  Gniqpelsliaimor , 

\  30 


i.i'w.t  llnslci-et  Cliii'ticn  Krbaeh  [i  Sfjo  ;t  ifîao)  sont  1m  prc- 
Dikrs  ({niaient  itiipriuiù^ii  la  intisi(|iicgcrni;iiiiqiiG  le  cachet 
piirliculiei' [l'harmonie  qiiilii  Jîfiliiigiic.  Leurs  ouvrages,  oii 
l'on  trouve  lea  premierK  germes  de  la  manière  ({ni  a  été 
|ierrcctionnéc  p.irSamuel  Sclieid  ,  Jcan-Gnsparil  do  Kcrl, 
Frobcrgur,  l'iminorte)  Jean- Séb.is lion  Biieli,  Hicndel  el 
Mozart ,  niari^uèrËnl  la  sëparalion  de  l'école  allemande  et 
lie  rîlaiicune,  car  jusqu'à  eux  il  n'y  avait  eu  qu'un  style, 
qu'un  nyRlËmc  d'Iiarmonic  cE  de  louulili^.  Ce  système  était 
^gatemeut  en  vigueur  eu  Italie,  en  Allemagne,  dans  les 
Paya-Bas,  eu  France,  en  lîspngne  el  en  Angleterre,  et 
l'on  ne  remarquait  point  de  difTcrencc  sensible  entre  les 
pruduelîons  de  Jean  Animuecia,  de  Constant  Porla  ou 
d'Alexandre  Slrl^^io,  mailrcs  italiens,  et  celles  de  Louis 
Senful,  de  Henri  Isaac  ou  de  Ilermann  Finck. ,  allemands, 
de  Philippe  de  Mons,  de  Roland  de  Lus.sus,  ou  de  Kicolas 
(lombcrt,  flamands,  de  Bird,  ilc  Morlcy  on  de  Farnaby, 
anglais,  ile  Cluistoplic  Morales,  espagnol,  ou  de  Damie» 
A'GoeH,  poriugais,  tous  contemporains.  Mais  à  partir  des 
travaux  de  tivmpekhaimer  et  de  Haslcr,  tout  change,  et 
leN  mélodies  eomme  l'harmonie  allemandes  prennent  une 
physionomie  particulière,  uneteiulc  de  nationalité  qu'elles 
ont  conservée  jusqu'ici,  malgré  la  fusion  d'idées  qui  résulte 
des  communications  oonslanles  des  peuples  entre  eux. 

Plusieurs  circonstances  concourent  à  conserver  à  la  mU' 
sique  allemande  la  couleur  nationale  dont  je  parle;mais 
l'une  des  plus  puissantes  est  l'usage  des  psaumes  et  des  can- 
tiques il  quatre  voix  que  le  peuple  chante  dans  les  tem- 
ples, el  que  les  maîtres  d'école  enseignent  aux  enrnnsdèfi 
leitrplus  tendre  jeunesse.  Léchant  est  le  même  pour  tontes 
les  églises  protestantes,  mais  l'harmonie  dilTère  eelou  le 
ç;énie  du  compositeur.  Les  plus  grands  musiciens  de  l'Al- 
lemagne n'ont  point  dédaigné  d'employer  leurs  taleus  à  ce 
travail;  chaque  état,  chaque  province,  chaque  ville  a 
son  livre  choral  particulier  ;  les  Mitions  s'en  multiplient 
et  sont  entre  les  mains  de  lout  le  monde.  J.-S.  Bach  en  a 
écrit  un  grand  nombre  qui  portent  le  cachet  de  son  génie. 
C'est  Ù  l'usage  fréquent  de  ces  ciinliques  harmonieux  qu'il 


Tiiul  ;illril)ii(^r  lu  godt  ]irmimioé  dis  luute  la  iiuliuu  pour 
riinmioiiie  ,  cl  aoii  aplttnde  à  l'apprendre  et  à  rexécLilcr. 

L'obligation  d'accompagner  et  de  varier  ces  mêmes  c.m- 
Uquen,  imposent  aux  organistes  celle  d'Ctrc  înslruils  dans 
leur  art,  et  de  posséder  une  foulii  de  (|ualilés  (jti'ou  no 
Iroiivc  uull«  pari  dans  iiu  fi  haut  degré  que  chez  It:»  urgj- 
iiisJes  allemands.  Samuel  Sclicid,  Gaspard  de  Kerl ,  Ffo- 
berger,  Reinke  de  Hambourg,  Buxteliiidc  (1634  à  ijaa) 
oui  été  des  artistes  et  des  compositeurs  du  premier  ordre 
en  ce  genre;  mais  ils  ont  tous  été  surpassés  par  Jean- 
Sébastien  Bach ,  génie  profond  ,  mélancolïtiuc  el  original , 
harmoniste  incorrect ,  mais  invculenr  dans  son  harmonie  ; 
enCm  prodige  de  facilité,  do  fécondité  et  d'aptitude  pour 
l'exéculion.  Quoiqu'il  ait  formé  une  foule  d'élèves  qui  ont 
été  artistes  célèbres,  tels  que  ses  lils,  Charlcs-Pht- 
lippe-^m manuel  et  Guil]aume  Fridmanii ,  Kirnberger, 
Killel ,  etc.,  nul  n'a  pu  l'égaler,  soit  comme  compositeur, 
■oit  comme  exécutant.  Cependant  les  artistes  que  je  viens 
de  nommer  et  leurs  élèves  ont  eu  une  vigueur,  une  fer- 
meté, une  profondeur  de  talent  dont  on  n'a  point  d'idée 
en  France.  "Albrechtsberger,  Rembt,  Fischer,  Vierling, 
libertin  ont  propagé  jusqu'à  nos  jours  le  véritable  style  de 
la  musique  d'orgue.  Il  semble  ce-pendaut  que  ce  style  dé~ 
pénère  maintenant ,  si  j'en  puis  juger  par  les  ouvrages  de 
Enccb  et  de  Rink.  On  y  trouve  encore  de  jolies  choses  . 
mais  BOi)  l'élévation  dans  les  idées  qui  distingue  les  eoni- 
posilions  de  leurs  prédécesseurs,  uî  la  science  qui  est  une 
qualité  inséparable  du  genre. 

A  l'égard  de  la  musique  d'église  à  grand  orchestre,  l'AI- 
magne  a  vu  éclore  dans  le  dix-huitième  siècle  une  foule 
de  messes,  de  vêpres,  de  motels  et  de  Te  Deum  d'un  genre 
neuf  et  digne  île  lutter  avec  ee  que  l'Italie  possède  do 
meilleur.  Jean-Sébastien,  et  Charlcs-Philippc-Emmanuel' 
Bach,  Hœndel,  les  deux  Haydn,  Graun  ,  Naumann  ,  Mo- 
zart, ont  été  inventeurs  en  ce  genre,  cl  ont  laissé  d'innom- 
brables preuvesde  leur  talent,  llssesont  surtout  élevés  à  une 
hauteur  inconnue  avant  eux  dans  le  style  de  l'oratorio.  Le 
Ucssic,  les.  SJaf.liab.tcs ,  Sainson,  AlkaLic  delln^iidel, 


V Asfcnsion  cA  fis  Isriiétitus  dans  if.  dvsert  île  Cli.irlcs- 
riii!i|)[)e-Ëmiii;iiiiicl  Uiicli  ;  ta  Mort  de  Jésus  de  Cr;iitij , 
David  ■pénitent  de  Moznri ,  la  Création  et  les  Sept  parâ- 
tes de  Jéaus-Ckrist  de  Haydn ,  snni:  devcuus  dus  modËlcs 
■{ui  oeinbleiit  avoir  atteint  la  perreclion. 

C'est  à  l'AlIcmagnQ  ([ii'oii  est  redevable  de  l;i  muBiijiic 
înBlriimenlale;  on  doit  mitcne  avouer  que  juscin'à  ce  que 
Mozart  eût  produit  ses  admirables  composiiions  dramali- 
i|iieH,  c'était  daiia  le  style  delà  symphonie  que  résidait  la 
partie  la  plus  solide  de  sa  gloire ,  à  l'exception  toutefoi!)  de 
lu  muniquc  sacrée.  hcsParticn,  les  Confitures  tnusicates 
de  tabte  (  Musicalisclie  Tafcl-Contecl)  et  toutes  les  pièces 
iiislruinen taies  du  dix-septième  siècle,  décorées  de  liti-es 
plus  au  moins  bizarres ,  sout  l'origine  des  quatuors  et  des 
symphonies  qui  ont  pris  naissance  dans  le  dix-huitième. 
Presque  tous  écrits  à  cinq  ou  six  parties  pour  dos  dessus  de 
viole,  des  violes  da  Gamba,  et  des  basses  de  vïole,  avec 
une  partie  de  basse  chiffrée  pour  l'orgue  ou  le  cinvecin  ,  ces 
recueils  ne  contiennent  que  dessarabandes,  des  courantes, 
des  gigues,  des  allemandes,  ot  le  goût  de  ces  pi6cess'cst  cou- 
Kervéjusque  dans  les  ouvrages  de  Haindel  et  de  Bach.  Enfin, 
versie  milieu  du  siècle  dernier,  le  style  du  trio ,  du  quatuor 
et  du  quinletio  fut  essayé  par  Kobrich  Agrel ,  Janislsch , 
Radecker,  Camerloher  et  Abcl,  et  celui  de  la  symphonie 
à  grand  orchestre  par  KrafTi,  Kùrlzinger,  Tclemann, 
Schwindelet  Misliweizeck.  Ceux-ci furentsuiviii de XocsLy, 
de  AVagcnseil,  deWanhal  et  de  Stnmilï,  qui  perfeclionnè- 
rentles  formes;  mais  ce  fui  eu  ij65  que  le  génie  de  lasym- 
jibonie  et  du  quatuor,  (Joseph  Haydn)  fit  son  apparition 
dans  le  monde  musical,  et  prépara  par  ses  premiers  essais  la 
léputalion  qu'il  s'est  acquise  depuis  par  une  fuuic  de  chefs- 
d'œuvre.  Créateur  d'un  style  large  et  brillant,  simple  et 
élégant  dans  ses  mélodies,  neuf  daus  ses  ctTels  d'harmonie, 
admirable  dans  la  sagesse  de  ses  dispositions,  ce  grand 
artiste  a  fixé  le  genre,  et  n'a  laissé  que  peu  de  chose  à  faire 
à  ses  successeurs.  Il  n'a  pas  fallu  moins  que  le  géuîc  de 
Mu/arl  ])oiir  faire  oublier  par  ses  inspiralions  passionnées 
qu'il  n'a  rieu  ajouté  aux  furmcE  du  quatuor  et  du  la  «ym- 


pbonic  fixées  par  Haydn.  Depuis  près  de  «oisunle  ans,  lit 
ivragesile  ces  deux  hommes  extraordinaires  ont  été  repro- 
duits presque  à  l'infini  par  toutes  les  presses  de  l'Allemagne, 
de  la  France  et  de  l'AnglcIerrc ,  et  fontle  charme  de  toutes 
les  réunioDS  musicales.  Le  développement  colossal  déployé 
depuis  quelques  années  dans  ks  effets  d'orcbesire  n'a  point 
encore  porté  atteinte  à  la  puissance  de  ceux  qu'ils  ontpro- 
dulls  avec  des  moyens  plus  simples.  Toulerols  on  ne  peut 
douter  que  les  invasions  de  la  mode  ne  finissent  par  écarter 
leurs  produelions  des  concerts;  mais  alors  elles  tomberont 
dans  le  domaine  eiclusiTdes  ariisles  qui  les  considéreront 
toujours  comme  des  objets  d'étude,  et  comme  des  m.onu- 
mens  précieux  de  l'art. 

L'origine  delà  musique  dramatique  allemande  remonte 
au  commencement  du  dix-septième  siècle.  Opilz,  qu'on 
peut  considérer  comme  le  pÈre  du  théâtre  germanique, 
traduisiten  i637ropéradc  UaphnédeRinuccini,  que  Henri 
Schulzmit  en  musique  pour  les  noces  delà  sceur  de  l'élec- 
teur de  Saxe  Jean  Georges  I  Mais  ce  ne  fui  que  long- 
temps après  que  Keiscr  perfectionna  les  formesMn  drame 
musical  de  sa  nation  Ce  musicien  de  génie  n'était  dgé 
que  de  dix-neuf  ans  lorsqu'il  composa,  en  iGga.pourla 
cour  de  ■Wolfcnbultel,  la  pastorale  d'[smène  et  l'opéra  du 
Basitiua.  La  sensation  que  produisirent  ces  deux  ouvrages 
Cul  si  grande  que  la  direction  du  tbédire  de  Hambourg 
[alors  le  plus  florissant  de  l'AUcmagLie)  s'empressa  d'appe- 

(i)  naari  Schnli,  premier  maître  de  chapelia  de  l'ùlccleur  de  Saie, 
naquit  à  Kirilerii,  dans  le  Toigtlaud ,  le  8  octobre  ii85.  Aprts  aToir 
fait  ses  études  i  WeisBenfcl,  à  CoJacl  et  ï  l'uniïcrailt  de  Morbonrg,  il 
«erendit  i  Veuiie.ea  1609,  pour  y  pcrfeclioûner  >on  talent  suus  la  di- 
rection de  Jean  G  abricIJi.  De  retour  en  AUemagne,  il  fui  luccessiik- 
ment  maltro  de  chapelle  à  Dresde,  à  BraniHiok,  à  LunÉbgurg,  ï  Co- 
penhague, et  ennn  ù  Dresde,  où  il  mourut  subitement  le  6  novem- 
bre 1671. 

(ï)  Iteiuliard  Keiser,  Gis  d'un  boQ  compositeur  de  musique  d'église, 
naquit  ï  LÉipsict  en  1673.  Apcét  avoir  fait  lea  études  musicales  à  fécale 
lie  Sainl-Ttiomas,  dans  sa  ville  natale,  il  se  rendit  k  Woirenbutlci,  pui» 
i  Hambourjf.  Eu  1758  il  fut  uouimÉ  maître  de  cliapelle  1  Copenhague, 
il  est  mort*  Hambourg,  le  la  septembre  i^Sy,  S^é  de  s  jiiaute-sii  aus'. 


1er  Keixcr  et  i\c  se  l\illiielier.  Les  premiers  ouvrages  qu'il 
lll  rcpréseiiler  dans  celte  ville  furent  / rènt,  Janus,  et  sa 
jiuHtoralc  A'ismlinc.  Devenu  lui-mCine  ilirecleiirdu  lliéiUrc, 
il  écrivit  dans  l'espace  de  \ingl-8ept  ans  cent  seize  i>péraH> 
et  lelle  i^tail  sa  fatililé,  quedans  une  seule  année  (ijoy) , 
il  composa  la  i»uHi[|ue  do  liuit  ouvrages.  Après  un  repos 
de  quelques  années,  il  leritiina.  sa  carrière  dramatique 
en  1 754'  P^""  l'opéra  de  Circé.  Les  cbuutH  de  Keiser  sur- 
]>assa;ent  toul  ce  qu'on  avait  entendu  en  Allemagne  avant 
lui.  BlatthesoD  dit  (EkrcnpforU)  que  ses  compositions  se 
dianlaient  avec  une  facilité  extrême  ;  ilassurequelloindel 
et  IJjsse  se  sont  non- seule  ment  formés  d'après  lui,  mais 
qu'ils  ont  souvent  Imïlé  ses  idées.  Lorque  Burncy  visilal'Âl- 
kmajjnc  [en  i7ji),Hasse  lui  àil  t/u' il  regardait  Keiser 
comme  ie  premier  musicien  de  i'unictrs;  qu'il  avaîi 
vcril  encore  piua  que  Scartatli,  et  quesesméiodiasTmai- 
qréies  chavgemens  que  cinquante  ans  avaient  appariés 
dans  {a  musique,  étaient  si  gracieuses  qu'on  pouvait  ies 
mêler  pamii  les  modernes  sans  que  tes  connaisseurs 
inCme  pussent    en  apercevoir. 

Le  plus  grand  nom  qui  se  présente  après  l'épotjuc  de 
Keiscr  dans  l'histoire  do  la  musique  dramatique  eu  Alle- 
magne est  celui  de  Ilxudcl.  George  s- F  ré  dé  rie  Bœndel, 
jié  à  Halle ,  en  Prusse ,  le  24  février  1G84,  commeitça  ses 
éludes  musicales  à  l'dge  de  sept  ans  snus  la  direction  de 
Zachau ,  célèbre  organiste,  et  les  termina  avant  d'avoir 
allcintsa  quatoreième  année.  En  1708,  il  se  rendit  à  Ham- 
bourg et  y  composa  son  premier  opéra  [Aimira")  l'année 
suivante.  Le  grand  nombre  d'élèves  auxquels  il  enseignait 
la  musique  ne  l'empéclia  pas  de  douner  encore  Nero.  Fio- 
rindo  et  Daphné  de  1705  à  1798,  outre  une  grande  quan- 
tité de  pi&ces  de  clavecin  et  de  cantates.  Vers  le  môme 
temps  il  partît  pour  l'Italie.  Il  écrivit  à  Florence,  en  1708, 
son  premier  opéra  italien  intitulé  Jiof/r/i/o,  celui  d'Jgrip- 
pina  en  1709  à  Venise,  sa  sérénade  it  Triompfw  del 
tempo  à  HoitiB,  et  ,4cm  è  Gajaten  à  Naples.  Ayant  quillé 
l'Italie  en  1710,  ilserciidil  à  Hanovre  où  réleclcor  le 
iiuiuma  son  mallri;  ilc  cli.ipelli;  eu  rcjuidatemeut  de  Slcf- 


53? 

Tani.  Peu  tic  temps  aprtu,  il  pjss;i  en  AtiglelciTC  cl  y  com- 
posa en  quinze  jonra  son  opéra  lic  Rinatda,  nui,  pendant 
près  d'un  denii-fliècle,  fut  la  pièce  favorite  des  Anglais.  Aii 
bout  d'un  an ,  il  revint  à  Hanovre;  mais  en  1713  il  obtint 
lin  second  congé  de  sa  coiir ,  et  retourna  en  Angicïerro  où 
il  ne  fixa.  Une  association  se  forma  vers  i^ifi  entre  plu- 
sicuTN  KraiioHNCicnenrs  pour  rétabliBsemenl  d'un  théùlrc 
d'opéra  qui  prit  le  nom  S^Âcadêmi»  TLoyale  de  Musique  :  ■ 
Hœndcl  fut  chargé  de  sa  direction.  On  eséculaît  principa- 
lement û  ce  tliéàtrc  des  ouvrages  de  sa  composition;  pour 
luiir  11U11111.T  louL  1  l'Clat  dont  ils  étaient  susceptibles,  il 
engagea  les  meilleurs  chanteurs  de  l'Italie.  Tout  alla  bleu 
pendant  quelques  années;  mais  des  discussions  s'étaut 
élevées  entre  le  cëlËbre  musicien  et  les  nobles  qui  admî^ 
nislraieiit  le  Ibéillrc ,  ce»s-ci  firent  venir  Porpora  à  Lon- 
flres  avec  ir^anneiii  son  élève  et  plusieurs  autres  virtuoses 
ilatietis  pour  établir  un  autre  opéra  en  oottcurrence  aveo 
celui  de  Hœndcl.  Pnvé  de  l'appui  de  In  hante  société  et 
n'ayant  que  son  génie  i  opposer  auxelTorls  de  sus  ennemis, 
ce  gr.'md  homme  se  vit  plusieurs  fois  au  moment  d'une 
ruine  complète;  mais  à  la  fm  ce  génie  trîoniplia,  et  les 
admirables  oratorios  qu'il  composa  rallièrent  à  son  purii 
tons  ceux  qui  s'élaieul  ligués  contre  lui.  "Vers  la  fin  de  sa 
vie  (en  ijSiJil  perditia  vue;  mais  quoique  âgé  desonante- 
trois  ans,  îl  n'en  conserva  pus  moins  tonte  sa  vivacité.  Il 
jouait  encore  se»  concertos  d'orgue,  et  composait  en  ilîc- 
laiit  ses  idées  qu'un  de  ses  aniîs,  nommé  Smith,  écrivait, 
Six  jours  avant  sa  mort,  il  exécirta  un  de  ses  oratorios.  Il 
mourut'le  lâ  avril  i^Sq,  laissant  une  fortune  de  9o,oon 
livres  sterling,  dont  il  légua  1,000  livrea  à  l'institut  des 
.secours  de  Londres. 

Depuis  pins  d'uu  siècle ,  les  production!)  de  Hœndel  sont 
on  possession  d'exciter  l'admir.ition  de  l'Angleterre  et  de 
■juelques  musiciens  érudilsde  l'Allemagne  et  delaFr.mce; 
mais  il  faut  avouer  que  ce  grand  homme  n'est  connu  quo 
de  nom  de  la  plupart  des  amateurs  des  deux  derniers  pays. 
.Uïsqu'à  ce  moment  on  ne  trouvait  en  France  qu'avec  dif- 
fwulté  qucIqaGs-uns  de  ses  ouvrages,  et  jamais  on  uo  les 


aî8 

iivuit  cxL'Ciiti:i<  piiliHqucmeiit  avant  que  M.  Choron  eût 
conçu  riietirciise  idée  de  sea  exercices.  QticlijiieB-utiC!)  de 
Hcs  fugues  pour  le  clavcciu  se  irouvaîent  seulement  cnirc 
les  mailla  des  pianistes  ;  mais  ses  quaraiile-cinq  opéras  al- 
lemands, ïluliens  et  angluis,  sca  vingt-sis  oratorios,  ses 
molcls,  Te  Deum,  cantates,  etc.,  au  nombre  de  quinze 
volumes,  ses  trios  d'inslrumens  et  ses  douze  concertos 
d'orgue  n'y  étaient  pas  même  connus  de  nom.  Cependant 
onpeutaffirmerque  jamais  «u  génie  plus  vaste,  une  iniagi- 
nalion  plus  liardie,  soulenuc  d'une  science  profonde  n'ont 
existé.  Lesméloilies  de  Haendel  sont  suaves,  inventées  et 
Muiples;  sa  richesse  iVliarmonic  égale  et  mëmesurpasse  tout 
ce  qu'on  connaît.  Ses  chaours  ont  unemajcsté,  un  feu,  une 
énergie  qu'on  ne  trouve  à  un  degré  égal  dans  aucune  autre 
composition  dumémegeurc;  enfin,  Bsodelest  l'un  des  plus 
grands  hommes  qui  aient  illustré  la  musique.  Les  éditions 
de  ses  œuvres,  qui  commencent  à  se  multiplier  en  France 
et  en  Allemagne,  mettront  bicutût  les  amateurs  à  même 
de  se  convaincre  qu'il  n'y  a  rien  d'exagéré  dans  ces  éloges. 

Grann ,  Basse  et  Naumann ,  qui  furent  ou  les  contem- 
porains ou  les  successeurs  de  Hieiidcl,  ne  l'égalèrent  pas. 
Le  premier,  Charles- Henri  Graun,  maître  de  chapelle 
de  Frédéric  II,  roi  de  Prusse,  naquit,  en  ijoi  ,  à  Wab- 
renbruck,  en  Saxe.  Il  éludîa  la  musique  à  Dresde  sous 
l'organiste  Pelzold,  et  sous  le  maître  de  chapelle  Schmidt, 
et  lut  d'abord  chanteur  à  la  chapelle  et  au  théâtre  do 
llrunswickjil  passa  ensuite  (en  ij3j)  au  service  du  prince 
royal  de  Prusse.  Frédéric,  qui  n'estimait  pas  la  littérature 
de  ses  compatriotes ,  n'aimait  que  leur  musique,  et  parmi 
les  compositeurs  allemands,  Grann  était  celui  qu'il  pré- 
férait :  on  assure  même  qu'il  pleura  sa  mort ,  arrivée  le  6 
août  A.  son  avènement  au  trùue,  il  l'avait  nommé 

son  maître  de  chapelle.  Ses  opéras  italiens  ctallemands , 
qui  sont  au  nombre  de  trente-quatre,  ne  brillent  pas  par 
une  invention  bardie,  mais  contiennent  des  chants  d'un  fort 
beau  caracl ère.  Sa  musique  est  un  mélange  du  slylc  de  Hei- 
scr,qu'il  avait  beaucoup  étudié  dans sajeunessc,etdc celui 
des  uialires  italiens  de  son  temps.  Ses  meilleurs  ouvrages. 


329 


suiil  :  r  Scipioii  V Africain  (en  alleiii.iiid)  ;  a'  Cleapalra 
(en  italien);  5"  AU-ssandro  nette  Indie;  !\°  Dcmofoonte: 
l'air  Misera  parijolello  de  cel  opOra  fit  verser  de»  larmes  !x 
tous  les  auditeurs;  5°  AngHica  e  Medoro;  C°  Britannïvo; 
Je  chœur  final  de  ce  dernier:  F  aune  IVeron  spietato  est  un 
clief-d'œuvre;  j°  l'oratorio  de  ta  Mort  de  Jésus. 

J,  Adolphe  Hassc ,  conmien  Italieflousladénominalioii 
lie  il  Sassonc,  naquit  à  Bergedorf ,  près  de  Hambourg,  en 
I  jo5,  Aprts  avoir  appris  les  premiers  élémeus  de  la  musl- 
[|ue  dans  le  lieu  de  sa  naisNanci:  et  â  Hambourg,  il  eiiira 
au  service  du  duc  de  Brunswick,  et  composa  son  premier 
opéra  {Antigono)  en  ijaS,  à  l'dgc  de  dii-huit  ans.  Peu 
de  Icmps  aprËs  il  partit  puur  l'Jlalie  et  se  rendit  A  Naples, 
oii  il  devint  l't^IÈve  de  Scarlalli ,  dont  il  a  Imité  eu  parlie 
le  style.  En  1727,  il  devint  maître  du  Conservatoire  des 
incurables.  La  niputalion  que  ses  ouvrages  et  surtout  sou 
ArtaseTse  lui  firenl  s'iilendii  jusqu'en  Allemagne  el  !e  fit 
appeler  A  Dresde,  eu  i^So,  en  qualité  de  compositeur  de 
l'Opéra.  Il  débuta  par  son  Atessandro  nellelndic,  qui  eut 
un  très  grand  succès.  Partageant  ensuite  son  temps  enlrc 
l'Italie  et  l'Angleterre ,  Hasse  (•crivit  une  foule  d'ouvrages 
parmi  lesquels  on  rcmurque  Arminio ,  Piramo  e  Tisiie , 
Attalo,  Demelrio ,  DitLo  el  Semiramide.  En  i^^o,  il  se 
fixa  à  Dresde,  oii  il  demeura  jusqu'en  ijt'S,  Les  malheurs 
qui  avaient  pesé  sur  la  Saxe  pendani  ta  guerre  de  sept  ans 
ayant  obligé  la  cour  à  l'aire  de  nombreuses  réformes, 
Hasse  fut  mis  à  la  penKlon.  H  partit  alors  pour  Vienne 
et  y  écrivit  sis  opéras.  De  là  il  se  rendit  en  Italie.  En  1771 
il  donna  à  Milan  Ruggiero,  son  dcruier  ouvrage  drama- 
tique. Reliré  à  Vcuise,  pour  y  passer  Iranquillemcut  le 
reste  de  ses  jours,  il  mourut  le  ^5  décembre  1785.  Ha.sse 
est  resié  fort  loin  de  lliendei  el  deGraun  pour  l'harmonie, 
mais  son  chant  est  gracieux  et  ses  airs  out  été  long-Icmpi' 
recherchés  par  les  chanteurs. 

Doué  d'un  talent  plus  énergique,  JeaU'AmédéeNaumanu 
aurait  joui  d'une  réputation  européenne,  s'il  n'eût  été  le 
contemporain  doMozarl,  et  fi  ses  meilleurs  ouvrogcs  n'eus- 
sent été  écrits  presque  dans  le  mfnie  temps  ijiie  Don  Juan 


ei  {<ts  Tioces  de  Figaro.  A  cette  époque ,  le  besuiii  de  chan- 
gèmcni  (lane  le  style  drantatique  se  faisait  «eatfr;  la  malti- 
plicilé  des  airs  dans  un  opéra  était  une  cause  d'ennui  pour 
le  public,  quelque  talent  qu'on yeutmî)).  Oii  flottait  entre 
le  désir  Aa  la  nouveauté  et  ratlacliement  aux  choses  dont 
«D  avaitThabittide-Cesmomensilccrisc  soiitordinairemenl 
le»  pIuK  dangereux ponrla  réputation  îles  ;iiileurs.  ^'éàBla- 
sewil/  prësde  Dresde,  en  174^1  Nanmaim  commença  l'étude 
de  la  musique  dans  cette  ville  et  la  termina  en  Italie,  De 
retour  dans  sa  patrie ,  il  fut  maître  de  chapelle  de  la  conr. 
Il  débuta  par  écrire  quelques  opéras  italiens;  maissoa  opéi^ 
suédois dVm^Aion,  qu'ilcomposa  en  1776  pour  la  fête  de 
naissance  da  roi  de  Suède,  foison  premier  oaTrag[e  remar- 
quable. Le  succès  qu'il  obtint  fît  appeler  Naumann  à 
Stockholm,  en  1789,  pour  y  écrire  Cora,  autre  opéra  sué- 
dois :  celui-ci  fut  suivi  de  Gustave  ÎVasa.  La  cour  de 
Copenhague  l'engagea  en  ijSS  pour  écrire  l'opéra  danois 
d'Orphée.  Il  revint  ensuite  à  Dresde  où  ilfut  nommé  direc- 
tenr  général  de  la  chapelle.  Ses  meilleurs  opéras  italiens 
sont  Oiiride ,  Tutlo  per  Âmora  et  la  Medea  qu'il  écrivit 
pour  Berlin.  En  1701 ,  il  fut  frappé  d'apoplexie  en  se  prw- 
menantdans  le  parc  électoral  à  Dresde. 
.  '  niisjetinie  de  onze  ans  que  Naumaiin  ,  Mozart,  dont  le 
liom  réveille  l'idée  de  la  perfection  en  quelque  genre  de 
musique  que  ce  soit,  naquità  Salzbourg,le  27 janvier  ijSj. 
].cs  nombreuses  notices  qui  on  tété  publiées  sur  cet  homme 
à  jamaii)  célèbre ,  et  qui  sont  entre  les  mains  de  tout  le 
monde,  me  dispensent  d'entrer  dans  les  détails  desavïe. 
Je  me  bornerai  donc  ù  remarquer  qu'il  a  présenté  l'exemple 
fort  rare  d'un  enfant  prodigieux  devenu  un  granA  homme. 
Ëgalauxplus  beaux  génies  dans  les  divers  genres  de  musi- 
que instrumentale  et  sacrée ,  supérieur  dans  pltfsieurs,  il 
n'a  point  eu  dérivai  dans  la  musique  dramatique.  Créateur 
de  formes  d'un  développement  colossal,  qu'on  a  imitées 
depuis ,  invcnleurd'iinc  immense  quanlilé  de  mélodies  qui 
n'étaient  i{ue  le  résultai  d'un  .siinlinicut  Irës  délicat,  d'une 
organisalioii  piodigiiidscnient  Ikxihle,  el  non  celui  d'une 
manlÈre  calculilc;  auteur  d'une  foule  de  combinaisons  ins- 


a3i 

Irumentalcs neuves  elpii)iiantes;  éloanant  parsafécoadîlé, 
ce  grand  artiste ,  dont  l'eiislcnce  n'a  point  eu  la  durée  de 
trente-six  ans ,  fera  â  jamais  la  gloire  de  l'Allemagne.  Ses 
opéras  des  Noces  de  Figaro,  de  Don  Juan,  de  ta  FiHte 
inchantée  ,  de  VEntèvement  duSérait  et  de  la  Ctemenza 
di  Tito,  ne  semblent  appartenir  au  même  auteur  que  par 
la  perfection  qu'en  y  trouve.  Mozart  a  cessé  de  vivre  le 
5  décembre  179a.' 

nmeresleà  examiner  la  situation  ittarale  de  rAllemagne, 
ses  institutions,  ses  écoles  et  sa  littérature  mu«ieateB,aTaDt 
de  passer  au  tableau  de  l'état  actoe!  de  la  musique  dans 
celle  partie  de  l'Europe:  ce  sera  l'ol^et  d'un  antre artide. 

FËns. 


NOTICE  SUR  LES  JUANOSCRITS 
®ans  its  ftwàifaUs  $)£(tofSî(t«»  ^  C^n^t. 

Ce  ne  sont  ni  les  matériaux ,  ni  les  manuscrits  qui  man- 
(|ueiit  relativement  à  la  musique ,  dans  les  bibliothèques 
de  l'Europe,  et  parliculièrcmcnt  en  France  daiift  la  Biblio- 
thèque du  roi  ;  maison  11c  peut  nier,  qu'outre  les  con- 
ijaissauces  de  l'art ,  te  musicicN  doit  encore  posséder  une 
MidiEioii  peu  commune  s'il  veut  se  livrer  à  la  recherclie 
de  ces  nionumens  de  la  science.  Cependant  il  ne  man- 
i|iierait  peut-être  point  de  savaos  maSloiëiis  pour  les 
exploiter ,  si ,  à  l'inglar  de  quelque»  autres  sciences,  un 
mojeu  de  communication  existait  entre  eux,  c|uî  pût  les 
engager  à  pnblter  les  résultats  de  leurs  découvertes ,  et 
rendre  utiles  les  fruits  de  leurs  pénibles  travaux. 

Le  véritable  ami  de  l'art  ne  connaît  ni  la  musiqué  an- 
cienne ni  la  moderne  ,  ni  la  facture  de  telle  ou  telle  épo- 
que ,  de  tel  ou  tel  compositeur,  ni  les  coteries  que  de 
sordides  iuléréis  font  souvent  naître.  Marchant  droit  à  sun 
but,  il  Afoit  la  mueiqae  pratique  ce  qu'eHe  éët  «l'eilo^ 


a3«  •  , 

nit'mr,  liUlc  qii<^  Icn  mœurs  <1ck  tenigiscl  le  degré  ilc  cîvilisQ- 
lioii  lu  jiroiluît-ciit.  Quant  k  la  llii'orîc  ,  comme  ulli;  cf^t 
I  immualili!  lit  sa  iialiire ,  jniisiiue  les  oi  jçaiies  sur  lcsi{uelleK 
elle  BG  fonde  sonl  à  peu  (irës  lus  mêmes  dans  loiis  les  temps 
«t  oheE  touH  les  peuples  ,  il  l'examine  dans  ses  rapports 
avec  la  pratique  et  dans  la  connexion  plus  ou  moins 
immédiate  qu'elle  a  avec  le  principe  unique  de  toute 
mélodie,  la  succession  des  sons  émis  par  la  vois  humaine. 

C'est  d'après  ces  mes  que  de  eavaus  lilléraleurs  peuvent 
-même  élrc  d'une  grande  iilililé  pour  l'histulrc  de»  menu- 

cien  inslriiit ,  qui  rOnnit  assez  de  connaissances  secondaires 
pniir  se  livrer  h  la  considération  de  In  musique  prise  à  la 
ibis  comme  science  et  comme  art  d'exécutiua  ?  Je  ne  le 
pense  pdH.  Nous  devons  reudre  graecs  à  ces  infatigable^ 
savans  ilalteas  et  allemands  pour  qui  les  recherches  sur 
cet  art  enchanteur  sont  l'objet  de  la  première  et  de  la  plus 
sérieuse  occupation.  Formons  des  vœux  pour  que  les  ma- 
nuscrits et  les  fragmens  sur  la  musique ,  dont  nous  nous 
proposons  de  donner  successivement  connaissance ,  trou- 
vent des  explorateurs  .  cl  que  les  iiinycns  de  publication  , 
dont  lû  n'dactcur  de  la  Revue  nniaîiali:  diirine  Icxeraplc , 
soient  Iclicmeni  imités  ,[uu  k's      :ius  nuisieJtds  iit-  l'Europe 

La  musique  grecque  étant  primordialemenl  le  principe 
j  lie  la  musique  européenne ,  nous  croyons  devoir  porter 
/  uos  vues  d'abord  sur  les  manascribi  de  la  musique  grec- 

I(|Ue  inoderne  pour  .passer  ensuite  avec  plus  de  facilité  à  la 
neeherclie  des  précieux  restes  de  la  musique  des  anciens 
Grecs. 

;  Ciiacun  sait  que  l;t  musique  sacrée  et  le  chant  ecclé- 
siaslique  df.'s  (ii  ces  iiiudei-nes  si',  simt  perpétués  depuis  les 
premiers  siiclcs  de  notre  Ère  jusqu'à  nos  jours,  au  moyeu 
delà  notation  tOQle  particulière  que  saint  Jean-Damascèno 
ijKven}^  vers  le  huitième  siècle ,  pour  tbansmettre  k  la  pos- 
Mtiti  fjBS  bonnes,  les  strophes,  les  cantiques  d^à  en 
usage,. oii,c(wnp<wé8  par  lui  et  ses  contemporains  pour  le 


a33 

BBrvicederuffice  divin.  M.  Villateau,aucliap.  IVd'ui 
moire  qui  Ëiit  partie  deceiiKde  la  conimlBsioi)  de  l'Ini 
«rÉgyplQ)  iulitulé  :  De  l'Iitat  aeluelde  i'  Jrtmusici 
Effj/ple  *,  rnpporle  les  éiiimens  abrogés  des  règles  de 
uolution ,  dans  la  traduction  Trançaisc  d'un  maiii 
qu'il  possËde.  Ce  manuscril  a  pour  lilre  et  pour 
cemeut:  A'fx<      '"*^'?  «-/iarï.  n-r/txSiut  rît  -J-iePii 


■  cours  dit  Dieu  saint ,  commeneeinent  des  signes  de. 

•  t'art  du  chant,  des  corps  et  des  espnls  asoendatis 
'et  deacendans  de  toute  ta  Cfieironoinie  ' ,  disposés 

*  d'après  les  règles  ilaHies."  C'est  ce  môme  ouvrag;c 
cpii  «  été  trouvé  dans  la  Blbliolliëquc  ambroisiciine  de  Mi- 
lan, coléO,  laS,  cité  dans  ccItcKeruc,  p.tpr).  Ce  iiiaïuiscrit 
existait  ans.ii  duiis  la  bibliotliËqiic  du  moiiasljirc  de  Saînl^ 
Biaise',  et  Gerhert  eu  ii  heureusement  donne  un  fhc  si- 
mite  complet,  ainsi  qnc  d'un  autre  ouvrage  sur  la  liturgie 
grecque  dans  les  plaucliCK  gravées,  insérées  dans  le  tome 
second  de  son  ouvrage  r  De  cantu  et  tnunt'd  sacrâ. 
page  57.  On  trouve  cmraitË  attribué  communément  à  saint 
Jean-Damaseènc,  dans  la  Bibliothèque  du  roi  ..itiniliiMcrii 
iii^B",  n"  2541  et(')3o88\  Il  existe  aussi  dans  la  Ltibtiolbi:- 
que  impériale  de  Vienne  snus  les  numéros  îles  matiiiscri'.s 
grecs,  133,  ia3, 3o6  ou  507.  On  le  trouve  encore  dans  la  Bi- 
bliolliëqtie  de  l'Esdirial.  d.iiis  celle  de  Munich,  dans  la  lii- 
bliothèque  Laureulienude  t'Iorence,danKcelle  de  Westmins- 
ter à  Londres,  et  dans  la  Itibloihéqiie  Hodlcieiuiu  à  Oxlbnl. 
Eufin  on  peut  croire  qu'il  cxislu  anssi  parmi  les  nianuaci-ils 
grées  de  la  bibliothl.'quc  du  Vattuan ,  daus  celle  de  Saint- 
Salvalor  de  illessine  et  dans  d'autres.  Mais  de  quelle  utilité 
serait  la  découverte  de  pareil,-)  inanuseiiL'i,  s'il  n'existait 

{ij  Faril,  de  riDiprimcrio  Impcri^lu,  aclcbrr 
[,)  L'an  Jesgeato. 

(3)  Il  n  été  incpDdîÉlor.  clctVn,hf.ian.Jidt  di  lii  Lifaliollit.iuc,  en  i;(,S, 
(4.)  L'a>IOriiH[»c  jilac.:-  avanl  iiii  ayvvt       auiix'ins  ilo  tiiaiiHi^rilf  ilf- 

signc  que  la  biLliuihi-iiiic  ilr  I  niiti^iit  dv  l'i^Uu  milici^  iFiircrnifi  une  ni|>i>- 

dè  eu  minilidiilit.  , 


aucun  uuvrage  [iratiquc  qui  ]>ûl  nous  l'oiiniir  les  moyens 
d'exercer  et  d'employer  dos  coonaifliiances  acquises,  résul- 
tat de  nos  loigDeaKB  recherches  ?  ■ 
.  Oa  no  peut  ocKileater  que.»  de  tout  temp; ,  Ifi  musique 
ecclésïaHiqqe  a  été  le  foudemeat  et  la  base  de  l'instrnc- 
tiqu  musicale;  et  si  de  nos  jours  nous  voyons  te  contraire» 
parop  que  la  inusic|ue  religieuse  est  presque  totalement 
abandonnée  ,  nous  en  pouvons  conclure  que  plus  l'art 
marchera  en  avant ,  plus  il  sera  livré  au  caprice  de 
l'imagiiialion ,  et  finira  peut-éire  par  secouer  totalement 
le  joug  des  préceptes  et  des  règles  consacrés  par  le  lemps 
et  plus  encore  par  l'assentiment  des  hommes  de  goût  et 
de^ie.  ,  . 

C'est  donc  parce  que  la  musique  sacrée  a  ét^  jORqii'i 
nm  joprs  le  premier  et  le  plus  noble  des  différons  styles , 
que -les  manuscrits  de  musique  liturgîqnftet  religieuse  4w 
âiecs  doivent  ëlre  pour  nous  d'une  ^ande  importance)  ^ 
noua  croyons  devoir  donner  ici  la  nomenclature  de«eaK 
que  nous  savons  esister,  en  commençant  par  les  manu- 
scrits de  la  Bibliothèque  du  roi,  afin  que  les  érudits,  ayant 
acquis  la  facilité  de  les  compulser  puissent  passer  en- 
suite à  la  copiparaison  de  cette  musique  avec  celle  des 
anoiem  Qreos ,  dont  il  noq^  reste  assez  de  fragmensu  i|aoi- 
qa'f9  petit. nom):^,  poiitétaUir  uq  parallèle  eiiaot  entre 
la. Tnjusiqçç  aqotçDDç,  cçllç  dn  moyea  âge«t.oeUe  de  do|S 
jours.         .     ,  ' 


1'  Manuscrits  grecs,  in-folio. 

N°'a6o,afii,  aGa,  263.  Canones  et  Troptiria,  cum 
iwtiÈ  musicis. 

Ce)  quitté  tnanaicrita  HiDt  des  antienne»,  des  siropbei  et  fragmeni 
dlijiiuie*. 


BiMiotMqw  du  Soi. 


A 


335 

K"  555.  Hymni  Cobm*  et-  3.  DAurisaiiii,  (  ni*  tfèole).  . 
  355  ,  356.  Hymni  et  cantiei. 

—  36o.  (Sous  l'article  premier.)  ffjmnivttirf»»  <im(*- 
nastîci,  tmi  «wm  noliê  muttcù.  (  Art.  4.  )  Anonsmi 
Traetatva  Ay(«T»x,Tï(  i»Mcrip(u* ,  mW  de  Mutioà  Gwe- 
«ir«meccfewa«lici.  (xiv*  siècle).  (*) 

3*  Manuscrits  grecs  in-8' 

 5gj.  Bymni  cumnotis  muitcit^ 

—  4o5.  Octoeckut.  in  qw>  contintmttttf  CoMonet  a 
Troparia  •»  Offeio  Gracorum  teeteiiattiea  eani  sehta^. 
cum'tufiiit  nMUÎoù.  (*)      ■  .  ,  ■ 

Codex  m.  OcloSchu*  anHqvau.  ..." 

—  covi.  Oûloéchua  cum  awmie«(<*ri»  J..  loiA»«. 

BitUotbèiiue  de  Munich. 

—  S*c«iv.  Triodiwn  Grœcorum. 

 H'  GCKZiu.  Ars  cMi^ndi  muaiois  notis. 

Bibliothèque  d' Angietcrre. 

—  ai».  Du  coUége  de  Jésus»  à  Cambridgs  :  ^Istracs, 
numachiU.  de  Muaicâ  et  Canfiei3.mi^-ffi''^'J>!fi^ 
ptrpeiuisnotismuaicis.  - 

—  aai4.  Ducollé6edeCaiiis-<ïpnçvtt.,;deumeiii6tille; 

— 45.  ffffwwwetotfatfparO'        ^  ■ 

—  ^i.AnonymiMetbodmrSoxtf^x'"-        ■■■■  ' 

—  110.  Bymni  DkUjaceniAl  OiOolohi  CoaiU.  . 

—  5o3.  Hymni  aoûH,  cux^nolù  perpptu,it-muiicv. . 

—  ■i558.  Troparion  cumnotis mweù.  j. 

—  5573.  (44)-  Mwuetia  iMmpadaHi  MvneOi  Gimè. 

—  6o4i.  (ao?).  Hirmi.  Sehi  «t  Cawmet  am 

--6o4a.  (BoSVTf  «oiaiw  dt  Grœeorwn  muùeA  recenfi. 


256 


BiMiotfièqua  de  i' auteur  de  cette,  notice- 

Codex  in-4°  parvo.  Bymnigrwei,  cum  antiquia  notis 
musid». . 

Nous  ii'tgnoroDi  pas  qu'il  existe  eucore  sur  lu  musique 
ecclésiaRtique  des  Grecs  d'aulres  manuscrits  que  ceux  que 
nons  venons  de  citer;  mais  n'ayant  pas  les  rcnscigncmens 
fluffisan!)  pour  entlonner  la  noie  positive,  nous  nous  abs- 
tenons'd'en  parler,  persuadé  que  lessavaus  elles  arckéo- 
logue'd'n'auroiîl  aucane  pcEneàenfairela  recherche  pannî 
les  manuscrits  grecs  qui,  dans  toutes  les  hibliothèques, 
formeut  une  section  à  pari.  Avant  de  terminer  cellenolïce,  ■ 
nous  croyons  devoir  rappeler  qu'il  existe  Hn  très  bon  ou- 
vrage, publié  en  i8ai ,  sur  lu  musique  grecque  de  nos 
jours  ,  dont  VOicî  le  titre  ;  Eioayajyç  ih  tJ  Staipirrijcjir  x,ai 
trpiuriJMf  rîr  favniûis  rmttcxtiira  srpif  ïm»  rîit  mvS'a^tnut 
lu'rji,  iHirJ  T^r  >1bc  fùitfat ,  ritfà  Xfsntrtav  -rtv  U  Mitt'irin 
Alikfitilii»  Ttù  0iupi)r)iiA  rSf  MiuriiSt-  Er  lïuflrnii'  'Etc  rTIt 
Tvxivf*^"^  firNOT.  «Introduction  à!a  théorie  et  à  la  pra- 

■  lïqne  de  la  musique  ecclésiastique ,  composée  pour 
«  l'usage  de  ceux  qui  désirent  l'apprendre  selon  la  nou- 

■  vëlle'diédiaide  ,'par  Chrysantes  de  Madilrs,  professeur  de 

■  m'asiqiie  théorique.  Paris,  de  l'imprimerie  de  Rignoui, 

■  i8Bijia-8*. 

"Ge' tfblté 'sbccinct,  inrinimcnt  plus  clair  et  plus  métho- 
dique que  les  anciens  traités,  a  l'avantage  d'être  disposé 
selon  la  tai^nière  moderne  des  Européens,  autant  que  les 
rapports  des  modes  peuvent  le  permettre;  et  au  moyen 
d'éoheUes  modales  données  dans  les  trois  genres  (car  la 
division  diatonique,  uhromatiqneet  onharmoniqne  existe 
dans  ces  échelles),  l'àute^r'met  soius  les  yeux  la  juste  pro- 
portion des  itrtertalles  dans  chaque  ton  ou  mode  employé. 
Ces  élémens ,  dont  nous  avons  fait  une  traduction  fran- 
çaise, font  partie^  d'un  travail  que  nous  espérons  publier 
sur  la  musique  des  Grecs  anciens  et  modernes.  Ils  sont 
présenlement  adoptés  en  Grèce  pour  l'enseignement  de  la 
musique  ;  cl  on  peut  les  considérer  comme  étant  d'une 
grande  importance  pour  l'intelligence  de  la  musique  grec- 


que  de  tous  les  Ages  I  en  ce  qu'ils  jettent  uu  grand^/eur  sur 
plnrieuE s  passages  que  l'on  trouvé  danslesauciena  autels. 

Pbub  ,  cffrretpoftdant  <fè  ^Institut. 


NOtlVELLÉS  DE  PARIS. 

TMàtre  rojfot  Ilaiien.  U"*  Albîni ,  dout  nous  avons 
annoncé  les  débats  dans  le  rôle  de  Sémtramis,  les  a  con- 
linués  dans  ce  rAle  et  dans  celui  de  Desdemona  d'Otello. 
Le  désavantage  de  paraître  dans  des  râles  oii  madame  Pasta 
a  laissé  d'ineffaçables  souvenirs ,  devait  nuire  à  la  débu- 
tante ,  d'abord  par  le  sentiment  de  la  responsabilité  qui 
pesait  sur  elle  et  qui ,  joint  à  l'état  de  souffrance  oU  elle  se 
trouvait,  devait  la  priver  d'une  partie  de  ses  moyens  ;  en-' 
suite  par  les  préventions  de  son  auditoire.  X^i^'nO'DB  elle 
a'  triomphé  d'une  partie  de  ces  obstacles,  et  a  recueilli  des 
applaudisBemeusdans  la  romance  du  troisième  acte  d'O- 
tello ,  et  dans  le  duo  final.  M"*  Albloi  avait  désiré  se  (aire 
entendre  dans  Tthatdo  ed  Isolina  do  Morlacchi ,  mais 
l'administration  lui  a  fait  observer  qu'il  faudrait  plusieurs 
mois  pour  monter  cet  ouvrage. 

—  Galli  est  parti  pour  Londres.  ZucheUi  est  de  retour. 
M""  Ferlutti  et  Garcia  qui  doivent  débuter  sous  peu  de  jours 
soDt  wm\  airivées  à  Paris.  L'apparition  .de  la  première 
aura  ^eu  ,daas  un  opéra  de  Vacciû»  intitulé  ia  Paatoretta 

— MM.  Bohrer  frères  donneront  nn  concert  autliéâtre  de 
madame ,  jeudi  13.  On  les  entendra  d'abord  séparément 
dans  des  concertos  de  violon  et  de  violoncelle,  cl  ensuite 
réunis  dans  des  duos  et  des  fantaisies  dialognées.  L'or- 
chestre Fera  celui  de  l'Odéon  ,  dirigé  par  .11.  Bloc. 

— Académieroyate  iftiil/usifue.L'admiuistrationderA- 
cadémie  royale  de  Musique,  profilant  du  repos  quulni  laisse 
la  cldture  du  théâtre  pendant  la  Semaine-SaiiAe,  fait  lâire 
de»  répétitions  soignées  des  morceaux,  qu'elle  doitoSKr 
dans  les  concerts  ^  vendredi  iS,  destimedî  14  et  do  jour 


de  Pâques.  Tout  annonoe  qtw  ces  concerte  seroot  fort 

brilla  ns. 


NOUVELLES  ÉTRANGÈRES. 

ViBBi».  L'AUomagna  déplore  encore  en  ce  moment  Iï 
perle  de  son  pln^  grand  mtuloiea  de  l'époque  actuelle  : 
Louis  van  BeethoTea  eat  mort  dans  cette  ville  le  a6  mars 
dernier,  à  l'ége  de  55  ans  *.  Scb  obièqacB ,  auxqueltea  ont 
assisié  tons  leâ  artialfis  de  la  capitale  de  l'ABlrlolie ,  ont  eu 
lieu  le  38 ,  et  le  convoi  a  été  suivi  d'one  file  innombrable 
de  voitures.  La  Gazette  d'Augtbourg  confient^  à  ce  sujet, 
une  lettre  sous  la  rubrique  de  Tienne ,  oh  l'on  trouve  les. 
phrases  suivantes  : 

■  Le  public  est  profondément  affecté  de  la  mort  de  ce- 

•  grand  artiste  ,  et  l'on  n'a  pas  été  peu  surpris  quand  on  a 

■  appris  que  t\.  MosclielÈa  ,  qui  pourtant  a  eu  par  lui- 

•  méme  occasion  de  counaltre  l'intérêt  et  l'appui  que 
<  prête  ordinairement  aux  talens  distingués  la  foule  des 

■  amateurs  de  musique  de  cette  capitale,  s'était  permis 
t  de  faire ,  à  Londres ,  une  collecte  en  faveur  du  défunt. 

I  Cctic  nouvelle  a  excité  un  mécontentement  universel. 

•  Bcelhoveu  n'avait  pas  besoin  d'un  tel  secours,  et  per- 
sonne  n'avait  le  droit  de  prévenir  de  la  sorte  un  gouver- 

«  uement  protecteur  de  tons  les  arts,  et  un  peuple  qui- en 

•  possède  le  sentiment  i  nn  degré  si  éminont.  Uo  to«l  mot 

•  aurait  suffi  pour  faixe  voler  des  milliers  de  personnes  au 
(  secours  d'un  grand  ai^te.  D'aiUeura  on  l'estimait  trop 
(  pour  en  concevoir  la  pensée ,  et  l'on  savait  en  entre 

•  qu'il  recevait  des  pensions  de  l'archiduc  Rodolphe  et  de 

•  plusieurs  ikmilles  de  la  haute  noblesse.  • 

Nous  ignorons  les  circonstances  qui  ont  guidé  M.  Mos- 
clielès  dans  la  pensée  d'ouvrir  une  souscription  à  Londres 
«Il  faveur^  Beethoven ,  mais  nons  sommes  persuadés 

{1}  Vojm  U  notice  qne  mas  ■«mu  .^onéa  duu  le  munira  (  da  t* 


□sifeedbyGoogl 


qu'il  ne  l'a  pas  fuil  légèrenienl.  Il  se  peut  que  le  goiiver- 
iienieiit  Ae  l'AuIrithe  t'iproiive  aujuiird'iiui  quelque  lionle 
d'avoir  laissé  duns  l'abandon  cl  presque  dans  le  bexoiu  un 
artiste  tel  que  Beethoven  ;  inaîa  cet  abandon  n'a  p.is  été 
moins  réel.  Il  est  certain  que  cet  oubli  -ivait  déterminé 
Beethoven  à  accepter  en  i8og  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  Jérilmc  Napoléon  ,  roi  de  Wedtplialie ,  et  que 
l'archidnc  Itodolplie  et  les  princes  de  Lobkowitz  et  de 
Kîntilu  lui  lircnt  nue  pension  de  400U  florins  pour  l'en  dé- 
louriier.  Depuis  lori;  les  princes  de  LobLowltz  et  Kinski 
étant  morlH,  la  pension  s'est  Irouvéc  réduite  a  moins  de 
deux  mille  florins. 

Stcitciad.  Après  un  intervalle  un  peu  trop  prolongé, 
les  rcpréstiulalions  de  la  saison  ont  commeiicë  d'une  ma- 
nière brillante.  Les  clianleiirs  sont  M'"  Fischer,  H"*  Sigl, 
principale  chanteuse  de  la  chapelle  royale  de  Bavière,  et 
lu  «ignora  Canzij  UM.  Haizingerde  Carisruhe,  Urspruch 
de  Dessau,  Ilanibuch,  Pesold  et  Hun;{.  L'ouverture  s'est 
Taile  par  la  Zetmira  de  Itossini,  qui  n'avait  point  encore 
(■lé  représentée  à  Stuttgard;  celle  pièce  a  été  suivie  de 
t.éocadie  d'Auber,  jouée  aussi  pour  la  première  fois  sur 
celle  scène.  Le  râle  de  Léocadie  a  été  parfaitement  rempli 
par  M'"  Fischer.  Elle  a  introduit  dans  le  second  acte  un 
nouvel  air  mis  en  situation  et  composé  pour  elle  parle 
maître  de  chapelle  Lindpaintner ,  qui  a  produit  un  grand 
tffet. 

On  a  remis  en  scène  pour  M"<^  Fischer  et  la  signera 
l^anzî  les  opéras  suivans  qui  n'avaient  point  été  joués  de- 
puis quelques  années  :  Achille  de  Paêr,  ElUahetta  de 
itossini ,  et  Bomeo  è  GiuiicUa  de  Zingarulli.  Ces  trois  ou- 
vrages ont  été  fort  bien  exécutés.  On  aeu  ensuite  le  plaisir 
d'entendre  EII"*  Scblosser,  de  Saint-Pétersbourg,  qui  a 
charmé  le  public  pat  le  talent  ([u'cllu  a  déployé  dansTmi- 
rredi,  ia  Gazza  Ladra  et  Das  Faterùroohenc  Opferfest 
(le  Sacrifice  inlerrumpu).  On  prépareen cemomentpijur 
rlle  Jessonda  de  Spahr.  Les  amateurs  comptent  que  cet 
opéra  leur  procurera  de  grandes  iouissances. 

Nebemberg.  On  a  exécuté  dans  cette  ville,  à  l'occasion 


ilii  jubilé  de  la  Irois-ccntiènie  aunée  île  la  foiiiluliou  du 
l'université,  fa  Création  AeHayinelteDituge  de  Scliiiei- 
iler,  avec  un  orchestre  composé  de  deux  cent  oinqoanle 
personnes  dirigé  par  Blumroder,  muttre  de  chapelle.  On 
a  aussi  fait  entendre  en  divemee  occasions  ie  Mont  des 
'Oliviers  de  Beethoven.  Les  musiciens,  au  nombre  de 
cent  cinquante ,  étaient  conduits  par  Ceorg,  directeur  de 
la  musique;  ta  Passion  du  Christ  de  Craun ,  exécutée 
pur  plus  de  cinq  cents  personnes  ;  beaucoup  de  morceaux 
ilu  Messie  de  l'iuimortel  Hœndel ,  tes  Fêtes  d'Jhxaiulre 
du  même  maître ,  te  Requiem  de  Mozart ,  un  Te  Dciim  de 
Schicht,  une  messe  parGeorg,  directeur  de  la  musique, 
et  une  canlale  sacrée  par  ScbuKÎdcr.  L'exécution  de  ces 
chels-d'œuvre  a  laissé  peu  île  cliose  à  désira  ;  les  chœurS. 
partie  importante  dans  ce  genre  de  musique ,  ont  étiS  par- 
faitement nuancés. 

KcsHiGBBEBC.  Pendant  la  saison  dernïËre ,  l'opéra  a  été 
beaucoup  plus  satisfaisant  que  les  années  précédentes.  Le 
zèle  du  directeur  a  droit  à  la  rcconnais.'iaiice  du  public, 
L'orelicstre  a  été  aujîmcnti'^;  il  avait  pour  direttenr  nn 
jeune Immnie  iiommii  Keller ,  qui,  Agé  seulement  de  vingt 
ans ,  a  beaucoup  de  talent  cl  d'activité.  Le  perHonnel  est 
paHaileoient  composé  ;  les  chanteurs  sont  :  M~  Braun , 
M~''âei'sil^r ,  M"*  Devrient  de  Berlin,  et  H"'  Toght  de 
Blnnioh;  M.  Scebacb,  jeune  débutant,  M.  Schroder  de 
ficrlîii,  M .  Barlow  de  Saint-Pétersbourg,  et  MM.  Jerrmann, 
Ltinz  et  Wicdemann.  On  n'a  donné,  il  est  vrai,  aucune 
nouveauté ,  mais  le  spectacle  a  été  trè.i  varié  et  bien  choisi. 
On  a  représenté  sueccssivemeut  Don  Juan,  te  Nozze  di 
Figaro,  la  Clemcnza  dî  Tito ,  Preciosa,  Eurifanlhe-, 
le  Freisehûlz ,  la  feslate  deSpontini,  ta  MoUnara , 
Otelio,  ilBarbiere,  tt  M osÈ.  La  fe«ta^  a  été  donnée 
pour  la  ^cmière  lois  cetle  année  au  bénéfice  des  malhen- 
rénxGrticB.  La  salle  était  entièrement  remplie.  '  ' 

A  la  fin  delà  saison  une  jeune  cantatrice,  qui  avait  déjà 
paru  sur  le  théâtre  de  Hambourg  soui  le  nom  d'Émilîe 
Pohlmaou  ,  a  délrnlé  dans  le  rAle  de  ia  MoUnara;  elle  y 
a  obtenu  le  plus  brillant  si^^ccès  ;  sa  voix  est  étendue  et 


□Igilizedtiy  Google 


a4i 

tiis  jtule ,  elle  fait  bien  le  trille,  et  se  mânlre  aussi  boune 
actrjce  qu'babile  canlalricc.  '       '       .'     -     l  - 

.  En  musique  d'ëglitie  on  a  exécuté  ':  Lawia  Jefiutt^m 
de  Caldara;  un  grand  Magnificat  de  Durante;  le  célèbre 
Crucipxus  ,  à  huit  parlies ,  tic  Lotti ,  avec  uu  accompa- 
gneniciit  à  grand  orclieiitre  arrangé  par  le  inattre  de  cha- 
pelle Salmaiin;  la  Mort  de  Jésus  de  Rrauu  ;  uu  TeDeum 
déilEendel,  et  beaucuupdembroeauxdu  ilessie  du  même 
auteur,  dnnl  les  ouvragea,  quelque  étrange  que  cela 
puisse  paraître,  o'élaient  guère  connus,  en  Allemagne ,  si 
ce  n'est  d'un  petit  uombre  d'amateurs. 

Les  critiques  blâmeront  peut~êlre  l'accompagnement 
arrangé  par  Salmann  pour  le  Critci^twtlel.olli,  comme 
iiue  innovation  peu  convenable  aux  morceaux  dits  à  ca~ 
peUa;  on  doit  néanmoins  riiconnailre  que  l'effet  qu'il  a 
produit  est  noble  et  imposant.  > 

ZcBiCB.  Les  concerts  d'hiver  ont  été  celle  année  plusbril- 
laiis  que  jamais;  ce  succès  est  dû  aux  Hoins  de  Bltùnen- 
Ibal,  directeur  de  la  musique.  L'orchestre  aélë  augmenté; 
fU'e^t  maintenant  en  état  d'exécuter  les  œuvres  de  Hozari, 
Beethoven,  'Weber,  'Rie*,  etc.  Au  dernier  concert  on  a 
joué  la  symphonie  inliluiée  ta  BalâMlc  de  Vtttoria  do 
Beethoven,  de  manière  à  exciter  la  surprise  et  l'enthou- 
siasme chez  tous  les  amateurs.  Il  est  cependant  si  difUcîIe 
de  plaire  à  tout  le  monde ,  que  l'on  a  rcprochÉ  à  Blumen- 
tbal  d'avoir  un  penchant  trop  décidé  pour  la  musique  ii|s- 
trumentate.  Ce  reproche  était  ttiulcfuis  fort  mal  fondée, 
il  a  fait  entendre  beaucoup  de  musique  vocale  dont  la  plu- 
part était  encore  inconnue  k  Zurich.  Au  second  cpnoert, 
on  a  énànté  pliisiears  morceaux  âe  Mayerbeér,  tirés  prin- 
cipalement du  Croeiato,  ouvrage  dont  la  réputation  est 
devenue  européenne.  Danslequalrième,  on  a  exécuté  di- 
vers morceaux  de  I-t'cllgericht {le  Jour  du  Jugement  )  du 
maître  de  chapelle  Schneider,  de  ta  Missiande  Moïse, 
oratorio  de  Kreutzer ,  trop  peu  coiiiui  dans  le  monde  mu- 
sical, et  le  grand  niuuiennnil  fiiiai  d'un  Te  Deum  dcLcIz- 
lenn,  ouvrage  qu'un  eïL'CUti;  li  és  rarement.  Kiifm,  dans  le 
einqulÈmc  concert  ou  a  chanté  toute  la  musique  duFreàf- 


ehutz  (le  Wcber.  Elle  a  extilé  un  transport  difficile  à  dé- 
dire Les  rôles  à'Àgathe  et  d'^rmette  étaient  chanté  par 
H"**  Bardmeyer  et  Hirzel,  et  celai  do  lUeBo  par  M.  Arter- 
L'orchestre  et  les  choeurs  ont  rivalisé  pour  exéouter  dign^. 
ment  cette  musique  dont  on  ne  parle  plus  qu'avec  vénéra- 
tion. Ou  a  pu  s'assurer  dansi  celte  occasion  que  le  grand 
attrait  du  Freischûtz  consiste  dans  \a  musique  seuU, 
car  il  ti'y  avait  là  aucun  jeu  de  »iGëne  ni  de  décorations  : 
on  peut  cependant  d^re  qu'il  a  produitun  eSSel  magique. 

ANNONCES  DIVERSES. 


Proposée  pour  ia  publication  d'un  essai  historique  sur 
le  violon  et  sur  les  progrès  de  l'art  musical,  depuis  le 
moyen  âge,  par  H.  Cartier,  musicien  de  la  chapelle  du 
roi.  Onvrage  dédié  à  HM.  Gfacrtibiui,  Lesueur,  Berton, 
Plalitade,  Boïeldieu  et  Baillol. 

Ii'aDteur  de  l'art  da  Holon  oa  iSvàim  du  Ecola,  ouirsge  recanuu 
deptùa  loDg^tEmps ,  par  un  artËlë  du  GonierTotoirc,  comme  le  complé- 
mcDt  1  la  Méthode  du  Fîohn,  avait  annoncé  qu'il  dunnerail  un  {nur  un 

sa  Tie  à  l'étude  dç  son  art,  M.  Carlict  peut  f.nCm  remplir  l'engagement 
qu'il  a<ait  pria  euyerB  le  public.  Un  travail  cunstanl,  des  rccberchei  im- 

toujoun  eu  pour  le  rioloa,  ont  mu  cet  habile  proTeiaeur  en  itit  de  faire 
connaUie  h  ia  France,  à  l'Etuope,  ce  que  fut  le  rioloa  dioa  ioq  or^ne, 
ce  jja'iirut  au  mayen  Ige,  osqu^eit  devenu  depai>,  et  ce  ^eUmnaî- 
qne  doîti  son  perrectioDiiEmenl. 

Un  Eiiai  hiilin-lque  MUT  Uvicùmptnltia,  m  pvemier  abord, ïbeaa- 
coup  de  personnes ,  mime  i  plqrienn  de  ceui  qui  lui  doivent  quelque 
célébrité,  un  ouvrage  d'an  intirflt  médiocre;  ils  auront  peine  i  corn-' 
prendre  qu'il  puisse  exciter  vivement  leur  curiosité,  ouprécenler  nn  but 
d'utilité  réelle ,  parce  que  uniquement  occupés  du  mécaniniie.  On  ,  lî 
l'on  veut ,  du  maliriti  de  leur  art,  ili  n'mljamaii  parlé  leun  pctuUf,  en- 
core moini  leart  médilatUms ,  sur  ta  partie  murale  et  scUntifvimj  et  ju'ii 
n'ont Jamaii  rèfîèdiid  tout  ce  que  le  beaa  idéal  de  la  musique  doit  au  vailen, 

Mail  quand  on  laura  que  le  Tiolon ,  ïneonnu  aux  ancleni  et  n6  dàni 
la  Gaide  cbei  le»  Druide),  poli  adopté  par  les  Bardei  del^coan,  s'éleri 
pm*  pen  de  ecifte  double  nrl^e  ohicure,  an  mijién  de*  alènlea  bar- 
barer  du'iqojen  Ige,  irac  det  succëa  fïat  ou  nMtioi  lent*,  arec  uni 
f^iie  plQ4  Dit  moin*  brillante  ,  et  qn'eoBn  reçu  partout  au  second  ran§. 


'43  ■ 

mais  devenant  chaqoc  )aur  plui  nécessaire  ,  et  figurant  dans  lonla  le* 
ntei  lell^naesonpoliliqiies,  (dvilet  on  li'tlériiret,  ilf  arvint  i  occuper 
le  premier  rang,  par  la  beaolA  et  Itnriéti  det  aon*,  parla  loblîmlté 
de  Ms  ecconlt.  Quand  on  raara  qne  du  aeln  de  la  èonfrède  de  Saint- 
JtnKen  dea  Mineitrisii ,  leriolon  puunt  en  Italie ,  donna  naissance,  en 
a^  perfeatioaniiit ,  A  nne  nouTelle  branche  dlndnstiie  qui  derintelle- 
mime  anaiitât  on  art,  celui  de  lalullierie;  et  que  de  grandi  matlrea, 
l'iOnitraDt  *nr  cet  înitrnment,  fomièiviit  k  leur  tour  de  célibrea  vit-  ' 
tnwci  en  Allemagne ,  pub  en  Francejet  en  Angleterre  ;  quand  on  «aura 
qne  farcIiét,ranieet[avlB  du  violon,  l'archet,  mal  i piopo* confondu 
aree  le  plectiê  et  le  peotia  dei  aDoleiu ,  ét  totalement  ijoort  d'eux ,  a 
''■ttt  U  oanae  unique  de  la  grande  et  belle  révolution  opérée  daift  l^rt 
miuical  :  alors  on  sera  colieui  de  connaître  l'hlitolre  progreamie  du  rio- 
Ion  et  de  i'aicbeti  on  voudra  aulne  lea  diHïieni  ètatl  par  ofi  l'un  et 
l'initre  ont  paafté,  et  flavolr  ce  qu'ils  étateul  dîna  l'oiigînc>  comment  ils 
«Mt  devemi*  ce  qu'ils  aont  aujourd'hai.  Alors  l'intérêt  pour  le  violon 
l'augmentera  en  raiaon  de  l'admiralion  que  font  nsitre  ses  savans  le- 
cordi;  et  la  reconnaissance  pour  lea  grands  maîtres  des  écoles  italienne, 
allemande  ,  française  et  anglaise ,  s'accroilia  aussi  en  proportioo  ;  alon 
on  conviendra  que  le  violon  peut  à  juste  litre  Être  appelé  le  roi  deaina- 

elle-Diêmeaese  serait  pas  Élevée  à  la  liaule  perfection  oii  le  dii-buitiènie 

Digne  élève  du  célèbre  Violli,  M.  Cariier,  qui  s'ost  toujours  liïrri 
avec  passion  ï  l'étude  de  son  ail,  a  fait  précéder  son  Estai  HiHoriqai 
d'une  Introduction  dans  laquelle  il  accumule  toutes  les  preuves  qui 
tendent  à  faire  voir  i^ue  le  violun  fut  inoODnn  aux  anciens  peuples  :  hit- 
torieos,  poules  ,  moaumens,  tout  eat  mb  à  contribution  pour  démon- 
Irercette  vérité.  Ce  n'est  qne  chei  lea  Gaulola,  après  ta  conquête  de  - 
Joies  César,  qu'il  nous  montre ,  sous  le  nom  de  viole ,  l'origine  de  cet 
instrumenl,-qu'Dn  appela  par  la  tuile  viélt,  El  qui  reçut  enSn  le  nom 
de  eiolaa,  lorsqu'il  eut  été  adopté  par  la  confrérie  de  Saint-Julien  des 
Héoestiien,  avec  la  forme  et  le  nombre  de  cordes  qu'il  a  aujourd'hui. 

L'auteur,  procédant  par  siècles  depuis  Jules  César,  et  ensuite  depuis  , 
IVtablissement  du  cbrîitiaDismu  dans  toute  l'Eurupe ,  nous  montre  le 
violon  danasea  dlfféienlespbasesjet  daos  toutes  lea  cérémonies  et  fêles 
Obil'le  trouve.  11  nous  le  tait  voir  donnant  naissanee  en  Italie  aai 
opéras  ,  en;  Pmce,  en  Angletfirre ,  et  plus  lard  en  Allemagne ,  1  l'art 
dramatique.  Ilugnalu  i  lareconanssance  des  muaiidena ,  les  poètes,  les 
troubadours  et  les'trouvérca  qid.  Ont  contribué  i  «a  propagation ,  b  ton 
peifec  lionne  m  eftt,  cl  lea  prince»  qtd  l'ont  aimé ,  cultivé,  et  qnlontcon. 
coum  ï  ses  progrès. 

Ce  q-ii  donne  i  cet  ouvrage  uo  l.flul  dr^ré  de  crédibiliLt ,  è'.  st  qu'au- 

■■sl  appujé  sur  des  Butorilés  irrécusables.  Presque  loules  s  noies  aont 
des  témoignages  qu'on  ne  peut  lui  conlesler  ;  il  on  est  J'anlrei  qui  of- 


î&inized  by  CoOgle 


i44 

f  rcnt  ileidigresnuna  iaitiuctives  et  curieusee  qui  sk  raltaclient  tonjonn 
b  ton  sujet, et  rembeUîtsenl  eu  nii^me  Icmgis  qu'elle»  le  curroburcal. 
C'cit  b  cet  Efo!  liUlarique  lur  le  f'iolon  qu'on  ilr'Ll  iifiplLijuer  surtout 

LeBdilMrtfltionïSurlcriolon,  jut  ratclipt,fur  la  lutherie,  sur  la  harpi^, 
compagne  du  Tiolun ,  sur  la  graTUte  en  mualqui:;  i.\n  aiAii-i-s  sur  U  s 
fcininuqai  Dnteiceltépn  le  violon,  sur  qudiiuos  atiMleuis  céltbres. 
ci  sur  Ica  aoteuri  qui  ont  inventé  JiflïrenirA  i:umt>oaiLinii.i,  Ji  puis  li  s 
airs  larièa  jusqu'aux  nfiophonies  ,  D'iutéreïïeront  pas  moins  le»  k'cteiics 
que  l'eiamen  qu'a  fait  M.  Cartier  de  tons  les  grands  maitrea  du  dîi- 
septième  et  du  diijinïlième  ^ècle. 

Canditiimi  de  la  SoiiteripiiMt.  L'essai  liistorique  >e  composera  d'un  fort 
volume  in'4°i  imprimé  en  beaux  caractère>i  et  sortira  des  preases  do 
MM.  Firirin  Didot;  ilseia  auisi  enrichi  de  dessini  soigneusementiitho- 
gtnpliirs.  Le  prix  en  sera  lli£  dans  le  commerce  à  3o  fi.  Mail  toutes  les 
personnes  qui  auraient  souscrit  avant  le  i*'juia  procbaÏD  ne  paietont 
que  îo  fr.  eu  lecetant  l'ouvrage. 

Une  table,  mise  en  ISte  du  volimie ,  cootlendra  U  liste  des  sDuscrip- 
'teurs  pat  ordre  tl'iiiscrïptioD.  Les  lettres  de  dciçande  devront  Être  at- 
rranchies. 

On  souscrit  à  Paris ,  chez  J.  Frey  ,  éditeur  de  musique, 
place  des  Victoires,  à  Paris. 

iÏDïo.  M.  Frey,  dêji  propriétaire  de  la  mnjeurp  pariie  drs  œuvres  de 
M.  P.  Rode,  vient  d'acquérir  de  ce  composiltur  rinq  nouveaux  manu' 
scritsponr  le  violon  :  un  concerto,  deux  sonates  brillaatcs  avec  accom- 
pignement  d'un  ■eçond  noloa,-d'*lto  et  baiia,  des  viriatioiu  sur  nn 
thËme  allemand  et  nn  «olo  avec  latrodactiao.. 

'  Fabtusib  pour  piano  et  cor,  sur  l'aîr  écossais  inlercalé 
dans  la  Dame  blantihe ,  dédiée  à  U"*  Cœli  l'atoéc,  par 
MH.  Fessy  et  lUengal.  Prix  :6  fr.  Parie,  J.  Frey,  place  des 
Victoires,  n°8. 

Te  i>wn  aimer ,  bohance  de  Plantadc,  variée  pour  le 
cor,  avec  accompagnement  de  piano,  dédiée  à  M.  H.  Dom- 
iiicher,  pur  Mengal  jeune,  deuxième  air  tarié.  Prix: 
4fr.  5o  C.  Paris,  Janet  etColelle,  rue  St. -Honoré,  n*  I23, 
et  rue  Richelieu ,  ii°  9a. 

Polonaise  brillante,  précédée  d'une  introduction  pour 
le  «pJano-forte,  dédiée  à  M*"  la  maréchale  ^■"^''^''^^ 
Ileggïo,  par  H*"  Hérault,  œuvre  4- 1*!*!!  :  S  fr.  Paris,  Mau- 
rice Schlesinger ,  rue  de  BicheUeu  ,  d°  97.  . 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

pAifesseuii  be  coMPOSiTioB  i  i'école  botale  de  MnsiQDE, 

N"  10-  ~  AVRIL  1827. 


QUESTIONS 
-  sin  u.  Diymni  d'ohbiohs  bt  de  Docnulss  ou  adibdju 

Adresaéci  à  UN^an  Igi  pibTeuean  et  membres  do  CDiu«iT>toin  de 
France,  psrP.  M/ctsir,  mn^its  de  province.  Brochore  iitS*  de 
58  pagei.  Pub,  1817,  Jaiiet  et  Cotslle,  librùres,  me  dei  Felifa- 
Gbsropi ,  n"  17  ;  et  «e  tmare  ï  Haneîlle  chei  Gamoin ,  Ubnlre,  plice 
Boyale,  n*  3. 

FUUEB  ABI^GLB. 

II.  est  difficile  de  décider  s'il  y  a  plus  d'humilité  que 
d'orgueil  dans  cette  Nîmple  qualité  de  miMicien  de  pro- 
vince mise  eu  opposition  avec  le.'i  tili't^s  do  professeurs  et 
demeiniiTts  diiConscrvaloire-  da  France..  Il  se  peut  que  ce 
ne  soit  qu'uoe  précaution  de  M..  Macarry  pour  nous  ras- 
surer sur  le  danger  de  xes  attaques ,  qu'il  appelle  des  ques- 
tions; mais  c'est  un  soin  dont  il  pouvait  se  dispenser. 
Qu'importe  d'ailleurs  que  celui  qui  les  fait  soit.de  pro- 
vince ou  de  Paris  ?  res.sentiel,  c'est  qu'elles  ne  soient  point 
oiseuses;  c'est  qu'il  y  ait  véritablement  diversité  d'opinEons 
et  de  doctrine  entre  des  écrivains  dignes  d'estime ,  et  que 
M.  Macarry  n'ait  pas  pris  les  préoccupations  de  son  esprit 
pour  les  contradictions  de  ces  auteurs.  Quoi, qu'il  eu  soit , 
comme  on  doit  supposer  que  ces  qucstious  sont  faites  dans 
l'intérêt  de  la  science,  et  non  pour  satisfaire  une  vanité 


Digilized  by  Google 


»4S 

jiui^nle  ,  il  c»\  jusic  d'y  ié|ii>ijtlre.  Je  iic  me  charge  de  le 
iaire  <|iic  parce  que  M.  Slacarry  m'a  fait  iliounciir  de  me 
l'Iacer  an  nombi-o  do  ceux  (ioril  <1  a  difictilé  le*  opinioiiH, 
el  parce  que  l'cii  gaiement  que  j'ai  pria  de  ^lîr  te  public 
au  cuuraiit  de  Ion  les  les  queHlious  relatives  à  la  musique 
m'y  oblige.  J 'invite  les  profcKscure  que  ces  qiiexiions  intéres- 
scnl  à  m'adrCRscr  leurs  cibscr>'alioiis  parlinilîèrrs;  jelesîn- 
si^rcrai  lexUipllement  dans  la  Revue  musicale  '. 

Il  y  a  dans  l'Iiisloirc  dcR  arts  et  des  sciences  une  cliroiio- 
li)gi(!  qu'il  luiil  avoir  présente  à  l'esprit  lorsqii'ou  veut  op- 
poser  iiu  auteur  à  un  autre ,  car  la  marche  naturelle  dcR 
choses  ayaut  pour  résultat  des  perfecliquoeiaeiis  pUis  oit 
inoiuH  ImpoHaus,  on  coulait  que  le  laugage  â'uu  ancien 
(■crivain  ucBauiailélre  idcutique  avec  celui  d'un  modcrue. 
y  il  i]'y  avait  t'hlre  eux  que  <!i:  tiimples  difTérences  daiift  les 
fdriiK's  lin  slyli'.  il  n'y  anmir  jioint  eu  de  progrès;  la  scicute 
iiïii-ail  l'  ti'  slaliiiniiaii'c ,  ci^  quL  serait  assurémenl  Itcaiicoup 
plus  laeheui  que  toutes  les  coiilradiclions  possibles  des 
lliéocieieiiK. 

Il  n'est  pas  muinii  nécessaire  d'examiner  quel  a  été  l'objet 
principal  d'un  auteur  quaad  un  le  compare  à  un  autre. 
Souvent  celui  qui  traite  une  spécialité  néglige  les  considé- 
rations générales ,  prend  im  langage  nnuveau,  invente  des 
termes  qui  manquent  à  la  langue  pour  exprimer  ses  idées, 
fait  jalllii'deHesinvesti^alîunHdes  faits  inaperçus  avant  lui, 
et  même  se  met  en  cuntradicliun  apparente  avec  ses  de- 
vanciers. Ainsi,  depuis  que  la  musique  instrumentale  a 
pris  une  extension  considérable ,  il  a  fallu  recueillir  les 
laits  qui  la  concernent ,  lés  classer  et  en  faire  uue  acience 
parliculijirc  qui  dilFËre  autant  de  lu  science  générale  que 

(l)  Lis  i.""''!'»"»  ouvrage?  que  M.  Miicorry  cpyooi-  Viia  a  l'aiilri' 
dans  sa  bmcbuiu  tont  :  i"  J^o«.■c,^^  inltKit  i/c  .ini^i^m  n  Tn,ii,l  <lc 
(■Aormmi»,  par  Hann:au;  s*  '/mile  d'harmonie.,  par  LaiiglK  ;  S"  Tritilé 
de  lnbanieieiit  (crtoiil,  parleinéroe;  i'  Tnitc  >riuirmoaU ,  par  M.Cald; 
5"  Prineipti  de  compoiUion ,  ttc.  pat  H.  Clioimi,'  6»  Traité  d'Imrmonii, 
pu  H-  Bfilon  ;  Cmrs  dearnipasllion ,  ]<3t  M.  Rcii  lia  ;  B'  MélhotUili- 
menlairt  d'aitanipagnement ,  par  U.  VtVn;  g*  Coiiri.  Hcmcntaire  ithaT- 
moiXK,  pdtM.  Fctik:  ,  K\c.^  vlç. 


□  Igitizat  by  Google , 


les  moyens  d'exécuiïon  des  inslrumens  dtffèreut  de  ceux 
des  wis. 

Enfin,  lorsque  des  oonlradlotious  entre  pi usienra  auteurs 
sont  constatées,  ilfaut,&«aDt  d'en  oonolure.rincerlîtude  de 
la  science,  être  en  élut  de  discerner  le  mérite  db  chacun 
d'eux,  peser  les  raiKoDoeineus,  et  ne- pas  faire  un  crime  à 
Un  homme  de  mérite  de  ii'élre  pas  d'accord  avec  im  bar- 
bouilleur. Qu'imiiorle  que  le  chevalier  de  Liron  ou  l'eilra- 
vagaitt  Bemelzricder  aicnl  d'aiUres  opinions  en  hnmioiiio 
>|ue  MM.  Catel  e\  IteicliaP  Dcpui^i  (jut:  li:s  lois  vL<riub1i:s 
lie  celle  science  sont  coinmes  ,  Konge-t-oii  à  liemeliriciler 
clauchevalierde  Lirnu?  Un  certain  M.  Wronskyafailnno 
réfuiation  de  la  Théorie  des  foneliam  analytique*  de 
Lagrange  :  cela  a-l-ïl  porté  atteinte  à  la  ffjlotre  de  ce  grand 
géomètre,  et  personne  s'esl-il  avisé  de  douter  delà  réalité 
(lu  la  science  de  l'analyse? 

J'avoue  <]ue  voilà  bien  des  eonnaiii.Bances  ci.i^t'es  dans 
cehii  qui  vent  décider  si  les  contradictions  qu'il  aperçoit 
dans  les  lliéoricieus  sont  réelles  ou  apparentes,  et  Ni  elles 
méritent  qu'on  s'y  arr£le.  Peu  de  personnes  les  ponsMent; 
M.  Uacarrj  avoue  qu'il  en  est  dépourvu.  Imaginant  que 
le  meilleur  moyen  de  s'instruire  dans  l'harmonie  était  de 
lire  (out  ce  qui  paraissait  sur^cette  matière,  il  a  entassé 
-eoufubément  dans  sa  tète  tous  les  faits  èpars  dans  natà 
fimjede  traités  élémentaires,  entrepris  dans  des  vue» dif- 
férentes, sans  faire  attcntionà  la  difTércnce  des  temps,  au 
but  desautcnts,  et  à  la  différence  de  leur  mérite;. qu'en 
cst-il  résulté  ?  il  nous  l'apprend  lui-mCme  en  ces  termes  ; 

■  A  ne  vous  rien  déguiser,  Uessieurj,  je  n'ai  pas  retiré 
t  de  mes  éiuile»  tout  le  fruit  que  j'en  espérais.  Je  me  suis 
1  apLTÇU ,  niuis  liop  tard,  que  rien  n'est  si  dangereux 
■  <|ue  de  se  charger  l'esprit  d'opinions  coniradictoires; 
t  la  poufusion  en  CKt  le  résultat.  Plus  j'ai  cru  faire  de, 
.  >  prugrts,  plus  mes  doutes  se  sont  nuiltijdîés»  et  plus 
•  j'ai  reconnu  l'insuffisance,  de  mes,  lumières  pour  Ip 
<  éclaîrcir.  > 

Ce  qui  estau-ivé  à  l'âuténr  âié  la  brochure  quej'exa-^ 
niiue  aura  to^jouts  lieu. lorsqu'on  essaiera  de  s'Instruire. 


iby  Google 


94S 

des  priiicipea  généraux  de  l'harmonie  par  la  lecture  de 
plusieurs  livres  élémentaires,  car  c'est  la  même  chose  que 
HÎ  l'on  voulait  prendre  d(!s  leçons  de  plasioiirs  professeurs 
sur  le  niâme  objet.  En  supposaiitle  mûnie  degré  d'habi- 
leté dans  les  écrivait!»  et'des  principes  identiques.,  il  y  a 
dans  l'ordre  des  idées,  et.  dans  le  point  de  viie  sous  le- 
quel chaque  auteur  envisage  les  faits,  une  Individualité 
qni  rend  incompatible  la  méthode  de  l'un  avec  celle  de 
l'autre.  La  lecture  d'ini  grand  nombre  de  livres  n^st 
bbnne  que  pour  le  professeur  et  pour  l'écrivain  qui  veu- 
fent  examiner  les  opinions  diverses  sur  ce  qu'ils  ensei- 
gnent. Ce  qu'il  faut  à  quiconque  vent  acquérir  une  con- 
naissance usuelle  do  l'harmonie  ou  de  l'accompagnement, 
c'est  un  traité  méthodique  tel  que  le  luaniicl  de  M^rput^ 
(  Handhuch  6ey  dem  generaihaas,  elc.J,  ce]ui  de  M.  Ca- 
tel,  ou  tout  autre ,  et  surtout  un  bon  professeur,  si  on 
peut  se  le  procurer.  "     '  ■'■i"*'^'*' 

J'ai  dît  qu'il  est  nécessaire  de  cuimaiire  rhistoire  de 
l'harmonie  si  l'on  veut  se  faire  une  idée  juste  du  rapport 
de  ses  diverses  théories  ;  suivant  ma  méthode  ordinaire  , 
je  vais  esquisser  celte  histoire  avant  de  passer  à  la  discus- 
sion de  la  brochure  de  M.  Slacarry,  afin  de  mettre  te  lec- 
teur en  état  rte  juger  plus  t^icilcmcnl  des  questions  qui  se- 
ront agitées. 

Lorsque  les  compositeurs  du  quinzième  siècle,  Guil- 
laume Dnfay,  Binchois  et  leurs  successeurs,  Hobrecht, 
Ockeghem  et  BusnoEs ,  eurent  donné  des  formes  douces 
et  régulières  à  l'harmonie ,  les  écrivains  didactiques ,  tels 
que  Tinctoris ,  GalTorio  et  autres  commencèrent  à  classer 
les  faits  .  et  à  eu  déduire  une  théorie  qui  était  simple 
comme  les  conipusiiiuns  sur  lesquelles  elle  était  fondée. 
Des  accords  composés  île  tierce  et  de  quinte  ,  ou  de  tierce 
et  de  sixte,  avec  quelques  prolongations  rares  qui  produi- 
saient des  dissoJiEianccs  de  seplièiue  ou  de  seconde  .  par  le 
relard  des  sixtes  ou  des  tierces,  composaient  toute  la 
science  de  l'harmouie,  et  tes  règles  de  la  composition  se 
bornaient  &  huit,  qui  iivsient'pour  objet  la -succession 
des  Gonsonnanccs  etdcs  dissonnanccs.  I«  sièclcsuivant'; 


llllfflfrtlll 


r"  ■ 

tout  en  H'eu  rie  bissa  lit  de  modulations  plus  variées ,  n'aug- 
menla  guère  son  bagage  harmonique  ;  seulement  quel- 
ques exemples  de  l'octave  relardée  par  la  prulongatioit 
d'une  note  produisant  dissonnancc  de  neuvième  ,  et 
l'emploi  fort  rare  de  la  quarte  comme  coDsoiinauce,  éten-  , 
dirent  le  domaine  dea  accords.  C'était  dans  la  recherche 
des  formes  scientifiques  que  consistaient  les  progrès  que 
IW'lfnMfiîiiiin  faisait  alors;' quant  k  l'harmonie,  quelque 
tÂnple  qu'elle  fût,  elle  paraissait  suffisante.  Tuutes  les 
cttnipoHtlions  de  Jean  Animuccia ,  de  Porta  ,  de  Soriane, 
de  Palesirina,  prouvent  ce  que  j'avance.  A  l'égard  des 
théoriciens,  ils  se  jetaient  tous  dans  une  fausse  science  , 
et  dans  de»  calculs  puérils  de  proportions  prétendues  mu- 
sicales qui  les  délournaîent  des  recherches  utiles.  Jus- 
qu'à Zarliu  (i558)  il  n'y  a  point  de  progrès;  et  lui-même 
ajouta  rien  à  l'harmonie,  quoique  ses  tnstitulioiwAaf^ 
soient  excellentes  en  ce  qui  cootenie  le  can~ 

WtfJjiBiht. 

'-'•'La  grande  époque  dans  l'histoire  de  l'harmonie  est 
celle  de  1 5ç}0,  oii  Claude  Moiileverde  employa  le  premier, 
dans  son  cinquième  livre  de  Madrigaux ,  l'harmonie  de  la  ^ 
septième  mineure  avec  tierce  majeure  sur  la  dominante,  {jL  ^ 
les  ueuviènni.s  majeure  et  mineure  sur  le  même  degré  , 
la  sepliëitie  suc  la  note  sensible  ,  le  tout  sans  préparution, 
et  les  doubles  dissounances  préparées.  Dès  ce  moment , 
4UwWaleoient  l'harmonie,  mais  la  tonalité  moderne fu- 
tëbi-Bïêéa.  Cette innovalion renTemait  f'anoien  système; 
ausïi  des  rtetamations  s'élevërent-etles  de  toutes  parts 
cbiitré  l'audacieux  qui  osait  suivre  les  impulsions  de  «on 
génie ,  an  lieu  de  se  conrorraer  à  la  règle  en  vigneur.  Ar- 
tusi,  Mei  et  quelques  autres  écrivirent  des  diatribes  con- 
tre l'inveniion  et  son  auteur;  il  crut  devoir  se  défendre, 
et  répondit ,  da:js  la  préface  d'une  nouvelle  édition  de  ses 
madrigaux,  par  d'assez  mauvaises  raisons  qui  prouvent 
qu'il  ne  sentait  pas  luî-mémo  l'importance  de  sa  décou- 
verte :  tant  il  est  vrai  que  les  hommes  de  génie  sont  pres- 
que toujcniES  gjiidés  par  iine  impulsion  secrète  dont  ils  ne 
peuvent  se  rendre  compte..  Comme  il  arnve  dans  ies  cir^- 


a5o 

Gonstaoces  semblable*-,  les  passions  finireDl  par  se  Cal- 
mer; le  public  applaudit  à  des  nouveautés  qui  augmen- 
taient ses  jouissances,  l'harmonie  des  dissonnances  oa- 
turelles  fut  adoptée ,  et  l'on  finit  par  l'enseiguer  dans  les 
écoles. 

I  Artétons-nous  un  instant,  et  lupposons  que  quelque 
musicien  dn  dix-septïÈme  siècle  sût  voulu  s'instruire  des 
règles  de  la  composition  au  moyen  des  livres  qu'il  aurait 
rassemblés  autour  de  lui ,  et  qu'il  eût  étudié  péle-mète 
Gaforio  et  Zarlin,  Oruitoparcns  et  Berardi,  Aaron  et.An- 
geli,  Vannco  et  Zacconi,  Artusi  et  Ilodîo,  Mersennc  et 
Frosch,  CerouC  et  Vîncenliao,  Kirciier  et  Navarra  ,  les 
compositions  de  Josquiu-de-Prcz  et  celle  de  Monleverde: 
quel  fruit  aurait'il  retiré  de  tout  cela  ?  Chez  les  uns  il  eAt 
vu  proscrire  la  quarte,  chez  les  autres  elle  aurait  été 
admise  sans  scrupule;  pas  un  mot  de  diesonoances  na- 
turelles on  BOns  préparation  dans  les  œuvres  des  théorl- 
ciensantérieursàCerone,  et  ces  accords  considérés  comme 
admis  chez  les  autres.  Berardi  et  ceux  de  son  école  lui 
auraient  présenté  des  contre-points  d'un  sol  passa  ,  os- 
tinaii,  aita  zoppa,  dont  les  maîtres  des  Écoles  de  Ma- 
ples  et  de  Venise  n'avaient  point  d'idée.  Ce  n'est  pas  tout: 
avant  Louis  Yiadana  mattrej  de  chapelle  de  1^  cathé- 
drale de  lUanloue,  les  compositions  des  plus  habiles  mu- 
cisîeas  n'avaient  point  eu  d'autres  parties  de  basse  que 
celles  qui  étaient  chantées  par  des  roix  graves  ;  l'orgue 
doublait  ces  {tardes ,  et  lorsqu'elles  avaient  des  pauses  ou 
d'autres  silences,  on  lorsque  les  voix  se  croisaient,  le  té- 
nor ou  le  contre-allo  servaient  de  basse  à  leur  tour  (jus- 
qu'à ce  que  la  basse  réelle  rentrât  dans  l'harmonie.  Blessé 
de  celle  imperfection  ,  Vjadaua  iuiagina  une  Lusse  indé- 
pendante de  celle  du  chant,  propre  à  être  jouée  parl'or- 
gne  ou  lont  autre  instrument  à  davier,  et  dont  les  no- 
ies sont  surmontées  de  chiffres  destinés  &  indiquer  l'har- 

(l)  Lonii  TUduia  naqait  k  Lodi  vers  iSSo.  Nommé  d'abord  maître 
de  clupelici  Fana,  petite  ville  dn  duché  d'Oibain,'!!  patta  ennlte  k 
lacoâiËiIralede  Hinlone  pont  ;  eicicer  te^  mamBrranctioas,  et  il  **r 
tnnmit  eneilN  en  i6(4-  O»  ignore  l'Apoque  de  i*  Morl. 


monio  qui  leur  apparlicitl,  nfiii  (|iie  l'accompagnalcnr 
puisnc  guider  les  cliantciirs.  Or ,  comme  celle  ba»sc  n'est 
point  BoumÎHe  aux  iaterruptioiiK  ilcs  bagnes  vocaleo  ,  Via- 
ilaiia  lui  donna  le  nom  de  batse  continue.  Le  principe  et 
le  mécanisme  de  celle  helle  iiivculiuu  ,  qui  eul  laiit  d'in- 
llnence  sur  les  progrès  de  la  musique  ,  furent  développé» 
par  lui  dans  une  inslrnclion  écrilc  eu  latin ,  en  italien  et 
en  allemand  ,  el  placée  en  tËte  d'une  colleclion  de  mo- 
tets de  sa  composilion '.  Tons  les  harmonistes  s'empres- 
siireiil  de  s'emparer  de  cette  nnovelleinvention  ;  Agazzari , 
Ebuer ,  Sabbaliui ,  ^Verkmcislcr  et  Crugcr  publièrent  des 
développeniens  de  théorie  sur  la  basse  continue  que  les 
Allemands  3p\ieiicul  Basse  gënéraii; ;  il  fallut  créer  des 
mots  pour  des  choses  nouvelles  .  et  les  livri's  élémentaires 
n'eurent  presque  plus  de  rapport  avec  ceux  du  siècle  pré~ 
cèdent.  Qu'on  juge  de  l'embarras  de  celui  qui,  voulant 
li'InNlrnire  pur  la  lecture,  n'aurait  pas  suivi  la  marche 
progressive  de  la  science  ,  aurait  confondu  les  époques, 
cl  n'aurait  pas  vu  la  différence  qui  existait  dons  le  but  des 
auteurs.  Cependant  celle  science  n'en  était  pas  moins  po- 
hilive,  seulemcntson  domaine  s'agrandissait.  Nous  allons 
la  voir  prendre  de  nouveaux  dévcluppemens. 

Guidé  par  leur  instinct  musical,  les  maîtres  Italiens 
n'avaient  vu  dans  rinvcnlion  de  la  basse  continue  que 
l'art  de  l'accompagnement  ,  ut  un  moyen  puissant  de 
développer  le  sentiment  de  l'harmonie  dans  leurs  élèves 
par  l'élude  du  clavier.  Ils  eurent  bientôt  réduit  à  un  petit 
nombre  de  règles  celle  science  préparatoire  ;  le  reste  s'ap- 
prit par  tradition  dans  les  écoles,  et  l'on  ne  crut  plus  qu'il 
y  eût  rien  à  faire  pour  perfectionner  un  art  qui  est  tout  de 
pratique.  Depuis  l'Harmonica  pratlico  at  ccmixUode  Fr. 
Gasparini. publié  en  1708. jusqu'aux  Regote  ariiionîcite  ilv 

(1)  Voici  11' litre  àe  cette  rollection  ;  Oputamnio  meratum  coaeuiluan 
1 ,  1 ,  3  tt  i  voeam ,  eum  bifuo  tmtinua  et  gentrali ,  crgaitoapplicala, 
nniuf  uc  in«ii(i'0iic  ninni  gtaere  cenlomm  cl  organUlarum  accammodata , 

et  Franrf.irl  iLir-li-M(!io,  i6iS,  in-folio  rW.  lîmmrlin! ,  iGîO ,  10.4- 


OlgrtizadbyCoogle 


Vincent  Manfredini  (  )  .  el  nuxRegotc  per  i  princi- 
pianlide  Fenarolit  011  u'upcrçuit  en  elTel  que  peu  de  pro- 
grès, parce  que  l'an  ne  pouvait  en  faire  beaucoup,  étant 
tout  danfi  la  pratique.  Il  n'en  fut  pas  ilc  mCmc  en  France. 

Jusqu'à  Kameau,  on  n'avait  coiisid(;rt  dans  ce  pays, 
comme  en  Italie  et  eu  Allemagne  ,  que  le»  faits  ieuléd  de 
rliarmonie,  el  les  Iraïl^s  d^flLTt>riipa</»e)nent  publiés  jus- 
qu'à lui  n'étaient  guère  que  des  copies  de  ceux  des 
liens.  Mais,  ayant  appris  quelque  part  qu'wu  corps  sonore 
grave,  mis  en  vibration,  fait  entendre ,  outre  le  son  princi- 
pal, sa  douzième  et  sa  dix- septième  ,  c'est-à-dire  l'octave 
de  sa  quinte ,  et  la  double  OQlave  de  sa  tierce ,  Hameau 
entreprit  de  fonder  sur  ce  piiÉnomiiiio  toute  la  science  de 
l'harmonie  ,  et  d'y  ramener  la  considération  des  reover- 
semens  ;  considération  dont  on  lui  a  fait  honneur,  maïs 
qui  était  connue  bien  long-temps  avant  lui  ,  comme  on 
peut  le  voir  dans  les  ouvrages  de  7.arlin  et  de  Bcrardi.  Le 
corps  sonore  donnait  à  Rameau  l'accord  parfait  majeur; 
mais  en  torturant  le  phénomène  il  y  trouva  aussi  l'accord 
parfait  mineur.  Au  moyen  de  lierccH  ajoutées  au-dessus 
ou  au-dessous  ,  et  du  rcnverscnieut,  il  trouva  une  classi- 
fication des  accords  qui  avait  une  apparence  d'ordre ,  et  qui 
était  assez  ingénieuse  ;  mais  comme  tous  ces  accords  isolés, 
auxquels  il  fallut  donner  des  noms  inconnus  avant  lui ,  ne 
conservaient  rien  de  leur  origine  mélodique,  et  n'indi- 
quaienlpointpareux-mémcscommcnt  ils  devaient  titre  em- 
ployés ,  Hameau  remplaça  les  règles  de  succession  eu  usage 
depuis  plusieurs  siècles  par  celles  d'une  basse  hypothéti- 
que, appelée  par  lui  Basse  fondan\ei>ta.ie,et  qu'il  considé- 
rait comme  leniBilleurguidepour  le  compositeur.  Il  était  si 
convaincu  de  la  bonté  de  son  syalcmequ'iiaoutcnait  haute- 
mcntquc  toutes  les  règles  don  nées  jus  qu'à  lui  n'étaient  que 
le  fruit  d'iuic  routine  aveugle,  el  que  le  syslèmede  la  basse 
fondauicnlale  était  celui  de  la  uaturc.  l'ar  malheur  ce  sys- 
tème admettait  ceri  aines  successions  qui  sont  considérées 
comme  vicieuses  dans  la  pratique  ,  en  rejetait  d'autres 
qui  sont  execllcnles ,  cl  ne  se  prctait  qu'à  un  petit  nombre 
de  combinaisons  harmoniques;  néanmoins  il  eut  en  France 


DlgteadbyCoojile 


beaucoup  de  succès,  et  <1cpiiis  172»  oii  lUmcan  en  jeta 
les  premiers  fondemens  dans  son  Traité  de  l'harmonie, 
jusqu'à  l'élablisficnieiit  du  CoDservaluire  de  musique,  il  y 
fut  eu  vigucnr ,  et  y  délrulRÎI  tout  suuveiiir  i\cs  bauiieM 
éludes.  L'Allemagne  et  l'Italie  le  rejetèrent  toujours. 

L'erreur  de  Rnmcau  et  de  ncR  sectateurs  ciU  d'avoir  cru 
que  le  syittëiuc  de  l'harmouie  foudé  sur  la  résounanco  du 
corps  sonore  et  de  la  basue  fondaineiitcile  fût  la  science  de 
lacontposilion;  si  on  ne  l'eût  considéré  ijuc  comme  un  mode 
de  cl  assit!  cal  ion  des  accords,  ctabti  sur  un  aperçu  nouveau, 
il  eût  Été  (ligue  des  éloges  des  aieilleur«  Diiisiciens;  car  il 
était  curieux  de  voir  introduire  l'esprit  d'ordre  dans  ce  qui 
semblait  u'Ëtre  que  la  résultat  de  notre  urgunisalioii  pliy- 
siquc. 

Tel  était  l'élat  des  cboscs  parmi  nous,  lorsque  les  mem- 
bres du  Coiiservaioire  de  lausique  résolureut  de  travailler 
de  concert  à  lu  rédaction  d'uo  livre  élémentaire  sur  l'har- 
monie, et  à  la  réforme  complète  du  système  vicieux  qui 
domiDait  en  France.  Dans  une  assemblée  générale  des 
proteeseurs  de  rétablissement ,  M.  Catel  proposa  les  bases 
d'un  travail  qui  fut  adopté ,  et  bientôt  l'on  eut  le  Trailii 
d'harmonie  qui  parle  son  nom.  Voici  la  théorie  qui  y  est 
développée. 

M.  Calel  cherche  le  principe  des  accords  qu'il  appelle 
naturels  dans  les  divisions  régulières  d'un  monocorde; 
elles  lui  donnentune  combinaison  do  tierces  dont  l'ensem- 
ble offre  l'accord  qu'on  appelle  neuuîcJ/ierfe  tadominantc, 
dans  l'état  majeur  ou  mineur,  £0^,  si,  ré,  fa,  ia.  En  di- 
visant ensuite  en  groupes  divers  ce  même  accord,  il  trouve 
l'accord  parfait  majeur  dans  sol,  si,  ré,  le  mineur,  dans 
ré,  fa,  ta,-  l'accord  de  tierce  et  quinte  mineure  dans  si, 
ré,  fa;  l'accord  desepliëme  de  la  dominante  dans  50/,  si, 
ré,  fa;  celui  de  septième  appelé  de  sensible  dansiî,  ré,  fa, 
la,  etc.  A  L'égard  des  autres  accords ,  M.  Calel  les  trouve 
dans  la  prolongation  d'une  ou  de  plusieurs  notes  d'un  ac- 
cord aaturel  sur  l'accord  suivant,  ou  dans  l'altération  des 
intervalles  par  des  dièses ,  bémob  ou  bécarres  accidentels  : 
c'est  ce  qu'on  appelle  harmonie  arti/iciette.  Ainsi ,  il  fait 
i5 


DlgilizattbyGooglE 


354 


venir  Paccord  de  MpHème,  qui  Refait  quelquefois  KOtkae- 
oonddejrréfdela  prolongalion  de  la  tonique  Hiir  unacconl 
parfaltteinlAlr'da'èo  méniR  degré,  et  r;icci»rd  que  Itaineaii 
ippétiU'^eeùill  de  quinte  superflue,  ilu  l'altérulioii  de  la 
quint»  d'un  accord  parfait  majeur. 

'  Cetttftfaétyrien'étaEtnouvellequepourla  France;  d'uiic 
|iÂ-ti  'âi^n'étaU  que  le  retour  àTancienne  daclrine  de^ 
mattre»  deit  quinzième  et  «eiiiièine  AifeolcN,  qui  ne  voyaieiii 
Aans  Ins  dissoniianccs  que  de»  retards  de  cuiinonnances  ; 
(le  l'autre,  c'i'tail  le  synlème  proposé  par  Kinilierger  en 
1781 ,  d-iii«  ses  éU^meiis  de  la  basse  conllnne  {Grundsœlsf- 
lU^  gf.nerailias.'icstds  crsIcUriien  ili  r  Composition)  ;  cV- 
taileiifiii  iiu  rcloui  \i:y^  li  simplii  iL'  di-,  bonnes  écoles,  et 
ee  retour  fiil  iii.iii|iu-  jiai  i-s  ^im^ii  s  l''raiiç,iis  dans  la 
connaissance  du  l'harmonie,  l'cndaut  plus  de  «logirans, 
te  line'  de  H..  Gatel  fut  le  seul  qn'on  mtl  dunrt  tes  maln* 
«f^comiïieiiçans.  .  :r ^.u^ii,-^:  ,• 

Postérieurement  à  la  pu&lîiiaUiiii  dé"ce'lrBtté,'i)lUfit«Br« 
imvmse-  du  iin'mi;  genre  ont  pànï  erf  France,  et  se  sont 
|)lii^  un  inuiii-;  nifiiii  ociiés  de  la  théorie  qui  y  est  dévelop- 
pt'c  .  un  lie  vcile  .lo  lUimeau.  Àiiuil  H.  Berluii  a  publié  un 
Traiii  d'harmonie  et  ilu  IHotionnair*  dea  acc&rdi ,  en 
quatre  volumes  iu-4°,  dans  lesquels  il  sait  un»'n)étiiodo 
semblable  à  cellË  de  l'antéOT  de  la  basse  fbtaAMiiiitMe, 
en  faisant  venir  toutei)  les  harmonies  de  racourd'''(>ar&il , 
au  moyen  de  supcrposilinnFt  de  nulcs.  et  en  les  isolant  de 
la  double  considéiiiilnn  de  l.i  préparaiion  et  de  la  réjiolii- 
lioii  des  iulervalks,  11  M.  lleidia.  Clmriin  et  Perne,  sans 
chercher  h  iutroihiire  de  1  luiii|;cmf  notables  dans  lu 
ihôc)ric  de  Klniberiitr  et  de  M.  i  .ilid  .  uni  seulenieut  coii- 
fiidért  les  elassiliciiiidiis  >ini-  .le-.  i;qi["jrls  particuliers; 
mais  tous  attribuent  aux  mènieii  notes  de  la  gamme  les 
mêmes  liarmouies,  et  à  ces  harmonies  les  mëmw  m^fpm.' 
lions  et  les  mSm^  r^lutlous,  Sauf  qàelqfltf 
qui  prennent  leiif  aiïurde-dank  Vo^il  ^W'W^'fHlVia^a^ 
avaient  principateinent  en  toé;  On  ne  jpaïu  dooéfcj^- 


d'ënVisiiger  râ«  «iia  iies  <lî#tirs  pèinÙ  de  vae'}  w>qoiv  » 


'quevbi 


'i55 

l'égun]  lie  rlionimc  insiriiil .  nu  fail  que  compliïlcr  lii 
science,  loin  derébriinlcr.  C'est  ainsi  i|uc  les  botaiiiNtes,  les 
entomiiloginleN,  les  onulliDlogisIcs,  clc,  proposent  de  nou- 
velles uomeiiclalurcs  et  <lc  uoiivcilciï  clasflifiralioiis  nelon 
que  cerlains  car-ii-lères  ou  certains  organes  leur  semblent 
dominer  danu  les  ptantc»  ou  dans  les  animaux. 

Je  ne  dis  rien  de  ccrlainH  systèmes  bizarres,  qui  ne 
jouiesent  d'aociinc  eKliine  soil  en  France,  soit  àl'éiraiiger, 
et  qui  soni  refiés  Unns  l'obscurité,  bien  qu'Us  soient  pu- 
bliés depuis  loug-femps. 

Il  faut  bien  que  j'en  vienne  à  parler  de  moi,  pniiquc 
jU.  Macarry  m'a  mis  souvent  eu  opposition  avec  les  boDimcs 
reconnu  ai  niables  que  je  viens  de  nommer  :  je  vais  le  faire 
aussi  Nuccinclemenl  que  je  le  pourrai. 

Frappé  de  ce  fail ,  qui  a  été  souvent  remarqué ,  que  loule 
musique  peut  Être  réduite  à  l'harmonie  (le  l'accord  parfait, 
de  celui  de  septiènie  de  Id  domittanle  et  de  leurs  dérivés, 
j'ai  (àehé  de  compléter  le  système  des  lois  par  lesquelles 
toutes  les  autres  harmonies  se  rattachent  à  celles-lâ.  J'ai 
trouvé:  i  que  les  accords  de  neuvième  majeureet  mineure 
delà  dominante,  l'accord  de  septième  de  sensible,  celui 
de  septième  diminuée,  celui  de  sixlo  sensible  avec  nuinle 
juslcou  mineure,  celui  de  triton  avec  tierce  majeure  ttu 
mineure,  enfin  celui  do  seconde  majeure  ou  augmenléé 
étaient  employés  dans  des  cas  .malugueK  à  ceux  où  l'on 
fait  usage  de  l'accord  de  scpttènio  de  la  dominante  et 
de  ses  dérivés;  a"  que  les  uns  tiennent  toujours  ta  place  des 
autres  ;  S'riu'il  n'y  a  entre  les  uns  et  les  autres  que  la  diffé- 
rence d'une  note,  et  que  celle  note  esl  toujours  le  siiiièmo 
degré  qui  esl  :riub.slilué  h  In  dominante  dans  les  accords  de 
neuvième,  de  septième  de  sensible,  de  la  septième  diini' 
nuée ,  etc.  ;  4'  cl  eufin ,  que  celle  subslïtiitîun  esl  mélodi- 
que, allendii  que  lu  note  substituée  esl  toujours  à  la  partie 
supérieure  dans  les  accords  majeurs. 

A  l'égard  des  prolongations  simples ,  lj  théorie  des  an- 
ciennes écoles  et  de  M.  Calel  m'a  paru  parfaite',  et  je  l'ai 
suivie  exactement;  mais  en  appliquant  celle  théorie  aux 
accords  affectés  de  subslilulion ,  j'ai  été  conduit  l'i  la  dé- 


3S6 

«ouverte  de  l'origine  incontestable  dmacoords  desepiiè&ié 
du  second  degré,  de  quinte  et  Bîitevde  lïeMjei  quartB-  et 
sixte  et  de  seconde,  qui  oiitlélé  l'éCDeil.dB-tbug  les-syslè- 
més;  el  j'ai  tronvL-  que,  cachés  bous  ce  double  dégaise- 
ment,  les  accords  ont  ciicdi'r  un  emploi  analngiie  à  celui 
des  accords  na(iii-r,l-.d(>[it  IKJm  iM  iit.  Enlln,  en  continuant 
les  mêmes  aniily-!  -  -m-  le-  .^i  r  oid'.  ;ilti'rcs  et  y  réunissant 
successivéïncnt  la  sulistitiHion  et  les  prolongations ,  je  suis, 
arrivé  &  la-olassificationrégulière  des  harmonies  ^iqUaBtiS 
que  ces  derniers  temps  ont  vu  naître.  -  Ht^^'îa^ili- 
-:iIiiviléàTédigcr  une  Méthode  éiétnentaireH^ftéitmàhiô 
et  d'accompagiiùmcnV ,  j'ai  développé  cette  théorie  si 
simple  dans  vinsl-ciiii|  \y-vj.i^'^  in^ridin.  l'onr  i  cnfcrnipr  tonte 
la  science  de  l'Ii.iLiiionie  cl  de  l'accompigncnicnt  dans  un 
sLnoact  espace,  j'ai  supposé  que  la  lliÉoric  duni  j'offrais 
V<ùi$o»4.^taiti,généralem«it  admise ,  et  j'en  ai  écarU 
^ate.  diBenulon  BcientiGquei  II  est  résulté  de  cette  iai6* 
thode  un  travail  dont  la  clarté  fait  le  principal  mérité  et 
dont  le  BUCCÈ3  va  loujours  croissant.  On  verra  cependant 
que  mou  laconisme  m'a  exposé  aux  méprises  de  SI.  Ha- 

Qn'on  ne  croie  pas  toutefois  que  j'aie  innové  dans  l'har- 
monie :  mes  accord;,  sont  1.  s  mûmes  que  ceux  de  SIM.  Ca- 
tel ,  Reielia,  l'crniî  cl  Cliurni.  ;  men  successions  sont  sem- 
blables aus  leurs ,  à  l'esocption  d'un  petit  uombre  de  cas 
indifférens  pour  le  fonds  de  la  science.  J'ai  seulemnnt.^on- 
siÂéré..que}qusB;paTtïes  de  Ifi  science  liarmqiâqtie'A^Uâ 
aspect  nouveau.  i  li'j.  j  îî'r^^i. 

Ces  prélimitiaires  m'ont  semblé  indt^nsâbKiî^gàlple 
faire  l'examen  ilc  re  que  .M.  Macarry. apinllDrl^ jqUBjiu^ 
d'i/pinions  et  de  douirincs  des  aut^vt^^i^li^^^kfi 
musique.  Je  passerai  à  cet  examen  dant.}'nii'|hs 


'{>)  FuiSiPli-  ttVt,  ma  VlvioM)  ti°  iS,  mattoaGaUgnani  ipiîr,  iS  ù. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 

It  y  a  (bras  toute  chose  uq  mélange  de  bien  et  ds  waat 
auquel  nbuB  ne  sommes  que  trop  souvent  contraints  de 
nous  soumettre.  Q^ureuxquandla  somme  dumal  ne  rem- 
pane  pas  sur  celle  du  bien.  Par  exemple,  la  nomination  , 
d'un  homme  initié  à  la  musique,  comme  directeur  du  per- 
sonnel de  l'Opéra, nous  a.Talu  la  mise  en  acËoe  deMoiS6, 
et  la  résurrection  de  l'Académie  Uoyale  de  musiqueimais 
M.  Liibbert  n'a  été  appelé  à.l'admiuistratloude  celle  vatite 
machine  qu'au  commencenient  de  cette  année,  ot  quoi- 
qu'une  aclivité  ïnouie  aft  accéléré  l'appsri^ou  du  obef' 
d'oeuvre  de  Roa^uî,.lApreiniÈre  représeiiUtion  de  cet  ou- 
vrage n'a  précédé  que  de  peu  de  jours  l'époque  des  con- 
certs spirituels  on  n'a  pu  se  préparer  pour  ceux-ci,  et, 
il  faut  bien  l'avouer,  ils  ont  été  pires  que  médiocres.  La 
(rauchise  que  je  professe  ne  me  permet  pas  de  cacher 
que  l'administration  ue  me  parait  pas  tout-à-fuit  inno- 
çenU  dumal.  J!av.aisinsisté-,..dapsun  numéro  précédent,  - 
sur  la  nécomM  de  varier  le  répertoire  de  ces  concerts  et 
d'yf^ire  entendre  quelque  grande  oonqiosition  inconnue; 
le  temps  a  manqué  pour  la  copie  et  les  répétitions  :  à  la 
bonne  heure  ;  mais  ne  pouvant  satisfaire  le  public  sur  ce 
point,  il  fallait  lâcher  de  piquer  sa  curiosité  parle  choix 
des  artistes  qu'on  devait  lui  offrir.  Or,  quel  que  soit  le 
Qtérite  de  ceux  qu'on  peuteotendre  tous  lesjours,  on  ne 
peut  espérer  qu'ils  attirent  la  foule ,  toujours  avide  de 
nouveauté,  commB  des  étrangers  qnijouissentd'une^ande 
zéputatloit,  et  qu'on  n'aura  peut-être  plus  l'occasion  d'en- 
tendjre.  Il  est  donc  dans  l'intMt  d'ane  administration  de 
Ëùre  qadque  saorifice  d'argent  ponr  des  oaoastdns  sem- 
blables ;  dans  celle-ci ,  HM.  BohrerfrëreSf  setrouTajpt  & 
(aria,  on  aurait  dû  s'empresser  de  traiter' avQfl  eux.  (fj^ 
lien  de  «ela,  on  assare  qu'on  leur  a  fait  jea  coadiUoiia. 


a58 

iiu.\qucll(iH  il.t  n'ont  jiu  souscrire,  l'ni  is  miilcruii;  des  pin- 
iiiBles du  |iremier  ordre  ,  el  c'est  M""' Soller et  Ciuii,qiii 
juuoiit  cil  énolîËrCB)  qu'on  a  cnlCDdiics.  Les  ^'canotnies  en 
ce  qui  tient  aux  plaisirs  du  public  ne  tuurniinl  point  nii 
proiit  des  ndmiDÏKtralLuns.  11  Tant  payer  lar[;eiiient  tout 
ce  (|ul  |ieul rehausser  l'éclat  des eoncerl s Kpi rituels;  il  faut 
payer  l'orchestre ,  afin  de  pouvoir  eiti g er  de  lui  des  répé- 
tition!) nombreuses,  de  l'exactitude  et  du  soin  ;  il  faut  ne 
pae  cr»lndre  la  dépense  de  copie  pour  a\oir  des  nauveau- 
li^H  .  et  ne  pas  croire  avoir  tout  gagné  parce  qu'on  a  bou- 
ché un  Itdu  avec  quelque  vieillerie  qui  ne  coûte  rien.  Le 
public  saura  bien  vous  indemniser  des  dépenses  que  vous 
aurez  faites  pour  lui;  mais  ne  dunsiez-vous  pas  y  gagner 
d'ai-gcnt  ,  vous  y  gagnerez  de  l'éclat,  de  la  réputation  , 
et  en  définitive ,  vous  y  trouverez  des  béiiéiices.  Il  est  di~ 
giic  de  l'administrateur  qui  a  régénéré  l'Opéra  de  faire  la 
même  chose  pour  les  concerts  spirituels  :  il  est  trop  homme 
de  goùi  pour  oc  pas  sentir  la  justesse  des  observalîoos  que 
je  lui  adresse  ,  et  je  l'.itlcnds  à  l'année  prochaine. 

Qu'est  devenu  l'orchcslre  de  Moïse  ?  Cet  orchestre  si 
ferme  ,  si  soigneux ,  si  arlisle  ,  composé  des  premiers  la- 
leus  en  tous  genres  !  Quelle  maligne  inHuence  planaltsur 
sa  lëte  diius  les  concerts  qu'il  vient  de  nous  offrir  7  Que 
de  négligence ,  d'incurie,  d'insouciance  dans  l'exécution 
des  symphonies ,  des  ouvertures ,  et  surtout  dans  l'aecom- 
p.-iguemcnt  des  murceuux  de  chant  et  des  solos.  Je  vois 
dis  cuntre-basscR  dans  cet  orchestre  formidable  ;  mais  si 
j'en  excepte  fieux  ,  qu'on  reconnaîtra  sans  que  j'aie  be- 
soin de  les  nommer, je  vois  les  aiilies  promener  leur  ar- 
chet nunehalamment  sur  la  corde,  d'un  air  distrait,  et 
comme  si  ce  qu'on  fait  ne  les  regardait  pas.  On  dirait 
ijue  ces  mcHsieurs  ont  peur  de  se  faire  mal.  11  y  a  en  aussi 
bien  des  distractions  et  des  négligence!)  dans  les  violons 
et  djns  les  instruuiens  1  vcnl.  Point  de  finesse ,  point  de 
piano  véritables ,  toujours  de  demi  forte  ,  et  rarement  de 
l'cflct. 

#  Dans  In  symphonie  d'Huydu  en  nii  b  qu'on  a  jouée  au 
premier  concert,  h-  ]ircnii<;r  uuirccuii  a  été  dit  avec  assez 


,  =59 

d'uiiicmblu  ;  iiuis  Vnlitijio  a  miinqiiù  <lc  Vaérieii  que 
dumando  ce  niorreiiii  ;  les  milnits  d'iustmiucus  à  vuiil  ont 
été  exactes,  mais  lourdes,  el  dans  la  belle  phrase  qui  ter- 
mine la  première  et  la  si:coiide  période ,  an  lie»  du  pia- 
nitsimo  qu'il  aurait  fallu  ,  ou  a  eu  ce  mtszo-forte  éter- 
uel  iiuî  éteint  laule  expression,  LeoiouvcineDl  du  dernier 
morceau  a  ëlé  pris  trop  vile  puur  les  détails  eharmanH 
dont  il  est  rempli  :  toutes  les  entrées  de  ce  finale  dcmunT- 
deul  uu  fini  d'exécution  parfait ,  qu'un  ue  peut  ubiuuir 
dans  tin  mouveniciil  si  rapide;  aussi  s'est-ou  contenté  de 
faire  la  note,  et  mémo  il  était  facile  de  «'apercevoir  qu'on 
)a  faiaoit  péniblement.  Quant  h  l'ouverture  de  la  Flûte  M-f 
GAant^e.  J'éprouve  la  plus  vive  salisfacliun  à  déclarer  que 
l'exécution  a  été  parfaite.  L'énergie,  les  nuancen,  l'exac' 
titude ,  rien  n'y  a  mauqué  ,  et  l'urchcslre  s'est  montré 
le  digne  interprète  de  l'ilhislre  auteur  de  ce  chef-d'œuvre. 

Ou  avait  répété  une  symphonie  en  mi  b  de  BeeUioven 
qui  n'avait  jamais  i^lé  eulcndne  a  Paris;  mais  le  peu  de 
temps  dont  un  pouvait  diHposer  pour  en  perfectionner 
l'exéculion,  et  la  longueur  de  ses  dévcloppemens  l'a  fait 
ajourner.  On  eu  aeiécuté  une  en  rii majeur  du  mémeautetir 
aUKecond  concert,  etoiiya  intercalé  VaiLdanU.  si  original 
eu  lamineur  d'uiic  autre  syniplionic.  lUen  de  plus  beau  , 
de  plus  complet  que  celte  symphonie,  qui  serait  absolu- 
ment sans  défaut  m  la  longueur  de  ses  morceaux  ne  dé- 
passait un  pou  les  bornes  des  compositions  de  ce  genre. 
Quoique  assez  cxacle,  l'exécution  a  manqué  de  coloris  : 
je  le  répèle,  les  iiiano  ue  sont  pus  assez  doux;  il  en  résulte 
que  lev  farte  ne  produisent  pas  d'eOet.  C'est  sans  doute  à 
ces  défauts  qu'on  doit  attribuer  la  froideur  que  le  public  a 
montrée  pour  ce  bel  ouvrage ,  froideur  qui  d'ailleurs  s'est 
manifestée  pendant  les  trois  concerts,  cl  qu'Userait  injuste 

Je  n'ai  pas  plus  d'éloges  à  donner  à  l'exécution  de  l'ou- 
verture de  Don  J iiaii  ;  même  tiédeur ,  mêmes  défauts  et 
même  résultat. 

J'ignore  ce  qui  a  pu  décider  à  choisir  parmi  les  .lympbo- 
nies  de  Itlozart  celle  en  ut  majeur  qui  commence  pat-  un 


Dlgiiized  b*  Coogte 


a6u 

ftiCuTetncpt  lent  à  trois  temps;  quoiqu'elle  TCnfemw'dcà 
teaulÉR  dignes  de  l'aulenr  île  Don  Jiian,  le  déplorable 
tirclicslri;  du  TlKSàlre-Franr.us  en  a  li  lleineut  fnligué  les 
oreille»  ilu  public ,  qu'on  ne  pouvait  espérer  du  produire 
avec  elle  aucun  clFet  sali.'ifaîsant.  Pourquoi  n'avoir  pas 
donné  l'autre  syiii|i!i(>niiM'jL '/i:,  si  bplle  ,  »i  iioleniiellc  et 
si  peu  connue ,  ou  r.ciU:  en  ini  li ,  iiu  m^me ,  si  l'on  voulait 
éviter  les  ouvrages  qui  uushciit  exig<^  beaucoup  de  répé- 
titions, la  délieieuse  s^phonie  en  sol  mineur  que  tous 
les  musiciens  savent.  Il  Huffit  d'un  morceau  mal  choisi  dès 
le  début  d*un  concert  pour  gdter  l'ctTct  des  morceauE  qui 

où  l'on  a  Tiil  ciilendrc  la  SMiijilui[iK:  ihint  ]f  v  ioiis  Ap.  par- 
ler. Quoique  très  coiiJiiif,  aussi,  roiiicrhii li  du  Jeune 
Henri,  de  Méhul,  qui  a  ouvert  'a  deuxième  parlïe  de  ce 
liifiaie  ooiicert'i-TeDfeniie  tant  d'élémena  de-auscàB,-po|>|i*'' 
laite  pour  des  Français^  qiielVnthouSiariiilB4râE£JHii^^i- 
ble.  Il  est  juste  d'ajouter  qu'elle  a  élé  fort  bi^'jdàéiA'  " 

Si  le  cboix  de  la  musique  sacrée  qu'on  a  fait' entendre 
dans  les  deux  premiers  coneerl!;  n'élait  pas  heureux,-  ils 
conservaient  du  moins  à  l'inslilulion  son  caractère  et  son 
titre;  mais  le  troisième  aurait  dù  s'appeler  concert  mon- 
4ain  ,  car  on  n'y  trouvait  de  spiriluci  que  les  accena  de 
l'illustre  maître  de  Fesaro.  Te  ne  crois  pas  que  personne 
ait  été  tenté  de  prendre  pour  des  fragmeus  d'oratorios  ofx 
de  messes  le  duo  de  Ricciardo  c  Zoraide  ,  celui  A'EfA- 
saiietta,  le  quattordicesimioo  d'i(  Viaggio  à  Reimt ,  le 
quatuor  de  ïnDonna  det  hago  ,  ni  l'air  de  Sentiramide-, 
Certes  ,  il  vaut  micut  entendre  clianicr  p.issablcment  de 
la  musique  proraiic  qui.-  d'êlre  réiUiil  à  siippoi  lur  U  pau- 
vreté d'une  e.véeulîon  hciul.l.iUlf.:  cdliMlu  Sla!,al  de  Pcr- 
golèse  qu'on  a  entendu  uu  premier  concert.  Sans  parler  du 
choix  des  versets  quiavaieutété  mal  choisis,  àl'exospyf>fî 
do  celui  QatB  tiwrèéat  que  H"'  Hori  a-  ditd'tm^li^^^ 
satîrfBisaate ,  l'exécution  totale  à  été  au-deisotn.âtî(pS^ 
dioore.  Le  premier  mouvement  (Staôal  MotA^y^tf^i^ 
Wàuconp  trop,  lent ,  et  les  autres  trop  vifs.,'U''^>-:|fl»*ni 
'ddiiC'la  voix  est  belle  et  le  sentiment  muBical-assëz''ïhsl«>i 


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aGi 

mais  ((wi  aurait  besoin  de  cesser  de  paraître  en  public 
pendaDt  un  an  pour  travailler  avec  soin  ,  Ai"'  Albiui ,  iIIh- 
je,  a  éti^  d'une  grande  faiblesse  non'Sculcment  dans  son 
toto,  mais  duus  les  euscmbles,  et  le  mépris  des  musiciens 
de  l'orchestre  pour  la  muiji(]ue  qu'ils  exécutaient  perçait 
daus  leur  accumpagnemeut  nonchalant.  Décidémciil  il  est 
temps  de  faire  disparaître  des  conccrlK  ce  morceau  ,  dont 
plusieurs  parlics  méritent  la  répulatlou  qu'il  a  eue ,  maïs 
dont  les  formes  ne  sont  plus  de  mi<iË  aujourd'hui,  et  dont 
l'accompagnement  mesquin  n'est  presque  jamais  qu'à 
deux  parti  CH. 

l'Ave  verum  de  Mozart  est  un  morceau  admirable , 
mais  qui  excite  une  satisfaction  tranquille, plutôt  qu'un 
sentiment  d'exaltation  ;  d'iiillcurs  il  a  l'inconvi^nicnt  do 
tous  les  morceaux  qu'où  entend  dans  les  concerts  spiri- 
luels  depuis  lon^-lemps  :  il  est  trup  connu.  J'ai  fait  à  cet 
égard  dans  un  article  précédent  des  observations  que  je  ne 
répéterai  point  ici.  L'Jue  Maria  de  M.  Clicrubini ,  avec 
accompagnement  obligé  de  cor  anglais, est  d'un  fort  beau 
caraclèro.  Il  serait  à  désirer  que  l'on  Itt  souvent  entendre 
les  compositions  nacrées  de  ce  grand  artiste,  qui  a  porté  au 
pliis  haut  point  de  perfection  ce  genre  de  musique ,  dans 
lequel  il  n'a  point  de  rival. 

-  Le  Benedicliis  do  Beethoven,  ainsi  que  le  chccur  linal 
de  son  oratorio  du  Christ  au  mont  des  Otiuiers,  oui  pro- 
duit peu  d'clfet ,  quoique  ces  deui:  morceaux  soient  d'un 
^eati  caractère  ;  l'habitude  qu'on  a  de  les  entendre  chaque 
année  est  sans  doute  la  cause  principale  du  froid  accueil 
qu'on  leur  a  fait.  Quant  à  l'hymne  à  grand  chœur  de  Mo- 
iiart,  M  l'on  n'avait  lu  le  nom  de  ce  grand  musicien  sur 
l'affiche,  on  n'aurait  pu  croire  que  ce  morceau  fût  de  lui; 
on  n'y  trouve  que  des  idées  communes  et  uue  harmonie 
peu  recherchée  ;  la  cadence  finale  seule  a  rappelé  un  peu 
samanièrc.  En  somme  :  nnasenli  plus  qucjamaisia  néccs- 
silé  du  remonter  te  répertoire  dus  concerts  .>ipirilucls  cE 
de  n'y  point  mettre  la  musique  sacrée  dans  la  position 
(l'une  chosi:  qu'on  supporte  plutôt  qu'un  no  la  désire.  Espé- 
rons que  l'administration  aura  reconnu  cotte  vérité  et 


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2Ca 

qu'elle  se  préparera  danti  le  cours  de  l'année  à  redouner 
un  ^lir  de  jeiiiie.sse  à  une  instltiilion  qui  u  mainlciiaut 
tuules  les  apparcnoeH  delà  caducité. 

Les  chanteurs  qui  se  sont  fait  entendre  cette  année  sont 
lidolphe  INuurrit,  Donzelli,  Pellegrini,  Levasseur,  Zu- 
clieUi^-JDabadÏBy  Mm  Albinii  Giuliy  CeHrir^ofiebUaba' 
djovA'ai/dttifaelle  Mt  mon  apiniDit  «ur -W**  Allùidt.^^le  itt 
éU-'pluB- Iieur6uBO"au  Iroisième  concorl  qu'au  piemiw^ 
priAdpalemeni  dans  le  duo  i'Etisaietla ,  qu'elle  a  chanté 
arec  Donzelli.  Ce  morceau  a  présenté  une  circonatance 
unique  dans  les  fastes  de  l'orchestre  de  t'Opéra.  Au  début 
doicéoitalif ,  1«  instrumens  à  vent  ont  attaqué  uuaccord 
s>4a«i]iHii'4B4(MiL,.qu1ilpcadaisil  uaa  <iaoophoDλlioDi* 
Ue.Sie^hflf  'd'archeitnB^petçfitalaM  qu'il  s'était  trumpé 
dMOtOTCBaU'tel  fut  i^igé  de  l'iabemtmpre  pour  chercher 
la-^gej'Oune.fut'guèce  plus  heureux  en  recoianiençanl , 
et  tout  le  reste  du  récitatif  fut  accompagné  si  mal,  qu'il  y 
eut  près  de  vingt  mesures  o!i  personne  ne  savait  oii  il  en 
était.  J'ai  cru  un  instant  qtie  ce  mur;;iî:iii  iravait  pas  été 

/olli  n'a  pj*  étû  liciii  ctis  en  a(.cuinp^i;niiiniiiit,  car  au  pre- 
mier concert,  dans  la  prière  d'/j  Ci*ocm(o ,  qu'il  a  fort 
bien  chantée,  le  harpiste  (SI.  Follet)  est  reaté  court-lnris 
fois;  H^'GeMïiB'elMtitémédfoèreiiielrt  aa  tivitt^Bitn- 
ftadelLagoKl  utiduo  de  jlenufainjeteaTeO'ZnOhellIiiauMi- 
oEmdvoncert.  Daus  anAaoA^RicoiardoetZoraîdei^mié 
par  H"**  Cinti  et  Mori,  celle-ci  a  recueilli  de  justes  applau* 
dissemens.  La  première  a  exécuté  avec  la  pureté  qu'on  luî 
connaît  l'air  du  premier  acte  i\&Semiramid6  :  maïs  pour- 
quoi répéter  sans  cesse  des  choses  qu'on  entend  chaque 
soir  au  théâtre?  A  propoN  de  cet  air,  je  dois  faire  remar- 
quer que  l'orchestre  de  l'Opéra  hésite,  comme  selui'^  ds» 
BunffisB,  ^.prendre  le  mouTemenI  du  ohceurqai  pfèoMt  : 
pe  n'est  qtt*3pr6«^UriWn'mesure»qa'ilfl'estrelnta:  "  ' 
Pattni  les  soloi',  ceux  qui  ont  été  le  plus -remarqués  sont  i 
UD  rondo  brillant  pour  le  piano,  de  H.  KJakbrenoBr,  fesé^ 
cuM  pAr  H'^  Moke;' une  fantaisie  pour  Iti  vlttloni' pdr 
UvIîàToàt;  un  air  varié  pour  le  trombone,  par  H.  Voba- 


rot\  ;  i'^Ji<lclu.i .  l'diil.iihiu  puni  la  llùlc .  pur  M.  Tulou; 
uu  liiÈme  varié  iln  Miujstder,  exécuté  |i;ir  M .  (Jrlian,  iiaii 
HUi'  l'alto,  coiiiinc  le  porlu  le  programme,  mais  rut  la 
viole;  el  im  fragmcnl  de  coiicertu  suivi  do  varialions  sur 
un  Ihèuiu  de  Xs^Molinara  par  W.  Kreutzer  aliié  et  exé- 
culÉH  par  le  jeune  î\!aasarl ,  élève  de  M.  Auguste  Kreutzer. 
M"'  iMokc  a  fait  prouve  des  plus  heureuses  dispositions  ri 
mâme  d'un  laieni  réel;  na  main  est  supérieurement  posée 
sur  le  piano,  sou  mécanisme  régulier  el  ses  doigts  d'uni; 
fermeté  remarquable.  Un  travail  assidu  doit  en  faire  une 
pianiste  trfcs  distinguée.  On  a  retrouvé  loni  le  fini  de 
M.  I.afonldans  sa  finlaisie  sur  les  airs  de  Léocadî&;  maxfi 
toujouK  des  fantaisies  ou  des  airs  variésl  sommes-nous 
doue  destinés  â  ne  plus  entendre  que  cela,  cl  faul-il  que 
l'art  se  restreigne  â  de  si  petites  pruportinnsi  J'en  dirai 
aiitanlà'l'iilou,à  Vogl,  à  it.  Bnltu  qui  n'ont  joué  aussi 
que  des  l'anl.iisies.  Le  talent  de»  deux  premiers  sur  la  Hâte 
et  le  liautboisest  Iropetinnu  pour  quej'aie  besoin  d'en  par- 
ler; quanlà  M.Ballu,  c'est  un  vinlanisic  forldislingué^mais 
je  lui  ferai  observer  qu'il  n'a  guère  fait  entendre  qu'une 
sorte  de  Iraîls;  eelle  des  arpèges  coulés ,  ee  qui  donne  ii 
son  jeii  de  la  mouolonif.  .M.  Vobaron  est  un  artiste  fort 
extraordinaire  sur  io  trombone  ;  il  clianlc  sur  cet  instru- 
ment avee  la  douceur  d'un  cur,  el  avec  bien  plus  de  déve- 
loppement et  d'étendue.  Il  faut  toute  son  habileté  pour  se 
ikire  pardonner  de  tirer  nou  formidable  instrument  de  la 
place  qu'il  doit  occuper  dans  l'orchestre.  On  ne  peut  pas 
en  dire  autant  île  MM.  Gambati  qui  ont  souillé  pénible- 
ment un  duu  des  trompettes;  ce  sont  aussi  d'habiles  gens, 
mais  leurs  tours  de  force  sont  insupportables,  el  leurs 
trompettes  no  sont  pas  des  Irompelles;  il  n'en  sort  qu'un 
Kon  bâtard  qui  cause  plus  de  fatigue  que  de  plaisir.  Il  n'y 
•  a  que  des  éloges  à  donner  h\\.  Urhan;  la  viole  est  entre  ses 
mains  un  délicieux  instrument.  Ce  qu'il  joue  est  horri- 
blement difficile;  maison  ne  peut  s'en  apercevoir,  tant  son 
jeu  est  fini,  son  intonation  juste  el  son  archet  Aexiblc. 
J'en  dirai  autant  de  ec  jeune  Massarl  qui  touche  encore  à 
l'enfance  par  tes  annécji,  cl  dont  le  talent  est  déjà  celui 


d'iiDarllRte-canNommé.  Les  pitis grandes  dlffloatlëB'nesoiH 
rien  paur  lui;  j'aî  remarqué  particulièrement  dans  tes  Vit- 
riations  an  coup  d'archet  «faccaCo,  en  tirant  et  ponsiant 
alternalivemeiit ,  qui  est  prodigieusement  difficile,  etqu'fl 
exécute  dvec  une  facilité  et  une  perreclioii  rares. 
.  Vmcî  un  article  bien  long  sur  des  concerts  que  j'ai  dit 
avoir  été  peu  satisfaisans;  mais  comme  il  s'agit  d'une  iils- 
titutioa  importante,  j'ai  cru  devoir  motiver  mes  éloges  et 
mes  critiques;  heureux  si  l'expiessioa  franche  et  sincère 
de  mes  c^nions  peut  influer  sur  des  améliorations -que  fe 
grtris  nécessaire^ 

sÈns. 


THÉÂTRE  DE  MADAME. 

GOHGBBT  DE  U».  BOBBEK  PROBES. 

■  a  Avril.  —  Les  amateurs  s'étaient  portés  en  foule  à  ce 
concert,  oîi  l'on  devait  entendre  deux  artistes  qui  avaient 
iais^é  de  si  agréables  souvenirs  à  la  capitale  ;  leur  cniprCH- 
Ncmeat  n'a  point  été  trompé  :  MM.  Bohrcr  se  soat  monIrOs 
tiupérieursti  ce  qu'ils  avaient  paru  jusqn.'ici,  et  c'est  beau- 
coup dire. 

On  «ait  que  H^AnloIne  Bohterest  un  violoniste  de, l'é- 
cole allemande,  qui  a  conservé  dans  son  jeu,  malgré  ses 
voyages  en  pajrs  élrangers,  toute  la  nationatité  de  cette 
École.  Ce  n'est  point  un  grand  son  qui  le  distingue ,  c'est 
une  grande  pureté ,  une  grande  facilité  à  rendre  les  traits 
les  plus  diGOoiles  et  un  goût  très  délicat.  Ces  qualités  se 
sont  montrées  plus  développi'^ci  encore  en  lui  dans  le 
concert  oïl  il  vient  de  se  faire  entcndie  que  précédem- 
ment. Le  concerto  de  sa  composition  (|u'il  a  joué  est  fort 
bien  écrit  ;  mais  peut-être  les  détails  d'orchestre  y  occa- 
pent-ils  trop  de  place,  et  nuisent-ils  à  Toljet  principal, 
celui  de  faii;e  briller  l'instrument  sato.  Il  a  été  plus  avaee 
d'ornemiens  dans  le  concerto  de  .violoncelle  qu'il  a  com- 
posé pour  H.  Max  Bohrer ,  soti  frère  ;  il  en  est  résulté  que 
cet  a^irable  violon cellis te  a  pu  monlrer  ii  découvert  son 


a65 

prodigieux  lalciil.  Il  senililuit  ,  il  y  a  [ilusicurs  .iiinc^cs  , 
queM.  MaxBolirer  ne  puuvail  phxs  rien  acquérir,  et  ce- 
pendant son  talent  s'est  accru  ,  son  jeu  n  nhin  de  suavité, 
plus  de  charme;  sa  dexiérilé  surpasse  tout  ccqu'oo  pour- 
rail  dire;  enfio  c'est  la  perfecliuii.  Après  leurs  concertoH  , 
les  deux  frères  out  marié  leurs  accens  dans  un  dno  et 
dans  des  mélanges  d'airs,  et  y  ont  mis  un  fini  qu'an  no 
peut  concevoir ,  à  moins  do  les  avoir  eiilundus. 

Les  divers  morceaux  de  chaul  de  ce  concert  ont  ^lé  en 
général  exéculf-s  faiblement.  On  a  cependant  remarqué 
lu  jolie  vois  de  M.  Sléplicn,  qui  promet  de  devenir  un  chau- 
leur  habile. 

L'orchestre  de  rOdéon,  fort  bien  dirigé  par  M.  Itloc, 
mérite  des  éloges  pour  l'ensemble  ,  la  fermeté  el  le  fini 
qu'il  a  mis  dans  l'oiivi^rlure  de  Scmiramicle  :jamais  l'or^ 
ehcstre  dcR  fiouffe."  ne  l'avait  aussi  bien  exécutée. 


NOUVELLES  DES  PAYS  ÉTRANGERS. 


Leifsick.  Revue.  Dans  l'année  qui  vient  de  «'écouler, 
on  a  donné  sur  le  théâtre  de  celte  ville  les  opéras  snlvans  : 
Faust  de  Spohr ,  une  fois  ;  Euryanthe  ,  deux  fois  ;  la 
Dame  du  Lac ,  six  fois  ;  le  Barbier  de  SévUtt,  troi»  fois  ; 
le  Sacrifice  interrompu ,  trois  fois  ;  ie  Frej/chûCi ,  deux 
fois;  l'Esprit  des  Montagnes,  sept  fois;  la  Chasse  de 
HiUer  avec  un  divertissement  ajouté  par  Mahlman,  et  mis 
en  musique  par  le  directeur  Prœger  ;  on  la  redemanda 
trois  fuis;  le  Conçut  à  ta  Cour,  d'Auber,  Ireizc  fois  ;  le 
Mariage  de  Figaro ,  (rois  fois;  Ruf>zaht  de  C.-M.  de 
Weber,  une  fois  ;  Zdmire  et  Âzor  de  Spohr,  cinq  fois;  la 
Flûte  enchantée,  deux  fois;  Tanorède ,  trois  fois; 
Jessonda,dû  Spohr,  deux  fois;  \a  Féte  des  Fignerons  , 
deux  fois  ;  le  Porteur  d'eau  (les  Deux  Journées  ) ,  trois 
fois  ;  l'Italienne  à  A  Iger,  deux  fois  ;  la  Dame  Blanche , 
ciaq  fois;  Jean  de  Paris,  une  fois iThéotaid  el  Itoiina, 
de  Uorlacohi,  deux  fois;  le  Maçon,  d'Anber,  six  fois: 


?6ti 

plltR  quelques  petite»  pièces  de  c.liiinl  ,  (cllex  que  les 
Viennaii à  Berlin ,  o»  niadame  Neumniin  a  conquis  touti 
les  Roff^ageB. 

1  HademoixeUe  Hanf ,  dont  le  chaut  commençait  à  Cire 
généraleinent  apprécié ,  a  quitté  uotre  acène  ;  in.tis  en 
échange  nqus  avons  en  le  plaisir  d'entendte  U".  âchultx 
de  Berlin  dans  2>.  /nom  el  dam  Muryemtc.  Elle  cliente 
avec  force  et  passion.  A  la  Saint- Michel  les  frères 
Itcincr  ,  Tyroliens ,  nous  ont  fait  entendre  pendunt  trois 
soirées.  <l^ins  !<:s  eulre-acles  ,  leiirH  cltunsoiis  nationales. 
En  oclobie,  M.  Itliime  de  Berlin  s'est  ûiil  cnlundre  dans 
le  Barbier  île  SéviUe  et  dans  le  Mariage  de  Figaro;  nous 
avons  eu  ensuite  W  Xochler  el  M.  Si«bert  do  CarUruhe 
dans  Jnm  de  Paris ,  la  FiAU  enclionUe  et  le  Saenflee 
interrompu,  qu'on  a  redemandé.  Enfin,  W  Gausï'  qnl 
s'étdit  fait  t'hïvei;  précédent  an  grand  nombre  parti' * 
sans,  nous  est  revenue  à  la  satisfaction  générale ,  et  oon- 
tribncra  À  embellir  noire  Opéra. 


ANNONCES  DIVERSES. 


