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SOCIÉTÉ  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES, 


XIX. 


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La  Société  n'entend  approuver  ni  improuver  les  opinions 
émises  dans  les  travaux  qu'elle  publie  :  elles  appartiennent  à 
leurs  auteurs  qui  en  sont  seuls  garants. 


Les  lettres,  mémoires,  etc.,  etc.,  etc.,  doivent  être  adressés 
(franc  de  port)  à  M.  Louis  Fabre,  Secrétaire  de  la  Société,  rue 
Traversièré-de-l'Ànge ,  4,  et  les  objets. d'histoire  naturelle  à 
M.  Companyo,  Conservateur  du  Cabinet,  rue  Queya,  à  Perpignan. 


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SOCIÉTÉ 
AGRICOLE,  SCIENTIFIQUE  &  LITTÉRAIRE 

•  DES   PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


Composition  du  Bureau  pour  l'année  1872. 

Prémdent  :  M.  VILALLONGUE  (Sylvestre),  négociant. 

Vice-Président:  M.  COMPANYO  (Louis),  docteur  -  médecin , 
chevalier  de  l'Ordre  national  de  la  Légion-d'Honneur  et  de 
François-Joseph  d'Autriche. 

Secrétaire-général  :  M.  FABRE  (  Louis  ) ,  ancien  professeur  au 
Collège  de  Perpignan ,  pfficier  d'Académie. 

Trésorier:  M.  SIAU  (Antoine),  ancien  négociant. 

Archiviste:  M.  FABRE  DE  LLARO  (Léon),  notaire. 


Depuis  le  24  décembre  1866,  la  Société  est,  suivant  ses 
différentes  qualifications,  divisée  en  trois  Sections,  ayant  chacune 
un  Directeur*  et  un  Secrétaire  particuliers. 

Section  de  l'Agriculture. 

Directeur:  M.  LABAU  (Joseph),  sous -directeur  de  la  Ferme- 
École,  professeur  d'agriculture  à  l'École-Normale. 

Secrétaire  :  M.  MORER  (Sauveur),  professeur  au  Collège, 


6 

Section  des  Sciences  &  Arts  mécaniques. 

Directeur;  M.  FERRER  (Léon),  pharmacien  de  première  classe, 
secrétaire  du  Conseil  central  d'hygiène  publique  et  de  Salubrité, 
inspecteur  des  pharmacies. 

Secrétaire:  M.  ROUFF1ANDIS  (  Isidore  ) ,  licencié -es -sciences, 
professeur  à  l'École -Normale. 

Section  des  Lettres  &  Arts  libéraux. 

Directeur;  M.  ESCANYÉ  (Frédéric),  avocat,  membre  du  Conseil 
général. 

Secrétaire;  M.  DEVILLE  (Pierre),  vérificateur  des  poids-el- 
mesiires. 


BIOGRAPHIE 
DE  IL  LOUIS   COJfPANYO, 

DOCTEUR-MÉDECIN  ET  SAVANT  NATURALISTE, 

Né  à  Céret  le  16  décembre  1781,  mort  à  Perpignan 

le  10  septembre  1871. 

Par  M.  Louis  Faire,  Secrétaire  général  de  la  Société. 


Le  2  octobre  1855,  la  mort  enleva  l'illustre  François 
Arago,  notre  compatriote,  qui,  aux  plus  glorieuses 
distinctions  ne  dédaigna  pas  de  joindre  le  modeste  titre 
de  président  honoraire  que  loi  ^offrit  la  Société  Agricole, 
Scientifique  et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales,  fondée 
à  Perpignan  le  21  décembre  1835. 

On  se  rappelle  encore  la  pénible  émotion  causée  par 
celte  perte  k  tous  les  membres  de  la  Société  qu'il  avait 
prise  sous  ses  auspices,  k  la  France  entière,  aux  savants 
de  tontes  les  parties  du  monde. 

Depnis  lors  la  Société  des  Pyrénées-Orientales  s'est  vu 
annuellement  enlever  quelque  membre  k  qui  elle  a  payé 
le  juste  tribut  de  ses  regrets;  mais  aucune  perte  ne  lui 
a  été  plus  sensible,  ne  lui  a  laissé  un  plus  grand  vide 
que  le  décès  tout  récent  de  M.  Louis  Companyo,  docteur 
en  médecine  et  savant  naturaliste. 

Les  éminente8  qualités  de  ce  vénérable  vieillard,  dont 
la  belle  existence  mérita  et  obtint  l'admiration  de  tous 
ceux  qui  eurent  le  bonheur  de  le  connaître,  avaient  attiré 


8 

à  ses  honneurs  funèbres  notre  population  presque  tout 
entière.  Un  brillant  discours  prononcé  sur  sa  tombe  par 
son  collègue,  M.  le  docteur  Paul  Massot,  a  été  reproduit 
par  un  des  journaux  de  la  localité.  Chacune  des  autres 
feuilles  a  publié  son  article  nécrologique,  où  sont  digne- 
ment appréciés  la  vie,  le  savoir  et  les  travaux  de  Mon- 
sieur Companyo.  Mais  les  écrits  des  journaux  sont  trop 
souvent  éphémères;  et  le  souvenir  de  celui  que  nous 
regrettons  mérite  à  tous  égards  d'être  consigné  dans  les 
annales  de  la  Société  qu'il  honora  et  dirigea  si  longtemps 
sous  différents  litres. 

Cette  considération  nous  a  engagé  à  réunir  les  notes 
que  nous  avons  pu  recueillir  sur  ses  services  militaires, 
sur  ceux  qu'il  rendit  à  toutes  les  personnes  qui  plus  tard 
réclamèrent  ses  soins,  sur  ses  recherches,  sur  ses  ouvra- 
ges scientifiques,  et  à  essayer  d'écrire  sa  biographie.  Si 
elle  est  jugée  digne  de  figurer  dans  notre  plus  prochain 
Bulletin,  a  défaut  d'autre  mérite,  elle  aura  celui  de  pré- 
senter, en  abrégé,  tout  ce  qui  recommande  M.  Louis 
Companyo  à  la  vénération  et  k  la  reconnaissance  de  ses 
concitoyens. 

Toutes  les  fois  que  nous  l'avons  vu  chez  lui  et  qu'il 
nous  a  entretenu  de  ses  études  favorites,  il  n'a  jamais 
manqué  de  nous  parler  de  son  père,  qui  exerça  aussi  la 
médecine,  et  qu'il  avait  toujours  pris  pour  modèle. 
Aussi,  commencerons-nous  notre  récit  par  quelques  mots 
sur  celui  que  notre  regrettable  collègue  vénérait  par 
dessus  tout. 

C'était  Louis  Companyo,  docteur  en  médecine,  médecin 

consultant  du  roi,  par  lettres  patentes,  membre  corres- 

*  pondant  do  l'Académie  de  Médeciue  de  Paris,  médecin- 


9 

intendant  des  Eaux  d'Arles  en  Roussillon  (aujourd'hui 
Amélie-Ies-Bains),  auteur  de  plusieurs  travaux  scienti- 
fiques remarquables,  parmi  lesquels  on  peut  citer  un 
Mémoire  très  étendu  sur  les  Eaux  d'Arles,  leurs  pro- 
priétés, leurs  applications  a  la  thérapeutique,  et  la 
Relation  d'une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  qui  désola 
la  contrée.- 

Son  fils,  Jean-Baudile-Louis  Companyo-Lanquine,  fut 
orphelin  de  très  bonne  heure.  Celte  position  malheu- 
reuse, qui  d'ordinaire  est  nuisible  à  l'éducation  et  a 
l'instruction  des  enfants,  qu'elle  prive  des  regards  et  des 
soins  paternels,  ne  fil  qu'exciter  l'émulation  du  jeune 
Companyo.  H  se  fit  désormais  remarquer  par  son  ardeur 
pour  le  travail.  Ses  études  classiques  terminées,  impa- 
tient de  suivre' la  carrière  de  son  père,  il  commença  ses 
études  médicales  k  Montpellier.  A  cette  époque  de 
guerres  continuelles,  il  était  rare  qu'un  jeune  homme 
pût  se  dispenser  d'y  prendre  part.  Appelé  sous  les  dra- 
peaux, Companyo  se  présenta  à  un  concours,  et  en 
mars  1807,  fut  nommé  chirurgien  sous -aide-major  à 
l'armée  d'Espagne,  attaché  en  cette  qualité  à  l'ambu- 
lance du  quartier-général  du  prince  Murât,  commandant 
en  chef  l'armée  qui  envahit  ce  pays.  11  s'y  fil  bienlôL 
remarquer  par  son  zèle  infatigable  et  par  son  intrépidité, 
plus  méritoire  peut-être  chez  un  officier  de  sanlé  que 
celle  des  combattants.  Le  soldat,  en  effel,  qui  brave  la 
mort  est  excité  pendant  la  bataille  par  les  cris  de  ses 
chefs,  le  bruit  du  canon,  l'exemple  de  ses  camarades,  la 
crainte  de  paraître  manquer  de  bravoure,  par  l'espoir  de 
la  victoire  et  des  avantages  qu'elle  procure.  Hien  de  tout 
cela  Q'anjmc  le  chirurgien  :  courbé  sur  le  corps  d'un 


40 

blessé  ou  d'un  mourant,  il  brave  lui  aussi  la  mort,  mais 
sans  chercher  à  la  donner,  sans  même  apercevoir  ce  qui 
se  passe  autour  de  lui,  et,  comme  le  soldat,  il  reçoit 
souvent  le  coup  mortel.  Eh  bien  !  personne,  mieux  que 
le  jeune  Companyo,  ne  montrait  alors  un  sang-froid  et 
un  héroïsme  à  la  hauteur  de  sa  mission.  Aussi,  sans 
même  le  soupçonner,  il  s'attira  l'attention  de  ses  chefs, 
et  au  mois  d'octobre  de  la  même  année,  il  passa  à  l'am- 
bulance légère  de  la  grande  armée  d'Espagne,  et  fut  mis, 
avec  le  grade  de  chirurgien  aide-major,  sous  les  ordres 
du  baron  Larrey,  chirurgien  en  chef  de  l'armée.  Il  con- 
serva depuis  avec  cet  officier  supérieur  les  meilleures 
relations.  Ce  fut  avec  le  même  grade  que  Companyo  fit 
loutes  les  campagnes  d'Espagne  et  de  Portugal,  qu'il 
assista  à  presque  toutes  les  batailles,  et  même  au  siège 
de  Saragosse,  si  célèbre  par  l'acharnement  de  l'attaque 
et  de  la  défense. 

Personne  n'ignore  que  Napoléon  fut  forcé  de  retirer  de 
ce  pays  une  partie  de  ses  troupes  pour  aller  combattre 
dans  le  Nord  un  ennemi  non  moins  redoutable.  L'armée 
d'Espagne,  ainsi  affaiblie,  fut  enfin  contrainte  de  plier 
devant  des  forces  supérieures.  Ce  fut  en  ces  circons- 
tances que  Companyo  se  trouva  attaché  à  l'ambulance 
du  quartier-général  du  comte  Dejean.  La  conformité  de 
goûts  et  d'études  les  lia  bientôt,  et  fit  comprendre  et 
apprécier  au  jeune  chirurgien  la  passion  du  général  pour 
l'entomologie.  Ils  battaient  en  retraite  devant  une  divi- 
sion ennemie  ;  marchant  côte-à-côte,  ils  entendaient  déjà 
siffler  les  galles  espagnoles.  Soudain  un  coup  de  feu  part 
du  creux  d'un  rocher  qui  longeait  la  route.  Au  même 
instant  le  général  glisse  de  son  cheval  et  se  couche  à 


11 

plal  ventre  auprès  d'un  buisson.  L'aide-major  s'élance 
le  croyant,  sinqp  mort,  da  moins  grièvement  blessé. 
Erreur  ;  le  comte  Dejean  se  relève  tout  rayonnant  de 
joie,  et  montre  au  chirurgien,  surpris  d'un  pareil  sang- 
froid  dans  un  moment  aussi  critique,  un  superbe  carabe, 
couleur  de  feu,  en  lui  disant  :  «  Je  le  crois  nouveau.  » 
C'était  le  Carabus  nUilans,  espèce  excessivement  rare, 
mais  qu'on  trouve  dans  plusieurs  localités  de  l'Espagne 
et  de  notre  déparlement. 

Cependant  bos  deux  amis  échappèrent  comme  par 
miracle  à  la  poursuite  des  Espagnols.  Companyo  n'ou- 
blia jamais  celte  aventure,  qu'il  se  plaisait  à  raconter. 
Vingt  ans  plus  tard,  il  s'estima  heureux  de  recueillir 
auprès  de  lui  le  comte  Dejean,  interné  dans  les  Pyrénées- 
Orientales,  après  avoir  échappé  à  la  peine  de  mort, 
prononcée  contre  lui  dans  un  procès  politique.  Les 
deux  naturalistes  étaient  toujours  ensemble,  ils  faisaient 
de  fréquentes  excursions  dans  toutes  les  parties  du  Rous- 
sillon,  ce  qui  changea  le  séjour  forcé  du  général  dans 
notre  département  en  une  charmante  élude  d'ento- 
mologie. 

Companyo  était  rentré  en  France  avec  un  congé  de 
convalescence  pour  une  affection  typhoïde  très  grave, 
contractée  dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  et  il  fut 
attaché  à  l'hôpital  militaire  de  Prades  comme  chef  de 
service,  en  qualité  de  chirurgien  aide-major. 

Sa  santé,  ébranlée  par  de  longues  fatigues  durant  les 
campagnes  d'Espagne  et  de  Portugal,  ne  lui  permettant 
plus  de  continuer  le  service  militaire;  il  fut  forcé  de 
donner  sa  démission.  Mais  toujours  plus  avide  d'aug- 
menter ses  connaissances  et  de  recevoir  un  titre  plus 


12 

relevé,  il  partit  de  nouveau  pour  Montpellier,  se  remit  a 
l'élude  avec  encore  plus  d'ardeur  qu'auparavant,  et  fut 
reçu  docteur  en  médecine  par  la  Faculté  de  cette  ville 
le  17  juin  1812.  Sa  thèse,  intitulée:  Essai  sur  les 
Hémorragies  utérines  qui  surviennent  vers  les  derniers 
jours  de  la  grossesse,  avant  et  après  V accouchement ,  est 
un  travail  remarquable,  qui  donne  déjà  une  haute  idée 
de  l'intelligence,  de  l'instruction  et  des  aptitudes  de 
l'auteur,  et  fait  présager  quelle  sera  sa  carrière. 

*II  s'établit  alors  à  Perpignan,  où  il  exerça  la  profes- 
sion de  médecin  jusqu'à  sa  mort,  c'est-à-dire  pendant 
cinquante -neuf  ans.  11  signala  cette  longue  carrière 
médicale  de  plus  d'un  demi-siècle  par  un  dévouement 
qui  ne  se  démentit  jamais.  Affable,  prévenant,  plein  de 
bonté,  de  douceur  et  de  soins  pour  ses  malades,  riches 
ou  pauvres,  il  allégeait  leurs  souffrances  autant  par  ses 
remèdes  que  par  le  lact  dont  il  faisait  preuve  en  s'en- 
trelenant  avec  eux;  et  quand  sa  haute  expérience  lui 
apprenait  que  ses  prescriptions  devenaient  désormais 
inutiles,  il  savait  saisir  le  moment  favorable  pour  les 
amener  à  prendre  leurs  dernières  dispositions  et  à  remplir 
leurs  suprêmes  devoirs,  sans  leur  ôter  jamais  l'espérance 
d'une* prochaine  guérison:  précautions  que  les  personnes 
qui  entourent  un  moribond  négligent  trop  souvent.  Il 
vécut  d'ailleurs  en  une  continuelle  et  parfaite  intelligence 
avec  ses  confrères. 

Ses  occupations  de  médecin-praticien  ne  l'empêchèrent 
pas  de  se  livrer  successivement  avec  ardeur  et  distinction 
à  l'étude  de  toutes  les  branches  de  l'histoire  naturelle, 
sur  lesquelles  il  a  laissé  de  nombreux  et  remarquables 
travaux  que  nous  énumèrerons  plus  tard. 


13 

De  1822  à  1830,  rien  de  saillant  dans  la  vie  de  Com- 
panyo, sinon  son  zèle  à  remplir  tous  les  devoirs  de  sa 
profession,  à  s'occuper  sans  cesse  de  sa  jeune  famille, 
de  son  intérieur,  et  à  consacrer  ses  loisirs  à  l'élude  de 
sa  science  favorite,  sans  perdre  ni  un  instant  ni  une 
occasion.  C'est  pendant  cette  période  de  huit  années 
qu'il  réunit,  en  quadrupèdes,  oiseaux,  insectes,  papillons, 
coquilles  et  minéraux,  cette  magnifique  collection  que  les 
savants  de  l'Europe  venaient  visiter  chez  lui,  qu'il  donna 
plus  tard  à  la  ville  de  Perpignan,  et  qui,  joinle  à  la 
remarquable  collection  offerte  par  M.  Eugène  Boluix, 
capitaine  de  frégate,  actuellement  en  retraite,  forma  le 
noyau  du  Cabinet  d'Histoire  naturelle  de  cette  ville,  créé 
par  la  municipalité  en  1837,  et  dont  Companyo  fut  nommé 
directeur-conservateur  le  21  novembre  1840,  par  arrêté 
de  M.  le  Maire«>. 

Déjà  le  24  février  1830  il  avait  été  nommé  par  M.  le 
Préfet  membre  de  la  Commission  chargée  de  recueillir 
les  éléments  de  la  statistique  du  département,  et  après 
la  Révolution  qui  éclata  cette  année,  il  fut  élu,  par  les 
suffrages  de  ses  concitoyens,  membre  du  Conseil  muni- 
cipal de  la  ville,  et  successivement  fut,  le  17  novembre 
suivant,  appelé  par  le  nouveau  Préfet  à  faire  partie  du 
Bureau  d'administration  du  Collège;  nommé,  le  7  octo- 
bre 1831,  membre  de  l'Intendance  sanitaire  du  départe- 
ment, instituée  par  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du 
Commerce;  le  12  mai  1832,  membre  du  Conseil  de  salu- 
brité du  chef-lieu  du  département;  en  mars  1848,  médecin 

(1)  Voir  pour  le  détail  des  dons  offerts  par  MM.  Boluix  et  Companyo 
le  IV«  Bulletin  de  la  Société  Philomathique  de  Perpignan.  Compte-rendu 
des  travaux  de  la  Société  pendant  Tannée  1837 ,  page  10. 


des  prisons,  et  le  10  avril  de  la  même  année  directeur- 
conservateur  de  la  Pépinière  départementale.  Dans  cette 
dernière  fonction,  il  se  fit  remarquer  pour  ses  appro- 
priations de  terrain  pour  des  essais  de  culture  de  végé- 
taux et  de  plantes  tropicales,  essais  dont  la  plupart 
avaient  réussi  sous  sa  direction,  et  doté  le  Roussillon  et 
la  France  de  plusieurs  arbustes  et  plantes  d'agrément 
et  d'utilité  qui  embaumaient  l'air,  charmaient  les  yeux  et 
excitaient  l'admiration  de  tous  les  étrangers. 

Ces  deux  postes  Jui  furent  enlevés  par  l'administration 
qui  précéda,  accompagna  et  suivit  le  coup-d'État  du  2 
décembre,  et  cela  malgré  les  droits  acquis  par  une  longue 
carrière  de  travail  incessant,  de  zèle,  de  dévouement  et 
d'abnégation.  11  se  retira  sans  murmure;  mais  avait-il 
quelque  moment  de  loisir,  il  allait,  comme  auparavant, 
parcourir  la  Pépinière,  pour  observer  les  progrès  de  ses 
cbères  plantes,  pour  juger  si  celui  qu'on  lui  avait  donné 
pour  successeur  les  traitait  convenablement,  et  cette  pro- 
menade lui  procurait  encore  quelques  moments  agréables. 
Il  fut  aussi  privé  de  cette  consolation.  Retenu  auprès 
d'un  malade  en  danger,  il  passa  quelques  jours  sans  voir 
la  Pépinière.  Il  y  courut  dès  qu'il  fut  libre:  quel  spec- 
tacle désolant  s'offrit  alors  à  ses  .regards  !  L/eïiclos 
entouré  de  roseaux  qui  longe  d'un  côté  l'allée  des  cyprès, 
cet  enclos  renfermant  les  arbustes  les  plus  rares  et  les 
plus  précieux,  envoyés  à  grands  frais  du  Jardin  des 
Plantes  de  Paris,  cet  enclos  était  entièrement  dévasté. 
En  un  jour,  toutes  ces.  plantes  avaient  été  déracinées, 
enlevées,  transportées  sans  précaution,  sans  discernement 
dans  les  préaux  des  Écoles  chrétiennes,  où  les  Frères 
les  ont  vues,  dit-on,  s'étioler  et  périr.  Companyo,  vive- 


15 

ment  ému,  interroge  le  gardien  de  la  Pépinière.  Il  ap- 
prend qu'à  la  suite  d'an  léger  malentendu,  ce  square  a 
été  sacrifié  par  l'autorité  supérieure.  Le  nuage  se  dissipa 
le  lendemain.  Mais  le  mal  était  fait,  il  n'est  pas  encore 
réparé;  peut-être  ne  lé  sera- 1- il  jamais.  Companyo 
racontait  toujours  avec  une  nouvelle  émotion  ce  qu'il 
appelait  un  grand  malheur,  ce  J'avais  refusé,  ajoutait-il, 
de  souscrire  au  coup-d'État,  j'avais  donc  mérité  d'être 
destitué;  mais  ces  pauvres  plantes,  comment  étaient- 
elles  coupables?  » 

Il  fallait  une  compensation  à  l'infatigable  activité  de 
Companyo  ;  aussi ,  dès  ce  moment ,  il  s'attacha  tous  les 
Jours  davantage  &  la  Société  Agricole , .  Scientifique  et 
Littéraire  des  Pyrénées-Orientales,  dont  il  fut  tour-à-tour 
secrétaire,  archiviste,  vice-président,  président  et  enfin 
président  honoraire,  lorsque  son  grand  âge  ne  lui  permit 
plus  d'en  diriger  les  travaux.  Ce  titre  honorifique  n'avait 
été  accordé  &  aucun  autre  membre  depuis  la  mort  de 

r 

l'illustre  François  Arago.  Ce  fut  seulement  lorsque  Com- 
panyo demanda  avec  instances  d'être  remplacé  au  fau- 
teuil de  la  présidenoe,  que  la  Société,  appréciant  tous 
les  services  qu'il  avait  déjà  rendus  à  la  science,  songea 
à  le  maintenir  à  sa  tête,  en  lui  offrant  la  succession  du 
grand  astronome.  Cet  honneur  vint  émouvoir  le  modeste 
vieillard  dans  son  humble  retraite.  Il  voulut  l'éluder  (la 
Société  possède  dans  ses  archives  la  lettre  qu'il  lui 
écrivit  à  ce  sujet)  ne  se  croyant  pas  digne  de  succéder 
h  François  Arago.  Sur -l'insistance  de  ses  collègues,  il  se 
décida  enfin  à  accepter,  et  leur  adressa,  pour  les  remer- 
cier de  cet  insigne  honneur,  une  de  ces  lettres  où  se 
trouve  dépeint  le  noble  caractère  du  vieillard. 


16 

Companyo  a  été  d'ailleurs  toute  sa  vie  en  relation 
intime  avec  la  plupart  des  illustrations  scientifiques,  en 
correspondance  suivie  avec  le  célèbre  Cuvier,  avec 
Blainville,  Audouin,  Chevrolat,  Montagne,  Roussel,  Mi- 
chaud,  Jourdan,  Terrever  (de  Lyon),  baron  Kindelan, 
comte  de  Génisson,  Schimper,  Àndress,  Dufour  (des 
Laudes),  etc  ,  etc. 

On  est  étonné,  en  parcourant  la  liste  de  ses  diverses 
publications,  autant  de  leur  variété  que  de  leur  nombre. 
Voici  les  titres  de  ses  travaux  les  plus  importants  : 

I.  —  Mémoire  descriptif  et  Ostéologie  d'une  Baleine 
échouée  le  27  novembre  1828,  sur  les  cotes  de  la  Médi- 
terranée, près  Saint-Cyprien,  Baleine -Rorqual,  Balena 
musculus  (Linné),  avec  planches  représentant  les  diverses 
parties  du  squelette  de  l'animal,  qui  fut  monté  par  Com- 
panyo lui-même,  que  nous  avons  admiré  à  Perpignan, 
et  qu'on  peut  encore  voir  dans  les  galeries  du  Musée 
Saint-Pierre  de  Lyon.  Ce  travail  important,  qui  a  jeté  un 
nouveau  jour  sur  l'anatomie  encore  peu  connue  des  Cé- 
tacés, a  été  publié  en  1830. 

II.  —  Rapport  sur  un  Serpent  de  11  pieds  de  longueur 
et'  18  pouces  de  circonférence,  tué  dans  le  département 
des  Pyrénées-Orientales  (1836,  IIe  Bulletin  de  la  Société 
Philomathique  de  Perpignan). 

III.  —  Rapport  sur  un  tableau  contenant  la  collection 
des  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles,  offert  à  la  même 
Société  par  M.  Aleron,  naturaliste  distingué  (IIIe  Bullet., 
1^  partie,  1837). 

IV.  — Compte-rendu  des  travaux  de  la  Société  pendant 
la  même  année. 


V.  —  Catalogue  des  Oiseaux,  soit  sédentaires,  soit  de 
passage,  trouvés  dans  notre  déparlement  (Classification 
de  Temmink)  375  espèce». 

VI. — Nptice  sur  les  insectes  qui  ravagent,  dans  quel- 
ques cantons,  les  vignobles  du  département  des  Pyrénées- 
Orientales,  avec  cartes  indiquant  les  cantons  les  plus 
ravagés  par  la  pyrale  (en  catalan  couque)  et  l'aitioe  (bubol). 
Conseils  aux  vignerons  pour  la  destruction  de  la  pyrale. 
A.  la  suite  de  ce  rapport,  qui  fut  envoyé  à  M.  le  Ministre 
de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  le,  Gouvernement  s'é- 
meut du  mal  qui  sévit  et  menace  de  ruiner  les  pays  de 
fignobles.  Audouin  est  envoyé  dans  le  département  pour 
y  étudier  les  mœurs  de  l'insecte  destructeur.  Companyo 
accompagne  ce  savant  dans,  toutes  ses  .courses,  dan*  ses 
recherches,  et  lui  communique  toutes  les  observations 
qu'il  a  faites  lui-même.  De  retour  k  Paris,  Audouin,  en 
rendant  compte  de  sa  mission,  instruit  le  .Ministre  du 
concours  dévoué,  intelligent  et  efficace  qu'il  a  trouvé 
en  Companyo.   Le  Ministre  l'en  remercie  par  une  lettre 
du  22  septembre  1840,  très  flatteuse,  et  par  le  don  d'un 
grand  ouvrage  qui  venait  d'être  publié  à  ce  sujet.  (Voir 
le  l\e  Bulletin  de  la  Société,  1839.) 

VU. — Catalogue  raisonné  de  diverts  objets  offerts  à  la 
Société  des  Pyrénées-Orientales  pour  le  Cabinet  d'Histoire 
naturelle.  (  Séance  publique  tenue  exiraordinairement 
dans  la  grande  salle  du  Musée,  à  l'occasion  de  l'arrivée 
de  François  Ara  go,  président  honoraire  de  la  Société.  — 
26  septembre  1840.  V«  Bulletin,  1841.) 

VIII.—  Catalogue  descriptif  des  Mammifères  qui  ont  été 
observés  et  qui  vivent  dans  le  département  des  Pyrénées- 
Orientales.  (V«  Bulletin.  Supplément,  1841.) 


y 


18 

IX. — Rapport  sur  l'industrie  sétifère  du  département 
des  Pyrénées-Orientales  en  1842  et  1843.  La  Société 
vote  l'impression  de  ce  compte-rendu.  Le  maréchal  Soult, 
minisire  de  la  guerre,  en  fait  demander  vingt  exemplaires 
pour  les  Magnaneries  de  l'État,  en  Algérie.  (  VI*  Bulletin . 
1"  partie,  1845.) 

X.  —  Compaoyo  prononce,  en  qualité  de  président  de 
la  Société,  le  discours  d'ouverture  de  la  séance  publique 
de  cette  année. 

XL  —  Itinéraire  des  quatre  vallées  du  déparlement  des 
Pyrénées  -  Orientales ,  suivi  du  Catalogue  des  quarante 
premières  familles  de  plantes  observées  dans  cette 
contrée. 

XII. — Observations  sur  la  présence  de  trois  oiseaux 
nouveaux  pour  la  Faune  du  département  : 
Vullur  auricularis  (Daudin); 
Vultur  Colbii (Daudin); 
Porhpyrio  hyacirUhinus  (Temmink). 

XIII.  —  Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Mulette 
trouvée  dans  les  eaux  douces  du  département  (  Unio 
Aleroni,  Companyo),  en  collaboration  avec  M.  Paul 
Massot,  avec  planches. 

XIV.  —  Companyo  prononce  encore,  en  qualité  de 
président  de  la  Société,  le  discours  d'ouverture  de  la 
séance  publique  du  28  septembre  1845,  où  furent  distri- 
buées des  primes  et  des  médailles. 

XV.  —  Notice  sur  l'Histoire  naturelle  de  l'île  Sainte- 
Lucie  (Aude). 

XVI. —  Rapport  sur  l'éducation  des  vers-à-soie  Tri- 
voltini,  et  sur  le  mûrier  multicaule. 


49 

XVII.  —  Rapport  sur  les  plantations  de  mûriers  et 
d'oliviers  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

XVIII.  — Mémoire  au  sujet  de  la  greffe  du  chêne  liège 
sur  le  chêne- vert,  travail  qui  a  Tait  décerner  par  M.  le 
Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  une  médaille 
d'or  de  la  valeur  de  300  francs  à  l'auteur  de  la  décou- 
verte, M.  Torrent,  cultivateur  h  Oms  (arrondissement  dé 
Céret). 

XIX.  —  Mémoire  sur  deux  nouvelles  plantes  de  la 
famille  des  Génistées,  genre  Sarolhamnus,  découvertes 
par  Companyo  même  dans  les  Pyrénées-Orientales  : 
(Sarolhamnvs  Carlierus  et  5.  Jaubertus,  Companyo), 
avec  deux  planches,  (  VII»  Bulletin,  1848.) 

XX.  — Considérations  sur  des  ossements  fossiles  trou- 
vés dans  le  bassin  du  Roussillon  :  Mastodonte  et  Hippo- 
potame, et  sur  deux  têtes  humaines,  l'une  trouvée  dans 
les  cavernes  calcaires  des  Corbières,  l'autre,  tête  éburne 
de  dimensions  colossales,  trouvée  dans  le  cimetière 
d'Oms.  (VI1I«  Bulletin,  1881.) 

XXI.  —  Considérations  sur  le  gulta-percha  et  sur  les 
services  qu'il  peut  rendre  à  l'industrie. 

XXII. — Catalogue  des  insectes  coléoptères  (Carabiques) 
observés  dans  les  Pyrénées-Orientales,  avec  indication 
des  localités. 

XXIII. —  Notice  sur  la  priorité  de  la  découverte  de  la 
Stibularia  aqualica  dans  les  eaux  du  plateau  de  Carlite. 
Jusqu'à  ce  moment  cette  plante  était  classée  dans  la  Flore 
de  Norwége.  Ce  sont  les  docteurs  Reboud  et  Guinand 
qui  l'ont  découverte. 

XXIV.  —  Note  sur  la  présence  de  VEider,  Anas  moUis- 
$ima  (Linné),  dans  le  Roussillon.  (IX«  Bulletin,  1854.) 


20 

.  XXV.—  Spite  do  Catalogue  des  insectes  coléoptères 
observés  dans  le  département  des  Pyrénées-Orieatales, 
avec  indication  des  localités.  Cette  partie  renferme  les 
Hydroçanthares  et  les  Lamellicornes.  (Xe  Bullet.,  1856.  ) 

XXyi.  —  Observations  sur  les  insectes  nuisibles  aux 
oliv^rs.dans  le  département  dis  Pyrénées -Orientales. 
Cette  étude  a  amené  l'auteur  à  la  découverte  de  l'insecte 
parasite  du  Phlœotribus  oleœ  (La treille),  qui  fait  tant  de 
pial  aux  jeq nés  pousses  de  l'olivier.  Cette  notice  est 
accompagnée  d'une  planche  représentant  cet  insecte 
parfait  et  le  parasite  qui  le  détruit,  nommé  Locusta 
arachnQïdea  (Companyo). 

Ces  insectes  y.sopt  représentés  avec  un  grossissement 
de  500  diamètres.  (XI«  Bulletin,  1858.) 

XX VIL  —  Notice,  sur  des  Cétacés  échoués  sur  les  côtes 
de  la  Méditerranée,  entre  Saint~Laurent-de»la~Salanque 
et  Leucate  en  février  1864,  Delphinwglo biceps.  Descrip- 
tion de  l'aninal,  anatomie  et  ostéologie,  avec  i  planches. 
Le  squelette  de  ce  cétacé  a  été  monté  par  Companyo 
pour  le  Musée  de  Perpignan.  (XV^Bullet.,  1867.) 

XX VI IL  —  Discours  d'ouverture  de  la  séance  publique 
du  6  septembre  1868,  où  la  Société  à  distribué  des  pri- 
ses et  des  médailles.  (XV II*  Bulletin,  1868.) 

XXIX. — En  dehors  de  ces  publications  insérées  dans  les 
Bulletins  de  la  Société  des  Pyrénées-Orientales,  Conppanyo 
a  publié  plusieurs  travaux  scientifiques,  dont  la  réunioD 
formerait  plusieurs  volumes.  Les  plus  remarquables,  sont  : 
1°  Un  mémoire  descriptif  d'une  Baleine,  museau  pointu, 
Balœna  rostrata,  échouée  sur  la  pantière  de  Collîoure, 
mesurant  S  mètres  6Q  centimètres.  Le  squelette  en  a  été 
monté  par  Companyo,.  et  chacun  peut  le  voir  dans  une 


21 

des  salles  du  Musée  de  Perpignan.  2°  Un  travail  important 
sur  le  reboisement  des  terrains  en  peAte. 

A  ces  simples  mémoires  ne  devaient  pas  se  bornet  les 
travaux  de  Covpanyo.  Une  vie,  comme  la  sienne,  n'eût 
pas  été  complète  s'il  n'avait  publié  le  résumé  de  ses 
observations  d'un  demi  siècle,  comme  couronnement  de 
ses  études.  Pour  clore  sa  carrière  scientifique,  il  voulut, 
li  Tige  de  quatre-vingts  ans,  entreprendre  la  publication 
de  l'histoire  naturelle  complète  du  département.  Ce  tra- 
vail a  été  mené  à  bonne  On,  et  les  forces  du  vieillard 
n'ont  pas  trahi  son  zèle.  L'Histoire  Naturelle  du  dépar- 
tement des  Pyrénées- Orientales,  travail  remarquable  qui 
met  en  évidence  toutes  les  qualités  et  aptitudes  de  l'au- 
teur, commencé  en  1861,  et  composé  de  trois  forts 
volumes  în-80,  comprenant  tons  les  règnes  de  la  nature, 
a  été  terminé  en  1864.  Cette  publication,  dont  le  Conseil 
général  du  département,  ainsi  que  tous  les  amis  de  l'ins- 
truction, avaient  apprécié  l'importance  et  l'utilité,  a  été 
faite  sous  les  auspices  de  la  Préfecture  et  de  la  Munici- 
palité, aui  frais  de  la  ville  et  du  département. 
■  A  ce  travail,  qui  aurait  épuisé  les  forces  de  tout  autre 
vieillard,  est  venu  succéder- un  travail  faon  moins  impor- 
tent, qui  prouve  de  plus  en  plus  l'ardeur  intelligente  de 
ce  pionnier  de  la  science.  C'est  un  catalogue  raisonné 
de  tous  les  objets  qui  remplissent  les  sept  salles  du 
Musée  de  Perpignan,  avec  trois  cartes  représentant  les 
trois  coors  d'eau  de  notre  département,  et  indiquant  les 
vallées  et  les  terrains  qui  les  constituent.  C'est  un  travail 
très  original,  oh  tout  est  représenté,  et  qui  permet  de 
voir  d'un  simple  coup-d'œil  la  constitution  géologique  et 
iiiioéralogiqne  de  nos  montagnes  et  de  nos  vallées,  ainsi 


22 

que  les  nombreuses  sources  minérales  et  thermales 
qu'elles  renferment.  La  mort  est  venue  surprendre  le 
vieillard  avant  (a  publication  de  celte  dernière  œuvre. 
Espérons  que  les  notes  qu'il  a  laissées  permettront  de 
la  faire  paraître  dans  l'intérêt  du  développement  des 
sciences  naturelles. 

Une  vie  de  travail  et  de  dévouement  comme  celle  que 
nous  venons  d'esquisser,  devait  avoir  sa  récompense. 
Elle  a  été,  à  la  vérité  bien  tardive,  parce  que  Companyo, 
qui,  jusqu'à  ses  derniers  jours,  conserva  sa  taille  aussi 
droite  et  aussi  élevée  que  son  âme,  dont  les  convictions 
furent  toujours  inébranlables,  ne  s'inclina  jamais  que 
devant  Dieu....  Jamais,  ni  au  milieu  des  camps,  ni  pen- 
dant sa  vie  privée,  il  ne  consentit  à  s'humilier,  à  faire 
acte  de  la  moindre  bassesse  pour  s'attirer  la  faveur  des 
puissants  de  la  terre.  Aussi  a-t-il  toujours  vécu  dans  sa 
sphère  modeste,  mais  heureux  d'avoir  su  toujours  con- 
server sa  dignité. 

Un  exemplaire  de  son  grand  ouvrage  ayant  été  adressé 
au  Ministre  de  l'Instruction  publique,  fut  sans  doute 
apprécié  comme  il  méritait  de  l'être,  car  par  arrêté  du 
4  octobre  1864,  M.  le  Ministre  décerna  à  Companyo  le 
titre  d 'Officier  de  l'Instruction  publique.  Deux  ans  après, 
le  Conseil  municipal  de  Perpignan,  sous  la  présidence  de 
M.  Tournai,  Adjoint  au  Maire,  décida  à  l'unanimité  (19 
novembre  1866)  d'appeler  l'attention  de  M.  le  Préfet  sur 
l'auteur  de  l'histoire  naturelle  du  département.  Le  but  de 
cette  assemblée  était  d'attirer  sur  lui  une  nouvelle  distinc- 
tion honorifique.  Ce  ne  fut  toutefois  que  te  14  août  1867 
qu'un  décret  ministériel  vint  conférer  le  grade  de  Cheva- 
lier de  la  Légion-d'Honneur  au  docte  vieillard. 


23 

M.  le  préfet  Lapaine  se  proposait  de  remettre  lai-même 
les  insignes  de  cette  dernière  distinction  k  notre  président 
honoraire  en  présence  de  tous  les  membres  de  la  Société, 
lorsque  le  département  se  vit  enlever  par  une  mort  sou- 
daine son  premier  magistrat,  si  digne  d'être  regretté. 

M.  le  baron  Tharreau,  qui  lui  succéda,  nommé,  sur  sa 
demande,  membre  résidant  de  la  Société,  et  instruit  des 
intentions  de  M.  Lapaioe,  s'empressa  de  les  réaliser,  et 
proposa  à  M.  le  Président  une  réunion  générale.  Elle  fat 
générale  en  effet,  car  presque  tous  les  membres  se  ren- 
dirent à  l'invitation.  Jamais  depuis  la  fondation  de  la 
Société  aucune  séance  n'avait  été  plus  brillante.  Pour- 
quoi fallut-il  qu'uoe  subite  indisposition  empêchai  d'y 
assister  celui  qui  en  était  l'objet!  If.  le  Préfet  n'en  pro- 
clama pas  moins  M.  Companyo  chevalier  de  la  Légion- 
d'Hooneur.  Il  promit  même  d'aller  lui  remettre  sa  déco- 
ration, dès  qu'une  amélioration  se  serait  produite  dans 
son  état.  Les  marques  de  satisfaction  que  donna  l'assem- 
blée entière,  convainquirent  M.  le  baron  Tbarreau  de  la 
haute  estime  dont  jouissait  auprès  de  ses  concitoyens  le 
Président  honoraire  de  la  Société  Agricole,  Scientifique 
et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales. 

M.  Léon  Ferrer,  directeur  de  la  Section  des  Sciences, 
prenant  la  parole  après  M.  le  Préfet,  donna  une  analyse 
rapide  des  nombreux  travaux  publiés  par  M.  Companyo, 
et  rappela  tous  les  services  qu'il  avait  déjà  rendus  a  la 
science. 

Cependant  la  réputation  du  mérite  et  des  œuvres  de 
Companyo  avait  franchi  les  frontières  de  la  France.  Un 
grand  nombre  de  savants  étrangers  qui,  passant  k  Perpi- 
gnan, avaient  admiré  notre  Musée  et  s'étaient  entretenus 


u 

avec  celui  qui  l'avait  créé»  de  retour  dans  leur  patrie, 
sollicitèrent  spontanément  pour  lui  les  faveurs  des  princes 
étrangère.  «Sur  les  témoignages  de  ces  hommes  d'élite, 
l'empereur  d'Autriche  François-Joseph  voulut  à  son  tour 
honorer  et i récompenser  le  mérite  de  notre  savant  compa- 
triote, et,  par  un  décret  du  20  mai  18T0,  il  le  nomma 
Chevalier  ûe  l'Ordre  impérial  de  François-Joseph,  dont  il 
lui  adressa  lé  diplôme.  A  la  même  époque,  la  Société 
-impériale  Zoologique  et  Botanique  de  Vienne  lui  envoya 
le  diplôme  de  membre  de  cette  Société  savante.  Ces  deux 
dernières  distinctions  auraient  sans  doute  été  suivies  de 
bien  d'autres  sans  les  désastres  de  la  dernière  guerre. 
Du  reste  Companyo  Taisait  déjà  partie  de  presque  toutes 
les  Sociétés  d'histoire  naturelle  de  France,  et  principa- 
lement de  celles  du  Midi.  *  * 

La  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des 
Pyrénées-Orientales,  qui  lui  avait  décerné  une  médaille 
d'or  après  le  concours  régional  de  1862,  attendait  l'occa- 
sion de  lui  donner  une  nouvelle  preuve  de  son  estime. 
Ne  pouvant  attacher  une  décoration  de  plus  sur  la  poi- 
trine du  vieillard,  elle  a  voulu  lui  témoigner  toute  sa 
sympathie  en  lui  offrant,  à  titre  de  souvenir  et  de  recon- 
naissance, une  chamelte  d'or,  réunissant,  suspendues, 
en  petit  module,  la  palme  d'officier  de  l'Instruction  pu- 
blique et  la  croix  de  la  Légion»d'Honneur,  qui,  si  tardi- 
vement  (  nous  avons  déjà  dit  pourquoi  ),  était  venue 
récompenser  le  profond  mérite  du  savant  naturaliste 
roussillonnais. 

Les  derniers  jours  de  sa  vie  ont  été  un  adieu  suprême 
k  la  nature  et  à  la  science.  Se  sentant  affaiblir,  il  voulut 
essayer  de  quelques  promenades  en  voiture,  et  accom- 


85 

pagné  de  sa  fille  dévouée,  il  visitait  tour-k-tour  son  petit 
jardin  (où  il  soignait  encore  avee  sollicitude  quelques 
plantes  précieuses),  et  les  sites  des  environs  de  notre  ville 
qai  lui  avaient  fourni,  chacun,  d'abondantes  moissons 
d'insectes ,  de  papillons,  de  plantes  et  de  mollusques. 
Au  retour  de  ces  promenades,  il  continuait  à  mettre  en 
ordre  des  collections  destinées  à  ses  nombreux  corres- 
pondants étrangers.  On  aurak  dit  qu'il  vou'ait  utiliser 
jusqu'à  la  dernière  minute  de  son  existence,  mais  sa 
faiblesse  augmentait  :  il  ne  se  le  dissimulait  pas. 

