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Full text of "Revue d'Alsace"

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REVUE 


D'ALSACE 


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REVUE  D'ALSACE 


REVUE  D'ALSACE 

lu 


NOUVELLE  SÉRIE 


lAlITlElE  mti 


TOM£  huitième: 


COLMAR 
40  BOHUQ.  PUfiK  00  lUBGHi-iU-PKIiI-fiÉIiII%  H*  2S 


1879 


1 


I 

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UALSACE 

PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 


V.  30 


I. 

OOHRBSPOMDAIIGB  DES  DÉPOTAS  DE  SIRASBOURG  A  L'ASSEMBIJ 

NATIONALE  (année  1789) 

DoeuBMate  tirés  des  arotaivM  de  Strasbourg 


A  M.  GASTON  PARIS 

Mmàri  it  tImàiMii 
Frtfitgnar  mt  CtlUge  iê  FrmKÊ. 

If  <nr  OHBR  Am, 

n  y  a  bien  longtemps  déjà  que  j'avais  à  cœur  dlnscrire 
votre  nom  en  tête  de  quelque  travail  sorti  de  ma  plume.  Je 
tenais  à  rendre  publiquement  hommage  À  cette  science  ai 
profond/B  et  si  Yariée  que  Ton  retrouve  dans  tons  vos  éerits, 
à  ce  cachet  de  distinction  littéraire  que  tous  savez  imprimer 
au  lecfaerehes  de  l'énidîtîoii  la  phis  mîiiatîeuse,  à  cette 
impartialité  sereine  que  les  préjugés  nationaux  n'avaient  pu 
entamer  autrefois  et  qui  s'est  retrouvée  entière  au  lendemain 
de  nos  désastres. 

liais  c'est  &  l'homme  que  j'adresse  ces  lignes,  plus  encore 


670 


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6 


REVUE  D'AXâAOB 


qa*à  réerivain,  à  celui  qui  fit  à  mes  débuts  un  si  gracieux 

accueil  et  qui  depuis  douze  ans  n'a  cessé  de  me  témoigner  les 
sentiments  les  plus  affectueux.  Vous  placiez  na<j;uère  mon 
nom  à  la  première  page  de  votre  savante  dissertation  sur  le 
Uguirimtt  comme  «  une  preuYe  de  vive  et  profonde  sympa- 
thie. »  Permettez  au  modeste  travailleur  de  Strasbourg  de 
TOUS  rendre  aiijourdlini  la  pareille. 

En  TOUS  présentant  cet  opuscule,  je  ne  me  fids  point  illu- 
sion sur  l'importance  qu'il  peut  avoir  pour  vous.  C'est  un 
simple  recueil  do  documents  historiques  que  je  soumets  à  votre 
critique  bienveillante,  et  les  quelques  notes  ajoutées  ça  et  là 
n*en  augmenteront  point  la  valeur.  Peut-être  cependant  qu'a- 
près avoir  feuilleté  ces  pages,  vous  ne  regretterez  point  abso- 
lument le  temps  mis  à  les  parcourir.  C'est  qu'elles  se  rattar 
èhent  à  un  s^jet  toiqours  actuel,  et  vrument  inépuisable,  à 
l'histoire  de  la  Révolution  française.  Des  centaines  d'auteurs 
ont  retracé  (\f]k  rensenible  et  les  détails  de  cette  époque  mé- 
morable; les  historiens  les  plus  renommés  de  notre  temps^  les 
Thiers  et  les  Mignet,  les  Tocqueville  et  les  Quinet,  les  Miche- 
let,  les  Louis  Blanc,  les  Sybel  et  les  Carlyle  ont  conquis  tour 
à  tour  ou  soutenu  leur  réputation  littéraire  en  écrivant  cette 
histoire.  Tout  récemment  encore,  l'un  des  esprits  les  plus  ori- 
ginaux de  notre  t  împs,  Tun  il,'  vos  amis,  M.  TaiiiP.  a  provoqué 
les  discussions  les  plus  vive>  p.ir  c  t  r  lr  iu  pussant  le.^  ori- 
gines du  mouveinjut  d3  17si^,  qui  renferme  tant  de  vérités 
trop  souvent  méconnuei,  mali  auqujl  on  peut  reprocher  peut- 
être  de  ne  pas  nous  donner  la  vérité  toute  entière. 

Chaque  jour  cependant  nous  apporte  des  documents  nou- 
veaux; l'histoire  provinciale  et  locale  est  k  refaire  presque 
partout,  si  Ton  refuse  le  nom  d'^&^oim  à  tant  de  diatribes 
ou  de  panégyriques  également  menteurs,  compilés  sans  cri- 
tique et  qui  trompent  le  narrateur  au  lieu  de  l'éclairer.  Je  ne 


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L'ALBACB  nMMlR  Là  BâVOUMlOlf  imâMÇàm  7 

sais  si  je  m'abuse,  mais  il  me  semble  que  des  publications 
comme  celle  à  laquelle  je  me  permets  d'attacher  votre  nom> 
seront  plus  i»articulièremeiit  utiles  à  rhistorien  sérieux,  qui 
reprendra  quelque  jour  la  synthèse  de  cette  époque  en  debors 
des  préoccupations  nationales  ou  de  partL  II  y  rencontre- 
ra, ce  qui  lui  importe  bien  plus  que  des  réciiflûnations 
posthumes  ou  d'inutiles  apologies,  la  note  contemporaine, 
exacte  et  juste,  et  l.^s  menus  détails  qu'il  trouvera  dans  ces 
documents,  reflétant  le  passé,  le  mettront  à  même  d'iUuttrert 
sans  sacrifier  à  l'imagination,  les  événements  de  cette  époque 
et  les  acteurs  qui  s*y  sont  produits. 

A  ce  point  de  vue  le  recuefl  le  plus  modeste  de  documents 
inédits  peut  être  utOe  aux  historiens  de  FaTenir.  Puisries-vous, 
cher  ami,  faire  bon  accueil  à  celui-ci,  que  je  vous  envoie  de 
l'autre  côté  des  Vosges,  vous  tendant  de  loin,  comme  vous  le 
disiez  Tous-mème,  une  main  fidèle  et  toiqours  amieU 

Bon.  Rnrss. 

Strasbourg,  15  janvier  1879. 


AVANT-PROPOS 

Une  bonne  part  des  idèees  inédites  réunies  dans  cetraTail 
avaient  été  copiées  par  moi  aux  archives  de  Strasbourg,  pen- 
dant les  années  1870  et  1871.  Elles  devaient  servir  alors  de 
pièces  Justificatives  à  un  travail  d'ensemble  sur  la  Révolution 
dans  notre  province.  D^antres  travaux  scientifiques  plus 
urgents,  la  besogne oflleielle  toujours  croissante,  du  professeur 
et  du  bibliothécaire  m'avaitnt  fait  abandonner  depuis  long- 
temps ce  projet,  quand  un  hasard  me  rappela  ces  papiers  qui 
dormaient  dans  un  carton  poudreux.  Il  y  a  deux  ans,  mon 
excellent  ami,  M.  Brucker,  archiviste  en  chef  de  la  ville  de 
Strasbourg,  me  fit  voir  la  copie  qu'il  avait  prise  d'une  série 


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8 


BSVUB  0'AL8A<B 


coniidérable  de  ces  mêmes  documents.  Sans  avoir  souvenir 
du  travail  jadis  entrepris  par  moi,  grâce  à  son  obligeant  con- 
cours, il  avait,  de  son  côté,  songé  à  mettre  au  jour  celte  cor- 
respondance si  curieuse  que  nous  publions  aujourd'hui.  Quand 
je  lui  rappelais  mes  projets  d'autrefois,  il  poussa  la  délicatesse 
jusqu'à  refuser  de  donner  suite  à  sa  propre  entreprise  et 
foulut  bien  me  faire  cadeau  de  son  manuscrit,  avec  une  géné- 
rosité dont  je  suis  heurçuz  de  pouvoir  le  remercier  icL 

Nos  deux  copies  sont  venues  fort  heureusement  se  com- 
pléter l'une  l'autre  et  j*en  offre  aqJourd*liui  la  priF^mière 
partie  an  public  Rangées  d'après  Tordre  chronologique,  les 
pièces  remplisitant  ce  premier  fascicule,  appartiennent  toutes 
à  Tannée  1789.  Biles  constituent,  en  majeure  partie  du  moins, 
ht  eorrespondanoe  des  députés  de  Strasbourg  avec  leurs  com- 
meilanfs,  durant  la  première  année  de  Tère  révolniionnaire. 
Nous  espérons  que  Ton  ne  parcourra  point  sans  quelque  inté- 
rêt ces  lettres  qui  venaient  apporter  à  nos  concitoyens  comme 
un  écho  des  scènes  émouvantes  de  Paris  et  de  Versailles.  On 
ne  trouvera  point  de  révéiafiofis  historiques  dans  les  pages 
qui  suivent;  certains  esprits  seront  choqués  peut-être  de 
l'esprit  local  qui  prédomine  dans  les  vues  des  narrateurs 
strasbourgeois  et  qui  bien  souvent  leur  fait  considérer  les 
événements  par  le  petit  bout  de  la  lorgnette.  Mais  on  pourra 
constater  plus  souvent  encore  le  bon  nens  ra<«sis  et  le  patrio- 
tisme sincère  de  nos  député.^  alsaciens,  un  peu  déroutés  d'a- 
bord et  oinnme  dépaysés  su  milieu  de  la  phraséologie  redon- 
dante de  Versailles.  Fortement  attachés  à  leurs  franchises 
locales,  désireux  de  oonsierver  à  leurs  enfants  les  privilèges 
hérités  de  leurs  ancêtre**,  ils  éprouvent  d'sbord  quelque 
défiance  en  présenrede  ces  législateursinexpérimentée  qui  ne 
eonnai<^nl  que  les  principes  abstniits  et  veulent  les  appliquer 
sans  cesse  dans  toute  leur  rigueur.  Mais  bientôt  le  mouve- 
ment géuéral  les  entraîne.  Ils  cè  lent  de  plus  en  plus  h  l'at- 
tractiou  du  milieu  qui  les  eutoure,  et  l'on  pourra  voir,  dans 


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L'ALSAGE  pendant  la  BËVOLUTIOM  FRANÇAISS  9 

la  suite,  s*opérer,  pour  ainsi  dire,  sons  nos  yens  cette  ftaiioii 
politiqoe  de  la  France  et  de  TÂtsaoe  qui ,  de  «  profrince 
étrangère  effiectÎTe  >  devient  au  creuset  rérolationnaire  une 

des  plus  vraiment  patriotiques,  une  des  plus  dévouées  au  nou- 
veau régime,  et  le  véritable  boulevard  de  la  France  contre  les 
invasioïis  du  dehors. 

Nous  avons  été  sobre  de  notes  et  de  commentaires;  la  plu- 
part de  ces  pièces  s'expliquent  d  elies-môraes  elpour  les  faits 
d'histoire  locale  aeaiemeat  quelques  indications  noua  ont 
semblé  nécessaires,  afin  de  permettre  aux  personnes  moins 
aa  courant  de  l'histoire  d'Alsace  et  de  celle  de  Strasbourg 
en  particulier,  de  s'orienter  parmi  nos  docaments.  Si  le  public 
ftit  faon  accueil  à  ce  travail,  nous  pourrons  bire  suivre  ce 
firacicule  de  plusieurs  autres.  Nos  archives  locales  sont  riches 
en  pièces  inédites  de  tout  genre  et  fourniraient  ample  matière 
à  des  publications  subséquentes  sur  Tépoque  révolutionnaire. 
Il  nous  serait  doublement  agréable  de  voir  d'autres  travail- 
leurs alsaciens  venir  se  joindre  à  nous  pour  exploiter  cette 
mîne  si  fertile.  Notre  titre  :  L Alsace  pendant  la  Révolution 
française  ne  pourrait  devenir  tout  à  fait  une  réalité  que  si 
des  amis  de  l'histoire  provinciale  et  locale  se  melt^iient  à 
fouiller  de  leur  côté  les  archives  de  leurs  villes  natales,  celles 
deColmaret  de  Mulhouse,  de  Uaguenau,  de  Wissembourg 
ou  de  Schlestadt.  pour  en  extraire,  d'une  manière  analogue,  les 
documents  les  plus  curieux  relatifs  à  cette  époque. 

Ce  n'est  pas  de  nous  qu'il  dépendra  que  tant  de  trésors 
scientifiques  voient  le  jour  ou  restent  inédits.  Mais  de  nom- 
breuses expériences  personnelles  m'ont  trop  souvent  déjà 
montré  les  difficultés  matérielles  presque  insurmontables,  qui 
viennent  arrêter  le  travailleur  isolé,  quand  il  aborde  une 
tftcbe  pareille.  Le  nombre  de  plus  en  plus  restreint  de  ceni 
qui  s'occupent  d'une  fiiçon  dé^ntéressée  de  notre  histoire 
locale  ne  permet  pas  de  se  faire  illusion  sur  les  sacrifices 
qu'uue  œuvre  semblable  imposerait  à  celui  qui  voudrait 


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reaireprendie.  Une  inoeittioa  srîeoliflqae  seule  ponmitlt 
mener  à  bonne  fin.  Voici  bientM  cinq  ans  qoe  j'exprimais 
le  vcBu  qa*oae  Soeim  pmt  la  puMîMliofi  At  mommnmdt 
hiiioHgwi  éorilê  dAha€$  fot  constituée  dans  un  but  ana> 
logue;  ma  proposition  ne  trouTa  d'écbo  que  cbez  de  rares 
compatriotes;  aura*t-elle  plus  de  succès  aujourd'hui?  Je  le 
sotthaile  sans  oser  Tespérer. 


I. 

Règlement 

fait  par  U  Mpour  rexéeuHan  de  m  toUm  d$  amvootÊiim 
Qiux  prœhaim  Etaii-génitam  dam  ta  provinee  iFAkae$. 

La  constitution  de  la  province  d'Alsace,  exigeant  des  mesu- 
res particulières  pour  sa  conrocation  aux  Etats  généraux,  et 
Sa  Majesté  ne  voulant  s*écarter  que  le  moins  quHi  sera  pos- 
sible des  formes  qu'Elle  a  prescrites  pour  appeler  les  antres 
sujets  de  son  royaume  à  ladite  assemblée,  Elle  auroit  résolu 
de  suppléer  aux  Baillis  et  Sénéchaux  d'épée  qui  n'existent 
point  en  Alsace,  en  attribuant  pour  cette  circonstance  seole- 
ment,  à  trois  gentilshommes,  les  fonctions  attachées  aux 
charges  que  les  Baillis  et  Sénéchaux  d'épée  ont  toujours 
e.xer(  ées  en  Franco,  lors  des  diilérenles  tenues  d'assemblées 
d'ElHls  généraux. 

Mais  Hlh'Mdu  qu'en  Alsace  il  n'y  a  poinf  de  Haillis  d'épée 
ni  de  Baillages  qui  aient  la  connoissNnco  dt\s  cas  ruraux,  et 
qu*en  coiiséqiienc;  il  n'a  pas  été  pixiaible  de  se  ^rrir  de 
rarrondissemerit  de  leurs  ressorts  pour  diviser  la  province, 
Sa  Majesté  a  jugé  d*aotant  plus  conv«  nabte  d'adopter  la  divi- 
sion qui  en  a  été  dite  en  six  districts,  lors  de  la  création  de 
rasseoBblée  provinciale  d'Alsace,  qu'BUe  est  instruite  que 
dans  ce  partage  fiit  avec  beaucoup  de  srin,  on  a  observé  les 
plus  exactes  proportioiis. 


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h'JOJÊàxm  PKNDA.MT  LÀ.  rAvolutiom  fbamçaub 


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St  Mqesté  a  aosai  eonsidéré  qae  la  Tîlle  à»  Strasboarg 
ayant  passé  soos  sa  domiaatioii,  en  vertn  d'une  c4ipitalation 
qui  loi  eonsem  ses  prifiléges,  droits  et  usages,  ayant  nu 
territoire  particulier,  et  étant  soumise  à  une  administration 

séparée  pour  plusieurs  objets,  de  celle  du  reste  de  la  pronoce» 
éloil  dans  le  cas  d'obtenir  une  députa  lion  directe. 

Elle  a  cru  dernir  accueillir  la  même  demande  formée  par 
les  dix  Villes  Impériales  d'Alsace,  qui  avoient  roix  autrefois 
aux  diètes  de  l'Empire,  et  qui,  quoiqu'éparses  sur  difTérens 
points  delà  province,  forment  cependant  un  corps, et  peuvent 
se  réunir  par  députés,  sous  la  présidence  du  Grand-Préfet. 
En  conséquence,  Sa  Miû^  >  ordonné  et  ordonne  ce  qui  suit  : 

Article  premier. 

La  division  de  la  province  d*Âlsaoe,  fiiite  en  six  distrids, 
pour  l'établissement  de  TAssemblée  profinciale,  sera  adoptée 
pour  la  conroeation  aux  Etats  généraux. 

n. 

PooR  diminuer  le  nombre  inutile  d*assemb1ées  d'élection, 
lesdils  six  districts  seront  accolés  deux  à  deux,  pour  n'en 
former  que  trois,  selon  l*ordre  suivant  : 

HaguGnau  et  Wei.s8emb(*urg. 

Colmar  et  Schlestatt. 

Belfort  et  Huningue. 

iil. 

Sa  Majesté  a  ONnmis  el  ciimm*M  le  sieur  Barofi  d'Andlau 
de  iiombourgt  pour  ext*reer  les  fonctions  attribuées  dans  le 
reitle  de  la  France  aux  Baillis  et  Si^néchaux  dVpée,  •  l  ce  dans 
les  districts  d'Haguenau  et  Weissembourg  réuni  à  Haguenau. 
Sa  Majesté  nomme  et  commet  le  sieur  Laquiante,  Juge  royal 
de  la  citadelle  de  Strasbourg,  pour  remplir  les  fonctions  de 
snn  Lieutenant  et  le  sieur  Humbourg  pour  remplir  celles  de 
IProenreurdn  Roi. 


12  BBTini  tfàisàOÊ 

Sa  Migesté  nomme  et  commet  le  sieur  Prince  de  Broglie 
pour  remplir  les  fondioDs  de  Bailli  d'épée  dans  les  districto 
de  Golmar  et  Sehlettatt  réuni  à  Golmar.  Sa  Hiyeaté  nomme  et 
commet  le  sienr  Ghaolfoiir  cadet  ponr  son  Lieiitenanti  et  le 
aîear  Scbirmer  Talné  Procnreor  du  Roi. 

Sa  MêjcsM  nomme  et  commet  le  aiear  Baron  de  Sohanen* 
bourg  d'HerlIsheim  pour  remplir  les  fonctions  de  Bailli  d'épée 
dans  les  districts  de  Bellbrtet  Huningue  réuni  à  Belfort;  le 
sieur  Hengaud  père  son  Lieuteuaat,  et  le  sieur  Mathieu  Pro- 
cureur du  Roi. 

Attribuant  Sa  Majesté  à  toutes  les  personnes  dénommées 
dans  le  présent  arlicle,  tous  pouvoirs  et  qualités  pour  remplir, 
à  raison  st'ulement  de  la  convocation  à  la  prochaine  Assem- 
blée des  Etats-généraux,  les  fonctions  attribuées  eu  France 
aux  Baillis  d'épée,  aux  Ueutenaos  et  aux  Procureurs  du  Roi 
de  leurs  sièges. 

IV. 

Les  lettres  de  oonTocation  seront  en7oyées  au  Goureraeiir 
de  la  pronnce  d*Alsace,  pour  les  fiiire  par?enir  aux  trois 
gentilshommes  dénommés  d-dessus,  ou  i  leurs  lieutenans. 

V. 

Aussitôt  après  la  réception  des  lettres  de  convocation,  les 
trois  gentilshommes  exerçant  les  fonctions  de  Baillis,  ou  leurs 
lieutenans,  ordonneront,  sur  la  réquisition  du  Procureur  du 
Roi,  qu'elles  seront  publiées  à  l'audience  tenue  par  les  offi- 
ciers municipaux,  et  enregistrées  au  greffe  de  l'hôtei-de-rille 
par  le  greffier  dlceile. 

Yl. 

Sa  MAJVxi  a  permis  et  permet  à  la  Tille  de  Strasbourg 
d'euToyer  directement  à  rassemblée  des  Etats  généraux  deux 
députés  du  Tiers-état,  lesquels  seront  élus  dans  une  assem- 
blée convoquée  par  le  Magistrat  de  Strasbourg,  et  à  laquelle 
seront  appelés  tous  les  habitans  de  la  Tille  de  Tordre  du 
TIecB-étal 


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L'ALSAOB  PSMDAMT  la  WtVOLUnOM  nUNÇAUB  13 


m 

Le  Clergé  et  la  Noblesse  de  la  ville  de  Strasbourg  seront 
convoqués  dans  les  districtB  d'Hagoenauet  de  Weûfiemiïourg 
réuni  à  Hignenta. 

Vin. 

Lm  disYlUes  Impéiteles  de  la  préfecture  royale  d*Hague- 
naa  enTemmt  pardllement  deux  dépotés  du  Tiers-état  à 
rassemblée  des  Etats  généraux;  à  cet  eflét  lesdites  dix  Tilles 
éliroot,  ehacune  dans  une  assemblée  oonToquée  par  le  Magis- 
trat, et  à  laquelle  tous  les  babitans  du  Tîera-état  seront 
appelés,  deux  députés,  lesquels  au  jour  indiqué  par  k  Grand- 
Préfet  ou  son  lieutenant,  se  rendront  dans  la  ville  de  Schle- 
statt,  où  ils  procéderont  au  choix  de  deux  d'entre  eux  qui 
entreront  aux  Etats  généraux,  comme  députés  du  Tiers-état 
des  dix  Villes  Impériales  d'Alsace. 

IX. 

Lb  Clergé  et  la  Noblesse  desditës  dix  villes  seront  convo- 
qués dans  les  districts  dans  lesquels  chacune  desdites  dix 
filles  se  trouve  située. 

X. 

Lb  tntres  filles  de  la  profinoe  députeront  cbaciine  quatre 
membres  du  Tiers-état  à  l'assemblée  de  leur  distridi  à  Tex- 
eeption  dee  Tilles  de  Barr  et  de  Belfort,  qui  en  députeront 
shaeune  six.  Le  Clergé  et  la  Noblesse  desdites  Tilles  seront 
eottToqoés  comme  les  antres  membres  des  mêmes  Ordres  pour 
tonte  la  proTinoe,  dans  le  district  de  leurs  domidles,  bénéfices 
on  fiefe,  conformément  an  règlement  du  S4  jauTier. 

XL 

Sa  Majesté  a  fixé  à  vingt-quatre  le  nombre  des  députés 

des  trois  Ordres  qui  seront  envoyés  par  la  province  d'Âlsace 
à  rassemblée  des  Etats  généraux,  conformément  à  la  répar- 
tition suiTante. 


u 


tamm  d'alb4cb 


GlergA. 

District  de  Ck)lmar  

'  De  Bel  fort  

D'Haguenau  

NOBLB88B. 

Colmar  

Belfort  

HMguenau  

Tm». 

Colmar  

Belfort  

Hagaeaau   z.  /  iz.  / 

Strasbourg   9.  i 

Villes  Impériales   2.  / 

XII. 

Ordonne  Sa  Majesté  que  toutes  les  dispositions  du  règle- 
ment du  24  janvier  de  la  présente  année  pour  la  convocation 
des  Etats-généraux,  ft  qui  demeurera  annexé  à  la  minute 
du  présent  seront  suivies  et  exécutées  dans  sa  province 
d'Alsace  en  tout  ce  à  quoi  il  n'est  point  dérogé  par  le  présent 
règlement,  d'après  lequel  toatas  proTîsioiis  et  commiBSioiia 
néeessaires  seront  expédiées. 

Fait  et  arrêté  par  le  Roi  étant  on  son  Conseil,  tenu  à 
Versailles,  le  sept  Février  mil  sept  cent  quatre-yingt-neuf. 

'  Noos  n*tTons  point  compris  dans  ca  neoeU  Im  letlrei  de  convoca- 
tion rojalM  du  24  janvier  1789.  paisqa'on  pcat  les  trouver  partout  ; 
mais  nous  avons  dû  insérer  an  débat  de  ces  pages  le  règlement  spécial 
octroyé  pour  les  élections  d'Alsace.  Un  des  points  qui  frapperont  certes 
le  plus,  c'est  de  voir  que  le  nombre  des  députés  des  trois  ordres  de 
notre  province  ne  dépassait  point  vingt-quatre.  Uême  en  tenant  compte 
dn  fidt  qn'on  quart  environ  da  sol.  on  da  moins  on  ctnqniémet  appar- 
tenait encore  à  cette  époque  à  des  princes  étrangers,  possessionnés  en 
Alsace,  sons  la  simple  suzeraineté  du  roi,  on  ne  peut  s'empêcher  de 
trouver  que  c'étaient  bien  peu  de  représentants  pour  un  demi-million 
d'habitants  environ,  quand  les  vingt  millions  de  Français  allaient  en 
compter  doua  cents  im  rAisembléo  Hattooato. 


2.  ) 

2.  [  6.  \ 
2.  \ 


2. 
2. 

8. 

ft. 


6. 


24. 


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l'ai3acx  pkkoakt  la  révolution  française  15 


Lettre  du  Roi  au  comte  de  Choiseul-Stainville, 

eammandaiU  de  ta  province  (fAisau,  grand-baiUi  ét 
h  prtjfeeiurt  de  Maguenau, 

Mon  Cousin,  J'ai  besoin  du  concours  de  mes  fidelles 
sujets,  pour  m'aicîcr  a  surmonter  toutes  les  difficultés  où 
je  me  trouve  relativcmeat  à  l'état  de  mes  finances,  et  pour 
établir,  suivant  mes  vœujc,  un  ordre  constant  et  invariable 
dans  toutes  les  parties  du  gouvernement  qui  intéressent 
le  bonheur  de  m'es  sujets  et  la  prospérité  de  mon  royaume. 
Ces  g^nds  motits  m'ont  déterminé  à  convoquer  l'assem- 
blée des  états  de  toutes  les  provinces  de  mon  obéissance, 
tant  pour  me  conseiller  et  m'assister  dans  toutes  les  choses 
qui  seront  mises  sous  ses  yeux,  que  pour  me  faire  connottre 
les  souhaits  et  les  doléances  de  mes  peuples,  de  manière 
que,  par  une  mutuelle  confiance  et  par  un  amour  réci- 
proque entre  le  Souverain  et  ses  sujets,  il  soit  apporté,  le 
plus  promptement  possible,  un  remède  efficace  aux  maux 
de  l'Etat,  et  que  les  abus  de  tout  genre  soient  réformés  et 
prévenus  par  de  bons  et  solides  moyens  qui  assurent  la 
ftlidté  publique,  et  qui  me  rendent  à  moi  particulièrement 
le  calme  et  la  tranquillité  dont  je  suis  privé  depuis  si 
longp-temps. 

A  CES  CAUSES,  je  vous  avertis  et  signifie  que  ma  volonté 
est  de  commencer  à  tenir  les  états  libres  et  généraux  de 
mon  royaume  le  lundi  27  avril  prochain  en  ma  ville  de 
Versailles,  où  j'entends  et  désire  que  se  trouvent  aucuns 
des  plus  notables  personnages  de  chaque  province,  bailliage 
et  sénéchaussée;  et  pour  cet  effet  mon  intention  expresse 
est,  que  dans  chacune  des  dix  villes  impériales  de  la  pré» 
fecture  provinciale  d'Haguenau,  qui  sontColmar,  Hague- 


16 


IBVUB  d'ALSACB 


naii,  Schlestatt,  TQrekheim,  Mûnster,  Kaysersberg,  Obern- 

heim,  Rosheim,  Weisscmbourg'  et  Landau,  il  soit  tenu, 
dans  le  plus  bref  temps  que  faire  se  pourra,  une  assemblée 
des  gens  du  tiers-état,  convoquée  par  le  magistrat;  assem- 
blée dans  laquelle  il  sera  procédé  à  la  rédaction  des  cahiers 
de  doléaace  de  ladite  ville  et  A  l'élection  de  deux  députés 
dignes  de  cette  marque  de  confiance  de  leurs  concitoyens 
par  leur  intégrité  et  par  le  bon  esprit  dont  ils  seront  ani- 
més. Les  députés  que  lesdites  villes  impériales  auront  ainsi 
choisis,  chacune  de  leur  côté,  lesquels  formeront  ensemble 
le  nombre  de  vingt,  se  réuniront  en  ma  ville  de  Schlestatt, 
le  jour  que  vous  ou  votre  lieutenant  aurez  indiqué,  et  là 
ils  réduiront  les  cahiers  de  chacune  des  villes  qu'ils  repré* 
senteront  en  un  seul  ;  après  quoi  ils  choisiront  deux  d'en- 
tr'eux  pour  porter  ce  cahier  aux  états  généraux  et  y  assis- 
ter en  qualité  de  députés  du  tiers-état  des  dix  villes  impé- 
riales d'Alsace.  Seront  lesdits  députés  muais  d'instructions 
et  pouvoirs  généraux,  et  suffîsans  pour  proposer,  remon- 
trer, aviser  et  consentir  tout  ce  qui  peut  concerner  les 
besoins  de  l'Etat,  la  réforme  des  abus,  l'établissement  d'un 
ordre  fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de  l'administra- 
tion, la  prospérité  générale  de  mon  royaume  et  le  bien  de 
tous  mes  sujets.  On  aura  soin  de  se  conformer  exactement, 
soit  pour  l'assemblée  particulière  qui  se  tiendra  dans  cha- 
cune desdites  villes,  soit  pour  l'assemblée  générale  des 
représentans  d'icelles  qui  aura  lieu  à  Schlestatt,  soit  pour 
les  élections  à  y  foin,  soit  enfin  pour  la  rédaction  des 
cahiers  et  leur  réduction  en  un  seul,  tant  au  règlement 
particulier  de  cejourd'hui,  par  lequel  j  ai  fait  connoître  ma 
volonté  sur  la  manière  dont  ma  province  d'Alsace  seroit 
convoquée  aux  prochains  états  généraux,  qu'à  celles  des 
dispositions  du  règlement  général  du  24  janvier  dernier 


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L'AïAàOB  miDAirr  la.  vÈffomoH  mxçAiBB  17 

auxquelles  il  n'est  pas  dérogé  par  ledit  rendement  particu- 
lier. J'ai  à  cet  effet  donné  ordre  qu'on  joignît  à  la  présente 
et  ces  deux  règlemens  et  les  formules  que  j'ai  feiit  rédiger 
d'après  celui  du  24  janvier.  Vous  aurez  soin,  aussitôt  que 
la  présente  vous  sera  parvenue,  de  £ûre  connottre  mes 
intentions  aux  magistrats  des  dix  yilles  impériales,  et  de 
tenir  la  main  à  ce  quMls  les  exécutent  ponctuellement.  Sur 
ce  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait.  mon  Cousin,  en  sa  sainte  et 
digne  garde.  A  Versailles  le  7  février  1789. 

LOUIS;  PuYSBdUB. 

A  mon  Cousin  le  maréchal  de  Stainville»  Oberlandvogt, 
ou  Grand-bailli  de  la  préfecture  provinciale  d'Haguenau', 


m. 

Arrêté  du  Kagistrat, 

convoquant  k$  SttkufB  de  Strasbourg  pour  Nketûm  de$ 
représenianis  chargés  de  désigner  les  doutés  am  Etais- 

Généraux  *. 

NOUS  LBS  PRÉTEURS,  CONSULS  ET  MAGISTRAT  m 
LA  mLB  DR  SraiSBouRG,  faisons  savoir  que  : 

LE  ROI  ayant  pourvu,  par  ses  lettres  du  94  Janvier  der- 
nier et  par  le  régleoient  y  annexé,  à  la  forme  de  convocation 

^  JaeqoM  de  Choiseul.  fils  de  François-Joseph  de  Choiseal,  marquis 
de  Stainville,  «t  frère  cadet  dn  célèbre  duc  de  Choiseul,  ministre  de 
Louis  XV.  II  servit  avec  dislineHoii  peadant  la  guerre  de  Sept  Ans,  fut 
créé  maréchal  de  Franct»,  et  mourut  quelques  mois  après  la  convocation 
des  EtatH-Géiiéraux  comme  coininandaut  militaire  de  la  province  d'Al- 
sace, ainsi  qu'un  le  verra  plus  loin. 

'  Poor  mettre  nos  lectenrs  dn  dehors  an  eonrant  d'expressioiM  et  de 
titres  qu'ils  entendent  ici  pour  la  première  fus,  peut-être,  noas  résnmei- 

MoaveUd  S6rie.  —  s*  Aimee  ^ 


18 


RKVUK  d' ALSACE 


des  Btats  généraux  dn  royinine,  et  ayant  cependant  reeonnu 
que  la  constitution  de  la  proTinoe  d'Alsace  exigeoit  quMl  y 
fut  pris  des  mesures  particulières  pour  cette  convocation,  a 
fait  eonnoître  ses  intentions  relativement  à  cette  province  par 
ses  lettres  et  son  règlement  du  7  Février;  règlement,  où, 
entre  autres  di><po.sitiuns  émanées  de  sa  bonté  et  de  sa  jus- 
ticei  Sa  Majesté,  par  une  distiaction,  pour  laquelle  nos  citoyens 

rons  ea  pea  â»  moi»  U  constitation  de  Strasbourg,  telle  qu'elle  existait 
encore  aa  moment  de  la  Rirolotion. 
C'est  à  la  suite  de  nombreuses  révolutions,  arrivées  au  XIV'  et  au  XV* 

sif»cle  que  fut  arrêtée  enfin,  en  1 18.?,  la  Constitution  de  la  ville  libre  ou 
république  de  Strasbourg.',  qui  ne  fut  plus,  à  partir  de  ce  niotnent,  modi- 
fiée que  dans  certains  détails  et  plus  encore  dans  [son  esprit,  après  la 
réonion  de  Strasboorf  i  la  France,  mais  qnl  oa  disparal  difinitiTement 
qn'ea  1790.  Le  pouvoir  enprême  dans  TEtat  apparteiiait  h  trois  corps  oa 
eolléj^es,  qui  formaient  ensemble  le  Magistrat  («  das  bestandige  Régi- 
ment •)  Le  premier  de  ces  corps  était  la  Chambre  des  Treize,  composée 
de  quatre  nobles  et  de  neuf  plébéiens.  Avant  la  réunion  de  iGSl,  les 
Treize  étaient  chargés  des  affaires  diplomatiques  et  militaires,  de  loat  ee 
tpà.  r^vdait  les  relations  extérieures  et  la  séeorité  de  la  répvbliqoe. 
Après  la  capitulation,  ils  restèrent  chargés  des  négociations  de  la  ville 
avec  la  Cour  de  Versailles,  l'intendant  et  le  gouverneur  militaire  de  la 
province,  etc.  La  Chatnbri'  de.-i  Quinze,  composée  de  cinq  nobles  et  de 
dix  plébéiens,  s'occupait  des  allaires  intérieures  de  la  cité,  veillait  au 
maintien  des  privilèges  et  lois,  en  édictait  de  nouvelles  an  besoin,  et 
dirigeûties  finances  du  petit  état.  La  Chambre  det  VingtFU»  n^était  pas 
on  collège  gouvernemental  avec  attributions  spéciales.  Elle  ne  se  com- 
posait en  réalité  que  de  cinq  on  six  membres  qui  siégeaient  dans  les 
occasions  solennelles  avec  les  autres  Conseils  et  formait,  pour  ainsi  dire, 
une  pépinière  de  futurs  gouvernants,  qui  passaient  successivement,  à 
ehaqoe  vacance,  dans  les  deox  Conseils  sapérienrs,  dont  les  mraibres 
étaient  nommés  i  vie. 

A  côté  de  ces  collèges  politiques,  il  y  en  avait  d'exclusivement  judi- 
ciaires; le  «  Grand  Sénat»  {der  grosse  //a//i),  composé  de  vingt  sénateurs 
plébéiens,  nommés  par  les  vingt  tribus  et  de  dix  sénateurs  nobles, 
renouvelés  tous  les  ans  par  moitié,  oxersait  la  jostiee  eriminelto  et 
formait  une  espèce  de  cour  d'appel  pour  les  joridietions  de  bailliage  et 
jugements  du  «  Petit  Sénat.  »  Ce  dernier  {ivr  Ueine  Ralh)  composé  de 
seize  plébéiens  et  de  six  nobles  jugeait  en  première  instance  les  causes 
civiles  moins  imiiurtantes. 
Strasbourg  avait  à  l'origine  une  constitution  sagement  démocratique, 


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L'ALa4CR  P8MDAMT  LÀ,  RÉVOLUTION  FRAMÇAXSB  19 


partagent  sans  doute  avec  nous  les  sentiments  d'une  rcapec- 
lueiise  reconnoissance,  permet  (Art.  VI)  «  à  la  Ville  de  Stras- 
«  bourg  d'envoyer  diref:tenient  à  rassemblée  des  Etats  géné- 
«  raux  deux  députés  du  Tiers-elat,  les(îiielH  seront  élus  dans 
«  une  assemblée  convoquée  par  le  Magistrat,  et  à  laquelle 
«  seront  appellés  tous  les  habitants  de  Tordre  du  Tiers-état  :  > 
Le  Rd  noas  indique  en  môme  terne  par  ledit  règlement,  qu'il 

qai  laissait  participer  tous  les  citoyens,  dans  une  certaine  mesure,  au 
gouvernemeot  de  la  cité.  Depuis  qu'aa  XVI*  siècle  les  membres  des 
Consôls  sapérienrs  étaient  poorvns  de  fonctions  viagères,  le  rôle  poli- 
tique de  la  bourgeoisie  avait  iiaturelleiuent  diminué.  Cependant  on  cou- 
sutlail  encore  ses  représealiuits,  les  trois  cents  Kclieviiis  [Schœffenrath), 
dans  les  inoiiieiits  «le  crise,  (juatid  il  s'agissait  de  former  de  nouvelles 
alliances,  du  voter  de  nouveaux  impôts,  etc.  Mais  après  la  capitulation 
de  1681,  le  Conseil  des  Echevîns  ne  fat  plus  réuni  que  pour  Téleetion 
des  membres  des  Sénats  jndidaires  et  son  inflaenee  fat  com^tttoent 
annulée.  On  ne  vit  reparaître  ce  corps  sur  la  sct^ne  politique  qu'en  1789, 
pour  disparaître  presque  aussitôt  d'une  façon  définitive.  Chacune  des 
viugt  lr^bus  ou  corporations  d  arts-et-tnétiers  nommait  quinze  écbevnis. 

Itans  certaines  occasions  les  trois  Chambres  supérieures  siégeaient 
ensemble;  on  les  appelait  alors  les  «trois  Chambres  secrètes  »  (âU  dni 
g^eSmm  Stuben)  ;  parfois  aussi  elles  se  réunissaient  en  séance  avec  les 
membres  du  (.rand  Sénat;  on  appelait  alors  celte  assemblée  plus  nom- 
hrensp  «  M>  ssieurs  les  Sénateurs  et  Vingt-un  »  {Herren  Rœlh  und  £tn' 
uHdzuanziger). 

C'est  dans  le  s^  des  deux  Chambres  supérieures  que  l'on  choisissait 
le  pouvoir  exécutif  de  la  cité.  Ce  pouvoir  était  dédoublé.  Quatre  con- 
seillers nobles,  choisis  parmi  les  Treize  et  les  Quinze,  étaient  élus 
pour  exercer  la  r'^gence  chaque  année,  chacun  pendant  un  trimestre.  Ils 
portaient  le  litre  de  sUUineister  uu  préteurs,  présidaient  le  Sénat  et  les 
CiMmbres,  édidaient  les  lois,  signaient  les  pièces  officielles,  dirigeaient 
les  affiûree  de  l'Université,  etc.  A  côté  d'eux  se  trouvait  un  ommeisler 
ou  consul  choisi  parmi  les  conseillers  plébéiens  et  çni  restait  en  régence 
pendant  toute  l'année.  Il  convoquait  les  riiaiiibres,  expédiait  les  affaires 
courantes,  donnait  les  ordres  nécessaires  pour  la  garde  de  la  cité,  jugeait 
en  première  instance  les  débls  de  moindre  importance,  etc.  Ce  fut,  à 
un  moment  donné,  le  véritable  chef  de  la  eité.  Ces  f6nctions  de  steff- 
flieisler  et  d'omnieMler  étaient  d'abord  rarement  revenues  dans  les  mêmes 
mains.  Mais  quand  on  essaya  de  donner  au  XVI"  et  surtout  au  XVII» 
siècle,  une  fixité  plus  ;.'rande  au  gouv..;rneaient,  et  qu'on  remplaça  l'é- 
lection populaire  par  uue  espèce  d'oligarcbie  permanente,  l'habitude 


20  ^BVUE  d'alsacs 

désire  s'écarter  le  moins  qu*il  sera  possible  des  formes  qii*il 

a  prescrites  pour  appeller  les  autres  sujets  de  son  royaume  à 
ladite  assemblée  des  Etats  généraux:  Sa  volonté  nous  fait  donc 
une  loi  de  nous  rapprocher,  autant  que  les  usages  et  les  cir- 
constances locales  le  permettent,  des  formes  prescrites  pour 
les  villes  considérables  de  l'intérieur. 

Mais  l'application  même  de  ces  régies  et  de  c«s  formes 
nécessite  de  légères  modifications,  auxquelles  nous  sommes 
fondés  à  pourroir,  ea  conséquence  de  l'autorité  que  la  pré- 
amena le  choix  répété  des  mêmes  mandataires,  si  bien  qu  à  U  loagae  on 
renommait  ammeùter  et  slettmeister  les  mêmes  individus,  quand  leur 
tour  revenait,  jasqu'ui  momaat  de  leur  décès.  Le  Conseil  des  Treize  se 
oomposait  presque  exclusivement  d'amiiMMtres  en  fait  de  conseillers 
plébéiens  et  chacun  d'eux  voy.iit  revenir  son  tour  de  régence  de  cinq  en 
cinq  ans.  Les  sleldneislres  n;j)r';iiaiiîiit  encore  plus  vile  leur  place  ;i  la 
tSte  des  Conseils.  Comme  ils  étaient  quatre  à  présider  chaque  année,  le 
mdme  personnage  revenait  en  régence  Ions  les  deux  ans  an  moins  et 
parfois  pins  souvent  eneore.  On  ne  nommait  alors  de  nouveaux  conseil- 
lers pour  ces  offices  qu'à  la  mort  de  l'un  des  anciens  titolaîrcs.  C'étaient 
presque  toujours  des  hommes  passablement  âgés  qui  remplissaient  ces 
fonctions  suprêmes,  et  l'on  comprend  quedans  une  organisation  pareille, 
l'esprit  de  réforme  eût  de  la  peine  à  se  faire  sentir. 

Aprte  la  capitulation  de  la  ville,  Louis  XIV  ajouta  à  tons  ces  corps 
constitués  deux  fonctionnaires  spécialement  chargés  de  surveiller  les 
libertés  qu'il  L-onscntail  a  laisser  à  Strasbourj;.  Dès  1681  an  syndic  royal 
fut  noiuinc  pour  assister  aux  ass?iiiljlt''es  du  Mairistrat  et  pour  surveiller 
toutes  les  correspondances  émanant  de  la  chauccllerie.  Quelques  années 
plus  tard,  de  nouvelles  lettres-patentes  créèrent  rofflee  de  pnEliiirroya/, 
chargé  de  la  hante  surveillance  de  la  république  et  muni  d'un  droit  de 
«eCo  contre  toute  délibération  et  tout  acte  qui  lui  paraîtrait  attentatoire 
aux  droits  de  Su  .Majesté,  Ce  dernier  fonctionnaire  d'-vint  bientôt  un 
personnage  lout-puissanl  à  Strasbourg;  et  les  familles  patriciennes  parta- 
geant avec  lui  les  réalités  du  pouvoir,  s'habituèrent  à  lui  céder  en  toute 
chose,  pour  qu'il  ne  touchât  point,  de  son  côté,  à  leurs  riches  émolu- 
ments. An  moment  où  la  Révolution  s'annonçait  en  France,  la  Constitu- 
tion républicaine  de  Strasbour}^,  qui  jadis  avait  excité  l'admiration 
d'Erasme,  était,  je  le  répète,  décrt'jiit"  ft  fausïée  dans  tous  ses  ressorts, 
et  les  libertés  qu  elle  garantissait  aux  bourgeois  de  notre  ville  n'étaient 
plus  que  Tombre  de  celles  dont  ils  avaient  joui  jadis,  non  pas  tant  même 
à  cause  de  rinférence  des  fonctionnaires  royans  qoe  des  i^issenienls 
d'une  olifvchie  égoïste  et  eorrompne. 


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L'ALSACB  pendant  la  BàVOLUTION  FfiANÇAIfiB  SU 


Yoyance  royale  a  confiée,  par  Tart.  LI  de  son  règlement,  aux 
personnes  honorées  directement,  comme  nous  le  sommes,  de 
ses  ordres  pour  ladite  convoc<ition,  et  chargées  de  rexéciition 
de  ses  lettres,  et  notamment  de  celle  confiée  aux  officiers 
municipaux  des  villes,  par  l'arl.  XXVf,  pour  la  décision  pro- 
risoire  de  toutes  les  diUûcultés  que  l'exécution  dudit art. pour- 
roit  ûiire  nattre;  et  c'est  en  yertu  de  ce  pouvoir,  et  dans  Pes- 
prit  des  dispositions  de  Sa  Majesté,  que  le  Ifagisirat  voulant 
bâtar  autant  qu'il  est  en  lui,  le  cours  des  opéfalions,  croit 
devoir  rallier  aux  anciens  usages,  d^'à  subsistanis  dans  le 
régime  particulier  de  cette  ville,  ce  que  plusieurs  articles, 
et  principalement  ledit  art  JXVl  du  règlement,  prescrivent 
relativement  aux  corporations  et  à  la  proportion  respective 
des  représentants  quelles  auront  à  nommer. 

C'est  une  des  heureuses  dispositions  de  notre  constitution 
locale,  que  cette  antique  division  des  citoyens  par  Tribus, 
qui,  en  les  classant  en  un  nombre  suffisant  d^associations 
constitutionaelles,  réunit  dans  chacune,  par  un  choix  libre, 
des  lettrés  et  des  hommes  livrés  aux  arts  libéraux,  avec  ceux 
qui  vaquent  i  des  profiassions  manuelles  et  à  dee  métiers. 
Par  cette  institution  les  intérêts  sont  confondus,  l'égalité  des 
citoyens  est  rétablie,  et  Tesprit  patriotique  est  moins  ofl'asqué 
par  l'esprit  de  corps.  Celte  division  donc,  en  même  tems 
qu'elle  satisfait  au  désir  du  règlement,  puisqu'elle  fournit 
le  moyen  de  convoquer  par  portions  et  sans  confusion,  une 
population  qui  ne  peut  être  réunie  en  une  seule  assemblée, 
remplit  encore  un  but  salutaire,  et  qui  doit  la  faire  partici- 
per à  la  Cireur  avec  laquelle  le  Roi  considère  les  anciens 
usages. 

Rien,  par  conséquent,  n'exigeoit  de  nous,  que,  préférant 

la  lettre  du  règlement  à  son  esprit,  nous  intervertissions 
l'ordre  reçu  parmi  nous,  pour  lui  substituer  des  subdifisions 
qui  nous  sont  étrangères,  et  que  le  règlement  n'a  consacrées 


22 


BETUB  D'ALSACE 


ailleurs  que  fiiate  de  points  de  ralliement  pins  généraux,  et 

par  égard  pour  les  coûtumes  du  reste  dé  la  France. 

Nos  Tribus  étant  donc  des  corps  mixtes,  ce  n'est  point  à 
une  partie  des  individus  qui  les  composent,  que  peut  s'appli- 
quer la  disposition  qui  borne  à  un  sur  cent  personnes,  le 
nombre  des  représentants,  ainsi  qu'il  est  ordonné  relativement 
aux  corps  de  métiers,  et  en  faisant  partager  aux  simples 
artisans  qui  s'y  trouvent,  Tavantage  qui  accorde  deux  dépu- 
tés sur  cent  aux  autres  citoyens  qui  lear  sont  réunis,  Noas 
n^ôtons  rien  à  ceox-ei,  Nous  consenrons  Tégalité  que  notre 
oonstitation  met  entre  eox,  comme  citoyens  et  membres  d'ane 
seule  et  même  commune,  et  cette  Javeur  n*aura  d*autre  con- 
séquence que  d'augmenter  un  peu  le  nombre  des  représen- 
tants, dent  les  lumières  et  les  suffrages  doivent  concourir  au 
cboix  important  et  aux  délibérations  patriotiques  que  Sa 
lù^esté  attend  de  leur  sagesse. 

Nous  consenrons  également  à  ceux  des  habitants  compris 
sur  les  rôles  de  la  manance,  la  représentation  que  le  règle- 
ment de  Sa  Majesté  assigne  à  la  classe  à  laquelle  ils  appar- 
tiennent. 

Quant  au  petit  nombre  de  personnes  domiciliées  en  cette 
ville  à  titre  particulier,  et  qui  ne  contribuent  sur  aucun 
des  rôles  d  impositions  de  la  ville,  nous  ne  pouvons  que  les 
regarder  comme  étrangères  à  notre  organisation  civile  et  aux 
délibérations  de  la  commune.  Cependant  comme  elles  sont 
domiciliées  dans  l'étendue  de  notre  juridiction,  et  que  Sa 
Msjesté  n*a  pourra  d'aucune  autre  manière  à  leur  convoca- 
tion, nous  prenons  les  mesures  qui  nous  ont  paru  les  plus 
propres  à  les  fiiire  jouir,  chacun  dans  sa  classe,  du  droit 
commun  à  tous  les  sujets  du  royaume,  de  concourir  à  la 
nomination  des  députés  aux  Etats  généraux,  uns  que  néan- 
mdns  la  conTocation  desdites  personnes  étrangères  à  notra 
constitution,  puisse  tirer  à  conséquence,  et  sauf  à  nous  pour- 
voir pour  les  cas  à  venir,  ainsi  qu'il  sera  trouvé  convenable. 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  KÉVOLUTION  FRANÇABB  88 

L'alternatirt  obMrvée  entre  lee  deux  religioas,  n'étant 
eonstitntionnelle  que  poar  le  remplacement  des  emplois  et 

dignités  de  notre  ville,  noui  n'en  ferons  point  dans  cette 
occasion-ci  une  loi  positive  de  notre  règlement,  de  même 
qu  elle  n'en  est  point  une  de  celui  de  Sa  Majesté.  Le  choix  et 
la  confiance  des  citoyens  ne  doivent  point  recevoir  d'entraves 
dans  un  instant  où  il  est  question  de  la  destinée  du  royaume 
bien  plus  que  des  droits  des  particuliers;  nous  nous  borne- 
rons à  la  recommander,  autant  qu'il  soit  possible  d'y  avoir 
égard,  observant  que  dans  les  élections  élémentaires  elle  est 
d'autant  moins  de  rigueur,  que  dans  chaque  division  des 
citoyens  la  proportion  des  personnes  des  deux  religions  est 
moins  égale,  et  que  c'est  principalement  dans  Télection  défi- 
nitire  des  deux  députés  de  cette  ville  aux  Btats  généraux 
que  nous  invitons  nos  citoyens  et  habitants  à  cimenter  et 
manifester  leur  union  et  leur  fraternité,  en  se  donnant 
mutuellement  la  marque  de  confiance  de  partager  avec  éga- 
lité entre  les  deux  religions  Thonneor  de  servir  une  patrie, 
qui  le^  regarde  toutes  deux  du  même  œil,  et  les  traite  avec 
la  môme  attention. 

D'après  ces  considérations  :  NOUS  LKS  PRÉTEURS.  CON- 
SULS ET  MAGISTRAT  DE  LA  VILLE  DE  STRASBOURG, 
en  l'assemblée  générale  dite  les  Sénat  et  Vingt  et  Un,  ouï 
l'avis  et  les  conclusions  de  nos  avocats  généraux,  avons 
ordonné  et  ordonnons  :  Que  les  lettres  de  Sa  Majesté  à  nous 
adressée;}  le  7  Février,  signées,  LOUIS,  et  plus  bas,  ParsaauE, 
scellées  du  cachet  de  Sa  Majesté,  pour  la  convocation  et  assem- 
blée des  Etats  généraux  du  royaume,  ensemble  les  règle- 
ments y  annexés,  du  7  Février  et  84  Janvier  1789,  tons  les 
dites  lettres  et  règlements  lus,  publiés  et  enrégistrés  en 
notre  séance  ordinaire  du  Lundi  deux  de  ce  mois,  seront 
imprimés  et  affichés  dans  les  deux  langues  dans  tous  les 
carrefours  et  lieux  accoûtumés,  publiés  au  son  de  trompe  et 
à  cri  public,  lus  et  publiés  dans  toutes  les  églises  paroissiales 


if 

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BBTUB  D'iXSACB 


df  la  Tîtle  et  banlieue,  Dimanehe  proebaln  iS  Mars,  ainsi 

que  notre  présente  ordonnance  pour  être  exécutée  suivant 
leur  forme  et  teneur,  et  qu'à  cet  effet  il  sera  procédé  à  la 
couTocation  du  Tiers^tat  de  cette  ville,  daus  la  forme  et  de 
la  manière  qui  suit  : 

l.  L'assemblée  générale  du  Tiers-état  de  cette  ville  et 
banlieue  se  tiendra  par  nous,  en  notre  assemblée  et  séance 
ordinaire  le  Lundi  23  Mari4  prochain  h  huit  heures  du  matin 
dans  la  grande  salle  de  la  Tribu  du  Miroir,  qui  sera  préparée 
pour  cet  effet,  le  local  ordinaire  de  nos  séances  sor  FRÔtel 
de  Ville  n*étaat  pes  suffisant  pour  contenir  l'ensemble  des 
députés  représentants  qoi  auront  droit  de  se  trourerà  ladite 
assemblée. 

n.  Arant  de  procéder  à  ladite  assemblée  générale  dn  Tiers- 
état  de  cette  vUle  et  banlieue,  il  sera  tenn,  à  l'exemple  des 
autres  villes  considérables  du  royaume,  des  assemblées  par- 
tielles telles  qu'elles  seront  ci-après  indiquées,  de  tous  les 
bourgeois,  manans,  et  habitants  du  Tiers-état  légalement 
domiciliés  en  cette  ville,  dans  lesquelles  assemblées  parti- 
culières il  sera  fait  choix  d'un  ou  plusieurs  représentants 
chargés  de  se  rendre  à  ladite  assemblée  générale  du  Tiers- 
état  de  cette  ville  et  banlieue,  pour  y  concourir  à  la  rédaction 
du  cabieret  à  la  nomination  des  députés  pour  les  Ëtats  géné- 
raux au  nombre  et  dans  la  iorme  prescrite  par  les  lettres 
de  convocation  de  Sa  Majesté  et  par  l'article  XLVII  du  règle- 
ment du  24  JauTier. 

m.  Les  rapporta  des  babitants  et  domiciliés  de  tout  état 
envers  la  ville  et  la  commune  sont  de  trois  espèces,  et 
établissent  une  distinction  générale  desdits  babitants  en  trois 
desses  :  celle  des  citoyens  bourgeois  de  tout  état  et  condition, 
eonstîtotlonnellement  répartis  sur  les  vingt  Tribus  ou  cor- 
porations bounçeoises;  celle  des  habitants  admis  à  simple 
domicile  sous  la  protection  du  Magistrat,  et  compris  sur  les 
rôles  do  la  manance  ;  enHa  celle,  peu  nombreuse,  des  per- 


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L'ALiSAGK  PSKDAMT  la  AâVOLUTION  FBAHÇÂJBE  25 


sonnes  qui,  sans  tenir  à  aucune  des  corporations  susdites, 
jouissent  à  titre  particulier  d'un  domicile  en  cette  ville  et 
paient  leurs  impositions  sur  des  rôles  étrangers  à  r»dmi- 
nistration  du  Magistrat. 

C'est  d'après  cette  division  t;énérale,  simple  et  fondée  sur 
les  usages  conservés  à  cette  ville  par  sa  capitulation,  divi- 
sion qui  d'ailleurs  comprend,  selon  le  vœu  de  Sa  Majesté,  la 
généralité  des  habitants,  et  qui  admet  un  cbacun  dans  sa 
elasM  i  Gonoonrir  aux  élections  de  sas  représentants,  qu'il 
sera  procédé  à  la  conyocatlon  des  assemblées  particulières 
desdits  habitants  pour  y  être  lidt  choix  dans  la  forme  et  an 
nombre  el«aprë8  indiqués,  d*nn  ou  plusieurs  représentants 
de  chaque  classe. 

IV.  Tonte  sous-dîTision  ultérieure,  sous  prétexte  de  corpo- 
rations particulières  et  distinctes,  de  communautés  ou  asso- 
ciations réunies  par  l'exercice  des  mêmes  fonctions,  et  de 
corps  autorisés  ou  prétendus  tels,  e,5-t  étrangère  à  la  consti- 
tution particulière  de  cette  ville,  et  donneroit  lieu  à  des 
ditlicullés  et  n''clam:itioiis  iuliriies,  ijui  ne  [(ourroient  qu'arrê- 
ter et  empêcher  l'exécution  des  iritentiuns  de  Sa  Majesté, 
Nous  entendons  en  conséquence  et  décidons  pROVisom£M£NT 
par  la  présente  notre  ordonnance,  qu'il  ne  sera,  sous  aucun 
prétexte,  admis  aucun  député  particulier  d'aucune  corpora- 
tion ou  corps  antre,  que  ceux  ci-après  autorisés  à  des  assem- 
blées partielles  d'élection,  sans  cependant  que  notre  présente 
décision  provisoire,  ni  la  comparution  aux  assemblées  ci-après 
indiquées  de  ceux  des  habitants  du  Tiers-état  qui  croiroient 
réunir  à  la  qualité  de  lK>urgeois  celle  d'appartenir  à  quelque 
corps,  corporation  ou  classe  particulière  ou  distinguée,  puisse 
en  aucun  cas,  ni  d'aucune  manière,  porter  préjudice  aux 
droits,  dictinctions  et  privilèges  desditf  corps,  si  aucun  y  a. 

V.  Les  habitants  qui  jouissent  du  droit  de  bourgeoisie,  de 
tel  état,  condition,  dignité  et  profession  qu'ils  puissent  être, 
s'assembieroot  sur  les  Tribus  auxquelles  ils  appartiennent 


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96 


RfiVUE  D  ALSACE 


Lesdites  aasemblées  ptrtîcoUtres  sur  les  vingt  Tribus, 
auxquelles  seront  appellés  de  la  manière  acooûtumée  tons 
les  bourgeois,  sans  distinction  d*état,  compris  au  rOle  des 
impositions  de  chaque  Tribu,  à  Texception  des  femmes  et 
TCu^es,  seront  convoquées  ei  tenues  dans  la  huitaine  au  plus 
tard  de  la  date  de  la  publication  de  la  présente  et  s'il  est 
possible,  mercredi  procluiin  18  de  ce  mois,  aux  heures  qui 
seront  iudi()uées  par  les  magistrats  ou  oH&ciers  priocipaux 
préposés  aux  dites  Tribus. 

Il  y  sera  donné  lecture  de  la  lettre  du  Roi  aux  Préteurs, 
Consuls  et  Magistrat,  des  réglementa  y  annexés,  de  notre 
présente  ordonnance,  euQn  du  régistre  où  sont  inscrits  les 
bonrgeois  appartenants  à  la  tribu,  et  il  en  sera  fiiit  appel 
iiiisant  note  sur  le  régistre  de  ceux  non  présens  à  rassem- 
blée, pour  ledit  régistre  ainsi  annoté  demeurer  joint  à  la 
minute  du  procès  wbal  de  rassemblée. 

VI.  Le  nombre  des  membres  de  tout  élat,  eonditlon  et  pro- 
fession, présens  à  Isdite  assemblée  étant  vérifié,  il  sera  pro- 
cédé de  suite  en  proportion  dudit  nombre,  à  bante  voix,  et 
dans  Tordre  accoûtumé  des  suffrages,  à  Télection  des  députés 
devant  représenter  ladite  tribu,  et  attendu  que  les  vingt 
Tribus  sur  lesquelles  la  bourgeoisie  se  trouve  repartie,  sont 
toutes  de  constitulio  i  mixte,  qu  elles  sont  composées  tant  de 
bourgeois  professaus  des  arts  el  métiers,  que  d'un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  gradués,  lettrés,  négocians  et 
autres  citoyens  d'un  état  à  réclamer  la  distinction  établie, 
article  XXVl  et  XXVII.  du  règlement  général,  entre  les 
personnes  professants  les  arts  libéraux,  et  celles  appartenant 
aux  arts  et  métiers  : 

Nous  croyons  de?oir  prévenir  tout  motif  de  réclamation, 
entretenir  Tégalité  constitutionnelle  de  nos  citoyens  aux  yeux 
de  la  patrie  commune,  et  conserver,  sans  Ciire  tort  à  aucune 
classe,  nne  juste  différence  entre  les  citoyens  jouissant  du 
droit  de  bourgeoisie,  et  lès  ouvriers  admis  à  simple  domidle 


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L'ALSACE  PSMDAMT  LA  &ÉVOLUTIOK  FRAMÇAISB  97 


êt  compris  sur  les  rôles  de  la  manance,  en  permettant  provi- 
soirement, comme  nous  le  permettons  par  la  présente  notre 
ordonnance  à  toutes  les  assemblées  des  Tribus  de  profiter 
indistinctement,  et  les  unes  comme  les  autres,  de  la  faculté 
d«  nommer  deux  députés  à  raison  de  cent  bourgeois  pré- 
sens  et  tudessous,  quatre  audessus  de  cent,  six  audessus  de 
deux  otots  et  toqjoan  en  anginentant  ainsi  dans  la  même 
proportion. 

VII.  C'est  pour  donner  l'exemple  des  principes  d'égalité, 
qui  servent  de  base  aux  décisions  ci-dessus,  et  pour  témoi- 
gner à  leurs  concitoyens  toute  la  confiance  qu'ils  mettent  en 
leur  patriotisme  et  sagesse,  que  les  Magistrats  et  Assesseurs 
du  Sénat,  ayant  voix  et  séance  en  nos  assemblées  ordinaires, 
sont  convenus  de  s^absteoir  du  droit  de  suffrage  actif  que 
rarticle  XXX  eonserre,  ou  paroit  attribuer  à  ceux  des  offi- 
ciers municipaux,  qui  sont  du  Tiers-état,  dans  les  assemblées 
d^élection  da  Tiers-état  des  villes,  tant  pour  la  redaetion 
des  eahiers,  qne  pour  la  nomination  des  députés,  se  bornant 
lesdits  Magistrats  et  Assesseurs  à  partager  avec  leurs  conci- 
toyens de  font  état  et  condition,  le  droit  commun  à  tons  de 
nommer  les  électeurs  aux  assemblées  particulières  de  leurs 
Tribus,  et  la  faculté  d*êtraélus,  sans  cependant  que  cet  arrêté 
puisse  en  aucun  antre  ou  pareil  cas  préjudicier  aux  droits 
du  Magistrat  eu  générai  ou  d'aucuns  de  ses  membres  eu 
particulier. 

YUL  Le  choix  des  personnes  à  nommer  ponr  députés 
éleelaors  sera  entièrement  Hbre  dans  tontes  les  assemblées. 
Noos  espérons  qne  dsns  ce  choix  elles  se  rappelleront  tous 
les  TOBUZ  et  les  intentions  de  Sa  Mijssté  à  cet  égard  expri- 
més tant  dans  la  lettre  de  eouTOCation,  que  dans  le  préam- 
bule du  règlement  du  24  Janvier  dernier,  et  que  d'ailleurs 
les  mouvements  de  la  confiance  personnelle  ne  leur  feront 
pas  perdre  entièrement  de  vue  les  principes  de  l'alternative 


9B  BBVDB  D'ALBACE 

reçus  dans  la  eouetitattoa  partieuliere  de  cette  rîUe,  et  dans 
les  élections  qui  y  sont  relatives. 

UL  Lee  habitants  compris  dans  les  rôles  de  la  mananee  se 
réuniront  également  en  uae  seule  et  môme  assemblée  qui 
sera  tenne  Samedi  îl  de  ce  mois  à  huit  heures  du  matiti  à 
la  Nfaisou  des  Enfants  trouvés,  dans  les  salles  qui  seront 
assignées  à  cet  effet,  pardevant  les  commissaires  qui  seront 
à  ce  par  nous  nommés,  pour,  conjointement  avec  les  Magis- 
trats préposés  à  la  chambre  de  la  maiiiince,  présider  ladite 
assemblée,  et  y  veiller  au  maintien  si  désirable  de  l'ordre; 
il  y  sera  procédé  à  haute  voix  à  l'élection  libre  de  représen- 
tants; et  attendu  que  les  habitants  compris  audit  rôle  appar- 
tiennent presque  généralement  aux  arts  et  métiers,  et  &  la 
classe  des  compagnons,  oumers  et  autres  profSessions  méca- 
niques, rélection  de  leurs  représentants  se  fera  au  nombre 
prescrit  à  cet  égard  par  le  règlement  de  Sa  Msjesté,  à  raison 
d'un  dépoté  sur  cent  individus  et  an-dessous  .'présents  à 
ladite  assemblée;  deux  au-dessus  de  cent  et  ainsi  de  suite. 

X.  A  ladite  asHemblée  des  habitants  compris  aux  râles  de 
Is  mananee  se  joindront  aux  mômes  dits  jour,  heure  et  lieu 
indiqué,  les  ouvriers,  compagnons,  manœuvres  et  autres 
attachés  aux  alleliers  du  Roi,  ou  à  autres  établissements  pri- 
vilégiés eu  cette  ville,  et  eu  général  tous  les  domiciliés  non 
bourgeois  ni  manants,  qui  appartiennent  à  la  classe  des  arts 
et  métiers,  eu  justifiant  qu'ils  sont  françois  ou  naturalisés, 
ftgés  de  25  ans,  et  en  certifiant  tant  de  leur  domicile,  que, 
par  quittance,  du  rôle  des  impositions,  auquel  ils  sont  compris 
et  ils  proecéderont  conjointement  am  lesdits  manants  à  ré- 
lection des  représentants  dans  la  forme  et  au  nombre  ci-dessus 
prsflcrit. 

XL  Le  petit  nombre  des  habitants  du  Tiers-état,  qui  sans 
afoir  été  reçus  à  la  bourgeoisie,  et  par  conséquent  sans  appar- 
tenir à  aucunes  des  assemblées  faisant  partie  de  la  consti- 
tution de  cette  ville,  y  jouissent  cependant  à  titre  particulier 


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L'ALSACE  PBNDAKT  LA  R&YOLUTI0N  FRANÇAISE  99 

d^in  domicile  et  d*taii  état  distingué,  tels  qae  les  personnes 

emploïés  par  brevets  ou  commissions  militaires,  de  finance 
et  autres  fixant  pour  le  service  du  Roi,  leur  dnmicile  à  Stras- 
bourg, les  officiers  et  empluïés  attachés  aux  différents  corps 
privilégiés,  et  en  général  les  domiciliés,  non  bourgeois,  revê- 
tus de  charries  ou  de  fonctions  publiques,  ou  professant  les 
arts  libéraux,  ou  tenant  dans  la  société  un  rang  honorable 
qui  les  autorise  à  réclamer  la  distinction  des  articles  XXVl 
et  XXYII  du  règlement  général,  s'assembleront  à  l'Hôtel  de 
Ville  le  vendredi  SO  de  ce  moie  à  huit  heures  du  matin,  par- 
devant  les  commissaires  qui  seront  par  Nous  nommés  pour 
présider  ladite  assemblée  particulière,  et  il  j  sera  élu  des 
représentants  dans  la  proportion  de  deux  députés  pour  cent 
personnes  et  an  dessous,  présens  à  ladite  assemblée;  quatre 
an  dessus  de  cent;  six  an  dessus  de  deux  cents,  et  ainsi  de 
soite  conformément  audit  art.  XXVIL 

Xn.  Avant  de  procéder  à  ladite  élection,  il  sera  Ikit  véri- 
fication en  taal  que  besoin,  des  litres,  qualités  etdomicile  des 
comparants,  ainsi  que  de  leurs  contributions  aux  impositions, 
à  justifier  soit  par  les  quittances  de  leur  acquittement,  soit 
par  des  certificats  du  receveur  dépositaire  des  rôles  auxquels 
lesdites  persoîinei  ponrruient  être  comprises.  Et  pour  éviter 
tout  retard,  toutes  difficultés  à  ce  sujet,  et  mettre  nos  commis- 
saires à  même  de  procéder  avec  plus  d'ordre,  et  avec  las 
égards  convenables  à  ladite  assemblée,  les  personnes  de  la 
qualité  susdite  lont  invitées  d'envoyer  leurs  noms,  qualités 
et  demeures,  et  Hure  certifler  de  leurs  impositions  an  bureau 
qui  sera  par  Nous  établi  en  notre  Chancellerie,  pour  j  rece- 
voir les  susdites  déclarations,  dans  Tintervalle  du  jour  de  la 
publication  de  la  présente,  à  celui  indiqué  ci-dessns  pour 
ladite  assemblée. 

Xin.  Toutes  les  personnes  domiciliées  à  titre  particulier, 
nées  français  ou  naturalisés,  âgées  de  25  ans,  et  qui  justifie- 
ront des  qualités  susdites,  seront  admises  à  ladite  assemblée, 


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80 


BEVUE  D'AJLSAOB 


à  tenir  à  rHôtel  de  Ville,  sans  distinction  dee  titrée,  charges, 

emplois,  commissions  ou  fonctions  particulières,  dont  elles 

poiirroient  être  revêtues. 

Ne  pourra  cependant  l'admission  desdites  personnes  dans 
les  circonstances  particulières,  ni  leur  comparution,  ni  même 
la  place  que  chacun  prendra  à  ladite  assemblée,  tirer  h 
conséquence  dans  aucun  cas:  ne  doutant  pas  que  tous  ceux 
qui  composeront  celte  assemblée  uVïeut  les  égards  et  les 
déférences,  que  l'usage  a  consacrés  pour  les  rangs,  les  digni- 
tés et  l'âge. 

XiV.  S'Mi  s'élève  quelque  difficulté  sur  la  justification  des 
titres  et  qualités  de  quelques-uns  de  ceux  qui  se  présente- 
ront pour  ôtre  admis  à  ladite  assemblée,  les  difficultés  seront 
décidées  provisoirement  par  les  commissaires  nommés  pour 
la  présider;  ils  se  feront  an  besoin  assister  de  qnatre  desdits 
comparants  les  plus  distingués,  sans  que  la  décision  qui 
interriendra  paisse  servir  ou  piéjudicier  dans  aucun  antre 
cas. 

n  en  sera  de  même  dans  toutes  les  autres  assemblées  par- 
ticulières ci-dessus  ou  ci-après  indiquées. 

XV.  Il  sera  libre  à  ceux  des  bourgeois,  manants  et  domi- 
ciliés qui  habitent  la  Ruprechlsau.  le  Neuhoff,  et  les  autres 
habitations  de  la  banlieue,  joui.s.stint  du  droit  de  bourgeoisie, 
dans  cette  ville,  ou  admis  à  la  manance,  de  se  réunir  à  celle 
des  assemblées  ou  corporations  ci-dessus,  auxquelles  ils 
appartiennent  en  ville. 

Cependant  pour  donner  aux  nombreux  cultivateurs  et 
habitants  de  la  Ruprecbtsan  et  dn  Neuholl^  la  lîMilité  de 
concourir  anx  élections  sans  déplacer  la  généralité  desdits 
babitans,  Nous  commettons  et  autorisons  MM.  les  Directeurs 
de  la  Rupreehtsan  d*une  part,  et  de  l^autre  MM.  les  Direc- 
teurs des  bAtimens,  pour  te  Neuhofl^  de  tenir  sur  les  lieux 
mêmes,  à  tel  jour  et  heure  et  dans  tel  local  qui  sera  trouré 
eonrenable,  une  assemblée  partiealierede  ceux  dasdUshahi- 


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L'ALSAOB  pendant  hÂ.  BfiYOLUnOM  FRAMÇAISB  Hl 

tans,  qui  n'auront  point  assisté  aux  assemblées  de  leur  classe 
et  cor^K)ration  en  ville;  il  sera  procédé  aux  dites  assemblées 
particulières  de  la  Ruprechl.sau  et  du  Neuhoff,  à  l'élection 
des  représentans,  dans  la  proportion  de  un  sur  cent  indiridus 
et  au-dessous,  présens  aux  dites  as.semblées;  deux  au-de«8ii8 
de  cent;  trois  au-dessus  de  deux  cents,  et  ainsi  de  suite. 

XYI.  Dans  les  procès -verbaux qui  seront  dressés  de  toutes 
les  assemblées  particulières,  il  sera  certifié  des  publications 
d'dessoa  ordonnées,  ainsi  que  des  élections  des  repréeentans 
respeetife;  lesditspioeès -verbaux  seront  signés  par  leUagistrat 
ou  olBeier  public  qui  aura  tenu  rassemblée,  ou  présidé 
réiection,  par  les  élus,  s'ils  sont  présens,  et  par  le  greffier 
des  dites  assemblées. 

Gesprooès-Terbanx  seront  dressés  en  double  minute,dontnne 
demeurera  déposée  an  greffe  desdites  corporations,  et  Tanlre 
remise  aux  représentans  élus,  pour  être  présentée  à  l'assem- 
blée générale  du  ïiera-état,  et  pour  y  constater  les  pouvoirs 
généraux  et  suflisans  donnés  aux  dits  représentans.  Il  sera 
libre  à  toutes  les  assemblées  particulières  ci-dessus,  et  Noua 
les  invitons  même  à  remettre  aux  représentants  par  elles 
nommés,  telles  instructions  particulières,  mémoires  et  obser- 
vations qu'elles  jugeront  convenables  et  mesurées  aux  cir- 
constances. 

XVII.  Les  députés  choisis  dans  ces  différentes  assemblées 
particulières,  formeront  sous  notre  présidence,  an  jour,  heure 
et  lien  indiqués  par  Tari  L  de  la  présente  ordonnance, 
rassemblée  du  Tiers-état  de  la  ville;  il  j  sera  donné  acte 
aux  eomparans  de  lenr  comparution,  et  il  sera  donné  défont 
eontfe  les  non-eompanns;  après  quoi  U  sera  passé  k  la 
féoeption,  dans  la  Ibrme  accoutumé,  du  serment  que  feront 
les  eomparans  de  procéder  fidèlement  à  la  rédaction  da  cahier, 
et  à  la  nomination  des  députés. 

XVni.  Il  sera  délibéré  en  ladite  assemblée  générale  du 
nombre  et  du  choix  des  commissaires  à  nomiuer  pour  vaquer, 


9» 


BSVUS  D*AL8A€B 


8tii8  interrnption  et  sus  délai  à  la  rédaction  des  iostractioi» 
oa  Cahier  de  doléances.  Les  députés  on  représentants  nem- 
més  par  les  assemblées  particulières,  remettront  aux  dits  ^ 
commissaires  tous  les  mémoires  et  instrnctions  qui  leur 
auront  été  conQés  par  leurs  commettans,  pour  y  ayoir,  lors 
de  leur  rédaction  des  cahiers,  tel  (^gard  que  de  raison. 

XIX.  Aussitôt  que  le  travail  dosdits  coinmis.s;iires  sera 
fini,  le.<  lahiers  serniit  delinitivement  arrêtés  par  l'assemblée 
générale,  qui.'^era  par  Nous  de  nouveau  convoquée  à  ce i  effet, 
et  il  sera  procédé  ensuite  dans  la  forme  prescrite  par  le 
règlement  .notamment  par  rarlicle  XL  Vil,  conceroaot  le 
choix  de  scrutateurs  et  l'ordre  du  scrutin,  à  l'élection  des 
deux  députéi  aux  Etats  généraux,  ainsi  qu'à  celle  de  leurs 
snppléans,  si  le  cas  y  échet»  et  s'il  en  ainsi  oonrenu  à  la  dite 
Assemblée. 

XX.  Il  sera  dressé  procès-verbal  de  tous  les  dites  actes, 
ensemble  des  instractions  et  pouToirs  généraux  et  soffisans, 
qui  seront  donnés  aux  dits  députés  ponr  propager,  remonênt, 
avker  et  eoneeaUr  tout  ce  qui  peut  concerner  les  besoins  de 
l*Etat,  la  réforme  4es  abus,  rétablissement  d*ua  ordre  fixe  et 
durable  dans  toutes  les  parties  de  l'administration,  la  pros- 
périté générale  du  royaume,  et  le  bien  de  tous  et  de  chacun 
des  sujets  du  Roi;  lequel  procès-verbal  restera  déposé  au 
greffe,  et  copie  dùëraent  collation  née  d'icelui  .sera  remise  aux 
dits  députés  avec  le  cahier  arrêté  par  ladite  assemblée. 

XXI.  S'il  se  présentoit  quelques  difficultés  sur  rexécutioo 
de  la  présente  ordonnance,  ou  sur  les  opérations  qui  y  sont 
rélatires,  Nous  nous  réservons  d'en  décider  par  des  ordon- 
nances et  décLsions  particulières,  aaos  que  desdits  actes  ou  des 
opérations  ordonnées  à  l'occasion  de  la  présente  conTOcatîon 
aux  Etats  généraux  du  royaume,  ni  d'aacnnesdes  dispositions 
on  expressions  de  notre  présente  ordonnance  on  décisions 
avenir,  il  puisse  être  induit  ni  résulter  en  aucun  antre  cas, 
aneun  changement,  noyation  on  dérogation  dans  Tordre  et 


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L'ALSACB  PBNDAMT  LA  BÊYOLOTION  FBAMÇADB  88 

les  formes  coostttutiooDeUefl  de  cette  fille,  dane  les  rapports 
des  diff&rens  ordres,  daases  et  eorporaUons  d'haMtans  entre 
elles,  ni  dans  encan  des  usages  parlienliers,  drdts  et  priri- 
légee  qni  lui  ont  été  conserrés  par  sa  capitulation. 

La  présente  ordonnance,  ainsi  que  les  décisions  et  ordres 
qui  pourront  intenrenir  de  notre  part  sur  les  détails  relatifs 
à  son  exécution,  et  à  celle  des  règlements  de  Sa  M^eeté, 
seront  exécutés  par  provision,  nonobstant  toales  appellations 
quelconques  que  Sa  Majesté  a  iulerdites,  sauf  aux  parties 
intéressées  à  se  pourvoir  par  devers  Elle,  par  voie  di  repré- 
senlations,  et  par  simples  mémoires. 

Fait,  arrêté  et  ordonné  en  l'assemblée  générale  du  Magis- 
trat, dite  les  Sénat  et  XXi.  ce  Mardi  10  Mars  1789. 

TROM&ËRT,  Secrétaire  des  XUL' 


IV. 

Arrêté  du  Magistrat  du  7  avril  1789 

Le  Magistrat  qui  a  cherché  à  donner  en  toute  occasion  à 
Ut  bourgeoisie  et  à  ses  corporations  des  preuTOS  de  sa  bien- 
Teillance,  de  ses  soins  et  de  Tatteotion  avec  laquelle  il  accueil- 
lera too^onra  tout  ce  qui  pourroit  intéresser  le  bonheur  dee 
dtoyeos,  se  prêtera  arec  les  mêmes  sentimens  à  entendre  et 
recevoir  par  les  personnes  honorées  de  la  confiance  des  tri- 
bus, les  vœux  et  les  doléancee  qu*elles  peurent  avoir  à  lui 

^  Naifré  1m  prooMstes  fûtes  plot  hant,  eartuDM  eorporattona  obtin- 
rent dans  la  séance  d a  Magiàtrat,  du  12  mars,  le  privilège  de  nommer 

des  d<:lo);iio8  pnrliculiers.  Ce  furent  11' Couvent  OL-clésiastique  (l'assemblée 
géii>T.ili!  des  pasloiirs  de  la  ville),  le  Cha[>itre  de  Sainl-Thoinas  et  l  Uni- 
versité  prolestante.  —  Les  élections  eurent  iiou  le  18  mars  et  le  23  mars 
•mvaiit  lie  membres  dn  Mafistnt  se  rendireat  en  eorlége  de  l'HôteMe- 
ViUe  à  U  Triba  da  Miroir  poar  y  recevoir  lee  eent  vingt-six  Jeprésen- 

NooTelle  Série  —  »•  Anuùe.  8 


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84 


ptemilar.  BHes  doi?ent  dtie  persuadées  qu^eUes  trouveront 
le  Migistrat  très  porté  à  avoir  pour  les  différons  objets  de 
demande  et  en  ce  qni  dépendra  de  lui,  tous  les  égards 
qui  pourront  se  eoneilier  stsc  la  jpstioe,  la  raison  et  avee 
l'intérêt  de  la  chose  publique  et  du  Uen  général.  Une  dépn- 
tation  sera  nommée  pour  prendre  connoîssance  des  proposi- 
tions ft  communiquer,  et  elle  pourra  s'expliquer  de  confiance 
avec  les  personnes  chargées  de  cette  communication  sur  tout 
ce  qui  paroitroit  propre  à  éclairer  les  opinions,  à  accorder 
les  divers  intérêts  et  à  maintenir  la  bonne  harmonie.  Mes- 
sieurs les  commissaires  nommés  par  le  Tiers-état  de  cette 
Tille  peuvent  assurer  leurs  commettans  de  ces  dispositions. 

Fait  et  arrêté  aux  chambres  assemblées  du  Magistrat  dites 
les  Sénat  et  XXI  le  7  avril  1789. 

Signé  Metz 


V. 

Prooè8*Terl>al 
de  POeeHon  des  députA  à  PAumMe  Naikmale. 

Mercredi  le  8*  jour  du  mois  d'Avril  1789,  à  sept  heures 
du  matin,  comparurent  à  la  tribu  du  Miroir,  sous  la  prési- 

lants  élnB  de  la  eité.  Après  te  leotore  das  procAt^erbtiiz  d'éleetton,  oa 

procéda  dans  cette  assemblée  générale,  à  l'élection  de  trente-  deux  com* 
missaires,  chargés  d-;  rédigtîr  le  cahier  pcncral  des  doléances  du  Tiers- 
Étal  do  Strasbourg.  Chaque  corps  do  tribu  devait  prés'Miler  par  écrit  ses 
doléances  particulières  aux  élus.  Les  griefs  des  habitants  qui  se  rappor- 
taient aux  aflkim  inlérienres  da  la  ville,  ftireot  renvoyés*  d'un  eommmi 
aecordt  à  nue  commission  extraordinaire  composée  de  sept  représaDtanti 
élns  et  de  sept  délégués  do  Magistrat.  C'eet  cette  décision  qa'annonea  le 
document  qni  suit  sous  le  n*  VI. 

*  On  trouvera  le  nom  des  délégués  de  la  bourgeoisie  dans  l'une  des 
pièces  suivantes  (n<*  VI},  ainsi  que  ceux  des  oommissaiiet  da  Magiatrat 


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L'ALSAOB  nMDAMT  Uk  BftVOLUTION  IBAMÇAISB  85 

dence  de  l^assemblée  générale  du  Magistrat  de  la  ville  de 
Strasboorg,  dite  le  Sénat  et  XXI,  MU.  les  représentaos  élas 
dans  les  assemblées  particalières  des  habitansdu  Tiers-état 
de  ladite  Tille,  lesquels  ont  déposé  sor  le  barsau  le  cabier 
d'instructions  et  de  doléances  rédigé  par  MM.  les  commisaaiFes 
nommés  à  rassemblée  générale  du  S8  Mars  dernier  et  défi- 
nitifement  arrêté  par  la  présente  assemblée,  après  lecture 
dMceiui  faite;  en  conséquence  de  quoi  il  Ait  procédé  dans  la 
forme  prescrite  par  le  règlement  de  S.  M.  du  24  Janvier  der- 
nier et  notamment  par  l'article  XLVII  à  l'élection  de  deux 
députés  du  Tiers-état  de  cette  ville  aux  Etats  généraux. 

A  cet  effet  MM.  les  représentans  ont  élu  par  la  voie  du 
scrutin  trois  de  leurs  membres  pour  ouvrir  les  billets,  en 
vérifier  le  nonabre,  compter  les  voix  et  déclarer  le  choix  de 
rassemblée.  Pour  procéder  à  cette  élection,  lesdits  sienrs 
représentans  ont  mis  l'an  après  l'autre  leurs  billets  dans  on 
Tsse  placé  sur  le  bureau  an-devant  du  secrétaire,  après  que 
les  trois  pins  anciens  d*âge  se  Airent  placés  audit  bnrean, 
MM.  les  représentans  étant  sur  ce  retournés  à  leurs  places, 
et  la  rériflcation  des  billets  aient  été  ftite  par  le  secrétaire 
assisté  desdits  trois  plus  anciens  d'ftge,  il  s*est  trouTé  quels 
pluralité  des  voix  s'était  réunie  sur  MM.  Jean-Louis  Goullet, 
bailly,  Etienne-François  Schwendt.  syndic  du  Directoire  de  la 
noblesse  immédiate  de  la  Basse- Alsace,  et  Jean-Christophe 
Bernard,  )iégociant.  le^squels  ont  pris  en  conséquence  place 
au  bureau  en  qualité  de  scrutateurs. 

MM.  les  scrutateurs  ainsi  placés,  l'assemblée  procéda  à 
l'élection  du  premier  député  aux  Etats  généraux  ainsi  qu'il 
suit  :  MM.  les  scrutateurs  jettèrenl  les  premiers  leurs  billets 
dans  le  vase  placé  à  cet  effet  sur  le  bureau  ;  après  quoi  tous 
MM.  les  électeurs  vinrent  pareillement  Tun  après  l'autre 
déposer  ostensiblement  les  leurs  dans  ledit  vase;  ceux-ci  ayant 
repris  leurs  plaees,  MM.  les  scrutateurs  procédèrent  au  compte 
et  reeensement  des  dits  billets,  lequel  compte  s'étant  troaré 


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56 


&ETUE  D'ALBACE 


jnste,  les  lerotafeiin  ont  oayert  les  billeti  et  ont  ▼érifié  les 

suffrages  à  ?oix  basse;  et  attendu  qaMI  s'est  réuni  sur  M.  Jean 

de  ïiirckheim',  amraeister  au  Mugislral  de  celte  ville,  quatre- 
vingt-quinze  voix  et  par  conséquent  plus  que  la  moitié  de 
celles  des  cent  vingt-six  représentans  tous  présents  à  l'as- 
semblée, MM.  les  scrutateurs  déclarèrent  leditsisurde  TQrck- 
heim  premier  député  du  Tiers-état  de  ladite  ville  aux  Etats 
généraux  et  brûlèrent  sur  le  champ  tous  les  billets  du  pré- 
sent scrutin. 

Cette  première  élection  ainsi  faite,  MM.  les  représentans 
ont  procédé  de  euite  et  dans  la  môme  forme  à  celle  du  second 
dépnté.  Hais  comme  au  premier  tour  de  ce  scrutin  aucun 
desdits  sieurs  représentans  n'a  réuni  audtlà  de  moitié  des 
sulfiraiges  ds  Tasssmblée,  ils  ont  été  une  seconde  fois  au  scru- 
tin et  mon  susdit  sieur  Schvrendt  *  ayant  eu  cette  Ibis  quatre- 
vingt-sept  suffrages  et  conséquement  plus  de  la  moitié  de 
ceux  de  l*a8semblée,  MH.  les  scrutateurs  l'ont  déclaré  second 

*  Jean  de  TOrckheim  appartenait  à  une  ancienne  famille  pttricienne 

établie  à  Strasbourg  depuis  plus  de  deux  siècles.  Son  pfre  avait  été  créé 
baron  du  Saiiit-Einpire  par  Joseph  II,  avec  la  singulière  clause  qu'il 
serait  permis  à  la  faoïille  de  déposer  pour  un  temps  sa  noblesse  sans 
pouvoir  la  perdre.  Cest  ainsi  qne  son  fils,  notre  député,  put  devenir 
affMMtrtre,  ehtrge  réservée  aux  rotoriers  à  Strasbourg*  Né  le  10  novem- 
bre 1749,  M  Jean  de  Tûrckbeim  fut  ôlu  échevin  en  1774.  membre  da 
Sénat  en  1775,  arameistre  en  1778,  et  entra  au  Conseil  des  XIII  en  1787. 
Il  omigra  en  1790.  après  avoir  di'posé  son  niandat,  comme  un  le  verra 
plus  tard,  et  se  retira  sur  sa  terre  d'Altorf,  dans  le  pays  de  Bade.  Il 
devint  quelques  années  après  èonseiU«r  indine  et  ministre  plénipoten- 
îaire  da  landgrave  Lonis  de  Hesse  à  la  diète  de  Ratisbonne,  an  Gonr 
grés  de  Vienne,  &  la  cour  de  Rome,  etc.  Retiré  des  affaires  il  écrivit, 
sans  la  signer  [o\i{eîoh,nm  Histoire  généalogique  delà  maisnn  de  Hesse, 
qui  parut  à  Strasbourg  de  1818  à  1819,  en  2  vol.  inS".  Il  mourut  à  son 
cbiteau  d'Altorf  le  28  Janvier  18S1 

'  Etienne-François  Scbwendt,  également  issnd'nne  Tieillefiumlle  stras» 
lioiirgeoise,  avait  étudié  le  droit  dansm  TÎUe  natale,  avait  été  reçu  doc- 
teur fin  766  et  se  trouvait  être  à  ce  moment  syndic  du  Directoire  de 
la  Noblesse  immédiate  de  la  Ba^se-Alsaco  D'un  tempérament  beaucoup 
moins  conservateur  que  son  collôgae,  peut-être  parce  qu  il  était  juria- 


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L'ALBAIS  PBMDAMT  la  BtVOLUnOM  IB&NÇàlU 


87 


député  aux  Etats  généraux,  et  ont  brûlé  également  sur  le 
champ  tous  les  billets  da  ce  scrutio. 

Les  élections  étant  terminées  aa  nombre  et  dans  la  Torme 
prescrite  par  les  lettres  de  convocation  et  les  règlements  de 
S.  M.,  et  tes  deax  dépotés  élus  se  troorant  présents  à  ras- 
semblée» ils  ont  sur  le  champ  déclaré  accepter  la  dépatation; 
en  conséquence  il  leur  a  été  fait  aossitét  remise  du  cahier 
dinstmctions  et  doléances,  signé  tant  par  tons  IIM.  les  com- 
missaires chargés  do  la  rédaction,  qaepar  MU.le88tettmestre 
etamm^slreen  régence  et  par  le  secrétaire;  donnant  pouToir 
et  enjoignant  an  nom  de  la  présente  assemblée  à  mes  dits 
sieurs  de  TQrckheim  et  Schwendt,  députés  élus,  de  repré- 
senter dans  les  prochaines  Etats  ^^énérauxdu  royaume  le  Tiers- 
état  de  celte  ville,  de  déposer  fidèltimcnt  au  secrétariat  de 
l'ordre  du  Tiers-état  aux  dits  Etats  généraux  le  caliierà  eux 
présentement  rerais,  de  se  couformer  aux  instructions  y  con- 
tenues, s'en  rapportant  en  ce  qui  n'y  serait  point  rappelé 
à  ce  que  les  députés  estimeront  en  leur  âme  et  conscience 
pouToir  contriboer  au  bonheur  de  la  patrie,  leur  conférant  à 
cet  effet  tous  poo?oirs  généraux  et  suffisants  pour  propoetr, 
remontrer,  sTiser  et  consentir  tout  ce  qui  peut  concerner  les 
besoins  de  l'Btat,  la  réforme  des  abus,  rétablissement  d*un 
ordre  fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de  l'administra- 
tion, la  prospérité  du  royaume  et  le  bien  de  tous  et  de  chacun 
des  sujets;  et  promettant  les  représentants  formant  la  pré- 
sente assemblée  du  Tiers-état  de  cette  ville  agréer  et  approu- 
ver tout  ce  que  les  dits  députés  auront  fait,  délibéré  et  signé 
en  vertu  dss  présentes,  de  la  môme  manière  que  si  les  dits 
représentants  y  avaient  assisté  en  personne;  et  ont  dit  mes 

consulte,  il  si6;;ea  jusqu'au  hout  à  la  Constituanltî  ;  nous  le  retrouvons 
pea  après  1791  dans  les  assemblées  législatives  et  u  avons  pu  découvrir 
ce  qo'il  était  devena  jusqu'au  moment  où  le  Directoire  le  nomaia  jage 
an  tribonal  de  eaisatioii.  Il  y  resta  sous  toas  les  régimes  qui  se  siMoé- 
dAreat  jasqn'ii  amort.  arrivée  en  1821. 


38 


BEVUE  D'ALSACE 


sieurs  de  Tiirckheim  et  Schwendt  de  suite  priMé,  dans  It 
forme  accoutumée,  le  serment  de  se  conformer  fidèlement  et 
eo  leur  àme  et  conscience  à  tout  ce  qui  leur  est  prescrit  cy 
dessus,  et  ont  signé  conjointement  avec  MM.  les  stettmestre 
et  ammeistre  en  régence  et  le  secrétaire  le  présent  procès- 
▼erbalf  qui  a  été  remis  aux  députés  pour  être  par  eux,  en- 
semble  le  cahier  mentionné  cy  dessus,  déposé  au  secrétariat 
de  Tordre  du  Tiers-état;  et  ont  pareillement  signé  le  dupli- 
cata dudit  procëS'Terlwl,  lequel  restera  déposé  an  greffé  de 
MM.  les  Préteur,  Cionsuls  et  Magistrat  de  cette  ville. 

Fait,  lu  et  passé  à  Strasbourg  en  l'assemblée  générale  du 
Tiere-état  de  ladite  Tille,  sous  la  présidence  de  mes  dits  sieora 
les  Préteur,  Consuls  et  Magistrat,  les  jours,  mois  et  ao  que 
dessus. 

Jein  de  TQhckhkim,  Scrwenut,  X.  Rkhnahd. 
Jean-Louis  Gocli.kt,  Hafineu  de  Wassleu- 
lieim,  stettmeistre  en  régence,  Zjepffel,  am- 
meistre, Tbombert,  secrétaire. 

ANNEXE  AU  PROCÈS-VERBAL 

Premier  Umr  de  scrutin 


MM.  De  Ttlrckheim   95  voix  (nommé). 

Riehl,  conseiller  de  cour   11.  » 

Franck,  banquier   9.  » 

Saltzmann,  conseiller   11.  » 

Fischer,  avocatrgénér&i   6.  » 

Wunderer   1.  > 

Brackenhoffer   1.  • 

Maiuo   1.  » 

Deuxième  tour  de  eeruUn 

IfBf.  Schwendt   43  voix. 

De  Klinglin   13.  » 

Maine   51.  » 

Mathieu,  avocat-général   9.  » 

Fischer,  avocat-général   2,  • 


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L*AL8A0B  ISNDAIIT  LA  BtVQLUTIOlf  FBâJfQàl»  88 

Hervé   5  voix. 

Poirot   2.  » 

(Pas  de  résultat.) 

Trcisièm  tour  de  scrtdm 

MU  Sehwendt    87  yoU  (nommé). 

ICaîno   21.  > 

Mathieu   3.  » 

Poirot   2.  » 

DeKlioglin   10.  • 

Hervé   4.  »  • 


VI. 

DéeisioiL  des  représeatants  de  la  bourgeoisie 

du  â  «mril  1789, 

L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  nenl^  le  hnit  AttII  en  pré- 
sence de  Messieurs  les  Préteurs,  (Sonsuis  et  Magistrat  de  la 
Tille  de  Strasbourg,  les  représentant^  élus  par  les  tribus  à 
ce  duement  autorisés  par  elles  ou  s*en  fiiisant  fort,  en  consé- 
quence de  la  délibération  du  Magistrat,  du  jour  d'hier,  prise 
sur  l'iavitalion  à  lui  faite,  le  six  de  ce  mois,  ont  choisi,  nommé 
et  commis  :  Messieurs  l'avocat  général  Fischer,  Lacombe 
notaire,  Schubart,  Hervé,  de  TQrckheim  cadet,  Vunderer  et 
Spielmana  cadet,  et  pour  suppléans,  Messieurs  Dittrich  le 

*  On  remarquera  par  ces  scratins  que  H.  Sehwendt  manqua  ne  point 
être  éln.  La  qneetion  roiisieiiie  vint  ieî,  comme  ai  aonveat  eo  Alsace,  et 

jusqu'à  nos  jours,  compliquer  la  sitoation  politique.  Au  premier  scrutin, 
sur  135  volants,  134  voix  se  portent  sur  des  candidats  protostants, 
une  seule  sur  un  catholique.  Au  second  scrutin,  le  désir  d'établir  l'équi- 
hbre  entre  les  deux  confessions,  réunit  1*22  voix  contre  2,  sur  des  can- 
didats catholiques,  mais  sans  entente  ;  le  parti  eonsemtear  vote  alors 
pour  le  syndic  Sehwendt  an  troisième  toor,  de  préférence  4  M.  Nayno» 
eattioUqne  pins  prononoi. 


40 


BSVUB  D'ALSAOB 


professeur  et  Metzier  coiisuUmiI  ;  auxquels  ils  ont  donné  charge 
et  pouvoir  spécial  au  nom  de  leurs  corametlans,  de  commu- 
niquer les  demandes,  plaintes  et  réclamations  de  la  bour- 
geoisie el  de  ses  différentes  corporations,  à  la  députation  qui 
a  été  ou  sera  nomméo  par  le  Magistrat,  traiter,  proposer  et 
convenir  des  réformes, modiûcatioas  et  réglemens  qui  forment 
le  vœu  des  citofons,  sans  néanmoîiis  qu'ils  puiesent  arrêter 
deflaitivement  aacan  des  articles  proposés  ayant  d*eii  avoir 
referé  à  leurs  oommettans  et  en  être  aatorisés.  Fait  les  jour, 
mois  et  an  que  dessus.  Signé  :  Klinglin,  Andréas  Meyer,Turek- 
heim,  Hennenbeig,  Mayer,  Hayno,  Marschall,  Ditterich  pro- 
fessenr,  Zsapffel,  Hetzler,  Schatss,  Yunderer,  Saltzmann,  Jean 
Michel  Greiner,  Gbappui,  Spielmann,  Fischer,  Hervé,  Pertois, 
Dillemann,Laoombe  notaire,  Knoderer,  Reubel,  Weber,  J.  V. 
Schneegans,  Goullet,  Nicolas  Gabory,  Louis  Meyé,  Schving, 
Jean  Jaques  Plarr,  Jaques  Fenderich,  Haiïner  de  Wasslen- 
heira,  stettraeistre  en  régence,  Ziepffel,  aranieistre  faisant  les 
ibnctioQS  de  régent  et  Trombert  secrétaire  K 


vn. 

Cahier 

dt$  vcBm  du  7Un-éi(U  d$  la  vUk  d$  Strathourg, 

Le  Tiers-étit  de  la  ville  de  Strasbourg  pénétré  de  tous  les 
lanliniens  d*aniottr,  de  respect  et  de  reenudssance  que  les 
témoignages  d*afEBction  et  de  sollidtnde  dn  Rof  envers  ses 

'  Le  choix  d*îs  (lo|'^;:aé-;  élus  par  le*;  ri^prp*i«ntriiit'<  indique  nn  prand 
esprit  de  conciliation  do  la  part  de  la  bourgeoisie  de  Slrasboarg,  qui 
povrait  se  plaindre  à  bon  droit  d'une  toole  d'abns  invétérés,  tolérés  et 
mSme  exploités  ptr  le  Magistrat  de  la  Ville,  et  qni  prit  néanmoins  la 
■ujenre  partie  de  ses  commissaires  dans  la  classe  dirigeante  et  même 
parmi  les  fonctionnaires  de  la  cité. 


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L' ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 


41 


sujets  vont  perpétuer  dans  tous  les  cœurs,  se  persuade  iiue 
Tordre  conslant  et  invariable  qui  doit  assurer  la  prospérité 

générale  du  royaume  et  relie  de  la  ville  de  Strasbourg  ne 
pourra  sefifecluer  qu'en  fixant  des  ré[îl^s  stables  sur  hi  con- 
stitution de  l'Etat,  la  liberté  individuelle  des  citoyens,  la  sûreté 
des  propriétés,  la  coniribution  aux  cliar„fes  publiques  et  en 
ramenant  les  formes  d'administration  générale  pour  le  royau- 
me et  particulière  pour  celte  ville  à  leurs  véritables  prin- 
cipes. Il  charge  eu  conséquence  ses  députés  aux  Etats  géné- 
raux: 

IfUérêU  généraux  du  royaume. 
L 

De  concourir  i  la  vérification  des  missions  des  représentans 
et  de  constater  si  ceux  du  Tiers-état  sont  en  nombre  égal  à 

celui  des  deux  premiers  ordres  réunis  conformément  aux  dis- 
positions du  règlement  de  Sa  Majesté  du  24  Janvier  dernier. 

IL 

Ils  demanderont  que  la  constitution  du  royaume  soit  rap- 
pellée  et  fixée  par  une  charte  authentique  qui  sera  enrégistrée 
par  les  Etats  généraux  et  qui  déterminera  d'une  manière 
in?ariable  les  droits  sacrés  du  Roi  et  ceux  de  la  Nation. 

111. 

Qu'aucune  loi  ne  soit  réputée  constitutionnelle  qu  elle  n'ait 
été  établie  par  le  Roi  et  la  nation  assemblée  en  £tats  géné- 
raux. 

IV. 

Ils  insisteront  à  ce  que  la  liberté  indiridnelle  des  citoyens 
soit  formellement  assurée,  et  qu*aucun  d*eux  n*en  puisse  être 
privé  par  aucune  lettre  de  cachet,  ordre  ministériel  et  com- 
mandement militaire,  qu'à  charge  de  le  remettre  dans  les 
14  heures  entre  les  mains  de  son  juge  ou  de  celui  du  lieu  de 
son  arrêt. 


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REVX7X  D'ALSAOB 


V. 

Us  demanderont  la  liberté  de  la  presse  sods  l'obUgatioii 

de  la  souscription  de  rimprimeur  ou  du  libraire,  sauf  anx 
juges  des  lieux  à  punir  dans  \om  les  cas  où  la  religion,  les 
mœurs  et  l'honneur  de  qui  que  ce  soit  seroient  attaqués. 

VI. 

Que  toute  ouverture  ou  suppression  de  lettres  confiées 
aux  postes  et  autres  établissemens  publiques  soit  ié?èrement 
proficrite. 

VII. 

Qu'il  soit  reconnu  comme  maxime  et  principe  fondamental 
de  la  constitution  qu'aucun  impôt  ni  subside,  ne  peut  tt  ne 
poam  être  établi,  assis  et  le?é  qa*après  aToir  été  consenti 
par  la  nation  assembléa  en  Etats  généranz. 

VIIL 

Qall  soit  égatement  reeonna  et  réglé  par  nne  loi  constita- 
tionndle,  que  tous  impéts»  subsides  et  charges  publiques 
doivent  être  supportés  proportionnellement  aux  propriétés 
foncières  et  facultés  par  tous  les  citoyens  de  quelque  ordre, 
rang  et  état  qu'ils  soient,  sans  distinction. 

IX. 

Les  députés  insisteront  à  ce  qu'ils  soit  vôté  par  tète  en 
matière  d'impôts  et  charges  publiques  de  l'état. 

X. 

Ils  demanderont  que  l'état  de  la  dette  publique  soit  repré- 
senté aux  Etats  généraux  pour  être  examiné,  vérifié,  arrêté 
et  avoué  par  le  nation  s'il  écbet 

XL 

Qu'il  soit  également  représenté  aux  Etats  généraux  nn  état 
des  besoins  des  divers  déparlemens  pour  être  arrêté  et  réduit 
au  point  d'économie  dont  ils  seront  susceptibles. 

m 

Qu'il  soit  pris  les  précautions  nécessaires  pour  que  la 
niasse  des  pensions  ne  devienne  trop  onéreuse  à  la  nation. 


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i.'ALSACS  PSNDANT  LA.  &ÉVOLCTION  FBAMÇAIBB 


43 


XIII. 

Qu'en  conséquence  du  résultat  de  ces  opérations,  il  soit 
1*.  pourvu  {)ar  un  inifjût  distinct  et  séparé  h  l'amortissement 
de  la  dette  ptil)lique  et  à  l'acquil  désintérêts  qui  ?erorjt  fixés, 
et  2'.  qu'il  soit  convenu  d'un  subside  pour  faire  face  aux 
besoins  anoueis  de  l'état. 

XIV. 

Que  la  répartition  t»nt  de  l'impôt  que  du  subside  sera 
assise  sur  les  propriétés  foncières  et  sur  les  facultés  non  fon- 
dères  d*an  rapport  quelcooque  ;  pour  l'une  être  acquittée 
dans  les  lieux  où  les  biens  sont  sitaés,  et  Tautre  dans  ceux 
da  domicile. 

XV. 

Que  le  compte  de  chaque  département  ainsi  que  celui  de 
la  caisse  de  Tamortissement  soient  rendus  publiques  par  la 
Yoie  de  Timpression  et  présentés  aux  Etats  généraux;  et  que 
les  administrateurs  soient  déclnrés  responsables  envers  la 
nation  de  leur  gestion  respective. 

XVI. 

Les  députés  demanderont  que  les  Etat.s  généraux  détermi- 
nent les  époques  de  leurs  assemblées  et  les  formes  de  leurs 
convocations,  et  tenue,  et  que  la  délibération  qui  les  iixera 
devienne  loi  constitutionnelle.  Ils  ne  pourront  consentir  la 
durée  du  subside  que  jusqu'à  la  prochaine  réunion  des  états. 

xm 

Qu*aucan  papier-monnoîe,  emprunt,  lotterie  et  création 
d*ofBce  ne  puissent  avoir  lieu  que  du  consentement  formel  de 
la  nation. 

xvm. 

Ils  demanderont  la  suppression  de  toute  lotterie  dénombre 

ou  lotto,  et  la  défense  de  toute  introduction  de  billets  de  lotte- 

ries  étrangères  sous  des  peines  sévères,  et  qu'il  n'en  puisse 
être  permis  à  lots  déterminés,  que  celles  établies,  et  qui  seront 
demandéea  au  protit  des  hôpitaux  et  maisons  de  charité  non 


44 


■BVUB  D*AL8A0B 


SQffisamment  doUées,  par  les  provinoea  et  TilteSi  aons  l'appro- 
bation  des  Btata  généraux. 

m. 

Les  députés  prcsenteront  le  ?œu  de  Tabolition  de  la  ferme 
générale,  ninsi  que  de  la  régie  des  droits  réunis,  dès  que  le 
bail  murant  sera  <?xpiré,  et  demanderont  qu'on  examine  dans 
TinterFalle  la  portée  de  leurs  produits,  à  l'effet  de  prendre 
les  mesures  les  plus  eFticaces  pour  remplacer  d'une  manière 
moins  onéreuse  cette  branche  du  revenu  public 

XX. 

Ils  proToqueront  la  refonte  du  code  civil  et  criminel,  ainsi 
que  la  simpliflcalion  de  la  procédure  ;  un  règlement  pour 
fixer  les  ressorts  des  cours  et  tribunaux  de  la  manière  la  plus 
avantageuse  aux  justiciables,  et  la  déterminatioa  des  pouvoirs 
et  fonctions  des  cours  souveraines. 

Us  demanderont  la  révocation  de  tontes  attribution,  évoca- 
tion on  commission  extraordinaire,  qui  distraient  les  citoyens 

de  la  juridiction  de  leurs  Juges  ordinaires. 

xxu. 

Qull  soit  créé  dans  toutes  kt  provinces  du  royaume  dea 
Etats  provinciaux,  organisés  diaprés  les  formes  adoptées  pour 
la  constitution  des  Etats  généraux,  et  qui  seront  chargés  de 
toutes  les  parties  d^administration  attribuéaa  ei-devant  aux 

commissaires  départis. 

XXIII. 

Que  Sa  Migesté  soit  suppliée  d'affecter  le  revenu  des  do- 
maines de  la  couronne  à  Textinction  successive  de  la  dette 
publique,  et  qu*à  cet  effet,  et  pour  augmenter  lenr  produit, 
Elle  veuille  bien  en  confier  Tadministration  et  la  régie  aux 
Etals  provinciaux,  qui  lui  en  rendront  compte  par  devant  les 
Etats  généraux. 


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L  AJ^ACK  i'£NDAi4T  LA  RÉVOLUTION  FBA^'ÇAI⣠ 45 

XXIV. 

Que  la  pubtidté  des  comptes  et  rôles  dimposîtions  soit 
établie  oomme  loi  fondamentale  pour  toutes  les  administra- 
tioDS  des  provinces,  ?illes  et  eommanautés  du  royaume. 

XXV. 

Que  les  charges  des  receveurs  généraux  et  particuliers  des 
finances  soient  supprimées  et  les  Klats  provinciaux  chargés 
de  faire  parvenir  au  trésor  royal  les  fojids  des  impôts  et 
subsides  consentis,  qui  excéderont  l'emploi,  qui  devra  en  être 
liait  dans  les  provinces,  sauf  aux  Etats  provinciaux  à  faire 
toutes  les  dispositions  intérieures  qui  leur  parcltront  les  plus 
avantageuses  pour  déterminer  et  simplifier  la  forme  et  le 
mode  du  recouvrement. 

XXVI. 

Qu'il  plaira  à  Sa  Majesté  de  confier  aux  £tats  provinciaux 
radministratiou  de  la  police  des  grains. 

xxvn. 

Ils  insisteront  au  rapport  des  ordonnances  qui  exetnent  le 
Tiers-état  des  grades  militaires. 

xxvm. 

Ils  supplieront  Sa  H^jesté  de  prendre  en  considération  les 

besoins  des  curés,  vicaires  et  maîtres  d*école,  pour  destiner 

à  leur  subsistance  et  encouragement,  les  pensions  sur  les 
abbayes  qui  viendront  à  vaquer,  et  perfectionner  par  ce 
secours  l'éducation  nationale. 

XXL\. 

Us  insisteront  à  ce  que  tous  les  corps  et  gens  de  main- 
morte soient  libres  de  prêter  leurs  fonds  sur  hypothèque, 
sans  avoir  besoin  à  cet  effet  de  se  pourvoir  de  lettres  patentes 
pour  y  être  autorisés,  et  sans  qu*ils  puissent  percevoir  un 
intérêt  an-dessus  de  trois  pour  cent;  et  à  charge  que  si  par 
une  suite  de  leurs  droits  hypothécaires,  aucun  immeuble  leur 
étoît  adjugé,  ils  en  vuideront  leurs  mains  dans  Tan  et  jour, 
sous  prîne  de  oonflscafioa  ta  profit  du  premier  dénondatenr. 


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BBTDB  D'ALBiL€B 


IwUràë  parikulierê  de  la  provkie$  dAbaee. 

I. 

Les  députés  demauderont  que  tooB  les  droits  et  prîTilèges 
dCK  Alsadens,  établis  et  confirmée  par  les  traités  et  lettres 
patentes»  notammeot  ceux  de  l'exeniption  du  papier  timbré 
et  do  contrôle  des  actes,  celai  de  ne  'pouroir  être  jogés  que 
par  leurs  juges  naturels  et  des  lieux,  ayent  irrérocablement 
leur  exécution  pleine  et  entière,  et  que  les  habitans  soient 
garantis  de  tonte  attribution  et  éToeation  de  lenra  tribunaux 
ordinaires. 

n. 

Que  la  ?éoalité  des  offices  tant  de  judicature  que  de  muni- 
cipalité sera  supprimée,  et  que  leur  non-7énalité  sera  décla- 
réeloi  publique,  et  constitutionnelle  pour  la  profince;  qu*en 
conséquence  Sa  llajesté  sera  suppliée  d^ordonner  le  rapport 
de  toutes  lettres  patentes  i  ce  contraires. 

m. 

Qu'en  vertu  du  remboursement  de  la  finance  des  offices  du 
Conseil  souverain,  effectué  par  la  province,  et  du  payement 
annuel  des  gages  dont  elle  est  chargée,  il  plaise  au  Roi  de 
reconnoltre  et  d'assurer  à  son  assemblée  provinciale  uu  aux 
Etats  provinciaux  qui  y  seront  établis,  le  droit  de  lui  pré- 
senter à  cbaque  racance  trois  sujets  parmi  lesquels  Sa 
Ifigesté  choisira. 

IV. 

Que  la  préstation  représentatîre  des  corvées  soit  oon?ertie 

en  contribution  pour  les  travaux  des  routes  ;  que  tout  individu, 

sans  distinction  d'ordre,  rang  et  état,  soit  tenu  d'y  contribuer 
proportionnellement,  ainsi  qu'à  toute  autre  dépense  commune 
de  la  province,  et  que  cette  dcterniinatiou  soit,  à  l'instar  de 
celle  qui  sera  prise  sur  la  contribution  aux  charges  publiques 
de  l'état,  réputée  loi  constitutionnelle  de  l'Alsace. 


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t*AI8A0ai  raNDAHT  LA  BCVOLOTION  IBAHÇAIBB  47 


V. 

Que  dans  le  cas  où  des  traités  particalkn  lieroient  Sa 
imesté  pour  eooaerver  quelque  exemption  à  aoeons  Btats 
poesessionnés  en  Alsaee»  il  aoit  tenu  compte  à  la  province 
aor  les  enbeides  on  impôts  qu'elle  supportera  de  la  quotité 
de  ces  exemptions. 

VI. 

Qui!  soit  famé  dans  toutes  Tilles  et  communautés  de  la 
province,  un  cadastre  dans  lequel  toutes  les  propriétés  et 

jouissances  ecclésiastiques,  nobles  et  roturières,  seront  com- 
prises: et  d'après  lequel  la  cotisation  aux  charges  publiques 
sera  détermioée  sans  disliacUon  d'ordres,  d'états  et  d'indi- 
vidus. 

vn. 

Ils  supplieront  Sa  Majesté  d'assurer  à  la  province  à  la  mort 
des  titulaires,  Textlnction  des  pensions,  traitemens  et  gratifi- 
cations aflectés  sur  elle^  et  de  la  garantir  de  toutes  charges 
de  ce  genre  pour  Tavenir,  en  déclarant  qu'il  ne  pourra  en 
être  concédé  en  aucun  tenu  que  pour  le  vœu  libre  et  sur  la 
délibération  dss  Etats  provinciaux. 

vra. 

Us  demanderont  que  les  fonds  et  établissemens  des  dépôts 
d(3  mendicité  soient  réunis  à  la  disposition  des  Etals  provin- 
ciaux. 

IX. 

Que  l'imposition  des  fourages  soit  réduite  à  la  prestation 
originaire,  qu'en  conséquence  il  plaise  à  Sa  Majesté  d'ordonner 
que  les  deux  tiers  du  prix  des  rations  des  régimens  de  cava- 
lerie en  garnison  dans  la  province,  seront  acquittés  comme 
dans  les  premiers  tems  sur  les  fonds  de  la  guerre,  et  que  le 
tien  restant  sera  à  sa  charge  particulière,  à  raison  de  l'avan- 
tage qu'elle  est  censée  retirer  de  leur  s^ur  :  i  quel  effet  il 
sera  remis  aux  Etats  provinciaux  des  copies  exactes  des  états 
de  revue  :  et  que  la  surveillance  sur  le  prix  des  fourrages 


48 


BBVUS  D'ALBAOI 


leur  sen  dévalue  conGarramtnt  arec  les  'conseils  de  guerre 
établis  par  les  ordonnanees,  poar  ériter  le  retour  d*eotre- 
priees  roioeuses  et  d'indemnités  exorbilantss. 

X. 

Que  la  proTinœ  soit  déchargée  de  rimpositlon  sous  le 
nom  d'abonnement  de  droit  sur  Tamidon,  pondre  à  poudrer, 

papiers,  carions  et  offices  de  jurés-priseurs  et  conservateurs 
d'hypothèque  etc.  ;  attendu  que  les  offres  faites  par  elle,  et 
acceptés  par  le  gouverneraent,  pour  le  rachat  de  ces  droits, 
sont  complètement  réalisées  depuis  plusieurs  années,  et  que 
cette  impositioa  est  iuduement  qualiUée  d  at>ouuemeat 

XI. 

Le  Roi  ayant  remis  aux  communautés  de  TAlsace  ladmi- 
nistration  de  leurs  biens  patrimoniaux,  les  députés  deman- 
deront qu*elles  y  soient  maintenues  sous  rinspection  et  la 
sorreillance  des  Etats  proTinciauz,  mais  en  obserrant  que 
rsTantage  qui  en  doit  résulter,  ne  peut  être  opéré  que  par 
la  réunion  des  GêHeht  et  MimSdpaBiéa,  ou  parieur  suppres- 
sion respective  et  rétablissement  d*nn  corps  municipal  unique, 
librement  élu,  assisté  du  seigneur  on  de  son  représentant  et 
du  curé  ou  ministre  ;  ils  supplieront  Sa  Majesté  de  supprimer 
lant  les  QerieMqviB  les  Jfttnie^HiliM  actuellement  existantes, 
et  d'ordonner  quMl  soit  établi  dans  toutes  les  communautés 
un  corps  municipal  librement  élu,  que  dans  celles  où  les  sei- 
gneurs ont  le  droit  do  nommer  leGerichl,  il  sera  pour  chaque 
Diemhre  de  ce  corps,  présenté  aux  seigneurs  trois  sujets 
parmi  lesquels  il  sera  tenu  de  choisir  dans  un  tems  limité, 
passé  lequel  le  choix  sera  dévolu  aux  communautés,  à  l'ex- 
ceptioD  néanmoins  du  syndic  qui  devra  toujours  être  à  la 
nomination  exclusive  des  communautés;  que  ce  corps  sera 
chargé  des  fonctions  qu'exerçoient  ci-devant  les  GericlU  et 
JhmieipaUtéit,  et  régénéré  par  tiers  tous  les  deux  ans;  qu'en- 
fin chaque  membre  sera  reçu  au  serment  par  les  Juges  des 
lieux. 


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L'AI.SACE  pendant  L.A  BÉVOLUTION  FBANÇAISB 


49 


XII. 

Us  s'opposeront  avec  force  au  projet  du  reculement  des 
barrières  au  bord  du  Rhin,  comme  destructeur  du  commerce 
et  de  la  navigation,  et  demanderont  que  la  crête  des  Vosges 
soit  déclarée  ligue  de  séparalioa  et  limite  de  l'Alsace  et  de 
la  Lorraine. 

XIII. 

Ils  insisteront  à  ce  que  l'Alsace  soit  rétablie  dans  Tinté- 
grité  du  privilège  de  province  étrangère  effective,  etàceqae 
toutes  les  dispositions  des  arrêts  du  conseil  qui  ont  saecessi- 
Tement  assimilé  la  perception  des  dillérents  droits  à  celles 
des  provinces  de  l'intérieur,  soient  rovoqaées. 

XIV. 

Qall  plaise  à  Sa  Majesté  ordonner  la  communication  aux 
Etats  proTindauz  du  tableau  exact  des  perceptions  des  fermes 
et  régie  des  dix  dernières  années,  et  da  résulter  du  produit 

net,  pour  être  délibéré  par  eux  sur  un  équivalent  en  com- 
pensation de  l'abolition  de  toute  ferme  et  régie,  aûn  d'établir 
la  liberté  entière  du  commerce  eu  Alsace. 

XV. 

Que  dans  le  cas  où  la  nation  n'obtiendroit  pas  rabolition 
entière  du  régime  oppressif  des  fermes,  le  droit  sur  les  cuirs 
et  peaux  qui  gêne  tant  Tindustrie  et  la  liberté  indiTidnelle, 
et  expose  le  citoyen  à  toute  heure  à  des  Tisites  domestiques, 
soit  supprimé  et  remplacé  par  une  imposition  générale  cal- 
culée sur  l*état  du  produit  net  de  ce  droit,  pendant  les  dix 
dernières  années,  que  la  régie  sera  tenue  de  représenter  et 
certifier. 

XVL 

Que  la  proyince  sera  maintenue  dans  la  libre  navigation 

du  Rhin  sur  le  pied  des  traités  conclus  en  1751  entre  le  Roi  et 
les  deux  électeurs  de  Mayence  et  Palatin,  afin  de  conserver 
sur  la  rive  gauche  le  transit  des  denrées  et  marchandises 
tant  en  montant  qu'en  descendant,  lequel  concerne  également 

N omUa  SMt  -  S*  Anaée  é 


50 


BEVUE  d'aLSACS 


le  Roi  par  rapport  aux  droits  du  domaine,  la  province  par 

la  consommation  de  toute  espèce,  et  la  ville  de  Strasbourg 
comme  le  centre  de  ce  commerce. 

XMI. 

Que  l'Alsace  soit  maintenue  dans  le  privilège  de  n'être  pas 
assujettie  ;ni  rét^ime  de  la  gabelle  et  de  pouvoir  tirer  le  sel 
de  rétranger  connue  jiiir  le  passé,  et  que  par  une  suite  de 
ce  privilège,  elle  ne  puisse  être  assujettie  à  aucune  prestation 
représentative  de  la  galïelle. 

XVIII. 

Ils  inviteront  les  Etats  généraux  à  prendre  en  considéra- 
tioa  le  préjudice  qui  pourroit  résulter  à  l'agricuUare,  du 
rehaussenient  du  prix  des  t>aax  que  la  suppression  des  dis- 
tinctions pécuniaires,  particulièrement  ecclésiastiques,  pour- 
roit opérer,  et  à  arîser  à  la  possibilité  de  conserver  aux  cul- 
tivateurs  fermiers,  des  moyens  de  subsistance. 

XIX. 

Ils  demanderont  qu'il  soit  ordonné  qu'aucun  acte  passé 
devant  notaires,  tabellions  ou  grelliers,  aueun  arrêt,  jugement 
et  sentence  ne  donneront  liypotbèquc  qu'autant  qu'ils  auront 
été  enrégistrês  dans  le  grelTe  principal  du  lieu,  où  est  situé 
l'immeuble  sur  lequel  devra  porter  rbypotbèque  ainsi  que 
du  domicile  du  débiteur;  qu'en  conséquence  Sa  Majesté  veuille 
bien  fixer  le  délai  d'uo  an,  pendant  lequel  tous  actes  anté- 
rieurs à  la  loi  qui  interviendra,  devront  être  revêtus  de  cette 
formalité,  et  attacher  à  chaque  jurisdiction  pour  la  sûreté  et 
la  tranquillité  des  propriétaires,  une  conservation  d'hypothè- 
ques dégagée  de  toute  fiscalité  et  conciliable  arec  la  consti- 
tution de  la  province  et  de  la  ville  de  Strasbourg. 

XX. 

Que  Messieurs  les  officiers  supérieurs,  étata-majors,  inten- 
dant et  autres,  auxquels  il  est  affecté  des  logemens  en  nature, 
ne  puissent  encore  en  réclamer  la  prestation  en  argent,  que 
dans  aucun  cas  ils  ne  puissent  en  jouir  dans  différentes  places 


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L'ALSAOB  PBKOANT  la.  BfiVOLimOM  PBAHÇAm  $1 

à  la  fois,  et  que  toutes  prestations  de  ce  genre  ne  pourront 
être  attribuées  à  des  ofOciers  hors  d'activité;  quenlin  toutes 
livraisous  en  ustensiles  et  bois  de  chauffage  seront  suppri- 
mées. 

XXI. 

Que  Sa  Majesté  veuille  bien  borner  le  privilège  accordé  à 
la  manufacture  des  armes  blanches  du  Klingenthal,  à  la  seule 
falnication  des  nrmcs  et  d'accorder  aux  Etats  provinciaux  la 
coricurrencc  de  l  inspection  et  surveillance  de  cette  manufac- 
ture pour  la  partie  de  commerce,  aim  de  lui  donner  tout 
l'easor  dont  elle  sera  susceptible. 

XXIL 

Que  le  Roi  soil  de  même  supplié  de  ne  pas  étendre  les 
noaTeanz  droits  établis  par  arrêt  du  conseil  du  19  Décembre 
1784,  sur  l'importation  des  cnifres  ouvrés  dans  l'étranger, 
lequel  fixe  les  droits  avec  les  sols  par  lim  à  18  lir.  15  sols 
le  quintal,  aux  usines  de  ce  genre  établies  en  AlinioB;  et  de 
leur  accorder  en  conséquence  la  faculté  dimporter  dans  IMn- 
térieur  du  royaume  leur  cuivre,  à  charge  de  produire  un 
cerlidcat  du  directeur  des  fermes  :  subsidiaireraent  qu'il  plaise 
à  Sa  Majesté  ordonner  que  les  droits  seront  modérés  et  réduits, 
pour  ùiforiser  des  établissemens  aussi  précieux. 

XXIII. 

Que  les  jnifo  acquittent  à  Tavenir  leurs  contributions  pour 
leurs  maisons  et  fiicnltés,  sur  les  rôles  des.  communautés 
dans  lesquelles  ils  sont  domiciliés;  que  Téraluation  do  leurs 
fkcultés  sera  fiiite  pour  les  municipalités,  concorrament  avec 
trois  élus  des  babitans  juifs  des  lieux,  qu'il  leur  sdt  défendu 
de  feire  aux  chrétiens  aucun  prêt  d*argent,  si  non  pour  (bits 
de  négoce  entre  banquiers  el  marchands,  à  peine  de  nullité 
des  billets  ;  et  que  tous  traités  pour  vente  de  bestiaux,  achat 
de  grains  et  autres  denrées  ou  effets  quelconques  ne  pour- 
ront être  passés  que  par-devant  les  préposés  des  lieux  en 
présence  de  deux  témoins  qui  les  signeront,  et  dont  il  sera 


52 


BBVDB  D'ALaàOB 


tenu  par  les  dits  préposés  un  régistre  particulier;  et  que  dans 
les  six  mois,  à  dater  do  la  loi  qui  interviendra,  ils  soient 
obligés  de  déclarer  aux  greffes  les  billets  dont  ils  seront  por- 
teurs, lesquels  seroal  paraphés  par  les  grefilerS)  sous  peine 
de  nullité. 

XXIV. 

Ils  solliciteront  des  bontés  paternelles  du  Roi  la  remission 
des  peines  et  amendes  pour  délits  forestaux  commis  avant  le 
premier  Juillet  1788,  époque  de  Tadministration  proviociaie 
dans  cette  partie,  snr  lesquels  il  n*a  point  été  statué  ou  dont 
les  condamnations  n*ont  point  été  ezécntées. 

hitérêU  généraux  de  h  vUk  de  Strasbourg* 

I. 

Les  députés  demanderont  la  eonfirmatioa  de  la  capitolaUon 
en  vertu  de  laquelle  cette  Tille  a  passé  sons  la  domînatîoii 
du  Roi,  et  des  prifilèges,  alatuts,  coutumes,  droits  et  imm»> 
nttés,  dont  elle  a  Joule  ou  dft  jouir,  en  tant  quUl  n*y  est  pas 
dérogé  par  les  présentes. 

II. 

Que  la  rille  soit  maintenue  dans  la  propriété  et  Texerdce 
de  la  jurisdiction  ciriie  et  criminelle,  et  qu'à  l'instar  de  l'aug- 
mentation de  pouvoirs  concédée  tant  à  la  régence  de  révéché 
de  Strasbourg,  qu*an  directoire  de  la  noblesse  de  la  Basse- 
Âlsace,  il  soit  accordé  au  Magistrat  une  extension  de  compé- 
tence au  civil  de  2000  livres  en  définitif  et  de  4000  livres  en 
provision;  que  les  appels  pour  Ikit  d'amendes  prononcées 
tant  dans  la  ville  que  dans  les  bailliages,  lorsqu'elles  n'excé- 
deront pas  la  somme  de  100  livres  ne  puissent  être  portés  que 
par-devant  le  Magistrat,  pour  y  être  par  lui  statué  en  dernier 
ressort,  et  qu'enfin  l'arrêt  du  18  Juin  1756,  qui  reconnoîl 
et  accorde  provisoirement  à  la  ville  le  droit  de  ressort  dans 
ses  bailliages,  soit  converti  en  délinitit 


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L' ALSACE  PSMDAMT  LA  BËVOLUTIOH  FBANÇAISB 


68 


m. 

Que  les  revenus,  droits,  péages,  pontenage,  commerce, 
douane ,  seigneuries  et  domaines  appartenants  à  la  ville, 
soient  reconnus  pour  propriétés  sous  la  sauvegarde  de  TElat 
et  de  la  loi. 

IV. 

Que  le  Magistrat,  conformément  h  sa  capitulation  et  ses 

droits,  confirmés  parl'arrôtdu  conseil  du  15  Décembre  1691, 
soit  maintenu  dans  le  libre  exercice  de  runiversalité  de  sa 
jurisdiction  en  fait  do  police,  sans  que  sous  prétexte  d'aucun 
privilège  personnel,  aucun  habitant  ne  puisse  s  y  soustraire. 

V. 

Qoe  la  Tîlie^  qui  par  sa  capitulation  et  ses  formes  particu- 
lières a  m  régime  absolumeat  distiacl  et  séparé  de  celai  de 
la  province,  soit  maintenne  dans  le  droit  d'enroyer  aux 
assemblées  natioiiales  une  députation  directe,  librement  élue 
par  la  commone;  que  la  fille  étant  pareillement  dans  le  cas 
de  contribuer  avec  la  prorlnce,  aox  impositions  générales  do 
royaume,  diaprés  un  pied  proportionnel,  et  de  oonconrir  aux 
objets  de  bien  général  qui  seront  agités  aux  Etats  provinciaux  : 
mais  ayant  ses  frais  communs  particuliers,  tant  pour  le  ger- 
vice  du  Roi  que  pour  son  administration  intérieure,  distincts 
de  ceux  de  la  province;  elle  a  intérêt  de  ne  se  réunir  que 
sous  certaines  modilîcalions  et  restrictions  aux  Fatals  provin- 
ciaux futurs,  et  d*y  airoir  ses  représentans  librement  élus  à 
raison  de  sa  population  et  de  ses  impositions  ;  qu'à  cette  ûn 
elle  demande  de  concourir  aux  plans  et  projets  de  la  forma- 
tion des  dits  Etats  profindaux. 

VL 

Qa*il  plaise  à  Sa  Mqesté  réunir  à  la  police  et  jurisdiction 
du  Magistrat  les  habitans  des  citadelle  et  forts  de  la  Tille  de 
Stnuibourg,  établis  sur  son  territoire  et  dans  sa  banlieue,  et 

révoquer  en  conséquence  la  commission  accordée  aux  juges 
de  ces  établissemens;  cette  distinction  étant  contraire  à  ses 


RBVUB  O'ALSACJfi 


droits,  au  maintien  d'une  bonne  police,  (jui  cxif^e  une  unité 
de  principes  et  de  surveillance,  el  ruineuse  pour  l'industrie 
des  habitans  de  la  ville. 

vn. 

Ils  insisteront  à  ce  (|ue  l'arrêt  du  conseil  de  1740.  qui  évo- 
que toutes  le.s  conlestaîions  fiées  et  à  naître,  concernant  la 
ville  et  ses  droits  patrimoniaux,  soit  révoqué,  pour  icelles 
être  parlées  par -de  vaut  le  Conseil  souverain  comme  avant  le 
dit  arrêt. 

VIII. 

ils  demanderont  que  dans  le  cas  où  selon  le  vœu  de  la 
nation  les  subsides  et  impôts  devront  être  acquittés  dans  les 
lieux  où  les  biens  sont  situés,  quant  à  Timposition  réelle  et 
dans  ceux  du  domicile,  quant  à  celle  de  Ikcultés,  tout  habitant 
sans  distinction  d*ordre  ni  d*état,  soit  cottisé  sur  les  rôles  de 
la  ville  et  tenu  d'y  acquitter  sa  contribution. 

IX. 

Que  la  ville  qui  contribue  d*un  sixième  au  remboursement 

des  offices  de  la  cour  souveraine  et  au  payement  des  gages 
annuels  de  ses  ofliciers,  soit  classée  daiis  une  proporliou  plus 
exacte  avec  la  Froviuce. 

X. 

Qu'elle  soit  déchargée  des  dépenses  qui  pèsent  sur  ses 
révenus  patrimofiiaux.  et  qui  devroient  être  à  la  charge  de  la 
province  ou  du  Uni.  telles  sont  : 

t  '.  Le  payement  des  étrennes  aux  sécretaires  du  commen- 


deraeot  de  la  province  portées,  à   1000  liv. 

â'.  Les  ustenciles  de  Mr.  l'Intendant,  à    6000  liv. 

8*.  Le  logement  de  la  maréchaussée,  à   900  liv. 

4*.  Le  prix  du  bois  de  chauffage  pour  Messieurs  les  Gom- 
mendans  et  Intendant  porté  année  commune,  à . .  20000  liv. 

8*.  Celui  du  bois  de  chauffage  pour  la  garnison,  payé  par- 
tout ailleurs  par  le  Roi   47000  liv. 

e*.  L*entretien  des  fortiâcations,  à    60000  Uv. 


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L'ALBACBPSMDANT  LA  RÉVOLUTION  PBANÇAOaX  55 


7'.  Le  montant  des  exemptions  des  droits  d'entrée  et  de 
sortie  accordées  sur  les  pusse-ports  de  la  eoiir  pour  les  effets 
militaires,  hôpilaux  et  autres  élablissemens  royaux  évalués 
à   30000  liv. 

Enfla  qu'il  ne  aolt  plut  accordé  de  pensions  sur  ses  rete- 
nus patrimoniaux,  et  que  celles  coQoédées  soient  bornées  à 
la  rie  des  titulaires. 

XI. 

Que  rabonoement  des  dons  gratuits,  sols  par  livre,  et  droits 
sur  les  amidons,  poudre  à  poudrer,  papier,  et  qui  a  été  réparti 
sur  différens  objets  de  consommation,  et  monte  à  la  somme 
de  270,000  liTres,  devant  finir  en  1790,1a  Tille  soit  déchsrgée 
à  cette  époque  de  cette  préstation  extraordinaire,  liais  comme 
Tamortissement  de  la  dette  publique  nécessitera  un  impôt 
distinct  du  subside,  et  que  la  nation  en  asseyera  peut-être 
la  perception  sur  la  consorani  ition,  faute  d'autre  ressource, 
la  ville  demande  à  ce  que  sa  quote-part  soit  fixée  dans  les 
proportions  (jui  seront  déterminées  [xuir  k's  inipitsitiiHis  entre 
la  province  et  sa  capitale,  laquelle  samme  sera  repartie  d'a- 
près un  tarif  à  régler  par  la  députalion  nommée  pour  les 
impositions  royales,  à  laquelle  assisteront  les  bourgeois  repré- 
sentans  des  tribus,  et  ce,  sous  la  condition  expresse  et  fon- 
damentale que  tous  les  habitans,  de  quelque  classe  et  qualité 
qa*ils  soient,  privilégiés  ou  non,  nobles,  ecclésiastiques  on 
antres,  acquittent  ces  droits  uniformément,  et  sans  qa*îl  soit 
à  TaTenir  accordé  aucun  abonnement  partiel  ni  exception,  k 
raison  du  produit  d*un  bénéfice,  terre  seigneariale  ou  autre. 

Que  la  révision  du  tarif  porte  principalement  sur  les  arti- 
cles qui  pèsent  le  plus  sur  certaines  branches  de  l'industrie, 
et  que  Ton  ait  égard  aux  justes  doléances  des  tonneliers  et 
marchands  de  vin.  qui  renionlreiit  (pie  par  le  surtaux  des 
droits  le  commerce  de  cette  denrée  s'est  di*li»urne  de  la  ville; 
des  bouchers,  qui  se  plaignent  d'un  doui)le  et  triple  octroi 
imposé  sur  les  viandes,  suifs  et  peaux;  des  amidonniers,  qui 


56 


RKVUE  D'ALOASat 


payent  dix  sois  |»ar  sac  de  froment  quHs  fabriquent,  tandis 

que  le»  fiibricans  de  la  province  ne  payent  rien  ;  des  cafetiers, 
brasseurs,  aubergistes,  imprimeurs,  coiibUucteurs  de  bâteaux, 
charpentiers,  maçons  etc. 

XII. 

II5  demanderont  raboHtion  de  toute  exemption  de  droits  de 
péages  sur  les  vins  et  denrées,  sans  distiuction  d'ordres  et 
de  pri?ilèges. 

XIII. 

Que  Sa  Majesté  soit  suppliée  de  défendre  aux  réi^iniens  de 
faire  travailler  pour  leur  compte  les  différentes  parties  d'ha- 
billement et  équipement,  afin  qne  les  bourgeois  maîtres 
paissent  s'en  charger  et  troa?er  lear  subsistance. 

XIV. 

Que  les  anciens  privilèges  de  la  Tille  d*importer  dans 
rintérieor  du  royanme  sous  modération  de  droits  plusieurs 
produits  do  cru,  manufoetures  et  métiers,  munis  d'un  certi> 
ficat  d'origine  délivré  par  le  Magistrat,  soient  remis  en 
vigueur,  et  les  fruiichises  rétablies,  notamment  pour  les  tail- 
landiers, faiseurs  de  peignes,  crics  et  autres. 

XV. 

Que  les  privilèges  et  statuts  particuliers  de  celte  ville  con- 
cernant les  juifs,  soient  confirmés  et  maintenus,  qu'en  consé- 
quence aucun  individu  de  cette  nation  ne  puisse  sons  aucun 
prétexte  j  acquérir  le  droit  d'habitation  ou  domicile  légal, 
ni  posséder  aucune  propriété  et  que  sur  Topposition  formée 
par  le  Magistrat  contre  Texécution  en  cette  ville  des  lettres 
patentes  obtenues  par  le  S'.  Cerf  Beer,  ce  Juif  et  sa  frmille 
n'ayant  plus  d'entreprise  pour  le  service  de  Sa  Majesté,  soit 
tenu  de  s'en  retirer  et  de  s'abstenir  à  l'avenir  de  Thabitation 
précaire  que  le  service  du  Roi  lui  avoit  fait  obtenir;  et  que 
le  règlement  demandé  pour  la  province  relativement  aux 
formes  à  observer  lorsque  les  juifs  traiteront  avec  des  chré- 
tiens soit  déclaré  commun  à  la  ville  de  Strasbourg. 


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L'ALSACE  P2MDAMT.  LA  BÂTOLimON  F&ANÇAI8R 


67 


XVI 

Que  les  bourgeois  et  leurs  lils  soient  maintenus  dans  le 
droit  d'exemption  de  tout  tirage  de  milice,  dans  quelques  lieux 
du  royaume  qu'ils  se  trouvent,  et  que  la  décision  ministé- 
rielle, (|ui  recemmeut  a  borné  celte  exemplion  à  l'Alsace  soit 
re¥oqué«. 

XVII. 

Ils  demanderont  la  suppression  de  la  faculté  abusive  du 
débit  de  Tin  dans  les  hôtels  des  privilégiés  de  cette  ville. 

XVIIL 

Qne  moyennant  Tabandon  gratuit  Ikît  par  la  ville  en  1785 
des  hôtels  des  commendans  et  intendant  de  la  province,  elle 
soit  et  demeure,  conformément  à  la  décision  de  Sa  Majesté 
do  14  Mars  1785,  dispensée  et  exemptée  de  toute  dépense 

ultérieure  pour  l'entrelien  et  ameublement  des  dits  hôtels, 
et  qu'il  y  suit  pourvu  sans  son  concoui's. 

MX. 

Que  le  commerce  de  la  librairie  de  cette  ville  soit  exempté 
des  entraves  pour  rentrée  de  ses  livres  et  transit  dans  Tinté' 
rieur  du  royaume. 

XX. 

Que  les  bâtimens  de  l'ancien  manège  que  la  ville  avoit 
cédés  gratuitement  ponr  rétablissement  du  haras  royal,  et 
800S  la  condition  expresse  en  vertu  de  la  convention  de  1756, 
qu'ils  lui  seroient  rendus  lorsqu'ils  ne  seroient  plus  néces- 
saires à  cette  destination,  sans  qne  Ton  puisse  à  raison  de 
nouveaux  bfttimens  demander  aucune  mieux-value,  lui  soient 
restitués. 

XXI. 

De  représenteront  aux  Etats  que  les  ministres  de  la  con- 
fession d'Âugsbourg  demandent  que  lors  de  la  réformatfon 

du  code  civil  il  soit  pris  des  mesures  pour  que  les  serments 
soient  moins  frequens;  ([ue  la  cliaiiibre  matrimoniale  soit 
autorisée  à  proaoucer  le  divorce,  comme  elle  le  pouvoit  avant 


58 


1690,  iems  anqael  elle  a  été  prirée  de  ce  droit  par  une 
simple  lettre  ministérielle:  que  dans  les  mariages  mixtt.s  on 
adopte  les  usages  suivis  en  Ailemai^ne,  en  faisant  observer 
la  religion  du  père  aux  garçons  el  celle  de  la  mère  aux 
filles. 

XXII. 

Que  le  Magistrat  soit  maintenu  dans  l'exercice  de  la  police 
des  arts  et  métiers,  et  de  tout  pouvoir  en  dépendant;  el  qu'il 
soit  défendu  à  toute  [jerson/ic,  sous  (luelque  prétexli'  île  pri- 
vilège que  re  soit,  d'exercer  des  arts  et  métiers  sans  avoir 
été  agrégé  à  une  corporation  et  en  se  conformant  aux  statuts 
d'icelle. 

XXIIL 

Ils  supplieront  Sa  Migesté  de  supprimer  les  pririlègea 
accordés  à  huH  perroqalera  de  celte  fille,  aux  offres  faites  par 
la  tribu  de  leur  rembourser  la  première  ûnanee,  et  de  les 
agréger  gratis  à  leur  corporation. 

XXIV. 

Ils  demanderont  que  les  statuts  de  la  yille  concernant 
l'orfèvrerie  soient  maintenus  en  vigueur  sous  l'autorité  du 
Magistrat,  et  que  la  jurisdiction  abusive  que  la  Mounoie 
exerce  sur  cette  corporation  soit  abolie. 

XXV. 

Que  le  privilège  de  la  manufacture  dea  toiles  à  voiles  établie 
dans  la  banlieue  et  à  la  porte  de  Strasbourg,  qui  cause  les 
plus  grands  préjudices  à  la  corporation  nombreuse  dea  tisse- 
rands, Boit  révoqué,  et  que  Sa  Majesté  daigne  recevoir  les 
offres  qu'elle  fait  de  firarnir  la  même  marchandise  aussi  bien 
travaillée  à  un  prix  plus  modique,  au  moyen  des  franchises 
de  péages  et  autres  accordées  à  cette  manufiicture;  que 
Bubsidiairement  elle  veuille  interdire  è  la  dite  manufacture 
d'étendre  son  privilège  à  la  fabrication  de  toiles  autres  que 
celles  destinées  pour  la  marine,  et  qu'elle  débite  au  préjudice 
de  la  dite  maîtrise. 


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L  ALSACE  PENDANT  LA  BÊVOLUTION  FRANÇAISE 


59 


XXVI. 

Ils  représenteront  que  le  tobq  de  plusiears  tribus  tend  à 

la  suppression  de  la  charge  da  Préteur  Royal,  dont  la  création 
avoit  été  jugée  nécessaire  lors  de  la  réunion  de  telle  ville  à 
la  couronne,  et  qui  ne  présente  plus  aujourd'hui  le  môme 
degré  d'ulililé.  tout  le  .\lîi;;islral  étant  également  intéressé  au 
maintien  de  Tt^rdre  public  ei  à  l'exécution  des  volontés  du 
Roi:  que  si  cette  suppression  ne  pouvoit  avoir  lieu,  ils  sup- 
plierout  Sa  Majesté  de  ramener  ses  fonctions  à  leur  institu- 
tion primitive,  et  d'ordonner  le  rap; di  t  du  règlement  de  1752, 
qui  met  des  entniTes  au  zèle  du  Magistrat  et  à  la  liberté  des 
délibérations. 

Venus  eoneemanl  la  oomsHIuUcn  kilérieim  d$  la  viU$, 

Les  députés  représenteront  qu'il  est  de  principe  incontes- 
table que  la  constitution  de  la  ville  de  Strasbourg  est  une 
propriété  de  la  commune,  ou  corps  de  bourgeoisie,  sous  Tau- 
torité  du  Roi  et  la  sauTe-garde  de  TEtat;  supplieront  Sa 
Migesté  d^avoir  égard  au  y  ma  général  des  citoyens,  porté 
dans  les  articles  suirants. 

L 

La  collection  des  statuts  de  la  Tille  sera  fiûte  dans  un  délai 
convenu,  pour  icelle  être  revêtue  de  lettres  patentes,  et  ren- 
due publique  par  la  voie  de  Timpression. 

IL 

L'élection  des  trois  cents  échevins  qui  doivent  être  les 
représentans  de  la  commune,  sera  désormais  ramenée  aux 
principes  qui  reprouvent  toute  regénération  des  membres 
par  eux-mêmes;  en  conséquence  on  adjoindra  au  collège  des 
échevins  trente  électeurs  choisis  librement  par  les  tributaires 
à  la  pluralité  des  suffrages;  ce  choix  se  fera  immédiatement 
avant  celui  de  Téchevin,  et  les  absents  ne  pourront  être 
suppléés  par  des  vicaires  ou  SpcsU-Schc^. 


60 


liËVUE  D'ALSAOB 


m. 

Tontes  les  électiona  d*échefin8,  de  aéDiteura,  de  magistrttB 

perpétuels,  et  notamment  celle  de  Tammeiatre  régent,  se  feront 
à  I*aTenif  par  scrutin  et  Ton  procédera  dA  la  même  manière 

à  l'élection  de  tous  les  principaux  ofiiciers  de  la  chancellerie. 

TV. 

Les  c  uiseillers  de  ville  assisteront  à  toutes  les  délibérations 
sur  ladminislration,  et  le  Roi  sera  supplié  de  révoquer  le 
règlement  de  1752,  qui  les  a  privés  de  ce  droit.  Et  jusqu'à 
ce  que  cette  régénération  des  éclievins  se  soit  opérée  d'après 
le  nouveau  régime,  il  sera  admis  dans  tons  les  déptrtemeas 
et  députations  qni  sont  chargés  de  préparer  ou  mettre  en 
exécution  les  affaires  d'économie,  on  nombre  de  députés  égal 
à  celui  de  la  magistrature  perpétuelle,  choisis  par  leurs  tri- 
bus à  tour  de  rôle  des  tribus.  Les  représentans  de  chacune 
assisteront  à  la  reddition,  audition  et  débats  du  compte  géné- 
ral de  chaque  année. 

V. 

Le  règlement  constitutif  de  la  chambre  de  MM.  les  XV. 
sera  revu  par  une  commission  composée  d*un  nombre  déter- 
miné et  égal  de  magistrats  et  de  représentants  des  tribus,  et 
cette  chambre  sera  ramenée  à  l'esprit  de  ses  fonctions  primi- 
tives; en  conséqnsnce.  lors  de  la  nouvelle  rédaction  du  règle- 
ment constilutif,  il  sera  pris  pour  base  : 

i*.  Que  celte  chambre  sera  dorénavant  à  fur  et  mesure 
des  vacances,  c«»niposée  de  cinq  nobles,  (piatrejurisconsultes, 
de  deux  membres  du  coininerce  et  quatre  des  corps  des  arts 
et  métiers,  tous  librement  élus  par  MM.  les  XXT. 

2».  Que  les  attributions  des  justices  tributaires  ou  Ziinfl- 
Gericht  seront  rament^es  à  une  base  stable,  et  organisées 
uniformément;  qu'il  leur  sera  permis  de  juger  sans  appel 
jusqu'à  la  concurrence  de  13  livres  et  qu'elles  ne  seront  prési- 
dées que  par  le  Zm^  MMer. 

S*.  Que  la  chambre  des  XV.  n'aura  plus  le  pouvoir  arbi- 
traire d'étendre  et  de  restreindre  {mMtm  mi  méhinn)  les 


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VàlBAm  PBMDAMT  LA.  BÉTOLUTION  FBÂNÇAIHB 


61 


Statuts  et  articles,  mais  sera  obligée  dans  les  appels  des  Zunfi' 
Gerichi  de  ne  prononcer  que  d'après  les  articles  on  statuts 
de  chaque  tribu,  lesquels  statuts  seront  re^us  et  confirmés  à 
cet  effet  par  MM.  les  XXI.,  après  avoir  été  au  préalable  com- 
muniqués aux  tribus  pour  prendre  leur  avis. 

4*.  Que  rappel  à  MM.  les  XXI.  aura  lieu  dans  tous  les  cas 
où  les  senlenees  des  ZumfUGtrUM  auront  été  reformées  par 
MM.  les  X7.  mais  qu'en  tous  ceux  où  ils  auront  confirmés 
les  senteiiceâ  de  premièru  instauce,  il  ne  pourra  en  être 
appellé. 

0".  Que  quant  aux  divspenses  MM.  les  XV.  n'en  accordent 
que  sur  l'avis  donné  par  les  justices  tributaires,  et  dans  le  cas 
où  le  dit  avis  seroil  defavoral)le,  et  que  non  obstant  MM.  les 
XV.  jugeassent  le  cas  dispensable,  onjpourra  en  appeller  à  MM. 
les  XXI.  * 

6\  Lorsque,  soit  d'oiTice,  soit  sur  la  demande  des  tribus, 
il  sera  jugé  nécessaire  de  fiiire  an  noureau  règlement  on 
article,  il  sera  proposé  par  MM.  les  XV.  après  avoir  entendu 
la  tribu  que  ce  règlement  concerne^  et  confirmé  par  MM. 
les  XXL 

7*.  Ni  la  chambre  de  MM.  les  XY.,  ni  aucun  département 
d*icelle,  ne  pourra  plus  s'arroger  le  pouvoir  de  .fidre  empri- 
sonner qui  que  ce  soit;  mais  ce  droit  appaHiendra  exclusive' 

ment  à  rarameister  régent  et  au  grand-sénat;  en  général 
aucune  punition  ni  amende  ne  pourra  être  édictée  arbitraire- 
ment, mais  seulement  par  la  détermination  de  la  loi. 

VT. 

Il  sera  établi  une  chambre  consulaire  sous  la  forme  la  plus 
analogue  à  la  coostitutiou  de  la  ville. 

VII. 

Aucun  bourgeois  ne  pourra  obtenir  une  place  quelconque, 
principalement  de  la  magistrature,  ni  être  élu  écbevin,  à 
moins  qu'il  ne  soit  ûls  de  bourgeois,  ou  qull  n*ait  supporté 
pendant  dix  ans  les  chargM  de  la  ville. 


63 


REVUE  D'ALSACE 


VIII. 

Le  règlement  qui  astreint  les  proteslans  seuls  à  des  con- 
Iribnlions  à  la  police  lur.s([n'ils  se  riiarieal,  sera  ou  aboli  ou 
rendu  Qpmmun  à  tous  les  habitaas. 

IX. 

Les  maïutns  tant  de  la  Ruprechtsaa  que  du  Neahof  *  oe 
seront  reçus  à  Tarenir,  ainsi  que  tous  les  maoans  en  général, 
que  par  la  chambre  de  HH.  les  XXL,  surTayis  des  directeurs 

respectifs  et  de  ceux  de  la  manance, 

X. 

Il  sera  procédé  à  la  révision  des  réglemens  sur  la  procé- 
dure civile,  et  notamment  celle  de  la  chambre  des  snbhasta- 
tions,  de  môme  que  celle  des  taxes  des  différents  tribunaux. 

XL 

Lintérèt  de  la  bourgeoisie  exige  que  le  droit  de  lots  et 
▼ente  payé  sur  les  menbtes  rendus  pobliqnement  soft  réduit 

à  moitié  du  taux  actuel,  sauf  à  le  percevoir  sur  le  pied  actuel 
des  personnes  qui  ne  sont  ni  l)ourgcûis  ni  manaus. 

XII. 

Les  loix  contre  les  banqueroutiers  seront  remises  en  vi- 
gueur et  suivies  strictement. 

xnL 

Tous  les  comptes  de  Tadministration  générale  et  particu- 
lière de  la  cité  et  commune  de  Strasbourg  seront  rendus 
publics  chaque  année  par  la  yole  de  Timpression,  et  deux 
•xemplaires  donnés  à  chaque  tribu. 

XIV. 

Il  sera  ordonné  pour  l'avenir  que  les  comptes  à  rendre  de 
la  part  des  20  tribus,  le  soient  dans  les  six  mois  de  la  gestion 
révolue,  par-devant  les  échevins,  le  OericlU,  et  quatre  mem- 
bres de  la  tribu  librement  élus. 

*  Localités  de  la  banlieue  de  Strasbourg. 


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L'AL8A.GB  PBKDAMT  la.  BâTOLUnOM  FRàKÇAISB  63 


XV. 

La  répartition  générale  de  toutejî  les  impositions  et  charges 
publi(jues  sera  faite  par  une  rommissiuii  pn5sidt^e  par  trois 
membres  du  Magistrat,  et  composée  de  deux  députés  de  chaque 
tribu  et  deux  de  la  manance. 

La  répartition  partielle  par  tribu  sera  également  faite  par 
une  commission  présidée  par  le  tribun  ou  ZiniftmeisUr^ 
assisté  de  deux  échevins,  et  composé  de  douze  membres  libre- 
ment élus  par  toutes  les  corporations  de  la  tribu. 

Les  rôles  tant  généraux  que  particuliers,  après  avoir  été 
arrêtés  par  ces  différentes  commissions,  seront  rendus  exécu- 
toires par  le  Magistrat,  qui  connoltra  et  décidera  de  toutes 
les  contestations  qui  pourroient  intenrenir  sur  le  fiiit  de  la 
répartition. 

Ces  rôles  seront  expédiés  en  double,  dont  Tun  sera  déposé 
au  greffe  de  rhôlel  de  ville  et  au  greffe  de  chaque  tribu,  pour 

pouvoir  être  inspecté  à  la  volonté  de  chaque  tributaire,  sans 
que  la  reprcsenlalion  puisse  en  être  réfusée,  et  l'autre  sera 
rerois  aux  receveurs  chargés  des  recouvrements.  Enfln  ces 
rôles  seront  annuellement  revisés  pour  y  èlre  tait  les  cUan- 
gemens  que  les  circonstances  exigeront 

XVL 

L'imposition  du  Stallgeldj  et  la  forme  de  sa  perception 
seront  abolies  et  supprimées,  pour  être  remplacées  par  une 
contribution  de  80000  livres,  sous  la  dénomination  de  subven- 
tion on  Stadktmer,  repartie  d'après  le  nouveau  mode  de 
capitation  qui  sera  établi,  qui  servira  de  pied  de  répartition 
pour  toutes  les  charges  publiques. 

Cette  imposition  sub^tera  jusqu'à  PextiACtion  du  déficit 
de  rétat  des  finances  de  la  ville.  Tontes  les  économies  qui 
pourrïfut  être  faites  sur  Tadministration  intérieure  d'après 
les  formes  convenues  par  les  articles  XV.  et  XYI.  qui  y  seront 
appliquées,  elle  diminuera  ensuite  en  proportion  de  ces  mêmes 
moyens  d'économie. 


BEVUE  D'ALSACE 


La  commiflsioii  établie  par  Tartide  XV.  délibérera  sur  les 
moyens  de  siinplifier  la  perception  des  impôts  et  d'en  diminuer 
les  frais. 

xm 

Ponr  eonnottre  jusqu'à  quel  point  doivent  se  porter  les 
sommes  à  repartir  annuellement  sur  les  bourgeois  et  babitans, 
Il  sera  procédé  dans  un  délai  conrenu  à  une  vérification  géné- 
rale et  exacte  des  revenus  de  toute  espèce  de  la  ville  li  apiès 
laquelle  on  s'occupera  des  l»unilicalions  dont  les  Liens  patri- 
moniaux sont  sjsceptible.s  en  examinant  attentivement  toutes 
les  cliar^Ts  de  la  ville  «ans  exception.  Cette  vérification  sera 
faite  par  deux  députés  librement  élus  dans  chaque  tribu  ou 
par  ceux  qu'ils  auront  délégué  avec  pouvoir  de  se  faire  exhi- 
ber par  tout  caissier,  employé,  secrétaire,  oilicier  de  la  ville 
et  de  ses  bailliages,  les  titres  et  pièces  qu'ils  jugeront  néces- 
saires, ponr  par?enir  è  laoonnoissance  exacte  de  la  situation 
des  finances  de  la  ▼ille. 

XVIII. 

Dans  les  afTaires  m^eures  qui  tendent  à  changer  les  formes 
constitutionnelles,  on  assemblera  la  même  commission  de 
représentans,  qui  a  été  déterminée  pour  les  aOàires  d'écono- 
mie. On  entend  par  objets  migeurs  ceux  où  il  s'agit  de  reformes 
d*abus  dans  les  différentes  parties  de  la  constitution,  de 
changement  dans  Tordre  judiciaire,  dMmpÔt,  d'emprunt  au-delà 
de  24000  lir.  et  d'aliénation  de  corps  de  bien  etc. 

XEL 

Lorsque  la  rille  fera  exploiter  ses  forêts,  elle  ne  rendra 
plus  le  produit  des  coupes  sur  les  lieux,  mais  elle  fera  con- 
duire les  bois  dans  les  magasins  de  la  ville,  à  l'effet  d*aug- 

menter  la  concurrence  sur  cet  objet  de  consommation.  Lors- 
qu'elle fera  couper  dans  les  isles  du  Rhin,  les  bourgeois 
auront  pendant  15  jours  la  préférence  sur  les  étrangers  pour 
faire  des  achats,  et  les  enlever  dins  le  dit  délai. 

Le  môme  principe  sera  appliqué  à  toute  espèce  de  bois  et 
d'écorce  mise  à  rauchère. 


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L'ALBAGB  FKMDAIIT  LA  BtYOLQTION  WBàXtÇàSBSt  65 


XX. 

L'établissement  d'une  chambre  d'aasurance  est  viFemeni 
désiré. 

XXI.  a. 

Lors  du  renouTellement  du  bail  de  l'enlmment  des  boues 
et  immondices  de  1m  rille  on  préscrira  au  fermier  le  prix 
auquel  il  dem  les  céder  aux  jardiniers,  tû  que  jusqulci 
Tentrepreneur  en  a  fiiit  un  objet  de  monopole  nuisible  à  Ta- 
griculture,  si  mieux  n'aime  le  Magistrat  rendre  cette  entre- 
prise aux  jardiniers,  à  la  charge  d'exécuter  strictement  les 
réglemens  de  police  prescrits  sur  cette  partie. 

XXI.  b. 

Le  maître  des  hautes-œuvres  demande  qu'après  l'expira- 
tion du  bail  accordée  au  Sr.  Burggraf  pour  1  exportation  de3 
vuidanges,  que  l'olTre  qu'il  fait  d'exporter  les  voitures  à  12 
sols,  au  lieu  de  17  sols  que  se  fait  payer  le  Sr.  Burggraf  et 
de  les  céder  aux  jardiniers  au  môme  prix, soit  accepté,  aban- 
donnant même  le  vin  que  chaque  propriétaire  étoit  obligé  de 
payer  lors  des  dites  ruidanges. 

XXII. 

On  fera  une  rériaion  du  tarif  de  la  douane  combinée  avec 
les  intéressés  do  commerce,  laquelle  est  nécessitée  par  le  laps 
de  tems,  et  il  sera  imprimé.  On  y  fiiTorisera  toutes  les  matiè- 
res premières,  qui  servent  à  alimenter  les  fabriques,  en  les 
asstyettissant  aux  plus  petits  droits,  et  en  chargeant  d'autant 
plus  ces  mêmes  matières  lorsqu'elles  passeront  à  l'étranger. 

XXIII. 

La  franchise  de  rcntrepùt  à  la  dOviane  sera  étendue  pour 
les  bourgeois  à  trois  mois  à  l'instar  de  celle  aicordée  aux 
Suisses.  Les  frais  de  l  inveutuire  à  la  douane  ne  seront  plus 
exigibles  par  ce  qu'ils  grèvent  le  commerce  de  spéculation. 

XXIV. 

La  cherté  des  grains  étant  un  des  maux  les  plus  affligeans 
pour  rhumanité,  on  fera  les  dispositions  nécessaires,  pour 

ItaiTtUt  Série.  —  s*  Aimé*.  5 


66 


BEVUE  D  ALSACE 


avoir  toi^oars,  tant  sur  le«  greniers  de  la  rille,  que  lur  ceux 
des  fondaUoos  de  sa  dépendance,  une  quantité  de  tOOOO  sacs 
de  grains  en  réserre,  et  les  chapitres  de  cette  Tille  seront 
in?ité8  à  conserver  également  sur  leurs  gréniers  un  tiers  des 
grains  de  leur  recette. 

XXV. 

Faute  d'une  halle  couverte,  les  grains  (jui  sont  mis  en  vente 
au  marché  Hcliiel  sont  exposés  a  toutes  les  intem[)éries.  et 
sujets  à  contracter  ufi  goùl  de  moisi,  et  à  s'échaulfi'r  quand 
les  houlangers  et  les  fariniers  les  retirent  chez  eux.  Le  Ma- 
gistrat retirant  un  droit  sur  chaque  sac  de  grains,  il  fera 
hk\ïr  une  halle  couverte,  qui  puisse  en  môme  tems  servir 
de  magasin  d'un  marché  à  l'autre. 

XXVL 

On  réclame  contre  les  droits  que  perçoit  llnspecteur  de  la 
librairie  sur  les  livres  que  l*on  importe. 

XXVIL 

n  sera  établi  un  bureau  de  charité,  présidé  et  surveillé 
par  le  Uaglstrat,  composé  des  ministres  des  deux  religions  et 
de  députés  librement  élus  par  la  bourgeoisie  en  tel  nombre 
quMl  sera  convenu.  Il  8*occupera  à  déterminer  les  régtemens 
les  plus  propres  à  détruire  la  mendicité,  et  en  attendant  le 
règlement  de  1767  sera  exécuté  à  la  rigueur. 

XXVlll. 

Les  fondations  pieuses  seront  dans  la  suite  gratuitement 
administrées;  les  directeurs  actuels  resteront  en  possession 
de  leurs  jouissances  leur  vie  durant.  Dans  les  dites  directions 
il  sera  adjoint  aux  trois  magistrats  directeurs  permanents 
trois  assesseurs  triennaux,  dont  l'un  sera  conseiller  de  Tille, 
Tautre  échevin,  et  le  troisième  bourgeois,  élus  par  ordre  de 
tribus  Buceeesit  Les  comptes  de  ces  directions  seront  audien- 
cés  en  présence  de  ce  comité.  Dans  rhdpital  bourgeois  les 
pauvres  pensionnaires  seront  pourvus  gratuitement  de  linge 
et  d*babita. 


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L'ALSAGB  FBNDAKT  IJi  R'àVOLUTIOM  fkançaisb 


67 


XXIX. 

Les  bouchers  et  jardiniers  se  plaignent  que  la  propagation 
de  leurs  bestiaux  a  coo8idérai>ieinent  souffert  par  le  défri- 
chement de  la  majeure  partie  des  communes,  fait  il  y  a  quel- 
ques années  par  le  Magistrat,  et  confirmé  malgré  leur  récla- 
mation par  arrêt  du  conseil  du  SO  Mai  1777,  qui  a  déclaré 
les  opposants  non  recerables  ;  les  représentans  de  ces  deux 
tribus  demandent,  à  ce  qu'il  soit  invariablement  réglé  qu*au* 
cnn  défrichement  ni  aliénation  des  communaux  restans  ne 
puisse  avoir  lieu  saus  le  consentemeut  de  la  commune. 

XXX. 

Les  habilans  de  la  Uiipreclitsau  et  du  Neuliof  demandent 
que  la  (juaulité  excessive  de  ;;it)ier  qui  ravage  les  propriétés 
delà  banlieue,  qui avoisi tient  le  ilhiu  et  les  forêts  de  la  rille, 
au  point  que  souTont  toute  l'espérance  d*une  année  est 
détruite  dans  une  seule  nuit,  ce  qui  diminue  considérable- 
ment  la  valeur  de  terres,  soit  restreinte  dans  les  bornes  que 
la  conservation  des  propriétés  et  les  ordonnances  du  royaume 
prescrivent 

XXXL 

Le  plan  du  Sr.  Blondel  pour  rembellissf  ment  de  la  ville 
sera  restreint  aux  simples  principes  d'alignement,  et  11  sera 
permis  aux  bourgeois  de  faire  à  leurs  maisons  les  réparations 
d'entretien  que  la  nécessité  exigera,  sans  que  cette  tolérance 
puisse  s'étendre  à  rébfltir  un  rezde  chaussée  et  sans  que  sur 
ce  il  puisse  être  accordé  à  Tun  ou  à  Tantre  aucune  exception 
de  foveur  ^ 

'  Le  célèbre  arehileele  Blondel  avait  élé  appelé  par  le  préteur  royal 
M.  de  iUinglîa  pour  dresser  on  plan  d'embetlissemeot  de  la  ville»  qui 
en  avait  d'alllanrs  bien  besoin.  Uabitué  à  <  faire  Krand  \  Ulomle!  avait 
proposé  dos  nrran;,'-^ments  qoi  auraient  nécessité  U  démolition  de  la 
moitié  de  Strasbourg. 


68 


REVUE  D'ALSàCB 


XXXIL 

Les  notaires  de  la  Tille  demandent  à  ce  qae  la  faculté  lear 
aoit  accordée  de  dresser  concarremment  arec  la  chambre  des 
contracts  et  les  notaires  royanz  tous  actes  quelconques  appor- 
tant hypothèque,  se  souineltaut  d'eu  faire  enrégislrer  la  noUe 
à  la  chambre  des  cuutracts. 

Intérêts  particuliers  des  iriàuB, 
L 

Les  dépotés  demanderont  qoe  les  Oericht  ne  soient  pins 
perpétuels,  et  que  dans  les  tribus  oCi  ce  régime  existe,  ils 
ne  seront  continués  que  sur  la  pluralité  des  ?oiz  des  tribu- 
taires. 

n. 

Qu*il  soit  ordonné  que  les  frais  de  tout  procès  consenti  par 
les  écherins,  Oeriehiti  maîtrise,  soient  supportés  par  la  caisse 
de  la  corporation  qu'il  concerne. 

III. 

Qu'il  soit  arrêté  que  le  Tin  consommé  dans  les  ménages 
des  aubergistes  et  cabarcliers  ne  soit  plus  assujetti  à  des  droits 
d'octroi  ou  UinpefU  plus  furts  que  ceux  que  paie  tout  autre 
citoyen,  et  que  la  (juantite  de  leur  coasonimatiou  soitéyaluée 
sur  le  rôle  de  la  capitatioo. 

IV. 

Que  le  droit  de  tenir  caffé  et  billards  acquis  aranl  1756 
et  subsistant  actuellement,  soii  pour  TaTenir  déclaré  réel  et 
inhérent  aux  maisons. 

V. 

Qu*il  soit  dit  aux  bouchers  des  conditions  moins  onéreuses 
dans  le  cas  où  le  régime  du  magasin  à  suif  subsisteroit,  et 
qu'au  cas  oà  il  seroit  changé  ils  soient  soumis  suivant  leurs 
oQires,  à  fournir  une  provision  permanente  de  400  quintaux 
payés  comptant  suivant  la  taxe,  et  qu*en  conséquence  il  leur 
soit  permis  de  débiter  librement  le  surplus  et  de  bbriqaer 


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L'AUAOI  PINDAin  LA  BtVOLimOIV  VBAMÇABB  60 

des  chandelles,  en  leur  accordant  dans  tous  les  cas  une  dimi- 
nution d'octroi:  que  les  bouchers  soient  é<j;,ilcment  dispensés 
de  déposer  aux  péages  les  deniers  de  consignation  établis 
nouTellcmeni  en  se  soumettant  à  l'ancien  usage. 

VI. 

Le  corps  des  amidonniera  de  Strasbourg  demande  que  les 
lettres  patentes  des  empereurs  qoi  défendent  tout  entrepôt 

de  marchandises  à  deux  lieues  de  la  Tilles  soient  remises 
en  vigueur. 

VII. 

Les  bouchers,  jardiniers  de  cette  ville,  les  habitans  de  la 
Rnpreehtsaa  et  du  NeuhoT  demandent  la  restitution  des  com- 
munaux donnés  à  bail,  et  même  de  eeux  concédés  en  emphi- 
tbéose,  et  en  cas  que  cette  restitution  ne  ponrroit  avoir  lieu, 
les  bouchers  demandent  remise  ou  modération  du  canon  quils 
payent  pour  la  plaine  des  Bouchers. 

VIII. 

Les  bouchers  demandent  que  conformément  à  Tarrét  du 
conseil  ils  puissent  perceroir  deux  deniers  par  livre  de  viande 
en  sus  de  leur  taxe  par  rapport  à  ToctroL 

IX. 

Les  boulangers  et  bouchers  demandent  à  être  colloqués 

dans  les  concours  avec  les  prifiléijiés,  pour  la  fourniture  do 
la  dernière  année. 

X. 

Les  cabaretîers  de  la  Ruprechtsau  demandent  à  débiter  de 
la  bierre  ooncurrament  avec  les  boulangers. 

XL 

Les  maîtres  maçons  demandent  que  la  maîtrise  accordée 
depuis  quelques  années  aux  plaireurs,  soit  révoquée,  et  à 
être  maintenus  dans  l'exercice  de  ce  métier  qui  n'avoit  jamais 
été  séparé  de  leur  maîtrise. 


r 

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70 


REVUE  û'aL.SAC£ 


XII. 

Les  potiers  de  terre  demandent  la  suppression  de  la  fran- 
chise dont  jouissent  les  potiers  de  terre  étrangers  à  roccasion 

du  KrammiUwoch  ' . 

XIU. 

Les  faiseurs  de  cliandelles  demandent  le  rétablissement  de 
leur  maîtrise  et  le  droit  exclusif  de  fabriquer  de  la  chandelle. 

XIV. 

Les  deux  corporations  des  fariniers  repartis  jusqu'iri  sur 
deux  tribus,  demandent  leur  réunion  à  la  Laoterue,  sur  le 
pied  d'une  maîtrise  distincte. 

XV. 

Vœu  de  toutes  les  tribus,  que  les  lettres  d^apprentissage 
ne  soient  payées  à  Tarenir  que  lorsqu'elles  seront  délivrées. 

XVL 

Les  férblantiers  demandent,  tû  te  nombre  excessif  de  maî- 
tres aggrégés  à  leur  corps  par  dispense,  qu^il  n'en  soit  plus 
admis  pendant  30  ans. 

XVII. 

Les  gagne-petits  demandent  à  rentrer  dans  le  droit  quils 
a?oient  de  tenir  des  compagnons. 

XVIII. 

Les  faiseurs  de  crics  demandent  qu'il  soit  enjoint  au  ser- 
rurier de  la  ville  de  ne  point  empiéter  sur  leur  métier. 

XIX. 

Les  marchands  épiciers  dcnitindent  (jueles  reniements  qui 
défendent  aux  graissiers  de  vendre  en  ^tos  des  marchandises 
de  carêm»,  soient  remis  en  vigueur,  et  qu'il  soit  ordonné  aux 
fallets  de  la  douane  de  veiller  à  leur  exécution. 

XX. 

Les  pêcheurs  demandent  que  pour  les  indemniser  en  partie 
de  la  pèche  qu'ils  avoient  jàdis  au  canal  et  dans  les  fossés  de 
la  ville,  le  Magistrat  leur  accorde  six  places  ûes  quinze  dis- 

*  Le  «  mercredi  de  marché  ». 


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L'ALSàOB  FBNDAIIT  L4  BC:VOLUnO!l  FBANÇAm  71 


tricls  communaux  qu'il  s'est  réservés  ;  ils  demtindtnt  aussi 
une  maîtrise  :  plus,  que  les  étrangers  qui  viennent  en  ville 
vendre  du  gibier  et  du  poisson,  ne  puissent  le  débiter  que  le 
vendredi,  et  ce  sealement  jusqu'à  midi  ;  enfin  que  lespécheors 
Lorraiii8  ne  puissent  plus  faire  veadro  leurs  poissons  par  des 
personnes  tpoetées,  après  quatre  heures  de  relevée. 

XXL 

La  corporation  de  la  tribu  des  boulangers  demande  on  non- 
Teao  tarit 

XXIL 

Les  drapiers  demandent  protection  pour  le  spectacle  alle- 
mand établi  sur  lenr  tribu. 

XXIII. 

Les  tisserands  réclament  contre  la  perpétuité  de  leurs 
jnrés,  et  demandent  qu*à  l'avenir  ils  ayent  un  O0sr-  et 
UnUrmdtter,  qui  soient  bieunaux. 

XXIV. 

Les  membres  de  la  mananca  demandent  que  les  maîtres 
bateliers  donnent  la  préférence  à  ceux  de  leur  corps  profes- 
sant ce  métier,  sur  les  étrangers. 

X\V. 

Les  cliapelliers  demandent  qu'on  leur  accorde  exclusivement 
à  tons  autres  et  même  aux  négociants  le  droit  de  bire  des 
ebapeaux,  d*en  faire  venir  du  dehors  et  de  les  débiter. 

XXVL 

La  tribu  des  tailleurs  demande  qu*il  soit  nommé  pour  la 
défense  des  droits  des  tributaires  un  syndic  qui  ne  possédera 

aucune  autre  charge  ni  emploi  qui  dépende  de  la  magistra- 
ture, et  qui  aura  1m  faeullé  d'assembler  les  bourgeois  sur  les 
tribus,  lorsque  le  cas  Texigera. 

xxvn. 

Les  manaos  désirent,  qu'il  leur  soit  accordé  une  facilité 
pour  Texercice  personnel  d'un  métier  dont  ils  auroient  fait 
Tapprentissage  en  régie,  mais  qu'ils  n'oseroient  exercer  anssi 


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72 


BEVUE  D'ALSACE 


longtems  que  leurs  focoltéa  ne  leur  permettront  pas  de  ae 
lUre  reeeToîr  bourgeois  et  inscrire  à  la  maftrise. 

Et  désirant  donner  au  Miit,'islral  des  témoignages  de  la 
confiance  que  nous  avons  en  sa  justice  et  son  patriotisme,  en 
souinettant  d  ahonl  à  soîi  impartialité,  les  plaintes,  doléances 
et  demandes  particulières  du  Tiers-état  de  celte  ville:  ce  vœu 
ayant  été  présenté  {)ar  un  des  commissaires  au  corps  du 
Magistrat,  et  sur  sa  rép  inso  contenant  son  consentement  à 
nommer  une  députatioa  chargée  arec  un  nombre  égal  de 
députés  de  diverses  tribus,  de  procéder  à  la  discussion  et 
eonciliation  des  dites  plaintes,  doléances  et  demandes;  les 
représentans  librement  élus  par  les  tribus  ont  nommé  un 
eomité  de  sept  personnes  :  MM.  Tarocat  général  FUeher, 
Laeombe  notaire^  Schubart,  Hervé,  dê  Turkkeim  cadet,  Wun- 
derer^  et  l^^ieknmm  cadet;  et  pour  suppléants  MM.  DiUtrkht 
professeur,  et  MMer  consulent,  auxquels  ils  ont  donné  tout 
pouvoir  de  traiter,  conférer  et  eonvenir  des  reformes,  modifi- 
cations et  réglemens  qui  forment  le  vœu  de  la  bourgeoisie, 
et  cependant  ont  chargé  expressément  leurs  députés  aux  Etats 
généraux  du  culiier  de  leurs  doléances  parlii  ulières,  en  leur 
donnant  mandat  spécial,  (jue  si  contrairement  k  leurs  désirs 
et  contre  toute  attente,  ce  concours  de  lumières  et  de  bonnes 
intentions  u'opéroient  pas  pendant  la  durée  des  séances  des 
Ëtats  généraux  le  bien  désiré;  et  si  les  Etats  ne  pou  voient 
eux-mêmes  prendre  en  considération  les  demandes  de  la  bour- 
geoisie; ils  ayent  à  porter  aux  pieds  du  Thrône  le  présent 
cahier,  et  à  réclamer  Tappui  et  rassistance  des  Etats  géné- 
raux, pour  solliciter  et  obtenir  une  commission  cboôsie  dans  les 
Etats  de  cette  province,  ou  dans  le  Conseil  souferain  d'Alsaee, 
i  Teffet  d'examiner  les  plaintes  et  les  vœux  de  la  commune, 
et  d*7  statuer,  pour  le  résultat  et  la  décision  être  présentée 
à  Sa  Majesté  aux  fins  de  la  déclarer  constitutionnelle. 

Enfin  1e  Tiers-état  de  la  Yille  de  Strasbourg  autorise  ses 
députés  à  provoquer  et  à  concourir  à  tout  ce  qu'ils  jugeront 


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L'ALSàOB  PBMDANT  Lk  iUtVOLUTXOM  FRAMÇAIBB  78 

pouvoir  augmenter  la  gloire  du  Roi  el  de  TEtat,  donner  à 
l'agriculture,  au  commerce  et  à  l'industrie  tout  l'e.ssor  dont 
ili  sont  susceptibles,  améliorer  l'ordre  public,  et  établir  le 
bonheur  de  la  rialion.  Kfing'in.  Ditterich  professeur,  Zœpjfel^ 
Chappuy,  Uenuenôerg,  Mayer,  Saliz/nann,  Metzkr.  Turlilieim^ 
Fiêcher,  Andréas  Meyer,  Wuntierer,  Pertois,  Marschali^  MainOf 
Schaiz,  Spielmann,  Hyacinthe  Hervé,  Lacombt^Reubel  SchumQ^ 
Jean  Miciiel  Greiner,  Jùioderer,  F.  Dillemann,  Weber^  Nieolaê 
Gabori,  J,  F.  SeAneegan»,  QmêUei^  Louù  Meifé^  Jtan  Joequt» 
Seœn^,S^umuU,  Jacques  FBndmch,BBrffntr^  1fatiJM«â9i, 
Slttttmeister  en  régence,  Zajfffelf  faisant  les  fonctions  d*aai- 
meistre  régent,  Trcmbiri,  secrétaire. 

RoD.  Hevss. 

(La  «ttite  au  prochain  numéro.) 


DE  QUELQUES  FAMILLES  NOBLES 

DE  LA  UAUT£-ÂLSAGË 


Toates  les  Ikmilles  dont  il  va  être  parlé,  à  TexcepUon  de 
celle  de  HouQoie,  qm  est  allée  se  fixer  en  Allemagne,  ont 
disparu  avec  le  régime  qui  les  a  tu  nattre.  Il  reste  h  peine 

quelques  yestiges  de  leurs  châteaux  et  les  noms  de  certains 
de  leurs  membres  consignés  dans  de  vieux  parcliemins.  C'est 
eu  fouillant  nos  archives,  dans  le  but  de  dresser  le  nobiliaire 
de  l'ancienne  principauté  de  Montbéliard,  que  nous  avons  été 
amenés  à  recueillir  des  notes  concernant  quebjues  familles 
nobles  de  la  Haute-Alsace.  Les  premiers  souverains  de  Mont- 
béliard ayant  régné  sur  une  grande  partie  du  Sundgau  et 
formé  la  souche  des  comtes  de  Ferrette  éteinte  en  1324,  il 
n'est  pas  étonnant  que  leurs  vassaux  aient  figuré  indistincte- 
ment dans  les  actes  de  cette  époque  reculée,  qu'ils  aient  pos- 
sédé des  fieb  aussi  bien  dans  la  partie  alsacienne  que  dans 
la  partie  française  du  comté  et  qu'ils  aient  souvent  contracté 
des  alliances  entre  eux. 

La  plupart  de  ces  notices  sont  incomplètes,  pleines  de  lacu- 
nes, qui,  nous  Tespérons,  seront  comblées  par  d'autres  per- 
sonnes plus  versées  que  nous  dans  Thistoire  d'Alsace.  Aussi, 
n*est'Ce  qu'à  titre  d'essais  que  nous  les  livrons  au  public. 


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OAMÉ&LOOUS  OB  QOBLGaiB  FAMIM.IW  MOBLBB  TS 

Les  auteurs  que  nous  avons  principalement  consultés  sont: 
Schœpllin  { Akatin  Uludrata  et  diplomutica);  Trouillat  (Manu- 
mmf.s  de  i histoire  de  C ancien  éct'dié  de  Jiàle);  Grandidier 
{Histoire  de  la  province  d'Alsace)  :  Quiquerez  (Ilistmre  des 
comtes  df  FcrreUe);  l'abbé  Richard  {Essdi  sur  t histoire  de  la 
maison  ei  barotmié  de  MmljoU)  ;  J.  Libliu  {Be^ort  et  âon 
territoire^  etc.,  etc. 

Famille  d'Auxelles 

Dans  le  yiHage  d*Âaxelles-Ba8  se  trooTait  on  ebftteau 
depuis  loDgtenaps  détruit.  En  iS90,  Richard  d'Auxelles  s'en- 
gagea, arec  neuf  autres  gentilshommes,  à  défendre  la  ville 
de  Besançon  contre  Rodolphe  de  Habsbourg  et  Jean  de  Ghft- 

Ion.  Ce  Richard  avait  un  autre  fief  à  Sainte-Marie-en  Chaux, 
relevant  du  comte  de  Bourixojrnc.  Celui  d'Auxelles  relevait 
alors  du  comte  de  Montbéliurd. 

Un  des  successeurs  de  Uichard  fut  Adrien  d'Auxelles,  qui 
vivait  en  l'an  1373. 

Les  sires  d'Auxelles  avaient  les  armoiries  suivantes  :  d'or 
à  trois  fdsces  de  gueules.  (Liiblin,  Bdfort  et  son  territoire). 
Pl.  I,  fig.  1. 

Famille  de  Banvillars 

Cette  famille^  déjà  connue  dans  le  milieu  du  X[I*  siècle, 
s'est  distinguée  par  de  nombreux  bienfoits  envers  l*abbaye  de 
Belchamp. 

Gérard  de  Banvillars  ligure  dans  un  acte  de  l*an  114(1 
environ,  concernant  Belchamp. 

Jean  de  Banviilars  et  ses  frères  renoncent,  en  M  47,  en 
faveur  du  susdit  couvent,  au  patronage  de  l'éslise  de  Chèvre- 
mont,  fondée,  ^ainsi  que  le  village  de  ce  nom,  par  leurs  pré- 
décesseurs. 


76 


BBVra  D'ALBAiOB 


Le  clieTaiier  Mninard  de  BaDvillars  donne  à  Belchamp  son 
alleu  de  Banvillar.s. 

En  122^.  Gérard  de  BaoTillars  renonce,  au  proitde  Tab- 
bayc  de  Chcrlieu,  aux  possessions  qae  sa  femme  avait  à 
Effondre  et  à  Tramoncourt.  Dans  la  méaiie  année,  ce  seigneur, 
arec  rassenlioient  de  sa  femme  6erlrade«  de  son  fils  Gode- 
froi  et  de  ses  filles  Pétronille  et  Sybille,  renonce  à  ses  préten- 
tions sur  les  domaines  de  Gherlien. 

En  l'année  1808  vivait  Jean,  dit  Chiécrê  de  Banvillirs, 
éeoyer;  sa  femme  s'appelait  Elnys,  nièce  de  Vuillaame  et  de 
Huguenin,  fils  de  Renaod  de  Bavans. 

Renaud,  le  GheTrot  de  Banvillars,  écuyer,  est  témoin  dans 
un  acte  du  5  avril  1831.  par  lequel  Isabelle  de  Fontenois, 
filhi  de  Pierre  de  Voujaucourt,  cède  à  Jeauneuat  de  Rocourt 
la  dîme  à  Rocourt. 

Jacques  de  Hariviliarj?  fi.unire  dnnsun  acte  du  12  juin  1382, 
par  lequel  le  château  d  Etobon  est  engagé  au  comte  de  Bour* 
gogne  par  Henri,  comte  de  Monlbéliard. 
•  Le  même  Jacques,  Point  de  Banvillars,  et  Jaquot  Courte- 
Estoile  de  Ban?illars,  font  partie  des  nombreux  vassaux  qui, 
en  4888,  reçurent  Tordre  du  comte  Henri  de  Montbéliard 
d'entrer  en  Tbommage  do  marquis  de  Bade,  époux  de  Jeanne 
de  Hontbélitrd. 

Guillaume  ou  Ynillaume  de  Banvillars,  surnommé  Cfmnt, 
chevalier,  meurt  entre  les  années  1896  et  1898,  et  est  le 
dernier  de  sa  race.  En  octobre  1896,  il  avait  rendu,  avec 
Pierre  de  Yercbamps,  une  sentence  arbitrale  relative  à  un 
cens  de  10  livres  que  Tabbaye  de  Belchamp  devait  payer. 

Famille  de  Bavilliers. 

Ce  village  adonné  son  nom  à  une  famille  de  gentilshommes 
qui  existait  déjà  dans  la  première  moitié  du  XII*  .siècle. 
Richard  de  Bavilliers  est  cité  dans  un  acte  d'échange  de 


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0ÉNÉAL06DM  DE  QUELQUES  FAMILLES  NOBLES  77 

Tan  IISO,  entre  Tabbaye  de  Belchamp  et  le  chapitre  Saint- 

Maimbœuf  de  Monlbéliard. 

Le  Clievrel  de  Bavilliers,  vassal  du  comte  Henri  de  Mont- 
béliard,  reçoit  l'ordre  de  celui-ci,  en  1833,  de  prêter  foi  et 
hommage  au  marquis  de  Bade, 

Vuillaume  de  Bavilliers,  prêtre,  est  nommé  l'un  des  exécu- 
teurs testamentaires  de  Marguerite,  marquise  de  ikde  et 
dame  d'Héricourt  (15  sept.  1366). 

Jaquot  Chevrot  de  Bavilliers.  écuyer,  figure  dans  un  acte 
da  27  février  1386,  par  lequel  Amédée  de  Saint-Aubin 
déclare  tenir  en  fief  da  comte  de  Montbéliard  des  biens  aitaés 
à  Yendelincourt,  Goureelles,  Ghèmmont  et  Allsigoie. 

Famille  de  Belfort  on  de  Roppe 

Ln  TiUd  de  Belfort  a  été  construite  sur  remplacement  d*nn 

ancien  yillage  du  nom  de  Braee  {Bracelis  dans  les  chartes). 
Villelme.  maire  de  Brace  (  ViUkus  Braceiui),  Ggure  dans  une 
cliarle  de  1165  ou  1170.  L'église  de  BraceJis  est  citée  dans 
une  bulle  de  1196  du  pape  Geicstin  III.  confirmant  à  l'église 
'  collégiale  Saint-Maimbœuf  de  Montbéliard  ses  possessions. 

Dans  un  acte  de  i^I'lS.  par  lequel  Gérard  de  Bougemont, 
archevêque  de  Besançon,  confirme  une  donation  faite  à  lab- 
baye  de  Lucelte  par  le  comte  Richard  de  Montbéliard,  figure 
comme  témoin  Richard  de  Bracelis. 

Guillaume  ou  Vuillaume  de  Aoppe  engage,  en  ami  1245, 
à  l'abbaye  de  Hurbach  les  seigneuries  de  Délie  et  de  Saint- 
Disler,  arec  le  consentement  de  sa  femme  et  de  ses  fils,  dont 
Ton  est  Richard  de  BelforL 

Richard  de  Belfort»  dit  de  Roppe,  achète,  en  septembre  1257, 
de  Tabbé  Viard,  de  Lure,  tout  ce  que  ce  couvent  possédait  à 
Tavey,  à  Bians,  à  Laîre,  à  Trémoins,  à  Goulhenans,  à  Désan- 
dans,  à  M -ntenois,  à  Semondans,  à  H<^ricourt  et  à  Banvillars, 
moyennant  850  livres  esteyeuantes.  Richard  de  Belfort  est 


78 


BBVUB  D*ALSACE 


exclu,  on  ne  flait  pas  ponr  quel  motîf^  de  la  franchise  accordée, 
en  1288,  à  la  yille  de  Hontbéliard  par  le  comte  Renaud. 

Richard  de  Belfort  aTait  un  frère  du  nom  de  Bourcard, 
déjà  mentionné  en  1245.  Richard  meurt  a?ant  Tan  1284, 
laissant  deux  fiid,  Vuiilaume  ou  Guillaume  et  Gauthier  de 
Belfort. 

Gaiitliier  de  Hi  ifort  rè'le,  le  80  décembre  1325,  à  l'église 
de  Lure  ce  que  son  père  Richard  lui  avait  laissé  à  Tavey.  Il 
devient  Irésoi  ier  de  Téi^li^c  de  Moriiiie.  plus  tard  Tliémuenne. 
Il  avait  une  sœur  du  noni  d'Oudieiiel.  fenime  de  Henri  de 
Deléfuont,  écuyer.  Par  une  charte  du  l"'  décembre  1295.  ce 
dernier  et  sa  femme  reprennent  en  fief  du  comte  Reuaud  de 
MoDtbéliard  ce  qu'ils  possédaient  à  BélbonTillers,  Bélhon- 
court,  Petilcroix,  Vézelois  et  la  Chapelle. 

La  môme  année,  on  trouve  parmi  le8  of&ders  de  Louis*le- 
Hutin  un  Gérard  de  Belfort,  fauconnier  du  roi  :  Vakhu 
fahorum. 

En  1808,  Mafrel  de  Belfort  a'adjuge'le  fief  de  BanTÎHars 
que  détenait  P.  de  Ghèvremont  (de  Bavans).  qui  venait  de 
mourir  sans  enfonts;  mab  le  comte  Richard  de  Montbéliard, 
suzerain  de  ce  fief,  intervint  et  le  donna  à  Jacques  de  Bau« 
villars. 

A  lu  même  époque  vivait  Tliolomé  de  HeUurt;  il  est  cité 
dans  une  sentence  arliiti  aie  de  l'an  1804.  rendue  par  Tliié- 
baud  d'Aziiel.  relativement  à  des  bieud  situés  à  Bréviliers  et 
réclamés  par  l'alihaye  de  lîeli  liamp. 

Le  27  février  iââO,  Henri  de  Belfort,  prêtre  à  Saint-Dizier, 
figure  comme  témoin  dans  une  vente  au  profit  de  Tabbaye 
de  Bellelay. 

Lambelin  de  Belfort  est  témoin,  le  20  avril  1888,  dans  un 
acte  par  lequel  les  filles  de  Richard  de  Bussurel  vendent 
àPierredeTrétudans  ce  qu*elles  possédaient  à  Grandfuntaine. 
Ce  Lambelin  devint  chanoine  du  chapitre  de  Belfort  en  1847. 

Poucet,  fils  de  Maléchartde  Belfort,  reçoit  Tordre,  en  1888, 


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OÉNÉALOaiES  DE  QU£LQU£H  FAMILLES  NOBLES 


19 


de  son  soieniiii  le  oomte  Henri  de  MontbéUard,  de  prêter  foi 
et  hommege  aa  marquis  de  Bade,  époux  de  Jeanne  de  Mont- 
béUard. 

Le  27  août  1347,  Thiébaud  de  Belfort,  prêtre  et  notaire  de 
la  Cour  de  Besançon,  transcrit  un  acte  concernant  les  moines 
qui  desservaient  la  chapelle  de  Souitz. 

Huguenin.  prévùl  de  Belfort.  est  témoin  dans  l'acte  du 
15  mars  loGL  par  lequel  Marguerite,  marquise  de  Bade, 
affrancliii  les  habilants  de  la  seigneurie  d'Héricourt. 

Le  20  mai  lâSâ,  Guillaume  de  Beltort  figure  comme 
témoin  dans  une  reconnaissance  de  cens  sur  an  moulin  de 
Guabwiller. 

Le  88  août  et  le  SS  décembre  1899,  Richard,  prérôt  du 
chapitre  de  Belfort,  est  témoin  dans  dîTers  actes. 

On  a  va  que  les  fieb  de  Belfort  et  de  Roppe  appartenaient 
à  la  même  Aunille.  Btait-ce  la  branche  cadette  ou  aînée  qui 
s'intitulait  de  Roppê  f  C'est  ce  que  Ton  ignore.  Quoi  qa*il  en 
soit,  Toiei  les  noms  des  membres  de  cette  branche  qui  ont 
été  consignés  dans  les  documents  de  Tépoque  : 

En  1:278,  Gisèle  de  Roppe  est  mentionnée  dans  les  registres 
du  couvent  des  Uiiterlinden  de  Cjolmar,  dont  elle  faisait  partie. 