MÉTHODE  BLÈMESTAinE  DE  VIOLON ,  avcc  iiiic  [jiéurie  nouvelle 
sur  la  manière  d'employer  l'archet  ;  pur  B.  Pastoii. 

jour,  tout  les  iirofcsicura  i'atcmdLiil  sur  un  poiul  ;  c'est  qu'aiicimc 
d'elles  nemérile  voiitablemenl  le  litre  île  Mélhode  élimenlaln.  Des  rc- 
caeilade  morceaui,  fussent-ils  du  meilleur  cboix,  sont  insn^eanfl  aoni 
le  rapport  de  la  thiioric  ;  dei  traits  sans  suile  rebutent  prompleuicnt  les 
^jtiea  Ici  plot  passionutia  ;  enCn,  les  ouTragce  des  grauds  mdîlies,  teU 
qne  ceni  de  HM.  Vblli,  Kreutzer,  Gaillut ,  etc. ,  elc. ,  dont  le  mùrilc 
est  uDiterKltemcnt  reconnu  ,  ne  sont  bien  eouiprîs  que  par  ccui  qui 
aaTenidejà. 

M.  B.  Fastoii  a  esEnfé  de  «uppUer  à  en  qui  uous  maaqoe. 

Il  a  senti  qu'une  M6tliadc  éUmnlain  devait  d'abord  ranfu-Oier  une 
Iheurle  tellvincnl  claire,  que  l'élève  qui  touche  pont  la  première  foiifc 
im  violon  pbl  en  faire  lucccuiiemenl  l'appllcalioa  taùt  U  secours  d'au- 
ctmprofeMnr. 

PoDnoidraMIteappiieBKpn  fadlc  il  fkllait  une  miiledeebantisliri- 


I 


liitmeme.  pour  lurmer  son  orciiie  et  ion  goiic 
de  ohamine  dei  Icçodi  fût  lonteaii  pu  ui 
data  I*  pirtis  eiécaMe  par  le  maître. 

Tel  ett  le  bot  que  M.,  B,  Putoa  «'eit  propnë  :TB4-il  «tlelnt  I  lea  fbili 
râpondiOQtpOur  lui.  Todi  Ici.  étèioi  qui  ont  ntirila  routeaainellç  qu^t 
■^f^i^ont  fait  detprogrti  aira[ddai  ipi'iftne  Mut  erayabtei  qnepaui 
eeu-^enoatèlàleatâmdni,  ,  .     '    '  . 

.  filuAavec  arautàgti  <iomin»«tDltiiilita  daniilM  ^itale ,  l'apteuE  ffb- 
le^'tcmce  Tipport  tontei  le*  garantie*  ditirable). 
■^■mMd-^at  du»  «m  tra»ll  dei  obtenaUD»  qnlliralteiiati  mlUeu 
d«<IIMÎd>Mt»ètife«danlU  eit  earirooDttlepDii  qa*!!  a  foad«  nÉcolaile 
fl4lijnAkanii[>aiqne.LaliUlhodB  qae  noua  publioai  est  leTiuitiIelopguea 
étadei  et  deprolbades  mèdilalioiu.  Nous  la  crojona^n  bon  guide  avec 
lequel  l'êlére  arrÏTcraen  peu  de  tempicE  sanapcÏQEaa  terme  du  voyage, 
bien  iflr  an  nloini  de  ne  pas  Taire  roule  avec  l'ennui. 

'Cetl&Héthodeest  marqDÊa  iS  fr. ,  elaecompoaede  l4o  planohelj  On 
laiIraiTe  obei  l'a'itenr,  t  l'Égale  de  la  Lyre  harmDDlq|in,me'dii'Bou- 
iaj/.,  a'  a3  ,  a  Paria;  et  cbez  tous  les  marcbaadi  de  musique. 


Lb  nocaiDora  dbb suons,  journal  de  cliant  avec  aoci>in- 
pagnemeut  de  guitarci  rédigé  par  A.  Romagnettl  et 
Heissoniiier. 

Chaque  numéro  contient  trois  romances  k  une  ou  deni  *oii  ,  et  pa- 
rait du  1er  au  S  de  chaque  moia,i  dater  du  janvier.  Le  pria  annuel  de 
l'abonnement  e>l  de  i5  Tr.  pour  piano ,  et  18  fr.  pour  ^uilara  aiiec  dei 
piécti.  On  peut  s'abonner  pour  le  chant  sculemcnl  aïcc  accompagne- 
ment de  guilaie  sans  tes  pièces,  peur  10  fr.  par  an.  On  reçoit  le  tout 
franc  de  porl  :  It»  Ipllrea  et  envois  d'argent  doirent  être  adressa 
fran'v,  à  M.  A.  Meiiionnier  ,  éditeur  de  musique,  boulevard  Mont - 
martie,  n°  iS. 

Nota.  Les  trenle-sii  romances  que  l'on  reçoit  dans  l'année ,  sont  com- 
posées pat  BerloQ  fils,  Bruguitre,  Blaogini,  Oustave  Dogaion,  Loula 
Jadin,  Fànsecon,  Planlade,  Romagnesi  «t  anlna  compONleart  des 
pin.  - 


Digilized  by  Googic 


la  g'rande  symphonie  de  Bcelhoven  ,  œuvre  laS,  dont 
la  Revtte  Musicale  a  parlé  dans  son  nntn^ro  5,  p,  iSa  j  ab 
trouve  à  Paris,  parlitlon  et  parties  séparées»  cbezHItl.  les 
fils  de  B. -Schott,  rue  de  Bourboa,  n*  ip, 

Pbix  d.e  la  partition ,  60  fn 


Jj'£f^,  grand  , duo  concertant  pour  piano  et  violon, 
dédié  à  U.  £•  Baîllot  par  J.-B.  Voets,  op.  Sa,  1-  livre. 
Prix:7iT.  5bc.  Paris,  PaccinI,  boulevard  des  Italie  na,  n'ii. 

Sérénade  nocturne  en  duo  pour  piago  et  violon,  fai- 
aant  gnite  i  ffÉti,  dédiée  à  H.  P.  Baillot  par  M.  Woets , 
op.  53,  a* livre.  Prix:  ^Tr.  Soc.  Paris,  Paocini , boulevard 
des  Italiens,  n°  11. 

Ces  deux  ouvrages,  exécutés  plusieurs  fols  dans  les  sa- 
lons de  l'auteur  et  de  M.  Baillot,  ont  eu  beaucoup  de  suc- 
cès; le  premier  se  distingue  par  une  chaleur  pen  com- 
mune. 


KOCVEtl.ES  RÉCENTES, 

On  aniiocice  pour  la  liii  de  ce  mois  l'arrivée  de  made- 
moiselle risaroni  à  Paris  Les  amateurs  attendent  avec 
impatience  le  moment  où  ils  jouiront  du  plaisir  d'entendre 
cette  célèbre  cantatrice ,  eu  quil'on  retrouve,  dit-on,  les 
traces  de  la  belle  manière  de  Harcberi  et  de  Facchiaiotti. 

Madame  Pasta*  qui  se  rend  à  Londres,  doit  passerà 
Paris  souB  peu  de  jours;  onespëre  qu'elle  jouera  «jnelqnea 
représentations. 


PUBLIEE  PAR  M,  FÉTIS, 


DES  EÉVOLUTIONS  DE  L'OECHESTSE. 


Tonm  les  parties  de  la  musique  ont  été  soamises  h  de» 
variatkins  périodiques;  mais  aucune  n'a  subi  de  piqs 
grands  cbaogemens  que  la  oompositkm  ries  orchestre».  Ces 
ohaagemeiu  ont  en  plnùeurs  causes  :  d'une  part  l'ioveu- 
liOB  de  nenveaux  ïpstramens,  l'abandon  de  plusieurs  au- 
tres* le*  patfBotioniianeiic  de  -qodques-uns,  et  surtout 
l'accroUsement  d'habileté  des  exécutans;  de  l'autre,  les 
progrès  de  la  inuiii|iie,  le  besoin  de  nouveauté ,  la  satiété 
dea  choses nm^es,  ^eII^H^e  de  la  mode;  voilà  plus  qu'il 
ne  fallait  pour  provoquer  des  révolutions  plus  ou  mointi 
remarquables ,  et  nous  amener  insensible  meut  à  l'éclul  de 
l'orclieslre  Rossiiiieii. 

11  est  intéressant  de  suivre  dans  ses  réfolutious  cette 
partie  de  l'art  qui,  de  nos  jours,  est  devenue  si  impor- 
tante. J'examinerai  ensuite  l'état  actuel  des  proportîonii 
de  l'ordieslre;  les  perfectioimemeoB  posriUes,  et  eetle 
question  qui  se  présente  :  Quelles  sont  les  bornes  ualu- 
relles  du  développement  de  l'orchestre? 

La  nature  des  înstrumens  qu'on  possédait  à  l'époque  dea 
premiers  essais  de  musique  dramatique,  ne  pouvait  donner 
que  des  orchestres  doux  et  sourds;  c'étaient  des  vlolesà  oinq, 
sept  ou  neuf  CQ^des;  des  lépors  de  viola,  qui  étaient  ac- 
cordés une  quinte  plus  bas  que  le  dessus;  des  basses  de 
34  ' 


viole, ou  viotùfla  Gamba',  et  des  contrc-bnases  de  viole, 
qui  étuieut  montées  de  neuf  cordes  et  qui  avaient  ucuf 
pieds  de, hïQï 'j,  .  violon  ,  qui  a  pris  naissance  ca 
France,  exisUitdi^à,  mais  élail  peu  répandu  ;  le  clavecin, 
Ifr  ^itfl^l'é i''Ie  (liéôrbé  et  la  harpe  kg  joignaient  toujours 
aux  Goncerls  de  violes ,  et  l'orgue  tenait  lieu  d'instnimena 
à  vent;  ceux-ci  triaient  cependant  connus.  Il  y  avait  des 
llAIesàbec,  percées  de  six,  de  nruf  et  de  douze  trous; 
quclr[[ifs-iiiics:n. lient  mic  cli;rr|iif  .■l.iit  toujours  onfcrméc 

flaijeokls,  le  dessus  était  noniuié/îiîturiouce,  le  ténor  c/ta- 
lumeau,  et  la  basse  de  llate,  iaridon.  Tous  ces  instruit^ns 
formaient  des  harmonies  complètes  qu'on  appelait  ctfiuwrM 
de  flûles 

A  l'égard  des  ïnstrumens  de  cuivre,  ils  ue  servaient  au 
théâtre  quo  pour  exprimer  les  moiivemen»  de  guerre  ou 
la  chasse  ;  i!s  comprenaient  la  Irompcl  te  militaire,  qui  était 
sembla'ble  à  noire  trompette  de  cavalerie;  la  trompette 
droite  ajtpélée-iomiardê,  qui  était  percée  de  sept  tnons^ 
-  avec  une'clef  pour  boucher  le  septième' ;  le  cor,  ou  cornet 
-^'Aou^tM'ni'qui^iait  angsi  percé  de  sept  trous,  dont  l'un 
se  bouchait  avecinte  olef  :  son  embouchure  était  celle  de 
!a  trompette";  enfin  letroméon»,  que  les  Français  appe- 

.  (i)  La  viola  et  le  ténor  de  rîole  «e  jou»ient  lat  le  genon,  «vec  l'arcbel 

guitare ,  pour  y  poser  les'  doigu  ;  la  Ma  da  Gamba  se  tenait  entre  le» 

(i)  On  voit  ctl  inittumeM  daci  le  lalilean  de.  iVàfW  dt  C«na ,  par 

(3)  Laflûto  tr»ie™iirc,  qiiL  ttnit  percée  de  sis  trous,  sans  clef ,  était 
connue  alors,  mais eeulemenl  eu  Allemagne;  plus  lard,  elle  »'est  intro- 
duite en  France,  en  Italie  et  en  Angleterre,  et  y  a  ptii  le  nom  de/lâle 
allemaniU. 

■  (J)  Celte  dlsporitfob  de  la  tmttimU  et  da  eonel  à  bat^um  %tttn- 
'iprodiihe:«t  pedtetiNUiiA  d«  nu  jouis  dfM  lu  ImnpMtt  A  eUf;  Ut 

(SJ  Le  sor  on  pomet  i  bouquin  avait  la  forme  d'aoe  oomei  on  s'en 
«avait  eDcore  ail  comméôcGmeDi  du  rÈgno  de  Xonii  3IT.  Ce  D*eat  qa'Ji 
la  fin  du  diE-tepItsine  ■itcle^<on.a  appris  A  tourner  In  ooii  londs!  il* 
ne  tervïMit  d'abord  que  pour  la  cbatie. 


laîent  Moquebute ,  et  les  Allemands  potaune ,  et  qai  avait 
d^à'lEt forme  que  nous  lui  voyons  iiminli?naiil.     -V.  iM 

On  avait,  en  Allc.n.imsi^ .  s  !>',  roin,iK'iicemeiij4a«6hr 
BÎèBoe'sièclt! ,  un  griiiul  li.iiilboLs  i  u^lk]in;  qu'on  appelait 
krumAom  (cor  courbt?),  piiici:  <|u'il  l.i  larme  d'un* 
bttoii'putoral.  Getinslcamenl  éuil  pisrcé  de  six  Irous;  il 
j-mtïaxeit  de-  diverses  grandeurs  puur  jouer  le  premier  et 
le  second  dessus ,  le  ténor  et  ia  busse;  m^tis  jusqu'au  dix-' 
septième  siÈcleonnesescrvilan  thiiâlre  deliauiboîs  d'au- 

Le  plus  ancien  monument  qui  soit  venu  jusqu'à  nuus  sur 
la  composilion  d'un  orchestre,  est  Tupéra  d'Orfco,  com- 
posi;  par  -llontcvcrdo  en  JC07,  c'cst-ù-dire  environ  dii  ans 
après  que  le  preuiier  essai  de  musique  dranialiquo  tûl  été 
fait  à  Florence.  Cet  ouvrage  a  eu  deux  éditions,  la  pre- 
mière en  j6o8»  la  seoonde  à  Venise  en  j6i9;;OD,  y-  .Irguve- 
t&^&  Via^leàXUm  des  Insltumeiu.t])]!  servent  à.  l' wftoga- 
pàgneiiieiit ,  dans  l'ordre  suivant; 

Duoi gravicemhani  (  deux  clavecins).  -  I  .  • 

Buoicoiitrahaisida  viola{t\ti\i\  contre-basses  de  vf^l^}. 
Dieci  viotcda  Oruz:o{i\[j.  dessus  de  viole).        ,  ■  ; 
Vnarpadoppia  (une  liarpe  double'  ), 
-OitoiVfOtinipiccoliaita  Fraiicese  (deux  petits  violons 
transi)»'  ,  ; 

.  Duaj'eA.âtar0m  (  deux  guitares).  ,.  .  ,  ... 

Duoi  organi  di  iegiio  (  deux  orgues  de  bois*) ....       ' , 
Tre  tassi  da  Gamba  (  (rois  basse*  de  viule.).  ;    ..  .  ~ 
Çuatro  trom/'Hiti  (  quatre  trombones).  -        .  <. 
I/îlrejtlfe  (  un  jeu  de  rc'gale  '  ).  .  . 

Duoi  cornelti  (  deux  cuniets  ). 

(t)  La  harpe  double  «Tait  deux  raog»  de  cordci  [>odi  ang^oEii^  U 
Toree  du  son;  elle  avait  élé  ia  Tentée  en  Irlaaila,  dans  le  mci]^n  ïge. 

(i)  Par  orgue  de  bois  l'aolenr  entend  un  jea  de  llClte  boucHé,  On 
bourdim,  tel  qu'on  ia  Tait  daoa  noi  gracdi  orgatl. 

(3)  Le  jau  de.  rigate  £lait  na  pelil  qrgue  compoté  d'un  d'utche 
■nanlù  «at  pied»  maia  uos  ti^jaux;  le  wn  avait  de  l'aualogia  avec  cels< 
du  ^Ayi-AarmintiM  deooi  joun.  On  ttouTe  enonmun  jeu  derâgats  dans 
quelque!  EuguBa  ■ncieoi. 


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apa  - 

Un  flautina  aUe  vigaima  leconda  (  nn  flageolet 

Un  ciarino  con  tro  tromiit  tonUw  {  un  clairon  avec 
trois  trompettei  à  Bonrdînes  '  ). 

Cefi  instrumens  ne  jouent  point  tous  à  la  fois,  Monte- 
verde  les  a  disposés  de  manière  à  ce  qu'ils  s'appropriassent 
à  la  qualité  des  personnages  qu'ils  devaient  accompagner. 
Ainsi  les  deux  clavecins  jouaient  les  ritournelles  et  l'ac- 
compagnement  du  prologue  y  qui  est  chanté  par.  la  Sfu-- 
«fpi^-pêrsBifnifiéo.-Lieti  deux«onlre-bassea  de  viole  accqmï^ 
pagD^ent  Orphée;  les  dix  dessus  de  viole  faisaient  JëB' 
ritonpnelles  do  récitatif  que  chantait  Euridîce  ;  la  harpe 
double  servait  à  Pnccompagneinent  d'un  choeur  de  nym- 
phes ;  l'Espérance  ilait  annoncée  par  une  ritournelle  des 
deux  violons  français  ;  le  chant  ilc  Caron  était  accompagné 
par  deux  guitares  ;  le  chœur  des  esprits  infernaux  par  les 
.  dÈux  orgues;  Proserpine  par  trois  basses  de  viole;  Plti^ 
ton  par  quatre  thimboneB;  Ailollan  par  le  ped^  iàfpu 
de  régale;  et  ]e  chœur  final  des  bergera,. par  le  àagtti^ 
Jet,  les  deux  cornets,  le  clairon  et  les  tn)is.troiifpètGm& 
fioardioen.  Il  y  avait  sans  doute  de  la  maigreur  dons'Itt'R- 
paratloD  de  tous  ces  iustrumens  ;  maison  ne  petit  nlër-^j^ 
en  résultât  beaucoupdc  variété.  ii"^ 

Plas  tard  on  réunit  les  instrumens  en  masses  plus  im- 
posantes de  violons,  de  violes  et  debasses;  mais  les  inatru-*- 
mens  à  vent  disparurent  à  peu  près  de  l'orchestre.  En 
i634t  iÉlienne  Landi ,  musicien  de  la  chapelle  pontiQcâlCi 
écrivit  un  drame  musical,  intitulé  11  S.  Alesaio,  dans  le- 
quel l'orchestre  est  composé  de  trois  parties  distitictes  de 
violons,  de  harpes,  de  luths,  de  théorbes,,  ■^de.-bassès 
de  YÎDle,  et  de  olareoins  pout  la  basse  caatfaiièlii^^t 

(i)  Lb  fligcolet  cat  iadiqui  ki  le  nom  de  ftaitSiM  atttt  nlfftMÎaMi 
tteenda,  pmx  que  i>  Dote  la  plus  gnve  Mnnait  la  tripla  octave  aignE  do 
id  jan  d'aigne  de  quatre  piedi ,  qu'on  prenait  pour  biH  de*  voîx  et  de* 
înalnmeDi.  \ 

(a)  Je  n'ai  ra  In  trompette*  fe  toindlDe  îndîqnée*  dîne  aocoa  antre 
endroit,  ei  jlgnore  ce  que  c'était.  Le  clalion  était  une  petite  trompette 
qiâ  tonnait  l'octaTe  aiEDi!. 


Digilizpd 


awomblagfl  p.traliruit  nujourd'iitii  bien  sourd ,  maïs  il  dc- 

produire  un  effet  origina!, 
.,  l'orcheslre  iks€riiii|)osilio[is  de  C.ivallî  ,  de  Carissimi 
et  de  IiUlli  fc  rompo.'^E:  principe Icnieut  du  violons  ,  de 
.Y^olex  de  diverses  grandeurs ,  de  basses  de  viole  et  do  dou- 
bles basses  de  viole  ,  qqe  Içs  Italiens  ap.pfllaieat  v,iot0ii. 
Les  parties  de  violoo  étaient  écrites la  ç^jâe'jXotsar  la 
première  ligne,  et  les  diverses  espèces  de  yiolBa^la  olef 
sur  la  première,  sur  la  seconde  et  sûr  la  trelf^èiRp  VfiP*!f?j 
Toutes  les  purlilions  de  Lutli  □fTreiit  ces  di^posillDDI.,ÇB 
compositeur  joignit  quelques  parties  d'iàsframiç^^à^  veot 
à  son  orchestre.  On  trouve  en  divers,  eijd^oitB  .d^^^ 
o^HiTagÇB  l'indicatian  de  flûtes  S  de.  hap,lbo}af,^if6^pafi^ 
sons *,3q fagota* et  de  troaibes'.  HaisqaoïguBb^jiQ^jJnv 

(i)  n  ne  Haut  point  anblier  qne  c'était  du  itatei  t  >  ^  "0^1" 
trmctièK,doiitl'aiage  de  commença  i  te  répindra  ([Bavm'i^IO. 

(i)'  Le  hantboia  incien  (iGjo)  araithuil  lroai,nni  cld'tMlobg^éSr 
totale  était  de  deai  piedi;  le  aou  bq  était  dnr  et  naqae.'lM  ténilt.Bn 
baotboii ,  qu'on  appelait  éamàim,  était  plsa  bw  q«a  le  depM  d'âne 
quinte;  il  avait  deux  piedi  ^ottte  ponof»  de  long,  hoitfrMU,  dont  l'on 
ae  boucbiit  ovec  une  clct  qo!  élilt  eafatiuAe  danann  barillet  percé  de 
troua,  qu'on  nommait  piroatllà.  La  baaae  de  LanUxdi  avait  cinq  piedi 
de  long  et  onw  trou,  dont  qoatte  wt  bonriialant  btio  dea  okb  qui 
ttdeni  enhrméei  dan)  ona  boite.  Cet  ïnatnuneot,  qui  ttait  dttrft  et  qui 
■Tiit  la  f onna  de  bantbcte,  «e  jon^  avec  on  bDcaloomoHi  la  bauon,  ■ 

Çlj  LebanonètaitdWeienlepïèoeietD'avaitpaidepaviUMcanime 
labâna  de  baotbtâi  il  avait  donie  tcMu,  quatre  delà,  et  deaceodait 
ploiba*  qeelabane  dabantboîi.  On  lejonaltanadaveeim  booaL 

(4}  Lefagot,Iniimnient  qoiapputlentaa  genre  dnbintbeb,lMiB- 
veutè ,  en  Italie ,  ao  comnencemenl  dn  dii-ieptiène  eitole ,  par  on 
prêtre  nommé  Jffmnio,  Il  était  formé  de  plaaienn  piicu  comme  le 
ballon  acinet.  On  en  avait  de  Iroiieapicei  :  ta  pnsmitre  iiail  donie  troua 

cleri.  Plniiean  de  ce»  troui  le  boucbaisnt  avec  dea  cheTillei,  qu'on 
Atail  ou  qu'on  mellait  pour  janer  daoi  cetlaini  loni.  Le  troi^tme  fagot 
l'appelait  coaHaut,  parce  qu'il  était  plna  petit  qnelei  antrea;  il  avait 
onie  trooi  et  troii  cleti.  On  t'en  ierraît  pour  lea  bauea  de  maMlIci. 

La  dernier  initniment  del'eapèce  dn  hantboii  éliil  le  ctn!tlu,il  avait 
la  forme  d'un  barillet, et  n'anit  qoe  einqponccia  de  long;  on  le  jouait 
avec  une  ancbe  debautboïa.  Il  étiil  percé  de  aeiietroui  aursacapacilé, 
et  la  diipoaition  en  était,  telle  qu'il  deteendiut  auiii  bog  qac  s'il  eût  eu 
troii  pieds  et  demi  de  long. 

(S)  Cea  trombea  n'ctaîcnl  anlrt  cboie  qne  le  cornet  à  bouquin. 


des  instrumens  fûl  augmenté  et  leurs  acoens  plus  variés  , 
raccompagnement  ne  faisait  que  suivre  la  voit  dans  pras- 
<[iic  (oiili's  Ii'-i  oriMsidii-.  ;  Irs  viloTiriiclIiîs  seules  oITraiecit 
un  peu  plll^  de  k-j,-i'n'lc'.  llcli',;  iiKiiiiùru  mouolone  se  per- 
pétua CD  Fruncu  jusqu'à  lljnie;m  :  l'Italie  même  n'était 
guère  plus  avancée  au  temps  de  Furgolëse.  Léo  ét 
burante  furent;  danscepajSj  lés  premtefs  qui 'gâi<|it' 
mettre  dans  l'orchestre  un  înttfrèt  pdrliculier,  sans  aug- 
menter le  nombre  cles  iiLslriiiiiens  ;  mais  cet  art  fut  sur- 
luiit  perrectioLiiii'  par  [MiiJ<.  i  l  Ji.melli. 

L'îiiveiilioii  du  kl  cl.iriiiollu  .  en  iGqo  ,  par  Jean  Chris- 
lophe  Dcnner  *,  l'introduction  de  la  flûte  travcrsiËre  dans 
lés  'pro%cstres,  et  les  perfectionnèmens  du  C0T4e«haRse' 
foarnTrènt  aux'  èonipositeure  des  moycnis' de  .WHer'^lËÏ' 
effets,  dont  on  ne  reconnut  pas  d'abord  tout  le  mérite, 
l^àrcë'qn'o'à  u'eri  sentail  pàs  là  nëfiesBfté.'X'âi't'ié^t^^àC 
alors  :  les  formes  dil  chaii,t  ^^ient  ln^n\^|ëtr'B'  '£pu]Çj^^'J' 
elles  seules  attiraient  l'attention  ,  et  les  hommes  de  génie 
(|iiî  brillaieut  au  oommencemciil  liu  dix  luiititme  siècle 

les  plus  siiLi[ilr:s.  l'IiiskinJ,  roxpre-.sidii  do  l^i  piii  ule,  des 
situations  et  des  sentimeus  dramatiques,  devint  l'objet  im- 
portant pour  tes.aclistes  let  pour  les  iunaleurs.,  C^,^'4l^t 
point  encorA  le  moment  de  cheroiiep  des'  rsssonrool  daus  ^ 
les  combinaisons  iplus'oa  moins  hëarëuBes'd'Iitsiniiiiâis 
divers.  Seulement,  raccompaguemctil  du  chaiTt  Commun-  ' 
çait  à  se  détacher  de  la  partie  principale,  ut  à  prendre 
une  physionomie  parliculiËrc.  L'habilctë  des  inslrumen- 
listes  augmentant  à  mesure  que  les  compositeurs  avaient 

[0  Jeao-Ghrislaphc  Dernier,  céltrbre  luIbiEr,  nfequit  i  LdpricI:,  Is 
iJBoùl  IfiSS.  A  l'âge  de  huit  am,  il  «uWil  les  paréUs  i  Nnttniberg  ,  oh  ' 
ilsielliÉrenI;  it  apprit  d^s  ton  enfaoce  à  toamcr  du  llâlo,  art  daoi  le 
qasl  Idh  père  avait  beaucoup  d'IiabiletÉ.  Jcsn-Christopbe,  doaÈ  d'un 
«•prit  Inventif,  ebercba  dans  la  suite  fi  perfeclionner  cet  iiulrument,  et 
iareala,  outre  li  claiinelle ,  ceux  qui  onl  été  connuB  mui  le*  noms  de 
tUch  fkgotl  (titnoa  1  caaae],  et  de  raekeltea  fagoll  (baMoa  i  Taquet(«  ! 
ou  à  tuii£e],  leiqaeli  ont  tuai  depuii  Iang-t«nipi  d'êlrs  en-ungc.  Dernier 
m ourat  k- Nuremberg,  leioanil  170;,  laluxnt  de»t  ils  ^i  ont «WcaH 
dignemeAt    rf  patatioo  de  lear  ptre. 


besoin  dVtendre  le  ccroly  de  leurs  cIFuls ,  permellail  de 
varier  les  formes  iiii!'ludi(|iies  de  rorclieslre.  Jnmdli ,  Pic- 
cini  et  Gluck,  à  qui  l'on  duit  beaucoup  d'heureuses  inno- 
vatioDB  en  ci:  gepre  ,  suivaient  plulôt  la  pente  où  les  en- 
traîntiit  leur  génie  que  le  guHl  du  public;  car  celui-ci 
était  encore  loin  de  discerner  dans  l'effi;!  gént'ral  de  ta 
musique  ce  qui  appartcunit  à  l'urelicstre.  On  peut  mâmo 
dire  que  cet  orchestre  l'imporlunail  pins  qu'il  no  lui  était 
agréable.  Le  cbant ,  le  chant  seul  attirait  son  attention  ; 
cl  tout  ce  qui  pouvait  l'en  distraire  lui  déplaiBail.  De  là 
vient  qu'on  adressait  souvent  aux  musiciens  que  je  viens 
de  nommer  le  reproche  de  trop  adcriiicr  ans  inslrumens. 

Le  développement  des  formes  de  l'opéra  bouftc  par 
Galuppi  donna  naissance  uni  morceaux  dans  lesquels  lo 
.principal  intérêt  est  jelé  dans  l'urclieslrc,  lanilîs  que  les 
chanteurs  ne  font  qu'une  aorte  de  conversation  dénota 
tt  parole.  Celle  idée  perfeetionuéc  par  l'aijicllo,  Ci- 
marofa,  Cuglicinii,  Mozart  et  Rossinî,  est  devenue  la 
Huurce  d'une  foule  d'etfela  charmans  et  de  morceauc  par- 
faits en  leur  genre. 

Eaydn,  en  perfectionnant  les  formes  de  la  symphonie, 
prépara,  vers.ijGo,  l'importance  que  l'orciieslrc  allait 
acquérir  dans  la  musique  dramatique.  C'était  à  Muzart 
qu'était  réservée  la  gloire  de  créer  celte  importance ,  sans 
qu'on  pùt  l'aecuBer  de  chercher  dans  des  elFels  d'inslru- 
mens  des  ressourc)^  il  défaut  de  chaut,  d'expression  on 
de  force.  Génie  original  s'il  eu  fui  jamais,  nul  n'a  eu  plus 
que  lui  des  chanis  suaves,  expressifs  et  vigoureux;  mais 
comme  son  organisation  toute  musicale  le  portait  à  per- 
Jcctionner  tout  co  qu'il  touchait,  il  sut  donner  à  son  in- 
strumenlalion  un  degré  d'intérêt  dont  il  n'y  avait  point  eu 
d'exemple  jusqu'à  lui ,  et  sut  s'arrêter  au  point  qu'il  sem- 
blo  qu'on  ne  puisse  dépasser  sans  que  ce  soit  au  détriment 
du  chaut  et  sans  qu'il  en  résuUo  de  la  faligue  puur  les  or- 
ganes. 11  faut  se  rappeler  que  ses  beaux  ouvrages  ont  été 
composés  de  1786  à  179a,  et  qu'avant  cette  époque,  on  ne 
voit  point  qu'aucun  autre  musicien  eût  étudié  comme  lui  les 
ressources  de  la  qualité  de  son  de  chaque  iusirumeni;  son 


orchcsire  cftt  toujours  le  résultat  d'an  senliincnl  vîf  et  prv 
iouJ,  et  jamais  d'un  calcul.  On  peut  le  dire  sans  crainte 
U'eire  juniaî-i  di^menli.  Mozart  a  atlchit  le  point  le  plus 
élevé  de  jierrccliondanKrînstrumcntaliondu  final  dusecond 
acte  des  Nocm  de  Figaro  ,  de  presque  tout  Don  Juan, 
■etiala  FiûU  enohantic. 

Les  travaux  de  Palaiello,  de  CimortHa  et  do  feots  rao- 
cGsscurs  ti'ont  rien  ajouté  aux  inventions  de  ce  grand  ar- 
liste  :  ces  musiciens  soiil  Tni'nic  ^l■^ll■s  fort  au-ilessous  de 
lui,  soil.^Jon^  U:  r,i|iii,iil  .h.  1,1  v,;ii<  !,■  dli.irinniiif; ,  soit  sous 
ciihii  .ks  Lirais  il\)rcliti.lir.  I'ei  i  imiun.:.  Mclnil  el  M.  Clie- 
rubini  ont  ^ijoiih;  aiit  i  i  ;isomxe>.  cici-cs  |i,ir  Jlozarl  le»  per- 
Jeclionnemcns  de  l'instrumentalion  <le  cuivre' ,  et  de» 
formes  d'accodipagnemcns  contraints  et  sj-niétriques  dont 
on  peut  tirer  bon  parti  quainl  on  n'en  abuse  pas.  SlaÏB 
l'Italie  était  destinée  à  ûlrc  le  théâtre  d'une  révolution 
complète  tant  dans  le  système  liarmonicui  ([ue  dans  celui 
de  rinstrumenlation  ,  révolution  dont  nous  avons  élé  les 
témoins  et  don!  llossini  est  l'aulenr.  Après  avoir  cir.]iriinlé 
à  SLii7,.irt,  à  li,^clhnveii  ,  il  Clieriiiiîiii  et  à  Uléliiii  leurs 
moyens  d'cfTcr,  iiuxquelsil  a  r.iil  subir  les  niuililicalions  Ue 
i-on  génie,  lui-même  s'est  porté  en  avant  par  les  additions 
qu'il  a  failea  aux  procédés  employés  par  ses  prédécesseur*. 
Ses  composîtions  offrent  les  premiers  exemples  Sé  ^ktre 
parties  de  violon,  la  réunion  Tormidablc  de  (juatro  cors, 
trompettes  ordinaires,  trompelles  à  elefs  ,  Iroinlioiies , 
ophycléides,  etc.,  servant  scnls  à  l\ii.c  jriiii.i^[n  iiicJit  de 
quelques  morceaux;  les  formes  \:iviif-,  l'.v  il  (.■,■-■.  lui  el  li'iiar- 
mouie  de  ces  insirumens,  qui  y  paraissaient  peu  propres , 
et  l'usage  coostanl  de  la  grosse  caisse ,  des  cymbales  et  des 
triantes.  Les  effets- admirables  qu'il  en  a  tirés  le  justifient 
de  l'abus  des  moyens;  et  lïen  ne  prouve  mieux  son  génie 
cjue  d'avoir  pu  faire  aimer  tout  ce  bruit  à  un  peuple  qui 
auparavant  avait  de  l'avendoii  pour  tout  accompagoetAent 
trop  nourri. 

(i)  Cet!  d*Dsleim  onvoge*  qu'on  troavcpoor  !■  piemitie  tdU  quatre 
con  dani  jUBÎrnu  tiMU,  et  no  emplid  Itti  Leam»  det  miu  boacÛ»  de 
ait  iasinunenl. 


a?? 

Tout  on  rendant  justice  au  talent  supérieur,  on  est  forcé 
de  convenir  néanmoins  que  les  proportions  de  l'orcliestre 
iaont  rompues  par  l'usage  fréquent  de  ces  insirumcas  si 
bruyans.  Le  fondement  des  orchestres  serj  toujours  le  vîo- 
loii  et  la  basse;  mais  cotnme  leur  nombre  n'a  point  été 
augmenté  j  usqu'ici  dans  les  théâtres  des  principales  villes 
de  l'Europe,  il  arrive  qoc  la  Gouorité  des  iiisiriimcnj  à 
cordes  est  êtou tTée  BOUS  celle  des  flûtes,  des  haulbois,  des 
clarinettes,  des  liassoiis,  des  cors,  des  trompettes,  des 
trombones,  des  ophycleides ,  des  limhaicB,  do  la  grosse 
caisse  et  des  cymbales.  A  l'OpÉra  de  Paris,  les  violons  et 
les  basses  étant  très  nombreux,  ce  défaut  n'est  pas  très 
remarquable;  mais  di^àil  est  sensible  au  ihéàtic  Italien, 
et  c'est  bien  pis  dans  les  provinces.  Cependant  il  n'est  pas 
toujours  possible  d'augmenter  les  masses  proportionnelle- 
ment; lararelËdes artistes,  le  défaut  d'emplacement,  peu- 
vent s'yopposer.  Il  estdonc  fâcheux  d'étia  arrivé  an  point 
d'avoir  besoin  d'un  eicts  d'effets  qui  finissent  par  se  nuire. 

Hais  en  supposant  que  les  proportions  pussent  s'établir 
partout,  une  question  se  présente;  la  voici  :  abslraclion 
faite  des  créations  du  génie,  que  fera-l-ou  maintenant 
pour  continuer  la  marche  progressive  des  effets  dont  on 
est  devenu  --i  avide î  espère-t-nn  en  obtenir  de  nouveaux 
en  augmeutànt  les  moyens  de  faire  du  bruilPnon;  car  ces 
moyens  mêmes  sont  intocdits,  à  moins  qu'on  n'augmente 
le  diamètre  des  tamlMrs  et  des  timbales.  D'ailleurs 
on  se  lusse  du  bruit  comme  de  loule  autre  chose.  D'un 
autre  cAlé,  il  y  aurait  peut-être  beaucoup  de  diflicu^^ 
ramener  le  public  à  la  simplicité  d'orchestre  de  CimaîiP 
et  de  Paisicllo;  car  remarquer  qu'il  faudrait  bien  plus  de 
génie  pour  faire  adopter  cette  marche  rétrograde  qu'il 
n'en  a  fallu  pour  nous  conduire  an  point  où  nous  sommes 
Que  rcsie-t-il  donc  à  faire?  Il  me  semble  qn'on  peut  l'in- 
diquer; voici  mes  idées  à  cet  égard. 

La  variété  est  ,  comme  on  sait ,  ce  qu'on  désire  le  plus 
dans  les  arts  ,  et  ce  qui  est  le  plus  rare.  U  moyen  d'obte- 
nir le  meilleur  effet  de  l'orchestre  serait  donc  d'établir 
celle  variété  dans  l'inst  rumen  talion  ,  au  lieu  d'adopter  un 


sfiilc  i  cliu 


l'a  fail  depuis  riiivcnlion  du  drame  musical.  Tous  les  opé- 
ras du  dU-scpLième  siècle  ont  pour  accompagnement  des 
violons  ,  des  viole»  et  des  basses  de  viole  ;  ceui  du  eom- 
mencement  du  dii-huitième  sont  accompagnÉs  par  des 
■violoos  ,  des  basses  ,  des  flûtes  el  dos  baulbois  ;  successi- 
ifrmCTilciit  ;  mais  les  formes  de 


rinslrumcntalion  soi 
sysIÈme  est  en  viguei 
\iu  air,  un  duo,  une  romance  mûme  qui  n  aiQUt  pour  ac- 
compa'eoement  deuii  parties  de  violon,  alto,  violoncelle, 
contre  -  basse  ,  flûtes  ,  hautbois  ,  clarinctlos  ,  cors  . 
l  nom  pet  les  ,  bassunfi  ,  timbales,  etc.  Quelle  source  de 
monotonie  qu'une  semblable  obstination  à  reproduire 
toujours  le»  mCmcs  sons  ,  tes  mêmes  accens ,  les  mû^ 
mes  associations  !  Pourquoi  ,  avec  des  moyens  bien 
plu»  développé»,  n'imitcrail-on  pas  l'idée  si  heureuae  do 
Honteverde  de  donner  h  chaque  morceau  une  physio- 
nomie particuliÈrc,  par  la  différence  de  sonorité  desiu- 
Hlrumens?  On  aurait  des  airs  ,  des  duos,  des  romances, 
des  quatuors  même  accompagnés  seulement  par  des  msiru- 
n.cns  i  corde»  de  différentes  espèces,  ou  même  d'une 
seule  ,  (elle  que  des  violoncelles  ou  des  violons  et  allos , 
ou  enfin  de»  doubles  quatuors,  dont  l'un  serait  à  son» 
soutenu»  et  l'autre  à  sons  pineés.  On  pourrait  également 
employer  de.»  flûtes  ou  de»  clari.|Jlcs  seules, des  hautbois 
avec  des  cors  anglais  el  des  ba.ssona.  Mais  pour  user  de  ces 

•eus  ,  il  faudrait  compléter  certains  systèmes  d'inslru- 
slels  que  celui  de»  flûtes  eldes  clarinette». 
L'espÈce  Au  violon  offre  une  suite  complète  dans  ses 
premiers  el  seconds  violons ,  altos  ,  violoncelle  et  contre- 
basse.  Le  hautbois,  qui  se  divise  aussi  en  premier  et  second, 
a  pour  quinte  le  cor  anglais  ,  pour  violoncelle  le  basson ,  et 
liuur  contre-basse  [e  contra-fagotto  i  enfin  J'insirumen- 
talion  decuiïreàun  double  système  eompleli  celui  des 
,;ompeltesordi,.aii^s,des  corset  des  trombonesdonlle son 
scmodiGc  principalement  par  tes  li!vres,et  celui  des  Irom- 
pelics  à  Clef,  et  des  ophycleïdcs  alto  ,  lenor  et  basse.  Hais 


DlgilizoO  by  GoOvjii: 


^79 

la  Hûl»  01  1«  cl.rinollc  n'o,,.  pa.  Je.  mCae,  «,a„,,,,,, 
Iwen  U.,llor  ,  à  ,„[  l'on  doU  le,  perr.cBc.cmen,  dl  co 
dn;n,„  ,„.,„,„.e„, ,  .  ^^..^ 

ral.ou  ,  a  donne  U  c(<irraiiK-»!<o ,  el  l'e.i  occupé  de  1% 
ton.trucl,on  d'une  ot„H,„lU-violmMc  :  ,-i|.„„„  ,„;, 
e.Uc  ré.ollo,  de  .c,  recherche.,  „,|,  i|  ,e„it  i„,é„.'a„t 
•luilpùt  accomplir  rail  dcuin.  A  l'éjard  lîe.  Mie»  il  v 
«urail  uu  mojcn  de  «uppléer  à  leur  InmOii.iuce  dam'oer'- 
laiiiH  cas  ;  ce  serait  d'avoir  dans  l'orchestre  un  feu  d'or 
sue  ,ui  serait  composé  do  tous  ie.  registres  possibles  <le 
llilles  ouvertes  et  bouchées. 

On  pourrait  user  d.  1,  variété  d'elTct,  que  je  p,„p„,e . 
non-seuieraent  dans  des  morceaux  dilTéi^-ns,  mais  môme 
dan,  le  cours  d'une  scène.  La  réunion  de  tonte,  les  res- 
sources aurait  lieu  dan.  le.  .itualton,  fortes,  dan,  le, 
/!««(„.  etc.,  et  l'on  en  tirerait  d'autant  plus  d'eiret  que 
ocitc  réunion  .erait  plu.  rare. 

Tout  cela,  dira-t-o„,  „'e,tp..Ie5,i„ie.  Je  1,  sai.  bien, 
et  cela  e.i  heureux;  car  .'Il  y  avait  dc8  procédé,  poor  faire 
de  bonne  mo.ique  ,  ce  ne  serait  piusun  art  :  on  ne  l'éeoi, 
tc.ait  plus.  Mais  poul(|,ol  „,  p„lnl  offrir  à  co  uéni.  san^ 
1«,»,1  on  no  peut  rien,  ,o„,e.  |.,  ressources  ,„c  i'Lpé- 
nonce  et  la  réllexion  font  trouver  ii  Pourquoi  borner  son 
domaino.i.  Ilédni.ci  Mo.art  cl  Ilos.ini  au  quatuor  de  Per 
FolèM,  Ils  trouveront  de  beaux  chants,  une  harmonie 
él^antomémc,  mai,  il,  ne  pourront  prodnlro  les  effel, 
Ménoreiques  que  vous  admirer  dan,  leur,  compo.lilon. 
Comment  sup|M,.er  l'existence  delà  doi  nièrc  .cènode 
^«r^n  (  telle  qu'on  la  Joue  au  Ihéairo-Ilalicn  )  ou  le  li„al 
de  J/oa. avec  de,  violons,  de.  alto,  et  des  basses»  M'en 
doulcu.  pa.  ces  beaux  cDèi,  .„n,  le  résultat  d'un  orchc- 
ir.  formidable,  et  du  génie  qui  a  su  le  metirc  eu  œuvré 
1.0.  grand,  maîtres  des  anciemie,  école,  ont  an.si  inventé 
de.  effet,  d'un  genre  avec  de,  moyen,  bien  pl„. ""l* 
pies  Eb!  voili  pourquoi  je  demaudo  qu'on  „,  renonce 

..M  affaire  du  talent.  Tout  le  monde  a  remarqué  qu'au 
liéJt,^  le,  morceaux  sans  accoinpasnemeot  plaisent  tnu- 


DlgiUzBdbyCooglL' 


jours  <[unii(t  ilti  sout  bien  clianli!»,:  ccteiTcl  est  unu  consé' 
qucnco  italiircllc  d'un  changpmont  de  moj^ens,  indépen- 
dant même  de  la  manière  plus  on  moipi  heureuae  dont 
le  compositeur  l'umploie.       .-.  ...  .  .-'     .  .  f.     .  •  ■  <r  ■ 

Il  y  a  eu ,  comme  je  l'aï  fait  voir  dans  la  partie  histori- 
que de  cet  article ,  une  progresHoD  continuée  jusqu'au- 
jourd'hui dans  te  développement  ilc  l'instrumciilntion  : 
cette  progression  peut-elle  continuer?  Je  ne  le  crois  pas. 
Que  l'aut-il  donc  faire  pour  ne  point  tomber  dans  la  mono- 
tonie i'  Voilà  tonte  la  question.  Je  crois  la  résoudre  eu 
proposant  (le  jflr.r  \ut  toiip  il'œil  en  arrière,  non  pour 
abandonner  ce  que  nouspossédonSt  mais  pour  nous  enri- 
chir de  ce  qu'on  a  abandonné.     >  : 


BIOGRAPHIE. 


ÂBBU.  (  Jean  ) ,  ofaantenr  de  la^apelledc  <^arleill , 
naquit  en  Angleterre,  vers  lo  milieu  du  17*  siècle.  Doué 
d'une  très  belle  voix  de  ténor,  , il  joignait  à  cet  avantage 
celui  de  jouer  supérieurement  du  Intli.  Le  roi,  qui  admi- 
rait son  chant ,  avait  formé  le  dessein  de  l'envoyer  an 
carnaval  de  Venise  avec  un  autre  Anglais  ,  afin  de  mon- 
trer aux  Italiens  qu'il  y  avait  de  belles  voix  en  Angleterre. 
Mais  le  chanteur  qni  devait  accompagner  Abell  ayant 
manifesté  beaucoup  de  répugnance  pour  ce  voyagC',  le 
10!  abandonna  son  projet.  Aboli  oonlînua  à  Ëiire  partie 
de  la  chapelle  royale  jusqu'à.la  r^oIaUonde  i6B8,-où'il 
fut  renvoyé,  parce  qu'il  était  de  la  communion  romaine, 
n  voyagea  alors  A  l'étranger,  et  chanta  avec  succès  dans 
plusieurs  villes  d'Allemagne.  Les  concyts  qu'il  donnait 
lui  procurèrent  beaucoup  d'argent ,  cl  il  aurait  pu  vivre 
dans  l'aisance  ,  si  son  imprévoyance  et  ses  prof  usions  ne 
l'eussent  réduit  à  voyager  dans  les  provinces ,  .son  Idth 
■urie.dos,  exposé  à  U  misère  et  aux  Isligues  d'an  mu- 


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gicÎËii  aiiiliiilaiil.  Uuus  si/o  uonrscs  ,  il  iiarcniti'ul  linitu  la 
l'ologne.  Arrivé  à  VarBoïii: ,  il  reçul  une  iiivilalioii  du  se 
t-Giidro  chez  le  i-oi ,  cl  celui  qui  élaït  cliargÉ  du  celle  com- 
miasiou  ,  lui  Fit  observer  qu'il  y  aurait  qucltiiic  danger 
pour  lui  à  ae  point  obéir.  Néaiimoius  il  s'excusa  sûr  la 
fatigue  du  voyage.  Quelques  inslaiis  après  ,  il  reçut  l'or- 
dre positif  de  se  rendre  à  la  cour  le  lendcmnlti.  A  son 
arrivée  ,  on  le  fit  asseoir  sur  une  chaise  placée  au  mi- 
lieu d'une  ïasie  eaile  ;  mais  à  peine  y  eui-il  pria  place 
que  cette  chaise  s'éleva  à  une  grande  hauteur.  Alors  le 
roi  et  sa  cour  parurent  dans  une  galerie,  et  en  mâme 
te  m  p.t  plusieurs  ours  furent  lâchés  dans  la  salle  au-dessous 
du  pauvre  Abell.  On  lui  donna  rallernative  de  chanter 
sur-le-champ,  ou  d'Ctre  diivoré  par  les  ours  :  on  devine 
son  ehoii;.  Quel  que  dût  être  sur  l'artisle  re£fct  de  cet 
acte  d'un  despotisme  stupide  ,  il  a  déclaré  depuis  qu'il 
n'avait  jamais  mieux  chanté.  Après  avoir  employé  plu- 
sieurs annécsà  voyager,  Abell  revint  en  Angleterre  eu  i^oi. 
cl  dans  la  même  année ,  il  fit  paraître  une  collection  d'airs 
en  dill'éreDles  langues,  avec  ime  dédicace  à  Guillaume  III, 
où  il  le  remercie  de  lui  avoir  permis  de  revenir  dans  sa 
patrie,  llogcr,  d'Amfilerdam,  publia  aussi  dans  le  même 
temps  UD  recueil,  intitulé  :  tes  Airs  d' Abell  pour  ic  con- 
cert de  Duote.  Gniiii ,  on  trouve  deux  airs  du  même  au- 
teur dans  la  collpclion  Intitulée  :  PiUs  to  purr/e  mttan- 
coly ,  tom.  IV.  ïl  paraît  qu'Abell  vivait  encore  en  1714J 
mais  un  ignore  répui{ue  précise  de  sa  mort. 

NOUVELLES  DE  PARIS. 
THÉATRIi  ROYAL  ITALIEN, 
'S'ftmièM  tcfiriscntiifion  &e  ta  <ftisforeCta '^a5rt(«na,  ■ 

^.\'avril.  Les  débuts  d'une  cantatrice  qui  jouit  de  quel- 
réputation  un  Italie,  et  la  première  rcpréacntaliou  d. 


DlgiiUEd  ùy  Google 


l'ouvrage  d'un  uoiiipuailtur  dont  Je  nom  seul  était  cotfnif 
parmi  nous,  avaient  aitiré  moins  de  monde  qu'an  aurait  pu 
s'y  attendre.  Piusicnrs  loges  étaient  vides  au  oommence- 
JU£al  de  la  soirée;  beaucoup  d'autres  le  furent  avantla  finv' 
Vb  bon  génie  avait  sans  doute  inspiré  les  abioM^  Mtf 
triste  expérience  détermina  la  retraite  des  aulroBiT&aaitMt 
cffux  que  le  devoir  n'enchaînait  point  dans  la  salTë  ;«t  qot 
pouvaient  se  soustraire  par  la  fuite  à  l'action  somnifère  dst 
l'œuyre  de  M.  Vacciii. 

To.iit  le  monde  se  rappelle  nu'on  représenta  ;iu  tliéâtre* 
<l4>„^;Q^^ct-Çoinique ,  en  1819,  un  drame  musical  iatitidâ 
^^bmW^^Ç^'^f^»  JffA  :TOtbcaiM!flm»faiiLHi^i  -ytèS 

l>WiJflt^.4aiw.  «pt-Qtwfage-lea  fiuidëmens  de  là  Brillante 
réputafiça  qu'il aconsotidéedepuis  par £mma,  Leiccsur, 
ta  Neigù,  etc.  La  fraîcheur  des  chanls ,  l'élégance  des  ac- 
compagne mens ,  la  couleur  locale,  qui  briltaicnt  dans  /a 
Bergère  Châtelaine,  réuniront  les  suffrages  du  public  et 
des  cofi  naisse  urs.  C'est  ce  même  sujet  que  l'admiulàtratlnn 
du  Théâtre-Ilalicn  vient  d'offrir  aux  dilBttantiir  d^s  ia 
PifstonUa  F.eudatariai  mais,  au  lieu  da  la  nuMl^te^t-. 
^  K^v>tom.  ^j^mm^i  Ift^^blion'a  ent«|dft^|pe% 

imitatîoades  forines  roBSÎmenaeB,  et  deux  aolé»  énormes 
n'ont  point  montré  une  inspiration  de  quelques  secondes, 
list-il  vrai  que  de  pareilles  choses  ri'n>.'i.-'-''iit  en  llalie? 
Esl-il  vrai  que  M.  Vaccai  partage  aïtc  .Mti  t.idiiiilLi  la  do- 
mination de  la  scÈqe  Inique  dans  le  pays  qui  a  vu  uaitre 
Kossini?  S'il  en  est  alnsi^pltûg^QpB'Qt^  l^au  pays.d'Ctre 
arrivëà  oedegré-dfrdéeadèAoei"  ' 

Je  viens  de  dire  que  M.  Vaccai  imite  Itoteibi;  mais  c'est 
Reulemcnt  dans  les  procédés  mécaniques  de  l'art,  dans  ces 
eresocndo  que  l'aulcur  de  Moïse  abaiidonne  à  ses  faibles 
imitateurs,  et  qu'il  détJ:ii!;iif  anjourd'hui ;  dans  loul  le 
reste,  M.  Vaeeai  ne  senilile  pas  avoir  c:iiiiiii-is  sun  modèle. 
Son  oreiieslre,  qLii)ii[ue  visant  au  iiruiu  est  si  ili'i:iilorr,  si 
noi,  qu'on  auniil[>tiueà  croire  qu'il  esleuLiipo.sOdt^siiiOmcs 
iu'ïtrumeus  qu'on  entend  dans  OlcUo  ou  dans  le  liarliier 


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r 

afS5 

I  de  Sévilie. ,  et  que  lus  miislcieus  «ont  en  nombre  stidisaiil. 

L'air  du  Poilesla,  Che.  razza  di  vittani,  {irésenUit  un 
bou  Diotif  bouiru  ;  mais  loiit  y  c.it  commun  e(  «ans  effet. 
Ou  CD  peut  dire  aillant  ilii  duo,  .S'épier /ei  vivo,  de 

la  cavalirie  ,  Pace,  tcsnro  dei  cuorc,  des  climurs ,  et  de 
presque  tous  les  airs.  Une  romance,  Pressa  un  ruscello 
limpido ,  c\  le  duo  qui  le  suit  ;  un  petit  quintetto  du  fi- 
nale du  premier  ai;te,  et  nii  duo  assez  comique ,  Cara  At- 
testa,  ont  paru  meilleurs  que  les  autres  morceaux,  mais 
Eont  encore  bien  faibles.  Il  y  Si  d'ailleurs,  dans  cet  ou' 
vra^e  uu  défaut  très  sensible  pour  l'Époque  actuelle  ;  c'eiii' 
la  rdi^té  des  morceaux  d'ensemble  et  la  longueur  des  ré- 
cilatiTs;  ceui-cî  occupent  plus  des  deu%  tiers  de  la  pibcc. 

Il  est  difficile  de  porter  un  jugement  sur  le  lulent  de  ma- 
ddnbisclfc  Ferlolli  après  une  seule  audition;  sa  erairile 
était  telle  dans  ce  premier  essai,  qu'il  lui  fut  presque  im  - 
possible  de  chanter  sa  premi^e  cavatine.  Etle  s'est  ras- 
surée ûn  peu  dans  la  seëne  suivante ,  et  a  dit  assez  bien  sa 
rëmanee  Prcsso  un  ruscetlo ,  ainsi  que  l'ensemble  du  duo 
suivant;  dans  le  reste,  elle  a  élé  inégale.  En  général,  sa 
vois  (iaràtt  avoir  de  la  sécheresse  et  da  la  dureté  ;  quelques 
Hjllabcs  semblent  lui  être  défavorables,  et  provoquer  une 
émission  de  sons  de  la  gor<;e;  mais  elle  n'est  point  étran- 
gère à  l'art  du  cliant ,  et  parait  avoir  un  sentiment  juste  et 
convenable.  Au  reste,  je  le  répète,  il  faut  une  autre 
éprei^vc  pour  la  juger.  DonzcUi  et  Z.uchelli  ont  fait  preuve 
de  talent  autant  que  cela  se  pouvait  dans  une  composition 
aussi  faible.  Pellcgrini  a  été  plaisant  comme  aeleur;  mais 
comme  clianteur  !  hélas  ! 

THÉÂTRE  DE  t'OPÉRA-COMIQUE. 

tin  épisode  du  romau  de  Wallcr-Scott ,  intitulé  Red 
Gauntût,  afoumi  lesujel  de  cette  petite  pièce.  Uu  seigneur 


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i84 

de  village  u  re^:ii  d'un  de  !;cs  fermiers  mille  écus  que  celui- 
ci  lui  devait.  Au  moment  oiiil  venait  de  signer  la  quittance, 
il  meurt  subiiemeiit.  Son  iiitcndatil  trouve  celte  quïtiance 
et  la  soustrait ,  afin  d'oiiliger  le  fermier  h  payer  deux  fois 
ou  à  lui  accorder  la  main  do  Ha  (îllo.  Mais  le  valet  du  fer- 
mier a  été  lémoiu  secret  de  l'action  de  l'inleudonl;  par 
une  mauieuvte  adroite  il  parvient  à  s'emparer  de  la  cas- 
sette qui  renferme  la  quittance  ;  le  fourbe  est  confondu, 
et  Cécile  épouse  un  jeune  paysan  qu'elle  aime.  Do  jolis 
détails  BOmés  dans  l'ouvrage  n'ont  pu  racheter  quelques 
incouvenances  qui  tiennent  au  fond  du  sujet  ;  le  public 
s'est  montré  sévère  et  la  pitce  n'a  obtenu  qu'un  succès 
contesté.  Les  auteurs  des  paroles  sont  HH.  Scribe  et 
Mêles  ville. 

Cette  courte  analyse  indique  assez  qiierien  n'était  moin.i 
propre  à  la  musique  que  Ij  Lettre  Posthume.  Aucun  mor- 
ceau n'est  amené  par  les  situations  ,  en  sorle  que  le  musi- 
cien n'a  eu  à  traiter  que  de' ces  morceaus  de  placage  qui 
peuvent  être  placés  iadilTéremmeut  où  l'oo  veut,  et  qui 
repoussent  l'iuspiralion  plutùt  i^'ils  ne  la  sollicilent. 
M.  Itreubiï  a  senti  lu  difiîculté ,  ci  n'a  poinl  tenté  l'impos- 
sible en  voulant  donner  des  formes  musicales  à  ce  qui  les 
excluait.  Il  -l'est  borné  à  soigner  son  ouvcrlurc ,  dont  les 
d(!lails  ont  paru  gracieux. 


THEATRE  DE  L'ODEON. 


Oh  connaît  en  Allemagne  un  moiiodramc  intitulé  Car- 
delia,  dont  la  musique  jouit  d'unec^lime  méritée.  Le  sujet 
est  celui  d'une  jeune  fille  qui  a  été  séduite  et  abandonnée. 
Elle  erre  dans  les  monlaf;nes  et  sur  des  rochers  escarpés  ; 
des  paysans  sont  à  sa  recherche,  et  des  chœurs  interrom- 
pent seuls  ses  monologues.  Ou  sent  qu'un  pareil  sujet  no 


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a85 

peut  fournir  qu'un  pelit  nombre  de  sctne»,  par  l'iuipossi- 
bilité  d'y  inlroduire  de  la  variété;  awssi  l'ouvrage  n'esl-il 
qu'en  un  acte.  On  ne  sait  quels  motifs  ont  pu  guider 
les  auteurs  qui  ont  entrepris  de  l'arranger  pour  la  scène 
française  sous  le  nom  de  la  Foiie  de  Giaris  ,  lorsqu'ils  se 
sont  décidés  à  le  mettre  en  deux  actes,  et  à  y  introduire 
des  personnages  élrangcrs.  Ces  ehangemens  n'ont  pu  se 
faire  sans  louetier  à  la  musique ,  et  conséquemment  sans 
lui  61er  sa  couleur  individuelle.  La  maniede  iQusnusarran- 
geurs  est  de  croire  qu'ils  améliorent  les  ouvrages  par  l'a- 
malgame de  leurs  idées  avec'cellcs  des  auteurs  primitifs.  Ils 
ne  s'aperçoivent  pas  que  leurs  conventions  vulgaires  sont 
incompatibles  avec  des  eréalions  originales,  et  que  leurs 
prétendues  améliorations  ne  sont  que  des  avortumens  ou 
des  superfétations. 

LaFottt  dù  Gfurîï  prouve  évidemment  ce  que  j'avance; 
en  délayant  dans  deux  actes  fort  longs  une  situation  fati- 
gante, AI.  Payer  et  son  collaborateur  ont  rendu  les  dé- 
fauts du  sujet  plus  remarquables.  En  ajoutant  des  mor- 
ceaux à  la  musique  de  M.  Conrad  Kreutzer,  ils  lui  ont  filé 
son  cachet  d'originalité .  et  pour  ajouter  à  cette  malhcti- 
reuse  idée ,  M.  Payer  n'a  fait  que  de  la  musique  déle.<<ta- 
ble,  de  la  musique  de  piano  mal  faite,  mal  modulée, 
mal  écrite  et  qu'un  uc  peut  clianler.  C'est  particulière- 
ment dans  le  second  acte  que  ces  additions  ont  eu  lieu; 
c'est  celui  qui  produit  le  moins  d'cITcl.  Il  y  a  surtout  un 
trio  qu'on  ne  peut  comprendre.  Quoique  le  public  du 
thédtre  de  l'Odéon  soit  peu  musicien  ,  ma  instinct  l'a  bien 
guiue  uans  celle  cireunsianee ,  car  il  a  empËclié  d'applatu 
dir  ce  morceau.  Ce  qui  est  de  M.  Kreutzer  ne  lirille  pas  par 
des  chants  heureux;  la  couleur  en  est  pcut-ôlrc  trop  uni- 
forme; mats  on  y  trouve  de  l'originalilé .  une  tuinle  locale 
et  de  beaux  chœurs  :  en  un  mot ,  c'est  de  la  musique  furi 
cslimable. 

M*'  Schûtz  montre  dans  le  rûle  d'Adclc ,  qui  n'est  autre 
que  la  Cordclia  de  la  pièce  allemande,  une  chaleur,  un 
abandon,  une  amc  qui  lui  fait  beaueuup  d'honneur. Comme 
actrice ,  bon  jeu  n'est  pcut-éire  pas  1^i^s  correct  ;  .ses  gcsics 


DlgiiUBday  Cuogle 


■Mtlfit^^ifalÛUfttidiij  son  agitation  trop  constante;  maiipti. 

sSAé'i  lIi;E(f^'q«e1q>iefoi»  à  désirer  tôlb'^le'^/&% 
i^ilë  Wc't  de  la  voca1is.iiion  ;  màlj-'il  ^ÏU». 
p#  tf^ÉiBMllSès  inflevions  et  par  unë  isia^   

On  doit  des  éloges  au  jeune  Dnpré  po'Urla  ihâàlèrî  dôài' 
il  a  chanté  lo  rôle  du  pàlrc  (ju'on  liii  a  doljoë  (taoB  cef- 
ouvriige.  En  plaçant  cet  acieur  coiivenabletiieiit ,  ou  pâùï- 
raiten  tirer  bon  parti,  6ar,  si  sa  voix  est  médioti^et  »  vd^ 
calisaticn  défectuei)!i-e,  il  est  doué  d'un  sefitimiilli'i^cîi^ 
ut  Sa  nïanière  de  phraser  est  quëïcjÛefoU  ^Att^e.Jà  nè, 
dirai  rien  de  Lecomte  dont  le  rôle  eat  iuU^ilffîïUi.'lâ' 


SALLE  CH&NTEREINB. 


31  avril.  Le  mauvais  temps,  l'éloigneiheut  où  la  salle 
Chantereine  ne  trouve  du  centre  de  Paris ,  enlin  la  multt- 
plîoitédes  concerts  particuliers  dans  le  courxdela  saison, 
avaient âoigné  lafoulede  celui  de  VL"  Jules  Chèvre.  S^oii 
qu'elle  eût  fondé  quelque  espoir  sur  la  recette,  soit  qu'elle 
n'eût' eu  que  le  dessein  de  se  faire  connaître,  clic  a  man-  ' 
qué  également  son  but,  car  la  salle  élait  à  peu  près  vidéi 

Cette  dame  n'est  point  dépourvue  de  talent;  mais  ce 
talent  n'est  peut-être  pas  denatureàétrcmisBu  évidence. 
Sa  m^a  gauche  est  faible;  elle  s'agite  beaucoup  sur  sa 
'harpe»  otsonjeu  manque  de  charme.  Il  se  peut  que  la 
timidité  ait  nuià  ses  moyens.  U'"  Solère,  qui  a  joué  plu- 


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BÎeurs  morceaux  de  pïano ,  a  déployé  beaucoup  plusd'exé- 
Gutîan  qu'au  concert  spirituel  :  en  travaillant,  elle  devien- 
dra uoe  pîanialc  disliaguée.  M.  Itrod,  <]ui  ne  s'était  point 
épargné  et  ({ui  jouait  dans  cinq  morceuui  conccrlanx ,  est 
toujours  parfait  et  fait  aimer  le  haulbois.  MM.  Meifred  et 
fiarizel  ont  fait  preuve  d'un  talent  réel  sur  le  cor  et  sur  le 
basson.  Quant  à  M.  Tilman ,  qui  s'est  fait  entendre  dana 
deux  morceaux  sur  le  violon ,  il  a  laissé  beaucoup  à  désirer 
pour  la  justesse.  Itlen  de  plus  faible,  pour  ne  rien  dire  de 
pis,  que  le  cliant  de  Péronnctctde  M°'  Pouilley  ;  heoreu- 
nement  les  romances  de  Bruguiëre  ont  jeté  sur  loa  oreille» 
des  assistans  un  baume  réparateur. 


NOUVELLES  ÉTRANGÈRES. 


GUas ,  6  avrit.  On  tïenf  d'exécuteV  Ici  iiour  la  première' 
fois,  à  l'occasion  de  l'arrivée  do  roi ,  un  oratorio  intitulé 
lïomnm,  qui  contrent  des  parties  d'autant  plus  remar- 
qnoblesi  que  l'auteur ,  Emmanuel  Borgotta,  est  &  peine 
Agé  de  16  ans. 

TftGVJSB  ,  Z  avtil.  L'académie  FitodraTtiHHca'  de  oeltB 
ville  a  donné  le  3i  mars  la  première  représentation  d'un 
opéra  sérieux ,  intitulé  SiancaeFernando ,  qui  a  obtenu 
beabcoup'de  euccè».  L'auteur  du-  librellO',  celitl  de  U  mu- 
sique ,  les  chanteurs ,  les  musiciens  de  t'oHchesIrc ,  le  dé- 
corateur et  le  machiniste  sont  tous  citoyens  de  Tréviso ,  et 
se  sont  distingués  autant  par  leurs  t^ena  que  par  leur 
amour  pour  l'art  dramatique.  Giovanni'  Belio ,  qui  a  corn- 
posé  la  musique  de  ce  drame ,  eet  très  jeune  et  donne  de» 
espérances.  La  gazette  de  Venise  donne  beaucoup  d'élogeï 
aux  chanteurs  Fietro  Sartori,  Paolo  Pola,  Andréa  GrOllo, 
Oiovambatista  Berloni,  Antonio  YetHiri  et  AnneltaFou- 
lebasao. 


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988 

ViENKE.On  a  moulù  à  l'OpÉra  pendant  lû  mois  Je  janvier 
deux  ouvrages  nouveaux  pour  nous,  (jnoujiic  le  premier 
soit  déjà  vieux  de  quelques  aiincc».  Cet  opéra  est  le  Soti- 
tairc  de  Carafa ,  dans  lequel  ou  a  trouvé  de  jolies  clioscB , 
maia  qui  a  été  rceu  froideineut  :  IcBeeond  ouvrage ,  qui  a 
éprouvé  un  aecu'eil  iuliniment  plus  favorable  ,  est  Marie 
de  Planard  cincTold.  Le  drame  est  inlércssaut,  ctpréscnlc 
pour  la  musique  des  situaliona  que  le  eoinpositeur  u  su 
exprimer.  Nous  avûns  déjà  enlondu  de  bom.os  choses 
d'IIérold  ,  et  celte  parliliou  est  eertaînemenl  du  nombre. 
Il  ne  sncrilîe  que  raremeut  à  lu  mode  rossinieiiue ,  cl  il  se 
montre  plus  Goiivent  artiste  eréaleur;  les  finales ,  ^ilusieurs 
eliansons  et  romances  originales,  et  le  duo  d*adieu  extrê- 
mement touchant  d'Adol|>hc  et  de  Marte  ne  seraient  pas 
indignes  d'être  signés  d'un  nom  beaueoup  plus  célèbre. 

(  Gazelle  musicale  de  Berlin.  ) 

liEfiLiN,  13  avril.  S.  M.  la  reine  douairière  de  Bavière 
a  assisté  le  3  ù  l'inauguratiou  d'un  nouveau  local  bdli 
exprès  pour  l'a cadémie  de  cliaul  du  professeur  Zelter. 
les  salles  spéciales -de  jcoucert  ne.  .manquent  pourtant 
p^$.ici,  ct'la  plus  eoitaue  réunit  toutes  les  qualités  dé' 
sirables  ;  mais  l'académie,  dirigée  par  M.  Z.el1er,  s'est 
Irouvée  assez  nombreuse  pour  en  faire  construire  une  par- 
ticulière :  on  compte  en  ce  moment  trois  cents  ehun- 
tcius  dans  cette  société.  On  u  chanté  à  cette  occasion 
choral  de  la  composition  du  professeur- diroeleur 
iCielter  et  une  messe  à  six  voix  de  Pascli,  de  la  manière 
la  pluB;satisfaieaiile.  On  y  doit  exécuter  te  vendrcdi-sàint 
ia  Passion  de  Graun.  En  général,  la  musique  religieuse 
est  trègrechetchéeparles  professeurs  et  par  les  dUeltanli:'- 
on  s'atlaohc  surtout  au  style  oncieQ,'depuis  qu'on  a  cru 
cqmarquer  que  toutes  les  composilions  reUgieuses  moder- 
ucBBont  plus  ou  moins  abâtardies  par  l'invasion  du  genre 
de  l'opéra.  Haendel  est  surtout  devenu  à  la  mode  ;  N.  Mil- 
der  a  fait  exécuter ,  pour  son  bénéfice,  son  oratorio  de 
•li)Sitè.  Le  publie  n'eu  a  pas  été  aussi  satislait  qu'on  aurait 
ilii  s'y  allendre.  Cela  lient     ce  que  cet  oratorio  ,  quoique 


iligne  (le  Hacndcl  dans  beaucoup  de  purlius ,  n'eut  pa.i  à 
la  haiilciir  Acs  mctllcurii  ilo  ce  maUrc.  La  dispusilîdii  du 
lexle  l'avait  forcé  à  faire  Irop  de  réciiatif  et  d'airs.  En  ce 
moment  toutes  nos  librairies  musicales  sont  occupées  fi 
reproduire  les  compositions  de  Hacndel ,  avec  accompa- 
gnement arrangé  pour  le  forté'piano. 

H"  Calaluni  a  donné  le  6  un  concert  (|ui  avait  attiré 
une  foule  immense.  Al'cKccpliond'un  air  de  la  Ctcmcnoe 
de  Titus  et  du  God  save  (/le  King  obligé  ,  elle  n'a  gutrc 
chanté  que  des  morceaux  médiocres  d'auteurs  italiens  qui 
nous  élaieut  entièrement  inconnus  et  dont  nous  avons 
même  oublié  les  noms.  Son  succès  a  été  complet.  Plusieurs 
personnes  ont  prétendu  <juc  sa  voix  availsa;;né  dans  le 
grave  les  noies  qu'elle  a  perdues  ù  l'aigu  ;  cependant  ou 
doit  dire  que  les  connaisseurs  ne  se  sont  pas  réunis  aux 
applaudisseurs.  Elle  doit  chanter  aujourd'hui  à  l'Opéra 
dans  un  coiieerE  spirituel  dont  voici  le  programme  : 
1°  Introduction  du  MessU,  de  Haendcl  ;  a"  Consoicz  mon 
peuple ,  air  du  Messie,  chanté  par  M°'  Calalaui  ; 
5°  Chœur  au  Melis^e\  c\~  uraiias  at/imus  itoi,  de  Gu- 
glielmi,  par  H"'  Calalanî  ;  5°  AlMuia,  de  Hacndel; 
G"  Je  sais  que  mon  Sauveur  uxîsle,  du  Mussie  de  Haen- 
dcl ,  par  M"*  Calalani  ;  ;°  Climur  de  la  FêCôd'Jtcxaiidre, 
de  Haondel;  8°  Jk!  pariate.  du  Sacrifice  d'Aùraham, 
de  Cimarosa,  par  M°'  Calalani.  a'  Partie:  Requiem,  de 
Mozart ,  par  les  chanteurs  de  l'Opéra.  71  est  à  remarquer 
que  l'annonce  de  ce  concert  daniio  en  anglais  et  en  alle- 
mand les  paroles  des  airs  du  Messie,  chantés  p.ir  M"  Ca- 
lalaui, ce  qui  fait  croire  qu'elle  chantera  en  anglais, 
tandis  que  les  choristes  ne  pourront  chanter  qu'eu  alle- 

Nousavons  parlé  de  la  Passion  parGraun  .  C'est  encore 
cet  ouvrage  que  doit  faire  exécuter  l'organiste  Ilasmann  , 
1b  samedi  i4,  dans  l'église  de  la  garnison,  au  bénéfice  des 
musiciens  pauvres  et  des  veuves  et  orphelins  do  musiciens. 
Les  solos  seront  chantés  par"  M""  Sonnlag,  Cari  el 
flolTmann  ,  et  par  MM.  Blumc  et  Jaeger;  les  masses  sont 
confiées  aux  membres  de  l'institut  de  chant  de  l'organiste 


Jtasmanti  ;  l'orcbcslre  se  composera  de  la  chapelle  royale 
dirigée  par  M.  Itlacscr.  Nous  voyons  encore  que  ce  même 
oratorio  Hù  lu  Passion  do  Graun  a  été  choisi  par  l'acadé- 
mie de  chant  de  Francfurt-sur-l'Oder ,  pour  Être  exécuté 
le  vendredi  saint. 

'  Le  céliibre  pianiste  Ferdinand  Rica  a  donné  plusieurs 
concerts.  Son  talent ,  comme  exécutant ,  est  iDcontesia- 
bicment  très  grand,  mail)  moins  sensible  que  celui  de 
quelques  pianistes^  la  mode,  en  ccqu'ilest  saus  prétention, 
«t  ne  saisit  pas  d'abord  la  multitude.  Quelques  porspnoes 
pensent  métAe  qu'où  ue  retrouve  plus  dans  bod  jeu  la  cha- 
leur qu'on  remarque  dans  ses  grandes  compositionti.  Ses 
symphonies  ,  qui  renferment  des  beautés  et  qui  sont  fort 
bien  écrites ,  ont  été  particulièrement  goûtées.  On  dit  qu'il 
s'occupe  d'un  opéra  en  trois  actes! 

On  a  rçmis  au  théâtre  de  Kçeuigstadt  le  petit  opéra 
DorfimGeùirjjc  {teF'HtagpdeaMont^nai }  deKolsebaei 
musique  de  Veigl.  W  Sonnlag  et  SchullE  etJQ.  Spitteder 
s'y  sont  partïcnltiremeut  dîstin^és. 

PiTEKSBOTJBG ,  le  4  avrïti  La  société  philarmoniquc  a 
donné  dans  son  ancienne  salle  uu  concert  au  bénéfice  des 
veuves  et  orphelins  de  musiciens ,  où  l'on  a  exécuté  pour 
la  seconde  fois,  à  lademande  du  public, la  Messe  du  Sacre 
de  L.  Cherubini. 

Le  9,  M,  Iteinhardl,  élève  de  Fieldlet  piauisled'un  grand 
mérite ,  a  donné  son  prepiicr  concert  à  la  salle  philarmo- 
nique.  On  y  a  entendu  l'ouverture  d'Oberou  de  C.  M.  de 
"Weber  ;  une  concertante  dft  Bombei^  pour  violon  et  vlo- 
loDcetle  exécutée  par  HH.  Bœhm  et  Ueiohard ,  un  air  de 
Rosaini,.  chanté  par  H"  IVilde,  le  quatrième  concerto 
de  Field  et  une  jdèce  de  Uoschelès  exécutés  par  M.  Bein- 
hardt. 


iHirONCEft  DITERSBS, 


Le  Siège  de  Corinthe,  opéra  eu  trois  acies,  mu4({iJQ  dp 
G.  Itoïnini  ;  Moïse,  opéra  en  quatre  pnrlies,  ila  ménifl 
leur ,  réduits  avec  accompagneincnt  de  piano. 

ApTèl4e  uccta  icmufiubls  ip^aat  obtcnn  ce*  deux  ooTTigei,  et  pii- 
titnlièlcment  la  decnlari  II  eit  iDntile  de  l'iteodre  lor  leur  mËrile  ;  m  ait 
il  ne  l%ft'p*i  dcifàEn  remarquer  anx  iinatciin  qui  ont  déji  Ici  parlilioni 
deJbamalCDetdelfilM,  qoe  o'eit  ime  da  études  ica  pliu  iiitîreiui)l«( 
g)^i)^_,pni^frtra  qOe  de  eomftftt  Ic^  id^  d'un  ariiite  (cl  q>(e  Bouinî, 
danideielreimituice*  dîDiisDief  ,et  de  Toir  qucUea  ont  été  les  stadU 
fioMioa*  de  h  pcntée  en  tienapoiUat  lei  oamgei  inr  la  icËDe  tnnçaUe. 
'  L'4dlt«nidnRépeTtfi]redeiOpéniIïaDfaii,Jala>nxd'éiuIcyiiaeoI- 
iBctioD,  pvbHeewdeax  p'utltiomrtdnlIeipDiiriepiMO. 

L«  prif  de  la  touHrlp^n  art  fi«6^  48  Iï>  Rît  pool  let.dfiyi  euE^age» 
qpd  panlttant  aTantle  iS  mat. 

A  eette  époque, ohaqaepartitiDnaenmaTqiiiefiDfi',  EQetÇnni^rot 
kl  9  et  i<i>  UvraiiaDi  da  Bèpetlotre  deaOpénifiançaîi,  dont  lea  (mit 
pMBiièNi  ta  comp'otenl  d.'Jrmiil»,  Iphlgiiiï»  e»  Anliiltf  fykigéni*  m 
Tkartàe,  Jketle,  Orphit,  la  Mort  ifAbal,  OBJipa,  Dardiaui»^  iontih 
i^ix  aet  ert  de  iS  fr.  pour  chaque  partitian. 

On  souscrit  à  Paris ,  chez  E.  Tbovpenis  ,  successeur  de 
■nadame  veuve  Nicolo,  rue  de  meniirs  ,  et  chez  les 

principaux  marchands  de  musique  de  France. 

L'éditeur  publia  en  ce  moment  les  morceaai  détachéi  de  Stdn,  >*eo 
accompagnement  do  piaco  et  de  guitare .  al  d«  faiitaiaiei ,  variatioai , 
contredaniei,  pour  toni  lea  initromeni,  nir  Ici  motif* de  cet  opéra. 

lie  grande  partition  piialtn  inceaumment. 


Ou  trouve  chesPiein,  éditeur  des  opéras  de  Rossini, 
boulevard  des  Italiens,  n*  ii  ,  les  duos  et  la  romance  de 
4a  Peutonlta  fiuUataria,  de  Taccai,  qui  a  été  repré- 
sentée an  Théitre-Italieu,  samedi  91  avtll. 

Le  pnimter  cahier  âeffÉeho  (yrjfue*  journal  de  chant, 


vient  de  paraître  à  la  même  adresse.  Il  fie  compose  d'une 
Tyrolienne,,  à  deux  voix,  par  M.  Grasl,  d'ane  Élégie, 
de  ParDy,  et  d'an  beau  ïuo  de  la  Dùtona,  do  Ucroa- 

Le  prix  de  rahoDnomeol  pour- l'année  (qui  renferme 
pour  environ  70  à  80  francs  donrasique)eBtde  a5  francs. 
On  reçoit  les  cahiers  franc  do  port.  On  Bouscrit  à  Paria, 
oheE  Pacihi,  à  l'adresse  ci-teiouB,  et  à  Genève,  ohe2 
M.  Grast. 

A.  RiiCBi.:  Chœur  sur  l'air  Do,  do,  fmfant  do, 
5  fr.  35  cent. 

DB  Sitvb:  op.  12.  2"'  trio  po«r  piano,  violon  et  violon- 
celle, 9  fr. 

GiLUT  :op.  11.4"'  solo  pour  le  cor  -,  avec  accompagne- 
ment de  piano  ou  d'orchestre ,  j  fr.  5o. 

Gkes  ZitTiEa  et  compagnie,  faubourg  Poîssounière,  n' 5. 

V.  Fétis ,.  sextuor  pour  piano  à  quatre  mains,  deux  vio- 
lons, alto  et  violoncelle ,  op.  S.Paris,  Janet  et  Cotelle, 
prix  :  9  fr. 

 Fantaisie  pour  piano  ù  quatre  mains  sur  l'air:  L'amour 

est  un  enfant  trompeur.  Paris,  Pli.  Petit,  pris.:  4  fr.  5oc. 

—  Trois  sonatf  s  faciles  pour  piauo  à  quatre  mains,  op.8. 
Paris,  Petit  jouiie,  rue  Vivienne,  11' 6,  prix  :6fr. 

 Grand  duo  pour  piano  et  violon,  op.  10.  Paris,  Carli, 

prix:6&. 


Digrlizad  û/Qoogle 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 


V  12.  —  AVRIL  1837. 

EXAMEN  DÈL  ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 


ALLEMAGNE. 

L'EKiHEU  de  la  musique  en  Allemagne  m'a  conduit  à 
ta  lin  du  siècle  précéilenl;  mais  les  borncu  d'un  ûrliclo 
m'ont  forcii  de  négliger  les  musiciens  qui ,  appartenant  à 
ce  siècle  et  à  celui-ci  ,  composent  l'époque  interméiliaire 
entre  celle  de  Haydn  et  la  nAlTe.  Winter,  Weigl ,  "Wra- 
nitskj',  Pleyd,  Diltendorf,'Erainmer,Fa8Gh  i  HoCmeis- 
ter ,  Danzi ,  Gyrowete  et  Zomateeg  appartfennont  à  celle 
époque.  SI  je  n'y  range  point  Beethoven  ,  c'est  parceqno 
Hs  Iravatix  les  plus  ïmportans  ont  été  faits  de  nos  joun  , 
et  parce  qa'on  le  considère  généralement  comme  le  chef 
de  réoole  actuelle. 

Parmi  les  compositeurs  que  je  viens  de  nommer,  "Wîa- 
1er  et  Wéigt  «e  sont  surtout  distingués  dans  le  style  tbéâ- 
trdJ.  Le  pt«tliier,  Pierre  Wioter,  né  en  Bavière  en  i;58, 
fut  d*aber.4  second  maître  de  chapelle  de  l'élecieur  en 
1770,01  deildt  emnile  chef  de  cette  chapelle.  Il  obtint 
à  dilTérenleB -^oqnefl  d«  cobgés  de  sa  cour  pour  £ilre 
de»'  voys^  «D  Italie ,  en  Angleterre  et  en  France  ;  mais 
a6 


!>04 

il  ne  prit  jaoîai»  «'engagemeùt  au  service  d'aucun  prince 
étranger.  Aunotnhre  des  ouvrages  dontilaeiiriehi  la  scène, 
on  temarfiae-.HéténcetParis ,  BôUéropiion,  àManheim 
en  1787  ;  Psyché  ,  opéra  allemand,  Circé  ,  en  italien  > 
Orpkie,  panlontinie  avec  chant ,  Léonard  ctBiandtne, 
Cora  et  Alonno,  Armidt ,  en  trois  actes,  Der  Settel 
Stwlent ,  [  le  pauvre  écolier) ,  ia  Bergère,  Scherz ,  tUt 
und  Ruche,  (badinage,  ruse  et  vengeance  ) ,  Catotiein 
Vtica,  en  179»  ,  à  Venise;  Antigono  ,  à  Naples  dans  la 
wAtati  stnaée  ;  I  sacHftci  di  Creta,  en  1792,  à  Venise^ 
Armida  e  Rinatdo ,  à  Vienne  ,  en  1793  ;  /  Frateili  ri- 
vaH,à.  Miinicli,en  i  Ogns.  ossia  H  trionfé  det 
M-  sesso ,  à  Prague  ;  Le  Sacrifice  jf^S?^' 
en  1796  ;  I  due  Vedotyi ,  ibid.  Les  Pyramùm-^^OBp- 
ione,  ou  iasuiUde  ia  flûte  enchantée,  LatempéUdo 
Shakespeare,  k  Munich,  en  1799;  Marie  de  Montatban, 
en  180»  ;  Tomerion.àParifi ,  en  iSoa  ;  Cttstoret  PoUux, 
h  Londres  ;  Caiypso ,  ii'id  ;  Zaire ,  ib.  Pr€se,-ptne ,  )A.  ; 
enfin  les  ballets  de  {"éducation  d' Achille  et  de  V otogèse. 

Dans  tous  ces  ouvrages ,  "Wintcrn-a  pas  moniré  beau- 
coup d'invention  ;  ses  chants  mnt  agréables,  Kon  harmo- 
nie est  correcte  et  sou  instrumcptalion  bien  entcnilue;; 
mais  il  nuinque  souvent  de  verve  cl  d'originalit^f  çppu^ 
Uant,  après  la  mort  de  Mozart ,  il  alpngrtenip»i*WWéï» 
premier  rang  parmi  les  compositeurs  dramatnquCT^  i'M- 
lemagne.  On  eslimait  surtout  dans  ce  pays  ses  opéta».: 
i  J^tfslti  rivaii,  le  Sacrifice  interrompu,  (  Das  un- 
lerbrochene  Opferfesl),ct  jWnrierfc  Montaièan.  Ces  (rois 
ouvrages  sont  encorejoués  avec  succès.  Winter  ne  s'est  pas 
moins  distingué  par  la  composition  de  sa  m^siqw(,4^er. 
glise,  par  ses  cantates ,  qui  sont  en  grand  nombre ,,el,ïW. 
sa  musique  instrumenjale.  Il  est  mort,  d'uup  ^naladit  de 
langaflU' à  Munich,  le  17  octobre  i8a5  ,  i  Huauil. 
"  jpseph  Wdgl»  néùVieoDe.ea  Aalriche  en  ijG5,  fut 
d'abord  chef  d'orchestre  dit  lUéâtre  impérial ,  et  passa  eu--: 
suite  à  Slullgard  (  iBoa) ,  en  qualîlé  de.  moUra  de  oha-, 
pelle.  Moins  savant  musicien  que  TVin'er,  iU  Ww.I^W». 
d'originalité  queluU  Ses  ol»W«8  sontajifvw,  délicjMj. 


DigllizeabyGo<JgIe 


r 


ciii|ii'ciiits  (l'une  Itiiilc  île  ni^lancotiB,  et  i|ntl(juefijis'd'uii 
€crlnni  vague  ii'eat  pus  sans  clmrme.  La  forme  do  ses 
moro eaux  est  (juclquelbis  irrégulière,  mais  sou veoi  pi- 
(|uanle  par  des  moilulaliona  inattendue!!.  Enfin,  il  mi: 
semble  t|u'on  peut  considérer  les  composilîons  de  Weigl 
comme  le  type  de  b  nouvelle (■cole allemande.  Le  premier 
ouvrage  de  cet  auteur  ,  H  pazzo  jier  fbr:a ,  fut  repré- 
senté ù  Vienne  en  1789  ;  il  fut  suivi  de  la  prineipesan 
d^Amalfi,  de  Stralzensammter  oder  cm  gutes  fier: 
siert  seden  stand,  (  le  compilateur,  etc.  ),  eu  un  acte , 
a  TieinH; .  1793  ;  do  Giutiatta  e  Pierotio ,  idid ,  ijgS; 
de  /  soiitari,  op.  bufla  ,  iù. ,  1797  ;  de  i'Amor  marina- 
To,  ib.  i7[)8  ;  de  ia  Caff'etiera  iisarra,  Ati' Academiadi 
oisolfanto ,  de  l'uniforme,  de  H  Rivale  di  se  stesso  ,  de 
Cleùpatra,  de  Die  verwandliing  (  lu  conversion  ) ,  en  an 
acte,  de  Imboscatu  ,  de  Das  If^aisenitaus ,  (  la  maison 
des  orphelins  ),  à  Vienueen  1808,  et  iti  la  Famille  suisse, 
en  Irois  actes  ,  ù  Vienne  ,  en  1809.  Outre  ces  ouvrages  , 
Weiglaécdtla  musique  de  beaucoup  déballe  ts  et  un  grand 
nombre  deuan  tates. 

Dansunordre  inférieur^  IVinlcr  et  à  Weigl,  se  Irouvenf 
Zumsieeg  et  Danisi,  connue  compositeurs  dramalitiucs. 
Le  premier,  Jean- Uodol plie  Zumsteeg,  mallrc  des  con- 
certs et  directeur  de  IVpéra  du  dticde  Wiirlembcrg,  naquit 
eu  1760,  à  GiULsinger,  dans  îe  pay.>!  de  Laulfenboiirg,  et 
mourut  à  Sluligard,  le  27  janvier  1803.  Ses  opéras  de 
ia  Loi  tarlare,  Renaud  et  Arinide,  Tamira,  Schuss  de 
Gœsenwîts,  die  Ceisterinsel[  l'Ile  des  esprits)  et  Zelaor, 
contiennent  des  chœurs  d'nn  assez  bel  effet;  mais  le  chant 
manque  de  grâce,  et  l'orehestre  d'élégaucc.  Ce  musicicu 
il  mieux  réussi  dans  la  musique  d'église  et  dans  les  canta- 
tes; son  style  est  ordinairement  grave  et  sévère. 

François  DunEi,  maître  de  chapelle  du  grand  duc  de 
Uade  et  célèbre  violoncelliste,  naquit  à  Manhcîm,  le  i5 
mai  1765.  Il  n'était  âgé  que  de  seize  ans  lorsqu'il  Gt  repré- 
senter à  Munich,  en  1779,  son  premier  opéra  intitulé: 
Aiafcia-.  A  ce  premier  essai  succédèrent  das  Triumpti 
i/ec  True  (le  triomphe  de  la  vérité),  dia  Milttrnackt 


DIgnifBd  by  CoogI? 


Sluad»  (mio^t) ,  dtr  Kut»  (le  baîiier) ,  i»  Cattfe  de  Bag- 
dad, IpMgénie,  etc.,  qui  eurent  du  succès  et  qui  lui 
valurent  les  éloges  des  journalistes.  Les  compositions  sa- 
crées de  ee  musicien  el  sa  iiiiiï.ii[U(;  ni^lnimcnlalc  lui  ont 
acquis  ea  Allemagne  la  réputation  d'un  savant  composi- 
teur; mais  dansscs  opùrasÛ'Saeriâa-lea oonvenanceiMâr»^ 
matiqucs  à  des  cfTctt;  d'orobestN  oaïa  dM  oomblnaisdtaw 
hami uniques  dépourvues  souvent  des  charmes  de  la  mé- 
lodie, ce  qui  est  d'aulantplus  étonnant,  qu'il  connaissait 
bien  l'art  du  chant ,  et  qu'il  l'enseignait  à  merveille.  Jl  est 
mort  au  mois  de  juin         ,  h.  l'Jge  de  soixante-trois  ans. 

Parmi  lus  noms  qui  ont  joui  d'une  juste  célébrité  dans 
l'école  nllciiiiiiiili;  (le  l'époque  dont  je  parle ,  se  trouve  ce- 
lui de  Jcaii-l'nklciic  Ucithardt,  également  reconimanda- 
ble  comme  compositeur  dans  les  divers  styles ,  et  comme 
.^f^^»' ^  K-aenisberg ,  «B 
rfiq^«,l».KS«:ilOTm|^i»  i7S3^'il.fit»séta4^  dn:t4«des> 
^ous  Ricbter,  et  fut  maître  de  ohapelie  des  rois  de  Prasse 
Frédéric  II,  FrédÉric  Guillaume  It  et  III.  L'histoire  de 
sa  vie,  trop  étendue  pour  trouver  place  ici,  est  remplie 
de  circonstances  singulières  et  intéressantes.  Dans  ses  pre- 
miers  ouvrages  dramatiques,  il  se  borna  à  imiter  le  style 
de  Crauii  et  de  Haase»  a&a  de  plaire  à  Frédëric-le-Grand^ 
qui  n'aimait  que  oeUe  muBÎqae.  Plus  tard,  il  fit  un  idér< 
lange  de  ce  style  avec  celui  de  Gluck  dans  ses  opéras 
d'Andromeda,  de  Prolesilao,  de  Brenno  cl  de  VOIi/m- 
jiiade.  Tous  ces  ouvrages  avaient  été  composés  pour  la 
cour;  ilécrivit  pour  te  théâtre  national  de  Berlin  des  opérai! 
allemandsqu'il  estimai  t  moins  que  SCS  composiiious  italien- 
nes, mais  qui  me  semblent  cependant  être  prérérablc-f 
par  leur  cachet  d'originalité  ;  les  principaux  sont  Haiid- 
schen  und  Grttchen,  traduction  de  Fanfan  et  Coia», 

Aeureuj^j  ^W^^heyan,,  Cit»tdiM  rf»  J^iitorBe^a^  i4«i 
Goiithei  i^SSf  Bercutoj  moaodrame.aTec-des'cbwm'M 
i8o4;  at  BrattdmanU,  opéra  en  quatre  actes >  i8o8y;Qu; 
tre  cçs  yiiyr^g»*,  on  a  du  mfime  auteur  uue  quantit^con- 


197 

■idéraUe  de  mniiqna  instrumentale  en  tout  genre ,  beau- 
coup de  cniilales  et  de  |iiëces  de  climit  déiucliées,  vue 
foule  d'écrits  sur  In  musique,  et  des  journaux  polLtiiiiie.t 
et  liiréraircs.  Quoique  Ueichardt  ait  été  \ut  musicien  re- 
marquable! il  n'a  cependant  pas  joui  d'une  répulation 
aiiutà  lèlWQdjje  que  Winter,  et  ses  ouvrages  sontmainte- 
ii4irtiipcuftrè5oablî£a-  > 

André,  Bachmânn,  Biereyi  Hitler,  Eauer  et  quelques 
autres,  complèlentla  série  des  compositeura  allemands, 
dans  le  passage  du  dlx-iiuilième  au  dix-ueuvît-mc  siècle; 
mais  n'occupent  dans  l'histoire  de  In  musique  dramatique 
qu'on  rang  inférieur  à  celui  îles  ,-iiileur^  que  je  viens  de 
nommer.  Il  est  juste  de  rcmarqu,*r  qm;  parmi  les  noms 
peu  connus  eu  Fiance,  cclni  de  SlI.iiU  méiile  quelque 
atlention  pour  son  opéra  d'Atine,  et  surtout  pour  ses 
chasan.à'Athatie. 

"  ' 'Onatla.iniidque  inatrnmeiilale,  WianUiky,Kromme^lf 
HolEoieltter  et  Gyrowetz  se  Hnt  distingués  de  1780  S 
1810.  Le  premier,  Paul  WranîlzlLy ,  violoniste  et  chef 
d'orchestre  de  l'opéra  allemand  de  Vienne  ,  naquit  en 
Bohême  eu  1764  ,  et  devint  l'élève  do  Haydn  ,  dont  il  a 
imité  impeula  manière,  sans  être  un  copiste  scrvile. 
Quoiqu'il  ait  écrit  plusieursopéras,  parmi  lesquels oitre- 
nfarque  Oééron  ,  en  i^qi  ,  ta  Station  du  poste ,  i^gS,  ^ 
ta-Féte  des  Lazzaroni ,  1795,  ce  n'est  pas  comme' cam- 
podteur  dramatique  qu'il  a  établi  sa  réputation.  Le  geure 
de  la  symphonie  et  celui  doquataw  Inioot  fait  pins  d'boh- 
neur.  Le  nombre  de  ses  ouvrages  est  considérable ,  quoi- 
qu'il n'ait  vécu  que  quaraiile  quatre  iins ,  étant  mort  à 
Vienne,  le  a8  septembre  160H. 

Plus  remarquable  par  la  vigueur  de  son  style ,  l^raneois 
Erommcr,  directeur  de  la  musique  et  de  la  chapelle  du 
pHnoe  de  Grasalkomlz,  à  Vienne,  naquit  en  Âulri<pfae  vers 
i;;66.:  C'est  surtout  dans  le  quatuor  et  dans  le  ^uibtelto 
^ue  eemusieien  déploie  un  rare  talrat  :  on  ne  trouve  daus 
ses  ouvrées,  ni  Je  génie,  passionné  de  Mozart,  ni  la  fougiis 
de  Beethoven  ;  mais  une  mélodie  douce  et  pure,-une  har- 
monie correcte  :  enfin  des  modulations  inattendues  et  du 


plus  grand  eOhl.  Krommer  était  célèbre  en  Alteinagns  long- 
temps avant  d'ëlre  connu  en  France. 

Gyrowetz  et  Hoirmeîsler  ne  brillent  pas  du  même  éclat- 
que  K,roinnier  et  Wraaitzky ,  mais  sont  cepcndunt  recom-  ' . 
mandaUes.  Âdalberl  Gyrowilz,né  à  Biidweis  en  Bobémft 
vers  1^65,  fut  pendant  plniieui-s  annécsemployé  à  la  chan- 
cellerie de  Vienne,  et  devint  en  i8o4 ,  directeur  de  la  mu- 
sique '  au  théâtre  impérial  de  la  même  ville.  Ses  œuvres 
coDBÏBlent  en  aymphonieS',  qnintetti,  quatuorsvïttiian^^- 
et  Goncerloi  -de  piano  et  pièces  'de  chant  âél&eBSiv-'V^ 
écrit  aussi  plasieurs  opéra^  parmi  lesquels  on  'remfttqoè^ 
Sfyniramis,  Jgnès  iSarePet  Ida;  enfin  oa  a  de  lui  la. 
musique  de  quelques  ballets,  où  l'on  trouve  de  jolies 

François-Antoine  HoOmeister,  libraire,  marchand  de- 
maùqae ,  compositeur ,  violonisle  et  virlnose  sur  la  flûte , 
naquit  dans  leWorfaioberg,  ven  ip47r  et  mommt  &  Vienne 
le  10  février  1810.  Ou  connatt  environ  soixanlC'dix  ceavreS' 
de  sa  composition  ,  cansixtant  en  symphonies ,  quintettis, 
qtiatuors,  trios  ,  duos  ,  concertos  pour  la  llùte  ,  sonates- 
pour  le  piano,  et  pièces  détachées  pour  le  citant.  Hoff- 
meister  a  écrit  aussi  la  musique  des  opéras  suivans  : 
'VAichimisto  ,  t^Qi ,  Die  Bezauiert  Jagd,  1791,  Dtr 
Schiffbruch  ^le  Naufrage),  1791,  De.r  Kœnigsoh.11 
vont  Itimka  (Télémaque),  1796,  Die  Beiagerung- 
von  CytMra  (  le  Siège  de  Gylhèie  ) ,  1796,  RosaUadi , 
en  5  actes ,  ijrg? ,  et  te  premier  Baiaer, 

Léopold  Kozelnch  ,  né  en  1^53  ,  à  Weiwara>  près  de 
Prague,  mérite  d'élre  mentionné  poiif  sa  musique  de 
piano  qui  est  i;racl(:usu  et  lirïilaiili:.  Il  a  écrit  cinquante- 
quatre  conccrtus  et  plus  de  sulxaiilc  boiiatcs  pour  cet  in- 
strument. Ses  opéras  de  Mazct,  de  Dïdoiic  aùa7idonata  et 
de  Moii  in  EgiUo  { 1787  )  ne  sont  pas  ce  qu'il  a  fait  de 
mieux.  - 

Il  est  un  homme  à  qui  l'Allemagne  a  donné  le  jour ,  et 
qui  a  èa  beaucoup  d'influence  sur  la  direction  actuelle  de 
l'école  germanique  :  cet  homme  est  l'abbé  Gcorge-Josepb 
Vogler,  qui  naquit  à  Wûtsboaiç,  le  i5.  juin  1749- 


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^liiilps  Tiiusîcnles  qu'il  fil  à  Paduuc  sons  le  P.  Valolli  le 
conduisirent  à  adopler  le  syslèmu  liarmoniquc  de  ce  pro- 
fesseur; il  l'appliqua  à  la  fugue  et  au  contrepoint ,  ei  l'en- 
Heigiia  publiquement  dans  une  écolo  de  musique  qu'il 
établit  àHanheiji,CQ  177G.  Ce  sjsième  qui  cousinlait  Â 
jniroduiro  dans  la  fugnc  et  dans  les  ce  ni  position  s  sévères 
une  /ouïe  de  iieeiiees  opposées  auï  anciennes  doctrines, 
et  dos  harmonies  non  préparées  qui  ne  charment  pas  tou- 
jours l'oreille  ,  tronva  d'abord  parmi  les  compatriotes  de 
l'abbé  Vogler  beaucoup  de  censeurs  et  d'opposans  ;  des 
attaques  de  toule  espèce  furent  publiées  dans  les  jour- 
naux; on  alla  mtmc  jusqu'à  traiter  l'auteui-  de  ckarta- 
lan,  et  l'accuser  de  vouloir  détruire  J'art  par  son  ou- 
vrage sur  la  théorie  de  la  musique  et  de  la  composition 
{Tonuiissenuckaftund  TonsiUkunst,  Manheim,  1776). 
Il  fut  obligé  de  se  défendre,  et  publia  ,  sur  l'utilité  de  sa 
méthode,  une  espËce  du  journal  dont  il  parut  trois  années 
BOUS  ce  titre  :  Belrachtuug  der  Manheiincr  Tonschuio 
(  examen  de  Tilcole  de  musique  de  lUanheim).  A  ces  pre- 
miers ouvrages ,  Vogler  a  ajoultï  depuis  l'exposé  d'un  nou- 
veau système  de  cliant  choral ,  le  développement  de  son 
système  de  la  fugue ,  un  traité  d'harmonie  ,  uu  traité  d'ac- 
eompagncmcnt ,  des  travaui  sur  l'acoustique ,  et  comme 
dans  tout  cela  il  se  trouve  un  savoir  réel,  il  a  rini  par 
triompher,  par  se  faire  de  nombreux  partisans  ,  et  par 
fonder  une  école  permanente  d'oii  sont  sortis  beaucoup 
de  musiciens  distingués,  et  notamment  Charles-Marie  de 
Weber,  Godefroi  Wcher  et  M .  Slayerboer.  Ce  qui  a  le  plus 
contribué  à  mettre  eu  vogue  le  nouveau  système  de  Voeler. 
ce  sont  SCS  latens  très  remarquables  comme  compositeur 
et  comme  organiste.  Ses  messes  ,  ses  motels ,  sa  musique 
inslrumentulc ,  ses  préIndes  pour  l'orgue  ,  ses  opi-ras 
même  renl'crmetit  des  beautés  originales,  cl  prouvent 
l'étendue  de  ses  facultés  musicales.  On  doit  cni  oii!  i\  te 
musicien  singulier  un  nouveau  système  de  corisiructiriit 
d'orgue  qu'il  a  mis  eu  pratique  avec  beaucoup  de  succès. 
L'excursion  que  je  viens  de  l'aire  tlans  l'iiistoire  de  la 
littérature  musicale  allemaudo,  m'ohlig|  do  remonter 


Soo 

{diM  haut  poup  oetta  partie  întéremnie  de  Tart,  dans  la- 
quelle rAlIemagne  est  inootnparablemcnt  plas  riche  que 

les  autres  pi'ys  île  rj''iiro]n!. 

Dl's  le  sci/ii;mc  siècle  ,  celte  li(ltr;ilurc  jirit  un  grand 
développement  en  Saxe ,  en  Bavière  et  eii  Autriche.  D'a- 
bord on  ne  o'occii^'que'dB  U  rédacUon  radiiit^itf  dé 
musique  et  de  pluÏD-Kshaat;  leatravaux  de  BqgentaÀ»'^ 
].ainpadiuD,  de  Metzelîus ,  d'Agricola ,  de  Burchardt,  des 
Fabcr,  deSpangenberg,  de EoggiiiseldeGumpclïhaitner, 
n'eurent  pasd'aulic  (ilijet.  Murent  eiisiiifR  les  reclierclica 
«ur  rharmonie ,  sur  la  basse  conliuiic  tlsnr  le  contrepoint, 
dans  lesquelles  Zcidier,  Ahic,  Friulz,  Micdt,  Bodscker, 
et  beaucoup-  d'aulres  se  distinguèrent  ;  maii  Jaîis^fdiXj- 

'huitièiûe  siècle  lèa  écrivains  se  multiplièrent  à' l^i^^Ao^ 
louleH  les  parties'  de  la  musique.  Hattheson ,  ^OhAibe* 

'.Adh)ng,^ii^.ecbt,  Daiibe,  Euler,  Marpurg,  HîltepyÔFti^f- 
iLel^  ikkiibb^r,  Albrechtsbergér ,  et  plus  de  cinq  «ièntt 
auteurs  didactiques  en  tout  genre  ont  inondé  rAlIemsgae 
<le  systèmes  d'Iiaimonic,  de  tr.nitis  de  composition,  de 

trumens,  de  discusïiions  poléniiques  et  dcjournaux.  On 
verra' par     suite  que  sous  ce.rupport  la  patrie  d«,J^jltj^^ 
VMpile é'a  ^itit^déchu^  «t  ,qi^n  y troailé  ed<ui|^^|^^;B|ftr  - 
^ifulpliuieiirri^ri  vains  b'èsi  recomnilindablqR^^)b|Fi;^fc0: 


,      SUR  MOÏSE, 


De  beaux  chants ,  de  grands  eOets ,  des  situations  dra- 
matiques forteinent  exprimées, -un  orchestre  brillant,, 
s'emparent  au  premier  abord  des  faoultés  de  l'audileire  et 
procurentA  leifr  autour  ;deB.A)i«Kj^d'«nlbouBiasn)e;  mais 
ï)  jifs  £tut.pas  ctoix^  qqe  i'amateur  ht  nuflux  organisé ,  qiM 


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le  plus  h:ibîlQ  même  soient  en  état  de  dis- 
cerner à  la  première  auditiou  toutes  les  beautés  qiù  brillent 
dans  une  grande  composition.  Combien  du  IrailK  heureux, 
de  détails  iutéressans  et  de  dispositions  savantes  échap- 
pent à  l'a  tien  tio»  la  plus  soutenue?  le  temps  seul  peut  les 
désoilcr,  et  c'est  le  cacbet  de  la  perfection  pour  uu  ou- 
vrage de  ne  laisser  apercevoir  ses  qualités  que  successive- 
ment.  Malheur  à  celui  qui  a  tont  dit  la  première  Tois  I 

Bossini  est,  je  crois,  parmi  tes  compositeurs  modernes, 
celui  dont  la  musique  a  le  plus  d'éclat  et  de  séduction; 
mais  qui  pourrait  se  llatter  d'avoir  compris  d'abord  tout 
ce  qu'il  y  a  dans  Bartiier  et  dans  Othello?  On  doit  se 
rappeler  que  malgrù  tout  le  cliarmc  répandu  dans  ces  ou- 
vrages ,  ils  n'eurent  pas  d'abord  parmi  nous  le  succès  qu'ils 
méritaient,  qu'il  fallut  du  temps  pour  les  apprécier, et  que 
l'enthousiasme  ne  s'établit  que  par  degrés.  Plus  lieureux , 
'^otse  s'est  emparé  de  l'auditoire  avec  une  force  irrésîsti- 
hle.  Lesviees  d'un  sujet  languissant,  le  défaut  d'intérêt, 
la  similitude  des  situations  ,  tout  a  disparu  aux  yeux  d'un 
public  charmé  par  les  acccns  d'une  musique  ravissante. 
Cependant  quel  qu'ail  été  l'effet  de  la  première  représen- 
tation ,  il  n'est  personne  qui  n'avoue  que  le  plaisir  qu'il  a 
éprouvé  en  écoulant  deiiouveau  cet  ouvrage  n'ait  surpassé 
ses  premières  impressions.  Délivré  de  l'espèce  de  fièvre  qni 
accompagne  le  tumulte  d'une  première  représentation , 
on  a  mieux  apprécié,  mîeui  senti;  l'entraînement  était 
moins  impérieux;  le  plaisir  était  plus  pur.  Aussi  remarque - 
t-Di];que  loin  de  diminuer,  l'aflluence  redoubleià  l'Acadé- 
mie royale  de  musique  les  jours  où  ce  bel  ouvrage  est  re- 
présenté- 

■Ce  n'est  pas  un  événement  de  médiocre  importance 
inna  les  annales  de  la  musique  que  l'cmpreiiscmeiit  manii 
festé  par  la  population  parisienne  pour  entendre  un  ou- 
vrage dont  les  proportions  l'auraient  effrayé  naguère. 
S'il  honore  te  grand  artiste  qui  l'excite ,  il  conslale  un 
progrès  dans  l'éducation  musicale  des  Français.  Que  d'hé- 
résies professées  par  tous  Icsjournaliates  il  ya  peu  d'années 
suroe  qu'on  admire  aujourd'hui!  que  d'anathèmes  lancés 


DIgrtizaa  tiyCuj 


5da 

contre  les  cooiposileurs  qui  essayaient  de  jeter  dans  Iciii- 
orchcslrc  un  peu  do  cet  intérêt  qu'on  savoure  niamtenant 
dans  les  œuvres  de  Rossini.  Toutes  les  rêveries  dont  on  se 
moque  aujourd'hui  sur  Vimilalioii  dt.  ta  jiofMre,  sur  ia 
Statue  au  théâtre ,  sur  le  pUdestai  dans  l'orchestre,  sur 
ie  respect  des  vers  (et  quels  vers  !  )  iStaient  alors  tournées 
en  proverbes  cl  présentées  comme  des  argumcns  invinci- 
bles. Tout  musicien  jatoui  des  qualités  du  style  passait 
pour  un  musicien  savant,  et  tout  musicien  savant  eitci- 
tait  la  bile  des  gens  de  lettres  chargés  de  le  juger,  ou  met- 
tait en  fuite  l'auditoire.  On  élait  même  si  persuadé  que 
toute  musique  savante  était  cunujcuac  ,  qu'on  avait  fini 
par  conclnre  que  toute  inuaiquc  ennuyeuse  élait  savaiile. 
Au  reste,  personne  ne  savait  ce  que  c'était  que  cette  science 
dont  tout  le  monde  parlait. 

Rossini  n'a  pas  échappé  plus  qu'un  autre  à  de  graves 
dissertations  dans  lesquelles  ou  prouvait  qu'il  n'a  pas  le 
génie  dramatique  ;  que  ses  chants  sont  des  contredanses, 
sea  morceaux  d'ensemble  des  débauches  d'esprit ,  et  que  sa 
musique  n'est  composée  que  de  faux  brillans.  Tel  qui  le 
loue  maintenant  serait  bien  fâché  qu'on  réproduistt  les 
articles  qu'il  écrivit  lors  de  l'apparition  du  Barùier  de  Sé- 
vUle.  D'abord  c'était  le  comble  du  scandale  qu'on  eût  osé 
refaire  un  ouvrage  dont  Paisiello  avait  fait  la  musique.  Il 
semblait  que  ce  lut  une  chose  inouïe  ,  quoique  depuis  près 
de  deui  cents  ans  ce  fut  l'usage  eu  Italie  de  donner  aux 
compositeurs  les  mêmes  sujets  à  traiter.  Venaient  ensuite 
de  longues  phrases  où  l'on  exaltait  le  mérite  de  l'ancien 
ouvrage  aus  dépens  du  nouveau  sur  lequel  on  déversait  le 
ridicule  ;  je  ne  sais  même  fi  l'auteur  de  celui-ci  ne  fut  pas 
accusé  d'être  un  musicien  savant.  Certes,  il  ne  s'atten- 
dait pas  à  ce  reproche  '.  Tout  cela  est  maintenant  oublié, 
et  l'œuvre  qu'on  dénigrait  a  fait  le  tour  du  monde. 

(i)  La  science  musicile  pculËtre  cDUsidcréc  sous  deux  aspects  ;  d'une 
pail  c'est  l'art  d'écrire  de  [a  musique  donl  IcsforniesannlcDnililionnellït, 

U  pureté  de  bIjIo  ,  résulut  des  éludes  qu'on  a  failcs  pour  apprendre  i 
écrire  cc>  sortes  de  compDliliooE,  Les  Tuguci,  les  eanoni,  les  imilaliODi 


.îo5 

11  faut  le  dire ,  les  ouvrages  de  Rossini  causèrent  d'abord 
plus  d'élouDemcMl  que  de  plaisir  aux  musiciens  instruils; 
il  ne  pouvait  en  être  aulrcmcnl;  caria  nécessité  de  larè-le 
est  une  idée  qu'on  reçoit  des  niaitrcs  dans  la  Jeunesse"  à 
laquelle  on  s'accoutume  par  degrés  et  qu'on  n'abandonne 
qu'avec  peine.  Ce  qu'on  cslinic  pardessus  (oui,  c'est  le 
succès ,  c'est  la  renommée.  Or,  il  est  pénible  de  s'aperce- 
voir qu'on  peut  les  obtenir  en  bravant  ces  mêmes  règles 
qui  ont  coûté  tant  de  Iravaui  et  de  fatigues.  D'ailleurs, 
noire  éducation  uous  porte  à  considérer  la  poétique  des 
arts  dans  un  sens  positif,  et  à  croire  que  tout  ce  qui  s'en 
écarte  est  plus  ou  moins  répréhcnsible.  La  marcbe  gras 
duelle  et  lente  des  innovations  musicales,  jusqu'à  Mozart 
inclusivement,  avait  respecté  certains  principes  qui  pa- 
raissontmoins  le  rÉsultat  de  conventions  arbitraires  que  de 
faits  vérifiés  par  l'eipéricnoe.  Mais  guidé  par  l'indépen- 
dance de  son  génie  et  secondé  par  la  tendance  du  sîècie,qui 
aime  i  voir  rcmcllre  en  question  tout  ce  qui  semblait  dé- 
montré auparavant,  Rossini  a  secoué  le  joug  de  toute  en- 
trave ,  peut-être  même  de  celles  que  lui  imposait  son  oreille, 
poursc  jeter  dans  une  marche  diamétralement  opposée  à 
celle  de  ses  devanciers.  Doué  du  génie  lieurcux  qui  crée 
de  beaux  clianis,  sûr  des  effets  qu'il  veut  produire,  il 
pousse  jusqu'au  cynisme  le  mépris  pour  les  règles  de  si'tc- 
cesaioiis  d'intervalles,  pour  celles  de  la  modulation  et  pour 

conviennent  peu  il  la  musique  (l..niaticiue ,  ei  do  sont  de  mise  que  danj 
\B  «yle  ^"^^^0"  dons  i"'  fi""  iiiiUuinenlales.  Quant  i,  1.,  piz^lé 

pour  jouir  d'un  plaisir  jans  méiange.  On  doit  nvouer  que  RûLSni"l^ 
trop  négligÉe.  Eolminé  par  la  ropidiré  de  «on  trOFoil,  il  a  mulliplié 

nuire  aux  effets  qu'il  voulait  produire.  Dnns  les  grondes  niii*6ea  ces  în- 

l'enie^^ble  de  l'Iiarmonie  ;  mais  dans  Itf  morceaui  muios  cliargÉs  dW- 

raoin»  imporlaote ,  celle  qui  onoaiste  à  établir  une  gradation  porfRi"" 
dan»  l-iuléifit  de  se.  morocaui.  cl  a  erèor  des  elTels  nuuveaui  de  toii 
et  d'insLrxiniens.  Sous  ce  rapport ,  l'art  s'est  agrandi  dans  ses  mains  cf , 
pour  m»  part,  j'ûvuue  que  j'ai  Ijcaiiconp  appris  dam  ses  ouvrage). 


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3o4 

„„,.  taie d'mlrespoion  .lo  docltii.e  .col.,li<]„e.  Telle  e.l 
?;,lBtae  elU  e«o»  do. aéelam.llon.  <lo,.t  se,  e„.,a6..  ont 
élTSel.  Mai.  e«f,.  ,  oo»>me  on  ne  ,é,..lo  p..  toujour, 
allai  qn-o»  SP">»™  P"  '•<""  ^'         °"  ^"  "T"; 

oo,"  on  "  fini  P"       ■"«"S"'  "  P"  1"  "' 

Lmi.  avnlroindro  le.  rèsle.  eommune. ,  o'est  à  eeln, 
Sto  par  mille  beau.é.  le»  défaut,  d'éoole  ,,n'o„  pcnl 

'°'r.''SÏ."io»  de»  pl».  rebelle,  -i"» la  repré.enta- 
Uon  de  Met...  la  .ari«È  ««        1»'  ""l'"  °"' 

„  U  .éïérilé  de  q»elqae.-one.  de  .e.  partie. ,  la  mb- 
So^Ï  -nvenanoe.  dran..,i,ue.  fr.nçai.e.  aux  U- 
ÏÏrtélTu  .MSlre  italien  ;  la  beauté  du  récilat.r,  le  eha™. 
S  ù  „:ândie  et  le.  cfTel.  de  Piu.lrumeulat.ou  en.  .»»vé 
tle  dlnt  le.  speel.t.u»  le.  pl«.  etoique.-  H  a".».! 
Mu  olu.  que  -i»  1«  mau.ai.e  humeur  po»  nep»  recou- 

ni.m  ?"lcot  .npérionr  dao.  l-lnlroduelion  ,  dan.  le  f.- 
„.  treuu  l-'™"  P  i-aneienne  introduellon  pl.eSe 

Tc^lZZ^^  »e.nd  aele,  d.„.  le  «u.le  du  troi- 
ïTTdan.  l'air  d-inaî  do  dernier.  Plu.i.ur.  morceaux 
„i„e  el  dan.  l  a.r  o  »  con.er.*.,ehau6.nt  à 

de  Pancenne  P"''''°"  \\„,„  „„6„o  dramaUque,  el  , 

"      Lésion,  «n  eou»nlemen.  donné  par  le  publie 


;;::.r.™;».loo  d.  nntéré.  d»  d„„.,  m.  e.ud,..on 

rt,toMo..r.  .  .eme  ^^^^ 
j  to.  t''  1»  g„  introdoLanl  le.  forme,  à  1. 

«taeïjr  que,  en  n'a  fait  que  oéde,  à  m, 
„„d..«r  no»e  »*.e^ï  q    .  ^  i 

Sdr^:rar.:u".r»ârpeiu,i.éL.»e. 


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uusoiiljiuuii  lUru  tigci's  à  l'arl  ilii  cliiiiit;  lliiï^siiii  lésa  [il3céH 
dans  la  silualiou  la  plus  favorable  dans  ses  op,éras  du  Siège 
de  Corinihc  et  de  MoUe;  il  a  donc  rendu  un  service  réel 
à  l'admiiiUtration  de  l'Académie  royale  de  musique  qu'il 
enrichit,  aux  acleuru  doiil  il  fait  la  r';putàlioDi  et  au  publc 
qu'il  amuse. 

,.  ,  promis  dans  mon  arlicie  sur  la  première  représen- 
tation de  Uoîse,  de  revenir  sur  quelques  trails  saiUans  de 
cet  oum(^,  et  d'en  donner  des  exemples  notés:  je  m'ac- 
qnille  avec  plaisir  de  ma  promette,  dont  l'exécution  n'a- 
été  retardée  que  par  les  soins  qu'râtgieait  la  gravure,  des 
planolwt. 

TcÀs  les  Qiçroeauxde  rintrodaotlon  sont  remarquaUes. 
Le  p^lpfîer  choeur,  tMeujnàiëemt,  du  joug  de  impie, 
(^m^u'oe  par  un  mouvement  rempli  de  verve  eld'entrat- 
nementi  toute  la  phrase:  Pardonne  à  (^infortune,  est 
touchante  9  expressive  ;  l'harmonie  en  est  suave  et  l'accom- 
pagnement original.  Le  récitatif  d'Ëliéser  :  J'ai  vu  ta 
tuperhc  fSemphii,  se  distingue  par  une  simplicité. de 
déclamalion  digne  de  nos  meilleurs  musiciens.  L'accom- 
pagnement de  la  voix  mystérieuse  sur  ces  paroles  :  Moïst, 
approche-loi,  la  ritournelle  qui  suit  ce  morceau ,  et  la 
prière  :  Dieudeiapaim,  Ditu  de  ia  guerre ,  couronnent 
admirablement  toute  celte  scène.  L'introduction  de  la 
prière  dont  je  viens  de  parler,  parla  voix  de  Moïse,  pro- 
oÈdant  par  demi-tons  sansaccompagnemeot,  pour  arriver 
à  l'ensemble  du  chœur  sur  une  modulation  inattendue 
[voifes  ex.  i) ,  et  la  reprise  du  même  effet  pour  rentrer 
dans  le  mode  mineur  du  ton  primitif  (vo^es  le  méme-ex.)i 
so^t  'des  traits  originaux  et  d'un  grand  effet.  L'opposition 
'in  palme  dé  ce  morceau  avec  ré^etgEia  des  Instrumens  de 
cuivre  qui  ont  accompagné  la  voix  mystérieuse,  augmente 
iencbre  le  plaisir  que  procure  la  suuvilé  de  son  harmonie. 
Il  est  juste  d'ajouter  que  i'cxéculiun  en  est  cxccllenle,  et 
qu'on  est  frappé  d'éloiiuement  il'eulendre  des  cliurisles 
nombreux  chauler  saus  accoippaguement  avec  taut  dejus- 
leweetdefini. 

, .  Il  y  a  quelques  longueurs  dans  la  sc^no  d'Aménophîs  et 


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3o6 

d'ÂnaT:  I^diio:  Jhl  tijtpwds  ifotjMguefaime,  quoi- 
que joli  et  bien  chanté  par  Nourrit  et  M"*  Cînti,  refroidit  un 
peu  l'action;  mais  iUe  ranime  auohceur  :  Jour  de  gloire, 
et  tout  le  resie  du  lînal  est  rempli  de  grandes  beautés  :  le 
cliœnr  des  Hébreux  :  0  race  exicraHc,  me  paraît  rartout 
d'un  fort  beau  caractère.  , 

Tout  le  monde  connaltlafameiuelnlToduotEon  daMti», 
qu'on  a  transporté  au  commencement  du  second  acte  de 
la  pièce  française  :  quoique  un  peu  longue ,  elle  est  une 
plus  belles  créations  de  Bossini;  c'est  même  le  mor- 
ceau le  pins  pur  et  le  mieux  écrit  qui  soit  sorti  de  sa 
plume.  Toute  cette  scène  produirait  bien  plus  d'effet  si 
la  lumière  repar.iissuit  toni  à  coup  en  masse  éblouissante 
après  l'invocation  de  Moïse  ,  au  lieu  de  venir  par  degrés  : 
mais  l'élat  d'imperfection  de  nos  machines  théâtrales  ne 
permet  point  enivre  d'^atteindre  à  de  pareils  résultats. 

£a  fràdnctîàn  do^duo  :  Partar,  êpùgai',  q  donné  lien 
i  des  opinions  bien  différentes  :  d'une  part  le  public ,  qui 
s'abandonne  plus  &  ses  sensations  qu'il  ne  réfléchit  sur  ce 
qui  les  cause,  a  manifesté  hautement  le  plaisir  que  lui  a 
ùit  ce  morceau  ;  mais  les  partisans  de  la  tragédie  lyrique , 
les  admirateurs  du  système  de  GlucË ,  ccuscufiD  qui  cher- 
chent avant  tout  un  spectacle  raisonnable,  trouvent  que 
Pharaon  semble  plutôt  se  réjouir  de  quelque  événement 
heureux  qu'exprimer  par  son  chant  le  chagrin  qu'il 
éprouve  des  tourmens  de  son  fîls.  Il  est  d'autant  plus  diffi- 
cile d'adopter  un  avis  entre  des  manières  de  sentir  sî  dif- 
férentes, qu'on  s'aperçoit,  à  mesure  qu'on  arancc  dans  la 
sérié  des  révolutions  musicales,  qu'il  n'y  a  point  de  sys- 
tème qui  ne  puisse  prévaloir  selon  les  temps  et  les  lieilx, 
et  que  le  beau  positif  et  invariable  est  un  réve  inadmissi- 
ble à  l'égard  d'un  art  aussi  vague  que  la  musique.  Ici  la 
question  est  de  savoir  sï  le  chant  déclamé  est  le  seul  qu'on 
doive  admettre  dans  le  drame.  II  y  a  long-temps  que  les 
Italiens  l'ont  résolu  négativement.  Hais,  dira-t-on,  il  s'agit 
des  Français  et  d'an  spectacle  qui  teur  est  destiné  ;  en  ce 
qui  les  conoeme,  ils  sont  seuls  juges  compétens ,  et  l'on 
^  mal  fondé  à  leur  opposer  l'opiaioD  des  Italiens  ou 


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■  3o7 

celle  des  ïUemands  pour  réglée  la  manière  dont  1b  doi- 
iieat  s'amuser.  Si  l'on  se  place  sur  ce  terrain,  laqueslivn 
est  jugée;  car  lu  jinblic  ,'iymit  montré  par  ses  applaudîsse- 
mens  le  pluisir  qu'il  (éprouvait  à  entendre  le  duo  qu'on  cii- 
tique,  on  doit  en  conclure  que  le  morceau  est  ce  qu'il  doit 
4tr9>wCe;D'e9t^siroD  veut,  ;^*U!f  hors-d'ccuvre,  qu'une 
m^WHaii  ^.llntértly  qi^it.pb4sir  pour  les  oreilles; 

pent-^M  est-il-  nécessaire  de  se  borner  quelquerois 
à  cette  sorte  de  plaisir ,  afin  de  reposer  l'attenlioii  fatiguée 
par  un  style  trop  uniforme  de  déclamalioD  notée.  î^f  * 

La  marche  qui  ouvre  le  troisième  acte  de  Moîsô  est 
charmante;  mais  le  iinnl  de  ce  mOmc  iiclc  doit  gnriout 
attirer  l'attention  dus  musiciens.  Rien  iic  surprisse  la 
beauté  de  quelques-unes  de  -.es  parlii^s.  l.j.  rilciunii^lle  de 
l'entrée  d'ÂiiSde  annonce  bien  la  cataslrophc  ;  l'accompa- 
goement  da  récit  :  Grand  Rm»  tUUvjrfi-jvWt  eaj^  du 
pliu 'lirand eflfet  (vi^ëa l'ev^^ple^Tï^etlt^déidapiation 
de  ce  récit  est  parfaite.  La  disposition  des  voix  a  été  chan- 
gée dans  le  qiialuor  3ti  inanca  la  voce  ,  qui  a  élé  intro- 
duit dans  ce  liii.il  iur       )Mrole.<  :  Je  Crciitlitii  cl  soupii-e. 

ceanx  qui  suspendent  l'action  ,  néanmoins  celui-ci  fait 
unbon  efi^^f^rœ  qu'il  prépare  le  spectateur  au  mauve-  . 
mtint,$t  h  l'énei^  du  dtfïnijer  «Uégro^  ParmJ  les  traits  qui 
ftnt  de  celui-ci  un  des  chef^-d'œurre  de  la  scène  lyrique , 
je  citerai  la  marche  ascendante  de  septièmes  et  d'accords 
parfaits  sur  ces  mol.s  :  Alhz,  qu'on  tes  entraîne,  dont 
l'efTet  est  magique.  ,Te  regrette  que  le  défaut  d'espace  ne 
m'ait  pas  permis  de  la  donner  ici.  L'elTet  prodigieux  des 
gammes  tliromalique  descendanle  et  diatonique  ascen- 
dante termine  ilc  la  ni^iiiiéic  la  plus  brillante  ce  morceau, 
dont  la  coupe  est  parfaite  [voyez  l'excmplo  n'  5).  L'idée 
d&jBhaDger  le.mode.n^eur  en.-uinear,|pBUr^ljet,^|||^ 

pUd^;  ttn'peuCdIreméme  que  c'est  tôùt-Je  aéorfitd^cet 
effiéf'.otigiiiiil; oiX"il  donne liâo-à-l8-'iiiodnlation«lftiBtus 
Û^ttënSuey.  ej^  prépare  le  reloôr  aii  tion  .^â^iiP^iik- 
efitat  j  en  pivotait  snr-la  dominante.  I         'Vj^-  ' 


3o8 

-''ËéqÛAIrtème  acte,  qui  contient  un  joli  duo,  un  air  fort 
beau  et  la  prière.  Des  deux  où  tu  résides  (Dat  tuo  stetiato 
sogtio'),  n'a  d'autre  défuut  4110  ilc  venir  nprÈs  liîa  grands 
uffeta  qui  sont  répandus  dans  tes  jiremiers ,  et  lorsque  l'at- 
tention des  spectateurs  est  di'gà  fatiguée,  ttien  de  plus  tou- 
chant ,  de  plus  expressif  que  la  phrase  principale  deTafr 
d*AnB!,  dont  i'aceoitipagaement  est  de  l'effiat  teidtlB?^!^ 
tWesque  (voyez  l'exemple  n°  4).  Je  regrette  que/RouInin 
soit  oni  obligé  de  faire  &  la  cantatrice  la  coDceBsion  âes 
traits  qui  terminent  cet  air  et  qui  en  changent  le  caiao- 
t6ré 'passionné  en  une  sorte  de  bannalilé,  sans  que  la  situa- 
tion ait  varié.  Si  la  dernière  partie  de  cet  air  était  à  la 
hatilcur  duc(imiiii>iLi:cinGnt  et  du  milieu,  ce  sérait  l'un  de 
cliels-d'œuviu  .le  l.i  musique. 

J'ai  parlé,  dans  mon  premier  article,  de  l'exéouFioii 
deiUobe,  et  j'a^  donné  à  l'orohestre,  aux  ohaAtmnjQt 
àaï  «hi^i^lëS^ogn  qplk  méritenti.  Lè^xOai^M» 
ces  artistes  ne  s'est  pùÏDt  'démenti  dans  les  te|>rétieàtalf(nu 
xubséqucutcs.  Ndorriti  Dabadie ,  Alexla  pa^ntj  Lbb 
vasïiuur ,  iiii^sdames  Hori ,  Dabadie  et  Giotl  se  montreiit 
dignes  ,  dans  cet  ouvrage,  d'être  les  interprètes  du  génie 
de  Ilossini. 

PÉTIS. 


CORRESPONDANCE. 
A  M.ic  ridaoUwrdtia'BisvaB  Musicale '.' 
MonsiSDa, 

Votre  utile  et  intéressant  journal  est  destiné  à  prapa|;er 
fontes  tes  oonnaissancos  qui  se  rattachent  à  la  théorie  de 
la  musique.  J'ai  pensé  que ,  sous  ce  rapport ,  vous  ne  dé- 
daigneriez peut-être  pas  d'accueillir  une  remarque  fort  peu 
importante  sans  doute  par  ses  résultats,  mais  qui  peut  lî- 

(1)  Comme  l'antfni  de  natte  lettre  la  remarque ,  la  formate  dont  il 
donne  le  déTebppementD'cat  ^'on^ple  objet  de  cnrioulé  ,lea  pro. 
oAdès  de  la  pratique  ajant  un  atantage  iDoonteilablo  aai  cm  tartes  de 
calcub;  mai*  j'ai  oiu  qu'on  ne  la  venait  paa  aana  inttrfit. 


" . .5o9 

le»aiwalos  ^  ^  qiariqus.,,  quand  ce  ne  ufait 
i^néu^innie  objet  de  pure  Cutiosifé.  ■j.—.-'i.,'.  ' 

,Ofi'talt  que  Rousseau ,  dans  son  Dictiona^ij^'-Éfjtr- 
n^UD*  a  donné  Strarlîole  tronfponlûm deuxformides qui 
loHnieat  été  oonuauDÎqnéea  par  M.  BoMgeloj^^^^^ïuï 
An^l*>9x*^o  moyen  d!obtenir,  Jevnombrç,  de.  ditve^'el 
|Hmol>'4<wbla  olëf'i^it^.  année  dasa  ivi.^p.,doa.qi^. 
Ces  formules  qui  dérivent  de  coDsidérations' lr&  iiçpar- 
tantessur  le  calcul  des  intervalles,  ont  été  démon  irées  avec 
beaucoup  di-  s.j^atili;  iljiis  lui  uiivr.ige  fort  estimable  de 
'  M.  Sureiiiaiii-Mi.'M.;iy,  ..Lirl".u'oi!>tii|uu  J'ai  trouvé  cepen- 
dant pour  ce  cas  particulier  une  autre  formule  qui  me  pa- 
rait préférable,  parce  qp'étantplua  générale  ^iel|jct.ïi^p-; 
plfqne  à  toute  espèce  d^ntervalle  et  qu'elle  8i^t,{Kiiir  Jes 
dièzBs  comme  pour  les  bémols. 

Toici  cette  formule  en  lettres  :  areprésentant  le  nombre 
de  degrés  compris  eufrc  la  iiolo  ut  et  le  ton  donné;. le 
nombre  de  demi-lons  entre  ces  mêmes  iutervallesjel  enfin 
X,  le  nombre  clicrclié  de  dièzes  ou  de  bémols. 

Lorsque  7  6  surpasse  1  u  a ,  la  valeur  de  a:  représente  les 
dîfaea;  lorsque,  au  contraire,  7^fi  est  moindre  que  Hia, 
litWIAii'dè'airoprénntelesbémols.  ' 

^^;^iijq^quer  cral  à  qnelqoei  eiemple»^  supposoiu 
qà^i^ime  du  ton  de  fa  dièse.  En  compilât  d'ut  à  fa 
diëie,  on  trouve  d'une  part  trois  degrés,  et  deVanli«.siz 
demi-tons  ;  donc  la  formule  devient  : 

(1]  Ce  n'eit  point  i  l'artiole  tmupow'tùm  que  M  iraaTsnt  lea  rocmnlc* 
da  U.  de  Boi^loo  tipportéra  par  Ronstean,  mais  k  celui  de  ctef 

(1)  Ce  n'est  point  M.  Suremain-Miïicry  qui  le  premier  a  démontré 
lu  formules  de  M.  de  Baiigeton,  msia  MeraKdier  de  Belesta  qai,  dans 
loaPlouveaulyitèBiede  nuii^us  Ihiorigite  et  pratiqat  (Parii,  ijjtt  ÎD-S*), 
les  a  démontrées  nprinri  d'une  manièic  fart^impte.  H.  Sotenuin-BIu- 
•ery  aiaivireiplicalion  de  Mercadier  dans  le  Dictionnaire  de  musqué 
de  l'Encyclopédie  uétliodiquc  ;  mais  depuis ,  ajfmt  Iroavé  i  les  dédoire 
des  équations  générales  de  ^.  de  BotsgbloD  snr  lâ  Inttivalles,  Il  a  B 
prtftré  celle  manière  et  1'*  d6*el0pi>èe  dan*  ta  Thémii  ntoritinHmist- 
MA.  (Paria,  HrUin-Didut ,  1798,  in-C*)  p^. 

(  Ifole  du  ridaelcar,  ) 


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3io 

7  +  6—  ia  +  3=  6  dièzes. 
Si  l'ou  avait  cherché  le  ton  de  sol  bémul,  on  eût  trouvé 
quatre  degrés  et  six  demi-tons;  ce  qui  aurait  donné.- 
4a  —  48  =  6-  bémols. 
Enfin ,  qu'il  s'agisse  pour  dernier  exemple  et  pour  mon- 
trer l'exactittida  de  la  formule,  de  chercher  le'tpn  d'tcfj 
octave  de  oeloi  qui  est  le  point  de  départ.  Dans  ce'>oa>*  a 
est  ^al  à  7  et  6  à  la ,  et  la  formule  devient  : 

84  —  84  =  0 ,  c'est-à-dire  ni  dièzes  ni  bémols. 
Je  supprime  resplication  de  cette  formule,  parce  qu'elle 
est  facile  à  trouver  et  qu'elle  nécsssiterait  des  développe- 
meDS  qui  donneraient  il  celte  lettre  uue  étendue  que  ne 
mérite  pas  une  matière  si  peu  importante. 
J'ai  l'honneur  d'être ,  etc. 

Sig jié  BiiNCHUiD. 


NÉCROLOGIE. 


La  musique  française  vient  de  perdre ,  dans  la  personne 
de  H.  Canàeille,  Tun  de  ses  doyens,  et  le  oompositeur  le 
plus  âgé,  après  H.  Gossec.  Pietre-Joseph  CaDdnUe,  né  à 
Estàire,  petite  vilie' du  département  du  Nord,  le  8  décem- 
bre 17449  ^''^t^Poris dans  sa  jeunesse,  et  entra  à  l'Opéra 
en  1 767,  pour  y  chanter  la  basse-taille  dans  les  chœurs  et 
dans  les  coryphées,  lin  17841  il  obtint  la  pension ,  et  se  re- 
tira pour  s'occuper  uniquement  de  la  composition.  Rentré 
au  même  thé&tre,  en  1800,  comme  chef  du  chant ,  réformé 
le  18  décembre  1803,  rappelé  de  nouveau  en  i8o4i  et  mis 
définitivement  à  la  pension ,  le  iSmai  i8o5,  il  se  retira  à 
Chantilly,  où  il  est  mort  le  94  avril  dernier. 

Les  premiers  ouvrages  qui  firent  connaître  Candeille 
comme  compositeur  furent  des  motels  qu'on  exécuta  au 
concert  spirituel.  £n  1778,  il  refit  la  musique  de  l'acte  de 
la  Provençale  dans  les  flut  lU  TAaUcj  opéra  de  Houret. 
Dans  la  même  ^nné*^  il  avait  fàtl  exécuter  derailt.le  rd. 


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Su 

à  Marly,  Laure  et  Pétrarque,  opéra  en  trois  actes,  qui  fut 
joué  à  Fnris,  en  i^So,  avec  peu  de  succès.  Ed  1785,  il 
donna  JPizarre,  eu  cinq  actes ,  qui  n'eut  que  neuf  repré- 
sentations'. Cetle  pièce,  réduite  en  quatre  actes,  avec  beau- 
obi^deDliengemensdans.la  musique,  fut  reprise,  en  1791, 
■m^b^jçdfut  .pas  plus  lieureuse.  L'ouvrage  qui  a  fait  lQ>plup 
^P^^tinâa>talent  de  Candeille  est  la  musique  nwT«y<B 
qn^Ia  campasée  pour  l'opéra  de  Castor  et  PoUux.De  tpal 
ce  que  Rameau  avait  écrit  pour  In  poème  de  Genlil-Bcr- 
iiar.l,  Caïukilln  iio  ■■oiisciva  (|ue  T.iir  Ty/,vfei  apprcUs,  le 
chœur  du  second  acte,  tl  tclui  dus  di':iiio]is  au  ijualritme; 
tout  le  reste  éluit  de  sa  composition.  Cet  op<ïra,  qui  fut 
jQU,^jift  j4jMiP  1791)  dt  tant  de  succès  que ,  dans  l'espace 
^é^tiaiis,  j^'obtintoent'trente  représeaiaiions;  nyant  été 
reprisIeaS  décembre  181^,  il  en  eut  encore  vingt  jusqu'en. 
1817.  Candeille  a  donné  aussi,  en  1793,  l'opéra  de  cir- 
constance intilulij  :  /.(t  mort  de,  Ucatirepaire,  qui  ne  fut 
joué  qtie  trois  fois.  l'iusieurs  airs  de  danse ,  la  musique  de 
quelques  ballels  patitominics ,  et  quatorze  opéras,  dont 
plusieurs  ont  été  reçus,  sans  ùtre  représentés,  sont  les 
derniers  ouvrages  do  ce  musicien  estimable. 

'    NOtJVEII-ES  DE  PARIS. 
THÉÂTRE  ROTAI.  ITAtlEN, 


Apris  avoir  bssayé  en  vain  de  soutenir  la  trop  faible 
Paitor»tta  Pmdataria,  à  une  seconde  représentation, 
H*"  FerloUl  a  ranonoé  à  cet  ouvrage  que  le  public  ne  veut 
paB  éntendre>  et  a'eat  iiionti.ée  daoa  ta.'Donna  det  Lago^ 
Bien  plne  TaTorable  au  développement  des  moyeas  d'une 
oantatiloe,  là  musique  de  RossinI  djapos*  ordiDoirament 
Uen  le  public  par  son  charme  sédnolenr;  U"'  FerlotH  n'a- 
valt'donc  à  répondre  que  d'elle,  et  pouvait  cailié(|9ein- 
ment  avoir  [dus  d'assurance.  Halheorensement  Iji  trtd- 


Oigrtizad  by  Google 


sitmo  épreuve  île  ses  talens  a  cunBrmé  les  connaiueurs 
dans  l'opinion  qu'ils  s'iitaient  formic  de  sa  vois  et  de  son 
chant-  Cette  voix  est  grÈlc,  sans  timbre  et  sans  accent;  la 
méthode  est  assez  pure ,  mais  le  chant  est  dénué  de  verve , 
et  en  résultat  M"*  Ferlolti  ne  produit  pas  d'effet.  Les  mor- 
ceaux d'eneemble  lui  sont  surtout  défavorables;  elle  y  est 
ûnâaDtîe  sons  la  maise  de  l'orchestre  et  sous  l'effet  des 
voix  de  DonielU,  de  Zucohelli  el  de  M'"^  Césari. 

—  On  annonce  pour  samedi  prochain  le  premier  début 
do  M"'  Carciadaiis  la  reprise  de  Tofvaldo  (  Dorilsica.  Un 
douille  iLilL'LÙIrasseiiiblcra  les  amalciu->aii  Théàlre-llalien 
à  celle  représenlalion  ;  d'abord  la  curiosité  qu'iuspire  la 
cantatrice ,  et  enmiitc  le  désir  d'entendre  de  nouveau  un 
ouvrage  de  Rossini  qui  u'a  point  eu  de  sdeoèB  à  Pari*., 
lors  de  sa  première  apparition ,  et  sur  lequel  on  désire  se 
former  une  opinion  plus  éclairée. 

—  On  poursuit  avec  beaucoup  d'activité,  au  théâtre  de 
rOdéon,  lei  répétitions  des  Dmoi  Figaro,  opéra  de 
iU.  CaralTa,  iraduit  de  Titalicn.  Cet  ouvrage  a  lu  réputa- 
tion d'Élre  un  des  meilleurs  de  son  auteur. 

■ — Les  comédiens  du  théiltrc  de  l'Opéra-Comique  pré- 
parent la  mise  en  scène  d'nn  opéra  en  un  acte  qui  a  pour 
tilre  Sat^arido ;  la  musique  est  aussi  de  M.  GurafTa. 


NOUVELLES  DES  DÉPARTEMEiNS. 


L'intérêt  qu'on  prend  généralement  aux  progrès  de  la 
mosique  s'^ocrolt  abaque  jour;  les  départemeoa  même 
ont  lÂ)uré  l'tndifFéreace  qae  les  étranger!  noas  repro- 
chaient naguère.  Des  sociétés  philharmoniques  se  forment 
de  toutes  parts;  des  écoles  de  musique  sont  fondées  par  les 
conseils  municipaux,  et  desdemaudcs  de  professeurs  sont 
Adressées  j ou mellament  à  l'École  royale  de  Musique. 

Ualbflureusemont  M.  de  Corbière  n'a  rien  de  commun 
avec  les  (MeUan(»>-  son  oreille  est  peu  sensible  aux  acoens 
de  la  mélodie,  et  sa  m^ii  est  mojns  disposée  à  battre  la 


3i3 

mesure  qu'à  rayer  du  budget  des  communes  tes  aUooalians 
pour  des  écoles  de  i<)usl<|iiu.  Plusieurs  villeAi  ont  été  déjà 
'victimes  do  ses  rélormc^  lisi^nihos  :  Abbcvillc  vîcat  d'é- 
prouver le  même  buil.  i'ar  li  s  siiiiis  et  le  zèle  d'ûn  ama- 
teur* que  son  talent  sur  lu  viulim  met  sur  la  ligne  de  nos 
prabiera  artistes,  une  école  de  mmiquo  avnit  été  fondée 
Ailip)<>elte  ville,  et  des  fonds  avaient  été  votes;  IcminiHtrc 
delÏDtérieur  a  fait  disparaître  cet  article  du  cliapitrc  des 
dépensa  pour  riustruotion  publique.  TouteCou  le  digne 
amflbtur  dont  je  viens  de  parler  o'tt  point  ilA  déeoaragâ{ 
douMbti^'exempIe&scscolicitoTens,  ilajoînt  lesaorifioe 
de  sa  bour»e  &  celui  de  son  lemps,  et  Vécole  Bubsîste;^  I| 
seraitdignedeM.  le  vicomte  de  Larochefbucauld desecon- 
der  ce  noble  dévouement  par  des  secours  qui  n'cxigeraîenl 
point  da  dépense  considiSrablc. 

>-;^DEL6ment  où  la  ville  de  Caen  vient  de  fonder  une 
société  philharmonique ,  elle  s'occupe  aussi  de  l'organlsa- 
Hon  d^e  école  semblable  à  celles  qui  existent  à  îille,  à 
Douai,  à  Toulouse,  àAbbeville.  H.  Choron  ,  doni  les  con- 
naissances en  matière  d'instruction  musicale  ne  peuvent 
être  révoquées  en  doule,  s'est,  dît-on,  chargé  d'eu  régler 
le  sjBlàme  intérieur.  Il  doit,  àcct  effet,  se  rendre  sur  les 
lieux^  On  sait  que  c'est  dans  cette  ville  que  H.  Choron  a 
r^'lejonr.' 


«ÔPVELLES  DES  PÀYS>  :ÉTR&HGERS. 

.FutooB.  Le  i6  avril  dernier,  on  a  représenté  sur  le 
thévllre  Noviaaimo  un  opéra  intitulé  l'Arbore  di  Diana. 
La  musique  est  l'ouvrage  d'un  habitant  de  cette  ville  , 
novaméPietroBretcuini;  elle  a  obtenu  du  succès.  On  cite 
avec  éloge  l'ouvertorej  nn  trio,  ub  duo,  le  £nal  du  pre- 
mier acte  et  un  aria  con  eori  au  second.  Le  s^le  de  cet 
onmgéest  une  Imitation  de  celai  deBoMini.Lesohanlenra 
étalent  iB  ténor  Plstco  Gianl,  Giovanni  StorQj'qBl jouait 
EndTinion.Gailâklif  bouffe,  GlaoUila  Ganonio!,et  Ole- 
meatina  Fanti. 

(■)  H.  EI07  de  Tlcq. 


DlgilcedtiïGoogl 


5,4 

VnuB.  taDidoneaihandonata,  de  Hercadantei  &  été 
fort  applaudie  »u  théâtre  S.-Benedetto,  le  i6  avril  dernier, 
quoiqu'on  ait  trouvé  que  la  musique  était,  non-seulement 
une  imitation,  maisune  copieexactedeplusieurs  morceaux 
de  Bossini  et  de  Pacini.  Le  succès  est  dil  principalement 
aux  chanteurs.  "LeXtata  GtntUi,  etlescantatrioufiram- 
iiilia  et  Otto  ont  surtout  réunf  les  suffrages.  La  fitfm- 
éttfaj  dit  le  journaliste  italien,  ènata  contante  eomî.Aitri 
muMfmtta,  Selon  lui,  elle  réunit  la  jeunesse,  la graoct 
la  beauté  à  une  voix  fraîche,  pleine,  sonore  et. fleziblé..  le 
Théâtre  Italien  de  Paris  aurait  grand  besoin  deto  Itirani- 

MiLAN.  Le  nouvel  opÉra  de  Mercadante,  H  Montanaro 
(le  IVlonlagaard)  a  fait  fiasco  ù  Alilan.  On  n'a  trouvé  dans 
cet  ouvrage  que  les  idées  les  plus  communes  et 'un  travail 
négligé;  Ce  comporileur  ne  tient  pas  ee  que  ses  dtiHits 
promettaient. 