Le  printemps  de  1871  n'avait  pas  eu  la  puissance  de 
l'aider,  comme  les  années  précédentes,  k  triompher  des 
suites  d'une  bronchite  aiguë,  qui  venait  l'atteindre  chaque 
hiver  depuis  quelque  temps.  C'est  que  Tannée  1870  avait, 
hélas!  apporté  à  son  âme  une  de  ces  douleurs  qui  n'ont 
pas  de  remède...  Il  avait  perdu  sa  petite-fille,  délicieuse 
enfant  de  viogt-et-un  ans,  qui  était  le  charme  de  sa  vie, 
le  dernier  rayon  de  soleil  qui  la  colorait  encore.  A  ce 
malheur  si  grand  vint  s'ajouter  la  pensée  des  événements 
désastreux  qui  semaient  l'épouvante  et  le  deuil  sur  le  sol 
de  notre  pauvre  France.  Il  avait  reçu  le  contre-coup  de 
nos  revers  et  de  nos  humiliations!...  Vers  la  fin  du  mois 
d'août,  ses  forces  le  trahirent  tout-à-fait  :  il  devint  triste, 
mais  son  intelligence  ne  l'abandonna  pas  un  seul  instant. 
Il  s'éteignit  le  10  septembre  {871,  dans  les  bras  de  ses 
enfants  désolés,  calme,  sans  agonie,  sans  murmure  et 
sans  crainte  de  la  mort..  .  C'est  que  sa  longue  carrière 
avait  été  une  suite  non  interrompue  des  actions  les  plus 
dignes  et  des  plus  nobles  sentiments....  C'est  qu'il  avait 
suivi  l'exemple  de  ses  pères,  et  que,  sans  ostentation,  il 
était  resté  fidèle  aux  vrais  principes  religieux  qu'il  avait 


26 

reçus  d'eux»*..  C'est  enfla  que  ses  convictions  s'étaient 
de  plus  en  plus  fortifiées  par  la  méditation  du  grand 
livre  de  la  nature?  La  contemplation  de  l'immensité  de 
l'univers,  la  vue  de  ces  myriades  de  globes,  qui,  soumis 
à  des  lois  immuables,  gravitent  dans  l'espace  sans  bornes, 
lui  avaient  d'abord  donné  une  idée  sublime  de  la  puis- 
sance du-  Créateur.  Plus  tard,  les  trois  règnes  de  la 
nature,  qu'il  avait  étudiés,  depuis  les. hautes  montagnes, 
qui  renferment  des  trésors  dans  leur  sein ,  jusqu'au  plus 
petit  grain  de  sable;  depuis  ce  colosse  monstrueux, 
habitant  des  mers  glaciales,  qu'il  a  analysé  et  reconstruit 
par  un  long  et  pénible  travail,  jusqu'aux  insectes  imper- 
ceptibles, qui  marchent  sur  la  terre  ou  voltigent  dans 
les  airs  ;  depuis  les  géants  des  forêts,  jusqu'au  moindre 
brin  d'herbe,  tout  lui  -avait  appris  la  sagesse  et  la  provi- 
dence de  l'Éternel,  et  lui  faisait  répéter  sans  cesse: 
Deus  est  magnus  in  magnis  et  maximus  in  minimis. 
Aussi  avait-il  une  foi  sans  bornes  en  la  bonté  divine,  et 
quand  sa  dernière  heure  fut  venue,  il  était  dès  lougtemps 
préparé  pour  l'éternité.  Comme  le  laboureur,  qui  a  bien 
rempli  sa  journée,  se  livre  sans  inquiétude  aux  douceurs 
du  sommeil ,  Companyo  s'endormit  paisiblement  pour  se 
réveiller  devant  le  Souverain  Juge  de  tous  les  hommes, 
du  riche  comme  de  l'indigent,  de  l'humble  comme  du 
superbe,  des  sujets  comme  des  rois.  Les  marques  sympa- 
thiques de  la  population  tout  entière,  qui  l'a  accompagné 
jusqu'à  sa  dernière  demeure  terrestre,  ont  témoigné  de  la 
haute  estime  et  de  l'affection  qu'il  avait  inspirées  à  tous 
ceux  qui  vécurent  auprès  de  lui. 


27 

Les  bustes  et  les  portraits  des  hommes  éminents  qui 
font  la  gloire  do  Roussillon,  sont  un  des  ornements  du 
Musée  de  Perpignan,  Coropanyo  nVsl-il  pas  digne  d'ob- 
tenir une  place  parmi  ces  mortels  privilégiés,  à  l'entrée  de 
ces  magoifiques  galeries,  qui  pendant  plus  de  cinquante 
ans  ont  été  l'objet  de  son  travail  incessant,  de  ses  cons- 
umes préoccupations? 

La  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des  Pyré- 
nées-Orientales possède,  dans  la  salle  de  ses  séances,  une 
photographie  (grande  dimension)  de  son  Président  hono- 
raire. Son  buste  Tut  essayé,  il  y  a  quelques  années,  par 
notre  compatriote  Farail,  devenu  depuis  un  sculpteur 
distingué.  Ne  serait-il  pas  h  désirer  que  le  département 
et  la  ville  fissent  reproduire  sur  le  marbre,  par  cet  artiste, 
les  traits  de  Companyo  pour  lui  donner  la  place  qu'il  a 
si  bien  méritée?  Les  habitants  du  Roussillon  et  les  nom- 
breux étrangers  qui  visitent  journellement  notre  Musée 
d'Histoire  naturelle,  y  contempleraient  avec  intérêt  la 
tête  vénérée  du  noble  vieillard  que  nous  regrettons,  et 
son  (ils,  qui  depuis  déjà  longtemps,  marche  sur  ses  tra- 
ces, y  trouverait  un  encouragement  pour  continuer  son 
œuvre,  pour  nous  consoler  et  nous  dédommager  de  la 
perte  que  nous  avons  faite. 


2ft 


Après  avoir  rappelé,  au  commencement  de  cette 
Biographie,  le  discours  prononcé  sur  la  tombe  de 
M.  Companyo  par  un  de  ses  collègues,  M.  Paul  Massot, 
docteur-médecin,  nous  avons  jugé  à  propos  de  le  rap- 
porter ici.  Ce  sera  une  nouvelle  preuve  de  l'estime  dont 
jouissait  dans  les  Pyrénées  Orientales  le  Président  hono- 
raire de  la  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  de 
Perpignan. 


Messieurs, 

Vous  venez  d'accompagner  à  sa  dernière  demeure  le 
docteur  Companyo. 

Lorsque  la  mort  l'a  enlevé  a  sa  famille  et  à  ses  amis, 
il  allait  atteindre  sa  quatre-vingt-dixième  année,  et  cette 
longue  carrière,  .il  l'avait  noblement  et  sérieusement 
remplie,  comme  médecin,  comme  homme  de  science  et 
comme  citoyen. 

C'est  k  ce  triple  point  de  vue  que  nous  lui  devons  et 
le  respect  et  toutes  nos  sympathies. 

Aussi  en  esquissant  rapidement  sa  vie  et  ses  travaux, 
je  ferai  tous  mes  efforts  pour  être  l'interprète  fidèle  des 
sentiments  de  tous  ses  confrères  et  de  ses  compagnons 
d'étude  de  la  Société  scientifique  des  Pyrénées-Orientales, 
dont  il  a  été  longtemps  un  des  membres  les  plus  distin- 
gués, et  qui  le  jugea  digne  du  titre  de  président  hono- 
raire, titre  qui  n'avait  encore  été  donné  qu'à  un  de  nos 
compatriotes,   illustre   parmi   les    illustres,    François 

Arago. 


39 

Né  à  Céret  le  16  décembre  1781,  orphelin  très  jeune 
encore,  Companyo  fit  ses  premières  études  médicales  à 
Montpellier. 

A  peine  âgé  de  vingt  ans,  sous-aide  b  l'armée  d'Es- 
pagne, aide-major  plus  tard  dans  les  ambulances  du 
quartier-général ,  il  assista  k  toutes  les  grandes  batailles 
qui  se  livrèrent  dans  ce  malheureux  pays. 

Il  s'y  fit  remarquer  par  son  courage  et  son  dévouement 
sur  les  champs  de  bataille,  et  surtout  pendant  le  siège 
de  Sarragosse,  siège  à  jamais  célèbre  par  la  détense  de 
ses  habitants,  et  qui  est  devenu  no  exemple  à  suivre 
dans  tous  les  pays  envahis  par  l'étranger. 

Après  la  campagne,  du  Portugal  il  rentra  en  France 
avec  les  débris  de  l'armée  impériale. 

Terminant  bientôt  avec  honneur  ses  études,  îl  vint 
exercer  la  médecine  dans  le  Roussi  lion. 

Tout  le  monde  a  pu  apprécier  son  dévouement,  son 
zèle,  son  habileté  à  secourir  toutes  lès  infortunes,  et 
même  dans  un  âge  très  avancé,  jamais  on  ne  l'a  vu  hésiter 
un  instant  à  prodiguer  ses  soins  aux  malheureux. 

Pendant  près  d'un  demi  siècle  je  l'ai  vu  à  l'œuvre,  et 
je  pnis  le  dire  sans  crainte  d'être  démenti  :  pas  un  de  ses 
clients,  pas  un  de  ses  confrères,  ne  lui  a  refusé  le  tribut 
de  son  affection  et  de  son  estime. 

C'est  qu'il  avait  toujours  mis  en  pratique  la  fraternité, 
la  confraternité. 

Nous  pouvons  dire  de  lui  : 

Transiit  benefaciendo. 

L'exercice  de  la  médecine  ne  l'absorbait  pas  assez 
pour  l'empêcher  de  se  livrer  &  ses  études  de  prédilec- 
tion. 


30 

Ses  voyages  avaient  développé  en  lui  la  passion  de 
l'histoire  naturelle. 

Il  savait  dérober  à  ses  occupations  professionnelles 
quelques  instants,  et  il  les  donnait  à  l'élude  d'une  science 
si  attrayante. 

Des  travaux  remarquables  par  le  travail  d'observation 
et  par  la  nouveauté  des  aperçus,  attirèrent  sur  le  dépar- 
tement et  sur  Cotnpanyo  l'attention  de  plusieurs  sociétés 
savantes,  qui  lui  décernèrent  des  médailles. 

La  Société  scientifique  des  Pyrénées-Orientales  récom- 
pensa de  la  même  manière  son  modeste  collaborateur. 

Nommé  conservateur  du  Jardin  des  Plantes,  aujour- 
d'hui malheureusement  supprimé,  et  de  la  Pépinière 
départementale,  il  contribua  pendant  le  peu  de  temps 
qu'il  en  eut  la  direction,  \  la  prospérité  de  ces  deux 
établissements. 

La  Municipalité,  en  le  désignant  pour  être  conservateur 
du  Muséum,  ne  pouvait  lui  confier  un  emploi  plus  en 
rapport  avec  ses  goûts  et  ses  aptitudes. 

Le  Muséum  de  Perpignan  avait  pu  avoir  autrefois  une 
certaine  valeur  scientifique  à  cause  de  ses  herbiers  et  de 
ses  collections  minéralogiques  et  géologiques  ;  mais  il 
avait  été  détruit,  dispersé,  il  n'existait  en  réalité  qu'à 
l'état  rudimentaire. 

Companyo  eut  l'heureuse  et  féconde  pensée  de  faire 
un  appel  chaleureux  aux  enfants  du  Roussillon  :  à  son 
fils,  aux  officiers  de  marine,  dont  quelques-uns  m'écou- 
tent  en  ce  moment,  il  leur  disait  :  a  Apportez-moi  des 
«  pays  lointains  que  vous  allez  parcourir  tous  les  objets 
«  que  vous  croirez  précieux;  ils  seront  tous  précieux 
«  pour  le  Muséum.  » 


31 

El  de  jour  en  jour  leurs  dons  patriotiques  vinrent 
accumuler  autour  de  l'heureux  vieillard  les  richesses 
scientifiques  des  deux  mondes  :  c'est  ainsi  que  par  ses 
dons  personnels,  par  ses  soins,  son  intelligence  et  son 
initiative  infatigable  il  est  devenu  le  véritable  créateur 
d'un  Muséum  que  ne  dédaignerait  pas  une  ville  d'une 
plus  grande  importance. 

Tous  ces  travaux  journaliers  ne  l'empêchaient  point  de 
mettre  en  ordre  les  résultats  des  études  de  toute  sa  vie. 

Il  entreprit,  et  il  eut  le  bonheur  de  pouvoir  terminer 
la  publication  d'un  grand  ouvrage  sur  l'histoire  naturelle 
du  département  des  Pyrénées-Orientales,  comprenant  la 
description,  la  géologie,  la  paléontologie  des  vallées  qui 
le  parcourent,  ainsi  que  la  numération  raisonnée  du  règne 
animal  et  du  règne  végétal. 

La  nomination  d'Officier  de  l'Instruction  publique  et 
d'administrateur  du  Collège  de  Perpignan,  vinrent  lui 
prouver  à  la  fois  et  l'estime  de  ses  concitoyens  et  l'im- 
portance que  le  Ministre  attachait  à  ses  travaux. 

La  décoration  de  François-Joseph  d'Autriche  lui 
prouva  aussi  que  son  nom  élail  coonu  au-delà  des  fron- 
tières de  la  France,  et  si  la  croix  de  la  Légion-d'Honneur 
est  venue  bien  tard  orner  sa  poitrine,  c'est  parce  que 
ses  sentiments  politiques  étaient  trop  connus  pour 
qu'on  n'hésitât  pas  à  reconnaître  son  mérite  scientifique 
par  une  récompense  dont  on  n'était  que  trop  prodigue 
envers  le  seul  dévouement.  La  nature  et  la  multiplicité 
de  ses  travaux  l'avaient  cependant  tenu  presque  toujours 
éloigné  de  nos  luttes  politiques;  mais  tous  ses  amis 
connaissaient  la  droiture  et  la  fermeté  de  ses  convic- 
tions démocratiques. 


/ 


3ft 

Tranquille  et  souriant,  ce  noble  vieillard  s'e«4  endormi 
pour  toujours  dans  les  bras  de  ses  enfants  désolés,  e» 
leur  donnant  les  marques  les  (dus  affectueuses  de  son 
amour. 

Que  sa  famille  et  ses  amis  le  sachent  bien,  leur  tris- 
tesse et  leur  deuil  sont  bien  compris  et  bien  partagés. 

S'il  leur  laisse  l'exemple  d'une  vie  irréprochable,  la  cité 
a  pqrdu  aujourd'hui  un  homme  de  bien  et  la  patrie  un 
bon  citoyen.  i 


88 

ÉNUMÉRAVMN 

MOLLUSQUES  TERBESTRES  &  Hl  VIAT1LES  VIVANTS 

DU  DÉPARTEIIENT  DBS  PYRÉNÊE84)R1ENTALES 

Par  le  Docteur  Paul  Massot,  membre  résidant. 


Le  département  des  Pyrénées-Orientale*  est  borné  mi 
sud  par  les  montagnes,  qui  depuis  te  cap  Cerbère  jus- 
ques  au  Penh  «s  portent  le  nom  d'À  Ibères;  à  partir  du 
Pertbus,  ia  chaîne  pyrénéenne  s'étèvte  vers  le  Canigoti, 
s'allonge  dosud  h  l'ouest,  et  va  se  joindre  aux  Corbtètes, 
montagnes  secondaires,  qui  s'étendent  vers  le  nord  et 
l'est,  de  Mosset  à  Souruia,  de  Caudiès  à  Tantavel,  de 
Vingrau  à  Salses,  et  enfin  &  l'est,  de  Salses  au  cap  Cer- 
bère, la  mer  Méditerranée  complète  le  vaste  cercle  dans 
leqoel  le  Ronssillon  est  enfermé.  Remarquons  ici,  que 
les  dunes  qui  le  séparent  de  la  mer  sont  côtoyées  par 
des  étangs  plus  on  moins  considérables  et  par  de  nom- 
breux marécages. 

Trots  rivières,  le  Tech,  la  Tet  et  l'Àgly,  parcourent 
le  département  de  l'ouest  à  l'est.  Ces  rivières,  ordinai- 
rement alimentées  par  des  ruisseaux  d'arrosage  et  pair 
les  eaux  vives  d'une  infinité  de  ravins,  donnent  leur 
nom  aux  trois  grandes  vallées  qui  le  divisent. 

Cette  position  géographique  exceptionnelle  permet 
d'affirmer,  d'une  manière  relative  et  peut-être  même 
d'une  manière  absolue  que,  malgré  le  peu  d'étendue  de 

3 


34 

sa  surface,  le  département  des  Pyrénées-Orientales  offre 
en  histoire  naturelle  des  richesses  plus  nombreuses  et  plus 
variées  que  ne  peuvent  en  offrir  les  autres  départements 
de  la  Fraqce. 

En  le  considérant  sous  le  rapport  malacologique  seu- 
lement, je  dirai  que  ,si  la  recherche  des  mollusques  ter- 
restres et  fluviaiiles  vivant  dans  l'eau,  dans  certaines 
conditions  d'humidité,  à  des  altitudes  diverses  et 
déterminées,  est  souvent  fatigante,  difficile  et  sans 
résultat,  il  arrive  souvent  aussi  que  des  crues  d'eau 
torrentielles  entraînent  de  toutes  les  régions  du  dépar- 
tement un  grand  nombre  de  ces  animaux,  qui  par  leur 
habitat  et  leur  petitesse  échapperaient  aux  investigations 
les  mieux  faites  et  les  plus  minutieuses,  et  qu'en  les 
réunissant  dans  des  alluvioos  faciles  à  explorer,  le  mala- 
cologiste  a  le  bonheur  de  recueillir  sur  des  espaces  très 
circonscrits  de  nombreux  exemplaires  d'espèces  variées 
et  quelquefois  très  rares. 

Des  naturalistes  distingués,  Farines,  Aieron,  Compa- 
ny^ G.  Michaud,  dont  je  m'honore  d'avoir  été  l'élève  et 
Pami,  ont  constaté,  après  de  longues  et  laborieuses 
explorations,  que  le  département  possédait  un  certain 
nombre  de  mollusques  déjà  connus  et  communs  à  toute 
la  Fiance,  et  s'ils  ont  essayé  vainemertt  d'y  introduire 
certaines  espèces,  dans  l'espoir  de  les  y  acclimater,  ils 
ont  eu  do  moins  le  bonheur  d'enrichir  sa  Faune  mala- 
cologique par  la  découverte  d'espèces  nouvelles  et  bien 
caractérisées. 

Désifeux  de  marcher  sur  leurs  traces,  j'ai  utilisé  les 
voyages  que  l'exercice  de  ma  profession  me  faisaient 
entreprendre  pour  explorer  certaines  localités  et  collée-» 


35 

lionoer  tontes  les  espèces  que  je  pouvais  recueillir.  Uti- 
lisant aussi  dans  le  même  but  quelques  rares  moments 
de  loisir,  j'ai  été  ainsi  insensiblement  amené  k  remarquer 
que  les  mollusques  de  la  France  offraient  entre  eux  dans 
les  espèces  parfaitement  identiques  certaines  différences, 
mais  que  ces  différences  s'imposaient  d'une  manière  bien 
plus  sensible  quand  je  les  comparais  à  tous  les  mollus- 
ques du  département  des  Pyrénées-Orientales. 

Les  observations  du  docteur  Baudon,  confirmèrent  et 
dirigèrent  les  miennes,  et  j'ai  pensé  qu'il  était  peut-être 
intéressant  de  signaler  ce  qui  n'avait  pas  encore  été 
observé. 

En  effet,  nous  possédons  des  variétés  très  remarqua- 
bles. Parmi  les  timnées,  les  variétés  sont  d'autant  pins 
curieuses  que  les  modifications  doivent  avoir  été  pro- 
duites sous  des  influences  thermales  ou  d'altitude.  Les 
pupas,  les  pomatias  sont  presque  tons  striés,  sur  quel- 
ques-uns les  stries  sont  tellement  accentuées,  et  même 
sien  relief,  qu'ils  sont  pour  ainsi  dire  côtelés.  Certaines 
espèces  présentent  un  développement  et  on  relèvement 
épidermique  très  curieux,  facile  a  constater.  Je  t'ai  observé 
à  l'état  rudimentaire  sur  YAmnicola  similis,  et  il  est  si 
complet  sur  un  Vertigo  anti-verligo ,  que  malgré  mon 
peu  de  tendance  à  créer  des  espèces  nouvelles,  je  n'ai 
pas  résisté  au  plaisir  de  lui  donner  le  nom  de  mon 
excellent  confrère  et  ami  le  docteur  Baudon.  Monsieur 
de  Saint-Simon,  h  qui  j'avais  remis  des  pomatias  dési- 
gnés avec  doute  comme  des  Pomatias  patultis^  les  a 
décrits,  à  cause  d<*s  côtes  marquées  et  espacées  dont 
ils  sont  ornés,  sous  le  nom  de  Pomatias  Bourguignati. 
Ces  faits,  ces  observations  constatés,  j'ai  voulu  en  recher- 


36 

cher  les  causes,  et  c'est  avec  une  hésitation  bien  pardon- 
nable que  je  vais  exposer  mon  opinion. 

Il  est  je  crois  d'observation  que  Iles  mollusques  détien- 
nent de  plus  en  plus  rares,  k  mesure  que  l'on  s'éloigae 
des  roches  calcaires.  Les  terrains  mélangés  de  schistes 
et  de  calcaires  en  possèdent  peu;  les  granités  et  les 
schistes  n'en  possèdent  pas  du  tout,  si  ce  n*«St  quelques 
rares  exemplaires  d'espèees  communes,  que  l'on  trouve 
autour  des  habitations  pour  la  construction  desquelles 
on  a  dû  employer,  toujours  avec  une  grande  parcimonie, 
à  cause  des  frais  de  transport,  des  matériaux  calcaires. 
Si  on  considère  en  même  temps  que  le  nombre,  la  vigueur 
et  la  taille  des  individus  coïncident  avec  la  richesse  cal- 
caire des  localités  qu'ils  habitent,  on  doit  fatalement 
arriver  &  cette  conclusion  :  que  la  richesse  ou  la  pauvreté 
de  l'alimentation  calcaire  est  la  cause,  ou  du  moins  une 
des  causes,  des  différences  observées  sur  les  mollusques 
de  la  même  espèce  appartenant  à  des  localités  différentes. 

Ai- je  besoin  d'ajouter  que  le  bassin  des  Pyrénées- 
Orientales,  étant  presque  entièrement  composé  de  roches 
calcaires,  permet  à  l'animal  de  nos  mollusques  d'acquérir 
le  plus  grand  développement  possible,  et  de  donner  à 
son  test  toute  la  beauté  qu'une  alimentation  incomplète 
et  restreinte  ne  lui  permettrait  pas  d'atteindre. 

Connaissant  toute  l'insuffisance  de  travaux  que  je  réser- 
vais pour  moi  seul,  j'ai  cependant  cédé  aux  instances  de 
quelques  amis  trop  bienveillants.  Ils  ont  pensé  qu'il  serait 
utile  d'attirer  l'attention  des  naturalistes  sur  notre  dépar- 
lement, et  j'ai  consenti  k  publier  rénumération  des  gen- 
res et  des  espèces  terrestres  et  fluviatiles  qui  jusques  h 
aujourd'hui  composent  la  Faune  des  Pyrénées-Orientales» 


31 

bien  convaincu  que  de  nouvelles  études  amèneront  de 
nouvelles  découvertes. 

Je  n'ai  et  ne  peu  avoir  aucune  prétention  k  la  science. 
Je  suivrai  modestement  les  conseils  que  de  Candole  adres- 
sait à  ses  élèves  dans  son  introduction  à  V Étude  de  la 
Botanique.  «  Un  simple  catalogue,  par  ordre  alphabétique, 
«  sans  phrases,  sans  descriptions,  avec  l'indication  pré- 
«  cise  des  localités,  est  ce  qui  vaut  le  mieux;  il  est 
«  très  utile  pour ,  la  recherche  des  synonymes,  et  pour 
a  Taire  trouver  les  descriptions  éparses  dans  un  grand 
a  nombre  d'ouvrages.  » 

C'est  done  un  simple  catalogue  par  ordre  alphabétique 
que  /ai  voulu  publier,  rien  de  plus  ;  cependant,  comme 
quelques  espèces  sont  nouvelles,  peu  connues  et  propres 
à  notre  département,  je  me  trouverai  quelquefois  dans 
l'obligation  d'eu  donner  une  description,  d'indiquer  les 
différences  qui  les  distinguent  des  espèces  avec  les- 
quelles on  pourrait  les  confondre,  et  de  désigner  les 
auteurs  qui  en  ont  publié  la  description. 

L'anatomie  éclaire  chaque  jour  davantage  la  science 
malacologique;  mais  tout  le  monde  déplore  que  l'étnde 
des  mollusques  soit  embarrassée  par  une  synonymie  aussi 
confuse  que  nombreuse.  Tous  mes  efforts  tendront  à 
Taire  disparaître  ce  qu'elle  présente  d'obscur  et  de  vagoe, 
et  faire  cesser  ainsi  l'incertitude  qu'occasionne  trop  sou- 
vent le  même  nom  attribué  a  des  genres  et  à  des  espèces 
différentes  par  des  auteurs  de  nationalités  diverses,  igno- 
rant mutuellement  leurs  travaux,  et  plus  souvent  encore 
les  noms  différents  donnés  à  des  espèces  identiques. 

Ce  ne  sera  pas  sans  regret  que  je  serai  forcé  de  faire 
disparaître  des  noms  généralement  acceptés  et  consacrés 


38 

par  l'usage;  mais  il  est  nécessaire  de  se  conformer  à  la 
loi  de  priorité,  qui  établit  un  droil  parfaitement  équi- 
table, parce  que  les  noms  doivent  reposer  sur  une  .base 
juste  et  légitime. 

Je  conserverai  les  noms  spécifiques  que  des  auteurs 
ont  créé  pour  des  espèces  dont  les  noms  génériques  ont 
clé  changés,  et  comme  Linné  a  le  premier  introduit 
l'usage  de  désigner  chaque  animal  par  une  appellation 
générique,  suivie  d'une  appellation  $pécifique,  je  ne 
pourrai  en  accepter  aucune  d'antérieure  aux  ouvrages  de 
l'illustre  naturaliste  suédois. 

Je  ne  négligerai  volontairement  aucune  des  espèces 
décrites,  même  celles  que  je  considère  comme  de  sim- 
ples variétés,  ne  voulant  pas  me  mettre  au-dessus  d'hom- 
mes bien  plus  compétents  que  moi.  J'indiquerai  pour 
chacune  d'elles  le  nom  que  lui  a  attribué  l'auteur  qui  le 
premier  en  a  donné  la  caractéristique,  et  je  réunirai  sur 
chaque  espèce,  autant  que  faire  se  pourra,  les  dénomi- 
nations si  diverses  qui  les  ont  successivement  désignées. 

Ce  travail  de  patience  permettra  aux  jeunes  naturalistes 
qui  voudront  bien  le  consulter,  de  déterminer,  de  classer 
facilement  les  mollusques  sous  leur  véritable  nom;  il  leur 
évitera  de  fastidieuses  recherches  dans  des  Traités  géné- 
raux, rares  et  coûteux,  dans  des  opuscules  difficiles  à  se 
procurer,  introuvables  souvent,  et  quelquefois  épuisés. 
Trop  heureux  si  mon  travail  leur  fait  apprécier  l'impor- 
tance de  la  Faune  malacologique  du  département  des 
Pyrénées-Orientales  et  leur  inspire  le  désir  de  l'enrichir 
par  leurs  travaux  et  leurs  découvertes. 


34 


ÉNUMÉMTION  . 

DES 

voLUisps  mmim  i  fiuviatiles  vivants 

DU  DÉPARTEMENT  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES 


Ire  CLASSE. 
Gasteropoda. —  Cuvier,  1798. 

ORDO  K 
PtUmonala,   Cuvier,  1817.—  Inoperctdata, 

Limacidœ  ' . 

1"  FAMILLE.  —  ARIONÏDJE. 
1er  Genre.—  Arion,,  Férvssac,  1819. 

1.  Arion  ater. 
Umax  ater.  Linné,  Sysiema  nntum.  1768. 

—  —  Draparnaud,  Hist.  Moll.  de  France,  1805. 
Arion  ater.  Michàud,  Complément  à  Draparnaud,  1831  • 

—  —    Mabile*  Limaciens  de  Paris,  1870. 

Habite  les  montagnes  élevées.  Environs  de  Mont-Louis. 

1  Les  Limaciens  européens  comprennent  aujourd'hui  quatre  familles, 
les  Arionidae,  les  Limacidœ,  les  Testacellidae  et  les  Parmacellidae. 

Les  genres  Arion  et  Lima*  étaient  autrefois  confondus  et  réunis  dans 
une  seule  famille  ;  aujourd'hui,  des  études  sérieuses  et  approfondies  ont 
permis  d'en  créer  deux  :  celles  des  Arionidae  et  des  Limacidae. 

Le?  Arions,  animaux  subcylindriques.  Orifice  respiratoire  du  côté  droit 
1res  près  de  la  partie  antérieure  du  manteau  ;  orifice  reproducteur  placé 


2.  Arion  hortensis. 
Limacella  concava.  Bbari),  BuU  molL  de  Paris,  1815. 
Arion  horlensis.  Férussac,  Hist.  des  mollusques,  1819. 

—  —        Miciiaud,  Compl.  Drap.  1831. 

—  —       Habile,  UisL  rnoll.  du  bassin  de  Paris,, 

1870. 

—  —       CoMPANYOi  Hist.  ml.  Pyr^Or.,  *863. 

Habite  les  champs  humides  et  les  jardins.  Très  commun. 

3.  Arion  rufus. 

Limax  rufus.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 

—  succineos.  Muller,  Verm.  terr.  ëtfluv.  hist.,  1774. 

—  rufus.  Draparnaud*  Tabtmu  moU.  de  France,  1 80 1 . 
Arion  empiricorura.  FÉïkwaAC,  Hist.  des  mollu*.  1819. 

—  rufus.  Mighaud,  CompL  Drap.  1831. 

—  empiricorum.  Companyo,  Hist.  nat.Pyr.-0. 1865. 

—  rufus.  BotJRGUiGNAT,  Malacologie  algérienne,  186  t. 

—  —     Mabilb,  Annales  de  malacologie,  1870. 

Habite  communément  les  fosses,  les  jardins,  les  prairies  et  les 
bois  des  parties  inférieures  des*  montagnes. 

immédiatement  au-dessous.  Queue, arrondie,  tronquée,  pourvue  d'une. 
glande  caudale  ( mucipare ) ,  le  plan  locomoteur  déborde  lé  corps, -très 
peu  atténué  .postérieurement.  Coquille  interne,  ovale,  concave,  quelquefois 
représentée  par  des  granules  calcaires  irréguliers. 

Les  Limacidae,  animaux  subcylindriques,  dépourvus  de  glande  caudale 
mucipare,  à  plan  locomoteur  peu  distinct  du  corps,  ne  le  débordant  pas 
et  très  atténné  postérieurement.  Coquille  interne  dans  l'épaisseur  du 
manteau. 

•  La  découverte  d'une  espèce  nouvelle  à  peine  atténuée  postérieure- 
#  ment,  sans  glande  mucipare,  et  que  Bourguignat  a  nommée  Lctour- 
»  neuxia,  deviendra  probablement  plus  tard  une  nouvelle  famille  intermé- 
«  diaire  entre  les  deux  premières  familles.  (Mabile.  Des  Limaciens 
t  eur&péen*,  mars  1868.)  » 


I 
I 


41 

4w  Àfftat  Mbàttitts  < . 

Limât  sobfuneoB.  Drapawuud,  Tableau  desmoll.,  1601. 

Arim  sutofinens.  Michaud,  Cmpl.  à  Draparnaud,  1831. 

Habite  la  fouet  de  8*rède,  t ers  la  tour  de  la  Massane. 
2»  Genre.  —  Geomalàcus,  Allmann,  1816. 

Animal  lïmaciforme,  orifice  respiratoire  près  du  bord  antérieur 
droit  du  manteau,  pourvu  d'une  glande  muqueuse  à  l'extrémité 
caudale.  Le  manteau  situé  très  en  avant.  Coquille  unguiforme. 

Ce  f  pare  n'a  pas  encore  été  trouvé  dans  le  département. 

2*  FAMILLE.  —  UMACWJ!  *. 
1er  Genre.  —  Milax,  Gray,  1855. 
1.  MHax  gagates. 
Lîmax  gagates.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801 . 
Milax        —       Gray,  Annales  philosophiques,  1855. 
Limax      —       Companyo,  Hisl.  nat.  jPj/tvOr.,  1863. 
Milax       —       Mabilb,  Annales  de  malacologie,  1870. 
Habite  les  lieux  humides  et  abrités. 

1  Non  limax  subfuscus,  Pfeiffer. 

2  Le  genre  Milax  comprend  les  Limaces  dont  le  bouclier  granuleux  est 
divisé  en  deux  par  une  petite  ligne,  indice  de  la  coquille  ou  limacelle, 
qui  offre  un  nucleus  supérieur  et  bombé  ;  le  dos  est  caréné  depuis  le 
manteau  jusques  à  la  partie  postérieure,  qui  est  dépourvue  d'un  pore 
maqueux.  La  coquille  est  dans  Y  épaisseur  du  manteau. 

L'animal  du  KrynickiUus  n'a  point  de  glande  caudale.  Le  manteau, 
adhérent  à  la  partie  postérieure  seulement,  est  trrs  développé  et  libre  en 
avant;  il  est  mobile  jusques  à  l'ortfics  pulmonaire  situé  très  en  arriére. 
La  coquille  plate,  lameNeuse,  elliptique,  est  sans  nucleus  spiral. 

L'animal  du  Limax  est  Ïimaciforme,  à  pied  poiniu  et  cari  né  en  arrière. 
Manteau  en  bouclier  sur  la  partie  antérieure  du  dos,  granuleux  ou  marqué 
de  suies  concentriques.  Orifice  respiratoire  sur  le  côté  droit,  près  du  bord 
postérieur  du  manteau  ;  'orifice  reproducteur  près  du  tentacule  oculifère 
droit.  Carène  terminale. 

Coquille  interne  obhmgue,  aplatie,  ou  faiblement  concave  en-dessus. 
Bords  membraneux  ;  nucleus  postérieur. 


42 

2.  Milax  marginatus. 
Umax  marginata.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv,  hist.  1774. 

—  —         Draparnaud,  Hist.  des  moll.  Fr.  1805. 

—  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 
Milax  marginatus,  Bourguignat,  Mal.  Gr.-Qiarlr.  1866. 

. —         —         Mabile,  Annales  de  malacologie.  1870. 

Habite  de  préférence  les  vieux  murs  et  lieux  humides  où  sont 
déposés  les  décombres. 

2e  Genre.  —  Krynickillus.  Kaleniezenko.  1851. 

Krynickillus  brunneus. 

Limax  brunneus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  Fr.  1805. 

—  —         Michaud,  Comf1,  de  Drap.  1831. 
Krynickillus  brunneus.  Mabile,  Archives  malacol.  1868. 

Habite  les  lieux  humides  et  ombragés. 

3e  Genre.  —  Limax.  Linnaws.  1758. 
1.  Limax  agrestis. 
Limax  agrestis.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 

—  reticulatus.  Miller,  Verm.  terr.  et  fluv.  hist.  1774. 

—  agrestis.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 
Limacella  obliqua.  Brard,  Hist.  des  moll.  de  Paris.  1815. 
Limax  agrestis.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

—  —       Mabile,  Annales  malacologiques.  1870. 
Habile  les  jardins  et  les  endroits  humides. 

2.  Limax  cinereus l . 
Limax  cinereus.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv  hist.  1774. 

—  —        Draparnaud.  Hist.  moll.  France.  1805. 

1  Cette  limace,  désignée  par  Companyo  sous  le  nom  de  Maximus,  est 
ainsi  désignée  par  un  certain  nombre  d'auteurs. 

Les  judicieuses  observations  de  J.  Mabile  firent  cesser  toutes  mes 
hésitations.  En  effet,  ce  naturaliste  éminent  pense  que  le  Umax  cinereus 


I 
i 


43 

Limacella  par  ma.  Brard,  Hist.  moll.  de  Paris.  1815. 
Limai  antiqaoram.  Férbssac,  Hist.  des  mollusques,  1819. 

—  maximus.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 

—  cinereus.  Mabilb,  Annales  de  malacologie.  1870. 

Habile  les  régions  humides,  ombragées  et  élevées,  à  Saint- 
Martiiwle-Canigou,  vallée  deVernet,  sous  les  matières  en  décom- 
position. 

3.  Limai  Companyoi. 

Limax  Companyoi.  Bourgmgnat,  Moll.  nouv.  lilig.  jm 

confias.  1863. 

Habite  Collioure  et  Port-Vendrcs,  ainsi  que  Notre-Dame  de 
Consolation. 

Bourguignat,  infatigable  conchyologiste,  a  donné  la  figure  et 
la  description  de  cette  limace,  dans  le  2°  facicule  des  Mollusques 
nouveaux,  litigieux  ou  peu  connus.  Elle  diflère  du  Limax  variegatus 
pur  le  bouclier,  rostre  en  arrière,  tandis  que  celui  du  Variegatus 
est  arrondi. 

4.  Limax  sylvaticus. 

Limax  sylvaticus.  Draparnau»,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  rusticus.  Millet,  Moll.  de  Maine-et-Loire.  1813. 

—  syWaticus.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

—  —         Mabile,  Limaciens  français.  1870. 

Habite  les  châtaigneraies  de  Saiut-Laurent-de-Cerdans,  et  en 
général  les  montagnes  peu  élevées  ci  humides. 

de  Muller  et  le  L.  cinereo  niger  de  Wolf,  1803,  ont  été  réunis  par 
Férussac,  en  1819,  sous  la  dénomination  de  Lhnax  antiquorum,  et  plus 
tard  par  Moquin-Tandon ,  en  1855,  sous  le  nom  de  Limai  maximus. 
Il  appuie  son  opinion  sur  ce  que  le  Limax  maximus,  spécial  au  Nord  de 
l'Europe  et  à  l'Allemagne,  est  très  voisin  du  Cinereus,  espèce  répandue 
sur  presque  toute  l'étendue  de  la  France. 

La  lecture  de  l'ouvrage  sur  les  mollusques  terrestres  et  fluviatiles  du 
Piémont  par  lé  savant  J.  Stabile,  n'a  fait  que  confirmer  ma  conviction. 


44 

Quelques  auteurs  regardent  celte  espace  comme  une  variété 
de  VAgrestis.  D'autres  l'ont  confondue  avec  le  Limas  arèortmde 
Bouchard-Chantereaux. 

5.  Limaz  variegatus. 

Limai  variegatus.  Draparnaud, IRrt.  mott.  France.  1805. 

Limacella  unguiculus.  Brard,  Hist.  mott.  de  Paris,  f  815. 

Limax  variegatus.  Mabile,  Annales  de  malacologie.  1870. 

Habite  les  caves,  les  puits,  les  endroits  humides. 

3*  FAMILLE.-  TBSTACBLUDAE. 

Genre   Testacella ,    Draparnaud.   1801. 

1.  Testacella  bisulcata. 

Tcstacellus  bisulcatus.  Risso,  Histoire  nat.  de  l'Europe 

méridionale.  1826. 
Testacella  bisulcata.  Dupuy,  Hist,  mott.  de  France.  1847. 
—       Gallo-provincialis.  Grateloup,  Limac.  1855. 

Habite  les  environs  de  Perpignan. 

C'est  â  tort  que  Moquin- Tandon  a  considéré  cette  lestacelle 
comme  une  variété  de  YHaliotidea. 

2.  Testacella  Bourguignati. 

Testacella  Bourguignati.  Massot,  Ânn.  de  malac.  1870. 

Habite  La  Preste,  sur  les  bords  du  ravin  qui  fait  face  à  la  porte 
de  la  maison  du  capitaine  Cabot,  un  peu  au-dessus  des  Thermes. 

Dans  une  de  mes  excursions  à  La  Preste,  il  y  a  dix  ans  environ, 
j'avais  trouvé  une  coquille  de  testacelle,  qui  me  parut  intéressante, 
et  je  l'avais  mise  dans  ma  collection  sans  la  décrire  et  sans  la 
nommer.  En  1809,  ayant  recueilli  une  testacelle  vivante  sur  la 
localité  désignée,  comparant  la  coquille  de  cette  testacelle  avec 
celle  que  j'avais  dans  ma  collection,  je  reconnus  qu'elles  étaient 


45 

identiques,  et  j'en  donnai  la  description  et  la  figure  dans  les 
Annales  de  Malacologie,  année  1870.  le  crois  devoir  la  transcrire 
dans  cette  énuraération. 

Animal  de  grande  taille,  de  forme  spatuluire  ;  épaté,  très  déve- 
loppé à  la  partie  postérieure,  allant  en  se  rétrécissant  à  la  partie 
antérieure,  et  rauni  à  son  extrémité  caudale,  d'une  coquille  rela- 
tivement fort  petite;  dos  et  flancs  d'un  beau  vert-foncé  uniforme; 
bord  du  pied  d'un  jaune-canari  très  accentué  ;  dessous  du  pied 
également  de  même  nuance,  mais  passant  à  une  teinte  un  peu 
moins  foncée  vers  la  partie  médiane  ;  rides  dorsales  prononcées, 
s'anostomosant d'une  façon  régulière  les  unes  aux  autres;  sillons 
dorsaux  au  nombre  de  deux  (comme,  du  reste,  chez  toutes  les 
testacelles),  presque  noirs,  s* écartant  d'une  manière  régulière, 
et  formant  une  ellipse  très  allongée,  qui  s'efface  entièrement  vers 
le  quart  antérieur,  à  environ  15  millimètres  des  tentacules;  tête 
petite;  tentacules  supérieurs  oculés,  d'un  gris -noirâtre,  d'une 
longueur  de  10  millimètres  ;  tentacules  inférieurs  exigus,  ne 
dépassant  pas  3  millimètres. 

En  marche,  cet  mimai  atteint  75  à  80  millim.  de  longueur, 
tandis  que  lorsqu'il  est  contracté  il  a  à  peine  35  millimètres. 
Dans  l'alcool,  il  perd  ses  riches  et  brillantes  couleurs,  le  vert 
devient  d'un  noir-grisâtre,  et  la  belle  teinte  jaune  du  pied  se 
change  en  une  nuance  jaunacée-sale. 

Coquille  auriforme,  relativement  fort  petite  par  rapport  à  la 
taille  de  l'animal,  de  forme  oblongue-allongée;  test  peu  épais, 
strié,  d'une  couleur  cornée  en-dessus  et  présentant  une  convexité 
peu  accentuée;  sommet  lisse,  exigu,  obtus,  recourbé,  non  proé- 
minent, plus  distant  du  bord  columellaire  et  le  dépassant  d'une 
façon  assez  sensible;  i  tour  V2,  le  dernier  formant  presque  la 
totalité  de  la  coquille  ;  ouverture  énorme,  intérieurement  blan- 
châtre; bord  externe,  droit  et  aigu;  bord  collumellaire  assez 
faible,  arqué,  plan,  proéminent  à  sa  partie  supérieure,  et  un  peu 
tronque  à  sa  partie  inférieure. 

Long.  7  Va»  l*rg.  4  V2  millim. 


46 

Celte  espèce  que  nous  nous  faisons  un  plaisir  de  dédier  à  notre 
ami  Bourguignat,  qui  a  bien  voulu,  pour  faciliter  notre  travail, 
mettre  à  notre  disposition  sa  riche  collection,  est  une  des  plus 
grandes  et  des  plus  belles  testacelles  françaises.  La  Bourguignati 
ne  peut  être  assimilée  à  aucune  des  espèces  connues  :  si  par 
Tanimal  elle  se  rapproche  de  la  Companyoi,  elle  s'en  écarte  essen- 
tiellement par  sa  coquille;  d'un  autre  côté,  si  p*tr  la  coquille  elle 
offre  quelques  traits  de  ressemblance  avec  la  Bisulcala,  la  Bour- 
guignati diffère  complètement  de  cette  testacelle  par  la  taille  et 
la  coloration  de  Tanimal. 