En  1317.  François  de  Roppe  est  investi  du  fief  ihi  château 
de  Roppe  par  Ulric  II  de  Ferrette;  celle  investiture  fut  con- 
firmée le  26  mars  13-24  par  larchevôque  de  Besançon.  Fran- 
çois eut  pour  successeur,  vers  1847,  Heuri  de  Roppe. 

Un  autre  Henri  de  Roppe  était,  en  Tan  1400,  vassal  du 
sire  de  Neufchàtel  pour  des  biens  qu'il  avait  à  Bourogne. 

M.  Stoffel  {DictMmavré  iupographiqwdêiAitaee)  a  recneilli 
les  noms  suivants  de  certains  membres  de  la  famille  de  Roppe  : 
Jenn-Ulric,  en  1865  ;  Guillaume,  en  1876;  Elisabeth,  en  1466; 
Pierre,  en  1588;  Jean-Guillaume,  en  1690. 

Au  milieu  du  XVI*  siècle  vivait  Anne  de  Roppe,  Qlle  de 
Rodolphe  de  Hoppe,  mariée  à  Guillaume  de  Montjostin  et 
nièce  de  Jean  RI  tfAllenjoie,  dont  la  sœur  avait  épousé  le 


80 


RKVUB  D'ALSAGB 


suidit  Rodolphe  do  Roppe.  En  1648,  le  parienMnt  deFranebe- 
Comté  adjugea  la  Mignearie  de  Bolmont  à  Anne  de  Roppe, 
qui  était  alors  reaye,  et  ses  enfiuitB  la  possédèrent  jusqu'en 
Tannée  155S. 

Le  dernier  raâle  de  la  famille  de  Roppe  fut  François-Léo- 
pold.  qui  possédait  le  fief  de  ce  nom  au  commenrement  du 
XVIIl*  siècle.  A  sa  mort,  arrivée  en  1729,  ce  fief  passa  entre 
les  mains  du  comte  François-Joseph  de  Reinach. 

La  famille  de  Hoppe  portait  :  d'azur  à  trois  bandes  lozan- 
gées  d*or  et  de  goenlea^  Pl.  I,  fig.  S. 

Famille  de  COiâteiiois 

Alar  de  Gbftlenois  ast  cité  dans  an  aeti  dn  16  mai  1S81, 
comme  étant  Tassai  do  comte  de  Montbéliard,  et  dans  le  rdle 
des  ▼assauz  de  Hontbéliard  de  Tan  1800  environ. 

Esterenin  de  Gbâtenols  est  l*an  des  bourgeois  de  Hontbé- 
liard anzqoels  le  comte  Henri  de  MonlbéUard  remets  le 
S6  mars  1840,  les  deb  de  la  ville. 

Le  27  féTrier  1S86,  Gauthier  de  Ghâtenois,  écuyer,  figure 
parmi  les  témoins  d'un  acte  constituant  le  douaire  d'une  dame 
de  Vergy,  épouse  d'un  sire  de  Montjoie. 

Famille  de  Chèvremont 

Thierry  de  Chèvremout  et  ses  frères  Hugo  et  Henri,  figu- 
rent dans  un  acte  de  l'an  1 102,  par  lequel  Thierry  I"  de 
Montbéliard  donne  l'église  d'Isming  è  l'abbaye  de  Saint-Mihiel. 
Thierry  de  Ghèrremont  est  encore  témoin  dans  la  charte  de 
fondation  dn  prieuré  de  Froide-Fontaine  en  i*an  1106  par 
Ermentrode,  comtesse  de  Hontbéliard. 

En  1S86,  Jean  de  GbèTremont  est  témoin  dans  une  eharts 
concernant  le  eoufent  Saint-Léonard  de  Me. 

Gérard  de  GhèTremoiil»  éeosrer,  figure  dans  nn  acte  du 


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GÉNÉALOGIES  DB  QUBLOUBS  FAMIIAKfi  N0BLB8 


81 


87  février  1386,  par  lequel  Amédée  de  Saint-Aubin  déclare 
tenir  en  lief  du  comte  de  Monlhéliard  des  biens  situés  à  Veu- 
delincourt,  Gourcelles,  (llièvre  nont  el  Allanjoie. 

Jean  de  Chèvreinont  était  moine  de  Belchamp  à  la  ûa  du 
XIV*  siècle  et  au  commeacemeut  du  XV*. 

Familles  de  Croix  et  de  Saint-Dizier 

Croix,  dit  M.  Lililiii  {loro  riinto),  eut  de  l)onne  heure  sa 
famille  de  lia  sse  noblesse  ou  de  ministériaux.  On  trouve,  en 
eff<*t,  parmi  les  tétn  )ins  d'un  acte  de  1232,  un  Gauthier,  un 
Gunon  et  un  Werner  de  Croix;  le  17  janvier  1241,  un  Thierry 
et  un  Wallher  de  Croix. 

En  1326,  un  Ilnguenin  de  Saint-Dizier  avait  des  posses- 
sions à  Croix;  le  28  février  de  cette  année  là,  il  vendit  à  un 
chanoine  de  Saint-Uippolyte  one  partie  de  ses  biens,  et  le 
7  fôrrier  1880,  une  autre  partie  i  l'abbaye  de  Bellelay. 

Famille  de  Courcelles  (canton  de  Délie) 

Léonard  de  Courcelles  ti^ure  comme  témoin  dans  les  chartes 
de  fondctti(»!i  du  prieuré  de  Froide-FonlHine  par  Ermeutrude, 
comtesse  de  Munlbéliard.  du  S  mars  1 105, 

Pierre,  maire  de  Courcelles,  et  son  voisin  Jean  de  Cour- 
celles, sont  témoins,  on  1170,  d'une  donation  en  bveur  de 
Tabbaye  de  Bellelay. 

Au  XUl*  siècle  on  trouve  à  GourcelieSi  désignée  sous  les 
non»  de  ViUa  CorceUis,  un  Pierre  et  un  Guillaume  dt 
Gouroellefl. 

Giselle  de  Gouroelles  et  eee  enfiints  sont  mentionnés  dans 
nn  acte  de  Tan  ItOS,  par  lequel  Ulric  de  Ferrelte  fait  eertaines 
dispositions  en  ftireur  de  l'abbaye  de  Lucellc 

Bonrqnin  de  Gouroelles  est  cité  dans  des  actes  de  1808  et 
1815,  concernant  Tabbaye  de  Bellelay,  avec  laquelle  il  avait 
de  graves  diûlcultés. 

HooTVll*  8M«.  -  tr  Anné*.  6 


81 


REVUE  D'aLSACB 


Jean  Gablal  de  Gouroelles  Tend,  le  48  septembre  et  le 
18  décembre  1811,  à  Tabbaye  de  Bellelay  des  biens  sitnés 
à  Gonrcellefl. 

Le  cnré  Richard  de  Courcelles  figure  comme  témoin  dans 
des  ados  de  13H,  1818.  1814,  181G,  1318,  1322  et  1823, 
conceniant  des  acquisitions  ou  échanges  faits  par  les  abbayes 
de  Bellelay  et  de  Lucclle. 

Voinet  de  Courcelles,  prêtre,  est  témoin,  le  4  février  1344, 
dans  une  vente  laite  à  Bellelay  d  une  maison  située  à  Flori- 
œont  par  Vernier  fijâ,  autrefois  châtelain  de  Florimont 

En  1840.  Vuillaume  de  Courcelles  assiste  à  la  rédaction 
du  rôle  des  collonses  que  Tabbaye  de  Bellelay  avait  à  Mon- 
tignez. 

Le  il  janvier  1847,  Jean  de  Courcelles,  prêtre,  assiste  à 
une  vente  fidte  dans  le  village  de  Yillars-le-Sec,  et  le  S6  du 
même  mois,  à  une  autre  faite  A  Thiéband  de  Recourt  par  des 
particuliers  de  Saint-Ursanne. 

Jean  de  Courcelles,  curé  de  Florimont  (probablement  le 
même  que  le  précédent),  figure,  le  8  juin  1866,  parmi  les 
patrons  et  fondateurs  de  l'autel  de  la  confrérie  de  ^olre-Dame 
dans  l'église  de  Porrentruy. 

Le  28  mai  1427,  Jean  Morel  de  Courcelles  hérite  divers 
objets  mobiliers  appartenant  k  Henri  Qnelain  de  Florimont. 

Le  28  jaiiviiT  1481.  Valentin  Clerc  de  Courcelles  ligure 
parmi  les  arbitres  chargés  de  vider  le  différend  qui  s'était 
élevé  entre  révéque  de  B&le  et  l'archiduc  d'Autriche,  au  sujet 
de  leurs  droite  respectifii  sur  Boucourt  (Liblin,  lœo  eUalo), 

Ftemille  de  Belle 

Raimbaud  de  Délie  figure  dans  un  acte  de  1147,  par  lequel 
rarchevéqne  Hombert  de  Besançon  confirme  des  donations 
ftitw  à  Tabbaye  de  Beldiamp  par  Pierre  de  la  Salle,  T. . .  de 
Roogemont,  et  Odon,  comte  de  la  Rocbe. 


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QfiNÊALOOm  DK  QUELQUES  FAMILLES  NOBLES  83 


Gérard  et  Kaimbaud  de  Délie  sont  témoins  dans  un  acte 
de  l'an  1 17(i  par  lequel  (iariiier,  rliGvalier  de  Brévilliers.  se 
donne,  ainsi  (]ae  toute  sa  l'auiille  et  tous  ses  bieQs,à  l'abbaye 

de  Belelianip. 

En  1219.  le  chevalier  Ollon  de  Délie  et  Guillaume,  son 
neveu,  ligurent  comme  témoins  dans  une  charte  relative  à 
Tabbaye  de  Lucelle. 

£a  1232,  Olton  et  Cunon,  son  frère,  sont  cités  dans  un  acte 
du  même  genre. 

Au  miUeu  du  XUI*  siècle  (acte  du  3  juillet  1S64),  Tiraient 
les  chevalteifi  Henri  et  Pierre  de  Délie,  frères.  Henri  eut  une 
fille  du  nom  d'Agnès,  qui  épousa  Jean  de  Horimont 

Vers  la  même  époque  on  trouve  mentionnés  Jacques  et 
Hugues  de  Délie  (9  mai  1262),  qui  étaient  probablement  les 
cousins  des  précédents. 

Des  actes  de  1279  et  1295  nous  révèlent  l'existence  du 
chevalier  Renaud  ou  Hegnaullde  Délie  et  de  ses  frères  Hugo, 
Poinzaz  et  Guillîiumc.  Renaud  était  châtelain  de  Fiorimont 
en  1321  :  il  fut  e'ilerre  dans  l'église  Notre-Dame  de  ce  châ- 
teau, à  cùlé  de  Félicité  de  Granges,  sa  femme.  Il  vivait  encore 
en  lâ3îi.  car.  à  cette  époque,  il  reçut  Tordre  du  comte  Henri 
de  Montbéliard.  son  suzerain,  de  prêter  foi  et  hommage  au 
marquis  de  Bade,  époux  de  Jeanne  de  Montbéliard. 

Hugo,  frère  de  Renaud,  épousa  une  dame  de  Vercel.  Il 
rivait  encore  en  1S16.  Il  eut  un  fils,  Henri,  qui  vendit  un  de 
ses  Iiiens  le  16  mai  1842. 

Jean  de  Délie,  dit  de  Meta,  est  cité  dans  un  acte  de  vente 
du  28  février  1826,  au  profit  d'un  chanoine  de  Saint-Hippolyte. 
n  était  justicier  d'une  partie  de  Délie.  Les  1*  et  2  juin  1888, 
il  signa  Tacte  de  venle  du  ehftteau  de  Yonhay. 

Vers  Tan  on  trouve  un  Jean-Uiric  de  Délie,  qui  tenait 
à  Delemonl  un  liel  de  l'évèché  de  Ràle:  un  Guillaunio  cl  un 
Richard  de  Délie,  qui  po.-^sédaient,  sous  la  mouvance  des 
aicbiducâ  d'Autriche,  divers  ûefs  situés  à  Délie,  à  Saint-Dizier 


84 


REVUE  D'ALSAOI 


et  à  Lebetaîn;  an  Henri,  un  GaUlanme  et  Jetn,dit  Màlragtf 

qui  tenaient  des  mêmes  arcliidiics  des  fiefs  à  Florirnont,  Hret- 
ten  et  Angeot.  Jeini  el  son  frèi^e  Henri  tij,nirent  ronime  témoins 
dans  un  acte  du  .'i  avril  1331.  Allierl  d'Autriche  donna,  cette 
année  là,  en  tief  à  Henri  de  Délie  la  dîme  d'Angeot.  Jeaïudit 
Malrage,  foîida  son  anniversaire  le  ï  mars  1365.  Le  9  juin 
1884,  les  biens  qu'il  avait  à  Ornans  el  ailleurs  furent  vendus 
àËUenne,  comte  de  Montbéliard. 

Jean  Horri  ou  Henri  de  Délie,  dit  la  Truffe,  figure  dans  un 
acte  da  16  mai  1343,  par  lequel  Henri  de  Délie,  fils  de  Hugo, 
Tendit  une  de  ses  propriétés.  II  avait  épousé  la  fille  de  Ri- 
chard, dit  VraUki,  de  Porrentruy. 

  la  même  époque  virait  Henri  de  Delle,  doyen  d'AJde  et 
recteur  de  Mandeure  (acte  d a  80  décembre  1844). 

Le  5  février  1356,  récuyer  Jean  Maireiget  de  ]>elle  racliète 
des  biens  et  des  hommes  engagés  par  son  oncle  Jean  Malrage. 

Le  25  juin  1S57,  apparaît  Téouyer  Jean,  dit  Mamgez^  qui 
tenait  un  fief  de  Châtel-Vouhay . 

Guillaume  de  Délie  est  cité  dans  une  charte  du  22  avril 
1868. 

Le  15  septembre  1366,  Henri  de  Délie  et  Guillaume  de 
Grandvillars  sont  nommés  exécuteurs  leslamenltiires  de 
Marguerite,  marquise  de  Bade,  dame  d'Uéricourt  et  de  Flo- 
rirnont. 

Jean  Ulric  de  Délie  iait  reprise  de  fief  aux  archiducs  d'Au- 
triche le  81  décembre  1888;  dans  cet  acte  figure  comme 
témoin  Jean  Lailey,  écuyer  de  Délie.  Celui-ci  eut  une  fille 
du  nom  de  Catherine,  qui  épousa  Renaud  de  Vendelincourt. 
Jean  Lailay  assiste,  le  16  septembre  1899,  à  une  transaction 
relative  à  la  dtme  de  Gœuve. 

Jean-0lric  eut  un  fils  du  nom  de  Jean-Thiébaud,  décédé 
le  26  septembre  1402,  qui  tenait  en  fief  le  cbftteau  de  Soy- 
hères,  que  le  suzerain,  Thiébaud  de  Neufcliùtel,  donna  à 
Thiébaud  de  Biamont. 


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O6MÉAL0GIE8  DB  QUBLQITBS  FAMILLB8  N0BLB8 


85 


Le  27  janvier  1800.  Richard  de  Délie,  dit  de  Mclz,  éciiyer, 
donne  à  t^es  enfants  issus  de  sa  femme,  Jeannette  deFrabier, 
U)us  les  ])iens  qu'il  avait  à  Villars-le-Ser, 

Le  4  juillet  1403,  M<  ih  i  de  Délie  figure  comme  témoin 
dans  un  acte  concernant  Mont  joie. 

Les  armoiries  de  la  famille  de  Délie  étaient  :  d'argent  à  la 
eroiz  d*azar,  cantonnée  de  ringt  billettss  du  même,  distri- 
buées également  S,  1  et  2  dans  chaque  quartier  de  l*écn 
(pL  I,  fig.  S). 

Comtes  de  Ferrette 
Les  comtes  de  Ferrette  sont  issus  de  ceux  de  Montbéliard. 
Louis  de  Monsson,  qui  régiia  sur  le  comté  de  Montbéliard  de 
1024  à  [)eii  près  à  1065,  eut  plusieurs  enfants  de  sa  femme, 

Sophie  de  Lorraine,  parmi  lesquels  Thierry  I",  qui  derinl 
comte  de  .Monlltéiiard.  et  Frédéric,  qui  eut  en  partage  la 
partie  de  l'Alsace  qui  dépendait  alors  du  comté  de  Mont- 
béliard . 

Frédéric  fit  conslriiire  le  château  de  Ferrette,  dont  la  base 
était  une  tour  d'observation  élevée  par  les  Romains.  11  épousa 
Afjnès  de  Poitiers,  nièce  d'Adélaïde,  comtesse  de  Turin;  elle 
lui  apporta  en  dot  le  marquisat  de  Suze.  Il  se  fixa  en  Italie 
où  il  mourut  en  1091,  laissant  trois  fils  :  Pierre,  Brunon  et 
Sigefroi.  Ceux-ci,  chassés  dltalie  par  l'empereur  Henri  lY, 
Tinrent  se  fixer  en  Alsace  et  y  construisirent  le  château  de 
Lncelbourg.  Pierre  derint  la  souche  des  comtes  de  Lucelbourg, 
qui  s'éteignirent  dans  la  personne  de  Renaud,  mort  en  jan- 
vier 1150. 

Les  fils  de  Frédéric  avaient  hérité  des  biens  paternels 

situés  dans  la  partie  alsacienne  du  comté  de  Montbéliard; 
mais  par  suite  d'un  arran^îcinent  conclu  avec  leur  oncle 
Thierry  I",  conite  de  Moulbéliard,  ces  biens  retournèrent  à 
ce  dernier. 

Thierry  1"  fut  comte  de  Mont!)é!iard  de  10G5  à  1103  ou 
1104.  De  sa  femme  Ermentrude,  iilie  de  Guiliame  Téle-Har- 


REVUE  D  ALSAOK 


die,  comte  de  Bourgogne,  il  eut  plusieurs  enfaDle,  panni  les- 
quels Thierry  II  et  Frédéric  I* 

Ils  r(^gnèrent  conjointement  sur  le  comté  de  Montbélîard  de 

1 104  environ  jusqu'en  1  l-iM,  époque  où  les  vastes  domaines 
de  leur  père  furent  déliriilivenient  parlagês  par  eux.  Frédéric 
eut  la  partie  alsacienne,  qui  prit  dès  lors  le  nom  de  Comté 
de  Ferrette. 

Frédéric  1"  régna  sur  le  comté  de  Ferrette  de  1125  à  II  60 
à  peu  près.  Il  épousa  en  premières  noces  Pierrette,  tille  de 
Berthold,  duc  de  Z(chringea,et  en  deuxièmes  noces  Stéplianie 
d'Ëguiaheim,  héritière  d'une  partie  des  biens  de  cette  maison. 

Louis  I"  son  fils  lui  succéda  vers  Tan  1160;  il  mourut  en 
Palestine  après  Tan  1188.  Il  avait  été  d*abord  marié  à  RicUl- 
de,  fille  de  Werner  III,  comte  de  Ilabsbeurg,  puis  à  Agnès 
de  Sogren.  H  laissa  plusieurs  enfouis  :  Louis,  Helvidie,  Théo- 
bald,  marié  à  Marguerite,  Ulric,  assassiné  le  27  septembre 
1197  parOtlon,  comte  de  Bourgogne,  enliu,  Frédéric  II,  qui 
8uit, 

Frédéric  II  fut  comte  de  Ferrette  de  1207  à  1233:  il  Tut 
as^<assiné  par  son  fils  Ulric.  Il  avait  épousé  lledvi<re.  fille 
d  Eginon,  comte  d'Aurach,  de  laquelle  il  eut  :  Lmii.s  H  et 
Ulric  l",  qui  suivent:  All)ert,  avoué  de  labbaye  de  Masevaux 
en  1241  ;  Berthold,  evèque  de  Bàle  de  1241)  à  1262;  Alice, 
épouse  de  Thierry  III,  comte  de  Montbéliard;  enfin,  N..., 
123S. 

Ulric  I*  et  Louis  n,  dit  le  Gritnmel  ou  la  eoil^é,  régnèrent 
conjointement  de  1SS8  à  lfS6;  à  cette  dernière  date,  celui-ci 
mourut  à  Rieli,  ne  laissant  point  d'enfonts  de  sa  fèmme,  dont 
le  nom  est  inconnu.  Son  frère  Ulric  régna  dès  lors  seul  jus- 
qu'en 1275. 

Ulrle  I"  fut  avoué  de  la  Haute- Alsace  en  ÎM;  en  1S71, 

il  vendit  le  comté  de  Ferrette  à  révéque  de  Bâie,  duquel  il 
le  reprit  pour  lui  et  ses  siiceesseurs  en  fief.  Sa  première 
femme  est  inconnue;  la  seconde  fut  Agnès  de  Vergy,  veuve 


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GtNtALOGIBf)  DE  QUSLQUBS  FAMUJUSS  NOBLRS 


87 


de  Pierre  de  Bauffreraont.  Il  eut  plusieurs  enianta  :  1"  Louis 
Iir,  sire  de  Florimont.  décédé  avant  1281  :  il  eut  de  N. . .  de 
Ribeaupiprre  un  (ils  du  nom  d'Ulric,  sire  de  Florimont  en 
1281,  mort  saiis  (l'»scendance  ;  —  2°  Frédéric  dit  Grevelin 
(1261-1270).  lils  du  premier  lit:  —  3'  Théobald,  qui  suit; 
—  4"  Adélaïde,  épouse  d'Ulric  de  Regenberg;  —  5°  N..,, 
femme  de  Conrad  Werner  de  Iladstadt,  mort  en  1276;  — 
6*  N. . époose  de  Conrad  IV,  aire  de  Horbourg. 

Théobald  fat  comte  de  Fercekie  de  4S75  à  1810,  el  avoué 
provincial  d* Alsace  en  1279.  Marié  d'abord  à  Catherine,  fille 
de  WalHier  de  Klingen  (1S78),  il  le  fut  ensuite  à  llaivuerite 
de  Blamont(1809).  Ses  enfants  furent  :  1*  Hatziand,  femme 
d*Othon  d*0cb8en8tein  (1817),  enterrés  tons  deux  dans  l'ab- 
baye de  Neubfiurg:  —  S*  Sophie,  épouse  d*Ulricde  Wurtem- 
berg; —  8°  Ulric  II,  qui  suit;  —  4*  Théobald,  mort  ayant 
1312;  —  0'  Jean,  mort  avant  1312. 

Ulric  II,  d'abord  sire  de  Rougemont  en  Alsace,  prit  en 
13U5»  le  titre  de  comte  de  Ferrelte.  il  avait  épousé,  en  1299, 
Jeanne,  fille  du  comte  Renaud  de  Monlbéliard.  Il  mourut  à 
BAle  le  10  mars  1324.  La  même  année,  sa  veuve  épousa 
Rodolphe  Uesse,  marquis  de  Bade,  qui  mourut  en  1335;  dès 
l'année  suivante,  Jeanne  se  remaria  à  Guillaume,  comte  de 
Gatzenellebogen.  Elle  sut  d'Ulric  II  Jeanne  et  Ursule,  et  du 
marquis  de  Bade,  Marguerite  et  Adélaïde  ou  Alice.  Elle  leur 
partagea  ses  biens  en  1847.  |Jeanne  eut  le  comté  de  Perretle, 
qu'elle  transmit  à  la  maison  d'Autriche  par  son  mariage  me 
Albert  II,  dit  k  Sagê.  Elle  mourut  en  1881.  Marguerite, 
épouse  de  Frédéric  II  de  Bade,  hérita  des  seigneuries  d'Hé- 
ricourt  et  de  Florimont  ;  quant  ft  Adélaïde  et  à  Ursule,  elles 
eurent  celle  de  Belfort;  mais  celle-ci  vendit,  en  1850,  sa  part 
à  sa  sœur  Jeanne,  et  les  biens  d'Adélaïde  passèrent  plus  tard 
aussi  à  la  maison  d'Autriche.  Ursule  épousa  d  aliord  Hugues 
de  Hohenberg,  puis  Guillaume,  comte  de  Montfort.  Adélaïde 
devint  la  femme  de  Rodolphe  dit  Wecker^  marquis  de  Bade. 


88 


Les  armoiries  dos  comtes  de  Ferretle  étaient  ;  de  gueules 
à  deux  bars  ou  barbeaux  d'or  adossés,  mis  en  pal.  Cimier  : 
tantôt  an  buste  d*homme,  tantôt  un  buste  de  femme  (pl.  I, 
flg.4). 

Nobles  de  Ferrette 

Ils  ont  une  origine  au  moins  aussi  ancienne  que  les  comtes 
du  môme  nom,  avec  lesquels  on  les  a  souvent  confondus. 
Les  premiers  membres  de  cette  fiimille  signalés  dans  les 

actes,  sont  Sigefrid  et  Adelbert  de  Ferrette,  témoins  d'un  don 
fait,  lors  de  la  fondation  de  l  abliaye  de  Lucelie,  par  Henri 
d'Aziiel  vers  1124,  et  coulirmé  en  i!8G  par  rarcjiev(}({ue  de 
Besançon  et  Tévôque  de  BAIe.  Ils  sont  eiH  'tre  rappelés  dans 
un  acte  de  1132  concernant  le  même  monastère. 

Dans  l'acte  de  fondation  du  couvent  de  Feldbacb  par  le 
comte  Frédéric  l"de  Ferrette(l  14i),  ligur  fit  c<)rnme  témoins 
Olton,  Valon,  Reimbold  et  Ulric,  chevaliers  de  Ferrette.  Valon 
de  Ferrette  reparaît  en  1160,  comme  temoin  d'un  diplôme 
dn  môme  comte.  Raimbold  ou  Rainold  et  Ulrlc,  avec  le  titre 
de  seigneur  ou  de  chevalier,  sont  cités  dans  plusieurs  actes 
de  1175  à  1188;  le  premier  est  appelé  dans  un  de  ces  actes 
minittéiiel  du  comte  Louis  de  Ferrette. 

Dès  le  commencement  et  dans  le  courant  du  Xin*  siècle, 
on  trouve  plusieurs  nobles  de  Ferrette,  tantôt  qualifiés  de 
chevaliers,  tantôt  de  ministériels  des  comtes  de  ce  nom,  et 
presque  toujours  figurant  à  leur  suite  comme  témoins  dans 
les  actes  qu'ils  passaient.  Quelquefois  cependant,  on  les  Toit 
dans  la  dépentlanee  féodale  d'autres  hauts  barons,  tels  que 
Rodolphe,  fils  de  Luitfrid.  chevalier  de  Ferrette,  qui  résigna, 
en  121S,  l'avocatie  de  Metzerlen  qu  il  tenait  en  tief  du  comte 
de  Thierstein.  En  1218,  Bourcard  de  Ferretle,  fils  de  Boiir- 
card,  est  appelé  petit-fils  de  Bourcard,  sire  d'Azttel;  c'était 
un  fils  de  sa  fille.  Un  antre,  du  nom  de  Henri,  était  surnommé 


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GiMÉALOGII»  DB  «DKLQmS  FAWLUB  NOBLES  80 


le  Rtit  chenilier  ou  tii/ierUn,  dans  un  acte  de  1221;  il  esi 
appelé  ailleurs  cberalier  de  B  uin  ard  d'Azilei, 

Au  commencement  du  XIV'  siècle,  vivait  à  Lucelle  un  moine 
du  nom  de  Pierre  de  Ferrette,  et  il  y  remplissait  les  fonctioos 
de  procarateur.  Les  documents  de  cette  abbaye  en  font  men- 
tion en  1809. 

Bn  1S2S,  Ulric  II,  comte  de  Ferrette,  transigps  avec  les 
cbevaliers  Théobald  et  Ulric  de  Ferrette,  relatirement  ancbft- 
teau  de  Liebetein,  aax  villages  d*01lingen  et  de  Lautter,  et 
à  la  quatrième  partie  de  la  dîme  de  Ferrette,  que  le  comte 
leur  donna  en  fief.  I-ie  chevalier  Ulric  fut  choisi  par  le  comte, 
en  1824,  pour  un  de  ses  exécuteurs  testamentaires  ;  dans  le 
même  acte  apparaît  comme  tém  oin  Jean  de  Ferrette. 

Ulmann  de  Ferrette  et  son  fils  Ulric  possédèrent  l'avocatie 
du  nris{]:au  vers  le  milieu  du  XIV'  siècle.  Ulmann  de  Ferrette, 
chevalier,  est  a[)|i('le  (ir/nic  du  Sundgau  dans  un  acte  d'Al- 
bert Il  d'Autriche  et  de  sa  femme  Jeanne  de  Ferrette.  daté  de 
Bade  en  Tan  1342;  Tarchiduc  d'Autriche  lui  recommandait  le 
couvent  des  frères  mineurs  de  Thann.  En  sa  qualité  d'avoué 
du  Brisgau  et  du  Sundgau,  Ulmann  de  Ferrette  fît  une  alliance 
de  cinq  ans  avec  les  villes  de  Strasboui^;,  de  Bftie  et  de  Fri- 
bourg,  et  Tannée  suivante  (1851)  il  hypothéqua  à  la  ville  de 
Strasbourg  Gernay  et  le  village  de  Steinbach  ponr  SOO  florins. 
En  1858,  il  contracta  de  nouveaux  engagements  pour  la  mai- 
son d'Anlriche  qui  était  obérée  de  dettes. 

En  récompense  de  ses  services,  les  archiducs  d*Âutriche 
Ini  donnèrent,  en  1865,  le  village  de  Garoisbach  en  fief.  Son 
petit-fîls,  Pantaléon  de  Ferrette,  eut  deux  fils,  Théobald  et 
Ulric,  qui  furent  les  souches  de  deux  familles  du  nom  de 
Ferrette.  L'une  prit  le  nom  de  ron  fondateur  Théobald,  et 
s'éteignit,  en  17:20,  à  la  lîiorl  de  François-Théoltald  de  Fer- 
rette. I/autre,  dit  Ulricienne,  se  divisa  à  son  tour  en  deux 
branches  vers  1576,  la  première  s^us  le  titre  de  Fcrrrite  de 
Carokbaehy  et  l'autre  de  FerretU  de  FiormtnU^  à  cause  des 


90 


BBVOB  O'aLSAOB 


fiefs  de  ce  nom.  Cette  dernière  a  subsisté  jusque  rers  le  milieu 
de  notre  siècle. 

Rheinhard  de  Ferrette  de  Garolsbach  reçut  le  titre  de 
baron  de  Temperenr  Ferdinand  III.  Un  de  ses  fils,  FerdI- 
nand-Ignaoe,  fut  chanoine  d^Âicbstadt;  un  autre,  Antoine, 
eheTalier  de  l'ordre  teutonique,  et  le  troisième,  Jean-Baptiste, 
perpétua  la  race  des  barons  de  Ferrette.  Son  fils,  François* 
Antdne,  épousa,  en  1741,  Françoise  de  Reinach  d'Ober- 
steinbrunn. 

Il  y  eut  encore  une  autre  branche  des  Ferrette,  appelée  de 
Zi/liaheim.  qui  apparut  déjà  vers  la  lin  du  XV'  siècle,  mais 
qui  est  éteinte  comme  les  autres.  Jena-Antoine  de  Ferrelte- 
Zillisheim  était  conseiller  de  l  arcliiduc  Charles  d'Autriche  et 
baillidu  Sundgau  pendant  la  tîuerre  de  Trente-Ans.  Il  mourut 
en  1651.  Un  de  ses  fils  fut  chanoine  de  Tégiise  de  Bàle;  un 
autre  épousa  Marie-Anne  de  Schcenau  et  en  eut  trois  fils  : 
Joseph-Gaspard,  commandeur  de  Tordre  leutonique  ;  Joseph- 
Conrad,  prévit  de  Tèglise  de  Bâie,  mort  en  1709;  et  François- 
Joseph  de  Ferrette,  qui  épousa  une  dame  de  Wissembourg, 
dont  il  eut  deux  fils  :  Bernard,  prérôt  de  Tabbaye  de  liur- 
bach,  et  Philippe-Jacob,  chanoine  de  Bftle.  Leur  père  étant 
mort  en  1721,  sans  laisser  d*autres  enfonts  mftles,  la  famille 
des  Ferrette-Zillisheim  s'éteignît  alors. 

Les  armoiries  des  nobles  de  Ferrette  étaient  :  de  sahie,  au 
liou  à  une  ou  deux  queues  (raruent.  lainpassé  et  armé  de 
gueules,  couronné  d'or.  Le  cimier  a  varié  selon  les  diverses 
branches  de  la  famille.  En  1480,  c'était  un  buste  d'homme 
vu  de  profil,  de  sahIe,  tigure  en  carnation  et  coiffé  d'un  ban- 
deau d'argent.  Plus  tard,  un  buste  de  lion  d'argent,  armé  et 
lampassé  de  gueules,  couronné  d'or  (pl.  I.  fig.  5). 

'     P.-Ë.  TUBPFKRU. 

{La  fin  au  procham  mimiro.) 


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». 


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LE 


GUATEAL  DE  RIÛLEWIUU 


Le  toariste  qui  monte  à  Riquewihr  depuis  la  station 

d'Ostheim  ne  tarde  pas  à  découvrir  la  petite  ville  dans  son 
pittoresque  encadre inenl  de  vignobles  et  de  forêts.  Coquette- 
ment niellée  à  l'entrée  de  deux  petites  vallées  vosgiennes, 
entourée  de  coteaux  dont  les  crûs  au  fin  bouquet  ont  depuis 
de  longues  années  une  réputation  méritée,  elle  ne  montre  pas 
d  abord  toutes  les  curiosités  arcliéologiques  qu'elle  recèle  et 
qui  Tout  fait  appeler  par  le  regretté  Gérard  {Faum  historique 
d'Alsace^  p.  S45)  un  Nuremberg  en  mimature.  Pourtant,  dès 
la  première  vue,  on  aperçoit  une  haute  construction  dont  le 
majestueux  pignon  attire  l'attention.  C'est  1  ancien  cbftiean 
des  princes  de  Hontbéliard-Wurtemberg;  vendu  comme  pro- 
priété nationale  pendant  la  période  révolutionnaire,  ce  bâti- 
ment est  resté  pendant  un  demi-siècle  propriété  privée.  Le 
conseil  municipal  a  fini  par  le  racheter  ponr  y  installer  les 
écoles  communales. 

Le  bâtiment  actuel  n'est  pas  le  bâtiment  primitif.  Une 
construction  plus  ancienne  qui  s'élevait  sur  le  môuie  empla- 
cement a  été  démolie  en  loiO  par  le  comte  George  de  Wur- 
temberg, ainsi  que  l'atteste  une  inscription  au  d-^ssus  de  la 
porte  d  cfitrée  [Georg  Grave  zue  Slumjiritiarl  nnd  Wirkmherg. 
Dieatund  bringts  end\  iSiO).  Les  armoiries  gravées  sur  la 
même  table  ont  maibeureusement  offusqué  le  civisme  de 


ET  SES  HABITANTS 


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98 


BEVUE  D'ALSACE 


1789;  un  ciseau  par  trop  patriotique  les  a  fait  disparaître. 
Quelques  pierres  jiorlrnt  le  signe  de  l'architecte  iricumiu  (j^) 
qui  a  diriiié  les  travaux.  La  porte  d'eiitrée  mène  à  la  cage 
d'un  bel  e.scalier  tournant  qui  conduit  aux  deux  élages. 
L'aménagement  intérieur  a  été  trop  souvent  remanié  pour 
être  encore  reconnaissable;  c'est  à  peine  si,  aux  embrasures 
des  fenêtres,  une  ou  deux  colonnettes  sculptées  rappellent  les 
splendeurs  disparues  d'une  habitation  princière.  Un  jardin 
resserré  entre  le  château  et  le  mur  d'enceinte  de  la  ville, 
témoigne  des  modestes  prétentions  des  princes  et  princesses 
de  Uontbéliard.  Rien  n*a  dû  ressembler  moins  à  un  parc  que 
ce  petit  enclos,  que  la  culture  maraîchère  avait  sans  doute 
envahi  depuis  le  commencement 

Les  princes  avaient  leur  résidence  habituelle  à  Hontbé- 
liard;  mais  ils  venaient  de  temps  en  temps  visiter  leurs  pos- 
sessions alsaciennes  et  tenaient  alors  leur  cour,  soit  au  châ- 
teau de  Horbourg,  soit  à  celui  de  Uiqucwiiir.  C'est  dans  ce 
dernier  que  les  princesses  douairières  passaient  ordinaire- 
ment les  années  de  leur  veuvage. 

Le  premier  prince  dont  riiistoire  nous  donne  le  imui.  en 
conservant  le  souvenir  de  son  séjour  à  Riquewihr,  est  le 
prince  Henry,  sornommé  le  fou  (der  toile  Heinrirh).  Nous 
allons  raconter  sommairement  sa  vie,  si  pleine  de  péripéties 
émouvantes,  en  nous  aidant  surtout  des  Ëphémerides  de 
Duvernoy  et  de  Thistoire  des  comtes  souverains  de  Hontbé- 
liard  par  Tnefferd  (pp.  S57-277).  D  naquit  le  7  septembre 
1448  et  fut  élevé  à  la  cour  de  Bourgogne,  ainsi  que  son  frère 
atné  Eberfaard.  H  fut  destiné  à  Tétat  ecclésiastique  et  devint, 
en  1466,  coadjuteur  de  Tarchevéque  de  Mayence.  En  accep- 
tant ces  fonctions,  il  renonça  à  ses  droits  de  succession,  à  de 
certaines  conditions.  Aussi,  lorsque  sacrifié  par  son  arche- 
vêque, qui  le  congédia  le  17  août  1467  pour  complaire  à 
l'électeur  palatin  Fréiléric  le-Viclnrieux,  il  rentra  dans  la 
vie  civile,  ii  annula  sa  renoaciatiou.  Il  en  résulta  une  série 


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LE  CHATEAU  DE  RigUEWlHR 


98 


de  contestations  entre  les  deux  frères.  Enfin,  le  If  juillet 

1473,  intervint  le  \ra\[é.  d  Urach.  par  lequel  Henry  eut  l'usu- 
fruit (In  comté  de  Montbt  liard  et  de  la  seigneurie  d'ilorbourg- 
Riquewihr.  Le  27  décembre  suivant,  il  fit  son  entrée  à  Mont- 
béliard  avec  une  escorte  de  60  chevaux  et  entra  d'abord  en 
relations  trèf^  amicali-s  avec  son  turbulent  voisin.  Charles-le- 
Téméraire,  duc  de  Bourgogne.  Cependant  une  Ligue,  provo- 
quée surtout  par  les  cruautés  de  Pierre  de  Hagenbach,  ne 
tarda  pas  à  se  former  contre  le  prince  bourguignon,  et  bien 
que  Henry  n*ea  fit  pas  partie,  il  devint  la  première  Tictima 
des  ressentiments  qn^elle  réTeilla.  Se  fiant  aux  témoignages 
d*amitié  qa*il  avait  donnés  à  Charles,  Henrj  se  rendait  dans 
le  Brabant  pour  lui  soamettre  quelques  plaintes.  Arriré 
près  de  Thionvilie,  il  fut  arrêté  par  ordre  de  son  prétendu 
ami  et  incarcéré  à  Luxembourg.  Gela  se  passa  en  avril  J474. 
Au  mois  de  mai,  leliailH  de  Montbéliard,  Marc  de  Stein,  fut 
sommé  de  rendre  aux  Bourguignons  le  château  dont  il  avait 
la  garde  et,  pour  peser  sur  ses  décisions,  Henry  fut  conduit 
sur  le  glacis,  chargé  de  chaînes:  un  billot  était  prêt  et  à  côté 
se  trouvait  le  bourreau.  Ces  lugubres  apprêts  n'ayant  fait 
aucune  impression  sur  Stein,  Henry  fut  reconduit  dans  son 
cachot  de  Luxembourg  où  il  resta  jusqu'après  la  mort  de 
Charles.  Il  fut  remis  en  liberté  quelques  semaines  après  cet 
événement,  le  22  février  1477.  Hélas,  les  angoisses  qu'il 
avait  éprouvées  sur  le  glacis  de  Montbéliard,  la  longue  soli- 
tude au  fond  de  son  donjon,  avaient  troublé  son  esprit  A 
partir  de  cette  époque,  il  mérite  le  surnom  qui  le  désigne  dans 
^histoire  du  Wurtemberg,  Henry  le  fou.  Il  revint  à  Stuttgard 
dans  Taccoutrement  d*un  mendiant;  puis,  se  rappelant  son 
anden  état  ecclésiastique,  il  entra  dans  un  couTent  de  Stras- 
bourg. Son  oncle,  Eberhard-le-Barbu,  et  son  frère  aîné, 
Eberhard-le-Jeune,  n'avaient  point  d'enfants.  Henry  se  décida, 
après  deux  mois  de  retraite,  à  quitter  de  nouveau  le  froc,  à 
se  marier  et  à  faire  valoir  ses  droits  de  souverain.  Son  frère, 


9i 


BBVUB  D*ALRACB 


en  vertu  du  traité  d'Uracb,  lui  offrit  la  prindiMaté  de  Uont- 
liéliard  ;  Heory  se  rappelait  trop  bteo  les  désagréments  da 
▼oisinage  boargoignon  poar  accepter  purement  et  simple- 
ment. Il  arait  bien  rem  son  ancienne  résidence  et  on  lui 
avait  donné  pour  cadeau  de  bienvenue  deox  bœu&  gras  de 
la  valeur  de  quarante  florins.  Une  entrevue  qa'il  eut  avec 
son  frère  au  chftleau  de  Riquewihr  n*ent  pour  résultat  que 
de  confirmer  le  traité  d'Urach:  mais  les  ncgotialions  ronti- 
nuèit'iil  et.  le  20  avril  t49:2.  Henry,  en  vertu  tl'uii  nouveau 
traité  cuiiclu  à  Kiqucwilir,  parvint  à  taire  accepter  à  son 
frère  la  principauté  de  Montbéliard  contre  une  pension 
annuelle  de  aOOU  florins,  et  dès  lors  il  fixa  sa  résidence  dans 
notre  château.  Il  se  fit  relever  de  ses  vœux  ecdésiastiques 
et  épousa,  le  10  Janvier  1485,  à  Riquewihr.  Elisabeth,  fille 
de  Simon  Wecker,  comte  de  Deux-Ponts  et  de  Bitche.  Les 
traits  de  sa  vie,  que  les  anciennes  chroniques  rapparient, 
démontrent  le  trouble  de  son  esprit  D*un  côté,  il  cherchait  à 
racheter  la  dissolution  de  ses  mœurs  par  les  pratiques  d*une 
dévotion  toute  monacale.  Un  compte  de  ses  dépenses,  daté 
du  25  juin  1479  (rapporté  par  Ifuvernoy  sous  cette  date), 
contient  les  passages  suivants:  <  A  messire Gui  Tournemidi, 
curé  de  Montbéliard,  an  demi-florin  pour  avoir  ouï  Monsieur 
en  confession;  ledit  jour,  un  bichot  de  froment  à  M.  l'abbé 
de  Belchamp,  pour  avoir  aussi  ouï  la  confession  de  Monsieur; 
item  baillé  à  trois  prêtres  trois  gros  oisons  i)our  dire  trois 
messes  pour  les  trépassés,  pour  la  bonne  dévotion  de  Mon- 
sieur. »  Ce  jour-là,  la  conscience  de  Henry  devait  être  bien 
inquiète.  Il  est  vrai  qu'il  y  avait  de  quoi.  Voici  comment  Du- 
vernoy,  à  la  date  du  26  avril  148â,  décrit  sa  vie  à  Rique- 
wihr :  «  Toujours  à  la  recherche  d'argent  pour  satisfaire  ses 
fantaisies  les  plus  folles,  il  renvoyait  de  son  service  et  ban- 
nissait même  de  ses  terres  ceux  qui  lui  demandaient  le  rem- 
boursement des  sommes  quHls  lui  avaient  prêtées  ou  qui 
refusaient  les  avances  qu*il  sollicitait;  il  insultait  à  l'honneur 


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LB  CHATK4U  DE  BIQUSWIHR 


96 


des  femmes  et  des  filles  et  se  portait  aux  plus  grands  excès 
envers  les  maris  ou  les  pères  qu'il  avait  outragés.  Uo  jour, 
il  fit  battre  de  verges  son  aumônier  qui  lui  reprochait  de 
certaines  inbmies  quMl  avait  commises  dans  le  temple.  »  Un 
antre  jour,  il  pendit  de  sa  propre  main,  à  un  poirier  du 
jardin,  un  cuisinier  qui  lui  avait  cassé  un  flacon  d'essence 
de  roses;  c'était  pendant  le  carême  de  1490  (AkaHa^  1876, 
p.  284).  Sa  femme  accoucha,  le  6  février  1487,  d'un  fils, 
Clricli,  et  mourut  peu  de  jours  après'.  Le  pauTre  enfant, 
uuiqu»^  rejeton  de  la  dynastie  wurtembergeoise.  fut  perlé  pnr 
un  valet  tidele  à  Strasbourg,  caché  dafjs  une  corbeille,  car 
un  gentilhomme  du  voisinage  en  voulait  à  sa  vie.  De  là,  on 
le  tit  passer  dans  le  Wurtemberg,  où  Ët)erbard- le- Barbu 
l'adopta.  li  eut  à  la  cour  de  Vienne  une  excellente  éducation 
et  mérita,  par  sa  vie  traversée  par  d'étonnants  revers,  de 
porter  dans  l'histoire  le  nom  d'Uirich-rBpronvé  (<far  vieU 
geiM)  pour  le  distinguer  de  son  grand-père,  Ulrich  le  Bien- 
Aimé  (der  viê^feiMê),  Henry  se  remaria  Tannée  suivante,  le 
Si  juillet  1488  avec  Eva,  fille  du  comte  Jean  Vm  de  Salm.* 
Cependant  les  habitants  de  Riquewihr  supportaient  avec 
impatience  les  agissements  d'nn  prince  dont  Taliénation 
mentale  n'était  que  trop  évidente  :  contributions  capricieuses, 
corvées,  incarcérations  illégales.  Dans  leur  détresse,  ils 
s'adressèrent  «nx  doux  villes  impériales  de  Colmar  et  de 
Schlestadt.  Henry  avait  déjà,  en  1484,  acœrdé  à  la  bour- 
geoisie un  important  privilège  en  convertissant  en  une  rede- 
fance  fixe  des  contributions  en  nature  qu'on  lui  fouruiasaît 

*  Elle  fat  enterrée  dans  le  ehonr  de  la  eh^elle  Notre-Dame  à  Riqae- 
wihr.  Aa  dernier  sièele,  lorsque  l'ancien  sanctuaire  fat  conrerti  en  grange^ 

on  lisait  encore  sar  l'une  des  dalles  son  insci-iption  tnmulaii  '  \nno 
MCCCCLXXXVII  obiit  generosa  Domina  Elixahelh,  conutiitsa  de  Zu  ain- 
bnicken,  nata  de  Bilsch,  uxor  illuslris  coinitis  Heiinci  de  Wirtemberg  et 
^oiklbeluird.  cujui  anima  requiescal  in  pace. 

•  La  fiunille  de  Salm  élait  lorraine;  voir  ion  histoire  dans  Gbavibr. 
Hittoin  de  Smnt^DU,  Epinal  1836. 


96 


Bsvini  d'alsaob 


annucllemeut.  Il  y  avait  le  wingeirerf.  qui  consiitait  en  fiogt 
foudres  de  vio  (le  foudre  avait  10  hectolitres,  Toyes  Knig- 
Basse,  t Alsace  avani  4789,  p.  886  sq.;  le  merUm  geweif^qQi 
ee  payait  avec  20  lirres  pfennig  (te  pfennig  on  rappen  râlait 
8  deniers,  iàid.),  et  le  habergewerf  qui  comportait  50  quarts 
d^avoine.  Le  prince  consentit  à  convertir  ces  trois  sortes 
dimpôls  en  un  impôt  unique  qui  se  solderait  avec  468  flo- 
rins d'or  le  jour  de  la  Toussaint,  80  florins  le  Jour  de  la 
Saint-Jean-Baptiste  ;  cet  arîçent  était  dû  à  la  caisse  du  prince; 
en  uiitre.  33  lluriius  servaient  à  payer  le  obapelaiii  de  Notre- 
Dame,  dont  la  prébende  avait  été  fondée  par  lui  En  Tannée 
1489,  une  nonvelle  charte  conféra  aux  bourgeois  de  Rique- 
wihr  de  nouve  ux  privilèges  pins  importants;  elle  abolit  le 
servage  en  accordant  à  chaque  habiiant  le  droit  de  s'expa- 
trier; elle  exempta  les  Riquewîbriens  d^  l'incarcération  avec 
les  criminels  (dans  le  Diefflhurn  =  Diebsthurm)-,  ils  devaient 
être  emprisonnés,  le  cas  échéant,  dans  le  Wimnthumy  dont 
le  régime  était  sans  doute  plus  humain.  Le  prince  s*engageait 
en  ontre  à  ne  pas  attenter  à  la  propriété  de  ses  sujets,  à  ne 
pas  les  battre,  à  ne  pas  loger  chez  eux  ni  ses  valets,  ni  ses 
chevaux,  à  ne  pas  les  insulter,  à  ne  pas  permettre  à  des 
étrangers  dont  la  présence  pourrait  devenir  désagréable  de 
s'établir  dans  la  ville,  à  ne  bannir  personne  arbitrairement, 
à  tenir  la  porte  supérieure  ouverte,  sauf  en  cas  de  guerre,  à 
ne  pas  faire  de  coupes  dans  les  forêts  de  la  ville,  à  ne  pas 
molester  les  employés,  à  ne  pas  envoyer  les  bourgeois  au 
dehors  en  qualité  de  messagers,  à  ne  pas  faire  d'arrestations 
arbitraires,  à  s'en  rapporter,  en  cas  de  contestation,  à  l'arbi- 
trage d'Eberhard-le-Vieux,  du  comté  de  Uibeaupierre  et  des 
villes  de  Golmar  et  de  Schlentadt,  à  ne  pas  demander  plus  de 
quatre  jours  de  corvée  par  an'.  Les  stipulations  de  cette 
charte  ne  remplissaient  pas  les  caisses  du  seigneur  et  iJ  avait 

*  Nous  avons  publié  le  tfixie  des  dtax  charte»  daos  lUtaUia  de  187^ 
p.  967  iq.  • 


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L£  OHATEAU  DE  filQUEWIHR 


97 


besoin  de  beaucoup  d  argent;  aussi  arri?a-t-il  un  moment 

où  il  songea  à  rendre  Rîguewihr  è  réieeteur  palatin.  I!  était 
à^']k  en  route  pour  Heidelberg  lorsque  son  cousin  J'^herhard  le 
maiidii  à  StiiltganJ.  Henry  donna  dans  le  panneau  :  à  peine 
arrivé,  il  fut  arrélé  et  renfermé  au  château  d'Uraeli  (25  août 
1490).  Sa  femme.  Eva  de  Salm,  partagea  volontairement  sa 
captivité:  son  alTt-ction  inaltérable  lui  en  adoucit  toutes  les 
souffrances  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  le  16  avril  1519.  Sa 
Teure,  qui  le  4  février  1498  avait  donné  le  jour  à  un  fils, 
Georges,  revint  avec  lui  au  ch&teaa  de  Riquewihr,  où  elle 
mourut  le  86  arril  1531 S  Son  lils  arait,  par  un  traité  en 
date  du  98  juin  15i8,  renoncé  en  fiiTeur  de  son  frère  Ulrich 
à  tous  ses  droits  sur  le  duché  de  Wurtemberg  et  le  comté  de 
Montbéliard  et  8*était  réservé  la  propriété  des  seigneuries  de 
Riquewihr  et  de  Hbrbourg. 

Nous  n'a?ons  pas  à  raconter  id  les  destinées  de  ces  deux 
princes;  nous  nous  bornons  à  ce  qui  8*est  passé  au  château 
de  Riquewihr.  Nous  rappellerons  que  Ulrich  fut  mis  au  ban 
de  l'Empire,  que  ses  terres  furent  frappées  du  séquestre  par 
Ferdinand  d'Autriche,  et  que,  durant  ce  temps,  Riquewihr 
était  administré  par  la  Ré^'em^e  d  En  iisheim  (1519-lo^2G  i. 
Georges  rentra  en  grâce  bien  avant  son  frère  Ulrich,  mais 
ce  n'est  qu'en  1586  que  tes  deux  frères  purent  se  considérer 
comme  entièrement  libres  de  la  surveillance  autrichienne. 
Ils  s'empressèrent  d'introduire  la  Réforme  dans  leurs  diverses 
seigneuries  et,  en  1840,  Georges  reconstruisit  le  château  tel 
qu'il  existe  encore  aujourd'hui.  Georges  aFait  eu  à  la  cour 
de  son  frère  une  excellente  éducation  et  il  TâTiit  complétée 
à  lUni?er8ité  de  TObingne,  ce  qpi  ne  Tempécha  pas  de  auim 

*  Elle  tni  inhumée  à  côté  de  la  première  femme  de  son  mari  ;  on  a 
relevé  snr  sa  toinhc  dans  la  rhnnir  il'  rliapclle  Notre-haiiie  l'iin-Tip- 
tion  suivante  :  Anni}  MD.WI  die  XVI  Aprilis-  i>}>iil  (ji  nerma  duntiiui  Eca 
Comtli^M  m  W  irUmberg  et  Montbéliard,  nata  de  Hatins,  cujus  anima 
rtptMMeaiin  paee. 

noaT«Ue  Sérit  —  6*  Année.  7 


9e 


BBVUI  D*AL8ACB 


Ulrich  daos  861  expéditions  militaires.  Eo  15 J  9,  il  combattit 
à  eea  côtés  dans  la  guerre  coatre  la  Lîgae  sooabe  et,  après  la 
défaite,  défendit  à  la  diète  de  Worms  (15Sf)  les  droite  de 
son  aîné.  Il  obtint  de  la  maison  d'Autriche  une  pension  et  la 
permission  de  demeurer  an  château  de  Riquewihr,  On  feisait 
un  grand  éloge  de  son  affibilité  et  de  l'esprit  qui  régnait 
à  sa  petite  cour*.  Lorsqu'après  la  bataille  de  Lauffen  (18 
niai  lo34j  Ulrich  recouvra  sa  souveraineté,  Georges  devint 
gi  uverneiir  de  Moiilbéliard,  mais  se  relira  en  1542  daus  le 
château  de  Riqnewihr  qu'il  avait  fait  rebAtir.  La  Ligue  de 
Smalcalde  lui  attira  de  nouveaux  mallieurs.  il  dut  se  retirer 
à  Bàle  après  la  victoire  de  Charles  Qiiint.  Sur  ces  entrefaites, 
Ulrich  mourut  (6  nov.  1550),  et  lempereur,  humilié  par 
Maurice  de  Saxe,  signa  le  traité  de  Passau  (1552).  Georges 
fut  relevé  de  Tioterdit  et  son  neveu  Christophe  lui  céda  la 
propriété  béréditairu  de  Montbéiiard.  A  cette  époque,  il  était 
encore  célibataire;  mais  comme  Christophe  craignait  de 
mourir  ssjis  héritier»  il  engagea  son  oncle  à  se  marier.  Ce 
dernier  avait  alors  58  ans.  Il  épousa,  le  10  septembre  1555, 
à  Riqnewihr,  la  fille  du  landgrsTe  Philippe  de  Hesse,  Barbe. 
Sa  fiancée  n*aTait  que  19  ans.  Il  en  eut  nn  fils,  Frédéric  (né 
le  il  juillet  1556)  qui  continua  la  dynastie  wurtembergeoise 
après  la  mort  de  Louis  (ce  flis  était  né  à  Christopho  après 
que  son  inaria^i'  l'utiestc  ^Irrile  pendant  plusieurs  années). 
George:j  mourut  inopinément,  le  17  juillet  1558,  à  Deux- 
Ponts,  pendant  une  visite  qu'il  fil  à  son  heau-lVère.  Comme 
emblème,  il  avait  choisi  un  clepsydre  avec  la  devise  :  Die 
sttmd  bringts  end  (  la  lin  arrive  à  son  heure).  Nous  avons 
déjà  dit  qu'il  fil  graver  celte  inscription  au-dessus  de  la  porte 
d'entrée  du  château  :  il  introduisit  ces  mêmes  paroles  dans 
un  cantique  imprimé  dans  un  recueil  de  Zurich  {Neu>  Quang* 

^  Uni  hat  oMa  mU  iohker  fèntL  GnehiektùskkeU  Bof  gehalien,  doêx 
man  datinMn  auch  nicKt  MdU  «etiMs  CMcfccn  ye/Mm. 


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LE  CHATEAU  DE  RIQUfiWIHS 


àûcfiie,  Zurch  l/ei  Frosclunrcr,  2'  édit.  1540)*.  Georges  avait 
beiucoup  «ncctionné  Rniiiewihr  et  les  séjuiirs  qu'il  y  faisait 
ameiiaieiil  dans  la  petite  ville  tuules  le.s  splciultMirs  des  Yiîiles 
princières.  (juand,  déjà  sur  le  seuil  de  la  viL'illeîjse,  il  épousa 
la  jeune  princesse  de  liesse,  une  nombreuse  société  de 
princes  et  de  gtnLilshomnies  s'était  donnée  rendez-vous  dans 
le  cbAteaa.  U  y  avait  le  beau  p(\rc  du  fiancé.  Philippe  de 
Besse,  son  neveu  Gbrislophe*  le  duc  Wolfgang  de  Deux- 
Ponts»  Louis  de  Hesse,  le  margrave  Charles  de  Bade  (Durer- 
noy,  Epbémérides).  Par  le  contrat  de  mariage,  Riquewibr 
était  assuré  comme  douaire  à  Barl^e,  et  son  père  promit,  en 
date  du  10  août  1557,  que  les  privilèges  de  la  ville  seraient 
respectés  au  cas  que  sa  flUe  deviendrait  veuve  {JUmliia^  1876 
p.  S79).  En  vertu  de  ee  contrat.  Barbe  quitta  Montbéliard  le 
i\  novembre  1559  pour  s'installer  au  château  de  Riquewihr 
(Duvernoy.  1. 1. 1.  lî^lle  y  passa  de  bons  et  de  mauvais  jours. 
Parmi  les  preuiiers,  elle  comptait  sans  doute  les  visites 
qu'elle  reçut  de  la  part  de  ses  parents;  ainsi,  les  27  et  28 
juin  1562,  le  château  était  en  fête:  Christophe  de  VVurtem- 
t)erg  et  sou  lilâ  Louis,  Wolfgang  de  Deux-Ponts,  Louis  de 

'  Nous  empruntons  ces  ilélails  à  Koch,  Geach.  de.*  Kirchenltedft,  l.  I, 
p.  406  sq.  C«l  liistorie.)  cite  la  strophe  suivante  du  cantique  intitulé  : 
Dat  tdi  nil  kan  tfitui  tan;  la  signalare  ie  Georges  est  an  bas  de  cette 
pièce  de  rers  : 

Mcin  Gott,  erhalt!  —  trôst  bald! 
Erzcig  iTlir  Gnad!  —  HiltT,  raat! 
Làr  mich  die  welt,  ihr  gut  und  gâlt 

Um  ddnetmllen  âlicrge'ben. 
Die  Stond  bringts  end —  behend 
Folgt  bald  dcr  Tod      mit  noc 
Fallt  liîn  wies  laub,  —  zcrgadt  wîe  ttaub  ; 

Was  ist  mein  Heischlich  iâben? 
O  Jmu  Christ,  —  du  bist 
Des  lâbeiu  wâg,  stig  i  hiUT  mir  so  dirl 
Der  (Ht  mich  hast  gelttten, 
Verrert  [sic)  dîn  "blut  —  mir  z'gat, 

Tod,  tùfel  ûberstriuen. 


100 


BBVUB  D'ALSAGB 


H680e,  passèrent  ces  deax  journées  ches  lenr  parente  et,  le 

29,  continuèrent  leur  voyage  rers  Montbéliard,  Wolfgang  de 
Deux-Ponts  y  revint  du  14  au  16  mars  iriOi)  quand,  à  la  tête 
de  16000  reitres,  il  marchait  au  secours  des  huguenots  de 
France  (Duvernoy,  I.  I.):  il  était  l'oncle  et  le  tuteur  de  Fré- 
déric, le  fils  de  Georges^.  Parmi  les  mauvais  jours,  il  y  en 
avait  qu'elle  subissait  sans  sa  faute;  c'était  la  peste  qui 
envahissait  Riquewihr.  11  y  en  avait  d'autres  qu'elle  s'était 
attirés  elle-même.  Devenue  veave  à  Tâge  de  ans,  elle  ne 
sut  se  garantir  des  déporteroents  dont  la  mémoire  de  son 
pieux  mari  aurait  dû  la  préserver;  elle  eut  pour  amant 
Daniel,  comte  de  Waldeck,  et  en  eut  un  enfiint  mort-né.  Elle 
l*épousa  plus  tard  (août  1668)  et  entreprit  une  série  d*in- 
triguea  pour  lui  procurer  le  gouTemement  de  Montbéliard. 
Dépitée  de  n^avoir  pas  réussi,  elle  quitta  Riquewihr.  Après 
la  mort  de  son  second  mari,  elle  aurait  contracté  une  troi* 
sième  union  si  ses  parents  ne  Ten  avaient  pas  empêchée. 
Elle  mourut  le  H  juin  1597  (Duvernoy.  1. 1.,  Tuefferd,  p.  41 3). 
Son  contrat  de  mariage  devint  le  modèle  de  plusieurs  autres 
contrats  postérieurs.  Frédéric  épousa,  en  1580,  une  princeijse 
d'Anhalt  et  lui  assura  comme  douaire  les  deux  châteaux  de 
Riquewihr  et  et  de  Bilstein.  Cependant  les  guerres  de  reli- 
gion continuaient  sur  le  territoire  français.  Eu  1587,  un  corps 
de  ligueurs  envahit  la  principauté  de  Montbéliard.  Frédéric 
n*eut  que  le  temps  de  s'enfuir  arec  sa  famille  à  Riquewihr. 
Il  y  organisa  deux  compagnies  d'arquebusiers  qu'il  euToya 
au  secours  de  sa  résidence  menacée»  puis  se  rendit  à  Stutt* 
gard  pour  préparer  de  non?eanx  moyens  de  défense  (Tuef- 
lèrd,  1. 1.,  p.  485).  Lors  d*un  autre  voyage  dans  le  Wflrtem- 
berg,  en  1600,  il  arriva  an  château  avec  une  escorte  de 
160  chevaux  (Duvernoy,  I.  I.,  Tuefferd,  1. 1.,  p.  467).  Survint 
la  guerre  de  Trente-Ans.  Riquewihr  fut  pris  et  repris  par 
les  Lorrains,  par  les  Français,  et  les  salles  du  château  durent 
plub  d'une  fois  retentir  du  cliquetis  de^  armes  et  de  chan- 


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LB  0HATB4U  DS  BIQUSWmfi 


101 


sons  bachiques.  Vers  1643,  nous  y  trouvons  Anne  Eléonore, 
la  reuTg  de  Louis-Frédéric*.  Les  visites  militaires  que  la 
guerre  lui  amenait  ne  semblent  ne  lui  avoir  fait  qu'un  plaisir 
fort  médiocre;  elle  députa  à  Paris  les  deux  princes  ses  fils, 
pour  obtenir  la  protectioa  du  roi  de  France  (S8  août  1648); 
on  pense  bien  qnlls  ne  furent  pas  mal  accueillis  par 
Lonis  XIV  qui  ne  demandait  pas  mieux  que  d'étendre  son 
influence  en  Alsace.  Ces  deux  princes  s'appelaient  Frédéric- 
Léopold  et  Georges;  le  premier  (né  d'un  premier  lit  en  1694) 
Boccéda  à  son  père  en  16S1:  le  second  était  le  propre  fils 
d'Anne-Eléonore  (né  en  4636).  DeTenue  yeuve  après  six 
ans  de  mariage,  la  pauvre  princesse  cul  à  subir  toutes  las 
tribulations  de  la  guerre  de  Trente- Ans;  dès  1633,  elle  se 
réfugia  avec  ses  trois  enfants,  à  Bienne,  loin  des  hostilités 
dont  la  principauté  de  Montbéliard  allait  être  lo  théAtre.  Elle 
revint  à  Montbéliard  en  1639  et  ne  put  y  rester  longtemps. 
Des  jours  plus  tranquilles,  sinon  plus  heureux,  lui  étaient 
réservés  après  que  ses  fils  eurent  obtenu  à  Paris  une  décla- 
tion  qui  mettsit  son  douaire,  les  seigneuries  de  Horbourg  et 
de  Riqnewitar,  sons  la  protection  spéciale  du  roi;  délaissée  et 
presqu'oubUée,  elle  mena  I  son  cbâieau  une  We  de  prîTations 
et  mourut  dans  un  âge  fort  avancé,  le  7  septembre  1686.  Son 
corps  fut  transporté  à  Montbéliard  où  ses  obsèques  furent 
solennellement  célébrées  en  1701.  Son  flls  épousa,  le  fO  arril 
1648,  Anne  de  Ghfttillon,  arrière-petite-fille  de  Goligny  (Bul- 
letin de  la  Soc.  de  Thist.  do  prot.  fr.,  i854,  p.  53  sq.)  Il  en 
avait  fait  la  connaissance  à  Belfort.  chez  le  gouverneur  de  la 
place.  Gaspard  de  la  Suze,  époux  de  la  sœur  aînée  d'Anne. 
C'était  un  mariage  d  inclination.  et  pour  le  conclure  il  fallait 
lutter  avec  Torgueil  d'une  race  souveraine,  au  jugement  de 

'  Ce  prince  avait  été  marié  eu  premières  Doces  à  Elisabetli-Madeleino 
da  HasM-DariDStadl^  morte  eneouehesleQ  jnin  1624.  Il  époaaalelSiiui 
1025  Anne-Eléonore,  comtaMe  de  Nassaaf-SAarbrOek-Weillwwg,  etmoii- 
nit  eo  1631. 


103 


BByUB  d'alsacb 


laquelle  le  mariap:?  avec  une  fill»'  des  Ghâtillon  était  une 
.  mésalliance  Le  jeiuie  mén.i^'e  s'établit  au  chûteau  de  Hor- 
bourg  en  attendant  que  ses  démêlés  avec  son  frère  Léopold- 
Frédéric  fussent  vidés.  (]e  dernier  obtint,  en  ni.-iO,  l'investi- 
ture da  comté  de  Montbéliard  ;  Georges  obtint  Riquewibr  et 
Borboorg.  Les  temps  étaient  troublés;  les  guerres  de 
Louis  XIV  avec  TEmpire  se  décidaient  en  partie  sar  les 
champs  da  bataille  d'Alsace.  Ont  ainsi  qu'en  janvier  i65S, 
une  armée  lorraine  prit  ses  quartiers  d*hiver  à  Riquewibr; 
Georges  alla  se  réfugier  avec  sa  famille  à  Montbéliard.  Sa 
femme,  qui  était  calviniste,  s'obstinait  à  amener  une  fusion 
entre  las  deux  églises  protestantes,  sans  y  réussir,  comme  on 
le  pense  bien*.  A  la  mort  de  son  frère  (16(32),  il  lui  succéda. 
Il  trouva  le  trésor  vide,  les  caisses  du  gouvernement  '>béré»'s; 
pour  rétablir  ré(iiiilibre  dans  ie>^  finances,  il  dut  introduire  la 
plus  stricte  économie  dans  ses  dé[ieriscs  Aussi  fit-il  pauvre 
figure  lorsqu'il  vint,  le  12  janvii  r  107:2,  saluer  à  Sainte- 
Marie-aux-Mines  le  roi  de  France  Louis  XIV.  Il  faut  lire 
dana  les  mémoires  de  M"*  de  Montpenûer,  l'impression  qu'il 
fit  sur  les  courtisans  habitués  aux  magnificences  de  Ver- 
sailles :  <  Lorsque  nous  partîmes  de  Sainte-Marie-auz-Hines, 
dit-elle,  un  petit  souverain  ?int  saluer  le  roi;  c'était  le  prince 
de  Montbéliard,  de  Wurtemberg;  je  l'avais  vu  autrefois,  à 
Paris,  lorsqu'il  avait  épousé  M"*  de  Ghâtillon,  fille  du  maré- 
chal. Il  me  parut  affreux,  hnbillé  comme  un  maître  d'école 
de  TÎUage,  sans  épée,  avec  un  méchant  earosse  noir,  parce 

*  Anna  da  Coligny  était  trôs  attaehée  à  son  église;  elle  donna  à  la 
paroisse  réfonnée  de  Strasbourg  2000  écns  poor  loi  permettre  d'appeler 

un  past»'ur  de  lanfrui>  fruiraise.  M.  MaMior,  pasteur  de  cette  éjflis^  a 
publié  d  tn-^  II'  llidlclin  de  l'histoire  du  Prolrsiaitlisme,  IRôi.  p.  53  sq. 
trois  lettres  ilt'  sa  main.  dop'isiM^s  dans  les  arcliivirs  pantissiali's.  <  Son 
époux  était  un  parfait  honni'te  liotnim^,  mais  bizarre,  grand  lecteur  de 
la  Bible,  qu'il  aurait  loe  en  entier  quinze  cents  fois,  et  Inthérien  rifride. 
n  se  croyait  prédestiné  \  convertir  sa  femme»  qni  se  fit  luthérienne  le 
95  décembre  1062  >  (1- 1-  P*  54). 


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LE  CSUk.T&A.V  DE  BIQUEWIHB 


103 


quMl  portait  le  deuil  de  llmpératrice;  ses  chevaux  avaient 
des  housses  noires  jusqu'à  terre  el  ses  pages  et  laquais 
étaient  vêtus  de  jaune  avec  des  garnitures  de  rubans  rouges. 
Il  avait  quinze  ou  vingt  gardes  avec  des  casaques  de  même 
livrée,  assez  bien  montés;  il  mv  siouvient  que  toute  la  cour 
était  dans  un  même  carosse  ducjuei  on  vit  sortir  dix  à  douze 
personnes  pour  s'ea  faire  honneur.  >  C'est  au  château  de 
Riquewihr  que  s'étaient  faits  lea  préparatife  qui  amusèrent  si 
fort  M"*  de  Montpensier.  Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  des 
malheurs  politiques  qui  fondirent  coup  sur  coup  sur  ce 
prince;  durant  la  guerre  que  Louis  XIV  entreprit  contre  la 
Hollande  et  TEmpire  et  qui  se  termina  par  la  paix  de  Nimè- 
gne,  le  pays  de  Ifontbéliard,  après  avoir  été  traversé  par 
dinterminables  colonnes,  fut  occupé  par  une  garnison  fran- 
çaise ;  le  chef-lieu  fut  k  la  vérité  évacué  après  la  paix  ;  mais 
les  Chaml)res  de  Réunion  rognèrent  la  principauté  en  lui 
enlevant  qufitre  seigneuries.  L'épouse  de  Georges,  Anne  de 
Coligiiy,  avait  cherché  la  paix  et  la  tranquilité  au  château  de 
Riquewihr,  sans  les  trouver,  Une  invincil)lQ  mélancolie  Tob- 
sédait.  Son  frère  avait  embrassé  le  catholicisme  ;  sa  sœur 
avait  suivi  son  exemple  «  pour  n'être  avec  son  mari,  ni  dans 
ce  monde,  ni  dans  Tautre  •  ;  elle-même  avait  cédé  aux 
instances  de  son  époux  pour  échanger  le  calvinisme  contre  le 
luthéranisme;  sa  conscience  ne  parait  pas  avoir  été  tranquille 
à  (ie  sujet.  Elle  se  plaignait  d*ètre  délaissée  de  son  mari.  Elle 
mourut  désespérée  le  IS  janvier  1680.  à  Riquewihr.  Sa 
fille  Henriette  résolut  de  ne  pas  survivre  à  sa  mère  et  se 
laissa  mourir  de  feim^  Tous  sen  enfants  semblent  avoir  hérité 

*  Voici  comment  li!s  (iciix  acl-s  d  •  (li^r*"K  sont  inscrits  dans  le  registre 
niorlmiro  de  la  paroisse  protestante  ili'  Hiqnewilir  :  Dienslag  dm  il. 
Januar  (1680)  ist  seelig  im  lierai  entschlafen  und  verschieden  die  Durch- 
UtuehtigêU  FUrttint  und  Fraw,  Fraw  ÀnMf  Hertzogin  m  WûrUenlbtrg 
undt  Teekh,  Grœfj^n  zu  Mùmp^ardt,  Fraw  su  Heidenheim,  wutre  gn»' 
digtte  Landesfiirsttn  xmd  Fraw. 

Freitag  dm  i3  Jan»  itt  der  in  GoU  ruhenden  Frawen  Mutter  naekge- 


m 


BBVUK  D'ALSÂOS 


de  leur  môrc  nn  germe  de  sa  maladie  mentale,  notamment 
son  (lis  LÔDpold  Eberhard,  fameux  par  ses  immoralités,  et 
Anne  qui  fut  ap'uiagée  dCvS  villages  d  Ostheiin  et  d'Aubure, 
et  dont  les  folies  sont  presque  légerulaires*.  TiPS  MiscrJ/anea 
(Mniariensia  (dans  Ratugeher,  Calmar  und  Ludicig  XI T, 
Stutlg.,  1873)  racontent  d'elle  le  trait  suivant  :  «  Les  Wiir- 
tttmbergeois.  y  est-il  dit,  (ad  a.  1698)  eut  ua  singulier  sei- 
gnear,  le  duc  Georges,  et  nne  princesse  plus  singulière 
encore  qni  demeure  à  Rlquewihr;  on  pourrait  en  écrire  des 
lims.  Le  surintendant  Otho  est  mort,  il  y  a  un  mois*,  et  le 
pasteur  le  plus  ancien  du  pays,  Sdienrer,  fut  proposé  comme 
son  sneoessenr.  Celui-ci  ayant  refusé,  le  pasteur  Resch,  de 
Hanawihr,  fat  désigné.  G*est  alors  que  la  princesse  a  fkit 
opposition,  est  entrée  avec  un  coutelas  dans  l'église  pour 
arracher  le  pasteur  violemment  de  la  chaire,  au  grand 
scandale  des  partisans  de  celui-ci.  Après  cela.  M.  Scheurer, 
que  la  princesse  affectionne  beaucoup,  fut  appelé  à  la  surin- 
tendance.  > 

A  notre  connaissance,  la  princesse  Anne  fut  le  dernier 
membre  de  la  famille  souveraine  qui  résidât  dans  notre 
cbAteau.  Il  y  eut  sans  doute,  dans  le  courant  du  dernier  siècle, 
des  Tisitea  passagères,  mais  elles  n'ont  pas  laissé  de  traces 
dans  lus  ebrôniques.  Vers  la  fin  dn  siècle,  ce  vaste  bâtiment 
serrit  de  demeure  au  surintendant  des  églises  et  an  garde- 
général  des  forôts.  Etranges  destinées  de  cette  masslTe  babi- 

fo^«(  dté  IHtreJUattdU^iie  FrinxeMm.  Printmm  HIsnriea,  Ewixofm 

xu  Wwttemherg  und  Tecift,  Grœvin  zu  Mumpelgardtt  Frauwm  xu  Béif 

denheim,  der  CoU  nin  grmtzm  Tag  rliir  frirliihe  Aufi'rxti'Jiung  rerîeihen 
wolle,  uni  .1.  C.  ii'iUen.    Liîs  doux  princossi's  lureiil  enlfiréos  le  6  mars 
1680àMoulbéiiard.  Georges  ne  (juilta  pas  Kiquewihr  pour  celte  soleunité. 
'  Voir  GUAU»,  FouM  ^AUace,  p.  81. 

*  J6aa-H«iiry  Otho,  sarintendaiit  de  1080  à  1689.  Son  saceesMor  fot 

Jeaa-Nicolas  Schearer,  sur  lequel  on  peut  comparer  une  brochare  pur 
bliée  à  Coliuar  chez  I)fîcki>r.  170  (l;iii.s  laquelle  se  (roaTO  une  biographie 
et  les  sermons  prononcés  lors  de  i  enterrement. 


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LE  CUATEA.U  DE  BIQUXWIUB 


105 


tation,  où  le  brait  des  fdtes  alterna  si  flouveot  a?ee  les  tris- 
tesses des  pauvres  douairières!  Aujourd'hui,  les  salles  spa- 
cieuses du  premier  élagc  se  remplissent  dans  la  journée  de 
la  jeunesse  studieuse  de  Riquewihr,  et  les  alentours  reten- 
tissent, aux  heures  de  récréation,  de  ses  joyeux  ébats.  Du 
second  étage,  où  demeure  le  personnel  enseignant,  la  vue 
f^'étend  sur  la  fertile  plaine  d'Alsace,  avec  ses  populeux 
Tillages,  jusqu'au  Kaiserstiilil  et  à  la  Forét-Noire.  Splendeurs 
et  deuil,  tout  a  disparu;  la  aatare  est  restée  jeune  dans  sa 
▼erdojante  beauté. 

Ed.  Ensfelder, 

paaimw  à  B/tatwikr. 


DOCUMENTS 

POUR  SBRVm  A 

LA  NUMISMATIQUE  DE  L'ALSACE 


N"  6 


Contitfaçtu  italieniies  de  ^Mdqies  moiiuiMs  d'Alsaee 


On  se  rappelle  la  curieuse  contrefaçon  d'un  écu  de  Tarchi- 
duc  Léopold  par  le  prince  Syrns  do  Correggio.  contrefaçon 
dont  le  type  a  été  inspiré  à  la  fois  par  celui  de  Murba(  h  et 
Lure  [)our  le  droit  {LendegarÏHS  d.  g.  episropus  augusindii- 
nensis  p.  «.),  et  par  celui  des  écus  du  Tyrol  pour  le  revers. 
Celte  pièce,  peut-être  unique,  a  déjà  été  publiée  dnns  la 
Nwnimnatische  Zmtêchrift  de  1876,  et  reproduite  dans  le 
n*  8  d6  mes  Docoiniins  (pK  IV,  n*  1).  Elle  a  été  cédée  an 
llDsée  royal  de  Berlin  ptr  MM.  Egger  frères,  de  Pestb,  (piî 
ra?aîeiit  déooaYerte  dans  une  troayaiUe  faite  dans  la  Basse- 
Autriche.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  une  pièce  déjà  autsi 
connue,  mais  je  tenais  à  la  rappeler  ici,  parce  qu'elle  se  relie 
intimément  aux  monnaies  qui  vont  suivre. 

Presque  toutes  les  monnaies  courantes,  italiennes  et  étran- 
gères, ont  été  imitées  servilement  vers  la  ûn  du  XVII'  siècle 


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drux»  BOB  LIS  MomiAn»  AmCgNHBS 


107 


et  au  commencement  du  XVIII*  par  les  petits  seigneurs  de 
l'Italie  du  nord.  J^es  ateliers  de  Dezana,  Correggio,  Creva- 
coore,  Frinco,  Passerano,  etc.,  en  ont  jeté  pendant  un  assez 
long  espace  de  temps  des  quantités  considérables  dans  la  cir- 
culation. Les  numismatistes  se  sont  occupés  à  plusieurs  repri- 
ses de  ces  intéressants  monuments,  et  tout  récemment  encore, 
IIU.  D.  Promis,  Horel-Fatio,  Garlo  Kunz,  Bigi,  ont  consacré 
i  ce  sottes  des  monographies  assez  étendues  ^  Les  amateure 
qui  désireraient  approfondir  cette  question,  trouveront  dans 
les  ouvrages  cités  ci-dessous  tous  les  renseignements  dési- 
rables ;  quant  à  moi,  je  me  bornera!  i  étudier  les  contrefa- 
çons de  monnaies  alsaciennes,  qui  ont  échappé  pour  la 
plupart  aux  recherches  de  mes  devanciers.  Je  n'ai  jusqu'à 
présent  retrouvé  de  ces  contrefaçons  que  des  ateliers  de 
Dezana,  Correggio  et  Grevacuore. 


DEZANA 

AiUoâu'Mttrii  Tassemu  (1598-1641). 

HAGDENAU 

i.  —  ANT.  MAR.  TXT.  BL.  GOM.  DEC.  Via  IMP.  P.  — 
Dans  le  champ,  la  rose  de  Ha;Tucnau. 

Rf.  SVB.  VMBRA.  ALAR.  TVAR.  PROTEG.  —  Aigle 
d'Empire  chargé  en  coeur  du  globe  crudgère  avec  le 

chiffre  12. 

BIL.  D'après  un  calque  pris  dans  un  ancien  carnet  de 
changeur,  par  M.  Nessel. 

*  Consolter,  oalre  Hontori,  Bellini,  Argelati,  ZaDetti,  «te.,  la  mono- 
graphie de  H.  Costanzo  Gazzera,  parae  en  1842.  —  D.  Promis,  MoneU 

délia  Zrccn  dt  Dezava,  ISC).]  ;  —  Moref.-Fatio.  lifnnnaiea  int'dites  dê 
ppzana,  Frinro  et  Pnxst'rano,  dans  la  Kevu'î  nuini-itn  itique  de  IS'îô  ;  — 
BiGi,  Di  CaintUo  e  Siro  di  Correggio  e  délia  loco  zecca,  1870;  —  et 
enfin  rimportant  traTtil  de  N.  Carlo  Kvds  dans  le  Ftrioêko  di  ihtmit- 
fMtiea  ê  éi  SfirugitHea  de  1869. 


108 


REVUS  D'AL8A(S 


Ce  calque,  qui  était  accompagné  du  dessin  des  pièces 
décrites  fig.  2  et  3,  était  accompagné  de  la  note  suivante, 
qui  en  fixe  rémission  avant  1622.  Voici  la  teneur  de  cette 
note  :  <  Dièse  drei  Stûck  Dreybatxmr  sindt  <in  fahch  gepriig,  halten 
alU  drei  gattungen  die  mark  :  %  d^  géfta  69  sHkk  auf  die  mark;  so 
dit  réicksûiêkr  gilt  4  g,  /x/  dmer  nSck  eim  weré  kreutzer. 
il*  1622  den  5  Jamtar,  >  Le  DreybStzner  de  Hagoenau  sur  lequel 
est  copié  le  type  de  Ta  vers,  est  connu  ;  quant  à  celai  du 
revers,  il  est  pris  sur  un  dreibStzner  de  Jean-Rein  hart,  comte 
de  Hanau-Lichtenberg  (Berst.,  75).  Dans  Ténumèration 
des  titres,  le  sigle  BL  seul  me  semble  obscur.  —  Les  sei- 
gneurs de  Dezana  portaient  le  titre  de  vkarim  imper U  pet' 
fthott, 

lUJUKV'^JDBSElilBEaa 

2.  —  ANT.  M AR.  TIT.  BL.  COM.  DEC.  VIC.  IMP.  PE.  — 
Ecu  dont  les  pièces  sont  disposées  de  feçon  a  simuler  celui 
de  Hanau-Lichlenbcri,'-:  dessus  1621. 

Rf.  SVB.  VMBRA.  ALAR.  TVAR.  PROTEG:—  Aigle 
d'Empire,  chargé  en  cœur  du  globe  crucigère  portant  le 
chiffre  12. 

BTL.  Mod.  25  mm.  —  D'après  un  calque  pris  par  M.  Nes- 
sel  A  ce  calque  s'applique  la  note  précédente  relative  à  la 

valeur  intrinsèque. 

Cette  pièce  est  une  contrefaçon  de  la  pièce  de  Jean-Rein- 
hart,  décrite  dans  Berstett,  n"  75,  avec  la  date  1620. 

STRASBOURG 

3.  —  SICVT.  LILIVM.  lINTER.  SPINA&  —  Fleur  de 
lis  dans  le  champ. 

RJ.  MON.  ARG.  COM.  DEC.  VIC.  IMP.  PER:  —  Croix 
fleurdelisée. 

BIL,  Mod.  25  mm.  —  D'après  un  calque  pris  par  M.  Kes- 
sel. 

Type  bien  connu  des  Dreybàtzner  de  Strasbourg. 


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COXTHF.FACONS  DE  LA  MONNAli:  DK  STHASliOfKO 


rr.  2AÎJA 


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ÉTUD£  SUR  LES  MONNAIES  ALSACIENNES 


lOP 


4.  —  MONE.  NOVA.  ARGENT.  CO.  DEC  (XII)  -  Fleur 
de  lis  dans  le  champ  (pl.,  fig.  2). 

i^.  GLORIA.  IN.  EXCELSIS.  DEO.  —  Croix  fleurde- 
lisée. 

BIL.  Mod.  SB  mm.  —  C'est  la  contreÊiçoii  du  Ùrtjbitxtur 
bien  connu  de  Strasbourg  que  j*ai  feit  figurer  pl.  n*  1.  — 
D'après  une  gravure  existant  au  bas  d'une  feuille  imprimée, 
qui  est  1*  à  la  Bibliothèque  de  l'Université  de  Strasbourg; 
2*  à  la  Bibliothèque  municipale;  3*  chez  M.  Reuss.  Voici 
la  teneur  deTimprimé,  c'est  une  prohibition  dans  laquelle 
on  trouve  des  renseignements  curieux  : 

»<EA  ffij)cn  fymxL  9Reijler  m%  9lttt§  btefec  bcff  ^eçltgen  9let<^ 
^rei^en  3tra§bttrg,  ^tnnit  SnennigUc^tn  juniffen,  ba|  tu  biefec  9Re§, 
ein  fdfc^c  3i(bermtin^  eingefd^tid^en,  xotié^t  im  gepcSg  ben  l^te§tgeii 
<£traffburgif(^en  Xnepbâ^eoi  atlerbingS  gUic^,  aQetn  ba§  fte  auff  bec 
cincn  3eit^en  ein  anbcre  unnb  fïcmbbc  umbc)c^rifft  ^|0t,  xo'xt  bct  ^te* 
iinben  ftel^enbe  Hbtrucf  guerfennen  gtbt,  unb  fonflen  in  bec  $tob  gon^ 
gertng  ^attig,  unnb  ba^  ^iiiâ  ni(^t  uber  ein  $aQen  toert^  befunben 
UDorben,  bamit  nun  bie  untoiffenben  barinn  o^nubervort^etlt  fein  unb 
bletben  mogen,  ^at  molecmeltcr  @in  (S^rfamer  9{at^  bur(^  biefen 
offentli(^eii  ^{(^lag,  iebennenntgU(^,  9^>^t>nbbe  unb  ;^einiifc^e,  rao(met« 
seab  toarnen,  unb  gumal^t  ben  ienigen,  fo  ben  2^&ter  unnb  (Sinfc^faiffer 
nom^afft  mac^en  œirb,  ciner  bandbarUc^en  unb  mûrcfli^en  (lcfanbnu| 
^icmit  Derfic^ern  ttoÛen.  Decretum3ïîontag8  ben  29  i^unij  'finno  1629." 

Bien  que  Maria  Tizzonc  n'ait  pas  signé  cette  pièce  de 
son  nom,  cette  contrefaçon  ne  peut  être  imputée  qu  à  lui. 
Le  prototype  de  ce  Dreybàtzner  a  été  émis  depuis  1623,  et 
larrèt  du  magistrat  et  du  conseil  qui  la  décrit  est  de  1629. 

ÏS.  —  MON.  ARGNTEA.  COM.  (D).  VIC.  IM.  P.  —  Fleur 

de  lis  (pl.,  fig.  4). 

Rf.  IN.  HOC.  SIGNIO.  VI N  CES.  —  Croix  fleurdelisée. 

BIL.  Mod.  28  mm.  —  D'après  un  calque  pris  par  M.  Nes- 
sel  dans  le  catalof?ue  SilbermanUi  brûlé  dans  l'incendie  de 
la  Bibliothèque  de  Strasbourg.  —  Berstett,  p.  72,  a  donné 
de  cette  pièce  une  description  défectueuse,  d'après  le  même 
catalogue.  Elle  est  imitée  nn.  Dr^fbatsaur  de  Strasbourg, 
figuré  pl.,  fig.  3.  —  Le  D  de  l'avers  a  manqué  à  la  frappe. 


110 


SBTDB  O'ALSACK 


6.  —  MON.  ARGNTEA.  COM.  D.  VIC.  IMP.  —  Fleur 
de  lis  (pu,  fig.5). 

Rf,  IN.  HOC.  SIGNO.  VINCES.  —  Croix  fleurdelisée. 

BIL.  Mod.  28  mm.  —  Collection  Morel-Fatio,  décrite 
dans  ses  Mmmaies  budkis  de  Dexana^  Frhu»  ttPûsseramf  où  elle 
est  gravée  pl.  III. 

Cette  pièce  a*est  qu'une  variété  de  coin  de  la  précédente. 
«  Tout  porte  à  croire,  dit  M.  Morei-Fatio,  que  c'est  bien  à 
ce  Drej^âtsHer  que  foQt  allusion  les  registres  de  la  Monnaie 
deDezana.  Ils  disent  qu'en  1^1  on  envoya  au  graveur 
Porro,  à  Cazal,  entre  autres  coins  monétaires,  celui  de  la 
monnaie  cm  giglio  et  la  croct  >.  Le  prototype,  en  effet,  avait 
été  émis  en  16S0  pour  la  première  fois.  Berstett  dit  que 
l'ordonnance  qui  prohibe  le  cours  de  cette  pièce,  est  du 
29  juin  1629.  C'est  une  erreur. 


CREVACUORE 

STRASBOURG 

7.  — MONETA.  NOVA.  ARGENTEA.  -  Fleur  de  lis 
(pl.,  fig.  6). 

Rf.  SIMPLEX.  FLKhJN.  MAR.  CREI.  (I  I  final  est  sans 
doute  un  P  dont  la  boucle  a  lait  défaut  à  la  frappe], 

BIL.  noir.  Pds.  A'.VM.  —  Collection  Nesscl. 

Cette  pièce  doit  être  donnée,  d'après  ce  que  m'écrit 
M.  Morel-Fatio,  dont  la  compétence  en  pareille  matière  est 
si  reconnue,  à  l'atelier  de  Crevacuore,  en  latin  Crepicordia. 
La  légende  pourrait  alors  se  compléter  ainsi  :  SIMPLEX 
FLORENus  MARchionis  CREPicordcnsis,  mais  ses  ter- 
mes n'en  restent  pas  moins  fort  étranges. 


CORREGGIO 

J'emprunterai  à  Litta  {Familie  celehri  di  Italia)  quelques 
détails  sur  les  Correggio,  leurs  amis,  et  sur  la  vie  du  comte 


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ÉTDDB  SUB  LE8  MONNAIES  ALSACIKNNKti 


111 


Synis,  qui  se  rendit  coupable  de  tact  de  contre&çoDS.  — 
La  faisce  d'argent  sur  fond  de  gueules  est  l'ècusson  primi* 
tit  de  la  &mill6.  Comme  c'est  également  Técusson  de  la 
maison  d'Autriche,  on  avait  coutume  de  dire  que  les  deux 
Êimllles  avaient  la  môme  origine.  Cela  ne  déplaisait  pas  à 
la  &mille  des  Correggio,  qui.  souvent,  se  âîsait  appeler 
Carnggit  J'Austria,  L'identité  de  l'armoirie  n'est  qu'un  ha- 
sard, d'autant  plus  que  les  &sces  sont  fréquentes  dans  les 
armoiries  et  les  combinaisons  de  couleurs  limitées,  d'où 
beaucoup  de  Êimilles  ont  les  mêmes  armoiries  sans  avoir 
la  même  origine. 

Frédéric  III,  en  1458«  en  érigeant  en  comté  la  seigneurie 
de  Correggio,  concéda  à  la  &mille  l'aigle  de  sable  sur 
champ  d'or  et  deux  lions  rampants  d'or  avec  un  lis  d'or 
sur  la  tète  sur  champ  d'azur.  La  courroie  noire  avec  bou- 
de sur  champ  de  gueules,  est  un  emblème  tiré  du  nom. 
Le  chien  lévrier  fut  introduit  après  1247,  par  Guido  di 
Gherardo  de  Correggio  en  mémoire  des  fiimeuses  vic- 
toires remportées  contre  Frédéric  II,  dont  les  troupes, 
qui  assiégeaient  Parme,  furent  débites,  tandis  qu'il  était 
à  la  chasse. 

€  Syrus  naquit  en  1590  et  fut  légitimé  plus  tard  par  son 
père.  Le  30  mars  1615,  il  obtint  de  l'empereur  Mathias 
l'investiture  de  l'Etat  avec  le  privilège  de  primogéniture. 
Le  13  février  1616,  Mathias  érigea  Correggio  en  princi- 
pauté et  déclara  Syrus,  ainsi  que  ses  descendants,  prince 
de  l'Empire.  En  1620,  Ferdinand  II  confirma  ce  privilège. 
—  Syrus  devait  tout  à  la  gloire  de  ses  ancêtres  et  n'avait 
aucun  mérite  personnel.  En  1617,  une  curieuse  aventure 
qui  lui  arriva,  fit  beaucoup  parler  de  lui.  Le  dominicain 
Zambucari  se  plaignait  à  Syrus  de  ce  que  l'inquisition  ne 
fut  pas  suffisamment  soutenue  à  Correggio,  et  demandait 
la  remise  de  Giampaolo  et  d'Ottavio  Pestalozzi,  suspectés 
d'opinions  hérétiques.  Accompagné  d'un  détachement  de 
soldats  du  Saint-Offijc,  il  vint  à  Correggio,  s'empara  vio- 
lemment des  accusés  et  s'achemina  vers  Reggio.  A  cette 
nouvelle,  Syrus  fit  poursuivre  Zambucari,  ordonnant  dans 


lld 


son  indignation  qu'on  le  mit  à  mort  Le  Frère  fiit  atteint 
et  rotté  de  coups,  mais  il  n*obtint  pas  la  palme  du  martyre 
de  Saint*Pierre,  car  il  décampa. 

€  Paul  V,  irrité  des  conséquences  de  ce  scandale,  cita 
Syrus  devant  l'inquisition,  et  Synis  dut  se  constituer  pri- 
sonnier dans  les  cachots  du  Saint-OfHce  à  Milan,  où  il  ne 
tarda  pas  à  dtre  convaincu  de  son  délit.  Mais  le  pape,  à 
qui  de  graves  souds  apostoliques  faisaient  mépriser  les 
pensers  temporels,  et  apprenant  d'ailleurs  que  ks  Espa- 
gnols allaient  s'emparer  de  Correggio,  relâcha  prestcnrient 
le  criminel,  le  condamnant  à  élever  une  église,  qui  fut  la 
Madetma  deUa  Rasa. 

<  Des  aventures  plus  dangereuses  étaient  réservées  à 
Syrus.  Depuis  quelque  temps  déjà,  retentissaient  les 
plaintes  des  négociants  allemands  sur  la  falsification  des 
monnaies  dans  les  ateliers  italiens;  fraude  qui  leur  faisait 
subir  de  grands  dommages.  Les  princes  italiens  prouvèrent 
pleinement  leur  innocence,  mais  Syrus  ne  s'en  tira  pas 
ainsi.  En  1623,  à  la  mort  de  son  frère  Cosme,  avec  qui  il 
avait  toujours  été  en  ir.auvais  termes,  il  entama  une  que- 
relle avec  la  veuve,  dont  les  parents  ne  trouvèrent  rien  de 
mieux  que  d'accuser  Syrus  de  falsifier  les  monnaies.  Ce- 
pendant, la  guerre  entre  les  Français  et  les  Espagnols  au 
sujet  de  la  possession  de  la  Valteline,  avait  éclaté.  Correg- 
gio reçut  de  nombreuses  troupes  en  163U,  malgré  des 
diplômes  d'exemptions  signés  par  Charles  V,  Syrus  eut  à 
subir  mille  épreuves.  Tout  à  coup,  la  Cour  impèi  iale,  qui 
avait  eu  la  patience  de  passer  sous  silence,  pendant  huit 
ans,  l'accusation  de  faux-monnayage,  lui  laissa  voir  qu'elle 
n'avait  rien  oublié,  et  qu'elle  tenait  un  compte  ouvert  de 
ses  méfaits.  Syrus  reçut  l'ordre  de  se  rendre  à  Movellara 
devant  la  Commission  impériale. 

<  Poussé  au  désespoir  par  les  insultes  des  Espagnols  et 
par  l'avidité  des  Impériaux,  il  se  retira  parmi  les  capucins 
de  Saint-Martin,  dans  le  pays  de  Reggio.  Pendant  qu'il 
était  là  à  chercher  des  atermoiements,  son  maître-mon- 
nayeur,  Augustin  Rivarola,  fut  mis  en  prison  et  lui-même 


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tnn»  IDB  iMB  uwHàSBa  àLaÂoanam 


118 


tomba  en  contumace.  En  1631,  le  duc  de  Guastalla  prit 
possession  de  Correggrio  au  nom  de  l'Empereur.  La  confis- 
cation fut  maintenue  et  le  rachat  fixé  à  250,000  florins  d'or. 

En  1*333,  le  rc^'cnt  Villani  paya  la  somme  au  nom  du 
roi  d'Espaicne,  qui,  deux  ans  après,  céda  pour  le  même 
prix  Gorreggio  au  duc  de  Modéne.  Syrus,  des  lors,  ne  put 
se  relever,  et  les  lenteurs  de  Ferdinand  II  1  empêchèrent 
de  faire  valoir  ses  réclamations.  Il  vécut  dans  la  misère,  et 
cependant  la  confiscation  fut  reconnue  inique,  puisque  les 
dispositions  mon  Maires  de  l'Empire  en  1559.  et  la  Consti- 
tution de  Ralisbonne  en  l.")7(),  limitaient  le  châtiment  à  la 
suppression  de  l'atelier.  Il  mourut  Mantoue  le  25  octo- 
bre li>45.  La  principauté  confisquée  comprenait  essentielle- 
ment la  ville  de  Correg^io  avec  Campac^nola  et  Fabbrico, 
plus  Ls  bourgs  de  Mandriohj,  Mandrio,  Rio,  San-Martino, 
San-Biagio^  Fazano,  Fosdondo,  Ganoii  ou  Maadriolo-ie- 
bas.  > 

L'orif^nnal  qui  servit  à  Syrus  pour  ses  contrefaçons,  fut 
cntr'autres  le  DUkpJgnning {piccc  de  4  schillings  ou  teston), 
décrit  dans  Berstett,  p.  75,  ligne  1^»,  pièce  qui  a  dû  être 
fort  répandue  dans  son  temps,  si  l'on  en  juge  par  la  quan- 
tité d  exemplaires  qu'il  nous  en  reste.  On  le  trouvera  gravé 
sur  la  planche,  lig.  7. 

Syrus  copia  cette  monnaie  de  la  façon  suivante,  et  ne 
craignit  pas  d'y  mettre  son  nom  et  son  titre  presque  en 
toutes  lettres  : 

a  ~  GLORIA  :  IN  :  EXCELSIS.  DEO  f  —  Pleur  de  lis 
dans  le  champ  (pl.,  iig.  8). 

Rf,  MON.  NO.  ARGENT.  SYR.  AVSTRIAE.  P.  CO.  - 
Ecusson  à  la  fasoe  d'Autriche,  surmonté  d'une  fleur  de  lis. 

BÎL.  Mod.  31.  —  Citée  et  gravée  par  M.  Kunz  dans  le 
Periodtco  de  1869. 

Puis  une  autre,  simple  variété  de  coin  de  la  précédente. 

9.  — GLORIA:  IN:  EXCELSIS.  DEO.  —  Fleur  de  lis 
dans  le  champ  (pL,fig.9). 


lU 


BEVUB  D'iOtSAOB 


Rf.  MON.  NO.  ARGENT.  SYR.  AVSTRIAE.  P.  CO.  — 
Ecusson  à  la  fasce  d'Autriche,  durmonté  d'une  fleur  de  lis. 

BIL.  Mod.  30. —  Pièce  calquée  au  bas  d'une  ordonnance 
du  13  septennbrc  1617,  date  qui  doit  se  rapprocher  de 
celle  de  rémission  de  cette  monnaie.  V'oici  la  description 
de  cette  ordonnance,  conservée  1°  à  la  Bibliothèque  de 
l'Université  de  Strasbourg;  2"  dans  la  bibliothèque  Noiriel. 

»:|$aU)ation  eineS  ntt9^âlti$eii  6txaffburgid  unbt  iOfleneii^ifi^ 
WdtjfcnningeÔ." 

„S33ir  ^Qitg  Simon  oon  ©rumba^  ber  iDieifler  uniib  ber  9tû^t  bc§ 
ij^e^ligen  ^ei(^§  fce^er  <Statt  Sttaffburg,  fampt  unfern  ^eunben  ben 
<SUi  unb  3wûn^igen  t^un  ^icmit  funbt  iinb  jutoiffcn.  9îac^  bem 
obcrmaljtô  jmo  frcmbbe,  ntxot,  unb  ^ieunben  ad  Spatium  bi§  ^^rifn§ 
ûbgebnufte  SDîiicnÇ  Sortcn  alisier  cingcfc^leifît  unb  cor  Icftoiuii  obec 
Sed)êbat^nci  ûu^gegcbcn  irerben,  bcren  abcr  feinc  ubcv  bren  baç.cn 
obcr  xî'j.  '^Jfonninçî  ^iefigcr  SBc^ninçï  n^crt  ifï  :  ob  f(^on  bic  eine  auff 
einec  ^citcn  ebcn  tin  l'ol^cn  Sd^lag  unb  (Mcprcii}  mit  bcr  Titien  unnb 
Uuibî^rifft  glcid)  roic  uufere  atUjiev  gcuiiinçte  gcved)tc  3ed)-baÇnec 
fii^rct  :  unb  fo  nic^t  ^eitli(^  not^mcnbige  33alDirung,  (irinnctung  unb 
Avisation  crfolgen  foltc,  bcm  gemeinen  ÎRann  in  îluffgaben  unb  (£in= 
nabnten  piel  DeiluftîJ  unb  fdjaben  barauff  entfte^eu  foubtc.  3"  bc[)cn 
Doitomniuug  unnb  abroenbung  rooUen  rcir  bifniit  DJiacnnigltc^  gcroarnct 
unb  beric^t  ^aben,  baâ  \Q[à)t  frcmbbc,  geiing^dlttgc  unnb  Uugcrec^te 
3)iunÇen  nic^t  unfet  ©cprdg  fcijen.  iBic  SeÇen,  Crbnen  unb  rooUe» 
aud),  baç  biffe  oenneintc  3cc^ôbdçner  an  uufcrn  unb  gcmciner  (Statt 
^bUen  unb  (^cfoUcn  fiinftig  fiir  feiuf  sycjaljlung  ge^alten,  oicl  njcniger 
jemanbô  anbeiô  btffclbe  fur  ^Bc^rfc^ûfft  unb  îSejabUnig  in  biefcr  unfcrct 
Statt  an,^unel)men  jc^ulbig  unb  Dcibunbcn  fcin  foU.  Xarna^  fid^ 
^^dnntglid)  ^,u  ric^ten.  Actum  et  decretum  oambêtagsl  ben  13  sepumb, 
Afttu  Cbnsù  1617." 

Enfin,  une  troisième  contre&çon,  d'un  poids  et  d'un 
module  plus  &ible8,  est  décrite  et  gravée  dans  le  PerUdie» 
par  M.  Kunz,  qui  croit  qu'il  s'agit  là  d'un  demi-teston  : 

40.  —  GLORIA:  IN:  EXGELSIS:  DEO  —  Fleur  de  lis 
(pl.,  fig.  10). 


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ÉTUOB  8DB  LS8  M0NMA1S8  ALAA0IBNMB8 


116 


Rf,  MON.  NO.  ARGENT.  SYR.  AVSTRIAE.  P.  CO.  — 
Ecusson  à  la  fasce  d'Autriche,  surmonté  d'une  fleur  de  lis. 

BIL.  Pds.,  la  moitié  de  la  précédente;  mod.  29. 

Cette  pièce  «^e  trouve  également  gravée  dans  Hoffnunois 
Mûntuchlùssti  k  la  planche  44.  Elle  y  est  cotée  11  kreuzers 
au  pied  de  72.  et  SVs  au  pied  de  60.  La  deuxième  édition 
du  Mûtuzschluisel,  qui  date  de  1715,  réédite  la  pièce  avec  les 
mêmes  évaluations.  L'ouvrage  de  Hofiaaann  n'était  qu'un 
recueil  de  monnaies  courantes,  à  Tusage  des  changeurs, 
on  peut  en  conclure  que  cette  monnaie  a  été  commune 
dans  le  temps. 

Syrus  a  également  imité  le  teston  si  répandu  encore 
aujourd'hui,  de  Jean-Reinhard,  comte  de  Hanau  et  Deux- 
Ponts,  et  seigneur  de  Lichtenberg.  On  trouvera  l'original 
gravé  sur  la  planche,  fig.  11. 

11.  lOAN.  REINH.  COM.  IN  HANAW  ET  ZWEIBR 

—  Son  buste  nu  à  droite. 

J^.  DNS.  IN  LIECHT.  ET  OCH.  MAR.  ET  ADVO.  AR6. 

—  Ecu  écarteléau  premier  d'un  lion  de  gueules  sur  champ 
d'or,  à  cause  du  comté  de  Zweibrûcken,  au  deuxième  d'un 
lion  de  sable  sur  champ  d'argent  avec  encadrement  de 
gueules,  à  cause  de  la  seigneurie  de  Lichtenberg,  au  troi- 
sième d'un  écusson  de  gueules  sur  champ  d'or,  à  cause  de 
la  seigneurie  de  Bitche,  au  quatrième  de  deux  fiaisces 
d'aiigent  sur  fond  de  gueules  à  cause  de  la  seigneurie 
d'Ochsenstein  ;  sur  le  tout,  ècu  à  trois  chevrons  de  gueules 
sur  champ  d'or,  à  cause  du  comté  de  Hanau.  »  Dessus  la 
date  1606.  Mod.  29. 

Voici  maintenant  la  contrefaçon  : 

12.  —  DIWSS  QVÎRIN.  EPS.  PROTECTOR,  COR.  — 
Buste  A  droite  (pl.,  fig.  12). 

Rf.  SIRVS.  AVSTRIA.  SAC.  ROM.  IMP.  PRINC.  C.  ~ 
Ecu  destiné  A  servir  de  trompe-l'œil,  et  dont  les  quartiers 
sont  groupés  de  feçon  A  imiter  ceux  de  la  pièce  originale. 
La  frappe  est  défectueuse,  la  pièce  légère  et  A  bas  (itre, 
CMut  dt  BtrSn. 


Il  existe  une  autre  catégorie  de  monnaies,  dont  l'analogie 
avec  celles  de  Strasbourg  est  peut-être  intentionnelle.  Je 
veux  parler  des  monnaies  de  siège  de  Mayence,  de  1689 
qui  sont  toutes  fort  rares  aujourd'hui.  On  a  émis  à  Mayence 
des  florins  d'argent  {gant%e  Gulden],  des  demi-florins  {halbt 
GuUltn\  des  pièces  de  dix  sols  (  Orths-Gulden).  Toutes  ces 
pièces  portent  la  Icfrcndc  Gloria  in  excelsis  Deo,  qui  n'est  peut- 
être  qu'une  réminiscence  lurtuite;  mais  pour  la  moanaie 
suivante,  i'imitatioo  est  flagrante. 

Voici  la  description  de  la  pièce  originale  : 

13.  —  MONE.  NOV.  ARGENTINEN  :  —  Fleur  de  lis. 
Rf.  GLORIA.  IN.  EXCELSIS.  DEO.  —  Dans  le  champ, 

.11.  (  .SOLS.  I  1684  I  (pl.,fig.  14). 
AR.  Mod.  21.  —  Grtscbm, 

En  Toici  la  copie  émise  A  Mayence  : 

14.  —  MONE.  NOV  (3)  ARGENTEA.  —  L  entrelacés, 
formant  les  initiales  de  X^uis  XIV  (pl.,  flg.  14). 

Rf.  GLOR.  IN.  EXCELS.  DEO.  —  Dans  le  champ, 
.11. 1  SOLS  1 1689 1 

BIL.  Mod.  20.  —  Gruebm,  —  Collection  Meyer  à  Ours- 
camp,  etc. 

Ce  qui  contribue  à  donner  à  cette  monnaie  de  hiUm  le 
caractèred*unecontre&çon,  c'est  que, dès  le  1*' octobre  1689, 
c'est-Â-dlre  peu  après  son  apparition,  les  magistrats  de  la 
ville  de  Strasbourg,  après  en  avoir  ordonné  Tessai  et  Tavoir 
trouvée  à  bas  titre,  en  défendirent  expressément  le  cours. 
Cette  ordonnance,  qui  a  paru  en  français  et  en  allemand, 
mérite  d'être  publite.  Elle  existe  A  la  Bibliothèque  muni- 
cipale de  Strasbourg  et  à  l'Université  (fonds  Heitz). 

c  De  par  les  Magistrats  de  la  ville  de  Strasbourg.  Sur 
répreuve  ordonnée  par  lesdits  Magistrats,  les  Espèces  de 
Monnoyes  cy-dessous,  s*estant  trouvées  à  trop  bas  Tihre, 
très-expresses  inhibitions  &l  deffenses  sont  &ites  d'en  ap- 
porter en  cette  ville,  mettre  ni  recevoir  de  semblables  ni 


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<TDDS  SUB  LBB  1I0MMAIB8  ALSACilSNKBB 


117 


de  coinjs:  pareil  nouvellement  fabriquées  à  Mayence,  non 
plus  que  de  celles  déjà  cy-devant  décriccs  &  delTenduës, 
tant  dans  les  Bureaux  de  recepte  des  Droicts  &  Revenus 
de  cette  dicte  Ville,  que  par  aucune  autre  voye,  à  peine  de 
confiscation  des  dictes  Espèces  Et  seront  les  présentes 
defibnses  leuëes,  publiées  &  affichées  par  tout,  où  il  appar- 
tiendra, à  ce  que  chacun  ait  à  s'y  conformer.  Décrété  le 
Samedy  premier  Octobre  1689.  » 

^Dcmnûc^  ^icunten  ab^jctrutîte  Tliin^'<Borttn ,  htt)  Dorgenommener 
beren  %ïoh,  in  bem  fjalt  gar  gcring  befunben  worbcn;  aiS  tfl 
©rfatîbt,  bas,  gtcif^  tt)ie  anbcre  bcrcitâ  Dcrbottcnc,  ûtfo  au^  bicfe  unb 
fonftcn  mit  berglcijjen  «Stcmpffclm  in  bcr  Statt  2)îat)n^  gepr^ïgte  ncue 
SDtûnt^en,  ïrcbev  bel}  I)icfigen  ^bllcn  imb  GcfdUcn,  noàj  aud)  in  anberc 
iutcgc  nid)!  auyggfgotcn,  nod)  ongcnomnien  wctbcn  forien  ;  S3}ûrnû(^ 
fic^  icbciiuûnutglid),  bit}  Straff  bcr  Confiscation,  juric^ten  icijïen 
toitb.  Decretum  beij  Unfcrn  ©iiabigen  ^erien  bcn  S^nfîje^cn,  ©ambô» 
tagg  bcn  1.  Octohris  1689." 

Suivent  les  dessins  de  quatre  monnaies  obsidionales  de 
Mayence. 


NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR  LES 

HOiMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 

SuUê 


BRE7  (FRÉDâBic). 
1789.  Né  à  Strasbourg. 

1789.  Perruquier  à  Strasbourpf, 

Novembre  1792.  Membre  de  la  Société  des  jacobins.  Il  avait 
abandonné  le  peif^ne  pour  accepter  une  place  de 
portier  à  Strasbourr^, 

1798.  Le  club  le  déclare  propre  à  remplir  la  mission  de  sur- 
veillant de  la  ville,  principalement  à  l'objet  des  assi- 
gnats, la  monnaie  nationale  d'alors. 

Octobre  1794.  Il  ne  fait  plus  partie  des  jacobins  et  retourne 
à  sa  boutique  de  la  rue  des  Sept-ilouimes. 

BRONNER  (FfUMCOis). 

11  décembre  1793.  Sa  dénonciation  contre  Fémigré  Schné- 
ringer,  de  Oambeheim,  est  renvoyée  par  le  Comité 
de  sunraillanoe  et  de  sûreté  générale  da  Bas-Rhin  à 
l'administration  du  district;  mais  la  femme  Schnérin- 
*  ger  sera  emprisonnée  demain,  son  mari  étant  absent 


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LES  HOMMES  DK  LA  RÉVOLUTION 


119 


BRUAT. 

n  était  le  père  d'Ârmand-Joseph  Bruat,  commandant  de 

Tescadre  de  la  mer  Noire  en  1854. 

4  décembre  1793.  Le  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  charge  Nestlin  de  se  rendre 
chez  Bruat,  accusateur  près  le  tribunal  militaire  de 
l'armée  du  Rhin,  pour  le  renseigner  sur  la  condite  de 
Louis  Schaeffer,  conducteur  de  la  trésorerie  de  Vannée 
du  Rhin,  accusé  et  détenu  pour  suspicion. 

18  décembre  — .  Le  môme  Comité  arrête  qne  la  lettre  et  les 
notes  du  général  Dièche,  concernant  des  militaires 
malades  ou  supposés  tels,  séjournant  à  Strasltourg, 
seront  envoyées  à  Bruat,  à  Teifet  d'y  statuer  dans  sa 
sagesse. 

Il  devra  examiner  strictement  Schwahn,  chirur- 
gien, né  sujf^t  alleman"!.  et  surveiller  tous  les  étran- 
gers, la  pUi[);irt  traîtres  et  conspirateurs  contre  la 
République.  Ses  observations  seront  soumises  aux 
représentants  du  peuple. 

BRUDER  (Jban). 

1722.  Né  à  Strasbourg. 

Avant  1789.  Marchand-tanneur  au  faubourg  Blanc,  n"  75. 
1792.  Commandant  les  vétérans,  il  est  reçu  membre  de  la 

Société  des  amis  de  la  Constitution,  d'où  il  passe  aux 

jacobins. 

25  octobre  1794.  Il  y  est  encore  comme  teL 

BRUNCK  (Charles). 

Novembre  1703.  Un  ancien  chanoine  qui  a  abjuré  avec 
trente-six  autres  prêtres  des  deux  cultes  dans  le  tem- 
ple de  la  Raison  à  Strasbourg. 

BUHRËR  (Jban-Fb«déB]c). 

1746.  Né  à  Stnui>ourg. 
Ayant  1789.  CSoidonnier. 


120 


179t.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  GonstUotioii  au 
Bfîroir. 

7  février  1792.  H  y  reste  avec  les  jaooMiiB. 

25  octobre  1794.  U  y  est  encore. 

BURY  (J.-LoubX 
de  Weethoffen. 

S5  Septembre  1793.  Proposé  membre  du  diatiiet  de  Stras> 
bourg  parle  CSomlté  de  stinreQIaiioe  et  de  sûreté  géné- 
rale du  Bas>Bhin. 

7  février  179  t.  Président  de  ce  district,  il  accqite  un  don  de 
la  Société  des  jacobins,  consistant  en  une  toque  d'or, 
une  d'argent,  deux  bonnets  de  femme,  Fun  brodé, 
l^autre  de  drap  d'or,  plus  un  bracelet.  Les  toques  pour 
être  déposées  sur  le  bureau  de  la  Convention  natio- 
nais  à  titre  d^échantillon. 

96  février  n  atteste  avec  les  membres  du  Directoire  et 
ses  collègues  du  district,  la  vérité  des  fidts  contenus 
dans  la  lettre  d'aoeusation  contre  K  Schneider  en 
date  de  ce  jour,  adressée  au  Comité  de  salut  public 
de  la  Cîonvention  nationale. 

17  avril  Président  du  Directoire  du  district  de  Stras- 
bourg et  oui  ragent  national,  il  invite  le  Comité  de 
surveillance  de  la  commune,  de  &ire  arrêter  et  fouil- 
ler les  courriers,  malles  et  paquets  arrivant  de  tous 
les  points  de  la  République,  et  d*envoyer  au  devant 
des  courriers  des  commissaires  qui  les  accompagne- 
ront jusqu*en  ville. 

3  août  — .  En  la  même  qualité,  il  signe  une  adresse  de  con- 
doléances à  la  Convention  nationale,  lors  de  la  décou- 
verte de  la  conspiration  ourdie  contre  eUe  par  Robes- 
pierre et  autres. 

17  janvier  1795.  Le  représentant  Bailly  lemaintient  membre 
du  Consefl  général  du  district  de  Strasbourg. 

1797  et  1798.  Nommé  président  de  radministration  muni- 
cipale du  canton  de  Bouxwiller. 


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UB  BOmOS  XXB  LA.  BÉVOLUTION 


m 


BUTENSGHŒN  (Frédérig). 

Un  allfmnnd  du  Ilolstcin,  attaché  avec  Schneider  à  la  rédac- 
tion du  petit  journal  ïArgos,  fondé  à  Strasbourg»  le 
6  juin  1792. 

Du  janvier  1793  au  17  juin  1794,  il  a  encore  publié  avec 
Engelbach  et  Scbweighseuser  ûls  le  Wie^fo,  une 
feuille  in-^o. 

Id  mars  1798.  Dans  VArgo8,  ïL  donne  sa  profession  de  foi  m 
extenso» 

14  mai  — .  Membre  du  comité  de  correspondance  des  san»- 
culottes»  il  attaque  le  député  RQhl,  rayé  des  jacobins» 
comme  champion  des  royalistes.  H  fùlmine  contre  le 
CSomité  de  défense  générale»  le  général  Dumouriez  et 
le  député  Guadet  de  la  Gironde»  et  termine  en  deman- 
dant une  commissicm  pour  suivre  pas  à  pas  les 
menées  de  ce  Comité  et  la  conduite  des  septites  du 
marais.  Son  rapport  sera  «  propre  à  dessiller  les  yeux 
à  un  tas  dHmbécUles»  qui  sont  engoués  de  tous  les 
scélérats  qui  travaillent  à  notre  ruine.  • 

8  septembre—.  Secrétaire  du  Comité  de  surveillance  des 
jacobins»  il  dénonce  au  Conseil  municipal  quMlexiste 
en  ville  des  monstres  quMl  doit  chasser»  étouffer. Un 
des  principaux»  c^est  Gombaud,  préposé  de  la  Cham- 
bre des  logements  militaires;  journellement  il  ose 
insulter  nos  braves  firères  d'armes  d*une  manière 
atroce  et  révdtanta  H  faut  nous  en  délivrer  au  plus 
vite. 

18  octobre  H  assiste  à  la  réunion  populaire  tenue  dans 
le  temple  de  la  Raison»  et  nous  apprend  que  tous  les 
assistants  sont  rentrés  chez  eux  avec  la  joie  qnlnspire 
un  événement  aussi  important 

4  novemlars  — .  H  reçoit  ordre  de  Saint  Jnst  de  &ire  parve- 
nir au  maire  Monet  la  liste  des  citoyens  choisis  par 
la  Société  des  jacobins,  pour  composer  la  nouvelle 
municipalité^  ce  quMl  eotéeute  à  llieure. 


1211  BKYDB  O*ALSA0B 

5  noyembre  1703.  H  est  nommé  offlder  mmiidpal,  en  aa 

qualité  d*ex-interprôte  da  département. 
18  novembre  — .  Secrétaire  des  Rans-culottes»  il  fidt  appel 
aux  Sociétés  affiliées  : 

Frères  et  amis  ! 

jtistiœ  nationale  c(  le  «tlut  de  la  République  sont  enfin  à 
l'ordre  du  jour;  nous  avons  jiiro  la  Répulilitiui  une  et  indivisi- 
ble, qu'elle  triomphe  ou  que  nuus périssions  tous!...  Venez,  frères, 
lauvons  «ueiiiMe  ta  ehon  pabliqna,  on  nchoos  nons  ensevelir 
BOUS  ses  déocmbres.  Envoyes-ooiu  des  oomiiiissalres»  ils  nous 
aideront  de  leurs  luBKfes,  tb  w  sacrifieront  avec  DOQS  plHir  ta 
République  ;  <  t  tous  ensembta  nous  ta  ferons  triompher  oa  bien 
nous  périrons  avec  elle. 

17  novembre  — .  La  propagande  tient  sa  séance  d'ouverture 

en  présence  de  toutes  les  autorités  constituées  et  des 

Sociétés  populaires,  conviées  à  cet  elïet  dans  le  temple 

de  la  Raison.  Butenschœn,  dans  VArgos,  nous  en 

donne  une  pompeuse  description  : 

Nous  quittâmes  I  hôtfl  di'  ville  en  trèsi^rniid  nombre,  bras  des- 
sus, bras  dessous,  |>our  nous  rendre  k  la  calhclrale,  où,  sur  les 
4  heures  du  soir,  la  séance  fut  ouverte  au  cliani  de  l'hymoe  ; 
Amm  meré  de  la  pairie. 

2  décembre  .  Saint-Just  et  Lebas  ayant  chargé  la  muni- 
cipalité de  Cadre  abattre,  dans  la  huitaine,  tontes  les 
statues  de  pierre  qui  sont  autour  de  la  cathédrale, 
Btttenschœn,  offlder  municipal,  s  y  opi^ose,  ce  qui 
n*empécha  pas  les  vandales  d*en  détruire  passé  deux 
cent  cinquante,  sans  compter  les  figures  en  bosse, 
les  bas^reliefe  et  les  pommes  de  pin  des  colonnettes. 

18  décembre     Dans  VArgos,  il  entre  dans  des  détails  sur 

le  départ  de  Barr  de  son  ami  et  collaborateur  Euloge 
Schneider,  sur  son  entrée  à  Strasbourg  et  son  arres- 
tation. Â  partir  de  ce  jour,  il  reste  seul  rédacteur  de 
VArgùs, 

97  décembre  — .  Il  apostille  une  lettre  collective  qui  devait 
être  remise  à  la  Convention,  par  ces  mots  : 

Schneider  n*s  pa  me  tromper,  car  il  nï  Jamnte  cessé  d>gir 
afoe  one  droltare  sens  exemple.  Je  sota  prêt   mourir  avec  loi. 


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XJE8  HOMMBS  DB  LA  BÉVOLUTIOM  liSS 

10  jan\ier  1794.  Arrêté  avec  d'autres  par  ordre  de  fiaudot 
et  Lacoste,  et  devant  être  transférés  à  D^on  comme 
suspecte  et  dangereux  ;  seul,  il  resta^  on  ne  sait  trop 
comment,  prisonnier  à  Strasbourg,  où  il  put  oonti> 
nuer  son  Argos  jusqu^au  16  juin  1794»  pour  prendre 
ensuite  le  titre  de  Qironique  républicaine. 

Seulement  sept  mois  après,  et  peu  de  jours  avant 
la  chute  de  Robespierre.  27  juillet  1794,  quand  la  ter- 
reur à  Strasbourg  était  à  son  apogée,  il  fut  trnnsportô 
et  empt  isonné  à  Paris;  mais  cet  évéuemeul  lui  ren- 
dit la  liberté. 
De  retour  à  Strasbourg,  il  se  voua  à  Tinstruction. 

1796.  Secrétaire  en  chef  de  Tadministration  municipale. 
Plus  tard,  professeur  d'histoire  à  Técole  centrale  de 
Colmar;  cette  institution  ayant  été  supprimée  en 
1800,  il  remplaça  Marquaire  comme  hibliothécaire- 
archiviste  dans  la  môme  ville,  mais  pour  peu  de  temps, 
ajrant  été  nommé  plus  tard  recteur  de  TAcadémie  de 
Mayence  sous  Napoléon  I". 

Mort  à  Spire,  conseiller  du  roi  de  Bavière  et  direo> 
teur  des  études. 

J.-D.  Wolff,  à  la  page  96,  en  fait  un  volontaire  en 
Vendée  et  le  qualifie  d^honnète  homme  et  de  bon 
citoyen. 

GAILLET,  aussi  GALEY. 
Un  propagandiste  venu  de  Bar«ur-Aube. 

2déceml>rp  1793.  Avec  son  collègue  Cayon,  de  Nancy,  il 
trouve  bon  de  dire,  avant  son  départ,  aux  Strasbour- 
geois  : 

Nous  pourrons  assurer  dans  nos  départements  que  les  saris- 
orioltes  de  Struboorg,  débsmisés  de  tons  les  artisans  de  la 
GODtre  révolution»  souffriront  la  mort  pIntAt  que  de  cesser  d*étre 
libres. 

19  décembre Aux  jacobins»  il  vote  la  mort  des  contre- 
révolutionnaires  et  des  suspects. 


m 


BVraa  D'ALSâOB 


CAIRE  (Gashob-M.). 

1729.  Né  à  Iloni-Ly on. 
Â'vant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 
Janvier  1791.  Membre  de  la  Sodété  des  amis  de  la  Ck>nstl- 
tution. 

7  février  1793.  Membre  de  celle  des  jacobins. 

18  janvier,  8  octobre  et  5  novembre  1798.  Elu  notable  de  la 

commune. 
S5  octobre  1794.  Encore  aux  jacobins. 

CAJ^TREZ  (Charles). 

1768.  Né  ;\  Fresselino.  district  de  Ouérct. 

Avant  1789.  Simple  petit  commis  aux  (''(Tilures  à  Paris, 
d'où  il  arriva  quelques  années  après,  comme  employé 
des  subsistances  militaires  à  Strasbourg. 

Juin  1793.  Membre  des  jacobins 

20  mai  1794.  Président  du  Comité  de  surveillance  de  la 

commune  de  Strasbourg,  il  dénonce  au  comité  de 
surveillance  du  premier  canton  de  Ct)lmar  Tammei- 
stre  Lemp  avec  ordre  de  s'assurer  de  sa  personne  et 
de  le  faire,  transporter  de  suite  dans  la  prison  de 
Strasbourg  comme  suspect;  mais  les  jacobins  de 
Colmar  ayant  éludé  la  mesure,  il  leur  mande  que  le 
style  de  leurs  deux  réponses  ne  l'a  pas  peu  surpris, 
car  lui  et  ses  deux  collègues  ont  pu  y  voir  qu'ils  s'oc- 
cu[)aient  beaucoup  plus  à  défendre  Lemp  et  à  traiter 
Taffaire  plus  comme  tribunal  (^ue  comme  Comité  de 
surveillance,  ajoutant  :  un  tribunal  juge  d'après  les 
pièces,  un  comité  de  surveillance  d'après  Topinion 
publique,  qui  ne  saurait  se  tromper  sur  les  principes 
et  la  conduite  politique  d'un  individu. 

21  mai  — .  D  dénonce  au  Comité  de  surveillance  de  Bor- 

deaux un  sieur  Siccard,  ex-commissaire  des  guerres, 
attadié  au  eorps  d^armée  de  Lafàyette,  suspecté 
d*avolr  été  son  agent  et  eelui  du  guiBotiné  Dietridi, 
et  qui  doit  occuper  une  place  dans  une  administra- 
tion à  Bordeaux. 


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I 


UB  HOmiBS  SB  LA  BtVOLUTION 


80  mai  1794.  Sa  lettre  à  Ruault,  agent  en  chef  du  service  des 
fourrages  à  Parmée  du  Rhin  à  Landau,  n'est  qu'un 
acte  d'accusation  contre  Michel  Mathieu  de  Faviers, 
Tex-intendant  militaire  de  Tarmée  du  Rhin. 

5jain — .  Dans  une  autre  au  Comité  de  sûreté  générale  de 
la  Convention  nationale,  il  fait  de  nouveau  le  dénon- 
ciateur, renvoyant  au  représentant  du  peuple  Louis, 
qui  pourra  le  mieux  renseijçner,  il  ne  nomme  pas; 
mais  on  peut  rcconnaitre  qu'il  s'agissait  deSainWust 
et  Lebas  alors  à  Paris. 

GàPITAIN£ 

Envoyé  par  Châlona-eur-Maroe  comme  membre  de 
la  propagande  pour  apprendre,  le  d  décembre  1798» 
aux  Strasbourgeois,  que  la  Terreur  miae  à  Tordre  du 
jour  par  des  représentants  montagnards»  avait  atterré 
les  malv^Uants.  ■  Noos  vous  avons  parlé  an  moment 
où  ils  s*y  attendaient  le  moins»  et  aossitAt  voua  vous 
êtes  élevés  à  la  hauteur  de  la  révolution;  et  nous 
avons  eu  en  vous  une  nouvelle  preuve  que  le  vrai 
peuple  est  partout  digne  de  la  liberté.  • 

GâRL  (Jban-Frédéric). 

1791 .  Précepteur  à  râtelier  de  filature  de  lin,  rue  Ste-Claire. 

1793.  Instituteur  dos  classes  enfantines  à  Strasbourg. 

21  novemljre  1793.  Il  écrit  au  maire  Monet  : 

Au-des.sus  de  luus  les  prt'jugês  et  in^sléres  de  la  religion,  j'ad- 
hère dans  mon  état  dlnstitoteur  anx  seuls  et  simples  principes 
de  la  salue  raison,  et  déclare  que ,  dans  cet  état.  Je  ii*eiiseigiienl 
lien  que  la  simple  morale  de  la  nature. 

Membre  de  la  Société  populaire  ou  des  jacobins  au 
Miroir. 

GABL  (PHiLiPPB-jACQin»). 
1755.  Né  à  Strasbourg. 

Avant  1789.  H  exerçait  Pétat  de  sellier  à  Straêbourg. 

21  janvier,  8  septemîare,  5  novembre  179S,  80  janvier  et  28 
avril  1794.  Elu  notable  du  Conseil  général  de  la  com- 
mune. 


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126 


Juin  1794.  Reçu  membre  de  la  Société  des  jacobins, 
2  août— .  Le  maire  Monet  ayant  annoncé  que  le  corps 
municipal  avait  arrêté  que,  dès  que  la  conspiration 
découverte  à  Paris  serait  confirmée,  il  serait  envoyé 
à  la  Convention  nationale  uae  adresse  pour  rassurer 
de  sa  fidélité  dans  Texécution  des  lois  émanées  de  la 
représentation  nationale,  Garl  s^empresse  d*adhérer. 
25  octobre  — .  D  est  encore  aux  jacobina 

GâRNOT  (LAZABfi-NiGOLAS-MARauEaiTE  Comte  de). 

13  mai  1758.  Né  à  Nolay  en  Bourgogne. 

1771.  A  dix'huit  ans,  dans  Parme  du  génie. 

1783.  Son  âoge  du  maréchal  de  Vauban  fiit  couronné  par 
TAcadémie  de  D^on,  et  son  essai  sur  les  mathéma- 
tiques obtint  un  grand  succès.  Il  n'était  alors  que 
capitaine,  quand  le  prince  Henri  do  Prusse  lui  pro- 
posa d'entrer  dans  les  armées  de  Frédéric;  il  refusa. 

1791 .  Partisan  des  principes  de  1789,  le  département  du 
Pas-de-Calais,  où  il  était  alors  en  résidence,  le  nomma 
(U'^puté  à  FAssemblée  législative. 

10  août  1792.  Api  os  là  déchéance  du  roi,  les  nouveaux 
ministres  de  la  Convention  envoyèrent  des  commis- 
saires à  Tarmée  et  dans  les  département^),  avec  pou- 
voirs étendus;  Carnot,  qui  se  trouvait  à  Tarmée  du 
Rhin,  fut  désigné  pour  Strasbourg  avec  trois  autres. 
Prieur,  Ritter  et  Dentzel.  Ils  avaient  pour  mission  de 
s'enr[ut'Tir  de  Tcsprit  des  populations,  de  les  tran- 
quilliser, ainsi  que  les  fonctionnaires  et  rarm»''e  sur 
les  graves  événements  qui  venaient  de  s'accomplir  à 
Paris,  d(i  prendre  toutes  les  mesures  pour  assurer 
Tordre  et  la  sécurité,  et  même,  au  i)esoin,  de  procéder 
à  répu  ration  de  tout  ce  qui  voudrait  s'opposer  aux. 
faits  accomplis. 

Malheureust'iiient  deux  partis  se  trouvaient  en 
prést-nce  à  Strasbourg.  Tun  roj)n''S('nlait  tous  les 
hommes  d'ordre,  amis  de  la  Constitution  octroyée 
par  Louis  XVI,  ayant  en  tète  ie  maire  Fréd.  de  Die- 


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LES  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 


127 


trich,  Pautre  les  démolisseurs,  les  Jaoobins  ou  terro- 
ristes, dont  les  chefs  étaient  le  prêtre  Schneider  et 
Pavocat  savoyard  Monet,  tous  deux  étrangers,  que 
Dietrich  avait  eu  le  mauvais  esprit  de  protéger  et 
dont  les  vues  étaient  de  s'emparer  du  pouvoir. 

Aussi,  après  la  dédaratioa  de  rester  fidèle  à  la  Con- 
stitution et  surtout  la  fenpeture  provisoire  de  la  salle 
de  lecture  dns  Jacobins.  les  dénondationset  les  accu- 
sations de  ceux-ci  contre  le  maire  et  la  municipaliiù, 
ne  firent  pas  défisut  à  la  Convention  nationale. 
Instruits  même  par  le  club  des  dispositions  hostiles 
des  Strasbourgeois,  Gamot  et  ses  collègues  jappèrent 
prudent  de  se  rendre  premièrement  à  Wissembourg, 
en  passant  par  Saveme.  Sur  toute  la  route  ils  purent 
reconnaître  qu'on  les  avait  mal  prévenus,  n'ayant 
rencontré  sur  leur  chemin  que  Tordre  et  la  tranquil- 
Uté. 

Us  arriveront  donc  à  Strasbourg  le  19  août,  et 
furent  reçus  par  les  jacobins  du  Miroir,  qui  les  atten- 
daient avec  une  vive  impatience,  par  des  jeunes  lilles 
qui  leur  oflfrirent  des  fleurs  et  par  des  canonniers  de 
la  garde  nationale,  toujours  les  premiers  à  ces  dé- 
monstrations; ils  se  rendirent  ensuite  au  Conseil 
départemental  pour  prendre  connaissance  de  la  déli- 
bération du  7  août,  et  demandèrent  si  le  Conseil  per- 
sévérait; treize  membres  qui  eurent  le  courage  de 
répondre  affirmativement,  forent  suspendus  et  rem- 
placés le  21  par  des  jacobins,  les  dube  ayant  été  rou- 
verts dès  que  les  commissaires  eurent  mis  le  pied  à 
Strasbourg. 

Le  Conseil  municipal  se  soumit,  le  maire  inclina  le 
front.  Ses  antagonistes  Laveau  et  Simond,  partis 
pour  Paris,  après  la  fermeture  des  clubs,  dénoncèrent 
la  municipalité  comme  ennemie  de  la  chose  publique. 
Le  député  ROlil  appuya  la  dénonciation,  tout  en 
demandant  que  l'on  ne  prit  aucune  décision,  avant 


1» 


BKVUX  D  ALSAOS 


d'avoir  reçu  les  dépêches  de  Camot  Le  maire  fut 
cité  à  la  barre  de  rassemblée  et  le  Directoire  exécutif 
dès  le  19,  avait  déjà  prononcé  la  dissolution  du  Gon^ 
Bell  municipal  Les  actes  ofl&ciels  arrivèrent  à  Stras- 
bourg trois  jours  après,  le  99^ 

29  septembre  17^  De  leehef  élu  dépoté  à  la  Convention 
nationale  par  le  Pas-de-Calais,  U  rejoignit  son  poste. 

15-19  janvier  1798.  U  vota  la  mort  de  Louis  XVI,  sans  appel 
an  peuple  et  sans  sursis* 

5  mai  1794.  Président  de  la  Convention  nationale. 

8  mai  — .  Membre  du  Comité  dn  saint  publie  de  la  Conven- 
tion nationale,  il  arrête  que  les  sommes  versées  à  la 
trésorerie  révolutionnaire  par  les  riches  deStrasboorg, 
en  exécution  de  Farrété  de  SaintJust  et  Lebas  du  . 
81  octobre  1798,  ne  seront  point  remboursées,  mais 
considérées  comme  acquit  d'une  contribution  révo- 
lutionnaira 

27  juillet  — .  U  sort  du  Comité  de  salut  public 

5  novembre  — .  H  y  rentre  de  nouveau. 

20  mai  1795.  Après  linsurrection  il  allait  être  décrété  d'ao- 
cusation,  quand,  d'une  tribune,  les  mots  suivants  le 
sauvèrent  de  la  proscription  : 
Cest  cet  homme  qui  a  organisé  la  vtdolre  dans  nos  années. 
U  Constitution  de  Pan  HL  (1794-1795)  ayant  été 
promulguée,  le  régime  de  la  Convention  cessa,  et 
dix-sept  départements  le  nommèrent  membre  de  la 
nouvelle  législative. 

il  a  siégé  an  Conseil  des  anciens  et  ce  fut  encore 
des  questions  militaires  qu*il  s'occupa  le  plus  dans  ce 
nouveau  gouvernement. 

Sous  l'espèce  de  dictature  qu'a  exercée  Barras  sous 
le  Directoire,  Gamot  proscrit^  se  retira  en  Allemagne. 

Après  le  18  Brumaire  (8  novembre  1799),  le  premier 
consul  Buonaparte  rappela  Garnot  et  lui  donna  rem- 
ploi de  premier  inspecteur  général  aux  revues,  et 
plus  tard  le  portefeuille  de  la  guerre  qu'il  déposa  après 
la  paix. 


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LR8  BOmOB  DB  LA  RtTOLOTIOM 


199 


9  mars  1802.  Membre  du  Tribunal,  il  se  prononça  avec 
énergie  contre  la  consulat  à'vie  et  contre  la  création 
d'un  empereur. 

Après  la  suppression  du  Tribunal,  il  demeura  sans 
emploi  et  sans  ponsion  jusqu'en  1808,  où  l'empereur, 
sur  l'avis  du  ministre  Clarke,  le  fit  réintéj^;rer  sur  les 
contrôles  de  l'armée,  ;ivec  rapjjort  de  son  Lraitemeut 
échu  depuis  sa  sortir»  du  ministère. 

Après  los  fatales  cainpaj^riH^s  de  Russie  et  de  Saxe, 
le  commandement  d  Anvers  lui  fui  conlié.  Il  le  con- 
serva jusqu'au  moment  où  les  ordres  du  comte  d'Ar- 
tois lui  imposèrent  l'obligation  de  capituler. 

Pendant  les  cent  jours,  Napoléon  le  nomma  minis- 
tre de  l'intérieur,  et  a[irés  la  seconde  abdication  de 
Tempereur,  il  tit  partie  du  gouvernement  provisoire. 

Après  avr>ir  consenti  à  la  capitulation  de  Paris,  et 
Louis  XVIll  étant  réinstallé,  Carnot,  inscrit  par  Fou- 
ché  sur  une  liste  d'exil,  se  retira  dans  une  campagne 
à  douze  lieues  de  la  capitale;  mais  banni  en  1815,  il 
quitta  la  France,  se  retira  à  Varsovie,  puis  à  Magde- 
bourg,  où  il  mena  une  vie  consacrée  à  Tétude  et  en- 
touré de  l'estime  publique. 

On  a  de  lui  une  masse  de  publications  intéressantes. 
U  fut  nommé  deux  fois  membre  de  ITnstitut,  el  en 
fut  rayé  deux  fois  :  après  le  18  fructidor  (4  septembre 
1797),  par  le  Directoire,  et  en  1814  par  les  ministres 
du  roi. 

GARONDëLëX  (Louis). 
1769.  N4  à  Strasbouig. 

1793.  Professeur  de  mathématiques,  il  est  reçu  membre  du 

dub  des  jacobins  au  lliroir. 
26  octolirs  1794.  n  y  est  encore. 

CARRKY  (Louis), 
rue  des  Drapiers. 

1736.  Né  à  Nolay,  Gôte^l'Or. 

Noavtlto  SMe  -  »  Anoê*.  9 


REVUE  D'ALSAGB 


Avant  1789.  FabiicaDt  de  cartes  à  StraBbourg. 

1792.  Membre  de  la  Société  des  jacobins  au  Miroir. 

16  décembre  1793.  Proposé  admiiiistrat-'iir  du  Directoire 

du  Bas-Rhin,  par  le  Comité  de  surveillance  et  de 

sûreté  {T,'.nérale. 

l"  janvier  1794.  Mombre  do  ce  Dirertoir»».  il  prend  une  déli- 
bération onli)nri:int  rétalilissriuent  provisoire  d'une 
école  «rratiiite  <h'  langue  l'ranç;iiso  dans  toutes  les 
communes  ou  cantons  du  d«'^j>arbMiient.  Les  agents 
nationaux  sont  rendus  resijonsables  de  tous  retards 
dans  sa  prompte  exécution. 

36  février  — .  En  la  même  qualité,  il  signe  la  lettre  d'accu- 
sation au  Cftmité  du  saluf  public  de  la  Convention 
nationale  conli  e  E.  Schneider. 

24  avril  — .  Au  comité  des  décrets  de  la  Convention  natio- 
nale, il  adresse  des  renseignements  peu  favorables 
sur  Ëhrmann,  Ghristiani,  Giimmer,  Noisette  et  Tho- 
mas8in. 

2  juillet  — .  Il  donne  connnunication  au  club  des  jacobins 
d'une  lettre  du  Direcl()ir<'  de  Strasbourg  au  représen- 
tant Hentz,  [)Our  démasquer  I  hypocrisie  des  prêtres, 
et  obtenir  qu'ils  soient  chassés  de  toutes  les  fonctions 
publiques,  que  la  gloire  d"ètre  compté  parmi  les 
membres  des  Sociétés  patriotiques  leur  soit  enlevée, 
que  leur  existence  môme  devienne  étrangère  à  la 
République,  etc. 

5juillet — .  Maiuoni  réclanit'  des  ])Ouvoirs  plus  étendus  à 
Gueffemmo,  chef  df  la  g'-mlarmerie,  pour  arrêter 
tous  les  suspects,  les  contre-révolutionnaires.  les 
traîtres  et  tous  les  prêtres  de  ([uei«iue  secte  qu  ils 
soient.  Carrey  arrête  que  Guellemiae  étendra  les 
mêmes  mesures  de  sûreté  sur  les  cinq  autres  distincts 
du  département. 
25  juillet — .  11  demande  à  Goujon  et  Hentz  de  provoquer 
Tordre  de  la  démolition  de  tous  les  clochers  en  Alsace, 
que  l'ancien  orgueil  des  jongleurs  chrétiens  avait  fait 


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LBB  BOMUSS  DB  LA  BÉVOLUTIOM 


181 


élever  sur  les  édifices  cousacrés  à  leurs  bilevesées 

religieuses. 

1"  août  1794.  Signataire  de  Tadresse  ci-l>;îs  du  Directoire  du 
Bas-Hhin  à  la  GonvcntioQ  uatioiiaie  lors  de  la  coi^ju- 
ration  de  Hobesiiierre  : 

Ciluyeus  represeutauls, 
De  noarnux  CtUnnas  araieal  otté  oonoerolr  l'oppression  du 
people,  Ils  TODlaient  élerer  lear  pouvoir  sur  tes  débris  sangteDls 
de  la  liberté.  Le  géDîe  heureux  de  la  République  a  dévoilé  leurs 
noirs  |)rojots  Vous  aves  parlé  et  ùi^di  ces  monstres  ne  sont  plus, 

(iloiti'  il  vinis.  rtf. 
6  octoljt  o  — .  Président  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 
18  octobre  — .  Vice-président  du  Directoire  du  Bas-Riiin. 

GÂsnira. 

29  novembre  1793.  Le  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  l'adjoint  à  Ricot  pour  parcourir 
les  pays  envahis  par  Tennemi  y  saisir  tout  ce  qui  s'y 
trouverait  et  notamment  chez  les  individus  qui  ont 

émigré. 

7  décembre  — .  Il  remplace,  sauf  approbation  du  général 
Dièchp,  Laforfïue,  rhargé  de  la  surveillance  des  pri- 
sonniers à  rhùtel  de  1  >;irinstadt  :  niais  le  lendemain, 
ayant  donné  sa  démission,  Klein  lui  est  substitué. 

GÂ.TOIRE  (FRANÇOIS-HBMBI-GÉBâB). 

1758.  Né  à  Verdun,  où  il  était  ingénieur  avant  ll>^9. 

1792.  Capitaine  du  génie  à  Haguenau,  puis  à  Strasbourg. 

Novembre  1793.  Membre  du  club  des  jacobins. 

C'est  à  cette  époque  quïl  fit  raser  un  grand  nombre 
de  maisons  et  de  jardins  hors  de  la  ville  ;  il  avait 
même  été  question  d'abattre  une  partie  du  village  de 
Schiltigheim. 

CAUVIN. 

Un  propagandiste  venu  de  Besançon. 
5  décembre  1793.  Membre  au  Comité  de  surveillance  et  de 
sûreté  générale  da  Bas-Rhin,  il  donne  des  renseigne- 


132 


R£VUB  D'aLSAOB 


ments  sur  le  civisme  de  Martin,  directeur  de  la  régie 
nationale  de  Strasbourg,  emprisonné  au  Séminaire. 
Ces  renseignements  étant  favorables»  il  est  élargi,  à 
obarge  d^avoir  un  planton  jusqu'à  la  réponse  de  la 
Société  des  jacobins  de  Besançon. 

CAVAIGNAG  (Jban-Baptiste). 

1763.  Né  à  Qordon,  département  du  Lot. 
Avant  1789.  Avocat  au  parlement  de  Toulouse. 
Septembre  1703.  Député  du  Lot  à  la  Convention  nationale. 
15-19  janvier  1793.  H  vota  la  mort  de  LouiH'XYI,  sans  appel 

au  peuple  et  sans  sursis. 
4  avril  1795.  Représentant  du  peuple  dans  le  Bas-Rhin  avec 

Rivaud  et  Merlin  de  ThionviUe;  leur  mission  n'avait 

Irait  qu'aux  aflhires  militaires. 
Son  fils  Eugène  fiit  président  de  la  République 

française  en  1848. 

CAYON  (C.) 

Un  des  quatre-vingt-dix  propagandistes,  venu  do  Nancy. 

18  octobre  1793.  Il  assiste  à  rassemblée  générale  des  auto- 
rités constituées  dans  le  temple  do  la  Raison. 

Peu  après,  il  trouve  que  le  peuple  de  cette  grande 
cité  savoure  enfin  les  fruits  délicieux  de  la  vérité  ;  le 
temple  de  Saint-Thomas  consacré  à  ses  réunions, 
étant  devenu  trop  petit  par  Taffluence  qui  s'y  rend, 
il  est  donc  très  important  de  lui  assigner  un  local  plus 
commode,  plus  vaste  et  plus  facile  à  chauffer.  Le 
temple  des  réformés,  dans  la  Grand'rue  du  Bouclier, 
ferait  leur  affaire.  Il  y  a  des  tribunes  pour  le  peuple 
et  tout  ce  qui  peut  convenir  ù  une  Société  poinilaire. 
Il  le  demande  aux  représentants  Lèmane  et  Baudot, 
qui  S'empressent  de  l'accorder. 

2  décembre  — .  Signataire  de  l'adresse  de  sa  bande  aux 
habitants  de  Strasbourg  et  dont  voici  rentrée  en  ma- 
tière : 

Vos  frères  de  divers  départemeols  ont  appris  vos  dangers;  ils 


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LES  HOMMES  D£  LA  RÉVOLUTION 


1^3 


nous  ont  envoyé!  voue  secours.  Yons  étiez  égarés  par  des 
bommes  perfides,  endormis  par  des  modérés;  ils  Dons  ont  cliargé 
de  vous  présenter  la  vérité  en  leur  nom,  etc. 

GHABÉ. 

T'n  propafrandiste  venu  de  Seurre. 
2  décembre  IVnr;,  Il  signe  Tadresso  de  sa  bande  aux  citoyens 
de  Strasbourg  et  des  déparlemeutsdu  Rhin  pour  leur 
dire  entre  autre  : 

Nos  succès  ont  allarmé  les  ennemis  de  la  République.  Os  ont 
tout  employé  pour  les  détruire  et  arrêter  les  progrès  que  nous 
promettent  vos  efforts  généreux  contre  tous  les  genres  d^opyres* 
sion.  Ils  ont  mis  en  jpu  tous  les  fils  de  l'intrigue.  Ils  ont  espéré 
duns  les  piMilcs  passions  des  uns,  dans  la  faiblesse  des  autres, 
pour  vous  taire  retomber  dans  celle  apathie  funeste,  qui  vous 
avait  exposé  à  tous  les  coups  de  l^aristocratie,  du  modérantlsme 
et  du  bnatisme,  etc. 

GHAGNET  (AublN;. 

1769.  Né  à  Paris. 

17d3.  Gomme  aide-pharmacien»  il  vint  à  StrB8t>ouig  y 

exercer  sa  profession. 
81  août  17d4.  Membre  de  la  Société  des  jacobins. 

GHANDON  (François). 
1764.  Né  à  Strasbourg. 

1789-1794.  Monnoyeur  à  l'hôtel  des  monnaies  à  Strasbourg. 
8  mai  1702.  Membre  de  la  Société  des  jacobins. 
25  octobre  1794.  U  y  est  encore  inscrit  comme  tél. 

GHAPUIS  (FkàNÇOIS-LiLUBENT). 

1726.  NéàGivet. 

1789.  Comme  ancien  militaire  il  vint  à  Strasbourg  et  fut 

nommé  membre  du  Comité  militaire  de  la  garde 

nationale  de  cette  ville. 
1792.  En  cette  qualité  il  est  reçu  aux  jacobins. 
8  février  1793.  Sa  femme,  née  Kellermann,  dénonce  au 

Comité  de  surveillance  des  jacobins  la  famille  Tie- 

boid  du  marché  Gayot. 


134  B8VCB  d'ALSACOS 

96  octobre  1794.  D  est  encore  aux  jacolto. 
17  janvier  1795.  Elu  par  le  peuple  membre  du  Ciomité  d*6pu- 
ration  de  la  Sodété  populaire. 

CHASSELOUP-LA.UBAT  (De). 

Ne  le  18  août  1754. 

1789.  Officier  du  génie  à  Strasbourg. 

15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution de  Strasbourg. 

11  février  — .  Membre  do  colle  des  amis  de  la  Constitution. 

aOjanvior  1703  Capitnino  du  génie  après  Tattaque  de  Lan- 
dau par  les  Allemands. 

17  avril  — .  Commandant  à  rafîairo  d'Arlon. 

9  juillet  170i.  Adju  lant  frénéral  à  Farmép  de  la  Moselle,  les 
repnwntants  Ilentz  et  Goujon  If  nomment  commis- 
saire d'une  commission  nn-oluti(  «nnaire  amlnilante 
en  .\lsaceet  départonuMits  environnants,  pour  recher- 
cher les  conspirateurs,  les  contre-révolnlionnaires, 
les  gens  suspects,  dan<^ereux  et  notamment  les  dépr(S- 
ciateurs  des  assignats  qui  séduisent  le  peuple  par  le 
fanatisme,  et  le  portent  à  la  révolte  et  au  méconten- 
tement contre  la  République. 

Ayant  passé  à  Tarméo  d'Italie,  il  dirigea  les  sièges 
de  Milan  et  de  Mantoue,et  rôpai'a  les  fortifications  de 
plusieurs  places  fortes. 

1806.  Il  se  rendit  utile  au  siège  de  Dantzig. 

1811.  Membre  du  Conseil  d  Klat,  section  de  la  guerre. 

Au  retour  de  la  campagne  de  Russie,  Napoléon  le 
nomma  grand'croix  de  Tordre  de  la  Réunion,  séna- 
teur et  comte  d'Empire. 

1814.  S'étant  déclaré  contre  Napoléon,  il  fut  créé  pair  de 
France  le  4  juin,  décoré  ensuite  de  la  croix  de  Saint- 
Louis  et  du  grand  cordon  de  la  Légion  dlionneur. 

Après  les  événements  des  CSent  jours,  auxquels  il 
demeura  étranger,  il  entra  dans  la  nouvelle  Chambre 
despaink 

8  mai  1816.  Ckimnoandeur  de  Tordre  de  Saînt-Loois. 


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LES  HOMMES  DE  LA  BÉVOLUTION 


135 


GHEBRETTE  (Hbnbi). 

1755.  Né  à  Lusignaiî. 
Avant  1780.  Mililaire. 

1792.  Brigadier  de  gendarmerie  iiationaio  à  Strasbourg. 
U  janvier  1793  au  25  octobre  1791.  Membre  des  jacobins. 

GHENE8T  (Pibbbe). 

lliji).  Né  à  lîrionne. 
1789.  Militaire. 

1792.  Il  passe  gendarme  à  Strasbourg,  à  la  première  divi- 
sion. 

Janvier  1793.  Membre  du  club  d.'s  jacobins. 

24  aoùL  1701.  Membre  du  Comité  de  surveillance  de  cette 
Société,  il  fait  appel  au  jutriotisme  et  aux  sentiments 
des  citoyennes  de  Strasbourg  : 

MuQtrez  à  toute  la  République  entière,  dans  toutes  les  occa- 
tAxm,  votre  amour  pour  elle.  11  but  du  fil  pour  oonfectfooner  des 
hablllemenU  militaires.  Rendes-vons  aux  yœux  de  la  patrie  et 
que  nos  braves  frères  d'armes,  qui  vprsent  leur  8an;r  pour  elle, 
soient  coiislainmeiit  si"irs  (jue  les  Françaises  patriotes  ne  cessent 
de  travailler  pour  eux,  en  attendant  qu'elles  puissent  leur  offrir 
des  tressa  de  fleurs  et  de  lauriers. 

GHENEVET  (GsàRUs),  père. 

1734.  Né  à  Nuits,  CMe  d-or. 

Avant  1789.  Négociant  à  Strasbourg. 

26  décembre  179:î.  Membre  du  club  des  jacobins. 

23  avril  1794.  Notable  de  la  commune. 

12  juin  — .  Membre  du  Comité  permanent  de  la  commune, 
chargé  de  recevoir  les  souscriptions  pour  les  frais  des 
décorations  républicaines  dans  le  temple  de  l^tre 
suprême,  et  le  dépouillement  des  ornements  ridicules 
de  la  superstition. 

Mais  Targent  n'arrive  pas  ;  le  Comité  voit  une  cou- 
pable indi£fêrenoe;  hfttez-vous  donc  si  vous  voulez 
vous  rendre  dignes  de  participer  ans  bien&its  de  la 
République. 


1{J6  RBVUU  d'alsagb 

2  août  1794.  Il  adhère  à  l'adresse  envoyée  à  la  GoDvention 
nationale  par  la  municipalité  lors  de  la  consfuration 
ourdie  par  Robespierre  et  autres. 

25  octobre  — .  Encore  aux  jacobins. 

17  janvier  1705.  Membre  d'une  commission  de  quinze 
citoyens  désignés  par  le  peuple  parmi  la  Société  popu- 
pulaire  pour  procéder  à  son  épurement  d'après  Tar- 
rèté  de  BaiUy. 

CIlKllBOUOST  (Denis). 
1798.  Gendarme  à  Strasbourg. 

5  décembre  — .  Avec  Louis  Foiirot  lieutenant  de  la  qua- 
trième compagnie  de  gendarmerie,  il  dénonce  Per- 
rin  et  Billecart-Doval ,  ex-commissaire  auditeur  des 
guerres,  présenlenient  à  Strasbourg. 

Arrêtés  \  K\r  ordre  du  Comité  de  sûreté  générale  du 
Bas-Hhin,  ils  sont  conduits  au  Séminaire,  où  ils  res- 
tèrent détenus. 

Janvier  1795.  Elargissement  général  des  prisonniers  parle 
représentant  Baiily. 

GHEUSTIAKI  (Henri), 
rœ  du  Dôme,  n*  5. 

1790.  Secrétaire  du  district  de  Strasbourg. 
80  avril  ~.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Ck>n8ti* 
tntion. 

Septembre  1791.  De  secrétaire  du  district,  il  passe  membre 
de  cette  administration  et,  sous  la  présidence  de  H.de 
Sanoy,  il  bit  partie  du  Directoire  du  district  jusqu'au 
8  octobre  1798^  où  les  représentants  M ilbaud  et  Gu3rar> 
din  congédièrent  cette  autorité. 

10  mai  1793.  A.  la  Société  des  amis  de  la  Cionstitution,  il 
dépose  des  objets  d^or  et  d'argent  pour  contribuer 
aux  frais  de  guerre. 

10  juillet  — .  Dénoncé  aux  jacobins  comme  signataire  de 
Padresse  à  TAssemblée  nationale  lors  des  troubles 
du  90  juin. 


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LB8  HOMMES  DB  LA  RtVOLOTlOM 


197 


2  septemtkre  1792.  A  rélection  de  Haguenau  éla  premier 
député  suppléant  à  la  Convention  nationale. 

15-19  janvier  1793.  Sur  la  culpabiUté  de  Louis  XVI,  U  vota 
Oui.  repoussa  Pappel  au  peuple  et  se  prononça  i>our 
la  détention,  le  bannissement  à  la  paix  et  le  sursis. 

-27  juillet  — .  Laveaux,  dans  sa  lettre  aux  jaoobins»  en  par- 
lant de  Ghristiani,  leur  dit  : 

Ces!  tino  amphibie  dtnix  masques,  sans  et  s:<ns  cœur; 
la  ville  (lo  sirashuiiri^  se  déshonorerait  MX  yeux  des  Parisiens 

en  rcélisaiil  cet  hoinme-là. 

24  avril  1794.  Le  Directoire  du  Bas-Rhin,  consulté  par  le 
Comité  des  décrets  de  la  Convention  nationale  sur  le 
compte  de  Ghristiani,  reçut  la  réponse  suivante  : 

Nous  Ji'avons  pas  de  not^'s  particiilières  h  vous  (l  niiier  sur  lui, 
si  ce  n'est  qu'il  eliiil  S4"issionuaire  de  la  Société  des  jacobins  de 
cette  ville  et  Tun  des  fondateurs  de  celle  des  feuillants,  formée 
par  le  goiltotiné  Dletrlch. 

21  octobre  1795.  Elu  député  à  rassemblée  législative,  où  il 

siégea  jusqu^en  1797. 
8  avril  1796.  Secrétaire  de  Tadministration  centrale  du  Bas- 

Rbin  et  la  même  année  agent  général  des  oontribu- 

tions  directes. 

17  juillet  1799.  CSommissaire  du  Directoire  exécutif  prés 
Tadministration  centrale. 

5  décembre  — .  Le  représentant  Mallarmé  ayant  destitué 
une  partie  de  cette  autorité  centrale,  Gbristiani  en 
devint  de  nouveau  le  secrétaire  en  remplacement  de 
Bottin.  U  n*occupa  pas  longtemps  ce  poste,  car,  dés 
1808,  c*e8t  Mets  qui  en  est  titulaire. 

CFIRISTMANN  (Mauie-Loims), 
du  faubourg  des  Pierres. 

1790.  Secrétaire  du  district  de  Strasbourg. 
81  janvier  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Con- 
stitution. 

Septembre  1791.  Il  remplace  F.  Burger  comme  secrétaire 
du  Directoire  du  district  de  Strasbourg. 


138 


REVUE  D  ALSACE 


7  février  1793.  n  passe  aux  jacobins. 

8  juilet  — .  On  1^  dénonce  comme  signataire  de  Tadresse 

envoyée  par  les  autorités  à  l^asaemblée  nationale  lors 
des  attentats  du  20  juin. 

2  novembre  1793.  SainWust  et  Lèlïas  cassent  le  Directoire 

du  district»  en  nomment  un  nouveau  le  môme  jour; 
Ghristmann  en  est  le  secrétaire,  mais  pour  peu,  car 
le  23,  il  remplit  ces  fonctions  près  d*une  commission 
provisoirs  du  district  de  Strasbourg,  dont  les  membres 
sont  autres  que  ceux  du  3,  et  c*est  en  cette  qualité 
quil  certifie  Tarrété  ordonnant  la  destruction  de  tous 
les  livres  et  lignes  du  culte  de  Mofse. 
27  novembre  — .  H  occupe  en  outre  les  fonctions  de  secré- 
taire du  tribunal  révolutionnaire  de  Schneider. 

3  août  1794.  Secrétaire  du  Directoire  du  district,  il  signe  Ta- 

dresse  envoyée  à  la  C!onvention  nationale  lors  de  la 
conspiration  tramée  par  Robespierre  et  autres. 

35  octobre  — .  Il  est  radié  de  la  liste  des  jacobins. 

35  avril  1795.  Il  signe  secrétaire  du  Directoire  du  Bas-Rhin. 

8  octobre  1795  au  10  avril  1807.  Notaire  à  Molsheim. 

GLAVËL. 

1789.  Doreur  et  marchand  (restampes  à  Slrasl)Ourff. 

1790.  Membre  de  la  Société  des  ainis  de  la  Constitution 
au  Miroir. 

7  février  1792.  II  s'empresse  de  quitter  celte  Société  pour 
passer  aux  jacobins. 

5  mai  1793.  Nommé  juge  au  tribunal  révolutionnaire  du 
Bas-Rhin,  qui  ne  fonctionne  que  cinq  mois  après. 

10  septembre  — .  Commissaire  du  club  des  jacobins,  11  fait 
parUe  d^une  députation  qui  invitera  la  mumcipalité 
à  Cadre  incarcérer  sans  hésiter  le  professeur  Dietterich 
qui  a  osé  insulter  Técharpe  tricolore,  ainsi  que  Noi- 
sette et  Wild,  qui,  depuis  longtemps,  ont  mérité  ce 
traitement  Cette  mémo  députation  se  rendra  ensuite 
chez  le  général  Diéche,  pour  qu'il  puisse  prendre  des 


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LB8  Homo»  DB  Lk  BftTOLIITION 


199 


mesures»  afin  que  ces  oiseaux  ne  s'évadent  pas,  et 

malheur  à  celui  qui  leur  donnerait  asile. 
8  octobre  1793.  Guyardin  et  Milhaud  le  nomment  juge  au 

tribunal  du  district  de  Strasbourg. 
8  octobre  — .  Membre  du  comité  de  surveillance  et  de 

sûreté  générale  du  Bas-Rbin. 

98  octobre  Ce  comité,  coi^ointement  avec  la  Sodété  des 
jacobins,  le  nomment  à  IHmanimité  juge  du  tribunal 
à  la  suite  de  Tannée  révolutionnaire  du  Bas-Rhin. 

31  octobre  — .  Il  est  chargé  de  s^assurer  de  Riehl,  ex-prévôt 
de  Kttttolsheim,  et  d*arréter  trois  prêtres  insermentés 
qui  sont  à  Osthoffen,  remplissant  tot:^ours  leurs  fonc- 
tions et  se  travestissant  en  difiérents  costumes. 

6  novembre  — .11  donne  ordre  au  cordonnier  Jung  d'arrêter 
le  baron  Frédéric  de  Wurmser  à  Linffolsheim. 

29  octobre  au  l.\  décembre  — .  Il  signe  h  Strasbourg,  Barr, 
Schlestadt  et  Epfig.  comme  juge  j^rès  le  tribunal  à  la 
suite  de  l'armée  révolutionnaire,  et  procède  à  la  con- 
damnation d'une  masse  d'individus.  Michel  Weiss, 
grefBer  de  ce  tribunal,  nous  informe  que  les  juges  ne 
quittaient  jamais  la  tal)le  (ju  enivrés  de  tout  ce  qu'il 
y  avait  de  plus  exquis,  et  dans  cet  état  d'ivresse  ils 
s'assemblaient  en  tribunal,  et  jugeaient  à  mort  les 
prévenus  ;  que  davel  était  une  fois  si  pris  de  vin,  pen- 
dant que  le  commissaire  civil  Schneider  prononçait 
la  condamnation  à  mort  de  la  lémme  Poirson  dlU- 
kirch,  qu*il  follut  le  secouer  vivement  pour  te  faire 
revenir  de  son  assoupissement,  et  que  le  premier  mot 
qu'il  prononça  fut  à  mort,  bien  que  Faocusation  ne 
ftit  pas  fondée,  ce  qui  n^empécha  pas  de  guillotiner 
la  malheureuse. 

15  décembre  — .  Monet,  Mainoni  et  Hougeat  le  font  arrêter 
par  mesure  de  précaution  pour  ses  liaisons  suivies 
avec  Sdmdder. 

18  décembre  — .  WUvot  et  Toustaint  sont  chargés  de  l'in- 
terroger. 


140 


BEVUB  D'ALB4CB 


22  décembre  1793.  Ayant  réclamé,  le  Comité  de  surveillance 

et  de  sûreté  générale  déclare  qu'il  ne  peut  pronon- 
cer sur  son  sort  ayant  été  arrêté  par  ordre  des  repré- 
sentants Lacoste  et  Bandot. 
Septembre  1794.  Il  fut  mis  en  liberté,  çiais  pour  peu  de 

temps. 

Avril  1705.  Arrêté  de  nouveau  pour  abus  de  pouvoirs, 
détournements  de  fonds  et  autres  escroqueries,  il 
fut  condamné  le  9  août  suivant  par  contumace  à 
quatre  années  de  fer  et  à  l'exposition  publique  sur  la 
place  d" Armes  do  Strasbour|]^. 

Sa  condamnation  étant  périmée,  il  rentra  en  France 
et  doit  être  mort  misérable  aux  environs  de  Wissem- 
bourg  à  répoque  de  la  Restauration. 
Ulrich  nous  en  fait  le  portrait  suivant  : 
Cet  homme  u'eiait  point  comme  les  autres  jacobins  destinés  aux 
coops  de  mattre,  son  cercle  était  tracé  daos  Tenoeinte  de  Stra»- 
bourg.  Tous  les  Jours  11  parcounit  les  mes  de  ta  Tllle^  monté  sur 
nn  petit  cheval,  propre  à  sa  taille,  dictant  des  amendes  arbitraires 
aux  jnnrmiers,  aux  feramps  qui  avaionl  oublié  d'attacher  la  cocarde 
au  boniK'i,  ou  qui  n'en  avaient  point  dans  le  genre  que  prescTi- 
vaitce  petit  juge,  enfin  aux  personnes  qni  refusaient  les  assi^juats, 
qnt  vendaleot  au-dessus  de  la  taxe,  ou  qui  ne  se  tutoyaient  pas. 
U  empochait  les  taxes  sans  en  rendre  compte,  peu  ou  point  du 
tout.  II  faisait  àl:i  fois  le  millier  de  dénonciateur,  de  ]u'^i\  d'huis- 
sier et  de  percepteur  dos  ;ini(^ndes.  En  {jénénil,  (-'("lait  un  homme 
très  vulgaire,  sans  capacité,  ni  jugement  des  choses,  une  brute 
qui,  les  trois  quarts  du  temps,  était  pris  de  vin  et  ne  se  fiilsalt 
aucun  scrupule  de  porter  atteinte  à  la  pudeur  du  sexe. 

Etienne  Barth. 

fLa  tmU  proehainmenU 


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BULLETIN  BIBLiOGRÂPUlQljË 


Bulletin  de  la  Société  philomatiqne  voegienne,  2*  année, 
1876  Saint Dié,  împ.  de  L.  Uumbert,  18n.  -  1  roi.  in-^  de  346  p. 

Bulletin  de  la  Société  philomatique  vosgienne,  :r  atint^p, 
1877-78.  —  Saint  Dio,  imp.  de  L.  Uumberl.  1878.  1  vol.  iu-8*  de  202 
pages  avec  20  planches. 

BIsUilr*  dm  l'abbayv  de  Bohoiim.  —  Id-8*  de  80  p«get.  Tirage  à 
part  da  Balletin  de  la  9*  année. 

De  la  Société  philomatique  des  Vosges  nous  ne  connaissioiis 

jusqu'il  i)r  '  (  lit  quo  son  premier  Bulletin  dont  nous  aTons 
parlé  l  au  dernier.  Les  années  1876,  1877  et  1878  qui  nous 
arrivent,  complètent  la  série  de  ses  publications,  et  nous  nous 
faisons  un  véritable  plaisir  de  les  sigalw  au  public  de  la 

Reme  il' Alsace.  Les  travaux  originaux  que  contiennent  les 
Bulletins  de  ces  trois  années  sont  :  1°  Une  étude  géographique 
sur  quelques  titres  du  Chapitre  de  Saint-Dié,  par  M.  L. 
Jouve  ;  2*  Un  mémoire  sur  les  réservoirs  d'eau  des  Vosges, 
par  M.  Ch.  Grad  :  3"  A  propos  d'un  village  détruit  près  de 
Saint-Dié,  par  M.  G.  d«»  (rolbéry;  4°  Note  concernant  une 
carte  (le  Lorraine  de  l.V.t4.  par  M.  A.  Benoit;  ;V  Une  excel- 
lente notice  historique  sur  Ic.^  aiiciciiiies  fortitications  de 
Raon-rEtape,  avee  3  plaiidies.  j)ar  M.  F.  Cabass(\  et  enfin 
l  î  j)air<'S  extraites  d'un  journal  (hi  t  iiié  de  Sainte-Croix-aux- 
Mines  sur  la  présence  des  alliés  eu  itil4  dans  les  cantons  de 
Saint-I)ie  et  de  Fraize. 

Ces  i'oiumunieatir)iis  diverses  sont  renfermées  dans  la  pre- 
mière moitié  (Ui  Bulletin  de  1S7(>,  qui  se  termine  par  deux 
mémoire^  de  I)t)iu  ( 'aliiiet  sur  les  Dn  inités  payennes  adorées 
autrefois  ihins  la  Lorr-nih'  i't  mr  VOrigiue  ihi  jeu  dos  cartes. 
Ces  deux  méni<»ires  font  partie  des  manuscrits  inédits  du  béné- 
dictin, qui  sont  à  la  bibliothèque  de  Saint-Dié  et  à  la  publi- 
cation desquels  M.  F.  Dina^jo,  avocat,  douue  ses  loisirs  avec 


148 


REVUB  D*AL8A0B 


le  concours  de  la  Société  philonuit iquc.  C\'st  éfralcnu'iit  dans 
ce  BulK'lin  ([uo  se  trouve  le  dessin  au  crayon  rouLie  et  la  notice 
sur  le  Bellicus  Surhur  du  Donon,  dont  uous  avous  uutretenu, 
en  187G,  les  lecteurs  de  la  Hfrue. 

Le  Bulletin  de  1877-78  n"est  i)as  moins  sérieux  et  substan- 
tiel que  le  précédent;  on  va  en  juger.  Il  renferme  les  <(  travaux 
ori'^inaux  »  suivants  :  \°  Recherches  topo}j;rai)hiques  sur  d'an- 
ciennes possessions  du  Chapitre  de  Saint-I)ié  en  Alsace  et  en 
Lorraine,  par  G.  de  Golbéry  ;  2*  Atlas  des  fougères  de  l'Alsace 
et  de  la  Lorraine,  par  René  Ferry,  avec  18  planches  repré- 
sentant rOsmonde  royale,  différentes  espèces  de  Polipodes 
et  de  Doradilles  cueillies  par  Fauteur;  3*  Une  épidémie  au 
XVII*  siècle,  ou  la  peste  à  Bainl>erTiners,  par  Alban  Foumier; 
4*  Une  note  sur  le  BdUcus  surhur,  par  Grâston  Save,  avec  un 
dessin  fidèle  de  ce  monument  qui  se  trouve  au  Musée  d*Epi- 
nal;  5*  Une  notice  relative  à  la  réunion  de  Rambervillers  à 
la  Lorraine  en  1718,  par  Alban  Foumier;  6*  Une  notice  sur 
Técole  gratuite  d'accouchement  de  Saint-Dié,  par  A.  Benoit, 
et  7*  Quelques  recherches  archéologiques  récentes  faites  dans 
les  Vosges,  par  Félix  Voulot  Pour  terminer  ce  Bulletin,  M. 
Dinago  lui  fournit  deux  autres  mémoires  inédits  de  Dom  Cal- 
met  sur  l'origine  de  la  cérémonie  du  Itoff-boit  et  des  «  conjec- 
tures sur  les  coquillages  qu'on  trouve  sous  la  terre  et  sur  les 
montagnes  ». 

Il  nous  aura  suffi  de  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  les 
indications  qui  précèdent  pour  lui  donner  une  idée  suffisante 
de  la  vitalité  patriotique  dont  la  Société  plulomatique  vos- 
gienne  est  animée.  Nous  lui  adressons,  avec  nos  félicitationG^ 
des  vœux  sincères  pour  sa  prospérité. 

Notons,  pour  terminer,  que  son  Bulletin  de  1879  est  déjjà  à 
llmpression,  ainsi  que  le  prouve  la  première  partie  que  nous 
avons  sous  la  main  de  l'histoire  de  l'ancienne  abbaye  de  Seno- 
nes,  par  Dom  Cahnet 

Notice  biographique  sur  M.  CQi  Oèrard,  loe  an  eomité  da 
Hnsée  historiqna,  dans  sa  séuee  du  16  novembre  18T7,  par  M.  X. 
HoeBMAint.  —  Molhoiue,  Imp.  V*  fiader  et  G*,  1878.  In-S*  de  14  p., 
avec  m  portrait 


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BULLETIN  BJlBHOaUA.PHigUE 


143 


n  était  natnrel  qne,  de  suite  après  la  mort  de  Ch.  Gérard, 
le  comité  du  Musée  historique  de  la  ville  de  Mulhouse,  où  le 
défunt  comptait  des  amis,  s*adressftt  à  M.  X.  Mossmann,  pour 
avoir  une  notice  nécrologique  sur  le  littérateur  que  notre  Ré- 
publique des  lettres  venait  de  perdre.  M.  Mossmann  a  mis  un 
louable  empressement  à  répondre  à  la  demande  qui  lui  était 
faite  et  il  a  exprimé  dans  sa  notice  des  regrets  qui  sont  par- 
tagés par  tous  ceux  qui  ont  connu  Gérard,  et  même  par  tous 
ceux  qui,  ne  Payant  pas  connu,  ont  lu  les  pages  disséminées 
et  les  ouvrages  quMl  nous  a  laissés. 

Un  beau  portrait,  gravé  sur  bois,  est  joint  à  la  notice  de 
M.  Mossmann  et  représente  fidèlement  la  physionomie  de* 
Gérard,  d^'à  empreinte  du  sentiment  de  tristesse,  qui  n'a 
cessé  de  grandir  jusqu'au  jour  oh  cette  belle  intelligence  s'est 
éteinte. 

Der  Klappersteiiif  nebsl  %hiilichen  Strafarten  fur  aiuudlicbe  und 
thnUiehe  Beleidi^angen,  etc.,  von  Auocr  STasBR.  Zweite  Anflage.— 
Molhoiise,  imp.  de  BrOstlein  et  G*,  |1876.  In-S*  de  109  pages,  avec 
une  planche.  Prix  :  2  liranes. 

On  conserve  à  Mulhouse  deux  masques  en  pierre  qui  repré- 
sentent le  médisant  et  le  blasphémateur.  Le  premier  est  appen- 
du  extérieurement  au  piguon  sud  de  l'hôtel-de-ville;  le  second, 
qui  existait  dans  l'ancienne  église  de  Saint-Etienne,  est  au 
Musée  historique.  Ces  deux  images,  au  type  grossier  et  pati- 
bulaire, sont  l'expression  assez  fidèle  de  l'idée  du  châtiment 
auquel  elles  devaient  servir.  M.  Stœber  en  reproduit  l'image 
sur  une  planche  placée  en  tête  de  la  monographie  que  nous 
annonçons. 

On  devine  que  cette  monographie  a  pour  objet  de  réunir  en 
un  fascicule  les  textes  de  lois,  règlements  ou  ordonnances, 
qui  durant  le  moyen-ftgeédictaient,  en  Alsace  principalement, 
des  peines  contre  le  blasphémateur  et  le  médisant  La  relation 
de  nombreux  jugements  prononcés  dans  différentes  villes  et 
seigneuries  du  pays,  les  détails  rapportés  par  l'auteur  con- 
cernant l'exécution  de  ces  jugements,  rendent  fort  instructive 
et  parfois  fort  attrayante  la  lecture  de  ce  code  pénal  des 
temps  passés. 


444  BEVUm  D*AL8AOB 

La  pierre  des  mauvaises  langues  a  déjà  été  le  sujet  d'une 
notice  publiée  en  1850  dans  cetto  Bévue.  L'édition  nouvelle, 
en  langue  allemande,  est  plus  complète  que  la  première,  par 
la  raison  que  beaucoup  de  documents  nouveaux  ont  été  décou- 
verts dans  le  cours  des  viiiït  années  qui  séparent  du  second 
le  premier  essai  de  notre  savant  collaborateur. 

Allerlei  Merkwùrdiges  h!mm-  vcrscliit'd.'iii»  Ta;:i'  und  Fesle  des 
Jatireskreises  1876,  mit  l)esoiidorer  UuL-lsirhi  aiif  das  Elsass  zusani- 
inenpestelll  voin  Meister  Fiiank  —  Mulhouse,  iiup.  Brûstlcin  el  C", 
1877.  10-8"  de  IGi  pa';e.s.  Prix  •  fr.  1.50 

Maître  Frank  —  lisez  Auguste  Stœbcr—  a  fait  passer  dans 
le  feuilleton  de  l'ancien  tourna/  ck  Mulhouse  lea  notes  4U*il 
avait  recueillies  sur  les  mois  de  Tannée  des  temps  anciens  et 
chez  les  différents  peuples  de  Tantiquite.  11  a  soumis  ces  notes 
au  classement  selon  le  calendrier  grégorien,  et  il  est  ainsi 
arrivé  à  nous  donner  un  annuaire  historique  du  plus  grand 
intérêt.  L'homme  d'étude  y  trouvera  des  indications  propres 
à  le  guider  dans  ses  recherches  et  des  rapprochements  féconds 
entre  le  passé  et  le  présent.  Le  travail  est  donc  divisé  en 
douze  chapitres  correspondant  aux.  douze  mois  de  Tannée,  et 
chacun  de  ces  chapitres  se  termine  par  des  éi)hémérides  con- 
cernant les  événements,  les  choses  et  les  hounnes  marquants 
de  TAlsace,  dont  nos  annales  ont  consacré  la  mémoire.  En 
réunissant  en  un  fascicule  les  communications  successives  de 
M.  Stœber,  U^Jounuil  de  MaUiousr  a  rnriclii  nos  bibliothèques 
alsatiques  d'un  recueil  très  recoinmandablc. 

lUmoirM  de  la  Boolété  bisterlqiM,  Uttérafare.  artlstiqae 
«t  nolentmmie  dn  GImt.  Bourges.  1978. 

Cette  importante  publication  nous  arrive  au  dernier  mo- 
ment. Il  eu  sera  rendu  compte  dans  le  prochain  trimestre  de 
la  Bévue, 

Frédéric  Kurtz. 


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NOTES 

SUR  LES 

liËGïËUftS  DË  L'UNlVËaSIIË  DË  BALË 

d'origine  alsacienne 


1460-1524 


Observation  préliminaire 

Si  je  mets  en  téte  de  cet  essai  la  liste  des  ouvrages  qao 

j'ai  consultés,  je  prie  le  lecleiirde  ne  pas  y  voir  un  présomp- 
tueux étalai^e  d  i'rudilion.  Je  iic  la  dunne  que  pour  abréger 
les  citalioius  dans  le  texte  nièinu.  Elle  pourra  d'ailleurs  servir 
de  repère  à  de  futurs  clicrctieurs,  qui,  je  n'en  doule  pas, 
rempliront  fructueusement  les  nombreuses  lacunes  que  j'ai 
laissées  dans  mon  travail. 

Adain.  V.  theol.  —  Melchior  Adam.  Vit^  germanorum  theo- 
logoruni.  Francoiorti  ad  Mœn.  17*)'),  in-folio. 

Alsatia.  —  Auq.  Stœber.  Alsatia.  Heitra'JiL;  zur  Geschichte, 
Sage,  etc.  des  Elsasses.  Mulliau^en  uud  Colmar,  1850- 
1876,  11  volumes  in-s\ 

Atben.  Raur.  —  (J.  W.  Heut/oo  i.  AtluMiiv  Rauricie  sive  Cativ- 
logus  profcssoruni  acacUMiii;»'  l»a^ilirnsis,  ab  anno  1400 
ad  auuum  177ti,  cuui  brevi  âiagulorum  biographia;  ad- 

Moovelle  Série.  -  8*  Annte  10 


146  BBVUB  D'ALBACB 

jecta  est  reccnsio  omnium  eiusdem  acadciniic  Recto- 
rum.  Basilea*,  1778,  in-S». 
liaquol-H.  —  .T.  BAiiUOL.  L'Al,>ace  ancienne  et  moderne  ou 
Dif'tioniiaire  toiHi^q-uphitiue,  histori(iuc  et  stati.>ti([ih'  du 
Haut-  et  du  I>a.>  lîhiu;  8'  édition  entièrement  refondue 
par  l'.  Histellmbcr.  Strasl)Our«,'  isr.f),  in-S". 

Basl.  Cliron.  —  Bat^lcr  Cliromken  lieraust^cm  bcii  von  der  histo- 
rischen  Gesellschaft  in  Basel.  Erstcr  Band,  herau.sge- 
gcbeu  voû  W.  Yiicher  uud  Alii-ed  IStern.  Leipzig  1Ô72, 
in-S". 

Baum,  Capito.  —  Jon.  Ww.w.  B.u  m.  (■ai)ito  und  Bntzer, Strass- 
burger  Reforuuitoreu.  Klbert'eld.  ISIJS,  in-8". 

Berler,  Chron.  —  Matkrnus  Berlkr's  (lironiii.  Elle  se  trouve 
dans  le  Code  historique  et  diplomatique  de  la  ville  de 
Strasbourg,  1S48,  tome  1'',  2'  partie,  p.  l-i;^o.  in-4°. 

Ericlison,  l'rot.  KircUenbl.  —  A.  Erichso.v.  Zur  vicrliundersten 
Geburtsfeier  des  Strassburger  lletormators  \V.  F.  Capi- 
to. Voir  :  Evang.  ProteaLKlrcheubote,  Strasbbuï^  lb76, 
p.  202  et  suiv.  in-4". 

Geiler,  Em.  —  Jon.  (îeilkr  von  KAisRusBERa.rredigteuttber 

die  Enieis.  Strassburg  ir)HJ,  in-fol. 

De  GoUiéry.  Ann.  1n;!:i  —  (Piiil.  de  LioLnÉRY).  Indications 
biographiques  ou  Notes  sur  les  honuues  ctMèbres  nés 
dans  le  département  du  llaut-Khin.  Voy.  Annuaire  his- 
torique etc.  du  Haut-iihiu,  Colmar  1833,  in-24. 

Grandidier,  Oeuv.  inéd.  —  Abbé  Pu  il.  André  Grandidier. 
Oeuvres  historiques  inédites  (publiées  par  J.  Idblin), 
Colmar  1805-1808,  »;  vol.  in-8". 

Uertzog,  Chron.  —  Brrnhard  Hkrtzo».  Chronicon.  Ëdelsaa- 
ser  Cronik  etc.  Strassburg  15H2,  in-fol. 

Iselin,  Lexic.  —  .T.  Chr.  Iselin.  Neuvermehrtes  historisches 
allgemeines  Lexieon  etc.  Jiasel  172(1-1 727,  4  vol.  et  2 
vol.  de  Suppléments.  1742-1741,  in-fol. 

Kœnigshovcn-Sehilt.  —  Jacob  von  l\.(ENi(isuoFEN  etc.  Elsassi- 
sche  und  StrassburgiscbeChronicke^edit.  Joh.  Schilter, 
Stras8burRlGU&,in-4'. 


RECTEURS  DE  l/UMlVERdlTÊ  DE  BALE.  AL8AC1EK8 


147 


£.  Lehr,  Als.  n.  —  Ernest  Lehr.  L'Alsaro  noble,  suivie  du 
Livre  d'or  du  patriciat  de  Strasbourg  etc.  Paris  et  StraïH 
bourg  1870, 3  vol.  in-4o. 

Chron.  Dominlc.  Gebw.  ~  (X.  Mosbmanf).  Chronique  des 
dominicains  de  Guebwiller.  Guebwiller,  1844.  in-8°. 

Molh.  BUrgerb.  —  Nicolaus  ëubsam.  Der  Stadt  MtUbausen 
privilegirtes  Bûrgerbuch  etc.  Mûlhausen  1850,  in-8«. 

Patriot  EIs.  —  (Billino).  Der  Patriotische  Elsœsser,  zum 
Unteriicht  und  Zeitvertreib.  Strassburg  und  Colmar, 
1777  et  suiv.  iii-8*. 

lUehrich,  Réf.  Gesch.  —  Tmom  Wilh.  Rœhrich.  Geschichte 
der  Refonnatioii  im  Elsass  und  besonders  in  Strassburg. 
Strassburg,  1830,  3  voL  in-24. 

Schmidt,  St  Thomas.  —  Ch.  Schmidt.  Histoire  du  Chapitre 
de  Saint-Thomas  de  Strasbourg.  1860,  in-8*. 

Schmidt,  Hîst  litt  —  Ch.  ScHMmT.  Histoire  littéraire  dePAl- 
sace  à  hi  fin  du  XV*  et  au  commencement  du  XVI*  siè- 
cle. Paris  1879,  2  voL  in-8*. 

Schneegans,  EgL  St  Thom.  —  Louis  ScmrBsaAKS.  L*église  de 
Saint-Thomas  à  Strasbourg,  etc.,  1842,  in-8*. 

Schœpflin-Rav.  —  Jou.  Dav.  Schœpfliit.  L'Alsace  illustrée  ou 
recherches  sur  TAlsace.  etc.  Traduction  de  L.  W.  Rave- 
venèz.  Mulhouse  1849-1852,  5  vol.  in-8*. 

Trottillat,  Evêché  de  Bftle.  —  Trouillat  et  Vautrby.  Monu- 
ments de  rhistoire  de  Tancien  évéché  de  Bftle.  Porren- 
truy,  1867.  Tome  V*.  Années  1400-1500,  in-8*. 

Vischer,  U.  B.  —  Prof.  Wilh.  Vischrb.  Geschichte  der  Uni- 
versitœt  Basel,  von  der  GrOndung  1460  bis  zur  Refor- 
mation 1529.  Basel,  1860,  in-8*. 

Wûnpheling,  CataL  —  Jacobub  Wixphblino.  Argentinensium 
episcoporum  Catalogns.  Argentorati,  1508,  in-4*. 

Wurâtisen,  Chron.  —  Christoph  Wurstwex.  Basler  Chronik, 
etc.  Gotrucktzu  Basel  bey  Sébastian  Henricpetri  (1560), 
in-fol. 


148 


BBVUB  D'ALSACE 


LNTRODUGTION. 

En  1481,  Aeneas  wSylviiis  Pircolnmini  avait  accompagné  le 
cardinal  de  Ferrno  au  conrilc  dn  RAle.  en  qualité  de  secré- 
taire intime*.  Il  ne  comptait  alors  que  vingt-six  ans:  mais 
ses  connaissances  solides  et  variées,  son  jugement  prompt 
et  juste,  la  clarté  et  l'élégance  de  son  style,  le  firent  bientôt 
remarquer  par  d'autres  prélats,  à  tel  point,  que  le  concile 
I  hooora  successiremeot  d'importantes  missions  et  lui  conféra 
plus  tard  les  fonctions  de  chancelier  et  d'agent  général. 

Bien  que  nombreuses  et  souvent  difficiles,  ses  occupations 
officielles  ne  Tempéchaîent  pas  d'entrer  en  relations  avec  les 
magistrats,  les  érudils  et  la. bourgeoisie  de  la  TilIe,  dont  il 
s*acquit  également  toutes  les  sympathies  par  la  franchise  et 
Taménité  de  ses  manières. 

Ce  fut  donc  nne  bonne  fortune  ponr  Bâle  de  Toir,  en  1458, 
dix  années  après  la  (in  du  concile,  Aeneas  Sylvius  élevé  au 
siège  pontifical  sous  le  nom  de  Pie  II. 

Aussi,  dès  Tannée  suivante,  le  m!<gi?*lrat  et  la  l)ourgeoisie 
s'adressèrent-ils,  en  toute  confiance,  au  nouveau  pape  pour 
obtenir  de  lui  rautorisalion  de  cn  er  une  université.  Celle 
autorisation  ne  se  fit  pas  longtemps  attendre.  Pie  II  la  leur 
accorda  par  une  bulle  mémorable,  datée  de  Mantoue,  le  If 
norembre  1459  \ 

Disposant  de  nombreuses  ressources  pécuniaires,  dotée 
d'importants  privilèges,  la  jeune  université  fut  solennellement 
inaugurée  le  jour  de  Saint  Ambroise  (4  avril)  1460*. 

Son  premier  chancelier,  nommé  par  le  pape  lui-même,  fut 

'  Le  concile  dura  17  ans  :  de  1431  à  1418. 

'  Y.  Vischer,  U.  B.,  p  26-28,  oii  se  trouve  la  traductiuii  de  la  bulle, 
•t  p.  S88-870  qoi  donnent  le  texte  latin, 
*  Voir  dans  la  Cbroniqne  de  Wantisen,  liv.  IV,  fol.  4S3,  une  bonne 

(,'ravuro  sur  bois,  qui  représi'nte  l'acte  solt^nnelde  cette  inanguration par 
ré?éque-chancelier  dans  le  chœur  de  la  cathédrale. 


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B£CTEURS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE  BALB.  ALSACIENS 


149 


révêgoe  Jean  deVeningeo,  qui,  à  8ontoar,désigo8,  comme  pre- 
mier rectearje  docteur  en  droit  canonique,  grand  prévôt  de  la 
cathédrale  de  Bflle,  [jrevôt  de  Lutenbach,  George  d'Andlo,  de 
l'illustre  famille  d'Aruilaii.  une  des  plus  anciennes,  non-seu- 
lement de  la  noblesse  d'Alsace,  mais  de  celle  de  l'Empire 
germanique  tout  entier;  elle  remonte  au-delà  du  XII*  siècle, 
et,  eu  1347.  les  d'AndIau  furent  compris  parmi  les  quatre 
familles  de  cboraliers  du  Saiai-Ëmpire  et  placés  à  leur 
me'. 

L'université  de  Bâle  possédait  les  quatre  facultés  :  de  théo- 
logie, de  droit  canoaique  et  civil,  de  médecine  et  de  philosophie 
plus  ordinairement  appelée  faculté  des  arts  liliéraoz,  Ârtiiim' 
FaeuUœL  Chacune  d'entre  elles  a?ait  à  sa  tête  un  doyen. 

L'unité  de  roniversité  était  représentée  par  ses  recteurs, 
dont  le  premier,  comme  nous  ?enons  de  le  roir,  fiit  nommé 
par  révèque-cbancelier;  les  subséquents  furent  élus  par 
l'université  même  ou,  comme  on  disait  aussi,  par  le  conseil 
universitaire,  fù/iviV/HW  iiniversitads,  c'est-à-dire  par  tous  les 
docteurs  et  maîtres  des  quatre  facultés.  Dans  la  suite  ce 
mode  d'élection  subit  quelques  cbangenients. 

Dè3  l'origine,  la  durée  do  l  exercice  du  rectorat  était  de  six 
mois.  C'est  ainsi  que  le  successeur  de  George  d'Andlau, 
Gaspard  ze  Rhin,  custode  de  la  cathédrale,  fut  déjà  élu  le  jour 
de  Saint- Luc  fl  H  octobre)  1460.  La  matricule  ne  présente, 
afant  l'époque  de  ia  réformation,  qu'un  seul  exemple  de  déro- 
gation à  la  règle;  ce  Ait  en  fa?enr  d'un  Alsacien,  Nicolas 
Betzlin,  de  Barr,  qui,  d'un  commun  accord  entre  les  quatre 
fiicnltés,  consenra  les  fonctions  rectorales  pendant  toute 
Tannée. 

n  n'entre  pas  dans  le  plan  de  ce  trarail  de  donner  de  plus 
amples  détails  sur  l'élection,  les  devoirs  et  les  droits,  les  fonc- 
tions et  les  prérogatives  des  recteurs:  on  les  trouvera  exposés 

aux  pages  100  à  137  de  l'excellente  »  Histoire  de  l'université 

^  £.  Lkbr,  AUace  noble,  vol.  Il,  p.  3-18. 