U~*  Fetron  ,  Rnbini  et  sa  femme  viennent  d'arriver  à 
Milan  pour  faire  partie  de  la  nouvelle  troupe.  Us  doivent 
débuter  dans  la  Donna  dei  Logo. 

tin  nouveau  journal  sur  la  musique  et  sur  les  théâtres, 
intitulé  /  Teatri,  vient  de  paraître  dans  cette  ville.  Il  est 
rédigé  par  Gaelano  Barbieri,  avec  la  coopération  de  Si- 
mon Hayr,  de  Jean  Pacini,  d'Alexandre  RMa,  de  Gaetano 
Piantanida,  de  Paolo  Bonlîchi ,  du  docteur  Lichlentbal  et 
de  David  Banderali.  Ce  journal  se  publie  par  cahiers  d'une 
feniUe  in-8*  par  semaine.  Le  premier  numéro  a  paru  le  as 
avril.  Nous  donnerons  dans  la  Sevue  muêicateles  articles 
inléressans  que  ce  journal  contiendra. 

ANNONCES  DIVERSES. 

In  virtute  ttta ,  trio  religieux,  avec  accompagnement 
d'orchestre  etdepfano,  dédié  à  M.  le  duc  de  Duras,  par 
U.  Le  Sueur^  suriiAendant  de  la  musique  du  roi ,  membre, 
de  l'InsUtnt,  etc.,ete.  Prix:  6fr.  Paris,  Frey,  éditeur  de 
musique,  place  des  Tioloires,  a*  8,  et  Henry, rue  N^ave- 
4es-Pelil8-Ghamps ,  n*  17.' 


3i5 


Ce  caarcGia,  tlrË  du  rcpcrtaire  de  In  chapelle  da  roi,  se  lecoaiminde 
par  le  nom  de  aoa  autenr.  Tout  le  monde  aait  combien  la  manitre  de 
U.  LeanenreiC  originale  et  particulière  ;  comme  daaa  ta  belle  mené  de 
Soèl  de  sa  compoiition,  IrouTe  ici  cette  originalité  jointe  ï  beaucoup 
de  puietè  d'boniiODie.  Lu  loïi  qai  formeat  le  trio  lOiit  un  aoprano,'un 
léDoretouebiMc;  ellea  toaticcompagnèei  par  un  chnar  i  quatre  Toix. 


Gammeg  diatoniquM  et  ohromati^uet  dans  tous  les 
loDs  majeurs  et  niineurg ,  en  tierces,  en  -eïxles  et  en  oc- 
taves, avec  le  doigté  cbifiré,  parZimmerman.  Paris,  Simon 
Richault,  boulevard  Poisonniëre,  n"  i6.  Prix  :  jfr.  5oc. 


Fantaisio  ériUante  pour  le  piano,aur  les  motifs  favoris 
de  FioreUa,  dédiée  à  Zimmerman ,  par  Charles  Chaulicu, 
op.  46.  Prix  :  6  Sx.  Paris,  J.  Pleyel  et  fils  aîné,  boulevard 
Montmarlre. 

La  Mélancolie,  caprice  pour  le  piano,  par  Ch.  Chau- 
lieu,  op.  47-  Prix:  5  fr.  Paria,  J.  flleisonnier,  rue  Dau'- 
phine ,  n°  38.  ^ 

cilei ,  lODt  in  aombic  iti  noaveintài  ï  la  mode. 

T.  Beuigcie».  Trois  grands  duos  concerlans  pour  deux 
flûtes,  op.  85,  iS'.livre  de  duos.  Prix:  10  fr.  Soc. 

—  Quatuor  pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  86. 
Prix  :  7  fr.  5o  c. 

—  Septième  thème  varié  pour  la  llûle,  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  87.  Prix;  6  fr. 

Paris,  Janet  et  Cotelle,  rue  Sainl-Honoré ,  n"  laS,  et 
rue  de  Richelieu ,  n°  93. 

Le  laccii  univcriel  qu'obtient  U  muiiqna  de  M.  Berbigaier,  pour  la 
lllkte,  eit  une  recotninandatian  snffiiante  auprÈidca  artiiCe»  et  des  uma' 
tenrt  pour  lea  oauvcaui  ouTragei  que  nou>  suuaaçoa).  Egalement 
reeommandablc  comme  eiéeulanl,  comme  profeiieur  et  comme  com- 
positeur ,  M.  Beibiguier  ae  distingue  encore  par  une  récoadilè  peu  com- 
mnnei  quoique  jeune,  il  a  publié  :  1"  une  méthode  très  estimée  pour 
son  instrvmcDi;  i°  quinze  litres  de  duos  pour  deui  OOIei;  3°  dcui 
liires  de  duos  pour  Hfitc  el  violon  ;  4°  sii  grands  loloi  ou  études  pour  la 
Ddle  ;  S»  dix  concertos  ;  6*  sept  lÏTrei  de  lODales  arec  accampsgnetneal 


3iC 

lté  basse  ou  nllo  ;  7*  huit  thèmes  variii  treo  accompagacmcoL  de  pi«nii 
on  orchMire;  8°  six  aica  do  àivert  aotoun  varié»,  piaDo  ou  orchcilcei 
B°  huit  livrtB  de  trias  pour  trois  fllltca,  deux  flOlee  cl  altooa  Ukteino- 
Idh  et  alto)  enfin  un«  foale  do  rantaiiies  et  do  piioo)  de  ffiSlwH  g«nM«. 

SOUSCRIPTION. 

Le  Mesiie  de  Handel,  oratorio  en  Iroîs parties,  avec  pa- 
roles françaises  et  anglaises,  en  grande  partition  et  ac- 
compagoemeut  de  piuno. 

Il  aaiBit  superflu  de  s'élcndtn  fur  1g  mÈrite  âc  ce  chef-d'uuTre  ;  il 
suffit  ds  dire  que  de  tout  temps  Jef  cocipositears  et  amateurs  les  plus 
diptiogués  déairaieot  une  lidilion  du  cet  ouvrage  cbsaiqoe;  mais  il  j 
avait  de  grandes  difficultés  ji  Tsincrc  :  on  ne  pooTait  le  publier  en 
France  BTec  le  texte  aDglsii  scnlcuicut,  il  fallait,  pour  que  cette  sublime 
compontîoa  fbt  exicntée  dans  les  catliédrales,  concerts  spirituels  et 
maltriies,  une  tradnclion  française  lidtilc  et  bien  appropriée  à  la  mé- 
lodie. De»  hommes  de  lettres  d'un  rang  supérieur  ont  cnlreprls  celle 
tâche  difficile,  et  M.  Gasse,  ei-pensionnairc  de  l'Académie  des  Beam- 
Arta  de  Rome,  s'est  chaîné  dn  soin  d'adapter  les  paroles  ii  la  musique  et 
•d'ajontei  aa  uccpmpagDemeiit  dB,pisino,*yecrb>Tiaoiiie  en  petites  notes 
d'après  la  basse  ehiStéq,  aflo  de  ne  laisser  rien  t  désirer  i  MM.  les 
MHisoiiptieiirsi 

M.  ChdniMid  «  boncurd  cette  pubUcKlion  de  son  safltage  et  ■  biêa 
TMllu  enxAVoir  les  demlèrai  épHuras, 

Celte  parHtioa  con^drafoilron  4^0  planâiea  :  U  première  partie, 
de  i3S  pUDObaa,  pualtra  le  i"  stril;  U  donxièDfe,  le  i"  maii  la 
troi^ème,  le  ii'juiu.iSay. 

Le  piii  de  cba^e  partie  lera  de  iS  fr.  net ,  et  iS  francs  pont  la  pro- 
rince.  Télln,  aofr.  net;pa^TbaIoiBbie»,  iS  fr. Il  n'en  acni  tiré 

que  «Ingt-oinq  ^xempltiiet. 

S.  B.  Va  DKÔs  lerèi  la  publtoatioa  de  chaoïue  d«s  partiel  le  prïi 
marqué  sera  iS  fr.  pap.  JéiiiB ,  3a  fr.  paji.  TtUn  et  U  fi,  p*p,  colom- 
bier, saniaacime  len^^    '  i 

Cette  belle  partition  est  conflée  anz  kîb»  de  HH.  librqaerie  fitos  ; 
«Maiiei  dire  qn^mcnn  cunaBe  ne  U  ntrpugerapCHir  la  betunèdela 
grsTnre  et  de  nmpresdoB. 

A  Paris,  chez  Gasse,  rue  âea  Filfea-Saint-Thomas,  a°  1 7, 
vis-à-vîs  celle  des  Colonnes;  Marqucrie  frères,  graveurs- 
imprimeurs,  rue  Saint-Honoré,  n°45.  Ou  peut  souscrire 
chez  tous  les  marchands  de  musique  et  libraires  du 
loyaame  et  de  l'étranger^ 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉtl^, 
.FHOFBBSEnn  DB  caHrosiTion  à.  t'ÉcoLB  boiilb  m  mvsiqde, 

•   N'  13.  -  MAI  18275 


DE  L'EXPRESSION  ^ÏUBlCALE  *. 


Li  poésie  el  la  musique  sont  les  deiiï  arts  qui  évcilJerl 
en  nous  les  plan  vives  émotions.  Mais  l'es  moyens  qu'cllc.t 
emploient  diffèrent  essentiellement.  La  première ,  se  ser.- 
vant  (te  Icroies  dont  le  sens  est  bien  déterminé  ,  ne  nous 
présente  que  dcn  idées  fiics  et  prtïcises:  et  s'il  est  vrai  qne 
nmaginalion  s'élance  au-delà  des  expressions  qui  lui  sont 
soumiscB,  et  aggraiidit  par  sa  propre  puisiiancc  les  idées 
du  poèto,  toujours  est-it-que  le  langage  lui  offre  d'une 
manière  non  équivoque  la  matière  de  ses  créations.  L'é- 
branlement produit  sur  notre  organe,  soit  que  nous  lisions, 
soit  que  nous  cntefidions  réciter  un  oeuvre  poétique,  est 
si  peu  de  chose  qu'il  est  inutile  d'en  tenir  compte  :  le  plai- 
sir est  ici  tout  spirituel.  Lamusiqiie,  au  contraire, s'adresse 
plul&l  aux  sens.  Son  langage  vague  et  mystérieux  nous 
entraîne ,  sans  que  nous  devinions  la  cauqe  de  ce  pouvoir. 
Elle  n'offre  qu'un  caractère  général  dcgattéoii  de  iristesan: 
c'est  sur  ce  fond  immense  et  presque  sans  limites  que 

(i)  Quoiqne  le>  principti  do  l'autcat  da  cet  arlicle  noua  paiaisacnl 
rigaurcui  el  gugceplibl»  ils  quelques  modilie^lignB ,  doub  1g  publlaas 

tiuis  cl  aui  arlisiei  ScUïtïs  seuls  qii'il  appnrlioDt  di:  prODonccr  d^mi 
(  Noie  rf«  rédnricir.  } 


iq.r,:^^t  CooglE 


5i8 

l'iniagiiialion  cloil  dessiner.  Notre  ainc,  doucement  bercée, 
s'abandonne  S  une  délicieuse  rêverie;  elle  erre  dans  uu 
monde  dc'cliimères  ;  elle  chcrelic  ii  créer  un  objet  à  ses 
sensations ,  et  une  foule  d'idées  apparaissent  à  la  fois.  Qui 
ne  chargera  de  remonter  jusqu'à  la  saurce  de  ce. plaisir? 
n  ëcbappe  à  L'analjTK ,  cumme  le  parfum  qui  flatte  notre 
odorai.  Le  quuiden ,  aussi  ignorant  que  les  auditeurs  sur 
le  -secret  de  dette  inexplicable  jouissance ,  sel  livre  à  t'ïus- 
,piralion,  et  il  devine  le  plaisir  dont  il  va  les  enivrer.  Chose 
ëlunoaute!  il  triiv.iillc  SJiis  but  précis,  cl  il  synt  quand  il 
l'a  atteint  I  line  idée  iui  q  souri  ;  il  ne  s:iît  pourquoi  ;  niais 
un  infaillible  inslioct  lui  assure  qu'elle  produira  sur  les 
aulrcs  la  même  impression.  Le  motif  de  son-choiX  est  une 
énigme ,  comme  celui  de  notre  éthotiou.    '  • 

Ainsi,  la  poésie  et  la  musique  ouf  chacune  une  puis- 
sance qui  leur  est  propre.  Elles  se  suffisent  à  elles-mêmes; 
et  si  la  poésie  es)  capable  de  nous  ravir  d'admiratioai  lit 
musique  avec  ses  seules  ressources  pourra  nous  plonger 
dans  l'cxlase. 

Toutefois  ,  l'union  de  ces  dcus  arts  est  si  naturelle  qu'fln 
ne  saurait  en  trouver  l'origine  daus  l'Iiisloirc.  La  voix,  or- 
gane du  chant  et  de  la  parolo,'  a  dû  bientôt  les  allier.  Il 
est  même  probable  que  les  chants  populaires  et  les  hymnes 
religieux  «int  précédé  l'usage  dea.instramens,  et  la  mua^ 
que  a  été  cbai^ée  d'exprimer  des  paroles ,  avant  d'être  li- 
vrée &  ses  propres  moyens. Quoi  qu'il  en  soit ,  ces  deux  arts, 
en  réunissant  leurs  elforlR,  ont  dil  augmenter  nus  jouis- 
sances. D^s  lors,  les  pensées  de  la  poésie  flatteront  agréa- 
blement l'oreille  ;  les  douces  modulations  de  la  mélodie 
auront  un  objet  précis  et  arrêté.  Les  plaisirs  de  l'intelligL'nee 
se  joindront  à  ceux  de  la  sensation.  Aussi  est-ce  dans  la 
musique  sacrée,  dans  la  musique  dramatique,  que  nous  - 
trouvons  1^  émotions  les  plus  Tivès.  IHafs  quiln&voit  de 
s^te  la  conséquenïe  nécessaire  de  cette  union  ?  Ce  pacte 
ne  peut  exister,  que  moTennanl  des  concessions  mutuelles  ; 
A  la  moindre  dissidence»  Ib^but  est  manqué.  La  poésie  et 
la  musique  se  doivent  compte  réoiproquement  des  maté- 
riaux que  l'nne  fournit,  Cl  de  l'usage  que  l'autre  en  fUt. 


Di^^d^  (google 


Ed  vain  ]a  premiëro  voudrail'Clle  étaler  lo  luxe  dei  ses 

ilcBcripliuiiH ,  la  iioiiipu  ilc  ses  ri^tils,  In  ricliCfinc  de  bca 
discouru.  La  mii.siqiie  lui  demauile  des  seiilimens  à  expri- 
mer, des  situations  à  rendre;  elle  doit  riipondre  a  ses  voeux. 
Mais  aussi  la  seconde  va  perdre,  par  suite  de  cet  eugage- 
muril,  celte  allure  libre  et  vagabonde;  il  faut  renoncer  à 
cet  aveugle  délire  que  [intrc  plaisir  jusliliait  tant  àl'lieure. 
Jusqu'ici ,  livrée  à  non  élan ,  elle  semblait  se  soustraire  aux 
principes  gùni!raiiï  des  autres  arlB;  elle  rentre  dans-leur 
domaine.  Kllc  n'.-tvail  à  satisfaire  que  le  sentiment  :  main- 
tenant clic  a  aussi  la  raison  pour  juge.  L'artiste  ne  chante 
plus  seulement  pour  chanter;  il  chaule  pour  exprimer; 
son  art  n'est  phi:i  son  propre  but  à  lui-même,  il  est  devenu 

Qui  croirait  que  des  principes  si  évidens  soient  sérieu- 
sement contestés  ?  It  est  pourtant  des  gens,  ivres  d'un  art 
qui  sans  doute  juslilierait  bien  leur  ivresse,  s'il  était  jamais 
permis  de  maiitjucr  â  la  raison ,  qui  ne  consentent  pas  à 
ce  que  la  musique  sacrilïe  ainsi  une  partie  de  son  indé- 
pendance, et  qui,  ne  soiilTrant  pas  que  son  alliance  al- 
tente  à  ses  droits,  lui  deniaudciit,  comme  auparavant, 
l'cmptoi  inconsidéré  de  tous  ses  trésors. 

Le  rdlo  de  la  poésie  est  alors  d'olfrir  à  sa  compagne  des 
syllabes  insiguifianles  sur  lesquelles  celle-ci  pourra  vocali- 
ser à  son  aise,  lia  ferment  les  yeux  sur  ce  qui  se  passe  sur 
la  sccuo  ;  ils  veulent  être  charmés  avant  tout ,  et  mctlont 
au  premier  rang  le  musicien  qui  aura  chatouillé  le  plus 
agréablement  leur  oreille.  Examinons  comment  nous  ju- 
geons dans  les  autres  arts,  et  nous  trouveruas  dans  cette 
mauiëre  de  juger  la  musique  une  bien  grande  iacousé- 
qnence. 

La  foule  s'assemble  autour  d'un  tableau  représentant 
une  lâte  dcjeune  femme;  il  semble  d'une  exécution  par- 
faite :  chacuu  vante  la  pureté  du  dessin ,  la  fraîcheur  du 
coloris.  On  ouvre  le  livre  qui  doit  apprendre  quel  est  eu 
portrait  :  on  lit  téU  devierge.Ohl  combien  l'adnuration  se 
rcfruidit  I  nous  voyons  une  Fénusl  Le  sourire  est  sur  nos 
lèvres;  nous  plaignons  le  goût  de  l'artiste,  en  payanrà  sob 


pioceaa  le  tribut  d'élogea  qu'Q  mérite.  Je  crois  quë  nous 

proci^iloiis  toiijuiirs  iiinsi.  Qu'un  ]n'i[ilrc  nous  présente  des 

iivct:  une  îiii-c  i|ui  est  en  uoiis.  iMaïs  li>rs<]iiu  ses  .siijels  out 
1:1  pt'étcntion  d'f  tre  liisloriqucs,  si  nous  ne  coiinaibgoifs.pas. 
les  personnages  qu'il  met  en  scène,  nous  suspeadODS  no-, 
tro  jugement;  nous  ne  prononçons,  que  sur. la^par-M^^naa-. 
tétiett»  de  l'ouvrage  >  ubos  ne.pDuvons  prononijçci^p.J^r, 
teJteiituel^  et  iurau  ailendans  que  l'hîstoiÈe,..ii.((af'^^K^ 
quelfi'doisent  être  l'âge,;  le  cosliimc,  le  caractër^liës'  af- 
fections aciuellcs  des  p  ers  ou  nages  ijuc  nous  avons  sous  les 

tabloauï  -lu  li.is  dt;nj^it;l.> ,  do  peur  i|u'iiii  m;  .s'y  iiiéju-iMiiie, 
on  a  mis  l'explication;  et  il  est  une  cs|)ccc  d'hommes, 
doDnus^BQaB  lanom  àBditettanti,- qui,  eu  d^pit  â«^wli(«. 
itisoiiiïtlou'^iâe.  demandenl  à.l'acliste  quo  l'etégofiiCAtdejh 
formes  et  le  charme  des  couleurs ,  c'est>à-dire ,  aouveot 
des  CODlre-scns. 

'  Est-il  besoin  de  passer  en  revue  les  autres  arts  ?  Ke 
condamnerait- on  {las  uu  urcliilcete  qui,  voulant  con- 
struire un  temple ,  nous  olfrirail  le  plan  d'un  magnifique 
édifice  qui  auiail  liuile  l'appu  euee  d'une  salU;  de  specla- 
clc?Et,  en  poé.sie  ,  le  goût  ne  rif-prouve-f-il  pas  souvent. 
oerlaÏDs  délails  qui ,  prLi  isolément,  ne  méritent  que,. de» 
louanges?  Parexemple,  ceux q u i.  bUmeiU^.  line  ^lûbiinB 
devers  daus  le  récit  de  ThéramËne  ne  aooi-ib.pMjlflï, 
premiers  à  y  admirer  lit  riclicssc  de  la  poésiep^Tout- IjCt 
monde  a  donc  l'idée  d'un  beau  absolu  et  d'un  beau  rxli^. 
tif,  ctsouvoiil  les  éloges  que  nous  donnerions  à,  l'aiiUste. 
pour  avoir  atteint  le  premier  lui  sont  refuses  parce  qu'il  a. 
manqué  au  second.  Encore  une  fois,  pourquoi  ne  pas 
transporter  à  la  musique  ce  bon.^eui  qui  dicte  nos  autre» 
jugemcns?  Pourquoi  âCre  esclaves  de  nos  sens  ,  et  oublier 
qàii  nous  sommes  raisonnablijs  ?  Vous  applaudissez  un. 
duo  plein  de  calnio  et  de  douceur.?  ce  sont  donc  deux 
amans  cgui  s'eiitretieu  n'eut,  de  leur  tendresse  ct.dç  leur  fé-i 
licité  ?  non ,  ils  se  (lisent  un  éternel  adioii<  Et  vous  u'avcE 
pas  le  ooura^  de  le  déclarer  absurde! 


La  musique,  diles-vous,  doit  avant  t^pjt  âfj^Jf 
lanle;  Eonliiil,  son  tlevuiresi  de  phiire  1^ spRK.f^îî^ 
bien  :  il  suit  de  lù  quo  l'iiiiiquc  étudu  du  oftBapositS9,'jj4gi( 
élre  de  trouver  des  cI.^.ilLs  suovus,  et  il  u'y,s,pp,4^  Iig^f^Ç,  ^ 
pour  lui  dans  la  rCcliertlie  dus  molils  agréfdij^.  IÇiu^.RtffJr- 
quoi  ne  di^liii irait-on  pas  auM^.biep  U  p^ifitUTejl'^r^^e, 
plaire  par  les  belles  formes ,  l*archîtectui;e  l'ait  dfl  .pl^iïfl. 
pl^r.  M'^"  proportions?  Cependant  nous  avons  Veconqii 
«lfl^q]}s,lrai^.ij.9  ces.'aEt;  avec  plus  de  sévérité  ;  nous  avons 
»  ^tfniOlJi  ™4WWt8nt ,  ''"■^  nifiiie  que  les  conditions  de 
I^y^Ë  peintre  étaient  remplies.  On  regai  cd;  comme  un 
^^^oeuvru  le  lybleaii  .lu  l'uussici  ijui  rcpii^scnle  le  dé- 
"Meiî?l  H"'.V  v.>yo„s-a„u.:'  „nc  icinlc   s^..oralc^  sombre^ 

d^p^^S  quLliiuus  liijiires.  Ne  con.sulloiis  que  le,  plaisir 
4K|^eiix,  gisons  si  L'inipre^^on  sera  bîci?  ïivp,  si  même 
^Lla^r^i^yorçibje.  Etcepê^danl  nous  ai|mirons.!  ÇJcst que 
nous  ne  voyons  ici  dans  la,  pfllit,llR.tlfi,ra^li^*t  qu'un  mciyen 
de  manifester  une  pçifséoj  iîfiUft  la  s^isis^np  immédiate- 
ment,  cl  nous  ia  jugepiiS./lSun»  a,Vp'»».9P^9^'!  ''^  sil"''''""  1 
nous  avons  dcviiiÉ  la  nature,  et  nous  jouissons  pmce  que 
nons  la  tronvoiis  (idùlement  rendue  par  le  génie.  Prenons 
l;i  sUiliunif  :  ji  ilous  les  yenx  sur  le  groupe  du  Laopoon.où 
sont  i  xpi  Liniii'sks  convulsions  de  la  douleur  :  il  offre  lies for- 
nicspeu  aimables,  des  poses  peu  gracieuses;  que  ne  luijré- 
^W^r-WÎVS  ui)cde.qea,Yénus,,gudecesApollonp  qui.g^iû- 
BJSfl4,pi>fliîiFdîi»s.  Ç'est  s;>ns,  doufjç  pfliicp.qi^e  noÂê„'îpil- 

-di'liDefgi,$,UVeidée  palliélique.  Nous  pensons  dans  ce  eas. 
qBSiWoJl'e  de  la  grâce  là  .m  il  n'en  IjiU  poidt,  e'esl  un  dé- 
^Ull^mmi^  de  n'en  pas  mcllrc  quand  le  sujet  le  deoiande. 
'^i^  VflfiKfQien.  peut  aussi  avoir  à  rendre  des  ellels  terri- 
bki%;  d«sUu3t(qW.4\4ch'r3J'tes.,Alow,  n'eBf:ii  pa.ig.^iJif.H. 
^HfOi  abaudpqnç  ^rfpes  élé^ul^,ia  '^  cay^tioe  ^  q<)^'ii|  - 
piusiè  1^  trésors  tlo^X'barmonie; ,,  qu'il  c^erclue  aË^ 
p!lKi»e»oa«?iD*  rég(iMèrcs  et  dos.çqmbvp'^ispn^iflattçndup^^ 
qui.p«t  le  iléïa^^ ,  selon  quelquep-uua,  et  Je  mjinte ,  ççlon 
moi,, -de  n,e  laisser  aucune  tytco  dans  la  mémoire. 


□igiUzed  Qy  Google 


Se  refuser  à  comprendre  cette  vérité,  c'est  ne  pas  vou- 
loir comprendre  l'opéra,  et  c'est  là  véritablement  le  prki- 
cipe  tic  cette  dissidence  d'opinions.  Les  ditetlanti  rottgï^ 
raient  de  s'intéresser  à  une  action  dramatique  :  ils  vmt' 
au  thédtre  comnic  ils  vont  au  concert;  ce'concert  s'appelle 
ie  T^ozie  di  Figaro  ou  il  Barùiere  di  S&vîglia;  mais  ces 
nom*!  ne  tirent  pas  à  conséquence.  C'est  ainsi  qu'on  inti- 
tule une  symphonie  de  Haydn  symplionie  de  ta  Reinof 
ce  n'est  là  qu'un  signe  dfstinctïf.  Quant  à  nous ,  nous  pes* 
soné,  et  nous  aimons  i  partager  une  pensée  qttf Iw 
gloire  de  noire  patrie,  nous  pensons  qu'assis pout'btfi|^9nB - 
uDë«dmposItIbR  lyrique,  nous  afs  devons  gas  èlté  eti4t^' 
gers  au  développement  de  l'àotion  qui  noos  est'  éoanifjiBi' 
qu'il  faut  apporfer  h  cette  représentation  non-senléi^ni' 
l'altentïon  de  nos  oreilles,  mais  encore ,  pour  ainsi  parlttr, 
l'inlérét  de  notre  ame  ;  que  chaque  situation  doit  dicter 
anx  personnages  un  langage  différent;  que  la  muiiique  a 
des  ressources  pour  rendre  tous  les  bentimens  et  nous 
communiquer  des  impressions  analogues  à  celles  qu'é^ 
prouve  l'aoleur.  En  un  mot ,  nons  pensons  que  la  muriqne 
doit  ïmttef  la  nature. 

Ecartons  de  suite  une  fausse  interprétation  à  laquelle  ce 
mot  pourrait  donner  liuu.  Nous  ne  demandons  point  à  la 
musique,  pas  plus  qu'aux  autres  arts,  une  imitation  scr- 
vile  de  son  modèle,  la  réalité.  Cette  imitation  exacte  qu'on 
a  jvfslement  reprochée  au  système  de  Grétry,  qui  dégrade 
la  musique  en  la  fhlsantsb  traîner  sur  les  pas  de  la  dé- 
clamation ,  et  qui  la  fait  l'humble  esclave  de  la  poésie , 
tandis  que  dans  ce  pacte  elle  est  bien  son  égale  ;  que 
dis-je  ?  elle  doit  avoir  l'avantage.  Si  clic  se  résigne  à  n'être 
que  du  lungiige,  plus  quelques  orncniens  ou  de  la  défla- 
malion  notée  ,  clic  méconnatl  son  but  et  ses  moyens ,  elle 
s'abdique  cl  le -môme.  iMaLssi  nous  pros  cri  vous  cette  imi- 
tation étroite  qui  poursuit  chaque  mol  à  la  piste  pour 
fâcher  de  rendre  ce  qu'il  signifie ,  nous  demandons  cette 
imitation  large  qui  embrasse  un  ensemUe;  nous  voulons 
que  Tartiiite  se  pénètre  d'ua  sentiment  et  s'uooape  à  le 
rendre  plulAt  qu'à'traduirelw  mots  qui  l'eipilment;  nom 


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3a3 

voaliHis  qu'il  oonserve  une  teiute  uuifarme  tunt  que  ce 
MDtfment  as  change  pas,  et  qu'il  ne  permette  jamais 
qu'une 'saillie  de  Rallé  ou  une  pbrage  mélancolique  vienne 

idilraire  l'unité  d'iin^esaioii  dans  uu  morceau  triste  ou 
enjoué.  Pour  atteindre  &  octle  èxpression,  qu'il  étudie  ot 
melle  en  œuvre  touteii  les  ressources  de  non  art.  Nous 
n'exigeons  pas  (|ue  la  pai-'ic  chantante,  prise  isulémcot, 
rende  esactement  les  paroles  ;  s'il  veut  l'aire  parler  l'or- 

.obe«tre ,  et  ue  laisser  à.  ia  voix  ({ue  quelques  »iotes  sou- 
tenH^ou  më^e  ne  la  point  faire 'entrer  comiue  éH^m^nt 

:^^^r^\îoa ,  aam  en  passons  partout  où  11  lul.pt^t  : 

Jf)i;t^|yens  sont  infinis;  seulement  que  l'effet  soit  produit, 
qpiSiilOus  soyons  pénétrés  de  l'émoliun  que  la  nature  dé- 

-rife)M<3(Hame  la  seule  convciiablo  en  présence  de  tel  ordre 
de  faita. 

X'antfiUF  à  qui  nous  déeernerous  la  palme  aura  su  être 
palhétique*  gracieux,  terrible,  enjoué,  selon  l'exigence 
du  sujet.  Celui  qui  s'abandonne  à  sa  féconde  imagination, 
qui  prodigue  sans  discernemeDl  les  folis  motifs  et  ne  voit 
dans  nn  po6aie  qu'un  texte  àfles brillantes  fantaisies,  aura, 
■adK  doute  nos  éloges  :  nous  saluerons  le  musicien;  mais, 
'  ia  l'autre  cAlé ,  oous  nous  incliuerons  dcvaut  le  musicien 
et  le  poète. 

Tel  était  le  jugement  de  l'immortel  auteur  de  Joseph  et 
de  FaUntine.  Ce  grand  homme  ne  conseniail  pas  à  ne 
voir  dans  son  art  qu'un  moyen  d'ébranler  agréablement 
on  organe.  lien  ^vait  une  idée  plus  relevée.  A,  ses  yeux, 
la  musique  est  une  langue  expressive  ;  c'est  d«  pensée  qu'il 
veut  qu'elle  se  noiirrisse.  Je  ne  puis  me  refuser  au  plaisir 

.-dè  U-anserire  ici  la  préface  de  l'Irato;  on  la  croirait  écrite 
d'bier,  tant  elle  est  propre  à  être  produite  dans  les  discus- 
sions que  la  musique  provoque  depuis  quelque  temps; 
c'est  uue  voix  imposante  que  celle  d'un  homme  de  génie 
parlant  de  son  art  !  Ce  sera  pour  moi  une  autorité,  et  pour 
le  lecicur  un  dûdonimagemenl.  «  Quelques  personnes 
■  croiront  du  diront  que  j'ai  enfin  abandonné  le  genre  au- 

'  ■  quel  je  paraissais  râuslusiyement  attaché  ;  elles  m'en  fé- 
1  llôlleront,  e  t  Vlratff  méritera  d'autant  mieux  leurs  éloges, 


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0  qu'il  leur  servira  pour  condamner  mus  autres  ouvrages. 

•  Je  (lois  les  avertir  de  ne  pas  trop  se  hâter  de  vanter  ma 
«■coDvewîon;  je  n'étais  d'audun  parti  ,  et  ne  Vëttt  iafeisté- 
't  giménlèr'ïaïb'âudàn^jé  Hé  'eoiina.ia  èn  'ànUiiifjasftiieiib' 
«genre  citiieniî  dè  l'autre,  aî  tons  tendent  ^aiSmïnV'S  ta 
(  rendre  plusagrOable  cl  plus  vraie.  Jeerois  que  eet  arl  ann 

■  1)111  |ilns  noble  (|i.if!  eeliii  de  cliatouiller  Toreille  ,  el  qu'il 
a  n'est  pas  eoii  damné  à  ii'Olre  jamais  i]ii'aimaMe.  Le  genre 

•  de  la  musique  est  toujours  subordonné  uu  genre  du 

■  dl'aine,'el  le  cfaoEs  des  couleurs  est  (.■ominandé  par  lu 
f-de^fn  qu*il''&iit"C(ftoricr.  Si  la  musiitne  de  irralo  ne 

■  lïKieinïile  à  tiiictiri  des  ouvrages  que  j'ai  faits  jusqu'à 
"(jpréSent,  c'est  que  ï'Irato  ne  ressemble  ù  aucun  des  OU- 

■  Vrageà^e  j'ai  traités.  Je  sais  que  le  goAt  général  semlile 
(  serapprocfaer  de  la  musique  puicment  gracieuse;  o^b 
«jamaib  Te^bât  n'exigera  que  la  vérité  soit  sacrifiée'  àuz 
agraoès.'i  L.  Qi  '  «if^'; 

QUESTIONS 

svK  ti  Di¥stfBiii  n'opimois  bt  db  DDcnins  usa  utTBuu 
'  DiDAcnquEs  EU  hcbiqdb  , 

Adrew±c>à'H«iieani  1e«  pralsucars  <ft  membre)  du  Gojuerntoirc  de 
France,  par  P,  MicÀRRT,  maliclEa  de  groviace.  Brochare  in-S°  de 
es  pages.  Tara,  1817,  Jbdsi  et  Cotclle,  librairei,  rue  dei  Peltli- 
Champs,  d°  1^;  el  ac  trouve  i  Marieille  chei  Gamoini  fibraire ,  plice 


Mon  premier  article,  sur  ropr.seulc  du  M.  Uacarry,  a  eu 
{wur  objet  de  démontrer  que  la  différeaco,  qu'on  remarque 
dans  le  langage  des  auteurs,  en  matière  (le.  théorie  musi- 
cale, est  souvent  l'eflït  de  la  différence  des  temps,  el  de 
l'amélioraliou  successive  des  diverses  parties  de  cette  lliéo- 


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3a5 

rie.  J'aurai  occasioii  dans  la  suile  de  faire  voir'atiiui  que 
les jsoatfadiciioiu  no  tioiit  ({aelqaerols  qu'apparentes,  et 
qu'elles  .tieunenl  &  l'ot|ÎBt«[^al  ^plan  de  l'écrivain, 
même  qu'il  n'y  en  a^nt  duteat  où  M.  Hacarrj^acttieh 
tronvar.  Je  vaii  lB  tâtnë  ^lulenant  dans  nés  raimnne- 
mena,  en  adapUntMdïatril>utii>n  de  mafièrei.        '  ' 

■  Dô  la  nommctatura. 

■  I)  eit  recoqfiu  ,  dil  fi.  Macarry,  que  la  oomenolature 
•de  la  BGÏeuce  mniiicale  n'a  pas  toujoura  une  précision  phi- 
■losophique,  qu'elle coiitientquelques  locutions  vicieuses, 
•plusieurs  termes  impropres,  consacré])  paruii  long  usage, 
■et  dont  on  est  obligé  de  se  servir  pour  être  entendu.  De 
«temps  en  temps  on  introduit  quelques  rectifications;  mais 
•cnmme  la  pratique  est  long-temps  à  se  les  rendre-  famf- 
■lières  ,  on  devrait  loujours  y  joindre  l'expreBsion  usjtée, 
«le  ferme  reçu.  •  '■ 

Ain^i  le  théoricien  qui  a  reconnules  défauts  de  la  nomen- 
clalure,  et  qui  en  imagine  une  meilleure,  serait  forcé  de 
chaîner  Mfm  travail  d*oa^donbla  âéa^Dallon  des  objets,  et 
de  perpétuer  l'usagede  terme»  impràpret  el  destoeutiorù 
vicieuses.  Cela  serait  absurde ,  car  ce  qu'on  peut  faire  de 
micus,  c'est  d'oublier  le  plus  proniptement  possible  ce  qui 
eut  impropre  ou  vicieux.  Lorsque  Lavoisier,  Fourcroy, 
Bertbollel  ét  quelques  autres,  entreprirent  de  substituer 
leur  exoellenle  nfHiieaclatiue- chimique  aux  expresrione 
iuiguifiaalei  ou  £iasn>  de  leurs  deraqoien ,  Ui  ne  tvan- 
sigferent  [loint'aveo  tea  habitudes  conlraciéet,  et  ttwto  la 
paireue  qui  tend  &  repousser  les  innovatiouH;  ilasebor- 
nèteat  à,  d^ontrer  les  analogies  qui  les  guidaient  dans  le 
choix  des  termes  ,  et  ne  parlèrent  de  l'ancien  langage  que 
pour  en  faire  sentir  le  ridicule.  C'est  ainsi  que  do  nos  jours 
les  motsdtmtnti^et  augmenté  ont  été  «ubslitués  àceux  de 
fituai  et  de  superflu  pour  eiprimer  l'état  de  certains  inter- 
valles et  de  certains  acourds,  parce  que  ce  qui  est  fa^ 
tloit  être  lriinni.dB  la  masiqoe,  et  qqe  ce  qu1*est*ti]ntr/1u- 
est  inultle. 

M.  AUcarry  tyoute  :  «Sul>6titueridaBS  lesonvHgesdidac- 


■  mpliculive,  c'est  dérouler  l'iSièvo  ,  porter  la  confusion 
%  dans  ses  t-Uides.  •  Voilà  une  abjectiou  qui  preud  encoit: 
sa  soiti'co  dans  i'idiïo  fausse  que  s'cHt  fuite  M-  Macarry  île 
1,1  manière  dont  on  doit  étudier  l'harmonie.  Va  tliéorieien 
ii'tcril  ijiie  dans  le  but  de  iicrfeclianner  la  science,  d'en 
mieux  coordonner  les  |)rincipcs,  et  d'en  facililer  l'étude. 
S'il  fait  un  livre  élénienlairo,  il  ^vile  loule  discussion ,  et 
huppose  i]iril  ne  parle  i|u'uH  langage  adoplë,  afln  do  ue 
point  faire  naitre  do  doute  dans  l'esprit  de  l'élëve  ;  car  il 
doit  présumer  i|iiG  de  même  qu'on  ne  prend  point  les  le- 
i;oua  do  plusieurs  professeurs  pour  la  mâme  chose,  on 
n'éludiu  pas  à  la  fois  plusieurs  méthodes;  or  un  livre  élé- 
mentaire n'est  que  Texposé  d'uiic  méthode  plus  ou  moins 
particulière.  Ce  que  AI.  Macarry  considère  comme  devant 
dérouler  l'élève  et  porter  lu  coufusion  dans  ses  études,  est 
précisément  ce  qui  doit  éviter  ces  iuconvéuiens.  Je  l'ai  déj,'i 
dit  :  la  lecture  et  la  comparaison  des  théories  diverses 
n'est  bonne  que  pour  les  savans  et  les  professcui-s  qui  s'oc- 
cupent eux-mêmes  d'eu  perfectionner  la  base  et  les  de- 
luils. 

«Souvent  CCS  rectificalions  ,  dit  encore  M.  Maearry  , 
quoique  justes  ,  ne  !^ont  pas  ^'éuéralemcnt  adoptées;  elles 
restent  alors  particulières  à  l'auteur  qui  les  aînirodtiites, 
et  surchargent  d'autant  la  mémoire.  >  11  y  a  dans  ce  peii 
de  paroles  plusieurs  erreurs  manifestes  ;  car  si  une  rectifi- 
caltan  de  nomencl.iture  n'est  point  adoptée,  ou  ne  s'en 
sert  pas  et  dès  lors  elle  ne  charge  point  la  mémoire  ;  si ,  au 
contraire  ,  on  l'adopte,  elle  fait  oublier  tes  xihoses  qu'elle 
remplace  ,  et  dans  aucun  cas  il  n'y  a  de  confusion.  J'ajou- 
terai que  luut  ce  qui  mérite  le  nom  do  rcctiricalioa  ne 
tarde  pain  l  à  élru  adopté  par  les  professeurs  :  la  nomen~ 
clature  de  Rameau  et  de  son  école  a  fait  place  h  celle  de 
M.  Catel;  quelques  expressions  de  celle-ci  qui  manquaient 
de  justebsc  ont  été  remplacées  par  d'autres ,  dont  l'analogie 
Ksl  plus  sensible,  dans  mamélhodeâ'harmonie  et  d'accom- 
pagnement, et  sont  maintenant  d'un  usage  général  eu 
France;  enfm  les  défauts  qui  peuvcDt  euoore  se  trouver 


dans  celle-ci  disparaîiront  ijuelquejour  devunl  les  agi^liQ- 
iilliMhMIllijiiiiil  limiiiliiiliiii  4aiuJa science  psa  quelqt^. 

'-  kwfal^^>de  riinguUCr^  c'est  que  le  criliqu^'râconnalt 
Itdiiawi^-itâRe  vérilé,-{[uand  il  dit ,  ^'i  propo»  des  noms  de 
MnMtWfu^f'  de  mtdiante,  de  susdoiiiiniititi:  oiisoussen- 
MMàfie  fBWB^  dé  superflu,  etc. ,  <iiroii  ne  lésa  rgclés 
"  le/fvlo^eBra  vil'U  iàusHelù  ou  rinsullli<aiice.  Il  cjit 
Itt'i^l'dVnf-ap  aMta.^adrqit      ]le>tou»,tçjmpf  f^-fi. 

fl)M'lt.Ti^l^  ^^^10.^0.  flattetùet  et  w'iflit' 
^ybiploi.des  tsnnes.>ëqherobés,  du  slyle  précieux 
0eiiMe'^(lBBei>qu«lqueB-uD9.d&  nos  auteurs.  ■  £t  en  noie  : 
■  ÇMifla  premlèito  fois,  que  /àf^/e  est  opposé  à  flatteur.* 
Cbst'  ici  le  lieu  d'appliquer  ce  que  j'ai  dit  coiiceriiaut 
l'obligatian  d'examiner  l'objcl  ijne  se  pr(i|iose  un  aul;;ur 
■Vant  de  prononcer  s'il  dill'orc  des  opjiiinns  ret^ucs  ,  et 
poùri^ai.ii  en  dif^rp./'Le  petit  ouvrage  où  j'ai  divisé  les 


gmneii^  Or*,''àanf!  l'itarmouie  plqiiuée  et  dans  l'acccun- 
pagtienlent  du  clavier,  la  disUnctioa  des  consotanances  en 
parfaites  et  en  imparfaites  ent  nulle,  les  octaves  ou  les 
quintes  cacbées  étant  toujoure  absorbées  dans  la  plénitude 
d'Darmopie.  Cette  dîstiuctiou  n'est  uliiç  que  dans.le  con- 
trepoint, ''<"• 

même  à  deux.  Si  H.  Uacarif^r  avait  été  plos  attentif,  Ù 
ain^it  vb'  qué  je  l'a!: 'oonlervée' dans  inon  Traité-du  con- 
tre-point et  de  la  fugue,  <)u'il  cite  dans  un  autre  endroit, 
et  que  j'y  ai  donné  la  véritable  raison  de  ces  dénomina- 
tions, raison  ioconnue  jusqu'alors.  A  l'égard  do  la  re- 
marque de  M.  Macarry  sur  ce  qu'il  prétend  que  j'ai  op- 
posé flatteur  à  faible,  je  lui  dirai  qu'il  n'y  a  d'opposé  à  la 
conaonnance  (^ae  lu  dissotiance  ;  quant  au\  luots  /fat- 
teur-at  faii>le,  ils  n'indiquent  qu'une  modification  de 
lynBrjjT™'  "flP  "f^' "pp"|t'i|""  Ce  que ^a- 
Un^lh^^^Jl^.^^^  c'est  «lùeiaa'^aKdjflcâlionos^tn- 
cAf^plète.  XflSiçoiuqpoaDcea  flattefise»  ou  agréâtes  ,sobt' 


3ï8 


la  i[iiinle  ,  l'orlave ,  la  liercc  et  la  sixte  ;  la  hcuIc  coDSOn- 
nancc  f;<ibte  est  I»  ijuarlc  ,  |iarcc  qu'elle  ne  conclut  ja- 
muh  cl  pniTt!  qu'elle  exclut  le  sentiment  du  rcpai  ;  niais 
il  manque  un  terme  pour  exprimer  l'étal  de  la  quinte 
■mineure  et  celui  de  la  quarte  majeure  ou  tritoii  :  j'aurain 
dû  pro|ioKer  i^elui  de  connannanrrs  altmctives ,  qui  ex- 
prime liieii  r.i]>pellaliou  que  font  les  deux  notes  qui  com- 
posent cvn  iniervaltcH,  l'une  de  la  tunique  par  la  noie  seu- 
slblc ,  l'autre  du  troisième  degré  par  la  iiualriÈmc.  Quelle 
ipio  soit  l'a  vcTsiou  do  fil.  Maearry  pour  les  mots  nouveaux, 
il  faudrait  encore  ga'it  chargeât  sa  mémoire  de  celui-ci. 

M.  Ilacarry  s'afTligc  que  certain» auteurs  appelleul/* oiv- 
damenUmx  les  aeeords  que  d'aulrex  nomment  direeU  on 
non  venvevsés  ;  que  celui-ci  se  serve  de  TexprCHsion  de 
fuinle  inaltérée  au  Heu  de  quinte  juste ,  que  celui-là 
dise  que  <((  hasse  fait  un  mouvement  de  seconde  Supé~ 
rimra,  an  lieu  de  dire  simplement  qu'etie  monte  de 
neeonde,  etc.  ;  en  vérité  .  il  faut  èire  bien  disposé  à  dis- 
puter sur  les  mois  pour  ne  pas  voir  que  toutes  ces  expres- 
sïonii  iionl  identiques  ,  qu'elles  rcadent  les  faits  palpable» 
et  qu'on  ne  s'en  sert  que  pour  varier  le  style.  Au  reste, 
on  n'aperçoit  point  dans  tout  ceci  de  diversité  d'opinion 
et  de  doctrine  ;  voyons  si  on  la  rencontrera  dans  la  .«uitc. 
Je  négligerai  la  seconde  question  nur  l'unissoD  cl  sur  l'oc- 
tave ,  parce  que  M.  Macarry  a  reconnu  lui-même  que  ce 
n'est  qu'une  dispute  de  mots. 

.V]ir  la  succession  des  tierces  majeures  et  de  leurs  reii- 


I,a  succession  des  tierces  majeures,  en  montant  ou  en 
descendant  d'un  degré,  est  proscrite  parce  que,  semblable 
à  celle  des  quintes  diatoniques ,  elle  fait  nalire  la  sensation 
de  deux  Ions  différens  sans  préparation.  Quelques  auteurs 
l'out  défendue  positivement;  d'autres  ont  conseillé  de  ne 
point  s'en  servir;  d'autres  enfin  ont  oublié  d'en  parler. 
M.  Macarry  transforme  leur  fiilcncc  en  opposition  et  prétend 
d'ailleurs  que  la  pratique  est  en  opposition  avec  la  rèf;le  . 
^larec  qu'il  trouve  des  exemples  de  ces  successions  en  plii- 


vcrsemens. 


521) 

hiuiirh  uiidruLls;  mais  |i.iri;o  i|troii  Iriinvc  niii;liiiics  siili;- 
ctsmes  dans  Iei4  oeuvres  ilu  Ituniiie,  s'ciisuit'il  ijnclcs  règles 
de  lu  gramunirc  Noient  en  curiIraïUctiuii  avec  l'arl  île  par- 
ler et  dY'CrIre.  Je  siiiiihuiilcusd'avoirà  réponclriïà  d(t  pa- 
reilles piiérililés. 

La  ijualrième  ciueeliuii  a  puur  objet  1^.  règle  ijiii  détend 
de  se  nervir  de  la  licrce  dimiiiiiëe  diiiin  certains  cjh  et  naiiit' 
prépiiriiliuu.  Al.  Mudtrry  en  trouve  des  oxoniples  en  plii- 
liieuifieuilroils,  muU  il  ii'u  pa»  vu  que  daii-j  een  eiceiiipiL'.i 
eel  iulervalle  cat  amené  par  un  monvenient  contraire  dïa- 
l(inii|ueduiifi  l'une  den  parties  et  elirumali((iie  dans  l'autre, 
ce  qui  Tait  une  préparaiiun  siiflisanie. 

Quant  h  la  dnijiiième  ipiestiini  ,  je  ne  m'en  occuperai 
point,  parce  que  c'est  iino  ilisimiu  parliculîërc  entre 
M.  Macarrycl  M.  itc  Momigny,  Ou  saft  ([ne  celui-ci  pro- 
pose depiiiv  plus  de  vingt  ans  niiu  tliéurie  qui  n'a  été  aduplée 
dansauouti  pays  dd'liuropc.  C'est  donc  une  exception  qui 
n'a  puînUle  rapport  aveo  la  science  reçue ,  et  qui  Kortcon- 
séqucnimout  du  cadre  de  M.  Macarry.  Je  passe  à  la  sixième 

U.  IVlacarry  dit  qu'on  n'a  point  encore  décidiï,^lepuis  lki 
siècle ,  ni  la  quarte  cul  une  consonnance  ou  une  disson- 
nance.  Ilest  dans  l'erjcur;  cerie  question  est  résolue;  maû 
il  est  vrai  qu'elle  a  été  long-temps  agilée ,  fuuie  de  netteté 
dans  les  idées.  Un  ne  pouvait  point  croire  que'  cet  inter- 
valle fûtunediiBoatiance ,  puisque  tous  lesin te rvallcs don- 
nent par  le  renversement  des  intervalles  de  leur  nature,  et 
puisque  celui-ci  provient  du  renverse  aient  de  la  quinte. 
L'emploi  qu'on  eu  faisait  sans  prÉpa ration  dans  l'accord  de 
sixte  et  quarte,  renversé  de  l'accord  parfait,  était  d'ailleurs 
une  preuve  évidente  de  ^a  qualité  de  cunsonnance.  Mais  le 
cas  où  le  relard  de  ta  tierce  de  l'accord  parfait  produit  une 
dissdniiaucc  contre  la  quinte  de  cet  accord  avail  jeté  dc 
rincerlîlude  dau9  les  esprits.  Uu  n'avait  pas  vu  que  ce 
n'était  point  comme  quarte  que  celle  note  est  dissoniiaiitf, 
mais  comme  secondit  contre  La  quinte.  J'ai  démontré  celte 


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!^5o 

*  vérité  ilniiK  mes  ouvrages,  et  tous  Ita  professeurs  se  sont 
riingi^sà  mou  avis.  I.ii  ailliculté  qui,  de  iiiil,  a  cxlMéaii- 
Irri'uis,  n'a  iliiiic  plus  lion  m^iinloiiaiH.  licniarqiitz,  uu 
rr.sli;,  ijue  ceitu  ilitriciillii  ii'iivail  source  qat:  dans 

un  défaut  île  netteté  dans  les  idées  ;  c'était  une  dispute  de 
uinla,  une  togontachit;  quant  à  l'emploi  detlntervaUe*  il 
ûlait  le  ibëme  dans  Mules  les  éc»reH,*fibe2l(ma  tcfl  atiHuA: 
l'accord  de  quarte  et  Biitc'^'allaqualt  sans  préparattoh 
comme  lout  accord  coTisonnant ,  fit  lu  rciard  de  la  tierce 
li.ir  la  quarte  se  résolvait  <^n  iliisrrnihiiit  d'un  degré  comme 
toule  disfioiiance  de  secoiido.  Il  n\  uvail  donc  point 
encore  là  diversité  de  doelrino  ;  il  n'y  en  avait  que  dans  le 
iioia  de  la  cbose. 

Sur l^emptià dota ^ttaeleaooompi^néf.  , 

La  qiiarle  est  un  intervalle-fïible  ot  mfime  plat  :  cela  eit 
incontestable.  De  1&  Vient  qu'elle  est  banuie  du  contre- 
point, &  nioina  que  ce  no  soit  par  syncope  et  ctHUme  te- 
tarilcment  de  la  tierce.  Dans  le  style  libre  l'eBèt  géné- 
ral des  cadences  absorbe  celui  des  harmonies  parlicullèraB, 
on  s'est  fait  des  formuler  où  ce  même  intervalle  est  em- 
ployé d'une  manière  assez  douce. 


D'un  autre  cAté,j'ai'fait  voir 'dans' ma  Méthode  tC^ar~ 
monte  et  d'accatnpagnementtiMlBtaixotia  de  neuvième 
majeure  ot  mineure  de  la  dominante;  cenxdeseptiëmetde 
sousibloetdc  septiiwedmuii'néb,  eckiï  de  triton  avec  tierce 


m.ijt:(iic  ou  uuui-uio  .  Ltiui        sotiulu  .iii^iiiciilée,'^?, 
ae  sont        diia  iiioiIilicatioiiK  de  1  ilucord  du  sepliâoe^S^ 
nnijite^.ile  iBCT  détivés^.et  qn 'ris  se  forment  par  ht  said- 

'rt|iMlesunséUDtaDa^gt]t!8au¥  autres  pouvaient  s'employer 
■  dans  los  mêmes,  circonstaucea .  et  m'appuyant  sur  du<i 
'exemples  que  j  ai  trouvés  clioz  las  meilleurs  compusi- 
teurs modernes:  j  ai  dil  que  la  succession  suivante,  qut- 
'iiiest  qu  une  modiGcation  de  celle  qu  ou  vient  de  votr,  est 
'  «dwiBsiUfr;  H.  MaoarryiuefBit  dire  qu'ello  «wvfti^t». 


Hon  collègue,  H.  Reicha,  d'accord  en  cela  avec  quel- 
ques puristes  de  l'ancienne  école ,  et  doué  d'une  oreille-  ou 
plus  délicate  ou  plus  timorée,  voudrait  qu'on  g'absllnt 
d'une  semblable  succession.  Il  a  pour  lui  le  lémoignageJe 
sa  manière  de  senlirjj'ai  pour  moi  l'analogie  elle  raisoD'- 
oement;  mais  comme  il  s'agit  d'un  cas  fort  rare  et  dé  très 
peu  d'imporlaiice,  je  caiis  que  cela  ne  pent  être  cou- 
aidéré  comme  établiotiant  entre  nous  une  dÎTemilé  de 
doctrine  :  j'en  appelle  à  cet  égard  à  toui  les  masïeieds 
instruits.  1 

Ses  huitième  et  neuvième  qucaliona  concernent  le»  suc- 
cessions diatoniques  de  quiulex  cl  d'oct.ives.  Ou  sait  que 
la  règle  les  proscrit  M.  Hlacany  cite  dus  cjïuiiipics  d'uii- 
Icurs  qui  en  ont.  fait  usage  ;  je  pourrais  lui  en  citer  bien 
plus;  maia  qa'est-ee  que  cela  prooVerait?  Dss  négligences 
de  langage  d'oui  jamais  inlîrmé  les  règles  de  la  ^ammoire- 


Il  est  vrai  que  le  urilique  reproche  à  M.  Purne  d'avoir  fait 
des  aclaves  consécutives  dauf  tous  ses  exempleit  île  la  règle 
deToetaveou  échelle  diatoiUque;  mais  qi^I  aevsait^qpe 
lpt»gu'aii  a  voulu  remplir  xifijtra.iuttiea  eu  vic0A>pla- 
qi^éa\  on  tutaujouTB  étë  forci  dè'fair»  ces  octaves -dans^ 
passage  de  la  domipaate  au  sixième  degré ,  à  cause  des 
difficultés, du  doigté.  Il  remarque  que  je  n'ai  (loint  fait  la 
m4iae  fstutç  ;  mais  aussi  mou  accord  de  sixte  du  sixième 
degré  n'a  que  trois  noies,  ce  qui  vaut  saieux.  sans,  doute  , 
quoiqu'il  flit  résulte  une  harmonie  moins  nourrie^^,;- 

Les.  dixième  et  ondème  questions  ont  pour  olget^rdes 
classifications  et  des'iioms  d'accords.  £es  G]aqsin<Kitions 
"^élant  néceïsairemcut  les  conséquences  du  point  deraeious 
lequel  ou  fcnvisage  l'Ijarmonie,  on  a  pu  les  nUlltipUeK 
volonté  ,  et  probalilemcnl  on  en  présenter^  encore  de  uou- 
vetlcs  qui  vieiitlrnnt  complclnr  tous  les  a.ipects  sous  lea- 

diclioi.ML  lliù,.ri<.-,  jiuihibk's  :,ux  pni^ri's  de  la  musique,  ces 
classilicalions  soiil  Umlcs  pii':ci cuits,  parce  qu'elles  aug- 
meotentuos  lumières  sur  des  pciinisinlÉrcgaans  J<BJi'ra^dspc- 
pasbeaotn  de  suivre  M.  Macarry  dan.4  toutes  aÛ.filfsitDn'lf- 

Sur  {^accord  si ,  ré ,  fa. 

Au  grand  scandale  de  M.  Macarry ,  j'ai  dit  que  la  f  umle 
mineure  et  le  trtto»  sont  des  coiisoiiuaaées  ;  cela  résultait 
évidemment  du  principe  que  j'ai  posé ,  qu'il  n'y  a  disson- 
nancc  que  dans  le  chue  de  deux  sons  voisins,  o'est-à-dire 
la  seconde;  dans  son  renversement,  c'cst-A-dire  <a  «e^- 
tième,  et  dans  son  redoublement,  qui  cst>^  neuvième. 
Jusque  là  tout  est  bien ,  car  c!e(te  tbéarie  est  malnleouit 
généralemeat  adoptée. 

Mais  j'ai  donné  le  nom  de  faittea  A  ces  con^oananceB , 
et  j'ai  eu  lorl.  Ce  sont  des  consonnances d'une  espèce  par- 
ticuHiire;  dis  consomiaïu  e*  qui  ont  une  marche  presque 
obligée  (ce  qui  les  ;ivaitlait  ranger  panai  lesdiasonnances); 
jl  leur  fallait  im  nom ,  iin  nom  qui  îudiquAt  leur  monve- 
mont  naturel;  el  ce  nom  devait  âlrc  cefui  de  cffnnHtnatv- 
ca  aUractive3{vnyai  ce  qoe  j'ai  dit  ci-deasuN }.  J'ai  bien 


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335 

pcnr  niiaiimoiiis  de  lie  [lan  nalisfuirc  M.  Macarry  avec  ces 
nouvelles d/'uominalionB,  c;irEniisdoii'>c  il  □ppcllera encore 
cela  une  suliversiou  <Ie  principes, 

La  treizième  question  est  relative  h  l'accord  de  »,  ré, 
fa,  (a,  dans  les  deux  modes.  Dans  le  majeur,  c'est  u[i 
accord  de  septième  de  sensible  qui  rtisiiUe  de  la  substitu- 
tion du  sixième  degré  à  la  dominante,  dans  le  premier  dé- 
rivé de  l'accord  de  seplitnie  dominante.  Or ,  comme  cette 
BObstitution  est  toujours  mÉlodiquc,  elle  doit  ûtre  placécà 
la  partie  .mpérieure  et  jamais  à  la  basse.  Voilà  pourquoi 
M.  Reicha  défend  de  mettre  la  dissontiance  h  la  bassi- 
(  Coursile.  composition,  p.  4^  );  je  ne  sain  quelle  difQcullii 
Al.  Macarry  trouve  à  cela.  Dans  le  mode  mineur,  l'accord 
si,  ré,  fa,  la  résulte  de  la  siibstilulian  unie  à  la  prolnn- 
gation  dans  le  second  dérivé  de  l'accord  de  septième  do- 
minante. Il  est  bien  singulier  que  M.  Macarry,  qui  voit 
ehez  les  théoriciens  une  foule  de  choses  qui  n'y  sont  pas . 
n'ait  pas  vu  dans  ma  Méthode  étémentairt  d'harmonie, 
qu'il  cite  à  chaque  instant,  cette  théorie  si  simple  ,  déve- 
loppée dans  un  petit  nombre  de  pages.  On  ne  sait  .-lussi 
pourquoi  il  sépare  quinzième  question,  sur  la-préparu- 
tion  do  1,1  septième ,  de  celle-ci ,  à  qui  elle  appartenait.  1 1 
y  cite  la  cinquième  mesure  dufle9Mi6m.de  ïlozart,  où  cette 
septième  est  employés  sans  préparation  ,  et  demande  si  I.1 
règle  n'est  pas  rigoureuse;  elle  l'est;  mais  Aloïart  .s'est 
trompé  plusieurs  fuis  sur  l'emploi  de  cet  accord. 

H.  Macarry  conTondde  telle  sorte  toutes  les  époques,  qu'il 
reproduit  l'accord  tic  doubla  tmptoi  de  Rameau ,  fa,  ta  . 
ut,  ri,  et  fait  à  ce  sujet  des  questions ,  comme  :>!  toute 
ces  r.Êvcrics  n'étaient  pas  jugées  et  rejetées  depuis  long- 
temps de  la  mu.iiquc. 

M.  Perne,  dans  une  partie  de  son  ouvrage,  qui  n'a 
rapport  qu'à  l'harmonie  plaquée,  s'est  beaucoup  servi  de 
la  règle  de  l'octave ,  qui  est  en  elTet  fort  utile,  dans  l'occom- 
jwgnement  ;  M.  Reicha ,  qui  n'a  eu  eu  vue  que  la  compo- 
sition ,  dit  que  ia  règle  de  l'auCa-vo  esl  di:  si  -peu  du  rci,- 
source  dans  ta  composition  pTatif]ue,  qu'elle  ne  vaut, 
pas  la  peine  d'Être  discutée;  M,  Macarry  voit  encore  la 


□  IgiUzad  by  CuoglL- 


534 


itiic  coniradiclion  manifeiite,  quoiqu'il  soit  question  ite 
lieux  choses  absolument  différentes. 

Le  reste  de  l'opuscule  que  je  viens  d'examiocr  contient 
uu  échantillon  du  savoir  de  M.  Macarry  plui&t  que  des 
doutes,  c'est  pourquoi  je  m'abstiens  d'eu  parler,  n'ayant 
peut-être  quo  troj^  étendu  ces  diacuMions,  nées  de  ques- 
tions oisenses.  Je  n'ai  pas  crn  cependant' devoir  passer  Ifi- 
gèrentent  sur  la  plupart  de  ces  questions,  parce  qu'eHes 
pouvaient  avoir  pour  effet  de  faire  naître  des  doutes  dans 
l'esprit  des  élèves  sur  la  solidité  de  la  tliéoric.  M.  Itlacarry 
a  peu  appris  par  ses  lectures  :  c'est  uu  malheur;  mai»  ce 
n'est  pas  Une  raison  pour  qu'il  empêche  les  aufi^s  d'ap- 
prendre. Fuisse  l'enmple  de  ses  études  malfnttesservir 
de  leçon  à  ceux  qui  seraient  tentéa  de  limiter. 


BuLiNGTON  (Élisabeth)  cantatrice  célèbre,  était  fille  de 
'WeichKcIl,  musicien  allemand  ,  né  &  Freybei^  en  Saxe. 
]^le  naquit  en  Angtetei^  vers  lyGS.  Sa  mère ,  qui  était 
une  oantatrioe  de  quelque  mérite  j  moqrat  jeune',  laissant 
sa  fille  et  un  fils,  C.  Weichsell ,  bon  violoniste ,  dans  on 
âge  fort  tendre.  Destinés,  dès  leur  naissance,  à  la  car- 
rière musicale,  ces  deut  enfans  firent  des  progrès  si  rapi- 
des, qu'à  l'âge  de  six  ans  fis  purent  se  faire  entendre  en 
public ,  sur  le  piano  et  sur  le  violon ,  dans  un  coqcert 
dounlf  au  bénéfice  de  H"  Weicheell ,  au  thédtce  àvB^y- 
Harket.LepremiermattTedeH'"BiUingtanfutSchrœU>'tU- 
oellent  pianiste  allemand.  Son  père  survettla  son  éducation 
musicale avecuAesévérité  qui  peutêtreàpeînejuslifiéepar 
les  progrès  de  l'élève.  A  quatorze  aus  elle  chanta  en  public 
à  Oxford ,  et  à  seize  elle  épousa  Blllington ,  contrebattiste , 
qui  l'emmena  à  Dublin  peu  de  temps  après.  Son  preimer 
début  eut  lien  dans  l*opéra  à'Orphie;  mais  quelle  que 
fûl  la  beanlédesavoix/clle  éprouva ,  dès  les  premiers  pat 


FÉTIS. 


filOGRAPHlË. 


355 

dans  la  carrière  du  théÂtrp.,  que  le  succès  dépend  quc)- 
ifuts  pliitiM  d'un  caprice  du  iKiblïc  ijuc  d'iiti  jui^ejueiit 
liré  ;  une  caiHaliice  (  Hli.ns  Wlicdi^v  )  l.ic.i  iiil.  ri.iiu't;  à 
N"'  Itillinglon  ,  eiciluit  aloi-s  rciithonsiasmc  ilos  hubilims 
de  Dublin ,  et  celle-ci  fut  à  peiue  remarquée.  Sensible  et 
Sijt%^'*.Billingtti9  ne  pouvait  maiiquerd'âtra  bleu^.de 

jponrtotgourgaU'Uiéàtre.LlIréputationde  HisaWieoferlui 
ayant  procuré  nu  en^dgement  de  trois  ans  au  théâtre  de 
CoTeuMîarden ,  M^fiilliagton  la  suivit  à  Londres,  décidée 
it'  ns  rien  négliger  pour  éclipser  sa  rivale.  Mais  de  nou- 
veaux chagrins  lui  étaient  réservés.  Les  entrepreneurs  d^ 
Ihëdtre  ne  voulurent  l'engager  qu'à  l'essai,  et  lorsqu'il 
fallut  régler  ses  appointeniens ,  ou  lui  fît  entendre  qu'elle 
ne  pouvait  prétendre  à  d'aussi  grands  avantages  que 
Miss'\Yliecler,  dont  la  réputation  était  faite.  Cette  malhcU' 
reusc  cuniparulson  ébranla  de  nouveau  le  courage  de 
M"  Billington  ;  mais  enfin  le  triomphe  du  succès  devait 
elTactir  la  Iioutc  des  humiliations  :  elle  le  sentit,  accepta 
toutes  les  couilitions,  et  débuta  par  le  rôle  de  Rosette  dans 
l'opéra  do  Love  in  a  vitla/jô  [VXmoiir  dans  un  village), 
du  docteur  Arne.  Jamais  voix  plus  pure,  plus  sonore, 
pbu^étendue  ne  s'était  lait  entendre;  jamais  yooaliialion 
■  flIsSi  Itfillanle  n'avait  frappé  les  «reilles  anglaise»;  jamais 
aoMt l'enthoUBiasme  ne  fut  porté  plus  loin.  Le  nom  de 
aiP5fBillington  ël.iit  .l:uis  toutes  tes  bouches  :  celle  qui  lui 
Vrait causé  tant  de  Iiu^nnrn!:  l'ut  piinr  j.iiiMÎ.b  oubliée.  Les 
-^tr^reneurs  du  thi^àin;  n'.itliïiidirciU  point  que  les  douze 
•.x^téMutations  d'essai  fussent  achevées  pour  contracter 
AttOznpQVçL  engageigoeat  avec  notre  'rirtuose  :  elle  exigeait 
;aijiB:fivroaiBterl>ng  etnne  représenlatioD  ,&  son  bénéfice 
pour  le  reste  de  la  saison  :  tout  lui  fut  accordé;  on  ajouta 
même  une  représentation  à  celle  qu'elle  avait  demandée , 
par  reconnaissance  pour  le  gain  considérable  ([u'ellc  avait 
procuré  à  l'administration. Toutefois,  M°"BilliugtOD,  san^se 
laisseréblouirparlantdesuceès,  travaillait  avec  ardeur,  et 
..''prenaitasBÏdamentdetf  leçons  de  Ho  rellf.,  l^abtleprofes^ur 
deohantgqui  dèmcurait  alors  à*Londre! .  Dès  que  le  ihél- 


^Ïted  Dy  GooglE 


3,)0 

tre  fui  furmé ,  uUc  profila  dû  celle  vacance  pour  9C  rcudre 
à  Paris  ,  oii  (ï)le  ruijiil  dus  cou-cils  de  Saccliïui.  Eu  1785  , 
elle  cliaiila  au  concert  île  l'aucieniio  miuiqu».  U>'"<UàXK 
venait  d'arriver  à  L'irilirc.x  :  011'  dit  qu'elle  n'eiltoadtt''^Ollft 
sans  dépit  ctlle  qu'on  lui  opposait  comme  rivale.  DèSlori 
il  s'éleva  entre  elles  des  dispiileii  indignes  de  deuxgraadii 
laleiiK,  c|iinii|ue  cela  ne  soit  que  trop  commun  en  pareille 
cii-oristacin:,  l.a  réputation  de  M°"  Billinglon  continuait  h 
s'élendru  :  ulli;  t'iuit  de  loua  les  concerts  ,  attirait  la  foule 
à  Cuveiil-Cai-dcii,  et  cliantail  aux  niénioraljlc»  réunioii.>j 
de  l'abbjye  de  Weslniin.sler,  pour  la  commcmoralion  ilc 
Hiendel.  Malgré  tant  do  succès  ,  elle  prit ,  en  1793,  la  ré- 
solution d'Abandonner  la  scàne ,  et  voulut  voyager  snrJfi 
continent  ,  dans  le  desseïn.de  diasiperlaniélanGoli^4tHiibij 
était  liabitneUe.  Elle  réussit  pendant  quelque  temps  gar- 
der son  in^eo^nito;  mais  arrivé  à  Naples ,  Tambassadenr 
anglais,  W.  -Bainilton,  la  reeoanut,  et  parvint  à  la  détermi- 
ner &  phanter,  d'abord  &  f^oierto,  devança  famille  royale, 
et.ensaîte  au  théâtre  de  Saint-Charies.  Elle  y.débjflB  ,  Jtu 
TÇB^  de  inai  1794  >  danï  Inez  de  Castro ,  qiie  BlttWâf^tlR^. 
«omposé  pour  elle..  ...  !  tlà  ^it^'-! 

Son  gucoËB  fut  complet;  matsunévéncmentmalheàrBax 
arrêta  le  cours  de  ses  représentations  :  Billington  fut 
frappé  d'une  apoplexie  loudroyanic  au  moment  où  il  al-, 
lait  accompagner  sa  femme  au  iliéiilre.  Dans  le  mémo 
temps,  une  violente  éruplioii  du  Vi^stivi;  éclata,  et  les  sii- 
pLNslilicti\  Napolitains  alLiilnUniinl  celte  calamité  à  ce 
qu'une  liéri^Ii  .ivait  clianté  à  Sainl-Cliarlcs.  I.cs  amis 
de  M"'  Billington  couçujcnt  même  des  crainlcH  sérieuses 
sur  les  suites  que  pouvait  avoir  oellè  opinion  cliez  on 
penplefqnâîtîiiue:  liBureuseitaent  l'éruption  cessa,  le  calme 
Mpamt  elle  talent  de  H™  Billington  acheva  de  triompher 
«les  préventions  des  Napolitains.  En  1796,  cette  grande 
"cantatrice  se  rendit  à  Venise  :  ap^^s  .sa  première  représen- 
tation ,  clic  tomba  sérieiisemcut  malade  et  ne  put  chanter 
pendant  le  rustede  la  saison.  L'air  de  cette  ville  étant  nui- 
sible &sa  santé,  elie  par^t  pourll&me  et  visita  eniraite'^s 
principaux  théâtres  de  lllalie.  Ariivéeà  MiUu.'en:'!?^, 


3S7 

sito-f  épousa  H.  Fclisseot;  mais  elle  conserva  louJoiirs  son 
nàm  de  Billinglon  lorsqu'elle  pariit.oii  public.  A  son  re- 
tour an  Anglctc'rrt^,  les  diraclions  <lc  nniry-I-unc  cl  de 
Côvcnl-G.-irilen  mirent  tant  d'eiiiprcsscmcnt  cl  de  téna- 
cité û  coniracicr  un  engagement  avec  M"'  Billington  qu'on 
Tut  obliiié  (le  s'en  rapporter  à  un  arbitre,  qui  décîdft-tiiiTolle 
cbânicrail  alternativcmenl  sur  Us  deux  théâtres.  S^jt.^^ 
jour  en  Italie  a*ait  perfectionné  aou  talent  ;  aussi ^excilA-* 
KkiBe'lï  plus  graude  admiration  dai^  VArtaae^,^ 
klr^-m  elte  introdoiSif  dn  air  A',Itt»è  de  éooWii  HXtép» 
fot^uit  roccasiou  dé  déployer  toute  l'étendue  d6~  sa'lieUe 
voii.  A  celte  époque  ,  la  fameuse  cantatrice  Banli  arriva- 
k  Lnciircs  ;  sou  ili'iiiii  Cul  lien  dans  le  r<Mc  de  Polyphonie 
de  la  .'ili  riipe  de  Na^zollni  :  M""  Itillington  jouait  ctlui  de 
Alérope.  La  réunion  de  ces  deux  Leuux  lalens  produisit  un 
tel  eB^E  que  la  tialle  ne  pouvait  coutenir  les  speclataRrHi 
^l^^^ir scène  même  en  était  remlpUe.  Vit  eaet'B<uaÙa+ 
bléèatiien  le  3juin  iSoa ,  jour  où  Ton  eniend!t,.ii»i|fj^ 
première  fois.  M"'  Dillîngtun  et  Mara  chanter etûiçi^ife 
dans  un  du»  composé  expressément  pour  elles  JBanr 
chi.  Ce  qui  u)ouIait  encore  à  l'enipressement  du  [{âlUlifi,) 
c'est  qu'on  savait  que  celte  soirée  était  la  derni^rb 
PoD  entendrait  H°"  Wara.  liicn  ne  peut  donner  uneidéo  dii 
ftifi  de  Texécution  de  ces  deux  grandes  ca^latrioes,  de 
leur  verve ,  et  de  l'elTet  qu'elles  pruduisirent  sUr  lesspec- 
MiètriR^^  'lia  réputation  de  H"  fii)lington  allait  tonjour* 
drèi«i«gdt.-@haqiie  ent^ptlM»â(f  -tIiâAtra  cherchait  k  l'en- 
^b|lB!(9'eî^^tidâdtat  ftfr'adnéeff  conilécatives,  elfe  chanta 
4P^dfitSra-'lrâfl«à%  âu''Çiiilcert  du  Roi,  à  celui  d'Hanno- 
Wi^^tfifrfey  'fet  te'ns  tinp  foute  de  concerts  particuliers. 
^fiil^%yiftlt>iifflMé lAiO'^rtLine  cou.sidérable ,  cl  s'.iper- 
(Wjftftr^e  sa  sahlé  s*alférait  ,'clle  se  retira  définitivenient 
e^^^'.  etne  chanta  plus  en  public  qa!uiifi.wi|lÀ^t 
ditâÉ'W'^Oncert  donné  au  prAit  des  pauvres  {t  W^lfib^H' 
iln'^&^,'i«lle  quitta  l'Angleterre  eLaii  Tendit  A' \itM)tlAr?» 
qil*êlle''veifatt 'd'acquérir  près  de  ^f^iH^.maûiiipciMlàs 
téi^^fprë«,''ejDa'inourut'4'aafiiiililliîâio^aisvê', 
uii'ttb'Ài  hlustre  daiisles  ia8tc»'difthédl^Sr))|ue.,,.  .  vii  < i 


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NOUVELLES  DE  PABIS. 


On  prépare  «u  tbé&tre  de  l'Opéra-Comlque  la  repriie  do 
b  CtMvanu,  ouvrage  dont  U  miuicpie  ert  dôe  à  U*.  Lentntt 
inrintSDdant  de  la  chapelle  du  roi.  Leachœura  de  oet  opéra 
jouistent  d'uoe  grande  répotation;  ils  étaient  autrefois 
supérieurement  exécutés  au  théâtre  Feydeau,  avant  la 
réunion  des  deux  sociétés  d'Opéra- Comique. 

La  Caverne  fut  représentée  pour  la  première  fois 
en  1793,  et  obtint  le  plus  brillant  succès.  Jouée  ensuite 
en  concurrence  avec  une  piùce  du  même  nom,  dont 
Héhul  avait  composé  la  musitjue,  elle  triompha  dann  la 
lutte,  resta  seule  au  thé&tre,  fut  reprise  plusieurs  fois  et 
toujours  avec  raocès.  On  dit  que  rien  ne  sera  négligé  poor 
que  la  nouvelle  mise  en  scène  ait  autant  d'effet  que  les 
moyens  actuels  de  l'Opéra-Comique  le  permelleiit.  Une 
partie  de  U  troupe  paraîtra  dans  les  chœurs  ;  la  distribu- 
tion des  râles  sera  faite  de  la  manière  la  plus  avantageuse 
possible,  et  des  décorations  d'un  bel  effet  compléteront 
le  plaisir  du  publio.  C'est  une  bonne  occasion  efiîsrte  à 
l'orchestre  retremper  sou  énergie,  caria  moUeise  np 
serait  pas  de  mise  dans  cet  ouvrage. 

—les  désirs  des  vrais  amateurs  vont  être  enfin  exaucés  : 
la  signera  Rotamunda  Fîsaroni  débutera,  dit -on,  au 
théâtre  Italien  dans  le  courant  de  ce  mois.  On  ne  sait 
point  encore  quel  est  l'ouvrage  qu'elle  choisira  pour  son 
premier  début,  mais  on  espère  que  ce  sera  quelque  opéra 
inconnu  à  Paris.et  composé  expressément  pour  elle.  On 
désire  surtout  qu'elle  s'abstienue  de  chanter  les  rAIes  dans 
lesquels  madame  Pasta  a  fondé  sa  réputation.  Les  premiè- 
res iinprèssions  paraissent  ft^nairement  les  meilleures, 
et  l'on  a  d'ailleurs  dansée  pays  la  manie  des  comparaisons 
entre  des  choses  qui  n'ont  point  d'analog^,  et  mal- 
gré tout  son  talent  ,'U  n'est  pas  certain  qne  celte  canta- 
trice, quii  seule  aujourd'hui  possède  la  tradition  de  l'école 


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JP9 

de  îUarchesi  et  de  Pacchïarotli ,  icrailappréciéeÀsa  juste 
valeur. 

Quoique  madame  Piiarftn!  ail  débuté  en  181 1 ,  elle  ert 
jeune  encore ,  ayant  fait  son' entrée  dam  la  carrière  dra- 
matique àTago  dediz-liuitansi  Depuis  lors,  elle  a  chanté 
dans  loute^  les  principales  ville*  d'Italie,  et  a  excité  par- 
^^.l)P,^uf^f.enUioi)f|j^jnne.,-/iuoiqitç  la  nattifs^ne  l'^t 
pas  pourvue  d'un  pbfsiqué  agréable ,  jésavautâ^  énorme 
pour  une  femme. 

—  Le  sixième  cHi(!i  iuervj:iH  rii:ft(ks  élèves  de  M.  Clioi-on 
aura  lieu  jeudi  10  du  ce  mois.  Parmi  (es  morciMiix  qu'on  y 
entendra,  on  en  remarque  un  l'ort  inli^rcssanl  par  son  an- 
:^^S^^  R?'  ^  ^f*^  ^  "ul^V'j  dépioralion  da 
'^^gq^^de  Prêt,  lÀàjttre  de  chapelle  dé  téuia  XÏI ,  et  le 
^na  grand  musicien  de  son  époque.  (On  croit  qu'il  est 
Biorl  vers  \  Z\-.)Ct:  n'est  p...-;  11 11  li. s  moindres  avant.iges  do 
cette instil II iLDti  ipir  rf-li.i  lir  1,1:1 1'  1  ji  ti-tiilre  CCS  monumcns 
ïénérablcs  iIl  i'.iiilir|uili':  imi-i.aJo,  et  par  cela  de  faire 
Gonnallre  loii.s  les  slyloK, lévululïuLiset  d'en  présenter  ' 
une  histoire  palpable,  llicn  n'est  plus  propre  à  combattre 
les  préjugés  de  la  mode  et  à  faire  cnmpi'endre  qu'il  y  a  autre 
chose  que  ce  que  nous  entendons  journellement  quîmérite 
notre  allculion  et  nos  éloges.  Le  cbarmc  d'une  exécution 
parfaite  d'ensemble,  telle  qu'on  la  trouve  chez  M.  Cboroui 
ajoute  beaucoup  à  l'ai  tniil  qui  conduit  l'élite  des  amateurs 
i^.  ce^  ipodesles  concerts  d'élèves. 


ANNONCES  DIVERSES. 


Troisième  concerto  pour  le  piano,  dédié  à  Cléraenli, 
par  Fj  Ries.  Paris,  veuve  Leduc,  rue  de  Richelieu,  n*  78.  ' 

Gq  marcean  est  gravé  avec  l'additiaa  d«  pauag«i  A  <li  ootaTei  pour 
lei  granda  pianos.  Ici  qu'il  n  été  arrangé  poar  le  coneoati  At  i8a6  * 
l'Ecole  iHfàle  de  Magique,  par  U.  Zimmerman. 

Le  LoDF-GiRoo,  opéra-oamiqoe  en  no  acte,  musique  do 
mademoiselle  Iionlse  Bertiu,  ouverture ,  romande,  cou- 


□  igiUzed  by  CoogI 


54a, 

pletB  ,~airs ,  iaos  et  qatnietlis  ah-angés  avec  aceompag^e- 
menl  de  piano.  Paris,  Uaurioe  ScUesinger,  rue  de  Riche- 
lieu ,  11'  97. 

La  partitioD  et  Ici  jlartiea  d'orchciIrE  de  cet  onTrage  teiont  mis  en 
Tente  wiupeo'de  joïin,. 

G.  CzBRHT.  6*  grande  sonate  pour  piano  «ul,  op.  ia4- 
Prix:  lofr. "  "  ■ ..        -  ~  >  '  ■ 

F.  Bus.  49*  sonate  pour  piano  seul ,  op.  i'4i .  7  fr.  Sb  'c- 
Chez  Zeller  et  compagnie,  rue  du  Fauboui^Poniiannîèrei 
u*3.   ■■    '  ;i . 

Traité  du  contre-point  et  de  ta  fugue,  divisé  e»  deux 
parties  :  la  première  conteDant  l'exposé  des  règles  du 
contre-point  simple ,  depuis  deux  parties  jusqu'à  Iiuît  voix 
réelles,  et  des  compositions  auxquelles  ce  conl^re-poiiit 
sert  de  base,  telles  que  les  imitation»! ,  les  canons  de  toute 
pspiicc,  le  contre-point  a^/a  Paf˫(rf7ia,  elc.;la  seconde, 
compreuaut  les  règles  des  contre-points  doubles,  de  la  fu- 
gue, de  l'inscription  des  oanons  énigmatiques  et  de  leur 
résolution ,  par  F.-J.Fétib,  professeur  de  composition  à 
l'École  royale  de  musique,  et  bibliothécaire  Hu  même  éta- 
blissement. Paris.  J.-inrt  et  Cotclle,  ('(titcur  de  musique' ,^ 
rue  de  Richelieu,  près  la  rue  FeydKau  ;  et  rue  St. -Honoré,' 
n"  ia5.  Prix,  66  fc.  Chaque  partie  séparée  53  fr,        .■  ' 

Cet  ODTiBge,  Gofrepris  pour  servir  A  l'enecigiicmeot  de  la  compoiillon' 
ilana  l'Ecole -roji la  du  Muiîijue ,  a  ith  approuvé  par  1«'  laotien  de  mit. 
iiiqne  de  l'iaititul,  coDipusée  de  MM.  Leiueur,  Bertun , CUnliiai, 
Boicldien  et  Catel,  m  1b  rapport  de  U.  GhÉmbini. 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

MtOFSSBEVH  DE  COMI-OSITIOII  1  l'ÉCOLB  BOTILE  DE  MDSIQOB» 

U.  —  MAI  1837. 


COURS  D'HAJIMONI^, 

Nos  lecteurs  ont  pu  s'étonner  que ,  âaae  ua  écrit  uni- 
queineot  consacré  à  la  musique ,  il  n'ait  pas  été  question 
jusqu'à  ce  jour  d'an  Traité  ttharmonûi ,  sujet  duquel 
les  feuilles  politiques  et  littéraires  ont  épuisé  toutes  les  for- 
mules de  louanges.  Cet  article  est  destiné  à  remplir  notre 
mission  à  cet  égard. 

Parmi  les  journaux  littéraires  les  plus  consciencieuse- 
mont  rédigés,  le  Globe  et  la  Bévue  eneyelopidvfue  tien- 
nent încoDiesiablement  la  première  place.  Nous  avons  été 
curieux  de  connaître  l'avis  de  ces  deux  recueils  au  sujet 
dudît  ouvrage  :  le  premier  s'est  exécuté  de  bonne  grâce,  et 
cette  fois  ne  l'a  cédé  en  rien  à  ses  confrères.  Au  dire  du 
Globe,  le  Cours  d'harmonie  de  M .  de  Geslin  est  •  ce  qui  a 

■  été  écrit  jusqu'à  présent  de  plus  simple  et  de  plus  logi- 
(  que  sur  ce  grimoire  harmonique  que  le  pédantisme  des 

■  musiciens  a  soin ,  pour  l'ordinaire  i  de  rendre  impéné- 
I  trahie ,  et  essentiellement  supérieur  à  toutes  ces  préten- 
(  dues  méthodes,  recueils  d'axiOmes  routiniers  et  de  rë- 

■  glesantjqaesqu'on  enseigne  sans  les  comprendre.  ■  Ainsi 

(i)  In-8'  de  11  al  aSS  pages, «t«c  71  pl.  litbugnphiéu.'  Pirii,  i8i5. 

So 


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S[,  Cillel  apprendra  que^n  TraiU  esl  i:iiI,i<;Ik-  ili;  |)ùil.ni- 
ll.siiut  ;  M.  ileicha  se  rccounaltra  routinier;  M.  Pcnit; 
oii.scur;  çnfîii ,  M-  Choron  effacera  l'épigraphe'  de  ses 
Principes  rfe  cotnpositii»^  et  reeonnaltra  .h  umblenieiit 
ijue  lui  et  ses  devanciers  avaient  erré  jusqu'en  l'an  de  grâce 
i8aS,  époque  de  l'apparition  du  livre  de  U.  de  Geslin. 

La  Sevun  encyclopédique  a  pris  un  autre  paitL  Le  ré- 
dacteur de  l'arlicle,  M.  O,  s'est  excusée  ne  point  discuter 
le  méri^'dea  Hinovatioii^  <lc  IM.  di^  Coslin,  alléguant  la 
nécessité,  d'entrer  dans  iIin  <li't  liU  ti'r]ini([iics  intéressans 
pour  les  seuls  muricîcii^;<>iMuil  ijnc  M.  u,  retenu  pardcs 
considérations  quelconcjues ,  u  évllt;  d'Émettre  son  opinion. 
Pour  uous,  nops  ne  pouvons  être  arrêtés  par  des  motitsy: 
de  ce  genre.  Aàfond,  ce  ne  sont  là  que  des  mani Ères  d'élu- 
der la  yéiité  que  tout  critique  impartial  doit  avoir  poi^r 
guide ^mqui ,  dans  l'attaque  comme  dans  la  déiéDse,  est 
itne.^o^  impénétrable  à  tous  les  traits.  ^ 
«'ffii  de  Geslin  s'est  fait  connaître  dans  le  monde  musical 
par  un  volume  intitulé  Cours  analytîqiit  de  mutiqw, 
ilans  lequel,  soit  dit  sans  plaisanterie,  il'se  trouve  des 
clioscs  fort  curieuses-  Ceux,  par  exemple,  qui  n'auraient 
pas  encore  vu  l'air  Quo  nesuis-jt  ia  fot^ère,  ôoté  à  denx 
têmps,  pourront  se  procurer  ce  piajsir  ën^etapt  les  yeux  sur 
la  planche  vis-à-vis  delapageinS.  Asisurémetatli Tante ur 
de  cet  air ,  le  sieur  Desïvelaux ,  revenait  en  c6  monde ,  il 
éprouverait  quelque  surprise  en  voyant  le  rythme  de  sa 
romance  si  mal  compris.  Il  se  rencontre  dans  le  premier 
ouvrage  de  M.  de  Geslin  nombre  d'aiUres  nouveautés  qui 
valent  celles-ci,  et  dont  nous  enlrelicii<Iiions  nés  lecteurs, 
si  la  publication  de  ce  livre  n't.-t.'tii  .hjà  .incieniic. 

En  meUaiit  an  jour  son  Cours  d'havuwuic,  .M.  de  Ges- 
lin s'est  proposé  de  compk-ter  l'inslruclion  musicale  des 
amateurs  qui  avaient  acquis  son  premier  ouvrage  ou  suivi 
séà'''fèQbns.  Four  voir  jusqu'à  quel  poi6t'  U  'à  réussi , 
ëxàminoiiB  d'abord  en  quoi  difiïre  so^n  Traité  !9és  ouvrages 
du  même  genre,  dont  l'ii.sage est  généralenlbdt  adopté. 

(i)  QaeditmpiT  ,  gaad  aiigae,  quodab  onoùbia  md^itm  M, 


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34s 

H.  de  Gealin  ne  reconnaît  que  deux  consoUnanceB ,  la 
liercc  et  la  sixlc  ;  il  a  placé  la  quinte  parmi  les  diaEonanoesv 
Il  nomme  accord  neutre  l'accord  de  quinle  diminuée, 
connue  en  harmonie  sous  le  nom  de  fausse  quinte.  Il  ap- 
pelle accord  favori  l'accord  de  septième  dominante,  et, 
décomposant  cet  accord,  il  expose  sur  ses  divers  parties, 
qu'il  nomme  fragmens  favoris,  des  idées  qui  semblent 
ingénieuses  àceluiqui  adopte  les  basesdeson  système.  Une 
reconnalt-que  deux  espèces  de  cadences  :Iei  terminatives 

et  Ufl  MSpMMtVM. 

VoIoi,^je  croîs ,  tout  ce  qui  se  trouve  de  nouveau  dans 
l'ouvrage  M-  de  Geslio ,  sauf  quelques  dénominations  peu 
importanles.  £n  plaçant  la  quinte  au  nombre  des  disso- 
nances ,  il  s'écaric  de  tousies principes  reçusdc  tout  Eemps 
et  par  tous  les  auteurs;  il  n'a  aucun  égard  au  premier 
principe  de  l'acoustique,  à  l'expérience  si  aiséeà  vérifier  des 
résultats  du  corps  sonore;  pour  justifier'  celte  étrange  in- 
novatiou,  il  donne  des  raisons  qui,  à  notre  avis,  sont  au- 
diiHonS  de  la  réfutation  ;  par  exemple ,  îl  cite  une  phraae 
de  d'&lembert,  relative  au  rapport  des  sons  enirs  eux,  et 
cl)  ce  savâbt'dil  :  >  qu'en  qualité  do  géomètre,  croit  avoir 
ie  droitde  protester  contre  l'abus  de  la  géométrie  en  ma- 
uquc*.  deGcslin  ne  songe  pas  qu'à  notre  lour,  en  qua- 
lité de  musiciens,  noua  avons  aussi  droit  de  protester 
conlre.les  opinions  d'un  m.iIliÉmalicicn  ,  fort  recomman- 
dablesans  doute  A  beaucoup  d'égards ,  mais  qui  ne  savait 
pas  distinguer  une  tierce  majeure  d'une  tierce  mineure, 
ot  qui  proposa  l'emploi  d'accords  si  étranges  que,  dans  un 
moment  d'humeur ,  Rameau  s'éoria  que,  pouroompreudre.. 
de  pareilles  formiUeg ,  il'fallait  avoir  des  oreilles  d'Âne  *.  Il . 
y  a  iong-temps  que  les  murîciens  instruits  ont  fait  justice 
de  ces  livres  du  dix-huitiëme  sïède,  dont  les  nombreuses, 
errears  n'ont  jamais  eu  cours  qu'en  France,  et  qui  peuvent 
Aire  regardés  comme  la  cause  première  do  la  déchéance 

f  1)  VajKx  Ripant  à  um  leHre  tmpriniit  A  M.  Hamoaa ,  plscto  t  la 
nilo  de  h  HBOode  fdïtlon  dw  ÉUaeiii  de  jiiMtija» ,  page  —  Vnjct 
uuàiïcesDjetiUQ  pelitçmvngeirapiiini  en  1789,  idHIuIé :  firriKH 
tt  UvHWOi  maliirei  mitiiailK;  pat  liirtansi. 


344 

de  uoirc  liliOralure  mUGicalc.  On  ne  cilc  plus  les  Kom- 
Beau,|les  d'ÂIembcrt ,  le.t  Roiissier,  les  Bethisy  et  plu- 
BÎeurK  aulrCH  quu  pour  montrer  jusqu'où  peut  cooduire  la 
manie  d'écrire  sur  lesmatiÈres  dont  on  ignore  les  premiers 
élénicns,  ou  pour  prouver  combien  l'on  s'iigare  quand  on 
se  laisse  dominer  par  l'esprit  de  système,  Du  reste,  le  sys- 
tème de  M.  de  Ccsiîii  sur  le  corps  sonore  a  quelque  rapport 
avec  celui  qu'a  proposé  M.  Jérômc-Josepli  deMomigny, 
dont  la  Théorie,  dite  seule  vraie,  n'a  jamais  pu  paraître 
telle  qu'à  des  yeu\  paternels.  M.  de  Geslin  nomme  accord 
neutre  l'accord  de  fausse  quinte  qui,  par  une  raison  équi- 
valente à  celle  qu'il  donne ,  pourrait  les  nommer  accord 
commun;  car,  s'il  est  évident  que  cet  accord  ne  saurait 
terminer  une  période  et  que  par  eonséqueut  il  diffère  en 
cela  de  Vaccord  parfait,  il  n'est  pas  moins  vrai  de  dire 
qu'il  appartient  au  mode  majeure  comme  au  mineur,  et 
qu'en  ce  sens  il  participe  de  l'un  ei  de  l'autre.  Cetaccord 
et  celui  que  M.  de  Geslin  appelle  accord  favori,  étaient 
nommés  par  plusieurs  harmonistes  accords  appeliatifs. 
Cette  dénomination  indiquait  à  la  fois  leur  composition  et 
la  règle  de  résolution  dépondante  de  leur  emploi,  la  di- 
vision des  cadences  en  suspensives  et  icrminatives  était 
déjà  connue;  mais  les  noms  de  dcmi-cadence,  cadence 
rompue, irisée,  par  ïni/aiwio,  etc.,  étaient  fort  commodes 
en  ce  qu'ils  représentaient  à  l'esprit  des  formules  particu. 
lièresque  n'oirrcnl  point  les  deuxgrandes  sections  de  M.  de 

Voici  bien  de  critiques  sur  ce  qui  se  trouve  dans  le  nou-: 
veau  Cours  d'harmonie,  quoique  nous  nous  renfer- 
mions dans  des  généralités;  cependant  notre  impartialité 
nous  force  à  nous  plaindre  aussi  de  ce  qui  manque  a  cet 
ouvrage, On  y  rencontre  un  grand  nombre  d'omiEsions  plus 
uumoinsimporiantps.il  n'y  est  nullement  question  des  ac- 
cords par  anticipation;  l'auteur  semble  croire  que  ïetasto 
solo  ou  pédale  ne  peut  s'employer  qu'au  grave,  tandis  qu'on 
s'en  sertansiii  à  l'intérieur  et  à  l'aigu.  Los  fausses  relations 
sont  Iriiilécs  par  lui  d'une  manière  incomplète;  car  Jl 
n'examine  que  très  su;;cinclcmcnl  le  cas  où  ces  sortes  de 


relations  ceseeut  d'Ëlrc  nmuvaisea;  lu  distiuclion  des  noies 
de  passage  n'est  pas  non  plus  expostïe  avec  l'imporlaticG 
que  méritait  une  pareille  question;  il  en  est  de  même  de 
la  préparation  de  la  quarte,  dcueil  frÉqucul  des  élèves. 
Nous  devons  aussi  engager  M.  de  Geslin  à  ne  point  s'e.tpri- 
mer  avec  tant  Je  légËreLé  au  sujet  du  contrepoUit. 

Nous  savouB  que  c'est  aujourd'hui  la  mode  de  parler 
ainsi  ;  mais  un  l'ail  iucoiilcslable,  c'est  que  le  contrepoint 
n'a  jamais  eu  pour  adversaires  que  ccui  qui  ne  le  con- 
naissaient pa.a.  Il  Taut  auiisi  que  AI.  de  Geslin  s'abstienne 
d'avancer  en  thèse  générale  que  la  tonalité  du  plain-ohant 
est  indécise  ;  cette  erreur  a  été ,  nous  le  savons ,  partagée 
par  Albrecthsbcrger  et  autres  tliéoriciens  fort  estimables  , 
qui,  préoccupés  de  la  tonalité  moderne  ,  ue  pouvaient  se 
dépuuiller  de  leurs  idées  uuuvelles  pour  apprécier  les  sys- 
tèmes antiques  ;  mais,  ils  n'ont  pris,  non  plus  que  M.  de 
Geslin,  le  soin  île  moliver  cette  opinion. 

Une  partie  de  l'ouvrage  de  IVI.  de  Geslin,  à  laquelle  nous 
nous  trouvons  heureux  de  ne  donner  que  des  éloges ,  est 
celle  où,  appliquant  au  discours  musical  les  principes  de 
l'analyse,  il  décompose  altcmativemcni  le  duo ,  le  trio  et 
le  quatuor,  en  présentant  aux  yens  des  lecteurs  les  parties 
doui  chacun  de  ces  murceaux  se  composent,  et  les  lois 
d'iipr^s  lesquelles  elles  forment  un  tout.  Voilà,  selon  nous, 
la  portion  vraiment  utile  de  l'ouvrage  de  M.  de  Geslin. 
Pour  ce  qui  est  du  reste ,  et  parliculitremcnt  do  la  base  de- 
^^'^édilice  consiruil  par  cet  auteur,  nous  doutons  fort  que 
■aoa  système  fasse  fortune.  M.  de  Geslin  n'en  aura  pas 
iDoins  atteint  son  but,  si,  comme  il  l'annonce,  il  a 
seulement  voulu  mettre  celui  qui  étudierait  son  ouvrage 
àmËme<dc  se  rendre  compte  d'une  composition  quel- 
conque et  de  l'analyser  ilans  ses  détails  les  plus  intimes.  > 
L'élève  qui  aura  étudié  le  Cours  d'haTmmiie  pourra  faire 
tette  opération ,  pourvu  que  le  morceau  ulTert  à  se»  ré- 
flexions no  Boil  pas  trop  compliqué.  Si  M,  de  Geslin  avait 
prétendu  former  des  amateurs  capables  d'écrire  une  pièce 
de  musique  de  quelque  importance  avec  élégance  et  pu- 
reté, nous  serions  furcé.'  de  lui  avouer  qu'à  notre  avis,  il 


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340 

n'aurait  aucunement  réusBï.  En  général,  on  s'abuse  fort 
Rur  la  manière  d'Étudier  la  composition.  Dans  rbarmonic 
BÎuiple,  la  connaissance  dea  principes  est  fort  peu  de 
cliose;  c'est  dans  leur  appliciition  que  consiste  la  dilli- 
Gullé  :  l'habiludc  d'écrire,  et,  comme  l'on  dit  dans  les 
«écoles  de  musique ,  de  iaréouiUer  du  papier ,  jieut  seule 
metire  l'élève  en  état  d'éviter  les  fautes  et  de  traiter  cor- 
rectement les  parties  diverses  d'une  composition  musicale.' 

Toilà  ce  que  nous  crojon^  la  vérité  sur  ce  lirre  loaé 
avec  tant  d'emphase. 

Quoi  I  vont  s'éerier  quelques-uns  de  nos  lecteurs ,  voiis 
oseï:  parler  ainsi  d'ouvrages  dont  les  éditions  étaient  à 
moitié  enlevées  avant  d'être  terminées?  d'ouvrages  qui 
ont  été  encouragés  par  les  plus  éminens  protecteurs  des 
beaux-arts'? Toutes  ces  objections  sont  bien  peu  de  chose  : 
d'abord,  ne  voït-on  pas  tous  les  jours  des  ouvrages ,  bien 
infériciirsàccluidcni.  deGeslin,  obtenir  un  grand  succès 
de  venteP  Ensuite,  les  personnages  qui  encouragent  si. 
honorablement  les  arts  ne  se  trompent-ilsjamaisP  Ne  se 
SDUvient-on  pas  queChapebÏD  était 

Le  mietu  renté  de  tons  les  beinx  eiprilsF 
Enfin  r'acceptation  d'une  dédicHce  n*«t-elle  pas,  la  plu- 
part da  teinps,  une  affaire  dfi  simple  politesse,  et  ne 
trouve-t-on  pas  plus  tacàle  de  se  laisser  offrir  un' 
livre  que  d'en  soutenir  la  lecture  ?  S'imagine~t-on ,  par 
exemple ,  que  les  souverains  soient  tenus  de  lire  tout  ce 
qu'on  leur  dédie?  Figurez-vous  donc  Christine  de  Suède 
tenant  eu  main  lesdeuxin-4'deMareuB  Ueïbomius,  oit  ce 
savant  retUitu  et  annote  sept  musiciens  grecs  ^  ' 

C'est  surtout  à  H.  de  Geslîn  que  notre  opinion  pourra 

(i)  Fàjui  It  déilicaca  du  Coart  dttnaiiiiaa. 

(s)  AnUquai  muMicm  aueUm  ufton.  AnutelDdunl  CtC  IC  GLU. 

Fnùqae  aoa»  en  sommes  sur  lu  didicacci,  oitOM  1>  Gn  do  celle  de 
t^bomiiu  qui  «gt  rcmuquable.  Haut  (NtawiB  M<  AamiUûuB  tkvollmùtt 
ocaaioMm  noeluf,  intir  atUu,  qui  ilapendam  vlrtutem  faorum  fwnno- 
nioin  pttbUei  adnÙTtmtur ,  Boti^ra*  uolui;  iw,  cum  ton  tegaa^irtgni 
lut  tàrtulm  iitipetu  terqiaat,  «l  virlutmn  laanim  tattiûaimo  ameenlu 
impubi,  non  UniAm  omniuin  ordhuini  tHttTul  lui,  liK  hypatt^poMm, 


347 

.  jiaratire  sèvËrc.  Peu t-fitre  nous  laxci  a-l-il  île  (lartiatité  et 
â'ànimoBité  parce  que  nous  nous  sommes  prononcé  sur 
son  ouvrage  avec  rranchîsC)  et  dans  le  seul  intérêt  de 
l'art;  cepenilanE  l'article  que  l'on  vient  de  lire  est  le  ré- 
sultat d'un  scrupuleux  examen  :  si  nous  avions' quelque 
prévention  à  l'égard  de  cejeunç  gn^seuc,  elle  était  assu- 
rément XqOt  8^f^Te^<  Qu&râ  le  compte  rendu  du 
Cours  (thanftomc  venait  à  le  contrister,  ce  que  nous 
sommes  loin  de  croire  »  il  trouverait  une  ample  eompen- 
:8igii{|l%  àajlS  le  concert  de  Iouani;cs  ([uu  lui  oui  don  11  à 
l'enylles  feuilles  quotidiennes  el  d'aulres  journaux. 

.1.  ADiURN-LAFASGli. 


EXAMEN  DE  L'ETAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 

sEmÈan  jjticlb. 

ALLEMAGNE. 

Si  le  goût  de  la  musique  se  manifeste  vivement  cliez  les 
Italiens  et  chez  les  Allemands,  c'est  par  des  causes  dilTé- 
leutes  et  par  des  effets  dissemblables.  Eu  Italie ,  le  peuple 

diafenUac  tSaUnanm  tmuimcnl,  led  diant  Ttiiqaiii  arbls  unà  abripia- 
tar ,  jd/uj  emcenlai  illiiis  magnitudiaenonoliitapaiiii  vidorer.C'cst-k- 

hnmblG  déïoiic:mnnt ,  j'ai  viiulii  me  m6ter  à  ceux  qui  admitiMit  liaiite- 
meat  l'tlunnantc  hnniiiinLe  tiv  ms  ïertui.  (Let  ïerliis  de  Chrislinc  i  ) 
Je  coDaidtruis  le  cuiirs  de  ce  ri'gne  si  éclatant  que ,  de  toute  part ,  vos 
sujet)  de  IouIce  les  classes  font  résonner  eu  votre  honneur  i'faypale  *  , 
l'ucUve,  la  quinte  et  la  quarte,  entraînant  dîna  lean  hommiges  la 
leile  da  monde ,  animig  qo^l*  sont  par  le  délidem  accord  de  vos 
Terta*,  et  je  craignais  d'Ëtro  le  leul  qui  ne  jyrAt.pM  £rapp£  d'adniira- 
lion  ea  entendant  ifo  ri  magnifique  conoert. 

'  *  Llijpate  fiait,  dantUnlDriqne  des  Grec;,  la  cdide  Ib  plna  bans 
dn  tËtncaide  initrieur ,  et  n'avait  an-deMoiu  d'elle  que  h  pr^ttamt»- 
noniinli  m  note  afontâel 


Digilizedby  Google 


548  . 

est  doué  d'une  organisation  mi^lodique  et  passionnée ,  qui 
le  poHeif^cIianler  avec  goût  et  à  sentir  avec  force;  en  Al- 
lemagne ,  l'amour  de  la  musique  est  le  fruil  de  l'édii~ 
cation  ,  et  l'éducation  est  le  résultat  des  scntimcns  et  des 
rites  religieux.  Là ,  les  psaumes ,  les  cantiques  ,  arrangés 
à  quatre  parties ,  inculquent  à  la  {ennesss  une  habitude 
d'harmonie  qui  forme  son  oreille ,  et  qui  devient  un  got&t 
dominant.  Les  moindres  écoles  ont  des  maîtres  ehài!gés 
d'enseigner  la  mbslque  simple  (chorale);  les  paysm^'Iin 
plus  pauvres  oniune  teinture  de  cet  art,  et  lesrâvloedtrtn 
entretient  les  connaissances  que  chacun  y'  acqurert  dapê 
son  enfance. 

Plusieurs  inslilutions  contribuent  d'ailleurs  à  propager 
la  connaissance  de  la  musique,  surtout  en  Saxe  et  en 
Bavière;  l'une  de^..  ce  s  institutions  est  celle  des  ^uum 
cfianfewj.  Ce  qu'on  appelle  dexie  niRn  sont  desassocia- 
tïona  d'ëcolien  pauvres  qui  reQoLventàine  instruelïen  gra- 
tuile  dans  des  établissemens  fondés  par  le  gonver^iement. 
Leurs  réglcmensles  obligent  à  chanter  dans  les  villes,  de- 
vant la  porte  dus  principaux  habitons,  des  cantiques  et 
des  chansons  populaires  à  plusieurs  parties ,  en  changeant 
de  rue  et  de  quartier  chaque  jour.  Ils  reçoivent  pour  ce 
service -une  rétribution  qui  est  fixée 'par  des  ordonnabces 
do  police.  On  les  emploie  anmi  dans  les  fêles ,  les  noces  et 
les  jours  de  naissances ,  et  dans  les  funérailles  ;  en6n ,  ils 
sont  chargés  de  chanter  dans  les  églises  des  villes  et  des 
villages  les  jours  de  fêles  et  les  dîmanohes  ;  pour  cela ,  Ils 
se  partagent  en  troupes  de 'seize  à  vingt,  au  nombre  'des- 
quels il  doit  y  avoir  un  organiste.  C'est  parmi  ces  écoliers 
qu'on  choisit  ordinairement  les  maîtres  d'école  de  pa- 
roisses, et  c'est  lie  leurs  rangs  que  sont  sortis  presque  tous 
les  grands  musiciens  de  l'Allemagne  pendant  les  deux  der- 
niers siècles.  .  '  ■ 

'L'intérieur  âes/amUles  piFre  des  exemples  nombreux  de 
réunions  mosicales^i  entretiennent  et  propagent  le  goût 
de  la  musique  chez  les  AUcmands.  Parmi  ceux  qu'on 
pourrait  citer,  dont  l'influence  a  été  sensible  sur  les  pro- 
grès de  cet  art ,  il  n'en  est  pas  de  pins  renMHjoable  que 


349 

celui  des  Bach,  famille  ilJuslre,  de  laquelle  sout  sorlis 
pendant  près  de  dciis  cenls  ans  une  foule  d'arlisles  du 
premier  ordre.  Le  clicf  de  cette  famille,  nommé  VeitBach, 
fut  d'abord  boiilanseràPrcsbourg.  Forc^  de  sortir  de  celte 
ville,  vers  le  milieu  du  seizième  siÈcle,  à  cause  de  la  reU- 
gion  proteslantc  qu'il  professait,  il  se  retira  dans  un  village 
de  Saxe-Goiha ,  appelé  Wechmar ,  et  s'y  fit  meunier.  Là  , 
il  se  délassait  eu  cLantant  et  en  s'accompagnant  avec  une 
guitare.  11  avait  deux  fils  auxquels  il  comniuniqua  son 
goût  pour  la  musique,  et  qui  cammeucèrenl  celte  suite 
de  musiciens  du  mûme  nom,  qui  iuondèreut  la  Thu- 
ringe,  la  Saxe  et  la  Franeonic  pendant  près  de  deux  siè- 
cles.Tou.s  furent  ou  thanleurs  de  paroisses,  ou  organistes, 
ou  ce  qu'on  appelle  en  Allemagne  des  musiciefis  de  viUe. 
Lorsque ,  devenus  trop  nombreux  pour  vivre  rapprocliés  , 
les  membres  de  cette  famille  se  furent  dispersés  dans  les 
contrées  dont  je  viens  de  parler,  ils  convinrent  de  se 
réunir  une  fois  chaque  année  ,  à  jour  fixe,  afin  de  mn- 
server  entre  eux  une  sorte  de  lien  patriarcal;  et  les  li?ux 
ciioisi<i  pour  eut  Erfurt  ,  Eisenach  ou 

Arnstadt.  Cet  usage  se  perpétua  jusque  vers  le  milieu  du 
dix-fauilÎÈuie  siÈcle,  et  plusieurs  fois  l'on  vit  jusqu'à  cent 
vingt  musiciens  du  nom  de  Bach,  liommes,  femmes  et 
enfans,  réunis  au  même  endroit.  Leurs  divertissemens  , 
pendant  tout  le  temps  que  duraient  leurs  réunions  con- 
sistaient uniquement  en  eiercices  de  musique.  lis  débu- 
taient par  un  hymne  religieui  chanté  en  chœur,  après 
quoi  ils  prenaient  pour  thèmes  des  chansons  populaires, 
comiques  ou  licencieuses ,  et  les  variaient  en  improvisant 
à  quaire,  à  cinq  et  six  voix.  Ils  donnaient  à  ces  impro- 
visations le  nom  de  Quofiùels.  Plusieurs  personnes  les  ont 
considérés  comme  l'origine  des  opéras  allemands;  mais  les 
quolibets  sont  beaucoup  plus  anciens  que  la  première 
réunion  des  Bach ,  car  la  docteur  Forkel  en  possédait  une 
toUcclion  imprimée  à  Vienne  eu  i54a.  Un  autre  trait  ca- 
raciéristiquB  do  celle  famille  intéressante  est  l'usage  qui 
s'y  était  établi  de  rassembler  en  collection  foules  les  com- 
positions de  chacun  île  ses  membres  :  cela  s'appelait  tes 
5- 


35o 


tUtièkà'*'  if»  IBaéh.  Charrea-PhïltppÈ-Etnth'Aiiaei  Bacli 


hIlUiëme  siècle;  olle  a  passé,  en  1790,  en  la  p6sst»sioB  dip 
(i,  Georges  Pœlcliau .  à  Hambourg.  ^.  ■ 

Plu*ieurs  autres  famitles,  quoique 'moins  ïlluslres  que 
'  celle  des  Baoh  ,  contribuèrent  cc'pcndant  h  faire  prospérer 
la  ou  h  tiré  de  la  musiqiie  eu  Allemagne  ;  telles  furent  oe|[tcK 
àt»  6sndàt',:des  Kellner,  des  Kleinknecht  ;  telle  est  encore 
aiq  otird^ol  Ciellé  des  fiohrer. 

.  Ii?atfoaF  de  Is  '  tadfelqnA  n'est  point  V^tà  Ui  ItllemsMât 
wt-sènlirAent  loligUéinc  coiâme  ohex  lés  ItaHèiîs ,  ou  une 
;e(i«ablasisdu  de  sénsaliand  raisoonécs,  comine  cirez  les 
Frdnçals  ,  mais  une  'affaire  grave  ,  une  afféiftion  mélan- 
cdËquB  et  profonde,  résultat  des  înstitutions.paf  lesquelles 
se  modifie  lo  caractère  national.  De  là  vient  que,  malgré 
les  variations  de  formes  auxquelles  l'art  estsaumis-,  mal- 
gré les  transformations  quesubissentetle  goût  et  la  mode. 
iMtoaitiea  essentielles  de  la  musique  sont  i  I>bri  d'une 
deHdeace  amâ  prononcée  quà  celle  qa'ân  remarque  en 
jlalïe  :  loin  de  dhnlnaer ,  TaclivM  dè'  ittlsf Miction  mu~ 
flleale  augmente  chaque  jour  dans  les  éct^tf  publiques  et 
daus  l'éducation  privée  ;  des  '  associations  ^d'artistes  et 
d'amateurs  se  formeut  dans  toutes  les  grandes,  villes  pour 
propager  la  connaissance  des  chefs-d'œuvre  :  on  doit 
citer  surtout  celle  qui  a  été  fondée  à  Berlin'  par  le 
proEsssenr  iZelterî  et  qui  tfe  compose' dè  jdttiieara  cen- 
taines de  pamnnès.  Des  joumanx  et  ■.éaH.  écrits  péiib- 
dîqoes  spécialement  destinée  à  entretenir  ,  entre  les 
divers  éUits  de  l'Allemagne  ,  des  comhiunjGatîons  sur  un 
art  dont  les  progrès  intéressent  tonte  la  nation  ;  des  écri- 
vains nombreux  dont  les  travaux  embrassant  tontes  les 
parties  de  cet  art  ;  enfin  des  publications  journalières  de 
compositions  de  tout  genre,  dont  la  mullipKcilé  étonuc 
l'imagination  ,  tendent  à  populariser  chaque  jour  davan- 
tage le  goût  de  la  musique  dans  cette  cantrjSè'de  l'Europe, 
et  attestent  en  même  temps  une  eonsommaAOB  dont  on 
n'a  point  d'idée  en  France.  Par  exemple, catalogues 
allemands ,  tant  anciens  que  modcrne^^ ,  ft(in<j^ent  Texis- 


posuédait  cette  intéressante  collection 


\A  fin  du  di;^~ 


55i 

t'eace  de  plus  de  deux  milli;  recueils  de  compusilions  puiiv 
Vor^b;  nous  n'eu  pusaédons  pas  vingt.  Les  cpUection^  de 
mtaiqtie- sacrée  pabliéea  à  Leipsick  ,  à  AugriHitâg^% 
Hamboarg,  à  Vienne,  à  Offcnbacii,  etc.,  otTrëtiï' ûAê 
Wrie  ds  plijB  d6'(iuatrc  mille  messes  ,  rtioletfi,  litanies  , 
^â^Kif,  afltiènneset  Te  Deum  qui  ont  ùli  composés  de- 
pifis  16  milieu  dd  dix-huitième  kiëcIc  ,  et  la  France  toute 
entière  n'en  a  peul-flrc  pas  produit  la  centième  partie,  te 
reste  esl  dans  la  iiifiiie  pvripot  lion.  On  conctiil  donc  ([u'a- 
vec  ses  institutions,  sei  écoles,  .son  aelivilc  productive  et 
sa  consommalinn  proportionnelle ,  rAlIcmagnc  est  à  l'abrï- 
d'iine  décadence  de  la  moslqiie  en  ce  qa! 'concerne  lapra' 
tique  de  cet  art.  Si  l'écofe  de  Violon  ttiUdét  pfâ'%^ïl|ilu 
ÎBnrda  n'a  point  produit  dé  violonistès  dS  premier  otdirâ',*' 
sl£oK,'Fracnzi,  Maurer,  Mœ,>!er,  SpohretTlohrersonliriré^ 
rieui'B  anx  grands  artistes  des  écoles  ilali^ne  et  français^, 
ce  sont  cependant  des  hommes  d'un  talenf  estimable.  Ber- 
nard Hem  berg  et  M.  Slai  Holircr  sulliscnt  ,1  la  gloire  de  l'Al- 
lemagne pour  le  violoncelle  ;  Dupotl  et  Lindiey  sont  les 
seule  que  la  France  et  l'.^ngleierrt;  peuvent  leur  opposer. 
Quqnt  àox  instrumens  à  venl ,  Vienne  ,  Muuich,  Dresde, 
et  Mjt'^  .ne  me  paraiiuent  avoir  rien  à  epj'ier  aii  teafe  de 
l%AifW  i  le  coï  «  1^  trtifnpëfté  ,  ie  KUac^l^^ 
TfhXmeaAAt  et  la  France  n'a  rïén  tjiii  puïme  sooteilff 
ttP'ifnidpafidion  avec  Bfcrmann  pour  la  clarinette.  Parmi 

.  leàjiâihjiîlin  t  Hdmmcl,  Mosclielès  ,  Hie.i ,  Vi\is  et  Czerny 
nilë  é«o1e  nouvelle  qui .  si  elle  n'est  pas  la  plus 
pure ,  est  au  moins  fort  lirill.mie  .  ni  plusieurs  d'entre  ens 
soLil  .i'.i  |iri'uiif'i'  raiii;.  i  e  eli.iEil  n':--.l  \ijs  la  partie  la  plus 
floriv.anli'  du  i.i  1.111^411, ■  .airm.iii.].-  ;  .[uelipie,',  lalens  fort 

.  agréables ,  tels  que  ceu.t  ^lo  H.  Blum  et  de  M™  Sontag,- 
l^i^^t  WespermauD  ne  sulBsent  pas  ptjur  oo^tater,J^'e^- 
^^^^ï^t^l^vuie  école.  Aumuijde  psB  ial«9Brite^^p«l|A, 
lés  beaux  temps  du  chant  italien  et  ne'.pourrait -Inérae 
lutter  avec  avantagé  aV60  <!ri'^ili  Vint^  de  chanteurs  sur 
la  terre  classique  de  fa  m^ldflie'.  ïl  est  juste  d'ajouter 
cependant  qu'il  n'y  a  point  en.  cela  de  dc^eadeucc;  car 
malgré  les  élog>:s  qu'on  a  donnés  ù  divers  chanteurs. 


iiolamnioiil  à^M"'  Lebrun,  je  crois  que  Ituff  est  Icsoul  granil 
thaiiteur  qu'ait  produit  l*Allemag]ie  *.  J'arrive  à  l'oljet 
imporUiildo  l'état  actuel  de  la  musique  dans  ce  pays  :  Igp 
compositeur!)! 

LepluN  graml  nom  qui  se  présente  d'abordà  lamémoirei 
le  premier  dans  l'échelle  dea  facultés  comme  dans  l'ordre 
chronologique  est  celui  de  fieetboven.  Ce  nom  réveille 
aussitôt  le  souveuir  d'un  génie  ïndépesdaut ,  souvent  ori- 
ginal et  naturel  ■  quelquefois  bizarre  et  affecté  i  mais  exer- 
çant continuellement  sur  l'esprit  de  ses  compatriotee  une 
influence  qui  les  a  jetés  au-delà  de  certaines  bornes  qu'il 
semble  qu'on  ne  peut  franchir  sans  cesser  d'être  ïnlellî- 
giblo.Jene  rappellef&i  point  ici  les  détails  que  j'ai  doBnés 
Bur'la  vie  et  les  ouvrages  de  oe  grand  artiste  '  :  je  me  bor- 
nerai à  faire  remarquer  que  ses  compostlîons  sont  à  la 
musique  ce  que  les  productions  de  Goetlie  sont  à  la  littéra- 
ture. L'analogie  me  semble  frappante.  Souvent ,  même 
élévation  dans  la  pensée ,  même  indépendance  dans  le 
plan  :  quelquefois,  même  vague  dans  la  rêverie ,  même 
ouUides  principes  les  plus  positifs.  Tantdt  le  naturel 
le  plus  exquis  et  tant^tt  le  ton  le  plus  guindé  :  enfin  sou- 
vent un  style  entraînant  et  quelquefois  iuoomprébensible. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  oirctms tances  qui  auraient  étd 
contraires  au  développement  des  idées  de  cet  homme  de 
génie,  s'il  fût  né  cinquante  ans  plus  tAt  ,1c .servirent  mer- 
veilleusement à  l't^puque  où  il  se  trouvait  placé.  Le  sys- 
tème di!  la  Iraiticendance  des  idées  que  la  philosophie  de 
Kant  avait  mis  en  vogue  ,  la  direction  nouvelle  que  les 
travaux  de  .Leasing ,  .de  Schiller  et  de  Goethe  avaient  im- 
iwiniée  aux  esprïtà,  tout  concourait  &  faire  adopter  ave« 
enthou^asme  des  compositions  oh  l'on  affectait  de  i'^Ûtan- 

(i)  Antoine  Rdt,  duntcnr  de  l'ileotsar  da  Batitre,  Et  le  pieaûa 
tenw  de  TAUem^e,  naquit  iHonn  ver*  1710.  Dtns  n  j«nneMe  il 
alla  an  Ilafie ,  j  itjolina  long-tempi,  et  devint  l'éliTe  de  Bemacchi. 
Van  ijSo  flaff rivait  à  Manhdni  daiularettùte;  troîi  ans  après  il  m- 
ritlacDurAUnnloh.  DaMnn  Igelbrt  avancé  il  chantait  eneoréavcc 
biBODOnp  de  gatit, 

(i)  Voyez  ta  flnvisAfaiiMb,  □■4>P-  <>4-  ' 


5â3 

chirdea  règles coiiiiniiiies.  Les  succès  île  BeclhoVeii  Iracè- 
rent  la  routo  aux  jeunes  musiciens  ;  chacun  s'cmprcas.i 
de  la  suivre ,  et  comme  il  u'csl  pas  fncilc  de  s'urrCter  dnn.i 
L'C  romaiitisriie  de  l;i  iiiiisîcjiie  ■  on  finit  par  Ironvtr  le  mo- 
dule Irop  simple , cl  par  dÉpnssCf  lus  liornes  dans  lesi|uelles 
il  était  resté. 

Les  compoxi leurs  les  plus  remarquables  de  la  nouvelle 
^cole  sont  :  AIIII.  llummcl,  Meycrbecr,  Charlos-IUarie  de 
Wcber,  b'cdca  et  Spohr.  Le  premier,  qui  s'est  livré  prin- 
cipalemcut  au  slylc  instrumental-,  cl  qui  jouil  en  CR  gcnic 
de  la  réputaiioii  la  plus  Lrilluutc  et  la  plus  méritt^i;,  tout 
en  adoptant  les  lormcs  nouvcItcR.  a  ccpendani  conservé 
ks  qualités  clasKiqucs  d'un  style  pur  et  d*une  raison  qui 
ne  l'abandon  lien  l  jamais.  l!n  parlant  de  l'état  actuel  de  In 
musique  en  Italie,  j'ai  rangé  M.  Meycrbeer  parmi  les  uiu- 
BÏcietis  (le  l'école  ultramuiitaine,  parce  qu'il  en  a  adopté  le 
système,  et  parce  qnc  ses  prlitctpaiix  ouvrages  ont  élé  écrîls 
eu  Italie  ;  jo  me  dispenserai  donc  d'eu  parler  ici.  Quuiil  à 
Fesea  ,  j'ai  donué,  âuius  la  Rewe  Musicale,  une  nolicc 
sur  sa  vie  et  sur  ses  ouvrages  qui  me  parait  sulOsaiilc'  : 
il  lie  me  reste  donc  plus  qu'ù  parler  de  Charles- Marie  Av. 
WcberctdeM.  Spohr. 

Charles- Marie  dc'\S'ebcr,  né  en  ipS-,  daus  la  petile  ville 
(le  Eutin  ,  dans  le  Holstctn  ,  inanifesla  dès  sou  enfance  de 
grandes  dispositions  pour  la  musique.  Lorsqu'il  eut  alleinl 
sa  neuvième  année ,  il  lut  confié  au\  soins  d'un  musicien 
danois,  nommé  Ucuschkcl  qui ,  cii  peu  de  temps,  lui  en- 
seigna tout  ce  qu'il  savait,  fiienlijt  ce  maître  lut  insuOisanl. 
et  le  jeune  Wciier  fut  placé  sous  la  direction  de  niiehel 
Haydn.  L'excessive  sévérité  du  nouveau  prol'esseur,  loin 
de  hâter  les  progrès  do  sou  élèvo,  sembla  éteindre  sou 
goût  pour  la  musique,  et  l'on  fut  obligé  de  l'envoyer  à 
Munich,  en  1798,  pour  ranimer  son  pcnchani  pour  eut 
art.  Là,  il  se  livra  i  l'élude  du  piano  sous  lu  eunduilc  de 
J.  N.  Calelier,  cl  prit  des  leçons  de  chani  d'un  mallrc 
italien  nommé  Valcsi-  Il  se  senlil  biciilôl  1111  iii'ncli.iut 
décidé  pour  la  musiipic  dramaliquu.  cl  ^i'^  l'tuiles  n'i  - 


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laiciiE  (luint  terminées  iju'il  avuit  déjà  écrit  son  premier 
opéra  qui  avait  pour  litre  :  Dio  Macht  der  Lieic  und  des 
Peines  {  lu  force  de  l'amour  et  du  vin  },  qui  ne  semblait 
point  annoncer  les  succès  qu'il  devait  obtenir  uu  jour. 
Eu  1800,  il  comijosa  celui  de  Dos  !V atd  Mwdchen  (  la 
nile  des  bois ) ,  qiii  indiquait  quelque  talent,  et  qui  fut 
représenté  sur  plusieurs  théâtres  avec  succès.  L'anuÉe  sui- 
vante parut  son  Peter  SchmoU  ({ai  t  par  une  singularité 
toute  allemande,  fut  recommandé  au  public  dans  une 
note  de  niiciiel  Haydn,  qu'on  inséra  dans  les  journaux. 
Ce  fut  après  la  composition  de  cet  ouvrage  que  Weber  se 
livra  sérieusement  à  l'étude  du  contre-point  dans  l'école 
de  l'ahbé  Vogler.  Eu  i8d6,  il  l'ut  nonkmé  maltro  de  cha- 
pelle à  Itreslau  ;  mais  bientôt  la  guerre  de  Prusse  l'obligea 
à  quillev  cette  ville,  et  à  s'engager  au  service  du  duc 
Eugène  de  Wurtemberg.  II  s'y  livra  principalement  à  la 
compusitiiHi' instrumentale ,  et  revit  son  opéra  de  la  Filie 
des  irais  <pi'il  reproduisît  sous  le  titre  de  Sylvana.  Avant 
181U  ,  Webcr  avait  fait  plusieurs  voyages  pour  donner  des 
concerts;  dans  celle  année  il  alla  h  Francfort  et  à  Berlin, 
où  il  obtint  de  brillanA  succès.  A  Darmstadt ,  il  composa 
son  opi'ra  de  Ahul  Hassan,  dans  lequel  on  remarqua 
quelques  bons  morceau.\.  Appelé  à  Prague  comme  direc- 
teur de  l'opéra,  en  i8i5,  il  occupa  cette  place  pendant 
Iroîs  ans;  l'ouvrage  le  plus  remarquable  qu'il  écrivit  à 
celte  époque  fut  sa  cantate  Kampf  und  Sieg  (  combat  et 
victoire  }.  A  la  fin  de  son  engagement  à  Prague,  il  se 
remit  à  voyager,  cl  finit  par  se  fixcrâ  Dresde,  où  il  ob- 
tint la  place  de  directeur  de  l'opéra  allemand,  qu'il  a 
conservée  jusqu'à  sa  mort.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il 
compflsason  célèbre  Freiscfiût:,  ijui  est  connu  en  1^'rancc 
sous  le  nom  do  RoHn  des  bois.  Cet  ouvrage  fut  repré- 
senté à  Berlin  pour  la  première  fois ,  eu  1891,  et  fut  suivi 
de  Preciosa,  drame  pour  lequel  Weber  a  écrit  une  ou- 
verture, une  scène  mélodramaliquc .  un  air  de  danse  et 
un  cliccur,  et  à'Euri/anifte,  dont  le  succès  fut  contesté 
dans  plusieurs  villes.  Le  dernier  ouvrage  de  ce  composi- 
Icur  est  .mil  npi'-rn  A'Obernn  qu'il  a  écrit  pour  Londres. 


355 

4f>[tBlé  <laua  ce  tic  ville  pour  en  diriger  la  iniau  en  iittiic 
il.y'sBt  inocLau  mois  Je  juin  i6a6,  laissant  une  veuve  et 
des  cnfans  dans  un  éial  peu  farliiiié.  Outre  ses  eoii]|iosi~ 
lions  draïuutîciues ,  >Vcbcr  a  écrit  des  fi;ymplioiiies ,  des 
concerlos,  des  sonaies ,  des  rjutaîsieset  plusieurs  roctieils 
de  chansons  alleniandes.  Il  s'était  beaucoup  ueeupé  du  la 
théorie  de  la  musique  i  plusieurs  journaux  allemands  coii'i 
tiennent  des  arliclcs  iutércssaus  sur  cet  art ,  qu'il  y  a  iaiL 
insérer.  Dans  leii  dernières  uuuées  du  sa  vie,  il  a  écrit  ui^C 
cspÈCB  de  roman  sur  la  iiiusi<ine ,  <|!ii  e^t  iniilulé  :  Kttitsir 
ters  Leben  (  la  vie  d'artipte  )  ;  on  eu  préparc  en  ce  mu- 
meut  la  publication. 

Le  succès  prodigieux  de  l'opéra  de  Freischûtz  a  placé 
^out  à  coup  Vcber  àla  lële  des  .compositeurs  dramatiqucK 
•le  rAllemagne^  jusque  là ,  son  nom  était  resté  sinon  dans 
une  obscurité  complète,  au  moins  dans  une  estime  fort 
circouscritc.  Une  question  ko  présente  :  Ce  succès  est-il 
dû  principalement  à  la  musique  au  au  sujet  de  la  pièce* 
i'ondésuruuc  superstition  populaire?  Je  l'avouerai,  quoi- 
que je  me  plaise  à  reconnaître  du  mérite  dans  la  musique 
de  Freiscbùtz,  je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  la  uousidërer 
comme  l'unique  cause  de  tai)l  d'culliousiasmc.  Le  chant 
me  semble  Être  fréquemment  tourné  d'une  mauière  pé- 
nible ou  triviale;  les  voix  saut  souvent. mal  disposées,  cl 
l'harmoiiie  cet  plus  bizarre  qji'agréable.  Uais  la  couleur 
de  la  composition  est  bien  saisie,,  les  chœurs  sont  d'un  bel 
effet;  la  dernière  scène  du  second  acte  est  d'une  origiualilé 
très  prononcée,  et  l'instruinentation  est  .souvent  neuve  el 
piquante.  11  y  aurait,  h  l'égard  do  cet  ouvrage,  un  milieu  à 
leuir  entre  les  éloges  exagérés  elles  critiques  amëres  ; 
mais  qui  est-ce  qui  se  tient  dans  de  jusics  bornes?  11  est 
une  considéraliou  dont  il  est  dillieile  de  n'élre  pas  frappé  : 
c'est  que  Wcbcr  avait  peu  d'idées  ;  ce  qui  lo  prouve,  c'est 
le  petit  nombre  d'ouvrages  qu'il  a  produits  dans  une  car- 
rière musicale  de  près  de  vingL-cinq  ans.  Cependant  ua 
seul  opéra  a  sidïi  pour  lui  donner  une  célébrité  que 
Mosart  n'a  point  eue  de  sou  vivant ,  aprè.s  avoir  produit 
vingt  chefs- d'oeuvre  eu  tout  genre. 


356 

Après  Weber,  le  musloieii  [jui  joiiîl  eii  Allemagne  de  la 
plus  grande  répulalinn  eut  louis  Spolir.  Né  à  Seesen,  dans 
le  duché  de  Brunswick,  eu  i?64t  U  étadia  d'abord  le 
violon  sons  la  direction  de  Mancaurl ,  et  prit  ensuite  des 
leçons  lie  François  Eck.  Après  avoir  voyagé  pendant  plii- 
Hicurs  années  dans  les  principatcK  villes  de  l'Autriche,  de 
la  Prusse  el  de  la  Saxe .  il  accepta  ,  en  1 8o5 ,  la  place  de 
maître  de  concert  el  de  cumposileiir  du  duc  de  Gothi.  En 
i83u ,  il  a  fait  un  voyage  en  Angleterre  et  en  France  ;  arrivé 
ù  Paris ,  il  s'y  est  fait  entendre  dans  un  concert  à  l'Opéra; 
mais  il  a  eu  peu  de  succès  comme  violunisle ,  et  u'a  point 
tardé  à  retourner  en  Allemagne.  Outre  beaucoup  de  con- 
certos, dequaluorx,  dequinlelti,  de  symphonies  el  un  iVo- 
nelta  devenu  célèbre,  Spohraécrit  plusieurs  opéras,  parmi 
lesqucison  distingue  Atruno,  Faust  ^\Jessonda.  Ces  ou- 
vrages jouissent  en  Allemagne  d'une  brillante  réputation; 
pepen()ant  ils  sont  presque  entièrement  dépourvus  de 
chant;  l'harmonie  en  est  d'ailleurs  si  tourmentée ,  el  les 
modulations  sont  si  multipliées ,  qu'ils  causent  à  l'audi- 
teur plus  de  fatigue  que  de  plaisir. 

Les  défauts  que  je  viens  de  reprocher  à  Spohr  sont 
ceux  de  toute  l'école  allemande  actuelle.  II  semble  que 
tous  les  compositeurs  se  croiraient  déshonorés  s'ils  écri- 
vaientdes  chants  simples  et  naturels.  Lorsqu'il  leur  arrive 
par  hasard  d'en  trouver  un  ,  ils  se  hâtent  de  le  déguiser 
et  de  Panéantir  sons  une  masse  d'accords  incoLérens ,  et 
sous  des  modulations  qui  ne  permettent  même  pas  de  le 
reconnaître.  Ou  ne  peut  douter  que  le  public  se  lasse 
bientôt  de  ce  genre  fuuK.  et  qu'il  ne  rappelle  les  auteurs  , 
par  de  sévères  averlissemcns ,  à  des  idées  plus  raisonua- 
blcs.  De  jeunes  compositeurs  {  MM.  Wolfram  et  Heu- 
dclsohn  )  s'annoncent  en  ce  moment;  maïs  ils  n'ont  point 
encore  produit  assez  pour  qu'on  puisse  se  former  uue  idée 
juste  de  leur  talent. 


OlgrtizodbyGoos 


r  ■ . 

;  .  85? 


WOUVEIiÈS  DE  PARIS.. 

THÉATAE  ROTAÏ.  ITAI,IEN, 


Quoiqu'une  sorte  d'activité  se  fasse  remarquer  dans  l'ad- 
mînîslration  dd  Théâtre  Italieu  ,  soil  par  dus  d<ibiils ,  soil 
par  des  pièces  nouvelles  ou  remises,  lu  rtsullal  est  peu 
satisfaisant,,  et  lesuçcËs  n'a  point  coaronn6  jusqu'ici  les 
efforts  qn'oo  a  fiiits  4epuiB 'quelque  temps.  A  M"*  Albini, 
qui  ji'a  taijué  que  de  Aiblea  tonTenlrs,  ont  succédé 
M"*  Feiiolti  el'  la  Paitor^ia  Feudataria  qui  sont  d^A 
ooMide;  voici  veair  H"  Gania  oû  Garcia  et  la  reprise  de 
Torvaido  e  Dorlisfça  :  la  oantabjce  on  ronvragQ  ramène- 
rgnl-ils  la  finile  au  théâtre  Favart?  Notu  en  doutons.  Di- 
sons pouvtjuoi. 

Bl°*  Garcia  est  douée  d'une  voix  de  soprauo  qui  com- 
prend deux  octaves  d'ut  à  ut  :  cette  voix  est  pure,  égale, 
Uen  timbrée,  et  jamais  la  fatigue  ne  se  fait  apercevoir  daos 
jéf  aons  du.liaul.  Uais  cette  même  voix  est  lourde  >  empâ- 
tée} llntonadon  eit  souTent  trop  élafée,  et  sa  vooalisa- 
lîoa  est  défectueuse.  1,6  chant  de  U"  Garcia  est  d'ailleurs 
dépourvu  d'expression  et  de  sentiment.  Cependant,  telle 
est  la  puissance  d'unevoix  francheet  pure  que,  malgré  ses 
défauts.  M"  Garcia  a  recueilli  beaucoup  d'applaudisse- 
mensdans  plusieurs  morceaux,  et  notamment  dans  le  duo 
à'Armida  qu'on  a  intercalé  dans  le  second  acte  de  Tor- 
voido ,  et  qu'elle  a  chanté  avec  Ouiizelli.  En  somme ,  Ma- 
dame Garcia  peut  obtenir  quelque  succès  auprès  des  dcmi* 
connaisseurs,  oiais  n'a  point  ce  qu'il  faut  pour  rendre  au 
ThéAire  Ilalion  de  Paris  le  lustre  qu'il  a  perdu.  Attendons 


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M'"  Pîsaroni ,  el  surloul  capéroos  qu'on  ne  nous  la  l'er» 
point  Irop  attendre.  Pietà  di  noî,  signer  Paer,  ptetà. 

Il  est  dilTicile  d'imagiaer  rien  de  |itus  absurde  (juc  c 
titretto  de  Torvatdo  e  Dortiska.  Le  sujet  est  celui  do 
Lodoisfia,  mais  tâllomeut  défiguré  qu'eu  a  beaucoup  de 
peine  à  le  reconnattrc.  Il  semble  que  le  poeta  ait  pris  a 
lâche  d'écarter  toutes  les  situations  intéressantes  qui  rcs- 
sorlcnt  naturellement  de  ee  sujet,  cE  de  les  remplacer  par 
des  bouffonneries  ridicules.  On  serait  teotù  d'assigner  à 
cette  cause  le  sommeil  du  génie  do  Rossini  dans  cet  ou^ 
vrage ,  si  l'on  ne  savait  que  le  Barbier  deSévillt,  OteUo, 
et  ce  mâmc  Torvaldo  ont  été  écrits  dans  l'espace  de  quatre 
mois:  cela  lient  du  prodige,  et  l'on  conçoit  plus  faeiletaent 
la  fatigue  qui  se  fait  sentir  dans  Torvaida,  que  la  possî- 
bililéde  composer,  après  avoir  produit  deux  chefg-d'ceuvrc 
eu  si  peu  de  temps.  A  l'exception  d'un  trio,  au  premier  acte, 
ot  de  quelques  motifs  d'accompagnement  assez  élégans, 
tout  est  très  faible  dans  Torvaldo.  On  y  trouve  une  foute 
do  réinînificcnces  que  l'anleur  n'a  pas  même  pris  la  peine 
de  dissimuler  pardesarrangcmens  ;  Rossinî  éprouvait  évi- 
demment un  dégoiït  de  musique  en  écrivant  cet  opéra. 

les  acteurs  par  qui  il  a  été  cbuuté  à  celle  repriec ,  sont, 
outre  madame  Garcia  ,  Donzelli,  Zuclielli,  Pellegrini  et 
mademoiselle  Amigo  atnée.  Zuchelii  a  fort  bien  chanté  la 
plupart  des  morceaux  de  son  rôle,  et  particnliËrement  un 
air  que  Levasseur  avait  introduit  autrefois  daus  Tancredi. 
Pellegrini  a  étiî  plaisant,  et  n'a  point  mérité  la  sévérité  que 
quelques  personnes  ont  montrée.  Ou  devrait  avoir  quel- 
que déférence  pour  la  vieillesse  d'un  talent  réel.  Quant  à 
Donzelli,  nous  présumons  qu'il  était  indisposé,  car  jamais 
il  n'a  moins  bleu  chaulé.  La  mémoire  lui  a  manqué  dans 
sou  air  du  Jircmier  acte;  il  a  passé  une  reprise  du  motif  et 
a  BU  beaucoup  de  peine  à  so  remettre. 

—  Un  jeune  bnmmc  nommé  Scrda,  qui  a  été  élève  du 
pensionnat  de  l'École  royale  de  musique,  a  débuté  à 
l'Opéra  dans  les  Mystères  d'Isis  el  dans  le  le  Si&ije  de  Co- 
rinthe.  Sa  voix  est  belle,  bien  timbrée  ,  et  sa  prunoricia- 
lion  est  ncltc.  Itiul  heureuse  ment  l'étude  des  râles  qu'il 


359 

avait  faîte  bous  Adrien  et  soiu»  les  autres  maîtres  iettéeta- 
motion  tyriqw,  lui  a  fait  adopter  un  système  d'émission 
de  voix  très  défectueux,  qui  étaitcelui  do  l'ancienaa  école 
de  l'Opéra,  mais  qui  n'est  plusadmissible  a^jourit'liui.  Le 
succès  que  U.  Serda  a  obtenu  doit  l'eDcourager  à  travailler 
sa  vocalisation  aoos  la  direction  d'up  l)pa  mM^î  nous 
ne  doutons  pas  qu'il  ne  devienne  un  o^ant^  fint  ««ti- 
mable,  .  '  _ 

—  H.  Benri  Herz  jeun^  viçnt  d'fitrp  fionmié  pnçùier 
{HBoiste  de  la  chambre  da  roi, 


NOUVELLES  ËTBAHGÈEES. 


LiiPSiCK,  s5avrt<.  Vers  la  moitié  de  ce  mois,  VObt^on 
de  Weber  était  déjà  à  sa  quinzième  représentation  sur 
notre  théâtre,  le  premier,  et  jusqu'à  présent  le  seul  de 
toute  l'Allemagne  qui  ait  fait  jouir  le  public  de  ce  chaut 
du  cygne.  Le  plaisir  qu'on  éprouve  i\  entendre  ce  bel 
ouvrage  va  toqjours  croissant,  même  pour  ceux  qui 
sont  pas  connaissears^  et  c'est  avec  raison  qu'un  criliqaf 
(U.  Rochlitz)  o'a  {MS,orainf de  dire qiie.lejînàfdn second 
acte  est  ce  qu'il  y  a  deplasoriginalet  de  plus  parfait  dffnf, 
unigenrc.  le  iSmars,  aeulieu  une  fËt'é  de  ogniaté- 
moratîon  en  rbonueur  de  ce  grand  musicien.  Après  une 
excellente  représenta  lion  du  Ftviis«Aâfs,,onaTUparaItie 
sur  la  scène  des  groupes  de  personnages  conmiBrepréseit- 
tant  des  idées  principales  que  Weber  avait  le  mieux  expri- 
mées dans  ses  ouvrages.  C'étaient  des  guerriers  à  l'arrivée 
desquels  l'orchestre,  caché  derrière  le  rideau  du  fond  de 
la  scène,  exécuta  le  Lutzow's  wilde  Jagd  des  villageois, 
musique  A'Euryanthù ;  des  cliaesenrs,  chœur  de  cb as- 
ti) cAor  je  ifs  i-udeiD,  ■dmiiablecbiciu'gueiiier  ipii  fût  partie  A'im 
iccncil  trt*  tenarquable  de  duuili  gvenie»  I  qgatie  «td^  mw  aceom- 
Pfgaemtnt,  coqipwfiFW  Wehuw  i8i3,lonàBbgnemde  IlaiU- 


560 

seurs,  d'Eurjfanlhci  des  bohémiens,  musique  de  Pre- 
doia;  des  Elfes,  musique  à'Oiterxm.  Oo^  Go^roIlIlu^J|n,- 
suîle    Stisle  dë'WeËer  placé  au  inilieu  d'une  gloire^ 

On  s'étonne  que  les  deux  grandes  capitales  die  l^Ute- 
magnc.  Vienne  et  Berlin ,  n'aient  pas  montré  plus  d'em- 
pressûciient  pour  juiiir  du  diirnier  chef-d'œuvre  de  ce 
maître.  On  a  lait  mareliaiiilcr  ,  pour  le  grand  théâtre  de 
Berlin ,  la  grande  partition  que  la  veuve  vend  manuscrite, 
le  théâtre  de  Kœnigstadt  offrait  davantage,  indépen- 
damment d'une  rétribution  par  représentation  ;  mais 
l'autorité  supérieure  a  élevé  un  conflit  sous  prétexte  que 
cet  opéra  n'est  pas  de  ceux  que  le  théâtre  de  Kcenigstadc 
est  autorisé  à  représenter ,  comme  si  un  ouvrage  oili  l'on 
trouve  l'esprit  Puck  et  le  gascon  Scherasmin  ,  n'était  pas 
un  opéra  comique.  On  a  nommé  des  arbitres  pour  décider 
la  question  !  Ne  valait-il  pas  mieux  laisser  jouer  à  l.i  fois 
sur  les  deux  seÈnes  l'ouvrage,  qui  aurait  ainsi  lapporlé 
davantage  à  la  fuRiille  de  l'illustre  auteur  ?  A  Vienne,  où 
l'on  compte  tant  d'amateurs  j  on  ignore  ai  i'OÔjiron.Beta 
biëntat  exÔonté  sûr  une  des  scènes  envahies  pat  Ba^t^a 
etïeS  chanteurs  italiens.  Eu  attendant,  un  maître  de  cha- 
pellè  n'a  pas  reculé  devant  l'idée  de  faire,  d'aprfis  t'édiliou 
poàr  le  piano ,  mie  instruuienlaliou  qu'il  a  adaptée  i  une 
méchanle  parodie  représcnlée  sur  le  tliéJlrc  de  Joseph- 
stadl.  Il  parait  qu'un  ne  peut  i;uért;  se  l'aire  une  idée  d'une 
pareille  prulaiialion 

Il  est  à  peu  pi  i's  ccrlaiu  que  les  manuscrits  laissés  par 
"Weber,  et  dans  lesquels  se  trouvent  des  poésies  pleines 
d'inspiration  et  des  écrits  très  curieux  sur  son  art,  outre 
suttes  la' Kvnstler  Leben  (la  vie  d'artiste),  seront  pu- 
bliés par  Théodore  Hell,  auxquels  ils  ont  été  confiés  pat 
la  veuve.  On  attend  'aussi  quelques  publications  inté^p8< 
"santés  de  M.  'Wilheliu  "Weber,  rédacteur  de  la.  Ciei;*^^ 
'  qui  possède  aussi  des  fragmens  de  Weber  d'une  oprtEiiné 

On  dit  que  Uummel  va  succéder  à  co  grand  musicicn- 
dans  la  place  de  maitre  de  chapelle  h  Dresde,  et  l'on  no 
doute  pas  qu'un  de  ses  premiers  soins  ne  soit  de  faire  exé- 


36t 

culci'  prom|)lcmcnt  le  dernier  ouwage  de  son  'prédéoea- 
seiir,  dont  il  était  l'ami.  ^ 

MiLis.  Théâtre  royal  deilaScala.  —  Iai  Donna  del 
Logo  a  été  représentée  Â  trois  reprises  iljir<;roiitcï  sur  ce 
(h^Âtre.  1(3  première  fois,  cet  opéra  fut  chanté  par  mes-, 
d^^&BeQqO;etTos^,Tacobû^di.ét'.IBQ^tli^çU^  en  |)}]fi|t^ 
-  d^^^^t  «econd  Ulnôrr!U;,râie,âiB  Rodr^o^q^^i,: 
coflnè  )i  une  femme ,  fut  d'un  effet  complètement  pal. 
La  seconde  fois,  cel  ouvrage  a  été  clianté  par  mesdames 
Garzia  et  riKdiciiiL.  Verger,  Alexis  DiipoiK  el  Calli jeune. 
Il  l'est  aiijoiii  d'IiiH  par  Kubiiii ,  mailaïue  Lorcnsani,  dont 
tous  les  Journaux  italiens  font  l'éloge,  et  MM.  Piermarîuî 
et  'Biondini.  On  sait  qu'à  ^aris  Robini  esoita.  l'çQtllpç- 
siàsme ,  et  que  la  manière' dont  fl  'a  clbanié  le  r^.d'Of^^ 
a  laissé  de  profonds  Bonvenlrs  dans  l'esiirit  des  amateurs 
de  cette  capitale  *  ;  mais  à  Hilan,  il'ta'a^vâjt  janiai8;p^Tii 
que  deos  des  rAlcs  de  demi-caractère.  Dp  p]b^  ou^nuwil 
de  grandeur  d'une  salle  de  spectacle  peut  dépendre  le 
succès  d'un  cliaiitenr  ;  celle  de  la  Scala  c.ïigc  un  grand 
voliinic  .le  \  ;  et.  .l'a):riM  l'oiiiiiioii  ^L'iiérale,  liiiliiiii  cou- 
rait de  yraiids  i  is(|ucs  ;  mais  il  a  f.u  les  surmonter  cuinme 
le  fera  toujours  tout  artiste  ayant  assez  de  tale.nt  pour  se 
faire  écouter  du  public.  Le  silence  est  le  vrai  proteçlqut  de 
toutes  les  voix;  il  suffit  d'avoir' le  secret. de  llmposcmà 
l'auditoire  pour  triompher  :  Rubini  a  donc  obtenu  jin  suc- 
cès complet  et  mérité.  Tl  use  des  fioritures  avec  une  ré- 
serve d'autant  plus  digne  de  louanges,  qu'avec  an  organe 
comme  le  sien  ,  bien  d'autres  à  s^i  place  seraient  tentés 
d'en  abuser.  Dans  la  voix  du  mcdium  et  dans  le  jiassa};!;  à 
l'aigu,  Hnbini  est  si  [iiir  i|il'o]i  ne  peut  le  comparer  i[n'à 
David  dans  ses  plus  beaux  niomcns.  Mesdames  Ruiiini 
(mademoiselle  Cliaiiniel)  el  Lorenzaiii ,  Picrmarini  et 
Bîondïiii  ont  parfaitement  secondé  Itubini.  'tons  les  cinq 
ont  été  rappelés  par  le  public  à  la  fni  de  la  représentation. 