La  Bourguignati  diffère,  en  effet,  de  la  Companyoi;  1°  au  point 
de  vue  de  l'animal,  par  son  corps  plus  petit,  moins  allongé,  de 
forme  spatulaire,  non  rugueux  vers  la  partie  dorsale,  par  sa  colo- 
ration d'un  beau  vert-foncé  uniforme,  et  non,  comme  chez  la 
Companyoi,  d'un  vert  jaspé  de  points  noirs  irréguliers,  qui 
deviennent  plus  nombreux  en  s'éloignant  de  la  partie  dorsale  et 
qui  finissent,  en  se  réunissant,  pour  former  sur  les  côtés  des  lignes 
longitudinales  noires  interrompues;  par  ses  tentacules  supérieurs 
d'un  gris-noirâtre  et  non  verdâtre,  etc.  2°  au  point  de  vue  de  h 
coquille,  par  sa  testacelle  de  forme  toute  différente,  infiniment  plus 
petite,  et  atteignant  à  peine  la  taille  des  Haliotidea  et  Bisulcala. 

La  Bourguignati  se  distingue  également  de  la  Bisuleata  :  1°  au 
point  de  vue  de  l'animal,  par  son  corps  de  plus  grande  taille,  de 
forme  spatulaire;  surtout  par  sa  coloration  dorsale  d'un  beau  vert 
et  par  son  pied  d'un  jaune-canari  très  foncé,  tandis  que  celui  de  la 
Bisulcala  est  bien  plus  petit,  non  spatuliforme,  d'un  gris-noirâtre 
ou  roussâtre,  marbré  quelquefois  de  taches  plus  foncées,  ou  d'un 
blanc-jaunâtre  ponctué  d'un  brun-rougeâtre,  avec  un  pied  jau- 
nacé-sale.  2"  au  point  de  vue  de  la  coquille,  par  sa  testacelle  un 
peu  plus  forte,  plus  allongée  et  moins  large;  par  son  sommet 
plus  recourbé;  par  son  bord  columellaire  ne  présentant  pas, 
à  la  jonction  avec  le  bord  externe,  une  déflexion  en  forme  de 
gouttière,  aussi  accentuée;  par  son  bord  columellaire  plus  arqué, 
plan  et  non  infléchi  en  dehors;  par  son  ouverture  plus  oblongue- 


47 

allongée,  un  peu  dans  le  genre  de  la  Test.  Pecchioliï,  et  plus 
rétrécie  à  sa  partie  inférieure. 

3.  Testacella  Companyoi. 

Teslacella  Companyoi.  Dupuy,  Hist.  moU.  France.  1847. 

—  —  Compakyo,  Hist.  nat.  Py.-0. 1 863. 

—  —         Massot,  Ann.  de  malacoL  1870. 
Habite  dans  les  parties  humides  de  la  fontaine  du  jardin  des 

Moines, ainsi  qu'au  bord  d'un  ravin  du  bois  aux  Moines,  à  Saint- 
Martin-du-Canigou,  et  dans  les  endroits  humides  de  la  métairie 
Pallarès,  sur  la  montagne  de  Glorianes,  près  Rigarda,  en  Gonflent. 
Nerée-Boubée,  en  1833;  Aleron,  en  1842,  et  Moquin-Tandôn, 
en  1855,  ont  considéré  cette  testacelle  comme  une  variété  de 
VHéHoHdea9  et  je  ne  sais  pourquoi  Grateloup,  dans  sa  dist-géolo 
des  limaciens,  lui  a  attribué  le  nom  de  Testacella  Canigonensis. 

La  coquille  de  cet  animal  est,  après  la  Maugei,  la  plus  grande 
des  testacelles  françaises;  elle  a  17  millim.  de  long,  8  millim. 
de  largeur  et  2  millim.  d'épaisseur.  On  peut  consulter  la  descrip- 
tion qu'en  a  donnée  l'abbé  Dupuy. 

4.  Testacella  haliotidea. 

Testacella  haliotidea.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fr.  1801. 

—  —         Companyo,  Hist.  ml.  P.-O.  1863. 

Habite  les  environs  de  Perpignan. 

Celte  testacelle  est  la  plus  anciennement  connue,  parce  qu'elle 
est  la  plus  répandue.  Nommée  parRoissi  Testacella  Eur opta  ;  par 
Oken,  Testacella  Gallix;  par  Lafon-du-Cugula,  Hélix  subterranea, 
elle  a  probablement  de  nombreuses  variétés. 

Je  croyais  avoir  découvert  une  testacelle  nouvelle  et  je  l'avais 
nommée  Flavidula,  parce  qu'elle  était  complètement  jaune;  mon 
maître  et  ami  G.  Michaud,  que  je  consultai,  me  dit,  que  c'était 
une  variété  dû  VHaliotidea,  et  qu'il  se  souvenait  d'en  avoir  trouvé 
une  semblable  près  du  fort  de  Bellegarde  (Albères). 


48 

5.  Testacella  Pelleti  (nobis). 

Anim.  maximo,  antice  dilatato,  postice  attenuato,  corpore  luteo, 
dor&o  inagis  quam  lateribui  nigro-vmdnlis  relieulatis. 

Testa  auriformi  oblonga,  msdiocriter  ce  fi  vexa;  apice  recnrvo 
proéminente;  opertura  maxma  ititm  albida. 

Animal  de  grande  taille,  plus  développé  à  sa  partie  antérieure 
qu'à  sa  partie  postérieure ,  ayant  à  son  extrémité  tâudale  une 
coquille  relativement  petite;  couleur  générale  jaune;  le  dos  et 
les  flancs  tachetés  de  points  irrégulierè  d'un  rert-noirâtre  ;  ces 
points  deviennent  et  plus  nombreux  et  plus  serrés  vers  le  centre 
du  dos,  entre  les  deux  sillons  que  présentent  ordinairement  les 
testacelles;  ces  sillons  sont  à  peine  indiqués;  ils  commencent  à 
la  coquille,  s'écartent  régulièrement  en  prenant  la  figure  d'une 
ellipse,  s'effacent  peu  à  peu  et  disparaissent  entièrement  à  25 
millim.  environ  des  tentacules;  le  dessous  du  pied  est  jaune, 
mais  cette  couleur  prend  une  nuance  très  foncée  en  ce  rappro- 
chant de  ses  bords,  ce  qui  donne  à  l'animal  des  teintes  vives  et 
accentuées;  les  tentacules  supérieurs  sont  oeulés;  la  tête  moyenne; 
l'animal  au  repos  a  30  à  35  millimètres  de  longueur,  il  atteint 
80  millimètres  lorsqu'il  est  en  marche. 

La  coquille  est  petite  :  longueur  9  millim.,  larg.  5  millim.  de 
diamètre.  Elle  est  oblongue,  auriforme,  aplatip,  sillonnée  de 
côtes  saillantes  déterminées  par  les  périodes  d'accroissement; 
le  sommet  est  recourbé,  proéminent  et  détaché. 

Habite  Vcrnet-les-Bains.  Je  me  donne  le  plaisir  de  dédier  cette 
espèce  remarquable  à  mon  ami  Pétri  Pellet,  entomologiste  dis- 
tingué, qui  l'a  recueillie  dans  son  jardin,  à  Vernet,  dans  le  courant 
de  l'année  1870  à  1871. 

Cette  espèce  ne  peut  être  confondue  ni  avec  la  Boutguignati, 
ni  avec  la  Company oi.  En  effet,  si  elle  se  rapproche  de  la  C&mpa- 
nyoi  par  la  couleur,  elle  en  diffère  par  sa  coquille,  qui  est  beau- 
coup plus  petite,  et  par  le  sablé  des  pointes  d'un  vert-noirâtre, 


49 

qui  chez  la  première  deviennent  plus  nombreux  en  s'éloignant 
du  dos,  tandis  que  chez  la  Pelleti  ces  points  deviennent  plus 
nombreux,  plus  serrés  au  centre  de  l'ellipse  formée  par  les 
deux  sillons  dorsaux,  qui  sont  à  peine  marqués;  enfin,  l'animal 
de  la  Pelleti,  atténué  postérieurement,  est  plus  développé  à  la 
partie  antérieure,  et  nous  savons  que  la  Bouryuignati,  atténuée 
antérieurement,  est  au  contraire  spatuliforme  et  développée  en 
arrière. 

6.  Testacella  Servaini. 

Testacella  Servaini.  Massot,  Ann.  de  malacologie.  1870. 

Habite  La  Preste,  aux  abords  du  pont  qui  conduit  à  rétablis- 
sement thermal. 

Animal  d'assez  petite  taille,  dilaté  à  sa  partie  médiane,  allant 
en  se  rétrécissant  à  ses  extrémités  antérieure  et  postérieure, 
pourvu  d'une  coquille  fort  petite.  Dos  et  flancs  d'une  couleur 
grise-cendrée,  surchargée  de  nuances  d'ijn  vert-jauuaré  très  pâle; 
bord  du  pied  jaunâtre;  dessous  du  pied  jaune-clair,  passant,  vers 
sa  partie  médiane,  en  un  ton  de  nuance  infiniment  plus  claire  ; 
rides  dorsales  très  peu  accentuées;  sillons  dorsaux  s' écartant 
d'une  façon  rentière  et  formant  une  ellipse  fort  allongée,  s'effa- 
çant  à  quelques  millimètres  avant  d'arriver  à  la  tête  ;  tentacules 
supérieurs  et  inférieurs  transparents. 

Coquille  auriform  ;  oblongue,  de  très  petite  taille,  fragile,  d'une 
teinte  cornée,  pale  en-dessus,  finement  silonnée  de  striations 
concentriques  et  presque  aplatie;  sommet  lisse,  excessivement 
exigu,  recourbé,  non  proéminent  et  confondu  avec  le  bord 
columellaire;  un  tour  et  demi,  dont  le  dernier  est  tellement 
grand  qu'il  forme  à  lui  seul  la  coquille  ;  ouverture  ovale,  inté- 
rieurement blanchâtre  et  à  peine  concave;  bord  externe  aigu,  droit 
et  fragile;  bord  columellaire  arqué,  non  aplati,  mais  réfléchi  en 
dehors,  très  robuste  à  sa  partie  supérieure  et  allant  en  s'amin- 
rissant  vers  la  base,  qui  se  terçnine  en  s'effilan^  sans  troncature. 

Lonjr.  i  Vîi  'arc«  3  millimètres. 

i 


50 

La  coloration  de  l'animal  et  surtout  Pexiguité  de  sa  testacelle, 
entièrement  aplatie  en-dessus,  la  distinguent  de  toutes  lès  autres 
espèces  françaises  et  étrangères.  Nous  la  dédions  à  M.  Servain, 
docteur  en  médecine,  directeur  des  Annales  de  Malacologie. 

4«  FAMILLE.—  PARMACELUDM. 

Genre  Parmacella.  Cuvier,  Règne  animal.  1807. 

Étymologie  :  parma,  petit  bouclier. 

Coquille  oblongue  arrondie,  presque  plate,  à  sommet  sub-spiral. 

Ce  genre  n'a  pas  encore  été  découvert  dans  le  département. 

5«  FAMILLE.  —  HELlÇWœ. 

l«r  Genre.  —  Vitrina.  Draparnaud.  1801. 

1.  Vitrina  annula  ris. 

Hélix  imputa.  Studer,  Faun.  hel.  Sans  description.  1789. 
Hyalina  annularis.  Venets  in  Studer,  Kurzq  verzeuhniss^ 

1820. 
Helicolimax  annularis.  Férussac,  Tabl.  syst.  moll.  1822. 
Vitrina  annularis.  Gray,  Annales  philosophiques.  1823. 

Habite  le  mas  de  l'OUastre,  sur  le  bord  de  la  rivière  de  la 
Verdouble,  entre  Estagel  et  Tauiavel,  vallée  de  l'Agly. 

2.  Vitrina  diaphana. 

Hélix  virescens.  Studer,  Faun,  hel.  Sans  descript.  1789. 
Vitrina  diaphana.  Draparnaud,  HisL  molL  France.  1805. 
Helicolimax  vitrea.  Férussac,  Tabl.  syst.  moll.  1822. 
Vitrina  diaphana.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  sous  les  feuilles  et  les  pierres  des  terrains  frais.  Ville- 


franche-de-Condent,  vaUéedela  Tetv^re4)ame-de-Consolation, 
près  Collioure. 

Plusieurs  auteurs  prétendent  que  cette  vitrine  ne  peut  avoir 
été  trouvée  dans  la  chaîne  des  fy rénées. 


»  • .  .  !  / 


3.  Vitrina  Drftpumaji^i    „ 
Vilrina  Draparoaldi.  Cuvier,  Règne  animal.  1807,     ,  % 

Elle  est  très  commune  dans  un  bois  de  peupliers,  à  un  kilo- 
mètre environ  avant  d'arriver  à  Amélie-les-Bains,  à  gauche  de  la 
route  nationale,  en  face  du  village  de  Palalda,  vallée  du  Teeji. 

Cette  vitrine  mérite  d'être  séparée  de  la  V.  major^  à  cause  de 
sa  forme  aplatie. 

4.  Vitrina  e  Ion  gâta. 
Vitrina  elongata.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  semilimax.  Moqum-Tahdon,  Moll.  France^  1855, 

—  elongata.  Cohpanyo.  Hist.  nat.  Pyr.rOr.  1863/ 

Habite  dans  la  mousse  des  châtaigneraies  de  la  vallée  de  Saint- 
Laurent-de-Cerdans,  à  Serralongue,  La  Manère  et  dans  la  vallée 
de  Valmanva. 

La  Vitrina  Pyrenaica  n'a  pas  encore  été  trouvée  dans  le  dépar- 
tement. D'après  quelques  naturalistes,  elle  serait  une  modification 
de  Y  Elongata. 

S.  Vitrina  major. 
Vilrina  pellucida.  Draparnaud,  TabL  moll.  France.  1801. 
Helicolimax  major.  Férussac  père,  Esêai  méthodique  de 

conchyliologie.  1807: 
Vilrina  major.  K.  Pfjmffer,  Denlch.  moll.  18SM> 

—  pellucida.  Michaud,  Compl.  Drap.  1831. 

Le  nom  spécifique  de  Pellucida,  donné  par  Draparnaud,  a  dû 
céder  le  pas  à  celui  de  Férussac,  parce  que  Millier  avait  déjà 
donné  cette  appellation  à  une  autre  vitrine. 

Habite  Perpignan  et  ses  environs. 


5î 
6,  Vitrifia  nivaliô. 

Vitrina  nivalis.  Charpentier,  Cvt.  moll.  terr.  et  fluv.  de 

Suisse.  1837. 

—  —     Dumont  et  Mortillet,  Moll.  Savoye.  1 852. 

—  Charpenûeri .  Sîabile,  Coq.rtouv.  ou  peu  conn.1859. 

Habité  les  endroits  humides  près  des  ruisseaux  des  réglons 
élevées.  Très  rare. 

Cette  espèce  pourrait  bien  n'être  qu'une  bette  variété  de  la 
Vitrina' mûjar. 

7.  Vitrina  pellucida. 

Hélix  pellucida.  Mullbr,  Verm.tfirr.  fluv.  hisl.  1774. 

(non  Pellucida  £hrap.0  quj  est  la  Y.  major). 
—    limaçoides.  Alteh,  Syst.  Abhandl.  1812. 
Vitrina  pellucida..  Gcetner,  Cofichy.  WeUer.  1813. 

—  —        Bourguignàt,  Mal.  Gr.-Charlr.  1864. 

Habite  les  gjacis  de  la  citadelle  de  Mont-Louis  (rare)  ;  Château- 
Roussillon,  près  Perpignan,  vallée  de  la  Tet;  au-dessous  de  l'er- 
mitage de  Gases-de-Pène  sous  les  pierres  au  pied  du  rocher,  vallée 
de  l'Agly  ;  environs  de  Porl-Vendres  et  Consolation,  vallées  déver- 
sant dans  la  vallée  du  Tech. 

C'est  la  seule  des  vitrines  que  Ton  puisse  recueillir  h  presque 
toutes  les  altitudes. 

8.  Vitrina  subglobosa. 

Vitrina  subglobpda.  Michaud,  Suppl.  Drap.  1831. 

—  stibglobosa.  Compahyo,.//*^  iM<  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  le  bols  des  Fanges,  les  ravins  de  Saint  -Laurent  -de- 
Cerdans. 

Regardée  par  quelques  auteurs  comme  une  variété  de  la  Pellu- 
cida Millier.  Cette  vitrine,  par  sa  forme  bien  accusée,  mérite  d'être 
conservée  comme  espèce. 


53 
2«  Gehrb.  ~  Succinea. 

1.  Succinea  debilia. 
Succinea  debîlis.  Morëlet. 

Habite  les  marais  de  Salses,  avec  la  S.  putris  et  la  S.  Pfeifferi. 

Elle  est  très  voisine  de  la  S.  Pfet/fcri,  dont  elle  se  distingue  par 
sa  coquille  plus  large,  plus  allongée,  par  sa  spire  non  tordue  et 
très  courte,  par  son  ouverture  plus  grande,  plus  oblique  et  plus 
large  vers  sa  base.  Elle  m'a  été  signalée  parle  docteur  Penchinat. 

2.  Succinea  oblonga. 

Succinea  elongala.  Stuoer.  Sans  description.  1789. 

—  oblonga.  Dràparîhaud,  Tabl.  et  hist.  des  moll. 

de  France.  1801—  1  805. 
Hélix  elongata.  Férussac  père,  Essai  méth.  cotich.  1807. 
Soccinea  elongata.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  les  prairies  sur  les  bords  de  la  mer,  sur  les  arbustes  et 
les  joncs. 

3.  Succinea  Pfeifferi. 

Succinea  Pfeifferi.  Rossmassler,  Iconographie  moll.  1835. 

—  mediolanensis.  VilLa,  Cat.  moll.  Lombar.  1844. 

—  Morlilleli.  Stabile,  Moll.  terr.  viv.  du  Piémont. 

1864.    " 

A.  Varietas  tninor.  Abondante  à  Pi  a,  ruisseau  dit  de  la  Basse. 

B.  Yarietasêtba.  Salfces. 

Cette  succmea  est  très  abondante  dahs  tous  leti  tevraifts  bas  et 
humides,  terres  cultivées  ou  non  dans  les  environs  de  la  mer,  et 
que  Ton  désigne  sous  le  nom  de  Salanque.  Elle  est  attachée  aux 
piaules  qui  naissent  dans  les  mares,  les  flaques  d'eau,  et  sur  les 
broussailles  qui  Iwgeut  les  eaux  croupissantes,  résultant  soit 
des  eaux  vives,  soit  des  fossés  d'écoulement  ou  de  dégorgement. 
Marais  de  Salses. 


54 

4.  Succinea  pntris. 

Hélix  pu  tris.  Linné,  Système  delà  nature.  1758. 
Succinea  amphibia.  Drap arnaud,  Hist.  mott.  Fran.  1805. 
—      putris.  Blainville,  Die.  de  scienc.  natur.  1837. 

A.  Varietaê  major.  Ma  collection. 

B.  Varietas  inlermedia.  BauîiON,  Moll.  de  l'Oise.  Ma  collection. 

Le  type  de  la  Succinea  putris,  ainsi  que  ces  deux  variétés,  sont 
communs,  surtout  dans  les  marais  de  Salses,  sur  les  plantes 
dont  les  racines  plongent  dans  l'eau. 

3«  Genre.  ~  Hélix. 

1.  Hélix  acrompsia,  Bourguignat. 

Habite  le  fort  Saint-Elme,  près  Collioure. 

11  m'a  été  impossible  de  retrouver  le  nom  du  naturaliste  qui 
m'a  envoyé  cette  espèce,  que  je  considère  comme  une  variété  de 
V  Hélix  variabilis. 

2.  Hélix  acuta. 

Hélix  acuta.  Muller,  Vermium  terr.  et  fluv.  hist.  1774. 
Bulimus  acutus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Hélix  bulimoides.  Moquin-Tandon,  Moll.  France.  1855. 
Cochinella  meridionalis.Risso,ifi&.  nat.  Eur.mériASSS. 
Variété  allongée  et  blanchâtre.  Ma  collection. 

Cochinella  turricola.  Risso,  Hist. nat.  Europemérid.  1826, 
Variété  courte,  petite  et  nettement  fasciée.  Ma  collect. 

Habite  les  prairies,  les  champs,  les  luzernières  du  littoral.  Elle 
se  rencontre  encore  assez  abondante  au  pied  des  Albères  jusques 
à  Amélic-les-Bains,  dans  la  vallée  du  Tech.  Je  l'ai  trouvée  au 
mas  de  TOIIastre,  sur  les  bords  de  la  Vcrdouble,  rivière  qui  se 
jette  dans  TAgly. 

V Hélix  acuta  est  très  voisine  de  YH.itarbara.  Elle  s'en  éloigne 


i 


55 

cependant  par  sa  forme  allongée,  par  ses  tours  de  spire  plus 
saillants,  plus  nombreux  et  le  dernier  beaucoup  moins  gr?nd. 
UH.  barbara  devient  très  rare  à  mesure  que  Ton  s'élève  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer,  tandis  que  les  exemplaires  de  Y  H.  aeuta 
deviennent  et  plus  fermes  et  plus  beaux,  lorsqu'on  les  trouve  à 
des  altitudes  que  Y  Hélix  barbara  n'atteint  jamais. 


3.  Hélix  apalolena. 

Hélix  laclea.  Muller,  Verrniumterr.etfluv.histor.im. 

—  —     Miciiaijd,  Comp.  Drap.  Fig.  bonne'.  1831. 

—  —     Compànyo,  Hisl.  nal.  Pyr.-Orient.  1863. 

—  apalolena.  Bourguignat\  Moll.  nouv.  Ulg.  ou  peu 

connus.  1867. 

—  punclata.  Dupuy.  Variété  globuleuse. 

A.  Varietas  umbilicata.  Ma  collection. 

B.  Varietas.  Bouche  à  gauche.  Ha  collect. 

Habite  le  littoral  de  la  Méditerranée  depuis  les  plaines  de 
Canet,  CluUeau-Roussillon,  Perpignan,  jusques  aux  limites  du 
département  de  l'Aude. 

Bourguignal  a  créé  celle  nouvelle  espèce  parce  qu'il  a  remar- 
qué qu'elle  est  spéciale  aux  contrées  septentrionales  et  littorales 
du  centre  hispanique,  et  Y  H.  punclata  aux  parties  occidentales 
du  sud  hispanique.  Quant  à  1'  H.  laclea  elle  serait  répandue  dans 
toutes  les  régions  du  centre  dont  elle  serait  une  forme  caracté- 
ristique. Si  VU.  apalolena  se  distingue  de  la  Lactea  par  son  test 
fragile,  translucide  et  à  peine  strié,  dé  la  Punctata  par  son  test 
et  par  sa  forme  plus  déprimée,  moins  globuleuse,  elle  présente 
des  différences  très  sensibles  et  très  importantes  dans  l'appareil 
reproducteur. 

1  Michaud  avait  seulement  remarqué  que  dans  le  Roussillon  la  Lactea 
était  plus  petite  et  plus  colorée. 


56 

4.  Hélix  aperta. 

Hélix  aperta.  Born,  Test,  musœi  Cœsarei  Vindobonensîs. 

1779. 

—  nalicoides.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  ei  hisL  moll. 

de  France.  1801  et  4805. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Companyo  a  recueilli  celte  hélix  dans  les  champs  et  les  vignes, 
dans  les  haiefc  et  les  broussailles  des  parties  basses  des  Albères. 

Je  n'ai  jamais  pu  la  trouver  dans  les  localités  désignées.  Ne 

serait-ce  pas  une  espèce  qu'on  a  voulu  y  acclimater,  sans  succès 

aucun  ? 

■ 

5.  Hélix  apicina. 

Hélix  apicina.  Lamarck,  Syst.  animaux  sans.  vert.  1822. 

—  —      Miciiaud,  Compl.  Drap.  1831. 

—  —      Companyo,  HisL  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Cette  hélix  a  été  recueillie  par  Aleron  vers  Saint-Anloine-de- 
Galamus,  au-dessus  de  Saint-Paul,  le  long  de  la  vallée  de  FAgly, 
en  descendant  jusques  à  Rivesaltes;  Espirr,  dans  les  champs  et 
les  luzernes.  Je  l'ai  trouvée  dans  les  prairies  du  littoral  de 
l'étang  de  Salses  jusques  au  Département  de  l'Aude  où  elle 
est  plus  commune  et  très  abondante. 

6.  Hélix  arbustorum. 

Hélix  arbustorum.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 

•—         —  Draparnaud,  HisL  moll,  Fran.  180S. 

Arianta  arbustorum.  Leack,  Brit.  moli.  test.  1831. 
Hélix  arbusloram.  Companyo,  HisL  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

—    Canigonensis,  Boubée. 

L'H.  Canigonensis  est  une  variété  petite  de  l'arbustorum  ;  elle 
se  trouve  à  Vernel-les-Bains. 


57 

L'H.  arbustorum  coquille  d'un  bran  jaunâtre  pins  ou  moins 
foncé,  plus  ou  moins  clair,  fortement  striée,  souvent  d'une  cou- 
leur verdétre,  avec  une  bande  noire  marquée.  Habite  les  monta- 
gnes moyennes. 

■ 

7.  Hélix  aspersa. 

Hélix  aspersa.  Mullrr,  Vermwtn  terr.tifluv.  hisl.  1974. 

—  —       Draparnaud,  Hist.  mott.  de  France,  1  805. 

—  —       Companyo,  Hùt.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

A.  Variétés  sénestres.  Ma  collection. 

B.  Variété  scalaires.        Idem. 

C.  Monstruosité.  Idem. 

Habite  tout  le  département. 

Cette  espèce  se  fait  remarquer  par  ses  variétés  de  couleur 
blonde,  fasciée,  ombrée,  etc.,  par  sa  taille,  quelquefois  très 
grande,  quelquefois  très  petite. 

8.  Hélix  barbara. 

Hélix  barbara.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 
Bulrmus  ventrieosus,  Draparnaud,  Tabl.  desmoll.  1801. 
Cochinella  ventrosa.  Risso,  Moll.  des  Alpes  marit  1836. 

Habite  les  \  rés  et  les  luzernes  le  long  du  littoral  de  1 1  Salan- 
que,  elle  se  tnuve  rarement  au-dessus  des  montagnes  muyennes. 

Il  est  fâcheux  que  la  loi  d'antériorité  enlève  à  cette  espèce  le 
nom  vulgarisé  que  lui  avait  donné  Draparnaud. 

9.  Hélix  cantiana. 

* 

Hetik  cantiana.  Mootagu,  Test.  Brit.  1805. 

—  carthusiana.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1806. 
Theba  carthusiana.  Risso.  Hist.  nat.  Eur.  méritfi.  1826. 
Hélix  cantiana.  Drouet,  Mott.  terr.  et  fluv.  viv.  France 

continentale.  185S. 

—  cartbtisiana.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 


58 

Habite  dans  les  jardins,  les  broussailles,  les  champs  de  la 
plaine  du  département  surtout  aux  environs  de  Perpignan. 

La  Carthusiâna  Muller  a  été  décrite  par  Draparnaud  sous  le 
nom  de  Carthusianella. 

10.  Hélix  carthusiâna. 

Hélix  carthusiâna.  Huiler,  Verm.terr.  fluv.  hisL  1774. 

—  carthusianella.  Draparnaud,  Hisl.  moll.Fran.  1 805. 

—  —  Rossmâssler,  Icon.  suff.  moll.  1837. 

Habite  les  environs  de  Perpignan  et  une  grande  partie  du 
département. 
Non  Carthusiâna  Drap,  qui  est  Y  H.  cantiana, 

11.  Hélix  cemenelea. 

Theba  cemenelea.  Rtsso,  Hist.  nat.  Europe  mérid.  1826. 
Hélix  Gallo-provincialis.  Dupuy,  Hist.  moll.  Fran.  1848. 

w 

—  cemenelea.  Bourguignat,  Etude  synonimique  sur 
les  mollusques  des  Alpes  maritimes  par  Risso.  1861. 

D'après  Bourguignat  Y  Hélix  gailo  provincialis  décrite  en  1848 
par  Dupuy  doit  prendre  le  nom  d'/feltx  cemenelea  imposé  par 
Risso  en  1826. 

C'est  par  erreur  que  Mortillet  et  Stabile  ont  rangé  cette  espèce 
parmi  les  synonimics  de  Y  Hélix  carthusiâna  Draparnaud. 

12.  Hélix  cespitum. 

Hélix  cespitum.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 

Helicella  (varians;  échantill.  à  teinte  blanche,  Risso)  1826. 

—      (fasciala  ;  variété  à  teinte  jaunâtre,  Risso).  1896. 

Hélix  introducta.  Ziegler.  1835. 

— -   cespitum.  Companyo.  Hist.  nat.  Pyr.+OrienL  1863. 

Très  commune  à  Prats-de-Moll6,  dans  les  environ*  de  Géret  et 
dans  diverses  localités. à  la  même  altitude. 
Le  capitaine  Michel  en  avait  trouvé  un  exemplaire  sénestre. 


59 
13.  Hélix  Companyoi. 
Hélix  Companyoii.  Alerok,  Bull.  Soc.  phil.  Perp.  1845. 

—  —  Dupuy,  Hist.  moll.  de  France.  1847. 

-  —  Compàryo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 
Suivant  beaucoup  d'auteurs,  variété  de  YH.  terpentina. 

Habite  la  dernière  anse  de  Banyuls-sur-Mer,  sur  les  bords 
d'an  ravin  de6  Âlbères  qui  se  déverse  à  la  mer  au  cap  Cerbère. 
Elle  se  cache  dans  les  fentes  des  rochers,  dans  les  broussailles, 
et  au  pied  des  arbustes. 

Companyo  avait  pris  ce  mollusque  en  assez  grande  quantité 
dans  la  localité  ci-dessus  indiquée,  et  l'avait  noté  comme  une 
variété  de  V Hélix  ierpentina.  Aleron  crut  pouvoir  en  faire  une 
espèce  nouvelle  qu'il  dédia  à  son  ami.  Un  autre  naturaliste  M.  Canta, 
dont  il  est  impossible  de  contester  la  sincérité,  annonça  qu'il  l'avait 
recueilli  dans  une  localité  voisine,  et  lui  conserva  le  nom  donné 
par  Aleron. 

Depuis  lors  j'ai  plusieurs  fois  exploré  cette  localité  sans  avoir 
pu  découvrir  cette  hélix.  Le  docteur  Penchinat,  botaniste  et 
naturaliste  distingué,  qui  habite  les  environs  de  Banyuls,  et  qui 
souvent  a  eu  occasion  de  visiter  et  de  faire  visiter  ces  montagnes, 
a  toujours  été  aussi  malheureux  que  moi.  Cette  hélix  habite 
l'Espagne.  En  1818  la  contrebande  avec  l'Espagne  était  très 
active,  et  les  habitants  de  Banyuls,  hardis  contrebandiers,  ont 
bien  pu  en  importer  dans  les  ravins  où  ils  déposaient  leurs  bal- 
lots quelques  exemplaires,  qui,  après  s'y  être  multipliés  faible- 
ment, n'ont  pu  s'y  acclimater  et  ont  disparu  totalement. 

Hélix  cinctella. 
Hélix  cinctella.  Companyo;  Hist.  mt.  Pyr.-Orient.  1863. 

VHelix  cinctella  n'a  pas  encore  été  rencontrée  dans  le  dépar- 
tement. 

Pendant  les  diverses  stations  que  j'ai  faites  à  La  Preste,  j'ai 
souvent  cherché  cette  espèce  dans  les  localités  indiquées  par 


60 

Companyo.  Je  n'ai  trouvé  que  YHelw  limbata.  Je  demeure  con- 
vaincu, et  plusieurs  naturalistes  pensent  comme  moi,  que  Com- 
panyo a  confondu  Y Hélix  cinctsllû  avec  Y  Hélix  limbata. 

14.  Hélix  ctooiflea. 
He!ii%>noidea.  DrAparnaitd,  Hist.  trioll.  France.  1805. 
—        Drouet,  Enum.  rnoll.  terr.  fl.  viv.  1855. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habite  sur  les  plantes  sèches  où  vertes  le  long  des  terrains  qui 
longent  nos  prés  de  la  mer.  Principalement  dans  les  expositions 
méridionales  de  la  vallée  de  Banyuls. 

15.  Hélix  conspurcata. 
Hélix  conspurcata.  Draparnaud,  TabL  moU.  Fran.  1801. 

—  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  tout  le  département,  très  commune  autour  de  Perpignan 
surtout  dans  le  cimetière  de  la  porte  Saint-Martin. 

On  en  trouve  de  très  belles  variétés  à  Latour-de-France,  Tau- 
tavel  et  Cases-de-Pène. 

16.  Hélix  cornea. 

Hélix  cornea,  Draparnaud,  Hist.  molL  de  France.  1805. 
Helicigona  cornea.  Risso,  Hist.  moll.  Eur,  mérid.  1826. 
Hélix  cornea.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habile  la  montagne  d'Arles-sur~Tech.  Dans  les  bois  des  Albè- 
res,  régions  inférieures.  Elle  affectionne  les  endroits  frais,  le  long 
des  ruisseaux,  vallée  du  Tech  et  dans  la  vallée  de  la  Tet,  Serdixiya, 
Estoher,  Villefranche-de-Conflenl. 

17.  Hçlij  oostatâ. 

Hélix  costata.  Muller,  Venmium  terr.  (luv.  hist.  1774. 

—  —      Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Oricnt.  1863. 

Habite  toutes  les  montagnes  des  Pyrénées,  tous  tes  pierres, 
dans  les  lieux  humides,  jamais  dans  la  plaine. 


61 

Elle  a  été  longtemps  confondue  avec  Y  Hélix  puUhdU  bien  que 
Muller  en  eut  fait  une  espèce  différente  à  cause  des  stries  rele- 
vées qui  la  distinguent  de  la  PukheUa  avec  laquelle  elle  habite 
ordinairement. 

♦ 

18.  Hélix  Deamoulinaii. 

Hélix  Desmoulinsii.  Farines,  Bail.  Soc.  phil.  Perp.  1835. 

—  Mouliosii.  PoTiEzetHiCiuuD,  Gal.moU.DouaiA$58. 

—  Desmoulinsii.  Villa,  Sysl.  conchyliol.  1841. 

—  cornea  yarietas.  Pfeiffer,  Mon.  helv.  moîl.  viv.  1848. 

—  Desmoulinsii.  Companyo,  Hisl.  nql.  Pyr.-Or.  1863. 

—  DesmQulînaii.  Bourguignat,  Moll.  de  SanrJulia  de 

Loria.  1863. 

Habite  Nolre-Dame-du-Casteil  près  de  Sorèdc,  Banyuls-sur-Mer, 
La  Preste,  Collioure,  montagne  des  Albères,  vallée  du  Tech, 
Saint-Martin-de-Canigou,  sur  les  bords  de  la  rivière  qui  se  déverse 
dans  la  Tel. 

On  voit  par  ces  divers  habitats,  que  celte  hélix  ne  se  trouve 
qu'à  une  altitude  d'environ  600  mètres  au  moins  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 

Rossmassler,  Pseifler,  et  plus  tard  Moquin-Tandon  ont  regardé 
Y  Hélix  Desmoulinsii  comme  une  variété  de  YH.  cornea,  mais  il 
suffit  de  l'examiner  avec  un  peu  d'attention  pour  être  convaincu 
qu'elle  en  est  distincte,  par  son  dernier  tour  sub-caréné,  par  son 
test  plus  mince,  par  son  bord  columellaire  arqué,  jamais  gibbeux, 
et  surtout  par  son  peristome  continu.  Elle  présente  souvent  des 
zonules  fauves  et  brunes. 

19.  Hélix  ericetorum. 

Hélix  ericetorum.  Muller,  Verm.  terr.  fluv.  hisl.  1774. 

—  — x        CoMPAflYo,  Hist.  nat.  Pyn-Or.  1863. 

—  ammonis.  Stabilb,  Moll.  litig,  du  Piémont.  1864. 
Hélix  ericetorum.  Bourguig.,  Mal.  d'Aix-le&Bains.  1864. 


62 

Habite  les  Albères,  Céret,  Amélie4es-Bains,  vallée  du  Tech  ; 
Villefranche,  vallée  du  Tech;  Saint-Paul,  Càudiès,  vallée  de  PAgly. 

V Hélix  ericetorum  présente  un  grand  nombre  de  variétés.  Sa 
taille  diffère  suivant  les  altitudes,  elle  est  plus  petite  dans  les 
régions  élevées;  son  test  est  orné  de  zones  plus  ou  moins 
élégantes. 

20.  Hélix  explanata. 

Hélix  explanata.  Muller,  Verra,  terr.  fluv.  hist.  1774. 

—  albella.  Draparnaud,  Hist.  moll.  dt  France.  1805. 
Helicella  albella.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  mérid.  1826. 
Hélix  ex  plana  ta.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr^Or.  1865. 

Habite  Céret,  les  environs  de  Torreilles  près  le  Bordigol,  les 
environs  de  Salses.  Très  rare. 

21.  Hélix  Gigaxii. 

Hélix  Gigaxii.  Charpentier,  Calai,  terr.  fluv.  mott.  de  la 

Suisse.  1837. 

Je  ne  crois  pas  me  tromper  en  disant  que  cette  espèce  diffère 
peu  de  YH.  striata  Draparnaud,  et  qu'elle  devrait  n'ôlre  citée  que 
comme  une  variété;  seulement  son  ouverture  est  un  peu  plus  cir- 
culaire, et  le  bourrelet  interne  très  épais.  Ces  formes  se  relient . 
entre  elles  très  bien. 

22.  Hélix  hispida. 

Hélix  hispida.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758; 

—  —       Draparnaud,  Hist..  moll.  de  France.  1805. 
Bradybsena  hispida.  Beck,  Ind.  moll.  1857. 

Hélix  hispida.  Stabile,  Moll.  du  Piémont.  1864. 
Hélix  prevostiana,  Variété  fasciée. 

Habite  sous  les  pierres  et  les  feuilles  mortes  dans  les  endroits 


63 

frais  et  humides.  La  Manère,  Saint-Martin-de-Canigou,  Prats-de- 
Mollô,  La  Preste,  Saint-Laurent-de-Cerdans. 

23.  Hélix  hortensia. 

Hélix  hortensis.  Muller,  Verm.  terr.  fluv.  hist.  1774. 

—  —        Draparnaud,  Tabl.  moU.  France.  1801. 

—  hybrida.  Poiret,  Prod.  des  coq.  terr.  et  fluv.  1801, 
'  —  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 
Variété  jaune. 

Variété  à  teinte  rose. 

Variété  à  bandes  noires  ou  transparentes. 

Assez  commune  dans  les  altitudes  moyennes. 

Ne  vivant  pas  dans  des  régions  aussi  élevées  que  Y  Hélix  nemo- 
raUs,  elle  y  est  moins  commune.  Companyo  prétend  qu'on  ne 
trouve  pas  ces  deux  espèces  dans  les  mêmes  localités;  je  crois 
qu'il  est  trop  affirmatif,  car  Aleron  m'a  affirmé  les  avoir  trouvées 
accouplées. 

24.  Hélix  intersecta. 

Hélix  intersecta.  Poiret,  Coq.  terr.  et  fluv.  1801. 

—  -  -  Brand,  Hist.  moll.  de  Paris.  1816. 

—  —  Lamarck,  Syst .  anim .  sans  vertèbr.  1 822. 

—  —  Mi  chaud,  Compl.  à  Drap.  1831 . 

Cette  espèce  décrite  par  Poiret  n' est-elle  pas  une  variété  assez 
rare  de  la  Variabilis?  Toutefois  elle  est  remarquable  par  la 
vivacité  de  ses  fascies  interrompues. 

Habite  Salses  notamment,  ainsi  que  les  environs  de  Perpignan. 

Hélix  lactea. 
Hélix  lactea.  Muller. 

—  —     Michaud. 

—  —     Companyo. 

Voir  Hélix  apalolena. 


64 
25.  Hélix  Upicida. 
Hélix  lapicida.  Linné,  Système  de  la  nature.  4774. 

—  —       Draparkaud,  Tabl.  et  hist.  moll.  France. 

1801  et  1805. 
CarocoIIa  tapicida.  Lajjarck,  S  y  si.  anim<  sans  vert.  1822. 
Helicigona  lapicida.  Kisso,  Moll.  Alpes  maritimes.  1826. 
Hélice  Ha  mamiNala,  Risso.  Jeunes  échantillons  de  Y  Hélix 

lapicida.  1826. 
Hélix  lapicida.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1865. 
Varietas  alba. 
Varietas  Lecoqii.  Puton.  Blonde,  fauve,  maculée  de  brun, 

rouge&lre. 

Monstruosité.  Mon  Catalogue.  La  bouche  offre,  bien  qu'elle  soit 
intacte,  un  prolongement  d'environ  un  centimètre,  comme  un 
morceau  du  tube  d'une  serpule. 

Habite  tout  le  département,  excepté  dans  les  basses  régions. 
La  variété  Albinos  n'est  abondante  qu'à  La  Preste,  mais  si  on 
devait  faire  des  variétés  des  différentes  fascies  et  macules  elles 
pourraient  être  très  nombreuses.  Le  diamètre  de  notre  espèce 
est  pluh  grand  que  celui  des  espèces  de  toute  la  Fiance;  je  crois 
cepend;  ni  avoir  remarqué  qu'il  varie  dans  le  dépai  Icmenl  suivant 
la  riche  >se  calcaire  de  la  région  qu'elle  habite. 

26.  Hélix  lenticula. 
Helicigona  lenticula.  Férussac,  Tabl.  syst.  moll.  1821. 
Helicella  ferruginea.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  contin.  1826. 
Hélix  lenticula.  Michaud.  Compl.  Drap.  1831. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habitat.  Très  commune  dans  les  fossés  des  fortifications  de 
Collioure,  se  trouve  à  Cosperons  d'après, le  docteur  Penchinat, 
dans  les  ruines  de  ChAteau-Roussillon  d'après  Companyo,  très 
rare  dans  les  environs  de  Salses  où  je  l'ai  recueillie. 


65 
Hélix  lauta.  Voir  Sub-marilima. 

27.  Hélix  limbata. 

Hélix  limbala.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1803. 

—  —        Miciiaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1868. 

Habite  Arles-sur-Tcch,  Scrralongue,  le  pied  des  Albères, 
Sorède,  le  Bnulou,  Caudiès,  les  lieux  humides. 

Companyo  ne  signale  pas  cette  espèce  à  La  Preste,  et  cependant 
elle  y  est  très  abondante;  ce  qui  nous  confirme  la  confusion  que 
cet  auteur  a  faite  sur  YH.  cinctella.  Variétés  blanches,  blanches 
à  bandes  brunes  ou  blondes,  fauves  à  bandes  blanches  et  trans- 
parentes. 

28.  Hélix  lineata. 

Hélix  lineata.  Olivi,  Zoologie  adria tique.  1799. 

—  maritima.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1 863. 

Très  commune  sur  tout  le  littoral  depuis  Perpignan  jusques 
à  la  mer. 

29.  Hélix  Massoti. 

Hélix  Massoti.    BourgUignat,  Moll.  nouv.  litig.  ou  peu 
connus,  2«  fascicule,  page  31,  fig.  5  à  8.     1863. 

Très  rare  dans  les  environs  de  Perpignan,  assez  commune  et 
vivant  avec  YH.  micropleuros  dans  les  prairies  qui  se  trouvent 
entre  la  route  d'Àmélie-les-Bains  à  Arles,  et  la  rive  droite  du 
Tech. 