150 


BEVUE  D'ALSAOB 


de  Bflle  >  du  professear  W.  YÎBcher,  dont  j'ai  indiqué  plus 
haut  le  titre  complet. 

Je  rappellerai  toutefois  qu*en  dehors  du  rectorat,  l'Alsace 
a  fourni  à  la  jeune  université,  entre  le«  années  1460  et  1543, 
toute  une  phalange  do  professeurs  et  de  littérateurs,  dont 
quelques-uns  fi^jurent  encore  de  nos  jours  aven  distinction 
*  dans  I  histuire  littéraire,  tels  que  :  le  prédicateur  Geiler  de 
Kaisersberg;  \e  poëte  satirique  Sébastien  Brant.  de  Stras- 
bourg; rhébraïsanl  Conrad  Pellicanus  [Kiïrschner),  de  Rouf- 
Aush,  l*aaii  et  Témule  de  nilustre  Reuchlin;  le  réformateur 
Woif|KangGapito(Aîais)/fein),de  Hagnenau;  le  théologien  Paul 
Constantin  Phrygio  (SeideiuHeker)^  de  Schlestadt,  Fantenr 
d*une  Chronique  des  rois  et  des  royaumes;  Jérôme  Gémuseus, 
de  Mulhouse,  médecin  et  philologue  distingué. 

Un  autre  Alsacien,  Thumaniste  Beatus  Rhenanu8(Bi2ilo0n 
Bheinatt),  de  Schlestadt,  était  renu  à  BAle,  au  commencement 
de  Tannée  1513,  Il  n'appartenait  pas  an  corps  universitaire, 
mais  il  n'en  brillait  pas  moins  pnrla  profondeur  et  la  richesse 
de  ses  connaissances  dans  la  littérature  classique.  Il  fut  l'éfli- 
teur  ou  le  conecleur  d'un  grand  nt  nibre  d'ouvrages  importants 
sortis  des  imprimeries  d'Amerbach  ou  de  Froben,  qui  don- 
nèrent alors  une  si  puissante  impulsion  au  développement  de 
leur  art.  Rhenanus,  comme  on  sait,  eut  aussi  le  mérited'avoir 
découvert  à  l'abbaye  de  Murbach,  et  d'avoir,  le  premier» 
publié  une  copie  des  fîragments  de  l'historien  Vellejus  Pater- 
Gulus  K 


'  Voy.  Beatut  Rhinanui  von  SdikiMadt,  dargert^  von  Dr.  Jacob 

Mœhhjy  dans  VAUatia  1858-1857,  p.  217  cl  248.  —  Adalbeut  Hor\witz, 
Des  lieatus  Ithenanus  lUmarische  Th4el^keit  in  den  Jahren  UOS'ISSI, 
Wien,  1872,  p.  35-38. 


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BBCTEUBfl  DB  L'DMIVBRSITÉ  DB  BALB.  ALSAGIBMS 


151 


Série  des  recteurs  de  ruiversité  de  Bàle  d'origioe 

alsaeienie 

1460-1524 

1460.  —  Georoius  de  Andlo  fd^Andlau),  grand  préTÔt  de 
la  cathédrale  de  Bftle  pendant  cinquante  ana  ;  prérdt  da  cou- 
Tont  de  Lntenbach,  en  Alsace;  docteur  en  droit  canoidqne.  Il 

mourut  le  7  mars  1466;  ses  épitaphes  se  tronvent  dans  la 

cathédrale  *;  un  portrait  à  riiuitr.  conservé  daiis  la  salle  dos 
actes  ds  l'université,  le  représente  dans  toute  la  force  de  la 
jeunesse. 

Wiirs(is.  n.  C.hron.  Liv.  VI,  fol.  4i3.  426.  —  Altien.  Kaur.,  p. 

100;  V\'.K  —  l'atriot.  KIs.,  1777,  p.  226  »'l  suiv.  —  Isdiii,  \.o\u\, 
1720,  tome  1.  foi.  171.  —  Visctjor,  V.  B.,  p.  31.  'Xi,  unW  :{(). 
101.  20.*).  322  —  K.  I.ohr,  Als  n.,  lome  II,  p.  5.  Les  armoiries 
des  d'Andlau  se  trouvent  a  la  planche  ih'. 

—  Gasparos  di  Rhino  (Gaspard  ae  Rhin  ou  Zu  Rhein); 

bonrgeoifl  de  Mulhouse  où  il  naquit  ;  pré?Ot  du  chapitre  de 

Saint-Ursanne;  custode  de  la  cathédrale  de  BAIe,  plus  tard 

(1479)  éréque. 

Wurslta,  Chron.  Liv.  VI,  fol.  4)6  et  461.  —  AUien.  Ranr., 
p.  m.  —  Vischer,  l).  B.»  p.  100. 101.  «42.  322.  —  Patrlot  Els., 
p.  227.  — Mfllh.  BOrgerb.  p.  413;  la  plaoclie  12*  donne  les  annol- 
ries  de  b  binUle  Zu  Rhein.  —  E.  Lehr.  Aie.  n.,  tome  III,  p.  261. 

avec  les  armoiries  de  la  famillo.  —  Wurslis<»n.  Chron.,  Uv.  VI, 
fol.  101,  donne  les  armoiries  d' Gaspard  Zu  Uhein.  rnmmoévê((ue, 
—  Trouillal  Kvôi-hr  il-'  llâlc,  loiiu-  V,  p.  ."3:;.  8W»  (adanii.  Ii79i  ; 
.S7-2.  S8l.  889.  8U0.  1)08.  910.912.  913.  —  Schmidl.  Uisl.  lUl., 
tome  1,  p.  27.  * 

1461.  —  JoHANNEs  GRflTZBft  (Groutzer),  de  Guebviller  ;  A. 
L.  M.  (mattre^arls),  à  Erfurt;  bachelier  en  théologie,  à  Hel- 
delberg;  docteur  en  droit  canonique  et  en  théologie  ;  chanoine  et 
prédicateur  de  la  cathédrale  de  Bàle  ;  doyen  de  la  foculté  de 

*  Voy.  l'Appendice,  1 


KKVUE  D'ALSACE 


philosophie  ou  des  arts.  Garé  de  la  cathédrale  de  Strasbourg, 
paroisse  de  Salnt-Laareiit;  exilé  de  la  ville,  à  la  suite  de  ses 
querelles  a?ee  les  moines  des  différents  eoovents,  au  sujet  de 
VftlHmtim  vale,  après  avoir  été  excommunié  par  le  pape,  par 
rarclievt^qiie  de  Mayence  et  l'évôiiiie  de  Strasbourg.  En  1465, 
il  entra  au  couvent  des  doininicaiiis  de  Gueliwiller  et  mourut, 
en  1478.  comme  doyen  des  dominicains  de  Cohtiîir.  l^redica- 
leur  disliîi;;ué;  liomiiie  pieux  et  inlèj^re,  il  ne  lais-'^ait  point 
pnrf'is  d'êlre  vif  et  euipnrié.  Il  est  iaulaur  d'un  traité  sur  les 
hommes  célèbres  de  son  ordre;  d  un  traité  sur  l'oraison  domi- 
nicale et  d'un  Iniié  sur  les  sept  œuvres  de  la  piété,  etc. 
Geiler  de  Kaisersberg,  Wimpheling  et  Berler*  rayaient  en 
haute  estime  et  le  défendaient  contre  les  accusations  injustes 
de  ses  adversaires. 

Wurslist'ii,  Cliron.,  Liv.  Vl,  fol.  4i6.  —  Kœnigshoven-Schilt., 
p.  567-568.  Ii29et5ulv.  1133.  —Borl»,  Chron.,  p.  70et71.  — . 
Geiler,  einels.édit.  1516,  fol.  196.  —  Wimphding,  Calai.,  p.  110. 
—  Chron.  Domin.  Goebw.,  p.  76  et  79.  illhea.  Raur.,  p.  1. 
450.  —  SchœpfliD-Rav..  tome  V.  p.  138.  —  Roehricb.  Itef.  Cesch.. 
tone  V,  p.  59^.  —  Tlscher,  II.  B.,  p.  53.  71.  101.  lli.  ;205. 
906.  i07.  il6.  217.  322.—  Schmidt,  Hist  UtL,  tome  I,  p.  341. 

1465.  —  NicoLAUS  BnzLiN,  de  Barr  *  ;  raaître-ès-arts  de 
roniversilé  d'Ërfurt.  Savant  distingué,  qui  embrassa  le  parti 
libéral  et  <  démocratique  t  des  jeunes  mattres-ès-arts  et  lui 
procura  la  victoire  sur  le  «  vieux  »  parti.  Contrairement  ans 
statuts  et  à  Tusage  établi  jusqu'alors,  mais  d'un  commun 
accord*,  il  fut  élu  recteur  de  Tuniversité  pour  rester  en 
fonctions  pendant  tonte  Tannée  académique,  du  i*  mai  1465 
au  1- mai  1466*. 

'  Voy.  Appendice  II,  1.  2.  3. 

'  La  malrieule  écrit  de  Bar;  dans  le  texte  de  son  oavrage  sur  l'oni- 

▼ersitc  de  Hhh',  lo  profrtsspur  Viscber  écrit:  Barr. 

*  Concorditer  dit  la  matricale. 

*  Per  anni  eireulum.  Matric. 


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RBOTBUm  DS  L*UNlTBBSrrt  DB  BALB.  AL8A0IBK8  158 

Wurstisftii.  Chron.,  I/iv  VI  fol.  426.  —  Athen.  Raur.,  p.  459. 
—  Yischer,  U.  I)..  p.  bo.  100.  lOG.  U2.  m. 

1471.  — PETiirs  DE  AxDLO  (Pierre  d'Andlau)  :  prévôt  de 
laroIiôgiRle  de  Cnlmar:  vice-chnnceli<'r  de  riiniversilf^  de  Hàle; 
docteur  et  professeur  de  droit  ranoTiiqiie  et  doyen  de  la  fHCulté 
de  droit.  En  1464  il  fit  partie  d'une  eonimissiori  qui  rddijzca 
des  .«tatiits  et  des  règlements  élHl»lissant  la  parité  de  droit 
entre  les  adhérents  du  r^a/{«me  et  ceux  du  nominalisme,  qui 
divisaient,  à  relte  époque,  les  membres  de  la  faculté  de  phi- 
losophie ou  des  arts  libéraux  K  Le  premier  de  ces  deax  sys- 
tèmefl  attribuait  aux  notions  générales  sur  les  choses  créées 
Tétre,  la  réalité;  tandis  que  l'antre  ne  reconnaissait  ces 
mêmes  notions  que  comme  des  abstractions  de  Tentendement 
humain,  que  comme  dcH  noms,  nomina  *.  Le  plus  ardent  et 
le  plus  érudit  des  réaUsles  de  Bftie,  était  Jean  Heynlin,  a 
Lapide  ^  qui.  après  avoir  séjourné  successivement  à  Bftie,  à 
Paris  (en  qualité  de  rectenr  de  Tuniversité,  docteur  en 
théologie  et  professeur  à  la  Sorbonne)  *.  puis  à  Tubingue  et 
à  Berne,  était  revenu,  en  1484,  à  lîàle.  où  il  devint  chanoine 
et  prédicateur  de  la  cathédrale.  Il  ternjina  sa  brillante  car- 
rière conmic  religieux  de  la  cliartreuse  du  val  de  Sainte- 
Marguerite  à  Petit-Bàkv'.  Avant  sa  retraite  au  couvent,  qui 
s'était  faite  le  jour  de  1  Assomption  (lâ  août)  1487,  Ueyalin 

*  Un  autre  Alsacien,  Jacques  db  Sbnnhbim,  faisait  également  partie 
de  cette  commiMion. 

»  Voy.  Vi^clier,  V  B.,  p.  138  et  soiv. 

*  Vmv.  sur  Hoynliii  J.  W  Herlzog'.  Ailiuiibritio  eriidUoniin  Basilien- 
siuin  niorilisapuil  oxleros,  etc.  Basilia'  1781».  p.  101-101.  — Ch.  Sclimidt, 
Histoire  lilU'raire,  t.  I.  p.  19.  194.  198.  209.  t.  11,  p.  32.  —  liasler 
Chnmik,  1. 1,  p.  343-347. 

*  Bie  étetrinam  eorumParûi$Mium  qui  kbalbs  appeUatUur,  primus 
ad  BOBiUeiunm  universHatem  tramtulit  ihidemque  plan  la  rit,  rnboravU 
et  nuxil.  Vov  Coutiiiuatio  cbronicoram  CarUiiui»,  etc.  14bO-I526.  Aif- 
1er  Chronik^  t  I,  p  311. 

*  La  tiibliothèqae  de  l'université  de  Bàle  poss4^de  un  grand  nombre 
de  maoïuerils  de  Heynlin. 


154 


BEVUB  D'ALBAGB 


avait  groupé  autour  de  lui  un  grand  nombre  d'adhérents 
pamni  lesquels  figurent  les  Alsaciens  :  Jean  Geiler  de  Kai- 
Mraberg,  Sébastien  Brant,  Jean  Surgant,  Michel  Wildeck, 
Bûrck  de  Tbann,  Jaeqoes  Garpentarins  et  Werner  Sehliar- 
bach.  Les  noaUnalUtes  alsaciens  étaient,  entre  autres,  repré- 
sentés par  :  Jacques  Hugonis,  de  Ifarmoutier,  Théodore 
Rinow,  de  Schlcstadt  et  Âdam  BroTi,  d'Epfich  \ 

M.  E.  Lehr,  I.  c  p.  6,  (ait  de  scendre  Pierre  d'Andlau  de  la 
famille  noble  de  ce  nom,  tandis  que  dans  la  dédicace  de  son 
ouvrage  latin  sur  l'origine  du  Saint-Empire  romain,  de  son 
administration,  etc.*,  adressée  à  l'empereur  Frédéric,  il  se 
nomme  lui-même  :  •  Mrm  de  Andlo,  AkaHœ  qppido,  agnomen 
irahem,  *  Voj.  le  passage  entier  dans  l'Appendice  m.  On 
loi  attribue  aussi  <  la  rédaction  d*une  Chronique  de  l'Al- 
sace, qui,  après  avoir  passé  à  la  Bibliothèque  de  Golmar,  en 
a  dispani  sans  qu'on  puisse  indiquer  le  lieu  où  elle  se 
trouve  aujourd'hui  ». 

Wnrstison,  Cliron.,  I.iv.  VI.  lui.  Î26.  —  Athoii.  Uaur.,  p.  iOO. 
4">0  —  Si  lKBpdiii-Hiiv.,  imm*  I,  page  iinte  f».  —  Palriot.  Els., 
p.  i-»8  el  22f).  -  K.  Lehr.  Als.  ii..  tome  II,  p.  (}.  —  ViJk'hor. 
U.  H.,  p.  10-13.  37.  riO.  73.  03.  1  il.  199.  -2-28-2-29  237.  Î40. 
323.  —  Schiuidl,  llist.  litt.,  tume  i,  p.  204  .  205  .  280. 

*  Nous  attentions  avec  inipationce  l:i  publication  d  un  momnire  sur 
les  réalistes  et  les  uominalistes  alsaciens,  qu  au  de  nos  savant:)  amis  et 
collègues  p répare  dani  ce  moment.  Nous  noas  permettons,  s'il  ne  le 
connaît  pas  déjft,  de  lai  signaler  ici  an  excellent  traité  snr  son  sajet,  en 

général  :  Der  Kampf  zwischen  dcm  Rcalismus  nnd  Xominalismust  im 
MiUelaHer,  etc.,  ron  D'  J.  II.  Lanir,  Pinfes.<or  ihr  !'hiln.<nphir  in  Prag. 
Au€  den  Àbhaudlnngen  der  k.  bœhmischeii  Cesdlschafl  der  iVissentchaf- 
ten.  Prag  1876,  87  p.  in-l°. 

*  De  Imperio  romauu,  Uegis  et  Augusli  crealione,  mauguralione, 
administratione  et  officio,  juribu»,  rUQmêHcennioniis  EleelorumaUi»' 
que  Imperii  portilnu.  Argentorsti  1603  et  1619,  et  Noribergi,  1657,  in-4*. 
Le  litre  de  l'édition  imprimée  k  Strasbourg  1613  par Rihel  présente  pln- 
siears  variantes.  —  Voy.  Atken.  Raur,»  p.  100. 


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BJEOTKURS  DB  L'UMIVEBSITft  DE  BALE.  ALSACOEMS 


156 


4478.  —  CiiaisToi'iioia  s  i»k  Utknukim  in  Ramstein:  de  la 
famille  noble  d'Utenlieim  ou  Uttenlicini;  maitrc-ès-arts  ;  doc- 
teur endroit  canonique.  1474;  prév(5t  et  chanoine  de  Saint- 
Thomas  de  Strasbourg  •  ;  custode  du  chapitre  de  la  cathédrale 
de  Bàle;  puis  administrateur  de  l'é?êché  et,  en  1500,  évêque 
de  Bâie.  C/està  sa  demande  que  Conrad  Pellican,  de  RoufTach, 
alors  leelear  ou  profeaseor  au  oouTent  des  Franciscains  de 
Bâle,  rédigea  un  traité  sommaire  sur  la  foi,  rapéraiim  ei  la 
ekarilé.  Yoj.  le  texte  de  Pellican  :  Appendice  IV. 

Wurstisen,  Ghron.,  Liv.  VI,  Ibl.  486,  et  496,  où  se  trouvent  les 
armoiries  de  l*évéque  Christophe  d*U.  —  Athen.  Ranr.,  p.  459.— 
Grandidier,  Oeav.  Inéd.,  lome  VI,  p.  406  et  sniv.  (historique  de 
la  famille  dV.).  —  VIscher,  U.  B.,  p.  55.  165  22g.  323.  — 

Troiiil!:ii.  V.sCrhv  d  -  f5ili',  tmiir  V.  p.  675.  —  SchmitU,  Hist.  Ii!t.. 
lomel.  |).  iJ.  -27.  i7.  7;;.  70.  9i.  03.  114.  197  .  275  .  349. 

■m.  373.  Tome  U.  p.  21.  ILS, 

t) 

1474.  —  Adam  Brun  (ou  Brunn)  d'Ëpfich;  mattre-ès-arts 
et  doyen  de  la  bculté  des  arts  libéraux,  où  il  professa  la  phi- 
losophie pendant  40  ans  (de  1460  à  1500).  Il  mourut,  le  jour 
de  Saint  Grégoire  (12  mars),  1500. 

Warslisen.  Chron.,  i/iv.  VI,  fol.  426.  —  Athen.  Raur.,  p.  i59. 
—  Vischer,  U.  B.,  p.  33.  62.  73.  92.  142.  166.  167. 180.  183. 
323. 

1477.  —  Jacobus  Hugonis  de  Mor-nuinster  (Mnnermmster, 
Marmoutier)     maître-ès-arts.  Sél  astien  Brant,  alors  âgé  de 

'  La  matricule  lo  nomme  :  Pnppos.  rlcntton.  eccfes.  S.  Thomw  Argent. 
V.  Vischer,  U.  B.,  p.  32'i.  —  Ch.  Schmidl,  Si.  Thomas,  le  cite  à  l'an- 
née 1473,  avec  la  remarque  :  qu'en  1494  il  résigna  en  faveur  de  son 
neveu  Melchior  de  Baden.  Voy.  p.  27S.  —  L.  Schneegans  le  feit  figurer, 
comme  i)rcvôl,  de  1 17.5  &  1477,  en  1480,  1401  et  en  1494.  v.  Egl  SU 
Tlininn,  [1.  Il  se  troiiipi'  >'n  i(l(»ntifiant  le  vîllaj^'e  d'Utenli-^irn  m  r-.- 
•  elni  il  Itteiilioim.  —  I  ii  aiilro  memlin*  (le  la  famille.  Jf.\n  (rCrF.MiKiM, 
ten  14.50,  fut  également  chanoine  de  .Saint-TIjomas.  V.  Schmidt.  I.  c, 
p.  278.  —  Etibrhb  d'UniiHKix  fat  reçu,  en  1483,  bachelier  en  philoso- 
phie à  l'aniversilé  de  Bile. 

•  llrGOMs,  sons-entoiidii/î/ii/.'"-.  —  Le  catalogue  du  profésseor  Vischer 
met  Morsmùnster  ;  dans  le  texte  l'auteur  écrit  MawrmUntUr. 


156 


RtVUB  D'ALBACS 


18  ans,  avait  accompagne  Hugonis  à  Bâie,  en  qualité  de 
famulus.  Il  figure  en  1475  sur  la  matricule  des  étudiants.  Le 
ra?ani  Reuchlin  nomme  Hugonis  son  mstikUor.  Auteur 
de  :  Quaénwvim  EcektUB  quatuor  prehtorum  offiewm 
gmbu»  omnis  siakut  km  Hcularis  tutn  vero  EcclenasUeiu 
méHeitur,  etc.  Argent  Joh.  Gillninger,  1504,  in-4*.  —  Dtr 
heiSffen  KMm  und  éês  BënUtehen  BeHéh»  wagm  fur.  Strass- 
burg,  Joh.  Grûninger,  1 504. 

WursliMMi,  Chron.,  Liv.  VI,  lui.  426.  —  AlhtMi.  Raur.,  p.  459. 
4S9.  —  Vischer,  U.  B.,  p.  189,  Dote  58.  32i.  —  Schmidt,  Uist. 
litt.,  tome  I,  p.  193.  ;  toim»  Il  p.  394. 

1478.  —  Bernaruls  Ouglin  (Oiglin,  Oeglin.  E'^Vm),  d'Alt- 
kirch;  inscrit  sur  la  matricule  des  étudiants,  en  1465,  soua 
le  nom  de  Bernhardus  Ëgelin:  maître  en  philosophie  1471; 
licencié  en  droit  canonique  1478;  docteur  en  droit  1481; 
chanoine  de  la  cathédrale  de  Bftie  ;  ricAire  général  de  Té- 
▼éché;  Tice-chanoelier  de  runivmité;  doyen  delà  faculté 
de  droit  et  de  celle  des  arts  libéraux.  U  fut  quatre  fois  rerêtu 
de  la  dignité  de  recteur  et  mourut  en  1806.  —  Sébastien 
Brant  célébra  dans  des  vera  latins  Télsction  d'Oaglin  comme 
recteur. 

Wurstisen,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  416.  —  Atben.  Raur..  p.  102. 
459.  460.  —  BasI.  Chron.  I,  p.  346.  —  Ylscher,  U.  B.,  p.  93. 
117.  168. 174.  175.  176.  S4i.  324.  325.  —  Tronillat,  Evéché 
de  Bftle,  tome  p.  877.  —  Schmfdl,  Hist.  liu.,  tome  L  p.  903. 
208. 

1481.  BBRNARiiim  OOOLiN.  n. 

Atben.  Raur.»  p.  460.  -  Viscber,  U.  B.,  p.  324. 

1482.  —  JoH.vxNKs  (jDALRK.i  .s  SuKGA.NT  (Surgiant,  Surianl), 
d'Altkircli'  ;  inscrit  sur  la  matricule  des  étudiants,  en  1464? 

*  Un  parent  (le  Jean-l  lric,  Ci  >M.\NN  Slriant,  (Ijrînre  comme  secrélaire 
de  la  ville  {SUidi-  ou  liaihsschreiber}  d'AUkircti  daii.s  un  acte  de  vente 
de  1471  «  Freitag  nach  Halbfasten  •  c'est-à  dire,  29  mars.  Un  Mblcrior 
Saneun  est  ûmctII^  en  1480,  k  h  faeulté  de  philosophie  de  Bile,  et  un 

BURCKHARDT  SORGiNT,  OU  1483. 


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RBCTEDB8  DB  L  UMIVBB&rri  DB  BALB.  ALSAGIBNS  157 


bachelier  en  philosophie  à  Bâle,  1466;  maître-ès-arts  de  l'u- 
niversité de  Paris,  1473:  docteur  en  droit  canonique  è  Bàle, 
1478;  trois  fois  doyen  de  la  faculté  de  droit  et  quatre  fois 
recteur  de  l'université;  chanoine  de  Saint-Pierre;  curé  de 
Saint-Théodore,  à  Petit  Bàle.  Savant  distingué  et  prédicateur 
d'un  grand  talent.  Il  mourut  en  1503.  Uesi  Fauteur  d'un 
Manuak  Curatorum  *  où  se  trou?e,  entre  autres,  roraison 
funèbre  du  seigneur  Jean  de  MOrsperg  (Morimont),  pronon- 
cée en  allemand,  à  Heidwitler,  le  S8  août  1475  et  reproduit 
dans  VAbaUa,  1858-1861,  p.  t75  et  276.  C'est  probablement 
le  plus  ancien  discoors  allemand  imprimé.  (Abbé  Zimberlin.) 

Wurstisen,  Cbron..  Liv.  VI.  fol.  426.  —  Âlhen-  llaur..  p.  103. 
460.  461.  -  Vbeber,  1).  B.,  p.  M.  IW.  165.  168.  175.  176. 
Ui.m.dU.  m.  m,  —  Schmldt,  Hlsl, mt.,  tome  I.  p. SOS. 
336,  note  166.  Tome  II,  p.  54-57  et  393,  où  se  trouvent  les  tltns 
complets  de»  <envres  de  Surgant. 

1488.  —  Adam  Brun.  II. 

(Wurstis'ii,  l/iv.  VI.  fol.  i^G.  omet  ce  qodi).  —  Atheo.  Raur. 
p.  460.  —  Visclier,  U.  B.,  p.  324. 

1487.  —  JoH.  Udal.  SimoANT.  U. 

(WuretlaeD,  Ltv.  VI.  fol.  437,  nMndiqoe  le  non  d'ancnn  recteur 
pour  l*année  1487).  —  Athen.  Raur.,  p.  460.  —  Viscber,  U.  B., 
p.  335. 

1488.  —  Bernu.  Ouglix.  III. 

(Omis  dans  Wurstisen).  —  Atben.  Raur.,  p.  460.  —  Vischer, 
U.  B.,  p.  335. 

1489.  —  HiGHABL  WiLDECK  (Wildegk)  deMûIhusen;  inserit 
sur  la  matricule  des  étudiants,  en  1463:  bachelier  en  philo- 
sophie, en  1466:  matlrc-ès-arls,  en  1471;  liciencié  en  droit 

'  Manualc  Curatorum  prœdicandi  prœbens  modum  tam  latiiw  quam 
vulgari  »ermone  praeticê  {Uuminatum  :  eum  eerti»  aiiù  ad  curam  ani- 
marum  jnrUnmlilnu  :  omnibus  ewraUê  tam  eondue^Uis  çtMm  «ofuitit. 
BasiUœ  ap.  Michael  Farter,  i5(S,  4*  (Voy.  Beitntge  zvr  Basler  Buch- 
iruekergnehichu  vm  J.  Stœkmeyêr  u.  B.  Réber.  Ami 1840,  p.  81,  n*  36. 


1G8 


REVUE  D' ALSACE 


canoniqae^en  1489;  docteur  et  professeur  en  théologie,  en 
1491  ;  chanoine  et  prédicateur  de  la  cathédrale  de  Bftie;  pré- 
bendier  de  l'église  de  Saint-Pierre.  Il  fut  trois  fois  doyen 
de  la  faculté  de  théologie:  ciru]  fois  (1ov(mi  de  la  faculté  de 
pliilosO[)Iiio  et  deux  fois  recteur  de  l'université. 

WiirslisiMi.  Chron.,  Liv.  VI,  fui.  î^7.  —  Athen,  Haiir.,  p  6. 
mo.  —  Vischer.  U.  R..  p.  120.  KIG  Ifi7.  lf!8.  221.  222  223. 
22.").  —  Les  Wildt'ck  li^'urt'iil  sur  la  liste  dos  taiitilles  éleiatt^s  de 
Miilliouse.  Voy.  Mùlli.  Hurj^erl»..  p.  120. 

—  JoHANNVs  SiGBiST,  de  Roufîach;  bachelier  en  phtloeo- 
phie,  1460;  mattre-ès-arts,  i486;  docteur-èa^arts;  licencié  en 
droit  canonique.  Il  avait  dit  ses  études  à  Bâle  et  à  Sienne 
et  était  devenu  snccessivenient  :  chanoine  de  Saint-Plerre> 
le-Jeune  h  Strasbourg;  olBcial,  chancelier,  Ticaire-gériéral  de 
l'évêque  ;  chanoine  de  Saint-Thomas,  dès  1497;  chantre  en 
4499;  recteur  des  églises  d*Utenheini  et  de  Rtittnisheim.  Tl 
mourut  en  1517.  —  Un  Ueniu  Sinnisr.  de  Kouffach,  est  inscrit, 
en  1481,  comme  étudiant  en  philo.sopliie. 

Wiirslisen.  Cliroii.,  Liv.  VI,  fol  127.  —  .\tlieii.  Kaur.,  p.  4G0. 
Visrher,  l  .  lî  ,  p.  :t2.">.  —  S<lmiidl.  Saiiit-Tliuinas.  p.  27-4.  — 
Schmidl,  IlisL  lill.,  lome  L  P-       8U.  212.  Tooie  II,  p.  177. 

149  L  —  Jacobus  Carpentarii  (Zimmermann),  de  S.  Hip* 
polyte  ;  inscrit  comme  étudiant  en  philosophie,  en  1486;  bache- 
lier en  philosophie,  i491  ;  docteur-ès-aris;  chanoine  de  Saint- 
Pierre.  Il  fît  un  cours  de  poésie.  —  Un  Johaxnes  Carpkntarif, 
de  Saint-Hippoiyte.  est  inscrit,  en  1487,  coaime  étudiant  en 
philosophie. 

Wiirstiseii.  Chron..  Liv.  VI,  f<tl.  427.  —  .\lh('n.  Haiir.,  p.  400 
tajuiuc  Jii  iKiin  :  Argent,  i.  •  Vischer,  U.  B..  p.  1G8.  188.  325. 
—  Sctimidl,  llisl.  lilt.,  lome  1,  p.  lOi. 

1494.  —  JoHANNES  Stump,  de  Weschhusen  on  Westhusen, 
licendé  ès-décrétales;  chanoine  de  Saint-Pierre. 

WnrsUsen,  Chron.,  Liv.  VI,  fui.  iil,  te  bitnaiuv  à  Wescli- 


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BBCTB0B8  DB  L'QNXTBBSITË  DB  BALB.  AL8AGIBNS  150 


bcuivii,  contraireiiicnt  à  rinscripiion  du  Catalogue.  —  Atln  ii.  liaiir., 
p.  -iGO.  —  Yis<:her,  II  B  .  p.  I23,  ii"  IJ-i  i.  —  yVcsrlihuscii  .^1 
le  iiuiii  pupulairc  du  village  de  Woslhauscii,  près  Iknfeld  ;  utile 
trouve  dans  une  bulle  du  l  ape  Nioolas  IV.  de  Panoée  flS87,  oA  il 
est  dit  «  ptitmkmei  in  viUa,  qua  VetiMuÊen  vutgmiler  maut^ 
fur  >  V.  Graudidler,  Oenv.  inèd.,  tome  H  p.  440.  ~  Le  village 
est  encore  aujourd'hui  oonuné  Weaehhuten  ou,  par  abréviation, 

  JOH.  UdAI..  SlIHC.ANT.  III. 

(Wiiislisni,  Chnm..  IJv.  VI,  fol.  .Ji7,  m-  l'indique  pas)  — 
AUit  n.  Uaur.,  p.  iJiO.  —  Visi^hei-,  Lî.  11.,  p. 

1496.  —  HiCHAisL  WnjiBCK,  IL 

(Omis  dans  Wurstlaen,  Gbron.,  LIv.  VI,  fol.  421).  —  iUtaen. 
Raur,  p.  400.     Vischer,  U.  B.,  p.  315. 

i496.  —  BEH.NUAUDLS  OUglin.  IV. 

(Omis  dans  WurslistMi.  C.hron.,  Liv.  VI,  fol.  427).  —  Athen. 
Raur.,  p.  460.  —  Vischer,  U.  B.,  p.  325. 

ISOl.  —  JoH.  Udalrtg.  Sdroant.  IV. 

(Omis  dans  Wursiist'n.  Clmui.,  Liv.  VI,  fui  427).  —  Alben. 
Raur.,  p.  4()l.  —  Vischer,  U.  B.,  p.  ;iiG. 

1608.  —  Thbobaldus  Wescuuofbr  ou  Wbsthopeh  de  Richen- 
wir;  docteur-ës-décrétales;  chanoine  de  Saint-Pierre.  Il  fit 
un  cours  de  poésie  à  la  ftusnlté  de  philosophie  où  Sébastien 
Brant  le  remplaça  pendant  plusieurs  années  ooinnie  sup- 
pléant. 

Wurstisen,  Chron..  Liv.  Tl,  fol.  427.  —  Athen.  Raur.,  p.  461. 
—  Vischer,  U.  B.,  p.  188.  326.  —  Alsatia  1875-1876,  p.  299.  — 
Scbmidt,  Uist.  Utt.,  lome  I,  p.  194.  900. 

1505. —  JoiiANNEs  Sellatoris  (Saltlerj,  de  Gnebwiller. 
Inscrit,  en  1494,  comme  étudiant  en  philosophie  ;  bachelier 
en  1496;  mattra-ès-arts,  en  1498;  doyen  de  la  faculté; 
revêtu  quatre  fois  de  la  dignité  de  recteur.  IL  embrassa  les 
doctrines  de  la  réforme  et  mourut  comme  prévôt  de  TégUse 


BBWB  D'ALBikOB 


de  Saint- Pierre,  en  1545.  —  J.  W.  Hertzog,  l'auteur  des 
Athenœ  Rauricœ,  confond  Joh.  Sellatoris  de  GaebwiUer  avec 
Johannes  Gebvriler  oa  GewUer  de  Golmar,  docteur  et  profes- 
aear  en  théologie,  etc.  (TOf.  1807),  et  en  fait  on  seul  et  môme 
personnage.  Plusieurs  auteurs,  qui  ont  écrit  sur  cette 
époque,  ont  commis  la  même  erreur;  entre  autres  :  Pb.  de 
Golbéry,  1.  c,  p.  805;  Baquol-Ristelbuber,  I.  c,  p.  104.  — 
Un  Pbtrus  Sbllatoris  de  Guebwiller  fut  reçu,  en  1507, 
bachelier  en  philosophie  à  Bflle,  en  1510 

Wiirslisen  (^hron.,  Liv.  fol.  1-27.  — Alhrn.  Riiir..  |i.  461. 
Visi;her.  \  .  ii.,  p.  \  H:i.  100  il't.  Ho.  m.  —  Schraidl, 
Hist.  lUl.,  lome  I,  p.  i.'iO,  iiuU'  ± 

1506.  —  TmiOBALD  Wbscbhofbr.  II. 

(Omis  dans  Wurstisen,  diron.,  Liv.  VI,  fol.  427).  —  Athen. 
Raur,  p.  461.  —  Vischer,  U.  B.,  p.  326. 

—  Weuniieri  s  vScui.iKiuj.vcn.  .\liilhusiniis  ;  inscrit  corarce 
étudiant,  en  1478;  bachelier,  e?i  1480;  uiaître-ès-arts,  en 
1485;  docteur  en  théologie,  en  1516.  Il  fit  des  cours  de  théo- 
logie; fut  quatre  fois  rsFètu  des  fonctions  de  recteur  et  mou- 
rut vers  la  fin  de  l'année  1586. 

Wurslisen,  Chron.,  Liv,  VI,  fol.  427,  où  se  irouTent  ses  armoi- 
ries. —  AUien.  Raur.,  p.  461 .  —  PetrI,  Der  Sladt  Mfllh.  Gesehicb- 
len,  p.  813.  —  Vîscher,  U.  B.,  p.  168.  183. 199.  «5.  8S8.  326. 
—  Les  SchUarbach  flgurent  parmi  les  bmiltes  éteintes  de  Mulhouse 
V.  Nûlb  Bflrgerb..  p.  419. 

1507.  —  Johannes  Gkbwileu  de  Columbaria  (Golmîir); 
inscrit  comme  étudiant,  eu  1461);  maître-os-arls;  curé  à 
TQrkheim;  licencié,  puis  docteur  et  professeur  eu  théol(^ie 
à  Bâle;  préhendier  de  Saiut-Pierre.  Il  fut  trois  fois  élu  rec- 
teur. Gn  1523,  il  s*opp03B,  a^ac  trois  autres  professeurs  de 
l'université,  à  l'introduction  de  la  réforme,  quitta  la  ville  en 
1580  et  devint  curé  à  Eystct,  dans  le  margraviat  de  Bade, 
où  il  mourut  dans  un  ig»  très  avancé. 


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BBOnORB  DB  I.*DNITIIWITÉ  OB  BALB.  ALflAOIBNS 


161 


Wurslisen,  Chro»  .  Liv.  VI,  fdl.  Hl.  —  Allion  Uaur.  p.  7. 

—  Viscber,  U.  B.,  p.  57.  301 .  m.  iU.  iii.  316.— Ph.  de  Gol- 
b6ry.  I.  c.  (Voir  Joh.  Sellatoris,  ad  ann.  1505). 

1610.  —  Jacobos  dbGotteshbim  de  Âsi  Argent,  (de  Stras- 
boarg)  ;  matlnj-èo-arts  ;  doeteor,  en  i  509,  et  profesaeir  en  droit 
ei?il;  doyen  de  la  hcalté,  1516.  Engngé  dans  une  qaerelle 
arec  le  conseil  de  runiversité',  en  1517,  il  foi  suspendu  de 
ses  fonctions  et  condamné  par  l'évéque-chancelier  Christophe 
à  une  forte  amenda  que  son  ami,  Albert  de  Bœrenfels,  paya 
pour  lui,  en  1519,  époguc  a  laquelle  il  fut  réintégré  duiis 
toutes  ses  fonctions  et  dignités. 

Wurslisen,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  427.  —  Alhcn  Raur.,  p.  108. 
461.  —  ViscluT.  1).  B  ,  p.  :i45.  dl(î.  '.m.  —  \o\i'i  sur  la  famille 
noble  de  GoUi-slu'im  ;  llerlzog,  Cliroii.,  Liv.  IX,  fol.  Ib7pl  108.— 
Schœpflia-Rav.,  locues  IV  el  V,  passim.  —  Lrn.  Lchr,  Als.  ii., 
tome  II,  p.  218.  S19,  Jaoobus  de  Gotteslieim  ne  figure  dans  aucun 
des  trois  derniers  ouvrages  comme  membre  de  ta  femiUe  de  G. 

1513.  —  Johann.  Sbllatobis  de  Guebwiler.  IL 

(Omis  dan.s  Wurstisen  Chron.  Liv.  VI,  foi.  4S7).  —  Atheu. 
Raur^  p.  461.  —  Viscber,  U.  B.,  p.  398. 

1515.  —  JoH.vN.\K.s  Gebwiler  de  Golumbaria.  II. 

Wurslisen  Chron.,  Liv  VI,  fol.  427.  —  Albea.  Raur.,p.  401. 

—  Visolwr,  1.  li.,  p.  327. 

1516.  — Wkrnherus  ScuLieRBACii,  Mulhusin.,  II. 

Wurslisen.  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  427.  —  Alheu.  Kaur.,  p. 461. 

—  Vischer,  U.  B.,  p.  327. 

1517.  —  WoLPUOANQOS  Fabri  Gapito  ^(Kœpflein  ou  Kœpfel), 
de  Hagaenan;  né  en  1478.  Il  fit  de  brillantes  études  «as 

universités  de  Fribourg,  de  Bflle  et  d'Ingoistadt.  Il  devint 

'  ConsUium  universitaliSf  désigné  dans  leâ  documents  par  :  die  ganze 
Univertilœt. 

*  FAsat  se.  filius  ¥„  par  aUosiun  as  métier  de  son  père  qui  était 
markhal-fBrrant 

Noavalle  Séria.  —  S**  Année.  1 1 


162 


REVUE  D*Al.8ACt 


maître-ès-arts  et  successivement  docteur  en  médecine,  en  droit 
et  en  théologie;  {iréilicaleiir  de  la  cathédrale  de  Bùle;  doyen  de 
la  faculté  de  théologie.  En  1520,  il  quitta  Bâte  pour  se  rendre 
à  Mayence  où  Tavait  appelé  le  cardinal-archevêque  Aibsrt, 
en  qualité  de  prédicateur  de  la  cathédrale.  Après  an  séjour 
de  trois  àns  à  Mayence.  il  quitta  son  poste  pour  se  rendre  à 
Strasboarg.  en  152S.  Il  y  fut  élu  prérét  du  chapitre  de  Saint- 
Thomas  ;  se  lia  d*«mitié  arec  Martin  Butzer  et  devint  on  des 
plus  savants  et  des  plas  sages  réformatears  de  l'époque.  Il 
monratà  Stra8boarg,au  commencement  da  mois  de  novembre 
1641,  et  non  en  { 587,  comme  l'indiquent  Schneegans,  B^Ute 
d$  Saha-Thoffm,  p.  269;  Baqaol-Ristelhuber,  Dieiiarmairôy 
3*  éd ,  p.  170,  et  plosieurs  autres. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  qui  (raitcnt  de  Oipito,  je  ne  cite> 
rai  que  les  suivants  :  Wiirslisoii,  Chrori.,  I.iv.  VI.  fol.  .i27.  — 
Adam,  ViUe  llieol.,  toi.  41  etc.  —  Alhen.  Haur.  p.  10-12.  402.  — 
Vist^her,  IJ.  p.  227.  228.  230.  327.  —  Schneegans,  Egl.  de 
St.  Thora.,  p.  269.  —  Rœhrich.  Réf.  Ge^ch.  {passim).  —  B  um, 
Capito,  ouvrage  aussi  distingué  par  les  recherches  historiques»  it 
caractéristique  du  rèforinatenr  et  de  l'époque  k  laquelle  il  appartient, 
que  par  Ténergie  et  Toriginalité  du  style.  Aux  pages  578  à  585, 
se  trouTe,  par  ordre  chronologiquet  la  liste  complète  des  œuvres  de 
Capita  —  A.  Erichson,  Kv  prot.  Kin;henbote.  1878,  p.  SOS  et 
suiv.  —  Schmidl,  Uist.  liu.,  lome  I,  p.  97. 

1518,  —  JoH.  Skll.\toui.s  de  Cebwiler.  III. 

(Omis  dans  Wurslispu,  Chron.  Liv.  VI,  fol.  4i7).  —  Alhen. 
Raur,  p.  4G2.  —  Yiscber,  U.  B.,  p.  327. 

Il  ne  me  semble  pas  sans  intérêt  de  mentionner  ici,  qu'en 

1518,  sues  le  rectoral  de  Skli.atou,  le  ?aliri(iiie  Thomas 
MuRNER,  alors  déjà  âgé  de  42  ans,  poëte-luureal,  docteur  en 
théologie  de  l'université  de  Fribourg,  se  fil  inscrire  comme 
étudiaîit  à  la  faoullé  de  droit,  où  il  fut  successivement  reçu 
licencié  cl  docteur  uiriusque  juris.  Voy.  Tu,  von  Liebenau, 
Thonm  Mwner  in  Basd,  Basier  Jahrbiich,  1879,  p.  70  et9S. 


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RKCTSUBS  DB  L  tNlVSRKtXfi  Dfi  BALS.  ALSACIANS  ItiJ 

—  WkUNH.  SCIILIERBACII,  MLilliusiii.  ill. 

(Omis  dansWurslisen,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  4S7).  AUieo.  Raor., 
p.  462.  -  Visctaer.  (J.  B.,  p.  m 

1521.  —  JoH.  Sellatorls  de  Gebwiler.  IV. 

(Omis  dans  WursUsen,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  438).  —  Athen. 
Raur.,  p.  462.  ->  Viscber,  U.  B.,  p.  327. 

15S2.  —  Jou.  Gebwilsr  de  Golmaria.  iU. 

(Omis  dans  Wiirsliscii,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  4i8).  —  Alhen. 
Kaur.,  p.  iù-1.  —  Vischer,  U.  B.,  p.  [iil. 

1524.  —  Wermi.  Schlieubacu,  Miilhusin.  IV. 

Omis  dans  Wurstisen,  Chron.,  Liv.  VI,  fol.  438). —  Athen. 
lUur.,  p.  462.  —  Vischer.  U.  B..  p.  238. 


En  résumant  les  indicatioas  sur  Texercice  du  rectorat  de 
Tunirersité  de  Bâte  par  des  sayants  alsaciens,  entre  les  aimées 
i460  et  1524,  on  trouve  qu'ils  onl  été  au  nombre  de  vingt, 
dont  quatre  4  fois  re?êlns  de  la  dignité  de  rectenr  (OUglin, 
Surgant,  Job.  Sellatoris  etSchlîerbacb);  un,  8  fois  (Job  Geb- 
wiler) et  trois,  S  fois  (Brun,  Wildeclc  et  Westhofer). 

Dans  l'espace  de  64  ans,  le  rectorat  de  Tuniversité  de  Bâle 
a  donc  été  87  fois  confié  à  des  Alsaciens  I 


AUG.  SïŒBËll. 


164 


REVUE  D  AI^ACE 


APPENDICE 
I. 

Epitaphes  de  George  d'Andlau 

(Voy.  page  151.) 

1.    Hic  jacet  insignis,  virtute  insignior  omni 

GEORGIVS  DE  ANDLO  nobili  vir  sanguine  clarus, 
Preelatorum  decus,  cunctis  gratissimus  unus. 
Fulserat  hoc  templo  pariter  et  in  Luteabaco. 
Egregius  ambarum  Praepositus  Ecclesiarum, 
Atque  ia  hac  primus  floruit  dîgnissimus  urbe 
Studii  rector  almi,  nunc  sine  Domine  puWis, 
Sic  spes,  sic  gaudium,  sic  transit  gloria  muodL 
Omnibus  stat  brève  et  irreparabile  tempus. 
Obiit  postquam  in  hac  Ecclesia  annis  50  floruisset, 
die  7  meosis  Martii  An  no  Domini  1466. 
Cujus  anima  œterna  pace  fruatur. 


2.   Nobilc  gemma  mihi  proavis  abavisque  décorum, 

Quorum  virtutem  Teutona  terra  stupet. 
Gonjunzi  doctas  clara  cum  stirpe  camœnas 

Ornatu  hoc  placuît  condecorata  genus. 
Post,  primus  gessa  regalis  sceptra  Lycœi, 

Ista  quod  visum  est  condere  in  urbe  Deo. 
Nunc  mea  mens  sese  ccelesti  oblectat  in  auia, 

Ast  hoc  in  tumulo  moUiter  ossa  cubant. 


3.  Das  Rœmiscli  Reich  vier  Rittcr  bat, 

Darunder  Andlo  zicriich  staht 
Viel  liundert  Jahr  wegen  der  Ehr 
Die  ihm  kompt  von  der  Tugend  her 
Wcîchcr  sich  crzcif^t  in  Krieg  und  Fried 
Durcb  einen  rechten  Heldeo  theb. 


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B£CTEUlUi  DE  L  UNIVKBSITÉ  DB  BAL£.  iO^ACIENS 


165 


In  diesem  G'schlecht  war  ich  geborn 
Doch  g'iehrt  su  seyn  mir  auszerkora. 
FûafiBig  Jahr  lebt  ich  in  der  Statt 
Die  mir  viel  Guts  bewiesen  hat 
War  Thumprobst  und  der  erst  Rector 
Alsz  man  zallt  Tierzehn  hundert  Jahr 
Und  sechszig  :  starb  im  Frieden  gut 
Solchs  mir  Terlieh  der  hœchste  GOTT. 

II. 

(Voy.  p.  161). 

Jean  Greutzer  jugé  par  Geilor  de  Kaisersberg, 
Wimpheling  et  Berler. 

1.  GBiLia,  Emeu,  édL  Stnab.  I9I6,  fol.  XIX  verso. 

c  Nym  suo  dem  ersten  die  P&rrer  herfûr,  darnach  dy 
Bischoefi:  Nim  zuom  ersten  doctor  Creutaer,  der  was  ein 
firum  biderb  man,  euwer  seind  vil  da  die  in  kent  haben 
Ynd  ich  sein  erste  predig  hort,  die  er  in  dez  orden  thet, 
da  er  ein  prediger  mûnch  ward  zuo  base!,  der  ist  hie  2110 
Straszburg  zuo  sant  Laurentzen  ein  lutpriester  gesdn 
▼nd  eyn  Vicary  vff  voserm  Chor,  wie  der  durchechtet  ist 
worden  von  vnnutzen  schlechten  lûten.das  weiszmanauch 
wol,  sie  sein  auch  schier  aile  elendglich  vmbkummen.  Der 
ein  ertranck,  der  ander  fiel  zetod,  der  dritt  erstach  sich 
selbs.  > 

t  WoiPHLisG»  CaM.  ^Êoop,  Arfeni.  1508,  p.  110. 

c  Fut  etiam  sub  hoc  Roberto*  Plebanus  quidam  Argen- 
tinensis  Joannes  CrûtzerTheologiae  Professor,  vita  A  doc- 
trina  probatissimus,  qui  propter  jura  Parochis,  &  quia 
manifestissima  vida  constantissimi  reprehendebat,  a  qui- 
busdam  privilegiatis  &  a  nonnullis  civibus  (qui  fratribus 
iUis  adhaeserant)  magnas  injurias  perpessus  est;  sed  Deu^ 

*  L'évèqae  Robert  de  Bavière. 


166 


BIVDK  0'AL8A.CB 


persecutores  suos  manifeste  &  ad  oculum  punivit,  Uoos 
in  Rheno  sufibcatus  est,  alter  in  patibulo  suspensus,  qui- 
dam in  lupanari  repente  occubuit,  quartus  fuit  reus  diu 
in  carcere  latuit,  alius  in  hospitali  enutritus.  > 

3.  Bbrler.  Ckmik,  p.  71.  Code  historique  et  dlptoniatiqae  de  la  ville 
de  StrastHNirg.  1843,  1,  S«  partie. 

€  Jtantut  Crutur  pkkûtnu*  Es  ist  ouch  gewessen  under 
disaem  Ruprechen*  zu  Straszburg  ein  p&rrer  Joannes 
Crutzer,  der  heilgen  geschrifft  ein  doctor,  dns  frummen 
Icben  und  gutter  Icre,  welcher  umb  die  gerechtikeit  wil- 
Icn  dcrp&r,  darumb  er  die  ofifenbarliche  laster  stanthaff- 
teglich  strafft,  hatt  er  yon  ettschlichen  ordens  lutten  und 
von  etttichen  burgeren  die  den  selbigen  bruder(n)  anhin- 
gen  grosse  scbmach  und  unbiUikeit  erlitten.  Abergottder 
berr  hatt  syne  durckechter  offenlich  vor  aller  menscben 
ougen  gestraift  :  einer  ausz  denselbigen  ist  ym  Rheyn 
ertruncken,  der  ander  erhenck(t)  worden,  ettlicher  im 
Irawenhusz  geelich  gestorben,  der  fiert  umb  syns  diep- 
8tal(s)  willen  lange  zitt  ge&ngen  gelegen,  einer  in  spitall 
kummen.  > 

III. 

(Voy.  p.  154.) 

Le  passage  de  l'épltre  dédicatoire  de  l'ouTrage  de  Pierre 
d^Audlau  dont  nous  avons  parle  plus  haut,  et  où  notre 
compatriote  iraliribue  ia  qualité  de  noble  qu*à  George 
d'AndIau,  ent  ainsi  conçu  : 

P.  1.  c  Gloriosissimo  et  triumphatissimo  Principi,  Domi- 
no Friderico  Rom.  I. 

.»  et  sacrée  suas  Maiestatis  subiectissimus  Petrus  De 
Andlo,  Alsatiae  oppido,  agnomen  trahens»  Columbariensis 
Ecdesiœ  Canonicus,  interDecretorum  Doctores  minimus... 

<  Romani  progressum  imperij. 

...  c  Vnde  ad  sacri  decus  imperij,  honoremque  venera- 
'  L  cvèquc  Robert  de  Bavière. 


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BECTBUBB  DE  lHINIVRBSITÉ  DB  BALB.  AL8ACIBIW 


167 


bilis  et  dara  mhihtaûs  viriy  dumtù  Georgîj  de  Andlo  Basilieosis 
ac  Lutenbacensis  ecclesiarum  prœpositi,  mihi  inter  mor- 
taies  colendissimi  domini,  manam  promptam  papyro 
adieci.  Illias  nempe  amplam  et  vctustissimam  familiam 
pro  necessitudine  stirpis  hanc  paginam  pro  al-quanta 
etiam  portinne  attinerc  existimaiii  :  cum  in  ordinc  septem 
graduum  aobilitatis,  et  basium  quibus  Romana  fundalur 
potentia,  et  sua  prosapia  intcr  quatuor  militaris  ordinis 
trcncaloprias  dignissimc  connumcrctur  et  primo...  %  (Com- 
muniqué par  mon  ami  et  collcguc  M.  G.  Stoffel,  d'après 
l'exemplaire  de  la  bibliothèque  de  Colmar.) 

IV. 

iVoy.    p.  l.'jô.) 

Voici  ce  que  C.  Pellicaii  dit  an  sujet  du  Truilé  sur  ki  foi^ 
l'espérance  ei  la  cftarité  que  Chr.d'Utenheim*  l'avait  invité  à 
composer  : 

<  Pro  familiaritate  autem,  qua  me  dif^rnabatur  Episcopus 
Basiliensis  Christophorus  ab  Utenheim  et  quotidianis  col- 
loquiis.  expetiit  a  me.  ut  summam  brevem  ei  describcrem 
ejus  catholica^doctrince,  que  populo  sibi  commisse  ad  salu- 
tem  scienda  necessaria  esset.  Tentavi  obsequi  Revcrendis- 
simo  Domino  composuique  tripartitum  opusculum,  de 
credendis  scilicet,  spcrandis  et  ag'cndis,  sicque  exposui 
articulos  fidei,  orationem  d<iminicam  et  decem  pra:cepta 
Dccalog-i,  ea  brevitatc  et  laeulcntia,  qua  potcram.  In  qui- 
bus alicubi  sequcbar  non  tam  meam  conscientiam  quam 
scholasticos  quosdam  Doctorcs  mcndicantium  ordinnm. 
Unde  contiirit,  non  omnia  ibi  scripta  solida?  fuisse  verita- 
tis.  scd  ejus,  qua;  tune  veritas  habcbatur  et  generaliter 
probabatur...  >  V.  Dus  Chronikon  des  Konrad  Pellikan.  etc., 
herausiccLreben  durch  Bernhard  Riggeabach.  Base!,  1877, 
in-8^  Page  36. 

'  AiiT  onvrape»  qui  tr;iit  ;iil  do  Chr\H(nphe  M'tenheint,  cités  à  la  p.  155, 
il  faut  ajouter  la  moaugraphie  de  IIkrzuu,  Baseler  Beitrœge  xur  vattr^ 
kenditehin  Gt$(^iehte,  h  Ku«l  1839. 


UALSACE 


PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 


C0RH£^1>UNDâKCE  des  députes  de  STRÂSUOlJUti  A  L'ÂSSbMBLEË  NATIO.NâLE 

(ArnCb  Î19S) 

Documents  tirés  des  archives  de  Strasbourg 

Siùie. 
VI 

Instructions  particulières 
pour  k»  députés  de  la  ville  de  Strasbourg 

!• 

lies  députés  seront  antoriflés  à  TOter  pour  la  permanence 

des  Etats  dans  le  cas  où  elle  ^rait  proposée. 

r 

Tout  brevet  de  pension,  sous  qnel(|iie  tilre  qu'il  ait  été 
obtenu,  devra  être  représenté  aux  Etats  généraux. 

8- 

Le  VŒU  de  rassemblée  est  que  la  vénalité  deB  plaeea  de 
judicatiire  soit  supprimée,  avec  coite  observation  que  comme 
la  province  d'Âlsace  a  déjà  remboursé  une  très  grande  partie 
de  celles  de  aon  Conseil  souverain,  elle  ne  doit  pas  être  com- 
prise dans  la  répartition  générale  qui  ponrroit  être  ordonnée 


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L'ALSAOB  FBNDAMT  tJL  ftftVOLUT»>N  FRAKÇA]»  109 

Ils  se  oonformeront  poar  la  manière  de  voter,  à  la  plaralité, 
dans  toutes  les  matières  d'administration  et  de  législation. 

«• 

Liberté  personnelle  de  sortir  do  royaume  après  en  avoir 
fait  sa  déclaration  au  juge  et  avoir  acquitté  les  droits  établis 
dans  le  lieu  du  domicile;  à  l'efTet  de  quoi  toutes  les  ordon- 
nances contre  les  émigrations  seront  révoquées. 

6* 

Les  dépatés  présenteront  le  vœn  poor  Tabolition  générale 
et  instantanée  des  fermes  et  régies  ;  subsidiairement  qoe 
dans  rintervalle  de  la  durée  restante  du  bail  de  la  ferme, 

tous  délits  et  contraventions  seront  jugés  par  les  juges  ordi- 
naires d'après  les  rèjilenients  rendus  sur  cette  partie  d'ad- 
ministration; et  ce.  pour  préserver  les  ciioyens  des  abus  et 
vexations  auxquels  le  réKime  de  la  ferme  les  expose,  en 
attendant  une  révolution  si  heureuse  et  si  désirée. 

V 

Les  députés  mettront  en  délibération  si  le  clergé  doit  for- 
mer un  ordre  particulier,  et  si,  TEtat  ecclésiastique  n'étant 
qu'un  état  comme  est  le  militaire  et  la  robe,  il  ne  convient 
pas  de  le  réunir  aux  deux  autres  ordres. 

8- 

Le  vœu  de  tous  les  représentants  est  que  toute  inquisition 
domestique  et  toute  fouillle  dans  les  poches  seraient  effacées 

du  code  de  la  ferme,  puisqu'elles  supposent  le  délit  où  il  n'y 

a  pas  encore  de  pieuve,  et  mettent  l'honneur  et  la  fortune 
du  citoyen  à  la  merci  des  gardes. 

Les  députés  demanderont  à  Sa  Majesté  un  tarif  modéré 
pour  l'entrée  dans  le  royaume  des  marchandises  fabriquées 
dans  la  province,  au  cas  que  le  sistéme  des  traites  ne  soit 


170  BSVUB  D* ALSACE 

pas  totalement  aboli.  Qu*en  ce  dernier  cas  les  députés  daman- 
dent  au  moins  subsidiairement  que  las  bureaux  sur  les  gran- 
des routes  d'Alfiviee.  en  Lorraiue  soient  tenus  et  astreints  de 
délivrer  les  acquits  à  caution,  à  la  destination  de  Strasbourg, 
ainsi  que  le  chose  s'était  pratiquée  Jusqu'au  1786. 

Pour  diminuer  Texportation  annuelle  des  sommes  considé- 
rables pour  achat  de  bceufs  chez  l'étranger,  les  Etats  prorin- 
cianz  s'occuperont  à  exciter  les  eultifateura  de  cette  proTince 
à  exploiter  les  terres  avec  des  bétes  à  cornes  et  h  améliorer 
l'espèce,  et  ce  par  primes  et  encouragements  assignés  sur  les 
fonds  libres  des  impositions  des  haras,  que  Sa  Majesté  rient 
de  remettre  à  la  disposition  de  l'assemblée  proYÎnciale. 


vn. 

Lettre  du  Magistrat  à  M.  Gérard, 

Conmlier  d  Elat^  Prêteur  royal  de  la  ville  di  Strasbourg 

Stnabooig.  Il  Avril  im 

Monsieur, 

Le  travail  de  HH.  les  82  commissaires  chargés  de  la  rédac- 
tion du  cahier  du  Tiers-Etat  de  cette  ville  s'est  prolongé 

jiK^'qucs  aii-dcla  de  la  quinzaine  et  ce  n'est  que  pour  mercredi 
dernier  qu'il  a  été  possible  de  convoquer  de  nouveau  ras- 
semblée générale  pour  y  arrêter  le  cahier  et  procéder  à 
l  élection  des  deux  députés  aux  Etats  généraux. 

Lassemblée  a  duré  depuis  sept  heures  du  matin  jus(jue3 
vers  quatre  heures  du  soir.  11  7  a  été  fait  lecture  du  volumi- 
neux cahier  arrêté  par  MM  le^  commissaires;  les  scrutins 
ont  occupé  te  reste  du  temps.  Tout  s'e^t  passé  dans  Tordre 
et  aucun  incident  n'a  donné  matière  à  des  discussions  désa- 


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L'ALSâCB  KNDAMT  LA  RÊVOLUTIOIC  VBàNÇAISB  171 

gréables.  La  réclamation  contre  la  représentation  particulière 
accordée  aux  trois  corpaderUniFersîté^du  Chapitre  de  Saint- 
Thomas  et  du  Gonvent  ecclésiastique  n*a  point  été  renouvelée 
et  nous  n*avons  point  été  dans  le  cas  de  fliire  usage  de  ce 
que  TOUS  arés  bien  touIu  nous  marquer  de  Tapprobation  que 
Mgr  le  garde  des  sceaux  a^oit  donné  à  notre  ordonnance 
pro?isoire. . .  Mil.  les  commissaires  pour  la  rédaction  nous 
STOÎent  adressé  dès  la  lundi  soir  une  note  pour  nous  faire 
part  qu'ils  dcsiroieiit  mettre  sous  les  yeux  du  Magistral  les 
▼œux  et  do'i'ance-i  de  la  buur^^eoisie  sur  le.s  objets  de  ronsti- 
tulioti  et  d'administration  intérieurs  de  celte  ville,  cl  \uj\\r 
nous  proposer  d'agréer  qu'an  coniilé  nommé  par  les  repré- 
sentans  put  conférer  dû  ces  objets  avec  une  députation  du 
Magistrat.  D'après  la  dis[)osiiion  connue  des  esprits,  nous 
avons  cru  devoir  nous  prêter  à  une  ouverture  qui  sembloit 
ménager  les  moyens  de  dissiper  les  préventions  du  moment 
et  pouvoir  contribuer  au  rétablissement  de  la  bonne  harmo- 
nie. . .  En  conséquence  rassemblée  générale  des  représentans 
a  désiré  avant  Télection  des  deux  députés  aux  Etats  généraux, 
procéder  à  la  nomination  d*un  comité  de  sept  personnes  charr 
gées  d*eDtrer  en  conférence  avec  le  Magistrat  et  MM.  les  com- 
missairts  ont  fait  agréer  à  rassemblée  une  procuration  rédi- 
gée à  cet  effet,  procuration  dont  il  ne  nous  avoit  point  été 
donné  conriMlssanre,  dont  nous  n'avons  pu  ciniicscher  la 
signature  mais  dont  le  contenu  paroit  pouvoir  devenir  l'objet 
des  plus  sérieuses  rénexions  de  notre  part.  Quaîil  au  choix 
des  personnes,  il  y  a  été  procédé  en  noire  présence,  au  désir 
de  l'assemblée  par  un  seul  et  même  scrutin  et  la  majorité 
des  voix  s'est  réunie  sur  AI.M.  Fischer,  avocat  général,  La- 
corabe.  notaire,  Schubert,  négociant,  Hervé,  Turckheim  fils, 
banquier,  Wunderer,  jardinier,  Spielmann,  greflSer  du  petit 
sénat,  le  professeur  Dietrich,  et  le  S'  Metzler,  ces  deux  der- 
niers comme  vicaires  ou  suppléans.  Nous  ne  serons  à  même 
qu*aprè8  les  fêtes  de  délibérer  sur  ce  qui  nous  convient  de 


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178  BBTUJS  O'ALSàCB 

faire  relatiyemeat  à  ce  comité  et  aux  suites  qu'il  pourroit 
«Toir. . .  * 

Nous  avons  I  hooneur  d'être,  etc. 


VIIL 

Lettre  à  M.  Gérard, 
comeUter  dJSkU,  prétmr  raifat  tk  h  nUk  de  StroAourg 

Stnabonig,  IS  AtiU  liW. 

Monsieur, 

Les  copies  du  cahier  de  doléances  da  Tiers-Etat  de  cette 
Tille  n'aiant  pu  être  achevées  qu'en  ce  moment»  je  m^emprease 
de  TOUS  adresser  celle-cy  jdnie. 

Vous  dtes  instruit,  monsieur,  que  diaprés  la  disposition 
connue  des  esprits,  le  Magistrat  a  cru  deToir  agréer  le  Toa 
des  commissaires  pour  la  rédaction  de  cahiers,  tendant  à  ce 
qn*nn  comité  nommé  par  les  représentants  entre  en  confé- 
rence sTec  one  députation  du  Magistrat  sur  les  doléances  de 
la  bourgeoisie,  relatÎTes  à  la  constitution  et  à  l'administration 
intérieure  de  cette  ville. 

Je  dois  avoir  riioiiiieur  de  tous  mander  à  ce  sujet,  nion- 
Gieiir,  que  les  sept  personnes  formant  ce  comité  ont  présenté 
hier  à  MM.  les  XXI  requête,  aux  lins  de  nommer  les  députés 
du  Magistrat,  qui,  en  conséquence,  a  nommé  MM.  les  stett- 
meistre  Chrétien  d  Oberkirch,  Tammeistre  Poirot,  le  XIIL 
Htnnenberg,  le  XV.  Mogg,  le  baron  de  Berstetl  XXI  et  au  cas 
où  ce  dernier  ne  pourroit  se  trouTer  aux  conférences,  le  baron 
de  Joham,  Traiteur  et  Bogoer  assesseurs. 
Je  suis  avec  respect,  monsieur,  etc.* 

*  U  fin  de  I»  leUre  relate  TéleetioD  dae  dépotés  et  ferait  double  em- 
ploi avec  le  procds-Terbal  donné  plue  beat;  nous  la  sapprimons  donc 
ici.  —  M.  Gérard,  depuis  longtemps  souiTranf,  se  trouvait  abr<i  en  congé 
à  Paris,  au  inoni-nif  où  sa  pn'spnre  aurait  éln  fort  utile  à  Strashoiir!?. 

*  La  tnimi^'  d»'  i!t'tlt!  lettre  u'»st  point  siirnéc,  mais  elle  cuiauc  évi- 
demment d  uinuembre  du  Magiâlrat,  peul-êlre  d'un  des  avocats-généraux, 
de  la  ville,  chargés  de  tenir  le  prèteor  an  courant  des  éTénements. 


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L*ALSACB  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAIS*  174 

IX. 

Extrait  des  procès-verbaux  du  Conseil  des  XXT, 

du  i8  Avnl  im 

.. .  Messieurs  les  députés  de  cette  ville  aux  Ëtats  géaé- 
raoz  étant  sur  leur  départ  pour  Versailles,  il  a  paru  oonve- 
nable  et  on  a  pensé  qu'il  pourolt  leur  être  agréable  que  pro- 
visoirement et  en  attendant  que  les  intentions  du  Roy  soient 
plus  particulièrement  connues  sur  cet  objet  il  fut  pris  des 
mesures  relati?ement  aux  dépenses  de  cette  mission.  En  con- 
séquence le  Magistrat  en  a  délibéré  et  il  a  été  convenu  que 
te  traitement  de  MM.  les  députés  pourroitétre  provisoirement 
réglé  à  raison  de  trente  livres  par  jour  et  huit  cent  livres 
pour  les  dépenses  exlraorditiaires  du  voyage,  y  compris  le 
retour  de  Versailles  à  Strasbourg,  sauf  ce  qu'il  plairoil  à  Sa 
Majesté  ordonner  sur  l'un  ou  l'autre  objet. 

Le  Magistrat  désirant  donner  à  Messieurs  les  députés  un 
témoignage  de  ses  Httenlious  a  1  honneur  de  les  prévenir  en 
même  teras  qu'ils  trouveront  soit  à  la  Tour-aux-pfennings*, 
soit  entre  les  mains  de  M.  de  Grolbois,  chargé  des  affaires  de 
la  ville  à  Paris,  des  fonds  à  leur  disposition,  pour  les  avances 
que  les  droonstances  pourront  exiger,  et  que  Ton  transmet 
à  M.  de  Grolbois,  Tautorisation  nécessaire  de  remettre  à  mes- 
sieurs les  députés  contre  leur  reconnaissance  st  sauf  décompte 
final,  les  à^comptes  et  avances  quils  jugeroient  à  propos  de 
demander.  MM.  les  députés  voudront  bien  disposer  suivant 
les  circonstances  de  cette  facilité  et  être  persuadés  de  Tem- 
pressement  du  Magistrat  sur  tout  ce  qui  pourroit  leur  faire 
plaisir. 


'  La  Tour-aux-Pfcnnings  {Pfennigthurm)  était  h  la  fus  1c  Tr^nor,  la 
Caisse  des  dépôts  et  ia  Banque  oflicielle  de  la  peUte  république  de  Slraan 
bourg. 


174 


BEVOB  D'aLSACB 


X 

Lettre  de  M.  de  Turckheim.  à  ses  commettaiits 

Ventllles,  ee  18  Mal  im 

Messieurs, 

J'aurois  ea  l'honneur  de  vous  écrire  plulôt  sur  les  nou- 
velles de  ce  pays  qui  ont  droit  de  vous  intéresser,  si  je  n*û- 
▼ois  roula  attendre  quelque  objet  de  délibération  commune 
des  ordres  :  mais  comme  cette  réunion  ne  paroit  pas  encore 
si  prochaine,  je  n*ai  pas  voulu  tarder  davantage  de  vous  rei- 
térer tant  en  mon  nom  qu*en  celui  de  mon  collègue,  qui  est 
depuis  Samedi  à  Paris,  toute  notre  sensibilité  aux  marques 
flatteuses  de  confiance  que  nous  avons  reçu  de  vous  et  des 
représentants  de  la  commune  en  général,  et  auxquels  nous 
ne  pouvons  mieux  répondre  qu'en  nous  dévouant  avec  un 
courage  infaligabie  à  notre  mission. 

Vous  aurez  appris.  Messieurs,  p  ir  les  papiers  pulilics  que 
Lundi,  4  Mai,  les  Etats  généraux  )iit  fait  la  procession  solen- 
nelle depuis  \olrc  Dame  jusqu'à  Saint-Louis.  Toute  la  famille 
royale  y  a  assisté;  une  foule  innombrable  de  monde  s'étoit 
porté  à  Versailles  jusqucs  sur  les  toits  des  rues  où  passoit 
ce  brillant  cortège,  entouré  de  tout  Téclat  du  trône.  Mr.  TE- 
véque  de  Nancy  a  prononcé  le  sermon  :  et  le  Roi  a  d(i,  être 
bien  satisbit  par  les  acclamations  réitérées  et  énergiques 
de  son  peuple. 

L'ouverture  des  Etats  généraux  se  fit  le  iendemain  dans 
une  salle  magnifique  destinée  à  nos  assemblées  et  qui  con- 
tenoit  plus  de  5000  flmes.  Nous  avons  en  Tbonnenr  de  vous 

envoyer  un  exemplaire  des  discours  prononcés  dans  ce  jour  - 

solennel.  Vous  ne  pouvez  vous  figurer  la  grâce  et  la  noblesse 
avec  laquelle  le  Roi  a  jirononcéle  sien:  même  enllioijsiasme 
qui  saisit  dans  le  discours  de  M.  le  directeur  général  tous 
les  passages  heureux  et  y  applaudit  avec  ivresse. 

Le  lendemain  nous  croyions  commencer  les  travaux  com- 
muns pour  la  vérification  des  pouvoirs  des  députés  dans  la 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FEAMÇAIâB 


175 


salle  nationale,  mais  les  deux  premiers  ordres,  se  fondant  sur 
l'ancionne  possessio!i  dos  Ktats  généraux  et  sur  le  silence  liu 
gouvernement  sur  celle  question  Irop  l  élèbre,  qui  depuis  six 
mois  occiipoit  la  nation  entière,  se  retirèrent  dans  des  salles 
séparées  et  le  tiers  les  attendit  pendant  plusieurs  jours  en 
vain  dans  la  salle  nationale. 

Depuis,  la  noblesse  s'est  constituée  en  ordre,  a  ouvert  UD 
régistre  et  vérifié  les  pouvoirs  de  ses  députés. 

Le  clergé  plus  meiuré  dans  sa  marche  a  visé  les  pouvoirs 
de  ses  députés  sans  foire  un  pas  aussi  décisif,  sans  doute 
parce  que  les  prétentions  hiérarchiques  du  haut-clergé  sont 
tempérés  (itc)  par  les  principes  populaires  de  celui  du  second 
ordre,  qui  est  en  force. 

On  a  foit  message  aux  deux  ordres  pour  les  rappeler  dans 
la  salle  commune  ;  ceux-ci  y  ont  réciproqné  par  des  députa- 
tions  et  ont  proposé  des  commissaires  pour  la  conciliation. 
Le  Tiers-Etat  qui  ne  vouloit  aquiescer  aux  voies  de  fait  de 
la  noblesse  ni  se  ronstifuer  à  leur  exemple  pour  soutenir 
rindissiilubiliti'  des  Etats  t^enéraux  et  le  vote  par  tête  deman- 
dé par  toutes  les  communes  de  [''rance  et  implicitement  ac- 
cordé par  le  gouvernement, en  doublant  le  nombre  des  repré- 
sentants du  Tiers,  ce  qui  seroit  complètement  inutile  et 
illusoire  si  le  vote  par  ordre  devoit  avoir  lieu  :  a  resté  depuis 
dix  jours  dans  une  inaction  forcée.  Tous  sentez  même,  Mes- 
sieurs, que  cinq  cent  personnes  réunies  sans  forme  et  déli- 
bération régulière,  parmi  lesquels  il  y  avoit  beaucoup  de  gens 
éloquents  pressés  de  se  foire  entendre  et  quelques  tètes 
exaltées  par  les  idées  qui  fermentent  depuis  un  an  dans  la 
nation,  n*ont  pas  dû  dans  les  premiers  jours  être  orgrnisés 
en  société  réglée:  mais  on  a  depuis  établi  une  police  et  un 
mode  de  voler  provisoire,  et  (juoique  ce  dernier  soit  long  et 
qu'une  [iroposition  discutée  et  débattue  soit  toujours  l'ouvrage 
de  deux  ou  trois  jours  au  moins,  on  a  nommé  aujourd'hui 
quelques  commissaires  pour  tenter  la  conciliation,  qu'on 


176  BBVDB  d'ALSACB 

désire  plus  qu'on  n'ose  l'espérer.  Cette  perspective  n'est  pas 
satisfaisante,  mais  l'amour  du  bien  et  la  rais.)n  inspireront 
une  nation  généreuse  tt  sensible  et  éteindront  la  méfiance 
mutuelle  qu'un  peu  de  morgue  d*un  côté  et  des  idées  trop 
exaltées  d'un  autre  ont  fait  germer.  Rien  n*eat  perdu  encore 
et  quand  ou  ne  devroit  s*entendre  parfaitement  qu'au  bout  de 
16  jours,  nos  commettans  n'auront  pas  lieu  de  se  plaindre. 

Ce  que  nous  devons,  Messieurs,  tous  assurer,  et  ce  qui  ne 
TOUS  aura  pas  échappé  dans  les  discours  soumis  à  votre  dis- 
cussion, c'est  que  notre  bon  et  auguste  Roi,  qui  est  menacé  de 
perdre  d'un  jour  à  l  autre  sou  héritier  présomptif,  veut  forle- 
nierit  le  bien  de  ses  sujets,  qu  i!  est  puissamtneul  secondé  par 
un  ministre  vertueux,  et  qu'uiuMiatiou  aussi  éclairée  ne  lais- 
sera jias  éfliapper  iiilVuclueuseraerit  l'occasion  unique  pour 
se  régénérer  et  préparer  U  félicité  des  siècles  à  venir. 

Nous  apprenons  avec  plaisir,  Messieurs,  que  les  conleren- 
ees  arec  les  députés  du  Magistrat  sont  fixées;  nous  attendons 
avec  empressement  des  nouvelles  satisfaisantes  et  espérons 
de  la  justice  des  administrateurs  qu'ils  feront  droit  sur  celles 
de  vos  doléances  qui  demandent  un  prompt  remède.  Nous 
avons  cru  devoir  profiler  d'une  audience  gralieuse  que  nous 
avons  eue  auprès  de  Monsieur  le  comte  de  Puységur,  minis- 
tre du  département,  pour  lui  parler  avec  mesure  de  vos  v&uz 
et  du  parti  sage  que  vous  avez  pris  de  les  soumettre  d*abord 
à  l'impartialité  du  magistrat.  Il  a  approuvé  celte  marche  et 
nous  nous  sommes  ainsi  ménagé  la  facilité  éventuelle  de 
recourir  à  sa  justice,  si  contre  toute  vraisemblance  on  n'ac- 
corduit  pas  à  vos  représeulalions  le  degré  d'attention  qu'elles 
méritent. 
J'ai  rhonneur  d*étre,  etc. 

Ti  RCKUEiM,  ammeistre. 
A  MM"  U»  coimmmaÀres  r^ésentam  de  la  bourgeoisie. 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FBAKÇAI8B 


177 


XL 

Lettre  des  représentants  de  la  bourgeoisie 

à  MM.  les  dépuiéa  de  la  vilk  de  Strasbourg. 

Stnabooff  »  m  »  Miy  im. 

Noos  atrons  remarqué  avec  satialkction  par  la  lettre  qne 
vous  nous  aTés  fiiît  Thonnear  de  nous  écrire  le  18  May,  i'im- 
pressîon  beureose  que  Taspect  de  la  nation  aaaeniblée  a  fkile 

gur  tous  ceux  qui  doivent  concourir  à  fonder  les  bases  de 
son  bufiheur  futur  :  et  quoique  les  inonjens  subsequens  ont 
été  troublés  par  le  réveil  des  prétentions,  nous  aimons  à  nous 
persuader  qu'elles  finiront  pour  se  réunir  toutes  dans  l'effort 
combiné  des  moyens  de  tous  à  adoucir  les  maux  de  la  pairie. 

Dans  les  relations  qui  nous  sont  devenues  communes,  MM. 
à  ramener  Tordre  et  la  régularité  là  où  les  maux  se  font 
reasentir,  nous  nous  sommes  occupés  dans  la  sphère  plui 
modeste  qui  nous  est  aasignée  a?ec  aele  et  modération  à  laire 
goûter  les  demandes  de  la  bourgeoisie  aux  magistrats  prépo- 
sés an  maintien  des  Imx  ;  nous  avions  gagné  du  terrein  — 
nos  Gonlbrences  stoc  la  deputatloo  nommée  par  le  Magistrat, 
STOient  pris  une  tournure  fort  heureuse,  et  nous  sTons  dû 
sppercevoir  arec  inlerét  que  le  rapport  de  la  deputallon  rap- 
pB^beroit  infiniment  les  esprits.  En  dîseuttant  le  point  fou-, 
damental  de  la  régénération  du  Magistrat  dans  ses  premiers 
elemerjs,  les  cclievins  associés  aux  fonctions  de  la  magistra- 
ture pour  la  police  des  Tribus  et  de  différentes  chambres  et 
seuls  citoyens  eligibles  aux  oflices  de  judicalure  et  d'admi- 
nistration, il  a  été  proposé  un  terme  moyen;  ce  fut  de  sta- 
tuer qu*à  toute  eiection  future  d'un  echevin  15  bourgeois, 
choisis  librement  par  les  tributaires  immédiatement  avant  le 
serutin  d'éleetion,  se  réuniroient  aux  echerins  en  eiarcios 
pour  remplacer  le  défunt.  Ce  moyen  teodoit  a  oonser?er  aux 
anciens,  à  leur  donner  une  marque  de  confiance  de  la  bour- 
geoisie et  à  foire  droit  à  la  demande  de  celle  d  de  coopérer 

NoDTill*  Séfto.  -  f  Annte.  12 


17B 


BEVDS  D'AI.SA.CB 


à  relectîon.  H  a  été  arisé  de  plus  qae  la  concorde  entre  toutes 

les  classes  de  citoyens  seroit  affermie,  en  consentant,  dès  que 
le  point  conslilutionel  seroit  fixé,  que  dorénavant  les  élections 
d'echeyins  seroient  faites  coucurrement  et  que  les  sénateurs 
conseillers  de  ville  seroient  rentrés  dans  l'exercire  actif  de 
leur  droit  de  suffrage  en  assemblée  de  Sénat  et  XXI,  en  tout 
ce  qui  a  Irait  à  radminisiraliou,  les  echevins  soient  cooser- 
yés  dans  le  droit  que  Tobservance  leur  adjuge  de  représen- 
ter la  boargeoisie,  et  qae  la  demande  de  rassistaoce  des 
boargeois  aux  départemeiis  ŒConomiqaeB  soit  censée  avoir 
atteint  son  bat  sans  efRst  oltériear,  à  la  seale  reserve  de  con- 
fection da  premier  compte  général  des  revenos,  charges  et 
dépenses  et  Tadmission  honorable  et  grataite  des  boargeois 
à  la  direction  des  flbndations  pienaes.  Partans  de  ces  bases 
et  très  rapprochés  de  sentimens  de  la  plupart  des  membres 
de  la  deputation  du  Magistrat  nous  crûmes  et  ddmes  croire  que 
le  résultat  d'une  assemblée  générale  du  Sénat  et  XXI  de  lundy 
passé,  seroit  consolant  pour  la  bourgeoisie  ;  nous  le  disons 
à  regret,  MM.,  la  chaleur  de  la  discussion  interrompit  le  rap- 
port du  parquet  et  l'avis  de  la  deputation  ne  pût  percer.  Il 
fallut  reprendre  hier  le  rapport  et  la  délibération  ;  à  son 
iflsuë  il  fut  arrêté  que  les  doléances  de  la  bourgeoisie,  qui  dès 
le  7  avril  aroient  été  communiquées  au  Magistrat,  qui  dfès  le 
1  avril  a  voient  provoquée  un  décret  du  Magistrat,  par  lequel 
il  nomme  une  <  deputation  pour  éclairer  les  opinions^  accor- 
der les  divers  intérêts  et  maintenir  l*harmonie  >. 

Qoe  ces  doléances  qui  depuis  des  semaines,  occupent  l'atten- 
tion de  tous  ceux  qui  prennent  intérêt  à  la  chose  publique 
sont  renvoyés  à  Tezamen  des  diflbrentes  chambres  et  dicas- 
tères  pour  recevoir  leurs  remarques. 

Ce  décret  dilatoire  qa^une  grande  partie  des  magistrats  a 
combattu  avec  énergie,  qui  excite  le  mécontentement  même 
de  la  majorité  de  la  deputation  nommée  pour  éclairer 
^68  opinions,  provocque  des  murmures.  La  bourgeoisie  est 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  RfiVOLiniON  FRANÇAISE 


179 


retenoë  par  la  oonTielioD,  que  le  Magistrat  est  disoord  avec 
lay  ménie,  parce  que  plasienrs  de  ses  membres  le  lay  témoi- 
gnent, et  espèrent  par  là  de  calmer  les  esprits  —  Mais  le 

calme  deTroit  partir  du  sein  des  administrateurs  et  le  point 
de  ralliement  manque.Nous  ignorons  MM.,  si  l'esprit  de  conci- 
lialioii  prendra  le  dfôsus,  si  la  force  de  fesprit  pulilii!  des 
uns,  ramènera  la  majorité  des  suffrages.  Nous  redoutons  les 
éclats  de  quelque  passion  et  notre  position  devient  délicate 
par  le  désir  de  retenir  la  bourgeoisie  modeste  et  [)aisible, 
mais  avec  fermeté  et  courage.  Nous  communiquerons  la  semaine 
prochaine  aux  iSO  Electeurs  représentans,  le  délai  et  Tasser- 
tien  funeste  qui  nous  a  été  intimée  que  les  principes  fonda- 
mentales de  notre  pétition  eprouToient  des  obstacles  invin- 
cibles.  Nous  ne  croyons  cependant  pas  à  cette  inWncibilité, 
du  moment  que  les  ministres  du  roy  auront  examiné  les 
pétitions  de  la  bourgedaie  et  leur  coberence  arec  les  prin- 
cipes de  la  nation. 

Nous  nous  rassurons  par  Touverture  proTÎsoiro  que  tous 
en  ayés  faite  à  M.  de  Puysegur  et  Taccueil  qu'elle  a  recûe. 
Nous  sommes,  etc.  etc.' 


xn. 

Rapport 

fait,  le  2  Juin  1789,  à  MM.  repré^sentants  de  la  bourgeoi- 
sie, par  le-x  sept  commigsaires  uonini's  pour  conférer  arec 
la  dépuiaiiov  du  Magistrat,  .v/r  la  jmrtie  du  cahier  de 
doléances  qui  concerne  iee  iniëréis  particuUere  de  ia  viUe 
de  Strasbourg. 

MuSSlBUItS, 

Pour  répondre  à  la  confiance  dont  tous  nous  honores,  nous 
nouN  empressons  de  vous  rendre  compte  du  résultat  de  nos 

*  Celte  picrt!,  d'une  rédaction  fort  peu  granmialicalt!  et  lucidf,  i\st 
copiée  »ur  la  uiiuute  des  archives;  —  Les  discotsions  entre  les  commis- 


m 


REVUE  D'ALSACE 


opérations,  relitiTement  à  l'objet  dont  toos  am  bien  Toaln 
nous  charger.  Noos  nous  sommes  Aift  an  deroir  d'apporter 

tous  nos  soins  à  faire  Iriompiier  la  justice  de  vos  représen- 
tations: elle  zèle  que  nous  avons  mis  à  remplirnotrc  mission, 
nous  permet  d'espérer  que  vous  n'aurez  point  été  trompés 
dans  votre  attente. 

I^a  Chambre  de  MM.  les  XXÏ,  après  des  délibérations  réité- 
rées, vient  de  nous  communiquer  son  opinion  sur  les  confé- 
rences que  nous  avons  eues  avec  MM.  les  députés  du  Magis- 
trat;  et  la  présente  assemblée,  convoquée  par  M.  i'ammelstre 
régent,  nous  offre  la  première  occasion  de  tous  faire  part 
des  intentions  de  cette  Chambre. 

Nous  commençons,  llessiear8,par  mettre  sons  vos  yeux,  la 
lettre  qne  nous  avons  reçue  de  MM.  les  députés  de  la  Tille 
aux  Etats  généraux,  le  18  du  mois  dernier.  Nous  TaTons  rete- 
nue jusqu'ici  par  devers  nous,  dans  Tespérancede  vous  voir 
bientôt  assemblés,  et  de  peur  qu'elle  ne  s'égarât  en  passant 
de  main  en  main.  Au  surplus  cette  lettre  ne  conlient  en 
grande  partie  que  des  détails  reiatii's  au  cérémonial  de  l'As- 
semblée nationale,  desquels  les  papiers  publics  nous  ont  déjà 
instruits.  Vous  en  serez  convaincus.  Messieurs,  en  prêtant 
votre  attention  à  la  lecture  qu'on  en  va  faire. 
(Ici  la  lettre  a  été  lue.) 

L'audience  que  nos  députés  ont  obtenue  du  Ifinistre  du 
département,  et  dans  laquelle  ils  ont'&it  mention  du  cahier 
de  doléances  de  cette  ville,  mérite  d*étre.  remarquée.  Nous 
vous  prions,  Messieurs,  de  point  la  perdre  de  vue. 

Mais  pour  venir  au  fait,  nous  devons  d*abord  vous  rappe- 
ler, Messieurs,  que,  sur  les  dispositions  favorables  que  le 
Magistrat  avait  témoignées  dans  la  séance  du  7  avril  dernier, 

stireK  avaient  eommenoéle  S2 avril.  Le 98 mai.  malgré  les  réclamations  des 

représentants,  elles  furotil  ajournées  au  •2.')  juin,  et  le  iiiajrislrat  assimtade 
la  sorte,  bien  à  la  légère,  la  responsabilité  d'uno  irritation  générale  de 
la  bourgeoisie,  doublement  dangereuse  dansuno  crise  comme  la  présente. 


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L'aLSA.C£  P£hDANT  LA.  &ÉVÛLUT10M  FBàK(,AlHE 


181 


ta  sujet  de  la  présente  commissioD  ;  tous  nous  stss  élus  le 
lendemain  à  cet  effet,  dans  rassemblée  générale  du  tiers-état, 

que  présidait  le  Magistrat.  Le  15  du  même  mois,  nous  avons 
requis  MM.  les  XXI  de  nommer  de  leur  roté  une  ileputa- 
lion,  qui  coopérât  avec  fious  au  succès  de  cette  entreprise, 
auquel  on  était  également  intéressé  de  part  et  d'autre:  et  le 
même  jour  cette  nomination  a  été  eUectuée,  aiufii  que  l'atteste 
le  décret  que  vous  allez  entendre. 
(Ici  on  a  fait  la  li'cture  du  dr  ii't/: 

Le  22  dudit  mois  a  est  tenue  la  première  conférence.  Les 
décrets  de  nomination  y  ont  été  lus  d«  nouveau,  et  les  pou- 
voirs réciproques  reconnus.  Après  cela  on  a  fait  quelques 
questions  préliminaires  ;  savoir,  s'il  ne  serait  pas  à  propos  de 
donner  à  Timpression  le  cahier  de  doléances,  et  de  proposer 
un  prix  pour  encourager  les  citoyens  A  la  recherche  des 
moyens  les  plus  propres  A  simplifier  le  recou? rement  du  SkM- 
ifeldf  rassemblée  ayant  délibéré  sur  ces  questions,  a  résolu 
qu'au  préalable  on  délivrerait  à  chaque  Tribu  une  copia 
authentique  du  cahier f  et  qu'à  Tégard  du  StallgîUi\  le  col- 
lecteur produirait  un  état  du  montant  de  cette  imposition, 
avec  la  manière  do  la  percevoir. 

A  louvertore  de  la  deiixiènie  conférence,  (lui  a  été  ditTé- 
rée  jusqu'au  4  mai  à  la  demande  de  MM.  les  députes  du 
Magistrat,  ceux-ci  ont  r*  {ireseiite  (ju  attendu  que  plusieurs 
articles  de  la  partie  d^  cahier  de  doléances  qui  concerne  la 
constitution  intérieure  de  la  ville,  compromettaient  les  droits 
de  différents  corps,  dicastères,  Chambres  et  départements, 
ils  ne  pouvaient  donner  sur  cet  objet  leurs  opinions  person- 
nelles que  provisoirement,  jusqu'à  ce  que  les  vœux  du  tiers 
état  eussent  été  communiqués  à  oes  corps. 

Ensuite  on  a  rédigé  cette  partie  du  cahier  de  doléances 
dans  un  ordre  plus  propre  aux  délibérations;  et  dès  le  1" 

'  L'!  Sinllijdd  était  une  uspèee  d  impôt  Slir  le  reveaa  auquel  étaient 
assujettis  les  bourgeois  de  Strasbourg. 


m 


BBVUB  D'ALSAOB 


article',  MM.  les  députés  du  Magistrat  ont  déclaré  qu'ils  n'ap- 
prouvaient point  la  clause  qui  y  était  apposée,  par  la  raison 
qu'il  ne  pouvait  être  dérogé  à  la  capitulation  par  de  simples 
vœu8. 

A  l'article  2  ^  ils  ont  demandé  quel  était  le  sens  précis 
qa'on  donnait  au  mot  commune  {Gemeinde)'f  On  a  déclaré 
que  ce  terme  avait  la  même  signification  dans  cet  article  que 
dans  le  traité  dit  Se/iwarMef\  et  qu*on  entendait  par  là 
tous  les  Magistrats,  nobles  et  plébéiens,  ainsi  qoe  le  reste  de 
la  boargeoisie,  pris  ensemble.  MM.  les  dépotés  s*étant  con- 
tentés de  cette  explication,  on  a  passé  à  Farticle  soivani 

I.  —  La  coUoction  des  statuts  de  la  ville,  mentionnée  dans 
l'article  8,  a  été  jugée  aussi  utile  que  nécessaire;  on  a  remar- 
qué cependant  qu'il  fallait  faire  une  diiïi!rcnce  entre  les  lois 
OU  ordonnances  qui  coniposenl  le  code  municipal,  lesquelles 
ont  pour  objet  la  manière  de  rendre  la  justice,  ainsi  que  les 
formes  de  la  procédure;  et  les  ordonnances  qui  se  rapportent 
directement  à  la  constitution  de  la  ville  :  qu'on  devait  s'oc- 
caper  premièrement  de  celles-là,  attendu  qu'elles  formaient 
la  partie  la  plus  essentielle;  mais  que  pour  la  rédaction  des 
unes  et  des  autres,  il  était  important  de  choisir  des  hommes 
capables. 

U.  —  L*article  4  propose  une  meilleure  (6rme  pour  Télec- 

'  On  a  fait  chaque  fois  la  lecture  de  l'article  qui  était  cité.  Nota  : 

La  partie  du  cahier  de  dolf^ances  qui  concerne  les  intérc'ts  delà  ville, 
est  divisée  en  trois  sections.  L'article  I  qui  est  cité  ici,  est  le  1*'  de  U 
première  Beetioii,iiititidée  :  Intértt*  généraux  dé  la  viUe  de  Stratbowy. 
Les  articles  saivants  appartiennent  à  la  seconde  section,  qui  a  pour 
titre  :  Vœux  concernant  la  constitution  intérieure  de  la  ville;  et  corres- 
pondent à  ceux  qui  sont  indiqués  en  marge.  [Note  des  rédact.  de  la  pièce.) 

'  Cet  article  est  celui  qui  sert  d  introduction. 

*  Le  Sdtwwrbrief  (littéralement  la  lettre  du  aermenf)  était  le  doeamenk 
«olMuidlement  Iv,  ebaqae  année,  snr  la  plaee  de  la  cathédrale  en  pré- 
sence de  la  population  de  la  cité.  Il  renfermait  l'antique  constitution  de 
Strasbourg,  et  les  citoyens  devaient  renonveler  chaque  fois  leur  serment 
d'ohéissance. 


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L'ALSACB  PKMDilNT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAIIB  183 


tion  des  echefins  :  MSf .  les  dépotés  do  Magistrat  ont  prétendn 
que  cette  demande  attaquait  en  partie  la  constitution  géné- 
ralOf  et  en  partie  les  droits  et  la  possession  des  SOO  echevins; 

qu'elle  devait  par  consi'quenl  être  conimuuitjuée  ausdits 
cchevins,  dont  ils  attendraient  l'opinion  pour  fixer  leur  juge- 
ment. Cependant  ils  ont  cru  qu'on  pouvait  en  quelque  sorte 
se  rapprocher  du  vœu  de  la  bourgeoisie,  en  établissant  que 
le  nombre  des  électeurs  pris  sur  la  totalité  des  bourgeois, 
serait  proportionné  à  celui  des  électeurs  de  chaque  Tribu,  et 
porté  tout  au  plus  à  15;  en  constituant  ces  électeurs  à  per- 
pétuité, et  en  empêchant  que  les  ficaires  (ZÉitiKener)  ne  dis- 
sent exclus  de  la  charge  d'echevin. 

Les  GommisBairee  se  sont  oppoeés  à  la  commonîcation  pro* 
posée,  la  regardant  comme  inadmissible  et  uniquement  propre 
à  différer  les  opérations  :  ils  ont  représenté  que  les  echsTins 
étaient  censés  aroir  ratillé  d'avance  tons  les  articles  da  cahier 
de  doléances  sans  exception,  dès-lors  qo*ils  a?aient  ?oté  con- 
jointement avec  leurs  co-tributaires  k  l'élection  des  repré- 
sentants, et  qu'ils  avaieut  autorisé  ceux-ci  à  travailler  à  la 
confection  du  cahier. 

m.  —  Quoique  l'usage  de  faire  les  élections  à  haute  voix 
soit  établi  dans  cette  ville  ficpais  un  temps  immémorial,  cepen- 
dant MM.  les  députés  du  Magistrat  ne  se  sont  guère  éloignés 
d'admettre  la  voie  de  scrutin,  proposée  par  l'article  5,  si  ce 
n'est  à  l'égard  des  élections  des  nouTsaos  adyoints  dits  Zu- 
fiwBfiffier. 

IV.  —  L'article  6,  concernant  la  partie  de  la  comptabilité, 
se  divise  en  trois  sections.  HH.  les  députés  ont  exposé  an 
sujet  de  la  première,  qnits  ne  doutaient  nullement  que  le 
Magistrat  n'acquiesçât  à  la  proposition  qui  y  était  énoncée, 
qu*il  ne  contribuât  même  à  foire  rentrer  les  conseillers  dans 
leurs  anciens  droits  :  va  que  le  règlement  de  475t  n*était 
pas  son  ouvrage,  et  que  ce  règlement  portait  un  préjudice 
notable  à  ses  propres  privilèges. 


184 


BBVUS  O'ALliAGB 


Ils  ont  ajouté  néanmoins  (ju'ils  ne  pouraient  consentir  que 
les  députés  des  Tribus  fussent  admis  aus  délibératioas  de  la 
Chambre  d'admiaislration,  alléguant  pour  raison  que  leur  pré- 
sence était  non-seulement  superflue,  puisqu^après  la  réroca- 
tion  du  règlement  de  1763,  ce  seraient  les  oonfleiHers  qai 
représenteraient  les  Trîbos  ;  mais  qtt*eUe  ponvait  enoore  deve- 
nir naiaîble,  attendu  qirun  trop  grand  nombre  d'aseeeseurs 
était  plus  sujet  à  retarder  qu'à  aranoer  des  aflkires  de  cette 
nature,  surtout  s'ils  n'a?aient  acquis  par  l'expérience  de 
plusieurs  années,  la  connaissance  des  détails  multipliés  qui 
étaient  traités  è  cette  Chambre.  Les  commissaires  se  sont 
contentés  de  répondre  qu'aiicietineinent,  dans  des  cas  extra- 
ordinaires, on  prenait  même  l  a  v  is  des  800  echevins. 

La  proposition  qui  a  été  faite  d'autoriser  les  représentants 
des  Tribus  à  assister  à  iaudilion  du  compte  général  de  chaque 
année,  n'a  cependant  pas  été  absolument  rejetée  :  on  a  remar- 
qué seulement  que  la  présence  de  ces  représentants  ne  serait 
point  nécessaire,  lorsqu'après  le  rétablissement  deH  conseillers 
dans  le  droit  de  participer  à  Tadministration,  le  compte  serait 
rendu  public  par  la  voie  de  Tirapression. 

XV.  —  MM.  les  députés  ont  adhéré  à  la  manière  de  répar- 
tir les  impositions  par  tribus,  telle  qu'elle  est  prescrite  par 
Tarticle  7  ;  mais  ils  ont  demandé  qne  les  echevins  seuls  fus- 
sent  chargé»  de  cette  opération.  On  a  obsenré  alors  que  jus- 
qu'à la  prochaîne  régénération  du  pollège  des  ccbeTins,  ceux- 
ci  ne  devaient  pas  être  considérés  comme  ayant  plus  de  qua- 
lité que  les  autres  bourgeois. 

XVII.  —  Au  sujet  de  Particle  8,  MM.  les  déitutés  ont  dé- 
claré que  bien  loin  de  s'opposer  à  la  vérification  des  revenus 
et  des  charges  de  la  ville,  ils  étaient  disposés  à  procurer  au 
Magistrat  le  compte  général  de  chaque  année,  et  à  lui  pré- 
senter dès  la  première  année  un  aperçu  de  la  situation  des 
finances  :  mais  qu'ils  ne  pouvaient  approuver  la  manière 
proposée  de  procéder  i  cette  Tériflcation;  qu'ils  consentaient 


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L  AXâACË  P£NDAK  i  LA  BÉTOLUTION  FRANÇAISE 


1S5 


tootdbis  qu'elle  Iftt  (aite  par  les  commissaires  adaels  de  la 
IxNirgeoîfiie,  auxquels  on  procurerait,  outre  les  documents 

nécessaires,  tous  les  renseignements  qui  pourraient  leur  être 
utiles. 

IMiième  conférence,  du  9  mai. 

A  louverture  de  celle  conférence,  les  commissaires  ont 
produit  un  Pro  menioria,  dont  ils  s'étaienl  munis  pour  avoir 
un  acte  à  opposer  à  la  communication  des  vœus  de  la  bour- 
geoisie, que  MM.  les  députés  avaient  demandé  dans  la  der- 
nière conférence  qu*oo  donnât  i  rassemblée  des  ecbevins. 
Eo  Toid  la  teneur. 

{Lecture  du  Pro  memoria.) 

Sur  cela  MM.  les  députés  ont  insisté  à  demander  que  le 
projet  de  la  nouvelle  forme  d'élection  fût  commuoiqué  au 
collège  des  ecbeTins,  disant  qu'il  serait  contre  toute  équité 
de  sy  refuser,  puisque  ce  projet  ne  tendait  pas  à  moins  qu'à 
priver  oe  collège  d*un  droit  acquis;  ils  ont  lyouté  qu'ils  ne 
prétendaient  point  qu'on  lût  tenu  à  cette  communication, 
laquelle  devait  être  regardée  uniquement  conune  un  moyen 
de  connaître  les  dispositions  de  MM.  les  er-hevins.  Ils  ont 
déclaré  en  outre,  qu'afin  d'empêcher  que  le  collège  des  cche- 
vins  no  se  méprît  à  l  iuterprétation  qu'il  donnerait  aux  vues 
des  représentants  de  la  bourgeoisie,  au  sujet  des  élections, 
ils  avaient  intention  d'engager  MM.  les  XXI  à  faire  parvenir 
à  ce  collège  Tarticle  en  question,  ainsi  que  leur  avis  motivé, 
tendant  à  réduire  les  trente  électeurs  désignés  pour  procéder 
ans  élections  conjointement  avec  lea  ecUevins,  au  nombre  de 
quinze,  dont  cinq  feraient  place  chaque  année  à  cinq  autres. 
Ils  ont  ^uté  enfin  que  cet  avis  ne  devait  être  écouté,  que 
dans  le  cas  où,  après  un  mftr  examen,  il  serait  constant  que 
la  manière  d*éUre  actuelle  n'eet  pas  inhérente  à  la  cooslitu- 
tioo  ;  mais  qu'ils  croyaient  en  trouver  le  fondenoent  dans  le 
Sdwmrbfkf  et  dans  le  eode  appelé  StadlnokUinbutht  par  con* 


m 


BBVUB  D'ALBAOB 


séquent  qu'il  semblait  qu'elle  était  inséparable  de  la  constitu- 
tion. Les  coraraissaires  ont  répondu  à  cela  qu'ils  ne  recon- 
naissaient ni  le  Stadtrerhleîibuch  ni  le  Fuenfzehnbuch  pour 
des  lois  fondamentales,  par  la  raison  que  ces  codes  n'étaient 
qu'une  compilation  d'anciennes  ordonnances,  en  partie  unila- 
térales, et  dont  beaucoup  araient  éprouvé  des  changements, 
étaient  tombées  entièrement  hors  d'nsage,  même  avant  la  der- 
nière réfolution.  Bnsaite  de  quoi,  un  membre  de  la  députa- 
tioa  du  magistrat  a  proposé  un  milieu,  en  disant  qu*on  admit 
quinae  députés  librement  élus  parmi  les  tributaires,  pour 
concourir  à  toutes  les  élections  qui  se  Csraient  à  l'aveair, 
tant  avant  qu'après  la  régénération  projetée  du  collège  des 
eehevins  :  si  MM.  les  achevins  actuels  devaient  dès  Tinstant 
être  reconnus  solennellement  pour  tes  vrais  représentants  de 
la  bourgeoisie. 

XVI.  —  A  l'article  9,  qui  fait  mention  du  Staîtgeld.  il  a  été 
question  de  nouveau  de  destiner  un  prix  au  projet  le  plus 
propre  à  simplifier  le  recouvrement  de  cette  imposition.  MM. 
les  députés  ont  dit  que  si  la  commission  avait  à  ce  sujet 
quelque  plan  a  proposer,  ils  racrepteraienl  sans  délai. 

Les  commissaires  ont  été  d'avis  qu'on  fit  part  aux  Tribus 
de  cet  article,  tel  qu'il  est  énoncé;  qu'on  leur  en  demandât 
leur  opinion  en  général ,  et  qu'on  les  priât  de  supputer  à 
combien  montait  environ  la  part  dont  chaque  Tribu  contribuait 
à  la  somme  totale  de  90000  liv. 

XID. — A  régard  du  compte  général  de  chaque  année,  men- 
tionné dans  Tartide  10, 11  M.  les  députés  s'en  sont  rapportés  à 
leurs  observations  sur  Tart.  8;  ajoutant  qu'ils  ne  concevaient 
point  quels  pouvaient  être  les  comptes  particuliers  qui  sa 
trouvassent  dans  le  cas  d'être  imprimés,  outre  le  compte  géné- 
ral. Les  commissaires  ont  répondu  que  c'étaient  ceux  des 
dépenses  pour  le  service  du  Roi,  ainsi  que  pour  les  bâtiments, 
et  généralement  tous  eaux  dont  la  publication  intéressait  spé- 
cialemeot  la  bourgeoisie. 


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L'âLUABE  pendant  la  RtVOLUnON  VRANÇAUB  187 

XVÏÏL  —  L'article  11  a  para  à  Mil.  les  députée  diamé- 
tralement oppoeé  àla  GOD8titotion,â*après  laquelle  ils  ont  pré- 
tendu que  lee  afhires  majeares  dont  parle  eet  article,  devaient 
être  portées  &  la  Chambre  de  lllf.  les  XXI;  ils  ont  représenté 
que  les  assesseurs  à  cette  Chambre  étaient  en  asses  grand 
nombre,  pour  qu'on  pût  croire  que  la  marche  des  atfoires 
souffrirait  de  Tadjonction  des  représentants  des  vingt  Tribus, 
plulut  qu'elle  n'y  gagnerait.  MM.  les  députés  ont  ajouté  qu'ils 
seraient  toujours  prêts  à  rapporter  au  Magistrat  les  propo- 
sitions de  la  commission,  quand  elles  ne  donneroient  point 
atteinte  à  la  constitution. 

T^s  commissaires  ont  répondu,  comme  à  l'art.  6.  que  sui- 
Tant  la  constitution,  les  afTaires  majeures  de  cette  espèce 
devaient  même  être  soumises  à  la  connaissance  des  800 
EchevioB  :  mais  que  si  MM.  les  députés,  adoptant  le  dernier 
avis  proposé  à  Fart.  8,  Tonloient  que  les  ecbevins  actuels 
ftiasent  regardés  dès  ce  moment  comme  lee  représentants  de 
la  bourgeoisie,  le  présent  article  pourrait  être  modifié  en 
conséquence. 

y.  —  Ulf.  les  députés  ont  demandé  qu'on  ne  statuât  rien 
sur  la  proposition  contenue  dans  l'article  i%  avant  que  HH. 
les  XV,  à  qui  elle  venait  d'être  communiquée,  eussent  jugé 
jusqu'à  quel  point  elle  ponrroit  être  reçue,  sans  que  la  con- 
stitution et  les  droits  acquis  de  leur  collège  en  fussent  trop 
vivement  blessés. 

Les  commissaires  s'en  sont  rapportés  à  la  déclaration  qu'ils 
avaient  faite  à  l'article  4;  ils  ont  ajouté  que  MM.  les  XV  ne 
devaient  pas  ignorer  la  constitution  de  leur  collège,  vu  qu'une 
partie  de  leurs  privilèges  consistait  précisément  à  veiller  au 
maintien  de  la  constitution  générale  de  la  ville  :  mais  que  la 
constitution  particulière  de  ce  collège  était  fondée  sur  l'or- 
donnance de  la  Chambre  des  XV,  et  sur  la  lettre  de  protec- 
tion {Se/nrmàrieD  octroyée  à  ce  sujet,  et  que  ni  l'un  ni  l'autre 
de  ces  titres  n'était  d'une  grande  étendue;  les  commissairea 


1» 


iOVUB  D*ALBAOS 


ont  obserré  de  plus  qu*il  était  essentiel  de  ne  point  confondre 
la  eonstitation  avec  l'obserTance  :  que  oelle-d  était  sujette  à 
mrier,  et  qalls  ne  poumient  l'admettre  comme  constitution- 
nelle,  qu'autant  que  les  lois  fondamentales  tenaient  à  son 

appui. 

QwOrièm  eai^érmee,  du  U  moi 

XXVm.  —  L*ouTertore  de  cette  coniérenee  s'est  foite  par 
la  discussion  de  Tartiele  IS,  à  Tégard  duquel  MM.  les  députés 
ont  représenté  :  i*  que  les  émoluments  des  Magistrats  prépo- 
sés à  la  direction  des  fondations  pieuses,  élaient  compris  dans 
leurs  honoraires,  dont  ils  fosaient  partie  ;  que  s'il  devait  leur 
en  être  tenu  compte  sur  la  caisse  commune  de  la  ?ille,  celle 
direction  serait  exercée  gratuitement  sans  dillicuité, 

2"  Qu'où  pouvait  acquiescer  à  la  proposition  qui  avait 
été  faite  d'adjoindre  des  assesseurs  aux  magistrats,  sous  la 
réserve  cependant,  qu'il  n'en  serait  admis  que  deux  pour  la 
direction  de  chaque  fondation;  savoir,  un  conseiller  et  un 
echevin,  lesquels  seraient  élus  par  MM.  les  XXI,  et  ne  reste- 
raient  que  deux  années  en  exercice  :  que  par  là  on  évitait 
rîncon?énient  qui  résulterait  de  la  disposition  du  présent 
article,  suivant  laquelle  il  pourrait  souvent  arriver  qu'un 
conseiller  et  un  echevin  de  la  même  tribu  se  trouvassent  en 
fonction  en  même  temps. 

8*  Que  le  vcbu  formé  en  faveur  des  pauTres  pensionnaires 
de  l'hôpital  bourgeois,  tendant  à  ce  quils  fussent  pourvus 
gratis  de  Unge  et  d'habits»  pourrait  être  accompli,  si  les  reve- 
nus de  cette  fondation  le  permettaient,  et  que  dans  ce  cas  ni 
le  Magistrat  ni  HM.  les  directeurs  ne  s'y  opposeraient. 

Les  commissaires  se  sont  bornés  à  observer  que  si  la  fon  • 
dation  était  déchargée  des  frais  de  direclion,  elle  trouverait 
par  là  môme  un  fonds  suffisant  pour  la  dépense  de  ce  dernier 
objet. 

VIL  —  Au  siiyei  de  1  article  14,  MM.  les  députés  ont  jugé 


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L'ALSACB  PKNDANT  LA.  RÉYOLUTKHr  IBANÇAIBK  180 


qa4l  était  à  propos  de  réserfer  à  MM.  les  XXI,  le  droit  d*sc- 
eofder  des  dispenses  ans  sujets  qoi  se  distingneraient  par  leuis 
talents  :  mais  les  eommissaires  ayant  ranontré  qne  cette 
réserve  donnerait  lien  à  des  exceptions  trop  fréquentes  à  la 
règle,  cet  article  a  été  reçu  sans  modification. 

IX,  XXIV,  XXV.  —  Les  articles  15,  i6  et  17,  concernant 
la  réception  des  manants  de  la  Ruprechtsau  et  dn  Neuhof,  la 
provision  de  grains  sur  len  greniers  de  la  ville  et  sur  d'autre? 
greniers  publics,  et  la  construclion  d  une  halle  couverte,  ont 
été  reçus.  On  a  observé  seulement  à  rocca.sion  du  dernier 
article,  que  la  reconstruction  de  la  partie  de  l  liûlel  de  ville 
qui  avait  été  incendiée  était  plus  nécessaire,  et  qu'elle  luéri- 
tait  même  d'être  considérée. 

XIX.  —  L'article  18  a  présenté  à  MM.  les  députés  quelques 
difficultés  :  ils  ont  allégué  que  si  les  étrangers  étaient  exclns 
pendant  quinze  jours  de  renchère  des  bois  dont  les  artisans 
de  la  ville  avaient  besoin  dans  leurs  ateliers,  ces  derniers 
feraient  la  loi,  et  détermineraient  le  prix  des  bois;  d^aillenrs, 
qttll  en  résalterait  nn  tort  considérable  à  la  bourse  commune, 
▼a  qoe  selon  les  règlements  des  Tribus,  an  tributaire  ne 
pouvait  point  enchérir  sur  Pantre.  Mais  les  commissaires  ont 
répondu  qu'il  était  Ibcile  d*obvier  à  ces  inconvénients,  en  sup- 
putant les  différente  prix  ausqueto  les  bote  se  sont  vendus 
pendant  dix  années  consécutives,  et  en  fixant  nn  taux  raison- 
nable, calculé  snr  le  prix  moyen. 

XXVII.  —  A  1  article  19,  qui  a  été  approuvé,  MM  les  dépu- 
tés ont  témoigné  que  les  vœus  de  la  bourgeoisie  au  sujet  de  la 
mendicité  se  trouvaient  remplis,  au  moyen  d'un  projet  qui 
venait  d'èlre  déposé  au  protocole.  Alors  on  a  prié  un  membre 
de  la  commission,  expérimenté  dans  l'urt  de  diriger  les  minu- 
(actures,  de  consacrer  ses  soins  à  l'examen  de  ce  projet. 

XX.  —  L'article  "10  a  été  pareillement  approuvé,  et  deux 
de  MM.  les  députés  ont  promis  de  communiquer  incessam- 
ment à  rassemblée,  le  pkn  d'une  Chambre  d'assurance. 


100 


lOBVOS  D'ALS&OB 


XXXI.  —  Quant  à  Tarticle  SI,  an  de  MM.  les  dépnUs  a 
obserTé  qa*à  la  ?érité  la  Chambre  des  bâtiments  afait  adopté 
depuis  quelque  temps  le  principe  général  qui  j  était  énoncé  ; 
mais  qu'elle  ne  pouvait  pitrmettre  les  réparations  des  aran- 
ces,  attendu  quUl  était  intéressant  d'élargir  le  plus  qu*il  serait 
possible  les  mes  étroites,  pour  y  donner  plus  d*aîr  et  plus 
de  jour. 

On  s  représenté  li-dessns  que  c'était  précisément  dans  les 
rues  étroites  que  se  trouvaient  les  propriétaires  les  moins 

aisés;  que  si  cette  permission  ne  leur  était  point  accordée, 
les  frais  considérables  que  leur  causerait  la  nécessité  de  bâtir, 
les  réduiraient  à  une  condition  très-fàclieuse,  dont  il  leur 
serait  impossible  de  se  tirer  :  que  pour  cette  raison  on  insis- 
tait à  demander  qu'au  moins  la  défense  des  réparations  en 
question  n'eût  lieu  qu'à  l'égard  des  maisons  situées  dans  les 
rues  principales,  sur  les  marches  et  sur  d'autres  places  publi- 
ques, ainsi  que  dans  les  quartiers  où  passe  la  troupe. 

VI.  —  Un  membre  de  ta  commission  syant  annoncé  quHl 
donnerait  le  plan  de  Tétablisseroent  d*one  Gbambre  oonsa- 
lairt,  on  a  passé  à  l'article  iS. 

XX,  XXni,  XXVI.  —  Les  trois  articles  suivants,  concernant 
le  renouvellement  du  tarif  de  la  douane,  la  franchise  de  l'en- 
trepôt pour  les  bourgeois  et  l'exemption  de  la  librairie  des 
droits  d'ins[)ection;  ce  dernier  article  surtout.  MM.  les  dépu- 
tés se  sont  réservé  la  liberté  de  les  communiquer  préalablt- 
ment  à  MM.  les  censeurs  et  à  MM.  les  préposés  à  la  douane, 
pour  en  consulter  avec  enz. 

X,  Xn,  Vin.  —  Les  articles  S6,  27  et  S8,  qui  ont  pour 
objet  la  révision  des  règlements  des  Gbambres,  la  manuten- 
tion des  lois  contre  les  banqoerontiers,  et  la  suppression  des 
contributions  qui  se  perçoivent  aux  mariages  des  protestants, 
n'ont  souffert  aucune  difficulté. 


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L'AïAàoi  PBNiuarr  Là.  BftvoLirnoii  fbançaibb  191 

(Xnguièmê  wnféme^s  du  46  mai, 

XXXIL  —  Après  la  lecture  de  l'article  29,  qa!  concerne 
la  demande  des  notaires  de  la  fille,  tendante  à  ce  qo*il  leor 
soit  permis  de  dresser  des  obligations,  des  contrats  d*achat 
et  d'autres  actes  pareils,  MM.  les  députés  ont  adressé  It 
requête  des  notaires  au  Magistrat,  pour  qu  il  y  fit  droit 

XL  —  Au  sqiet  de  Tarticle  80,  la  commission  a  commencé 
par  obserrer  qa*on  exigeait  pour  les  meubles,  les  même(<  lods 
et  ?entes  que  pour  les  biens-fonds,  quoique  ceux-ci  ne  pas- 
saHsent  que  rarement  à  un  nouveau  propriétaire,  tandis  que 
ceux-là  étaient  dans  le  cas  d'être  mis  en  veote  fréquemment 
dans  un  court  espace  de  temps. 

MM.  les  députés  ont  répondu  que  la  leyée  des  lods  et  rentes 
payés  pour  les  meubles  sur  le  pied  indiqué,  était  fondée  sur 
les  plus  anciennes  lois  de  la  ?ille,  desquelles  on  ne  pouTait 
point  s^écarter;  qu'en  tout  «as  il  fallait  d'abord  prendre  con- 
naissance dn  montant  de  ce  droit»  par  des  extraits  dee  regis- 
tres et  des  comptes. 

XXIX.  —  MM.  les  dépntés  ont  acquiescé  à  l'artide  81,  qui 
demande  que  dorénavant  aucune  aliénation  de  communaux 
ne  puisse  avoir  Ueu,  sans  le  consentement  de  la  commune. 

XXXL  a.  —  A  Tartide  8S,  qui  parle  du  bail  actuel  des 
boues  et  immondices  de  la  ville,  et  de  son  renouvellement 
futur,  un  membre  de  la  commission  a  promis  de  donner  le 
plan  qu'avaient  demandé  MM.  les  députés,  pour  f^îre  tooVner 
ce  bail  au  profit  de  toute  la  communauté  des  jardiniers. 

XXXI.  b.  —-  Les  valets  du  maitre  des  hautes-œuvres  ayant 
offert  d'entreprendre  les  vidanges  des  fosses  à  un  moindre 
prix  qu'ils  ne  l  avaient  proposé  avant  l'offre  du  maitre,  de 
laquelle  l'article  83  fait  mention,  MM.  les  députés,  à  qui  il 
était  revenu  que  le  maifre  des  hautes-œuvres  était  intéressé 
à  avoir  conaaissance  de  la  dernière  offre,  ont  été  d'avis  qu'on 
lui  donnât  copie  de  la  demande  des  valets,  afin  de  s'éclaircir 
là-dessus. 


198 


SBVDB  D*AL84CB 


XXX.  —  La  proposition  avancée  dans  l'article  84.  où  les 
habitants  de  la  Ruprechtsau  et  du  Neubof  se  plaignent  qoe 
l'abondance  du  gibier  leur  apporte  du  dommage,  a  été  contre- 
dite ourertement  par  un  de  MM.  les  députés,  qui  a  assuré 
qu'outre  les  liTraisons  de  chaque  mois,  il  ee  fesait  tous  les 
«08  trois  chasses  géaétmles  à  la  Ruprechtsau,  et  duq  au  Neu- 
bof; que  de  plus  il  était  permis  aux  habitants  de  ces  contrées 
d*allumer  du  feu  et  de  décharger  des  pistolets,  pour  époufan- 
ter  le  gibier. 

Sur  les  représentatbns  fidtes  à  ce  siget  par  la  commission» 
MM.  les  députés  ont  demandé  que  chaque  bAn  que  les  habi- 
tants susdits  s*aperoemient  d'une  trop  grande  quantité  de 
gibier  ils  eussent  à  en  informer  MM.  les  préposés  à  la 
vénerie. 

On  a  passé  après  cela  à  l'examen  des  doléances  de  la  troi- 
sième seclioii,  intitulée  :  liHérêls  particuliers  des  Tribus. 

L'article  1.  concernant  Taudilion  de  compte,  a  été  reçu 
par  MM.  10.**  députés,  sous  la  réserve  que  les  comptes  seraient 
rendus  en  présence  des  echevios,  et  de  Tancien  et  du  nou- 
veau GtridU  \ 

L  —  L'article  2,  sur  la  mutabilité  des  Qerichi  ou  justices 
tributaires,  a  été  reçu  eu  entier. 

H  —  On  a  ajouté  à  TarUcle  8,  au  sujet  des  frais  des  pro- 
cès de  gens  de  métier,  que  les  procès  seraient  consentis  par 
les  députés  du  Magistrat  appelés  Ob&rhmiâwerluhtrrtn^  et 
par  les  deux  tiers  de  la  corporation  qu'ils  eonoemeraient. 

HL  —  La  demande  que  les  cabaretiers  fout  à  Tarticle  4» 
d'être  affranchis  des  droits  d'octroi  pour  les  Tins  destinés  à 
leur  propre  consommation,  a  été  accordée  ;  on  a  même  ordonné 
la  féTision  de  cet  impôt 

IV.  —  À  l'égard  de  la  demande  exprimée  dans  l'article  5, 

'  Cet  article  est  le  IV  Je  la  seconde  section.  (Noie  du  document.) 


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L'AfcSAOB  PENDANT  L.A  RÉVOLUTION  FRANÇAI8B  196 


Iflf.  les  députés  ont  déclaré  que  le  décret  rendo  en  1781 
par  MM.  les  XXI  8*f  opposait,  pnisqu'en  ordonnaat  la  dimi- 
Bution  da  nombre  des  cafés  et  des  billards,  ce  décret  ne 
distingaait  point  les  époques  de  iear  établissement.  Cepen- 
dant MM.  les  députés  ont  ajouté  que  comme  ils  ne  pouyatent 
actuellement  donner  leur  avis  contre  la  disposition  de  la  loi 
aliéguée.  ils  entreraient  en  conférence  à  ce  sujet  avec  la 
députation  qui  avait  travaillé  à  la  rédaction  de  cette  loi. 

y,  XÎII.  —  A  la  discussion  de  Tarticle  6,  qui  est  en  rapport 
arec  Tart.  14,  MM.  les  députés  ont  donné  à  connaître  que  si 
les  boocbers,  à  Tégard  du  magasin  de  suif,  ainsi  que  de  la 
Tente  libre  de  cette  denrée,  fesaient  des  propositions  accep- 
tables, leur  demande  ue  souffrirait  point  de  difficulté,  non 
plus  que  celle  qui  tendait  à  ce  que  la  ftibrication  de  cbandelles 
leur  tùi  permise  :  mais  que  pour  la  demande  que  fesaient 
las  cbandeliers,  elle  pouvait  d^autant  moins  être  agréée,  que 
ces  artisans  n'étaient  autorisés  à  engager  ni  apprentis  ni 
compagnons,  et  que  leur  métier  ne  dtmnait  point  le  droit  de 
maitre. 

VI.  —  MM.  les  députés  ont  dit  au  sujet  de  rarticle  7,  que 
le  Magistrat  s'était  de  tout  temps  opposé,  mais  toujours  on 
vain,  à  l'établissement  d'entrepôts  à  une  lieue  d'Allemagne 
à  la  ronde;  et  qu'il  ne  desirait  rien  tant  que  de  voir  qu'il  fût 
en  son  pouvoir  de  mettre  cet  article  i  exécution. 

Vn.  —  Kartide  8  n'a  pas  paru  recevable  à  MM.  les  dépu- 
tés, qui  ont  exposé  que  les  habitants  de  la  ville  retiraient 
des  avantages  non  équivoques  des  rentes  des  communaux 

défiriehés  et  donnés  à  bail,  puisqu'entre  autres  emplois,  elles 
servaient  à  acquitter  une  partie  de  l'impôt  établi  pour  les 

lanterne.i,  et  à  payer  la  voiture  des  dixmes,  de  laquelle  les 
jardiniers  élaient  chargés  auparavant  sans  rétribution.  A 
l  égani  des  communaux  concédés  en  empliitéose,  MM.  les 
députés  ont  prétendu  que  par  la  nature  même  du  contrat, 

NoiTtIto  Sérii  -  S*  Anafo  13 


m 


ils  ne  poQTaient  être  restitoéa,  et  que  la  commune  d*aiUean 
n'y  donnait  point  son  consentement 

Les  commissaires  ont  obserié  qn'aa  moins  à  Texpiration 
des  baux,  les  bourgeois  devaient  aToir  la  préférence  sur  les 
étrangers. 

Slaièm  et  dêmiirê  eonférmeef  é»  i8  moi. 

VIII.  —  Art.  9  :  MM.  les  députés  ont  allégué  deux  raisons 
pour  ne  point  admettre  cette  demande  :  la  première,  parce 
que  les  2  deniers  dont  ii  est  tinestion  sont  déjà  compris  dans 
la  taxe;  la  seconde,  parce  que  par  celle  im{)OsitioD,  il  n'y 
aurait  que  les  bouchers  aisés  qui  y  gagneraient. 

Mais  les  commissaires  ont  insisté  sur  l'arrêt  du  Conseil 
d  b^tat,  disant  que  la  manière  actuelle  de  percevoir  les  2 
deniers  étant  directement  opposée  à  ce  qu'il  prescrivait,  elle 
devait  y  être  conformée. 

IX.  —  Ârt.  10  :  La  commission  ayant  représenté  que  dans 
les  juridictions  françaises  les  boulangers  et  les  bouchers  con- 
couraient, pour  leurs  fournitures,  avec  les  créanciers  privi- 
légiés; If  M.  les  députés  ont  proposé  de  leur  accorder  les  trois 
derniers  mois. 

X.  —  Art  11  :  HM.  les  députés  ont  jugé  qu'on  ne  pouvait 
satisliiire  à  la  demande  des  cabaretiers  de  la  Ruprechtsau, 
tondante  à  ce  qu'il  leur  fftt  permis  de  débiter  indifféremment 
de  la  bierre  et  du  vin,  à  moins  de  confondre  les  métiers, 

contre  la  défense  des  règlements. 

XI.  Xn.  —  Art.  12  et  13:  MM.  les  députésont  désiré  que 
ces  articles  fussent  préalablement  commun iqué.s  à  MM.  les 
XV. 

XIII.  —  L'article  14  a  été  discuté  ci-devant  avec  Tart.  6. 

XIV.  —  Art.  I.'i  :  MM.  les  députés  sont  convenus  qu'il  était 
dans  l'ordre  naturel  des  choses  que  les  farioiers  fussent  réu- 
nis sur  la  même  tribu,  à  l'instar  des  autres  eorpe  de  métiers; 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  EÉVOLUTION  FBANi^AISK 


195 


mais  ils  ont  |nfé  à  propos  qa*oa  eàt  quelque  conférence  à  ce 
sujet  a?ec  It  Triba  des  boulangers. 
XY.  —  Âri  i6  :  La  demande  des  Tribus,  tendante  à  ce 

que  les  droits  dos  pour  Texp^dition  des  lettres  d'apprentissage 
ne  soient  exigibles  que  lorsque  celles-ci  auront  été  délivrées, 
a  paru  si  juste  à  MM.  les  députés,  qu'ils  ont  été  étonnés 
qu  on  ait  pu  y  donner  sujet. 

XVI.  —  Art.  17  :  Les  commissaires  ayant  fait  savoir  que 
les  ferblantiers  n'entendaient  s'opposer  qu'à  l'agrégation 
de  maîtres  étrangers,  d'après  leur  déclaration  postérieure 
déposée  au  protocole  de  la  députation,  MM.  les  députés  ont 
demandé  que  cet  article  fût  communiqué  à  MM.  les  XV. 

XVII.  —  Art.  18  :  Un  de  MM.  les  députés  ajant  représenté 
que  non-seulement  les  gagne-petits  fesaient  beaucoup  de  tort 
aux  couteliers,  mais  qu'ils  n'avaient  m6me  jamais  eu  le  droit 
de  tenir  des  compagnons,  et  que  leurs  TeuTSS  n'avaient  obtenu 
que  de  tempe  à  autre  la  permission  d'en  employer  :  l'avis 
commun  de  la  députation  a  été  que  la  faculté  de  tenir  des 
compagnons  ne  pourraient  être  réclamée  que  par  les  veuves. 

XVni.  —  Art  19  :  MM.  les  députés  ont  objecté  qu'on  ne 
pouvait  guère  refuser  au  serrurier  de  la  ville,  la  liberté  de 
ikire  des  pièces  de  détail  qui  appartiendraient  à  on  ouvrage 
dont  la  ville  Taorait  chargé  :  mais  les  commissaires  ont 
répondu  qu'on  le  fcsait  avec  autant  de  droit,  que  dans  pareil 
cas  on  s'opposerait  à  ce  que  lea  feijeurs  de  crics  empiétassent 
sur  le  métier  de  serrurier. 

XIX.  —  Art.  20  :  MM.  les  députés  ont  observé  que  comme 
il  s'agissait  ici  de  distinguer  le  trafic  des  épiceries  d'avec  celui 
des  marchandises  de  carême,  et  de  déterminer  au  juste  les 
denrées  qui  appartiennent  k  chacun  de  ces  trafics,  la  présente 
demande  devait  être  rapportée  devant  MM.  les  XV. 

XX.  —  Art.  21  :  A  l'égard  du  premier  objet  de  cet  article, 
MM.  les  députés  ont  déclaré  qu'ils  étaient  dans  le  cas  de 
prendre  des  éclaircissements  sur  Tétat  de  la  question,  au 


196 


BEVUE  D'AL8A.CE 


sujet  des  fossés  que  le  Magistrat  deyait  B*étre  appropriés. 

Pour  le  second,  ils  ont  représenté  que  les  pêcheurs  devaient 
d'abord  examiner  avec  plus  d  atlcnfion  qu'ils  ne  pouvaient 
l'avoir  fait,  s'il  ne  leur  serait  pas  [il n toi  préjiidicial)le  qu'a- 
vantagtMix  de  convertir  leur  corporation  en  niélicr.  d'autant 
plus  que  c'était  la  seule  qui  se  trouvât  sur  leur  friltu. 

Au  sujet  du  troisième,  ils  ont  remontré  que  le  [)ublic  était 
trop  intéressé  à  la  libre  importation  de  toute  espèce  de  den- 
rées«  pour  qu'on  mit  de  pareilles  entraves  aux  pécheurs 
étrangers. 

Quant  au  dernier  objet,  MM.  les  députés  ont  exposé  que 
comme  la  défense  de  vendre  des  poissons  par  des  personnes 
tierees,  existait  déjà  poar  les  pécheurs  de  la  Tille,  ils  ne  s'op- 
poseraient nullement  à  ce  qn'elle  eût  lien  ponr  ceux  de  la 
Lorraine. 

La  demande  fiiite  dans  un  supplément  au  sujet  du  droit  du 
premier  marché,  MM.  les  députés  ont  été  d*avis  qu'on  la  remit 
à  la  discrétion  de  MM.  les  XXI,  tu  que  le  GeridUâe  la  Trihu 
des  péchenra  s'était  déjà  adressé  à  eette  Chambre,  pour  en 
obtenir  que  tes  tributaires  ne  pussent  plus  être  dénoncés  à 
la  (lliambrc  de  police. 

XXI.  —  Art.  22  :  Lorstju'un  nionibre  de  la  députaliou  a 
eu  repré.^enté  ([ue  depuis  peu  de  temps  il  avait  paru  un 
nouveau  tarif,  les  autres  ont  ajouté  qu'il  était  à  présumer 
que  l'Assemblée  nationale  s'occuperait  d'établir  des  principes 
solides  pour  le  règltinent  du  taux  des  denrées,  et  qu'on  pou- 
vait remettre  jusque-là  la  demande  des  boulangers. 

XXII.  —  Art.  28  :  MM.  les  députés  ont  assuré  qu'en  toutes 
les  occasions  le  Magistrat  avait  protégé  particulièrement  le 
spectacle  allemand,  et  quil  ne  lui  refuserait  passa  protection 
à  rarenir. 

XXin.  ^  Art  S4  :  La  députation  a  jugé  à  propos  que  la 
demande  des  tisserands,  tendante  à  ce  que  leura  jurés  ne 
soient  eonstitoés  que  pour  m  certain  nombre  d'années ,  ainsi 


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L'ALB&OB  FBMIkAMT  LA  BÉTOLUTIOM  nâKQAISB  107 

qœ  oelle  qoi  a  pour  objet  réUbliflsemeiit  d*iui  O&MiitaMr, 
et  d*an  {Thisrmetsier,  Aisseot  renvoyées  à  laconnainancedes 
mtitres  de  lear  corps, 

XXIV.  -  Art.  S6  :  MM.  les  députée  ont  dit  qu'il  n'y  a?ait 
pas  de  doote  qae  les  bateliers  ne  donnassent  la  préférence 
aox  manants  snr  les  étrangers,  slls  les  trouraient  plus  pro- 
pres à  être  employés,  et  même  dans  le  cas  oùl'arantage  serait 
égal,  mais  ils  ont  observé  qu'à  cet  égard  oa  ne  pouvait  pas 
user  de  contrainte. 

XXV.  —  Art.  26  :  La  demande  des  chapeliers,  tendante  à 
obtenir  exclusivement  à  tous  autres  marchands,  le  droit  de 
faire  venir  des  chapeaux  du  dehors  et  de  les  débiter,  a  paru 
évidemment  inju.sle  h  MM.  les  députés,  qui  ont  dit  à  cette 
occasion  que  les  chapeliers  devaient  plutôt  tâcher  de  faire 
eux-mêmes  de  bonne  marchandise. 

XXn.  —  Art.  27  :  MM.  les  députés  ont  cru  devoir  se  refii- 
ser  à  la  création  d*ao  sindic  des  métiers  qui  eût  un  pouvoir 
aussi  étendu,  d*autant  plus  que  la  Tribu  des  tailleurs  est  la 
seule  qui  ait  formé  cette  demande. 

XXVn.  —  Ârt  S8  :  MM.  les  députés  ont  rejeté  pareille- 
ment la  demande  des  manantSi  observant  que  si  on  leur 
accordait  Texereice  personnel  d'un  métier,  sans  qu'ils  eussent 
les  moyens  de  se  faire  inscrire  à  la  maîtrise,  la  condition  des 
bourgeois  se  trouTerait  à  cet  égard  pire  que  la  leur. 

L'examen  du  cahier  de  doléances  étant  ainsi  terminé,  la 
commission  a  produit  les  propositions  suivantes,  qui  avaient 
été  jointes  aux  actes  pendant  les  délibérations. 

Savoir  : 

La  demande  des  cordiers,  tendante  à  ce  qu'on  n'exige  plus 
au  double,  le  droit  de  lods  et  ventes  sur  les  marchandises 
qu'ils  fabriquent. 

La  demande  des  manants,  tendante  à  ce  que  ceux  d'entre 
eux  qui  auront  perdu  leur  droit  de  i)ourgeoisle  à  cause  d'ab- 
sence, y  soient  rétablis  gratis. 


186 


REVUE  D'ALSACE 


La  demande  do  1^  Rcederer,  teintarier  dn  grand  teint, 
au  sujet  des  Toitures  à  sel  qui  embarrassent  l*entr6e  de  sa 
mairon. 

Plusieurs  griefs  particuliers  des  bateliers  agrégés  an  rang, 
au  sujet  du  fret  pour  les  bateaux  marchands. 

La  réponse  dc8  marchanda  de  viandes  de  carême  à  la  pro- 
position des  marchands  épiciers. 

La  demande  des  traiteurs,  tendante  à  ce  qu'il  ne  soit  per- 
mis à  qui  que  ce  soit  de  tenir  auberge,  s'il  n'a  (ait  aupararaot 
un  apprentissage  suffisant. 

Une  pareille  demande  de  la  part  des  cafetiers,  à  laquelle 
est  jointe  celle  de  former  une  corporation. 

Des  représentations  tendantes  à  faire  diminuer  le  prix  du 
bois. 

Des  représentations  sur  les  abus  qui  se  commettent  an 
marché  aux  herbes,  par  des  fruitiers  qui  n'achètent  para?anoe 
que  pour  rerendre;  de  même  que  sur  les  abus  qui  se  sont 
introduits  dans  la  rente  du  lait  et  des  ftgots. 

Des  représentations  de  la  part  des  pêcheurs,  à  l'égard  du 
poisson  qui  se  rend  par  des  personnes  apoetées. 

Des  représentations  tendantes  i  reculer  les  établissements 
des  anabaptistes  à  trois  lienes  de  la  rille. 

Antres  représentations,  concernant  la  trafic  du  suif,  et  la 
demande  des  bouchers  aux  (Ins  de  fabriquer  des  chandelles. 

La  demande  des  man  hands  de  viandes  de  carême,  ten- 
dante à  ce  qu'il  leur  soit  permis  de  débiter  du  sel  en  détail. 

Autre  demande  concernant  le  colportage  des  denrées. 

Représentations  au  sujet  du  Gericht  de  la  Tribu  de  la 
Moresse. 

Un  plan  universel  d'éducation. 

On  peut  apercevoir  aisément  par  cette  exposition  succincte 
du  procès  verbal  de  la  commission,  encore  qu'il  ne  soit  qu'un 
acte  unilatéral,  combien  il  eût  été  facile  de  prendre  sur  beau- 
coup d'articles  une  résolution  définitire.  La  nature  des  de- 


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L*AL8A0B  nHDAMT  LA.  RtVOLUTIOlf  VBAKÇAISB  190 


mandes  qui  y  sont  exprimées,  les  témoigriMj^es  évidents dap- 
probalion  du  plus  grand  nombre  de  MM.  les  députés,  le 
décret  même  du  Magistrat  du  7  arril  dernier  :  tout  semblait 
promettre  aux  commissaires  une  prompte  dédsioa.  Voila  pour- 
quoi ils  se  sont  efforcés  constamment  de  rassurer  les  per- 
sonnes qui  Tenaient  slnformer  auprès  d'eux  de  la  situation 
des  choses^  et  de  les  engager  à  attendre  TéTènement  a? ee 
confianee. 

De  tous  les  articles  qui  Tiennent  d*étre  lus,  on  n*en  troa- 
Tera  aucun  qui  attaque  directement  la  constitution,  si  on 
Teut  distinguer  ce  qui  compose  son  essence,  d'arec  ce  qui 
n'est  qu'accidentel;  ce  qui  constitue  le  fbnd,  d'sTec  ce  qui 
n^appartîent  qu'à  la  forme:  en  nn  mot,  la  loi  écrite  et  perma- 
nente, d'avec  une  ubservance  arltitruire  et  variable. 

Parnji  ces  articles  il  en  est  qui  n'exigent  pas  unerethcrcbo 
assez  pénible  ni  assez  sérieuse,  pour  qu'on  n'ait  pu  faire  les 
représeulaliuns  dont  ils  auraient  paru  susceptibles,  d<'puis  le 
temps  que  le  cabier  de  doléances  a  été  présenté  :  d'autres, 
qui  concernent  des  abus  reconnus,  u'avaieut  point  besoin  de 
recommandation  pour  être  accueillis. 

Les  commissaires  s'étaient  flattés  que  sans  perte  de  temps 
on  iuTiterait  les  Tribus  à  s'occuper  de  dresser  un  plsn,  pro- 
pre à  répartir  exactement  et  arec  le  plus  d'égalité  possible, 
la  somme  de  90000  Ut.,  montant  du  StaUgéld;  afln  d'arrêter 
les  suites  ruineuses  d'un  recouTremeutTideux,  dont  la  bour- 
geoisie n'a  été  que  trop  longtemps  la  Tictime.  Ils  s'étaient 
flattés  encore  de  pouToir  annoncer  à  leurs  commettants,  entre 
antres  sTantages,  que  les  fondations  pieuses  n'auraient  plus 
à  supporter  les  frais  de  direction,  et  que  les  pauTres  pen- 
sionnaires de  rhopital  bourgeois  seraient  habillés  et  pourvus 
de  linge,  aulaut  que  les  circonstances  actuelles  le  permet- 
traient. 

Ce  n'est  pas  sans  quelque  peine  (pie  nous  avons  vu,  contre 
toute  attente,  tant  de  propoaitious  foudéeâ  éprouver  des  con- 


200 


BBVUB  D*ALBAOB 


tradiction?^,  nu  ôtre  rerivoyées,  indifféremment  et  sans  obtenir 
l'examen  que  nous  desirions,  à  des  Conseils  particuliers,  pour 
y  être  discutées  plus  anipiemoiit.  Nous  allons  vous  faire  con- 
naître, Messieurs,  le  décret  que  le  Magistrat  a  rtnda  à  ce 
siget 

(Lecture.) 

Il  parait  que  la  proposition  dont  on  s'éloigne  le  plus,  est 
celle  d'une  meilleure  forme  d'élection;  et  que  d'anciennes 
ordonnances,  une  observance  surannée,  ainsi  que  l'engage- 
ment dans  lequel  Louia  XiV  eat  entré  de  maintenir  la  oonatl* 
tntion,  sont  les  prétextes  dont  on  se  sert. 

Ce  n'est  id  ni  le  temps  ni  le  lieu  de  noos  étendre  sur  ce 
sajet;  nous  ne  noos  arrêterons  qu*à  obserTor:  que  ces  ordon- 
nances ne  font  ancunement  partie  de  nos  lois  fondamentales, 
que  la  colleetion  d'andennes  ordonnances,  connue  sous  les 
noms  de  StadUnieh  et  de  Famfzthnbwh,  n'est  reconnue  nulle 
part,  et  ne  peut  être  admise  par  bien  des  raisons,  pour  un 
code  de  lois  fondamentales  ;  qu'elle  n'est  citée  par  le  Schwœr- 
brhf,  que  pour  ce  qui  regarde  l'élection  de  l'ammeistre,  et 
ses  obligations  ;  qu'anciennement  les  echevins  étaient  élus, 
tantôt  par  la  bourjjeoisie,  tantôt  par  le  Sénat,  et  tantôt  par 
eux-mêmes;  que,  jusqu'au  dernier  changement  arrivé  dans 
la  magistrature,  le  Sénat  élisait  aussi  lui-même  ses  membres, 
et  que  MM.  les  XV  n'ont  été  privés  du  même  droit,  qu'après 
qu'un  siècle  entier  s'était  écoulé  depuis  ce  changement  uni- 
yersel;  que  toutes  ces  rariations  ont  été  opérées  par  la  com- 
mune, dont  les  droits  ont  été  assurés  par  la  capitulation, 
ausri  bien  que  ceux  du  corps  du  Magiatrat,  lequel  n'agissait 
qu'au  nom  de  cette  commune;  enfin  que  le  Rd  régnant  n'a 
d'antre  intention,  que  de  foire  reviTre  les  prétentions  légi- 
times des  communes. 

Maintenant,  s'il  est  Trsi  que  la  commune  a  le  didt  impres- 
criptible de  proposer  des  changements  avantageux  et  d'en 
concerter  l'exécution  avec  le  Magistrat  sous  le  bon  plaisir  du 


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L'ALSA,CE  PKNDAMT  Ul  RÉVOLITTION  VRKHiiAlSZ 


201 


Roi  ~  à  qaoi  elle  a  toQjoora  borné  ses  prétentions — nom 
deTons  écarter  toute  crainte  prématarée  et  noaa  reposer 
entièrement  sar  les  dispositions  du  Magistrat.  Gomme  il  feit 

lui  même  partie  de  la  commune,  il  ne  peut  avoir  eu  inten- 
tion, par  sa  déclaration  du  "28  mai  dernier,  de  rendre  le  droit 
de  la  commune  litigieux,  et  bleu  moins  de  s'upposer  à  son 
libre  exercice. 

Les  considérations  suiv^antes,  que  nous  ne  devons  pas 
omettre.  Messieurs,  de  vous  exposer,  servent  à  affermir 
encore  davantage  cette  juste  contiîuu'e  que  nous  avons  dans 
les  vues  d'un  Magistrat,  dont  les  principaux  intérêts  et  les 
droits  les  plus  essentiels  sont  tellement  liés  à  ceux  de  la  corn- 
mono,  quMIs  ne  peuvent  en  être  séparés  impunément 

L'Assemblée  nationsle,  à  qui  notre  cahier  de  duléanœs  a 
été  adressé,  a  conttnaellement  troufé  des  obstacles  à  son 
actifité  :  il  n'est  pas  possible  de  préToir  combien  de  temps 
elle  aara  encore  à  les  combattre,  ni  même  ai  elle  parviendra 
jamais  à  les  raincre. 

En  supposant  encore  qu'un  parfiut  accord,  soutenu  par  le 
patriotisme  le  plus  pur,  se  fiisse  jour  au  travers  de  tontes  les 
difficultés,  peut-on  se  promettre  que  rassemblée  s'occupera 
dans  peu  des  griefs  particuliers  de  tant  de  provinces,  de  villes, 
de  communes  et  ne  doil-on  pas  appréhender  plutôt  qu'il  ne 
lui  reste  plus  un  espace  de  temps  suilisant.  pour  apporter  des 
remèdes  efficaces  aux  maux  pressants  de  tout  un  royaume? 

Dans  ces  circonslances ,  nos  députés  ne  peuvent  avoir 
recours  qu'au  ministère;  et  déjà  ils  sont  parvenus,  non-seu- 
lement à  donner  connaissance  de  nos  vœns  au  ministre 
d'Etat,  que  la  France  entière  se  félicite  de  posséder  ;  mais 
encore  à  obtenir  son  agrément  pour  les  conférences  que  la 
commune  desirait  d'avoir,  avant  toutes  choses,  avec  son  juge 
naturel. 

C'est  ici  principalement.  Messieurs,  qne  nous  devons  vous 
prier  de  repasser  attentivement  dans  votre  mémoire,  la  partie 


BETDB  D'ALBACB 


de  la  lettre  de  nos  députés  où  ils  parlent  de  Taudience  du 
ministre.  Si  l'agrément  de  ce  Ministre  est  exlrèiiuMiieut  flat- 
teur pour  nous,  et  important  pour  les  intérêts  de  la  commune; 
il  est  de  notre  devoir  et  de  notre  prudence,  d'employer  tous 
nos  soins  pour  ia  conserver.  Mais  un  moyen  sûr  d'atteindre 
à  notre  but,  serait,  ce  semble,  de  ne  point  exposer  les  avan- 
tages de  notre  situation  présente  par  des  démarches  précipi- 
tées, que  les  grands  ?oi«nt  toujours  de  maaTaiscail;  et  de  ne 
point  oublier  le  rapport  dans  lequel  nous  nous  trouTons  avec 
,    le  Magistrat. 

Telles  sont,  Messieurs,  les  réflenons  qui  terminent  le  rap- 
port que  nous  sommes  crus  obligés  de  tous  Ikire,  pour  tous 
mettre  à  même  de  juger  de  la  conduite  que  nous  ayons  tenue, 

et  de  prendre  une  résolution  réglée  sur  les  circonstances  pré- 
sentes, et  sur  les  vrais  intérêts  de  la  bourgeoisie.  Nous  nous 
réservons  à  exposer  chacun  à  notre  tour,  nos  opinions  indi- 
viduelles: et  nous  observerons  seulement,  en  flniseant.  qu'il 
serait  convenable,  à  notre  avis,  de  répondre  à  la  lettre  de 
MM.  les  députés,  au  nom  du  corps  entier  de  MM.  les 
représentants. 

Strasbomv,  le  S  juin  1789. 

Je  scusâgnè,  8wrHaxr$  interprète  de  la  viUe 
de  Straehowrff,  gue  le  rapport  ci- 

deeeus  est  traduit  fideUement  de  PaUemand, 
Où  18  décembre  1789. 

Lb  Ro1lx^ 


'  Cette  pièce  est  réimprimée  ici  d  après  le  texte  original  publié  chez 
J.  Fran(oit  Le  Roai,  imprimear  da  Roi  et  dt  la  Ville. 


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L  ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE  203 


xm. 

JLettre  des  représentants  'de  la  bourgeoisie 
à  MM.  kt  dépuUa  dehfriOede  Stnaourg. 

StiMbowR.  4  loio  nm. 

Noos  aTons  rendu  compte  aTtnt-hier  aux  bourgeois  et  habi- 
.  tans  asseniblés  de  Totre  lettre  du  18  May  et  leur  afona  fidt 

un  rapport  détaillé  de  nos  conférences  arec  la  depu talion  du 
Magistrat;  les  points  de  rapprochement  d'opinions  ont  été 
saisis  avec  empressement,  et  faisoient  espérer  à  l'assemblée 
un  résultat  salisfaisfint.  La  lecture  du  décret  de  MM.  les  Ma- 
gistrals  du-^^^May  a  reprimé  Tespoir  naissant  et  a  occasionné 
une  lon}îue  délibération.  Les  seiitimenî!  se  sont  unanimement 
réunis  MM.,  à  n«  pas  gâter  une  bonne  cause  par  la  précipi- 
tation, et  à  attendre  le  succès  de  l'action  des  membres  bien 
intentionnés  sur  Tuniverealité  du  corps.  Nous  arons  pensé 
MM.,qa'en  témoignant  aux  supérieurs  confiance  en  le  résultat 
d'un  examen  impartial,  le  tema  employé  en  ooneiliation  ne 
aeroit  pas  perdu. 

L*arrèté  de  la  bourgeoisie  dont  nous  tous  tuToyons  eopie, 
inaiate  am  modération  et  fermeté,  que  ce  mois  de  délibéra- 
tions amène  une  réaolntion  définitive  et  que  le  sens  de  Tan- 
denne  et  primitite  constitution  légale  soit  cUirement  déter- 
miné dans  cet  inlerraUe.  Il  y  a  eu  des  obaerrations  dana  le 
cours  de  la  discussion,  qui  fiûsoient  sentir  à  quel  point  les 
affaires  seroienl accélérées  si  les  démarches  que  font  plusieurs 
Mat,nstrats  pour  rendre  le  corps  entier  favorable  aux  demandes 
de  la  bourgeoisie  etoient  secondées  par  une  lettre  du  secré- 
taire d'Etatdu  département  qui  témoigna  au  Magistrat  qu'il  a 
eu  communication  et  connoissance  du  cahier  des  vœu.K  de 
Strasbourg,  et  rerroit  avec  plaisir  que  la  prudence  du  Ma- 
giatrat  aè  distingua  par  un  arrêté  sage  qui  consolida  le  calme 
par  lequel  les  dtoyens  de  Strasbourg  as  sont  rendue  reccom- 


2M  BBVUB  D*ALaA€E 

• 

raendables  dans  ce  moment  d'effiBirescence  générale.  Noob 
noue  diepoeona  MM.,  à  tous  enroyer  par  premier  voyageiir 
oe  cahier  de  nos  conférences  arec  la  députafion  du  Magistrat 
pour  que  tous  puiaslez  asseoir  d'avance  votre  jugement  sur 
les  pdnts  qui  paroissent  mûiîs  pour  devenir  la  base  de  rac- 
cord futur  et  TOUS  préparer  a  delwttre  ceux  desquels  on  ne 
▼eut  encore  se  relâcher.  Dicy  à  la  fin  du  mois  nous  essayerons 
de  ramener  les  individus  estimables  dont  le  sultkvge  influe 
le  plus  sur  les  délibérations  générales.  Nous  faisons  des  vcenx 
pour  la  prochaine  réunion  d'opinionH  de  l'assemblée  des  £(ats 
et  sommes  avec  uu  allachemeut)  etc.' 


XIV. 

Lettre  des  dépntés  de  Strasbourg 
onm  repréieniautB  de  la  bourgeoine. 

VeiMUlM  c«  8  Jaio  im. 

Messieurs 

Les  conférences  dont  nous  avons  annoncé  Touverture  par 
notre  lettre  du  18  Mal  n'ayant  pas  eu  le  succès  qu'on  en  espé- 
rait, les  communes  ont  cru  fixer  les  incertitudes  du  clergé, 
en  l'invitant  le  97  au  nom  du  Dieu  de  paix  et  de  l'intérêt 
national,  de  se  réunir  à  elles  dans  la  salle  commune  des  Etats. 
Cette  motion  ayant  Ikit  craindre  au  haut  clergé  que  messieurs 
les  curés  ne  se  rendissent  aux  vœux  de  leurs  concitoyens, 
provoqua  probablement  l'intervention  de  Sa  Mijesté,  qui  écri- 
vit aux  trois  ordres  la  lettre  dont  nous  joignons  copie.  Il  fut 
résolu  à  la  pluralité  de  428  voix,  dans  une  séance  qui  dura 
pendant  deux  jours  jusqu'après  les  10  heures  du  soir,  que, 
pour  se  conformer  aux  désirs  de  Sa  Majesté,  les  commissaires 
conciliateurs  se  rendroient  aux  conférenres  indiquées  chez 
M.  le  garde  des  sceaux.  La  noblesse  a  saisi  ce  moment,  non 

*  Copie  de  la  mioala  non  eignée  déposée  aax  archives  de  la  ville. 


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L'âLSACB  VBXDàXa  LA  BAVOUmOK  FRANÇAISE  206 


Beolemeot  pour  donner  nne  nooTelle  sanction  i  si  constitu- 
tion séparée,  mais  aussi  pour  déclarer  le  vote  par  ordre 
comme  constitutionuel  de  la  monarchie,  et  pour  s*engager  à 
professer  jusqu*i  son  entier  anéantissement  ces  principes 
conserfateurs  du  trône  et  de  la  liberté.  H.  le  comte  de  Gril- 
lon s'est  distingué  par  nne  protestation  franche  et  noble  dont 
noQs  joignons  également  copie. 

Ces  conférences  ont  été  tenues  quatre  (bis  en  présence  de 
tous  les  Ministres  de  Sa  Majeslé.  Nos  commissaires  en  ont 
rédigé  un  procès-verbal  aussi  exact  qu  intéressant,  que  nous 
?ous  enverrons.  Messieurs,  dès  qu'il  sera  imprimé.  Elles  n'ont 
rien  ajouté  à  la  conviction  du  bon  droit  des  communes,  mais 
elles  n'ont  pas  persuadé  Tordre  de  la  noblesse  et  celui  du 
clergé,  se  renfermant  dans  une  inaction  imperturbable,  qu'il 
a  qualifié  de  fonctions  conciliatrices,  a  donné  lieu  à  l'obser- 
vation assez  piquante  qu'il  offroit  le  premier  exemple  d'un 
concilialear  qui  attendoit  pour  commencer  ses  fonctions  que 
les  parties  fussent  d'accord,  et  qu'il  étoit  un  ordre  expeetant. 

A  la  troisième  oontérence  li.  Nedcer  donna  an  nom  des  com- 
miflsaireidn  Roi  lecture  de  Toorerture  royale.  Si  d'oncftté  les 
communes  ont  dH  y  entrevoir  nne  décision  contraire  à  leur 
attente,  et  des  principes  contradictoires  arec  ceux  qui  ont 
motivé  les  lettres  de  convocation  :  elles  ont  dû  d'nn  antre 
coté  être  touchées  de  la  manière  paternelle  dont  le  Roi  s*ez- 
prime  dans  un  manifeste  qu'on  peut  regarder  comme  destiné 
à  conserver  son  autorité  mais  pour  annoncer  en  même  tems, 
qu'il  n'en  fera  usage  que  pour  concilier. 

Quoi  qu'il  en  soit.  Messieurs,  les  communes  ont  sursis  à 
délibérer  sur  cette  ouverture  jusqu'à  la  clôture  du  procès- 
verbal  des  conférenres.  dunt  elles  estiment  la  publication 
essentielle,  pour  légitimer  les  principes  et  les  démarches  de 
leurs  commissaires.  On  sent  cependant  la  nécessité  de  termi- 
ner une  rixe  trop  longue,  et  de  céder  plutôt  une  partie  du 
bon  droite  pour  commencer  enfin  les  opérations  essentielles 


206 


BBTUB  D'aJLSACE 


qm  doivent  régénérer  la  natîoD  et  ne  pas  nous  exposer  aux 
reproehes  amers  de  nos  commettans  et  de  la  postérité,  d'a?oir 
sacrifié  i  des  prétentions  de  forme,  toutes  jusits  qu'elles 
puissent  être,  les  intérêts  les  plus  précieux  des  peuples  et 

nous  espérons,  qu'avant  la  fin  de  la  semaine,  rassemblée  des 
cemmuries  sera  constituée  et  en  activité  légale:  que  du  moins 
elle  véri liera  provisoirement  et  souh  toutes  réserves  que  de 
droit  les  pouvoirs  de  ses  députés. 

Nous  croirions  manquer  à  nos  obligatit)ns,  Messieurs,  de 
vous  rendre,  autant  que  possible,  participnns  à  ce  qui  arrive 
d'intéressant  dans  notre  assemblée  nationale,  si  nous  ne  tous 
rendions  compte  de  l'adresse  faite  à  Sa  Majesté  par  les  com> 
mânes  en  réponse  à  sa  lettre.  Cette  deputation  longtems 
retardée  par  la  mort  de  M.  le  dauphin,  que  la  France  doit 
regretter  à  plus  d'un  titre,  et  par  des  incidens  que  les  enne- 
mis du  Tiers  sToîent  fiiit  naître,  pour  reculer  un  moment 
aussi  satisfaisant,  a  eu  enfin  lieu  samedi  dernier  Le  doyen 
à  la  tête  de  vingt  députés  a  prononcé  Tadresse  et  le  Roi  a  fiiit 
la  réponse  gratleuse  qui  y  est  jointe. 

Nous  espérons^  Messieurs,  que  la  première  lettre,  que  nous 
écrivons,  contiendra  quelque  nouvelle  positive,  propre  à  calmer 
enfin  votre  juste  impatience  et  à  rassurer  le  découragement, 
que  notre  longue  inaction,  quoiqu  invuloutaire,  a  dû  répandre 
dans  la  province. 

Nous  avons  vu,  Messieurs,  avec  une  vraie  satisfaction,  les 
sacrifices  raisonnables  que  vous  avez  cru  pouvoir  faire  aux 
désirs  du  Magistrat,  lors  de  vos  conférences  avec  ses  députés. 
Vous  étiez  sans  doute  en  droit  d'en  attendre  des  dispositions 
analogues. 

Le  mauvsis  succès  de  la  séance  du  25,  nous  a  détrompé 
d*nne  manière  aflligeante;  d'autant  plus  qu'il  nous  laissoit 
entrevoir  la  possibilité  d'une  fermentation  dangereuse  par  le 
défont  d'un  centre  de  réunion  pour  les  conciliations.  Notis 
avons  pesé  mCtrement  Tinconvénient  qui  pourroit  en  ressuiler 


Diqitized  bv  Goo<?lc 


L'ALSACE  PBKDANT  LA  liTOLOTIOM  FBAMQAI8B  907 


pour  i&  commune  et  la  mission  dont  elle  nous  a  chargés 
noDB  a  paru  suiïisante  pour  présenter  à  M.  le  comte  de  Pay- 
aégar  la  note  dont  nous  joignons  copie.  Ce  Ministre  t  para 
sensible  à  notre  communication  et  frappé  comme  nous  du 
besoin  d'arrêter  dans  un  moment  aussi  critique  un  ibyer  de 
dissentions  intestines»  et  d'éfiter  qu'une  afbire,  qui  entre 
les  mains  de  l'administration  peut  aisément  se  concilier,  ne 
devienne  en  deraière  analyse  un  objet  de  discussion  aux 
Etats  généraux.  Nous  tous  annonçons  avec  plaisir  que  M.  le 
comte  dePiiységur  s  occupe  à  trouver  dans  sa  sagesse  le  moyen 
de  bire  continuer  les  conférences  entre  la  députation  du  ma- 
gistat  et  la  Yolre,  et  d'être  instruit  de  leur  résultat.  Cette 
assurance  doit  vous  suffire,  Messieurs,  pour  tranquilliser  dans 
ce  moment  vos  représentans,  et  les  engager  à  continuer  cette 
discussion  avec  la  même  modération,  déférence  et  confiance 
envers  le  magistrat,  qui  ne  pourra  guère  se  flatter  d'écarter 
les  doléances  dd  la  commune  et  d'opposer  à  des  reformes  salu- 
taires et  désirées  des  barrières  invincibles. 

Noos  sommes  avec  un  attachement  aussi  sincère  qu'invio- 
lable 

Messieurs 

Vos  très  humbles  et  très  obéissans  serviteun 

TuBKHmf.  ScBWEtanK 


XV. 

Note  adressée  à  M.  de  TvLjaégfar 
par  les  députés  de  StroAourg. 

La  commune  de  la  ville  de  Strasbourg  assemblée  par  ordre 
du  Roi,  pour  rédiger  ses  doléances  et  élire  ses  représentans 

^  De  toales  les  pièces  mentioniiées  dans  cette  lettre,  nous  ne  joignons 
id  qne  la  note  adressée  &  M.  de  Paységnr;  les  antres  documents  sont 
trop  ('ontuis  et  troplîadies  à  trouver  dans  n'importe  quelle  histoire  de 
la  Révolution  française  pour  qne  nons  les  reproduisions  id. 


206  BBVUa  D'ALBàOB 

aux  Elats  g(^néraux,  avoit  articulé  outre  les  objets  généraux, 
qui  proprement  dévoient  seuls  occuper  ra-^semlilcc  nationale, 
plusieurs  grie^  particuliers  contre  le  Magistrat  qui,  saiis 
détruire  la  constitution  de  cette  ville,  tendait  à  la  ramener 
à  ses  vrais  principes  et  à  rectifier  quelques  abus.  Les  députés 
de  la  yiUe  aux  Etats  généraux  parrinreot  à  ealmer,  à  force 
de  persuasion  et  de  modération,  Tefferrescence  que  pareille 
opération  pon?olt  causer  et  engagèrent  les  commissaires  à 
tenter  an  préalable  la  Toie  de  la  conciliation.  G^est  dans  cet 
esprit  que  fut  rédigé  Tarticle  dernier  dn  cahier  des  doléances 
dont  on  joint  copie. 

Les  conférences  se  sont  tenues  plusieurs  fois  entre  les  dépu- 
tés du  magistrat  et  les  sept  commissaires  de  la  commune  : 
elles  ont  été  closes  le  18  ;  plusieurs  articles  ont  été  approu- 
vés, d'autres  et  les  plus  importans  rejettés  et  les  soussignés 
viennent  de  receToir  la  nouvelle  certaine  que  lorsque  M.  le 
rapporteurdesconlérences  voulut  rendre  compte  k  rassemblée 
des  Chambres  du  résultat,  celte  dernière  a  ressemblé  à  une 
diétine  de  Poloj^ne  et  que  ceux  des  magistrats  qui  ne  sont 
pas  bien  intentionnés  pour  la  conciliation  ont  interrompu  la 
lecture  du  rapport  et  ont  fait  conclure  à  la  pluralité,  qu'il 
seroit  mis  sur  le  bureau  et  sursis  pendant  un  mois  d'y  sta- 
tuer, sauf  d'ultérieurs  renvois  à  des  chambres  particulières. 

Cette  détermination  ébruitée  parmi  les  représenta ns  de  la 
commune,  jointe  aux  dilBcnltés  qu'on  a  fait  aux  commissaires, 
lors  des  dernières  conférences,  de  reconnottre  leur  qualité,  a 
causé  le  plus  grand  mécontentement  et  la  bourgeoisie  craint, 
non  sans  raison,  que  le  magistrat  ne  eherche  qu*à  tempori- 
ser, pour  écondnire  entièrement  ses  doléances. 

Dans  ces  circonstances  les  députés  de  la  rille  de  Strasbourg 
aux  Etats  généraux  croient  instant  de  remontrer  à  M.  le 
comte  de  Puységur  :  que  les  suites  de  ces  débats  pourroîent 
causer  une  effervescence  désagréable  dans  une  ville  paisible, 
qui  s'est  distinguée  jusqu'à  ce  jour  par  sa  lidélit^  et  sa  sou- 


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L'ALSACB  PKKDAKT  la  BËVOLUnOM  FBAMÇAISB 


209 


mission  aux  ordres  dii  Roi  ;  que  le  projet  du  magistral  d'as- 
sembler les  300  echevins  pour  les  consulter  sur  une  régéné- 
raliori  de  leur  corps,  plus  analogue  aux  principes  actuels  du 
gouvernt^menl.  pourroit  1  augmonler.  sans  la  présence  d'un 
commissaire  de  S.  M.  qui  y  remplisse  des  fonctions  vraiment 
conciliatrices,  et  que  le  mauvais  succès  des  voies  amiables 
tentées  par  la  commune,  metlroit  en  dernière  analyse  les 
députés  dans  la  triste  nécessité  de  déférer  à  rassemblée  des 
EUits  généraux  les  doléances  de  la  commune. 

Ils  estiment  que  cette  extrémité  seroit  fâcheuse  pour  les 
intérêts  de  la  Tille  de  Strasbourg,  et  qu'il  paroit  infiniment 
préférable  que  cette  discussion  soit  conciliée  nÛDittérielIe- 
ment,  que  d*etre  traduite  devant  rassemblée  nationale  peu 
an  hiX  des  formes  et  prérogatives  particulières  de  cette  Tille. 
Ils  croient  en  conséquence  dCToir  obserTer  à  M.  le  comte  de 
Puységur,  que  pour  étouffer  dans  son  principe  le  germe  d'une 
mésintelligence  funeste,  dont  on  ne  pourroit  calculer  les 
efSets,  il  est  important  qu'il  prenne  les  mesures  les  plus  eflB- 
caces  pour  que  les  conférences  soient  continuées  et  qu'il  soit 
rendu  un  compte  exact  et  impartial  de  ce  qui  y  sera  traité 
et  des  résultats  qu'elles  produiront. 
Versailles  ce  1"  Juin  1789. 

TuiiKUEiM,  député  de  la  ville  de  Strasbourg. 

ScBW£NDT«  député  de  la  ville  de  Strasbourg. 


liOttre  des  députés  de  Strasbourg 

aux  rcprémUanU  de  la  bourgeoim. 

VtmlIlM,  le  17  Juin  tm. 

Ifessîeurs 

L*aGtiTité  de  notre  assemblée  depuis  six  jours  ne  nous 
permet  pas  de  tous  donner  la  série  parfitite  de  tout  ce  qui 

ItoDTelle  Série  —  8*  Année. 


810 


BSVDB  D^ALBACB 


s'est  fait  depuis  la  lettre  que  nous  avons  eu  Tbonneur  de  vous 
écrire  le  8  de  ce  mois. 

M.  l'abbé  Sieyés  ob-^erva  que  les  arrêtés  de  la  noblc^ise 
rendant  impossible  l'acceptation  des  ouvertures  de  c 'ucilia- 
tion  proposée  par  les  commissaires  du  Roi  et  fit  le  10  de  ce 
mois  une  motion  tendante  à  sortir  de  Tétat  d'inaction  et  à 
Adre  une  dernière  invitation  aux  deux  premiers  ordres  de 
86  rendre  dans  la  salle  des  Etats»  pour  y  férifier  leurs  pou- 
Toirs  en  coDimao,  en  leur  annonçant  que  Tappel  général  de 
tous  les  tatitiages  se  fera  dans  la  journée. 

La  motion  a  été  adoptée  à  une  grande  pluralité  ;  on  y  ajouta 
la  clause  de  présenter  une  adresse  au  Roi,  contenant  les 
motifif  qui  enipôchoient  les  communes  de  remplir  le  désir 
quMl  aroit  manifesté  par  Torgane  de  ses  commissaires:  Les 
dépotations  eurent  lieu  et  te  soir  on  fit  l'appel  dans  la  salle 
des  Etats;  cette  cérémonie  fit  impression.  Dès  le  lendemain 
l'adresse  au  lloi  fui  rédigée.  Elle  lui  fut  présentée  le  12:  il 
repondit  qu'il  feroil  connailre  à  la  chambre  du  Tiers-Etat 
ses  intentions  sur  le  mémoire  qu  elle  lui  présente. 

Le  13  on  examina  les  pouvoirs  des  députés  dans  les 
bureaux  composés  au  nombre  de  20.  chacun  de  20  membres. 
Les  nôtres  furent  trouvés  justes  et  en  règle. 

Le  14  il  en  fut  fait  rapport  à  l'assemblée  qui  renvoya  à  un 
comité  particulier  l'examen  de  ceux  qui  se  trouvoient  contes* 
tés  ou  présenteroient  des  difficultés.  Ce  môme  jour  ou  le  len- 
demain se  présentèrent  successivement  15  ou  16  curés,  qui 
Tinrent  foire  Térifier  leurs  pouFoirs;  ils  firent  des  discours 
touchans,  patriotiques  et  fort  applaudis. 

Bofin  le  16  Tabbé  Syeyès  fit  une  motion  aux  fins  de  se 
constituer;  dans  la  discussion  il  y  Ait  fiiit  différentes  objec- 
tions qui  la  firent  réduire  en  forme.  Vous  en  trouverez,  mes- 
sieurs, copie  cy-jointe.  Plusieurs  membres  en  proposèrent 
sous  différentes  modes;  et  la  discussion  fut  établie  parCiiite- 
ment  pendant  deux  jours.  Comme  il  devenait  important  de 


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l'als&ci  miDAiiT  Là  BftyoLinnoM  vbamçaibb  ail 

fixer  sans  relard  la  déclaration  de  la  constitution,  une  partie 
considérable  des  memtires  insista  pour  qu'or»  passa  la  nuit  à 
la  déterminer;  l'autre  désira  avoir  le  temps  de  la  réflexion 
dans  la  solitude.  Cette  dilTérence  d'opinion  occasionna  des 
débats  très-rifg  el  très  tumultueux,  qui  étoient  sur  le  point 
de  devenir  fâcheux  par  rhumear  gae  cela  fit  naître  et  rim- 
l»tience  d'un  public  nombreux  qu'on  a  cherché  à  intéresser. 
Cependant  la  raison  ramena  le  calme,  la  délibération  fut 
remise  à  ce  maUn  et  la  motion  de  Tabbé  Sieyès  passe  à  une 
migorité  de  490  voix.  A  peine  fut-elle  arrêtée  que  la  noblesse 
envoja  une  députation  pour  annoncer  qu'elle  avoit  nommé 
des  commissaires  pour  se  concerter  avec  oenx  des  deux  antres 
ordres  sur  les  moyens  de  snbrenir  k  la  misère  du  peuple. 
Le  président  de  l'assemblée  qui  fut  confirmé  prorisoirement, 
fut  chargé  de  lui  annoncer  que  l'Assemblée  nationale  étant 
formée,  ella  allait  sVcuper  des  mesures  nécessaires  à  cet 
égard. 

Nous  priâmes  ensuite  à  Dieu,  au  Roi,  el  à  la  patrie  de 
remplir  avec  zôle  el  fidélité  nos  fonctions;  cette  cérémonie 
touchante  ùi  une  impression  profonde  sur  le  nombreux  audi- 
toire. 

M.  Target  fit  aussitôt  une  motion  relativement  aux  impôts 
dont  vous  trouverez  également  copie.  Elle  passa  à  Tunani- 
mité;  il  fut  arrêté  qu'elle  seroit  mise  ainsi  que  Tarrêté  de 
notre  constitution  sous  les  jeux  du  Roi  dans  la  soirée  et  impri- 
mée aufsilôt  pour  être  envoyée  dans  les  provinces. 

Nous  nous  rassemblons  encore  ce  soir  pour  entendre  lecture 
d'une  lettre  du  Bd  qui  nons  est  annoncée  par  M.  le  garde 
des  sceaux. 

Depuis  huit  jours  nous  allons  à  la  salle  des  Etats  à  huit 
heures  pour  ne  la  quitter  qu'à  dix  du  soir,  et  hier  nous  ne 
rentrâmes  ches  nons  qu'à  minuit  II  est  impossible  de  trouver 
le  temps  de  satisfiiire  au  désir  que  nous  avons  de  vous  don- 
ner un  détail  bien  suivi  de  tout  ce  qui  se  passe. 


913 


UVm  D'ALSAOI 


Tous  DOS  membres  ont  les  raes  les  plus  patriotiqaes,  mais 
le  zèle  des  uns  est  trop  exalté  et  tend  à  établir  un  esprit  de 
parti  qui  ikit  naître  sourent  des  oppositions  ;  malheureuse* 
ment  ils  ne  prêtent  pas  des  vues  sages  à  ceux  qui  ne  se 
rallient  pas  à  eux,  l'aigreur  s*en  méle.  Nos  Bretons,  bons 
citoyens,  mais  encore  aigris,  sont  dans  ce  cas  et  Teulent  exer- 
cer une  espèce  d'empire  sur  les  opinions.  Ils  ont  Tinjustice 
de  soupçonner  ceux  qui  préfèrent  des  moyens  plus  doux  et 
ils  vont  même  Jusqu'à  vouloir  les  noter  dans  l'opinion  pu- 
blique. 

Nous  vous  ferons  part  avec  empressement,  MM.  des  suites 
de  cette  première  démarclie,  dont  les  conséquences  sont  incal- 
culables, sous  tels  points  de  vue  qu'on  les  envisage. 

Vous  reoeTres  incessamment  le  procès-verbal  imprimé 
des  conférences. 

Nous  sTons  TU  avec  la  plus  vive  satisfiwtion  l'empresse- 
ment de  rassemblée  des  représentants  à  aecéder  au  jiouTeau 
délai  demandé  par  le  Magistrat  pour  prendre  en  considération 
les  articles  convenns  entre  ses  députés  et  tous.  Nous  n*aToas 
pas  manqué,  MM.  de  fiiire  valoir  auprès  de  M.  le  comte  de 
Puységur,  cette  nouTélle  preuve  de  votre  sagesse  et  de  le 
prier  d*accélérer  l'effet  de  ses  promesses  et  les  mesures  qu'il 
se  propose  de  prendre  pour  maintenir  le  calme  à  Strasbourg. 
Nous  lui  avons  observé  qu'il  seroit  essentiel  qu'il  voulut  bien 
en  les  annonçant  au  Magistrat  lui  insinuer  qu'ayant  eu  con- 
naissance de  réclamations  de  la  commune,  il  l'invite  de,  s'en 
occuper  sans  délai  et  de  ne  rien  négliger  de  ce  qui  sera  juste 
et  nécessaire  pour  concilier  les  intérêts  de  la  bourgeoisie  avec 
ceux  de  la  constitution  et  avec  les  principes  d'une  administra- 
tion bien  organisée  :  attention  qu'elle  mérite  d'autant  plus 
qu'elle  s'est  distinguée  par  sa  modération  dans  ce  moment 
d'effervescence  générale. 

Recevez  l'assurance,  etc. 

TUmaBDI.  SCBWBRDT. 


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L'ALBACB  PSHDAMT  LÂ  BtYOLimON  FBAMÇ&in  9IB 

P.S.  —  Nous  avons  lieu  dcppcicr  que  M.  ie  marquis  de  La 
Salle  aura  le  commandement  en  chef  de  la  province'.  Noua 
aTODsThonneur  de  joindre  copie  de  la  leiire  du  Roi  adres- 
sée au  doyen  du  Tien,  de  mdme  que  d'une  pareille  adressée 
à  la  noblesse  *. 


XVIL 

Arrêté  des  repréflentans  de  la  bourgeoisie  de  Ut 
ville  de  Strasbourg, 

pris  h  Smnêdy  Sf  Mn  1789, 

Les  représentans  élus  par  la  Bourgeoisie  lors  de  la  conTO- 
cation  pour  les  élections  des  députés  aux  Etats  généraux, 
s*étant  rassemblés  aiyourd'hni,  il  leur  a  été  donné  communi- 
cation: 

i*  D*une  lettre  de  leurs  commissaire»  aux  députés  aux 
Etats  généraux,  du  4  Juin. 

S*  De  la  réponse  des  députés  auxdlts  commissaires,  du  8 
de  ce  mois,  ainsi  que  de  la  note  par  eux  remise  à  M.  le 
comte  de  Puységur,  secrétaire  d'Btat  an  département  de  la 
guerre. 

8"  Du  décret  de  MM.  les  XXI,  en  vertu  duquel  les  repré- 
seutaus  de  la  bourgeoisie  sont  autorisés  à  continuer  leurs 
assemblées  après  eu  avoir  chaque  fois  préveau  M.  l'ammeistrà 
régent. 

Lecture  faite  des  observations  de  M.  La  Combe,  notaire 
royal,  et  ouï  le  rapport  de  M.  le  professeur  Dittrich,  les  suf- 
frages pris,  les  démardies  des  députés  aux  Etats  généraux 
ainsi  que  des  sept  commissaires  de  la  bourgeoisie  ont  été 

*  Le  dernier  eomoiMidaDt  nittlairede  l'Aliiee,  H.  de  Gboiieal'Stiin- 
TiUe,  maréehal  de  France»  venait  de  mourir.  Ce  ne  ftet  pas  M.  de  La 

Salle,  mais  Rochambeea  qui  loi  ewieéda. 

*  Nous  n  ajoutons  pae,  pour  des  raisons  IndifiiiéeB  plus  iiaat,  ces  deux 

dernières  pièces. 


BKVDB  D*ALaAOB 


unanimement  approu?éeset  rassemblée  déclare  formellement 
que  si  elle  n'est  pas  dans  l'intention,  quant  à  présent,  de 
demander  une  commission  légale  pour  décider  dps  différends, 
les  demandes  et  les  vœux  de  la  bourgeoisie  tendent  à  ce  qu'il 
plaise  au  Roi  de  nommer  un  commiaaaire  pour  présider  ses 
conférences  a?ec  le  Magistrat. 
Suivent  toutes  les  signatures  des  repréaentans  présens: 
J.-D.  Saum,  Sghodbart,  Knoderbr,  Antoine  Hrtzbl, 
HmacHBL,  Spulmaiih,  Sghatz,  Vatsaum,  Wagker, 

GhAPPUT,  GŒNinSB,  DiTTBIUGH,  HaTT,  StOLL,  SCHWIRO, 

Lbugb,  Henry  Weilbr,  Bjsr  l'atné,  Yogt,  Sghnee- 

GANS,  FkNDRIGHi  J.  MbNNEtS 

RoD.  Reuss. 

fLa  tuile  au  prochain  numéro  J 


'  La  copie  déposée  aux  archives  ne  porte  point  de  sifjnatures  ;  nous 
avons  ajoalé  les  noms  qui  précèdent  d'après  le  ie\t6  imprimé  de  cet 
arrêté,  qui  fut  publié  pour  exercer  une  pression  sur  le  Magistrat  réeal- 
dtrant.  Si  les  Tinft-drâx  noou  qni  sairent  avaient  été  réellemeni  ceux 
de  toos  les  représentants  présents  à  la  séance,  on  aurait  peine  à  com- 
prendre qu'ils  aient  osé  prendre  une  résolution  pareille.  Il  est  plus  pro- 
bable que  ce  sont  des  commissaires,  choisis  pour  représenter  les  diffé- 
rentes tribus,  et  pour  signer  ce  manifeste  an  nom  de  tons  leurs  collègues. 
La  déclaration  finale  provoqua  ehes  la  plupart  des  aniorités  eonstitnéee 
de  vives  colères,  surtout  après  que  la  nouvelle  de  l'arrivée  do  M.  F.  de 
Dit'trirh,  en  qualité  de  commissaire  royal,  se  fût  répaiulue  par  I;i  ville. 
Le  Magiâlrat  vil  alors  dans  rettf  déclaration  coiiim»;  lo  tltîrriicr  ;iete  d'une 
intrigue  coupable,  ourdie  pour  lui  arracher  ce  qui  lui  roatail  de  pouvoir. 


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LE  COMTÉ 

DB 

U  PETITE  PIERRE  (LUTZELSTELN) 

sont  LA.  DOIHNAIION 

DE  LÀ  MiOSON  PALATINE 


CHAPITRE  I" 

Origine  des  comtes  de  LUtzelstein  et  prise  de  leur 
ch&teaa  par  Féleoteur  palatin  Frédéric 

Le  comté  de  LUtzelstein.  qu'on  appelle  en  français  la  Petite- 
Pierre,  fut  conquis  en  145â  sur  les  comtes  de  ce  nom  par 
l'électear  palatia  Frédéric  le  Victorieux,  qui  l^anaen  pore- 
ment  et  simplement  à  ses  propres  domaines.  Il  resta  pendant 
un  siècle  bous  la  domination  des  princes  palatins  de  la  branclie 
éleetorale  et  forma  ensuite  Jusqu'à  Tépoque  de  la  réfolution 
française  l*apanage  de  diverses  branches  de  la  maison  pala- 
tine. 

Je  me  propose  â*écrire  l'histoire  de  ce  coin  déterre,  qu'on 
a  appelé  ta  SUfériê  akadennej  depuis  l'époque  où  il  passa  sous 
la  domination  de  la  maison  palatine  jusqu'à  la  révolution 

française,  qui  sonna  le  glas  funèl)re  de  loutes  ces  principau- 
tés et  seigneuries  qui  cinaillaient  le  sol  de  l'Alsace. 

M.  Ernest  Lehr  nous  a  donné  une  notice  historique  et 
généalogique  sur  ses  anciens  possesseurs,  les  comtes  de  la 


216 


REWE  D'ALSACB 


Pfttite-Pierre,  «t  y  t  réiamé  tout  ce  qoe  les  archifes  alit- 
dennea  et  lea  reeaeils  deehartea  noua  ont  tranamia  d'authen- 
tique sur  cette  maison  de  Lfitaelatein,  dont  lea  membres  figu- 
rent honorablement  dans  l'histoire  d^Aisace  et  du  Westrich 

Avant  de  donner  Thisloire  du  comté  de  la  Petite  Pierre, 
sous  la  domination  de  la  maison  palatine,  il  me  semble  indis- 
pensable de  dire  quelques  mots  sur  son  origine  et  sa  situa- 
tion topoçrraphique.  C  est  le  i  h;llt'au  de  LiHzelsteiu,  eu  latin 
Panm  Petra,  dont  l'origine  se  perd  dans  la  nuit  des  temps, 
qui  lui  donna  son  nom  et  en  était  le  chef-lieu.  Ce  comté  com- 
prenait encore  dans  les  dernières  années  de  son  existence, 
indépendamment  de  la  bourgade  de  LUlzelstein,  environ  vingt- 
cinq  villages  et  hameaux  avec  leurs  annexes  et  dépendances. 
Il  était  aitué  au  fond  et  sur  le  revers  occidental  des  Vosges, 
an  diocèse  de  Strasbourg  et  en  partie  au  diocèse  de  Meta,  et 
était  borné  au  nord  par  le  comté  de  Bitche,  à  Tonest  par  le 
comté  de  Saarwerden,  au  aud  par  lea  terres  de  ré?èché  de 
Strasbourg  et  à  Teat  par  le  comté  de  Hanau-Liehtenberg  et 
le  bailliage  de  Weiterswilter.  Les  écrivaina  du  Palatinat  le 
revendiquent  pour  le  Weatreich,  quoique  son  cheMieu  ait 
toujoura  été  considéré  comme  appartenant  à  I* Alsace.  Le  châ- 
teau est  situé  sur  une  haute  croupe  de  la  chaîne  centrale  des 
Vosges,  aux  corilias  de  TAIsace  et  du  Weslreich,  bâti  sur  une 
énorme  masse  de  grès  rouge,  il  surgissait  au  sein  des  foriMs 
comme  une  sentinelle  préposée  à  la  garde  du  passage  du  long 
et  étroit  deûlé  qui  menait  d'une  province  à  Tautre 

Une  tradition  fabuleuse  attribue  la  fondation  du  château  de 
Liltzelstein  à  un  ûls  de  Ghnrlemagne  nommé  Lûtzelmann, 
mais  rhistoire  nous  apprend  que  lea  rois  et  les  leutes  franks 

*  Renie  d'Ahncp,  ann^-'  187:},  p.  185,  et  tirage  à  part,  Mulh.  187.'?. 

'  Cette  ruule  élablil  uns  ligne  continue  de  grande  circulalion,  qui 
rdie  la  Lorraine  allemande  et  les  Vosijres  avec  le  centre  de  la  Basse- 
Alsaee,  les  ebemins  de  fer  d'Alsace  et  le  canal  de  la  llarne-an-Rhin,  en 
pattantper  Bonxwiller. 


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LE  OOlRt  m  LA  PBRIB-PIBBB  317 

se  plaifliientàrédder  daas  des  m'As,  oonsicrées  à  de  grandes 
exploitations  rurales,  aa  milieu  de  vastes  &N*ôts,  où  ils  pon- 
falent  se  livrer  arec  leurs  suites  aux  plaisirs  de  la  chasse, 
et  que  ce  sont  les  siècles  postérieurs  qui  virent  s'élever  les 
châteaux  forts  dont  les  Vosges  sont  hérissées. 

La  tradition  veut  encore  que  cette  position  ait  d^'à  été  con- 
sidérée par  les  Romains  comme  une  barrière  susceptible  de 
courrir  leurs  lignes  de  défense,  et  de  sa?ant8  archéologues 
iriiL'sile/it  pas  à  assigner  au  chàteiiu  de  LiilzeUlein  une  haute 
origine  et  inclinent  à  croire  qall  a  été  élevé  sur  l'emplace- 
ment d'un  castel  romain. 

[)etite  ville  à  laquelle  le  château  donna  naissance,  «  a, 
dit  Bellefurôt  dans  sa  Cusmotjrap/iie  universelie  \  une  gabelle 
ou  péage,  parce  qu'elle  a  un  destroit  entre  les  montagnes 
qu'on  appelle  Chis  qui  mène  à  Vuestrich  ».  Le  moine Bucelin, 
dans  sa  Topographie  de  FAUemagne^^  appelle  Lûtzelsteio, 
ofpidum  eim  êpUndidà  arcê  ei  nalurd  mtmUmimo  easiro  » . 
Le  rocher  au  front  duquel  sont  assis  le  château  et  la  petite 
ville,  s*élève  de  895  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
suivant  la  carte  du  dépOt  de  la  guerre.  La  longitude  de  Ltttael- 
stein  est  de  6  degrés  S8  minutes  du  méridien  de  Paris,  sa 
latitude  septentrionale,  à  TObservatoire  de  Paris,  est  de  49 
degrés  16  minutes. 

Une  seule  porte  voûtée,  couverte  par  des  ouvrages  avan- 
cés taillés  en  grande  partie  dans  le  roc,  donne  accès  du  côté 
de  Test  dans  le  fort  actuel,  dont  les  flanca  sontdéflendus  tant 
par  l'escarpement  du  rocher  qui  le  supporte  que  par  une 
épaisse  muraille.  La  citadelle  qui  renferme  la  caserne  et  tous 
les  hàlimeuts  militaires,  s'élève  à  l'extrémité  du  rocher,  du 
côté  i>pposé  à  la  porte;  elle  se  trouve  reliée  à  la  ville  par  un 
pout-levis  qui  aboutit  à  la  Place  d'Armes  près  de  laquelle 
s*élève  réglise  paroissiale,  qui  est  placée  sous  l'iuvocaUon 

•■  Vol,  II.  partie  \\  p.  1175. 
"  Tome  U,  p.  105. 


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BEVOS  D*ALSAGB 


de  Notre-Dame  en  son  assomption.  Cet  édiûce  qui  est  soumis 
tu  êimuUûneum,  n't  de  remarquable  que  le  chœur  qui  décrit 
son  pentagone  dans  le  style  ogival  du  XV*  siècle.  Ce  chœur 
a  été  construit,  en  1417,  par  le  comte  Bourchard  de  Latzel- 
stein,  comme  nous  l'apprend  rinscription  snivante,  gravée  en 
caractères  gotliiques  sur  sa  fkce  extérieure  : 

BVRKARD,  COMB8.  IN.  LVTZBLSTEL  FVDA*.  HVC  CHORV 
ANO.  DNI.  M.  CCCC.  XVII. 

Le  comte  Bourchard  y  établit  un  ch!i{)itre  collégial  composé 
de  quatre  chanoines,  auxquels  il  assura  des  revenus  sulïïsants 
pour  leur  entretien.  Ce  chapitre  n'eut,  selon  toute  «ppareace, 
qu'une  existence  éphémère. 

Entre  la  place  d'Armes  et  la  porte  s'étend  la  petite  ville, 
qui  ne  se  compose  que  de  trois  rues  microscopiques  (de  la 
GrandVue,  de  la  vordere  Gass  et  de  la  hintere  Gass),  bordées 
de  maisons  dont  la  plupart  présentent  un  aspect  triste  et 
misérable. 

Au-delà  dis  glacis  auxquels  il  s'appuie,  se  déploie  le  fou- 
bourg,  qui  se  prolonge  en  regard  du  fort»  pendant  un  assez 
long  espace,  snr  le  dos  de  la  montagne.  Le  bubourg  est  tra- 
yersé  par  la  route  qui  conduit  de  Lorentzen  à  Bouxwiller  et 
à  laquelle  viennent  aboutir  plusieurs  mes. 

Il  y  avait  an  fiinbourg  une  vieille  église,  qui  subsistait  encore 
au  XVK*  siècle  K  Gomme  la  ville  n'a  qu'une  seule  porte,  l'es- 
prit caustique  des  habitants  de  la  contrée  lui  doaoa  le  sobri- 
quet de  four  ou  Bachofen  '* 

De  l'ancien  château  une  vieille  toir  cirrée  d'une  massive 
construction  est  demeurée  seule  debout  et  imlique  sufii^am- 
ment  qu'd  était  défendu  d'espace  en  espac--  p;ir  des  ouvra;j;es 
de  cette  nature,  qui  étaient  le  principal  obstacle  artiticiel  au 
passage  de  ce  difficile  défilé. 

*  Mkruv,  Tojpog.  Paimat  Rheni^  p.  35. 

*  Ibidem. 


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LB  coure  DE  LA  PEim-PIBBBB  319 

Lttizelstein  veut  dire  petit  château  et  une  ancienne  iradi- 
Uoa  veol  qull  ait  été  noinmé  ainai,  poar  le  disUoguer  d'un 
aatre  plus  mte  et  plus  ancien,  aitné  sur  laeîme  d*une  mon- 
tagne tonte  Toisine  et  plus  élerée  (altitude  428  mètres),  qui 
en  a  gardé  la  nom  de  Atkiéwrg  (rieux  châtean)  jusqa^à  nos 
joan;  mais  les  redoutes  que  Tarenne  fit  établir  en  1674  sur 
cette  hauteur,  ont  fUt  disparaître  toutes  les  traces  qu'il  pou- 
Tilt  avoir  laissées.  Un  nom  et  une  vague  tradition,  voilà  tout 
ce  qui  reste  de  ce  château,  dont  Texistence  n*est  d^ailleurs 
allestée  par  aucun  document  historique  et  diplomatique.* 

La  tradition  commune  fait  descendre  les  oomles  de  Liitzel- 
stein  de  Liitzelmann,  prétendii  (ils  île  (îtiarlemagne;  mais 
cette  conjecture,  qui  ne  repose  sur  aucune  preuve  certaine, 
ne  mérite  pas  même  d'être  rélulée.  Le  livre  apocryphe  des 
tournois  fait  remonter  les  comtes  de  Liitzeistein  jusqu'au 
X*  siècle,  et  les  anciens  généalogistes  qui  cherchent  à  défendre 
les  insoutenables  rêves  de  RQxner,  en  nous  Hoariussant  une 
série  de  comtes  de  LUlzelstein  que  Thistoirt  ne  connaît  pas, 
trahissent  leur  Ignorance  des  sources  et  de  leur  authenticité. 

Lorsque,  vers  )e  milieu  du  Xi*  siècle^  la  Lorraine,  long- 
temps le  théfttre  de  la  guerre  et  la  vraie  pomme  de  discorde 
entre  la  France  et  TAIlemagne,  vint  se  ranger  au  nombre  des 
états  indépendants,  et  que  s*élevait  peu  à  peu  la  puissance 
territoriale  des  princes  et  des  grands  seigneurs,  les  montagnes 
des  Vosges  qui  formèrent  dans  la  suite  le  comté  de  Lûtael- 
stein,  faisaient  partie  des  grandes  possessions  des  comtes  de 
Metz,  seigneurs  de  Lunéville.  Le  comte  Folmar  V,  qui  fonda 
en  liS5  l'abbaye  de  Beaupré,  près  de  Lunéville,  pour  une 
colonie  de  reli;„Meux  de  Tordre  de  Citeaux,  eut  de  son  mariage 
avec  lîi  ciimteSvSe  Matliilde  deu.x  fds  :  Folmar  VI  et  Hugues, 
et  trois  tilles  :  Clémence,  Agnès  et  Adélaïde.  Lors  du  partage 
de  la  succession  paternelle,  Folmar  VI  eut  le  comté  de  Metz 

'  Lûtzel  ou  lÀUA  signifie  dans  le  vieil  idiorni^  alinmand  peu  Oti  pettt, 
et  itein  veut  dire  arx,  ehftteau  (r.  le  Glossaire  de  Schers). 