[i)  Le  ontreipundanl  de  MiUa  se  trompe  ;  lu  rùle  d'Otetlu  ne  cod- 
vknt  point  au  moycog  de  Rubini ,  austi  esKe  celni-daDl  leqnsl  il  a 

,  (  Sole  du  ridatltur.  ) 


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56a 

TcBiH.  L'abbé  Bernard  Otiani,  maître  de  chapçlle  de 
l'ëglise  mélropolitaine  de  Turin ,  est  mort  dans  cetlç  ^^e, 
le  a6  avril  defiiier,  &  l^Age  de  fij  ai)B.  £46'  à  fioU^'ê,,  fot 
1735,11  fat  l'un  des  meillenrs  êtbvee  du  père  AlBrliDi'.  bàna 

sàjèuncsseilavaitécrit  quelques  ouvrages  poiir  le  théâtre, 
ïefc  qwe  H  Maesti-o  di  Capella,  eu  17(17,  et  VJnwrsenza 
NaSizia ,  deux  iiits  après  ;  mai.^  |>lus  lard  il  s'ndoiuia  unî- 
tjuenient  au  slyle  d'égliae.  lliirnoy  cnlendit  à  Bologne ,  en 
17^,  un  taudate  pueri  de  sa  composition ,  dont  il  vante 
les  idées  et  la  facture.  Ottaci  se  fixa  à  Turin  en  1767  ,  et  y 
remplit  pendant  près  de  60  ans  les  fonctions  de  mattre  de 
chapelle  de  la  cathédrale.  0.u^.  les  ouvrages  qù'ïla  éqrits 
pouf  le  théâtre  rDjiBl  de  cette ,TllIe,  il  a  piioduitune  quan- 
tilé  conBÏdérabfe  de  inesaes,  de  vêpres  et  de  motets,  et  a 
rivalisé  avec  les  maîtres  de  chapelle  Ferrero  et  Viansson , 
i|ui  jouissent  ri'uiir  gr.iude  i  (''p\il^i:(iri  à  Turin. 

Roue.  Un  coiicûui>  aur,<  lieu  à  la  chaitellc  ponlifieaie, 
le  ^7  juin  prucliaiii ,  pour  ta  réception  de  cinq  chanteurs. 
Les  voix  pour  lesquelles  le  concours  çst  ouvert  sept  :  1°  un 
soprano;  a'  deux  basses;  5°  un  cootr'altA,  ét  ^,^!}  t^por. 
Les  concurrens  devront  être  dans  lea  orilr'es  et  afi  ihol.iu 
tonsurés.  11  est  nécessaire  pour  Élre  admis  à  concounr, 
d'adi'es.scr ,  avant  le  iS  juin,  à  M.  M^u-^u^i,  maître  de  ta 
ch'apcUc  pontiricalc,  un  certificat  tic  bonne  vie  et  mcears, 
et  lés  actes  de  baptême  et  d'admission  dans  les  ordres. 


ANHONCES  OTTERSSS. 


Nocturnes  à  deuas  vaîx ,'  avec  accompagnement  de 
piano, dédiées  à  M.  Caetil-Blaze,  par  M.  le  vioojnte  de  Fa- 
iemes,  membre  de  plusieursacadémiesetsooiéléfi  savantes 
et  pbilarmoniqucs.  Prix  :  6  fr. 

Ouverture  à  {ivand  orchestre,  et  ta  mCmc  arrangée 
pour  le  piano ,  et  gravée  sur  une  neule  planche  de  cuivre, 


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par  M,  Piiclififnmn ,  ônmpdsée  par  H.  le  vicomte  tU  Ka- 
(trhes,  etc.  Prix  :  G  fr.  ■  '* .  ' 

Grande,  sch^,  daiiB  le  genre  italien ,  avec  accompagne- 
ment de  piano,  dédiée  àDIademoIkelle  de  Grimal()i,;)ar 
mém.  Prix  :  g  fr.  . 

'Cèa  trois  oavrâgeâ  ne  trouvent  jch«z  ,lanet  et  Colelîe,rué 
^int-Boporé,  n'  laS,  et  nu  de  Rielujieu,,près  la  me 
FÎeydean.  .        .       ^  " 

, grande  sdnate  ilqualre  mains  polir  le 

fïrfrfo-forlé,  dédiée  à  M.  G.  Onslow,  Op'.  jg,  prix  g  ft. 
arïi,J.  Pieyei.et  nts  ainé,  bou]eva:rd  IHontitiarlr«. 
— Grand  quinletio  pour  Je  forlé-piano,  aved  àicoitipv- 
gnement  de  clarinettè, -eOr,  Violoncelle  el  confte-bafte 
ou  vrolàn',  aHo,  violoncelle  et  Oftnt^bassè ,  dédié  à  M.  le 
général  Wîtzleben;  op.  81  ,  prtx  12  fr.  Paris,  Pleyel  et 
fils  ainé;  •■ 

—  Variations  brillantes  pour  le  piano-forté  ,  avec  ac- 
«otoipagnetnent  d'orcbestre  (adtiéitum),  dédiées  à  ma- 
^me.l£f  batUnne'de  la  HoulUeris,'  op.  8S,  prix  m  fr.  aveo 
•  d^^nay.;  £r.'5oo.  poor  ^ano  aaol,  f  àrb,  PI«j>el  et  fils 
"alnè.  ■•.    ■  ■■ 

Dans  ses  compositions,  comme  dans  son  etétnUon, 
It|.~  Kallbrenner  résiste' au  goUl  des  fui ili lés  qui- domine 
Ai^nlenant,  et  conserve  nna  dignité  dont  les  atlMe»  tft 
vrïtis  amateurs  doivent  lursavoir  gré. 'Les  ouvrages  que 
no'bs  annonçons  se  fonl  remarquet  par  une  vigueur,  une 
ënftrgic ,  ntie  sagesse  de  plàu  auxquelles  ou  n'est  plus  -ac- 
coutumé depuis  l'envahissement  de  la  inusique  par  la 
foule  de,  fautants  et  de  bagatelles  dont  nous  sommes  4c- 
cablés,.  Les  eomj)({sitions  de  H.  Kalkbrenner  rappellent 
)%enreux  temps  o&  les  artistes  étaîenf  moins  occupés  du 
^prodiiif  pét^niarré  4f  leiir  plume  quë  du  soin  de  leur 
glpjfè.'tJns^j^'çable  et  par,  nne  élégance  remarquable 
dvaè  les  traits ,  et  une  harmonie  vigoureuse  recomma"* 


lient  à  ratleiUion  des  musioiem  les  morceaux  indiqués  ci- 
dessus,  et  particulièrement  la  psude  sonate  à  quabfé 
mains  et  le  quînletto.  Ce derniermorceau  a  d^à  obtenu 
le  plus  grand  succès  dans  le  monde  mtuical.' 


DicnoNBAiu  HisiOHniDB  des  Mnsicms,  contenant  des  no- 
tices détaillées  sur  la'  vie  et  les  ouvrages  de  tous  les  écri- 
vains didactiques,  sur  la  musique,  les  compositeurs, 
chanteurs ,  instrumentistes ,  luthiers ,  fadeurs  d'orgues  et 
de  pianos, £t  généralement  sur  tons  les  musiciens  morts 
et  vivans  qnï  se  sont  fait  un  nom  dans  leur  art ,  a^t  en 
France,  soit  dans  les  pays  étrangers;  procédé  d'une  Intro- 
duction historique  sur  les  progrès  et  les  rérolulions  Sa 
toutes  les  paiHes  de  la  mjiHque,  depnù  rantiqaité  jusqu'à 
nos  jouis;  par  F:-J.  'Fét!B,  pràTes^eur  de  oomporilion  à 
l'école  n^ale  de  munque  et  bibliothécaire  de  cet  établis- 
sement. 

Paris ,  Sautclet  et  compagnie  ,  pince  de  la  Bourse. 

Cet  ouvrage ,  fruit  do  seize  années  de  travaux  et  de  re- 
cherches ,  va  éire  mis  sous  presse  et  paraîtra  dans  le  cours 
de  cet  ^té.  Il  intéresse  également  les  artistes  et  les  ama- 
teurs de  toutes  les-clasaes,  et  se  recommande  à  Jeuj*atlea- 
tion  par  le  soin  qui  a  présidé  à  sa  rédaction  ,  l'exactitude 
des  faits  et  l'indépendance  des  jugemens. 

MIU' les  théoriciens,  compositeurs,  cliaoleurs ,  inslru- 
mcotistes,  luthiers,  etc.,  qui  voudraient  communiquer 
des  nojes  sur  leurs  personnes  et  sur  leurs  travaux*i  soat 
priés  de  vouloir  bien  les  adresser  dans  le  n|us  \ueX  débf  > 
franche  port, à  H.  Fétts,  rue  IVonlhoion,  n*  «4*  ^  Paris. 


Très  joli  orgue  deSchweickarl .  cumpoM;  de  cinq  demi- 
jeux,  Bavoir  :  basse  et  dessus  de  bourdon ,  et  de  prcstant 
et  dessus  de  llûte ,  propre  pour  l'églîsQ  et  la  chambre ,  à 
vendre.  S'adresser  rue  de  'Vaugirard,  0*63. 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 
nOfseuDB  DE  coHPOSiTioH  t.  l'école  botile  de  musique, 


EXTRAIT  D'UNE  LETTRE  INÉDITE 

Bu  |Jm  3lmwt, 

]£SDITE  UISBtODNUBE  A  pékinc, 
Uis  *  H.  lunn,  ■ininii  »cBl»ig>  u'iUT,  lb  a  □ctovix  i;84  'i 

Str  (t  (am-fam  tt  sm  Sa  mtui<]n<  c^imst. 


t  FooE  oompléteF  ce  qae  vous  avez  déjà  en  fait  d'instru* 

*  merW}  j'envoie  le  yo  à  six  trous.  Ce  n'est  pas  ce  fameux 

■  yo  învenlâ  du  temps  de  Hoang-tg,  quoiqu'eri  Hiiienl  qiiel- 

■  quBs  auteurs  modernes  :  celui-ci  n'avait  que  Iroin  trous, 
«  et  prisenlait  les  mÈines  pliifiiomèiies  ^icoustiqiics  que  le 

•  galoubet  provençal,  comme J'a  di^couverl  M,  t'abbéllous- 
t  sicr;  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  m'eu  procurer  un  de 

■  celte  espèce,  parce  que  n'étant  d'usage  que  pour  les 
(  grandes  cérémonies  de  rempire ,  U  ne  se  trouve  que  dans 
t  le  palais.  11  n'en  est  pas  de  mÉme  de  celui  à  six  trous; 
c  il  peut  éire  employé  dans  la  muBii|uê  qui  se  fait  chez  les 
«  regutos.  Je  lui  donnerais  volonliers  le  nom  Ae  fiûuho- 
trizmUate  par  allusion  à  la  manière  dont  il  se  joue>J>ien 

(i)  L'origlml  ie  cetls  iMtre  est  eiî  U  poutiuion  de  M.  Nepreii , 
libraifeà  l>*rû,Pa«uge  denPsnonmai,  Elle  Mt  pnTlîed'iiDdVnllGction 
de  leitre*  originales  dn  mimemiisionnairc,  ea  3  lol.  în^rDlio: 


I  (UfTcVenlo  de  celle  qui' a  lieu  pour  la  fliïle  traveraiëre.  Sur 

<  celle-ci  les  doigts  de  la  main  gauche  de  celui  qui  jonc 
t  sont  tournés  en  dcdann ,  et  ceux  de  la  main  droite  en 

<  dehors  :  sur  le  yo ,  les  doigts  de  l'une  et  l'autre  main  du 

•  joueur  sont  tournés  en  dedans.  Od  trouve  ici  que  cette 
t  attitude  est  moins  gdnaote  et  plus  agréable  à  voir,  vous 

<  en  jugeres  en  Msant  emboochw  cet  instrument  par 

■  quelque  joueur  de  flûte  Iraverslèrs. 

(J'espère  que  vous  serez  content  du  fe'  :  s'il  ne  iàtt  pas 
g  autant  de  bruit  que  celui  de  M.  le  duc  de  Chaulaes,  il 

■  fera  peut-être  un  brui^plus  harmonieux.  Je  crois  qu'un 

<  pareil  instrument  ferait  merveille  dans  vos  opéras,  quand 
«  on  a  en  vue  d'étourdir  ou  d'effrayer  les  spectateurs.  Il 

■  peut  servir  encore  à  étudier  la  théorie  du  son ,  et  à  se 

•  convaincre  que  chaque  son  isolé  donne  ses  harmoniques 
«  plus  ou  moini^ensibleB ,  suivant  la  natnre  de  nnstro- 
«  ment  qui  le  rend  et  la  finesse  des  organes  de  ceux  qui 

•  l'entendent.  M.  L'abbé  Itoussier  peut  faire  sur  cela  les 

■  plus  judicieuses  observations  ;  je  m'en  rapporte  à  son 

■  jugement.  Je  me  suis  informé  de  la  manière  dont  on 
(  construisait  ces  sortes  de  grands  to  :  on  ma  répondu  que 
I  la  manufacture  eu  était  à  S<m-Tc1iéou,  et  que  hors  de 

•  là  on  n'en  faisait  qué  de  faux:  que  la  matière  était  un 

■  mélange  de  càfvre,  d'étaiu  et  de  bismuth  dans  la  pro- 

•  portion  suivante  :  dix  li^Tes  de  cuivre,  trois  livres  d'é- 

•  tain,  une  livre  de  bismalh;  que  ce  mélange  était  mis  en 
t  foute,  et  qu'aprbs  qu'il  avait  acquis  le  degré  de  fusion 

•  convenable,  on  le  jelatt  dans  un  moule  de  terre  grasse 

•  pour  lui  donner  la  forme . 

.  Jusque  là  tout  est  aisé  ;  mais  voici  le  difficile  :  il  s'agit 
(  de  lui  iiicor|)urcr  l'harmonie,  si  je  puis  parler  ainsi ,  et 

■  de  lui  donner  le  ton.  On  n'en  vient  à  bout  qu'en  le  for- 

■  géant  et  en  le  travaillant  avec  le  marteau  :  avant  que 
'■  cette  matière ,  qui  a  d^ï  la  Carme  du  to,  soit  entîfirement 

■  refroidie,  on  la  retire  du  moule  pour  la  mettre  sur  l'en- 
>  olume;  plàsiours  ouvriers,  armés  chacun  d'an  marteau, 


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I  frappent  à  grands  coups  sur  toute  la  surface ,  autant  de 

(  de  temps  qu'il  un  faut  pour  lui  faire  acquérir  le  degré 

•  A|)rùs  tuile  première  opdralion ,  on  la  porlu  sur  Je  feu 

■  pour  la  faire  rougir ,  et  quand  elle  est  arrivée  au  degré 
•ideit^aleur  <|nî  précède  imolédîatenientœliii' de  la  fu- 
■.sioi^îf  on  la  «ëtire  pour  la -Jeter  ^  dans  nn  baquet  d*ean 

■  froide.  Ou  la  bal  de  nouveau  de  la  mèoLe  manière  que 

■  ci-devant,  quand  après  l'avoir  retirée  du  baquet  on  l'a 

■  remise  sur  le  feu  pour  la  faire,  rougir  encore  ,  ee  qu'on 

■  renouvelle  autant  de  îo'is  qu'il  est  nécessaire  pour  eu 
I  obtenir  ui]  son  liarnionii;iix  i[iielconi|uu.  AIoi  h  le  maître 
s  ouvrier  s'en  i:ni|Kiru,  vX  c'esl  à  lui  -.eul  qu'il  i:st  ri}scrïé 
a  de  r.iiru  le  rcslc;  ce  qu'il  (^x'.Tiitc  f-ur  l'eiicliinic  avec  uu 

■  marteau  ordinaire  eu  forgeant  à  froid  les  dilfércns  poiutu 

■  dftj^snri'aoB,  les  uns  plus,  les  autres  moins,  seloii  qu'il 

•  ifVEXWi  baosier  ou  en  Irtisier  le  ton.  L'essentiel  db«on, 

•  art  consiste  à  choisir  les  points  sur  lesquels  il  doiti^« 

■  tomber  les  coups  de  marteau  plus  fréquemment  etavee 
<  plus  de  vigueur.  II  a  à  côlé  de  lui  un  diapason,  c^ht^- 

•  dire  un  io  de  comparaison  avec  son  ballant ,  et  de  lem'ps 
«  à  autre  il  frnppo  sur  ce  io  pour  en  comparer  le  son  avec 

■  le  son  du  io  ipi'il  prtîjiarc.  Ce  n'est  qu'apri's  les  avoir 

€  fmi  ;  il  n'y  touche  plus  et  personne  n'y  touclie  après  luii 

■  On  ne  le  polit  point ,  on  ne  le  met  pas  même  sur  letour 

■  poor  lui  perfectionner  la  fonne,  et  feira  di^KalIre 

•  l'empreinte  du  marteau  dont  on  peut>  pour  ainai^'diteï 

■  diatïngaer  les  coups*.  i        '\ -.-.i 
■  Sur  le  rebord  de  cet  instrument  sont  denx^  trous  & 

•  quelque  dislance  l'un  de  l'autK,  poitr  . y -adapter  le  cor^ 

(ijïi  Aptlsa  puni  intércuant  de  faire  coaiuàtre  le  mode  de  labrica- 
iioa~def  litm^AMd'^apréa  la  méthode  dei' Chiaoîs.' Ndoi  croyons  qob 
I  i;tte  fiiddiode  ■  A£  inconnue  en  Fr«iice  jatqn'icli'etlioiupanena 
qu'il  Mnùt  utile  de  faire  dn  eiwis  qui  noui  conduiraient  avui  p«ul- 
éac  it  la  dëcODierte  des  moyens  de  fabriquer  de  boiu)^„Cj^^li;a 
cooi^'  cdléa  da  lerant.  Ce  serait'  une  verilable  L-onqù£té,  car  'Ut 
tam-tam  coîttcnt  jugqn'àtloii  mille  francs,  et  les  ejmbalei  luii]u>ia 
FUueuti  franc*.  (  Note  du  ridacléar.  ) 


368 

don  qni  sert  &  te  tenir  saspendu  qnand  on  vent  en  tirer 
le  son.  La  manière  la  plus  ordinaire  de  faire  usage  du  io 
est  de  passer  le  bras  gauche  dans  le  cordon ,  de  tenir  le 
battant  de  la  maïn  droite  el  de  frapper  vers  le  centre, 
uî  trop  doucement,  ni  trop  fort ,  en  laissant  entre  chaque 
cniip  l'intervalle  d'environ  quatre  ou  cinq  secondes.  Cela 
so  praliijnc  ainsi  dans  les  marches,  et  dans  Ich  circon- 
stances où  il  s'agit  de  donner  des  signaux,  pour  fixer  la 
vitesseoula  lenteur  du  pas,  ou  pour  instruire  de  Cw  qu'il 
dut  exécuter.' Hais  daiiA  tes  occàtiona-ob  tf  'QiSdMâMB&d 
obéissanoe  prompte ,  où  l'on  voudrait  inspïrët'flil'ibbii- 
rage,  oaélourdu'surlc  danger,  on  commence  par  frap- 
per ùn  grand  coup  ilaiis  \p,  [leiït  enfoncement  (jiii  est  au 
centre;  immiSdiatciiiiiiil  a]irifi  ce  premier  coup,  on  en 
frappenn second,  mais  si  mollement,  que  le  battant  doit 
iL  peine  touober;  puis  on  fri^pe  de  soile  flb-angmeatrat 
.à  cUaqud  coup  'de  ibroé  et  de'  vitesse  èf ''ttrft^MB^nfe 
battant  du  centre  &  la  circonférence,  ooaafi^'ift-''Pôa 
avait  une  spirale  à  tracer.  C'est  alors  qoe  tons  leS'toiiB 
contenus  dans  le  sortent  &  la  fois  de  la  manièrelaplaB 
harmonieuse.  Que  ne  puis-je,  monseigneur,  vous  en- 
rvoyer  d'ici  une  paire  d'oreilles  chinoises!  En  vous  les 

■  faisant  parvenir,  je  vous  prierais  d'en  faire  us.ii^c  pour 

■  pouvoir  goûter. tout  le  gracieux  de  celte  harmonie  ;  car 

■  je  crains  fort  qu'avec  vos  orcillc!)  européennes  vous  n'en- 
«tendiez  qu'un  bruit  étourdissant  et  un  vrai  tiutamare, 
clorsque  vousferezossayer  dans  voire  cabinet  la  méthode 
«  de  frapper  sur  le  io,  telle  que  je  viens  de  l'indiquer,  'l  ■ 

€  Dans  l'une  de  mes  lettres  j'avais  annoncé  deuxfo,* 
«mais  la  di£Bcull6  de  l'emballage,  encore  plus  celle -^a 
«  transport  d'ici  à  Canton ,  me  déterminent  ù  n'en  envoyer 

■  qu'un  ;  je  crois  qu'il  suffira  de  rcsic  peur  vous  donner 
^  une  idco  de  l.i  iKiluie  el  de  Tiiirct  de  culte  sorte  d'inslru- 
"  mciii ,  rjuclle  ([u'cii  soil  la  i.ulle.  Si  eepciidaiit  Votre 

<  Grandeur  en  voulait  un  second  et  un  troisième  pour  en 

<  décorer  quelqu'autre  cabinet  que  le  sien ,  elle  les  aurait 
t  au  premier  mot. 

«  En  place  du  second  io,  je  vous  envoie  un  ta-pa,  o*flsl- 


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36g 

■  i-dire  une  trompette  Aa  nombre  de  celles  qui  sont  de  la 

■  première  institution,  du  temps  des  ioventeurs  du  système 

1  musical  ;  car  les  Chinois  posli5rieiys  n'eu  ojil  i:li:ni;:;(;  ni  la 
<  formeiiilacoiislruclioii.J'e[iilisclenicii)ucl^s.s();i.^,Liulrc 
■■instrument  de  la  haute  aiitiqiitlt^ ,  loijui'l  ^lujoiird'liiii 
«encoTS»  comme  du  temps  d'I'no  et  di;  Clmn  est  cm- 
€plo^flt  asoniuagepropre  dans  les  cimvois  fuiiUifcs  et 

■  dïus  plusieurs  autres  cérémonies  qui  sont  |)r,ilt<|iii^cs 
"•par  le  commun.  Son  antiquité  peut  lui  servir  ilc  pnsse- 
< port,  et  c'est  à  ce  titre  seul  qu'il  mérite  d'Otre  accueilli, 

o  L'empereur  Kung-liî  s'élait  fort  oeeu|)L-  de  niiisiquo  , 

•  parce  (ju'iei  la  musir[iic  est  une  nfraire  d'élal,  <it  qu'il 

■  est  essentiel  '[u'iuie  la  mille  ou  dyiinslic  ijui  occupe  iiou- 
«  vellenient  lu  Iriine  ait  sanuihique  propre  pour  ûlre  cm- 
«ployée  dans  les  grandes  cérémonies  de  l'empire;  cet 
■<aa4^  est  de  temps  immémorial.  CAu»avuit  sa  musique 
«iptopreî  Oum-Owàig  ou  Oang  et  tous  les  fondateurs  de 
«id^UMifl  ont  eu  la'  leur.  Il  ne  faut  pas  croire  qu'ils  cban- 
•tf^alënt  pour  cela  les  principes  invariables  de  la  musi- 
«^iâfe^j  'tantBe  réduisait  de  leur  part  à  faire  composer  des 
^.aira  sur  des  modes  dlfférens  de  ceux  qui  avaient  été 

■  employés  sous  leurs  prédécesseurs  d'une  autre  dynastie. 
*Kang'Hi  fit  quelque  cliose  de  plus;  il  voulut  savoir  par 

■  lui-même  si  les  Chinois  tant  anciens  que  modernes 
«avaient  eu  les  vrais  principes  de  la  musique.  Le  P.  Pe- 
;€D^r^,  jésuite  portugais,  et  M.  Pedrini, -missionnaire  de 
-«Ispûpagande  étaientun  peumuatciens;  Kang-Bi  les  as- 

•  86cta  à  des  musiciens  chinois  et  à  des  Han-tin  (  Ihéori- 

■  ouvrage  f>l  a  l,i  IlililiiilLi  'lue  iln  i  lii  :  je  l'.ii  Liivuyé  il  y  a 

■  vautpas  ce  qui  tut  fait  suus  la  dynastie  pri'icédentepar  le 
'  f^iaoe  Féay-yu,,.  Ce  qu'on  traduit  ea  françaia  par  le 

:àia»AdSaecordt  ne  doit  pas  être  entendu  dans  le  sens  que 
<  nous  l'entendons.  L'accord  dont  il  est  parlé  dans  les 

•  livres  chinois  n'est  autre  que  celui  que  nous  appelons 
iwaimon,  lequel,  après  tout,  est  le  plus parCiit  d^  tous 

■  lés  accords.  ■ 


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EXAMEN  DU  TRAVAtt  DE  M.  VILLOTEAU, 


rsOUIB  ABTICIX. 

Le  grand  ouvrage  conna  sotiB  le  noin  de  Description 
de  i'Égypte,  dont  le  gouvernement  a  donné  une  édition 
magnifique,  qui  a  coûté  et  qui  coûte  encore  des  sommes 
immenses,  et  dont  M.  Panckouke  vient  de  publier  une 
réimpression  ia-8° ,  n'a  point  réuni  tous  les  suffrages. 
Tout  en  rendant  justice  au  luxe  de  l'exéculiOD ,  aux  soîdi 
qui  ont  présidé  à  la  confbotion  de  plusieurs  parties  et  au 
savoir  des  rédacteurs  de  ce  livre  gigautesque ,  on  ne  peut 
se  dissimuler  que  des  erreurs  graves  s'y  rencontrent ,  que 
les  détails  de  plusieurs  monumcns  manquent  de  fidélité, 
et  que  l'on  y  a  mis  quelquerois  les  conjectures  du  cabinet 
à  lu  place  des  faits  que  les  circonstances  n'ont  pas  permis 
d'c^taminer  sur  les  lieux.  Les  recherches  que  le  gouverne- 
ment actuel  de  l'iigypte  u  permis  de  faire  dans  ce  pays  à 
la  foule  d'Européens  qui  s'y  sont  rendus  ;  les  nombreux 
monmnens  qui  ont  été  tirés  des  Byppogées,  et  qu'on  a 
Iransportésdans  nos  cabinets  d'antiqnttés;  enfinleadécoo- 
vertes  importantes  que  U.  CbampolUon  jeuneafidtesdan» 
la  langue  et  dans  les  divers  systèmes  d'écriture  des  anciens 
Égyptiens ,  ont  jeté  sur  plusieurs  points  imporlans  une 
vive  lumière  qui  a  manqué  aux  auteurs  de  la  Description 
dei'Égypie.  Cependant,  tel  qu'il  est,  oet  ouvrage  est  pré- 
cieux, parce  qu'il  contient  plusieurs  parties  qui  ont  été 
traitées  de  main  de  maître,  et  qui  sont  à  l'îÂri  de  tout 
reproche. 

(i)  Co  traiail  est  injo're  dans  le  grand  ouirage  d«  la  Description  dt 
rÈgypt',  publiée  par  ordre  du  fiourernBniuntnvec  beaucoup  de  loX"-, 
et  réimprimiSc  p»  U.  Panckouke,  dam  le  rornut  iii-6. 


Tel  csl  le  beau  Iravall  du  M.  Vjllolcait  sur  la  uusiqne 
des  peuples  qui  iialiiiaiujit  ri!.gyple  à  l'époque  do  la  coti- 
quêle  ili;  va:  ]>;iys  piir  r:u'riif''i;  li  :iiir:ii-.i; .  Ii^iv.ii!  no 

iiotioas  les  plus  exactes  d'un  art  qui ,  chez  ces  peuples, 
j^l,ji^j|iff^ept^dp,à|J}re,  Sas  que  wiio-^atiutiUe.  du  peu 
^.^onp^saaqce.;^  jafijn>aU#lQS.daiuil&«tl|iéOTÏë:  et  dans 
rhiatoîre  de  la  musique  j  aucun  de  6eux  qui  ont  rendu 
compte  des  deux  éditions  de  la  Desoriplion  dei'ÉgypU 
n'ont  parlé  du  travail  de  M.  Yillolcau;  mon  intention  est 
de  réparer  ici  cette  omission  ,  persuadé  que  c'est  rendre 
service  aux  amis  de  hi  littérature  musioate  que  de  leur 
faire  connaître  un  ouvrage  où  ilstrooyerotltféaiiïalea.dor 
cumeijs  les  plus  positifs  qu'un  ait:flti|-juiqa,'li  ce' joar.'Bur 
la  musique  des  Orientaux.  -.1  .■. 

iJLpJrayail  de  U.  Villoteauest  dlsiséieaiplasieurB  partie^ 
qHjîWiit^Ms^i»^  dMIBteBffoIumGsdela  Detoription  de 
f$!gi/pU.  La  première  esl  un^distertatioHMur  tammiqu» 
des  anciens  Egyptiens;  la  seconde,  wna  ^isserUniooftUv 
jUs.diverses  espèces  d'instrùmens  de  musique  qu»  a,m 
remarque  par  miies  sculptures  qui  décorent  ies  antiques 
monumms  dei'Egypte,  el  mr  tes  noms  quêteur  donr- 
nèretit,  en  leur  langue  propre,  les  premiers  peuples  de 
ce  pays.  Ces  doux  proniiËres  dissertations  sbat  contenues 
dans  jlçB  volumes  de  l'état  ancien  de  l'Ëgypte- ï-a  troisième 
P^ll^^^^i^ravail  de  M.  Villoteau  esf.  intitulée,:  De  liétat 
a^^^^,^rt  mysiwt  fn  Egypte*  tfu.refeùimn  itiatin- 
riqwÉt  descriptive  des  recherches  et  otservations  faites 
■suif,  lamusique  en  ce  pays.  Celle  p  irlie,  qui  forme  deux 
cent  quarante  page^  (polit  in-lnl.)  (riiuiu  e--ioii  ,  fait  par- 
tie du  quatrième  volume  de  l'i'tat  iiioileirie.  Enfin,  la 
quatrième ,  qui  fle  trouve  duns  le  sixième  volmne  du 
même  état,  a  pour  litre  :  Description  historique ,  tech- 
nique et  littéraire  des  instrumet^s  d»  musique  des  Oriénr 
^Wi^j'  ÈllereDl^rme  170  pages.  -  . -,  • 

■.&WfV*^  ^  plof  ffwid  soin  ait  présidé  anx.i«cl}en>bes 
d9'^r,.y^lo,teaa  !B^r  la  mosiqua  des  aupien^  pêaples.  dê 
L'è8]^^!:-9"°'?H<'oi>  y  remarque  une  érudiliion  raiéf  quoi- 


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5yi 

qiKienlia  il  y  aitapporli!  la  conscience  littéraire  d'un  boo- 
nète  homme,  le  défaut  de  données  positives  l'a  forcé  à  se 
réfngicr  souvent  snrle  terrain  des  conjui^iur,^';,  et  à  pren- 
dre pour  guide  Jablonsky,  E.irciicr  et  It;^  aiilrcs  R,iv,-iii<t 
qui,  dans  le  cours  des  siècles  derniers  ont  leutii  d'éclaircir 
l'iustoire  des  mœurs-,  des  arts  et  de  la  liltér^uns^d^ 
peuple  ohes  qui  tout  était  myslériei^  Le*  ooqJétitti^S^^ 
M.  Villotuau  partissent  souvent faeareiueSj  èf-faiW^ 
comp,-i^]ii.^es  detouB^B  t&tm  antiques 'qtàëîMèUt^j^ 
(li'^pD^iiion  de  l'auteur,  et  qui  pouvafenf  hii^fleri^'âê 
prciivcs;  mais  enfin  oo  sont  des  conjectures,  À itftt'iiS^pd^ 
vall  ëtro  autre  chose  dans  l'état  de  nos  connaissances 
générales  sur  l'Egypte  à  l'époque  oh  l'auteur  a  rédigé  son 
travail.  Les  diverses, collections  d'antiquités  qui  depuis  ont 
été  recneillies  dans  les  tombeaux  do  Thëbes  et  apportées 
■en.Europé,  notamment  celle  du  chevalier  DrovetH^ont 
mis  à  notre  disposition  des  ïnstrumensdpnttui'n'^^j^'' 
trefois  que  des  représentations  plus  ou  moins  grosstèVes 
plus  oumoinn  inridùles  sur  les  monumcns,  et  des  manu- 
iiorilB nombreux,  iloul  les  tk^coiivn-k^s  île  M.  Cliympolliuu 
nouspermettciild'usjiérer  <|ue  imus  luicous  ud  jour  du»  tra- 
ductions exactes.  Peut-être  ces  manuscrits  contiennent-ils 
qVieiqoe  traité  de  musique;  peut-être  avec,  leur  smoiu»  et 
celui  des  instrumcns  parvlendra-c-onâ  dès  feOnàa^feiuijlA 
positives  sur  l'ancienne  musique  de  rÉgypte^jiSqtHj^ 
nous  serons  réduits  h  torturer  des  textes  ùhteaâffpàil^klià 
tirer  des  inductions  dont  rien  ne  peut  noas'gttrftiifâ^lijSfi- 
tilude.  '  '  ■ 

Les  autres  parties  du  travail  de  M.  Villoteau ,  ayant  pour 
objet  l'exposé  de  l'état  actuel  de  la  musique  clicz  IcsdilFé- 
rens  peuples  qui  habitent  l'Égypte,  ont  l'avantage  de  reposer 
sur  des  données  positives  ;  et  comme  l'autour  joint)  à  des 
connaissances  très  étendues  en  musique,  une  érudition 
profonde  et  variée;  comme  il  était  d'ailleurs  animé  dans 
ses- recherches  d'un  sèle  ardent,  qui  ne  reculait  de- 
vant ancane  difflcnifé,  il  nous  a  donné,  sur  la  musique 
des  Orlenlanx  des  renseignemens  qui  ne  laissent  rien  à  dé- 
sirer ,  et  qui  rectifient  taules  les  noilons  fausses  ou  incom- 


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3r3 

piétés  (|iic  nuiis  avions  remues  liu  Kircliur  ,  ilu  Lalionli; , 
Je  Pockoke ,  de  Norden  cl  de  tniis  li;s  voyageurs. 

Le  mémoire  Kur  i'élat  actuci  du  {'art  muHcai  en 
Ègypte  esl  divisi:  en  deux  pariicn  ;  la  premièi'c  traite  des 
divcrsex  espèces  de  musifjv^  de  l'Afrique  en  usage  dans 
l'  Égypte,tl  principalement  au  Kairc;  la  se  eu  ii  do,  de  la. 
musique  de  quelques  peuples  de  l'Asie  cl  de  l'Europe. 
Les  puiiples  dont  la  musique  est  examinée  ou  aiialyKéc  , 
dans  la  première  partie  du  mémoire,  sont  les  Arabes,  les 
Dgypiiens  proprement  dits ,  les  Barabrna  ,  les  habitans  de 
Dougolu  ,  ceux  du  pays  du  Sodaii  ,  ceux  du  Sénégal  el  de 
Corée ,  les  Abyssins  ou  Éthiopiens  et  le*  Qobies.  L'art  mu- 
sical des  Persans  et  des  Tiires,  celui  des  Syriens,  des  Ar- 
méniens, celui  des  Grecs  modernes,  et  celui  des  Juifs 
d'Ègypie  sont  cxpo.sés  dans  la  seconde  partie. 

Jusqu'à  l'époque  où  l'ouvrage  de  H.  Villotcaii  a  vu  te 
jour  ,  la  Iraduction  de  quelques  fragmens  do  manu- 
scrits arabes  sur  la  musique,  faite  par  des  orientalîsteii 
étrangers  à  la  pratique  et  à  la  théorie  de  cet  art ,  et  les 
récils  siiperOciels  ou  inexacts  des  voyageurs,  Staîent 
les  sentes  sources  où  l'en  pouvait  se  procurer  des  rcn- 
scigucmens  sur  la  musique  dsa  Arabes  ,  des  Persans  et 
des  Turcs.  Ce  «luc  Laborde  en  avait  dit  dans  son  indi- 
geste compilation  f|iii  a  pour  titre  :  Essai  sur  la  Musique, 
jirouvaiE  qu'il  n'avait  pas  compris  ce  qu'il  écrivait.  Tode- 
rini  avait  douné  quelques  détails  plus  satisfaisans  dans  sa 
LetieraluraTuTctiEsa  ;  '  mais  l'eu  semble  du  système  mu- 
sical de  ces  peuples  nous  était  inconnu.  Non  content  des 
rcnseîgncmcns  qu'il  avaitrecueillïssur  les  lieux,  et  des  ma- 
tériaux qu'il  avait  rassemblés,  M.  Villoteau,  à  son  retour 
en  France,  s'est  entouré  de  toutes  les  ressources  que  lui 
□ITraient  et  les  nombreux  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
du  roi  ,  cl  l'obligeance  de  nus  savaus  orientalistes,  tels 
que  MU.  Sylvestre  de  Sacy,  Sédilot  et  Herbiu.  Ce  der- 
nier enlevé  trop  lât  aux  lettres  et  aux  arts  qu'il  cul- 
tivait avec  un  égal  succès,  avait  déjà  traduit  pour  son 

(i)  Pag.  a»î  -■^5= 


DtgiiLzed  tty  Google 


1 


nsBgc  plasïeurs'inantucrite  aMbes,  qui  oonliennent  deir 

IraitéR  «le  maaiqiie  :  il  communiqua  le  résultat  de  ses  re- 
cherchen  à  M.  VîUoleau  nt  unit  sus  Ir.nvaiii  aus  siens.  Le 
traité  aiir  la  miisiijuc  ilc  Koilja-A  ùd-Et  Qudry-elRoumy, 
traduit  dp,  l'arjbe  par  HI.  Villotcaii  ,  deux  aiilres  trailés 
iraduits  par  M.  Si-AWoi ,  cl  celui  du  Muzifar  liis  de  Ilou- 
cdn-ti-Anfuifu,  le  imisiclfn  ,  liadiiil  par  M.  Sylveslrc  de 
Sdcy ,  ont  mis  l'auteur  tlii  travail  que  j'analyse  en  (?lat  du 
distinguer  les  divera  systèmes  de  la  musique  arabe, et  d'en 
dresser  àn  grand  lablean  syDoplIqtie,'qui  devait  faire  Huiic 
à  ROA  mémoire  ,  inàis  qui  a  paru'£trè  d'une  trop  grande 
étendue  ,  par  ses  nombreux  détails  ,  pont  être  împrïiné 
dans  le  grand  ouvrage  de  la  Cummifuion  d^â^S^IB  ;\Vil 
qu'il  aurait  dépassé  par  sa  forme  celle  du  format  adopté 
pour  le  lexle  de  cet  Diivrage. 

Quel  -[n'iiit  r:iv.uil;ii;e  Je  lu  yu.Mlii.ii  de  M.  Villo[.';iu 
pour  s'id-^lr-uirc  ■^iir  les  liouv  de  ce  qui  eiiiiccrcie  l.i  miisiqiu' 
des  peuples  qui  habitent  l'iïgyptc ,  il  ne  dissimule  pas  que 
l'état  actuel  de  la  civilisation  de  celle  contrée  u'alfappiorté 
beaucoup  d'obstacles  à  son  desseÎD.  c  LamnBiqne,'dIt>-ilj 

•  qui,  de  temps  immémorial,  avait  été  cultivée  aveo  suc- 
a  cès  en  Egypte  .  tiiii  y  avait  fleuri  avec  tant  d'éclat  sous 
.  les  IMolérn.-es  .  mki-;Ï-s  li(i„i:ii„,,  sous  le  klialyfcs  sarra- 
«  sins  ,  surtout  .s(ni>;  les  Avouliites ,  (jtii  en  faisaient  leurs 

■  délices  ,  et  qui  en  fuvorisÈrcnt  les  progrès  et  en  pro- 

<  tégërent  l'exereice  d'une  manière  si  distinguée ,  cet  art 
(  si  aimttbte'et  si  coaaolant  n'est  plus  regardé ,  eu  ce  pays, 

<  que  comme  une'  chose  futile ,  indigne  d'occuper  les  loi- 

■  sirs  de  tout  h&a  musulman.  Ceux  qui  t'exercent ,  avilis 
■'d^s  l'opinion,  sont  rqetéB  dans  la  classe  mâptisable  des 

■  skitimbanques  et  des  farceurs.  Aussi  n'y  a^t-îl  plus , 
«  parmiIeS%yptiens,  que  des  gens  entièrement  dépourvus 
a  de  ressources,  sans  édiicalîod  et  sans  espoir  d'ubtenir  dans 

■  la  société  la  moindre  considération  ,  qui  se  dt-terminent 

•  à  embrasser  la  profession  de  musicien  ;  et  les  connais- 
«  sanccB  de  ceux-ci  en  musique  iic  s'étendent  piM  Su-delà 
»  du  cercle  delà  routine  d'nne  pratique  usuelle  qu'ils  o'oot 

•  ni  la  volouté  ni  les  moyens  de  perfectionner.  Ne  sachant 


t  ni  lire  ni  écrire ,  iis  ne  pciivi^rrt  l'tuilii^r  \cn  [ruitéa  01a- 

■  iiuBCrîlH  Aur  la  théorie  de  leur  ar>. 

(  Ces  traités ,  fort  rares ,  ijuo'përsonnc  ne  compi'enil  aii' 
«  joiird'hui  en  Egypte ,  ne  se  reiiconirent  pins  ijiie  dons  les 
(  Libliol Iliaques  d'un  très  petit  nombre  de  savans,  ijui  les 
*y  conservent  par  pure  ctiriosilé  ;  ou  bien,  ayant  été 
«  conroiidns  dans  les  vcntUH  avec  d'autres  manuscrit»  de 

•  nulle  valeur,  ils  se  Irouveni  par  hasard  chez  les  li~ 
«  braires ,  sonvcnt  mâme  à  leur  Insu,  sous  un  tas  de  pape* 

■  rasscB  de  rebut,  qu'ils  laissent  pourrir  dans  la  poussiëi'i: 

■  on  manger  par  les  vers  et  par  les  rats. 

■  Ce  n'est  pas  que  ces  ouvrages  puissent  par  ens-mèmcs 
1  donner  des  notions  sufCsanlea  des  principes  de  la  musique 
«  arabe  à  ceuE  qui  n'auraient  pas  d'autres  moyens  pour 
i  les  apprendre;  car,  outre  que  chacun  de  ces  manuscrits 

■  ne  traite  que  d'une  partie  de  cet  art,  la  plupart  ne  sont 

■  évidemment  que  des  copies  très  inexactes  et  très  faii' 

■  tives ,  faites  pur  des  nuisiciens  ignorans  ou  par  des  écri- 
I  vains  de  profession,  qui,  ne  comprenant  pas  ce  qu'ils  écri- 
s  valent,  ne  pouvaient  s'apercevoir  des  fautes  multipliées 

•  qui  leur  échappaient,  ou  qui  Ke  trouvaient  dans  les  prc- 
B  miërcs  copies  qui  leur  Horvaicnl  de  modèle;  et  cela  se 

•  reconnaît  aisément  par  le  désordre  des  niatiùrcs,  par  les 
«  répétitions  inutiles  ou  le  double  emploi  des  mêmes  cho- 
1  ses ,  par  les  contradictions  mêmes  dans  les  idées ,  et  en 

0  général  par  le  peu  d'accord  que  paraissenlavoîrcnlreetix 

1  les  auteurs.  1  ■ 
Les  divisions  et  subdivisions  des  tons  de  la  musique 

arabe  en  une  inlinïté  d'intervalles  très  petits,  que  l'ouïe 
ne  peut  saisir  avec  précision  et  que  la  voiîc  ne  peut  cnlon- 
nci'  avec  une  parfaite  justesse ,  et  la  multitude  de  modes  et 
de  gammes  qui  résultent  de  la  coinbinuison  do  cts  sortes 
d'intervalles.paraissenlàM.  Villoleaudes  preuves  siiflfisaules 
que  celte  musique  a  pris  son  origine  dans  la  corruption  de 
l'ancienne  musique  grecque  et  de  l'ancienne  nuisiqiie  asia- 
tique. 11  est  certain  qu'il  y  a  quelque  afQniié  entre  la  mul- 
tiplicité des  modes  de  la  musique  arabe  et  celle  des  modes 
de  la  musique  grecque,  dontlcs  tables  d'Alypius  nous  ont 


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1 


5;a 

couservù  lafoi'nit;,  Pinii'/jcpn-suuler  auï  yeux  les  intervalles 
udiiiis  dans  !:i  iiiiisiqiiciuraLe  ,  M.  Villuteau  a  eu  recours  à 
lies  signes,  lie  Ucmi-benuiU,  de  demi-diése-j  et  de  demi- 
bce^irres.  donl  la  cnmbiiiaisnii  donne  iicii  à  qnalre-viiigt- 
qualregamniuB  ou  circulacians.  Le  diagrummegém-raldes 
bOUS  contenus  dans  eu  syslèiue  iiiugieïl  s'étend  depuis  {a 
au-desttoiis  de  la  portée,  à  la  ciel'  de  sot.  Cl  s'étend  jus- 
<|u'à  ré  {/ ,  au'desRus  do  la  même  portce;  il  comprend 
quarante  suns.  L'c&posi';  de  co  syslènie  est  fuit  d'après  un 
traité  niaiiuseriCanonyme,  qui  a  pour  litre  VArbrecou- 
verl  de  (Imirs  dont  les  calices  renfcrincnl  tes  principes 
de  i'art  musical.  M.  Villotoau  a  donnti  la  traduction  de  la 
plus  grande  parlie  deee  traité,  qu'il  il aceompagaé  dénotes 
csplicalives,, et  d'une  Iradiiclion  en  noies  européennes  des 
signes  de  la  musique  arabe. 

D'après  un  autre  auteur,  M.  Tillulcou  donne  ensuite  la 
coDslitulion  des  douze  modes  pnneipaux  qu'on  nomme 
O'chât],  Alouseytyk ,  Naoua,  Rasl ,  Ilossei/nt/ ,  Ho- 
pilz,  Rahaouy ,  Zenlilâ  ,  Isfahûn,  E'riîq,  Zj/rafkend 
et  Bouzoiirk.  Chacun  de  ecs  modc8  est  divisé  eu  dix-sept 
taha^ah  on  gammes  parlicuHcrcs  ,  dont  le  mémoire  con- 
tient bi  double  iintiitiun  en  caraclères  urabeïi  et  eu  noies 
eiirnpénnes  ,  maïs  dont  aucune  ne  peut  ûtre  assimilée  à 
nos  gammes  ordinaires ,  attendu  la  niulliplleilé  des  signes 
représentatifs  d'intervalles  naoijidrcti  que  notre  demî-ton 
chromatique,  intervalles  donl  l'usage  nous  eslinconou et 
que  nous  ne  pouvons  nous  repri'^BCntcr  ncllemcnt. 

La  mulliplicité  des  gammes,  qui  ne  sont  que  des  modi- 
fications d'un  mËme  lou  ,  jointe  uu  nombre  de  ces  tans 
qui ,  outre  les  douze  principaux  que  je  viens  de  nommer, 
s'élève  à  pris  de  cent,  est,  comme  le  remarque  M.  Villo- 
teau.  la  cause  principale  de  l'oubli  dans  lequel  cet  art  est 
tombé  en  Orient,  car  il  en  résulte  une  compUcatioD  de 
règles  et  de  principes  telle  que  la  pratique  en  est  excessi- 
vement diiricitc.  Le  langage  figuré  dans  lequel  sont  écrits 
tous  les  traités  de  musique  arabe  les  rend  Tort  obscurs  ; 
mais  l'esprit  d'analyse  ei  de  méthode  qui  ditiliiiguc  l'au- 


leur  du  niiiiiioîre  j'Oïauiiiiu  a  ilissipé  celle  obsourili:, 
autant  ijuc  la  malière  le  permeUail. 

Les  Arabes,  et  généralement  Ich  peuple»  de  l'Orient,  ne 
coxnaiescnt  point  comme  uuns  Tart  de  rcprésculcr  les  sous 
par  dus  signes  ;  eliez  eiii  la  seienee ,  ou  plulùl  l'art  de  U 
musique  est  loiit  de  Irailition.  Voici  ee  que  rapporte  à  ce 
sujet  M.  Yitloloau  : 

(Ce  qui  nous  contrariait  iiurlout  dans  le  commcnce- 

■  meut ,  en  entendant  chaDlcr  les  musiciens  égyptiens  (car 

■  nous  les  faisons  venir  chaque  jour,  chez  nous,  adu  de 

■  pou  voir  observe  rieur  musique),  c'était  do  ne  pouvoir  dé- 
1  mêler  les  modulations  des  airs  parmi  les  oruemcna  mul- 

■  tipliés  et  d'une  bizarrerie  inconcevable,  dont  iUsurchur- 
ogeaient  leur  chant.  Nous  ne  le  dissimulerons  pas;  nous 

■  avons  été  plus  d'une  fois  tentés  de  renoncer  au  projet  que 

•  nous  avions  formé  do  connaître  la  musique  arabe;  et 
<  nous  n'aurions  pas  lardé  à  le  faire  ,  si ,  comme  il  arrive 
usouveut  en  pareil  cas,  le  hasard  ne  fût  venu  àuotre  se-' 
icours,  et  n'eût  fait  réussir  nos  tculatives,  au  moment 

•  même  oîi  nous  nous  y  attendions  le  moins.  Voici  l'expé- 

■  dicnt  qu'il  nous  fit  découvrir.  Un  de  ces  musiciens  nous 
«ayant  chanté  une  chanson  qu'un  autre  nous  avait  déjà 

•  fait  entendre  quelque.^ jours  auparavant,  nous  crûmc.i 

■  en  recODuaitre  l'air,  et  c'était  eu  elfet  le  même-  Pour 
«nous  en  assurer,  nous  lui  fîmes  répéter  plusieurs  lois  le 
«premier  couplet,  phrase  par  phrase,  pour  avoir  la  faci- 
a  lilé  d'en  noter  le  chant ,  aOn  de  pouvoir  ensuite  eu  com- 

•  parer  l'air  avec  celui  que  nous  avions  cru  rccounaUre , 
«  lorsque  nous  aurions  l'occasîun  do  voir  le  premier  musi- 

■  cicn  et  de  lui  faire  chanter  la  même  chanson.  Diins  celle 
«vue,  nuus  nous  appliquâmes  à  noter  avec  l'cxaclilude 
«la  plus  scrupuleuse  tout  ce  que  nous  entendîmes. 

•  Quand  nous  eiiniEs  fiui,  nous  répéldmest'airiau  grand 
«  étonncmcnt  de  celui  qui  nous  l'avait  dicté;  car  il  avait 

■  eu  toutes  les  peines  du  monde  à  s'y  délorniincr,  regar- 

•  dant  comme  impossible  d'écrire  des  sons,  et  d'apprendre 

■  dans  un  quart  d'heure  ce  qui,  uous  dis:ùl-il,  exigeait 

■  une  étude  suivie  [tendant  bien  des  années.  Il  le  trouva 


0]g\\aaO  tty  Google 


3;8 

«exact,  à  cela  près  qtie  noun  no  levions  pas  rcnda  avec 

•  le  mêm^  accent,  le  infime  goût  et  la  tnfimo  ez|wesH[oB 

■  que  liii;  Ce  qu'il  rkgarddit  comme  une  ^bone  inipor- 

•  (ai)te  :  mats  fl  ëlaEt  dans  tme  sorte  d'adn^ratidti'  tfe 

■  noire  Ruccès,  et  ne  cessait  do  répéter  a'ffat/b!  a'gàj^l 
>  (quelle  merveille!  quelle  merveille!  ]  Il  ne  iiotiTait  ot>n- 
(  ccvoir  quelle  figure  nous  avions  pu  donner  aux  soDS^f- 

•  rireiiB  de  sa  voix  pour  les  reconnallre,  et  noua  rappeler 
«leur  liegré  dYIévalion  ou  d'abaissement,  celui  de  leur 
(  durée  ou  de  leur  vitesse.  Kous  aurroita  pu  flur-le-champ 

■  lui  expliquer  tout  eela  ;  mais  voulant  intéresser  sa  ou- 

■  riosïld  dans  les  recherobeB  que  aou»  falaiâ^i ,  l'én- 
■gager  à^Dtfrien' négliger -poar  «ecooder  ^rBrtaptiàiBiBiit 

I  nos  nies,  noualut  promlmet  que,  lorsquè  taiaba^riSfîAta 
'^{>lasInrtruEU  sur  la  musique  arabe,  nous  lui  ferldtWi  & 

■  ndlrB  tour,  connaître  dos  notes  de  musique.  Toulëfiil^ 

■  il  notuparut  soupçonner  que  nou^iavîons  employé  àSibe 
a  chose  que  des  moyens  nimples  et  naturels ,  et  noua  ne 

■  voulûmes  pas  perdre  de  temps  à  lui  prouver  le  con- 

•  traire.  1 

M.  Vilipteau  ajoute  qu'il  a  fait  beaucoup  de  recbïriclieH 
el  prh  toutes  les  Informations  qui  étaient  eu  son  poavoir 
pour  eavoir  si  les  Arabes  n'avalent  point  connaissance 
qu'on  eol  fett  nsage  de  signes  particuliers  pour  noter  leur 
musique ,  mais  qne  leur  réponse  a  toujours  été  négatif. 

II  s'est  même  adressé  à  de»  négocians  Turcs,  natifs  de 
Constantinopte  et  qui  habitaient  an  Kaire;  ils  lui  ont  tous 
affirmé  que  ces  notes  n'étaient  point  admises  dans  la  pra- 
tique ordinaire  on  leur  pays ,  et  qu'ils  doutaient  même 
qu'elles  eussent  jamais  été  d'un  nsage  habituel  générale- 
ment répandu  en  Tnrqule.  Ces  assertions  positives  détmi- 
aent  ce  que  le  pribœ  Cantemir  a  dit  sur  une  notation  de 
la  tnusiquBj  qQ*it  prétendait  avoir  introduits  chez  le* 
Turcs  dé  C<HiBtantinople 

(15  Çanteoiir  (  Diîmétriin  ),  prince  de  Moldavie,  naquit  le  3o  oc. 
lobre  i6;3.  Il  fit  ses  premiùrcs  armes  sons  l^a  ordres  de  sol.  père,  rn 
1691,  et  il  In  mort  de  celiii-ti,  il  fut  nomraë  pour  lui  succéder  par  le» 
baroiu  de  lu  proiincc  [  miis  cette  nominfllion  n'ajiDt  point  éli!  con- 


379 

Lus  Arubci  ne  coiiiiainscnl  point  l'nsagcilc:  l'Iiartnoriic  ;  il 
neruit  diUtcile  qu'ils l'employasseiil ,  cur  la  divlEiuii  <le  leur 
échelle  par  tiers  de  toits  ue  pourrait  H'arrauger  avec  un 
hyalèmc  d'aecords  semblables  aux  nôtres ,  aoa  que  chaciiii 
(les sons,  pris  isolément,  ne  pût  entrer  dans  l3  coRiposi- 
lion  d'un  accord  parfait  ou  d'un  accord  de  sepliiiine;  mais 
la  succession  régulière  de  ces  harmonies  serait  inexécu- 
tiibk  avec  des  successions  de  lïons  moindres  que  le  demi- 
ton  mineur.  On  serait  dans  l'erreur  cependant  si  l'on 
croyait  que  les  tiers  et  les  fleux  tiers  de  Ions  peuvent  se 
remplacer  par  nos  dcmi-lons  mineurs  et  majeurs  ;  quel' 
que  faibles  que  soient  ces  înlervalles,  tes  Atâtyeh  ou  mu- 
sieiens  Egyptiens  les  expriment  '.  ils  y  sont  d'ailleurs  obli- 
gés, la  tablature  de  leurs  insirumens  étant  établie  sur  ces 
divisions.  On  ne  peut  essayer  de  leur  substituer  les  sons 
de  notre  échelle  musicale  sans  changer  la  nature  de  leur 
chant.  Voici  ce  que  dit  à  cet  égard  M.  Villoteau  ;  •  Avant 

■  que  nous  nous  fussions  assurés  qu'il  y  avait  réellement 

■  dans  l'échelle  musicale  de  ces  peuples  des  intervalles 

■  semblables  à  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  nous  at- 

■  tribuions  l'eDet  choquant  et  la.  pénibln  impression  que 

■  faisait  sur  nous  le  cl)ant  des  musiciens  !!gypliens  ou 

■  Aiâtyeh,  soit  à  la  maladresse  de  ceux-ci,  soit  à  la  qua- 

firmée parla  Porte,  il  alln  ïiirn.i  Constnntiiioplp.  KommÉ  depuis Hos- 
podarde  Moldaiîi^,  il  relu^n  deux  fois,  Et  n'accepln  enfin  que  sur  In 
'pmniesie  qui  lui  Tut  faile  qu'il  <eRiit  aflïiiTiclii  de  tmite  esjiècfldc  tri- 
bal pendant  qu'il  gouïwnerait  ceUe  province.  Trompe  dansson.il- 
UnlDjiltrnita  aiec  Pierre- le-Grand.  Il  Tut  conienu  que  In  Moldavie 
serait  érigée  en  priocipaulé  hercditaire,  et  que  Demclriiis  joindrait 
SCS  IrDupen  à  relies  de  l'empereur.  Ce  traite  ne  put  être  ciceutc  pur  la 
trahison  de«  Mnlda*«;  Démétriua  fnC  obligé  de  l'enfliir  et  de  sa  re- 
fagier  dirni  le  ramp  de  aon  allié.  Pierre  rréa  Gnatemir  prince  de  l'em- 
pire Buase  ,  et  tut  donna  de  grands  etabliiaemeni  en  Ukraine.  Il  maU' 
rut  dans  ses  terres  le  ig  août  1733.  Can ternir  parlait  le  turc,  le  persan, 
l'arabe,  le  grec  moderne,  le  latin,  l'italien,  le  ruise  ,  le  muldare,  et 
enlendnit  fort  bien  le  grec  ancien  ,  le  kliTe  elle  français.  Il  était  TCrs^ 
<)ans  les  iciences  et  partieuliérement  dans  la  miici(]<ie.  Toderini  auiiie 
qu'il  écriïit  en  turc  on  tmilé  de  musique  qu'il  dédia  au  sultan 
Âchcmct  Il.On  a  aussi  de  oc  fnat»:  XnlrodiKlionàla  miisiquf  turque, 
en  moldaTC  ,  manuscrit  in-8  g  qui  se  Irouie  k  Astrakan. 


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38u 

«  iilé  Je  leur  voix  ijiii  uVtait  ni  bien  neltc  ni  Tort  aasuréi; . 

•  Boil  à  un  dt-faut  naturel  qui  rendait  leur  voit  et  leur 
(  oreille  rauKSCs.  Ainsi,  lanlût  exprimant  pnr  un  dièse  li: 
a  tiers  de  Ion  asccnilant ,  nous  notions  l'air  dans  le  mode 

•  niajei),r;  et  quand  nous  rexéculions  ainsi  devant  oolro 

0  mêmes  noim  nons  apercevions  que  cet  air  avait  un  ca- 

•  racliîre  tout  difTércnt  de  celui  qnc  lui  donuait  VAtâtyeh; 

•  tantôt  retranchant  le  dièse  ,  l'air  devenait  mineur,  et 

1  VAtâiyBh  nous  disait  que  nouy  n'en  avionH  pas  bien  saisi 
■la  mélodie;  nous  sentions  en  cfTct  aussi  qu'elle  n'avait 

•  plus  le  mËmc  caractère ,  la  même  teinte  que  lui  donnait 
"le  musicien  égyptien  en  la  chantant.  Quelque  étrange 
«  que  parût  pour  nous  cette  difTércnce  ,  il  fallait  bien  en 
s  reconnaître  la  nécessité  i  mais  nous  ne  savions  comment 
.rnprimor. 

!       1  Ce  ne  fut  qu'en  examinant  ta  tablature  des  instrumens 
'     (  de  musique  d'Egypte,  surtout  de  ceux  dont  le  manclic 
«  est  divisé  par  des  touches  fixes,  que  nous  commcnçA- 

•  mes  à  nous  apercevoir  que  les  sons  ne  se  suivaient  pas, 
a  ainsi  que  les  nAtres,  pur  Ions  et  par  demi-Ions.  Alors 
«  nous  reconnûmes  qu'un  ton  comprenait  quatre  degrés 

■  et  trois  intervalles  égaux,  chacun  d'un  tiers  de  ton  ,  ut 

■  enfm  nous  fûmes  convaincus  que  cet  intervalle  que  nous 

■  n'avions  pu  apprécier  dans  le  chant  de  notre  musicien  , 
(Ct  qui  était  plus  petit  que  notre  ton  mineur ,  était  un 

<  ti^rs  de  ton  ,  etc.  ■ 

Au  reste,  il  ne  faut  pas  croire  que  les  Egyptiens  n'eus- 
sent une  musique  dépouillée  d'harmonie  que  par  igno- 
rance, ctl'on  se  tromperait  jbrl  si  l'on  pensait  qu'ils  eussent 
reconnu  l'inrériorilé  de  leur  chant  isolé,  aprjs  avoir  en- 
tendu la  musique  des  troupes  françaises,  «  i.es  £.gyptiens , 

<  d!l  M.  Villoleau,  n'aimaient  pas  notre niusique,  et  trou- 
1  vaientla  leur  délicieuse;  nous,  nous  aimons  la  nôtre, 
a  ct  trouvons  la  musique  des  Égyptiens  détestable  ;  chacun 
0  de  son  coté  croit  avoir  raison  ,  ct  est  surpris  de  voir 

■  qu'on  Boit  affecté  d'une  manière  toute  différente  que  co 

■  qu'il  a  senti  :  pcul-Ctre  u'est-on  pus  mieux  fondé  d'une 


DlgiUzad  bf  Ci)Oj;l^| 


38 1 

■  part  que  da  Vautre.  ■>  Le  père  Aiiiiot  dit  h  peu  prËs  la 
même  chose  en  parlant  de  l'effet  que  produisit  notre  liar- 
inoiiie  Eur  les  Chinois;  et  l'on  pourrait  en  dire  de  même 
de  lum  le»  Orienlaus.  On  sait  que  RouHsean  ii  dit  que 
celte  harmonie  a  pris  naifl.sance  chez  les  barbares  du  Nord; 
quoiqu'oii  ait  fort  crié  au  paradoxe,  selon  la  coutume 
pour  tout  ce  qui  regarde  cet  écrivain ,  il  a  en  cela  quelque 
apparence  de  raison  ,  ce  qui  n'cmpëche  pas  que  l'har- 
monie ne  soit  une  fort  bonne  chose  pour  nous.  L'igno- 
rance deH  Orientaux  en  ce  qui  concerne  les  accord!) ,  ou 
plutât  leur  dégoût  pour  ce  qui  ressemble  à  de  l'harmonie, 
est  un  grand  argument  contre  cens  qui  prétendent  qu'il 
est  impossible  que  les  ancïona  do  l'aient  pas  connue  :  il 
ne  suint  pas  de  la  connaître ,  il  faut  l'aimer  pour  qu'elle 
entre  dauN  la  pratique  de  l'art,  ct'nuuH  voyons  qu'elle  est 
insupportable  à  la  plus  grande  partie  des  peuples  qui 
couvrent  la  .surface  du  globe  terrestre.  Ce  sont  des  fatls 
qui  BOnt  sous  nos  yeux,  et  qui  viennent  à  l'uppui  du  silence 
des  auteurs  de  l'anliquilé  sur  cette  matière. 

(  La  suite  au  numéro  prochain.  ) 

VÈJIS. 


HOTE  ADDITIONNELLE  A  LA  NOTICE  DE  M.  PERNE, 


£n  publiant  cette  note,  nous  ne  prétendons  pas  assuré- 
ment empiéter  sur  le  terrain  fiî  heureusement  cultivé  par 
notre  savant  collaboraleur;  noire  intention  e.El  de  remplir 
dès  vues  en  facilitant  les  moyens  d'étudier  l'hi.sloire  de  la 

M.  Perne  cite,  i'i  la  fin  de  l'excellent  article  qu'il  nous  a 
fourni,  la  grammaire  musicale  des  Grecs  modernes,  inlitu- 

(iJVoj«  Hei'tta  MKslcalc,  page  sSi. 


DIgliLzetI  tiy  Google 


58a 

li'C  :  EiVni-B'/ii,  cic.  Nous  non»  élanncilons  ini'il  n'ait  pas 
jmrlé  il'unaviit'c  ouvrage  imprimé  à  Parix  dans  le  uottrs  du 
la  luâiiie  année  et  chez  le  mfme  imprimeur,  si  ce  livre  ne 
lut  reslÉ  incomplet ,  cl  si  nous  ne  savions  pas  qu'il  .t  ëlë 
fort  peu  répandu,  la  presque  tolalïté  des  exemplaires  ayant 
été  tranupurtée  il  Constautinople  pour  l'usage  des  églises 
orlhodoxes  de  celle  ville  et  du  resie  de  la  Grèce. 

Cet  ouvrage  forme  un  voltime  in-S"  de  16  et  5C3  pages. 
En  voici  l'intitulé  :  A^i^rita       i,ia«T,'S  tS,  J-i^.t-u». 

lltrpoi/  Aff^TT^^t^iov  TOI  ITEAa^vorïjffli'au ,  i^ijyijd^rAr  fTiKarvTJjv 
nàt  MiSoJar,  wufà  Tf çyif ibu  AafCTeafitfioii.  jifits  îrf*T«î.  'Et  Ila- 

fio-Mic'Eirî^  Tii«-i-/f«^i'«ï  riyn'su'.  Ce  volunie  conlieot  une 
liuile  de  doxologies  (  hymnes  d'actions  de  grâce],  pour  la 
partie  de  l'office,  comme  dans  les  rilnch  som  la  rubrique 
de  Propre  des  Saints.  Le  second  volume  aurait  contenu 
l&Propre  du  Temps,  les  Fêtes  moùilcs  el  l'Ordinaire  de 
l'Oflice'-'.  Nous  donnerons  procbaiuemenl  l'analyse  de  cu- 
rieux ouvrages;  nous  y  joindrons  quelques  extraits  de  mu- 
sique grccr{uc  moderne,  tirée  tant  de  ce  volume  que  de 
tios  manuscrits,  et  traduite  eu  earaelères  vulgaires. 

J.  ADRIEN-LA.FA5GE. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 
TnÉATRE  nOÏAL  DE  L'OPERA-COMIQUE, 

UPMKA-COHIliUI   en   un  «CTI, 

MUSIQUE  DE  M.  CARAFA. 

19  mai.  —  Lorsque  j'ai  pris  la  résolution  de  publier  la 
Itcvue  Musicale,  je  ne  me  suis  point  fait  illusion  sur  la 

(i)  Il  en  reste  un  fort  petit  aouibrc  d'exemplaires.  S'adtcsBar  au 
j>ureiiu  de  Id  lle^'ite  Muiicaie. 

{■î)  L'iiuteur  de  cet  article  a  vdXtb  Ici  niyos  IcB  inaliiri«ji  de  cette 
BrcoDde  parlio. 


DtgliljBfl  bi  Google 


'HtMiil^-ilifflolle  oIijemB  plaçais  :  j'a[  senti  toUi-l^  fo^ 
ââk^Vi&biens  quî  régiiltent  de  l'obligatEon  de  jiiger  les  on- 
^il^jef  ^  ceux  qui  ont  ëlé  jusqu'Ici  mes  amis,  mes  ooni- 
KS^ods  dans  la  carrière  dramatique,  et  de  lénr  parler 
quelquefois  uu  langage  sévère  (jucj'ai  sans  doute  mérité 
qu'on  m'adressât  souvent  ,  quand  je  m'exposais  sur  la 
scène.  J'ai  gémi  de  la  nécessité  d'ainiger  des  hommes  à 
quije  n'avais  adressé  jusqu'ici  que  les  paroles  de  la  bien- 
xfeillMieept:d«L'aniifiéimaiftâ'àulropavt^'Knitqafrje 

l'engagement  de  rendre  un  compte  exact  et  fidife^AfflIlèr 

impressions;  engagement  que  je  regarde  comme  iVoî^V 
et  que  rien  au  monde  ne  me  délournera  de  remplir.  Il 
m'est  pénible ,  douloureux,  de  voir  s'éloigner  de  mfli  itiôs 
amis ,  et  de  devenir  l'objet  de  préventions  haineuses  ;  mais 
je  le  déclare  ici  une  fois  pour  toutes,  les  letlrcs  anonymes 
qucje  reçois,  les  violences  que  font  naître  mes  ailioles, 
les  récrimioalious,  les  sollicitations,  rien  enfiu  uo  pourra 
mftà^iu^?^  dédire  co^qoe  je  orol^ètie  Igt-viérîté;  Etranger 
iIÙ«^t[dbi{ti^uev<ài^Itt:ftAlI^iaiHltll9ïa1M 
je^'engage  seulement  &  ne  jamais  m'éloigner  'dès  formes 
décentes  du  langagcqu'il  convient  d'adresser  à  des  artistes, 

ment.  Cela  dit ,  je  viens  à  l'objet  de  cet  arlicie. 

Le  sort  du  petit  opéra  de  Sangarido  n'a  point  été  lieu- 
Teax.  Le  sujet,  qui  a  de  l'analogie  avec  Clara  Wmiei  et 
quelques  autres  pièces  où  un  personnage  îiiolTensif  est 
pris  pour  un  chel'de  voleurs,  avait  été  lu,  dit-'on,  avant  que 
çe^otnraçeaicnssent'été.représentésï^maJB  îl-a  eu  le  mpl- 
.^qpdéyçnîr  après  eux,  et  de^'àToirl'Bl^que, d'une  imi- 
tïitton.  Cne  opposition  assez  forte  s'est  manifestée  dès  la 
ptteniîÈre  scène  et  avant  que  rien  eût  pu  donner  lieu  à  des 
nçMcques  d'improbation  :  on  a  pu  juger  dès  lors  que  ta 
piiioene  réussirait  point,  carie  public  ne  paraissait  pas  dis- 
posé &  écouter  patiemment.  Il  faut  le  dire,  la  musique  de 
î'ouvertureetdupremier  morceau  d'ensemble  n'avait  pu  le 
disposer  favorablement.  Personne  ne  rend  plus  de  justice 
que  moi  au  talent  de  BI.  Carala,  mais  j'ai  été  frappé  de 


DigilizeflBy  Google 


l'-air  deitégligencc  qu'il  a  laissé  percer  dniis  la 'plupart  des 
motro^aux  de  ce  pelît  ouvrage.  Sans  doute  t  il  y  a  attaché 
peu dlfliporlance ;  mais  n'eit-ce  point  un  lortP  En  Italie, 
la  chute  d'un  opfy'elteeal  de  peu  d'importance;  en  France, 
cela  laisse  quelque  Gouveoir.  Je  sais  que  M.  Carafa  est 
liuTiiiiii:  !i  )>i'i:ndro  sa  revanobe  ;  c'est  pour  cela  que  je 
crois  (luvuir  lui  faire  part  de  quelques  réflexious  qu'A  fail 
uaiirc  en  moi  la  muaique  de  Sangarido. .  -  i:  '^ 

o  po^ui  a  reproché  dlavoiE  &iit  de  Bon<  onvertuv»;iaklttlK 
wl^ï'.f^aat  i^moi  ,i  j.'ayoue'  que  je  ne  vdisipo^Ë&i^iflti 
4^RceDvéiiie&t  pour  un  petit  opéra.  C'ât/uD'^ajsIbnb 
(ïoifune  un  < autre.  Haydn  ca  a  tiré  grand  parti  dans  quel- 
qv^iaudante  de  symphonies.  Ce  Kystèmc  est  propre  ù 
£lîne  jiriller  l'habileté  de  l'orchestre,  quand  l'orclieiitre 
est  habile;  il  annonce  peu  de  prétenlioii ,  et  convient  par 
ceU  aa  genre  de  l'ouvrage.  J'aurais  senletrieiitdé^l^  qu'il 
yeâtfiu  peu  plus  de  nouveauté  danB.lethènm;^' Rêvait 
être  varié.  Le  peu  d'effet  du  premier  duo  énCràij^pfeuU-^ 
lade.et  U"'  Rigaut  lient  à  la  situation  dan»  ^ctnûiâltiiiMfat 
placé.  Du,  sent  qu'il  excède  les:  borne» 
maître  de  la  maison  et  la  servante  ont  d&  einpl^ep'pear 
iillor  ouvrir  la  porte  à  llîgolin  ;  ou  sent  quele  jeune  homme 
il(!vr:ii(  jKirlir,  et  l'iiii  nu  s'irilùrcsse  point  à  ce  qu'il  dit. 
Ji;  Curai  d'ailleurs  à  ce  morcciiu ,  comme  à  presque  tous 
ceux  de  la  pièce,  le  reproche  de  rappeler  des  idées  trop 
connues.'  L'instrumentation  est  btillanle,  irtfp-  brillanta 
même;  car,  dans  l'air  de  Bîgolin,  le  public  qni  s'^fen^ 
à  apprendre -la  cause  de  sa  frayeur,  et  qui,  à  oao^aidif 
bruit  de  l'accompagnement,  n'entend  pas'jipt'motyta 
manifesté  plusieurs  fois  l'impaliedce  que  luitQat^MHpé 
tapage.  L'air  de  M"*  flîgaut  contient  dejolis  détail  s, ^mdî* 
ii  a,  comme  lu  premier  iluo,  lo  ilùlaut  du  u'iître  pas  eu 
situalioii ,  ut  iiia.iijuu  son  ullct  à  uaiisu  du  uula.  En  somme, 
je  lu  rt-pùlu,  ou  ^,]juruuit  troi.  i(iiu  ,11.  Carala  nu  ]>as  atta- 
che d'impoi  laiiru  à  cet  imvragc.  On  dit  qu'il  travaille  Ù  un 
iipura  LcaviuiHip  plus  considérable  ;  je  u'anrai<8ansJioute 
nue  (lus  uluycs  à  lui  duuner.  i.  •■      o  .-i.J  V' 

Depuis  long-temps  ou  aperçoit  un alCiiliUssemèot; pro«- 
grcssif  dans  l'orchestre  de  l'Opéra- Comique.  ^Les  fré- 


385 

l'éloignement  de  bonii  înstruineiiltqt»  quj,  pàa^t  MEHk 
l'orchestre  de  l'Opéra ,  «oit  jkït^Aitffii^'l^i^Mrfi.ItBUèii  j  ta 
fatigue  qui  ri'fultc  de  l'obligation  de  jouer  toas  les  soira 
peiiilaiil  <  iri<|  ou  six  licnirs.  oulre  Its  rf pétitions ,  et  l'é- 
tciidin;  il'mi  ii-pertoii'C  trop  ï.-ii-i('; ,  ont  iiiseusiblpineiit 
rcliiclié  les  icssurls  qui  faisaient  uiUrcfois  du  cet  orchestre 
l'un  diis  uifilleurs  de  la  capitale.  Dans  Je  uouvel  ouvrage, 
reiéciilioii  a  éli'  Icllcment  iléfectuensS  qa&>le  publlA  ft 
montré  iKiiiteineiit  sait  mécontentement  i-plUglraïF^  r^A- 
priflcs,  et  que  les  journam  les  plus  mdlfférens  aur'ËStté 
matière  n'ont  pu  s'empéciier  de  le  remar({uer.  Cependadt 
cot  orchcMre  compte  dans  ses  rangs  beancojip  de  ranst- 
cicns  d'un  inlcnt  distingué  et  capables  de  conconrîr à  nne 
eiécntioii  parfaile.  Ce  qui  manque,  c'eut  l'émnialion  , 
c'est  l'amour-propr^;  .■'csl  ic  scnliiucnt  de  dignité  conve- 
nahlc.  Sans  cex  li-ois  clu.ses  on  ne  ï.ùl  rifii ,  mtnic  avec 
du  talent.  Puisse  l'avertissement  sévère  du  public  rappe- 
IwtàJGet  oTcbeaIre  ce  qu'il  fut  sous  Iiahaussaie,  ettanimçr 
en  hillè  désir  d'égaler  aon  anoietape  gfotse  t  ,-<"^ 
fWi*i^-..  -  -         "  PÉTIS. 

UU.  B^rer  frères  ont  donné,  le  ig,  un  concert  au 
tbédtrc  de  l'Odëon ,  lequel  a  été  précédé  de  l'Homme  ha- 
6ite,  comédie  en  cinq  actes  de  H.  d'Kpagny.  A  l'cscep- 
lioo  de  UM.  Bohrer,  qui  ont  moniré  leur  talent  ordinaire» 
ce  concert  a  été  peu  remarquable.  Le  chant  imrlout  aélé 
trèa&ible.   

On  assure  que ,  convaincue  de  l'inipossibililé  d'alimen- 
ter ùn  tbédlre  avec  des  traductions  d'opéras  étrangers, 
l'Italie  et  l'Allemagne  ne  produisant  rien  de  remarquable, 
l'auturité  songe  à  fermer  l'Odéon.  Ce  théâtre  ne  sera  roii- 
Tert,,  dit-on,  que  poury  joner  la  tragédie  et  la  comédie. 
De  vaudrait-il  pus  mieux  en  offrir  la  ressouKcà'nos  jeunes 
compositeurs  ? 

M.  Pésaroni  débutera  samedi  prochain  au  Théâtre-Ita- 
lien dans  le  n)le  A'Jrtace  de  Sémiramide;  les  amateurs 
attendent  cette  représentation  afec  une  vire  impatience. 


NOUVELLES  ^TRANGËRES. 


BBHun,  5  mai.  Nous  venons  d'être  lé  m  oins  d'un  événe- 
ment muKical  Irëx  rare  ici  :  la  première  représenlalion 
d'uD  grand  opéra  nouveau ,  dont  la  musique  ait  été  écrite 
par  un  musioien  national.  Nous  Ignoruna  «i  l'auteur  « 
ïl.  Félix  Uendelsobn  f  doit  cette  fiivenr  à  l'influence  que 
donne  une  grande  fortune ,  ou  &  l'heureuse  prëvenrfon 
'  qu'avaient  fiiit  naître  en-sa  ikveur  ses  dispositions muri- 
calés  généralement  connues,  et  il  préeooesj  qu'fl  fil  exécu- 
ter, à  l'âge  de  neuf  atUr  uii  opéra  de  sa  oompositioa  dans 
la  maison  paternelle.  Nous  nous  bordoni  à  oonstater  ce 
fait ,  que  le  29  avril  dernier  on  a  donné  Bur  le  (jrand  théâ- 
tre la  première  représentation  de  oetop^,  quia  pour 
titre  :  Les  Noces  de  Gamaeht. 

Il  nous  serait  difficile  de  dire  s'il  a  réussi;  car  les  nom- 
Kreux  amis  de  H.  Heodelsobo,  qui  ont  voulu  lui  i^ire  un 
SUCCÈS  d'enthousiasme,  ont  provoqué  par  leur  admiration 
continue  une  opposition  qui ,  nous  aimons  à  le  croire, 
ne  pouvait  s'adresser  qu'au  poème ,  le  plus  gratsier  et  le 
pUis  maladroit  peut-être  des  iibretti  qu'un  ait  écrits 
d'après  un  ouvrage  excellent.  Quant  à  nous ,  nous  ne  vou- 
lons nous  occuper  que  de  l'œuvre  du  musicien. 

Son  Iravail,  très  recommandable  d'ailleurs ,  a  le  défaut 
d'attester  l'embarras  d'un  jeune  homme  sans  expérience 
mis  pour  la  première  fois  à  même  de  tailler  eu  grand.. Ce 
dé&ul  doit  être  d'autant  plus  signalé ,  q>ie  l'auteur  l'aurait 
'  peut-être  rendu  moins  sensible ,  s'il  n'avait  reproduit  des 
morceaux  écrits  par  lui  dans  ses  premiers  essais  :  c'est  du 
moins  ce  qu'on  peut,  selon  nous,  induire  du  lilrc  île 
l'ouvrage  ,  mit  beibchallener  Musik  von  F.  Mendeisohn 
(avec  musique- coiuervtfe  de  M.,  etc.).  Il  nous  semble  que 
lorsqu'on  est  aussi  jeune  que  M.  F.  IMendelsoIin  (  qui  est 
k  peine  Ag/é  de  18  ans),  on  ne  doit  reculer  devant  aucune 
cwcasiou  d'écrire  de  la  musique  nouvelle,  qui  procure  k 


58j  • 
l'arllBle  l'avantage  d'une  expérience  et  d'une  racitilé  Ae 

manîèce,  indisjions.ililL-s  |ifnir  (^iilr,itn(.'r  \c  KiiflV.igi;  clei 
hommes  ra'-i'mlili's.  <  hi(,ir|iL'il  i  n  s.iit.cl  .iul;iril  '[irnu  :i 
au  milieu  de  l.i  i;oiilii-.ioii  d'uut:  ]  ni' mi  ère  [iiinisiiiiLilioii, 
se  faire  iiuc  idée  <lcs  ilispusilions  des  vérilables  eoiiiiais' 
seiirs,  si  le  siiecËs  n'a  ^  été  éclatant,  il  estencourageaul, 
et  e'csl  sons  ce  point  de  Vna  qosdoltle  considérer  lo  jeniie 
auteur  qui  peut  se  fëlicitér  d'un  essai  heureux.  L'ouVer- 
ture ,  qui  tend  à  donner  une  idée  complète  du  drapie,,e8t 
■bien  r  nn  joli  duo  vient  au  commencement  du  juwnier 
acte.  Les  airR  trop  fréqucns ,  surtout  dans  le  rAlo  de  Qui- 
terie,  PB  nuisent  et  dniiiiEiit  ;'i  l'ouïrage  une  teinte  mono- 
tone. Eu  giïriéi'al,  Ji^  itiusicii  ri  en  Mnilant  l'aire  bien,  u  fait 
trop.  On  ne  eouipte  p^is  moins  de  iininzo  morceaux  dan» 
le  premier  acte ,  dont  plusieurs  ont  les  dlmeusionsles  plus 
étendues  de  la  musique  dramatique.  Le  second  acte  n'en 
que  huit;  mais  on  y  Ironve  un  diVertiRsement  d'une 
routeur  démesurée,  dont  la  musique  contient  Déanmoît» 
jolies  chosés.  Va  autre  défaut  de  cette  partition  ,  défaut 
BOOlement  relatif,  est  que,  loin  <L';ivoir  le  parfum  méri- 
diohal  eîcigible  dans  un  pareil  sujet ,  cite  est  au  contraire 
conipltlcment  germiini(|uc  ■  on  y  rlicrriic  on  v:iin  t.i  cou- 
leur locale.  NcLiimioins  les  '|ii;iHli'.s  lui  sont  piopres 
font  beaucoup  d'honneur  à  l'aiileur  cl  ii  siiii  ilignc  niaiUe, 
M.  Zeller.  On  a.  remarqué  surtout  deux  ciiœurs  dcinlilcs  , 
ilout  l'un ,  celui  du  premier  acte,  est  travaillé  de  main 
de.jn^ttre. 

Nous  voulions  attendre  un  plus  grand  nombre  de  repré- 
fientaliijnft  de  l'ouvrage  pour  ea  donner  une  analyse  plus 
ilétailléc  et  plus  exacte,  maïs  il  a  disparu  tout  à  coup  du 

M.  Spodlini  écrivait  pour  le  mariage  du  piim  e  Ciiarlcs 
l'-opéra  iV^/iit.-si'i'.  Il.)hcitsl(n!fci>.  duiU  h-  ]ioùii<>  osl  dû  à 
un.  auteur  disiiii-ii.; .  M.  liiuiiKu.h  :  Tii,.lln'Mreii!.rniciit  le 
musibien  a  été  atteint,  après  avoii'  terminé  le  premier 
acte,  d'une  indisposition  qui  ne  laisse  point  espérer  que 
l'ouvrage  puisse  être  fini  et  monlé  pour  l'époqne'.à  laquelle 
U  était  destiné.  Le  roi,  voulant  ménager  la  santé  de 


58B 

H-  Sponlini,  a  consenli  à  ce  qu'on  ne  rnprcsciilàl,  h  celle 
pccasion*  que  lu  premier  aclu,  qui  jurera  deux  heiircK 
avec  le  diverligsemeut. 

On  .1  donné,  le  pour  une  œuvre  de  bienfaisance  , 
dans  l'église  rie  la  garnison  i  un  grand  concert  spiritncit  où 
M*".  Catalaoï  a  chanté,  et  dans  (equef-  put  él^^^é^^j^ 
i'hymnede  Luther,  de  Haendel,  l*oaivttajx^^,p^Bpym 
et  d'autre»  morceaux  du  même  auteur,  tin'^èn^;elt^^ 
Zingarelli ,  et  vn  Doviine  de  Ouglielnp  :  l'orgat^lç  B^jçh 
y  a  tulicl.i*  (Inis  niorceaus.  I.V'glise  n'était  mVljjijA^'Hl 
litrs.  Le  pris  d'ojilréu  était  iViiiie  rixdale^  Quel^ef  \onr» 
après,  M""  C^itahiui  aelianlé,  sans  oublier  ]eGiHlsifV0.^U 
iing,  au  ci)iici;t-i  du  vinlonisic  Moescr  ;  on  y  étouOait..  . , 

PÉTEBsr.niTic .  I.'.-irt  musical  vicnl  de  perdre  un  artiate 
^tinguc  dans  la  personnis  de  Fenzï  l'ainé,  violon ceUiste:» 
décédé  à  Moscou  dans  courant  du  mois  d'avril  denier, 
JËlève du  Conservatoire  de  Paris,  ainsi  que  son  fr^^,,iviQ- 
loneellisle  comme  lui,  Yietor  Fcnzi  ne  ilt  remarquer  dans 
plusieurs  concorls  p:ir  la  beanli}  <lii  son  qu'il  tirnit  de  SOU 
inslniu.eiit  .  ,-l  i^ir  la  vi|;iKur  miii  ari;litl.  I!  a  publié, 
iant  à  l'.iris  ^ui:i,  AlUm.^.iu.  cjualre  «concertos  pour  le 
violoneelle,  plusieurs  pot-pourris,  dus  trios,  Iroïs  livi:Ç8 
'  d'airs  variés  pour  son  inslruuient,  et  deux  livras  df^dg(M> 
Malgré  ses  lalens,  Feazi  n'était  point  heureux  «gi|8.^lj^^ 
port  de  fortune;  il  laisse  une  veuve  dans  uçe.fi^q^fp 
pire  que  médiocre. 

ANNONCES  DIVERSES.  >^  - 


Améiiii  SB  Bbàvpuit.  J'o  voM/Brsvotr,  romance  chan- 
tée par  H"  Théodore ,  au  théâtre  de  Madame ,  dans  l'^r* 
éitn,  vaudeville  de  MH.  Théaulon  et  Paulin.  Paris, 
S.  Gaveaux,  boulevard  dea  Ilolians,  n*  a,  et  Frère ,  pas- 
sage des  Panoramas,  n*  16. 


tUatlÉE  PAR  M.  FÉTI'S, 

FKOFBSSBU^  W  COKTOSniOII  A  K*icOLB  âOTiUB  DE  HTOiqqK, 
■T  «uiolBicjliM  i%  fdz  «Tiiuuuiiin. 

H-  16.  —  Mftl  1827.  ' 


EXAMEN  DU  TRAVAIL  DE  M.  VILEOTEAU, 

Sur  U  m«s!ii»(  &ïs  ^Kw^rfes  âriditiut):. 


SeCOHD  ÂSTICI.E. 

Av^  aTOir  Êiit  l'exposé  du  eyetèmo,  musical  des  Egyp- 
tien»,'dontj'ai  pàirté  dans  mon  dernier  article,  M.  Villo- 
teau  donije  des  exemples  fort  inléressans  de  tous  les  airs 
et  de  tous  les  chants  dont  ce  peuple  fait  usage  dans  toutes 
les  circonslancès  de  la  vie  civile,  militaire  et^xeligieusc. 
Il  accompagne  ces  exemples  d'instructions  sur  leur  mode 
d'exécution ,  et  de  détails  singuliers  sur  les  cérémonies  o& 
ils  sont  employés,  la  poésie  arabe  de-  airs,  «on  ortlîo- 
grapbe  en  français  selon  la  prononciation  des  Egyptiens, 
et  une  traductiou.  élégante  par  H.  Sllvestre  de  'Saoy,  sont 
jointes  à  la  musique. 

La  plupart  des  airs  què  chanteàt  les  Atâttch  ou  musi- 
ciens égyptiens ,  sont  des  chansons  d'amour,  car  ils  mê- 
lent ce  sentiment  aux  choses  qui  semblent  y  avoir  le 
moiusde rapport,  et  leurs  paroles  sont  souvent  très  libres; 
M.  Tiltoteau  en  rapporte  un  grand  nombre  qui  sont  d'au- 
tant plus  intérc^saDtes  qu'elM  ne  sont  point  en  arabe  lit- 
téral, niaïs  en  arabe  vulgaire;  en  sorte  que  ce  sont  vMlSr 
.      34  . 

■  *■ 


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391 

TradaclioH  de  cette  chaluoit  eaJrançû.Ufpar  AI.  Sïiieitre  de  Saiy. 

Mon  «mante  ■  paué  {«ésde  moi;  je  loi  li  idKué  U  païak,  etellj 
ne  m'a  point  répoodo.  Soa  tnAenuvennl  cent  pfawlMi  comptant. 
Qbe  n  laille  eit  balle  aous  cet  Tilemeos  il'étoflb  de*  lodet  I  Hâu  I 
MUt}  qucUo  est  ma  ailuatton  I  O  naît  PO  nuit  I  Quelle  nuit  j'ai 

Mon  BiDonte  ■  sur  la  jooo  un  gnîn  de  beanté  ;  m>  yeux  ^  m  Uitle 
blMwnt  te  ceeui.  Sa  l^iretd  larpaate  celle  àe  tqutea  les  gaselLei. 
Qaasd  elle  «t  lenne  me-Tialtér ,  m  tho  m'a  'coinUd  de  joie.  Hélu  I 
faêlu  1  etc. 

3. 

Mon  BOianteeet  rétoed^n  riche  numean  t  ion  Min  blanc  tfen  CM 
point  couvert.  Je  lui  u  adressé  1>  pirc^;  elle  m'a  dit  :  Ta,  cel*  tuf- 
Ct  ;  on  le  frapperait',  et  )*en  ««nts  p^i^trée  de  don  leur.  Hëlii  , 
hëhs  r  etc. 

4- 

Sa  {onei  aont  U  gloire  do  Orëateur  qui  les  a  Tormifes.  Quand  elle 
toameb  Ule,iei  grâces  irtîtentlespaaiious  des  amans:  ob  I  qu'il* 
sont ntiuini ,  tMi  ses  bmnTeiiKDal  Qoelarli&ceiaiiieineraî'jeTJe 
ne  puis  pins  ;  tenir.  B&MtJi  UIh  !  etc . 

La  ohanson  anivante  ett  austi  reina^guabla  par  les  air- 
constances  qu'elbi  rappellé)  qu'elle  est  singulière  par  la 
profusion  des  agrémens  du  chaut. 

BXEIULE  : 


fity     -     -     loi  Qii       Jek     ~     h  - 


avec  Hdélitii  les  tiers  et  les  deuxitiers  de  ton  da  sjstùme  de  la  musiqus 
arabe.  Les  Earopéeil»  n'étant  point  accoutumés  des  l'cnlance  i  en- 
tonner de  pareils intenalleijIessigncB  qui  t'y  rapportent  nepeoTent 
nous  en  donner  d'idée*  po^mi.  Je  ne  in^  botii^  fc  me  servir  de» 
inlonationt  qui  ont  le  pliu  d'analegio  avec  celles  des  'Eg]^ien«. 

( JVofe  du  ridactatr.  ) 


■        TiraduclioH  mJirtmç'aU  ,  par  M.  SUoMrt  de  Sacy. 

Mon  bien  timi  ot  coavert  d'an  chapean  ;  de»  noeud*  et  dei  roNHet 
omeDt  u  ceintuK.  J'ai  Toula  le  baiier  ;  il  m'a  dit  :  atpaUa,  Ab  t 
qn'n  cil  doux  Mm  IiDgige  iuUen  I  Dieu  me  garde  de  celui  dont  let 
jeux  nnt  de*  yeux  de  guellel  Biiae-tnoi ,  tid  dont  le  bngige  eit  il 
doai^Saialt  ,  ' 

Que  tu  et  donc  beau  ,  Put-cr-rommSii  •,  loriqae.tu  procUmei  U 
*ilrçtâpab1iqaeetniie, entière  anini*tie,  tenintcniniialefirmui  I  tn 
rend*  b  jde  aux  eiBut*  dea  uijet».  Salut  I 

3.- 

Tu  Doni  as  fUt  aoaptrer  par  ton  abtMice  i  A  Gdnàil  «n  chef ,  qui 
pnodi  le  alé  afec  do  lacie ,  et  dont  les  ioldBt*  ivce«  patcouMiit  U 
TiUe pour  cheraher  de* femme*.  Salnll 

4- 

JTa  nou*a*  bit  «onpieer  par  ton  Bbience,A  Général durmant,  et 
dont  Ici  joaei'aa&t  «i  agrâiblesj  toi  dontk  glaire  a  Happé  dans  la 
ca^talede  r^jpielea  Turc*  etle*  Arabe»  tSalutl  ' 

■  S. 

Tu  DDDS  M  fait  soupirer  par  ton  absence ,  reptéseatant  ds  la  ré- 
publique ,  ai  cbarmant  et  dont  la  cherelore  eat  ai  belle  !  Depuis  le 
jour  où  ta  es  entré  au  Kaire  ,  cette  rille  a  brillé  d'une  laaîiie  sem- 
blable à  celte  d'une  lampe  de  crîatal  ..Salut  I  . 

6. 

O  répreientaat  de  la  rëpoldlqae  j  ta*  *oldaU  plein*  de  joie  eunnDt 
de.toutes  part*  poorfrapper  les  l^iTei  «t  le*  Arabe*.  Saint,  Bomapartel 
Salut,  roi  de  paix!  Satntl 

(i]i'W-er'ran>ni^ est  une  oarmptiaa  AtBarAolonmiim  BtriAt- 
lemi.  n  s'agll  ici  da  colooel  Barihelemi ,  que  le  gàiétal  en  chef  de 
faimte  d'Orient  anlt  dwrgé  de  U^iiee  da  Kaire.  tes  habitons 
Iraoïant  ce  nom  difficile  à  prononcer ,  l'anient  changé  en  celai  io 

.  l  Noie  de  M.  di  Sacy  ) 


Mcsiagei  d'amouc  ,  léie-toi ,  amène-moi  cette  beauté  ■  b  taille 
iégî-re  ,  que  le  piddi  dn  a  croupe  empêche  de  le  lerer ,  quand  elle 
rcut se redreuei  «tas tenir  debout.  Salut  I 
8.  ' 

Allons  ememble.  Seigneur,  Doai entrrec  ï  l'ombM  dèijtitmlni. 
Hou*  iTiieilIerani  la  ptehe  sur  l'arïire  qui  It  porte^  à  la.  vue  de  nos 
rigide*  censeur».  Salât  I 

Les  détails  dans  lesquels  M.  Vîlloteau  eotre  sur  la  mu- 
sique guerrière,  sur  lo  oh  an  t  religieux,  sur  les  cérémonies  et 
sur  la  musique  propre  aux  anniversaires  de  naissauoe ,  aax 
funérailles,  aux  danses,  au  chant  oratoire  et  poétique,  à 
leur  accompagnement,  sur  la  musique  des  nooes,  sur  Ici 
oliant  des  CheykJiendemandant  l'aimiAne,  aarceindeB 
Faqyrs,  des  bateliers  da  NU,  desBaribras,  qui  habitent 
les  environs  de  la  première  cataracte  de  ce  fleuve,  des 
habitans  de  Dongola,  des  femmes  du  pays  de  Sodau ,  des 
habilans  du  Sénégal  et  des  pëcbeiirs  de  Gorée,  tous  ces 
détails,  dis-je,  sont  remplis  d'intérêt,  et  font  honneur  à 
l'esprit  d'observation  de  l'auteur,  et  aux  soins  qui  préai- 
dident  à  ses  recherches.  lifait,  sur  la  moiiqaB  de§  habi- 
tans de  Dongola ,  les  remarques  suivantes  : 

<  La  mélodie  du  chant  des  habitans  de  Dongola  est  pin* 
^<  donce  et  plus  mélancolique  qu'elle  n'est  bruyante  et  gaie. 
(  L'instrument  dont  ils  s'accompagnent  esl  une  lyre  anti- 

*  que  grossièrement  fabriquée.  Cette  lyre,  qu'ils  appellent 
iguisoYite,  est  fort  eti  usage  dans  toule  la  Nubie.  Les 
>  Sarâbras  la  connaissent  sons  le  nom  de  kùser  ,  et  en 
(jouent  aussi  :  mais  nous  ne  nous  sommes  pas  aperçus 
(  qu'ils  s'en  servissent  pour  s'accompagner  en  chantant. 

■  Le  mflme  instrument  se  nomme,  dans  quelques  antres 

*  contrées,  kitgar  oa  ftipar  ;  et  au  Kaire ,  on  le  nomme 

■  ftt^oA  et  ttUarah  barbaryeh,  o'est-à-dire  j/uifare 

*  des  itarâbras.  Le  mot  kitara,  que  les  Grecs  ont  écrit 

■  Kiiifn ,  et  qu'ils  prononcent  tciçara ,  aurait-il  été ,  dans 

■  son  origine ,  synonyme  de  lyre  ?  C'est  au  moins  oe  que 
<  donne  lieu  do  penser  ce  nom  appliqué  par  les  Africain» 

*  à  l'instrument  dont  il  s'agit,  lequel  est  une  vérllaUe 


395  V 
»  lyre;  car  les  mots  Giiii-nrfte.  Kiiser ,  Kismr  ,  Kiçar, 

•  Kiçarah  ou  Kiiarah  des  Africains  ,  ne  sonl  qu'un  seul 

•  et  même  mut  diversement  prononcé.  •< 

On  sait  que  Bruce  u  donoé  quelques  notions  de  1,1  mu- 
sique i^tliiopieniic ,  dan^i  la  relation  de  non  voyage  en 
Abyssinîe;  mais,  malgré  le  Ion  tranchanl  de  cet  aulcnr, 
il  se  glisHC  toujours  des  erreurs  grossière»  dam  ce  qu'il 
rapporte  avec  atisurance  ,  et  souvent  il  ne  fait  qu'efllcurcr 
les  matières  qu'il  prétend  avoir  examinées  avec  soin  et 
traitées  à  fond;  aussi  sou  livre  cst-il  tombé  dans  le  discn^- 
dil.  Kirchcr,  qui  a  parlé  ù  peu  près  de  tout,  tant  bien 
que  mal ,  a  donué  auiisi  des  détails,  ou  plulât  des  conjec- 
tures ,  sur  la  musique  éthiopienne ,  dans  la  huitième  par- 
tie (  Musurgia  Miri/îca)  de  son  grand  traité  de  musique , 
qui  a  pour  titre  jirs  magna  consoni  et  dissoni;  mais, 
suivant  son  usage ,  ce  qu'il  en  rapporte  est  rempli  d*incEac- 
litudes.  Grâce  aux  recherches  de  M.  Villoteau,  nous 
sommes  maintenant  en  état  de  nous  former  une  idée  plut 
exacte  de  celle  musique ,  et  de  la  comparer  à  celle  des 
autres  peuples  orientaux. 

Chaque  peuple  a  une  tradition  particulière  sur  l'origine 
de  sa  musique;  aucune  ne  me  paraît  plus  singulière  que 
celle  des  Éthiopiens,  que  M.  Villolean  a  apprise  des  prêtres 
abyssins  qui  se  trouvateot  au  Kaire  :  la  voici.  S.  Yared, 
né  h  Semieu  ,  sous  le  régne  du  roi  E-aleb,  fut  envoyé  à 
Oksem,  pour  y  apprendre  à  lire.  Après  avoir  été  pendant 
Gept  ans  à  l'école  de  celle  ville ,  sans  avoir  fait  aucun  pro-  . 
grès  dans  la  lecture,  son  maitre  le  renvoya.  Comme  il 
s'en  retournait  chez  lui,  dans  la  saison  des  grandc.s  cha- 
leurs, il  rencontra  un  arbre  appelé  en  éthiopien  ouvka, 
à  l'ombre  duquel  il  se  mît  pour  se  reposer.  Dès  qu'il  fut 
couché ,  il  aperçut  un  gros  ver  qui  rongeait  l'arbre  en  s'a- 
vançant  vers  la  cime.  Ce  ver  étant  tombé  à  lerre,  puis 
étant  monté  de  nouveau,  et  étant  encore  tombé  comme 
la  première  fois,  cufm  ayant  recommencé  sept  fois  la 
même  chose  avec  aussi  peu  de  succès ,  S.  ïared  se  mit  à 
réfléchir ,  et  pensa  que  ce  ver  était  l'image  de  lui-même 
qui,  pendant  sept  années  consécutives ,  était  allé  à  l'école 


□IgWzedby  Google 


596 

sans  avoir  pu  rien  apprendre.  Il  avala  le  ver ,  et  aussitàt 
le  Saint-£sprit  descendit  flurluisoiis  la  forme  d'un  pigeon, 
lui  enfleigna  l'art  de  la  Iqcturc,  celui  de  récriture,,  ainsi 
qae,  celui  de  la  masique ,  et  lui  inspira  en  même  lenips  les 
trois  modes  gwz,  txti  et  araray  :  le  premier  destiné  aux 
joursde  férié;  le  second  réservé  pour  les  jours  de  jeûne  et 
de  carême ,  pour  les  veilles  de  fêtes  et  pour  les  cériéinoniés 
funèbres;  le  troisième  consacré  aux  principales  fêtes  de 
l'année.  Instruit  par  ce  miracle ,  il  composa  un  traité  des 
principes  et  de  la  pratique  du  chant  actuellement  eu  usage 
dans  l'Abyssinie. 

Les  prêtres  abyssins  possèdent  des  livres  de  chant  oCi  la 
méladqe  est  notée  en  caractères  ou  lellres  de  l'alphabet 
Anwvet^  &  pBa  près  de  la  môme  maDÏère  que  le  fut  l'an- 
cienne musique  S'^'Iub-  Les  Signes,  diversement  com- 
binés, seul  au  nombre  de  cinquante-trois  :  ils  ne  repré- 
sentent point  les  <i0ns  ou  ien  degrés  d'une  échelle  musicale, 
mais  les  intervalles  compris  entre  les  degrés.  Telle  noie, 
par  exemple,  désigne  un  demi-ton,  telle  autre  un  ton, 
telle  autre  une  tierce  par  degrés  disjoints ,  ou  dont  les  sons 
doivent  se  succéder  plus  ou  moins  également,  avec  plus 
ou  moins  de  lenteur  ou  de  rapidité,  et  ainsi  des  autres; 
en  sorte  qu'il  y  ai  des  notes  dlfTérenles  pour  chacun  de  ces 
întervaDes ,  et  pour  les  divers  omemens  qui  peu^nt  s'y 
adapter. 'ftl.  Vîlloteau  a  donné  une  table  des  caractères 
de  musique  éthiopiens,  avec  l'orthographe  francise  de 
leur  prononciation,  et  leur  signification  musicale. 

Les  mélodies  éthiopiennes  sont  ordinairement  surchar- 
gées d'ornemens  et  de  fioritures  de  tout  genre ,  et  ressem- 
blent en  cela  à  celles  des  Arabes,  des  Grecs  modernes^' et 
des  3ai&  de  l'Asie.  Ces  mélodies  sont  sur  un  ton  élevé  et 
éclatant  dans  les  jours  de  grandes  féteq;  les  chants  desti- 
nés aux  fttes  du  second  ordre  sont  sur  un  (on  moins  élevé; 
les  plus  simples  et  les  plus  graves  sont  ceux  qui  servent 
aux  jours  de  férié.  U.  Villoteau  a  donné  des  exemples  des 
une  et  des  autres  en  notation  éthioplettae,  avec  la  traduc- 
tion en  notes  eoropéennes. 

La  dernière  musique  des  peuples  africains,  dont  parle 


r 


■'97 

M.  Villoteau,  csl  ccllo  du*  Quhles.  Rtulos  di^géncréii  de» 
anciens  habïlans  de  l'Égypre,  ces  Qiibles  n'ont  rien  con- 
servé de  la  mnEii|ne  de  leurs  ancêtres,  de  laqnclle  Platon 
a  tant  vanli!  la  merveilleuse  perfccllon.  Depuis  bien  des 
siècles,  snumis  au  pins  lionteuK  esclavage ,  ils  sont  devo- 
nii»  indilTércns  à  tont  ce  t\\u  pourrait  honorer  leur  patrie. 
La  cupidité  et  l'avarice,  scnls  mobiles  de  fontes  leurs  ac- 
tions, les  éloignent  trop  de  l'amour  des  sciences  et  des 
arts  pour  qu'ils  sentent  eu  eux  le  moindre  dOsir  de  s'y  dis- 
tinguer. Aussi,  de  tousleshnbitans  del'lilgyple,  dil  M.  Vil- 
loteau,  soDt-Ils,  à  quelques  exceptions  près,  lespliisîgno- 
rans  et  les  plus  stupiiles.  Il  ajoute  :  «Si  les  chants  des 

■  Qobles  étaient  aussi  agréables  qu'ils  sont  monutoncs  et 

■  ennuyeux ,  on  pourrait  les  comparer  à  ces  hymnes  que 

•  les  anciens prt'^tres  chanlaicntcn  rlionncurd'Usiris,  sur 

■  les  sept  voyelles  '.  De  mfimc  que  ces  prÈtres ,  les  Qobtcs 

■  n'ont  besoin  que  d'une  seule  voyelle  pour  chanlcv  quel- 
t  quefois  pendnut  un  quart-d'heure,  et  il  n'est  pas  rare 

■  de  les  voir  prolonger  plus  de  vingt  minutes  leur  chant 

■  sur  le  seul  mot  aileluia. 

«  Comme  tous  Icurschantsrclîgienis'exéculent  de  cette 
>  manière,  on  doit  concevoir  aisément  pourquoi  leurs  of- 

■  fices  sont  d'une  longueur  excessive.  Aussi,  ce  serait 
«  vraiment  un  supplice  pour  eux  d'être  obligés  d"y  assister, 

■  surlout  n'ayant  la  permission  ni  de  s'asseoir ,  ni  de  s'age- 

■  Douiller,  ni  de  se  tenir  enfin  autrement  que  debout  dans 

■  leurs  églises,  s'ils  n'avaient  la  précaution  de  se  munir 

■  d'une  longue  béquille  appelée  en  arabe  ^kâz,  qu'ils 
<  posent  sous  leur  aisRcUc,  pour  s'nppujer  et  se  soutenir 

■  pendant  tout  ce  temps.  Nous,  qui  plusieurs  fois  avons 

■  assisté  ù  leurs  oflices,  et  qui ,  l'aule  à'é'fiaz  pour  nous 

•  appuyer ,  étions  obliges  de  nous  adosser  contre  un  mur, 

■  nous  n'en  sommes  jamais  sortis  sans  avoir  les  jambes 

■  cngourilies  de  lassitude,  et  sans  être  comme  cuivrés  d'en- 

(i)  Jî  ns  serait  pus  Impossible  que  In  inii<H|i>c  iliiliriruie  ilonl  pria 
Plalon  fut  cinctcmcnt  la  mùnin  que  rnllr  iiiii  n  Innt  enniitr  M.  Vitlo- 
Irau.  (  A'olc  du  ridaettar.  ) 

35 


■  uni.»  M.  Villoluau  u  ilonciéà  la  siiitcilescB  obscrvatior» 
UD  alléluia  i{obtc  en  notation  européenne. 

La  musique  des  Persans,  qui  est  l'objet  du  comme ncc- 
cement  de  la  denxïème  partie,  n'oblige  point  M.  Villoteau 
à  entrer  d.ins  de  grands  d  i!' vclop  peine  un ,  parce  <|ue  les 
principes  en  sont  les  mêmes  (fue  ceux  de  la  musique  arabe. 
11  est  vrai  que  l'organisation  très  délicate  des  Persans 
donne  à  leur  chant  et  i\  la  composition  de  leurs  airs  une 
aupériorilé  immense  sur  ceux  des  Arabes,  car  ils  suut  aux 
autres  peuples  de  l'Asie  et  de  l'Afrique  sous  le  rapport  de 
la  musique,  ce  que  les  Italiens  ont  été  long-temps  en 
Europe;  malheureusement  une  mr»lle  qui  contenait  beau- 
coup de  ch-insons  et  d'airs  de  dansC  persans  et  lurcs 
rassemblés  par  ni.  Villoteau  ,  ainsi  que  tout  co  qu'il  avait 
recueilli  d'observations  sur  la  musique  des  Indiens,  a 
péri  dans  la  traversée  de  son  retour  en  France,  eu  sorte 
qu'il  n'a  pu  donner  d'exemples  de  l'art  musical  de  ces 
peuples. 

L'examen  de  la  musique  des  Syriens,  qui  occupe  le 
deuxième  chapitre  de  la  seconde  partie  du  mémoire  sur 
l'état  actuel  de  l'art  musical  en  hgyple ,  nous  apprend  que 
ce  peuple  n'a  rien  écrit  sur  cet  art .  et  ou'il  n'a  point 
do  livres  de  ciianls  oolés  pour  l'usage  de  son  église;  ce 
qu'ils  en  savent,  ils  l'ont  appris  par  tradition.  Il  ya  deux 
espèces  de  chants ,  ainsi  que  deux  rites  syriaques  :  l'un  a 
été  institué  par  S.  Ephrem ,  l'autre  par  un  disciple  d'Eu- 
tychès»  nommé  Jacob.  Chacune  de  ces  espèces  de  ehant 
se  compose  de  huit  tons  ou  modes  dïlTéreus.  La  mélodie 
des  Ions  du  rît  Efremoïto  (  chant  de  S.  Ephrem  )  est  sim- 
ple ,  douce  et  régulière ,  au  lieu  que  les  citants  du  rit  ja- 
Gobile  sont  entachés  des  ornemens  de  mauvais  goflt  des 
peuples  de  l'Asie  mineure  joints  à  la  rndesse  de  la  mélodie 
arabe.  M.  Villoteau ,  qui  a  fait  ces  remarques ,  les  a  accom- 
pagnées  de  chants  des  deux  rîls  dans  les  huit  tons.  Ce  que 
KJrcher  avait  donné  autrefois  sur  la  musique  de  ces  peu- 
ples était  si  inexact,  qu'on  ne  pouvait  eu  tirer  aucuue» 
lumières. 

Le  troisième  chapitre  est  consacré  à  la  musique  des  Af- 


inéiiieiis  :  celle-ci  catinlL'ra!i<ianle,  parce  qu'elle  pri^ticiitc 
un  sysltme  régulier,  et  parce  qu'elle  a  une  iiolatioo  par- 
tîculiËre.  En  1711,  Sclirœdur  pnbtiii  h  Amsterdam  noii 
Thésaurus  tinguœ  armenieœ  ahliquœ  et  hodiernœ^ 
dans  lequel  il  fit  connallrc  les  signes  iiiiisicaux  des  Arnié- 
DÏenN.  et  quelques  cliaiils  de  leur  église,  mais  sans  expli- 
quer rcffet  <lo  CCS  signes.  Dans  l'ouvrage  que  j'analyse, 
on  Irauve  uoe  expUcalion  des  signes  principaux;  lu  valeur 
des  autres  esl  itieounue  par  les  Arniéuieiis  de  ua«  jouM. 
Leur  nombre  s'iilbVe  à  quarante-trois;  ce  ne  sont  point 
des  noies  qui,  comme  les  nôtres,  expriment  les  dcgréiî 
d'une  gamme  ou  d'une  éolicllc  musicale ,  mais  des  signes 
qui  indiquent  certains  groupes  de  sons  ,  et  corlaincs  ma~ 
niËres  de  porter  la  voix ,  soit  en  haut,  soit  eu  bas  ,  enfin 
des  signes  d'expression.  On  11  vu  qu'il  en  est  de  mt^me  de 
la  notation  âlhiupienHc.  On  pense  bien  que  les  Arméniens 
ne  manquent  pas  il'uue  histoire  sur  l'origine  do  ces  signes 
èt  de  leur  musique  actuelle  :  la  voîci.  fJu  de  leurs  pre- 
miers patriarches,  nommé  Mesrop ,  désirant  que  les 
prières  et  les  ohants  de  l'église  se  fissent  en  langue  Hnï- 
cuone,  qui  est  l'ancienne  langUe  propre  des  Arméniens  , 
sYtait  appliqué  sans  succès,  pendant  plusieurs  années, 
à  découvrir  des  caractères  qui  pussent  exprimer  parfaite- 
ment la  prononciation  et  lo  chant  de  cette  langue,  et 
remplacer  les  anciens,  dont  l'usage  s'était  entièrement 
perdu  depuis  que  tes  Grecs  et  les  Perses  avaient  conquis 
l'Arménie,  et  y  avaient  rendu  leur  langue  dominante.  Il 
entreprit  alors  dilTérens  voyages ,  afin  de  consulter  sur  son 
projet  les  hommes  les  plus  savans  de  son  siècle  ;  mais  ce 
fut  avec  aussi  peu  de  fruit.  Enfin,  en  l'année  5(>4  de 
l'ère  chrétienne ,  Dieu  mit  un  terme  aux  longues  et  péni- 
bles tentatives  de  Mesrup,  et  lui  envoya,  pendant  qu'il 
dormait,  un  ange  qui  lui  révéla  ces  caractères  qu'il  avait 
tant  cil erctiés.  M.  Villoteau  a  complété  son  travail  sur  la 
musique  de  ce  peuple  eu  donnant  des  chants  dans  fous  les 
Ions,  avec  la  notation  originale,  la  traduction  en  notes 
européennes ,  et  lies  remarques  curieuses ,  tant  sur  lus- 
signes  que  Sur  U's  formes  de  !.i  mt^Iodie, 


400 

Le  qualnèonc  chapitre  Irnile  do  la  musique  grecque  mff' 
derne.  La  lâche  était  diificile,  car  cette  matière  était  ob- 
soure  et  bien  peu  connue.  Le  résultat  des  recherches  de 
Kircher^  de  Marli'ni ,  de  Burney  et  de  l'abbé  Gerbert  avait 
■ité  peu  satisfaisant.  On  savait  que  la  musique  eeclésias- 
-tîqufi  grecque  avait  été  réforinée  dans  le  huitième  dtôé 
,Çar  S.  Jean ,  surnommé  Damascène,  parce  qu'il  était  né 
à-Damas;  mais  ou  ignorait  en  quoi  elle  consistait.  On  sa- 
vait qu'il  '  avait  inventé  une  notation  particulière  pour 
.cette  musique,  lu  forme  des  signes  était  même  conuue; 
.mail  leur  sîgnilication  et  Icilr  valeur  étaient  ignorées.  On  a 
.m  I  par  la  notice  que  M.  Ferne  a  insérée  dans  la  £evue 
Muticale^ ,  que  les  manuscrits  relatifs  à  ta  mnsEqua  ecolé- 
fliastique  grecque  ne  sont  pas  rares  dans  les  bibliothèques 
de  l'Europe  ;  mai.<i  l'utilité  i[u'on  peut  retirer  do  ces  ma- 
nuscrits était  à  peu  près  nulle  tant  qu'on  ne  possédait  pat 
la  tradition  qui  seule  ponv.'iit  dissiper  l'obscurité  qui  J 
règne.  Cetle  à  connaître  cette  traililion  (jiie  M.  Villoteau  a 
mi.s  tousses  soins,  et  la  lumière  iju'il  a  portée  dans  viiie 
matière  qui  Était  restée  si  obscure  jus((u'ici ,  pronve  ([ue 
ses  études  ont  été  bien  faites.  Au  moyen  des  papadike 
.(livres  dejohant  des.;ia;»w  ou  prêtres  greos^  qa'îl.avait  ao- 
.qnit,  «t  des  lofonl  du' premier  chanOv  de  l'église 'pàt^ar- 
cale  des  Grecs  au  Haîre,  nommé  domGtiebratl  (Çal>nel  ), 
il  est  parvenu  à  donner  une  explication  aussi  claire  que 
possible  lie  i'iii:ige  ei  de  l'effet  des  signes  du  chant,  et  de 
les  Irmluire,  autant  fpie  cela  se  peut,  par  la  uolalion  euro- 
péenne. Il  s'en  faut  de  bcaucou[i  que  les  pa/padike  con- 
liennent  toutes  les  règles  nécessaires  à  la  pratique  du  chant 
grec;  plusieurs  de  ces  règles  ne  s'étaient  conservées  que 
par  tradition  lorsque  M.  Villoteau  a  visité  l'Ëgypte  :  on  lui 
doit  de  les  aycir  fait  connaître  et  de  les  avoir  classées  âvee 
ordre..  Ses  recherches  sur  ïes  tous  ou  modesi  lèor  forme, 
leur  mutation,  et  sur  l'ensemble  du  système 4ëia'mùsiqn 8 
grecque  modemei  ne  sont  pas  miains  intéressantes  que 
.celles  .qu'il  a  faites  sur  la  nolatrân.  En  général  i;  il  s'ést 
:  (i)  pis- a3i— a37. 


□Igifeedliy  Google 


4ni 

éclairé  on  par  ses  prupics  ycm ,  ou  par  des  iiiirorLlé»  irré- 
cusables; son  travail  est  turoiiné  par  des  chauts  ecclésius' 
tiques  dans  les  huit  modes ,  et  par  des  chansoDs  vulgaires. 

Le  cinijuiëDiB  et  deruier  chapitre  du  méaioire  sur  l'état 
actuel  de  la  musique  parmi  les  peuples  orientaux  qui  ha- 
bitent on  Egypte,  est  relatif  aux  connaissances  musicales 
des  juifs.  M.  Villoteau  commence  l'exposé  de  ses  recher- 
ches par  les  réflexions  suivantes  :  ■  Depuis  plus  de  dix-sept 

■  cents  ans,  sans  patrie  et  errans,  les  juifs  ont  cessé  d'avoir 
(des  chants  nationaux;  dans  tous  les  pays  où  l'induslrie 

■  et  le  commerce  les  ont  appelés,  ils  ont  été  obligés,  quand 

•  ils  y  ont  été  reçus ,  de  se  soumettre  aux  usages  qui  y  sont 

•  généralement  suivis ,  et  de  renoncer  à  plusieurs  de  ceux 

•  qui  leur  Étaient  propres.  Un  de  ces  usages  ([«'ils  n'ont 
«conservé  nulle  part,  c'est  celui  de  leurs  chants  civils; 

■  partout  Ils  oDt  adopté ,  pour  ces  sorles  de  chauls,  le  godt 
Il  des  peuples  parmi  lesquels  ils  out  habité. 

1 11  n'en  est  pas  do  même  à  l'égard  de  leurs  chants  reli- 

■  gîeux.  Quoiqu'ils  en  aient  varié  le  style  dans  les  divers 

■  pays,  et  qu'ils  distinguent  parmi  ces  chants  ceux  du  stylo 

■  allemand,  ceux  du  style  italien,  les  chants  du  style  orieu- 

•  tal  et  les  chants  du  style  égyptien ,  ces  chants  leur  sont 

■  toujours  propres,  et  n'ont  réellement  rien  du  commun 

■  avec  les  chauts  ou  religieux  uu  civils  d'aucun  des  autres 
«peuples,  pas  même  avec  ceux  de  la  nation  dont  ils  por- 

•  lent  le  nom.  Ils  ne  les  appellent  ainsi  que  pour  distiu- 

■  guer  seulement  le  style  do  ceux  qu'ils  ont  adoptés  dans 
«chacun  des  divers  pays  où  il  leur  est  permis  d'avoir  des 

<  synagogues.  Quant  au  caractère  principal ,  il  est  partout 

■  le  même,  et  ils  prétendent  qu'il  n'a  pas  changé  depuis 

<  l'institution  de  ces  chants  par  Moïse ,  David  et  Salomon. 

<  Le  caractère  du  Peulaleiique  est  doux  et  grave;  celui  des 

■  Prophètes  a  un  ton  élevé  et  menaçant  ;  celui  des  Psaumes 
«  est  majestueux  :  il  lient  de  l'extase  et  de  la  contemplation  : 

■  celui  des  Proverbes  est  insinuant;  celle  du  Cantique  des 

•  cantiques  respire  la  joie  et  l'allégresse;  enfin  celui  de 
«l'Ecclésiasle  est  sérieux  et  sévère.  Mais  dans  chaque  p.ijs 
«  ces  cbauls  sont  difTéremmcot  exécutés,  parce  que  les  ac- 


ûlgrtizadby  Google 


(cens  muslcuuf ,  quoique  porlant  le  même  nom,  ne  bb 
^  composent  pas  de»  mêmes  iiiflexîohs  de  voix,  et  varient 
•  la  forme  Uc  la  mélodie,  sans  cependant  en  changer  le  ca- 
(  raclÈre.» 

Le6  juits  n'ont  P3s  de  notation  musicale  proprenunt 
Aiteimm  ils  oRt  des  accens  mualcatu  qui  Indiquent )t) 
piaoî^r^  dont  il  ûat  donner  la  loix  et  dont  on.  doit  U 
dulcr^  aoitpD  élevant,  aoUen  baissant  le  son  :  ils  sont  au 
nombre  de  rîngt:  U.  Villoteaa  en  a  donné  la  forme  aveo 
l'effet  en  nobtion  européenne ,  et  y  a  joint  une  expUc4tîon 
de  la  manière  de  les  e^eutcr. 

Tel  est  le  trayait  immense  et  entièrement  neuf  que  l'on 
doit  à  ce  savant  musicien ,  tri|vajl  qui  matheuteusement 
n'est  point  de  nature  à  Être  apprécié  par  beaucoup  de 
monde;  mais  qui  lui  Bssifrel'esUmç  et  la  reconnaissance  do 
tous  l^es  aipis  de  I4  littéraïore  .musicale-  Je  dooperm  âapt 
lin  antre  article  l'analygç  di(  qi^mf>ire  «ur  les  inAtrunuffl 
de  musique  des  Orientaux. . 

'  ■  FÉTIS. 


NOUVELLES  ÉTBAUGÈRES. 

BuMH,  }Q  roui-  On  a  donn^  ayant  hîer^  théâtre  d^ 
K.œnïgsla^4  U  première  représeiUatîoD  de  Cçrrwlino  , 
gpér4  bU0S  de  Boiripi,'  La  traducteur  a^aMOd  p*«  fait 
4ucuif  fç9if  pour  rendre  malins  pitoyable  lelibrettu  italien  ) 
m^ÏB  la  musique  suffira  pour  assurer  pet  ouvrage  bon 
nombre  de  représeii talions.  Le  niagniiique  sextuw  du 
premier  acte  a  fait  grand  plaisir,  tiiusi  que  te  finale.  On  ^ 
été  fort  content  de  l'exécution  en  général,  et  tous  lesacteur^ 
ont  élé  rappelés  sur  la  scène  ii  Ja  fin  du  premier  acte. 
M'"  Sootag  et  ly.  Yager  se  sont  p^rtioulièr^ment  distin- 
gués. iU"*  Ëunif^e  a  soutenu  très  IwHreuseinBut  le  voisinage 
dfi  ftl"*  Sovtvg'  Le  publia  a  p^rif  t^ti»faït  d»  U"*  Folsen^ 
beim.  donl|sper«anBe«t(etalettir9Uip*Uenlaiitazcet<t; 
dernière  cantatrice. 


— LemailrB  de  chapsllc  Schneider  iiivilQlous  lus  amis  de 
la  musique  à  se  rendre  ;\  la  grande  fûle  musiealc  îles  bords 
del'Elbe  qui  aura  lieu  à  Zerbst  les  i5  et  iGjuin.  On  exé- 
cutera ,  le  premier  jour,  IcSantion  de  Bîcndel;  leeecond 
différentes  œuvres  dcGluck,  de  Palcstriiia,  de  Mozart,  de 
Seethoven  ,  et  d'autres  grands  mailres.  L'orcheslre  et  la 
réunion  de  chanteurs  seront  composés  de  plus  de  trois  cents 
personnes. 

—  Le  g  mai ,  est  mort  àBreslau  Frédéric  Guillaume  Bcr- 
rer,  orgauiïtc  de  Saiule-Elisabelh  et  diroclour  du  musique 
de  l'Université.  C'était  un  compositeur  estimé. 

ViBHHE  ,  aS  avrii.  L'ouverture  des  représentations  de  la 
troupe  italienne  de  Barbaja  vient  d'avoir  lieu  par  le  Mosc, 
de  BoEsini.  Davjde  qui  remplissait  le  t61o  d'Osiride  fc 
trouvait  d'abord  mal  disposé  et  a  produit  peu  d'effet  dans 
un  air  de  Pacini  qu'on  avait  njouté  à  son  rfilc  ;  mais  il  a 
pris  une  éclatante  revanche  dans  le  duo  Parlât,  spiegar, 
qu'il  a  cbanlé  d'une  manière  parfaite  conjointement  avec 
Lablache.  Ce  dernier  a  été  digne  de  lui-mémc  et  fort  ap- 
plaudi ainsi  que  M"  Itléric-Lalande  qui  remplissait  le  rûle 
d'Elcia  ;  les  chœurs  et  l'orchestre,  sous  la  direction  du 
maître  de  chapelle  Weigl ,  se  sont  particulièrement  dis- 
Mngués. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 


ACADEMIE  ROÏILE  DE  MUSIQUE. 

A  une  certaine  époque,  que  de  vieux  employés  de  l'Opéra 
appellent  en  soupirant  le  bon  temps,  la  vie  était  douce  pour 
le  directeur  de  ce  spectacle  et  pour  ses  subordonnés.  Chan- 
teurs, danseurs,  comparses,  peintre!!,  machinistes,  etc. , 
vivaient  dans  une  agréable  oisiveté,  et  ne  reecvnicut  pas 
moins  exactement  leurs  appoinlemens  que  s'Us  eussent  été 
accablés  d'études  et  de  travaux.  Un  répertoire  borné  à  sept 
an  huit, ouvrages,  qu'on  jouait  sans  cesse,  suffisait  aux 


□  Igtead  by  Googic 


plaisirs  iIu  public.  La  râpulatioii  toute  faile  de  ce  genre  du 
Kpcclaele,  et  qu'on  acceptait  sans  en  examiner  les  litres,  y 
■  amenait  en  dépit  d'eux  ceux  niéme  qui  ne  n'y  plaisaient 
que  médiocrement;  eufia,  avec  la  Tameux  premier  coup 
tf  archet  de  l'Opéra  et  la  merveille  d'un  rideau  qu'on  ne 
baÏGiiUit  pas ,  on  vivait  anx  di^pcns  d'un  publie  dËbonnairo 
qui,  malgré  son  ennui,  ne  croyait  pas  avoir  le  droit  de 
demander  autre  chose  que  ce  qu'on  lui  donnait.  S'il  y  avait 
déficit  au  bout  de  l'année,  im  gouvernement  lacile  le  com- 
blait :  tout  allait  le  mieux  du  monde.  Missi  ne  se  génait- 
t-on  pas ,  et  croyait-on  avoir  fait  de  grands  efforts  quand 
on  avait  monté  un  ou  deux  opéras  nouveaux  dans  l'année. 

Cependant  les  auteurs ,  nourris  du  vain  espoir  d'obtenir 
un  tour  de  représentniiuu ,  travaillaient  et  présentaient 
leurs  ouvrages  à  l'administration  qui  les  admettait  presque 
toujours,  sans  s'inquiéter  du  temps  où  elle  les  ferait  repré- 
senter. Tel  était  l'encombrement,  je  ne  dirai  pas  des  car- 
Ions  de  l'Opéra,  car  l'Opéra  n'a  peint  de  carions,  mais  de 
Bes  registres  d'inscription  ,  que ,  si  j'en  crois  l'aulenr  d'une 
brochure  assez  curieuse  et  di^à  ancienne  ,  intitulée  Coup 
d'œii  svr  {'Opéra,  il  y  avait  en  iBoi  deux  cent  dquze 
opéras  reçus.  Dans  ee  nombre,  on  eu  trouvait  trois  de 
Picciui ,  un  de  Grélry,  el  plusieurs  de  Héhul,  de  Lemoine, 
dè  /-iiigarclli ,  de  Langlë,  d'Eler,  etc.  De  tout  cela,  on  n'.i 
pas  joué  dix  ouvrages;  aujourd'hui  la  prescription  est  pour 
ainsi  dire  arrivée  pour  le  reste.  D'ailleur<|,  la  révolution 
qui  s'est  opérée  depuis  lors  en  musique  est  (elle,  que  les 
auteurs  s'opposeraient  eux-ni6mcs  à  ce  qu'on  représentât 
leurs  productions.  Je  laisse  donc  de  côlé  cet  ancien  fonds 
pour  examiner  les  ressources  aciuelte.i. 

La  nouvelle  administration  de  l'Opéra  est  canvainenc 
de  la  nécessité  de  varier  son  répertoire,  ou  plutcit  de  s'en 
créer  un  neuf.  Certes ,  clic  trouvera  bon  nombre  de  musi- 
ciens et  de  poètes  disposés  à  lui  prêter  le  secours  de  leur 
plume  ;  mais  (|Ue!ie  que  soit  son  activité,  il  est  à  craindre 
qu'elle  n'éprouve  biiinlot  l'efTet  d'un  nouvel  encombre- 
ment, si  elle  ne  se  liàte  de  mettre  de  l'ordre  dans  son  ave- 
nir cl  Je  fixer  le  nombre  d'ouvrages  qu'elle  vcnl  faire  ve- 


.  4»5 

prësciilci'  ilatis  le  couA'de'ol^dc^dl^lïée,  au^^ew j^'op; 

éon  au  théâtre.  Il  faut  donc  so  hdter  de  rsprésenier  ce 
qui  peut  l'être  eu oore,  ou  se  décider  à  y  renoncer.  Oo  p«ut 
juger  de  celle  urgence  par  le  tableati  suivant  des  ouvrages 
qui  sont  prâts  et  de  ceux  qui  sont  sur  le  mélier. 


Opéras. 
i.JlaBlMth. 

li 


OFEniS  EN  3  Al 

Poêles.  Musiciùm. 
mu.  Hix.  MU.  Chelard. 

1  Jouy.  .        :  ..,1;  Zi^Qtffi'inaa,', 
.■      -Scribé  el  G.  Dor  .  Kviiec. 
laTigne. 

4.'Ai«itBdrie  aux  rBaout  LonDinD. 


-5.  Ogierle  Danois. 

Amautt. 

Bon. 

6.  Dlinde  et  So- 

phronie. 

Désaugierg. 

Faer. 

'  7.  Achiuet. 

Delrieu . 

Lebrun. 

8.  Matliilde. 

Saint-Ton, 

Kreutzer. 

Q.  Idoméoâc. 

Caignez. 

Moiart. 

10.  Abufar. 

Mon  férié  r. 

Aymon. 

11.  Artaxcrcës. 

Delrieu. 

Ermell. 

la.  LeGraudLama. 

Jouy. 

Garcia. 

ÉBis  EN  1  00  a  ICI 

i3.  Phidias,  a  act. 

Jooy. 

Félis. 

Haleyj. 

i5.  UUton. 

Jony. 

SpoDUnl. 

ifl.  CQTÎnne. 

-  Gosifl.;  ' 

Mazas. 

De  plusj  deux  autres  oiiTragei  doatlù  titrés  ne  sont  pas 
présensi  mainéinoirei  et  dont  U.  Gfaanconrtoisettaade- 
moiseUe  Pylore  oot  oomposié  la  murique. 

(1)  Ces  trois  opéras  ont  les  tours  l«t  plot  pTDolniot  ponr  être  rtprt- 
sentes.  Le  premier  est  en  répëtition,'  et  doit^lVa'joud  TCnlB  aoîain 
prochain;  le  second  suivra  imoicdialemen^et  jHaiatRoKbarrivm  rer« 
là  fin  du  mois  de  frptembrc. 


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4o3 

OPÉIUS  SUB  LE  MÉHEB. 

Titres  dee  Ouvrages.  Poètes,  Mutidens. 
1.  Le  Vieux  ds  la 


Montagne. 

UM.  Jouy. 

MM.  Rossi;sl. 

3-  Attila. 

Jouy. 

HunuDpl. 

3.  Ërostrffte. 

Hal«yy. 

Balevy. 

4-  Sardanapalfl. 

Vienùçt, 

SplmeiUbœfi'cr, 

S.  Los  Athéuien- 

aee. 

Jouy.' 

Sponlin!. 

6.  Le  duc  de  Cla- 

rence. 

Scribo. 

KalUmmer. 

Voilà  donc  vingt-quatre  opéras  qui  lont  prêta  pour  ia  re 

présentation,  ouquile  seront  avant  uu  an .  A  ces  ouvrages  il 
faut  ajouter  quelques  ballets.  De  plus  ou  parle  d'un  opéra 
auquel  travaille  M.  Catel ,  d'une  reprise  de  l'ancienne  tra- 
duction ào'Don  Jttan,  Aa  rarrang«ment  du  Croeiaîo  de 
H.  Meyerbeer,  et  de  celui  de  la  Donna  del  Lago  de  Roailni,  | 
Ainsi ,  en  supposant  que  Tadintoistration  oonienra  toute  | 
sou  activité  et  continue  k  monter  uu  ouvrage  en  deux 
mois,  il  y  en  a  pour  cinq  ans.  Il  faut  donner  six  opéras  par 
^n  et  deux  ou  trois  ballets  pour  épuiser  dans  ce  tems  toat 
fie  qui  ett  reçu.  Que  serait-ce  si  elle  imitait  les  admlnia- 
Iralions  précédentes?  peut  être  croira-t-elle  devoir  laisser 
jouir  les  auteurs  du  succès  qu'ils  auront  obtenu,  en  ne  se 
pressant  pas  de  leur  donner  des  Bnooesseurs;  mais  elle  doit 
remarquer  que  les  succès  de  l'Op^a  ne  etnl  pat  eenx  4n 
momenl  comme  çbim:  de«  «Btre*  théAMS'  Nsguère  les  ou- 
vrages les  plus  jproductifs  étaient  encore  ta  VettaifitX  Fat- 
liand  CorteSf  après  vingt  ans  de  représenta tion,  Panqi  les 
Opéras  que  je  viens  d'énumércr,  suivant  les  chances  ordi-  i 
naires  du  tbéitre  >  plusieurs  seront  proPitablee  à  l'admi- 
pistration,  comme  aux  auteurs;  quelques-uns,  quelque  j 
mérite  qu'on  y  trouve,  ne  procureront  que  des  succès 
(l'estime  ;  d'autres  seront  moins  heureux  encore.  Il  faut  | 
donc  se  hâter ,  sans  craindre  de  nuire  aux  uns  par  les  au- 
IH*.]  ce  t^-ert  dertiné  h  rester  au  répertoire  restera.  Il 
faut  surtout  ne  pas  u  livrer  aux  préventions  fevoroblen  oi^ 
^^aTorables,  car'tout  st^oès  est  incertahi  et  ne  peut  ^t^. 


g;iraiiti  d'avance.  Je  sais  que  les  ouvrages  préseolcnt  [iluif 
OU  ^noloi  ife  Aluoees  ;  je  taif  qu'il  y  a  des  n<m»  baxmg^ 

pv^pMDtiUUfB'Bt&ire  catégories;  ella  duit  ntantacn 
iértty-  Irt  OBgragee  sur  lesquels  elle  compte,  afin  d'eq 
i^lKil^r  tonjoura  un  i  une  chute  ou  A  un  succès  mé4û>om 
maifrlLfaut  acquitler  toutes  les  promesses ,  et  ue  pas.  faire 
croira  que  les  réceptions  sont  illusoires  à  rOpfr.t;  car 
l'éloignement  des  bons  auteurs  fiiiiinit  par  iMrn  h',  rt^siillal 
do  déceptions  trop  fréquentes,  el  il  ne  resterait  i\uc  ceux 
dwit  le  temps  n'est  point  assez  précieux  pour  Être  ménagé. 
.Gttii'f^  point  aprèsqufaBionBingeest  admis  qiiii^m  i^lçe 
ééf^iT^f^  f i>  te^ré^  steetà  Vàa^libn.  VoiU  M' seetëf 
#i^|ta^iBntetdoiraveBirderop;sl>a.  i 
-«<     .  '■  ..  ■-■  .    'i-:!!,  .-. ,  , 

\mïr:. — — ~-~^^,--.*v'--- 


!■«  MMMimf^  «st  souvent  capricieuse;  elle. proclame 
^fielqBeiois  4m  nwu  qu'il  faudrait  laisser  dans  l'oubli; 
d'MitrM  fois  jella  «n  néglige  d'autres  qui  méiîleruient  d'oor 
euper  ses  cent  bouohes;  mais  il  est  remarquable  (juc  le^ 
réputations  qu'elle  fait,  de  concert  avec  le  temps,  sout  fou- 
dt^es  sur  un  mérite  réel.  Quand  tous  les-sufTrages  se  réunis^ 
sent  eu  faveur  d'un  artiste ,  on  peut  se  laire  une  idée  trfes 
dievée  de  son  talent,  même  avant  d'au  «tqît  P<i  j'Wai'  paît 
soi-même;  cgr  il  est  diiliciie  que  tont  le  mondp  se  ^qHt 
trompé.  Par  exemple  4  la  réputation  de  madame  Pîsaronï 
était  telle.  avantqu'eUeTtntà  Paris,  que  ohaouD  s'est  rendq 
a*eD«oofianoe  au  TbéUre-Italien,  samedi  dernier  :  ou  y 
allait  non  pour  juger,  mais  pour  jouir.  Aussi  l'alllueuce 
était  si  grApde,  qu'en  iNOins  de  dix  minutes  toutes  le^ 
plaœs  étaient  enTabiee,£t  que  tout  les  corridors  étaient 
encombrés.  It'attenls  Aes  amateurs  n'a  point  été  trompée  ; 
madame  Pimmui  atié  «ibliw.Qui,  «ûbltme!  etcepeui 
[fnnt  elle  a  des  défauts. 


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Le  r61e  d'Ariaoe,  daus  SemiramkU,  qa'elle  a  oboiri 
|ionr  BOD  premier  début,  n'avatt  ét&  chanté  et|onâmi^ 
■ùëdiocremegtjuaqu'ioi  àax  le  théatT>de.PJri>j' flIitinKtfiqiii 
il'n'avâU  élé  compris,  uï  par  mademôi^lte  Sôhfuntnjîst 
par  madame  SchuU,  ni  par  mademoïseile  Cesari;  le^Imt 
de  madame  Pisaroni  en  fait  le  premier  rôte  de  la  pijgev 
Pourquoi  faut-il  que  nos  plaisirs  soient  presque  ttoqjçAlïm 
incomplets,  et  que  nous  ne  puissions  voir  à  la  fois  le  rAle 
brillant  de  Sémiramis  joué  par  madame  Pasta,  et  telaî 
d'Assur  chanté  par  Lablache,  tandis  que  madame  Ptsaroni 
joue  et  chante  si  admirablement  celui  d'Arsace?  Que.de 
jouissances  résulteraient  de  la  réunion  de  ces  trois  vIe;' 
tuosesl  que  d'effets  qui  ne  seraient  point  g&lés  par  ee-'gÀi 
précède  ou  par  ce  qui  suit  t  Toutefois  ne  soyons  point  trop 
cjçigeaus;'  savoiuons  le  plaisir  qui  nous  est  offert,  et  sa- 
chons gré  à  l'administra tloci  de  nous  procurer  eu  détail, 
lie  pouvant  nous  le  donner  autreoii;nl. 

I^'enlrée.  de  madame  Pjsaroiii  dans  la  carrière  dramati- 
que a  BU  lieu  en  ifti  i;  elle  avait  alors  diz-hnit  ans,  eUe  ei^ 
a  dono  aiijourd'hni  trente-quatre  ;  sa  voix  était  daiuTorI:> 
gine  un  véritable  contralto;  le  travail  en  a  modifié  là'nâ- 
ture,  et  à  fait  atiquérir  à  la  cantatrice  des  sons  élevé^4'^ 
vont  même  jusqu'à  Vut  àïgu  du  soprano.  Il  est  résulté  dëliV 
travail  une  voix  mixio  qui ,  depuis  le  fa  grave ,  a  une  éten-' 
duc  de  deux  oclaves  et  demie;  je  dis  une  voix  mixte  avec 
d'aiil:u)i  |diis  de,  r^u^uii,  que  celte  voîxrenfernie,  non-seulc- 
nienl  li^s  diirc'ri-[iti;s  qualités  de  son  qui  apparlienncnt  à 
des  registres  différens  ,  mais  des  sons  tirés  alternativement 
de  la  poitrine,  delatôte,  dnventra  et  de  1«  gei^,  et^tel 
est  l'eflbt  singolîer  du' mélange  de  cas  son^i;''ipfltbtit^ 
entendre  suocessivement  des  voix  qui  appaT(ieiinéi^>^ftn3ta1 
individus  différcns.  Ce  ne  sont  point  des  sons  isolés  dê'^-' 
lure  diiïérente,  qui  se  succèdent  comme  citez  un  chanteor- 
qui  a  line  mauvaise  mise  de  voix ,  c'est  une  faculté  singii- 
licre  de  eliantcr,  lanlrtt  en  cojitrallo,  tanti*it  en  soprano, 
tanli'it  de  Ir,  |iuilrine  el  l.mlôl  de  l.i  gorgr.  l.i;-  .'^oiis  ynlhi 
raux  iiiiidiiLseiLt  siuloiil  un  effet  liizjrrc  dimt  un  [«-iuK. 
À  se  rendre  cuuipte.  Au  moment  où  madame  Pisjvuni  se 


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*») 

sert  de  CD  Ciiracttre  île  voie,  elle  a  l'IiabilitJe  ile  louriier  In 
bouche  lie  la  même  manière  à  peu  près  t|ue  iioa  chanlrc!) 
de  paroisses  qui  veulent  dire  la  grosse  vois.  Il  serait  JifB- 
cile  qu'une  pareille  grimace  ne  gilât  pas  la  plus  jolie  fi- 
gure; mais  en  conscience,  sureelle  de  madame  Pisaronl...! 
J'ai  cru  d'abord  qu'après  avoir  remarqué  que  certains  NOns 
n'étaient  pas  dans  aa  voix  et  no  sortaient  pas  natureflc- 
ment,  cette  grande  canlalrico  avait  essayé  divers  moyens 
de  les  produire,  et  avait  été  forcée  d'avoir  recours  à  celui- 
là;  mais  il  n'en  est  rien  ;  car,  après  avoir  bien  écoulé,  j'ai 
vu  qu'elle  chnnie  à  volonté  sur  tous  les  registres,  tantôt 
avec  une  qualité  de  voix,  et  tantôt  avec  une  autre.  C'est 
donc  l'efTetd'un  système?  En  vérité  je  ne  sais  qu'en  penser, 
et  j'ai  besoin  de  l'entendre  encore  avant  d'adopter  une 
opinion. 