Malgré  tout  mon  désir,  je  n'ai  pu  bien  reconnaître  les  caractè- 
res attribués  à  cette  nouvelle  espèce  par  Bourguignat.  Ce  natura- 
liste prétend  que  dans  le  département  on  a  toujours  confondu 
17/.  Massoti  avec  la  Pygmœa  dont  elle  diffère  par  l'accroissement 
plus  lent  et  plus  régulier,  par  sa  coquille  d'un  tiers  pins  petite, 

5 


66 

plus  aplatir,  plus  finement  striée,  par  son  dernier  lour  descen- 
dant faiblement  vers  l'ouverture,  et  non  droit,  par  son  ouverture 
plus  échancrée,  plus  ronde,  aussi  haute  que  large,  tandis  que 
dans  TA.  pygmma  elle  est  plus  haute  que  large  ;  enfin  par  sa 
suture  très  profonde,  et  ses  tours,  qui,  vers  la  suture,  sonl 
comme  canaliculés.  D'après  Dourguignat,  V Hélix  pygmœa  n'exis- 
terait pas  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

30.  Hélix  melanostoma. 

Ilelix  melanostoma.  DnAVkiMWbiHist.moll.deFr.  1805. 

—  —  Compaisyo,  Hist.  nal.  Pyr.-Or.  1865. 

Habitat.  D'après  Companyo  cette  espèce  se  trouve  dans  les 
haies,  les  vignes,  les  plantations  d'oliviers  et  les  roches  calcaires 
des  environs  de  Maurv  et  de  Saint-Paul-de-Fenouillet  dans  les 
Cornières. 

Dans  mes  nombreuses  excursions  dans  ces  localités  j'ai  été  nssez 
malheureux  pour  ne  l'avoir  jamais  trouvée. 

31.  Hélix  micropleuros. 

Hélix  pygmaea.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 

—  micropleuros.  Paget,  Desc.  of.  a.  niew.  Iiel.  from. 

Montpellier.  1854. 

—  pygmœa.  Moquin-Tandon,  MolL  de  France.  1855. 

—  —       Companyo,  Hist.  nal.  Pyr. -Orient.  1865. 

—  micropleuros.  Bourguignat,  MolL  nouv.  lilig.  jmi 

connus.  1863. 

—  pygmaea  Stabile,  Moll.  vivants  du  Piémont.  1864. 

Habite  les  environs  d'Amélie-les-Bains,  dans  les  mômes  localités 
que  la  Manoti  ou  pygmœa. 

32.  Hélix  minutula. 

Tetta  minutissima,  sub-ptflucida,  cornea,  umbilicata  minutu- 
simè  êtriata,  spira  convexa,  anfraclibus  4,  convexh  regulariter 


67 

crescertiibus  ad  suturam  profundam,  aptrtura  parum  rotundata 
peristomate  recto  gimplice  ocuto,  marginibus  remotis. 

Coquille  très  petite,  faiblement  transparente,  d'une  teinte  cor- 
na4, pourvue  d'un  ombilic  évasé.  Exposée  nu  loyer  d'une  loupe 
onpeut  à  peine  deviner  des  stries  que  le  microscope  tait  aperce- 
voir. Spire  proéminente  offrant  quatre  tours  bombés,  saillants, 
d'une  croissance  régulière,  séparés  par  une  suture  profonde,  ce 
qui  lui  donne  une  forme  globuleuse  et  conique;  ouverture  arron- 
die, moins  haute  que  large,  peristome  aigu,  simple,  droit  ;  bonis 
marginaux  écartés. 

Hauteur,  4  millimètre.  Diamètre,  1  millimètre  Vv 

Habite  Saint-Martin-du-Canigou,  au-dessus  de  Vernel-les-Rains, 
sous  les  pierres  et  surtout  sous  les  tas  de  feuilles  mortes  agglo- 
mérées par  le  remou  du  vent. 

Celte  nouvelle  hélix  vient  augmenter  le  groupe  des  //.  pyymœu, 
avec  lesquelles  elle  ne  peut  être  confondue  à  cause  de  sa  peti- 
tesse, de  l'extrême  finesse  de  ses  stries,  et  surtout  de  sa  forme 
conique  et  globuleuse,  car  toutes  les  espèces  de  ce  groupe  sont 
plus  ou  moins  déprimées. 

33.  Hélix  neglecla. 
Hélix  neglecla.  bRkVkK&AUhfni&t.moll.  de  France.  1805. 

—  —       MiciiAim,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  18H3. 

Assez  commune  dans  tout  le  département. 

34.  Hélix  nemoralis. 

Hélix  nemoralis.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 

—  —         Drapaknaud.  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  —         Gras,  Desc.'moll.  de  l'hère.  1840. 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  18(33. 
Variétés    Transalpina,  Cisalpina,  Apennina.  Starile, 

Mollusques  vivants  du  Piémont.  1864. 


«8 

Variétés  unicolores,  jaunes,  rougeâtres,  grises. 
Variétés  avec  une,  deux,  trois,  quatre  et  cinq  bandes. 
Variétés  avec  des  bandes  noires  et  blanches  alternées,  et 

couvrant  tout  le  lest. 
Varjétés  scalaires. 
Variété  bouche  à  gauche. 

Divers  auteurs  ont  déjà  établi  dos  noms  pour  certaines  variétés, 
il  ne  serait  pas  difficile  d'en  créer  un  plus  jçrand  nombre. 

J'ai  observé  que  les  couleurs  du  test  deviennent  plus  ou  moins 
brillantes  suivant  que  les  régions  de  son  habitat  sont  plus  ou 
moins  élevées. 

Habite  tout  le  département  sans  distinction  d'altitude. 

35,  Hélix  obvoluta. 

Hélix  obvoluta.  Miller,  Verra,  terr.  et  flttv  hist.  1774. 

—  holosericea.  Gmelin.  Systema  naturœ.  1788. 

—  obvoluta.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 

—  angygira.  Ziegler,  Hypsométrie der.  Schiveiz.  1825. 

—  obvoluta.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 

Habite  au  pied  des  roches  calcaires,  sous  les  pierres  humides, 
à  Yillefranche,  Castell,  le  Vernet  et  La  Preste. 

Elle  n'est  pas  commune  mÊme  dans  les  localités  où  on  In 
trouve.  Du  reste  elle  n'existe  qu'à  de  certaines  élévations. 

36.  Hélix  Olivieri. 

Hélix  carlhusiana,  variété  B.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de 

.    France.  1805. 
Ile  lied  la  Olivieri.  Férlssac,  Tabl.  syst.  des  moll.  1821. 
Hélix  rufilabris.  Jeffreys,  Syst.  test,  in  trans.  linn.  1830. 

—  Olivieri.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

-r-    rufilabris.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 

—  —        Compaisyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1865. 


69 

Habite  tout  le  département. 

Beaucoup  d'auteurs  n'acceptent  pas  relie  espèce,  et  la  regar- 
dent comme  une  variété  minima  de  la  Carthnsina  Muller,  Carthn- 
sianella  Draparnaud.  Micliaud,  après  avoir  étudié  la  variété  1»  de 
17/.  carthmianella  décrite  par  Draparnaud,  se  rendant  sur  les  dif- 
férences qu'il  signale  dans  son  complément  en  a  fait  une  espèce, 
et  il  a  eu  raison. 

37.  Hélix  pisana. 

Hclix  pisana.  Muller,  Verm.  terr.  et  jluv.  hist.  1774. 

rhodostoma.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France  i 805. 
Theba  pisana;  Thelia  lucostoma.  Risso,  Histoire  nat:  de 

l'Europe  continentale.  1826. 
Hélix  pisana.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Variété  a  bandes  noires,  larges. 

Variété  bouche  a  gauche. 
Variété  scalaire. 

Habile  les  trois  vallées  du  département.  Très  commune. 

La  teinte  rose  ou  rosée  qui  distingue  un  grand  nombre  d'exem- 
plaires de  celte  belle  espèce  disparaît  quelquefois  totalement,  ou 
du  moins  s'affaiblit  beaucoup;  il  serait  difficile  d'en  signaler 
toutes  les  variétés  :  Blanches,  rosées,  jaspées  de  noir,  bandes 
pennées  et  linéaires,  bandes  noires  très  larges  couvrant  tout  le 
lest;  cette  variété  est  fortement  striée  et  coiinne  squammeuse. 

38.  Hélix  plebeia. 

Ilelix  plebeium.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  plebeia.  Michaud,  Compl.  à  Draparnaud,  1831. 

—  —      Bourne,  Moll.  de  la  Grande-Char tr.  1853. 

—  —      Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habite  sous  les  pierres  et  les  feuilles  sècbes  ;  Sainl-Paul-de- 
Fcnouillet.  Assez  rare. 


70 

39  Hélix  pomatia. 

Hélix  pomalia.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Companyo  a  essayé  d'introduire  cette  hélix  dans  le  dépar- 
tement. M.  Kindelan,  colonel  du  40e  de  Iiime  lui  en  fournit  les 
moyens.  Aleron,  et  plus  tard  M.  Calmétcs  déposèrent  cette  hélix 
dans  des  champs  et  des  vignes,  elle  s'y  multiplia,  dit- on,  mais 
il  est  aujourd'hui  impossible  d'en  trouver  un  seul  exemplaire. 
A-t-eïle  été  détruite  par  les  paysans  qui  la  recherchèrent  comme 
comestible,  ou  bien  if  a-l-elle  pu  s'y  acclimater  à  cause  de  la 
sécheresse  ou  de  l'ardeur  du  soleil  ? 

40.  Hélix  pulchella. 
Hélix  pulchella.  Muixer,  Verm.  terr.  et  fluv.  hist.,  1774. 

—  —         Dr  aparn àhd,  Hist.moll.  de  France,  1  803. 

—  —         Moqiin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habile  les  trois  vallées  du  département,  au  pied  des  .arbres, 
sous  les  pierres  des  terrains  humides  et  frais. 
Très  rare  dans  la  plaine. 

41.  Hélix  pygmaea. 
Hélix  pygmœa.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801. 

—  —       Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 

—  —       Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.- Orient.  1863. 

Ilouriuiiiniat  aflirniO'  que  YH.  pygmœa  n'existe  pas  dans  le 
déparlement,  qu'elle  a  été  toujours  confondue  avec  son  Hélix 
Massoti. 

42.  Hélix  pyramidata. 
Hclix  pyramidata.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Tlieba  pyramidata.  Risso,  Hist.  nat.  France  cont in.  1826. 
Hélix  pyramidata.  Miciiaud,  Compl.  à  Draparnaud,  1831 . 

—  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 


71 
Habilail  les  fossés  de  la  ville  et  delà  citadelle  de  Perpignan. 
Très  rare.  Plus  commune  dans  les  champs  qui  avoisinerrt  les 
bords  de  la  mer,  abondante,  d'après  Goni|ianyo,  sur  les  coteaux 
qui  longent  la  plage  de  Banyuls-sur-Mer. 

Elle  n'existe  plus  dans  les  fossés  de  la  citadelle  et  de  la  ville 
de  Perpignan. 

43.  Hélix  Pyrenaica. 
Hélix  Pyrenaica.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1803, 

—  —         Miciiagd,  Comf1,  à  Drap.  1831. 

—  —         Moquin-Tàndon,  Moll.de  France.  1855. 

—  —  Companyo,  Hist .  naL  Pyr. -Orient.  1  863. 

—  —  Bourguignat,  mollusques  de  San-Jtdia 

de  Loria.  1863. 

Habile  la  vallée  du  Tech,  Arles,  Prals-de-Mollo,  La  Preste, 
Villcfranclie,  Vcrnct-les-Bains,  Castell,  Saint-Martin-du-Canigou. 
Elle  n'a  pas  été  encore  trouvée  dans  la  vallée  de  l'Agly. 

44.  Hélix  Quimperiana 
Hélix  Quimperiana.  Férussac,  Hist.  des  malins.  1819. 

—  Kermorvani.  Moqcin-Tandon,  Hist.  moll.  1855. 
Quimperiana.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.- Orient.  1863. 

Déposée  au  pied  des  arbres  et  dans  les  parties  basses  sous 
Chiiteau-Roussillon  par  les  soins  du  colonel  Kindelan,  conchyo- 
logiste  distingué,  elle  n'a  pu  s'y  acclimater  (pie  d'une  manière 
passagère,  malgré  les  tentatives  réitérées  de  Companyo. 

45.  Hélix  Rangiana. 
Hélix  Rangiana.  Deshayes,  in  Fer.  et  in  Lam.  1838. 

—  —         Drouet,  Erium.  moll.  Fr.  contin.  1855. 

—  •  —         Compahyo,  HisLnol.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habitat.  Rang  a  le  premier  trouvé  cette  espèce  dans  le  ravin 
qui  descend  de  l'ermitage  de  Notre-Dame-de-Consolatiou. 


72 

M.  Uelicu,  propriétaire  à  Port- Vendras,  la  rechercha  et  la 
découvrit  avec  assez  de  difficulté.  Plus  tard,  Hichaud  et  Com- 
pany o  eu  trouvèrent  quelques  rares  exemplaires.  Boubée  ne  put 
la  recueillir  et  s'imagina  qu'on  lui  avait  donné  des  indications 
fausses.  Je  fus  assez  heureux,  à  l'aide  de  quelques  habitants  de 
Colliourc,  pour  eu  ramasser  plusieurs  milliers,  après  avoir,  pour 
ainsi  dire,  détruit  et  bouleversé  un  grand  nombre  de  murs  de 
soutènement,  dans  lesquels  V Hélix  rangiana  se  cache  pour  éviter 
la  chaleur.  Mon  confrère,  le  docteur  Penchinat,  restreint  l'habitat 
de  cette  espèce  entre  le  cap  Cerbère,  Banyuls-sur-Mer,  Port- 
Vcndrcs,  Colliourc  et  le  torrent  appelé  Ravaner,  qu'elle  ne  dépasse 
pas.  Elle  ne  sort  que  la  nuit,  évitant  les  fortes  chaleurs,  s'enfon 
çant  profondément  dans  la  terre,  et  ne  paraissant  qu'après  les 
fortes  pluies  et  dans  les  endroits  ordinairement  humides.  J'en  ai 
trouvé  un  seul  exemplaire  à  Vernet-les-Bains  ;  sa  taille  est  moin- 
dre, sou  test  est  brun,  tandis  que  le  test  de  la  Rangiana  des 
Albères  est  d'un  fauve  très  clair,  cendré. 

46.  Hélix  rotundata.   , 

Hélix  rotundata.  Mullbr,  Verra,  terr.  et  fluv.  hisl.  1774. 
—         Drap arnaui),  Hisl.  molL  France.  1805. 

—  —         David  in  A .  Dubois,  Gr, -Chartreuse,  i  845. 

—  —         Moquin-Tandon,  Mail,  de  France.  1855. 

—  —         Companyo,  Hisl.  nal.  Pyr. -Orient.  1  863. 

Habite  les  lieux  humides  et  frais  sous  les  feuilles  mortes  et  les 
pierres. 

J'en  ai  trouvé  de  magnifiques  échantillons  dans  une  des  cours 
du  château  de  Salses. 

47.  Hélix  rupestris. 

Hélix  rupestris.  Studek,  Faun.  helvi.  Sans  descrip.  1789. 

—  —        Drap.,  Hisl.  et  lab.  molL,  1801  et  1805. 

—  —        Miciiaui),  Compl.  à  Drap.  1881. 


73 

Hélix  saxalilis.  Hartmann.  SysL  yitstcropod.  1841, 

—  spirula.  Villa,  Dispos it.  syst.  concliyol.  1841. 

—  rupicola.  Starile,  Moll.  de  Lugono.  1859. 

—  rupestris.  Companyo,  Hisl.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habile  sur  les  roches  calcaires  dans  tout  le  département  ;  elle 
brave  sans  se  cacher  les  plus  fortes  chaleurs  ainsi  que  le  Pupa 
Farinesi. 

Celle  espèce  offre  un  grand  nombre  de  variétés  de  laille  diffé- 
rente, plus  ou  moins  striées,  ombiliquées,  coniques  ou  déprimées. 

« 
48.  Hélix  splendida. 

Hélix  splendida.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 

—  —         Companyo,  Hist.  nul.  Pyr.-Oricnt.  1863. 

Habite  sur  les  buissons  épineux  qui  garnissent  les  terrains  non 
cultivés  des  Corhieres,  à  Cases-de-Pène,  Salses,  vallée  de  l'Agly  ; 
à  Coustouges,  au  bas  de^  Albèrcs,  vallée  du  Tech  ;  Corbère, 
vallée  de  la  Tel. 

Penchinat  Ta  trouvée  au  Cap-Bearn  près  du  phare  et  à  Conso- 
lation. J'en  ai  recueilli  de  très  nombreuses  variétés,  bouche  rose, 
fa^iées,  à  bandes  jaspées,  ponctuées,  sablées. 

La  variété  à  cinq  bandes  à  été  dédiée  à  Penchinat,  Variclas 
Penchinat  i. 

À  Coustouges,  variété  h  bandes  noires  très  larges. 

J'ai  remarqué  que  la  teinte  rosée  qui  la  dislingue  souvent, 
^efface  peu  à  peu  et  quelquefois  disparait  totalement. 

49.  Hélix  squammatina. 
Hélix  squammatina.  Marcel  de  Serres. 

—  —  Companyo,  Ilist.  nat.  Pyr. -Or.  1803. 

Habite  Saint-Laurenl-de-Cerdans,  la  Preste,  le  Verne»!. 

Ihipuy,  Moquin-Tamlon,  Drouet  considèrent  17/.  squammatina 
comme  une  variété  de  VHclix  cornea.  Leur  opinion  ne  me  parait 


74 

pas  soulcnablc,  car  la  couleur  lie  de  vin,  le  relèvement  très  mar- 
que des  stries  formant  des  squammes  régulièrement  superposées, 
la  distinguent  de  V Hélix  cornea,  elle  ne  vit  pas  avec  elle,  et  ne  se 
trouve  que  dans  les  régions  plus  élevées. 

50.  Hélix  striata. 
Hélix  striata.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801. 

—  fasciolata.  Poiret,  Prod.  des  coq.  terr.  et  fluv.  1801 . 

—  caperata.  L.  Pfeiffer,  Monogr.  des  hélix  viv.  1818. 

—  profuga.  Ad.  Scumidt.  1854. 

—  striata.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

—  profuga.  Stabile,  Moll.  vivants  du  Piémont.  1864. 

Mainte  les  environs  de  Perpignan,  sur  les  bords  de  la  rivière 
la  Verdouble  près  de  Tautavel,  la  vallée,  du  Uéart,  les  ravins  et 
les  terrains  non  cultivés  près  de  Cake. 

51.  Hélix  strigella. 
Hélix  strigella.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habile  les  régions  moyennes  du  département.  Penchinat  l'a 
trouvée  aux  Àlbères,  Companyo  à  la  Preste  ;  dans  les  buissons, 
les  baies  ;  elle  est  assez  rare.  Je  l'ai  aussi  recueillie  à  La  Preste, 
à  Tautavel,  et  à  Saint-Laurenl-de-Cerdans.  Companyo,  Aleron  et 
moi  avons  recueilli  dans  les  bois  taillis  de  la  pépinière  de  Per- 
pignan la  variété  d'un  brun  rougeatre  avec  une  bande  blanche 
sur  le  dernier  tour,  ainsi  que  la  variété  brune  qui  est  très  rare. 

L'opinion  de  Companyo,  disant  qu'elle  a  été  amenée  dans  celte 
localité  parles  inondations,  est  plus  que  probable,  attendu  que 
depuis  quelques  années  elle  y  est  deveuue  introuvable. 

52.  Hélix  submaritima. 
Hélix  submaritima.  Desmoulins,  Stippl.  aux  moll.  de  la 
Gironde.  Bull,  de  la  Soc.  linn.  de  Bord.,  p.  16.  1829. 


75 

Hélix  lanta.  Loove,  Prim.  faun.  mader.  1831. 

—  submarilima.  Rossmassler,  Iconographie.  1859. 

—  —  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr.:Or.  1863. 

—  lauta.  Laixemand  et  G.  Servain,  Mail.  tcrr.  fluv. 

des  environs  de  Faulgonnc  (Aisne).  1869. 

Habite  les  environs  de  Perpignan,  les  prairies,  les  roules  qui 
se  dirigent  vers  la  nier.  Companyo  croit  pouvoir  la  désigner 
connue  se  trouvant  à  Vcrnet,  Saint-Antoine-de-Galamus  et  dans 
la  vallée  d'Eslolicr. 

Celle  espère  est  moins  commune  (pie  la  Variabilis  avec  laquelle 
elle  vit,  et  avec  laquelle  elle  a  été  souvent  confondue. 

J'ai  cru  devoir  conserver  à  cette  espèce  le  nom  qui  lui  a  élé 
attribué  par  Desmoulins  ;  la  loi  d'antériorité  ne  permet  pas  de 
lui  donner  celui  de  Lauta.  Je  m'appuie  sur  la  synonymie  établie 
par  Bourguignal.  Malacologie  terrestre  et  fluvialile  de  la  Bretagne, 
|Kige  155. 

Les  naturalistes  qui  en  ont  fait  V Hélix  lauta  Loove.,  1831,  ne 
connaissaient  pas  le  supplément  que  Desmoulins  a  inséré  eul&2'J 
au  bulletin  de  la  Société  Linnceune  de  Bordeaux. 

53.  Hélix  sylvatica. 

Hélix  sylvatica.  Draparnaud,  Tabl.  et  hisl.  moll.  France. 

1801  et  1805. 
Ilelicogena  olivacea.  Hisso,  Mail,  des  Alpes  marit.  1826. 
Hélix  sylvatica.  Miciiaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —        Gras,  Desc.  des  moll.  de  l'hère.  1840. 

—  vindobonensis.  Dupuy,  llisl.  moll.  de  France.  1847. 

—  svlvatica.  Bourne,  Desc.  Grande-Chartreuse.  1853. 

—  alpicola.  Moquin-Taxdoh,  Moll.  de  France.  1858. 

—  —        Companyo,  Hisl.  nal.  P;/r. -Orient.  1805. 

Habite  les  bois  des  Albères,  où  elle  est  commune,  dit  Aleron, 


76 

la  montagne  de  Céret  dans  les  bois  du  Puits  de  la  neige  y  cl  à 
Saint-Laurent-de-Cerdans. 
Je  crois  cette  espèce  très  rare. 

54.  Hélix  terrestris. 
Hélix  lerrestris.  Linné,  Système  de  bx  nature.  1758. 

—  crenatula.  Muller,  Verm.  terr.etfluv.  histor.  1774. 

—  terrestris.  Pennant,  Brit.  zool.  1777. 

—  elegans.  Draparnaud,  Tabl.  et  hist.  des  moll.  de 

France.  1801—1805. 
Uelicella  solarium.  Risso,  Moll.  des  Alpes  marit.  1826. 
Hélix  elegans.  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habite  les  prairies,  les  Hizcrnières,  les  champs,  les  roules  qui 
conduisent  à  lu  mer.  J'ai  recueilli  cette  espèce  au  mas  de  FOlIas- 
tre  près  Tautavel,  et  à  Opoul. 

55.  Hélix  Terveri. 
Hélix  Terverii.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

Habite  avec  17/.  variabilis  et  la  Maritima  les  environs  de  Perpi- 
gnan. Très  rare. 

56.  Hélix  trochoides. 

Hélix  trochoides.  Poiret,  Prod.  coq.  ter./luv.  Aisne.  1801 . 

—  conica.  Draparnaud,  Hist.  nat.  moll.  France.  1805. 

—  trochoides.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1 863. 

Habite  avec  V Hélix  terrestris  et  dans  les  mêmes  localités. 

Je  l'ai  trouvée  au  mas  de  l'OHaslre.  On  pourrait  facilement  se 
permettre  d'établir  plusieurs  variétés,  la  disposition  des  bandes 
étant  très  variée. 

57.  Hélix  trochilus. 

Hélix  trochilus.  Poiret,  Prod.  coq.  terr.  fluv.  1801. 

—  scitula.  Jan. 

—  trochilus.  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr. -Orient.  1863. 


\ 


77 

Habite  avec  YHelix  trochoidet  el  Y  Hélix  terre$tri$. 
Celle  espèce  est  bien  certainement  une  variété  surbaissée  île 
YH.  terrestris. 


58.  Hélix  variabilis. 

Hélix  variabilis.  Draparnaut>,  Tabl.  desmolL  1801. 

—  —        Michald.  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habite  but  le  département,  excepté  sur  les  hautes  montagnes. 
Le  nom  de  Variabilis  indique  combien  cette  espèce  peut  offrir  de 
variétés,  suivant  la  couleur,  le  nombre  de  bandes,  de  fascics  et 
de  flamules. 

Cette  espèce  a  fourni  plusieurs  variétés  dont  ou  a  fait  des 
espèces.  V Hélix  lineata  Olivi  et  17/  suh  maritima  Desmoulins, 
Maritima  Draparnaud,  YH.  acrompsia  Bourguignat. 

59.  Hélix  vermiculata. 

Hélix  vermiculata.  Muller,  Ver  m.  terr.  fluv.  hist.  1774. 

—  —  Draparnaud,  Hist.  molL  France.  1805. 

—  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 
Variété  ombiliquée. 

Variété  scalaire  à  différents  degrés. 
Variété  sénestre. 

Habite  toute  la  plaine;  très  commune  dans  les  vignes  el  dans 
les  haies  qui  les  entourent.  A  mesure  que  Ton  s'élève  dans  les 
régions  où  la  vigne  est  peu  cultivée,  elle  devient  de  plus  en  plus 
rare,  et  même  introuvable. 

Je  l'ai  recueillie  à  Vernet-les-Bains. 

Celte  espèce  offre  un  très  grand  nombre  de  variétés,  non-seu- 
lement par  sa  couleur  unie,  blanche,  blanchâtre,  ou  jaunâtre, 
mais  encore  par  la  disposition  de  bandes  (dus  ou  moins  nom- 
breuses, noires,  jaspées,  interrompues  ou  fauves. 


s 


78 
60.  Hélix  Xatarti. 

Hélix  Xalarli.  Farines,  Bull.  Soc.  phil.  Perpignan.  1835. 

—  Canigonensis.  Boubée,  Bull,  d'his.  naturelle.  1835, 

—  Xatarti.  Companyo,  Hist.  tint.  Pyr. -Orient.  1865. 

Habite  toute  la  chaîne  Pyrénéenne  xlu  département  à  uue  alti- 
tude considérable,  de  1200  à  2000  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Ait-dessus,  de  Prats-de-Mollo  et  de  La  Preste,  au  lieu 
dit  coll  de  las  molas,  sur  le  chemin  de  Notre-Dame  de  Nuria  par 
Campredon,  sur  le  pendant  de  font  Lletere.  Dans  la  vallée  d'Ôrri, 
et  de  Carença,  près  de  la  cullade  de  las  très  Creus.  Companyo  l'a 
trouvée  à  la  font  de  la  conque  avant  d'arriver  à  Cad}',  à  la  jasse 
de  la  Llapoudère,  sur  le  plateau  de  Cambres  d'Aze,  à  la  vallée 
d'Eyne,  à  la  vallée  de  Llo,  près  de  la  fontaine  du  Sègre. 

Je  crois  devoir  accorder  à  cette  espèce  une  place  dans  ce  cata- 
logue, bien  que  bon  nombre  d'auteurs  la  regardent  connue  une 
des  plus  belles  variétés  de  VArbustorum. 

Comparé  à  l'animal  de  VArbustorum,  celui  de  17/.  Xatarti  est 
(Furie  couleur  plus  claire,  ai  ses  points  oculaires  moins  noirs.  Le 
test,  d'une  couleur  jaune  vert-noirâtre  foncé,  est  marqué  d'une 
bande  noire  clair-semée  de  taches  jaunes.  Le  péristome  peu 
réfléchi  est  d'une  blancheur  très  pure,  l'ombilic  est  moyen.  La 
coquille  est  remarquable  par  les  replis  très  saillants  de  l'épi— 
derme,  plus  marqués  en  dessous  qu'en  dessus;  la  spire  est  pres- 
que aplatie,  sa  taille  est  constamment  la  même,  tandis  que 
celle  de  VArbustorum  est  très  inégale.  D'après  mon  savant 
confrère  et  ami  Companyo,  «  cette  coquille  dans  le  jeune  âge  esl 
«  transparente  et  fragile,  sans  bande  ni  taches,  profondément 
«  striée,  son  ombilic  en  partie  recouvert  par  la  col um elle  se 
«  développe  et  se  découvre  à  mesure  qu'il  avance  en  rige.  » 
Ce  naturaliste  observateur  remarque  que  la  coquille  adulte  est 
très  striée  et  comme  côtelée  par  des  replis  très  saillants,  »  mais 
il  donne  une  fausse  appréciation  de  ce  fait,  lorsqu'il  dit  que 
ces  stries  sont  probablement  des  restes  d'anciens  péristomes, 


79 

d'après  moi,  elles  sont  dues  à  œs  remarquables  relèvements 
épidermiques  que  je  signale  comme  étant  un  caractère  propre 
l\  un  grand  nombre  de  mollusques  des  Pyrénées-Orientales. 

4e  Genre.  —  Z  oui  tes.  Montfokt.  1810. 
1.  Zonites  Algirus. 

Hélix  algira.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 

—     —      Draparnaud,  Tabl.  et  hist.  moll.  de  France. 

1801  et  1805. 
Zonites  algirea.  Montfort,  Syst.  de  conchyologie.  1810. 

—  algirus.  Moqmn-Tandon.  Moll.  de  France.  185»"). 
Hélix  algira.  Companyo,  Hist.  naî.  Pyr .-Orient.  1863. 

Habite  encore  peut-être  sur  les  bords  du  ruisseau  de  las 
Canals,  au-dessus  du  pont  qui  traverse  la  route  nationale  de 
France  en  Espagne,  en  face  du  mas  d'el  Conte.  Déposée  pur 
llompanyo  dans  diverses  localités,  dans  les  fossés  de  la  citadelle, 
et  au-dessous  de  Château-Roussillon,  elle  n'a  pu  s'y  acclimater, 
j'en  ai  trouvé  un  seul  exemplaire  près  la  gare  du  chemin  de  fer, 
il  y  a  déjà  longtemps  ;  je  crois  que  cette  espèce  ne  tardera  pas  à 
disparaître  entièrement,  si  elle  n'a  pas  déjà  disparu. 

2.  Zonites  candidissimus. 

Hélix  candissima.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Helicogena candidissima.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.mér.  182(5. 
Zonites  candidissimus.  Moquik-Tandos,  Moll.  Fran.  1848. 
Hélix  candissima.  Companyo.  Hist.  nat.  Pyr. -Or.  1863. 

Habite  à  Garrius  près  de  l'étang  de  Salses  où  elle  est  très  rare. 

D'après  Companyo,  Aleron  l'aurait  trouvée  près  de  Laroque, 
route  de  Sorède,  et  lui-même  à  la  montagne  de  Céret  dans  les 
gorges  exposées  au  midi.  Ces  deux  localités  nie  paraissent  très 
douteuses. 


80 
3.  Zonites  cellarius. 
Hélix  cellaria.  Muller,  Vermium  terr.  et  fluv.  hist.  1774. 
Zonites  cellarius.  Ghay  in  Tlrton,  SheUs.  Brit.  1840. 
Hélix  Dumonti.  Mortillet.  Varietas  plana. 
Espèce  rare. 

Habite  sous  les  pierres,  les  bois  pourris  et  les  débris  «le  végé- 
taux. 

Je  n'ai  trouvé  que  la  variété  aplatie,  je  n'ai  pas  encore  rencon- 
tré le  type  de  Millier. 

4.  Zonites  cristallinus. 

Hélix  cristallina.  Muller,  Verm.  terr,  fluv.  hist.  1774. 
—  .       —  Draparnadd,  Hist.  moll.  France.  1805. 

Zonites  cristallinus.  Leack,  Brit.  moll.  test.  1831. 

—  —  Moquin-Tandon,  Moll.  France.  1 85o. 

Hélix  cristallina.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 
A  varietas  minor. 

Habite  tout  le  département. 
Commune  dans  les  alluvions. 

5.  Zonites  Farinesianus. 

Zonites  Farinesianus.  Bourguignat,  11e  et  12e  Décade, 
Mollusques  nouveaux  litigieux  ou  peu  connus.  1870. 

Habite  les  environs  de  Colliourc  et  de  Port-Vendres,  ainsi  que 
d'autres  localités  du  département. 

Le  Zonites  farinesianus  se  dislingue  du  Z.  lucidm  avec  lequel 
il  pourrait  être  confondu,  par  sa  coquille  plus  conVefce,  par  son 
dernier  tour  h  peine  plus  grand  que  l'avant-dernier,  par  son 
ouverture  plus  petite,  plus  oblique  et  allongée.  Le  dessous  de  la 
coquille  parait  concave  à  cause  de  son  ombilic  large  et  creusé 
comme  un  entonnoir. 


84 

6.  Zoaittu  faWus. 

Hélix  fblva.  Muller,  Verminm  terr.  et  fiuv.  hist.  1774. 
—     —     Drap arnaud,  Hisi.  nat.  moll.  France.  1805. 
Zonites  trochiformis.  Montfort,  Syst.  conchyoL  1810. 
Zonites  fulvus.  Moquin-Tardok,  Moll.  de  France.  1855. 

—  —      Bourguignat,  Malac.  des  4  cantons.  1882. 

Très  rare,  dans  les  environs  de  la  métairie  Gaiïard,  route  de 
Villelongue-de-la-Salanque. 

Assez  commun  près  d'Amélie  les-Bains,  sous  les  pierres  et  dans 
les  lieui  humides. 

7.  Zonites  gltber. 

Hélix  glabra.  Stcder  in  Férussac,  Tabl.  syst.  moll.  1821 . 

—     Charpentier,  Cat.  moll.  1er.  fl.  Suisse.  1837. 

Zonites  glaber.  Moquik-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 

—  —      Bourgmgnat,  Mal.  Gr. -Chartreuse.  1864. 

Habite  sous  les  débris  des  plantes,  dans  les  endroits  humides, 
dans  tout  le  département. 
Cette  espèce  est  très  variable  quant  à  la  taille. 

8.  Zonites  lucidus. 

Hélix  lucida.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 

Helicella  Draparnaldi.  Bece,  Index  moll.  1837. 

Zonites  lucidus.  Bourgmgnat,  Catal.  coq.  d'Orient,  in 

Voyage  à  la  Mer  Morte.  1853. 
Hélix  lucida.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habite  les  environs  de  Céret  et  d'Arles  (Companyo). 
On  le  trouve  dans  les  alluvions  des  trois  rivières  du  départe- 
ment. Très  rare  à  Perpignan. 

9.  Zonites  nitens. 

Hélix  nileos.  Gmelin,  Système  dt  la  nature.  1780. 

—  —     Michaud,  Comp.  à  Drap.  1831. 

6 


82 

Zonites  niions.  Boir  guignât,  Calai,  coq.  d'Orient  1853. 
Hélix  niteus.  Companyo,  Hisl.  nal.  Pyr.^Orienl.  1865. 

Habite  la  vnlKcdeTAglyet.se  trouve  dans  les  afluvions  de  cette 
rivière. 

10.  Zonites  nitidulus. 
Hélix  nitidnla.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 
Zonites  nitidulus.  Cray  in  Turton,  Schells.  Brit.  1840. 
Hélix  nilidula.  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr. -Orient.  1863. 
Zonites  nitidulus.  Bourguignat,  Mal.  Gr.-Chart.  1864. 

Habite  La  Preste.  J'ai  été  assez  malheureux  pour  ne  pas  le 
rencontrer  dans  les  localités  désignées  par  Companyo,  notamment 
h  la  Font  dels  Comps. 

II  est  facile  de  le  recueillir  aprte  les  fortes  crues  d'eau,  dans 
les  alluvions  du  Tech. 

11.  Zonites  iiitidus. 
Hélix  nilida.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv.  historia.  1774. 
Zonites  nitidus.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 
Hélix  nilida.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Oriént.  1865. 

Habite  les  lieux  humides  et  ombragés,  dans  les  environs  de 
Perpignan,  de  Vernet-les-Bains  et  de  la  Preste. 

* 

12.  Zonites  olivetorum. 
Hélix  olivetorum.  Hermann,  exSchrôtler.  1784. 

—  —  Gmelin,  Système  de  la  nature.  1788. 

—  incerta.  Draparnaud,  Tabl.  mo1l.de  France.  1801. 

—  olivetorum.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  Leopoldina.  Charpentier,  Cat.  moll.  Suisse.  1840. 
Zonites  olivetorum.  Moquïn-Tandon,  Moll.  France.  1855. 
Ilvalina  Leopoldina.  Albers  in  Malak-Blatter.  1857. 
Hélix  olivetorum.  Companyo,  Hist.  nat.  Pj/r.-Or.  1863. 


88 

Habite  sous  les  pierres  dans  los  lieux  frais,  parmi  les  buissons, 
et  entre  les  racines,  s'enfonçant  sous  le  gazon  el  daus  la  terre. 

Dans  aucune  de  mes  excursions  je  n'ai  pu  recueillir  cette  espèce 
que  Companyo  a  trouvée  dans  la  vallée  de  Rigarda  et  de  Gloria- 
nés,  dans  les  ravins  du  bois  des  Fanges  et  de  Saint-Martin-de-Fosse. 

5e  Genre.  —  Bulimus,  Bruguière. 

1.  Bulimus  decollatus. 
Hélix  decollata.  Linné,  Système  île  la  nature.  1758. 
Bulimus  decollatus.  Bruguière,  Enc.  met.  vers.  test.  1789. 

—  —  Draparïuud,  Hist  moll.  Fran.  180o. 
Rumina  decollata.  Hisso,  Hist.  nat.  Eur.  màid.  1826. 
Orbitina  truncatella.  Risso,  Hist.  nul.  Eur.  mérid.  1826. 
A  varietas  alba. 

Habite  tout  le  département. 

2.  Bulimus  détritus. 

Hélix  delrita.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv.  hisloria.  1774. 
Bulimus  radialus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  180f>. 
Bulimulus  radiatus.  Kisso,  Hist.  nat.  Eur.  conlin.  1826. 
Bulimus  détritus.  Deshayes  m  Lam.,  an.  sans  vert.  1838. 

—  radiatus.  Companyo,  Hist. mit.  Pyr. -Orient.  1 863. 
Varietas  fui  va. 

Habile  Yernet-les-Bains ;  en  amont  et  en  aval  de  Yillefranclie- 
tie-Conflent. 

Très  rare  â  Saint-Paul-de-Fenouillet  où  j'ai  trouvé  la  variété 
brune. 

3.  Bulimus  montanus. 

Bulimus  sylvestris.  Studer,  Faun.  helv.  Sans  descrip. 1789. 

—  montanus.' Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  —        A.  Gras,  Descr.  moll.  de  l'Isère.  1840. 

—  —        Bourguignat,  Mal.  Gr.-Charlr.  1 864. 


84 

Habite  les  bois  en  montant  à  Cady,  la  forêt  de  Salvanère;  rare 
aux  environs  de  La  Preste. 

Cette  espèce  n'est  pas  commune  ;  après  les  pluies  on  la  trouve 
sur  les  arbres  à  épiderme  lisse  et  sur  les  bois  morts. 

4.  Bulimus  obscurus. 
Hélix  obscura.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv.  historia.  1774. 
Bulimus  obscurus.  Draparnaud,  Hisl.  tnoll.  France.  1805. 
Jaminia  edenlula.  Risso,  Hisl.  nat.  Europe  mérid..  1826. 
Bulimus  obscurus.  Moquiïi-Tandon,  Hist.  moll.  Fr.  1855. 
—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  les  montagnes  inférieures  et  la  plaine  du  département, 
dans  les  plantes  qui  entourent  le  pied  des  arbres  sous  les  amas 
de  pierre.  Je  l'ai  trouvé  dans  les  vignes  arides  du  haut  Yernet, 
près  Perpignan. 

S.  Bulimus  quadridens. 
Hélix  quadridens.  Muller,  Verm.  terr.et  fluv.  hist.  1774. 
Bulimus  quadridens.  Bruguière.  Vers,  testacés.  Enc.  1792. 
Pupa  quadridens.  Draparnaud,  Tab.  et  hist.  nat.  moll.  de 

France.  1801  et  1805. 

Jaminia  beterostropha.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  mérid.  1826. 

Pupa  quadridens.  Moquin-Tandon,  Hist.  des  moll.  1855. 

—         —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient,  i  865. 

Bulimus  quadridens.  Bourguignat,  Mal.  Gr.-Char.  1864. 

Habite  tout  le  département. 

Cette  espèce,  comme  le  Bulimus  trident,  a  des  formes  très 
variables,  surtout  quant  à  la  longueur. 

6.  Bulimus  tridens. 
Hélix  tridens.  Muller,  Verm.  terr.  et  fluv.  histor.  1774. 
Bulimus  tridens.  Bruguière,  Vers,  testacés.  Encycl.  1792. 


85 

Pupa  trideos.  Draparnaud,  Tab.  et  hist.  nat.  moll.  terr. 

etfluv.  de  France.  1801  et  1805. 
Bolimus  variedeotatos.  Hartmanh  in  Sturn.  1825. 
Jaminia  tridens.  Risso,  Hist.  nat.  deVEur.  mérid.  1826. 
Pupa  tridens.  Moqmn-Tàïtooh,  Hist.  moll.  France.  1855. 

—  —       Drouet,  Énum.  tnoïl.  lerr.  et  fluv.  France. 

continentale.  1855. 

—  -«-       Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 
  varietas  bidentata. 

Habile  tout  le  département  sous  les  pierres,  et  dans  toutes  les 
conditions  atmosphériques. 

Il  existe  un  grand  nombre  de  variétés  de  taille  et  de  grosseur. 
Quelquefois  le  But.  tridens  est  excessivement  court. 

6*  Genre.  —  Ferussacia. 

1.  Ferussacia  Bugesi. 
Ferussacia  Bugesi.  Bourguignat,  MoU.  nouv.litig.  ou  peu 

connus.  Janvier  1866. 
—  —      Paladilhe,  Mise  s  malac.  Févr.  1866. 

Comme  toutes  les  Ferussaem  on  la  trouve  sous  les  feuilles 
mortes  et  les  pierres  dans  les  endroits  humides  et  frais,  sous  les 
mousses. 

2.  Ferussacia  cylindrica. 

Testa  cytindrico  elongata;  parum  pellucida;  palHde  cornea;  apice 
obtuso  ;  anfractibus  ff ,  regulariter  crescentibus,  supremis  parvulis, 
antepenultimo  maximo. 

Apertura  oblonga  bi-lameHata,  peristomate  aWidulo  margine 
externo  et  columeUari  recto,  paululum  reftexo;  marginibus  callo 
Lctiuijunctis. 

Coquille  allongée  cylindrique,  à  peine  transparente,  cornée, 
sommet  obtus.  Six  tours  de  spire  s'accroissant  régulièrement, 
la  suture  qui  les  sépare  est  entourée  d'une  seconde  ligne,  les 


86 

premiers  petits,  l' avant-dernier  grand;  ouverture  oblongue  ornée 
de  deux  plis  lamelliformes  ;  péristome  blanchâtre,  bords  externe 
et  columellaire  presque  reclilignes;  bords  marginaux  réunis  par 
une  légère  callosité. 

Longueur,  5  millimètres;  diamètre,  â  millimètres. 

Habite  le  mas  d'Amont,  près  Coustouges. 

La  F.  subcylindrica  avec  laquelle  je  l'avais  d'abord  confondue 
en  diffère  par  sa  taille,  par  son  test  brillant  jaunâtre,  par  sa 
forme  obèse;  enfin,  par  son  ouverture  dont  le  bord  marginal 
externe  converge  vers  le  bord  marginal  columellaire. 

3.  Ferussacia  folliculus. 
Hélix  folliculus.  Gibelin,  Syst.  nat.  Cœroli  Linnœi.  1789. 
Pbysa  scaturiginum.  Drap.,  Tabl.  hist.  etmolL  1801—05. 
Acliatina  folliculus,  Michàud.  Compl.  à  Drap.  1831. 
Bulimus  folliculus.  Moquin-Tandon,  Moll.  France.  1855. 
Ferussacia  folliculus.  Bourguignat,  Aménités  mal.  1856. 
Zua  folliculus.  Companyo,  HisLnat.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habite  les  régions  les  plus  basses  du  département;  le  Véniel 
près  de  Pia,  Cases-de-Pènc,  sur  le  bord  des  chemins,  au  pied 
des  murs  de  soutènement  ;  elle  se  cache  dans  la  terre  entre  les 
racines  de  plantes  qu'elle  paraît  affectionner.  Pour  les  trouver  il 
faut  arracher  ces  plantes. 