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890 


Umn  D*AL8AflB 


«t  Hagoes  celui  de  Digsbourg;  leur  sœar  Glémencei  qai  mii 
époosé  Iblmar  I",  comte  de  Castres  (de  Gastris  oa  de  Bliea- 
caatel),  eut  ponr  sa  part  la  aeignearie  de  LuoéviUe  a^ec  les 
montagnea  de  Lfltielatein Hagaea,  comte  de  Dagaboorg, 
deWnt  aoasi  possesseur  du  comté  de  Metz,  par  le  décèa  pré- 
maturé de  son  frère  FV»lmar  VI,  mort  sans  postérité.  Folmar 
(*,  comte  de  Castres,  ajouta  à  son  titre  celui  de  seigneur  de 
Liinéville;  il  eut  de  son  épouse  trois  fils  :  Folmar  II,  auquel 
il  laissa  le  comté  de  Castres,  Henri  qui  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique «t  devifit,  en  1180,  érêqse  de  Verdun,  et  Hugues, 
qui  eut  la  seigneurie  de  Lunéville.  Celui-ci  épousa  la  Wild- 
frravine  Cunégonde.  fille  du  wildgrave  Conrad  I";  son  union 
fut  bénie  pnr  la  naissance  de  trois  ûls,  qui  se  partagèrent 
ses  possessions. 

Folmar,  Talné.  reçut  la  seigneurie  de  Lunérille.  Conrad,  le 
second,  eut  la  seigneurie  de  Riste,  près  de  Morhange,  et  fut 
la  aottcbe  de  l'illustre  maison  de  ce  oom,  dont  les  membres 
figurent  honorablement  dans  Phistoire  de  Lorraine.  Hugues, 
le  troisième,  eut  le  ebâteau  de  Latzelatein  avec  les  domaines 
en  dépendant*;  il  en  adopta  le  nom  et  Ait  la  tige  d*une 
fkmille  de  comtes  à  une  époque  où  ce  titre  était  fort  rare  et 
aTait  encore  toute  sa  valeur;  Il  portait  de  gueules  au  charron 
d'argent,  coupé  d'or;  au  cimier  un  buste  manchot  de  femme, 
habillée  mdtié  de  gueules  au  chevroad'afgent  et  moitié  d*er, 
et  couronnée  du  mémo. 

Hugues,  dominus  Limarum  ville,  se  plaisait  à  séjourner 
avec  sa  famille  au  biirg  do  Liitzelstein;  il  y  confirma,  le 
1*  mai  1212,  en  présence  de  «es  deux  fils  Hugues  (de  Lfi- 
tzelsteiu)  et  Conrad  (de  Riste),  une  donation  que  Hugues 

'  Jkan  Ruyr,  Ànliqui(f<.*  de  la  Voxge,  p.  127. 

'  G.  Ch.  Chou.,  Westr.  Abhandlutigen,  p.  45  et  suiv. 


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LE  COMTÉ  DE  LA  PETITE-»  1£RBB 


de  Detingen*  ayait  fiûte  an  monastère  de  Weroenwîller'. 
Selon  tonte  apparence  e^eet  à  ee  seigneur  qu'il  font  attri* 
bner  la  construction  do  château  de  Ltltidstein,  car  je  ne 
pense  pas  qu*on  puisse  en  foire  remonter  l*origine  à  une 
époque  plus  ancienne  que  la  secoode  moitié  du  XII*  siècle. 
Hugo  Qmi^s  parue  petree*  fut  le  premier  comte  de  Latzel- 
stein  ou  de  la  Petitc-Fierre  dont  l'histoire  ait  fait  mention, 
il  ol)linl  la  main  de  Joatte  Olle  de  Philippe  de  (jprbê\  iller,  et 
petite-fille  de  Mathieu,  dnc  de  Lorraine*.  Son  nom  fitiiire  au 
bas  de  plusieurs  diplômes  et  ses  descendants,  avant  de  dis- 
paraître de  la  scène  du  monde,  prirent  part  à  tous  les  événe- 
ments politiques  qui  agitèrent  l'Alsace  et  le  Westreich  pen- 
dant une  longue  période  de  deux  siècles  et  demi. 

Les  derniers  comtes  de  LCLtzelstein,  les  frères  Jacques  et 
Ckiillaume,  dominée  par  leur  ambition,  par  leur  besoin  de 
luttes  et  par  leur  soif  de  conquêtes,  se  brouillèrent  atec  tous 
leurs  voisins,  et  marchèrent  ainsi  vers  une  prompte  ruine. 
Vivant  en  mauTalse  intelligence  STec  Frédéric,  comte  de 
Deuz-Ponts-BItche,  ils  résolurent  de  s'emparer  par  surprise 
de  la  Tille  et  du  cbfttean  de  Bitche,  sans  qu'aucune  déclara- 
lion  de  guerre  précédât  leur  odieuse  agression.  Le  château 
de  Bitche,  assis  sur  la  crête  escarpée  d^ane  montagne  au  cœur 
de  sombres  forêts,  et  entouré  de  ravins  et  de  précipices,  qui 
en  rendait  les  abords  difficiles,  pouvait  braver  longtemps  les 
efforts  des  assaillants.  Mais  les  difiicultés  presque  insurmon- 
tables qui  en  interdisaient  l'accès,  n'effrayaient  point  les 
intrépides  comtes  de  Liilzelstein.  Dans  le  silence  de  la  nuit 
du  Si  mars  1447,  ils  marchèrent  contre  l'imprenable  forte- 

*  Village  da  canton  de  Saar-Union,  sitné  snr  la  limite  septentrionale 
dn  déparlemetit  de  la  Kasse-AInoe,  et  dépendant  aatr^is  de  la  seignen- 

rie  landgraviale  de  Diemeriniren. 

*  Couvent  de  l'ordre  deCiteaax,  situé  ;i  10  kilomètres  de  Deax*  Ponts 
au  caoton  de  Bliescastel,  et  sécularisé  eu  lô68. 

*  Sianimiiia.  Pmrg.  G<»Uin§,  Tome     lim  II.  p.  100. 

*  CaoLL,  Loc  etlot.,  p.  68. 


REVUE  D  ALSACB 


resse  et  s'en  emparèrent  à  la  foveor  de  Tesealade;  ils  faillirent 

même  faire  prisonnier  le  comte  de  Bîtche.  Celai-ci,  réveillé 
en  sursaut  par  son  fidèle  domestique,  ii  eiit  que  le  temps  de 
se  sauver  en  chemise  et  de  se  dérober  par  la  fuite  au  reaseri- 
limeiit  de  ses  ennemis;  il  se  réfugia  au  château  de  Lemberg*. 

Gel  audacieux  coup  de  main  suscita  aux  comtes  de  Lfilzel- 
slein  de  p:iissants  ennemis,  et  la  [iiinition  ne  se  lit  pîis  atten- 
dre. René,  duc  de  lA»rrairieel  roi  de  Sicile,  Etienne,  duc  de 
Bavière,  l'électeur  palatin  Louis- le- Bon,  Jacques,  margrave 
de  Bade,  l^s  comtes  de  Nassau  et  de  Linange-Réchicourt 
résolurent  défaire  expier  Todieux  attentat  dont  ils  s'étaient 
soaillés.  Les  confédérés  réunirent  leurs  troupes,  se  mirent 
aussitôt  en  route  et  vinrent  camper  devant  le  château  de 
Bitche,  espérant  l'emporter  d*emblée.  Mais  Jacques  de  Lûtxel- 
stein  qui  commandait,  le  défendit  avec  la  plus  grande  intré- 
pidité et  fit  fece  à  toutes  les  attaques.  Il  fallut  dès  lors  assié- 
ger la  forteresse  avec  tontes  les  ressources  de  l'art  de  la 
guerre,  connues  dans  ce  siède,  et  y  lancer  une  grêle  de  balles 
et  de  boulets  pour  faire  déposer  les  armes  à  la  garnison  qui 
se  rendit  à  discrétion. 

Après  la  conquête  de  Bitche,  Jean  d'Anjou,  fils  de  René, 
à  qui  son  père  avait  confié  le  gouvernement  de  Lorraine  et 
de  Baî-,  marcha  à  la  tôte  de  l'armée  confédérée  contre  le  chA- 
teau  de  Liilzelstein,  (pii  n"osa  pas  lui  résister.  A  la  première 
sommation,  l'épouvante  saisit  la  garnison,  qui.  craignant  les 
suites  d'un  long  siège,  offrit  de  rendre  la  place,  pourvu  qu'on 
lui  accordât  vie  et  bagues  sauves.  Le  prince  lorrain  accéda  à 
ces  conditions  et  occupa  la  forteresse. 

Tandis  que  Jean  d'Anjou  se  saisissait  du  château  de  Lûtzel- 
stein,  les  comtes  Emich  et  Schaffried  de  Linange-Dabo  assail- 
lirent le  château  d'Einartzhausen  et  le  rasèrent,  après  avoir 
livré  au  pillage  le  village  qui  se  déployait  sous  ses  murs. 

Le  Régent  de  Lorraine  avait  déjà  pris  tontes  ses  disposi- 

'  B.  HsnzoG,  Chrùnûfue   Alsace,  livre  V,  p.  44. 


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LE  COMTÉ  DE  LA  PETTTE-PIERRE  828 

tions  pour  mer  !•  château  de  Lfltaelstein,  lorsque,  sar  les 
instances  de  Télecteur  palatin  Loais-le-Bon.  il  renonça  à  sa 

conquête  et  permit  aux  comtes  de  Liilzelslein  de  rentrer  dans 
leur  château  héréililaire.  Cetle  paix  ne  se  fit  pas  sans  con- 
ditions. Ces  seigneurs  furent  forcés  de  laisser  le  prince  palatin 
en  possession  de  la  pari  du  château  de  Liilzelstein,  qui  hii 
avait  été  attribuée  par  les  divers  traités  de  paix  castrale 
ooUimment  par  celui  conclu  le  \"  août  1418  entre  le  comte 
Boarcard  de  Ltiizelstein.  le  comte  palatin  Inouïs  et  l'éirêque 
de  Strasbourg.  Guillaume  de  Dieat.  ils  furent  encore  obligés 
de  reconnaître  les  droits  de  copropriété  du  palatin  sur  le 
cliâteau  d*Einartzhao8en,  dont  la  moitié  lear  fut  conférée  en 
flef  par  ce  prince  le  S6  mai  1447  K  Ils  ftirent  contraints  en 
même  temps  de  restituer  au  comte  de  Bitche  tout  ce  qu'ils 
lui  sTaient  enlsTé  et  de  s'engager  à  s'alMtenir  désormais  de 
tout  acte  d'hostilité  envers  lui  et  ses  alliés. 

Cette  leçon  ne  corrigea  pas  les  deux  comtes.  A  peine  la 
paix  était-elle  signée,  qu'ils  essayèrent  de  secouer  les  liens 
de  Tassalité  qui  les  attachaient  à  la  maison  palatine.  Ils  s'em* 
pressèrent  de  rétablir  le  château  d'Einartzhausen,  de  réparer 
et  d'au^niieriter  les  fortifications  du  château  de  Liitzelstein. 
Ils  durent  employer  à  ces  travaux  des  sommes  considérables 
et  prièrent  l'électeur  Louis  IV  d'y  coniribuer  pour  sa  quote- 
part,  en  sa  qualité  de  ganerbc  ou  de  copossesseur  de  l'un  et 
l'autre  château.  Mais  ce  prince  refusa  toute  participation  à 
ces  dépenses  par  la  raison  que  les  comtes  de  LUtzelstein 
STaient  eux-mêmes  attiré  par  leur  conduite  déloyale  Torage 
qui  avait  éclaté  sur  leur  tête  et  qu'ils  doraient  en  subir  seuls 
les  conséquences.  Cette  réponse  ne  fit  que  les  irriter  dayan* 
tage.  Ils  cessèrent  leurs  relations  arec  le  prince  palatin  et 
expulsèrent,  le  i4  juin  1449,  ses  officiers  et  serviteurs  des 
cbAteaux  de  LtUselstein  et  d'Einartahansen.  Restés  maîtres 
de  tout  le  comlé^  ils  radministrèrent  pour  leur  propre  compte. 
>  ArdiifM  de  la  Biaafr-Alsaca.  E.  1074. 


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RBV02  D'ALSACB 


L'électeur  palatin  Loqîb  IV  mourut  le  18  août  4449,  lais- 
sant son  épouse,  Marguerite  de  Savoie,  grosse  d'un  fils,  qui 
reçut  à  sa  naissance  le  nom  de  Philippe.  Il  avait  confié  avant 
de  mourir  à  son  frère  Frédéric  la  tutelle  de  son  fils  et  l'ad- 
miriislratittn  de  ses  Etats  jusqu'à  ce  que  le  jeune  prince  eût 
atteint  l  àge  de  dix-huit  ans.  Les  comtes  de  Liilzelstein  qui 
complaient  sur  leur  bravoure,  leurs  forces  et  plus  enC')resur 
le  secours  des  sei[^neurs  et  des  princes  leurs  voisins  et  leurs 
alliés,  n  hésitèrent  pas  de  se  déclarer  contre  Frédéric,  dont 
ils  ne  connaissaient  pas  encore  la  sagesse  et  doat  rien  n'avait 
encore  décelé  le  grand  capitaine  qu'on  t  depuis  sornommé 
ï Achille  de  (AUmagnê  *. 

Frédéric  ne  se  contentant  pas  d'dtre  la  tuteur  de  Philippe 
son  neveu,  prit  le  titre  et  la  qualité  d^Blecteur  palatin,  gou- 
verna l*Etat  en  son  propre  nom  et  adopta  son  pupille  pour 
fils.  Cette  usurpation  déplut  à  la  plupart  des  princes  de  l'em- 
pire. Les  comtes  de  Lûtaelstein  crurent  le  moment  ISivorable 
pour  publier  un  manlMe  justtficatir  de  leur  conduite.  Ils  y 
dierehaient  à  prouver  que  Télecteur  Louis  IV  avait  violé  le 
traité  qu'il  avait  conclu  avec  eux.  Ils  accusaient  ce  prince 
d'avoir  ravagé  et  pillé  leurs  terres,  d'avoir  chassé  leur  bailli 
du  château  d'Einartzhausen  etd  avoir  violé  tous  les  engage- 
ments qu'il  avait  pris.  Ils  lui  reprochaient  que,  loin  d'avoir 
empêché  les  comtes  de  Linange  de  s'emparer  du  château 
d'Einarlzhansen,  il  avait  assisté,  témoin  impassible,  à  la 
destruction  de  cette  forteresse,  et  qu'ils  l'avaient  vainement 
prié  de  contribuer  à  sa  reconstruction  comme  le  hurgfriedtn 
l'j  obligeait.  lis  disaient  que  le  palatin  Frédéric  ne  pouvait 
pas  ignorer  que  dans  les  traités  conclus  avec  SOU  père,  Louis- 
le- Barbu,  et  son  frère  Louis-le-Boo,  il  avait  été  expressément 
stipulé  que  les  comtes  palatins  du  Rhin  et  les  comtes  de 
Ltttselstein  se  donneraient  assistance  mutuelle  contre  ceux 
qui  attaqueraient  les  châteaux  deLûtselsteln  et  d'ESnartzhau- 

>  Parovs,  Ei$t.  Pafartm.,  p.  2S7. 


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LB  OOMrft  I»  LA  ncps-PUBU 


«6 


sen,  et  que  celui  qui  conirevicndrait  à  cette  cause  perdrait 
tous  les  droits  qu'il  pourrait  avoir  sur  c«s  deux  forteresses. 
Us  ajoutèreot  que  le  palatin  Frédéric  oe  devait  pas  attendre 
d'eux  qaUls  accomplissent  les  conditions  des  traités  qu'il  avait 
lui-même  violés,  mais  qu'ils  consentaient  néanmoins  à  s'en 
rapporlsr  à  des  arbiirss  dont  on  conTiendrait 

Le  duc  de  Bourgogne  chercha  à  réconcilier  les  comtes  de 
Liitzelsti'iu  arec  le  prince  palalin.  mais  toutes  les  tentatives 
qu'il  lit  pour  les  amener  à  un  accommodement,  demeurèrent 
iu/ructueuses. 

Sur  ces  entreftites  les  frères  Jacques  et  Louis,  seigneurs 
de  Lichtenberg,  qui  formaient  des  prétentions  sur  Brumath 
par  1  acquisition  de  rentes  considérables  dans  le  ban  de  cette 
localité,  tentèrent  le  sort  des  armes  contre  les  comtes  Kniich 
et  Schafried  de  Linauge.  qui  élevaient  des  prétentions  ana- 
logues. Ces  derniers  se  liguèrent  avec  George,  sire  d'Ochsen- 
slein,  Jean,  baron  de  Fleckenstcin,  et  Jacques,  comte  de 
Mœrs-Saarwerden.  Les  l'rèrtis  Jacques  «t  Guillaume  de  Liitzel- 
slein  et  les  frères  Jean  et  Guillaume  de  Fénétrange  se  décla- 
rèrent pour  les  dynastes  de  Lichtenberg.  Cette  guerre  donna 
lieu  à  plusieurs  sanglantes  rencontres.  Le  cbftteau  de  Saar- 
werden  et  celui  de  Lorentzen  furent  pris  par  les  Lichtenberg; 
celui  de  Brumath  fut  emporté  et  rasé.  George  d'Ocbsenstoin 
et  Schafried  de  Linange  (tarent  battus,  le  21  jum  1451,  sur 
le  grand  chemin  près  de  Reichshofen  et  lUts  prisonniers  avec 
trente-sis  seigneurs,  leurs  amis  et  tssssux.  Louis  de  Lichten- 
berg était  tellement  exaspéré  contre  Sehsfried  de  Linange 
qnll  se  préeipita  sur  son  prisonnier  et  allait  en  finir  arec 
lui  lorsque  Jacques  de  Latcelstein  se  jeta  à  la  traverse  et 
remmena  de  vive  force.  Schafried  Ait  conduit  au  ehftteaa  de 
LUlzelstein  et  y  demeura  prisonnier.  L'évêque  de  Strasbourg, 
Robert  de  Bavière,  se  plaça  comme  médiateur  entre  les  par- 
ties belligérantes,  et  ses  eiTort^s  réussirent  à  rétablir  la  paix 

NoaveUe  Série.  —  8-*  Année.  15 


986 


BBym  D*AL8ACB 


qui  fut  signée  à  Saverae  le  2  mars  1452,  sous  les  conditiODS 
saivantes  : 

Les  ehemliers  faits  prisonniers  se  Tirent  obligés  de  paytr 
une  rançon  de  14^000  florins  et  de  promettre  par  serment  de 
ne  pins  tenter  aucune  entreprise  contre  les  Uchtenberg,  les 
LOtielstnn  et  les  Fénétrange.  Schafried  de  Linange  dut  renon- 
cer à  la  Tille  et  au  chftteao  de  Bramât  h  et  à  tontes  ses  pos- 
sessions en-deca  {fibwmMg)  de  la  forêt  de  Haguenao.  H  dut 
encore  promettre  de  bire  renoncer  TarcheTèque  de  Hayence 
à  tons  ses  droits  de  suzeraineté  sur  Brumath,  qui  reloTsit 
de  son  église,  et  il  B*engagea  à  retourner  dans  sa  prison,  s*il 
ne  parTenait  pus  à  «'accommoder  STec  le  métropolitain  de 
Mayence.  Rodolphe, comte  de  Linange-Réchicourt,  le  rhingrave 
Jean  de  Kirbourg,  Unterlandvogt  de  la  Hasse-Alsace,  les 
comtes  Emich  et  Bernard  de  Linange,  Jacques,  comte  de 
Mœrs-Saarwerden,  et  plusieurs  autres  seigneurs  furent  ses 
cautions  et  répondants,  et  comme  Tarchevêque  de  Mayence  se 
refusa  à  toute  espèce  d'arrangement,  il  se  vit  dans  la  triste 
nécessité  d'aller  reprendre  ses  fers 

Le  palatin  Frédéric  fatigué  par  les  accusations  imprudentes 
des  comtes  de  LUtzelstein,  résolut  enfin  de  tenter  le  sort  des 
armes;  il  se  ligua  avec  les  Tilles  impériales  d'Alsace,  Jean, 
comte  de  Nassau-Saarbruek,  et  plusieurs  autres  seigneurs, 
rassembla  une  nombreuse  armée  et  Tint  mettre  le  siège 
dSTant  le  château  de  Lûtzelstein  (145S). 

Le  camp  des  assiégeants  offrait  un  spectacle  singulièrement 

remarquable  par  les  déTeloppemeuts  de  l'industrie  qui  aTsit 

présidé  à  sa  formation  ;  il  ressemblait  à  une  vaste  cité  où  les 

commodités  et  les  agréments  de  la  Tie  se  trouTaient  réunis 

aTfC  la  disciplina  et  Tanstérité  qui  doiTent  régner  dans  un 

camp  ;  il  pré.>entait  de  longues  avenues  de  baraques  servant 

à  des  hôtelleries,  à  des  boutiques  et  à  des  élablissemenld 

*  Erasmi,  Artz.  Chronick,  apud  Wurdlwetn,  nava  subaid.  dtplom. 
Tome  X,  p.  335. 


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LE  QOUTi  DR  LA,  PBTITE-PIBRRK 


QlilM  et  agréables.  La  plaee  manquait  de  tout  Des  prodiges 
de  valeur  el  de  constance  signalèrent  la  défense.  Assiégé  par 
une  armée  de  seize  mille  hommes,  et  n'ayant  sous  ses  ordres 
qu'une  poignée  de  soldats,  le  comte  Jacques  lit  face  à  toutes 
les  attaques  et  repoussa  tous  les  assauts.  Après  plus  de  huit 
semaines  d'efforts  surhumains,  se  voyant  réduit  aux  abois  et 
enfisageant  sa  cause  comme  désespérée,  il  s'échappa.  Un 
souterrain  aboutissant  à  l'une  des  tours  du  château,  facilita 
sa  retraite.  Quand  cet  intrépide  guerrier  fut  sorti,  il  se  retour- 
na pour  ?oir  encore  une  fois  le  château,  berceau  de  sa  famille, 
où  il  laissa  son  âme.  Le  lendemain,  11  novembre,  la  bra?e 
garnison  capitula  et  aortit  avec  les  honneurs  de  la  guerre. 

LMnventioD  du  mousquet  était  alors  récente  et  l'histoire 
remarque  comme  une  chose  considérable  que  douze  cents 
coups  de  cette  arme  furent  tirés  et  qu'ils  blessèrent  mortelle- 
meut  soixante-cinq  assiégés  et  soiiante-diz  assaillants.  Ge  siège 
donna  lieu  à  une  chanson  populaire  dont  Sébastien  11  flnster 
nous  a  conserré  le  commencement  : 

M  an  hort  die  Bùchsen  sausen 
Za  LAlseliteln  an  der  Mmur} 
Et  mScht  wol  mancbem  gnmMn 

La  bonne  conduite  des  troupes  de  Frédéric  lui  avait  fait 
de  nombreux  pro.sélyles;  ce  prince  rendit,  avec  les  témoi- 
gnages les  plus  affectueux  de  bienveillance,  la  liberté  à 
Schafried  de  Liuange,  qui  était  toujours  eorermé  dans  le  châ- 
teau \ 

Les  comtes  de  LUtzelstein  que  le  sort  accablait  de  toutes 
ses  rigueurs,  se  réfugièrent  à  l'étranger  et  menèrenti  dépouiU 
lés  de  leur  patrimoine  et  loin  de  leur  patrie,  une  rie  misé- 

^  V.  Cosmographie  art*  Lfitzelstein. 

*  Schafried  de  Linanpe  ne  jouit  pis  Innirlemps  de  la  liberté  ;  engagé 
dans  une  nouvelle  guerre  avec  les  Lichlenberg,  il  fut  de  nouveau  fait 
prisonnier  et  cunduitau  château  de  Lichtenberg;  plongé  dans  aiisoiubre 
cacliot«  il  y  fot  en  batte  aux  plas  iodignai  traitooMiiU  et  ne  leeonvim  la 
liberté  qn'en  1483  an  prix  daa  plus  dors  MeriAoes. 


USB 


nble  et  digne  de  pitié;  tristes  exemples  des  Ticissitndes  ha- 
msines,  ils  ne  purent  jtmaifl  rentier  dans  le  châtean  beroetn 
de  leur  race,  qni  depuis  lors  est  resté  en  la  possession  ineon- 
testée  de  la  maison  palatine. 

C'est  ainsi  que  les  comtes  de  Liitielstein,  dit  le  chroniquear 
Materne  BerlerS  tombèrent  dans  la  ibsse  quiis  s'étaient  creusée 
à  eux-mêmes  :  Ita  ceddêre  infoveam  quam  sibi  ipsis  feeermi. 

Les  comtes  de  Lûtzcistein  possédaient  encore  leur  part  de 
la  seigneurie  de  Geroldsecl^  et  quelques  autres  fiefs  messins, 
dont  fut  investi  le  comte  Guillaume,  en  1456,  à  la  mort  de 
son  frère  Jacques.  Guillaume  le  suivit  quatre  ans  après  dans 
la  tombe;  et  avec  lui  s'éteignit  la  noble  maison  de  LUtzelstein. 

Un  seigneur  bourguignon,  Philibert  Philippe  de  la  Palu, 
comte  de  la  Roche  et  seigneur  de  Varambon,  fils  de  leursœur 
Marfuérite,  forma  des  prétentions  à  tout  Tliéritage  de  ses 
oncles,  mais  il  ne  put  obtenir  que  les  fiefs  mouvant  de  révè- 
ché  de  Mclz.  Il  prit  le  titre  de  comte  de  Lûtzelstein  et  de 
seigneur  de  Geroldseek,  et  en  1463  il  donna  à  Jean  de  Mil- 
lingen  le  jeune,  rinvestîture  d*un  fief  que  tenait  autreiDis 
Jean  Schelm  de  Blnstîngen,  et  qui  consistait  en  difers  biens 
et  rentes  dans  le  Westreicb,'  une  ferme  i  Wolfekirchen,  une 
rente  à  Stimsel,  une  rente  à  Scharracbbergbeim  et  la  tum 
de  Hengeleure  (HengwiUer),  dépendant  de  la  seigneorie  de 
Geroldsecfcl  Leduc  de  Lorraine  s*empara  de  la  seigneurie 
de  Saareck,  malgré  la  ?i?e  opposition  de  révéqne  de  Metz,  et 
disposa  des  dépouilles  des  comtes  de  Lfltzelstein. 

Claude  de  la  Palu,  fils  de  Philibert  Philippe,  vendit  en  1485, 
du  consentement  de  Henri  de  Lorraine, évôque  de  Metz,  à  ses 
cousins  Wilhelm  et  Smassmann  de  Rappolstein,  ce  qui  lui 
restait  des  fîefs  messins  Dàg.  Fischer. 

(La  suUe  prochainetnetU.) 

*  Code  ê^pkmatiqiÊ»  U  Slnùowrg^  tome  II,  p.  67. 

*  Arebiyes  de  la  Basse-AhaM.  S.  E.  9472. 

*  ScHVprLiiT,  AU.  éifllom.,  tome  n,  p.  AStà. 


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GÉNÉALOGIES 

DE  QUELQUES  FAMILLES  NOBLES 

DE  Li  HAUTE-ALSACE 

Famille  de  Grand^illars 

Henri  et  Sigenand  de  Grandvillars  sont  cités  dans  un  acte 
de  lan  1  iS6,  par  lequel  l'archevêque  de  Besançon  et  l'évôqae 
de  Bàle  confirment  la  fondation  de  Tabbaye  de  Luceile. 

Nardin  ou  Harduin  de  Graodrillars  yi?ait  rers  le  milieu 
do  XU*  siècle.  Il  figure  comme  témoin  dans  an  acte  de  l*ta 
1169,  par  lequel  Thierry  II,  oomte  de  Montbéiiard,  fiiU  une 
dooatifNi  à  Tabbeye  de  Belehamp. 

Bo  1S87,  Henri  et  Jean  de  GrandWlIars  frères,  ohevaliere, 
réGlament  le  rerenn  de  fingt-troîe  colonata  iis  à  llandeure; 
mais  à  oette  date  Âmédée  de  Montbéliard,  sire  de  lIoatfiinooB, 
rend  une  senlenee  arbitrale  a4iugeant  ces  eolonats  à  Tarche- 
Têqne  de  Besançon,  comme  tttnUdre  de  la  prérOté  de  Man- 
deure. 

En  1282.  Henri  de  GrandTllIars  accorde  à  Thiébaud  IV, 

sire  de  Neufchâtel,  le  droit  de  recept  dans  son  château  de 
Grandrillars,  en  considération  des  services  qu'il  en  avait 
reçus.  Le  4  septembre  de  la  même  année,  Henri  de  Grand- 
fillars  est  un  des  arbitres  choisis  par  Henri  d'Isny,  évéque  de 


280 


BSTOB  O'ALSAOI 


Bâle,  et  par  1«  comte  Renaud  de  Mootbëliard.  pour  trancher 
les  difficultés  qui  les  divisaient  au  sujet  de  Porrentruy.  Le 
8  arril  1284,  dans  rénumération  donnée  par  Renaud  de 
NontMUard  à  Téglise  de  Bâle  des  Mi  qn*il  tenail  d'elle,  se 
trooYe  mentionné  eeloi  de  Henri  de  GrandTillars.  Le  19 sep* 
tembre  1800,  le  eomte  Renaud  fUt  hommage  à  réféque  de 
BAIe  pour  certains  liiens,  parmi  lesquels  se  tronvent  eeox 
détenus  par  Henri  de  Grandvillars. 

Henri  de  Grandrillars,  deuxième  du  nom,  figure  dans  un 
accord  du  f9  septembre  i89B,  intenrenu  entre  Agnès  de 
Darnes  et  Louis  de  Neafehfttel,  en  Suisse,  d'une  part,  et  Henri 
de  Montbéiiard,  sire  de  Montfaucon,  d'autre  part.  Par  acte  de 
partage  du  3  mai  1882,  entre  Jeanne  de  Montbéiiard  et  son 
beau-frère  Henri,  comte  dudit  Montbéiiard,  la  première  eut 
dans  sou  lot  le  llef  de  Henri  de  Grandvillars. 

Celui-ci  prête  foi  et  hommage,  en  1 833,  au  marquis  de  Bade 
pour  son  fief  de  Grandvillars.  Il  est  cité  dans  un  acte  du 
22  septembre  1336,  par  lequel  le  comte  Henri  de  Montbéiiard 
fait  des  concessions  à  des  Lombards  établis  à  Montbéiiard. 
Henri  de  Grandvillars  avait  un  frère  du  nom  de  Jacques  ;  ils 
sont  cités  tous  deux  dans  un  acte  de  Tan  iSS8.  £n  1841, 
Henri  est  chaifé,aTec  trois  autres  chevaUers,  de  procéder  au 
partage  des  tiiens  de  Jeanne,  comtesse  de  Ferrette.  Il  est 
témoin,  ainsi  que  Ynillaume  de  Yoigaucourt,  le  15  mars  1861 
(V.  S.)  des  lettres  d'affranchissement  accordées  par  Margue- 
rite de  Bade  aux  habitants  d'Héricourt. 

Henri  de  Grandrillars  eut  pour  fils  Guillaume.  Gelui-d  est 
nommé,  avec  Henri  de  Délie,  le  15  septembre  1866,  exécuteur 
testamentaire  de  Marguerite,  marquise  de  Bade,  dame  d*Héri- 
court  et  de  Florimont.  Guillaume  figure,  le  28  mars  1878, 
dans  une  constitution  de  rente  faite  par  i'évêque  de  Bàle 
au  profit  de  Jean  d'Eplingen.  Le  8  décembre  1875,  il  donne 
avis  au  conseil  de  Bàle  de  la  présence  au  pays  des  bandes 
d*Ënguerrand  de  Goucy,  qui  se  disposait  à  marcher  sur  cette 


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QtaUhOQiOB  DB  QinniOOIB  FAM lUJDB  NOBLU 


981 


ville.  Le  14  février  1378,  il  contirme,  en  sa  qualité  de  Base- 
rai n,  la  rente  de  certains  biens  situés  à  Mandeure,  ISdte  par 
le  Montagnon  de  Ba?an8  à  son  cousin  Jean  le  Montagnon  de 
TréTilliefs.  Le  8  lérrier  M%  il  vend,  poar  100  florins 
d*or,  une  rente  snr  son  monUn  de  GnuidTiHars  an  conTent 
de  LneeUe. 

Thiébaod  de  GrandfiUara,  probablement  file  de  Gnillauma^ 
figure  oomiiie  témoin,  le  S  nofembre  1887,  dans  no  acte  par 
letpiel  Henri  Banque  de  BenmeTesain  leoonnalt  tenir  en  fief 
du  sire  de  NeufiihÉtel  eertains  biens  située  près  d'Hérieomt 

Thiébaud  assiste,  le  11  novembre  1S95,  i  la  prestation  de 
serment  de  Thiébaud  IV  de  Neufchâle!  envers  révèque  de 
Bâle.  Le  13  iiovembre  1897,  il  flgure  comme  témoin  dans 
l'acte  de  mariage  d'Henriette,  comtesse  de  Mouibéliard,  avec 
Eberhard  le  jeune,  comte  de  Wurtemberg. 

L'un  des  descendants  de  Thiébaud  fut  Thiébaud  de  Grand- 
villars,  qui  épousa  Tune  des  deux  tilles  de  Pierre  de  Hagen- 
bacb;  l'autre  fille  de  celui-ci  avait  pour  mari  Antoine,  sei- 
gneur de  Montureux,  chevalier.  On  sait  que  Pierre  de  Hagen- 
bach  fut  décapité  i  Brisac,  le  9  mai  1474;  mais  son  frère 
Etienne,  pour  venger  sa  mort,  ravagea  au  mois  d'août  de  la 
même  année  un  grand  nombre  de  villages  situés  entre  Bei- 
fort.  Délie  et  P^rentruy. 

Jean  de  Grandrillars  possédait  le  fief  de  ce  nom  en  18t0. 
Il  a?ait  épousé  dame  Anastasie,  dont  il  eut  une  fille  qui 
devint  la  femme  de  Claude  de  Tavanne,  dit  Maeabré,  et  un 
fila  du  nom  de  Jean-Jacques.  Gelui-eî  te  reconnut,  le  18  no- 
rembre  1550,  vassal  du  oomte  de  Montbéliard  pour  le  flef  de 
Gliè?remont. 

Conrad  de  Grandvillars,  le  dernier  de  sa  race,  fut  tué,  le 
6  juillet  1570,  non  loin  de  sou  cLàlcuu,  par  un  gentilhomme 
bourguiguon  du  nom  de  Sitte. 

Armoiries  des  GaQdvillars  :  d'azur  à  trois  écuflflons  d'ar- 
gent (pl.  Il,  iig.  6). 


Famille  de  Montreux 

Albert,  maire  (  Fit/^M«)  de  Montreux,  fait,  vers  Tan  1170, 
one  donation  en  fareur  de  Tabbaye  de  Beirhamp.  A  la  même 
époque,  il  assiste  à  une  donation  de  Rtimbaud  de  SpelMch 
•a  profit  de  Tabbaje  de  Bellelay. 

Werner  de  Montrenz  est  témoin,  en  1188,  ûêdb  une  ebarte 
de  TéTéque  de  fiftle  concernant  Tabbaye  de  Lien-Qroissani 

Quelque  tempe  aprèe,  en  1194^  Hogo  de  Montreux  était 
chanoine  de  l'égUae  de  Bâle. 

Ba  1141,  Henri  de  Montreux  figure  dane  une  transactioa 
oonolue  entre  Hermanii  de  MonIJoie  et  Henri  de  Kienberg. 

Au  moto  de  mai  198i  Werner  de  Hontraos  est  arbitre  dans 
une  transaction  entre  révéque  de  Bâle,  Henri  d'Isfty,  et  le 
comte  ïliiébaud  de  Ferrette,  au  sujet  de  leurs  prétentions 
réciproques  sur  Florimont. 

Le  19  janvier  1291,  Otton,  seigneur  de  Montreux  et  bour- 
geois de  Gernay,  figure  comme  témoin  dans  une  vente  faite 
par  le  prévôt  d'Oelenberg  à  l'abbnye  de  Lucelle. 

Au  Xlll*  siècle,  Louise  de  Montreux  décède  au  couTent  des 
Unterlinden  de  Golmar. 

Diaprés  un  acte  du  28  novembre  1S20,  Werner  de  Mon- 
treux était  chanoine  de  TégUse  de  Saint-Amarin. 

En  188S,  Ferry  de  Montreux  reçoit  Tordre  de  son  suzerain, 
le  comte  Henri  de  Monlbéliard,  de  prêter  Ibi  et  bommage  «u 
marquis  de  Bade.  Les  1*  et  S  Juin  de  la  même  année,  Robert 
de  Montreux,  probablement  frère  de  Ferry,  est  témoin  dans 
une  Tente  que  la  femme  de  Jean  de  Montreux-Vieux  Adt  à 
son  firère  Ulric  de  GhftteloYonbay. 

En  1S89,  Jean  de  Montreux,  fils  de  Ferry  \  surnommé  le 
èêcm  ChevaUer,  épouse  Jeanne,  fille  de  Jean  H  de  Faucogney, 
auquel  elle  apporte  en  dot  la  seigneurie  de  Melisey.  Le  24 
juillet  1351,  il  est  qualifié  de  baron  de  Moniretix  et  donne 

'  D'après  M.  Liblin  {loc.  citât.],  leaa  avait  pour  père  GuilUame  de 
MoDtreax. 


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OâNftàLOOIlB  DB  QUELQUBS  FAMILLES  NOBLBi 


833 


en  fief  héréditaire  à  un  boargeois  de  Bftie  le  village  de  Willer, 
près  de  Saint-Léger,  ainsi  que  deux  autres  qoi  n'existent  plus. 

En  18S4  et  1S60  Antoine  et  Jean  de  Mbntreox,  probable- 
ment fils  da  précédent»  étaient  religieux  an  coayent  des  Fran- 
ciscains de  Thann. 

IKdierde  Uontrenx  était  yassal  du  sire  de  Neufchfttel  en 
1882;  il  avait  épousé  Jeanne,  fille  de  Colard  de  Ciiasâignet. 

Frédéric,  seigneur  de  Monlreux,  frère  ou  lils  de  Didier, 
périt  à  la  bataille  de  Sempach  le  9  juillet  1886. 

Le  3  novembre  1S97,  Robert  représente  le  sei^îneur  de 
Montreux  Ciiinme  témoin  dans  le  contrat  de  mariage  de 
Henriette  de  Monlbéliard  et  d'Ëberhard  le  jeune,  comte  de 
Wurtemberg. 

Le  20  mars  1444,  Jeau  de  Montrenx  annonce  au  magistrat 
de  Strasbourg,  que  les  Armagnacs  viennent  de  commettre  de 
grandes  cruautés  audit  Montreux.  U  a  an  bâtard  du  nom  de 
Georges,  qui  est  institué,  en  1453,  prérét  de  Belfort  par 
Albert  le  Prodigue,  archiduc  d'Autriche.  Jean  est  ebai^é, 
arec  d^autres,  en  1456,  par  Tarchidnc  Albert  de  lever  des 
contributions  en  argent  dans  le  pays.  Il  meurt  en  1488,  lais- 
sant deux  fila,  qui  se  partagent  le  fief  de  liontreux.  L*alné, 
Frédéric,  aCunelières,  Prais,Gha?anne-snr4*Etang,  Ghavanne- 
les-Gffands,  Lutrao,  Magny,  Romagny  et  Grfin  au  Taldîen. 
Le  cadet,  Antoine,  obtient  Fonssemagne,  Montrenz-Vieux, 
Montreux- Jeune,Bretagne  et  Fontaine.  Monlreux-Château  reste 
indivis  entre  les  deux  branches.  En  1476,  Antoine  ayantpris 
parti  pour  Charles  le  Téméraire  contre  Sigismond  d'Autriche, 
est  dépossédé  de  son  fipf  qui  est  donné  à  son  frère  Frédéric. 

Frédéric  n'ayant  pas  d'enfants  mâles,  obtint,  en  1475,  de 
Sigismond  d'Autriche  la  faculté  de  transmettre  son  fief  à  ses 
trois  filles  et  à  leurs  descendants;  Tune  était  mariée  à  Ëtienne 
de  Saint-Loup,  l'autre  à  Christophe  delindstatt  et  la  troisième 
à  Louis  de  Reinach.  En  1478,  Frédéric  obtient  en  fief  les 
▼illages  d'Ëschène  et  d'Autrage.  Il  meurt  en  1490. 


BBVUB  D'ALSAOB 


SoQ  frère  cadet,  Antoine,  éponee  Tnne  des  filles  de  Pierre 
de  Hagenbach,  mis  à  mort  à  Biisac  le  9  mai  1474.  Sa  femme 
Ini  aTalt  apporté  en  dot  des  fiefii  Bltuéa  à  Lnse  et  à  Gbagef, 
8008  la  moavance  de  la  sdgnenrie  de  Granges.  11  était  bean- 
frère  de  Thiébaud  de  Orandnllan,  qui  avait  épousé  Faatre 
fille  de  Pierre  de  Hageobacb.  Il  fat  fkit  prisonnier  i  la  bataille 
de  Nancy  (5  janvier  1476)  et  perdit,  comme  on  vient  de  le 
dire,  son  fief  pour  ayoir  combattu  pour  le  duc  de  Bourgogne. 

Les  descendants  d'Antoine  furent  : 

Georges  de  Montreux,  seigneur  de  Mélisey,  chevalier,  époux 
de  Simonne  d'Orsans.  Il  fut  membre  de  la  confrérie  de  la 
noblesse  du  comté  de  Bourgogne  de  1485  à  1518. 

Catherine  de  Montreux,  petite-fille  de  Georges,  dame  de 
Mélisey,  épousa  Antoine  de  Grammoni  en  1551. 

Giiyot  de  Moetreux,  probablement  fils  de  Georges  et  père 
de  Gatberine,  fut  reçu  membre  de  la  confrérie  de  la  noblesse 
de  Bourgogne  en  1525.  Il  est  appelé  Guido  par  M.  Libiin; 
suivant  cet  auteur,  il  fut  contraint,  en  1549,  par  Tempereur 
Ferdinand  I*  de  céder,  moyennant  finance,  la  moitié  de  son 
domaine  à  Nicolas  Perrenot  de  Granvelle. 

Claude  de  Montreux  et  Guillaume,  probablement  frères  du 
précédent,  lurent  membres  de  la  confrérie  de  la  noblesse  de 
Bourgogne,  le  premier,  de  1518  à  1587,  et  le  deuxième,  de 
1646  à  1650. 

Tels  fùrent  les  demiera  mfties  de  la  frmille  de  Montreux 
qui  blason  naît  :  d'or  à  la  bordure  engrelée  d'azur  et  au  lion 

de  sable  (pl.  II,  fig.  7). 

Barons  de  Montjoie  (Froberg) 

Le  château  de  Montjoie  (mons  gaudii  en  latin,  Froherg  en 
allemand)  est  situé  dans  la  vallée  du  Doubs,  à  un  kilomètre 
et  demi  à  1  ouest  du  village  de  Vaufrey.  Ou  en  voit  encore 
les  ruines  imposantes. 


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ftÊNtALOOm  DB  QUELQUBR  FAMILLBS  N<»LI8 


986 


Il  était  le  cheMiea  d*une  biroonto  eomposée  des  localités 
de  MoD^oie,  Glèrea»  Yaufrey,  Montaocy,  Yernoia-le-Fol,  Mon- 
tanin,  les  Ghesaux,  Bremonoourt,  le  château  de  Moron, 
Montnoiroo,  InderiUers,  Beornenllers,  Biebeboorg,  le  Bail, 
SurmoDt,  Foesse,  la  Malnuit,  les  Bois  de  Monade.  Dans  la 
SDite,  cette  seigneurie  s*aGcrut  des  terres  que  les  évèqnes  de 
Bâte  et  les  archiducs  d'Autriche  donnèrent  à  ses  possesseurs 
dans  le  Sundgau:  les  rillages  d'Hirsingue,  Heymersdorf,  Bisel 
en  partie.  Hundelingen,  Ruederbach,  Bruebach,  Muspacb, 
Bessoiicourt,  Grosrie,  Perouse,  Recouvrance. 

La  baronnie  de  Montjoie,  érigée  ensuite  en  comté,  faisait 
partie,  en  1789,  de  la  province  d'Alsace,  et  pour  cela  était 
appelée  terre  (fA/snce  ou  Terrotte.  Elle  fut  possédée  d  nbord 
par  la  famille  de  Glères.  et  à  partir  de  1438  jusqu'à  la  Révo- 
lution française  par  celle  de  Thuiilières. 

lo  Famille  de  Olèree 

Les  historiens  parient  d'un  Jean  de  Glères,  qui  vivait  au 
X*  siècle  et  qui  aurait  été  un  des  aidants  de  remperenr  Henri 
rOiseteur;  d*un  Berthold  de  Glères,  qui  aurait  servi  sous 
Othon  I*;  d'AdélsIde  de  Mongole,  qui  aurait  épousé  tcts 
ran  1100  Richard  I*  de  Saint-Uauris-en-Montagne. 

Mais  le  premier  de  cette  noble  fnnille,  mentionné  dans  les 
chartes,  est  Hugues,  chevalier  de  GiiSin,  Il  viTsit  en  118S. 
n  eut  pour  fils  Rir4iard. 

Richard  I*  de  Glères  (il87-IS8S)  construisit  la  forteresse 
de  Montjoie.  Suivant  Dom  Calmet,  il  eut  un  frère  du  nom  de 
W.  . .,  comte  de  Luxembourg  et  de  Limbourg,  qui  eut  pour 
enfants  :  1°  Henri  de  Montjoie,  souche  d'une  maison  de  Mont- 
joie, qui  s'établit  sur  les  bords  du  Rhin;  2"  Val...  de  Lim- 
bourg, qui  épousa  Mathieu,  duc  de  Lorraine. 

Richard  I"de  Montjoie  eut  pour  fils  Richard  H  (1238  1291), 
qui  épousa  vers  1350  Marguerite  de  Ferrette,  sœur  du  comte 


9B6 


BBTUB  D*AL«AflB 


Uiric  l".  Il  eut  poor  enfants  :  1*  Henri  ;  2*  Berthod,  souche 
{|*aiw  branche  ippelée  simplement  4ê  QUm,  Berthoé  eut 
pour  soeeesBeur  Jean  de  CHÂrea  (18t6-1885),  qui  éponat,  en 
18tO,  Agnès  de  Siint-llaaris-en-lloaUgne,  dont  il  ent  : 
UlriCi  prieur  de  Montier-Hiate-Pierre,  pois  de  Ghanz-les- 
Clerrsl  (18S6);  Richard,  al>bé  de  Banme-lea-lloioes  (1867), 
et  Berthod  VL  de  61ères  (1871).  Geloi-d  ent  ponr  fils  Ber- 
thod ni  de  Gières,  seignenr  de  Hefmendorf,  qui  engagea, 
irers  1889,  la  forteresse  de  Moron  à  son  coosin  Louis  de 
Montjoie.  Louis  fut  le  dernier  seigneur  de  Gières,  et  ce  nom 
disparaît  dans  les  chartes  à  partir  du  commencement  du 
XV  siècle. 

Les  autres  enfants  de  Richard  I"  de  Gières  furent  :  3°  Guil- 
laume ou  Vuillaume  qui  suit:  4"  Anne,  qui  devint  nonne  à 
Seckingen;  5°  Clémence,  d'abord  dame  de  Remiremont,  épousa, 
en  1818,  Colin  de  Saiut-Mauris;  6°  Adélaïde. 

Guillaume  1",  sire  de  Montjoie,  (1Î91-1 3-25),  naquit  en 
1265  etéponsa  en  1296  Jeanne  de  Rougemont,  dont  il  eut;  Jean, 
mort  sans  enfknts;  Guillaume  qui  suit;  Béalrix,  qui  épousa 
en  1814  Yanthierde  Varé;  et  Emertode,  mariée  à  Gnil- 
lanme  DI,  comte  de  Genèfe. 

Guillaume  était  vassal  de  Renaud,  comte  de  Montbéliard. 
Gelui-d  résigna  à  Térêque  de  Bftle  le  chflteau  de  Mootjoîe, 
eomm  VMmtm  Qër$  1$  UmUdêktL  Guillaume  de  Mont- 
joie accorda  des  franchises  au  bourg  de  ce  nom  (déo.  i806), 
et  à  Moron  (1818). 

Gnillaume  H,  son  fils,  lui  succéda  (18t8-i8B0);  il  épousa 
Catherine,  fille  de  Rodolphe  IV  de  Neufchfttel  en  Suisse,  dont 
il  eut  Rolin,  devenu  évêque  de  V'iterbe,  et  Louis  qui  suit. 

Louis  de  Montjoie  (1350-142fi),  maréchal  de  l'Eglise  romaine, 
chevalier  de  l'Ainionciade,  conseiller  et  chambellan  du  roi  de 
France,  vice-roi  de  Sicile  et  de  Naples,  épousa  en  septembre 
1860  Jacobée  de  Cly.  sœur  ou  fille  de  Pierre  deCly,  seigneur 
de  Roche  d'or.  11  en  eut  deux  iils  :  Guillaume,  éyéqoe  de 


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14S4,  mort  en  1451,  et  Jean  qui  suit  Loais  de  Monyoie 
décéda  à  Arignon  le  S8  juin  14S6. 

Jén  V  de  Mootjoie  (li8S-l488)  aTÛt  épousé,  en  1886, 
Jeanne,  flUe  de  Henri  de  Yillenexel,  eomte  de  li  RooheSaint- 
Hippolyte.  H  monrot  sine  héritiers  le  18  juillet  1488. 

Jean-Louis  de  ThnillièreB  (rillage  de  rarrondîssenient  de 
Mixecourt),  qui  avait  épousé  Guillonetle  de  Mongole,  flUe  de 
Louis  de  Mongole  et  sœur  de  Jean  I*  deyînt  propriétaire  de 
la  baronnie  de  llontjoie,  dont  rosufruit  Ait  conservé  à  Jeanne 
de  YiUersexel,  veure  du  susdit  Jean  I*. 

La  famille  de  Glères  avait  pour  armoiries  :  de  gueules  a  la 
clef  d  argent  posée  en  pal  (pl.  Il,  fig.  8j. 

2»  Famille  de  Thuillières-Moatjoie 

Jean-Louis  de  Thuillières,  sire  de  Herdemont  (près  de 
Bains,  arrondissement  d'Epiual).  fils  ainé  de  Guillaume  de 
Tboillièree  et  de  Jeanne  deMontureux-sur-Saône,  releva  le 
nom  et  les  armes  de  Montjoio  (1438-1454).  Il  mourut  en 
décembre  (454,  laissant  trois  fils  iDietriob,  qui  suit;  Etienne, 
marié  à  N. . .,  et  Guillaume,  qui  n*eut  pM  d'alliance.  L*une 
de  ses  deux  filles  épousa  Jacques  de  Blamont,  en  Lorraine. 

Dietrich  on  Didier  (1454-1490)  épousa,  le  IS  juillet 
1481,  Marie  d'Arberg.  Il  mourut  avsnt  1481,  laissant  trois 
fils  et  deux  filles  :  Bdenoe,  qui  continua  la  maison  deThuiU 
lièree-liontjoie,  appelée  aussi  hnm^ds  Fhbtrg;  Jesn-Louis, 
qui  devint  seigneur  de  Hardemont;  Jesn-Nicolas,  tige  de  la 
brandie  d'HeymersdorfT  (dont  nous  parierons);  Jscobée; 
Caroline,  qui  épousa  Guillaume  de  Maigly,  aire  de  Cbargey. 

Branche  de  Froberg  ou  de  Montjoie 

Elieriiie  de  Thuillières,  sire  de  Moron,  souche  de  la  branche 
dite  de  Froberg  ou  Man^u,  épousa  eo  1500  Catherine 


BBVUB  D*ALSAOI 


Béziers  en  d'Hanaeoiurt,  ei  moarat  nn  1640,  laiMint 
Népomucène  et  Mare. 

Népomacèae,  baron  de  MonQoie,  Iforon,  Heymersdorf  (1540- 
1651),  épousa  en  168S  Jeanne  de  Hontmartin,  dont  il  eut  : 
1*  Claudine,  mariée  d*abord  à  Georges  d*A&flel,  puis  i  Gnii- 
lanme  de  Grammont,  sire  deVeset;  elle  moarat  en  1671; 
S*  Didier,  époux  de  Guillemette  de  Yiry,  morts  tous  deaz 
sans  postérité  de  1580  à  1587;  8^  Tliéodore  (qui  parait  être 
le  même  personnage  que  Didier);  4*  Jean  II.  qui  soit 

Jean  II,  baron  de  Montjoie,  Moron,  Grone,  Ueyraersdorf 
(1551-1578),  épousa  eji  1569  Peroniie,  fillede  Michel  de  Viry. 
Il  mourut  en  1578,  laissant  trois  fils,  Michel,  Siraéon  et  Jean- 
Siméon,  et  deux  filles,  Jeanne  et  Claudine;  celle-ci  mourut 
en  odeur  de  sainteté. 

Jean-Siméon,  seijjneur  de  Montjoie,  Moron.  Grone,  Uey- 
raersdorf, Bruebach  (1578-1610),  épousa,  en  1591,  Ursule  de 
Reinach,  fille  de  Nicolas  de  Reinach,  gouverneur  d'Allkirch. 
Il  en  eut:  Jean-Paul,  tué  à  la  bataille  d'Aschaffenbourg; 
Ambroise,  mort  en  Italie;  Jean-Georges,  qui  suit;  et  Ursule, 
époose  du  Imtod  de  Dang.  Ges  deux  derniers  eurent  pour 
tateor  Ferdinand-Georges  de  la  branche  de  Montjoie-HQy- 
mersdort 

Jean-Georges,  dit  Jeune  (1610-1660),  grand-diambellan 
de  rarchidae  Léopold  d^Autridie,  épousa  en  1681  Marie-Fran- 
çoise, fille  de  son  tuteur  Ferdinand-Georges.  Le  maréchal  de 
Il  Force  s*empani,  en  1685,  de  la  forteresse  de  Hon^oîe  et 
ta  fit  sauter.  Dès  lors,  les  barons  de  ce  nom  établirent  leur 
résidence  à  Vaufrey.  Jean -Georges  mourut  à  la  fin  de  1659 
ou  au  commencement  de  1660.  Il  eut  treize  enfants,  parmi 
lesquels  :  Paris-Charles-Joseph,  chanoine  d'Aug.sbourg.  mort 
en  1721;  Didier  II;  Ursule,  épouse  de  François  Paris  de  la 
branche  d'Heymersdorf;  Béat- Albert  et  Jean-François- Ignace, 
qui  divisèrent  la  branche  de  Froberg  en  deux  nouveaux 
rameaux,  dits  dê  Vantrey  et  dHirsmgen. 


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880 


Braaiohe  de  Xontjoie-Heymersdorf 

Jean-Nicolas  I"  fils  de  Didier  I"  de  Thuillières-Montjoie. 
fut  le  fondateur  de  la  branche  de  Montjoie-Heymersdorf.  Il 
▼i?ait  déjà  en  1474;  il  épousa  en  1500  Toinelte-Radegonde 
de  la  maisoii  de  Mereenette,  auirant  tes  onSi  ou  Radegoode 
d^Oiselay  BoîTant  les  autres.  Hes  eofiints  ftirent  :  Gatherine, 
mariée  à  Hognenin  de  Saint-Hattris-en-Moulagne;  Marie, 
épouse  de  Glande  de  Franquemont,  et  Philippe  qui  suit 

Philippe  éponsa  en  1680  Marie,  baronne  de  Hattstat,  dont 
il  ent  Frédéric  et  Nioolas  II. 

Nieolas  II  épousa  Jeanne  Dutartre  en  1688,  eten  secondes 
noces  Jeanne,  comtesse  de  Mailly,  qui  ne  lui  donna  point 
d'enfants.  De  sa  première  femme  il  eut  :  Ferdinand-Georges, 
marié  à  Jeanne-Catherine  de  Reinach;  Eustache,  lieutenant- 
général  des  armées  de  France;  et  Jean-Claude,  qui  lui  suc- 
céda. Nicolas  II  mourut  le  10  décembre  1566, 

Jean-Claude,  gouverneur  de  Délie  et  de  Belfort,  épousa  en 
1586  Anne-Eléonore  de  Velsperg  et  Primor.  Il  en  eut  seiZ/C 
enfants,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Eusèbe,  grand-doyen 
du  Chapitre  de  Salzbourg  et  chanoine  d  Augsbourg;  Geoigse 
et  Jean-Georges,  qui  continua  la  lignée.  Leur  père  mourut 
Ters  ItflO. 

Jean-Georgea,  baron  de  Velsperg  et  de  Primor,  bailli  de 
Delle  et  de  Belfort,  épousa  d'abord  une  comtesse  deReehberg, 
puis  Jaeobée,  comtesse  de  Kiembourg,dont  il  eut  :  François- 
Paris  qui  suit;  François-Joseph, mort  Jeune;  Françoise-Hen- 
riette, dame  de  Remiremont  ;  Joséphine,  femme  de  son  cousin 
Didier  II  de  MonQoie-Froberg;  et  Marie- Anne,  mariée  an 
comte  de  Mondienthall,  grand-maréchal  du  duc  de  Bavière. 
Leur  père  mourut  avant  le  1*  décembre  1648. 

François-Paris  épousa,  en  1680,  sa  cousine  Jeanne- Ursule 
de  la  branche  de  Froberg,dont  il  n'eut  point  d'enfants.  Il  mou- 
rut avant  1686.  Ainsi  s'éteignit  la  branche  de  Heymersdorf. 


m 


Rameau  do  Kontjoie-VaiiAroy 

Béat-Albert,  fils  de  Jean-Georges  dit  k  Jeune^  continua  la 
braneha  de  Fhdierg  (1660-4728),  qni  prit  le  nom  de  Vaufrqr, 
tteo  de  réndenœ  de  ses  membres.  Béat-Albert,  colonel  d'un 
régiment  françaii,  aeheta,  le  17  janvier  1708,  de  la  comtesse 
d*Aremberg  le  comté  de  la  Roche-Saint-Hippolyte  et  la  sei- 
gneurie de  Haiche.  H  avait  épousé  en  1669  Pàuline.  baronne 
de  Reinacb-Hirtsbacb,  sœur  des  éréques  de  Bile  et  d*Abtera. 
n  en  eut  :  Didier  II,  qui  soit  ;  Nicolas,  capitaine,  mort  jeune  ; 
et  Marie- Françoise,  épouse  de  François- Joseph,  baron  de 
Schavembourg.  Leur  père  mourut  en  1725. 

Didier  lî,  comte  de  Montjoie  et  de  la  Roche  (1725-1786), 
épousa,  en  1702,  sa  parente  Joséphine,  baronne  de  Montjoie 
de  la  branche  d'ileyraersdorf.  Il  mourut  en  1786.  laissant 
neuf  enfants,  parmi  losqueKs  :  Georges,  chanoine  de  Bâle; 
Béat-Jean-Bapliste  Ilattman  qui  suit;  Marie-Xavière,  dame  de 
Remiremont  ;  Marie-Anne-Ursule-Ludvine,  épouse  s(»n  parent 
de  la  branche  d'Hirsingen  ;  Magnus-Louis-Michel;  enûn  José- 
phine, religieuse  à  Remiremont»  puis  à  Porrentruy. 

Béat  Jean-Baptiste  Hattman,  comte  de  liontjoie  et  de  la 
Roche  (1786-1761),  épousa  en  1786  Marie-Victoire-Oatherine 
Rinck  de  Baldenstein,  sœur  de  réréque  de  Bile.  Il  en  eut 
neuf  eufimts,  entr^autres  :  François-Ferdinand-Fidéle  Haman, 
qui  suit;  Marie» Antoine-Fidèle,  mariée  à  Glaude-Joseph- 
Nicolas,  comte  de  Grirel  Saint-llauris;  Ifarie-Anne-Josepbe- 
Fidèle,  dame  de  Remiremont  Leur  père  monrut  le  14fé7rier 
1761,  et  sa  toutb,  Tannée  suivante. 

François-Ferdinand-Fidèle  Haman  succéda  aux  seigneuries 
de  son  père  (1761-1818);  il  épousa,  en  septembre  1760, 
Marie-Anne-Sophie  de  Kageneck,  sœur  de  la  princesse  de 
Metternich,  mère  de  l'illustre  ministre  autrichien.  Il  en  eut 
cinq  enfants  :  Marie-Anne  Vaiburge,  née  en  1761:  Frédéric- 
Victor,  eu  176Ô;  Francois-Uenri-Vendeiin,  en  1773;  Joseph 


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GÉNÉALOGIES  DE  QUKLQUKS  FAMILLES  NOBLES 


241 


VoUleriDe,  en  1771  ;  enfia,  Ghtries-Népomacèiie-Fidèle,  né 
en  1779.  Leur  mère  mourut  peu  «fant  1789;  leor  père  émi- 
gré en  1791  et  rentra  en  France,  am  son  dlg  Joeeph-Ynil* 
terme,  eu  1814.  Il  monrut  en  Jtnfter  18 1 8. 

JoBeph-Ynilterme  moornt  en  1816.  Il  arait  épousé,  en  1785, 
Marie-Louise-Garoline,  baronne  de  Hersperg  et  de  Voyer.  Il 
en  eul  quatre  enfants  :  1  So[ihie-Amélie-Fidèlc,  née  en  1786, 
épouse  de  Claude -Hené-Philippe  Augier  ;  2' Ganiille-Népomu- 
cène  Clirislophr,  conimundeur  de  l'ordre  teuloniquc,  conseiller 
du  roi  de  Wurtemberg;  3°  Ernesl,  qui  épousa  M""  d'Ambru- 
geac,  dont  il  eul  un  fils,  qui  s'est  marié  depuis  quelques 
années  ea  Bavière;  i'N. . tué  à  Goumoia  le  %  juillet  1815. 

Rameau  de  Monljoie-BLimuigen 

Jean-Françoia-Ignace,  fUa  de  Jean-Qeoivea,  dit  k-Jeune,  et 
flrère  de  Béat-Albert,  ftit  la  aonche  dn  rameau  des  Mongole- 
Hirainfen,  dont  les  membres  demeurèrent  dans  eetle  dernière 
localité. 

Bn  1741,  les  Hon^'oie-Vaofrey  et  tes  Montjde-Hirsingcn 

partagèrent  les  bienH  de  leur  maison,  restés  jusque-là  indivis. 
Les  premiers  eurent  les  terres  et  seigneuries  situées  dans  le 
canton  de  Sainl-Hippolyte  ;  les  seconds,  celles  des  arrondisse- 
ments de  Belfort  et  d'Allkircli. 

Né  eu  1653,  Jean-François-Ignace  devint  maître  de  camp 
dans  les  armées  de  Franco,  et  épousa,  en  1684,  Marie-Jeanne 
de  Reichenstein  d  lnlzlingen,  sœur  de  l'ambassadeur  d'Au- 
triche, en  Suisse.  Il  mourut  en  1716,  laissant  huit  enTanta, 
parmi  lesquels  :  1°  Philippe-Antoine,  ambassadeur  de  l'em- 
pereur Charles  Vii  an  Suisse,  lieutenant-général  des  armées 
de  rElecteur  de  Cologne,  général  de  cavalerie  des  armées 
bavaroises,  et  ambassadeur  du  roi  de  Bavière  à  Paris,  où  il 
mourut  en  1757.  Au  mois  d*avril  1788,  Louis  XV  conféra 
par  leltrss-patentes  le  titre  de  comte  k  Philippe-Antoine  et  à 

nmXh  SMt.  -  tr  àttuf.  16 


949 


BIVUB  D*AL8ACB 


tous  les  membres  de  sa  famille.  L'empereur  Gliarles  VU  SX 
de  même  le  21  février  1748. 

2°  Siméon-Nicolas-Eusèbe,  devenu  évéque  de  Bâle  (1762- 
1775);  3°  François-Xavier,  prévôt  d'Istein;  4°  Jeanne*Jo6é- 
phifie,  chanoinesse  d*Aiidlaa;  6*  Marie^Anne,  dame  de  Remi- 
remoDt;  6*  EUsabelb,  épouse  du  btroa  de  Klioglio,  premier 
président  du  Conseil  sooTerain  d'Alsace;  7*  Magnus-Loois- 
Gharles-François-Ignace;  il  épousa,  en  1790,  sa  eouaine 
Ursule  de  MonQoie-Vaufrey,  et  mourut  en  février  1707, 
laissant  einq  eiifiuits  : 

i*  et  S*  If  arie-Anne  et  Jeanne-Baptiste,  dames  de  Remire- 
mont;  3°  Ludvine-Xavière,  épouse  en  1760  Sigismond,  baron 
de  Reinach  et  de  Steinbrunn;  4''François-Sigismond,  chanoine 
de  Bdle,mort  en  1789;  5°  Jean-Népomucène-François-Xavier- 
Fortunat. 

Celui-ci,  comte  de  Moiitjoie,  épousa  en  1760  Marie-Anne, 
baronne  de  Reinaeh-Hirlzbach.  Il  émigrH  à  Bâle,  où  il  mourut 
en  1791,  laissant  six  enfants  :  1°  Jean-Népomucène,  qui  suit; 
2**  Eugène,  tué  près  de  Veinheim  (duché  de  Bade)  ;  3°  Maxi- 
milien,  officier  au  service  d^AutrirJie,  se  maria  en  Bavière, 
où  il  mourut  en  1819,  laissant  un  fils,  qui  prit  du  service 
dans  Tarmée  wurtembergeolse  et  mourut  avant  lui  ;  4*  Gus- 
tave, an  service  de  France  avant  la  Révolution,  passa  en 
Angleterre,  où  il  devint  colonel  et  fut  tué  en  1819  ;  5*  Mêla- 
nte, dame  d'honneur  de  Madame  Adélaïde  d'Orléans,  mourut 
en  Angleterre  en  1848  ;  6*  enfin,  Ghristine-Zoé,  épouse  du 
marquis  de  Dolomieu,  dame  d*honneur  de  la  reine  Marie- 
Amélie,  mourut  en  Angleterre  en  1849.  Sa  fille  N. . .  de 
Dolomieu  épousa  le  comte  V.  de  Saint-Mauris,  qui  se  remaria 
en  secondes  noces,  après  1883,  avec  sa  cousine-germaine 
Caroline. 

Jean-Népomucène,  fils  aîné  de  Jean-Népomucène-François- 
Xavier-t  orlunat,  est  le  seul  qui  ait  laissé  de  la  postérité.  Il 
émigra  en  Bavière,  il  mourut  en  1824,  étant  lieutenant-géné- 


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G&N&ALOGISS  DB  QQXLQUBS  FAMILLES  NOBLES 


•243 


nt.  Il  tfait  épousé  Liare  de  Paratenstein,  dont  il  eut  six 
enfiintfl  :  !•  Mtixîmilien,  major  de  cuirassiers  en  Autriche, 
mort  en  1857,  eut  de  deux  mariages  trois  flls;  l'aîné  a  em- 
brassé la  carrière  des  armes  ;  2'  Louis,  major  au  service  de 
Bavière;  8°  Charles,  capitaine  dans  la  même  armée  ;  4°  Méla- 
nie,  comtesse  de  Leyden,  restée  veuve  avec  un  fils  unique; 
5"  Caroline,  comtesse  de  Saint-Maiiris,  morte  en  juillet  1849; 
6°  Amélie,  baronne  de  Berntiardet,  morte  en  1838,  laissant 
une  âUe. 

AnnoirieB  des  ThniUières-MonlJoie  au  XVIU*  siècle  :  de 
gueules,  écartelé  aux  1"  et  8*  à  la  elef  d^argeot,  en  pal,  tour- 
née du  eôté  dextre  ;  aux  S*  et  4*  à  la  clef  d*or,  aussi  en  pal, 
tournée  du  côté  sénestre,  accompagnées  de  quatre  pièces  car* 
rées  d'or,  taillées  en  pierres  précieuses,  entassées  en  pal  du 
cdté  deztre  de  la  clef  d*argent,  et  de  cinq  besans  d'argent 
rangés  eu  sautoir  de  côté  sénestre  de  la  clef  d'or.  —  L'écu 
était  timbré  d'une  couronne  de  marquis  ayant  pour  supporta 
deux  satyres,  l'un  au  pied  d'homme  et  l'autre  au  pied  de 
chèvre;  celui  du  côté  dexlre  soutenant  la  clef  d'argent  de  la 
raaio  gauche,  et  l'autre  du  côté  séneslre  tenant  une  massue 
posée  sur  le  pied  d'homme  (pl.  Il,  ûg.  9)  *. 


Famille  de  Morimont  (Mœrsperg) 

Quoique  originaire  du  pays  de  POrrentrny,  cette  ftmille  a 
joué  un  certain  réle  dans  l'Iiistoire  de  la  Hante-Alsace;  e^est 
pour  ce  motif  que  nous  en  allons  parler. 

Elle  se  vante  de  descendre  des  comtes  de  la  Roche  au  comté 

de  Bourgogne,  mais  rien  n'est  plus  incertain.  Certains  au- 
teurs prétendent  que  la  souche  de  celte  maisou  fut  BaltUazar, 

■  Extrait  de  l'onviaRS  d«  l'abbé  Richard,  iatitoté  :  ^iMt'iiir  fMMoîrt 
4»  la  mainn^  «I  baronmê  Monnaie. 


BBYUB  D'ALSAOI 


d'autres  que  ce  furent  Antonin  et  Walther,  qui  vivaient  en 
1085.  Le  premier  document  alsacien  mentionnant  les  Mœr* 
sperg,  date  de  J'an  124S;  il  parle  d*Adelaide  de  Mœrsberc 

Henri  de  Uœrsberch  est  cité  dans  an  acte  de  lt7i. 

Richard  etGeutaillalde  Morimont  reçoivent,  en  1;S38,  l'ordre 
de  leur  suzerain  Henri,  comte  de  Moulbéliard,  de  prêter 
foi  et  hommage  au  marquis  de  Bade,  époux  de  Jeanne  de 
Montbéhard. 

£n  lS6i,  Icf  archiducs  d'Autrictie  comptaient  parmi  leurs 
vassanx:  Henri  etlIatliiaB  deMoBrsperg^agnata;  Gunon,  Henri 
Noaee;  Hugues  et  Werlin,  fils  d*EI>erhard;  Petermann  et 
Jacques,  son  frfere.  En  1886,  Théobald,  Wemher,  Wezei  et 
Walther  de  Ifœrsperg  périrent  à  la  bataille  deSempach.  Henri 
de  Hœreperg  commandait  les  troupes  de  Fribourg. 

En  1408,  Jean  do  Mœrsperg  épousa  Elisabeth  de  Waldner; 
ils  furent  tous  deux  enterrés  dans  une  chapelle  de  Belfort. 

Pierre,  fils  de  Jean,  se  distingua  comme  ambassadeur  de 
l'Empereur  près  de  la  ville  de  Zurich,  du  duc  de  Bourgogne 
et  du  roi  de  France.  Il  reçut,  à  titre  d'engagement,  les  bail- 
liages de  Ferrette,  de  Délie,  de  Belfort  et  les  autres  terres 
de  la  maion  d'Autriche  en  Alsace.  En  effet,  lorsqu'en  1469 
Tarchiduc  Sigismond  vendit  k  Gharles-le-Téméraire  ses  pos- 
sessions de  la  Hante-Alsace,  Pierre  de  Morimont  détenait  les 
susdites  ssîgnearies  pour  la  somme  de  80,800  florins  d*or  et 
900  francs  d*or,  qnll  arait  aTancés  à  ce  prince.  Pierre  de 
Mœrsperg  devint  landrogt  de  tonte  TAlsace  antrichienne. 

Son  fils,  Jean-Gaspard,  fnt  éle?é  en  1488  à  la  dignité  de 
baron,  fin  1802,  il  obtint  en  flef  la  seigneurie  de  Belfort  et 
les  antres  terres  qu'il  détenait  en  gage  de  la  maison  d*Au- 
triebe.  Dès  lors,  les  Mœrsperg  s'intitulèrent  barons  éh  Mœr- 
sperg et  dê  Belfort.  Jean-Gaspard  fut  revêtu  de  la  double 
dignité  de  landvogt  impérial  et  de  laudvogt  de  la  maison 
d'Autriche,  en  Alsace. 


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0ÉMÉAL00IE8  DB  QUELQUES  FAMILUM  MOBLBS 


245 


n  laissa  trois  fils  :  Jean-Wernher,  prévôt  de  l'église  de 
BAIe;  Jean -Jacques  I"  et  Jean. 

Jean- Jacques  I"  succéda  en  1513  à  son  père  dans  la 
dignité  de  iandvogt  impérial.  II  eut  pour  fils  Jean-Jacques  II 
et  Henri.  Celui-ci  embrassa  en  1601  le  protestantisme,  devint 
administrateiir  du  comté  de  Montbéliard  et  de  celui  de  Schoni« 
dorf  (Wortemberg),  et  mourut  à  Strasbourg. 

Soo8  Jean-Jaeqaes  II,  la  seigoeoria  de  Belfort  retourna  à 

la  maison  d'Autriche.  Son  fils  Jérôme  embrassa  le  protestan- 
tisme aTec  son  oncle  Henri.  Il  vendit  sa  seigneurie  de  Mœr- 
sperg  en  1582.  et  remplit  \q6  fonctions  de  marécbal  de  la 
Cour  de  Wurtemberg. 

Jérôme  eut  un  fils  du  nom  de  Georges,  qui  épousa  Doro- 
thée-Suzanne, comtesse  de  Gleichen  ;  il  s'établit  en  Thuringi. 
Il  eut  pour  eiiAuita  :  Loui»>Frédéric^  qui  Tirait  encore  en  1661 
et  Ait  le  dernier  mâle  de  cette  branche,  et  Sopbie-Dorothée, 
qui  époora  Ghrétien-Ganther,  comte  de  Schwartzbourg. 

Jean,  firère  de  Jean-Jacques  I",  épousa  Jeanne,  fille  de  Jean 
Wildgrano  du  Rhiu.  Il  en  eut  :  François,  frère  de  Pierre  et 
de  Jean-Frédéric.  Celui-ci  mourut,  en  1614,  en  Slyrie:  il 
était  président  du  comité  de  la  guerre  en  Autriche,  sous  le 
règne  de  Rodolphe  II. 

Jean-Frédéric  eut  deux  fils  :  Frédéric  il  et  Jules-Neidhart, 
qui  occupèrent  des  emplois  importants  en  Autriche.  Jules 
Neidhart»  créé  comte  par  Temperenr,  mourut  en  1642.  Son 
fils  Jean-Ulric,  dernier  de  sa  race,  mourut  après  1686. 

Armoirks  :  écartelé,  aux  1"  et  4'  cinq  points  d'argent 

équipollés  à  4  de  gueules;  aux  ^2'  et  3"  d'azur  à  trois  aigles 
éployées  d'argent  2  et  l  (j)l.  U,  tig.  10). 


246 


RKVUB  D'ALSACE 


Famille  de  Réèheey 

LeBjanTÎer  1291,  le  chevalier  Humbert  de  Réchesy  donna, 
da  oonsentement  do  sa  femme  Agnès  et  de  aon  fils  Tiiiébaut, 
aa  monastère  de  Grandgpnrt  Tîngt  sols  censaux  assignés  sur 
les  biens  qo*il  possédait  à  Bonooort  et  à  Joneherey.  Cette 
donation  fiit  rerètue  do  sceau  de  Pierre,  curé  de  Réebesy. 

An  mois  de  novembre  1808.  Perrette,  Hel?ig  dite  Jfouri, 
et  le  fils  de  celte-d,  Perrin  on  Pierre,  reprirent  en  erophy- 
théose  nne  terre  sitoée  à  Béehesy,  que  ledit  Pierre  sYait 
donnée,  pour  la  fondation  de  son  anniTersaire,  à  Tibbaye  de 
Belchamp. 

Le  25  février  1328,  l'écuyer  Tbiébaut  de  Réchesy  vendit 

au  couvent  de  Bellelay  toutes  les  terres  qu'il  tenait  à  Jon- 
cherey  de  son  père  Humbert,  cité  plus  haut. 

Frédéric  de  Uéchesy,  probablement  fils  de  Thiébaut,  reçut 
l'ordre,  en  1838,  du  comte  Henri  de  Montbéliard,  son  suze- 
rain, de  prêter  toi  et  hommage  au  marquis  de  Bade,  époux  de 
Jeanne  de  Montbéliard. 

Famille  de  Suarce 

Henri  de  Soaroe  figure  dans  la  charte  de  fondation  du 
prieuré  de  Froide-Fontaine  de  Tan  1105  par  Brmentrude, 

comtesse  de  Montbéliard.  Le  père  de  Henri  de  Suarce  s^appe- 
lait  Gemngus,  et  celui-ci  avait  un  autre  (ils  du  nom  de 
Godefroi  (même  charte). 

Ulric  de  Suarce  figure  comme  témoin  dans  un  acte  de 
Tente  de  l'an  1170. 

Henri,  fils  de  M.  Vergier  de  Suarce,  tenait  en  fief  du  comte 
de  Montbéliard  des  biens  situés  à  Trémoins  et  à  Coisevaux; 
il  devait,  en  outre,  la  garde  à  Belfort  chaque  année  pendant 
treife  semaines  (Rôle  des  rassaux  de  Montbéliacd  de  l'an  1800 
à  peu  près). 

Robert,  fils  du  précédent,  et  Marguerite,  sa  fomme^  figurent 


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OÉMÉALOOIK  DE  QUBLQUMB  VAUILLEa  NOBLES  fUl 


dans  nn  acte  du  3  septembre  1811,  concernaot  l'abbaye  de 
Belchamp. 

En  t847.  Helvis,  fille  de  Robert  de  Suarce,  en  son  nom  et 
en  celui  de  ses  sœurs  Alix  et  Bealrix,  reprit  en  fief  du  comte 
Henri  de  Montbéliard  toutes  leurs  possessions  sises  à  Van- 
doncourt  et  provenant  du  partage  de  rbérédité  de  Guy  de 
Vandonconrt. 

ËD  1357,  Gauthier  de  Suarce  reçut  en  aeoensementde  l'ab- 
baye de  Bellelay,  pour  une  durée  de  cinquante  toB,  tout  ce 
qu'il  tenait  précédemment  de  ce  monastère. 

Fàmille  de  Trétadane 

En  18S8,  Pierre  de  Trétudana,  éenyer,  achète  d*Aliz  de 
PneenterillerBy  yeuve  de  Richard  de  Boasorel,  comme  tntrioe 
de  ses  enhnts,  des  dîmes  à  Seloneoort  qo*eUe  tenait  de  lai  à 
titre  de  fief. 

Pierre  a?ait  an  firère  du  nom  de  Hugoenin,  qui  fit  con- 
naître, le  4  ffi?rier  1849,  qoil  tenait  en  fief  de  son  seigneur 
Guillaume  de  Grammont  certaines  dîmes  à  Mandeore  et  à 

Voubenans. 

Pierre  eut  deux  fils  :  Jean  et  Perrin.  Le  5  avril  1831,  ils 
furent  témoins  dans  une  vente  faite  par  Isabelle  de  Fontenois, 
fille  de  Pierre  de  Voujaucourt,  à  Jeannenat  de  Hocourt  d'une 
dîme  audit  Recourt.  Le  20  avril  133S,  Perrin  de  Trétudans 
acheta,  moyennant  18  livres  estevenautes,  un  meix  à  Grand- 
fontaine.  La  même  année,  Henri  de  Montfaucon,  comte  de 
Montbéliard,  ordonna  à  Jean  et  à  Perrin  de  Trétudans  de 
prêter  foi  et  bommage  au  marquis  de  Bade,  époux  de  Jeanne 
de  Mootbéliard.  Le  80  décembre  1344,  Perrin  de  Trétudans, 
écnyer,  était  leiatenr  des  filles  de  Richard  de  Bossurel;  à 
cette  date,  il  rendit,  an  nom  de  ses  pupilles,  à  Thiébant  de 
RoGourt  des  biens  situés  à  Grandlbntaine.  En  1S64  et  1868, 
Jean  et  Perrin  de  Trétudans  rendirent  à  Agnelet^  fille  de 


BSTDB  D'ALBAOB 


Vailldiiiiii  de  Ifontbéliard,  et  à  SimoDin  Béchenat»  son  fils,  les 
dîmes  qae  lenr  père  avait  achetées  en  18S8  à  Seloncourt. 
leaa  figare  eneore  comme  témoin,  STec  le  titre  de  cheTalier 
(mi^M),  dans  des  actes  de  1878  et  1890. 

SnfTant  H.  LibUn,  Jean  de  Trétndans  ent  nn  fils  do  nom 
de  Huguenin, damoiseau,  qui,  les  1**  et  2  jnin  1888,  futtémoin 
dans  une  rente  faite  par  la  femme  de  Jean  de  Montrenx  il 
son  frère Ulric  de  CluUel-Vouhay.  Maisf-e  Huguenin  ne  serait- 
il  pas  celui  dont  il  a  été  parlé  plus  haut  et  frère  de  Pierre 
cité  dans  un  acte  de  1823? 

La  famille  de  Trétudans  avait  pour  armoiries  :  d'azur  à 
trois  bâtons  d'or,  le  timbre  surmonté  d'une  mélusiue  (reine) 
couronnée,  étendant  les  bras  avec  un  peigne. 

Les  descendants  ou  héritiers  de  cette  noble  famille  obtinrent 
en  1741  des  lettrei  de  marquis  et  les  armes  suivants  :  d*aaur 
à  trois  chevrons  d'or  couchés  en  bande,  entre  deni  cotiees 
de  môme  (pl.  II,  fig.  11  et  13). 

P.*E.  Tdbffsrd. 


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MATERIAUX 

l>OUR  SERVIR  A 

L  HISTOIRE  D£  L4  GUERRE  DE  TRENTE  ANS 

tirés  des  archives  de  Colmar^ 


Départ  de  J.-H.  Mogg  pour  Paris  ;  Manicamp 
nommé  commandant  de  Golmar;  mouyements 
des  belligérants;  ravages  des  Ijorrains;  dan- 
gers de  lA  situation  pour  Golmar  que,  malgré 
ses  promesses,  le  maréchal  Gaumont  la  Force  ne 
secourt  pas;  prise  de  Riquewihr;  jonotion  du 
maréchal  avec  Bernard  de  Saxe-Weimar;  négo- 
ciations à  la  cour  de  France;  traité  de  Huel; 
Manicamp  gouyemeur  de  la  Haute  -  Alsace  ; 
abandon  des  négociations  de  Strasbourg  avec 
le  roi  de  Hongrie. 

Une  campagne  qui  débutait  de  cette  façon  n'était  pas  de 
nature  à  rassurer  Golmar.  Il  parut  indispensable  d'obtenir 
la  ralifitalion  du  traité  du  9  octobre,  afin  de  donner  plus 
d'autorité  aux  démarches  de  la  ville  auprès  des  chefe 
de  corps  français.  Quand,  au  commencement  d'avril,  le 
dumeelier  Axel  Qxensliern  prit  le  chemin  de  Paris,  pour 
retoorner  par  mer  ea  Suède,  on  profita  de  son  passage  à 
Strasbourg  pour  lui  enroyer  Jean-Heori  Mogg,  et  posr  lai 

*  Voir  la  Umiaon  »Tiil-maiHiii<i 


960 


RBVDB  D'ALSâCB 


demander  son  appui  auprès  de  la  cour  de  France.  A  son 
arrivée,  le  syndic  trouva  le  chancelier  déjà  parti.  Le  résident 
Uockhel  lui  remit, pour  Son  Excellence,  une  lettre  de  recon- 
mandatioD,  datée  du  avril,  à  laquelle  la  ville  joignit  ses 
pleina-iNMiToirB  et  des  dépêches  pour  le  roi  et  le  cardinal 
Richelieu. 

Mofg  se  rendit  à  Spinal  auprès  du  maréchal  Gaumont  la 
Force  ;  il  lui  flt  connaître  le  but  de  son  Toyage  et  l'entretint 
des  dangers  qui  menaçaient  Golmar.  Le  vieux  marédial  parut 
touché  des  preuves  de  résolution  et  de  dévouement  que  la 
ville  avait  données;  il  n'apprécia  pas  moins  les  informations 
sur  la  situation  de  rennenri,  qnll  reeudilit  de  la  houefae  de 
Mogg  :  le  syndic  avait  poussé  la  précaution  au  point  de  se 
munir  de  {)lans  de  Colmar  et  d'une  autre  place  forte,  sans 
doute  de  Brisarh,  Caumont  lui  promit  que  le  roi  couvrirait  la 
ville  d'une  manière  efficace,  et  décida  de  renforcer  la  gar- 
nison par  l'envoi  du  régiment  de  Normandie,  fort  de  dix- 
neuf  compagnies,  sous  le  commandement  de  son  mesire  de 
camp,  Achille  de  Longueval,  seigneur  de  Manicamp.  Mogg  lit, 
i  cette  occasion,  la  connaissance  personnelle  de  cet  ofQcier, 
qui  devait  jouer  à  Colmar  un  rôle  important  et  qui  lui  6t,  dès 
le  premier  abord,  mille  offres  de  service,  allaoi  jusqu'à 
mettre  à  sa  disposition  sa  bourse  et  son  crédit  à  la  cour. 

Gaumont  la  Force  tint  sa  promesse.  Le  jour  même  où 
Mogg  en  donna  la  nouvelle  à  ses  commettants,  le  maréchal 
annonça,  par  une  lettre  du  SS  avril  1685,  datée  du  camp 
d*Eplnal,  à  MM.  les  bourgmestre,  consul  et  sénat  de  Golmar 
que  «  le  roi  appréhendant  que  le  duc  de  Lorraine  n  eftt  des 
desseins  sur  leur  ville,  leur  envoie  M.  de  Manicamp  pour 
veiller  à  sa  conservation  et  commander  aux  gens  de  guerre. 
Cétait,  disait-il,  un  gentilhomme  de  qualité  et  fort  prudent, 
qui  mène  avec  soi  partie  de  son  régiment  ».  Manicamp  trans- 
mit lui-même  cette  lettre  au  magistnU  depuis  Lnpoiitroie.  où 
il  était  le  25  avril,  et  il  annonça  en  même  temps  son  arrivée 


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HBTOmB  DK  LA  QUSRBE  DK  TRENTE  ANS  Ml 

poar  trois  on  quatre  heores  aprèa-midî,  en  damandtiit  à 
être  bien  reçu  et  bien  logé.  La  ville,  d^à  préveDue  par  Hofig 
de  bien  traiter  son  oommandant,  lui  fit  le  meilleur  aecneil  et 
le  logea  à  Saint-Jean. 

Le  eurlendemain,  Manieamp  invita  les  aeigneuries,  ▼illes 
et  bailliages  des  environs  à  lui  envoyer  des  députés,  pour 
conférer  avec  lui  sur  les  moyens  d'assurer  la  conservation 
du  pays,  menaçant  les  contrevenants  de  leur  envoyer  des 
soldats  en  garnison. 

Le  "t  ^^^'^  il  fit  rendre  au  magistrat  et  au  conseil  de 

5  mai  " 

Cîolmar  une  ordonnance  qui  expulsait  de  la  ville,  sous 
trois  jours,  tous  les  réfugiés  qui  n'auraient  pas  pour  six 
mois  de  vivres,  qui  seraient  soupçonnés  de  correspondre 
avec  i'enuemi  ou  qui  auraient  domicile  dans  des  lieux 
oceopés  par  lui;  elle  obligeait  de  plus  tous  les  habitants  à 
dénoncer  ce  qu'ils  apprendraient  du  dehors.  Ces  mesnree 
étaient  d'autant  plus  nécessaires  que,  pea  de  jours  aupara- 
vant, on  avait  dCt  arrêter  des  gens  d'Ammersebwihr  qui 
trafiquaient  avec  la  garnison  de  Brisach. 

Sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  les  Impériaux  occupaient  de 
nouveau  Markolsheim,  Guebwiller  et,  dans  la  vallée  de 
Thann,  Wildenstein,  d'où  ils  étendaient  leurs  ravages  dans 
la  vallée  de  Munster.  Depuis  la  fin  du  mois  d'avril  jusqu'au 
commencement  du  mois  de  juin,  le  dossier  ne  Iburnit  malheu- 
reusement que  des  renseignements  fort  incomplets.  Il  paraît 
cependant  que  le  dur  de  Lorraine  conliiiuait  à  manœuvrer 
dans  la  haute  Alsace,  avec  des  alternatives  de  succès  et  de 
revers.  Dans  une  lettre  du  22  mai  (vieux  style)  Mockhel,  en 
exprimant  à  Colmar  la  part  qu'il  prend  à  ce  qui  lui  arrive 
de  bien  ou  de  mal.  parle  de  l'armée  lorraine  comme  étant  en 
retraite  ou  môme  en  fuite,  mais  regrette  que  MM.  les  Fran- 
çais ne  la  poursuivent  point  De  son  côté,  le  maréchal 
Gauroont  la  Force,  en  annonçant  à  Manieamp,  du  camp  de 
Vaufirey,  le  7  juin  (noovean  style)  la  prise  du  château  de 


Montjoie  (Douba,  canton  de  Saînt-IIippolyte)  où  s'était  réfugié 
le  régiment  de  Saint- Balman  et  où  il  soutint  pendant  plu- 
nears  jours  Teilurt  de  Tannée  française,  ajoute  qu'il  eût 
«  achevé  de  pousser  les  troupes  da  duc  Charles  de  Lorraine 
delà  le  Rhin  >  sans  la  résistance  goe  loi  a?ait  opposée  ce 
ebâteau.  Il  parle  en  môme  temps  ét  Fdrrentruy,  qa'il  (Usait 
infestîr,  et  ne  eonnstt  plos  sur  la  rive  gauche  «  que  Loriel, 
afec  quelques  troupes  de  carabins  qui  tiennent  encore  la 
campagne  >.  Dans  une  entre  lettre  du  80  mai,  Hockhel  accuse 
réception  de  nouTelles  que  Golmar  lui  avait  transmises;  elles 
lui  ttmi  Toir,  dit-il,  combien  Dieu  avait  contribué  à  la  débite 
des  ennemis,  en  leur  envoyant  la  terreur,  la  fttim  et  la  dis* 
corde  ;  il  n*eût  fàllu  que  quelques  milliers  de  chevaux  à  leur 
poursuite  pour  les  anéantir.  Il  ne  doute  pas  que,  si  cette 
situation  avait  été  connue  du  maréchal  la  Force,  et  s'il  avait 
su  qu'il  trouverait  encore  de  quoi  vivre  à  MuDiouse  et  à 
Golmar,  il  aurait  tout  quitté  pour  en  finir  avec  les  Lorrains. 
Il  est  vrai  que,  par  une  de  ces  marches  rapides  qui  lui  sont 
familières.  Jean  de  VVorth.  parti  du  camp  de  Gallas,  en  Fran- 
conie,  avec  deux  régiments  de  cavalerie  et  deux  de  dragons, 
a  dit  son  entrée  à  Brisach;  mais  il  n'a  plus  que  la  moitié  de 
son  effectif  et  ce  qui  lui  reste  de  troupes  est  aussi  exténué 
de  (atigue  que  les  corps  qui  sont  revenus  de  la  comté  de 
Bourgogne. 

Cependant,  il  suiBt  de  sa  présence  pour  rendre  les  Lorrains 
plus  entreprenants.  Leurs  excès  dépassèrent  tout  ce  qu*on 
avait  vu  depuis  le  commencement  de  cette  horrible  guerre. 
Os  mettaient  tout  à  feu  et  à  sang,  ne  respectant  ni  les  églises, 
ni  les  maisons  religieuses,  violant  les  femmes,  égorgeant  les 
enfiints  jusque  sur  le  sein  de  leurs  mères  (lettre  du  S  juillet 
à  la  ville  de  Strasbourg).  Le  résident  de  France  fait  allusion 
à  ces  atrocités  dans  une  lettre  du  g'j^i^j'n'-i  et  ajoute 
par  manière  de  consolation  :  *  Cela  rendra  l'ennemi  d'autant 
plus  odieux  à  Dieu  et  aux  hommes,  et  fera  tant  plus  (ost, 


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HISTOiat:  DE  LA  (iUERBB  »  TBBNTB  AM» 


868 


Tenir  la  Tengeance  di?îne  sur  les  aothears  et  complices  de 
81  exécrables  mcschaoceU».  »  D'après  cette  lettre,  leurs 
ravaiçes  s'étendirent  jusqu'aux  environs  d'Obernay;  Barr  el 
Mitteibergheira  furent  pillés.  La  trahison  leur  livra  Andiau, 
dont  ils  massacrèrent  la  garnison  française  et  OÙ  ils  foulèrent 
aux  pieds  les  armes  et  les  panonceaux  du  roi.  Pendant  ce 
temps,  le  maréchal  la  Force  était  retenu  autour  de  Por- 
renlruy;  il  est  vrai  que  le  prince  de  Condé  el  la  cavalerie 
allemande  s  avançaient  vers  l'Alsace.  Pour  se  consoler  de  son 
abandon,  Colmar  apprit  la  défaite  du  prince  Thomas  de 
Savoie  el  des  Espagnols  à  Aveiu,  yss  les  maréchaux  de 
Chftlillon  et  de  Brézé. 

La  situation  était  réellement  critique.  Manicamp  ne  redou- 
tait rien  d'nn  siège  en  règle,  mais  il  y  avait  tout  à  craindre 
des  surprises  et  de  la  iiunine.  Il  pouvait  y  avoir  connivence 
du  dedans  avec  le  dehors.  Pour  prévenir  les  trahisons,  le 
commandant  proposa,  le  ta  conseil  réuni,  de 

chasser  de  la  ville  tons  les  catholiques  romains,  y  compris 
les  personnes  religieuses,  el,  pour  se  débarasser  des  bouchée 
innliles,  il  voulut  étendre  cette  mesure  k  Tensemble  des 
réfugiés  et  même  à  tous  les  haMtants  qui  n*annient  pas 
pour  trois  mois  de  vivres. 

Il  en  coûtait  tout  autant  à  la  ville  de  se  débarramer,  dans 
ce  moment,  des  catholiques  que,  lors  de  l'approche  des 
Suédois,  de  renvoyer  les  protestants.  Daprès  une  note,  il 
paraît  qu'on  se  borna  à  réunir  les  bourgeois  dans  les  tribus 
et  à  leur  rappeler  leurs  devoirs  de  fidélité.  Quant  aux  bouches 
superflues,  il  y  a  apparence  qu'on  fut  plus  rigoureux. 

Quoique  Manicamp  préparât  les  esprits  à  ne  pas  trop 
compter  sur  l'arrivée  du  maréchal  Caumont  la  Force  —  il 
pouvait,  disait-il,  juger  plus  important  de  poursuivre  ses 
dessins  que  de  chasser  le  duc  de  Lorraine  de  l'Alsace—  il  ne 
laissa  pas  que  de  lui  écrire,  le  18  juin,  ainsi  qu*an  cardinal 
de  la  Valette,  qui  partageait  avec  le  maréchal  le  commande 


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8M 


EIWK  D*AL8Aai 


ment  de  l'armée  française.  A  ce  moment,  Porreotray  vnli 
eapituié  et,  n'eût  été  le  manque  de  subsistances,  rien  ne  les 
empêchait  de  marcher  an  secourB  de  Golmar.  D'accord  a?ec 
le  magistrat,  Manicamp  offrit  jusqu'à  1tO,000  paina  de  muni- 
tion. Les  généraux  français  répondirent  par  deux  billeta 
séparés  que,  sur  cette  assurance,  ils  faisaient  <  état  de 
s'acheminer  droit  sur  Golmar,  de  pousser  le  duc  Charles  et 
de  le  contraindre  à  repasser  le  Rhin  >.  Le  cardinal  de  la 
Valette  promettait  même  qu'on  partirait  dès  le  joar  sairant. 

Si  cette  promesse  avait  été  tenue,  on  aurait  épargné  au 
pays  une  perte  regrettable.  Le  juin,  le  duc  de  Lor- 
raine avait  fait  passer  le  pont  du  Rhin  à  neuf  régiments 
d'infanterie  qui,  le  loiulemain,  mirent  le  siège  dcTant 
Riquewihr.  Celte  ville,  où  tout  le  voisinage  s'était  réfugié, 
n'avait  pour  se  défendre  que  sa  population  et  seiw  soldats 
détachés  de  la  garnison  de  Colraar.  Elle  se  défendit  brave- 
ment, quoique  l'ennemi  eût  mis  en  batterie  six  petites  pièces 
d'artillerie,  et  lui  tua  250  hommes,  y  compris  deux 
lieutenants-colonels.  Manicamp  ne  put  se  décider  à  aban- 
donner ces  braves  gens  et  leur  envoya,  par  les  montagnes,  un 
renlbrt  de  40  soldats,  auxquels  se  joignirent  90  jeunes  vas- 
saux du  comté  de  Horbourg.  Ilalheareusement,  le  guide  ne 
connaissait  pas  le  chemin;  la  petite  troupe  erra  dans  les 
Yosges  pendant  deux  jours,  le  14  et  le  15  juin,  et  finit  par 
se  disperser;  quelques-uns  des  hommes  qui  la  composaient 
parvinrent  jusqu'au  château  de  Bilstein,  d'autres  revinrent 
sur  leurs  pas;  le  reste  fai  massaeré  par  les  gens  dn  val 
d'Orbey. 

Pendant  ce  temps,  les  Lorrains  avaient  pratiqué  une 
brèche,  à  travers  le  double  rempart  de  la  place.  Quand  les 
habitants  les  virent  prêts  à  donner  Fassaot,  ils  demandèrent 
à  capituler  et  ouvrirent  leurs  portes,  moyennant  la  vie  sauve. 
Mais  le  bailli  de  la  seigneurie,  Jean-Richard  Wurmbser,  et 
quelques  membres  du  conseil  furent  emmenés  prisonniers 


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HI8T0IBB  DB  LA  OQBBBB  DC  TBIHTB  AMS 


855 


Oettie  dtt  SO  juin  à  Melchior  ôê  Ilsle  et  à  Jetn-Heuri  Ifogg). 
Après  ee  Buccès,!!  éteit  à  craindre  que  iee  Lorrains  ne  fissent 
éprouTer  ie  même  sort  à  Kaysenberg,  à  RibeauTillé,  à 
Berglieim  et  i  Guéraar,  dont  la  poraession  leur  aurait  fourni 
des  passages  importants  à  trere»  les  Vosges  ou  des  moyens 
d'approfisionnemeni 
En  attendant,  600  chevaux  lorrains  avaient  pris  position, 

16 

le  2g  juin,  k  Tilrkheim,  d'où  ils  détournèrent  le  Muhlbacli. 
Golmar  n'eut  plus  pour  moudre  que  son  moulin  à  chevaux. 
Un  autre  corps  mit  le  siège  devant  Guémar:  un  troisième 
s'achemina  vers  Thann,  pour  se  rendre  maître  du  passage 

L'ennemi  battait  la  campagne  et  brûlait  ou  coupait  les 
récoltes.  On  apprenait  d  autre  part  qu'il  préparait  des  échelles 
de  siège  et  des  gabions. 

Dans  cetle  situation,  Golmar  plaçait  son  unique  espoir 
dans  le  secours  de  la  France.  Cîonforaiément  à  la  demande 
du  maréchal  Gaumoat  la  Force,  on  avait  cuit,  fin  mai  ou  com- 
mencement de  juin,  jusqu'à  SOOOO  miches  de  pain,  en  prévi- 
sion de  la  prochaine  arrivée  de  l'armée.  Mais  au  lieu  de  la 
mener  à  Golmar,  le  maréchal  la  fit  filer  derrière  les  Vosges, 
où  il  espérait  trouver  plus  de  fiudlités  peur  sa  subsistance, 
et  d*où  il  comptait  se  rabattre  sur  TAIsace  par  Saint-IUé  et 
Sainte-Marie.  Soit  que  ce  mouvement  eût  été  contrarié  par 
une  pointe  de  Jean  de  Werth  en  Lorraine,  à  la  tête  de  4000 
cberaux  et  de  600  dragons,  à  travers  le  val  d'Orbey,  soit 
plutôt  que  les  nouvelles  venues  du  bas  Rhin  eussont  obligé 
le  maréchal  à  changer  de  dessein,  Golmar  ne  fut  pas  secouru. 
Pour  venir  à  bout  de  sa  résistance,  l'ennemi  lui  envoya  une 
lettre. où  Ton  prétendait  que  Jean  deWerlh  avait  défait  Tavant- 
garde  française  à  Sainl-Dié,  en  lui  enlevant  vingt  et  quelques 
drapeaux.  Pour  mieux  convaincre  la  ville,  ou  oUrit  de  faire 
flotter  cevS  trophées  à  la  vue  des  habitants. 

Ptndant  ce  temps  les  troupes  françaises  avaient  pris  leurs 
quartien  autour  de  RamberviUer,  de  Saint-Dié,  de  Baon- 


266 


BBTUB  D'âîAâXM 


l'Etape,  de  Bltmoot,  où  leur  général  leur  réaerrait  deoz  ou 
trois  jours  de  nfratchisseroeots.  Ce  fut  alors  qu'an  a?ia  du 
prinoe  Bernard  de  Saze-Weimar  apporta  à  Gaomont  la  Force 
la  nourelle  que  Galles  avait  passé  le  Rhin  i  Phillpebonrg, 
à  la  tête  d'nne  puissante  armée.  Une  dépêche  de  Henri  U, 
prince  de  Gondé,  qui  commandait  à  Mets,  conOrma  le  Ikit  et 
lui  apprit  en  même  temps  que  l'armée  que  le  roi  formait  à 
Langres.  devait  entrer  en  campagne.  L'ennemi  se  conwnlrait 
de  son  cùle,  el  le  duc  de  Lorraine  devait  se  joindre  à  Galias, 
afin  de  faciliter  le  passage  du  Rhin  à  Piceoloraini,  qui  allait 
en  Flandre  renforcer  le  cardinal  infant.  Telles  furent,  d  apr»is 
une  lettre  sans  date  adresisée  à  la  vilie  en  réponse  à  ses  trois 
appels  des  ij'  '  '  juin,  les  raisons  qui  obligèrent  le  maré- 
chal à  renoncer  à  ses  premiers  pians, et  à  se  porter  au  secours 
de  Tarmée  suédoise.  Le  ^join,il  arait  son  quartier  général 
à  Lunéville. 

Abandonné  ainsitColmar  se  retoarna  vers  la  cour  de  France. 
Le  greffier-syndic  était  encore  à  Paris,  fin  prenant  congé  de 
lui  à  Epinal,  le  msrécbalGaumont  la  Force  a?ait  remis  à  Mogg 
d'importantes  dépêches^  qui  doraient  lai  procnrer  le  moyen 
de  ?oyager  en  coorrler.  Malgré  cela,  il  épronva  des  retards 
dès  Nancy  et,  faute  de  chefaoz  de  poste,  il  dnt  encore  s'arrê- 
ter à  Tool.  Ge*  contretemps  se  renouvela  à  divenes  reprises, 
an  point  qu'il  dut  ftiire  une  poste  à  pied  et,  à  partir  de  Ghâ- 
lons,  quelques  autres  par  eau.  Gela  ne  l'empêcha  pas  de  faire 
une  si  grande  diligence, qu"il  arriva  le  ,![^  avril  à  Gompiè^ne, 
où  Louis  XIII  s'était  arrêté^en  se  rendant  en  Picaidie.  une  heure 
seulement  après  le  chancelier  Oxenstiern,  qui  était  en  roule 
depuis  le  commencement  du  mois  (lettres  du  ,  de  Paris). 

Dès  le  lendemain  Oxenstiern  eut  audience  du  roi,  de  la  reine 
et  du  cardinal  Richelieu,  où  il  fut,  suivant  une  expression 
de  Meichior  de  Tlsle  (lettre  du  ^  mai)  eztraordinaire- 
ment  bien  reçu.  Le  député  de  Colmar  le  suirit  partout- 
Bicheiien  rendit  sa  fisite  an  chancelier,  et  quand»  le 


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HISTOIBK  DE  LA  QUBB&B  DE  T&KNTK  ANS 


257 


diuMnche  19  «rril,  il  prit  eoogé  dé  Loois  XIII,  Sa  Majesté 
Itti  fil  présent  d*0B  diamaot  de  dix  mille  éeus  et  de  son  por- 
trait enriehi  de  pierreries.  Mogg,  de  son  côté,  agissait  auprès 
du  grand  chancelier  de  Suède;  sur  ss  demande,  il  rédigea 

un  mémoire  relatif  à  l'objet  de  sa  mission.  Le  lundi,  la  cour 
reprit  sa  route  pour  Roye  et  pour  Péronne,  pendant 
qu'Oxenstiern,  accompagné  de  Tambassadeur  ordinaire  de 
Suède,  le  célèbre  Hugo  Grotius.  parlait  pour  Paris.  .Mogt;  le 
suivit  encore,  et  dans  l'impossibilité  où  se  trouvait  le  chdti- 
celier  de  s'occuper  des  alTaires  de  Colmar,  il  recommanda  à 
Grotius  de  prêler  son  appui  au  syndic.  De  i^aris,  Oxenstiern 
se  rendit  à  Dieppe,  où  se  trouvaient  deux  vaisseaux  de 
guerre  équipés  pour  lui  et  où  il  s'embarqua  le  ^4      '  » 

Une  lettre  du  -jy  mai  nous  donne  des  détails  sur  Irs  premiers 
tempe  da  séjour  de  Hogg  i  Paris.  Grotius,  accablé  d'autres 
soins,  ne  témoigna  pas  d*abord  beaucoup  d^empressement 
pour  les  intérêts  Je  Colmar,  et  le  syndic  se  plaint  amèrement 
de  la  perte  de  temps  qui  en  résulte  pour  lui.  Chaudement 
recommandé  par  Hanicamp  à  sa  femme,  le  syndic  lui  rend 
fisite  et  en  est  fort  bien  reçu,  en  considération  de  raccneil 
que  son  mari  avait  trouvé  i  Colmar.  Elle  Teut  le  r^olndre 
an  plus  tôt.  ne  pouvant  rester  plus  longtemps  séparée  de 
lui;  elle  parait  à  Mogg  une  femme  héroïque. 

Il  exisle  deux  lettres  du  mai  :  l'une  parle  surtout 
de  la  marche  des  négociations,  que  rcloi};nement  de  la  cour 
retarde  beaucoup.  Ce  nest  que  le  vendredi  15  (pie  (îrotius 
quitta  Paris,  avec  Mo^jj;,  pour  rejoindre  le  roi.  Une  indisposi- 
tion avait  fuit  conlremander  le  voyage  que  Sa  Majesté  voulait 
faire  à  Langres  et  l'obligeait  à  ret  )urner  à  Saint-Germain. 
Louis  XIH  était  en  ce  moment  à  Château-Thierry,  le  cardinal 
Richelieu  tout  près  de  là,  à  Gondé,  où  les  affaires  se  trai- 
taient et  où  Grotius  et  son  client  rejoignirent  le  ministre. 
Mogg  s'aboudia  avec  le  surintendant  des  finances.  Claude 
Bouthillier,  et  le  secrétaire  d*état  Servien,  chargés  tous  deux 

NmwéO»  Séito  -  r  Aonée.  17 


868 


BBVUB  D'ALBAOB 


de  reoeroir  Ba  demande.  Il  n*a  pins  qu'à  se  louer  do  sèle  et 
de  la  bonne  Tolonté  de  Grotius,  mais  se  lamente  sur  les 
dépenses  de  son  séjonr  à  Paris  et  à  la  suite  de  la  cour,  dont 
il  donne  quelques  chiffres. 

Dans  la  seconde  lettre,  Mogg  entretient  ses  commettants  de 
ses  démarches  auprès  du  munitionnuire  général  Roset,  qui 
devait  régler  des  avances  faites  par  la  ville  à  la  garnison 
française,  et  qui  répondait  aux  plus  justes  réclamations  par 
les  plu3  mauvais  subterfuges.  Il  parle  également  de  la 
victoire  d'Avein  qui  causait  une  allégresse  générale. 

Dans  une  lettre  du  28  mai.  le  député  de  Colmar  annonça 
enfin  que  le  samedi,  23  du  mois,  il  avait  eu  une  audience 
du  roi,  qui  avait  daigné  lui  donner  des  espérances  pour  le 
succès  de  sa  mission.  Elle  fut  suivie,  le  25,  d'une  audience 
chea  Richelieu .  Son  Eminence  lui  parla  dans  les  meilleurs 
termes  du  cèle  du  magistrat  de  Oolmar  ponr  les  intérêts  de 
Sa  Higesté,  dont  H.  de  Manicamp  Tenait  encore  de  lui  rendre 
témoignage.  Aussi,  qoota-t-elle,  quoique  M.  de  llsle  ne  Iftt 
pas  autorisé  à  traiter  avec  la  ?ille,  elle  ne  laissera  pas  que 
d*épionver  les  effets  de  la  bienreillanee  royale.  Le  conseil 
secret  fiit  saisi  de  la  demande  en  ratification,  et,  à  k  snite  de 
sa  délibération,  Serrien  dit  à  Mogg  :  «  Vos  affaires  Tont 
bien  »  La  cour  était  encore  fc  Ghfltean-Thierry,  et  prenait  ses 
dispositions  pour  aller  à  Fontainebleau. 

Trois  jours  après.  le  81  mai,  Mogg  écrit  encore  à  Golmar. 
Il  s'inquiète  de  ne  pas  recevoir  de  nouvelles,  mais  il  espère 
une  prompte  expédition  et  soupire  après  le  moment  où  il 
pourra  retourner  chez  lui,  quoiqu'il  ne  se  fasse  pas  illusion 
sur  les  difficultés  qui  l'attendaient  encore.  Une  lettre  du 
juin,  de  Paris,  apprend  que  les  négociations  n'avan- 
fiaient  pas:  Mogg  est  d  autant  plus  découragé  qu'une  fluxion 
le  prive  momenlanéntent  de  T usage  de  Toheille  droite. 

La  ville,  de  son  côté,  avait  hâte  de  le  voir  rentrer.  Dans 
les  périls  que  lui  eréait  la  campagne  des  Lorrains  en  Alsace, 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DE  liiKNTE  ANS  2Û0 

le  syndie  était  indispensable.  Elle  lai  écrivit^  le  }^  et  le 
juin,  pour  lai  recommander  de  ne  pas  rester  davantage, 
si  son  départ  ne  compromettait  pas  le  sacefts  de  sa  mis- 
sion. 

Ge  ftit  ft  ce  moment  que  Golmar  reconrat  au  gouvernement 
de  Louis XIII,  pour  ubtetur  le  secours  que  Caumonf  la  Fori^e 
ne  pouvait  plus  lui  donner.  Le  magistral  employa  à  cet  effet 
Melchior  de  ilsle  et  la  ville  de  Strasbourg  (^lettrcâ  du  juin 
et  (lu  >M  juillet). 

Cependant  les  négociations  traînèrent  pendant  tout  le  mois 
de  juillet.  11  est  permis  de  croire  que  les  miDistres  de 
Lonis  XUI  auraient  mieux  aimé  traiter  Golmar  comme  une 
conquête  cédée  à  la  France  par  la  Suède,  que  comme  an  allié 
et  un  client.  On  a  ?n  que  Richelieu  n'était  pas  encore  revenu 
de  son  premier  sentiment  sur  la  valeur  de  la  convention 
conclue  entre  Mockhel  et  de  Tlsie.  Des  considérations  particu- 
lièrss  modifièrent  ces  vues.  A  la  suite  des  préliminaires  de 
Pima  et  de  la  paix  de  Pragae,  entre  Temperear  et  Télecteur  de 
Saxe^des  villes  et  des  princes  protestants  avaient  prêté  lV>reille 
à  des  propositions  d'accommodement.  Strasbourg  surtout  sem  • 
Iflsit  disposé  à  se  rapprocher  de  la  maison  d'Autriche.  La 
crainte  de  voir  Colmar  se  retourner  du  même  côté,  dans  un 
moment  où  cette  ville  était  l'unique  place  d'armes  de  la 
France  audelà  des  Vosges  et  le  meilleur  appui  de  sa  puis- 
sance, rendit  le  cardinal  plus  traitable;  seulement,  au  lieu  de 
se  borner  k  ratifier  un  acte  non  avenu,  on  convint  de  dresser 
un  nouvel  instrument,  dont  la  rédaction  ne  laissa  pas  que 
d'être  laborieuse,  à  en  juger  par  divers  projets  joints  au 
dossier,  un,  entre  autres,  daté  de  Fontainebleau  1"  juillet.  Ge 
ne  fut  que  le  i**  août  que  Hogg  et  le  secrétaire  d'état,  Léon 
Bouthillier,  apposèrent  leurs  signatures  au  bas  d'un  traité  en 
donie  articles,  daté  de  Ruel,  que  le  roi  ratifia  le  8  août,  à 
Chantilly,  sous  le  contre-seing  de  Boathillier  le  surintendant, 
père  du  secrétaire  d*état. 


980 


BBTUB  D'aLBACB 


Pir  Tartide  1",  It  Tille  déelare  être  intentionnée  de  pcraé- 
Térer  dans  rallianee  faite  à  Heilbronn  le  19  arril  i688,  et 
depuis  ratifiée  à  Francfort,  le  5  septembre  de  la  même  année, 
et  de  ne  pas  s'en  départir,  nonobstant  tous  le^  autres  traités 
de  paix. 

Par  l'article  2,  le  roi  promet  que  la  ville  serait  comprise 
dans  le  traité  de  [»aix  général  ;  en  attendant,  il  la  reçoit 
en  8a  protection  ju-^qu  à  la  pacification,  «  laquelle  arrivant, 
ladite  ville  sera  remise  en  l'état  au(|i)ol  elle  était  arant  les 
troubles  d'Allemagne  et  de  Bohême,  en  1618  >. 

L'article  3  maintient  à  la  rille  ses  privilèges,  immanités, 
droits  et  coutumes. 

L^artieie  4  dispose  que  le  roi  ne  fera  aneane  innoyation 
dans  It  gonTemement  de  la  yïïie,  dont  les  affidres  d^état  et 
de  Jostioe  restent  confiées  aux  magistrats,  Hans  qu'il  soit  rien 
changé  à  Téleotion  et  à  la  Jnridiction,  au  nombre  et  à  la 
qualité  des  personnes. 

L*article  5  garantit  anx  catholiques  le  libre  exercice  de 
leur  culte,  anx  maisons  religieuses  la  jouissance  de  leurs 
biens;  le  roi  n'interFiendra  pas  pour  presser  la  Tille  de 
recevoir  de  nouveaux  ordres.  Au  culte  protestant.  Sa  Majesté 
assure  le  bénéfice  des  traités  de  ileilbronn  et  de  Francfort. 

L'article  6  Oxe  la  garnison  ordinaire  à  GOO  Imniraes  et  à 
50  carabins;  en  cas  de  besoin,  le  roi  pourra  dépasser  ces 
chiffres.  Les  travaux  de  fortificalion  seront  à  sa  charge,  sauf 
les  prestations  bénévoles  des  habitants. 

L'article  7  garantit  prompte  et  bonne  justice  an  soldat 
contre  le  bourgeois,  au  bourgeois  contre  le  soldat. 

L'article  8  réserve  à  la  ville  la  distribution  des  logements 
militaires. 

L*article  9  autorise  la  ville  i  maintenir  quelques  bourgeois 
à  la  garde  des  portes. 

L'article  iO  stipule  qu'après  la  paix,  les  canons,  armes  et 
munitions  dont  il  a  été  dressé  un  inventaire  seront  restitués 


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HOTOIBB  DB  L4  OmOU»  1S  TBUITB  A218  2Sl 

à  la  ville  et  qne,  sanf  les  munittons  néoenaires  à  sa  défense, 
on  lui  tiendra  compte  de  toutes  eèlles  qui  seront  employées 
pour  le  service  du  roi. 

L'article  il  maintient  le  partage  des  deft  de  chaque  porte 
entre  le  gouverneor  et  robristmestre. 

Enfin,  rarticle  H  réserve  à  la  ville  la  fiieolté  de  corres- 
pondre avec  les  antres  confédérés  de  Heilbronn. 

Outre  plusieurs  copies  sans  authenticité,  le  dossier  ren- 
ferme deux  exemplaires  originaux  du  traité  proprement  dit 
et  un  exemplaire  scellé  et  signé  avec  la  ratification;  plus  un 
mandement,  du  3  août,  adressé  aux  chefs  de  corps  pour 
en  assurer  rexécution. 

Celte  capitulatiou  faisait  la  part  assez  belle  à  la  ville,  avec 
laquelle  le  roi  de  France  ne  dédaignait  pas  de  traiter  d'égal 
i  égal,  et  ne  démentait  pas  le  rôle  de  défenseur  des  libertés 
germaniques  quil  s'arrogeait.  Ëlle  fui  accompagnée  d'une 
mesure  provoquée  par  la  ville,  qui  augmentait  son  impor- 
tance en  même  temps  qu'elle  étendait  les  attributions  de  son 
eommandant  militaire  :  c*est  la  nomination  de  llanicamp 
comme  gouverneur  de  la  hante  Âlsaee  c  pour  li  conserva- 
tion des  villes  de  Ciolmar,  Seblestadt  et  autres  importantes 
places  et  châteaux  du  pajs  >.  La  commission  est  datée  du 
t  août;  mais,  dès  la  veille,  le  roi  écrivait  de  Chantilly,  sous 
le  contre-seing  de  Servien,  à  ses  «  très  chen  et  bons  amis  de 
la  ville  impériale  de  Golmar  »,  qu'ayant  été  informé  comme 
par  le  passé  il  y  a  eu  «  un  chef  qui  avait  l'autorité  dans 
toute  la  haute  ALsace  »,  il  avait  choisi  le  sieur  de  Manicanip 
«  pour  lui  donner  ladite  autorité,  avec  pouvoir  d'avoir  l'œil 
et  le  commandement  dans  tous  les  pays  de  la  haute  Alsace  »; 
il  leur  en  donne  avis  «  pour  qu'ils  le  reconnaissent  et  lui 
obéissent  en  tout  ce  qu'il  pourra  ordonner  pour  leur  défense 
et  sûrsté,  lui  rendant  au  surplus  les  honneurs  qui  lui  sont 
dus  >.  Le  roi  écrivitf  le  4  août,  une  seconde  lettre  à  la  ville 
de  Golmar,  sous  le  contre-seing  du  surintendant  BouUùUier, 


263 


BEVDB  D*ALSkCM 


pour  lui  exprimer  sa  satisfaction  d'aToir  pu  lui  «  accorder 
des  articles  tels  qu'elle  pouvait  désirer  i  avec  une  mention 
fort  bonorable  pour  la  bonne  conduite  de  son  député.  Mogg 
obtint  un  autre  témoignage  non  moins  flatteur  de  Hugo 
Grotius,  qui  le  chargea  d'une  belle  lettre  autographe  en 
latin  pour  les  eonsnla  et  lea  aénateura  de  Golmar. 

Cependant  Manîcamp.  qne  le  petit  nombre  de  soldats  sons 
ses  ordres  avait  réduit  à  se  tenir  sur  hi  défensiTe,  avait 
demandé  et  obtenu  de  son  gouTemement,  le  8  juillet,  la 
permission  de  lever  une  compagnie  de  mousquetaires  à 
cheval,  pour  renforcer  sa  garnison.  Four  former  ce  corps,  on 
fit  appel  aux  habitants  et  il  se  présenta  soixante-sept  jeunes 
bourgeois,  qui  prêtèrent  serment  au  roi  de  France,  aux 
Etats  confédérés  et  à  leur  commandant  Manicamp. 

Le  service  de  cette  petite  cavalerie  n'était  pas  un  service 
de  parade,  et  plusieurs  de  ses  hommes  tombèrent  entre  les 
mains  des  Impériaux,  qui  les  menèrent  n  Brisarh.  Manicamp 
offrit  au  gouverneur  de  cette  place,  Jean-ilenri  de  Reinacb, 
qui  s'illustra  plus  tard  en  la  défendant  contre  le  duc  de  Saxe- 
Weimar,  de  les  échanger  contre  des  Impériaux.  La  ville 
joignit  ses  instances  à  celles  de  Manicamp,  mais  celte  double 
démarche  n*ent  aucun  succès.  Reinach  répondit  à  Manicamp, 
le  4  aoftt  (nouveau  style)  qu'aucun  des  pridonnSers  ne  vou- 
lait avouer  qu'il  lût  soldat  ou  cavalier  au  service  du  roi,  et 
que,  tout  au  contraire^  ils  cherchaient  à  se  couvrir  de  leur 
qualité  de  bourgeois  de  Golmar;  ainsi  l'usage  de  la  guerre 
ne  permet  pas  de  les  échanger.  L'original  de  cette  lettre, 
écrite  en  français,  existe  au  dossier.  La  réponse  à  la  ville 
n'est  connue  que  par  une  lettre  de  Mockhel,  du  -j^  août,  à 
qui  le  magistrat  s'était  plaint  du  procédé  du  gouverneur  de 
Brisach.  D'après  cette  dépêche,  il  semble  que  celui-ci  refusa 
même  de  faire  quartier  aux  prisonniers,  alléguant  la  trahison 
dontColmar  s'était  rendu  coupable,  en  renonçant  à  ses  devoirs 
de  sujet  envers  la  maison  d'Autriche,  pour  recevoir  la  loi 


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HUTOIBB  DB  L4  OmtBBB  OB  TBBITB  AMB 


968 


d'onsoaveriin  étranger.  Mockhel  consola  la  rille,  en  luifoisant 
nmtrqaer  qii*eUe  était  Taasale  de  l'Einpire  el  non  siigette 
de  la  maiaon  d*Aotriche,  et  qae  c'était  précisément  poor  ne 
pas  être  réduite  à  cela,  qne  l*Alleiiiagne  arait  pris  les  armas, 
et  que  ai  CSolmar  avait  accepté  la  protection  du  rd  de  France, 
il  n'arait  liiUt  que  soim  Fezempte  qne  d'aotrea  lui  don- 
naient An  reste,  ajoutait  le  résident  de  Suède,  la  lettre  de 
Reinadi  est  de  celles  qu'on  sltandonne  à  la  jnstice  de  Dieu  : 
Bn  une  seule  noit,  il  peut  accomplir  de  grands  changements. 

A  ce  moment,  on  ne  savait  encore  rien  de  Mogg.  Dans  sa 
lettre,  Mockhel  admire  qu'il  puisse  larder  si  longtemps  à 
revenir.  La  première  nouvelle  de  l'heureuse  issue  des  négo- 
ciations semble  avoir  été  apportée  par  le  vicomte  de  Roussilly, 
envoyé  du  gouvernement  français,  dont  Mockhel  mande  l'ar- 
rivée à  Strasbourg  dans  une  lettre  du  10  août.  C'est  de  lui 
qu'il  apprit  que  Mogg  avait  obtenu  du  roi  tout  ce  que 
CSolmar  sollicitait.  Le  greffier  aurait  même  dû  rerenir  en 
Alsace  à  la  suite  de  ce  diplomate,  mais  des  drcoostancea 
impréfuea  TaTaient  obligé  à  reculer  son  d^»art. 

La  mission  de  Roussilly  a?ait  précisément  poor  bot  d*em- 
pécber  la  Tille  de  Strasbourg  et  le  duc  de  Wartemberg  de 
iiûre  leur  paix  particulière  aTec  FEmpire.  Strasbourg 
était  déjà  engagé  an  point  qu'il  avait  euToyé  son  syndic  à 
Worms,  oA  le  roi  de  Hongrie  se  trouTsit  alors.  Une  lettre  de 
Louis  XUIt  appuyée  de  Téloquence  de  Roussilly,  parait 
aToir  ramené  cette  ville;  mais  le  bruit  de  sa  défection  n'en 
courut  pas  moins  dans  tonte  l'Alsace. 

Mogg  ne  quitta  point  Paris,  sans  prendre  congé  des  per- 
sonnages avec  lesquels  il  avait  eu  l  lionneur  de  traiter.  En 
lui  accordant  une  dernière  audience,  le  cardinal  Richelieu 
se  montra  particulièrement  gracieux  pour  le  député  de 
Col  ma  r;  il  l'assura  que  la  protection  de  Sa  Majesté  ne  serait 
pas  vaine,  et  que  la  ville  pouvait  compter  d'être  assistée  avec 
autant  de  aële  que  Paris.  L'un  des  agenta  arec  lequel  il 


864 


UVUB  d'alsacob 


paraît  avoir  en.  dans  les  derniers  temps,  de  fréquents  rap- 
ports. 1g  fameux  père  Josejih,  le  char^rea  pour  sa  part  de 
faire  à  la  ville  de  Strasbourg  des  représentations  sur  ses 
pourparlers  avec  !e  roi  de  Hongrie. 

Eu  revenant  en  Alsace,  le  greffier-syndic  tronra  sur  son 
chemin  le  duc  de  Lorraine  et  Jean  de  Wertb,  occopaot 
Sarralbe,  Sarreguemines,  Dieuze  et  Marsal.  Leur  présence 
rarréta  une  première  fois  à  Bar-le-Duc.  Ne  pouvant  passer 
outre,  il  ee  rendit  à  Metz,  d'où  il  écrifit,  le  28  et  le  25  août, 
au  père  Joseph,  et  se  décida  enfin  à  partir  pour  Straaboarg, 
muni  d*nn  passeport  du  comte  Lonis-Guillaome  de  Nassan- 
Saarbrflck,  en  date  do  16  août 

A  Strasbourg,  il  se  mit  en  rapport  afec  les  chetii  de  la 
dté.  Il  se  prévalut  de  la  misràon  dont  le  père  Jfoseph  Tafait 
chargé,  an  nom  du  roi,  pour  leur  rappeler  la  fidélité  quMls 
devaient  aux  deux  couronnes  de  France  et  dt  Suèdt,  ainsi 
qu'à  leurs  confédérés,  aux  termes  des  deux  traités  de  Heil- 
bronn  et  de  Francfort,  et  il  réussit  à  ohlenir  de  nouvelles 
assurances,  conformes  à  celles  qu'on  avait  déjà  données  au 
vicomte  de  Roussilly. 

Enfin,  il  rentra  à  Golmar  après  une  absence  de  plus  de 
quatre  mois.  La  ville  et  M.  de  Manicamp  échangèrent  les 
ratifications  du  traité.  Mogg  fit  part  au  père  Joseph  de  Tac- 
complissement  de  cette  formalité,  par  une  lettre  du  ~  sep- 
tembre, où  il  lai  annonce  en  même  temps  que  Manicamp 
«  a  pris  par  finesse,  vaillance  et  industrie  le  fort  châtean  de 
Honaek,  appartenant  i  H.  de  Ribanpierre^  par  lequel  on  peut 
empéeher  le  passage  entier  du  Bonhomme  ».  Dès  le  ||-  sep- 
tembre, la  Tille  avait  écrit  des  lettres  de  remerdments  au 
roi,  an  cardinal  de  Richelieu,  à  H.  desNorers,  à  UM.  Bonthil- 
Uer  père  et  fils,  au  père  Joeeph  et  à  Grotius.  Un  officier  de 
la  garnison,  nommé  Masson,  envoyé  sans  doute  par  Mani- 
camp pour  porter  à  la  cour  la  ratification  de  la  ville  de 
Golmar,  se  chargea  de  remettre  ces  dépêches  à  leur  adresse 


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HBTCHBB  DE  LA,  OQBBBB  DB  TBBm  AMB  265 

•t  d*appayer  direraes  demandes  de  la  fille,  tendant  à  obtenir 
do  blé  pour  las  habitants  et  la  garnison,  l*autorisation  de 
lever  une  compagnie  de  dragons  et  llntervention  du  gouver- 
nement pour  se  (kire  rembourser  par  Haguenan  une  somme 
de  5000  batagnons  ou  rixdales  que  Golmar  lui  avait  avancée 
en 

X.  MOSSMANN. 


NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SUR  LES 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 


Suite 


CLÉMENT. 

Octobre  1798.  Membre  de  la  propagande  révolutionnaire 
19  décembre  — .  Aux  jacobins,  il  vote  la  mort  des  suspects 
après  triage. 

CLERC. 

Octobre  1793.  H  arrive  à  Strasbourg  comme  membre  de  la 

propagande  révolutionnaire. 
19  décembre  — .  Aux  jacobins,  il  vote  la  mort  des  suspects 

reconnus. 

GOHENDET  (Joseph). 

1728.  NéàSaravane. 

1791 .  Capitaine  retraité  à  Strasbourg,  il  est  reçu  membre 

de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
7  février  1792.  Il  reste  au  Miroir  avec  les  jacobins. 
25  octobre  1704  II  y  est  encore  inscrit 


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LIS  H0II1B8  DE  LA  BÉTOUmON 


967 


GOLLOMBEL  (Hypouib). 

Ancien  officier  de  dragons. 

1789.  Fabricant  d'indiennes  à  Sainte-Marie-aux-lfines. 

1790.  Il  entra  dans  les  fonctions  publiques. 
179*2.  Présideut  du  département  du  Haut-Rhin . 

1793.  Délégué  pour  faire  partie  du  Comité  central  des  sub- 
sistances, formé  à  Strasbourg  par  les  représentants 
Milhaud  et  Guyardin. 

1794.  Renvoyé  de  Tadministration  par  Hérault  do  Séchelles, 
et  en  mars  suivant  rappelé  par  le  représentant  Fous> 
sedoire . 

17  janvier  1795.  Maintenu  administrateur  par  Bailly  ;  mais 
il  donna  sa  démission  en  mars  suivant  et  se  retira  à 
Sainte  Croix^ux-BUnes»  où  il  remplit  longtemps  les 
fonctions  de  maire. 

COMBA. 

95  novembre  1793.  Chasseur  du  comité  secret  de  surveil- 
lance et  de  sûreté  générale  du  Bas-Bhin,  membre 
du  dub  des  jacobins,  il  est  mis  en  arrestation  par  le 
maire  Monet,  et  les  scellés  serontmis  sur  ses  eflfots  et 
papiers  à  la  diligence  de  BOrckigt  et  de  Zitsentzer. 

GOMBÉS  (PlERBB-MàlHIED). 

175().  Né  à  Crospin. 
Avant  1780.  Militaire. 

Juin  1794.  Gomme  tel,  il  est  reçu  membre  des  jacobins. 

CONDÈRE  (Raimond-Jean). 

1760.  Né  à  Toulouse. 
1789.  Militaire. 

1793.  Officier  au  93  régiment  d'infanterie  de  ligne. 

12  décembre  — .  11  est  reçu  membre  des  jacobins  au  Miroir. 

26  octobre  1794.  U  y  est  encore  inscrit. 


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CONRAD  (Paul). 

1784.  Né  à  Fleizlieim,  TÎUage  du  Pâlatinat 

Avant  1788.  Tisserand  à  Strasbourg. 

Ayril  1790.  Gondeige  de  la  Sodété  des  amis  de  la  GonsUto- 

tion  au  BGroir,  dont  fl  est  membre. 
7  février  1792.  Maintenu  à  son  poste  par  le  dnb  des  jacobins. 
25  octobre  1794.  Il  y  est  encore  comme  secrétaire. 

CORDOUAN  (Louis-Aimable). 

1771 .  Né  à  Montbourg. 
1789.  Armurier. 

1793.  Ouvrier  à  l'arsenal  de  Strasbourg. 

20  avril  au  25  octobre  1794.  Membre  des  jacobins  au  Miroir. 

GOTTA  (Ghbibiofhb-Fbédébiq). 

1754.  Né  à  Stuttgart. 

Encore  un  de  ces  Allemands  qui  est  venu  s^abattre 
dans  Strasbourg  pour  y  apporter  les  soi-disant  prin- 
dpes  d*ordre  et  de  lib^. 

Avant  son  arrivée»  il  était  docteur  de  FAcadémie 
ducale  de  Wurtemberg,  avocat  et  rédacteur  de  la 
QaseUe  de  SMtffordt. 
15  juin  1790.  H  se  fait  connaître  à  la  Société  des  amis  *de 
la  Cîonstitution  à  Strasbourg  psf  1a  lettre  suivante  : 
Messieurs, 

Ha  situation  ne  m'a  pis  permis  de  célébrer  avec  vous  votre 

{6{c  \  mais  j'ai  fait  ce  qui  m'a  Hi"  jMissiMe,  seul  j'ai  consarrt>  la 
maliiiée  de  ce  juur  aux  renexious  sur  la  liberté,  l'ordre  et  sur  le 
despotisme,  ce  mauvais  génie,  qui  de  tous  les  temps  s'est  placé 
eatre  ces  deux  Msurs  pour  les  anusiner.  le  bénis  le  moaientqui, 
l^anate  passée,  a  décidé  de  la  liberté  de  toute  une  nation,  et  en 
même  temps  de  la  liberté  future  de  toute  la  famille  humaine.  Je 
bénis  ce  jour  d'aujourtriiui  où  mes  frères  aii-dela  du  Uhiu,  sur 
les  limites  de  notre  patrie,  jadis  commune,  pruuveul  aux  AUe- 
mands  ce  que  peuveat  des  hommes,  ce  que  doivent  foire  des 
dloyeas.  Je  bénis  d*avanoe  le  Jour  qoi  va  bientôt  arriver,  où  lé 
peuple  précurseur  des  autres,  entendra  jurer  tous  ses  enbnis,  de 
sacrifier  la  vie  pour  le  maintien  de  la  liberté  oonArmée  par  la  loL 

*  Celle  de  la  confédératioa. 


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us  H0IIIII8  M  LL  BtVOLOnON  M 

loi  ao'vsi  j*;n  jiiri^  aujuiir  Thiii  (IN'tre  flilèlf^  à  la  liberté  jusqu'à 
la  mort,  et  j'ai  juré  amilie  elfrin-iic'  à  vous,  <|iii  irèti's  sépares  de 
moi  que  par  les  circousianees,  mais  auxquels  je  suis  lie  par  l'i- 
deoUté  de  but  et  de  hçm  de  penser.  C'est  ce  qoe  f  atteste  Ici 
devtat  Dieu,  et  vous  supplie  de  m*:uiopUT  dans  votn-  Société 
comme  aiitiMir  d»'  la  C.nz'  tle  de  SliUt'^iirdt  et  du  Journal  de  la 
littérature  jH)iiliqiii'  uUcmande,  en  qualité  de  pmffSM'iir  en  droit 
uaturel  et  public  à  ruuivcrsilc  de  celte  ville,  et  partout  daus  mes 
discours  ^  dans  mes  écrits  je  me  suis  montré  défeoseur  des  droits 
de  l'Iwmme  et  de  citoyeo  et  nommément  de  la  nation  ft^nçaise, 
pt  je  mourmi  dans  ces  sentiments.  J'observerai  religieusement  ce 
dont  vous  vondre/,  me  char^jer  à  cet  épird.  Accordcz-nioi  ma 
prière.  Messieurs,  je  le  reg;irderai  comiue  un  grand  houueur  et 
j'en  serai  éternellement  reconnaissant. 

98  juin  1790.  Reçu  membre  de  ladite  Société. 

9  juillet—,  n  écrit  de  nouveau  à  la  Société  pour 

déclarer  en  place  de  serment,  sa  disposition  ferme  el  sérieuse 
de  défendre  de  tmites  ses  forces  la  liberté  civique,  d'aimer  luus 
les  hommes  comme  frères,  d'estimer  ceux  qu'il  trouve  animés 
dtN  méines  sentimens,  nomménifut  la  nation  française,  ses 
représentants  législateurs  et  sou  Monarque,  et  d  exciter  ou  favo> 
riser  ces  mêmes  dispositions  parmi  ses  ooneitoyens. 

1790.  Arrivé  vers  la  fin  de  cette  année  à  Strasbourg,  il  y 
publia  le  Stra»hurgieche»  poliHtchet  Joumalt  qui  prit 
fin  en  1793. 

7  ffivrier  1793.  H  passe  aux  |aoobins  du  Miroir;  il  était  alors 
âgé  de  88  ans. 

37  janvier  1798.  H  signe  àMayenoe,  secrétaire  prés  la  Direc- 
tion générale  des  postes  allemandes. 

18  octobre  — .  n  assiste  à  rassemblée  générale  des  autorités 
constituées,  du  iMuple  et  des  Sociétés  populaires, 
dans  le  temple  de  la  Raison  à  Strasbourg. 

34  octobre  — .  Adjoint  au  Comité  de  surveillance  des  jaco- 
bins pour  procéder  à  la  nomination  des  trois  corps 
administratifs  révolutionnaires  de  Strasbourg. 

28  octobre  — .  Commissaire  chargé  d'arrêter  les  anciens 
employés  de  tx>ut  grade,  tels  que  baillifs,  prévôts, 
huissiers,  forestiers  seigneuriaux  et  les  plus  riches 
aristocrates, 

5  novembre     Elu  officier  municipal 


930  nruB  d*al8aob 

21  novembre  1793.  Chargé  par  Monet  de  la  visite  du  Sémi- 

naire, de  diviser  les  prisonniers  en  trois  classes,  les 
innocents  à  élargir,  les  suspects  à  déporter  et  les 

dang-ereux  à  transférer  à  Besançon. 

80  novembre  — .  Sa  dénonciation  au  Comité  de  surveillance 
et  de  sûreté  générale  du  Bas-Htiin,  concernant  Heii- 
ner,  Kiiliner  et  Pape,  sera  envoy/'L»  à  Paccusateur 
militaire  Bruat  avec  les  pièces  de  Xoumjuu. 

2décembrf  — .  Il  s''oppost3  à  la  iiiutiLitioii  d:3S  statues  de  la 
cathédrale  devenue  temple  de  la  Raison 

10  décembre  — .  Il  lance  un  placard  aux.  Strasbourgeois 
pour  demander  des  républicains  éprouvés  à  placer 
aux.  portes  de  la  ville  pour  Texécution  des  règlements 
municipaux.  Ne  seront  ailmis  (pia  ceui  ayant  un  cer- 
tificat de  Schneider,  Jung  ou  Stamm. 

22  décembre — .  Il  déclare  t{ue  Michel  Schneider.  île  Mar- 

lenheim,  aux  charrois  de  Tarmée  du  llhin,  a  été 
arrêté  par  erreur  au  lieu  de  son  frère  Joseph  qui 
n'existe  plus . 

97  décembre  — .  Il  apostille  une  lettre  collective  à  soumettre 
&  la  Convention. 

Si  Schneider,  dit-i!«  est  ooapable,  aons  antres  pitriotes  le  somoras 
aossi,  et  en  (MuUcttlIer  ceux  qol  ont  pirié  eontre  Dietricli  et  qni 

ont  maintenu  los  séances  du  club  allemand. 

10  janvier  1794.  Baudot  et  Lacoste  le£ont  arrêter  pour  avoir 
cherché  à  renouveler  la  permanence  des  douze  sec- 
tions de  la  ville,  afin  d'exciter  plus  facilement  une 

insurrection  dans  la  place.  Ses  papiers  furent  saisis  et 
il  fut  conduit  à  la  conciergerie  à  Paris,  où  il  resta  près 
d'un  an  sans  avoir  été  jugé  par  le  tribunal  révolution- 
naire. A  son  retour  de  Paria»  il  épousa  la  veuve 
de  son  ami  Euloge  Schneider. 
1797.  Il  est  présumé  Fauteur  des  Aventures  de  E,  /Schneider 
en  France. 

1790àl800.  Sous-chef  au  bureau  des  archives  du  départe- 
ment du  Bas-Rhin,  il  publia  à  Strasbourg  la  Chro/iique 
des  France,  qui  fut  immédiatement  supprimée  par  le 
préfet  Laumond. 


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UB  Boum  m  LA  BftTOLimON 


271 


GOUGHERY. 

80  mars  1798.  Les  membres  da  Comité  réyolutioimaire  des 
jacobins  à  Strasbourg  le  nomment  secrétaire  pour  la 
durée  d^ua  mois,  comme  étant  le  plus  jeune  du  club. 

GOULMANN  (Georges-Frédéric), 
de  Brumath. 

1790  et  le  25  août  1793.  Administrateur  du  Directoire  du 
district  de  Haguenau,  il  s'adresse  aux  municipalités, 
aux  Sociétés  populaires  et  aux  citoyens  de  Tarrondis- 

sement  : 

Voyei  l'autel  de  la  patrie;  c'est  là  que  la  liberté,  la  couronne 
de  la  rccomiaissauc»^  à  la  main,  attend  vos  offrandes  précieuses; 
venez  à  ses  pieds  dei»o.si>r  les  bas,  les  chemises,  les  souliers,  les 
habits  de  toutes  espèces,  l'argent  même  et  Ions  les  effets  néces- 
alKS  nmmanltè.  La  patrie  ne  fit  pas  eniemlre  eo  vain  ses  cris. 
lorsqa'opprtmAe  par  des  tyrans,  elle  demanda  vos  bras  pour  voler 
A  son  secours;  seraient-ils  moins  entendus  aujourd'hui  que  le 
malheur,  aux  i>rises  avec  la  servitude,  réclame  votre  attendrissfr- 
sement,  inii»luri'  votre  sollicitude. 

28  novembre  1793.  Greffier  du  tribunal  révolutionnaire  du 
Bas-Kliin  pendant  la  tournée  de  1  armée  révolution- 
naire . 

Mars  179 i  à  1810.  Notaire  à  Brumath. 

1804.  Suppléant  du  juge  de  paix  Weiss  à  Brumath. 

GOURTIN. 

Octobre  1793.  Membre  de  la  propagande  révolutionnairr 
19  décembre  —  Au  club  des  jacobins,  il  vote  la  mort  des 
suspects  reconnus. 

COURTOT  (Antolne). 

Un  enfant  de  Belfort. 
Avant  1789.  Profeseur  de  mathématiques  à  Strasbourg. 

1789.  Général  de  division. 

Juin  1790.  Comme  tel,  attaché  à  rannéedu  Rhin,  il  est  reçu 

membre  de  la  Société  des  amis  delà  constitution. 
7  février  1792.  U  est  de  celle  des  jacobins  au  Miroir. 


m 


1*  décembre  1793.  Sous  OesaÙL.  à  raffaire  de  Gambsheim, 
près  Slrasbourg,  il  80  Couvrit  de  gloire  et  fùl  blessé. 

35  octobre  1791.  Il  flgare  encore  sur  la  liste  du  club  des 
jacobins  de  Strasbourg. 

Avant  1789.  Employé  d»^3  douanes. 

1792.  Sr)crélaire  des  représentants  da  peuple  dans  les  dépar- 
tements de  la  Moselle,  do  la  Meurthe  et  du  Bas-liliin, 
il  certifie  une  lettre  adre::*sée  le  11  février  1793  par 
Couturier  et  Dentzel  à  la  municipalité  de  Strasbourg 
pour  lui  ordonner  de  faire  sortir  de  la  ville,  dans  le 
plus  bref  délai,  quatorze  citoyens  et  enjoindra  à  cinq 
autres  d*6tre  plus  circonqtects  à  raveoir,  et  de  bais- 
ser devant  la  lot  un  front  respectueux,  autremeiit 
nous  ne  balancerions  pas  à  &iro  usage  de  Tétendue 
de  nos  pouvoira 

1804.  Contrôleur  de  brigade  des  douanes  à  Rhinan. 

GOUSTAHD  (Anne-Pjebbe). 
1741.  Né  à  Saint-Domingue. 

1789.  Mousquetaire,  puis  lieutenant  des  maréchaux  de 
France. 

Il  se  prononça  pour  la  révolution,  diiùgea  le  ohib 
des  jacobins  de  Nantes,  et  eut  le  commandemient  de 
la  garde  nationale  de  oette  ville. 

10  août  1792.  Député  à  l'Assemblée  législative  pour  la  Loire- 
Inférieure,  puis  à  la  Convention  nationale,  il  vota  la 
déchéance  du  roi. 

15  août  — .  Il  est  envoyé  par  l'Assemblée  dans  le  départe- 
ment du  Bas-Rhin  avec  Garnot,  Prieur  et  Ritter,  mais 
il  refusa  cette  mission,  en  raison  de  sa  parenté  avec 
le  lieutenant-général  Couslard,  commandant  alors  la 
place  de  Strasbourg,  où  il  aurait  eu  à  faire. 

Septembre  — .  C'est  le  représentant  DeiiLzol,  de  Landau, 
qui  le  remplaça. 


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LC8  HOmiSS  DK  LA  RÉVOLimOK 


978 


15-19  janvier  1793.  Dans  le  procès  de  Louis  XVI,  il  se  pro- 
nonça pour  la  réclusion,  le  bannissement  à  la  paix, 
rappel  au  peuple  et  le  sursis. 

Mais  à  partir  de  oe  moment  là,  il  manifesta  à  la 
CSonvention  des  principes  contraires  à  ceux  qu'il  avait 
eus  d'abord. 

18  juillet  — .  Sur  la  proposition  de  Marat,  un  décret  d'ar- 
restation fut  lancé  contre  lui . 

3  octobre  — .  Sauvé  par  les  Nantais  qui  Tavaieiit  réclamé, 
il  l'ut  compris  dans  le  décret  porté  contre  les  Giron- 
dins, et  peu  de  temps  après  mis  avec  eux  liors  la 
loi. 

7  novembre  —,  Après  avoir  échappé  aux  recherches  de 
Carrier,  il  fut  enlin  déronvort,  conduit  à  Paris  et  tra- 
duit devant  le  tribunal  révolutionnaire,  qui  le  con- 
damna (i  mort.  11  fut  conduit  au  supplice  avec  le  duc 
d'Orléans,  Philippe  Egalité. 

Le  général  GOUSTARD. 

1791.  lieutanant^lonel  an  régiment  de  chasseurs 
à  Giieval,  d-devant  Evéchés,  en  garnison  à  Fort- 
Louis. 

10  août  1793.  Peu  de  semaines  après,  après  la  dô<diéanoe  du 
roi  Louis  XYl,  le  lieutenant-général  Goostard  prit  le 
commandement  de  la  place  de  Strasbourg,  en  rem- 
placement du  lieutenant-général  de  Qelb. 

17  décembre  — .  Dans  une  léonlon  du  Conseil  municipal, 
U  dedare  que,  lorsqu'il  prit  le  commandement  de  la 
ville,  il  pats^assarer  à  son  grand  contentement  da 
bon  espritde  la  population,  mais  que  depuis  un  mois, 
il  voit  avec  peine  un  changement  notoire  dans  ces 
bonnes  dispositions,  qa'O  set  à  sa  connaissance  qne 
des  âtoiarebes  ont  été  iiEdtes  lors  de  Tarrestation  dn 
maire  Dietrich,  pour  former  une  garde  de  sûreté^  ^ 
que  chaque  soir  des  bourgeois  armés,  se  réunissaient 
à  cet  effet  dans  une  maison  voisine  de  la  prison,  ce 
qui  produit  une  certaine  agitation  dans  la  ville.  Loin 

Novnlle  Sérit  -  «•  Aimé*.  IB 


S74 


BBVQS  D*ALBAflB 


de  lui  la  pensée  d'en  rendre  toute  la  population  soli- 
daire, il  compto  au  contraire  sur  son  empressement 
à  occuper  les  remparts  dans  le  cas  où  Tennemi  vou- 
drait les  atta(iaer.  ('ettc  accusation  lut  relovée,  mais 
au  lieu  d'avoir  égard  aux  i»arol(^sdu  nouveau  maire, 
Frédéric  de  Tiirckheiin,  le  général  prit  son  chapeau 
et  quitta  brusquement  rassemblée. 
ISdécembre  179'-2.  Ces  faits  donnèrent  lieu  à  des  explications 
au  club  des  jacobins,  auxquels  Goustiird  était  entiè- 
rement dévoué,  et  Ton  ne  manijua  pas  dy  fustiger  et 
de  désaprouver  la  nouvelle  municipalité,  en  arrêtant 
renvoi  de  deux  membres  au  général,  cliargés  de  lui 
témoigner  leurs  regrets  de  ce  qui  avait  eu  lieu,  et  de 
llnviter  à  venir  instruire  lui-môme  la  Société  des 
détails  de  sa  réception  à  la  municipalité. 

Le  général  yint  s^expliquer  et  la  Société  ordonna 
reddition  de  ses  éclaircissements  à  son  adresse  à  la 
Convention  nationale.  Leprésident  du  club  lui  donna 
même  le  baiser  firatemel,  et  lorsquil  se  retira,  douze 
membres  raccompagnèrent  à  sa  demeure.  H  reçut 
copie  du  prooès-veritMil  constatant  sa  fermeté  et  son 
énergie  devant  la  municipalité. 

En  présence  de  ce  conflit,  attaquée,  tant  par  les 
jacobins  de  la  localité,  que  par  leura  amis  à  la  Gon* 
vention,  la  nouvelle  municipalité  décida  renvoi  i 
Paris  de  deux  commissaires,  RoUé-Baudreville,  et  le 
pasteur  liathias  Engel,  chargés  de  défendre  la  ville 
et  ses  représentants  contre  les  fieiosses  accusations 
adressées  à  rassemblée,  et  au  besoin  de  réclamer  et 
d^insister  sur  l'envoi  de  commissaires  qui  examine- 
ront impartialement  sur  les  lieux  le  véritable  état 
des  choses  en  Alsace  et  principalement  à  Strasbourg. 
Cette  adresse  était  même  accompagnée  d'un  mémoire 
justificatif  du  général,  qui  ne  voyait  aucun  empêche- 
ment à  renvoi  de  nouveaux  commissaires  en  Alsace. 
35  décembre  — .  Les  représentants  du  peuple  Heubel  et 
Hanssmann,  tous  deux  de  Colmar,  et  Merlin,  de 


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LB8  HOmOS  OS  LA  atTOLOTtOK 


870 


ThionvUle,  attachés  à  Parmèe  da  Bhin,  arrivèrent  à 
Strasbourg. 

Ces  citoyens  ne  répondaient  guère  à  Tattente  des 
jacobins,  car  ils  donnèrent  raison  à  la  ville  et  à  ses 

habitants. 

9  janvier  1793.  Après  eux,  StrasbouiTg  vit  arriver  Rùhl, 

Dentzel  et  Couturier,  et  toutes  ces  intrigues  dispa- 
rurent  pour  quelque  temps. 

10  janviér — .  D'une  lettre  deNeumann,  datée  de  Schlestadt, 

ce  serait  l'officier  municipal  Noisette  qui  attaqua  en 

plein  conseil  le  général. 
13  avril  — .  Par  une  autre  lettre  le  district  d'alors  lui  aurait 

même  refusé  le  visa  de  son  certificat  de  dmme  et  de 

bonne  condiiife. 
Il  fut  rein[)Iacé  dans  le  commandement  de  la  place 

par  le  {];énéral  Dièche . 
15  août  1792.  Le  représentant  du  peuple  Coustard  désigné 

pour  le  Bas-Rhin  par  la  Cimvention  nationiile,  refusa 

alors  cette  mission,  en  raison  de  sa  parenté  avec  le 

général. 

GOUSIUULAS. 

1789.  Ghiruigien-dentiste  à  Strasbourg. 

1792.  Membrodudub  des  jacobins. 

1793.  n  dénonce  au  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté  géné- 
rale Grottcheron,  cafetier  à  la  Grenade,  derrière  la  mai- 
son commune»  qui  a  été  outre  Rhin  avec  Mirabeau, 
la  cocsrde  blancbe  au  chapeau.  Joumellement  son 
café  est  plein  d^aristoorates,  on  y  tient  de  mauvais 
propos  contre  les  bons  patriotes.  U  lui  semble  qu*il 
est  temps  de  punir  ces  coupables,  et  il  demande  à 
cette  occasion  pourquoi  les  commissaires  et  les  gardes 
de  police  ne  font  pas  leur  devoir  vis<à>vis  des  suspects» 
lesquels,  en  plein  marché,  disent  que  les  assignats  ne 
passent  pas,  n'en  veulent  aucunement  et  «tout  cela 
en  prèsMice  de  la  police.  H  trouve  singulier  que  la 
viande  se  vende  10  sols  en  argent  et  90  sols  en  assi^ 


276 


BBTCT  D'ALSAOB 


gnats,  le  pain  dans  la  même  proportion  double  de  sa 

valeur. 
1794.  n  quitte  Strasbourg. 

COUTAILLOUX. 

1793.  Secrétaire  du  f^énéral  de  division  Dièche  à  Strasbourg. 
Membre  du  club  des  jacobins. 

Juin  1793.  Ayant  remis  au  tailleur  Héné.  rue  de  la  Mésange, 
deux  pièces  de  Nankin  pour  lui  faire  un  pantalon  et 
une  carniagiiolle,  il  lui  a  fait  payer  quarante-deux 
livres  de  façon,  doublure  de  la  veste  et  garniture  du 
pantalon  compris. 

Ce  n'est  pas  lui,  mais  Simond,  au  bureau  des  Etran- 
gers, qui  dénonce  le  tailleur  au  Comité  de  surveil- 
lance de  la  commune,  et  il  s'empresse  de  certifier 
véritable  la  plainte. 

95  octobre  1794.  Ayant  quitté  Strasbourg,  il  ne  figure  plus 
sur  la  liste  des  jacobins. 

GOUÏURIËB  (Je^-Pœrbb). 

1793.  Député  de  la  Moselle  à  la  Convention  nationale. 

6  janvier  1793.  Arrivé  avec  Dentsel  à  Sairebourg,  U  sus- 
pend le  lendemain  les  membres  de  la  commune  de 
Sarraltroffi 

Monet,  procureur-général  syndic  du  Directoire  du 
département  du  Bea-Rhin,  dans  un  long  réquisitoire 
au  Conseil  général,  expose  que  la  guerre  civile  était 
prête  à  éclater  en  Alsace,  que  les  rivesduRbinallaient 
être  inondées  du  sang  des  patriotes;  que  le  saul  re- 
mède à  ces  maux  était  de  solliciter  de  la  Convention 
nationale  des  commissaires  revêtus  de  tous  les  pou- 
voirs. Ce  réquisitoire  fut  vivement  critiqué,  on  attaqua 
Monet  d'avoir  calomnié  le  département,  on  exigea 
même  qu'il  articulât  des  faits,  il  ne  le  put.  Les  com- 
missaires furent  nommés  malgré  cela. 
9  janvier  1793.  Couturier  arriva  à  Strasbourg  avec  ses  deux 
autres  collègues. 


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LIS  «>1flll8  DB  Ul  BCVOLOTIOM 


877 


18  fanvier  1793.  Il  commença  par  suspendre  la  presque 
totalité  de  la  municipalité  qu^  remplaça  par  des 

jacobins. 

21  jan\rier  — .  Saam  aj^t  refusé  les  fonctions  de  maire, 
Monel  qui  les  convoitait  lui  succéda. 

Quelques  jours  aprèei,  il  révoqua  Richard  Brunck 
des  fonctions  de  commissaire  des  guerres;  Couturier 
fils,  âgé  de  22  ans,  lui  succéda  :  mais  la  Convention 
annulla  cette  nomination  scandaleuse. 

11  février  — .  Il  enjoint  à  la  inanicipalitô  de  faire  sortir  de 
la  ville,  dans  le  plus  bref  délai,  quatorze  citoyens  dont 
il  indique  lo3  noms  et  de  faire  signifier  à  cinq  autres 
d'être  plus  circonspects  à  Tavenir. 

16  février  — .  Môme  recommandation  à  neuf  autres  Stras> 
bourgeois. 

31  mars  — .  Do  Paris,  Tétei  el  écrit  au  club  des  jacobins,  que 
Couturier  a  mal  fait  do  no  pas  être  venu  se  justifier 
dos  erreurs  qu'il  a  commises  avec  les  déportés. 

5  avril  — .  Liel)ich  et  Lauth,  délégués  à  Paris  dos  douze  sec- 
tions, demandent  à  la  Convention  son  remplacement. 

20  avril  — .  Il  est  à  Paris  et  de  concert  avec  les  représentants 

du  Bas-Rhin,  il  insiste  auprès  du  Comité  de  salut 
public  pour  obtenir  la  prompte  déportation  de  Die- 
trich. 

21  avril  — .  Il  adresse  à  Monet  la  lettre  suivante  qui  mérite 

d"ètre  citée  sous  tous  les  rapports  : 

Le  citoyeo  Dentzel,  républicain  et  amis,  vient  de  ne  remettre 
les  lelirw  qne  foos  loi  avei  adntMi,  feo  ferai  uage  dans  le 
rap(>orl  auquel  je  travail,  notre  amis  Rûhl  est  cause  que  je  suis 
oblii^é  d'entrer  dans  un  lonj;  etpt'Miild"  dt'lail,  on  ne  voit  plus  à 
rass<^ml)Ièe  sans  doute  qu'il  niédiif  vwow  (|nel(|ni's  calomnie,  nous 
disions  bien  lorsque  nous  pensions  que  le  vuidc  de  la  moatagne 
fortMlens  les  oontra  rérolotionnalraB,  vous  aves  eonbiea  )e  me 
sais  donné  de  ml  et  combien  ma  leste  étoit  joaruellement  oomme 
reoven^e  par  la  diversité  des  matières  qui  se  prt^sontoient.  Fn 
récompensi^  de  loul  celi,  Rùhl  et  Custlnp  nous  ont  calomnié  nous 
ont  fait  passer  pour  les  ennemis  de  la  llepublique,  et  Ruhl  qui 
8'ëtoit  acquis  la  confiance  de  te  moniagne  n'a  pas  eu  de  peine  de 
Itndnlie  en  errair,  vous  Jugeras  de  lliomne  lonqne  vous  ssnm 


378  BSTdB  d'alsacb 

f|iril  a  répondu  d'une  oreille  à  l'autre  <|UP  nous  étions  toujours 
en  boubance,  en  fêles  ei  aux  bâles,  que  nous  faisions  géler  sur 
notre  fénétre  le  vin  de  Bourgogne  pour  en  retirer  le  pur  esprit, 
il  est  vrais  qu'A  la  An  de  nos  repas  roraquMl  restoit  du  vin,  an 
lieu  do  le  laisser  remporter,  je  le  faisoil  mettre  sur  la  fenêtre 
IKjur  ne  pas  en  être  diipiM»  et  pour  le  tenir  Irait,  ee  que  je  faisois 
faire  |)ar  économie,  a  été  par  cette  ame  attroce  interprété  en 
profusion,  il  a  fait  courrir  le  bruit  que  les  femmes  de  Strasbourg 
que  je  fMqueniots  constamment  mVoient  ooupte  la  queue  dans 
une  orgie,  vous  étiez  présent  quand  nous  avons  dinô  ensemWes 
en  Hépulilic lins  i\  la  fleure;  que  nous  nnus  mîmes  presque  tous 
en  Jacobins  et  j'aurois  désiré  (Kjuvoir  p;ir  cet  exemple  propager 
ce  costume  simple  et  uni  dans  tout  Strasbourg,  quand  aux  fenunes 
il  est  fiicheux  que  oe  soit  une  calomnie  trop  grosdère,  sMi  étoH 
vrais  que  j*ai  eut  la  oonnaissanoe  d^aimables  femmes  patriotes 
je  m'en  félicileroit,  bien  loin  de  me  trouver  olTenc*'  d'inie  alléga- 
tion qui  ne  me  fiicht»  que  parce  (prelle  est  fausse,  vous  devriez 
bien  persister  par  des  déliliéraliuns  forte  à  demander  le  rapport 
du  décret  du  17  Mars,  mon  rapport  sera  Imprimé,  ie  vous  en 
enveres  des  exemplaire,  il  but  bien  une  ibis  déchirer  le  voile. 
J'avois  le  cœur  trop  gros  pour  aller  faire  des  adieux  A  mes  amis, 
je  n'ai  pas  seulement  pu  aller  à  la  Société,  mais  je  vous  prie  de 
vouloir  bien  être  mon  organe  près  d'elle,  cl  de  l'assurer  de  toute 
ma  reconnaissance,  et  de  mon  entier  dévouement,  dites  lui  que 
Je  suis  à  la  montagne  et  que  Je  ne  la  descendrez,  que  pour  terras^ 
ser  le  hydre  à  sept  testes. 

Envoyez  moy  toujours  un  double  des  délil)éralions  que  vous 
prendrez  au  sujet  de  ce  rapi>nrt,  même  il  est  prudent  d'envoyer  à 
un  député  de  cA)ntiance  ie  tout  pour  le  présenter,  car  souvent  les 
<^oses  s'égarent  au  bureau,  ou  lorsqu'elles  y  arrivent  les  députés 
interressés  A  leur  maintient  n*y  sont  pas,  |e  m^booeberes  avec 
Bentabole,  comme  il  n'étoit  pas  de  la  commission,  il  se  chargera 
des  motions  introduetives,  voila  mon  amis  comme  il  faut  faire 
pour  pouvoir  faire  prospérer  la  bonne  cause,  car  un  s'cHorce  à 
rétouffer,  soyez  toujours  bien  surveillant,  ce  n*es  que  par  là  que 
nous  sauverons  la  chose  publique. 

Les  pétitionnaires  de  Strasbourg  qui  se  sont  présenté,  le  5,  ont 
demandé  deux  nouveaux  commissaires  sachant  les  (ifuix  laui^ues, 
et  en  dcsMius  on  indiquait  Rliùl  el  Klirmanu,  ji»  me  persuade  que 
Louis  cl  IMliigcr  useruus  des  pouvoirs  de  déporter  qui  oui  été 
donnés  aux  commissaires  pour  le  recruttement.  c'est  à  eux  à  répa- 
rer Touvrage  que  rassemblée  a  gâtée,  Je  vous  embrasse. 

Etant  en  mission,  il  ne  prit  aucune  part  aujug^ 
ment  de  Louis  XVL 


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GRÉdAT  (Fb4M0(Mb). 

1766.  NôàTrouvans. 

Avant  1789.  Cultivateur  à  Trouvans. 

Décembre  1793.  Employé  à  Tarniée  du  Rhin,  il  est  rega 

membre  de  la  Société  des  jacobins. 
25  octobre  179é.  U  y  est  encore  inscrit. 

CRETIN. 

Un  des  quatre-vingt-dix  propagandistes. 

Membre  de  la  Société  des  jacobins  de  Paray-le-Na* 

tional. 

13  décembre  1793.  Présenté  à  celle  de  Strasbourg  par  son 
président,  le  sans-culotte  Alexandre,  directeur  des 
vivres,  11  vote  le  môme  jour  la  mort  de  tous  les  déte- 
nus avec  ou  sans  jugements. 

CXJNIER  (DAVID-CÎHàRLES-HBNRl), 

né  à  Renans  (Suisse). 

1789.  Pasteur  français  de  TEglise  réformée  à  Bischwiller. 

4  fôvrier  1791.  Président  de  la  Société  des  amis  de  la  consti- 
tution de  cette  ville,  il  demande  Taffiliation  la  plus 
intime  à  celle  de  Strasbourg,  et  sollicite  son  appui 
auprès  des  commissaires  royaux  Dumas»  FoÎBSey  et 
Hérault  de  Séchelles  pour  obtenir  des  armes  pour  leur 
garde  nationale. 

4  juillet  — .  Second  anniversaire  de  la  prise  de  la  Bastille,  11 
prononce  un  discours  français  à  Bischwiller  exhor- 
tant à  Tamour  de  la  patrie  et  de  la  liberté. 

1792.  Membre  des  sans-culottes. 

23  octobre  1793.  Etant  commiss^aire  au  recrutement  de  la 
l**  classe  pour  l  arinée,  le  Comité  de  Sûreté  générale 
du  Bas-Rhin  et  celui  des  jacobins  le  proposèrent  pour 
un  certain  conseil  de  surveillance  que  SaintJust  et 
Lebas  voulaient  établir  à  Strasbourg. 

Novembre  1793.  Le  jour  où  fut  célébrée  pour  la  première 
lois  à  Strasbourg,  la  f^te  de  la  Raison.  Cunier,  ci-devant 
ministre  du  culte  protestant  de  la  confession  helvé- 
tique à  Bischwiller,  abjure  et  dépose  avec  joie  sur 


280  RBVUB  D'ALfiâ/OB 

l'autel  de  la  vérité  les  lettres  ridicules  de  prêtrise,  qui 
avaient  établi  le  trafic  honteux  de  Terreur. 

Je  promets,  ;ïjoute-t-iI  {c;\r  un  jacobin  ne  jutf  p;is\  de  ne 
reconn;nlre  d'autre  cuile  désormais  que  celui  de  rélernelle  rai-  * 
80d!  Enfin  de  la  mtare  disciple  de  W  pliilosopliie,  proclama- 
teur  des  droits  de  rbonme,  jffme  dévoue  tout  entier  A  la  propa- 
{ration  de  leurs  bienniisantes  maximes,  an  saint  de  la  patrie  et 
au  bonheur  de  la  République. 

6  octobre  1794.  Membre  du  Directoire  du  district  de  Ha- 

guennu. 

8  avril  1798.  11  est  présjflent  de  radministration  centrale 

du  département  du  Bas-Rhin,  et  en  cette  qualité  il 
dénonce  aux  autorités  civiles  et  au  ministre  de  la 
police  générale  à  Paris,  un  libelle  intitulé  :  FetU  ccUé- 

chisme  pour  les  temps  présents. 

Quelques  mois  après,  en  Tan  VI  (1797-1798),  il  est 
élu  pour  deux  ans  député  du  Bas-Rhin  au  corps 
léj^islatif,  où  il  fait  partie  du  Conseil  des  Cinq  Cents. 

9  mai  1801  à  1805.  Sous-préfet  du  quatrième  arrondissement 

du  Bas-Rhin  à  Barr  et  dont  l'abbé  Uumpler  a  à  se 
plaindre. 
1807.  Sous-préfet  àSchlestadt. 

30  mars  1818  au  7  juillet  1819.  Notaire  royal  à  Strasbourg. 

4  août  1810  au  25  juin  182G,  notaire  à  Bischwilier,  où  il  se 
retira  des  alTaires. 

1827.  Il  publia  une  brochure  sur  Niederbronn  et  alla  mou- 
rir à  Bouxwiller  en  1828,  âgé  de  66  ans. 

DANGLER. 

8  février  1793.  Membre  du  Comité  de  surveillance  et  de 
correspondance  des  jacobins,  il  reçoit  la  dénonciation 
contre  la  famille  Thiebold  du  marché  Gayot. 

41  mars  — .  Il  approuve  la  radiation  de  Waghette  du  Comité 
de  surveillance  de  ladite  Société. 

14  mai  — .  Il  signe  Taccusation  des  sans-culottes  contre  le 
député  Rûhl  et  Tancien  Comité  de  défense  générale 
à  Paris. 


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LB8  HOIOO»  DB  LA  REVOLUTION 


2B1 


DANNBAGH  (Philu^pe- Jacques). 
Avant  1789.  Imprimeur,  ruelle  du  Savon,  à  Strasbourg. 

Juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitu- 
tion. 

7  février  1799L  Membre  de  celle  des  jacobins. 
25  décembre  1799.  Imprimeur  du  dub,  il  toucbe  985  livres 
pour  les  caries  de  sûreté. 

25  octobre  1795.  Plus  inscrit  au  club  des  sans-culottes. 

Plus  tard  il  transféra  ses  ateliers  dans  la  rue  de 
Sainte- Hélène,  n"  7,  et  fut  toujours  rimprimeur  du 
parti  démocratique. 

DANNER  Fr&nçoisJqsbph). 

1751 .  Né  à  Strasbour^T. 

1792.  Commis  en  second  au  bureau  du  Bien  public  au  dô- 

partetnent  du  Bas-Hhin. 

9  lévrier  179B.  Monet  mande  au  procureur  général  André 
que  si  Danner  connaissait  la  partie,  on  pourrait  lui, 
faire  avoir  la  place  de  Jacquinot,  garde-magasin  à 
Tarsenal,  rapportant  1000  écus. 

19  février  — .  Les  jacobins  volent  une  adresse  à  la  Conven- 
tion nationale. 

ir»  mars  — .  Il  adhère  à  ladite  adresse. 

Octobre  —,  Reçu  membre  de  la  Société  des  jacobins. 

35  mai  1794.  Secrétaire  au  département,  compris  dans  un© 
liste  de  suspects  dressée  par  le  Comité  de  surveillance 
de  cette  Société. 

1804.  Greilier  de  juge-de-paix  à  Strasbourg. 

BnBNNB  Bartr. 

(La  mUft  prœhaiHmefUJ 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUË 


I.  Balletind«la8o«lélé41ilflloire  natinrallo  da  CSolmar.  — 

18»  »t  19"  années,  1877-18T8.  Colmar,  imp.  de  V"  C.  Deck  ^r,  1878 
IihS*  do  296  ptgee,  aree  19  plaocbe»  et  13  Ubleaux  météorologiqaes. 

Jamais  société  savante  ne  s'est  renfermée  plus  scrupulou- 
senient  que  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar  dans  le 
proi^rauime  qu'elle  s'est  tracé.  Comme  les  précédents,  le 
Bulletin  que  nous  signalons  ne  contient,  en  effet,  que  des  tra- 
vaux scientiiiques  dûs  aux  rccherclies  et  à  la  plume  des  socié- 
taires. Ce  sont  :  V  Un  Essai  sur  U  éhnat  de  BisdwriJXery  par 
E.  Di^;  2*  Les  inondations  dans  U  bassin  supérieur  do  tlU, 
en  177S,  par  A.  Benoit;  2*"  des  Recherches  sur  lafamuiHon  des 
âusrhonsJmtUBetès,  par  Ch.  Grad;  4*  Des  régions  enhmologir 
qties  de  f  Alsace  et  des  Vosges,  par  F.  Reiber  ;  Ô*  QttaXogue  des 
orthoptères  observés  dans  la  même  eontrée,  par  D.  Pierrot; 
G*  Matériaux  pour  une  étude  préhistorique  de  Alsace,  par 
IfM.  les  docteurs  Bleicher  et  Faudel;  7*  Etude  sur  une  classe 
particulière  de  tourbillons  dans  les  Uqtddes  ayant  de  Vanalogie 
avec  célm  des  trombes^  par  G.-A.  Him;  8"  Troisième  suppXié- 
ment  d  la  BibUographie  alsatique,  par  M.  le  D'  Faudel,  et 
9*  des  résumés  d^observations  météorologiques  faites  k 
Munster,  &  Colmar,  au  Logelbaeh  et  à  Breitenbach  par 
MM.  A.  Couzy,  Ch.  Umber,  Ferd.  Him  et  A.  Pfeffer. 

Le  trayaU  de  MM.  Bleicher  et  Faudel  sur  les  matériaux 
d'une  étude  préhistorique  mérite  surtout  d'être  signalé  aux 
lecteurs  de  la  Revue.  Il  consiste  dans  la  description,  fiiite  avec 
beaucoup  de  soins,  de  363  pièces  ou  instruments  en  pierre 
répartis  dans  les  différentes  collections  publiques  et  particu- 
lières de  TAlsace.  Le  plus  grand  nombre  de  ces  objets  a  été 


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BOLUntN  BtBUOOKAraïQUB 


983 


▼tt  et  dessiné  par  les  auteurs  qui  ont  sayamment  déterminé 
les  roches  dont  se  composent  ces  témoins  des  premiers  âges 
de  lindnstrie  humaine,  qui  les  ont  mesurés  et  pesés,  et  qui, 
enfin,  en  ont  reproduit  les  formes  sur  13  planches  incorporées 
dans  le  Bulletin,  à  la  suite  (I<>  leur  consciencieuse  et  intéres- 
sante description.  Les  conclusions  tirées  de  Texamen  et  de 
Ti^tude  de  ces  monuments  préhistoriques  sont,  relativement  à 
l  Alsaco,  (lignes  de  Tattention  du  lecteur  (p.  200-201  du 
Bulletin). 

n.  Statistisohe  Besohreibung  von  EIsass-Lothringen.  —  Des- 
cription statistique  de  rAlMce>Lorraine,  publiée  par  le  bureau 

slatistiqu'?  de  I;i  pr«>si(lence  supérifluro  de  Slrasbour;:.  ï'remier  fasci- 
cnlo.  Slrashourf.',  iiiip  de  (',.  Fischbach,  1878.  ln-8°de  184  pages,  chez 
Fréd.  Bull,  libraire  de  l'université. 

Cette  description  statistique  de  TAlsace-Lorraine  se  com- 
posera d'environ  cinquante  feuilles  d'impression,  sur  beau 
papier  du  format  grand  in-8*.  La  première  livraison  qui  nous 
est  arrivée  le  mois  dernier  renferme  la  détermination  de 
Tétendue  du  pays  que  la  France  a  dû  abandonner  à  TAlle- 
magne  à  la  suite  de  la  guerre  de  1870-71,  de  ses  limites  et  de 
sa  division  politique  actuelle,  suivie  de  l'indication  géo- 
métrique en  Idlomètres  carrés  de  chaque  chrconscription 
cantonale  et  du  nombre  de  villages  et  hameaux  qui  composent 
ces  circonscriptions.  Le  paragraphe  suivant  comprend  la 
description  géologique  du  snl,  des  ses  diverses  formations  et 
de  leurs  affleurements.  Ce  paragraphe  est  le  plus  étendu  du 
fascicule.  L'auteur  y  résume  les  connaissances  que  Ton  pos- 
sédait déjà  sur  ce  siqet,  d'après  des  travaux  assez  nombreux 
qui  avaient  précédé  Tannée  1870,  et  surtout  d'après  MM.  Dau- 
brée,  Joseph  Kœchlin-Schlumberger  et  Delbos.  n  est  suivi 
par  la  statistique  hydrographique  comprenant  le  Bhin  et  les 
rivières  du  pays.  Des  indications  relatives  au  climat  terminent 
la  première  partie  de  ce  fSssdcule. 

La  seconde  partie  commence  par  la  statistique  de  la  popu- 
lation des  vingt-six  Cercles  qui  se  partagent  le  territoire 


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964 


annexé.  Le  fascicule  suivant  donnera  la  suite  de  cette  seconde 
division  de  Touviage. 

III.  A.  Notice  historiq[ue  sur  l'ancienne  église  collégiale  de 
Saverne.  —  Sirasbourp.  iinp.  de  G.  Scbullz  et  C%  1877.  Grand  iu-8* 
de  35  pages,  avec  i  planches. 

B.  OohsuniUln.  Les  châteaux  et  la  seigneurie.  —  Strasbourg, 
imp.  de  G.  Schnltz  et  C*.  1878.  Id-13  de  64  pages,  avec  1  plan  et  1 
tableaa  i^néaloglqae. 

C.  lie  Roidieir  du  ««nt  dupsinoe  Gharlea  et  la  oAte  ém  8a- 
vime.  Strasboarg,  imp.  de  6  Sehalts  et  G*.  1878.  Iii-lS  de  60  pages, 
«ree  ime  planche. 

Les  trois  opuscules  dont  les  titres  précédent  sont  dûs  à 
linfiitigable  ami  de  son  pays,  M.  Dagobert  Fischer,  décédé 
récemment,  et  se  trouvent  à  la  librairie  de  H.  Fuchs,  de 
Saverne.  Le  premier  contient  lliistorique,  sobre  et  précis, 
de  Tancienne  église  romane  de  Saverne  et  de  ses  différentes 
transformations  jusqu^à  nos  jours.  Le  second  est  un  travail 
du  même  genre  sur  les  cbftteauz  et  la  seigneurie  d'Ocbsen- 
steîn,  qui  ont  joué  un  rôle  souvent  important  dans  Thistoire 
d^Alsace.  Le  troisième  reproduit  la  légende  du  rocher  du 
prince  Charles.  L*auteur  commente  cette  légende,  la  &it 
suivre  par  d^intéressantes  recherches  sur  Tancienne  route 
militaire  conduisant  en  Lorraine,  et  enfin  par  Thistorique  de 
Fouverture  de  la  route  actuelle.  Des  indications  concernant 
le  fort  de  Holderloch,  Tancienne  voie  romaine,  1(;  temple 
préhistorique,  le  Falbcrg  et  les  villages  disparus  de  Kœnigs- 
hoffen  et  de  Kaltwiller  terminent  cette  courte  et  précieuse 
notice. 

IV.  Histoire  de  l'ancien  comté  de  Saarwerdea  et  de  la 
prévôté  d'Herbitzheim,  par  Uauobkht  l  isi  iitit.  —  Mulhouse, 
imp.,  de  V»  Bader  el  C",  1878.  In-8»  de  211  pages. 

Le  Sohneeberg  et  le  comté  de  Dabo  en  1778.  Etude  sur 
les  montagnards  vosgicns,  par  un  professeur  allemand.  Tradaetion  et 
annotations  par  km.  Bnrorr.  —  Mulhonse,  imp.  V«  Bader  et  C*, 
1878.  Itt^  de  IX-36  pages  avee  titre  et  coovertnre  en  1  eouleurs  ; 
ebes  Big.  Barth  et  Noirîel,  libraires  à  Cobnar  et  Strasbourg. 


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BULLETIN  BIBLIOORAPHIQOB 


8B6 


Ces  deux  ouvrages  ont  paru  dans  la  Rcnui  d'Alsace  et  ont 
été  tirés  à  part  à  uu  très  petit  nombre  d'exemplaires. 

V.  La  Rente  d' Alsace  se  fait  un  devoir  do  si;^Mialer  les  publi- 
cations quilui  jiarvienneiit.  des  sociétés  savantes  de  sou  rayon. 
Il  lui  sera  pciniis.  sans  enfreindre  d'une  façon  excessive  les 
règles  de  son  prograninie,  de  signaler  aussi  les  publications 
(jui  lui  arrivent  de  sociétés  plus  éloignées  de  TAlsace.  et  dont 
les  travaux  ont  un  (b"_n-e  de  parenté  avec  ceux  qui  sont  le 
principal  objectif  de  la  lia  ue,  h  savoir  ;  l'histoire  locale.  De 
ce  nombre  sont  : 

1°  Les  Mémoires  de  la  Société  historique,  littéraire,  artis- 
tique et  8cientifiq[ue  du  Cher.  :i'  série.  1"^  vuliiiiie.  Bourges, 
imp.  de  E  Péglet,  1878..  Io4°  de  401  p.,  avec  planches.  Chez  J. 
David,  lut-Bernard,  libraires  à  Bourges, et  Damoiilin,  13,  qaai  des 
AngostiiM,  Paris. 

Préois  «nalytiqae  dMtnmmx  d«raoadémi«dM  aoiMi* 
OM,  béllM-litlrM  ai  arts  de  Booeii,  pendant  Tannée  18T7- 
187&.  Ronen,  imp.  de  H.  Boissel,  187B.  In^  de  5S3  p.,  ehet  A. 
Picard,  81,  me  Bonaparte,  Paris.  . 

8'Biill«tln  û»  la  SooiéU  d'agrlooltoM,  Sndiwtrln,  aolaiioM 

et  arts  du  département  delà  Lozère,  tome  XXX*,  1879. 
Janvier  et  février.  Mende,  imp.  de  G.  PhTSt,  5,  rue  Bssse,  1879. 

In-8-»  de  176  p. 

Pour  le  luxe  de  Tédition  de  ses  mémoires,  la  Société  histO" 
rique  du  C/ter  prend  place  aux  premiers  rangs  des  publications 
de  nos  Sociétés  savante^*,  c  Spécialement  instituée  dans  rori- 
gine  pour  étudier  les  monuments  historiques  du  département,  » 

la  Société  a  voulu  donner  de  l'extension  à  son  programme,  en 
ne  s'interdisant  pas  de  traiter  à  Taveuir  a  de  toutes  matières 
littéraires,  artistiques  et  scientifiques.  »  Le  volume  que  nous 
sifinalons  avec  plaisir  est  le  premier  de  la  nouvelle  série,  et 
les  travaux  qu'il  renferme  justiftent  le  développement  donné 
au  premier  programme  de  la  Société.  L'histoire  locale  n'y  a 
rien  perdu,  bien  au  contraire;  car  il  n'y  a  pas  que  les  ruines 
féodales,  les  édifices  reli^^ieux  ou  civils  qui  constituent  les 
mouumentâ  historiques  d'une  province  ou  d'un  département  : 


286 


il  y  a  encore  les  monuments  écrits,  qui  échappent  aux  yeux 
du  vuliçaire,  mais  qui,  au  point  de  vue  de  l'histoire,  offrent  un 
intérêt  souvent  plus  important  que  les  monuments  proprement 
dits.  On  doit  penser  ainsi  à  la  Société  historique  du  Clier  et 
ce  qui  le  prouve  c'est  la  place  accordée  dans  les  mémoires  aux 
a  Chroniques  de  la  chatelh'nic  de  Lury,  »  fournies  par  M.  J. 
B.  E.  Tausserat.  Cette  cli;itelleuie,.(iui  faisait  autrefois  partie 
du  Bas-Berry,  forme  aujourd'hui  un  des  vingt-ueuf  cantons 
du  département.  S  il  existait  sur  chacun  de  ces  cantons  un 
travail  aussi  spécial  et  aussi  coniph'l  qiiv  cehii  de  M.  Tausse- 
rat, on  pourrait  dire,  sans  crainte  de  se  tromjM.T,  que  le  dépar- 
tement du  Cher  est  un  de  ceux  qui  ont  réuni  avec  le  jdus  di- 
science  et  d'art  les  éléments  généraux  de  leur  histoire  dans 
le  cours  du  moyen-A^e.  Aux  chroniques  exposées  avec  une 
mesure  tout-à-fait  littéraire,  M.  Tausserat  a  joint  h  son  travail 
un  certain  nombre  de  jnèces  justiticatives  ou  de  monuments 
écrits,  en  même  temps  ([u'il  a  orné  \q  texte  de  sa  l  umpusition 
d'un  assez  grand  nombre  de  phuiches  représentant  k'S  monu- 
ments proprement  dits.  Cette  manière  de  faire  répond  admi- 
rablement au  programme  de  la  Société  en  même  temps  qu'elle 
donne  satisfaction  à  toutes  les  prédilections  des  membres  de 
la  Société. 

Ce  que  nous  considérons  comme  la  seconde  partie  des 
mémoires  de  la  Société  historique  du  Cher,  contient  un  tra- 
vail sur  l'hygiène  des  armées  en  campagne,  un  rap))ort  sur 
les  procédés  employés  pour  faire  revivre  les  manuscrits  sur 
parchemin  altérés  par  l  incendie.  une  monograi)iHe  sur  la  tour 
de  Vëvre,  dernier  témoin  d'une  ancienne  domination  seigneu- 
riale et  une  note  relative  à  une  émeute  à  Bourges  aux  pre- 
miers temps  de  la  révolution. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Rouen.  — 
Sans  dédaigner  les  études  se  rattachant  aux  choses  locales, 
l'académie  de  Rouen  fait  la  part  très  large  aux  connaissances 
générales.  Elle  a  son  siège  dans  une  ville  importante,  elle  dis- 
pose de  ressources  (pii  lui  imposent  l'obligation  de  respecter 
les  vues  de  ses  bienfaiteurs,  et,  à  ces  divers  titres,  elle  doit 


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BOLURIK  BDLIOaBAVUlQUI 


987 


participer  d'une  façon  plus  directe  que  les  autres  Sociétés 
savantes  à  la  vie  littéraire  et  scientifique  de  Thumanité.  Ëlle 
divise  ses  travaux  en  deux  classes  :  celle  des  sciences  et  ceUe 

des  lettres.  Le  précis  analytique  quo  nous  avons  sous  les  yeux 
renferme,  ainsi  que  Tindiquc  le  titre,  le  compte-rendu  des 
travaux  de  la  chusse  dos  sciences  se  rattachant  au  téléphone* 
à  la  chaux  aiiiiiialisée.  aux  cxorciccs  (h' ^u'oiiiétrie  analytique^ 
aux  métaiiu)r|)hoscs  des  Batraciens,  à  la  ligature  de  la  caro- 
tide, à  lalcoolisine,  ra^Mirulturc  chez  les  Grecs  et  chez  les 
Romains,  h  l  iudustric  du  Irouiaj^e  dans  la  Seiiie-InfV-rieure  et 
rFiUr»'  et  à  Tozoïie.  Six  mémoires  concernant  (iuel([ues-unes 
des  ([uestions  précitées  suivent  le  précis  analytique  des  tra- 
vaux de  cette  classe.  Quant  à  la  classe  des  belles-lettres,  elle 
n'est  pas  alimentée  moins  richement  que  la  précédente.  Divers 
éloges  de  la  ville  de  Rouen,  des  notices  sur  le  prieurt*  d  Auf- 
fray,  sur  Kicher  et  Leveau,  sur  les  domaines  funéraires  païens 
et  chrétiens,  sur  Charles-Robert  et  Louis  d'Anjou  en  Hongrie, 
sur  un  épisode  de  I  histoire  de  Sicile,  des  études  sur  le  réta- 
blissement des  tours,  le  vagabondage,  l'emprisonnement  cellu- 
laire, la  recherche  de  l'étrange  en  littérature,  la  morale  et  la 
philosophie  des  femmes  du  monde,  l'archéologie  préhistori(iue 
et  des  rapports  sur  un  certain  nombre  d'ouvrages  ont  occupé 
les  membres  de  cette  classe  en  même  temps  que  l  exaiiK  ii 
d'un  certiiin  nombre  de  mémoires  dont  le  comité  a  uduiis  la 
publication  dans  le  volume  de  ls7s. 

Il  ne  saurait  être  douteux  que  la  collection  des  annales  de 
Tacadémiiî  de  Rouen  ne  forme  une  précieuse  et  intéressante 
encyclopédie,  à  laquelle  on  aura  fréquemment  recours. 

Société  dagricyUure,  indudrie,  sdence^  et  nrts^  de  la  Lozère, 
—  Autres  sont  le  mode  de  publication  et  les  travaux  de  la 
Société  de  la  Lozère.  Celle-ci  a  une  périodicité  mensuelle, 
hi-mensuelle,  voire  même  trimestrielle,  selon  l'importance  des 
travaux  qui  lui  sont  fournis  ou  qu'elle  centralise.  D'un  autre 
côté  ses  vues  sont  plus  particularistes,  en  ce  sens  qu'elle 
concentre  ses  études  et  ses  recherches  sur  les  intérêts  locaux 
et  sur  l'histoire  du  pays  oii  elle  a  son  siège.  Le  bulletin  qui 


988 


forruB  d'albacb 


commence  le  tome  XXX*  de  ses  publications  et  que  nous  avons 

sous  la  main,  renferme,  outre  les  renseignements  constitutifs 
(le  la  Société  et  les  procès-verhaux  de  ses  séances,  le  compte- 
rendu  du  concours  d'animaux  de  boucherie,  tenu  à  Mende  en 
février  dernier,  un  mémoire  sur  Taménagement  des  fumiers, 
un  autre  sur  la  maladie  des  chfttaijîniers  dans  les  Cévennes, 
une  not«'  sur  la  plantation  des  ii(>y»M  <  empruntée  au  Bulletin 
de  lii  Société  d'agriculture  de  ToHî^uy  et  un  second  emprunt 
fuit  au  iiuUt'tin  du  coniice  de  Vitry-Ie-Fran(;ois,  concernant 
les  poules  de  la  racecampine  pondant  tous  les  jours.  Quelques 
lignes  en  faveur  de  la  cliauve-souris,  les  mercuriales  des 
marchés  de  la  Lozère  et  le  tableau  des  oi)servations  météoro- 
logiques faites,  m  décembre  et  en  janvier  derniers  dans  les 
vingt-deux  stations  du  iléi)artement.  renqdisseiit  la  première 
partie  du  fascicule.  La  seconde  partie  contient  le  texte  même 
des  titres  relatifs  à  radmini>trrtioii  et  aux  droits  du  Gévaudan 
au  XVll"  siècle.  Cette  partie  a  une  juigination  à  part  et  forme 
le  code  diplomatique  du  pays  que  la  Société  continuera,  sans 
doute,  justpren  17i)().  Ces  documents  tireh  des  archives  et  jetés 
ainsi  dans  le  domaine  public,  sont  la  hase  essentielle  de  toute 
histoire  d'une  provins La  Société  a  des  droits  à  la  recon- 
naissance de  ses  compatriotes  pour  le  travail,  au(}uel  elle 
consacre  sans  interruption  la  plus  grande  partie  de  son 
Bulletin. 

VI.  La  lorUrew*  viMBé9  dn  Prey-dA-Cteudy,  par  J.  B. 

HuoT,  dont  nous  parlerons  à  propos  du  granit  vitrifié  décou- 
vert par  M.  le  Docteur  Bleicher  sur  le  ballon  d'Hartmanna- 
wUler. 

FrédAbig  Kuniz. 


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HISTOIRE  ET  STATISTIQUE 

L'INDUSTRIE  DE  LA  LAL\Ë 

EN  ALSACE 


Moiiia  imporUnte  qua  Tiadustrie  cotonnière,  Pindustrie  da 
la  liiiie  troure  dans  le  pays  même  sa  matière  première. 
Aussi  est-elle  plus  ancienne  en  Alsace,  où  elle  doit  exister 
depuis  l'introduction  du  mouton.  Le  mouton,  cependant,  ne 
86  trouTe  pu  chez  nous  en  nombre  sufQsant,  et  il  tend  à 
dimianer  encore  sous  reflet  des  progrès  de  l'agriculture.  Un 
reeensemeiit  de  Taiiiiée  1818  ea  indique  81876  lAtei^  dont 
46886  dans  la  déparlament  de  la  Hanto-Alsaea  et  86010  dans 
la  BcBse-Alsace.  Tandis  que  rAngleterre  entretient,  à  o6té  de 
aon  gros  bétsil,  168  montons  par  100  hectares  de  terres 
cnltlTées  et  de  prairies,  la  Hante-Alsace  en  compte  88  senle- 
ment;  la  Basse-Alsaee,  19.  Tontes  ehoses  égalss,  les  cnltifa- 
tenis  alsaciens  lèraient  tont  aussi  bien  que  les  Anglais.  Hais 
dans  no^re  contrée,  le  climat  sec  et  brftlant  peodant  une 
partie  da  l'année,  la  nature  légère  et  perméable  de  beaucoup 
de  terres  ne  farorise  pa:^  la  végétation  herbacée,sans  laquelle 
le  bétail  ne  prospéra  pas.  Puis  le  morcellement  excessif  de  la 
propriété,  Textension  des  cultures  intensives  et  des  cultures 
industheiles  reatreigoeat  toat  particulièrement  l'élève  du 


290  BSVUX  D*AL8A0I 

mouton,  animal  des  grands  parcours,  et  qui  deyieiitâ*iiii  f  Dire- 
tien  difficile  et  coûteux,  avec  un  sol  très  diviaé,  très  cher. 
Autrefois,  lorsque  chaque  rillage  possédait  son  pâturage 
communal,  on  pourail  nourrir  un  grand  nombre  de  bêles  à 
laioe.  Maintenant  que  la  jachère  a  disparu,  les  cultivatturs 
tirent  un  plui  grand  proUt  de  l'ensemencement  de  toutes  les 
terres  disponibles.  C'est  la  région  du  Sundgau,  autour 
d'Altkirch,  qui  eotretieut  le  plus  de  moutons  en  Alsace. 

Les  laines  du  pays  sont  de  bonne  qualité  et  proviennent 
surtout  do  moutoos  de  rtoe  iodigène.  Biles  Tarieui  selon  les 
localités  et  suivaDt  la  race.  Bu  ce  qui  eoncerne  les  influeoees 
locales,  on  remarque  que  la  laine  gagne  en  finesse  sur  les 
sols  Kcs  et  légers,  tandis  que  les  terrains  plus  humideSi  plus 
plantureux,  donnent  des  toisons  plus  abondantes,  mais  aussi 
plus  communes.  Depuis  le  commenceiient  du  siècle,  quelques 
drorts  ont  été  ftits  pour  introduire  des  moutons  mérinos  et 
pour  am^iorer  la  race  indigène  par  des  croisements.  Ces 
essais  montrent  la  possibilité  de  faire  prospérer  ici  le  mé- 
rinos, si  la  rareté  des  pâturages,  le  prix  élevé  des  fourrages 
d'hiver,  l'embarras  de  trouver  de  bons  bergers  pour  des 
troupeaux  trop  peu  nombreux,  n'étaient  autant  d'obstacles. 
Sur  une  population  orine  de  81876  têtes,  les  mérinos 
comptent  seulement  pour  8516  individus,  î<oit  4  du  nombre 
total.  Naturellement,  les  moutons  du  pays  sont  loin  de  suffire 
pour  alimenter  Tindustrie  de  la  laine  qui  occupait  en  Alsace, 
au  moment  de  Tannexion,  plus  de  7000  ourriers,  afee  un 
chiffjre  d'afiiires  de  40,000,000  de  firancs. 