Mais  si  la  crilique  peut  a'esorcer  sur  ce  point,  que  d'é- 
loges sont  dus  à  madame  Pisaroni  sur  tout  le  reste  I  quelle 
admirable  manière  de  phraser  le  récitatif!  quelle  expres- 
sion I  quel  choix  d'infieiions  I  quel  goût ,  quelle  invention 
dans  les  fioritures!  enfin  ,  quel  art  dans  les  proportions  de 
son  chant,  arl  que  je  croyais  perdu,  et  que  je  o'ai  retrouvé 
que  dans  cette  cantatrice,  depuis  que  Crescentini  a  cessé 
de  se  faire  entendre.  Dès  le  début,  dès  les  premières  me- 
sures du  récitatif,  on  a  pu  juger  qu'on  allait  entendre  un 
talent  supérieur.  La  première  cavatine  du  rôle  d'Arsace, 
Ah!  quai  giorno  ognor  raincnto!  qui  n'avait  été  chantée 
qu'aux  premières  représentations  ,  et  que  madame  Pîsa- 
roni  a  rétablie,  a  sulS  pour  montrer  tont  ce  qu'on  devait 
attendre  d'elle  comme  cantatrice,  mais  ne  lui  a  point 
fourni  l'occasion  de  déplo3'er  son  jeu  admirable.  Cette  oc- 
casion s'est  bientôt  présentée  dans  la  scène  avec  Âssur  et 
dans  le  duo  Betta  imago,  oii,  à  l'exception  de  quelques 
traits  trop  chargés  de  notes,  tout  a  été  parfait. 

Malgré  tout  le  plaisir  que  le  public  venait  de  goiîter, 
peu  s'en  est  fallu  que  la  fùte  no  fût  troublée  par  les  récla- 
mations énergiques  des  amateurs  qu'on  a  privés  du  duo 
Scrbami  ognor.  Il  parait  que  ce  morceau  n'était  pas  bu. 
DessiUlelsBe  sont  fait  entendre  et  ont  accompagné  presque 


tout  le  chtrar  Ergio  mai.  ËtiQn  le  calme  s'est  rétabli, 
le  beau  quinicito  suivant  n  ramoné  le  plaisir  dans  ta  salk', 
VeammbUGiuroaiNumi,  qui  est  charmant.  ;ivuit  litiï  peu 
remarqué  jusqu'Ici  ;  la  vigueur  du  qbant  de  M""  Pisaroiii 
lui  a  rendu  tout  soo  éolat.  La  BBllsraolion  était  générale  et 
■emblait  MB  pouf  oir  Aire  plus  ramplètfrfipTèllspretnigiïaHif*} 
miils  c'était  poilr  le  fécond  <{ileriiaUIe  Mvîmé^^Sliia^ 
sertréiMs  plus  beaux  effbtB.IamaltrémolIona'aété'pltlHiiln 
quft  celle  qu'elle  a  excitée  dans  Wscèae  DÛ  legrànd-prëtrè lut' 
révèle  Je  seoret  de  sa  naissance.  Les  oombreux  dtlettailli , 
qui  Ignorent  ce  qu'était  l'art  du  chant  dans  t'anoleniie 
école  d'Italie ,  ont  pu  s'en  former  une  idée  par  ta  manière 
dont  M"  FlKaroni  a  joué  et  chanté  le  rondo  In  si  harbarà 
Seiagura,  et  tout  le  reste  de  cette  acèue  terrible.  La  foule 
de  nuances  délicates ,  d'inflexions  heureuses  ,  dont  elle  a 
orné  léchant  de  toute  celte  ao6ne,  sont  dès  ebowa^ttift  lai 
traditianeiti{|aintonantàpenpTèBpenlneVet^b#ll^P«ttil 
même  ne  lonpçcinne  pas.  Hon^^tdos  admlr«blfr'date.w 
scène  avec  Séniiramis,H**  Pisaronlya  porté  le  pathétique 
au  plus  haut  point  où  il  pulsia  arriver.  SI  une  aura  bon- 
danced'oruemens  et  quelques  phrases  gattnrales  n'avaient 
de  temps  en  temps  gité  de  si  belles  chtttès ,  je  ne  balantw- 
rais  pas  à  a£Brm(tr  que  jaifialachanlenF  ne  fr'èuti^^M^Kb 
haut.  Hall  ]e  ii'llésile  pas  &  déclarer  que  d«:  ^W^^t^mW 
talent  de  H"  Ptsaronï  me  parait  une  tnerveflle.  "  '  ■  '  ~ 
Malgré  «a  belle  voix ,  ZuchellI  a  fitit  un  contre-sens 
perpétuel  dans  tout  le  rAIe  d'Assut.  La  âoctour  de-  son 
chant  a  fait  d'abord  beaucoup  de  plaisir  ;  mais  la  molleiue 
qu'il  a  mise  rlan^  la  belle  sciue  /(  dï  gia  Cado  ont  gâté  fe 
le  succts  qu'il  a\aili>lilejjii.G.illi,  pardcn  in  tentions  forcées 
tombait  un  peu  (huis  I;i  tli.iriiu  (Lins  (;i"lte  dernière  *Cène; 
mais  du  moins  c'était  de  l.i  rhalour,  de  l'intention,  an  lieit 
que  Zuchellî  l'alTadit  au  point  di;  la  rcndri:  insiipport^])le. 
Pourquoi  Gain  n'a-t-il  pas  ia  flcsibiUI,;  tl  Vi  justesse  de 
Zuchelli,  ou  pourquoi  celui-ci  [u'a-t-il  pas  l'énergie  de 
fialU? 

'  Lorsque  j'ai  rendu  compte  de  la  rep^ésritHt^  ïdSfÉSÎ^ 
ramis  qui  a  accompagné  le  oonocri  de  H.  Lafcnit^'J'àf  ^ 


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4n 

qne  tnadenotnlle  Blaris  avait  été  Irfet  faible  dan»  le  tétë 

principal.  J'ignore  si  la  présence  de  madnnie  Pïsaroni,  Cl 
le  riiisirdese  maiitrcr  digne  ite  la  seconder,  a  ilee Irisé  relie 
jeui>e  pcrsoiiiio,  maî>.  elle  :>  fnil  preiivt  dt:  jirogrè^  si'nsi- 
bles  dans  beaucoup  d'eiiitroits,  et  en  a  ri^cueilli  la  récom< 
j^ie^&'danaleialipIaudisscnienR  du  public.  Ses  moyens  sont 
fatSflâttiiltpmit  un  pareil  rrtle;  mais  il  est  juste  de  lui  tc- 
taD^itbbipte  de  sët  efforts,  qui  sont  grands,  et  de  ses  progrès, 
qui  ioât  rtelS. 

PlOsiéUM  fbia  j'ai  parlé  un  tangage  sévtrb  à  iVirtiUeltMi 
ceHéÀlBHne  miSrlte  que  dus  éloges,  que  je  me  plKléS'ttit 
donner;  l'oUYerturo  a  élù  jouée  avec  une  chal^ul-  qàt  'à 
éleciriaé  les  amateurs.  Deux  cotipfi  frappés  à  faux  piki'li 
grosse  caisse ,  et  une  fatilc  du  même  genre  par  une  contre' 
basse,  sont  les  seules  que  j'ai  remarquées. 


cougs&t  de  h.  ^khahstadt, 

piTBM  floairifiiBHi' 

La  dispOsilioD  naturelle  des  habitans  du  Hurd  pour  la 
musique  et  pour  les  arts  mécaniques  est  connue;  on  eu 
cite  des  exemples  fort  remarquables  ;  mais  aucun ,  je  croï.sy 
n'est  plus  singulier  que  celui  que  vient  d'ofFrir  à  la  capi- 
tale M.  SLramstadt  qui,  né  en  Norwége,  parmi  de  simples- 
paysans,  s'est  élevé  à  la  condition  d'artiste  sans  aucun 
secours  étranger,  et  par  la  seule  impulsion  de  ses  lâoultés 
jiersonDelleii.  Guidé  verv  réiude  Se  la  musique  par  une 
aorte  d'Instinot ,  U  a  fabriqué  de-  ses  malM  '  Tespèt»  de' 
.  piano  sur  lequel  il  a  essayé  de  mouroir  ses  doigts.  Seul 
Il  s'est  livré  à  la  reeherche  de»  règles  dud<riKléetduméoa' 
iiïsme  de  son  instrument ,  et,  à  force  de  persévérance  «  est 
parvenu  à  jouer,  sinon  avec  goâl  el  expression ,  du  moins 
uvco  exactitude.  Maïs,  enfin  onnvainou  de  la  nécessité  dér 
perfectionner  par  les  leçons  d'Un  bou  maître  ce  que  la 
nature  et  ses  efforts  avaient  commencé,  M.  SLramstadt 
s'est  rendu  à  Paris  dans  l'espoir  de  recevoir  les  conseils  dtf 


la  Biiigularité  de  son  édiicatiuii  niti.sioiile  pourrait  piquer 
la  ciirtosité  du  publie,  .et  lui  ont  conseillé  de  doaner  un 
concert.  Malbenreusement^  saiRon  n*est  plus  lavorablc  à 
ces'sortes  d'en  Ir  éprises  ;  et,  malgré  les  talena  réunis  do 
M.  Baillot,  qui  a  joué  supérieurement  uue  symphonie 
concerlanlc  desa  composition,  pleine  d'originalité  ,  avec 
M.  Randcl,  jeune  SutSdnis,  son  élève,  de  M.  Vogt  qui  a 
èséniilé  il'inu;  mniiiirer.ivisFiaule  «ne  fanlaisie  sur  le  haut- 
buis,  .!.;  M.  l'iliiiM,  .loni  rimbilcté  sur  la  viole  d'amour 

osl  (01  0,  (lo  /.iirlicUi,  de  llordogni  et  de  M'"  Ccsari; 

enfin  malgré  la  nouveauté  d'un  sauvage  Scandinave  de- 
venu virtaose,  ce  concert  n'avait  attiré  que  peu  de  monde. 


ANNONCES. 

H.  Bgod.  Crhnd  trio  pour  harpe,  hautbois  et  vîolont 
dédié  à  M"'  Clémence  Schneider.  Op.  i5.  prix  :  la  francs. 
Pàris,  Frère,  galeriedes  Panoramas,  n°  i6. 

filBRCÀVUiTB.  EHtaiGtaudio,  partition  réduite  pour  le 
ptano,  prix:  36  fr.  Paris,  Paooini,  éditeur  des  œuvres 
de  Rossini ,  boulevard  des  Italiens ,  n*  ii. 

CeUe  ^lîoii  lé  distingue  ]»r  U  beauté  de  li  ^lure  et  par  la  ror- 

,  Le  deuxième  cthiec  de  CEeho  fyripitj  .<ieM  d«  paraître  i  la 
même  adresse.  Ilae  ccOnpose  i°  AtrJutomtiê,  romanee  à  deux  vini, 
paroles  de  I^marline,  miulque  de  U.  Grati;  a*  du  7\mbadour  etta- 
PHerine  ,  dialogue  entre  M.  Gaiîoiîr  DelaTigne  et  Hll*  Delphine  Gaj, 
musqué  de  H.Bn(itte-TeTnenil;3*d'nn8iT  italien  intercalld  et  chaulé 
par  H"»  Pasia  dans  l'dpérade  Zelmiradt  Boitîni. 

Le  prix  de  l'ubonnemeot  de  ce  iournal,  qu]  contiendra  pour  cntinm 
on  8o  fr.  de  musique  ,  est  de  35  tr.  franc,  de  poH.  On  a'ilioane  à 
Paris ,  nu  magaein  do  musique  de  Facini ,  i  Vadiesw  ci-ilessus ,  et  à 
Génère,  chn  H.  Grats,  Grande-Bue,  n»  207. 

Bducdibbb  et  PiRBBBOB.  RoBiaiiceB.  Le  Cor,  ballade  do 
U"  Amable  Tastu ,  mise  en  musique  et  dédiée  à  son  ami 
Gallay  par  Auguste  Pansergn.  Lo  Retour  awpa^/s ,  chant 
suisse,  paroles  de  U.  H.  F.  Poisson,  musique  d'Ëdouard 
Brugailvc.  Paris,  chez  tous  les  marohands  de  musique, 


PUBLIÉE  PAR  H.  FÉTIS, 


POLÉMIQUE. 


Biblïoltwnire  de  étaUiuaiiieiit,  et  r^dtcleur  en  cbeT  fte  k. 
Reive  Mmàcale. 


Farii,I639in>ï.i8>7<  ' 


HonsieoT  le  Rédacteur , 


L'AmcurignéparM.  Adrien  IiftEisge  sur  le  ^^^i^tÇy^f^s 
«unis  doQ^tjesui^anleqr,  m'a folt  Caira  q^çlqoâa  t^Hur-t 
Talions  que  j'ai  l'honneur  de  tom;  ooBnmTmtquer,  dan^ 
J'inlérétde  Tait.  Votre  impartialité -me  fait  eppéreç  ^qi^ 
TOtis^voudrez  bien  les  insérer  dans  un  de  vos  ^proolMinB 
numénn 

(i)  Cette  impartitlilé ,  inToqaée  par  H.  de  Gcilin,  noue,  impotil 
l'tjiltgatioa  d'iiU^ieiici  sa  rdclamation  anUot  daDiltinlâ>itda  u  dd> 
fente 'qoedana  plaide  l'art,  dont  lea  principes  te  popalariient  garla 
dtMUMion.  Nou  ne  noui  chargeons  poin  t  de  répondre  i  M.  Ae&etMn, 
.parce  (|ue  nonieroTuii  qd'tl  appartient  à  M.  Lafasge  de  le  faire  j  mai* 
-  non*  ne  Ini  diadmalahmapas  que«  noDsnouafuBsionacharg^de  bite 
l'analpa  de  loli  eavrage,  notre  critiqae  aurait  ëlé  beaucoup  plna  sa- 
tire que  celle  de  notre  «olliborateac.  Par  exemple ,  an  lien  d'îniûlcr 
.  anrnn  sjfXixsie  qni  n'ait  qnsleiësoltat  deëonMdjrationaputÏGDUfcea 
HO*  ÎBlértt  el  MDt  rjanttat ,  noni  aariab*  demandé  i  M.  de  Gealin 


Je  cuiumcncd  par  remarquer  ijnc  le  but  de  M.  Lafasge 
n'est  pan  rempli.  Il  li  sans  doute  voulu  l'aire  connaître  les 
b.ises  de  ma  lliéoric  pour  les  comballrc  ensuite  ;  cl  il  me 
semble  qu'il  iiislruil  simplement  leluctenr  que  je  n'admets 
comme  consonuanccs  que  la  tierce  et  la  sixte.  On  doit  se 
demauflcr  comment  avec  ces  élémeniije  puis  coiistruiro 
récbaraiidn-îe  d'une  harmonie  de  plus  de  dciii  parties,  et 
<|iicl  ilevient  ie  sort  de  la  quiiile  qui  a  passé  jusqu'à  pré- 
sent pour  In  consiuinance  p:ir  excellence? 

l'ermettez-moi  de  rcpari  r  rclte  umissiou. .  Daus  mon 
traité  je  délinis  l'harmunie.  l'art  de  faire  marcher  plusieurs 
mélodies  de  front.  Or  pour  qui!  celle  condition  s'accom- 
plisse, il  faut  que  ces  mélodies  lassent accorrf toujours,  ou 
le  plus  souveut,  sans  quoi  elles  se  désuniraieJit  el  ne  for- 
meraient plus  un  lout.  L'harmonie  est  donc  csscnliellc- 
meoE  dans  les  accords;  mais  puur  procéder  avec  ordre  , 
jo  conviens  avec  mon  lecteur  de  ne  donner  ce  nom  qu'aux 
aegrégations  de  sons  qui  peuvent  plaire  ù  l'oreille  sans  au- 
cune espèce  de  soutien  ;  c'csl-à-Uire ,  sans  antécédent  ni 
suite.  Je  conviens  en  même  Icm  pjs  pour  faciliter  la  nomeu- 
claiurc,  de  donner  le  nom  de  consonnancù  à  l'aecord 
formé  de  deux  noies.  Alors  prenant  seulement  l'oreille 
pour  guide  je  ne  Irouvc  de  consoiinanccs  parmi  les  inler- 
valles  quffla  licrcc  et  la  sixte.  Mais  comme  une  sixte  est 
formée  (liiS  mêmes  conipo^ans  qu'une  tierce,  je  conclus  à 
l'analogie  de  ces  inlervalle»  cl  je  pose  en  axiome  que  la 
tierce  est  ie  principe  de  P harmonie. 

C'est  CCI  axiome  qui  sert  de  base  à  tout  l'édifice.  Le 
reste  do  l'uuvragc  n'est  qu'une  suite  de  cunséqucrfSes  non 

l'explication  de  reue  Toule  d'eiemplus  iatéci-s  dins  son  lirra  qui  four, 
millent  àn  (autei  le:  plui  grossières  d'harmonie,  tellei  que  àe>  snilei 
de  quinles  Pt  d'octaies ,  de  raodulnliona  dtrangri  ,  cl  de  propotilion) 
bizarrei  qui  annoncent  un  homma  noD-senlcment  clrangcr  à  l'objet 
Bpéci»!  ({u'it  Iraîle  ,  mah  mAmc  aux  prinripes  les  ptui  .limplei  de  In 
musique.  Il  nous  srmbli:  dune  que  M,  de  Gcilin  aurait  pu  fe  coniii' 
dérer  comme  njnnt  elé  Irailé  faTorubleraent  dans  l'arliclede  noire  col- 
Inboralcur;  mais  ,  nous  le  repcLonj,  nous  ne  toulons  point  empieli-r 
sur  le.>  droits  de  celui-ri ,  ni  anticiper  sur  sa  répotitc. 

(  NoUdu  réJacleur.) 


□  IgrtiztKlbyCoo^li 


4'3 

iptecjfbinptt^^  de  ce  prinoipe,  qui  explniiie  delnrnaDière 
ikpiw^âami,  <di'Mii8e£peptioD,lou'ii.les&jjta  connus  en 
jtaraïQtn».  -  '    .1       ..-.t  V*  ..■ivT^iv.  ii':;^  -  . 

.  Je  fais  vçir  oonUnentIa  tierce  H)>er.pau!c'fout'i$t  lé^'hc- 
cordsâe  deux  et  trois  tierces  recoandes;  ■[pourquoi  il  ny 
en  a  pas  d'aulrés.  Je.  mobtre  osùineat  1^  divemV^ri- 
lions  des  aecords  foumiDgent-Ieg  disbonnancés  qui  se  rap- 
proclient  le  plus  de  ^a  voitsonnancc  <  et  i'on  voit  qxtt.  ia 
Quinte  prend  son  rang  immddiatùnieut  après  la  tierce 
ettfi  siane:  etieclasgemBntdesdisGoniiaricus  iJpvipiit  .mssi 
J^ile  '<|u'évident,*aînsi  que  remploi  de  «es  mêmes  disson- 
nanoe»,  etc.  >  etc.  ■  ■  4  ■     *  i  ■■  "  ■  i 

'  Veut-on ,  de  plus ,  quelque*  ar^unesa  pouf'^tàblfi^ia 
prééminence  de  la  liero*  sop  la  qni'ote?  Jeferâi  retAarquer 
qu'une  foule  de- duos  n'emploient  qoe  des  tierces  (où 
siiles)  et  soiivenl  pas  une  quinte,  et  néanmoins  ne  laissent 
rien  à  désirer  soîl  pour  la  mélodie,  soit  pour  l'haruionie 
et  la  tonalité.  Il  doit  pàraitrc  singulier  aux  partisans  de  la 
quinte  qu'on  puisse  impunément  l'eiclure  d'une  pièce 
d'harmonie.  Les  grammairiens  ue  reconnaissent  pas  la 
possibilité  li'unc  phrase  sans  nomiriàtif,  ou  sujet;  et  les 
harmoDistes  pourraient  se  passer  de  fa  c^sonnance  par 
excellence  t  II  mo  semblé  que  ce  serait  afasbVdel  -  '  -  , 
Au  contraire ,  peut-on  se  priverde  la  tieroe?  N'est-élle 
pas  à  tout  instant  dans  l'harmonie?  Ne  sert-elle  pas  â 
résoudre  les  dissonances,  et  puurrail>oa  composer,  je  ne 
dirai  pas  un  morceau,  mais  une  simple  phrase  seulement 
avec  des  dissonances'  et_  même  avec  des  quintes  ?' 

Eafin  si  ron  veut  latsnr  de  cAté  les  préjugés  de!,  la 
Bcieaoe'  et  ne  oomsulter  que  l'oreille,  on  donnera  ïuns 
contredit  la  préférence  à  la  lierce  «ur  la  quinto.  C'est  ce 
que  font  tous  les  jours  des  hommes  qui  ne  savent  pas  ta 
uQiusique,  mais  qui  sont  guidés  par  une  or gauisation  dé- 
licate. Yojrcz  ce  que  dit  M,  Choron  dans  l.i  préface  de  l'un 
de  ses  ouvrages  '  ;  «L'orgue ,  introduit  .en  France,  Ber^ 
«  puuUit  bieriiùi  dans  les  églises  de  l'occident.  L*usage 

(0  Diclionnnirc  liislirii|.  dei  mmic,  p>f.  xniij. 


DigilÊaa  Dy  Coogle 


4i6  - 

«s'établit  aussitôt  d'en  accon^pagner  le  ohani...Ol^^sJ^- 
«  oompagueinent  se  fit  4'<*b(>i^^>i>-l'uiûssoa;.iQl^^^t^d- 
>  lité  qu'il  procurait  de  faire  eneeDdre  pl^ea>a!>Q|flti§a 
■  fois  remarqoei?  ^e,  parrai'les  diyersa?  unions  àe 
«joaS)  Jls'on  troore  d'agréables  h  l'aroille.  Une  des  prc- 
.1  iqjbcAB,  dont  Ja  doBceur  se  fit  remarquer ,  fut  ht  tierce 
(  mineure;  aussi  l'employa-t-on,  etc.*  On  voit  aussi  dans 
mon  ouvrage  (|ncje  place  la  tierce  mineure  avant  la  ma- 

,lu  le  it'j^éto  ;  ma  iliiiorie  n'eut  contradictoire  avec  aiuBun 
fait  musical,  et  elle  les  CKpIique  tous  djanermanière  qui 
parait  satisfaisante,^  bien  gidê  professeurs  ijui  ailea'fiat 
4Qi}aé  des  témoignage» par  écrit.  '  ■  ■■"■.'•''y,' 

Je.ns  vois  pas  an  surplus  pourquoi  Von  seÀit  sorpris 
qu'une  vérité  sentie  généralement  fût  proclamée  seulement 
aujowrd'liui.  Il  arrive  à  la  musique  ce  qui  est  arrivé  à  tous 
les  bcaiix-arlM  :  la  pratique  précéile,  et  la  théorie  ne  vient 
qu'après.  Aristofc  n'a  lail  connaître  ia  règle  des  trois  uni- 
lés  qui;  loi  j[]u"il  y  a  uu  îles  épopées  et  (les  tragédies.  . 

Au  di'uienraiil ,  ji;  i-econnais  autour  de  moi  tant  doràn- 
périorifés  dans  la  pratique,  que  je  borne  ma  missioa  à 
familiarîsor  ^ec  les  premiers  élémens  d^a  ■Atisiquai^ne 
jeunesse  avioe  d'instruction,  iuais  ponr'liù{Qellè|,  en 
même  temps,  la  méthode  et  la  logique  sonfdevénues  un 
besoin.  Lorsqu'elle  a  acquis  avec  moi  des  connaissances 
préliminaires,  je  me  fais  un  plaisir  de  lui  indiquer  les 
grands  maitres  en  tout  genre  auprès  desquels  elle  peut 
se  perreelLoiuier  d.uis  la  praliquf;  de  l'art.  Trop  heureux 
si  Je  piiî.-,  lui  faire  fiire  rapidement  et  sans  dégoiit  les  pre- 
miers ]ia'-  li.iiis  un  art  .si  dillîcilc  et  dont  les  commence- 
mcns  ont  jusqu'à  présent  rchuté  un  si  grand  nombre  d'es- 
prits judicieux  I 

n  me  reste  à  oonvenir  d'une  inadvertance -remaçgpabla 
qui  m'est  reprochée  par  M.  Adrien  Lafasge.  J'ai,  dans  mon 
premier  ouvrage,  Mclliodc  du  jni-lopiastc  dévetopfèe, 
écrit  on  deux  temps  un  aii'  duiil  la  [iiL-iire  e^-l  lerjiaire. 
Errare  humaiiuia  ni.  >\.  L,ilLisj;e  se  truiive  dans  ce 
mâmc  cas  de  préoccupation  lorsqu'il  avance  que,  «Je 


□lgtti;edtiyCcio< 


semble  croire  que  le  tasto  soio  ou  pédale  ne  poij^-s'iOn- 

C^*'^l^»aT^^^i^^>^^  smHii^pidatiS  ■  la  pédalo 
%'podtse  irouver  au-dessna ,  àlabasse*  au  oriillèuVeà  un 
■  n^oti  occuper  loules  les, places  do  i'harmon^.  >  -Il  mo 

'  sefpble  que  cette  phrase  ne  laissait  pas  d'équivoque. 

H.  Lafasge  prétend  aussi  que  mon  sjslËrae  sur  le  corps 
sonore  a  quelque  ressemblance  avec  celui  de  M.  de  Momi- 
gny  et  il  oublie  que,  pag.  C  ,  je  dis  au  coulrairc  cvpressii- 
meutqueje  ne  fera!  aucun  usage  des  résultais  olFiirts  par  le 
corps  sonore.  Ces  expériences  donnent  sur  le  son  des 
actions  pbj;aiquea  fort  juste^;  iDaj|^eUof  ne.^nt  pas  jplus 
aâ  ressort  de  la  musique  que  les  expériences  sur  li^âé- 
ooDtcositioD  du  fayon  lumineux  ne  sont  du  ressort  de  la 
peinture.  J'^oute.iujourd'hui  que  l'expérience  du  corps  so- 
nore, loin  de  contredire  mes  assertions, m'est  entiÈrcment 
favorable.  En  effet,  le  corps  sonore  que  l'on  fait  résonner 
fournit  un  modèle  d'accord  parfait  majeur,  et  j'y  vois  deuic 
tierces  ciiulri!  une  quiiile,  pour  on  adoucir  rdprctr.  Main, 
ilira-t-on.la  iniinlt:  c^u-a.tr-risû  la  luuaiilé  ?  D'accord  ;  c'est 
sa  propricté  :  il  faut  liiiui  qu'elle  eu  ait  iinç,  chaque  degré 
de  l'échelle  a  la  Kî^ituc.  Du  reste,  il  est  intéressfuit  que  le 

- -corps  sonore  fasse  ciiluiiilre  uo  accordjielîqueicetaccord 
soit  tonique  et  ui,ijeiir.  (le!a  doit  nous  confirmer  dans  l'o- 
pinion que  le  mo(ie  mnjcur  est  principal,  cl  le  mode  mi- 
le pourrais  me  juslillcr  do  quelques  autres  reproches 
qui  me  sont  ^idrcssos.  liais  avec  un  peu  d'allenliou  M.  La- 
fasge se  reclificra  lui^mt'me,  je  l'csp.'^re.  car  j,;  lui  su]ipi)se 
toute  la  bouue  foi  qu'il  refuse  aux  lionimes  (juiincus  et 
aux  rédacteurs  qui  m'ont  donné  des  cncuurageuicns.  Je 
Sliis'irop  heureuK  qu'un  lionmie  de  mérite  comme  lui  ait 
;^  .bieo'tojllu  s'occuper  de  moi,  et  je  regarde  comme  un  suf- 
lirage  bien  flatteur  l'opinion  que  cet  amateur  distingué 
énonce  sur  mon  livre  en  reconnaissant  que  f  l'élèTe^î 
K  l'aura  étudié  sera  à  méiim  de  rendre  compteid'une  com- 

■  position  quelconque  et  de  l'analyser ses  détalbiles 

■  plas  intimes.  ■  Un  ouvrage  élémcntairé  ne  peiiti'pt^ten- 


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4i8  - 

drc  à  d'autre  résultat.  L'étudo  des  boas  auteurs  et  la  psa- 
tique  doivent  complt^ier,  il  n'y  a  pas  le  moindre  dojitc  , 
l'inslruclion  de  celui  qui  veut  devenir  componteiir. 

Veuillez  agréer,  monsieur  le  rédacteur,  Texpresslon  de 
■Dit  considération  la  plus  distinguée. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  aervileur, 
Ph.  se  GESLIN. 


SUR  LES  INSTRTIMENS  NATIONAUX. 


l'urmi  les  objets  Ica  plus  ititirc^v.sLiiis  de  t'iiîsloirc  de  ia 
musique ,  il  n'eu  est  pas  qui  mérite  davuiilngc  irattirer  les 
regards  des  amis  de  ce  bel  art ,  que  ce  qui  a  rapport  aux 
ohanlsetaux  instrumens  iiatioiiaux  des  dilTérens .peuples. 
H'étaut  occu-pé  spécialement  de  rccberches  1res  étendues 
sur  le  premier  de  ces  objets  (  les  chants  nationaux)  ,  j'ai 
préparé  un  recueil  d'airs  choisis  de  tous  les  peuples  du 
monde ,  auxquels  j'ai  adapté  un  accompagnement  de 
piano  fort  simple.  Les  airs  ,  avec  les  paroles  originales  et 
une  Irailuclion  française,  seront  précédés  d'un  essai  histo- 
rique sur  ci;  genre  île  musique  en  général  et  sur  chaque 
localité  particuliéru.  Ce  recueil,  qui  p^^rson  exécution  ty- 
pographique sera  à  la  fois  un  manuel  agréable  et  un  livre 
de  luxe,  paraîtra  au  plus  tard  le  i^'soptembcâ  prochain. 
,  A  l'égard  des  instrumens  propres  à  quelques  pays ,  mon 
intention  estd'en  donner  quelques  notions  dans  une  suite 
d'aiticleSf  que  je  commencerai  par  la  dvscrtpHfinAeVJtp- 
hom  ou  trompe  des  Alpes.- 

Cet  instrument  appartient  aux  Alpes,  au  Tyrol  et  à  la 
Suttee,  comme  la  guitare  i-l'Espagne,  la  muselle  àl'É- 
oosae  ,  la  barpe  à  l'Irlande  >  le  Bin  aux  habilans  origi- 
naires de  l'Inde  ,  et  le  Cotateione  ou  Calasçitmc  à  ceux 
du  n^ome  de  Naplea.  Il  est  ordinairement  formé  de  deux 


r       ,  . 

4.9 

pièces  (j ni  sont  ajuslées  l'une  sur  l'autre,  La  partie  Hiipé- 
l'ieiirc  est  un  jeune  sapïci,  long  de  cinq  à  sept  pieiis,  qu'on 
a  pcrciï  dans  tonte  an  longueur  au  moyen  d'un  1er  chaud. 
Celle  punie  de  l'instmmunt ,  qui  est  plus  épaisse  à  sa  par- 
tie iuréi-ieure  qu'à  la  supérieure,  s'udaple  â  un  morceau 
du  même  bois  qui  est  un  peu  recou  ïbé ,  <|u'(iu  st  scié  par 
le  milieu  et  qu'on  a  creusé  avec  un  instrument  de  fer. 
Celte  pitcc  de  l)ots  est  longue  d'cnTiron  un  pied  cl  demi, 
et  s'élargit  à  son  exlri^mité ,  de  manière  k  former  un  bas- 
sin qui  a  environ  deux  potiees  et  demi  de  diamùlru  ,  tan- 
dis que  l'einbouchurs  de  Tinstrumeut  n'a  tout  au  plus  que 
neuf  lignes.  Il  y  a  cependant  quelques  variétés  dans  ces 
dimensions  ;  car  il  y  a  des  instrumcns  dont  le  bassin  a  de- 
puis trois  jusqu'à  sis  doigts  de  largeur,  taudis  que  le  bout 
n'a  qu'un  pouce  et  demi  d'ouverlure.  la  longueur  totale 
de  l'instrunienl  n'a  quelquelbis  que  quatre  ou  cinq  pieds; 
mais  il  y  eu  a  de  plus  grands.  Com-ad  Gcs.Hncr,  qui  parait 
être  le  plus  ancien  auteur  qui  l'ait  décrit,  parle,  dans  son 
discours  sur  le  mont  Pilate,  publié  en  i555,  d'un  Cor-dos- 
Âlpes  qui  avait  onze  pieds  de  long,  et  Cappeler  en  cite  un 
de  douze  pieds. 

Quelquefois  le  morceau  de  bois  dont  le  cor  est  formé , 
est  fondu  dans  toute  sa  longueur  pour  être  creusé  inté- 
rieurement ;  ensuite  rejoiut  ,  entouré  de  forts  liens  d'é- 
corcc ,  et  enduit  de  cire  sur  les  jointures,  afm  d'empâcher 
l'air  de  s'éciiappcr. 

La  forme  de  VAtp-horn  ressemble  au  Lituus  ou  bdtoi» 
augurai  des  anciens,  décrit  par  Âuln-Celle.  Le  son  qu'il 
produit  paraît  dur  et  rauque  lorsqu'on  l'entend  de  trop 
près  ;  mars  de  loin  ,  ce  son  est  doux  et  fort  agréable.  Il 
ressemble  à  celui  delà  clarineltc,  lorsqu'elle  est  bien  jouée. 
On  ignore  le  nom  de  son  inventeur  et  l'époque  de  sua  iu- 
vention  ;  mais  on  sait  qu'il  est  connu  depuis  long-temps, 
car  les  babitans  de  l'Entlibucb  et  d'Untervaldcn  s'en  ser- 
vaientdans  le  quatorzième  siècle  comme  d'uu  porte-voii, 
pour  annoncer  d'une  montagne  à  l'autre  cl  à  une  grande 
distance  Tapprocbe  ics  ennemis.  Depuis  lors, il  est  deveuu 
l'instrument  favori  des  pâtres  et  des  vachers  qui  gardent  les 


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4s 


nombreux  troupeaux  qui  couvrent  les  montagnes  et  les 
valléea  des  Alpes,  duTyrul  et  de  la  Suisse.  Far  son  moyen , 
ces  paires  puuveiil  se  passer  de  chiens  et  de  tout  .secours 
étrangers  pour  diriger,  rassembler  et  rappeler  leurs  trou- 
peaux. Il  y  a  pour  chaque  mouvement  une  phrasa^de  con- 
vention qui  est  aussi  bien  coanuedes  animaux  que  du  va- 
cher lui-même.  Une  vache  s'égare-t-eUe  9  le  pât»  f^it 
entendiie  avec  fbrce  la  phrase  suivante. 


Aussitôt  l'animal  s'arrête  -.  alors  le  pAtre  reprend  plw 
doucement  celle-ci  : 


La  vache  rejoint  lentement  le  troupeau ,  et  la  marche 
continue. 

JadiË  l'usage  de  cet  instrument  était  très  répandu  dans 
la  Suisse;  il  est  beaucoup  plus  rare  aujourd'Iiui ,  soit  parce 
«pie  le  peuple  qui  habite  les'montagncs  a  perdu  desagatté, 
par  suite  du  s^our  des  années,  soit  parcequo  le  genre  de 
vie  des  p&tres  et-leuis  travaux  sont  devenus  plus  pénibles, 
en  raison  de  la  diminutioD.  des  forêts.  Cependant  on  peut 
Tentendre  joaer  encore  assez  bien-  sur  les  bords  du  lac  de 
Brienz,  à  ValLringen  et  sur  la  montagne  deHacken, 
derrière  Schvrytz. 

Ii'ëtenduB  de  YAlp-kom  est  à  peu  près  celle  du  cor  ^ 'la 
voici  : 


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r 

Sa  construction  gTOBSière  est  cause  qu'on  n'en  peut  tirer 
le  fa  naturel.  Le  «on  qui  en  tient  lieu  n'est  pas  non  plus 
tout-à-fâit  lo  fa  dièze,  mais  il  s'en  approche  plus  que  du 
fa  naturel.  On  pourrait  sans  doute  corriger  ce  défaut,  en 
donnant  plus  de  soins  à  la  facture  de  VJtp-hom,  mais  il 
est  douteux  qu'un  son  plus  juste  fit  autant  de  plaisir  aux 
pâtres  montagnards.  Il  y  a  en  eSet  certain  charme  mélan- 
colique et  sauvage  dans  l'emploi  do  ce  fa  dièze,  tel  qu'on 
l'entend  dans  les' prâludes  dés  ron^tfw'vaoAM  semblables 
an  sniv&nt  : 


Jamais  un  fa  naturel  ne  pourrait  remplacer,  pour  une 
oreille  suisse,  le  son  équivoque  qui  donne  aux  phrases 
qu'on  vient  de  voir  une  tournure  u  originale.  La  sonorité 
de  l'inilniment,  la  nature  des  chants  qu'il  fait  entendre, 
el  lliiégnlarité  de  ses  modulations,  ont  besoin,  pour  pro-  - 
duîre  un  bon  effet,  de  l'aspect  du  pays  pour  lequeLcette 
musique  est  faite,  La  physionomie  imposante  des  mou- 
lagubs  et  dCK  forélsqui  les  courouuenl,ia  solitude  des  val- 
lées ,  les  accitlens  sïngulierii  de  la  lumiéru ,  luf  uloclicllcB 
des  troupeaux,  les  mœurs  des  pâtres,  tout  cela,  dis-je,  est 
un  accompagnement  nécessaire  aux  chants  naïfs  et  aux 
instrumens  agrestes  qu'on  entend  dans  les  Alpen.  Trans- 
portée danB  nos  Wlles,  cette  musique  pcrd^un  eSct  ;  mais 
sur  le  sol  qui  l'a  vue  naître  elle  suffit  aux  besoins  de  l'ame; 
que  dis-jeP  toute  autre  lui  serait  inférionie.  La  perfection 
des  arts  s'accorde  mal  avec  la  nature  sauvage,  et  je  douto 

3? 


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4^3 

que  sur  le  mont  Pilaie  le  cur  délicieux  de  Gattay  ftt  naître 
aiiliirii  ilYmolioiis  que  le  grossier  Alji-hom,  même  dans 
l'anii;  il'iiii  iiiiisicien.  1/iolli  raconte  ce  qui  suit  dans  la 
Dé.etii!ii  }ihiloso]^hique,  en  y  piibli.iiit  u[i  ranz-des- vaches 
qu'il  Hvaii.  recueilli.  *  Je  me  promenais  seul,  vers  le  déclin 

•  du  jour,  dans  ces  lieux  sombres,  où  l'on  n'a  jamais  envie 

•  de  parler.  Le  temps  était  beau  ,  le  vent ,  que  je  déteste , 
«était  en  repos  ;  tout  était  calme  ,  tout  était  analogue  à 
■mes  sentations,  et  js  portais  en  moi  cette  mélancolie 

■  qui ,  tous  les  jours  à  celte  même  heure  ,  concentre  mon 
•ame  depuis  que  j'existe. 

«Ma  pensée  était  indifférente  à  mes  pensées;  elle  errait, 

•  mes  pas  la  suivaient,  Aucunjobjetn'avaitla  préférence  de 
«mon  cœur  ;  Il  n'était  que  préparé  à  la  tendresse  et  à  cet 
■amour  qui ,  dans  la  suite,  me  coûta  tant  de  peines  et  me 

■  fit  connaître  le  bonheur.  Mon  imagination  immo^ilerpour 

■  ainsi  dire,  par  l'absence  des  passions ,  était  sans  mouve- 

■  ment  :  j'allais ,  je  venais  ,  je  montais ,  je  descendais  sur 
«ces  rochers  imposans  ;le  hasard  me  conduit  dans  un  val- 
tlon,  auquel  je  ne  Ils  aucune  attention  d'abord;  ce  ne  fut 
«que  quelque!)  temps  après  que  je  m'aperçus  qu'il  était 
°  délicieux,  et  tel  que  j'en  avais  lu  souvent  la  peinture  dans 

■  Gcssncr  :  fleurs ,  gazon,  ruisseaux,  louty  êlait,  tout 
<  faisait  tableau  et  formait  une  harmonie  parfaite.  Là  ,  je 

•  m'assis  machinalement  sur  une  pierre,  sans  être  fatigué, 
'  «et  je  mejîvrais  à  cette  revérie  profonde,  que  j'ai  souvent 

■  éprouvée  dans  ma  vie  ;  celte  rêverie  où  mes  idées  diva- 
«gneot ,  se  mêlent  et  se  confondent  tellement  entre  elles 

■  que  j'oublie  que  je  suis  sur  la  terre.  Je  ne  dirai  point  ce 
«qui  produit  en  moi  cette  espèce  d'extase;  si  c'est  le  soni- 
«meil  de  l'ame,  ou  bien  l'absence  des  facultés  peusan'e»!  : 
(je  dirai  seulement  que  je  l'aime,  que  je  m'y  laisse  cntrat- 
«ncr,  et  que  je  ne  voudrais  pas  ne  point  l'éprovivei-. 

•  -Vêlais  donc  là  sur  cetlopiene,  lorsque  ,  Imit  à  coup. 

■  mon  oreille,  ou  plutôt  toute  mon  existence  fut  frappée 

■  par  des  sons,  lantAt  précipités,  tantàt  prolongés  et  sou- 
«tenus,  qui  parlaient  d'une  montagne  et  s'enfuyaient  à 
(l'autre,  sans  être  répétés  par  les  ëoboi.  C'était  une  Ion- 


'4a3i 

«gue  trompe;  une  voix  de  femme  se  mêlait  à  ces  Bons  Iris, 
«tes,  (loin  et  sensibles,  et  formaient  up  unisson  {mrfait. 

■  Frappt!  comme  par  cnchaotement,  je  me  réveiUe- sou- 

■  dain,je  sors  de  ma  léthargie,  je  ré  (lands  quelques  larmes, 
•  et  j'iipprends,  on  je  grave  plutôt  dans  ma  mémoîrt,  ï» 

■  ISaoz-des-VaLljcs  que  je  vous  (raitsmeta  iei ,  etc.  ■ 

Tels  soiJt  les  effets  que  produit  celle  musiquè,  malgré 
son  peu  defiiii.Sii'onencliei-chelaraison.onlrOTiveqiie 
sa  plus  grande  puissance  lieutï  ce  qu'elle  est  toujours  eu 
haimonÏB  avec  les 'émotions  que  l'aspect  de  la  nature  fait 
natlre  dans  l'ame  des  auditeurs.  Ge  sont  ou  des  aocens  m*-, 
lancoliques  ou  des  espèces-de  cris  de  joiei  Or  Ik  vitb  *iW 
paysage  majestueux  nous  dispose  à  receToir.^aleitièta't^tea 
impressions  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  sentimens. 

Je  ne  finirai  pas  cette  notice  sans  rapporter  l'opinion 
commune  en  Suisse,  quelcsRanz-dcs-\  .k  h,..-,  <n,\  (:U-  coin- 
■pogësoriginairenieiit  pour  la  Troinpe-dcs-Alpcs  parles 
lidtçe»  eux-mêmes,  et  que  les  paroles  n'ont  été  ajoutées 
qu>f rès  cou|>.  Les  irréenlarilé8dejuodulations)qù'pn'rè^ 
^Kqge  dans  ces  aira  i»ndent  tine  paitiU^.â^^^  S^vo» 

Fi  TÏS. 


AU  ItËbAGTEUR  DE  LA  REVUE  UDSICALB. 


Monsieur  le  Rédacteur, 
Comme  le  but  de  la  Bevuc  musicale  est  de  propager 
les  écrils  tjuî  traitent  de  son  objet  principal ,  j'ose  espérer 
que  vouH  recevrez  avec  indulgeacc  une  notice  nécrolo- 
gique, ou  plutAt  les  réflexions  apologétiques,  sur  le  cé- 
lèbre Beethoven ,  qoe  j'ai'  en  rbonoeur  de  lire  à  notre 
société  académique  des  Enfans  d'Apalion. 

n  est  sans  doute  permis  d'admettre  différentes  manières 
d'observer  et  de  juger  les  atla  ;  mais  si  la  partie  purement 
BCoIaBtiquc  doit  être  exclusive  au  professorat ,  celle  qui 
touche  L'arae  et  vise  à  l'esprit  me  paraît  être  le  domuine 
de  la  philosophie  et  du  sentiment  éclairé  par  la  réflexion 
et  l'expérience.  Cftaqiit  homme  nait  original  et  meurt 
eopio.  Teut-on  obtenir  tous  les  bienfaits  et  les  consé- 
quences qui  dérivent  de  cet  aphorisme  indubitable  et 
sacré,  o'ett  au  génie  de  s'isoler  d'abord,  de  se  concentrer 
imperturbablement  eq  luîseul,  de  nejamaîs  se  dénaturer 
par  des  commun  icatio  as  irréfléchies  et  quelquefois  humi- 
liantes, d'être  enfin  contre  lui- m Ëme  une  senlinettc  vigi- 
lante qui  le  dOfonde  de  tous  les  abords  étrangers ,  afin  de 
conserver  icilact  et  à  loiit  prix  son  for  intérieur  et  son  être 
primitif.  Je  ne  suis  pas  si  éloigné  de  mon  sujet  qu'on  pour- 
rait d'abord  le  croire,  puisque,  en  méditant  sur  les  œuvres 
de  Beethoven ,  j'ai  découvert  les  principes  'que  je  viens 
d'élaUir;  d'ailleurs,  les  vétérans  des  arts  n'ont  aucune 
prétention  aux  allures  modernes.  Poursuivons  ;  je  désire- 
rais, en  conséquence,  Monsieur  le  HédacteUT)  qn'IIfât 
défendu ,  sous  les  peines  les  plus  sévères ,  d'écrire,  coomie 
un  a  fait,  à  la  Patestrina,  à  la  Haydn,  à  la  Mozart, 
et  même.  Dieu  me  pardonne,  -  à  la  Aojjîni/  Avez-vous 
des  idées?  émettez-les;  n'en  avei-voua  pas?  laîsez-vous. 
A  propos  d'idées,  pour  l'édification  de  nos  Ulustrcs, 


4a5 

priisens  el  à  venir  ,  j'ai  toujours  l'heiirciw  projet  d'en  faire 
lin  recueil  choisi,  exlraitdc^;  productiona  les  plus  huppées 
du  nouveau  r<5ginie  musical ,  dont  la  magie  est  si  puissante 
et  si  ineffable ,  qu'elle  inspire  lont  à  la  fois  la  pieuse,  fer- 
veur dans  lea  lemples ,  et  l'éroliquc  joie  dans  les  profanes 
guinguettes.  La  célébrité  des  eontredanscs  de  nos  grands 
opéras  et  de  nos  oralorios  méiue  nie  diapeiiac  de  toute 
preuve  à  ce  snjet;  j'ose  me  vanter  surtout  que  mon  Re- 
cueit  sera  aussi  utile  que  prolîse. 

Adieu,  monsieur,  rire  est  loujoura  bon  ;  mais  s'instruire 
et  PC  corriger  sans  cesse  est  préférable  à  tout. 

P.  PORIIO. 


NOTICE  NfiCROLOGIQDE 

sur  ^Bi'tfÇoucn, 

PAU  M.  p.  l'onno,  de  la  même  sociÉni. 


C'est  a  nous,  cbers  coUègucs,  c'est  a  us  véritables  en- 
fana  d'Apollon  ,  de  répandre  quelques  fleurs  sur  la  tombe 

La  mort  vient  de  frapper  l'art  muaïcal  d'uoe  perte  irré^ 
parahle  dans  L.-V.  Beethoven .  à  peine  âgé  de  cinquante- 
cinq  ans.  Cet  homme,  doublement  célèbre  par  sa  modestie 
el  ses  grands  talens ,  a  prouvé,  par  des  eomposiliona  aussi 
nombreuses  que  distinguées,  combien  la  nature  l'avait 
ricliemeni  doté.  En  effet ,  son  cachet  est  toujours  celui  de 
l'originalité,  de  l'enthousiasme  réunis  aa  gramliose, 
el  méléa  d'une  empreinte  de  fierté  et  de  mélancolie  qui 
n'est  peut-être  pas  ù  dédaigner  dans  les  arts;  aussi  Bee- 
thoven a-E-il  pris  le  sien  tout  au  flérieu.t  et  avec  une  con- 
aciencc  sans  reproche,  La  joie,  la  folie  ,  le  coiitenlement 


Dlgncefl  Google 


Ktirtout,  n'étaieut  point  dans  son  ame  :  j'oserais  presqac 
dire  qu'il  a  pei}  oonau  l'amour,  ;quoique  ramourme  |ta- 
i^iase  le  premier  élément  de  tous  les  atls.  £h  biewl  de 
génie  aossi  C£oond  qu'indépendaQt  s'est  tracé'  dèsTràiIes 
nouvelles,  et  a  découvert  des  secreU  et  des  effets  ma- 
giques qui  ne  sont  réellement  qu'à  lui.  Par  mille  prestiges, 
il  3  suppléé  à  tout  ce  qu'il  n'avait  pas  ;  ses  vastes  et  subli- 
mes conceptions  l'attestent;  ses  rivaux  contemporains 
l'ont  honoré  de  leurs  suffrages  ;  ses  nombreux  partisans 
l'ont  presque  divinisé,  par  un  culle  particulier.  Ëhl  quel 
véritable  artiste  osera  jamais  blâmer  une  aussi  sage  folie  ? 
TJn  délire  si  raisonnable  n'est-il  pas  plutAt  nm  rêcinn- 
pense,  nue  espèce  de  oonséoratiou ,  un  ex-voto  enfin  qae 
la  reconnaisBanoe  et  l'admiration  publiques  doivent  an 
génie  P  En  fnt-il  de  plus  digne  que  noire  éloquent  et  Fertile 
Beethoven  ?  Il  posséda  éminemment  le  pouvoir  de  ravir 
et  d'entraîner  tous  ceux  qui  surent  le  comprendre.  Il 
connut  toutes  les  profondeurs  et  tous  les  mystères  de  l'art; 
mais  peul-étre  a-t-il  été  au-delà  de  ce  qui  constitue  l'art 
proprement  dit.  C'est  aux  grands  maîtres  de  prononcer 
sur  une.  telle  assertion;  car  je  n'ignore  pas  que,  sans 
titres  pour  conclure ,  et  ne  m'exprimant  que  d'après  mou 
cçearsurun  art  qui  ne  me  parait  qu'un  gentiment,  ma 
faible  voix  doit  être  naturellement  suspecte  et  récusée  par 
la  généralité  de  ceux  qui  l'exercent  suivant  un  autre  prin- 
cipe. 

On  a  remarqué  depuis  long-temps  que  les  peintres,  les 
Hculpteurs,  les  poètes,  et  tous  les  grands  artistes ,  avaient 
une  propension  irrésistible  à  traiter  les  sujets  graves  et 
religieux;  c'est  que  le  véritable  génie  n'est  qu'une  émo- 
tion, surnaturelle  qui  rappelle  toujours  l'homme  à  sa  cé- 
leste origine. 

_J^-muHqtie  «n  a  fourni  des  preuves  -par^onlibres  et 
irrécusables.  Qu'on  médite,  qu'on  analyse  les  chrà- 
d'œnvre  de  Durante,  de  Léo.  de  JoindU,-tle'Sraan,  de 
Hœi^del,  det .Bocoberini ,  de  Baydu,  de  Mozart^  de  Ché- 
rubîni,  de  Le  Sueur,' de  Paisifdlo»  etc.  j  on'en  aara  la 
Gouvivtion.  -  *  '  ^ 


,  '     '  4:»? 

fim  1^%  ut  4^in.Qiitrâ  que*  dam  les  arls ,  l'intipiralton 
p%  le  .talent  sontjes  premières  qualités  exigées,  le  choix  et 
l'aération  des  sujels  ne  doivent  pas  moius  leur  être  réu- 
nis, et  pour  un  si  grand  objet,  il  faut  toujours  recourir  à 
la  fioiirto  preniitro  ilc  toutes  les  pcrroKlionH.  itpellioveu 
s'e-l  plti-  |i(  r,liiiiil('iiLoiil(nriLii  nuire  de  cet  asiome 

sLici  i-.  A  |ii  I  -  <r.ii:v  |i,iruinii  u  cl  é|juihé  Ions  les  genres  de 
compositions  liiiles  pour  charmer  la  haute  société,  il  s'est 
41«Vé:.4raf  np.eplg».I|fiiM%r^9n  diO  gloire^  et  a  ypuJtt 
VS^^S^fUr ^fi^w^fiàf/^t»  1^  dei  dauvres  spécialeitieDi 
'SWWilî^^.Ai^  piî(»St  «li;j^-la  ferveur.  Ses  hymnes,  ses 
nWWyfe  :  Jt^  i'Wttf^.W*  W»»  C/msl  dans  te  jardin  des 
.WK  ,4e'B-jn«mflleLS  f|ui  resteront  long-temps 
qpçune  modèles,  et  seront  médités  avee  fruit  par  les 
hommes  distingués.  (|ui  sont  faits  pour  connaître  de  quel 
pris  sont  les  chels-il'mm  re  di's 

N.  B.  i'our  pln.s  ,1e  .l.dails.  ,,^w,jez  la  lliof^r^iphie  <U 
Bfïellioven,  par  M.  Fétis,  dunsU  Revue  musicale,  u'^, 

....    .  ,  .  r  .. 

NOTICE 
D'UN  UANUSCRIT  AUTOGRAPHE 


ïmt  le  mimde  sait  que  jMQiIUpliala  Doni  ooUe  FIo- 
reàtîa^  en  tSgfi,  et  puct  en  t6^y,  s'est  Mt  une  grande 
réputation  comme  écrivain  snr  la  musique.  A  l'imitation 
de  Zarlin,  de  Vînoeot  Galilée ,  et  de  presque  tous  les  Ita- 
liens de  la  même  époque,  Doni  s'occupa  beaucoup  de  la 
musique  des  Grecs,  de  calculs  inutiles  sur  leurs  intervalles, 
et  rêva  la  résurrection  de  leurs  modes,  qu'il  mettait  fort 
un-dessus  delà  constitution  des  tons  modernes,  et  dont 
il  exalta  l'excellence  dans  son  traité  De  prœtlantid  mu- 
aicm  veleris  ^Florence,  1647,  iu-4'')-  Dans  cet  ouvrage, 


438 

qui  est  traité  flous  la  (orme  du  diatogue,  U  a  répandu  une 
érudition  inunense,  maïs  il  y  montre  peu  de  tàiioti'  M 
de  logique.  Son  grand  argument  eu -faveur  delaiàiuîqtie 
des  ancieiiH  est  l'anathèmc  lancé  par  le  conoittf  de  Vrettit 
contre  la  musique  du  seizième  siècle ,  aaathènie  qàll  op- 
pose aux  éloges  accordés  par  tous  les  écrivains  d6  l'anti- 
quité ù  celle  de  leur  temps.  Voilà ,  il  faut  ravoae^,  nne 
plaisante  preuve  de  la  supériorité  de  celle-ot  a^Tautn. 
An  reste ,  cette  question ,.  de  peu  d'Intérfit ,  dwnMiTera;  à 
jâmai»  insoluble,  par  le  dénuement  otr  notu-AunOitiS'fle 
monum^nB  de  cette- musique  antique;  les  possédagddlls- 
nous,  nous  n'en  serions  g;uëreplus  avancés,  n'étant  point 
placés  dans  des  circonstances  favorables  pour  en  juger. 

Outre  les  ouvrages  qu'il  avait  publiés,  Doni  un  avait 
écïit  plusieurs  mir  la  musique,  qui  étaîeni  achevés,  et 
Irfiiitc-il'  us  .mires  riui  n'étaient  que  commencés  et  plus 
ou  moins  aviinci  s  :  les  uns  et  les  antres  restèrent  ignorés 
pendant  plus  d'un  siècle.  Ce  ne  fut  que  vers  1770  que 
le  savant  antiquaire  Gori ,  ayant  rassemblé  les  premiees , 
en  prépara  une  belle  édition,  i'iaquelleil  joignit  le  ti^tté 
De  prœitantiâ  musical  veteria  i  mais  il  mourut  avant 
1(11 'elle  eût  paru,  et  ce  fut  Passeri  qui  la  publia  à  Florence, 
i  773 ,  en  ticuK  volumes  in-folio.  Gori  a  donné,  dans  cette 
éililion,  un  catalogue  des  œuvres  de  Donî,  dans  lequel  il 
cite  un  ouvrage  de  cet  auteur,  sous  ce  titre  :  DeuxtTOM- 
lés  de  musique 1  °  îfouveUé  introduction  de  tnufique , 
ijui  monstre  ta  réformatîon  du  système  ou  eicAeUe  mu- 
sicale, seioji  ta  méthode  ancienne  et  meiHeure;  ta 
facitité  d'apprendre  toute  aorte  de  chants  par  té  retran- 
chement de  dcu.r  syllabes,  ut  «  lu  ;  une  rwuveUs'tttonAi'e 
et  ptus  aisée  de  tablature  harmonique,  et  un  nouveau 
Tciiitcment  des  avant-exercices  de  ia  inusifue  ;  2"  Abrégé 
rte  {il  miililra  des  tons,  i)ai  nioitsire.  cii  peu.  de  mois  tout 
ce  ijue  t'iiiitcur  a  Irtiiclé  plus  aniplemeni  en  plusieurs 
discours  italiens,  touchant  Us  tons  et  tes  harmonies 
des  anciens,  par  tui  heureusement  rmouvetics  et  re- 
miatS-en  usage.  On  pourrait  être  étonné  que  ces  deux 
lriûté&  fussent  écrits  en  français ,  si  l'on  00  savait  que 


□Igitized  tiy  Coogle 


Doni'fut  eHVoyé  à  Bourges  par  «on  père,  en  i6i3,  pour 
y  étiidîer  le  droit  dans  l'école  célèbre  de  Ciijas,  et  qu'il 
y  passa  cinq  ans,  d'où  il  suit  (juo  la  langue  française  ' 
lui  était  familière. 

Goti  croit  qu'ils  ont  été  imprlméii;  mais  je  pense  qu'il 
est  dans  l'erreur,  car -mes  recherebes  pour  [es  découvrir 
dans  les  catalogues  de  bibliothèques  et  chez-tons  les  biblio- 
graphes ont  été  infructueuses.  Je  suis  ^nlirqié  dans  ma 
ooi^otuH)  par'Une.l^trfiud'e.L.^Çiao..'£uo^rdi^'.diatée 
^^i'64i9^l!Za[ipâMéfh>lMV^7Bandini-l^^  At  «v^Mû 
D&nii,  part,  ii,  p.  149^  epist.  g4),  ob  il  est  dit  :  detuoi- 
trattati  francesi  non  ho  avuto  ftno  adesso  avvîso  ve- 
ruiio.  MaltlieaoTi  seculilo  cciii:inl.iiil  les  avilir  uns  tu  sa 
possession,  cnr  il  douiic  iiiiu  [lulitc  notice  de  leui-  con- 
tenu dans  sa  Critica  musica  [  part.  vi.  p.  loa  )  ;  mais 
peut-être  n'en  avait*îl  que  des  copies  manuscrites.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ces  ouvrages  paraissaient  être  perdus,  lorsque 
ie  hasard  m'en  a  fait  découvrir  les  manuscrits  auto- 
•f^i^hea  panni  de  laiBibliotiièquB  ^  Roi  (  i68g^ 
ilmi»  ■  ^sbbaje^  Sa]atf|Genaaiit4wMfiréa^  JUns  '.une* 
-Uaïae  de  viettx^étirits'relatifs  à  des  matières  tbÂ^ogûjuiM^ 

Ces  manuscrits,  qui  forment  un  cahier  de  14a  pages, 
sont  d'une  belle  écriture  lUlienne.  rt  mutt  chargés  de 
ooirecdons  de  plusieurs  munis  :  cullcs-ci  sunt  génénde- 
.saen t. relatives  au  stvle  et  à.  des  expressions  impropres 
ot^  qili  avaient  vieilli.  Un  trouve  en  léte  du  premier  ou- 
VMget  deux  lettres  do  Uom.  datées  du  la  mai  1640;  l'une 
est  adressée  à  l'évëque  du  luez,  qn  il  nomme  son  parent, 
et  k  qui  il  rappelle  qu'ils  ont  l'ait  ensemble  leurs  études 
à  Bourges  :  cette  lettre  est  une  di:<licace  ;  l'aulre,  qui  est 
adressée  à  Messieurs  les  musiciens  de  France,  conlicut 
l'éloge  (les  écrivains  et  des  compositeurs  français  qui 
se  sont  ilisliiiyvii.-s  dans  la  musique  ,  Icls  que  Aurclicn 
de  r.tinis  ;  Jean  de  Huris  (  qu'il  aiqjclle  de  Moiris  )  ; 
Jacques  Le  Fcbvre  (  d'Étaples  ] ,  Pierre  Maillard ,  Josquin 
dea.PxeCf  Jean  Qj^onton,  Nicolas  Gwnbert  (-^qiiHl  nomioe 
.!€r(nnéert)j  Goadimel,  Claude: le jenne^  dtt'^il^riq^et 
Gueidron.  Il  y  place  son  livre  sousia.pioteotion/des'rau- 


45o 

'  Hidens  français,  et  leur  adresie  des  observalionn  sur  U 
iiéoessilé  d'adppter^a  réformatîon  des  tons  modernes  qu'il 
propOM. 

Le  premier  traité  {TfouveUe  introduction  de  musique, 
qui  monstre  la  réformation  du  système  ou  escheiie  mu- 
sicale ,  elc.  )  e»t  complet  :  il  cotilient  g5  pages  iu-4*.  Donî 
y  critique  vivement  l'hexacorde  de  Gui  d'Areizo,  le  dé- 
clare très  inférieur  à  la  constitution  des  modes  grecs, 
et  ne  le  trouve  bon  que  oomparatiTement  à  la  doetrlne 
barbare  de  la  tonalité  dn  moyen  âge.  H.  VQIoteaa  a  émis 
•  une  opinion  à  peû  près  semblable  dans  son  onvrags  in- 
titulé: Recherches  sur  f  analogie- <U  ta  musique  avec 
tes  arts  qui  ont  pour  oi/jet  i'imitation  du  langage.  Les 
développemeus  dans  lesquels  Doni  entre  sur  celle  matière 
me  paraissent  de  pca  d'utilité ,  comme  tout  ce  qui  a  été 
tcrit  par  lui  et  par  ses  contemporains  sur  le  rapproche- 
ment  de  la  tonalité  moderne  et  des  modes  grecs-;  mais 
on  y  remarque  un  fait  curieux  et  entièrement  ignoré 
c'est  que  Donî  est  le.premier  qui  aitpr^Mué  do  subslitner 
'  la  syllabe  do  h  tU,  dans  la  solmintion.-  On  db  trouTs,  en 
effet,  cette  syllabe  dans  aucan  onvrage  italien  antérieur 
à  l'époque  où  celui  de  Doni  a  été  écrit. 

Le  second  traité  contenu  dans  le  manuscrit  que  j'exa- 
mine est  celui  qui  a  pour  titre:  Abrégé  delà  matiire 
des  ions,  Ole.  Il  est  incomplet;  mais  il  m'a  paru  qu'il 
ue  doit  y  manquer  que  quelques  pages  de  la  Qn.  Ce 
nîest,  en  quelque  sorte,  qu'un  corollaire  du  premier; 
mais  an  y  remarque  (  page  1 1 1  )  un  renseignement  iolé- 
ressant  pour  l'bistoîre  de  la  musique.  U  s'agit  i^qa  cla- 
vecin-Irons  positeuf,  qui  avait  été  fait-par  un  qoBtem-  f 
}Mirain  de  Boni  ;  sorte  dïiaveation  qu'on  a  renouvetée 
de  nos  jours ,  et  dont  l'existence  antérieure  avait  été 
inconnue  jusqu'à  ce  jour.  Voici  le  passage  dont  il  est 
question  :  (Enfin,  la  diversité  des  tons  d'aujourd'hui 
«  n'e^t  autre  que  celle  qu'on  entend  au  clavecin  fabriqué 
«{kar  Jacques  Bamerin ,  Florentin  ;  auquel ,  par  le  chan- 
PgemBnt  des  ressorts,  le  même  clavier  sert  à  plusieurs 
fions  différens  par  degrés  semi-toniques.  ■  Ce  passage. 


DigilizedbyGot^le 


43 1 

et-  quelques  détaUs  sar  les  ouvrages  da  UareoBlo ,  .do  Cj-f 
prienRore  et  du  prince  deTeuonsjD,  sostà  pfai  prèt.tout 
ce  gu'il  7  a  de  nçauotptaUe  dans  ce  traité.  . 

FÉTIS. 


BIOGRAPHIE. 


DuGomnri  (  Dominique  ] ,  virtuose  st>r  la  oontre-basae, 
mi  né  à  Tenïfle  on  1771.  Son  pèra,  simple  roéaétriev, 
^Doalt  aussi  du  mtote  instrument.  -OraiwiBttl  «'ont 
point  d'autre  mattre  que  lid-méme  et  m  pauvre  cordou- 
nier,  nommé  SchEamadori,  pour  apprendre  la  muiiqué. 
Il  apprit  augtii  ecuI  à  jouer  de  la  contre-basse,  et  fit  de  gï 
grand)!  progrès,  qu'à  l'âge  de  onze  ans  il  était  en  état  de 
faire  sa  partie  dans  un  orchestre.  Vn  musicien ,  nommé 
Doretli ,  ayant  eu  occasion  de  l'enlendre ,  fut  si  frappé  do 
ses  rares  dispusilions  ,  qu'il  pria  sou  père  de  lui  donuer  un 
maître.  Celui-ci  confia  son  fils  aux  soins  de  Berini,  con- 
tce4MSsîste  de  l'église  de  Saiot-Mare,  «t  le  melUeur  matlie 
de  yfipïsft.  Après  avair  àitaaé  otwe  leipoiû  à  Dragonetli, 
ce  ïici»: muiioiea  n'eut  jdns Tien à:ini'!Kiqw«adro,  car  son 
élève  était  arrivé  à  un  degré  détalent  bien  supérieur  au 
sien.  A  l'âge  do  treize  ans,  il  occupait  la  place  de  premier 
contre-bassialeàf'0;?^ra6ujfa;  àquatorze,  on  lui  confia  le 
même  poste  à  VOpéraseria  de  S.  BBnedelto;~  enfin,  à  dix- 
neuf,  il  succéda  à  son  maître  Beriuï  au  cbœur  de  l'église 
Sainl-Marc.  Sbn  talent  extraordinaire  le  faisait  souvent 
choisir  pour  jouer  sur  la  contre-basse  la  partie  de  violon- 
celle dans  les  quatuors^  ào  vi^on.  lies  concertos  les  plus 
4lffloiles  de  basson  on  de  violonoollp  -n'ét^ent  potlr  lai 
qu'un  jeu.  D  «valt  composé  pou^sbn  uiuigedeacoDmrtog, 
des  solos,  des  sonates ,  dans  lesqu^il  avait  introiihidt'âM 
passages  d'une  si  grande  difiioul té  que  lui  seul  pouvait  leu 
surmonter.  Dans  un  voyage  qu'il  lit  à  Vicenoe,  il  tut  .le 
bonheur  d'acquérir  une  «ontre-baieo  «Kceillelit»qui  avaf^ 


été  construite  pai-  Gaspxird  deSatà,  maître  d' André  Amali. 
C'est  ofltte  m^e  oontre-basse  dont  U  s'Mt  tonjotlM  serrt 
depuis.  De  rerë^rft  TUitK.-llMçijtl'Itfffiktllibâéfs^^d^ 
à  Londres  :  Bertoni ,  matirc  de  chapelle  de  Saint-RTarc  et 
lecélèbreobantear  Pacchiarotti,  qui  arrivait  d'Angleterre, 
l'engagèrent  à  céder  à  celle  invitation.  Il  avait  alors  vingt- 
quatre  ans  et  était  d^à  dans  la  furcc  de  son  talent.  Il  ar- 
riva k  Londres  en  1795,  et  y  excita  te  pitis  grand  ëtonnc- 
ment.  Non-seulement  il  exécute  avec  une  admirable  faci- 
lité les  passages  les  plus  difficiles  en  boqe  harmoniques  , 
mais  à  l'orchestre ,  où  il  est  placé  près  du  piano,  si  un  in- 
strument quelconque  néglige  une  rentrée  ,11  jade  «UBSitât 
letrtit  suT'saaonlre-basseaTeo  unermAéUo^fafififitÀÎffiïtf 
si  l'orchestre  hésite  dans  la  mesure,  M.  Dragoneltï  lé  raf- 
fermît aufisitôt  en  attaquant  avec  énergie  les  notescsscn- 
tielles.  On  rnciiiile  iju'uujoiir  Viotti  cug^i^ea  M.  Dragonelti 
il  jouer  hi  Kccoiidi:  partie  d'un  dcsesdiiosks  plus  difficiles. 
Voyant  qu'il  s'en  acquittait  à  merveille,  monsieur,  lui 
dit-il ,  faites  te  premier  violon ,  je  vous  accompagnerai. 
Le  virtuose  remplit  cette  tâche  avec  tant  d'habiteté,  qne 
Viotti  s'écria  q^il  était  un  homme  emtraordinaire. 
Quoique  àgë  de  ^plus  de  cinquanle-oinqans,  H.  Drago- 
jietUft  OOiUeiHréi  toute  son  agilité  eti toute  sou  énergie.  Bu 
i8a4>>  U.sVit  encore  fait  admirer  pendant  toute  la  saison 
àuthéAtredu  roi. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 

THÉÂTRE  aOTAL  ITALIEN. 

L'enthaiiBiasme ,  excité  par  le  talent  de  H"  nsaroni ,  a 
été  croissant  à  la  seconde  et  à  la  tmisitoie  représentations  de 
la  lïflmifwnic^;  jamais  succès  ne  (ut  mieux  mérité,  car  si 
quelques  défauts,  quej'ai  signalés  dans  unpremier  article, 
viuincnt  quelquefois  interrompre  leplaisir  qu'on  éprouve, 
ce  plaisir  est  si  vif,  l'interruption  si  courte,  et  le  talent 


435 

de  la  virluosB  si  élevé,  qu'on  oublie  racilemciit  îles  taclies 
légères  qui  sont  cffaoées  partant  de  beautés.  Certes,  si 
ces  défauts  doril  ji:  parle  élaïciit  ceux  d'une  eanUtricc 
qui  u'cùl  qu'un  talent  plus  ou  uioius  agréable,  ils  seraient 
IrËs  graves  :  disons  plus,  ils  seraient  insupportables.  Mais 
que  soul-ils  eu  eomparaisou  de  la  manière  sublime  de 
phraser  le  récilalîf,  de  l'expression,  du  palliélique,  du 
goût  parfait,  de  l'inveiilion  dont  le  chant  et  le  jeu  de 
M°"  Pisaroni  offrent  de  si  i'réquena  exemples.  Un  journal, 
dans  le  eompte  rendu  de  l'e flot  des  débuts  de  M""  1*1- 
saroui,  a  nié  que  sa  voix  eut  une  ëtendue  réello  de 
deux  octaves  et  demie:  quoique  le  rédacteur  soit  ordi- 
nairement fort  bon  juge,  il  s'est  trompé  dans  celle  eircon- 
Etaucc.II  divise  en  quelque  sorte  cette  voix  eu  plusieurs 
étages;  après  avoir  vanté  les  sous  graves,  il  trouve  ceux 
du  médium  naaards;  quant  aux  sons  aigus,  ils  ue  lui  sem- 
blent être  que  maigres  et  criards.  Mais  s'il  eût  prèlé  plus 
d'attention ,  il  aurait  vu  que  M""  Pisaroni  varie  la  qualité 
de  sa  voix  à  volonté ,  et  chante  tantôt  en  sons  gutturaux 
et  nasards,  taïUùt  en  sous  ronds  el  pleins  daus  la  même 
octave.  Cet  ut  a'iga  même  qui  ne  lui  a  paru  qu'un  cri 
désagréable,  sort  eu  plusieurs  endroits  avec  Ibrcc  et  sono- 
rité. Tout  dépend  de  la  nature  du  trait,  et  comme  je  t'ai 
dit,  de  la  syllabe  sur  laquelle  pose  ec  son.  Cette  faculté  de 
varier  les  registres  de  la  voix  est  un  des  faits  les  plus  sin- 
guliers que  j'aie  observés  dans  l'art  du  chant. 

M""  Pisaroni  doit  otianicr  le  rOlo  de  Malcolm  dans  la 
Donnadet  Lago;  nul  doute  qu'elle  ne  donne  à  ce  rôle  une 
couleur  toute  nouvelle  pour  nous. 


NOUVELLES  DES  DÉPillTEHENS. 


Ifogcnt-sur-Mame.  Le  jour  de  la  PeutecAte ,  des  ama- 
teurs et  quelques  artistes  ont  exécuté  une  messe  de  la 
composition  de  ^l"  Saint-Michel,  née  Sandrié.  On  a  re- 
marqué dans  cette  compositiou  des  chants  heureuic,  et 


434 

même  qnBl<|ne  entente  de  l'orchestre.  On  y  a  dialingué  le 
Kyrie,  le  Gioria,  \in  O  SatutarU  et  un  Domine  aaivum 
(|tai  ont  réuoi  tous  les  Buflrages.  Il  ne  manque  à  l'autenr 
Ae  cet  ouvrage  qu'un  peu  plus  de  connaissance  de  l'har- 
monie, qu'elle  acquerra  facilement  par  les  leçons  d'un  bon 
matire. 


NOUVELLES  DES  PAtS  ÉTRANGERS. 

BoMB.  • —  Va  événement,  assez  remarquable  dans  les  an- 
nales de  la  musique ,  vient  de  se  passer  en  celte  ville .  Lundi , 
i3  mai ,  on  a  représenté  au  théâtre  yatte  un  opéra  qui  a 
pour  titre  :  Le  Jvventare'  di  vna  giornata  (  la  Journée 
aux  aventures),  dont  la  musique  a  été  composée  par  ma- 
ilemoisetle  Ursule  Asperi.  Cetle  jeune  personne  qui  n'a 
point  encore  atteint  sa  vingtième  année,  était  au  piano, 
et  fnt  obligée  de  se  présenter  plusieurs  fois  sur  la  scène 
pour  Tecevolr  les  marques  dfe  l'ènlhoudiasme  du  public , 
eiithanalasms  qui  n'a  point  diminué  dans  les  représenta- 
tions suivantes.  Mademoiselle  Asperi  est  née  à  Romë'et  a 
re^u  des  leçons  de  Fioravanti  pour  la  composition. 

Vbmsb.  —  Théâtre  Saint-Benedetlo. — On  vient  de  re- 
prendt^  t'opéra  de  Mercadante  intitulé  ia  Caritea,  qui 
u'avaii  pointeu  de  succès  au  tbi&tredel(aF«nio6,ea  iSsS. 
Cette  fois  il  a  été  plus  heureux,  quoiqué  l'exéoulioo  n'ait 
pas  été  excellente.  , 

NouHBBBc  ,^6mai.  —  On  a  enSn  àoaaéia  Dame  iHan- 
ehe  à  notre  théâtre.  Depais  l'apparition  de  FreischUts , 
auisun  ouvrage  n'avait  «cité  une  aussi  vive  sensation. mal- 
gré la  beauté  du  temps ,  la  foulo  s'était  portéé<à  la  première 
représenlion.  On  a  élé  généralement  charmé  par  tout  les 
morceaux,  et  particulièrement  par  le  délicieux) finale  du 
deuxième  acte  qui  Aiit  fwore.  L'exécution  a  élé  très  satis- 
faisante ;  oq  doit  anrtotit  des  éloges  à  l'orchestre  et  à  son 
nouveau  chef,  M.Dittmair. 


435 


ANNONCES  DITEESES. 


Beauté  et  Bonté,  chansonnette,  paroles  de  M.  Armand 
Gouffé ,  musique  de  U.  Pfeffingei^  prix  :  a  fr.  Paris*  shez 
l'auleur,  rue  du  Fauboarg-Hontmarlre,  n°  37. 

Veiitr  den  Ritter  Giuck  und  «ejne  uuroAe,  o^eat-^- 
âire  sur  ioehevaUtrGtucie  et  tes  eeuvra»!  ■acormpoç- 
dance  avec  d'autres  hofAmes  célèbres  de  un  temps;  ana- 
lyse critique  et  hislorifpie  de  sa  musique  d'op^rl;  par 
J.-G.  Sischbtbn;  t  vol.  in-8°.  Beiiio,'  chez  Toss;  ind. 
la  gravure^, 

—  MU.  les  amateurs  de  musique  religieuse  trouveront 
chez  U.  P.  Porro,  ruedesProuvaires,  n*8,unelrès  grande 
collection  en  ce  genre  pour  tous  les  temps  de  l'année» 
choisie  avecgoût  et  discernement.  Les  plusgrands  maîtres, 
tant  anciuux  que  modemesitosqu'àCherubiui,  y  tiennent 
le  premier  rang. 

Le  même  éditeur,  publie  un  journal  d'orgue  mêlé  dè 
préludes, intonations,  fugues,  etc.  par  les  célèbres  Albrels- 
berger,  Eberiin,  Kirnberger,  Bach,  Bfendel,  Knecht,elc. 
douze  cahiers  par  année.  Prix  :  56  fr.  port  franc. 

Huit  walses  nouvelles  pour  le  piano-forté,  composL^CH 
par  Pierre  Âlbenis,  prix  :  4  fr.  A  Paris ,  au  mag.-isin  du 
musiijue  de  Facini,  éditeur  des  opéras  de  Rossini,  bou- 
levard des  Italiens,  n*  11. 

Airs  et  duos  de  l'opéra  de  Niobi,  musique  de  Pacini  ;  à 
Taris ,  chez  Pacini ,  éditeur  des  opéras  de  Bossini ,  boule- 
vard des  IlalieoB,  n' 11.  f 

'  Detla  Rota  il  vermigiio,  cavatina ,  posta  in  musica  da 
C.  Amédée  Boulanger.  Prix:4fr.  5o,  chez  Lemoine,rue 
Dauphînc,  n*  53. 


,4* 

La  frécavAion  tnuttfe,  romanoe  du  m£iiie.  Prix  :  i  f.  5o. 

Nous  voyons  avec  plaisir  lo  jeune  auteur  de  ces  deux 
morceaux  ne  pas  s'atUcliei  uuîqiiemeiit  aux  romança  à 
eoupUtt,  et  s'essayer  dans  des  pièces  plus  élendues.  Sa 
cavatine  est ,  en  général ,  d'un  chant  agréable  et  bien  dé- 
veloppé. 

La  Fteur,  nocturne  à  une  ou  deux  voix,  paroles  de 
Uillevoye,  musique  d'Olive  de  la  Sastine;  i  fr.  5o  o. ,  chez 
le  même. 

Amour,  {aûjenKmoasuf'«npaû),arielteparleméiiie, 
1  fr.  5o  c.  ;  même  adresse. 

Toici  encore  un  morceau  sans  couplets,  oîi  il  y  a  du 
chant  et  de  la  grâce.  Quant  au  premier,  la  FUnr,  c'est 
un  de  ces  nocturnes  ob  la  seconde  partie-auit  servilement 
la  première  à  la  tierce  ou  &  la  sixio,  en  doublant  l'accom- 
pagnement de  piano.  Le  chant  est  syllabiqoe  et  en  notes 
égales. 

TroUromances,  composées  par  Alphonse  BIorat,4fr.  So; 
chez  Pleyel,  boulevard  Montmartre. 

Ces  trois  romancesannoncentunamateur  qui  nemanque 
pas  de  goût,  mais  qui  n'a  pas  l'habitude  d'écrire;  aussi  fort 
souvent  il  établit  des  chutes  sur  des  temps  làibles,  et  pro- 
duit ainsi  des  phraues  mal  rhyihmées  et  sans  rondeur. 
L'harmonie  du  Botero,  n°  3 ,  eu  ^  difeze  mineur  est  ex- 
trêmement faible;  sans  doute,  nncronumeeo'exigepas  un 
accompagnement  profond ,  mais  encore  !doit-on  y  éviter 
la  monotonie;  du  reste,  les  trois  romances  de  M.  Uorat 
sont  dans  le  style  aujourd'hui  en  vogue  dans  nos  théâtres 
et  doivent  par  conséquent  avoir  du  sueoès. 


PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 

:0MroKi'[ioH  1  l'écou  botilb  de  musique  ^ 


EXAMEN  DE  L'ETAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 


FRANCE, 


SobMisE  à  dex  viciasituilcs  multipliiics ,  la  musique  a  été 
.cultivée  en  France,  à  différentes  époques,  avec  des  succès 
très  divers.  Dans  les  (juinzième  et  seizième  siècles,  Dia- 
choîs,  Dufay ,  Ttusnois ,  Josquin-des-Prez,  Jean  Mouton  , 
Gombert,Certon,Goudimel  et  une  foule  d'autres  musiciens 
portèrent  la  gloire  du  nom  français  dans  toutes  les  parties 
de  l'Europe  :  tous  farent  égaux  en  talent  aux  màlletffs 
maîtres  belges  on  italiens;  nul  n'égala  même  Josquin  en 
renommée.  Mais  en  avançant  vers  lemilieu  du  dix-septième 
siècle ,  on  voit  l'école  s'affaiblir  au  point  d'être  presque 
anéantie,  lorsque  Luily  s'empare  du  sceptre  de  la  musique 
dramatique,  et  donne  à  la  France  une  sorle  de  supréma- 

Toutcfois,  s'il  fit  beaucoup  pour  sa  gloire,  il  fil  peu  pour 
l'école.  Plus  homme  de  génie  que  de  doctrine,  il  ne  laissa 
après  lui  que  de  faibles  imitateurs^  qui  ne  dépassëreut 
point  les  bornes  qu'il  avait  posées^  et  qui  parurent  même 
ignorer  les  progrés  que  l'art  taisait  entre  les  mains  de  Scar- 


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;i58 

lulli  it  de  qiiel<|uc3  uiilrcs  grands  arlislcs  de  l'ilalie.  Le 
goût  eu  toulL'H  choses élait  faux  ou  suranné;  l'art  du  chant 
consislait  dans  une  |ir9fusip]i  ridicule  4p  de  vina, 

de  martttement,  et  d'autres  Drnemens  itu  mfime  ^edre 
qui  an^anliesaïent  les  formes  de  la^élodlte;  la  théorie  et 
la  liltérature  musicales  n'étaient  pas  dans  un  meilleur 
état;  enfin  la  musique  française,  hors  de  France,  était 
tombée  dans  le  plus  grand  discrédit,  lorsque  Hameau,  déjà 
nonmi  couiniG  organiste  ,  lenla  de  réformer  le  système  de 
l'haiimiiiic.  cl  [)réaeiil:i  le  [ilL^iionièiie  IrJ^s  rare  d'un  grand 
arlistti  cuiiiiiiein;anl  sa  iiarHùrc  par  ta  partiu  spéeiilalive  dt; 
son  art,  cl  ne  songeant  à  travailler  pour  la  scène  qu'à  i'dge 
de  cinquante  ans.  Sa  réputation^  comme  compositeur  dra- 
ikiâtique«  suivit  celle  qu'il  s'était  faite  «omme'^bét^o^ , 
'■  mais  ne  s'établit  pas  aussi  facilemcni  ;  cependant  son  pre- 
mier oiiV!a|,'e  {Ihfppotite  etAricie)  nnnonoait  une  révo- 
lution dans  l.f  iiiu!iii|ii(;  Iln^âlralo.  l.'oiiverUire,  qui  rappelle 
un  pou  le  slyli-  dr  Ila'iidul ,  est  faible  en  rom  parai  sou  des 
Conip<isiIinn>-  de  ei'  f;i'aiiil  Ijiniiiue ,  mais  n'en  est  pas  moins 
fort  siiii,'iicni(^  an\  sy]U|,lH.i.ii's  ,1e  lailly.  Les  cl.anls  de 
liaiiie.iii  a\aieiil  niiiiiis  île  (^raee  que  ceiiï  île  son  prédéces- 
seur ;  ses  airs  avaient ,  eu  général,  quelque  cli ose  de  dur 
et  de  bizarre;  sa  déclamation  était  m^ins  vraie  que  celle  de 
Lully;  maison  ne  Imuverien  dans  les  opéras  de  eeiui-ci  qui 
approche  de  la  vigucuret  de  l'elTet  du  chceur  d'Hyppolilc 
cl  Arieic  :  Dicua;  vimgcurs  !  tancez  (c  tonnerre,  cl  de 
la  lenipûle  qui  suit.  Les  proportions  de  ces  niorccanx  et 
d'une  foule  d'avilrcs  ilu  même  ^'enre,  (ju'qu  trouve  dans 
Castor  et  l'olliix,  .lans  nurilaiiii.i  et  dans  Zoroir.Hre,  sont 
des  eliii^es  .pli  onl  élé  ahsohnn.'rit  incoiiniics  à  Lully.  Ce 
uc  sniit  pas  nidi  |iliis  des  imiiivi  uicns  à  trois  temps  perpé- 
tuels enmine  ceux  qui  doiiueni  aux  ouvrages  de  ce  fan- 
dateur  de  t'opéra  français  et  de  ses  succcBsei;ir;  une  i^gtg; 
tonie  fatiguante  ;  les  effets  d'orchestre  ont  ,plus!4,^,W8i8 
et  de  variété;  enfln,  la  musique  de  Hameau  fut  la 
France  une  époque  de  progrès  dans  l'ar)^',  et  prifrpqt^  le 
public  à  entendre  de  meilleures  choses.      "  ,,  '.,m, 

Co  n'est  pas  que  hameau  ait  contribué  à  améliorer  le 


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4Î!Ï 

{>uùi  :  liii'mOiite  eii  <!uil  dépourvu.  Qiiuit|u'il  eût  vii-ilË  le. 
le  Nord  (Icrilalii;,  il  iic  NouiiçDuna  [>as  qu'un  [lùl  cliuiilci' 
miens  i|tie  len  chantres  de  l'opéra  ,  cl  uc  comprit  jamais 
rien  à  la  musique  ilalicDiie  :  aussi  ne  pcrt'cclioniia-t-il  point 
IcH  formos  mélodiques.  On  ne  eoinmença  à  comprendre 
ce  que  celles-ci  poiivaienl  (Hxa  (|ue  lorsque  les  premiers 
boufTons  vinrent  à  Paris  (en  ijSa),  c'est-à-dire  prèji  de 
viiigl  ans  après  que  le  premier  opi'ra  de  Rameau  eûl  élé 
feprL'sonlé.  Quelques  amateurs,  parmi  lesquels  ou  remar- 
quait J.'J.  Itousseau,  Grimm  et.  Diderot,  sentirent  le  mé- 
rite des  intermèdes  de  Pergolèse ,  de  Léo ,  du  Joaieltî  et  de 
Rioaldo  di  Capua,  que  les  acteurs  italiens  firent  entendre  ;^ 
ecttc  i^poquQ  ;  maïs  le  reste  de  la  nation  fut  sourd  au;^  ac- 
eens  du  celle  musique  cLanlaute  et  spiritLielIc.  Tout  ce 
qui  résulta  alors  de  la  corn  parai. s'un  du  cliaiit  italien  avec  la 
psalmodie  française  fut  une  guerre  d'upinion  qui  fut  allu- 
mée par  laiLeCire  de  J .-J ,  Rousseau  sur  ia  musique  fran- 
i-aise ,  et  par  un  pamphlet  de  Grimm  (te  pelil  Propflètii 
de  Uœniischùroda)'.  Le  public  était  partugéen deiii partis 
qui  fie  rangeaient,  l'un  du  câté  de  la  loge  du  roi,  l'autre,  du 

(i)  Lu  iiumljrc  ilu  bri>(.'liun:ï  cl  de  pamplitcta  que  lu  dispute  sui'  hi 
prééminence  d'uiiR  musique  sur  l'autre  lit  éclore  tslprodigiuux.  Uiilru 
cpoi  que  je  viens  de  citée ,  on  rit  paraUrc  presque  en  laiau:  Icmpt  : 
i"  Les  Prophéiics  du  grand  praphèle  Momielj  P:irii,  i;53j  i°  Lepelit 
Prophilede  Bochmiichbroda  au  grand  Prophète  Momut,\\>vl,  i753; 
i"  U  Correcteur  dci  boiijbia  à  l'écolier  de  Prague  ^  Paris,  i;53, 
in-g";  Réponse  au  grand  et  au  petit  Prophètes,  îbid,  17S3;  5°  Hc- 
ponie  du  coin  d»  Roi  au  coin  de  ta  Reine  ,  [iBxVatibè  de  Votsciion, 
ibid,  1 753  ;  6°  Arrèl  rendit  à  l' amphithéâtre  de  C  Opéra,  lar  la  plainte 
du  milieu  du  Parterre^  intervenant  dani  la  guerre  dti  deux  coins, 
par  le  barou  d'Holbacli ,  Paris,  ijS3  ,  in-S";  ^Déclaration  du  puiliv 
au  tujecdei  conleilalionsqui  se  sont  élevées  sur  la  miuif  «c,  ibid,  i;5ï; 
6"  l'jliUi-Scurra,  ou  Préservatif  contre  lc3  Boifffbtu  ilaliem,  on  vr.rs, 
ibid,  i-;53  ^rf  L'Apologie  du  mûlinie  ion  mol ,  Hn'l,  I7i>3  ;  iv°  Se- 
conde Lettre  da  Correcteur  des  boitffons  à  C Ecolier  de  Prague,, 
contenant  tjuel^aes  obscn'alions  sur  l'opéra  de  Jiion  ,  le  Jaloux  ror- 
rigé,  et  te  Devin  da  i/iZ/dge  ,  Paris,  1753^  11°  Relation  vérilalile  et 
intéreisaMe  du  comiat  des  Pourckci  Caudinei  livré  à  la  place  Mau- 
Iren  au  tuj'et  det  bouffons,  ibid,  ijSS  ;  ii"  Lettre  critique  et  hiila- 
i-ique  sur  la  musique  française,  fa  muiitfoe  ilalieime  el  Ici  bonffhns 
ri  madame  D.,..,  ibid,  1753  ;  lï"  La  noHvdU  Bigarrure  ,  La  Hnjr  , 


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14" 

cûli';  lit!  cr.llc  de  la  reine.  Les  ailm  ira  leur!)  île  la  musique 
française  n'appclnicnt  ic  Coin  du  roi;  ceux  ili-  la  mtiHiqiic 
italienne  composaient  IcCoinde  ia  reine.  Les  deuï  partis 
s'iniiiriaicnt  mutuellement  :  peu  s'en  fallutmëmc  qu'où  no 
.se  hatlil  an  parterre.  Enfin,  la  guerre  fiiiiE  par  l'excIuEiou 
des  panvres  bouffons  ,  qu'on  renvoya  en  ipS^. 

Cependant  leur  scjouren  France  n'avait  point  été  inutile 
pour  les  progriis  de  l'arl,  car  il  resta  de  ce  qu  on  venait 
'l*eii[endre  un  souvenir  qui  ne  put  s'effacer  entièrement  et 

i5°  'lîé/lexiôiis^LyJqiiec,  en  ters,'n^iid,  i;53  ;  iR"  La  Réforme  de 
rOptra,  en  vers,  175Î  ;  1;°  Le  Héformateitr  de  eOpéra,  Pnris  , 
i;53  ;  18"  L'Imparlialilè,  par  d'André  BardoD  ,  Paria  ,  lySS;  19°  Ce 
ij»'on  a  dit,  ce  i/t^oit  a  voulu  dire,  Leure  à  madame  Foliot,  mai-- 
chatide  de  brochures  dans  la  place  du  ficia-Lowrc  j  ibid,  i;33  ; 
'ig"  Ce  ijue  l'on  doit  dire  ,  Réponse  de  madame  Foliot  à  la  lellre  de 
M....,  ibid,  i;53;  ai"  La  Guerre  de  l' Opéra  j  Lettre  à  «ne  dame  de 
province,  par  ijuelifu'-un  qui  n'est  ni  d'un  coin  ni  de  tatiire  ,  pur 
CoiottB,  ibid,  Ij58  ;  aa°  La  Paix  de  l'Opéra,  ou  Parallèle  de  la 
lausiguejranpaise  cl  de  Vitalietmc ,  Paris,  i;S3;  a3"  Jugement  de 
l'orchestre  de  l'Opéra,  ibid  ,  ijSS  ;  il^"  Lettre  d'un  symphoiàste  dt 
V  Académie  royale  de  musique  à  ses  camarades  de  P orchestre  ,  ■gir 
.f.-J.  Romseau,  ibid  ,  ijSÎ;  aS"  Justification  de  la  miisique  française 
rontra  la  t/ucrelle  qui  lui  a  été  faite  par  ait  Allemand  et  un  Allo- 
iroge,  Paris,  1754,  in-S"  j  aG"  Canslilution  du  Patriarche  de  l'Opéra 
et  Lettre  sur  C  origine  et  les  progrés  de  l' Académie  royale  de  muiii/ue, 
ibid,  17S4;  s:"  R^exions  sur  les  vrais  principes  de  l'haraioaie  ^ 
condamnés  par  la  conilifteCion  du  Patriarche  de  [Opéra,  ibid,  i^Sf; 
ïS°  La  Galerie  de  l' Académie  royale  de  musique  ,  iUd  ,  i^Sj  ; 
,19"  Supplique  de  rOpéra  à  rApotloB  de  la  France,  ibid,  i;54> 
in-S";  3o°  Lettre  au  /'ui/ic  (  aUribude  à  Frédcria  il ,  roi  de  Prusse  J, 
ibid,  i-S^,  in-S°i3i''ieiire  écrilede  l'autre  monde,  ibid,  1754,111-6''; 
5a°  Lettre  sur  la  musique  par  M.  le  Ficomle  de  la  Pétarade,  amateur 
du  basson  ,  ibid,  1734  ;  33°  Apologie  du  goût  Jranfais  relativement  à 
l'Opéra  ,  poème,  avec  les  Discours  apologéiiqncs  el  les  Adisux  aux 
*oiH/bfij,  pnrCniix  de  Cnpcval,  ibid,  1754;  34°  Deux  Lettres  tnr  la 
musii/uefranitaise  en  réponse  à  celle  de  J.-J.  Kou.sseau,  par  Fiéron, 
l'ari»,  i^-l^  ,'in-8'';  3i°  Apologie  de  la  musique  française  contre  Us 
assertions  peu  méladieuscs  ,  pen  mesurées  el  mal  fondées  da  sieur 
J.-J.  Rousseau,  ibid,  1754;  ^"Apologie  de  la  musique  française 
contre  M.  Rousseau,  pjir  Laugicr,  1754,  in-8»;  3;"  Arrêt  du  conseil 
d'étal  d Apollon  ,  remia  en  fafcur  de  l'orchestre  de  /'  Opéra,  contre 
Ir  nommé  J.-J-  J1.,ns>e  <u,  r-ri"<:  de  n,nsi.,«^  .  ibhl  ,  i-.!;^;36' Lcllrc 


(|Ui  disposa  Ich  esprits  aux  liciircux  changcmciis  ipii  de- 
vaient liicnlàt  se  fnirc.  On  n'eut  pji^ilc  mcillcurH  chan- 
teurs, parce  qun  n'y  ayant  d'autre  i'culc  l'o  chaul  cpio  les 
inal[rise87I5~c5[lii!rales ,  on  n'app'reu'ait  qu'.i  pousser  des 
AiflB  dTme  manière  exagfrL'e.  L'obli[,'alion  de  remplir  par 
des  sons  volumincni:  un  vaisseau  inimcii>ie,  faÎKail  aux 
maîtres  qui  dirigeaient  l'éducalion  des  enfans  de  chœur 
UD  devoir  du  no  montrer  à  chanter  qu'à  pleine  voix  : 
méthode  qui  excluait  la  connaissance  dcH  nuances  et  do 
rexprcssioii .  Il  résultait  de  là  que  les  théâtres  qui  se  recru- 
taient par  les  élèves  des  mallriscs  avaient  des  musiciens 
solides,  mais  des  chantres  au  lieu  de  chanteurs.  Toutefois, 
si  le  séjour  des  bouffons  italiens  en  France  ne  put  apporter 
remède  à  ce  mal  considérable,  il  produisit  un  grand 
bien  en  familiarisant  qnclques  êtres  privilégiés  avec  des 
formes  mélodiques  plus  pures,  plus  naturelles  que  celles 
auxquelles  on  était  accoutumé  auparavant.  C'est  à  une 
représentation  de  la  Sema  Padrona ,  de  Pergoléso.  quo 
Uonsigny  sentit  tout  à  coup  sa  vocation  pour  la  musique 
dramatique,  et  ce  l'ut  cinq  ans  après  (en  ijiS)  que  ce 
musicien  sensible  et  naturel  donna  son  premier  opéra  [  tes 
jivetiwindiacrels).  Toutefois'  ses  mélodies  eharmanlcs  nu 
produisirent  pas  tout  l'efTel  qu'on  aurait  dû  en  altcudre. 
parce  que  l'Opéra  comique  était  encore  trop    peu  de 

d'un  Sage  à  un  homme  ft-spECialili!  ei  dont  il  a  besoin ,  pnc  La  Mar- 
Kêro  ,  Hnris,  178;  ;  Sg"  Examen  delà  lettre  de  M.  Jlouiieau  sur  la 
vmsiqtK française ,  par  M.  Bâton  jenne,  fnris,  1754,  in-ia  ;  iJo°  Lettre 
d'un  fisigoth-à  M.  Prérou,  tursa  dispute  Jmrmonique  once  M,  Sotu- 
itau,  par  l'atibÉ  de  Catclrnr,  Ibid,  i;54  ;  ^i"  Nouvelle  Lettre  à 
Al.  SoBiieaf  de  Genève,  parle  mèma  ,  ibîd,  i7S4,iD-i3}  4^°  Oiier- 
vatiora  stir  la  lettre  de  J.-J.  Bouiieaii ,  pRrCoiotte,  ibii],iD-ii; 
43°  Doutes  d'un  pyrrrhonie»  proposés  amicalement  à  J.-J.  Jtousseaa , 
par  Coite  d'Arnobal,  ibid,  17S41  ia-8"  ;44''  LcUre  ifun  Parisien  con- 
tenant ijttebjnet  réflexioia  sur  celle  de  M.  Roaneau,  Paris,  17S4; 
45"  Loiret  d'un  académicien  de  Bordeaux  lar  le/ondi  de  la  mutisme, 
par  te  pcrc  Caslel,  Qordeaux,  17S4  j  ia-iS)  4^"  Hi/vialioa  laiiû  et 
dittàllèe  des  principes  de  M,  Boussenu  de  Genève,  touchant  la  mu- 
tiijiie Jf-atiçaiae  j  adressée  à  lui-même  en  réponse  à  sa  lettre  ,  Paris  , 
i;Sj  ,  in-io  ;  Iff  Lettre  sur  celle  de  M.  J.-J.  Rousseau,  citoyen  de 
Genève,  patM.  ¥eo  ,  Paris,  1754,  io-13. 


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choBO  pour  attirer  les  regards.  Le  maSire  en  droit,  ti  Cadi 
dwpi.  On  ne  ^ovi»jamaù  de  tout,  te  Roi  et  leFermier, 
jRtbfli^  Gj^,-  Altnë-  étt^i  Dgieiitewn,  q»i  (in^édètHifc 
l'entrée  de,Gr6ti^  dans  la  carrière  itiugIcale,^ei'qai^  Al<^ 
cédèrent  aux  premiers  essaîs  de  Duni ,  répandirent  insèn-- 
siblement  le  goût  d'un  chant  simple  et  gracieux ,  vrai  dailb 
sa  déclamalion,  et  déltarrassé  des  ridicules  ornemens  qtA 
avaient  jusque-là  exposée  la  musique  française  an  mépris 
des'  autres  nations.  Philidor ,  contemporain  et  émule  de 
Monsigny ,  se  mettait  pas  dans  ses  ouvrages  le  charme  qui 
est  répandu  sur  les  productions  de  son  rival;  il  avait  moins 
de';gé9i«'»  moioa:^  sensibilité;  mais  mudden.  instmiît 
.pidwloMmps  et'le  paï's  obil  iritaiti  il  aé  eàlâ^^t^(éi&^ 
quer  par  une  pureté  de  style  inconnue  avant  lulparml 
nous ,  et  cuLitribiictiUiitisL  it  lErcr  l,t  i]iiisjc(ii<:  française  de  la 

Toiil  le  iiioiulc  ic^  sih;lù>  lii:  (.iclry;  ils  vivent  en- 
core dans  quelques  oiivrjgiis ,  ou  plulùt  dans  une  foule  de 
traits  heureux  qui  ont  conservé  tout  leur  effet,  malgré  le» 
progrès  imnteases  que  Id  musique  a  faits  depuis  l'époque 
où  il  écrivit.  Ce  musicien,  le  plus  singulier  de  tous  ceux 
que' mentionne  l'histoire  de  la  musique  j  quoiqu'il  fût  né 
antoflUnspiralion  des  beaux  chants  et  avec  le.  sentiiiient.le 
plusivrai  qaVuhpnisse  citer ,  ne  posséda' pas  lafacuUé  d'ap- 
prendre le  mécanisme  de  son  art,  même  en  Italie  ,  où  il 
passa  sept  ans  dans  l'école  de  r^avans  mu.sicicns.  Il  ne  sut 
niéme  jamais  comment  on  arrondit  une  phrase  et  comment 
on  la  proportionne ,  quoique  son  génie  lui  dictât  les  motifs, 
les  plus  heureux  ;  non  qu'il  n'en  ait  fait  de  fort  belles  eten 
grand  nombre,  mais  toujours  par  insliitct  et  à  son  iuRU  ; 
car  lorsqu'il  lui  arrivait  d'eu  trouver  d'un  rythme  mal 
cadencé,  i^  lui  était  impossible  de.les.re^Bttg-gt^^^j^g^,. 
C^était^dans  toute  l'ac'cepliun  du  mt^ty  leJnuu^âl^  da^ 
nature;  il  ne  faisait  rien  par  souvenir  ou  par  acquit';  la  - 
musique  des  plus  grands  maîtres  lui  était  inconnue  ;  il  ho 
savait  que  U  sienne,  .l'iijoutcrai  qu'il  n'estimait  qjic  celle- 
là.  Ce  nVlaii  poiut  pnr  orgueil,  mats  par  une  suite  de  son 
organisation.  Tout  cela  était  la  conséquence  de  l'Indivi- 
dualité de  son  talent. 


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443 

Le  premier  ouvrage  «le  Gréiry  (te  Huron),  fut  joné 
eii  i;6yi  il  fut  lieiirciix  et  fut  §uivi  rte  ciuquanio  autres 
([iii  eurent  preH<|uc  Iniis  le  mÊmc  sort.  Le  sunnës  ne.  fut 
piks  borné  à  la  capitale;  les  provinces  munifestÈrciit  le 
même  enthousiasme  pour  les  productions  de  ce  musieien 
spirituel,  et  ne  conniireut  presque  pas  d'autre  musique 
pendant  prëtt  de  trente  ans.  C'est  ici  le  lieu  de  remarquer 
que  le  goùl  de  cet  art  se  répandit  en  France  par  l'opéra 
comique.  Avant  que  ce  genre  de  spectacle  fut  établi ,  il 
n'y  avait  de  iliédtre  que  dans  deu.vou  trois  grandes  villes; 
les  grands  opéras  exigeaient  un  luxe  de  macliineH,  de  dé- 
curaiinnK  ci  de  costumes  qui  était  trop  coûteux  pour  les 
villes  du  second  ordre.  Ce  furent  les  petits  ouvi'ages  de 
Dunî,  et  les  intermèdes  traduits  rte  l'italien  qui  commen- 
cèrent k  propager  dans  les  provîuces  le  goût  des  spccta- 
ciea  a  uiaiiL  :  les  premières  pièces  n'étaient  que  des  vau- 
devillcs;  la  comédie  à  ariettes  vint  ensuite,  mais  il  fallut 
long-temps  avant  d'arriver  au  véritable  opéra ,  car  souh  le 
rapport  de  la  musique,  nous  avons  toujours  été  arriérés 
d'un  demi  siècle  à  l'égard  rte  l'Italie  ou  rte  l'ÂlIemague. 

Pendant  que  cet  art  faisait  des  progrè.s  par  l'opéra  co- 
mique,  le  grand  opéra  restait  entaché  de  tousses  défauts  : 
d'un  côté  Ton  chantait,  sinon  avec  talent,  au  moins  rai- 
Honnablemcnl;  rte  l'autre  on  avait  conservé  la  profusion 
des  ornomens  grotesques  de  l'éeolc  de  LuHi.  On  croyait 
qu'il  était  de  la  rtignilé  de  l'Académie  roi/aie  de  musique 
de  ne  rien  changer  aui  allures  usitées ,  et  de  ne  point  cé- 
der au  désir  impertinent  que  montrait  le  public  d'entendre 
quelque  chose  do  nouveau  et  de  meilleur.  De  nos  jours,  on 
3  vu  les  mâmes  ridicules  se  reproduire. 

Enfîn  Gluek,  appelé  rte  Vienne  par  la  Dauphinc  (Marie- 
Anloinclte) ,  vint  à  Paris,  cl  donna  en  1 774  i  'a  première 
représentation  de  son  Iphigénie  en  Aulide.  Dès  ce  mo- 
menl ,  il  ne  fut  plus  question  des  ouvrages  qui  compo- 
saient l'ancien  répertoire  ,  ni  de  la  psalmodie  rte  Larrivée , 
de  sa  femme  et  des  autres.  11  fallut  renoncer  aux  porls-de- 
voiai ,  aux  martetcincnt ,  aux  flallés ,  aux  cadences  pcr- 
lies,  et  à  tout  le  reste  des  gentillesses  qui  semblaient  ne 


•M 

Olgiiijacl  Dy  Cuogle 


devoir  périf  riH'dVcc  l'upiîra.  <:<:  n'est  pas  que  Gluck  éta- 
blit une  véritable  école  de  chiiiit  en  France;  elle  ne  lui 
(Slait  point  éttaugtre  puisqu'il  avait  liorit  précédemment 
le  rôle  d'Orphée  pour  Cuadagni  ;  mais  entraîné  par  son 
peneliant  peur  la  (léclaniatiun  lyrique,  et  .séduit  par  les 
idées  de  l'abbé  Arnaud ,  de  Suard  et  de  plusieurs  autres  lit- 
térateuTB;  il  voulut  faire  de  la  tragédie  ehantée,  et  tourna 
toutes  les  faeullén  de  son  génie  vers  eette  nouveauté.  Nous 
ne  devons  point  nous  en  plaindre  ,  [luisque  nuus  sommes 
redevablcEi  à  la  nouvelle  direction  des  idées  de  ce  grand 
musicien  des  deux  Iphigénic ,  d'Alccsts  et  A^Ârmidbi 
chofc-d'œuvre  inimitables  de  vérité ,  de  force  et  d'eitpres- 
sioo  dramatique;  miiis  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le 
succès  éclatant  de  ce  genre  de  bciiutés  substitua  les  cris  à 
une  langueur  monutonC)  au  lieu  d'amener  parmi  nous 
la  tradition  de  l'excellcnlc  école  iralienne  de  cette  époque, 
et  retarda  de  près  de  trente  ans  la  connaissance  de  l'art  du 
cliant  en  France. 

Sous  d'autres  rapports,  la  musique  française  doit  à 
ce  grand  homme  une  partie  des  progrès  qu'elle  a  fait  de- 
puis. Avant  lui,  les  orchestres ,  sans  excepter  celui  de  l'U- 
péra,  étaient  de  la  plus  grande  faiblesse;  nulle  idée  de 
nuances,  d'expression  ni  d'énergie;  des  violonistes  qui 
jouaient  avec  des  gants  en  hiver,  dans  la  crainte  du  froid, 
et  qui  avaient  si  rarement  occasion  de  démancher ,  qu'ils 
y  étaient  absolument  inhabiles;  des  llûlfs  à  bec  qui  re- 
doublaient les  parties  de  {litles  traversiJircs ,  quoiqu'elles 
fussent  presque  toujours  un  quart  de  ton  plus  bas;  enGn 
des  cors  do  chasse  semblables  à  ceux  qu'on  entend  quel- 
quefois aujourd'hui  à  la  fenéiru  des  marchands  de  vin; 
du  reste,  une  incapacité  à  peu  près  absolue  parmi  tous 
les  musiciens  pour  lire,  à  première  vue  ,  la  musique  qui 
offrait  quelques  difiîcultés.  Tous  ces  obstacles  disparntent 
devant  le  génie  de  Gluck;  les  répétitions  d'Iphîgénîe  en 
Aulide  durèrent  sii  mois,  mais  au  bout  de  ce  temps,  ac- 
teurs et  symphonistes,  tunt  était  changé;  l'émulation  avait 
remplacé  l'insouciance ,  et  l'amour  propre  avait  converti 
des  ménétriers  en  artistes. 


Dlgnizad  Cooglî 


Peu  aprÈR  le  débtit  de  Gluck  i^ur  la  scène  françjistj  , 
Piccîni  fut  engagé  pour  écrire  cancLirremment  avec  lui; 
line  lutte  s'engagea  bientôt,  et  presque  toute  la  nation  se 
partagea  en  licux  partis  qui  se  prouoiictrcnt  pour  riui  ou 
pour  l'autre  de  ce»  grands  musieiens.  Ces  deux  partis  se 
désignaient  par  les  noms  de  Gluckisles  et  Ae.  Piccinistes. 
Les  journaux  recueillaient  les  épigrammeR  d'un  parti 
couti'o  l'autre  ;  les  saloos  semblaient  une  arène  où  chacun 
combaltait  pour  sou  idole.  La  politesse  semblait  exilée  de 
lu  société ,  et  partout  l'on  n  entendait  que  des  cris  au  mi- 
lieu desqncl.s  on  distinguait  seulement  les  noms  de  Ro- 
tand  et  A'Iphigénit ,  à'Atys  et  A'Alceste.  Ces  sortes  de 
disputes,  qui  ne  fuul  jamais  de  mal,  parce  que  tout  finit  par 
èlre  classé  selon  son  mérite,  sont  ordinairement  favora- 
ble» aux  progrès  d'un  art,  parce  qu'elles  lui  donnent  de 
l'importance,  et  parce  qu'elles  enlrciicnnent  l'émulation. 
Aussi  remarque-t-on  que  c'est  de  cette  époque  que  datent 
les  principaux  perfeclionnemem  qui  se  sont  introduits 
successivement  dans  les  ilifféreutes  parties  de  la  musique 
française.  L'arrivée  de  Viotti  et  de  Meslrino  en  France 
donna  naissance  à  une  école  de  violon  excellente;  La  tlous- 
sale ,  élève  de  Tartini  ,  revenait  d'Italie  ;  Saint-Georges  , 
Gervaîs,  Berthcnume,  Fodor  et  Guénin  formèrent  rapide- 
ment  leur  talent;  le  violoncelle  eut  bientôt  les  deux  Du- 
port ,  les  deux  Jeansun  et  les  deux  Levasseur  ;  Rodolphe  , 
venu  de  l'Allemagne  ,  fonda  une  école  pour  le  cor;  Hugot 
se  distingua  sur  la  llûlc,  Sallanliu  sur  le  hautbois  ;  Qzi  et 
Devienne  sur  le  basson.  Des  orchestres  formés  de  laldns 
semblables  olfraient  des  moyens  d'exécution  qui  n'exis- 
taient pas  auparavant,  et  portaient  leur  influence  jusque 
sur  lu  génie  des  compositeurs.  La  musique  instrumentale 
avait  été  long-temps  bornée  ."i  de  petites  pièces ,  telles  que 
des  sarabandes,  des  courantes,  des  gigues,  etc.  Vers  1775, 
elle  prit  parmi  nous  un  plus  grand  développement.  Des 
symphonies,  des  quatuors  réguliers  remplacèrent  de  faiblea 
essais,  et  nous  préparèrent  au  plaisir  d'entendre  les  im- 
mortels compositions  de  Haydn.  M.  Cossee,  ce  respectable 
doyen  de  la  musique  française,  qui,  vivant  encore  ,  oiTrc 
59 


44B 

|fi  8|>CGrl3cle  HHgùlier  d'un  conlemporain  de  Raineaii,  té- 
nioiii  des  (ueofes  de  RDHini*,H.  Gorncc,  dis-je,  contribua 
plut  qu'aucun  autre  à  ces  amélioratious  iniroduitCB  dans 
le  Byglèine  de  noire  musique  instrumentale.  Ses  sympho- 
nies, ses  quatuors,  ont  joui  lonfj-tiîmjis  d'une  ri-|>utalio]i 
inériléc ,  et  n'ont  pu  élre  effaces  rjuc  par  les  ciiiiipusitioii'. 
.le  Hayilii.  Lt!  zùlu  (ju'i!  déploya  |n)ur  iiurrcclùiiiLicr  J'c\é- 
culion  musicale  par  la  fondation  dti  Concert  des  aiiiateurs 
HuiBrait  seul  pour  lui  assurer  ta  reconnaisaauce  de  tous 
les  amis  de  [a  musique  française. 

-  Ven  1779,  deDOUTeauxbouflous  avaient  été  appelés  par 
Devismet,  alors  directeur  de  l'Opéra  ,  et  avaient  fait  en- 
leqdreilts  boni  ouvrages  «le  l'icrini,  de  Galluppi  et  de 
Paiitleltdt' Quoique  le  moment  ne  tCit  point  encore  venu  de 
fixer  pamd  ûoaa  un  genre  de  spcclaelc  si  propre  à  formel- 
le goÂk,  néanmoins  on  avait  commi^ncO  à  .sBtilirle  cliarmc 
tiui  résulte  d'Ûne  vocalisation  parfaiti^  et  .saiix  ellort ,  d'un 
çhnut  suave ,  et  d'une  eiéoution  vive  et  spirituelle.  Envi- 
ron dix  ans  après ,  une  nouvelle  troupe  italiepRB  fat  for- 
mée; celle-là  était  parfoifé.  On  se  souvItoit^iiJxHtS^ill^Vitfl- 
fet  que  produisait  ta  réunion  de  RaffanelU',  dé  Ukadiol, 
de  Viganoni  el  de  Madame  Korichclli  dans  les  délicieuses 
compo)<iliuns  de  l'aisiello.  de  Sarli  et  de  Cimarosa.  L'élite 
des  amateurs  s'empressait  d  aller  entendre  cette  exécu- 
tion admirable  (pie  complétait  1  orchestre  le  plus  parlait 
qu'il  y  ait  en  à  Paris  ;  le  chanteur  le  plus  etoiiuaiit  que  la 
France  ait  eu ,  Garai ,  qui  yen  ait  de  s  elanterdaus  la  car- 
rière, allait  former  soc  goût  à  l  école  de  ces  virtuoses,  et 
se  préparer  à  fonder  la  seule  école  de  ohant  gntf  nom 
ajKins  eue.  H.  Gherubini ,  dont  le  talent  ^èt^^M|^âyA 
d'influence  sur  la  destinée  de  l'école  frança^'j'  tenait 
d'arriver  parmi  nous,  et  préludait  à  sa  haute  réputation 
par  les  cxeelleiis  morceaux  qu'il  ajoutait  aux  opéras  qu'on 
icpréscutait  au  Ibéàtrc  de  Monsieur;  le  génie  de  Méhul , 
de  LcsuËur,  de  Berlon  s'annonçait;  tout  présageait  une 

(i}H.  GosMcest  DÉ  dam  on  lillagcpréadc  Waleaw  (  ^J*-Bm  ]  > 
nu  coniineiiCEineDt  de  l'année  1733,  c'est- a-dire  pliuienri  mail  avant 
la  premiéns  repicKolatioD  du  premier  ope'ra  de-'AotncoK. 


□igilizedby  Coogli^ 


44; 

grande  riivDlution  musicale,  qui  devait |èlre  oompaguc 
d'une  autre  beaueoup  plus  importante  :  elle  oc  tarda  point 
à  M  faire.  J'en  suivrai  tes  développemeiu  dans  Un  aotra 
arlielfl»  et  j'examîuerai  l'effet én  changement  danminsfi- 
tnlMna.J'ai  «ra  qtae  Is  tabkou  que  je  viens  de  tnwet  était 
DéoasiaiiepQni&diieooa^ireodrficeqaimeTeateàdin.  ' 

DÉCOirVERTBS 

On  «e  rappeUe  U-dlseussioA  qui  tfert  élevée  en  AllmMi 
gue  sur  l'anilientUiiié  du  Reçman..q>A  parte  le  .nom  de 
Mozart  , 

fliona  BTiDda  cm  ce  débM'  terminé  :  cependant-il  vient 
d'être  renouvelé  pou#  4tre  pr^Uament  dos  d'une:  ma- 
nière définitive ,  A  propos  de  la  publication  faite  par 
H.  André,  marchaDd  de  musique  à  OfTenbach  sur  le 
Hein  ,  du  Requiem  en  question  avec  l'indication  minu- 
tieuse et  certaine  de  tout  ce  qui,  dans  cet  ouvrage,  appar- 
tient A  Mozart  et  à  Sûssmayr.  Cette  édition  a  été  faite  sùr 
une  partition  gravée  et  corrigée  avec  la  basse  chiffrée  par 
rabbé  Stadlér*  collationnée  de  nouveau  avec  le  mattu^ 
sorit  qa'e possède  ce  musicien  ,  et  qui  n'a  présentë'qile  de 
légères  différences.  H.  André  passe  pour  fort  éradit  en 
mosique,  et  doit  connaître  l'écriture  de  Hozàrt  Sont  ft  a 
acheté  toàs  les  manuscrits  qui'se  sont  Ironvéa  après  «a 
mort  entre  les  mains  de  sa  veuve  :  comme  H  tie  nOns  Alt 
pas  que  le  manuscrit  est  delà  main  du  grand  maître , 
nous  devons,  sans  témérité,  pouvoir  assurer  que  ce  ma- 
nuscrit ne  présente  d'autre  garaMie  qùe  celte  da  eiom'Uu 
possesieor^et'orttegHrtantfeV'diBbs  «ne  discussion  tfttl'-A- 
monr-propre  peut  Jouer' tui  gtand'rAle,  sera- ftacttekuent 

(OVc^ei  JhnKflHMtea^piCeaSv- '  '  I  -      ■     .  . 


m 

appréciée  comme  elle  iloii  l'être.  Quoi  ((u'il  en  soiit  la 
noavelle  édition  de  M.  André  consiste  daiia  la  gravure  très 
nette  et  trËs  correcte  de  la  partition  complète  d»  Itequietn 
oti  l'on  a  ioditjué  dans  tons  les  morceaux,  à  l'exception 
du  AeyuMi»  et  da  Kyrie,  par  un  U  et  par  un  S  la 
part  mspeotiTe  que  Hosart  et  Sflwmayr  ont  eue  chacun  à 
cotte  composition.  Tolci  le  résultat  de  ce  trarail  ouminé 
dans  Tordre  des  cinq  divisions  principales  : 
PfùmièTe  divitton  .*  Bnionii. 

V  1.  Requiem  tt  Kyrie.  La  noavelle  édition  de 
H.  André  ne  donne  rien  de  certain  sur  ce  qui  apparlieot 
&  Uozarl  dans  ce  numéro.  On  voit  par  une  lettre  de  sa 
veuve  qu'il  avait  en  effet  écrit  un  Requiem  et  un  Kyrie  ; 
mais  la  comparaison  faite  par  ses  ordres  n'a  pu  faire  coo- 
naître  si  réellement  il  l'avait  écrit  comme  nous  l'avons 
reçu  des  mains  de  Siissmayr.  M.  André  regarde  du  reste 
ces  deux  morceaux  comme  appartenant  à  Mozart,  mats 
provenant  des  travaux  de  sa  jeunesse,  et  datant  certaine- 
ment d'une  époqno  antérieure  ï  1784- 

Deuxième  division  ;  Dies  irm. 

Pi"  2.  Le  Dies  irœ  est,  selon  M.  André,  une  ébauche 
égalen>cnt  ancienne  que  Mozart  avait  commencée  à  ratta- 
cher à  ce  Reçuiem,  et  que  Sûssmayr  termjna. 

■  N^^.  Tuia  jusqu'à  la  tS*  mesure,  conune  pour  le 
it*  a  (.le  solo  de  trombonne  a  été  seulement  remplacé  par 
UD  autre  de  basson).  Ainsi  dans  ce  morceau,  18  mesures 
ont  été  écrites  dans  la  jeunesse  de  Uoaart  et  utilisées  en- 
suite p!(r  lui;  travail  nouveau  dcpuisla  19*  mesure, le  to^t 
laissé  d'ailleurs  comme  upe  ébauche  ;  il  en  est  de  même 
des  numéros':  ... 

4.  Rex. 

5.  Rtcor/lare,  etc. 

6.  Confutatis.  Ce  dernier  morceau,.. dans  Tédition  de 
H.  André  est  marqué  dèa  le  commencemeDt.d'oa  S,  et 
l'on  n'y  trouve  un  H  qu'à^la  17*  mesure. 

N»  7.  Lacrymoia  est  bien  connu  pour  éËce  de  Hoiart; 
maisseulémenljnsqa'Âla  S'mesure^lciseleiiBfneBonlrB- 


Diciiiized  Dy  Coogl^ 


449 

vaA  dajiH  ce  Requiem ,  et  oommence  celui  qui  appartient 
en  entier  à  SiiMinayr. 

Troitiime  divUion  :  Domine. 
N°  8.  Domine. 

N*  9.  Hostim  avec  Icf.uam  oftmapp.arlîeupcnt  comme 
l'indiqueut  le  signe  S  et  la  lettre  de  la  Veuve  de  Mozart, 
entièrement  à  SûsKmayr.  Cette  assertion  est  encore  con- 
firmée pour,  le  HûStias  par  une  note  de  M.  de  Nysseii  qui 
a  épousé  la  veuve  de  Mozart.  L'abbé  Stadlerayaut  récem- 
ment soutenu  que  ee  morceau  était  cependant  de  Mozart , 
M.  André  pense  que  s'il  en  était  ainsi,  ce  ne  pourrait  êlru 
qu'un  travail  de  jcuneose  écrit  avant  1784,  trouvé  aprfts 
sa  mort  cl  utilisé  par  SiL^smayr,  pour  compléter  l'ouvrage. 
Quatrième  division  :  SiBcms. 

N°  10.  Sanclua  et  Uosamui,  ainsi  que  ie 

M°  11.  Bcnediclus  et  Hosanna  sont,  comme  on  sait, 
de  Sùssmayr. 

Cinquième  division  :  Acncs  Dei. 

N°  la.  Agnw  Dei  est  également  connu- pour  être  de 
Siiesmayr,  jusqu'à  la  fngue  de  l'allégro,  où  il  a  répété  la 
musique  du  n'  1 ,  en  y  appliquant  d'autres  paroles,  pour 
terminer  l'ouvrage. 

four  ce  qui  touche  l'assertion^ de  M.  André,  que  cer- 
taines parties  sont  de  la.  jeunesse  de  Mozart,  et  anté- 
rieures à  17S41  cet  éditeur  s'appuie  sur  l'emploi  de  cer- 
tains accords  d'un  effet  sûr,  qui  caractérisent  d'une  ma- 
nière si  particulière  toutes  les  compositions  de  Mozart, 
faites  seulement  depuis  1784  ,  et  qui  manquent  totalement 
dans  les  parties  que  M.  André  rejette,  pour  cette  raison  , 
à  une  époque  plus  reculée. 

M.  André  a  publié  à  l'appui  de  cette  nouvelle  édition', 
dans  une  longue  préface,  plusieurs  pièces  justtlicalives 
dont  voici  la  plus  importante. 

Lettre  de  la  veuve  de  Mozart. 

»  11,  serait  impossible  à  moi  comme  à  vous  de  nous  pro- 
curer toute  la  partition  originale  du  Requiem.  L'avu- 


45o 

cat  Sortschen  l'a  envoyée  &  VJftot^me,  et  je  n'ai  pn  que 
le  faire  revoir  et  collationncr  ohez  Sortschen  pàr  Stftdlor , 
aveo  nia  copie  de  l'édition  de  fireitkopf'.  Il  en  résulte 
non-seulement  que  mon  exemplaire  de  l'édition  de  Brflit- 
jLopf  est  plus  correct  que  cette  édition ,  mait  que  les  au- 
tres correctîoDB  ajoutées  en  même  temps  de  main  de 
maître  font  que  mon  eicmplaire  est  plus  correct  que  l'o- 
riginal. Je  vous  abandenne  cet  exemplaire,  et  tous  pou- 
Tes  ainsi  annoncer  «toc  vérité  que  v.o.tre  édifiop  pqncle 
|dano  est  iàite  d'après  une  copie  comparée  et  çoTrîgée 
Avec  le  plus  grand  soin  sùr  lé  véritable  otiginal.  Je  voua 
disais  que  mon  exemplaire  vaiit  mieux  que  l'original  : 
TOUS  savez  (  entre  nouH  ]  que  tout  n'est  pas  de  Mozart , 
et  vous  ne  vous  scandaliserez  pas  en  lui  attribuant  les 
fkutes  qui  se  trouvent  dans  l'original  ;  je  veux  même  faire 
plus  pour  vous .  Je  vous  procure  te  Dies  irœ,  le  Tu$a  mi- 
tvm,  le  Rex  trcnUndœ,  le  Recordare,  le  Ctmfutatia  et 
TOUS  confie  en  secret  que  tout  ce  qui  précède  le  Dies  irœ , 
VAnonyme  l'a  en  original.  A  partit  de  là,  Hozart  n'aTait 
écrit  que  les  \(Ax  des  moiveaux  iH'M  i»«b  ,  rw0>k  mitirm, 
J{«a!  (remerM^te,  Humdart  et  Con/Wfafj*,  etpen'oa  riSD 
dans  les  parties  intermédiaires  ;  oelles-oi  ont  été  feltes 
par  un  auire  ,  et  afin  (|u'il  n'y  eût  pas  deux  écritures  dif- 
férentes dans  le  manuscrit ,  celui-ci  copia  aussi  le  travail 
de  Hozart.  Vous  savez  maintenant  précisément  ce  que 
Mozart  a  fait  dans  le  B.6quit,m  ;  je  viens  de  vous  le  dire  et 
ne  pourrais  que  le  répéter. 

•  Le  Sanctus  que  je  vous  envoie  est ,  dans  le  manuscrit 
original,  de  celui  qui  a  fait  ce  morceau  coaune  IS  Mrite. 
Ajoutes  .que  les  parties  intermédiaires,  des  morceatBCqtlë 
je  voiu  envoie  sont  autrement  qoe  dans  ITédltidiiar  de 
BreitLopf;  Celles  de  cette  édition  sont  (liquelqdM^afltes 
corrections  pHu  ) ,  àana  l'original  de  V^Amot^fm».  Ctkai 
qui  a  complété  l'ouvrage  a  donc  dû  lé -firire  dem  fMs, 

(i)  l'uni-  comprendre       liassafe  ,  il  fnul  aBToic  que  l'excmplsire 
«uiM  ,i¥:,ll  r,iH  i;<,llitloniicr  a.cg  les  iiianHSi-rils  <\iù  se  Lroi.- 
ïaieoL  eiiin:  les  mniiis  d<-  Sorlscbeii ,  eut  un  vicnipLiiru  (;riiic  de  Tcdi- 
lionpiiblidi:  par  flmlkupf  et  Uauitel.  {Nai£  de  M.  André.) 


tjt  vouï  pourrez  chuisii'  entre  les  deux  si  vuub  le  truU' 
vez  bon.  Ainsi  le  Sanctus  o»l  ciiliferoment  île  celni  qui  a 
comiilété  l'ouvrage:  mais  il  n'yadaiiB  les  autres  morceaux 
fjuc  ce  qui  est  cutourÉ  au  cruyon.  Vous  pouvez  donc  aou- 
lenîr  avec  vérilé,  que  voire  édition  au  piano  a  été  failo 
immédiatemen  1  sur  l'original  mËme  de  6  numéros.  (Il  n'y 
en  a  que  I3  en  tout.  ) 

"Voici  ce  queje  vous  envoie  r 

«  1°  Capriccw  qu'on  me  rend; 

■  9'  L'exemplaire  collationné  itt  corrigé  du  Requiem; 

■  3"  Le  manuscrit  original  des  ausdils  6  morceaux  du. 
Requiem  qu'au  me  renvoie. 

.  Signé  C.  MOZART.  . 

M.  André  avait  gardé  toutes  ces  pièces  soua  le  nceau  du 
secret  et  s'était  même  li)  ,  quoiqu'en  sa  qualité  d'éditeur 
des  oeuTres  posthumes,  il  e&t  été,  lors  du  Gommeoce- 
meut  de  la  discussion  ,  invité  par  le  rédacteur  de  la  Cœ- 
citia  à  s'eipliquer.  Depuis  celte  époque ,  la  veuve  de  Ho- 
zart  elle-même ,  maîolenant  épouse  de  U.  la  conseiller  de 
Nyssen,  Ta  engagé  par  uoe  lettre  du  i"  janvier  1896,  éga- 
lement imprimée  dans  la  préface ,  à  publier  tout  ce  qu'il, 
savait. 

Il  n'est  guère  possible  d'espérer  maintenant  de  la  part 
des  héritiers  ou  amis  de  Moxart,  une  plus  grande  évidence' 
sur  cette  question  ;  mais  il  reste  encore  celle  de  la  com- 
mande de  ce  Requiem,  fuite  A  Mozart  par  un  inconnu, 
qui ,  si  elle  était  une  foie  résolue ,  pourrait  mener  à  la  dé- 
couverte du  véritable  manuscrit,  tout  autre  peut-être 
(au  moins  dans  beaucoup  de  parties)  que  la  version  pu~ 
bliée  avec  les  complément  de  Sùssmayr.  Soua  ce  rapport, 
on  vient  de  faire  connaître  des  découvertes  nouvelles  qui. 
paraissent  de  la  plus  haute  imporlance. 

M.  André  n'avait  jamais  ^outé  foi  à  l'hisluire  merveil- 
leuse des  circonstances  qui  se  rattachaient  au  Rofuiem. 
Il  avait  entre  autres  choses,  et  par  un  acte,  la  preuve  que 
le  feu  roi  de  PrussC)  Frédéric  Guillaume  II ,  grand  ama- 
teur et  grand  connaisseur  en  musique,  avait  faitacheler. 


463 

au  mois  de  mai  i^gS)  peu  aprèft  la  mort  de  Moiart,  par 
son  attibassadeuF  à  Vienne,  une  copie  du  Scguiun,  aj} 
prix  de  loo  ducats;  circonstance  qu'il  avait  toujours  re- 
gardée conime  la  sonrce  du  récit  de  la  commande  de  cet 
ouvrage  par  un  inconnu,  pour  celte  somme  de  loo  ducats. 

Au  pririlernps  de  1836  ,  dans  uu  voyage  tjn'H'  fît  à  Ams- 
terdam ,  il  apprit  do  M.  Zawrzel ,  hautboïste  à  l'Opéra  de 
cette  ville,  que  l'ouvrage  avait  été  conunandépoar  un 
comte  de  ffatdieck,  par  lUnterméd^ire  de  bott  matlrer 
d'iidld^  qai  avait  payé  à  Moiart  5o  dacaîs ,  soils  oondition 
obligatoire  pour  le  compositeur  d'abandonner  toute  pré,- 
tentiou  sur  cet  ouvrage,  et  de  ne  jamais  le  publier. 

De  retour  à  OfTenbacli ,  M.  André  se  Ht  douoer  par 
H.  Zawrzot  de  [)lus  grands  détails ,  dans  une  lettre  éga- 
lement comprise  dans  la  préface  de  cette  nouvelle  édi~ 
tîon.  M.  Zawrzel  lui  apprend  qu'il  fut  présenté  en  août 
1790  au  comte  do  Waldeeck,  qui  demeurait  à  Stnbbach  , 
près  de  Wiener-NeusIadI ,  à  trois  lieues  de  chemin  de 
Vienne.  Le  comte  venait  de  perdre  sa  femme,  etaraiti 
diaalt-an ,  composé  lui-m£m6  an  Reguiem,  p6tir  lès  ob- 
sèques de  la  comtesse.  Ou  montra  à  Zawrzel  cet  onvriga 
qui  était  terminé  jusqu'au  Sanctus  et  très  nettement  co- 
pié. Sur  r  observât  ion  que  fit  Kawrzel  que  la  partition 
indiquait  des  cors  de  bassette,  et  qu'on  n'en  pourrait 
ti-ouver  Â  Wiener-Neustadt ,  le  comte  répondit  que  lors- 
qu'il aurait  terminé  le  Requiem,  il  ferait  venir  des  cors  de 
bassette  de  Vienne.  M.  Zawrzel  rapporte  ensuite  que  Mo- 
zart eut  depuis  lors  le  temps  d'écrire  la  Ftàtc  enchantée  et 
Tittts;  qu'il  assista  au  couronnement  de  l'empereur' Léo- 
pold,  à  Francfort  et  à  Prague,  oà  il  fut  atteint  delà  ma- 
ladie dont  il  est  mort.  Sûssmiiyr,  qui  était  l'ami  dfl  sa 
famille,  fol  chargé  par  la  venve  de  mettre  la  musique 
en  ordre ,  et  trouva  les  fragmeiis  du  Ret/uiam.  Interrogée 
par  lui,  niadamc  Mozart  se  souvint  qu'un  inconnu  ayant 
commandé  cet  ouvrage,  venait  de  temps  en  temps  cher- 
cher les  morceaux,  et  qu'après  être  venu  plusieurs  foi^ 
en  vain ,  il  n'avait  pas  reparu  depuis  assez  long-temps, 
^jfsnaayr  fat  chargé  cle  terminer  le  travail,  mais  personne 


453 

ne  dit. avoir  revu  l'inconnu.  Dans  un  autre  passage  desu 
lettre)  M..Zawriel  dit  que  le  comte  faisait  siouvent  exécu- 
ter.des  composilioua  qu'il  voulait  se  faire  attribuer,  n  Vous 
oompreoez,  ajoute-t-il,  qu'après  la  mort  de  Mo/art,  tout 
te  ^oude  aura  gardé  le  silence  ;  le  comte  ,  pour  tie  pas 
oesser  de  paraître  l'auteur  duReguiem  qu'il  avait  acheté, 
fit  les  héritiers  de.  HoEait  afin  de  donner  poar  sien  le  tra- 
vail complété  par  Sûssmayr.  ■ 

A  la  lecture  de  ce|le  lelti«,  M.  Godefroi  Weber,  rédac- 
teur delû  CiECiffa/ trouva  une  concoril.iiice  partnit<;  en- 
tre ces  détails  et  ceux  qui  lui  avaient  ùtô,  communiqué.'^ . 
dès  l'année  i8a5,  par  M.  Krûchten,  avocat  à  Postb,  qui 
était  parent  éloigné  de  la  défunte  comtesse.  ïl  résulte  de 
cetic  lettre  que  le  comte  de  Waldseg,  identiquement  le 
même  que  celui  de  M.  Za'wrzel  i  avait  fait  commander  à 
Mozart  le  Reguiem  par  Bon°Waltre-d'h6tel,  qui  lui  recom- 
manda le  pins  grand  ailenoe,  qu'il  observait  également^<[e 
Mtn  c6té;  que  le  comte,  après  avoir  reçu  les  morceaux, 
s'enferma  dans  sa  bibliothèque  pour  les  copier  de  sa  pro- 
pre main ,  et  pour  les  montrer  ensuite  à  la  ville  voisine 
comme  sa  pro]>re  composition  ;  que  le  Rct/uiem  i'ul  étudié 
et  répété  chez  l'oncle  de  M.  Kruclileri  à  ^ensladt,  où  se 
zépiissaient  toutes  te.s  .«emainc'  un  nombre  considérable 
d'artistes  et  d'amateurs.  Cctlc  première  lettre  avait  été 
t^raesecrËtc,  parce  que  M.  B.rûchten  espérant  toujours 
frir&retrouver dans  le  pays  ie  véritable  manuscrit,  ou  du' 
nW^DS  une  bonne  copié  du  travail  de  Mosaft ,  ne  '  Voulut 
paiS  effrayer  le^  personnes  encore  vivantes  dont  l'd'&ioutv' 
]iroprA  aurait  pu  être  compromis  dans  cette  affaire  j'nfalir 
«elte  iDonsidération  n'existant  plus,  il  a  non-seulement 
autorisé  mTc,  Weber  à  publier  sa  lettre,  mais  a-méme 
t^OUlé^^de  nouveaux  détails  à  ceux  qu'il  avait  déjà  donnés.' 
On  Voit,  entre  aulrcK  choses,  que  le  comte  avait  déjîcch er- 
ohé.'â  faire  passer  pour  sienne  une  symphonie  que  le  mat- 
tre  du  ofaœur  de  l'abbaye  i\e  Zislertit,  qui  s'y  connaissait, 
déolataiétre  de  Mozart. 

Parmi  'Wperflnnes' encore  existantes  qui  ont  contribué 
àl^éxécution  primitive  dajRefuîemdans  l'abbaye  de  Zister-' 


454 

lit,  U.K.. cite  u caïuiMqaîyobantaU partie deSoprsao 
et  le  père  Bîarian,  moine  de  l'abbaye,  excellent  violonis- 
te. On  4  donc  quelque  espoir  de  retrouver  l'œuvre  origi- 
nale ques'était  attribuée  le  comte,  généralement  regardé, 
d'ailleurs ,  comme  un  iaible  musicien ,  incapable  d'un  pa- 
reil iravall. 


NOUVELLES  DE  PABIS. 
TflËÀTBE  HOTAL  DE  L'OPBRA-COHIQUE. 

«nSlQVB  U  K.  DilOLB. 

Béduità  r^priied'ancieiu  ouvrages,  et  i  quelques  pe~ 
tits  opéras  en  an  acte  pour  toute  ressource ,  par  suite  de 
circïonslaaceB  imprévues,  l'Opéra* Comique  n'a  en  perspeo- 
Uvc  qu'un  été  difficile  à  passer.  Un  bon  choix  des  ouvrages 
à  reprendre  peut  seul  diminuer  te  danger  d'une  semblable 
situation  ;  mais  ce  choix  est  lui-mdme  limité  par  une  foule 
d'iocideiu  qu'il  est  presque  impossible  de  prévoair*  et  qui 
M  préMOtent  toujonn  d'mw  manière  inopinég. 

Deadisoussions  fâcheuses*  qui  se  sont  élevées  tout  iïooapt 
ont  empêché  la  mise  en  scène  de  ta  Caverne,  pour  la- 
quelle  de  belles  décorations  avaient  été  préparées.  Il  a  falla 
chercher  promplement  autre  chose  parmi  les  pièces  qui 
avaieut  laissé  d'agréables  souvenirs;  ia  CUtcftetU,  l'une 
des  premières  productions  de  U.  Hérold,  était  l'une  des 
plus  favorablement  notées.  Sa  mise  eo  scène  fut  résolne, 
etuneuoavelle  distribution  futarrètée.DaDsoette  distribu- 
tion, madame  Bigaut  a  succédé  à  madame  Boalanger*  dau 
le  rAk  du  diable-page  ;  LafeniUade  a  pris  la  plaoe  de  Paol* 
dans  celui  é^JsoUftf  madame  Paul  a  remplacé  madame 
Desbrosses,  et  Valùre  s'est  chargé  du  Me  de  Daraneourl. 
Quant  à  madame' Ptoadher,  on  so  ra^Mlle  qu'elle  joua  le 
rAIe  de  PattiwnAhus  la-nouveauté  de  Tounage,  et  qu'elle 


D  Igilized  by(^O^I^ 


455 


y  fit  lîbs  Ion  remarquer  U  graci:  qu'elle  a  miBe  daus  tout 
ce  qu'elle  a  jouii  depuis. 

On  trouve  dans  ta  musique  de  ia  Clochette  une  espé- 
riencG ,  une  sûreté  d'iutenlioii  qu'on  a  rarement  en 
France  à  l'âge  où  lU.  UéruUl  a  Écrit  cet  ouvrage.  Les  mo- 
tifs de  plusieurs  morceaux,  et  parliculïèremeul  celui  de 
l'air  Me  voilà,  sont  heureux;  les  situations  dramatiques 
sont  bien  saisieB,  et  l'cITet  général  est  agréable.  Mais  si  l'on 
compare  la  musique  des  dernières  productions  de  U.  Hé- 
rold  k  celle-ci,  on  ne  peut  s'empâciier  de  remarquer  que 
aon  talent  s'est  aggraudi;  que  les  formes  de  sa  musique  nou- 
velle ont  plus  d'élégance,  et  que  son  instrumentation  est 
beaucoup  plus  lieiie  que  dans  ia  Clochette;  eu  un  mot, 
les  progrès  sont  sensibles.  U  faut  en  convenir,  il  y  a  quelque 
maigreur  dans  les  proportions  des  morceaux  d'ensemble 
de  l'ouvrage  qu'où  vient  de  reprendre,  cl  je  ne  sais  quelle 
monotonie  qu'on  ue  trouve  point  dans  te  Muletier  ni  dans 
Marie..  Au  reste,  il  est  peu  d'auteurs  dont  nu  puisse  vanter 
les  progrès;  les  premiers  ouvrages  sont  ordinairement  les 
meilleurs;  je  crois  même  que  RI.  llërold  me  pardonnera 
facilement  des  critiques  de  celte  espèce. 

Lafeuillade  a  bien  chanté  son  premier  air,  et  particu- 
lièrement le  récitatif  et  le  mouvement  lent.  Cet  acteur  a 
de  la  chaleur  et  de  l'ame ,  il  ne  lui  manque  que  de  soigner 
son  intonation,  qui  est  quelquefois  au-dessous  du  ton.  Va- 
lère ,  qui  paraissait  gèiié  à  la  première  représentation ,  a 
cependant  fait  entendre  de  beaux  sons  dans  les  morceaux 
d'ensemble.  Quant  à  madame  Rigaut,  son  râle  lui  est  peu 
favorable;  clic  a  trop  de  talent  pour  chanter  mal ,  mais 
on  voyait  facilement  que  la  musique  de  la  Clochette  n'a- 
vait pas  été  faite  pour  elle. 

THÉÂTRE  ROYAL  ITALIEN. 

Le  désir  que  tout  véritable  amateur  éprouve  d'entendre 
souvent  madame  Pisaroni  était  augmenté,  à  la  représen- 


456 

tatioo  dont  je  vais  reodre  compte,  par  celui  de  comparer 
cette  grande  cantatrice  avec  madame  Pasta,  dans  l'air 
O'.^uaiVli'  togrime*,  que  oelle-«ï  arait' intercalé  dans 
Otetto;  je  ne  sais  même  bÏ  ce  dernier  molif  n'était  pas  le 

plus  puissant  puur  allire.r  la  foule;  car,  parmi  nous  ,  la 
manie  lii;  jiigi-r       encore  plus  iorlo  fjuc  le  besoin  île  jouir. 

Il  litail  ccfiendjnt  facilu  de  pri'voir  quelles  seraient  les 
ditlérences  dans  le  cas  dont  il  s'agit.  Il  y  a  dans  la  manière 
.  de  madame  Pastaunesorte  A'idéaiUi  résolle.da'clAnae 
répandu  sud  toute  sa  personne  :  on  n*avait  rien^dè'^s^âs^ 
blable  à  attendre  ici.  D'ai^  antre  côlé,  les  musfciena  ta.-^ 
valent  qne  l'air  du  rMe  de  Malcolm  avait  été  conçu  par  le 
Gomposîteur  dans  un  autre  système  que  celui  qu'araïl 
adopté  madame  Pasta ,  et  que  son  eflet  avait  été  dénaturé 
par  la  transposition  à  une  quarte  au-dessus  du  ton  dans 
leijucl  il  est  tïerit,  en  sorte  que  l'énergie  des  phrases  de 
coulr'allu  avaient  dL^{;éii<^ré  en  accens  mélancoliques  de 
soprano.  Il  était  doue  iniéressant  de  retrouver  la  première 
intention  de  l'auteur  Irausmisc  par  son  iaterinriid^fi^ 
tive;  car  le  rôle  de  Maleolm  a  été  écrit  poiir'teâffimHfgfe 
saroni.  Toilà  les  comparaisons  qu'il  est  utUe'de'^fidrë^i^HS 
rÎDtérât  de  l'art  ;  celles  qui  tiennent  uniquemént'  dj^^âvT 
sonnes  portent  presque  tot^ours  à  faux.  Vit  ëxemjilë^fffilt- 
dame  Pàsta  l'emportera  toujours  sur  la  perfe'dtion  de'm^ 
thode  de  madame  Pisaroni  dans  les  rôles  qui  exigeront  de 
la  ^'racc  et  tui  certain  charme  mélancolique  ,  tels  que  ceux 
lie  Taueii'ile  ou  de  Roméo;  je  crois  même  que  la  grande 
cantatrice  qui  ni'nccupe  ne  pourrait  aborder  ce  dernier 
rôle  avec  succès,  Mui  cloute  qu'elle  n'y  trouvât  des  effets 
inconnus  à  madame  l'asia  ;  mais  ce  délicieux  je  ne  bàA 
qnoi  ]  celte  vapeur  idéale  qui  enveloppait  tous  les  mou4^ 

(i)  Dn  appelle  eommDnémBiiteetDiF  une  comline^  !Bt  l'on  m  Mrt 
du  même  mot  ponr  qualifier  l'air  de  Koûne  dana  le  Biriiîer,  «t  beau- 
coup d'autres;  naii  c'ot  i  tort.  Lt  canatme  mt  nu  atr  d'un  seul 
mottvemeiii  aani  reprise.  L'air  i  plulîeun  mouvemen*,  avec  une  r«- 
priae ,  a'appelle  siraplemont  nu  air/  calai  qui  a  ,plui  d'nae  i^ïtë 
MtuD  rondeau.  R  eit  utile  de  oe  point  conibodre  leitemetjet  deleur 
coaierrer  leur  ligoifioaiion. 


45; 

mens  de  celle-ci,  et  qui  nous  semblent  Inséparablea  du 
personnage,  tiiadume  Pisaronî  ne  pourraiLuoiisle^reiKlri-. 
L'.irt  de  plirascr  admirablement  le  récitatif,  une  priinoii- 
ciation  parfaite,  un  style  élevii,  de  l'énergie,  une  exjrcs- 
sion  profonde  et  ({iielques  taches,  voHà  ce  ijuc  nous  devant) 
attendre  d'elle.  Au  reste ,  fiïlicilons-noiis  de  ce  ifue  les  cir- 
constances sont  telles  qu'on  ne  puisse  nous  donner  ce  que 
nous  connaissons  déjà  ;  nom  aurons  autre  chose ,  et  cela 
vaut  mieux,  car  le  secret  de  louies  nos  jouissances  est  dans 
la  variété. 