Cette  espèce  n'est  pas  commune  dans  le  département  mais  en 
se  rapprochant  des  frontières  de  l'Aude  elle  devient  plus  facile 
à  rencontrer. 

4.  Ferussacia  gronoviana. 
Ferussacia  gronoviana.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  méri.  1826. 
—  —  Boi'RGUiGNAT,  Et.syn.Rùso.  1 861 . 

Cette  ferussacia  toujours  confondue  avec  la  F.  folliculus,  habite 
les  mêmes  localités,  mais  elle  doit  en  être  séparée  parce  qu'elle 
est  plus  grande,  plus  obèse,  plus  ventrue  du  côté  gauche  que  du 
côté  droit. 


87 
5.  Ferussacia  Moitessieri. 
Ferussacia  Moitessieri.  Bourgwgiut.  Moll.  nouv.  lilig. 

ou  peu  connus.  1866. 

—  —  Paladilue,  Miscell.  mal.  1866. 

6.  Ferussacia  Paladilhi. 
Fcrussacia  Paladilhi.  Boirguignat,  Moll.  nouv.  lilig.  peu 

connus.  1806. 
_        Paladilue,  Miscell.  malacol.  1866. 

7.  Ferussacia  subcylindrica. 
Ilelix  subcylindrica.  Luuuws,  Syslema  natum.  1758. 
—    lubrica.  Miller,  Vcrm.  lerr.  et  fluv.  hist.  4774. 
Bulimus  iubrieus.  BRUGtufcRE,  Vers,  leslaœs.  Kncyc.  1789. 
Achatina  luhrica.  Risso,  Hisl.  nat.  Europe  mérid.  1826. 
Zna  luhrica.  Leacîi  in  Mekke,  Synopsis  moll.  1851. 
Golamna  lubrica.  Cristofori  et  Jaïh\  Cal.  hisl.  nal.  1830. 
Acliatina  subcylindrica.  Deshayes  in  Lamarck.  1839. 
Bulimus  subcylindricus.  Duiuîy,  Hisl.  moll.  France.  1819. 

—  Iubrieus.  Moql'is-Tandok,  Hist.  moll.  Fr.  1855. 
Ferussacia  subcylindrica.  BotRcnoNAT,  Amên.mal.  18*>6. 
Zna  lubrica.  Companyo,  Hisl.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habile  loul  le  département  dans  les  lieux  humides  ■■!  fmi>. 
S4ius  les  détritus  des  feuilles  et  des  plantes,  sous  les  pierres. 

8  .  Ferussacia  Tescoi. 
Ferussacia  Vescoi.  Bourgi'IGNÀt,  Ferussacies  de  l' Algérie, 

Aménités  malacologiques. 
_  —      Bourguignat,  Mal.  chat.  d'If.  1860. 

_  —      Paladilue,  Miscell.  malacol.  1866. 

Nota.  J'avais  recueilli  dans  mes  excursions  un  très  praml  nombre. 
«If  mollusques,  qui,  par  leur  petitesse  et  le  poli  de  leur  test  pou- 


88 

vaient  appartenir  aux  genres  Ferusêoeia  et  Cœcianella;  sachant 
bien  que  la  coquille  devient  opaque  et  d'un  blanc  calcaire  après 
la  mort  de  l'animal,  je  voulus  les  examiner  et  les  étudier  avec  le 
plus  grand  soin.  Dépourvu  de  termes  de  comparaison  suffisants, 
je  cherchai  dans  les  descriptions  et  les  figures  publiées  par 
M.  Bourguignat  les  moyens  de  m'éclairer  et  d'utiliser  mes  recher 
ches.  C'est  donc  avec  leur  aide  que  j'ai  réussi  à  classer  plu- 
sieurs espèces  de  ces  deux  genres.  Je  crois  même  avoir  rencontré 
une  forme  identique  à  la  figure  de  la  F.  hohenwarti  de  Ross- 
massler.  Cependant  dans  là  crainte  d'attribuer  involontairement  à 
des  exemplaires  incomplets  ou  plus  ou  moins  âgés,  des  noms  et 
des  caractères  contestables,  j'avais  d'abord  résolu  de  signaler  seu- 
lement l'existence  de  ces  différentes  espèces  dans  le  département 
comme  probable. 

Plus  tard,  réfléchissant  qu'excepté  la  F.  hohenwarti  spéciale  à 
la  Carniole,  toutes  les  autres  habitent  les  régions  méridionales, 
j'ai  cru  pouvoir  revenir  sur  ma  détermination  première,  et  les 
classer  comme  faisant  partie  de  la  faune  malacologiquc  du  dépar- 
tement des  Pyrénées-Orientales,  toujours  prêt  cependant  à  recon- 
naître les  erreurs  que  j'aurais  pu  commettre. 

5*  Genre.  —  Cœcianella. 

Peu  de  mollusques  ont  reçu  des  conchyologistes  des  noms  plus 
nombreux  et  plus  variés. 

Il  suffira  de  les  énumérer. 

Hélix Linné 1758. 

Buccin  uni.. . .  Muller., 1774. 

Bulimus Draparn  aud 1 801 . 

Achatina Lamarck 1801 . 

Caecilioides.. .  Férussac 1807. 

Hélix Férussac 1819. 

Acicula Risso 1826. 


89 

Cionella Jeffreys 1830. 

Achatina Michauî) 1831 . 

Columna Cristofoéi  et  Jan  . .    1832. 

Slyloides 

Polyphemus. .  Villa 1 841 . 

Caecianella . . .  Bourguignàt 1 854. 

Sira Adolphe  Schmidt.  .  .  1855. 

Glandina Charpentier 1 857 . 

On  suppose  que  ce  mollusque  est  aveugle  parce  que  le  bouton 
oculaire  est  presque  nul,  et  qu'à  la  place  du  globe  oculaire  il 
existe  une  petite  dépression.  Ferussac  et  Nilsson  ont  observé 
ranimai  sans  découvrir  aucun  indice  du  point  oculaire. 

Baudon,  dans  son  catalogue  des  mollusques  de  l'Oise,  1862, 
déclare  avoir  trouvé  une  seule  fois  un  individu  vivant  de  la  Cutcia- 
nella  acieula  sous  une  pierre  derrière  un  mur  humide. 

c  L'animal,  dit-il,  est  blanchâtre,  à  demi  transparent,  un  pou 
<  rosé  à  sa  terminaison,  à  cause  de  la  présence  des  viscères;  il 
€  n'y  a  pas  apparence  d'organe  visuel  au  sommet  des  tentacules, 
c  Cependant,  j'ai  observé  que  l'animal  était  sensible  à  la  lumière  ; 
c  H  est  probable  que  l'impression  de  l'air  lui  est  désagréable,  et 
c  qu'il  cherche  à  l'éviter  étant  toujours  habitué  à  rester  caché 
«  assez  profondément,  i  Quoiqu'il  en  soit,  l'absence  ou  la  singu- 
lière conformation  des  organes  visuels  chez  ce  mollusque  ont 

présenté  des  caractères  assez  tranchés  pour  en  faire  un  genre. 

* 

1.  Cœcianella  acieula. 
Buccinum  acieula.  Muller,  Verm.terr.et  fluv.hist.  1774. 
Rulimu8  acieula.  Brugmère,  Vers.  test.  Encvclop.  1789. 

—  —  Draparnaud,  Tabl.  moH.  France.  1801 . 
Achatina  acieula.  Lamarck,  Hist.  anim.  sans  vert.  1822. 
Cionella  acieula.  Jeffreys,  Syst.  test,  in  trans.  linn.  1830. 
Achatina  aciculoides.  Villa,  Cat.  moll.  Lombardie.  1844. 

—  acieula.  De  Betta,  Mal.  délia  valle  di  non.  1852. 


90 

Bulimus  acicula.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France:  1855. 
Caecianella  acicula.  Bourguignat,  Amen,  malacolo.  1856. 
Achalina  acicula.  Companyo,  ///s/,  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

2.  Caecilianella  eburnea. 
Acicula  eburnea.  Risso.  1826. 

Caecilianella  eburnea.  Bourguignat,  Elude  syn.  de  Risso, 

Alpes  maritimes.  1861. 

—  —        Paladilhe,  Miscell.  malacol.  1866. 

3.  Caecilianella  uniplicata. 
Caecilianella  uniplicata.  Bourguignat,  M.  Aix-l-B.  1861. 

—  —         Paladilhe,  Miscell.  malac.  1866. 

On  trouve  toutes  ces  espèces  dans  les  lieux  humides  ou  dans 
les  alluvions. 

8e  Genre.  —  Moilcssieria.  Bourguignat.  1863. 
Paludina  vitrea.  Massot,  in  lilteris.  1812. 

—  —      Moquin-Tandon,  Moll.  de  Toulouse.  1 843. 

—  simoniana.  De  Saint-Simon,  Mise,  malac.  18i8. 
Bythinia  simoniana.  Dupuy,  Calai,  test.  Galliœ.  1849. 

Acicula  simoniana.  Pfeiffer,  nette  Cyclost.  in  Zeilsciir. 

fur.  malak.  1850. 
Hydrobia  simoniana.  Dupuy,  Hist.  moll.  de  France.  )85l. 

Pupula  simoniana  Charpentier,  mss.  in  Sghed.,  leste  L. 

Pfeiffer.  1852. 
Acme  simoniana.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1857. 
Hydrobia  simoniana.  Mich.,  J.  de  Couciiy.  18ocl.  1862. 
Moilessieria.  Bourguignat,  Monogr.  du  Genre.  1863. 
Acme  simonia.  Durreuil,  Cal.  moll.  de  V Hérault.  1863. 
En  18. .  M.  Anrrbiel  de  Montpellier,  avec  lequel  j'avais  été  mi* 
en  relation  par  les  soins  de  mon  maître  et  ami  le  capitaine 
Michaud,  avait  eu  la  complaisance  de  m'envoyer  deux  exemplai- 
res du  Cyclostoma  vitreum  for!  rare.  Dans  le  courant  de  Tannée 


91 

1842,  explorant  les  Corbières,  chaîne  de  montagnes  calcaires  peu 
élevées  qui  séparent  notre  département  du  département  de  l'Aude, 
je  visitai  une  petite  source  saline  dite  fouradada.  Cette  fontaine 
est  située  à  deux  kilomètres  environ  au  nord  de  Tautavel,  sur  le 
bord  d'une  route  qui  conduit  dans  l'Aude. 

La  chute  d'un  léger  filet  d'eau  avait  formé  un  petit  bassin 
d'environ  cinquante  centimètres  de  diamètre  et  de  quiilzc  à  vingt 
centimètres  de  profondeur  ;  le  trop  plein  s'échappait  en  traver- 
sant la  route,  et  tombait  dans  nn  ravin  qui,  après  un  parcours 
de  deux  kilomètres,  se  déverse  dans  la  Verdouble,  petite  rivière 
jamais  i  sec  qui  se  jette  dans  la  rivière  de  l'Agly  au-dessous 
d'Estagel.  Voulant  recueillir  et  examiner  à  mon  aise  un  assez 
grand  nombre  de  paludines,  que  je  supposais  être  la  viridis, 
je  ramassai  toute  la  mousse  qui  tapissait  le  fond  et  les  parois  du 
bassin.  Arrivé  chez  moi,  la  mousse  desséchée  et  secouée,  je 
reconnus  à  l'aide  d'une  loupe  quelques  exemplaires  du  Cyclottoma 
vitreum,  et  mes  recherches  .furent  assez  heureuses  pour  en 
recueillir  un  millier.  Ayant  eu  l'occasion  plus  tard  d'écrire  à 
Michaud,  je  lui  fis  part  de  ma  trouvaille,  en  lui  disant  que  je 
n'hésitais  pas  à  débaptiser  le  Cyclottoma  vitreum  pour  en  faire  la 
Paiudina  vitrea,  puisque  j'avais  trouvé  cette  espèce  attachée  soit 
sur  la  mousse,  soit  sur  les  cailloux  au  fond  de  la  fontaine;  c'est 
sous  cette  dénomination  qu'elle  fut  classée  dans  ma  collection, 
fe  vénérable  naturaliste  me  répondit  :  «  Puisque  vous  avez  trouvé 
<  en  abondance  le  Cyclostoma  vitreum  dans  une  fontaine,  c'est 
c  donc  une  paludine;  lorsque  je  le  découvris,  il  était  dans  les 
*  alluvions  et  rien  ne  prouvait  qu'il  fut  plutôt  fluviatile  que  ter- 
«  restre  ;  cette  question  est  désormais  jugée.  » 

Simple  amateur,  j'ignorais  le  travail  de  Moquin-Tandon  sur  les 
niollusques  de  Toulouse  (1843),  qui  indiquait  sans  distinction  de 
caractères  une  Paiudina  vitrea. 

En  1818,  Saint-Simon  signala  une  Paiudina  timoniana;  plus 
tard,  en  18-19,  Dupuy  adopta  uruïBythinia  simoniana,  et  lui  donna, 
en  18.riO,le  nom  générique  i'Hydrobia. 


92 

Une  note  de  Michaud,  insérée  dans  le  journal  de  conchyologie, 
octobre  1862,  signalait  la  découverte  que  j'avais  faite  dans  la 
fontaine  de  Fouradada.  Cette  simple  note  me  procura  l'honneur 
et  le  plaisir  de  lier  des  relations  avec  plusieurs  naturalistes  deve- 
nus plus  tard  mes  amis.  Voulant  remplacer  les  exemplaires  que 
j'avais  très  libéralement  distribués,  je  visitai  de  nouveau  la  bien- 
heureuse fontaine.  La  route  avait  été  rehaussée,  la  fontaine  était 
déplacée,  le  filet  d'eau  passait  sous  les  remblais  de  la  route,  et 
dans  le  nouveau  bassin  de  la  fontaine  je  ne  pus  y  trouver  une 
paludine.  En  1870,  me  trouvant  au  mas  de  l'OUastre,  sur  les 
bords  de  la  Verdouble,  au-dessous  du  point  où  se  jette  le  ravin 
de  Fouradada,  je  ramassai  des  alluvions  qu'une  crue  d'eau  avait 
réunis  sur  différents  points,  et  j'eus  le  plaisir  d'y  retrouver  plu- 
sieurs de  ces  paludines  dont  Bourguignat  a  fait  le  genre  Moitéê- 

•  m 

stcrm. 

Je  me  propose  de  renouveler  mes  recherches  soit  dans  la  fon- 
taine, soit  dans  le  ravin  qui  reçoit  les  eaux  de  Fouradada. 

Moitesseria  Massoti. 

Moitessieria  Massoti.  Bourg M  Monogr.  du  Genre.  1863. 

Habite  la  fontaine  dite  Fouradada  près  de  Tautavel  (source 
saline). 
Elle  se  trouve  aussi  dans  les  alluvions  de  la  Verdouble.  (rivière). 

9e  Genre.  —  Pupa. 
1.  Pupa  affinis. 

Pupa  clausiloides.  Pfeiffer.  Sans  description. 

—  affinis.  Rossmassler, '/conot/r.  moll.  Suisse.  1839. 

—  clausiloides.  Boubéb,  Bull,  d'hist.  naturelle.  1848. 

—  Companyo,  llist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Monstruosité  avec  une  bouche  supplémentaire.  La  Preste. 

Habite  la  Preste,  principalement  sur  les  roches  calcaires,  au- 


93 

dessus  l'établissement  thermal.  Commun.  Très  rare  dansla  vallée 
de  Vèrnet-les-Bains,  où  je  n'en  ai  tronvé  qu'un  exemplaire. 

S.  Pupa  avenacea. 
Bulimus  avenaceus.  Brugmère,  Vers.  test.  Encycl.  1792. 
Pupa  aveoa.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801. 

—  hordeum.  Studer,  var.  Kurses  verzeichniss.  1820. 

—  avenacea.  Moqua-Tandon,  Moll.  de  Toulouse.  1843. 

—  avenacea.  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr. -Orient.  1865. 
Habite  Salses,  la  route  d'Estagel  après  Cases-de-Pène. 

3.  Pupa  beileausiana. 
Papa  boileausiana.  Charpentier  in  Kuster.  1852. 

—  —  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr. -Or.  1865. 
Pupa  boileausiana,  varietas  rainor. 

Habite  Villefranche-de-Conflent. 

La  varietas  minor  habite  Caudiès. 

4.  Pupa  Bran  ni. 
Pupa  Brauni.  Rossmassler,  Jcon.  moU.  Suisse.  1835— 59. 

—  —      Drouet,  MoU.  terr.  fl.  viv.  Fr.  cotit.  1855. 

Habite  le  mas  d'Amont,  près  Coustouges.  Rare.  Les  Corbières, 
de  Salses  à  Vingrau,  très  rare. 

5.  Papa  cyiindrica. 
Pupa  Dufourii.  Férussac,  Hist.  moll.  Sans  descrip.  1822. 

—  cyiindrica.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1829. 

—  Dufourii.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1865. 
Habite  Villefranche-de-Conflent,  Amélie-les-Bains,  La  Preste, 

Saint-Laurent-de-Cerdans. 

Férussac,  en  1822,  donna  le  nom  de  Dufourri  à  cette  forme, 
sans  la  décrire  et  sans  en  déterminer  les  caractères.  En  1829 
Michaud  en  donna  la  description  et  le  nomma  Cyiindrica.  Il  m'a 
paru  équitable  de  laisser  à  Michaud  l'honneur  de  la  paternité. 


94  v  * 

6.  Pupa  cylindrica,  varietas  Polyodon. 

Habite  Saint-Laurent-de-Cerdans,  La  Preste. 

Celte  nouvelle  forme  cylindrique  a  été  désignée  sous  le  nom 
de  Pupa  cylindrica  varietas  polyodon. 

C'est  à  regret  que  j'adopte  ce  nom,  il  pourrait  faire  confondre 
cette  bonne  espèce  avec  le  Pupa  polyodon. 

Pour  éviter  cette  confusion,  possible,  ne  pourrait-on  pas  laisser 
à  Michaud  le  Pupa  qu'il  a  décrit,  et  donner  h  la  variété  le  nom  de 
Dufourii? 

7.  Pupa  eudolicha. 

Pupa  eudolicha.  Bourguïgnàt,  Moll.  nouv.  litig.  ou  peu 
connus.  Dec,  3e  décade,  p.  74,  pi.  VIII.  1863. 

Habite  La  Preste  avec  le  Pupa  al  finis. 

Je  m'incline  devant  l'autorité  de  M.  Rourguignat,  mais  je 
ne  puis  ra'empêcher  de  faire  remarquer  que  le  Pupa  eudolicha 
est  tellement  rare ,  que  sur  plusieurs  milliers  d'exemplaires 
(V A j finis  passés  à  la  loupe,  je  n'ai  pu  en  trouver  que  trois  exem- 
plaires. Cette  espèce  ne  devrait-elle  pas  plutôt  être  considérée 
comme  une  Varietas  edenlula  de  Yaffinis? 

8.  Pupa  doliolum. 

Bulimus  doliolum.  Bruguière,  Vers.  (est.  Encycpl.  1792. 
Pupa  doliolum.  Draparnaud,  Tabl.  et  hist.  des  moll.  de 

France.  1801  et  1805. 
—        —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habite  dans  les  bois,  sous  les  pierres  et  les  broussailles  de  la 
vallée  de  Conat,  de  Corsavy  et  Velmanya. 

9.  Pupa  Fariuesi. 

Pupa  Farinesi.  Desmoulins,  Soc.  linn.  Bordeaux.  1855. 

Torquilla  Farinesi.  Beck.  Index  moll.  1857. 

Pupa  Farines.  Michaud  et  Potiez,  Mat.  Douai.  1845. 


95 

Siomodonla  Fariuesi.  Mermet,  Moll.  Basses-Pyr.  1845. 
Pupa  Farinesi.  Moquin  Tandon,  MolL  de  France.  1855. 

—  —       Company o,  Hist.  nal.  Pyr. -Orient.  1865. 

—  —  Bourguignat,  M.  San-Julia  Loria.  1865. 
Varietas  allongée  étroite. 

Yarietas  major  striée. 

Habite  toutes  les  régions  du  département.  Espèce  très  com- 
mune résistant  sans  se  cacher  aux  plus  fortes  chaleurs. 

10.  Pupa  frumentum. 
Pnpa  frumentum.  Draparnaud,  TabL  molL  France.  1801 . 

—  triticuin.  Ziegler,  Iconogr.  in  Rossmassler.  1858. 

—  frumentum.  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr.-Or.  1865. 

Habite,  d'après  Companyo,  les  parties  basses  de  Gase*-de-Pène, 
KstageU  Villefranche. 

Je  n'ai  jamais  pu  trouver  cette  espèce  dans  les  localités  dési- 
gnées par  ce  naturaliste,  je  les  ai  cependant  explorées  bien 
souvent. 

11.  Pnpa  granum. 

Pupa  granum.  Draparnaud,  Tabl.moll.  de  France.  1801. 

—  —       Drouet,  Moll.  terr.  fl.  viv.  Fr.  cont.  1855. 

—  —       Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 

Habite  les  environs  de  Perpignan.  Très  commun  dans  tout  le 
département. 

12.  Pupa  megacheilos. 
Pupa  megacbeilos.  Cristofori  et  Jan,  Cal.  hist.  nat.  1 852. 

—  —  Rossmass.,  Icon.  moll.  Suisse.  1835. 

—  bigoriensis.  Charpentier. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1865. 

Habite  La  Preste,  Saint-Laurent-de-Cerdans,  les  Corhières. 
Très  commun. 


96 
13.  Papa  multidentata. 
Turbo  mullidentatus.  Olivi,  Zocl.  aériatica.  1792. 
Papa  variabilis.  Draparnaud,  Bist.  moll.  de  France.  1805. 
Hélix  mutabilîs.  Fèkvssac,  Essai  méth.  de  conchyol.  1807. 
Pupa  mullideotata.  Moquin-Tandon,  Hist.  moU.Fr.  1855. 

—  variabilis.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habite  VHlefrancbe-de-Conflent,  les  Corbières,  surtout  à  Cau- 
diès,  Saint-PauJ  et  Maury. 

14.  Pupa  muacoram. 
Turbo  muscorum.  LnmÉ,  Systema  naturœ.  1758. 
Pupa  marginata.  Draparnaud,  But.  moll.  France.  1805. 

—  bi-dentata.  Pfeifeer,  Syst.  ador  moll.  1821. 

—  muscorum.  Pfeiffer,  Deutsch.  moll.  1821. 

—  bi-granata.  Rossmassler,  icon.  moll.  Suisse.  1839. 

—  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Or.  1803. 

Habite  Amélie-les-Bains,  La  Preste,  TOllastre,  près  deTautave). 

15.  pupa  partioti. 
Pupa  partioti.  Moquin-Tandon,  Hist.  moll.  France.  1855. 
Habite  les  Corbières.  De  Salses  à  Vingrau,  très  rare. 

16.  Pupa  polyodon. 

Pupa  polyodoo.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Habite  la  vallée  de  la  Tet,  Villefranche  ;  la  vallée  du  Tech,  La 
Preste  et  Prats-do-Mollô  ;  la  vallée  de  l'Agly,  TOllastre  près  de 
Tautavel. 

17.  Pupa  pyrenearia. 
Pupa  pyrenearia.  Michaud,  CompL  à  Drap.  1831. 

—  saxicola.  Moquin-Tandon,  Hist.  moll.  France.  1 855. 

—  pyrenearia .  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1 865. 


91 

Habite,  d'après  Companyo,  La  Preste  où  il  est  rare,  commun 
à  la  tour  de  Mir  au-dessus  de  Prats-de-Mollô,  et  à  La  Manère, 
près  la  frontière  espagnole. 

Boubée  a  décrit  comme  espèce  une  variété  allongée  du  Pyre- 
nearia  sous  le  nom  de  Clautilioidet.  Elle  a  été  souvent  confondue 
avec  le  Pupa  a f finis. 

Le  jour  n'est  pas  encore  fait  sur  ce  pupa. 

18.  Pupa  ringicula. 
Popa  ringicula.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  183t. 

Habite  nos  trois  vallées;  Caudiès,  Vingrau,  Villefranche,  Cous- 
louges,  Sainl-Laurent-de-Cerdans. 
Il  diffère  du  Pupa  ringens. 

19.  Pupa  secale. 

Pupa  secale.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 

—  —      Rossmassler,  Iconogr.  moll.  Suisse.  1835. 

—  —      Companyo,  Hisl.  nal.  Pyr. -Orient  1863. 
Varielas  cylindr  froides,  Moquin-Tandon.  Les  Corbières. 
Varietas  serralina.  Les  Corbières. 

Varielas  tninor.  Les  Corbières. 

Accident  ou  monstruosité  :  deux  bouches. 

Habite  Yillefranche-de-Conflent,  Saint-Paul,  Caudiès,  Maury, 
Tautavel,  les  Corbières,  les  basses  montagnes  de  la  vallée  du 
Réart,  Thuir,  Castelnau,  Corbère. 

20.  Pupa  similis. 

Torbo  quinquedentatus.  Born,  Testacea  musœi  Cœsarci 

Vindobonensis.  1778. 
Boliraus  similis.  Bruguière,  Vers.  test.  Encyclop.  1792. 
Popa  cinerca.-  Draparnaud,  Tabl.  et  hist.  moll.  France. 

180!  et  1805. 

7 


98 

Clausilia  cinerea.  Risso,  Hist.  naL  Europe  mérid.  1826. 
Pupa  cinerea.  Miciiaud.  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  similis.  Companyo,  Hisl.  naL  Pyr.-Orient.  1863. 

—  quinquedentala.  Stamle,  Moll.  viv.  Piémont.  1864. 
Varietas  alba.  Tautavel. 

Monstruosité  allongée. 

Habite  tout  le  département.  Très  robuste,  ne  craignant  ni  la 
chaleur  ni  le  froid,  il  est  cependant  plus  commun  dans  la  vaille 
de  l'Agly. 

La  plupart  des  naturalistes  donnent  à  ce  pupa  le  nom  spécifi- 
que de  Rruguicre.  Cependant,  la  loi  d'antériorité  devrait  lui 
appliquer  celui  de  Born.  Ne  vaudrait-il  pas  mieux  dans  ce  conflit 
lui  laisser  celui  de  Draparnaud  ? 

21.  Pupa  umbilicata. 

Pupa  umbilicata.  Draparnaud,    Tabl.  et  hist.  moll.  de 

France.  1801  et  1805. 
Rulimus  unidenlalus.  Vallot, Moll.  delà  Côle-d'Or.  1801. 
Pupa  umbilicata.  Companyo,  Hist.  naL  Py. -Orient.  1863. 

Habite  tout  le  déparlement. 

Je  possède  dans  ma  collection  plusieurs  espèces  que  je  n'ai  pu 
déterminer,  et  qui  se  rapprochent  des  P.  muscorum  et  granum. 

10e  Genre.  —  Vertigo. 

1.   Vertigo   antivertigo. 

Pupa  antivertigo.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 
Vertigo  septemdentatu.  Férussac,  Tabl.  sy st.  moll.  1822. 

—  antivertigo.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —  Moquin-Tand.,  Hist.  moll.  Fr.  1855. 
Pupa  antivertigo.  Companyo,  Hist.  naL  Pyr.-Orient.  1865. 

Habite  Perpignan.  Rare.  Chalet  du  Bac,àS-Laurent-de  Cerdans. 


9» 
2.  Tertigo  Baudoni  (nobis). 
Vçrligo  Baudoni.  Mà&sot,  in  litteris.  1870. 

Habite  le  mas  de  l'Ollastre  près  de  Tautavel.  Très  rare  dans 
les  prairies  qui  bordent  la  rivière  appelée  Verdouble. 

Celte  espèce  nouvelle  et  inédite  que  je  dédie  à  mon  confrère 
et  ami  le  docteur  Baudon,  diffère  du  lyre  Vertigo  antivertigo, 
qui  est  allongé  et  lisse,  par  sa  forme  globuleuse,  et  surtout  par 
des  côtes  saillantes  ou  relèvements  et  expansions  épidermiques 
espacés  et  distribués  d'une  manière  régulière.  Le  Vertigo  Baudoni 
est  au  Vertigo  anliveriigo  ce  qu'est  Vtfelix  micropleuro$  à  V Hélix 
pyqmœa. 

'    Hauteur,  2  millimètres;  diamètre,  1  millimètre. 

3.  Tertigo  columella. 
Pupa  columella.  Benz. 

—  inornala.  Miciiaud,  CompL  à  Drap.  1851. 
Habile  Amélie-les-Bains. 

4.  Tertigo  edentula. 

Pupa  edentula.  Draparnaiid,  HisL  moll.  de  France.  1805. 
Vertigo  edentula.  Stgder,  Envies  vevieich.  conch.  1820. 

—  nitida.  Fêrussac,  Tabl.  syst.  moll.  Fvance.  1822. 

—  edentula.  Michai<d,  CompL  à  Drap.  1851. 

Habile  sous  le  détritus  des  feuilles  mortes  près  l'hermitage  de 
Saint-Martin-du-Canigou,  vallée  de  Vernct-les-Bains. 

5.  Tertigo  muscorum. 

Pupa  muscorum.  Draparnald,  Tabl.  moll.  France.  1801. 

—  miuutissima.  Hartmann,  m  newe  Alpin.  1821. 
Vertigo  cylindrica.  Férussac,  Tnbl.  syst.  moll.  Fr.  1822. 

—  muscorum.  Miciiaud,  CompL  à  Drap.  1831. 
Habite  les  Albères,  Amélie-les-Bains,  l-i  Presle,  Saint-Marlin- 

flu-Oanifrou. 


G57164 A 


100 
6.  Vertigo  pusilla. 
Verligo  pusilla.  Muller,  Verm.  ierr.  et  fluv.  Itist.  1774. 
Hélix  verligo.  Gmelin,  Syst.  nat.  Cœsarei  Linnœi.  1788. 
Pupa  verligo.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801. 
Verligo  pusilla.  Miciiaud,  Comp.  à  Drap.  1831. 
Pupa  pusilla.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Orient.  1863. 

Habite  Perpignan  et  ses  environs. 

7.  Vertigo  pygmœa. 

Pupa  pygmsea.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 
Verligo  pygmœa.  Férussac  père.  Essai  met  h, xonch.  1807. 

—  —        Férussac  père.  1807. 

—  —        Micuaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —        Rossmassler,  Icon.  moll.  Suisse.  1839. 

Habite  Amélie-les-Bains. 

8.  Vertigo  triplicata. 

Pupa  triplicata.   Studer,  Kurzes  verzeichnder  sUnveiz 

conch.  1820. 

—  tridenialis.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1881. 

—  —         Moquin-Tandon,  Hist.  moll.  Fr.  1835. 

Habite  x\mélie-les-Bains,  Saint-Martin-ilu-Canigou. 

9.  Vertigo  Venetzii. 

Vertigo  Venelzii.  Charpentier  tu  Férussac,  T.  sy.  1822. 

—  pli  cala.  A.  Miller,  Arch.  fur,  nalur.  1828, 

—  naoa.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  Venelzi.  Charpentier,  Cotai,  moll.  Suisse.  1857. 

—  hamata.  Held,  in  Isis.  1837. 

—  venelzii.  Stabile,  Moll.  terr.  viv.  Piémont.  1864. 

Habite  Perpignan  et  Amélie-les-Bains. 


j 


101 

H*  Genre.—  Baliax 
Etymologie.  Ba>coç  moucheté. 

Balia  perversa. 

Turbo  perversus.  Linné,  Syslema  naiurœ.  1768. 
Pnpa  fragilis.  Draparnaud,  Hisl.  moll.  de  France.  1805. 
Balca  fragilis.  Prideaux  in  Gray,  Zool.  joum.  1824. 
Clausilia  per versa.  Charpentier,  Cal.  moll.  Suisse.  1837. 
Balia  perversa.  Bourguignat,  Âmàn.  malacologiq.  1857. 
Balca  fragilis.  Companyo,  Hisl.  nal.  Pyr.-Orient.  1863. 

Balia  perversa,  variclas  viridula,  avec  ou  sans  tubercule. 
Sous  le  pont  de  Saint-Laurent-de-Cerdans. 

Habile  La  Preste,  Prats-dc-Mollo,  Arles.  Très  rare  dans  les 
Orliiï'res. 

12e  Genre.  —  Clausilia. 

1.  Clausilia  bidens. 

Turbo  bidens.  Linné.  Syslema  naiurœ.  1758. 
Bulimiis  papillaris.  Bruguiére,  Vers  test.  Encyclop.  1792. 
Pnpa  papillaris.  Draparnaud,  Tabl.  moU.  France.  1801. 
Clausilia  papillaris.  Draparnaud,  Hisl.  moll.  Fr.  1805. 

* 

Habile  Port-Vendres. 

La  Clausilia  bidens  de  Draparnaud  est  la  Clausilia  laminata. 

2.  Clausilia  laminata. 
Turbo  laininatus.  Linné,  Syslema  naiurœ.  1758. 
Hélix  bidens.  Miller,  Vermium  hisloria.  1774. 
Biilimus  bidens.  Bruguiére,  Vers  leslacés.  1792. 
Clausilia  bidens.  Draparnaud,  Tabl.  hisl.  France.  180J. 
Turbo  laminatus.  Montagu,  Test.  Brit.  1803. 


102 

Clausilia  lamiuata.  Turton,  Britisch  moll.  1831. 

— <  —        Companyo,  Hist.  nat,  Pyr.-Or.  1863. 

La  Clausilia  fimbriata  Ziegler,  décrite  et  figurée  par  Dupuy  sous 
ie  nom  de  Phaletala  est  une  variété  moins  lisse. 
Habite  Prats-de-Mollô,  l'OHastre  près  Tautavel.  Rare. 

3.  Clausilia  nigricans. 
Turbo  nigricans.  Pulteney,  Cal.  Brids.  dorsetshire.  1879. 
Pupa  rugosa,  var.  B.  Draparnaud,  Tabl.  hist.  Fi\  1801. 
Clausidia  obtusa.  C.  Pfeiffer,  Deutch.  moll.  1821. 

—  nigricans.  Jeffreys,  Syn.  test,  in  Traus,  Linn. 

Soc.  1828. 

Habite  avec  la  Clausilia  ftigosa,  dont  elle  estime  variété,  d'une 
teinte  plus  foncée,  et  moins  striée  que  le  type. 

4.  Clausilia  parvula. 

Hélix  parvula.  Studer,  Faun.  helvet.  Sans  descrip.  1789. 
Pupa  rugosa,  var.  Y.  Draparnaud,  Tabl.  hist.  moll.  1801 . 
Clausilia  parvula.  Studer,  Sysl.  verzeichniss.  1820. 

—  minima.  C.  Pfeiffer.  Deutch.  moll.  1821. 

—  parvula.  Companyo,  Hist. nat.P y r. -Orient.  1863. 

—  —      Bourguignat,  Mal.  d'Àix-les-Ba.  18fl*. 

Habite  Tautavel,  Amélie-les-Bains,  La  Preste,  Villefrancbe-de- 
Conflent. 

5.  Clausilia  rugosa. 

Pupa  rugosa.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  de  France.  1801. 
Clausilia  rugosa.  Rossmassler,  Icon.  moll.  Suisse.  1859. 

—  —       Gkateloup,  Tabl.  molL  vivants.  18oo. 

—  —  Moquin-Tandon,  Hist.  moll.  Fr.  1855. 
#—  —  Companyo,  HisLnal.  Pyr  .-Orient.  1 863. 
Habite  les  trois  vallées  du  département. 


103 

6.  Clausilia  solida. 

Pupa  solida.  Draparnaud,  TabL  moU.  de  France.  1801 . 

Turbo  labiatus.  Montagu,  Test.  Brit.  1805. 

Clausilia  solida.  Companyo,  Hist.  nat  Pyr. -Orient.  1863. 

Corapanyo  fa  recueillie  &  Cases-de-Pène,  à  Arles  et  dans  quel- 
cjues  vallons  des  Albères. 

7.  Clausilia  ventricosa. 
Papa  ventricosa.  Drapariwaud,  TabLmoU.  France.  1801. 
Clausilia  ventricosa.  Draparraud,  Hist.  molL  Fr.  1805. 
Hélix  ventriculosa.  Férussac,  Essai  méth.  motl.  1807. 
Clausilia  ventricosa.  Companyo,  Hist.  nat  Pyr.-Or.  1803. 

Habite  Prats-dc-Mollô,  La  Preste. 

KeFAMlLLB.  —  AURICUUD/E.  Kisso.  18âtî. 

Genre  Carychium. 

1.  Charychium  bidentatum. 
Carychium  bidentatum.  Moistagu.  Test.  Brit.  1805. 
Saraphia  bidentata.  Risso,  Ilist.  nat.  Alpes,  marit.  1826. 
Alexia  reflexilahris.  D'Orbïgm,  in  Chemt.  1819. 
—     bideulala.GRAY  in  Manuel  conch.  Woodward.  1870. 

Habite  les  environs  de  Salses. 

J'ai  trouvé  dans  les  mêmes  lieux  un  exemplaire  d'un  individu 
plus  fort,  plus  long:  d'un  millimètre  et  qui  présente  quatre  tuber- 
cules ou  dents  inégales.  Longueur  7  millimètres,  diamètre  ;$. 

Serait-ce  une  espèce  nouvelle  ? 

2.  Carychium  myosotis.  S.  G.  Alfxia. 
Àuricula  myosotis.  DraParnaud,  TabL  et  hist.  moll.  de 

France.  1801  et  1805. 
Carychium  myosotis.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1851. 


104 

Habite  les  prairies  qui  bordent  l'étang  de  Salses. 

Cette  espèce  nommée,  décrite  et  dessinée  par  Draparnaud, 
conservée  par  Nichaud,  a  été  et  est  encore  regardée  par  des  natu- 
ralistes distingués  comme  une  espèce  marine  ou  du  moins  sous* 
marine.  Je  l'ai  trouvée  vivante,  et  en  très  grande  abondanee  sur 
les  plantes  qui  croissent  entre  l'étang  de  Salses  et  la  route  natio- 
nale; ne  l'ayant  jamais  trouvée  dans  l'eau,  j'adopte  entièrement 
l'opinion  consciencieuse  de  Draparnaud  et  de  Michaud.  Si  j'avais 
conservé  quelque  doute,  la  lettre  de  Moquin-Tandon  à  M.  Petit 
de  la  Saussaie,  Jour,  conch.  1851,  aurait  levé  toutes  mes  hésita- 
tions, car  il  déclare  que  l'animal  du  Carychium  myosotis  est  un 
animal  terrestre.  , 

3.  Carychium  tridentatnm. 

Saraphia  trideutata.  Risso,  Hist.  nat.  de  Nice.  1826. 
Carychium  nanum.  Anton,  Verzeich.  der  conch.  1839. 

—  minimum,  v.  nanum.  Kustek,  Syst.  conc.  1844. 

—  elongatum.  Villa,  Cat.  moll.  Lombard.  1844. 

—  —         L.  Pfeiffer,  Monogr.  auric.  1 856. 

—  tridentalum.  Bouuguignat,  Amen,  mal.  1857. 

—  minimum.  Compàwyo,  Hist.  nat.  P.-O.  1863. 

Habite  sous  les  mousses,  et  sous  les  pierres  des  lieux  humides. 

Les  réflexions  que  M.  Bourguignat  a  insérées  dans  YÉtude  des 
mollusques  des  Alpes  maritimes  de  Risso,  m'ont  engagé  à  donner 
à  cette  espèce  le  nom  de  Tridentalum,  incertain  cependant  encore 
si  le  C.  minimum  n'existe  pas  aussi. 


7c  FAMILLE.  —  ACICUUDœ. 


N'a  pas  encore  été  trouvée  dans  le  département. 


105 

8«  FAMILLE.  —  CYCLOSTOM ID/E.  Hiegmann.  1832. 
OPERCULATA.  Operculés  terrestres. 

1««*  Genre.  —  Cyclosloma. 

Cyclostoma  elegans. 
Nerita  elegans.  Miller,  Vermium  hisloria.  1774. 
Cyclostoma  elegans.  Draparnaid.  Tabl,  moll.  Fr.  1801. 

—  —       Companyo,  Iïisl.  nat.  P. -Or.  1863. 
Varielas  elougata. 

Varietas  violacea.  Très  rare. 

Habite  tout  le  département,  plus  commun  dans  la  plaine  que 
dans  la  montagne. 

2«  Genre.  —  Pomatias. 

1.  Pomatias  apricus. 
Cyclostoma  apricum.   Mousson,  Bemerk.   nat.  Ihermcn 

von  Âix.  1847. 

—  obscurum,  varietas  apricum.  Partiot,  Mon. 

des  cyclost.  1848. 
Pomatias  carthusianum  Dupuy,  Ilisl.moll.  France.  1 851 . 

—  apricum.  Drouet,  Énu.  moll.  France  cont.  1 855. 

—  apricus.  Bourguignat,  Mal.  Aix-lcs-BainsA86i. 
Habite  les  Corbières,  Saint-Paul,  Caudiès,  Tautavcl. 

Diffère  de  YObscurus  par  sa  taille  plus  petite. 

2.  Pomatias  Bourguignati. 
Cyclostoma  patulus.  Draparnaud,  HisL  moll.  Fr.  1805. 
Pomatias  Bourguignati.  À.  de  Saint-Simon,  Dcscrip.  esp. 

nouv.  pomatias.  1869. 

Habite  le  mas  de  l'OUastre,  près  Tautavcl. 

Cette  espèce  se  distingue  du  Patulus  par  ses  tours  plus  déta- 
chés, plus  bombés,  par  ses  stries  saillantes,  par  son  péristome 
plus  large,  bi-labié  et  renversé. 


106 

3.  Pomatias  crassilabris. 

Cyclosloma  obscurum.  l)RAVkKnkV\>%var. Hi8LmoU%WOo. 
Pomatias  crassilabrum,  Dupuy,  Hist.  viv.  France.  1851 . 
Cyclosloma  obscurum.  Moqcin-Tandon,  var.  Moll.  F.  1855. 
Pomalias  crassilabris.  Stabile,  Coq.  viv.  Piémont.  1864. 

Habite  Gonstougcs,  mas  d'Amont;  Saint-Laurent-de-Cerdans. 
Variété  du  Pom.  obscurus. 

4.  Pomatias  Nouleti. 
Pomatias  Nouleti.  Duply,  Hist.  moll.  de  France.  1851. 
Cyclosloma  Nouleti.  Moquin-Tandon,  Moll.  France.  1855. 

—  Nouleti,  Companyo,  Hist.  nat.  P. -Or.  1865. 

Habite  Villefranche,  vallée  de  la  Tel;  Saint-Laurent,  vallée  du 
Tech  et  les  Corbières,  sortent  de  Caudiès  à  La  Pradelle,  vallée 
de  l'Agly. 

5.  Pomatias  obscurus. 

Cyclostoma  obscurum.  Draparnaud,  Tablmoll.  F.  1801. 
Turbo  conicuir. .  Vallot,  Liste  moll.  Côle-d'Or.  1801. 
Pomalias  Studeri,  varielas.   Hartmann,  in  neve  Alpïna* 

Syst.  gasterop.  1821. 

—  obscurum.  Ciustofori  et  Jan,  Cat.  ver.  1852. 

—  obscurus.  \j.  Pfeiffer,  Mon.  des  hélix.  1847. 

Habite  les  trois  vallées  du  département,  ainsi  que  les  vallées 
latérales  sans  descendre  au-dessous  d'Arles,  Prades  et  Estagcl. 

Les  plus  beaux  exemplaires  que  j'ai  recueillis  ont  été  trouvés 
dans  la  vallée  de  Saint-Laurent-de-Cerdaus,  à  Coustouges  et  près 
de  la  Mouga,  frontière  espagnole. 