Dès  le  dernier  siècle,  les  fobrkanls  employaient  beaucoup 
de  laines  de  Bohême  et  des  laines  de  France.  Nous  trouTons 
dans  les  comptes  d'une  ancienne  maison  de  Mulhouse  Ténu- 
mération  des  laines  employées  et  le  prix  des  diterses  sortes 
en  1789.  On  payait  alors  i80  lirres  le  quintal  de  laine  du 
pays,  soit  le  kilogramme  à  8,57  Ihincs;  la  laine  d*été  de 
Bohême,  168  à  208  livres  le  quintal,  ou  8,44  à  4,13  francs 


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Burroni  n  tTÀTiBziQCs  db  l'industbib  de  la  laims  2iii 


le  kilogramme;  la  laine  d'hiver  de  Bohême,  203  à  225  lirres, 
00  4,08  à  4,47  fraQCs;  la  laine  française,  128  à  127  livres, 
ou  2,44  à  2,52  francs;  la  laine  pour  trame  2,66,  et  la  laine 
pour  lisière  2,78  franC3  le  kilogramme.  En  1764,  les  cent 
livres  doivent  avoir  coûté  106  livres  à  Wissembourg;  88  à 
Strasbourg;  104  à  Hagaenau;  67  à  Schlettstadt;  1-20  à  Gol- 
mar;  125  à  Belfort  A  la  même  date,  le  prix  dd  la  laine  filée 
était,  à  Strasbourg,  da  197  livres;  à  Wissembourg,  de  266; 
à  Hagaenaa,  de  166;  à  Schlettstadt,  de  104;  à  Belfort,  de 
800  lif  rea  I0  qoiaial.  Botare  les  laines  de  Pâques  et  les  laines 
d'aaioome,  les  comptes  de  la  ville  de  Golmar  de  1B88  à 
1548  constatent  les  miatlons  de  prix  soivantes  éTalaées  en 
francs  et  an  kilogramme  : 


Lalu  de  PâvMi  LaliM  d'anioiiiM 

Bn  1688   Fp.  1  18  Pp.  "l  tO 

>  1689   >  0  94  »    0  90 

»  1640   •  084  .  

.  1541                           .  0  8$  t     0  68 

»   1542                            .  0  76  .     0  89 

.  1548   »  1  14  »     1  04 


Presque  toutes  les  laines  furent  d'abord  filées  à  It  muin. 
La  fabrication  des  draps  resta  longtemps  à  Tétat  de  métier, 
avant  de  devenir  une  industrie  manufacturière.  A  la  cam- 
pagne, les  familles  fusaient  faire,  en  employant  la  laine  tissée 
a?ee  desfilf  de  chanTPe,  une  étoffe  feutrét,  servant  surtout  pottP 
les  fétemeots  d'iiommes.  Dtas  ces  étoffes,  la  chaîne  était  en 
chanTpe,  la  tpame  en  laine.  On  la  foalait  après  le  tissage* 
poop  la  teindre  ensoite  en  cooleops  Tapiées,  suivant  le  goût 
de  chacun.  En  Tille,  les  draps  étaient  en  pure  laine.  Les 
statato  des  anciennes  corporations  de  drapiers  renferment 
encore  d'intéressants  détails  sur  la  fabrication  et  le  commerce 
des  tissus  de  laine.  N*était  pas  libre  qui  Toulait  de  vendre 
on  de  confectionner  des  draps.  Des  règlements  minutieux 
s'étendaient  jusqu'aux  détails  de  la  fabrication.  Citons  notam- 


ftfiVUS  i>'alsack 


ment  les  régies  du  corps  des  tisseurs  en  laine  de  Colmar,  en 
date  de  Tannée  Ce  règlement  défend  aux  tisseurs  de 

mêler  des  poils  à  la  laine,  sous  ()eine  de  perdre  le  métier  et 
de  voir  leurs  produits  confisqués  ou  brûlés.  Les  pièces  desti- 
nées au  commerce  devaient  avoir  une  longueur  de  72  aunçs 
et  une  largeur  de  coudées  moins  un  quart,  soit  39",5 
sur  {'",5.  Pour  les  draps  blancs  frappés,  il  fallait  7  paquets 
{gebumdm)  de  fllés;  pour  les  draps  cardés,  9  paquets.  A 
Strasbourg,  le  règlement  de  1514  prescrit,  selon  Tabbé 
Hanaaer,  one  chaîne  de  84  coadéee,  ou  45  mètres,  et  une 
trame  de  IS  paquets  pour  le  drap  fin,  10  paquets  de  flls 
pour  la  pièce  de  drap  moyen  d*égale  longueur,  et  8  paquets 
pour  le  gros  drap  de  66  coudées  ou  86  mètres  de  long.  La 
largeur  des  piècei  entre  les  deux  lisières  était  de  1*,06  ou 
S  coudées.  Toutefois,  les  règlements  des  corporatioas  pon« 
Talent  se  modifier.  Ainsi,  ceux  de  Tannée  1521,  tout  en  main- 
tenant les  anciennes  dispositions  pour  les  doublures  de  Stras- 
bourg, aulorisent  les  drapiers  &  fabriquer  des  draps  façon 
Ypres,  à  deux  brandies,  avec  cliaîne  ou  fil  à  la  main  et  trame 
ou  fil  plus  gros  au  rouet.  Une  autre  ordonnance  de  1589 
permet  la  confeclioa  des  draps  à  trois  branches  et  celle  des 
baignes. 

Arec  le  cours  des  années,  une  plus  large  tolérance  s'étend 
aux  matières  à  employer,  aux  couleurs  des  tissus.  Dans  le 
principe,  la  bonne  laine  était  seule  admise,  encore  la  fine 
dCTait-elle  être  réserrée  pour  la  chaîne  et  la  grosse  pour  la 
trame.  A  partir  de  16S9,  les  statuts  permettent  de  mélanger 
à  Yolonté  la  laine  fine  et  grosse,  la  laine  d*été  et  dliiver,  la 
laine  de  première  et  de  seconde  tonte.  Ne  sont  plus  défen- 
dues que  les  laines  prorenant  des  pelletiers  ou  des  chamol- 
senrs,  les  bourres  de  laine  et  les  poils  des  jambes.  Cent  ans  plus 
tard,  ces  dernières  défenses  sont  levées  à  leur  tour.  Les  restric- 
tions portées  au  commerce  durèrent  plus  longtemps.  D'après 
les  statuts  des  drapiers  et  cardeurs  de  Saverne,  enregistrés  aux 


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UI8T0IBE  BT  STATISTIQUS  Dfi  L'INDUSTRIE  DE  Lk  LAIMB  283 


aetet  da  Conseil  souverain,  le  28  janvier  1758,  les  flibrlcants 

rendent  eux-mêmes  en  détail.  Les  raarLhnnds  forains  peuvent 
étaler  leucs  articles  aux  f  oires,  mais  non  pas  les  colporter 
de  maison  en  maison.  Pour  être  aJmis  au  clicf-d'œurre  et 
pour  passer  maître,  il  fallait  trois  ans  d'apprentissage,  trois 
ans  de  voyage,  trois  ans  de  travail  chez  un  maître  de  la  ville. 
Quant  au  ctief-d  œuvre,  les  statuts  prescrivent  aux  candidats  : 
<  une  pièce  de  drap  quMis  dresseront  et  monteront  à  neaf 
pour  cet  effet,  pour  laquelle  pièce  il  ne  pourra  être  pris  que 
SI  lirres  de  laine  pour  la  chaîne  ou  les  fils  tendus  ou  dis- 
posés en  long,  et  8  1/3  livras  ponr  la  trame  ou  les  fils  qui 
passent  en  travers.  La  chaîne  on  les  flls  en  long  auront  été 
marqués;  chaque  marque  étant  de  5  8/4  (8"/)9)  aunes 
d'Allemagne,  liiîsant  en  tout  80  1/8  aunes  (48*81)  en  lon- 
gueur, et  44  portées  en  largeur;  chaque  portée  a  88  dis.  Snr 
la  droite  de  la  pièce  seront  travaillées,  au  même  métier,  les 
armes  de  révéehé  de  Strasbourg,  au-dessus  desquels  seront 
la  mître,  la  crosse  et  Tépée;  sur  la  gauche,  les  armes  et  le 
nom  de  la  ville  de  Savenie;  le  tout  en  couleurs  assorties,  t 
Un  mémoire  manuscrit  du  dernier  siècle,  sans  nom  d'au- 
teur, mais  qui  porte  une  empreinte  officielle  inconteslahle, 
renferme  d'intéressants  détails  sur  la  première  manufacture 
de  drap  établie  en  Alsace.  Nous  y  lisons  :  t  En  1684,  les 
sieurs  Harff  tt  llorer  établirent  à  Strasbourg  une  manufac- 
ture de  draps,  en  conséquence  d'un  arrêt  du  dernier 
décembre  lUSS.  Leur  privilège  étoit  pour  vingt  années.  Ils 
étoient  obligés  de  fournir  des  draps  de  leur  fabrique  suffi- 
samment  pour  la  consommation  de  la  province,  et  de  (burnir 
aux  drapiers,  fiihricants,  dans  toute  l'étendue  dieelle,  les 
laines  nécessaires  pour  leur  travail,  et  lesdits  Harff  avoient 
non  seulement  Vexemption  de  tous  droits  pour  leurs  laines  et 
draps;  mais  par  le  même  arrêt  on  avoit  encore  établi  un 
droit  de  18  s.  par  aune  sur  les  draps  venant  des  pays  étran- 
gers, à  leur  entrée  dans  la  province.  Ckîs  draps  étoient  de 


S9i 


BIVOI  D'ALBACS 


6  livres  à  Tanne  de  Pftris»  et  cette  mtnufiictiire  a  ea  on 
succès  si  fiiTorable  pendant  vingt  années,  qae  pins  de  tOO 
maîtres  drapiers  établis  à  Strasbourg,  Barr,  Wasselone  et 
Sainte-Marie  employ oient  an  nombre  considérable  d'ourriers 

et  subsistoient  itomraodéraeiil  avec  leurs  familles,  sans  compter 
que  le  sieur  Ilarff  avait  toujours  300  ouvriers  dans  la  seule 
manufacture  établie  à  Strasbourg.  Mais  le  privilège  expiré 
en  1705  n'ayant  point  été  renouvelé,-  et  le  sieur  Harff  père 
étant  mort,  ses  fils  ont  laissé  tomber  cette  manufacture.  Les 
derniers  sieurs  HarlT  et  autres  associés  font  seulement  fabri- 
quer à  Strasbourg  des  tapisseries  de  points  de  Hongrie  et 
de  Bergame  et  des  convertures  de  laine.  Gomme  on  ne  tra- 
vaille à  ces  manufactures  qu*i  proportion  de  la  consomma- 
tion et  du  débit  qu'ils  en  ont,  on  compte  pourtant  qn^  se 
fabrique,  année  commune,  dans  lesdites  mannlketures,  6000 
aunes  de  tapisserie  qu'ils  envoient  en  Allemagne,  en  Suisse, 
en  Italie;  Tanne  de  Paris  évaluée  à  8  L,  cela  peut  produire 
40000 1.  Pour  ce  qui  est  des  couvertures  de  laine,  non  com- 
pris ce  qni  est  fourni  chaque  année  pour  les  casernes  et 
hôpitaux  des  troupes,  on  en  envde  environ  1000  pièces  en 
Lorraine  et  dans  le  pays  messin,  lesdites  couvertures  éva- 
luées, selon  leur  différente  qualité,  sur  le  pied  de  12/1 S  jus- 
qu'à 35  1.  Si  la  consommation  et  le  débit  de  ces  marchan- 
dises étoient  plus  forts,  on  pourroit  y  en  faire  fabriquer  une 
plus  grande  quantité.  Les  matières  premières  employées  à 
ces  ouvrages  se  prennent  partie  en  Alsace,  partie  dans  les 
pays  étrangers;  la  plus  grande  part  des  laines  se  tire  de 
Bohême,  du  Palatînat  et  de  la  Hesse.  Les  droits  d'entrée  à 
Strasbourg  sont  d'environ  f  pour  100  et  les  autres  sont  peu 
considérables.  * 

Il  n*y  avait  pas  encore  à  cette  époque  de  grande  Ikbrique 
de  toile;  mais  Tauteur  du  mémoire  dont  nous  venons  de 
donner  un  extrait  parle  d*une  autre  manuficture  de  bas  au 
métier;  «  C'étaient  des  bas  au  métier  et  du  capiton.  Cette 


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RBTOIU  BT  BTATimiJl  OÉ  L'INISOITBIB  DB  LA  LAOn  9B6 

manufoctare  fut  établie  en  1688,  en  conséquence  d'une  lettre 
du  ministre,  écrite  au  sieur  Obrecbt,  lors  préteur  roy»!  de 
Strasbourg.  Ella  a  aobaisté  josqa'en  170$.  L*entrepreaear 
était  le  eienr  Jean-George  Deoeher,  marchand  en  gros,  négo- 
ciant en  étoflias  d*Angleterre  et  en  bas.  Ceux  quHI  faisait 
fid>rlqner  étaient  oertainenient  de  qualité  au  moins  égale  à 
oeux  des  autres  bbrîques;  le  débit  en  éloit  considérable  et  la 
province  en  tiroit  une  grande  utilité,  tant  par  rapport  à  la 
consommation  qui  s'y  faisoit,  que  parce  qnMl  en  passoit  beau- 
coup à  l'étranger.  On  prétend  qu  uiie  des  raisons  qui  a  fait 
tomber  cette  manufacture  est  qu'en  1703,169  nouveaux  droits, 
établis  sur  les  marchandises  étrangères,  furent  ôtés  à  l'entrée 
enfla  permise  à  cette  prorince,  ce  qui  causa  tout  d'un  coup 
uns  cessation  dans  la  vente  des  bas.  > 

Mulhouse  possédait  comme  Strasbourg  des  manufactures 
de  draps  dès  le  commencement  du  XVII*  siècle.  Cette  Tille 
formait  alors  une  petite  république  indépendante,  alliée  des 
cantons  suisses.  Elle  demanda  à  être  unie  à  la  France  en 
1798,  afin  de  8*affiranehir  des  droits  de  douane  qui  gênaient 
son  commerce.  Ses  frbricants  ne  produisirent,  jusqu'à  répo« 
que  de  sa  réunion,  que  des  draps  communs,  des  ratinés  à  tissu 
croiséb  frisés  du  bon  côté,  des  draps  blancs  à  l*usage  des 
imprimeurs  sur  étofGi.  Les  deux  premières  sortes  se  teignaient 
en  diflérentes  nuances,  partie  en  bleu,  partie  en  ronge  écar- 
late  et  en  garance.  Ces  tissus  sa  rendaient,  soit  en  Alsace, 
soit  en  Italie  et  en  Suisse.  Aux  foires  de  Zursach  et  de 
Berne,  on  voyait  toujours  bon  nombre  de  marchands  en  gros 
venus  de  Mulhouse;  mais  les  ventes  pour  la  Suisse  devinrent 
plus  difQciles  après  la  réunion  à  la  France.  Par  contre,  de 
nouveaux  débouchés  s'ouvrirent,  à  partir  de  1800,  dans  le 
Piémont  Turin  surtout  acheta  beaucoup  de  drap  d'Alsace  pour 
son  commerce  d'échange  contre  les  organsins  ou  chaînes  de 
soie  écrua  a?ec  les  marchands  des  campagnes.  On  employait  à 
Mulhouse  les  laines  de  Itohéme,  réputées  supérieures  à  celles 


986 


BITUI  D'A£8A0B 


da  piys.  Jusqu'en  1820,  les  laines  continuèrent  à  être  filées 
à  la  maio.  L'introductîoii  det  inaehiiieB  pour  la  fllalure  mé- 
canique suscita  aux  Ikbricants  de  Mulhouse  mie  forte  eooeor* 
renoe.  De  différents  cétés  8*éleTérent  de  nouvelles  ikbriques 
de  draps,  n  y  en  avait  dégà  à  Golmar,  à  Tbann,  à  Gueb- 
wilter,  à  8ainte*llarie-auz-]fines,  à  BOhL  A  BOhl,  la  maison 
Thyss  et  G*  produisit,  vers  la  fin  du  premtor  Empire,  de> 
draps  d'une  grande  perfection,  des  cuirs  de  laine  snsceptiblee 
de  concourir  arec  les  meilleures  qualités  d'Ëlbeuf  et  de  Lou- 
Tiers.  Celte  môme  manufacture  livrait  aussi  des  articles 
légers  pour  habillements  d'été,  puis  une  sorte  de  mi-drap 
croisé  appelé  circasienne,  servant  pour  manteaux  de  dames. 
Avec  la  concurrence  et  sous  son  incitation,  les  procédés  de 
fabrication  s'améliorèrent  dans  tout  le  pays. 

Malgré  des  droits  énormes  de  80  %  sur  Timportation  des 
laines  étrangères,  dont  les  fabriques  de  l'Âlsace  consommaient 
une  grande  quantité,  l'industrie  des  draps  continua  à  se 
développer.  De  1810  à  18i0,  piusieuxt  filatures  de  laine 
s'établirent  dans  le  pays.  Bn  185S,  Tinveation  de  la  peignenie 
Heilmann  engagea  la  mannfiietnre  de  BflhI  à  ikire  eoaatmire 
à  titre  d*essai,  les  premiers  métiers  pour  la  filature  de  la 
laine  peignée,  en  mérinos.  On  commence  par  8000  broches, 
portées  au  nombre  de  6000  deux  ans  plus  tard.  Ai^ourd'hni, 
la  filature  de  la  laine  peignée  compte  un  effectif  de  117000 
broches  en  Alsace,  plus  49000  broches  à  retordre,  avec  un 
personnel  de  8500  ouvriers,  touchant  environ  2200000  francs 
de  salaires  annuels.  Ajoutez  18000  broches  pour  la  filature 
de  la  laine  cardés,  dont  15000  pour  le  rayon  dn  Bischwiller, 
dans  la  Basse- Alsace.  Les  filatures  de  laine  peignée,  au 
nombre  de  six  seulement,  se  trouvent  à  Mulhouse,  à  BUhl, 
à  Malmerspach  et  à  Ërstein,  chacune  d'un  effectif  de  12000 
à  88000  broches.  Moins  importanteSi  les  petites  filatures  de 
laine  cardée  de  la  Basse-Alsace  sont  au  nombre  de  vingt- 
cinq,  dont  la  plus  forte  a  6800  biocbet,  la  plus  feible  88  sea- 


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lernent  La  mannAulan  de  BOhl,  It  pins  eonaidérable  de 
BOira  indostrie  lainière,  oeeape,  à  oMé  de  les  8S600  broches 
à  Hier,  aOO  méllen  à  taer.  De  leor  eôté^  les  drapiers  du 
rayon  de  BischwiUer  Élisaient  marcher,  aa  moment  de  Tan- 
neiion,  1000  métiers  à  tisser,  maintenant  rédaits  à  peu  près 
au  quart.  Qaelqaea  maisons  de  la  rallée  de  Saiate-Marie-aux* 
Mines  tissent  auisi  la  laioe  pure  avec  200  à  400  métiers 
mécaniques,  concuremment  avec  des  articles  mêlés.  A 
Mulhouse,  à  Guebwiller  et  à  Tbann,  cinq  maisons  fabriquent 
des  draps  de  cylindrt  et  des  pannes  avec  180  métiers,  dont 
71  à  bras.  Somme  toute,  l'industrie  de  la  laine  en  Alsace, 
filature,  retordage  et  tissage,  occupe  un  total  de  198,000 
Iwoches,  plus  1600  à  iSOÛ  métiers  à  tisser,  avec  un  per- 
sonnel de  4600  ouf  riers  gagnant  8800000  francs  de  salaires 
par  année,  sur  nn  chiffre  d'affiiiree  annuel  de  40000000  de 
franes. 

Prenons  la  mannlhcture  de  Bflbl  pour  nous  rendre  hien 
compte  de  la  situation  actuelle  de  l'Industrie  de  la  laine  et 
de  ses  mofens  d*actioo.  M.  Bdmond  Rogelet,  fils  dn  chef  de 
la  maison  et  un  de  ses  administrateurs  actuels,  Tout  bien 
nous  donner  les  renseignements  nécessaires.  Ge  sara  pour 
nous  une  garantie  d'exactitude.  BUhl  est  une  petite  commune 
située  sur  la  Laucb,  à  quelques  kilomètres  en  arrière  de 
Guebwiller  tt  au  pied  du  grand  Ballon,  dans  un  site  char- 
mant. Outre  la  manufacture  de  laine,  il  y  a  dans  la  même 
localité  des  filatures  de  coton  importantes.  La  maison  Rogelet 
et  G*  file  et  tisse  des  mérinos.  L'établissement  forme  on 
groupe  de  plusieurs  bâtiments  i  rez-de-chaussée,  avec  ateliers 
de  réparation  et  grands  magasins,  a?ec  machines  à  ▼apeur 
de  la  torm  de  550  chenuz,  et  170  chevaux  en  moteurs 
hydrauliques.  Le  tissu  mérinos  eonstttue  le  type  des  tissus 
pure  laine^  dont  hi  finesse  au  toucher  et  la  remarquable 
réfularité  dénotent  un  ehoiz  d'excellente  matière.  Ce  tissu 
contient  4  fite  au  rapport  trensversal,  et  4  dnites  au  rapport 


9B6  nfl»  D'ALAAfll 

loogitiidiiiai,  décoebaot  on  à  m  à  «bi^OA  înaMoa  de  trtOM 
de  minièra  à  deeelner  aa  liUoii  oblique  comme  eroieiire. 
Chaque  fil  évoloe  deox  Ibis  eonaéentlrea,  eoit  au-desBui»  soit 
aa-deeeeos  des  trames  saeoesBlFes,  de  aorte  que  le  tissu  n*a 

point  d'envers,  à  proprement  parler.  Gomme  eboix  de  laine, 
Parliele  mérinos  exige  des  sortes  qui  gonflent  et  drapent 

bien,  originaires  d'Australie  et  de  la  Champagne.  Gomme  ma- 
tériel, rétablissement  de  Bulil  occupe  3  trains  complets  de 
dégraissage,  64  cardes^  5  lisseuses  d  André  Kœchlin,  45 
machines  de  préparation  avant  et  après  peignage,  60  pei- 
gneuses  de  Heilmaon,  6  assortiments  complets  do  préparation 
à  1m  filature,  32500  broches  à  filer  et  800  métiers  a  tisser. 
Le  personnel  ouvrier  se  compose  de  1:200  individus,  hommes, 
femmes  et  enfiints,  dont  520  à  la  filature,  les  antres  au  tis^ 
sage  et  dans  les  sernees  aeoessoires.  La  somme  des  salaires 
s'âlèTe  à  900000  francs  par  an.  Année  mofenne,  il  feat 
7500  à  7600  balise  de  laine,  pesant  ilOOOOO  à  1160000  kilo- 
grammes, au  prix  d*aehat  de  6000000  de  frenss,  donnant 
ensemble  5S5604  kilogr.  de  laine  peignée,  109S70  kilogr.  dd 
bkmsse  et  90000  Idlogr.  de  déchets.  liSS  515604  kilogr.  de 
laine  peignée  ont  donné  50S90S  kilogr.  de  filés  on  40180 
ptèees  de  tissn,  chscane  de  9S  à  94  mètres  de  kmguonr, 
yalant  ensemble  8000000  de  francs  an  ehilfrerond.la  ?aleur 
des  déchets  et  de  la  blousse  de  Tannée  étant  de  1200000 
francs. 

Nous  1  avons  dit,  les  laines  employées  pour  le  tissu  mérinos 
viennent  en  majeure  partie  d'Australie,  en  moindre  quan- 
tité, de  la  Champagne.  En  Champagne,  on  achète  la  laine 
chez  les  éleveurs,  par  Tintermédiaire  d'agents  appelés  ramas- 
seure,  qui  parcourent  les  FiUages  au  moment  de  la  tonte  et 
paient  les  acquisitions  an  comptant.  Les  laines  d'Australie 
aont  achetées  à  Ijondres,  anx  enchères,  par  un  agent  spécial 
attaché  à  la  maison  de  BdhL  Biles  Tiennent  de  i*intérlear  du 
continent  anstnllen,  dont  les  pâtnrsges  noordssent  dlm<- 


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mSTOIBB  R  STATttTIQUB  DK  L  IMDD8TRIZ  DB  LA  JJUMB  2dQ 


vmm  tnmpMQx,  et  ml  expédiéeB  en  ADgletorre  ptr  las 
porti  de  Sydney,  d*ÂdetoIde  et  de  Perl^Philippe.  Le  Nonvetle- 
Zélande  en  fooroit  %mA  nne  qualité  perettle  aoz  sortes 

d'Australie.  On  les  fait  yenir  de  Londres  en  Alsace  par 
Anyers,  en  franchise  de  droits;  tandis  que  de  1810  à  1880, 
les  laines  étrangères  importées  payaient  une  taxe  s'élerant 
à  80  Vo  de  leur  valeur.  Quelque  soin  que  l'on  porte  au  choix 
des  laines,  lors  de  Tachât,  il  faut  toujours  les  trier  avant  de 
les  mettre  au  travail,  à  la  sortie  du  magasin. 

Le  triage  a  pour  but  de  réunir  les  mèches  provenant  dea 
mêmes  parties  du  corps  de  l'animal.  Ces  mèches  se  alaaaent 
par  Iota  de  qualités  diverses,  selon  la  forée  ou  la  finesse  de 
le  [allie,  tu  nombre  de  0  à  9.  Non  eenlement  il  ikut  le  triage 
en  Tue  do  nnméfo  en  de  ]t  finease  plus  ou  noine  grude  du 
111  à  obtenir,  maie  encore  de  la  torsion  variable  pour  la 
chaîne  et  la  trame.  Four  In  préparatîoii  des  numérosi  on 
eherehe  à  combiner  la  longueur  et  la  fineaae  dea  ftlamente, 
destinés  à  Ibire  trois  ou  quatre  sortes  de  fil,  tandis  que  la 
distinction  de  la  finesse  snflH  pour  la  distinction  en^  les 
préparations  pour  chaîne  et  pour  trame.  Le  travail  du  triage 
se  pratique  sur  des  claies  disposées  de  manière  à  recevoir  un 
jour  convenable.  Chaque  claie  est  desservie  par  deux  ouvriers, 
un  homme  et  une  femme;  un  contre-maître  surveille  et  dirige 
l'atelier.  En  laine  d'Australie,  la  production  moyenne  s'élève 
de  85  à  90  kilogr.  par  personne,  en  douze  heures.  Gomme 
les  laines  d'Australie  arrivent  en  balles  fortement  compri- 
mées, après  lavage  à  due,  on  les  expose  sur  des  claies  dans 
un  sécboir  à  vapeur,  de  manière  à  faciliter  le  division  et 
l*onvortQre  des  mèehes. 

Quand  la  laine  contient  beaucoup  de  matières  étnngères, 
de  la  terre,  de  la  paille  on  des  chardons,  elle  subit  un  battage 
mécanique.  Autrement,  elle  passe  immédiatement  du  triage 
au  dégraissage  dans  des  appareils  automatiques.  La  lidMriqne 
de  Btibl  n'emploie  pas  moins  de  tlOOOO  kilogr.  de  savon  et 


I 


800  Bim  9'àXMàiam 

15000  kilogr.  de  criaUox  de  sonde  poar  eeMe  opénMoo. 
Après  le  dégnifssge  vient  le  sécfaige.  11.  Rogelet  emploie 
denx  séetaenses  du  systftme  Pasqnier,  de  Reims.  Ghaoflàge, 
Tentilation,  cirenlstion  de  la  laine,  s'aecompUasent  dans  un 
mdme  appareil  elos,  nne  sorte  de  caisse  reetangnlaire  fermée, 
longue  de  14  mètres.  A  la  partie  inférieure  de  l'appareil  se 
trouvent  des  tuyaux  chauffés  à  la  vapeur.  Au-dessus  des 
tuyaux  sont  les  venlillaleurs  pour  faire  circuler  l'air  chaud. 
Une  toile  »ans  tin  chemine  un  peu  plus  haut  que  les  venlil- 
lateurs,  et  une  cheminée  d'appel  sert  à  éracuer  l  air  saturé. 
C'est,  comme  vous  le  voyez,  une  machine  bien  simple,  sans 
complication  aucune,  sédiant  de  800  à  90Q  kilogrammes  par 
jour. 

Une.  fois  sécbée,  débarrassée  de  ses  impuretés  et  des  ma- 
tières grasses  étrangères,  la  laine  a  encore  besoin  de  se 
lubrifier  de  substance  onctueuse,  afin  de  ilMiltter  son  passage 
à  travers  les  garnitures  des  cardes.  L*huile  d*oUre  ^  Tolélne 
peuvent  servir  i  cet  effet  Gomme  Toléine  pure  est  difiQcile  à 
trouver,  Thnile  d'olive  se  recommande  de  préiSSrence.  Rien 
de  plus  aisé  d*ailleurs,  que  ce  mode  de  graissage.  La  laine 
est  étendue  dans  une  grande  caisse.  Chaque  couche  se  lubrifie 
à  la  main  avec  un  arrosoir  qui  contient  Thuile,  puis  la  masse 
est  mélangtje  au  moyen  d  uiiii  fourche.  Ainsi  préparée,  la 
laine  passe  aux  cardes.  Les  opérations  qui  suivent  ressem- 
blent beaucoup  à  celles  que  nous  avons  vues  pour  la  ûlature 
du  coton,  et  les  machines  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour 
les  deux  genres  de  textiles.  On  emploie  à  lîiihl  des  cardes  à 
avant-train,  sorties  des  ateliers  Schlumberger  et  Griin,  à 
Guebwiller.  Le  cardage  nettoie  et  divise  les  mèches.  Il  trans- 
forme la  masse  de  laine,  avec  ses  filaments  enchevêtrés, 
d'abord  en  une  nappe  minée,  puis  en  rubans,  où  les  filaments 
commencent  à  se  paraUéliser. 

La  parallélisation  des  fibres  se  continue  sur  les  bancs  d*éti- 
rage,  avant  le  passsge  aux  peîgneuses,  dont  Topération  se 


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HIBTOIBS  Kl  STATIUTIQUË  DE  L'INDUSTRIE  DE  LA  LAIMB  301 


rMnik  à  séparer  1m  filaments  trop  eoarta,  oa  la  btouae,  de 
ceux  qoi  ont  la  loD^ienr  miae.  Noas  n'afons  rien  de  parti- 
culier à  noter  inr  Tétirage  de  la  laine,  tout  à  fiit  pareil  à 

celui  du  coton.  Seulement,  l'huile  dont  la  laine  a  été  impré- 
gnée par  le  cardage  a  besoin  d'être  enlevée,  soit  avant,  soit 
après  le  peignage.  Ici,  c'est  avant  le  peignage.  Pour  cela,  les 
rubans  de  la  préparation  se  mettent  en  bobines.  Elles  se  pla- 
cent sur  le  râtelier,  en  arrière  ds  la  macbine  à  lisser  ou 
lisseuse.  La  tisseuse  enlève  l'huile  entre  les  cylindres  extrac- 
teara  au  moyen  d'une  diasolutioa  de  savon,  après  quoi  les 
mbans  se  sèchent  à  nonvean  en  passant  sur  d'autres  cylin- 
dres en  cnlTre  rouge,  commandés  par  la  machine  et  chauffés 
par  un  eourank  de  vapeur  intérieure.  De  la  sorte,  le  peigné 
qui  s'obtient  ensuite  est  plus  pur,  sa  blouse  plus  blanche. 
Quand  le  peignage,  au  Heu  d*  se  faire  au  maigre,  comme 
id,  s'efliwtne  au  gnu,  ou  avant  renlèvement  de  l'huile  ptr 
le  lissage,  le  ruban  peigné  prend  une  apparence  plus  flot* 
teose,  un  aspect  plus  brillant,  plus  Hase. 

Décrirona-nons  la  peigneuse  et  l'opération  du  peignage  t 
Nous  n'avons  pas  à  nous  y  arrêter,  après  nos  observations 
sur  la  filature  de  coton.  Machine  et  travail  sont  à  peu  près 
les  mêmes  pour  la  laine.  Remarquons  seulement  que  le  type 
de  peigneuse  employé  est  celui  à  mouvement  alternatif  de 
Heilmann,  perfectionné  par  la  maison  Schluraberger.  produi- 
sant 45  kilogrammts  par  jour,  au  lieu  de  30  avec  les  dispo- 
sitions primitives.  A  Torigine,  le  peignage  se  faisait  à  la 
main,  après  ensimage  à  l'huile,  au  beurre  ou  à  la  graisse. 
Les  ouvriers  se  servaient  de  peignes  à  longuee  dents,  chauffàs 
sur  un  Ibumeau  à  charbon,  et  les  plus  habiles  arrivaient  à 
peine  à  peigoer  un  kilogramme  de  laine  par  jour,  tandis 
qu'une  jeune  fille  suffit  pour  surveiller  une  des  peigneuses 
actuelles  avec  une  production  de  46  icilogrammes.  Non  seule- 
ment cet  appareil  Ingénienz  sépare  les  AUments  courts  des 
filaments  longs,  choisit  ces  demierB  avec  plus  de  discerne- 


an 


meiit,  mel  let  premiefs  à  ptrt;  mais  «Ue  nijette  dans  les 
flltineiils  ooarto  tontes  les  impuretés^  tons  les  boutons»  de 
manière  que  les  tUaments  bogs  restent  seuls  parfaitenient 
purs,  propres  à  donner  nn  ftl  nul,  et  par  suite,  un  tissu  bril- 
lant d*nne  régularité  irréproebabte.  Bn  1810,  le  salaire  de 
rourrier  peigaeur  était  de  1  flr.  10,  et  de  9  fraiiOB  en  4860;  le 
kilogramoie  de  laine  peignée  revenant  à  i  fr.  75,  au  lieu  de 
80  à  85  centimes  aujourd'hui,  tous  frais  compris. 

Dans  les  préparations  après  graissage,  les  rubans  de  laine 
subissent  encore  quelques  doublages,  tout  en  s'affmant  de 
plus  en  plus.  Uii  coiuptcur  appliqué  au  dernier  banc  d'étirage 
permet  de  donner  aux  rubans  une  longueur  uniforme.  Ceux- 
ci  sont  déjà  d'une  régularité  telle  que  tous  pèsent  le  même 
poids  pour  une  longueur  égale.  L'étirage  continue  enooce  sur 
les  bobinoirs,  afin  d'affiner  la  matière  et  de  l'amener  par 
degrés  à  un  état  de  groeseur  rappcoebé  du  fil  déflnitiL  Lis 
bobinoirs  de  la  filature  de  laine  aont  des  étirages  à  hérissons, 
pourras  en  pins  d*nn  frottoir.  Ils  remplaeent  les  banes  à  bro- 
ches de  la  filature  de  eohm,  et  le  nombre  de  passagas  dépend 
du  degré  de  finesse  à  obtenir  on  à  donner  au  fil.  Vient  ei^ 
suite  le  tra?ail  définitif  de  la  filature  sur  le  métier  à  filer  à 
monrement  sntomatiqne.  Bn  toute  saison,  les  ateliers  sont 
tenus  à  une  température  suffisante  pour  que  l'atmosphère 
tienne  en  suspension  l'humidité  nécessaire.  Il  y  a  pour  la 
filature  un  degré  de  saturation  à  maintenir  sans  le  dépasser. 
Par  trop  d'humidité,  la  laine  devient  collante,  se  travaille 
mal  et  laisse  beaucoup  de  déchet.  Avec  trop  de  sécheresse, 
les  filaments  deviennent  élastiques,  tendent  à  se  relever, 
prennent  difficilement  une  torsion  régulière  et  souvent  se 
Yrilient  1000  mètres  de  laine  filée  coûtaient,  il  y  a  trente 
ans,  60  centimes^  au  lieu  de  2  à  S  centimes  avec  les  mé- 
tlen  automatiques  aetuels.  La  prodoetion,  à  la  filatnrs  de 
BflU,  esdUe  entre  6,6  à  6,7  échées  par  broeb^  eo  90 
à  160. 


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BUTonti  n  sTATunooi  db  L*iinu«rBiK  tm  la  laob  SOS 

Mais  qu'est'Ce  que  Técbée  ?  C'est  Tunité  de  longueur  pour 
le  titrage  du  111  de  laine,  la  longaeur  prise  pour  unité  pour 
Oser  le  numéro  et  qui  équifeut  à  710  mètres  à  rétablisee- 
ment  dont  nous  nous  ooeupong.  Dire  qu'un  fil  est  du  N*  100 
■ignifle  qn*il  ftiut  100  éehées  de  710  mètres,  on  71000  mètres 
de  œ  fil  peur  un  kilogramme  de  poids.  Le  titrage  a  donc 
pour  objet  de  fixer  le  numéro.  D  exprime  le  rapport  entre 
le  poids  et  la  longueur  du  fil.  Mais  le  titrage  an  moyen  des 
deux  éléments,  longueur  et  poids,  pouTant  être  établi  à 
volonté,  il  en  résulte  différents  systèmes  variables  suivant 
rélément  employé  comme  degré  de  comparaison,  ou  suivant 
les  unités  auxquelles  on  les  rapportait.  Deux  méthodes  se 
sont  ainsi  établies  en  pratique  :  d'une  part,  on  a  pris  une 
unité  de  longueur  de  fil  pour  en  déterminer  le  poids,  comme 
pour  la  soie,  dont  le  numéro  est  d'autant  plus  éieré  que  la 
soie  est  plus  grosse;  d'autre  part,  on  détermine  la  longueur 
d'un  poids  constant  de  fil,  comme  pour  le  coton,  la  laine,  le 
lin  et  les  autres  textiles  dont  le  numéro  s'élère  en  raison  de 
la  finesse.  Pour  la  laine,  le  eoton,  le  lin,  on  appelle  numéro 
dv  fil  le  nombre  dea  unitéa  de  longueur  néeeaiairee  poor 
•voir  le  poide  admis  comme  base  du  système,  tandis  que 
pour  k  iole,  le  numéro  on  le  titrage  s'exprime  par  le  nombre 
de  grains  que  pèse  Tunité  de  longueur.  0*un  pays  à  l'antre, 
gouTent  même  d'un  établissement  à  Vétablissement  roiain,  on 
cenatale  alnai  dea  dilléranees  de  titrage  provenant  des  unitéa 
de  poids  et  de* longueur  prises  pour  termes  de  comparaison, 
qui  varient  encore  entre  les  genres  de  textiles.  A  l'origine? 
tous  ces  systèmes  se  sont  trouvés  en  rapport  simple  avec  les 
unités  des  poids  et  mesures,  en  usage  au  lieu  de  fabrication 
des  filés.  Aujourd'hui  que  les  échanges  internationaux  se 
multiplient  de  plus  en  plus,  avec  le  développement  des 
moyens  de  transport  et  les  voies  de  communication,  les  mômes 
produits  sont  offerts  sur  tous  les  marchés  et  par  tous  les 
lieux  de  production.  Pour  fiadliter  les  comptes,  ii  oonilen* 


SIM 


«■VOI  D*AUà€il 


dndt  d'établir  le  titnfB  de  tous  lee  flUa,  quel  que  sait  la 
natare  des  textiles  en  le  pays  de  tabricatioD,  sur  ane  bise 
eommane,  afin  que  ehacan  siehe  rapidesMiit  et  ikeilenient  ce 
qui  lui  est  ofiéit  on  ee  qa*il  doit  demander,  sana  recourir  à 
de  longues  oonTersions  de  cbilTres.  Une  eonfontiott  Intema- 
tlonile  permettrait  de  rechercher  un  système  de  titrage  oni- 
forme.  La  Société  industrielle  de  Mulhouse  a  soumis  la  ques- 
tion à  une  discussion  approfondie  et,  selon  les  conclusions 
d'un  excellent  rapport  de  M.  Camille  Sehœn,  résumant  les 
résultats  du  débat,  c'est  le  système  métrique,  à  cause  de  son 
extrême  simplicité,  qui  devra  fouruir  les  élémeats  de  com- 
paraison pour  le  titrage. 

A  côté  de  la  filature,  rétablissement  de  RUhi  exploite  an 
tissage  de  800  métiers.  Point  d'obeerrations  particolières  à 
faire  snr  les  opératioos  du  bobinage  et  de  l'ouidiiSige^  qui 
sont  les  mêmes  que  ponr  le  coton.  Pour  TeneoUage,  MM.  Ro- 
geiet  emploient  tl  machinée  à  encoller,  dn  système  André 
KcBchlin,  a?ee  une  disposition  spéciale  ponr  sécher  les  iUs 
enduite  de  colley  afin  de  lenr  conserver  toute  lenr  souplesse 
fft  leur  élasticité.  La  nappe  eneolée  en  sortant  de  la  bassine 
monte  dans  une  chambre  chaude;  au  sommet  de  la  gritte,  un 
rouleau  directeur  la  ramène  en  bas  s'enrouler  sur  Tensouple, 
après  avoir  parcouru  un  espace  d'environ  19  mètres.  Grâce  à 
cette  disposition,  le  séchage  se  fait  lentement.  Il  s'accélère 
jusqu'à  la  limite  de  la  course,  ce  qui  permet  une  pénétration 
intime  des  ûls,  tandis  que  si  la  chaleur  les  saisit  immédiate- 
ment au  sortir  de  la  bassine,  leur  surface  seulement  est 
atteinte  et  attaquée  trop  vivement,  quand  on  reat  obtenir  uns 
dessication  complète.  Les  fils  ne  touchant  aucun  point  d'appui 
à  leur  sortie  de  la  colle  et  n'ayant  de  contact  arec  un  corps 
dur  qu'au  sommet  de  la  course  ne  subissent  point  de  tensioo 
ayant  d*étre  secs.  La  chaîne  encollée  passe  ensuite  au  ren- 
trage,  puis  sur  le  métier  à  tisser.  Ges  métiers  sont  du  système 
Hodgsoik,  parbitemeat  oonatrulto  et  battant  en  inoyeiine 


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BISTOIBB  BT  BTATISTIQOK  OB  L'INDVsTRIC  DB  LA  LAIKB  905 


160  coups  à  la  mlnate.  Le  trarail  obteoa  s^élève  de  98000 
à  95000  daites  sur  une  production  théorique  de  115200 
doites  en  douze  heures.  Terminées  sur  leméUer,  les  pièces  de 
tissu,  d*une  longueur  uniforme  de  9S  à  94  mètres,  sont  numé- 
rotées eux  deux  cheCs.  On  les  ?érifie,  afin  d'écarter  celles  qui 
ont  des  déliuts  graTes.  Tout  début  grave,  attestant  de  la 
négligence  de  TouTrier,  est  puni  d*une  amende.  Chaque  pièce 
se  mesure,  se  pèse,  se  met  en  rouleau  {tour  èlrc  encore  ëpin- 
celée  et  rentrayée  L'épentissage  s'effet  tue  mécaniqtieinent; 
le  renlrayage  à  la  main,  par  des  ouvrières  pnyôes  à  la  jour- 
née. L'épentissage  enlève  de  l'étolTe  les  nœuds,  les  irrégula- 
rités, les  impuretés  restés  dans  le  fil.  Après  le  rentrayage. 
une  machine  à  déplisser  et  à  glacer  donne  au  tissu  l'appa- 
rence propre  à  la  vente. 

Presque  tous  les  métiers  à  tisser  sont  conduits  par  des 
femmes.  Une  ourrière  en  mène  deux  et  gagne  de  2  fr.  A 
2  fr.  50  par  jour,  i  raison  d'une  production  de  deux  pièces 
de  92  mètres  par  semaine,  lioprix  de  fiiçoo  se  règle  au  mètre, 
taxé  à  8.8  centimes  pour  le  mérinos  à  10  croisenres.  Il  y  a 
une  prime  de  0,60  à  2  fr.,  en  sus  à  chaque  paye,  quand  les 
pièces  sont  sans  défaut  et  ftiites  dans  le  délai  rouln.  A  Reims, 
les  hommes  tisseurs  en  mérinos  gagnent  jusqu'à  8  fir.  25  par 
jour,  arec  une  production  de  18  mètres  par  métier  méca- 
nique, au  Heu  Je  3  mètres  avec  un  gain  de  4  fr.  75  pour  le 
tisserand  u  la  main.  Voici  trente  ans  que  les  [)remier8  essais 
ont  été  faits  pour  tisser  les  mérinos  à  la  mécanique.  Le  prix 
de  cet  article  qui  se  vendait  dans  l'origine  de  20  à  24  fr. 
l'aune,  ne  coûte  plus  aujourd  hui  (|ue  2  fr.  50  à  3  l'r.  le  mètre. 
La  valeur  de  l'étofle  s'estime  d  après  le  nombre  de  croissures 
exécutées  dans  un  espace  donné  et  par  conséquent  d'après 
la  iinesse  du  fil.  Il  y  a  des  mérinos  de  huit  à  dix  croissures, 
qui  ressembleal  aux  serges  laineuses,  et  des  mérinos  à 
quarante  croissures  qui  forment  un  tissu  magnifique.  Les 
comptes  de  chaîne  varient  depuis  22  jusqu'à  28  fils  au  centi- 

RoBTilto  Sérte.  -  r  Annto  90 


RE\TE  D  ALSA4B 


mètre  arec  des  fils  n**  60  à  100.  Les  largeurs  yarient  comme 

les  qualités.  Il  se  fait  aussi  des  mérinos  doubles  pour  pale- 
tots d'été  avec  des  chaînes  doublées  et  retors,  dans  lesquelles 
on  fait  entrer  beaucoup  de  trame.  Quant  au  mérinos  léger 
appelé  cachemire  d'Ecosse,  c'est  un  tissu  serrée  à  armure  de 
trois  fils  par  effet  de  trame  à  l'endruil  do  rétolïe. 

La  maison  Rogelet  cl  C"  rend  tous  ses  tissus  à  l'état  écru. 
Avant  Tannexion  de  l'Alsace  à  l'Allemagne,  ces  produits 
s'écoulaient  en  France,  sur  la  place  de  Reims.  Par  suite  de 
la  barrière  douanière,  élevée  de  ce  côté,  il  a  fallu  chercher  de 
nouTeaux  débouchés  en  Angleterre  et  en  Amérique.  En  1878, 
sur  une  production  de  40000  pièces  environ,  4000  pièces 
seulement  ont  été  vendues  en  Alsace,  8600  en  Allemagne, 
6000  en  Amérique,  27600  en  Angleterre.  Le  rayon  de  Reims 
en  France,  n'occupe  pas  moins  de  7000  métiers  mécaniques 
pour  la  tabrication  des  mérinos.  Dans  Tintérieur  de  TAUe- 
magne,  c'est  la  Saxe  qui  constitue  le  principal  ibyer  de 
concurrence;  mais  ses  produits  sont  de  qualité  inférieure  et 
à  plus  bas  prix.  Deux  maisons  d'Alsace  font  avec  succès  la 
teinture  et  l'apprêt  des  mérinos,  dont  TExposition  de  Mul- 
house, en  1876,  a  montré  de  beaux  spécimens  en  diverses 
nuances. 

Avant  de  quitter  l'établissement  de  BUhl,  ajoutons  encore 
quelques  détails  sur  son  usine  à  gaz.  Gomme  les  eaux  de 
dégraissage  des  laines  contiennent  du  suint  et  des  matières 
grasses  combinées  avec  de  la  potasse,  on  utilise  ces  résidus 
pour  la  fifthrication  du  gas  d'éclairage.  Pour  cela,  les  eaux 
les  plus  chargées  sont  vidées  dans  un  tuyau  qui  les  conduit 
dans  une  gape,  placée  hors  de  i*atelîer.  Des  pompea  élèvent 
ensuite  ces  eanx  dans  des  bassins  en  bois,  à  une  certsine 
hanteur.  Une  fois  ces  bassins  suffisamment  remplis,  on  'y 
mêle  une  pftte  de  chaux  éteinte,  dans  des  cuves  disposées 
au-dessus  des  bassins.  Gela  donne  un  savon  double  de 
potasse  et  de  cliaux  qui  se  dépose  an  ibod.  Le  liquide  se 


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HISTOIRE  ET  BTATlSTigUE  DE  L  INDl  sl  UIE  DE  LA  LAINE  807 

décante  dans  une  faste  citerne  non  maçonnée,  creasée  dans 
le  sol.  Au  bout  d*un  certain  temps,  tons  les  résidas  sont 
transformés  en  une  matière  pfttense.  La  matière  ainsi  obtenue 

est  séchée  k  I  air  et  se  distille  de  la  même  façon  que  la  houille 

pour  fournir  le  gftz  ('clairanl.  Ce  gHZ,  plus  pur  que  celui  de 
la  houille  (ionuc  une  belle  lumière  et  ne  coûte  presque  rien 

à  la  fi.l)ri(}ue. 

I*uur  la  f  :l)rlialii)ii  lics  draps  en  laine  cardée,  dont  le  centre 
est  à  liisi'iiw  iller.  d{>ns  la  Basse-Alsace,  le  travail  jjréseule 
de  nutabies  difleretheH  avec  la  laine  pei^^née.  Les  établisse- 
ments de  Bischwiller  sont  aussi  moins  importants  que  les 
fobriques  de  laine  peignée  de  la  Haute-Alsace,  et  ils  ont 
beaucoup  perdu  depuis  l'annexion.  On  y  confectionne  surtout 
des  draps  noirs,  dont  les  principales  variétés  s'appellent 
dans  le  commerce  :  zéphyrs,  draps  lisses,  satins,  cuirs-laines 
ou  castors,  taupelines,  édredons.  Depuis  quelques  années 
une  partie  minime  de  la  production  se  teint  en  autres  cou- 
leurs, particulièrement  en  bleu  de  di?erses  nuances  et,  pour 
une  moindre  partie,  en  rouge  écarlate,  pour  accessoires  d'uni- 
formes et  pour  étoffés  de  gilets  et  de  Jupons,  que  portent  les 
gens  de  la  campagne.  Les  drapiers  filent  eux-mêmes  leur 
laine  ou  la  font  liler  dans  des  usines  spéciales, construites  sur 
le  cours  de  la  Moder,  dont  on  utilise  la  force  motrice.  La 
matière  première  consiste  en  hlonse,  [jroveuant  des  pei- 
gnages  de  Reims,  du  Nord  ou  d'Alsace,  pour  les  articles 
ordinaires,  de  laine  entière  tenant  d'Autriche,  de  Silésie  ou 
de  Londres  pour  les  articles  fins.  11  y  a  dix  ans,  la  filature 
de  la  laine  cardée  occupait  ici  près  de  56000  broches,  dont 
15000  seulement  fonctionnent  maintenant. 

La  laine  lavée  à  fond  a  besoin  d'être  battue  et  cardée, 
ayant  de  passer  sur  le  métier  à  filer.  De  même  que  pour  le 
coton,  on  commença  à  battre  la  laine  à  force  de  bras.  Plus 
tard,  le  battage  au  loup  se  substitua  à  ce  battage  manuel.  Le 
loup  des  flUtures  de  laine  est  une  machine,  dont  un  arbre 


I 


308  BKVUB  d'alsage 

armé  de  dents  constitue  le  principal  organe,  analogue  an 
batteur  pour  le  coton.  Animé  d'une  vitesvse  de  400  tours  à  la 
minute,  cet  arbre  frappe  et  soulève  la  laine,  dont  la  poussière 
et  les  corps  étrangers  sont  expulsés  et  poussés  au  travers 
d'une  toile  métallique.  Suivant  que  les  laines  sont  plus  ou 
moins  poudreuses,  te  mouvement  de  la  machine  se  ralentit 
ou  s'accélère.  Après  le  battage,  la  laine  est  triée  et  ensimée 
avant  de  passer  aux  cardes.  L'eoeimage  se  £iit  eomme  ponr 
la  laine  peignée;  mais  celle-ci  ne  subit  le  battage  mécanique 
qu'en  cas  de  besoin  urgent,  afin  de  ne  pas  trop  &tigaer  la 
fibre,  de  même  que  le  triage  s'effectoe  à  la  main,  an  lieu  de 
ae  fiûre  sur  machine. 

La  machine  à  trier  ordinaire  de  Vallery  remplace  le  travail 
de  yingt  à  trente  femmes,  arec  un  rendement  de  800  kilo- 
grammes par  jour.  Un  bâtis  large  d*nn  mètre,  sur  quatre- 
Tingl  centimètres  de  hauteur,  supporte  quatre  cylindres  tra- 
vailleurs, alimentés  par  une  toile  sans  (in,  placée  au-devant 
de  la  machine  à  la  partie  supérieure  du  bâtis.  Cette  toile 
reçoit  la  laine  des  mains  de  l'ouvrier  et  la  porte  aux  cannelés 
qui  se  trouvent  au  niveau  de  l'axe  du  cylindre  presseur.  La 
laine  engagée  dans  les  cannelés  est  prise  par  le  même 
cylindre,  marchant  è  une  vitesse  de  200  tours.  Ce  cylindre 
est  entouré  en  dessous,  dans  sa  demi-circonférence,  d*une 
grille  eu  fer  dont  les  fils  sont  assea  écartés  pour  donner  pas- 
sage à  toutes  les  ordures,  qui  se  trouvent  njetées  à  Texté- 
rieur.  Le  cylindre  est  garni  de  dents  et  de  tringles  transver- 
sales pour  ouvrir  la  laine,  pour  en  extraire  les  ordures,  les 
chardons  qui  y  sont  attachés.  Forcés  de  passer  à  travers  la 
grille  sons  Teffet  du  mouvement  rapide  du  cylindre,  cas  corpe 
étrangers  tombent  dans  une  botte  disposée  pour  les  recevoir. 
Le  second  cylindre,  d'un  diamètre  moindre  et  garni  de  lames- 
peignes,  reçoit  la  laine  fournie  par  le  premier.  Trois  brosses 
cylindriques,  situées  en  avant  et  au-dessous  du  centre  du 
deuxième  cylindre,  frottent  légèrement  sur  les  peignes,  pour 


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mtTOIRB  BT  BTATISTIOUB  DB  L'DIDUSTBB  DB  LA  LàSXB  800 

fineer  la  laine  à  s'y  fixer.  Le  troisième  cylindre,  encm  plus 
petit  que  le  second,  détache  i'eioédant  de  laine  qae  les 
peignes  du  grand  cylindre  n*ont  pn  saisir  ou  conserver.  A 
cet  effet,  il  est  tout  garni  de  lames  horiiontales,  placées  à 
15  millimètres  les  unes  des  autres.  Sa  Titesse  s*élè?e  à  418 
tours.  Il  est  surmonté  d*un  dernier  cylindre  garni  de  tringles- 
brosses.  Gellee-d  enlè?ent  la  laine  attachée  au  peigne  du 
second  cylindre  et  la  rcjettmt  hors  de  la  machine.  Une 
seconde  toile  sans  fin,  qui  va  d'un  bout  à  l'autre  de  la  ma- 
chine, dans  la  partie  inférieure  du  bâtis,  ramène  sur  le 
devant  l'excédant  de  laine,  que  les  peignes  du  grand  cylindre 
n'ont  pu  conserver.  La  trieuse  Vallery  atteint  le  plus  petit 
chardor]  engagé  dans  la  laine.  Il  lui  faut  la  force  de  deux 
chevaux. 

Pour  le  cardage,  certaines  maisons  de  Bischwiller  em- 
ploient encore  l'ancien  système  de  csrdes  à  boudins,  sur 
lequel  le  système  à  alimentation  continue  permet  de  dimi- 
nuer de  deux  tiers  le  nombre  d*on7riëres,  sans  augmentstion 
de  force  motrice.  L'assortiment  de  cardes  complet  se  compose 
de  trois  machines,  disposées  à  peu  près  de  même,  mais  pro- 
duisant des  résultats  diflérents.  Avec  les  anciens  assortiments 
dits  à  rubans,  l'ouTrière  étale  sur  une  toile  sans  fin  une 
certaine  quantité  de  laine  pesée  à  Tarence.  La  toile  porte  la 
lilne  à  la  carde  briseuse.  Celle-ci  produit  un  gros  boudin  ou 
ruban  qui  tombe  dans  un  entonnoir  et  s'enroule  sur  une 
bobine.  On  place  do  40  à  60  bobines  ainsi  formées  sur  un 
râtelier,  en  arrière  de  la  carde  repasseuse.  La  réunion  de 
ces  bobines  forme  une  nnppc  r(intiniif\  transformée  en  un 
boudin  urnque  plus  régulier. qui  s'enroule  également  sur  une 
bobine  à  la  sortie  du  peigueur.  Vient  ensuite  la  troisième 
carde  dite  boudineuse,  qui  reçoit  les  bobines  du  second  pas- 
sage de  csrde  et  prépaie  le  boudin  définitif  pour  la  filature. 
Dans  le  nouveau  systtaie  à  alimentation  continue,  la  carde 
briseuse  reçoit  la  laine  déposée  dans  une  botte  par  Tourrière. 


sto 


REVUE  D'ALSACE 


Aa  lieu  de  livrer  le  raban  ouvré  sur  le  devant  dn  peignear, 
Ui  carde  avec  la  nouvelle  disposition  produit  le  ruban  sur  te 
cdté.  Passant  là  au  travers  â*on  entonnoir  tournant,  le  ruban 
reçoit  une  torsion  qui  Tarrondit  et  le  eonsoUde  pour  passer 
ensuite,  au  moyen  â*iin  conduit,  derrière  la  carde  repasseuse. 
Ici,  le  ruban  se  répand  sur  une  table  d^Rlimentation  d'une 
manière  oblique,  en  formant  pîir  ses  plis  égaux  et  contigus 
una  ruippe  continue  parfaitement  régulière.  \m\  carde  repas- 
seuse, alimentée  de  la  sorte,  produit  d-^  môme  un  ruban  sur 
le  côté  de  son  peigrieur.  Ce  ruban  suit  un  autre  conduit  pour 
arriver  à  la  carde  buudineuse  sans  interventioa  de  l'ouvrier, 
avec  une  notable  économie  de  main-d'œuvre. 

Les  boudins  ainsi  oMerius  se  placent,  sans  autre  prépara- 
tion, derrière  le  métier  à  filer,  qui  les  transforme  en  ûls  de 
chaîne  ou  de  rame  plus  ou  moins  fins,  suivant  la  qualité  de 
la  laine  employée,  suivant  les  besoins  du  drap  à  fiibriquer. 
Quelques  filatures  du  rayon  de  Bischwiller  emploient,  depuis 
dix  ans  et  plus,  des  métiers  à  filer  automates  ;  mais  la  plupart 
se  servent  de  métiers  à  bras,  dont  quelques-uns  portent  un 
petit  nombre  de  broches  seulement  Bn  France,  comme  en 
Allemagne,  on  a  modifié  le  métier  self-acting  pour  la  laine 
peignée  pour  rappliquer  aussi  à  la  laine  cardée.  Ces  métiers 
produisent  mécaniquement  des  tils  de  trame  et  de  chaîne 
d  une  régularité  pîirfaite.  sans  défaut.  Toute  la  bobine  de 
trame,  obtenue  sur  le  métier  automate,  peut  être  employée 
sans  aucun  déchet  dans  la  navette.  De  son  côlé.  le  lil  de 
chaîne  mécanique  du  self-actin;i;  ne  présente  plus  la  plupart 
des  défauts  du  fil  étiré  à  la  main.  J'ai  déjà  dit  que  les  dra- 
piers de  Bischwiller  préparent  eux-mêmes  leursfilés,  ou  les 
font  fabriquer  à  (açon  dans  des  filatures  établies  à  la  cam- 
pagne, dans  nn  rayon  qui  s'étend  jusqu'à  vingt  kilomètres. 
Devant  être  faits  de  manière  à  gagner  en  épaisseur,  les 
•  tissus  en  drap  pour  laine  cardée  sont  faits  sur  une  plus 
grande  largeur  que  les  articles  en  laine  peignée.  Non  seule- 


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HBTOISB  ET  STATUTIQin  M  L'iMDimTBIl  DB  Lk  LADOB  311 

ment  les  draps  subissent  l'opération  du  foulage,  mais  encore 
le  lainage  et  le  londage.  Pour  le  tissage,  il  faut  d'abord  ourdir, 
puis  coller  les  chaînes.  L'ourdissoir  employé  ici  consiste  en 
une  tourneite  de  deux  mètres  de  haut,  et  présentant  quatre 
faces  égales,  avec  un  développement  de  cinq  mètres  de  circon- 
férence. Devant  la  tournette  ae  trooFe  un  chevalet,  portant 
lea  bobines  de  Ûls.  Uae  femme  se  tient  entre  la  touroette  et 
le  chef ilei  Après  a^oir  réani  les  flls  défidés  des  bobines, 
elle  les  attache  au  bout  de  roardissoir,poiir  former  ainsi  la 
grondé  ênvergurê.  Pais  elle  réunit  les  fils  dans  une  main  et 
les  conduit  en  spirale  jusqtt*aa  bas  de  la  tournette,  mise  en 
mouvement  par  Tantre  maio.  Au  moyen  de  deux  autres  che- 
TiUes,  elle  fait  ensuite  la  peUie  envergure  et  remonte  les  fils 
jusqu'en  haut.  Gela  continue  de  la  sorte  jusqu'à  ce  que  le 
nombre  de  (ils  nécessaires  pour  former  la  chaîne  soient  placés 
le»  uns  sur  les  autres.  Une  ouvrière  en  fait  par  journée,  avec 
cet  ourdissoir,  une  ou  deux  chaînes  de  120  à  iOU  mètres, 
selon  le  compte  des  liis  qui  varie  de  2500  à  8500;  on  le  rem- 
place maintenant,  dans  beaucoup  d'établissements,  par  un 
appareil  plus  parfait,  analogue  à  celui  que  nous  avons  décrit 
pour  le  tissage  du  coton. 

L'encollage  est  également  nécessaire  pour  les  chaînes  de 
laine  cardée,  afin  de  leur  donner  la  force  et  Télasticilé  voulue 
pour  résister  au  coup  de  chasse  sur  le  métier  à  tisser.  Cette 
opération  se  fait  actuellement  dans  les  meilleures  conditions 
arec  Tencollense  sécheuse  Lacroix,  qui  offre  ra?antage  de 
se  rapprocher  du  séchage  à  Tair  libre,  préférable  pour  la 
laine.  A  Taide  de  cette  machine,  on  peut  coller  et  aécher 
500  mètres  de  fil  en  douze  heures.  Son  service  exige  deux 
hommes,  tant  pour  renouer  les  fils  rompus,  que  pour  main- 
tenir la  lemf»ératiire  de  la  colle  au  môme  degré,  pour  sur- 
veiller et  assurer  la  marche  régulière  delà  machine.  Quant  à 
la  colle,  elle  se  cuit  dans  une  chaudière  à  double  enveloppe, 
avec  de  la  gélatine  ordinaire  du  commerce,  chauiïéeà  lavapeur. 


• 


813  BBVUE  D'aL8ACE 

Poar  le  tissage,  les  drapiers  de  Bisohwiller  emploient 
encore  des  métiers  à  bras,  simultanément  avec  des  métiers 
mécaniques.  Avec  l'ancien  type,  le  tissu  se  confectionne  sans 
moteur  mécanique,  au  moyen  de  leviers  Aiisant  mouvoir  des 

marchés,  sur  lesquelles  l'ouvrier  pose  un  pied  et  quelquefois 
les  deux.  Ces  leviers  haussent  ou  baissent  les  lames  qui  por- 
teîit  les  fils  de  la  chaîne;  ce  qui  produit,  par  une  combinaison 
de  mouvements  opposés,  une  ouverture  de  chaîne,  destinée 
au  pass;igo  de  la  navetle.  Con*;truits  en  bois  massif,  les  mé- 
tiers à  marches,  mus  par  l'ouvrier,  battent  seulement  40  coups 
à  la  minute,  au  lieu  de  60  coups  que  font  les  métiers  méca- 
.  niques  qui  functionnent  à  côté.  Tous  deux  sont  très  larges; 
les  tissus  lisses  eu  laine  pour  drap,  avant  le  foulage,  mesu- 
rent de  40  à  ^"fSO,  Le  métier  mécanique  coûte  1150  fr., 
pris  à  Gheronits;  le  métier  en  bois,  150  francs  seulement 

Une  fois  tissé,  le  drap  n*est  pas  fini.  Il  doit  être  dégraissé 
et  foulé.  Il  lui  faut  subir  aussi  les  opérations  successives  de 
répaillage,  du  lainage,  du  tondage,  du  pressage,  du  décatis- 
sage;  puis  encore  Tépaillage  chimique,  la  teinture  et  Tapprét 
final.  Inutile  d'insister  sur  le  dégraissage.  Son  objet  est  d'en- 
lever les  corps  gras  que  la  laine  renferme,  soit  naturelle- 
ment, soit  par  imprégnation  avant  la  filature.  La  machine  à 
dégraisser  consiste  en  un  bàlis  clos,  dans  lequel  tournent 
deux  gros  cylindres  superposés.  Les  cylindres  se  nieuv(Mil 
avec  une  vitesse  de  45  à  50  tours  à  la  minute.  Le  drap,  dont 
les  bouts  sont  cousus  ensemble,  passe  entre  les  deux  cylin- 
dres et  retombe  dans  un  bain  d'eau  et  de  terre  argileuse. 
Cette  argile,  dite  terre  à  foulon,  s'unit  avec  les  corps  gras  et 
les  absorbe.  Au  besoin,  l'opération  peut  s'accélérer,  en  addi- 
tionnant la  terre  à  foulon  d'une  dissolution  de  cristaux  de 
sonde.  Avant  de  procéder  an  foulage,  on  lave  la  pièce,  on  la 
sècbe.  Des  ouTrîères  spéciales  enlèvent,  au  moyen  de  petites 
pinces  terminées  en  pointe,  les  défectuosités  du  tissu.  D*antres 
ouvrières  se  chargent  du  rentrayage,  qui  consiste  à  faire 


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HISTOIRE  ET  STATISTIQUE  OS  L'iNDUSTBrK  DE  LA  UUNB  313 


dispanitre  les  débats  de  tiiaage,  à  neconimoder  les  4éehi- 
rores,  à  achever  tee  réperttioiM  ressortissaiit  dn  travail  à 

rniguille.  Par  le  foulage,  le  tissu  F*épai88it,  se  feutre,  tout  en 
perdant  en  longueur  et  en  largeur,  sous  l'effet  de  la  pression 
et  du  frottement.  Sous  l  aclion  de  la  chaleur  ainsi  dégagée,  le 
corps  de  1h  laine  se  dilate,  le.s  filaments  se  gonflent,  se  lient, 
s'enlacent  les  uns  dans  les  autres,  donneul  au  drap  sa  consis- 
tance, le  rendent  ferme,  moelleux  et  serré. 

Dans  l'ancien  moulin  à  foulon,  le  foulage  se  faisait  arec 
des  maillets,  que  levait  un  arbre  armé  de  rames,  et  qui, 
en  retomlNint  sur  le  drap  contenu  dans  an  aoget  en  bois, 
Tenaient  opérer  l'épaississage  par  leur  percosaioD.  Travail 
diffldle  à  saivre,  aoamia  I  des  tfltonnemenla  eontinuele,  exi- 
geant une  grande  habileté  pour  obtenir  an  feutrage  régalier 
dans  les  divers  sens  de  l'étoffe.  Depuis  trente  à  quarante  ans, 
les  grandes  liibriques  de  drap  ont  introduit  la  fonieasa 
cylindriqae.  qui  a  Tavantage  de  donner  on  feutrage  très  serré 
sans  trop  épaissir  Tétoffe,  permettant  de  fouler  sur  la  largeur 
sans  trop  diminuer  la  longueur.  Dans  la  fouleusa  Lacroix, 
un  de.s  systèmes  les  [)lus  perfectionnés,  le  travail  s'accomplit 
au  moyen  de  quatre  cylindres,  un  grand  et  tmis  petits.  Le 
cylindre  principal  o-Tupe  le  centre  de  la  machine,  les  autres 
se  placent  au-dessus  de  Itii.  à  des  dislances  égales.  Les  trois 
petits  cylindres  sont  mus  au  moyen  de  romaines  qui  servent 
h  augmenter  ou  à  diminuer  à  volonté  leur  pression  contre  le 
cylindre  principal.  En  passant  entre  le  grand  et  les  petits 
cylindres,  le  drap  se  feutre  sar  la  largeur  de  rétoife,  soas 
l'eflèt  de  la  chaleur  dégagée.  Des  planchettes  on  Joues  mo- 
biles, qui  s'opposent  à  la  sortie  dn  drap  de  dessous  le  troi- 
sième petit  rouleau,  foulent  le  tissu  sur  la  longueur.  Le  fou- 
lonnier  augmente  ou  diminue  l'énergie  de  la  pression  des 
joues  ou  des  (^Undres,  suivant  qu'il  veut  fouler  plus  ou 
moins  sur  la  longueur  ou  la  largeur.  Pendant  le  travail,  le 
drap  s'huoiecte  avec  de  l'eaa  savonneose.  En  foulant  à  sec 


314 


BBVOB  D'ALBACB 


pendant  une  journée»  le  drap  diminaerait  d'épalaeettr  et  per- 
drait une  partie  de  sa  substance,  détachée  sous  forme  de 
bourre.  Suirant  la  qualité  des  laines,  suiTant  le  compte  plus 
ou  moins  élevé  de  la  chatne,  le  drap  lisse  subit  Taction  de  la 
fouleuse  pendant  une  durée  de  8  à  60  heures,  a?e6  un  retrait 
de  100  7*  en  largeur,  de  25  V«  en  longueur.  Après  le  foulage 
le  drap  est  lavé  à  pleine  eau  dans  une  dégorgeuse,  pendant 
plasiears  benrra,  de  manière  à  le  bien  purger  de  toute  partie 
savojinou.se,  à  cause  des  apprêts  et  surtout  de  la  teinture, 
que  la  présence  du  savon  peut  contrarier.  Les  drapiers  de 
IJisclivviller,  éloignés  de  l'eau,  font  faire  le  foulage  à  façoa 
dans  les  foulons  situés  sur  le  cours  de  la  Moder. 

Devant  rerenir  sur  les  opérations  de  lainage,  d'essorage  et 
de  tondage,  à  propos  de  la  fabrication  des  arlicled  de  Sainte- 
Marie-auz-llines,  nous  n'en  parlerons  pas  pour  le  moment 
En  ce  qui  concerne  la  teinture,  nous  avons  déjà  remarqué 
que  ce  travail  se  fiiit,  à  Bischwiller,  après  le  tondage  et 
répaillage  chimique,  La  plupart  des  établissements  font 
teindre  à  foçon.  Les  couleurs  ordinaires  sont  le  noir  et  le 
bleu,  puis  le  rouge  écarlate  en  moindre  quantité,  tout  en  uni. 
Toutes  les  nuances  noires  se  réduisent  à  deux  types  princi* 
pauz  :  le  noir  bon  teint  et  le  noir  petit  teint.  Un  mot  seu- 
ment  sur  le  noir  petit  teint,  communément  employé  par  nos 
drapiers  d'Alsace.  Cette  couleur  s'obtient  en  faisant  passer 
l'étoffe  tissée  en  blanc  dans  deux  bains  successifs  contenus 
dans  une  grande  chaudière  d'un  mètre  et  demi  de  largeur  et 
de  profondeur,  chauffée  à  la  vapeur  on  au  charbon.  La  chau- 
dière est  surmontée  d'un  moulinet  mis  en  mouvement  par 
un  ouvrier  au  moyen  d'une  manivelle.  L'étoffe  passe  sur  le 
moulinet,  sans  toutefois  s'y  enrouler,  mais  avec  une  adhé- 
rence sufilsante  pour  éprouver  un  déplacement  continu. 
Devant  le  moulinet,  un  ouvrier  muni  d'un  bftton  maintient 
rétoffe  à  sa  plus  grande  largeurj  tandis  qu*nn  second  ouvrier 
enfonce  dans  le  bain,  avec  un  bftton  également,  les  plis  de 


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HISTOIBB  BT  STATISTIQUE  DB  L^INOOSTRIB  DB  LA  L4IKE  815 


réloflé  à  mesure  qalto  se  forment  en  quittant  le  moulinet 
On  met  dans  le  premier  bain  du  tartre,  du  fitriol  de  Sate- 
boniv,  du  trais  dinde,  de  la  gaude  et  du  sulfate  de  Cbr.  Le 
second  bain  se  compose  de  bois  de  campi'che  et  de  Hàiti,  en 
petits  oopaox  ou  en  poudre,  auxquels  s*igoute  du  Titiiol  bleu. 
Pendant  que  le  drap  est  dans  la  chaudière,  le  teinturier  élève 
la  température  du  bain  de  couleur  à  1  éliullitiun  et  l'y  main- 
tient deux  heures  durant,  tout  en  faisant  constamment  tourner 
I  étoffe.  Quand  ia  nuance  voulue  est  obtenue,  les  pièces  s'en- 
roulent le  plus  vite  possible  .''ur  le  même  mouline!,  afin  de 
les  étendre  et  de  les  refroidir  le  plus  promplement  possible. 
Gela  assure  la  régularité  de  la  nuance.  Ou  laisse  ensuite  les 
drapa  teinta  reposer  deux  heures  dans  la  dégraisseuae,  dont 
reao  se  renou?elle  constamment.  Au  bout  de  ce  temps,  le 
drap,  débarrassé  des  matières  tinctoriales  en  excès  reprend  sa 
douceur  et  sa  souplesse  naturelles.  Le  prix  de  cette  teinture 
varie  de  85  à  SO  centimes  le  mètre,  selon  le  poids  de  Tétolfe. 
L'apprêt  final  suit  la  teinture. 

Tout  préparés,  les  draps  de  BischwiUer  se  vendent  au 
prix  de  5  à  IS  francs  le  mètre.  (Test  sur  Tarticle  (brt  de 
7  à  8  francs  i]ue  porte  la  production  principale.  L'industrie 
d rapière  remonte  dans  cette  localité  an  XVfl*  siècle.  Elle  a 
été  importée  par  les  Huguenots  venus  de  France,  et  ne  fut 
d  abord  exercé»*  qu'à  Telal  de  métier,  dans  des  proportions 
modestes.  Au  commencement  du  siècle  actuel  seulement,  elle 
prit  un  caractère  manufacturier.  Alors  les  draps  de  qualité 
supérieure  coûtaient  60  francs  l'aune,  descendus  maintenant 
au  prix  de  25  francs  le  mètre  au  plu.s,  pour  les  articles  de 
grand  luxe  fabriqués  à  Eibeut.  en  France.  Mais  alors  aussi  le 
drap  faisait  meilleur  usage  et  durait  plus  longtemps.  Une 
môme  culotte  se  passait  de  père  en  ûia,  se  retournait  à  l'en- 
vers quand  Tendroit  était  usé.  L*usage  des  draps  lisses  se 
perd  d'ailleurs  dans  la  nuit  des  temps.  Pline  attribue  à  Nicias 
de  Mégare  l'invention  des  foulons,  et  rbistoirs  de  tous  les 


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316 


REVUE  d'aLSAOB 


peaplM  tant  soit  pea  civilisés  parle  de  tissas  de  Isine,  soit 
(èatrés,  soit  tissés,  loi^oars  drapés  aa  fouioa.  Aojoard'hai, 
llndastrie  des  laines  cardées  occupe  ea  France  50000  onrriers 
contre  i 00000  environ  en  Allemagne. 

Bischwillei*  marchait  avant  l'annexion  dans  la  voie  d'une 
prospérité  croissante,  coinplétemeat  arrêtée  maintenant.  Non 
seulement  l'élan  de  prospérité  s'arrête,  mais  la  déchéance  est 
venue  par  suite  du  changement  de  frontière, qui  reporte  sur 
la  crête  des  Vosges  l'ancienne  ligne  de  douanes  du  Rhin. 
Qael  contraste  entre  l'aspect  de  l'industrieuse  petite  ville  il  y 
a  dix  ans  et  aujourd'hui.  Gomoie  elle  était  animée  et  gaia; 
avec  ses  cheminées  famantes;  comme  le  travail  répandait  dans 
ses  foyers  la  richesse  ou  Taisaoce.  Maintenant^  un  sentioient 
pénible  nous  saisit  quand  nous  traversons  ses  rues  mornes, 
sUencieuses.  Partout  des  maisons  vides,  des  rolets  fermés, 
des  cheminées  éteintes.  Partont  le  travail  ralenti  on  arrêté. 
Pins  de  gaieté  ni  d*alsance.  La  population  décroit,  la  propriété 
est  tombée  à  vil  prix.  Interroges  la  statistique.  Bile  vous  dira 
comment  un  tiers  des  habitants  a  quitté  la  localité,  comment 
sont  tombés  les  revenus  publies!  Au  lieu  de  IISOO  habitants, 
en  1870,  il  n'y  en  avait  plus  que  7100  en  1874.  Au  lieu  de 
4B9  naissances,  il  n'y  en  a  plus  que  287  par  année;  au  lieu 
de  86  mariages,  plus  que  54.  Les  recettes  communales  ordi- 
naires sont  tombées  de  95000  francs  à  76.000  francs;  le  pro- 
duit do  l'octroi  de  S1200  francs  à  18700.  Tout  cela,  pnece  (jiio 
les  drapiers  ont  quitté  par  suite  de  l'annexion,  pour  porter 
ailleurs  leur  industrie.  Les  fabricants  de  Bischwiller  sont 
allés  s'établir  à  Sedan,  à  Vire,  à  Elbeuf,  à  Reims,  à  Tourcoing. 
Atcc  eux  est  parti  un  tiers  de  la  population,  surtout  les  jeunes 
gens.  D'après  une  note  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Lam- 
bling,  un  des  rares  industriels  qui  soient  restés  au  pays,  le 
nombre  des  che(ii  d^établissement  de  Bischwiller  s*est  réduit 
de  96  k  SI  ;  celui  des  ouvriers  de  5000  à  1800;  celui  des 
métiers  à  tisser  oecnpés,  de  2000  à  600  ;  celui  des  assortiments 


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HI8T0IRB  KT  STATIITIQUB  DB  LtMDUBTRIB  OB  LA  LAINB  817 

de  filature,  de  140  à  50,  a?ec  '20000  broches  au  Uea  de 
56000;  cdai  des  draps  Ikliriqués,  de  ilSOOOO  kilogrammes  i 
850000;  la  eonsommalioo  de  It  bouille,  de  10400  tonnes  à 
5800;  le  GhifEire  d'slKûres  tnaoel,  de  20000000  de  firtocs 
4  4000000. 

Tout  naturellement,  raisance  générale  et  les  salaires  des 
ouvrière  se  ressenlent  de  oette  crise.  Avant  la  crise,  les  tis- 
seurs gagnaient  à  Bischwiller,  jusqa*à  f5  et  88  francs  |iar 

semaine,  en  moyenne  18  francs,  au  lieu  de  11  à  15  francs 
aujourd'hui.  Pour  les  ouvriers  payés  à  la  journée,  occupés  à 
la  presse,  à  la  lainerie,  à  la  teinture,  le  salaire  oscille  entre 
10  et  12  francs  pour  les  hommes,  de  7  à  8  francs  pour  les 
femmes,  sans  variation  considérable.  Quelques  tisserands  Ira- 
vaillefit  à  domicile,  mais  leurs  métiers  appartiennent  toujours 
aux  fabricants.  Ce  sont  presque  tous  de  vieux  ouvriers,  la 
plupart  propriétaires  d'une  maison  ou  dun  bout  de  terre 
qu'ils  travaillent  eux-mêmes.  Par  suite  de  rémigration  en 
masse,  la  valeur  des  malsons  a  beaucoup  diminué.  Soumis  4 
un  droit  de  iO  */o  sur  la  valeur  pour  Texportatlon  en  France, 
où  se  trouve  leur  prinripal  débouché,  les  draps  de  Bischwiller 
supportent  avec  peine  cette  charge.  Ils  demandent  une  réduc- 
tion des  tarife  et  ne  pourront  en  aucun  cas  payer  des  droits 
plus  élevés.  J*si  remarqué  un  petit  établissement  avee  foulon 
situé  près  de  Haguenau,  en  voie  de  se  transformer  en  filature 
de  laine  peignée.  Une  grande  Société  allemande,  formée  sous 
le  nom  de  fabriques  réunies,  et  qui  acquit,  depuis  1871,  une 
dizaine  d'établissements,  vient  d'en  revendre  plusieurs  à  vil 
prix,  après  avoir  émis  et  placé  des  actions  pour  une  somme 
de  beaucoup  supérieure  au  capital  d'acquisition. 

L'industrie  de  la  laine  occupe  encore  plusieurs  établisse- 
ments à  Mnlhouse,  à  Thann,  à  Guebwiller,  pour  la  fabrica- 
tion de  draps  de  cylindres  et  de  rouleaux,  de  laping,  de  panne 
employée  pour  la  filature  et  le  tissage.  Â  Wasselonne,  il  y  a 
un  établissement  important  pour  k  liibricatioB  de  bas  et  de 


818 


KEVUE  O' ALSACE 


chaussons  ea  laine.  La  fabrique  de  drap  de  cylindre  de  Gueb- 
willer  occupa  30  métiers  à  lisser  et  6:20  broches  à  lilcr,  avec 
83  ouvriers:  celle  de  Mulliouse,  238  ouvriers,  2600  broches 
et  146  métiers  à  lisser;  celle  de  Thaun.  iiO  broches  et  3  mé- 
tiers, avec  l.S  ouvriers;  soit  ensemble,  pour  celte  branche 
d'industrie.  286  ouvriers,  3460  broches  à  liler  et  179  métiers 
à  tisser,  180000  francs  de  salaire  et  une  productiim  de 
458952  mètres  de  tissus.  An  milieu  du  siècle  dernier,  il  y 
avait  à  Mutbouss  80  maîtres  drapiers,  mais  ia  iàbricatioii  du 
drap  pour  vêtements  d'hommes  y  a  complètement  disparu 
maintenant 

Ga.  Grad. 

Logelbacb,  janvier  1Ô79. 


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DOCUMENTS  INÉDITS 

pour  servir  à  Tblslolre  de  rancienne 

SEIGNEURIE  DU  BAN  DE  U-ROCIIE 

(en  allemand  Zum  Stein)* 


Documents  du  grand  registre 

PREmÈRE  PARTIE 

N"  1.  Contrat  de  vente  par  Ebcrhard  d'Andelach 
et  ses  fils  au  profit  de  Dietricli  de  Rathsenhau- 
sen,  des  parts  et  portions  aux  villages  de  Hilte- 
besgerute  et  Blenckesbach  le  jour  de  la  Sainte- 
Catherine  1371  \ 

SoMMAïuK.  —  Kberliard.  i  lievalicr  d'Aïullaii  el  ses  deiiv  lils,  Eborlin  tH 
llonri,  vendent;!  perpfluité  à  Dietricli  de  Hallisamhauseii* et  à  ses  héri- 
tiers lûus  leurs  droits  aux  deux  villages  de  Helmsgereulh  el  Uliensbacti, 
(aujourdIiDi  Saint-Biaise  etBIandierupl),  eliai abandonnent. en  outre, 
deux  livres  et  demie  de  rente  snr  la  taille  dite  qevent  (ou  gevcrf)  et  tous 
les  rrvnrns  qui  leur  appartloinent  dans  la  vallée  ft  la  Pierre  (Ban-de-la- 
Roche),  le  tout  pour  cent  cinquante  livres  pfennlng  de  Strasbourg. 

*  Voir  la  livraison  de  joillet-août-septembre  1878. 

'  Cette  date  serait  le  25  novembre;  mais  à  la  fin  du  document,  il  est 

parié  de  la  Sainte-Marguerite,  qui  Intnli  '     20  juillet. 

*  N'est  pas  mentionné  dans  Y  Mis  ave  noble  de  E.  Lelir  ;  mais  on  y  trouve 
ua  tleuri  au  XIV"  siècle,  qui  pourrait  avoir  été  son  lils.  (Voy.  Famille 
d'Andlan). 

*  Le  premier  de  ta  branche  des  «  RathsarohaQsen  ma  SMi  »,  men- 
tionné ^anàVAkace  noble,  comme  ayant  été  investi  du  Ban-de-la-Roche. 
par  l'empereur,  avant  1383.  Son  pére  s'appelait  Hartmann,  d'après  le 
document  snivanti  n*  2. 


iOO  BSVUE  d'alsaob 

NoDB,  Anselme  de  Ghitenoîs,  bourgaeowltre,  et  le  Magistrat 
de  Sehelestat,  notifions  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  Tsrront 
ou  entendront  lire  actuellement  ou  à  I^avenir,  que  noble 
Eberhardt  ehmMer  <f  JuMicft,  notre  bourgeois,  comparut 
par  devant  nous  et  volontairement  et  sans  contrainte,  recon- 
nut et  confessa  avoir  après  raeura  (mûre)  délibération  et 
conseil,  et  ses  héritiers  de  la  bonne  volonté,  faveur  et  con- 
sentement d'Rberiin  et  Henry  ses  fils,  quiau9si  comparurent 
par  devant  nous,  le  reconnurent  et  confessèrent  et  promirent 
tenir  ferme  à  perpétaité  vendu  et  donné  à  acheter  par  vente 
stable,  perpétuelle  et  irrévocable  pour  cause  de  son  utilité 
évidente, 

fit  a  vendu  par  ces  présentes  publiquement  par  devant 
nous,  à  noble  S'  Dietrieh  de  Balhunhamm  (illisible)  de 
Burstin  *  et  ses  héritiers  et  successeurs  à  perpétuité,  sa  part 
et  son  droit  eux  Tlllages  de  Hiltebesgerute*  et  Blenckesbach* 
et  an  patronage  et  à  la  dizaie  laïque  an  dit  lien,  en  justice, 
en  gens,  en  biens,  en  bans  et  finages,  en  terres,  en  prés,  en 
pâtures  et  pftturtges,  en  forêts,  en  bois,  eaux,  pèches,  en 
communaux,  reprises  ou  petites  amendes,  et  tons  antres 
jouissances,  rentes,  droits,  censés  et  rerenus  quel  nom  ils 
puissent  avoir  cherché  et  non  recherché,  et  en  outre  deux 
pfuiid  et  demi  de  rentes  qu'il  a  pour  sa  part  sur  la  taille  dite 
geverst^^ti  sur  les  gens  fions  la  Pierre,  qui  appartiennent  au 
dit  Sjeur  Dieiricb  de  Hatlisenhausen  et  à  Hartmann  son  cou- 
sin, du  dit  lieu,  comme  aussi  sa  part  et  ses  droits  qu'il  a 
dans  la  vallée  à  la  Pierre^  que  ce  soit  en  sauve  conduit,  gens, 

'  Probablement  l^argiiei»,  «  ehâleande  Steyn  »  (la  Roebe),  eomme  le 
mentionne  Schœpflin  (Âls  îll.,  t.  V,  p.  344.  tradaetion  de  Ravenèz). 

■  Le  vni  nom  est  Hclmansfjcreuih,  en  français  Saint-Biaise  (Voy.  Scliœp- 
flin,  IV,  391).  Cereuth,  gercith,  oa  mieux  geraith,  ancien  mol  allemand 
synonyme  de  hol\  métairie,  marcarerie,  comme  on  dit  dans  les  Vosges. 

*  Ecrit  ailleurs  BUiidsgtbaeh,  devenu  BUm^h,  aujoord'bni  Blaiiche- 
nipL 

*  Penl-éire  geverf,  droit  payé  pour  exerear  an  métier. 


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ANOIBNNB  HBiamORIR  DU  BAN-DB-IJk-BOOHB  SU 

cêM,  argent  ou  autres  renlea,  œnsel  reveoae,  argent  ou  bien, 
eomme  le  tont  peut  être  appelé,  et  par  la  saite  être  trouTé 
cherché  et  non  recherché,  ponr  à  perpélnité  les  avoir  poeaé^- 
dés,  recevoir,  en  user  et  jouir  aeion  leur  volonté  avec  tout 
droit  cooime  il  Ta  eu  et  en  a  joui,  et  pour  en  Hure  et  diapoeer 
comme  bon  lui  semblera,  sans  coatradiction  du  dit  S'  Cher* 
hard,  des  S"  ses  ftls,  ses  hoîra  et  des  leurs  et  de  tous  autres 
sans  daule  (dol), 

Pour  cent  cinquante  pfund  pfmning  de  Strasbourg^,  bons 
et  ayant  cours,  que  le  dit  S'  Eberliard  a  pour  cet  effet  réelle- 
ment touchés  et  reçeus  du  dit  S'  Dielrich,en  a  été  payé  et  l'a 
converti  à  son  profit  et  utilité,  de  quoi  il  est  bien  content, 
comme  il  l'a  confessé  publiquement  devant  nous,  et  aussi 
librement  et  volontairement  pour  lui  et  ses  héritiers  transmis 
hors  ses  mains,  puissance  et  possession,  sa  part  des  dits  vil- 
lages et  de  tous  les  articles  susdits,  et  tous  les  droits  qu'il  a 
eu  ou  pourrait  jamaia  y  avoir  cben^hés  et  non  recherchés, 

Et  passé  la  présente  vente  comme  il  est  de  coutume  et  de 
droit  et  Ta  mis  en  utile  et  paisible  jouissance  et  possessiou 
avec  tous  tes  droits,  titres  et  assurances  requises,  pour  que 
la  présente  vente  ait  et  puisse  avoir  la  meilleure  force  et 
vertu,  et  pour  que  lui  et  ses  héritiers  et  ayant  cause  en  soient 
en  la  meilleure  forme  garants  dès  à  présent  et  à  perpétuité  ; 

Et  a  en  outre  le  dit  vendeur  promis  et  s*eat  obligé  pour  lui 
et  tous  ses  héritiers  de  tenir  ferme  et  stable  la  présente  vente 
et  le  contenu  en  ces  présentes  envers  le  dit  acquéreur,  ses 
héritiers  et  ayant  cause  à  perpétuité  et  de  ni  contredire  ni 
contrevenir  jamais  (. . .  lacune. . dans  les  dits  villages  ou 
les  articles  en  dépendants  comme  il  a  été  spécitié,  ne  jamais 
l'inquiéter  ni  permettre  qu'il  le  soit  en  aucune  manière 
(. .  .lacuae.        s'est  aussi, —  pour  lui  et  ses  héritiers  pour 

*  La  livre  de  Strasbourg,  oa pUmdj^eaning,  valait  quatre  livres  tour- 
nois de  FkaoM. 

*  Cette  pareothâee  eet  dana  roriginal. 

RoiiTall»  Série.  -e^Annte.  91 


338 


BSWB  D'ALSACE 


la  présente  vente  (  . . .  lacune.  . .)  et  le  contenu  aux  pré- 
sentes et  parlicuiièroment  (.  . .  lacune. . .)  tous  ses  droits 
ès  dits  villages,  et  dans  tous  les  articles  et  droits  ci-dessus 
spécifiés  oa  qui  en  dépendent,  soit  qui  soient  nommés  ou 
Don  nommés,  recbercliés  et  non  recherchés,  —  constitué  d'être 
garant  qnMIs  aonl  propre  et  non  engagé  dèa  à  présent  et  à 
ra?enlr  envers  tous  et  un  chacun  en  tous  lieux  et  juridictions, 
quand,  où,  on  de  quelle  manière  ledit  acquéreur  on  ses  héri- 
tiers ou  ayant  cause  auront  besoin  de  garantie,  comme  il  est 
de  droit  sans  doute; 

Et  au  cas  qu*il  arriverait  qu'à  cet  égard  ledit  acquéreur, 
ses  hoirs  ou  successeurs  souffrissent  quelques  différends, 
difBcnItés  ou  empêchement  à  cette  vente  à  ladite  garantie  ou 
à  aucune  chose  portée  par  ces  présentes  et  qui  résulterait  de 
la  part  du  dit  vendeur  ou  do  ses  héritiers,  ils  seront  tenus 
et  obligés  de  l'en  acquitter  et  décharger  ou  ses  héritiers  sans 
retard,  dès  qu'ils  en  seront  avertis;  que  s'ils  ne  le  faisaient 
point,  ledit  acquéreur  et  ses  héritiers  et  ayant  cause  pourront 
attaquer,  gager  et  arrêter  les  biens,  les  gens  et  leurs  biens, 
meubles  et  immeubles  du  dit  vendeur  et  de  ses  héritiers  en 
tout  lieu,  BiÂi  par  justice  ecclésiastique  ou  séculière  ou  sans 
justice,  comme  ils  le  trouveront  le  plus  convenable,  tant  et 
si  longtemps  et  josqu*à  ce  qu'ils  soient  déchargés,  garantis 
et  indemnisés  du  différend  pour  lequel  l'attaque  se  fera,  et 
de  ce  qu'ils  auront  et  leur  ayant  cause  souffert  de  dommage^ 
à  l'égard  de  quoi  il  en  sera  cru  à  leur  simple  parole; 

Auquel  effet  ledit  vendeur  et  les  dits  ses  fils,  avec  lui  con- 
jointement et  solidairement  pour  eux  et  tous  leurs  héritiers, 
ont  renoncé  et  se  sont  désaisis  et  dHvétus  tous  ensemble  de 
tous  droits,  puissance,  possession,  propriété  soit  en  droit  de 
possession  qu'ils  pourraient  avoir  ès  dits  villages,  bieus  et 
articles  avec  leurs  appartenances  et  dépendances,  et  de  toutes 
actions  et  prétentions  qu'eux  ou  leurs  héritiers  pourraient 
jamais  à  l'avenir  j  avoir  contre  les  préseules  avec  titres  ou 


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ANOIBNNB  HBIONBURIB  OU  BAN-DB-LA-ROOHB  888 

sans  titres*  ou  en  aucane  autre  manière;  et  particnlièrement  ils 
ont  renoncé  au  droit  qui  dit  <  renonciation  spéciale  ne  valoir  », 
el  à  ne  jamais  dire  que  dans  la  présente  vente  ils  ont  été 
rraadnieusement  de  ceux  de  qui  que  ce  soit,  ou  y  ont  été 
contraints  ou  surpris,  ou  que  le  prix  de  leur  vente  ne  lenr 
«  pas  été  entièrement  acquitté,  el  à  tous  autres  exceptions, 
exemptions,  us  et  coutumes  provinciales  el  locales,  de  juri- 
ilii  tiuu  eccIt'Riasfique  el  séculière,  et  à  tous  autres  documents, 
ordoniiauces  el  pi  ivilèges  du  siège  de  Rome,  des  Papes,  et  des 
Empereurs  et  Rois  des  Romains,  ou  de  qui  ils  puissent  pro- 
céder, pour  que  ni  eux  ni  aucun  autre,  soit  ecclésiastique  ou 
séculier,  ne  puisse,  en  justice  ecclésiastique  ou  séculière  ne 
rien  dire,  opposer,  faire  ou  contrevenir  à  cette  dite  présente 
vente,  ou  à  ces  présentes,  ou  à  ancane  chose  portée,  quand 
môme  il  serait  défectueax  dans  le  parchemin,  l'écritare  ou 
les  sceaux,  ou  en  quelques  mots  ou  choses,  sons  ledit  acqué- 
reur on  ses  héritiers  on  ayant  cause  pourraient  à  présent 
ou  à  Tavenir  en  aucune  manière  souffrir  du  dommage  sans 
aucun  dol. 

A  quoi  fht  présent  de  notre  Magistrat  le  sosdit  Anselme, 
Nicolas  Glutter,  Guntzelmann  Rappenkappf  et  Heasemann 

de  Kagenheim;  —  en  foi  de  quoi  et  h  la  réquisition  des 

parties  les  présentes  ont  été  munies  du  sceau  de  noire  ville: 
et  nous,  Eberhard  de  Andelacli,  chevalier,  h^berlin  el  Henry, 
ses  flis,  Escuyers  susdits,  confessons  toutes  les  choses  sus- 
écrites  de  nous,  el  pour  meilleur  témoignage  nous  avons 
appendu  aussi  nos  cachets  à  ces  dites  présentes  pour  nous 
obliger  et  nos  héritiers  à  tout  ce  que  dessus. 

Donné  le  jour  de  Sainte-Margiierile,  après  la  naissance  de 
Dieu  ran  1S71. 


3M 


KBmm  d'aubacb 


N*  2.  Enquête  à  futur  concernant  les  bois  des 
nobles  de  Hathsenhausen  de  la  Pierre  contre 
la  oommimauté  d'Obemay,  20  octobre  1382 

SoHMAiiB.  Ia  nom  de  IHetridi  de  BathauiilNMiBeii,  dame  ElisibeUi 
Von  Buse,  charge  le  notaire  Jean  Keller.  de  DleiBntbal,  de  bire  une 

enquête  sur  deux  forêts  appartenant  aux  nobles  de  Rathsambausen,  en 
<q»p06ition  à  la  communaiité  d'Obemay  qui  les  réclame.  U  s'agit  des 
deux  questions  suivantes  : 

{"  La  forêt  qui  va  depuis  h*  chemin  de  Hulhaii  jusqu'au  ChamiMlu- 
Feu  d'un  côté,  et  de  1  aulrccùlt'  jui>(|u'a  MiiUwaiul.  siluf  dans  l'évéché 
de  Strasbourg;,  est  (ief  de  l'Empire  romain,  et  appartient  de  toute  an- 
cienneté aux  Sieurs  de  Ratlisamlianaen,  comme  Hef  mouvant  et  relevant 
du  SaintrEmpire. 

La  for^  dite  KriegwaM,  située  pris  de  la  Sandforét,  est  plulAt 
la  propriété  des  Seigneurs  de  la  Pierre,  que  celle  des  Inbitanis  d*0- 
bernay. 

Ut  ux  témoins  sont  produits  :  1"  Werden  Heinrich.  d'Urbach  (Foudav), 
âgé  de  70  ans,  cite  deux  faits  intéressants  qui  se  sont  jiassés  de  son 
vivant  suus  Hartmann  et  sous  Dietrich  de  Rathsambausen;  2"  Volmar 
Gotziiene,  âgé  de  50  ans,  et  depuis  30  ans  ^jarde  de.s  forêts  de  Barr. 

Au  nom  de  Dieo,  Amen.  Notoire  soit  à  toas  ceux  qui  les 
présentes  Temmt  oo  entendront  lire,  qu*eii  l'année  d*aprè8 
It  naisnnee  de  Dieu  1882,  indietioa  romtine  Y*,  Ut  5*  année 
du  couronnement  du  pape  Uri»in  VI,  le  très  Saint  Père  en 

Christ  et  Seigneur;  le  20*  jour  du  mois  d'octobre,  par  devant 
moi  notaire  impérial  «t  apostolique  soussigné  et  en  présence 
des  témoins  ci-après  nommés,  fut  présente  noble  Dame,  datm 
Elisabeth  Vom  hme  veuve  de  Dietrich  de  liathmihamen  à 
la  Pierre,  Escuyer,  laquelle  a  dit  que  les  hommes  étant  mor- 
tels, souvent  le  droit  manquait  aux  gens  faute  de  preuve,  et 
a  sérieusement  requis  moi  dit  notaire  soussigné,  de  recevoir 
la  déposition  des  témoins  ci-après  oomméa,  sur  les  articles 
et  points  ci-aprèa  mentionnés  selon  les  us  et  coutumes  des 

*  Il  existait  dans  la  Lorraine  allemande  une  famille  Vom  flanaen,  dont 
la  filiation  masculine  est  dûment  établie  depuis  1840.  (V.  rAliaee  noble, 
de  E.  Lehr.) 


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AKCIBNNB  SBIQMBUBU  DU  BAM-DS  Lâ-BOOBB  986 

Juridictioiu  eedésiastiqaes,  et  de  les  entendre  et  reeefoir 
leors  dépoeitions  et  rédiger  enccinetement  per  écrit  eequlls 
diront  et  en  adresser  acte  en  forme  antentlqne,  mnni  de 

mon  signe  pour  qu'on  puisse  y  ajouter  foi  en  tons  lienx  et 
en  tontes  juridictions  ecclésiastique  et  sécnKère;  la  dite  Dame 

craignant  comme  elle  disait  que  les  témoignages  pourront 
peut-êlre  lui  manquer  par  maladie  de  la  nature  humaine, 
vieillesse  des  dits  témoins  et  autres  cas  fortuits,  d'où  elle 
pourrait  faute  des  dits  témoins  en  souffrir,  cause  pourquoi 
moi.  notaire  susdit,  à  la  réquisition  de  la  dito  Dame,  et  pour 
la  nécessité  et  pour  éviter  le  préjudice  qui  pourrait  lui  arri- 
rer  et  à  ses  héritiers,  ce  que  Dieu  ne  veuille,  par  le  défaut 
des  dits  témoins,  ai  interrogé  chacun  d'iceux  séparément, 
les  ai  ouïs  et  ai  rédigé  succinctament  par  écrit  leurs  déposi- 
tions snr  les  articles  ci-après  mentionnés»  sons  le  serment 
qu'ils  ont  prêté  devant  moi,  la  main  leréesans  contrainte  en 
la  manière  que  s'en  suit 

Bt  Yoici  les  articles  sur  lesquels  las  dits  témoins  par  moi 
interrogés,  ont  déposé  sons  serment  selon  leur  science  et  lenr 
esprit  :  i*  que  de  temps  Immémorial  el  qui  n'est  point  à  la 
mémoire  des  gens  qui  vivent  encore,  h  forêt  qui  va  depuis 
Rotauwegescheide  jusqu'à  Hnffelde  *  dun  œté,  et  d'autre  coté 
jusqu^i  Miltzirand  ititnè  dans  P  Evéché  de  Strasbourg,  est  fief 
de  fEmpirs  Romain;  —  item,  que  cette  f()rêt  a  appartenu 
d'ancienneté  el  depuis  si  longtemps  que  personne  ne  s'en 
ressouvient,  aux  S"  de  Rathsenhausen, seigneurs  delà  Pierre, 
comme  fief  mouvant  et  relevant  du  dit  S*  Empire;  —  item, 
que  feu  biderbe  *  Hartmann  de  Rathsenhausen  à  la  Pierre, 
son  père,  et  tous  ses  defanciers,  ont  toujours  foit  reprise  du 
fief  de  la  dite  forêt,  l'ont  tenu,  possédé,  et  en  ont  joni  paisi- 
blement et  tranquillement  et  l'ont  en  en  ntile,  paisible  jouis- 
sance et  possession  audelà  de  la  mémoire  d*homme;  —  item, 

*  Ce  doit  être  le  Bodifeld  oa  Champ-dorFea. 
'  Aoden  allemand  poar  Bieder,  brave,  hjfal 


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896 


BBVUB  D'ALBAOI 


qae  1«  dit  fief  a  toiqoiira  été  et  est  encore  actaeHemeut  dani 
la  eeignearie  et  femille  de  Ratheeiihaiieen  à  la  Pierre;  — 
item,  que  feu  le  sieur  Dietrieb  eusdit,  en  procès  à  Zendero- 
tow*  avec  les  habitants  de  la  ville  d'Obernheim  située  dans 
le  diocèse  de  Strasboarg,  et  y  produisit  plosiears  témoins 
irréprochables  par  rapport  à  la  dite  Ibrét,  et  proova  par  les 
dits  témoins  que  le  dit  sieur  Dietrich  y  aurait  droit  et  per- 
sonne autre,  et  que  ceux  d  Eiilieim  n'avaient  ou  n'ont  point 
de  droit  à  la  dite  forêt.  —  item  que  ht  foret  dite  Kriegtvdld 
qui  f^t  située  près  lu  Sand/orèt  depui^i  !e  CÂotemregfftchdde  ' 
d'un  côté  et  (ifjontit  .sur  le  Diphstein,  que  les  dits  Sieurs  de  la 
Pierre  ont  aussi  Inm  droit  à  la  dUe  /oréi  dite  Mriegwald  gue 
ceux  dEnheim. 

£t  voici  les  témoins  qui  ont  été  produits  sur  ces  points.  En 
premier  lieu,  Werdeo  Heinrich  Durbach',  témoin  asMermenté, 
a  été  par  moi  intorrog'^  sur  tous  les  points  ci-dessus  de  ce 
qu'il  en  8a?ait  et  entendait  ou  aurait  ru  et  oui,  et  particuliè' 
rement  de  son  flge  et  de  combien  de  temps  il  seresiouyenait  ; 
dit  qu'il  est  âgé  de  70  ans  et  qu'il  se  ressouvient  de  60  ans 
passé,  dépose  et  dit  sous  son  serment  que  les  points  et  arti- 
cles ci-dessus  mentionnés  sont  tous  vfais,  et  qu'il  a  été  pré- 
sent, et  Fa  vu  et  entendu;  dit  aussi  que  la  forêt  susdite  a  été 
et  est  depuis  un  temps  immémorial  flef  de  TEmpire  romain, 
apparteoant  au  sieur  de  Rathscnhausen  de  la  Pierre,  et  dit 
que  feu  biderbe  Hartmann  et  ses  devanciers  ont  eu  la  dite 
forêt  en  puissance  et  possession  utile,  sans  contradiction  de 
personne  depuis  un  si  longtemps  que  personne  ne  s'en  sou- 
vient, qu'il  n'a  jamais  ou'i  dire  autrement  de  ses  auteurs*;  que 
les  dits  sieurs  ont  droit  à  la  dite  forèl  à  l'exclusion  de  tous 
autres,  et  qu'il  Ta  vu  et  entendu  d'ancienneté;  et  après, 

■  Ecrit  ailleurs  Eude  Aokno,  one  section  de  Rothw,  qui,  en  1489, 

comptait  huit  maisons. 

*  Peut-être  kothentcey,  cheunii  boueux. 

*  Sans  doute  d'Drbaeb,  aneien  nom  de  Fonday. 

*  De  ses  père  et  mère. 


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ANGOOmB  SBIQiaiItlB  DU  BAN-f»B*L4-B00HB 


897 


lorsque  feu  biderbe  HartiDânn  moarût  el  que  feu  S*  Dietrieh 
de  Bathaenhaasen  aoo  fila  était  eneore  an  bereeaa,  cens 
d*Obeniheiin  Tiorent  a'eoiparer  de  la  dite  forêt  ets*en  mirent 
en  poeaeaBion,  y  mirent  lenra  fbrealiera  et  allèrent  à  Zend^ 
rotow,  inœndièrent  les  nuisons  des  habitante  do  dit  défont 
&  Dietrieh,  les  prirent  et  condoialrent  les  personnes  soiran- 
tes  à  Obernay  en  prison,  nommément  Robon,  Henry  Seger, 
Bosch  le  vieux.  Obreht  Vot  le  vieux,  et  le  jeune.  elBinckelin 
de  Zeriderotow,  lesquels  y  furent  détenus  dûrement  an  et 
jour;  et  pour  être  élargis  des  prisons,  ils  promirent  de  payer 
à  ceux  d  Olieriiay  un  cens  annuel  par  rapport  des  biens  qui 
sont  et  appartiennent  au  dit  S'  de  la  Pierre  et  payèrent  les 
ditd  cens  après  ]«  décès  du  dit  biderbe  Hartmann,  et  y  furent 
même  contraints  par  ceux  d'Obernay  jusquà  r«  que  le  dit 
déflint  S'  Dietrieh  parnnt  qu'il  put  se  libérer  de  ta  Tîolence 
et  reprit  la  dite  forêt  en  ses  possession  et  puissance. 

Item,  ta  dit  Werden  Heinrich«  témoin  susdit,  dit  aussi  que 
Ihtt  ta  Dietrieh,  lors  du  différend  susdit  forma  aussi  sa 
demande  contre  ceux  d'Obernay,  par  rapport  au  Kriegwald 
susdit  et  dépose  quil  n*a  jan»te  oui  dire  autrement  sinon 
qu'on  Tappetait  Kriegwald*  d'ancienneté  et  que  les  dite  S"  de 
la  Pierre  avaient  et  ont  meilleur  droit  au  dit  Kriegwald  que 
ceux  d*Ehenheim,  et  que  les  dite  témoins  qui  furent  pour 
lors  produits  disaient  aussi  qu'ils  devaient  avoir  des  forestiers 
qui  gardassent  la  dite  forêt,  disant  les  dits  témoins  l'avoir 
ouï  dire  d'ancienneté;  et  fut  à  ce  présent  Waltlier  llugelin, 
qui  pour  lors  était  bourguemnîlre  à  Ehenheim,  el  plusieurs 
autres  personnes  qui  entendirent  ce  qui  vient  d'être  dit  par 
rapport  au  Kriegwald;  sur  quoi  les  dites  personnes  répondi- 
rent en  disant  qu'ils  n'avaient  pas  plein  pouvoir  de  rien 
arrêter  à  Tégard  du  Kriegwald.  et  quittèrent  ainsi  la  confé- 
renée.  Â  quoi  le  dit  Werden  Heinrich,  témoin,  était  présent, 

*  Elle  portait  biea  son  iuhb,  •  forêt  de  contestation  •.  Peat-être  était- 
elle  primitivement  nn  terrain  neutre  dont  les  deox  parties  pouvaient 
éfalemeiil  jouir. 


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3» 


et  Ta  entendu  et  vu,  et  dit  que  le  dit  défunt  S*  Dietricta  et 
seB  héritiers  ont  été  auparavant  et  depuis  en  la  poaeeeiien  et 
jouiesanee  des  dites  forêts  paisiblement  pendant  douxe  ans. 

Item  Volmar  Gotzkene  de  Barr,  témoin  assermenté,  inter- 
rogé sur  les  deux  arlicles  préeédents  conoernant  leKri^gwald, 
ce  qu'il  entendait  et  savait  ou  aurait  vu  et  oui,  dit  être  âgé 
de  60  ans  et  avoir  méouire  depuis  88  ans  passé,  et  dépose 
avoir  été  il  y  a  80  ans  forestier  de  la  Ibrét  de  Barr  qui 
aboutit  au  susdit  Krie^ald,  et  dit  aussi  avoir  pour  lors  va 
et  ouï  dire  que  la  forôt  du  Kriegwald  a  toujours  et  de  tout 
temps  été  appelée  le  Kriegwald,  et  que  les  S"  de  Rattisen- 
hausen  à  la  Pierre  y  avaient  aussi  tion  droit  que  ceux  d'Eheii- 
heim,  el  «joule  que  rhaque  partie  y  avait  établi  des  forestiers 
pour  parder  le  dit  Kriegwald,  lesquels  faisaient  les  reprises 
de  part  et  d'autre  dans  la  dite  forêt  de  Kriegwald. 

Toutes  les  choses  susdites  furent  passées  dans  la  vallée  à 
Andelà  (Andlau),  diocèse  de  Strasbourg,  dans  la  maison  de 
Glave  Billemann,  Tan,  indiction,  sous  le  Pape,  le  mois  et  jour 
susdits,  en  présence  des  bonorablesS"  Conrad,  curé  de  West- 
huaen,  Rudolph  le  jeune,  écuyer  à  Andela,  et  Hannsenmann 
BlUemann  du  diocèse  de  Strasbourg,  témoins  spécialement 
priés  et  requis. 

Ei  Ego^JohannesKeller,  de  DteffenthaL  ArgentinênHa  Di(h 
rœsis  piihUrm  npostolim  et  imperiali  auMtale  notnrius,  qui 
prœdklorum  testium  prof/tirthnt.  recepiioni,  fidei  dalioni 
piramentomm  prdatationihv.s  et  eorum  depaai  ioiùhm  et 
preminis  omnibuô  aHis  et  sinqiilis  diim  sic  ut  presrribilur 
agerentur  el  fièrent  mm  ciim  mentionatis  testibiis  prœseiis 
interfui,  eaqne  sic  fieri  vidi  et  audivi,  idcirco  hoc  prœsens 
fubUcum  imtrvmenliim  manu  mea  propria  scriptum  oondidi 
et  fed,  et  in  hanc  pubïicnm  formam  reekgit  éignoqué  meo 
êoMio  et  eonmeio  tigruwi  et  tesUmonium  pramtt&onm  ntga- 
lus  et  reçpritUui  par  Dominam  Ëkam  miikfaUm, 

B.  DiBiz, 


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LOCUTIONS 

PARTICULIÈRES  A  BELFORT 


Au  comînpnromoTit  de  re  siècle  on  parlait  eiiam',  dans  les 
meilleures  familles  de  iielfort,  la  langue  romane  concurrem- 
ment avec  le  français  le  plus  élégant.  Cet  usage  a  divsparu  ; 
cest  à  peines!  les  générations  nouvelles  savent  aujourd'hui 
articuler  quelques  expressions  excentriques  de  la  langue 
populaire  à  laquelle  leurs  grand*mères  consacraient,  avec 
une  certaine  coquetterie,  leurs  entretiens  familiers. 

Ce  contact  du  roman  trec  le  français  devait  nécessaire- 
ment donner  lieu  à  des  tmpmnts  réciproques.  Un  certain 
nombre  de  ces  emprunts  se  retrouve  encore  de  nos  jours  dans 
les  relations  entre  anciens  twlfortains  de  naissance.  0  a 
semblé  bon  de  recueillir  ces  locutions  avant  que  l'usage  et 
le  souvenir  en  ait  entièrement  disparu.  Tel  est  le  but  du 
petit  recueil  qu-un  Belfortain  de  vieille  souche  offre  aux  lec- 
teurs de  la  Jicvue  d'Alsace. 


Bagqoainir.  —  Surprendre  quelqu'un  qui  cherche  à  se 
cacher,  à  se  dissimuler,  à  ne  pas  être  surpris.  «  Je  les  ai 
baequaînés;  je  Tai  bacquainé.  > 

BaXstrb.  —  Bille  en  marbre,  en  verre  ou  en  pierre  avec 
laquelle  jouent  les  enlknts. 


390 


BITVB  0*àL8ACB 


Balkmint.  —  Bien,  doucemeDi,  tout  à  la  douce  :  c  Gom- 
meot  tlles-Toaef  je  Tais  tout  btleinent,  »  c'est-à-dire  doaee- 
méat,  tout  à  la  douce,  comme  roue  voyes. 

Baqubub.  —  Bouillie  Aiite  avec  des  /traits,  tels  que  praaes, 
mares,  myrtilles,  etc.  «  Que  mangez-Tous  làt  Yoas  voyes, 
mange  da  baquelis.  >  S*emploie  aussi  pour  désigoer  la  booe 
â*nn  chemia  mal  entretenu;  on  oofrage  mal  fkit,  mal  réussi; 
un  individu  en  hillite  :  «  Je  ne  Teax  pas  m*engager  dans  ce 
chemin,  je  le  connais,  nous  ne  ferions  que  marcher  dans  le 
baquelis;  il  vous  faut  recommencer  votre  ouvrage,  car  vous 
ne  m'avez  fait  là  que  du  baquelis;  un  tel  a  fciit  de  mauvaises 
affaires,  il  est  dans  le  baquelis  jusqu'au  cou.  ► 

Baquillot.  —  Pince  fabriquée  avec  un  morceau  de  bois  et 
destinée  à  retenir  sur  le  cordeau  le  linge  (jue  i  on  fait  séclier. 
Par  extension,  terme  de  plaisanterie,  de  moquerie  plutôt  que 
de  mépris  pour  désigner  une  personne  grande,  efflan.quée, 
maigre,  ou  toute  autre  partie  de  cette  personne.  <  Regarde- 
moi  donc  ce  grand  baquillot  qui  passe;  il  est  sec  comme  un 
baquillot;  vous  n^nves  pas  de  mollets,  vous  n'arez  que  des 
baquillot».  » 

Bmaoïr.  —  Celui  qui  ne  cause  pas,  qui  ne  répond  pas  à 
ce  qu*oa  lui  demande,  qui  ne  s'occupe  pas  de  ce  qui  se  passe 
autour  de  lui,  qui  paraît  absorbé,  qui  reste  dans  un  coin,  on 
dit  alors  que  «  c*est  un  beugeon.  un  vrai  beageon.  » 

BsDROUiGNARD.  —  Péffl.  Bcurguiguarde  ;  qui  beurguigne. 

Beurguigner.  — S'occuper  incessamment  de  vétilles,  de  futi- 
lités, de  clioses  peu  sérieuses.  «  Il  ne  fait  que  beurguigner 
toute  la  journée.  » 

Bmes-Baocot.  —  Baies  de  l'airelle  myrtille;  Vacciuiwn 
myrlilius,  de  la  famille  des  Vaccin i a césH. 

BouRRiAUUKii.  —  Faire  soulïrir  sans  relâche,  sans  trêve, 
avec  intention;  martyriser.  •  Cette  fenstne  ne  fait  que  bour- 
riauder  ses  enfants;  il  m*a  tellement  bourriaudé  que  j'ensuis 
tout  malade,  tout  meurtri.  » 


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LOCUTIONS  PARTICUUÉBBS  A  BBLFOBT 


331 


BouRRiAUDBDR.  —  Qui  bourriftode.  <  6&rde«-fou8  bien 
de  vous  mettre  ayec  un  tel,  vous  vous  en  repentiriez,  c'est 
un  bourriaudeur  fini.  • 

BREQun.LON.  —  Exprime  qu'une  chose,  un  objet  quelconque, 
est  d'un  volume  très  petit,  très  mince,  de  peu  de  valeur,  sem- 
blable à  des  broutilles.  •  Les  asperges,  cette  année,  n'ont 
donné  que  des  brequillons:  vous  avez  coupé  de  trop  grosses 
l)ranches.  Comment pouvez-vous  dire  cela,  vous  voyez  bien 
que  ce  ne  sont  que  des  brequillons;  allez  me  chercher  quel- 
ques brequillons  de  bois  pour  allumer  le  feu.  » 

Ganqcardi.  —  Nom  que  Ton  donne  au  hanneton.  Se  dit  de 
la  femme  comme  terme  de  plaisanterie  plutôt  que  de  mé- 
pris. «  Vous  n*ète8  qu'une  canqnarde;  elles  étaient  un  tas  de 
eanqnardes  qui  ne  illisaient  que  jacasser.  • 

GotBNNiDB.  Non  seulement  celui  qui  pleure,  qui  eotenne, 
mais  aussi  celui  qui.  avec  un  semblant  de  larmes  dans  les 
yeux,  se  plaint  sans  cesse,  se  dit  malhenreux,  et  tout  cela 
pour  attirer  sur  lui  la  pitié,  la  commisération  et  obtenir 
quelque  chose.  Il  y  a  toujours  un  certain  fond  d'hypocrisie 
chez  le  coîenneur.  •  Vous  n'êtes  qu'un  coîenneur;  ne  vous 
fiez  pas  à  lui,  c'est  un  vrai  coîenneur.  ■  —  Le  coîenneur  est 
une  variété  du  ieuf/fiai,  du  nien-nien. 

CoÎENXER.  —  Prononciation  nazale  et  longue.  Se  dit  d'un 
enfant  qui  pleure.  •  Cet  enfant  ne  fait  que  coîenner  toute  la 
journée.  »  Se  dit  aussi  d'un  individu  qui,  comme  les  enfants, 
pleure  sans  motif,  sans  chagrin  réel  :  «  C'est  bien  la  peine 
de  cotenner  pour  si  peu  de  chose;  allons,  boni  Voilà  que 
TOUS  ailes  tous  mettre  à  cotenner  comme  un  enfiint  que  tous 
êtes.  » 

Gbapf.  —  Courage,  force,  énergie.  «  Il  a  eu  la  craif  de 
faire  cela.  Allons  donc!  je  parie  que  ta  n*as  pas  la  eralT  de 
fiûre  ce  que  tu  dis.  > 

GknPTON.  —  Position  accroupie  que  prend  une  personne 
quand  elle  reat  caresser  un  petit  enfknt,  on  bien  qnand  elle 


8» 


featsatiflfidro  certain  besoin  ;  quand  un  homme  se  baisse  poar 
prendre  9iirM8  épaules  un  jeane  enlint,  il  «e  met  à  Creupton. 

Dartou.  —  Sert  à  désigner  Torvet 

EomssB.  —  Petite  eeringoe. 

Egtobbb.  —  Lineer  de  l*eeu  «m  une  égnisee.  Se  dit  aneil 
dans  le  sens  d*éclabou88er,  c  \\  m*a  éguissé  >  poar  il  jsCn. 
édaboosié. 

Enoodssbié.  ^  BmbarraBsé;  maladroit;  ne  sachant  pas  se 
tirer  d'alliiire;  faisant  tout  avec  gaocherie.  «  Quand  toos  Alites 

une  chose,  TOUS  êtes  fout  engouasené.  Mon  Dieu!  comme  vous 
paraissez  engoussemé  pour  peu  de  chose;  ça  n'est  cependant 
pas  dilTicile.  » 

EvALDKNÉ.  —  Etourdi,  évaporé.  Vient  évidemment  de  éval- 
toniié,  érapctiT,  étourdi,  qui,  d'ap^^s  Littré,  est  une  vieille 
expression,  employée  dans  la  Ukraine. 

Feunbr.  —  Fureter  partout;  ouvrir  les  armoires,  les  buf- 
fets, découvrir  les  poêlons,  les  marmites,  en  un  mot  curieux 
de  tout  Toir.  t  II  ne  fait  que  feuner  toute  une  sainte  journée. 
4ares-Toas  bientôt  fini  de  feuner  partout?  > 

FsDNtDB.  —  Fém.  FsmrBOSB.  Qui  feune  ;  ■  quel  Tilain,  quel 
rieuz  feaneur  tous  me  feites.  * 

GaufA.  —  Mal  habillé,  habillé  avec  négliisenoe,  sans  goût, 
sans  tournure,  sans  élégance,  t  Tous  êtes  toujours  gaupée 
comme  la  poupée  du  diable;  vous  êtes  toiqours  mal  gaupée.  • 
Ganpé  n'entratne  pas  Pidée  de  vètementa  vieux,  usés,  sordides; 
au  contraire,  on  est  mal  gaupé  avec  des  vêtements  neofo  fiiits 
d'étoffes  d'un  prix  élevé. 

Gavolili-age.  —  Chose  mal  faite,  faite  avec  négligence,  de 
façon  à  être  dans  roMigation  de  tout  recommenrer.  «  On  ne 
peut  rien  lui  faire  faire,  il  ne  fait  que  du  gaviuiillage.  » 

Gavouillb.  —  Eau  répandue  dan?  un  lieu  quelconque;  a 
il  peu  près  le  sens  de  «  niaf  >,  avec  cette  différence  que  Teau 
est  moins  saie,  moins  imprégnée  d'impuretés,  de  boue.  «  Ne 
passes  pas  dans  èet  endroit,  il  y  a  de  la  gavouilie.  > 


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LOGOnOMS  PABnOUUftBIB  A  BBLPOBT 


388 


Gatodillib.  —  Flire  nul  nne  ebom,  an  ooTrtge  qiMlcoii- 
qoe;  y  apporter  de  la  néglîgenee.  «  Vous  gayoaiUes  tout  ee 
qne  tous  ftdtes.  Vous  ares  gafouillé  le  linge,  >  pour  voas 
l'aves  mal  laré. 

Gang  AN.  Gros  trilrillot,  t  vieille  gangan,  >  poar  désigner 
une  femme  au  caractère  acariâtre,  grincheux. 

GouïET.  —  Fiaqae  d  eau.  «  J'ai  marché  dans  ungouïel.  La 
rue  est  pleine  de  gouïetij.  » 

6r6bbuss£. —  Ëcrevisse;  s^emploie  couinie  terme  de  mé- 
pris envers  nne  femme.  «  Yoas  n'êtes  ou  Ui  n'es  qu'une 
Tîeilie  grébeusae.  * 

Gbebi.  —  Exprime  Tabandanoe,  la  quantité,  pour  ainni  dire 
le  maximum.  Un  arbre  est-il  chargé  de  fruits,  on  dit  «  qu'il 
en  est  tout  grebî  >  ;  cherehe-t-on  quelque  chose  dans  un  lieu 
quelconque  et  trou?e-t-on  cette  chose  en  grande  quantité,  on 
dit  :  c  C*en  est  tout  grebi.  » 

6re\iller.  —  Démanger,  chatouiller.  «  Ça  me  greville 
dans  la  gorge;  grattez-moi  donc  le  dos,  me  grerille  telle- 
ment que  je  n'y  tiens  plus.  » 

Grispine.  —  Espiègle,  fine  mouche.  «  Ne  vous  y  fiez  pas 
c'est  une  petite  grispine  •.  Ne  s'emploie  qu'au  féminin. 

GuteUBLUB.  —  Sert  à  désigner  la  fiente  du  mouton,  de  ta 
chèvre.  Par  extension,  se  dit  d'un  objet  d'un  petit  Tolume, 
de  peu  de  valeur,  de  qualité  infirieore.  <  Vos  pommes  ne 
sont  pas  plus  grosses  que  des  guégueUee;  ee  ne  sent  que  des 
gnéguelles.  • 

GuBMuCHx.  —  Désigne  une  femme  quasi  publique;  s'em- 
ploie, par  conséquent,  comme  terme  de  mépris,  d'injure.  •  Tu 
n'es  qu'une  sale  guenuche,  une  vieille  goenuehe.  » 

Harlan.  —  Rafle,  raller.  «  il  a  fait  lutrlan,  *  c'est-à-dire, 
il  a  tout  pris,  tout  raflé,  tout  emporté. 

JiCLËii.  —  Lancer  un  liquide  par  pression.  «  11  m'a  telle- 
ment serré  la  peau  que  le  sang  a  jiclé.  i 


RBVUB  D'ALSAOB 


JolJME.  —  Mousse  qui  ne  s'entend  pas  de  ccrlaines  plantes 
cryptogames,  mais  de  l'écume  qui  se  forme  sur  l'eau  ou  sur 
quelques  liqueurs  quand  on  les  bat,  qu'on  les  verse  de  haut 
ou  qujHid  elles  fermentent.  Se  dit  aussi  delà  bave écunieuse. 
«  La  bière  commence  à  fermenter,  voilà  la  joume  qui  sort  du 
tonneau;  prenez  garde  à  ce  chien,  il  pourrait  bien  être  enragé» 
sa  gueule  est  pleine  de  joume.  > 

JouMBii,  —  Di>iiner,  produire,  former  de  la  mousse,  de  l*é- 
cume;  se  dit  aussi  d*une  personne  qui  conaentre  en  soi  sa 
mauyaîse  humeur,  sa  colère  qu'elle  ne  peut  faire  éclater  pour 
des  moUfe  quelconi^ues.  c  Cette  bière,  ce  rin  de  Champagne 
sont  ezoellents,  ils  joumeut  bien;  ne  lui  dis  donc  rien,  tu 
Tois  bien  qu*il  joume;  je  joume  de  n*aToir  pu  réussir  dans 
cette  ailaire.  » 

Kaibrib.  —  Lieu  où  Ton  conduit  les  animaux  morts  pour 

y  être  dépecés  par  l'équarisseur.  S'emploie  aussi  comme 

injure  :  -r  Eli  vu  donc!  vieille  kaibrie;  on  te  conduira  un  jour 
à  la  kaibrie.  > 

Lkicui:.  —  Ce  qui  est  extra  bon,  de  toute  première  qualité. 
<  Comment  truuvez-vous  s&t  Ne  m'en  parlez  pas,  c'est  un 
vrai  leuchu.  » 

Magmen.  —  Etameur  de  chaudrons. 

MiottNER.  —  Ennuyer  quelqu'un  par  des  demandes  inces- 
santes et  répétées.  «  Tu  m'ennuies,  tu  ne  bis  que  mioUner.  » 
Cette  expression  ne  fise  pas  le  paa?re  qui  demande  Taumône, 
mais,  au  contraire,  rindi?idu  aisé  qui  ?ent  obtenir  de  tous 
quelque  chose.' 

MioûNnm.  —  Fém.  mioilaeiise;  celui  ou  celle  qui  mioflne. 

MouGHRia.  —  Prononces  moach'tri.  Le  yéritable  sens  est 
celui  que  l'on  attache  à  cette  expression  :  c  Vous  êtes  un  vilain 
modèle.  >  —  <  Voufl  êtes  un  vilain  mouchetri,  un  yfenx 
mooehetri,  »  n*a  pas  le  sens  aussi  injurieux  que  cette  expres- 
sion :  c  Vous  êtes  un  vieux  singe,  un  vilain  merle.  • 

MouHE  DE  cmsîi.  —  îiÙTQ,  ffuît  du  mûrior  sanvage,  la  ronce. 


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LOCOnONS  PABTIOOLlâRBS  h  BKLFOBT 


885 


MouRFiLLXR.  —  Manger  en  petite  quantité,  iocessamiiient ; 
dtns  un  repsR  ne  manger  que  peu  de  chaque  mets,  presque 
avec  dédain  ;  piquer  avec  sa  fourchette  quelques  petits  mor- 
ceaux choisie.  •  Il  mourfille  toute  la  journée.  Vous  n'ayei 
litut  que  moorfiller  pendant  tout  le  repas.  > 

NouaniiUBim.     Fém.  monriilleuse;  qui  mourfille. 

Nia.  —  Oeuf  qu'on  laisse  en  permanence  dans  le  panier  où 
les  poules  vont  faire  leurs  OBufe.  Ou  est  convaincu  que  si 
on  ne  laisse  pas  un  «  nifl  •  dans  Tendrott  où  Ton  désire 
que  les  poules  Tiennent  £iire  leurs  csulii,  elles  iront  les  faire 
ailleurs. 

NiAF  —  Boue  liquide  qui  provient  de  la  fonte  des  neiges 
ou  à  la  suite  d'une  pluie  abondante;  flaques  d'eau  croupie, 
séjournant  dans  une  rue  mal  entretenue.  «  Voilà  le  dégel  qui 
arrive,  nous  allons  avoir  une  iamense  niaf.  Vous  ne  sortez 
pas,  vous  n'allez  pas  vous  promener?  Ma  foi,  non  !  il  y  a  trop 
de  niaf.  »  —  Niaf  indique  un  sens  plus  repoussant  que  boue. 
On  va.  jusqu'à  un  cerlain  point,  se  promener  quand  il  y  a 
de  la  boue,  mais  on  hésite  à  le  faire,  quand  il  y  a  de  la  niaf. 

NiBN-mm.  —  Doucereux,  qui  fait  la  bête  pour  vous  ama* 
douer,  qui,  sons  les  dehors  d*uQ  semblant  d'idiotie,  cache  une 
certaine  intelligence.  «  Ne  vous  y  fin  pas»  c'est  un  nien- 
uien.  * 

Oems.  —  Coups  qu'on  donne  avec  le  doigt  médius  fléchi. 
«  Si  tu  ne  me  laisses  pas  tranquille,  je  vais  ta  donner  des 
ognes.  > 

PfeoT.  —  Fém.  peute;  laid,  c  Cet  onfiintest  peut,  cette  fille 
est  pente.  •  Se  dit  encore  i  un  entkntqni  a  sali  ses  vêtements 
ou  qui  fait  des  choses  malpropres.  «  Oh  |  le  peut,  >  c'est-à- 
dire  :  Oh  !  le  sale. 

Petpet.  —  Bouillie  composée  de  lait  et  de  farine  et  que 
Ton  donne  aux  enfants  à  la  mamelle  ou  dans  les  premiers 
temps  du  sevrage.  Se  dit  aussi  d'un  individu  qui,  pour  une 
cause  quelconque,  se  trouve  dans  des  conditions  momentanées 


336 


BBVUE  D' ALSACE 


à  ne  plus  pouvoir  Articuler  un  mot.  «  Il  est  tellement  soûl 
qu'il  ne  peut  plus  dire  petpet;  le  malheureux  a  reçu  une 
telle  râclée  qu'il  ne  pouvait  plus  dire  petpet.  » 

PiPATTE.  —  Chèvrefeuille.  Lotiicera  caprifolium,  de  la 
famille  des  Caprifoliacées.  Ce  nom  de  pipatte  fpipo)  vient  de 
ce  que  les  enfants  emploient  les  tiges  séchées  de  cette  plante 
pour  en  fiiire  des  espèces  de  cigares  qu'ils  fument.  On  sait 
que  ces  tiges,  qui  brûlent  très  bien  à  la  manière  du  bolet 
amadourier,  sont  percées  dana  leur  longueur  de  petits  canaux 
permettant  &  la  fumée,  par  aspiration,  d'arriver  dans  la 
bouche,  comme  pour  les  cigares  ou  la  pipe. 

Pnbllbs.  —  Fruits  du  prunier  épineux,  épine  noire,  pru- 
nui  tpinota,  de  la  Ikmille  des  Amygdalées.  Ce  fruit  est  noir- 
bleufllre^  de  la  grosseur  d*un  petite  cerise,  presque  globu- 
leux. Il  est  acerbe,  astringsant  et  s'adoucit  cependant  sous 
Taetion  des  premières  gelées.  Allié  aux  fruits  du  pommier 
et  du  poirier  sauvages,  il  donne  une  boisson  connue  sous  le 
nom  de  piquette. 

Préjure.  —  Vilain  munde,  vilaine  société,  société  mal 
choisie,  mal  composée,  à  laquelle  on  ne  veut  pas  se  mêler. 
«  Vous  n'allez  pas  à  tel  endroit?  Ma  foi  nonl  on  n'y  ren- 
contre que  de  la  préjure.  » 

Queuter.  —  Gomme  locution  particulière  à  Bilfort,  queuter 
n'a  absolument  pas,  comme  on  pourrait  le  croire,  le  sens  de 
queuter,  terme  du  jeu  de  billard,  qui  consiste  à  pousser  d'un 
seul  coup  les  deux  billes  arec  sa  queue.  Cîomme  locution  bel- 
fortaine,  queuter  veut  dire  d*un  Individu  qui  se  met  i  la 
remorque  de  quelqu'un,  qui  le  suit  et  le  poursuit  partout,  le 
flatte,  et  tout  cela  afin  d'en  obtenir  quelque  ehose,  surtout,  et 
c'est  en  cela  que  queuter  emprunte  son  véritable  sens,  se 
&ire  paytr  des  consommations  quelles  qu'ellei  soient,  dans 
un  lieu  public,  comme  cabaret,  restaurant,  café,  etc.  <  En 
voilà  un  qui  queute;  il  ne  fait  que  queuter  toute  une  sainte 
journée.  > 


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LOCUTIONâ  PARTICULIÉBE»  A  B£LFOBT 


SS7 


Qdkdiuur.  —  Celui  qui  queute.  <  Cest  un  qaeoteur  ûui  ; 
je  n'ai  jamais  vu  un  queulcur  pareil.  > 

Rahoi  ssek.  —  Renvoyer  quelqu'un,  le  cha'^ser  brulaleiiienl 
et  avec  mépris,  le  mettre  à  la  porte  comme  on  ferait  d'un 
chien.  «  il  mcnnuyait  tellement  que  je  l'ai  rahouasé;  eh  bieu  I 
s'il  vient  encore  yous  trouver,  rahoussez-le.  » 

Raji  rk.  —  Rebut  de  la  société.  «  Il  n'y  a  que  de  la  rajure 
dans  cette  rue,  dans  cette  maison.  Il  ne  fréquente  que  la 
ngare.  Allons  dc>nc,  lu  n'es  que  de  la  rajure.  * 

Rambuner.  —  TrouTerà  redire  sur  tout  et  toujours,  mécon- 
tent de  ce  que  Ton  dit  et  de  ce  que  l'on  bit.  «  Il  rameune 
toi^oura.  » 

Rambuhbuh.  —  Fém.  rameunense;  celni  qui  rameune. 

Rantot.  —  HaoTais  caractère,  sombre,  peu  oommunicatif, 
se  retirant  de  tout,  peu  obligeant  c  Vous  n'obtiendrez  rien 
de  lui,  c'est  un  Tiens  rantot.  > 

Raudri.  —  Un  yieux  besu.  «  Il  ?eut  encore  iiiins  le  beau 
mais  ce  n'est  plus  qu'un  Weux  raudri.  » 

Rauquille.  —  Petite  quantité  de  vin  ou  d'eau-de-vio  que 
l'on  va  boire  au  cfibarel.  «  Tu  me  fais  l'effet  d'avoir  joliment 
bu.  Gomment  ça,  je  n'ai  bu  qu'une  pauvre  petite  rauquille.  • 

Récami.  —  Déception,  étonnement,  saisissement  désagréa- 
ble Uuand,  s'attendant  à  une  chose  sur  laquelle  on  compte, 
on  vuus  annonce  tout  le  contraire.  «  Vous  eu  ètcâ  tout  récami, 
vous  restez  tout  récami.  > 

Regiœbbussb.  —  Avare,  intéressé,  se  décidant  diiMlemeut 
à  fiûre  la  moindre  dépense,  à  débourser  la  moindre  somme 
d'argent,  faisant  tout  avec  parcimonie  et  répugnance.  «  Ne 
ini  demandes  rien,  tous  n'obtiendrez  rien,  car  il  est  trop 
regrébensse.  n  est  regrébeosse  en  diable.  > 

RsNÀUDBa.  —  Présente  deux  sens.  1*  se  repentir,  bisquer, 
être  Texé.  <  Ta  renaodes  à  présent  de  n'avoir  pas  snivi 
mon  conseil;  il  renandede  n'avoir  pas  gagné  le  gros  lot  » 
V  Etre  rassasié,  repu,  en  avoir  assez,  n*en  pins  vouloir, 

NoBvelU  Séiit.  —  9r  AnnA*.  93 


338 


BBTUK  n'AL84CB 


renoncer  :  «  Il  a  tellement  niari;!:é  qu'il  renaiide  sur  tout; 
crois-moi.  ne  t'enirapcs  pas  dan>i  celte  allaire.  car  lu  aéras 
obligé  de  renauder;  jo  savais  l>iea  qu'il  reaauderait,  il  a  trop 
présumé  de  ses  forces.  • 

Rbnueuni.  —  Se  dit  de  quelqu'un  qji  n'aime  à  voir  per- 
sonne; qui  se  retire  de  tout;  qui  vit  chez  soi,  seul;  qui  a 
Pair  comme  rapetissé  par  le  froid  ;  on  dit  alors  qu'il  est  tout 
rentieuni.  «  AUons-noas  yoir  un  tel?  Ah  I  ma  foi  non,  il  a  tou- 
jours l*air  rentieuni.  » 

RimmuiB.  —  Résidu  du  beurre  fondu.  <  Que  mangez-vous 
là?  Je  mange  une  tartine  de  retniture.  »  Se  dit  aussi  de 
personnes  laissant  à  désirer  sous  plusieurs  rapports,  t  Ces 
gens-là  ne  sont  que  de  la  retniture,  de  la  rraie  retuiture.  > 

RiNGUENéR.  —  Désifrne  qu'une  famille  a  un  grand  nombre 
d'enfants;  précède  toujours  le  mot  enfant.  «  Cette  femme  a 
une  riîij^uenée  d'enfiinls;  comment  voulez-vous  que  ce  mal- 
heureux s'en  tire  ;ivec  sa  ringuenée  d'enfants?»  c'est-à-dire 
eFi  ayant  aularit  d'enfanls.  S'emploie  aussi  romine  t^rme  de 
mépris,  d'injure,  ou  pour  désigner  des  in  lividus  de  bas  étage; 
a.  dans  ce  cas,  toujours  le  sens  de  la  pluralité.  «  Vous  n'êtes 
tous  que  de  la  ringuenée  ;  cette  maison  n'est  habitée  que  par 
de  la  ringuenée.  > 

RiNTiu.  —  Vieux,  qui  a  des  rides,  pommes  rintries.  Se  dit 
d'une  personne  dont  on  veut  se  moquer  :  c  Tous  n'êtes  qa*un 
?icnx  rintri,  ou  qu'une  yieille  rintrie.  > 

RouFti.  —  Soufflet,  coup  sur  le  visage  avec  le  revers  de 
la  main.  «  Je  lui  ai  donné  une  roufle,  dont  il  se  souviendra.  > 

RouFLER.  —  Donner  un  soufflet,  frapper  le  visage  d*un 
revers  de  main.  <  Je  Tai  ronflé  d'importance.  > 

RouTAiLLB.  —  Etameur  ambulant  vieux,  misérable,  mal- 
heureux. Par  extension,  terme  de  mépris,  d'injure  :  <  Va,  tu 
n'es  qu'une  vieille  routaille.  » 

Sculappk.  —  Femme  négligée  dans  son  costume,  sa  mise, 
ses  vèlemeots;  insouciante  dans  les  soins  à  donner  à  son 


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L  JCUTIONb  PARTICULIÉRKb  A  BliXFOhX 


889 


iolérieur,  à  son  ménage  :  <  Cette  fiunille  ne  sera  jamais  heu- 
reuse, parce  que  la  femme  eet  une  scblappe  finie;  qu*attendre 
d*aîie  schlnppe  pareille?  » 

ScHNELi,.  —  Veut  dire  qu'un  joueur  peut  recommencer  à 
jouer  si  son  jeu  est  interrompu  par  une  cause  quelconque. 
F*our  Hvoir  le  droit  de  recommencer,  il  faut  dire  sc/im/l Hvnut 
son  partenaire;  ai,  au  contraire,  c'est  celui-ci  qui  ditschuell 
avant  on  ne  peut  recommencer  à  jouer. 

ScHOUK.  —  Exprime  que  l'on  a  froid,  qu'il  fait  froid;  il 
précède  toujours  la  phrase  :  «  Schouk,  qu'il  fait  froid;  schouk, 
que  j'ai  froid.  •  Souvent  il  est  employé  seul  et  exprime  alors 
ridée  complexe  que  Ton  a  froid,  qu'il  fait  froid  :  «  Schouk,  • 
e*e8t4i-dire,  j*ai  froid,  je  grelotte,  il  fait  froid. 

Séw,  — .  Sureau  ;  Samàuceus  nigra,  de  la  fomltle  deeCapri- 
foliacées.  Séfu  vient  de  oe  que  cette  plante  a  une  substance 
médullaire  très  développée  que  les  enfants  regardent  comme 
de  la  sève  concrétée. 

Stodrbb.  —  Terme  de  jeu  qui  ventdire  qu'on  peut  prendre 
un  détour  à  droite  ou  à  gauche.  Il  but  dans  ce  cas,  dire  le 
premier  c  stourbe,  >  et  ne  pas  se  laisser  devancer  par  ses 
partenaires,  qui  ne  manqueraient  pas  de  dire  :  •  pas  de 
stourbe.  »  Cette  expression  s'emploie  dans  le  jeu  des  gobilles 
auquel  se  livrent  It  a  onlant^. 

Taupée.  —  Tripotée,  une  volée  de  coups.  «  Je  lui  ai  donné 
une  fameuse  taupée;  il  a  reçu  une  rude  taupée.  > 

Teug.niai.  —  Sournois,  personne  qui  n'est  pas  franche,  qui 
dissimule  sa  pensée,  qui  se  dit  malheureuse  pour  mieux  vous 
tromper  et  obtenir  de  vous  ce  qu'elle  désire.  «  Vous  n'êtes 
qu'un  teugniai,  une  teugniai.  > 

TifiNÉB.  —  Frottée,  raclée,  volée  de  coups  :  <  U  a  reçu  une 
(kmeuse  tignée;  si  tu  ne  me  laisses  pas  tranquille,  je  vais 
te  donner  une  tignée:  tu  as  reçu  ta  tignée,  c'est  bien  fait  > 

TioifiB  (se).  —  Se  battre,  se  frapper,  se  colleter  :  «  Ils  se 
sont  lignés  d'importance;  ils  sont  réconciliés  aiqourd'hui,  et 


840 


BBTDB  D'ALSACB 


demain  ils  se  ligneront  ;  dans  cette  CimiUe,  ils  ne  font  que 
86  tigner  toute  la  Journée.  * 

TiHTAiNE.  —  Personne  molle,  négligée  dans  son  costume 
et  en  général  dftos  tant  ce  qu'elle  fait.  Ne  s'emploie  qu'au 
(énûiiiii.  «  D  n*y  t  rîen  à  attendra  d'elle,  c'est  nne  mie  tir- 
taioe.  > 

TmTAumR.  —  Tirer  de  tous  côtés  les  membres  d*ooe  per- 
sonne avec  rudesse,  dureté,  sans  préeaotiiin,  sans  égard, 

brusquer,  ennuyer.  «  Laisse-moi  donc  tranquille,  tu  ne  fais 
que  me  tirvauder;  faites  attention,  je  vous  en  prie,  de  ne  pas 
trop  me  tirvauder  en  me  soulevant.  » 

TnivAUDEuii.  —  Qui  tirvaude.  «  Je  n'ai  jamais  vu  un  lir- 
vdudeur  pareil  à  tous.  » 

TouTouiLLE.  ^  Frottée,  raclée,  volée  de  coupa;  a  absolu- 
ment  le  même  aens  que  lignée  :  <  11  a  reçu  une  fameuse 
tontouille  ;  ai  tu  continues  à  m'ennuyer  comme  ça,  je  vais  te 
flanquer  nne  toutouille  qui  ae  portera  bien.  » 

TozoN.  —  Se  dit  d*un  indirido  épais,  lourd,  mal  éduqué, 
grossier.  «  Vous  ètea  un  tozon  dont  on  ne  peut  rien  tirer.  » 

Trainék.  —  Se  dit  d'une  femme  de  mauvaise  vie,  couverte 
de  vêlements  vieux  et  sordides  et  se  livrant  à  des  individus 
de  bas  étage.  «  Voila  unetrainée  qui  passe.  »  S'emploie  comme 
terme  de  mépris,  d'iujure,  d'insulte  :  <  Tu  n'es  qu  uue  dàle 
traînée.  » 

Trébout.  —  Jusqu'aux  dernières  limites.  «  Il  a  été  jus- 
qu'au trébout;  tous  poussez  ma  patience  jusqu'au  trébout  > 

TBnounxAGB.  —  Mauvaise  besogne,  mauvais  travail,  travail 
manqué,  mal  îdSX.  •  11  ne  fait  jamaia  que  du  tribouillage.  > 
Vient  probablement  de  Iribonil,  ancien  terme  populaire,  d'a- 
près Littré,  et  qui  aignifle  agitation,  trouble,  embarras. 

TùRLOTAiRB.  —  Fille  ou  femme  d'une  conduite  équivoque^ 
fréquentant  des  militaires,  dea  indivtdua  de  baase  condition, 
ne  se  livrant  pas  volontiers  au  travail,  vivant  sans  souci  au 


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LOCUTIONS  PARTICULIÈRES  A  ULLFORT 


341 


jour  le  jour.  <  Voilà  une  turlutaine  qui  passe;  il  nY  svait  à 
oe  bal  que  des  kurlutaiBes.  > 

Yargolb.  —  Misère,  psuTreté;  tirer  le  diable  par  la  queue, 
malheureux,  ne  8*emploie  qu*arec  le  verbe  traîner  ;  traîner 
la  yarcole.  <  Que  fait  un  tel?  Il  traine  la  varcole.  Il  a  si  bien 
dirigé  ses  affuires,  qu'il  traîne  la  varcole  aujourd'hui.  • 

Ver  uëucuë.  —  Man,  ver  blauc,  larve  du  hauueton. 


Quelques-unes  des  locutions  renfermées  dans  ce  recueil 
ont  leur  origine  dans  la  langue  allemande.  CSette  origine  ne 
remonte  vraisemblablement  pas  au-delà  du  XIII*  siècle,  c*est- 
à-dire  de  Tépoque  où  la  territoire  de  Belfort  et  TAIsace  tout 
entière  advinrent  à  la  maison  de  Habsbourg. 

Si  un  eollaborateor  alsacien  de  la  Revue  se  décidait  à  nous 
donner  un  essai  des  locntions  romanes  ou  françaises,  qui  se 
sont  glissées  dans  le  dialecte  alsacien,  nous  aurions  dos  points 
de  comparaison  relativement  à  la  puissance  d  absorption  qui 
a  caractérisé  durant  îe  moyen-Age  l'une  et  l'autre  des  deux 
langues  juxtaposées  entre  le  Rhin  et  les  Vosges. 

6.  GORBIS. 
Dœtnar  c»  wMêetiu. 


UALSACE 

PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 

CORHESPO.'tDANCE  DKS  DÉPim  OB  STRASBOURG  A  L'ASSEMBLÉE  NATIONALE 

(Ahnêb  1189) 

Documents  tirés  des  archives  de  Strasbourg 


Suiu. 


XVlll. 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg 
aux  commmaires  de  la  bowgeokie, 

VamlllM  «e  II  Jola  il». 

Messieurs, 

Nous  espérions  vous  annoncer  quelque  résultat  satisfaisant 
de  la  suite  des  arrêtés  de  l'assemblée  nationale  du  17  Juin, 
dont  nous  vous  envoyons  un  exemplaire.  Déjà  le  vendredi 
d'après,  elle  s  etoit  ressentie  des  suites  de  sa  première  acti- 
vité. On  avait  nommé  un  comité  pour  s'occuper  des  subsis- 
tances et  des  moyens  d'alléger  la  misère  publique  ;  un  autre 
pour  la  rédaction  ;  un  troisième  pour  la  Térification  des  pou- 
Toirs  contestés,  et  un  quatrième  pour  examiner  les  principes 


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L'ALSACE  PENDANT  IJl  B6V0LUH0N  FHANgAJSE  343 

d*an  règlement  de  police  intérieure.  Le  samedi  lois]ii'on 
▼oolat  se  raaBembler  en  la  grande  salle  nationale,  et  qu'on  y 
attendit  la  réunion  du  dergé,  qui  TaToit  yoté  la  Teille  à  la 

pluralité  des  suffrages,  on  la  troura  gardée  par  des  soldats 
armés,  et  le  président  se  retira  au  jeu  de  paume  pour  y  con- 
tinuer la  séance  :  vous  en  verrez  les  détails  par  le  procès- 
verbal  imprimé,  dont  nous  vous  envoyons  pareillement  un 
exemplaire. 

La  capitale  fut  le  dimanche  dans  l'attente  et  ragitation  la 
plus  vive  de  ce  qui  devoit  arriver  le  lendemain  à  la  séance 
royale,  tandis  qu'à  la  cour  les  princes  demandèrent  et  obtin- 
rent  l'entrée  au  conseil,  et  firent  l'impossible  pour  écraser 
le  Tiers  et  son  ministre  protecteur.  Tout  flottoit  ainsi  lundi 
matin  entre  Teepérance  et  la  crainte,  lorsque  les  heraults 
d'armes  annoncèrent  une  seconde  fois  que  la  séance  royale 
étoit  renvoyée  au  lendemain.  L'assemblée  nationale  se  tint 
à  Teglise  paroissiale  de  St.  Louis,  et  là  nous  joulmee  d*un 
des  spectacles  les  plus  toucbans  depuis  notre  réunion.  Le 
clergé  assemblé  en  majorité  occupa  le  cbœur,  il  publia  Tar- 
rêté  pris  Tendri'di,  fil  l'appel  de  ses  députés  pour  procéder 
à  la  vérification  commune,  et  annonça  détermination  anx 
corjimunes  qui  occupoieiit  la  nef  de  l'église.  Les  portes  du 
sanctuaire  s'ouvrirent  :  le  clergé  de  la  majorité,  les  arche- 
vêques de  Vienne  et  de  Bordeaux  et  les  eveques  de  Chartres 
et  Coiitances  et  de  Rhodez  en  tète,  se  rèunii'piit  à  nous  sous 
les  acclamations  les  plus  vives  de  plus  de  2000  personnes 
dispersées  dans  l'église,  et  l'on  commença  la  vérification  de 
leurs  pouvoirs.  Cette  journée  heureuse  fut  terminée  par  la 
réunion  des  députés  de  la  noblesse  du  Dauphiué,  qui  remirent 
pareillement  leurs  pouToire  sur  le  bureau.  Nous  crûmes  que 
cette  réunion  fortunée  seroit  le  procureur  d'une  union  géné* 
raie  des  volontés  ;  et  déjà  on  a?oît  répandu  dans  la  salle  la 
nouvelle  consolante  qbe  les  cabales  contre  le  ministre  prin- 
cipal étoient  déjouées.  Cette  nouvelle,  qui  devoit  acquérir  un 


REVVE  D'ALSACE 


noureau  poids  par  réTéoement  do  jour,  lUt  démentie  d*one 
manière  bien  cnielle  ee  matin.  On  murmoroit  d^à  tout  ïma 
à  l*entrée  de  la  salle,  que  le  conseil  d*hier  avoit  été  eontraire 

aux  ministres  patriotes;  cette  appréhension  augmenta  lors- 
qu'on vit  arriver  le  garde  des  sceaux  seul  avec  le  Roi.  Enfin 
le  Roi  prononçai  son  discours,  el  l'on  fit  lecture  de  deux 
réglemens;  l'un  çasjoit  nos  délibérations  du  17.  et  les  décla- 
roit  nulles  cl  inconslitutionnelles;  l'autre  annonçoit  les  volontés 
du  Roi  tant  sur  la  question  malheureuse  qui  divisoit  les 
ordres,  que  sur  les  objets  principaux  demandés  parles  cahiers 
des  baillages.  Vous  en  jugerez  mieux,  mesaieurs,  par  la  lec- 
ture du  procès-verbal  même,  que  noos  tous  enverrons  dès 
qu'il  paroitra  ;  nous  vous  observons  seulement,  que  si  tous 
les  objets  annoncés  par  Sa  lligesté,  comme  soulagement,  sont 
accordés  anx  peuples,  ceux-ci  y  trouveront  des  consolations 
puissantes  pour  le  degré  de  liberté  politique,  dont  ils  atten- 
doient  le  bienfait  de  la  justice  du  monarque  et  des  lumières 
du  siècle  et  qui  paroit  leur  échapper.  Le  vote  par  ordre  sur 
la  constitution  ainsi  qne  les  intérêts  de  l^égliae,  et  tous  les 
dnÂts  honorifiques  et  utiles  de  la  noblesse  y  est  déclaré  con- 
stitutionnel, et  Ton  faitespérerà  la  nation  le  vote  par  tête  sur 
l'impôt  seul,  ainsi  que  sur  les  objets  où  les  trois  ordres  d'un 
commun  accord  vuuilront  se  réunir  :  ce  qui,  vu  la  disposition 
des  esprits,  arrivera  rarement.  Les  mandats  impératifs  sont 
proscrits,  et  il  est  enjoint  aux  porteurs  d'en  demander  de 
nouveaux  à  leur  commettans,  sans  désemparer  cependant,  el 
en  se  contentant  jusquelà  d'une  voix  consultative. 

Les  adoudssemens  très  réels,  mais  présentés  seulement  en 
perspective,  autant  que  nous  avons  pu  en  juger  par  une  lec- 
ture rapide,  sont  :  Tabolition  du  franc-fief  et  de  la  taille,  pour 
être  remplacée  par  une  imposition  générale  ajoutée  au  ving- 
tième; des  adoucissemens  pour  la  gabelle  et  les  aides;  la 
réforme  de  la  jnrisprudence  civile  et  criminelle;  des  modifi- 
cations pour  les  lettres  de  cachet  et  la  liberté  de  la  presse; 


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L'ALS&OB  MBND&MT  Là.  RftVOLOTION  VBAMÇAI»  345 


la  proscripiioa  de  l'abus  résultant  des  charges  qui  donnent 
la  noblesae;  la  création  uniforme  d'Etats  provinciaux,  qui 
seront  composés  do  Vi«  do  clorgé,  Via  do  nobieoBO  et  Vio  du 
Tien  élus  libremont  par  les  ordres  respecUb,  délibérant  en 
commun  et  jouissant  oulre  les  attributions  déjà  accordées 
aux  assemblées  provinclaleSt  de  celle  des  forêts,  des  hôpitaux, 
prisons,  dépots  de  mendicité,  etc.  L^artkle  M  infite  les  fitats 
généraux  de  s'occuper  de  Tamélioration  de  domaines  et,  ce 
qui  a  donné  quelque  inquiétude  aux  profinces  étrangères, 
l'article  15  semble  annoncer  le  reeulement  des  barrières. 
L'article  80  convertit  en  loi  permanente  l'abolition  des  cor- 
vées pour  les  chemins.  L'article  31  annonce  celle  de  la  rnain- 
morie  contre  des  indemnités  raisonnable,  l'article  82  celle 
des  capitaineries,  et  l'article  38  invite  à  présenter  des  ()lHns 
pour  remplacer  le  tirage  de  la  milice.  Cette  perspective  est 
sans  doute  j^atisfaisanle;  elle  sera  même  tout  aux  yeux  de  la 
miyeure  partie  du  peuple,  qui  n'apprécie  pas  le  sacriflce  des 
espératices,  qu'une  classe  plus  éclairée  et  plus  exaltée  peut- 
être  avoir  conçues  pour  une  constitution  politique,  qui  nous 
rapprochât  davantage  des  natiens  libres.  Il  serait  prématuré 
et  téméraire  de  juger  une  besogne  aussi  importante  sur  ane 
seule  lecture  fugitive  et  d'après  les  impressions  funestes  que 
le  plein  triomphe  ménagé  aux  deux  ordres  supérieurs  a  dû 
Ihire  sur  les  esprits  des  communes.  Gelle«-ci  écoutèrent  le 
tout  dsnsun  morne  silence  qui  fut  interrompu  par  des  a[iplaa- 
dissemens  réitérés  des  ordres  victorieux  ;  elles  laissèrent  filer 
tranquillement  ces  derniers  et  le  cortège  royal,  et  par  on 
arrêté  pris  à  l'unanimité  elles  déclarèrent  persister  dans  les 
derniers  arrêtés  de  l'assemlilée  nationale,  et  envoyèrent  pour 
le  surplus  les  délibérations  au  lendemain.  En  vous  adressant 
l'imprimé  de  celte  journée  peut-être  trop  mémorable  dans 
les  annales  de  notre  monarchie,  nous  vous  manderons  les 
suites  de  ces  délibérations,  qui  pourroient  conduire  à  la  dis- 
solution des  Etat^s  généraux  et  à  des  calamités,  qui  affligent 
tout  patriote  et  glacent  le  courage. 


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846 


RBTini  d'albaob 


Ne  craignez  point  aa  reste,  measieurs,  qu'en  aucun  cas 
ces  déterminations  n'influent  d'une  manière  fâcheuse  sur  les 
justes  doléances  dont  tous  nous  am  confié  la  poursuite. 
Monsieur  le  comte  de  Puységur  en  est  instruit  et  tous  devei 
tout  attendre  de  sa  proftmde  équité  et  de  sa  sagesse. 

M.  le  comte  de  Rochambeau,  que  Sa  Majesté  a  nommé 
dimanche  dernier  pour  prendre  le  commandement  que  M.  le 
maréchal  de  StainTille  laisse  Tacant,  connoit  pareillement  tos 
TCMiz  et  la  modération  que  vous  a^ez  manifestée  dans  la 
réclamation  de  vos  droits,  et  nous  veillerons  sans  cesse  à 
vos  intérêts. 

On  assuroit  immédiatement  après  la  séance  que  MM.  de 
Monmorin  et  Necker  avoient  donné  leurs  démissions  et  xjue 
le  dernier  parliruit  le  jojirinôme  pour  la  Suis.se  et  qu'il  seroit 
remplacé  par  Monsieur  le  prince  de  Gonti;  mais  après  les 
cinq  heures,  le  Roi  allarmé  par  les  mouvemens  de  la  capitale, 
la  clôture  de  la  Caisse  d'escompte  et  la  baisse  de^  effets 
publies  de  plus  de  trente,  fit  venir  le  directeur  général,  le 
pressa  de  rester,  et  celui-ci  fut  ramené  en  triomphe  par  plu- 
sieurs milliers  d*bommes  en  son  hôtel;  ce  qui  nous  ftit  espé- 
rer que  les  affaires  changeront  demain. 

Nous  avons  l'honneur  d'être  avec  un  sincère  el  ioTiolable 
attachement 

Messieurs 

Vos  très  humbles  et  très  obéissans 
serviteurs 

TURKHEm.  SCUWENDT. 

/>.  s.  —  On  nous  a  dit  que  Totre  cahier  de  doléances  est 
imprimé;  si  cette  nouvelle  est  fondée,  nous  tous  prions  de 
nous  en  fkire  parvenir  quelques  exemplaires  par  occasion. 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FKANÇAJBB 


Lettre  des  députés  de  Strasbourg: 
aux  commissaires  de  la  bourgeoisie 

VcmiiiM,  M  r  JMtn  im. 

Messieurs, 

Qu'il  est  satisfaisant  pour  nous  en  vous  envoyant  le  procès- 
verbal  de  la  séance  royale  du  28  Juin,  (|ui  déployoit  le  plein 
exercice  de  Tautorité  surprise  et  fesnit  présager  les  suites 
les  plus  funestes,  de  pouvoir  en  même  temps  vous  annoncer 
la  fin  de  nos  maux  et  le  triomphe  de  la  bonne  cause.  Vous 
verrez  par  l'irrété  du  SS,  que  l'appareil  de  la  puissance 
suprême  n'en  a  point  imposé  à  rassemblée  aationale  :  cette 
fermeté  jointe  à  Timpulsion  générale  que  la  sagesse  des  com- 
mnnes  piroit  avoir  imprimé  à  la  eapitale  et  eomomniqoé 
aa  reste  da  royaume,  a  enfin  désillé  les  yeux  du  Roi,  et  la 
calomnie  a  été  réduite  an  ailenci»  Dès  le  tendemain  de  la 
séance  royale,  que  dès  le  jour  même  plusieurs  amis  de  Ja 
liberté  appeloient  h  journée  <fet  dupa,  les  cinq  érèques*  à  la 
téte  de  la  minorité  du  clergé,  se  sont  réunis  dérechef  à  l'as- 
semblée nationale,  sous  les  acclamations  les  plus  vives,  et 
ont  entendu  la  lettre  pleine  de  sensibilité  que  M.  Necker  a 
adressé  à  M.  Biilly,  pour  le  remercier  de  l'intérêt  vif  qu'on 
avoit  pris  aux  évéïiemens  de  la  veille  Le  jeudi  cinquante 
membres  de  la  minorité  de  la  noblesse,  le  duc  d'Orléans,  les 
ducs  d'Aiguillon,  Luynes  et  la  Rochefoucauld  ef  l'éloquent 
comte  Stanislas  de  Clermonl  en  téte,  se  sont  réunis  et  ont 
apporté  leurs  pouvoirs  ;  l'archevêque  de  Paris  s'y  est  joint,  et 
les  applaudissemens  les  plus  soutenus  et  les  plus  honorables 
ont  vengé  ce  prélat  du  mauvais  accueil  qu*il  avait  reçu  la 
veille  du  peuple.  Plusieurs  gentilshommes  et  eveques  ont 
augmenté  hier  le  nombre  des  bons  patriotes,  mais  le  jour 
suivant  a  mis  le  comble  à  notre  gloire  et  au  bonheur  de  la 
France.  Le  Roi  avoit  écrit  aux  membres  des  deux  ordres 


■Bvmt  d'alsaob 


sopéricun,  qui  ne  s'^toieiit  pu  réanis  encore  à  riiBeiiibiée 
netioiiale.  la  lettre  cf  jointe.  Bile  fit  sur  eux  l'effet  désiré,  et 
cet  après  midi  à  6  heores  toutes  les  parties  séparées,  le  car- 
dinal de  la  RoetaeToacanld  et  le  duc  de  Luxembourg  en  tête, 
se  réunirent  à  la  grande  et  majestueuse  flunllle.  Notre  temple 
est  devenu  le  sanctuaire  de  la  concorde,  grâce  à  la  persévé- 
rance noble  et  fttmche  des  communes  et  la  félîcîté  publique 
en  sera  le  fruit  et  la  rérompense.  Le  peuple  se  porta  aussitôt 
en  foule  au  château;  raille  cris  de  joye,  battemens  de  mains 
et  cris  de  :  vive  le  Roi  ont  fait  connoitre  à  Sa  Majesté  les  trans- 
ports de  ses  sujets.  Il  a  paru  sur  son  balcon  avec  la  reine. 
Ils  ont  reçu  des  lemoigna;:es  frappans  de  ramour  des  Fran- 
çois et  ils  y  ont  répondu  avec  cet  air  de  bonté  et  de  simpli- 
cité qui  peint  si  bien  le  cœur  vraiment  paternel  du  meilleur 
des  Rois. 

Paris  se  livrera  à  l'ivresse  la  plus  pure  et  nous  a  déjà  hier 
voté  des  adresses  et  des  bénédictions,  par  deux  députations 
solennelles  ;  les  grandes  villes  du  royaume  vont  suivre  Te- 
xemple  de  la  capitale,  et  siles  chefe  de  la  notre  vouloieut  se 
convaincre  que  cette  journée  mémorable  est  une  vraie  Cite 
nationale  :  celle  de  la  reunion  légale  et  permanente  de  la 
nation  firançoise  et  le  gage  certain  de  la  lélicité  fliture,  fis 
ne  généraient  pas  les  mouvemens  de  vos  cmurs  enflammés 
du  plus  juste  enthousiasme,  et  vous  en  exprimeries  les  senti- 
mens  à  l'assemblée  nationale,  qui.  sans  être  en  mesure  de 
rechercher  avec  empressement  ces  hommages,  est  flattée 
comme  de  raison  de  Tapprobalion  univoque  des  grandes  com- 
munes du  royaume. 

Vous  sentez  bien,  messieurs,  que  dans  un  jour  ronsacré  à 
Tallegresse  publique,  nous  ne  vous  donnerons  pas  des  nou- 
velles décourageantes  sur  vos  intérêts  particuliers.  Jamais 
un  bonheur  ne  marche  sans  l'autre  :  nous  avons  déjà  pré- 
senté à  Monsieur  le  comte  de  Puységur  la  traduction  de  votre 
délibération  intéressante  du  samedi  SI  juin,  qui  a  rempli 


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L'auack  pkmdamt  la.  révolution  françaiab  349 


notre  attente  et  les  vœux  de  tous  lee  bons  citoyens  et  cette 
détermination  sage  a  oonfirmé  oe  ministre  dans  les  mesures 
dont  il  s'occupe  dans  ce  moment  pour  le  rétablissement  de 
la  tranquillité  et  du  eonfentement  général. 

Ne  doutei  pas,  messieurs,  du  zele  qui  nous  anime  pour 
vos  intérêts;  uouâ  ue  négligerons  aucune  circonstance  pour 
les  faire  valoir. 

Nous  avons  i'houneur  dètre  avec  un  allachement  invio- 
lable, 

Messieurs 

Vos  iré^i  humbles  et  très  obeissans  servi- 
teurs. 

TURKHKIII.  SCHWENDT*. 

XX. 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg 
aux  e<mm»mrt9  d$  ta  bourgéoMê, 

Ventaiiles  ce  6  Juillet  1789. 

Mesrieura, 

Si  nous  avons  dû  être  aPTectes  des  mesures  que  le  Magistrat 
86  prupusait  de  prendre  pour  alTuiblir  l'iultTét  de  la  cause 
des  représeotans  de  noire  commune  près  du  gouvernement, 
la  justice  qu'ils  ont  rendu  à  la  pureté  de  nos  vues  et  aux 
fruits  de  notre  zele  les  21  et  25  de  Juin  derniers,  nous  ont 
consolé,  et  nous  avons  lieu  d'espérer  que  l'on  accordera  tou- 
jours à  vos  réclamations  un  nouveau  degré  d'attention. 

Les  connaissances,  la  profonde  équité,  l'impartialité  connue 
de  M.  le  baron  de  Dietrich,  qui  va  remplir  les  fonctions  d'ad- 
ministration attribuées  à  la  place  de  préteur  royal,  et  la  cou- 

*  La  lettre  des  députés  et  le  [>^\lf  du  lii^crel  de  l'Assoinhlpe  nationale 
sont  joints  eu  tradactiuu  ailouiaudo,  puur  être  publiés  sans  duule  à  Tu- 
sage  de  la  popalalioii  de  Strubonrg,  vn  rimporlanee  mqeore  des  évé* 
neoMnls  que  eee  talei  riUlMt. 


360 


BBYUE  D'ALBàOB 


fiarirp  (ionl  il  jouit  près  des  minislres,  doivent  d'un  côté  vous 
tranquilliser,  tandis  que  de  l'autre  nous  devons  envisager  celle 
circonstance  couime  un  heureux  augure  pour  votre  cause. 
La  oonUnuation  des  conférence»  en  est  one  suite,  et  nous 
sommes  convaincus  que  ?ou8  ne  cesserez  de  mettre  dans  la 
discussion  cette  modération  et  cette  déférence  que  nous  avons 
fait  valoir,  et  à  laquelle  le  gouvernement  a  applaudi  ;  nous 
ne  douions  pas  que  le  magistrat  éclairé  par  un  chef  impartial 
et  des  députés  patriotes,  qui  se  sont  déjjè  rapprochés  de  vos 
principes,  ne  préférera  les  voyea  de  conciliation  à  des  dissen- 
sions intérieures  toigours  funestes  aux  deux  partis. 

L'assemblée  nationale  a  procédé  an  choix  de  ses  officiers; 
elle  avoit  élu  au  scrutin  Monsieur  le  duc  d'Orléans  k  la  très 
grande  majorité.  Ce  prince,  en  témoignant  sa  reconnaissance, 
a  refusé  d'accept*  r  celte  place,  et  n'en  a  fait  les  fonctions  que 
pour  inviter  l'assemblée  à  procéder  à  un  autre  choix.  Alors 
toutes  les  voix  se  S'^nt  réunies  sur  le  digne  et  respeclahie 
archevêque  de  Vienne.  On  a  aussi  nommé  six  secrétaires;  ce 
sont  :  Monsieur  l'abbé  Grégoire,  curé  en  Lorraine,  membre 
du  clergé;  Messieurs  de  Clermont  Tonnerre  et  de  Lalli-Tol- 
lendal,  membres  de  la  noblesse,  et  Messieurs  Meunier,  Chape- 
lier et  l'abbé  Sieyés,  membres  des  communes. 

Des  inquiétudes  se  sont  élevées  sur  la  disette  des  grains, 
dont  la  capitale  étoit  menacée  et  qui  affligeoit  plnaieurs  pro- 
vinces. Le  comité  des  subsistances  8*est  occupé  de  cet  objet, 
et  Monsieur  Necker  lui  ayant  présenté  un  mémoire  détaillé 
sur  cette  partie  importante,  il  en  a  Ciit  rapport  à  l'assemblée; 
nous  avons  l'honneur  de  vous  l'adresser,  persuadés  que  vous 
seres  touchés,  comme  nous,  des  soins  paternels  du  Roi  el  de 
la  vigilance  de  son  minititre.  Il  n'a  pu  être  pris  encore  aucun 
parti  décisif,  parce  que  les  informations  préliminaires  à 
prendre  ne  sont  point  complétées. 

Nous  allons  nous  occuper  de  la  constitution  du  royaume. 
L'assemblée  a  nommé  ce  malin  un  comité  pour  préparer 


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L'ALSACOt  PENDÂMT  LA  BAVOLDTION  PRAMÇAIBR  361 


l'ordre  des  matières.  EWes  seront  d'abord  tlisculcesen  bureaux 
avant  d  être  portées  à  l'assemblée  gentrwle.  Il  a  été  arrêté 
que  rien  ne  pourroit  arrêter  ce  travail.  Il  sera  précédé  d'une 
délibération  importante  à  prendre  sur  une  motion  de  Mon- 
sieur  Teveque  d'Autun,  dout  tous  trouTerez  cy  Joint  une 
copie  \ 

Nous  TOUS  renouvelkms  toujours  a?ec  empressement  et 
vérité  les  araurances  de  notre  zele  pour  tos  intérêts,  et  de 
rattachement  bien  sincère  et  inviolable  avec  lequel  nous  avons 
l'honneur  d*étre 

Messieurs 

Vos  très  humbles  et  très  obéissans  ser- 
viteurs. 

Les  députés  de  la  commune  de  la  ville  de  Strasbourg 

TURKHEIM.  SCHWENDT. 

P.  S. —  La  nomiuatiori  de  M.  le  comte  de  Rochambcau  au 
comniandf'ment  en  chef  de  n(»tre  province  ne  peut  que  vous 
être  Hgréuble,  ainsi  que  celle  de  M.  le  baron  de  Flachslauden, 
en  secoud. 


XXI. 

Brevet  portant  nomination  de  M.  le  baron  F.  de 

Dietrich., 

«fi  gmiUé  de  emmniuain  prèi  le  Magistral  de  la  Viik  de 
SêradwurÇt  ki  aux  OmeM  dane  la  eéanee  du  6  JuUki  f789, 

Aujourd'buy  vingt  huitième  du  mois  de  Juin  mil  sept  cent 
quatre  vingt  neuf  le  Roi,  étant  à  Versailles,  Sa  Mnjt'^té  a  été 
informée  que  l'état  de  la  santé  du  S'  Gérard,  Préteur  Royal 
de  Slra>bourg,  ne  lui  permettoit  pas  de  s'occupper  avec  la 
même  activité  que  ci-devant  des  détails  de  l'adminifitration  de 

*  Hotion  sur  la  nallité  des  mandats  impératifs  de!^  bailliages,  à  ren- 
contre dt!  I.i  volonté  nationale  exprimée  par  l'Asaeinblée nationale.  CeUe 

pièce  n'est  pas  reproduite  ici. 


858 


BEVCB  O'ALSACB 


celte  ville;  c'est  par  ce  mdif  qu'elle  juge  nécessaire  qu'il  soit 
suppléé  par  une  personne  en  qui  elle  retrouve  les  mêmes 
lumières  et  le  même  zèle  pour  le  bien  public.  Les  preuves 
multipliées  que  le  S' Frédéric  Baron  de  Dietrich  a  données 
de  ses  talens  ne  permettent  pas  de  douter  qu'il  ne  remplisse 
avec  succès  une  pareille  mission  ;  elle  se  porte  d*aatant  pins 
volontiers  à  la  lui  confier,  que  d'un  cOlé  il  connaît  parliiite- 
mont  la  constitution  dn  magistrat  de  StraslMorg  dont  il  est 
membre,  et  que  d*un  autre  eôié  il  a  sca  se  concilier  Teslime 
et  le  suffrage  non  seulement  de  ce  corps,  mais  encore  de  tous  - 
les  che&  d'administration  de  la  province.  En  conséquence  Sa 
Majesté  a  ordonné  et  ordonne  que  pendant  la  maladie  du 
Gérard,  ledit  S'  Baron  de  Dietrich  s'occuppera  en  qualité  de 
commissaire  du  Roi  de  toutes  les  affaires  relatives  à  l'admi- 
nislrntîon  de  la  ville  de  Slra>bourg  el  corrt-spoiidra  l  )uchant 
ces  mêmes  allaires  avec  le  ministère,  lui  donne  à  cet  effet  pou- 
voir, commission  et  mandement  spécial.  Veut  qu'en  ladite 
qtialitr  il  puisse  prendre  ranji  et  séance  au  nom  de  Sa  Majesté 
en  la  maison  et  hôtel  commun  de  ladite  ville,  entrer  dans 
toutes  les  assemblées  du  magistral  et  dans  tous  les  conseils 
qui  s'y  tiendront,  tenir  la  main  conjointement  avec  ledit 
magistrat  au  maintien  des  droits,  privilèges  et  immunités  de 
l'université  de  Strasbourg,  pourvoir  à  Tadministration  de  ses 
biens  et  revenus,  empêcher  que  les  dits  biens  et  revenus 
aussi  bien  que  les  fondations,  bourses  et  bénéfices  destinés 
pour  Tentretien  des  études  ne  soient  appliqués  h  d'autres 
usages  et  que  les  charges,  dignités  et  honneurs  de  ladite  uni- 
versité  ne  soient  conférés  à  des  personnes  incapables,  enfin 
veiller  sur  la  bibliothèque  publique,  sur  la  librairie,  sur  Tim- 
primcrie  et  sur  tout  ce  qui  regarde  la  jurisprudence,  la  méde* 
cine,  les  arts,  les  sciences  et  les  belles -lettres.  N'entend  an 
surplus  Sa  Majesté  autoriser  par  le  présent  brevet  ledit  S' 
BarondeDietrich  à  exercer  aucune  des  fonctions  judiciaires  que 
le  Prêteur  Royal  de  Strasbourg  est  dans  la  cas  de  remplir, 


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L'ALSAGB  PBNDANT  L  \  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 


358 


finetioiis  qu'èlle  loi  interdit  expressément,  mande  et  ordonne 
tant  an  Prince  Maximilien  de  Deux  Ponts,  maréchal  de  camp 

des  armées  de  Sa  Majesté  actuellement  employé  eu  Alsace, 
qu'au  S'  de  Ghaumont  conseiller  en  ses  conseils,  maître  des 
requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  faisant  les  fonctions  d'Inten- 
dant en  ladite  province  d'installer  ledit  S*  Baron  de  Dietrich 
au  magistrat  de  Strasbourg  en  ladite  qualité  de  commissaire  de 
Sa  Majesté  et  de  le  mettre  en  exercice  des  fonctions  qui  lui 
sont  attribuées  par  ledit  présent  brevet,  que,  pour  assurance 
de  sa  Tolonté  elle  a  signé  de  sa  main  et  fkit  contresigner  par 
moi  son  conseiller  secrétaire  d*Btat  et  de  ses  commandemens 
et  floanees. 

Signé  :  Loms  et  plus  bas  :  PmrstouR 


A,dre98e  des  oitoyens  de  Strasbourg^ 

à  yoaseigneum  les  Elals  généraux  de  France. 

Les  dtoieiis  de  Strasbourg  partagent  à  Textrémité  de  l'Em- 
pire raUégres:»  générale  sur  la  réanion  des  représentans 
de  la  Nation  françoise  de  tonlss  les  classes,  rangs  et  digni- 
tés, en  un  seul  faisceau  qui  réunit  force  et  lumière.  Nous  et 

nos  neveux,  Messeigiieurs,  nous  reposerons  tranquillement 
à  l'ombre  de  cet  arbre  majestueux  qui  va  reprendre  une 
Fie  nouvelle  par  les  efforts  combinés  du  bon  père  et  des  tils 
vertueux  de  la  patrie. 
Il  sera  consolant  pour  nous»  qui  comparoiasons  la  première 

*  Catta  pièce  fat  lue  et  enregistrée  à  t  l'assemblée  générale  da  Magis- 
trat de  la  Tille  de  Strasbourg,  dit»  les  Sénat  et  XXI  lundi  le  six  Jnlllet 

mil  sept  cent  quatre  vingt  neuf.  Trombbrt,  secrAlaire.  •  M.  de  Dietrich 
fal  solennellement  installé  le  tnômo  jour,  à  dix  heures  du  matin,  dans 
l'une  des  s.xllesdtj  rilùtel-de-ville.  Il  fut  introduit  dans  le  lien  des  séances 
par  Id  prince  de  Doux-Pout^  colonel  du  réginieut  de  RoyahAlsace,  et 
plos  tard  roi  de  Bavièra  sons  le  nom  de  MaxiiiiilieQ4oMpli. 

Noovelk  Série.  -  »  Année.  28 


86A 


fois  par  nos  députés, au  milieu  de  tous,  Messeigneurs,  quaad 
oette  Assemblée  à  jamais  mémorable  aura  consolidé  le  bon- 
heur de  la  nation. 

AeheTés,  illastres  dtûienay  ?olre  outrage  et  reeeTés  le 
tribal  de  reoonoolBsanee  et  de  yénérttioo  que  nos  cœurs 
Toas  offrent 

Noos  sommes,  afec  on  profond  respect,  Nosseigoeors,  m 
très-humbles  et  très-obeissans  serviteurs. 

An  nom  des  éleetears  représentans  la  Commune  de 
Strasbourg, 

Baron  de  Klinglin,  élu  électenr  de  la  tribu  de  la  manance, 
Meyé,  Schoubart,  J.  Dan.  Saura,  Andréas  Meyer.  zum  Aq- 
ckern,  Meyer,  électeur,  Fischer,  avocal -général,  Ditterich, 
profer^seur,  élu  électeur  de  la  tribu  des  pelletiers,  Jean 
Millier,  Ghappuy,  électeur  de  la  tribu  des  vignerons,  Con- 
rad Meyer,  électeur  de  la  tribu  des  cordonniers,  J.  Baptist 
Hartmann,  Jean  Fréd.  Mûller,  Kiefer.  de  la  tribu  d  Echaase, 
Fréd.  François  Plarr,  J.  M.  Remond,  Jacq.  Fréd.  Hetzel, 
Dietsch.Goguenat,  Jean  PfaCT,  Hirschel.  Silbennanu,  Schatz, 
Sian,  Rtttt,  Fendrich,  électeur  de  la  tribu  des  manaos,  StoU, 
Rohrbach,  Hechier,  Wunderer.  Schoeegans,  Reubel,  HatI, 
6.  Fréd.  Steinbach,  Reyth,  M^ybaum,  Hetsel,  Jacob  Adam, 
Frants  Gollin,  Daniel  Heydel,  Heinrich  Weber,  Diebold 
Pflster,  Micbael  Hagenstein,  Knoderer,  liebich'. 


*  Une  note,  émanant  peut-être  de  M.  de  TQrckheini,  jointe  k  h  pièce 
aathentiqae,  qui  fat  sans  doatd  établie  eo  double,  porte  que  l'adresse 
fut  présentée  an  ministre  le  7  juillet  V7B0.  Noos  ignorons  si  l'adresse 
fat  également  d^^oaée  sur  le  bnrean  de  TAssemblée  nationale,  etti  c'est  la 
même  dont  parient  les  députés  dans  lenr  lettre  du  15  juillet.  On  peut 
s'étonner  au«si  que  quarante-cinq  rcpr'^spntants  seulement  sf»  soient 
associés  à  celte  manifestation  politique.  G  est  uq  peu  plus  du  tiers. 


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L'ALSAOB  PSmWlNT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE  366 


xxm. 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg 
0112  emmimiin»  de  la  bourgeoitU. 

Versailles,  ce  15  Juillet  1789. 

Messieurs, 

De  nouveaux  dangers  menaçaient  le  royaume;  l'assemblée 
naliuuale,  ferme  et  immobile  au  milieu  des  oragea,  vient  de 
les  surmonter  et  d'écarter  le  dernierobstacle  qoi  se  sera  pro- 
bablement opposé  à  la  régénération  de  la  France.  L'exil  de 
M.  Necker  dont  les  ennemis  de  l*état  aToient  arraché  samedi 
dernier  l'ordre  an  Roi,  combiné  avec  de  nombreux  bataillons 
et  trains  d'artillerie  dont  on  avoii  entouré  la  capitale  et  la 
résidence  excita  la  fermentation  lapins  terrible.  Dès  le  diman- 
che la  boargeoisie  s*arma  à  Paris,  et  en  Tint  aux  mains  a?ee 
les  csTaliers  étrangers;  las  spectacles  étoient  fermési  les  bar- 
rières, ol^et  de  la  halae  publique,  en  fiea  et  le  canoti  dirigé 
contre  les  eitoyenn  annonçait  la  vengeance  et  les  carnages. 
L'Areemblée  nationale  conjura  le  Roi  de  retirer  les  troupes 
et  de  confuT  la  i^nvde  de  sa  capitale  aux  compagnies  bour- 
geoises; elle  y  mêla  le  regret  des  vertueux  ministres  exclus 
du  Conseil  du  Roi.  La  tentative  fut  inutile.  L'Assemblée  inter- 
prète des  sentiments  de  la  nation  déclara  que  M.  Necker  et 
les  autres  ministres  emportoient  sa  reconnaissance  et  ses 
regrets,  insista  sur  l*éloignement  des  troupes,  dédani  ia  res- 
ponsabilité des  nouTeaux  ministreH  pour  tous  les  malheurs 
présents  et  qui  poorroient  s'ensuivre  et  arrêta  qu'elle  ne 
reoonnoitroit  aucun  intermédiaire  entre  elle  et  le  Roi,  et 
qu*ayant  mis  sous  la  sao?egarde  de  la  loyauté  finn^se  la 
dette  nationale,  il  n'étoit  aucune  puissance  qui  put  prononcer 
le  mot  infâme  de  banqueroute.  L'Assemblée  persista  en  môme 
tems  dans  tous  ses  arrêtés  antérieurs,  et  plus  de  80  membres 
de  la  noblesse  du  parti  dek  majorité  j  adhérèrent  Le  mardi 
la  milice  boniigeoiae  de  Paris  qui  8*étoit  enrégimentée  et  avoit 


356 


REVUE  D'ALSAOB 


établi  le  meillear  ordre  ponible  dans  la  capitale  B*emi»ara 
de  THotel  des  CiifalideB  et  des  armes  et  esnoas  qui  y  étoient 
enfermés  :  elle  s*aoerut  jusqu'à  200,000.  On  interospta  des 
ordres  adressés  an  goavemeur  de  la  Bastille,  de  se  d^ndre 

jusqu'à  la  dernière  extrémité;  le  canon  fat  braqaé  contre  la 
bourgeoisie  :  on  envoya  une  députation  d'une  centaine  de 
bourgeois  pour  le  conjarer  d  épargner  le  sang  des  ciloj'ens. 
Il  eut  l'imprudente  cruauté  de  les  faire  massacrer.  Kien  ne 
pùt  plus  contenir  la  fureur  du  peuple  :  ce  repaire  du  despo- 
tisme fut  emporté  d  assaut  et  le  gouverneur  ainsi  que  son 
major  décapités  à  la  place  de  Grève.  Le  prévôt  des  marchands 
Flesselles,  qui  avoit  trahi  sa  commune,  fut  immolé  sur  Tes- 
calier  de  ville.  Tout  Paris  fut  éclairé  pendant  la  nuit  Notre 
assemblée  étoit  déjà  réanie  depuis  80  heures  sans  désempa- 
rer. Nous  oonjarftmes  deux  Ibis  le  Roi  par  des  dépntations 
nombreuses,  de  reuToyer  iss  troupes;  il  persista  dans  ses 
premières  résolutions.  La  guerre  elrile  aUoit  éclater  avec 
toutes  ses  fureurs  :  on  annonçait  des  mott?emens  en  Bretagne 
et  en  Normandie;  les  troupes  balancoient,  on  proposoit  oe 
matin  de  rechef  de  tracer  au  Roi  le  tableau  des  horreurs 
auxquelles  sa  capitale  alloit  ôtre  livrée  par  une  suite  des  con- 
seils violens  des  nouveaux  ministres,  lorsque  le  Roi,  unique- 
ment dirigé  par  son  cœur,  vint  seul  avec  ses  frères  se  jetter 
dans  les  bras  de  la  nation.  Il  fut  reçu  avec  ivresse,  annonça 
le  renvoi  des  troupes  et  s'en  remit  au  zèle  et  à  la  fidélité  de 
l'Assemblée.  Tous  les  députés  le  reconduisirent  depuis  la 
salle  jusqu'au  château;  plus  de  50,000  Ames  étoient  sur  les 
avenues,  tout  pleuroit  et  crioit  :  Vive  le  Roi  !  La  Reine  tenant 
en  ses  bras  le  Dauphin,  entourée  de  la  famille  royale,  étoit 
sur  le  balcon  du  château.  L'air  retentit  de  cris  redoublés; 
jamais  on  vit  un  spectacle  plus  touchant  Le  Roi  étoit  sans 
gardes,  entouré  de  Tamour  seul  de  sa  nation,  plus  formidable 
et  plus  sftr  que  jamais.  Cent  députés  se  sont  tout  de  suite 
rendus  à  Paris  pour  calmer  la  capitale  ;  on  a  dianté  le  fi 
Dêum  cet  après-midi. 


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L'ALSAGB  PBMDAMT  la  BfiTOL«JTn)M  F&kHÇàOm  857 


Nous  eanyerioiiB  en  Train  de  fouB  peindre  les  transports 
qttlnspire  ce  changement  lieureax  et  soudain.  Nous  croyons 
que  rien  ne  s'opposera  plus  an  succès  de  TAssemblte  natio- 
nale et  qae  ce  grand  exemple  prouvera  pour  le  bonheur  de 
rhumanité  que  la  force  militaire,  à  laquelle  oa  doit  peut-être 
le  plus  les  progrès  du  despotisme,  peut  échouer  contre  la  force 
nationale  éclairée  par  Topinion  et  dirigée  par  une  fermeté 
sage. 

Votre  adresse  sera  lue  demaiu,  messieurs.  Nous  aurions 
désiré  qu'elle  eut  été  signée  ainsi  que  celle  des  autres  villes 
par  tous  les  électeurs  et  qu'elle  eut  contenu  l'adhésion  aux 
arrêtés  de  l'assemblée  nationale.  Monsieur  le  maréchal  de 
Broglie  a  remplacé  Monsieur  de  Puységur  et  Monsieur  de 
Breteuil  le  yertueox  Necker;  mais  il  est  douteux  s'ils  conser- 
Teront  leurs  places  contre  le  vœu  presque  unanime  de  la 
nation. 

Nous  avons  Thonneur,  d*ètie,  aren  un  attachement  iavio- 
lable,  Tos  très-humbles  et  très*obéissans  serviteurs. 
Les  députés  de  la  Commune  de  Strasbourg, 

TOBCKHEIH.  SCHWBaDT. 

P.  iSL  —  Ci  joint  le  iV^e/  de  iUelaraiim  des  droUê  de 
Fhomm, 


XXIV. 

Réponse  de  l'Assemblée  nationale 
à  fadreeee  dee  habitante  de  StraeknÊrg, 

L'Assemblée  Nationale  reçoit  les  témoignages  du  respec- 
tueux dévouement  de  la  ville  de  Strasbourg  et  elle  me  charge 
de  lui  en  témoigner  sa  satisfaction. 

Le  duc  de  Liarqoort,  président  de  l'Assemblée  nationale. 
IQL  les  officiers  monieipanx  de  Strasbourg  * . 

>  L'original  ne  porte  aaeone  date,  mais  l'enNinbla  des  événemeitto  et 
la  ptaoe  da  doeuMiit  an  mllieii  de  la  liiiae  dans  laqoelle  il  ae  trouve  le 


86B 


D'ALSAflB 


XXV. 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg^ 
aux  eommiuaSreê  de  la  bourgeoùU. 

▼•naiUes,  ee  fj  Juillet  im. 

Hasdenra, 

Noos  tfons  reço  dw  défaite  indirects  de  la  fermentation 
qui  a  en  lien  h  Strasbonrg.  Noup  n^avons  pu  r  ajouter  une 
foi  entière  et  nous  n'avons  cru  devoir  en  conlirmer  aucune 
partie  près  des  minisires  qui  nous  ont  interrogés,  parce  que 
nous  n'avons  reçu  à  ce  sujet  aucune  lettre  onicielle,  ni  d»*. 
votre  part,  ni  de  celle  du  Magistrat.  Vous  sentirez  sans  doute, 
messieurs,  combien  vous  êles  intéressés  à  ne  nous  laisser 
ignoror  rien  de  ce  qui  s'est  passé.  Il  importe  à  votre  propre 
cause  de  nous  instruire  de  ce  qui  est  arrivé,  de  ce  qui  y  a 
donné  lieu,  et  de  l'état  actuel  des  choses  sous  le  rapport  de 
lintérét  public  de  la  ville  et  particulier  de  la  bourgeoisie. 
Noos  attendons  de  tous,  messieurs,  eette  marque  de  confiance 
i  laquelle  nous  stods  droit,  tant  à  cause  des  fonctions  dont 
TOUS  nous  avez  revêtus,  que  par  notre  léle  pour  tout  ce  qui 
peut  intéresser  nos  chers  concitoyens. 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  adresser  on  arrêté  de  TAs- 
semblée  nationale  relatif  aux  drconstances  dans  lesquelles 
vous  vous  êles  trouvés. 

Recevez  les  assurances  de  notre  bien  sincère  et  inviolable 
attachement,  avec  lequel  nous  avons  Thonneur  d'être  vos 
très-humbles  et  très-obeïssans  serviteurs, 

TiiRKiUilM.  SCUWENDT. 

mettent  forcément  entre  le  lô  et  le  27  jaillet.  On  pourrait  trouver  bien 
laconique  l'exprenion  de  U  satialiMtionde  l'Auemblée  iiatioiial«,aiirlovt 

en  face  du  lyrisme  de  l'adrene  strasbonrgeoiae,  si  l'on  ne  se  rappelait 

qu'indépendamment  de  si>s  nombreuses  occupations,  la  Conslituaiile 
devait  répondre  à  cette  époque  i  quinze  on  vingt  mille  morceaux  d  é- 
loquence  pareils. 