C'est  une  grande  responsabililé  que  celle  d'un  grand  la- 
lent;  quiconque  le  possède  ne  peut  satisfaire  le  public 
qu'eu  allant  uu-delâ  de  ses  espérances;  ce  qui  n'est  que 
bien  passe  pour  médiocre  ;  enfîu  ,  il  semble  qu'il  n'y  ait  pas 
de  milieu  entre  le  sublime  et  le  vulgaire.  Or,  il  suflit  d'a- 
voir entendu  une  fois  M°"  Pisaronî  pour  savoir  que  son 
ebant  ne  peut  atteindre  à  la  perfection  qu'autant  que  la 
hiluatioLi  cal  assez  dramatique  pour  exciter  en  elle  de  vives 
émulions.  Celle  de  la  première  scène,  Mura  j'eticï  ave  il 
mio  éen  s'aggira,  n'est  pas  de  cette  nalnre;  ce  sont  les 
plaintes  et  les  inquiétudes  d'un  amant,  mais  aucun  danger 
réel  n'existe  ;  aussi  le  récitatif,  l'andantino  et  t'allëgro  sont- 
ils  de  demi-caiacIÈre.  Lorsque  ta  voix  de  M*"  Pisaronî  avait 
toute  la  fraîcheur  de  la  jeunesse ,  il  lui  sullisait  d'y  joindre 
son  excellente  méthode  pour  chanter  cette  scène  à  mer- 
veille; aujourd'hui  que  des  sons  défectueux  ont  pris  la 
place  de  ceux  de  poitrine,  dans  certains  ca.s,  on  y  remarque 
des  allci  n.itives  de  bien  et  de  mal.  Le  récitatif  et  plusicitrs 
passages  de  l'andanlino  ctdc  l'allégro  ont  été  bien  dits  ;  mais 
quelques  sons  étranges  et  une  vocalisation  un  peu  lourde, 
dans  le  trait  Di  tuce  it  cielo,  ont  gâté  l'effet  général. 

Les  espérances  du  publie  ayant  été  trompées  sur  ce  point, 
il  en  est  résulté  uu  froid  qui  s'est  répandu  sur  le  l'esté  de 
l'ouvrage,  cl  qui  s'est  accru  par  l'exécution  plus  que  mé- 
diocre des  autres  acteurs ,  des  cborisles  et  de  l'orcheslrc. 
L'on  n'amËnic  point  remarqué  la  manière  admirable  dont 
M""  Pisaroni  a  ebanlé  sou  entrée  dans  le  fînale  :  La  mia 
spada  &  ta  più  fida-  Le  reste  a  été  demal  en  pis.  Le  char- 


DlgrtizadbyCoogle 


458 

mant  duo  ^  Bianca  e  Fatiero ,  et  le  délicieux  quatuor 
da  mâmfl  opéra ,  ont  également  mauqué  leur  elfet;  éddO 
l'on  ponvait  croire  que  cette  représentation  île  ia  DtnâSfc 
(M  Lago  sérail  un  échec  h  la  répiilalion  de  la  virtutiè^^ 
lorsque,  tout  à  coup,  K'ùlcvaiit  à  l'cxprcssinn  la  plus  su- 
blime'danB  l'air  Ahl  si  jicra  !  elle  a  il(;(Innim,igé  l<^  public 
avec  nsmo  de  trois  hearu.s  d'ciinui  citii|  minutes  du 
plaisir  Ifr. plus  vif  qu'où  puisse  éprouver.  Qui  pourrait 
pondre  l'énergie  di^>p^e  qu'elle  a  mise  dans  le  Wât 
Fato  crwUte?  De  pareUlea  inspira tî<itis  '^nnt  au-de3sai>Ai 
tool  éloge,  et  valent  mieux  cent  fois  que  la  froide  perfection 
d'une  vocalisalion  inanimée.  Enltiousiasmés  de  ce  quHs 
venaient  d'entendre,  et  calculant  mal  l'intérél  de  leur  plai- 
sir, les  spectateurs  ont  rappelé  M°'  Pisaroni  sur  la  scène  et 
lui  ont  demandé  de  répéter  sou  air  :  elle  a  cédé  à  leurs  in- 
stances; mais  fatiguée  de  l'efforlqu'ellevenail  défaire,  elle 
n'a  plus  retrouvé  les  mêmes  accens ,  et  s'eït  mâme  retirée 
sur  ia  eadenee  linale  sans  pouvoir  achever.  Ce  u'est  pas  la 
première  fois  qu'on  a  lieu  de  remarquer  qaâ4tt  rit^{o«8i« 
iis  Burt  mal  le  talent  des  chanteurs' et  ^AM'lw'iâMIm^fi 
impressions;  cependant  ou  retombe  toujours  dans  la'iàfiblé 
faute. 

A  M~  Pisaroni  s'arrête  la  part  d'éloges  qu'on  peut  don- 
ner à  cette  représentation;  le  reste  ne  mérite  que  les  criti- 
ques les  plus  sévères.  Sans  parler  des  costumes  ridicules 
des  chnriites,  delà  pauvreté  des  décorations  et  des  négli- 
gences de  la  mise  en  scène,  sur  lesquels  un  public  trop 
indulgent  prend  facilement  son  parti ,  l'exécution  a  été 
tellement  vicieuse  de  tons  points  que  l'indignation  fut 
générale.  Les  choristes,  qoi  n'ont  jamais  l'air  de  s'intéres- 
ser à  ce  qui  se  passe  autour  d'eux,  qui  ne  sont  point  en 
fioène,  qui  ne  prennent  polntpait  à  l'aotion  et  qui  ne  sont 
twenpés  qu'à  r^arder  dans  la  nlle,  ont  chanté  faoïavec 
intrépidité  depuis  le  commencement  juoqn'Â  la  fin.  Pai 
une  entrée  faîte  à  propos,  pas  une  nuance,  et  cependant 
ui)  air  de  confiance  comme  ou  aurait  pu  l'avoir  si  l'on 
eût  été  à  merveille.  Pour  citer  uu  exemple,  je  no  crois 
pas  qu'on  ai)  jam^s  rien  entendu  de  plus  efiV<^bte  que 


45<J 

l'exéculioD  du  beau  chœur  des  bardes,  au  final  du  premier 
acte,  l'uiir  coinpléler  la  cacophonie ,  le  liarpistc,  til.  l'al- 
lel.  (|ul  lie  s'était  pas  donné  la  peine  d'accorder  sa  harpe  , 
et  qui  n'a  pu  faire  une  seule  uotc  de  la  ritournelle,  a  joué 
un  quart  do  Ion  trop  bas. 

Les  acteurs  ue  méritent  guère  plus  d'éloges,  il"'  Ferlolti 
aurait  peiit-élre  été  pasauble  si,  dès  le  commcuccnnciit  de 
son  rôle,  clic  n'avait  été  découragiic  par  une  sévérité  trop 
rigoureuse.  Il  est  bon  de  ne  pas  pousser  l'indulgence  trop 
loin  ,  mais  il  faut  savoir  gré  aux  acteurs  des  efTorls  qu'ils 
font  pour  plaire.  La  flévérité  eût  été  mieux  placée  à  l'égard 
de  Zucchclli  qui  ne  s'est  pns  donné  la  peine  de  chanter,  et 
qui  a  fait  regretter  Levassuur  daus  beaucoup  d'endroits, 
et  particulièrement  dans  le  quatuor  de  Bianca  e  Fatiero. 
Bordogni  n'a  été  ni  meilleur,  ni  plus  mauvais  que  de  cou- 
tunie  :  c'est  toujours  la  mfmc  insufiisancc.  Quant  à  Don- 
zelli ,  s'il  n'y  prend  garde,  il  deviendra  leLaiuez  du  théâtre 
Italien.  A  mesure  que  son  organe  s'altère  et  que  le  velouté 
dé  su  voix  se  perd ,  il  crie  plus  fort  ;  si  cela  continue ,  il  ne 
sera  plus  tolérable.  II  est  fâcheux  que  la  chaleur  naturelle 
de  cet  acteur  soit  si  mal  employée .  car  il  a  quelquefois  de 
■fort bonnes  intentions  dramatiques. 

J'ai  déjà  eu  occasion  plusieurs  fois  de  faire  remarquer  à 
rorchesirc  la  négligence  actuelle  de  son  cxéculion  :  pour- 
quoi suis-je  encore  obligé  de  revenir  aujourd'hui  sur  le 
même  sujet  ?  Les  talens  ne  manquent  pourtant  point  parmi 
les  symphonistes;  on  ne  peut  s'excuser  sur  la  fatigue 
comme  au  théâtre  Feydeau;  d'où  viennent  done  tant  de 
fautes?  Je  conviens  qu'avec  MM.  Gambali  il  est  dtfiicile  de 
mettre  des  nuances;  mais  c'est  au  chef  d'orchestre  à  leur 
imposer  silence.  La  mollesse  de  M.  Grasset  en  cette  circon- 
stance prouve  que  pour  cultiver  les  arts  et  pour  en  com- 
muniquer le  ecntiment  aux  autres  ,  il  faut  de  la  jeunesse. 
M.  (Grasset  a  été  bon  chef  d'orchestre  pendant  vingt-cinq 
ans;  il  a  maintenant  besoin  d'un  successeur. 

En  résumé,  la  représentation  du  gjuin  aèlè  mauvaise; 
mais  avec  l'air  .' si  pera/  on  peut  se  consoler  de  bien 
des  fautes ,  et  je  ne  doule  pas  que  les  amateurs  n'nflron- 
Icnt  souvent  tout  le  danger  du  reste  pour  rcnlcndrc. 


Dlglilzad  b*  Coogle 


4^ 


ACADÉMIE  ROYALE  DE  MUSIQUE. 

Molière  a  écrit ,  pour  les  plaisirs  de  la  cour  de  Louis  XIV, 
une  comédie-ballet  qui  a  pour  litre  :  Le  SicHien  au  ^ A- 
mmtr  peintre;  c'est  celle  comédie  que  M.  Anatole  vient 
de  traduire  eu  pirouettes  et  en  eutrechats.  Le  nouveau 
chorégraphe  a  iait  peu  defraU  d^maginatioD^  ets'est  borné 
à  donner  le  niiooe  canevas  de  l'œuvre  de  Holi6re,  dépouillé 
du  dïalo^e  où  l'on  retrouve  parfois  le  grand  homme.  Il 
n'ya  même  point  fdit  entrer  de  scènes  épisodiquRs  propres 
à  employer  les  ressources  particulières  de  son  art.  Le  la- 
lent  des  danseurs  ,  et  particulièrement  la  gentillesse  de 
M"*  Moiitessii  et  la  vivacité  de  Ferdinand ,  ont  seuls  sauvé 
la  faiblesse  de  cet  ouvrage:  La  musique,  arrangée  par 
M.  Sor,  n'est  guère  plus  forte  :  à  l'exceplion  d'une  taren- 
telle  d'un  eOet  original,  on  n'y  a  rien  trouvé  qui  soit  au- 
deasuii  du  médiocre,  ^^  '^f^  résulté  &e  tout  ceû  un  pelîl 
succès  sans  oonséquenee^  quî.sa^a  à,&iré  attendre  la 
première  représentation  de  JlfaéèefAj  opéra  on  trois 
actes.  On  annonce  cet  ouvrage  pour  le  a5  de  ce  mois.  ,>-i 

Le  ballet  du  SicHien  a  été  précédé  de  Femand  Corlez, 
qui,  ainsi  que  La  Festate  ,  reparaît  de  temps  en  temps 
sur  l'affiche,  comme  pour  prendre  acte  qu'où  ne  renonce 
pas  absolument  à  l'ancien  répertoire.  Mais  il  vaudrait 
mieux  cent  fois  l'abandonner  toat-à-tàit  que  de  l'exposer 
aux  outrages  d'une  exécution  aussi  scandaleuse  que  celle 
de  lundi  dernier.  Il  semblait  que  ohaouo  se  fût  donné  le 
mot  pour  iaire  le  plus  mal  qu'il  pourrait.  Les  choeurs  ont 
été  négligés  au  point  que  les  spectateurs  ont  manifesté  leur 
mécontentement  d'une  manière  très  significative.  Daba- 
die,  qui  paraît  dédaigner  ses  anciens  rôles  depuis  le  succès 
qu'il  a  obtenu  dans  MoUe,  ne  s'est  pas  donné  la  peine 
d'ouvrir  la  bouche ,  et  a  laissé  deviner  ce  qu'il  voulait  dire 
plutôt  qu'il  ne  l'a  fait  entendre.  Quant  à  Al'"  Grassari,  elle 
a  été  réduite  à  réclamer  l'indulgence  du  public  ;  bon  pour 
unefoist  mais  après  ?  Je  crois  que  le  public  a  aussi  quel- 
que chose  à  réclamer  de  M'"  Grassari.  fÈÏISi. 


PUBLI  EE  PAR  M.  FÉTIS, 


JUIN  1827. 


LETTRE  A  UN  COMPOSITEUIl  FRANÇAIS 
-...SUR  L'ÉTAT  ACTUEL  DE  I/OPÉRA. 

Lisolliciliitle  lie  H.  Merle  pour  l'Opéra  ne  connaît  point 
de  bornes;  peu  .le  mois  se  sont  écoulés  depuis  la  publica- 
tion de  sa  première  brooLure  sur  ce  spectacle'  :  voici 
venir  une  lelire  sur  l'Etat  actuel  rfe  {'Opéra  ;  à  celle-ci 
doit  en  succéder  une  autre  qu'il  préparc  ,  et  de  plus,  il 
nous  promet  une  Histoire  de  l'Opéra  dont  il  s'occupe  de- 
puis loiig-tcmpa.  Vraiment ,  M.  Merle  ent  la  providence  du 
tlit^âlre  de  la  rue  Lcpellelier. 

n  est  vrai  que  dans  sa  nouvelle  brochure  il  s'occupe 
moins  des  moyens  de  remplir  la  caisse  de  l'Académie 
royale  de  musique,  que  de  déplorer  le  sort  des  composi- 
teurs français;  pour  ma  part,  je  dois  élre  fort  reconnais- 
sant de  tant  de  soins;  maïs  je  pense  i|ue  ses  craintes  sont 
exagérées  on  mal  fondées. 

Un  directeur  de  l'Opéra ,  disait  M.  Merle  dans  son  pre- 
mier écrit,  ne  doit  point  se  faire  le  champion  d'une  école 
aux  dépens  d'une  antre  :  pour  lui,  la  bonne  musique 
est  celle  qui  fait  faire  des  recetles.  Voilà  sans  doute  des 

(J)  Pa.il,  Barhï,  1817,  brochure  ln-8  Je  ^4  pagra. 
[1)  Vnjeila  fii^ut  m.„ia,lc,  i,"  3  pag.  ^3,  0"^,  pag.„-,eln-  5 
pag.  ili. 


|jriiit;i|)i's  foil  raîsoiiuables ;  mais  le  liïiigage  de  M.  Merle 
c.Hl  .-iiijounriuii  si  diil'érent  ijue ,  selon  lui ,  celle,  itiiisiquc 
prodiiclivL-  Beruît  précisément  cello  qu'il  faudrait  axclurc 
lie  l'Opér  a.  Siiivoiis-le  Uans  ses  asserliuiiii  et  danH  ses  raï- 
KUUiieRieua. 

Un  coniplotexinle,  dit-il,  pour  sacrifier  l'opéra  français 
un  profit  lie  la  musique  ulIramoiitLiinc  :  ee  complot  dati: 
lie  vingt-cinq  ans.  Bonnet,  ancii^n  directeur,  est  le  pre- 
mier qui  ait  ourdi  celte  trame  en  publiani,  eu  i8o3,  un 
mémoire  dans  lequel  il  proposait  de  l'aire  jouer  à  l'Opérn 
la  Iroupo  italienne  les  joara  consacrés  aux  reUchcs. 
M.  Merle,  qui  fait  une  histoire  de  l'Opéra  ,  parait  ignorer 
que  Devixme,  entrepreneur  de  co  spectacle  ,  praliqua  la 
même  chose  e»  1779'-  Je  ne  pense  pas  que  personne  l'ait 
accusé  de  complot  contre  ses  iulérèts.  Toutefois ,  ce  n'est 
pan  de  cela  qu'il  s'agit ,  uiuis  de  savoir  si  le  complut  existe, 
et  si  l'on  peut  craindre  qu'il  reçoive  son  exéeulion. 

■  Cette  couspiralion  flagranle  éclate  enfin  aujourd'lini . 
a  s'écrie  M-  iMerlc;  elle  ne  lendà  rien  moins  qu'à  détruire 
«l'Opéra  français.  Le  complot  ne  se  trame  pas  sourde- 

■  mcnl.  Les  conjurés  n'agissent  pa.H  dnns  l'ombre  et  par 
«  des  muycuii  détournés  ;  ils  avoueut  audacieuscmeul  leurs 
iprojetsi'ilB  le  proclament  dans  les  salon:],  à  l'orchestre 

•  de  l'Opéra  bulTa;  ils  s'en  vantent  même  dans  les  loyers 

■  de  r&cadémie  royale  de  musique;  ils  font  plus,  ils  l'ioi- 
( priment  :  seul  dans  Paris,  U.  le  Vicomte  (de  L.-troche- 

•  foncault)  parait  n'en  èlre  pas  instruit.  > 

Quoi!  un  désir  exprimé  par  (|nelquesiii7el'ii)[ientbou- 
siastcs  et  exclusif  est  une  conspiration  flagrante  ?  Depuin 
quand  u'esl'il  doue  plus  permis  d'avoir ,  en  malitre  de 
goût,  une  opinion  quelque  exagérée,  quelque  ridicule 
même  qu'on  la  suppose  i'  On  sera  mal  fondé  à  avancer  «ne 
asserliou  aussi  positive  que  celle  de  M,  Merle,  tant  qu'on 
n'aura  pour  garant  que  ce  qui  est  dit  on  imprimé  par  des 

(1)  il  esl  aster,  singulier  que  M- Mcrl« ,  qui  enlrt  dans  des  délnili  cir 
coDilandéB  sur  Ies  (fiO^ienles  trou pe >  itulicn nés  cgui  ont  jduè  k  Pnrb  j 


iqdividus  sans  misiiion,  et  que  cela  ne  résultera  pus  de 
quelque  acic  du  pouvoir  ou  de  ses  délé^éa.  Or ,  est-ce 
cas  ici  ?  Où  sonl  les  dispositions  qui  peuvent  faire  croire' 
qu'on  songe  i  sacrifier  Topéra  français  à  l'opéra  buffa? 
Un  compositeur  élranger  vient  de  donner  deux  ouvragcîT 
au  théâtre  de  la  rue  Lepcllclier  I  Mais  cela  n'est  pas  noii-^ 
veau;  les  conspirations  de  ce  genre  se  sont  renouvelées' 
sans  cesse  depuis  l'arrivée  de  Gluck  en  France,  h  Dieu  ne 
plaise  que  je  veuille  porter  atteinte  à  la  réputation  méritée 
des  compositeurs  français!  personne,  plus  que  nint,  ue 
rend  justice  à  leurs  latens ,  dont  ils  ont  donné  d'écla- 
tantes preuves  en  plus  d'un  genre;  mais  puisqu'il  s'agit 
de  l'Opéra,  je  dois  n'examiner  que  les  faits ,  et  je  ne  puis 
les  nier.  Quels  ouvrages  ont  vécu  à  ce  spectacle  depuis 
cloquante  ans?  tes  voici  ;  IptiigéiiieenJutide(iïe  Gluck.1; 
AlccsU  (idem);  Jphitjonie  wt  Tauride  (ideni);  Orphéa 
(idem);  AriTtide  {idem)  ;  Bidon  (Piccini);  Œdipe  à 
Colonne  [Sacchini);  Card/mw»  ;idem);  Les  Danaïdes 
(  Salierî  )  ;  7'arare  (  idem  )  ;  La  Caravane  (  Grétry  )  ;  Pa- 
nttrge  (idem);  Arinlippe  (  Kreutaer  )  ;  Lu  festoie  (  Spon- 
tini)  ;  Fernand  Cartes  (  idpm  )  ;  LeaBayodères  (  Catel  )  ; 
Les  MystfTea  il'Isis  (Mozart);  Les  Batttes  (Lcsticur); 
Les  Prilcndus  (Leuioine);  Le  Pevindu  fiUar/e  (J.-.f. 
QoussCHu  )  ;  Le  Rossigiwt  (  Lebrun  ) ,  et  La  Lampe  Mei*' 
vfUleuse  (Nicolo).  Deux  Allemands,  cinq  Italiens, 'uii 
Suisse  et  un  Belge  ont  donc  nourri  l'Opéra  pendant  nu 
demi-siècle  avec  dix-sepi  ouvrages;  cinq  Français  mnlë^ 
ment  ont  fourui'le  contingent  de  la  France  :  de  leurs  tra-^ 
vaux  il  n'est  resté  au  courant  dn  répertoire  que  cinq 
opéras,  dont  trois,  Aet  jBarc/ei,  ArûtippeHtes  Bar/adires, 
jouissent  d'une  réputation  honorable  ;  les  deux  autre.»  sont 
la  boule  de  lii  musique.  Les  compositeurs  naliouaux  ont 
sans  doute  produit  beaucoup  d'antres  ouvrages  dignes  d'é- 
loge dans  cette  longue  période  ;  mais  cnco^j^iue  fois ,  jo 
n'eiumioo  que  cq  qui  a  eu  uu  succèi«  durable  et  pro~ 
dnclif. 

S'il  est  prouvé  que  depuis  long-temps  l'Opér.i  est  dans 
les  mains  des  compositeiir<i  étrangers ,  d'où  viennent  donc 


ks  acrupiilus  lia  M.  Merle  ,  quaud  il  «'agit  d'y  faire  repré- 
senter les  ouvrages  de  Ressiiii?  Sa  musique  n'est  pas  ana- 
logue au  genre  de  l'Opéra  !  D'abord ,  je  ne  sais  pas  ce  que 
c'est  que  le  genre  (le  l'Opéra.  Lorsque  Gluck  composa  ses 
ouvrages,  il  se  garda  bien  d'écrire  dans  le  style  de  Ra- 
meau ,  qui  était  alors  U  gtiire  de  l'Opéra;  il  en  créa  un 
nouveau  qu'on  a  imitii  plus  ou  moins  jusqu'aujourd'hui. 
Un  autre  homme  de  gùnic  se  présente  maintenant  et  fait 
autre  chose  :  o'cst  ainsi  que  fout  les  homme  do  génie.  Un 
succès  prodigieux  couronne  ses  ouvrages;  ce  succès  ue  se 
borne  point  à  l'Italie  et  au  théâtre  Italien  de  Parie ,  il  est 
universel.  L'Allemagne,  l'Angleterre,  la  Russie,  l'Eapagoc, 
nos  provinces  retentissent  des  accens  do  Itossini  qui,  par- 
tout ,  causent  des  transports  d'enthousiasme;  cela  est  sans 
réplique.  Mats,  dit-on,  il  faut  à  notre  seëue  plus  de  vérité, 
plus  de  déclamation  :  eli  bien  !  laissez  faire  le  public  ;  s'il 
ue  s'aniusc  point  à  Slaise,  au  Siège  de  Cormthc  et  aux 
autres  ouvrages  du  même  auteur,  il  n'ira  point  les  voir,  et 
l'administration  de  l'Opéra  sera  forcée  de  les  abandonner. 
Si,  au  contraire,  il  s'y  porte  en  foule ,  comme  nous  l'avons 
vu  jusqu'à,  présent,  ce  sera  une  marque  certaine  que  cette 
musique  convient  à  l'Opéra,  c'est-à-dire  aux  spectateurs 
qui  le  fréquentent.  Toute  la  question  est  là.  Je  sais  qu'aux 
n^ptifs  qu'on  allègue  contre  la  musique  étrangère  se  joint 
la  considération  de  i'honit^w  itationat;  mais  Â  cela  je 
répondrai  que  les  opéras-comiques  de  nos  compositeurs  se 
jouoqj  sur  tous  les  théâtres  de  rAliemagiie,  et  que  lesAIle- 
maiids  n'ont  jamais  imaginé  que  leur  honneur  eourûtle 
moindre  danger  pour  cela. 

Ce  qui  me  parait  le  plus  remarquable  dans  le  nouvel 
écrit  de  M,  Iderle,  c'est  le  peu  de  netteté  de  sa  penste, 
plutôt  l'incerlitude  de  ses  opinions.  Sa  lettre .  dit-il ,  a 
été  composée  après  la  prcmièi-e  représeulation  de  Moist, 
c'est-à-dir^tf^rès  l'un  des  plus  grands  succès  qu'on  ait 
obtenus  uuraéÂlre;  et  c'est  de  ce  succès  qu'il  tire  la  cou- 
ci  usion  que  l'Opéra  est  perdu  ;  c'est  au  moment  où  l'opéra 
français  triomphe  ,  que  AÏ.  Merle  assure  qu'il  va  céder  lu 
place  aux  bouffes  ;  enfin  c'est  quaud  nos  chanteurs  vîen- 
neiil  de  mériter  qu'on  les  assimile  aux  bons  chanteurs 


465 

italiens  que  Hl.  Merle  leur  déclare  qu'il  ne  leur  reste  plui 
qu'à  cherclier  fortune  ailleutB.  Tout  à  l'heure  il  accusait 
l'administra  lion  de  laisser  dépérir  l'Académie  royale  du 
□lusîquc,  alîn  de  pouvoir  3  substituer  les  Italiens,  niain- 
tenaiil  il  lui  fait  un  crime  de  la  relever  avec  les  seuls  élé- 
mens  de  succès  dout  on  pouvait  disposer.  Il  feint  même 
que  déjà  l'Opéra  eut  envahi  par  ledfcliaii leurs  uHramou- 
taius.  Selon  lui,  Levas.seur  ,  M"°  Cinli  HOiit  des  Italiens  , 
et  son  patriotisme  va  jusqu'à  leur  dispuler  la  qualité  de 
Français.  Ëhl  quand  il  serait  vrai  qu'ils  sont  Italiens,  il 
faut  avouer  que  ce  serait  une  singulière  façon  d'eurichtr 
le  théâtre  Favart  que  de  lui  prendre  ses  chanteurs  pour 
leur  liiire  chanter  l'opcira  français.  Ce  n'est  pas  tout  : 
U.  Ucrlc  emploie  une  grande  partie  de  sa  lettre  à  démon- 
trer qu'à  aucune  époque  l'opéra  italien  u'a  pu  se  mainte- 
nir en  France  [ce  qui,  par  parenthèse,  doit  lui  prouver 
que  ce  qu'il  redoute,  si  toutefois  il  redoute  quelque  chose, 
u'cst  qu'une  terreur  panique  )  ■  il  ajoute  :  ■  Uans  ces  mo- 
«mens  de  détresse  ou  aurait  voulu  soutenir  l'opéra  italien 
■en  l'adossaut  à  l'opéra  français;  mais  les  acteurs  ita- 

■  liens,  plus  rusés  que  leurs  maladroits  partisans  ,  ne  voU' 
«lurent  ramais  risnuer  cette  dangereuse  comparaison'.» 
Nouveau  motif  de  sécurité  contre  les  appréhensions  de 
M.  Merle.  Enfin  ,  l'auteur  de  la  Lettre  à  un  compositeur 
français,  tout  eu  exhalant  sa  mauvaise  humeur,  con- 
damne lui-même  ses  craintes  dans  CG  paragraphe  :  ■  Le 

■  momcntde  porter  le  dernier  coup  àl'Opéra  était  arrivé, 
«il  a  été  préparé  de  loin,  mais  l'effet  n'en  a  été  que  plus 

■  sûr.  On  a  commencé  avec  le  Siège  de  Corinthc,  on  a 
,«fini  par  le  Moïse.  Il  a  fallu  d'abord  amener  à  l'Opéra 
«français  quelques  acteurs  italiens;  M"'  Ciuli,  M"  Mori 
«et  Levasseur  sont  venus  y  introduire  le  goût  et  la  mé- 
(thude  italienne.  Un  a  persuadé  à  Dubadie ,  à  sa  femme 
•  et  à  Adolphe  Nourrit  qu'il-  fallait,  pour  l'ensemble  de  la 

■  reprcscuLaiiou,  qu  uu  cnungçassent  leur  large  et  belle 

■  méthode  de  chant  contre  les  agrémens  bizarres, les étcr- 

{1)  On  ne  peul  pas  se  iiiuqurr  plui  cnitllciucnl  dtsctinutcurt  ilatieui, 
des  acleun  fiaaçsU  et  mtou  de  M.  Merle. 


1 


466 

•  uellcs  roulades  .  les  assommans  poris  de  voix  et  les  /îori- 

•  turea  ilcs  chanteurs  ilalicnN;  qu'il  fallait  sacrifier  l'ex- 
apresBÎon  dramnlique  à  l'expreMioii  musicale*;  oublier 
I  \!i  siliialioQ  pour  s'occuper  de  points  d'orgue,  et  négliger 

■  la  déclamation  tragl(|iie  pour  arrondir  les  bras  et  tendre 
«le  cou  vers  les  quiniiucts.  Qn'eat-il  résulté  de  ce  bur- 
lesque travGstissemftt  ?  C'est  qu'il  a  tourné  à  la  honte 

■  des  chanteurs  ilalienti;  c'est  que.  dès  le  premier  essai , 
"  Adolphe  Nourrit,  Dabadie  et  na  femme ,  ont  !iur passé  , 

■  par  l'éclat,  le  brillaril  et  la  pureté  de  leur  exéctiiion , 
itous  les  meilleurs  chanteurs  de  l'Italie,  g  Je  le  demande 
M.  Merle,  que  peut-il  craindre  après  un  pareil  triomphe? 

Il  est  vrai  que  le  Siège  de  Cormthe  et  Moïse  sont  des 
opéras  traduits  de  l'Italien ,  mais  puisqu'on  prend  la  peine 
de  les  traduire,  c'est  une  preuve  qu'on  veut  conserver  l'o- 
péra français.  D'ailleurs,  Aiceste,  Ofphée,  Don  Juan  eX 
tes  Mystères  é'Isis ,  ne  sont  autre  chose  que  des  traduc- 
tions. M.  Merle  n'aime  point  la  mii!<iqitc  de  Ftossiui;  mais 
le  public  l'écoute  avec  transport.  Or,  M.  Merle  est  trop 
riiÏHonnablc  pour  vouloir  que  l'administration  de  l'Opéra 
sacriile  ses  reeeltes  an  désir  de  lui  plaire;  ce  qu'il  aime 
HUrtout  ,  c'est  la  musique  de  l'école  de  Luili ,  car  11  dit 
quelque  pnrl  :i  l'Opéra  français  marcha  rapidement  vers 
«sa  perfection.  Notre  école  se  formait  à  l'aide  des  grands 
''  matlrns  nui  .1  valent  succédé  à  l:ulli;  mais  vers  i^Sti,  Clc.i 
Ce  sont  donc  les  opéras  de  Colasse.  de  Destouches,  de 
Colin  de  Boismont  et  de  Boismorlier  qu'il  faut  à  M. 
Merle;  mais  comme  il  ne  les  connaît  pas  ,  je  ne  doute 
point  que  M.  le  vicomte  de  I,a  Itochcfoucault,  piir  recon- 
naissance pour  les  conseils  polis  et  désintéressés  que  lui 
donne  l'auteur  de  la  lettre  à  un  compositeur  français, 
ne  consente  à  lui  faire  représenter  un  de  ces  beaux  ou- 
vrages .  sous  la  condition  qu'il  l'écoutera  Jusqu'au  bout. 

Si  M.  Merle  dispute  à  Levasseur  et  à  M"'  Cinti  la  qua- 
lité de  chanteurs  françui»,  en  revanche  il  nous  fait  ca- 

(1)  Qu'est-ce  que  c'iat  que  feipiession  tnuB^cili!  r,ui  n'csl  pai  !'« 
piriiion  dtamalîquB  t 


Olgrtizoilby  Google 


4»7 

licmi  lie  composi leurs  (|ui  ont  vu  lu  jour  dans  les  puyH 
litraugi^rs  ;  car  il  range  (  page  19)  Grélry ,  Kalcbrcauer  et 
M,  Cliérubtiii  parmi  ceux  qui  souttitaient  dignement  à 
t'Opéra  français  l'honnturde  f  école  nationale.  Cepen- 
ilatit  le  premier  ôlail  Rclgc,  le  i^ecoiid  Allcoiand.et  le 
troisième  Italien.  Ces  sortes  d'Iuadverlanets  sont  assez 
■  familières  ù  M.  Merle  ;  en  voici  uu  ■  un  peu  forte  pour 
l'historien  de  l'Optra,  Tout  le  mondi;  sait  que  l'abbé  Ar- 
naud fui  l'admiraleur  le  plus  passionné  de  Gluck,  et  un 
antagoniste  forcené  des  Pifcinistes;  ch  bien  ,  M.  Mertc 
on  fait  un  dilettante  {nota  9,  page  43}-  et  im  préconiseur 
de  la  musique  italienne. 

Je  ne  finirais  pas  si  je  voulais  relever  toutes  les  erreurs 
de  M.  Merle ,  rétablir  les  faits  qu'il  a  dénaturés  et  réfuter 
tous  ses  paradoxes  ;  je  n'ai  pas  non  plus  la  prétention  do 
le  convaincre  qu'il  se  trompe  en  musique;  il  suffit  de  lire 
HB  brochure  pour  savoir  qu'il  est  sourd  aux  acceiis  de  cet 
art;  inaisje  lui  demanderai  ce  qu'il  veut,  sous  le  rapport 
administratif.  Pour  pou  qu'il  aitesaniiné  l'Opéra  depuis 
huit  ans.  il  a  dû  s'apercevoir  que  l'élal  de  langueur  de 
cet  établissement  allait  toujours  empirant;  que,  sans 
*  cesser  (l'être  admirables,  les  compositions  de  Gluck,  et 
de  PicCini  avaient  perdu  l'attrait  de  la  nouveauté  et  oc 
piquaient  plus  la  curiosité  du  public;  que  nous  n'avions 
plus  d'acteurs  propres  à  faire  ressortir  les  beautés  qui  s'y 
trouvent;  enfui  que  le  charme  d'une  musique  séduisante 
qu'on  entendait  ailleurs  avait  tourné  toutes  les  têtes,  et 
faisait  désirer  une  réforme  dans  le  répertoire  de  l'Acadé- 
mie royale  de  musique.  En  matière  d'entreprise  théâtrale, 
ou  ue  peut  disputer  avec  le  public  suraon  goût;  il  fautli; 
satisfaire  ou  le  voir  h'éloigner.  L'administration  actuelle 
de  l'Opéra  n'a  donc  fait  que  céder  à  un  vœu  exprimé  de 
loutes  parts  on  faisant  représenter  les  ouvrages  de  Ros- 
sinî;  elle  avait  pour  elle  l'cïpérietice  du  succès  univer- 
sel des  traductions  de  ^■  Caatil-Dlaae;  elle  ne  s'est  point 
trompée,  puisqu'elle  a  ramené  la  foule  au  théâtre  de  la 
rucLepelleticr,  et  puisqu'elle  a  rendu  au  personnel  de  ce 
théâtre  une  considération  qu'il  n'avait  plus;  voilà  des  faits 


□IglIizadbvCoogle 


468 

qui  parient  plus  haut  que  toutes  les  déclamations  <(ii'<lai 
peut. faire  sur  l'honneur  nationat  et  bup  la  pré^renoA 
que  mérite  tel  ou  tel  genre.  C'est  au  théâtre. snrioat  qu'on 
peut  dire  avec  vérité  : 

Toni  le"  geates  sont  bons ,  hors  le  genre  eonoyeni. 

Au  reste,  M.  Merle  nous  promet  une  compensation 
pour  la  ruine  de  notre  Opéra  dans  la  triomphe  de  no» 
ohauteurs  à  l'étranger.  Nous  nous  oousolerons  de  voir 
noire  scène  déshonorée  par  Davide  ,  Anbini ,  Laiilache , 
M™  Fasta  et  Pisaroni,  par  les  succ^.-^'  que  Dérivis  obtiens 
dra  à  Saint-Charles  dans  la  Lampe  nxervntteuse ,  la  Ca- 
ravane et  le  Roin0tutt. 

FÉTIS, 


SUR  LA  CONTRE-BASSE 
tt  8itr  sen  %^c$(iE. 

La  Gontre-baiBse  '  est ,  comme  on  sait,  le  fondement  des 
orohestres:  elleestà  l'égard  des  parties  graveece  quelevio- 
lon  est  pour  les  parties  aiguës.  En  vain  mu lli plierait- on  les 
violoncelles  pour  suppléer  à  l'etTet  de  ce  géant  dea  instru- 
mens  cordes;  la  sonorité  serait  maigre,  elle  diapason, 
trop  élevé  d'une  octave ,  ne  mettrait  paa  entoe  la  irâwe  et 
la  reste  de  l'harmonie  la  dUtanoe  convenable.  Il  est  ftcils 
de.conceVoiriHunbienl'oroheBtredeltaUî  et  de  ses  sncoefr* 
■eurs  devait  Atremutd ,  n'y  ayant4'wl>^instrûmens  pour 
jbuer  la  ba^e  que  desvIolonoeUeft* ,  basses  de  fiole, 
et  l'espèce  de  conlre-batsc  de  viide  que  les  Italiens  appelaimt 
violon»,  et  qui  était  montée  de  neuf  cordes  mlDeas..' 
Cependant  les  chroses  restèrent  en  cet  étal  jusqu'en  tjSp 
environ;  alors  la  contre-basse  s'introduisît  en  FranoSi 

On  ne  connut  point  d'abord  les  proportions  de  l'orches- 

(i)  Cet  lostnimenl  n'irait  été  intiodnîtcii  France  que  peu  de  tempt 
aràut  la  mort  de  Lnlll,  jinr  Bttiitia!  da  Florence,  plni connu loni le 
■amdeJciBSlBcL.  '         .     '  - 


□Igilized  by  Cooaje 


t*e;  en  17S6,  l'Op^ra-Comique  n'avait  qu'une  conlre- 
baMe;  en  époque  delà  révoliilion  opérée  par  Gluck, 
l'Opéra  a'en  avait  que  trois.  Insensiblement  ce  nombrii 
s'est  augmenlé,  parce  qu'on  a  reconnu  la  puissance  di; 
cet  itislrumcnt.  Les  proportions  actuelles  de  l'Opéra,  du 
Théâtre  Italien  et  de  rOdéonsontBuffîsanteB;maÎB  TOpé- 
ra-Comique  n'a  que  cinq  oonlre-basses,  dont  quatre  seule- 
ment  jouent  aux  représentations  ordinaireB:  ce  n'est  point 
assez.  Au  reste ,  on  pent  en  dire  autant  des  violons  qui 
sont  d'one  maigreur  effrayante.*  cet  orchestre  abesoïn 
d'âtre  reconstruit  sur  de  nouvellefi  bases. 

L'invasion  des  inslrumens  de  enivre  de  taule  espèce  et 
de  toute  dimension  commence  à  rompre  l'équilibre,  et  la 
sonorité  des  basses,  même  à  l'Opéra ,  est  étoulTée  kous  leti 
ophicléidcs  et  les  trombones.  Mais  comme  on  no  peut  pan 
toujours  augmenter  le  nombre  des  exéeulaus ,  il  est  néces- 
aaire  de  songer  à  tirer  de  la  contre-basse  tout  le  son  qu'elle 
peut  produire.  Or,  l'archet  français  ne  paratt  pas  étro 
oonstruit  delà  manière  la  pins  avantageuse  {lonr  cet  olyet. 
I  OA|kait  qu'il  ptésepte  l^iqieot  d^an  ara  rapTei^i  t^BT^ne 
.^âtftsuîrante .'  -c  ■    ' ,  - 


Cette  construction ,  qui  est  bonne  pour  i'archct  du 
violon  et  pour  celui  du  violoncelle,  en  ce  qu'elle  dunuu 
an  centre  de  la  bagnelte  une  flexibilité  nécessaire  pour  ti- 
rer des  sons  pars  et  doux,  est  par  cela  même  vicieuse  à  - 
l'égard  de  la  contre-basse  >  dont  les  cordes  très  rigides  ont 
besoin  d'être  attaquées  avec  énergie. 

L'arohet  italien ,  an  contraire ,  asME  semblable  i  l'an- 
den  archet  de  violon  dont  CwelH  fiûsait  usage,  paratt 
présenter  dans  sa  «onslroction  les  conditSuu  tes  {dus  dési< 
râbles.  En  vole!  la  forme  : 


47» 

n'sufiît  lie  comparer  ces  deux  arcliels  pour  voir  que  sonB 
le  rapport  (le  l'éniiBïioa  du  son,  le  dernier  est  préférable  à 
l'autre.  D'abord,  les  poîals  d'uppiii  et  de  résistance  do 
l'archet  français  sont  placés  aux  extrémités,  qui  ne  servent 
pas  dans  rt'xdculîon ,  landix  que  la  conslnictïon  de  l'ar- 
chcl  iljlicn  place  le  point  d'appui  au  cenire  delà  baguette  , 
et  met  l.i  plus  gfaniie  résîst  anee  à  l'endroit  (jui  attaque  la 
corde,  et  l'ouriiit  cciiséqnetn ment  des  sons  plus  éner- 
git|ues. 

L'iiblignlion  dc  diminuer  la  (lexibililé  au  cenire  de  la 
baguette  dc  l'arcliei  français,  oblige  àfaire  celle  baguette 
trËs  grosse  et  conséquemmenl  à  rendre  l'archet  lourd  et 
fatigant.  L'archet  ilalien,  qui  tire  sa  force  de  ses  propor- 
'iions,  est  léger  et  ne  fatigue  pas  la  main. 

Enfin  la  longueur  du  crin  de  l'archet  français,  deputi  _ 
la  hausse  jusqu'à  la  pointe  n'est  que  de  i6  pouces,  tandis 
que  celle  de  l'archet  italien  est  dc  20  pouces,  et  permet 
conséquemmcnt  un  grand  déTeloppement  du  bras. 

MM.  Dragonetti  et  Dall'Occa  ne  se  sont  jamais  serri 
d'un  autre  archet  que  de  ce  dernier  :  cependant  ces  vir- 
tuoses', et  particulièrement  U.  Dragonetti ,  ont  acquis  sur, 

contre-basse  un  talent  d'exécution  qui  tient  du  prodige. 

Frappé  de  cette  considération  ,  DI.  Chérubint,  qui  vient 
d'établir  uue  classe  de  coutre-b.isse  dans  l'école  royale  de 
musique ,  sl  assemblé  un  comité  auquel  ont  été  appelés  les 
principaux  oonlre-bassisles  de  la  cliapelle  du  roi,  MM. 
ijornc,  Lamy,  Cliénier,  GÉIioccli  et  plusieurs  autres, 
afin  de  discuter  les  avantages  et  lés  inconvénicns  du  chan- 
gement d'archet  qu'on  proposait.  Les  avantages,  je  viens 
de  les  foire  connaître:  quant  ai^x  inconvéoiens,  ib  te 
bornent  &  im  seul ,  qui  consiste  dans  l'obligation  dé  tenir 
l'archet  italien  avec  la  main  renversée  en  dessous,  ce 
qui  n'a  point  lieu  pour  l'archet  Trançais.  Mais  cet  incon- 
vénient ,  qui  n'en  est  un  que  relativement  aux  habitudes 
contraires  de  nos  artistes,  dispEiraîlrait  liionlAt  par  un  lé- 
ger travail ,  et  seiiiit  nul  par  r.jjiport  aux  élèves  qu'on  for- 
merait. Cependant  tels  sont  la  hircù  ûu  l'habitude  et  l'é- 
loignemcntuaturelpourtoute  innovation, que  presque  tous 


□  IgifeBclbyGoOa 


4?» 

lei  artistM  que  \e  viens  de  nommer  se  sont  montrés  peu 
&yorabIes  à  Tadoplion  de  l'archet  de  Dragonettl.  H.  Gélt- 
neck.  muI  en  a  vonta  étudier  l'usage  «Tant  de  proooiicer , 
et  a  fini  par  déclarer  qullinlsemblaitpréférableà  l'archet 
français.  En  résumé ,  il  a  été  décidé  que  l'on  conserverait 
celut'Ci  jusqu'à  nouvel  ordre  dans  la  chapelle,  mais  quo 
les  élèves  de  l'École  royale  apprendraient  uniquement  avec 
l'autre  *.  Cette  résolution  doit  avoir  pour  résultat  de 
naturaliser  l'archet  italien  en  France  dans  l'espaoe  do  dix 
ans. 

Une  autre  question ,  non  moins  importante ,  mais  plus 
difficile  ^résoudre,  a  été  agitée  dans  le  oomité  dontje  viuia 
de  parier.  Il  s'agissait  de  décider  s'il  est  plus  avantageux 
de  monter  la  contre-ttaise  de  quatre  oordesi  suivant  la  mé- 
thode des  Italiens  et  des  Allemands,  que  de  trois,  comme 
cela  se  pratique  en  France.  On  sait  que  la  contre-basse 
fram^ise  est  accordée  par  quintes  en  descendant,  selon  le 
système  général  de  l'accord  du  violon ,  de  l'alto  et  du  vio- 
loncelle; en  sorte  que  les  trois  cordes  sont,  en  partant  de 
taplÙB  élevée,  ta,re,  soi-  Dans  les  contre- basses  alleman- 
des et  italiennes,  les  quatre  cordes  sont  accordées  par 
quartes  en  montant,  de  manière  que  l'accord  de  la  con- 
tre-basse française  se  ironve  renversé  et  que  les  cordes 
sont,  en  partant  de  la  plus  grave,  ta,  re,  sol,  ut.  On  a 
par  cet  accord  l'avantage  d'un  doigté  plus  facile ,  attendu 
que  la  main  n'a  point  de  sauls  à  faire ,  et  celui  de  gagner 
dans  le  haut  une  corde  qui  est  d'ime  grande  utilité  pour 
les  passages  élevés.  Mais  on  perd  au  grave  le  sot,  note 
importante  qui  sert  comme  tonique  du  ton  de^ot,  comme 
'  dominante  du  ton  d'ut,  comme  quatrième  degré  du  ton 
de  re,  comme  tonique  du  Ion  de  fa  6 ,  et  comme  qua- 
trième degré  de  celui  de  mi  i.  Si  l'on  pouvait  accorder 
par  quartes  ascendantes,  en  partant  de  sot,  ce  désavantage 

(i)  Sur  la  demande  de  H.  BOHiai,  H.  Diagooellî  a  lail  fabriquer  4 
Loodrw  toot  Kl  jeax  ,  un  ardi4t  mixUlo  qu'il  a  ciiruyé  à  l'Bcole  rodais 
de  muùqoe.  M.  Gand,  lalbier,  rae  Croix-dce-Fclîti-Champi,  ii>  ,  ■ 
été  cliargè  d'ea  confeclionDer  d'après  ce  modtlB  i  iea  diieriea  «iciËliiit 
mniicaka  de  France  panrnint  l'adrcMcr  k  lai  p«nr  l'cn  ptociirar. 


4,-a 

lierait  évité,  et  l'on  aurait  soi,  ut,  fa,  H  é;  mais  cette 
dernière  note,  n  .i  prrinenlerait  de  grandu  difiSicnUés  de 
doigté  dans  le  ton  d*w(,  et  dans  tous  ceux  qai  auraient  des 

dlëzes  à  la'clé.  Enfin  il  resterait  la  ressource'  d'accorder 
irrégulièrement  comme  ou  le  fait  pour  la  guitare;  jiar 
exemple,  en  parlant  delà  pliu  grave  snf,  ut ,  fa,  ut;  mais 
on  doit  éviter  dans  les  itistrumenfi  d'orchcslrr  les  irrégula- 
rités qui  obligeraient  les  arirstes  à  partager  leur  ailenlion 
enl^  tes  difficultés  de  la  lecUire  et  celle  du  mécanisme  de 
leur  inslrnmenl.  Toutes  ces  considérations  bien  pesées  ont 
lait  voir  des  difficultés  égales  de  part  et  d'autre,  et  le  cor 
mité  a  igourné  sa  résolutîoo  définitive. 

Nous  avons-pensé  igue  les  artistes  ne  verraient  pas  sans 
intérêt  ces  détails  qu!  se  rapportent  à  l'un  dès  points  les 
plus  importans  de  la  musique  :  l'effet  des  orebetires. 

DE  L'OPÉRA  EN  FRANCE, 

nivxifan  iunoH*. 

PBBSQrB  tons  les  livres  qui  ont  été  faits  en  France  sur  la 
musique  dramatique  et  sur  les  théâtres  chaotaus ,  ont  été 
écrits  par  des  littérateurs  dout  l'ignorance  en  musique 
était  complète,  et  qui  n'ont  considéré  cet  art,  que  comme 
un  accessoire  de  la  poésie.  De  là  ,  les  hérésies  musicales 
qui  s'étaient  répandues  dans  la  société ,  et  qui ,  à  force 
d'être  répétées,  avaient  âni  par  être  consid^^s  comme 
des  vérités, ÏDContestables ,  et  par  devenir  proverbes.  Per- 
8onnfl.n'aTatl  songé  i  demander  à  ces  ri^blcs  l^islateurs 
du  Parnasse  de  l'harmonie  les  titres  de  leur  mission.  Les 
joorâaox  ».  doift  ils  disposaient ,  répétaient  à  l'eavi  kurs 
u^omes,  etpervertissaient  le  goUt  d'ane  nation  ((iii  n'était 

(i)  1  Toi.  in-8,  prix  isfr.,Pl£ii  >  chei  l'aalsaT,  ne  da  F««t>o«rs 
UcnlBirtre ,  n*  ç). 


jqoe  trop  povtée  à  a'aivir  que  de  fauuea  liéea  ma  oetle 
flulière;  eqfin ,  Vart  et,lçB  arlùtçs  étalent  dans  aiM:*0^)(i 
4'état  d'opprai^on  ;  oeux-ci  élaiept  ipéine  le;  MHls  qtji, 
parmi.  Doiua ,  n'euHMiit  pas  le  droit  d'Avair- une  oi^njoDet 

de  la  publier.  ' 

Tout  cela  est  changé  depuis  sept  ou  huit  ans  ;  une  di- 
reclion  plus  saine  a  été  donnée  aux  idées;  la  plupart 
de  nos  jonrualistes  ne  font  plus  aourîra  de  .  pitié  les  çon~ 
naisfieurs  lorsqu'ils  parient.  d«  musique  ;  lejpuiilic  ;ii'f^t  ' 
fiai  élrangor  aux  notions  detnt  at^;  enfip.,v^  f^^i^ir 
UoQ  a'est  faite ,  et  celte  révolution ,  il  faut  l'avouer^Bélé 
provoquée  par  l'écrivain  spirituel  dont  jo  me  propose 
d'examiner  l'ouvrage.  Le  premier,  il  osa  attaquer  les  pré- 
jugés communément  répandus;  le  premier,  il  lit  voir  que, 
dans  le  drame  mU!<ic.-il,  la  musique  iloit  occuper  la  pre- 
iinière  place;  que  l'expression  dramatique  ne  consiste  point 
^ans  une  imitation  matérielle  des  objets  ;  que  l'effet  du 
ichant  est  inséparable  de  l'accompagnement;  que  laprosor 
idïe  n'est  qu'une  .cpudilium  acoeasAit»;  qu«  le  XJfUw^^  çst 
ibeauooup  plusJmportaiift,  e6qsfe.P0»f^ofclpaitl?qp^^:ff^ 
ont  eu  aucune  idée;  que  le  saî^E^csi  nécesKaîre  au  mugi- 
vien  :  oiiru)  ,  qu'où  ne  doit  point  écrire  sur  la  musique  ,  ù 
moins  lie  savoir  ce  que  l'on  dit.  M.  C,^is(ii-l!i,i/ti  iloy;l.ip|i.i 

-d'autres,  dans  la  première  édition  de  son  livre  de i' Opéra 
fmjFiromXtqui  parut  en  lSsio,  et  qui  ûit  enlevée, proinpte- 
lOl^tài  I#iliit^t9nrs, jetèrent  d'abord  ies  baulicris;  ma^s 
)4Ùeqt..bientd(  .'(^traiota  au^riîlence  par  la.polénùqpe 
ikttéiiHMaU  iaia,0hr.omçue^t^n^i^aie,  que  U.  Castîl- 
ftit,phaig4:4e, rédigée  {Uns Jiç^iMiriial (1m i)rf^ff^Q{i 
il  acheva  de  rendre  populaire  pae  doctrine  qui  jusqu,'^)(ys 
.n'avait  été  connue  que  des  artistes.  Homme  d'efiprijE,  il 
élait  en  état  de  repousser  les  atlni[(ie.«  ilc  ses  antagj^ÎJdf^  ; 
ci  il  avait  sur  eux  l'avantage  deire  luusieicn  îqstfiiît,  et 
d'avoir  étudié  long-temps  l'objet  qu'il  traitait. 

Les  divisions  du  traité  de  t'Opéra  en  France  renferment 
lies  aperçus  neufs  et  instructifs  sur  tout  co  qui  peut  inté- 
resser dans  le  drame  musical.  A  une  introduction  hifitorî- 


474 

que  fort  bien  Tatte  ouccèdent ,  dans  le  premier  Volume , 
quatorze  chapitres  qui  traitent  dM  parûtes ,  de  ta  mtMt- 
de  ^expression  musicale,  de  i'iviitatitm,  de  la 
mélodie,  de  l'harmonie,  de  ta  composition,  des  effets 
de  la  musique,  des  voix  et  du  chant  vocal,  des  emplois 
et  des  rôles,  des  instrumena,  de  l'orchestre,  du  chant 
instrumentât ,  de  l'accompagnement  el  de  l'exécution. 
Le  second  volume  a  pour  objet  l'analyse  des  formes  de 
chaque  morceau (|ui entre  dans  la  composition  d'un  opéra, 
coami  ouverture,  a4r,  dùo,  quatuor,  finale,  etc.  11^ 
te^fté  par  trois  chapitres  curieux,  qui  ont  pour  titroa: 
faut  être  musicien  pour  bien  juger  de  ta  miwffWt 
et  pour  écrire  sur  cet  art;  de  t'Opéra  en  Province^  des 
musiciens.  La  nouvelle  lïdiilon  s'est  enrichie  d'au  estai 
sur  te  drame  lyrique  et  tes  vers  Tf/thmét. 

j'ai  ditque  M.  Castii-BIaze  a  traité  avec  développement 
et  counaissance  de  cuuse  tous  les  objets  qu'il  a  abordés 
dans  son  livre.  Mais  parmi  les  divers  chapitres ,  ceux  qui 
serapporteutàt'efsptvMionmutfcàiSj  kVimitMio»,  aax 
e^t» de  iamtuiqtu -et  àl'exécutioA'Sont  surtout  de  roaiii 
de  maître.  La  plus  s^êe  doctrine  rigne  dans  oelni  de 
l'exprewlon  et  de^l'imitation.  «  Vouloir  que  la  musique 
ipeigne  la  flatterie,  ta  fatuité,  l'entêtement,  l'upH- 

■  mlsme,  etc.,  dit  M.  Castil-Blaze ,  est  une  prétention 

■  bien  hasardée  ' .  Il  faut  avoir  pour  cet  art  tout  l'aveugle- 

•  ment  de  l'enthousiasme  pour  se  persuader  que  les  teintes 

■  faibles  de  ces  demi -caractères  puissent  être  rendues  par 

■  des  aecens  dont  le  vague  se  foit  quelquefois  sentir  dans 

■  Ip  langage  des  grandes  passions;  mais  c'est  porter  trop 

■  lotii  la  manie  des  paradmces  qne  de  refaseri  le  musique 

•  tou^ espèce  d'expression*.  ■'  ■' ~''  ' 
■  Quoi!  les  œuvres  immortels  des  Jomellî,  des  Haydn, 

■  des  Mozart,  des  Cimarosa;  cette  mélodie encbanleresse, 

■  (»:lte  harmonie  riche  d'images  et  d'effets,  ne  Seraient 

■  doue  qu'un  vaiu  bruit  propre  tout  au  plus  à  amuser 

(0  t'est  ccpcndunl  celle  de  Giëlry;  voyci  Eiiais  iiir  fa  Maiiqu* , 
(i)  L'exprcii'BB  mmicals  miVc  ou  Tsng  des  chimèrti,  par  fioyA. 


/i;5 

.  l-orL-iUc  sans  émouvoir  le  cœur?  Et  coiiimu  les  rayons 
a  liimiuciix  qui  sV-cliappent  du  prisme ,  les  sons  ne  nous 

■  préscnleraicnl  donc  qu'une  variiilé  brillante  et  sans  oh- 

•  jet?  O  vous,  qui  seriez  assez  faibles  pour  ctldcr  à  des 

■  sopliismcs,  assez  mal  organisés  pour  adopler  deseni- 

•  blablcH  erreurs,  lisez  l'Lisloire  de  cet  art,  vous  verrez 
o  qu'il  a  fait  dans  tous  les  lemps  les  délices  de  l'iiommc; 

■  el  si  vous  êtes  insensibles  à  ses  cliarotes,  jugez  au  moinn 

■  de  son  pouvoir  par  sas  miracles.  > 

M.  Castil-Blazi;  reconnaît  que  la  musique  est  suscep- 
tible d'exprimer  les  passions .  les  silualions  violentes  ou 
doaccs  de  l'ame;  mais  que  ses  aecens  étant  vagues  el  sis 
luoyenspenj variés,  elle  a  bcsotndusecoursdc  la  parole  pour 
préciser  les  nuances  de  ces  passions  et  de  ces  senliniens. 
Il  fait  surtout  remarquer  l'erreur  de  ceux  qui  se  persua- 
dent qu'il  y  a  da[is  le  clianl  une  mélodie  indépendanle  du 
l'accompagnement,  et  démontre  que  la  vois  tire  nue 
grande  partie  de  sa  puissance  de  l'inslrumeiitation.  MCme 
dans  la  simplicité  de  l'ancienne  école,  celle  coopéruliun 
de  l'accompagncmeut  se  fait  vivement  senlir  ;  car  si  l'on 
suppose  que  le  ebanl  ravissant  de  l'air  de  l'iccini  Se't  cht 
me  dividc  est  séparé  de  ses  deux  violons,  alto  et  basse, 
et  celui  du  duo  de  l'olympiade  de  Paisiello  Ne'  giorni  tuol 
fcUci,  isolé  do  son  mouvement  d'orebeslre,  on  verra  que 
ces  deux  c lie fs-d' œuvre  perdent  la  plus  firande  partie  de 
leur  effet,  et  deviennent  même  ioiulciligibics  en  plusieurs 
endroits. 

Au  milieu  des  clioses  excellentes  et  d'une  vérité  incoo  - 
teslable  dont  ce  chapitre  abonde,  il  est  un  paragrapLo 
qui  a  pu  être  dielé  par  les  premières  impressions  de  l'au- 
tour, mais  quejcsuis  étonné  de  retrouver  dauscctlc  édition, 
les  idées  de  M.  Caslil-ltlaze  s'étant  modifiées  par  un  plus 
mùr  exanlen  ,  comme  ou  a  pu  le  voir  dans  ses  articles  du 
journal  des  Débats.  Voici  le  paragraphe  : 

■  Leur  muse  (celle  des  Italiens  ) ,  qui  eiccllc  à  peindre 
<  les  douces  alfeelions  de  l'ame ,  et  qui  réunit  la  noblesse 
>  bk  l'amabilité ,  est  vitrcmcnt  dramalique  et  presque ja~ 
a  mais  tragique ,  suit  qu'elle  juge  que  les  passions  dtiut 


Digto!)  b/ Google 


4,-6 

t  rexprcssion  est  trop  forle  ne  sont  pa.s  du  reMort  âe  la 
(  musique,  soit  qu'elle  craigne  que  ses  tableaux  ne  derîen- 

■  ncnt  désagréables  pour  être  trop  vrais.  Qui  pourrait 

■  reconnaître  les  terribles  imprécations  que  le  grand  Cor- 
<i  neille  a  mises  dans  la  bouche  de  Camille,  en  entendant 
•  le  duo  charmant  et  gracieux  qu'elle  chante  avec  son 

■  meurtrier,  dansl'opéra  de  Cimarosa?  L'airdcTancrëde, 

■  Di  tanti  palpîli,  ne  conviendrait- il  pas  mieux  à  Babett 
a  présentant  le  mugaet  et  la  fleur  d'orange  &  son  amanl , 
c  qu'au  héros  de  Syracuse,  <au  redotllable  rirai  .d'Or- 

■  bàssan  ?  ■ 

Sans  vouloir  discuterce  qui,,  dansées  lignep,  se  rapporte 
aa  duo  de  Cimarosa,  afin  de  n'être  pas  entraîné  trop  loin, 
je  ferai  observer  à  M.  Castil-Blaze  qu'en  écrivant  ce  para- 
graphe il  n'a  point  pensé  aux  deux  morceaux  admirables 
que  je  viens  de  ciler,  à  quelques  scènes  de  Majo,  ni  à  l'air 
Kl  pathétique  de  Léo  dans  Detnofoonte,  misera  pargotttlo. 
Eu  ce  qui  concerne  l'air  de  Tancrède,  il  paraît  avoir  été 
|irâoccupé  de  la  scène  de  là.lràgédîe  de  Toltaîre ,  en  te  jo- 
geànt;  mais  ce  n'Cst  paii  ce  que  le  musicien  avait  &  rendre 
dans  le  rondeau  Di  tanti  patpiti.  Le  sentiment  exprinté 
dans  le  vers  - 

a  été  exprimé  de  la  manière  la  plus  hrurcusc  dans  le  pre- 
mier récitatif.  Alais  par  une  transition  naturelle,  le  poète 
porte  la  pensée  du  héros  nar  aa  maltresse  ;  c'est  le  sujet 
du  rondeau.  C'est  t'amaut  d'Aménaïde  qui  parte ,  ce  n'est 
point  le  rivai  redoutable  d'Orbassan.  Ceiuî-ci  se  montre 
dans  le  duo  II  vivo  larfipo. 

Si  M.  Castil-Blaze  insixle  snr  là  nécessité  d'exprimer 
antant  que  cela  se  peut  les  senlimens  et  les  passions,  il 
R'élëve  avpc  raison  contre  les  imîûilions  matérielles  et 
puériles,  qui  échappent  toujours  è  ratlentïon  de  Tan* - 
leur,  cl  qui,  fussent-ell&i  comprises,  ne  seraient  pas  meil- 
leures. Il  fuit  à  ce  sujet  les  réflexions  suivantes ,  qui  sont 
fort  sensées  : 

■  L'expression  musicale,  quoique  riche  en  images  cl 
<  en  cITcls,  B  cependant  des  l>ornea  qu'il  faut  bieu  se  gaf- 


□  IgMzed  by  GoOgle 


«  der  lie  franchir  :  toulc  tenlalive  de  ce  genre  ne  sertqu'à 

■  moiilrer  l'impulMaacc  de  l'art  et  la  sollise  de  l'arliste. 
«  L'un  imagine  de  peindre  un  orage;  l'anlro  le  lever  de 

■  l'aurore;  l'aulre ,  une  noce  villap;eoiKe;  enTin .  il  est  des 

■  compositeurs  tfui  poussent  leur  riilicule  présomption 

■  jusqu'à  tenter  l'imilalion  d'une  bataillii  :  que  produiscnt- 

■  ils  ?  du  bruit,  et  rien  que  du  bruit.  L'expression  instru- 

•  mentale  eel  trop  vague;  il  n'y  a  que  les  paroles  ou  la 

■  représentation  miielle  des  olijels  qui  puissent  donner  & 

•  la  musique  cette  clarté  qui  lui  manque,  et  rectifier  les 

■  fausses  inlcrprélalion<i  de  l'auditeur  sur  les  sensations 

■  qu'on  se  propose  de  lui  faire  qirouvcr.  > 

Ce  cliaptire  est  terminé  par  des  remarques  piipiantes 
Kur  les  bornes  de  l'eipressioii  ,  et  sur  (les  similitudes  de 
molifs  employés  par  les  compositeurs  dans  des  siliialiaus 
opposées.  Celui  qui  a  pour  objet  ies  Effets  de  la  muaiquê, 
n'est  pas  susceptible  d'analyse,  parce  que  les  aperçus  qu'il 
contient  se  succèdent  avec  rapidité  ;  il  faut  le  lire  d'un 
bout  à  l'autre  pour  en  bien  saisir  l'esprit.  On  trouve, 
dans  le  chapilre  des  emplois  et  des  rôles,  le  même  es- 
prit d'observation  qui  brille  dans  tout  l'ouvrage,  et  des 
remarquer  fort  justes,  sur  les  ridicules  dénomination» 
(les  rôles  de  uoire  opéra-comique.  "  Nous  avons  déjà, 

•  dit  M.  Caslil-Blaze,  les  Lamelle,  les  Trial,  les  Juliel, 
îles  Ëlleviou,  les  Philippe,  les  Gavuudan,  les  Solié,  les 

■  Martin ,  les  Dngazon  ,  les  Regnault ,  les  Boulanger,  etc. , 
(Nous  aurons  les  Pierre  ,  les  Paul,  les  Auguste,  les  Ca- 

•  roline,  les  Vicloriuc,  les  Clara,  eic;  et  chaque  acteur 
«laissera  son  nom  à  son  emploi.  Je  ne  vois  pas  que  nos 
D  voisins  aient  adopté  cette  bizarre  nomenclature  ;  ot  je  ne 

■  sache  pas  qu'un  acteur  s'annonce  en  Ilalie  pour  jouer 

■  les  Marchcsi ,  les  David,  les  Ilalfanclli ,  les  Fausline  ,  les 

•  Billington  ,  les  Catalani  :  certes  ces  noms  ont  laissé  d'au- 

■  1res  souvenirs  que  ceux  des  Laruelle,  des  Trial ,  etc.  • . 
Il  est  certain  qu'il  ne  doit  y  avoir  au  tliédlre  que  des  dé- 
nominations fondées  sur  la  qualité  des  voix,  et  qu'on  ne 
devrait  avoir  que  des  premiers  et  des  seconds  ténors,  des 
basscfi  chantantes  et  non  chantanics,  des  cunlraltos,  dcï 


4î8 

premières  et  secondes  femmes;  cela  dit  tout.  Je  présume 
que  la  facilité  de  fixer  dans  un  eogagement  les  rAles  qu'an 
acteur  duit  jouer ,  :i  déterminé  Ifisdireeleurs  de  BpeoIqclM 
à  conservei'  le»  divisions  blsaneB  dont  se  plaint  l'auleor 
de  i'Opéra  en  France. 

Plusieurs  joiirnaliates  ont  reproché  à  M.  Caatil-Blaas  de 
vanter  les  compositeurB  étrangers  aux  dépens  des  nAtrei  : 
ce  reproche  est  injuste  ;  car  U.  Blaze  saisit  lioulea  les  oc- 
casions de  rendre  à  Grêtry,  à  MéhuI,  à  Boyeldîeu,  à 
Auber  la  justice  qui  est  due  à  leur  talent.  1)  est  vrai 
qu'il  fait  quelquefois  des  observations  critiques  sur  la 
forme  des  morceaux  et  sur  des  améliorations  désirables 
dans  notre  musique  dramatique;  maïs  personne  ne  con- 
naît mieux  que  lui  celte  musique ,  et  ce  n'est  pas  une  des 
moindres  qualités  du  livre  que  j'examine  que  l'érudition 
musicale  qu'on  y  trouve  à  chaque  page.  Il  a  fallu  une 
itade  approfiHidie  de  tous  nos  opéras  pour  connaître  ansû 
Men  les  moroeauz' qu'ils  renferment,  et  pour  être  en  état 

.d'en  donner  une  analyse  aussi  minutieuse. 

Dans  la  nouvelle  édition  de  son  livre,  M.  Caslil-Blaze 
^  conlinné  ses  observations  sur  tout  ce  que  nous  avons  de 
nouveau,  soit  eu  musique  française,  soit  en  musique 
italienne.  On  sait  que  c'est  depuis  l'époque  oii  la  première 
édilioo  a  été  publiée  que  la  musique  de  Rossini  s'est  na- 
Inralisée  parmi  nousj  et  que  plusieurs  compositeurs  fran- 

.çais,  tels  que  UU.  Auber,  Hécotiij  etc.  ont  donné  à  jeur 
réputation  VétHaX  dont  elle  brille;  o^s  circonstances  re- 

'  commandeiit  au  publie  la  nouvelle  édition  da  traité  d» 
tOpéra  m  FnmMi  je  ne  donle  pas  que  le  brillant  suc- 
cès de  cet  ouvrage  ne  se  soutienne  long>temps. 

FETIS. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 

En  revenant  U^'Fisaroni  dans  ta  Donna  dil  tago, 
nous  Bon*  sommes  convaincus  que  cette  virtuose  a  con^ 


4?9 

le  rôle  de  Halcolm  à  peu  près  comme  Taltna  en  avait 
établi  quelques-uni),  c'esl-à-dire,  eu  sacrifiant  utie  partie 
de  ce  rôle  à  l'effet  d'une  ou  de  deux  scènes.  Nous  ne  pré- 
tendoDB  point  discuter  les  avantages  et  les  inconvéniens 
de  cette  manière,  parce  que  cela  pourrait nons  entraîner 
trop  loin;  la  question  ,  d'aillears,  a  ét^  agitée  plusleors 
fois  danH  les  principaux  journaux  &  propos  de  notre  grand 
comédien  ;  mais  nous  avons  jugé  nécessaire  de  constater 
le  fait. 

A  la  seconde  représentation  de  la  Donna  detLago, 
M™  Pisaroni  a  montré  le  mËme  mélange  de  beautés  et  de 
défauts  qu'on  avait  remarqué  à  la  première,  pendant  toute 
la  durée  du  premier  acte  et  dans  une  partie  du  secouâ} 
Uab  l'air  Jhl  ai  pera  a  été  rendu  par  elle  avec  la  même 
«ipériorité  qui  avait  déjà  transporté  les  spectateurs.  Dans 
cemorceaù,  l'intention  dramatique  et  l'exécution  sont  éga- 
lement admirables;  il  est  fâcheux  seulement  qu'on  suit 
obligé  d'attendre  ,  pendant  près  de  trois  lieure's  ,  ce  mo- 
ment de  plaisir. 

—  Nous  n'avons  pointencore  parlé  des  débuts  d'une  jeune 
actrice,  nommée  M""  Otz,  qui,  venue  du  Hâvre ,  s'est  fait 
entendre  dans  quelques  pièces,  et  notamment  dans  te 
Bitiet  (U.toterie,  le  Tahteau  partant,  et  le»  Voiture» 
vméet.  Nous  avons  voulu  la  voir  pluueurs  fois  avant  de 
donner  notre  avis  sur  sa  voix  et  sur  son  talent.  Le  résultat 
de  noi  observationi  est  que  cette  jeune  penonne  est  doaée 
d'une  Jolie  voix,  qu'elle  a  de  la  facilité,  et  surtout  un  ac- 
cent flatteur  qui  ta  rend  propre  à  chanter  avec  expression; 
mais  qu'elle  ignore  les  principes  de  l'art  du  chaot,  et 
qu'elle  a  besoin  de  travailler  su  mise  de  voix  et  sa  voca- 
lisation. On  dit  qu'elle  a  senti  ce  qui  lui  manque  à  cet 
égard ,  et  qu'elle  vient  de  se  confier  aux  soins  de  H.  Pon- 
chard.  Vn  travail  suivi  entre  les  mains  d'un  tel  maltrif  ne 
peut  manquer  de  lui  faire  faire  de  rapides  progrëi.  ' 

— Le  théâtre  de  l' Opéra-Comique  éprouve  en  cè  momeiit 
un«  espèce  de  criB«.,Le  besoin  de  nouveautés  s'y  Eait  sentir; 
le'  public  en  réclame,  et  cependant  les  ressources  qu'on 


1 


]ii-i;parc  ne  paraissent  pas  ilcvuir  être  prêtes  de  kiIûI.  Les 
répéliliouK  de  l'opéra  de  M.  Berton  intitulé  Les  Petits  Ap~ 
partetnens,  se  continuent,  mais  leulemcnt  et  Kins  éner- 
gie. On  avait  Kongé  à  la  remise  des  Comédiens  amiu- 
ians,  ancien  opéra  de  Devienne;  main  après  l'avoir  essayé, 
on  a  élé  forcé  d'y  renoncer,  h  cause  de  la  Faiblesse  de  la 
musii^nv ,  qui  est  peu  digne  de  l'auteur  des  Fisitandinea. 

On  parle  de  dciiic  ouvrages  dont  la  représeiitalion  rcs- 
wemlilerait  à  une  espèce  de  conspiration  contre  deux 
autres  théâtres;  ce  suul  les  Deuas  Figaro,  musique  de 
Al.  Aymon,  qu'on  votidraii  opposer  à  l'opéra  du  mënie 
nom,  musiqne  de  M.  CarafTa,  qui  doit  se  jouer  b.  VOdéon, 
peu  après  l'ouvcrtnre  de  ce  théâtre.  Mais  par  compensa- 
tion ,  on  dit  (lue  M.  CaralTa  aurait  été  invité  à  écrire  la 
musique  d'un  opéra  en  trois  actes,  dont  le  sujet  serait  le 
mAnie  qvic  celui  de  Mazanietlo  de  MU.  Scribe  et  Auber, 
(jn'on  doit  roelire  en  répétition  à  l'Académie  royale  de 
musique,  le  mois  prochaiu.  Tous  ces  mystères  seront 
bientùl  écluîrcis. 

— Macbeth  serai  représenté  à  l'Opéra  mercredi,  27  de  ce 
mois.  On  dit  beaucoup  de  bien  de  la  musique  de  cet  ou- 
vrage :  elle  est  de  M.  Cbelard. 


NOUVELLES  ÉTRANGÈRES. 


Le  début  de  M'"  Albinï,  qui  a  eu  lieu  le  36  ma!  sur  le 
théâtre  de  Madrid,  a  été  précédé  par  un  événement  singu- 
lier, dont  il  u'y  avait  point  eu  d'exemple  jusqu'ici.  Dès  la 
veil)e ,  il  y  avait ,  à  onze  Ineiires  du  soir,  des  personnes ^ui 
faisaient  queue  à  la  grille  des  bureaux ,  et  qui  cousunti- 
rent  à  passer  la  uuit  à  ta  iieUe  étoile  pour  se  procurer  des 
billets  ,  qu'on  ne  devait  distribuer  qu'à  dix  heures  le  jour 
de  la  représentation.  Quique  le  public  parisien  aime  fort  le 
spectacle ,  il  n'est  point  encore  arrivé  à  ce  degré  d'empres- 
sement. Le  succès  de  la  débutante  a  répondu  à  l'opinion 
favorable  qu'on  «'était  formée  d'avancti  de  sou  laleul.  Lei 


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;i8i 

pins  vifs  .ipplaudissemens  l'ont  accueillie  h  son  e  nlrée  eit 
liCÈiie.lJncÉmolIun  visible  la  domina  pendaut  loitt  le  pioi^ 
ceaii  Fra  tanti  régi  e  popoti  ;  mais  à  la  cavalia^!0iA 
raggio  iusinghitr  elle  reprit  ions  ses  iivanlages,  et  olAittft 
avec  tant  de  goût ,  avec  une  voix  si  pure  et  ni  fraIoh5Éi''^tij6 
raiiditoire  fui  peiidaol  pliisîfturs  miimles  dans  une  ^¥Bb 
de  di'lire.  Le  l'cstc  de  la  icpriSsontiilion  n'a  pas  élé  Uiotn^ 
salisfaisanl  ,  et  le  lrioiii]dic  du  M"°  Albîni  a  élé  complet. 
Diïs  personnes  (]iii  l'avaient  entendue  à  Paris,  l'onrirouvée 
très  siiji(.'ricure  à  ce  (jn'dle  avait  élé  dans  celle  capitale, 
cl  attribuent  ce  changement  à  l'accueil  favorable  qu'ellé 
a  reçu  â  Madrid.  Nous  avons  toujours  pënsé  qat^IU  dlâl^ 
ianti  du  théâtre  Favart 'dlÀ' él^'InjtiireH'ëàtèn  éèm  Sjftl 
tàtrîce,  et  n'ont  pas  su  discerner  tout  ce  qu'on  pouvait  61^ 
faire  en  l'encourageant.  Nous  avons  exprimé  notre  npinïoÉi 
à  cet  égard  dans  la  fletiue  mmiotik. 

La  personne  qui  donne  les  ciétail.s  i(ii'uli  vient  de  voir 
dans  une  lettre  que  nous  avons  sous  les  yeux  ,  fait  le  plus 
^^nd  éloge  do  Hagiorotti  dans  le  rôle  d'Assur. 

'  ^  —  U.  Slruns  ,  compositeur  distingué  dans  plus  d'un 
"^re,  d'Antlé  t^leilt^est  eétitné  de  toiùriu  attistts'.mri^ 

■  Ce  pays  offre  peu  de  reuonrcc  à  la  intuli]ue ,'  cepen- 
dant parmi  les  a rUBtex  dramatiques  que  nous  avoiis  eus  ici 
depuis  quatre  ans,  il  faut  distinguer  M.  Ittagioroltî ,  pre- 
mière basse  chantante  que  la  cour  de  Madrid  nous  a  en- 
levé il  y  a  quinze  mois.  Cet  artiste,  quoique  Irès  jeune 
encore  et  dans  le  commencement  de  sa  carrière,  a  déjà 
atleinl  le  but  auquel  sont  parvenus  les  bouffes  les  plus 
célèbres  de  l'Italie.  Une  belle  voix  d'une  étendue  conve- 
nable ,  une  méthode  excellmte  et  as  physique  iédalsant 
•oatjea  ij[aaUlé>  prinolpales  de  H.  Hagiorotti,  qui  y  joint 
UD  talent  de  comédien  supérieur,  ^oicice  qu'on  m'en  écrit 
de  Madrid ,  oti  l'on  fait  beaucoup  d'efforts  pour  le  retenir  : 
I  Ona  repris  le  cours  des  représentations  (héâtralu  *  Ha- 

■  drid  par  les  opéras  A'Etûa  è  Ciaudio  et  de  ta  Gasza 

■  *  tadra.  H.  Hagiorotti ,  notre  première  basse  cliantanle , 


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469 

«a  élé  supérieur  à  tout  ce  que  nous  avions  en  jusqu'il  pré- 
•  sent.  Dans  le  rôle  de  Feroando,  il  iioiih  a  souvent  rap- 

■  pelé  Galli  (  dans  son  bon  temps  ),  et  dans  le  tfuintetto 

■  il  a  liré  des  larmeE  de  touslesspcctatcurs  Hademoiselte 
«  Albiui  vjeot  d'arriver  ici;  le  pub'îc.  qui  connaît  les 

■  succès  que  cette  cantalrice  a  «blenus  à  Barcelone  et  à 
<  Paris ,  montre  une  impatience  extrême  de  la  voir.  > 

—  Parmi  les  nouvelleslesplus  récentes  d'Italie,  on  trouve 
un  éloge  pompeux  du  talent  que  M°"  Violante  Camporëse 
a  déployé  dans  l'opéra  de  Ricciardo  è  Zoraïde,  qu'on 
Tient  de  représenter  au  nouveau  théâtre  d'Ancdne.  De- 
puis plusieurs  années  cette  cantatrice  ne  s'était  point  fait 
entendre  dans  sa  patrie  ;  on  ^ure  que  sa  vois ,  loin  d'a- 
voir perdu  de  son  volume  et  de  sa  fraîcheur,  a  plutôt  ga- 
gné sous  le  rapport  de  l'étendue  et  du  timbre. 

Ttini.  On  a  représenté  an  petit  théâtre  d'Angenae,  le 

97  mai ,  un  opéra  bouffe  qui  a  pour  titre  :  Amor  ta  vince, 
ûssia  la  vigitanza  delusa.  Cet  ouvrage  avait  été  écrit 
pour  le  Ihéltre  de.Lucques.  Le  compositeur,  Josepli 
Uazza,  est  très  jeune,  ou  plutôt  est  encore  un  enfant;  ce- 
pendant, parmi  plusieurs  morceaux  qu'on  cite  avec  éloge, 
on  remarque  un  quintetto  et  un  sesletto  qui  ont  produit  de 
l'elTet.  C'est  une  composition  atia  Rotsini;  maïs  il  était 
difficile  que  ce  fût  ai^lro  chose  qu'une  imitation,  l'auteur 
n'ayant  point  encore  atteint  l'âge  de  treize  ans. 

On  nous  communique  l'extrait  d'une  lettre  écrite  de 
Naples,  qui  noi^s  parait  curieux  par  le  fait  qu'il  annonce, 
la  clôture  du  théâtre  de  Saint-Charles  ;  le  voici  : 

■,N'en  déplaise  au  Gtobo,  madame  Pasla  a  été  ici  fort 

£1)  M.  Mag[oratti  serait  peut-i!tre  une  ressource  ponr  l'adminiiln- 
tioD ,  diD*  te  et*  où  elle  ne  pourrait  engager  Lablkche.  H.  Struni 
«ubon  juge,  et  l'on  peut  s'en  rapporter i  lai.  lie»  teoipada  wnger 
à  tel  copiai;  GiUi.  ne  pcnl  pliw  cbanter  mdh  fiii«  «perceioir  b  b- 
llpie;  ZacbeUi  ut  bon  pour  le  gcare  bouBe  ,'id»Îi  insuffisant  pour 
toptra  teria.  (Sole  du  Ilidaclatr.) 


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483 

goAlée*  ;  elle  n'avait  pas  seulement  à  vaincre  les  préven- 
tiona  fanatiques  des  fodorittes,  mais  encore  le  déconrage- 
meiit  que  devait  lui  cauger  l'orcheslre  le  plus  médiocre  et 
le  plus  lLli^.él■.ll>l^^  ciilourage  (j'excepte Rubini).  Ce  fut  une 
grande  douleur  pour  moi  de  voir  partir  Lublachc  quelques 
joun  après  l'arrivée  de  madame  Paï^ln,  noii.s  aurions  ett 
Sémiramia,  et  le  plus  bel  Assur  ijiii  ^oil  nu  monde.  ToiUt 
Saint-Charles  fermé  îaute  d'argent,  do  sujets  et  de  direc- 
teur. Vous  aurez,  selon  toute  apparence,  Lablaclie.ftTAnt 
nous;  mémo  en  lepossédant^  vous  aurex  quelque  dine  à 
m'enviersi  vons'ue  l'eatiendez  pas'daiul'iiâmp'^wrnff 
di  Pompei,  • 

—  Le  théâlK  Nuovo,  de  Napletf,  s'est  ouvert  de  nouveau 
par  la  première  reptésentatioa  d'un  opéra  ienâ-aeria, 
de  Donizetti,  intitulé  Due  orc  in  m  aani  (Deux  heures 
en  trois  ans).  Cet  ouvrage  a  eu  du  succès;  on  cite  parll- 
culièrement  an  chœur  de  Tartares  an  second  acte  commo 
un  morceau  distingué. 

— Dansla  troupe  équestre  d'AlexaDdreGuerra,quidonne 
maintenant  des  représentations  à  Milan ,  se  trouve  1» 
femme  âSm  écuyer  nommé  V antttett,  qui  assure  être 
là  fille  de  Hozarl,  qu^elIe  écrit  Mcgsort,  C'est  un  inen- 
songe  manifeste,  car  Uozart,  qui  n'a  eu  qu'une  fille,  ri- 
vait perdue  avant  de  mourir. 

lie  a  juin,  on  a  représenté  dans  la  même  ville,  au  théâ- 
tre delà  iScato»  un  opéra  nouveau  sous  le  titre  de  fa  iy«ltfa 
iffBermatuladt  (la  foMi  d'Hermanstadt) ,  musique  At' 
Frari,  musicien  peu  connu  josqu'ld. 

(i)  SI  aons  DOBS  ea  mppportom  fc  on  joaniil  Vainii*  latiulë  .- 
Jt  Sauabf  qni  Mpabllak  Napla,  etqne  «nu  «roui  toni  le*  jtas  « 
le  Êooeti  de  tntdame  Faita  n't  pu  ibS  fiaitti  diiu  Mtla  rille.  Tout 
en  reconiiiluaiit  Ma  mâite  comoM  «etiice ,  beaucoup  de  £hltieitif 
pli»  ■nutrnn  d'un  cbint  par  qne  de  la  Tnile  dramatique,  lai  ont 
«oDteatd  le  talent  de  oantatTkeid'antre*,  cntboMiatletdà  aon  jeupt- 
palbélique,  ont  bit  peu  d'altentioD  ani  iirfgalità  de  m  ,ToiK  et  i  b 
mollty  de  M  pcuModalion.  [Sote  du  Bidaeluir.) 


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Le  même  jour,  le  petit  opéra  de  ta  Vieille,  traduit 
en  allemand  d'après  la  pièce  de  M.  Scribe,  musique  de 
F.  J.  Fétia,  a  été  joué  au  Ibédlre  de  Kbem'gstadt,  à  Berlin, 
pour  la  première  fois. 


ANNONCES. 


Méthode  de  musttjue  vocale,  par  M.  B.  Pasiou  ,  foii- 
duleur  de  l'école  de  la  lyre  liarmonique,  etc.  Op.  i5.  prix 
56  fr.  Paris,  chez  l'auteur,  rue  de  la  Vrillière ,  n'  8, 

Kuiic  analyserons  cal  ouvrnge,  qui  est  redijje  tiir  un  plan  nouiuu. 

On  trouve  cliez  Pacini,  éditeur  des  opéras  de  Itoasini, 
boule varl  des  Italiens,  n°  ii,  l'air  de  ta  Donna  del  Lago, 
O  ijuanle  tagrimel  et  celui  du  secoud  acte  du  même  ou- 
vrage, JIl!  si  para,  tels  que  lus  cliaole  fll°"'PiKaroui;  ou 
peut  se  les  procurer  séparément,  ou  avec  la  partition  en- 
tière dudit  opéra. 

Le  même  éditeur  vieut  de  publier  un  quatuor  de  De- 
metrio  e  Poliùio,  que  Rossini  a  composé  à  l'âge  de  treize 
ana.  11  y  a  à  Paria  une  autre  édition  de  ce  quatuor,  dana 
laquelle  on  trouve  plusieurs  pages  que  Rossini  ne  recou- 
uait  pas  pour  être  de  lui- 


PUBLIÉE  PAR  M.  PÉTlS, 
nHMMKim  DE  cOHPosmOH  a  l'£colb  botaie  db  kcsiqiib, 

«•20.  —  JUmi827. 


EXAMEN  DE    ETAT  ACTUEL  DE  LA  HUSIQCB 


'    BECVliMB  iXTIClK 


.  La  révolution  «  qui  changea  tant  de  chàses  en  France  t 
émât  exercer  son  influence  sur  les  arts  et  particulièrement 
•or  ia  muriqoe.'  En  exaltant  les  idées,  elle  préparait  les 
artistes-  à  produire,  et  le  public  &  eiilendre  une  musitjud 
énergique,  analogue  aux  sensations  fortes  auxquellès  otï 
s'a<icontamait  insensifilemënt.  C'est  &  cette  dispositioiv 
qu'il  &nt  attribuer  le  ohUgemèat  saUt  qui  se  fit  dans  le 
stjdeàe  l'éeole  française,  ven  179»,  et  le^ncAès  qu'olrtlat 
la  not^iidle  manière  qui  fat  nilse  en  vogne  par  MébBt  H' 
par  H.  Cbenit^f. 

Sntbouslaste  de  la  musique  de  GlucL,  et  disposé  {ÀrlV 
nattue  A  sentir  vivement  l'expresBio»  dramatique,  UtiiAl, 
doDtleç  £tndes  musicales  n'avaient  pas  élé  bien  Fortes/ 
mais  qui  avait  l'instinct  d'une  harmonie  élégante  et  pure  j 
comprit  que  ce  qiii  avait  manqué  jusqu'alors  &  la  murique 
française  était ,  outre  eélte  harmonie  dctirt'tl  avait  ïè  SëU^' 
tlnwnt,  l'adoption  de  quelques  G»ine»'flallânftb)'''Iei' 
4» 


..  .    ,  48e 

moiteaui  d'eiigeitibl« ,  les  airs  régaliers,  ét  t'inllrum^- 

tatioii  brillante  dont  Mozart  avait  donné  l'exempte  quel- 
ques aIlln'(^H  auparavant  clans  Noces  de  Figaro  et  danii 
Don  J  van.  I.c  résultat  lic  fr.s  méditât  ions  fut  Euphrosine, 
ou  U  Tyran  corrigé,  drame  lyrique  qui  futrepi^seiité 
eu  1790-  Cet  ouvrage,  remarquable  par  Ja coule  nouvelle 
qu'il  traçait  aui  compositeurs  français,  faisait  enleudre 
pour  la  première  fois  k  l'Opéra- Comique  des  morceaux 
d'ensemble  d'iuie  facture  large  et  bien  proportionnée,  nn 
orchestre  intéressant  et  soigné  daua  ses  détails,  et  coule- 
oait  le  morceau  le  plus  énergique  qu'il  y  ait  peut-être 
jamais  eu  au  théâtre,  ^e  duo  Ganiex-vow  deidjaiouaU. 
C'est  aussi  dans  ce  morceau  que  l'on  trouve  le  premier 
exemple  de  ces  modulations  iuattendues  qui  couroniient 
la  cadence  finale,  sorte  de  moyen  qu'on  a  tant  employé 
depuis  lors. 

MéhuI  to»t  entier  s'était  montré  dans  Euphrosine.  Il 
était  facile  d*y  apercevoir  une  organisation  forte,  propre 
à  sentir  et  à  exprimer  les  situations  dramatiques  au 
moyen  des  ressources  de  l'harmonie;  un  chant  noUe, 
mais  peu  varié,  souvent  lourd  et  dénué  de  grâce;  un  es- 
prit élevé,  capable  de  grandes  conceptions,  mais  une 
ame  peu  passioDuée;  la  titcuUé  d'arriver  à  de  beaui  résul- 
tats par  le  calcul,  . mais  point  d'entraînement.  Ce  n'était 
point,.  çpp(i^me  on  voit,  un  talentexempt  de  défauts:  mais 
W-lahol.ayajAuinephysiotiomiepartiouliëre,  individuelle; 
flt  l'oii(«ffc  hMljeurvuii'.^aBd'arttste'aTec  oela.  Héhui 
•Tait  en  outre  l'avantage  d'arriver  à  l'époqae  la  plus  favo- 
au-  développement  de  ses  facultés;  sa  ngoorease 
bïnnonfa:  çf>nvenait  bien  plus  aux  passion*  lérriatiaiW' 
naïres  du  moment  que  des  chants  simptos  fAigmoleiXc; 
aiisfii  le  aornbre  de  ses  admirateurs  fut-il  très  oonsnlMUe. 
.  Les  mjimes  qualités  et  les  mêmes  défauts  se  relrouvenl 
iaw.Slratonice  {i-^Qi);  dans  PhrotmetAlâéHdor  (tf^é^j 
4aBs  Jnodmt-{i7QQ),s\:àb'a6iIoseph{^iSô^). 
■^if^mfSVflt  igve.jH'ébul  avançait  edd^Ciipi  ■'■apetyàtjiy- 
^ms'^  !^'m\<9i^^èom\aeii  4«v«plAeftiâws.  mt  voàïpom^ 
tig|is,£,-i#i<eH*^.  «é|Mlati«B;  4»:flUl»i«iatl  .«fciltitiriMÉ 


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487 

M.  Chenibiai  jotiÏBSiiit  lui  faisait  ombrage,  Rt  lui  Taisait 
aenlir  d'autant  iilun  viTcmcnt  l'insiifOsani^  do  ses  études 
premières ,  qu'alurs  il  y  avait  dans  le  inoude  uii  parti  con- 
sidérable qui  attachait  beaucoup  de  pri\  à  la  science  mu- 
sicale. Il  essaya  de  suppléer  à  ce  qui  lui  iimnquuit  sous  ce 
rapport  par  la  lecture  des  livres  obscurs  qu'on  avait  sur 
cette  matiËrc;  mais ,  comme  il  arrive  louiourN  quand  les 
études  ne  soûl  pas  faites  dans  la  jeunesse,  niéhal,  sans 
devenir  plus  savant,  alourdit  son  talent  et  remplaça  sa 
première  maniËrc  par  des  espèces  de  formules  harmoniques 
qu'il  reproduisit  sans  ces«e  dans  ses  derniers  ouvrages;  c'est 
dans  cette  ttcconde  manière  <fa'Hi(£na,  Joannà,  Vtkat,' 
GairieUed'Estréea,  les  Amazones  el  plusieurs  oiitrcs  ortï 
L^lé  écrits.  Il  croyait  de  bonne  foi  qu'il  ya  des  procédés  poui' 
faire  de  la  musique  de  Iclle  ou  de  lelle  école,  et  disait  qu'il 
Havait  par  quels  moyens  Cimarosa  et  Paisiollo  ont  com- 
posé leurs  opéra»  !  L'erreur  où  il  était  à  cet  égard  IVii  à 
persuadé  qu'il  avait  fait  dans  VIrato  un  opéra  bouffon  Ji 
l'italienne;  cl,  ce  qui  est  vraiment  curieux,  c'est  qnc  pre^ 
que  tous  les  Français  le  crurent  comme  lui,  hîen  qu'il  f 
eût  alors  un  théâtre  ilalicu  à  Paris*.  Cet  ouvrage ,  ipii  est 
d'une  hoqlfonnerio  tri.ïtc,  prouve  que  Héliul  manquait  àé 
verve  comique;  cependant,  lelle  élaît  l'illusion  du  musi- 
cien et  du  publie,  qu'où  crut  que  VIrato  élait  d'une  galtâ 
folle. 

Al.  Chorubini ,  dont  le  nom  était  déjà  célÈbrc  lursqti'n 
se  Bxa  en  France ,  on  r788 ,  «t  qui  ajouta  à  sn  réputation 
par  les  beaux  morceaux  qu'il  écrivit  pour  les  bouffons  du 
Th^lrede  Monsionr,  M.  Clierubini,  dik-jc ,  seiiltt  tout  ca 
qn^il  y  BVatt  de  remarquable  dans  la  noit'te Ile  route  ijiié 
Uéhnl  Tenait  detracepdans'gon  KupAroritt**;  tf  abandoiln^ 
ta-manlère  italienne,  qu'il  avait  suivie  jùyttu-'âmr*;'p(tth' 
a<l«pl«p  la  nouvelle  qui  s'olfrait  à  luï  ;  et ,  y  appliquant  la 
acieiicil  profonde  et  les  chants  suavés  de  sa  pàfrië,: 
dàti[L'(ën  1791}  son  opéra  LodoUf(a:Va  air,  \m  Wto/  ét 
lei^oal  du  second  acte  de  ce(  ouvrage  SUOlgent  pourlè' 
placer  'SU  r^ng  des  obdfHd'ceuvre 'de  t^ëeolc  française  ,  À 
laqnetle  il  appartient  par  son «tyle.  ÉUia,  mtie  MoWt 


tugaise  (  1798  ]  et  tea  deuco  Journées  (  i8m)  mirant  le 
comble  à  la  gloire  de  lU.  Cberubiui.  Les  deux  Jùumétë, 
ou  l'on  ne  trouve  pas  les  longueurs  excessirei^etlédéfiMit 
(le  coiivtiiianccs  dramatiques  qui  déparent  les  bewié» 
d'Éiisa  et  de  Blidifi,  eurent  sur  toat  un  luocto  predigiei^. 
Ily  règne  une  chaleur  vériuble,  une  couleur. mélodrama- 
tique exctiUenie  et  ealent^  admiraUe  çlfl»«fiUs  ^m- 
çliesteQv)^  ûnal  du  premier  acte,  les  cU(»ur^«|,pI«Mie«i» 
fliUlî^., morceaux  contiennent  dea  liiiiiii||jli(tilw  iKifiwiili. 
ordre:  on  regrette  seulemeat  que  le  chant  nYdOmineifKto] 
mais,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  ce  défaut  était  celui  dfrfifrt 
po^ue  :  011  l't^iit  .Udis  a\ide  d'émotions  lortes  plul&tij^ 
de  seiisalions  doi.ti  s.  ^Ar-, 
Ma%r(;  les  observations  critiques  qu'on  pourrait  faire-MW 
les  compositions  dramatiques  de  M.  Cherubiui,  ces  mêmes 
ouvrages  suQîraicnt  pour  placer  leur  auteur  au  canif;  des- 
plus  illustres;  néanmoins  ils  ne  sont  qu'une. petits: poitÏB 
ds.^.titr^àla  gloi^..GVt.4ctDs  la  mprigom  ywyite  ipti\ 
^jgr^p^^unqi^  s'est éteTéÂuiM  hwtemt jwMfglaniWi.- 
Ut,  la  beauté  des  chanta,  la  conception  ^«•onuifsTilc 4' bt 
pureté  de  style  la  plus  exquise,  la  science  la  plus  pro- 
fonde, les  effets  les  plus  neufti,  tout  se  trouve  réuni  ;  là, 
par  un  art  inconnu  auparavant,  le  style  ancien  et  le  mo- 
derne se  réunissent  pour  former  l'ensemble  le  plus  parfait 
qu'on  puisse  imaginer.  Je  ne  crains  point  â'MAnoae  que, 
^ans  ce  genre,  U,.  Çherubini  a  créé  une  maiiière daiu,la-> 
quejie  il  n'a  poin^ide  ;^val>  .-.-.m  ^f- , 

,  ^.  Lesuflur,  ^  g'éfa^  £iit  une  ^mdfcB^mitiffifctitt 
■S-mu^e.4:éS^9,  ^uyeuriianii^KMWiitlMi9«di«îllt% 
^,laifç«  4fl^,1^  carnâre  théâtrale  en  1 79?^' et' débuta  [faV 
la  Cavef^v  ouvrage  original ,  dans  lequel ,  en  adoptant 
les  i4éf>s  nouvelles  sur  la  musique  dramatique ,  il  les  mo- 
dî^  par  la  physionomie  particulière  de  sa  mélodie.  On 
sait  que  la  musique  de  III.  Lesueur  a  un  cachet  d'indivi- 
dualité très  prononcé ,  et  qu'elle  ne  ressemble  à  anoftts 
autre.  Les  chœurs  de  son  opéra  de  la  Caverne  produinmil 
un  très  grand  effet  dans  la  nouveauté,  et  procurètSBliL 


□  igidzedby  Google 


■489 

Verne  snccédèrent  les  opéras  ^'J'a^^e^pitgi^S^&^llf 
9l^'doTétémaque{iyQ6),  qui étideniiBÉÛl^iâw!^ 
différent,  mais  se  rapprochant '{>lfûi''titif^ùiôi^'llË^1%£^ 
monie  vigoureuse  qui  élait  alors  eu  vogue. 

Vers  le  même  temps ,  AI.  Bertou  ,  adoptant  en  partie 
celte  maniiire  énergique,  jetait  les  fondemens  de  sa  re- 
nommée dans  tes  Rigueurs  du  etottre,  Montano  et  Sti^ 
:fH^d(we.Bt  <ADrftiiiv.-H.;BoIeldie^  grélndalt  àses  brilUUli 

dont  letaleotMiDblaît  le  moins  proprejt'sidTrie'lKaytaVeU^ 
route ,  se  voyaient  contraints  de  s'y  jeter  ;  Grétry  donnait 
GuiUaume  Tell,  Lisbetli  et  Étisca;  Dalayrac  composait 
CafniUe  ou  le  Souterrain,  et  Murlini  faisait  représenter 
Zimio.  Une  aorte  dcrùvreagitail  toute  la  nation  et  poussait 
touslesarts  dansun  système  d'exagération  qu'il  fa  Hait  adop^ 
tersil'on  voulait  obtenir  quelque  succès.  Ce  système  d'ail- 
leurs était  nouveau  ;  il  enrichissait  la  musique  d'effets  In^ 
fopnoB  auparavant,  «t^^b  poorTés^t^t  doBeM^K^MBW 
ismiiA  dm^fiMtfw^tk^^ 

ifttniMrattjFt^^nbd'inieliiaâ^danonvëlfe  q|tâ  a««^^ 
itàail  de  l'ItalÎB';  c'est  cependant  dti  mélange  de  ce  syslèmê 
aveo  les  cantllènes  italiennes,  modifié  par  le  génie,  qu'est 
née  la  musique  de  Bossini. 

Quarante-cinq  musiciens ,  provenant  du  dépAt  des  gar- 
des françaises,  avaient  été  réunis  par  M.Sarrelte,  en  178g, 
pour  former  le  noyau  de  la  musique  de  la  garde  nationale 
dfl '  Paris ,  avep  l'aQtorisation  dti  oonunandant  général, 
HM^vLa  ]Payette.^n>ttuii8diB  viAHfSVi^i/^sfiF^  nitb'îlio»' 
psi  prit  &  ses  frais  pette  musique  y  tfA  mi  pinutée  ait'UitâH 
btjl  aÂHtolxaâte^x-huitmiuloi«ndt'  {iWr  tiftiiifnitet  filtre 
Itf  Mrvice  de  la  garde  nationale,  et  célui  dés  féles  pubti- 
\  qties.' Plusieurs  artistes  d'un  mérite  distingué  s'étaient 
réunis  &ce  corps;  mais  la  garde  nationale  soldée  ayant  été 
supprimée  au  mois  de  janvier  1792,  et  la  municipalité 
n'ayant  plus  de  fonds  pour  cet  objet ,  dans  le  but  d'empè- 
oher,  la  dispersion  de  plusieurs  artistes  célèbres  qui  se 
V-dis^saitot  k  quitter  la  France,   et  aRn  d'arrêter  '  la 


,  490 

ruine  de  riiistructioti  musicale ,  que  la  destruction  4n 
maîtrises  de  cathédrales  iaîaaît  craiadrQ,  M.  Sarrett»»  «q 
mois  de  juin  do. l^uk^n^ année,  qbtiiit4B  la  munMciïMilîtii'. 
[!c  Paris  rautorisaUon.d'^tablîf  une  éoole  gratuite  4a  nOH 

\  sique. 

^.  V    Celle,  école  foumis§ait,  pendant  la  ga/mof  de»  corps 
oo^reox  de  miuicieiw  wa,  qaatone  annéw  ds^Ia  ré(nn 
I     bliqae.  Mtendu  les  services  qu'elle  raadait^  le  gouveraer 
^     nient  accorda  des  fonds  pour  le  trailenient  des  pmCA^ 
\     SBUTêi  Âu  mois  de  brumaice  de  l'an  a  (  novembre  r 
I     la  convention  aatiooale  adf^ta  le  prïddtpe  d'orgaiiisatMi» 
j     di^  Coqserratoire,  sous  le  litre  d'Ittstitut  natianat  de  mit- 
aîfU«;  mais  la  terreur  qui  désolait  alors  la  Franue  et  iiui 
flboisûvait ses  victimes  jusque  dans  le  sein  de  la  conven- 
■itaD.,  ne  laissait  point  le  temps  de  songera  faire  fleurir  les 
aiAB,  etkr.décret.qut^QrdoDnait  14 fmvfttion  âe  L'Iustitot 
nfi(i9ual*  ide  musique  resta,  saoa  -eSet  JusQU'a»  tmods-  âo 
tbermidOKderan  3:(l795).  Sur  l&'rtippartjïe  Cbénief  ,b| 
OQnyeotion  nationale  rendit  une  loi,  le  jiQ4e  ee-moia, 
pçitant  création. du  Conservattnra^e  muinyue.  £llâ4iu 
I^. nombre  des  élèves  à  six  cents,  et  celui  dêiHpnolessBara 
i^  oent  quioze.  Une  autre  loi  du  rafme  jour  osaigaait  le 
bÂtimeut  des  Menus-Piaisiri  pour  lu  luc^t  de  celte  école, 
el  ordonnait  qu'elle  y  fùl  irisialltc  sans  délai  :  mais  telles 
SQRt  leR  ^4<^ci4^s.  qu'on  rencoiilro  dans  Vexé/eatioa  des 
o^4BleBplq»ulii«SM:que,  naaigré  les  ordmii '^Mnii 

de  rioléiieii^  c^i  localL  ne  i»x,  Iibl9  quîan  mai», 
d^,  bfîunaùte  de^'^n-iS  (ruoviqmbre  179^), -et  quB;l4spre> 
^^euïfL  ne  çom^pnoè^qnj^  leurs  travaux. qur^P».  te^WOll 
Hwvflnt. 

.  Une  activité  et  une  intelligonce  rares  de  la  partdp  din 
EÇpteur,  le  zèle  des  professeurs,  et  l'émulation  de»  élèves,, 
e^^çnt  'bieptâl  réparé  la  perle  du  temps  ;  car  le  concours 
deJ'an  6  préseiilQ  parmi  les  élèves  couronnés  :  AI"'  Ch.e- 
v4(ler.(d<HiM^s.;)l°°  lirqncbu]  pour  fe  chant;  M.^Pfadhor, 
'  peiir  JeipianOi^dAs  insddaiMnlïstes  qui  iiont  aujpuFd'bui 
les  HBUliens  noa'oi^eMm'>itfsi|ue  UJH.  Gilcs  ^  potir 
Ift  bMrtbojsi  Jvutes  ^-pour  le  baû» ,  et  f tfoco  :(iBèso>ta  ), 


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pour  la  clarinette.  Peu  d'anni^cs  s'écoulÊrenl  avant  (jnè 
rélablisNeiucnt  eût  acquis  une  répiilatîou  Icllc,  qu'il  suffi- 
sait à  lin  iiiiisicit;n  de  porler  le  liire  d'élève  du  Conserva- 
toira,  pour  inspirer  la  confiance  et  pour  fitre  considéré 
comme  no  nrtisle  eslim.ible.  Tous  ceui  qui  apparlenaient 
à  celte  école  célèbre  ,  lui  apportaient  en  tribut  la  gloire  de 
leurs  succi's ,  et  en  jouissaient  moins  pour  eux  que  pour 
elle.  ScR  concerts  ,  auxquels  on  donnait  le  titre  modeste 
d'ùxercices,  étaient  célèbres  dans  tonte  l'Europe;  jamais 
la  symphonie  n'avait  élé  exécutée  avec  autant  de  feu  et  de 
précision;  jamais  la  France  n'avait  possédé  une  réunion 
aussi  nombreuse  de  talens  distingués;  jamais  le  goût  de 
la  musique  n'avait  été  plus  vivement  excité  parmi  ceux 
qui  n'i'taient  pas  absolument  étrangers  à  ce  bel  arl.  Un 
homme,  doué  d'une  organisation  hï  parfaite  qu'il  ne  s'en 
trouvera  pcut-Ëtro  plus  un  semblable,  Garât,  chanteur 
prodigieux,  dont  Je  nom  est  nn  éloge  ,  Garât ,  qui,  selon 
Sacchini,  était  ta  musique  même.  Garât,  dis-je,  donnait  ù 
la  France  ce  qu'elle  n'avait  point  encore  eu,  des  chan- 
teurs qui  sussent  chanter.  Plantade  et  RicLcr  le  secon- 
daient en  professeurs  habiles;  à  M""  Branchu,  que  j'ai 
déjanommée,  se  joignirent  successivement  Roland,  Nour- 
rit ,  Ocspéramont,  Ponchard  ,  Levasseur,  M""  Pliilis, 
Hymm  (Albert),  Durel,  Rigaut,  et  une  foule  d'autres, 
qui  jusqu'il  ce  jour  ont  alimenté  nos  théâtres.  Plus  de 
deux  mille  instrumentistes  en  tous  genres  ,  formés  par  les 
soins  de  Mil.  Rode,  Baillot,  Kreutzer,  Romberg,  Levas- 
scur  ,  Frédéric  Duvernoy,  Domnich  ,  Salenlin  ,  Ozi 
Delcambrc,  Lefebvre,  WunderJich,  Adam,  Ladurner  et 
Pradiicr;  et,  parmicea  instrumentistes,  des  talens  remar- 
quables tels  que  Kreutzer  le  jeune,  les  Habeneck,  Ma- 
zas,  Vogt,  Tulou,  Dauprat,  Kaickbrenner.  Zîmmermann, 
Hera,  etc.,  etc.;  une  école  décomposition,  fondée  pour  la 
première  fois  en  France  sous  de  véritables  principes;  une 
collection  d'ouvrages  élémeutaires  pour  l'enseignement, 
fruitdes  recherches,  des  méditations  et  des  discussions  des 
savans  professeurs  de  l'établissement,  avec  la  coopération 
de  MM.  Chembini.  Gossec;  Itlébul,  Lesueur,  Calel,  Ber- 


49^ 

ton  et  Boïeidîeu ,  vuvragea  qui  sont  reités  ctauitfues  et 

qu'on  a  traduits  dans  toutes  les  langues  de  l'Europe  ;  teli 
sont  les  résultats  de  rinstitutiaD  du  Conservatoire  de 
musique,  de  cette  école  que  ses  eanemls  ont  appelée un« 
coterie,  et  qui  ne  s'est  vengée  qu'en  élevant  U  musique 
françaiie  au  niveau  de  celle  de  l'All(qna(BS>QSi!i^^^$^ 

Tandis  que  Tart  musical  cheminait  puml  noos  iljyi^ywïiiij' 
route  d'amélioraiion ,  uo  changement  notable  Mi'fllbdlfe 
dans  la  disposition  des  esprits.  La  véhémence  réVoInlM^ 
naire  avait  fait  place  à  des  mœurs  plus  douces ,  sinan^al 
pures.  Le  besoin  du  luxe  dont  on  avait  été  privé  pendtat 
plusieurs  années  commençait  à  se  faire  sentir  dans  L'ame 
des  républicains  ;  on  réfléchissait  sur  les  exagérations  aux- 
quelles on  s'était  livré;  la  musique  avaiit  participé  de  ces 
exagérations.  Un  certain  monde ,  qu'on  a  appelé  depuis 
iaSociilidu  Directoire,  cherchaitàéloigner  touto6-<{id 
pouvait  rappeler  les  événemens  affreux  dont  on  avaît.âMq 
témoin,  etadoptait  tout  ce  qui  semblait  analt^ne 
nouvel  état  de  choses;  dans  ces  oirconalancest  DèUa-Haria 
panil;  Il  débuta  par  waPriaonmereâTit  «lèiiede  l'Opéra- 
Comique ,  et  fit  tourner  tuutes  les  têtes. 

Les  conceptions  de  ce  compositeur  n'étaient  pas  d'un 
ordre  élevé;  mais  des  chants  naturels  elgracicux,  une  instru- 
mentation légère  cl  éli^gante,  et  surtout  le  jeu  d'Elleviouet 
de  madame  Saint-Aubin,  procurèrent  à  son  ouvrage  un 
succès  d'enthousiasme  qui  eut  beaucoup  d'influence  sur  la 
moràqUB  dramatique.  Témoins  de  ce  succès,  les  compori* 
leurs  reconnurent  que  le  goât  de  la  nation  la  portait  natur. 
rellement  vers  une  musIquQ  simple  et  fadle,  et  qu'elle 
n'était  point  asseï  avancée  pour  aimer  des  compositions: 
d'un  ton  plus  sévère.  Un  mouvement  rélrt^rade  s'établit 
insensiblement;  Solié,  Ga  veaux,  Tarchi,  eurent  des  succès 
avec  des  chansonuettcs  et  des  romances;  aux  grands  ou- 
vrages dont  j'ai  parlé  succédèrent  i'Op^rtï  comique,  ie 
Secret,  leJokey,  le  Chapitre  second.  Trente  et  Qua- 
rante, te  Petit  Matelot,  ieTrailinul,  Adolphe  et  Ctar»»; 
etc.  Nos  plus  habiles  nmsiciens ,  entraînés  par  l'exempl», . 
essayèrent  de  modi|Ber  leur  talent;  U<  Cberubtni  ^ouit 


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tn  Punilionetta  Prisonnière,-  H.  Berloti,  le  Souper  de 
faaniite,  le  Dénouement  inattendu,  ie  Grand  Deitii  el  {a 
Concert  interrompu;  MéhuI,  i'Irato,  une  Folie  et  le 
Trésor  supposé;  mais  comme  ce  genre  de  muaitjiie  n'était 
ni  dans  leur  goiit,  ni  dans  leur  manière  habiluetlc  ,  y 
réussirent  moinK  que  ceux  qui  leur  avaieut  donné  l'exem- 
ple. M.  Boîeldieu  saisit  plus  heureusement  le  Ion  de  l'opéra- 
comirjucqui  convenait  uiixFrançais,  et ,  sans  tomber  danii 
la  trivialité,  trouva  dcfl  chants  qui  devinrent  populaires. 
On  connatl  le  succès  du  Calife  de  Bagdad  et  de  ma  Tante 
Aurore,  succès  qui  s'est  soutenu  jusqu'aiijourd'liuî. 

Ce  fut  au  milieu  de  ce  changement  de  direction  de  la 
musique  dramatique  qu'ElIcviou  entreprit  de  remettre  en 
vogue  les  ouvrages  de  Grétry  et  de  Monsigny;  le  succès 
surpassa  son  attente.  L' Anii  de  la  Maison,  Richard,  le 
Roi  el  le  Fermier,  la  Déserteur  cnchanlèrent  de  nouveau 
les  oreilles  françaises,  et  causÈrent  des  transports  plus  vifa 
qu'ils  n'avaient  fait  dans  la  nouveauté.  Ce  fut  le  coup  de 
grâce  pour  les  opéras  qui  avaient  vu  le  jour  dans  le  cours 
de  la  révolution.  Les  gens  de  lettres  redevinrent  les  légis- 
lateurs deH  Ihëdtrcs  lyriques  et  opprimèrent  de  nouveau  les 
musiciens.  Un  critique  célèbre  de  ce  tcmps~Ià,  GeofTroi , 
déclara  une  guerre  quotidienne  k  Mchul ,  à  Chérubin! ,  ù 
Gluck;  Mozart  même,  Mozart,  malgré  ses  délicieuses 
mélodies, ne  trouva  point  grâce  devant  l'Aristarquc.  Le 
Conservatoire,  insulté  dans  ses  chefs,  prit  parti  contra 
l'opinion  publique.  Alors  cet  établissement  devint  en  eOet 
le  centre  d'une  coterie.  Des  jeunes  gens  pleins  de  verve, 
indignés  de  voir  qu'on  osait  attaquer  la  musique  qu'ils 
aimaient,  dénigrèrent  à  leur  tour  celle  qui  avait  le  don 
de  plaire  généralement;  il  fut  convenu  que  le  public 
n'entendait  rien  à  cet  art,  qu'on  ne  devait  point  songer  à 
lui ,  et  que  les  compositeurs  ne  devaient  avoir  d'autre  juges 
qu'eux-mêmes.  On  conçoit  les  conséquences  de  pareils 
principes  ;  les  choses  en  vinrent  au  point  qu'un  homme  qui 
aurait  proposé  de  faire  du  chant  aurait  passé  pour  un 
pauvre  musicien.  Cela  dura  depuis  i8oa  jusqu'en  1810. 

Cependant  quelques  artistes  plussonsés  songèrent  à  éla- 
45 


DIgliiïecI  ùy  Google 


494 

lilir  un  genre  niixle  où  les  beautés  de  rharmoiuese  trouve- 
l'iiiËiitréuniesà  ilescharilH  simples  et  faciles,  tels  qu'ils  con- 
1  cnaieiit  au  public.  NicoloTsouard,  quis'étaitfixéen  Frauce 
ilcpuiii  peu  ,  et  qui  était  musicien  plus  instruit  qu'on  nele 
croit  communément,  aprfiR  avoir  donné  plusieurs  ouvrages 
inËillocres,  fit  voir  qu'il  était  en  état  de  mieux  faire  dans 
Michtl  yinge,  dans  t'Intrigue  aux  fenêtres,  dans  Jo- 
ronde,  et  surtotil  dans  Jeannot  et  Colin-  M.  Catel,  déjà 
connu  par  de  lamn»ique  instrumentale  estimée;  par  un 
Traité  d'Harmonie,  dont  la  publication  avait  fait  époque. 
i'>  par  son  opéra  de  Sémiramis ,  tenta  d'agrandir  les  formes 
de  l'opéra-comiquc  proprement  dit ,  et  réussit  dans  CAu- 
herge  de  Baguires  f.t  dans  tes  Artistes  par  occasion. 
Mais  i|uoi(|uc  les  finales  du  premier  de  ces  ouvrages  et  un 
trio  du  second  fussent  des  morceaux  cxcellens;  quoique  le 
grand  opéra  des  BayailÈrcsel  le  drame  musical  de  W allace 
du  même  auleurcoutinssent  des beaulés  fort  remarquables, 
al.  Cale!  ne  jouit  jamais  de  toute  la  répulalion  qu'il  mé- 
ritait. On  convenait  que  sa  musique  était  gracieuse,  élé- 
gante ;  mais  ou  lui  reprocliaiL  de  manquer  d'invention.  Le 
<légoùi  qu'il  éprouva  île  son  peu  de  succès  l'a  décidé  à 
i|uitlcr  la  carrière  dramatique,  quoiqu'il  ne  fût  pas  âgé. 

Vers  180;,  un  homme  qui  jusque  là  n'avait  été  connu 
que  par  quatorze  opéras  médiocres,  représentés  en  Italie, 
et  par  la  chute  de  trois  ou  quaire  ouvrages  sur  les  théâtres 
de  Parie,  Spoolini  acquit  tout  à  coup  une  grande  réputa- 
lion  par  ses  opéras  de  laVcatatc  cl  de  FemandCortéz.  Lin 
potme  intéressantel  bien  coupé, selon  les  idées  dulcmpa; 
une  musique  loite  d'expression  dramatique,  quoiqu'elln 
tùl  mal  écrite,  mal  prosodiée  et  mal  instrumentée,  procu- 
rërentau  premier  de  ces  ouvrages  un  succès  tel  qu'on  n'en 
avait  pointeu  d'exemple  depuis  l'époque  de  Gluck.  Toute  la 
Fratite  voulut  voirfn  F  estate,  et  cet  opéra  jcoiyoiulement 
.ivec  Fcmand  Cnrlèz,  fut  la  ressource  principale  de 
l'Académie  royale  de  musique  pendant  près  de  vingt  ans. 

Ue  retour  d'un  long  voyage  en  Russie,  IH.  Boieldieu 
ri'parut  sur  la  scène  de  TOpéra-Comique  par  sou  opéra  de 
Jmn  du  Paris.  Un  sorte  de  hille  s'engagea  entre  lui  et 


Olgrlizodby  Google 


495 

Nicnlo.  Celui-ci  se  t'ai  Bail  remarquer  par  une  graudc  l'uci- 
lilé,  une  l'iïconditérare,  mais  soignait  peu  ses  ouvrages,  et 
semblait  vouloir  l'emporter  plutôt  par  leur  nombre  quejjur 
leur  qualité;  non  antagoiiiste,  au  conlraire,  liomme  de 
goût  et  itc  lacl,  finissait  les  siens  avec  un  soin  extrême,  et 
ne  risquait  rion  qui  Tût  d'un  effet  douteux,  ouquipùt  com- 
promeltre  sa  renommée.  Ces  deux  compositeurs ,  cl 
M.  Iterloii ,  étaient  à  peu  près  seuls  en  possession  du  théâ- 
tre de  i'Opéra-Comique. 

Telle  était  la  situation  de  la  musique  en  France,  en  iSi.'i, 
époque  oùdes  revers  inouïs  précipitÈreutdu  trâne  l'homme 
extraordinaire  que  son  génie  y  avait  plaeé,  et  y  ramenèrent 
la  dynastie  des  Uourbons,  Toute  révolution  entraîne  des 
boulevcrsemens,  qu'on  qualifie  de  réorganisations :1a  ré- 
organisation du  Conservatoire  consista  a  chasser  de  sa  place 
celui  qui  l'avait  créé'  et  qui,  pendant  dix-neuf  ans,  avait 
contribuéà  si  prospérité,  pour  y  mettre  des  liommes  aussi 
étrangers  aux  arts  qu'à  la  manière  de  les  administrer.  Un 
connaît  les  événcmens  de  i8i5  et  leurs  suites  funestes. 
L'une  des  conséquences  fut  la  suppression  du  Conserva- 
toire. 1.0  motif  réel  de  celte  proscription  était  l'origine  ré- 
volutionnaire de  l'établissement;  le  prétexte  était  l'écono- 
mie .  protocole  banal  de  tous  les  actes  de  destruction. 

Cependant  le  défaut  de  recrutement  menaçait  nos 
thédires  et  nus  orchestres  d'une  di.sette  absolue  de  sujets, 
lin  détruisant  le  Conservatoire ,  on  n'avait  point  rétabli  les 
matlrises  des  cathédrales,  parce  qu'on  ne  savait  oh  pren- 
dre les  douze  millions  que  coiltaient  les  cinq  cents  étahlïs- 
scmcns  de  celle  nature  dans  l'ancien  régime;  il  fallut  bien 
songer  à  préparer  dos  ressources  pour  l'avenir,  et  l'on 
n'imagina  rien  de  mieuï  qnu  ce  qui  existait  auparavant. 
Eu  iSiG,  on  établit  donc  une  espèce  de  Conser.vatoire , 
mais  sur  des  bases  si  mesquines  que  ec  n'était  plus  que  le 
simulacre  de  l'ancien  établisscmi'nt  Le  titre  de  Conserva- 
toire, qu'il  fallait  conserver  soigneusement,  afin  do  faire 
rejaillir  une  partie  de  la  gloire  de  l'ancienne  école  sur  la 
nouvelle,  fut  remplacé  par  celui  û'Ecote  roi/aic  de  Mii- 

(i)  M.  SarreUD. 


siqw;  l'administra  lion  supérieure  fut  attribuée  à  riiilcn- 
daiice  lies  Menus  pfnîsh:-i  cl  Aviiciittiru;  ilu  Uoi,  qui  ne 
savait  de  (]i'oi  it  s',igi=sai(;  un  iiifiicclcur  ç,(:\iérii\  sans 
pouvoir  admiiii^lroit  de  fail  ;  tuflii,  comme  si  l'on  eût 
voulu  ôter  toute  cousidéralinii  i  celle  pauvre  i^eolc  dès 
l'ûrïgihe,  on  y  fit  des  catégories  de  jirofesseiirs  parmi 
lesquels  il  s'en  trouvait  qui  n'avaicnl  que  eîn^  cents  francs 
d'oppointemens.  Les  choses  allèrent  jusqu'à  ce  point  que 
n'y  nyanl  point  'le  fonds  pour  aclieler  du  bbïs  la  ptQn^Ën 
aiince,  rins|ii'Uluil['  ^éiir.r.il  l'ut  oblii^â  de  oti^fi^ l^ole 
;i\ec  de  lieux  rL.vecliis  cl  de  vieux  meutli»  3el^i»3fei 
Conservât  nire.  (^'l'sl  ce  qu'il  m'n.  dit  lui-même. 

Le  pi'nsÎDTiii.il  de  l'éeole,  de  <'ii;ir)l,  ijui  L'\;islait  aatraob 
au  Cimsi  L'v.iloiie  n'ayant  jioint  flû  rùl^ibli  dans  l'I^Ùl^e 
royale  de  musique,  on  ne  put  former  de  sujets  piï^tei 
théâtres  royaux;  M*'"  Leroux  {  aujourd'hui  M"*  Dàbâwî'J 
fut  le  'Ml  ^Tddait  des  classes  partîddltèi^  d6  l'StP^^ 
manquait  d'dtleurs  de  voix.  Lë  seul  mojren  Atï'tf^^S^- 
rér  était  d'en  cliercher  dans  tous  les  départetnelis;  oii  n'i- 
maglnà  rien  de  mieux  que  d'avoir  pour  cet  olgét  des  cor- 
responiiatis ,  qu'on  choisit  parmi  les  meilleurs  profesHCurs 
de  la  province;  mais  j'ai  la  preuve  qu'on  ne  leur  répondait 
point  lorsqu'ils  annoiiraieiit  quelque  dL-r(i:nt'i  le  i  i  I.ilin-  ,'i 
leur  mission.  Une  sorte  d'insouciance  se  i'ai-:iit  i  oiuai  qiifr 
parmi  les  professeurs  et  les  élèves.  Le  souvenir  du  Conser- 
vatoire, ne  Bfi  présentait  à  eux  que  pour  leur  faire  laire  de 
trïdtn'ËOintMïaUbns,  fet  les  jeter  dans  le  Sécaiirà^lëlik^tlt; 
AUssi^ès^r'ogrès  étâienl-ilsfortlents.  >*) 

Les  Choses  restèrent  en  cet  élat  jusqu'en  1821!.  Les 'Vices 
de  l'organisai  ion  do  l'éeole  êlaiil  alors  trop  évidens  pour 
qu'on  n'en  fi"[t  pas  Trappt',  le  ministre  de  ia  maison  du  roi 

l'ut  de  olKiiiecr  If  i!kkl' (V.uliii  ini-.;  riili.i;j  cl  lic  numiiii'i'  un 
dirccleur.  ù  ciiuix  du  liin  ^■\..-.:y  ilaril  un  ul.jcl  iiiipiK-Kiiil, 

M.  Clicrubiiii  sembla  le  plus  ]iroprc  à  cet  emploi ,  p.ir  ses 
connaissances,  et  par  l'éclat  desou  nom,  qui  devait  rejaillir 
surrécdle.  Les  àppointemctis  des  profesneiU^'fuH^Ï^Intf- 
ceBÙTcment  augmentés,  le  pensionnat  du  cbliBt  t^Mi, 


□  igilized  by  C( 


4a? 

enfin  iiiiu  urgaiiiiialiun  plus  forte  fui  donnée  aux  diverses 
branches  ilc  reuscigncmciit.  Tout  semblait  présager  à  l'iil- 
eole  royale  de  niusiiiuc  un  retour  vers  la  prospérilé  du  Con- 
liervalnire.  L'aclïvilé  et  l'exaclllude,  dont  le  directeur 
avait  donné  l'exemple,  avaient  pris  la  place  de  l'indoleiiee: 
une  émulation,  qu'il  ne  fallait  qu'cuirctcnir,  se  manileBlait 
parmi  les  professeurs  et  les  élèves  ;  ou  était  près  du  but , 
ou  ne  put  ratleiudre.  Faisant  consister  toute  ruduiinistra- 
tjon  dans  la  rtgiilarïlé  du  service  ,  M.  Ciicrubini ,  tain  de 
chercher  à  esciter  celte  émulation  que  sa  uominalion 
avait  lait  naître,  la  repoussa,  la  paralysa  par  la  sécheresse 
et  la  dureté  de  ses  relations  avec  les  professeurs  et  les  élè- 
ves.  Grand  artiste,  il  aurait  dû  savoir  que  les  arls  s'admî- 
nisticnt  bien  plus  par  sciilimcnt  que  par  le  travail  des  bu- 
reaux; plusieurs  points  importana  demandaient  des  amé- 
liorations qu'il  pouvait  faire  mieux  qu'un  autre;  il  ne  les 
a  point  faites.  Les  élèves  compositeurs  demandaient  depuis 
long-temps  qu'on  leur  procurât  les  moyens  d'entendre 
leurs  essais  dans  des  exercice;  particuliers  ;  celte  demande 
était  juste  et  le  résultat  devait  être  avantageux,  H.  Che- 
rubini  la  repoussa  toujours  par  des  motifs  misérables.  L'é- 
cole de  eliant  est  dépourvue  de  vois  depuis  le  rétablisse- 
ment du  pensionnat  :  M.  Clierubini  se  contente  de  dira 
qu'on  n'eu  trouve  point,  au  lieu  do  les  faire  chcrclierdans 
le  midi  de  la  l'rancc,  dans  la  Picardie  et  ailleurs',  par  un 
professeur  iatelligéut  et  zélé.  Les  premiers  exercices  an- 
tuiels  avaient  été  faibles;  il  fallait  les  améliorer  en  les  re- 
produisant chaque  année  ;  au  lieu  de  cela  ,  M.  Cherubini 
les  a  supprimés ,  sous  le  prétexte  d'économie.  Snrrn  ,  par 
une  mauvaise  combinaison  des  éludes ,  on  forme  des  ins- 
Irumcutisles  habiles  dans  le  mécanisme  de  Icurinstrument 
avant  de  s'assurer  s'ils  sont  musiciens,  et  s'ils  ont  fait 
préalablement  de  bonnes  éludes  de  solfège;  il  eu  résulte 
qu'on  n'envoie  plus  dans  les  orchestres  (]ue  de  mauvais 
lecteurs  :  ce  mal  augmente  chaque  jour.  Je  sais  qu'il  se- 
rait injuste  de  demander  à  M.  Cherubini ,  ù  l'dge  de  près 
de  Eoixante-dii  ans  et  après  cinquante  ans  de  travaux  et 
de  gloire,  l'ardente  volonté  d'amélioration  qu'on  ne  peut 


Dlghizaitby  Google 


49» 

rouver  que  danH  tu  force  de  l'âge  ou  dans  la  jeunesse, 
tniiÏB  je  voudrais  qu'il  ae  repoussât  pas  le  zUe  actif  de  queU 
qnes  profiuseun  et  qu'il  ne  glaç&t  pas  llmagination  des 
élèves. 

Je  me  suis  appesanti  sur  ce  qui  coDcerue  l'École  royale 
de  musique,  parce  que  je  la  regarde  comme  le  centre  de 
l'éducation  musicale  eu  Prnuce.  J'esamiDcrai ,  dans  un 
aulre.  artlelei  les  autres  instltuilons  relatives  à  cet  objet,  et 
l'état  actuel  de  la  musique  draqiatïtjae,  Unt  à  Paris  que 
dans  les  départemenq.  .  ' 

FÉTIS. 


LES  DERNIERS  MOMENS 
ET  LA  I^ORT  DE  BÏETQOVEN. 


,tfa  circoitstanOei  qui  eoBcemeat  les  dermers  mpineiu 
et  la  mort  de  Beethoven  ont  été  rapportées  d'une  manière 
si  inexacte  4ans  la  plupart  des  journaux ,  que  nous  croyant. 
faire  une  chose  agréable  à  nos  lecteurs  en  leur  jaisant  part 
des  lettres  suivantes,  dont  noils  avons  eu  communication  : 
ta  première  «tt  de  ce  grand  artiste;  les  autres  ont  été 
écrites  par  deux  de  ses  jneilleurs  amis ,  et  oonHennent  des 
renselgnemens  authentiques. 


Vienne  ,  i8  ma»  1817. 

Mon  cher  et  bon  Mosclielës, 
Je  ne  pois  trouver  de  mots  pour  vous  exprimerlessenli- 
meiis  qui  m'oul  agités  à  la  lecture  de  voire  lettre  du  i"  de 
ce  mois',  la  générosité  avec  laquelle  la  société  ptiilar- 
moniqiie  a  accédé  à  ma  demande,. m'a  touché  jusqu'au 

(i)  Cette  leltre  était  accompagnée  d'un  présent  de  ccal  liires  ileCi 
ling  ie  la  part  de  la  sooijK  pUIarmDDiqae  de  Londrei. 


499 

fond  (le  l'amc.  C'est  vous,  mon  cherMosclielès,  i|iie  je  prie 
d'élre  mou  interprëlo  auprès  d'elle;  faites-lui  coiiiluîlrc 
toiilc  ma  gratitude  pour  sa  libéralité.  Quaut  au  concert 
que  la  société  voulait  urrauger  pour  mon  bénéfice,  j'ei- 
përe  qu'elle  n'abandonnera  pas  ce  généreux  dessein.  Ji; 
désire  qu'on  veuille  bien  soustraire  d'abord,  ilcs  fonds  qu'il 
produira ,  la  somme  de  loo  1.  que  vous  venez  de  ui'eu- 
voyer  de  sa  part;  s'il  y  a  du  surplus  et  que  la  société  me 
le  deslliic ,  j'espcre  que  je  pourrai  bientôt  prouver  ma  re- 
conuaissauce  eu  composant  pour  elle  une  nouvelle  sym- 
phonie, dont  l'esquisse  est  déjà  sur  mon  pupitre  ,  ou  une 
nouvelle  ouverture,  ou  enlin  ce  qui  pourra  âire  le  plus 
agréable  à  la  société.  Si  le  ciel  veut  me  rendre  bientôt  la 
lianté ,  je  prouverai  aux  généreux  Anglais  que  j'apprécie 
tout  ce  qu'ils  font  pour  adoucir  mon  triste  uori. 

Votre  noble  conduite,  mon  cher  ami,  no  s'ell'acuraja- 
mais  de  mon  souvenir.  J'espère  envoyer  bieutdt  mi^s  re- 
merclinens  à  sir  Georges  Smart,  et  à  M.  Stumpll'. 
Adieu ,  Je  suis  avec  amitié  et  estime  ,  voire  ami , 

LCDWIG  VAN  BEBTQOVEN. 

P.  S.  Je  joins  ici  pour  la  société  philarmonique  l'indi- 
calion  des  mo^vemcos  dema  dernière sympboiiic,  op.  laû, 
marqué  selon  le  métronome  de  Maelzal. 

La  lettre  précédente  était  accompagnée  de  celle  qui  suit, 
également  adressée  n  M.  Moscbclès  .  par  un  des  plus  in- 
times amis  de  Beethoven,  qui  durant  sa  maladie  ,  fat  tou~ 
jours  auprès  de  lui  et  lui  prodigua  tous  sos  soins  : 

Vienne,  4  matsiSv 
Mon  cher  Moschelès, 
Ne  soyez  point  surpris  de  la  différence  de  date  qui  existe 
entre  ces  deuE  lettres;  i'ai  conservé  celle  de  Beethoven 
pendant  quelques  jours,  parce  que  le  lendemain  même 
de  celui  oQ  clic  fut  écrite,  nous  eûmes  tout  lieu  de  croire 
que  noire  grand  maître  était  près  de  sa  fin  ;  l'jnstaut  fatal 
n'est  cependant  pas  encore  arrivé,  mais  quand  vous  lirez, 
ces  lignes,  mon  bon  MoBcheléN,  notre  ami  no  sora  plus. 


5oo 

psnnï  lei  vlfani*.  Sa  dissolution  approche  rapidement,  et 
en  vérité,  nous  sommes  tous  forcés  de  souhailer  de  le  voir 
bîenlùl  délivré  de  ses  soulTraDces ,  puisqu'il  ne  resle  plus 
aucun  espoir.  On  peut  dire  que  depuis  huit  jours  il  est 
plus  semblable  il  un  cadavre  qu'à  no  homme  virant;  à 
pftiiie  ^-t-il  IsL  foKts  d«  Sain  use  queitim,  et  de  demander 
ce  d»at  il  a  besoin.  Son  étal  ssmlilB  fitra  le  (Dâmp.<  qœ 
celui  où  s'est  tronré  le  duo  d'TorcIcj  il  est  [dongé  jâns 
une  sorte  de  stupeur ,  la  tête  penchée  sur  U  poitrine  ,  ou 
les  yeux  fixés  pendant  des  heures  enlières  sur  le  même 
objet;-  il  reconnaît  rarement  ses  amis  les  plus  ialîmes, 
et  demande  le  nom  de  ceux  qui  sont  devant  lui.  Vu 
nombre  immense  de  persoQDes  vient  pour  le  voir  une 
dernière  fois;  nul  cependaot  aa  pénètre  jusqu'à  lui, 
excepté  ceux  qui  sont  assOa  oraels  pour  ne  pas  craindre 
de  tounoMter  un  homme  moux aot. 
-  Laleltr&qiMievooa'ênv>îft*^£<U>>l^pr«sqa*«olWaï 
ment  par  lui-même.  Ùè  sera  sahs  aooua  douta  sa  daralèi» 
lettre,  quo! qu'au jobrd'hui  même  il  me  lu^utiait  avec 
peine  ces  mois  :  écrire  à  sir  G.  Smart....  Stumpff.  Il  sent 
sa  fin  approcher ,  oar  hier  il  disait  à  M.  Breuni^ctàmoi: 
PtaudiU,  amici,  corruedia  fiiiita  est. 

Nou)  sommes  parvenus  à  tout  arr^inger  suivant  ses  der- 
nière» volontés,  quoiqu'il  ne  laisse  guère  que  quelques 
vieux  (neublçs  et  quelques  manuscrits.  Il  avait  commencé 
un  qutntetto  pour  instruqienaà  qordes^ct la  dixième  sjm^ 
phonie  ^ont  II  vous  parle  dans  sa  lettre  j  les  deux  premiers 
mouvemfens  Su  quintetto-  sont  entièrement  terminés  ;  il 
était  destiné  à  Diabelli'. 

Le  jour  qui  suivit  la  réception  de  votre  lettre ,  il  était 
de  très  bonue  humeur,  il  parlait  beaucoup  du  plan  de  la 
symphonie  qu'il  devait  faire  pour  la  société  philarmo- 
nique.  11  s'occupait  aussi  du  voyage  qu'il  voulait  faire  eu 
Angleterre  après  sa  gutrison ,  et  il  calculait  combien  II 
nous  fallait  pour  faire  ce  voyage  ensemble ,  le  plus  éco- 
nomiquement possible.  Hais  hélas!  te  vojrage qu'il  va  faire 
sera  d'un  plus  long  cours  que  celui  de  Londras 
il)  HircIiBDd  de  mnti^  k  yitBat. 


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5oi 

Quand  il  se  trouvait  un  peu  moins  toulTraDl ,  il  se  diïsi- 
paît  en  lisaut  les  auleurs  grecs  anciens ,  l'Odyasée  d'Uu- 
mèrc,  qui  était  son  livre  fuvori,  et  quelques  romans  de 
"Waller-ScoU.  Dès  que  voire  lettre  consolante  fut  arrivée  , 
toutes  ses  pensées  mélancoliques  et  ses  craiules  du  besoin 
fl'évaiiouireut.  Ses  fonds  étaient  Icllemeiit  diminués  dans 
les  derniers  temps,  qu'il  avait  été  forcé  de  faire  des  retrun  - 
chemeiis  à  sa  labié,  ce  qui  l'aniigeait  plus  que  tout  le 
reste.  Quelquefois  il  semblait  presque  tomber  en  enfance. 
Nous  lui  avons  uclititâ  un  grand  fauteuil  qui  nous  a  eoùl6 
5o  florins;  il  y  restait  une  heure  chaque  jour  pendant 
qu'on  arrangeait  sou  lit  et  sa  cbambre.  11  ne  veut  avoir 
que  moi  auprès  de  lui,  et  pour  le  satisfaire  j'ai  été  obligiS 
d'abaudônner  mes  leçons  cl  mes  propres  affaires,  il  faut 
que  je  goûte  le  premier  de  tout  ce  qu'il  doit  boire  ou  man- 
ger. Sur  le  reste  de  l'argent  qu'il  possède  eueore,  nous  lui 
ferons  faire  un  service  déeeut,  mais  sans  pompe,  et  nous 
déposerons  ses  restes  dans  le  cimetière  près  Dobling,  lieu 
qu'il  aimait  beaucoup. 

A  la  fm  de  1826 ,  à  votre  dernier  siljour  dans  cette  ville  , 
je  vous  parla!  de  la  situation  pécuniaire  de  Beeltioven.  Je 
ne  croyais  pas  alors  voir  arriver  sitôt  les  derniers  momcns 
de  cet  homme  respectable.  Ce  fut  le  3  décembre  dernier 
qwe  survint  la  maladie  qui  nous  l'enlève  aujourd'hui.  Il 
quitta  même  ce  jour-là  la  campagne  pour  venir  à  Vienne 
avec  son  ingrat  et  coupable  neveu.  Le  mauvais  temps  l'o- 
bligea à  passer  une  nuit  dans  une  misérable  auberge,  où  il 
fut  saisi  d'un  rliumc  si  violent  que  l'in Qammation  des 
poumons  s'ensuivit  augsitQt ,  et  il  arriva  ici  dans  un  état 
affreux.  L'inflammation  fut  à  peine  dissipée  que  l'bydro' 
pisiese  déclara;  elle  lit  des  progrès  si  rapides  que  ,  dès  le 
18  de  décembre,  il  fallut  lui  faire  l'opératibn  do  la  ponc- 
tion :  le  8  janvier  1827,  on  la  lui  fil  une  seconde  fois,  puis 
une  troisième  le  20,  et  une  quatrième  le  27  février.  Figu- 
rez-vous, mon  ami,  ce  que  doit  souQrir  Beethoven  avec 
son  caractère  impatient,  en  proie  à  une  maladie  si  dou~ 
loureuse;  la  mauvai.se  conduite  et  l'ingratitude  de  sou  plus 
proche  parent  ajoute  encore  à  ses  maux;  ses  médecius  at~ 


tribnent  la  cause  de  la  maladie'^  l'agitation 'd'«sprit ,  au 
trouble  auquel  cet  exoèllent  homme  se  trouvait  exposé 
par  suite  de  la  conduitede  son  neveu  >  et  n  son  s^our  pro. 
longéà  la  campa g;ne pendant  la  saison  des  pluies.  C'est 
encore  pour  ce  neveu  qu'il  s'exposa  à  ce  danger.  La  police 
avaitdéTendti  à  ce  jeune  homme  de  résider  dans  la  capitale. 
Beethoven  désirait  le  faire  entrer  dans  quelque  régiment  K 
Après  une  interruption  de  quelques  heures^ 
Jo  qoltte  Beethoven.  L'iosta  nt  fatal  approche,  avant 
que  cette  lettre 'soit  parvenue',  le  grand  homme  n'esialera 
plus.' Il  est  maintenant  en  pleine  connaissance.  Je  viens 
'  de  loi  couper  les  cheveux  ei-lnclus.  Je  me  hâte  de  fermer 
cette  lettre  et  je  cours  à  lut. 

Votre  tiincère  ami, 

A.  ScQIHDbER. 

BKDXibllE  lEmB  DD  CBIF  DS  HDSIQnB  SCHIHDBBk  A  H.  KOSGDBLÈS. 

Vienne,  4  tSty. 

Ayant  été  témoio  de  la  louchante  bonté  avec  laquelle 
Beethoven  s'est  souvenu  de  ses  amis ,  même  dans  ses  der- 
niers jours,  je  veux  vous  communiquer  quelques  particu- 
larités sur  sa  triste  fiu.  Ce  fut  le  a6  mars,  à  cinq  heures 
trois  quarts  du  malin ,  que  notre  immortel  ami  rendit  le 
dernier  soupir.  Depuis  le  34  jusqu'au  dernier  moment  il 
eut  un  délire  presque  contiuucl;  cepeudanl,  infmc  dans 
cette  lutte  entre  la  vie  et  la  mort,  toutes  les  Soin  qu'un  in- 
tervalle lucide  se  présentait,  il  rappelait  Icn  marques 
d'intérêt  et  de  bienveillance  qu'il  avait  reçues  de  la  nation 
auglabe.  Ses  souOrauces  oui  élé  bien  grande»  et  ses  der- 
niers jours  bien,  remarquables  ;  il  s'est  préparé  à  la  mort 
avec  une  tranquillité  digne  de  Socrate.  Je  publierai  pro- 
bablement qndgue  chose  &  oe  sujet  qui  deviendra  très 
utile  pour  son  biographe.  .  ..^ 

Leg  cérémonies  fanèbres  furent  telles  que  le  méritait  uu 

(1)  Noua  ignorons  la  nature  dei  torli  do  ce  dctgu  de'Beelbsven,  ponr' 
<Iiii  ce  graoïl  lionime  afRll  ftlt  dei  Hcrificei  de  toulè  espèce 


5o5 

si  grand  homme.  On  dit  que  trente  mille  personnes 
étaient  raisomblées  nir  les  glaois  et  dans  les  rues  par  les- 
quelles le  Gônvtii  devait  paner;  Si  vous  TonB  ,sippflles ')e- 
concours  de  peuple  réuni  dans  le  Pràt&r  pendant  le  con- 
grès devienne  en  1814  <  vous  pouvez  vous  former  une 
idée  de  ceflo  scfene  imposaole.  Huit  iiiailrcs  lit:  clia|>elle 
porlaicnt  le  drap  mortuaire  :  c'élaiciil  liyblur,  Weigl, 
J.  N,  Ilummcl  ' ,  Gyrowelz,  Seyi'ried,  et  parmi  les  treute- 
six  poricurs  de  torches,  ou  remaillait  lespoàtflsGiill^rt- 
zcr,  C.-istclti,  elles  premiers  arfiales  et  man]nftnds(-de 
musique  de  Vienne.  '      -  '  ■ 

Hier  on  a  exécuté  le  Seguiom  de  Hosart' dans  l'église' 
des  Augustina.  L'église,  quoique  geandei "-était  remplie  ; 
le  fameux  Lablache  chantait  la  lusse.  Cette  "esécution^se 
faisait  sous  la  direclion  db  la  compagnie  des  marchand» 
do  musique.  •     1     j  ■■ir.<<i* 

Vous  pouvez  considérer  votre  lettre  du'  18  -mars^oûàiBae' 
une  relique ,  car  c'e.st  la  dernière  que  Beethoven  ait  dictée 
et  signée. 

En  faisant  un  inventaire  de  ce  qu'il  a  laissé  en  meubles 
et  effets,  nousavona  trouvé .  â  notre  grande  surprise ,  d^ins 
un  coffre  âdcmi  vernionlu,  sepl  hilIcl.H  de  la  banque  d'Au- 
triche d'une  valeur  à  peu  prcs  du  1,000  livres  sterling,  et 
quelques  cunlaLtics<1<:  IU>^iIJ^  t:ii  |Ki|>li.'[-~iiioii]iai(;.  I.cseeul 
livres  sterling  s'y  trouvaient  (■galciueaf.  Depuis  celle  dt- 
couicile ,  le  eri  ^îOuéral  esl  que  llecllioven  n'avait  pas 

considère  pasquc  Beethoven,  âgé  seulement  de  cinquante-' 
six  ans  et  d'une  oonstitiition  robuste, ipouvàif  «spéris^ 
d'atteindre  un  âge  avancé  ;  que  ses  maladies  aÂl^iJt 
tellement  irrité  ses  nerfs  que  les  médecins  lui  avaient  in- 

(1)  i>ani  une  aurrc  lettre,  M.  Sclùadlcr  rapporte  que  ll<imiii<'1  ^ijani 
■Fprîs  l'état  délespérÉ  de  Beelliovca ,  vitil  du  Weimar  Viinrit ,  ii<m 
sealement  pour  voir  Deelhgven  une  derniÈie  foLi ,  mal>  pour  ae.  recuu- 
ciiier  aTBDt  si  mi>rt ,  Étant  brouillé  aieo  lui  depuis  quelque  temin.  En 
entrant  dans  la  cbanibtc  du  malade,  il  do  put  «e  coDtiaiadia.el^^aitil 
ta  larmpa;  Beelboven  lui  tcnciil  la  main,  el ce!  deux  grandi  hl)mtnç^j|é 

(>]  Vo;ci  fa  Revai  Umicalc  D~  9,  p.  j3S, 


1 


Sa4 

l«rdit  1«  trantl  pendant  qnelquea  aonéen,  et  qu'ainsi  il 
}ioiiTOit  craÎDâre  d'être  forcé  de  ehaiiger  MsbiUelslesuni 
«pris  les  autres  or  comMeB  â'ajnntes  ponvait-îl  subsister 
avec  sept  billets  de  banque?  Bref!  mon  cber  ami,  ailes 
contes  scandaleux  qu'où  fait  circuler  dans  le  public,  et 
que  les  journaux  même  ont  répétés,  se  répandent  en 
Angleterre ,  je  vous  supplie,  eu  mon  nom  et  eu  celui  du 
conseiller  de  fireuning,  de  publier  dans  quelque  journal 
les  lettres  qnevout  avez  de  lui  et  de  nioià  cesujel. 