6.  Pomatias  patulus. 

Cyclosloma  patulum.  Draparnaud,  HiU.  moll.  Fr.  1805. 

—  patula.  Lamarck,  Hist.  ani.  sans  vert.  1822. 

—  turriculatum,  var.  Menke,  Syn.  moll.  1830. 


107 

Pomalias  patulum.  Jak,  Calai,  lest,  in  coll.  Cristofori  cl 

Jan.  1832.    ' 

Pomalias  palulus.  L.  Pfeiffer,  Monogr.  dis  hélix.  1847. 

Cyclostoma  palolam.  Companyo,  Hist.  nat.  P. -Or.  1863. 

Habite  les  Corbières,  Maury,  Saint-Paul,  Tautavel. 

7.  Pomatias  septemspiralis. 
Hélix  septemspiralis.  Razoumowsky,  Hist.  n.  Jorat.  1789. 
Cyclostoma  patulum.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fr.  4801. 

—  maculalum.  Draparnaud,  Hist.  moll.  1805. 

—  roaculata.  Desrates  in  Lamarck,  Hist  anim. 

sans  vertèbres.  1838. 

—  septemsptrale.  Moqiîin-Tawdon,   Hist.  moll. 

de  France.  1855. 
Pomalias  septemsptrale.  Drouet,   Enum.  moll.  France 

continentale.  1855. 

—  seplemspiralis.  Crosse  in  Journ.  conch.  1864. 

Habite  Tautavel,  sur  les  Corbières. 

Cette  Pomalias  est  la  Maculatut  des  auteurs  modernes. 

8.  Pomatias  striolatus. 
Cyclostoma  turriculatum.  Philippi,  Moll.  Siciliœ.  1836. 
Pomatias  striolalum.  Porro  in.  Rev.  el  Magas.  zool.  1810. 

—  slriolalus.  L.  Pfeiffer,  Pncumonog.  viv.  1852. 
«kî  l'ai  trouvé  à  Saint-Paul.  Très  rare. 

3e  Genre.—  Truncatella . 

Truncatella  truncata. 

Cyclostoma  truucatulum.  Draparnaud,  Hist  moll.  1805. 

Truncatella  truncata.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  cont.  1826. 

Habite  sous  les  pierres  humides  le  long  des  bords  de  l'étang 

de  Salses  dans  les  parties  souvent  submergées. 

Est-ce  un  genre  sous-marin  ?  La  consistance  du  test  pourrait 
le  faire  croire. 


108 

Je  ne  l'ai  jamais  trouvée  dans  l'eau.  Les  Truncatelles  habitent 
les  mêmes  localités  que  le  Carychium  myosotis,  elles  vivent  sous 
les  pierres  qui  avoisinent  de  très  près  l'eau  de  l'étang.  Loove 
prétend  qu'elles  peuvent  vivre  pendant  plusieurs  semaines  après 
qu'elles  ont  été  sorties  de  l'eau. 

ORDO  H. 
Pulmobranchia.  —  Cuvier,  1817. 

9«  FAMILLE.  —  UMNMWM. 

1er  Genre. —  Limnœa. 
1.  Limuaea  auricularia. 

Hélix  auricularia.  LinnjCUS,  Syslema  naturœ.  1758. 
Buccinum  auricula.  Miller,  Vcrmium  historia.  1774. 
Bulimus  auricularius.  Bruguière,  Vers  testacés.  1792. 
Limnaeus  auricularius.  Draparnaud,  TabL  molL  1801. 
Radix  auriculata.  Denys  de  Moktfout, Sysl.conch.  1810. 
Limnœa  auricularia.  Lamarck,  Anim.sansvert.hist.  1822. 

Habite  Salscs,  la  rivière  de  la  Basse  à  Perpignan. 
Cette  espèce  est  peu  développée. 

2.  Limnaea  corrugata. 

Limnaea  corrugata.  Grateloup,  TabL  meth.  molL  viv. 

Habite  Vinça. 

L'érosion  très  remarquable  que  j'ai  observée  sur  les  dilîérenls 
tours  de  spire  et  surtout  sur  le  sommet,  ne  peut  être  considérée 
comme  un  simple  accident  de  corrosion  dû  à  l'action  des  eaux. 

3.  Limnœa  intermedia. 

Limnaea  intermedia.  Lamarck,  Hisl.ani.  sans  vert.  1822. 
—  —  Dupuy,  Ilist.  molL  France.  1851. 

Habite  Salses. 


109 
4.  Limnaea  limosa. 
Hélix  limosa.  Linné.  Syslema  naturœ.  1758. 
Limnseus  ovatus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Limnaea  ovala.  Lamarck,  Animaux  sans  vertèbres.  1822. 
limosa.  Moquin-Tandon,  Moll.  de  France.  1855. 
—      ovala.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 
Varielas  minor.  Perpignan. 
Varieias  minutissima.  Fontaine  fouradada. 
Varielas  lenuis.  Salses. 
Varietas  vcntricosa.   Perpignan;  romaine  arlésienne  de 

Bages. 
Varietas  membranacea?  Amélie-les-Dains,  eaux  chaudes. 
Varietas  albinos.  Salses. 

Habite  tout  le  département. 

Plus  connue  sous  le  nom  de  Limnœa  ovola. 

5.  Limnaea  marginata. 

Limnaea  marginata.  Miciiaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

Habite  une  fontaine  sur  le  bord  de  la  route  d'Amélie,  un  peu 
au-dessous  de  Reynès.  Salses. 

6.  Limnaea  palustris. 

Rùccinum  palustre.  Miller,  Vermhtm  historia.  1774.   . 
Hélix  corvus.  GuEtw^Syst.  naturœ.  Cœsar.  linnœi.  1788. 
Bulimus  palustris.  Bruguière,  Vers  teslacés.  1789. 
Hélix  crassa.  Razoumowsky,  Hist.  nat.  de  Jorat.  1789. 
Limnseus  palustris.  Draparnaud,  Hist,  nat.  moll.  1805. 
Lymnsea  palustris.  Flemming,  Brit.  ann.  1828. 
Varielas  minor. 
Varietas  albinos. 
Monstruosité,  columelle  festonnée.  Perpignan. 


no 

Variété  raccourcie.  Le  dernier  tour  formant  les  V6  de  la 

coquille. 
Varielas  gibba. 

Habite  Salses,  et  certains  fossés  des  mûrirons  de  Perpignan. 

7.  Limnœa  peregra. 
Buccinum  peregrum.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Hélix  peregra.  Gmemn,  Syst.  naturœ,  .Cœsar.  linn.  1788. 
Bulimus  pereger.  Bruguière,  Vers  testacés.  1789. 
Limnaeus  pereger.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Limnœa  peregra.  Lamarck,  Anim.  sans  vertèbres.  1822. 

—  —       Dupuy,  Moll.  de  la  France.  1851. 

—  .  —  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1865. 
Varietas  minima.  Puits  artésien,  mas  Sauvy,  près  Ville- 

neuve-de-la-Raho. 

Habile  Perpignan  et  au-dessus  de  Corneilla-de-Conflcnt. 

8.  Limnœa  thermalis. 

Limnœa  thermalis.  Boubée,  Bull,  d'hisl.  naturelle.  1855. 

Habite  le  mas  de  l'Ollastre  près  Tautavel.  Eaux  froides. 

La  Limnœa  thermalis  est  une  espèce  qui  forme  la  transition 
entre  la  Limosa  et  la  Peregra.  Elle  n'habite  pas  exclusivement  les 
eaux  chaudes.  M.  Droucl  l'avait  déjà  recueillie  dans  une  fontaine 
aux  environs  de  Mouy  (Oise). 

9.  Limnœa  truncttula. 
Buccinum  iruncatulum.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Bulimus  iruncatus.  Bruguière,  Vers  testacés.  1788. 
Limnœus  minulus.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fran.  1801. 
Bulimus  obscurus.  Poiret,  Coq.  lerr.  fi.  de  V  Aisne.  1801 . 
Limmcus  truncalulus.  Jeffreys,  Syst.  test,  in  trans.  linn. 

1822. 


111 

Limnaea  truncalula.  Moqijin-Tanbon,  Hist.  moll.  1855. 

—     minuta.  Compatwo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 
Varielas  minor. 
Varietas  minulissima. 
Varietas  de  forme  particulière.  La  Presie. 

Habite  tout  le  département. 

Cette  espèce  est  très  commune  dans  les  collections,  sous  le 
nom  de  Limnœa  minuta  que  lui  a  donné  Drapamaml. 

2e  Genre.  —  Physa. 
1.  Physa  acuta. 
Physa  acuta.  Draparnaud,  Hist.  moll.  de  France.  1805. 

—  fluviatilis.  Férussag,  Hist.  des  mollusques.  1819. 

—  acuta.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 
Varietas  albinos.  Saises. 

Habite  Saises,  le  puits  artésien  de  Bages,  les  eaux  chaudes 
sulfureuses  d'Amélie-les-Bains. 

2.  Physa  contorta. 
Physa  contorta.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1851. 
•     —       —        Companyo,  l/ûl.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 

Michaud  a  trouvé  cette  espèce  entre  Collioure  etPort-Vendres, 
dans  un  des  ruisseaux  qui  coulent  des  montagnes. 

M.  Ganta,  amateur  consciencieux,  possédait  cette  espèce  dans 
sa  collection,  mais  il  n'avait  pu  me  préciser  la  localité  où  il 
l'avait  recueillie.  Le  docteur  Penchinat  de  Port-Vendres,  ne  Ta 
jamais  trouvée.  J'ai,  moi  aussi,  exploré  les  lieux  désignés  par 
Michaud,  mais  vainement.  Je  dois  dire  que  je  l'ai  vue  et  examinée 
chez  Ganta. 

3.  Physa  cornea. 
Physa  cornea.  Massot,  Bull.  Soc.  de  Perpignan.  1845. 

—  —      Company o,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 


112 

Coquille  sénestre,  très  allongée  el  conique  vers  son  sommet 
qui  est  aigu  ;  le  test,  quoique  lisse,  présente  quelques  stries  lon- 
gitudinales légères,  il  est  terne  et  corné,  à  peine  transparent. 
Elle  présente  cinq  tours  de  spire  dont  le  dernier  est  plus  grand 
que  les  autres;  ouverture  ovale  oblongue,  très  retrécie  supérieu- 
rement; sa  longueur  inégale  pas  à  beaucoup  près  la  moitié  de  la 
hauteur  de  la  coquille  ;  péristome  simple.  Hauteur  huit  millimè- 
tres, diamètre  trois  millimètres. 

Cette  espèce  ne  pourrait  être  confondue  qu'avec  la  Physa  hyp- 
norum,  qui  en  diffère  par  sa  couleur  brillante,  par  le  nombre  de 
tours  de  spire  et  surtout  par  sa  taille  qui  est  plus  grande,  et 
enfin  par  sa  grosseur. 

Habite  les  ruisseaux  qui  coulent  vers  la  poudrière  près  de 
Perpignan.  C!est  là  que  je  l'ai  trouvée  en  1845.  Depuis  je  l'ai 
recueillie  dans  des  ruisseaux  alimentés  par  des  eaux  vives,  près 
de  Sainte-Marie-la-Mer. 

Drouet,  dans  son  énumération  des  mollusques  terrestres  et 
fluviatiles  de  la  France  continentale,  la  regarde  comme  une 
variété  de  la  Physa  acuta.  Moquin-Tandon  ne  veut  pas  l'admettre 
comme  espèce,  et  croit  qu'elle  est  une  variété  de  la  Physa  hypno- 
rum,  malgré  l'autorité  de  ces  deux  naturalistes  je  maintiens  la 
Physa  eornea  comme  une  espèce  nouvelle  et  inédite. 

4.  Physa  fontinalis. 
Bulla  fontinalis.  Linné,  Systema  naturœ.  1758. 
Hélix  pellucida.  Razoumowsky,  Hist.  nat.  deJorat.  1789. 
Physa  fontinalis.  Draparisaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 

Habite  Salses,  les  bords  du  Tech,  environs  de  Céret. 

5.  Physa  gibbosa  et  minutissima.  • 

Coquille  sénestre,  polie,  brillante,  mince  ;  ouverture  arrondie  ; 
péristome  aigu  et  fragile.  Sommet  mamelonné,  5  tours  détachés 
les  uns  des  autres  par  des  sutures  profondes,  les  premiers  à  crois- 


«3 
sance  régulière  ei  d'apparence  cyliiwïrUfue,  malgré  use  forte  c on- 
vexité^  les  deux  autres  beaucoup  plue,  grands  dans  tous  les  sens 
et  bombés,.**  qui  <(onne  à  cette  espèce  un  caractère  de  gibbosité 
très  prononcé ,  confirmé  par  les  différents  diamètres  de  la 
coquille  ;  en  effet  : 

Longueur  totale 2  .millimètres  «/,. 

Diamètre  des  premiers  tours i  millimètre. 

Diamètre  des  deux  derniers ......     1  millimètre    ■  U 

Habite  la  Preste.  Rare.  Je  n'ai  pu  en  recueillir  que  deux  exem- 
plaires, et  l'un  des  deux  est  loin  d'être  complet. 

6.  Pbysa  hypnorum. 
Bulla  hypnorum.  LnwÉ,  Syslma  naturœ.  1788. 
Planorbîs  turritus.  Mullër,  Vermium  historia.  1774. 
Bulimos  bypoomn.  Bruguière,  VersteH.  Encycl.  1780. 
Pbysa  hypnorum.  Draparnaud,  Hist.  molL  France.  1805. 
Habite  les  environs  de  Thuir,  les  ruisseaux  de  la  Salanque. 
Cea  daiis  les  fossés  de  la  citadelle  de  Perpignan  que  f  ai  trouvé 
les  plus  beaux  exemplaires. 


t 


7.  Phyfla  TasLei. 
Pbysa  Tasleh  JBoùrgdiqkat,  Mal.  de  la  Bretagne.  1860. 
Variété  entre  la  Physk  acuta  et  la  Physa  fontinalis. 
Habite  Villeneuve-de-la-Raho,  puits  artésien  du  mas  Sauvv. 

3e  Genre.  —  Ancylus. 

1.  Ancylus   capuloides. 
Aneylus  capuloides.  Jan  in  Sghrd.  Porro,  Malac.  de  la 

provitèce  de  Corne.  1838. 
—      fluviatilis,  varietas  capuloûka.  Gassies,  Soc.  lin. 

de  Bordeaux.  1852. 

8 


m 

Ancvlus  Janii.  Bourgbwnat,  Journal  de  conchyol.  1853. 

—  capuloides.  Drouet,  En.  moll.  Fr..  cont.  1855. 

—  —         Starile,  Moll.  de  Lugano.  1859. 

Habite  Amélîe-les-Bains. 

2.  Ancylus  costatus. 

Ancvlus  costalus.  Férussac,  Dict.  d'hist.  nat.  1822. 

—  —        Villa,  Syst.  conch.  1841. 

—  —        Requien,  Cat.  coq.  de  Corse.  1848. 

—  simples,  var.  Bourguignat,  Journ.  conch.  1855. 

—  costalus.  Baudon,  Cal.  moll.  de  l'Oise.  1855. 

—  simple*,  var.  costalus.  Bourguignat,  Mal.  lerr. 

el  fluv.  de  la  Bretagne.  1860. 
Habite  les  environs  de  Collioure,  dans  les  petits  ruisseaux. 

3.  Ancylus  Fabrei. 

Ancylus  Fabrei.  Dupuy,  Cat.  Galliœ  test.  1849—1851. 
—       Mortillet,  Cat.  coq.  lerr.  fluv.  France, 
Suisse,  AU.,  îles  Britanniques.  1853, 

—  simples,  var.  Bourguignat,  Journ.  conch.  1853. 

—  fluvialilis,  var.  Fabrei .  Drouet,  Moll.  F.  c.  1855. 

—  Fabraei.  Grateloup,  Moll.  Fr.  conl.  et  ins.  1855. 

Habite  Salses  et  ses  environs. 

4.  Ancylus  gibbosus. 
Ancylus  lacustris.  Risso(non  lacustris  des  auteurs),  Cotai. 

moll.  de  Nice.  1826. 

—  spina  rosse  (non  spina  rosœ,  Drap^.  Schmidt, 

Teste  villa,  Syst.  conch.  1841. 

—  deperditus.  Dupuy,  Hisl.  nat.  moll.  France.  1851 . 

—  recurvus.  Parreys  in  lia.  teste  Dupuy.  1851. 


115 
Ancylu* ttuviatilis.  Mortillet,  Cat.  coq.  de  Nice.  1851. 

—  gibbosas.  Baudon.  Cat.  moll.  de  l'Oise.  1853. 

—  —        Bourguignat,  Cat.  des  ancyles,  Jour. 

de  conchyologie.  1855. 

—  deperdilus.  Mortillet,  Cat.  coq.  ter.  fl.  France, 

Allemagne,  Suisse,  îles  Brit.  1853. 

—  gibbosas.  Strobel,  Moll.  viv.  Gior.  malac.  1853. 

—  —        B au don,  Descrip.  moll.  de  VOise.  1855. 

—  —        H.  Adam,  Gênera  of  recen.  moll.  1855. 

—  —        G  rate  loup  et  Raulin  ,  Mollusques  de 

la  France.  1855. 

—  flaviatilis,  var.  deperdilus.  Moquin  Tandon,  Moll. 

de  France.  1855. 

—  deperdilus.  Nïhely,  Cat.  conc.  Venet.  1857. 

—  gîbbosus.  Bourguignat,  Malac.  Bretagne.  1860. 
Habile  la  fontaine  Fouradada,  près  de  Tautavel. 

5.  Ancylus  lacastris. 

Patella  lacastris.  Linné,  S  y  stem  a  naturœ.  1758. 
Ancylus  lacastris.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 

—  —         Draparnaud,  Tab.  moll.  France.  1 80 1 . 

—  —        Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831 . 
Velletia  lacastris.  Gray,  Manual  of.  1840. 

Crepidula  oblonga.  Flemming,  Conch.  Enc.  Édimb.  1840. 
Ancylus  lacastris.  Stabile,  Fauna  elvetica.  1845. 

—  —         Gassies,  Moll.  de  l'Agenais.  1849. 

—  —         Dupuy,  Moll.  de  France.  1851. 

—  oblongas.  Parreys,  Teste  Dupuy.  1851. 

—  lacastris.  Baudon,  Moll.  de  VOise.  1852. 

—  oblongus.  Loove,  Conch.  of  Noltingham.  1853. 

—  lacustris.  Bourguignat,  Jour,  conch.  1853-1855. 


116 

Ancylus  lacuslris.  Moquin-Tandgn,  Hisl.moll,  Fr.  1855. 
Acroloxus  lacuslris.  Adams,  The  g  eu.  of  rec.  moll.  1855. 
Ancylus  lacuslris.  Bourguignat,  J*W.  de  Bretagne.  1860. 

Habite  les  eaux  tranquilles  et  marécageuses,  fortement  attaché 
sur  les  feuilles  et  débris  des  plantes  qui  flottant  à  la  surface. 
Rare  à  Perpignan,  il  est  très  commun  à  la  grande  fontaine  de 
Salses.  Il  a  été  trouvé  à  l'état  fossile  en  Angleterre  et  en  France. 
Michaud  Ta  trouvé  dans  les  environs  d'Hauterive  (Drôme). 

6.  Ancylus  Moquinianus. 

Ancylus  Moquinianus.  Bourguign at,  Journ.  conch.  1855. 

—  —  Strobel,  in  Gior.  di  malac.  1 855. 

—  —  Grateloup  et  Raulin,  Cat.  terr.  et 

fluv.  de  France.  1855. 
Acroloxus  Moquinianus.  Adams,  The  G  en.  ofrec.  moll.  1855. 
Ancylus  lacuslris,  varietas  Moquinianus.  Moquin-Tandon. 

Hist.  moll.  France.  1855. 

—  Moquinianus.  Drouet,  Moll.  France,  cont.  1855. 

Habite  Salses  et  ses  environs.    . 

7.  Ancylus  radiolatus. 

Ancylus  radiolatus.  Mousson,  Coq.  t.  fl.  de  Schlœfli.  1859. 

—  Janinensis.  Mousson,  Lac  de  Janina  (Schl.)  1 859. 

Habite  Mont-Louis,  Saillagouse. 

8.  Ancylus  riparius. 
Ancylus  riparius.  Desmarest,  Note  sur  Àncy.  Soc.  philo. 

Paris.  1814. 

—  fluvialilis,  varietas  radiatus.  Charpentier.  1852. 

—  riparius.  Bourguignat,  Journal  de  conch.  1855. 

—  —      Drouet,  Moll .  ter.  fl.  France  cont. .  1855. 


Ancylus  fluviaitles,  varielas  riparius.  Moquin -Tandon, 

.Jfott.  de  France.  1835. 

—  riparius.  A  dams,  The  Geneva  of  rec.  molL  1855. 

Habite  La  Preste  cl  à  Palalda  le  ruisseau  qui  se  jolie  dans  le 
Tech,  rive  gauche. 

Se  trouve  à  Pétat  fossile  à  Canouville  près  Vincennes. 

9.  Ancylus  simplex. 

Lcpas  simplex.  Bug'iioz  Aldrov.  Lotharingiœ.  1771. 
Ancylus  fluvialilis.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Palella  cornea.  Poiret,  Coq.  terr,  etfluv.  de  Paris.  1801. 

—  fluviatilis.  Montagu,  Test.  Bril.  1803. 

Ancylus  fluvialilis.  Draparnaud,  H ist.  moll.  France.  1805. 

—  pileolus.  Beck,  Ind.  moll   1837. 

—  thermalis.  Roubêe,  in  litt.  Beek.  ind.  moll.  1837. 
Crepidnla  lacustris.  Flemming,  Conch.  Eoc.  Édimb.  1840. 
Ancylus  simplex.  Bourguignat,  Journ.  de  conch.  1855. 

—  fluvialilis,  var.  simplex.  Moquin -Tandon,  H  ht. 

moll.  de  France.  1855. 
—         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habile  dans  tout  le  département  el  à  toutes  les  altitudes. 

11  est  ù  regretter  que  la  loi  d'antériorité  ait  enle\é  à  cet  ancyle 
le  nom  généralement  adopté  de  fluvialilis. 

10.  Ancylus  tiberianus. 
Ancylus  tiberianus.  Bourguignat,  Spiçiléges  mal.  1862. 

Habite  la  fontaine  de  Salses. 

I  Ancylus  tiberianus  a  été  trouvé  eu  Sicile.  Hourguigual  l'a 
recueilli  dans  les  marais  pontins.  C'est  bien  h  tort  que  Dupuy 
lui  a  donné  le  nom  de  Deperditus,  car  eu  1814  Demarest  avait 
déjà  ainsi  nommé  un  ancyle  fossile. 


148 

Nota.  VAncylus  spina  rosœ  de  Draparnaud,  Histoire  des  molka- 
ques  de  France,  doit  être  retranché  du  genre. 

Je  ne  puis  ra'empêcher  de  raconter  ici. une  excursion  que  je 
fis  à  Canet,  près  la  mer,  avec  le  capitaine  Gaspard  Michaud, 
aujourd'hui  mon  vieil  ami.  Nous  explorions  des  terrains  maréca- 
geux. Draparnaud,  me  disait-il,  a  commis  une  erreur  en  créant 
VAncylus  spina  rosœ.  Presque  en  môme  temps  que  lui  je  crus 
avoir  trouvé  en  grande  quantité  cette  espèce  douteuse.  Surpris 
d'abord,  il  se  remit  bientôt  de  son  émotion  et  il  nous  fut  facile 
de  constater  que  l'épine  était  placée  tantôt  à  droite,  tantôt  à 
gauche,  et  ramassant  un  exemplaire  complet  du  genre  Cypris, 
nous  fûmes  bientôt  certains  que  le  prétendu  Spina  rosœ  n'était 
qu'une  valve  de  ce  irustacé. 

4e  Genre.  —  Planorbis. 

1.  Planorbis  albus. 
Planorbis  albus.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 

—  hispidus.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fr.  1801. 

—  villosus.   Poiret,  Prodrome  coq.  de>  V Aisne  et 

des  environs  de  Paris1.  1801. 

—  bispidus.  Vallot,  Liste  moll.  Céte-d'Or.  1801. 

—  albus.  Companyo.  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 
Habite  Perpignan,  Salscs,  l'Agouille  de  la  Mar  à  Bages. 

2.  Planorbis  carinatus. 
Hélix  planorbis.  Linné,  S  y  stem  a  naturœ.  1758. 
Planorbis  carinatus.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 

1  Le  Prodrome  (très  rare)  sur  les  coquilles  de  l'Aisée  el  des  enviions 
de  Paris  par  Poiret  parut  en  avril  1801,  quelques  semaines  avant  le 
tableau  des  mollusques  de  France  par  Draparnaud,  imprimé  en  juillet. 
La  liste  des  mollusques  de  la  Côte-d'Or,  dont  il  n'existe  qu'un  seul  exem- 
plaire, fut  livré  au  public  le  mois  d'août  suivant  par  Vallot. 


119 

Planorbis  earinato*.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fr.  1801. 

—  acotos.  Poiut,  Prod.  coq.  de  l'Aime.  1801. 

—  sobmargioatos.  Cristofori  et  Jais,  Cal.  u.  1  832. 

—  carrnatus.  Drouet,  Én%.  moll.  Fr.  cont.  1855. 

—  carenalus.  Compahyo,  Hist.  nat.  P. -Or.  1865. 

Habite  les  eaux  stagnantes  des  fossés  qui  entourent  Perpignan, 
les  mares  de  la  Salanque,  Salses.  Très  rare. 

3.  Planorbis  complanatus1. 

Hélix  corn  plana!  a.  Linné,  Syslema  naturœ.  1758. 
Planorbis  Studer  in  Coxe,  Trav.  Schw.  1789. 

—  marginatos.  Draparnaud,  Hist.  moll.  Fr.  1805. 

—  '  umbilicatus.  Férussac,  Ess.  méth.  conch.  1807. 

Habite  Salses,  les  fossés  et  les  mares  dn  littoral. 

4.  Planorbis  compressus. 
Planorbis  compressus.  Michacd*  Comf1,  à  Drap.  1831 . 

Habite  Salses. 

Quelques  naturalistes  n'adoptent  pas  cette  espèce,  parce  qu'ils 
l'ont  confondue  avec  le  Planorbis  vortex,  et  en  ont  fait  une  variété. 
Je  crois  qu'il  en  est  cependant  assez  distinct,  et  je  conserve  à  mon 
premier  maître,  à  mon  vieil  ami,  la  paternité  de  cette  espèce  qu'il 
a  décrite  et  publiée. 

5.  Planorbis  contprtus. 

Hélix  cootorta.  Linné,  Syslema  naturœ.  1758. 
Planorbis  contorlns.  Muixer,  Vermium  hisloria.  1774. 

—  —        Draparnaud,  Tabl.  moll.  Fr.  1801. 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  P.-Or.  1863. 

Habite  Salses,  Canet,  le  Gagarell,  la  Salanque. 

1  Non  Compfanortus  Drap.,  qui  est  le  PlanorbU  font  anus. 


120 

6.  VlanorM*  taraéttft. 
Hélix  cornea.  Linné,  Sysletàa  natxmti.  1788. 
Planorbis  parpui'ea.  Mullbr,  Verniivm  hùloria.  1774. 

—  conte  us.  Draparnavd.  Hist.  Dwtt.Fran.  1805. 

Coèpanyo,  SKU.  ntti.  P.'Or.  1863. 

Habite,  d'après  Gompanyo,  le  eoniluent  de  FAgty  et  de  )a  Dcsix, 
eaux  vives  et  dormantes,  moulin  d'Ansignatv. 

7.  Planorbis  cr^statiw.  . 
Nautilus  custatus.  Linné,  Syjtema  wlurœ.  1758. 
Planorbis  çrislatus,  Draparnaud,  Hist.  moll.  Fraiu  1805. 

—  —        Drouet,  Enutn.fnott.Fr.  cont.  1855. 

UaVitç  les  environs  de  Perpigi^n. 

8.  Planorbis  f on  ta  nus. 

Hélix  fontana.  Ligdtfoot  in  Philosop.  tr  ans  a  et.  1786. 
Planorbis  complanatus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  1805. 
'  —        ftmtanus.  FhtMHimin'Édimboarg  Encgc.  181 4. 

—  complanatus.  Companyo,  Hist.  nat.  P.-0-4865. 

Habite  Perpignan  et  Salses. 

9.  Planorbis  nautileus. 
Turbo  nautileus.  Linné,  Systema  naiurçc.  1 758. 
Planorbis  imbricatus.  Muller,  Vermium  hiti&ria.  1774. 

—  imbricatus.  Draparnaud,  Hisl.  moll.  F.  1805. 

—  nautileus.  Deshayes  ïn  Iàmarck.  1838. 

—  nautileus.  Companyo,  Hisl'.  ûrtt.  P. -Or.  1869f. 

nullité  les  eaux  vives,  la  poudrière  près- de  Perpignan,  dans 
les  fossés  vaseux  et  danfc  dcs'mhrcs  situées  au-dessous  du  local 
dit  mas  delà  Miséricorde,1  tenvfrbns'ile'  Perpignan. 

10.  Planorbis  nitidus. 
Planorbis  nilidus.  Muller,  Vamium  hiçtoria.  1774. 


Itt 

Planorbis  nitidus.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  —     DroueÏ;  ÉMtin.  moll.  Fr.  cent.  1855. 

—  —     Boukwignat,  Mttitic.  Bretagne.  1860. 

Habite  Perpignan.  ,  , 

11.  Planorbis  rotundatus. 
Planorbis  rotundatus.  Poirët,  Prod.coq*  de  l'Aisne.  1801. 

—  vortex,  var.  B.  Draparnaud,  HisU  moll,  1805. 

—  leacostoma.  Miupr,  Moll.  Maine-et-Loire.  1 81 3. 
rotaodatus.  Bouhguiout,  Mal.  Bretagne:  1 860. 

—  —         Companyo,  Hist .  nat.  P.-Or.i 863. 

Habile  les  eaux  vives  du  littoral,  mares  ani  pied  des  Albèrcs, 
l'anse  de  Paulilles,  entre  Port-Vendres  et  Banyuls. 

12.  Plaaorbis  spîrorbia. 
Hélix  sptrorbis.  Linné,  Systerta  nalurœ.  1758. 
Planorbis  sptrorbis.  Muller,  Vermium  hiHoria.  1774. 

—  —         Draparnaud,  Hist.  moll.  Fr.  1805. 

—  —  Companyo,  Hist.  nat.  P. -Or.  1863. 
Varietas  minutissima.  Salues.  , 

Habile  les  ruisseaux  de  Tbuir,  Canoliés,  Toulouges. 

13.  Planorbis  vortex. 
Hélix  vortex.  Linné.  Syslema  nalurœ.  1758. 
Planorbis  vortex'.  MoiXElt,  Vermitàm  'historia .  1774. 

—  —      DAapaanaodv  Hist.  moll.  tfraticc.  1805. 

—  —      Companyo,  Hist.  nat.  Ptjr.-Or.  1803. 

Habite  les  eaux  vives  dans  les  prairies  d'Àlényu,  les  fossés  de  la 
citadelle  de  Perpignan,  Salses,  jet  les  fossés  $ur  le  bord  des  routes. 

M.  le  capitaine  Michel,  naturaliste  distingué,  ami  de  Michaud  et 
de  Companyo,  a  troirté  dans  les  fossés  de  la  citadelle  un  Planorbis 
rortex  scalaire  delà  les  tours %  de  spire*  allaient  en  sons  inverse. 


ORDO  111. 
Pectinibranchia. 

9«  FAMILLE.  —  PALUDINIDsE. 

Le  genre  Paludine,  établi  par  Draparnaud  en  4805,  a  depuis 
été  divisé  et  subdivisé. 

En  4821 .  Gray  créa  le  genre  Bythinia. 
Hartmann  le  genre  Hydrobia. 

En  4828.  Flemming  subdivisa  les  Bythinies  en  formant  le 
genre  Amnme*. 

En  4844.  Pfeiffer  les  subdivisa  encore  en  établissant  le  genre 
Paludinella. 
Gould,  le  genre  Amnicola. 

En D'Orbigni  désigna  sous  le  nom  de  Paludestrina  les 

paludinelles  vivant  dans  les  eaux  saumâtres. 

En  4868.  Le  genre  Belgrandia  fut  créé  par  Bourguignal,  pour 
les  espèces  très  petites,  caractérisées  par  des  gonfle- 
ments extérieurs,  correspondant  à  des  creux  internes . 

1er  Genre.  —  Paludina. 
N'a  pas  encore  été  trouvé  dans  le  département. 

2e  Genre.—  Bythinia. 

Bythinia  Bourguignati. 
Bythinia  Bourguignati.  Paladilhb,  Miscell.  malac.  1889. 

Habite  les  environs  de  Perpignan,  dans  les  fossés  du  jardin 
Picas,  au  lieu  dit  jardins  de  Saint-Jacques. 

3*  Genre.  —  Hydrobia . 

1.    Hydrobia    diaphana. 
Paludina  diaphana.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  4831 . 


193 

Hydrobia  diapbana.  Dupuy,  Hist.  moll.  France.  1854. 

—  —         Paladilhe,  Miscell.  malac.  1809. 
Habite  la  fontaine  Fouradada. 

2.  Hydrobia  thermalis. 
Turbo  thermalis.  Linné,  Systema  naturœ.  1758. 
—    mnricatos.  Beudant. 

Bolimos  anatinns.  Poulet,  Prodr.  coq.  de  l'Aisne.  1801 . 
Paludina  muricata.  Lamarck,  Anim.  sans  vertèbres.  1822. 

4e  Genre.  —  Amnieola. 

1.  Amnieola  Emiliana. 

Amnieola  eonfusa1.  Moitessier,  Hist.  nat.  Hérault.  1868. 

—  Emiliana.  Paladilhe,  Miscell.  malacolog.  1869. 

.Habite  les  environs  de  Salses.  Longtemps  confondue  avec 
\  Amnieola  similis. 

2.  Amnieola  similis. 
Cyclostoma  simile.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Byihinia  meridionalis.  Risso,  Hist.  nat.  Eur.  mîrirf.1826. 
Paludina  similis.  Michacd,  Comf1,  à  Drap.  1851. 
Bytbinia  similis.  Stein  Schneck,  Berlin.  1850. 

—  —      Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1865. 

—  —      Bourguignat,  Moli.  de  l'Algérie.  1864. 

Habite  Salses.  * 

J'ai  recueilli  cette  espèce  dans  des  eaux  très  limpides  qui  cou- 
lent dans  des  rigoles,  près  l'étang  de  Salses,  sur  le  point  où  la 
route  nationale  passe  sous  le  chemin  de  fer  du  Midi.  Sa  couleur 
bleuâtre  m'engagea  à  lui  donner  le  nom  de  Paludina  cerulea,  et 
de  distinguer  deux  variétés. 

1  Non  Amnieola  confina  de  Fraoofeld,  qui  est  YAm*.  simili*. 


Variétés  major.' 

Variétés  minima,  et  surtout  de  signaler  une  tendance  bien 
prononcée  à  une  expansion  épidermique,  si  remarquable  sur  les 
mollusques  du  département. 

,   -    3.  Amnicola  sufrproduota. 
Amnicola  spiral is.  Paladiuie,  Nouv.  tniscell.malac*  I8fà9. 
~       snbproducta.  PALAtuurc,  Élude  mûnograp/i.  des 

palud.  de  France.  1870. 

Habite  Salses. 

Cette  espèce  se  distingue  de  YAmrricùkt  analina  (assimittea) 
par  sa  spire  et  sa  forme  générale  plus  élancée;  ses  tours  aplatis 
au  milieu.  Elle  diffère  de  YAss.  emiliana  par  son  ouverture  pres- 
que ronde  el  son  mode  d'accroissement,  de  YAss.  lanceolata  par 
l'aplatissement  médian  de  ses  tours  et  ses  sutures  presque  cana- 
liculées. 

5e  Genre.  —  Assiminea.  Leacb,  1816;  Flemming,  1828. 

Assiiiityea  juiatina. 
tyeloplouia  anaUnum.  DtupiAiuiAVDvH^.  dcsmoUASOS. 
Paludinawaalina.  Kuster,  Syst.Gçmh.  1852. 
Amnicola  aualina,  Fkaiie^blu,  Vel  de  Gatl.  amn.  1863. 
Asftûqinea  Gallican  Pjuladiiufw  Mïsçell.  malacologiques, 

■       '    P«e37rpl-2»  Bg,  1,6.  1867. 
Amnicola  anatina.  Paladilpe,  Edude  malitcologique  mi- 
les paludines  françaises.  1870. 
Habite  Salses. 

La  loi  d'antériorité  nous  engage  à  donner  le  nom  spécifique 
A'Anatim  à  cette  Àssiminée;  M.  Paladilhe  rtous  en  fait  mi  devoir, 
quand  il  dit  :  c  L* Assiminée  que  nous  venons  de  décrire,  est 
«  cette  espèce  que  Ton  trouve  dans  presque  toutes  les  collections 
«  sous  le  nom  de  Oyelostoma  analinum  Drapurnaud..  » 


125 
6e  GsfiRE.  —  Paludinella. 

■  • 

X 

1.  Paludinella  abbreviata. 

Paludina  abbreviata.  Michaud,  CompL  à  Drap.  1831. 
Hvdrobia  abbreviata.  Dupuy,  Hist.  moll.  de  France.  1851. 
Bvihinia  abbreviata.  Coupinyo,  Uist.  nat.  P. -Or.  1863. 
Paludinella  abbreviaja.  Faaapwpli»,  Verzeich.  dernamen 

paM.<  1864. 
—  t—         Paladilhe,  Et.  mal.  pal.  fr.  1870. 

Habile  Arles-sur-Tech,  Saint-Laurent-de-Cerdans,  fontaine  de 
la  Cabane  et  au  mas  Cremadeils. 

2.  Paludinella  Astieri. 

Hydrobia  Astieri.  Dcpuy,  Hist.  moll.  de  France.  1851. 
Paludinella  Astieri.  Frauenfél»,  Vert.  nûm.  pal.  1864. 

—  —       Palawlhb,  £7.  mal.  pal.  frùnç.  1870/ 

Habite  la  fontaine  saline  Fouradada,  près  Tanlavel. 

3.  Patafiuim  Jffpyis. 

Cyelo*toma  brève.  Dm|>awV9,  T*bLmo# -Fiance.  1801. 
Paludina  brevis.  Micuaud,  Cv?npl.  à  Drap.  1831. 
Bjtbinia  brevis.  Gray,  Genre  Bythinia.  1821. 
Hydrobia  brevis.  Dupuy,  Hist.  des  moll.  de  France.  1851 . 
Paludinella  brevis.  Frauenfeld,  Verz.  namen  pal.  1864. 

—  —     Pai*amlii&,  Élude  mal.  pal.  fr.  1870. 

Habite  le  mas  de  l'OUaslre,  près  de  Tantinel. 

4.  Paludinella  bulimoidea. 
Paludina  bulimoidea.  M icqaud ,  Compl.  à  Drap.  1831. 
Hydrobia  bulimoidea.  Dupuy,  Hist.  moll.  France.  1851. 
Paludinella  bulimoidea.  Frauenfej^,  Verzeich  der  namen 

, .  palud.  1864. 


/ 


\ 


126 

Hydrobia  bulimoidea.  Paladilhe,  Miscett.  malac.  1867. 
Palodinella  bulimoidea.  Paladïlhe,  Étude  sur  les  palud. 

françaises.  1870. 
Habite  les  eaux  saumâtres  de  Salses. 

S.  Paludinella  Companyoi. 
Paludinella  Companyoi.  Bourguignat,  in  litteris.  1869. 

—  —  Paladïlhe,  Élude  sur  les  palud. 

françaises.  1870. 

Habite  Salses. 

Voisine  de  la  Pal.  Regniesi,  elle  en  diffère  par  sa  forme  plus 
ovoide,  sa  spire  moins  cylindrique,  plus  conoide,  par  son  som- 
met plus  petit  et  plus  obtus. 

*.  Paludinella  Ferussina. 
Paludina  Ferussina.  Desmoulins,  Bull.  Société  linnéenne 

de  la  Gironde.  1855. 
Bythinia  Ferussina.  Dupuy,  MoU.  de  la  France.  1851. 

—         —  Companyo,  Hist.  nal.  Pyr.-Or.  1863. 

Paludinella  Ferussina.  Frauenfeld,  Neb.  g  ait.  pal.  1865. 

—  —        Paladïlhe,  Etude  malacol.  sur  les 

paludines  françaises.  1870. 
Habite  Salses,  dans  les  ruisseaux  voisins  de  l'étang. 

7.  Paludinella  tentaculata. 

Hélix  tentaculata.  Linné,  Système  de  la  nature.  1758. 
Nerita  jaculator.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Cyclostoma  impurom.  Draparnaud,  Tabl.  des  moll.  1801 . 
Palndina  impura.  Michaud,  Compl.  à  Drap.  1851. 
Bithynia  tentaculata.  Gray,  Brit.  shells.  1840. 
Paludina  tentaculata.  Dupuy,  Hist.  moll.  de  France.  1851 . 
Bithinia  tentaculata.  Companyo,  Hist.  nal.  P. -Or.  1863. 


427 

Paludinella  tentaculata.  FrauerteiiD,  Vert.  nom.  pal  ASM. 

—  —         Paladilhe,  Et.  mal.  pahtd.  4870. 

Habite  Perpignan,  Satees.  Très  commune  et  de  grosseur  très 
variable. 

8.  Paludinella  Tiridis. 
Bulimus  viridis.  Poiret,  Prod.  des  coq.  de  F  Aisne.  4801. 
Cyclostoma  Tiridis.  Draparnaud,  Tabl.  des  moll.  4804. 
Turbo  griaeus.  Vallot,  Liste  coq.  de  la  Côte-d'Or.  4804 . 
Bythinia  viridis.  Gray,  Genre  byUiinia.  4824. 
Hydrobia  viridis.  Dupuy,  Hisl.  des  moll.  de  France.  4854. 
Bithinia  viridis.  Companyo,  Hisl.  nat.  Pyr. -Orient.  4863. 
Paludinella  viridU.  Frauekfeld,  Ven.dernam.pal.i9M. 

—  —     Paladilhe,  Et.  mal.  pal.  franc.  4870. 

Habite  Satat-Paul,  Saint-Àntotne-de-Galamus,  le  pont  de  la 
Fou,  fontaine  Fouradada. 

Quelques  naturalistes  confondent  notre  Viridis  avec  YAbbreviata. 
Ce  que  je  puis  affirmer,  c'est  que  YAbbreviata  de  Saint-Laurent, 
la  Cabane  et  Cremadeils  est  bien  plus,  allongée  que  celle  de  Saint- 
Paul  et  Fouradada. 

7*  Genre.  —  Paludestrina. 

1.  Paludestrina  acuta. 
Cyclostoma  acotum.  Draparnaud,  Tabl.  des  moll.  4801. 
Bythinia  acuta.  Gray,  Genre  bytkinia.  4824. 
Palodina  acuta.  Micbaud,  Comf1,  à  Drap.  4  831 . 
Hydrobia  acuta.  Dupuy,  Hist.  des  moll.  de  France.  4854. 
Bithinia  acuta.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  4865. 
Paludestrina  acuta.  Paladilhe,  Étude  mal.  palud.  4870. 
Varietas  allongée.  Sa  1  ses. 
Varietas  raccourcie.  Salses. 
Habite  Saint-Paul.  Elle  est  très  commune  à  Salses. 


€28 
2,  PaliwUstrina  procemla. 
Paludestrina  proeerala.  Haladilh*,  Miscétt.  malac.  4869. 
—  *—        Paladilhb,  El.  maL  paUêdASHi. 

Habite  Salses. 

Elle  se  distingue  de  lauPoèuéi^ttim  tenta  par  sa  taille  plus  forte 
et  par,  l'absence  presque  complète  dis  perforation  ombilicale* 

. , ., ,,     .  %       8«  G  eh  rjs.  —  Qdqrwdifi. 