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h'AIMXm  miDAMT  L4  itTOUJTIOM  VBAMÇAIBB  800 


XXVX 

liOttre  des  représentants  de  la  bourgeoisie 

am  députés  de  Siruabourg^  à  Versailles. 

«jniUitim 

Messieurs, 

Nom  Toos  deronn  un  récit  fidèle  des  désastres  que  nous 
arons  éprouvés  et  du  saccageraent  de  la  maison  commune  de 
nos  pères  qui  a  été  li?rée  au  pillaga  Les  troubles  ont  oom- 
meneé  ]e  dimanehe  aoir«  i9  Juillet»  lorsque  la  non?elle  de  Tes- 
eatade  de  la  Bastille  et  de  Texécution  de  son  gonremenr  eut 
appris  à  la  multitude  à  calculer  ses  forces.  Cet  événement»  qui 
rendra  à  la  nation  une  portion  précieuse  de  Iil)erté,  qui  avait 
été  encbalnée  jusques  là  par  Tappareil  de  la  force  militaire, 
fut  marqué  par  illluminaliott  de  plusieurs  quartiers  de  la 

.  ville,  dans  la  nuit  du  dimanehe,  qui  dut  être  générale  ës  jaurs 
suivants  \  Elle  favorisa  la  dévastation  de  la  maison  de  M. 
Lemp,  Amraeîfter',  qui  avait  encouru  la  haine  de  plusieurs 
classes  de  ses  concitoyens.  Ivcs  portes  furent  enfoncées,  les 

•vitres  cassées  et  la  présence  de  Télat  major  arrêta  les  excès. 

Lcjuurdu  lendemain  avait  été  fixé  depuis  plusieurs  jours 
par  le  magistrat  pour  communiquer  aux  représentants  de  la 
bourgeoisie  le  résultat  de  ses  délibérés  sur  le  cahier  des 
doléances.  Le  mécontentement  avait  déjà  gagné  les  citoyens 
du  luog  retard  de  cette  communication. 
Réunis  à  la  députatlon  du  Magistrat  dans  l'après  dîner  du 

'  Dès  le  18,  au  soir,  la  nouvelle  de  la  prise  de  la  Bastille  parvint  à 
Strasbourg;  la  fa^^de  brillammeut  éclairée  de  I  botel  de  la  MaUon  liouge 
•nr  la  Plaoe  d'Armes  (place  Kléber)  Tannonça,  vers  9  beuree  du  aoir,  à 
lafoale  qui  enoombnit  la  place  et  qui  salna  cette  noavelle  de  eria  répé* 
tés  de:  Vive  It  Roi! 

•  Jean  Lemp,  nô  en  1730,  membre  de  la  Chambre  des  XV  depuis  1770, 
auimeistre  en  1781,  détesté  pour  ses  manières  arrogantes  el  brnsfjues  à 
r^ard  de  ses  concitoyeas.  Sa  maison  était  au  cuîn  de  la  rae  da  Bouclier 
et  de  la  me  d«  Dentellee.  D  émigra  plus  lard,  revint  en  Alsace  et  mon- 
rat  comme  jnse  à  Stnsboari^  en  1809. 


BSVI»  d'albaob 


lundi,  20,  à  la  chambre  des  XIII,  nous  remarquâmes  à  l'ou- 
verture provisoire  que  le  magistrat  acconiait  sans  réserve  les 
objets  relatifs  à  la  comptabilité,  à  l'administration  des  reve- 
nus publics,  et  opposoit  l'observance  de  plusieurs  siècles  au 
changement  proposé  pour  rendre  l'élection  des  échevins  plus 
populaire,  pour  l'admission  du  scrutin  et  rorganisation  mixte 
de  la  Chambre  de  XV,  sar  lesquels  objets  un  mémoire  long 
et  détaillé  dut  exposer  tous  les  moti&  de  réaistance  du  magis- 
trat, pour  que  les  représentants  de  la  bourgeoisie  puissent 
l'examiner  de  sang  fh>id  et  se  déeider  en  pleine  connoissanœ 
de  cause. 

Gonndssant,  messieurs,  les  principes  de  la  rumeur  publi- 
que, qui  augmentoit  Tisiblement,  nous  dûmes  nous  promettre 
peu  de  succès  de  ce  nouTel  examen  et,  à  Touwture  des  con- 
férences, nous  répétâmes  sommairement  ce  que  Tun  de  nous 
avoit  annoncé  l'avant-veille  en  assemblée  générale  du  sénat 
et  XXI  avec  énergie,  que  le  magistrat  laissoit  échapper  les 
rênes  du  gouvernement  paternel,  en  se  retranchant  derrière 
les  parchemins.  ^ 

Nous  ne  fûmes  pas  un  quart  d'heure  en  conférence  sans 
être  obligés  de  quitter  la  salle  dans  laquelle  les  pierres  pieu* 
voient  de  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  Nous  nous  rendîmes 
à  l'assemblée  des  représenlans  convoquée  pour  entendre  le 
résultat  de  la  conférence  \  Elle  ne  put  se  résoudre  à  acquiescer 
aux  propositions  d*un  nouvel  examen  sur  les  questions  qui 
lui  tiennent  le  plue  à  eœur  pour  assurer  l*égalité  politique 
des  citoyens  et  leur  influence  dans  les  élections  des  admini- 
stmteufe  du  bien  commun  et  de  ses  juges  librement  éli- 
gibles. 

M.  le  Baron  de  Dietrich,  commissaire  du  Roy,  prêteur,  sur- 
vint, résuma  lee  demandes  de  la  bourgeoisie  et  se  ciiarget 

*  Elle  avait  lien  au  local  de  la  Tribn  du  Miroir,  an  cafc  du  Miroir 
actuel  dans  la  rue  des  Serniriars,  c'e»l*à-dire  presque  enlace  de  l'Hôtel- 
de-ViUe. 


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L'ALHAGB  PBMDÂMT  LA.  BftVOLUTION  rBANÇAlBB  381 

de  fliira  eonnattre  aa  Magistral  la  détermiiiatioii  tane  et 
inébranlable  des  citoyens  à  en  demander'  réiéeution.  Le 
magistrat  ae  rendit  et  oenx  qui  fùrent  préseae  signèrent  Tad- 
héaion  qui  Ait  rapporife  par  M.  de  Dietriehaux  repréaentana 

et  par  M.  le  tmron  de  Klinglin,  lieutenant  du  Roy,  Tan  des 
représealaiis,  à  un  peuple  innombrable,  qui  se  tint  dans  les 

rues. 

Les  citoyens  retournèrent  contens  et  arrêtèrent  le  même 
soir  une  adresse  au  magistrat  pour  le  remercier  d'avoir  rendu 
le  calme  en  cédant  encore  à  lems  et  l'inviter  à  se  joindre  par 
décret  aux  représentans  de  la  commune  pour  demander  au 
Roy  la  confirmation  du  pacte  de  combourgeoisie  qui  alioit  ôtra 
renouvelé. 

Des  citoyens  paisibles  remarquant  dans  la  foule  du  monde 
qui  inondait  les  mes,  une  quantité  de  figures  qui  leur  forent 
ineonnoes,  entendant  de  toute  part  déclamer  sur  Ténergie 
des  exécutions  de  Paria  et  la  prompte  justice  que  le  peuple 
s'était  rendu  lui-même,  en  conçurent  de  Talarme  et  se  pré- 
sentèrent chei  H.  le  comte  de  Rochambeau,  nouveau  com- 
mandant de  la  province,  pour  obtenir  son  agrément  que  la 
bonne  bourgeoisie  soit  armée  et  unie  aux  troupes  pour  fldre 
la  police. 

M.  le  commissaire -prêteur  réclama  la  môme  faveur  et  ne 
put  Tobtenir,  rEtat-major  comptant  trop  sur  son  influence  et 
sur  l'effet  de  la  discipline  militaire*. 

fjes  trois  journées  marquées  pour  les  réjouissances  publi- 
ques sur  Tapparition  confiante  et  paternelle  du  Roy  aux 
Btats  généraux,  n'étoient  pas  écoulées  encore  :  les  nuits  livrées 
aux  excès  et  à  la  boisson  faisoient  redouter  du  malheur  et 
Ton  scut  trop  tard  que  la  boisson  avait  été  offerte  à  beaucoup 
dindividos. 

*  Rochambeau  était  arrivé  le  18  sealement  à  Strasbourg  et  ronnais- 
aait  eaisore  trop  peu  la  sitnation  ponr  oser  donner  des  armes  mx  bour- 
geois. 


808 


UVUB  D'ALBACn 


Le  mardi  mttfn,  11,  le  magIsM  oonflrmt  en  assenblée 
gMnle  dn  Séaat  et  XXI  ranété  de  la  nille  et  réeoiat  d*en 
demander  an  Roj  la  eonfirmatioii.  Ce  décret  dut  être  corn* 
maniqné  aux  repréeentans  aMemUée  dana  raprës-dtoer  de 
mardi  Ils  s'y  rendirent  pour  le  rece?ofr.  Lea  mes  flirent 
déjà  inreslies  de  monde;  la  cabale,  Tenrie,  la  fareur,  le  désir 
du  pillage,  d'autres  passions  dont  Dieu  cnnnott  les  moteurs 
et  dont  le  tcms  découvrira  peut-être  la  traîne,  avoieiit  répandu 
le  bruit  insidieux  faux  et  calomnieux  que  le  magistrat  s'étoit 
rélraclé  de  l'arrêté  de  la  veille. 

Dès  que  nous  eûmes  occasion  de  remarquer  que  cette 
calomnie  échanffoil  les  esprits,  nous  demandâmes  Timpres- 
8ion  rapide  du  décret  confirmant  la  ratification  pleine  et  entière 
du  cahier.  Ëllc  fut  exécutée  rapidemeut;  plusieurs  de  nous 
la  lurent  au  peuple  qui  nous  menaçoit  jusqu'au  haut  de 
Peacalier  de  la  salle  dana  laquelle  les  repréeentana  furent 
aaaembléfl. 

En  ▼ain,  réunis  à  rBtat-maJor,  expliquâmes  noue  a?ee 
forée  et  confiance  que  toutes  les  demandes  de  la  bourgeoisie 
étoient  accordées.  On  nous  arracha  le  papier  des  maii»  avec 
fureur,  criant,  mais  on  ne  diminua  rien  parce  qu*on  avoit 
abusé  de  la  crédulité  des  instrnmens  de  ces  désordres,  en 
leur  persuadant  que  tous  les  octrois  dévoient  cesser,  qu*à 
Paris  on  aroit  démoli  les  bureaux  d'aides  et  de  perceptions 
et  que  lout  seroità  meilleur  prix  en  intimidant  les  magistrats. 

Nous  vîmes  avec  effroi  les  hurlemens  s'accroître.  En  des- 
cendant nous  vîmes  la  place  remplie  de  femmes,  d'enfans  et 
de  soldats  sans  armes.  M.  le  lieutenant  du  Roy  fut  prié  de 
trouver  un  moyen  de  faire  retirer  la  troupe  non  armée  dans 
ses  quartiers.  Plus  tard  il  fut  distribué  des  billets  séditieux  : 
Citoyens,  attaqués,  nous  aimons  à  manger  la  viande  à  aussi 
bon  marché  que  tous!  Les  billets,  dont  TEtat-migor  eut  con- 
noissanoe,  rengagèrent  protnblemenl  à  placer  un  renfort  de 
troupes  défaut  Phôtel-de-Tille  et  peu  après  à  liiire  battre  la 


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L'ALUOB  miDAMT  LA  »tVOLimOM  FBAMÇABl  868 

fâoéimle  pour  la  ratnite  dea  tronpea.  Gelte  rtinite  des  nl- 
dits  dans  laar  quartier  Itataoifie  immédiatemeot  à  A  hema, 
de  l'apparition  d^ouTiiers  armée  de  bâches  et  marteaux  qui 
a'arancèrent  par  trois  mes,  enfimeèrent  afoe  leurs  haetaes 
les  portas  de  rhôtel-de-rille,  y  cherehèrent  les  éeliellea  pour 
reacaiader  et  montèrent  paisiblement  dans  les  étages  supé- 
rîeors.  Le<  portes  des  caves  furent  hachées  et  1700  mesurc^s 
de  vin  détruites.  C'est  une  perte  qui  seioit  la  suito  naturelle 
de  tout  tumulte  de  cetti-  espèce.  Mais  un  hôlel  de-ville  dans 
lequel  aucun  magistrat  ne  demeure,  escaladé  à  une  heure  uù 
aucune  chnmbre  d'icelui  ne  siéiîeoit,  pour  détruire,  décliirer 
et  anéantir  les  papiers,  les  documensde  huit  siècles  qui  assu- 
rent leur  état  et  leurs  privilèges  à  une  bourgeoisie  fidèle  et 
paisible,  Toi  là  Téfénement  que  nous  avons  ?u  sous  nosyenx, 
ayant  un  militaire  nombreux  armé,  posté  derant  et  à  la  porta 
da  est  hOtel-de-Tille.  Il  a  été  exercé  one  flireur  barbare  sur 
des  papiers;  ils  ont  été  tous  jetés  par  les  fenêtres,  trsinés 
Jusqu'aux  foMéa  pour  les  jeter  dans  la  rivière,  et  toutes  tes 
ruas  étoieni  jonobéea  de  papiers,  des  inrentaifes  de  partage 
et  aueeaaaîon  de  noa  pères  et  des  comptes  des  tutelles  des 
orphelins.  Après  avoir  eofi»neé  les  portes  et  doubles  portes 
de  toutes  lea  archives  pour  Jeter  dans  la  boue  les  bulles  d'or 
des  empereurs,  des  chartes  et  lettres  de  nos  Rois,  on  a  démea- 
blé  avec  les  huches  toutes  les  salles,  détuilé  le  toit,  et  on  a 
poussé  la  démence  jusqu'à  jeter  par  les  fenêtres  les  poèlei» 
de  fonte  de  fer. 

Dans  ce  pillage  affreux  la  consigne  des  troupes  du  Roy  fut 
de  prévenir  l'incendie;  leur  fonction  et  leur  présence  se  borna 
À  agir  lorsqu'on  seroit  intentionné  de  mettre  le  feu. 

Le  dépôt  des  mineurs  à  la  chambre  des  tutèles,  le  dépôt 
des  osasses  en  litige  au  greffe  du  sénat  sont  pillés.  La  seconde 
attaque  fut  dirigée  vers  VOmgM  ou  bureau  de  perception 
des  aydes,  les  portes  enfoncées  et  la  recette  pillée. 

La  trolaième  attaque  fut  eommanoée  au  greffe  de  la  ehan- 


864 


br»  é»  eontcato.  Les  seélérato  j  ftirent  déjà,  s'étoient  déjà 
saisis  de  deux  lissses.  Imr  hattir  fat  arrêtée  par  S.  A.  S. 
Mgr.  le  prince  de  Dtnnstadt»  qaî  exposa  sa  vie  pour  la  tran- 
quillité ftitare  des  cttofens  ^ 

Dans  la  noit  soirante  la  maison  du  &  Hogg,  magistrat 
intègre,  trop  attaché  (an  moment  présent)  à  la  lettre  de  l*an- 
cienne  constitatioD,  fiit  saccagée  arec  barliarie.  tons  les  men- 
bfes,  one  bibliothèque  choisie  jetée  dans  la  rivière.  Tirons  le 
rideau  sur  ces  scènes  affreuses 

Nous  eûmes  la  sa tisfaclion  très-triste  mais  toujours  sensible 
à  uos  cœurs  d'apprendre  le  lendemain  que  les  militaires  gé- 
néreux qui  avaient  vu  d'un  œil  humide  et  baigné  de  larmes* 
cette  dévastation  affreuse  qu'ils  n'a  voient  aucun  ordre  d'era- 
pécher,  frémirent  quand  ils  purent  s'éclaircir  que  la  bour- 
geoisie n*aT0it  pas  trempé  dans  cet  affreux  complot  ;  qu^eile 
avoit  reçu  une  satisfaction  entière  du  magistrat  et  qoe  tous 
les  Ivoits  de  rétractatioDs  étoient  oontrouTés. 

M.  le  comte  de  Rochambean;  témoin  de  la  donlear  des  bons 
citoyens,  attendri  de  lear  désespoir  de  voir  dispersé  et  proftiné 
un  dépôt  aussi  respectsbie,  8*abandonna  à  la  confiance  et  ne 
mit  plus  ancon  obstacle  à  Tarmement  des  citoyens.  Il  eat 
lieu  aTOC  ardenr  et  passion  dans  la  matinée  même;  le  citoyen 
se  mit  snr  le  champ  à  la  redierche  des  coupables,  en  arréln 
près  de  300  contre  lesquels  il  eut  des  soupçons  fondés  et  cette 
ardeur  des  propres  parents  A  dénoncer  les  membres  coupables 
de  leur  famille,  a  prouvé  l'aversion  générale  contre  cette 
action  atroce  et  détestable.  Aucun  citoyen  considéré,  riche  ou 
pauvre,  n'a  pu  encore  être  découvert  fauteur  de  cet  attentat. 

^  Le  prinee  FrédérioLoms  de  Hesse-Damistadt  était  colonel  de  rnn 

des  régiments  en  frarnison  à  Strasl)ourg. 

*  Mop^r  était  membre  du  Conseil  des  XV,  détesté  plus  particulièrement 
parce  qu  il  élablissait,  enlro  autres,  les  imputa.  Il  demeurait  au  quai  des 
Bateliers. 

'  Lee  soldai»  avaient  assisté  sans  anenne  émotion  an  pillage  et  qael- 
qnes-nns  y  avaient  méine  applaadl. 


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l'alsacb  pendant  la  révolution  françaiss  866 


Quelques  hommes  de  mcsara  âi88olDes,reoonno8  libertins  dès 
longaes  «nnées,  se  troufentdsns  la  liste  ISittle  des  coopérans.* 
Ploslears  tentttives  postérieures  sar  la  maison  de  la  taille, 
repoQSsées  par  le  iNiron  de  Rattenberg,  ont  prouvé  Tesprit 
de  pillage  qui  animoit  les  auteurs.  Le  service  des  gardes  bour- 
geoises  a  fait  naître  la  tranquillité.  Il  fallut  la  raffermir  en 
publiant  une  diminution  sur  le  pain  el  la  viande,  en  dédom- 
mageant le  boucher  et  le  boulauger  sur  la  caisse  publique  de 
la  perte  de  la  vente 

Tel  est.  messieurs,  le  récit  fidèle  de  nos  malheurs.  Nous 
ne  vous  parlerons  pas  de  la  diminution  éDorme  que  la  caisse 
commune  va  souffrir  par  riusurrection  des  bailliages. 

Occupés  tons  à  mettre  la  dernière  main  à  la  rédaction  dn 
eahier  accordé,  nous  ne  Tisons  qu'à  rétablir  le  calme  an 
dedans.  Ne  désespères  pas,  messienrs,  de  votre  patrie;  les 
TCBux  des  citoyens  s'adressent  à  la  divinité  pour  qn*elle  aye 
pitié  de  nos  maux  et  nous  seeorde  sagesse  pour  en  détourner 
de  pins  grands. 

Nous  sommes  avec  un  attachement  inviolable,  messieurs, 
vos  très-humbJes  et  très  obeïssans  serviteurs, 

Les  commit^sah  f's  représentons  la  commune 

de  Strashourg, 
FisGUBR,  Lacombe,  Sculbart,  Hervé,  Turgkueui, 

WUNDSRBR,  SpIELMAUN. 


*  Un  seol  coupable,  ouvrier  menuisier,  natif  de  Mayence.  fut  penda 
quelques  jours  plus  tard,  pour  avoir  volé,  pendant  le  sar  de  l'IIofcl-de- 
Ville,  une  poi^^iién  de  louis  d'or.  Un  autre  condamné  à  mort,  Ctiristopbe 
Gambs.  fut  grâcio,  parce  qu'il  était  d^lIM  lunille  de  notables  strasboor- 
geois.  Les  lettres  de  grâce  signées  dn  roi  et  de  M.  de  LaloniHla-Pjn  se 
faroBTent  encore  an  arohÎTes  (fimés  P.  P.,  liasse  1). 


888  uvra  d'aiaaob 

XXVIL 

liOttre  des  députés  de  Strasbourg 
aux  reprétenkmii  de  la  bourgeoisie 

▼MMllllM.  eè  t  AoAt  nat. 

M68Bl€Uf8} 

Noos  STOOS  llionnear  ds  toqs  fiire  pirt  qo'à  l'arrivée  d*on 
Courier  qui  noua  a  été  envoyé  par  le  Magistrat,  et  qoi  noos 
a  remis  deux  |>aqiietfi,  Ton  contenant  un  mémoire  détaillé  de 
tont  ce  qais*e8t  pa88é,rautre  copie  de  la  procédure  extraordi- 
naire, instruite  contre  le  nommé  GamlM,  tonnelier,  afec  une 
lettre  pour  le  ministre^  pour  lui  rendre  compte,  que  d'après 
le  ?ciu  de  la  bourgeoisie,  il  avoit  suspendu  Texécntion  du 
jugement:  nous  nous  sommes  trouvés  an  moment  embarassés 
par  ce  qu'il  n'y  a  encore  ni  ministre  de  la  guerre,  ni  garde 
des  sceaux  de  nommés. 

Cependant  nous  nous  sommes  aussitôt  présentés  clipz  M.  le 
comte  de  St.  Priest,  ministre  chprgé  par  intérim  du  travail 
avec  le  lioi  ;  nous  avons  demandé  avec  instance  qu'il  soit 
prononcé  sans  retard  un  sursis  formel  à  ce  jugement,  et  nous 
l'avons  obtenu. 

Le  courrier  qui  V0U8  remettra  cette  lettre,  messieurs,  en  est 
porleur;  il  va  mettre  les  intéressés  à  même  de  solliciter  des 
lettres  de  grâce  ou  de  conversion  de  peine,  et  nous  nous  |M)r- 
terons  avec  la  môme  chaleur  et  le  môme  sèle  à  seconder  la 
demande,  qui  pourra  en  être  Iklte. 

Nous  sommes  sensiblement  affligés  des  pertes  réelles  que 
la  chose  publique  souffire  par  la  dévastation  des  archives  pré- 
cieuses de  notre  bonne  vîUe.  Nous  avons  appris  avec  atten- 
drissement, avec  quel  empressement  notre  bonne  bourgeoisie 
B*est  portée  à  établir  une  milice  bourgeoise  et  à  assurer  par 
ses  dispositions  la  tranquillité  des  citoyens. 

...  Puissent  le  calme  et  Tordre  renaître  et  faire  oublier 
la  convulsion  qui  vient  d'avoir  lieu.  Nous  sommes  peinés  de 


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L'ALBAOB  PIRD4MT  L4  BtVOUmON  FtUMÇAjm  867 


n'tvoir  reçu  aneons  détaiia  de  voira  part,  nous  en  attendons, 
peraaadéfl  qn*ayant  en  dans  ces  circonstances  des  intérêts  à 
ménager,  tous  aves  à  noos  en  eonller  les  suites.  Ne  dontes 
pas,  messleors,  de  notre  zélé  ponr  les  assurer  et  remplir 
vis  à  VIS  de  nos  coneitoyens  le  devoir  bien  doox  que  leur 
oonllance  noos  impose.  Nous  espérons  qu'ils  contribueront 
de  tous  leurs  moyens  i  faire  régner  la  paix  si  désirable  et 
si  désirée  par  l'Assemblée  nationale,  dont  nous  avons  fait 
connaître  le  dernier  arrêté,  qull  est  bien  nécessaire  de  rendre 
public. 

Elle  s'occupe  maintenant  de  la  Gonstituliou.  mais  re  n'est 
qu'au  sein  de  la  paix  el  de  Tordre  qu'il  est  possible  de  bien 
calculer  des  lois.  Nous  sarons  combien  les  représentants  de 
noire  bourgeoisie  ont  de  mesure  et  de  sagesse.  Cette  assurance 
noos  convainque  que  nous  n'aurons  à  rendre  compte  au  gou- 
vernement que  de  rutilité  de  leurs  vues  et  de  la  modération 
de  leurs  démarcbes.  C'est  ainsi  que  nous  les  avons  dépeints 
au  gouvernement,  à  qui  nous  avons  toujours  vantés  la  fidélité 
et  Tamour  des  bourgeois  de  la  ville  de  Strasbourg  pour  leur 
souverain. 

Beoevex  les  nouvelles  assurances  de  bien  sincère  et  invio- 
lable attachement  avec  lesquels  noos  avons  Tbonneur  d'être 
messieurs. 

Vos  très-humbles  et  très-obebeans  serviteurs, 

Tdrkbxim,  Sghwendt. 


XXVIII. 

Iiettre  de  M.  le  comte  de  Saint-Priest 
aux  Pr4lmr%  ei  CotmU  du  MagUêroi  dê  Stroibourg 

\Vrs.iilli's.  2  Aoùl  »7h9. 

L'intention  du  Roi  est  qu'il  soit  sursis  à  réxéculion  du 
jugement  que  vous  avez  rendu  contre  le  nommé  Christophe 


m 


BBVUB  D'ALBAOI 


GamibB,  bourgeois  de  Slrtaboaif  ;  c'est  se  que  Sa  Migeslé  ne 
ehsfge  de  ?oos  marquer. 

Aussitôt  qu'elle  aura  nonuné  on  garde  des  sceaux,  il  pren- 
dra ses  ordres  sur  ce  qu'il  convient  de  foire  à  Tégard  des 
antres  particuliers  également  accusés  d*aToir  eu  part  à  Té* 
meute  qui  a  lieu  à  Strasbourg,  et  il  tous  Ibra  connaf  tre  ce 
qu'elle  aura  réglés 


XXIX. 

liettre  du  Magistrat  de  Strasbourg 
afix  députés  de  la  ville  à  VereaiHe». 

StnalMNiis,  e»  5  Aoast  vm. 

Messieurs, 

L'événement  funeste  dont  nous  avons  eu  Phonnenr  de  vous 
faire  part  dans  notre  dépêche  du  S8  du  mois  dernier  et  les 
suites  qu'il  a  entraînées,  avoient  absorbé  tous  nos  soins  et 
nous  n'avons  pu  suivre  à  temps  l'impulsion  de  nos  sentiments 

pour  en  faire  parvenir  Texpression  à  l'Assemblée  nationale. 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  adresser  ci -jointe  notre  adresse 
tardive  on  espérant  que  vous  voudrez  bien  en  faire  l'usage 
que  votre  prudence  vous  dictera  et  la  présenter  en  notre  nom, 
au  cas  que  vous  ne  vous  aperceviés  que  son  retard  pourroit 
efTacer  la  sensation  favorable  que  nous  désiroofl  qu'elle  ût  sur 
celte  assemblée. 

Pour  vous  mettre  d'ailleurs,  MM.,  en  état  de  juger  à  quel 
point  les  esprits  continuent  à  être  animés  dans  la  province, 
nous  joignons  une  note  sur  la  situation  des  affaires  qui  inté- 
ressent ladministration  du  patrimoine  de  cette  ville  dans  la 
seigneurie  de  Barr.  Vous  j  verrés  en  outre  les  mesures  que 

*  Nous  n'avoni  pas  retrouvé  l'axpéditioo  primitiTe  de  eette  lettre  au 
arehivtts,  mais  seulement  une  copie  certifiée  conforme  à  l'original  ;  peal- 
Mre  ee  damier  ébut-il  resté  entre  les  mains  des  dépotés  à  Versailles. 


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L*AI.8A0B  PmDAMT  LA  BtTOLUTlOM  IBAKÇIUB  8Q0 


nous  vnm  prises  poar  j  maintenir  la  tranqnilttlé.  Noos  ne 
ia  de? 008  pas  moins  aux  eflbrts  penoasilb  de  H.  le  Gommia- 
saire  da  tLcj,  dont  l*ardenr  et  le  zèle  pour  ramener  tons  les 
esprits  à  une  pacification  et  tranquillité  heureuse  sera  à  jamais 
on  motif  prédenz  de  notre  rive  reeoiinaissanoe.  L'eeprit  d*in- 
sorrection  a  gagné  plus  on  moins  tous  nos  bailliage?,  même 
la  Robertsau  n'en  a  pas  restée  exemte,  et  nous  menons  d'être 
avertis  que  dans  cette  dernière  la  commune  se  prépare  à 
forcer  l'Obermeister  à  se  démettre  de  sa  place  et  prétend  pro- 
céder à  l'élection  d'un  autre,  tandis  que  le  droit  en  a  toujours 
compété  aux  directeurs  au  nom  de  la  commune  de  cette  ville. 
Le  même  procédé  a  eu  lieu  à  Dorlisheim  et  à  Illkirch  contre 
les  prévôts  qui  s'y  trouvaient  établis.  Indépendamment  de 
ces  TÎolences  les  habitans  d'Illkirch  forment  des  demandes 
sur  des  forêts  et  antres  droits,  directement  opposées  à  une 
possession  légitimement  acquise. 

Toutes  ces  notions,  IIH.  serviront  d*apni  à  celles  qui  par- 
viendront de  toutes  les  provinces  de  la  France  à  TABsemblée 
nationale^  dans  un  moment  oii  cliacnn  se  croit  en  mesure  de 
se  procurer  la  restitution  des  droits  prétendus»  sans  liMide- 
ment,  on  d^  reconnus  en  justice  depuis  des  siècles  entiers. 

. . .  Sans  doute  que  l'Assemblée  nationale  s*en  occupe  avec 
les  soins  qu  elle  a  consacré  à  ses  concitoyens  et  nous  atten- 
dons avec  ardeur  le  résultat  de  ses  travaux  pour  voir  succé- 
der le  calme  à  cette  dissolution  générale. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 

Les  Préteurs,  Consul  et  Magistrat  de  Strasbourg^. 

'  Les  arcliives  n.;  renferment  que  la  minute,  non  signée,  de  celle  mis- 
sive. 11  ne  s  y  est  puinl  irouTéde  note  spédala  lar  lesdtetfdretoonaiit 
dans  le  bailliage  de  fiarr,  dont  il  est  qâestioa  dans  notre  leste.  On  re- 
manioen  comment  le  Mafpstrat,  qai  ne  songeait  pas  avant  le  14  jnillet  à 
s'adresser  à  FAssemblée  nationale,  effrayé  des  conséquences  que  pourrait 
avoir  pour  les  privilèges  de  Strasbourg  le  triomphe  inattendu  du  parti 
populaire,  se  hâte  de  saluer  à  son  tour  cet  astre  nonrdan,  dans  l'espoir, 
dn  reste  trompear,  d'y  trouver  vn  appui  eontre  les  rédamatioBS  d'us 
grande  partie  de  la  boargeoiflie  de  no^  ville. 

Ronvele  Série  -  S*  AmiAe  2é 


370 


unruB  d'albaok 


XXX. 

Adresse  du  Magistrat  de  Strasbourg^ 
à  Noueiffneurt  compotant  fAmmbiée  tiatiomle  de  France, 

Stndwarg,  8  àmÊL  IIW. 

Nosseignean, 

II  était  réservé  à  rotre  aaguste  assemblée  de  poser  les 

premières  bases  d'une  liberté  si  désirable  aux  Français  et  il 
n'appartenait  qu'à  vos  hautes  vertus,  dirigées  par  un  patrio- 
tisme éclairé  et  soutenu  par  un  courage  inébranlable,  d'allier 
les  droits  imprescriptihles  des  citoyens  arec  leur  amour  et 
leur  dévouement  pour  le  Roi.  Ces  sentiments  qui  de  tout  tems 
ont  distingué  la  nation  française,  éclatent  avec  justice  pour 
un  roi  père  de  son  peuple,  dans  un  momeot  où  il  n'éooate 
quesoD  cœnr  pour  venir  au  milieu  de  ses  enfants  receroir 
rhommage  de  leur  fidélité.  Que  celte  ooble  confiaooe  est  toa- 
ehante  et  qae  ne  doit  pas  attendre  la  nation  d'un  onTrage  que 
?otre  conatance  va  eonaomnwrl  Noua  noua  eatimona  trop 
henreoz  de  participer  à  la  gloire  dn  nom  français  et  an  sou- 
tien de  la  cause  conunune  ponr  ne  paa  Tona  offrir,  noaselgnenFB^ 
l'hommage  de  nos  reapeets.  Nous  vons  les  aurions  exprimés 
pins  tôt  si  une  fbule  de  misérables  sans  aven,  introduits  dans 
notre  Tille  et  également  ennemis  do  la  commune  et  du  magis- 
trat, n*avoicnt  suscité  parmi  nous  une  insurrection  funeste 
qui  dans  les  derniers  temps  a  absorbé  tous  nos  soins.  Nos 
efforts,  de  concert  avec  ceux  de  la  bourgeoisie,  ont  étouffé 
les  premiers  mouvemens  de  cette  aveugle  phrénésie  qui 
appelle  du  nom  de  liberté  une  licence  désastreuse,  mais  nous 
n'attendons  que  de  la  sagesse  de  vos  mesures  et  du  fruit  de 
TDS  veilles  généreuses  l'entier  rétabliasement  du  respect  dû  à 
Tordre  public  et  aux  lois. 

Il  ne  nous  reste»  qu'à  vous  supplier,  Nosseigneurs,  d'agréer 
le  témoignage  de  nos  sentimens  et  à  vous  énoncer  le  vif  désir 
que  nous  oonserrerons  tovjonfs  de  déibndn^  antant  qull 


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L'AïaAOB  PBOMJnr  la.  BÉTOLDTIOM  IBAMÇAIBB  371 


sera  en  nous,  de  Kmte  ettdnte,  eette  liberté  mge  el  bien  or- 
donnée à  laqnéUe  nooe  aspirons  et  qne  noas  attendone  de 
Toas. 

Nous  sommes  tTee  un  très  profond  respeet.  Nosseigneurs, 
Vos  très  humbles  et  obelnants  serriteors 
Lu  Mkur$,  Oonma^  Magi9kna  dê  h  vilh 
de  Strcubowg. 


XXXI. 

liOttre  des  représentaatn  de  la  bourgeoisie 
aux  dépiUéi  de  Stnabomrg^  à  VenaiUee. 

StmilKNiig,  la  9fl  Aoot  int. 

Messieurs, 

Nous  aFons  eu  Thonneur  de  vous  faire  part  par  notre  lettre 
du  81  Juillet  du  pillage  de  rbdtel  de  Tille  et  des  premières 
mesures  qui  avoient  été  prises  pour  calmer  les  esprits  eo 
diminuant  le  prix  de  la  Tiande  et  du  pain.  Les  conférenees 
ont  été  eontinuées  depuis  sans  interruption  entre  les  com- 
missaires du  Magistrat  et  de  la  bourgeoisie,  et  tons  ise  points 
susceptibles  dinterprétation  ont  été  réglés  de  commun  accord 
et  à  la  satisflietlon  de  la  bourgeoisie.  Le  calme  Inlérienr  est 
dû  à  M.  de  Dietricb,  qui  dans  ce  moment  critique,  où  Tanto- 
rité  des  magistrats  est  nulle,  agit  seul,  délibère  avec  les 
magistrats  respectés,  pour  maintenir  tant  qu'il  est  possible 
leur  considération  et  s'expose  à  tous  les  dangers  pour  qu'il 
y  aye  un  point  de  ralliemeot  où  aboutissent  les  demandes  de 
tous. 

Pour  terminer  les  objets  qui  demandent  un  plus  long 
examen  et  mettre  en  exécution  les  §  4, 15  et  18  du  câbler, 
nous  nous  sommes  rendus  successivement  aux  SO  tribus  pour 
les  inviter  à  procéder  à  Télection  par  scrutin  des  40  députés 
detoguéi  pour  les  affaires  oaconomignes  mijeQreBettesolijels 


893  BBVUB  D*AL8ACB 

relatifs  à  la  constitution.  Le  choix  a  été  Ait  ès  journées 
d'hier  ei  d'avant  liier  et  les  depatés  s'occnperiMit  immédiate- 
ment  â*an  moyen  pour  déterminer  de  concert  avec  les  éàéb 
des  corps  la  taxe  fntore  des  oonMstibles,  tu  que  la  taxe  de 
6  sols  la  viande  et  tS  sols  la  miche  de  pain  présente  pour  la 
première  semaine  une  perte  de  15000  livres  pour  la  caisse 
commune  de  la  ville  et  bourgeoisie»  qu'elle  ne  pourroit  supor- 
ter  longtems.  La  taxe  du  pain  est  calculée  sur  le  prix  de 

19  livres  par  sac  de  grain,  tandis  qu'aux  villages  qui  nous 
entourent,  le  sac  coûte  23  et  24  livres.  La  bourtjeoisie  a  insisté 
que  les  veilles  et  fatigues  de  la  garnison  fussent  recompensées 
et  celte  recompense  ayant  été  annoncée  ès  maisons  publi- 
ques, cabarets  el  autres,  qui  sont  devenus  le  foyer  de  nos 
maux,  il  a  fallu  y  céder  et  le  commandant  de  la  province  y 
a  cédé  à  regret.  En  conse(}ufnce  le  Magistrat  a  partagé  avec 
le  corps  des  marchands  les  frais  de  cette  distribution  qui  a 

20  sols  par  soldat,  80  par  caporal  et  40  par  sei^nt,  dont  le 
produit  est  remis  à  M.  le  lieutenant  du  Roy  pour  en  ftiife 
ftiire  la  distribution. 

H.  de  Dietrich  ayant  ftdt  sonder  avec  soin  les  dispositioiis 
des  esprits  de  la  bourgeoisie  pour  connaître  les  magistrats 
contre  lesquels  il  y  a  le  plus  de  ressentiment,  a  engagé  M. 
Lemp,  ameister,  et  M.  TreitUnger  XV,  à  loi  remettre  leurs 
démissions  dans  Tespoir  d'obtenir  par  es  sacrifice  la  paix  fsoe- 
raie,  et  M.  Flaeh  XT  s*est  demis  de  sa  direetion  de  la  tribu 
des  jardiniers.  On  crut  que  les  esprits  écbauflés  renonoerolent 
à  toutes  proscriptions  ultérieures,  et  M.  Fischer  les  y  engagea 
au  nom  de  l'intérêt  commun  dans  le  discours  d'ouverture 
tenu  à  toutes  les  tribus  ;  mais  plusieurs  mouvemens  indiquent 
que  le  germe  des  divisions  n'est  pas  détruit.  A  la  tribu  de  la 
Lanterne  une  délibération  orageuse  reclama  la  retraite  du 
chef  de  la  tribu  et  les  listes  de  démissions  à  obtenir  circulent 
encore.  Tout  ce  que  Tainour  du  bien  de  la  patrie  pout  inspi- 
rer de  courage  et  de  prudence,  M.  de  Dietrich  i%  «mployé 


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L'ALBIlQK  PJLUDAST  la.  RÉVOLCTION  FEÂ.NÇAISE  878 


poar  conjurer  des  orages  el  la  toîx  générale  ae  rallie  antonr 
4e  lui  pour  ae  rendre  à  aea  exhortations;  l'esprit  gênerai  de 
la  bourgeoisie  se  calme,  et  il  n'y  a  guereâ  que  le  souvenir  de 

ressentimens  particuliers  qui  proFocque  encor  des  change- 
mens.  Nous  en  fumes  là,  Messieurs,  lorsque  nous  fumes 
interrompus  par  les  cris  que  la  rejouissance  fie  la  garnison 
provocqua.  Les  premières  violences  furent  commises  aux 
prisons  royales  pour  délivrer  lous  les  prisonniers  militaires  et 
Tesprit  d'insubordination  se  manifesta  avec  assés  de  force 
pour  que  Tofiicier  gênerai  L*  du  Roy  fui  obligé  de  se  retirer. 
Le  jour  d'après  nous  dûmes  craindre  pour  la  sûreté  dee  pri- 
sons bourgeoises  et  de  la  maison  de  force.  Les  citoyens  les 
pins  considérée  se  répandirent  sans  armée  dans  tons  les 
cabarets  pour  détourner  cea  malheurs,  harangoer  les  Iroapes 
et  leur  oarrir  les  yenz  aor  U  distinetion  du  Tiers-état  et 
de  la  fonle  des  malheureux  détenus  pour  crimes  et  correction. 
M.  d*Be^eWlly,  inspeotenr  de  la  ca?alerie,  harangua  en 
pleine  rue  et  acquit  de  Tempire  sur  une  grande  partie  de 
la  caYalerle.  Hais  aucun  firein  ne  pût  suffire  pour  retenir  It 
troupe  qui  s'était  livrée  aux  excès. 

M.  de  Dielrich  se  rendit  à  la  maison  de  force  pour  faire  la 
classificalioii  des  diverses  classes  d'êtres  qui  y  étoienl  détenus 
et  séparer  les  scélérats  de  ceux  qui  étoient  enfermés  pour 
mœurs  dissolûs.  Partie  de  la  garnison  réclama  à  grands  cria 
le  brasseur  Pick.  Ne  pouvant  résister,  il  leur  fut  lâché 
hier  à  deux  heures.  Alors  les  officiera  du  régiment  de  Darm- 
atadt  se  réunirent  aux  citoyens  qui  étoient  à  Tentour  de  la 
maison  de  force  pour  conjurer  leurs  soldats  de  se  retirer  et 
de  ne  pas  attenter  à  ce  dépôt  des  membres  retranchés  de  la 
société.  Le  cri  uniyersel  fut  <  les  011es  >.  On  laissa  sortir 
près  de  100  coquines  enfermées  pour  mauvaise  Tie.  Mais 
aucun  sarriitoe  ne  suffit,  et  à  la  fin  toutes  les  prisons  et 
maisons  de  correction  furent  déblayés.  La  nuit  a  été  de  même 
liTrée  aux  eieès.  Tbuies  les  maisons  de  marchands  de  vins, 


374  REVUE  D' ALSACE 

de  bnisseiirat  da  boalangen,  ebainutfers,  gniSBien  oifertes 
et  de  force  pour  emporter  le  vin,  le  ptin,  te  Tiande  ailée, 
dans  des  auges  et  pots  pour  fiire  boire  toat  ce  qui  partiel* 
poit  de  prèe  ou  de  loin  i  eee  désordres.  Ge  tableau  est  afllreiix, 

messieurs;  la  troupe  est  exaspérée  contre  ses  chefs,  murmure 
contre  radrainistration  de3  masses,  demande  reddition  des 
comptes  et  la  vie  des  chefs  de  corps  et  des  officiers  n'est  pas 
en  sûreté.  Nous  déplorons,  messieurs,  à  juste  titre  d'être  une 
ville  de  guerre!  Le  soldat  ne  veut  aucun  mal  au  bourgeois, 
ne  l'offense  en  aucune  manière,  veut  vivre  de  la  meilleure 
amitié  avec  lui.  Le  cri  général  de  la  troupe  est  ■  tout  soldat 
bourgeois,  tout  bourgeois  soldat;  >  mais  le  mal  ae  fiut  rapi- 
dement et  sans  intention  par  Texcès  de  l'intempérance. 

Le  militaire  ene  dans  lee  niea  «  vi?8  le  Tiera-étatl  Noos 
voulona  être  libres  somme  lai,  nous  ne  ToaUms  qae  debraTSS 
gens  pour  cheb.  »  Noos  ignorons,  mesaienrs,  eu  tous  éerivant 
à  quel  point  les  égards  pour  le  eommandant  en  ehef  retien- 
dront la  troufie  d'aller  ^hn  loin;  le  mal  est  au  eomble  et  les 
scènes  de  disaolution  effrayantes. 

Nom  sommes  arec  un  attachement  sincère  et  inviolable, 
Messieurs, 

Vos  très  humbles  et  très  obeissans  serviteniB, 
Les  commissaires  representans  de  la 
commune  de  Strasbourg. 

XXXII. 

IiOttre  du  Ma^strat  de  la  ville 

à  Messieurs  les  Députés  de  Strasbourg  à  t Assemblée  natiomie. 

Stnaboug.  ee  8  Aooit  im. 

Ls  départ  des  lettres  d-lncloses  a  été  retardé  par  un  évè* 
nement  qui  nous  a  oecupé  ees  derniers  Jours  en  répandant 
une  nouTelle  allarme  dans  la  ville.  Nous  nous  empressons  à 


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h'àUUJM  PEKDAMT  LA.  BftVOLOTION  FBANÇAXBB  975 


T008  en  faire  part  poujt  achever  de  tous  peindre  la  position 
HcfaOTffft  dans  laquelle  noos  aYona  été.  Les  désordres  arrivés 
an  10  et  SI  Jniiiel  ont  occasionné  aux  troupes  de  la 
garnison  des  fiitigues  extraordinaires  pour  lesquelles  il  fàUut 
d'autant  plus  penser  à  la  récoapenser  par  une  gratification, 
que  c'était  le  seul  moyen  de  retenir  beaucoup  de  nos  citoyens 
à  se  livrer  à  des  intentions  manifestées  par  plusieurs  pour 
feire  parmi  tonte  la  bourgeoisie  une  collecte  destinée  à  cette 
fin  ou  même  pour  distribuer  partiellement  des  dons  ramassés 
par  tribus,  corporations  ou  cotteries.  Nous  n'avons  pu  nous 
cacher  que  cette  manière  de  les  récompenser  entraineroit  des 
désordres  et  des  inconvéniens,  que  nous  avons  cru  de  notre 
devoir  de  prévenir  après  nous  être  concertés  avec  MM.  les 
représentants  de  la  Commune,  en  assignant  des  fonds  de  la 
caisse  delà  ville  et  de  celle  du  corps  des  marchands  une  somme 
suffisante  pour  repartir  à  chaque  soldat  âO  sols  et  à  chaque 
bas^oificier  80.  Noos  avons  même  suivi  avec  une  entière 
oonfiance  cette  forme  après  que  UM.  les  officiers  généraux 
noua  eussent  assuré  qu'ils  disposeroient  leur  mesures  en  sorte 
que  les  portions  ne  seroient  pas  dépensées  dans  une  seule 
journée  et  qu'on  retiendrait  le  soldat  dans  les  casernes  pour 
s'y  abandonner  aux  mouvemens  de  la  gaieté  que  cette  grati* 
fication  devdt  leur  préparer.  Malheureusement  que  MM.  les 
officiers  généraux  n'ont  pas  été  les  maîtres,  pour  Adre  t»bser- 
ver  la  discipline  qu'ils  avaient  ordonnée  et  que  le  soldat  qui 
sentoit  sa  force  n'a  pu  être  contenu  et  s'est  dispersé  dans  la 
ville  en  s'abandonnant  à  tous  les  excès  de  la  gaieté  de  la 
multitude.  Il  survint  un  point  d'honneur  mal  entendu  qui 
guida  une  partie  de  la  garnison  à  demander  avec  véhémence 
la  délivrance  de  leurs  camarades  détenus  dans  les  prisons 
royales  et  même  sur  le  refus  de  les  Iftcher  à  les  escalader  de 
force  dans  Taprès-diner  du  5,  en  sorte  que  le  commandemaat 
ne  fut  plus  en  état  de  s'y  opposer.  Ce  succès  encouragea  et 
le  6  les  prisons  de  la  ville  et  le  Raspelhaos  eurent  le  môme 


878  BEVUB  d'alsaob 

sort;  ils  nettoyeot  ces  réduits  des  délinqoaiis,  à  quelques 
malhenreiiz  près.  On  enl  lieu  de  s'appercefoir  qa'aDimées 
du  déflir  de  témoigoer  Tietorieosement  la  prépAndéranoe  dn 
Tiers-état,  ils  eurent  essentiellenient  ft  cœur  de  procurer  la 
délivrance  des  bourgeois  Gambs  et  Pid[,  qui  avoient  été  jugés 
pour  délits  commis  lors  dn  saccage  de  la  maison  de  Tille, 
sinsi  que  de  jouir  des  filles  de  mauTaise  conduite  qui  étaient 
enfermées  dans  la  maison  de  force.  La  plupart  de  ces  malheu- 
reux ont  cherché  à  la  férité,  de  gagner  les  pleins  champs  ; 
mais  il  nous  reste  toujours  l'incertilude  inquiettante  sur  les 
mauvaises  intentions  de  ceux  qui  peuvent  avoir  resté  en 
ville.  Aussi  la  vigilance  de  la  garde  bourgeoise  en  a  redoublé 
et  nous  devons  à  leur  zèle,  de  même  qu'à  celui  que  les 
régimens  ont  annoncé  dès  le  7,  si  jusqu'ici  nous  ne  nous 
sommes  ressentis  d'aucune  suite  désnstreuse  pour  la  tranqni- 
lité  publique.  Cependant  elle  a  été  vivement  molestée  dans 
la  nuit  du  6  au  7  parles  soldats  répandus  en  foule  dans  toute 
la  ?ille  qui  n'ont  pu  être  retenus  par  aucune  mesure  de  la 
fouille  de  toutes  les  maisons  de  bierre,  de  caflé,  des  cabare- 
tiers,  boulangers  et  chaircntierR.  La  plupart  de  leurs  provi- 
sions ont  été  consommées  et  pillées,  et  même  on  nous  assure 
que  ces  excès  ne  se  sont  pas  bornés  là  et  que  le  pillage  s'est 
étendu  au-delà.  L*ensemble  des  demandes  que  ces  dégâts 
provoqueront  pourra  monter  à  une  somme  très-considérable^ 
et  si  rétat-major  ne  prend  pss  de  mesures  pour  pourvoir  au 
remboursement  de  ces  dévastations,  nous  nous  verrions  dans 
un  nouvel  embarras  pour  aviser  aux  moyens  à  ne  pas  laisser 
en  perte  les  citoyens  qui  on  ont  le  plus  souffert.  Cet  événe- 
ment, MM.,  nous  dispense  impérativement  à  c^)ntinuer  les 
procédures  criminelles,  occasionnées  par  la  dépouille  de  la 
maison  de  ville,  et  le  sursis  prononcé  par  la  lettre  de  M.  le 
comte  de  St.  Priest  est  rempli  par  révasion  des  prisonniers 
qui  n'ont  pas  tardé  à  se  soustraire  à  notre  jurisdiction. . . 
Nous  avons  Thonneur  d'être,  etc. 

Jm  Préteun^  Contul  ei  MagMrai  dê  Stratboarg» 


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L'ALBAflB  PSNDAIIT  LA.  BAVOLUTTON  FBAMÇUBE  837 


xxxm. 

Béolaration 
4*1111  «erloén  mmbrt  dê  bourgeois  de  Skasbmrg. 

li  Août  1789. 

Nous,  les  soussignés  bourgeois  de  la  ville  de  Strasbourg 
aïant  été  assemblés  relativemeiil  à  la  démission  donnée  par 
MM.  les  magistrats  pour  procéder  à  une  nouvelle  élection  et 
à  une  autre  organisation  de  leurs  corps:  considérant  que 
dans  ce  moment  même  les  députés  représeutans  la  ville  de 
Strasbourg,  siègent  à  l'assemblée  nationale  et  concourent  par 
leora  ■«ffrages  et  leur  mandat  à  former  une  constikution 
générale  pour  tous  les  sujets  de  la  monarcbie,  que  par 
eoneéqnent  nous  participons  par  nos  tepreaentaoa  à  cette 
regeneratiooiil  seniiteoDtradieloire  et  même  incoosUtutioniiel 
de  procéder  à  une  organisation  quelconque,  que  ce  seroit 
nooe  arroger  le  droit  de  législation  qui  appartient  à  Taugnste 
Assemblée  nationale:  nous  déclarons  que  nous  ne  dcTons  ni 
ne  pouvons  concourir  à  l'élection  d'aucune  nouvelle  admi- 
nistration, que  nous  n*en  avons  pas  le  pouvoir,  que  nous  ne 
le  pourrons  que  d'après  le  mode  qu*Mura  consacré  le  décret 
de  rassemblée  nationale  et  la  loi  qui  sera  promulguée  par 
1^  corps  législatifs;  nous  ferions  dans  ce  moment  une  scis- 
sion qui  ne  seroit  pas  honorable  à  la  ville  de  Strasbourg  par 
UTi  refus  tacite  de  concourir  par  notre  consentement  aux  vues 
magnanimes  et  patriotiques  de  l'auguste  corps  de  l'assemblée 
nationale  dont  nous  faisons  partie  par  nos  représeotans  et  ne 
voulant  point  donner  un  exemple  auasi  dangereux  et  prouver 
au  contraire  que  nous  avons  l'honneur  d'être  fran^ois,  que 
nous  sommes  animés  du  même  esprit,  nous  déclarons  que 
comme  bourgeois,  membres  individuels  de  la  corporation  dont 
àerivoit  rancienne  constitution  de  cette  ville,  nous  adhérons 
an  décret  de  rassemblée  nationale  et  que  nous  lui  portons  le 
juste  tribut  dHiommag^  d'admiration  et  de  reconnaissance 
aux  soins  qu'elle  n*a  cessé  de  maniilaeter  et  qui  rtenaent 


878 


SIVOB  D'àlMàXm 


d'éclore  ti  heoreusement  pour  fonder  It  dignité  de  Thomme 
et  du  dloyen  ;  mais  comme  dans  la  pro?ince  et  spécialement 
daiti  etite  ?iUe,  rtiternati?e  pour  les  deoz  religiona  eattao* 
liqae  et  protestante  est  admise  dans  tontes  les  charges  tant 
ponr  le  pooToir  jodidaire  qae  pour  Tadministratlon  de  la 
commune,  nous  déclarons  en  même  temps  qoe  la  renondatioD 
à  nos  prifilèges  ne  peut  et  ne  doit  porler  aucune  atteinte  à 
la  eonaistanoe  politique  et  cifUe  des  babitans  de  la  confes- 
sion d*Aug8bourg  qui  ne  ponrroient  être  enfireints  sans  violer 
la  loi  publique  et  le  respect  dù  aux  traités  qui  gouvernent 
les  nations,  qu'ainsi  notre  adhésion  porte  sur  la  réserve 
expresse  que  tous  les  corps  judiciaires  et  d'administration 
qui  pourront  être  siiltstitués  parles  lois  générales  du  roiaume 
à  ceux  qui  ont  existés  jusqu'à  ce  jour  ne  pourront  être  léga- 
lement institués  dans  la  ville  de  Strasbourg  et  son  ressort 
qu'en  y  admettant  un  nombre  égal  de  membres  des  deux 
religions;  cette  réserve  et  protestation  étant  indivisible  de 
notre  adbéeion«  regardant  comme  perturbateurs  de  la  cité  et 
de  la  commune  tous  ceux  qui  auroient  d'autres  sentimens 
et  comme  ce  serait  donner  lieu  à  une  anarchie  dangerease 
que  de  laisser  une  aussi  grande  commune  sans  juge  et  auto* 
rité,  noua  prions,  inTitons  et  supplions  M.  Tameistre  en 
régence  et  conjointement  aTee  lui  tous  les  membres  formant 
le  grand  sénat  de  reprendre  leurs  Ibnctions,  de  continuer 
leurs  séances,  d*adroinistrer  leur  justice  à  tous  les  citoiens 
comme  ejr  devant  jusqu'à  ce  qu'il  ait  été  ponrru  i  la  formation 
de  tous  les  corps,  à  quel  effet  une  copie  de  la  présente  déli- 
bération leur  sera  remise;  espérant  qu'ils  voudront  bien  se 
déclarer  incessamment  et,  dans  le  cas  où  contre  le  vœu  du 
bien  public,  le  bon  ordre  et  la  sûreté  des  ciloiens  ils  refuse- 
roient  de  reprendre  leurs  fonctions,  nous  déclarons  que  nous 
en  porterons  nos  plaintes  à  l'assemblée  nationale  et  que  nous 
nous  reservons  même  de  solliciter  de  Sa  Majesté,  en  qui  réside 
la  plénitude  du  poufoir  executif  et  judiciaire,  de  commettre 


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l'alskcr  pendant  la  révolution  française 


379 


une  deifoittioii  do  Conseil  sonferain  en  nombre  eafBsant 
pour  rendre  la  josUce  Jusqu'à  la  fbnnation  dee  noayeaax 
tribonaus,  afin  de  prévenir  les  malheurs  qui  pourroient 
résulter  dans  une  si  grande  commune  de  la  uonexisteiice  d'un 
tribunal  de  justice  et  nous  réservons  en  ce  cas  de  nommer 
des  députés  pour  porter  le  vœu  des  bons  citoyens  au  sein  de 
l'auguste  Assemblée  nationale.  Délibéré  à  Strasbourg  le  12 
Aoust  1789. 

L'ao  1789,  le  12  aoast  à  10  heures  du  matin  le  présent 
projet  après  lecture  frite  a  été  unanimement  agréé  et  délibéré 
qu'il  soit  donné  communication  aux  autres  tribus  pour  pou- 
▼otr  Aire  leur  délibération  en  conséquence 


*  Le  Hagistratt  de  phis  en  plus  prèoeeapé  par  Taltitiide  d*Qne  partie 
de  la  population  de  Strasboarg»  se  voyant  sans  force  matMelle  pour 

réprimer  les  désordres,  Tarmée  faisant  caose  comtnane  avec  l'cmeate, 
prit,  {l;iiis  "ia  sôanrp  du  11  août,  la  r^snlation  de  déposer  ses  pouvoirs, 
qu'il  se  voyait  impuissant  à  faire  respecter.  Celte  décision  fut  hâtée 
sans  contredit  par  la  lettre  reçae  dans  cette  même  séance,  et  par  laquelle 
lea  dépotés  de  Versailles  annonçaient  à  leora  concitoyens  les  votes  de 
FAss  II  l  iée  nationale  dans  la  nuit  famease  do  4a<Hit.  Bn  présence  de 
Ct'  ii  i  ilii  f  nniver-;p|  (L^  tous  les  privilopes,  personne  ne  pouvait  plus 
espérer  inaintciiir  intacts  ceux  qu'accordait  à  lancienne  vIIIh  liltre 
impériale  la  capitulation  de  Hi81.  La  note  déposée  par  les  deux  députes 
de  Strasbonig  sor  le  bnreao  do  président  de  la  Constitoante^  ao  moment 
de  ce  vote  mémorable,  réservait  natnretlement  ces  droits,  (purantb  par 
tant  de  slgnatores  royales,  tout  en  afiBrmant  qoe  le  patriotisme  des 
Stras  bourgeois  ne  rucnlorait  devant  aucun  sacrifice  pour  i»;  bien  de  la 
patrie.  Mais  que  pouvaient  ces  réserves  vaines  en  présence  du  tourbillon 
qui  renversait  devant  loi  tont  ce  qui  restait  en  France  de  l'ancien 
régime?  —  Le  12  aoAt  les  trois  cents  échevins  déposèrent  k  leor  tonr 
leors  charges  et  forent  r'^mplacés  dès  le  lendemain.  C'est  en  vue  de  ces 
élections  qu'an  groupe  d'électeurs,  cvidemmont  protestants,  de  l'une  des 
tribus  —  nous  ignorons  la<juelle  —  a  lancé  la  déclaration  transcrite  plus 
haut  Leur  vwu  fut  exaucé,  car  on  observa  strictement  l  aUernative  dans 
les  opéraHona  do  aentin. 


m 


Extrait  des  prooèB»Terl»au  du  comité  des 

représentants, 

du  i7  août,  à  onze  heures. 

M.  Vauttrin  de  Sûat-Urbaia  est  venu  à  la  salle  du  oommitté 
pour  dire  qu'une  personne  desaconnoissance  luy  avoit  remis 
une  feuille  qu'il  a  exhibée  au  membre  du  committé  présent, 
énonçant  une  déelaratioa  d*affoclion  aux  Btate  généraux  et 
une  renonciation  &  tous  les  priyileges  quelconques,  dont  les 
souscrÎTans  font  le  sacrilloe  à  la  nation, 

Que  beaucoup  de  personnes,  môme  inconnues  à  Iny  Vaut* 
rin,  8*etoient  présentées  chés  luy  disant  y  être  envoyées  pour 
signer  une  feuille, 

Que  apprenant  qu'il  se  formoit  des  factions,  il  en  concevoit 
de  rinquiétude,  et  alloit  en  faire  le  rapport  à  M.  le  comman- 
dant de  la  piovince, 

Qu'il  ne  pouvoit  se  dessaisir  de  la  feuille  luy  étant  roM(lée. 
et  qu'il  dédiroit  revenir  à  l'heure  à  laquelle  le  plein  comniitlé 
sera  assemblé  pour  luy  réitérer  les  mômes  ouvertures,  d'au- 
tant plus  qu'il  circuloit  des  feuilles  plus  nuisibles  que  la 
sienne  *. 


XXXV. 

Déclaration  de  M.  de  Dietrich  aux  éohevins 

i7  août  €789, 

Messieurs, 

La  révolution  qui  vient  de  8*opérer  dans  notre  ville,  sera 

'  Muus  donauns  cel  extrait  des  procè»- verbaux  du  coiaité  des  repré- 
sentanU  pour  que  Ton  paisie  m  faire  une  idée  des  contrastes  d'opinion 
qui  régnaient  alors  forcément  à  StrasboarK.  Il  est  assez  bizarre  de  voir 

uti  personnape  titré,  d'ailleurs  inconnu,  se  rendre  chez  Ips  rnprôsi^ntanl<; 
du  Tiers-Etal  de  la  roniinurie  pour  dénoncer  comme  tiuisibles  les  adhé- 
sions au  Vole  du  4  août,  et  cela  le  Jour  iiièiue  ou  les  administrateurs 
nonveaax  de  la  cité  s'installaient  au  pouvoir,  que  ce  vote  leur  procurait 
en  bonne  partie. 


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{^époque  mémorable  da  retour  de  la  confiance  qoi  doit  onir 
les  dtoleiis  d'one  même  comniiiM.  Cette  anguete  assemblde 
vient  de  recevoir  le  vcra  libre  de  leurs  condtoiens  pour  être 
leurs  representanta  ;  voua  connaiaaeE  mieux  que  moi  Tobli- 
gation  que  ce  tomoignage  de  confiance  voue  a  fait  contracter. 

Le  premier  usage  que  vous  avez  fiiit  de  vos  pouvoirs,  a 
été  de  nommer  vos  jugea;  ils  sont  de  votre  choix,  ils  ne  doi- 
vent  plus  avoir  qu*nii  même  esprit  avec  vous,  un  même  but, 
celui  de  la  chose  publique,  et  tous  rios  vœux  doivent  tendre 
à  réunir  nos  efforts,  afin  de  eoiisoliJer  le  retour  de  la  tran- 
quilité  qui  doit  résulter  de  cette  régénération.  Quelle  force 
il  va  naître  de  retle  union  !  Nous  ne  craindrons  plus  les 
esprits  mal  intentionnés  qui  voudraient  par  de  fausses  insi- 
nuations fomenter  la  discorde,  la  meâance  et  le  vertige  des 
mesures  violentes. 

Que  ces  jours  de  troubles  se  perdent  de  notre  mémoire  et 
montrons  à  Tunivers  qu'aux  jours  allannans  da  desordre 
peuvent  succéder  des  jours  sereins,  un  ordre  de  chose  qui 
assurent  le  repos  de  la  génération  présente  et  le  bonheur  de 
la  génération  future  et  qu*avec  des  citoyens  bten  intentionnés, 
animés  du  bien  public,  les  motens  qui  mènent  an  bten  sont 
à  coté  des  voies  du  malheur,  et  que  de  bons  cytdens  ne 
sauraient  les  confondre. 

Oui  MM.,  je  le  crois,  f  ose  rassurer  au  nom  du  sénat  qui 
vient  d'obtenir  votre  confiaoce,  et  ne  crains  pas  d*etre  desa- 
voué, ce  jour  sera  pour  luy  et  sans  doute  pour  tous  nos 
cytuiens  l'époque  de  l'union  U  plus  consolante  et  l'assemblée 
de  ce  jour  mettra  le  sceau  aux  sentiments  qui  doivent  nous 
unir.  Nous  ne  pouvons  mieux  y  parvenir  pour  consolider 
cette  union  qu'en  vous  priant  de  nommer  respectivement 
dans  vos  collèges  d'echevins,  deux  membres  pour  travailler 
conjointement  avec  votre  sénat  à  ce  qui  peut  intéresser  le 
bonheur  de  notre  patrie;  que  les  mesures  concertées  par  eux 
aotent  portées  aox  pteds  du  trône,  afin  d'y  recevoir  la  sanction  ; 


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an 


la  nation  ne  peut  s'oppoaer  à  notre  yœa  dès  que  noui  ne 
demandons  point  de  privilèges,  point  d'ezceptiong  qai  puisse 
blesser  on  contrarier  Tinteret  gênerai,  et  qn'en  offrant  de 
contribuer  anx  besoins  de  l'Etat  en  proportion  égale  afec  le 
reste  du  rofanroe,  nons  ne  réserrerons  de  notre  constitution 
locale  que  des  formes  indifférentes  à  la  nation,  très  ooneîlîa- 
bles  a?ec  notre  onion  arec  elle,  mais  essentielles  à  nos  liai- 
sons d'industrie  au  dehora,  et  que  noos  ne  poofons  pas 
sacrifier  sans  ttàn  tort  en  même  tems  à  Tinteret  national, 
en  raison  que  le  notre  se  trouve  confondu  avec  oe  dernier. 
Ce  jour  mérite  d'être  marqué  dans  la  postérité,  et  j'ai  l'hon- 
neur de  vous  proposer  MM.,  que  tous  les  ans,  à  pareil  jour, 
i4  Aoust,  tous  MM.  les  échevins  se  réuniront  pour  en  renou- 
veiler  le  souvenir.  Les  motioïis  qui  pourront  y  être  faites 
seront  dictées  par  Tesprit  de  patriotisme  qui  doit  nous  ani- 
mer tous. 

Recevez,  MM.,  les  témoignages  de  ma  vive  sensibilité  de  la 
marque  de  confiance  que  je  viens  de  recevoir  de  mes  conci- 
*toiens;  ce  jour  ne  s*effacera  jamais  de  ma  mémoire^  il  est  le 
plus  beau  de  ma  vie,  elle  sera  toute  emploié  à  oonsacrer  ma 
reconnaissance  et  mon  devonement  an  bonbeur  et  à  la  satis- 
fiiction  de  mes  eoncitoîens  ^ 


'  ItniiK'diatement  après  les  ôleclions  da  13  et  du  14  août,  les  trois 
cents  échevins  nouvellement  désignés  par  les  suffrages  popalaires  s'é- 
taient réuiiis  pour  noiumer  le  nouveau  Magistrat  intérimaire,  qui  devait 
diriger  les  albires  jusqu'au  règlemant  définitif  de  la  ConititntifMi  mmùr 
dpale.  Il  Ait  composé  de  vingt  assasseus  du  Tiers-Etat  et  de  dix  asses- 
seurs nobles,  tons  choisis  parmi  les  échevins.  Les  membres  dunonvean 
magistrat  désignèrent  à  leur  tour  l'ex-amniiMstro  Poirot,  très  populaire 
alors,  comme  ammeistre  ré^^nant  Ces  préilmiuaires  achevés,  M.  de  Die- 
Irieh  réonit  tous  les  nouveaux,  élus  à  la  Tribu  du  Miroir  pour  y  pronon- 
cer la  harangue  que  nons  venons  de  transcrire.  Les  échevins  nommèrent 
dans  cette  séance  deux  commissions  de  quarante  membres  chacune,  la 
première  putir  seconder  lo  magistrat  dans  l'organisation  intérieure,  la 
seconde  pour  rédiger  la  décUration  de  la  Commune  à  i'Assemiilée  natio- 


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L'ALSAOB  pendant  la.  UCVOLUnON  PRiLNÇAmi 


888 


XXXVI. 

Déclaration 

dtt  i^fidtn  êt  êoUatê  du  régknmU  iFarliUeri»  dêSkratdourg. 

Slrasbourg  le  18  Août  1789. 

L'ancmyine  qai  a  oaé  faire  écrire  et  publier  des  lettres 
eontrairea  ao  bon  ordre  et  à  la  discipline  militaire,  signées  : 
les  ArfiOmrs  du  M^ginmi  d&  Sêrùtboutgt  est  un  fiiossaire,  un 
homme  sans  honneur  et  un  coquin.  Ses  noirs  complots  de- 
meureront sans  effet.  Les  canoniers  du  régiment  de  Stras- 
bourg résolus  de  virre  en  bonne  intelligence  sTec  tous  les 
brates  régimens  composant  la  garnison  de  Strasbourg,  dé- 
mentent hautement  ses  imputations,  et  sMls  peurent  décou- 
vrir l'homme  séditieux  qui  a  cherché  à  compromettre  leur 
honneur,  ils  le  dénonceront  sans  tarder  à  la  justice  pour  être 
livre  au  suplice  (]u'il  mérite,  et  ils  engagent  tous  leurs  cama- 
rades de  la  garnison  à  arrt^ter  quiconque  leur  rtmettroit  de 
leur  part  de  semblables  écrits. 

Le  marquis  de  Puyséqur  au  nom  et  répon- 
dant avec  les  ofiiciers  de  son  régiment 
pour  tous  les  canoniers  du  régiment  de 
Strasbourg. 


ntle,  portant  renonciation  h  se<  droits,  tont  en  essayant  de  sanvej^arder 
ce  qu'il  serait  possible  d  arracher  ;\  la  rigidité  sy.sténialiijue  des  législa- 
latuurs  de  Versaiiltis  Keiuarquoas  en  pas&ant  que  SU-obel,  dans  son 
BiHoin  ^AWace  (on  ploldt  son  continiiatoor  Ëngelhardt},  met  par  erreur 
tout  ee  diawvt  de  M.  de  Oietrieli  dut  labowhe  de  reauneiitrePoIroL 


REVUE  D  ALSACK 


xxxvn. 

Liettre  de  M.  le  comte  de  la  Tour  du  Pin  à  M.  le 

Baron  de  Dietrich, 

datée  de  VersaiUee,  le  18  aotU  et  lue  dans  l  auemblée  dee  éche- 

vins  k2i  août  1789, 

J'iai  mis,  monsieur,  sous  les  yeux  du  Roi  la  lettre  par  la- 
quelle vous  m'avez  fait  part  des  motifs  qui  ont  porté  M"  du 
ma^trat  de  Strasbourg  è  se  réunir  pour  donner  d'un  com- 
roao  accord  la  démission  de  leurs  places.  Ce  sacrifice  d'autani 
plus  généreux,  qu'ils  n'y  ont  mis  aucune  condition,  a  reçu 
les  plus  grands  éloges  de  la  part  de  Sa  Majesté,  qui  vous 
charge  de  leur  témoigner  combien  elle  est  satisfSiite  de  leur 
conduite.  Elle  pense  quil  est  juste  qu*on  assure  sur  la  caisse 
patrimoniale,  à  chacun  de  ceux  d*entre  eux  qui  ne  seront 
pas  compris  dans  Téteetion  qu'on  va  (idre  de  nouveaux  magis- 
trats, une  pension  qui  les  mette  en  état  de  subsister  honnê- 
tement. Elle  est  persuadée  que  ces  nouveaux  magistrats 
feront  à  cet  égard  tout  ce  que  l'équité  exigera  et  elle  vous 
invile  à  le  leur  dire  de  ya  part. 

La  confiance  que  vous  avez  inspirée  à  la  bourgeoisie  et  au 
magistrat,  est  le  prix  le  plus  flatteur  du  patriotisme  et  des 
soins  par  lesquels  tous  l'avez  méritée.  On  ne  pouvait  se  mieux 
conduire  que  vous  Taves  fait.  Je  ne  Tai  point  laissé  ignorer  à 
Sa  Majesté,  et  elle  tous  sait  infiniment  de  gré  de  votre  sèle. 

J*ai  l*honuettr  d'être,  etc.* 


*  Ce  n'est  pu  r<Nrigiiial  de  la  lettre  ministérielle  qae  nous  avons  re- 
trouve aax  archives,  mais  une  copie  certifiée  conforme  par  le  iMuroa  de 
Dietrich  loi-môme. 


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L  Ai^SACB  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE  3BÛ 

xxxvra. 

Lettre  des  représentants  de  la  bourgeoisie 
aux  défuMi  dê  Sùragàmtrg. 
IfesBicnrB, 

Une  partie  de  la  commune  do  cette  ville  a  déjà  exprimé 
dans  Tun  des  articles  du  caliier  de  doléances  qui  vous  a  été 
conQé  pour  les  Etats  généraux  le  vœu  qu'elle  formoit  pour 
la  suppression  delà  place  de  préteur  royal,  devenue  onéreuse 
à  cette  ville.  Ce  vœu  s'est  reproduit  avec  une  nouvelle  force 
à  roccasion  de  la  régénération  qui  vient  d'avoir  lien  des 
représentans  libres  de  cette  commune  et  du  corps  d*adminis- 
kration  qu'elle  vient  de  se  donner;  les  considérations  qui  dins 
Torigine  ont  pu  motiver  li  erésUon  de  la  dite  place  ont  cessé 
depuis  longtems,  et  les  preuves  de  fidélité  et  de  dévouaient 
au  service  de  TEtat  et  à  ses  souverains  que  la  ville  a  donné 
depuis  un  siècle,  lui  font  espérer  que  ce  n*est  pas  au  moins 
à  titre  de  surveillance  sur  les  intentions  des  baUtansde  cette 
ville  qu'il  peut  être  jugé  nécessaire  de  continuer  les  fonctions 
dont  les  prêteurs  royaux  ont  été  revêtus.  On  a  pensé  que 
tout  ce  que  celte  place  pnuvoit  avoir  d'utile  pour  le  bien  de 
la  ville  môme  pouvoit  se  concilier  avec  les  principes  de 
conliauce  qui  doivent  exister  entre  la  commune   et  ses 
administrateurs  en  donnant  à  cette  administration  un  chef 
du  choix  libre  de  la  commune,  et  en  remplaçant  le  prêteur 
royal,  homme  du  Roy^par  un  maire  électif  placé  à  la  tète  de 
radminiskration  de  même  que  M.  Tameistreregent  est  préposé 
à  la  justice.  Ce  changement  permettroit  une  cBconomie  consi- 
dérable sur  les  emolumens  de  la  première  place;  ce  seroit 
d*allleni8  se  reprocher  de  Tusage  des  grandes  communes  de 
France,  et  flMiliter  le  lien  qui  doit  dorénavant  nous  unir  avec 
ces  dernières. 

Différentes  motions  se  sont  élevées  en  flivenr  de  ee  nouvel 

ordre  de  choses  et  il  a  été  présenté  comme  devant  servir  de 

RomUs  Séito  "  f  Aimét.  25 


986 


oomplemeot  à  Ja  régénération  da  noovean  corps  municipal, 
et  pouTaot  seul  coneolider  la  confiance  que  ce  corpe  a  lieu 
d*attendre  de  la  part  de  la  commune. 

Le  comité  chargé  de  prendre  ces  motions  en  considération 
s'est  réuni  à  la  proposition  d'un  maire  électif  pour  six  ans, 
sauf  à  pouvoir  être  prorogé  à  cette  époque  par  une  nouvelle 
élection;  il  a  proposé  ralternative  des  deux  religions  dans  les 
cas  d'élection  nouvelle,  et  indiqué  provisoirement  les  bases 
d'après  lesquelles  pourroienl  être  déterminées  les  fonctions 
de  ce  chef  de  la  municipalité.  Nous  avons  l'honneur  de  vous 
adresser  ci  joint  copie  du  rapport  que  ce  comité  a  Ait  à  ce 
sujet  à  la  commune. 

Gelle-d  vient  de  constater  par  un  arrêté  formel  pris  à  la 
grande  majorité  des  yoiz,  le  tobu  qu'elle  forme  pour  la  sup- 
pression de  la  place  de  prêteur  royal,  pour  lui  être  substitué 
sous  le  nom  de  msire  de  cette  yiUe  un  chef  d'administration 
électif  pour  six  ans,  etTsssemblée  se  seroit  déterminé  à  don- 
ner aussitôt  suite  à  ce  dernier  tobu  pour  Telection  du  maire 
d  par  respect  pour  l'autorité  royale,  et  par  on  sentîment  de 
conOance  dans  les  principes  de  l'assemblée  nationale,  elle 
n'avoit  jugé  convenable  de  rendre  compte  à  l'une  et  l'autre 
de  ses  intentions  à  cet  égard.  Ces  inteiitions  ont  pour  objet  le 
plus  grand  bien  de  la  chose  publique:  la  commune  espère 
qu'elles  sont  de  nature  à  être  accueillies  et  par  l'autorité 
royale  et  par  la  nation. 

Aucune  considération  fondée  ne  parait  devoir  s'y  opposer 
et  le  ministère  seroit  peut  être  d'autant  plus  disposé  à  se 
prêter  au  vœu  de  la  commune,  si,  comme  il  est  probable,  la 
confiance  de  cette  dernière  doToit  se  reunir  sur  une  personne 
dcja  honorée  de  celle  du  gouTemement 

n  a  été  arrêté  en  conséquence,  messieurs,  qu'il  tous  serait 
Mi  part  aussitôt  de  la  circonstance,  tous  priant  de  fiure  an 
nom  de  la  Commune  les  demandes  que  tous  jugerésles  plus 
convenables  et  les  plus  propres  à  nous  assunr  le  plutôt  poa- 


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L'ALSACE  FBMDANT  LA  BtYOLimOM  FRAMÇAIHI  387 


sible  des  dispositions  de  la  nation  et  du  ministère,  en  faveur 
du  rapport  de  i'edit  de  création  de  la  place  de  préteur  royal 
du  mois  de  mars  I680,  de  la  suppression  de  cette  place,  et 
de  la  faculté  que  nous  desirons  avoir  desupléer  par  le  choix 
d'un  maire  électif  à  celle  des  fonctions  d'un  prêteur  royal 
qull  peut  être  intéressant  de  eoosenrer. 

Vous  devés  être  bien  persuadés,  messieurs,  de  la  confiance 
que  nous  mettons  en  votre  aele  et  en  TOtre  prudence  ;  noua 
TOUS  prions  d'employer  Tnn  etTautre  au  sucés  de  la  demande 
ci  dessus,  dont  yous  êtes  bien  à  même  d*aprécier  l'intérêt  et 
rimportance. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc.,  etc. 


XXXIX. 

Discours  tenu  à  M.  de  Klinglin  et  aux  chefs 

de  corps 

par  iea  députés  du  MagistrcU  et  des  échevim  k  29  août  il 89. 

Depuis  l'orifïine  des  troubles,  qui  onk  mis  la  désolation 
dans  notre  ville,  le  magistrat  a  saisi  avec  empressement  tous 
les  moyens,  qui  étoient  en  son  pouvoir  pour  les  apaiser.  Le 
haut  prix  des  denrées  de  première  nécessité,  commun  à  toutes 
les  villes  de  la  province  et  même  à  tout  le  royaume,  devait 
naturellement  fixer  son  attention  et  rengager  à  aviser  aux 
moyens  les  plus  elBcaoes  pour  le  fiiire  baisser;  en  conséquence 
une  des  premières  opérations  du  magistrat  étdt  d'exposer 
sur  le  marché  une  quantité  trèsconsidérBble  de  grains  enma- 
gasinés  aux  greniers  publics  soumiB  à  sa  direction,  en  les 
vendant  et  les  distribuant  parmi  les  boulangers  de  la  ville  à 
raison  de  49  livres  le  sac;  c'est  par  ce  moyen  que  le  magis- 
trat crut  pouvoir  maintenir  la  concurrence  ainsi  que  le  bas 
prix  des  grains  provenants  de  l'étranger;  au  surplus  le  ma- 
gistrat lixa  le  prix  d'une  miche  de  pain  de  6  livres  pesant  à 


8BB 


BBTint  D'ALfiACB 


IS  sols  au  lieu  de  14,  qu'il  eoafoit  tnpaniTtDt;  ee  nonmu 
taux  étant  Benlement  relatif  aa  prix  de  19  liTrea  par  sac  de 
grains  distribués  et  vendus  par  la  ville,  le  magistrat  assura 

sus  aux  boulangers  une  indemnisation  pour  chaque  sac 
qu*il  auroit  acheté  de  Tétranger  et  payé  audelà  des  19 
livres;  cette  indemnisation  deroit  se  déterminer  d'après  le 
prix  moyen  résultant  de  la  combinaison  dudil  prix  de  19  livres 
au  plus  haut  prix  de  ce  que  kî^  grains  venant  de  Tétranger 
auront  (  té  vendus  sur  le  marché.  Le  magistrat  crut  devoir 
faire  ce  double  sacrilice  dans  l'attente  de  voir  bientôt  baisser 
le  prix  des  grains  étrangers;  malheureusement  il  se  voit 
frustré  dans  son  espérance  ;  le  prix  des  grains  ayant  haussé 
pendant  deux  marchés  jusqu'à  26,  27  et  môme  à  80  livres; 
les  boulangers  demandent  à  grands  cris»  soit  un  haussement 
du  taux  du  pain  d'après  le  prix  moyen  aetuel  des  grains,  soit 
une  indemnisation  à  raison  de  4  livres  pour  chaque  sae  acheté 
sur  le  marché  audelà  du  prix  de  19  livres;  ce  qui  ne  laisse- 
loit  point,  on  de  porter  le  taux  du  pain  jusqu'à  15  sols  ta 
miche,  on  bien  de  mettre  à  contributiofi  la  caisse  patrimoniale 
qui  à  la  suite  d'une  Infinité  d'autres  sacrifices  qu'elle  a  été 
obligée  de  faire  dans  ces  conjectures  ne  pourroit  absolument 
plus  supporter  la  continuation  de  celte  charge  extraordinaire. 

C'est  dans  ces  circonstances  que  le  magistrat  crut  devoir 
concilier  les  règles  de  la  prudence  d'avec  celles  dictées  par 
les  besoins  publics  et  ceux  de  la  caisse  de  la  ville. 

En  conséquence  MM.  les  trois  cents  echevins  et  le  sénat 
assemblés  au  jour  d'hier  ont  arrêté  qu'on  bausseroit  le  taux 
du  pain  dans  ce  moment  cy  d'un  sol  seulement,  c'est  à  dire 
qu'on  mettKût  la  miche  de  pain  de  6  livres  pesant  de  douze  à 
Ireiie  sols,  et  qu'on  payerolt  au  boutanger  jusqu'au  premier 
marché  pour  chaque  sae  de  grains  qu'il  aura  adieté  à  un  prix 
audelà  de  19  livres  une  indemnisation  de  40  sote  par  sac, 
sauf  à  porter  le  taux  du  pain  à  la  suite  des  marchés  Ihturs 
au  prix  moyandu  oont  des  grsiaa  da  chicun  desdita  marchés, 


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L'ALSACK  PSNDAMT  LA.  BÉVOLUTIOM  FRANÇAISE  988 

après  avoir  inatniit  le  public  par  tin  imprimé  des  motffli  qui 

mettent  MM.  les  800  echevins  et  le  sénat  dans  la  nécessité 
de  hausser  le  taux  du  pain,  et  de  le  mettre  de  niveau  et  en 
proportion  aux  prix  et  au  taux  des  grains  et  du  pain  d'après 
le  tarif  des  villes  voisines,  qui  est  généralement  à  15  et  16 
sols,  quoique  les  mélanges  des  grains  doot  ou  Mi  ce  pain 
soit  de  qualité  inférieure. 

Le  magistrat  croit  devoir  avoir  Hionneor  de  prévenir  MM. 
les  ofâeiers  généraux  qai  commandent  pour  Sa  M^esté  en 
cette  ville,  et  MM.  les  cfaefe  de  corps,  avant  que  de  mettre  ce 
projet  en  exécution,  et  de  les  prier  de  vouloir  bien  se  péné- 
trer de  la  nécessité  et  de  la  justice  des  motife,  qui  le  portent  à 
se  prêter  à  une  démarche,  qui!  a  fait  jusqu'ici  l'impossible 
d'éviter  *. 


XL. 

Arrêté  de  racnemblée  générale  des  magistrats  et 
trois  cents  éobeylne  de  la  ville  de  Strasbourg, 

du$9aoùi  fI89, 

Sur  le  compte  rendu  à  rassemblée  générale  des  représen- 
tans  de  la  commune  par  le  comité  chargé  de  la  partie  des 
subsistances,  des  mesures  nécessitées  par  Taugmentation 
successive  du  prix  des  grains  et  des  bestiaux,  portant  que  le 
sacrifice  ikit  jusqu'à  présent  ^psr  la  caisse  de  la  commune 
pour  maintenir  le  prix  du  pain  et  de  la  viande  sur  le  pied 
auquel  on  avoit  cru  devoir  le  réduire  en  raison  des  circon- 
stances, devenoît  infiniment  onéreux  à  la  dite  caisse,  tant 

*  Celle  pièce  e^l  curieuse  surloul  par  les  dclails  qu'elle  donne  sur 
les  diflenllét  avee  lesquelles  lattait  le  magistrat  poor  tnbveDir  aux 
besoins  matériels  d'une  fonle  appaarrie  et  sarexeilée  à  la  fols.  Le  prix 
étofé  des  ciréales  causé  ptr  \.\  difficalté  des  arrivages  comliiné  avec  les 
taxes  an  rabais  impospos  aux  hiiulanpers,  cansaient  des  port''s  <'n(»rine8 
aux  liiiaiiri'-;  iiHinii  i(i,ili's,  rtmiiuc  il'.iilli'iirs  ilaii«^  la  France  t<mle  entière* 
Ou  en  Iruuvera  des  preuves  nouvelles  dans  la  pièce  suivante. 


m 


par  la  noDperceptioa  des  droits  auxquels  lesdits  objets  étoieot 
cydevant  assojetUs,  gue  par  les  sommes  considérables,  qu'in- 
dépeadamment  de  la  remise  desdite  droite  on  a  été  dans  le 
cas  de  payer  aux  boalaogers  et  bouchers  pour  les  indemniser 
da  bas  prix  anqael  ont  éto  taxées  les  dites  sobstetances,  et 
considérant  qae  les  étate  fonrnte  par  les  employés  an  trésor 
de  la  Tille.  jusUflant  que  depuis  le  24  Juillet  dernier  jusqu'au 
28  du  présent  mois  d'Août  il  a  été  payé  aux  boulangers  une 
somme  de  20,000  livres,  et  aux  bouchers  celle  de  10,000 
livres,  et  qu'en  y  ajoutant  les  sommes  auxquelles  seroient 
montés  le  produit  des  droits  d'octroi  et  d'accise  à  la  percep- 
tion desquels  la  commune  a  renoncé,  ensemble  les  sacrifices 
que  la  ville  et  les  fondations  qui  en  dépendent,  ont  faits  sur 
le  prix  de  plus  de  3000  sacs  de  grains,  iqu'elles  ont  vendus 
an  bas  prix  de  19  livres,  il  résulte  une  perte  réelle  de  plus 
de  60,000  livres,  sans  parler  des  sacrifices  de  mésoe  nature 
fiUte  par  les  chapitres  de  Udite  ville. 

Considérant  en  outre  que  la  présente  cherté  des  grains  el 
antres  subsistances  ne  provient  en  aucune  manière  d*une 
disette  de  denrées,  comme  Ton  a  cherché  à  le  peisuader  an 
public,  et  que  la  caisse  commune  est  hors  d*état  de  continuer 
plus  iongtems  un  sacrifice  aussi  considérable,  qui  d'ailleurs 
tourne  au  profit  de  personnes  qui  ne  partagent  point  les 
charges  que  supportent  nos  concitoyens. 

Que  nonobstant  l'acquit  des  dits  indemnités,  les  bouchers 
et  boulangers  ont  encore  perdu  considérablement  et  que  dans 
les  bourgs  et  villages  voisins  de  la  ville  les  denrées  sont  d'une 
qualité  inférieure  à  celles  qui  se  débitent  à  Strasbourg,  et 
leur  prix  plus  haut,  quoique  les  débitans  de  ces  deorées 
n'aient  pas  les  mêmes  charges  à  supporter;  que  notamment 
ta  taxe  d'nn  pain  du  poids  de  six  livres  s^éleve  dans  les 
endroito  droonvoisins  de  15  à  17  sols,  ce  qui  occasionne 
d'une  part  une  très  grande  exportation  et  engage  d*un  antre 
cdte  cenx  des  habitans  qui  ont  des  approvisionnemens  de 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  BtVOLUTION  FBAMÇAIBB 


301 


grains  et  de  fitrine  à  les  rwerver  et  à  ee  ponmir  de  pain 
ches  les  bonlangera. 
Considérant  enfin  qnll  est  de  la  pins  grande  importance 

de  rapprocher  la  laxe  de  cea  denrées  de  leur  prix  moyen 
effectif;  l'assemblée  a  arrêté  qu'à  compter  du  81  ce  mois  le 
prix  de  la  miche  de  pain  bis,  formée  d'un  tiers  de  seigle  et 
deux  tiers  de  froment,  et  pesant  6  livres  sera  portée  à  iS 
sols,  et  que  le  pain  blanc  suivra  la  même  proportion  ;  que 
cette  augmentation  de  la  taxe  n'étant  pas  sufQsante  pour 
établir  la  proportion  avec  le  prix  moyen  auquel  les  grains 
ont  été  vendus  an  dernier  marché,  la  caisse  publique  payera 
anx  boalangers  pour  le  courant  de  la  semaine  nne  indemnité 
de  40  sols  par  eac  de  grains  qu'ils  auront  acbeté  en  sus  de 
ceux  qui  leur  ont  été  distribués  au  prix  de  19  livres. 

Arrdté  en  outre,  qu*à  dater  dudit  jour  il  sera  déilMidn  aux 
boulangers  de  cuire  et  mettre  en  rente  des  gâteaux,  pains  au 
lait  et  autres  pâtes  de  ce  genre  jusqu'à  ce  qu'il  en  soit  autre- 
ment ordonné. 

Quant  à  la  viande  de  bouchetie,  l'assemblée  persistant  dans 
la  renonciation  faite  à  toute  perception  de  droits  sur  cette 
denrée,  a  reçu  avec  plaisir  la  soumission  à  elle  faite  par  les 
bouchers  de  vouloir,  par  zèle  pour  le  bien  public,  se  contenter 
du  prix  le  plus  modique,  auquel  il?  puissent  donner  leur 
marchandise,  sans  continuer  à  percevoir  d  indemnité,  a  en 
conséquence  fixé  à  compter  dudit  jour,  81  Auut,  les  prix  cy 
après,  savoir  : 

La  Hm  franc  boraf  à  raison  de  O'.G'*^ 

vache  et  taureau  à  5 . 10 

vache  de  moindre  qualité  à  . . .  5. S 

franc  mouton  à  6. — 

porc  avec  son  lard  à  6. — 

Tcau  (sans  taxe). 
Ainsi  délibéré  et  arrêté  en  la  dite  assemblée,  le  89  août 
1789. 

Par  ordonnance, 

Signé  :  IIbtz. 


8B8 


XLL 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg^ 
oîtx  représentants  de  ia  bourgeoisie. 

Meflflîeurs, 

Nous  aroDS  rocti  les  dei»  projets  de  déclaratk»  à  ftiie  à 
rAssemblée  Datioaale  que  tous  nous  aves  bât  numoeiir  de 
Dons  adresser. 

Noos  ne  pouvons  tous  dissimuler  combien  nous  nous 
sommes  trouvés  embarrassés  du  dhoix  que  tous  aves  abas- 
donné  à  notre  diserétion.  Cet  embarrss  es!  eneora  augmenté 

par  la  différence  de  nos  opinions,  i*un  penchant  à  adopter 
celle  par  laquelle  vous  vous  réservez  formellement  la  justice 
criminelle  et  demandez  une  attribution  égale  à  celle  qui  sera 
accordée  aux  présidiaux,  Tautre  désirant  présenter  celle  qui 
remet  avec  confiance  ses  intérêts  entre  les  mains  des  repré- 
sentants, espérant  la  conservation  des  parties  de  régime  local 
qui  seront  reconnues  indispensables  au  bien-être  de  cette  ville 
et  à  ses  relations  de  commerce  et  d'industrie. 

Le  motif  de  celui  de  nous  qui  préOre  la  preaDdère  décla- 
ration est  qu'il  est  intéressant  de  défendre  des  droits  aussi 
prédeux  ibndés  sur  des  titres  publics  et  sacrés  et  d*énontier 
le  vcMi  positif  de  les  conserver. 

L^antre  fonde  son  avis  sur  ce  que  le  second  projet  étant 
plus  général,  est  plus  insignifiant  et  présente  par  conséquent 
les  mêmes  moyens  de  défendre  tous  les  droits  qui  pourront 
s'allier  raisonnablement  avec  l'ordre  qui  sera  établi  et  évite 
rinconvénient  de  heurter  de  front  des  principes  adoptés  par 
l'assemblée. 

Nous  vous  prions,  messieurs,  de  nous  manifester  plus  posi- 
tivement votre  volonté  et  de  nous  faire  connoître  celle  des 
deux  déclarations  qu'il  est  dans  votre  intention  que  nous 
présentions.  Vous  deves  juger  qu'il  nous  Importe  d'avoir  à 


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L'ALSAGE  PKNOAKT  Ul  BftVOLDTION  F&AMÇAISB  ttft 


cet  égird  des  oidras  Ibnnelf  et  toUe  qae  soit  fotre  létolntioii 
finale  nous  noos  léoniroos  de  sèle  et  dlntéiet  poar  la  Mre 
▼akilr  et  en  snim  les  détails. 

MonsîeQr  Necker,  dont  la  santé  a  été  altérée,  a  écrit  an 
président  de  l'Assemblée  qu'il  avoit  espéré  pouvoir  s'y  rendre 
pour  lui  communiquer  des  vues  et  un  projet  dont  les  circon- 
stances rendent  l'exécution  urgente,  mais  qu'il  avoit  trop 
présumé  de  ses  forces  et  quMI  lui  adressoit  un  mémoire,  qu'il 
espéroit  qu'elle  preodroit  en  considération. 

Ce  mémoire  a  été  lu.  Le  ministre  rend  compte  que  la 
confiance  publique  n'est  point  rétablie,  que  les  effets  conti- 
nuent à  perdre  beaucoup,  que  le  dernier  emprunt  de  80 
millions  décrété  par  TAssemblée  n*a  produit  qne  9,600,000 
lima  et  quelques  souscriptions  peu  considérables;  quil 
attribuait  le  défont  de  confiance  à  diflérentes  causes. 

La  prondère  qne  les  intérêts  nVoient  étéfiiés  qu'à  quatre 
et  demi  pour  cent  et  que  le  terme  du  remboursement  n*aT0it 
pas  été  déterminé  ; 

La  seconde  que  les  créanciers  de  l'Etat  n'étoient  pas  ras- 
surés sur  la  crainte  d'éprouver  des  retenues  et  réductions  sur 
les  intérêts  des  capitaux  qu'ils  ont  ci-devant  confiés  au  gou- 
vernement ; 

La  troisième  que  le  pouvoir  exécutif  n'avoit  encore  récu- 
péré le  ressort  nécessaire  pour  assurer  la  levée  des  impôts; 

Qu'enfin  la  Constitution  n'étant  point  encore  établie  et  un 
ordre  constant  n'étant  point  encore  déterminé,  la  méfiance  et 
la  crainte  subsistdent 

Il  a  proposé  en  conséquence  de  décréter  on  antre  emprunt 
de  80  millions  à  5  pour  cent  et  remboursable  en  dix  années 
à  raison  d'un  dixième  par  année.  Deuxièmement  de  rassurer 
les  créanciers  de  TBtat  sur  la  crainte  de  retenues  on  réduc- 
tions. Troisièmement  de  Oxer  à  six  sols  le  prix  du  sel  dans 
les  pays  de  grandes  el  petites  gabelles,  alln  de  conserver  au 
moins  un  produit  sur  le  débit  de  cette  denrée  que  dans  plu* 


fliears  proyinces  onavoit  rendu  marchand;  enfin  de  s'occoper 
essentiellement  des  différentes  parties  de  Gnance. 

L'Assemblée  •  déclaré  l'emprunt  de  80  millions  fermé,  a 
décrété  Temprant  proposé  par  le  ministre  des  finances  et  a 
renvoyé  an  ponv<rir  exécutif  à  en  déterminer  le  mode,  en 
arrêtant  que  les  fonds  afancés  pour  Temprunt  de  80  millions 
seront  rendus  aux  préteurs  et  a  été  décréta  de  plus  qu'en 
confirmant  et  renourellant  les  dispositions  des  arrêtés  du  S7 
Juin  et  48  Juillet,  qui  met  les  créanciers  de  l'Etat  sous  la 
sauve-ganh;  de  l'honneur  et  de  la  loyauté  française,  elle  déclare 
qu'il  ne  pourra  èlre  fait  dans  aucun  cas  aucune  nouvelle 
retenue  ou  déduction  sur  aucune  partie  de  la  dette  de  l'Etat. 

Enfin  nous  avons  commencé  ce  matin  la  Gonstitulion,  après 
avoir  terminé  la  déclaration  des  droits.  Cette  séance  a  été 
ibrt  intéressante  Qt  celle  de  demain  le  sera  encore  davantage, 
puisqu'il  s'agira  de  déterminer  la  sanction  royale  ou  son  con- 
cours par  la  loi.  Receres  les  nouvelles  assurances  de  notre 
dévouement  à  l'intérêt  de  la  chose  publique,  et  du  respect 
avec  lequel  nous  avons  Thonneur  d'être,  etc. 

TuRKHEDi,  ScHWxznyr. 

Nous  vous  prions  de  vous  rappeler  la  demande  que  nous 
vous  avons  faite  de  nous  faire  connottre  toutes  les  charges 
au  profit  du  gouvernement  que  supporte  la  ville. 

RoD.  Russ. 

(Im  suite  au  prochain  numéro.) 


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LE  COMTÉ 

DB 

U  PETITE  PlErjlE  (Ll'TZELSTElN) 

sous  LA  DOHXHATXON 

DE  LA  MAISON  PALATIN£ 

SuUe 


CHAPITRE  n 

Le  comté  de  Lîitzelstein  sous  les  princes  palatins 
de  la  branche  électorale 

Pour  consolider  sa  conquête  on  platôt  son  uHurpatioa,  qu'il 
eonTiit  do  roile  d'une  préteudoe  félonie,  le  palatin  Frédéric, 

qu'on  H  surnommé  le  Vktorietêx,  se  hi\la  de  conclure  un  traité 
d'alliance  avec  René,  rui  tk'  Sicile,  et  son  fils  Jean,  à  qui  son 
père  venait  de  céder  le  din  lié  de  Lorraine.  Ce  traité  fut  signé 
le  mercredi  après  Quasimodo  1458. 

Le  palatin  Frédéric  encouragea  ses  nouveaux  sujets  du 
comté  de  Lûtzelstein  de  toute  manière;  il  embellit  la  petite 
ville  qui  en  était  le  cbef-lieu  et  en  augmenta  les  fortifications  ; 
il  y  fixa  la  résidence  de  l'unterlandvogt  et  investît,  en  1468, 
de  cette  charge  le  rhingrave  Jean  IV.  Il  lui  assura  un  traite- 
mant  de  deux  cents  florins  avec  des  rivres  en  nature  pour 
sa  SQStentation  et  Ini  imposa  Tobligation  d*halHter  LUIzelstein 
et  de  ne  se  rendre  à  Haguenan,  siège  de  la  Landvngtei,  que 
pour  les  aihires  les  plus  urgentes.  U  rétablit  les  chemins  et 


m 


la  iftralé  pobliqufi,  enrçiit  to  pfoteetmrtt  mu  le  pnanié  de 
Saiat-Qairin,  qai  apptrtenaU  à  Teblieie  de  Marmoutier  et 
eolretenait  des  rehtioiui  de  bon  voidiiage  et  d'amitié  a^ec  eoo 
eoQflio  Robert  de  BaTière,  comte  pelatîa  do  Rhin,  érêqne  de 
Struboorg  ;  il  fit  ayec  ce  prélat»  en  ié65,  nn  traité  d'allianee, 
qui,  en  reseerrant  leo  liens  de  leur  amitié,  appelait  leurs  sujets 
à  cimenter  par  des  liens  nouveaux  les  rapports  de  bienreil- 
lance  et  d'iutérèt  qui  avaient  en  tout  temps  existé  entre 
eux. 

En  1471,  lors  de  la  liille  sanglante  que  Frédéric-le- Victo- 
rieux eut  à  soutenir  contre  le  comte  palatin  Louis-le-Noir, 
duc  de  Deux-Ponts,  comte  de  Veldenz,  que  l'empereur  Fré- 
déric lU  avait  nommé  landvogt  d'Alsace,  Tevéque  Robert  fit 
on  nonTeaa  traité  a?ec  les  officiers  du  palatin  Frédéric,  aux 
termes  duquel  il  promit  de  ne  pas  désoler  ni  molester  ses 
noufeaux  sujets  du  comté  de  Lûtnistein,  à  Taide  des  deux 
châteaux  de  Greifenstein,  situés  à  Touest  de  Sa? eme. 

Frédéric-le-Victorieux,  à  la  même  époque,  protesta  partout 
contre  la  spoliation  que  Tempereur  Toulait  lui  Ikire  subir  et 
surtout  contre  la  nomination  de  son  ennemi  personnel  Louis- 
le-Noir  aux  fonctions  de  landvogt  et  de  généralissime  des 
troupes  de  l'empire. 

A  la  mort  de  Frédéric-le-Victorieux,  arrivée  en  1476,  la 
lutte  continua  entre  son  neveu  et  successeur,  Pliilippe-rin- 
génu.  et  le  chef  de  l'empire.  Ce  ne  fut  que  dix  ans  après  son 
ayénement  (i486)  que  le  palatin  Philippe  parvint  à  conclure 
la  paix  et  à  .se  faire  reconnaître  comme  landvogt  d'Alsace. 
L'empereur  écrivit,  en  1486,  aux  villes  impériales  de  la  Déca- 
pols  qu'elles  eussent  à  reconnaître  l'électour  Philippe  pour 
landvogt. 

Ge  prince  avait  conléré,  au  mois  de  Juin  1481,  les  fonctions 
de  bailli  du  comté  de  L&tzelslein  au  comte  Henri  II  de  Deux- 
Ponts*Bitche  et  l'avait  nommé  en  même  temps  goufemeur 
dn  ebiteau. 


s 


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LE  COUTÊ  DB  LA  PfiTITB-PIERRB 


Wl 


Lt  tâche  que  r^tocteiir  PUKppe  a? aU  imposée  à  son  baiUi 
en  lliMtitaaiit,  était  de  ne  prendre  à  son  aernee,  pour  «m* 
eierges  et  gardes  aux  tours  et  aux  portes  dn  ebâtean,  que 

des  soldoyeurs  pieux  et  honnêtes  et  de  veiller  à  ce  qu'ils 
remplissent  leurs  devoirs  fidèlement  et  consciencieusement. 
Il  devait  protéger  tous  les  habitants  du  bailliage  et  veiller  à 
la  conservation  du  domaine  et  au  maintien  des  droits  seigneu- 
riaux Il  lui  était  interdit  de  prendre  les  armes  contre  qui  que 
ce  fût  et  il  lai  était  enjoint  de  réclamer  aide  au  landvogt  d'Al- 
saee,  s'il  jugeait  en  avoir  besoin.  Lorsqu'il  siégeait  comme 
juge,  il  lui  était  défendu  d'accepter  des  présents  ou  d*ea  laie- 
aer  accepter  par  Fun  des  aiena;  toutefoia  il  loi  était  permia 
de  reoefoir  de  OKidiqiies  cadeaux,  tela  qa*nDe  poale,  nne  oie, 
nne  pièce  de  gibier,  on  qoelques  bouteillea  de  vin,  qn*an  neage 
eooatant  permettait  d*olfrîr  aux  jugea.  D  était  tenu  de  réaider 
au  château  et  de  prendre  à  son  service  six  personnes,  quatre 
poor  la  garde  du  ehâteao,  et  un  ehasaeor  et  on  forêatîer, 
qui,  pendant  le  jour,  garderaient  les  forêts  ou  iraient  à  la 
chasse  et  qui,  pendant  la  nuit,  seraient  également  employés 
à  la  garde  du  château.  Le  chasseur  ne  devait  avoir  que  huit 
chiens  de  chasse  et  quatre  chiens  courants  qui  seraient  entre- 
tenus aux  frais  du  prince  * 

Le  bailli  était  tenu  d'entretenir  ce?  six  serviteurs  et  de 
leur  payer  leurs  gages,  mais  il  lui  fut  assigné,  en  compensa- 
tion de  ces  dépenses,  la  moitié  du  gibier  qui  serait  tiré,  Tautre 
moitié  était  réservée  au  prince  et  devait  lui  être  envoyée 
aoità  BiacfawiUer,  soit  à  Haguenan.  Le  bailli  recevait  en  outre 
pour  lea  gagea  annuela  la  aomnie  de  cent  trente  florina,  dnq 
foudrea  (60  heetoUtna)  de  fin  dn  crû  de  Windeberg  (Wein- 
bourg)  et  les  poules  que  lea  habitants  du  bailliage  étaient 
tenus  de  livrer  tooa  lea  ana  an  aeigneur.  Il  avait  la  joolaaance 
dae  terres,  des  prés  et  dea  jardins  située  dana  les  pUa  et  aur 

*  Spach,  Rapport  $wr  ki  archinu  Bat-BlUn  (fonds  de  ia  préfecture 
de  Hacneaaa),  p.  19. 


bbvhb  d'albaob 


Im  flaocs  de  la  montagne  do  chfttoaa;  il  avait  en  outre  droit 
tous  les  ans  à  un  habit  de  eour  et  pooTait  otiliaer  à  son  proflt 
les  eonrées  auxquelles  les  habitanta  du  bailliage  étaient  aara- 
jetla,  sans  que  tooteCbia  il  pût  en  surcharger  les  «  pauTres 

gens  *. 

Toutes  les  autres  renies  et  redevances  devaient  être  per- 
çues par  le  receveur  de  la  seigneurie.  Celui-ci  était  tenu  de 
payer  aux  douze  autres  personnes  atlacliées  au  service  Ju 
château, tant  pour  leurs  gages  annuels  que  pour  leur  entre- 
tien, savoir:  au  receveur  du  péage  et  au  concierge  de  la  porte 
extérieure  à  chacun  neuf  livres  deniers,  au  concierge  de  la 
porte  intérieure,  au  gardien  de  ta  tour  et  à  deux  autres  gardes 
à  chacun  sept  livres  et  demie,  à  chacun  des  deux  gardiens 
de  la  fausse  braie  quatre  livres  et  à  chacun  des  quatre  gar- 
dians de  la  ville  une  livre  et  demie. 

Le  chapitre  collégial  de  Neuwiller  possédait  non  loin  de  la 
Petite-Pierre  un  petit  chftteau  fiirt  appelé  hmiaU  et  situé  sur 
la  Uslère  de  la  forôt  dite  Br^iitchlOÊt,  Le  palatin  Philippe 
convoitait  ce  petit  burg  qui  confinait  à  ses  états.  Le  chapitre 
de  Neuwiller  s*empre8sa  de  déférer  à  ses  désirs;  il  lui  céda 
le  petit  manoir  par  contrat  d'échanpre  da  3  février  4508  contre 
la  dîme  et  le  droit  de  palronat^e  de  la  cure  de  Wein bourg 
Ce  château  est  détruit  depuis  longtemps  et  sur  son  emplace- 
ment s'élève  une  ferme  qui  en  a  conservé  le  nom  el  qui  (ait 
aujourd'hui  partie  du  ban  de  la  Petite-Pierre. 

Philippe  l'Ingénu,  quoique  ami  de  la  paix,  fut  impliqué 
en  1503  dans  une  guerre,  qui  entraîna  sa  proscription  et  la 
perle  de  la  Laodvogtei.  11  encourut  la  disgrâce  de  l'empereur 
Mazimilien  I",  pour  avoir  soutenu  les  prétentions  de  son  ûis, 
le  comte  palatin  Robert-le-Vertueux,  i  la  possession  des 
domaines  de  son  beau-père  George-le-Riche,  duc  de  Bavière. 

Bu  1008,  à  la  mort  de  George,  lorsque  Bobert-le-Yertueuz 
voulut  prendre  possession  au  nom  d'Elisabeth,  sa  Ibmme,  fille 

*  ScBŒPVLW,  itfol.  UiiMrttta,  tome  U,  p.  186. 


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LE  COMTÉ  m  LA  PBTITE-PIBaRE 


890 


aoiqne  de  George,  des  états  que  lai  a?aU  légués  son  père, 
Âlbert-le-Sage,  prince  de  la  branche  de  Munich,  s'y  opposa. 
Le  palatin  Robert  se  refusa  à  toules  les  voies  d'arcominode- 
ment  et  ne  voulut  pas  se  soumettre  à  la  décision  un  peu 
intéressée  de  l'empereur  Maiimilieii  1",  qui  ne  lui  avait 
adjugé  que  le  tiers  de  la  succession  de  son  beau-père  et  s  en 
était  réservé  des  parcelles  considérables  *.  Presque  tout  l'em- 
pire se  réunit  contre  Télecleur  Philippe  et  son  fils  Robert,  et 
avant  que  les  hostilités  eussent  éclaté,  TunterlandrogttJacques 
de  Fleckenateia,  entretint  avec  réiecteiir  palatin  une  corres- 
pondanoe  active  pour  insister  sur  Targence  de  réparer  les 
(brtîAcatioos  d'ESnarshausen  et  de  la  Petite-Pierre,  et  pour 
le  tenir  an  connaît  de  ses  négociatioDs  entamées  me  des 
nobles  qa*il  voulait  enrôler  au  service  dn  landvogt  contre 
]*eniperear*. 

Quatre  armées  envahirent  le  Palatinat  en  i504  et  y  por- 
tèrent la  rniue  et  la  désolation.  Philippe  et  son  fils  furent 
proscrits.  Le  comte  Emich  de  Linange,  à  la  tête  des  troupes 
impériales,  pénétra  en  Alsace  et  s  empara  de  Reichshofen. 
Les  châteaux  d'Einarzhausen  et  de  Lûtzelstein  se  soamirent 
et  furent  occupés  par  les  troupes  impériales. 

L'empereur  enleva  à  Philippe-ilngénu  l'éiectorat  du  Rhin 
et  la  laudvogtei  d'Alsace,  et  délia,  par  lettres  patentes,  les  villes 
de  la  Décapole  de  Jenr  serment  de  fidélité  envers  le  palatin  ; 
il  lenr  annonça  en  même  temps  la  nomination  de  Gaspard 
de  Morimont  aax  fonctions  d*nnterlandTOgt 

En  1505,  nae  diète  tenae  à  Cologne  mit  an  terme  à  la 
dévastation  da  Palatinat  Cette  malheoreose  querelle  ne  Ait 
terminée  qa*en  1507  dsns  ane  autre  diète  tenue  à  Constance. 
LMssue  malheureuse  de  cette  guerre  anéantit  rascendantque 
Frédéric-le-Victorieux  avait  fait  gagner  à  la  maison  palatine. 
Lutzelsleiii  et  Einarzhauseu   furent  rendus   à  Télecteur 

*  Dk  TiiRi  KMHtM,  Ilixtoirc  de  Hesse,  tome  W,  p.  416. 

*  Archives  de  U  Basse-Alsace,  série  C,  3. 


400 


BSVUB  D'ALaàGB 


Philippe  el  ranimoalté  contra  sa  miima  oe  tarda  pas  à  se 

refroidir. 

Pliilippe  llngénu  finit  seajonrsen  1608  et  laissa  on  testa- 
ment par  lequel  il  ordonnait  cpi'ao  eas  que  Louis,  son  fils 
aîné  et  son  successeur,  vînt  à  décéder,  sans  laisser  de  descen- 
dance, son  quatrième  fils,  Frédéric,  lui  succéderait  dans 
TEIectorat,  au  préjudice  d'Otbon  Henri  et  de  Philippe,  ûis  de 
Robert  et  neveu  de  Frédéric. 

Louis-le-Pacifique  exerçait  le  droit  de  conduite  ou  d'escorte 
à  travers  les  Vosges;  ce  droit  et  celui  d'établir  entre  Saint- 
Quirin  et  le  village  de  Buchberg  (Puberg)  un  péage  sur  tous 
les  chemins  qui  conduisaient  de  TAlsace  dans  le  Westreieh, 
avaient  été  oonlérés  en  fief  d'empiro  par  Temperenr  Wenccs- 
las  à  Henri,  eomtede  Ltttièisteîn,  parlettras  datées  de  Prague 
le  jour  de  Saint-Gall  i88S  Louis-le-Pacifique  eons«r?a  le 
péage  assez  lucratif  que  le  comte  Henri  de  Lfltislstein  avait 
établi  à  Binarzhauseo.  Les  taaMtants  de  Saveme  araient  été 
affranchis  de  payer  le  droit  de  péage  qui  se  percevait  à  Ein- 
arzhausen;  ils  furent  maintenus  dans  leur  privilège  d'exemp- 
tion par  les  comtes  palatins  Louis-le-Pacifique  et  Frédéric-le- 
Sage,  suivant  diplôme  que  ces  princes  leur  délivrèrent  le 
lundi  après  Saint-Denis  1510'. 

En  1B22,  quelques  seigneurs  du  Wasgau,  jaloux  de  la 
puissance  des  évèques,  desquels  ils  relevaient,  s'assemblèrent 
à  Landau,  pour  délibérer  sur  les  moyens  qalls  praodraient 
pour  briser  les  liens  qui  les  attachaient  anx  princes  et  aux 
seigneurs  ecclésiastiques.  Ds  j  conclurent  une  ligue  défensire 
pour  se  protéger  contra  la  tyrannie  et  ta  ragê  tou^unmii- 
mnk  du  clergé  catholique,  et  seconèront  le  jongdes  Seigneurs 
ecclésiastiques.  Ds  nommèrant  chef  de  cette  ligue  le  célébra 
Frans  de  SicUngen,  qui,  ayant  embrassé  avec  ardeur  le  parti 
de  la  Réforme,  avait  kofAré  ses  sentiments  à  un  grand 

^  CaoLL,  de  Orig.  bipotU.,  tome  1°*,  p.  286. 
*  AnhimdeSiTttD^  SMIaol^fol.  108. 


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LB  OOUTÈ  DE  Là  nmi-piBun 


401 


nombre  de  nobles  du  VVaegau.  Franz  de  Sickingen  qui  avait 
rempli  l'Allemagne  du  bruit  de  ses  exploits  romanesqnes,  se 
vit  bientôt  à  la  tôte  d'une  nombreuse  armée  qu  animait  le 
fanatisme  religieux.  Goaviée  au  spleadlde  festin  de  Tinvasioa, 
cette  armée  fondit  sur  le  Westreich,  y  portant  le  fer  et  le 
fea,  et  vint  investir  la  ville  de  Trêves  \  Maie  le  landgrave  de 
Hesse,  Pbilippe-le-lfagQaiilme,  et  réleeteor  palatin  Loais-le- 
PicifiqiiB  aGOoarareiit  au  eeoonra  de  réleeteur  de  Tcères, 
Ricbard  de  Graifenklaa  de  Wolfrit^  et  Ibrc^ot  les  assail- 
lants à  la  retraite. 

Irrité  de  cet  échec,  Sickingen  se  Jeta  sar  les  campagnes  de 
réieetorat  de  Trêves  qn!  Ini  foamirent  an  immense  butin. 
Résolu  de  tirer  vengeancede  la  bonté  qu'on  avait  fait  subir  à 
ses  armes,  il  pénétra  au  cœur  des  Vosges  ets'approcba,  d;iris 
la  nuit  du  1"  novembre  1522.  silencieusement  et  à  la  faveur 
des  ténèbres,  du  château  de  Ltltzel-stein,  dont  il  croyait  la 
garnison  endormie  dans  une  sécurité  trompeuse,  et  qu'il  espé- 
rait emporter  par  surprise  ^  ;  ses  soldats  s'élancèrent  dans 
les  iiossés  et  les  ravins,  et  appliquèrent  des  échelles  contre  le 
rocher  et  les  muniilles  poor  enlever  le  château  par  escalade, 
liais  la  vigilance  da  commandant  de  la  place  déjoua  cette 
andieieuse  tentative;  cet  officier,  en  bisant  sa  rondOi  fut: 
surpris  d*entendre  un  bmit  sonrd,  inaccoutumé  et  suspect 
il  cria  au  armes;  ses  soldats  accoururent,  renversèrent  les 
échelles  et  jetèrent  dans  les  précipices  quelques  hommes  qui 
étaient  déjà  parvenus  au  sommet  des  remparts.  Au  bniH  de 
cette  lutte,  les  habitants  réveillés  en  sursaut,  et  de  tout  temps 
familiarisés  avec  les  armes,  aidèrent  la  garnison  à  repousser 
assaillants,  leur  tuèrent  bon  nombre  d'hommes  et  s'em- 
parèrent des  échelles.  Sickingen  échoua  devant  le  château  de 
Lûlzelslein  qu'il  assiégea  pendant  quelques  jours.  Il  redescen- 
dit en  Alsace  et  ra?agea  les  possessions  du  comte  de  Hanau 

'  Luon».  op.  Bnw}.,  tome  U,  p.  843. 
•  Uosiui,  Jkr  SieL  Kriêg,  p.  8. 

RésnlltSMt-fltAiaéo.  ^ 


Gel  intvépîile  guerrier,  à  la  nouvelle  que  réleeteor  de 
TkèTes,  le  landgraTe  de  Heeee,  et  réledeor  palatin  s'aTan- 
Caîent  aar  rAlaaoe,  résolus  à  se  venger  de  ses  déprédations, 
s'enfinrma  dans  son  diâteaa  de  Landstnhl  \  perché  snr  vne 
bantenr  entre  Deux-Ponts  et  Kaiserslaulem.  Déterminé  à 
se  défendre  à  tonte  outrance,  il  s*y  était  jeté  avec  nne  vall- 
lante  garnison  et  ne  tarda  pas  à  y  être  attaqué  par  les  princes 
confédérés.  Il  fit  face  à  toutes  les  attaques  et  repoussa  tous 
les  assauts,  mais  raortelleraent  blessé  des  éclats  d'une  poutre, 
en  défendant,  quoique  malade,  la  brèche,  il  demanda  à  capi- 
tuler. Le  découragement,  suite  naturelle  de  sa  blessure,  avait 
gagné  ce  héros,  qui  n'avait  jamais  éprouvé  de  crainte,  il  se 
remit  à  discrétion  après  huit  jours  de  siège.  La  garnison  eol 
la  vie  sauve  et  sortit  de  la  place  le  7  mai  iSSS.  Les  princes 
alliés  s'empressèrent  de  visiter  ie  blessé  et  de  lui  prodiguer 
des  soins  et  des  consolations. 

Siddttgen  montra  une  fermeté  et  une  grandeur  d*âme  an- 
dessus  de  tout  éloge,  mourut  le  même  Jour,  à  peine  âgé  de 
quarante-deux  ans,  environné  des  plus  brillanis  témoignages 
de  considération,  d'affliction  et  de  regrets  de  ses  ennemis 
mêmes. 

Ainsi  périt  l'un  des  derniers  et  des  plus  brillants  repré- 
sentants du  monde  chevaleresque  et  féodal.  Sickingen  fut 
enseveli  dans  l'église  de  Landstuhl,  oii  les  princes  confédérés 
érigèrent  un  mausolée  à  sa  mémoire  Ils  se  dirigèrent  ensuite 
sur  TAlsace  et  marchèrent  contre  les  châteaux  de  leur  enne- 
mi; ils  s'emparèrent  successivement  des  châteaux  de  Hohen- 
boorg,  de  Dahnstein  et  do  Drachenfels,  et  les  livrèrent 
anx  flammes.  Après  la  destruction  de  ces  manoirs,  ilsremoik« 

*  Ce  châtetOi  appelé  aussi  XonngtuM  et  Nonnstein,  est  sitaé  sar  ojM 
montagne  h  larjnelle  s'adosse  pitturesquementlapelite  ville  de  Laadstahl, 
chef-lieu  de  canton  de  la  Bavière-rhénane. 

'  Durant  les  guerres  de  U  Révolntioo.  les  Français  détroisireot  le 
moniment  irigé  à  la  mémoire  de  SieUngen. 


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LB  oomRt  m  Lâ.  vKmt'vmÊmM 


408 


lèreot  le  pays  et  campèrent,  le  18  mai,  aona  les  maii  de 
Pfidfenhofeii,  où  Us  passèrent  dans  le  repos  la  journée  dn 
lendemain,  qui  était  an  dimanche.  Le  comte  Philippe  de 
Hanan  satisfit  i  tons  leurs  besoins  et  lenr  envoya  ut  renfort 

de  troupes.  Le  lundi  ils  passèrent  sous  les  murs  de  Saveme, 
pénétrèrent  dans  l'étroite  vallée  de  la  Zorn  et  parurent  inopi- 
nément à  la  vue  du  château  de  Ltltzelbourg,  qui  avait  servi 
de  refuge  à  Franz  de  Sickingen  et  à  ses  amis  dans  leurs 
courses  aventureuses.  Un  trompette  Tint  sommer  la  garnison 
de  se  rendre. 

Ce  château  assis  sur  la  ctme  d*une  montagne  d'an  accès 
difficile  et  bien  fortifié  par  la  nature  et  Tart,  aurait  pu  bra- 
Ter  kngtemps  les  efforts  des  assaillants,  mais  la  garnison 
intimidée  et  craignant  que  ses  exactions  récentes  n'appelas- 
sent la  Tengeance,ne  tenta  pas  la  moindre  résistance  et  capi- 
tale. Le  château  fut  aassitAt  livré  aux  flammes  S  puis  les 
tours,  les  murs  et  ce  que  le  fen  n'svait  pas  consumés,  ftirent 
détruits  et  translbrmés  en  on  monceau  de  ruines.  Deux  tours 
échappèrent  à  la  destruction,  grâce  à  Tépaisseur  de  leors 
murailles  et  les  ruines  qui  couvrent  le  sol,  attestent  encore 
à  la  génération  actuelle  rimportaoce  de  ce  château  à  Tépoque 
féodale. 

L'hospitalité  que  le  château  de  Liilzelbourg  avait  donnée 
à  Franz  de  Sickingen  et  à  ses  amis,  avait  été  la  cause  de  sa 
ruine.  L'électeur  palatin,  Louis-le-Pacifique,  qui  le  convoitait 
depuis  longtemps,  le  réunit  au  comté  de  Lfltzelstein  avec  les 
villages  qui  en  dépendaient,  savoir  :  Haselbourg,  HiUenhau- 
sen,  Wilsberg  et  llittelbronn.  A  Tépoque  de  sa  destruction 
le  cbftteau  de  Lfttielbourg  était  aux  mains  de  plusieurs 
seigneurs  qui  le  tenaient  en  flef  de  Tévéché  de  Mèta,  sous 
condition  de  paix  castiale.  et  en  jouissaient  en  commun.  Le 
cardinal  de  Lenonconrt,  évéqoe  de  Mets,  revendiqua  sans 

'  Sturm,  Relation  de  la  guerre  faite  à  franz  de  Hickingen  (eu  allo- 
oiiDd).  p.  25. 


SQceès»  ea  156S,  ses  droits  de  sinerainaté  but  rtncieii  châ- 
teau de  LfltièUxmrg  et  ses  dépendaaces. 

En  le  comté  de  Lfltieletoiii,  pays  de  montagnes  où 
te  régime  ttodal  a  toojoars  été  moins  tyranniqae  qne  dans 
te  pteine,  ne  fonrnit  qu'an  ISûlite  contingent  à  te  JatqutiHê 
ateacienne,  qui  ftit  éerasée  à  Saferne  et  à  Gbfttenois  par 
Antoine,  duc  de  Lorraine.  Cette  guerre  désastreuse  y  laissa 
pourtant  des  traces  profondes. 

Les  insurgé?  du  Westrich  qui  s'étaient  emparés  de  l'ab- 
baye de  Herbitzhoim  et  de  la  petite  ville  rhingraviale  de 
Diemeriugen,  s'y  étaient  retranchés,  mais  ils  furent  forcés 
par  les  troupes  du  duc  de  Lorraine  de  quitter  leurs  retran- 
chements. Ils  rejoignirent  les  insurgés  d'Alsace  à  Saverne  et 
livrèrent  au  pillage,  cbemio  faisant,  Tantique  abbaye  béné- 
dictine de  Graofthal,  qni,  sitnée  dans  l'agreste  vallée  arrosés 
psr  te  Zinsel,  formait  one  encteve  dans  te  oomté  de  Lûtièl- 
stein.  Cette  abbaye  paraît  aToir  été  bien  maltndtée,  car  Meu* 
risse  *  raconte  qu'elle  c  a  esté  emportée  et  dssmolie  par  te 
torrent  impélaeui  des  luthériens.  > 

Le  comtes  Rdnhard  deDenz-Ponto-Bitdie  et  Philippe  m  de 
Hanau,  tous  deux  seigneurs  de  Lichtenberg.  eurent  quelques 
difficultés  avec  l'électeur  palatin  Louis  VI  au  sujet  des  droits 
de  chasse  qui  leur  compétaient  dans  les  forêts  domaniales 
du  comté  de  Ltttzelslein.  Les  parties  s'étant  rapprochées  con- 
clurent, le  mardi  après  le  dimanche  de  la  Trinité  1539,  une 
convention  aux  termes  de  laquelle  les  droits  des  comtes  de 
Deux-Ponts-Bitche  et  de  Hanau,  héritiers  des  anciens  dyuas- 
tas  de  Lichtenberg,  furent  reconnus  et  réglés'. 

L'électeur  palatin  Louis-le-Pacifiqae  mourut  en  1544  sans 
teisser  de  postérité  ;  son  quatrième  lirère,  Frédéric  II,  sur- 
nommé h  Sag$,  loi  succéda  en  vertu  d'un  testement  paternel 
que  l'empereur  Gharles-Quint  avait  ratifié.  A  peine  eut-il 

*  Eiitoin  dtt  évêquet  dt  Metx,  p.  890. 

*  LiHiiAiiii,  BiMn  été  dgnoÊteÊ  de  LidUenherg,  tome  H,  p.  456* 


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L£  GOMTÉ  OB  PETITB-PIBBai 


406 


saisi  les  rênes  de  l*Etat,  qu'il  donna  son  plein  assentiment  à 

la  doctrine  de  Luther,  pour  laquelle  il  penchait  depuis  long- 
temps; il  l'embrassa  publiquement  et  la  fit  adopter  sans  con- 
trainte ni  violence  à  une  grande  partie  de  ses  sujets  de  Té- 
îectorat.  Fidèle  à  ses  principes  de  tolérance,  qui  tempérèrent 
constamment  son  zèle  religieux,  il  n'usa  pas  du  Jns  refor- 
mmdi  eiiyers  les  habitants  du  comté  de  Liltzelslein,  qui  con- 
tinuèrent de  professer  la  religion  catholique. 

Le  2  mai  1552  le  connétable  de  Montmorency  avec  l'avant- 
garde  de  l'armée  française  qui  marchait  anr  TAlsaoe,  occupa 
le  village  d'Ândreoaz  (Rinarzhausen),  <  où,  dit  François  de 
Rabntin,  homme  d'armes  dans  la  compagnie  da  dnc  de 
Nevers  et  écrirain  doué  d'un  esprit  obserTiteur,  il  y  a  une 
grosse  tour  quarrée  en  ibrme  de  psTillon,  assez  forte  en  la- 
quelle on  laissa  chiquante  arquebusiers,  pour  ce  qu'elle  est 
à  l'entrée  du  passage  du  costé  de  deçà,  et  sur  le  front  des  bois 
qui  durent  jusques  au  pied  des  montagnes,  de  l'autre  part 
longs  et  larges,  de  fort  fascheux  et  estrange  chemin.  *  » 

Cependant  les  troubles  et  l'incertitude  générale  produits 
par  la  réforme  firent  pencher  les  abbayes  de  Lixheim  et  de 
Craufthal  vers  leur  déclin.  L'électeur  Frédéric  U  qui  se  con- 
sidérait comme  le  protecteur-né  de  ces  deux  monastères, 
situés  l'un  et  l'autre  sur  un  territoire  appartenant  à  la  mai- 
son palatine,  profita  de  ta  décadence  dans  laquelle  ils  étaient 
tombés,  pour  en  demander  la  suppression  an  Saint-Siège. 
Le  pape  Jules  m,  par  une  bulle  émise  le  S  janTÎer  1651, 
sécularisa  les  deux  couvents,  unit  et  incorpora  leurs  biens 
et  revenus  au  collège  de  la  Sapience  que  Télecteor  palatin 
venait  de  fonder  à  Heidelberg  sur  le  plan  du  collège  de  la 
Sapience  à  Home^.  Sébastien  de  Binphinie,  archevêque  de 
Siponlin  et  légat  a  ktere  en  Allemagne,  fut  chargé  de  la  ful- 
mination  de  celte  bulle.  Les  administrateurs  du  collège  de 

*  Guerres  de  Bebpiiuf.  ôdit.  <lt'  lluchou,  p.  547. 

*  Ada  acad,  PaUiL,  tome  1,  ç. 


406 


It  SapieDce  de  Heidelberg  oédèrent  les  UeiiB  efc  les  meons 
du  eouTent  de  Graafthal,  à  cause  de  leur  eltattton  loiotaine, 
à  rélectear  Frédéric  II,  eooe  la  oondition  qae  ee  prince  dote- 
rait cette  insUtatioQ  de  biens  <iai  fessent  sitoés  dans  le  foi* 
sinage  et  suffisants  à  son  entrelien.  Le  palatin  prit  possession 
des  biens  de  Graafthal  en  1555  ;  à  cette  époque  il  o 'y  avait 
plus  au  couvent  que  six  religieuses  au  nombre  desquelles  se 
trouvait  l'abbesse  Marguerite  Bettschler,  qui  avait  été  nommée 
à  cette  dignité  par  la  voie  de  l'élection  en  1581.  Ces  reli- 
gieuses ayant  manifesté  le  désir  de  cesser  la  vie  commune, 
le  palatin  leur  assura,  conformément  à  la  bulle  du  Saint- 
Père,  une  existence  paisible  et  une  retraite  hooorable.  Le 
traité  que  ses  officiers  conclurent  avec  les  religieuses»  le  18 
septembre  1555,  porte  en  substance  : 

Une  pension  viagère  de  quatre-vingts  florins  fut  assurée  à 
Tabbesse  et  l'électeur  palatin  souscrivit  encore  rengagement^ 
de  lui  livrer  chaque  année  à  Strasbourg  sa  vie  durant,  trente 
résnauz  de  seigle.  Il  assura  aux  religienses  une  pension  via- 
gère de  quarante  florins  et  de  dix  réseaux  de  seigle  et  six 
florins  par  an  pour  leurs  habillements*. 

L'L'lecteur  palatin  Frédéric-le-Sage,  mûr  pour  l'éternité, 
tormiiia  le  i26  février  1556  sa  carrière  terrestre  sans  laisser 
de  postérité.  Son  neveu  Otliou-Henri,  surnommé  le  Magim- 
nime,  lui  succéda  et  lit  ses  reprises  près  de  l'évéque  de  Stras- 
bourg, pour  les  trois  quarts  de  la  terre  de  Lulzelstein,  qui 
relevaient  desoa  évôché.  Ce  prince  ue régna  que  trois  ans;  il 
mourut  inopinément  le  ii  février  1559,  sans  laisser  de  pos- 
térité. En  lui  s'éteignit  la  branche  formée  par  Louis-le-Barbu. 
Sa  mort  fut  l'époque  de  rafRiiblissement  de  la  maison  élec- 
torale; comme  il  se  voyait  sans  enfants,  il  fit,  par  son  testa- 
ment, plusieurs  dispositions  qui  amenèrent  le  morcellement 
de  ses  terres  et  la  diminution  des  forces  nationales 

*  Archives  de  la  Bosse-Alsace,  G.  1554. 

'  GoLLiNi,  Biitoire  d»  PtUaUnat  dn  Bkin,  p.  76. 


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LB  OOMTt  DB  LA.  PETITB-PIIBBB 


407 


Les  principes  de  la  Réforme  eommenoèreot  à  pénétrer  dans 
le  oomtédeLlltielsIein  sofis  le  règne  du  palatin  Othon-Henri 
A  cette  époqae  le  comté  possédait  hait  égliset»  qai  avaient 

titre  de  paroisse;  c  elaient  lt\s  églises  de  Lulzelstein,  de  Wein- 
berg,  de  Winsterberg,  de  Ilarabacli,  de  TielTeubach,  de  Bett- 
weiler,  de  Haiigwiller  et  de  Mitielbronn  *;  le  comte  de  LUlzel- 
slein,  comme  seigneur  territorial,  avait  la  collation  de  toutes 
cescureSjàl  exception  de  celles  de  Mittelbronn  et  de  Hang>vil- 
1er,  qui  étaient  à  la  nomiDation  l'une  des  nobles  MUach  de 
Wilsperg  et  Tautre  de  Pabbesse  de  Crauflhal.  Les  paroisses 
de  Wiosterbeiv,  de  Hambach  \  de  Tieffenbach  et  de  Bettwei- 
1er  dépendaient  du  diocèse  de  Mets  et  de  rarchiprétré  de 
BoaquenoiD,  et  celles  de  Hittelbronn,  de  Hangwiller,  de  Wein- 
berg  et  de  Lûtaelstein  fiûsaient  partia  du  diocèse  de  Strss- 
booiy  et  relevaient  les  deux  dernières  de  Tarchipprétré  dn 
Haat-Haguenau,  et  les  deux  autres  de  Tarcbiprétrô  on  du 
chapitre  rural  de  Bettbur. 

Un  mémoire  sur  le  comté  de  Lulzelstein  composé  en  1559 
par  la  chancellerie  de  Deux-Ponts  nous  apprend  que  tous 
les  habitants  du  comté  étaient  des  serfs  enchaînés  à  la  glèbe, 
mais  depuis  longtemps  ils  avaient  reçu  dans  les  plaids  annaux 
et  ruraux  qu'on  appelait  Jahrgedinge,  des  privilèges  et  des 
franchises  qui  les  arrachèrent  iusenaiblemeul  à  leur  silloo 
pour  en  faire  des  citoyens  en  pleine  possesrion  de  la  terre  et 
de  ses  droits. 

Le  même  mémoire  constate,  non  sans  quelque  surprise, 
qu'aucune  mine  n'était  exploitée  dans  cette  contrée  bdsée  et 

*  Archivt's  df  la  Hrisst'-Al^art^  S  E.  315,  5. 

'  Le  villafri;  do  llandiach  t'-lait  ancienntMii  'nt  divist'  on  d-Miv  si^clions, 
ou  pintùl  il  y  avait  deux  villages  appelés  l'un  M'aldlMyenbach  ot  I  autre 
Mimt  (petit)  Hagenbaek,  L'an  de  cas  villageB  a  été  détroit  de  fond  en 
emnble  dans  les  guerres  du  mojren^ge  ;  c'est  eelni  qni  avait  nom  Mwn 

Hagenbach.  Le  canton  qai  porte  le  nom  d'^/(Atrc/i,  rappelle  le  lion  qu'il 
occupait  e(  qin  si^i  irniiv>^  ôini.'nô  de  d<  ux  kilomètres  dn  village  actael. 

*  Archives  de  la  liasse-Alsace,  E,  315,  5. 


406 


BEVUE  D'ALSAOI 


montagneuse,  mais  il  noos  apprend  qne  les  comtes  pabitnis 
avaient  autorisé  la  création  de  deox  Tenreries,  fane  près  de 
Bnzberg  (Puberg)  et  Tantre  près  de  Berlingen.  Ces  établis- 
sements ne  deraient  consommer  qne  pea  de  bois,  car  lenr 
exploitation  ne  durait  qu'environ  sept  mois  de  Tannée,  du 
samedi  de  Pâques  jusqu'à  la  Saint-Martiu. 

Gomme  le  bailli  de  Lûtzelstein  était  souvent  en  congé  et 
quand  il  résidait  au  siège  du  bailliage,  il  s'occupait  plus  de 
ses  plaisirs  cynégitiques  que  de  l'administration  ;  la  chancel- 
lerie de  Deux-Ponts  constata  avec  regret  qu'il  ne  tenait  que 
iiûblement  la  main  à  Teiécution  des  règlements  et  ordon- 
nances de  police. 

DliS.  FfflGDBt 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SDR  UB 

HOMMES  DE  U  REVOLUTION 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 


DABBAS. 

Octobre  1793.  Propagandiste  venu  de  Colmar. 

2  décembre  — .  Signataire  de  l'adresse  aux  habitants  de 

Strasbourg  et  des  départements  voisins; 

Nous  ne  voulons  que  le  iriomphc  di-  la  libcrié,  ce  n'est  que 
pour  l'opérer  que  nous  sommes  au  milieu  de  vous. 

DAUM. 

Un  pasteiir-instituteur  allemand,  qui  s^empressa 
d^abjoror  entre  les  mains  du  maire  Honet 

1702.  Membre  de  la  Société  des  jacobins. 

18  octobre  1798.  Administrateur  du  difltrîct  de  Strasbourg 
il  assiste  à  rassemblée  générale  des  autorités  consti- 
tuées dans  le  temple  de  la  Raison. 

S8  et  80  octobre—.  Chargé  par  le  Comité  de  sûreté  géniale 
du  Bas-Rhin  de  &ire  arrêter  tous  les  nobles,  les  pré- 
▼6tB  et  les  plus  riches  aristocrates  de  la  campagne  et 


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410  BVrUB  D'ALBâOB 

dimposer  à  ces  derniers  une  taxe  évaluée  à  967,000 
livres. 

3  novembre  1793.  En  sa  qualité  d*ex-instituteur,  le  même 
Comité  le  nomme  du  nouveau  district  de  Strasbourg. 

25 novembre— .  Comme  prêtre  allemand  et  étranger,  les 
représentants  Hentz  et  Gk>i]gon  arrêtent  qu'il  sera 
exclu  de  la  place  qu'il  occupe  au  district, 
novembre  — .  Il  signe  l'arrêté  ordonnant  la  destruction 
de  toutes  qui  a  trait  au  culte  judaïque. 

14  décembre  — .  De  la  prison  miliUiire  des  ponts  couverts, 
Schneider  l'invite  à  venir  le  voir. 

10  janvier  1794 .  Baudot  et  Lacoste  le  font  arrêter  et  transférer 
dans  la  nuit  à  Dijon. 

19  janvier  — .  Il  réclame  au  Comité  de  sûreté  générale  de  la 
Convention  nationale  contre  son  incarcération. 

12  février  — .  Avec  Massé.  Jung,  Vogt  et  Wolff,  dans  une 
lettre  adressée  du  château  de  Dijon,  il  adhère  aux 
faits  historiques  rapportés  sur  la  propagande  et  no- 
tamment sur  la  conduite  du  prêtre  Delàtre  de  Metz. 

26  février  — .  Sa  femme  l'informe  (piVlle  retourne  chez  sa 
sa  môre  avec  tous  leurs  effets.  Il  est  à  supposer  qu'il 
Taura  rejoint  à  sa  sortie  de  prison. 

debergeâs. 

8  novembre  1793.  Gendarme  de  la  17^  division  de  son  arme 
à  Strasbourg,  n  touche  de  la  trésorerie  révolutionnaire 
255  livres,  récompense  d^une  dénonciation. 

DELATRE  (A.-F.). 
Ex-curé  de  Metz. 

L^un  des  chefs  de  la  propagande  révolutionnaire, 

le  plus  grand  coquet  de  la  bande,  en  était  aussi  le  plus 

fougueux  et  le  plus  dangereux. 
18  octobre  1793.  U  assiste  dans  le  temple  de  la  Raison  à 

rassemblée  générale  des  autorités  constituées,  du 

peuple  et  des  Sociétés  populaires. 
29  octobre  —.De  suite  après  Tarrivée  à  Strasbourg  deSaint- 


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4U 


Jusl  et  Lebas,  le  tribunal  révolutionnaire  du  Haut> 
Rhin  se  mit  à  fonctionner  sous  la  prôsidonoe  de  De- 
la  tre,  do  Dubosk,  juge,  el  de  Pb.  Yvee^  oommissaire 

civil. 

ddÔ06inbrel793.  U  adhère  à  la  proclamation  de  la  proparrnnde 
aux  Strasbourgeoiset  habitants  des  départements  du 
Rhin. 

6  décembre  — .  Il  est  à  Relfort,  où  il  préside  comme  prêtre 
défroqué  et  membre  de  la  propagande,  la  cérémonie 

de  la  fête  de  la  Raison. 
14  décembre  — .  De  retour,  il  vote  aux  jacobins  la  mort  de 
tous  les  suspects  détenus  à  Strasbourg,  après  qu'une 
commission  populaire  aura  été  établie  parla  Conven- 
tion nationale. 

33  décembre — .  A  la  nouvelle  que  nos  soldats  ont  battu 
Tennemi  et  se  sont  rendus  maître  de  Haguenau,  il 
s'écrie  au  club  : 

Frèrt's  (Hiai(|ii<'  la  nouviMIe  doive  n'ioiiir  loul  reiHililicain,  elle 
ue  (iuil  pas  le  laisser  s'endurmir.  Los  ailaques  dos  Prussiens  cl 
des  Autrichiens  ne  sont  que  des  ombres,  en  oompanison  do  plan 
d*nne  gnmde  partie  des  sospects  de  notre  vilks,  lenfèmés  au 
Séminaire.  Je  demande  aux  représentants  de  les  foire  oondoire 
A  rinlérieur  de  la  République. 

25  déceml^re  — .  Il  est  député  à  Hentz  et  Goiyon  pour  obte- 
nir cette  évacuation. 

Quelques  jours  après,  il  va  à  Besancon,  voyageant 
pom*  Textinction  du  fanatisme  des  aristocrates  et 
des  prôtres. 

De  retour  à  Strasbourj^,  il  fit  la  motion  au  club  que 
tout  iirôtre  qui'ne  se dépr<"> Iriserait  pas  d;ms  les  vin^^t- 
quatre  heures,  fut  cliass»'  de  la  Société  et  mis  en  état 
d'arrestiition.  Goûtée  par  Monet,  il  la  fit  mettro  à  exé- 
cution par  le  Comité  de  sûreté  générale,  et  deux  jours 
apn'  s  grand  nombre  de  ces  iiialheui  eux  luiront  empri- 
sonnés! 

10  janvier  1791.  Il  avança  que  Jésus-Christ  éLiit  le  plus  grand 
charlatan  rjui  eut  jamais  existé.  Butensch'eii.  qui 
voulut  prendre  la  défense,  non  de  Jésus  catho- 


418  BBVUB  D'àlMàm 

lique-apostolique  et  nmudn,  mais  de  Jésos  sans-cu- 
lotte, fut  arrêté  dans  la  naît  comme  eontre-révola- 
tiomiaire.  CVst  encore  ce  fimoeux  Deifttre  qui  proposa 
d'entrer  de  nuit  chez  tous  les  citoyens  et  d^ianlever 
tous  leurs  souliers,  bien  que  quelques  jours  avant  les 
Strasbourgeois  en  avaient  liwé  prds  de  SOjOOO  paires 
à  Tarmée  du  Rhin. 

25  janvier  1794.  Lacoste  et  Baudot  le  qualifient  de  présidant 

du  tribunal  criminel  de  la  Moselle,  et  le  nomment 
président  d'une  commission  révolutionnaire  ambo- 
lante  pour  les  deux  départements  du  Rhin. 
6  février  —  Monet  en  écrivant  à  Stamm  à  Schleetadt,  lui 
marque  : 

Je  soupire  comme  toi,  après  Parrivéo  ilu  tribunal  révolulion- 
nair<*,  je  présume  que  Del.-illro  est  allé  à  Paris  avec  Lacosle,  Je 
les  alleuds  il'uu  momenl  à  l'auire. 

12  février  — .  Les  prisonniers  de  D^joa  le  dénonoeot  aux 

Stradïourgeois. 
24  février  — .  n  est  à  Golnuur  avec  le  tribunal  révolutionnaire 

26  fé^er  — .  On  se  mit  à  rœuvre»  et  le  premier  jugement 

prononcé,  fat  la  condamnation  à  mort  de  MtUler, 
ex-commandant  de  Lauterbourg,  pour  avoir  écrit  et 
envoyé  de  Targent  à  son  fils  émigré,  n  fut  exécuté  le 
même  jour  à  5  heures. 
A  la  chute  de  la  Terreur.il  prit  la  fuite. 

PELLE  VI  ÏJ.K. 

Un  des  propagandistes  trempés  au  fer  chaud  du 
père  Ducbeene.  et  envoyés  en  Alsace  pour  régénérer 

les  Strasbourgeois  et  les  rendre  libres. 
19  décembre  1798.  Au  club  des  jacobins,  il  vote  la  mort  des 
suspects  après  le  triage  &it.  C'est  ainsi  qu^il  enten- 
dait la  liberté. 

DELTEIL  (âktoinb). 

1793.  AgLiii  du  Conseil  exécutif  provisoire  du  département 
du  Bas-Rhin. 


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LBS  HOmiBS  DB  LA  RtVOLDTION 


418 


15  octobre  1793.  Les  neuf  représentants  du  peuple  aux  armées 
du  Rhin  el  de  la  Moselle  le  nomment  l'un  fies  trois 
commissaires  civils  prés  Tarmée  révolutionnaire  am- 
bulante pour  ces  dé{)artements. 

DËMEUHËY  (Charles). 

1773.  NéàHaguenau. 

1789.  Etudiant  à  Toul. 

1793 .  Greffier  militaire  à  Strasbourg. 

Septembre  1793.  Membre  du  club  des  jacobins. 

â5  octobre  1794.  B  y  est  encore. 

DÉMOUGÉ  (FàAKÇQlS-MAXDIB). 

ancien  financier, 
ruedes  Jmlis. 

1784.  Sénateur  de  la  tribu  des  pôclieiir& 
8  féYTier  1790.  Proposé  pour  la  municipalité 
81  octobre  1793.  SeintpJust  et  Lebas  l'imposent  à  19^000 
livres. 

7  décembre  — .  n  réclame  au  Comité  de  surveillance  et  de 
sûreté  générale  du  Bas-Rhin  en  ces  termes  : 

Je  liens  irrévocablement  à  la  République  une  et  indivisible 
depuis  longtemps,  je  professe  '.a  relij;ion  naturelle,  j'ai  de  toul  temps 
abhorré  toute  espèce  (l'aristocratie,  je  me  suis  toujours  fortemeot 
dédué  oontra  les  wéUnts  feniUai»,  fédéralistes,  les  aglUtran 
et  les  muscadins,  nniques  causes  des  malheurs  de  notre  républi- 
que, la  basse  perfidie  des  indignes  r^Mésentants  du  peuple  tombés 
sous  le  glaive  de  la  loi,  Pinfernalle  îrnerredela  Vendée,  la  révolte 
de  Lyon,  l'exécrable  trahison  des  Toulonnais  me  font  abominer  et 
exécrer  le  moderantisme  ;  j  ui  toujours  respecté  la  loi  et  les  auto- 
rités cQiistltiiéeB,  ToUà  ma  profiassloo  de  IM,  dtoyens,  Je  sols  bon 
flis,  tendre  pdre,  fldel  époux  :  depuis  la  révolution  J^sl  toujours 
rempli  avec  zèle  et  exactitude  tous  les  devoirs  de  citoyen,  en  con- 
séquence je  demande  de  votre  justice  de  m'accorder  un  certillcal 
de  civisme  ;  vive  la  république. 

robsene  qn^  n*y  a  jamais  eu  de  lettres  de  nd»leBae  dans  ma 
funttle. 

Pour  toute  réponse  le  Comité  arrêta  le  même  jour 
sa  mise  au  Séminaira  Ce  qui  ftat  exécuté  le  lende- 
main, «vec  Injonction  de  payer  les  12|000  lirres  pour 
contribution  forcée. 


414  BBVmt  D'ALBAOB 

13  décembre  1793.  D  lui  est  accordé  de  sortir  du  Séminaire 
pendant  trois  heures,  avec  planton,  pour  ramasser 

cette  somme. 

Le  m«^mo  jour,  c'est  sa  femme  qui  réclame  un  cer^ 
tificat  de  civisme.  La  demande,  renvoyée  au  cordon- 
nier Jung,  est  rejetée. 
17déceml)re  — .  Il  pourra  sortir  du  Séminaire  avec  planton 
pendant  un  jour  ;  mais  il  devra  être  rentré  à  6  heures 
du  soir. 

19  décembre  — .  Le  Comité  passe  à  Tordre  du  jour  SUT  sa 

nouvelle  demande  en  élargissement. 
21  décembre  — .  U  verse  les  12,000  livres  au  trésorier  Blan- 

chot. 

25  mai  1791  Le  Comité  de  sûreté  de  la  Commune  le  si^rnale 
comme  susprc'l.  Enfermé  de  nouveau  au  Séminaire 
par  ceux  qu  i!  avait  cru  devoir  flatter,  il  ne  put  en 
sortir  qu'à  lem'  chute,  quand  les  honnêtes  (^ens,  les 
muscadins,  comme  ils  les  qualifiaient,  devim'ent  de 
nouveau  maitres  de  la  position. 

1798.  Lui  et  sa  femme  Claudine  Marion  sont  accusés  de 
complicité  dans  la  conspiration  du  général  Pichegru. 

DENDINGER  (Nioolas). 

1750.  NéàMondorff. 
Avant  1789.  Il  y  était  cordonnier. 
1792.  Même  profession  à  Strasbourg. 
Décembre  1793  au  25  octobre  1794.  Membre  de  la  Société 
des  jacobins. 

DENTZEL  (aBOBOSS-FitADÉiaG). 

35  juillet  1755.  Né  à  Dûrckheim  dans  le  Palatinat,  andenne 
principauté  de  Unange. 

n  emlnrassa  l'état  ecclésiastique  et  devint  aumônier 
au  régiment  de  Deux-Ponts,  ordinairement  en  garni- 
son à  Strasbourg,  et  dont  le  prince  Max,  créé  roi  de 
Bavière  par  Napoléon  I*,  était  le  colonel  propriétaire. 

1783.  Pasteur  protestant  à  Landau. 

99  août  1791.  En  cette  qualité^  il  prononce  un  discours  à  la 


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LS  BOmOB  m  LA  BÉVOLCnON 


415 


Société  des  amis  de  la  Ckmslitution  à  Strasbourg  sur 

la  situation  de  Landau  et  de  ses  environs. 

La  garde  nationale,  dit-il,  et  la  j;arnisnii  df  cetle  |vtile  forte- 
resse smit  (les  murs  di^  Icr  aiixi|iii'ls  la  palrii*  peut  se  lier.  L'ea- 
uemi  lie  [Mnirrail  entrer  en  France  ijue  >nr  leurs  corps. 
2  septembre  1 792.  L'élection  de  Haguonau  le  nomma  député 
à  la  Convention  nationale  et  de  suite  il  fut  envoyé  de 
Paris  en  niission  dans  le  Bas-Rhin,  en  remplacement 
de  son  collègue  Coustard  qui  refusa. 

9  décembre  — .  Léorier,  dans  une  lettre  à  ses  amis  les  jaco- 

bins, les  assure  que,  malgré  toutes  les  astuces  et  les 
obstacles  qu'on  pourrait  susciter,  l'appui  de  Dentzel 
est  assuré  pour  demander  et  obtenir  la  translation  de 
Dietrich  devant  le  tribunal  criminel  de  Besançon,  où 
sa  conduite  et  ses  vexations  sont  déjà  connues.  C'é- 
tait, en  un  mot,  le  distraire  de  ses  juges  naturels. 

28dêceml»e— .  Téterel  étant  AFaris,  annonce  aux  mêmes 
frères  et  amis,  que  grâce  &  Dentzel,  Strasbom^g  rece- 
vra de  nouveaux  commissaires^  qui  fiuent  RQhl, 
Couturier  et  Dentzel  même. 

6  janvier  1798.  Arrivé  à  Sarrebourg  avec  Couturier,  û  sus- 
pend le  lendemain  les  membres  de  la  Conmnme  de 
Sarraltroff. 

10  janvier  ~.  De  SchJestadt,  le  sansHmlotte  Neumann  s'é- 

crie : 

Tont  boo  patriote  attend  avec  Impatlenoe  Dential  pour  fidre 
une  réforme  ladtcale  et  eospeiidre  tons  ceu  siarquéB  ao  coin  de 

l'aristocratie. 

12  janvier  —  .De  Paris,  Bent aboie  tient  le  même  langage. 

18  janvier — .  Arrivé  à  Strasbourg,  il  se  mot  à  l'œuvre  en 
suspendant  la  municipalité  et  destitu  int  grand  nom- 
bre de  fonctionnaires  de  radministration  départe- 
mentale. 11  choisit  Monet  pour  maire  et  le  prêtre 
Schneider  pour  accusateui'  public.  C'est  aussi  lui  qui 
contribua  à  nommer  le  fils  de  Couturier,  un  blanc 
bec  de  22  ans,  aux  importantes  fonctions  de  commis- 
saire des  guerres,  à  la  place  du  vieux  Brunck,  qui  y 
était  depuis  24  ans,  et  pour  comble  de  Timpudence, 


416  BBVUB  D'AL«A€B 

son  parent  Bouigniff  à  rempkn  de  leotnw  des  do- 
maines. 

11  février  1793.  Il  enjoint  A  la  niimicipalitô  d^expolser  de  suite 
de  la  ville,  quatorze  citoyens  et  de  prévenir  quatonse 
autres  d'être  plus  réservés  et  de  baiaser  un  koot  res> 

pectueux  devant  la  loL 

Mars — .Toutes  ces  dostitutions  et  déportations  jointes  à 
ra£GEÛre  du  recrutement  que  Téterel  avait  dénaturée 
à  la  barre  de  la  Convention,  tout  ce  gâchis  révolu- 
tionnaire ,  décida  les  douze  sections  à  se  constituer 
en  permanence  et  à  envoyer  une  députation  à  la 
Convention,  pour  lui  faire  connaître  cette  poignée 
d'agitateurs  qui  déchirent  son  sein,  demander  Tan- 
nulalion  do  toutes  les  suspensions  et  déportations 
prononcées  par  Dentzel  et  Couturier. 

Liebich  et  Lauth,  commis  à  cette  ùn,  en  furent  pour 
leurs  démiirches. 

31  mars  — .  Téterel  à  Paris  se  plaint  de  ce  que  Dentzel  tarde 
d'arriver  pour  se  justilier  devant  la  Convention  de  la 
(question  des  déportés. 

17  avril  — .  Il  rompt  le  silence  et  déclare  au  Comité  de  salut 
public  que  ces  déportations  étaient  nécessaires,  et 
demande  que  le  tout  soit  maintenu. 

8  juillet  — .  Il  apporte  de  Paris  le  texte  de  la  nouvelle  cons- 
titution votée  par  la  Convention  nationale.  Descendu 
à  rhùtel  de  la  Maison  rouge,  il  y  fut  reçu  par  la  muni- 
cipalité et  les  autorités  déptutemen taies. 

1794.  Pendant  la  mémorable  défense  de  Landau,  il  se  trou- 
vait enfermé  dans  la  place,  d'où  il  donna  des  détails 
sur  le  dél)locus  de  cette  forteresse  et  sur  les  succès 
qui  en  furent  la  suite;  mais  ce  qu'il  ne  touche  pas,  ce 
sont  ses  démêlés  avec  les  généraux  Laubadère  et  Del- 
mas.  Il  avait  reçu  de  la  Convention  des  pouvoirs  qui 
lui  donnaient  droit  de  siéger  dans  le  Conseil  de 
défense,  et  entendait  partager  le  commandement.  Un 
certain  jour  il  mnilali  même  expulser  de  la  plm  le 
général  de  l)rigftte  DébaiM. 


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LB8  HOmOB  DB  LA  Bt¥OI<CTIOM 


417 


De  retour  à  Paris,  il  fut  accusé  par  ses  ennemis, 
au  nombre  desquels  le  général  Laubadère,  d'avoir  fait 
enfermer  un  officier  dans  une  cage  de  fer.  Décrété 
d^arrestation,  ane  députation  venue  de  Landau,  pour 
témoigner  en  sa  faveur,  le  tira  de  ce  mauvais  pas . 

27  juiUet  1794.  n  fat  mis  en  liberté. 

98  août  1706.  Seorétalra  de  la  CSonvantion  nationale,  il  coUa- 
tknme  la  nou^ndle  Gcmstitatton  linm^jalse. 

1796  à  1800.  Mambre  daConseU  deaCinq-Cents,  il  oombattit 
TiveniADt  dans  deux  dlaouaaions,  le  projet  d^m  impM 
sur  la  tabac. 

1801.  IlembraaBalaoanidremilitalra. 

1806.  Elevé  subitement  au  grade  d*adyudant  commandant, 
Il  Ût  en  cette  qualité  la  campagne  de  Prusse. 
L*année  suivante  il  fût  attaché  à  Tétai-migor. 

1809.  L'empereur  de  Russie  lui  conféra  la  décoration  de 
Sainte-Anne,  et  le  'grand-duc  de  Hesse  le  nomma 
commandeur  de  son  ordre. 

Août  1815.  Napoléon  le  fit  officier  de  la  Légion  dlionneur 
et  baron  d*Empire. 

8  avril  1814  Louis  XVni  le  promut  au  grade  de  maréchal 
de  camp. 

21  août  — .  Promu  chevalier  de  Saint-Louis. 

Etant  en  mission  en  Alsace^  il  ne  prit  point  part  à 
la  condamnation  de  Louis  XVL 

COTTIER  (René-Margus),  dit  DESMAJEIÈTS. 
1736.  NéàSenlis. 

Avant  1789.  Artiste  dramatique  sous  le  nom  de  Desmarets. 
1793.  Arrivé  comme  oapitîiine  d'artillerie. 
Avril  1794.  lise  fait  recevoir  à  la  Société  des  jacobins  de 
Strasbourg.  Six  mois  après,  il  n'y  était  déjà  plus. 

DESSOLLIERS  (P.) 
1789.  Commis  du  trésor  du  roi. 
Février  1791.  Secrétaire  du  district  de  Strasbourg. 
â8  février  — .  Membre  de  la  Société  des  amis  da  la  Cons- 
titution. 

lloo?«Ue  Sérti  -    Annét.  9? 


418  tapruE  d'albacb 

Septembre  1791.  Membre  de  radministratioD  du  district  de 

Strasbourg. 
7  février  1792.  Il  passe  aux  jacobins. 
31  août  —,  Maintenu  en  cette  qualité  par  Gamot»  mais  pour 

peu  de  temps. 

12  novembre  —  A  Tôlection  de  Wissembourg,  il  ne  fiit  plus 

rôôlu,  tout  jacobin  qu'il  était 
14  mars  1798.  Nonmié  suppléant  du  procureuMyndIc  près 

le  Conseil  général  du  district  de  Strasbourg. 
Octobre  — .  n  fait  des  démarches  pour  obtenir  son  certificat 

de  civisme. 

17  novembre  — .  Le  Comité  de  surveillance  et  de  sûretâ 
générale  du  Bas-Rhin  le  lui  accorde,  mais  le  visa  por^ 
tera  que  ce  n'est  qu'en  considération  de  son  service, 
et  qu'on  lui  enjoint  de  mieux  marcher  dans  les  traces 
de  la  Révolution. 

17  janvier  1795.  Baillyle  replace  administrateur  du  Direc- 
toire du  district  de  Strasbourg. 

DIDIER  (Jean-Nicolas). 

1790.  NéàHétx. 

A.vant  1789.  H  y  était  fondeur. 

1790.  Il  arriva  à  Strasbourg  pour  y  exercer  sa  profession. 
Juillet  1790.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  Avec  les  jacobins,  il  reste  au  Miroir. 

14  décembre  1793.  Pour  dénondations,  sa  femme  Suzanne 
touche^  suivant  arrêté  des  représentants  du  peuple 
SaintJust  etLebae,  800  livres  delà  caisse  ,da  CSomité 
de  sûreté  générale  du  Bas-Rbin. 

35  octobre  1794.  D  figure  encore  sur  la  listedes  jacoblna 

17  janvier  1795.  Désigné  par  le  peuple  parmi  les  membres 
actuels  de  la  Société  des  jacobins^  pour  procéderavac 
quatorze  autres  citoyens  à  l'épuration  du  club. 

80  janvier  —.  L'opémtion  étant  terminée^  U  signe  le  tègb- 
ment  de  la  nouvelle  Société,  dont  la  base  fondamen- 


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LES  H0MUE8  DE  LA  RÉVOLUTION 


419 


taie  eet  d'instruire  les  citoyens,  de  veiller  par  tons  les 
moyens  légaux  au  m^tien  et  à  Texécution  des  lois, 
ainsi  qu^au  salut  de  la  République,  sans  jamais  8*ar- 
roger  aucun  pouvoir,  ni  prétendre  à  former  une  classe 
de  citoyens  séparée  de  la  grande  Société. 
81  janvier  1796.  n  fait  appel  en  fiiveur  des  classes  malheu- 
reuses» pour  fonder  une  caisse  de  secours  uniquement 
destinée  à  diminuer  le  prix  du  pain  si  nécessaire  à 
rexisteDce  des  indigents. 

DIDIER  (Jean), 
de  Sehlestadt. 
Aussi  Didieu-Je.vn. 
3  novembre  1792.  Membre  du  Conseil  j^énéral  du  Bas-nhin. 
2  novembre  1793.  Maintenu  membie  de  radiniuisLi'ation 

provisoire  du  Bus-Rhin. 
25  décembre  — .  Proposé  pour  le  district  de  Strasboui'g  par 

le  Conaité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhiu. 
28  janvier  1792.  Président  du  Directoire  du  district  de  Stras- 
bourg, il  or  lonne  le  transport,  dans  les  caves  derhôtel 
de  Deux-Ponts,  des  vins  séquestrés  sur  les  riches; 
Targentorie  sera  envoyée  à  la  trésorerie  nationale  & 
Paris. 

2  août  — .  En  cette  qualité  il  signe  Padresse  envoyée  à  la 
Convention  nationale  lors  de  la  conspiration  de  Robes- 
pierre et  autres. 

17  janvier  1796.  Maintenu  par  le  représentant  Baiily. 

1V07.  Avocat  au  baiteau  de  Strasbourg. 

1808  et  1801  Avocat-avoué  à  celui  de  Barr. 

1807.  nidsuitàSchlestadt. 

DIÈUUË  (Antoin£>Gla.ude). 
1749.  Né  à  Rodez. 

Juillet  1790.  En  garnison  à  Strasbourg,  il  est  reçu  à  la  Société 

des  amis  de  la  Constitution. 
7  tévTierl792.  11  passe  aux  jacol>ins. 

6  octobre  — .  Kienlin,  dans  une  lettre  de  Paris  aux  jacobins 
de  Strasl)ourg.  annonce  que  leur  irère,  le  capitaine 


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m 


BBVUS  D'ALSAOB 


Diôche,  malgré  les  ;intrigues,  a  été  nommé  par  8er- 
van  lieutenant-colonel  du  3*  régiment  de  ligne  et  qu''il 
lui  adresse  aujourd'hui  sa  nomination. 
Fin  VHXL  H  arive  à  Strasbourg  comme  lieutenant-colonel  du 
98*  de  ligne,  commandant  la  place. 

1"  avril  1793.  Après  les  revers  de  Flandre,  Téterel  écrit  de 
Paris  aux  jacobins  : 

Avertissez  notre  brave  Dièche,  dites  à  cet  officier  sans-calotte 
de  tout  voir;  de  s'usorar  snrloiit  ai  les  biUes  et  1m  boolels  soit 
bien  de  cellbn,  la  poudre  bonne,  il  n'y  a  paa  na  Instant  à  peidie. 

11  août  — .  n  paflBB  général  de  bngade. 

20  août  — .  Général  de  division,  tout  en  oonaenwQt  le  com- 
mandement de  Strafiboiug. 

26  août  — .  Ignorant  son  ayanoement»  il  lance  comme 
général  de  brigade  une  proclamation,  ordonnant  aux 
membres  de  Pandémie  magistratore  XHT,  XV,  XXI, 
stettmeistres  et  ammeistres,  aoznobles  non  fonction- 
naires publics,  à  leurs  agents,  à  ceux  de  Tex-inten- 
dance  et  des  corps  ecclésiastiques  supprimés,  à  tout 
Français  retiré  à  Strasbourg  depuis  juillet  1789,  sans 
y  avoir  constamment  exercé  les  droits  de  citoyen,  ou 
bien  un  art  ou  profession  utile,  tenu  boutique  ouverte 
ou  magasin,  de  quitter  la  ville  dans  cinq  jours,  sous 
peine  d'arrestation  et  d'être  gardés  à  vue,  même  à  leurs 
£red&  A  cet  effet»  TAubette  sera  ouverte  nuit  et  jour, 
oû  les  ordonnances  du  dehors  et  du  dedans  trouveront 
un  point  do  réunion. 

14  septembre  — .  H  fait  arrêter  Brunck,  commissaire  des 
guerres,  et  Frédéric  de  Tûrckheim,  ancien  maire. 

1* novembre  — .  H  prévient  Milhaud  et  Guyardin  que  les 
cartes  civiques  sont  imprimées  et  qu'il  ne  reste  qu'à 
établir  un  bureau  pour  les  distribuer. 

3  novembre  — .  Chargé  par  Saint- Jusl  et  Lebas  d'exécuter 
l'arrêté  qui  casse  Tadministration  départementale, 
celle  du  district  et  la  municipalité  de  Strasbourg,  à 
l'exception  du  maire  Monet. 

38  novembre  — .  Les  communes  de  Molsheim,  Mutzig  et 


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LIS  BcnoaHi  m  hk  aftvoi.inioN 


421 


et  autres  de  la  vaDêe  de  la  Brudie,  étant  infectées 
d^aristocratie,  il  croit  à  propos  d*y  envoyer  des  com» 
missaîres  à  nommer  par  la  propagande. 

95  novembre  1793.  Dévoué  de  corps  et  d'Ame  aux  jacobins, 
il  est  nommé  de  leur  CSomité  de  surveillance. 

7  an  13  décembre  — .  n  ne  s'occupe  que  de  remplacements 
de  geôliers,  portiers»  consignes,  filles  de  joie  rentrées 
en  ville  et  gardes  au  Séminaire. 

10  décembre  — .  H  demande  la  démolition  des  étages  supé- 
rieurs de  la  caserne  de  la  Finckmatt,  des  considéra- 
tions militaires  rezigent 

15  décembre  — .  Sur  les  ordres  de  SaintJust  et  Lébas,  il 

fidt  arrêter  Schneider. 
19  décembre—.  Âu  club  des  jacobins,  U  vote  la  mort  de 

tous  les  suspects,  après  qu'une  Commission  populaire 

aura  été  étsMie  par  la  CSonvention. 

22  décembre  — .  Lacoste  et  Baudot  lui  donnent  plein  pou- 

voir pour  &ire  arriver  le  plus  de  souliers  pour  nos 
soldats,  qui  sont  nus-pieds  devant  Pennemi 

10  janvier  1791.  Il  fait  ari  At  'r  onze  palriotos  sans-culottes 
et  transférer  dans  l.i  nait  au  château  de  Dijon. 

23  janvier  — .  11  fournit  à  Lacoste  et  Bau<lot  une  liste  de 

tous  les  individus  détenus  avec  les  motifs  des  causes 
de  leur  détention. 
80  janvier  — .  Û  recommande  au  commandant  duSéminaire 
de  mettre  le  plus  grand  soin  à  abaisser  le  caquet  des 
aristocrates. 

3  février  — .  De  la  prison  du  château  de  D\jon,  Massé  lui 

mande  : 

Tn  as  (lit  à  ma  ft'nimc  (|no  jVlais  un  coiitrt'-n'volulioiinaire,  (]ue 
je  l'avais  déaoucé;  que  j'elais  un  Iwiume  perdu.  Tu  aurais  duoc 
bien  do  plaisir  à  me  voir  guillotiné!  Et  bien  !  Je  fais  t*en  donner 
les  moyens.  Toici  mes  crimes.  A  mon  retour  de  la  Vendée,  J'appris 

à  Strasbourp  que  lu  étois  si  ivre  le  jour  de  Taltaque  de  Kehl,  que 
lu  toml)as  trois  fois  de  «  hevai  !  Iiilerro};^  |inr  Sainl-Just  el  Lebas. 
je  fus  obligé  de  déclarer  <]u'un  ^'éiieral  qui  buvail  oulre  mesure 
ne  poovait  mériter  la  ronfiauce  des  vrais  républicains.  On  avança 


4» 


rnêmt'.  que  tu  t'étois  rendu  justice  de  ton  incapacité,  eu  SOilidUnt 

un  îîiMit'nil  (If  plus  pour  le  service  de  la  place. 

Suivent  encore  six  autres  points  d'accusation. 

6  lévrier  1794.  11  était  dans  le  secret  de  renouveler  à  Stras- 
bourg les  noyades  de  Nantes  ;  six  mille  citoyens  de- 
vaient périr  dans  le  lUiin. 

26  avril— .  11  approuve  les  onze  articles  d*une  nouvelle 
consigne  pour  les  maisons  de  suspicion,  avec  la 
devise  :  Mort  aux  tyram  et  aux  conspirateurs.  SurveU- 
hinre  et  acfinté. 

29  avril  — .  Ordre  du  jour. 

Un  crime  éooroie  a  été  commis  hier  dans  nos  murs,  un  scélérat 
a  Insulté  à  notre  liberté,  en  mettant  sur  les  portes  de  la  comédie 
les  mots  inn^mes  de  Vive  k  RoU  Voos  le  déconvrires,  sa  (été  doit 
rouler  sur  Péchafaud. 

dé  mai  — .  Il  iQvite  les  officiers  municipaux  d^ordomier  ce 
soir  des  visites  domiciliaires,  mais  ceux-ci  lui  répon- 
dent que  pour  pouvoir  opérer  avec  précision,  et  se 
faire  appuyer  de  frères  d'armes,  il  doit  leur  faire  con- 
naître le  motifs  qui  nécessitent  cotte  mesure. 

25  mai  — .  Membre  du  Comité  de  surveillance  des  jacobins, 
il  envoie  à  celui  de  la  Commjno  une  liste  do  passé 
cent  suspects,  et  comme  les  autorités  no  rêvaient  que 
complots  et  traliisons,  il  lit  placer  sur  les  places  et  <à 
rentrée  des  principales  rues  des  canons  avec  mèches 
allumées,  et  de  fortes  patrouilles  circulaient  dans 
toutes  les  directions. 

28  juin—.  D'Altkirch,  il  écrit  à  Hentz  et  Goujon  et  aux 
jacobins  de  Strasbourg,  au  siyet  de  Tenièvement  des 
prêtres  : 

r/csl  a  Cohnar  où  j'ai  cominfiid-  mes  oiK'rations.  KM)  curés  dans 
peu  de  jours,  et  sur  une  petite  étendue  du  pays,  fait  présumer  qu'il 
y  aura  au  moins  nn  bataillon  an  grand  complet  à  envoyer  &  la 
citadelle  de  Besançon. 

A  llirsin^îii''  il  a  fallu  :i„Mr.  j'ai  choisi  un  dim;«ni  lic,  j'ai  ram.issé 
les  nitiscâiliiis  cl  les  cinlimaiichcs  d'Altkirch  qui,  armés  de  pioches 
et  autres  inslrunients,  m'ont  aidé  ù  démolir  le  presytère  el  le  clo- 
cher de  la  commune.  Nous  allons  continuer. 

Et  en  effet,  en  moins  de  huit  jours,  Ibs  districts  de 


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LES  HOMUBS  D£  LA  ElÉTOLUTION 


498 


Benfeld,  Gotanar,  AllJdrch  et  Belfbrt  avaient  firami 
deux  cent  quarante-deux  prêtres»  huit  pasteurs  pro- 
testants et  six  rabbinsi  tranaCÊfâs  à  Cîhamplitte  et  ft 
BeBançon. 

8  Juillet  1794.  n  reçoit  delVœaamléiSabstjtut  de  la  Commune^ 
un  projet  d'exécution  des  ^tee  domiciliairee  à  fedre 
pour  la  recherche  des  suspects. 

7  octobre  — .  Membre  du  Gomitô  de  surveillance  des  hôpi- 
taux militaires  à  Strasbourg. 

38  décembre  — .  Il  quitte  le  commandement  de  Strasbourg, 
pour  ftdre  place  au  général  Sparr.  En  se  retirant,  il 
exprima  à  la  bourgeoisie  ses  regrets  du  mal  qu^  a 
fidt  et  versa  des  larmes  de  repentir. 

C'est  lui  qui  fit  arrêter  Villeneuve,  marquis  de 
Flayots,  demeurant  chez  Goindet,  et  en  le  dénonçant 
à  Monet,  il  ijoute  : 

n  est  instant  de  faire  arrêter  ce  bougre  Ml.  Faut-il  qae  oe  aoit 
la  municipalité  ou  moi  ?  réponse  et  iostrucUons  à  oe  sajet. 

1800.  Il  fut  mis  à  la  retraite. 

1811.  Il  est  décédé. 

Gomme  capacité  militaire,  c'était  une  nullité  com- 
plète ;  il  ne  parvint  aux  grades  supérieurs  que  par 
intrigues,  excès  de  patriotisme  et  comme  exécuteur 
aveugle  des  hautes  œuvres  des  terroristes.  Il  était 
joui'nellement  pris  de  vin,  et  le  rapport  de  Massé  n'a 
rien  d'exagéré  à  cet  égard. 

Le  général  Boursier  de  1814  et  1815,  à  Strasbourg, 
était  son  pendant. 

DIETSGH  (Jban-Qsobob), 

1789.  Fabricant  de  draps,  quai  des  Bateliers,  à  Strasbourg. 
Février  1791 .  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Consti- 
tution. 

7  février  1792.  D  passe  à  celle  des  jacobins. 

6  décembre  — .  Notable  de  la  Commune  sous  Tùrckheim. 
21  janvier  1703.  Officier  municipal  sous  le  maire  Saura. 

8  octobre  — .  Le  peuple  le  nomme  notable  sous  MonçL 


4M  tamm  d'auma 

5  novembfe  1798.  Hedntena. 

80  janvier  et  S8  avril  17d4.  Gooânné  notable  par  le  peuple. 

13  juin  ~.  Membre  du  Gomitô  permaneiit  de  la  Gommuiie, 
chargé  de  recevoir  les  souscriptioiis  pooroouvrir  les 
frais  des  décorations  r^fmblieaines  dans  le  tempto 

dédié  à  l^tre  suprême. 
3  août  — .  Signataire  de  TadresBe  du  Conseil  municipal  à  la 

Convention,  lors  de  la  conspiration  de  Bobespierre. 
17  janvier  1795.  Le  représentant  JBailly  le  «ftwirna  notable 

du  Conseil-général  de  la  Commune. 
La  fabrique  de  draps  (pili  fit  construire  i  la 

Roberteau  existe  encore. 

DIEDDONNÉ. 

Avant  1789.  Iffilitaire. 

Juin  1794  n  avait  41  ans,  lorsquil  se  fit  recevoir  membre 
de  la  Société  des  jacobins  à  Strasbourg.  H  était  alors 
Tun  des  nombreux  Commissaires  des  guerres  à  1^ 
mée  du  Rhin. 

DONNAT  (DoiONiQUB-TBfiODonB). 

1793.  Membre  du  dub  des  jacobins. 

95  décembre  1793.  Le  Comité  de  survdllance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  le  propose  aux  représentants 
du  peuple  aux  armées  du  Rhin-«t-MoseUe  pour  pro- 
cureur de  la  commune,  en  remplacement  du  fabricant 
de  bas  Schatz.  n  ne  fut  point  agréé,  c^est  Matthawiis» 
ex -juge,  qui  fût  nommé. 

3  mars  1795  au  31  mars  1799.  Notaire  à  Haguenau,  indis- 

1797.  Membre  du  jury  d^instruction  primaire  du  troisième 
arrondissement  du  fias-Rhin. 

TOl^PKT,  aussi  GOPPIN. 

De  tous  nos  jacobins,  c'est  celui-ci  dont  le  nom 
propre  a  étA  le  i  tlus  estropié . 

L'auteur  (lu  Lirrc  bJrn  ilil  :  Toppot,  puis  Dope t  et 
finalement  Coppin.  et  iMigelhardt,  dans  son  Histoire 
d' Alsace,  a  copié  les  mêmes  erreurs. 


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LES  HOMMBS  DB  LA  RÊVOLDTIOM  485 


le  général  Doppet  attaqua  les  Marseillais;  les  gor^s 
de  Septàmes  ftiraot  emportées  et  Tarmée  eatra  dans 
Marseille. 

Ce  peraonnsge  ne  sevaH^lpas  leftitnr  et  foiigaeuz 
geôtter  du  Séminaire? 
19  décembre  1798.  Toppet  anive  à  Straskxmrg,  au  club  des 
jacobins  au  Miroir  ;  comme  commandant  du  Sémi- 
minaire»  il  vote  la  mort  de  tous  les  suspects  après 
triage. 

25  décembre  — .  Le  Comité  de  survdllance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  envoie  Dopet  en  missionà  Paris. 

80  janvier  1794.  Le  général  de  division  Dièche  écrit  à  Gop- 
pin,  commandant  du  Séminaire  : 

Gontiiiiie  tvM  exadltiide  la  sanreiUaooe  et  meto  le  plus  gnnd 
zèle  dans  la  partie  qui  t'est  confiée  de  lnani^rt>  îi  abaisser  le  caquet 
des  arislûcrales  et  de  t'opposer  à  leurs  mactaloations. 

5  févrto  — .  Du  Séminaire  Goppin  signe  un  ordre  du  jour  : 
Assurant  les  prisonniers  i|ui  n'ont  pas  |)ayé  depuis  hi'T  \,  que 
s'ils  ue  payent  cet  après  diné  avant  les  l  heures,  ils  seront  mis 
dans  les  caveaux  au  |>aiu  et  A  l'eau  jusqu'à  réijiemeut,  etc. 

DORN. 

18  octobre  1793.  Administrateur  du  district  de  Strasbourg, 
il  assiste  à  l'assemblée  générale  des  autorités  consti- 
tuées et  des  Sociétés  populaires  dans  le  temple  de  la 

Raison. 

3  novembre  — .  Saint-Just  et  Lebas  cassent  cette  admi- 
nistration, laissant  au  Comité  de  surv^llance  et  de 
sûreté  générale  la  nomination  d'autres  membres. 

3  novembre — .  Maintenu  au  district.  Il  était  aussi  admi- 
nistrateur de  Thépital  des  enfants  de  la  patrie  à  Ste- 
phansfeld. 

10  décembre  1793.  Administrateur  provisoire  du  district,  il 
réclame,  d'ordre  du  général  Diéche,  à  la  mimidpalité 
cent  cinquante  charpentiers  pour  raser  les  étages 
supérieurs  de  la  caserne  de  la  Finckmatt,  exigés  par 
des  considérations  militaires. 


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4M 


SÊVUB  D*ALflâ0B 


DORON  (Nicolas), 
GrandYue,  n'  19. 
1789.  Fluissier  audiencier,  attaché  à  Ja  juridletioii  royale 

des  raonnaif^s, 
1792.  Membre  du  club  des  jacobins. 

25  décembre  1793.  Huissier  audiencier  du  tribunal  criminel 

du  Bas-Rhin  ;  son  certificat  de  civisme  est  approuvé. 
23  avril  1791.  Nommé  secrétaire  greffîer-ac(|omt  de  la  muni- 
cipalité de  Strasbourg. 

26  mai  — .  Il  vise  une  liste  de  vingt-neuf  personnes  sus- 

pectes. 

30  mai  — .  Une  seconde  de  quatre-vingt-sept  à  incarcérer. 

25  juin  — .  Il  est  encore  en  place. 

2  août  1794.  Il  signe  l'adresse  de  la  municipalité  à  la  Con- 
vention nationale  lors  de  la  découverte  de  la  conspi- 
ration ourdie  par  Robespierre,  Saint-Just  et  Lebas. 

1798.  Greftier  du  tribunal  de  police  correctionnelle  de  Tar- 
rondissement  de  Strasbourg. 

finBiUf£  Baatb. 

fia  êtÊiU  pro^aiinmtntj 


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BULLETIN  filBLIOGRAPUlQUË 


I.  La  forteresse  de  Puy-de-Gaudy  et  la  ville  de  Ouéret, 
par  J--B.  Thuot,  ancien  professeur  de  philosophie.  Limoges,  irup.  de 
V*  0.  OoeourtiAox,  5,  me  des  Arènes.  1818.  1  vol.  Id^  deVI-S^p. 
—A  Ptfis,  ehes  Dunml  et  Pédon»>IjR«il,  libraire,  11,  me  SoofBot. 

Un  professeur  de  la  faculté  des  sciences  do  Nancy.  M.  le 
Docteur  Bleichcr,  a  examiné  au  soiuTiK  t  du  ballon  de  Uart* 
mannswiUeTi  petite  commune  de  la  Haute  Alsace,  assise  sur 
Tuu  des  premiers  contreforts  orientaux  des  Vosges,  quelques 
btocs  de  granit  qui  lui  ont  fourni  la  matière  d'une  inté- 
ressante communication  scientifique  aux  dernières  assises 
des  sociétés  savantes.  Si  l'on  s'en  rapporte  aux  informa- 
tions qui  ont  été  données  par  les  journaux,  au  lendemain  de 
la  conununication,  ces  blocs  auraient  été  «  reliés  à  l'aide  d'un 
ciment  vitrilié.  »  M.  Bleiclier  pense  que  les  anciens  avaient, 
pour  obtenir  cette  vitrification,  des  procédés  qui  nous  sont 
inconnus  et  il  entre  dans  de  grands  détails  sur  la  composition 
chimique  de  ces  ciments.  Le  mémoire  de  M.  Bleicher  donne 
lieu  à  des  observatious  de  la  part  de  MM.  Palustre,  de  Lau- 
rière,  Quicherat  et  Ed.  Blanc,  qui  ne  croient  pas  que  les 
Gaulois  aient  employé  d'autre  procédé  que  l  action  du  feu 
pour  obtenir  la  vitritication,  tandis  que  d'autres  savants  pen- 
sent au  contraire  que  les  anciens  avaient,  pour  l'obtenir,  un 
procédé  qui  nous  est  inconnu.  M.  Alex.  Bertrand  ajoute  à 
ces  oi)servations  qu'en  effet  raction  du  feu  peut  seule  avoir 
produit  la  vitritication,  puistiue  l'on  trouve  dans  les  murs 
vitrifiés  les  interstices  ou  les  cheminées  ayant  servi  au  pas- 
sage des  rianimes,  et  enfin  il  fait  remarquer  que,  selon  lui,  le 
procédé  ne  doit  pas  remonter  à  une  haute  iintiipiite.  Nous 
n'arrêterons  pas  plus  longuement  ratteiition  du  lecteur  sur 
l'incident  qui  a  occupé  Messieurs  Icb  délégués  des  sociétés 


42B 


BBVUB  D' ALSACE 


BEvanteB.  Nous  passons  à  la  monographie  de  M.  J.-B.  Thnot» 
qui  semble  avoir  donné  une  solution  anticipée  au  problème. 

A  tarois  kilomètres,  sudrost,  de  la  ville  de  Guéret  sui^  une 
hauteur  ayant  la  forme  dHin  cône  tronqué  et  dominant  les 
terrains  qui  Pentourent  par  un  relief  de  deux  cents  mètres 
d'élévation.  Le  plateau  de  ce  cône  a  une  superficie  de  trois 
hectares,  d*oti  ToBil  découvre  le  pays  à  près  de  dix  lieues  k  la 
ronde.  Aux  extrémités  du  plateau  émergent,  çà  et  là,  des  blocs 
de  granit  recouverts  d*une  vitriiication  que  le  temps  n'a  pas 
altérée;  d'autres  blocs  de  granit  à  l'état  naturel  existent  dans 
U  forêt  voisine  ;  les  uns  paraissent  posés  en  pal,  le  plus  grand 
nombre  gisent  à  plat  ;  plusieurs  de  ceux-ci  portent  des  cuvet- 
tes d'assez  grandes  dimensions  et  évidemment  taillées  par  la 
main  de  l'homme.  Les  noms  conservés  à  ces  lieux,  Taspect 
étrange  qu'ils  présentent  aux  regards  des  habitants,  le  bour- 
relet ou  vaUum  qui  enceint  le  plateau,  les  débris  reconnais- 
sablés  d'anciennes  constructions  au  centre  de  Tenceinte  ou 
de  Vager  ont  naturellement  contribué  à  entretenir  dans  l'es- 
prit des  populations  le  vague  souvenir  d'un  passé  lointain, 
souvenir  qui,  comme  partout,  s'est  traduit  en  légendes  mysté- 
rieuses et  aux  contours  mal  dt'Hnis.  Depuis  que  les  études 
préhistoriques  ont  conquis  dans  la  science  la  place  qui  leur 
appartient,  ces  cantons  ont  été  visités  par  quelques  savants, 
mais  ils  n'ont  été  Tobjet  d'aucune  recherche  spéciale  et  ils 
sont  restés,  rommo  auparavant,  dans  Tnliscurité  que  le  temps 
leur  avait  faite.  Il  était  réservé  à  M.  ïhuot  de  se  livrer  à  un 
travail  de  ce  genre  et  de  nous  faire  connaître,  avec  un  soin 
parfait,  avec  un  amour  véritable  pour  la  science,  une  des 
plus  importantes  stations  archéologiques  du  territoire  fran- 
çais. 

Convaincu  que.  pour  les  périodes  antérieures  au  moyon-âf;o, 
les  archives  historiques  ne  peuvent  exister  que  dans  le  sol, 
Tauteiir  les  y  a  cherchées  au  moyen  de  fouilles  opérées  d'une 
faijon  intelligente  et  sérieuse.  Les  preuves  recueillies  dans 
CCS  fouilles  sont  eoncluiinti's.  De  nombreux  fragments  de 
poterie  sécliée  et  faite  à  la  main,  deux  nurleas^  un  grattoir  en 
bilex,  une  monnaie  d  argent  au  type  deBéiénus,  dieu  du  soleil, 


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BULLETIN  BIBLIOQBAPHIQUB 


429 


des  fragments  de  bracelets  en  lignite  siliceux,  une  pointe  de 
flèche  en  silex,  deux  hacties  en  jade,  quatre  enceintes  formées 
de  pierres  brutes  posées  debout,  d'autres  pierres  posées  en 
pal  sur  table  ou  piédestal,  d'autres  tables  de  grande  dimension, 
reposant  horizontalement  sur  le  sol  et  mnnies  d^écuelles  évi- 
damnent  taillées  dans  les  tables  par  la  main  de  lliomme,  se 
comptant  jusqu'à  omse  sur  la  mdme  table,  quelquefois  reliées 
par  une  rigole,  démolirent  péremptoirement  que  la  plateau 
et  le  Toisiuage  fturent  occupés  aux  temps  druidiques  et  que  le 
sommet  de  la  montagne  fut  la  forteresse  et  le  temple  des 
populations. 

A  la  conquête  des  Gaules,  les  Romains  durent  s^emparer 
de  ce  poste.  Les  preures  que  M.  Thuot  produit  en  &Teur  de 
cette  aflirmation,  sont  aussi  concluantes  que  les  précédentes. 
La  citadelle  celtique  fot  en  partie  détruite  et  les  Bomains 
utilisërentses  matériaux  pour  construireune  nouTolle  enceinte 
dont  certaines  parties  sont  pour  ainsi  dire  encore  intactes  .* 
sur  remplacement  romain,  qui  est  aux  trois  quarts  le  mdme 
que  remplacement  celtique,  abondent  les  firagments  de  tuiles 
à  rébord,  de  débris  d'amphores,  de  poteries  grossières  et 
fines.  Dans  ses  fouflles,  li.  Thuot  y  a  d'ailleurs  recudlli  un 
peson  de  fiiseau,  des  monnaies  en  bronse,  une  Faustine  et  un 
Lucius  VeruB,  deux  meules  de  moulin  à  bras,  une  pointe  de 
jaYolot,  deux  plaques  d*un  collier  militaire  en  bronze  doié^ 
la  coquille  et  la  garde  d*une  ^ée  courte,  aussi  en  bronze 
doré,  tous  objets  qui  prouvent  incontestablement  que  la  domi- 
nation romaine  a  pris  possession  du  poste,  qu'elle  l'a  fortifié 
à  son  tour  et  qu'elle  y  a  même  célébré  son  culte  comme  ra- 
yaient foit  les  Celtes  avant  elle.  M.  Thuot  penche,  avec  raison 
croyons-nous,  à  en  trouver  la  preuve  dans  le  nom  conservé 
à  une  partie  de  la  montagne,  Pèstadwe^  qui  ne  serait  que  la 
la  corruption  de  Vestadiva, 

En  472,  c'est-à-dire  à  Telfondrement  de  l'empire  romain, 
s'ouvre  une  ère  nouvelle  pour  le  poste  militaire  et  religieux 
dont  il  s'agit  Le  Roi  visigoth,  Eoric,  s'empare  du  Limousin 
et  l'annexe  à  (son  royaume  d'Aquitaine.  Puy-de-Oaudy  est 
compris  dans  le  pays  annexé.  Au  monothéisme  gankds  avait 


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BEVUE  D  4LSilOB 


succédé  BUT  là  montagne  le  polythéisme  romain;  à  ce  dernier 
vont  succéder  au  même  endroit  le  christianisme  arien  et  un 
système  de  fortifications  importés  par  les  migoths  d'orient  en 
occident  Les  preuYes  du  fût  ne  cessent  pas  d*être  oon- 
Gluantes* 

Sous  un  bourrelet  de  gason  fort  épais,  M.  Thuota  découvert 
au  centre  du  plateau  les  ruines  ou  les  fondations  d*un  temple 
rectangulaire  que  les  nouveanz  dominateurs  y  avaient  établi 
Vaincue  par  le  catholicisme  devenu  triomphant,  condamnée 
et  poursuivie  par  les  nombreux  conciles  qui  8uivûrent,l*hérésie 
arienne  disparut  et  avec  elle  les  édifices  religieux  qn*eUe 
avait  élevés.  Le  duc  d'Aquitaine,  Eudes,  vaincu  par  Charles- 
Martel,  ayant  pris  l'engagement  de  laisser  ses  places  fortes 
du  Nord  sans  garnison  et  sans  habitantB,  M.  Thuot  pense 
que  la  destruction  de  l'église  arienne,  dont  il  a  découvert  les 
fondations,  remonte  à  l'année  720.  A  la  place  de  cette  église 
fut  alors  âigée  une  chapelle  eiqpiatoire,  dédiée  à  Saint43er- 
main,  et  qui  est  tombée  de  vétusté  il  y  après  de  deux  sièdes. 
Dix-huit  cercueils  en  pierre  ont  été  découverts  dans  un  cime- 
tière contigu  aux  deux  édifices  ;  plusieurs  offiraient  cette  par- 
ticularité que  le  couverde  portait  une  croix  à  branches  égales, 
d'où  l'auteur  conclut  avec  raison  que  ceux-ci  appartiennent 
k  l'époque  arienne  et  les  autres  à  l'époque  franque  ou  méro- 
vingienne. 

Mais  il  no  subsiste  pas  seulement,  au  Puy-de'<}attdy,  que 
les  fondations  du  temple  des  Visigoths  et  les  cercueils  en 
granit  dont  il  vient  d'être  parlé  ;  il  y  a  encore  l'enceinte  de 
leur  établissement  militaire;  le  tracé  se  trouve  tout  entier 
dans  un  état  de  conservation  dont  le  degré  varie.  Cette 
enceinte  est  beaiicnup  plus  vaste  que  les  précédentes,  car 
eUe  règne  sur  tout  le  pourtour  du  cône  et  aux  extrémités 
basses  du  talus.  C'est  en  poussant  ses  fouilles  et  ses  observa- 
tions à  travers  cette  enceinte,  éventrée  de  part  en  part,  que 
M.  Thuot  a  rencontré  le  noyau  vitrifié  de  la  fortification. 