Oa  doit  donner  dansle  cours  du  mois  un  grank  concert 
au  théâtre  du  Kamth&ertbor ,  dont  le  produit  est  deslioé 
k  faire  ériger  un  monomeîit  à  la  mémoire  de  Beethoven. 

Je  fiuis  en  vous  oâmmuniqnant  mie  singulière aoecdola. 
Hier  le  fossoyeur  de  Wahring  vient  nous  annoncer  qu'on 
lui  avait  offert,  par  une  lettre  qu'il  nous  montra,  une 
somme  de  i  ,000  florins ,  monnaie  de  convention ,  s'il  vou- 
lait déposer  la  téte  de  Beetboveu  dans  un  lieu  qu'on  dési- 
gnail.  La  police  est  avertie,  et  cliarche  les  auteurs  de  cette 
I»oposiUon. 

o  Signé,  iu  Squhdeurk. 

LsTME  DE  M.  F.  B.  âiBUCHUi  M.  Stokfff,  ALoxsau. 

Tîeoiw,  38  nurs  1837. 

Uon  cber  ami , 
H'étant  chargé  de  vous  communiquer  tout  ce  qui  pou- 
vaitarriveràl'bomme  pour  qui  vous  éprouvicE  unesi  puis- 
sante sympathie,  je  viens  encore  remplir  ma  promesse: 
mais  bélasl  c'est  poar la  demiàre Ibis.....  Beethoven  n'est 
plnsl 

Le  17  de  ce  mois ,  lorsque  je  lui  portai  votre  letite  du 

i",  je  le  trouvai  trfes  faible.  Cependant  il  fut  vivement 
ému  du  généreux  présent  (  comme  il  l'appelait)  qu'il  re- 
cevait de  Londres.  La  joie  qu'il  ressentit  de  cetévénement 
détermina  une  évacuation  naturelle  qui  lui  évita  une  cin- 
quîËme  opération  qui  était  jugée  nécessaire.  Le  pauvre 
malade  considéra  celte  crise  comme  une  preuve  de  la 
force  de  sa  constilution  ;  mais  elle  fut  sans  doute  occasion- 


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5o5 

née  ail  contraire  par  tin  coniiiicnccment  de  di^soliilion , 
c!ir  depuis  ce  moment  «rslbrccs  oiil»icn«ilileiiieiil  diiiiiiitié. 
Le  dimanche  soir  2I),  il  perdit  eonnaissancf! ,  et  le  malin 
suivant,  je  le  trouvai  luflant  contre  la  mort.  Un  médecin 
qoi  avait  p3Hsé  la  nuit  auprès  de  lui  m'assura  toutefois 
qu'il  n'épiUifvait  ^Os  alors  aucune  aensatioa.   ■     -  , 

le  tnc^ae  d'an  ^gém'^^éàSvÀ^m  PmfïfHflf  ^^^U  '^it 

coups  âe  tonnetrbV«eb6àl)Jt%A^''dè'^lftltS'.e(  de  neige.  A 
cinq  heures  trois  qâEeK^'SâïitiittvéttWtat^ïtlr  son  Ut  avec 
violence  cl  i!  expim. 

l,<'ai\-ri>'j'e  M.  Hultenbreuer  se  trOtiTà1t:{iréSeiit'î 
tel  [illVi'iix  LiiuiiLciit  ainsi  qu'un  pcintre'4i^a«isayé>dti'n- 
traccr  son  image  dans  fies  derniers  iiwtans.  '  S 

Je  n'ai  pas  besoid  4b  fous  oommént  on  re^bt  I<fl 
cMte  peMe  ht^tUaiSle';  je  ne  pot^vouB^ii»  que'  loua 
Jaî'abiiaiis  db  TlénMy^t^^^^Biifiïttiuaés^'âBptiis'Io'ilg- 
■tëmpê  atix  bfnn^énës-db  BfiOthimn',-«oiit  iHMi-«eutemeDt 
SDFiiris ,  Mais  enc)nti4>leBBâs-d6  Vt^^  ya  réclamer  le«e- 
courg  des  Anglais.'  Vn^fis  Se  ordiMeV  produit  par  l'effet 
delà  maladie,  sur  les  besoiniiqa^-poaTaitépronver,  ou  les 
conseils  d'un  ami  imprudent  Ont-ils -motivé  sa  conduite  P 
Celte  démarche  place  sous  un  jour  très  déravorable,  non- 
seulement  ceux  parmi  lesquels  itvivaitdepuistrenle^natre 
ans,  itaais  aussi ses  àmis  et  INUfemagne entière.  Il  sentait 
l[ii%i6m&cé  qn^tlfàVàit  'do^mâi  dans  sa  démarche;  car 
1oi^B0(uelfelnI  rënlis  Votre  lettre ,  Il  évita  soigoeusemeut  de 
pïfKr'de'la  Stimande  a  la  soi^iélé  ptiilarmonique,  et  il  me 
dit:  (Ils  pensent  à  l.niiiliis  <|iii:  mon  ^tat  de  maladie^ 
c'm'empediant  de  t;uiiipi.M  i ,  je  |iiiis  ma  trouver  embar- 
■  ressé.  Je  dois  toutefois  accepter  (  ce  «ont  «s  propres 
cparoles]  les  100  lirrea  quîiUi^'env.oientiiQn  pçn^  les 
€  déduire  ensuite  Sur  ■ieîp!iAB^  éi  «niuén  à^ 
«  raogem  pour  moU'ltétaéfiâe'À''bniddw-'^)w^tiu.t 
rm'éitt>i^i!rle'rËHei^%irt»&i'(tàfllqiie>cfaàse^b«É«iu<d^ 
"  que  je  serai  rétablL»  ■  '  t: -'j.^;,  i' 

Si'BeerbaV«a  tirait  dimnéifo^âttbidrd  signé 'de '|(ttïè  il 


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5o6 

l'un  lie  SCS  nombreux  amis  et  admirateurs,  ou  s'il  s'élait 
ndrcssé  à  son  prolecleur,  l'arohidoo  Rodolphe,  ou  enfin 
s'il  avait  exprimé  le  diësir  qu'içi,  àViôntm,  ,un  ,Çj}w^(rt'i^ 
donné  à  Bop  bénéfice,  plus.de-  mille  pers.oDnes  Vfn^iKafffA 
aidé  de  tout  leur  pouroir.  Vons  pouveEm'en  croire,  quand 
il  n'aurait  pu  comptci:  sur  ces  rcsaourcesi  mon  père  qui 
avait  élii  son  ami  pendant  viujjt-quaire ans,  aurait  partagé 
son  avoir  avec  lui,  et  ne  lui  aurait  jamaifi  laissé  conuattrele 
besoin.  Oui  |K)iiiiait  .'.M|ipiiser  <pie  llcclboveii,  ilotil  la  déli- 

lÈbreilouleiii'  Sl.iiidh(;nlitiiLi(;r  pareil  nui:  <;,jlni-i;i  refusait 
le  prix  de  se.s  visile.s ,  (juî  rejeta  toutes  les  ulfres  de  service 
qui  lui  furent  faîtes  par  mou  pére,  au  point  de.oi^  pas  ac- 
cepter quelques  bouteilles  de  via  vieux,  qni  nippc(>efa>» 
dia-je,  qu'il  poussa  la  dngularilé  jusqu'à  chercher 
Londres  une  assistance  dont  il  n'avait  aucun  besoin,  ,au 
moins  pour  le  moment  :  ce  qui  est  prouvé  par  la  gomme 
laissée  par  lui ,  consistant  en  billets  de  banque  de  dix  mille 
florins,  en  monnaie  de  convcnlion,  ee  qui  fait  mille  livre» 
irAni^Icterrr.  Si  muis  ajoutons  à  cela  trois  pensions  payies 
|iar  i\iLi  l.iiiii;:  Hoihilj.lLe,  le  iirinee  de  i.oljtowilx  et  le 
eumle  de  Kinsky ,  pi  oduisaiit  en  tout  sept  cent  vingt  flor., 
VOUS  pourrez  facilement  juger  que  Beethoven  Jiura|li^.y^;) 
lang-temps  à  Vienne  sans  avoir  besoin  de  seoours.. 

Le  seul  héritier  de  Scelhoven  est  son  neveu,  que  voas 
C'inuaîssez.  Sans  <'\prinier  mnn  npininn  sur  son  Compte, 
je  vous  dirai  ipir  I      l  i>i  idHi  luii.ljlié  le  teslament 

de  Beethoven  de  iii.lnll  il'  i|  L  ii  iKii—u  j  niir  seulement  des 
iutérèlSjSaus  pmnoii'  ihi  i  ,ii>il,Ll.  le  tout  dans  son 

intérêt. 

Je  puis  au  reste  vous  assurer  que  la  promptitude  avec 
laquelle  les  désirs  do  Beetho  ven  ont  été  remplis  par  vous , 
H>  Uosohelbs,  sir  George  Smart  et  la  société  philhanno- 
niqneest  parraitement  appréciée  ici.  Os  redoute  seulement 
que  celle  demande  indiscrète,  autant  que  superflue,  puisse 
faire  mal  juger  de  nos  sentimens  pour  le  grand  oompofl- 
teur  que  nous  avons  perdu. 

Beethoven  n'a  pu  satisfaire  son  désir  d'écrire  quelque 


chose  pour  vous;  maia  il  me  parlaït  souveat  de  votre 
amitié  avec  reconnaissance ,  et  il  m'assurait  que  jamais  il 
ne  se  dessaisirait  du  présent^igne  tous  lui  aviec  fait  des 
«uyres  de  Hiendel.  Ces  œuvras  forent  sa  dernière  joie. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 


Mademoiselle  fijasis  a  débuté  le  ao  de  ce  mois  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique  dans  le  rôle  de  Pamira  du  Siège 
de  Corinthe.  Une  proqonciatîoa  molle,  des  intonations 
jiisiCH,  mais  d'une  mauvaise  qualité  de  son,  quelques  traits 
bien  éxéculéR,  mais  un  plus  grand  nombre  de  défectueux^ 
de  la  faiblesse  enfin,  est  tout  ce  que  nous  avons  remarqué 
ec  elle.  Tout  en  faisant  la  part  de  l'émolîoa  qui  paraissait 
dominer  cetie  cantatrice,  nous  sommes  forcés  de  lui 
clarer  qu'elle  ne  nous  parait  pas  propre  à  briller  sur  le  - 
théâtre  de  l'Opéra.  Le  peu  d'effet  qa'elle  y  produit  prouve 
que  savoizn'est  point  assez  timbrée  pour  ce  genre  de  spec- 
tacle,qui  exige  surtout  delà  fermeté.  On  sait  que  l'iUsuf- 
fisançe  des  moyens  de  M*^  Blasis  se  fait  remarquer  même, 
au  Tfiéàtre-Ilaiien  dans  les  rôles  qui  demandent  quelque 
énergie. 

Nous  devons  signaler  quelques  négligences  dans  l'exé- 
.  cution  générale  de  l'ouvrage  à'ratle  représentation.  II  est 
Eïcheux  que  l'babilelé  du  chef  d'orohestre  ait  si  souvent 
txjDasioD  de  se  montrer  dans  les  variations  de  mouvement 
auxquels  se  livrent  continuellement  les  acteurs  et  les  . 
chœurs.  Se  persuaderaitHin  à  l'Académie  royale  de  musi- 
que qu'il  est  de  ^tt  goût  de  ne  pas  suivre  la  mesure  ? 
Quantànons,  no*avouons  que  la  musique  exécutée  ainsi 
iiouff  parait  insupportable.  Ce  reproche  ne  s'applique  point 
à' Adolphe  Nourrit,  qui'Sst  excellent  musicien,  lo^^onrs 
soigneux,  et  qui  a  chanté  supérieurement  son  air  du  troi- 
HÎèmc  acte. 

— Jamais  M"*  Pisaroni  ne  nous  avait  paru  sisublimequ'à 
la  représentation  de  Saniramide  ^e  samedi  a3.  Depuis 
son  entrée  en  scène  jusqu'à  la  fin,  ce  (ut  un  triomphe 


5o8 

continuel.  Ùa  cherclierait  en  valu  A  citer  de  préférence  vme 
scène,  un  air,  un  duo;  tout  a  été  du  plus  grand  slyle,  de 
la  pIuH  belle  mspiralion.  Quelques  sons  défectueux,  quel- 
ques traits  de  mauvais  goût  se  faisaient  encore  apercevoir 
de  temps  en  tempe  i  mais  ils  étaient  aussitât  rachetés  par 
dcB  beautés  du  premier  ordre.  AosiireDlIiousiasme  du  pn- 
'bUo  fut-il  i  noo  comble.  niiadDas -amis  jouir  loog-tempi 
d'un  aussi  beau  talent  1 

—  ï^'opéra-comique  IntEtnIé  La  petiti  apportemem, 
dont  la  mu^qofl  est  de  M.  Beitaii,  «era,  £t-on,  i^réMnié 
samedi'So. 

HOVVELLGS  ËTRANCÈRES. 
,  TLOttsm^  Théâtre  de  ta  Pergoia.  Un  nouvel  opéra,  io- 
tltidéSànatfreif  j^fjr^,  a  été  représenté  dans  cette  ville 
le  8  de  ce  mois.  La  musîque  est  d'an  jeune  composilenr 
nnmmé  Josejtfi  Peniani;  leajonmauz'italieiiseu  font  1*6- 
loge.  M.  Ferslani  s'était  déjà  fait  connaître  l'année  der- 
rière par  truis  opéras.  Savoir  Pigtia  U  mando  corne 
yiène,  i'Inimico  generaso,  et  ^Jltita;  les  deux  pre- 
miers avaient  été  représentés  à  Florence,  et  le  troisième 
ù  Parme.  M.  Persiani ,  né  à  Reconati ,  a  été  ^evé  an  col- 
lège royal  de  Naples  ,et  a  eu  pour  maître  de  eomposilion  le 
célèbre  professeur  Tritto.  Si  l'on  ajoutait  foi  aux  éloges 
<|uc  la  Gazette  de  Floeeace  donne  à  la  nouvelle  prodnctiou 
de  ce  compositeur,  ee  serait  un  chef-d'oBuvre  digno  des 
beaox  temps  de  l'école  italienne;  mais  il  y  a  toujours  k 
rabatlre  beaucoup  do  langage  entfaousiasle  des  jonma- 
llsles  italiens.  Les  principaux  cfa auteurs  étaient  Bonoldi, 
c|iic  nous  avons  vu  à  Paris,  U""  itialdotti ,  contralto,  et 
Grisi,  sopratio.  ^ 

MiLiK.  Xa  première  représentation  de  ta  Selva  d'Her- 
mamtadt,  que  nous  avons  annoncée  dans  notre  der- 
nier n* ,  a  été  très  heureuse  ;  mais  le  succès  s'est  évanoui 
aux  suivantes,  malgré  les  efforts  de  Rubiuî  et  de  Tambu- 
rini.  La  musique  de  cet  ouvrage  est  d'un  élève  du  Con- 
serva loire  de  Milan ,  nommé  Frari. 

-^L'Àiotuit  tm'bafi'azzot  de -Dontoti,  a-été  repré- 
senté sans  succès  à  Turin. 


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PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 
rKOFBSSEcii  DE  coiirostTioii  k  l'école  koiale  db  hdsiqdi, 

ir<  ai.  _  jrmLLEX  I8!i7. 


SUR  L'ANCIENNE  HCSIQUE 

Oh  remarque  pannî  les  Irlandais  on  gnAt  prononcé  pour 
la  mosiqDe,  qui  parait  tirer  Bon  origine  de  l^sUtution  dei 
liardes.  Chaque  héros,  chaque  jeune  vierge,  apprenaient 

joner  de. Ut  harpe  dans  l'aotique  Érin,  loug-temps  avant 
qqe  la  dvilisation  .eût  poli  les  mœurs  de  ses  habilaas.  A 
certaines  fStea  publiques ,  on  Taisail  passer  à  Ja  ronde  cet 
instiument  de  main  en  main,  et  tous  chantaient  à  leur 
tour  en  s'aocompagnant.  Si  quelqu'un  so  trouvait  incapa- 
ble d'en  jouer  avec  nn  certain  degré  de  perfection,  il  se 
donnait  I  comme  en  Grice»  un  ridicule  dont  la  royauté 
même  ne  mettait  pas  à  l'abri. 

Toutelois,  quoique  la  culture  de  la  musique  î6t  une 
sorte  de  passion  chez  les  Irlandais,  elle  y  était  tpute  dé 
tradition.  Il  est  ccrtaiu  qu'ils  n'avaient  inventé  aucune 
manière  de  la  nolcr.  Ce  ne  fut  que  lorsque  le  christia- 
nisme eût  péaélré  en  Irlande  que  les  prêtres  et  les  moines 
y  introduisirent  les  signes  grecs  et  latins  pour  auler  leur 
plain-chant.  Il  parait  que  les  bardes  adoptèrent  alors  une 
partie  des  accens  poétiques  pour  noter  leurs  composi- 
Uoas,  et  que  c'est  à  dater  de  ce  moment,  c'est-&-£re  vers 
44 


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I       ..  5io 
le  onzième  sîudc,  <inc  les  IrlaBiluis  ont  eu  tine  noialîon 

musicale. 

Les  Ii'landais  prtïtcii<Ient  c|tie  leiirlangiie  est  très  propre 
à  la  musique;  qiielques-iiiis  inèiiie  alGmiGiit  qu'elle  Test 
jiliis  rjii'niicmic  laiii;ije  de  riîiiropc  ,  surtout  à  cause  de  la 
[impiiélé  pailioulitre  qu'elle  a  li'tlider  lus  consonnes  Xva 
];iiis  rudes.  CeiituJant  les  écrivains  de  celle  naliaii  con- 
viennent qap,  l'air  suuvi^ge  et  extraordinaire  de  leur  an- 
cienne musique  ,  la  mettant  en  quelque  sorte  hors  du  do- 
maiue  de  l'art  i.rend  très  difficile  dq  spéoilter  en  quoi  ils  y 
trouvent  du  charme,  1 1  en  quoi  elle  diffère  de  la  musique 
des  autres  nalioiis.  Quant. à'  ses  cITels,  il  e.it  ai>;é,  selon 
eux ,  (le  la  disliiigucr  o  par  une  dnuecur  iiisîiiiinnle  qui  lui 

■  est  particulière  ,  malgré  son  air  él range,  et  qui  se  fraie 
«iuLiensiblcmeiit  une  roule  jusqu'au  cœur,  en  y  rt'pnndunt 
<  un  plaisir  exl.Uiquc  qui  faïi  vibrer  toutes  les  fibres,  (iveille 
□  la  seJisnjIlilé ,  cl  a-ilc  ou  tranquillise  Tame. .  C'est  ainsi 
qu'en  parle  ^Valkers,  dans  ses  Mémoires  historiques  sur 
ies  bardes  irlandais  :  ï  Quelque  passion,  dil-il ,  que  cette 
/musique,  veuille  exciter,  ellb  ne  manque .'j^mab  d'f 

■  réussir.  C'est  là  voix  de  la  nature ,  elle  sera  toujours  en- 
«Iqn^ue.,*^ , 

Comme  ce  liui gage  s'applique  à  l'ancienne  musique,  on 
sent  qu'il  serait  difiicile  de  le  conirediro.  Cependant  plu- 

liqiic  pour  en  si^ntir  le  mri  ilr.  On  liriit  celle  conservation 
h  la  passion  des  Iiabilans  do  l'Irlande  pour  leurs  parlicu^ 
larilés  nationales.  Ces  morceaux  sont  antérieurs  à  l'art  de 
noter  ïa  musique;  mais  les  grandes  familles,  mËme  dans 
le  dernier  .siècle,  entretenaient  dans  leurs  maisons  des 
joueurs  de  harjie,  .dont  la  mémoire  élait  le  dépositaire  des 
an'llqués  pi'élodies. 

Il  pa'ràlï  que  le  plus  ancien  de  tous  les  morceaux  est  le 
ceanaif»,  ,.oii,  .comme  on  l'appelle  communément,  le  cri 
irlandaU  Ç_Irùc&  ory).  Une  des  preuvBS  alléguées  pour 


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bon  aiili'|iiiltï ,  c'est  iju'il  se  rirrnae  obsliiiL-Qieiit  ù  tout  i\c- 
compngiicmeiil  lie  b^iShC.  Cliai|uc  province  d'Irlmule  ;i  iiii' 
ccetnan  diSérent  du  ceux  des  autres  provinces,  scluu  1b 
tlilTérciit  gtiiiie  du  jiciiplc  qui  l'iiabilc. 

Les  anciens  liluiidais,  cîe  même  (|iie  les  aiicieiiii  Ëcos~ 
sais,  cullivuient  trois  sorles  de  musique,  qui  répondaient 
Liiiï  trois  modes  que  ks  Grecs  avaient  empruntés  des  ligyii- 
lieus.  L'un  Était  propre  aux  i'iltes  publiques,  soit  pour  y 
«lever  l'ame  aux  actions  guerrières ,  soit  pour  la  disposer 
à  l'amour,  i  la  joie  ou  à  la  danse;  l'autre  s'adaptait  aux 
ci  ru  on  s  (an  ces  douloureuses,  lorsqu'ou  voulait  déplorer  la 
pcile  d'un  grand  liomme,  ou  le  mauvais  succès  d'un  héros 
malheureux.  Après  l'invasion  dos  Anglais,  les  habilaus  de 
rii'Iatide  se  bornèrent  presque  cnlièreineul  il  ce  ycnre  de 
mnsiipie.  Le  troisième  était  destiné  à  préparer  Tamc  au 
i-cpos.  Les  noms  irlandais  de  ces  trois  genres  sont  ii  peu 
près  aussi  harmonieux  quo  la  musique  clle-nn3me ,  lus 
voici  :  l' GollUeaidheaeht,  2°  Gcaiuraidfuachl,  5"  Suait- 
traidheachi. 

■  Dans  tous  les  concerts,  dit  O'Connor,  le  chaut  acconi- 
<  pagnait  la  musique  instrumentale,  et  l'ode  chuutéc  était 
■  adaptée  invariablement  aux  trois  espèces  de  musique  lié- 
aroïque,  douloureuse  ou  a.ssoupissaiile ,  ce  qui  prouve 
1  que  les  anciens  Irlandais  étaient  bien  loin  d'ûlre  étran- 
•  gcrs  au  pouvoir  que  l'Iiarmonie  a  de  diriger  ou  d'esciter 
I  les  passions  humaines.  ■ 

l'armi  les  instrnmcns  que  les  Irlandais  ont  cuUîïds  avec 
le  plus  de  suecèa,  la  harpe  lient  le  premier  rang.  Ils  en 
avaient  de  quatre  espèces;  la  première,  appelée  le  c/iii'- 
seach,  et  plus  communémcul  fiarpù  irlandaise,  est  d'mie 
antiquité  si  reculée  dans  VÈrin,  qu'elle  parait  y  être  née, 
ou  du  moins  y  avoir  été  en  usage  long-temps  avant  de  l'être 
chez  la  plupart  des  autres  nations  occïtlenlales.  Peut-Ûlre 
la  reçureat-ils,  vers  le  quatrième  siècle,  des  Sasons  qui 
vinrent  des  bord»  dolalSaIlique,et  qui  ravagèrent  les  côtes 
des  îles  britanniques  el  de  la  Gaule.  Marlianus  CapcllsL 


5ia 

pailed'wi  [nsiromeot  k  peu  près  semfilable  (jdI  m  trODTait 
entre  les  mafns  des  hordes  septentrionales  qui  envahirent 
l'empire  romain  au  cinquième  siècle.  Ou  possède  encore 
anjourd'liui  un  monument  authentique  de  la  forme  de  la 
harpe  irlandaise;  celte  harpe  est  celle  qu'on  croît  avoir 
appartenu  ik  O'Brien  ,  roi  de  rirl;mde.  Après  avoir  passé 
par  un  grand  nombre  de  mains,  elle  tomba  dans  celles 
d'un  patriote  irlandais,  nommé  William  Conyngham,  qui 
la  déposa,  en  1783 ,  au  muséum  du  collège  de  la  Trinité  à 
DubliD.  Voici  la  descri|»tioD  qu'en  donne  le  ctdgnel  Vsi^ 
luncy  (  cottectanea  de  rtbua  ffïéemitu)  : 

(  Celte  harpe  a  trente-deux  pouces  de  haut;  le  travail 
(  en  est  d'une  beauté  extraordinaire;  la  partie  sonore  est 

•  de  bois  de  chêne;  tes  deux  branches  sont  d'un  Lois  ronge; 

■  l'extrémité  de  la  branche  supérieure  est  garnie  d'une 
t  plaque  d'argent  parfaitement  ciselée.  Elle  contient  un 
(  gros  morceau  de  cristal  de  roche  incrusté  dans  l'argent; 

■  au-dessous  était  une  autre  pierre  qui  s'est  perdue.  Les 

■  boutons  ou  espèces  de  clous,  qui  ornent  des  deux  côlés 
«celte  branche ,  sont  d'argent.  Sur  la  brancha  antérieure 

■  sont  les  armes  de  la  famille  d^O'Brien ,  enchâssées  en 
<  argent.  Aux  côtés  de  cette  branche  dans  deux  cercles, 
«  on  trouve  deux  dogues  irlandais  sculptés  en  bois.  Les 

■  trous  de  la  table  où  entrent  les  cordes  sont  proprement 

■  ornés  de  cercles  de  cuivre  doré  et  gravé.  Les  qtmlre  ou- 

•  vertares  sonores  delà  table  étaient  probablement  ornées 
*eu  argent,  puisqu^ou  a  volé  ces  ornemens.  La  harpe  a 

■  vingl-huit  chevilles  et  autant  de  trous  correspondans  : 
«'elle  avait  donc  vingt-huit  cordes.  La  base  ou  l'extrémité 
«inférieure  est  brisée,  ainsi  quelesparliesauxquelleselle 

•  était  jointe.  En  tout,  cet  instrument  n&  peut  avoir  été 

■  Tonvrage  que  d'un  artiste  très  habile.  ■ 

On  prétend  qu'à  la  mort  d'O'Brien ,  l'un  de  ses  fils ,  qui 
avait  tué  son  frère,  fît  le  voyage  de  Rome  pour  obtenir 
^'absolution  de  ce  crime;  il  porta  avec  lui  la  couronne,  îa 
karpc  et  les  oinemeng  royaux  qu'il  tenait  de  son  père ,  et 


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5i3 

les  dépoiia  aux  pieds  du  pape.  jCeiiâriieirieini^ttèKiilaa 
VàtfoaB  jusqu'il  l'avènement  ds  IBeiirli"Vni.i^  X^^^ 
Aleti^iflnVl'tfAvdjiaiaAtoiy^&tiiiânaàtiiilib'tfv  - 
de  défenseur  data  foi,  mais  il  garda  la  couronne  qni  était 
d'or  massif.  On  SHEloommcht  flebri  VIII  jnsiiflà  ce  liire 
dans  !a  suite.  Ne  mettant  dès  Iom  aucun  in  U  .1  l.i  h^irpc , 
il  la  donna  an  camle  de  GlinrIclLard ,  ilaus  Ui  i.imilli:  du- 
quel elle  resta  jusqu'au  coMmeftcement  de  co  «iècle  ;  alors 
elle  passa,  par  un  mariage,  en  Irc  les  mains  de  Mac-Mabou 
de  Clouagh,  au  comté  de  Clare.  Après  sa  mort,  le  con- 
seiller Macnemarode  Limerick  en  devint  possesseur,  et 
c'est  le  chevalier  Ritph  Oilsley  d«  Idûàeiibk  qai-«la  'fltnné- . 
lrentàidtji)lbn«I  C<A>n<!Uirili:  tJiUftàt«i€liiitUB4tfân^tit>^ 
blie,et  qui  parait  ^thentique.    '  ■  -    ■     ■     ■'' ■  1 

La  harpe  irtandafse,  rcsiée  dans  h:  même  état  pendant 
pliifiieiirs  sij:cle$ ,  reçut  au  <[uinziènie  dos  ann^liorations 
consiilcrablcs  d'un  jésuite ,  nommé  Itobcrt  Piugent,  qui 
résida  quelque  temps  en  Irlande.  Ce  fut  lui  qui  joignit, 
par  une  espèce  do  boîte,  l'avant-corps  et  la  branche  siipé- 
rfeure  de  cet  instrument  qui  étaient  auparavant  séparés . 
et  qui  hiî  donna  un  double  rang  de  cordés,  afin  delà 
tendré  pfns  fa«ile  é  joùcT.  ' 

Les  tréis  anlvA  espèces  >d«  l]^«>:lrtBBdttIl0^  sDKt>>^ 
1°  leKeirhine,  ou  petite  harpe.  Ou  ci^tt  qii'dlle pbftalt , 
ce  nom,  parce  qu'elle  était  consacrée  i  Kanieioa,  sur- 
nom de  l'ApolInn  des  Irlandais  iilolàtres;  2"  le  Cionar 
cruil,  qui  n'avait  que  dis  cordos ,  et  qui  se  louchait  avec 
le  ptectrum ,  espèce  de  dé  ])ointu  que  l'on  mettait  aii 
dt>igt;  3°  le  Creamihlne  eruit,  qui  avait  aixcordes^  dont 
^flM'seiil«ai}ent  jrauvaient'éfrï  àppUébs'si^iVifAidnifuet  ,■ 
^rétàiAit  léndue*  Mr  ude  Mache'«t  iSntééaeB  pat-  ttu 
litiëValet.  lies  détuc  aOlrei  pàssbiijtit  «twiimslla  todiAc^ 
ïiVtatent  p6int  pincées  avec  lëptectn^i'  OAyniMt&èàt 
teucfa^'an  bètom  tfree  le  ^ouêeV  btfUWeMï'MtiSti^'- 
l^lèiyBl»  dd  'bdWe  ^fft  mues  ^iie^firïtai«iit«Â«â^ej|iih 
Btttrea'inlRi^.  Cet  ïnstrtmnnïty  ^I»tltiiaa8fift«iM^t 


□Igifeedby  Google 


5.4 

comme  te  pére  du  >ioloii ,  accompagnait  la  liarpc  dAus  les 
fêtes  et  festins.  C'est  du  Creamlhine  critit  que  les  Wel- 
clies  ou  Gallois  ont  fait  l'iastrumcut  «{u'ils  uunimeut 
Crwth. 

Lee  aociens  Irlandais  avaient  aussi  une  espèce  de  cor 
dont  ils  se  servaient  dans  les  cérémonies  religieuses  et 
qu'ils  snspeadaient  dans  les  CorAls  an'i  arbres  sacrés. 

Leurs  trompettes  étaient  de  cinq  espèces  :  i"  Le  Slme 
ou  Sloc,  qui  n'élait  qu'un  tube  d'airaïa  à  large  embou- 
chure ,  servant  de  porte-vuii:  sur  le  sommst'des  toun  pour 
convoquer  les  assemblées  et  prodamer  les  nouvelles  lunes, 
les  quartiers  et  les  fêtes  publiques  ;  a  '  le  Corna,  ou  trompe 
de  chasse  et  de  balaitlc;  elle  avait  la  forme  d'une  corne  de 
bœuf,  et  était  faite  de  bois,  de  corne  ou  de  cuivre  ;  3"  le 
Dwtag ,  espèce  de  clairon  ou  de  trompette  aiguë  ;  4*  le 
Gati-Trompa ,  ou  trompette  gallique ,  que  l'Irlande  em- 
proula  des  Ânglaisi  et  qui  conséquemmeut  est  plus  mo- 
derne que  les  autres;  5'  \tiBlasog  ou  couque  marine,  in- 
strument guerrier  venu  d'Écosse. 

Parmi  les  chants  nationaux  des  Irlandais,  le  Pfiarrok 
est  celui  qu'ils  affectionnaient  le  plus.  Culte  chanson, 
comme  celle  de  Roland  des  Français  ,  célébrait  les  actions 
d'un  héros  nommé  Pharroh  ou  Pharrogh,  espèce  de 
géant  dont  le  peuple  se  plaisait  à  raconter  les  aitiona  mer- 
veilleuses. Lorsque  les  troupes  se  prépvaienl  au  combat, 
un  barde  oa  01ca  la  chaulait  à  la  tète  de  l'armée.  On  re- 
trouve encora  des  Cragmens  épars  dtj  Pharroh  dans  les 
manascriU  irlandais,  mais  la  musique  en  est  eotièremaot 
perdue. 

La  musique  irlandaise  de  nos  jours  a  beaucoup  de  rap- 
ports avec  l'écossaise.  Ce  qui  y  domine  le  plus  est  un  ca- 
ractère de  mélancolie  et  de  douceur  qui  n'a  point  de  rap- 
port avec  la  musique  des  autres  peuples  de  l'Europe.  Les 
rythmes  sont  aussi  particuliers  à  ces  deux  contrées;  ils 
s'éloignent  beaucoup  des  formes  régulières  des  airs  nalio- 
nanii  français»  italieiia«t  allemaads.  '  FËTIS. 


□Igitized  tiy  Coogle 


AU  RÉDACTEXJR  DE  lA  REVUE  MUSICALE. 


'  HOn  CBEK  COLLABOBATEDR , 

Des  raisons  qtie  vous  connaissez,  et  qui  n'inléressent 
aiicuDCment  vos  lecteurs ,  m'ont  empËché  d'accompagner 
d'une  réplique  la  réponse  de  M.  do  Gesjin,  insérée  dans 
votre  n"  17  :  vous  avez  du  reste  suppléé  d'une  manière 
fort  satigHiisanle  dans  la  note  jointe  à  ladite  lettre;  jo  ne 
viens  donc  pas  m'escrimer  de  nouveau  avec  SI.  de  Gcsiia , 
je  ne  veux  répondre  que  sur  quelques  points  de  détails. 

Il  paraît  que  l'auteur  du  Cours  d'harmonie  m'a  su  peu 
de  gré  de  ma  politesse  et  des  réticences  ofiicicutieg  qui ,  de 
la  part  de  mes  ami»,  m'ont  attiré  des  reproches.  Il  m'a 
répandu  fort  civilement,  mais  comme  il  est  dit  dans  Mo- 
lière ,  ce  n'est  pas  tout  d'êlrù  civil ,  il  ne  faut  pas  sa 
metlre  à  cOlé  des  quesiions  ,  et  parler  sur  ce  qui  n'a  point 
été  dit;  aussi  je  me  contenterai  de  prier  les  personnes  qui 
liront  Ij  lettre  de  M.  de  Gesliu.  de  vouloir  bien  jeter  les 
yeux  sur  mon  article.  Une  erreur  m'est  échappée  au  sujet 
du  Tasto  solo  et  cela  m'étonne,  car  j'apporte  toujours 
une  grande  attention  dans  la  lecture  des  ouvrages  dont 
j'ai  à  rendre  compte;  ce  qui  m'aura  sans  doute  ti;ompë, 
c'est  que  dans  les  trois  exemples  donnés  par  M.  de  Geslin, 
la  pédale  est  placée  au  grave.  Je  me  condamne  sur  ce 
point  seulement;  M.  de  Geslin  m'accuse  d'avoir  jeté  des 
doutes  sur  la  honnt  foi  des  hommes  émincns  et  des  ré- 
dacteurs de  journaux  qui  lui  ont  accordé  leur  suffrage; 
cela  vient  de  ce  que  je  possède  quelques  renseignemens 
sur  ces  hommoH  éminens,  et  que  je  leur  sais  une  tcHo 
connexion  d'idées  avec  M.  de  Geslin,  qu'on  les  prendrait 
pour  d'aulres  lui-même.  M.  de  Gesliu  coDiia,lt  bien  utieux 
que  moi  ci'rlain  'personnage  éinineni  qui  a  remis  au  bu- 


5i(S 

rean  d'un  Journal  un  article  que  j'ai  entre  les  mains,  et 
que  je  ferais  imprimer  avec  celte  lelire,  si  je  ne  cralgaaU 
(le  blesser  la  modcsiic  de  l'auteur  du  Coûts  d' harmonie. 

J'ai  un  autre  reproche  &  faire  à  !U.  de  Geslin;  il  me 
traite  d'amateur  diftûi^uif  .-  plaise  à  Dieu  que  ce  titre 
m'appjirtieiine  un  jour!  Je  n'ose  prendre  celui  d'artiste, 
parce  que  cela  engage  trop ,  mais  je  tuis  bien  uné  sor^e 
d'orltMM  mutieien,  car  foici  tantôt  dix  ans  que  ,.pour 
mes  péchés  au  ceux  de  mes  ancêtres,  je  donne  dca  l^oqs 
de  solfège  et  de  chaut ,  et  si  je  n'ai  pas  formé  un  très 
f^aiiâ  nombre  de  chanteurs  et  de  sulmisalçurs ,  c'est  que 
je  me  suis  avisé  d'écrire.  A  la  vérité,  dans  mes  articles, 
j'ai  fait  quelquefois  La  besogne  de  celui  qui  voulait  blan- 
chir son  nègre  à  force  de  savou  :  c'est  tant  pis  pour  moi; 
mais  si  d^itre  perl  j'ai  oontrihué  le  moins  du  monde  à 
rtçaadrB  quelques  idée*  imiea»  le  publie,  af  4A4t  m'ep 
vouloir  H.  dS'GesUn  fait  partie  dnfHibi^, '.  , 
Agrées,  eto.  ■ .  .  ^ 

3.  ADRIEN-LAFAJ5GE. 


BIOGRAPHIE. 


ScABLATn  (le  chevalier  .//tKcanf^rs),  l'an  deshonuaes  k 
qui  l'art  musical  est  le  plus  redevable ,  naquit  A  Naples  en 
1649-  Comme  presque  tou^  les  grands  artistes,  il  mani- 
festa de  bonne  heure lesplus  heureuses dlqHHÎtioni.  Après 
'  avoir  appris  les  règles  de  Htarmonie  dans  l'une  des  écoles 
de  sa  ville  natale,  îlalla  k  Rone,  ob  Garisslmi,  le  plus 
grand  musicien  de  Tépoque,  le  prit  en  affection  ^  et  loi 
révéla  tous  les  secrets  de  son  art.  Outre  l'étude  de  la  cooip 
position ,  Scarlatti  se  livra  à  celle  de  la  harpe ,  instrument 
sur  lequel  il  acquit  une  grande  habileté.  Son  premier  opé>- 
ra,  intitulé /'OneManf^romarà,  futreprésenté,  au  eoat- 
otencraieot  de  l'année  1680,  dans  le  palais  deCbrisliue, 


reine  de  Suède,  appelé  à  Munich  peu  île  (emps  après,  il  y 
écrivit  un  opéra  el  une  cantate  pour  le  lli(?dlre  électoral; 
après  quoi  il  se  rendil  à  Vienne. 

On  croit  que  ce  fut  dans  celle  ville  qu'il  donna  Bon  opé- 
ra de  Laodicta  eBerenice,  o'a  ce  grand  musicien,  se  li- 
vrant à  tout  soc  génie,  s'alTranchil  des  iradiiions  qu'il 
avait  reçues  dans  l'école ,  et  traça  de  noiivcllearoutea  à  ses 
successeurs.  Dès  ce  moment,  on  voit  briller  dans  ses  ou- 
vrages cette  fécondité  de  chants,  ce  seuliineot  profond 
d'harmonie  ,  ce  don  d'invcDlion  ,  qui  l'ont  placé  au  pre- 
mier rang  parmi  leit  compositeurs.  Jusqu'à  lui ,  les  accom- 
pagnemens  n'avaient  fait  que  suivre  les  voix  d'une  ma- 
nière lourde  et  monotone;  et  le  chant  môme,  quoiqu'il 
ne  soit  pas  dépourvu  d'une  sorte  de  grâce  dans  les  ouvra- 
ges d'hommes  supérieurs,  tels  que  Carissimi  on  Luili, 
itail  cependant  empi-eint  d'une  teinte  uniforme  qui  pro- 
voquait l'ennui,  Scarlatii,  saisissant  habilement  les  situa- 
tions, donna  à  ses  airs  des  internions  plus  dramatiques  et 
des  mouvemens  plus  variés.  Abandonnant  la  marche  syl- 
labiquc  du  chant,  qui  avait  éléeu  usage  jusqu'alors,  il  fit 
entendre  ces  phrases  liées  et  vocalisées  qu'on  n'avait  point 
"'in'  lui)  et  qu'on  peut  regarder  comme  l'ori- 


bcoles  de  chant  qui  s'établin 


is  aprtsen 


Italie.  Scarlatli  donna  aussi  le  premier  exemple  du  retour 
à  la  phrase  principale  après  la  deuxième  partie  des  airs. 
On  dit  que  celte  innovation  parut  pour  la  première  foig 
dans  sa  Teodora,  jouée  en  1693.  Enfin  jusqu'à  lui  le  ré- 
citatif n'avait  eu  d'autre  accompagnement  que  la  basse 
qui  le  soutenait  sans  inlerruplion  :  Scarlalli  y  introduisit 
l'orchestre,  coupa  les  Iransitions  par  des  rilourneilus,  et 
donna  naissance  à  ce  qu'on  appelle  improprement  ie  ré- 
citatif obligé.  A  l'égard  de  l'accompagnement  dfs  airs, 
chœurs ,  duos ,  etc. ,  au  lieu  de  leur  faire  suivre  le  chant 
en  harmonie  plaquée ,  il  leur  donna  un  dessein  particu- 
lier, lorsqu'il  le  jugea  convenable,  et,  parleur  vivacité,  évi- 
ta la  langueur  et  la  monotonie.  Les  symphonies  d'opéra, 
que  nous  nommons  ouverlurM ,  avaient  été  négligées  par 
les  compositeurs  italiens,  au  point  que  celles  de  Lulli 
45 


éi8 

étalent  les  seules  qu'on  Joiiât  à  toutes  leurs  pièces  :  Scar- 
lattj  les  bannit  sans  retour  des  théâtres  d'Italie ,  par  U 
grâce  et  le  brillant  de  celleB  qu'il  leur  substitua. 

Ce  fait  BB  rattache  à  un  autre  bien  remarquable,  que 
voici  :  tes  opéras  de  Landini,  de  Cavalli,  et  de  LuUj 
avaient  élé  faits  dans  le  même  système;  1«  récitatif  de  ce 
.dernier  avait  une  .marche  anàlogtïe  à  oelui'de  Carissitm; 
enfinll  n'y  avait  qu'une  senle  espèce  de'  mnsiqae  dramall- 
<|ue  :  on  aurait  pu  la  nommer  celle  du  siècle.  Uais  à  Scar- 
latti  commence  la  dîstinctioD  dcmiuiqttc  itaiienne  et  de 
muaiqw  française,  di§tinction  qui  subsielp  encore,  et 
qui  se  perpétuera  probablement.  Soit  impuissance  de  la 
part  des  succestieurs  de  Lulli,  soit  à  cause  des  obstacles  du 
langage,  l'école  française  ne  put  suivre  l'italienne  dans 
ses  progrès.  Néanmoins ,  la  vanité  nationale  fit  croire  aux 
Français  que  leur  musique  éult  préférable  &  celle  des  ul- 
tnuDonlains ,  et  les  dlspales  sur  eestjet  ne  tardèceut  point 
à  cotumencer  (  Voyez  lc%  écrits  de  Le  Cerf  de  la  VleuvïHc 
et  de  Raguenet  )':  elles  durent  encore. 

La  plupart  des  opéras  de  ScarlatU  furent  composés 
pour  le  théâtre  de  Rome ,  oii  il  était  revenu  vers  169a.  Le 
dernier  qu'il  y  fit  représenter,  intitulé  Grisetda,  fut  joué 
en  1731.  Voici  la  liste  de  ceux  que  nous  conoaissoné: 
V  L'onestanegt'amore,  Rome,  16S0;  2"  Laodiceae  Bé- 
rénice, 3°  Theodora,  lôgS;  4'  ^'irro  e  Demetrto,  Na- 
plésj  1694;  5*  H  prigionierc  Superéo,  Naples,  t6gg; 
6*  Le  nozzc  cifi  nomieoi  7°  H  MitridaU  Eupatonj 
8*  It  Figtio  dette  setve  (  excellent  )  ;  9*  Triotkfo  dHia 
Uberta,  Venise,  1707;  10'  H  Medo  [admirable);  ifCi- 
roriconosciulo,  Rome,  171a;  ia°  Carto  re  d' AUamagna, 
Kaples,  1716;  (5- refemaco,  Rome ,  1718;  i^-Jttitio 
Regoio,  Rome,  1719;  iS'  H  Tito  Semp.  Gracco,  Rome, 
15*0;  16°  Tumo  dricino,  Rome,  ijao;  ij"  LaPria- 
eipessa  Fedete,  Rome,  i^^o  ;  ib°  La  Didone  aétando- 
nata'f  19°  GriseUta,  Rome,  1731;  ao'  La  Caduta  dei 
DêcemvtrifJi^pioat  i^aS.  Ses  oratorios  les  plusconnus 
60Dt  :  1*  '//  powso  di  S.  Giovmmi  ,  eon  vioUni  e  vioU  ; 
a*  Sancta  Thtodotia,  con  TioUnî;  9*jCa  tpota 


5i9 

cri  cantici  a  4  voci,  con  stromenli.  Ce  dernier  est  un 

chef-d'œuvre  d'expression  el  d'élégance. 

Uu  descaraclèrendistinclirsdii  talent  de  Scarbtti  est  une 
fécooditÉ  inépuisable;  car  outre  les  ouvrages  qu'on  vient 
de  citer,  un  conuatt  de  lui  une  quantité  prodigieuse  de 
morceaux  da  camcra ,  et  de  musique  sacrée ,  genres  dans 
lesquels  il  excellait.  Oo  sait  que  Jomelli  considérait  sa  mu- 
sique d'église  comme  la  meilleure  qu'il  connût.  Ses  mes- 
ses sont,  dit-on,  au  nombre  de  plus  de  deux  cents.  Un 
Napolitain  dit  à  Quantz,  habile  flùlisle  allemand,  qu'il 
possédait  près  de  quatre  ceiils  morceaux  composés  par  ce 
maître.  Ses  cantates  sont  célèbres  :  on  en  tmuve  plusieurs 
centaines  réunies  en  huit  volumes  dan5i  la  bibliothèque  de 
l'école  royale  de  Paris.  Durante  a  arrangé  en  duos  eelloB 
qui  sont  accompagnées  seulement  de  la  basse  continue. 
On  trouve  dans  les  archives  du  collège  royal  do  musique, 
à  Naples,  plusieurs  volumes  de  la  main  de  Scarlalti ,  con- 
tenant ;  1°  Slemealo,  domine,  à  4  voix,  sans  accomps' 
gnemenl;  ■^°  Slahat  a  a  voci,  COn  due  violini  e  viola; 
3°  Antifona  a  8  rmli  in  a  cori:  Tu  es  Petrusj  4°  Cria- 
toavocedi  basso;  5-  Serenala  a  iivocî  per  rjU  Sponzati 
del  Principe  di  Stiglîano,  ijaS;  6°  Atlre  due  Serenate 
a  5  voci;  7°  Madrigale  a  duc  canti  :  questo  Silenzio 
ombroso ,  divisa  in  qualtro  duelti,  sensa  atronmnti; 
8°  Primo  e  sceondo  libro  di  Toccate  per  cembalo.  On  a 
publié  à  Londres  en  1730,  G  concerli  ecciesiaslici ,  ce 
sont  des  motels  à  deux  trois  et  quatre  voix,  avec  violons. 
Le  père  Martini  a  inséré  dans  la  deuxième  partie  de  son 
Essai  fondamental  de  contrepoinl  fugué  le  madrigal  de 
Scarlntli  :  cor  mio  dch  non  languire,  pour  4  voix  de  so- 
prani  et  contr'allo,  morceau  admirable  pour  l'élégance 
des  dispositions  et  te  sentiment  profond  d'harmonie  qui  y 
régnent. 

Non  moins  recommandable  comme  professeur  que 
comme  compositeur,  Scarlatti,  qui  déjà  avait  été  fait  che- 
valier et  maître  de  la  chapelle  royale  de  Naples,  fut  appelé 
à  diriger  les  conservatoires  de  S.  Onofrio  dH  poveri  di 
Ciesu  Cristi ,  et  de  Lorette.  li  y  forma  un  grand  uombrfi 


5ao  ' 

d'élèves  du  premier  ordre,  parmi  lesquels  on  remarque 
lonRIit)  Domeuico  Scarlalti,  Pet^olëse  ,  Léo,  Dorante  et 
Basse ,  Burnommé  ilSassone.  Partageant  son  temps  entre 
lés  devoirs  de  ses  places  et  la  composition,  il  continua 
d'écrire  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Quaniz  le  vit  à  Naples  en 
jjaS;  il  composait  cacore  ponrl'églîse ,  el  jouait  fbrl  bien 
de  la  harpe ,  malgré  sou  grand  âge.  Il  mourut  le  a4  octo- 
bre de  la  même  année,  et  fut  inhumé  dans  la  chapelle  des 
PUarmoniti  Patatim  de  l'égliie  des.Cannu  de  ttoole- 
^BDtoae.  On  voit  sur  son  tombeau  une  épitaphe  bànora-' 
ble  oh  l'on  trouve  les  dates  précises  de  sa  DabianccL'  et  de 
sa'  mort  :  elle  a  été  rapportée  dansle  volume  des  musioiQi» 
de  la  BwgraphiadegiiuominiiUustridetregtunUifa' 
Naples,  pelit  în-fol.  ).  LeporlraitdeScarlaUi 

a  été  gravé  dans  le  même  ouvrage,  d'après  eeloi  qne  So- 
limene  a'peint. 


NOUTELLES  DE  PARIS. 

ACADEMIE  ROTALE  DE  HUSIQDE. 
^rtmirt  rfiprcseiifalion  i>e  '^adti^^  ' 

Oriut  EH  IBOIS  1CIB8  , 

finrsiQUB  DE  M.  CHBLABD. 

Bien  n'est  moins  certain  que  FeStet  d'un  onnAgs  dra- 
matique ;  le  plos  faabtle  ^  trompe.  On  a  va  cent  fins  des 
pièces  sur  lesquelles  on  fondait  de  grandes  espérances 
tomber  à  plat,  on  n'obtenir  qu'un  succès  médiocre  ;  d'an- 
tres, sur  lesquelles  ou  ne  comptait  pas,  allaient  aux  nues, 
et  procuraient  à  leurs  auteurs  glaire  et  profit.  C'est  surtout 
A  l'Opéra  qu'il  est  difficile  de  prévoir  les  chances  favorables 
on  contraim  do  la  re^wésen talion.  Ujr  a  si  loin  de  la  cou- 
«eption  dq  plan  du  pàèrae  à  l'effet  général  des  scènes ,  de 
faimasiqne,  des  dames,  des  dâcMations,  de 'cet  ensemble 


cidDtul  jcpiî  procure  ou  le  snocbi  ou  ht  chute  I  Tel  K^t , 
^ui  otttB  âne  apparence  -de  force  dcamatique,  n'eat.tjae 
Maie ,  monotone  ou  teponuant-.  Ce  n'est  (iu'a.ni  répéta 
lions  géuécidcs  qu'on  eommence  à  juger  de  l'e^t  ;.  encore 
celle  épreuve  a'est-elle  pas  totqo.urs  sAre  ;  car  la  cbata  de 
ta  Lqmpc  MetveUictiK  pai:ais8ait  inévitable  la  veille  de  U 
première  représentalion. 

Ce  que  je  viens  de  dire  peut  servir  d'excuse  à  l'auteur  dit 
poème  de  Macbeth,  qu'on,  a  représenté  à  l'Opéra,  le  39 
juin.  Séduit  par  quelques  scènes  admirables  de  Shakes- 
peare, il  a  cru  qu'on  pouvait  faire  passer  dans  noire  langue 
une  partie  des  beautés  de  l'original;  cette  épreuve  avait 
é\é  leulée  sauH  succès  par  Ducis ,  dans  une  tragédie  qu'on 
joue  au  Théalre-Français  ;  l'auleur  de  l'opéra  nouveau 
n'a  pas  été  plus  heureux.  Comme  son  devancier  il  a  voulu, 
débarrasser  le  sujet  de  scènes  qui,  dans  la  pièce  du  poète- 
anglais,  ont  une  teinte  si  originale,  et  contribuent  si  puis- 
samment à  la  variété  ,  mais  qui,  dans  nos  idées,  passent 
pour  des  trjivialitég ,  et  il  ne  s'est  pas  aperçu  qji'en  ne  coif-. 
servant  que  les  rituations  pnUicipales,  Il  ne  pourrait  éviter 
la  monotonie  et  le  froid.  Nos  auteurs  veulent  du  roma'u- 
tisine,  mais  arrangé  à  leur  manière,  et  no  peuvent  aborder 
franchement  les  choses  hardies  avec  toutes  leurs  consé- 
quences; il  eu  résulte  que  nous  n'avons  que  des  producr 
lions  bâtardes  qui  ne  sont  ni  raisonnables,  ni  piquantes. 
Certes,  la  scène  du  portier  de  Macbeth  aurait  fait  un 
meilleur  effet  dans  l'opéra  nouveau  que  le  vide  d'action 
qui  s'y  fait  remarquer  dan,s  la  plus  grande  partie,  et  le 
musi^n.y  aujrail  trouvé  des  moyens  de  variété.  Il  pa- 
rait éyldent  qu'on  n'çt  yodIu  conserver  de  la  .pifaoe 
gîaale  que  trois  scèneS'  princtpalcs  :  celle  des  sorcières, 
celle  où  Haoheth  est  .poussé  par  sa  femme  à  assassiner 
Duncan ,  et  celle  .du  somnambulisme.  Chaque  acte  roule 
sur  une  de  ces  scèpes  ;  cela  pouvait  suffire,  si  elles  eussent 
été  bien  amenées;  mais  l'encadrement  est  précisément  la 
partie  laible.  La  scène  des  sorcières,  qui  est  au  commen- 
cement du  premier  acte,  produit  trop  d'effet  pour  que  le 
reste  ne  soit  pas  froid  et  dénué  d'it4.1érët.  Le  second,  acte,, 


5i2 

qui  est  d'une  longueur  désespérante ,  quoique  déoué  d'In- 
térêt ,  ne  présente  la  seine  de  rassassinat  qu'A  ta  Sd  «t 
éetie  soène  est  elle-mfinie  mal  fitile.  Quant  ft  celte' du  som- 
nambullsnie ,  elle  perd  tout  son  effet  par  la  pràence-dD 
cbcBur.  Ce  chœur  était ,  je  le  sais ,  tiécessaire  pour  la  mu- 
sique ;  mais  ce  n'est  pas  moins  un  mallieur  pour  l'ouvrage; 
car  pour  qu'une  semblable  scène  produise' son  efiïict  soH 
possible,  il  faut  une  solitude  absolue.  Il  7  a  dans  l'opéra 
de  MacéetA  beauconp  d'autres  dé&nts  'de  contexture 
mais  je  les  abandonne  pour  passer  à  l'examen  de  la  mu-, 
tique. 

Le  compositeur,  H.  Ghtdard,  sorti  des  classes  du  Coni 
ferratoire,  coaronqé  à  Ilnstitul,  et  penstonsatre  do  gou- 
vemcmenl  à  Rome,  était  venu,  comme  tant  d'autres, 
languir  dansTobscurité  d'un  orchestre  à  son  retour  d'Italie, 
par  suite  du  synlème  de  prohibition  qu'on  s'efTorce  de 
maintenir  en  France  contre  la  musique,  tandfs  que  le 
vaudeville  et  le  mélodrame  trouvent  de  nombreux  protec- 
teurs. Dixans s'étaient  écoulés depuisque  M,  Chelard  avait 
revu  sa  patrie,  et  il  n'avait  pu  trouver  l'occasion  de  ira- 
vailler  pour  un  théâtre  français,  de  se  faire  entendre ,  ni 
même  de  se  rendre  compte  de  ses  Ihcultés.  Il  n'avait  pu, 
par  des  essais  but  de  légers  opéras  comiques ,  se  fï^ooner 
Insensiblement  i  Texpérlence  dramatique.  Cependant 
l'homme  le  plus  heureusement  organisé  ne  peut  se  passer 
de  cette  expérience  qu'on  n'acquiert  qu'à  ses  dépens,  Blo- 
^art  avait  fait  Ludo  Stila  et  MithridaU  avant  d'écrire 
Don  Juan  et  tes  Noces  de  Figaro;  Rossihî  préluda  à  ses 
chefs-d'œuvre  par  ta  C(aniiate  di  Matrimonio  et  par 
VBquiv4tio  ,»travagant6i  certes  on  n'eftt  pu  deviner  la 
destinée  de  ces  deux  grands  artistes  à  ces  faibles  produc- 
ttonS)  mais  elles  furent  pour  eux  des  leçons  dent  its  surent 
profiler.  Au  liëu  de  cela  il  fiiut,  après  des  dégoàls  faits 
poul"  glacer  l'imagination  la  plus  ardente,  que  M.  Cbelard 
débute  par  un  ouvrage  imuieuse  sur  notre  premier  théâtre 
lyrique:  il  faut  en  convenir,  ces  circonstances  ne  lui  étaient 
pas  favorables;  s'il  en  a  triomphé,  il  en  a  d'autant  plus  de 
mérite  ;  s'il  n'a  surmonté  qu'une  partie  des.  obstacles ,  oa 


□Igitizedby  Coogli: 


523 

doit  lui  tenir  compte  de  ce  qu'il  a  fait  de  bien,  et  attendra 
pour  le  juger  définitivement  qu'il  ait  l'occaBion  de  mettre 
à  profit  les  observations  qu'il  aura  faites  sur  bou  premier 
ouvrage. 

Il  suffit  du  plaa  lége*  examen  pour  se  convaincre  que 
H.  Chelard  s'est  proposé  avaut  toutes  choses  de  s'écarter 
autant  qu'il  le  pourrait  de  la  route  nouvelle  et  de  la 
musique  à  U  mode.  Il  a  voulu  ne  prendre  pour  guide 
que  son  sujet,  et  chercher  des  effets  qui  y.  fussent  ana- 
logues, U  a  eu  moins  en  wie  de  faire  de  la  musiqae 
agréable-  que  de  trouver  des  effets  dramatiques  et  vrais- 
Ce  plan ,  qui  lui  a  réussi  dans  plusieurs  endroits ,  |'a  égarâ 
dans  d'autres.  Son  ouverture,  qui  est  établie  sur  deux 
motifs  de  Boa  opéra,  savoir  une  marche  du  second. acte 
pour  l'introduction,  et  le  chœur  final  du  troisième  pour 
l'allégro,  est  d'un  dessein  lai^e  et  d'un  bel  effet.  Un  trait 
de  cet  allégro,  ou  les  inslrumeus  de  cuivre  plaquent  l'bar- 
monie  itaccato,  est  à  peu  près,  le  seul  de  tout  l'opéra  de 
Macbeth  qui  soit  empreint  de  Rossinisme.  Le  chœur  qui 
■uit  l'ouverture  est  d'un  beau  caractère,  et  a  produit 
beaucoup  d'effet.  La  scÈne  suivante,  où  Douglas  engage 
les  soldats  à  le  suivre  ponr  aller  à  la  recherche  de  Mac- 
beth, a  le  défaut  d'être  d'une  couleur  trop  uniforme  avec 
ce  premier  chœur,  et  le  chant  de  Douglas  me  semble  un 
peu  vagne. 

La  troisième  scène  du  premier  acte ,  qui  est  celle  des 
sorcières,  ne  me  parait  mériter  que  des.  éloges.  Celte 
■cène,  la  meilleure  de  l'ouvrage,  se  distingue  par  unçi 
énergie  remarquable .  par  une  couleur  très  convenable,  et 
par  des  dispositions  du  plus  bel  effet.  Le  public  l'a  beau- 
coup applaudie;  mais  elle  aurait  encore  plus  de  succès  si 
la  voix  de  mademoiselle  Jawureck  n'était  pas  insufSsanle, 
et  si  mademoiselle  Quincy  ne  chantait  pas  faux. 

La  musique  ne  me  parait  pas  peindre  heureusement  la 
situation  pénible  d,e  Macbeth  à  son  arrivée  en  scène;  il  a 
trop  l'air  de  se  promener.  L'air  qu'il  chimie  après  que  les 
•orcîères  lui  ont  annoncé  qu'il  sera  roi ,  est  monolooe  et 
Manque  de  force.  Je  sais  qu'ilesi  difficile  de  faire  chaolet 


Démis;  maïs  M.  Cbelard  pouvait  mettre  l'iutértt  dans 
rtirchettre^  et  donner  au  chanteur  on  air  de  mouvement 
BjUaUqne  qai.nwait  bien  «qnvenu  h  la  elttuiiea. 

I4  dernière  scène  eut  d'un  bon  eflÈI;  le  cfaant  dn-ro»- 
dé&u  de  Douglas  manque  on  peu  de  nonveanté,  mais  il 
eit  gracieux  et  bîAi  iOBlninenté.  Le  choeur  qui  le  soit' 
a>ir»t  fait  plut  d'effet  s'H  n^y  avait  éu  plusieurs  fluclaa- 
tioBB  dtfmouTe^enB  entre  lea  chorisles  et  l'orchestre. 

PlnsieuH  airs  de  danse  du  seçpnd  acte  sont  fort  bien 
atraugés;  Us  ont  pour  motifs  des  thèmes  écossais,  bien 
chcnris  et  bien  instrumentés.  Mais  c'est  dans  cet  acte  tfxuç 
se  trouvent  lescaiiiesprincîpidBsdu  froid  qui  b'^  r^odq 
BifT  l'ouvmge.  Llabaenoe  de'moieeaMK  d^ftaseaible,  ta  tn^ 
grande  quantité  d«  récilatirsj  dêBlongaenrs  tans  oigot,  «t 
des  situations  dont  on  pouvait  tirer  parti,  et  qai  ne  sont 
qu'indiquées  par  le  poète  et  par  le  musicien ,  ont  fait  que 
cet  acie ,  qui  est  toujours  le  plus  imparlant  d'un  ouvrage , 
a  été  sans  effet.  Si  M.  Chelard  n'avait  pas  eu  l'inexpérience 
dont  j'ai  parlé ,  il  aurait  exigé  de  son  poèle  la  suppression 
de  ces  danses  interrompues  au  commencement  de  l'acte  ; 
il  n'aurait  point  fait  sortir  Macbeth  et  sa  femme  après  leur 
duo;  il  auràit  au  contraire  ùdt  Venir  Danean  et  sa  oour; 
la  danse'  aurait  seHlement  commencé  alom.  An  Iten  du 
long  récItatU  de  Duncan  et  de  Tair  de  M»*  Cintl ,  il  aurait 
développé  la  situation  de  la  bénédiction  dans  un  morceau 
d'ensemble  avec  ohœur.  Cet  air  de  H"'  Cinli,  malgré  la 
pureté  de  isa  voix  et'Ie  charme  de  l'exécution  de  M.  Bailiot , 
n'est  qu'une  espèce  de  confbat  entre  le  chant  et  l'instru- 
ment querfen  ne  motive,  et  qui  fait  un  mauvais  effet  dans 
Une  Bitaalion  ob  il  se  trouve  tant  de  monde  sur  la  scène. 
£a  feiiant  de  ta  situation  de  la  bénédiction  l'objet  prin- 
cipal de  la  situation,  on  aurqit  eu  un  effet  louchant  qui 
aurait  fourni  Ime  bonn;e  opposition  avec  la  scène  suivante. 

Quoiqu'il  ibit  nécessaire  d'avoir  des  préparations  pour 
une  résolution  aussi  terrible  que  celle  d'assassiner  un  roi, 
un  vieillard,  sans  défense,  néanmoins  le  duo  de  Macbeth 
et  de  sa  femme  est  trop  long;  et  malheureusement  on  y 
trouve  plus  de  cris  que  de  véritable  funse  d'tiarmonic.  Mais 


□Igilized  by  Googic 


,  ,5a5 

(^wt  Miitoat'aprèKraaaaHlDatds  Donoan  que  H.  Ghelutt'. 
devait  exiger  iï»  son  poÈte  nn.  Rnale  qui  lui  aurait  fourt^ 
de  grande»  ressources.  L'efrr<H  du  choeur  fuyant  devant' 
les  Borcières  ;  un  violent  orage ,  mille  moyens  étaiënt  ofn 
ferts  peur  terminer  cet  acte  avec  vigueur';  au  lieu  de  cela, 
H.  Chelard  n'a  qu'une  rîtournello  pour  faire  sor[ir  Mac- 
beth, et  l'acte  finit  sani  que  lo  public  s'en  doute.  Je  pré- 
sume qne.c'eitun  effet  qu'il  a  voulu  produire, .Bl;,que  c'est 

deHefii'qn*iL  s'est' 41oIgA  di  Uroate  ordfnslee)  ouù 
qnaàd  on  évile  dlem^yer  des  tnojcoB.  dont  l'effet  £sl 
eoann,  U  fkut  q&c  ce  rail  pour  en  produire  de  plus  grandi: 
or  ce  n'eM  pas  le  cas  ici. 

ta  scène  principale  du  troisième  acte  est  cellQ  du  som- 
nambulisme ;g 'ai  déjà  dil  ce  que  je  pense  de  la  manière  dont 
elle  est  disposée;  mais  le  fiU-elte  autrement,  est41  Ifien 
certain  qu'elle  serait  farorabte  à  la-musiquef  J*  ne  1« 
pense  pas.  Ces  mots  entrecoupés,  cette  pantomime,  sos- 
ceptlbies  d'un  grand  efièt  dans  une  tragédie,*  ù  le rAle  eM 
confié  à  àn  acteur  habile,  doivent  perdre  de  leur  car^ot^ 
s'ils  deviennent  le  motif  d'un  air,  Jp  ne  concevrais  f  e^t 
de  cette  scène  que  si  on  la  traitait  en  mélodrame,  c'est- 
à-dire  si  l'orchestre  seul  chantait,  et  était  interrompu  par 
des  phrases  parlées.  Peut-être  cette  innovation  serait-elle 
trouvée  trop  forte  à  l'Opéra.  .  , 

Le  chceur  final  du  troisième  &cte  est  fort  iMaa'etKait 
QtAlierla  maoière'lritijrre  doatia  j^àëe'se  temUne.  En 
somme ,  le  mosiaiena  &it  Jirèuve  d'ub  jraad  ju&ile  dans 
cet  èuvrage:  (ft  y  trouve  beaucoup  d'intentioiDy  dramatl* 
ques,  des  formes  pures,  et  une  instrumentation  généra- 
lement bonne.  Hais  tout  en  rendant  justice  au  talent  réel 
de  M.  Chelard,  qu'il  me  soit  permis  de  lui  faire  remaiqi^er 
les  défauts  qui  m'ont  paru  le  plus  sensibles  daUs  sa  ma- 
nière. Ou  désirerait  dans  ses  mélodies  plus  de  charme, 
plus  d'abandon ,  plus  de  nouveauté.  Elles  sont  eu  général 
peu  favorables  aux  chanteurs  et  ne  les  font  pas  briller,  et 
c'est  nn  très  grand  mal  à  l'époque  aotùeUe.  Une  des  causes 
ifi  ladUSoulté  qne  ttrésententanif  voixles  ohanti  de  9.  Cité-. 
lard ,  o'Mt  Texcès  de  recherche  de  son  hunumïe.  Bn  Toar^ 


5a6 

lant  éviter  la  monotooie  par  dea  modulatioDH ,  des  enhar- 
monie! et  des  cadences  d'û^otuw  trop  multipliées,  on 
tombe  dans  un  excès  contraire  au  déf^t  de  variété ,  et  cet 
excès  amène  bien  pluiAt  la  fàtfgue ,  outre  qu'il  rend  l'exé- 
cution beaucoup  plus  difficile.  Je  ne  doute  pas  qne  H.  Che- 
lard  n'ait  fait  Uii-mème  ces  remarques,  et  qu'elles  ne  lui 
soient  profitables  pour  son  premier  ouvrage. 

L'exécution  de  Blacbetb  a  été  généralement  iâible.  U  y 
a  en  en  pluslewvendnrïts  de  nacertîlude  dana  l'orchestre 
et  beaucoup  d'iotonatîons&ussessnr  le  thé&tre.  H"*  Cinti, 
H"*  Dabadte  «t  Adolphe  Nonnit  ont  bien  chanté;  Dèrivi» 
a  moins  crié  qu'à  l'ordinaire  ;  mais  le  reste  a  &é  peu  satis- 
bisant.  On  dtera  probaUement  àb  seconde  réprésenta- 
tion une'partie  delà  danse,  dontlly  abeaucoup-trop;  mais 
on  conservera  sans  doute  le  pas  dansé  d'une  manière  ra- 
lissante  par  M"'  Montessu,  et  la.PyrrIque  qui  est  d'an  bel 
effet.  Les  décorations ,  et  pailïculiirementcdie  da  second 
acte,  sont  d'un  beleSet. 

F&XIS. 


KOUVEILES  DES  PAYS  ÉTRANGERS. 

BcBLiR ,  16  juin.  On  a  donné  le  29  du  mois  dernier ,  à 
l'occasion  du  mariage  du  prince  Charles  ,  troisième  fils  du 
roi  avec  la  princesse  Marie  de  Saxe-Weimar,  la  première 
représentation  A'jignèsde  Hohenstaufen,  c'est-à-dire  du 
premitnr  acte  de  cet  opéra ,  dont  les  deux  autres  n'ont  pu 
être  terminés  par  le  mudden  H.  Spontini.  Le  poème  qiû 
est  dûà  un  auteur  distingué,  promet  de  l'intérêt  et  de  la 
poérie.  Plnsieurs  situations  sobt  musicales  et  la  couleur 
héroïque  de  l'ouvrage  permet  au  musicien  d'y  déployer 
des  teintes  riches  et  Tories,  Les  principaux  personnages 
sont  :  l'empereur  Henri  VI,  Henri  de  Brunsivick.,  fils  do 
Henri-le-Lion  ,  Agnès  fîlle  dn  oomle  de  P&Itz,  ctle  roi 
de  France  Philippe- Auguste.  Quant  à  la  musique ,  si  l'on 
e'en  rapporte  à  quelques  journaux  de  Berlin,  l'auteur  est 
parvenu  à  rendre  admirablement  le  contraste  des  musiques 


5a7 

française  et  aUemande  da  moyen  âge;  toatefbi*  les  avis 

Sont  fori  partagés  sur  le  mérfie  de  cette  compo^bli. 
Nous  nous  burnous,  pour  le  moment,  &  signaler  le  QOmbnï 
et  la  nature  des  morceaux  qui  composent  ce  premier  acte. 

L'ouverture ,  pour  laquelle  le  musicien  a  écrit  une  iu- 
troduction  nouvelle,  est  faite  avec  un  atlt;£;rii  ili:  Miitoii, 
d^à  utilisé  dans  Nurmahal.  Depuis  ce  morccnu ,  jiis(|ii'au 
finale,  on  compte  six  airs  seuls  ou  avec  cliccurs,  deux  duos, 
dont  l'un  pour  deux  lénora,  ra|ipelle  le  prunier  de  la 
yestatCf  et  un  <[a&tnor.  Le  finale,  où  H^d^eloppê-uift 
situation  très  forte,  est  un  des  plus  bruyans  que  H.Spon- 
tini  ait  écrit:  il  est  de  nalurc  k  épuiser  les  forces  des 
chanleurii  ci  ik.s  itislriiuicn  tilles,  lin  airenjiint  qu'il  uclitvo 
les  deux  anlrcs  acii.'s ,  ci:  <;oin])ositi:[ir,  dont  la  saiilé  est 
alleréc .  est  ailu  i:rcndrc  les  canx  de  Bohême  et  les  bains 
de  mer.  "         ■  .    ■  *■ 

M"^  CjtaKini  ne  trouvant  pas  loi  de  troupie-Italieinne 
a  fait  à  peu  près  à  elle  seule  les  frais  et  l'intérêt  d'un 
concert  quon  a  appelé  Sfyniramii,  et,  le  7  du  courant, 
oettecantatrice  a  chanté  en  costume  des  morceaux  du  tous 
les  auteurs,  parmi  lesqueb  nous  nous  rappelons  les  noms 
de  Righlni,  de  Nauman,  de  Porlogallo  et  de  Bossini.  Elle 
a  m  secondée  dans  deui  ou  trois  morceaux  par  des  clian- 
leiirs  allemands  ;  on  avait  façonné  pour  celte  fois  le  chœur 
de. l'Opéraàchanterrilalien,eiron a  trouvé, qu'en  raison 
du  peu  de  temps  qu'on  avait  eu  ponr  Iselte  étude,  le  ré^ 
■  aullat  était  salisfiiïaant.  Gonune  on  ne  pouvait  se  procurer 
là  partition  de  tous  les  morceaux  que  M*"  Catalan!  voulait 
chanler  dans  cepasticcio  d'une  nouvelle  espèce ,  les  partie* 
d'orchestre  ont  élë  reslituÉes  par  un  musicien  nommé 
Calcara,  d'après  de»  accompagnemcns  de  piano.  Les 
dilettanti  de  Berlin,  qui  n'ont  paa  souvent  l'occasion  d'eu- 
tendre  de  telles  choses,  se  sont  montrés  asses  satisfaits, 
et  M"  Catalani  promet  pour  un  de  ces  jours  un  extrait  de 
représentation  duméme  genre,  d'un  opéra  de  JEftt&rû^ate, 
dont  rauteurn'est  pas  indiqué.  On  cite  de  cette  caplatrice 
lie  mot  suivant  nir  Ill'**Sontag:£Me  ul  grande  daiu  ta» 
gtmn,  moU tongewretU  trop  petit. 


5»8 

NoiUBonunesdaDala  taiBon  des  voya^  pour  les  aifiales. 

Ou  en  compte  plusieu»  qui  ant  paru  ou  vont  paraître  sur 
les  tbéâtrcs  île  Berliu.  Parmi  les  premiers,  oa  remarque 
M'"  Schechner  qui  vient  de  Vienne  et  qui  est  engagée  à 
Munich  pour  remplacer  M"  Wesperman.  Slle  a  déjà  rempli 
à  la  salisfaction  générale  plusieurs  rdlea ,  dans  lesquels  on 
cite  ceui  de  Dame  itonefte  et  d'Agathe  de  Freidshûtz. 
On  trouve  dans  U"' Schechner  nue  manière  pttis  allemande 
qu'îUtlienne,  une  voix-puce  et  bien  timbrée ,  et  beaucoup. 
dewuiiUUté. 

Le  a  oe  mois,  M"*  Sontag  a  obtenu  le  plus  grand  ano- 
cë>  dap>  le  rôle  de  la  comtesse  de  Xenia  j  du  petit  opéra 
de  ta  VieiUe,  qui  a  été  traduit  en  allemand  et  représeuté 
au  théâtre  de  Kœnigstadt. 

Elbbsfbld.  La  fêle  musicale  des  bords  du  Rhin ,  qui 
avait  été  célébrée  l'année  passée  à  Dusfieldorf ,  a  eu  lieu 
celte  année  dans  notre  ville,  à  la  Pentecôte.  L'autorité  n'a- 
vait rien  négligé  pour  contribuer  à  attirer  les  amateurs,  et 
i'oD  avait  Â  cet  effet  terminé  plurienrs  routes  pour  faciliter 
la  circulation  des  ToitureB.La£tlea  duré  dem  jours;  on  a 
remarqué  parmi  les  morceaux  qui  y  ont  étéexéculés,  le  Fa- 
rad» perdu,  nouvel  oratorio,  musique  de  Fr.  Schneider, 
qui  a  produit  beaucoup  d'eflfet,  la  première  hymuc  de  la 
nouvelle  graod'messe  de  Beethoven,  la  cinquième  sym- 
pbonie  de  Beethoven  en  ut  mineur,  et  les  ouvertures  de 
D.  Juan  de  Mozart,  eti'Oieron  de  C.  M-  de  Weber  : 
celle-ci  a  été  unanimement  redemandée.  Le  nombre  des 
symphonisles  était  de  i3o,  et  celtii  des  chanteurs,  de  aoo. 


EXTRAIT  DU  54'  NUMÉRO  DE  L'eARMONICON  , 
jonuàL  Dt  inniQtat  ucuis. 


Dans  te  mois  de  mars  1826 ,  nous  avons  puUié  un  ar- 
ri  té  du  comité  de  l'académie  royale  de  musique,  dan»  le- 
quel il  était  dit  que  :  •  De  fortes  ohargcs  conln  l'honneur 


k  de  Bochsa  ayant  élé  imprimées  et  publiées ,  les  membrei 
,  du  comité  croyaient  de  leur  devoir  de  lui  demander 
.quelles  mesurés  il  prendrait  pour  réfatcr  ces  accusa- 
it lions  »  U  lie  répondit  pas  au  comité  en  alfcsiant  la  faus- 
seté de  ces  fâcheuses  imputations  ,  mais  il  annonça  sa 
résolutio»  d'inlenler  un  procès  aux  auteurs  de  ces  écnls. 
Il  fut  alors  prié  de  suspendre  ses  fonctions  à  Tacaflémic 
jusou'au  résultat  connu  de  son  procès. 

PrÈs  de  dix  mois  après  celle  suspension,  lloclisa  forma 
une  plainte  en  calomnie  contre  les  propriétaires  du  the 
Examiner  et  du  Sujiclay-Monilor ,  journaux  hebdoma- 
daires. Mais  aucun  éclairciasemeul  satisfaisant  ne  rt^ulta 
des  plaidoiries,  parce  que  Boclisa,  par  des  raisons  que 
lai  seui  pouvait  apprécier ,  préféra  procéder  par  accusa- 
tion. Par  là  il  était  seulement  tenu  de  prouver  ([ue  cer- 
Uincs  expressions  oulrageanles  avaient  été  employées 
dans  les  feuilles  en  question ,  pour  obtenir  un  jugement. 
Au  lieu  d'opérer  sa  réitilégration  dans  la  place  de  profes- 
seur à  l'académie  royale  de  musique ,  et  de  se  laver  de 
roulrage  qu'il  avait  reçu  ,  Boclisa  ,  par  celte  étrange  con- 
duite ,  n'a  fait  que  bûler  sa  démission  définitive. 
Voici  l'extrait  de  L'arrêté  du  comité  : 
»  Assemblée  des  directeurs  et  membres  du  comité  de 
.l'académie  royale  de  musique,  26  avril  1837  : 
(  Le  comte  de  Searborough ,  président. 
<  Présens  :  le  comte  de  Scarborougb  ;  le  comte  Howe  ; 
€sir  James  Laugham ,  baronnet ,  etc. 

«A  été  résolu  que  la  ^destitution  de  M.  Bochsa  de  tout 
■  emploi  a  l'académie  royale,  de  musique  élait  confirmée 
>et  arrêtée.  > 

Signé.  H.  WatU  ,  secrétaire. 


ANNONCES. 


MUSICIENS  CÉLÈBRES, 


Cette  collection  sera  accompagnée  de  fae  timiU  de 
l'écriture  et  de  la  notation  musicale  des  Artistes  les 
plus  renommés,  et  de  notices  biographiques  sur  les 
compositeurs,  chanteurs  et  inslmmentistes  qaî  s'y 
trouveront  réunis; 

rtOVBSSBVK  DE  GOIDOsmOB  1,  l'ËCOU  BOTiLI  Ut  HVBIQIIB  , 
■nuoTBlciiu  BDiiÉai  friBLiuiMm, 

Prospectn». 

li  Intérêt  <]ai  dent  l'atlacber  ï  b  Galfiê  du  Uiukiau  eUiirm  lèmlla 
da  ga&t  qu'oa  i  généralement  pour  cet  art  et  de  u  Culture  qui  ae  répind 
«haipie  joar  darantgge.  On  est  ardiDairement  curieux  de  connaltie  lei 
traits  de)  grands  miliret  qaî  noas  OQt  procuré  de  douces  joniiiancei,  oa 
de  lu  revoir  quand  on  les  a  counni. 

Haû  on  portrûl  u'a  de  valeur  qu'intaot  qu'on  peut  compter  lor  la 
fidfliti  de  la  rtuemblaace.  Hdu)  espéroiu  que  le  KiiD  qui  préside  oidî- 
nilrement  k  uta  IraTtai  sera  une  garantie  de  celui  que  noua  meltmiu  à 
■atlifairB  i  cette  condition  de  uotre  entreprise.  Il  faut  de  plus  qne  l'cii- 
cnliOB  dn  dénia  toit  aalisFaiiinte  ;  noua  ne  faisoDi  pi^l  de  pmmeneili 
oet^rd;  te. public  jugera  par  ce  qu'il  Terra. 

Fonriatiabire  lacuriosité  qu'cicitenl  les  hommes céltbiea, il  nktufflt 
pu  de  la  reprèaentatiou  ciacic  de  leurs  iraiis,  on  veut  oconaltre  «nid 
le»  cniDonitancCi  importantes  de  leur  rie,  de  teura  étndei  et  de  lenn  Ira- 
van  z.  lïodi  dOfona  qae  nos  rcchercLes  conatantea  sur  cet  objet  DOW 
mènent  i  mimedeulUiiiie  les  amateurs,  et  nousespèroni  que  let  no- 
ticei dont nonaaooODpigoarons  nos  portraits  ne  laisseront  rien  tdédrer. 
LkCaMtdbtabu&teMeWirH  sera  publiée  par  liniîwiu  ^ns  coa- 


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5St 

âiodrant  quatre  feitnSui,  fonut  gnod  In-lbl.t  >um  A  Jitui  tHim , 
arec  nn  (M  deiu  ^  fà»!*  er  Ud*  fènUlM  de  telle ,  imprimèi  en  cuw 
Un*  Deolï  de  Dtdot. 
L'oDvrafe  entier  te  compoier^'da  (rmfa  finraimiw.  Il  éa  penltra  ■« 

•Le  piemlferaltTralioD  paraîtra  le  I S  foAt  procluliii 

Lb  prix  de  «htqae  lïTruBon  e>t  fixé  1  doaie  fanaê,  Los  ezempUite* 
•nr  pépier  de  Chine  ae  paieniat  rîngt  fraao. 

On  ne  /mû  rim  ifinwnM.  ^  '  ' 

11  niffit ,  pour  Ctre  compte  comme  somcripteur,  de  M  faire  inio^te  t 
l*niM  de*  idreHei  (oiTanta,  ei|  dtiignant  le  nombre  d'eMm(A(drea;poiir 
lequel  on  TCat  aonicrfret  la  qaalité  dn  papier,  et  b  Deo  olileillfidiona 
demnt  lire  adteMtee.  ,  . 

On  Miucrit  A  Façlt,  ehei  HU.  lee  ^ditean,  qoù  Voltdie,  n*  ii;  Ftti*, 
me  Honthobn,  n°  i4s  Cbullan-PotreUc ,  'rue  Salnt-Honorèj  n*  i4o; 
Santelet  et  comp*,  place  de  la  Bonrief  Hanrioe  Sobleainger,  édîtenrde 
mnd^e,  nie  de  Bicbelïeo  ,n*  97;LangInmi,  impiimenc-lithi^nFhe  ■ 
me  de  rAbbejB ,  d°  S. 


Adolphe  Hiné ,  Ëintairie  pour  piano  et  vioIonoellB  >  op. 
36:4&.  Soc 
AdolpheJ&ié,  métiiode de  contrebasse  ; 6 &. 
Dito,  D^tb'ode  de  vlolonoelle  dédiée  à  H.  Baudiot  : 

Dito,  &iitaïsie  pour  piano  et  cor  ou  violon  :  4  fr.  5oo. 

Giuliani,  méthode  de  guitare,  ornée  du  portrait  de  l'an- 
teur  :  9  fr. 

Sor(Fer(l.),  vingt-quidre  étades  dédiées  à  ses  élèves 
pour  guitare  :  13  fr. 

Sohnabel,  quintette  pour  guitare,  deux  violons,  alto  et 
basse  :  7  fr.  5o  o. 

Gaîlloa,  quatrième  &ntairie  pour  flAle  et  piano  :  4  fr- 
So  cent. 

Field,  nocturne  en  quatuor  pour  gnitarei  flûte,  haut- 
bois, cor  ou  basson  :  3  ït  . 


53a 

nickinans,  fantaisie  pour  le  basson  sar  la  romancA  te 

Ilirondeltes ,  Je  Panserou,  avec  accompagaemeDt  de 
piano  :  6  fr. ,  avec  acconipagnemenl  de  quatuor  :  6  fr.  ; 
ensemble  :  7  fr,  5o  c. 

Karr,  trois  Tintaisies  sur  la  Batelière  de  Jadia,  sur 
Adieu,  Cotin,  au  revoir.  Mon  Carnaval.  Chaqua: 
4  fr.  5o  o. 

Dito ,  la  Pensée,  nocturne  à  quatre  mains  ;  4  fr.  5a  e. 
Boccberini ,  deux  sonates  pour  basse  :  3  fr. 

A.  Paris,  au  magasin  de  musique  de  A<  HelsaoniiJdr, 
boulevard  Monlmarlre,  n*  3S. 

Le  troisième  cabier  de  l'Écho  lyrique  vient  de  pa- 
raître ;  il  se  compose  d'une  romance  inédile  de  Weber, 
La  mèreauiierecau  deson  fils;  une  romance  de  Al.  Grast, 
De  tes  iteaux  yeux,  et  d'un  très  beau  duo  de  Paciiii , 
chanté  par  H""  Paata  à  Saplcs,  dans  l'opéra  de  Nioùé.  Le 
prix  de  l'abonne  ment,  pour  l'année,  est  de  95  fr.,  et  l'on 
recevra,  franco,  de  70  à  $ofr.  de  musique. 

On  s'abonne,  à  Paria,  chez  Paolni,  éditenr  de  touslea 
opéras  dé  Rossinï ,  boulevard  des  Italiens,  n*  ii,  el  à 
nëve.chez  M  .  Grast. 

Le  Hussard  de  Fetsheim,  vaudeville  en  trois  actes,  pa- 
roles de  MU.  St.-Hilaïre,  Dupeuty  et  de  Villeneuve.  Qua- 
tuor final,  comiraaé  et  arrangé  pour  le  forté-piano  par 
A.  Adam.  Prix  :  4  fr-  5o  0. ,  à  Paria ,  chez  A.  Petit ,  succes- 
seur de  M.  Ch.  LafiSlté,  à  U  Lyre  moderne ,  rue  Vivienne, 
n*  6,  au  coinde  la  grande  galerie. 

Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  dédié  à 
U.  Uennechet,  secrétaire  delà  chambre  du  roi,  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  compoiiË  par  J.  L.  H.  Turbri, 
œuv.  ig.  Prix  :  5  fr.,  à  Paris,  chez  l'auteur,  rue  Bourbon- 
Villeneuve,  n*  35,  el  chez  Pacini,  compositeur  et  éditeur 
de  musique,  boulevard  IlaHen,  ■>*  11. 


PUBLIÉE  PAR  M.  tÈXfS, 

nonumM  m  coMMunon  a  t'icotm  iot^u  hb  hdsiqvk, 
BT  inutrraAuin     cm  «runuiMiin.       .  . 

•  ■ 


EXAMEN  DE  L'ETAT  ACTUEL  DE  LA  MUSIQUE 


■  ■      V  ■  ■ 

FRAMCE. 

On  vu  liaii*  un  des  numéros  précédeni'  quelles  furent, 
tes  diverses  révoluUoiis  de  l'instruction  musicale  en  France, 
et  particulièrement  du  Conservatoire.  Bien  que  celteécole 
ne  fioil  pas  ai^ourd'faui  dans  I|état  de  splendeur  où  elle 
fut  autre/ois, .  néanmoins  elle  O0Ve  encore  de  grandes 
ressources  qui,  d'un  instant  i  l'autre,  peuvent  deveitir 
productives ,  et  qui  n'atteâdent  gue  des  circonstances  fa- 
vorables. Les  virtuoses  en  tout  genris  qpi  sont  fortîs  du 
Conservàtiiire,  et  les  professeurs  qui  les  ont  fimnés  sont 
encore  debout  ;  la  j  eunesse  actuelle  n'est  pas  mctns  l^vo- 
risée  de  la  nature  que  celle  qui  l'a  précédée.  Il  ne  s'agit 
donc  que  de  faire  renaître  l'émulation,  et  l'on  retrouvera 
k.s  beaux  jours  de  celle  ticole  célËbre. 

.  On  ne  peut  nier  d'ailleurs  que  l'instiuot  musical  delà 
nation  se  perfectionne.  Les  essais  multipliés  de  méthodes 

(i)  Voyeth  Heuit  Uuiicale.  n"  18 ,  page  4SS  et  iiMt. 


K  -  :  -    .  554         , .  ^   .>  1  • .  - 

t)uiivi':lleH  d'eusfiigiiemurit  unt  popularisé,  dans  les  classen 
les  molli»  lurliiiiée!! ,  les  iiuttoii»  pieniièrcit  de  l'art.  Si  ces 
inétliodcs  nu  réalisent  p^s  tuut-à-fait  les  brillanles  pro- 
messes de  leur><  inventeurs,  elles  ont  du  moins  pour  ré- 
sultat de  faire  naître  le  désir  d'une  instruction  plus  forte , 
lit  d(j  disposer  les  orguues  à  la  recevoir.  J'ai  déjà  parlé*  deh 
écoles  parlieuliëres  de  Galin  et  de  ses  successeurs  ,  de 
Itl.  Rlassîmiiio^et  de  M.  Paatou.  Mais  outre  ces  établtsse- 
mwiii,  qui  ne  tirent  letir  esistenco^uc-da  Z^le  ou  du  la- 
lent  de  lours  fondateium ,  il  en  est  d'autres  que  le  gouver- 
nemétit  ou  les  communes  e  litre  lien  ne  nt  ou  protègent  : 
telle  est  f  iiistilutioii  royatc  de  mttstque  retigieuse,  diri- 
gée-par  M.  Choron,  telle  est  l'école  primaire  de  M. 'Wilhelm, 
telles  soot  les  succursales  de  l'école  royale  que  M.  le  vi- 
eOmic  de  Laroehcroucault  a  inslltiii^es  ou  améliorées  dans 
les  déparlemeiiïi. 

L'institulion  de  musirjue  religieuse  n'eut  point  d'abord 
'Na  destination  actuelle  ni  le  nom  qu'elle  porte  aujour' 
d'hui  :  fta  fondation  remonte  à  181?.  M.  Choron,  qui  en 
conçut  le- plaa,  ue  voulut  en  faire  qu'une  éeole  primaire, 
destinée  à  essayer  l'instruction  musicale  sur  des  enfans  en 
bas  âge,  et  ce  fut  pour  cet  objet  qu'il  traça  le  plan  de  sa 

'  tnÉtfwde  BOnùerlante  qui,  depuiit,  a  Olé  adoptée  par  loulcs 
tes  écoles  des  déparlemeus.  Tlus  tard,  raffaiblissemenl 
progressif  des  choiurs  de  l'Opéra  et  du  Ihdâtre  l-'cydeau  lit 
songer  sérieusement  à  arrêter  le  mal  ,  en  IcVir  fournissant 
de  nouveaux  sujets,  et  M.  Choron  fut  chargé  en  même 
temps  de  la  recherche  des  choristes  et  de  leur  enseigne- 
ment. Plein  de  ztle,  d'ardeur  et  de  dévouement ,  il  u'bé- 
Hita  pas  à  parcourir  la  France  pour  trouver  les  volt  dont 
un  manquait,  et  le  succès  couronna  son  entreprise.  Des 

-  Iiasses-tallleii  formidables  arrivèrent  de  la' Picardie,  des 
hauiet-COntrM  à'uae  étendue  prodigieuse  furent  fournies 
par  les  environs  de  Toulouse ,  et  ce  qui  fut  plus  singulier, 
les  grossiers  paysans  ou  les  ouvriers  quî  possédaient  ces 
voix  extraordinaires  se  trouvèrent  prêts  en  peu  de  mois  à 

(i)  Vojrei  It  UevM  ftfMif(flte,ii"  a,  p.  49-*6' 


535 

chanter  les  chœurs  si  difficiles  d'Olympis;  l'ciaclilude  et 
l'ansemble  de  leur  eiéciuion  frappÈrent  d'éloniieménl 

imliDL-,  ll.iih  U  ililllriilli',  ili;  la  ilisri j,l im^  ,riuic 

école  parmi  des  hommes  dépourvDs  d'édiicalioii  et  linbi- 
tiiés.jk.la  liberlé  des  champs  et  des  ateliers,  fit'  renoncer 
l'autdrîtë  Bupérîeurc  à  ce'mode  de  recrutement.  Les  cho- 
ristes de  l'écolq  de  H.-Choron  furent  réparti!)  dans  nos.. di- 
vers théâtres ,  on  dans  leB  pBToissBsdela  capitale. 

M.  Ghoron,  qui  avait  eu  l'oeeasion  su  i  fliivaliiurc. 
qu'il  ne  BufBt  pas  d'une  belle  voix  pour  iVn-c.  un  (  Ii.uiI'mh', 
et  qu'on  ne  parvient  à  en  forninr  que  fii-^  i  l  mie-  Idu- 
gues  auiqiielICR  les  ndullcs  sonl  pi'ii  ili'-pn-i'-.  |ii  (ipo-;,i 
se  cliarger  de  IVducalioii  itiusît^iiu  ti'iLii  ce^t^iiit  iiiiniiii'i; 
d'eDfans  choisis ,  qui  pourraient  préisentcr  aux  llié;itri:s  ly- 
riques des  reHsources  pour  l'aveniri  Son  offre  fut.aoceptée. 
Outre  les  avantages  qu'on  pouvait  se  promettre,  pouril'ave- 
iiir  de  l'essai  de  M.  Choron,  il  devait  avoir  un  autrS'i^ 
siilt.it  inniii'i  iiili^ressaiil,  celui  de  réfioudro  la  question 
eiK  iij  !■  (  !■.(■  (In  iiiirriliic  itc  vuix  sortent  pleines  et 
Mjiiijii  ■■  «le  la  iiiaLiiiic  di:  ki  iitiiu  sur  lui  nombre  d'eillîini 
donné,  eu  supposant  ijue  le  régime  le  plus  salutaire  soil 
suivi  dans  les  diverses  périodeii  de  celle  maladie. 
'  H.  Choron  mit  dans  le  clioii  des  sujets  tout  le  soin 
qu'un  oljet  aussi  important  exigeait.  11  ne  s'allaclia  pas 
moins  à  rendre  leur  éducation  pari'aiie,  et  à  développer  eu 
eux  un  sentiment  musical  très  délicat.  Un  convient  que, 
' 'sous  ce  rapport,  on  ne  peut  mieux  faire  ;  mais  il  aurai  L  fallu, 
pour  ipie  rexiii-rieui^c  fût  décisive.  i|iiVlli'  fi'll  fuite  sur 
i  eut    iiiLHvidii>^  .lu  moins:  inanieiu-en-enien I   des  iiiuiif!! 

i|iiiènii!  do  ee  niinihi  e  .  et  l'expérience  a  prouvé  que  celui 
des  eafans  qui  perdent  tot.ilcuient  leilrvoix  dans  la  mue, 
ou  quin'en  conservent  que  de  défèotueuses-,  e*t St  fionsidé- 
rablei  que  la  quotité  de  pensiotmaires'conRés  A  U  dfrec- 
(ion  de'H.  Choi'on  ne  pouvait^démief  que'de/foibles  r^ 
.stlllâts^. 'TdOfoiiiHi'?'itteo' dif  ««onrcSS  si'  bortiées  , 'tin 
ofttenti'-plUS'qU'il'Ii'étaïl'pGiMis'dB  l'osfiAl'er,' i^Àir  (itittw 


550 

ilH.  Uiipriii  5irati  et  M"  Oapré  qu'on  a  entendiu  avec 
plaisir  au  théâtre  de  l'Odépn,  et  M"*  Dotti  qui.  R.fiv  de 
bnltauB  >ucois  SOT  les  tbéâtuei  d'Italif  et  de  Visapc^  immiTt 
tes  joaiaBUX  étraogiere  nous  l'ont  apprit*  ii,  ClttMmi.'A 
fbrmé  de  jeuDCs  artistes  pleins  d'enthousiasme  et  de  go<Ut 
qui  sont  devenus  d'excellens  protesseurs  et  qui  portent 
dans  le  monde  la  tradition  d'un  bon  sentimeat  musical. 

Depuis  environ  deux  ans  et  demi ,  l'école  de  M.  Choron 
a  été  transformée  par  M,  le  vicomte  de  I.arochefoucault  en 
une  institution  royale  de  musique  religieuse,  et  l'ou  ne 
peut  qu'applaudir  à  cette  direction  donnée  à  un  établisse- 
ment qfie  l'obligation  de  fournir  promptement  des  sojeta 
aoxtbMtreB  détruisait  jouruellement;  U,  ChgroaAWDtf 
que  le  notobre  de  ses  pensionnaires  ne  serait  jammis  aaw 
considérable  pour  arriver  par  eux  setils  k  de  grands  rén 
^ullats  ;  il  ne  les  a  considérés  que  comme  le  noyau  d'une 
plus  grande  réunion ,  et  a  trouvé  des  leNSOurces  où 
personne  ne  se  serait  avisé  d'aller  les  chercher  :  dans  le* 
écoles  de  charité  de  son  arrondissement.  Ce  sont,  pour  la 
plupart,  ces  enfuns  indigeos  iju'il  a  façonnés  eu  peu  de 
temps  à  l'exécution  surprenante  de  ces  exercices  qui  ont 
fait  cette  année  l'admiration  des  artistes  et  de  la  bonne 
société.  M'eût-il  fait  que  ce  bien  dans  toute  sa  vte*  Stt  Ouh 
ron  m^tteralt  les  éloges  et  la  reconuaissance  dMWifl  de 
l'art,  car  «n  faisant  passer  dans  le  peuple  une  waéti<^ 
ration  de  geCit  et  la  connaisvnce  des  principes  de  la  mu- 
sique, il  a  attaqué  dans  sa  source  le  défaut  d'éducation 
musicale  qui  s'est  trop  fait  remarquer  en  France  jusqu'à  ce 
jour.  L'avenir  seul  pourra  faire  connatire  toute  l'impor- 
tance des  travaux  de  M.  Choron  à  cet  égard. 

Des  essais  non  moins  iutéressans  ont  été  faits  par 
m.  'Wilhelm,  professeur  de  musique  &  Paris,  pour  popu- 
lariser le»  notions  de  cet  art  au  moyen  d'une'  Af^ïOitfNHi 
des  procédas  de  l'enseignement  mutuel.  Des  ej^^Moeti 
ûitea  en  grand»  sur  plusienn  œntajnçB  d'enfous  rtoois 
dans  les  écoies  de  Itle  ÇaÎQt-l^uis  et  40  Saint-<fe«uD-4fl- 
Ueuuvais,  ont  donné  les  résultat»  les  fijlos  aatirialsans.  Plu- 
sieurs rapports  faits  par  uae  coimiissipn  spécîfite  h  1^ 


□Igilizedby 


55? 

SieUtt  pour  t*  pefftcttonnemtnt  de,  i'ejueigtujnent  ité- 
mêntaire  et  au  miaistrc  de  l'intérieur,  ont  constaté  le* 
araolagM  de  la  méthode  de  H.  Wiihelm,  laquelle  a  été 
adoptée. 

LeseffbrtBtentéspour  la  propagation  de  l'éducation  mu- 
■ioale  aa  h  borpent  point  k  Paris  Holenunt}  les  déport»* 
lOMiMB'eiiriabfiMDtehaqBejoard'doelaaquI^Bi  ollOTMWt 
eneouragéea  et  bien  dirigéei,  changerwit  eoinpiftieiiient 

l'état  de  la  musique  en  France  d'ici  à  vingt  an*.  D^à  des 
Huccursalcs  de  l'école  royale  de  musique  oat  été  étaUfat  ' 
dans  plusieurs  villes,  par  les  soins  deM.  de  Larochefinieaull^ 
notamment  à  Lille  et  à  TfHjlouse;  d'autre*  ville*,  telles  qao. 
Douai,  Caen,  j^bbefUl^,  Hsont  imposées  elles-mémea  pour 
«Toir  des  éoolai  du^néme  genre;  d'autres  enfin  suivront 
tnenl&t  leur  exemple.  Do  jeunes  professeurs  instruits , 
sortis  de  l'école  royale ,  de  l'inslitution  de  M.  Choron  et 
des  autres  établissemens  de  Paris  s'élablissent  dans  les  dé- 
partemensety  propagent  les  perfectionnemensde  méthode 
qui  ont  été  essayés  depuis  dix  ans.  Les  sociétés  pfailarmbr 
niques  se  multiplient,  et  avec  elles  les  amateurs  propres  & 
entier  dans  ta  composilioa  des  orchestres.  Il  ne  manque 
pim  auxvillee  principales  que d'appliquer  leurs  ressources 
k  la  musique  d'église ,  car  c'est  par  l'église  que  l'iostinct 
à»  cet  ait  natt  et  se  développe  dans  le  peuple  avec  1«  pios 
de  IbrM.  J'ai  d^à  eu  l'oocasioa  de  faire  cette  remarqua 
plusieurs  fois. 

Le  Ihé&tre  n'offre  pas  un  aspect  aussi  satisfaisant  que 
tes  autres  intititulions  musicales;  un  appauvrissement 
progressif  .SB  manifeste  depuis  plusieurs  années',  etdevieot 
tel  qu'un  est  iiicuacé  d'une  disette  absolue  de  si^etl.  Los 
directeurs  d'entreprises  dramatiques^  les  oorrespondass 
de  théâtres  éprouvent  beaucoup  d'eivbarras  pour  feniar 
les  troupes  au  r^nouvellenient-de  l'année  tbMtrale.  ,La 
«spltaloméme  se  resBenld^&detietappaavvisseiiiaitt,  fit 
lei  lliéAlreB  ds  l'Opéra-Comiqueet  da  l'Odém)  ne  peaven). 
se  recruter  qu'avw  peiae-  De  là,  l'augraentalion  prodi^ 
gieusedesappoîniemeos  deaMteorsietla  ruiné  des  ontre- 
ppites.  La-cQvédiefitrapérapr^sealaatdcs  videsefi-a^ns 


558 

daas  leurs  cadres;  la  première  n'exisle  même  plus,  he 
vaudeville,  le  déplorable  vaudeville,  seul  se  soutient.  Où 
s'arrSlera  ce  mal  trËs  conxidérable?  Il  csl  difficile  de  le 
prévoir.  Si  l'on  en  connaissait  bien  la  source ,  il  serait 
peat-étre  pmsible  d'y  apporter  quelque  remède  ;  mais  elle 
a  échappé  jusqu'ici  auxiomligatioRB  des  hommes  les  plus 
experU  en  cette  matière.  Ne  aerait-oe 'point  qu'à  mesure 
qne  la  société  se  perfectionne ,  que  la  raison  se  ibrb'Ge  «t 
que  l'ordre  s'établit ,  les  hommes  nés  dans  une  classé 
éclairée  règlent  mieux  l'usage  de  leurs  passions,  et  quë 
celles-ci  sont  moins  fougueuses?  Ce  qui  pourrait/ faire 
admettre  cette  idée,  c'est  qu'on  ne  voit  plus  aujourd'hui 
d'acteurs  qui  embrassent  la  carrière  dramatique  par  un 
penchant  irrésistible ,  qui  est  presque.^ou jours  le  signe  dli 
talent  naturel;  aujourd'hui  ceux  qui  se  destinent  à  cet  étal 
le  font  par  spéculation ,  et  calculent  d'al>ord  les  avantages 
qnl  doivent  en  résulter  pour  leur  fortune.  On  sent  qoellê 
énorme  différence  il  doityavoirentreles  uns  et  les  autres: 
Plus  j'j  réfléchis,  plus  il  me  semble  que  telle  est  la  source 
de  la  médiocrité  de  nos  acteurs. 

Mais  si  l'inspiration  improvise  les  acteurs .  les  chauteurs 
ne  se  font  que  pardeloagues  études.  Ici  l'éducation  appli- 
quée &  de  belles  voix  peut  suppléer  au  talent  naturel;  ce 
talent  ne  peut  même  se  reconnaître  qu'après  que  ces 
mêmes  études  lui  ont  donné  les  moyens  de  se  montrer.  A 
défaut  d'acteurs  remarquahles ,  nous  pouvons  donc  aroir 
de'bons  chanteurs,  et  l'opéra  bien  chanté  peut  nous  con^ 
soler  de  n'avoir  plus  do  comédie.' La  recherche  des  v'oïx, 
etuneédu(5ation  soignée  pour  ceux  qaE  les  possèdent,  voilik 
ce  qui  est  en  notre  pouvoir;  j'insiste  encore  pour  qnel'au'> 
torité  porte  ses  vues  sur  cet  objet  importent  :  c'est  le  seid 
espoir  qui  nous  reste.  •*■/■•.' 

'Depuis  douze  ou  quinze  ans,  une  génération  noaToUe 
de  compositeurs  s'est  produite  datls  diSérens  genres.  On 
.a  souvent  reproché  au  Conservatoire  de  n'avoir  dodné  qtw 
de  i^ibles  résultais  sous  oe  rapport;  mais  l'iqiufltice  de  ce 
reproche  est  de  toute  évidence.  Outre  qu'il  ne  dépend 
point  des  écoles  de  rencontrer  des'  hommes  de  géilie  dans 


□  IgHized  by  Coogle 


559 

ceux  auxquels  elles  donnent  l'instruction ,  il  est  fabile  dit' 
prouver  (|U(!  ir.  (lonstirviiloirt!,  ou  son  iiiHiiciice,  ont  jiroitiiil 

ijiifi  1,1  l''riiiitji;  li'cn  a  inifiSL-Ji;  à  ^liii  uni,*  :uUrc  upuque. 
l'arnii  ceux  que  ju  iiouirais  i;iler ,  MM.  Oii.slow,  Aiilicret 
Hérold  seiu-cffciiteot  d'abord. Le  premier,  par  ses  coniposi' 
tioDS  musicales ,  s'est  placé  au  rang  des  pins  grands  musi- 
ciens, et.jouit  en  Allemagne  de  la  plus  belle  réputation. 
Des  éditions  .multipliées  de  ses  ouvrages  sufiiseat  à  peine 
à  l'empressement  des  amateurs.  Quoiqu'on  ait  trouvé  de 
l'inexpérienoc  des  effets  dramatiques  daas  l'Atcade  de  la 
fega,  opéra  en  trois  actes,  lus  beautés  remarquables  que 
cet  ouvrage  contient  prouvent  i\ite  M.  Oiislou-  ne  peut 
manquer  de  réussir  on  ce  gccirc ,  s'il  s'y  livre  assidûment. 
Les  succès  de 'M.  Auber  sout  connus;  ce  u'est  point  seule- 
ment en  France  que  ses  ouvrages  sont  applaudis.!  les 
théâtres  de  Vienne,  de  Berlin*  de  Hnuich ,  de  Dtxsd&^t 
de  Hambourg  résoniient  chaque  jour  de  leurs  accens,  qui, 
parlout,  sont  accueillis  avec  plaisir,  M.  Auber  a  imprimé 
le  cachet  d'ujie  luaiiiéri;  p.irlioiilière  i  ses  drames  de  La 
^ergère  châtelaine  et  d'Emma;  dans  Lciccstcr,  la  Neir/e, 
LÉociidic ,  le  Mticûii.  et  FioreCla  il  a  l'-iyi  rt  ivant,ii;e  le 
Iribiil  aux  rennes  à  la  liioJc.  iu.iis  iju  y  lr(!ii\c  une  iuiilc 
de  traits  lieiii  eii.\,  ime  nuiùèr-j  s|>ii-itLi(jllL'  cl  Ji_  be,iii\  eir.ils- 
Oii  alleud  avec  impiilience  l'opéru  de  Ma-ziiniello  que  ce 
cpmpuaitoucva  donner  à  l'Académie  royale. de. musique. 

sou  entrée  dans  le  monde  musical}  JU.  I[érptd.Qtj|ep 
Irevoir  qu'il  serait  un  jour  au  nombre  des  musiciens  dffît 
s'honore  la  France;  néanmoins,  les  Rosières,  ia  Clo- 
ehette  et  ie  Premier  Venu  étaient  moins  riches  de  chants 
et  d'effets  que  ne  l'ont  été  depuis  ie  Muletier  et  Marie. 
Les  premières  productions  de  H.  Hérold  ont  moins  d'a- 
bandon, moins  d'élan ,  moins  de  jeunesse  que  les  derniers; 
mais  dans  tous  on  trouve  une  sagacité  rare  à  saisir  les  in- 
tentions scéniques  ot  à  les  exprimer.  Flnsieurs  autres  corn- 
jjositenrs  nouycatuLse  pniparent  à  slétancer  sujr  la  scèi^j 
et  donnent  Ucp  d'es^rer  qu'ils  y  Kr^^.^ew^ux.'^îljlf^és-^ 
uns  m£mc  ont       préludé  àleut  destinée  par  Hesfissttls  dç 


Digilized  by  GoOgle 


fi4o 

bon  augure.  Parmi  ceux-ci  l'on  distingue  M  H.  Chelard, 
auteur  de  l'opéra  de  Macbeth  (ju'oii  vient  de  représenter  à 
l'Académie  rojale  de  musique,  lUfaut,  à  qui  l'on  doit  la 
muaique  du  Duel,  et  une  jeune  demoiselle  '  en  qui  l'on 
remarque  une  énet^ie  qui  ne  semble  pas  appartenir  à  son 
saxe. 

Tout  en  louant  les  qualités  qui  a^toal  apercevoir  dans 
les  produOlions  de  nos  jeunes  composilenn,  qu'il  me  sotl 
permis  de  dire  à  ceux-ci  que  tes  amis  de  l'art  et  de  la 
gloire  nationale  attendent  d'eux  plus  qu'ils  n'ont  fait  jus- 
qu'ici. GcrtaiDs  préjugés,  qui  n'ont  eu  que  trop  de  court 
parmi  nous ,  ont  empêché  les  mueicieus  français  de  donner 
à  leurs  ouvrages  assez  de  développemena  pour  que  ta  mu- 
sique fût  en  première  ligne.  Il  est  temps  qu'ils  s'affran- 
chissent des  entraves  dont  ils  se  sont  laissés  garotter. 
U.  fioieldieu  leur  en  a  donné  l'àumple  dans. la  Dame 
6<an«Ae,-  qn'ili  aient  la  noble  ambition  de  vonMc  bfn 
plus  qne  lui.  Non  que  je  veuille  qu'on  imite  les  Italiens 
fjui  sacrifient  souvent  les  convenances  dramatiques  à  des 
effets mnrioaux;  en  France,  ce  qui  choque  la  raison  ne 
peut  réUBBir,mais  je  désire  qu'on  évite  iex  proportions  mes- 
quines qui  gâtent  les  morceaux  les  mleuE  pensés ,  et  sur- 
tout qu'on  cesse  d'habituer  le  public  à  faire  COTuister  le 
mérite  d'une  composition  dans  quelques  ohansonnettes 
agréables.  Le  premier  qui,  avec  des  idées,  tentera  de  snrllr 
delà  fausse  roule  où  tout  le  monde  est  resté  plus  ou  moins, 
et  qui  fera  do  In  musique  en  conscience)  celui-là,  dîs-je, 
méritera  le  titre  de  rettaurateur  de  tamusique  françaite. 

Il  est  fâcheux  que  le  défaut  d'institutions  borne  parmi 
nous  la  carrière  des  compositeurs  à  la  musique  dramati- 
que. A  l'exception  des  surintcndans  de  la  musique  du  roi, 
qui  travaillent  pour  la  chapelle  royale,  personne  n'écrit 
de  la  musique  sacrée,  parce  qu'on  n'en  e^cécule  point  dan« 
DOS  églises.  La  syniplionie  est  aussi  alisoliunent  négligée, 

(i}  Uidemoiiïlic  Louise  Bertio ,  tuteur  du  petit  opéra  du  Loup- 
Garom,  de  Guy  JBimnering,  dnme  musical  en  3  actes,  qui  doit  ètte 
bientAt  repréicot^  au  iMUtEs  de  l'OdéoD,  et  de  Ami,  op^ra  en  a  actes 
qni  nt  denîiné  au  TliéitR-Italien. 


□  IgjfeedtiyGoosk. 


541 

parce  que  le  miisicieii  qui  teiiteraîl  d'en  faire  ne  poiirr.iit 
p.'ii'venir  ni  à  publier  se»  prûdactioiis ,  ni  à  les  faire  cn- 
leiidre.  La  nature  travaillerait  en  vain  à  faire  nallre  c:i 
France  un  Haydn  ouuu  Beethn^cn  ;  son  talent  serait  mieux 
caché  an  milieu  de  la  capitale  que  le  diamant  dans  Icfi en- 
trailles de  la  terre.  Il  en  eut  do  mCmo  de  la  muEi(|UC 
'le  chambre,  telle  que  les  quatuorn,  quïutctli,  de.  Si 
M.  Onslowest  parvenu  à  se  faire  une  belle  réputation  en  ce 
f;eiire,  c'est  que  ha  position  sociale  le  rend  indépendant 
du  produit  de  ses  ouvrages  ;  encore  CEl-ilbien  mieux  conuii 
dans  les  pays  étrangers  qu'en  France.  Le  peu  d'encoura- 
gement qu'on  accorde  à  la  musique  instrumentale,  le  goût 
des  futilités,  et  plusieurs  causes  secondaires,  qu'il  serait  trop 
long  de  détailler,  nous  ont  conduits  inscnsiblemeulà  n'avoir 
plus  que  des  fantaisies,  des  airs  variés  et  d'autres  bagatelles. 

Quant  au  talent  d'exécution,  nos  înstrumentîsleH  ue 
laissent  rien  à  désirer.  Avec  des  violoni.Htes  tels  que 
fli M.  fiaillot ,  Itodc ,  Kreutzer ,  Lafont ,  Maza»! ,  Babe- 
ncck,  et  beaucoup  d'aulres  que  je  pourrais  nommer; 
des  pianistes  comme  MM.  Kalckbrenner,  Herz,  7.immer' 
man,  'Woelz,  M""  de  Monlgeroull,  etc.;  des  Tulou,  des 
Vogt,  des  Brod,  des  Dauprat ,  des  Callay  ,  des  La- 
barre,  etc. ,  etc.,  la  France  n'a  rien  à  envier  à  ses  voisins  : 
les  organistes  seuls  y  sont  faibles.  Jamais  le  véritable  style 
de  l'orgue  n'y  a  été  connu.  Le  vieux  Coupcrin  l'avait  de- 
viné; mais  les  Marchand,  les  Calviëre,  les  Daijuin,  Icit 
Bulbiltre ,  qu'on  a  tant  vantés ,  n'avaient  que  des  doigts  : 
leurs  productions  sont  RU-des.qoiis  de  la  critique.  Leurs 
successeurs,  à  l'exception  de  Séjan ,  ne  les  ont  cependant 
point  égalés.  Aujourd'hui,  M.  fienoist,  organiste  du  roi . 
esl  le  seul  qui  ait  du  mérite  ;  puisse-t-il  former  des  élèves 
(jui  nous  mettent  cnlïn  en  état  de  lutter  avec  l'Allemagne 

Dans  l'exposé  que  je  viens  de  faire  de  la  situation  de  la 
musique  en  France ,  j'ai  élé  forcé  de  négliger  bien  des  dé- 
lai!?, parce  que  je  dois  me  renfermer  dans  les  bornes  d'un 
journal;  mais  j'en  ai  dit  assez  pour  faire  voir  que  nos  red- 
i^onrces  en  (oui  genre  soni  onnsîdérables,  et  que  nous 


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Si, 

i>oiiinies  (tiins  une  rouit:  d'^mt^liuraliun  qui  duiiueilegrai]- 
tles  espéra [1  CCS  pour  l'aveiiir.  Il  me  resterait  à  parler  des 
lulliicrs,  des  facteurs di:  pianos,  <lc  harpes,  d'orgues,  etc. 
Mais  l'exposilioii  des  produits  de  l'industrie  qiû  duil  avoir 
Heu  bientùl  me  fnuriiira  l'occasion  d'examtherres  objets 
en  d<;iaîl ,  et  d'en  Iraltcr  spéciiiienieiil.  Quant  à  la  titléra- 
liit'i!  musicale,  j'en  ferai  i'ohjet  d'un  article  séparé. 

FÉTIS. 


SLll  LE  RÉCITATIF. 


J.-J.  Rousseau  définit  le  rCc.ilatif  un  dhcours  ricili 
d'un  ton  musical  ci  harinonicux^ .  A  prendre  celte ddfi- 
iiilionà  la  lettre  oti  ptiiiri'ait  croire  que  le  récitatif  u'est 
d'usage  (jiie  dans  les  n.irnition.s  ou  d.nis  les  alloculious  : 
mais  ce  n'ai  qu'une  partie  de  sou  ciuplcii  ;  il  sert  aussi 
fri;qucinment  à  exprimer  la  eoltre,  la  liaiue,  le  désespoir , 
ciiliu  les  passious  éaer!;;iqiies  cl  les  situations  violentes 
de  l'anic.  Lea  monologues  n'ont  été  long-lcntps  que  des 
récit  alils. 

Il  ne  reste  aucunes  traces  de  la  manière  dont  les  an- 
ciens clionlaicnl  leurs  poèmes  ;  mais  tout  porte  h  croire 
line  leur  eiiaiit  poéliquc  n'était  qu'une  espèce  de  récitatif. 
^'ous  sommes  plus  instruits  sur  U  récitation  des  trou- 
Iiiidiiursct  des  Irouviircs.  Les  maniiscrils  nous  ont  con- 
licrvé  les  phrases  banales  qui  leur  ficrvaleot  à  raconter 
leurs  fabliaux  et  leurs  poésies  ^  Ces  phrases  avaient  le 
ton  traînant  et  lourd  iriinc  complainte  ,  philil  que  le 
débit  rapide  du  récitatif.  Elles  ressemblaient  en  cela  au 
cliant  des  épUrcs  faecits  ,  sorte  d'iiiv-eiition  barbare  qui 
apparlieiit  aux  diiu/iiimc  et  treizième  siècles,  et  qui  con- 
sistait à  faire  cliaulcr  par  le  diacre,  sur  un  Ion  monotone, 
l'rpltre  du  jour  ,  partie  en  français ,  partie  en  latin,  ♦'é- 

(i)  DictioDOoiris  de  tnnsïque  ,  att.  Bécilulif. 

(.3)  Vojti  b  nouv.  llj  tuU«liu.i  di:  t'ali.ii.ix  i>ul.lii:r.p,.r  l«.  Mcon. 


pltra  falcle  du  Jour  de-St^  £ti6n nu  était  la  plusoélèb». 
L'abbé  Lebeiif  eu  a  doiiné  le  cbaiit  et  les  paroies  dans  hoii 
Traité  histori(jU6  tur  le  chant  ccciêsiastcfue. 

Crpucimbéai  assure  i\ae  Puici  ,  regarde  cuiunKI  TëH- 
niiiK  lie  l'Italie  maderiie,  cbauUit  dts  i45o  son  poème 
île  Moi-gaïUe  Miiggiore,k  la  table  do  Lauréat  de-Uédicis, 
à  la  maniùrc  des  anciens  rapsodeg;  l'egpbcfl  decbi^at  dont 
il  se  servait  devait  être  du  récllatif.  On  peut  en  dire  aulaut 
du  poème  de  BoiaEdp,  qui  fut  imprimé  cinquanle  ans  plus 
tards  apilèS'avQir-été  chanléà  la  cour  de  Ferrare  '. 

Nous>n'AVOiia  pas  malbeareusemeul  l'Orfeo  d'Ange  Po- 
llen ,  premier  essai  du  drame  musical ,  ni  te  Coml/at 
d'ApoÙon  coDlre  le  serpent  du  comte  do  Vernie ,  ni  te 
Sacrifice  de  fiocoari,  et  boub  ne|>Duyuus  juger  de  la  na- 
ture dv  rScilalif  qui  y  était  employé.  Il  est  vraisembiable 
que  ce  récitatif  ne  reMeniblaitpaM^tà.o«ltii;,fj^jj^^*hai, 
H'^it  filut6t  uiie,e«pè«ied0,^l!a^4fta.t,leB  «)ns;,ét«i6nt 
lent»  et  ine«irés,  auquel  il  ife  maAq\)ait  ^e  le  ryUime,  et 
quiavsit  de  l'analogie  avec  celui  des  troubadours,  ou  avec 
eelui  doBtw  Mrtent  encore  eu  Italie  quelques  impro- 
visateurs. ' 

C'e»t  dans  les  pastorales  d'Emilio  del  Cavalière  (  te 
Satyre  ,  représenté  en  1 5gu  .  le  désespoir  de  Pkilàiie , 
on  iSgi  ,et  IlGioco  dettct  cieca,ca  i5g5  )  que  se  trou- 
vent les  premiers  exempLei)  lUi  récitatif  libre  et  non  me- 
RUré  ,tel  que  non*  Is  ooRnaiwqns  agjourd'hui.  Le  témoU 
goage  de  Cnidolll' -c^lemporain  de  ce  camposileor , 
prouTe  qu'il  fuE  .t'iiivsntew  4e.  çet|e  partie  importante 
de  la  miisiquë.  i  Ob  «  vu  >  ditr-il  ,  les  grindi;  applaudis- 
(  sémens  donnés  aux  produfltioiu  du  Seigneur  Emilia 
(  del  Cavdiei^  ,  geuliUlfunm?.  romain  ,  qui  a  eu  assez 

■  de  génie  et  de  soience  pour  faire  revivre  heureusement 

■  la  mélodie  de  l'ancienne  dédamatïon ,  particulièrement 
t  dans  trois  pastorales  ,  exécutées  plusieurs  fois  en  pré- 
>  seuoe  du  duc  de  Toscane  «  et  toutes  trois  écoulées  avec 

■  une  ^ande  admiration ,  parce  fit' ()n.n>vfi<(  <i^(^; 


5Vl  " 

•  ravatil  rien  vu  ni  eiiteinlu  do  sembliibiû.  t  (i'rélace  Ait 
l'oralorio  deW  anima  c  deicnrpa.)  Celle  in ven lion  fut 
cepcndunt  rcclomiie  par  Jacques  Péri  ,  qui  avait  mis  en 
nmsiquc  à  la  même  épo([ue ,  l'opéra  d'Ariane.  La  Dafne 
(ie  Juics  Caccini ,  qui  (vt  repK-senlùe  i'i  Florence  en  i5p-, 
et  VEuTÎdica  (le  Péri  ,  qu'on  Joua  dans  la  mÉme  ville 
en  i6oo  aux  fûtes  du  mariage  île  Henri  IV  avec  Marie  de 
McdicÏB  ,  sont  daus  le  mÈme  genre,  Nnui  avons  ce*  divers 
ouvrages  ,  cl  nous  y  voyons  que  le  ri;citatir  y  dominait 
il'uu  bout  à  l'aulrc  ;  il  est  de  même  dilBcile  de  difitinguer 
en  quoi  ce  récilalif  dîlTëre  de  l'mV  qu'on  voit  indiqué 
en  plusieurs  endroits  par  le  mot  Aria.  On  a  attribué  à 

Claude  nionicvcrde  de  grands  perfectionnemens  dans  le 
riicilatii';  toutefois  en  examinant  aiteniivemcnl  son  Orfeo, 
qui  fut  représenté  ii  Venise  en  1607  ,  on  y  trouve  peu  de 
différence  avec  les  ouvrages  de  ses  prédécesseurs. 

Ce  l-écilalif,  tant  vanté  par  les  contemporains,  était 
languissant  et  monotone;  il  admeltail  trop  do  formes 
chantantes,  semblables  à  celles  du  stylo  madrigalesque , 
alors  en  usage ,  trop  de  noies  longues  et  trop  de  cadences 
liariuoniqucs  pour  convenir  i  la  vivacité  du  dialogue  ou 
de  la  narration.  Ce  ne  fui  que  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
litme  sitclc  que  Carissiini  et  Stradella  lui  ùtèrcnl  ces  dé- 
liints,  rt  commencèrent  à  lui  donner  le  ton  du  dialogue, 
en  varinnl  les  inflexions  el  en  les  rapprochant  de  la  décla- 
nialion  parlée.  Ce  tut  surtout  Carissimi  qui  rendit  les  pluii 
grands  services  à  ce  genre  de  musique,  en  inventant  les 
cadences  d'in/jnn/i.O,  qui  sont  encore  en  usage,  el  qui 
rompent  la  monoUinie  du  genre.  Le  récitatif  de  Lulli ,  si 
vanté  en  France  pendant  un  siècle,  ne  fut  qu'une  imlla- 
lîon  de  celui  de  Carissimi.  Louis  lïossi,  Jean  Lcgrcnii, 
rîslocchi .  Bassani .  et  tous  les  compositeurs  de  ce  lemps 
hC  bornèrent  aussi  à  imiter  les  inventions  de  ce  grand 
nrlistc. 

Alexandre  Scarlalli  f\\  faire  au  récilalif  des  progrès  im- 

ajipclle  improprement  te  nlrilatif  obligé,  et  par  le  seuli- 
uieiit  dramatique  qu'il  sul  y  niellrc,  el  dont  il  donna  les 


5^5 

premiers  exciu|)li;s,  Hœndel  ajouta  quelques  perfection- 
Dumciis  il  ces  uouvcaiilùa.  Léo  et  Peri;t>lÈsu,  ddiis  un  style 
dilTéreiit,  contribuèreTit  atimii  à  perrccliuniier  la  rëiïilatif 
mus  le  rapport  lie  l'expreasion  ;  mais  Gluck  a  U  gloire 
d'avoir  duuné  à  ciille  partie  du  drame  musical  une  force 
et  une  vérité  qu'elle  ti'uvait  point  avaut  lui.  Ou  peut  le 
dire  Mec  aMurance ,  il  n'y  a  rîeu  au-delà  ;  e'est  la  iierfcc- 
lion  du  genre.  Si  l'on  voulait  analyser  les  beautés  dit  réeï- 
tiitit  dea  Deux  Iphigcnie,  d'Orphée,  A' A Iceste  el  il' Jr- 
mù/e,  il  Taudrail  lout  louer.  Jamais  le  sentiment  des 
coiiveiianeeij  dramatiques  n'avait  été  poussé  si  loiii  ;  et 
depuis  lor.t,  l'opéra  français  n'a  plus  présenté  que  des 
copies  plus  ou  moins  pdles  de  ce  récitatif  admirable. 

On  a  tiré  quelquefois  dex  effets  surprenans  du  récitatif; 
Tartîni  en  rapporte  un  ei:einplc  dont  il  avait  été  témoin  , 
en  1 7i4<  à  l'opéra  d'Aooi^no.  Un  passage  de  riicitatif  d'uoo 
seule  ligne,  sans  autre  accompagnement  que  la  basse, 
faisait  un  effet  prodigieux  non-seulement  sur  le^  profes- 
Keurs  de  l'art,  mais  sur  tons  les  spectateurs  :iC'élail,  dit- 

■  il ,  au  commencement  du  troisième  acte,  â  chaque 
t  représeulatiou,  un  sileucc  profond  dans  tout  le  speo- 

■  tacle  annonçait  les  approches  du  terrible  morceau.  Ou 

<  voyait  les  visages  pâlir,  on  se  sentait  frissonner,  et  l'on 

■  se  reijardait  avec  une  sorte  d'cITroi  ;  car  ce  n'était  ni  des 
«  pleurs  ni  des  plaintes  ;  c'était  un  certain  sentiment  de 
1  rigueur  âpre  et  dédaigneuse  qui  troublait  l'amc,  serrait 
<L  le  cœur  et  glaçait  le  sang*,  o  Un  opéra  médiocre  qui  l'ut 

(i)  Voici  lEt]iarotei  dont  le  sert  Tirtini  pour  «iprimei  la  •cnutlcm 
«juoprodiuuil  ce  rêril»(if  niogiiSiep,  tL'azaioqiiaUiiriiecimodelsecoio 
•  prcsenic  net  dramiaa  che  li  roprisealava  iaAacoSiOj  v'erasu'lprhi' 
«  cipio  deiP  alla  turso  uiia  ri^-a  di  recilativo  non  eccompugiiàlo  d'id- 
c  iri  slromenli  che  dcl  bauo;  perçut,  tantoin  noi  prnfeaori,  f  datif  d 

<  ntgli  ascotlanli  si  desiava  tui  tat  e  tatita  coniiaaiione  di  auiino,  die 
«  IhUï  si  guardavano  in/accia  Cun  CallrOf  a  vedere  la  andtiUt  imt' 
c  (usiaue  di  colore  elle  li Jaca'a  ia  ciiachedaao  di  tiiii,  VtffiMo  noi 
(  era.  di  pianiu  (mi  ricordu  baiisasimo  che  le  parole  crano  fit sJt§iu>), 
I  me  di  un  cerlo  rigore  e  freddo  net  sai/gue,  che  di  falio  titrbava 
1  Vaniiao.  Tredeci  voUe  si  recilo  il  dramma,  a  simpre  lésai  l'e/filio 
iMfflo  aniimalinente  i  di  clie  era  legno  palpabila  il  somno  myvio 


546 

représenté  au  comme  ne  émeut  de  ee  sii'cle,  Hécuie,  de 
H.  Foiilenriie  ,  coiikTi.-.il  un  des  jiliis  be^ui\  ell.  Is  .le  réti- 

scrin;  ov:  Ailullc,  ililioJiiit  (hiii-.  k-f.  Jinirs  du  'Iniie  pour 
y  épouser  l'ulixeite ,  i.'OiJCi:vuil  îles  soiipçouN  sur  lus  tlCB- 
seins  d'Hécube  et  de  J'rlam.  L'orchestre,  Mii  ^D^tjBflHiï  }a 
voix,  exprimait  ai  bien  rora£;e'qt)i  i6  formnt  d^tVrîfiijinnr 
du  héroAct  les  gradations  dosa  colère,  qac  j'ai  vasoUTcnt 
ruuilitoire  frissonner  et  pâlir.  S'il  y  avait  eu  dann  Bécuùo 
irois  scènes  comme  celle-là,  M.  Fontenelle  iierdît  compté 
un  iivmbre  des  grands  musiciens. 

Oji  a  abusé  du  n^cimiif:  il  y  en  a  trop  dans  la  plupart 
lie  nos  opéras;  Gluck  lui-même,  ai  observateur  des  con- 
venances, l'a  trop  prodigué.  Eolratiié  par  les  Succès  qu'il 
y  obtenait,  i^uorniit  l'efTet  magique  des  morccaui  d'en- 
xemble,  et  ne  sachant  comment  rompre  Ja'monq^tiHBda 
la  muUïpIioilé  des  aim  et  des  nhiTtitm)  il  n'n-fnHitflfitVItrtff* 
d'autre  moyen  de  variété.  C'est  qu'en  effet  leijsudi«tagWSPi- 
veril  bien  plus  de  ressources  pour  varîe^  lomsti/Xt/it^ifa* 
la  libcrii;  ihi  réciMlIt' que  dans  les  fbrmesliORiéeBiiâcu^ 
11  n'y  u  ipie  les  musses  de  morceaux  d'ensembift  ^Oit^ftent 
plus  de  puissance.  s!"^.- 

Fresque  tous  nos  compuMlcurs  tombent  dans  anfiAirfStir 
grossière  dans  leur  récilalU';  ils  croient  augmenter  .Mo 
Cflet  en  voulant  peindre  p^ir  un  travail  d'orchestre  tous 
Icsolijt'ls  dont  li.'s  p;(rol(^s  leur  fournissent  l'idée;  mids 
loin  d'alICLiKlic  le  but  qu'ils  se  prupusuiil ,  ils  s'en  éloi- 

perpéhii^llcs  pré  le  Dilues  imiLilioiL  ,  ,iui>l  le  moindre  dé- 
faut esl  dVire  iiui>.irlai(es ;  lii.s-.'iil-elles  meilleures,  leur 
cllcl  i,e  serait  puiic  plus  iali^ldisaMl ,  car  il  n'y  aurait 
pas  inoinii  de  monotonie  et  de  lenteur  dans  la  marche  de 
l'action,  A  peine  un  musicien  Toit-îl  dans  son  poème  deux 
vers  symétriques  qu'il  quitte  aussilAt  l'atlm'e  libre  du  ié- 
cilatif,  pour  le  mesurer  et  en  faire  dii  récitatif  otligé.  Il 
résulte,  de  ces  retours  fréquens  à  la  mesure,  et  de  loii^  ces 

tnlaaiOf  ont  eut  Ptolitorio  tiitto  ri  appartcchUO'a  à  ffu&hSr't\f- 


H? 

tlcmi-niolifs,  que  le comiiitiictmenl  Ju  morcpaii  ii'cjitja- 
iiiuis  senti ,  et  (ju'il  ne  couiouil  avec  It:  rùtiUilif. 

Les  composileiirs  ilalïenB  el  les  meilleurs  tomposilcura 
allenjandsonl  bien  niicin  conçu  l'effet  musical.  Réservant 
le  rL'cHalîf  accompagné  pour  quelques  scènes  principales, 
ils  ont  eu  soin  de  glisser  légèremeul  sur  les  autres,  afin 
que  les  airs,  les  duos  et  les  morceaux  d'en«ciiib!o  ressor- 
lisseut  mieux.  Jesois  que  le  peu  d'Inlérûl  des  tiliretti  les 
iiulorisail  à  suivre  ce  sysltme;  que  nos  poèmes  d'upéras 
sont  trts  supérieurs  aux  anciennes  pièces  ilalieuncs,  el 
mie  les  Français  clierciiQnl  bien  pins  au  théâtre  un  inliirâl 
Koulenu  que  le  plaisir desoreillcs  pendant  quelquesinstans; 
mais  je  «aisau-isi  que  rien  n'est  plus  contraire  à  l'ialérÈl  que 
l'ennui ,  cl  que  cet  cnuui .  dont  tout  le  monde  ne  plaint  à 
l'Opéra,  prend  sa  stiuree  dans  le  récitatif.  Le  premier  com- 
piisileur  qui  s'avisera  de  proportionner  l'importance  do 
cou  récitatif  à  l'intérêt  do  la  scèoc,  qui  saura  sacrifier 
celles  qui  ont  besoin  de  marcher  rapidement;  qui  ctiii.ser- 
vcra  ses  effets  pour  les  principales,  qui  sera  sobre  d'imi- 
latiuiis  et  qui  ne  mettra  de  moiivciiiens  mesures  que  dans 
liis  rilonriiellos;  celui  enfin  qui  saura  proudre  le  milieu 
entre  le  iaUserailer  du  récitatif  italien  elles  prétentions 
du  frauç;iîs,  celui-là,  dis-je,  fera  une  grande  et  utile  lévo- 
liiliun  dans  notre  opéra. 

Je  puis  citer  un  fait  qui  vient  â  l'appui  de  mon  opinion. 
Un  sait  que  Bossîni,  depuis  Oleilo,  a  substitué  au  réci- 
i.iiif  libre  le  récîlalil' obligé  ûans  ses  opéras  sérieux;  Or,  il 
n'est  personne  qui  ne  convienne  que  l'on  éprouve  plus  de 
faligue  à  la  rcpréficii talion  de  Sémiramida  ou  de  la  Zci- 
mira  qu'au  Barbier  de  Séville,  à  ta  Gazza  Ladra,  ou 
même  à  Tancrcde.  Ilnefautpoint  cbercher  d'autre  cause 
di;  cette  fatigue  que  dans  le  récitatif  accompagné,  qui  nu 
i;iisse  point  de  repos  entre  les  morceau.^,  et  qui  l'ail  que 
cenx-ci  ne  Iranchent  point  assez  sur  l'effet  général  de  la 
rc  présenialion. 

(;e  n'est  point  que  je  propose  de  faire  usage  à  l'Opéra 
il'nn  récitatif  avec  accompagnement  de  clavecin;  cela 
n'irait  point  à  nos  idées  sur  les  spectacles;  mais  je  vou- 


548 

dr&is  qu'on  ne  dé|àeyM  pax  tot^oiirs  le  luied'un  orchealrc 
ÊDinplet,  flt  anrtoitt  qu'on  âutioât  au  débit  plua  de  l^ôrvi^t 
plus  de  rapidité  et  aO^i  de  prëtention. 

FÉEIS. 


MOUTOLES  DE  PARIS.  . 

jaâATBE  DB  L'pPÉRÂ-COUIQUE. 

awtat'Wuitifst  i.t  m  ttxt , 
VAIUMLBS  DE  «y..  V&RHBB  ET  ÏHJPIH , 

WUIQtlB  M  M.  BBSTOEt. 


Apiilbten.defl  querelles  et  dos  dissensfons  fntérleurea 
'  entre  les  sodélairea  deTOpéra-Comiqueet  leur  directeur; 
après  un  relâchement  dans  les  études,  qui  a  privé  le  pu- 
blic de  nouveautés,  on  a  eiilîn  représenté  à  ce  ibédtre  (es 
Petits  jipparlemens ,  qu'on  annonçait  depuis  près  de 
quiui»  jours.  Nous  ignorons  si  la  représentation  de  cet 
ouvrage  peut  £tre  ooiuidérée  comme  la  signature  d'un 
traité  de  paix  entre  les  parties  belligérantes  ;  nous  ne  vou- 
lons pas  nous  immiscer  dans  les  gravés  débats  de  l'inté- 
rieur des  coulisses ,  et  nous  nom  bmaeroni  à  examiner 
f  ouvrage  nouveau  qu'on  vient  d'offrir  aux  amateurs,  com- 
me ua  dédommagement  des  reiâcKu  qui  les  ont  désap- 
pointés plusieurs  jours  de  suile. 

Il  y  a  de  l'esprit,  beaucoup  d'esprit  dans  te  dialogue  des 
Petits  Jppartemens  i  mais  peul-Être  y  a-t-il  moius  de 
raison  dans  la  conlexlure  de  l'intrigue.  On  peut  eiijuger 
par  l'analyse  suivante. 

'  Un jetine Français,  nommé  Saint-Alliat»,  a  étéaeoneiUî 
parle  grand-dna  de  Toscane,  dontU^evIntfoûiTWi.  Hais 
Pétourdetié-de'  caractère  qu'on  est  coBvena  de  donner  à 
tout  Français'jeune  etgattfnt,  a  fait  des  ennemis  à  celui- 
ci.  Qoelques  aventures  scaadaleuseBt  quelques  ménages 


bruitîlUs,  quelques  conplets  sattrlques,  ont  amasHé  un 
orage  contre  le  compaguou  d'armes  et  deplaliiirs  du  priucu. 
Celui-ci  ae  peut  résister  ans  cris  qui  s'élËvent  de  toutes 
p;irls ,  et  SB  voit  furci^  du  IVxiler;  mais  cet  exil  n'est  ([ii 'ap- 
parent. Conduit,  un  ne  s.ii[  pouri|uoi,  les  yeux  biindi-s 
dans  un  apparlcnicnt  Homplucus,  qui  n'est  autre  que  la 
partie  secrète  du  palais,  dans  les  Petits  A ppavteme.ns 
enTui ,  it  y  trouve  le  prince  qui  lui  apprend  qu'il  n'a  puiul 
voulu  se  fiéparer  de  lui ,  et  que  sa  disgrâce  xe  bornera  à 
ne  point  voir  d'autres  habilans  du  palais  que  le  grauil-duc, 
ïoii  valet  de  chambre  el  la  nièce  de  celui-ci.  Cependant 
on  annunce  M""  d'Albcriî,  nièce  d'un  podestat,  noniiiié 
le  baron  deTrigoso,  laquelle  avait  dû  épouser  St. -Albuii, 
mais  qui  veut  l'oublier  à  cause  de  ses  inTidélités;  elle  vient 
demander  sa  grâce,  et  pénètre  sans  peine  dans  ces  appar- 
tcmens  où  personne  ne  doit  entrer.  Le  prince  aime 
M'"  d'Alberli,  et  apprend  bientôt  avec  dépit  que  Sain  1- 
Alban  est  son  rival;  néanmoins  il  promet  sa  liberté  à  coii- 
dition  qu'on  porBi6lera  à  ne  point  l'épouser,  f.l'"  d'àlbcili 
n'est  point  la  seule  qui  arrive  sans  façon  dans  les  pclilu 
apparlemens.  Le  baron  de  Trigoso ,  personnage  ridicule , 
vii^nt  y  parler  d'aiTaires  d'état  :  sa  nièce  s'cuTuit  pur  un 
escalier  di^robé.  Au  baron  succède  sa  femme,  prude  ite 
province,  qui.  irritée  d'avoir  été  cliansonnce  par  Saiiit- 
Alban,  vient  sollidlcr  son  exil,  quoiqu'il  soit  di'Jà  cxïli.'. 
l.e  prince ,  qui  craint  les  prudes ,  se  sauve ,  et  la  baronne 
ne  trouve  que  Saint-Alban,  qu'elle  ne  connaît  pas,  et  qu'elle 
prend  pour  le  grand-duC)  qu'elle  devrait  connailrc.  Obligé 
de  garder  l'incugnilo,  pour  ne  pas  désabuser  la  baronne, 
le  jeune  ofQcier  proiile  de  la  circonstance  pour  la  compro- 
mclire,  et  oblicct  un  baiser  pour  pris  de  l'exil  de  Saint- 
Alban  ,  qu'il  premel.  Il  fait  plus,  il  feint  do  rédiger  la 
plainte  ile  U°'  de  Trigoso,  cl  lui  fait  sig:ier  cette  prétendue 
péliliun,  qui  n'est  aulrc  qu'une  atlestatiun  qua  SI.  deSt.- 
Alliun  lisl  très  aimable;  i/u' elle  lui  aaccordéiin  baiser, 
et  i/u'it  auriiît  jni  en  prendre  deux.  La  baronne  se  relire 
après  avoir  accepté  une  invitation  à  souper  pour  le  soir 
même  avec  son  époux.    Dca  entrées  et  des  sorlies  peu 


55o 


molivées  rcm^lisseiU  l'iiileivulle  (|Lii  s'tcoutc  justju'â  ce 
suEipiir.  LcR  deux  époux  revieniieul;  el  \a  Laritnue  à  qui 
l'rm  fuit  connaître  Icvt^rilablc  grand-duc  ,  s'iijicrçuit  qu'elle 
il  été  prise  pour  ilupc;  duus  sa  première  vigile.  I.C  baron 
i:l  S3  fecime  prufitciit  de  celle  circonstance  pour  RoUiciLor 
dû  nouveau  l'exil  de  Sninl-AIban.  Celui-ci  gihae  le  cerlï- 
lîcat  qu'il  a  tiré  do  la  baronne  dam  le  dossier  des  pièce» 
[piD  Tri^oso  a  rassemblées  contre  lui.  Le  prijice ,  en  jatant 
les  yeux  sur  ce  papier,  devine  la  ruse  de  Sainl-Âlbaii ,  et 
Ibrce  la  baronne  à  clianger  de  langage  eu  le  lui  montrant 
eu  présence  de  son  époux  et  de  su  nilice;  elle  est  dono 
obligée  de  parler  en  faveur  de  celui  qu'elle  accuaait  lout  à 
l'beurc.  gaiut-Alb.ni  aurvieut,  olilicnt  sa  grâce,  épouse 
Diadenioiscllc  d'Albcrti,  cl  l'on  va  souper. 

Si  l'on  cxamiiio  sérieusement  les  évéuenicns  euEassés 
dans  celle  pièce,  qui  est  bien  longue  pour  un  acle,  on 
viiil  qu'il  tht  absolument  impossible  qu'ils  se  passent  dans 
le  lieu  oii  les  auteurs  ont  placé  la  scène;  mais  qui  songe 
à  examiner  sérieusement  un  opéra-toniique  ?  l'esprit  du 
dialogue  l'ail  d'ailleurs  pardonner  les  \iccs  du  sujet.  L'ou- 
vrage .1  eu,du  succès. 

On  conçoit  qu'il  ne  peut  y  avoir  rien  de  bien  musical 
d;ins  les  plaisanteries  et  Les  quiproquos  de  cet  ouvrage.  Le 
faux  du  langage  et  des  situations  doit  rrjaillir  sur  la  mu- 
sique el  exerce  d'abord  sou  influence  sur  le  génie  du  com- 
positeur. Heureusement  la  réputation  d'un  mUHÏcieu  tel 
que  M.  Bcrtou  ne  peut  ni  souffrir  de  la  musique  d'un  petit 
acte,  ni  s'en  augmenter  beaucoup.  L'auieur  d'Jlîiie  et  de 
il/oii/flito  a  asscK  de  tilresà  Teslime  desarlisles  et  des  con- 
naisseurs pour  qu'il  .soit  indifférent  de  joindre  à  ses  nom- 
breuses partitions  la  musique  des  Petits  Apparlemens  , 
tn\  de  la  relrancber  de  sou  bagngc  liarmonique.  Si  je 
livre  à  quelques  observations  critiques,  c'est  plutôt  pour 
satisfaire  la  curiosité  de  mes  lecteurs  que  pour  donner  des 
conseils  à  M,  Berlon  :  il  n'est  ni  dans  l'^ga  ni  dans  la  posi- 
tion où  l'on  en  reçoit  ,  et  ce  n'est  pas  à  moi  qu'il  appar- 
tient de  lui  cil  donner. 

M.  Uertona  publié  quelques  écrits  dans  Icsquclsil  montre 


le  peu  d'oslimc  ([ti'il  a  pour  len  Ibrmes  da  la  mii.siqnc  «Iti 
jour;  il  ne  pouvait  Jodc  se  rapprocher  de  ces  formes,  dans 
ea  nouvelle  composilion,  sans  paraître  inconséquent.  Aussi 
y  aUTecte-l-il  de  suivre  les  erremens  de  j'uiicieune  écoli?. 
Sans  pn^teiidre  discuter  les  avantages  ou  les  défauts  du 
de  l'une  et  de  l'aulrc  manière ,  je  ne  puis  iu'em]]échcr  de 
remarquer  que  le  public  ayant  adupti;  les  nouvelles  idées 
sur  la  inusi(|itc  dramatique,  M.  Berlciii  se  plaçait  sur  uri 
terrain  désavantageux  en  faisant  un  pas  eu  arrière.  C'est  i\ 
cette  posllion  défavorable  qu'il  faut  attribuer  le  peu  d'efTtjt 
de  quelques-uns  des  morceaux  des  Petits  /^ppartemens. 
L'ouverture,  dont  le  début  de  l'allégro  a  quelque  analogie 
avec  celle  de  la  Fiilte  eiiehatitée,  a  rappelé  dans  certaines 
pbrases  l'ouverture  de  Slontano  et  SUpfianie.  Le  prcmii^r 
air,  chanté  par  Tilly,  est  d'un  chaut  agréable  et  d'une  fai:- 
tion  facile.  M.iis  le  rondeau  de  I.emonnier,  cl  le  duo 
chaulé  par  le  même  acteur  et  par  Chollct,  n'ont  pas  été 
gofltés  du  public.  Le  motif  du  premier  de  een  morceaui  a 
paru  irun  cbanl  peu  naturel  ;  quant  au  second ,  soa  défaut 
principal  est  d'èlrc  trop  long  ,  car  il  est  i  trois  inoovc- 
mcnf,  et  ses  phrases  principales  sont  toutes  répétées  deux 
fois,  ce  qui  leur  donne  un  développement  trop  considé- 
rable pour  la  situation.  La  rom.iijce ,  fort  bien  chantée  par 
mademoiselle  Prévost,  a  fuit  beaucoup  du  plaisir;  mais 
l'air  de  madame  Lemounier  a  paru  avoir  les  mâmes  dé- 
fauts que  le  duo  dont  je  viens  de  parler.  Néanmoins  l'ae- 
compagncment  du  premier  motif  do  cet  air  peint  bien  le 
caquctage  indiqué  par  les  paroles. 