•  -  •  1 .  Belgrandia  çikba. 
Cyclosloma  gibbum.  Draparnaud,  Iffci.  des  mon.  t805. 
Bythinia  gibbtr.  Gray,  Genre  bythinia.  1821 . 
Paludina  gibba.  MiCHAub,  ^omp/. -à Drop.  1851. 
Hydrobia  gibba.  Dûpuy,  IfcK  awtf/  de  /*hwa?.  1851. 
Belgrandia  gibba.  Bourguignat,  Utnrcbdtfrandia.  1868. 

Habite  la  fontaine  appartenant  à  M.  Saïnl-Michet ,  près  le 

château  de  Salses. 

•  i  •  •  • 

2.  Belgrandia  gibberula. 

Belgrandia  gibberula.  Paladilhe,  Miscdl.  palud.  1809. 
—  —        Paladilhe,  Et.  mal.  palud.  1870. 

Habite  Salses,  vieille  fontaine  à  Test  du  chdteau. 

Très  petite,  striée  légèrement;  Mutant  point  assez  familiarisé 
avec  l'étude  des  mollusques*  >  avais  classé  cette  espèce  comme 
une  variété  gibbetwe  de  la  B«  tnargimia. , , 

3.  Belgrandia  marginata. 

Paludina  marginal?.  M  [chaud,  Compl.  à  Drap.  1851. 
Hydrobia  marginata.  Dupuy,  Hist.  moll.  de  France.  1851. 
Paludinella  marginata.  Frauenfeld,  iVefc.ctej^.p.  1865, 
Belgrandia  marginata.  Paladilhe,  Et.  mal.  palud.  1870. 

Habite  Salses.  .  .  > 


129 
9e  Genre.  —  Vabvata. 

1.  Vatoata  cristata. 

Valvata  cristata.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 

—  planorbis.  Draparnaud,  Tabl.  et  hisL  des  moll. 

de  France.  1801  et  1805. 

—  cristata.  Drouet,  Énum.  moll.  France  conl.  1855. 

Habite  Salses.  Rare  à  Perpignan. 

2.  Valvata  piscinalis. 

Nerita  piscinalis.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Cyclosloma  obtusum.  Draparnaud,  HisL  des  moll.  1805. 
Valvata  piscinalis.  Férussac  père,  Essai  syst.  œnch.  1807. 

—  —       Companyo,  HisL  nat.  Pyr.-Or.  1865. 

Habite  Salses  et  Perpignan.  Commune. 

3.  Valvata  spirorbis. 

Valvata  spirorbis.  Draparnaud,  HisL  moll.  France.  1805. 

—  —       Drouet,  Enu.  moll.  France  conl.  1855. 

—  —       Paiadilhb,  Nouv.  miscell.  malac.  1BGG. 

Habite  Perpignan  et  ses  environs. 

10«  FAMILLE.  —  mRITIDJE. 

Genre   Nerilina.  —  Lamarck. 

1.  Neritina  Bourguignati. 
Nerilina  Bourguignati.  Recmjz  in  Revue  zoologique.  1845. 

—  —  Drouet,  En.  mol.  Fran.  cont.  1 855 

Habite  Salses.  Voisine  de  YInquinata  du  Portugal. 

2.  Neritina  fluviatilis. 

Nerita  fluviatilis.  Linné,  Sijslerna  nalurœ.  1758. 
—         —        Muller,  Vermium  historia.  1774. 

9 


130 

Ne  ri  ta  fluviatilis.  Gmelin,  Systema  naturœ.  1789. 

—  —  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 
Nerilina  fluviatilis.  Lxwlrck^  Hist.  anim.  sans  vert.  \8S2. 

—  —         Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831 . 

—  —         Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  Salses,  la  fontaine  Estramer.  Très  commune.  Companyo 
l'a  trouvée  dans  les  eaux  vives  desbords  de  l'Agly,  à  Saint-Paul- 
de-Fenouillet. 

2e  CLASSE. 

ORDO  UNIQUE.  —  LAMELUBRANCHIA. 
A"  FAMILLE.  —  CYCLACW/E. 

1 cr  Genre.  —  Sphœrium. 

1.  Sphœrium  corneum. 
Tellina  cornea.  Linné,  Systema  nalurœ.  1758. 

—  rivalis.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Sphœrium  corneum.  Scopoli,  Introd.  ad  hist.  nat.  1777. 
Cvclas  cornea.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  —      Michaud,  Compl.  à  Drap.  1831. 

—  —  Companyo,  HisL.nat.  Pyr. -Orient.  1863. 
Spliicrium  corneum.  Paladilhe,  Miscell.  malacol.  4866. 

Habite  dans  la  Basse  (rivière)  et  les  ruissaux  vaseux  des  envi- 
rons de  Perpignan. 

2.  Sphœrium  lacustris. 
Tellina  lacustris.  Muller,  Vermium  historia.  1774. 
Cyclas  calyculata.  Draparnaud,  Hist.  moli.  Fran.  1805. 

—  lacustris.  Moquin-Tàndon,  Moli.  de  France.  1855. 

—  —        Companyo,  Hist.  nat.  Pyr. -Orient.  1863. 
Habite  les  fossés  fangeux  des  environs  de  Perpignan. 


131 

3.  Spharium  ovale. 

Cyclas  lacuslris.  Draparnaud,  Hist.  moll.  France.  1805. 

—  ovalis.  Fémjssàc,  Essai  méth.n  Calai,  coq.  IjoI-cI- 

Garoiine.  1807. 
Sphserium  ovale.  Bourguignat,  Monngr.  dessphœr.  18(M. 
Habite  les  environs  de  Perpignan. 

2«  Genre.  —  Pisidium. 
1.  Pisidium  amnicum. 
Tellina  amnicola.  Muller,  Vcrmium  hisloria.  1774. 
Cyclas  paltistris.  Draparnaud,  Tabl.  moll.  France.  1801. 
Cardium  amnicum.  Montagu,  Test.  Bril.  1803. 
Pisidium  amnicum.  Jenyiss,  Monographie  cycl.  in  Tram. 

Cambridge.  1832. 

—  —         Companyo,  Hist.  nal.  Pyr.-Or.  18G3. 

Habile  la  vase  des  ruisseaux  à  Thuir,  Toulouges  (Companyo). 
Très  rare  dans  les  environs  de  Perpignan. 

Hourguignal  pense  que  Draparnaud,  dans  son  ouvrage  des 
mollusques  de  la  France,  a  réuni,  sous  le  nom  de  Cyclas  fouit- 
nalis,  toutes  les  petites  espèces  qui  ont  été  depuis  mieux  étudiées. 

2.  Pisidium  casertanum. 
Cardium  casertatium.  Pou,  Test,  ulriusq.  Siciliœ.  1791. 
Cyclas  fontinalis.  Nilsson,  Moll.  1er.  et  fl.  Sucsciœ.  1822. 
Pcra  pulchella.  Leach,  lirit.  moll.  syn.  1852. 
Pisidium  casertanum.  Bourguignàt,  Amén.  malac.  1853, 
—  —  Baudois,  Essai  monogr.  des  pisid. 

françaises.  1857. 
Cyclas  Mouchousii.  Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  les  étangs  de  la  Jasse  de  Cadi  ',  près  le  Canigou. 

1  La  Jasse  de  Cadi,  dans  la  vallée  de  ce  nom,  est  appelée  ainsi  parce 


132 

Companyo  n'avait  pu  me  communiquer  son  espèce  Cy.  Mou- 
chousii,  il  l'avait  égarée  après  l'avoir  décrite  comme  inédite.  Ayant 
eu  le  plaisir  de  me  la  procurer  je  lui  reconnus  les  caractères  du 
P.  casertanum.  • 

Variétés  du  Pisidium  casertanum. 
Varietas  pulchellum.  Jenyns,  Monogr.  des  cyclas.  1832. 
Varietas  minima.  Perpiguan. 
Varietas  verdâtre  et  scalaire.  Étangs  de  Cadi. 

3.  Pisidium  henslowanum. 
Tellina  henslowana.  Sheppakt,  Soc.  linn.  Londres.  1823. 
Cyclas  appendiculata.  Leacii  in  Turton.  1831. 
Pisidium  henslowianum.  Jenyns, Mon.  des  cyclades.  iSS3. 

—  henslowanum.  Moquin-Tandon,  Moll.  F.  1855. 

—  —  Baudon,  Essai  monog.  des  pisid. 

françaises.  1857. 
Varietas  in  appendiculata. 

Habite  les  environs  de  Perpignan,  dans  les  fossés  des  fortifica- 
tions. 

4.  Pisidium  nitidum. 

Cyclas  pusilla.  Turton,  1851. 

Pisidium  nitidum.  Jenyns,  Monogr.  des  cyclades.  1832. 

—  incerlum.  Normand,  Monographie  des  cyclades 

du  département  du  Nord.  1854. 

—  nitidum.  Baudon,  Monog.  pis.  françaises.  1857. 

—  —       Companyo,  Hist.  nat.  Pyr.-Or.  1863, 

Le  Pisidium  nitidum  Gassies,  Mollusques  de  l'Ayetiais,  1849, 
doit  être  rapporté  au  Pis.  casertanum. 

que  Ton  donne  le  nom  de  Jasse  à  un  abri  dans  lequel  les  bergers  vien- 
nent se  réfugier  pendant  la  nuit  et  autour  duquel  les  troupeaux  se  grou- 
pent. On  appelle  étangs  ou  clots  de  Cadi  les  mares  ou  flaques  d'eau  qui 
se  trouvent  dans  cette  même  vallée. 


133 

5.  Pisidium  obtusale. 

Cyclas  obtusalis.  Lamarck,  Uist.  anim.  sans  vert.  1818. 
Pisidium  obtusale.  Pfeiffer,  DeiUch.  moll.  1821. 
Pera  gibba.  Leacii,  Bril.  moll.  test.  1852. 
Pisidium  obtusale.  B  au  don,  Monog.  pis.  françaises.  1857. 

6.  Pisidium  pusillum. 
Tellina  pusilla.  Gmelin,  Systcma  naturœ.  1781*. 

Cyclas  fonlinalis.  Draparnaud,  Uist.  moll.  France.  1805. 
Pisidium  fonlinale.  Pfeiffek,  DeiUch.  moll.  182t. 
Euglesa  henslowiana.  Leacii,  Brit.  moll.  test.  1832. 
Pisidium  pusillum.  Jenyns,  Monogr.  des  cydades.  1832. 

—  —         Bah  don,  Monoy.  pis.  françaises .  1 857 . 

—  —         Companyo,  Uist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

7.  Pisidium  roseum. 
Pisidium  roseum.  Sciioltz. 

—  tctragoDiim.  Normand,  Cydades  du  département 

du  Nord.  1851. 

—  roseum.  Baidon,  Calai,  moll.  de  l'Oise.  1862. 

Habite  lus  étangs  do  Cadi,  près  le  Cuuigou. 

2°  FAMILLE.  -  UNIONWsE. 

1er    Genre.    —    Anodonta. 

1.  Anodonta  cygnaea. 

Mytilus  cygmeus.  Linné,  Syslema  naturœ.  1758. 

—     ccllensis.  Gmelin,  Systema  naturœ.  1781). 
Anodonta  éygusea.  Draparnaud,  Uist.  moll.  France.  1805. 

Habite  plusieurs  localités  du  département.  Très  rare  dans  la 
rivière  de  Ta  Tet,  les  coquilles  y  sont  plus  grandes,  plus  allongées 


134 

que  celles  qui  se  trouvent  communément  aux  Gratis  d'Argelès- 

sur-Mer,  à  l'embouchure  du  Tech.  J'en  ai  recueilli  un  exemplaire 

vivant,  dans  les  environs  de  Salses,  dans  un  champ  composé 

•  d'alluvions,  très  éloigné  de  l'étang,  et  à  un  mètre  de  profondeur. 

2.  Anodonta  piscinalis. 

Mylilus  radiala.  Miller,  Vermium  historia.  1774. 
Anodonta  anatiua.  Draparnaud1,  llist.  moU.  Fr.  1805. 

—  piscinalis.  Nilsson,  MoU.  ter.  fl.  Suède.  1822. 

—  auatina.  Companyo,  llist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  Argelès-sur-Mcr,  embouchure  du  Tech  (les  Graus)  la 
Basse  (rivière),  Perpignan. 

3.  Anodonta  ventricosa. 

Anodonta  ventricosa.  Dupuy,  llist.  molt.  France.  1855. 

Habite  les  Graus  d'Àrgclès-sur-Mer,  où  notre  confrère,  le 
docteur  Pcnchinat,  l'a  trouvée  en  abondance. 

VAnod.  ventricosa  de  Dupuy  diffère  trop  de  Y  An.  cygnœa, 
pour  ne  pas  la  considérer  comme  une  espèce  distincte,  et  non 
''oinmc  une  variété,  ainsi  que  le  lait  Drouet;  on  ne  peut  non  plus 
la  confondre  avec  YAnod.  ventricosa  de  Pfeifier,  qui  est  une 
variété  de  YAnod.  piscinalis. 

2e  Genre.  —  Unio. 

1.  Unio  Aleroni. 

Unio  Aleroni.  Companyo  et  Massot,  fi.  Soc.  Pyr.-Or.  1 845. 
—      —      BontGuiGNAT,  MolL  nouv.  Ut.  ou  peu  conn., 

5*  Décade,  fig.  1.3,  pi.  15.  1865. 

Habite  les  ruisseaux  de  Thuir,  Banyuls-dels-Aspres,  la  Basse, 
ù  Perpignan,  la  vieille  Basse,  près  Toulouges. 

1  Non  Analina  Lamarck. 


135 

Lorsque  nous  avons  dédié  à  notre  ami  Aleron  celte  mulet  te, 
la  ligure  que  nous  avons  donnée  n'était  pas  bonne,  et  la  descrip- 
tion se  ressentait  de  notre  inexpérience.  Aussi  je  n'hésite  pas  à 
emprunter  à  Bourguignat  et  ses  réflexions  sur  cette  mulette 
et  la  description  qu'il  en  a  faite. 

c  Cette  espèce  hispanique  est  une  mulette  complètement  mécon- 
c  nue.  Dupuy,  dans  son  Histoire  des  mollusques,  l'a  regardée  . 
«  comme  voisine  de  son  Unio  rouai,  qu'il  a  à  son  tour  considérée 
«  comme  une  variété  de  YUnio  requiert*  de  Michaud. 

«  Moquin-Tandon  (1855)  de  son  côté,  tout  en  la  rangeant  parmi 
«  les  variétés  de  la  Requieni,  avoue  cependant  que  cette  coquille 
«  est  plus  petite,  d'une  couleur  pûle,  d'une  forme  oblongue, 
c  presque  droite  inférieurement,  et  légèrement  dilatée  à  sa  par- 
«  tie  postérieure. 

«  Drouet,  dans  sa  monographie,  Unios...  France,  Bulletin  de 
«  la  Société  de  l'Aube,  1857,  l'éloigné  de  la  variété  Roussi,  tout 
t  en  la  considérant  toutefois  comme  une  autre  variété  plus  petite, 
i  plus  comprimée  et  à  test  plus  fragile  de  VUnio  requieni..  Enfin 
<  Companyo,  en  présence  de  ces  assertions,  ébranlé  dans  ses 
c  convictions,  et  n'osant  pas  conserver  une  opinion  personnelle, 
«  classe  à  regret  son  espèce,  parmi  les  variétés  de  YUnio  requieni. 

«  VUnio  Aleroni,  bien  qu'elle  ait  élé  décrite  comme  une  espèce 
€  française  du  Koussillon,  est  une  espèce  essentiellement  hispa- 
c  nique,  abondante  dans  toute  la  Catalogne,  notamment  aux 
t  environs  de  Barcelone,  et  dans  les  cours  d'eau  près  de  Valence. 

Description.  «  Coquille  de  taille  médiocre,  oblongue,  allongée, 
f  assez  comprimée,  fragile,  légère,  à  valves  un  peu  transparentes, 
«  et  recouvertes  par  un  épiderme  d'un  fauve  corné,  présentant 
c  vers  la  partie  postérieure  une  teinte  verdAtre  plus  ou  moins 
«  prononcée,  suivant  les  échantillons  ;  partie  antérieure  courte, 
t  bien  arrondie  ;  partie  postérieure  allongée,  de  forme  oblongue, 
«  paraissant  toutefois  un  tant  soit  peu  rostréc. 

«Bords  (cardinal  et  palléal)  presque  parallèles;  nacre  inté- 


136 

c  ricure  d'un  blanc  bleuâtre,  rarement  rosacé,  sommets  peu 
c  proéminents,  très  aigus,  très  rapprochés  de  la  partie  antérieure, 
<  et  offrant  de  fortes  rugosités  ondulées.  Dent  cardinale  lamclli- 
€  forme,  très  comprimée,  subtrigonale.  Lamelle  latérale  allongée, 
«  élevée  et  bien  développée.  Ligament  exigu,  d'une  teinte  marron.» 

Hauteur 28  millimètres. 

Longueur 56        id. 

Epaisseur 14       id. 

(Bourgugnat,  Mollusques  nouveaux  litigieux  ou  peu  connus, 
5°fasc.,  1865,  p.  151,  pi.  X1IL) 

2.  Unio  Moquinianus. 
Unio  Moquinianus.  Companyo,  Ilist.  nat.  Pyr.-Or.  1863. 

Habite  Banyuls-dols-Asprcs,  les  ruisseaux  de  Thuir,  la  vieille 
Basse  près  Toulouges,  la  Basse  à  Perpignan. 

Malgré  tout  mon  respect  pour  l'opinion  de  mon  confrère  et 
ami  Companyo,  je  ne  puis  admettre  cette  espèce  comme  habitan1 
le  département. 

J'ai  souvent  exploré  l'Agulla  de  la  Mar,  et  la  vieille  Basse, 
localités  désignées  comme  habitat  de  Y  Unio  moquinianus;  j'y  ai 
toujours  trouvé  Y  Unio  Aîeroni,  jamais  L.  Moquinianus.  Je  suis 
donc  convaincu  que  Companyo  est  tombé  dans  l'erreur  qu'il 
redoutait  pour  les  autres,  lorsqu'il  prévoyait  qu'il  élail  facile  de 
confondre  ces  deux  espèces,  l'une  javec  l'autre. 

3.  Unio  pictorum. 

Mya  pictorum.  Linné,  Systema  nalum.  1758. 

Mytilus  pictorum.  Geoffroy,  1707. 

Unio  pictorum.  Piiilipps,  Nov.  test.  gène.  1779. 

—  —        Miller,  Vermium  historia.  177t. 

—  —        Drapaknaud,  UisL  tnott.  de  France,  i  805. 

Habite  presque  tous  les  cours  d'eau  de  la  plaine. 


131 
4.  Unio  Requieni. 

Unio  Requieni.  Compl.  à  Drap.  183!. 

Habite  les  eaux  douces  des  fonds  vaseux  creusés  par  le  Tech, 
non  loin  de  Banyuls-dels-Aspres. 

S.  Unio  rhomboideus. 

Mya  rhomboîdea.  Sciioeter,  Fluss.  conch.  1779. 

Unio  liltoralis.  Cuvier,  1798. 

—  —       Draparkaud,  Hist.  mott.  de  France.  1805. 

—  rhomboideus.  Moquin-Tandon,  Mott.  France.  1855. 

Cette  espèce,  plus  connue  sous  le  nom  de  Uttoralis,  habite 
tous  les  grands  ruisseaux  d'arrosage  de  la  plaine.  La  variété^ 
Tétragona  de  Michaud  est  rare.  J'ai  recueilli  dans  le  ruisseau 
du  mas  Galîard  un  exemplaire,  monstrueux  par  l'épaisseur  des 
valves.  La  partie  nacrée  a  2  centimètres  Va- 

6.  Unio  Pianensis. 
Unio  Pianensis.  Farines,  Bull.  Soc.  phil.  Perpig.  1835. 

Habite,  comme  Y  Unio  rhomboideus,  les  grands  ruisseaux  d'ar- 
rosage, lïare  dans  le  ruisseau  des  quatre  Cazals  et  de  Malloles, 
inoins  rare  dans  le  ruisseau  du  Vernet  et  de  Pia,  où  elle  a  élé 
trouvée  pour  la  première  fois;  elle  est  très  abondante  dans  le 
\ieuxlitde  la  Basse,  en  amont  de  Perpignan.  Si  dans  les  différents 
ruisseaux  l'exemplaire  rosé  est  une  exception,  dans  le  lit  de  1 1 
vaille  Basse  l'exemplaire  nacré  est  l'exception,  car  sur  cent  Unio 
pianensis y  à  peine  en  trouve-t-on  cinq  du  type  Rhomboideus.  Je 
ferai  remarquer  seulement  que  toutes  les  Unio  de  cette  localité 
ont  une  forme  plus  petite,  subelliptique  et  à  peine  sinueuse. 

ïl  est  équitable  de  conserver  comme  une  espèce  distincte 
y  Unio  pianensii,  décrite  et  publiée  par  notre  ami  Farines  ;  elle 
mi  est  digne  bien  certainement,  par  la  belle  couleur  rosée 
'jui  onie  le  nacre  des  valves,  et  la  teinte  cornée  de  l'animal  ; 


138 

les  auteurs  les  plus  autorisés  ont  considéré  celte  mulette  comme 
une  variété  remarquable  seulement.  Je  regrette  de  ne  pas  devoir 
accepter  leur  opinion. 

7.  Unio  Turtoni. 

-Unio  Turtoni.  Payiwudeau,  MolL  de  la  Corse.  1826. 

Moquin-Tandon  range  cette  mulette  comme  une  des  variétés 
de  la  Requiem. 

Le  docteur  Penchinat  a  trouvé  en  abondance,  dans  les  eaux 
douces.de  l'embouchure  du  Tech,  une  mulette  qu'il  a  cru  être 
la  Turtoni;  quelque  temps  après  avoir  classé  l'Unio  du  Tech 
sous  la  dénomination  de  Turtoni,  j'eus  occasion  de  recueillir 
dans  le  ruisseau  dit  des  Jardiniers,  en  aval  de  la  promenade 
des  Platanes  à  Perpignan,  trois  exemplaires  d'une  mulette  qui 
ne  me  présentaient  aucune  des  formes  des  espèces  trouvées 
dans  le  département,  si  ce  n'est  avec  VUnio  aleroni.  Je  les 
inscrivis  dans  ma  collection  sous  le  nom  de  Unio  aleroni  varietas 
gigantea.  J'eus  plus  tard  l'occasion  d'envoyer  un  de  ces  trois 
exemplaires  à  mon  excellent  confrère  et  ami  le  docteur  Baudon, 
qui,  en  me  remerciant  de  cet  envoi,  m'écrivait:  «  J'ai  reconnu 
«  et  trouvé  dans  celte  Unio  aleroni  varielas  gigantea,  les  carac- 
<*  lères  de  YUnio  turtoni  de  Payraudeau.  »  C'est  donc  en  m'ap- 
puyant  sur  l'autorité  du  savant  Docteur,  que  j'ai  donné  ù  celte 
Unio  le  nom  de  Turtoni. 


139 


DIFFÉRENCE  DE  TEMPÉRATURE 

OBSERVÉE  A  LA  VILLE  ET  A  LA  CAMPAGNE,  A  PERPIGNAN, 
Par  le  Docteur  Fines,  membre  résidant. 


Les  études  météorologiques  vont  reprendre  proba- 
blement la  marche  el  le  développement  que  l'association 
scientifique  de  France  s'était  efforcée  de  leur  imprimer 
dès  Tannée  1864.  Il  m'a  paru  utile,  en  ce  moment, 
d'appeler  l'attention  des  observateurs  sur  la  nécessité 
de  bien  choisir  l'emplacement  que  doivent  occuper 
les  instruments.  J'ai  voulu  rendre  cette  vérité  plus 
frappante  en  relevant  les  différences  des  obser- 
vations ihcrmomélriques  faites  à  Perpignan  sur  trois 
points  peu  éloignés  les  uns  des  autres,  mais  dont 
l'exposition  est  très  différente.  Ces  trois  points  sont  : 

r 

l'Ecole  normale,  un  Jardin  de  la  ville  el  la  Gare  du 
chemin  de  fer. 

M.  Béguin,  directeur  de  l'École  normale,  recommença 
en  1850,  dans  un  local  nouveau,  les  observations  qu'il 
ataitdéjà  faites  de  1836  à  1841  dans  une  tour  élevée 
de  (>  45  au-dessus  du  sol  et  placée  à  31™  25  des  bords 
de  la  rive  droite  de  la  Basse. 

Lorsque  la  seconde  série  fut  entreprise,  en  1850, 
M.  Béguin  installa  les  instruments  destinés  aux  observa- 


> 


/ 


140 

lions  météorologiques  dans  un  petit  pavillon  construit 
sur  la  toiture  de  l'École  normale  actuelle.  Ce  pavillon 
mesure  intérieurement  2m35  de  côté  et  a  une  hauteur 
de  2  mètres  ;  c'est  un  carré  parfait  dont  les  diagonales 
sont  orientées  du  Nord  au  Sud  et  de  l'Est  à  l'Ouest. 
La  porte  d'entrée  se  trouve  sur  la  face  qui  regarde  le 
Sud-Est  et  reste  toujours  ouverte.  Sur  les  trois  autres 
faces  se  trouvent  trois  petites  fenêtres  de  60  sur  72  cen- 
timètres de  côté;  elles  sont  munies  de  jalousies  pour 
empêcher  l'accès  du  soleil. 

Les  thermomètres  sont  fixés  sur  une  planchette  mobile 
autour  de  deux  pivots  plantés  sur  l'un  des  montants  de 
la  fenêtre  qui  regarde  le  Nord-Ouest.  Ils  sont  abrités  du 
côté  du  couchant  par  deux  planches  éloignées  l'une  de 
l'autre  de  vingt  centimètres.  Au-dessus  et  à  une  distance 
de  75  centimètres  s'avance  un  abri  en  zinc  qui  protège 
les  instruments  contre  la  pluie  et  le  soleil. 

Un  thermométrographe  de  Six,  gradué  sur  planchette 
de  cuivre  argenté  et  deux  thermomètres,  l'un  à  maxima 
de  Ncgretli  et  l'autre  à  minima  de  Rulherforri,  tous  deux 
gradués  sur  tige  sont  fixés  sur  la  planchette.  Le  thermo- 
métrographe est  en  observation  depuis  1863,  les  autres 
ont  été  remplacés  suivant  les  besoins.  Nous  avons  véri- 
fié leur  zéro  et  leur  graduation  une  fois  par  an  et  les 
observations  n'ont  été  inscrites  qu'après  correction. 

Des  causes  multiples,  en  dehors  de  leur  position  sur 
les  toits,  agissent  plus  ou  moins  directement  sur  les 
thermomètres.  C'est  surtout  :  une  cheminée  dont  l'ouver- 
ture supérieure  se  trouve  a  30  centimètres  et  à  demi- 
hauteur  de  l'angle  Nord  du  pavillon;  le  mur  d'une  maison 
voisine  qui  dépasse  le  pavillon  de  2in  environ  et  n'en  est 


141 

éloigné  que  de  3m30;  la  toiture  elle-même  qui,  plus  ou 
moins  échauffée  par  le  soleil ,  devient  aussi  une  cause 
d'erreur. 

Presque  en  face  de  l'endroit  où  M.  Béguin  avait 
d'abord  placé  ses  instruments,  je  possède  sur  la  rive 
gauche  de  la  Basse  un  jardin  où  j'ai  installé,  en  mai 
1870,  des  thermomètres  à  maxiraa  et  à  minima  et  un 
psychromèlre.  Ils  sont  tous  gradués  sur  tige  et  construits 
par  Baudin.  Je  les  ai  placés  à  1  m50  au-dessus  du  sol  et 
à  un  mètre  en  avant  d'un  mur  élevé  et  tournés  vers 
le  Nord.  Le  jardin  a  une  contenance  de  165  mètres 
carrés,  il  est  fermé  au  Nord  et  au  Sud  par  les  murs 
des  maisons  voisines,  à  l'Ouest  par  un  mur  de  clôture 
haut  de  3  mètres  et  à  l'Est  par  une  simple  palissade 
en  roseaux. 

Ici  l'obstacle  le  plus  important  est  constitué  par  les 
maisons  voisines  et  surtout  par  le  mur  élevé  qui  domine 
les  instruments  d'une  hauteur  de  trois  étages. 

Je  fais  moi-même  la  lecture  des  thermomètres  le 
matin  à  9  heures  ou  je  la  fais  faire  en  cas  d'absence. 

En  1866,  je  plaçai  à  la  gare  dans  une  boite  de  trop 
petite  dimension  et  protégée  par  des  jalousies  contre  le 
soleil  et  la  pluie,  des  thermomètres  que  j'ai  observés 
josqu'en  décembre  1871.  Frappé  des  inconvénients  du 
mauvais  abri  que  j'avais  adopté,  j'installai  au  mois 
de  septembre  1869  de  nouveaux  thermomètres  sous 
on  nouvel  abri,  ce  sont  ceux  qui  servent  seuls,  en 
ce  moment,  aux  observations  que  je  continue  à  la 
gare. 

Ce  dernier  abri  est  constitué  par  deux  plans  en  bois, 
parallèles,  éloignés  l'un  de  l'autre  de  dix  centimètres  et 


142 

inclinés  au  Sud  de  30°.  Le  plan  supérieur  a  on  mèlre 
carré,  l'inférieur  n'a  que  qualre-vingt  centimètres;  ils 
sont  maintenus  l'un  et  l'autre  par  deux  poteaux  solide- 
ment Qxés  dans  le  sol.  Les  faces  qui  regardent  le  ciel 
sont  peintes  en  gris,  et  celles  qui  regardent  la  terre 
sont  peintes  en  noir.  Les  instruments  se  trouvent  au 
niveau  de  l'arête  inférieure  de  l'abri  et  h  une  distance 
de  1m50  du  sol,  qui  est  gazonné.  Une  double  cloison, 
dont  les  parois  sont  éloignées  l'une  de  l'autre  de  dix 
centimètres,  est  vissée  sur  la  face  extérieure  des  poteaux 
et  empêche  le  soleil  levant  et  le  soleil  couchant  d'arriver 
jusqu'aux  thermomètres  que  je  dois  encore  protéger, 
pendant  l'été,  au  moyen  d'un  écran  mobile  piaulé  en 
avant.  Enfin  pour  soustraire  ces  instruments  aux  mains 
curieuses  ou  malveillantes,  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  du  Midi  a  bien  voulu  fermer  avec  une  clôture 
en  bois,  peinte  en  vert,  le  jardin  dont  elle  me  donne 
la  jouissance,  et  je  les  ai  placés  dans  une  petite  boite 
de  soixante  sur  trente  centimètres  de  côté,  dont  les  deux 
faces  sont  fermées  par  un  treillage  en  fil  de  fer  mince 
et  à  larges  mailles. 

Les  observations  ont  été  faites  sous  les  deux  abris, 
tous  les  jours  et  k  9  heures  du  malin,  par  M.  Martin, 
ancien  capitaine  d'artillerie,  actuellement  commissaire  de 
surveillance  administrative  à  la  gare  de  Perpignan. 

Cette  double  lecture  nous  permettra  d'étudier 
l'influence  des  abris  et  l'erreur  d'observation  qu'ils  entraî- 
nent. 

Dans  mon  jardin  et  à  la  gare  les  thermomètres  obser- 
vés sont  pour  chaque  poste  2  maxima,  un  Negretti  et  un 
Walferdin  à  bulle  d'air,  et  2  minima  de  Rulherford,  tous 


143 

construits  par  M.  Baudin  et  gradués  sur  tige.  Je  crois 
devoir  recommander  aux  observateurs  cette  précaution 
de  doubler  les  instruments  ;  il  est  vrai  qu'on  peut  en 
briser  deux  fois  plus,  mais  non-seulement  on  a  la  chance 
de  ne  pas  interrompre  les  observations  s'il  survient  un 
accident  à  l'un  d'eux,  mais  on  peut  ainsi  faire  des  obser- 
vations exactes.  En  effet,  il  arrive  que  les  instruments 
les  mieux  construits  fournissent  à  un  moment  donné 
de  fausses  indications  ;  celles-ci  sont  alors  tellement 
exagérées  que  l'erreur  devient  évidente  et  que  l'on  peut 
inscrire  avec  toute  assurance  celles  qui  sont  fournies  par 
l'instrument  qui  a  bien  marché. 

Les  thermomètres  sont  placés  k  1mo0  au-dessus  du 
sol,  qui  dépasse  le  niveau  de  la  mer  de  33  mètres  dans 
mou  jardin  et  de  38  mètres  à  la  Gare.  Ceux  de  l'École 
normale  se  trouvent  à  12  mètres  au-dessus  du  sol,  élevé 
lui-même  de  33  mètres. 

Le  tableau  suivant  reproduit  les  différences  de  tempé- 
rature observées  entre  les  diverses  stations;  nous  ne 
prendrons,  toutefois,  comme  termes  constants  de  com- 
paraison que  les  observations  faites  à  l'École  normale  et 
à  la  Gare  sous  le  nouvel  abri.  Nous  pourrons  ainsi  com- 
parer entr'elles  les  moyennes  des  températures  extrêmes, 
celles  des  maxima  et  celles  des  minima  observées  aux 
différentes  saisons  et  pendant  toute  l'année. 


144 

DIFFÉRENCES  MOYENNES 

DES  TEMPÉRATURES  EXTRÊMES  OBSERVÉES  A  PERPIGNAN, 
SUR  TROIS  POINTS  DIFFÉRENTS. 


TEMPÉRATURES 

EXTRÊMES 
OBSERVÉES. 


Moyennes 

des  maxima. 


Moyennes 
des  minima. 


Moyennes 
des  maxima 
et  minima. 


PÉRIODES 
des 

OBSERVATIONS 

Hiver 

Printemps. 
Été...... 

Automne.. 

Année 

Hiver 

Printemps. 

Été 

Automne. . 

Année.*. .  • 

Hiver 

Printemps. 
Été 

Automne.. 

Année .... 


Température 
obstinée 

à 

l'école 

Normale. 


11<>33 

20oG4 
29<>3f> 
2M9 

20o63 


3<>61 
10°G0 
18*02 
11Q34 


IO088 


7<>4G 
45°60 
23°74 
16*26 

15o76 


DIFFÉRENCES 

observées  entre  l'école  normale  tt 


GARE 


Ancien 

abri. 


+  0°54 

—  Oo3i 

—  <H)t 
+  0o54 


+  0ol9 


0°98 
lo50 
1<>47 
0«99 


— 1<>23 


0°26 
0°83 
0o79 
0o25 


0°53 


Nouvel 
abri. 


4.0»35 

—  0°09 
— <M4 
+  0°46 


+  0*14 


1°30 
1°65 
1<>34 
1°16 


—  lo36 


0°47 
0>85 
0°79 
0o36 


— :o°6i 


JARDIN. 


—  1O30 
— 1°01 

—  InGO 

—  i°47 


—  lo35 


<K>3 
■8"69 
O>30 
0°39 


-0o50 


0°97 
0°83 
0°77 
0°96 


O088 


La  température  moyenne  annuelle,  d'après  la  demi- 
somme  des  températures  extrêmes  observées  à  Perpignan 
sous  le  nouvel  abri  de  la  Gare  et  à  l'École  normale,  est 
plus  élevée  de  0°61  a  l'École  normale.  Elle  est  plus  éle- 
vée de  0°88  sur  ce  point  que  dans  mou  jardin  ;  la  diffé- 
rence sons  les  deux  abris  n'est  que  de  0°08. 

Les  maxima  de  température  observés  aux  diverses 


145 

stations  et  aux  différentes  époques  de  Tannée  sont  plus 
bas  qoe  ceux  de  l'École  normale,  excepté  les  maxima  de 
la  Gare,  pendant  l'hiver  et  l'automne.  Nous  trouvons  en 
effet  que  pendant  ces  deux  saisons  les  thermomètres  de 
la  Gare  accusent  un  excès  de  chaleur.  La  déclinaison  du 
soleil  en  est  la  seule  cause.  Les  thermomètres  de  la  Gare 
sont  influencés  de  la  même  manière  aux  diverses  saisons. 
Ceux  de  1'Éccle  normale,  au  contraire,  sont  beaucoup 
plus  directement  échauffés  pendant  le  printemps  et  l'été 
qoe  pendant  l'automne  et  l'hiver  ;  aussi  nous  trouvons 
que  les  maxima  de  la  Gare  présentent  un  excès  de  0°46 
et  0°35  pendant  ces  deux  dernières  saisons,  et  un  excès 
moyen  de  0°14  pour  toute  l'année. 

La  moyenue  des  maxima  observés  sous  l'ancien  abri 
de  la  Gare  est  plus  élevée  que  celle  du  nouveau  de  0°05 
seulement;  cette  différence  est  insignifiante,  et  nous 
aurions  cru  devoir  la  trouver  beaucoup  plus  importante. 

Les  thermomètres  a  maxima  placés  dans  mon  jardin, 
qui  reçoit  les  rayons  du  soleil  pendant  moins  de  temps, 
sont  toujours  beaucoup  plus  bas  et  donnent  une  moyenne 
inférieure  de  1°35,  comparés  à  ceux  de  l'École  normale. 

La  moyenne  des  minima  de  la  Gare  est  inférieure  de 
i°56  à  celle  de  l'École  normale.  Les  plus  grandes  diffé- 
rences s'observent  au  printemps  (1°65)  et  en  été  (1°34)  ; 
et  les  plus  petites  en  hiver  (1°30)  et  en  automne  (1°16). 
C'est  donc  au  moment  où  le  ciel  est  le  plus  pur  et  l'air 
le  plus  calme  que  Ton  voit  les  plus  grands  écarts  de 
température  entre  la  ville  et  la  campagne.  Nous  avons 
alors  des  différences  qui  vont  jusqu'à  4°4.  Cela  tient  à 
ce  que  les  thermomètres  de  la  ville  sont  plongés  durant 
la  nuit  dans  une  atmosphère  plus  ou  moins  vaporeuse, 

10 


146 

échauffée  par  le  rayonnement  des  murs  qui  rendent  très 
lentement  la  chaleur  du  soleil  qu'ils  ont  reçue  pendant 
le  jour,  et  sont  de  plus  échauffés  par  la  combustion  du 
gaz,  le  chauffage  des  cheminées,  la  respiration  et  la  vie 
de  milliers  d'hommes  et  d'animaux,  etc.  Ces  différentes 
nous  permettent  d'expliquer  les  pernicieux  effets  de  la 
lune  rousse  sur  la  végétation,  et  nous  montrent  pourquoi 
certaines  récoltes  souffrent  lorsque  cependant  les  ther- 
momètres de  l'intérieur  de  la  ville  ne  marquent  qu'un 
faible  degré  de  froid. 

Les  plus  grands  écarts  que  nous  ayons  constatés  se 
sont  produits  après  les  chutes  de  neige  que  nous  avons  eu 
en  1869,  1870  et  1871.  Depuis  que  nous  sommes  entrés 
dans  la  période  de  froid  quarardainaire^  nous  avons  vu 
chaque  année  ce  phénomène,  auquel  nous  n'étions  pas 
habitués  à  Perpignan. 

Une  quantité  de  neige  assez  abondante  est  tombée 
trois  fois  dans  trois  années  consécutives,  et  a  occasionné 
des  froids  très  rigoureux  qui  ont  compromis  ou  tué  le 
plus  grand  nombre  de  nos  orangers  et  des  arbres  que 
nous  croyons  parfaitement  acclimatés.  C'est  alors  que 
nous  avons  eu  des  différences  de  5  et  6  degrés  entre 
l'École  normale  et  la  Gare:  le  27  janvier  1870,  la 
première  station  donnait  un  minimum  de  — 4°,  et  le  len- 
demain — 6°,  tandis  que  nous  lisions  — 10°  et  — 11°  a  la 
seconde.  Pareil  fait  s'est  reproduit  encore  le  9  décembre 
1871  :  le  minimum  de  l'École  normale  n'était  que  de 
— 4°5,  tandis  que  celui  de  la  gare  descendait  k  — 9°5. 

Ces  fortes  différences  s'expliquent  facilement  par 
réchauffement  continu  de  la  ville,  qui  représente  un 
véritable  foyer  de  chaleur;  à  son  pourtour,  l'air  plus 


147 

froid  qui  arrive  de  l'extérieur  condense  les  vapeurs  qui 
embrument  l'atmosphère,  lui  voilent  le  ciel,  et  diminuent 
ainsi  le  rayonnement  nocturne,  qui  se  fait  en  rase  campa- 
gne avec  d'autant  plus  d'activité  que  le  pouvoir  rayonnant 
de  la  surface  de  la  neige  y  contribue  puissamment. 

La  construction  différente  des  deux  abris  placés  à  la 
Gare,  ne  permet  pas  au  rayonnement  direct  des  thermo- 
mètres de  se  faire  avec  une  égale  liberté  sons  chacun 
d'eox.  L'ancien  abri  préservait  les  instruments  du  rayon- 
nement direct  dans  tous  les  sens,  puisqu'ils  étaient 
contenus  dans  une  boite  fermée  par  des  jalousies.  Le 
nouvel  abri,  au  contraire,  permet  le  rayonnement  direct 
dans  tons  les  sens,  excepté  vers  le  zénith.  La  différence 
des  températures  observées  sous  chacun  d'eux  nous 
donne  le  refroidissement  occasionné  par  le  rayonnement 
direct  dans  tous  les  sens,  excepté  au  zénith.  Cette  diffé- 
rence n'a  été,  pour  les  deux  dernières  années,  que  de 
0°15  à  la  gare  de  Perpignan. 

Il  nous  reste  encore  à  étudier  les  écarts  des  tempéra- 
tures extrêmes  observés  sur  les  divers  points  ;  nous  les 
avons  reproduits  dans  le  tableau  suivant  : 

ÉCARTS  DES  TEMPÉRATURES  EXTRÊMES 

OBSERVÉS  A  PERPIGNAN. 


PÉRIODES 
OBSERVÉES. 

ÉCOLE 
NORMALE. 

GA 

Ancien  abri. 

RE 
Nouvel  abri. 

JARDIN. 

Hiver. 

7o72 
10°04 
I1°3i 

9°88 

9*2  i 

11023 
12°80 
11°41 

9o37 

lloGO 
12«5i 
11  o50 

.7-13 
9*76 
9*70 
7oG3 

Eté 

* 
Aulloft  ••■••••« 

9o75 

liol7 

11  «25 

1       8o57       I 

•  148 

Avant  de  passer  à  l'élude  du  tableau  précédent,  il  nous 
parait  utile  d'expliquer  ce  que  Ton  doit  entendre  par 
écarts  de  température. 

V écart  des  températures  extrêmes  est  la  différence  qu'il 
y  a  entre  les  maxima  et  les  minima  de  chaque  jour,  de 
chaque  mois,  de  chaque  saison  ou  de  chaque  année. 
Ainsi,  nous  avons  déjà  trouvé  que  la  moyenne  des 
maxima  observés  a  l'École  normale,  pendant  l'hiver,  était 
de  11°33,  la  moyenne  des  minima  au  même  lieu  étant 
de  3°61,  l'écart  des  températures  extrêmes  se  trouve 
être  de  7°72  ainsi  que  je  l'ai  marqué  ci-dessus. 

Ce  nombre  de  7*72  représente  Yécart  moyen,  c'est  la 
différence  entre  les  moyennes  des  températures  extrêmes 
et  non  pas  la  différence  absolue  qu'on  observe  entre  le 
jour  le  plus  chaud  et  le  jour  le  plus  froid  d'un  mois.  Cet 
écart  absolu  serait  beaucoup  plus  fort  et  atteindrait  de 
20  à  21  degrés,  mais  ses  effets  sur  les  divers  organismes 
sont  lents  et  progressifs  et  par  conséquent  peu  dangereux. 