Arrivé  en  présence  de  ce  fait,  déjà  sii^nalé  en  archéologie, 
notre  auteur  a  voulu  s'en  rendre  compte,  et  il  a  eu  recours  à 
la  science  proprement  dite.  U  est  arrivé  À  une  première  con- 


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BQIxmN  BIBLlOeRAPBIQO^  4SI 

oloBioii  ainsi  fomiilée  :  Le  granit  qu*il  avait  sous  les  yeux  ne 
saurait  avoir  été  fondu  qa*à  Taide  d'une  matière  dissolvante 
mise  en  contact  avec  M;  cette  matière  dut  pouvoir  produire 
par  eUe-mdme  une  chaleur  capable  de  mettre  en  fosion  la 
silice  qui  est  la  partie  dominante  dont  se  compose  le  granit, 
et  enfin  cette  matière  dut  être  connue  des  Visigottis,  auteurs 
de  la  dernière  enceinte  de  Puy-de  Gaudy.  Or,  dans  le  cha- 
pitre VII  de  sa  monograiMe,  M.  Thuot  établit  que  le  fou 
grégeois  ou  grec  contenait  un  des  fondants  de  la  silice  ;  que 
Marcus  Grœcus,  un  des  plus  anciens  historiens  des  croisades, 
en  donne  la  formule  consistant  en  «  «u^/ur  vimm,  tartanm, 
sarooUam  et2)icolam,  soi  coctum,  oleum  petroleim  et  oletm 
commune  »,  c'est-à-dire,  en  «  soufre  pur,  tartre,  sarcoUe,  poix, 
salpêtre  fondu,  huile  de  pétrole  et  huile  de  gemme,  que  Ton 
fait  bouillir  ensemble  pour  composer,  avec  de  l'étoupe,  le  feu 
grégeois.  Dans  ses  écrits,  Albert-le-Grand  donne  une  formule 
identique. Après  avoir  approfondi  la  question  historico-scien- 
tilique,  M.  Thuot  démontre  que  le  feu  grégeois  était  connu 
des  Visigoths  qui,  dès  Tan  250,  avaient  combattu  contre  la 
Médie,  la  Thrace,  la  Macédoine,  la  Grèce  et  TAsie  mineure; 
que  s'étant  emparés  du  pays^  à  la  décomposition  de  l'empire 
d'occident,  pour  en  former  le  royaume  d'Aquitaine,  ils  durent 
s'y  fortitier  en  employant  les  ressources  militaires  que  les 
guerres  d'Orient  avaient  misrs  à  leur  rlisposition.  La  forte- 
resse vitrifiée  de  Puy-dc-Gaudy  remonterait  ainsi  à  la  tin  du 
V*  siècle  ou  au  comraenconuMit  du  VP.  M.  Thuot  signale 
d'ailleurs  des  travaux  de  même  nature  dans  la  contrée,  à 
Thoron  et  à  Château-vieux,  oîi  l'on  rencontre  çà  et  là  de  volu- 
mineux blocs  de  granit  fondus.  Si  Ton  doit,  ce  qui  ne  nous 
parait  pas  douteux,  admettre  les  conclusions  de  ce  très  impor- 
tant travail,  ou  peut  dire  par  la  même  raison  que  le  granit 
fondu  signalé  par  M.  Bleicher  au  ballon  d'Hartmannswiller 
provient  de  constructions  semblables  à  celles  de  Puy-de- 
Gaudy, exécutées  dans  nos  Vosges  orientales  par  k  s  Ostro- 
goths  qui,  après  avoir  participé  aux  guerres  d'Orient  avec  les 
fondateurs  du  royaume  d'Aquitaine,  auraient  péuéti  é  jusqu'en 
Alsace. 


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« 


tô2  HKVUË  D  ALSACE 

Lee  blocs  à  cavettoB  ou  les  tables  qoe  l'on  rencontre  aux 
sommets  de  nos  Vosges,  sont,  elles  anssi,  dignes  d'attention 
et  de  recherches  particulières.  Dans  la  description  qne  fait 
M.  Thuot  de  celles  qui  sont  à  proximité  de  Pny-de-Gandy,  on 
reconnaît  souvent  une  par&ite  analogie  avec  la  table  connue 
du  Haut-Honack  dominant  la  plaine  de  Colmar  et  la  vallée 
de  Munster  :  mêmes  dimensions  des  bassins,  mdme  disposition 
quant  aux  rigoles  qui  rdient  les  cuvettes;  mais  IL  Huot  ne 
signale  aucun  goulot  semblable  à  celui  dont  le  bassin  princi- 
pal du  Honack  est  muni 

Sous  la  domination  Visigothe,  Puy-de-Oandy  prit  le  nom  de 
BibandéUe;  mais  le  sentiment  populaire  est  resté  fidèle  à  la 
dénomination  primitive  et  le  nom  de  Bibandelle  n'est  remis 
en  lumière  que  par  la  révélation  d'andens  titres  consultés 
par  les  archéologues  et  les  historiens. 

Ribandelle,  détruite  en  721  par  Qiarles-Martel,  paraît  avoir 
été  remise  en  état  de  défense  au  temps  des  invasions  nor* 
mandes  et  abandonnée  à  Tautorité  religieuse  qui  y  établit  un 
monastère  dont  Saint-Pardoux  fut  )e  premier  abbé  et  autour 
duquel  fut  fondée  la  ville  de  Guéret 

Un  des  chapitres  les  plus  intéressants  et  les  mieux  appro- 
fondis est  certainement  le  chapitre  concernant  Thistoire  du 
feu  grégeois,  auquel  nous  n'avons  pu  consacrer  que  de  som- 
maires indications.  Au  moyen  de  textes  empruntés  à  Tanti- 
quité,  M.  Thuot  prouve  une  fois  de  plus  qu'il  n'y  a  rien  de 
neuf  sous  le  soleil  et  il  aboutit  à  une  conclusion  en  rapport 
parfait  avec  la  communication  de  M.  Bleicher  aux  sociétés 
savantes,  savoir  :  Une  analyse  chimique  ferait  peut-être  con- 
naître les  éléments  employés  dans  Tantiquité  pour  obtenir  le 
feu  <]^é«eois  et  la  fusion  de  la  roche  granitique.  Nous  recom- 
mandons spécialement  ce  chapitre,  que  nous  nous  sommes 
gardé  de  déflorer,  rattention  des  lecteurs  de  la  Bévue  et  en 
adressant  nos  félicitations  à  raiiteiir,  nous  lui  exprimons 
notre  reconnaissance  pour  la  gracieuse  communication  dont 
il  nous  a  honoré. 

Ebédéric  Kunra. 


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DEUX  LEnBBS  INÉDITES 


D'ALEXANDRE  BEAUHARNAiS 


An  quartier  jènénl  à  Wissembourg,  le  5  AoDst  îT9i,  1^  n  de 
la  Réfwbllqae  fianfatee,  mw  et  indlflalble. 
Aleiandra  Beaohtrnais,  général  en  chef  de  rarmée  da 
RbîD, 

Attx  citoyens  adtninistraUurs  du  département  du  Haut- 
Min. 

La  confiance  dont  vous  m'avez  toujours  honoré,  citoyens 
administrateurs,  me  fait  un  devoir  de  vous  faire  part  d'une 
résolution  qui  m'a  été  inspirée  par  le  sentiment  de  mon 
amour  pour  la  patrie  et  qui,  d'après  cette  aouroe,  ne  peut 
manquer  d'obtenir  votre  assentiment. 

Un  grand  nombre  de  aociétés  populaires  ont  manifesté  leur 
VOMI  de  voir  hors  des  armées  ceux  qui  avaient  le  malheur 
d*appartenir  à  une  classe  ci-devant  privilégiée;  je  ne  saurais, 
quand  je  fiUs  partie  de  ces  associations  populaires,  m*empê- 
cher  d'en  suivre  les  rues,  alors  qu'une  de  leurs  erreurs  me 
commande  ces  sacrifices.  Sans  doute,  il  m'en  coûtera  de  ne 
plus  porter  les  armes  pour  ma  patrie,  sans  doute,  la  perspec* 
tive  de  contrihoer  par  ma  mort  à  Tindépendance  de  mon 
pays  avait  un  grand  charme  pour  moi,  mais  il  me  restera  la 
douceur  (le  contribuer  par  mes  écrits  a  propaj^er  les  principes 
républicains,  il  me  rer»tera  U  consolation  davoir  toujours 
mérite  et  obtenu  l  esliiiie  de  mes  concitoïens  dans  les  fonc- 
tions civiles  et  miUUireâ  que  j'ai  exercées  depuis  le  commen- 

Itavnlld  Série  -  s»  ABDéA.  28 


434 


siTin  d'alsaoi 


cernent  de  la  fé?olatioB.  Je  réclame  la  eonttaaatioii  de  la 

vôtre,  citoïens  administrateurs,  avec  autant  d'instanoo  que 

je  mettrai  de  prix  à  la  conserrer. 

Je  joins  à  ma  lettre  celle  que  j'écris  à  la  convention  et 
avec  elle  rassurance  que  ma  conduite  et  mes  sentiments  me 
rendront  toujours  digne  d'ôtre  votre  concitoïen. 

Agréez  l'hommage  sincère  de  mes  sentiments  fraternels. 
Le  général  en  chef  de  Tarmée  du  Rhin, 

ÂLKZAIIDBB  BaAUHâBlfàlB. 


AnqoartlergMilàVlaaeBdKHirf  (rie)le8Aoiiitl19a,  lluO 
de  la  BépaliUqiie  ftiacalse  nae  el  ladifisible. 

Alexandre  Beanhamais,  général  en  chef  de  Faniiée  dn 

Rhin, 

Aux  dioïens  reprëseniatis  du  peuple  députés  à  ia  convention 
nationale. 

Bien  pénétré  de  cette  vérité,  citoïens  Représentans,  qu'on 
agent  de  la  Force  publique  doit  être  constamment  étranger 
à  tout  objet  politique,  je  m'étais  promis  de  n'élever  jamais  ia 
Toix  fiamii  toos  que  pour  vous  rendre  compte  dee  nooTe- 
menta  on  dea  auccèa  de  l'armée  dont  voua  m*aTeB  confié  le 
commandement,  que  pour  appeler  votre  attention  et  lintéfét 
national  aor  lea  braves  firèrea  d'armea  qui  défendent  la  liberté 
sur  lea  borda  du  Rhin.  Je  manque  aiqonrd*bni  à  cet  engage- 
ment pour  voua  parler  de  moi,  mais  j*y  crois  être  Ibroé, 
puisque  c'est  sous  un  rapport  qui  me  lie  essentièllement  à  la 
chose  publique. 

De  toutes  parts  les  sociétés  populaires  expriment  un  vœu 
qui  tend  à  éloigner  des  armées  ceux  qui  ont  le  malheur  de 
faire  partie  d'une  classe  ci-devant  privilégiée. 

J'attache  trop  de  prix  à  la  confiance  de  mes  concitoïens,  à 
celle  des  patriotes  pour  ne  pas  adhérer  en  ce  qui  dépend  de 
moi,  à  Texécution  d'une  meeure  qui  peut  être  dictée  par  une 


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LBTTRB8  Wtmil  D'ALBXAVDBS  BBAUHABNAll  486 


erreur  politique,  mais  qui  a  pour  objet  fntilîté  générale  et 
une  plus  grande  probabilité  du  succès  des  armes  delà  Répu- 
blique. 

Depuis  le  commencement  de  la  Révolution  je  me  suis 
toujours  vu  sur  la  première  ligne  des  hommes  courageux, 
qui  n'ont  été  effralés  d'aucun  obstacle  et  qu'aucuns  préjugés 
n'ont  arrêté.  Ce  ne  sera  pas  lorsqu'il  s'agira  de  m'éloigner 
d*nne  place  émiiiente  que  je  eenerai  de  me  eodSiirmer  à 
leurs  vues. 

raurais  combetiu  eette  mesure  dans  les  clubs,  mais  je 
dois,  quand  je  suis  momentanément  hors  de  leur  sein,  agir 
d'après  une  opinion  qui  prend  une  sorte  de  consistance  et 
prêcher  d'exemple  une  mesure  qui  fera  au  moins  le  bien  de 

mettre  fin  à  la  méfiance  qu'appellent  encore  quelques  cl  devant 
privilégiés,  par  leur  conduite,  leurs  propos  ou  leur  inertie. 
Je  prie  donc  avec  instance  la  Convention  nationale  de  nommer 
au  commandement  de  l'armée  du  Rliin  un  autre  officier.  J'ai 
écrit,  il  y  a  deux  jours,  aux  citoyens  Représentans  du  peuple 
à  Strasbourg,  pour  les  supplier  de  (aire  une  nomination  pro- 
Tisoire.  J'attends  leur  réponse  pour  remettre  à  mon  succes- 
seor  tons  les  papiers  et  instructions  qui  peuTont  lui  être  utiles 
et,  alors  dans  les  rangs  parmi  mes  brares  camarades,  je 
conttnnerai  k  servir  la  République  avec  le  même  sèle  et  le 
même  déronemenL  Je  suis  du  petit  nombre  de  ceux  qui  ont 
rempli  presque  toutes  les  Ibnctions  dTiles  et  militairss  et 
qui  dans  toutes  l'ont  servi  fidèlement;  de  ceux  qui  l'avaient 
dans  le  cœur  avant  la  révolution,  je  serai,  dans  quelque  poste 
que  ce  soit,  du  nombre  des  amis  de  la  liberté,  qui  périront 
pour  son  triomphe  et  pour  l'indépendauce  du  peuple  français. 
Pour  copie  conforme  : 
Le  géaéral  eu  chef  de  l'armée  du  Uhin, 

Alexaudre  Beadharnais. 

{CkmimmiieaMon  4e  M,  G.  Frakts.) 


UNE  LETTRE  INÉDITE 

DE  FÉLIX  DESPÛRTES  A  MICHEL  PAIRA 

à  propos  de  Fécole  accouchement  de  Colmar 


Micbel  Paira,  né  à  Sainle-Marie-auz-mines,  jouissait,  aa 
commeneement  de  ce  siècle,  d'uae  grande  eonaidératioa  dans 
le  Haut-Rbin.  n  aTait  fondé  dans  sa  ville  natale  une  maiaon 
de  banque^  dont,  pins  tard,  il  transporta  le  siège  à  Paria. 
Un  écrit  contemporain  dit  qu'il  Ait  nn  philantrope  aélé  et  on 
bienfidteor  de  tontes  les  CDUvres  de  progrès.  Il  dota  généren- 
sèment  Técole  secondaire  de  Saînte-llarie-anx-mines»  pois 
l'école  d'acooochement  du  Haut-Rbin. 

C'est  à  l'occaéion  de  cette  dernière  que  le  Préfet,  M.  Félix 
Desporles.  nous  a  laissé,  outre  la  lettre  qui  va  suivre,  une 
esquisse  morale  de  Paira  et  le  souvenir  de  l'une  de  ses  plus 
utiles  fondations.  Voici  comment  s'exprime  le  premier  ma- 
gistrat du  llaul-Hliin  dans  l'écrit  auquel  il  est  fait  allusion  : 

■  Sa  charité  constante  envers  les  pauTres  de  Sainte-Marie- 
anx-mines,  qui  s'applaudit  de  ravoir  ru  naître  ;  sa  inagoift- 
cenee  que  signalent  plusieurs  établissements  publics  dans 
cette  commune;  les  nombreux  secours  que»  récemment  encore, 
il  Tenait  d'accorder  à  l'école  secondaire  de  cette  ville;  ses 
aumônes  si  profbsément  répandues  sur  tous  les  indigents  du 
département,  tout  me  fidsait  présager  qu'un  don  de  plus, 
quelque  considérable  qu'il  fût,  n'effrayerait  pas  sa  générosité 
et  ne  coûterait  point  à  son  cœur,  lorsque  l'utilité  générale  en 
serait  l'inappréciable  résultat. . . 


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fCldl  dbsportes  a  michel  paiba 


4S7 


c  Je  dis  nn  mot  et  je  n'eus  pas  le.  temps  de  former  des 

VŒUX.  A  rinstant  même  toos  les  fonds  nécessaires  à  une 
institution  si  belle  me  furent  prodigués  sans  mesare.  » 

Cependant  le  préfet,  Félix  Desporles,  n'avait  rempli  que 
la  moitié  de  sa  tâche.  Il  fallait  un  professeur  à  cette  école  de 
la  maternité.  Le  do^Ueur  Gabriel  More!  ne  laissa  point  invo- 
quer en  vain  sa  participation  :  il  pourvut  à  Tinstallalion  et 
à  rorganisatiofi  de  l  école.  Il  dirgea  et  surveilla  tout,  puis  ii 
professa,  jusqu'à  sa  mort,  à  titre  gratuit. 

Le  i**  décembre  1805  (10  frimaire  an  XIV)  on  inaugura 
solennellement  le  monameot  qui  honore  la  mémoire  du  bien- 
fiillenr  et  dn  professeur.  Ce  monument  eonsisie  en  une  table 
de  marbre,  religîeuseflient  respectée  et  fixée  an  mnr  de  la 
première  salle  de  la  partie  de  l'hospiee  cifil  de  Golmar,  affec- 
tée an  cours  et  an  serrice  de  Técole  d  acconcbements.  On  y 
lit  rinseription  suivante  : 

A  MICHEL  PAIRA 
de  ses  concitoyens  l'ami  par  la  naissance, 

Le  père  par  les  bienfaits. 
Tandis  que  les  habitants  du  Haut-Rhin 
célébraient  ses  vertus,  sa  philaatropie. 
Cette  école, 
monument  de  sa  munificence, 
fut  établie 
pour  riastructioQ  des  sages-femmes. 

Quelques  jours  après  nnauguration  de  ce  monument,  H. 
Félix  Desportes  éerivlt  à  M.  Pairs,  alors  établi  à  Pteris,  bon- 
levard  Montmartre,  la  lettre  que  la  Rmnte  s'empresse  de 
recueillir  : 

Colmar,  le  30  décembre. 
Sî  )t  n'avais  pas  été  manchot  depuis  trois  semaines,  mon 
cher  ami,  je  vous  aurais  rendu  compte  de  la  cérémonie 
qui  a  eu  lieu  ces  jours  derniers  pour  la  distribution  des 
pri&  de  votre  école.  M.  Grandpierroa,  que  j'ai  eu  l'avantage 


48B 


tmwim  n^ALBàm 


de  voir  ici,  tôus  en  portera  le  procës-rerbal,  ainsi  que  les 
devis  des  augmentations  et  embellissements  qui  ont  été 
récemment  exécutés  dans  le  local.  Ce  paquet  étant  très 
volumineux,  je  n'ai  pas  voulu  vous  l'envoyer  par  la  poste. 
Je  ne  vous  écris  aujourd'hui  que  pour  vous  souhaiter  une 
bonne  année  et  toute  la  dose  de  bonheur  dont  votre  excel- 
lent cœur  vous  rend  si  digne. — A  vez-vous  enfin  reçu  votre 
eau  de  cerise  et  me  regarderez-vous  encore  comme  un 
Gascon ^  Je  sais  que  vous  m'avez  donné  ce  beau  titre  dans 
un  charmant  dîner,  auquel  assistait  chez  vous  une  frac- 
tion de  ma  Êimille.  Je  ne  m'en  plains  pas,  car  rien  ne 
ressemblait  tant  à  une  gasconnade  que  ma  promesse, 
depuis  le  temps  que  je  la  faisais,  sans  que  vous  la  vissiez 
s'effectuer*  Ce  n'est  pas  ma  faute,  mais  celle  des  rouliers 
qui  voyagent  comme  des  tortues.  Si  vous  laissez  vieillir  ce 
ktrsch  seulement  un  an,  je  suis  sur  que  vous  en  serez  con- 
tent; mais  dans  ce  moment  il  doit  vous  paraître  d'une 
force  diabolique.  Voilà  ce  que  c'est  que  d'avoir  des  gosiers 
parisiens!  avec  nos  palais  allemands,  l'eau  forte  nous 
parait  à  nous  autres  aussi  douce  que  l'eau  de  fleur  d'o- 
range. Mais  je  me  flatte  que  vous  ne  mépriserez  pas  mon 
vin  de  paille,  qui  est  parti  depuis  plus  d'un  grand  mois  et 
qui  doit  vous  arriver  prcsqu  en  môme  temps  que  cette 
lettre.  Celui-là  pourra  se  présenter  avec  honneur  à  vos 
élégants  festins;  il  est  plus  vieux  que  vous  et  moi.  J'ai  la 
certitude  que  vous  concevrez  quclquevénération  pour  son 
grand  âge.  Goûtez-le  sans  prévention  et  vous  m'en  direz 
des  nouvelles. 

Priez  le  ciel,  mon  cher  ami,  qu'il  laisse  tomber  la  paix 
dans  le  conseil  des  puissans  Je  ce  monde,  car  j  ai  une 
furieuse  envie  d'aller  admirer  votre  capucinière  dont  on 
m  a  vanté  la  délicieuse  situation.  Je  m'eanuye  à  m'avaler 
les  poings  jusqu'au  coude  dans  votre  aimable  pays  ;  et 
vous  seriez  de  mon  avis  si,  comme  moi,  vous  y  aviez  con- 
sommé les  quatre  plus  précieuses  années  de  votre  vie. 
Continuez  à  jouir  de  votre  brillante  santé,  de  vos  magni- 


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fiques  sociétés  et  de  tous  les  plaisirs  que  vous  offire  la 
capitale. 

Présentez  mon  respect  à  Madame  Paira,  et  aimez  tou- 
jours votre  bon  et  fidèle  ami. 

Féux  Dbsporibsl 
iOmmmnSquépar  M,  ICazdh  Qàssmy. 


*  M.  Paira  fdt  l<»j|lBi&|M  ea  compoaduice  avec  le  général  Rapp.  La 
Revue  publiera  incossaroment  une  grand*  jiartie  des  très  intérwsantM 
lettres  de  ce  dernier  à  son  compatriote. 


FRANÇOIS-JOSEPH  LEFEBVRE 

duo  de  Dautzig 


I!  naquit  en  1755  à  RoufTach,  où  son  père  était  meunier; 
il  s'engagea  à  18  ans  dans  les  Gardes-Françaises,  devint 
sergent  dans  ce  corps  en  1789,  adjudant-géoéral  en  1793  et 
général  de  division  i  année  suivante. 

Il  se  distingua  à  Fleurus  (26  juin  1794),  où  Jourdan  battit 
les  Impériaux  commandés  par  le  prince  de  Gobourg;  au  pas- 
sage du  Rhin  en  1793;  à  la  bataille  d'Altenkircben  (20  sep- 
tembre  1796),  où  l'illustre  Mareeau  fut  tué  ea  protégeant  la 
retraite  de  Joardan,età  celle  deStockach  en  1799.  Il  seconda 
aetifement  Bonaparte  dans  son  conp-d'état  du  18  Brumaire 
et  fut  nonuné  par  lui,en  1804,  sénateur  et  marécbal  deFrance, 

Leièbvre  combattit  vaillamment  à  Jféna  (14  octobre  180S). 
où  Tannée  prussienne  fût  anéantie,  et  à  Eylau  (7  et  8  lé?rier 
1807),  où  les  Russes  furent  vaincus  à  leur  tour. 

C'est  après  ces  victoires  que  Napoléon  rliargea  Lefebvre 
de  faire  le  siège  de  Dantzig,  la  dernière  place  qui  restât  au 
roi  de  Prusse,  et  dont  la  prise  devait  lui  assurer  un  nom 
immortel. 

Dantzig  était  défendue  par  le  vieux  maréchal  Kaikreuth, 
qui  avait  avec  lui  14  mille  Prussiens  et  4  mille  Russes. 
Lefebvre  n'avait  en  tout  que  18  mille  hommes,  dont  8  mille 
Français  seulement;  le  reste  était  en  grande  partie  Ibrmé  de 
Badois  et  de  Polonais.  Les  assiégeants  n*élaient  donc  pas 
plus  nombreux  que  la  garnison  qui  était  protégée  par  des 
défenses  Ibrmidables;  or,  il  est  de  règle,  à  la  guerre^  que 


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FRANÇOIS-JOSEPH  LËl'EBVRB 


441 


IteiilIaDt  doit  avoir  dos  ibreos  aa  mdiis  doobleo  de  eelloB 
de  Paasiégé.  Napoléon  adjoignit  à  Lcfebrre  le  général  d*artil- 
lerie  Laribolsière  et  le  général  da  génie  Ghasseloup-Laubat. 

Les  travaux  de  siège  n'avançant  pas  selon  son  désir,  Le- 
febvre,  qui  ignorait  complètement  l'art  d'allaquer  les  places 
et  qui  traitait  de  grimoire  tous  les  plans  et  calculs  des  ingé- 
nieurs, voulait  absolument  en  finir  en  montant  à  Tassaut  avec 
ses  grenadiers.  U  consulta  à  ce  sujet  Napoléon,  qui  lui  répon- 
dit :  c  Vous  ne  savez  que  toos  plaindre,  injurier  vos  alliés 
et  changer  d'avis  au  efé  du  premier  venu. . . .  Vous  traites 
les  alliés,  et  notamment  les  Badoiset  les  Polonais,  sansaueun 
ménagement  Ha  ne  sont  pas  babitaés  au  feu,  mais  cela 
Tiendra.  Grofes-Tous  que  nous  étions  aussi  braves  en  91  que 
nous  le  sommes  aujourd'hui,  après  15  ans  de  gnerret  Ayez 
donc  de  rindulgence,  vieux  soldat  que  vous  ête.s,  pour  les 
jennes  soldats  qni  débutent  et  qui  n*ont  pas  encore  votre 
sang-froid  au  milieu  du  danger  La  poitrine  de  vos  gre- 
nadiers, que  vous  voulez  mettre  partout,  ne  renversera  pas 
des  murailles.  Il  faut  laisser  faire  vos  ingénieurs  et  écouter 
les  avis  du  général  Chasseloup,  qui  est  un  savant  homme  et 
auquel  vous  ne  devez  pas  ôter  votre  confiance  sur  le  dire 
du  premier  petit  crUiqumr,  se  mêlant  de  juger  ce  qu'il  est 
incapable  de  comprendre.  Réservez  le  courage  de  vos  grena- 
diers pour  le  moment  où  la  science  dira  qu'on  peut  l'em- 
ployer utilement;  et,  en  attendant,  sachez  avoir  de  la  patience. 
Montres  le  calme,  la  suite,  l'aplomb  qui  conviennent  à  votre 
âge.  Votre  gloire  est  dans  la  prise  de  Dantzig.  > 

Lefebvre  se  résigna  à  attendre  les  effets  lents,  mais  surs 
d'une  science  qui  lui  était  étrangère.  Après  des  efforts  et  des 
travaux  prodigieux  de  la  part  des  Français  et  de  leurs  alliés, 
et  malgré  l'héroïque  résistance  des  défenseurs  de  Dantzig, 
Je  moment  approchait  où  cette  place  allait  tomber  en  notre 
pouvoir.  C'est  alors  que  l'empereur  de  Russie  et  le  roi  de 
Prusse  résolurent  d'envoyer  à  son  secours  10,000  hommes 


B>¥OB  D'ALBACB 


oommindés  par  Bolow  etKamenski,  qui  furent  repoasséspar 
les  généraux  SchrammelBeaumon^  après  un  combat  acbaroé. 
Les  Français  s*eniparèrent  en  outre  d*une  frégate  anglaise 
qui  avait  remonté  la  Yistule  pour  ravitallier  la  place.  Le 
▼ienx  Kalkreuth  Ait  donc  abandonné  à  ses  seules  ressources. 

Après  45  jours  de  tranchée,  le  marécbal  Lefebfre  vonlut 
de  nouyeau  donner  Tassant,  malgré  i*a?is  de  Ghasselonp-  - 
Laubat,  qui  affirmait  que  la  brèche  n'était  pas  encore  com* 
pléteraeut  accessible.  Lefebvre,  subissant  l'influence  de  quel- 
ques officiers  de  son  état-major,  se  plaignit  à  Napoléon  de 
ce  que  Chasseloup  avait  mal  choisi  son  point  d'attaque.  L'em- 
pereur lui  répondit  :  <  Je  vous  croyais  plus  de  caractère  et 
d'opinion.  Est-ce  à  la  fin  d'un  siège  qu'il  faut  se  laisser 
persuader  par  des  inférieurs  que  le  point  d'attaque  doit  être 
changé,  et  arri?er  par  là  à  décourager  Tarmée  et  à  déconsi- 
dérer son  propre  jugement  t  Le  Usgelsberg  est  bien  choisi, 
c*est  sur  le  Hageisberg  que  Dantsig  a  toigours  été  attaquée. 
Donnes  votre  confiance  à  Chasseloup,  qui  est  le  plus  habile 
le  plus  expérimenté  de  nos  ingénieurs;  ne  prtnei  conseil 
que  de  lui  et  de  Laribcisière,  et  chasses  tons  les  petits  crAli- 
queurs.  > 

Force  fut  donc  à  Lefebvre  d'attendre  le  résultat  des  opéra- 
tions des  ingénieurs;  cette  dernière  épreuve,  imposée  à  sa 
patience,  ne  fut  pas  longue.  L'a8saut  fut  résolu  pour  le  21 
mai  au  soir,  c'est-à-dire  quelques  jours  après  la  lettre  de 
Lefebvre  à  Napoléon.  Mais  Kalkreuth  demanda  à  capituler, 
ayant  épuisé  toutes  les  ressourses  de  la  défense  et  reconnais- 
sant l'impossibilité  de  la  prolonger  davantage.  Le  36  mai  1807» 
après  51  jours  de  tranchée  ouverte,  il  capitula,  stipulant  qu'il 
sortirait  de  la  phiee  sans  déposer  les  armes  el  arec  les  hon- 
neurs de  la  guerre,  à  la  seule  condition  de  m  pas  serrir  «Tant 
une  année  révolue  contre  la  France.  De  18  mille  hommes 
qn*il  avait  an  commencement  du  siège,  il  en  emmena  à  peine 
7  mille.  De  notre  côté,  le  succès  avait  été  chèrement  acheté 


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FBANQOO-JOaBFH  UimBVU 


418 


par  des  pertes  conddénbles;  omis  elles  furent  amplement 
compensées  par  les  résultats  immédiats  que  remperetur  retira 
de  la  prise  de  Dantng. 
Jamais  yille.plns  importante  n'était  tombée  an  ponyoir  de 

Napoléon  :  800  pièces  de  canons,  d'immenses  approvisionne- 
ments de  vivres  et  de  munitions,  800  mille  quintaux  de 
grains,  plusieurs  millions  de  bouteilles  d'un  excellent  vin  ; 
tels  furent  les  fruits  que  nous  valut  la  prise  de  Dantzig. 
Aussi,  l'empereur  récompensa -t-il  magnifiquement  tous  ceux 
qui  s'étaient  distingués  à  ce  siège,  qui  est  resté  le  plus  célèbre 
de  notre  siècle  jusqu'à  ceux  de  Sébastopol  et  de  Paris.  U 
combla  d'éloges  le  général  Chasseloup,  accorda  de  l'avance- 
ment ou  des  distinctions  aux  officiera  et  mie  gratification  à 
tons  les  soldats.  Qaant  au  maréchal  Lelbbyre,  qui  arait 
retrouTé  tout  le  fou,  tonte  raeti?ité  de  la  jeunesse  pour  cette 
entreprise  difficile  et  périlleuse,  et  qui  était  resté  constam- 
ment pendant  près  de  deux  mois  dans  Ioh  tranchées^  exposé 
au  feu  terrible  de  l'ennemi  et  soutenant  par  sa  présence  le 
courage  de  ses  soldats,  il  fut  créé  duc  de  Dantzig  et  eut  une 
dotation  de  100  mille  francs  de  revenus. 

Le  siège  de  Dantzig  a  immortalisé  le  nom  de  Lefebvre; 
nous  verrons  qu'en  1813  le  général  Rapp,  un  autre  Alsacien 
illustre,  en  défendant  cette  place,  devait  acquérir  uo  plus 
beau  titre  de  gloire. 

Le  marëcbal  Lefebvre  prit  part  ensuite  à  la  campagne 
d'Espagne,  aux  batailles  de  Durango  et  d'Ëspinosa;  aux  vic- 
toires d'ËGkmOhl  (23  avril  1809)  et  de  Wagram  (6  juiUet  de 
la  même  année),  gagnées  sor  les  Autrichiens.  Bnfla,  dans  la 
campagne  de  France  (1814),  il  combattit  les  alliés  à  Gham- 
paubert  (10  février),  à  Montmirail  (11  lévrier),  à  Arcis-eur- 
Aube  (SOetSl  mars). 

Gomme  son  compatriote,  le  maréchal  Kellermann,  due  de 
Valmy,  il  se  rallia  aux  Bourbons,  qui  le  créèrent  pair  de 
France.  Il  mourut  à  Paris  le  14  septembre  1820^  deux  jours 
après  KeilermamL 


JEAN  RAPP 


Jean  Rapp  est  né  à  Colmar  le  26  avril  1771-,  son  père 
était  concierge  du  conseil  souverain  d'Alsace.  Ses  parents 
l'avaient  destiné  au  commerce;  mais  ce  fut  peine  perdue.  Il 
trouvait  plus  de  plaisir  à  assister  aux  exerdcee  militaires  el 
à  entendre  résonner  les  tambours  et  les  clairons,  qu'à  mesa- 
rer  des  étoffes  derrière  un  oomptoir.  Pendaat  Taotomne  de 
1788,  Rapp,  du  conseotement  de  ton  père,  s'enrôla  dans  le 
iO"  régiment  de  ehasseurB  i  che?al. 

Rapp  était  Tigooreusement  constitué;  il  brillait  dans  tous 
les  ezerdœs  gymnastîqnes;  pendant  les  gaerres  de  la  Ré?o- 
lation  et  de  l'Empire,  il  montra  un  courage  indomptable,  qui 
fit  de  lui  un  des  plus  brillants  généraux  de  celte  période 
guerrière. 

Les  premiers  faits  d'armes  de  Rapp  eurent  lieu  à  l'armée 
de  Rhin-et-Moselle,  où  il  servait  sous  les  ordres  de  Desaix, 
qui  lui  délivra  une  attestation  élogieuse  sur  l'intrépidité  qu'il 
montra,  le  9  prairial,  an  II,  dans  le  combat  de  Leiskam 
(Palatinat). 

Devena  aide-de-camp  de  Deeaix,  après  la  bataille  d'Ofbm- 
bonrg,  Rapp  fit  aftc  ce  général  les  campagnes  d'Allemagne 
et  d'Egypte.  H  obtint  snccessiTement  le  grade  de  chef  d*eica- 
droa  à  Sédiman,  où  il  ent  le  bonheur,  vnc  tOO  hommes, 
d'en]e?er  aux  Turcs  le  reste  de  leur  artillerie,  puis  celui  de 
eokmel  à  Samanbont,  près  des  raines  de  Tbèbes.  Il  fut  griè?e* 
ment  blessé  dans  cette  dernière  affaire,  et  obtint  une  citation 
honorable  dans  le  rapport  du  générai  en  chef. 


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JBAH  RAPP 


445 


Pendant  cette  etmpegne,  il  ftit  duigé  d*aae  miasion  dans 
la  Hante-Egypte  auprès  de  Hoand'bejr.  H  8*en  tira  ayec 
habilelé  et  prépara  les  Toies  de  rarrangement,  auquel  le 
général  en  chef  voulait  aboutir.  Mourad-bey,  enchanté  de 
Rapp,  lui  fit  cadeau  de  deux  beaux  sabres  damasquinés. 

Lorsque  Desaix  fut  tué  à  Mareugo  (14  juin  1800),  Rapp 
fut  attaclié  par  Bonaparte  à  sa  personne.  Ce  dernier  recon- 
naissait en  lui  un  rare  bon-sens  et  un  excellent  cœur,  tout 
en  lui  reprochant  d*étre  une  mauvaise  téte.  fin  quelques  cir- 
constances  Rapp,  qui  avait  son  franc  parler  auprès  du  futur 
empereur»  poussa  ropposition  jusqu'au  pdiit  de  déplaire  à 
celui-ci  ;  c'est  ainsi  qull  excita  la  colère  de  Bonaparte  pour 
avoir  intercédé  trop  vivement  en  faveur  de  Régnier  et  pour 
avoir  écrit  &  oe  propos  une  lettre  renfèrmant  des  expressions 
de  dépit  Mais  Bonaparte  oubliait  vite  sa  mauvaise  humeur, 
connaissant  le  dévouement  et  la  profonde  admiration  que 
Rapp  avait  pour  loi. 

Rapp,  devenu  général  de  brigade,  emjiloya  son  crédit  à 
rendre  service  à  plusieurs  émigrés  qui,  à  ce  qu'il  assure 
dans  ses  mémoires,  ne  lui  montrèrent  guère  de  reconnais- 
sance. Aussi,  ne  les  aimait-il  point. 

Pendant  le  consulat,  il  fut  chargé,  avec  Ney,  d'une  mission 
en  SnUise  pour  faire  accepter  par  cette  république  l'inter- 
vention de  la  France.  Grâce  à  ses  démarches,  l'acte  de  média* 
tion  Iht  ngné  au  mois  de  lévrier  180S. 

A  Aoslerlits  (1  décembre  1806),  Rapp,  à  la  tête  de  Mame- 
Idcks,  de  deux  escadrons  de  chasseurs  et  d*nn  bataillon  de 
grenadiers  de  la  garde,  culbuta  la  garde  russe  et  décida  du 
sort  de  la  journée.  Cette  brillante  charge,  où  il  fht  blessé  à 
la  téte,  a  été  reproduite  sur  toile  par  le  peintre  Gérard,  et 
lui  valut  le  grade  de  général  de  division.  La  blessure  guérie, 
il  fut  chargé  d'inspecter  les  divers  corps  d'armée  stationnés 
en  Styrie,  en  Garinthie  et  dans  le  nord  de  l'Italie.  Puis  il  alla 
rejoindre  Tempereur  à  Munich,  où  allait  se  célébrer  le  mariage 


446 


BBVUS  O'aLSACB 


d'une  prinoeese  de  Bavière  arec  Eugèue  de  Beanharnais, 
dont  il  avait  su  gagner  l'amitié. 

Peu  de  temps  avant  la  mémorable  campagne  de  1806, 
Napoléon  envoya  Rapp  en  mission  en  Prusse,  pour  étudier 
rétat  des  esprits  dans  ce  royaume  et  en  Allemagne.  Il  assista 
aux  victoires  d'Jéna  et  d'Auerstœdt;  le  soir  du  14  octobre, 
il  fut  chargé  de  poursuivre  les  débris  de  rarmée  proflaieiuie 
et  entra  à  Weimar.  Il  parvint,  au  mois  de  novembre,  à  épar- 
gner à  Bldcher  d'être  tnuuféré  à  Dgoo;  et  dans  TaHiure  do 
prince  de  Halzfeld,  U  se  joignit  à  Doroc»  à  Ganlinoonrt  et  à 
Berthier,  pour  empêcher  qa*ii  ne  fiit  llTré  à  une  CQiniiiifleioo 
militaire  qtii  derait  le  juger.  Orâoe  aux  nuflares  prises  par 
Bapp,  et  à  l'intercession  de  la  princesse  de  Hatsfeld  auprès 
de  Napoléon,  le  miri  de  cette  dame  Ait  remis  en  liberté,  et  il 
écrivit  à  Rapp  une  lettre  de  remercîments  chaleureux.  Rapp 
contribua  aussi  au  retour  du  duc  de  Weimar  dans  ses  états 
et  en  reçut  des  témoignages  de  profonde  gratitude. 

Dans  la  campagne  de  Pologne,  qui  suivit  de  près  celle  de 
Prusse,  Rapp  prit  d'abord  une  part  active;  il  fut  blessé  au 
bras  droit  dans  le  combat  de  Golymiu  et  transporté  à  Var- 
sovie, où  Napoléon  venait  d'arriver  (12  janvier  1807).  Un 
instant,  on  voulut  Tamputer,  mais  le  docteur  Boyer  jugea 
que  ce  n'était  pas  néeessaire.  Après  sa  gnérison,  Rapp  fut 
nommé  gouTemeur  de  Tborn,  pnis  de  Dantsig,  dont  venait 
de  s'emparer  Lefebrre  (S7  mai  1807)  et  où,  cinq  ans  et  demi 
après,  il  devait  s'illustrer  à  son  tour.  Après  le  désastre  de 
Baylen  (22  juillet  1808),  oii  Dupontcapituts  avec  tout  soncorpti 
d'armée,  Rapp  signala  l'eflîBrvesoeneeqne  ce  désastre  produisit 
en  Prusse,  mais  l'empereur  ne  tint  aucun  compte  de  ses  avis. 

Sur  ces  entrefaites,  Rapp  reçut  de  Napoléon  l'ordre  de  le 
rejoindre  en  Autriche.  La  charge  à  la  bayonuette  qu'il  fit  contre 
les  masses  autrichiennes,  contribua  à  la  victoire  d'EssIingen 
(23  mai  1809).  Contrairement  aux  ordres  de  l'empereur,  il 
avait  assumé,  avec  le  général  Mouton,  depuis  comte  de  Lobau, 


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iiAM  a&pp 


la  responsabilité  de  cette  attaque.  Ge  devait  éire  le  terme  des 

exploits  de  Rapp  dans  cette  campagne.  Trois  joars  arant  la 
bataille  de  Wagram,  dans  Hle  de  Lobau,  où  il  avait  accompa- 
gné Napoléon,  il  fit  une  chute  qui  lui  démit  une  épaule  et 
lui  fracassa  trois  côtes.  Après  son  rétablissement,  il  assislail, 
à  côté  de  l'empereur,  à  la  revue  de  Schœnbrunn  (23  octobre), 
lorsque  fut  arrêté  le  patriote  allemand  Staps,  qui  voulait 
assassiner  le  Taioqueor  de  sa  patrie  et  qui  se  laissa  mourir 
de  lUm  dans  bod  cachot,  en  criant  :  Vive  l'Allemagne  I  Vive 
laUbertél 

En  1810,  pen  de  temps  après  le  mariage  de  Napoléon  a?e6 
Marie-Lunise,  Bapp  alla  reprendre  le  commandement  de  la 
place  de  Dtntzig.  Il  y  reçut,  en  181S,  la  fisite  de  son  son- 
Torain,  qui  allait  entreprendre  la  désastreuse  campagne  de 
Russie,  malgré  Tayis  contraire  de  Rapp  lui-même  et  d'autres 
généraux.  Mais,  comme  avant  tout  il  savait  obéir,  il  suivit 
l'empereur.  A  la  sanglante  bataille  de  la  Moskowa  (7  septem- 
bre 1812),  qui  nous  ouvrit  les  portes  de  Moscou,  Rapp  fut 
grièvement  blessé  à  la  hanche  gauche.  Pendant  l'incendie  de 
rincieone  capitale  des  Gzars,  il  fut  obligé  plusieurs  fois  de 
se  faire  transporter  de  maison  en  maison,  ponr  échapper  aux 
flammes.  Il  entrait  à  peine  en  convalescence,  qne  la  retraite 
ftit  ordonnée  ;  en  plusieurs  drconstinces,  il  courut  de  grands 
dangers  et  montra,  selon  son  habitude,  nne  braTonre  et  un 
sang-froid  admirables. 

An  milieu  de  cette  nébsle  retraite,  Napoléon  quitta  brus- 
quement l'armée  pour  se  rendre  à  Paris  et  ordonna  à  Rapp 
d'aller  prendre  le  commandement  de  Dantzig.  Après  avoir 
couru  bien  des  dangers  et  supi  urlé  bien  des  fatigues  et  des 
misères,  Rapp  put  enfin  entrer  dans  celte  place.  Avec  les 
débris  du  10*  corps  d'armée  il  sut,  pendant  près  d'une  année, 
résister  aux  attaques  de  plus  de  60  mille  hommes  commandés 
d'abord  par  le  général  Plalow,  puis  par  le  prince  Paul  de 
Wurtemberg.  Mais  les  maladies,  le  manque  complet  de  vivres, 


0 


448  BEVUE  D  AL6ACS 

de  monitioiw  et  de  eeconn  toctériears,  TobUgèrent  de  eept- 
taler.  Ea  vertu  de  la  eooTention  qui  fdt  rignée  de  perl  et 
d*tntre  le  29  novembre  1818,  les  troupes  de  la  garnison 

devaient  sortir  de  la  ville  le  18  janvier  1814  et  pouvaient 
rentrer  en  France,  sous  la  condition  de  ne  pas  i>orter  les 
armes  contre  les  alliés  pendant  un  an.  L'empereur  Alexandre 
n'ayant  pas  voulu  ratifier  cette  convention,  Rapp  et  ses 
compagnons  de  gloire  et  d'infortune  furent  conduits  prison- 
niers dans  l'intérieur  de  la  Russie. 

Lorsque  la  paix  ftit  conclue,  Rapp,  qui  arait  été  interné  i 
Eiew,  rentra  en  France  et  prit  da  service  sous  le  nouveau 
gouvemement  An  retour  de  Napoléon  de  nie  d*Elbe^  il 
reçut  le  commandement  de  Tarmée  do  Rhin  et  fiit  nommé 
grand-croix  de  la  légion  d^bonneur.  U  se  rendit  de  suite  en 
Alsace  pour  se  mettre  à  la  tôte  d*u]i  corps  formé  à  la  bftie. 
Malgré  sa  Aiiblesse  numérique,  il  attaqua  Tennemi  sur  la 
Lauter;  mais  le  21  juin,  ayant  appris  la  nouvelle  du  désastre 
de  Waterloo,  il  opéra  sa  retraite  sur  Strasbourg,  livrant 
presque  chaque  jour  des  combats  à  l'armée  ennemie.  Dans 
]e8  affaires  de  Seltz  et  de  Surbourg  (21  juin),  de  Lampert- 
heim  et  de  Mundolsheim  (28  juin),  il  se  couvrit  de  gloire,  et 
le  combat  de  Mundolsheim  fut  une  véritable  victoire.  Mais 
que  pouvait  la  valeur  contre  le  nombre  ?  Rapp  fut  contraint 
de  se  contenter  de  couvrir  la  capitale  de  l'Alsace  et  d*en 
occuper  les  alentours. 

Pendant  le  blocus  de  Strasbourg  par  le  prince  de  Hoben- 
BoUem,  Rapp  apprit  la  restauration  des  Bourbons  et  reçut 
ravis  de  fiiire  prendre  la  cocarde  blanche  à  ses  troupes.  Au 
mois  d'août,  on  lui  donna  Tordre  de  licencier  son  corps  d'ar- 
mée, en  renvoyant  chaque  homme  isolément,  sans  armes  et 
sans  argent,  dans  ses  foyers.  Les  troupes  ne  recevaient  plus 
leur  solde  et  il  leur  était  dû  un  fort  arriéré.  Rapp  avait  en 
la  malencontreuse  idée  d'assister  en  uniforme  à  la  cérémonie 
de  la  Sdiut-Louiâ,  qui  fut  célébrée  à  la  place  de  la  féte  du 


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440 


15  août  n  avait  de  firéquents  rapporta  avee  lea  dieb  de 
rarmée  aaaiégeaote;  il  avait  reçu  l*ordre  de  lirrer  mille  foaila 
à  rarmée  mase;  eoflii,  on  lai  avait  iàit  la  proposition  de 
remettre  ta  place  à  un  prétendu  eomoDiaBalre  da  roi.  Tout 

cela  contribua  à  irriter  l'armée  contre  lui,  à  faire  soupçonner 
sa  loyauté  et  à  donner  naissance  à  une  révolte  militaire. 

Un  sergent-major  du  nom  de  Dalhousie  fut  nommé  par 
ses  camarades  au  commandement  de  l'armée  (2  septembre), 
n  n'accepta  qu'après  avoir  exigé  des  troupes  le  serment 
d'observer  une  obéissance  absolue,  et  après  avoir  bien  établi 
le  but  de  cette  révolte  :  «  Payement  de  larriéré  avant  lé 
Ucmekment;  rien  dephu,  rien  de  moitis;  d'ailleurs,  main- 
Hm  complet  de  l'ordre  public;  respect  des  personnei  et  des 
pnpriéléB,  »  Ce  programme  fut  rempli  à  la  lettre;  pendant 
les  deux  jouni  qw  dura  cette  sédition,  les  troupes  conservè- 
rent une  discipline  admirable  et  le  ealme  le  plus  parftit  régna 
dans  la  ville. 

Dans  rintervalle,  Rapp  avait  été  consigné  dans  son  hôtel 
et  était  gardé  à  vne  par  les  troupes.  Les  mêmes  mesures 

avaient  été  prises  envers  tous  les  officiers. 

Dalhousie  convoqua  le  conseil  municipal,  qui  s'engagea  de 
fournir  dans  les  24  heures  700  mille  francs  pour  la  solde  de 
l'armée.  Le  paiement  eut  lieu  avec  régularité,  sans  provo- 
quer la  moindre  réclamation.  Lorsqu'il  fut  terminé  (4  sep- 
tembre), le  général  improvisé  réunit  la  garnison  sur  la  place 
d'armes,  et  après  l'avoir  haranguée,  la  fit  défiler  devant  lui  ; 
puis  il  alla  arborer  le  drapeau  blanc  à  la  préfecture  et  à  la 
mairie,  et  se  présenta  devant  Rapp,  qui  lui  pardonna  pour 
avoir  maintenu  une  discipline  n  étonnante  parmi  rarmée 
mutinée.  Dalhousie  passa  plus  tard  devant  un  conseil  de 
guerre  et  fût  acquitté. 

Rapp  et  tous  ses  officiers  forent  ensuite  rendus  à  la  liberté 
et  reprirent  leur  service.  L'armée  (ht  licenciée  le  6  septembre 
et  la  place  remise  deux  jours  après  on  général  Dubreton. 

Nonralla  Séito  -  8*  Annét.  ^ 


450 


REVUE  D'ALSACE 


Le  17  du  même  mois,  Rapp  quitta  Strasbourg;  mais  ce  ne 
fut  que  le  25  que  le  blocus  fut  levé  oûiciellement  par  rarmée 
assiégeante. 

Rapp  se  retira  à  la  campagne,  puis  à  Paris,  où  il  ne  fut 
pas  inquiété  parle  nouveau  gouvernement;  enfin,  à  VVilden- 
stein  (Argovie)  et  à  Rheiriweiler  (pays  de  Bade),  où  il  avait 
acquis  des  propriétés.  Il  s'était  complètement  retiré  du  ser- 
vice militaire  et  de  la  vie  politique. 

En  1805,  sur  le  désir  de  Temperenr,  Rapp  avait  contracté 
une  union,  gui  ne  fut  pas  heureuse.  A  Dantztg,  il  épousa 
moff^natiquement  M*^  Betcher,  filie  d'un  négociant  de  cette 
ville,  dont  il  eut  deux  enfants  qu'il  reconnut  plus  tard.  Ayant 
perdu  sa  prémière  femme  en  1816,  il  contracta  une  nouvelle 
union  avec  M"*  de  Rothberg  qui  lui  donna  quatre  enftints. 
L*un  de  ses  fils  mourut  à  Weimar  en  1828;  l'autre,  qui  était 
capilaine,  décéda  en  Afrique.  Quant  à  ses  filles,  Tune  épousa 
un  Anglais,  l'autre  son  oncle  maternel,  M.  de  Rothberg. 

Après  l'ordonnance  royale  du  7  février  1817,  qui  inaugu- 
rait de  la  part  des  Bourbon.s,  une  nre  plus  libérale,  Rapp 
revint  à  Paris.  A  partir  de  cette  époque,  il  sésida  alterna- 
tivement  dans  la  capitale  et  dans  ses  propriétés  de  Suisse 
et  du  pays  de  Bade. 

Napoléon  lui  avait  conféré  le  titre  de  comte;  il  ne  crut  pas 
être  ingrat  envers  celui  auquel  il  devait  sa  fortune  et  ses 
grades,  en  acceptant  du  roi  Louis  XTIII  la  dignité  de  pair  de 
P^nce  et  les  fonctions  de  chambellan. 

Rapp  décéda,  le  8  novembre  1891,  dans  sa  propriété  de 
Rheinweiler,  usé  par  ses  campagnes  et  perses  blessures. 
Ses  restes  furent  transportés  à  Colmar,  pour  y  être  inhumés. 
Depuis,  sa  ville  natale,  qui  le  considère  comme  un  de  ses 
plus  illustres  enfants,  lui  a  fait  ériger  sur  la  place  du  champ 
de  Mars  une  statue  en  bronze,  œuvre  du  sculpteur  Bartholdi. 

Sa  veuve,  qui  convola  en  deuxièmes  nôces  avec iord  Drum- 
mont,  duc  de  Melfort,  décéda  eu  1829. 


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ARMAND-JOSEPH  BRUAT 


amiral  de  Franœ 


n  naquit  à  Col  ma  r  en  1796;  il  entra  au  service  en  1811,  * 
à  bord  du  vaisseau-école  de  Brest;  en  1816,  il  prit  la  mer 
sur  la  Bdlone,  sous  les  ordres  du  commandant  Bouvet.  En 
1817,  monté  sur  la  corvette  Y  Espérance,  il  fut  mis  deux  fois 
à  l'ordre  du  jour  pour  des  actes  de  dévouement. 

Ed  1824,  il  serrait  comme  officier  de  manœurre  sur  la 
DiUgerUe,  et  pissa  plus  tard,  en  la  môme  qualité,  sur  le 
Bnêkm,  qui  prit  part  au  eonibat  de  Namin,  où  la  flotte 
tarqoo  ftit  détroit»  par  lea  eaeadrea  eombinées  de  Fkinee, 
d'Angleterre  et  de  Rnaaie  (oelobre  18S7).  Bn  1819,  oomae 
UeatenanI  de  Talsseaa  il  prit  le  oommandement  da  liriek  le 
SUènê  et  Ait  envoyé  en  eroieière  devant  Alger.  Jeté  par  ime 
tempête  sur  lee  côtes  Barbaresqoee  et  retenn  prisonnier  pen- 
dant deux  ans  à  Alger,  d'où  il  eut  l'heureuse  audace  d'en- 
voyer à  l'amiral  Duperré  une  note  sur  l'état  de  cette  place, 
il  fut  rendu  à  la  liberté  lors  de  la  prise  d'Alger  (1880)  et 
nommé  commandant  du  brick  le  Palinure.  En  1881,  il  fut 
promu  au  grade  de  capitaine  de  frégate. 

Bruat  passa,  en  18S2,  sur  le  Grenadier,  puii,  en  1885.  sur 
le  Ducondeïc.  il  fit  sur  ces  bâtiments  plusieurs  expéditions 
En  1S88,  il  fut  nommé  capitaine  de  raissean  et  attaché  à  la 
station  navale  de  Lisbonne.  Il  passa  de  là  sur  le  vaissean  le 
JàM^  puis  entra,  en  1841,  an  oioseil  des  travaux  de  la 
marine. 


453 


&SVUE  D'ALSAOOB 


En  1848,  il  ftit  appelé  ao  goavernementdastlea  Marquises 
et  des  établissements  français  de  l'Océanie.  Il  fit  alors  accepter 
à  la  reine  Pomaré,  et  en  dépit  de  la  résistance  de  l'Angle- 
terre, le  protectorat  de  la  France.  Au  retour  de  cette  mission, 
en  1848,  il  fut  nommé  contre-amiral  et  gouverneur  des 
Antilles,  où  il  eut  à  combattre  à  la  fois  les  prétentions  des 
esclaves  nouvellement  affranchis  et  celles  des  colons  irrités 
par  celte  grande  mesure  humanitaire. 

Nommé  vice-amiral  en  1858,  il  commanda  une  escadre  de 
la  mer  Noire,  pendant  la  guerre  de  Grimée,  sous  les  ordres 
de  Tamiral  HaoNlln,  auquel  il  suooéda  an  mois  de  déoendire 
1884.  Il  prit  une  part  brillante  au  si^  de  Sébastopol,  com- 
manda l'expédition  de  la  mer  d'Aww,  8*empara  de  Klnbom 
et  se  distingua  dana  toutes  les  opémtions  de  cette  guerre. 
Gela  lui  Talnt  le  grade  d*amiral;  mais  11  ne  défait  pas  jouir 
longtemps  de  cette  haute  position  qn*il  devait  à  son  mérite; 
il  mourut  en  mer  (1855),  alors  qu'il  revenait  en  France. 

Sa  ville  natale  lui  a  fait  ériger  au  milieu  du  rond-point  de 
la  promenade  du  Champ-de-Mars,  un  monument  qui  est  dû, 
de  môme  que  la  statue  de  Rapp,  au  ciseau  d'Auguste  Bar- 
iholdi 

P.-B.  Tiosnau». 


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U  ALSACE 


PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE 


00BRI8POHDÀNCE  DES  DÉPUTÉS  DE  STRASBOURG  A  i'ASSEMBUE  NATIONALB 

(Akhéi  17810 

Documents  tirés  des  archives  de  Strasbourg 


Smu, 


XT.n, 

Lettre  écrite  par  K.  de  DaroXhoim  à  de 

Bietrich, 

0l  k»  à  FAMmnm  de»  éOeoinê,  h  i  Apfemftfv  ffêO. 

Phalâbourg,  !•'  Septembre  4789. 

Je  yoîB,  Monsieur,  de  plus  en  plus  toutes  les  ciroonsUnces 
se  réunir  à  me  preaerire  de  tous  présenter  enfin  ma  renon- 
eiation  aux  aTtntages»  dont  notre  très  respectable  magistral 
peut-être  par  an  floofenir  des  années  que  j*ai  passées  à  avoir 
rbonneur  de  lui  appartenir,  pourrait  songer  à  m*honorer  en 
ce  moment  oà  il  s*occupe  de  ses  nouTSlles  éleetions.  Ha  dé- 
marche me  semble  être  le  devoir  du  dloyen  qui,  dès  que  des 
soins  multipliés  de  Cimille,  et  qu*on  ne  parvient  point  à 


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changer,  ne  lui  permettent  plus  un  séjour  stable  dans  la  ville 
où  réside  son  corps,  et  de  lui  vouer  tout  son  tems,  ne  doit 
point  priver  de  sa  place  celui  qui  aurait  pardessus  lui  cet 
avantage  requis  et  ai  nécessaire  au  vrai  bien  commua  du 
mAgistrat 

J*ofle  toub  prier,  Monrienr^  de  fldre  agréer,  aa  respectable 
corps  que  tous  présidei,  l'hommage  de  tous  les  sentiments 
que  je  lui  dois,  celui  de  ma  renonciation  actuelle  et  celui 
des  regrets  toqjours  sentis  de  m*en  séparer  par  le  principe 

même  du  respectueux  dévouement  que  je  lui  couserverai 
sans  cesse. 

L'amitié  dont  vous  m'honorez,  Monsieur,  et  la  connaissance 
que  vous  avez  de  la  position  où  je  me  trouve,  me  garantis- 
sent votre  approbation  sur  le  parti  que  je  prends.  Elle  sera 
toujours  amtiitionsée  par  rinflnité  de  tous  les  aentimens  qui 
m'attachent  à  vous  depuis  longtems. 

J*ai  rhonneur  d'être  avec  une  très  haute  considération, 
Monsieur,  votre  obéissant  serviteur. 

liB  B*  DB  DURGEBDI.^ 


^  Noas  ignorons  de  quel  personnage  politique  strasboorgeois  émane 
Cftla  latiM  tarite  eo  an  style  partioiliAremeat  embronillé.  Dana  la  Usto 
dn  magiatrat  de  la  ville,  tel  qu'il  était  eonstibié  an  débat  de  raimée 

1789,  ne  figure  aaciin  Durckheim,  famille  nobiliaire  de  la  Basse-.\lsace, 
qui  n'a  jamais  résidé  à  Strasbour<:;.  Il  ne  peut  pas  t^tre  question  d  ivan- 
tage  de  l  ancien  arameistre  Jean  de  Turckheim, qui  siégeait  en  ce  moment 
aux  Etats-généraux,  qui  n  avait  point  quitté  Versailles  et  qui  acceptait 
d'ailleurs  avec  leconnalaianeek  dans  sa  lettre  du  6  septeoibre,  sa  nomi- 
nation eooune  membre  da  nouvean  magistrat  de  Slnsboarg.  La  lettre 
n'est  pas  conservée  dans  TorigiDal,  mais  dans  une  copie  oartifiée  ooa* 
forme  par  M.  de  Dietrich. 


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L'ALSàOB  naXùàMT  Uk  RtTOL^ON  FRAKQAIBB  466 

XTiin. 

Iiottre  des  députés  de  Strasbourg 
au  Magitirai  de  la  vUk. 

ViBinfllai.  ie  i  SapCenlm  «m 

Messieara, 

La  déclaration  des  droits  est  finie  depuis  hait  jours;  on 
Youloit  y  ajouter  encore  plusieurs  articles,  mais  on  est  con- 
venu de  travailler  tout  de  suite  h  la  constitution  et  de  repren- 
dre la-  clôture  de  la  déclaration  des  droits,  quand  ce  dernier 
travail  seroit  achevé.  Dès  que  la  rédaction  provisoire  sera 
imprimée,  nous  ne  manquerons  pas,  messieurs,  de  vous  l'a- 
dresser. Quoique  le  peu  de  précision  qu'on  ait  mis  dans  Tar- 
ticle  de  la  tolérance  religieuse,  qu'on  s'est  réservé  de  fixer 
lors  de  la  constitution,  ne  pourroit  allarmer  que  les  réformés 
de  France  et  influer  en  aucun  état  de  cause  sur  la  possession 
constitutionelle  des  protestants  d*Alsaoe,  nons  sommes  cepen- 
dant fondés  à  croire  que  le  clergé  de  cette  province  a  des 
intentions  hostiles,  et  si  votre  déclaration  d'adhésion  n'estpas 
encore  définitivement  arrêtée,  vous  ne  foriez  pas  mal,  Mes- 
sieurs, d*ajouter  an  sacrifice  quelconque  de  vos  privilèges  un 
article  touchant  la  conservation  de  Tétat  de  religion,  confor- 
mément aux  traités  qui  ont  donné  l'Alsace  à  la  France. 
Cette  précaution  paroîlra  d'autant  moins  superflue  que  nous 
apprenons  dans  l'instant  par  une  lettre  de  Colmar  que  la 
populace  s'est  déjà  permis  dans  cette  ville,  à  l'instigation  de 
quelques  personnes  mal  intentionnées,  de  parler  de  clôture 
du  temple  de  la  confesion  d'Augsbourg,  en  conformité  pré- 
tendue de  cet  article  de  la  déclaration  des  droits  et  que  rien 
n*est  plus  essentiel  dans  ce  moment  que  d'éviter  dans  notre 
province  que  la  bonne  intelligence,  qui  doit  régner  entra  les 
rangions  publiquement  établies,  ne  soit  pas  troublée  et  que 
reffervescence  raligieuse  ne  vienne  ajouter  à  tous  les  maux 
que  nons  souffrons  déjà. 

Noos  sommes  menacés  d*un  autra  fléan,  Mesileofs.  Les 


466  BBVUB  d'alsacb 

juilb  demandent  nn  état  cifil  dans  tonte  la  Firanee  et  l'afRiife 

qui  devoit  déjà  être  traitée  hier,  le  sera  infailliblemeiit  la 
semaine  prochaine. 

L'Alsace  se  défendra,  mais  nous  ne  répondons  pas  du 
succès  :  dans  la  liste  des  éclaircissemens  que  nous  avions 
demandé  en  acceptant  notre  mission,  se  trouvoit  aussi  cet 
article  qui  tous  tient  si  fort  à  cœur.  Nous  espérons  pouvoir 
noua  procurer  ici  votre  mémoire  à  coasalter  et  nous  réuni- 
rons teu8  nos  efforts  pour  préserver  notre  patrie  de  ce  non- 
Tean  malbenr. 

Les  ouvrages  dn  Comité  de  constitution  qui  ont  éfé  lus  à 
la  séance  du  81  Août  par  MM.  de  LalU-Tolendal  et  Honnier 
ne  sont  pas  encore  imprimés.  En  attendant  on  délibère  depuis 
qnatre  joncs  sur  les  trais  questions  essentielles  de  l'organi- 
sation du  pouvoir  législatiC  savoir  : 

1*  La  sanction  royale  requise  pour  former  la  loi  sera-t- 
elle  absolue,  de  sorte  que  le  concours  du  souverain  comme 
partie  intégrante  du  pouvoir  législatif  soit  nécessaire  et  indis- 
pensable :  ou  bien  n'aura-t-elle  qu'un  effet  suspensif,  celui 
de  l'appel  à  la  nalion  de  la  volonté  de  ses  représentans,  con- 
firmée ou  révoquée  par  la  convocation  subséquente. 

Les  partisans  du  dernier  sistème  voudroient  réduire  la 
question  à  une  querelle  de  mots  :  ils  disent  que  le  veio  du 
roi  sera  absolu  pour  rassemblée  nationale  qui  ne  pourra  pas 
passer  outre,  mais  qull  ne  sera  au  Ibnd  que  suspensil  : 
puisque  si  la  nation  persiste  dans  la  demande  de  la  nouvelle 
loi,  il  fkudni  bien  que  la  volonté  du  roi  cède  à  celle  de  SB 
millions  d^hommes.  Mais  les  défenseurs  de  rantorité  royale 
sans  ignorer  que  la  volonté  bien  déterminée  de  S5  millions 
prévaudra  dam  le  fait  sur  oelle  d*un  bomme,  croient  que 
lorsqu'il  s'agit  de  décider  la  question  de  droit,  savoir  si  le 
concours  du  roi  et  de  la  nation  sont  nécessaires  pour  faire 
la  loi,  il  faut  deux  volontés  dont  aucune  ne  peut  forcer  l'autre. 
Si  enllii  le  roi  qui  resisteroit  à  cette  volonté  manlTestée  pour 


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L'ALSAGB  PSHDAMT  LA  BtTOLimON  FBAMÇAI&B  457 

la  seconde  fois,  riole  la  coostitaiion,  il  peat  y  être  soumis 
de  droit. 

Vos  représentans,  Messieurs,  croient  trouver  dans  leurs 
cahiers  un  mandat  impératif  pour  soutenir  le  concours  des 
deux  volontés  nécessaires  pour  la  formation  de  la  loi. 

2**  Les  Etats-généraux  seront-ils  permanents  ou  périodi- 
qneBÎ  U  pftroit  que  le  premier  mode  prévaudra  unanimement 
da  moins  poor  le  eommenoement,  jusqu'à  ce  que  la  nouvelle 
forme  de  gooTeruemeat  sert  organisée  et  établie  complette- 
ment,  et  il  n*j  aura  probablement  pas  de  eommission  inter- 
médiaire ;  les  séances  seront  restreintes  à  trois  on  quatre 
mois. 

8"  NY  aora-t-il  qn'ane  seule  et  unique  chambre  ou  Uen 

deux,  dont  Tune  seroit  le  SMiol,  non  composé  de  nobles  et 

ecclésiastiques  seuls,  mais  ou  des  plu?  âgés  des  députés  ou 
des  propriétaires  considérables,  pris  indistinctement  dans  les 
différentes  classes,  mais  qui  devront  avoir  un  revenu  fixe  en 
fonds  de  terre.  Cette  dernière  opinion  pourroil  prévaloir, 
puisqu'en  effet  les  propriétaires  sont  plus  intéressés  au  main- 
tien de  Tordre  public  et  tiennent  plus  à  la  constitution  du 
pays  que  de  simples  citoyens  qui  par  un  acte  momentané  de 
leur  ToloDté  peuvent  se  déplacer. 

Les  deux  dernières  questions  seront  sgitées  ai^ourdliui  et 
demain.  Vous  aurez  appris,  Messieurs,  par  les  papiers  publies 
le  complot  ourdi  par  le  Palais-Royal  contre  la  liberté  de  nos 
délibérations  et  la  fie  des  députés  pnmrils.  L'arrêté  Corme 
et  noble  de  la  municipalité  de  Paris,  dont  nous  tous  joignons 
un  exemplaire  et  les  dispositions  de  M.  de  La  FÉyette  qui  a 
purgé  ce  lieu  dangereux  des  ennemis  de  la  patrie  et  y  entre- 
tient depuis  deux  jours  la  discipline  la  plus  sévère,  a  sauvé 
la  France  de  ce  nouveau  danger,  qui  ne  peut  être  attribué 
aux  aristocrates. 

Nous  attendons  la  nouvelle  de  la  régénération  de  votre 
Magistrat  pour  lui  adresser  nos  hommages  et  vous  priuns 


456 


BEVUE  D'ALSACE 


d*agréer  en  aftendaot  les  aasnnnces  dn  dérouement  nspee- 
tueux  et  ioTiolable  arec  leguel  nous  sommes,  messieurs,  yob 
très  humbles  et  très  obdssans  serviteurs. 

TURKH£IM.     SgHW£NDT  V 

XLIV. 

Arrêté  de  la  commune  de  Strasbourg, 
eoncemunt  r avance  du  restant  des  impositions  de  cette  ville 
pour  il89  et  le  poyemeni  de  celles  cotmrUiet  prammre- 
mmtpow  i790. 

Do  SumM  s  Sepladm  im 

L'assembléd  générale  des  Sénat  et  800  édievins  représen- 
tant la  commune  de  Strasbourg  ayant  pris  oonnaiasanoe  des 
projets  dlnvilatton  proposés  à  TAssemblée  nationale,  pour 
engager  les  proTinces  à  venir  au  secours  de  TBtat,  instruite 

de  la  nécessité  de  subvenir  promptement  au  retard  du  recou- 
vrement des  subsides,  et  animée  du  même  esprit  de  patrio- 
tisme dont  quelques  villes  du  royaume  out  donné  l'exemple, 
s'est  portée  avec  empressement  à  s'occuper  des  moyens  de 
faire  concourir  la  commune  de  celte  ville  aux  mesures  les 
plus  propres  à  prévenir  les  embarras  que  le  service  public 
prouve  et  particulièrement  celui  du  payement  des  troupes 
en  garnison  dans  la  province. 
Oonsidérant,  que  si  le  patriotisme  peut  exciter  quelques 

1  Pour  eomprendra  le  ton  «aployé  par  nos  dépntfi  &  l'âgard  du  la 

demande  des  israélites  réclamant  on  état  oivii  en  France,  il  fluit  tODgor 

à  l  effroyable  plaie  do  l'nsnrf,  rpii  dévorait  alors  l  Alsace  et  qui  mettait 
les  populations  agricoles  de  la  prov  ince  à  la  merci  des  juifs.  Une  oppres- 
sion séculaire  avait  détourné  les  israélites  de  toute  autre  occupation 
honnèto;  les  oppressears  étaient  victimes  à  lenrtoor  de  cette  oppressimi 
même,  mais  on  ne  voulait  pas  dn  moins  laisser  le  mal  s'étendre  en 
accordant  des  droits  éganx  à  ceux  qui  no  semitlaient  point  capables  de 
les  exercer.  De  h  une  polémique  ardonte  dans  tous  les  centres  ahaci-'-n» 
et  de  nombreuses  brochures,  se  prononçant  presque  toutes  contre  l'é- 
mancipation des  jnifo. 


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L'ALB40K  PSNDAMT  la,  BtVOUmON  FBAMÇÂIHB  4Bfi 

dloyeiiB  individuels  plus  aisés,  à  se  distingaer  pir  quel^ 
sacrifice  extraordinaire,  il  n V  aroit  lieu  de  croire,  d*aprè8  les 
troubles  que  cette  TÎUe  Tîeot  d'essuyer  et  d*après  les  inquié- 
tudes des  citoyens  sur  leur  propre  subsistance,  que  le  grand 
Bombie  soit  en  état,  de  sitôt,  de  8ui?re  à  cet  égard  les  mou- 
vemeos  de  son  cœur  ;  persuadée  qu'il  n^appartient  qu'aux 
efforts  réunis  de  la  commane  entière  de  pouvoir  employer 
des  moyens  assés  efficaces  pour  supléer  prompteraent  à  l'im- 
puissance des  contribuables;  que  réduit  à  des  moyens  extra- 
ordinaires pour  en  faire  l'avance  en  re  moment,  offrir  celle 
avance  et  garantir  la  même  somme  de  subsides  pour  l'année 
prochaine  1790,  malgré  la  proporUon  onéreuse  dans  laquelle 
cette  ville  se  trouve  cottîsée  en  raison  du  surplus  de  la  pro« 
▼ince,  ce  sera  satisfaire  d'une  part  à  ce  que  rhonneur  et  les 
circonstances  paroissent  exiger  de  cette  Tille,  et  de  Tautre, 
remplir  Tobjet  essentiel  de  Tinvitation  proposée, 

L'Assemblée,  dans  la  confiance  que  les  dispositions  des 
citoyens  de  la  commune  Tiendront  seconder  ses  Tues  patrio- 
tiquos,  a  chargé  Tadministration  de  s'occuper  sans  retard  des 
moyens  de  réaliser  aassilAt  et  de  Terser  entre  les  mains  des 
receveurs  de  Sa  Maj.  la  somme  de  292,547'.5*.6'*.  qui  reste 
due  sur  le  mantanl  deo  impositions  de  la  présente  année,  et 
de  proposer  les  moyens  d'accélérer  non  seulement  la  rentrée 
de  cette  somme  sur  les  arrera|j:es  de  la  présente  année,  mais 
aussi  le  recouvrement  successif  des  mêmes  contributions 
pour  1790. 

En  conséquence  arrête  :  Que  les  députés  de  la  commune 
seront  chargés  de  làire  connaître  au  roi  et  à  TAssemblée 
nationale  Toffre  que  tait  cette  ville  de  réaliser  incessaroent 
l'ensemble  des  contributions  de  l'année  courante,  autorisant 
lesdito  députés  de  prendre  au  nom  de  la  commune  les  mêmes 
eogagemens  ponr  1790  seulement  et  sans  que  ceta  puisse 
tirer  à  conséquence  pour  TsTenir,  oflirant  de  pourTobr  en 
UTance  pour  ta  dite  année  et  de  deux  mois  eu  deux  mois  à 


éBO  WK7UB  D'ALBAOB 

compter  du  premier  Janvier  proebaiD  aa  payement  dn  sixième 
des  contribatioiis. 

La  eommnne  de  SCnaboiirg  délire  qne  rAesemblée  natio- 
nale veuille  bien  reeonnoitre  dans  eetle  déterminatioii  nn 
nouveau  témoignage  du  lèle  de  cette  vilte  en  faveur  de  la 
chose  publique,  espérant  qu'elle  pourra  trou?er  dans  les 
principes  qui  seront  adoptés  par  l'Assemblée  nationale  pour 
la  juste  égalité  des  subsides  el  des  charges  publiques,  l'occa- 
sion d'obtenir  dans  1  avenir  les  soulagements  que  cette  ville 
est  dans  le  cas  d'attendre  de  la  justice  de  la  nation. 

Arrêté  en  rassemblée  générale  des  Sénat  et  echevins  de 
la  Tille  de  Strasbourg,  ce  daq  Septembre  mil  sept  cent  quatre 
vingt  neuL   

XLV. 

Lettre  de  H.  de  Dietrieh 
mm  repréêênkmii  de  la  bourfftMê. 
Iteienn» 

Lôraqne  la  motkm  d*elaUir  un  maire  ftit  Mte  en  ma  pré- 
sence, j'eus  llumnenr  de  vous  prier  de  ne  pas  délibérer  sur 
cet  objet.  J'ai  appris  depuis  qu'à  votre  séance  du  deux  de  ce 

mois,  lorsque  je  me  fus  retiré  de  votre  assemblée,  vous  avie« 
(le  nouveau  agité  cette  question  et  que  vous  aviez  pris  une 
détermination  à  cet  égard.  11  a  été  de  mon  devoir  d'en  rendre 
compte  au  ministre.  J'ose  attendre  de  votre  prudence  et  de 
votre  attachement  pour  le  roi  que  vous  ne  persisterez  pas 
dans  la  résolution  que  vous  avez  cru  devoir  prendre.  Vous 
ne  me  refuseres  pas,  Messieurs,  d*ordonner  que  la  demande 
que  j'ai  Tbonnenr  de  vons  Ikire  soit  transcrite  sur  vos  regis- 
tres. 

A  Strasbourg,  le  6  Septembre  1789. 

Li  B**  nx  DneriHa'. 

'  Elii(-«e  modestie  sincère»  était-ce  an  sentiment  de  prudence  qui 

ne  lui  permettait  pas  de  poser  sa  candidature  à  la  Mairie  pendant  qu'il 
portait  encore  le  titre  de  commissaire  royal?  Il  serait  diflicile  de  le  dire. 
En  tout  cas,  cette  démarche  ne  nuisit  point  à  ses  chances  de  succès. 


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l'alsacdb  pkmdakt  la  bévolotion  française 


461 


XliVL 

Iiettre  de  M.  de  Tttroklieim,  député, 
am  reprémUank  4$  ta  baurgeoiêfê, 

Temilka»  «m  6  Septembre  1789. 

Tappiends  dana  le  moineBl  lea  nouTellee  marqoea  de  oon- 
fiance  et  de  bienvelUaiice  qoe  tous  veoea  de  me  donner  en 
me  nommant  membre  de  la  première  chambre  d'administra- 
tion. Quoique  j'aie  résolu  de  terminer  ma  carrière  publique, 

lorsque  la  mission  épineuse  dont  nous  sommes  ctiai^és,  sera 
remplie  et  que  ma  santé  et  ma  têle  ébranlées  par  le  choc 
fréquent  qu'elles  reçoivent  depuis  quelques  mois  m'indiquent 
le  besoin  impérieux  de  prendre  un  peu  de  repos  à  mon  retour  : 
il  m'est  aussi  impossible,  Messieurs,  de  résister  aux  mouve- 
menla  ilatteucB  de  votre  confiance  que  de  quitter  ma  place 
dans  un  moment  où  les  dangers  ne  sont  pas  encore  écartés. 

Ce  dernier  motif  seul  m'inspire  ai^ourd'hui  et  sans  jetter 
nn  regard  anticipé  dana  l'aTonir,  je  roua  prie,  Mesaiearai  de 
recevoir  mes  remerdments  lea  plna  fife  et  l'hommage  reaoa- 
felé  de  mon  aëla  U  augmentera  avec  la  eriae  qui  n'eet  paa 
encore  passée»  malgré  la  diaperaion  de  la  bande  inliemale  du 
Palaia-Boyal,  qui  a  alâré  aur  la  patrie  une  grande  partie  dea 
maux  qui  la  déchirent. 

J'ai  rhooueur  d'être,  Messieurs,  etc. 

Ttumm^ 


Liettre  des  députés  de  Strasbourg^ 
au  Magiitrai  de  la  ville. 

YenaUles,  ce  13  S^tembre  178». 

McaaieurB, 

Nous  ayons  reçu  les  dépêches  qve  tous  noua  afes  liiit 

*  On  voit  aux  expressions  de  celte  lettre  le  mécoatentement  profond 
qu'inspirait  &  notre  député  la  condaili  da  parti  avancé  de  Paris  «t  l'on 
eomprâid  qu'il  ait  donné  bianlôt  après  sa  démission,  eonuna  noos  le 
fecroDS  dans  la  sotte. 


m 


fiBVmS  D'ALBAOB 


l'honneur  de  nous  adresser  les  31  Août  et  7  de  ce  mois  avec 
les  pièces  qui  y  étoient  jointes.  La  régénération  consommée 
do  magistrat  vous  met  à  môme  de  vaquer  utilement  à  toutes 
les  fonctions  attribuées  aux  différents  départemens;  1&  sim- 
plification de  radministration  et  de  Tordre  judiciaire  ne  pent 
être  qne  d*an  avantage  réel  et  la  représentation  libre  et  légale 
vous  acquiert  de  la  part  de  la  commune  un  nouveau  degré 
de  confiance.  Nous  ne  laisserons  échapper  aucune  droonstance 
qui  nous  paroit  propre  à  flUre  vatoir  votre  organisatioa 
actuelle;  nous  croyons  que  nous  en  serons  incessamment 
dans  le  cas,  l'assemblée  étant  intentionnée  de  s'occuper  sans 
retard  de  1  organisation  des  assemblées  élémentaires  et  des 
municipalités. 

Nous  avons  également  reçu  les  différents  états  de  charges 
envers  le  gouvernement  que  nous  vous  avions  demandé,  et 
nous  en  ferons  l'usage  que  nous  croirons  le  plus  avantageux 
dans  les  circonstances  actuelles. 

L'Assemblée  nationale,  après  avoir  déclaré  terminée  la 
discussion  ouverte  pendant  sept  jours  sur  les  grandes  ques- 
tions de  la  permanence  ou  périodicité  de  Tassonblée,  de  son 
unité  ou  de  sa  division,  de  la  nécessité  du  consentement  royal 
aux  actes  du  corpe  législatif,  sur  la  question  de  savoir  si 
le  refus  de  ce  consentement  sera  absolu  ou  suspensif;  et  tfil 
est  suspensif,  pendant  combien  de  législatures  ou  sessions  es 
reftis  pourroit  durer,  a  décidé  ces  bases  essentielles  de  la 
constitution.  Elle  a  arrêté  : 

P  Que  le  corps  législatif  seroit  permanent  et  que  l'As- 
semblée nationale  se  réuniroit  annuellement. 

IP  Qu'elle  seroit  une  et  indivisible. 

IIP  Que  le  roi  a  le  droit  de  refuser  son  coosentement  aux 
actes  du  pouvoir  législatif 

n*  Que  ce  refus  ne  sera  que  suspensif.  La  durée  de  cette 
suspension  est  encore  en  délibération  et  cette  question  est 
subordonnée  i  la  dédaion  de  celle  de  sçavoir  de  quelle  durée 


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L'ALSAOB  PXMDAJ4T  LA.  BftVOIUTTIOM  FBAMÇÂIBB  4tf3 

sera  chaque  législature,  c'esl-à-dire,  si  les  membres  de  l'As- 
semblée resterout  en  fonctions  une  ou  plusieurs  années  et 
s'ils  seront  renouvelés  partiellement  ou  en  totalité. 

Avant-hier,  11,  au  moment  où  on  alloitaux  voix  sur  le  con- 
sentement royal,  la  président  reçut  une  lettre  de  Monsieur 
Necker  qui  lui  maodoit  qu'il  avoit  présenté  au  roi  en  sou 
GoDBeil,  des  réflexions  sur  la  sanction  royale,  que  S.  M.  lai 
tToit  permises  de  présenter  à  l'AMemblée  el  qalltFoit  rJum- 
nenr  de  les  lai  adresser. 

L'Assemblée,  sar  la  lectare  de  oette  lettre,  a  considéré 
qn*elle  SToit  déclaré  la  discasslon  terminée  sur  la  qaestlon 
de  la  sanction  royale,  qu'elle  ne  poufoit  entendre  la  lecture 
da  rapport  fiiit  an  Conseil,  sans  ouvrir  nne  nouTeUe  discns- 
rion,  que  ce  rapport  d'aillenrs  pourrolt  gêner  la  liberté  on 
influer  sur  les  opinions  de  l'assemblée  ;  en  conséquence  elle 
a  arrêté  qu'il  n'en  seroit  point  fait  lecture. 

On  dit  que  par  ce  rapport  et  son  résultat  le  roi  ne  tient 
point  au  veto  absolu  et  le  réclame  suspensif  pendant  trois 
législatures. 

Monsieur  le  cardinal  de  Roban  s'est  présenté  ce  matin  à 
l'assemblée  où  il  a  pris  séance  et  lui  a  témoigné  son  regret 
d'aroir  été  forcé  par  sa  santé  à  tarder  à  s>  rendre  et  a  énoncé 
son  bommage  et  son  respect. 

Ce  soir,  messieurs,  quelques  députés  franc-oomtois  et  alsa- 
ciens ont  demandé  que  les  fomeuz  arrêtés  du  4  Août  soient 
présentés  à  la  sanction  royale  pour  être  promptement  exé- 
cutés. L'on  de  nous,  présent  à  la  sésnce,  a  remarqué  en  yain, 
ainsi  que  quelques  antres  députés,  qne  ces  dispositions 
étaient  déjà  promulguées  dans  les  provinces  et  annoncées 
comme  des  bienfaits  dont  l'exécution  étoit  prochaine,  mais 
que  rassemblée,ayant  senti  elle-même  la  nécessité  d'en  déter- 
miner clairement  le  sens  elle  développement  ultérieur,  avoit 
renvoyé  ces  discussions  à  des  comités  particuliers,  dont  il  con- 
▼enoit  d'attendre  les  résultats  arant  de  demander  la  sanction, 


404 


BBVDB  D'ALSAOB 


qae  d'autres  dispoaiUoiM  ngvrdoieatla  conslifcatlon  et  notam- 
ment Tordre  judiciaire  dont  rorganiaation  altolt  oecaper  ras- 
semblée bientôt,  qnUl  convenolt  d*en  retarder  la  publication 
jusque  là  :  les  réclamations  tumultoeoses  ont  prévalu  et  les 
arrêtés  du  4  Tont  être  présentés  au  roL  On  dit  que  la  noblesse 
et  le  clergé  prieront  demain  les  ministres  d*en  suspendre  la 
sanction,  jusqu'à  ce  que  la  province  soit  entendue  dans  ses 
motifs  particuliers. 

Nous  vous  adresserons  incessamrnent  le  mémoire  que  l'un 
de  nous  a  rédigé  d'après  vos  observations  préliminaires,  pour 
le  présenter  aux  comités  de  féodalité  et  de  judicature*. 

Nous  ivom  T honneur  d'être,  avec  respect,  Messieurs,  tos 
très-bumblss  et  très  obdBsans  serviteurs, 

TOBKHDM.  SCBWEHDT. 


xiiVm. 

Ijettre  des  députés  ds  Strasbourg 
au  MoffUfrat  4$  la  vUb. 

HessieurSi 

La  suite  des  délibérations  de  cette  semaine  n*a  pas  été 
aiissl  heureuse  qu'on  eut  pu  le  présumer  après  que  les 

grandes  questions  sur  la  nature  et  les  effets  de  la  sanction 

avoient  été  débattues.  Il  ne  restoit  qu'à  fixer  le  nombre  des 
législatures  pendant  lesquelles  le  veto  suspensif  du  roi  devoit 
s'exercer.  Déjà  on  avait  déterminé  samedi  dernier  que  chaque 
législature  seroit  de  deux  ans  et  que  chaque  fois  le  corps 

*  Peat-Ôlre  1»  mémoira  dont  il  «ttid  qoMlioii»  <tNl  esloi  que  publia, 
plu  tard,  aoot    voile  do  ranonyme,  11.1.  do  Ttrddiaiai,  l'on  doo  doux 

dépatés,  et  qui  porte  le  titre  aaivant  :  Abhandlung  dos  Stmtsrechi  der 
Stadt  Slrassburg  und  dan  Fhasx  ûherhaupt  betreffend,  Strassburg,  1789, 
in-S",  et  dans  lequel  ce  défenseur  consciencieux  de  la  vieille  ConsUlu- 
tioo  bistoriqae  de  nots^  ville  protestait  contre  lea  boale versements  opérés 
par  la  Coostitoaiilo  dans  l'état  do  chooeo  exiitaiit  jasqa'alon  «a  Alsace. 


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L'ALSAGB  PBNOAMT  la.  B^OLDnOM  FBANÇAIHB  46Ô 


législatif  soroit  renoiivellé  en  entier  lorsqu'à  l'ouverture  de 
la  séance  du  lundi  on  fit  la  proposition  qu'il  seroit  surgis  à 
délibérer  sur  le  nombre  des  léjjislatures  jusqu'à  ce  que  le 
roi  eut  donné  sa  sanction  aux  arrêtés  du  4.  Cette  subversion 
de  Tordre  du  jour,  quoique  fortement  combattue,  fut  adoptée 
à  la  pluralité  et  deux  jours  se  perdirent  en  débats  vains  et 
tamnltoeux.  On  proposa  à  la  fin  du  second  jour  le  premier 
article  suivant  de  la  constitution  :  Que  la  personne  du  roi 
était  sacrée  et  inriolablei  que  le  throne  était  individble  et  la 
eouronne  héréditaire  dans  les  mains  des  BobtImiis,  de  mftle 
en  mftle,  suitrant  Tordre  de  la  primogénitare. 

G*e8t  ainsi  qoe  l*on  avdt  rédigé  ces  trois  propositions  qui 
d*abord  ayoient  été  reçues,  comme  de  raison,  par  aeelamation 
et  à  l*on8nimité.  Mais  comme  l*nn  des  membres  avoil  éle?é 
immédiatement  après  la  question  délicate  des  renonciations 
de  la  branche  d'Espagne,  que  l'Assemblée  nationale  désiroit 
couvrir  d'un  voile  religieux,  et  que  l'on  avoit  à  la  fin  statué 
à  la  pluralité  qu'il  n'y  avoit  pas  lieu  à  délibérer,  la  rédaction 
de  l'article  fut  contestée  et  dans  une  discussion  bien  étendue 
de  cette  motion  iudiscrette  on  perdit  deux  jours  à  se  com- 
battre et,  nons  osons  dire,  se  chicaner.  A  la  fin  on  adopta  à 
une  très  grande  pluralité  l'amendement  d'ajouter  :  <  sans 
prononcer  snr  i'dfet  des  renonciations  >  et  l'on  doit  continuer 
ce  matin  la  disens^n  dn  nombre  des  députés,  de  la  durée 
des  sessions  et  des  qualités  requises  pour  être  électeurs  et 
élu,  à  moins  que  la  réponse  dn  roi  à  la  demande  de  la 
sanction  des  arrêtés  dn  4  Aoust,  qui,  à  ce  qu'on  nons  assure, 
est  mesurée,  et  annonce  des  observations  snr  le  mode  d'exé- 
cution de  plusieurs  articles  que  rassemblée  s*étoit  elle-même 
réservé  de  déterminer,  ne  cause  de  nouvelles  effervescences. 

Comme  les  débals  sur  les  exceptions  que  demandent  cer- 
taines provinces  relativement  à  leur  positidu  ou  à  leurs  titres 
con.stitulifs  peuvent  commencer  d'un  jour  à  l'autre,  que  la 
maison  de  Deux-Ponts  et  le  Directoire  Tiennent  déjà  d'à- 

Rovralle  Série.  —  »  Année.  gO 


I 


466  BiyuB  o'alsaob 

dresser  leurs  réclamations  et  mémoires  aa  ministère  et  à  la 
nation,  dont  nons  joignons  Tun  à  l'en?oî  de  quelques  autres 
pièces,  nous  tous  prions,  messieurs,  de  Tonloir  bien  nous 
adresser  une  instruction  formelle  sur  la  question  suivante  : 

Les  députés  doivent-ils  se  joindre  à  ceux  de  la  noblesse  et 
du  clergé  dans  le  cas  où  ceux-ci  feroient  des  démarches  pour 
s'opposer  ou  protester  contre  les  arrêts  du  4  Août,  et  doivent- 
ils  appuyer  les  m<^moires  dos  princts  d'empire  pos^e88iouné8 
en  Alsace  cl  opposans  aux  mômes  arrêtes  ? 

La  partie  du  mémoire  que  nous  vous  avons  annoncé  dans 
notre  dernière,  qui  c(»ntient  les  principes  de  droit  et  l'histo- 
rique de  la  soumission  de  TAlsace  et  de  la  ville  de  Strasbourg 
en  particulier,  est  achetée.  Les  détails  des  observations  sur 
les  arrêtés  différents  en  tant  qu'ils  blessent  les  intérêts  de 
la  ville  et  de  la  commune,  nous  occupent  actuellement  et 
nous  insisterons  principalement  sur  la  conservation  de  notre 
constitution  politique  et  de  nos  relations  commerciales.  Yovs 
le  recevrez  probablement  par  le  courrier  de  lundi  prochain. 

Nous  avons  déjà  anticipé  en  quelque  sorte,  messieurs,  sur 
votre  détermination,  puisque  nous  avons  profilé  de  l'hommage 
patriotique  que  vous  venez  de  faire  au  roi  de  l'avance  des 
impositions  de  Tannée  couranto,  pour  prier  les  ministres  de 
prendre  la  ville  et  ses  privilèges,  importans  pour  elle  et  assez 
indifférens  au  reste  de  la  nation,  sous  leur  protection.  Vous 
sentez  bien,  messieurs,  que  votre  secours,  qui  vient  si  à  pro- 
pos, a  été  parfidtement  accueilli  et  que  cette  détermination 
appuyera  mieux  que  toute  autre  raison  vos  justes  réclama- 
tions. Monsieur  le  comte  de  Latour  du  Pin  à  ^qui  nous  en 
avons  présenté  Tbommage  le  premier,  nous  a  parfiiiteneot 
bien  reçu  et  nous  a  promis  d'en  lUre  rapport  le  lendemain 
au  GonseU  du  roi.  Monsieur  le  marécbal  de  Segur  qui  s'y 
trouvait  précisément,  a  ajouté  que  rien  ne  Tétonnait  de  la 
part  de  la  ville  de  Strasbourg,  dont  il  eounoissoit  rattache- 
ment au  roi  et  dont  il  avoil  toujours  fait  sentir  i  importance 


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l'alsacb  pendant  Là.  nfcyoLunoN  fbamçaisb  467 


et  le  besoin  de  conserver  son  régime.  Nous  avons  été  de  là 
chez  M.  Necker,  sur  le  visage  duquel  notre  nouvelle,  qu'il 
ne  connoissoil  point  encore,  a  répandu  la  joie.  Nous  lui  avons 
parlé  du  reculement  de  barrières,  incompatible  avec  notre 
position  et  nos  relations  commerciales.  Il  nous  a  répliqué  que 
cette  opération  n'étoit  pas  si  prochaine  encore  et  nous  avons 
gUflflé  on  mot  sar  la  réclamation  de  la  commune  contre  lee 
iournitares  de  bois  flûtes  à  l'intendance,  et  sur  lesresBoiiroeB 
qne  présenteroit  la  répression  de  oes  abns  pour  pronier 
elDeaoement  dans  l'ooeaslon  le  dé? ooement  sans  bornes  aoz 
besoins  de  TStat  De  là  nous  nous  sommes  enfin  renda  chei 
H.  le  sarde  des  sceaux,  oà  nous  arons  trou?é  Monsieur  Tar- 
cfaevéqne  de  Tienne,  membre  du  Conseil;  la  nouvelle  y  a 
produit  la  même  sensation  et  le  chef  de  la  magistrature  nur- 
tout,  auquel  nous  avons  fait  sentir  l'importance  de  la  con- 
servation de  notre  régime  y  a  répondu,  qu'il  la  seiitoit,  qu'il 
la  feroit  valoir  auprès  du  roi  dans  toutes  les  occasions  et  que 
les  arrêtés  du  4  Août  dévoient  nécessairement  éprouver  de 
modifications  en  Alsace,  dont  la  constitution  étoit  absolument 
différente  de  celle  des  autres  provinces.  Nous  n'avons  plus  pu 
aller  ehes  Mli.  de  Monmorin  et  St.-Pri«et,  mais  nous  leur  en 
ferons  part  pareillement  et  Tun  de  nous  ayant  alhire  ee 
matin  ehes  M.  le  comte  de  la  Lnseme  rinstruira  pareille^ 
ment  de  voire  hommage  patriotique  auquel  nous  osons  croire 
qne  le  roi  sera  sensible.  Ce  soir  enfin,  messieurs,  ou  demain 
matin  au  plus  tard,  nous  en  rendrons  compte  à  TAssemblée 
nationale  et  nous  espérons  que  ee  rapport  y  fera  pins  d'effet 
que  les  formules  de  félicitations,  d'adhésion  et  d'hommage 
stérile  qui  ouvrent  communément  nos  séances. 

Nous  avons  l'honneur  d'être  avec  respect,  messieurs,  vos 
très-humbles  et  très-obeïssaos  serviteurs. 

TURKHSDf.  SCHWBMDT. 


468 


BSVOI  d'alsacb 


XT.TX 
Iiettre  de  IL  Neoker 
au  Moffiaina  de  Sêroibourg. 

J'ai  été  înf  »rraé,  Messieurs,  du  sacrifice  que  vous  voulez 
bien  faire  pour  le  secours  de  la  chose  publique;  et  le  roy 
m'a  ordonné  de  vous  en  témoigner  toute  sa  satisfaction.  Il 
vous  prie  de  remettre  la  somme  entière  au  trésorier  des 
troupes,  ce  qui  me  dispensera  de  luy  faire  Terser  des  fonds 
absolument  nécessaires.  Permettez-moi  de  tous  témoigner  en 
particulier  toute  mon  estime  et  mes  a^nnces  partieulières 
du  très  parCût  attachement  a7ec  lequel  j*ai  rhonneor  ifét», 
Mesoeun,  ?otre  très  humble  et  très  obéiaaant  serviteur, 

Nhzbr*. 


Lattre  du  Magistrat  de  la  "ville  de  Strasbourg 
àMM.k$iUpuiéÊamjEtat8çénéram. 

Slra^arg,  19  Septembre  1789. 

HesBienrs^ 

Vous  nous  témoignés  dans  la  lettre  que  vous  nous  avës 
fait  l'honneur  de  nous  écrire  le  29  Août  dernier,  l'embarras 
où  vous  vous  trouvés  sur  le  choix  des  deux  actes  de  renon- 
ciation de  la  commune  de  Strasbourg  que  nous  vous  avions 
adresses  précédemment  et  vous  demandés  que  nous  détermi- 
nions celui  des  dits  actes  que  notre  intention  est  d'ôtre  prs> 
senté  à  l'Assemblée  nationale. 

Peut-être,  MM.,  la  proposition  peut  et  doit-elle  en  ee 
moment  se  réduire  à  une  question  préliminaire,  savoir,  si 
les  cireonstances  telles  qu'elles  sont  eiigent,  et  8*il  est  de 

*  La  ville  rcpoinIit;iu  contrùleur-géuéral  des  finances  le  -^y  septembre 
suivant,  après  avoir  versé  un  à-compt6  de  172,899  livres  sur  les3iX),000 
promites. 


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L'ALSACE  PENDANT  LA  RÉVOLUTION  FRANÇAISE  4G9 

nntérét  de  la  commune  de  frire  remettre  è  l'Assemblée  natio- 
nale  un  acte  de  renoneiation  quelconque,  modifié  on  non 

modifié? 

Plusieurs  considérations  nous  font  pencher  pour  la  néga- 
tive. Lorsque  l'Assemblée  nationale  cédant  à  l'enthousiasme 
du  bien  public  a  cru  pouvoir  proposer  des  sacriOcea  immenses; 
lorsqu'elle  a  entendu  fondre,  pour  ainsi  dire,  en  une  masse 
tous  les  privilèges  particuliers  des  provinces  et  villes  du 
rOtoome  pour  en  faire  le  droit  oommnn  de  tous  les  français, 
TOUS  avés,  MM^  étonnés  sans  doute  de  ces  élans  de  patrio- 
tisme, mais  entraînés  par  un  mandat  impératif  dépesé  en 
notre  nom  une  déclaration  éventuelle,  qui  a  été  regue  à  l'ins- 
tar de  tontes  les  autres  comme  une  rénondaiion  générale  et 
alMolue  et  il  est  plus  que  probtlile^  que  quelle  qu*eùt  été  la 
finrrae  et  la  teneur  de  celle  que  nous  tous  aurions  fliit  passer 
alors  elle  n'eut  été  admise  qu'autant  qu'elle  aurait  été  rédi- 
gée dans  le  sens  le  plus  étendu. 

L'Assemblée  nationale,  MM.,  aïanl  reconnu  depuis  que  les 
dispositions  de  l'arrêlé  du  4  Août  étaient  susceptibles  d'un 
développement  ultérieur,  même  à  ré{2;ard  de  i'iutérieur  du 
roXaume,  il  parait  qu'il  reste  un  voie  ouverte  pour  faire  valoir 
les  motiib  qui  peuvent  mériter  des  exceptions  en  faveur  de 
la  proTinee  d'Alsace.  Aussi  sommes-nous  informés  que  les 
grands  propriétaires  de  cette  pro?ince  persistent  dans  leurs 
réclamations  eontre  Textension  de  l'arrêté  portant  abolition 
des  privilèges,  en  ce  qu'on  Tondrait  confondre  les  propriétés 
avec  de  simples  concessions  et  des  émanations  de  la  supério- 
rité territoriale  avee  les  droits  iéodaux  reçus  en  France. 

La  Tille  de  Strasbourg  a  également  des  titres  sacrés  à  Ikire 
Talcir.  Elle  Jonfesait  aTant  et  jusqu'à  l'époque  de  sa  soumis- 
sion volontaire  à  la  France  de  la  supériorité  territoriale  dans 
toute  son  étendue.  Le  mainlieii  de  son  étal  politique  et  reli- 
gieux conformément  aux  traités  de  paix;  la  faculté  d'organi- 
ser la  constitution  de  son  administration;  le  droit  de  juris- 


470  BIVim  D'ALOàfB 

diction;  celui  des  péages  et  ponteniges;  le  droit  de  subeidee 
locaux;  celui  d'accorder  oa  ne  pas  accorder  rhabitation  anx 
jitib  et  autres,  sont  des  attribnts  de  cette  supériorité,  dont 
la  Tille  est  encore  ai  possession  et  qu*èlle  a  mis  sous  la  pro- 
tection du  roL 

La  conservation  de  ces  droits»  HM.,  reconnus  compatibles 
avec  Tautorité  soureraine  n'est  pas  seulement  fondée  sur  des 
lettres  du  prince,  révocables  à  volonté,  elle  a  été  assurée  à 

la  ville  en  vertu  d'un  traité  solennel  et  bilatéral  avec 
Louis  XIV,  que  ce  monarque  a  prorais  en  foi  et  parole  de 
roi  d'entretenir,  garder  et  observer  iaviolablement  de  point 
en  point  et  qui  a  été  conOrmé  par  des  lettres  patentes  de  son 
successeur,  du  29  Juillet  1716,  ref^trées  au  Conseil  souve- 
rain d'Alsace. 

C'est  par  une  suite  de  cette  convention,  dont  la  force  obli- 
gatoire a  été  reconnue  dans  toutes  les  occasions  par  nos  rois, 
que  la  ville  de  Strasbourg  a  été  exceptée  de  rétabUssement 
des  ofDees  créés  en  Alsace  par  édit  du  mois  de  Septembre  1 60S, 
qu'elle  a  été  déchargée  depuis  mOIennant  abonnement  voloa- 
taire  des  dixièmes,  vingtièmes  et  sons  pour  livres,  ainsi  que 
du  don  gratuit  des  villes  et  que  ses  bourgeois  ont  été  déclarés 
exemto  de  tous  otnnmittimus  et  évoestions. 

La  nation,  MM.,  étant  rentrée  aujourd'hui  dans  l'exercice 
d'une  partie  des  pouvoirs  confiés  au  souverain,  elle  ne  peut 
pas  méconnaître  les  engflgemenls  que  le  roi  a  pris  en  son 
nom.  Disons  plutôt  que  l'obligation  de  protéger  les  droits  de 
la  ville  subsiste  et  qu'il  répugnerait  de  penser  que  la  nation 
veuille  user  de  cette  protection  pour  dépouiller  la  commune 
de  ces  mêmes  droits. 

Indépendamment  des  droits  de  supériorité,  la  ville,  Blii, 
possède  des  dîmes  et  autres  droits  seigneuriaux,  comme 
autant  de  propriétés,  qu'elle  a  acquises  à  titres  onéreux  et 
auxquelles  la  justice  et  la  bonne  foi  ne  permettent  pu  de 
toudier.  On  invoque  à  œt  égard  les  principes  même  de 

• 


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L'ALBAOE  pendant  la  RfiYOLUTION  FRANÇAlBB  471 


rÀBMiBblée  nationale,  qui  a  déclaré  inviolable  tout  droit  de  * 
propriété  et  on  ne  «raralt  se  persuader,  qninetrolte  de  Tétat 

de»  rhoses  elle  puisse  pf^rdre  de  vue  ses  propres  principes 
et  les  titres  de  la  ville  de  Strasbourg  pour  lui  oter  des  pro- 
priétés d'une  très  grande  valeur  saus  aucune  espèce  d'in- 
demuité. 

Les  circonstances  paraissant  ainsi  entièrement  changées, 
nous  ne  pensons  pas.  MM.,  que  ce  soit  le  cas  de  vous  autoriser 
à  paraître  avec  une  déclaration  tardive,  qui,  quoique  pure  et 
aimple»  n'aurait  pas  de  mérite  auprès  de  l'Assemblée  natio- 
nale et  qui  risquerait  de  n*en  être  pas  aecoeilHe  étant 
modifiée.  Noua  ayons  lieu  d'ailleurs  de  présumer,  que  cette 
assemblée,  satisfaite  de  ladéclaratian  érentudle  que  vous  avés 
remise  dans  le  tems,  n*en  attend  pas  d*autrt.  Vous  foudrés 
donc»  MM.,  TOUS  renfermer  dans  les  offres  du  sacrifice  déjà 
annoncé  de  toute  ezemtion  et  privilège  en  matière  d'imposi- 
tion, sauf  néanmoins  à  établir  une  juste  proportion  dans  ta 
contribution,  en  vous  prêtant  au  surplus  aux  améliorations 
des  formes  judiciaires  qui  seront  jugées  nécessaires  et  à  telles 
autres  mesures,  dent  l'observation  pourra  inlluer  sur  le  bon- 
heur général  du  royaume.  A  l'égard  des  droits  régaliens  et 
de  propriété,  nous  comptons  trop  sur  votre  prudence  pour 
n'être  pas  persuadés  que  vous  ne  balancerés  pas  d'adbérer 
aux  eflbrts  des  seigneurs  de  la  proFince,  au  moyen  de  quoi 
les  deux  déclarations  qui  vous  ont  été  adressées  dans  le  tems 
d6?enant  sana  objet  entre  yos  mains,  nous  tous  prions  de 
nous  les  renvOIer.  Si  dans  la  classe  des  uns  ou  des  autres 
des  dits  droits  il  s'en  trouvait  sur  lesquels  tous  eussiés 
besoin  de  renseignemeos,  nous  nous  empresserons  de  tous 
les  fiiire  passer  sitôt  que  tous  nous  les  aurés  indiqués. 

Il  reste,  MM.,  quelques  réflexions  à  faire  sur  un  passage  de 
votre  lettre  du  4  de  ce  mois,  où  il  est  parlé  de  Tapplication 
qu'on  pourrait  être  tenté  de  faire  de  l'arrêté  de  l'Assemblée 
nationale,  concernant  la  tolérance  religieuse  à  l'état  consti- 


m 

BIVUB  D'ALSAOB 


•  tationnd  de  la  religion  en  Âlssce.  Nous  aTona  lien  de  eroke 
que  les  rapports  qui  tous  ônt  été  (kits  de  ce  qui  doit  6tre 
arriré  en  baote  Alsace' 8ont  au  moins  exagérés  et  noue  pen- 
sons de  même  à  Tégard  des  inquiétudes  qu'on  a  cherché  à 
TOUS  donner  sur  les  intentions  dn  clergé  de  cette  pro?inee 
en  général.  Les  senHments  de  justice,  de  liberté  et  de  paix 
dont  est  animé  le  corps  éclairé  de  TAssemblée  nationale,  nous, 
inspire  trop  de  confiance  pour  craindre  qu'il  veuille  porter 
atteinte  à  l'état  religieux  des  protestans  d'Alsace,  qui  n'est 
pas  un  privilège  de  la  nature  de  eeux  déclarés  revocables 
par  Tarrêté  du  4  Août,  mais  forme  leur  propriété  la  plus 
précieuse,  garantie  par  le  traité  même,  en  vertu  duquel  l'Al- 
sace a  été  cédé  à  la  France  et  qui  sert  à  notre  capitulatioa. 
En  tout  cas,  MM.,  s'il  tous  paraissait  qu'il  putdoTonir  néces- 
saire ou  sTantageux  de  foire  une  réserTe,  relatiTement  à  cet 
objet,  elle  pourra  être  énoncée  par  une  déclaration  tendante 
à  ce  qu'il  ne  soit  pas  dérogé  à  l*état  de  la  religion  protestante 
dans  la  Tille  de  Strasbourg  et  ses  dépendances,  et  que  les 
droits  religieux  des  habitans  soient  confirmés  et  garanUs  par 
la  nation,  ainsi  qu'ils  Font  été  par  le  rny  lorsque  la  ville 
Fa  reconnu  pour  sou  souverain.  M.  le  commissaire  du  roy 
nous  a  communiqué  dans  le  tems,  MM ,  l'extrait  d'une  lettre 
par  laquelle  vous  demandés  si  la  commune  veut  que  vous 
continuiés  à  soutenir  que  la  Constitution  de  la  ville  forme 
déjà  une  vraie  assemblée  provinciale  et  si  vous  devés  deman- 
der la  continuation  du  régime  distinct  de  la  ville  ou  adopter 
le  régime  nouTeau  des  assemblées  proTinciales,  qui  lui  fasse 
jouer  selon  toute  apparence  un  beau  r6le  dans  rassemblée 
flitnre  des  Etats  d'Alsace. 

La  première  partie  de  la  demande  ne  nous  parait  gueres 
susceptible  de  doute,  surtout  depuis  la  régénération  élémen- 
taire de  Torganisation  de  notre  Constitution,  mais  nous 
n'sTons  pas  encore  des  notions  distinctes  et  précises  sur  Tor- 
ganisatiob  des  Etats  pro?inciauz  ni  sur  le  pouToir  qui  lea 


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L'ALSACB  PmDAMT  Là  BÉTOLUTIOM  FBAWÇAIHK  4iB 

sera  attribué  pour  joger  si  et  à  quel  point  il  pourra  convenir 
à  la  Tille  de  Straébourg  de  faire  corps  am  eux  ou  d'en 
demeurer  séparée  et  la  commune  ne  sera  en  état  d*en  déli- 
bérer avec  connaîsBanoe  de  cause,  gue  lorsque  les  bases  sur 
lesquelles  doit  porter  cette  nouTelle  institutioo,  lui  seront 
connues. 

Nous  avons  i'iiouueur  d'être,  messieurs,  avec  un  eulier 
respect,  etc. 

P.S.  — Nous  veuons  de  recevoir,  MM.,  votre  lettre  du  13 
de  ce  mois,  dont  nous  vous  fai.sons  nos  remercimens.  Nous 
n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  quia  été  dit  ci-dessus  relativement 
à  la  conservation  des  droits  des  seigneurs  du  la  province*. 


'  Cette  lettre  montre  aver  évid-^nre  que  le  nouvean  magistral  sorti  de 
l'élection  populaire  du  12  et  du  13  août,  entendait,  aussi  peu  que  ses 
prMécMsnin,  abmâoimw  en  ton  entier  la  position  privilégiée  qn'oceii- 
pait  enewe  Strasbomv  parmi  les  provinces  da  royaame.  Il  n'y  avatt  là 

aucune  antipathie  politique  pour  la  France, encore  moins  des  sympathies 

allernaiide's.  comme  on  s'fst  plu  parfois  .\le  prétendre,  mais  un  sentiment 
de  répngnarire  .issoz  naturi'l  pour  l'abandon  d'une  Constitution  vieille  de 
près  de  quatre  siècles  el  conservant  au  moins  I  apparence  d'insUtulions 
répvbUcaines.  On  était  inqniet  de  se  voir  lancé  saytement  en  plein 
inconnu,  noyé  dans  an  milien  que  l'on  oonnaissait  àpeine,  et  Ton  anrail 
désiré  sauver  de  ee  naufrage  autant  de  traditions  locales  que  possible. 
Si  Slrasbour?  a  en  pins  de  peine  peutn^^tre  se  séparer  de  son  passé 
que  toute  autre  ville  du  royaume,  il  ne  faut  point  uulilier  qu'elle  seule 
aussi  possédait  alors  ait  régime  politique  el  municipal,  qui,  malgré  ses 
trop  nombreux  abos.  valait  à  pea  près  ce  qa'on  allait  mettre  à  sa  place. 
Ce  sacrifice  nécessaire  sans  doute,  mais  brusquement  arraché  par  la 
force  des  choses,  la  jeune  génération  s'y  soumit  volontiers  et  salua  même 
le  cbarïjfeinent  de  ses  applaudissements  chaleureux,  mais  les  citoyens 
plus  kiiéi  éprouvèrent,  en  face  de  ce  cataclysme,  un  sentiment  de  regret 
trop  naturel  pour  avoir  besoin  d'être  défendu.  Il  n'y  avait  point  là  inca- 
pacité de  comprendre  les  questions  d'indépendance  et  de  liberté  poli- 
tique, comme  on  l'a  prétendu  quelquefois.  Pour  repousser  cette  accuser 
tion,  l'un  n'a  ([n'ù  se  reporter  aux  premiers  articl«^s  du  Cahier  des  vœux 
rédigé  par  l'tN  rnt^m'^s  honirnis,  et  dans  lt;>(jueh  nous  trouvons  formulés 
tous  les  vrais  principes  de  1789,  dont  ra[)plication  prudente  el  mudérée 
eut  rendu  la  France  aussi  libre,  en  lui  épargnant  de  terribles  malheurs. 


BBVm  1>*JX8A0B 


LL 

Lettre  des  députés  de  Strasbourg 
au  Magistrat  ée  ta  vUle, 

VeiMtllM,  s»  8«plfliiibre  im 

Noos  ayons  llMnmeiir  de  fous  adresser  la  réponse  du  roi 
sur  la  demande  qni  lui  a  été  fkite  de  sanetionner  les  arrêlés 

du  4  Août  et  jours  suivans.  Vous  jugerez  par  la  lecture  de 
868  obseryatiows,  si  elles  ne  sont  pas  une  preuve  sensible  de 
sagesse  et  de  bonté. 

Nous  nous  attendions  que  rassemblée  les  prendruit  en 
considération  dans  ses  bureaux  avant  de  se  décider  à  aucune 
démarche  ultérieure,  mais  le  parti  opposé  à  la  modération  a 
été  excité  par  une  motion  de  Monsieur  Chapelier,  qui  a  sou- 
tenu que  ces  arrêtés  n'étoient  pas  susceptibles  de  la  sanctûoi 
et  n*aToient  besoin  que  de  la  promulgation  royale,  qu'en  con- 
séquence  il  ftUoit  cbarKer  le  président  de  retourner  vers  le 
roi,  pour  lui  demander  la  promulgation  et  cependant  ne  pas 
désemparer  avant  son  retour.  D*un  autre  côté,  M.  Reubë, 
député  de  Golmar,  Tun  de  ceux  qni  ont  le  plus  provoqué  cette 
promulgation,  parce  que,  disoit-il,  il  y  avoit  lieu  de  craindre 
que  sans  cela  l'Alsace  seroil  en  feu,  déclama  hautement  et 
violemment  contre  les  princes  d'Empire  possessioimés  en 
Alsace,  au  sujet  des  droits  dont  ils  jouissent. 

L'un  de  nous  se  proposoit  de  lui  répliquer,  mais  le  parti 
contraire  força  la  décision  sans  discussion  ultérieure  et  sur 
une  motion  faite  par  M.  Duport,  il  fut  décidé  à  la  pluralité 
que  le  président  se  transporteroit  chez  le  roi  et  le  supplieroit 
de  promulguer  ces  arrêtés,  en  l'assurant  que  rassemblée 
prendruit  les  obserrations  qu'il  lui  a  fait  communiquer  dans 
la  plus  haute  et  la  plus  respectueuse  considéralion,  lors  de 
la  rédaction  des  lois  qui  en  ddrent  être  la  suite. 

Le  président  est  revenu  vers  les  trois  heures  et  a  annoncé 
que  Sa  HijeflAé  lui  avdt  dit  de  venir  chercher  sa  réponse  le 


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L'ALSAI»  PIMDiANT  LA.  VtfOUJnOK  VBAMÇàmi  476 

lendemain  soir.  H  a  igonté  qne  11.  le  garde-dcs-eeeenz  qni  se 
Iroardt  présent  syint  demande  an  roi,  si  le  président  ponvoit 
flatter  l^sssemblée  gall  setronrolt  dans  des  dispositions  fivo- 
rables,  il  a  répondu  d*nn  air  bon  et  gai  :  Oui,  toujours I 

Les  drconstanoes  exigent  aetnellement,  mesrienrs,  que 
TOUS  nous  fessiez  connaître  yotre  tœu  positif  et  sur  les  arrê> 
tés  des  4  Août  et  jours  suivans  et  sur  les  premiers  articles 
de  la  Constitution.  Il  est  à  désirer  que  votre  formule  d'adhé- 
sion énonce  vos  principes  sur  tous  ces  objets,  ainsi  que  sur 
votre  Constitution,  vos  privilèges  et  l  influence  de  Tautorité 
royale  dans  la  législation.  La  position  des  députés,  bons 
citoyens,  est  telle  qu'ils  doivent  désirer  d'avoir  à  présenter 
le  vœn  ibrmel  de  leurs  commettants.  Déjà  il  a  été  fait  deux 
fois  nne  motion  tendante  à  prendre  note  de  celles  des  pro- 
vioces  et  ▼illes  qni  n'ont  eneore  adhéré  que  conditionnellement 
anz  arrêtée  de  la  noitdn  4;  henrensementelle  n'a  pas  encore 
été  appuyée.  Yoos  oombinerei  sans  doute,  messieurs,  les 
Intérêts  de  la  commune  avee  les  principes  énoncés  et  tous 
seres  I  même  d'établir  et  de  fiier  les  saeriflces  que  vous  croi- 
rez devoir  ftifre  à  la  chose  pnblique,  et  les  droits  qu'il  vous 
importe  de  maintenir. 

Monsieur  le  premier  ministre  des  finances  vient  de  nous 
prévenir  qu'il  vous  a  mandé  de  verser  aussitôt  à  la  caisse  du 
thrésorier  des  troupes  à  Strasbourg,  les  secours  que  vous 
avez  offerts  au  roi  ;  il  nous  prie  instamment  de  vous  en  pré- 
fenir  {mreillement.  Il  paroit  que  ce  secours  arrire  à  propos; 
en  eflét  le  tlirésor  royal  est  dénué  de  fonds.  L'emprunt  n'est 
pas  eneore  rempli,  les  reeouFremens  sont  retardés  et  les 
impélB  indirects  sont  excessivement  arriérés;  aussi  est-on 
inquiet  de  cette  situation. 

Une  société  très-nombreuse  de  Parif:,  composée  des  gens 
les  plus  riches,  a  proposé  à  l'assemblée  d'établir  une  souscrip- 
tion générale  par  tout  le  royaume,  portée  sa  centième,  même 
au  soixante  et  quinzième  denier  de  toutes  les  propriétés  fon- 


<7S  nmn  d'aumb 

eières  et  mobiliaires.  Ëlle  est  signée  par  plus  de  300  personnes 
qui  ont  lait  leurs  sonmissions  ;  elle  a  été  renvoyée  au  comité 
de  finance.  H  en  conlërera  ce  wir  aTeo  M.  Necker.  On  en 
éTtloe  le  produit  à  plus  de  400  miUîone.  Elle  est  i  Texemple 
de  eeUe  qui  a  en  lieu  deux  kàê  eu  Hollande. 

Moue  préeenteroos  ce  soir  à  Tafleemblée  yotre  délibération 
el  noue  joignons  id  Tadresse  telle  que  nous  la  lirons.  Noos 
TOUS  ferons  part  de  l'eflèt  qu*elle  aura  produit. 

Nous  afons  I*honnenr  d*ètre  mt  respect,  mesmeurs,  yoa 
très-humbles  et  très-ubeïsâauâ  serviteurs. 

Tdrkheim,  Schwendt. 


Lettre  de  M.  Neoker  à  M.  le  Baron  de  Dietriok 

▼«naillM,  le  90  Septembre  tm 

J'ai  reçu,  Monsieur,  la  lettra  que  tous  m'arés  (kit  Tbon- 
neur  de  m'écrira  du  18  de  ce  mois,  arec  la  copie  de  celle  que 
TOUS  adressiés  à  11.  de  La  Tour  du  Pin,  pour  lui  Ikire  part 
de  Tarrèté  que  les  magistrals  et  la  bourgeoisie  de  Strasbourg 
ont  pris  pour  acquitter  dans  le  courant  de  ce  mois  la  somme 
de  89SO0O  livres  que  cette  yille  doit  sur  les  impositions  de 
l'année  courante  ;  et  pour  payer  en  1790  les  mêmes  impoei- 
tions  qu*en  1789,  eu  continuant  de  les  faire  passer  deui 
mois  à  l'avance  a\i  trésor  royal. 

Le  ministre  de  la  guerre  a  dû  vou«  faire  connoitre  la  satis- 
faclion  avec  laquelle  le  roi  avoil  appris  celte  détermination 
de  la  part  de  messieurs  les  magistrats  et  la  bourgeoisie  de 
Strasbourg  ;  elle  est  une  preuve  bien  chère  à  son  cœur  de 
ramour  que  ces  messieurs  portent  à  sa  personne  et  du  zèle 
avec  lequel  ils  cherchent  à  concourir  au  rétablissement  de 
rordra  et  de  la  tranquillité  publique.  Je  ne  doute  pas  que 
cet  eiemple  de  patriotisme  n*ioflue  utilement  sur  Tesprit  et 
les  résolutions  des  antre  Tîlles  de  rÂlsaoe.  H  est  bien  pre- 


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lê'AUSAXm  PKNDA.NT  LA  BÉTOLUTION  FRANÇAISE  477 

tieiiz  et  bien  enooaragetnt  pour  moi  dans  on  dreonstaiiees 
difficiles»  et  ai  nra  reconnoIsBanee  peat  être  de  quelque  prix 
aux  yeux  de  messieura  lea  magiatrata  et  de  la  bourgeoiaie  de 
Straabonrg,  je  voos  prie  de  leur  témoigner  toute  Tétendue 
de  celle  que  leurs  sentiraens  et  leur  conduite  m'ont  inspiré, 
et  dont  je  viens  de  les  entretenir  par  ma  dernière  lettre. 
Recevés  aussi,  M.,  mes  remercimens  particuliers  sur  le  soiu 
et  le  zèle  avec  lequel  vous  surveillés  à  tout  ce  qui  peut  arrê- 
ter le  désordre  et  accélérer  les  moyens  de  rétablir  l'union  et 
la  confiance  si  nécessaires  pour  la  tranquillité  publique. 

J'ai  l'boQQeur  d'être  avec  un  aineère  attachement,  Mon- 
aienr,  etc. 

NiKinu 


UTL 

Lettre  de  M.  de  Turckiielm,  député  de  la  ville, 

au  Magistrat  de  Strasbourg. 

VenaUles,  ce  ii  Septembre  17B9. 

Messieurs , 

Lorsque  j'ai  accepté  la  mission  honorable  que  je  dois  à 
votre  confiance  et  que  l'amour  de  la  patrie  me  faisoit  un 
devoir  d'accepter,  je  ne  prévoyois  pas  que  quelque  obstacle 
poarroit  m'empôcher  de  la  remplir  jusqu'à  son  terme;  mais 
comaae  les  anitea  d*une  tension  perpétuelle  de  l'esprit  et  l'air 
de  ce  paya,  qui  parolt  m'ôtre  contraire,  ont  altéré  ma  aanté 
an  point  que  je  eraindroia  que  l*hiver  n'augmentât  beaucoup 
le  mal,  je  me  fois  forcé,  quoique  regret,  de  Tona  préTenir 
que  vers  la  fin  d*Octobre  je  compte  m'en  retourner  etrétaUir 
ma  aanté  dana  la  retraite  pendant  quelqnee  eemainea.  Mea 
aiEiIrea  particulièrea,  que  ma  nombreuae  funille  ne  me  per- 
met paa  de  négliger  entièrement,  exigent  d'ailleurs  indiapen- 
aablement  ma  présence  pour  réparer  leabrèdiea  que  le  mal- 
heur des  tems  m'occasionne. 

G>ainie  vous  n'avez  pas  priâ  U  précaution,  Messieurs,  de 


m 


BBVXnK  d'alsagi 


frire  nominer  des  suppléai»,  Js  me  sais  adressé  à  M.  le 
garde  des  sceaux  poar  roua  fidre  autoriser  d*eo  nommer,  afin 
qae  la  place  ne  soit  pas  racante,  quoique  tos  députés  n*aient 
qn*nn  rôle  passif  à  jouer  tant  que  l'Assemblée  nationale  ne 

s'écartera  pas  de  la  rigueur  des  principes  qu'elle  a  cru  devoir 
adopter  et  qu'elle  croira  ne  devoir  admeltre  aucune  exception 
à  ses  décrets. 

Je  TOUS  prierai.  Messieurs,  par  ce  motif  et  par  une  suite 
de  l'intérêt  que  ma  place  me  hii  an  devoir  de  prendre  à  la 
oonserration  de  nos  privilèges  et  de  notre  eonstitutioD,  de 
Tonbîr  bien  foire  donner  à  monooUègne  et  à  mon  saeoessear 
des  instraetions  précises  s*U  doit  combattre  le  vœu  de  Tuni- 
formité  et  de  la  destmetion  de  tons  les  privilèges  et  réclamer 
hautement  votre  capitulation,  ou  s'il  doit  se  soumettre  à  la 
loi  commune  et  sauver  du  naufrage  ce  qu'il  pourra.  Nos 
députés  d'Alsace  des  communes  nous  font  mauvais  jeu,  puis- 
que tous  leurs  eflorts  ne  tendent  qu'à  une  amalgame  parfaite 
avec  les  autres  provinces,  qui  présente  au  premier  coup  d'œil 
de  grands  avantages,  mais  qui  pourroit  être  funeste  dans  notre 
situation  particulière. 

Recevez,  Messieurs,  rhommage  des  regrets  les  pins  vifo  de 
rimpossibilité  physique  où  je  me  trouve  de  eontinaer  mon 
service  dans  ce  pays  et  de  mon  empressement  à  vous  rejoin* 
dre  et  partager  vos  travaux,  si  mon  séle  est  toujours  agréable 
à  la  commune. 

J'ai  riionneur  d'être  avec  respect,  Messieurs,  votre  très 
humble  et  très  obéissant  serviteur, 

TURKEBOL 


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L'aLSACB  pendant  la  aÊVOLUnON  FBANgAIâS;  479 


i*rv. 

Lettre  de  H.  de  Ttiroklieim,  député  de  la  Tille, 
am  r^étmUanis  d$  la  bourgéoUiê 

Vtnaflhs,  M  II  aiplinb»  im 

Hessieura, 

Vous  aviez  songé  lors  de  l'élection  honorable  que  vous  avez 
fait  de  moi  pour  défendre  vos  intérêts  dans  ce  paya,  à  nommer 
des  fluppléans,  ainsi  que  la  plupart  des  bailliages  du  royaume 
en  ont  pris  la  précaution  ;  mais  cette  idée  n'a  paa  été  effiectnée 
et  me  jette  dans  ce  moment  en  un  grand  embarras. 

Ha  santé  se  trouve  altérée;  des  migraines  horribles  me 
rendent  sonvent  inhabile  an  traTail,  et  je  sens  que  i*hiTer 
achèveroit  mes  maaz.  Je  me  rois  donc  ibroé  de  tous  deman- 
der mon  rappel,  et  je  compte  retourner  dans  ma  patrie  Ten 
la  fin  du  mois  prochain;  j'ai  prévenu  Monsieur  le  garde  des 
sceaui  de  ma  résolotion,  et  il  adressera  an  magistrat  la  lettre 
nécessaire  pour  vous  autoriser  à  nommer  un  suppléant. 

Il  y  aura  six  mois  à  cette  époque  que  je  remplis  la  mission 
honorable  mais  terrible,  que  vous  m'avez  offert  ainsi  qu'à 
mon  estimable  collègue.  Nous  avons  eu  les  orages  et  les  crises 
les  plus  violentes  à  soutenir;  peut-être  que  mon  successeur 
aura  des  jours  plus  calmes;  mais  je  vois  que  la  besogne  se 
prolonge  et  si  ma  santé  ne  m^arertissoit*  de  la  nécessité  de 
me  sevrer  ponr  quelque  tems  du  .travail,  mes  affaires  parti* 
cnlières,  qu'une  nombreuse  famille  ne  me  permet  pas  de 
négliger  entièrement,  me  forceroient  de  demander  nn  congé 
de  quelques  semaines. 

Agrées  donc^  Messieura,  ma  respectueuse  sensibilité  aux 
témoignages  de  confiance  que  vous  m'avez  accordée  jusqu'ici. 
Si  je  n'ai  pu  y  répondre  dans  la  mesure  que  j'aurois  voulu, 
ne  l'atlribuez  qu'aux  circonstances  impérieuses  qui  ont 
entraîné  la  monarchie  vers  son  sort,  et  non  à  quelque  man- 
que de  zèle  de  ma  part.  J'ai  cru  devoir  rester  fidèle  à  mon 
mandat  et  soutenir  les  principes  répandus  dans  vos  cahiers. 


480 


Un  roi  puissant  et  digne  d'être  adoré  de  sea  peuples  oooa 
aToit  GonToqaé;  je  n*ai  pu  coopérer  à  avilir  son  autorité  ai 
nécesBaîre  pour  le  bonheur  d'une  nation  immenae;  je  ne 
penae  pas,  meaaieura,  que  tous  ni*en  ftaaiea  un  crime.  Cette 
nation  tient  aujourd'hui  les  rénea  du  gouTernement;  je  n*«i 
ni  pu  ni  dû  lutter  contre  sa  puissance  ;  c'est  à  vous  à  peser 
dans  votre  sagesse  si  vous  voulez  sacrifier  à  son  vœu  vos 
privilèges  et  votre  Constitution  ;  sacrifice  qui  seroit  peut-être 
compensé  par  d'autres  avantages,  mais  que  je  n'ai  dû  ni 
voulu  prononcer  sans  y  être  autorisé  et  forcé  par  vous. 

Je  serai  jusqu'au  tombeau  fidèle  au  roi  et  aux  vrais  inté- 
rêts de  la  cité  qui  m'a  vu  naître.  Ses  dtoyena  oonserreront 
des  droits  éternels  sur  ma  reconnaissance,  et  quel  que  soit 
le  sort  que  le  del  me  destine,  je  les  servirai  sans  cesse  avec 
lèle  et  coorage. 

rai  llumneur  d*ètre  avec  respect,  messieurs,  Totrs  très 
humble  et  très  obéissant  senriteur, 

VïOk  des  députés  à  l'Assemblée  DttioDale, 

ToBKmnL 


liV. 

Lettre  des  députés  de  la  ville 
au  Magiairat  de  Strasbourg, 

VcnaOlM»  e»  n  Septemlm  im 

Messieurs, 

Monsieur  Necker  s'est  rendu  hier  à  l'Assemblée  après 
avoir  &it  demander  son  heure;  il  a  lu  un  long  discours  sur 
les  financée,  dont  la  lecture  rapide  ne  nous  a  pas  permis  de 
retenir  tous  les  détails  ;  il  a  commencé  par  rendre  compte  de 
l'état  inquiétant  des  finances,  du  peu  de  Ibndsqui  se  trouvent 
au  trésor  royal,  des  pertes  qui  résultent  de  celles  essuyées 
aur  les  gabelles,  les  aides  par  la  destruetion  des  barrières,  et 
le  retard  des  recouvremens  des  impôts.  Il  indique  la  possi- 
bilité de  dimioutionH  coiiâidérableâ  dans  \qs  difTérens  dépar* 


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L'ALSACE  PEMDAltT  LA  BÂVOLUTION  VBAMÇfAIBX  481 


lemenp;  il  annonce  la  réunion  des  maisons  du  roi  et  de  la 
reine,  et  soumet  à  i'Asserabiée  le  projet  d'une  contribution 
sèche  du  quart  du  revenu  d'une  année  de  la  part  de  tous  les 
indifidus.  Il  provoque  la  conversion  de  la  caisse  d'escompte 
en  banque  nationale,  et  il  observe  que  le  numéraire  a  dimi- 
Dué  considérablement  par  Texportation  qui  ea  a  été  dite. 

Aussitôt  que  ce  rapport  sera  imprimé  nous  aurons  Thon- 
near  de  toi»  redresser.  U  en  sera  rendu  compte  demain  par 
le  comité  des  finances  à  l^assemUéeqoi  a  arrêté  de  s'occuper 
des  objets  de  finances  les  yendredis  et  samedis. 

Nous  avons  été  bien  étonnés  d'entendre  hier  à  l'ouverture 
de  la  séîuice  une  lettre  de  la  société  patriotique  qui  s'est  for- 
mée à  Strasbourg,  contenant  des  offres  très  généreuses  et 
très  louables;  en  y  applaudissant  avec  toute  l'assemblée, 
nous  n'avons  pu  que  regretter  de  n'avoir  pas  été  choisis 
pour  en  dtre  les  organes,  et  nous  nous  sommes  môme 
trourés  humiliés  de  n'en  aroir  pss  an  moins  été  prérenus; 
nous  espérions  mériter  la  confiance  de  nos  concitoyens  de 
toutes  les  classes,  comme  elles  ont  toutes  droit  à  notre 
dévouement 

Le  roi.  la  reine,  Monsieur  et  Madame,  ont  fiiit  le  sacrifice 

de  leur  vaisselle  platte  et  elle  a  été  portée  à  la  monnoie  pour 
en  fabriquer  des  espèces,  dont  la  rareté  augmente  chaque 
jour.  L'assemblée  instruite  de  ce  nouveau  bienfait  a  député 
son  président  vers  le  roi  pour  lui  témoigner  combien  elle  en 
est  pénétrée  et  le  supplier  d'en  révoquer  l'ordre;  mais  Sa 
Majesté  s'y  est  refusé. 

Nous  venons  de  recevoir,  messieurs,  la  lettre  que  vous 
nous  avez  fiiit  l*honneur  de  nous  écrire  le  19  Septembre,  en 
conséquence  de  votre  détermination  ;  nous  avons  celui  de 
vous  renvoyer  les  deux  déclarations  d'adhésion  que  vous 
nous  aviez  adressées  ;  nouH  nous  conformerons  fidèlement  à  vos 
résolutions,  en  faisant  valoir  tous  vos  droits;  nous  pouvons 

NoaTiU*  Bérit  -  V  àaaU  Bl 


482 


REV^E  D'ALSACE 


répoodre  de  notre  s^e  et  nous  (èrons  ce  qui  dépendra  de 
nooB  pour  qae  les  érénemens  y  répondent. 

La  municipalité  de  Versailles,  de  TaTis  d'une  grande  partie 
de  la  milice  citoyenne,  a  demandé  au  roi  un  régiment  d'in- 
fanterie, pour  lui  aider  à  faire  le  service  et  maintenir  la 
tranquillité  publique;  en  conséquence  le  régiment  de  Flan- 
dres est  arrivé  avant-hier  au  bruit  de  sa  musique  et  ayant 
deux  canons;  il  a  été  fort  bien  reçu  ici;  mais  Paris  a  7u  avec 
peine  cette  précaution,  et  il  y  a  eu  quelques  mouyemena,  qui 
eependant  n'ont  eu  aucune  suite. 

La  constitution  8'a?ance,différens  articles  nouTeauz  ont  été 
arrêtés.  Les  deux  premiers  qui  déterminent  le  partage  des 
pouvoirs  sont  en  substance  les  snÎTans  : 

«  1*  Tous  les  pouToirs  émanent  de  la  nation  et  ne  penvent 
qu'émaner  d'elle. 

<  2*  Le  ponToir  législatif  réside  dans  rassemblée  nationale  ; 
il  doit  être  exeroé  comme  soif  :  » 

Suivent  les  articles  qui  développent  ces  principes. 

Aussitôt  que  les  arrêtés  sur  la  gabelle  et  les  autres  impôts 
seront  imprimés  ,  noua  aurons  l'honneur  devons  les  envoyer. 

Nous  avons  Thonneur  d'être  avec  respect,  messieurs,  vos 
très  humbles  et  très  obéissans  serviteurs,  les  députés  de  la 
ville  de  Strasbourg  à  l'Assemblée  nationale, 

TORXHUII.  SCDWBmT. 


Liettre  des  députés  de  Strasbourg 
m  Magistrat  de  la  ville, 

YMMlUes,  I«  m  Septombn  ira». 

Messieurs, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  adresser  les  décrets  de 

l'Assemblée  nationale,  sur  la  gabelle,  qui  n'a  aucun  rapport 
à  l'Alsace,  et  sur  les  impositions. 


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Vàisàm  vMaoàxr  ul  ntmvnoir  nuwçâio  488 

Nous  vous  faisons  passer  également  le  discoure  de  Mon- 
sieur Necker.  Le  comité  des  finances  à  qui  il  avait  été  ren- 
voyé pour  en  rendre  compte  sans  retard,  en  a  fait  le  rapport 
samedi  dernier  et  y  ajouté  différentes  observationSi  relalÎTefl 
à  de  plus  grandes  économies  et  retrancbemens  et  à  nn  pre- 
mier apperça  sur  la  nature  des  impôts  et  sur  Tapplication  à 
en  lUre;  dèe  qnll  sera  imprimé,  nous  nons  empresserons  de 
TOUS  l'adresser. 

UAssemblée,  à  qui  le  ministre  des  finances  a  (bit  eonnoltre 
rétat  allarmant  da  thrésor  royal  et  la  nécessité  instante  d'y 
ponnroir,  a  pensé  que  discuter  pendant  qne  i*Etat  étoit  en 
danger,  étoit  mal  le  servir;  et  considérant  que  la  nation  avoit 
donné  sa  coufiance  au  ministre  des  finances,  elle  a  accepté 
de  confiance  le  plan  qu'il  a  proposé  V  En  conséquence  elle 
a  adopté  la  contribution  proposée  du  quart  du  revenu  de 
chaque  citoyen,  sur  la  seule  déclaration,  sans  serment  ni 
contrainte. 

Les  autres  parties  du  discours  de  M.  Necker  ayant  besoin 
d'un  développement  ultérieur,  ne  pourront,  être  fixés  (me) 
que  par  le  résultat  des  traTauz  particuliers  du  comité  des 
finances  combinés  avec  le  ministre,  qui  sera  lui-mêoBe  dans 
le  cas  de  déterminer  le  mode  de  la  contribution  par  une  loi 
particulière.  Nous  ne  manquerons  pas,  messiears,  de  tous 
TenToyer  aussitôt  qu'elle  parottra. 

Nous  aTons  Thonneur  d*étre  a?ec  respect,  messieure,  etc., 

TUUKUEIM.  SCUWENDT, 

Nous  joignons  h  Tenvoi  le  mémoire  de  M.  le  landgrave  de 
Hesse  contre  les  arrêtés  du  4  Août  que  nous  venons  de  rece- 
voir". 

*  Rien  ne  montre  mieux  combien  noe  députés  étaient  pea  an  dii^paion 

de  la  majorité  des  esprits  à  Versailles  qne  le  «ilenee  profond  qu'il»  obur- 
vent  sur  le  inafcnifique  discours  de  Mirabeau  prononcé  à  cette  oeeaaion. 
Pas  an  mot  d'éloges  seulement  ! 

'  Le  landgrave  de  Hesse-Darmstadt,  héritier  des  comtes  de  Banaa, 
possédait  dans  la  Bisse-Alssce  de  vssles  domaines,  qot  formaient  en- 


484 


BBVCT  D'ALSAflB 


Lvn. 

Lettre  de  l'archevêque  de  Bordeav|X 
au  êlagiitrai  de  SLratbourg. 

Versailles,  le  i9  Sepletubre  I7h9. 

.Messieurs, 

M.  de  Tiuklîeiin,  président  de  la  seconde  chambre  de 
justice  de  U  ville  de  Strasbourg  me  prévient  que  le  mauvais 
état  de  sa  santé  l'obligera  de  se  rendre  dans  le  mois  prochain 
à  Strasbourg,  et  il  me  prie  en  conséquence  de  Toas  autoriser 
à  convoquer  les  électeurs  de  la  commune  à  Teffet  de  nommer 
un  autre  député  à  TAssemblée  nationale.  Vous  voudrés  bien 
en  conséquence  assembler  eeuz  qui  avoient  concoora  à  Té- 
lection  de  If.  de  Turkheiro  et  les  inviter  à  ikire  choix  d'nn 
autre  représentant  pour  remplacer  ce  député.  Je  vous  prie 
de  m'euvoier  la  copie  du  procès-verbal  de  cette  assemblée  et 
de  l'élection  qui  y  sera  faite. 

Je  suis,  messieurs,  etc. 

f  L     archoTéque  de  Bordeaux.^ 


semble  la  régence  da  Booxwiller  ;  dans  cette  ville  résidait  le  consdl 

administratif  du  souverain  allemand  ;  c'est  contre  la  réunion  de  ces 
domaines,  appelés  encore  de  nos  jours  «  le  pays  de  Hanau  *  par  les 
populations  rurales,  que  protestait  le  landgrave  régnant  de  Darmstadt. 

■  La  rignatalre  de  cette  |riêee  était  Jérôme-Marie  Champion  de  Cieé, 

archevêque  de  Bordt'aux,  depuis  1781,  après  avoir  été  évèqne  de  Rho* 
dez.  Il  avait  figuré  à  rAssemhlée  des  Notables  l'i  avait  été  nommé  garde* 
des-soeaux  le  3  août  1789.  Renvoyé  du  luinislére  en  novembre  1790,  il 
refusa  le  sermeat  à  la  Cuuslitutiou  civile  du  cierge,  émigra,  rentra  plus 
tard  en  France  et  M  nommé  par  le  premier  coaaal  archevêque  d'Aiz 
en  1902. 


Digitizea  L7  GoOglc 


L'AZAMB  PIMDtâlIT  UL  BtVOUDTliOll  TBàXÇàm  486 

Lvm. 

Lettre  du  Magistrat  de  StrasJioiirg 
MM?  dépuiéê  àê  kk  viU^ 

StraabooiR.  1»  Scptenlm  im 

M688i0ai8| 

Nons  croyons  devoir  fiiire  passer  par  job  mains  la  lettre 

que  nous  adressons  au  ministre  des  finances  en  réponse  à 
celle  qui  nous  est  parvenue  hier  de  sa  part  au  sujet  des 
avances  auxquelles  la  commune  s'est  engagée  par  son  arrêté 
du  5  de  ce  mois.  Une  partie  des  fonds  avoit  deja  été  remis 
les  jours  derniers  au  receveur  des  domaines  et  nous  avons 
lait  livrer  hier  une  nouvelle  somme  de  105773  livres  â  sols, 
sur  la  capitation  et  les  vingtièmes.  L*ordre  des  choses  et  la  nature 
de  œs  payemens  pour  lesquels  il  nous  a  fallu  recourir  à  des 
ezpédiens  eitraordinaires  ont  paru  exiger  que  les  versemens 
passent  par  les  mains  des  receveurs,  mais  en  prerenant  le 
trésorier  auquel  ils  ont  dû  être  transmis.  La  remise  s*en 
kn.  en  sus  des  engagemens  courants  du  receveur  des  finances 
envers  le  trésorier  des  troupes.  Nous  apprenons  qo*il  s*est 
élevée  quelque  difficulté  entr'eux  à  ce  sujet,  parce  que  le 
trésorier  refuse  de  recevoir  ladite  somme  en  payement  d'une 
ordonnance  de  fourage  dont  le  remboursement  ordinairement 
assigné  sur  les  fonds  provenans  des  impositions  de  notre  ville 
n'auroil  cependant,  sans  l'avance  à  laquelle  nous  nous  sommes 
décidés,  été  acquitté  qu'à  l'époque  tardive  de  la  rentrée  sur 
les  contribuables.  Mais  nous  devons  regarder  ces  dissensions 
entre  les  comptables  comme  étrangères  à  mm  sacrifices,  et 
nous  pensons  pouvoir  nous  dispenser  de  nous  môler  du 
compte  qui  en  sera  rendu  au  ministre. 

L*e0senUel  est  que  les  fonds  soient  fidts  à  la  disposition 
du  service  de  8a  Majesté,  et  nous  avons  hit  tout  ce  qu'il  a 
dépendu  de  nous  pour  porter  ce  premier  secours  à  une  somme 
efficace.  Les  autres  payemens  suivront  iacessamment  coiiXor- 
mémeut  à  l'aperçu  ci  joint 


486  nvin  nfjoMàm 

L'intention  du  ministre  ne  peut  point  avoir  été,  d'après 
l'arrêté  du  5,  de  compter  de  notre  part  sur  des  fonds  eiinr 
ordinaires  indépendans  et  en  sus  du  senriee  forcé  des  impo- 
sitions. 

Les  dreonstanees  ne  nous  laissent  anenns  moyens  snr  an 
excédant  de  secours  de  ce  genre,  et  nous  a?ons  dft  attiibneE 
à  l*erreor  dn  trésorier  la  persuasion  qo*il  nous  a  témoigné 
à  ce  sojet 

Nous  TOUS  prions,  messieurs,  de  fiiire  agréer  an  ministre 

ce  premier  témoignage  de  notre  bonne  volonté  et  l'assurance 
des  efforts  que  nous  ferons  pour  hâter  les  remises  auxquelles 
la  commune  s'est  engagée. 
Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 

Les  H-éteura,  CotmU  et  Magistral  de  la  villô 

de  Stra^touirg. 


'  TiTX. 

Ijettre  du  Magistrat  de  Strasbourg 
à  M.  Neeker,  wiUrôkur  générai  des  finamoei, 

Strasbourg,  le  99  Septembre  1789. 

Monseigneur, 

Aussitôt  à  la  réception  de  la  lettre  dont  vous  nous  avés 
honorés  le  19  de  ce  mois,  nous  avons  fait  remettre  entre  les 
mains  du  receveur  des  finances  en  exercice,  la  somme  de 
105772  Urres  2  sols  sur  la  capitation  et  les  vingtièmes  et 
nous  STiona  déjà  fait  TSiser  la  veille  la  somme  de67125  livres 
entre  les  miins  du  receveur  i  la  régie  générale,  à  compte  des 
octrois  et  sols  ponr  livre.  Ces  deux  ptfemens  montant  ensem- 
ble à  172897  livres  S  sons  sont  tout  ce  qu'il  nous  a  été  pos- 
sible de  fiire  ponr  le  moment  présent,  mais  nous  espérons 
être  inoessament  à  même  de  remplir  le  surplus  de  nos  engn- 
gemens  ponr  Cure  Tavanoe  du  montant  des  impositions  ponr 
Tannée  dans  l'attente  que  nous  pourrons  effectuer  le  rem- 


Digitizea  L7  GoOglc 


L'ALBACB  FBMDAIIT  hk  BtTOLOTION  WSUJStÇàJOSM  487 

pteement  de  ces  sominee  sor  celles  qoe  produira  le  reoon- 
Tmient  successif  des  impôts  sor  les  eontribaables. 

Gependtnty  comme  nous  ne  devons  exposer  le  serrice  de 
St  Migesté  à  aucune  incertitude  sur  cet  objet,  nous  avons 
cm  devoir  convenir  avec  te  trésorier  des  troupes,  des  époques 
auxquelles  nous  nous  croïoiis  assurés  de  pouvoir  fouroir 
le  surplus  des  fonds. 

Nous  prenons  la  liberté,  Monseigneur,  de  vous  en  adresser 
ci  joint  Tapperçu  ;  il  n'y  aura,  de  notre  part,  aucun  instant 
de  perdu,  pour  remettre  succesâiremeol  daus  la  caisse  du 
trésorier,  les  deniers  dont  nous  pourrons  disposer  à  cette 
destination. 

Le  dévouement  de  nos  citoyens  pour  la  chose  publiiiue  ne 
s*est  pss  borné  à  Tobjet  des  impositions,  et  vous  ôles  sans 
doute  instruit,  Monseigneur,  du  succès  de  la  souscription 
patriotique,  ouverte  par  quelques-uns  d'entre  eux. 

Nous  nous  croirons  toujours  heureux,  lorsque  nous  trou- 
verons l'occasion  de  faire  agréera  Sa  Majesté  des  témoignages 
de  l'attachement  de  ses  fidèles  sujets,  les  citoyens  de  Strasbourg 
et  de  donner  des  preuves  nouvelles  de  la  confiance  que,  sous 
un  ministre  sauveur  de  la  patrie,  nous  mettons  dans  la 
justice  du  gouvernement.  Daignés,  Monseigneur,  dans  les 
circonstances  délicates  du  moment,  continuer  à  notre  ville  les 
sentimens  de  bonté  et  de  protection  qu'elle  désire  mériter  du 
meilleur  des  rois,  et  du  plus  juste  des  ministres. 

Nous  sommes  avec  un  profond  respect,  Monseigneur,  vos 
très  humbles  et  très  obeissans  serviteurs, 

ÏM  Prékutt,  Oomid  ti  Ma(/^^ 

de  Sêra^ourg, 


48B 


BBVUB  D'ALSAfll 


LX. 

Lettre  du  Magifitrat 
otfir  éèeniik  de  Strotbourg, 

SliMboius,  te  I»  Odobn  vm. 

Messieurs, 

Nous  nous  empressons  de  vous  prévenir  qu'une  lettre  que 
M.  le  commissaire  du  roi  vient  de  recevoir  de  M.  Necker  lève 
toutes  les  diflicultés  que  nous  craignions  devoir  s'élever  sur 
la  nature  du  secours  que  la  ?tUe  de  Strasbourg  a  offert  à 
rEtat.  Nous  vous  prions  en  conséqapnoe  de  ne  pas  fiiire  près 
de  M.  Necker  la  déclaration  que  nous  tous  a? ods  demandée 
par  la  dernière  lettre  que  nous  aTona  en  rbonneur  de  tous 
écrire,  qne  oe  secours  n^est  pas  une  contribution  extraordi- 
naire, mais  seulement  nne  sTanoe  des  impofdtions  ordinaires. 

Nous  croyons  de?oir  tous  Informer,  MM.,  qu'il  est  arriTé 
plusieurs  fois  qne  les  ^èeesque  tous  annonciez  avoir  jointes 
à  TDS  lettres,  ne  nous  sont  pas  parvenues. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  Messieurs,  avec  ud  entier 
respect,  vos  très-humbles  serviteurs,  etc. 

Les  Prétewrt,  Cumul  et  Magutrat  de  la  viUê 

dê  Sinubourç, 


Déclaration  de  la  ville  de  Strasbourg 

à  r Assemblée  nalionale. 

La  Tille  de  Strasbourg,  d-deTant  République  souveraine, 
relennt  nu6mentde  TEmpireet  réunie  librement  à  la  France^ 
en  verto  d*nne  capitulation  qui  lui  oonfirme  tous  ses  anciens 
privilèges,  droits,  statuts  et  coutumes,  conformément  au  traité 
de  paix  de  Westphalie,  conGrmé  par  celui  de  Nimègue,  capi- 
tulation que  Louis  XIV  a  promis  foi  et  parole  de  roi  d'en- 
tretenir, garder  et  observer  inviolablement  de  point  en  point. 


l/àiBàXm  VMKDàKT  LA  ■«▼OLDTION  TBAMÇAIBB  489 

et  d'empêcher  quil  n'y  «oit  contreTena  directement  ou  indi- 
rectement 

Cette  nlle  en  rendant  hommage  an  patriotisme  qai  a  gaidé 
rAflflemblée  nationale  dans  eee  décréta  do  4  Août  dernier  et 

jours  suivants  désireroit  de  lui  offrir  le  tribut  d'un  abandon 
entièrement  conforme  aux  sacrifices  qu'elle  a  décrétés;  mais 
si  cette  ville  renonce  avec  empressement  à  tous  ceux  de  ses 
droits,  dont  elle  croit  le  sacrifice  utile  à  l'Etat,  il  en  pst  d'au- 
tres, sur  lesquels  il  est  de  soo  dt voir  d'exprimer  ses  réserves 
de  Ja  manière  la  plus  claire  et  la  plus  précise.  Elle  charge 
en  conséquence  ses  députés  à  l'Assemblée  nationale  de 
déclarer  : 

L 

Que  la  ville  de  Strasbourg,  distingnée  dès  les  premiers 
temps  de  sa  soumission  Tolontaire,  par  son  aèle  et  m  fidélité 
pour  son  souTerain,  défendra  par  tous  les  moyens  qui  seront 

en  son  pouvoir,  Tautorité  légitime  dn  roi,  auquel  seul  appar- 
tient le  pouvoir  exécutif  suprême,  et  le  droit  de  donner  par 
sa  sanction,  la  force  aux  lois  Dûtes  par  le  corps  législatif  dë 
la  Dation. 

n. 

Que  quoique  sa  capitulation  lui  assure  l'exécution  de  toutes 
contributions  et  autres  payemens,  son  patriotisme  et  son 
amour  pour  le  meilleur  des  rois  la  porte  bien  Tolontiers  à 
renoncer  à  tons  ses  privilèges  en  matière  dimpôts,  et  qu'elle 
continuera  d'acquitter  sa  part  dans  les  oontributions  de 
l'Etat  de  quelque  nature  qu'elles  soient,  mais  elle  peut  espé- 
rer sans  doute,  que  lorsqu'elle  s'engage  à  partager,  propor- 
tionnellement à  ses  tacnlIéSf  toutes  les  charges  publiques, 
elle  ne  supportera  plus  dans  leur  entier,  celles  dont  l'objet 
seroit  l'intérêt  commun  de  la  province,  ou  l'intérêt  général 
du  royaume,  el  elle  ne  doute  pas  qu'en  tout  état  de  choses 
la  répartition  individuelle  de  la  somme  pour  laquelle  elle  sera 
imposée,  ne  lui  soit  conservée. 


480 


m. 

En  fie  soumettanl  à  raboUtion  du  droit  exclusif  de  la  chasse, 
elle  ne  se  permettra  qu*ane  remarque  sur  la  nécesaité  de 
prendre  des  mesurée  efficaces,  pour  arrêter  tonte  Tîolatioa 
du  droit  de  propriété,  qni  poarroit  naître  par  l'abus  d*ane 
loi  qui  ne  veut  que  la  protéger,  et  de  réprimer  le  danger  du 
port  d*armes. 

IV. 

La  religion  protestante  étant  non  seulement  tolérée  à  Stras- 
bourg, mais  établie  légalement  en  vertu  des  traités  de  paix 
dont  la  capitulation  a  conûrmé  les  dispositions  relativement  à 
la  ville  de  Strasbourg,  la  commune  stipule  expressément, 
qu'il  ne  sera  dérogé  en  rien  à  l'état  de  cette  religion  dans  la 
ville  et  ses  dépendances  :  qu'une  égalité  parfaite,  quant  à 
Texerdce  du  culte  public  et  Tadmission  aux  charges,  sera  la 
loi  commune  des  religions  catholique  et  protestante^  que  celte 
dernière  religion  sera  maintenue  dans  la  possession  tranquille 
et  imperturbable  des  biens  d-devant  ecclésiastiques  et  fon- 
dations qui  lui  appartiennent,  tels  que  le  Chapitre  de  Saint- 
Thomas,  rUniversité,  le  collège  de  Saint-Guillaume,  etc.,  et 
que  sa  propriété  à  cet  égard  sera  garantie  solemnellement 

V. 

Louis  XIV  de  glorie  ise  mémoire  ayant  pareillement  main- 
tenu la  ville  de  Strasbourg  dans  le  droit  d'élire  son  Magistrat 
dans  les  difTérens  collèges  de  justice  et  d'administration,  et 
lui  ayant  coutirmé  ie  dernier  ressort  en  justice  criminelle, 
et  jusqu'à  la  concurrence  de  mille  livres  en  matière  civile, 
ainsi  que  la  eonnoissanoe  exclusive  des  objets  de  police,  arts 
et  métiers:  la  commune  est  d'autant  plus  fondée  à  demander 
d'être  maintenue  dans  cette  jouissance,  qu'elle  ne  blesse 
aucuns  droits^  et  que  tons  les  membres  des  diffi&rens  dépar- 
temens  du  Hsgistrat,  soit  de  justice,  soit  d'adminislratioii, 
étant  tous  éhis  librement  par  les  représentans  de  la  bonr^ 
geoide,  ce  mode,  loin  d'être  un  privilège  particulier,  entre, 


Digitizea  L7  GoOglc 


L'ALSÂOB  PIMDANT  Là.  ttTGLDTIOH  VBAHÇAUB  401 

d'après  les  principes  de  rAneoiblée  nationale,  dans  le  drdt 
eommnn  de  la  nation. 

Si  par  les  dispositions  qui  seront  adoptées  pour  Tordre 
jodieiaire»  il  étoit  établi  de  noaraux  tribonanz  en  Alsaoe, 
la  Tille  de  Strasbourg  demande  arec  eonflanee  que  les  siens 
obtiennent  au  civil  une  attribution  aussi  étendue,  que  celle 
d'aucune  autre  instance  intermédiaire.  Le  droit  de  jurisdic- 
tion,  et  le  ressort  dont  elle  jouit  dans  ses  bailliages  en  vertu 
de  son  ancienne  possession  confirmée  par  arrêt,  l'élève  déjà 
eo  quelque  sort*;  au  rang  de  préaidial,  et  elle  ne  peut  redouter 
aucun  trouble  dans  une  propriété  garantie  par  des  traités, 
et  d'autant  plus  saerée,  que  oe  droit,  en  formant  entre  le 
seigneur  et  ses  justiciables  une  rélation  de  protection  et  de 
conilance,  assure  la  marebe  des  albires. 

Elle  fonde  sur  les  mêmes  titres  une  redamation  positive  à 
l'égard  de  ses  maîtrises  et  corporations  d'arts  et  métiers. 

Yl 

Sa  Majesté  ayant  assuré  à  la  ville  toute  liberté  et  jouis- 
sance de  tous  ses  revenus,  droits,  ponlenages  et  commerce, 
ainsi  que  de  sa  douane,  elle  peut  d'autant  plus  espérer  d'y 
être  continué,  que  ce  revenu  suflit  à  peine  aux  dépenses  que 
le  serrice  public  exige  :  elle  doit  être  pareillement  maintenue 
dans  son  droit  exclusif  de  la  navigation  du  Bbin,  dont  le 
Sonvemement  a  tellement  senti  rimportance  pour  TËtat  en 
général,  par  TntiUté  considérable  sur  tout  qu'il  a  retiré 
pendant  la  guerre,  du  service  des  bateliers  strasbourgeois, 
qu'il  l'a  toujours  protégée  avec  force  contre  les  entreprises 
des  princes  riverains  de  ce  fleuve. 

Les  relations  commerciales  de  la  ville  étant  beaucoup  plus 
actives  avec  l'étranger  qu'avec  la  France,  le  reculement  des 
barrières  seroit  la  ruine  de  son  commerce,  en  môme  tems 
qu'il  enleveroit  à  la  province  la  branche  principale  de  son 
industrie  (la  fabrication  du  tabac)  et  le  commerce  de  transit 


et  d'entrepôt,  qui  de?ieadroieat  l'un  et  raatre  le  partage  de 
rétranger. 

vn. 

Elle  est  trop  eoii?aiiieae  de  l'éqnité  de  rAseenblée  natio- 
nale et  du  respect  dû  au  droit  de  propriété,  seul  fondement 
de  la  société,  pour  craindre  que  les  prestations  sogneuriales 
que  cette  ville  perçoit  dans  ses  quatre  bailliages,  en  Tertu 
des  droits  régaliens  et  de  la  supériorité  territoriale  qui  lui 
ont  toujours  appartenus,  et  qui  ont  été  confirmés  par  sa 
capilulalion,  ainsi  que  par  lettres  patentes  et  arrêts  du  Con- 
seil, puissent  être  confondus  avec  les  droits  féodaux  connus 
en  France;  quant  aux  corvées,  pour  lesquelles  elle  perçoit 
une  prestation  pécuniaire,  elle  observe  qu'elles  forment  le 
principal  produit  de  ses  seigneuries,  qu'elles  sont  une  véri- 
table propriété  acquise  à  des  titres  onéreux,  que  loin  d'être 
ce  que  sont  les  simples  corvées  seigneuriales  eu  France,  elles 
forment  un  impôt  de  souveraineté,  qu*on  eût  pu  percevoir 
souH  la  forme  d*une  subvention  territoriale,  ou  sous  tonte 
autre  dénomination  analogue. 

Enfin  parmi  les  drolls  de  la  ville  de  Strasbourg,  il  en  est 
un  trop  essentiel  au  maintien  de  la  police  et  trop  nécessaire 
à  la  tranquillité,  que  doit  se  proposer  pour  but  une  adminis- 
tration municipale,  pour  ne  pas  être  confirmé,  celui  de  n  ad- 
mettre que  librement  et  de  son  gré  un  individu  à  la  partici- 
pation de  la  commune  ;  elle  le  regarde  comme  très  important 
à  l'ordre  public  pour  ne  pas  le  réclamer  expressément 

Telles  sont  les  concessions,  auxquelles  la  ville  de  Stras- 
bourg a  pu  se  prêter,  et  les  réserves  qu'elle  a  dû  stipuler. 
Ses  relations  sont  si  peu  analogues  à  celles  des  provinces  de 
riotérieur,  sa  propriété  et  sa  conservation  sont  si  importantee 
pour  le  royaume,  qu'elle  n'exprime  ses  réserves  qu*avec  la 
confiance  que  lui  donne  la  conviction  de  leur  justice. 

Quand  elle  oabfieroit,  qu'autrefois  république  libre  eUe  ne 


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L'ALSAOS  PKMOAKT  la  BftVOLDnOM  VBANÇAI8B  4SS 

s'est  rendue  qu  a  des  conditions,  dont  la  violation  seroit  celle 
du  contrat  qui  la  lie  à  la  France;  qu'elle  a  traité  avec  le 
roi,  en  vertu  de  la  plénitude  du  pouvoir  dont  il  étoit  revêtu, 
que  la  foi  des  traités  est  sans  doute  aussi  sacrée  à  la  nation 
que  les  engagemens  contractés  envers  les  créanciers  de  TElat; 
que  le  maintien  de  ces  traités  garantis  par  des  puissances 
étrangères  importe  ao  sistème  germanique,  la  commune 
réclameroit  cependant  encore  Texéculion  de  ces  réserves, 
comme  une  partie  de  la  propriété  de  TBlat  même,  intéressé 
à  ce  que  la  prospérité  d'une  de  ses  parties  ne  soit  pas 
sacrifiée  à  l^appareaee  d'un»  amélioration  et  à  un  sialème 
d'aniformité. 

Fait  et  décrété  en  l'assemblée  générale  des  echevins,  repré- 
sentans  librement  élus  de  la  commune  de  Strasbourg,  le 
premier  jour  du  mois  d'Octobre,  Tan  mil  sept  cent  quatre- 
vingt-neuL  Signé:  le  Baron  de Neobnstein,  stettmestre  régent; 
PonOT,  ammeistre  régenté 

AoD.  Rmss. 

fLa  miUê  «mprockam  nmméroj 


*  Cette  déclaration,  comme  on  le  vorra  plus  loin,  fui  présentée  par 
M.  SchwBDdt,  député  de  la  ville,  à  1  Assemblée  nallunale,  dans  sa  séance 
do  10  août.  Elle  y  «  donna  lien  à  va  paa  de  marmare  »,  quand,  adoa 
la  tradition  parlMnentaife  alors  établie,  les  seerélaim  de  TAssêniblée 
donnèrent  leetnre  d'an  résumé  seulement  de  la  pièce  déposée  sur  le 
bureau.  Ce  murmure  aurait  été  plus  vif  encore  si  la  Constituante  avait 
entendue,  dans  leur  entier,  les  accfnts  énergif|U''S  de  cette  «  ci-devant 
République  souveraine  »,  refusant  de  sacrifier  ses  droits  «  à  i  apparence 
d'nne  aniéliontîon  et  à  an  aittàme  d'aniformité.  » 


MATÉRIAUX 


roui  8BETIE  A 

L  HISTOIRE  DE  LA  Gl'ERRE  DE  TRENTE  ANS 

tirés  des  archives  de  Calmar^ 


4  upieinbn  i6S5-3i  amii  1636. 

Disette  à  Golmar.  1a  garnison  menace  de  partir. 
Louis  Xm  demande  à  la  ville  de  continuer  à 
fournir  le  pain  aux  soldats.  Achats  de  blé  à 
Strasbourg,  à  Benfeld.  De  nouveau  député  à  Par 
ris,  Hogg  présente  un  mémoire  sur  les  moyens 
de  ravitailler  les  places  fortes  et  de  délivrer 
FAlsace  de  la  présence  de  Tennemi.  M.  de  Pol- 
helm,  agent  de  Cîolmar  à  Paris.  lie  cardinal  de 
Ia  Valette  se  poxte  au  secours  de  l'Alsace.  Négo- 
ciations pour  la  pa&z.  Cîolmar  intervient  Betour 
de  Mogg  et  résultats  de  sa  mission.  Péage  indue- 
ment  perçu  à  Sélestadt. 

Commencée  en  Alsace,  la  campagne  de  1685  se  termina  en 
Lorraine.  Colmar  aurait  enfin  respiré,  n'eut  été  la  disette. 
La  gelée  et  les  ennemis  avaient  également  compromis  la 
récoite  el,  iadépendammeut  des  habitants,  la  ville  avait  à 
nourrir  sa  garnison,  les  magasins  français  étant  hors  d'état 
de  poorroir  à  sa  sabsistaace.  Bile  aYoit fourni  lOOOquartenx 
de  blé  à  rarmée  du  duc  de  Rohao.  Le  pain  préparé  pour 

*  Voir  la  livr&iâoa  avhl-nui-jaia  1878. 


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UISTOIBB  DB  LA,  OUBRRB  DB  TBKMTS  ANS 


495 


celle  du  maréchal  Caumont  la  Force  avait  absorbé  300 
quartaux,  et  les  avances  à  la  garnison  ne  montaient  pas  à 
moins  de  200  quartaux.  Les  approvisionnements  diminuaient 
au  point  qu'il  fallut  rationner  les  bourgeois.  On  prévoyait 
Tépoque  où  toute  distribation  aux  soldats  serait  impossible. 
ManiGamp  parlait  bautement  de  se  retirer  avec  ses  troupes; 
il  s'était  même  déjà  présenté  devant  le  magistrat,  pour  loi 
demander  de  constater  par  écrit  qn*oo  ne  pouvait  pins  lui 
fournir  de  viTres. 

La  Tille  avait  une  première  fois  mis  des  députés  en  route 
pour  la  cour,  vers  le  20  septembre;  mais  la  présence  des  Im- 
périaux ne  leur  avait  pas  permis  de  passer  outre  :  à  deux 
lieues  de  Vie,  ils  durent  rebrousser  chemin  et  ne  firent  qu'une 
traite  jusqu'à  Saverne,  où  ils  arrivèrent  après  être  restés  en 
selle  pendant  trente-six  heures.  Ils  revinrent  à  Colmar  le  8 
octobre.  Dans  l'extrémité  où  elle  se  trouvait,  la  ville  demanda 
conseil  au  marquis  d'Hoquincourt,  depuis  maréchal  de  France, 
qui  commandait  alors  à  Sélestadt,  et  qui,  sauf  ses  démêlés  avec 
Manicamp,  dont  il  ne  voulait  pas  reconnaître  l'autorité,  avait 
toujours  témoigné  beaucoup  de  bonne  Tokmté  dans  ses  rap* 
ports  avec  le  magistrat.  (Lettre  à  d'Hoquinoourt,  du  4  octobre. 

Hoqnineourt  dépêcha  un  gentilhomme  au  roi  et  an  cardinal 

Richelieu,  pour  leur  exposer  la  situation  de  Colmar.  En  môme 
temps  il  écrivit  à  la  ville  pour  la  rassurer  sur  le  compte  de 
sa  garnison  :  ce  serait,  disait-il,  une  grosse  faute  que  de  la 
faire  partir,  et  M.  de  Manicamp  est  incapable  de  la  commet- 
tre :  mais  tout  en  répondant  de  lui,  le  gouverneur  de  Séles- 
tadt donna  sa  parole  qu'il  se  jetterait  dans  la  ville,  et  mour- 
rait plutôt  que  de  Tabandonner. 

Les  dépêches  dont  le  marquis  d'Hoquincourt  s'était  chargé 
parvinrent  à  leur  destination.  Le  11  novembre,  le  nd  fit 
réponse  à  Colmar  que  «  les  ennemis  étant  entre  son  armée 
et  la  ville,  il  n'y  avait  pas  encore  moyen  de  la  soulager  pour 


496 


BEVUE  D  ALSAOB 


ce  regard,  soit  en  lUnnt  passer  des  blés,  aoit  en  eoYoyaDt  les 
montres  qui  sont  dues  à  la  garnison,  »  mais  il  promit  de 

donner  ordre  au  plus  tôt  à  l'envoi  des  fonds  nécessaires; 
dans  l'iîilervalle,  il  con?ie  le  magistrat  de  continuer  à  fournir 
ce  qui  est  le  plus  nécessaire  pour  la  subsistance  du  soldat, 
qui,  de  son  côté,  n'épargnera  ni  sa  peine  ,  ni  sa  vie,  pour 
garantir  Colmar  des  entreprises  de  l'ennemi.  Le  roi  écrivit 
aussi  à  Manicamp  et  à  la  ville  de  Strasbourg,  «  afin  qu'elle 
aide  ses  voiains  de  grains,  autant  qu'elle  pourra.  >  (Original.) 

Colmar  n^avait  pas  attendu  l*intenrention  de  Louis  XIII, 
ponr  tenter  nne  démarche  auprès  de  Strasbourg.  Le  29  sep- 
tembre, il  loi  avait  envoyé  Jonas  Walch  et  Ifogg,  qui  obtin- 
rent la  permission  d'acheter  quelques  blés  ehes  les  habitants. 
Cet  achat  procura  à  la  ville  à  peine  400  quartanx,  et  malgré 
la  royale  demande,  Strasbourg  ne  voulut,  à  aucun  prix,  auto- 
riser de  nouvelles  sorties  de  blé  (Prnt.  miss.,  lettre  àu~ 
novembre  1635.  et  lettre  de  Strasbourg  du  11  mars  1636). 

Bien  avant  que  la  lettre  de  Louis  XIII  parvint  à  Colmar — 
elle  ne  fut  remise  Que  le  y^^^^, —  la  situation  critique  où 
la  ville  se  trouvait,  la  décida  à  faire  partir  un  nouveau  député 
ponr  Nancy  :  c'était  encore  une  fois  le  stettmestre  Jonas  Walch, 
dont  les  instructions»  datées  du  t8  novembre  (viens  style),  por- 
tent qu'il  remettra  an  gouverneur  de  Nancy,  le  comte  de 
Barrault,  des  lettres  destinées  an  roi  et  an  ministre,  et  quH 
s'abouchera  avec  le  duc  d'Angonlême  et  avec  le  maréchal 
Gaumont  la  Force,  pour  leur  remontrer  la  nécessité  où  la 
ville  se  trouvait  de  recevoir  soit  du  blé,  soit  de  l'argent  pour 
s'en  procurer.  Cette  seconde  tentative  échoua  comme  la  pre- 
mière, et  à  peu  de  jours  de  là,  la  ville  recourut  de  nouveau 
à  Jean-Henri  Mogg,  qu'elle  chargea  de  lettres  pour  le  roi.  pour 
Richelieu,  pour  le  duc  d'Angouléme  et  pour  Caumont  la  Force, 
datées  du  ^^^^^  Une  cinquième  lettre  est  adressée  au 
duc  de  Saxe-Weimar  et  datée  du  -jj-novembre  {ProLmm). 
Cette  fi>is  Mogg  ne  voyageait  pas  seul.  llaoicamp«  le  gouver- 


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mSTOmE  DB  LA  aanODI  DB  TBBMTB  ANS 


497 


Dear  de  CSolmar,  loi  avait  a4ioi]it  plndeon  offlden  qui  de- 
faleiit,  de  leur  edté,  fendre  eonpte  de  laaitiiationdeCkdiiiar 

et  de  sa  garnison. 

Mogg  et  ses  compagnonâ  prirent  par  le  Holmack,  où  ils 
furent  reçus  très  honnêtement  par  le  commandant,  M.  de 
Manière.  De  là  ils  se  dirigèrent  par  les  Hauts  de  Ghaumout 
(Hautes-Chaumes)  vers  Gérardmer.  Arrivés  au  Valtin,  ils 
apprirent  que  le  duc  Charles  de  Lorraine  avait  passé  le 
dimanclie  précédent  noTembre,  à  Gérardmer  aTec  800 
eheranx*  se  rendant  à  Thann  oa  en  Bourgogne»  et  que  son 
armée  était  pœtée  depuis  Tool  jii8^*à  JiireooiirL  D  éUdt 
alors  minnit  Gee  noarelles  ebligèrent  la  petlle  troupe  à 
prendre  par  Grange;  elle  ne  fitqn'nne  traite  joeqn'à  Spinal, 
où  elle  anîTa  taenreueement,  aprèe  nne  marche  de  trente 
beofei  euiB  débrider.  L'ennemi  avait  été  préTenv  de  eon 
voyage  et,  au  Valtin,  leehabitente  Pavaient  signalée  aux  Lor- 
rains établis  à  Gérardmer,  qui  s'étaient  mis  à  sa  poursuite 
avec  200  chevaux  et  autant  de  paysans  armés  d'arquebuses. 
D*Ëpinal  Mogg  écrivit  en  français  à  Manicamp  (Lettre  des 

5  6 

-j^  et  ^  novembre),  pour  l'engager  à  aller  brûler  Gérardmer 
et  le  Valtin,  où  il  trouverait  beaucoup  de  vivres.  Il  ne  fallait, 
disait-il,  que  400  mousquetaires  et  100  chevaux  pour  cette 
expédition,  qui  aérait  très  utile  aux  intéréte  du  roi. 

llo0K  eontinoa  sa  route,  8*enqaérant  partent  de  grains  et 
da  moyen  de  tes  amener  à  Golmar.  A  Damey,  le  gonvemear, 
M.  de  Manrepas,  oflDrit  de  Ini  proenrer  quelques  milliers  de 
quartanx.  A  Mirecourt,  te  colonel  Gestion  lui  promit  d'esoor- 
ter  te  convoi,  sll  en  recevait  l'ordre.  De  là,  il  se  rendit  auprès 
du  maréchal  Gaumont  te  Force,  qui,  toujours  afleettenné  à 
Colmar,  s'engagea  è  lui  envoyer,  sinon  de  Daruey,  du  moins 
du  Bassigny,  deux  à  trois  mille  sacs  de  blé.  Bernard  de  Saxe- 
Weimar,  le  cardinal  La  Valette  ne  se  montrèrent  pas  moins 
touchés  de  l'extrémité  où  se  trouvait  Colmar,  Le  premier 
offrit  une  escorte  de  mille  dievaux  et  plus,  et  parla  môme 

iimiv«ii»8«rt0-r  AuiAd.  22 


4» 


BBVUB  ]>*ALi4Cni 


de  se  rendre  lui-même  à  Colmar,  si  le  salut  de  la  ville  l'exi- 
geait Ce  fut  le  cardinal  qui  témoigna  le  plus  de  zèle;  il  pro- 
mit d'agir  lai-même  pour  bftter  les  dispositions  des  muni- 
tionnaires,  et  se  fit  expliquer  de  quelle  manière  il  aenit 
poflBible  de  mener  à  iKmne  fin  le  nritiillomeDt  de  GeloBar. 
GrAoe  à  ces  eflbrle  féonls,  Mogg  poQTiit  espérer  an  prompt 
secoors,  et  11  ne  mancpiait  plos  qae  des  moyens  de  transport 
pour  fidre  affluer  les  subsistances  à  Colmar.  On  attendait 
précisément  400  Toitnres  de  Ghâlons,  et  Mogg  espérait  qu'on 
trouverait  à  Nancy,  à  Toul,  à  Epinal,  à  Mirecourt,  à  Darney 
de  quoi  les  compléter.  Il  donna  toutes  ces  bonnes  nouvelles 
à  ses  commettants  dans  une  lettre  datée  de  Nancy  novem- 
bre. Le  maréchal  qui  avait  en  ce  moment  ses  quartiers  au- 
tour de  cette  ville,  devait,  le  lendemain,  se  rendre  à  Toul  et 
dans  le  Bassigny.  De  leur  oôté,  Bernard  de  Saxe-Weimar  et 
le  cardinal  La  Valette  s'étaient  avancés  l'ayant- veille  jusqu'à 
Morange,  pour  suivre  Galles  qui  se  retirait  vers  l'AlsMse^  et 
pour  le  eombattre  partout  où  Us  le  joindraleni  Les  généraux 
étaient  outrés  contre  H.  de  Bnry,  le  commandant  de  Saveme, 
alors  prisonnier  dans  la  citadelle  de  Nancy,  qui  iTait  rendu 
aux  Impériaux  la  place  qui  lui  était  confiée,  avec  le  cbâtean  éè 
Haut-Barr  :  c*était  un  a?i8  an  lecteur  pour  Manicamp,  qui  pa^ 
lait  loujoui  s  de  se  retirer  de  Colmar  avec  sa  garnison.  Mogg  lui 
donna  à  comprendre  que  ce  serait  la  ruinede  son  honneur,  de 
sa  réputation  et  de  sa  fortune.  (Lettre  du  même  jour  à  Jonas 
Walch).  Il  recommanda  aussi  à  la  ville  d'organiser  un  ser- 
vice de  dépêches  pour  transmettre  aux  généraux  toutes  les 
nouvelles  qui  lui  parvieodraient  d'Allemagne^  et  de  leur  écrire 
derechef  pour  insister  sur  le  prompt  secoure  dont  Golmar 
avait  besoin.  La  YiUe  suivit  ce  dernier  conseil  et  éeririt,  le 
^  novembre»  an  due  de  Saxe-Weimar,  an  cardinal  de  Le 
Valette  et  an  marécbal  Gaumont  la  Force.  La  seule  réponse 
qni  existe,  est  celle  du  cardinal,  qui  manda  an  magistrat,  de 
Tonl,  S6  décembre,  qu'il  n*aTait  pas  manqué  de  donner  avis 


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BDTOmi  DK  LA.  OOIBBB  DB  TRENTE  ANS  4P9 

aa  roi  de  Téltt  des  aflUres  de  CSolmtr,  en  l'assurant  <  que  sa 
lujeslé  toa  tèllA  réflexkm  qae  mérite  rimportance  de  la 
Tille,  Taffeetion  qn*elle  a  toajoora  eu  pour  Bon  service  et 

le  désir  qu'elle  a  de  se  la  conseryer.  > 

Cependant  Mogg  ne  se  faisait  pas  illusion  sur  toutes  ces 
protestations.  Il  comprit  qu'à  moins  d'ordres  d'en  haut,  per- 
sonne n'agirait.  De  Nancy  il  se  rendit  donc  à  Paris.  Une  lettre 
du  x^^^-»  datée  de  Ruel  et  adressée  à  son  ami  Jonas 
Walch,  reod  compte  de  ses  premières  démarches.  Il  n'avait 
pas  encore  eu  d'audience  du  roi,  mais  il  devait  voir  le  car- 
dinal Richeliea  le  lendemain.  Servien  avait  fiût  à  Hegg  Thon- 
nenr  de  Feamiener  dans  son  carrosse  à  Paris.  Le  député  saisit 
roecasion  ponr  Tentretenlr  de  ce  qoi  lui  tenait  à  cœur.  Servien 
loi  donna  les  meilleures  assurances  pour  te  succès  de  sa 
mission;  il  lui  promit  que  sa  m^jeste  ne  regarderait  pas  à 
la  dépense,  pour  procurer  des  subsistances  à  la  garnison  et 
pour  établir  des  magasins  en  prévision  de  l'avenir  ;  il  l'avertit 
des  démarches  à  faire,  des  discours  à  tenir,  et  lui  demanda 
s'il  se  chargera  lui-même  d'acheter  des  blés  en  Suisse,  à 
Bourg  en  Bresse  et  à  Genève.  Un  agent  que  le  roi  avait 
envoyé  en  mission  à  Strasbourg,  un  M.  Bartoli  (?),  avait  déjà 
ordre  de  fidre  acheminer  des  grains  de  Bâie  à  Golmar,  et 
Ton  avait  consigné  ponr  cet  àcbat  S8000  livres  chei  un 
négociant  bâlois. 

Hogg  présente  aux  ministres  un  mémoire,  où  il  ne  se  borna 
pas  à  plaider  U  cause  de  notre  ville;  il  se  permit  même 
de  donner  ses  vues  sur  te  conduite  des  alhires  de  la  Fhmce 
en  Allemagne.  Il  ne  cacha  point  la  vérité.  Les  ordres  que  le 
roi  avait  donnés,  pour  solder  les  avances  de  la  ville  et  pour 
fournir  des  vivres  à  la  garnison,  n'avaient  pas  été  exécutés  ; 
l'ennemi  était  autour  de  Strasbourg  et  de  Benfeld,  et  les  habi- 
tants sont  tellement  réduits,  qu'ils  ne  peuvent  pas  faire  de 
semailles,  et  que  plusieurs  mangent  du  pain  de  gland.  L'is- 
sue de  cette  situation  n'était  pas  douteuse  :  tente  de  pain, 


500 


REVUE  D  ALSAOB 


Golmar  sera  obttgé  d*ooTrir  ses  portes  aax  Impéritox  sans 
coup  férir,  n  font  donc  que  le  secours  soit  prompt  Told  le 
plan  qae  Mogg  exposa  dans  ce  but,  au  nom  de  ses  eommek- 

tants  : 

1°  Faire  acheter  du  blé  à  Darney  et  à  Bourbonne  jusqu'à 
concurrence  de  six  mille  sacs  de  froment,  le  résal  à  4  écus 
du  roi;  les  mener  à  Epinal  sous  escorte  et  de  là  à  Colmar, 
par  le  passage  du  Bonhomme,  le  seul  dont  les  troupes  fran- 
çaises fussent  encore  en  possession  depuis  la  perle  de  Saveme; 
Mogg  igottte  que  c'est  grâce  à  Manicamp  et  à  son  hearenz 
coup  de  main  sur  le  château  de  Hohnaek. 

9*  Faire  aclieter  à  t  Rouyre  »,  proche  de  Bourgogne ,  en 
Suisse  et  à  Bourg  en  Bresse,  10  on  10000  sacs  de  blé,  qu'on 
pourra  mener  de  Bourg  à  Bâle  par  Morges,  TTerdon,  Midaa 
et  Soleure;  de  Bâle  les  fUre  diriger  sous  escorte  à  Golmar. 
Au  moyen  de  ee  grand  approvisionnement,  on  assurerait  la 
subsistance,  non  seulement  de  la  garnison  de  Golmar,  mais 
encore  de  celles  de  Sélestadt  et  de  Hagueiiau. 

8°  Donner  à  Manicamp  une  armée  volante  de  4000  hommes 
à  pied  et  mille  chevaux,  pour  reprendre  le  passage  de  Thann, 
les  Tilles  d'Eosiâbeim,  de  Markolsheim,  le  cb&teau  deGuémar 
qui  commande  le  passage  principal  du  pays,  tant  par  terre 
que  par  eau,  et  que  M.  de  GhastUlon  UTsit  rendu  mal  à  pro- 
pos au  doc  Charles  de  Lorraine. 

4*  S*emparer  de  Rheinfélden,  où  se  troufe  sur  le  Rhin  un 
pont  de  pierre  de  grande  importance  ;  par  là  on  empêcherait 
les  cantons  catholiques  et  Tévdque  de  Bâle  d'apprortiionner 
Brisacb;  détruire  tes  deux  antrse  ponts  du  haut  Rhin  à 
Seckingen  et  à  Lauffenbourg  ;  créer  des  'magasins  à  Rhein- 
feldcn  à  l'instar  de  ceux  de  Golmar,  et  envoyer  4000  hommes 
par  le  col  du  Bonhomme  et  par  Rheinfelden  ;  faire  des  diver- 
sions dans  le  margraviat  de  Dourlach,  autour  de  Brisacb, 
qui  n'avait  dans  ce  moment  que  300  hommes  de  garnison; 
dans  le  Wurtemberg  ou  contre  les  Tilles  du  lac  de  Ck)nbtance  : 


mSTOIBB  DB  Là  QDBBB  SB  TBBMn  AMB 


601 


•par  là  Mogg  se  promettait  d'empôdier  Gtllas  de  rentrer  en 
Lorraine. 

5*  Donner  à  Manicamp  le  goaTemement  général  de  la 
haute  et  basée  Alsace  et,  ce  fidaent,  mettre  fin  au  conflit 
sonleré  par  M.  d'Hoquincourt,  qai  refusait  de  reconnattre 

l'aulorité  de  Manicamp,  sous  le  prétexte  mal  fondé,  au  dire  de 
Colmar,  que  Sélestadt  oe  fabait  point  partie  de  la  haute 
Alsace. 

6°  Envoyer  à  Colmar  un  antre  régiment,  ou  donner  com- 
mission au  ûls  de  M.  de  Manicamp  d'en  lever  un,  aûn  de 
mettre  fin  aux  déportements  de  la  garnison  actuelle,  qui  ne 
respecte  ni  Tbonnenr  des  femmes  et  des  filles,  même  de 
bonnes  fiimilles,  ni  les  propriétés  des  particullera. 

7'  Faire  tenir  leur  montre  on  solde  aux  deux  compagnies 
de  chefao-légers  et  de  dragons  levées  par  IL  de  Manicamp, 
et  fournir  les  fonds  pour  former  une  compagnie  allemande. 

8*  Flaire  retirer  aux  offiders  et  aux  soldats  les  dievauz 
auxquels  ils  n'ont  pas  droit. 

9°  Soumettre  les  vivandiers,  si  la  ville  juge  nécessaire  d'en 
conserver,  aux  mômes  péages  que  les  bourgt^ois. 

La  suite  fera  voir  de  quelle  manière  les  conseil^  de  la  ville 
ont  pu  influer  sur  les  plans  et  les  résolutions  du  gouverne- 
ment (rancais 

Mogg  eut  la  bonne  fortune  d'être  admis  au  conseil  des 
ministres^  samedi  décembre.  Ses  démarcbes  précédentes, 
le  témoignage  du  margrave  Frédéric  de  Bade-Donrlach, 
que  lee  événements  de  la  guerre  avaient  dépouillé  de  ses 
états,  et  qui  se  trouvait  en  ce  moment  à  Paris,  les  dépêches 
de  Manicamp^  et  surtout  un  récent  courrier  de  H.  d*Hoquin- 
court,  avaient  ouvert  les  yeux  sur  Tétat  précaire  des 
affaires  du  roi  à  Colmar  et  en  Alsace,  et,  après  une  longue 
discussion,  il  fut  décidé  qu'on  enverrait  un  commissaire,  M. 
Gagnol,  spécialement  chargé  de  pourvoir  Colmar  de  blé,  et 
qu'on  mettrait  à  6a  disposition  1100  chevaux  d'artillerie.  On 


608  BKVOB  D'AL8A0B 

peut  admirer  en  cela  l*hoDn6te  8aT0ir*ftdre  deM<w:  sans  doute 
il  était  de  la  plus  hante  importance  de  conaerrer  en  Aisaee 
les  placée  que  la  France  y  occupait;  mais  an  milieu  dea  aiEdree 
et  dea  agitationa  de  la  cour,  ce  n*était  pas  un  mince  mérita 
d*ayoir  su  s*oayrir  un  accès  jusqu'aux  ministres.  Mogg  cite  à 
ce  propos  l'exemple  du  margrarede  Bade-Doarlach,  qui,  après 
un  séjour  prolongé  à  la  cour,  n'avait  pu  obtenir  enrore  d'au- 

13 

dience,  ni  de  Louis  XIII,  ni  de  Richelieu,  et  qui,  le  décem- 
bre,  dut  faire  antichambre  pendant  deux  heures  chez  le  père 
Joseph,  avant  d'en  obtenir  un  entretien  de  quelques  instants. 

Dana  sa  mission,  Mogg  avait  un  devoir  pénible  à  remplir, 
n  ne  pouvait  dénoncer  rindiadpline  de  la  gamiaon  aana  incri- 
miner le  gouverneur,  If.  de  llanicamp.  On  savait  d'antre  part 
quMl  ne  ae  fidsait  paa  faute  de  parler  d*ahandonner  la  place, 
et  aea  propoe  inoonaldéréa,  aes  démêléa  avec  d*Hoquincourt 
étaient  autant  de  griefs  que  aea  ennemia  ne  manquaient  point 
d'exploiter.  Mogg  eut  occasion  de  e'expliquer  à  ce  anjet  avee 
M""  de  Manicamp,  qui  ne  put  retenir  ses  larmes,  en  songeant 
au  danger  que  courait  la  fortune  de  son  mari  et  l'aTenir  de 
ses  enfants.  Sans  s'inquiéter  ni  de  la  rigueur  de  la  saison,  ni 
du  mauvais  état  et  du  peu  de  sûreté  des  routes,  elle  résolut 
de  rejoindre  M.  de  Manicamp.  Son  esprit  et  son  courage,  disait- 
elle  à  Texcelleat  Mogg,  qui  Tadmirait,  lui  valaient  assez  de 
crédit  auprès  de  son  mari,  pour  Tobliger  à  réprimer  les  dés- 
ordrea  et  Tinaolenoe  de  la  garniaon,  et  elle  chargea  le  député 
de  Golmar  d'aaaurer  aes  commettanta  que  tout  irait  mieux  à 
ravenir.  (Lettre  à  Walch,  ~  décembre  i6S8).Bn  attendant» 
Mogg  obtint  une  lettre  patente,  datée  de  Saint-Germain,  16 
janvier  1686,  par  laquelle  le  roi  ordonna  à  toua  lea  chefe, 
officiers  et  soldats  de  la  garnison,  de  mettre  fin  aux  abus,  aux 
dépenses  superflues,  aux  infractions  à  la  discipline  dont 
Golmar  s'était  plaint. 

Lors  de  son  premier  voyage  à  Paris,  le  syndic  s'était  mis 
en  rapport  avec  M.  Tilman  de  Polhelm,  qui  y  représentait  le 


Digitizea  L7  GoOglc 


BIBTOIBB  DB  LA  GOBBIIB  I»  TBEMTl  AMB 


608 


knd^ve  de  Heise.  Beeonnaiflsant  It  néeesBité  où  se  tmvait 
CSotanar  d'avoir  an  afeni  s|»édal  près  la  ooor  de  France,  il 
Ini  afait  proposé  de  se  charger  également  des  intérêts  de  la 

ville.  Quand  il  revint  à  Paris,  il  passa  avec  Polhelm,  sous  la 
date  du  24  janvier,  un  traité  qui  en  faisait  le  mandataire  de 
Golmar  auprès  de  Louis  XIII,  du  cardinal  Riclielieu  et  des 
autres  minislres.  En  échange  de  ses  servicefî,  la  traité  lui 
assurait  240  francs  d  appointements.  Au  retour  de  Mogg,  cette 
somme  fut  portée  au  double 

On  peut  croire  que  Mogg  n'était  pas  seulement  chargé  des 
aibires  de  Golmar.  Pendant  son  séjour  à  Paris,  les  villes  de 
Kaysersberg,  de  TQrkh^m,  de  linnster  et  d^Ammerscbwihr 
obtinrent,  le  4  ftfrier,  la  confirmation  du  traité  qu'elles 
avaient  passé  nagnére  avec  le  résident  de  l'Isle,  ponr  se 
mettre  sous  la  protection  de  la  France,  et  si  Mogg  ne  pré- 
senta pas  loi*m6me  leur  requête  à  la  eour,  du  moins  peut- 
on  supposer  qu'il  procura  à  leurs  députés  l'accès  des 
ministres. 