[1  y  .1  trop  de  musique  dans  ce  petit  ouvrage,  car  la  plu- 
part des  morceaux  sont  peu  luolivés  par  la  silualion,  et 
semblent  n'être  que  ce  qu'on  appelle  au  Ihédire  des  mor- 
ecaux  plaqués.  Ou  je  me  trompe  fort,  ou  (ôs  Petits  Ap- 
parlemens  ont  été  laits  d'abord  dans  la  forme  de  vaude- 
ville ;  on  y  a  fait  entrer  ensuite  de  force  les  airs  et  les  duos. 
Jamais  ces  sortes  de  pièces  ne  peuvent  fournir  d'inspira- 
tions heureuses.  En  résumé  la  musique  de  celle-ci  est 
fuible  ;  mais,  comme  je  l'ai  dit,  la  réputaliou  de  M.  Uerton 
n'en  souffrira  pas,  car  il  a  li<it  assez  pour  sa  gloire  et  pour 
telle  de  la  mosiqui:  fi-Ktjr.iisc.  FÉII5. 


Dlglilzad  b*  Google 


SSi 

'  ~—  U.  MîUêrj  chanteur  et  oipnp&HeurIHlemjÀd-,  a 
donné,  le  6  de  ce'moiii,'  un  concert  à  la  oaHo  des  Meniis- 
-PlaUIrs,  oti  l'on  a  entendu  lo  bénOficiail-e ,  Fellégrini, 
'  Zuchelli ,  mademoïtielie  Verteiiil ,  élève  de  l'école  it^ale  , 
le  jeune  Hassart  HUi*le  violon,  elle  petit  AILau  sur  le  piaao. 
Quoiqu'il  n'y  ail  rien  eu  de  très  remarquable  dans  ce  con- 
cerL,  l'exécutiou  a  été  assez  satisfaisante  j  mais  le  résultat 
fie  l'a  point  été  pour  M.' Miller,  car  la  salle  était  à  peu  près 
ïide.  **  , 

Lavoixde.M.  Miller  est  faible;  mais  il  chante  l'fHlèAïaiid 
avec  goût.  Nous  ne  pouvons  parler  de'  son  ouverture  de 
Mérope,  parce  qu'elle  était  exéculée  avant  <jnë  ntms  fus- 
sions  arrivés.  ZuchelH  et  PcUégrîni  ont  chaiité  à  merveille 
un  duo  boufTe  de  Coccia ,  dont  l'effet  résulte  prhicipale- 
meni  duraient  de  ces  artistes  tiabiles.  Le  jeune  ^iasiart  a 
exécnlâ  quelques  passages  avec  beaucoup  d'faabilet^  ;  naaii 
il  ■  quelquefois  plus  do  rerve.  Le  petit  jHkan'abeMcoup 
de  netteté  dans  son  jeu;  maïs  il  u'a  que  cel>--lA*Ala 
tiendra  peut-être  plus  tard.  t'ir^ 

HOUVELLES  ÉTKANGÈRES.  . 

Beriin,  aSjuin.  On  a  donné  le  ig,  dans  le  local  de 
l'Âpadémie  de  chaut,  une  féle  dite  de  ta  FraUfnit&^tUi 
Aria,  dont  la  musique  a  fait  le  principal 
oiaé  pour  l'amélioration  de  l'horticulture 'a vatr^OiàÉiildlf 
à  la  susdite  académie  son  local  pour  y  célébrer  liPfii^iM 
niversaire  de  sa  fondation.  La  musique  a  consenti  3l''Be 
réunir  à  la  Nymphe,  des  Jardins,  et  la  fête  a  été  char- 
manie.  Le  local  était  orné  des  fleurs  les  plus  belles  et  les 
plus  odorantes  qui  y  étaient  exposées  depul>i  deux  jours. 
Les  Aoriicii/teiirâ  étaient  avec  leurs  fiunillcs  dans  les  loges, 
et  les  chanteurs  sout  entrés  au  nombre  d'environ  deux 
cents  dans  la  partie  inférieure  de  la  salle,  ayant  i  leur  tète 
leur  digne  diraoleur  Zdlter.  Ou  commença  par  le  magni- 
fique choral  de  Pasch,  Dieu  êeut  at  fe  ae^niurt  qui  fut 
cxdculé  d'iioe'manière  Imposante.  On  fit  enteodre  ei  ~"~ 


une  rapfo^Ie  mine  «n  mnilque  par  le  matlre  de  chapelle 

danois  Sclmtlz;  VHi/mne.  au  Soleil,  par  Zeller;  et  l'on 
liiiil  par  Vi'tictui/i  tif-  Le  choix  de.  ccî  olicfs- 

d'anivri;,  ri;xi:2llt;iile  rxi;cntiun  ,  la  bcauti;  des  vois  de 
siilo,  l'eDSomblc  des  chœurs,  l'aspect  varié  des  fleure, 
l'atiDosphtoe  einbaumée^  eL..l'éclat.v^uae,  -uambisiue 
réoBïtiii  ont'pTodaitinomaHnblBidi-MDl^inf^lqiâ  a&î^ 
vivement  désirer  que  de  pareilles  £fi les  «e  renooi'ellenL 

Mai^amc  Calalaiii  a  donné  le  iS  un  nouveau  pasticoio 
BOUS  le  titre  de  Milhridalt.  Celle  seconde  tenlalive  n*a 
pas  eu  tout  le  siiccè<i  de  la  première  ;  le  charme  de  la  nou-. 
v(^:ul^c  riait  et  tel  lîlail  le  dOsappoinlcment  des  aiua-. 

tciii'..  inroii  ilcni;iii(l.iil  ((iii-k]iii',  ;;1uisl;  d'fiUicr  et  d'hoOlO- 

gouc,  qiioiim'oii  sut  i|u(:  c;<  L.  i-l.iiL  ir.i (iusmIiIu.  Qtioi qu^iten- 
KOit,  madiiue  Calalaiii  va  lenler  le  27  un  nouvel  essai. aved 
ya-F-tmaUeofer  ia  mKsûio,  qa'pn  d^éoera4e  mAmeç'idl^ 
sera'  Modndéè'^dnrMsMCamdè  pactioifHiii;^^dè>pat-.B0-  ' 
nineata,  ohan^u'r  de  là  chambre  du  roi  dé  Sate.  - 

Le  sfjour  de  mademoiselle  Schechner  à  Berlin  o  donné' 
occasion  de  reprendre  le  Fidclio  de  Beethoven  ,  qui  a  ex- 
cité l'eDlhousiuKme.  Nous  po»>édons  en  mâme  temps  ici 
madcmoi«elle  Uuincfetier,  du  théâtre  de  Cassel,  qui  a 
clianti':avcc  iii>  {^randsuccès  dans f  ermuid C0f tw elidanS) 
ie  MariiiQc  de  Figaro'.yiCitfM  ^«iin'J  ■J,><i.y;n^-4.j  --- 

—  La  seconde  t'Aie  musioale-das  l»>dsi,<le«^^aîe&* 
lieu  les  i5  et  lâ juiuàiZetibstyiïaïui'laMIe^^vawi^ibi 

c^S'^AiluàtlV  diB'Hâeridel;  Te  seoond,'.l'obvèrtura  «P/^tAfX- 
gétéiH,  Gluck;  \t:  Jubilé  h  luilt  voix,  de  Falesirina;  un 
concerto  de  cor,  ])ar  ^1.  Imh  Ii-i ,  mnsicirn  ili^  la  ch.iiiibre 
da'duo-dé  Dessau;  rnnvoitnre  iVldomcmc ,  Ai:  i\io^iir[; 
un  tedcert  pour  la  baisse  do  trombone  ,  par  QuciHcr  de 
LéipMgt  le  vingt' quatrième  psaume  de  Fr.  Schneidèv^et 
In  dernière  syinplionie  en  ut  mineur  de  ISeetlioven.  L'en- 
scmblo  était  dirigé  par  le  maître  de  chapelle  Scbneiderde 
Dessau.  Les  sociétés  de  cbanrde  Dessau,  Zerbst  et  Magdei 
bourg.  In  chapelle  du  duo,  l'orchestre  dô  Hagdeboui^,  et 
beaucoup  d'autreS' artistçi>  compusafeuV  la  râunion  des 


554 

rxéculan».  Il  n'y  avait  presque  pan  un  babUanl  i  Zciiut 

qui  n'eût  fait  place  dans  fia  maboD  à  lui  ou  pliuieuni 

\"  juillet.  L'essai  Iciili;  par  madame  Calalaiii,  de  coni- 
pagnie  avec  le  fiignor  Benuicasa .  dans  le  morceilcmeot  du 
Fawtiiùo  fer  ta  miiioa,  a  bu  plus  de  succès  qua  le  pas- 
xituÀt  de  Mit^uriiaU.  On  a' été  content  du  bouffi»  fieaûi- 
casa;  1«  duo  de  la  gamme  a  aurtout  produil  beauooHp 
d^lTet.  . 

'  HademoiRellB  Nina  Sonlag,  sceur  cadette  de  made- 
molMlleHenrielte  Sonlag,  surnommée  par  les  Allemanda 
ie  <Rosiiignal  du  Nord,  a  débuté  le  ag  juin  sur  le  théâtre 
do  Koenigstadt,  par  le  rùle  d'Adèle  du  BilUt  do  toterie, 
mnsiquo  de  Nicolo  laoùard.  Ou  croit  avoir  recouuu  do 
beaux  moyens  dans  cette  jeune  peraonne;  maja  elle  a 
éprouvé  ose  émotion  t^e  qnkin  nta.fia  j9ger.de  Mn  talepti 
■  —  oélèlKe  viotonMe  Baganini  s'est  folIo  .décidé  à 
entreprendre' il n  Ivoyaga  à  l'étranger.  U  doit  M  rendre  à 
Paris  et  jt  Londres.  Parlt  de  Rome  dans  le  commence- 
ment du  mois  dernier,  il  donne  des  concerts  chemin  fai- 
sant, ot  s'est  fait  untondre  le  aôjuin  dans  une  académie, 
a»  théâtre  de  la  Pergola  ,  à  l'ioreuce;  Il  a  excité  nu  en- 
itioasiasme  universel. 

—  La  Gazette  de  Venise  remarque,  que ,  dans  l'espace 
d'au  an ,  trois  jeaoes  oomponleocs ,  nés  dans  le  Frioul , 
ont  &it  lear  entrée  dans  le  monde  jatutipaL  Le  premieri 
H  ngnorX2ampimUi,  « -donné  &  Venise  un  oi»!ra  sérleos 
daoaleeoari  de  l'élé.demieB;  le  .aecond,  aamiai  JP^cUa, 
vient  de  faire  représenter  un  opém  bouffe  h  Padoue.;  et  le 
tivinièmc ,  Jean-Baptiste  Candotli,  âgé  de  dix-sept  ans  > 
a  fuit  exécuter  dans  l'église  de  Codroipo,  sa  patrie,  .une 
messe  à  grand  orcheHlre ,  etplusieuni  antres  Cotopositioni 
sacrées,  qui  ont  ezdté  l'eDlkousia^me  àfi  seseon^MUiotes . 


ANNONCES. 


EtJTERPE  VOSGIENNE.  ^ 
Prospectug.  ^ 

Tel  cal  te  titre  d'une  CDllection  succcfuire  de  chanta,  ac^Ma,  odei, 
hf  Rinei.  cliansons  noclurnva,  romaocei,  etc.,  aoiiicnt  ï  deui,  Iroi»  et 
quatre  parliis ,  avec  accomiJagocmcnl  de  piano ,  de  puElare,  cl ,  iuivaDl 
Icinjrl,  de  pluslL'Uis  autre;  insliumtnEi,  rédigé.:  par  MM  Braun,  ancien 
liïiilcnanl-riilunel,  m.^iHt:  liiiiiiirnïie  i  l'ac«d.''inîc  philarmonique  du 

lolrc'à  péris.  '         '  '  ^ 

Ces  recueils  de  musique  locale  sur  des  paroi»  tlternatireuent  fnm- 
çaiiics  et  allemandes,  cl  quelqiTefoi»  italienoei,  tout  paHicatiéiement 
deilincs  aui  dcpartemelu  nobdntnt  la  cbitnedei  Vùâgtt,  od  l'on  parle 
ctchaolir  Ici  dciti  languea^Ct  oblacbant  li  pluneon^  pactiet  a  lODjaun 
*lé  en  grande  TiTeur. 

Les  anteun.paneraat  Itan  aujeta  dana  les  œnTrca  des  poélea  les  plus 
•Cdédité*.  et  aytDI  pour  but  de  cbantcr  la  France  ,  sa  gloire  et  la  di- 
Tït»it*de"»'''<Cl>0'">™n'i"<^i'  pl='=i"  >lcla  vie.  llparalira  auisi  de 
tampl  i  mtrt  hd  chant  religieui  à  Iroii  ou  quatre  parties,  dans  l'une  ou 
l'antre  decei  dcai  langues. 

Cmdillimi  da  ratmmtmail  ; 
'  LcfmaleriniméTe'del'BBrnrB  PîMftEiiBe  paraîtra  dn  i5  Jnillet  an  3 
«a  5  aoAt ,  et  aâui  de  toite,  à  ptQ  pria  deittolieii  moi*  ;  cbaqnc  oiiméro 
ta»  eniltaD  de  dîi  tfgu  d'impijDHioo.  Tou*  leani  moi*  pandUaot  dei 
cahiers  léparèi  poar  Iw  paiiîei  d'acconpBgmiiieql  .du  inilnimcu  d'oi- 
cheatre  ,  et  t  la  fin  de  l'annhi ,  no  répertoire  de  tous  leimorcouE,indi' 
qqant  leot  iniitali,  l'iDÎtlal  de  chant,  «t  lea  noma  dé)  auteur»  dei  pa- 
lolea  et  de  la  mnaique. 

lie.pTbid«lïa4aBacinant,-p<iD^,Hal>,'e>>,waD.aaoa»p«gnMib>t 
de^ûo,  de  ii  Ir.,  et d'iaUiaawM  A'cftbftt»,  «.  SiwmUi> 

i^r.  jac.;el  de  ao  et  i4  Tr.  poar  no  an.  On  recevra  btnnmtnw  I^bc 
de  port  en  qouUnt  i  fr.  pour  le*  dépulameDa ,  et  a  fr.  pour  l'étranger. 

On  l'abonne  i  Paria ,  chei  Zelter  àt  comp*,  m  du  Faubourg-PoU- 
•Bumire,  n*  S.  '  «  - 

•  lM]et|i«ietaigwtdaItïqtêinkdi«Né(IrwwidepoK.- 

11  visât  de  paialtic  ebei  le*  luSme*  Cdf tenr^  « 

A.  Relcha,op.  iDS,duD  pourllbteetplapo.  $Tt. 

Jd.  op,  io4,  qaaluôr  poar  piano,  lt6le ,  Tloloorelle  et  ba*Mn.  rilV. 

U.  Chcraraurrair  I  S»,  A,  Penfmtét.itT.jS  c. 


556 

r..Cie.mj,  np.  nj  .  6' granJe  sonate  p.  pliaoïenl.  lofr, 
F.  Ri.:5.0|..  .  Ji,  49*  sonsle  pour  piano  teuL  7  fr.  Sn  o. 
De  Sajrvp,  op,  10,  duo  pour  piano  el  violonceilt.  7  fr.  fo  c. 
M.  op.  Il,  rariatioos  pour  piano  ,  violon  et  violoncelle.  6  fr.  5o  r. 
U.  op.  u  ,  deuilÈine  trio  pour  piaoo,  violOD  et  violoncelle.  9  fr. 
Gallaj,  op.  iiiqaatriiiae  lolo  pour  Je  cor,  «tcc  accompagnemeal'de 
picno  on  d'orol)crtre,  j  b.  ia  c. 

Th.  Labarre ,  qp.  97'V  fanlaîxie  et  tarlaHons  ponr  la 
barpe  sur  des  motib  de  l'opéra  français  de  Hoïse  :  0  fr. 

Rhdn  nocturne  pour  piano  ét  riolon  sur  la  prière  de 
Hoïjic  :  7  Ir.  5o 

■  A.  Adam ,  op.  iq,  tanfaiaie  el  variations  pour  le  pîauo , 
sur  dâs  moliili  de  l'opéra  de  Uoïse:  S  fr.  ■ 

DuVemqy,  variation  pour  pïand  sur  la  marche  de  Hoîse: 

5  fr.   .    ■  ■  ■ 

'  J.  B.  Tolbecqne,  deux  quadrilles  de  eontredanses  pour 
piano  avec,  aooonipag,nement  de  Tiohm ,  HAIe  ou  flageolet 
[ad  iibitwn)  mr  daa  motlb  deMoïseiahaque  5  fir.  ^5  o. 
A  PariK,  chez  E.  Troupenan,  éditeur  du  Répertoire  des 

opéras  français  ,  rue  de  51énars  ,  n*  3. 

M.  Pacini,  éditeur  des  opéras  de  Rus.sini ,  boulevard  des 
Italiens,  n*  11,  vient  de  joindre  à  la  collection  de  Rossiui, 
/f  f toufo  m<t^tc9  de  Moxart ,  ie  Reguiem,  dita,/f  Ma~ 
trimonio  seet^tù-âB  Clmarma,  Nina  Passa -per  Jmore 
de  Paisiello ,  Il  Crociato  in  Egilto  de  Meycrbeer,  Etûa  e 
Ctaudio  de  Mercadanle. 

.Uu  Facini  donnera -au  prix  de  la  fr.  les  partitions  ci- 
dbmaa  mentionnée!!,'  aux  arlÎHics  et  amateurs  qui  possb- 
dcnl  dt^jà  la  collection  du  Itossini.  Cette  collection,  la  pins 
exacte,  se  vend  chez  M.  Facini  an  pris  de  13  fr.  chaque 
opéra,  sav(ii[  :  Bari/iere,  Gasza,Otttta,  Donnad^Lago, 
Cenerentota,  Jxtndda^  Moie,  Riccian/ocZoraide^^Cor- 
radino,  Semirantide ,  Itatitmain  digieri,  Naotiuitto, 
EUsaitetti^ ,  Inganno  Poriunato,  Turco  in  Itatiaua  , 
Taneredi,  Zetmira  e  Ivanfwô. 


PUBLIÉE  PAR  H.  PÉTIS» 
■T  tnuoTwttAin  ■■  UT  iriiuHniaii*. 

R*  23.  —  JUILLET  1837. 


EXAMEN  DB  L'ETAT  ACTUEL  DE  LAHCSIQUE 


OHnkiu  UTioui. 


FRANCK. 

St  la  nation  françaiae  n*a  fait  que  de*  progrèi  fort  lente 
dans  la  musique,  si  son  goût  ne  s'est  épuré  qu'avec  diffi- 
culté, les  étémens  du  mieux  existaient  du  moins  chez  elle, 
car  «Ile  n'était  point  insensible  aux  accens  de  cet  art.  La 
mtMiqDB  qu'elle  aimait  n'était  pas  la  m(»HniM;  mais  «n fin 
(tétait  de  la  moiique.  La  fausseté  desen^tolmutlnitMa 
origine  desooédaoatkin  |rïmdt  que  de  la  maaièredoatdte 
«Ht  OTg anifée.  Bans  ces  derniers  lemp»,  elle Vest  aranoée 
van  tmeTonteà'ftméHëratioa'avec  use  rapidité  qni  prouve 
Mil  aptitude. 

Mais  cette  même  nation',  qui  prend  tant  d'iatdrél  &  la 
pratique  de  l'art ,  a  montré  jusqu'ici  la  plus  grande  indif- 
férence sur  les  progrès  de  sa  théorie  et  sur  sa  littérature. 
On  ne  lit  point  en  France  les  livres  qu'on  asur  la  musique; 
je  pnla  mên»  dire  qu'on  ^ore  qn'M  peut-éerir*  but  obI 
«IgM ,  &  inottas  que  et  n«  mU  des  anlsl«  de  joûmaoK  aar 
las  cemeerlS'et  -sur  les  opéras  nonMauK.  Bt  oe  n*Mt-pwi 


'  ■■  "558 

^ttleiAciil IC  vulgaire  qn'ilfaTit  àccttser-decelte  i^onmce; 
les  artistes ,  en  gént^rdl ,  ne  sont  ai  plus  inslrtiils  ni  plus 
(léaitcux  de  s'éclairer.  De  laiit  de  dédutn  null  lu  pauvrelii 
de  notre  lilléridure  musicale.  Pour  écrire  sur  la  lliiioric  o« 
«iir  l'iiisloire  de  la  musique,  fi  faudrait,  aux  qualités  d'iui 
savant  professeur,  joindre  une  érudition  immciiKe.  du  gaùl, 
et  l'art  d'exposer  sch  idées  avec  méthode  et  clarté  ;  il  fau- 
drait cufiu  se  préparer  à  remplir  sa  mission  par  un  travail 
long  et  pénible.  Quelques  eolliousiastes  de  leur  art  ont 
GOiiSiicré  1^  partie  la  plu;  brillante  de  leur  existence  à  m 
proeurer  les  connaissances  nécessaires,  et  ont  entrepris 
d'améliorer  noirs  cuiiditîon  à  cet  égard;  qu'en  est  il  ré- 
suiii-?  Falifi'iés  du  kiltcrcoiilrt;  l^i  piircsse  des  arlislesel  du 
public,  dclaisf^ca  par  l'aulorilé,  et  iriitùs  de  consumer 
'  leur  vie  à  un  travail  ingrat  qui  ue  procure  ai  gloire,  ni 
profit,  Ils  ont  fini  par  renoncer  à  leur  éutreprîse,  et  par  m 
moquer  à  leiir  tour  d'une  natiou  frivole  iiuî  ne  payait  leurs 
veilles  que  par  des  sarcasmes. 

L'Italie,  T'Ulemagnc,  l'Angleterre  même,  ont  produit, 
sur  les  diverses  brauclies  de  la  science  musicale,  des 
livres  CKCclicns  dont  le  nombre  étonne  l'imaginai  ion. 
:  Les  auleurs  de  ces  livres  ont  1ouï<  été  ,  depuis  le  quiozième 
siëcie,  de  suvans  musicieus  ;  en  France,  la  plupart  de  ceux 
,  -qui  ont  ucrit  le  peu  d'ouvrages  que  nous  avons,  étaient  ou 
:  des  litléraleurs  imbus  de  pr^ugés ,  ou  des  musiciens  igno- 
I  rans/f  lus^Bciùq  cent  s. traités,  plus  ou  moins  vuhimîueux, 
(«unrbftrmonie  et  raccompagnemeat ,  plus  de  cent  cin- 
'  iquafkte,.relatiik  ati  contrepoint  et  i.  la  oomposilion  ;  plus 
'  -tle  deux  millfi,'  ayant  pour.objet  l'enftieignement  des  ptin- 
-.oipB»  de  ta, musique  et d^  l'art  du  chant,  ont  été  publiés 
dans  les  pays  que  je  viens  de  nommer;  tandis  qu'il  n'esis- 
'  liait  point  Éil  France  un  ouvrage  supporlablesur  ces  matières 
-  .-avant  que  le  Con.scrvaloirc  cùl  t'ait  paraître  •iea  méthodes 
'lélénoentaires  ;  on,  n'y  cunnuissiiii  mêuic  pas  un  seul  trailé 
iirte  Gtw|iOHliou  avant  <juo  SI.  Rcieha  et  moi  eussions  pu- 
■  Mié  leg-jaùbtoai  Deux  Usiotres  de  la  musique,  out  paru  en 
i.ttitllMHraia  autnas-ont  vu.le joui: «n- Angleterre-,  et  Fwkel 

i^oBn0,-uae  exo«UeDt8.à  l'AIIentague.  Nous  n'en 


559 

r;)ii'e  ii[ic  tiMiIiiclian  ivjD[;aise  de  celles,  de  iios  voisins.  Dus 
millier»!  de  dl^iserliiticiiis  sur  des  poiiils  iiil^rctis;i]iti  de  lu 
miisi(|ui3 ,  sur  les  iiislnimens ,  aar  les  MinulIléK  ,  suv  iea 
vers  systèmes  de  iiiituliuu ,  sur  les  vuriation»  du  cliiiiit  ec-, 
clésianliiiuc ,  sur  l'histoire  lilléraire  de  la  iiiii:iii|iie,  .saut 
l'épandus  en  Europe,  et  propagent  l'iiislruelion  ;  naii,4 
n'itvons  à  oITrir  eu  iJcIiaiige  i|iio  quelcjuu  mis  (-railles  \i^a\- 
phicis  sur  les  vleissitiidcR  de  noli'e  miisique  drauiîiliijiiD. 
Y  a-t-ii  quelque  reinfcde  h  poricr  à  ce  mal  ?  Je  l'ignore.  L  i 
nalÎDii  usl-ellu  arrivée  au  point  où.  l'un  puisse  exciter  sa 
curio.sité  sur  ecx  mali^reH?  Un  serait  Icnté  de  le  croire. 
Dans  le  dessein  d'y  contribuer  autant  qu'il  est  en  moi ,  Ji;t 
vais  jeter  un  coup  d'oeil  sur  ce  que  uouti  posstjdoii.s ,  et  in- 
diquer ce  qui  nous  manque  cs.'icnliellenieiil.  l'uissr-je  rn- 
iiimcr  lezi'lc  de  ((iielques  hommes  de  mérile  qiïc  le  décou- 
ragement a  conduits  k  hriiCT  leur  plume,  et  voir  un  ,iuiic 
ia  liltéralure  musieutc  française  digue  de  Eonteulr  la  coni- 
jiaiai.'ion  avec  celle  des  étrangers. 

Celte  liilérnture  ee  divij^e  en  ({ualre  olgals  principaux, 
1"  la  théorie  phy.iiqnc,  malliémalique  et  métaphysique, 
d'uti  découle  la  rurmaiion  des  .Kystfsmes,  (les  liinalilés  et 
licâ  éeliellcs;  a  '  les  élémens  de  la  pratique,  sous  le  rapport 
de  l'exécution  ;  5  '  les  mêmes  élémeus  relatifs  !k  la  compo- 
sition ;  4'  l'histoire  de  l'ari. 

Les  travaux  de  Bernouilli,  d'Euler,  de  d'Alembert,  de 
Lagrange  et  de  Chiadiii  ont  HufQ.sammcul  éclairei  tout  ce 
qui  se  ratlachc  à  la  formation  et  à  la  propagnlion  du 
son ,  lias,  vibration.»  des  cordes  et  des  surfaees  élastiques 
La  cuDsIruclion  de»  iiislrumens  pourra  piiul-élre  tirer 
linéiques  principes  de  pcrfectionneniciis  de  leurs  décou- 
vcrles  et  de  leurs  analyses  ;  maisl'ai't  eu  lui-mùmc  n'allend 

gbircliero!l\amGii>CDt  umcurs  ;  celui  iTudc  f<.iiiiiic^(  MU-  Ccrm'nii'O 
□htcaantlï  prli  de  6,000  frnnc;  à  l'Inltltut  pour  son  ni'>mdlre  snr  Ji  it- 
lotioii'  ilii  prohlcmc  du  lurfecii  iiibraatet ,  prohiùuie  que  l'Illiulre.LB--. 
(frange  coaiidéc-iLt  cninrnï  iiiaoluble  dam. l'étal  uclusl.iic  n(i>,CDiia&  , 


DlgitiiBdby  Google 


56o 

rieo  ds  knr  Mttmti,  C«t  mi«  emar  (rop  long-teraiii 
prolongée  que  oeHo  qui  laK  dépendre  du  ohIouI  la  Ihéoiie 
de  la  musique;  leit  divers  élémens  de  cet  art,  de  oette 
■dence  mfime,  se  ratlaclient  bien  plus  entre  eux  par  de* 
Donsidération)  moralea  et  métaphysiques  que  par  les  ma- 
Ifaématiqaei;  o'ert  ce  qui  les  rend  diffleiles  à  démontrer  et 
ft  entendra.  Le»  travanxdes  géomfelrw  sur  les  rapports  des 
sous  n^nléreisent  done  pas  directement  les  musîmeux  ; 
aussi  n*est-t!e  pas  sur  ces  matifcres  que  je  désire  qu'au 
écrire  désonbais. 

II  n'en  est  pM  ût  raéMe  dés  rapports  métaphysiquen: 
tout  est  à  faire  en  ce  genre,  et  l'on  ne  pourra  donner  de 
règles  satisfaisantes  ilc  tonalité,  de  moilulalion,  et  de  mille 
autres  chose.s,  i|uc  lorsqu'on  aura  di-coiiver^es  raisons 
morales  de  l'alOnilé  des  soos,  eu  égard  à  noire  organisa- 
tion. On  sent  qu'un  pareil  travail ,  ^il  est  fait  par  an 
homme  sapérlcnri  entraînera  la  réforme  àa  langue  deit 
écoles ,  dont  on  reconnaît  généralement  les-  défectuosités. 
U.  Choron  a  entrepris  cette  Idche,  dans  un  ouvrage  qui 
aura  pour  titre  ;  Traité  des  principes  généraux  de  la 
Wuligue.  Ce  savant,  qui  joint  à  des  id<^cs  lumineuses  le» 
connaissaoces  variées  que  tlemnndc  un  pareil  travail,  a 

niera  ccpemlant  qu'un  petit  ïoliuiio:  m^ii'.  i;o  fjiic  M.  Cho- 
ron en  a  fait  connaître  à  ses  amis,  fait  espérer  que  ce  petit 
Tolnmc. rendra  inniiles  de'grosîn-fblios. 

L'on  ne  saurait  trop  nraliipllflr  Im  trailtEs  ëlémentairet 
de  musïqne,  les  solfèges,  les  méthodes  de  chant,  et  en 
g;énéral  tons  les  ouvrages  qui  <inl  pour  objet  de  populariser 
les  principes  d'un  art  ditlicile.  Outre  cens  que  le  Cmiger- 
valoire  a  donnés,  plusieurs  professeurs  ont  publié,  depuis 
quelques  années,  des  traités  qui  ont  coopéré,  chacuti  en 
leur  genre,  à  hâter  les  progrès  de  la  musique  en  France. 
Chacun  de  ces  traités  se  distingue  par  des  qualités  qui 
lui  sont  particulières.  On  a  distingué  surtout  le  solftge 
de  H.  Cbelardf  celui  de  iU.  Cutndo^  celui  de  H.  Um- 
simiBO  ,  la  métliadé  eoMlerlaiile  4e  H.  OiOfonj  ht  mé- 
thode de  musique .  vocale  de  H.  Paslou ,  le  soIRge  de 


5Gi 

U.  tiaranilii  ;  o\  la  niélliuilu  de  cliaiil  <lii  iiiémi;  atileDr.  La 
solfège  i|iie  Je  liens  .1^  imh\k-i-  .1  poiu-  ol-jr^l  <]f.  ].r,-sni,l<T 

la  mesure,  fil  la  tO[Ui.,i--„LFi(r  ilr-i  -!f;m:'-,  i^Ihj-i-'.  Sii 
compliquent  dans  tous  les  liuilrii  lie  LiiLisi(|iie,  Quelque 
jour,,oii  fera  de  la  réu^on-dt»  bonneo  cliMes  quijUDtipiir'T 
tfcnliftresft  cbaqoS'^âtâué,  Iin«^Asld.'.l>âr/|i£iiiu1ii'^at 
doâné  aux  hummeH  d'en  produire.  C'est  parce  qne  chaoïui 
a  des  idées  qui  lui  sont  priipres ,  qu'il  est  bon  <lu  iiiulli- 
fiitr  les  ouvrages  l'Iémeiilaires.  11  est  dcsir^ilili;  iiii'nie  <|ui; 
l'on  publie  en  France  ies  boiiN  inivrages  .le  letranseï-. 
tels  i|uc  ceux  de  Danzi,  île  BÎRhiiu  ,  de  Ilillcr,  (i'AsLoli , 
de  ^Volf,  etc.  Il  ne  san.  ait  y  avoir  exeÈs  en  ce  senroTi-ir 
les  lii'sdiii'.  s'.ui^iiii'iili  i  Kitl  avec  les  proilucIiniiK. 

Nons  avons  <]kiel[[iics  lions  ouvrages  élémcalaires  pour 
tes  inatramens;  parmi  ceo^qaiaDtMiA  le,i(i|ir<dRpui0iiiMr 
«ieui4  années.,  raD->d«  ^>hiii«nnal%aMiiutAiâl^^ 
H.  Dnupratv  qtiï'jl  l^ur.  titre  Méthode  il»  cor  atto  et 
Atr  6aCM.2/lMbiiw^'àfi(iiistrnnienlist(  N  et  les  jii'rlVrtiou- 
vemeDs.degl^râineiU^  exigent  ie  rfiiou\.  ;;r  iil-hI  .1  cijs 
■oriei  d'onTeageA.'-)UcM nécessaire  ijin^  viitun-i-.-.  àeio- 
nuii  {wofçHâar^t  •'«^onpeut  sans  ci;s>e  de  leelierciicK  pro- 
pres b  faoil|ler  les  études ,  et  à  'iniiUi|rfiap,  iie»»tatMbiam 
'babiles.     '  •■  ■^■■•■i  ni  -^m  &tp^- 

i'ai  diljà  eu  Voccasion  de  ptricr  phitAenrBAÏfffiiÀbj^ 
R«vii6 muoicule,  du  xysfèmedcnamiiun.dc  HrtnfilflAHaiiC 
<BUr  l'dtude  de  rharmonie  en  France,  et  de  sonsa^lidMt 
par  suite  de  la  piiblic;ilion  du  sysIÈiitc  de  M.  Cirb\,''«J»- 
tème  beaucoup  pluNKim|>lc,  plus  raisuniiable  cl  plus  con- 
forme à  la  pratique.  ToLitefois,  bien  ,\uc  Ij  Fr.ince  fût 
resiée  hlaliomuirc  pcndjnt  plus  de  viiii;L  ans  ;tiiri;s  lu 
publication  du  traité  de  M.  Cutcl ,  il  s'en  falluil  bien  que 
>la  perfeetiou  ,&U'iatteinla.>9«dl^.eK  ôtttmmjMMitBffiâm 

■sMM^ieiitmiteKfiilB  ànafegD0f  j'>^n9tf|Unf  HténiHiês 


56a 

la  rtpiilalinn  est  européenne  ,  ilirigé  par  dus  principes  (lif- 
férens ,  s'est  attaché  à  développer  avec  beaucoup  de  dé- 
tails,dans  sou  Cours  lie  compositwnmusieaU,  ou  Traite 
complet  etraisonné  d' fLarmoniepratiqtie,  ce  qiieM.Catcl 
n'avait  fait  qu'indiquer  dans  le  sien.  Plus  tard  j'ai  donné 
taa  Métfiode  élémentaire  d'harmonie  et  d' accompt^ns-- 
ment ,  où  j'ai  fiiit  voir  par  quelles  opt^rations  simples  et 
analogues  toutes  les  harmonies  se  forment  de  l'accord  par- 
tait et  de  celui  de  septième  dominante.  Par  do  nombreux 
exereices  analysés  avec  soin  ,  M.  l'erne  montre  l'apptica- 
lion  des  règles,  à  des  cas  nombreux  et  variés,  dans  son 
Court  élémentaire  d'harmonie  et  d'accompagnement. 
La  p'abUcation  d'une' traduction  de  l'onvrage  de  FAnaroti 
{Regoie  peir  iprinoipia^tti),  avec  tes  parllmenU^aAtTut 
contplélé  les  moyens  d'instruction  ,  sdît  pour  l'hannciuîe 
écrite,  soit  pour  t'accoinpagnement.  ^'éanmoins,  il  se 
peut  que' de  nouvelles  considérations,  des  aperçus  plos 
simples  se  présentent  à  l'esprit  de  qticiquu  barmonisle 
futur  ,  et  lui  fuit  misse  ni  la  base  de  quelque  lliil'orie  nou- 
velle et  meilleure;  garrtiins-nons  doue  de  rejeter  les  inno- 
vations qu'on  pourrai!  |>ropûscr,  par  cela  seul  que  ce  sé- 
rail des  innovations,  et  ne  croyons  pas  qu'il  n'y  ail  riea 
an^delà'de  ce  que  nous  avons  aperçu. 

Jusque  vers  le  milieu  du  siècle  dernier,  il  n.^f^1falt 
point  eu  France  de  traité  de  composition  propreaient  dît, 
ànioinB  qu'on  ne  veuille  considérer  comme  tel  s  les  in  formes 
ouvrages  de  Parran ,  de  La  Voye-Mignot,  de  Marchand 
et  de  Nivers.  Le  livre  méthodique  que  Fux,  maître  de 
chapelle  de  l'empereur  Charles  VI,  avait  publié  à  Vienne 
en  1735 ,  en  latin,  sous  le  titre  de  Gradus  ad  Parnasswnt 
ne  pouvait  pas  èire  d'une  grande  utilité  aux  musiciens 
français,  qui  généralement  ne  font  point  d'études.  Un 
mallte  de  niusique  de  Saint-Cyr,  nommé  Pietro  Denis,  ea 
fit,  vers  1770Î  une  traducUon  fiwt  mauvaise ,  maie  néan- 
moins tort  utile.  C'est-  ce  mâme  ouvrage  qui  a  servi  prea»- 
qiie -uniquement,  pendant  cinquante  ans,à'tous  ceux  qui 
ont  voulu  pieudre  quelque  connaissance  du  contrepoint. 
La-traduotion  AaiTraitidcia  fi^ue,  de  Uarpurg,  Jii  les 


Prinoipu  de  composition  dei  éeoiet  t^Itatte  ,  tpie 
M.  Choron  avail  formés  de  la  réunion  de  plusieurs  ou- 
vrages CNtimt!s ,  ne  l'.Lva[ciit  point  fuit  oublier.  Le  premier 
lie  f.cs  ouvriijjcs ,  contieut  d'excellentes  choses  sur  les 
coi>trcpoint.s  double»  .  triples,  etc.,  n'a  pour  objet  que  le 
elj'le  iiiNirumeiital,  et  ne  traite  point  du  contrepoint  sim- 
pk ,  i|iii  est  lu  iKise  de  toute  composition.  La  compilation 
de  Al.  Choron,  offre  plusieum  morceaux  de  sa  main  qui 
reu&rment  de  grandes  vuesj  mais.malhoureusemçDt  les 

'-diverses  parties  qui-.CMDpoient  les  trois  .volumes  in-folio 
de  cet 'Ouvrage  manquent  d'unité  de  principes, et  sejient 

■mal  entre  elles  ;  le»  règles  du  contrepoint  simple  n'y  sont 
point  assuz  développées.  Les  exemples  de  Sal:i,  pour  cette 
espèci;  de  contrepoint,  sont  remplis  de  défauts  essentiels. 
Quant  au  contrepoint  double,  M.  Clioron,  ne  trouvant 
rien  de  mieux  ,  a  été  obligé  de  reproduire  les  règles  et  les  - 
exeiupk's  de  Marpurg,  qui  n'ont  point  d'analogie. aveo 
les  principes  du  style  vocal  des  écoles  d'Italie;  enfin  les 
exemples  de  fugues^  de  Sala ,  sont  écrits  dans  une  manibre 
lâche  et  incorrecte.  Néanmoins,  M.  Choron ,  ayant  fait  en- 
trer dans  sa  collection  les  exemples  des  anciens  mal- 

'  1res  que  le  pire  Martini  avait  dimnés  da  ns  son  Traité  du 
contrepoint  fugué,  l'a  rendue  fort  pr<?crcuse  pour  les 

'  amateurs  et  pour  lus  artistes.  Lus  utemplaires  en  seront 
désormais  d'autant  plus  recherchés ,  que  les  planches 
n'exislent  plus. 

Un  ouvrage  buné  sur  des.  principes  singuliej's,  para- 

'  <loxaux,  avait  été  publié  par  M.  de  Momigny,  en  i8a3, 
sous  le  titre  île  Cours  de  composition,  en  5  vol",  in-8*. 
L'auteur,  qui  voulait  établir  une  théorie  nouvelle  ,  em- 
ploie une  p.irlie  de  son  livre  à  faire  la  salire  des  travaux 
de  ses  préiiécesseurs  ;  c'e.Kt  presque  toujours  un  temps 
mal  employé;  aussi  le  livre  eut-il  peu  de  succès.  M.  de 

■  i^lomi(,'ny  a  reproriiiit  depuis  lors  ses  principes  dans  un 
volume  in-folio,  qui  a  pour  tilre  ;  La  seut«  vraie  théorie 

■  ^6  ta  musique.  11  ne  parait  pas  que  les  artistes  et  le  pu- 
blie soïcut  disposas  à  l'ailuplor.  A  part  le.  tou  (raiicl},ant  de 


5r>4 

ranteap^,  Icn  exemples  qu'il  donne  pour  le  contrepoint  et 
la  fugne  non!  remplis  des  fautes  les  plus  groRsières. 

En  i8i'|,  M.  Choron,  frappé  de  nuire  dénuement  de 
traités  élémentaires  de  composition,  donna  une  traduc- 
lioiï  di!  celui  d'Albi'ucIitsbergcr,  en  deux  volumes  în-8*. 
C'élail  rendre  un  service  important  à  l'art  musical  ;  aussi 
l'édition  a-l-elle  été  promptemenl  épubée  ,  malgré  la  sé- 
eheresse  de  la  partie  didaeliifue  da  livre,  et  son  inauffi- 
sance  ea  Udo  âen  cas.  ' 

€'e*t  Ici  coaTiellon  de  la  nécewité  d\iD  traité  eomplA 
sar  cette  maltfere  importante ,  qui ,  dans  le  mAme  mo- 
ment,  a  déterminé  M.  Rciclia  et  moi  à  en  rédiger  pour 
l'instruction  de  nos  élèves  de  l'écoie  royale.  Par  un  hasard 
!<ingulier,  le  résultat  de  notre  travail  parnt  en  même 
temps.  Dans  son  traité  de  Haute  Composition  ,  M.  Rei' 
clia  embrasse  toutes  les  parties  de  l'art  musical,  et  entre 
dans  des  développemcns  fort  étendus  sur  les  diverses 
formes  îles  compositions  conditionnelles.  Dirigé  vers  un 
antre  pwat  da  vue,  je  n'ai  voutu  envisager  que  les  pria- 
eipes  foodaiaentaux  de  U  comporillan  dan»  mon  Traiti 
tlu  contrepoint  et  de  ta  fugue  y  me  réservMit  de  traiter 
(le  leur  application  aux  divers  styles  dramatique ,  instra- 
mental  et  sacré,  dans  un  autre  ouvrage  consacré  spéciale- 
ment ù  cet  objet,  et  que  je  compte  publier  bientôt.  Avaut 
de  faire  paraître  mon  Traité  <Ut  contrepoint  et  de  ia 
fugue ,  j'ai  cru  devoir  le  soumettre  à  l'examm  de  la  olane 
des  beaux  arts  de  l'institut  :  la  section  de  musique ,  com- 
posée de  ma.  BertDo,  Boietdtcu ,  Catel,  CfaerubiDÎ  et 
loueur,  ayant  été  chargée  d'en  faire  un  rapport ,  t>*eit 
exprimée  aine!  : 

■  L'onvrage  de  M.  Félis  renferme  les  avantages  dont  les 
•autres  sont  dépourvus.  Les  méthodes  graduées  de  ceux* 

•  ci  sont  de  mûmc  employées  par  lui,  mais  plus  dévelop- 

•  pées,  mais  plus  cnri.  liies  d'exemples,  mais  plus  prt- 
«voyanteg  sous  le  rapport  d'une  foule  de  combiuaisous 
■  embarrassantes)  que  les  auteurs  ci-dessus  mentionnés 
■n'aVaieiU  pas  même  prévues»  mais  que  U.  Félis  a  ea  la 


■  «a^cïlé  de  propaiér  et  de  résoudre.  L'élève,  dans  cet  au- 
«vru^,  est  conduit  pn»  à  pus  vers  son  but,  pur  «les  docu- 

■  meiifl  cUira  et  préi;is  ,  depuix  le  i:oulrepainl  à  deux  jus- 
«qu'à  huit  voix  riSeiles;  rieii  n'yeat  poiiraioBi  dire  oublié, 

■  uo laminent  à  l'égnrd  de  la  fugue,  dont  lea  règles  n'a-  ' 

■  vitient  pat»  été  aosri  bien  éiabltea  ni  développées  josqù'i 

■  présent,  etc. ,  etc.  ■ 

Il  est  un  instrument  dont  l'étude  se  compose  en  même 
temps  de  la  mécanique  des  doigts ,  des  effets  qui  lut 
ttont  propres,  et  qui  ne  sont  analogues  avec  cenz  d'aucun 
autre,  du  plain-chant  romain  ou  diocésain,  et  qui  exige  en 
même  temps  de  profondes  connaiisances  dans  l'harmo- 
nie ,  dans  le  contrepoint,  et  dans  les  différens  styles  ;  cet 
iuslrnment  est  l'orgue  :  nous  ne  possédons  rien  qui  soit 
véritablement  satisfaisant  sur  l'art  de  le  toucher,  et  sur 
les  tnoyeua  de  former  de  grands  organistes.  Hatrtini  a  ' 
donné  une  ÉeoU  t^ârgùe,  qui  n'est  qu'une  tradootton  de 
l'ouvrage  allemand  de  Knecht,  et  qui  ne  peut  être  que  de' 
peu  d'utilité  en  France  ,  parce  que  l'ouvrage  original  est 
desiidé  aax  organistes  protestans ,  et  s'applique  aux  oi^aes 
de  l'Allemagne,  qui  ne  sont  point  construites  sur  les  mêmes 
principes  que  les  nôtres.  M.  Miné  a  donné  aussi  un  livre 
d'orgue,  qui  contient  les  messes,  vêpres,  complies, 
Magnificat,  TeDeutn,  hymnes  et  antiennes  des  princi- 
pales fêtes  de  l'année;  mais  l'auteur  ayant  pris  pour  base 
de  son  travail  Iç  plain-chant  parisien  ,  au  lieu  du  romain 
qui  est  en  naage  dads  presque  toute  la  Franoe ,  oe  livre 
d'orgue  tiepeutéire  d'auéune  iitilifé  dam  les  déparlemens^ 
L'ouvrage  de  M.  Uiuë  est  d'ailleurs  dépourvu  de  modèleo 
d'un  grand  style  pour  les  pièces  d'orgues  proprement  dites, 
d'offertoires,  de  versets,  de  préludefi,  de  fugues,  etc.; 
en  sorte  qu'un  bon  manuel  de  l'organiste  esl  encore  à 
faire.  M.  Benoist,  organiste  de  la  chapelle  du  roi,  et  pro- 
fesseur d'orgue  à  l'École  royale  de  musique,  s'occupe  de  la 
rédaction  d'un  ouvrage  de  ce  genre ,  mais  ne  compte  le 
publier  qu'à'  une  époqitë  asset  éloignée.  Si  le  temps  ne  me 
manque  pas;  je  ferai,  paraître  iin  b^vail  dii  mèiue  genre 
que  j'ai' enireitiiB  depuis  plusieurs  annéêF. 


Ifl  m  11  nique ,  comme  loules  les  scieiicen ,  a  .■son  vocn- 
biilnîre  :  celui  Aa  cetarl  eut  même  i}lundti  ({n'aiicuii 
nuire.  De  là  la  néoesHlé  (le*  diclioiiti^iii  eq.  Si^bustieD  de 
Bros.<nril,  chawnafl  de  la  calbédrale  de  est  le 

premier  en  ait  écrit  uo  en  fr.-inrnifi.  Ce  n'éfnit  giiëro 
[jii'une  explication  des  termes  ilulieiiS  dont  on  fuit  usage 
dans  la  musique;  mais  bien  qu'incomplet,  cet  ouvrage 
n'en  était  pas  moins  préciens  ni  inoins  estimable,  pariée 
qu'il  était  le  premier  qu'on  eût  fjit.  J.-J.  Roiniseati,  qiu 
n'Était  ni  au-isi  bon  miisitien  que  Itmssard ,  ni  aussi  érudit 
en  ce  qui  concerne  la  musique  ,  mais  qui  avait  l'dvaulase 
de  venir  aprÈe  lui,  «d  a  donné  un  plus  étendu  et  p|u( 
lilile,  pour  l'époque  obil  écrivait.  Ses  erreurs,  sesinad- 
vértncei ,  l'abandon  du  wfMhne  de  la  baUefoudameiMble 
qu'il  avait  pris  pour  bajie  de  sonlraTaïi,  et  leii  pragnèg  ds 
bi  Hinsiquo  font  que  son  livre  eut  malutenaut  à  pe«  prè» 
inutile.  Par  respect  pour  la  mémoire  de  ce  grand  écrivain, 
tes  lédecteurs  de  la  partie  musicale  de  l'ciicyclapédie  mé- 
tbodique  ont  conservé  les  articles  de  son  dictionnaire, 
mail  eu  complétant  ca  nome&clalure,  et  en  pinçant  à  la 
mite  de  ces  mêmes  articles  des  additions  dans  IcNqocllus 
Ha  cambaUcnl  la  doctrine  de  l'écrivain  de  Gcuéve.  La  pu- 
blicalion  «le  celte  partie  de  l'enoyoloftédie  ayant  ^Vii^ag- 
tempfl^Dspendue,  auzpremimrédaoteiA-saBqeoé^iU.âit 
HoaBÎgny,  Buqfu^  on  a  imposé  robligalion  deconserKerce 
qui  élaitfait.  Il  n'y  a  trouvé  d'autre  remède  que  de  dé- 
clarer dans  tous  ses  articles  que  ses  prédécesseurs  ne  sa- 
vaient ce  qu'ils  disaient ,  en  sorte  que  le  dictionnaire  de 
musique  de  l'encyclopédie  est  l'ouvrage  le  plus  ridioub 
dont  on  poisse  se  taire  une  idée.  J'en  excepte  toutefois  le» 
articles  d'érudition  mastovle,  qui  sont.) 'ouvrage  de  Gin- 
guené,  et  qui  sont  fort  estimables. 

Quoi  qu'il  eu  soit ,  la  France  n'avait  point  de  diction- 
naire  de  nuisiqnc  où  Ton  piït  puiser  des  reuseignemens 
sur  l'état  actuel  do  ect  art,  quand  M.  Caslil-Blaxii  lit  pa- 
raître sou  DictwnnairtiU  mufique  modertie,  dont  U 
preinibre  édition  fui  bientôt  épuisée ,  et  dont  la  seconde 
a  panien  iSaS,  ^vol-iti-S",  avec  quelques  augmenlatioiu 


567 

et  des  corrections.  Au  mMle  de  contenir  des  déflaitïont 

claires  et  cuncises,  une  nonienclaluro  cumpIËte  et  des 
notions  tx^tcies,  celui-ci  juiiir  l'yvanl.i-u  d'élre  surtout 
reliilil  à  b  uiiisiijiie  nos  jours,  comme  l'indique  son 
titre.  C'est  le  guide  le  plu;  sûr  pour  l'homme  du  monda 
et  {four  l'artïsto  qui  ont  moins  besoin  de  recherahes  d'é- 
rudilioo  que  d'inslriiclïons  sur  les  eboses  qui  soutÀ  leur 
uiage.  Sous  ce  rapport,  on  peut  prédire  au  livre  ds 
RI.  Gaatil-filaze  un  succèn  soutenu  et  de  nombreuses  édi- 
tions. Toutefois  il  est  désirable  qu'un  dictionnaire  analy- 
tique et  historique  de  la  musique  soit  entrepris  par  un 
musicien  littérateur  pourvu  des  qualités  et  de  l'iiisfruc- 
lioii  nikessiiirc ;  MM.  Pcriie  ou  Ciioron  me  pjrni.ssent 
dignes  du  .satisfiiiru  à  ce  souhait  par  l'clenduc  de  leurs 
coimaissaiices.  Un  purcil  livre  serait  une  espèce  d'ency- 
clopédie musicale,  où  ^utes  les  questions  seraient  traitées 
,  A  fond  ,et  aooompagaées  -des  docamens  nécessaires;  ce 
serit  peut-être  l'ouvrage  le  plus  utile  qu'on  pût  entre- 
iprendie. 

J'ai  dit  qu'il  n'y  a  point  en  France  d'histoire  générale 
.de  la  ^nustque,  et  que  nos  voisins  eu  possèdent  plusieurs  i 
il  est  an  moins  singulier  qu'on  n'ait  point  traduit  l'une  de 
celles-là.  La  composition  d'une  histoire  de  la  musique  est 
une  entreprise  longue  et  difficile.  S'il  ne  s'agissait  que  de 
f^reunde  ces  ouvrages  superficiels,  où  l'on  eût  plus  égard 
formes  du  style,  qu'à  rex.-ivtitude  des  fjïls ,  lels  qu'il 
les  faut  pour  les  gens  du  monde,  un  homme  Joué  du  talent 
d'écrire, pourrait  y  . suffire  avec  peu  de  recherches,  en  écar- 
tant tout  ce  qui  présente  queli|uedillleul(ë,eten  s'al tachant 
surtout  à  l'histoire  de  !.i  mu.siijuo  moderne,  rjiii  est  plus 
connue  que  celle  del'uiitiquité  et  du  moyeu  âge  ;  niais  l'his- 
.totien  qui  voudrait  être  vraiment  utile ,  qui  chercherait  à 
.  percer  robsourité  des  premiers  temps  au  moyen  des  textes 
et  dos  monnams,  qui  sactout  s'attacherait  à  cette  époque 
«î  iatéiesianle^elad^euvertedel'harmilDÎo,  à  développer 
«OB{>rogri»,4  faite  oomiallre  les  .variations  de'  systèmes 
et  lêufis  causes,  la  variété  des  opinions  sur  le  but  et  la 
^nature  de  Part  aux  diverses  époques,  celai-là  aurait  de 


S68 

gl-andcfl  tlifTicultés  à  vaincre.  Burney,  Hawkiiis  etBusby  eil 
Angleterre,  ForkL-l  en  AIlciDugiie,  le  [)ëre  Marliui  en  Ita- 
lie, u'oiit  rempli  <ju'uuu  parlic  des  condiliuns.  Les  his- 
toires ùe  CCS  derniers  écrivains,  d'ailleurs,  ne  sont  point 
acbevées.  M.  Pernc,  ancien  inspocteur  de  l'École  royale 
de  musique  ,  a  fait  de  grandes  reciierobes  et  de»  décou- 
verles  lieurciiHCs  sur  les  notations  des  Grecs  et  sur  la  ma-> 
bique  du  moyen  âge.  Mieux  qu'aucun  au  Ire  ,  il  a  d^" 
brouillé  le  fd  des  premiers  temps  de  la  musique  :  il  serait 
à  désii-cr  qu'il  rendit  public  le  résultai  de  ses  veilles;  mais 
le  peu  d'encouragement  que  reçoivent  de  pareils  travaux 
parmi  nous  l'ont  délcrmini'  à  s^i'dcr  le  silnnce ,  et  à  aller, 
loin  (ic  Paris,  goûlci'  les  cliannos  d'une  vie  tranquille.  Il 
est  a  eruindre  (jue  ucius  ir.-,jon.s  j  ^uii.us  d'.iulre  liisloirc  de 
la  musique  que  les  rapsoJîes  de  Uuiiuet  et  de  Blainville. 

i  défaut  d'histoire  générale,  ou  pourrait  se  conlenler 
Sa  laËleauxhiatorïques,  Mon  faits,  de  quelques  époques 
et  des  objslB  les  plus  importans  ;  mais  noua  n'avons  rien 
&  opposer  à  l'histoire  de  l'opéra  en  Italie  d'Artcaga ,  ni  à 
celle  de  la  musique  d'église ,  par  l'abbé  Gerbtrl.  No»  pré- 
tendues histoires  de  l'opéra  et  de  l'opér.i-coniique ,  celle 
delà  musique  en  Italie,  par  le  comte  OrlofT,  et  la  com- 
pilation de  Laborde  ,  méritent  à  peine  qu'on  les  cite. 

Nous  ne  sommes  pas  plus  riches  dans  la  Biographie  des 
musiciens,  ni  dans  l'histoire  lEltdraire  de  ta  musique. 
L'Angleterre  a  deux  dictionnaires  historiques  des  musi- 
ciens; r&IIemagne  a  cinq  ou  six  ouvrages  du  même  genre, 
outre  la  Bibliographie  musicale  de  Forkel  ;  l'Italie  ,  sans 
compter  une  foule  de  biographies  détachées ,  possËde  l'ou- 
vrage du  docteur  Lichlenthal  ;  mais  la  France ,  avant  que 
MM.  ChoruD  et  FayoUe  eussent  publié,  en  1810,  leur  Dic- 
tionnaire historique  des  musiciens,  n'avait  rien  en  ce 
genre.  Cet  ouvrage  est  imparfait,  parce  que  les  auleun 
ont  manqué  de.malérraiix  el  de  temps.  J'ai  tdché  de  re- 
médier à  notre  pauvreté  par  le  Dictionnaire  de»  muti- 
oieiiê  que  je  vais  publier,  et  qui  a  été  annoncé  dans  celte 
revue;  puisse  cet  exemple  engager  quelque  homme  in- 
struit &  traiter  de  l'hisloire  littéraire  et  de  la  biographie  ! 


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Nos  écrivainsse  sont  Mirlont  attachés  à  traiter  do  la  par- 
tis morale  de  la  musique,  et  de  cetle  partie  do  ta  lithira- 
liire  mnoicato  que  le»  àllemands  nomment  ^sthétifue. 
Haïs  la  plupart  des  ouvrages  de  ce  genre  ayant  été  écrits 
par  des  littérateurs  étrangers  à  l'art  dont  iU  parlaient ,  on 
n'en  peut  rien  lirwl'utile.  Le  Iraîtâ  dn  mélodrame' de  De 
Garoins ,  les  opuscules  de  Gbabanon  et  les  mémoires  de 
Grétry,  méritent  seuls  quelque  estime.  Mais  le  livre  de 
cette  espèce ,  qui  fait  le  plus  d'honueur  à  la  Franco ,  est 
incontestablement  celui  de  l'Opéra,  de  M.  Castil-Blaze , 
dont  j'ai  donné  l'analyse*.  Au  lieu  des  rêveries  sans  uti- 
lité dont  les  faiseurs  de  brochures  nous  accablent ,  on 
trouve  dans  cet  oun(^  des  Mts,  de  la  raison,  et  des- 
aperçus  neuis. 

L'csquifliie  rapide  que  je  viens  de  tracer  prouve  que  les 
musiciens  littérateurs  ont  un  vaste  champ  à  parcourir  en 
France.  Ils  no  doivent  point  se  laisser  décourager  par  le 
peu  d'intérêt  qu'on  y  porte  aux.  objets  de  leurs  travaux  : 
c'est  à  eui  qu'il  appartient  d'y  apporter  remède,  et  d'in- 
téresser la  nation  à  tout  ce  qui  peut  bâter  les  progrès  de 
leur  art.  Pour  apprendre  à  lire,  il  faut  des  livres.  Je  crois 
d'ailleurs,  que  les  circoastanceB  sont  favorables.  Avant 
que  j'eusse  entrepris  la  pobEioatioa  de  la  Revite  tmuicate, 
on  n'avait  jamais  pu  soutenir  en  France  l'existence  d'un 
journal  consacré  à  la  musique  :  chacun  prédisait  au  mien 
te  même  surt;  et  cependant  son  succès  surpasse  mon  es- 
pérance, ce  que  j'attribue  bien  moins  à  son  mérite  qu'au 
développement  du  goût  qu'on  a  pour  cet  art.  Achevons 
une  révolution  si  heureusement  commencée,  et  ne  nous 
reposons  que  qoapd  la  France  n'aura  rien  h  envier  à  pes 
voisins. 

Fins. 

{1}  VoyïilaTfww  Jfnicafe.n*  ig,p.  47>.  ,   ■    "  ' 


EIOGBAPHIE. 


Allegbi  (Gregorio),  prêli-e  cl  composilenr  de  l'ùcols 
romaine,  naquit  à  Home  en  1670.  11  fut  élève  de  Gio- 
Maria  Nanitii  avec  Antoine  Cifr.i  et  Piel. -Franc,  Valcntînî. 
En  1621) ,  îl entra  àla  chapelle  du  pape  en  (]»alité  de  chan- 
teur, et ,  peu  de  temps  après  ,  fut  nummé  compositeur  da 
cette  chapelle.  Il  mourut  à  Borne  le  18  février  164»  :  il 
était  de  la  fami)t6  du  Cgrrége. 

Gomnle  Goiii{ios!letir,  il  eut  oonnn  principalement  par 
BDD  Miserere,  qu'on  eséculaît  k  la  chapelle  Sîxtine  dans 
la  semaine  sainte;  morceati  fameux,  qui  a  mSG  pour  il- 
lustrer Bon  auteur.  En  le  lisant,  on  conçoit  difficilement 
comment  il  peut  produire  l'effel  presque  nierveilieux  qti'oti 
loi  attribue;  car  îl  n'est  composé  que  de  deur  versets,  de 
dix  mesarea  chacun,  quisechanleiitalteroatircinentpar 
deux  chœurs^  et  qai  se  répètent  sur  toutes  les  paroles  du 
psaume  :  au  dernier  verset  tes  deux  chœurs  se  réunissent. 
C'est  la  tradition  d'une  exécution  parfaite  qui  faisait  tout 
)e  mérite  de  ce  morceau.  Il  était  chanté  pnr.-ïoixante-qiialre 
musiciens  d  OUI- s  de  voix  superbes  et  de  beaucnnp  de  talent; 
certains  endroits  où  tout  le  cliœurdoîl  enfler  ou  diminuer 
Ic.i  sons  étaient  convenus;  lorsque  l'expression  des  paroles 
l'exige,  ou  pressait  ou  ralentissait  le  monvemcnt;  l'exd- 
culioD  s'en  faisait  le  soir;  le  pape  et  les  cardinaux  étaient 
prosternés;  o»  éteignait  )>uccessivement  tons  les  cierges 
et  les  torches  de  la  chapelle  ;  au  dernier  venet,  le  matlre 
de  musique  ralentissait  peu  à  peu  le  mouvement,  et  le 
chœur  éteignait  insensiblement  le  sou  ,  jusqu'à  ce  qu'il  ne 
fiitplus  qu'un  souffle;  enfin,  l'amc  était  atteinte  d'une 
sorte  de  terreur  religieuse  qui  la  disposait  à  recevoir  plus 
fortement  les  impressions  de  la  musique.  La  réputation 
dont  jouissait  ce  morceau  l'avait,  en  quelque  sorte,  fait 
regarder  comme  sacré  :  il  était  défemlu  d'en  prendre  ou 
d'en  donner  copie,  eoiv  peine  d'excommunication  ;  cëpen- 


5;i 

dautlei)  fuudres  de  l'égliiMin'oDt  point  efErayé  leK  curieux. 
Mozart  l'a  éct-il  peaddol  qu'on  lechanlaît;  le  docteur  Biir- 
uey  en  obliiit  une  copie  à  Roue ,  et  le  publia  à  Londres 
t  n  i;;» ,  et  M.  Choroji  Va  insÉré  dans  sa  Colleclioii  des 
jnèces  du  musique  l'eù'i/ieuse  t/ui  s'exécuienl  tous  tes  ans 
à  Rome,  durant  la  semaine  sainte. 

L'anecdote  suivante  prouTG  juBCju'ù  l'évidence  que  c'est 
dans  celle  eséculiuii  purfaite  dont  j'ai  parlé  que  réaide 
presque  tout  le  mérite  du  Miserere  d'AUegri.  L'empereur 
Léopold  I",  grand  amateur  de  niusii[ue ,  en  avait  fait  de- 
mander une  copie  au  pape  par  son  ambassadeur  à  Fioino, 
puur  l'usage  de  lacliapelle  impériale  :  elle  lui  fut  accordée. 
\.B  matlrc  de  la  chapelle  ponliRcale  fut  chargé  de  faire 
faire  celle  copie ,  qui  fut  envoyée  à  l'cmperetir.  Plusieurs 
Itrnuds  cliunlotirs  du  siècle  se  trouvaient  alors  à  Vienue  : 
Uii  les  pria  de  coopérer  à  l'etéculion;  mais  malgré  lot^ 
leur  mérite ,  cumme  ils  ignoraient  la  tradition  ,  lemorueati 
ne  prudiilsil  d'autre  cifct  que  celui  d'un  faux  iiourdou  or- 
dinaire. L'empereur  crut  que  le  maître  de  chapelle  avait 
éludé  l'orilreet  envoyé  un  autre il/iserere;  il  s'en  plaignit. 
Ht  le  prétendu  coupable  fut  chassé,  sans  qu'un  voulût  en- 
tendre Ha  juslifluation.  EnGu  ce  pauvre  homme  obtint  de 
plaider  lui -même  sa  cause,  et  d'expliquer  b.  Sa  Sainteté 
que  la  manière  de  chanter  ce  Miserere  dans  sa  chapelle 
Ile  pouvait  s'exprimer  par  des  noies,  ni  se  transmettre 
autrement  que  par  l'exemple.  Le  Saiut~Përe ,  qui  u'en- 
leiidail  rien  à  la  musique  ,  eut  beaucoup  de  peine  à  com- 
prendre comment  le  mOme  morceau  pouvait  produire  des 
clfels  si  ditférens;  cependant  il  ordonna  à  son  mnitre  de 
chapelle  d'écrire  sa  défense;  on  l'envoya  à\icune ,  et  l'em- 
pereur en  fut  satisfait. 

kirchera  inséré  dans  sa  Musurgia  (tome  i,  page 48?) 
une  composition  d'AIIe^i,  pour  quatre  inslrumiîus  à  cor- 
der, qui  est  d'un  fort  bon  style.  Le  catalogue  de  la  bibtiu- 
tliètpie  musicale  du  roi  de  l'orfiignl  indique  auaiii  cet  au- 
teur :  ConcOTtini  à  a,  r>  et  '( ,  lib.  i  et  :i. 


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MÉTHODE  DE  MUSIQUE  VOCALE, 


'  Panni  les  diverses  méthodes  qui  ont  été  ensayées  dans 
ces  deruiera  temps  pour  l'enseignement  de  la  musique, 
céile  àe  ta  Lyre  harmonique ,  iuvcniée  pur  M.  Pasion, 
s'est  distioguée  par  la  promptitude  de  ses  résultats.  L'au- 
teur ne  crut  pas  devoir  publier  les  dÉveloppemeuR  de  sa 
méthode  dans  les  premiers  temps;  il  se  horna  k  eu  faire 
connaître  les  bases  dans  un  petit  volume  qu'il  publia  sous 
ce  titre  :  Écoie  de  la  lyre  harmonique.  Dans  les  cinq 
ou  six  années  qui  se  sont  àcDulées  depuis  cette  publication, 
U.  Pastou,  éclairé  par  l'espérîence,  s'e^t  attaché  à  per- 
fectionner les  détails  de  ses  procédés  *  et  c'est  le  résultat 
des  observations  qu'il  a  faites  dans  son  professoral  et  des 
inodiGcations  qu'il  aintrocluilcs  dans  sa  méthode  qu'il  pu- 
blieaujourd'huîsousle  liVee  AaMéthodedemusiquevocatc. 

La  difficulté  consiste  moins  à  imaginer  une  méthode 
nonvelle  d'easeignement  qu'à  en  faire  une  meilleure  que 
«elles  qui  sont  d'un  tlsage  commun.  Beaucoup  de  prélen- 
duippofbssearsBeBontbomésaupremier  objet;  M.  Pasiuu, 
plus  oonsoiencieuz,  ne  parait  avoir  eu  en  vue  que  le  second. 
Sa  méthode  est  divisée  en  cinquante-deux  leçons.  Ces  le- 
çons nnt  alternativement  relatives  à  l'intonation  et  au 
rhythœe.  Aind ,  après  avoir  dans  la  première  enseigné  ce 
qui  se  rapporte  k  l'arliculalion  des  notes  de  la  gamme, 
M.  Paslou  emploie  une  partie  de  la  seconde  à  faire  cou- 
naStre  à  l'élève  les  élémens  du  rliythme  binaire ,  e|  il  em- 
ploie pour  y  parvenir  des  procédés  ingénieux  qui  lui  sont 
particuliers,  mais  qui  ont  besoin  d'Être  suivis  dans  l'ou- 
Tragemfime,  et  qui  se  refusent  à  l'analyse. 

Les  leçons  suivantes  de  ta  méthode  de  U.  Pastou  se 
recommandent  surtout  par  une  gradation  bien  entendue 

(i)  Unwl.  gr.  in-8"  :  ptii  56  fr.  Paris,  raulcur,  ras  de  U  TrilKfcn  , 
u*  8,  ec  chez  toaa  lia  marchanda  ctc  muEÎqui:. 


des  iliOiciiUéfit  et  par  l'art  de  les  préseolcr  sous  l'aspect 
le  moins  compliqué  et  te  plus  favorable  à  rintelligenc'j 
deii  élèvQS.  La  connaUtance  de*  signes  y  est  toujours  pré- 
cédée de  Id  démonstration  de  Bon  utitité ,  ce  qni ,  pour  le 
remarquer  en  pùssant,  est  bien  plus  rainounablc  que  l'u- 
sage presque  universellement  reçu  de  montrer  d'abord  le 
signe  avant  qu'on  en  ait  senti  le  besoin.  La  ninrclte  de 
M.  Pastou  est  celle  de  la  génération  dc&  idées  ;  c'est  la  vé- 
ritable n)élhode  philosophique. 

Tar  un  examen  snperricie) ,  ou  pourrait  peut-filre  trou- 
ver que  ce  professeur  emploie  lroj>  de  temps  aux  premiers 
élémens,  et  qu'il  entre  dans  des  détails  trop  minutieux; 
,  mais  ce  Mnt  précisément  ces  mêmes  élémens  qu'où  en- 
seigne ordinairement  d'une  ioanière  trop  Buper6eieUe 
dans  l'éducation  ordinaire;  Il  en  résuHe  qu'ils  se  claMenl^ 
rarement  avec  clarté  dans  la  tétedesoemmençanSf  et  que 
la  suite  des  études  se  ressent  presque  toiijOnrs  de  leur  in- 
certitude à  cet  égard. 

'  La  gradation  dont  j'ai  parié  se  &it  remarquer  autant 
dans  les  éxeroioes  que  dans  l'exposition  des  préceptes.  Un 
principe  d'uniformité  règne  dans  tout  l'ouvrage ,  et  l'on  y 
avance  à  la  fois  dans  la  connaisKance  des  «ignés,  dans 
celle  des  intervalles,  dans  celles  des  ions,  des  variétés  de 
mesures,  de  rhythmes  et  de  clés.  Les  dernières  leçons  sont 
relatives  à  la  Iranspostlioii ,  aux  signes  accesfjoires ,  auc 
genres ,  et  à  rli.irmoiiie.  Des  escrcices  à  deux  et  à  trois 
voix  tcrmiucnt  te  livre  et  condui.=ent  l'élève,  siaou  à  la 
pratique  des  dernières  difiîcnités,  an  moins  jusqu'au  point 
oli  la  lecture  d'uir  solfège  ordinaire  peut  achever  de  dnii- 
ner  cette  habitude  de  déchiffrer  qu'on  n'acquiert  qu'avec 
le  temps. 

En  résumé,  la  méthode  de  M.  Paston  n'est  point  un  de 
ces  brîllauH  charlatanismes  iloul  on  a  trop  fait  ttsage  depuis 
plusieurs  années,  et  ([iii  ont  fait  plus  de  dupes  que  de 
musiciens  ;  c'est  l'onvriige  d'un  professeur  inslrnil  et  d'un 
bnnnëte  luimme ,  (pii  .s'ysl  plu.s  occupé  du  pro£i;r(''S  de  ses 
élèves  que  dvi  ^oiii  ,Ie  Ic.ir  dissimuler  les  iliincidlés.  Nul 
doute  qu'il  n'en  recueille  le  fruit  par  le  succès  de  son  livrp, 
el  par  la  propagation  de  i<a  mélhode. 


NOUVELLES  DE  PARIS. 


Un  ballet  et  en  deux  aoles*  intitulé  ta  Somnambuio, 
sera  représenté  i  l'Opéra  peudant  tes  répélttioufl  da  Maz- 
lanielto.  La  musique  de  ce  baltet  eut ^  dit-on,  confiée  ù 
U.  Uérold. 

Quaut  à  l'opéra  de  MazzanieHo,  dont  la  musique  eut, 
oommfl  on  sait,  de  H.  Auber,  il  est  vraisemblable  qu'il 
paisera  vers  le  milieu  dn  mois  de  seplemlnre.  Les  décora- 
tions seules  pourront  en  retarder  la  représentation.  M>  Ct- 
ceri ,  qui  vient  de  passer  quelque  temps  eu  Italie,  est  at- 
tendu avec  impalience.  La  vue  de  Naples  aura  pU  lui 
fournir  des  idées  pour  ce  nouvel  ouvrage. 

—  On  assure  qu'un  aulre  Mazzimiello ,  qu'on  préparait 
tai  théâtre  de  l'Opéra-Gomiquc,  ne  sera  pis  joué.  Des 
raisons  indépendantes  de  la  vutonlé  A&»  auteurs  en  em- 
pêcheront la  représentation. 

Les  ressources  de  ce  théâtre,  pour  l'année  couranlet 
paraissent  fort  bornées.  Le  mauvais  état  de  la  sauté  .de 
M.  Boieldicu  ne  lui  permet  pas,  dil-on ,  de  finir  sou  opéra 
des  Deux  Nuits,  qu'on  espérai!  voir  dans  L'hiver  prochain. 
Le  travail  considérable  que  M.  Aubtir  \ieut  de  faire  pour 
rOpérd  ne  lui  a  point  laissé  le  tenip.>i  de  préparer  'quelque 
chose  de  nouveau  pour  l'Opéra-Coniique.  Il  c^l  piiu  vrai- 
semblable que  l'ouvrage  de  MîtI.  Scribe  et  Mayerbecr,  qui 
a. pour  tlire  JRoiert  te  DiaMc,  puisse  être  prêt  pour  l'hi- 
ver, car  U.  Uayerbeer,  qui  est  à  Berliu,  et  qui  doit  revenir 
seulement  vers  l'automne,  à  Paris,  ne  voudra  donner  cet 
opéra  qu'après  l'avoir  mûri  et  rendu  digne  de  sa  répulu- 
lion.  La  partition  d'un  opéra  de  MAI.  Planard  et  Oiislow 
est  prête ,  à  la  vérité  ;  n.iiis  M.  Onslow  est  à  Londres  en  ce 
moment,  et  doit,  dit-on  ,  y  rester  encore  quelque  temps. 
Enfin  ,  MU.  Scribe  et  Théaulou  ,  dont  la  santé  est  déplo- 
rable, ne  travaillent  point;  et  UîU.  Catel}  Cberublnl,  etc. , 
semblent  avoir  renoneé  au  Ihëdtre.  £m  Detui  Figaro, 
dont  la  muuque  ^t  de  M.  Aimon ,  parait  être  la  seule  res- 
source actuelle  de  t'Opéra-Comique. 


Le  peu  d'accord  ((tii  règne  entre  le  directeur  de  ce  lliOi- 
tre  et  les  auciétaires  contribue  à  rendre  la  aituatiuii  p<-- 
iiible.  les  quereller  qui  ont  éclalé  au  moment  où  l'im 
songeait  à  réorganiser  l'orcliestii!  et  les  chœurs,  ont  fuit 
suspendre  ces  mesures  qui  sont  coin  mil  ndi^c»  par  tine  ini- 
pL^riciise  uécessîlé.  Qu'eu  résnite-l-il  ?  à  l'inconvénient  du 
ne  présenter  au  public  qu'un  réjierloirc  usé ,  se  Joint  cehii 
d'une  exécution  plus  que  faible ,  contre  laquelle  ee  même 
public  commence  à  élever  des  réclaniu lions.  Qu'un  y 
prenne  garde,  ce  ii'esl  qu'avec  peine  ipi'on  fait  prendra 
à  ce  public  le  eliemin  d'un  théâtre;  mais  il  l'oublie  bien 
vile  lorsqu'on  ne  l'y  ramène  pas  tous  les  suirs. 

^L'administration  de  l'Odéon  annonce  l'otiverlurc  tlii 
son  IIiéÂIre  pour  le  premier  août  procliaiii.  Les  opérai 
qu'elle  prépare  poui  renouveler  son  répertoire  sont  Les 
Deux  Figaro ,  de  M.  CaraDa,  Don  Juan,  de  Mozart ,  tra-.  'flC 
duil  cl  arrangé  par  M.  Caslil-Blazc,  et  la  traduction  de 
Taiicri-.ile, ,  lie  Uossiui.  On  dit  ipi'auï  termes  de  son  eoga- 
f;cnii;iil  .  Jl""  Sttuitz  exige  qu'on  monte  ce  dernier  o:i- 
ïr.ige.  oii  elle  iluit  remplir  le  rflle  principal  :  le  plrrs  mortel 
eniienii  ile  M"'  Scliiilz  n'aurait  pas  mieux  choisi.  Com- 
mcnl  cette  canlalrice  iieul-elle  concevoir  l'espoir  de  lutter 
contre  le  souvenir  de  M"'  l'asla  dansée  rdic,  et  il'ullirer 
les  speclaleiirs  à  l'Odéon ,  pour  un  ouvrage  qui  n'en  avuil 
plus  au  Théâtre-Italien  ?  Kn  vérité,  jamais  il  ne  fui  plus 
vrai  de  dire  q-.ic  l'amour-proprc  e->l  un  mauvais  cortseiller. 

—  Les  concours  de  l'Éiîoic  roj'ale  du  musiqnc  doivent 
s'ouvrir  le  v.t)  de  re  mois,  ainsi  que  eehii  de  l'instilul  pour 
le  grand  prix  de  composition.  Nous  enlrellendrons  nos 
Irclenrs  dn  réMillal  de  tes  concours,  qui  iiil^resseiil  vive- 
ment les  amis  rto  l'art  nrisieal.  On  dit  qn'ou  entendra 
vingt-deux  pianistes  à  ceux  rie  l'LcoIe  royale  :  puissions- 
nous  y  entendre  un  pareil  nombre  de  chanteurs!  Nos 
Ibéàtres  en  oui  grand  besoin. 

—  Les  artistes  et  les  amateurs  dislingaé*  de  Taris  ont 
eu  occasion  d'cnleudre  oT  d'admirer  depuis  peu  l'un  des 
plus  beaux  lulcns  qu'il  y  ait  nisinlenant  nOM-Mutement 
en  Allemagne,  mais  fi:' Ijimpe  :  les  élus  compri-ndront 


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5;6 

facilcmenl  que  je  veux  parler  du  H.  Kleiigel ,  {iremier  or- 
ganiste du  roî  de  Saxe ,  qui ,  ayant  obtenu  un  congé  de  iia 
cour,  a  paRsé  deux  mois  à  Paria ,  et  qui  vieat  de  retourner 
k  Dresde. 

M.  Klengel,  qui  partage  avec  Fîeld  l'honneur  d'élrc  le 
meilleur  élève  de  Clemenli,  est  un  pianisle  de  lu  prcmièri; 
force;  son  exécution  esl  ce  qu'on  peut  concevoir  de  plus 
parfait  sous  le  rapport  du  mécanisme  ;  il  possède  une  in- 
dépendance de  doigts  dont  on  ne  jieut  se  faire  d'idée ,  et 
j^an  les  plus  grandes  difficultés  avec  tant  d'aiaanoe*  qa'on 
lierait  terité  de  croire  que  ce  sont  les  choses  les  plus  sim- 
ples. Mais  c'est  bien  moins  sous  le  rapport  de  son  talent 
d'exécution  que  je  veux  parler  de  cet  artiste ,  que  sous  ce- 
lui de  ses  productious  qui  doivent  un  jour  le  clas^icr  parmi 
les  plus  célèbres  compositeurs  de  musique  instruniientale, 
et  panai  les  plus  grands  organistes  de  l'Allemagne.  Ot'jà 
M.  Klengel  s'élaït  fait  connaître  dans  le  nioinlc  musical 
par  des  compositions  pour  le  piano,  qui  attestent  un  ta- 
lent distingué,  et  notamment  par  un  concerto  du  mcil- 
leoi  gaùt,  qui  a  été  publié  chez  ll^?Ieyel,  vers 
Mais  snn  plus  beau  titre  à  la  gloire  est  un  ouvrage  encore 
inédit,  que  les  artistes  de  la  capitale  ont  entendu  avec 
admiration.  Cet  ouvrage,  d'un  genre  neuf,  est  une  col- 
lection de  quarante  pièces  pour  le  piano ,  dans  lesquelles 
.M.  JUeogel  s'est  proposé  do  réunir  toutes  les  conditions 
des  composilioDs  scientifiques  les  plus  sévères  à  toutes  les 
grâces  de  la  mélodie.  Ce  n'est ,  en  effet ,  que  comme  cela 
qu'il  est  utile  d'employer  la  science  atgourd'huî;  car.  ainsi 
que  le. dit  U.  Klengel]  il  serait  indifférent  d'ajouter  quel- 
que^ pièces  de  plus  aux  ouvrages  parement  scIentiQques 
des  anciens  maîtres  des  écoles  allemandes  ou  italiennes. 
Mais  observer  les  rigoureuses  lois  de  la  science  sans  nuire 
aux  formes  du  chant,  cacher  si  bien  cette  science  que 
quiconque  ne  serait  pas  prévenu  ne  pourrait  supposer 
({u'ellc  existe  dans  cette  musique  empreinte  de  grâce  et 
(l'abandon,  voilà  le  comble  de  l'art,. et  c'est  ce  problème 
que  M.  Klengel  a  i^solu  avec  un  bonheur 'qui  tient  du 
prodige.        .  . 


5r? 

La  coUecUon  de  pièces  de  M.  Rlengel  se  compose  de 
ruiioiis  à  tous  les  intervalies,  avec  ou  sans  partie  libre 
iraccompagnemcnl ,  de  fugues  et  de  toccates.  Ce  sont  des 
ciercîces  et  des  études  d'un  nouveau  genre.  Elles  offrent 
de  grandes  diOicultés  d'eiéculion  ;  nou  pas  de  ces  diffi- 
ciillés  de  danseurs  Je  corde  qui  ne  sont  que  trop  à  la  mode 
depuis  plusieurs  années;  mais  des  difficultés  d''enchalue- 
ment  et  de  liaison  propres  à  former  le  meilleur  doigté  el 
le  louclier  le  jilus  égal.  On  voit  (jue  M.  Klengel  s'est' formé 
par  l'étude  dos  fuE«es  de  Bacb ,  que  personne  en  effet  n'a 
joué  mieux  que  lui. 

M.  Rlengel  espère  obtenir  un  nouveau  congé  de  sa  cour 
pour  passer  un  an  l\  Paris,  et  il  compte  employer  ce  temps 
à  surveiller  la  publication  de  son  ouvrage  el  d'un  autre  du 
même  genre,  dont  la  composition  lui  ;i  roùié  plusieurs 
années  de  travail  et  de  méditations.  Nul  doute  que  ces 
belles  composîtionH  n'obtiennent  un  grand  succès,  et  u'op- 
posept  une  digue  au  mauvais  goût  qui  désiionorc  mainte- 
nant la  musique  instrumentale. 

NOUVELLES  ÉTRANGÈRES. 

MiLiB,  On  a  fait,  le  3o  juin ,  la  clôture  des  représenta- 
tions données  dans  la  saison  du  printemps  {la  prima- 
iiera  ).  Les  pièces  qui  ont  élé  représentées  sont  :  ta  Donna 
dei  Lago,  il  Monlanaro ,  l'Ingamio  feticc,  H  Barbiere 
diSiuiglia.  Aprètf  la  troisième  représentation,  ta  Foresta 
d'Hermanstajt  a  disparu.  Les  ballets  qui  ont  été  donné» 
avec  ces  opéras  sont  :  te  Jmatzoni,  Don  Pietro  di  Por- 
togaiio,  el  Pelia  e  Mileto.  Dans  la  Donna  dtl  Lago 
fons  les  morccani  qui  ont  été  chantés  par  Jlubini  ont 
toujiiurs  fait  plaisir.  Les  duos  du  premier  et  du  second 
acte  et  sou  air  ont  obtenu  de  continuels  applaudjsse- 
mens.  Le  dernier  principalement  paraissait  tonjours  nou- 
veau'. L'inganno  felice  doit  aussi  à  Rubini  le  privi- 


(f  Un  dïfoogemeiil  de  ssati  ayniil  EoIcTé  la  LoreDi.ini  i  la  jc(:iip  , 
peu  o[prfcs  Ig  noiomcnccmcnl  Je  In  faisun  ,  cllt^  a  *lé  rtmplaciiB  tiani 


Ii-gc  du  s'élre  «oiitciiu,  quoique  à  dire  vrai  il  n'yail  de  bH^ii 
(laiis  cet  ouvr.-igc  que  le  trio.  Toulle  reste  languit;  od  n'y 
li-ouve  que  cà  et  là  quelques  éolai»  d'inspiratioD.  Toute~ 
l'ois,  pour  l'cOut  ilu  irio,  il  eût  'élë  à  défirer  que  Rubïni 
câl  élé.iuienx  eccoadé, 

làeputdic,  pardonnant  à  MeroadanteKS  imiUlionslrop 
exMt«8.,  inrsH  disposé  i  écouter  pbu  favorablement  une 
muttlque  qifî  -avait  conunepoé  par  lut  déplaire'.  li  Mon- 
lanaro  s'entend  avec  plaisir,  particulièremeiït  le  second 
acte.  Quoique  le  trio  et  le  ftasA  du  premier  acte  n'aient 
pan  été  goûtés,  ils  uesont  pas  moins  des  morceaui  très 
remarquai  il  es. 

Pendant  le  coitrx  de  l'été,  Je  grand  tliL-âlre  seul  reste 
Termé,  et  la  Canabhiana  otivve  avec  des  bullets  et  de» 
eomédies.  Celte  aoui-o  cependant  qn  continuera  àjauer 
de«  opérai  «t  4^  pantomimes  ji  U  Soala,  pendant  vingt 
repr^sc^itatioiu  qui  M  donneront  daoFi  Je  cours  dejoillet. 
I.Vngaj^ement  dé  Piermarini,  de  FrtzzalUù  et  de  la 
Franchini  étant  terminé,  il  ue  reste  que  Rubini  et  sa 
l'cmmc.  Tamburînî  et  la  sienne ,  et  Bïouilini.  I.a  Donna 
dal  Lago  a  ouvert  le  cours  tle  ces  représentations.  Le  rtMe 
Aa  Rugijcro  élaM  rempli  par  Tamburini ,  et  eelui  de  Mal- 
cotmpar  sa  femme.  On  alterne -tes  représentations  avec  ta 
Oêmmy  MBarti»»,  et  une  farK. 

■ — Ttatro  Re.  La  bonne  volonté  et  la'  variété  su ppléenl 
Aetm  ce  petit  théâtre  au  défaut  du  moyens.  Dans  le  cour« 
de  la  saison ,  on  y  a  rcpréfieiité  ta  PaslorellaFeudataria, 
il  Bartiere  diSivigtia ,  iFahiGaCantuomini,  il  Finto 
Sordo,  et  quatre  ballets.  L'opéra  intitulé  i  FainGatan~ 

«et  qpffa>ft'dltQ(  bt  Umtta  éel  Laga  par  1>  FiMialûai,  tpr^  t*  Toti 
.Et  la Fiiaiuui.  Le  rùle  de  Halcolm,  cap^ilaoi: pour  sioù  direea  deux 
■in,  luqueU,  bien  qu^U  Mient  migoifiquei  eo  uinatian,  lil  emeuiTe- 
ntent  ingrit  i  Jt  KuiodE  mËDie,  qui  bit  milùtcniot  lu  dilIcGi  du  pn- 
Uio  ptriilea.  peut  4  peine  te  faite  remarquer  dîna  la  ilretla  dn  rondo. 

(i)  Huai  Mmfoiuw,  la  'Fnnflbîpi  l'eat  Ëilt  remarquer  par  sa  b«Ue 
méthode,  *»  prononoiatiiMi,  et  la  pareti  de  aai  ïolaoDaQona.  Cette 
jiniae  actrice  cMbiBueD  loioa;  rtle  nepent  manquer  défaire  da  pto- 
grènapldea  avecdn  travail,  et  oeUenolik  éouilaliMi  qn'înapîreat  dei 
louangei  données  avrc  dUeemcinritt. 


579 

luomini  élut  nonveau/Vatcnliiii ,  jeane  ^l^e'du  Conier' 
vatoire  de  Naples,  «n  est  l'aateur.  C'est  un  ouvrage  dis- 
lingué  :  on  y  rem  a  rqae  principalement  un  quatuor  qui 
ferait  honneur  1  plus  d'un  mallre. 

Vuiiss.  La  SoeUta  ApoUinea  mérite  toujours  les  plus 
gnitids  éloges  pour> l'hospitalité  qu'elle  accorde  k  ses  oom- 
palrioiea  et  aux  étrangers,  dans  le  magnifique  local  où 
elle  a  établi  sa  demeure.  ' 

On  a  donné,  le  i4  ji>î"  i  un  concert  (  Aeadémia')  Tocal 
et  instrumental,  dans  une  de  «es  salles.  Tous  les  chan- 
teurs qui  ont  cliarmé  le  public  vénitien  au  lliéàire  San- 
Bencdello ,  pendant  la  saisnn  dernière,  onl  été  invités  et 
se  sont  prêtés  avec  complaisance  h  Atulcnir  la  partie  vo- 
cale du  concert.  Plusieurs  membres  de  la  société  ont  fait 
entendre  des  morceaux  de  musique  instrument  a  le  de  leur 
composition.  L'orchestre  était  conduit  par  le  vice-prési- 
deot  de  la  sooïété. 

Quelques  jours  auparavant,  H.  Jovinskfi  pUDisto 
pdonais,  a  joué  dans  une  réunion  particulière  de  la 
SoeUia  ApoUinea.  En  poii-sant  par  Venise,  pour  se  rendra 
à  Hilan  et  i  Paris ,  il  a  voulu  se  faire  entendre  d^ns  cette 
ville.  On  a  admiré  son  beau  talent,  et  il  a  été  reçu  membre 
honoraire  de  la  sooîété. 

Fàkxe.  HII"  Bertrand»  baqtiste,  a  donné  un  conoert 
brillantdans  cette vlUe.  vis  à-visde.S.A.B.  Marie-Loulseï 
Cette  virtuose*  apite  qu'elle  se  aéra  &it  entendre  daniles 
«illes  principales  de  rUaUe,  doit  w  rendre  3t  Vienne. 

Bbius,  ^juillet.  U"  Marianne  Sesii  esf  arrlrée  dans 
celte  ville;  elle  a  donné  un  concert  auquel  ont  assisté  le 
roi  et  toute  la  cour.  On  n'avait  pas  entendu  M""  Sessi  à 
Berlin  depuis  1817  :  on  a  trouvé  que  les  outrages  dits  par 
r.igeà  sa  voix  étaient  un  peu  sensibles,  mais  qu'elle  u'av&it 
rien  perdu  de  sa  belle  mùthode  italienne  et  delà  chaleur 
qui -caractérisait  son  eiécution.  Elle  était  seooadée  dan* 
ceeoncerl  parU™'  Schullz,  Uilder,  HdnefeUeret  Scheoh- 
uer.  Le  compositeur  G.-A.  3chneider  avait  écrit  pour  ces 
cinq  oanlalrioea  un  qnintetto  k  la^manlire  italienne»  qui 
a  terminé  Ic.coucerlet  qui  n  fait  grand  plaisir. 


38o 

M.. Sporiliiii,  qui  jusqu'ici  av.-iït  été  furt  bien  trailé  pKr 
Icfl  journaux  de  fierliti ,  vient  d'èlre  rudement  mené  ilann 
la  Gazette  musicale,  par  M.  Rellstab,  â  l'occasioii  de  son 
premier  acte  d'Agnès  de  Hohenstaufen.  M.  Etcllstab ,  qui 
parait  être  un  sévère  champion  de  l'école  allemande  et  de 
la  pureté  de  style,  comparait  presque  toigoursM.  Sponlini 
&  GUtok,  et  p4clsiit  de  ce  point  de  vua,  non-Beulement 
critiquait  parliqulièrement  la  deraièr«  production  de 
m.  Spontûiî,  mais  lui  contestait  en  général  le  talent  d'écrire 
tes  iluos,  les  fuiale» ,  voire  même  les  chœurs  et  les  airs  da 
ballet,  et  J'ciicliaîner  couveuablement  soi  diverses  mélo- 
dies, quoi  qu'il  appartienne  ^l'école  mélodique.  Chaqoe  ob- 
jection était  appuyé#stir  une  comparaison  avec  un  mattra 
de  l'école  allefnande,  et  plus  particulièrement,  comme 
nonsTavouR  dit»  avec  Glu<^  Dansgon  dernier  article,  da 
97  jaiu ,  M.  RdUlab  se  plaig;nalt  de  ce  que  les  partisans 
do  M.  SptHilini  avaient  parcouru  les  cafés  on  déchirant  les 
niintéros  de  la  Gazelle  muiicato  qui  contenaient  ses  pré- 
cédons articles;  il  ajoutait  qu'il  se  plaisait  à  croire  que 
M.  Spontini,  qu'il  regardait  comme  un  homme  trhonneur, 
était  non-seulement  étranger  à  ces  violences,  niaÏN  i(u'il 
les  désapprouvait.  U.  Spoulini  a  répondu  au  critique  eu 
annonçant  dans  les  journaux  qu'il  allait  lui  .donner  une 
satisfefftion  convonable,  en  âtsant  réunir  et  imprimer  toua 
ses  articles  sur  Agnè»,  et  en  les  disant  distribuer  gratis 
au  nombre  de  10,000  etemplaicos,  afin  que  le  pdblio  ne 
fût  point  prlv^  de  la  salisfaotlou  de  voir  jusqu'à  quel  point 
pouvaient  aller  la  liatne  et  la  méobanoeté  d'un  écrivain. 

ANNONCE. 

On  vient  de  mettre  en  vente,  cliez  Maurice  Schic- 
singer,  éditeur  de  musique  ,  rue  de  Iticlictieu ,  n*  g^,  lu 
partitidn  et  les  parties  séparées  du  Laup-Garou,  opéra- 
comique  en  un  acte,  musique  de  M"*  Louise  Berlin.  Cet 
ouvrage  était  attendu  avec  impatience  par  les  directeurs 
des  lliédires  des  déparlemcns,  . 


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PUBLIÉE  PAR  M.  FÉTIS, 
FBOFESSEVK  SB  COHTOSITIOn  1  l'êcolk  BOIàLB  de  kdbiqoi, 

■T  SIBllOTliClISI  DI  cm  tTik«I.lUlllIIIT. 

V  24.  —  JOnXET  1837. 


NOUVELLES  DE  FAHIS. 


Ilkniis  plusieurs  jours  on  avait  cessé  de  répéter  te» 
Dwai  Figaro  pour  s'occuper  d'uu  opéia -comique  en 
deux  actes,  dont  les  paroles  et  la  musique  ont  été  compo- 
èéea  par  un  amateur;  mais  ce  nouvel  ouvrage  est  lui- 
même  ajourné  Indéfiniment,  par  suite  des  querdics  de 
riAtérieur  des  OQulisses. 

—  Les  répétitions  de  Tetatdo  ed  liotina,  opéra  de 
Uorlacchi ,  se  contiaoent  aveo  ardeur  au  Théltre  Italien. 
On  aitnonoe  la  prends  représentation  comme  très  pro- 

—  Va  joittnal  inalMait  il  y  a  peu  de  jours  sur  ravantags 
qu'il  y  aoifait  poor  ' l'administration  de  l'Opéra  de  mettre 
en  scène  ranclenne- traduction  du  Don  Juan,  de  Mozart. 
Nous  ne  partageons  pas  son  opinion.  Sans  vouloir  ap~ 
pujer  la  nôtre  du  peu  de  succès  que  ce  clief-d'œuvre  eut 
autrefois  à  l'Opéra,  nous  ferons  remarquer  que  si  le  public 
est  maintenant  plus  en  état  .d'en  apprécier.  les  beautés, 
bien  de»  raisons  s'opposent  à  ce  qu'il  produise  autant 
d'effet  qu'il  en  a  fait  au  Théâtre  Italien,  D'abord,  on  se 
tromperait  si  l'on  tirait  du  succès  de  Moite  la  conséquence 
de  celui  de  Don  Juan;  car  si  l'on  M  fût  borné  à  metlré 
sur  la  scène  de  l'Opéra  une  tcaduclion  simple  du  MaA, 
elle  n'eûtcertalneneutp<rint«zcItéIememeeDthousiaune 

5o 


589 

que  la  pièce  nouvelle.  RosBinI  était  là;  non-gentemenl  j| a 
puisé  dans  ses  anciens  ouvrages  d'ezcellcns  morceaux  pour 
les  ajouter  à  celui-U ,  mais  il  oa  a  iait  de  nouveaux  ap- 
propriés au  grand  cadre  qu'il  avait  à  remplir;  enfin  il  a 
coordonné  toutes  les  parties  de  celte  belle  production. 
Hais  qui  oserait  se  charger  d'en  faire  autant  pour  l'œuvre 
de  Uozart?  qui  oserait  toucher  à  cette  merveille  de  l'art 
musical,  et  mettre  ses  idées  à  cAté  des  inspirations  d'un 
pareil  génie?  Cependant  il  seriiït  indispensable  de  le  faire 
pour  mettre  Don  Juan  en  ûtiit  d'être  représenté  avec 
succès. 

Certes,  personne,  plus  que  nous,  ne  professe  une  ad- 
miration sans  bornes  pour  les  productions  de  cet  homme 
étonnant,  qui  a  eu  plus  d'idées  et  un  sentiment  musical 
plus  profond  que  tous  les  autres  compositeurs  réunis  der 
puis  un  siècle  ;  mais  il  n'est  pas  moins  vrai  qu'il  n'a  point 
cherché  Te fTet  dans  ses  formes  ;  que  beaucoup  de  morceaux 
de  Don  Juan  manquent  de  cette  fameuse  Coda  qui  est  sf 
nécessaire  aujourd'hui ,  cl  que  le  plus  grand  nombre  finit 
piaiio.  L'admirable  trio  île  débul  du  premier  acte,  celui 
deDun  Ju;iii,  LeporcUo  el  douna  Elvîra,  le  beau  quatuor, 
«on  ti  fidar,  o  misoro,  le  délicieux  quintetio  du  second 
acte  aoX  toujours  laissé  froid  le  public  da  Théâtre  llulien  ; 
que  dexten^nt-ils  à  l'Opéra  ?  Il  y  a  des  formes  de  mode , 
des  formes  d'époque  ;  ftossïni  en  a  mis  en  vogue  que 
Hoiart  n'a  pas  ;  el,  pour  le  moment,  on  ne  peut  réussir 
sans  les  avoir.  Après  une  chute.  Don  Juan  ne  sera  pax 
moins  le  clief-d'ceuvrc  de  la  musique  pour  les  connaisseurs) 
mais  il  sera  profané  pour  le  public,  et  les  gens  qui  m 
mêlent  d'écrire  dans  tous  les  journaux  sur  un  art  q,ii*>l> 
ne  comprennent  pas,  ne  manqueront  point  de  décider 
que  Mozart  n'a  été  bon  que  pour  son  temps. 

D'autres  raisons  s'opposent  à  ce  qu'on  représente  Don 
Juan,  et  la  plus  forte  eat.qu'on  np  peut  le  monter  conve- 
nablement Sous  le  rapport  des  rdlee  de  femme ,  on  pour- 
rait trouver  des  rossonrces;  maïs  qiii  fera  Don  Juan  ?  qui 
fera  Leporello?  Le  journaliste  dont  nous  avons  parlé  in- 
dique Adolphe  Nourrit  pour  le  premiw  rAle.  Sans  doute 


585 

il  ne  sera  dit  ;  Garcia  est  un  léiior ,  Konrrît  en  est  ua 
autre;  Garcia  a  chanté  Don  Jimn ,  ilono  Nourrit  peut  le 
chanter.  Il  ne  sait  p^is  ({iie  le  râle  du  Don  Juan  écrit 
par  Mozart  i!st  une  bansc;  il  ne  voit  pas  que  Garcia  avait 
un  ténor  très  grave ,  et  (jue  Nourrit  en  a  un  très  élevé. 
Garcia  avait  une  force  d'Hercale,  telle  qu'il  la  fallait  pour 
te  finale  du  premier  acte;  Nourritjr  suocomberait  Noaii 
'aa.voaa  que  Itoland ,  ténor  sorti  du  Conservatoire,  a  joué  ce 
rôle;  mais  s'il  chantait  bien  les  choses  gracieuses  ,  il  était 
insufiiBant  et  ne  produisait  point  d'effet  dans  lo  reste. 
Nourrit  chanterait  à  merveille  le  rôle  de  Don  Ottavîo  , 
mais  nous  sommes  cerl<iiiis  qu'il  se  refusera  à  jouer  celui 
de  Don  Jitan.  Quanta  Lcporcllo,  nous  avouons  que  nous 
ne  voyons  personne  pour  le  jouer.  Levasseur  le  chanterait 
fort  bien;  mais  ce  râle  demande  de  la  finesse,  du  jeu,  et 
l'on  sait  que  ce  n'est  pas  le  côté  brillant  de  Levasseur.  En 
résumé,  nons  dirons  au  ^recleur  de  l'Opéra:  ne  jouez  pas 
Don  Juan;  respectez-le  :  on  le  pro&neraïten  |»ure  perte. 

—  On  nous  communique  la  note  suivante ,  qui  nous 
donne  l'espoir  de  voir  se  résdlser  une  partit  des  vœux  que 
nous  formions,  en  déplorant  la  pauvreté  denotre  littérature 

Un  jeune  artiste  qui  n'est  pas  étranger  aux  études  litté- 
raires ,  et  qui  a  publié  dans  quelques  journaux  des  articles 
de  musique  fort  différens  de  ceux  qu'un  lit  trop  sauvent 
dans  les  feuilles  françaises,  s'occupe  depuis  quelque  temps 
de  la  rédaction  d^iu  nouveau  Dietîonnain  de  musique. 
Plusieurs  lettres  sontd^à  terminées;  l'ouvrage  pourra  être 
publié  dans  Icsprcmiers  ijpoisde  1828 ,  et  ne  formera  qu'un 
seul  volume. 

Le  même  auteur  a  rassemblé  ilcs  matériaux,  pour  la  com- 
position A'uneBiùHographie  nvusicale  qu'il  sepropose  de 
publier  après  sou  dictionnaire.  Sans  anticiper  sur  le  ju- 
gement du  public»  nous  oroj'ona  pouvoir  donner  d'avance 
notre  assentiment  BU  plan  décès  deux  ouvrages.  Quelque 
soit  son  succès ,  il  feut  savoir  gré  &  l'auteur  de  se  vouer, 
dès  sa  jeunesse,  h  des  recherches  longues  et  pénjbles  qui 


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564 

de  peuvent  qoe  contribuer  jiux  progrès  de*  études  miui-' 
cale*,  si  fort  arriérées  dsps  notre  pays» 


NOUVELLES  DES  DÉPARTEMENS. 


DocAi.  Les  amateurs  da  musique  de  cette  ville  ont 
donné,  le  9  de  ce  mois,  on  concert  i  roocasion  delà 
féle  communale.  H"*  Cintï ,  invitée  par  eux  à  faire  l'orne- 
ment de  ce  concert ,  y  a  cbaaté  un  air  du  Crociato ,  la 
cavatine  du  Bcartier,  et  celle  de  la  Gaxsa  Ladra.  Bavia 
de  csqu'ils  venaient  d'entendre,  les  amateurs  ont  décerné 
une  couronne  à  l'aimable  cantatrice.  Le  lendemain ,  un 
banquet  lui  a  été  offert ,  et  de  nouveaux  applaudissemens 
Se  sont  jaillis  à  ceux  de  la  veille. 

Le  département  du  Nord  et  ceux  qui  l'avoisioent  se  dis- 
tinguent par  la  manière  dont  la  musique  y  est  cultivée  .; 
tnajs  la  ville  de  Douai  se  failsurtout  remarquer  par  legoOt 
de  ses  habitans  pour  cet  art.  On  y  trouve  parmi  les  ama- 
teurs des  lalens  qu'il  est  rare  de  rencontrer  dans  les  dépar- 
temens.  Les  autorités  encouragent  les  eSbrls  des  artistes; 
une  école  de  musique  y'  est  entretenue  aux  frais  de  la 
commune;  enfin  un  orchestre  composé  en  grande  partie 
d'amateurs  distingués  par  leur  position  sociale ,  y  exécute 
fort  bien  la  symphonie. 

Dans  le  concert  dont  il  s'agit,  des  ouvertures  et  sympho- 
nies des  nouveaux  compositeurs  allemands  ont  été  dites 
avec  beaucoup  d'ensemble.  H.  y*  y  a  joué  des  variations 
sur  le  violon,  de  la  composition  de  Hellrnsbei^er,  premier 
-violon  daConservatuIrede  Tienne,  de  manière  à  mériter 
les  applaiidissemens  de  l'auditoire  le  plut  exigeant. 


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REVDE 

DE  QUELQUES  THËA.TRE5  D'ITALIE, 

FENDinr  LES  SIX  DBBHIBBS  MOIS  '. 


VKnsB.  Grand  théâtre  dctla  Fenicc.  Mîlridate,  opéra 
séria,  musique  de  maestro  Tadoliai,  a  été  le  udUer  ou- 
vrage représenté  cette  année.  Le  public  l'a  éc^^^Bec  pa- 
tience ;  l'ouverture  et  un  trio  dans  le  premieniPe  ont  été 
applaudis  et  faisaient  concevoir  quelques  espérances  pour 
la  suite  ;  mais  ces  premiers  éclairs  d'inspiration  musicale 
s'éteignirent  peu  à  peu.  L'instrumenlatîon ,  quoique  faita 
avec  talent,  ne  put  toutefois  soutenir  l'ouvrage.  Le  Cro^ 
ciato  de  Meyerbeer  suivit  Milrîdate;  c'était  la  seconde  fois 
qu'il  paraissait  à,  Venise,  et  les  aiitaleurs  pui'ent  se  con- 
vaincre que  les  beautés  répandues  dans  cet  ouvrage 
n'aviiient  pas  été  suffisamment  appréciées  lorsqu'il  ftit 
donné  pour  la  première  fols.  La  Gipvanna  d^jirco  (Jeanne 
d'Arc  ),  mélodrame  de  Ross!  ;  musique  de  VaccaE,  termina 
les  représentations  du  camavat.  L'introduclîoil ,  le  granA 
air  de  Jeanne,  un  duo,  le  finale  du  premier  aole,  dan?  le- 
quel l'adagio  est  d'une  assez  belle  fiicture ,  et  trois  autres 
scènes  du  second  acte  ont  réussi  complètement.  Dans  ce 
inélodrame,  Bossi  a  préparé  habilement  toutes  les  situa- 
tions, et  l'auteur  de  Giulietta  e  Romeo  a  su  en  proQter. 
On  réproche  cependant  au  poète  et  au  musicien  de  n'avoir 
point  assez  fait  chanter  les  acteurs.  La  signora  Adélaïde 
Tosî ,  à  peine  rétablie  d'une  maladie  grave  ,  a  néanmoins 
chanté  avec  celle  énergie  qui'  lui  est  propre  cl  celte  excel- 
lente méthode  qu'elle  a  puisée  à  l'école  de  Crescentîni. 
Gaetano  Crivelli,  premier  ténor,  est  connu  par  tant  de 
'triomphes  qu'il  suffit  de  dire  qu'il  s'est  montré  digne  de 
lui.  Carlo  Moncada,  basse  chantante,  et  la  signora  Tc- 
resa  Cecconi,  primo  mxuico ,  doués  tous  deux  de  beau- 

(i)  Eitiail  duiouinal  de  miiNi{u(  inlitalé  ITtettL 


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586 

doup  de  luleut,  ont  contribué  puisBammeot  au  succès  ie» 

ouvrag;eB  roprésentés  daDS  le  cours  de  la  saison. 

Une  compagnie  de  chanteurK,  rascemblée  à  la  hâte  pour 
le  théâtre  San  Benedello,  a  commencé  par  donner  des 
opéras  plutôt  improviitËs  qu'étudiés.  L'opéra  buffa  de  Do- 
nizzctti ,  iiilitulé  Pictro  il  Grande,  a  été  froidement  ac- 
ciicIDi;  le,  Barbier  de  SévUle,  de  Rossini,  le  suivit  de 
prj:s;  ensuite  VJjo  neW  Imtiarazso,  autre  ouvrage  de 
Donîzï^l^fut  aussi  mal  reçu  par  le  public.  La  partition 
de  Bo^^Bfclacêe  entre  ces  deux  ouvrages  à  la  glace,  4 
été  d'ui^PPKid  secours  pour  les  spectateurs  et  pour  les. 
chanteurs  Inchindi,  Ricci  et  Serafiua  Ruhini,  lesquels 
oot  reçu  du  public  de  nombreux  témoignages  de  satÎ8-> 
faction. 

TuBiN.  Théâtre  Royal.  H  Crociato  in Egitlo,  drame  mu- 
sical do  Meyerbeer,  a  été  universellement  applaudi  sur  les 
théâtres  de  Lisbonne  et  de  Uerlin,  et,  après  avoir  excité 
l'admiration  de  toute  l'Italie  et  de  la  France ,  a  été;  repré-i 
vealif  avec  égal  succès  sur  le  théâtre  royal  de  Tuiin. 
Vous  nous  abstiendrons  de  parier  de  cet  ouvrage,  dont  le 
mérite  9  été  apprécié  dans  toute  l'Europe;  nous  dirons 
seulement  un  mot  des  acteurs.  Mari,  premier  ténor,  pos-i 
sède  une  voix  puire  et  flexible,  il  chante  bien  la  cavatiue; 
la  signera  Bassi  est  élonu.iute  par  l'heureuse  hardiesse 
avec  laquelle  elle  risque  les  passages  les  plus  difficiles. 
M°"  AJetas  et  Torinesî  méritent  également  des  éloges. 

Le  Crociato  a  été  suivi  â'Ezio,  opéra  séria,  musique  de 
Mercadanle.  Depuis  long-temps  aucun  compositeur  n'a- 
vait oin^  de  ses  accords  la  donoe  poésie  de  Uetaslasei 
Uerôadaiile  l'a  feit  -aTec  succès,  sa  musique  est  riche  de 
pensées  et  de  science  ^.  La  oavatïne  d'Ezio ,  le  duo  entre 
Ezio  et  Fulvia^  le  quinletti  et  le  finale  du  premier  acte» 
l'air  de  Fulvia  et  le  rondo  d'Ezio,  dans  le  second,  ont 
été  .très  applaudis.  Mercadante  avait  confié  son  premier 
rAIe  à  la  ^assi  ;  ftvec  une  telle  actrice ,  un  ouvrage  même 
inëdiucre  ne  p^ut  tomber. 

(i)  La  perlées  et  lawiciice  de  Heicadapte!  Cela  g>i  coricm. 

(«■««rfcirerfaeleur.) 


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'M?  . 

Le  théâtre  SwUta  a  oonuneiioé  le  cours  de  seo  i«iM<é- 
eenutione  par  la  MaHbU  de  Shahran  de  Bossint ,  el  lisa 
a  terminées  par  I  Due  Figaro,  opera  nouveau  de  Sro- 
gîaldî.  On  a  surooniiné  oet  oavrage  un.  appeodioe  du 
BarUer»  di  Sevigtia,  aa  raisao  des  nombreiuesrémliiis- 
aewsesde  Eeuiat,  oanbenHes  dans  ce  qu'on  appelait  un 
apéta  noDTeav.  Xm  public  cepeudant  a  accoeilli  asiei  fa- 
«orabletaentlaauui^  de  Brog)a|dji,  eta  donné  d»  mar- 
ques d«  wtigfaction  à  {iiluieiMstibanlelVf,  qui  n'auraietit 
fointiétédéplao^nfiine  wuiflUMMâ'ua  ordre  plus 

FLouma.  Théâti*-  ftaUm  Pwgota.  On  a  ouvert  la 
saison  par  ta  Sdaeeaporaaltaia,  musique  de  Mosca.  Cet 
ouvrage  n'ayant  point  eu  de  succès,  on  luîa  prompleuient 
substitué  II  Turco  wltatia,  de  Bossinï.  PieiroilGrand», 
de  Vaccai,  a  ële  douné  ensuite;  mais  comme  il  n'a  eu 
qu'une  seule  représentation ,  on  en  est  encore  revenu  au 
TuT€.  i£s  Florentins  attendaient  avec  impatience  un  nou- 
vel «euvM  musical  de  Pielro  Gaoeialî.IIn  sentînwnt  d'adr 
JuiratiOD  pràoMa  fmqoois  l'apparitiim  d'un  ouTvage  de 
«et  illost»  maitce.  Sou  atyle  offre»  pQnrain*i«HM»  le 
dernier  anneau  de  la  chaîne  qui  tépasele^  couvres  4e  raur 
cienne  école  de  celles  composées  seloo  la'  nouvelle  mé- 
thode créée  par  Roasini.  On  y  tronrp  on  mélange  heureux 
des  deux  manières,  quisuffitseulpourrendresesinma^ 
agréables  ft  tous  les  analenrB.  drame  qu'il  vient  do 
BMtire  en  nausiquo  ut  tiré  de  l'ffisttrire  Sainte  ;  il  est  ïo- 
lîtalé  G^fli.  les  connaiasmrs  remarquent  dans  cet  ora- 
torio une  gravité  appropriée  au  sujet.  Les  chœurs  et- totis 
les  morceaux  d'enseoible  sontadmirabics,  principalanient 
l'introduction,  et  le  finale  du  premier  acte,  riotroduotiou 
du  second,  et  le  chœur  de  l'agio.  Ce  dernier  morceau 
est  une  de  ces  heureuses  inspirations  du  génie  qui  vien- 
nent émouvoir  l'ame,  sans  lui  laisser  le  temps  d'analyser 
ses  sensaLioQs.  Cet  ouvrage  eut  cependant  Le  désagrément 
(l'èrrc  représenté  irnp  lôt,  c'est-à-dire,  avant  d'avoir  été 
sufTisaiiiment  étudié,  et  ce  ne  fut  qu'apnM  quelques  soi- 
rées que  le  public  a  pu  en  appi-écicr  les  l^autés.  Reina  , 


588 

premier  tënar ,  a  dé  ployé*  beaucoup  de  zèle;  ta  lig.  Elena 
Olto  possède  une  voix  pure,  mais  trop  faible  pour na  ri 
vaite théAtre ;  quant  àlasig.  Bonini,  toujoors  excellente, 
lot^ours  applaudie ,  elle  ne  mérite  que  des  éloges. 

G-ÉBBi.  Les  représentations  ont  éommencé  par  Romeo 
eGiatictta,  de  Vaccai.  Quoique  cet  ouvrage  soit  réputé 
le  meilleur  de  sou  auteur,  et  qu'il  ait  obtenu  du  succès 
Bur  pluBieârs  théâtres  d'Italie ,  il  n'^  point  fait  plaisir  aux 
Génois.  Le  public- abandottnait  le  Ihé&tre,  lorsque  ia 
SemSratnidô  de  Rosrini  y  a  ramené  la  foule.  La  Pîsaranï 
a  développé  dans  te  réle  d'As«ur  «a  votx  sonore ,  sa  belle 
méthode ,  et  sa  déclamation  énergique  et  passionnée.  La 
Pellcgrini  a  fattpreuve  de  beaucoup  d'habileté;  sa  voca-- 
lisalîon  est  exlrémemcnt  légère  ,  et  le  premier  ténor 
Eleodore  Btanc Ai  mérite  d'6tre  loué  pour  lamaDière  dont 
il  a  rempli  un  rôle  écrit  pour  une  basse. 

Théâtres  de  Lombardie.  Nous  dirons  peu  de  choses 
sur  les  speclacles  donnés  dans  huityillesdela  Lombardie. 
Ou  a  représenté  à  Crémone  trois  opéras  :  li  MaroanXanio 
de  Paves! ,  VAd^Ana  de  GeneraU ,  et  Paolù  e-  firginia , 
mélodrame  seml-seria  de  Generali  fils.  Parmi  ces  tnris 
ouvragés,  l'Adeiina  obtint  la  palme.  Paoto  e  Virginia 
fut  toutefois  assce  bien  reçu  par  les  Crémonais ,  parce 
que  la  sig.  Mariettu  Merli,  leur  concitoyenne,  y  faisait  ses 
débuts  dans  la  carriËre  théâtrale.  Les  applaudissemens 
qu'elle  a  reeii5  doivent  l'encourager  :  cependant  sa  voii 
n'est  pas  toujours  égale,  et  sa  constitution  délicate  doit 
faire  craindre  qu'elle  n'ait  point  assez  de  force  pour  sou- 
tenir les  fatigues  de  la  scène. 

VEv^ima,  dflCooda,  Rota  6iaao€ketRoiaroiia,i» 
Hayr,  et  ii  Taneredi  ont  eu  du  succès  sur  le  théâtre  de 
Bergame  ;  les  habitans  ont  éprouvé  le  regret  de  voir  partir 
pour  Londres  ta  première  chanteuse  M"*  Ayton. 

VBlisae  Claudio,  do  Mercadantc,  et  la  Gazza  ladre. 
ont  été  donnés  successivement,  tant  sur  le  théâtre  de  Son- 
drio  que  sur  celui  de  Bresse.  La  Gazza  a  attiré  le  public 
au  premier,  et  la  ménie  pièce  a  produit  peu  d'clTet  dans  le 
second,  ce  que  l'on  doit  peut-être  altribuer  aux  chaateur^, 


□IgifeedbyGot^Ie 


589 

ipiolque  Botticelli,  Decapitanî  et  la  signera  Charlotte  Ca- 
T«Uinè  Boientpaa  des  acteurs  sans  mérite.  A  Lodi,  on  a 
émaésKuaHaGasza.  smyie  AeiaGioventùdiEnricoV  de 
Paoini;  etpendant  qu'àMantoue  onapplawîisBaillaJemt- 
romide,  les  habitans  de  Crème  aecueillaient  avec  trans- 
port il  FaUgnanuS  di  Livonia ,  de  Pacini.  La  Matildedi 
Shairan  a  été  représentée  en  janvier  dernier  sur  te  Ihéà- 
iro  de  Pavie ,  pour  leiiuel  le  jeune  Paolo  Calcaterra  a  écrit 
une  farce  inlilulée  Donne  CaminaU.  CeUe  première 
producUon  a  paru  dîgne  d'éloge  aux oonnalBSeur»;  U  mé- 
lodie est  nouvelle  et  brillante,  et  Vlnstruiaiemation  est  con- 
duite a»ec  art  dans  plusieurs  morceaux.  M.  Calcaterra, 
■cependant,  inspire  .trop  d'estime  pour  qu'on  ne  soit  pas 
sincère  avec  lui ,  et  l'on  espère  qu'il  ne  dédaignera  pas  les 
conseils  :  il  est  boa  quelquefois  de  mettre  un  frcm  aux 
écarts  de  l'imaginalion;  ccrlaîns  sacrilices  sont  nécessaires 
pour  l'effet  général  d'un  morceau,  M.  Calcaterra  fera  bien 
aussi  d'éviter  les  répétitions  inutiles,  €i  d'abandonner  le 
genre  bouffe  pour  lequel  la  nature  ne  l'a  point  disposé.  . 

Il  résulle  de  la  revue  générale  des  théâtees  de  iltalle , 
qu'iln'y  apeut-éire  point  d'exemple,  dans  rhisloîre  de  l'art 
musical,  que  les  œuvres  d'un  seul  maître  aient  été  représen- 
tés si  souvent  et  avec  lant  de  succès  que  ceux  de  Hossini  l'ont 
été  sur  tous  les  théâtres  de  l'Europe.  Dans  le  cours  du  tri- 
mestre dernier,  la.Semiramide  a  été  donnéeà  Rome,  Palec- 
me, Ferrare,Pesaro,  Rimîni,PérouseetTrévise.LaAïa(iWfl' 
di  Shairan  a  charmé  les  habitans  de  Sienne ,  de  Pistoie , 
de  Pérouse,  de  Jesi;  la  Cwwrentoia ,  ceux  de  Vérone, de 
Lucque»,  do  Pise,  de  Sienne  et  de  Rovigo.  /*  Bariitrcdi 
Sevîgtia  a  été  joué  sur  les  théâtres  de  Bologne  et  de  Vi- 
cence  ;  /*  Tureo  in  Itatia  sur  ceux  de  Livourne  cl  de  \'ol- 
terra.  On  a  aussi  représenté  JK(wi,  à  Vérone,  la  ZUmirak 
Rome,  VlngannofHice  ktoieatiuo,  l'Oïirfto  à  Bologne  et 
à  Vérone,  il  Corradino  à  Messine,  ifTancredi  à  Vicence, 
et  l'Italiana  in  À  tgieri  kl  rieate. 

Les  ouvrages  des  autres  compositeurs  représenlés  dans 
le  cours  du  trimestre  sont  r  ta  Sposa  fedcîo  de  Pacini  > 
donnée  à  Livourne ,  à  Beggio ,  à  Fabhriano  et  à  Recanali  ; 


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\a  Giûventû  diEnrico  V,  du  même,  jouée  avec  succèsà 
Baveiine  et  à  Urbîno.  H  Crociato  de  Meyerbeer ,  sur  le 
thé  dire  ducal  de  Farine,a  été  cbanlée  parHiooIasTacchï- 
uardiet  par  la  signora  Teresa  Belloc;  l'Etùa  6  Ciaudio 
de  Mercadaute , à  Bovigo ;  ta  Pailoretianointe de  Vaccai, 
i  Bologne  et&  Cuneo;  laCtotUdt,  de  Coccia,  &  Vicsnce 
et  à  Cunerino;  fJjo  neif  Imbaraszo  et  yoUvo  e  Pat- 
^uate,  de  Doniïzetti,  à  Rome,  à  Lacques  et  h  AncAne; 
Gli  Jvventurieri,  de  CordcUa,  à  Trieste,  et  GHBacca- 
nati  aiotiti,  de  Gcuerali ,  k  Maccrata.  Le  ilatrimonio 
segrcto,  de  Cimarosa,  a  fait  enleadre  aa  douce  et  simple 
mélodie  sur  le  théâtre  de  Lucques.  C'est  peut-être  le  seul 
opéra  de  ce  grand  homme  qui  ait  élé  représenté  dans  le 
cours  de  l'anoéeeu  Italie. 

Quant  aux  chanteurs  qui  ont  rempli  les  rùles  des  opéras 
ci-dessus  désignés,  on  répondra  à  ceux  qui  répandent  le 
bruit  que  toua  tes  ehanteurs  célèbres  ont  quitté  l'Italie 
pour  embellir  nue  terre  étrangère,  que,  oulre  les  noms 
d^à  cités  dans  celle  revue,  l'Italie  possède  M"'  Ëlbabeth 
Feron,  Violante  Camporesi,  Joséphine  Demcry,  Lucie 
Boccabadati,  Santina  Fcrlodi ,  Aniietta  Parlamagni,  Ha- 
rianna  Lewis,  etc.,  etc.  MIU.  Genlili,  Zuccoli,  Uoltarî, 
Lombard!,  Tamburiui,  Verger,  el  lant  d'autres  toujours 
applaudis  sur  tes  divers  théâtres  où  ils  out  paru. 

Les  amis  de  l'art  musical ,  tous  ,ceus  enfin  qui  désirent 
.  ses  progrès ,  doivent  être  satisfaits  de  voir  qu'en  Italie  plus 
de  cinquante  villes  donnent  ùmuttanément,  h  certaines 
saisons  de  l'année,  des  représentations  dramatique^  raé- 
Autées  par  des  chauteors  qui  honorent  leur  pa;s. 


NOUyEIJ.BS  iXBANGiRES. 
MOUTEMENS  DES  THÉÂTRES  DTTALÏE 

La  prima  donii il  Marianne  Lewis,  élève  de.BanderaliV 
est  engagée  à  Padonë  pour  la  foire  du  Saint*;  les  autres 
cbanieurssont  Aetiia,  \taat , LeatretAei  BenetH,  basse 
chantaute  et  comique.  Toici  t*étal  des  engagemens  pour 
les  autres  théâtres.  ^  ' 

Bufiiin.  Les  principaux  chanteurs  de  fa  saison  pro- 
chaine BàontNicolasToccAàuirdi,  premier  ténor,  Bri- 
gitte Lorinsani,  primo  muaico,  et  W-Richeim{,  prima 
donna. 

Bologne.  Thé  A  Ire  del  Corso.  Une  jeune  cantatrice  bohé- 
mienne, Dumuiée  Éiisa  Sediacek,  doit  remplir  les  rôles 
de  prima  donna  à  la  foire  d'été;  les  basses  de  ce  théâtre 
■ont  CavaeeppiKtSpagni.  M"'  Scdincck  passera  ensuite 
^  Foligno  pour  l'automne. 

Bbbscia.  Thérlse  Belloc,  qu'il  ne  faut  pns  confondre 
avec  M"  Georgi  Belloc  qu'on  a  entendue  à  Paris  en  i8o5, 
est  engagée  comme  ■primo  musico  pour  la  foire  d'été; 
Louis  Mari  est  le  premier  ténor. 

Febbare.  Gaétan Crivetti  ,  premier  ténor,  et  W'Fanti, 
prima  donna ,  sont  les  principaux  cliaiilcurs  engagés  pour 
le  carnaval  prochain. 

Foueso.  W'  Rose  Marianni  est  engagée  pour  l'ouver- 
ture du  nouveau  Ihéltre,  qui  aura  lieu  à  l'autonue,  comme 
frimo  musico  ;  la  prima  donna  sera  H"*  SedtaeeM. 

GfiiiBs.  Antoiue  Taméurini,  première  basse  chantante, 
Joseph  Frezîotini,  première  basse  comique,  GarolinePtu- 
terini,  prima  donna,  Fanny  Echerim,  primo  mutieo. 


(i)  Skint  Antoiae  de  Fadonc. 


593 

et  TimoléoD  Atexander ,  premier  ténor  composeront  ta 
troupe  du  théâtre  Carto  Ftiie»  au  oarnavaL 

Livoiuun.  Les  principaux  chanteurs  de  cette  vflk  seront, 
à  l'aulomne  prochain,  ES"*  âmîlie  Bonini,  Joséphine  De- 
mcry ,  et  le  ténor  Claude  Bonotdi. 

Pashe.  OttoliniPorlo ,  primo basso,  Dominique  Rdna 
et  Jean  Gantro ,  ténor,  Judith  Grisi  et  Elena  Otto ,  prima 
donna,  ouvriront  la  saison  du  carnaval  au  théâtre  ducal, 
par  taDonna  Caritea  de  lUercadanle.  M"*  Grisi  se  rendra 
de  làà  Florence,  où  elle  chantera  au  théâtre  Cocomero. 

Bbcgio.  M~  Stéphanie  Favtlti,  Joseph  Lombardi, 
ténor,  Rafaël  Saielii  et  Dominique  Lmuretti,  basses, 
sont  engagiés  pour  la  foire  d'été. 

Rom.  La  troupe  du  théâtre  ValU  sera  composée  pen- 
dant la  saison  prochaine  de  Verger,  premier  ténor ,  de 
Louis  Zuecoti,  primo  buffo,  de  Joseph  Giordani,  pre- 
mière basse  chantante,  dePaaXiue  Montictlti,  et  de  Lonisï; 
Bocealfadati,  prima  donna.  Zuccoli  quittera  ce  théâtre  au 
mois  de  mars  pobr  se  rendre  à  Paris,  où  il  est  engagé 
moyennant  a5  mille  francs  d'appointcmcns. 

Suneiuu,  Caroline  Patserini,  prima  donna,  Rote  ilfa- 
riantà,  primo  muiieOf  François  Ptermarini ,  premier 
ténor,  et  Lucien  Mariamni,  pidmobasso,  composent  la 
troupe  pour  la  foire  d'été.  De  ï!k  H'''  Passerinî  se  rendra  & 
Gëncs ,  M"*  Marianni  à  Foligno ,  et  FiermarinI  à  Londres. 

TniESTE.  M^Thérèse  Beltoo,  primo  muncù,  et  Domi- 
nique Casetti,  primoiasso  cantante,  Boateagagéapootli 
saison  d'automne. 

TcBiF.  LeThéâtre-RoyalseraourertaucamaTal  du  prin- 
temps par  la  Semtramide  de  Roseini.  H"  Camporeti 
chantera  le  rôle  de  Sémiramis,  Rose  Mariatmi  celui 
d'Arsace ,  et  Jean  Bottari  celui  d'Assur. 

M"  Marianne  Lewis  chantera  comme  prima  donna  au 
théâtre  Carignano  de  la  même  ville;  on  y  entendra  aussi 
Jacinthe  Toso ,  qui  est  en  ce  moment  à  Londres,  et  Botli- 
ceUi,  premier  ténor. 

(JniHB.  Caziotetto  chantera  comme  [jrcmier  ténor  à  la^ 
foire  d'été;  la  prima  donna  est  Bl"'  Fanti. 


□  Igitized  by  CoOgle 


593 

VetcisB.  Thé&tre  detta  Fenice.  Ëlisabeth  Peron  est  ea- 
gdgée  pour  le  carnaval  prochaio  ;  Stéphanie  Favetti  a  (in 
engagemeat  pour  la  même  saùon,  à  raison  de  17,850  fr. , 
le  logement,  et  sous  la  condition  de  ne  chanter  que  quatre 
fols  par  semaine.  CaroliDBfiMriilfantwiest  aussi  engagée 
comme  prffRO  mvsice.  ttorlaoohi  et  le  jeune  compositepr 
Tersiaiil  doivent  écrire  les  opéras  de  cette  saisonl 

Tiion.  Serafine  Gai  (connue  à. Paris  sous  la  nom  de 
H"*  JoittvtUe),  N.  CocxitHetto,  ténor,  Philippe  Rieci, 
frimoiuffo,  etde SimotUi ,  primo iauo contante,  chan- 
tent au  thédtrelPhilannonique  pendant  la  saison  d'été. 

TiCEDCB.  Violante  Cam/voi'm  est  engagée  comme  prima 
donna ,  pour  la  foire  d'été  ;  le  premier  ténor  est  Timoléon 
AteoMnder.  Celui-ci  doit  aller  &  Gènes  pour  le  carnaval. 

M"*  C&rtesi,  primo  musico,  Louis  Maggiorotti,  ex- 
cellente basse  chantante ,  et  Dominique  Vaccani  ont  sE^é 
un  nouvel  engagement  pour  un  an  au  thé&tre  de  Madrid- 
H"*  Mariette  A  Itini ,  qui  doit  terminer  le  sien  an  mois  de 
novembre  prochain,  se  rendra  à  Trieste.  l 

La  nouvelle  troupe  italienne  de  Barcelonne  secompo- 
fiera  du  it^nor  Troggini,  de  Inchindi,  primoéimo  con- 
tante et  de  M"°  Cassago,  prima  donna. 

Barbiga  vient  d'Être  chargé  de  nouveau  du  théâtre  Saint- 
Ghaiies,  à  ,Naplcs.  Il  a  engagé  pour  trois  ans  M"'  Fanuy 
CorrîPafto)»,  comme  prima  donna,  pour  ses  divers  thé&- 
trea,  ainsi  que  £u6*ni,  sa  femme,  et  SatvataHt  primo 
basM.  > 


fiEBLiN,  i5  juitîet.  Madame  Catalan!  a  donné,  le  13, son 
concert  d'adieu,  dont  elle  a  fait  les  frab  (sous  le  rapport 
du  chant)  à  elle  seule.  Elle  a  chanté  quatre  airs  de  bra- 
voure^  dont  un  de  la  Donna  det  Lago  de  Rossini ,  un  de 
FartogallO)  nnde  Cianohetlîni,  le  quatrième  de  Calcara; 
de  plus  des  variations  sur  ta  Biondina  in  gondotetta  et  le 
God  tavt  tAe  jK^.  L'air  Se  mai  turho,  de  Cianchettini, 
avait  on  accompaf^emoDt  de  violon  oldigd,  qui  a  ét^  exé- 
cuté par  Hceaer.  On  a  renijuqué  dans  la  partie  inslrumeii- 


594 

laie  un  concerto  de  violon  ilc  Spohr,  Tort  bien  rendu  par 
M.  Ries  ,  et  un  concerto  «leHummcl,  pour  le  piano,  dans 
lequel  une  dfimoiselle  JalTé  s'est  rnooCrêe  avec  beaucoup 
d'avantage.  M"  Catalani  va  parlir  pour  Paris.  Ou  assure 
qu'elle  recevait  a,ooo  thalers  pour  chacune  dea  aoï-disaot 
représentations  dramatiques  qu'elle  a  données. 

A  l'une  des  dernières  représcnlalions  du  Billet  de  loterie, 
dans  laquelle  M"'  Henrielle  Sonnlag  remplissait  le  râle 
d'AdËle,  le  public  a  saisi  de  la  manière  la  plus  flatteuse 
pour  cette  jeune  virtuose,  plusieurs  allusions  à  son  pro- 
chain départ  pour  Paris . 

Munich  ,  juillet.  On  applaudit  depuis'  quelque  temps 
sur  le  tliéâlre  de  celte  résidence  M"' Schweizer,  chanteuse 
de  la  cour  de  Hesse.  Nous  l'avons  entendue  dans  Othello, 
Jean  de  Paris ,  Julia  de  la  Vestale,  et  dans  AgailU  de 
Freyschûtz  :  elle  nous  a  fait  chaque  fois  beaucoup  de 
plaisir. 

On  avait  répandu  le  bruit  que  M"*  Sigl  allait  nous  quitter 
pour  se  rendre  à  Berlin  :  il  n'en  est  rien;  nous  comptons 
l'entendre  de  nouveau  dimanche  prochain  dans  le  rôle  de 
Tancrèdc.  Elle  doit  aller  ensuite  prendre  les  eaux  et  re- 
venir consacrer  son  beau  talent  à  notre  théâtre. 

KusEnsLiTiTEHn. La  BavièreBhénanevaauésiavoirsa  Tête 
musicale.  On  s'étonnait  que  cette  province  ,  dans  laquelle 
la  musique  a  toujours  été  si  heureusement  cultivée,  qui 
offre  des  cornistes  comme  Gugcl,'de<i  violonistes  comme 
Calmus,  n'eût  pas  encore  un  centre  commun  oîi  viusscnt 
aboutir  toutes  ses  forces  musicales.  Cette  idée  a  enfui 
donné  lieu  à  une  proposition,  et  aussitôt  tes  députés  de 
toutesics  sociétés  locales  «'étant réunis,  la  société  centrale 
fut  déclarée  constituée  à  Kaiscrslaiitern  ,  où  la  première 
féte  musicale  a iva  lieu  le  i'"' septembre.  Cette  ville  fournira 
gratuitement  le  local  el  se  chargera  des  honoraires  des 
chanteuses.  On  ne  se  promet  [las  seulement  du  plaisir  d'une 
pareille  associaiion;  on  en  espère  un  grand  bien  pour 
les  progrès  de  l'art.  Les  amateurs  auront  de  fréquentes  oc- 
casions de'  s'exercer:  on  pourra  exécuter  des  ouvrages  de 
grandes  proportions ,  et  les  talcna  pauvres  y  trouveront  des 
occasions  d'encouragement. 


ANECDOTE. 


L'organiste  Rrebs  avait  élé  élève  de  Jean  SébasUen  Buoh. 
Celui-ci  ayant  perdu  de  vue  son  disciple  qui  avait  obtenu 
plus  lard  la  place  d'organiste  à  Mtenbourg  en  Saxe ,  vou- 
lut ,  dans  un  voyage  qu'il  fit  dans  cctto  ville ,  voir  s'il  avait 
profité  de  ses  leçons  et  quels  étaient  ses  progrès.  Uentra 
dans  réglise ,  et  se  mêla  à  la  foule  Aen  aasistans ,  comptaot 
rester  inaperçu.  Krebs,en  entrant  à  l'orgue,  regarda  an- 
toor  de  lui  etreconnut  son  maître  au  milieu  des  auditeurs. 
Iloliotiit  alon  un  thème  de  Bach  etle  fugua  de  1»  manière 
la  pliubaMIe.  Le  maître  transporté ,  alla  embrasser  Krebs  ; 
et  il  répétait  souvent  depuis  :  qu'il  n'avait  jamais  pris  dans 
■a  vie  fa'-one  ierevùie  daoê  ion  ruûéeauK 


AMNONCES, 

Au  moment  oh  l'on  s'occupe  dans  les  pensions  des  di- 
vers exercices  qui  doivent  clore  l'année  classique ,  nous 
ne  saurions  trop  recommander  aux  directrices  des  insti^ 
tuttons  de  demoiselles ,  les  chœurs  à  trois  voix  qu'a  pu- 
bliés U.  Ruhn  ;  la  musique  de  ces  chœurs  avec  acc  om- 
pagnement  de  piano,  écrileaveo  autant  de  goût  que  de 
pureté,  est  aussi  élégante  quefacile,  et  les  paroles  qui  ont 
pour  bat  des  chants  sacrés  sont  appropriées  aux  senlime os 
dans  lesquels  on  élève  les  feunes  personnes.  Prix  de  la 
collection  des  4  morceaux  :  net  10  fi. 

S'adresser  au  magasin  de  musique  de  A.  Meissonnier  , 
Boulevard  Montmartre ,  n.°  a5. 

On  se  procure  à  la  même  adresse  les  Tableaux  Synop- 
tiques du  même  autear ,  adoptés  par  l'École  royale ,  con- 

(1)  Il  7  >  dui  ]■  pluue  allemaiide  un  jeu  de  mot»  qu'un  ne  peut  ip- 
piÀder  qns  lonqa'on  iilt  qoa  Kmt*  ligniEe  éenrbit ,  et  Beth  ruàttm. 


Digilized  by  CoogI? 


596 

tenant  les  principes  de  musique  depuis  les  premiers  éli~ 
mens  jusqu'à  l'analyse  des  artifices  de  U  mélodie.  Prix: 
la  et  8  francs. 

—  Rondeau  brillant  pour  le  piaDO-forte ,  avec  accom- 
pagnement de  quatuor,  ad  (ibilum,  dédié  à  madame  la 
baronne  Martine  de  Schwcrin,  par  Ch.  Scbwencke ,  op.  6. 
Priic.-Qfr,  Piano  solo  ;  prix  ;  6  fr, 

—  Grand  dno  concertant  pour  piano  et  violon  ,  dédié  à 
M.Habeneck,  parCh.  Schwencke, op.  17.  Prix:  7  fr.  5oc. 

—  Grande  sonate  concertante  pour  piano  et  violoncelle 
ou  violon ,  dédiée  à  M.  Fixis ,  par  Cb.  Schwencke,  op.  i8> 
Prix  :  7  fr.  5o  c. 

—  Trois  rondulelli,  sur  des  thèmes  de  ilossinï,  pour  le 
piano,  dédiés  à  ses  sœurs  Amélie,  Marie  et  Amaoda,  par 
Ch.  Schwencke,  op.  as.  Prix:  4  fr.  5o  c.  A  Paris,  chez 
Henri  Lemoiiie ,  rue  de  l'Échelle ,  n°  9. 

—  Les  Pelils  jipparlemens ,  opéra-comique,  paroles 
de  MM.  Varucr  et  Dupin ,  de  M.  ficrtou  ,  membre  de  l'in- 
stitut. Barcaroiie,  chantée  par  Tilly ,  et  romance,  chantée 
par  M"'  Prévost.  A.  Paris ,  chez  madame  Chanel ,  succes- 
seur de  Viguerîe ,  marchande  de  musique,  rue  Feydeau, 
n'i5. 

Les  autres  morceaus  paraîtront  successivement. 

—  Le  Pèlerin,  romance  imitée  de  Waller  Scott,  musi- 
que de  H.  H.  Laulz.  Prix  :  1  fr.  5oc. 

—Médor,  oale  Chien  de  i' Aveugle,  parMM.  Jules  L"* 
et  An  t.  Elwart,  artiste  du  théâtre  de  Madame,  Prix  :  1  fr.  5o. 
Chei  JoauDès,  graveur,  quai  de  la  Mégisserie,  n°  70. 


TABLE 

DES  MATIÈRES  PRINCIPALES 


COtlTBITCES  DIRS  LB  MEUBa  VOLtinE. 


]>liii.i,[JatB). 

e  reprtienljli' 


H.i.«OM.Ccour»d';,p= 

de  GeiUa. 
—  V.xaa-vn  des  diverses 

IbodcBd".  ajStt 
HisiB  (J.Adolplve). 


a<>8        dc)>  uc^.  AcADïHiB  potili 

5îS    —  Sur. 

MoBLiccH,  (François). 
Ml     Mosûi  (François J, 

MaEtiii(W«irgang-Ain«dite].  : 
Sai    —  (  Sur  l'oulbenUcilé  du  flc- 


i  (  ulililé  d  un  journal 


—  Concert  de  M.  Lufont 

—  D£bul9de  M'"'  Albini. 

—  Premitre  rtpréacnlatii 
la  Pailoretia  Fcudalari 

— Déhuls  deMi'-Fcrlota 

—  Déboli  dé  Garzi 
Turvaldo  e  Dor11sl.a. 

—  Bùbulgdc  H—  Fùara 

—  Idem. 

—  La  Dons  del  Lsgo. — 


n  Allemagne 


IrUi 


itdécouvertpilcplu- 
hiiDsons  d'Adam  de 
t  jeu  du  Pèlerin. 

-  Idem.  Vbob  la  bibliolbèqoo 
aoibroiiieaDe  de  Milan. 

-Idem. 

—  Jdcm,  Recueil  do  ebanaoni 
•i,  lioia  vuii  dù  iiT<  liècte. 

-Idem,  nclalil'iâla  musique 


i 


S  iiii 

455  Musi 


n  (Jïan-Atnèdce).  3 
cm,  pap.  5G,  ifiS.  j,58, 
510,  56ai  33S,  4u5,  i 
(Joiepb). 


ijË,  i6».  iqi,  ail,  i  jS,  387, 
5.:i,  j5o.jSS.4Q3,  iM.IS^. 

soS.'Stiî,  sâi.  Su 

—  De  Paris ,  162,  sS?,  Siij 
5r>S.  5iZ  ,  SBaT47a7  S07  , 

sa:  M: 

Oalon  TilîÈWre  royal  do  1  '  ) , 
nrCLO.  n'préBenlalioD  d'Uiu- 


Moïia  (prem.  leprcienlalioa 


Dlgrtizeû  ûy  Coogfe 


OrtÏTcde  l'),par  J.  T.  Merle, 
7^.  97. 

■  -  (  Leitte  ù  im  eon.pcs.tcar 
français  Eur  l'État  aclUEl  de 
rj.FarJ.T.Mfilc. 

—  (De  1")  en  France,  par  M. 
Caitil-Itlazc. 

Orit>«-c[]ii.Q<Ti  (Ihèaire  royal 


prèECDtalloDi  da  Loup -G  a- 

—  Prem.  repréientntioo  d'E- 

—  l'reinicre  repréienlalion  de 
la  Leltre  Poaihume. 

—  Première  lepréMntatioii  ilfl 
SlDgirido. 

—  Beprïae  da  la  Clochette. 

—  Dtbalf  de  MB*  Ou. 

—  Prem.  raprèienfalioa  de* 


del*). 

Oiitmiii  (  lor  U  mniiqae 

de,). 

OiTisi  (Bernard),  voyez  Né- 


^^i     Bos>iiii{GiaaccMno),        66,  '& 

SciB[,iTTi(lcchevatierAUiBn- 
IiS        drc),  i.'oy.  Diographie.  SlG 
SoibAbi  HEsicALiB  doDuiei  par 
M.  Baillut,'  37,  iQO 

461     Spoiib  (  Luuii).  356 

SvKPHOTiiB  (  analyse  de  la  ) , 
471        autre  ii5  de  BecIhoTen.  ]3a 
Tbéitbbi  dcTurin  ,         79,  SoS 

—  Sa;nl-CharlesàIVaplei,iso, 
ai  16S,  16e,  4Si 

—  Del  Fonde  à  Naplsj,  lao,  166 
47     -ValleiRoiDC,  lao.  .34 

-Délia  Scala  à  Milan,  111, 
175,  ai7,  Si4,  36i,  5o8  ,  483 
i44    —  De  Vamovle.  lûa 

—  Kuo.oà  Haplci,  166,  483 
3oS    ~  De  Munich.  16S 

—  De  Moscou.  an 
333  —Bayai  de  Berlin,  3i3,  3S6,  5a6 
3i3    — Delacour,  k  Rerlin.  ni 

—  Opéra  allemand  il  Dreide.  ai6 
389  —  Opéiaililien  i  Dreiide.  117 
iSi  ~  DelU  PcrgoU  à  Floience,  , 
479  ai/i  5oS 

—  Drarjf'Line  i  Léodrel.  x^S 
548    —  De  LeipMok.  a65  ,  SSg 

—  De  Smainlleis-  *^ 
36g    —  De  Iriiae.  W 

—  Devienne.  s88,  4o3 
i3q     —  îîoïiMimo  de  Padone.  3i3 

!-  —Sainl-Benedetloi  Venise, 

Sfii  5.4,  4"i4 

87  -  ne  Kiircnibrrp.  4:^4 
I-  — liuv:il  il.'  Madrid.  4.S. 

a  —  D'Xncûne.  48s 

33     —  D'Angenne  1  Turin.  483 

—  De  Kocnigiladt  à  Beriin  , 

,  433  4o",484,  SU 

e  —  Roral  Italien  de  Parii,  »oy.  ■ 

e       *  llalicn. 

r-  VioLon  (durai  des).  173 

1-  Voci-HB  [<;eorecs-Jo»cpli).  a68 

■  Webbu  (Cbarlcs-Marie  de).  353 

4,4     \\y,r.L{3<,«;>i')-  'D4 
■Wïs^BinsK  [Clara)  ,  voyei 

nVcrolofiie.  ifiS 

Wit,TBB{l'i.;rre).  agS 

3a4     WBi-.T«v(l'anl).  ag, 

6*3     Z.BG.a-tM  (Kicolai).  .55 

196    Zt^Niiiia  (  Jean-Uodoli^ie).  agS 


ItS  IIK  Ll  DV  PUaUn  VOLOHE  . 


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