Ce  ne  fut  qu'après  toutes  ces  démarches,  que  le  cardinal 
La  Valette  commença  à  s'ébranler.  Notre  ville  en  avait  déjà 
eu  la  promesse  dans  la  lettre  du  23  décembre,  et  elle  lui 
avait  répondu  le  :  <  Nous  entendons  le  généreux  dessein 
que  vous  aves  de  venir  an  secours  de  vos  fidèles  serviteurs. . . 
Il  n*y  a,  selon  notre  avis,  point  de  danger  de  passer  avec 
seolement  quelques  cents  chevaux  et  inbnterie,  puisque  les 
troupes  ennemies,  ft»rt  fiitiguées  et  quasi  demi-mortes  de 
ihunine  et  travaux  en  Lorraine,  ne  peuvent  pas  empêcher 
les  courses  de  M.  de  Hanicamp  avec  peu  de  gens  de  la  gar- 
nison, quoique  leur  quartier  ne  soit  pas  à  plus  de  quatre 
lieues  d'ici.  Tout  aussitôt  qu'ils  entendront  la  venue  de  votre 
éminence,  nous  espérons  qu'ils  chercheront  le  chemin  pour 
passer  le  Rhin  »  (Prot.  miss.  gali).  Cet  échange  de  dépêches 
était  l'avant-coureur  de  l'expédition  que  le  cardinal  allait 
entreprendre  ponr  porter  secours  aux  garnisons  françaises 


80A 


en  Alaaoe»  el  qui  «ni  pour  eflbt  d*oUig«r  GaUis  à  r^iooor 
le  Rhin  (CL  LagniUe,  Histdre  d'Abace,  eeeonde  partie^  pf. 
130-181,  et  MéiDOires  de  Riebelieii,  eoUeelkm  Hicbaiid  et 
PoojonUt  8^  Mb,  ton.  IX,  p.  96).  Il  eeraît  iotérasMiit  de 
poQfoir  étudier  celle  campagne  dane  dm  docoinenle;  mal- 
heureusement le  dossier  est  très  pauvre  en  renseignements 
sur  ce  sujet,  et  il  faut  se  contenter  de  glaner  en  passant 
quelques  indications  clairsemées. 
Dans  une  lettre  du -^^r5^^^5^^,  la  ville  fait  part  au  mar- 

:>  janvier    ■  *^ 

quis  d'Hoquincourt  des  nouvelles  qu'elle  avait  reçues  du  car- 
dioal  La  Valette.  Elle  lui  annonce  en  même  temps  que, 
l'avanl-Teille,  600  Impériaux,  tant  cavaliers  que  fantaseiiie^ 
avaient  passé  le  pont  de  firieaeii  poor  aUer  défiuidre  le  paa- 
BBge  de  Thaon  (JPirot  min,  galL).  Peot-ètre  faat-il  conclure 
de  là  que  les  prépacatib  da  cardinal  n^araient  pas  échappé 
à  Tennemi  et  qu'il  s'apprêtait  à  le  repousser.  Quoiqu'il  en 
soit,  tonte  traee  do  pasaafe  de  l'armée  française  en  Alsace, 
a  disparu.  Une  lettre  du  7  février  (vieux  style),  adressée 
par  Jonas  Walch  à  Mogg,  se  réfère  aux  uouvelles  quMl  lui  a 
données  précédemment  de  l'arrivée  du  cardinal  de  La  Valette 
avec  un  convoi  de  17  à  1800  résaux  de  blé.  Pour  ce  qui 
concerne  les  suites  de  cette  expédition,  comment,  devant  les 
Français,  l'ennemi  se  retira  en  désordre  jusqu'à  Worms,  tout 
en  maintenant  roccupation  de  Saverne,  d'Obernay  et  de 
Rosheim,  Walcb  8*en  remet  au  porteur  de  la  lettre,  un  offi- 
cier de  la  garnison,  nonmié  M.  de  Hourtebise,  du  soin  de 
donner  les  détails.  Lss  17  à  1800  sacs  de  grains  étaient  un 
iàible  apport  ;  il  n'avait  pas  été  question  de  couvrir  la  ville  de 
ses  avances;  rien  que  depuis  le  départ  de  Blogg,  elle  avait 
fourni  de  nouveau  à  la  garnison  1918  quartaux.  Onand  il 
s'agit  de  ravitailler  Haguenau,  elle  dut  céder  au  cardinal  les 
400  sacs  qu'elle  s'était  procurés  à  Strasbourg,  el  qu'elle  n'a- 
vait pas  encore  pu  faire  venir.  Telle  était  l'insuffisance  des 
ressources^  que  Golmar  ût  à  La  Valette  et  •  à  Tintendant  de 


Digitizea  L7  GoOglc 


BBTOIBB  DB  LA  OUIBRB  DE  TREKTB  ANS 


Ô05 


la  justice  et  iHianceB  ée  son  trmée,  le  eélèbre  et  malbeomK 

François-Auguste  de  Thoa,  une  avance  de  4000  rixdalee, 
remboursables  en  six  semaines,  «  pour  subvenir  aux  néces- 
sitez de  ladicte  armée  et  aclmptz  de  blé  qu'il  convient  faire 
pour  les  avitlailleraents  des  places  d'Alsace.  »  De  Thou  en  ût 
deux  reconnaissances  en  son  nom  et  au  nom  du  cardinal, 
Tane  et  Tautre  datées  du  1 1  février,  la  première  de  Gocque- 
nem  (Kogenheim),  la  seconde  de  Strasbourg.  Cependant,  dV 
pvèe  k  lettre  d-deesos  de  Jones  Waleb,  Hagneata  n'eunit 
reça  en  tout  qae  400  réaanx,  plna  60  quintaux  de  poudie 
achetée  à  Benfeid,  Straaboarg  ayant  reAué  tonte  fonrniture 
de  Timi  et  de  mnnilions.  Le  11  féTrier,  le  cardinal  La  Va- 
lette était  de  reloar  en  Lorraine:  sons  cette  date  il  écrivit 
an  etettmeetre  Walch  qu'il  aatiefera  ponetneUement  à  ce  que 
M.  de  Thon  avait  promis  de  sa  part 

Il  est  vrai  que  cela  ne  se  fit  point  sans  difficulté.  Les 
fonds  déposés  à  Bâle,  qui  devaient  servir  à  acquitter  cette 
dette,  furent  un  moment  frappés  de  saisie  par  le  commis- 
saire général  de  vivres  Gagnot.  D'un  autre  côté,  la  ville  dut 
faire  agir  à  la  cour  pour  obtenir  un  laiseer-passer  pour  300 
quartaux  de  grains  pour  rensemencement,  achetés  à  Benfeid, 
et  dont  M.  Décampe,  le  noatean  gonvemeor  de  Sélestadt 
voulait  s*eniparer  (ML  nUu,,  lettre  i  Mogg  du  17  lévrier). 

U  est  certain  qne  la  disette  était  extrême.  Malgré  les  achats 
que  la  ville  lUsalt  frire,  le  blé  manquait  de  plus  en  plus. 
A  rbdpital  on  dut  réduire  la  pitance  dee  pauvres  (Lettre  à 
Strasbourg  du  t7  février).  Au  dehors  la  situation  était  plus 
pénible  encore.  Les  privations  atteignaient  les  plus  hautes 
familles.  Jacques  de  Ribaupierre  écrivait  à  Colmar,  le 
^3  "t"  ^636,  que,  ne  pouvant  plus  pourvoir  à  l'entretien  de 
sa  maison  et  de  sa  famille,  il  le  priait  de  lui  avancer  ou  de 
lui  vendre  10  ou  12  sacs  de  blé. 

Cependant  les  belligérants  continuaient  à  négocier.  La 
maison  d'Autriche  essajait  de  reprendre  son  avantage  en 


r 

Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


006 


dtrisint  ses  adfeniires.  Elle  s'efforçait  de  persuader  à  U 
SaMe  qae,  ai  elle  aéparait  aes  intérika  de  eeuz  delà  France, 
elle  pourrait  oMeoir  de  meiileores  oondilioiis  que  par  on 
traité  commun  aux  deux  couronnes.  Il  semble  qae  Golmar 

eut  connaissance  de  ces  menées  de  la  diplomatie  impériale, 
et  pendant  que  Mogg  sollicitait  auprès  de  la  cour  de  France, 
pour  faire  comprendre  la  ville  dans  la  paii  générale,  elle 
envoya,  le  17  avril,  un  mémoire  à  Mockhel  pour  se  recom- 
mander à  la  sollicitude  du  grand-chancelier  OxeQStiem,  mais 
qui  n'était  éridemment  pas  destiné  k  lui  seul. 

C'est  en  quelque  sorte  une  préparation  à  VApobgia  Colma- 
tiêntiSy  qu'elle  adressa  plus  tard  an  congrès  de  Munster.  Aux 
yeux  de  Golmar,  le  grand  oMade  à  sa  réeonclliatioo  atee 
TEmpIre.  c'était  moins  la  présenee  des  Français  que  sa  con- 
duite lors  de  la  venue  des  Suédois.  La  Tille  commence  donc 
par  se  justlfler  des  torts  qu'on  Ini  imputait  à  ce  sqjet.  Elle 
fait  voir  que  si  elle  s'est  rendue,  c'est  qu'elle  n'avaH  auean 
secours  à  espérer,  et  que  mieux  valait  traiter  avec  Gustave 
Horn,  que  de  s'exposer  au  sort  de  Benfeld  et  de  Sélestadl  ; 
du  reste,  si  des  fautes  ont  été  commises,  ce  n'était  pas  k  l'ad- 
ministration actuelle  k  en  répondre,  mais  aux  hommes  que 
la  commission  impériale  avait  appelés  au  pouvoir  en  1628; 
ce  sont  eux  qui  ont  été  la  cause  première  du  tumulte  qui  avait 
coûté  la  We  à  douie  hommes  de  la  garnison  et  la  liberté  au 
reste;  au  lieu  de  poser  'aux  éehevins.  comme  Tasage  Texi- 
geait,  la  questfon  de  savoir  si  on  se  défendrait  on  non,  lia 
s^élaient  adressés  h  chsqne  bourgeois  en  particulier;  sur  la 
réponse  négative  des  tribus,  ils  avaient  (kit  des  ouvertaresata 
assiégeants  sans  l'aven  dn  commandant  Yemier,  qui  intervint 
alors  et  arracha  aux  magistrats  une  résolution  différente. 
Ce  fut  à  ce  moment  que  la  bourgeoisie,  en  majeure  partie 
catholique,  s'était  soulevé  au  bruit  de  l'alarme  que  le  com- 
mandant faisait  battre,  et  qu'elle  croyait  le  signal  d'un  attentat 
contre  la  personne  de  ses  magistrats.  Ce  furent  les  mêmes 


Digitizea  L7  GoOglc 


HI8T0IBE  OB  LA  OUKBBE  DE  TRENTE  ANS 


507 


personnes,  et  non  l'administration  actuelle,  dont  les  membres 
étaient  alors  la  plupart  en  exil,  qui  avaient  traité  avec  les  Sué- 
dois. Il  est  vrai  que,  depuis  lors,  on  a  accepté  la  protection 
de  la  France;  mais  cette  démarche  ne  se  justiûait-elle  point 
par  les  traités  conclus  avec  cette  puissance  par  la  Suède  et  par 
les  états  protestants?  Et  o'a-t-elle  pas  été  approuvée  par  la 
diète  de  rUoion  à  Worme  en  i6S5?  Il  est  stipulé  d'ailleurs 
que  la  proteetion  de  la  PraDce  oesserait  lors  de  la  pacificatioa 
générale,  el  en  garantiasant  à  la  viUe  ses  prlflléges,  sa  qoa- 
lité  d*état  de  l'Empire  et  sa  snpériorité,  elle  Ta  préservée 
des  désastres  qui  ont  atteint  ses  voisins.  On  reproche  encore 
à  la  fille  d*aTdr  conlribné  directement  à  lenr  raine  par  les 
expéditions  militaires,  auxquelles  ses  bourgeois  ont  pris  part  ; 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  tout  ce  que  la  population  a  souf- 
fert, quand,  en  1634,  les  garnisons  de  Brisach  et  deMarkols- 
heim  enlevèrent  plus  de  600  têtes  de  gros  bétail  et  autant 
de  chevaux,  prirent,  maltraitèrent  et  rançonnèrent  de  nom- 
breux bourgeois  surpris  au  travail  des  champs.  Ces  hostilités 
n'appelaient-elles  pas  des  représailles,  qui  n'étaient,  en  défi- 
nitive, qae  des  actes  de  légitime  défense?  Voilà  ce  qu'on  peut 
alléguer  pour  sa  Jostiflcation;  mais  quand  les  puissants  sont 
mal  disposés,  il  est  difficile  de  leur  feire  entendre  raison. 
G*est  pourquoi  la  Tille  s'adresse  à  Axel  Qienstfern,  pour  qu'il 
la  comprenne  dans  le  fbtur  traité,  et  pour  qu'il  veille  aui 
expressions  vagues,  qui  pourraient  s'y  glisser,  et  à  la  ftiveur 
desquelles  Terapereur  pourrait  ouvrir  une  nouvelle  campagne 
contre  les  protestants.  De  plus  si,  dans  la  suite,  il  devait 
surgir  de  nouveaux  conflits  entre  les  deux  confessions,  elle 
insiste  pour  qu'ils  ne  soient  pas  réglés  sans  forme  de  procès, 
mais  déférés  à  une  coinmiasion  mixte,  qui  présente  de  véri- 
tables  garanties  de  justice  et  d'impartialilé. 

Dans  rintervalle,  la  Suède  avait  repoussé  les  avances  de 
l'Autriche.  Mockhel  en  avait  reçu  la  nouvelle  de  Wismar,  27 
mars,  et  il  en  fit  part  dans  sa  répons^  datée  du  fiO  avril,  en 


r 

Digiiizea  by  LiC)o^le 


60B 


BBVUB  D'ALSAOB 


aT6rtl88ant  le  magistrai»  que  les  deux  coaroones  8*élaiit 
dereehef  engagées  à  ne  pas  Adre  de  traité  séparé,  rien  ne 
rempécbait  plus  d'agir  flimaltanément  auprès  de  rnne  et 
de  Vautre.  Cependant  il  ne  laissa  pas  que  d'enroyer  à 

Oxenstiern  un  extrait  du  mémoire  de  la  rille. 

Mogg  quitta  Paris  au  commencement  de  mai  ;  mais  il  ne 
revint  à  Colmar  que  dans  les  premiers  jours  de  juin.  Sa 
mission  avait  eu  le  succès  ordinaire.  Indépendamment  de 
quelques  faveurs  particulières  et  d'un  présent  pour  lui,  il 
avait  obtenu  en  argent  une  partie  du  blé  fourni,  et,  sous  la 
date  du  2ft  avril,  uu  ordre  du  roi  à  M.  de  llacbault,  inten- 
dant de  la  justice,  police  et  finances  de  Bourgogne,  pour  ftire 
délivrer  è  la  ville  des  magasins  que  la  France  avait  créés  à 
Bile,  au  moyen  des  blés  achetés  en  Suisse,  919  résanx  de 
seigle  et  d*orge,  formant  le  solde  de  ses  avances.  D  est  vrai 
qne  Texécotion  de  cet  ordre  éprouva  des  retards,  et  à  Tarri- 
vée  de  Mogg,  la  ville  n*avait  encore  rien  reçu.  Elle  sV 
dressa,  le  y^-  juin,  à  M.  de  Machault,  qui  lui  répondit  le  22 
juin  du  camp,  devant  Dôle,que  les  blés  en  question  n'étaient 
plus  en  ses  mains,  mais  entre  celles  de  M.  de  Mesliand, 
ambassadeur  pour  sa  majesté  en  Suisse.  La  ville  écrivit  donc 
le  -j^-  juillet  à  ce  dernier  ;  mais  l'ambassadeur  n'avait  pas 
d'ordres  et  il  en  demanda  à  la  cour.  L'affaire  traîna  en 
longueur,  et  pour  cette  campagne,  la  ville  n'obtint  d'autre 
soulagement  qu*nn  marché  de  mille  résaux  de  grains,  moitié 
seigle,  moitié  orge,  passé  le  -^août  avec  deux  de  ses  bour- 
geois par  Michel  d'Haligre  c  commis  par  le  roi  pour  le  ravitaille- 
ment des  pbces  d'Alsace  sous  les  ordres  du  cardinal  de  La 
Yalette  >.  Le  prix  convenu  était  de  18  livres  par  résal. 

Le  dossier  apprend  peu  de  choses  sur  les  événements  de 
la  guerre.  Dans  sa  lettre  du  20  avril,  Moc  khel  parle  des  dispo- 
sitions que  prend  l'ennemi,  sinon  pour  réoccuper  le  pays,  du 
moins  pour  le  ruiner,  ce  qui,  tôt  ou  tard,  aurait  pour  effet 
de  faire  tomber  une  place  après  l'autre  entre  ses  mains,  à 


Digitizea  L7  GoOglc 


mSTOIBB  DB  LA  GUERBB  DB  TRBNTB  ANS  ÔÛO 

moins  que,  dans  un  mois  au  plus  tard,  on  ne  parvienne  à 
le  chasser  de  Markolsheim,  d'Obernai  et  de  Molsheim.  Il  ne 
fallait,  pour  cela,  qu'un  corps  de  1000  chevaux  et  de  800  ou 
1000  fontassins,  et  Mockhel  engage  Golmar  à  s'entendre  là- 
dessus  avec  Manicamp.  A  son  hyIs,  cela  aurait  dû  se  faire  en 
hiTer,  alors  qoe  le  cardinal  de  La  Valette  était  maître  du 
pays.  Maintenant  il  y  a  urgence,  et  si  Ton  n*y  prend  garde, 
tontes  les  garnisons  ftvnçalses  seraient  rouées  à  nne  perte  cer- 
taine. Malbeoreusement  rattitnde  de  Strasbourg  est  des  pins 
éqoifoqnes  :  il  Tient  d'yarrirer  800  sacs  de  firine,  qne  Galles 
enfoie  aoz  garnisons  impériales  d*Oi)emai  et  de  Holsheim, 
et  il  y  a  tout  à  parier  que  cette  ville  ne  mettra  pas  obstacle  à 
la  réexpédition. 

An  mois  de  juin  la  garnison  de  Golmar  qui  comptait 
quinze  compagnies,  et  avec  laquelle  Manicamp  avait  «  fait  des 
actions  remarquables  et  merveilleuses  contre  les  ennemis, 
étant  jour  et  nuit  en  travail  pour  le  service  de  sa  majesté,  * 
était  réduite,  par  la  disette  et  la  désertion,  à  qd  effectif  de 
900  hommes.  La  Tille  s'en  plaignait  amèrement  à  M.  des 

Noyers,  dans  nne  lettre  dn  to^uliTet  (^^* 
comparait  l'abandon  où  on  la  laissait,  ans  soins  qoe  Ton  pre- 
nait de  Hagnenao  et  de  Sélestadt,  <  qui  ne  sont  pas  de  si 
grande  importance,  qui  n'ont  pas  pris  part  an  traité  de  Heil- 
broan,  qui  ne  sont  pas  sons  la  prolecti<m  du  roi  et  dont 
les  populations  sont  on  ne  pent  plus  mal  disposées  pour  son 
service  ».  La  ville  ne  pouvait  espérer  aucun  aide  de  ce  peu 
de  forces  pour  la  rentrée  de  ses  récoltes,  que  le  voisinage  de 
Brisach  compromettait  au  plus  haut  point.  Elle  s'adressa  au 
cardinal  de  La  Valette  qui  était  rentré  en  Alsace.  Il  prétendit 
n*avoir  charge  que  de  défendre  Haguenau,  et  renvoya  Golmar 
au  prince  de  Gondé,  qui  était  en  Franche-Gomté.  occupé  an 
siège  de  Déle(une  esquisse  des  attaques  est  jointe  au  dossier). 
De  son  côté,  le  prince  de  Gondé  allégua  qnll  n'aTtit  pas 
d'ordres.  La  présence  dn  cardinal  de  La  Yalotto  permit  «nii 


510 


WmWUm  D'AUAiOB 


d'eiécnter  les  desMins  de  Mbcfchel  eontre  Obemayet  MblBliiiiii. 

Une  lettre  du  résident  de  Suède,  communiquée  à  Golmar  par 
Jean-Ulric  Goli  et  datée  du  27  juin,  parle  de  la  prise  d'Ober- 
nai  et  de  la  tentative  faite  la  veille  par  2000  cavaliers  impé- 
riaux munis  d*échari>e8  blanches,  pour  faire  lever  le  siège 
(Cf.  J.  Gyss,  Histoire  d'Obernay,  t.  II,  p.  142).  Âvaot  d'ap- 
prendre cette  nouvelle,  Golmir  annonça  à  Mockhel,  le  24 
juin,  la  prise  de  la  ville  et  du  cbâteau  de  Belfiort  par  les 
Français,  et  l'arrestation  da  eommandant  à  son  arrifée  à 
Brisaeh. 

L68  août  1686,  le  président  de  llsle  prévint  Gobnar  da 
prochain  départ  de  Tannée  de  La  Yalette^llzée  an  lundi  sai* 
rant.  A  ce  moment  le  roi  de  Hongrie  était  à  StoUhofen,  afoe 

une  armée  très  affaibile  et  qui  se  débandait  chaque  jour  de 
plus  en  plus.  Mclchior  de  Tlsle  craignait  fort  qu'une  fois  les 
Français  partis,  les  Impériaux  ne  se  rendissent  de  nouveau 
maîtres  de  la  commune.  Il  supposait  que  Condé  était  entré 
à  Dôle  ;  mais  il  augurait  trop  favorablement  du  succès  de  ses 

o 

armes.  Depuis  le  août,  le  prince  avait  levé  le  siège  {Ct 
Girardet  de  Noeeroy,  lUstoire  de  dix  ans  de  la  Pranche-Gomté 
de  Bourgogne,  pp.  126-119).  Nonobstant  oet  échec,  Golmar, 
qui  avait  obtenu  du  cardinal  de  La  Valette  la  promesse  d*aB 
nouveau  régiment  à  la  phuse  de  celui  de  Castelmoron,  n'nvait 
ph»  rien  à  redouter  des  Impériaux,  et,  quand  le  due  de  Saxe- 
Wdmar  voulut  Inieavojer  160  mousquetaires  pour  ranibroer 
la  garnison,  on  les  reftasa  (lettre  du  août),  de  peur  de 
contrevenir  au  traité  de  protection  conclu  avec  la  France. 
Cependant  à  ce  moment  l'ennemi  venait  de  quitter  Dru^en- 
heim  et  remontait  la  rive  droite  du  Rhin.  Depuis  deux  jours 
Brisach,  dont  les  fortifications  étaient  à  cheval  sur  le  Rhin, 
tenail  ses  portes  fermées  sur  la  rive  gauche,  et  le  gouverneur 
de  Beinacli  venait  d'envoyer  de  Tinfanterie,  avec  deux  pièces 
de  canon,  élever  des  retranchements  à  Rhinau.  La  réponse 
de  Bernard  de  Saxe  est  datée  de  Ifarsal,      août  1666. 


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HBXOm  IIB  Là  QQBB  DB  nOOnS  àMB  611 

Um  diUkallé  qni  donna  beanmp  d'ooeapttion  à  la  Tille 
daaaie  ouonot  deœtte  années  oe  Ait  la  prétention  sonleféeper 
le  gonferneor  de  Sélestadt,  H.  Deeamps,  de  mmeHre  à  un 

péage  les  ma  que  les  bourgeois  de  Golmar  conduisaient  à  Stras- 
bourg, et  les  denrées  qu  ils  en  ramenaient.  Par  sa  lettre  du 
to^i?mnt  '  Colmar  avait  saisi  M.  des  Noyers  'de  sa  plainte,  en 
chargeant  d'un  autre  côté  son  agent,  M.  de  Polhelm,  de  la 
soutenir.  La  ville  affirmait  que  c^était  une  infraction  au  traité 
de  Ruei  et  un  oubli  de  la  protection  que  le  roi  lui  devait. 
Deeamps  alléguant  les  ordres  qu'il  avait  reçus  du  cardinal 
de  La  Valette,  la  ville  envoya  des  députés  à  son  éminence 
et  en  obtint,  sooa  la  date  da  t6  jaillet  1686,  la  défonae 
ftmnelle  pour  le  gouTemenr  de  Sélestadt  d*eiig6r  eneore 
l'impM  oonteelâ.  U  fiit  de  cela  comme  de  tant  d'anties  ehoesa; 
on  promettait  font,  maia  la  Tille  n'obtenait  lien,  et  le  péage 
ne  fleHa  point  d*ètre  perça. 

X.  MOSSMANN. 


NOTES  BIOGRAPHIQUES 

SC7R  US 

HOMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

m 

A 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 


Suite 


DOBSGH  (AntoinbJosbph> 

Un  Anemand,  qui  logeait  au  marché  aux  HéKbes 
àStrasbouig. 

Ez-pffofeeseur  de  théologie  au  séminaire  de  Mayaor 
ce.  Par  suite  de  dissentiments  avec  ses  supèrieuis, 
il  se  réfugia  à  Strasbourg,  où  U  occupa  au  Séminaire 
catholique  la  chaire  de  professeur  de  philosophie  et 
de  théoloi^e  morale  jusqu^en  1792. 
1791.  n  s^empressa  de  prêter  le  sermeol  civique  et  fttt 
nommé  vicaire  épisoppal  de  Févéque  ccmstitutionnél 
Brendel. 

96  octobre  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Gonatl- 
tation,  il  prononce  à  sa  réception  un  discours  alle- 
mand sur  lliistoire  de  ramour  de  la  patrie. 

7  février  1792.  U  passe  aux  jacobins. 

92  mai  — .  U  signe  la  circulaire  aux  Sociétés  alBUées  aux 
jacobins  pour  leur  peindre  la  situation  politique  de 
notre  frontière. 


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LB8  HOIOIBS  SB  Ul  BÉVOLUTXON  818 

SM  Juin  1791 .  Cette  olrcolaire  inoeodi^ 

juge  de  paix  et  la  saOe  de  lecture  des  JaooUiiB  est 

fermée  par  ordre  de  la  munidpaUtô. 
31  août  — .  Gamot,  Prieur  et  Bitter  le  nommeat  memlNre 

de  radministratlQn  provisoire  du  département  da 

Bas-Rhin»  fonctions  qull  occupa  jusqu'en  novembre 

im 

A  cette  époque,  avec  Bœhmer,  professeur  àWonns, 
et  Daniel  Stamm,  un  jeune  mayençais,  il  fat  un  des 
principaux  agents  secrets  du  général  Custine  dsfunft 
Mayence. 

21  octobre  1792.  Mayence  tomba  au  pouvoir  des  Français. 
1793.  Les   saus-cu  luttes   strasbourgeois   l'envoyèrent  à 
Mayence  pour  y  orp^aniser  le  club  des  jacobins. 

C'est  à  Strasbour{^  qu'il  renon<;a  à  la  prêtrise  et  qu'il 
épousa  sa  servante  Catherine  Stromeyer. 

Vers  le  milieu  de  1793  il  alla  à  Paris,  où  il  doit  avoir 
occupé  un  emploi  dans  la  commission  de  renseigne- 
ment général. 

Il  a  publié  : 
1*  Beitraye  zum  Shidium  der  Pliilot^opliie; 
2"  SchmicWs  Orundriss  der  ka?itischt  )i  Philosophie; 
S«  Meiner's  Orundriss  der  OeschidUe  der  Menschkeit, 

DRUOT  (NicoLAS-BsNorr). 

1738.  Né  à  Baon-l'Etape  où  il  était  commis  dans  les  admi- 
nistrations dvilee. 
1790.  Employé  au  département  du  Bas-Rhin  à  Strasbourg 
1792.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 
7  lévrier     n  passe  à  oella  des  jacobins  au  lOroir. 
dé  octobre  1794.  Il  y  est  encore. 

DUBOIS  (L.-H.). 

Un  ez-prfttre  de  Beaune»arrivé  à  Straébouig  comme 
membre  de  la  sainte  propagande. 
18  octobre  1793.  Il  assiste  à  rassemblée  des  autorités  consti- 
tuées» des  Sociétés  populaires  et  du  peuple  dans  le 

lio«fiiiiièiit.-ap>Aanéi.  88 


Digiiizea  by  LiC)o^le 


514 


REVUB  D'ALSACE 


temple  de  la  Raison,  sous  ]a  préddenoe  du  maire 
Honet. 

11  novembre  1793.  n  informe  la  Société  populaire  de  Beaune 
que 

Strasbourg,  la  clef  de  la  République,  a  failli  être  la  victime 
d'une  Irahlson  Infâme.  La  ville  devait  être  livrée,  il  y  a  trois 
jours,  aux  despoli^s  de  la  Prusse  cl  de  rAutriche,  mais  la  ooo^ 

piralion  a  ^té  (Ilm  ou verte...  Il  faut  dans  une  place  aussi  impor- 
tante y  nssi'nihlcr  une  ninsso  (riiommrs  lilirt's,  qui  puiss^Mit,  et, 
de  la  Noix  i  l  df  rexcnipli',  sauver  ceux  qui  voudrairul  »^ii(uire 
jeter  un  regard  de  complaisaiii  e  du  côté  de  Fesclavage.  Nous 
vous  invitons,  au  nom  de  la  Patrie,  de  ta  Liberté,  'le  la  Répu- 
blique, à  nous  envoyer  sans  délai  une  députatlon. 

20  novembre  — .  H  demande  à  Baudot  et  Lêmane  le  temple 

de  Saint-Tbomas,  et  un  mandat  sur  le  coflSre  des 
ricbes  pour  couvrir  les  frais  d^installation.  Accordé. 

23  novembre  — ,  U  invite  SaintnJust  et  Lebas  d^ordonner 
réptiration  des  aristocrates  et  des  modérantistes  dans 
la  Société  populaire  de  Strasboui^. 

2  décembre  — .  Signataire  de  l'adresse  de  la  propagande 
aux  citoyens  de  Strasbourg  et  des  départements  voi- 
sins. 

Dans  un  discours  au  club  des  jacobins,  il  déclare 
quil  valait  mieux  perdre  un  innocent,  que  de  man- 
quer une  dénonciation  1 

£n  général,  il  s>st  beaucoup  distingué  parmi  ses 
confrères  de  la  propagande.  D  enchérissait  sur  toutes 
les  mesures  ultra-révolutionnaires. 
22  janvier  1794.  Quand  Bouillon  propoî>a  au  club  des  jaco- 
bins de  voter  la  mort  des  suspects  légalement  con- 
vaincus d'attentats  contre  la  République,  c'est  encore 
lui  qui  s'éleva  avec  beaucoup  de  cbaletu*  contre  cette 
proposition,  qui  n  était  pas  assez  radicale  aux  yeux 
de  ce  curé  défroqué. 

DUDIN. 

1792.  Membre  du  club  des  jacobins. 

21  novembre  1793.  Membre  du  Comité  de  sûreté  générale. 


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LBB  HOmiBB  DB  LA  BÊTOLDTION 


615 


il  appose  les  sceUés  chez  de  Salomon',  par  ordre  du 
coidonnier  Jung,  ofiQder  mmiicipaL 

DUEZ  [Jean- Jacques). 

1192.  Membre  «  î(^  la  Société  des  jacobins  au  Miroir. 

10  octobre  1793.  Demeurant  rue  de  l'Ecurie,  8,  il  dénonce 

au  Comité  de  surveillance  des  jacobins  dont  il  était 
membre, 

1°  T.a  famille  de  Tûrckheim,  rue  Brûlée; 
2"  Waghette,  officier  municipal; 
3"  Mertz,  Marché  neuf,  5  ; 
4"  Perroux.  perruquier,  même  maison . 
8  octobre  1794.  ]\Ieinl)re  du  Comité  de  surveillance  révolu- 
tionnaire de  la  Commune,  il  assiste  à  la  visite  des 
effets  et  papiers  do  Tex-maire  MoneL 

DUPLAQUET  (Loms). 

1708.  NV' à  Strasl)nnrg,  où  il  •'■tail  ou vr'ior  d'artillerie. 
1791.  Il  se  fait  recevoir  membre  de  la  Société  des  amis  de 

la  Constitution. 
7  février  170-2.  Membre  au  club  des  jacobins  au  Miroir. 
25  octobre  1794.  U  y  ebt  encore. 

DUPONT. 

19  décembre  1793.  Membre  de  la  i>ropagande  aux  Jacolto, 
il  vote  la  mort  des  suspects  sans  distinction. 

DUPOUT  (Je^-Marie-Paturay). 
1752.  NéàMaubeuge. 

Avant  1789.  Acteur  de  la  comédie  à  Strasbourg. 
15  janvier  1790.  Membre  fondateur  de  la  Société  de  la  révo- 
lution. 

11  février  — .  Blémbre  de  celle  des  amis  de  la  Ck>nstitution 

jusqu^enjuin  1793. 
Janvier  1794.  H  se  £sût  recevoir  aux  jacobins. 
25  octobre  — .  U  y  figure  encore. 

^  En  1789,  H.  de  Salomon  était  commissaire  do  roi,  receveur  général 
et  partiCDller  des  domaines  et  bois  de  la  Hante  et  Basse-Alsace. 


516 


BBVOB  D'ALBÂOB 


DURAND. 

La  ville  de  Nuits  renvoya  à  Strasbourg  comme 
membre  de  la  propagande. 
2  décembre  1798.  Signataire  de  la  proclamation  delà  bande, 
aux  citoyens  de  Strasbourg  et  des  départements  du 

Rhin. 

Resté  à  Strasbourg,  ilfot  employé  au  théâtre  oonmie 
contrôleur  à  rentrée. 

Il  avait  aussi  un  magasin  de  costumes  et  de  mas- 
ques à  répoque  du  carnaval. 

DURANT  ( Joseiii-^Vlexandre-Jacques)  . 
1768.  Né  à  Paris,  où  il  était  étudiant  quand  éclata  la  révo- 
lution . 

Janvier  1793.   Arrivé  à  Strasbourg,  il  fut  placé  comme 

adjoint  du  génie  militaire  de  la  place. 
19  février  — .  Reçu  membre  de  la  Société  des  jacobins. 
Janvier  1795.  Il  la  quitta  pour  rejoindre  l  iumée  du  Rhin. 

Revenu  à  Strasbourg,  il  fut  employé  au  télégraphe 
placé  alors  sur  la  cathédrale. 

Comme  ancien  militaire  estropié,  il  entra  sous  la 
Restauration  à  l'hôtel  des  Invalides  à  Paris,  où  il  est 
décédé. 

DUROY  (J.-M.). 

1789.  Homme  de  loi. 

1790.  Juge  au  tribunal  du  district  de  Bernay. 

Août  1791 .  Député  suppléant  à  TAssemblée  législative  pour 
le  département  de  l'Eure. 

Septembre  1792.  A  la  Convention  nationale  il  siégea  con- 
stamment à  la  montagne. 

15-19  janvier  1793.  11  vota  la  mort  du  roi.  sans  a])]iel  et  sans 
sursis,  car  il  demandait  l'i'xécutiou  sur  le  champ. 

Thuriot  ayant  rappelé  que  Louis  XVI  a  méconnu 
les  nutes  et  les  ajinstillesqui  se  trouvent  sur  les  pièces 
à  lui  conuuuni<|uées,  il  exige  que  la  Convention 
nomme  des  experts  pour  vérifier  ces  notes  marjji- 
nales.  Duroy  réplique  que  la  commission  s'est  assu- 


Digitizea  L7  GoOglc 


LES  HOMMES  DR  LA  BSVOLUTION 


517 


rée  que  ces  notes  étaient  véritablement  delà  main  de 
Louis  Gapet  et  cela  suffit. 

Mars  1793.  Il  fut  envoyé  par  la  Convention  représentant  à 
Tarmée  du  Rhin,  où  il  ne  resta  juste  que  le  temps 
pour  rendre  un  témoif^^nage  favorable  aux  sentiments 
et  à  l'esprit  des  Stra «bourgeois,  auxquels  on  avait  à 
dessein  interdit  les  réunions  des  sections,  prétextant 
que  ceux  qui  les  fréquentaient  n'étaient  rien  autre 
que  des  meneurs,  des  suspects,  appelés  par  dérision 
des  sectionnaires.  Son  rapport  à  la  Convention  natio- 
nale est  une  louange  et  un  véritable  acte  de  réhabili- 
tation au  profit  des  Strasbourgeois. 

23  mars  — .  Le  seul  acte  marquant  son  séjour  à  Strasbourg 
est  une  demande  à  la  municipalité  de  lui  fournir 
deux  cordes  de  bois,  trois  mesures  de  vin  et  vingt- 
cinq  livres  de  chandelles. 

81  mai  — .  Rentré  à  Paris,  il  concourut  à  la  révolution  qui 
renversa  la  Gironde. 

8  mai  1791.  De  retour  en  Alsace,  chargé  de  l'organisation 
de  la  cavalerie  de  l'armée  du  lUiin.  il  adresse  ses 
instructions  à  Mainoni,  alors  agent  national  du  district 
de  Strasbourg. 

20  mai  1795.  Il  prit  une  part  active  à  l'insurrection  et  fat 
nommé  d'un  Comité  do  salut  public,  établi  par  les 
conjurés,  mais  arrêté  avec  Bourbotte  et  autres,  il  fut 
transféré  dans  la  nuit  même  au  château  du  Taureau 
dans  le  Finistère.  Il  fut  reconduit  à  Paris,  au  bout  de 
vingt-trois  jours. 

13  Juin  — .  Condamné  à  mort,  il  se  défendit  avoc  esprit  et 
fermeté,  et  lorsque  l'arrêt  fatal  fut  prononcé,  il  se 
poi^marda,  sans  être  assez  heureux  d'expirer  sur  le 
champ,  car  il  fut  conduit  à  Téchafaud  le  iném<^  jour 
et  conserva  tout  son  courage  jusqu'au  dernier  mo- 
ment. 

DURRI1>.GE. 

Octobre  1793.  Il  vint  de  Sedan  à  Strasbourg  pour  realoroer 
la  propagande  révolutionnau'e. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


518 


REVUE  D' ALSACE 


Après  son  départ  de  Strasbourg,  les  sans-culottes 
de  Sedan  s^informent  sur  son  compte. 

6  avril  1794.  Le  Comité  de  surveillance  des  Jacobins  de 

Strasbourg  déclare  qu'il  ne  lui  est  parvenu  aucun 
renseignement  sur  cet  homme;  mais  que  les  prin- 
cipaux membres  de  la  propagande  le  regardaient 
comme  un  parfoit  intrigant,  qui  mettait  son  collègue 
Moreau,  de  Sedan,  en  avant,  et  quils  seront  dépeints 
de  cette  manière  à  la  Société  des  jacobins  de  Sedan. 

DUVEUGER  (Pierre). 

1748.  Né  à  Limoges. 

Avant  1789.  Il  y  ét;iil  serrurier. 

1793.  Chef  d'escadron  de  gendarmerie  nationale  à  Stras- 
bourg. 

31  août  1794.  Membre  des  jacobins  au  club  du  Miroir. 

DUZEL. 

Octobre  1798,  Membre  de  la  propagande  révolutionnaire. 
19  décembre  — .  Âu  club  des  jacobins,  il  vote  la  mort  des 
suspects  après  triage. 

EBERHÂRDT  (Jacques). 

1749.  Né  à  Strasbourg. 

Avant  1789.  Il  y  était  fonrbisseur. 

Juin  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution. 

7  février  1793.  Il  passe  à  celle  des  jacobins. 

Fin  1798  au  21  juillet  1794.  Membre  du  Comité  de  surveil- 
lance de  la  Commune,  il  fournit  au  Comité  de  sûreté 
générale  de  la  Convention  nationale  et  à  des  Comités 
de  IMntérieur,  des  renseignements  sur  difiërentes  per> 
sonnes  de  Strasbourg;  telles  que  Dietrich,  Saum, 
Lemp  ot  autres. 

25  octobre  1794.  Encore  aux  jacobins. 

EBEl^LÉ  (^URTIN). 
1793.  Gomme  curé  catholique  de  l;i  Wantzenau,il  a  abjuré, 
et  la  même  année  reçu  membre  de  la  Société  des 
jacobins. 


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LES  HOMMES  DE  LL  BÊVOLtmON 


519 


11  décembre  170'"*>.  Il  obtient  1î  mi  -o  on  libi^rté  do  Catherine 
r.au'-r.  vo'iv-*  '     «1  )  la  Wunlzonau,  accusAo 

de  s'être  servi  d'un  faiix  passeport,  pour  entrer  à 
Strasbourf^,  faute  qu'elle  n'a  commise  que  par  erreur 
et  inadvertance. 

EDEL. 

Avant  1789.  Fumiste  à  Strasbourg. 

1792.  Membre  de  la  Société  des  jacobins. 

Septembre 1793.  Commissaire  de  quartier,  il  arrête  Âmette, 
a4judant-niajor  de  i>lace.  le  désarme  et  le  conduit 
en  arrestation  au  bureau  de  TAubette  sur  la  Place 
d^Armes. 

Amette  demande  au  Comité  de  surveillance  de  la 
Société  populaire  que  le  commissaire  Edel  soit  rap- 
pelé à  Tordre.  Accordé. 
17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  commissaire  de  police 
du  quatrième  arrondissement  de  Strasbourg,  mais 
pour  peu  de  temps. 

EDELMANN  (Frédéiuc),  aîné. 

GompositoLir  do  l'opéra  dWriduue  à  X'i.im. 

Vu  fou  auquel  la  nui>i.iuc  avait  ti'.urné  la  tète. 
5  novcnibro  170(>.  A  la  S(:)ciélt''  des  anii:<  rîe  la  Con.'^titul  ion, 

il  fait  uno  inotii »n  sni"  Tuf ilit''' d'al tatliv  l-  s  {joîi'uces 

et  aul!v>s  inoiuuneutsc'e  justice  criminelle,  élabiissur 

les  f,u\in(l<'s  rouli^s. 
1792.  Suppléant  au  bui  - au  de  conciliation  du  Directoire 

du  distr  cl  de  Strasbourg. 
7  fé"\Tier  — .  Il  passe  aux  jacobins. 

21  août  — .  Membre  de  Tadministration  départementale  du 

Bas-Rbin. 

12-14  novei-ul)re  — .  A  Télection  de  Wisseniliourg.  il  fut 
coniirmé  dans  ces  fonctions,  et  P.  Simond,  vicaire 
de  r6vé(iuo  lUvndel.  dans  une  lettre  il*'  Paris,  du  21, 
on  i^xprime  sa  satislactii  )n  aux  jacobins  de  Strasb(.)urg. 

7  février  1703.  Membre  du  Directoire  de  cette  administra- 
tion. 


680  BIVUB  tfALBàm 

11  inar8l796.  Banslaséanoedesjaoolilns,  oùtonB  les  crimes 
de  Schneider  forent  dévoilés,  il  est  nommé  commis- 
saire pour  domier  des  renseignements  prôds  au 
Comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention  sur  ce 
rônégat 

81  mars  — .  Teterél  écrit  de  Paris  aux  jacobins»  qa*!l  aime- 
rait mieux  voir  Edelmann  racÂer  son  violon,  que 
s'occuper  de  gouverner,  et  chercher  à  oonvaiocre  ses 
concitoyens  que  si  Couturier  et  0entzel  ont  commis 
des  erreurs,  ce  n'est  point  en  suspendant  les  autorités 
du  Bas-Rhin,  attendu  que  c'est  l'ouvrage  de  RQhl  et 
sur  ses  vives  instances. 

11  juillet  ~.  Président  du  dub  des  jacobins. 

6  octobre  — .  Substitut  du  procureur  général,  syndic  du 
Directoire  du  fias-Rhin. 

8  octobre  — .  Mémljre  du  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin,  créé  par  Ifilhaud  et  Guyardin. 

93  octobre  — .  Proposé  par  le  Comité  de  sûreté  générale  et 
la  Société  populaire  pour  composer  un  Conseil  récla- 
mé par  SainWust  et  Lebas. 

Cest  vers  la  mi-novembre  qull  fot  arrêté  et  mis 
en  prison  à  I^on. 

29  novembre—.  Dans  sa  lettre  aux  jacobhis,  Ph.  Sinumd, 
alors  à  Besançon,  critique  cette  arrestation. 

14  mars  1794.  Sur  ks  sollicitations  de  la  Société  populaire, 
le  représentant  Rougemont  ordonne  sa  mise  en 
liberté. 

11  avril  A  son  retour  de  Dijon,  les  jacobins  le  nomment 
président  d'un  Comité  chargé  de  recevoir  les  dons 
patriotiques.  Cette  Société  le  qualifie 

4*intent  pttriote,  ayant  d'excellentes  foes,  mais  broullkm  par- 
fois. 

Mai  — .  Monet  le  fait  de  nouveau  arrêter,  conduire  à  Besan- 
çon,où  de  là  il  fut  transféré  à  Paris  devant  le  tribunal 
révolutionnaire,  qui  le  condamna  à  mort  comme 
traître  et  partisan  d'Euloge  Schneider. 
Le  lendemain  sa  tète  roulait  sur  la  guillotine. 


Digitizea  L7  GoOglc 


HISTOIRE  DS  LA.  GUERRB  DB  TRENTE  ANS 


m 


EDELMANN  (QBomoi-LoinB),  oadet 
Un  bon  el  savant  oiganiste»  fiJoricant  de  pianos  à 
Strasbourg. 

1790.  MembredelaSodélédesaniisdelaCîonBtitution. 

7  février  1793.  Membre  de  celle  des  jacobins. 

90  Juin—.  Au  dub,  il  combat  les  attaques  dirigées  contre 
la  Sodété  du  Miroir  dans  un  écrit  anonyme  distribué 
à  Strasbourg. 

Il  reproche  à  Taoteard^avoir  par  tropgénénllsé  en  imprimant  : 
Les  jacobins  au  Miroir  ne  sont  pas  les  sources,  mais  los  bourbiers, 
qui  rêpandcnl  et  nourrissent  la  méfiance,  la  disconli',  la  baine 
cuulr<>  les  cio\eus,  la  scission  des  palrioles  et  Tanarchie. 

Il  ajoute  : 

On  est  obligé  d'avouer  qu'il  existe  roalbeureiueinent  dans  ce 
dub  des  bomœes  qui,  maigre  leara  talents,  se  laissent  entraîner 
par  leurs  passions,  et  auxquels  les  dénonciations  sont  la  plus 
grande  Jouissance. 

18  janvier  1^^  Officier  munidpal  sous  ie  maire  Saum. 

S  mars  —,  Envoyé  à  Saverne  pour  la  suspension  et  le  rem- 
placement de  la  municipalité. 

1**  juin  — .  Vu  la  gravité  des  dénonciations»  il  invite  le  maire 
à  &ire  mettre  les  scellés  diez  le  receveur  de  la  maison 
des  orphelins  à  Strasbourg. 

14  août  — .  Pour  relever  le  cours  des  assignats,  on  promena 
la  guillotine  dans  les  rues  de  Strasbourg.  Schneider, 
Jung  et  Ëdelmann,  ofBders  munidpaux,  donnaient 
lecture  de  Tarrété,  meuagant  de  mort  ceux  qui  ne 
s*y  conformeraient  pas. 

27  août  — .  Au  club  il  fait  une  charge  à  fond  contre  Schnei- 
der qui  Tavait  mis  en  demeure  de  s'expliquer  sur 
certains  faits  avancés  dans  un  discours. 

8  octobre  — ,  Réélu  officier  municipal  sous  Monet 

Le  même  jour  Guyardin  et  Milhaud  le  nomment 
suppléant  du  Comité  de  survdUanoe  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin. 
14  octol3ire  — .  Chargé  d'un  recensement  général  des  sul> 
sistances  que  diaque  dtoyen  peut  avoir  dans  sa 
mai^ftni 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


BBVUB  D'ALSAOB 


Novembre  1793.  Il  fut  nnvl  '"  o[  Ma<lait  à  Metz  en  prison. 
13  mars  17!'L  Mis  en  lil)erlépai*le  représentantRoup* mont 
Âu  club,  ii  raconte  ses  aventures  essuyées  dans  les 

prisons. 

Mai  — .  Se  fondant  sur  le  décret  du  15  avril  précédent* 
Monet  le  fit  de  nouveau  arrêter,  conduire  avec  son 
frère  aîné  à  Besançon  et  de  là  à  Paris,  où  il  fut  guil- 
lotiné. 

La  dernière  lettre  qu'il  écrivit  à  sa  femme,  à  sa 
chère  Marianne,  est  l'expression  d'un  h(.innète  hom- 
me, qui  n'aurait  jamais  dû  faire  partie  de  cette  bande  ; 
aussi,  il  faut  dire,  qu'au  club  il  s'est  toiyours  élevé 
contre  toute  motion  liberticide. 

Etienne  Bâiith. 

/La  suite  pruchamemenlj 


\ 

Digaizoa  Ly  Li(.)o^le 


ÉTUDE 

SUR  LES 

GRANDES  GOLLEGÎIONS  DE  NUMISMAÎlOUE 

de  rAllemagne 


J'avais  visité,  en  IS75,  l"s  principaux  Musées  de  l'Aulrii  Iie 
el  (le  rAllema(xne.  et  j'avais  rapporté  un  grand  nombre  il  eni- 
preinles  des  monnaies  qui  y  sont  classées  uniformément  sous 
la  qualification  de  plagia  barbarorum^  mais  dont  quelques-unes 
assurément  doivent  être  considérées  comme  gauloises.  Ces 
empreintes  ont  été  remises  à  la  Commission  du  Catalogne 
général  des  monnaies  ganloises;  celle-ci  a  bien  touIu  me 
fàire  savoir  qne  mon  envoi  renfermait  des  spécimens  noo- 
yeaux  destinés  à  figurer  dans  le  grand  ouvrage  qu'elle  pré- 
pare. 

Aujourd'hui,  j'ai  voulu  laisser  d'un  second  voyage  en  Alle- 
magne un  souvenir  [)liis  complet,  en  publiant  quelques  notes 
sur  les  principaux  mcdailliers  el  en  faisant  connaître  quel- 
ques-unes des  rarelt's  (ju'ils  renferment. 

Les  études  numismaliques  sont  fort  en  faveur  en  Alle- 
magne, et  les  médailles  occupent  un  rang  élevé  parmi  les 
richesses  des  Musées.  Les  budgets  alloués  sont  généralement 
très  larges,  et  les  collections  publiques  bien  organisées.  Les 
médailliers  sont  le  plus  souvent  accompagnés  d*uoe  biblio- 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


OM 


BBVQB  D'ALSAOB 


thèque8pédde,qui,  par  exemple  à  Dresde,  à  Berlin,  à  Donau- 
eschingen,  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Outre  les  six  grandes  ooUections  pabliqaes,  dont  ii  ya  être 
qnestioa,  il  en  existe  en  AUemagne  une  foule  d'antres  moins 
considérables,  mais  présentant  également  un  réel  intérêt, 
j*engage  TiTement  les  nnmiamatistes  français  à  les  Tîsiter.  Il 
n*e8t  presque  pas  une  WUe  importante  qui  n'en  possède  une, 
on,  è  défont,  des  collections  particulières. 

Je  me  fais  ici  un  devoir  de  présenter  mes  remercîraents 
pour  leur  bienveillant  accueil,  à  MM.  FriedliBnder  et  de 
Sallet  à  Berlin,  le  D'  Perlsch  à  Gotha,  le  D'  Brambach  à 
Carlsruhe.  et  le  D'  Rietzier,  conservateur  du  Musée  du  prince 
de  Fûrstenberg,  à  Donaueschingen. 

IL  P.  Ch.  Robert  a  bien  voulu  m'aidcr  de  ses  lumières  el 
de  son  expérience  dans  Tétude  raiaonnée  des  quelques  mon- 
naies gtoloiset  et  méroTingiennes  qui  accompagnent  cette 
notice. 

Arthur  Ehqkl. 


LE  CABINET  ROYAL  DE  BERLIN 

Direckwr  :  Directeur  ai^okU  : 

V  J.  FuBDLMiiia  D*  ALffaiD  Toa  Sallr 


Le  cabinet  royal  de  Berlin,  qui  compte  acgourd'hui  parmi 
les  plus  riches  deTËurope,  fut  fondé,  croit-on,  par  Telecteur 
Joacbim  II;  ce  qui  est  certain,  c'est  que  Télecteur  Georges- 
Guillaume,  arant  de  monter  sur  le  trône,  possédait  déjà,  en 
1616,  une  petite  collection,  dont  on  rient  de  retrouver  le 
catalogue  manuscrit  liais  le  Téritable  fondateur  du  Cabinet 
fut  son  fib,  le  Grand-Electeur.  Aussitôt  après  la  paix  de 
Westphalie,  il  fit  classer  à  nouveau  et  cataloguer  les  médailles 
(1649),  qui  rintéressaieut  vivement  :  on  trouva  50UU  mon- 


^ 


Digitizea  L7  GoOglc 


MCMISMATIQUB  DE  L'ALLEMAGNE 


a» 


nales  antiques,  parmi  leaqnettes  150  grecques  seatement 
C'était  peu  ;  mais  il  trarailla  sans  relflche  à  augmenter  oelte 

collection  naissante,  et  ses  successeurs  suivirent  son  exemple. 
Le  Cabinet  hérita  du  beau  in^^daillier  de  la  maison  éteinte  de 
Pfalz-Simmern  ;  Reger,  qui  fut  chargé  de  rinstuller,  resta  à 
Berlin,  et  son  Thésaurus,  édité  en  1685,  donne  la  mesure  du 
succès  constant  de  ses  efibrts  dans  le  classement  de  cette 
importante  collection,  remarquable  ptr  le  nombre  dos  spéci- 
mens qu'elle  contenait,  autant  que  par  lenr  grande  Tslsur. 
Eséehîel  Spanlieim,  un  des  plus  ssTants  numismates  ds  son 
temps,  sYsit,  dans  le  cours  de  sss  voyages,  contribué  actiTa- 
ment  à  enrichir  le  Cabinet  Patin  qui  le  visita  à  cette  époque, 
donne  dans  ses  RMkn»  kkkiHqun  €t  ûwrimiM»  dis  Voyagtê 
m  Jdkmagne,  page  306  (Lyon,  1676),  une  notice  élogieuse 
sur  le  Cabinet  de  Berlin,  où  il  signale  entre  autres  une  mon- 
naie de  la  famille  Gornuficia,  d'une  beauté  remarquable. 

De  cette  première  période  si  favorable  au  développement 
des  collections,  jusqu'à  la  deuxième,  qui  comprend  les  trente- 
sept  dernières  années,  il  y  a  peu  de  chose  à  signaler  dans 
rhistoire  du  Cabinet  de  Berlin.  Frédéric- Guillaume  I",  loin 
d'être,  comme  son  père,  généreux  et  ami  des  arts,  fit  lirrer 
au  ereusel  quelques  centaines  des  plus  grandes  médailles  en 
or,  qu'il  désigna  lui-même;  les  antiques,  par  bonheur,  échap- 
pèrent au  désastre,  mais  quelques-unes  des  pertes  Infligées 
au  Cabinet  sont  irréparables. 

Firmi  les  antiquités  de  la  plus  haute  Taleur  acquises  par 
Prédéric-le-6rand  se  trouvait  un  nombre  très  restreint  de 
monnaies,  probablement  parce  que  les  connaissances  numis- 
matiques  étaient  à  ce  moment  peu  répandues  parmi  ses 
employés;  l'acquisition  la  plus  importante  fut  celle  de  la  col- 
lection (lu  conseiller  C.  von  Pfau.  Malgré  ces  acquisitions  et 
d'autres  aussi  importantes,  le  chiffre  des  monnaies  antiques^ 
sous  Frédéric-Guillaume  III,  en  1840,  ne  comportait  encore 
que  16,600  pièces,  dont  6600  antiques  et  1000  dumoyen4ge 


686 


BBVQB  D'ALSâCB 


et  moderoes.  La  libéralité  de  Frédéric-Guillaume  lY  et  tes 
soins  iotitigables  de  ranelen  directeur  général  tod  OUèra, 
firent  prospérer  singulièreiiieDt  te  Cabinet.  Outre  des  acqui- 
sitions journalières  de  pièces  importantes,  on  acheta  à  plo- 
sieors  reprises  des  collections  entières,  celles  de  MM.  A.  de 
Rauch,  B.  Friedlœnder,  H.  Dannenberg,  etc.  M.  J.  Friedlœn- 
der  lui-même,  pendant  ses  lonjîs  voyages  dans  les  pays  de 
l'antiquité  classique,  acquit  4U00  monnaies  antiques,  la  plu- 
part grecques,  et  destinét's  presque  toutes  à  coniltler  des 
lacunes.  Les  pièces  les  plus  remarquables  des  collections 
Peytrignet,  de  Pagani.  près  Pompéï,  et  Michanowich,de  Salo- 
nique,  pansèrent  au  Cabinet  pendant  les  dix  dernières  années, 
ans  parler  de  plusieurs  spécimens  non  moins  importants 
▼enns  de  Grèce. 

Mais  ce  furent  peutpétre  les  quatre  dernières  années  qui 
apportèrent  au  Médaillier  de  Berlin  le  plus  de  noa?elles 
richesses.  En  187S,  on  acheta  trois  collections  importantes  : 
celle  de  feu  le  général  de  Gansauge:  le  mérite  principal  de 
celle-ci  résidait  dans  la  bonne  (onservaliou  des  exompiaires 
et  surtout  dans  le  nombre  et  la  rareté  des  monnaies  du  moyen- 
âge;  —  celle  du  comte Tyskiewicz, e()ni;)renant  22  nittlaillons 
romains  de  tous  m'Maux  et  en  partie  du  plus  grand  module, 
tous  d'une  admirable  conservation;  acquisition  d'autant  plus 
importante  pour  le  ('  ibinel  qu'il  ne  possédait  encore  que  fort 
peu  de  médallioas  de  broaze  ;  —  et  enfin  celle  du  général 
Fox,  la  plus  belle  et  la  plus  célèbre  des  collections  privées  de 
l*Europe.  Elle  comprenait  11,500  monnaies  grecques  (S8S  en 
or  et  4000  en  argent),  et  dans  ce  nombre,  les  pièces  les  plus 
rares  étaient  représentées  par  des  exemplaires  de  toute 
beauté. 

En  1875,  nouvel  aceroÎ5»ement  :  la  collection  Prokescb- 
Osten,  non  moins  considérable  que  la  précédente,  et  formée 
en  grande  partie  à  Athènes  et  à  Constantinople,  fut  acquise 
intégralement.  Ces  deux  suites  se  complétaient  l'une  l'autre, 


a 


Digitizea  L7  GoOglc 


NUMI8MATIQUB  DB  L'ALLEMAGNB 


587 


car,  tandis  que  Pox  arait  collectionné  avec  une  égale  ardear 

toutes  les  monnaies  grecques,  Prokesch-Osten  n'arail  réuni 
que  des  monnaies  autonomes,  à  l'exclusion  de  celles  de  la 
Grande-^^^oe.  Comme,  pendant  ce  laps  de  temps,  les  achats 
isolés  dosliîies  à  combler  des  lacunes,  rravaient  pas  disconti- 
nué, on  ()eut  dire  aujourd'hui  que  le  Cabinet  de  Berlin,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  les  monnaies  grecques,  ne  le  cède 
guère  qu'A  ceux  de  Londres  at  de  Paris,  et  qu'il  occupe  à  ce 
point  de  Tue  le  troisième  rang,  tout  en  rîTalisant  aiec  eux 
pour  certaines  séries  spéciales. 

La  suite  des  monnaies  du  moyen-âge  s*était  formée  en 
même  temps  que  celle  des  antiques.  Au  XYII* siècle,  leGabi- 
net  de  Heidelberg,  au  XVni*,  celui  d'Ansbech,  arrivèrent  à 
Berlin.  Le  premier  contenait  notamment  une  magnifique  série 
de  médailles  coulées  et  cislées  à  portraits,  du  XVl*  siècle, 
donnant  surloul  les  images  de  princes  palatifis  et  de  leurs 
voisins;  elle  forme  encore  îuij  unriiui  un  des  ornements  du 
médaillier.Parmi  les  nombreuses  eolleclions  particulières  ache- 
tées récemment,  les  plus  importantes  sont  :  celles  deRau,  de 
Mœhsen,  de  Brandt,  d'Adier,  celle  du  prince  Pierre  Biron,  de 
Goorlande,  du  célèbre  anatomisteRudolphi  (médailles  de  par- 
ticuliers), du  général  Rflhie  von  Lilîenstern  (moyen-âge)  et 
enfin  celle  de  Friedisnder,  riche  surtout  en  monnaies  ita- 
liennes et  en  obsidionales  de  tous  pays.  Elle  contenait  aussi 
une  précieuse  suite  de  400  des  plus  beaux  et  des  plus  rares 
médaillons  coulés  italiens  des  XV*  et  XVI*  sièclef?,  que  la 
grande-iluthi'sse  Elisa  Bonapurle-Raccioclii  avait  réunie  à 
Fl'^renre,  et  qu'elle  avait  laissée.  lors  de  son  expulsion  en 
1814,  au  célèbre  Sestini,  qui  vivait  alr>rs  à  sa  Cour.  Ce  fut 
par  l'entremise  de  ce  dernier  que  les  médaillons  arrivèrent 
à  Berlin.  —  Un  peu  plus  tard,  l'achat  de  8000  monnaies,  la 
pln[i;u  l  du  moyen-àge  allemand,  appartenant  à  M.  le  conseil- 
ler Dannenberg,  permit  de  combler  de  nombreuses  lacunes 
dans  les  cartons  du  Cabinet 


m 


La  suite  des  monnaies  orientales  comprend  entre  antres 
l'ancienne  collection  de  l'orientaliste  Diez,  qui  fut  ambassa- 
deur de  Prusse  à  Constanlinople,  et  celle  d'Adler  ;  je  ne  parle 
pas  des  acquisitions  isolées.  En  1876,  elle  fut  plus  que  dou- 
blée par  rachat  de  la  collection  du  colonel  Guthrie,  formée 
en  partie  dans  les  Indes.  Au  jugement  des  orientolistee,  It 
suite  des  monnties  orientales  de  Berlin  l'emporte  sor  toirtee 
eeUes  du  oontinent. 

M/le  PriedlflBnder  publie  tons  les  ans  dans  l^ZeUtehrifi 
fOr  J!hmkmamsà6M,i&lf  KébSaik^  on  rapport  dâtaUlé 
sur  les  acquisitions  fàites  dans  le  courant  de  Tannée.  Je  me 
permettrai  avec  son  autorisation,  d'extraire  de  ces  intéres- 
santes notices  quelque^s  indicatious  sur  les  principaux  achats. 

En  1874,  mille  pièces  environ  entrent  au  Médaiilier.  Parmi 
les  grecques,  on  remarque  : 

Un  tétradracbme  réputé  unique  du  roi  de  Laconie  Areue 
Texeraplaire  môme  décrit  dans  Frœlich).  M.  Friedlander  en 
donne  dans  son  rapport  un  dessin  plus  correct  ; 

Un  octodrachme  très  rare  de  Bisaltae  de  Macédoine; 

Un  beau  tétradracbme  de  Syracuse,  au  nom  de  KIMÛN; 

Une  monnaie  d*argent  de  Pbarnabaae; 

Le  statère  de  Séleucus  I**  an  quadrige  d'élépbants  et  la  rare 
monnaie  de  Gotys  I",  roi  du  Bosphore,  a?ec  les  têtes  de  Claude 
et  de  Britannicus; 

Deux  belles  monnaies  d'or  trouvées  à  Brindisi;  l'une  de 
Maro- Antoine  et  Gléopàtre  (?),  différant  légèrement  de  celle 
gravée  par  Cohen;  la  seconde,  de  Marc- Antoine  et  Antylle,  et 
un  Hanniballien  sur  lequel  la  lettre  H  en  tête  du  nom  est  omise. 

Plusieurs  pièces  de  rois  lombards  Aripert,  Gunipert,  Luit- 
land  et  Desiderius  ; 

Le  dernier  frappé  à  Bénévent  par  Louis  n  et  Bngelberge; 

Un  denier  de  Gharlemagne,  où  il  est  appelé  Bex  JPhmeo- 
rum  ae  Lanffobardanm  ae  Paineku  BmoÊiorum,  le  mono- 
gramme incertain  (figuré  dans  la  &iUekrifi)  ; 


Digitizea  L7  GoOglc 


mnonunvni  ni  l'aiunucdb 


m 


Rare  monnaie  d*or  de  Jean  Gabazzo  Uêêîil  Sknm  el  de  n 
mère  Boaa  de  Sivofe,  tTto  Imn  efBgiei; 
lÉmntie  d*or  de  GaidiilMido  d'Urbiao»  el  seqniiide  Hariie 

Cinq  médalUeos  d'iigent  mllanilis  /W^pA  mi  la  fin  da 

XV'  lièele,  etc.  ; 

Une  trouvaille  de  monnaies  orientales  faite  à  Jérusalem 
en  1873  ;  —  la  collection  de  géorgiennes  du  prince  Baratigef 
qui  a  été  décrite  dans  un  ouvrage  spécial  ;  les  pièces  les  plus 
tndennes  sont  des  copies  do  type  sassanide  avec  des  ioserip- 
tiooB  géorgienne!;  —  nne  pîèee  d'or  bonlagooide  venue 
d*A)ep,  portenten  revers  nne  légende  en  trois  langnea  :  sfcbe, 
mongol  et  thibétain  (pnbliée  par  M.  le  D"  Pertseb). 

Ce  fut  en  1875  que  fut  achetée  Timportante  collection  de 
Prokesch-Osten  (10916  pièces,  dont  575  en  or,  7i02  en 
argent  et  3239  en  bronze).  M.  de  Prokesch  avait  particuliè- 
rement favorisé  les  monnaies  d'Athènes,  celles  d'Alexandre- 
le-Grand^  celles  des  Séieucides,  des  Ptolémées  et  des  Arsa- 
ddes. 

La  suite  des  inormailê»  iPAMm  est  admirable  et  comprend 
900  pièces  environ,  dont  4  en  oa  (statère,  V*  statëre,  V«  Bta- 
tère  et  V*  ^  statère)  et  650  en  argent  ;  on  pourrait  y  étu- 
dier commodément  le  développement  graduel  de  Tari  grec. 
Parmi  les  bronzes,  on  remarque  celui  qui  porte  an  revers  le 
théâtre  de  Dyonisos,  pièce  d'une  rareté  extrême,  et  une 
marque  de  thesmothète. 

Les  monnaies  d'il /e:z;afMir6-ié-(7rafuf  (environ  1800  pièces), 
parmi  lesquelles  350  en  or,  forment  avec  les  650  pièces  (dmii 
81  en  or)  que  possédait  d^  le  Gsbinel^  nne  suite  incontes- 
tablement très  remarquable. 

Celle  des  tébrvidraehme»  anaeidei  est  d'une  valeur  encore 
plus  grande.  Elle  commence  à  Arsaces  Vl,  Uithridate  1%  et 
ponrsnil  presque  sans  lacunes  jusqu'à  Aiaacee  XV,  à  partir 

itoaveUe  S«ito*  -  a*  Aiui««  84 


DigUizoa  by  CoOglC 


530 


BEVUS  D'ALSACE 


dnqael  ees  monnaies  deyiennent  conminiMB.  Le  tétradracfame 
attribué  à  Valareaces,  roi  d*Amién!e  et  frère  de  Wthridate, 

ent  représenté  en  plusieurs  exemplaires  datés  rOP  et  AOP. 
Ses  drachmes  et  létradrachmes  portent,  comme  on  sait,  des 
types  qui  se  rapprochent  de  ceux  des  Séleucides,  rHercule  et 
le  Jupiter  assis.  Le  plus  curieux  tétradrachme  de  cette  série 
se  rattache  de  plus  près  encore  de  ceux  des  Séleucides  ;  il  pré- 
sente au  droit  un  Apollon  assis,  arec  la  courte  légende  des 
pins  andens  Arsacides  :  APIAKOTBASIAEÛI;  esergneBA. 
La  tèle  du  roi  tient  le  miliea  entre  celles  des  Séleacides  et 
des  Araacides.  Le  comte  Prokesch  a  Tonlu  y  voir  le  séleoeide 
Démétrins  Q,  mais  H.  Friedlœnder  croit  qn'il  s'agit  de  Phraa- 
patios  Arsaees  17,  dont  la  tête,  sur  iss  drachmes,  est  ana- 
loguc  à  celle  qui  apparaît  sur  notre  tétradrachme. 

Une  drachme  de  Phraates  I",  Arsaees  V,  de  la  plus  grande 
importance;  elle  porte  la  date  EKP  (i'i^  de  l'ère  des  Séleu- 
cides i,  qui  correspond  à  188-89  avant  Jésus-Christ.  M.  le 
D*  Fhedlœader  en  tire  des  conclusions  intéressantes  relative- 
ment aux  dates  du  règne  de  ce  prince.  (Die  Encerbtmgen  deê 
A.  Mûnzkabineis  im  Jahreim,  dans  luZeiiscfènft/ûrNumii' 
ffiolj»  de  M.  de  Saltet 

Le  tétradrachme  de  Tiridates  où  II,  il  prend  le  titre  de 

La  grande  médaille  d*or  de  Métaponte  à  la  tôle  deLeodppe, 

pièce  dont  un  second  exemplaire  existe  à  Florence; 

Le  rare  tétradrachme  d'Agathocle,  portant  ^TPÂKOUSiN 
à  l'avers  ; 

Un  tétradrachme  de  Syracuse  au  nom  de  Phrygiiloe; 

Un  statère  du  roi  inconnu  Pharzolos,  d  Olbia  ; 

Un  tétradrachme  de  Kersibaulos  aux  types  d'AIexandre- 
le-Grand.  Ce  roi,  inconnu  dans  L'histoire,  a  dû  régner  en 
Thrace  ou  en  Illyrie  ; 

Un  tétradrachme  d'Amphipolis  sur  lequel  U  tdte  ffApoUoo 
de  fitce,  porte  des  hooclss  d*oreille; 


DigUizoa  by  CoOglC 


mnmiiASiQni  i»  l'ailekaoni  QSt 


Le  déendrudune  d'Athènes; 

Um  sotte  de  10  Btattres  de  Gyziqae  el  de  plu  de  iOO 

Une  nombrease  suite  de  rois  du  Bosphore  ; 

I^e  tétradrachme  unique  du  fondateur  du  royaume  de  Gha- 
racène,  Hyspaosines,  appelé  par  Lucien  HygpanneSf  du  type 
des  Séleucides  ti  la  date  IlfJFàe  leur  ère; 

Un  statère  de  Timarque,  roi  de  Babyloue,  dont  on  ne  ooo- 
naissait  jusqu'à  présent  que  des  monnaies  de  bronze; 

Une  monnaie  d'or  unique  de  Tyr,  semblable  aux  médaillons 
des  roia  d'Egypte  et  pesants  drachmes  attiqnes  ou  10  ptolé- 
malqnes.  La  tête  de  femme  touielée  qui  y  apparaît  a  été  con- 
sidérée par  M.  de  Pmkesch  comme  le  portrait  de  Qéopâtre, 
fille  de  Ptolémée  DI;  M.  le  D-  Priedlnader  croit  cette  tète 
SjmboUqne; 

Une  pièce  de  4  statères,  peat-ètre  unique,  de  Ptolémée  Y, 
à  la  tète  radiée. 

Parmi  les  acquisitions  isolées  de  1875,  il  faut  signaler  : 
Dans  la  suite  athénienne  (1700  pièces,  dont  8  en  or  et 
1100  en  argent),  le  rare  statère  d'or  de  Milhridate,  aux  types 
athéniens  et  au  nom  de  Mithridate  et  d'Âristion,  frappé  à 
Athènes  lors  de  la  première  guerre  de  Mithridate,  avec  l'or 
envoyé  du  Pont  par  ce  prince  aux  Athéniens  impatients  de 
secouer  le  joug  des  Romains.  Cette  pièce  capitale  se  rapproche 
des  tétradrachmes  aoz  types  ordinaires,  qoi  portent  traie 
noms  de  fimctionnairee,  dont  celui  d*Aristion,  et  un  Pégase 
bnvant  BUe  est  en  relation  intime  avec  les  piècee  beaueonp 
pins  rares,  aoz  types  athéniens,  qoi  portent,  an  lien  dee 
noms  des  trois  ISinetionnaires,  ceoz  de  Mithridate  et  d'Aris- 
tion,  ainsi  que  le  titre  de  roi.  Peut-être,  dit  V.  Friedlœnder, 
faut-il  conclure  de  l'extrême  rareté  de  ces  monnaies  que  le 
titre  de  roi  déplut  et  que  la  fabrication  ne  tarda  pas  à  être 
arrêtée. 

Un  tétradrachme  inédit  (gravé  dans  la  ZeUschrift)  au  nom 


r 

Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


533 


d'Ariorathes.  M.  Friediœnder  le  dasse  an  fils  de  Mithridate, 
auquel  il  classe  également  ieâ  drachniM  données  jasqu^alors 
à  Ariarathes  VI. 

Le  tétradrachme  de  la  Macédoiue  première  au  nom  du  légat 
SVVJLAf  et  oeloi  plus  rare  encore  à  la  tôte  de  Japiter  Dodo- 
néen  et  an  reren  d'Artémis  Taoropolos. 

Mentioanons  encore  :  Un  brome  de  Nieée  frappé  aone  Com- 
mode, où  Ton  voit  rtetronome  IIHIAPXOC  asrie  devint  mie 
eolonne,  avec  une  ^lière  oéleete»  et  la  drachme  d'ArsacesTH 
avec  le  nom  MAPrWSH,  peut-étré  le  premier  eiemple  dTnii 
nom  de  provlaee  sur  lee  monnaies  parthee. 

Parmi  les  Romaines:  un  grand  médaillon  d*argeht  d'Adrien, 
et  celui  de  Constantin,  également  en  argent,  relatif  à  la  fon- 
dation de  la  nouvelle  capitale,  et  trois  autres  médaiiiooâ  de 
bronze. 

Deux  deniers  de  Pescennius  Niger  et  la  rare  pièce  d'argent 
de  Constantin  Monomaque,  frappée  sans  doute  sous  Romain  lY , 
déjà  décrite  dan8Sabatier,et  dont  la  légende,  observe  M.Fried- 
iiender,  ibrme,  quand  elle  est  bien  lue,  on  Técitable  hen- 
mètre» 

Ce  département  a  aoni  reçu  un  aocroiaeement  considé- 
rable :  la  troavallle  de  Beizig  lui  a  livré  environ  1000  gros 
de  Bdiéme. 

Une  trouvaille  de  bractéates,  faite  en  Saxe,  sur  les  frontières 
de  l'Altenbourg,  a  passé  en  partie  au  Cabinet; 

Puis  la  trouvaille  d'Arnswalde,  composée  de  petites  mon- 
naies de  la  Poméranie  ; 

Une  trouvaille  faite  en  Westpbalie,  contenant  entr'autres 
le  rare  denier  tournoie  de  Budeiic,  et  un  autre  à  la  légende 
WILBERTVS  DE.; 

La  suite  des  monnaies  étrangères  du  mofen-âge  pas 
non  plus  été  négligée. 

Parmi  les  orientales  se  trouve  un  petit  foKAii  frappé  par 
les  Arabes  en  Espagne,  portant  une  légende  latine  pour  les 


Digi[i^oa  by  doo^lc 


ND1IIBM4TZQUX  Mt  L'ALLSlfjkGMX 


538 


ehréliens  d'Espagne.  Li  légende  se  complète  ainsi  :  SoUektê 
feritus  in  Spania  indktione  il2.  Le  pendant  de  cette  pièce 
est  une  monnaie  chrétienne  en  or,  à  légende  arabe,  qui,  selon 
le  D'  Pertsch,  a  été  frappée  à  Akka  Tan  lâ7ô  de  i  ère  du 
Messie. 

Citons  sommairement  : 

Un  rarissime  didrachme  d'Abdère  (gravé); 

Un  tétradrachme  d'Uranopolia  inédit  (gravé); 

Un  7**  à»  Btatère  d'or  tthénîm,  qoi  oomplèle  la  série  de 
CM  rares  monotiefl.  Le  GtUnet  de  Berlin  poesède  donc  en 
idt  de  numnaiee  d*or  itbéDienneB  : 

•)  etatère  (pds.  8,618.  Deoxeiemplaires,  ploe  edoiao 
nom  de  Mithridate). 

b)  1^  V>  statère  (pds.  4,295); 

c)  Le  V*  de  statère  (pds.  2,144); 

d)  Le  V«  de  statère  fpds.  1,435); 
c)  Le  Vtt  de  statère  (pds.  0,715): 

Plus,  4  bractées  en  or  que  M.  Fnediœoder  ne  considère 
pas  comme  des  monnaies. 

Je  n*ai  pas  besoin  de  faire  reseortir  rexftréme  importance 
de  cette  aérie  de  monnaies  d'or. 

La  dradune  d'Athènes  an  nom  de  IQtliridate; 

La  petite  pièoe  arcadienne  publiée  par  M.  llargarifiB,  qfà 
porte  la  tète  d*Alphée  aToe  oornes  de  taureau  et  Fan  an 

Un  bronze  d'une  yille  dont  les  monuments  numismatiques 

sont  peut-être  inédits  (Opus  près  Elis,  sur  le  Pénée  ?)  ; 

Une  V'  statère  de  Rhodes  au  nom  de  MAPWS\ 

Un  moyen-bronze  d'une  ville  dont  on  ne  connaissait  pas 
encore  de  monnaies  :  Gandyba  de  Lycie,  sous  Gordien  IIl  ; 

La  monnaie  d'or  d'Antioche  avec  la  tête  de  PescenniusNiger. 

L'aureus  de  la  XIV*  légion  de  Marc- Antoine; 

L'anrens  de  Gasrius  ayee  k  tète  de  iJS^ilATiiiS  et  le  nom 
de  LfMtnluff  flflinfter: 


534 


Une  méroTiDgieniie  au  nom  de  Qolhiire  ; 

tl  deniers  carloTingidnB,  dont  qaelquee-uns  remarquables. 

La  trouvaille  de  Pritzerbe  (bractéates  du  margrave  Olhon  II. 

Depuis  1840,  le  nombre  des  monnaies  s'est  accru  du  dou- 
ble. Le  recensement  de  1877  a  donné  les  chiffres  suivants: 

o)  Grecques  :  55,000  (1470  en  or,  22,000  en  argent); 

b)  Romaines:  82,000  (1700  en  or,  14,600  en  argent); 

e)  Moyen-âge  et  temps  modernes  :  78,000  (4700  en  or, 
65,000  en  argent); 

d)  MédaUlee  de  particulière  :  7  à  8000(87  AV.,  MOO  AR.)  ; 

6)  Orientales  :  11000  (880  AV.,  8800  AR.),  plus  18,000 
non  classées  de  la  collection  Guthrie  (1S60  AV.,  8100  AR.). 

L'ensemble  comporte  enrinm  190,000  pièces  (10,000  AV., 
117,000  AR.).  et  en  y  comprenant  les  doubles,  200,000  exem- 
plaires. —  Les  antiques  y  sont  pour  90,000,  les  monnaies  da 
moyen-âge,  pour  110,000. 

Les  monnaies  antiques  sont  réparties  suivant  le  système 
géographique  d'Eckhel  :  Vœs  grave  et  les  autres  monnaies 
coulées  forment  une  division  à  part.  —  Les  romaines  sont 
scindées  en  l^épublique  et  Empire.  Contrairement  au  sys- 
tème d'Eckhel,  on  a  séparé  depuis  Ârcadius  et  Honorius,  les 
monnaies  de  la  partie  orientale  et  de  la  partie  occidentale  de 
rfimpire;  aux  premières  on  a  rattaché  les  byzantines  josqa'à 
a  conquête  de  Cîonstantinople  ; 

Les  monnaies  du  moyen-âge  et  des  temps  modernes  sont 
ordonnées  dans  le  système  suivant  : 

Pheuerb  divisioii  :  Ostrogotbs,  Yisigoths,  Vandales  et  Lom- 
bards. 

DioxiftiiB  nmsioir  :  Méroyingiennes  et  Garloriogiennes. 

Troisième  division  :  Allemagne,  Suisse,  Pays-Bas,  Angle- 
terre et  Scandinavie. 

Quatrième  division  :  Etats- Romains,  royaume  de  Savoie, 
Lombardie,  Vénétie,  grands-duchés,  Toscane,  Rome  et  le 


Digitizea  L7  GoOglc 


NUMIS]i£A.TIQUS  DB  L'ALLBMAONB 


535 


patrimoiiie  de  Stint-Pieire,  Bomagnw  et  Xanhee»  Niples, 
Sidie  et  Malte,  Franee,  Portvgil  et  Espagne. 

CiNQDiÈMB  DIVISION  :  Pays  slaves  et  Hongrie,  Pologne,  Lithna- 
nie,  Gallicie,  Russie,  Hongrie  et  Siebenbiirgen,  Slavonie,  Dal- 
matie,  Serbie,  Albanie,  Roumanie,  Grèce,  monnaies  des  princes 
français  d'Athènes  et  d'Acbaïe,  de  Ghio,  de  Lesbos,  de  Rhodes 
et  des  Croisés. 

SixiÈMB  DIVISION  :  Colonies. 

Sephèiib  DITIBION  :  Orientales. 

Hdiiièiib  nmaiON  :  Médailles  des  partieolien. 

Un  choix  de  monnaies  prises  dans  ehaenne  de  ces  divisions 
a  été  exposé,  eomme  an  Cabinet  de  France,  dans  des  fitrines. 
Le  publie  est  admis  journellement  à  visiter  le  médaillier, 
ainsi  que  la  oolleetion  des  empreintes  de  pierres  gravées  qui 
se  trouve  dans  le  même  local  ;  quant  aux  numismates,  ils 
sont  reçus  par  messieurs  les  directeurs  avec  la  môme  cour- 
toisie que  dans  les  Musées  de  France,  et  je  dois  en  particulier 
tous  mes  remercîments  à  M.  Friedlœnder. 

Une  brochure,  où  j'ai  puisé  une  partie  des  renseignements 
ci-dessus,  est  en  vente  au  Cabinet  au  prix  modique  de  60  cent.; 
la  dernière  édition,  qui  date  de  lS77,eontient  la  description 
de  toutes  les  monnaies  exposées,  acoompagnée  des  notes  his- 
toriques nécessaires  à  leur  intelligenee.  Les  amateurs 
désireux  d'emporter  un  souvenir  durable  et  vraiment  utile 
de  leur  visite  au  Cabinet  de  Berlin,  y  trouveront  également, 
au  prix  relati?ement  très  modéré  de  10  fr^  un  beau  volume 
in-8°,  orné  de  nombreux  bois  et  de  i\  planches  supérieure- 
ment gravées  ;  ret  ouvrage  est  dù  à  MM.  Friediaînder  et  de 
Sallot.  La  2*  édition  a  paru  en  1877  chez  Weidmann,  à  Ber- 
lin, et  est  intitulée  :  Le  Cabinet  royal  des  Monnaies.  Histoire 
et  ap&rçu  de  la  collection,  accompagnée  de  la  description  du 
choix  de  monnaies  exposé  dans  les  vitrine». 

Gomme  on  voit,  le  Cabinet  de  fierlin  a  une  large  part  au 
budget;  U  est  bien  dirigé,  son  personnel  est  suffisamment 


■onÉbieiix  et  m  ritaatkM  prospère.  611  ii*ert  pu  eoeore,  de 
raTen  mômedeB  ooBiemteiin,  I  It  haiiteiir de  eeez  de  Phrie 

et  de  Londres,  dans  tontes  les  séries,  on  peut  prévoir  qa*ii 
les  égalera  en  toute  chose  dans  un  temps  donné.' 


LE  GIBINET  ROYAL  DE  DRESDE 

ConanatÊwr  :  Gmhsi 

Cette  collection,  dont  l'origine  remonte  au  XVI'  siècle,  doit 
sa  création  aux  goûts  artistiques  des  princes  saxons.  Ce  ne 
fut  d'abord  qu'une  réunion  de  médailles  et  de  raretés  numis- 
matiqaee,  qui  prit  le  caractère  d*UQe  collection  scientifique 
au  commencement  du  XVni*  siècle,  soos  le  règne  de  Frédério- 
Ângafite-le-Fort,  le  même  qai  monta,  en  1697,  sur  le  trdne 
de  Pologne  aous  le  nom  d'Auguste  IL  Cette  transformatioa 
Ait  dûe  à  rachat,  en  1716,  du  médaillier  du  général  de  Bîrk- 
hols  et  d*nae  colleetfon  remarquable  pour  Tépoque,  consistant 
surtout  en  monnaies  grecques  et  romaines,  celle  du  duc  Mau- 
rice-Guillaume de  Saxe-Zeitz,  qui  fut  décrite  autrefois  par 
le  D'  Weidiing.  Les  accroissements  postérieurs  ne  furent  pas 
systématiques,  mais  tout  ce  qui  fut  émis  en  fait  de  monnaies 
et  médailles  sous  les  rois  saxons  de  Pologne,  Auguste  II  et 
Auguste  m,  entra  dans  les  cartons  du  médaillier.  IjC  ûls  de 

*  On  ne  prendra  pas  en  mauvaise  part,  j'espère,  one  simple  remarque 
an  sujet  de  la  disposition  pratique  des  locaux.  Ln  salle  de  travail  est 
isolée  du  cabinet  des  médailles  par  un  couloir  et  une  antichambre.  Il 
serait  à  désirer  que  cet  inconvénient,  léger  d  ailleurs,  fût  sapprimé. 
J'apprends  qu'il  en  est  question  et  qu'avant  pen,  par  snite  d'une  modi* 
fleation  dans  réeonomie  dn  bâtiment,  la  salle  de  traval]  ne  toman  pins 
qu'an  «rec  lee  salles  de  ooUeelions. 


Digitizea  L7  GoOglc 


M  dernier  prinne,  Frédérie-Qirétfeii,  q«i  moamt  pea  après 
aoB  éléTalionaa  poavoir,  était  vo  lélé  aamianitiete. 

La  ooUeolioo  de  moimaies  et  midaiUes  ibmiait  eDOOre  an 
eoDiBMBoemeiildaaiMe  dernier  nnedivislon  de  la  KunËÛNmh 

mer  (Cabinet  artistique),  qui  avait  été  fondée  par  le  prince- 

électear  Âugaste,  en  1560.  Ce  fut  seulement  an  1785  qu'elle 
reçut  une  organisation  indépendante  et  fat  transférée  de  la 
Kuruikammer  au  palais  japonais.  L'inspecteur  du  Cabinet 
était  alors  Jean-Frédéric  Wacker,  auteur  de  la  Geographia 
NumismaHca  et  d'autres  écrits.  Il  eut  pour  dignes  successeurs 
Guillaume  GottUeb  Becker.  autour  d'un  lirre  encore  aujour- 
d'hui fort  estimé,  Zweihundert  aeltene  Mùnzm  des  MittekUkrê  % 
et  Jaan-Gottfried  Upeios»  qui  publia  la  BiUMbeea  NummaHa 
et  VBurcpa  Im  Skkm,  eatalogne  de  sa  prière  odlleetion. 
Becker,  qui  administra  le  Cabinet  de  1799  à  181S,  tTait  une 
prédilection  marquée  pour  les  monnaies  du  moyen-âge;  il  mit 
tons  ies  efforts  à  compléter  la  snite  saxonne  qn*il  considérait 
comme  la  plus  importante  de  la  collection. 

Sous  le  long  règne  de  Frédéric-Auguste-le-Juste,  prince 
électeur  puis  roi,  le  Cabinet  s'enrichit  de  plusieurs  acquisi- 
tions très  importantes.  On  acheta  le  Groschmkabinet  du 
conseiller  auiique  von  Madai  ^  qui  comprenait  9000  numéros, 
les  collections  Reineck  et  Birkhahn,  le  Cahinet  von  Teubern, 
dont  la  catalogue  fut  dressé  en  1801  par  le  bibliothécaire 
Dassdori;  et  la  précieuse  série  de  monnaies  d*or  saxonnes  de 
Tabbé  Josepb-Gotthard  Banmgnrten,  chapelain  de  la  cour 
royale  de  Saxe,  série  dont  il  parut  aussi  un  catalogue.  Â  la 
mort  de  Frédéric-Auguste-le-Juste  (1827),  la  collection  de 
Dreede  remplissait  déjà  88  armoires;  on  commença  alors 
une  Bibliothèque  numismatique,  qui,  jusqu'à  ce  jour,  a  été 
constamment  enrichie. 

Sous  radmioistraiion  du      LouniUfieri  qui  remplissait 

'  Deax  cents  monnaies  rares  du  moyeii4g6. 
'  L'aatanr  da  funsiix  Thakr^lMmL 


688 


BBTQB  D'AUBàCB 


aiwi  les  Ibnetioiui  de  blbliottitoiro  royal,  on  acheta  la  cotteo- 
tton  de  moDiiaiea  antiques  dn  graTenr  M.  SIelnla,  fiormée  en 
Espagne  et  en  Italie,  et  remarquable  per  la  belle  eoneerva- 

tion  des  spécimens.  On  acquit  également  plusieurs  monnaies 
d'or  de  la  succession  F.  de  Reiboldt  à  Dresde.  On  fît  des 
achats  considérables  lors  de  la  vente  du  médaillier  de  la  ville 
de  Leipzig,  en  1853  (voir  le  Catalogue  du  médaillier  de  la 
Bibliothèque  municipale  de  Leipzig,  par  J.-J.  Leitzraann); 
lors  de  la  vente  Schulthess-Rechberg  en  1866  (voir  BUBii^ 
ter  mn  Schulthess-Rechberg' sche  Munz-tmd  MedaUiensanm^ 
kmçt  Dresde  1868*69,  par  J.  et  A.  Brbetein),  des  eolleeUoos 
Schellhass  (voir  DU  SchélUiau^mM  USUkuammllmig^  par  J.  et 
Â.  Brbstein,  Dresde  1870)  etHaase  (Catalogne  dressé  par  le 
D'Gersdorf  à  Leipzig,  1871).  Mais  le  contingent  le  pins  impor- 
tant fnt  la  collection  de  Benno  von  ROmer,  qui  avait  tonjonre 
porté  le  plus  grand  intérêt  au  développement  du  Cabinet. 
M.  von  Rômer  possédait  une  des  pkisbelfes  et  des  plus  riches 
collections  de  monnaies  du  moyen-âge,  un  petit  choix  de  mon- 
naies modernes  et  une  excellente  bil)liothèqae  numismatique. 
C'est  d'après  sa  suite  de  monnaies  saxonnes,  la  plus  consi- 
dérable alors,  et  qui  avait  absorbé  celles  des  célèbres  numis- 
mates F.-W.  Erbsteinet  deChr.-J.  Gœtz,  Tauteur  de  Deutsc/h 
landê  EaUêrm&mm  et  da  Oroiehên-Ealtiinêt^  que  M.  de  Rômer 
classa  au  Cabinet  royal  les  monnaies  firappées  depuis  IBOO. 
La  collection  entière  de  ce  sélé  amatenr  de  monnaies  saxon- 
nes passa  après  sa  mort  (18  novembre  1871)  an  Cabinet  Ge 
fat  an  accroissement  d*enrlron  80,000  pièces,  la  plupart  dn 
moyen-ftge,  et  d'ane  bibliothèque  numismatiqoe  de  1400 
volumes.  I^e  classement  dans  les  cartons  du  Cabinet  se  fît  par 
les  soins  de  MM.  les  D"  J.  et  A.  Erbstein.  qui  durent,  à 
cette  occasion,  révisera  fond  et  reclasser,  d'après  les  dernières 
méthodes,  tout  ce  qui  se  trouvait  âé'jk  précédemment  dans  la 
collection.  Les  doubles  qui  furent  mis  de  côté  à  la  suite  de 
ce  vaste  travail,  qui  dura  deux  ans  (11,000  monnaies  et  400 


Digitizea  L7  GoOglc 


KUmSlCATiqDB  DK  l'allbmaqns 


539 


IfTres.  —  Cf.  2)w  kgl  MùnMbkuii  tu  nmim  AmMfen 

an  JUûnzen,  Medaillm  und  Bilchem,  par  J.  et  A.  Erbstein 
Dresde  1875),  furent  vendus  en  vente  publique  et  rappor- 
tèrent une  somme  de  1K,000  marcs  (18,750  franes),  qui  est 
administrée  au  proGt  du  Cabinet. 

La  collectioQ  s'était  si  largement  accrue  qu'à  ce  moment  le 
nombre  des  armoires  était  arrivé  à  50,  dont  85  petites  et  15 
gnndea.  Mais  elle  ne  derait  pas  occuper  plus  longtemps  le 
bâtiment  oCi  elle  était  installée.  Des  modiflcttioBS  qui  ftireot 
jugées  nécessaires  dans  Tarrangement  de  la  Bibliothèque 
royale,  exigèrent  que  le  Cabinet  fftt  transféré  dans  d*aulret 
locaux,  que  Ton  trouva  dans  la  Résidence,  tont  près  du  Grûm 
OewOlbe  et  que  Ton  disposa  pour  recevoir  le  médaiUîer.  L*in- 
stallation  eut  lieu  dans  Tautomne  de  1877,  peu  après  que  le 
directeur,  M.  A.  Lonnitzer,  atteint  d'une  maladie  des  yeux, 
eût  donné  sa  démission,  et  que  M.  le  D'Orisse,  conservateur 
du  Grime  Getrdlàe  et  de  la  collection  de  porcelaines,  eût  repris 
ses  fuDftions  de  directeur  du  Cabinet  des  médailles,  qu'il  aval 
déjà  remplies  autrefois. 

Le  joyau  de  la  collection  est  naturellement  la  suite  de  mon- 
naies et  médailles  des  pays  saxons  (lignes  albertine  et  eme« 
stine),  représentée  d*nne  fa^n  on  ne  peut  plus  complète.  Cette 
série,  qni  prend  naissance  au  X*  siède,  et  comprend  toat  le 
monnayage  des  anciens  ducs  de  Saxe,  des  landgraves  de  Thn- 
ringe,  des  margraves  de  Mlsnie,  puis  des  dncs  et  princes- 
étodeurs  de  Saxe,  qui  en  sont  issus,  avec  les  roonoaies  et 
médailles  du  royaume  de  Saxe  et  des  pays  de  la  ligne  erne- 
stine,  remplit  à  elle  seule  sept  grands  médailliers.  En  outre, 
les  monnaies  du  moyen-àge  de  tous  les  pays  et  particulière- 
ment de  l'Allemagne,  sont  représentées  de  telle  façon  que, 
sous  ce  rapport  du  moins,  le  Cabinet  de  Dresde  occupe  une 
place  tout-à-fait  hors  ligne.  Seule,  la  division  des  monnaies 
antiques  n*est  pas  riche;  les  eCTorts  dits  depuis  quelque 
temps  par  d^autres  collections  publiques  et  en  psrticuîier  par 


m 


wUd  de  Berlin,  pour  mettre  cette  brandie  à  la  haatenr  des 
eiigeoMB  ideatifiqaee  eetnellflei  firent  bientôt  reconnaître 
qa*à  Dresde,  où.  Ton  ne  dispose  pas  de  ressourees  bien  consi- 
déraUeSk  one  ooieorrence  n*était  pas  possible.  Aussi  Ton  se 
borna  avec  raison  à  continaer  de  bâtir  sor  nn  terrain  eon- 
yenablement  préparé,  et  où  Pod  ne  poayait  être  aussi  facile- 
ment dépassé  :  j'entends  les  monnaies  du  moyen  âge  ;  après 
lesquelles  on  accorde  la  préférence  aux  monnaies  et  médailles 
modernes,  mais  surtout  aux  médailles  de  particuliers. 

MM.  Erbstein  frères,  les  Téritables  organisateurs  de  cet 
ifllportant  Cabinet,  ont  bien  ?oaUi  me  Cure  part  des  rensei- 
gnements d-dessns,  qae  mes  souYenirs  peraonneis  n'auraient 
pas  suffi  à  exposer  fidèlement. 


LE  CABINET  GRAND-DUCAL  DE  GOTHA 

Conservateur  :  M.  le  PnmcB 
Le  Cabinet  de  Gotha  est  des  plus  remarquables,  moins 
cependant  par  le  nombre  des  pièces  que  par  la  beauté  et  leur 
rareté. 

ITayant  pu  le  7isiter  que  d'une  façon  très  fngitiTe,  J'ai  dù 
rscourir  à  robligeanoe  bien  connue  de  son  directeur,  M.  le 
Vf  Fertooh,  qui  8*est  empressé  de  m'enTOfer  un  aparou  som- 
maire sur  son  origine,  son  développement  et  sa  compnsilion. 

Ce  Alt  Bmeet-le-Pieuz,  duc  de  Gotha  (1644-75),  qui  forma 
le  noyau  de  la  eolleetton.  Il  oTait  hérité  d'un  asses  grand 
nombre  de  monnaies  antiques  et  des  temps  modernes,  qu'il 
fit  classer  et  cataloguer,  et  qu'il  accrut  lui-môme  dans  la 
suite.  Son  succeBseur,  Frédéric  I"  (1675-Oij  enrichit  la  col- 
lection des  monnaies  modernes  frappées  dans  les  différents 
pays  de  l'Europe. 

Frédéric  II  (1691-1732)  contribua  puissamment  au  déve- 
loppement du  Cabinet,  en  achetant,  pour  100,000  tbalerspris 


Digitizea  L7  GoOglc 


NUldUfATIQUB  DB  L'ALLUUGIOE 


5a 


8ar  sa  cassette  particulière,  la  célèbre  collection  de  monnaies 
antiques  et  modernes  formée  par  Antoine  Gtlnther,  de 
Sclnvarzbourg,  avec  l'aide  et  les  conseils  assidus  d'André 
Morell,  et  qui  pasvsa  alors  d'Arnstadt  à  Gotha.  Outre  cette 
collection,  qui  fit  d'un  seul  coup  du  Cabinet  de  Gotha  le  plus 
remarquable  de  l'époque,  on  acquit  encore  les  monnaies  anti* 
qnes  du  médecin  GoUfrïed  Thomasius,  ainsi  que  les  monnaies 
aeiatiqoes,  africaines  el  américaines  de  L.  S.  Haunoldt  à  Bres- 
laa.  Sons  le  règne  de  Frédéric  m  (1781-79),  l'éponz  de  la 
spIritneUe  Louise^Dorothée,  on  acheta  les  monnaies  antiques 
de  la  collection  oommenoée  par  IMnns,  abbé  dt  Loocam  sa 
Hanorre,  et  continuée  par  son  suecesseor  8.  BOhmer. 

Ernest  II,  le  troisième  et  dernier  duc  de  Grotba-Altenbourg 
(1772-1804),  fut  aussi  le  dernier  qui  enrichit  le  Cabinet  d'ac- 
quisitions importantes.  Il  acheta  la  riche  Bibliothèque  numis- 
matique  de  Schliiger,  qui  passait  pour  presque  complète,  puis, 
en  1788,  la  collection  Stachmann,  qui  contenait  des  spécimens 
d'une  conservation  menreiUeuse  des  médailliers  de  sir  Chri- 
stophe Wren  et  de  Gasanoya,  —  celle  de  Jacob  Sulzer  (4S58 
monnaies  antiques),  —  celle  de  Gemiag  à  Nafiles  (1881 
pièces),  du  baron  de  Seckendorf  (600Q  grecques),  —  du 
médecin  italien  Petrlcdoli  à  Gonstantinople  (grecques),  — 
enfin  les  empreintes  en  soolire  de  Woonet  Quand  le  duc  mou- 
rut, Il  était  en  pourparlers  au  sijetde  IWist  ds  h  eoOaetion 
Gousinérf,  achetée  depuis  par  Munich. 

Le  successeur  d'Ernest  H,  Auguste  (1804-22),  conclut  avec 
le  baron  de  Seckendorf  à  Altenbourg  un  traité,  en  vertu 
duquel  le  médaillier  de  ce  dernier,  extrêmement  riche  en 
monnaies  d'or  romaines  et  en  médaillons,  devait  passer  au 
Cabinet  après  la  mort  de  son  propriétaire  ;  mais  la  mort  du 
duc  annula  ce  traité  pour  le  plus  grand  dommage  du  Gabinei 
A  partir  de  ce  moment,  une  somme  annuelle  Ait  fixée  pour 
snbfenir  aux  acquisitions,  quolqpie  blUe,  elle  s  sufil  pour 
combler  Uen  des  lacunes. 


543 


REVUE  D'ALSAOB 


Les  directeurs  du  Cabinet  ont  été  les  suivants  :  Fr.  Hort- 
leder  (f  1640),  W.  E.  Tentzel  (t  1702),  Chr.  Schlegel  (t  1722), 
Tauteur  du  Biblia  in  numis  et  de  plusieurs  autres  traités  de 
numismatique;  Chr.  Sig.  Liebe  (f  1736),  Tauteur  du  Goiha 
nummaria;  HJL  de  Lingen  (f  1748)  ;  C.  J.  Schifiger  (f  1786), 
qui  écrivit  un  excellent  catalogue  de  toute  la  collection  sous 
le  titre  de  Index  thêsauri  nummarii  Frederidani  \  et  plu- 
sieurs mémoires  et  dissertations  de  numismatique  ;  Rousseau 
(t  1799);  Schlichtegroll,  Tauteur  des  Annakn  der  gesamrrUen 
Numismatik  et  d'un  mémoire  sur  THistoire  de  Tétude  de  la 
numismatique  ancienne;  Lenz  (f  1809);  F.  Jacobs  (jusqu'en 
1841,  t  en  1847);  Ukert  (f  1851),  sous  la  direction  duquel 
6.  Rathgeber  Mut,  depuis  1842,  conservateur  du  Cabinet; 
Auguste  Beck  (f  1874);  puis  enfin,  le  directeur  actuel,  M.  le 
D' Pertscb,  orientaliste  distingué,  qui  s'occupe  avec  zèle  de  la 
riche  collection  confiée  à  ses  soins,  et  auprès  duquel  les  ama- 
teurs sont  sûrs  de  trouver  le  plus  aimable  accueil. 

Le  Cabinet  comprend  environ  16,000  monnaies  romaines 
dont  900  en  or  et  10.000  grecques  (y  compris  les  doubles); 
h  part  cela,  il  est  particulièrement  riche  en  bractéates,  en 
thalers  et  en  médailles  de  tous  les  métaux  ;  la  division  des 
monnaies  orientales  est  également  assez  importante. 


*  Cet  ouvrage,  qni  comprend  15  volumes,  est  resté  manuscrit  et  est 
conservé  à  la  Bibliothèque  grand-ducale  de  Gotha. 

'  Rathgeber  a  publié  trois  ouvrages  relatifs  au  Cabinet  de  Gotha.  Le 
premier,  relatif  aux  médailles  italiennes  et  allemandes,  a  pour  titre  : 
Italienische  und  deulsche  MedaiUen.  In  Beschreibung  des  herx.  Museumi 
ru  Gotha.  Gotha  1833.  —  Le  second,  qui  comprend  les  monnaies  et 
médailles  des  Pays-Bas,  s^appelle  Niederkendische  Miinzen  und  Uedail- 
len,  Weissensee  1839.  —  Le  troisième,  qui  donne  la  description  raison- 
née  de  Ô9  monnaies  athéniennes  rares  ou  inédites,  a  paru  sous  le  titre 
de  ;  Nettnundtieunzig  silbeme  Miinxen  der  Athenaier  au8  der  Sammlung 
xu  Gotha.  Weissensee  1858. 


mnonuxtqim  tm  h'uiJÊUàmm 


LE  GÂMNET  DU  PRINGE  DE  FURSTENBERG 

èi  Donauescliingen. 

Conmvatmr  :  VF  Sio.  Rimn 

Le  Cabinet  du  prince  de  Fûrstenberg  est  en  grande  partie 
l'œuvre  du  prince  Gharles-Egon  II  et  de  sou  fils,  le  prince 
régnant  Gharles-Egon  III  de  Fttrstenberg.  En  1886,  la  collec- 
tion ne  comprenait  que  2000  pièces,  chiffre  assurément  fort 
restreint.  A  partir  de  ce  momeat,  on  commença  à  faire  des 
achats  de  quelque  importance,  on  tint  l'œil  ouvert  sur  les 
(SmiiUM  exéeutées  dans  le  domaine  de  Ffiratenbeig  et  dans  le 
Toieinage,  et  an  mofen  de  réchaoge  des  doubles,  on  aetifa  la 
fbrmatkm  de  la  lemaniaable  eoUeetioD  qne  nonB  admirona 
angoordlnii.  S.  A.  le  prince  fit  les  frais  de  tootes  les  aeqni- 
sHioos  snr  sa  camette  partienlière,  et  pendant  plnsfenra  années 
dépensa  régulièrement  de  iOOO  à  fOOO  florins.  Parmi  les 
acquisitions  importantes  il  faut  citer  :  la  collection  du  ministre 
d'Etat  baron  de  Turckheim  (1886),  —  la  collection  de  mon- 
naies celtiques  de  l'historien  Schreiber  de  Fribourg,  et  celle 
de  la  ligne  bohémienne  de  la  maison  de  Fttrstenberg,  qui  fut 
payée  12,000  il.  ;  enfla,  trois  trouvailles  de  monnaies  romaines 
faites  dans  les  ruines  romaines  découvertes  entre  Hdûngen 
et  Brftadingen  et  dans  Les  nombreux  tombeau  de  la  contrée, 
^  la  tnmraille  d*UUngen  près  Rastatt,  qoi  contenait  les 
corieox  deniers  de  Hagoenan  décrits  par  H.  de  PAdfenhote 
dans  la  Ram  numimaUque  de  1868,  pièces  des  pins  singo- 
lières  qui  demandent  encore  une  explication,  —  latroaTsille 
de  bractéates  d'Immendingen  et  celle  d'Engen,  —  et  nne 
tronvaille  d*écas  d'argent,  la  plupart  brandebourgeois  et  du 
XVII*  siècle,  découverts  dans  une  cave,  à  Donaueschingen, 
en  1877. 

L'administration  du  Cabinet,  son  classement  et  le  catalogue, 
furent  confiés  par  le  prince  Gharles-Egon  II  et  par  son  suc- 
cessenr,  au  baron  François-Simon  de  P£ifbabo(iBii,  qoi  se 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


diatiocM  duM  ces  AiBctkMU  et  par  de  9maÈm  itelierclies 
de  nmiiifliaatlqae,  el  par  les  soins  et  rempreeseneat  qii*U 
apporta  à  raoeoiiipUeseiDeiit  de  ses  deroirs.  Oatre  ses  écrits 
dans  la  Betmfrmieaiie  et  dans  les  rems  aUesiandes^  il  a 
Udssé  deox  oarrages  aseea  eonnas  :  Dk  Mikumder  Eenagê 
«en  AOemanSm  (les  Monnaies  des  daesd^ÂUésaaiiie),  para  m 
1846,  et  V Essai  stir  les  Aspres  Comnémts  ou  blancs  dargmt 
de  TréOizonde,  publié  à  Paris,  en  1847.  C'est  à  lui  que  le 
médfiillier  de  Donaueschingen  doit  de  compter  aujourd'hui 
parmi  les  tout  premiers  de  l'Allemagae.  C'est  lui  et  le  D' Pûtz- 
ner  qui  menèrent  à  bonne  ûu  le  catalogue  des  monnaies,  qui 
comprend  âO  volumes  manoscrits  grand  in-folio,  donnant  k. 
description  exacte  de  chaque  pièce.  Depuis  la  mort  du  regretté 
M.  de  Pliffonbcfen,  sarfcnne  en  1872,  radministratioa  da 
Cabinet  a  été  confiée  à  IL  le  D*  Riesler,  qui  s*oceope  STee  m 
lèle  extrèsie^  et  autant  que  le  lui  permettent  ses  iMietions 
d*arshîTiste  do  prince,  du  dessemeat  du  môdailUer  :  sa  corn- 
ptaisanee  a  été  sosinte  et  mainte  flris  éprourée  par  sens  qui. 
lai  ont  adressé  leurs  demandes,  et  Je  saisis  roecaaion  de  lut 
en  témoigner  ici  personnellement  toute  ma  gratitude. 

En  1878,  la  collection  comprenait  en  chiffres  ronds  40,000 
pièces,  dont  2200  environ  en  or  et  29,000  en  argent.  Deux 
pièces  du  bâtiment  construit  récemment  pour  la  Bibliothèque, 
renferment  le  médaillier,  réparti  dans  dix  meubles  ad  hoc, 
nue  riche  bibiioUièque  nomissaatique,  une  série  de  pierres 
greffées  et  moulages»  plne^  ne  petite  collection  d'objets  d'art 
et  d'antiquités.  Les  monnaies  sont  clasoées  en  généiai  par 
ordre  dt  pays  et  d'Htats,  et  duupit  ftis  raugées  dimelogi- 
qnemeni  Les  aatiques  (consulaires  et  Impérialss  roiDaiuaSi 
taadaleB,  0oths,  etc.)  sont  rkbeoMnt  représentées;  le 
moyen-ftge  allemand  ne  Test  pas  moins.  Les  suites  les  plu 
remarquables  sont  :  le  Cercle  de  Sonabe  (f  197  fdèces),  celui 
du  Haut-Rhin  (1200  pièces  environ).  —  On  remarquera  l'ab- 
sence de  monnaies  grecques  antiques,  et  par  contre  une  splen- 


DigUizoa  by  CoOglC 


NUmSlfiLTIQUB  DB  L'AT.I.Bllim«  IMB 

dMo  «Ueetioii  de  lt8S  mouaiee  «ioMMO  •!  t88  eéttIqiMi 
tmvta  bon  de  Franco.  La  maiaoD  de  FOretenberf  elle- 
même,  en  possesmon  dépôts  ISOO  da  droit  de  monnaie,  en  a 

usé  de  la  ûn  du  XVII*  siècle  à  iS04;  il  ?a  aans  dire  que 
cette  série  est  au  complet. 

Le  Cabinet  de  Fîiretenberg  peut  être  rangé  parmi  les  quatre 
ou  cinq  premiers  de  l'Allemagne;  la  muniflcence  éclairée 
du  prince  régnant  et  l'administration  intelligente  de  M.  le 
jy  Rieiler  ne  pentent  que  lui  garantir  nne  place  encore  plue 
prépondérante  poar  l'aînir. 


MËDAILLIER  ROYAL  DE  MUNICH 

Conservûkmr  :  Consercafcur^'oinl  : 

Bauin  IF  J.  JUoaàvn 

Je  poieend  sur  ce  ridie  Cabinet,  un  des  plus  importante 

de  TAllemagne,  quelques  renseignements  dans  YHistoire  da 
Cabinet  des  médailks  de  Munich,  parue  dans  le^  Annales  de 
l'Académie  des  sciences  de  cette  ville,  en  d808,  1816  et  1821, 
ainsi  que  dans  des  notes  qu'a  bien  voulu  me  communiquer 
M.  le  Df  Riggaoer,  mee  floaFeniraperaonnela  n'étant  paa  aaacft 
piécia. 

Ge  fat  Albert  Y  qui  jeta  lee  fondemante  de  k  coUectioo 
par  rachat  d'une  anile  de  monnaies  qne  son  coneciller,  Jean 
iego^b  de  Kndrinfen,  anit  donnée  à  l*Beole  anpérienve 
d*Infobrtedt  11  eebeta  également  la  eoUection  da  prêtre  Flck- 
1er  à  Aofdioarg;  I«  Cabinet  de  Manieb  iiit,  die  son  origine» 
hanlement  apprécié^  ainsi  qne  le  conibite  Oeeo  dans  la  dédi- 
cace de  son  IVMcfiMls  hnpenimm  Bmanormn.  FicUer, 
qui  entra  plus  tard  au  service  de  Guillaume  Y,  reçut  de  son 
successeur,  le  prince-électeur  Maximilien,  Tordre  de  commen- 
cer un  catalogue  de  toutes  les  monnaies  grecques  et  romaines 
qoe  l'on  possédait  à  ce  moment  Le  superbe  médaiUier  d'iroixe, 

nosnlItSIilfc-riBato  86 


516 


BIYUB  D'ALSACB 


que  Christophe  Angermeier  fabriqua  de  1618  à  1684  par 
ordre  du  prince,  prouve  tout  l'intérêt  que  Maximilien  porktit 
à  la  munisniatiqae.  On  sait  que  ce  médaillier,  Yéritable  jqyin 
artistiqiie,  se  trouTe  aojoardliui  au  H  oBée  national  bavaroia. 
Gharled-Tbéodore  fit  transférer  sa  eoUedion  de  Mannheiiii  è 
Munich  et  la  fondit  dans  celle  qui  sY  trouvait  déjji.  C'est  de 
ce  moment  que  date  limportanee  réelle  du  cabinet  royal  : 
des  acquisitions  nombreuses  allaient  encore  la  rehausser.  Bu 
1807,  on  acheta  une  suite  considérable  de  monnaies  de  la 
Bavière  et  du  Palatinat  appartenant  au  conseiller  F.  G.  Wid- 
der  Eji  1809  et  1810,  ce  furent  la  collection  d'antiques  du 
Chapitre  impérial  de  Kaisersheim  et  celle  de  papales  de  Tab- 
baye  princière  de  Kempsen,  qui  prirent  place  dans  les  car- 
tons du  Cabinet.  Mais  l'acquisition  la  plus  importante  fut  celle 
du  médaillier  de  Goasinéry,  autrefois  consul  firançais  en 
Macédoine  (1811).  Gousinéry  avait  rassemblé  plus  de  9000 
monnaies  de  la  Grèce  et  de  TAde-Mineure,  qui  comblèrent 
si  bien  les  lacunes  existantes,  qu'il  n*en  résulta  que  fort  peu 
de  doubles.  En  18IS,  le  Cabinet  s'enrichit  encore  par  Facqui- 
sîtion  de  la  collection  du  prince-abbé  de  Saint-fimmeran  à 
Ratisbonne,  Célestin  Steigtechner,  qui  avait  en  outre  réuni 
800  pierres  gravées,  dont  plusieurs  importantes. 

Louis  I"  n'était  encore  que  prince  royal,  qu'il  commençait 
déjà  à  témoigner  de  son  intérêt  pour  le  Cabinet  de  médailles; 
il  avait  coutume  d'emporter  avec  lui,  dans  le  cours  de  ses 
TOyages,  une  liste  des  principales  lacunes,  et  entretenait  ton- 
jours  une  correspondance  active  avec  le  directeur.  Il  acheta, 
en  1818,  la  collection  du  baron  AstutOb  à  Voto  près  Syracuse; 
elle  comprenait  900  pièces  de  la  Sidle. 

A  cAté  de  hi  suite  des  antiques  qui  augmentait  d  rapide- 
ment, celle  des  monnaies  indigènes  ne  restait  pas  en  arrière. 
En  1815,  on  acquit  la  colletion  du  Chapitre  des  Bénédietins 
de  Saint*Pierre  ft  Salzbourg;  elle  comprend  les  médailles  il 
les  monnaies  de  rarchevéché  de  Salzbourg,  et  dépasse  certai- 


Digitizea  L7  GoOglc 


847 


neniail  tontes  les  suites  tnatogoes'en  spleodeor  et  en  ricbesse. 

lies  raoonaies  de  FoMa  tnivèrent  an  Gabinet  avee  la  col- 
leetion  Hinekelbeb  (1881);  puis  œ  ftirent  les  monnaies  el 
médailles  de  la  maison  de  Baiière  fénnfes  pendant  Teepsoe 

de  quarante-deux  ans  et  au  prix  de  grands  sacrifices  par  le 
chancelier  de  Woscliitka  (1835).  Trois  ans  après  eut  iieu  une 
grande  vente  pnbliqiie  des  doubles  du  Cabinet. 

L'achat  de  la  collection  Longo,  en  1846,  combla  admirable- 
ment les  lacunes  existant  encore  parmi  les  antiques.  Les 
frères  Longo  avaient  formé  à  Measine  une  suite  de  près  de 
8000  monnaies,  suite  qui  embrassait  tout  le  domaine  de  la 
numismatique  antique,  et  comprenait  entr'autres  700  pièces 
steiliennes  des  plus  belles  et  des  plus  rares. 

Le  Cabinet  s^secrut  anssi  de  plnsieurs  troufailles  Intéres- 
santes :  citons  seulement  de  RÊgêiièogBnêMÊMikhm  (monnaies 
à  l'are-en-del)— pins  de  1000  pièces  —  lUteà  Ingolstadten 
1888,  et  les  trouTailles  de  monnaies  du  moyen-âge  de  Saol- 
burg  et  de  Reicbenhille. 

Le  but  principal  du  conservateur  actuel  est  d'enrichir  de 
plus  en  plus  la  coUecliou  spéciale,  déjà  passablement  complète, 
de  la  maison  régnante  de  Bavière,  des  évêchés  et  villes  bava- 
roises et  du  moyeu-àge  allemand.  Les  faibles  subsides  qui 
loi  sont  alloués,  ne  lui  permettent  pas,  11  est  vrai,  de  multi- 
plier beaucoup  ses  acquisitions,  mais  dès  maintenant,  et  sans 
donto  pendant  longtemps,  le  Gabinet  de  Munlcb  sera  dté  avec 
bennenr  parmi  les  premierB  de  rfinrope. 


LE  CABINET  GRÂND-DUCÂL  D'JÊNA 

CtmwroaAew  :     6.  Stickxl 

Ce  Gabinet  ne  comprend,  comme  on  sait,  que  des  monnaies 
orientales,  et  il  est  trop  connu  du  petit  nombre  d'amateurs 
qui  s'occupeat  de  œito  partie  de  la  numismatique  pour  qu'il 


548 


soit  nécessaire  d'entrer  ici  dans  beaucoup  de  détails.  TI  prît 
naissance  en  1846,  par  l'achat  de  la  grande  collection  Zwick 
à  Sarepta  par  le  grand-duc  Charles-Frédéric.  Les  collections 
de  Kôhne,  Gappe,  etc.  lai  foarnireat  aussi  des  eoetiogents 
importants.  L'empereur  de  Rossie,  le  général  deBartholomil, 
à  Tiflis,  et  bien  d^aatres,  se  firent  nn  plaisir  de  l'enriehir  à 
Tenvi.  L'acquisition  la  pins  importante  fut  celle  de  la  e<dlee- 
tion  Soret  et  celle  de  la  collection  Siéboldy  composée  de  mon- 
naies japonaises. 

Le  médaiilier  grand-ducal  d'Jéna,  qui  comprend  environ 
12,000  pièces,  est  surtout  remarquable  par  la  quantité  des 
dynasties  qui  y  sont  représentées  (140  environ). 

Les  suites  les  plus  riches  sont  :  les  Saasanidss>  tes  mon- 
naies pehldes  des  goufemeurs  arabes  du  Tapuristan,  les 

Omajjadtis,  les  Seldjoucîdes,  les  Ortocides,  les  Fatimites,  les 

Houlagouïdes,  les  schahs  de  Perse,  une  série  de  oU  bulles  do 
plomb  à  légendes  orientales,  etc. 

Le  Cabinet  est  une  propriété  privée  du  grand-duc,  mais  la 
jouissance  en  est  accordée  à  lUniversité  d'Jéna. 

M.  le  Stickei  remplit  depuis  de  longues  années  et  avee 
nn  zèle  sans  égal,  les  fonctions  de  eonsemteur.  Tous  les 
apédaUstes  connaissent  son  Mmékuh  xur  morginSkiélÊAm 
MQmkanth  (Manuel  de  numismatique  orientale).  0  est  bon 
de  savoir  qae  cet  excellent  ouvrage  est  aossi  connu  sous  le 
titre  de  :  Dos  grossherwtglkht  Mûnzkabinet  zu  Jena.  Le  pre- 
mier volume  a  paru  en  1845,  le  second  en  1870.  Il  existe 
également  du  même  auteur  un  aperçu  sur  le  Cabinet  d'Jéna 
sous  le  titre  :  Die  grossherzoglich  morgenlàndûcàe  Mûm- 
sammlung  m  Jem^  qui  date  de  1846. 

Le  Cabinet  d'Jéna  a  toujours  été  l*objet  de  la  ikvenr  parti- 
culière et  des  libéralités  du  grand-duc  et  de  sa  Ibmille.  H 
n'est  donc  pss  étonnant  que  ces  raisons  Jointes  i  l'adminlstr»- 
tion  inteUiîente  et  habile  du    Stickei,  enaieal  iiit  onedes 


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HDIIIBMATIQra  OS  h'àUMUàOim 


pranièrest  Bbum.  la  première  mllectioii  de  monnaieB  orien- 
tales qui  eiislent  de  nos  jonn. 


de  Monnaies  gauloises,  romaines  et  mérovingiennes 

(GM^ jpii  fnte  mec  taMm»  oNli0««ife  û»  Jf.  P.  Gb.  Rouit) 

A.  Monnaies  gauloises  et  barbares 

1.  —  Buste  à  gauche  dans  un  cercle  formé  de  festons. 
Derrière  A  A. 

Rf,  Lion  galopant  à  gauche.  Dessous,  EVGIVRIX. 

Ce  curieux  tètradrachme  du  musée  de  Berlin  rappelle 
par  le  type  du  reyers,  les  bronzes  du  midi  de  la  Gaule 
(cf.  Ch.  Robbbt,  Hummaâfiu  du  LûKguttbc,  pl.  IV,  n**  19  et 
suivants).  Sur  un  exemplaire  plus  complet,  on  pourrait 
examiner  si  ce  nom  ne  commence  pas  peut-ôtre  par  une 
consonne,  (T)EVGIVRIX  par  exemple,  rappelant  notre 
TOGIRIX.  Il  y  a  de  grandes  affinités  entre  les  monnaies 
de  notre  Gaule  et  celles  du  Danube. 

M.  Robert  raconte  qu'Eckhel,  lorsqu^on  lui  montra  à 
Toulouse  un  bronze  portant  Fethnique  de  Béziers  et  fort 
commune  dans  le  Lan^edoc,  déclara  qu*on  lui  en  aurait 
apporté  de  la  Basse-Hongrie  une  quantité  si  considérable 
qu'il  dut  la  livrer  au  fondeur. 


M.  de  Saulcy  Usait  sur  son  exemplaire  £VOIYRIX, 


CHOIX 


Digiti-ioa  Ly  Coogle 


560 


BBVOK  D'ALSAGB 


2.  —  Buste  de  femme  à  gauche;  devant,  une  branche 
garnie  de  baies;  derrière  un  cordon  onduleux  de  perles, 
figurant  une  sorte  de  queue. 

Rf,  Harpie  regardant  en  arrière  ;  devant,  la  légende  que 
m  de  Saulcy  lit  BABIAHI  ou  EARIABI  [Aimaln  de  k 
S^diàéêlfummaiique,  1868«  p.  15).  Ce  qu*il  a  pris  pour  la 
barre  supérieure  de  la  lettre  £,  ne  parait  être  autre  chose 
que  la  ligne  supérieure  de  r encadrement  habituel;  il  y 
aurait  donc,  ce  qui  éviterait  la  succession  de  deux  voyelles, 
FABI ARI,  et  comme  il  y  a  un  X  entre  les  pattes  de  la  har- 
pie, FABIARIX.  Mais  cette  lecture  demande  k  être  vérifiée 
sur  un  exemplaire  mieux  conservé. 

AR.  Muskt  ét  BerBiu 


3.  —  Mômes  types  que  la  précédente. 
Légende  . . .  ATTO  (et  non  OLLI). 
AR.  Musii  de  Berim. 


4.  —  Deux  tètes  accostées  à  droite  ;  celle  de  devant  paraît 
être  une  tète  de  femme  diadémée  ;  un  casque  couvre  la  tète 
de  derrière.  Devant  les  têtes,  une  étoile  ;  dessous,  une 
feuille  de  lierre. 

Rf.  Lion  courant  à  droite,  dessous,  dans  un  cartouche, 
COBROVOMARVS  (Ds  Saulct,  Annales  de  la  Société  de  Numis- 
matipu,  1868,  p.  19). 


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MuiOBiuTiqiint  I»  L'Af.TjyA«mM 


AR.  Cabma  dt  Btrlin. 


S.  —  Tète  nue  à  gauche. 

Rf,  Chenal  allant  à  gauche,  dessus  et  dessous,  dans  le 
champ,  emblèmes  (pièce  connue). 
CMnadiBtrlm, 

6u  —  Tôte  à  droite,  tout-à-fidt  barbare,  les  cheveux  sont 
rendus  par  des  demi-cerdes  superposés. 

Rf.  Croix  portant,  au  premier  canton  et  au  quatrième 
une  figure  formée  d*une  sorte  de  Y,  dont  FouTerture  est 
partagée  en  deux  par  une  bissectrice;  au  second  et  an 
troisième,  tnûs  annelets. 

AR.  Afitf^  ^AngAmtrg, 

M.  Ch.  Robert  décrit  cette  rarissime  pièce  dans  sa  Mmw^ 
mûlifiit  du  Laugmén  (p.  S2  et  pL  I,  fig.  30)  : 

<  Cette  pièce,  dit  M.  Robert,  Êdt  partie  d'une  Êimille  à 
part,  caractérisée  par  la  présence  d'un  objet  en  forme  d'an- 
gle avec  ou  sans  bissectrice.  Elles  se  rencontrent  en  Germa 
nie,  et  on  en  connaît  provenant  du  grand-duché  de  Bade 
et  de  la  Forôt-Noire.  Il  s'ensuivrait  qu'il  y  avait  en  Germa- 
nie un  peuple  qui  avait  le  même  type  monétaire  que  les 
Volkes  des  plaines  de  la  Garonne. 

(  Or,  on  sait  par  César  qu'il  y  avait  desTectosages  sur  les 
confins  de  la  forêt  Hercy  nia,  et  Isidore  de  Séville  énumère 
des  Tolosates  parmi  les  Bructèras,  les  Vangions  et  les  Cha- 
maves;  on  est  donc  naturellement  amené  à  classer  les 
monnaies  portant  le  signe  angulaire  en  partie  aux  Volkes 
de  notre  Gaule,  en  partie  aux  Volkes  de  la  Germanie,  et 
comme  le  type  de  ces  monnaies  est  d'origine  gréco-ibéri- 
que, il  s'ensuivrait  que  les  premiers  formaient  le  centre, 
le  gros  de  la  nation  et  qu'il  avaient  donné  aux  autres  leurs 


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■■fOI 


lois  monétaires.  Dans  tous  les  cas,  la  numismatique  apporte 
ici,  à  l'histoire  des  Gaulois,  des  éléments  dont  la  Taleur 
méiite  d'ôtre  discutée.  » 


7.  —  Symbole  difficile  à  décrire;  une  palme? 
Rf.  Six  points  dans  une  barre  pliée  en  iorme  de  demi- 
cercle» 
AV.  MwsSf  dAt^AÊmrg, 


8.  —  Tète  barbare  à  gauche. 

Rf.  Représentation  étrangle  pour  laquelle  je  renvoie  le 
lecteur  au  dessin  ci-dessous. 
AV.  MtÊsit  dAugsbtwg, 


9.  —  Quart  de  statère  très  ancien,  imitation  grecque.  Il 
serait  difficile  de  dire  exactement  à  quelle  partie  de  la 
Gaule  appartient  ce  beau  spécimen,  qui  est  nouveau  par 
le  type  du  revers» 

AV.  Musit  dt  Nuremberg 


lOl  —  Gotttre&çon  barbare  des  drachmes  d'Alexandre- 
le^Grand.  Téte  barbare  à  droite. 

Rf.  Figure  assise  à  gauche;  devant,  chouette  sur  un  vase. 
AR.  Musée  de  Berlin, 


NUMISMATIQDB  DS  L  ALLEMAiOMB 


:G6B 


B.  Monnaies  romaines 

1.  CoRNBLiÀ.  —  Goh.,  p.  101  et  pl.  XIV,  2  =  tSCX)  fr. 
(peut-être  unique).  Au  Rf  Ciànim  Rma» 
AR.  Musée  de  Getba. 

t  Clodids  Maceb.  —  Muller,  t.  II,  p.  171.  Avait  déjà  été 
donnée  par  Licbe,  Gotha  num.,  p.  245,  fig.,  et  par  Morelli, 
Fam.  MiscelL,  tab.  VI,  la  Porte  LIG.  111.  au  Ueu  de  LEG.  III. 

AR.  Musée  di  Gotha, 


Z.  TnuB.— T.  CAES.  VESP.IMP.  PON,  m  POT.  COS. 
n.  CENS.  Sa  tète  laurfte  à  droite. 


Rf.  Titus  dans  un  quadrige  au  pas,  allant  à  droite,  tenant 
un  sceptre;  le  quadrige  est  orné  d'un  bas-relief  représen- 
sentant  un  soldat  couronnant  un  trophée?  —  Cette  pièce 
est  le  pendant  du  grand  bronze  publié  par  Cohen  sous  le 
n*  237.  Comme  elle,  elle  est  de  825;  de  J.-C.  72. 


4.  TiTTTB.  -  T.  CAES.  IMP.  VESP.  P.  TR.  P.  CENa 
Sa  t&te  laurée  barbue  à  droite. 

Rfi  VICTORU  AVGySTI.  Victoire  allant  à  droite  et 
tenant  une  couronne  et  une  palme. 

AV.  Q.  Musée  de  GêAa. 

5.  DoMnmr.  -  IMP.  GAEa  BOMITUNVS  AVG.  P. 
M,  Sa  tète  laurée  à  droite. 


AV.  Mtuêe  de  Gotha. 


664 


asnni  d'alsaob 


Rf.  m  POT.  IMP.  IL  œS.  Vni.  0E&  DC  Buste  cas- 
qué de  Minerve  à  gauche. 
Goh.  258,  var.  AV.  Mnsit  ii  GoAa. 

6.  L.  Verus.  —  L.  VERUS  AVG.  Sa  tôte  laurée  et  bar- 
bue à  droite. 

Rf.  TR.  P.  VIII.  COS.  m.  Victoire  allant  à  gauche  tenant 
une  couronne  et  une  palme. 
AV.  Q.  Musét  de  Gotha. 

7.  TtTRiouB  FÈBB.  —  IMP.  a  TETRICVS.  p.  F.  AVG. 
Sa  tète  laurée  et  barbue  à  droite  avec  le  paludament 

Rf.  p.  M.  TR.  P.  II.  COa  P.  P.  Tétricos  nu  debout  ft 
gauche,  devant  un  autel  allumé,  tenant  une  patère  de  la 
main  droite  et  deux  épis  de  la  gauche  (lOfiS,  de  J.-C  269). 

AV.  MMài  di  Qttba. 

Cohen  (n**  16  et  17)  donne  la  même  pièce  du  2*  consulat 

a  yALÉBiDrFftB&  —  IMP.  VALERIAN va  P.  AVG. Sa 
tète  laurée  à  drdte  avec  le  paludament. 

Rf.  AETBRNITAS  AVGG.  Le  soleil  debout  à  gauche 
levant  la  main  droite  et  tenant  un  globe  de  la  gauche. 

AV.  Mmh  dt  G«Aa. 

9.  PosTUME  PÈRE.  —  POSTVMVS  PIVS  FELIX  AVG. 
Buste  lauré  Postume  à  gauche  avec  la  cuirasse,  accolé  au  . 
buste  lauré  d'Hercule. 

Rf.  HERCVLI  INVICTO. Hercule  nu  debout  à  gauche, 
mettant  le  pied  sur  la  reine  des  Amazones  terrassée,  lui 
déliant  la  ceinture  de  la  main  droite,  et  de  la  gauche  tenant 
une  massue  et  la  peau  de  lion.  Cf.  Coh.  55,  où  elle  n'est 
pas  gravée,  comme  il  est  dit  dans  le  texte^  et  de  Witte, 
n»  95. 

AV.  Musée  de  Gotha. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


6B5 


la  PotTUMi  FftBi.  -  IMP.C.  POSTVMVS P.  F.  AVG. 
Sa  tète  laurèe  et  barbue  à  droite  avec  le  paludameot. 

R/,  ORIBNS  AVG.  Le  soleil  radié  dans  un  quadrige  à 
gauche,  levant  la  main  droite. 

AV.  Mttsie  de  Gotha» 


TORINVS.  P.  F.  AVG.  Son  buste  lauré  et  barbu  à  droite 
avec  le  paludament. 

Rf.  FIDESMILITVM.  La  Foi  militaire  debout  à  gauche 
entre  deux  enseignes, 

AV.  Mu^  di  GtAa, 


18.  PSOBUB.  —  IMP.  a  M.  AVR.  PROBVS.P.F.  AVO. 
Son  buste  barbu  à  droite,  orné  d'une  couronne  radiée  et  de 
la  cuirasse. 

Rf.  ADVENTVS  AVG.  Probus  à  cheval  allant  à  gauche, 
levant  la  main  droite  et  tenant  de  la  gauche  un  sceptre 
transversal. 

AV.  Miuii  Ji  GêÛHi, 


13.  CoNSTAirrm  —  CONSTANTINVS  P.  F.  AVG. 
Sa  tftte  laurée  à  droite. 

JRT'  SOU  COMm  œNSTANTINI  AVa  Le  sotea  radié 
à  demi-nu  debout  à  droite,  prèseataotun  globe  surmonté 
d'une  victoire  à  Ckmatantin  debout  en  toge;  entreeuz  un 
captif  à  genoux,  tendant  les  mains  à  Tempereur,'  à  Texer- 
gue  .MT. 

La  légende  seule  de  ce  revers  est  nouvdle.  Le  type  est 
décrit  Ck>h.  99. 

AV«  Miuéi  dé  GùÛHh 

14.  CRI8PU8.  -  FL.  IVL.  CRISPVS  NOB.  GAES.  Sa 
téte  laurée  à  droite  avec  la  cuirasse. 

RJ.  GAVDIVM  ROM ANORVM  ;  à  l'exergue,  FRANCÎA. 
La  France  assise  à  terre  à  gauche  dans  l'attitude  de  la  tris- 
tesse, derrière  elle  un  trophée,  un  arc  et  un  bouclier. 

AV.Q.  MuûtdtGàha. 

Cohen  décrit  ce  joli  quinaire  (n*  6)  d'après  Fanden  cata- 
logue du  Cabinet  des  médailles  qui  la  donnait  comme 
étant  de  fiibrique  grossière  ;  Mionnet  avait  cru  moulé  sur 
le  petit-bronse.  Le  suppRmmt  de  M.  Cohen  en  donne  la  gra- 
vure (pl.  VIO  d*apré8  un  exemplaire  coulé  sur  Tantique  et 
trouvé  dans  la  Sdne,  provenantsans  doute  du  vol  de  1831. 
Quant  à  Texemplaire  de  Gotha,  fl  est  d*une  authenticité 
incontestable  et  de  très  bonne  &brique. 

I&  Gonmsoi  IL  —  FL.  IVL.GONSTANTrva  PERP. 
AVG.  Son  buste  diadémé  à  gauche  avec  le  paludament. 

Rf.  GLORIA  ROMANORVM.  Rome  assise  de  trois 
quarts  sur  un  trône  richement  orne,  tenant  de  la  main 
droite  un  globe  surmonté  d'une  Victoire  et  de  la  gauche 
un  sceptre  ;  elle  pose  le  pied  sui  une  proue  de  vaisseau. 

ËX.SMANH. 

OR.  MU.  40  mm. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^[e 


mnoniATiQUB  db  Vàtimusm 


607 


C.  MéroviagieimeB 

1.  —  BODE  CQIO  AICX).  Buste  à  droite,  style  atistraden. 

EJ.  +TRÂSOALDVS  MONB  Croiz  à  branches  égales, 
cantonnée  des  sigles  C  et  A. 

Publié  par  Ch.  Robert,  Etudts  mmâmaifm  mr  k  Ntré-Em 
dtkFfwmt,  p.  141  et  pL  VI,  fig.  14. 

AV.  Cabma  dt  GȈM, 

%  »  BOTECQIO  VC  Buste  lauré  à  droite. 

jR/.  Légende  indéchiflOrable.  Croix  pattée,  haussée  sur 
une  base;  au-dessous,  un  globe. 

Dans  ce  nom  de  lieu  on  a  reconnu  Vic-sur-Seille  (Ct  P. 
Ch.  Robert,  EmJit  tuamtmatàfu$  ntr  b  Ntrd-Esi  dê  k  FnoKf, 
pL  VI,  fig.  10  à  la 

AV.  Caihui  it  GûAa 

3.  —  MARSALLOVCO.  Buste  à  droite,  type  austrasien. 
R/,  -l-LANDOALDO  MON  CroU  à  branches  égales, 
cantonnée  des  sigles  C  et  A. 
AV.  Cabinet  de  BtrEa, 

M.  P.-Gh.  Robert,  op.  cit.,  cite  huit  monétaires  de  Marsal, 
maisilneconnait  LANDOALDVS  que  pour  Mets  (pL  V, 
flg.7). 

Le  grand  nombre  de  monnaies  méro^ngiennes  frappées 
dans  les  localités  du  sa&umis  (Marsal,  Vie,  MoyenTîc) 
ou  au  nom  de  ces  localités,  est  un  argument  dont  M.  Robert 
se  sert  pour  démontrer  que  les  monnaies  mérovingiennes. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


G» 


signées  par  des  monétaires,  avaient  un  rapport  avec  ren- 
caissement du  revenu.  On  peut  admettre  en  eflbt  que  les 
fermiers  des  puits  salins  rendaient  le  prix  convenu  en 
monnaies  portant  le  nom  du  puits.  En  outre,  il  &ut  remar- 
quer quasi  cette  monnaie  n*avaiteu  d*autre  r6le  que  celui 
de  signe  d'échange,  il  eût  suffi  pour  les  besoins  de  la  circu- 
lation d*avoir  des  ateliers  dans  les  centres  importants,  tels 
que  Metz,  Toul,  Verdun,  Scarponne,  etc.  La  même  con- 
trée et  toute  la  Belgique,  ainsi  que  les  Germanies  ds-rhè- 
nanes,  étaient  bien  alimentées  du  temps  des  Romains, 
jusqu'aux  luttes  des  derniers  temps  par  l'unique  atelier  de 
Trêves. 

• 

4.  —  NOVIENTO  VICO  FI.  Buste  austrasien  à  droite. 
R.  4- DVCCIORELLVS  MON  Croix  cantonnée  de  deux 

points  et  des  sigles  G  L. 

EL.  Cakitiit  di  Goéa. 

Lelewal  donnait  cette  pièce  à  tort  à  Saint-Gloud.  Elle 
est  évidemment  de  la  Belgique  première  et  peut-être  de  la 
dtè  des  Mèdiomatrices.  A.  de  Barthélémy  a  publié  une 
pièce  semblable.  Cartier  (catalogue),  n*  774,  lisait  &  tort 
au  revers  AVGCIORELYO. 

5.  —  DORESTATI  FIT.  Buste  à  droite  diadème. 

R.  MADELINVS  M.  Croix  haussée  sur  un  degré  et 
trois  globes. 

Le  monétaire  Madeiinus  est  commun  à  Dorestadt. 
AV.  Cabhut  dt  Bir&iu 

6w  ^  BARBIACO  VI.  Profil  barbare. 

JL  PROVrrVRO  m  Cn^  à  branches  égales. 

AV.  CMntt  é*  Bn-lm. 

inédit?  Ni  M.  Cartier,  ni  M.  de  Barthélémy  n'en  font 
mention. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


NUMIBMA.X1QCS  DM  L'ALLUCAQHB 


568 


7.  —  RACIO  BASILIC  Croix  hauaa&e  sur  un  dcigrè. 
Rf.  SCI  liARTINI  Buste  A  gsuche, 

AV.  CaHiut  de  Btr&i, 

Une  monnaie  analogue,  mais  dont  la  tête  est  différente 
a  été  publiée  par  M.  Cd.rt\Q.v  {Revue  numismatique,  1838,  pl.  IX, 
fig.  7,  tables  de  la  série).  Que  l'on  traduise  RATIO  par 
droit  ou  par  portion,  il  y  a  dans  ce  mot  des  indices  précieux 
qui  peuvent,  dans  le  système  de  M.  Robert,  servir  à  expli- 
quer l'incroyable  quantité  des  lieux  mentionnés  par  les 
monnaies  mérovingiennes. 

8.  [-SCI  PETRI.  Buste  à  droite. 

RJ.  -f  MEDIOLANO  MON.  Croix  chrismée,  haussée 
sur  un  degré  et  un  globe. 
AV.  Cabiait  dt  Birlin. 

Cette  belle  pièce  a  été  décrite  en  1851  par  M.  PXih 
Robert  {Cmitiéirêlim  sur  k  wimmt  à  fiftfM  rMMÔM,  p.  54  et 
Ûg,  7),  qui  y  voit  un  monastère  placé  sous  le  vocable  de 
Saint-Pierre.  M.  Cartier  {Rnme  tnamm^pu  i8eS6»  tables,  p. 
220)  &it  un  monétaire  de  Meikbai{iui^.  —  La  pièce  est  clas- 
sée à  Château-Maillant  au  Cabinet  de  Berlin. 

9.  —  HDIRICIACO.  Buste  k  gauche. 

Rf,  AEGVLFO  MON  Croix  chrismée,  haussée  sur  un 
degré. 
AV.  Cûkitut  di  BiT&t. 

Aeguljus  ne  figure  pas  dans  le  catalogue  Cartier  et  est 
peut-être  nouveau. 

10.  —  CAROVICVS  F    Buste  à  droite. 

Rf.  4-TEODOLENOM  Croix  à  branches  pattées. 
AV.  Cabinet  de  Berlin. 

Cette  pièce  est  attribuée  à  Cherbourg  par  M.  Cartier 
(cf.  R.  N.,  tome  XXT,  tables),  tandis  que  M.  de  Barthélémy 
la  donne  à  Château-Gheroix(Haute- Vienne).  Cette  dernière 
leçon  est  préférable. 

11.  —  4-VVICCO.  Buste  à  droite. 

Rf.  DVTTA  MONE.  Croix  haussée  sur  deux  degrés. 


DigUizoa  by  CoOglC 


880 


JUflHI 


AV.  CàUmi  de  Gtéa, 

Ce  joli  triens  a  été  dieiit,  sans  dessiti,  dans  la  JSmm 
iHMttMMt^  1844  (tome  IX,  p.  37),  par  M.  Duhamel,  qui  Yêtr 
tribue  à  Quentovic,  qui  se  serait  appelé  aussi  WIC;  M.  de 
Barthélémy  [Liât  dtt  ntm  di  Bnu^  n*  721)  le  donne  &  Wich 
de  Limbourg.  Ces  attributionsne  sont  pas  les  sentes  admis- 
sibleSf  attendu  qu'il  y  a  eu  plusieurs  localités  du  même 
nom*  Jusqu'à  nouvel  ordre,  il  fiiut  prendre  celle  de  M.  A* 
de  Barthélémy.  Cette  pièce  n'ayant  pas  été  gradée  dans 
les  9S0  mmàuirtti  nous  le  donnons  icL 


{%  —  B£BA£VSM  Q),  Buste  à  gauche»  avec  diadème 

perlé. 

RJ.  Légende  barbare.  Croix  longue  haussée  sur  deux 
degrés  que  sépare  un  globe. 
AV.  Cabàut  di  Gotha, 


I3l     Buste  à  droite,  palme  dans  le  champ. 
Bf,  Monogramme.  -|-  ROSOXVS  fi. 
AV.  GflMitf  dt  Ber&L 

Ce  monétaire  Rtwms  a  été  mentionné  par  Cartier  {Rnm 
mmsmatiqui^  l"  série,  t.  XXI,  tables,  p.  170),  mais  comme 
se  trouvant  sur  un  triens  de  Charibert  U  a  été  gravé,  mais 
fort  mal,  dans  te  Rtauil  dtt  9x0  matAkunt. 


14.  —  SIDVNIS  FIT   Buste  à  droite. 

Rf,  4-AECIVS  MO   Croix  haussée  sur  un  degré  et  un 


Digi[i<ioa  by  CjOO^Ic 


m 


demi-cercle,  dans  le  champ  le  chiffre  VU,  indicateur  de  la 
valeur  de  la  monnaie  (le  sou = XXI,  le  triens  VII). 
AV.  Cakhut  it  GùOa, 

Cette  charmante  pièce  est  d'un  style  ancien  et  assurément 
du  V*  siècle,  lorsque  la  majeure  partie  des  monétaires  n*est 
que  du  VIT*.  —  L'exemplaire  publié  {qto  mtnkairift  pl.  XL, 
fig.  A\  a  été  mal  dessiné.  M.  Cartier  donne  {Cataiogui) 
AETI  VS  au  tien  de  AECI VS. 

Cette  pièce  est  de  Sion  (Suisse). 

15.  —  BETOREGAS    Buste  à  droite. 
Rf.  -hANTlDIVS  I  (IpourFrfO-  Croix  haussée  sur 
deux  degrés. 
AV.  Cabitui  de  Gotha, 

Ce  triens  a  été  donné  à  Bourges  jusqu'à  présent.  Le  cata- 
logue Cartier  (R.  N.,  t.  XXI,  Tables,  p.  213)  donne  la  leçon 
ANTIDIVSVS. 

46.  —  SENONIS  G.  Il  -[--f  VITAS  (pour  civitas).  Buste 
à  droite,  la  lôtc  et  le  corps  char^^'  s  d  ornements  perlés. 
Rf.  VRSO  MONITARIO  Croix  bausséc  sur  des  degrés. 
AV.  Cabinet  de  Gotha. 

Cette  pièce  ne  figure  ni  dans  le  Recueil  de  920  monétaires 
ni  dans  le  Catalogue  Cartier.  Peut-être  a-t-elle  été  publiée 
ailleurs. 


17.  .  4.S0D0DAV0^  Tète  diadémée  à  droite. 
J^. +MERFORINVS  Croix  chrismée. 
AV.  Ciéhut  dt  Frafufirt-sur-Mtm, 


XoiT«lto  Séito.  —  8^  Anoé* 


60 


■m»  D'âUâOB 


ta  —  DODiLNO  FIT.  Tète  à  droite. 
Rf.  Symbole.  GYABTVLLVS  UO> 
AV.  Mush  d»  Gêàa. 


RoyalM 

19.  —  Dâgobeet  I"  (628-631). 

DAGOBERTOS  Tète  à  droite. 

Rf.  ROMANOS  MV.  AGAVNINSIS  (Agauae). 

Triens.  AV.  Cabinet  de  Gotha. 

P.  Ch.  Robert.  Monnaies  minmi^uiam  dê  la  €»lhtiitn  Raumk^ 
p.  22,  et  pl.  I,  fiff.  Ô. 

M.  —  Dâoobibt  n  (674^679). 

DAGOBERTVS  REX  Buste  dladèmé  à  droite,  une 
croix  devant  le  visage. 

Rf.  Légende  illisible.  Dans  le  champ,  une  croix  longue 
haussée  sur  un  globe  et  accostée  des  lettres  M.  A.,  initiales 
du  nom  de  lieu  et  des  chiffres  X-XI,  indication  delà  valeur. 

Sou  d'or.  AV.  CMut  dê  (Ma. 

Diverses 

24.  —  VTCTVRTA  AVG3.  Buste  à  droite. 

Rr.  VICTVRIA  AVG;  à  l'exergue,  COM.  Victoire  allant 
à  gauche,  tenant  la  croix  d'une  main  et  le  chrisme  (?)  de 
l'autre.  Dans  le  champ,  K.  Style  barbare.  Imitation  d'un 
triens  impérial. 

Triens.  —  Cabinet  de  Goûta, 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


BULLETIN  BIBLIOGRAPlllûUE 


L  Pierre  Brtilly,  ancien  dominicain  de  Metz,  ministre  de 
l'église  française  de  Strasbourg,  1539-1545.  ~  Etade  bio- 
grapbiqae  par  Rodolphe  Rôuss,  conservatear  de  la  bibliothèque  mani- 
eiptle  de  Stnibonrg. — Slnsboorg,  Tkeotlal  al  Wftrii,  Mitenn,  1879. 
îâ^  de  132  pp. 

Notre  temps  a  porté  les  hommes  d'étude  à  creuser  les  ma- 
tières que  les  préoccupations  morales  et  politiques  ont  remises 
en  honneur.  C'est  dans  le  passé  que  les  militants  ont  voulu 
puiser  les  arguments  favorables  à  leurs  aspirations  ou  à  leurs 
égarements,  et,  une  fois  lancés  dans  cette  voie,  ils  n'ont 
ménagé  à  des  adversaires  imaginaires  ni  les  imputations  bles- 
santes, ni  les  accusations  provocatrices.  Sans  se  compromettre 
dans  le  conflit  et  les  disputes,  qui  en  sont  la  manifestation, 
les  hommes  d'étude  ont  donc  voulu  contrôler  les  armes  dont 
se  servent  les  combattants,  et  de  ce  mouvement  est  né  un 
ordre  de  recherches  auquel  appartient  la  biographie  que  nous 
signalons. 

Pierre  Brully,  ancien  dominicain  de  Metz,  est  une  de  ces 
figures  qui  ont  laissé  des  traces  dans  l'histoire  de  la  Réforme, 
sans  y  avoir  occupé  d'ailleurs  d'autre  rang  que  celui  d'ouvrier 
des  premières  heures  et  de  martyr.  Nos  écrivains  du  XVIII* 
et  du  XIX'  siècles  lui  ont  successivement  consacré  quelques 
lignes,  tirées  du  martyrologe  de  Crcspin,  et  dont  quelques 
adversaires  de  la  réformation  se  sont  emparés  pour  les  sou- 
mettre à  leur  critique  et  à  un  nouvel  examen.  Le  parti  pris 
préside  presque  toujours  à  des  exercices  de  ce  genre,  et  c'est 
en  eiîet  ce  qui  est  arrivé  relativement  à  Pierre  Brully.  Un 
érudit  français,  M.  Paillard,  a  repris  en  sous-œuvre  la  vie  de 
Brully,  et,  se  basant  sur  des  titres  jusqu'alors  inédits,  il  a 


564 


vxmt  d'alsaob 


reslitaé  au  disciple  messin  la  figure  que  lapasBion  ouPenreur 
avait  sensiblement  altérée. 

De  son  côté,  M.  Rodolphe  Reuss  découvrait  des  pièces 
inconnues  à  ses  devanciers  et  il  a  eu  la  bonne  pensée  d'en 
faire  usage  dans  le  but  de  compléter  le  travail  de  M.  Paillard 
voire  même  de  le  rectifier  en  plusieurs  endroits.  Il  s'agissait, 
au  surplus,  de  la  mémoire  d'une  personnalité  qui  a,  dans 
rhistoire  de  la  réform^ition  à  Strasbourg,  une  place  asseï 
grande  pour  justifier  le  travail  que  M.  Rod.  Reuss  lui  a  con- 
sacré. A  vrai  dire,  il  s'agit  moins  d'une  biographie  que  d'une 
consciencieuse  dissertation  pour  rétablir  la  vérité  historique 
sur  le  rôle  de  Pierre  Brully  dans  la  grande  lutte  du  XVI*  siècle, 
M.  Rod.  Reuss  met  en  évidence  les  confusions  amoncelées  sur 
la  téte  de  Brully,  et  le  successeur  de  Calvin,  à  la  tête  de  la 
première  église  française  de  Strasbourg,  apparaît  dans  la 
splendeur  (lu  croyant  mourant  pour  sa  foi  et  endurant  le 
cruel  supplice  rapporté  en  ces  termes  par  Hédion  :  . . .  hie 
eoptUBj  nuper  cotnhKstus  est,  quidam  diaoït  amputata  etiam 
Utigiia,  alii  scissapeUe  capitis  et  detracta  a /ronte  et  rétro.  De 
semblables  horreurs  feraient,  de  nos  jours,  pâlir  les  ei^loits 
du  scalpel  du  Canaque  et  de  la  zagal  du  Zoulou. 

II.  Le  chevaliar  d'Aguesseau  et  l'Oratoire.  —  Documents 
inédits,  par  R.  P.  Ingold,  prêtre  de  l'Oratoire.  —  Paris,  imp,  J.  Le- 
elère,  Â.  Sauton,  éditeur,  41,  me  da  Ba«,  1879.  In-8*  de  43  p. 

L'opuscule  de  M.  Ingold  a  pour  but  de  prouver,  au  moyen 
de  documents  inédits,  que  le  R.  P.  Galipaud,  de  l'Oratoire, 
gagna  à  la  congrégation  l'affection  et  le  dévouement  du  chan- 
celier. Plus  une  personnalité  est  célèbre,  plus  on  fait  d'efforts 
pour  s'en  rapprocher;  c'est  dans  Tordre  naturel  de  l'esprit 
humain.  La  m^orité  du  clergé  moderne  va  à  Ignace  de  Loyola. 
Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  voir  une  fraction  de  ce  clergé 
tendre  à  se  rattacher  plus  particulièrement  à  une  indindua- 
lité  qui,  (le  son  temps,  passa  pour  être  la  persomùiication  du 
gallicanisme. 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


BOLUmi  BOKlOCnAlBIQDB 


M6 


m.  Bulletin  de  la  Société  phllomatiqae  ▼oegienne.  — 

4«  année,  1878-1879.  -  Saint-Dié,  inip.  de  L.  Humbert,  187».  1  Tol. 
in-8*>  de  226  pp.,  avec  une  carte  et  12  pianches. 

La  Société  philomatiqae,  dont  bous  ayons  d^  eu  ToecasioB 
d*6iitretenir  les  lectems  de  la  Bévue,  continue  ses  travaux 
avec  une  régularité  parfaite.  Son  dernier  buUetiii  renferme  : 
1*  Une  étude  géologique  des  terrains  fouillés  par  la  ligne 
ferrée  de  Saint-Dié  à  Lunévllle,  par  M.  Félix  Lebrun;  2*  La 
suite  de  Tatlas  des  fougères  de  TAlsace  et  de  la  Lorraine, 
par  M.  Bené  Ferry;  3*  Un  travail  de  M.  le  chanoine  EUngre 
sur  la  signification  et  l'origine  du  nom  de  OàtHée  donné 
anciennement  à  la  vallée  de  SaintrDié;  4*  Une  note  de 
M.  Bené  Ferry  sur  les  houppes  jaunes  que  certaines  abeilles 
portent  sur  le  front;  5*  Du  môme,  la  liste  des  orchidées  qui 
croissent  à  Saint-Dié;  6»  La  grève  des  bouchers  de  Ramber- 
villers,  en  1729,  par  Âlban  Foumier;  7*  Par  le  même»  la 
relation  d'une  émeute  des  femmes  en  1771;  8*  Une  page  iné- 
dite de  rhistoire  de  la  principauté  de  Salm,  par  M.  Arth. 
Benoit;  9*  Une  légende  vosgienne,  par  M.  de  Golbéry; 
10*  Quelques  rectifications  géographiques,  d'après  d'anciens 
titrée  du  chapitre  de  Saint-Dié,  par  M.  L.  Jouve;  W  Une 
étude  géographique  sur  le  ban  et  les  possessions  de  Senonos 
jusqu'au  XIII*  siècle,  par  le  même,  et  enfin  12*  La  suite  de 
l'histoire  de  l'abbaye  de  Senones  de  DomCalmet,  par  F.  Dinago. 
Cedernier  travail  est  tiré  à  part,  avec  une  pa<^ination  spéciale, 
de  manière  à  en  former  un  volume.  Go  fascicule  contient 
80  pages  et  une  planche  donnant  le  plan  de  Tancienne 
église  de  l'abbaye. 

Le  BuUetin  se  termine  par  les  procès-verbaux  des  séances 
du  comité  et  le  vocabulaire  des  noms  des  lieux  cités  dans  les 
mémoires. 

IV.  Les  tribulations  d'un  maître  d'école  de  la  Robertsau 

pendant  la  Révolution,  par  Ilou.  Ublss.  —  Strasbourg,  imprim.  de 

G.  Fischbach,  1879.  Plaquette  in-16  de  40  pp. 

La  Robertsau  était,  au  siècle  dernier,  un  petit  endroit  situé 
aux  portCii  de  Strasbourg  et  où  un  maître  d'école,  d'origine 


Digitizoa  Ly  Li(.)0^le 


666 


badoise,  était  Tenu  ezorcer  sa  profession.  Outre  les  eotmais- 
saaces  reqdses  pour  enseigner  à  lire  et  à  écrire  Tallemand, 
il  avait  les  rudiments  d*un  art  que  Ton  range  aqjourdliui  an 
nombre  des  matières  iSMultatives  :  U  saTait  Jouer  du  ^okn. 
Pour  subvenir  à  son  oistence  et  à  celle  de  sa  fiunllle,  le  pré- 
enrseur  des  immigrés  fnsait  naturellement  usage  de  tontes 
ses  ressources  intellectuelles*  Après  sa  classe,  il  ne  dédaignait 
pas  de  louer  son  arehet  à'  qui  le  lui  demandait  et  mdme  do 
fidre  sauter  les  petites  tOles  et  les  petits  garçons  avec  km 
mamans  et  leurs  papas.  De  plus,  il  se  laissa  aûer  à  remplacer 
en  quelque  sorte  11  le  curé  de  la  commune,  quand  rexerdce 
du  culte  fiit  momentanément  interrompu.  Or,  le  cumul  de 
tant  d'occupations,  bien  que  corelatiTes,  ne  pouvait  manquer 
de  donner  piîse  à  la  critique  et  à  la  malveillance  dans  un 
village  od  se  trouvaient  d'ailleurs  deux  autres  écoles  ouvertes 
par  des  gens  de  la  localité.  Dénonciations  sur  dénondatiions, 
enquêtes  sur  enquêtes  eurent  lieu  et  forent  suivies  de  la  fer- 
meture de  Técole  du  badois.  Tel  est  le  canevas  des  tribulations 
que  le  maître  d*école  eut  à  subir  et  dont  M.  Rod  Reuss  nous 
retrace  les  péripéties  d'après  des  pièces  rassemblées  par  lea 
H.  Bœrsch,  etdont  la  funille  a  fidt  hommage  à  la  nouvelle 
bibliothèque  de  la  viOe  de  Strasbourg. 

V.  Choix  de  fables  de  La  Fontaine,  traduites  en  allemand  mol- 
honsien,  par  M.  Ernrst  Htimnorr.  —  Halhoose,  imp.  de  V*  Badsr 
elC».  1879.  In-8°  de  66  pp.  Chez  C.  Detloff,  libraire. 

Le  titre  dit  ce  que  contient  l'essai  de  M.  Meininger.  Nous 
igouterons  que  son  choix  s'est  arrêté  sur  les  fables  :  Le  cor- 
beau et  le  renard,  la  grenouille  qui  veut  se  faire  aussi 
grosse  que  le  b<Buf,  les  voleurs  et  l'âne,  le  rat  de  la  ville  et 
le  rat  des  champs,  le  loup  et  Tagneau,  la  mort  et  le  bûcheron, 
le  renard  et  la  cigogne,  l'homme  entre  deux  âges  et  ses  mat- 
tresses,  l'enfant  et  le  maître  d'école,  le  chêne  et  le  roseau,  le 
lion  et  le  rat,  l'ivrogne  et  sa  femme,  le  renard  et  les  raisins, 
le  loup  et  le  chien,  le  lièvre  et  la  tortue,  le  cheval  et  Tftne, 
etc.,  etc.  Il  est  incontestable  que  fort  souvent  la  muse  de 
l'auteur  l'a  heureusement  insphré  et  que  sa  traduction  poé- 


Digitizea  by  Cooglc 


BOLUStlN  BIBLIOOBia>HIQUB 


667 


tiqne  dans  le  lugage  populaire  n^est  pas  laoa  mérite,  liais 
M.  HeiningAr,  ainsi  qoe  qaelqaes-iuis  de  ses  derancien  dans 
ee  genre  de  littératme,  nons  permettront  une  remarque  que 
nous  ne  serons  pas  les  premiers  à  eiprîmer.  U  nous  semble 
que  pas  n*est  besoin,  pour  écrire  notre  dialeete  alsacien,  de 
ftîre  preuve  de  trop  grandes  connaissances  grammaticales  et, 
par  suites  d^sdopter  une  orthographe  qui,  en  Toulantdtre  trop 
«KpresslTe,  a  le  tort,  selon  nous,  de  défigurer  outre  mesure 
notre  langue  populaire.  Nous  arons  un  excellent  modèle  connu 
de  tous  :  c*est  HébeL  Pourquoi  ne  pas  chercher  à  limiter  V 
Bestons  ce  que  nons  sommes  :  le  ài  sundgoirien  sonne  aussi 
bien  à  nos  oreilles  que  la  mouille  bavaroise  et  la  zymologie 
prussienne. 

VI.  Les  origines  du  théâtre  à  Colmar,  par  X.  MossMAniv.  — 
Mulhouse,  imp  de  V  Rador  et  C'«.  1878.  In-8*  de  17  pp.  Chez  l'aiH 
tenr,  8,  rae  des  ▲ugasUas»  à  Colmar.  Prix  :  60  centimes. 

Dans  ces  quelques  pages  relatives  à  l'histoire  de  la  ville  de 
Gohnar,  M.  Moesmann  nous  révèle  des  fûts  intéressants  et 
inconnus  à  ses  devandeis.  Ce  sont  les  premiers  gestes  de  Part 
dramatique  importés  dans  la  ville  par  quelques  canqpagnards 
de  son  voisinage.  Quand  ces  artistes,  venant  tantôt  d'Am- 
merBchwir,  tantôt  d*Eguisheim,  se  décidaient  à  donner  aux 
citadins,  aux  MMgglb^t  la  représentation  de  quelques 
scènes  de  lliistoire  sainte  ou  de  la  passion,  comme  le  font 
encore  de  nos  Jours  les  paysans  de  TAmmergau,  le  magistrat 
leor  aHouait  des  gratifications  ou  des  indemnités,  dont  M. 
Hossmann  retrouve  les  traces  dans  les  conq^  de  la  ville,  et 
qui,  à  bon  droit,  peuvent  être  considérées  comme  Torigine 
des  subventions  que,  de  nos  jours,  la  ville  accorde  on  est 
linrcée  d'accorder  aux  directeurs  du  théâtre  moderne.  Aux 
rensdgnements  que  Fauteur  nons  fournit  sur  l'origine  de  l'art 
théâtral,  il  en  ijoute  d'autres,  qui  sontprédeuxpour  l'histohre 
de  la  ville,  dont  les  archives  sont  confiées  àsa  garde  et  des- 
quelles il  tire,  de  temps  à  autre,  quelques  communications 
intéressantes  pour  les  annales  de  la  province. 


m 


BIfUi  D'AUâOi 


Vn.  Gompta-rendn  dM  traraux  dm  la  Chambra  da  oom- 

meroe  de  Golmar  pour  Vannée  —  Golmir,  imp.  d«  V*I^B. 
Jung,  1879.  lu-Sf*  de  45  pp. 

Comme  les  aimées  précédentes,  M.  le  président  de  eette 
Gbambre  résume,  en  quelques  pages,  les  diverses  questions 
dont  elle  a  eu  à  s'occuper  dans  le  cours  de  Tannée  1878  et  en 
même  temps  qull  fût  connaître  au  public  industriel  et  com- 
mercial les  solutions  obtenues,  il  hidique  les  Toeux  de  la 
Chambre  relativement  aux  solutions  à  obtenir.  En  1878,  la 
Chambre  a  eu  à  s'occuper  des  voies  navigables,  des  questions 
diverses  concernant  Tadministration  des  chemins  de  fer,  les 
douanes,  les  impôts,  la  révision  du  tarif  douanier,  la  légishition 
commerciale  et  industrielle  et  le  personnel  de  l'administration 
intérieure.  A  ces  divers  points  de  vue,  le  compte-rendu  offre 
beaucoup  d'intérêt  pour  l'ancien  arrondissement  de  CoUnar. 

vm.  Lunéivlllo  «t  saa  «nTlroiia.  —  Lospiges  dnroi  Slinislas— 
Les  statuts  dn  ehftteaa  de  Lvnévill»     Qn^fnes  notes  snr  le  paloia 

des  environs  de  Lunéville  —  Le  duc  Chariea-Alezandre  à  Ath.  — 
Lonéville,  imp.  de  G  George,  1879.  ln-8*  de  45  iq^. 

Une  charmante  série  défaits  et  d'anecdotes,  recueillis  par 
M.  A.  Benoit  sur  l'ancienne  résidence  des  ducs  de  Lorraine 
et  du  roi  Stanislas,  ainsi  que  d'intéressantes  notes  sur  le  lan- 
gage populaire  de  la  contrée,  sont  offerts  au  lecteur  dans  le 
modeste  recueil  que  nous  nous  faisons  un  plaisir  de  signaler. 
Le  collectionneur  c  ah  hmffeniU  •  de  ne  pas  avoir^  oublié 
la  Bévue  Alsace  dans  la  distribution  quil  a  faite  de  cette 
•  dâioateese  »  littéraire. 

IX.  NoUoes  sur  l'anoton  BaM/gKO»  par  B.  HUckil.  —  Strasbourg, 
imp.  de  R.  Sefanlti  et  C^',  sneeessenrs  de  BergeHLevraall^  1978.  6r. 
iieS'deSSpp. 

• 

Ces  notices  sont  extraites  du  Bulletin  do  la  Société  pour  la 
conservation  (/o-  inniiKnirnfs  ^/^'^fr///^^'.^•.  L'auteur  de  ces  noti- 
ces s'est  proposé  de  rétablir  au  moyen  de  titres  anciens,  les 
limites  du  gau  ou  du  bailliage  dont  la  commune  moderne  de 


BULLETIN  BIBUOGRAllBiQilJI 


60» 


Hatten  M  le  cheMieo.  Il  pronte  que  SehaepfiiB  s'est  trompé 
dans  les  limites  qull  lui  assigne  et  que  Tandenne  circonscrip- 
tion à  laquelle  le  chef-lieu  a  donné  le  nom  de  Hatigau,  embras- 
sait tout  le  pays  situé  entre  la  Seltz  et  la  Suro,  de  sorte  que 
diverses  communes  de  Tancien  palatinat  ou  de  la  Bavière 
rhénane  étaient  comprises  dans  le  ressort  dudit  Eattgau, 
Cest  donc  une  ancienne  dirision  territoriale  de  la  première 
domination  firanque  sur  la  rive  gauche  du  Rhin  que  M.  Hflckel 
remet  en  lumière,  en  appuyant  d'ailleurs  sa  thèse  sur  des 
textes  qui  nous  font  assister  aux  modifications  successives 
de  ce  gau  et  qui  eipliquent  Terreur  de  Schœpflin.  Ces  notices 
ont  leur  place  dans  lliistoire  de  nos  anciennes  frontières. 

X.  Les  centenaires  de  Voltaire  et  J  -  J.  Rousseau,  30  mai  et 

2 juillet  1878.  —  Api^rni  l)ihlineraiihiqm\  par  Lniiifl  Mohr.  — Sfr.is- 

bourir.  inip  il  -  W.  Schuitz  el  C".  1878.  —  Iq-8*  de  23  pp.  Tiré  à 

pftit  nombre.  N'est  pas  dans  le  commerce. 
Tablettes  de  la  presse  périodique,  par  le  même.  —  Même  imp. 

1879.  In  8  de  35  pp. 
Des  Impreastona  mtaroeoopiqueB.  parle  mène.  —  Mène  imp., 

1879.  In^  de  11  pp. 

Ces  trois  opuscules  no  sont.  ;\  vrai  dire,  que  des  catalojnies 
dressés  par  un  uuiateur  ([ui  a  Taniour  d»'  l'art  tvpO'j:rai)bique 
et  la  noble  passion  du  livre.  Si  minc(!s  qu»*  puissent  paraître 
de  semblables  délassements,  ils  ne  laissent  |)as  que  d'avoir 
leur  utilité  littéraire,  car  les  plaquettes  de  M.  Mohr  seront 
toujours  utiles  au.K  curieux  et  aux  chercheurs  qui  les  consul- 
teront pour  avoir  des  indications  exactes  et  précises  en  biblio- 
graphie. 

XI  Hortiia  déllolanim,  par  rabbawe  Hirbam  db  UmiBPitA.  -> 
Reprodaction  héliographiqae  d'aae  série  de  miniatures  calquées  sur 

l'original  du  XII*  siôele.—  Texte  explicatif  |MV le  chanoine  A.  Stranb. 

Première  livraison,  ^axià  in-folio,  contenant  10  planches  avec  texte. 
Prix  :  12  fr.  .50.  plus  I  Tr.  '2.')  pour  frais  d'emt»altage.  —  Chez  Charles 
Trûbner,  libraire-éditeur  k  Slrasitourg. 

Nous  avons  connu  rinestimable  mannsfait  qui  a  péri  dans 
les  flammes  du  bombardement,  nais  nous  ne  connussons  que 


670 


BEVUE  D  ALSAGS 


par  le  pfOBpectns  la  première  lifraJson  de  Fentreprise,  qui  a 
pour  but  d*eii  fiûre  revivre  environ  les  deux  tiers  par  le  pro- 
cédé héliograpliiqae.  Il  fiint  donc  nous  contenter  de  placer 
sons  lee  yeux  des  lecteurs  de  la  Bmiê  le  texte  même  de  ce 
prospectus,  qui  nous  est  fourni  par  IL  TlrObner  sous  les 
auspices  de  la  Société  pour  ta  eontervatUm  det  mommmtt  ku- 
toriguei  éPAUaee,  Voici  ce  texte  : 

•  Peu  de  manuscrits  anciens  ont  acquis  une  célébrité  mieux 
méritée  que  le  Hortm  déUeianm,  dans  lequel  une  abbesse 
alsacienne,  Herrade  de  Landsperg,  déposa  la  somme  des  con- 
naissances de  son  temps,  et  qu'éUe  dédia  aux  religieuses  de 
Hohenburg  comme  un  témoignage  de  maternelle  sollicitude. 
Vaste  compilation,  dont  le  fond  était  le  rédt  biblique  depuis 
la  création  du  monde  jusqu'au  r^sne  final  du  Christ»  ce  livre 
n*était  pas  seulement  une  mosaïque  admirablement  composée 
de  citations  tirées  des  Saintes  Ecritures,  des  pères  de  PEglise, 
des  historiens  sacrés  et  profÎMies,  des  écrivains  polygraphes, 
des  théologiens  mystiques,  mais  encore  une  des  concqitiona 
les  plus  élevées  du  symbolisme  chrétien,  arrivé  vers  cette 
époque  il  sa  plus  belle  floraison,  et  traduit  dans  le  «  Jardin 
des  délices  •  par  une  nombreuse  série  de  miniatures,  qui  en 
disaient  une  Téritable  galerie  de  tableaux  du  douzième  sièclOi 

t  La  destruction  de  ce  manuscrit  qui  la  eu  lieu  pendant  le 
bombardement  de  Strasbourg,  dans  la  désastreuse  nuit  du  24 
an  25  aotlt  1870^  a  été  déplorée  comme  une  perte  irréparable. 
En  effet,  le  Mortuê  deiicianm  était  sans  contredit  la  perle  la 
plus  précieuse  entre  les  nombreuses  richesses  littéraires  et 
archéologiques  de  la  bibliothèque  de  Strasbourg.  Heureuse- 
ment on  savait  qu*à  des  époques  différentes  un  grand  nombre 
de  calques  avaient  été  exécutés  sur  Toriginal  par  d'anciens 
visiteurs  de  la  Bibliothèque. 

t  La  Soàétépour  la  ameervatwn  des  mommenta  MsMqmi 
<f  Jlbace  apoué  devoir  réunir  ces  firagments  et  chercher  à 
reconstruire,  en  partie  du  moins,  le  manuscrit  perdu. 

•  Ses  recherches  n*ont  pas  été  sans  résultat  En  ajoutant 
la  somme  des  calques  retrouvés  aux  reproductions  déijà  pu- 
bliées dans  Pouvrage  de  M.  Engdhardt  (Jlérrad  «o» 


Digi[i<ioa  by  CjOO^Ic 


miLLXTIM  BIBLIOOBAPHIQUK 


671 


tmi  ikr  Weric  :  HortaB  délioiiaïuii,  mit  2*  Knplartalabi, 
în-lbL  Stattg.  vnd  Tflb.  1818),  nous  arriTOns  an  diiffire  d^envi- 
ron  160;  c'est  celui  des  deux  tien  de  Touvrag».  Tous  ces 
calques  seront  rqnrodnits  dans  le  présent  ouvrage  en  grandeur 
de  Toriginal,  d*i^rès  les  procédés  héliographiques  de  M.  Kras- 
mar.  » 

Frédéric  Kubtz. 


*  Oy  aautdoaleafnv  dtnseeltoteoodalMn.  L'édiUm  de  Stall- 
gttt  oonliflBt  ISplandMt  iSflolio. 


TABLE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  VIII  DE  LA  NOUVELLE  SÉRIE  —  1879 


JANVIER  -  FÉVRIER  -  MARS 


RoD.  Reuss.  —  L^Alsace  pendant  la  Révolution  française  —  Cor- 

respondance  dos  (It'-piitèsdn  Slnslmiir^^  —  Uoi-iimeiiis  tiaSdcs 


PafM 


arcÏÏvës  —  Dt-dicace  —  Avaitl-[)r«HK>s  —  Coiiv»x,ilioii  aux 
Etats  généraux  —  Lettre  du  Roi  au  commandant  de  la  province 

—  ÇonviM-alinn  dos  Ploctoiirs  —  ArnHo  du  Ma^^^istrat  —  Pro- 
cès-verbal d>^  roli'ctiori —  Hrprvsentants  de  la  buuri;eoisie  — 
Cahier  des  vœiix  du  Tii'rsH'lal    5-73 

P.-E.  TuF.FFF.Ri).  —  Céni^do^io  de  quelques  familles  noldes  de 
la  Haute-Alsace  —  lutrodiiclinn  —  Famille  dWuxelles  —  Fa- 
mille de  Hainiilars  —  K^imille  d»  lUivilliiTs  —  Famille  de 
Roppe  —  Famille  d^?  (IhàteiKiis  --  Famille  de  (Ihévreinimt  — 
Familles  de  Croix  el  de  SaiiU-Uizier  —  Famille  de  Couroelles 

—  Famille  de  Délie  —  Comtes  da  Ferretle  —  Nobles  de  Fer- 

rette  —  Une  planche  représentant  cinq  armoiries   74-90 

Ed.  Eîisfki.dkiv.  —  Le  château  de  Riquewihret  ses  habitants  — 
Description  de  la  ville  et  du  cIiAteaii  —  Nuremberg'  en  minlâ^ 
ture  — -  Aperçu  historiqnc  des  princes  et  du  <  lifiirMii  de  Hi- 
qpewihr  —  Rensei^:nements  anecdoiigues  et  hio^'iaphuines .  ♦  9l-i05 

Arth.  Engel.  —  Documents  pour  servir  à  la  numismatique  de 
l'Alsace  —  6  ftia  —  Contrefaçons  italiennes  de  quelques 
monnaies  d'Alsace  —  Dezana  —  Haiiau-Lichtenberg  —  Stras- 
bourg —  Crevacuore  —  Correggio     106-117 

Et.  Rauth.  —  Notes  biopraphiques  sur  les  hommes  de  la  Révo-  

lulion  à  Strasbourg  et  ses  environs  —  F.  Brey  —  F.  Hnmner 

—  Bruat  —  Jean  Rruder  —  Charles  Rrunok  —  Je;tn-Fredéric 
Buhrer  —  J.-L.  B"ry  —  FrtHleric  Hnlenschœn  —  ^"ssi 
Galey  —  Casiniir-M.  Caire  —  Charles  Canlrez  —  Capitaine  — 
Jean'Frédéri<-  Cari  --  IMiilippe  Jacques  Cari  —  L.-N.-M.  Car- 
not  (Comte  de)--  Louis  Carondelet  —  Louis  Carrey  —  Ca- 
simir —  F.-H.-C.  Catoire  —  Cauvin  —  Jean-ltapUstë  Cavai-  * 
gnac  —  C.  Cayon  —  Chabé  —  Aubin  Cha^^nei  —  François 
Chaiidon  —  h  ranyois-Lanrent  Ctiapuis  —  De  Chiisseloiip  Lau- 

hal —  Henri  Cliebrette  —  Pierre  Cbenest —  Charles  (^lienevet 
pt^re  —  Denis  Ctierbouost  —  11.  Cliristiaui  —  Marie-Louis 
Chrislmann  -  Clavel   118-lAO 

FRt  PI  Kic  Ki  RTZ.  —  Bibliographie  —  î.  Rulletin  de  la  Société 
phildniaiique  vosgienne.  V  et  3*  années —  II.  Histoire  île  l  ah- 
bayé  de  Seuones.  par  F.  Dina^o  —  III  l'ii'r'rapt"'lU6 
sur  Charles  Cérard,  par  X  Mossmano  —  IV  .  Uer  hlapperslem, 


.  ^  _  .  y  Google 


TABU  MB  K&TIÉBS8 


Pafu 

nebsl  aehniîchpn  Strafiirten  fûr  mflndlichp  iind  thsptlirhe  Be- 
leidigungen.  etc.,  par  Aug.  Stœber  —  V.  Allerlei  Merkwur- 
diges  fiberver8rhied(>ne  Tage  und  FosledesJahreskreisPs4876, 
mit  bosonderer  lliu  ksicht  aiil  das  Elsass.  par  Aug.  Stœber  — 
VL  Mémoires  de  la  Société  historique,  liuérairei  artistique  et 
acientiflque  du  Cher  141-iU 


AVRIL  -  MAI  -  JUIN 


Auguste  Stcebbr.  —  Les  recteurs  de  l'université  de  Bftled  origine 
alssetenne  —  146<MSti  —  Crèatton  deranlversité  en  1469  — 

George  d'AndIaii,  premier  rerieur  I/iiniversite  se  romivtse 
d'abord  de  quatre  facultés  —  Durà;  du  Rectorat  —  liecteurs 
d^origine  alsicienne  ->  Gforge  d^Andlaa  —  Gaspard  Zo  Rbefn 
Jean  Creiit/.T  Nicolas  Bi'l/liii  —  Pierre  d'Andlau  —  Chri- 
stophe de  Uléubeim  —  Jacques  iJugo,  de  llarmoutier  —  Ber- 
nard Eglin  —  leao-Ulrieh  Sorgani  —  Adam  Brun  —  Hicbel 
Wildeck  —  Jean  SIgrUt,  etc.,  etc.  —  Appendice    145-167 

RoD.  Hei  ss.  —  I/AIsace  pendant  la  Révolution  française  —  Suite 

—  CorresiK)Udauce  des  députés  de  Strasbourg  à  PAssemblée 
nationale  —  Instructions  particulières  pour  les  députés  —  Liel- 
tres  du  Magistnu  au  préteur  M.  Gérard  —  Conseil  des  XXI  — 
De  Turi:kiu*im  à  ses  commellauls  —  De  la  bourgeoisie  aux 
députés  —  Conférences  de  la  bourgeoisie  avec  les  délégués  da 
Magistrat  —  Nouvelles  lettres  des  représentants  de  la  bour- 
geoisie aux  députés  —  iiépoDses  de  ceux-ci  —  Arrêté  des  re- 
prèflentanls  de  la  bourgeoisie  16M11 

Dagobert  Fischer.  —  Le  comté  de  la  Petite-Pierre  sous  la  domi- 
nation palatine  —  Origine  des  comtes  et  prise  de  leur  châ- 
teau par  le  palatin  Frédéric  1"   2i2-2i8 

P.-E.  TuBrpBRD.     Généalogie  de  quelques fiimlllesnoblesde  la 

f!;int('- \ls;ii  i'  —  Fin  —  Fiirnille  de  Grandvilhr';  —  Barons  de 
MuuUuie  —  Famille  de  Gléres  —  de  Thuilliéres-Moutjoie  — 
de  Montjole^Heymersdorr  —  de  Montjoie-Vanflrev  —  de  Mont* 
joie-Ilirsingue  —  Familles  de  .Nforimoiit  —  de  Réchésy  —  de 
Suarce  —  de  Trëtudaus  —  Avec  une  planche  représentant 
sept  armoiries   UMiS 

X.  MossMÀMN.  —  Matériaux  pour  servir  à  Thistoire  de  la  guerre 
de  Trente  ans,  tirés  des  archives  de  Colmar  —  J.-U.  Mogg  à 
Paris  —  Uanicamp,  comniaudant  de  Colmar  —  Mouvement 
des  belligérants  —  Ravages  des  Lorrains  —  Prise  de  Rlqu^ 
wlhr  —  Jonelion  du  raarechal  avee  Bernard  de  S;ixe-\Veimar 

—  Négociations  avec  la  France  —  Traité  de  Ruel— Manicarap, 

Souverneurde  la  Haute  Alsace  —  Rupture  des  nègocIttiODs 
e  Strasbourg  avec  le  roi  de  Hongrie   349-165 

El.  Barth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la  Révo- 
lution à  Strasbourg  et  ses  environs  —  Clément  —  Clerc  — 
Cobendet  —  Collombel  —  Comba  —  Combôs  —  Condère  — 
Conrad  —  Cordouan  —  Cotte  —  Couchery  —  Coulmann  — 
Courtin  —  Courtot  —  Cousin  —  Cousiare  —  €k>u8tilla8  — ^ 


Digiiizea  by  Li(.)o^le 


674 


UTU8  D'aLSAGB 


Coutailloux  -—  Goutarier  —  Créciat  —  Crétin  —  Canîer  — 
Daoftler  —  Dioner   266*i81 

Frédéric  Kuan.  —  Bibliographie  —  I.  Bolletin  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  de  Golmar,  1877-1878  —  II.  Description 
statistique  de  l'Alsace  Lorraine  établie  par  le  bureau  slatl»> 
tique  de  la  présidence  supérieure,  en  allemand  III.  Notices 
historiques  sur  l'ancienne  collégiale  de  Saverne.  le  château 
d'Ocbsensteia  el  le  Hocher  du  saut  du  prince  Charles.  parUag. 
Fischer  —  IV.  Histoire  de  l'ancien  comté  de  Saarwerden  — 
Le  Schnoeborg  et  le  comté  de  Dabo.  jwr  Dag.  Fischer  et  Arth. 
Benoit  —  V.  Mémoires  des  Sociétés  :  historique,  littéraire, 
artistique  et  scientifique  du  Cher  ;  de  PAcadémie  des  sciences 
etarts<l«laLi»èie   ttMtt 


JUILLET  -  AOUT  -  SEPTEMBRE 

Ch.  Grad.  —  Histoire  et  statistique  de  l'industrie  de  la  laine 
en  Alsace  —  Statistiuue  comparée  de  la  pruductioo  de  la  laine 

—  Premier  filage  de  la  laine  —  Première  fabrication  des  draps 
Ordonnances  concernant  cette  fabrication  —  Premières  manu- 
factures privilégiées  à  Strasbourg.  Oarr,  Wasselunne,  Sainie- 
Marie-aux-mines  et  Mulhouse  —  Débouchés  —  Droits  d'im- 
portation sur  les  laines  étrangères  —  Manufactures  de  Bisch- 
willer  et  de  Bûhl  —  Lisseuses  A.  Kœcblin  —  Peigneuses 
Heilmann  —  Origine  et  préparation  des  matières  premières  ~ 
Filatures  et  tissages  mécaniques  —  Importance  des  établisse- 
ments de  Bischwiller     Procédés  de  fabrication  —  Foulage 

—  Décadence  de  Bischwiller  —  Aperçu  statistique  de  ce  qui 
subsiste  encore  de  cette  industrie  en  Alsace  388^18 

£.  OuTZ.  —  Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de  Vuif 
efeone  selgneorle  do  Ban-de-ta-Roehe  ^  N*  1.  Yeste  de 
portions  de  villages  par  Eberhard  d'AndeInach  à  Dietrich  de 
Ralhsamhausen  —  N*  2.  Contestation  entre  les  nobles  de 
Ratbnnilttusen  et  b  coomonaulé  dDbernay  m  sujet  de  le 
propriété  de  forêts  —  Enquête  

G.  CoRBis.  —  Locutions  particulières  à  Belfort  —  Vocabulaire 
et  explication  d'une  centaine  de  locutions  encore  en  usage. . .  3i9-341 

RoD.  Keuss.  —  L'Alsace  pendant  la  Révolution  française  —  Suite 
~  Trois  lettres  des  dépnlés  de  Strasbourg  aux  commissaires 
de  la  bourgeoisie  —  Nomination  de  M  le  Baron  F.  de  Dietrich 
en  qualité  de  commissaire  —  Adresse  des  citoyens  de  Stras- 
bourg aux  Etats  généraux  —  Lettre  des  députés  aux  commis- 
saires —  Réponse  de  l'Assemblée  nationale  à  l'adresse  des 
citoyens  —  Lettre  des  représentants  de  la  bourgeoisie  aux 
députés  —  Réponse  ->  Lettre  du  comte  de  Saint-Priest  aux 
préteurs  et  consul  du  Magistrat  —  Lettre  du  Magistrat  aux 
députés  —  Adresse  du  Magistrat  à  l'assemblée  nationale  — 
Lettres  des  représentants  de  la  bourgeoisie  aux  députés  — 
Lettre  du  Magistrat  aux  mêmes  —  Déclaration  d'un  certain 
nombre  de  bourgeois  —  Comité  des  représentants  —  Déclara- 
tioii  de  M.  de  DietriehanxéclieviM—  DéelantkHDdeBolilcien 


DigUizoa  by  CoOglC 


TAKJI  Mi  IIAlliMB 


595 


et  soldats  du  régiment  d'artillerie  de  Strasbourg  (auquel 
appartenait  Rouget  de  l'isle)  —  Lettre  du  comte  de  la  Tour 
du  Pin  à  M.  de  Dielrich  —  Lettre  des  représentants  de  la 
bour^^eoisie  aux  députés  —  Discours  des  députés  du  Magistrat 
et  des  ecbcvins  à  M.  de  Klinglin  et  aux  chefs  de  corps  — 
Arrtiè  de  l^unmbUe  générale  des  nagiaints  et  des  éeheviu  34S-3M 

Dacodert  Fischer.  —  Le  aimté  de  la  Petite^Plerre  sous  la 
dofflioatioa  palatine  —  Sm(«  —  Le  comté  sous  les  princes 
mUitliis  de  la  branche  électorale  —  Le  palatin  Frédéric  dit  le 
Victorieux,  ses  alliances  et  ses  mesures  pour  l'administration 
du  comté  —  Sa  lutte  contre  le  palatin  Louis-le-Noir  —  Sa 
mort  et  son  sneenseiir  Philippe  ringéno—  Henri  II  de  Deux- 
Ponts,  bailli  du  comté  —  Le  chapitre  de  NenwUler  et  aon 
château  fort  d'Imstall,  ete.,  etc   395-408 

Et.  Barth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la  Révo- 
lution à  Stnsbourg  et  ses  environs  —  Suite  —  oarbas  — 
Daum  —  Debpr^'pns  —  DHatre  —  Delleville  —  Delteil  — 
Demeurey  —  Démougé  —  Dendinger  —  Dentzel  —  Desmaréts 
(Couler)  —  Dessolliers  —  Didier  ^-N.  —  Didier  I.  —  Dlèche 
—  Dietsch  —  Dieudonné  —  Donnât— Dopel,  Toppet  et  aunl 
Coppin  —  Dorn  —  Doron   409-413 

FBfDÉiRic  KuRn.  —  Bibliographie  —  La  forteresse  vitrifiée  de 
Puy-de-Oaudy  et  les  blo<-s  de  granit  vitrifiés  du  ballon  de 
Ilaflmanswiller  —  J.-B,  Thuot  et  M.  Bleicher  aux  Sociétés 
savantes  réunies  à  la  Sorbonne   427-432 


OCTOBRE  -  NOVEMBRE  -  DÉCEMBRE 


G.  Frantz.  —  Deux  lettres  inédites  d'Alexandre  Beauhamais  — 
L  Du  quartier  général  de  VVissembourg,  15  août  1793,  aux 
administrateurs  du  Haut-Rbin  —  U.  Du  même  lieu,  aux 
npiéswtants  du  peuple  à  la  Gonvenlton  nationale   433435 

Maxime  Gagneur.  —  Une  lettre  inédite  de  Félix  Desportes  ft 

Michel  Paira  à  propos  de  l'école  d'accouchement  de  Ck)lmar  — 
Quelques  mots  sur  H.  Paira  —  Lettre  du  Préfet   436439 

P.«E.  Toippsao.  —  Notloei  biographiques  —  François-Joseph 
Lefebvie,  duc  de  fiantilf   iilMIS 

—  Jean  Rapp  444-450 

—  Armand-Joseph  Bruat,  amiral  de  France  451-452 

RoD.  Reuss.  —  L'Alsace  pendant  la  RtHolulion  fançaise  —  Cor- 
respondance des  députés  de  Strasbourg  a  TAssemblée  nationale 


(1789)  —  Suite  —  Le  Baron  de  Turckheim  à  M.  de  Dietrich 
—  Les  députés  au  Magistrat  —  Arrêté  de  la  commune  concer- 
nant des  impositions  —  De  Dietrich  aux  représentants  —  De 
Turckht'im  aux  représentants  —  Les  députés  au  Magistrat  — 
Le  Magistrat  aux  députés  —  M.  Necker  à  M.  de  Dietrich  — 
De  Turckheim  au  Magistrat,  etc.  —  L*arcbevéque  de  Bordeaux 
au  Magistrat  —  Le  Magistrats  M.  Necker—  DédaittkMi  de  la 
ville  à  TAssemblée  naUoDale  453-433 


DigUizoa  by  CoOglC 


576 


BSfUB  D*AL8ACE 


X.  Mo<iSMANN.  —  Mat(^riaiix  pnnr  si^n-ir  à  l'histoire  de  la  frtiefre 
d«'  in  iiU'  ans,  lins  des  ;ii chivcsdc  (ioimar  —  4st'pleinbre  1C35 
au  31  aoùl  1(536  —  IMsdU'  à  Colmar  —  La  ^laruison  menace 
(If  parlir  —  Louis  Xlil  driiiiiintc  à  la  ville  de  continuer  h  four- 
mi- le  oaiii  aux.  soldais  —  Aehals  de  ble  à  Strasbourg  et  à 
Benfeld  —  Mémoire  de  Mnp^,  dé|>ulé  à  Paris,  sur  les  movens 
de  ravitailler  les  places  fortes  et  de  délivrer  l'Alsace  de  la  pré- 
sence de  rennemi  —  De  Polhelin,  agent  de  Culniar  a  l'aris  — 
Le  cardinal  de  La  Valette  aa  secours  de  l'Alsace  —  >'ég(»cia- 
Uons  pour  la  p;jix  —  Inlerveution  de  Colraar  —  Kelour  de 
llogg  —  Péage  indûment  perçu  à  Scblestadt   494^11 

Et.  Barth.  —  Notes  bographiques  sur  les  hommes  de  la  Révo- 
lution à  Strasbourg  et  les  environs  —  Suite —  Dorsch  — Driiol 
Dubois  —  Dudiu  —  Duez  —  Duplaquet  —  Dupont  —  Duport 

—  Durand  —  Durant  —  Duroy  —  Durri^e  —  Duverger  — 

—  Duzel  —  Fbei  hardt  —  Eberlé  —  Edel—  EdelmanD,  aîné 

—  Edelmann,  cadet     512-022 

Ama.  tKOEL.  —  Llude  sur  les  grandes  collections  de  Dumisma- 
tique  de  TAllemagne     Les  études  numismatkines  sont  fort 

en  fa\rnr  en  Allcma;,'iie  —  Lfs  biidgi'ls  nll"ii('s  sont  L;r'iiérale- 
ment  très  larges  et  les  coUeciious  publiques  bien  organisées 

—  Le  phis  son  vent  elles  sont  accompagnées  d\nie  bwllothfr- 
que  spéciale  —  Le  cabinet  royal  de  i  —  Le  cabinet  royal 
de  Dresde  —  Le  cabiuel  granit-ducal  de  (^otlia  —  Le  cabinet 
da  prince  de  Pnrstenberg  Médallller  royal  de  Mimieh—  Le 
cabinet  grand-<lucal  d'Jêna  —  Choix  de  nKJimaies  gauloises, 
romaines  et  mérovingiennes  —  Vingt-deux  pièces  répréseuiées 

par  la  gravure   8S3-58S 

FutD.  KuRTz.  —  Bulletin  bibliographique  —  I.  Pierre  Brully, 

par  U.  Ko<l.  llenss  —  II.  Le  chevalier  d'Agin^sseau  et  l'Ora- 
toire, par  le  R.  P.  lugold  —  UL  Bulletin  de  la  Société  philo- 
matique  vosgienne,  1878-1879  —  IV  Les  tnbolatious  d'un 
maître  d'école  de  la  Robertsnn,  par  M.  Hod.  Renss  —  V.  Choix 
de  fables  de  Lafoiitaine,  tradniteseii  allemand  muibousien  par 
M.  E.  Meinlnger  —  Vl.  Les  origines  du  théâtre  àColniar,  par 
X.  Mossniann  —  VIL  Travaux  de  la  Chambre  de  commerce  de 
Colmar  —  VIIL  Lunevilleet  ses  environs,  par  M.  A.  Benoit  — 
IX.  Notit^e  sur  l'ancien  Hattgau,  par  B.  Hitckel  —  Les  cente- 
naires de  Voltaire  et  li'  Rousseau,  Tablettes  de  la  presse  pé- 
riodique, Impressions  microscxjpiques.  par  L.  Mobr  —  XL 
Hortui  dêUeiarum^  reprodactiOD  liéllQgnplikiiie,  par  Cb. 


Trubner   

TA£L£  des  MATliUtES 


563-571 

mm 


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