Les  écarts  diurnes  des  températures  extrêmes  sont  les 
plus  importants,  à  cause  de  l'action  immédiate  qu'ils 
exercent  sur  les  êtres  organisés.  Nous  sommes  beaucoup 
plus  impressionnés,  en  effet,  par  le  passage  brusque 
d'une  journée  chaude  à  une  nuit  froide  qui  la  suit, 
que  par  la  chaleur  qu'il  peut  avoir  fait  huit  ou  quinze 
jours  avant  une  journée  très  froide.  La  variation  brusque, 
instantanée  ou  très  rapide  de  la  température,  éprouve  plus 
ou  moins  fortement  les  corps  organisés  et  devient  dan- 
gereuse pour  eux ,  à  cause  des  modifications  qu'elle 
apporte  dans  les  solides,  les  liquides  et  les  gaz  qu'ils 
renferment.  Ces  influences  amènent,  malgré  les  réactions 
vitales,  un  changement  et  une  perturbation  dans  l'affinité 


149 

moléculaire  des  corps  organises  à  laquelle  ils  ne  résistent 
pas  toujours. 

Le  dernier  tableau  nous  montre  que  les  écarts  divers 
de  température  sont  d'autant  plus  forts,  que  les  thermo- 
mètres sont  mieux  et  plus  librement  exposés.  La  diffé- 
rence entre  les  maxima  et  les  minima  observés  dans  mon 
jardin  ne  s'élève  qu'il  8°57;  celle  de  l'École  normale  est  de 
9°75  et  celle  de  la  Gare,  sous  le  nouvel  abri,  atteint  1 1°25. 

L'exposition  des  instruments  dans  la  direction  des 
vents  dominants  est  aussi  une  des  causes  des  différences 
de  température  que  nous  observons. 

L'École  normale  est  située  vers  le  Sud-Est  de  la  ville, 
tandis  que  la  Gare  se  trouve  à  l'Ouest  et  à  une  distance 
de  800  mètres  de  la  partie  des  remparts  la  plus  rap- 
prochée. Comme  les  vents  dominants  viennent  du  Nord- 
Ouest,  la  première  station  reçoit  l'air  qui  se  chauffe  en 
traversant  une  longue  zone  de  la  ville  avant  d'arriver 
jusqu'à  elle,  et  ses  thermomètres  donnent  une  tempéra- 
turc  trop  élevée  surtout  en  hiver.  La  Gare,  au  contraire, 
est  située  assez  loin  et  à  l'Ouest  de  Perpignan;  l'air 
arrive  en  pleine  liberté  sur  les  instruments  qui  y  sont 
eiposés,  excepté  quand  il  souffle  de  l 'Est-Sud-Est,  princi- 
palement en  été,  pendant  le  jour.  Alors  la  couche  d'air 
qui  vient  sur  les  thermomètres  doit  traverser  la  ville, 
mais  il  ne  s'échauffe  pas  parce  qu'il  y  arrive  après  s'être 
déjà  échauffé  en  passant  sur  l'étendue  de  terre  de  douze 
kilomètres  qui  nous  sépare  des  bords  de  la  mer. 

La  différence  de  niveau  des  thermomètres  de  l'École 
normale  et  de  la  Gare  est  de  12  mètres  environ.  Le 
décroissemeut  nocturne  de  la  température  dans  les  cou- 
ches inférieures   de  l'atmosphère  doit  Taire  baisser  la 


150 

colonne  thermométrique  de  la  Gare.  M.  Ch.  Martins  a 
trouvé  que  l'hiver,  pendant  les  nuits  sereines,  le  décrois- 
sèment  de  la  température  dans  le  voisinage  du  sol,  c'est- 
à-dire  entre  0m05  et  2  mètres,  est  très  rapide,  en 
moyenne  de  0°66  par  mètre,  et  il  atteint  quelquefois 
1°1  par  mètre.  La  limite  de  cet  accroissement  est  habi- 
tuellement supérieure  à  50  mètres,  et  l'élévation  de  la 
température  à  Montpellier  et  par  un  ciel  serein  a  été  de 
1°  pour  9  mètres  en  moyenne  et  de  1°  pour  46  mètres 
par  un  ciel  couvert  (1). 

Une  cause  d'erreur  aussi  importante  ne  doit  pas  être 
négligée  lorsqu'on  installe  des  thermomètres,  et  les  séries 
météorologiques  ne  seront  comparables  que  si  les  stations 
sont  semblablement  disposées  et  les  instruments  placés  a 
la  même  hauteur  au-dessus  du  sol. 

La  demi-somme  des  températures  extrêmes  a  été  de 
15°76  à  l'École  normale  et  15°15  à  la  Gare,  pendant  les 
années  1870  et  1871;  la  moyenne  des  six  dernières 
années  (1866  à  1871)  est  de  10  08  pour  la  première 
station  et  de  15°45  pour  la  seconde.  C'est  une  différence 
de  0°02  entre  les  moyennes  des  deux  périodes.  La  der- 
nière, qui  est  la  plus  longue,  est  probablement  celle  qui 
se  rapproche  le  plus  de  la  vérité,  et  nous  pouvons  dire 
que  les  thermomètres  de  l'Ecole  normale  marquent  en 
moyenne  0°65  de  plus  que  ceux  de  la  Gare. 

Huit  observations  trihoraires  équidislanles  ont  été  faîtes 
chaque  jour  à  l'École  normale  de  Perpignan  pendant  trois 
ans  (1866  a  1868);  si  nous  prenons  leur  moyenne  comme 
l'expression  de  la  température  vraie  pendant  les  vîngt- 

(1)  Ch.  Martins.  —  Sur  l'accroissement  de  la  température  avec  la  hau- 
teur dans  les  couches  inférieures  de  l'atmosphère.  Montpellier,  1861 ,  p.  25. 


151 

quatre  heures,  nous  trouverons  que  la  demi-somme  des 
températures  extrêmes  est  trop  élevée  de  0°41 . 

C'est  donc  en  tout  une  valeur  de  1°04  que  nous 
devons  retrancher  de  la  température  moyenne,  d'après  les 
maxima  et  minima  diurnes  de  l'École  normale,  si  nous 
voulons  connaître  la  température  moyenne  vraie  de  la  cam- 
pagne à  Perpignan.  Celle-ci,  calculée  d'après  les  moyennes 
des  vingt  dernières  années,  ne  serait  que  de  14°ll. 

De  l'élude  que  nous  venons  de  faire  il  résulte  : 

1*  Que  la  température  moyenne  annuelle,  d'après  la 
demi-somme  des  températures  extrêmes  observées  à  Per- 
pignan, est  de  0°61  plus  élevée  à  l'École  normale,  placée 
dans  la  ville,  qu'à  la  Gare  du  chemin  de  fer,  qui  se  trouve 
à  800  mètres  en  dehors  de  la  partie  la  plus  rapprochée 
des  remparts; 

2°  Que  les  maxima  de  température  observés  à  la  Gare 
dépassent  ceux  de  la  ville  de  0°46  pendant  l'automne  et 
de  0°35  pendant  l'hiver;  au  printemps,  ils  sont  plus  bas 
de  0°09  et  en  été  deO°U; 

3°  Que  les  minima  tb  température  de  la  Gare  sont  en 
moyenne  de  1°36  plus  bas  que  ceux  de  la  ville.  La 
différence  arrive  assez  souvent  à  4°,  surtout  pendant  les 
nuits  calmes  et  sereines  du  printemps,  et  peut  atteindre, 
dans  des  circonstances  exceptionnelles,  jusqu'à  6  degrés; 

4°  Que  la  moyenne  annuelle  des  écarts  des  tempéra- 
tires  extrêmes  diffère  de  1°50  entre  la  Gare  et  l'École 
normale  et  de  2°68  entre  la  Gare  et  un  jardin  de  la 
ville  situé  près  des  bords  de  la  Basse  ; 

5°  Que  la  température  de  la  campagne  à  Perpignan, 
toutes  corrections  faites,  et  calculée  d'après  la  moyenne 

des  vingt  dernières  années,  ne  dépasse  pas  14°ll. 


152 


DES  FROIDS  DE  DECEMBRE 1871  A  PERPIGNAN. 

Par  le  Docteur  Fines,  membre  résidant. 


Le  mois  de  décembre  1871  a  été  froid,  humide  cl  assez 
calme.  La  température  moyenne  de  ce  mois ,  déduite  des 
maxima  et  des  minima  observes  pendant  vingt  années  à 
l'École  normale  (1850  a  1869),  est  de  8°57,  tandis  que 
celle  du  mois  de  décembre  1871  n'est  que  de  4°67.  Le 
froid  qui,  pendant  la  première  quinzaine,  a  sévi  sur  une 
partie  de  la  France  est  arrivé  jusqu'à  nous,  et  nous  l'avons 
ressenti  principalement  du  8  au  15.  La  température 
moyenne  de  cette  première  quinzaine  n'est  que  de  0°97, 
tandis  que  celle  de  la  seconde  est  de  o°69. 

Le  8  décembre,  le  temps  avait  été  calme,  frais  et 
humide  jusqu'à  dix  heures  et  demie  du  matin;  en  ce 
moment,  la  neige  commença  à  tomber  a  moitié  fondue, 
et  depuis  onze  heures  trois  quarts  jusqu'à  deux  heures 
du  soir  elle  tomba  épaisse  et  à  gros  flocons;  alors  elle 
devint  petite  et  rare  et  elle  cessa  de  tomber  à  deux  heures 
et  quart. 

La  couche  de  neige  tombée  en  trois  heures  et  trois 
quarts  avait  une  hauteur  de  9  centimètres,  et,  fondue 
naturellement  dans  l'entonnoir  du  pluviomètre  de  la  gare, 
elle  nous  a  donné  une  quantité  d'eau  équivalente  à  une 
hauteur  de  10nim3.  Après  avoir  fait  fondre  soigneusement 


153 

la  neige  restée  dans  l'entonnoir  du  pluviomètre  placé  sur  la 
terrasse  de  la  maison  que  j'habite,  j'ai  trouvé  une  hauteur 
d'eau  de  15mm9;  la  fonte  naturelle  dans  le  récipient  de 
l'École  normale  n'avait  donné  que  6mm9.  La  moyenne 
de  ces»  deux  dernières  hauteurs  est  de  10mm4,  exactement 
celle  que  nous  avons  eue  a  la  gare,  où  le  pluviomètre  se 
trouve  exposé  b  bien  moins  d'influences  perturbatrices. 

Les  deux  journées  les  plus  froides  du  mois  suivirent 
cette  chute  de  neige:  les  moyennes  du  9  et  du  10  sont 
— 2»8  et  — 1°9.  Dans  la  nuit  du  9  au  10  il  y  eut,  en 
rase  campagne,  —  9°4;  en  ville,  dans  un  jardin  où  je 
fais  des  observations  régulières,  — 5°1,  et  à  l'École  nor- 
male, — 4°o.  Un  thermomètre  à  minima  placé  sous  la 
neige  ne  descendit  pas,  pendant  la  nuit,  au-dessous  de 
— 2°3.  Le  lendemain  le  froid  fut  plus  intense  :  a  la  gare 
feus  —10°,  dans  mon  jardin  —7°,  et  k  l'École  normale 
on  marqua  aussi  —7°.  Du  11  au  15  décembre,  le  froid, 
bien  qu'assez  vif,  fut  moins  rigoureux  et  le  thermomètre, 
qui  le  15  descendait  encore  à  —  6°8  à  la  gare,  ne  des- 
cendait pas  le  16  au-dessous  de  +  0°8.  La  période  de 
froid  venait  de  passer 

La  moyenne  des  minima  observes  en  rase  campagne 
pendant  sept  jours  consécutifs,  du  9  au  15,  a  été  de 
-«*41 . 

Cette  température  rigoureuse,  à  laquelle  trois  hivers 
successifs  d'un  froid  exceptionnel  ne  nous  avaient  pas 
habitués,  a  agi  énergiquement  sur  notre  organisme 
et  a  éprouvé  surtout  les  vieillards.  Les  plantes,  généra- 
lement protégées  par  la  couche  de  neige  tombée  le 
8  décembre,  ont  été  préservées,  et  les  arbres  seuls,  qui 
n'étaient  pas  abrités  contre  le  froid,  ont  pu  souffrir. 


154 

Sous  l'influence  du  froid  humide,  les  maladies  des 
organes  respiratoires  sont  devenues  graves,  surtout  pour 
les  vieillards.  Les  bronchites,  les  pleurésies  et  les  pneu- 
monies ont  été  très  nombreuses  ;  ces  dernières  ont  occa- 
sionné pendant  le  mois  de  décembre  treize  décès,  et 
l'âge  moyen  des  décédés  est  de  63  ans. 

La  mortalité  générale  a  été  assez  forte.  Dans  la  ville 
seulement,  non  compris  les  hôpitaux,  la  moyenne  men- 
suelle, qui  pour  les  trente  dernières  années  est  de  50, 
a  été  de  67  pour  le  mois  de  décembre  1871.  Ce  nombre 
se  répartit  de  la  manière  suivante  pour  les  différents 
âges  : 

OAlan,  115,  5 à  10,  10120,  20430,  30 à 40,  40  à  50,  W  à  60, 60à70,  70180,  80 à 90 

8,      3,      3,        3,        2,       2,        3,       9,      14,      13,      7. 

On  voit  combien  la  mortalité  a  été  plus  forte  aux  âges 
extrêmes  de  la  vie  ;  de  0  h  1  an  et  de  50  à  90  ans,  nous 
trouvons  51  décès,  tandis  que,  de  1  \  50  ans,  nous  n'en 
trouvons  que  16. 

Nous  avons  dit  que  les  plantes,  protégées  par  la  cou- 
che de  neige,  avaient  peu  souffert;  les  arbres,  au  con- 
traire, restés  exposés  au  rayonnement  nocturne,  qu'aug- 
mentait encore  le  rayonnement  de  la  neige,  se  sont 
ressentis  du  froid  rigoureux  auquel  ilsont  été  soumis. 

D'après  les  observations  faites  par  M.  Labau,  sous- 
directeur  de  la  Ferme-École  de  Germainville,  qui  n'est 
éloignée  de  Perpignan  que  de  dix  kilomètres,  quelques 
vignes  paraissent  avoir  beaucoup  souffert;  celles  qui  sont 
situées  dans  les  bas-fonds  ont  particulièrement  payé  leur 
tribut  aux  derniers  froids;  presque  tous  les  boutons 
inférieurs  des  sarments  ont  été  atteints  plus  ou  moins 


155 

gravement,  mais  ce  ne  sera  guère  que  vers  la  fin  du 
mois  de  mare,  que  nous  pourrons  juger  exactement 
la  gravité  des  dommages  que  les  derniers  froids  peu- 
vent avoir  occasionnés  aux  viticulteurs. 

Pour  bien  me  rendre  compte  des  effets  produits  par 
le  froid,  j'ai  visité  quelques-uns  des  jardins  où  sont 
plantés,  en  pleine  terre,  quelques  espèces  acclimatées 
dans  notre  pays. 

Certaines  espèces  ont  bien  résisté  :  Agave  amcricana, 
PiUosporum  sineusc,  Nerium  oleander  (les  jeunes  sujets 
ont  eu  leurs  feuilles  roussies,  les  plus  âgés  n'ont  pas  du 
tout  souffert),  Cryplomeria  japonica,  Eriobolrya  japo- 
nica,  Erythrina  cristagalli,  Stillingia  sebifera^  Bambusa 
mitis,  Bambusa  nigra,  etc. 

D'autres  ont  eu  leurs  feuilles  roussies  :  Nerium  olean- 
der (les  plus  jeunes),  Orangers,  Imutus  camphora,  Phor- 
mium  tcnaX)  Mdianihus  major,  Arundinaria  falcata, 
Bambusa  gracilis,  etc.  On  peut  admettre  que  les  feuilles 
des  parties  les  plus  élevées  ont  été  roussies  par  le  vent 
plutôt  que  par  le  froid.  Les  feuilles  les  plus  basses,  en 
effet,  n'ont  pas  été  touchées,  et,  cependant,  le  froid  est 
toujours  plus  intense  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  sol 
dans  les  couches  inférieures  de  l'atmosphère.  La  partie 
supérieure  des  arbres  est  plus  exposée  au  vent,  et  c'est 
de  lui  que  nous  paraissent  dépendre  les  effets  observés. 

Les  Opuntia  inermis,  incomparablement  plus  rustiques 
que  les  Opuntia  ficus  indica,  ont  été  bien  touchés  dans 
les  endroits  exposés  au  vent  du  Nord,  et  leurs  dernières 
pousses  ont  été  atteintes.  Les  Opuntia  ficus  indica, 
même  protégés  par  des  murs  ou  des  reliefs  de  terrain, 
ont  plus  ou  moins  souffert. 


156 

Quelques  arbres  ont  perdu  leurs  pousses  les  plus 
jeunes  ;  Acacia  dealbata,  Eucalyptus  globulus,  Limoniers, 
Cédratiers ,  Pompelmoussiers,  etc. 

V  Acacia  dealbata  est  plus  rustique  que  Y  Eucalyptus, 
et  ce  dernier  Test  plus  que  les  Limoniers.  Les  deux 
premiers  ont  plus  souffert  chez  M.  Jaume,  parce  que  le 
sol  de  sou  jardin  est  humide  et  qu'ils  ne  sont  pas  du 
tout  protégés  contre  le  froid.  Malgré  cela  des  jeunes 
Acacia  dealbata  et  des  Eucalyptus  globulus,  qui  attei- 
gnent une  hauteur  de  douze  à  quinze  mètres,  ont  résisté 
à  un  abaissement  de  température  qui,  pendant  huit  jours 
consécutifs,  a  été  en  moyenne  de  — 5°66  à  la  campagne, 
aux  environs  de  Perpignan. 

Chez  M.  Garrette,  les  orangers  n'avaient  pas  perdu 
toutes  leurs  feuilles  malgré  la  rigueur  des  deux  derniers 
hivers;  ils  ont  été  complètement  dépouillés  celte  année; 
de  plus,  les  fruits,  qui  pendant  ces  mêmes  années 
s'étaient  conservés  sur  leurs  branches,  ont  été  gelés 
cette  année,  et  cependant  le  temps  a  été  beaucoup  plus 
calme  et  le  froid  n'a  guère  été  ni  plus  long  ni  plus  intense 
qu'au  mois  de  janvier  1870(,>. 

M.  Naudin  est  convaincu  que  tous  ces  arbres,  palissés 
sur  des  murs  plus  hauts  qu'eux,  résisteraient  probable- 
ment à  tous  les  froids  de  notre  pays,  à  moins  qu'ils  ne 
fussent  plantés  dans  un  sol  bas  et  humide. 

Ces  remarques  sont  bien  plus  importantes ,  parce  que 
l'un  de  ces  arbres,  Y  Eucalyptus  globulus,  réussit  peu 
dans  le  midi  de  la  France,  même  à  Montpellier,  et  ne 
se  développe  sans  dommages  que  dans  les  environs  de 

(1)  Voir  les  Nouvelles  météorologiques,  juin  1870,  page  U4  :  Compa- 
raison des  hivers  de  1867-1868  et  i869-i870,  à  Perpignan. 


157 

Nice.  Les  succès  obtenus  en  médecihe  par  l'usage  des 
feuilles  de  cet  arbre  le  rendent  d'autant  plus  précieux 
que  son  bois  est  aussi  excellent  pour  les  constructions  ; 
ce  double  motif  devrait  donc  pousser  à  le  propager  le 
plus  possible. 

Très  peu  d'arbres  sont  morts  jusqu'au  ras  du  sol. 
Nous  avons  vu  néanmoins,  chez  M.  Jaume,  un  bananier 
et  un  Acacia  dealbaia  entièrement  morts;  un  Livùlona 
sinensis  est  aussi  tout-à-fait  perdu. 

Le  bananier,  plante  essentiellement  tropicale,  ne  peut 
guère  s'acclimater  ici.  Dans  l'angle  d'un  mur  bien  exposé 
au  midi,  il  peut,  sans  beaucoup  souffrir,  traverser  les 
hivers  doux,  et  nous  l'avions  vu  chez  M.  Jaume  résister 
jusqu'à  présent.  D'autres  plantes  tropicales  seraient  dans 
le  même  cas,  mais  la  culture  en  est  trop  modifiable  par 
les  soins  de  l'horticulteur  pour  fournir  des  données  utiles 
à  la  climatologie.  Leur  succès  prouverait  mieux  l'habileté 
et  la  prévoyance  du  jardinier  que  la  douceur  du  climat. 

Nous  croyons  devoir  attribuer  la  perte  de  V Acacia  et 
du  Livistona  au  défaut  d'abri  et  à  l'humidité  du  sol. 

Les  Chamœrops  exelsa  résistent  à  des  froids  de  seize 
et  dix-sept  degrés  et  ne  peuvent  avoir  souffert  ici.  Les 
Chamœrops  humilis,  bien  moins  rustiques,  ont  été  rôtis 
chez  M.  À.  Jaume  parce  qu'ils  avaient  les  pieds  dans 
l'eau.  Les  feuilles  du  magnifique  Phœnia  daclylifera  de 
M.  Garrette  ont  été  brûlées  ainsi  que  celles  d'un  jeune 
Jubœa  spectabilis.  Quatre  palmiers-dattiers  et  un  Jubœay 
tous  très  jeunes,  plantés  à  la  gare  en  rase  campagne  sur 
un  sol  très  sec  et  sans  abri,  ont  bien  résisté. 

Quelques  tiges  A1  Acacia  dealbata,  hautes  de  quatre  à 
cinq  mitres,  furent  courbées  par  la  neige  et  maintenues 


158 

appliquées  contre  le  soi,  dans  l'eau,  sous  une  couche  de 
glace;  elles  vonl  fleurir  et  n'ont  pas  du  tout  souffert, 
tandis  que  les  pousses  semblables  qui  sont  restées  droites, 
exposées  au  froid,  ont  eu  toutes  leurs  feuilles  roussies. 
Bien  que  le  froid  très  intense  eut  peu  duré  chaque 
jour,  certains  arbres  ont  évidemment  souffert,  peut-être 
parce  que  les  deux  derniers  hivers  les  avaient  déjà  cruel- 
lement éprouvés.  Le  mal  peut  ne  pas  être  très  grand 
cette  année,  mais  il  faut  attendre  encore  pour  apprécier 
exactement  les  effets  qu'il  a  produits. 


Nous  avions  écrit  la  note  précédente  le  9  février  1872. 
Le  18  mars  nous  avons  parcouru  de  nouveau  les  jardins 
avec  M.  Ch.  Naudin,  membre  de  la  section  de  botanique  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Paris;  je  les  ai  revus  le  12 
juillet. 

Nous  avons  constaté  que  chez  M.  Robin,  dont  la  pro- 
priété se  trouve  dans  un  fonds  plus  bas  de  quatre  mètres 
que  le  remblai  du  chemin  de  fer,  les  Viburnum  tinus, 
les  Viburnum  anafuski,  les  Eriobotrya  japonica,  les 
Podocarpus  nerii  folia,  les  Laurus  nobilis  et  les  Nerium 
oleander,  âgés  de  quelques  années,  n'avaient  pas  du  tout 
souffert  des  rigueurs  du  froid. 

Les  Myrtes  à  petites  feuilles,  les  jeunes  Lauriers  francs, 
les  Viburnum  suspensum  ont  eu  leurs  jeunes  branches 
gelées,  parce  qu'ils  sont  plantés  dans  un  terrain  bas  et 
trop  humide,  par  conséquent  plus  froid.  Dans  le  voisi- 
nage, sur  des  points  élevés,  ils  n'ont  pas  souffert. 


159 

Les  Iris?...  d'Alger,  ont  eu  leurs  feuilles  roussies,  niais 
ils  ont  bien  résisté  et  fleurissent  ;  les  Evonymus  fimbriata 
ont  eu  leurs  jeunes  pousses  mortes. 

Les  Acacia  dealbata  et  les  orangers  avaient  été 
emportés  par  les  froids  dés  dernières  années  ;  les  Cassia 
corymbasa9  qui  avaient  résisté  en  pot  et  en  pleine  terre, 
sont  morts  cette  année. 

Chez  M.  Jaume  et  chez  M.  Garrette  nous  avons  cons- 
taté l'exactitude  des  observations  que  nous  avions  faites 
el  que  nous  avons  consignées  ci-dessus»  Nous  devons 
bien  noter  cependant  que  les  Eucalyptus  globulus  de 
M.  A.  Jaume,  sur  lesquels  nous  fondions  de  si  belles 
espérances,  sont  morts  jusqu'au  ras  du  sol;  quelques 
pousses  s'élèvent  à  peine  de  leur  pied.  M.  Jaume  est 
décidé  à  les  arracher  pour  les  replanter,  sachant  bien 
que,  dans  quatre  à  cinq  ans,  ces  arbres  d'une  rapide 
venue  auront  atteint  une  auteur  de  dix  à  douze  mètres 
et  résisteront  très  probablement  aux  froids  de  nos  hivers, 
pourvu  que  le  sol  qui  doit  les  alimenter  ne  soit  pas  trop 
humide  et  qu'ils  soient  un  peu  abrités  contre  le  vent. 

A  Rivesaltes,  distant  de  Perpignan  de  neuf  kilomètres 
et  placé  dans  les  mêmes  conditions  de  température, 
M.  Passama  possède  six  eucalyptus,  âgés  de  sept  ans, 
qui  n'ont  eu  que  quelques  feuilles  roussies  et  sont  très 
beaux  en  ce  moment.  Nous  pouvons  donc  et  nous  de- 
vons encourager  l'acclimation  de  cet  arbre  qui  peut  nous 
être  d'une  grande  utilité. 

Nous  craignons  que  le  magnifique  Palmier-dattier  de 
M.  Garrette,  qui  avait  déjà  beaucoup  souffert  des  hivers 
précédents,  ne  soit  lout-à-fait  perdu.  Cet  arbre  avait  résisté 
aux  hivers  des  quarante  dernières  années,  non-seulement 


160 

parce  que  ceux-ci  avaient  été  moins  rigoureux  que  les 
trois  derniers  que  nous  venons  de  passer,  mais  encore 
parce  qu'ayant  dépassé  l'abri  que  lui  faisait  le  pavillon 
voisin,  toute  la  partie  supérieure,  la  plus  impression- 
nable, se  trouve  exposée  au  vent  du  Nord-Ouest,  par 
conséquent  au  refroidissement  que  produit  une  évapora- 
lion  très  active.  Cet  arbre,  déjà  bien  malade,  périra  donc 
un  jour  ou  l'autre,  lors  même  que  les  froids  seraient 
moins  rigoureux  que  ceux  auxquels  il  a  résisté,  car  les 
anciens  abris  qui  le  protégeaient  autrefois  ne  sont  pas 
maintenant  assez  élevés  pour  le  garantir  du  vent  et  du 
froid. 


461 


HISTOIRE  NATURELLE 

« 

DU  DÉPARTEMENT  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


ENTOMOLOGIE. 


Par  M.  F.  PeHet,  membre  résidant. 


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»  .:n 


' .  i 


COCCIN  ELUDES. 

Les  Mémoire  de  l'Académie  des  sciences,  bettes-lettres 
et  arts  de  Lyon  renferment  la  monographie  des  Cocktî- 
nellcs  par  M.  E.  Mulsant,  professeur  d'histoire  naturelle* 
de  la  ville  de  Lyon.  L'auteur  a  compris  dans  sa.  moft*~ 
graphie  les  Coccinelles  exotiques. 

Je  vais  extraire  de  son  beau  travail  la  description  des 
espèces  qui  se  trouvent  dans  le  département  des 
Pyrénées-Orientales,  afin  que,  paraissant  dans  nos 
annales,  et  vu  l'absence-  presque  complète  d'ouvrages 
d'histoire  naturelle  traitant  des  coléoptères  du  départe* 
ment,  ceux  qui  voudront  passer  agréablement  leur  temps 
a  étudier  l'entomologie  puissent  consulter  ce  travail' 
avec  fruit. 

Nous  sommes  redevables  b  M.  Mulsant  d'un  grand 
sombre  de  travaux  sur  l'entomologie;  Ce  sont  des  ouvra- 
ges justement  appréciés ,  et  leur  mérite  n'est  dépassé 
qne  par  la  bonté, TaflabilUé  de  leur  auteur.       :     f    ' 

lt 


m 

Les  Coccinelles  méritaient  l'attention  d'an  pareil 
savant  ;  ce  sont,  dans  l'ordre  des  coléoptères,  les  insec- 
tes qui  rendent  les  plus  grands  services  aux  agriculteurs. 

A  l'état  dç  (lar^e,;  la  Coccinelle  vit  aux .  dépens  des 
pucerons,  terrible  famille  dont  le  Phylloxéra  vastatrix 
fait  partie.   ■ .  ' 

L'insecte  parfait  se  cache,  à  l'époque  des  premiers 
froids,  sous  l'écorce  de}  artyes}  il  y  passe  l'hiver.  Au 
premier  printemps,  il  dépose  ses  œufs  au  milieu  des 
feuilles  déjà  envahies  par  les  pucerons.  Les  larves  éclo- 
sent  au  milieu  d'eux,  et  le  nombre  qu'elles  en  détruisent 
est  incalculable.  C'est  sans  doute  à  cause  de  son  utilité 
bien  reconnue  que  les  cultivateurs  l'ont  surnommé  La 
Bêle  a  Dieu. 

-  J'ai  observé  des  larves  de  Coccinelles  avec  beaucoup 
d'attention  et  h  plusieurs,  reprises,  afin  de  pouvoir  affir- 
mer, «g  que;  je  fais  en  ce  moment,  qu'elles  se  nourris- 
sent de  pucerons,  au  lieu  de  les  traire  comme  le  fait  la 
Fourmi. 

La  Foujrmii  que  notre  grand  fabuliste  M.  de  La  fontaine 
nous  a  dépeiut  sous  des  aspects  par  trop  séduisants,  tend 
aujourd'hui  à  devenir  notre  bête  noire. 

Dans,  les  champs,  elle  remplit  de  nos  blés  ses  vastes 
magasins;  dans  les  jardins,  elle  attaque  nos  fruits  avant 
leur  oomplète  maturité.  Chaque  arbre  renferme  une 
fourmilière  sous  ses  racines.  Dès  que  les  premières 
feuilles  des  pêchers  se  montrent,  l'on  aperçoit  desuite 
s*r «leur  tronc  w  va-et-vient  continuel  de  Fourmis.  Elles 
commencent  .par  .traire  de  tous  petits  pucerons,  noirs, 
lujsants,,  satisfaite* 

Je  ne  puis  çqQore  l'affirmer,  mais  je  ne  suis  pas  loin 


103 

de  croire  que  ces  placerons  protfenrïcht  de  <feux"qu1i 
l'arriére-saison  les  Fourmis  ont  placés  dans  leurs  maga- 
sins, à  Pabri  du  froid. 

En  enlourant  le  pied  d'un  arbre  avec  uif  linge  imbibé 
d'huile  el  en  continuant  de  l'imbiber  tous  les  deux  ou 
trois  jours,  l'on  empêche  les  fourmis  d'y  monter  ;  Ton 
ne  remarque  les  pucerons  quç  lorsqu'il*  onl  des  ailes, 
et  le  mal,  qu'ils  font  sur  l'arbre*  n'est  pas  grand,  , 

J'ai  fait  cette  expérience  pour  être  bien  sûr  que,  déli- 
vrés des  Fourmis,  les  pucerons  ne  sont  plus  redoutables, 
mais  je  ne  donne  pas  ce  moyen  confine  bon;  il  est  pire 
que  le  mal.  Les  Fourmis  ne  peuvent  traire,  les  pucerons, 
cela  est  vrai  ;  mais,  l'huile  interceptant  l'air  aulQur  dç 
r&torce,  Tannée  suivante  la  peau  se  fend,  se  boursoufle 
et  la  gomme  étouffe  l'arbre. 

Quand  les  pucerons  attaquent  les  branches  des  pêchers 
et  les  font  se  recoquiller,  c'est  qu'à  force  de  les  trair*) 
les  Fourmis  les  affament.  La  Fourmi  est  donc  un  des 
insectes  les  plus  nuisibles  aux  arbres  fruitiers. 

Revenons  à  nos  petites  poules,  les  Gallinelcs. 

Qui  ne  s'est  amusé  à  faire  grimper  Te  long  de  son 
doigt,  tourné  vers  le  ciel,  la  petite  Bétè-à-Dieu,  en  lui 
disant  : 

Gallintte,  fallinete,  mottra  me  lo  cami  (Tel  cel, 
Que  té  donaré  pa  y  mel. 

Chose  étrange,  l'enfant,  qui  martyrise*  avec  tant  de 
plaisir  le  hanneton,  la  mouche,  la'  cigale,  respecte  d'ins- 
tinct la  €pet»neite.      »  »  '    '  '    ' 

Le»  Cttttinellkles  comprennent  I*  section  dei  Trnmèrcs; 
du  comte  Dejean,  celle  des  Sëcuripalpes,  de  M.  Molsant. 
Elles  offrent,  presque  toutes,  la-  forttte  ovale  plus  os 


\ 

\ 


\ 


\ 


164 

mojn^  ^llpng^c.  Le  pratborai  $'a4?pte  aux  élytres  sans 
lais^  d^vid^.;  ,|e$  î^rsçs.&ofytfle  trois  articles.  Elles  se 
divisent  en  deux  groupes  :  1°  les  Gymqopomides  ;  2°  les 
Xrichoso(ni(jps,;:  ., ,,     _  ; 

..  ,  :  .  i,     ...   ,  -,    PSEWRR  GROUPE,  i, 

tés  Gymnosomitfés  comprennent  trois  familles  : 
i°  les  Coccinellicns;  2ét  les  Ctlilocoriens;  3*  les  Hypé- 
rasplens.  ' 

La  prefoîèfé  ftmille  fbrmëdëu*  divisions. 
'  La  première  diVisibri,  qui  renferme  tous  les  Coccinel- 
iréhè'  d'Europe,'  se  divise  en  cinq  branches,  la  dernière 
Composée   seulement   d'exotiques,   ainsi    que  toute  la 
iècbnde  division.1  '  '       ' 

Les  quatre  branches  dont  noua  avons  à  nous  occuper 
sont  :  4°  les  Hippodamiaires  ;  2°  les  Coccihellaires  ;  3°  les 
Halyziaires;  4°  les  Micraspiaires. 

*      PREMIÈRE  BRANCHE. 

Les  Hippodamiaires  renferment  quatre  genres,  dont 

un  seul,  le  genre  Hippodamia,  Mulsant,   renferme  des 

espèces  européennes;  ce  Sont  : 

1°  L'Hippodamia  tredecim  punctaty,  Linné; 
2°  —    '       septem  maculata,  Linné. 

■  Quoique  n'ayant  pas  encore  été  trouvée  dans  le  midi 
de,  la  ,Frqn<;ç,  j.'Hippodamia    tredecim.   punctata  peut 
habiter  les  hautes  montagnes  du  département,  puisqu'elle 
'\  est  répapdue  non  seulement  en  Europe,  mais  encore 

dans  le?  États- Ujiis  d'Amérique;  c'est  pour  ce  motif  que 
j'en,  dppne  la  description . 


165 

Hippodamia  uredeetro  punctau,  Linné. 

Oblongue.  Prothorax  noir,  avec  le  bord  antérieur,  et  pins  lar- 
gement les  latéraux  d'un  jaune  fkuve  :  ceux-ci  marqués  d'un 
point  noir  dans  leur  milieu.  Élytres  d'un  fauve  jaune,  parée* 
ordinairement  chacune  de  six  taches  poacliforwft&ftoire^d'ton^ 
<cutel!airc  non  prolongée  jusqu'au,  ijivoau  de  la  juxta-suturale 
antérieure.  Jambes  et  les  deux, premiers  articles  des  tarses  d'un 
fauve  jaune. 

Longueur,  5  mil.  —  Largeur,  3  mil. 

Patrie  :  L'Europe  et  les  États-Unis  d'Amérique. 

Je  l'ai  prise  en  nombre  au  sommet  de  la.  falaise  de  Trouville- 
sur-mer  (Calvados),  sur  les  tamarix.  La  ponctuation  varie  beau- 
coup; il  en  est  de  même  chez  presque  toutes  les  Coccinellides. 

DKCXIKME   BRANT.HK. 

Les  Coccinellaires  se  divisent  en  deux,  rameaux: 
1°  les  Ad  on  ia  tes;  2°  les  Coccinellales. 

Premier  rameau. 
Les  Adoniatcs  se  répartissent  dans  les  genres  suivants  : 
1°  les  Anisoslicla ;  2°  les  Adonia;  3°  les  Hysia  (genre 
exotique);  4°  les  Adalia;  5°  les  Nésis  (genre  exotique); 

6°  les  Bulica. 

■  •    i< 

Genre  Amsosticta,  Ciievrolat. 

1.  Amsosticta  novemdecim  punctata,  Linné. 

Oblongue;  peu  convexe;  flave'ou  d'un  llavi*  rosé,  en  dessus*, 
parée  sur  le  prothorax  de  six  taches  ponctiformes  noires,  et  de 
dix-neuf  sur  les  élytres,  savoir  ^une  sculcjlaire  et  neuf  sur  cha- 
que étui.  Pieds  d'un  tlave  testacé. 
Longueur,  2  mil.  à  3  mil.  — ^ ■Lbrgeury  1  rt>ii.»  à  9»tmly  » 
Patrie:  La  plupart  des  parties  de  l'Europe,  dans  les  lieux 
marécageux. 


166 

J'ai  pris  cet  insecte  sut*  tout  le  littoral  du  départORtent,  prin- 
cipalement sur  les  tamarin 

Observations.  Quelquefois  des  points  des  élytres  manquent,  ou 
bieu  ils  sont  liés  à.  leurs  voisins. 

2.  A  ni  sos  tic  ta  strict  a,  Thunberg. 

Quoique  cet  insecte  soit  originaire  de  la  Laponie  et  de  la 
Hongrie,  j'en  donne  la  description  parce  qu'il  a  été  trouve  par 
mon  ami  le  docteur  Grenier,  dans  les  environs  d'Aix  (Bouches- 
du-Rhône).  Si  cet  insecte  se  rencontre  jamais  dans  notre  dépar- 
tement, ce  sera,  bien  sûr,  soit  h  l'étang  de  Cagarciiï,  soit  au 
Grau  d'Argelès-sur-ïfer. 

Ovale-oblongite.  Prothorax  noir,  paré  de  deux  grosses  taches 
trilobées,  laissant  les  bords  antérieurs  et  latéraux  de  la  ligne 
médiane,  flaves.  Élytres  flaves,  ornés  d'une  bordure  sulurale  et 
chacune  d'une  bande  longitudinale  et  d'une  ou  deux  taches  noi- 
res: la  bordure  à  peine  prolougèe  au-delà  de  la  moitié,  comme 
formée  d'une  tache  scutullaire  parallèle,  suivre  de  chaque  coté 
de  deux  taches  poncliformes  :  la  bande,  naissant  sur  le  calus, 
inégalement  plus  large  jusqu'aux  trois  cinquièmes,  liée. à  une  ou 
deux  taches  poncliformes  plus  postérieures  :  Lu  dernière,  parfois 
isolée,  située  près  de  l'angle  suturai  :  l'autre  tache  ponctilbrmc, 
située  aux  trois  quarts,  près  de  la  suture. 

Etat  normal.  Tache  ponctiforme  des  élytres  voisine  de  l'angle 
suturai,  liée  à  la^  h^de  ljon^ituijinale.^     / 

UAnisosticta  Dohrniana,  Mulsant,  est  une  variété  de  la  Strigata, 
dont  la  tache  pornliforme',  voisine  de  Fangle  suturai,  est  isolée 
de  la  tache  pouctifonne  qui  turmiuela  bande  longitudinale. 

Longueur,  3  mil.  —  Largeur,.  2  mil. . 

Cenue  Adonia,  Mulsant. 
1.  Adonia  mutabilis,  Sciuba. 

Ovate-oblongue.  Prothordxnoir,  part  en  devant  etsurlescùlés 
d'une  bordure,  d'un  trait  postérieurement  raccourci  sur  la  ligiiv 


167 

médiane,  et  d'un  point  de  chaque  côté  de  celle-ci,  httfne.  Hytres 
d'un  rouge  fauve,  marquées  d'une  tache  flave  6  côté  de  l'écus- 
son,  ordinairement  d'une  tache  scutellaire  ovale,  et  lo  plus  sou- 
vent chacune  de  six  points  noirs.  Pieds  noirs  :  jambes  de  devant, 
partie  des  intermédiaires  et  tarses,  fauves. 
Longueur,  3  mil.  à  5  mil.  —  Largeur,  2  mil.  à  2  mil.  V?* 
Patrie  :  La  plupart  des  parties  de  l'Europe.  Cette  espèce  varie 
beaucoup. 

Elle  se  trouve  sur  les  hauteurs,  dans  les  lieux  secs  ut  tfrides  ; 
je  l'ai  prise  abondamment  sur  les  glacis  des  fortifications. 

Genre  àdalia,  Mulsant. 
i.  Adalia  obliterata,  Linné  (Livida,  de  Geek). 

■ 

Corps  ovale  ou  ovale-oblong;  d'un  flave  cendré,  en-dessus. 
Prothorax  ordinairement  marqué  d'une  M  noire  ou  noirâtre. 

# 

Elytres  souvent  parées  de  deux  bandes  longitudinale^  Mu- gris 
olirôtre,  dont  l'externe  est  parfois  terminée  par  une  tache  noire; 
quelquefois  même  brunes  ou  noires,  avec  quelques  taches  d'un 
jaune  testacé. 

Longueur,  3  mil.  à  4  mil.  —  Largeur,  2  mil.  à  3  mil. 

Cette  espèce,  que  je  n'ai  pas  encore  trouvée  dans  le  départe- 
ment, vit  sur  les  sapins,  les  pins,  les  hêtres;  il  faut  donc  la  cher- 
cher sur  nos  hautes  montagnes. 

V Adalia  bothnim,  Paykull,  ([ni  a  beaucoup  d'analogie  avec 
Y  A.  obliterata,  est  rare  en  France  ;  elle  diffère  de  YObliterata  par 
la  forme  de  la  marque  noire  du  prothorax  et  surtout  par  la  for- 
me moins  allongée  et  plus  convexe  du  corps. 

2.  Adalia  bipunctata,  Linné. 

Ovale;  médiocrement  convexe.  Prothorax  itoir,  bordé  plus  ou 
moins  largement  de  blanc,  parfois  paré  en  outre  d'une  double 
lâche  au  milieu  de  la  base.  Élytres,  soit  rouges,  avec  un  point 


168 

di$c»l  ou  dos  dessins  noirs,  soit  noires  avec  des  taches  rouges  et 
le  rebord  rougeâtre.  Épimères  noires. 

.  Longueur,  5  qiil.  à  5  */i-  **-  Largeur,  d  l/^ki  mil. 

■  Patrie  :  L'Europe,  l'Amérique  du  Nord. 

Parmi  les  variétés  bien  tranchées  de  cette  espèce,  qui  sont  au 
nombre  do  trente  environ ,  je  citerai  celle  dont  le  dessin  des 
élytres  se  rapproche  le  plus  de  la  GoccineUa  hieroglypkica,  Linné. 
Deux  bandes  noires  partent  de  Fécusson  et  vont  se  réunir,  en 
s'écvrtant  de  la  suture,  à  deux  petits  points  noirs  placés  au  quart 
de  la  longueur  des  élytres;  c'est  absolument  le  dessin  d'une 
paire  de  besicles.  Vient  ensuite  une  bande  noire  formant  un 
parallélogramme  dont  les  coins  débordent  et  dont  le  milieu  est 
formé  par  deux  points  rouges  séparés  par  la  suture.  UAdalia 
bipunctata  est  très  commune;  sa  l^rve  vit  aux  dépens  des  puce- 
rons qui  attaquent  les  feuilles  des  poiriers  et  rendent  les  jeunes 
pousses  stalionnaires. 

5.  Adalia  unclecim  notata,  Schneider. 

Ovale  ;  subacuminée  postérieurement.  Élytres  d'un  rouge  fauve, 
ornées  d'une  tache  scutellaire  dilatée,  et  chacune  ordinairement 
de  cinq  points  noirs:  Le  premier  sur  le  calus;  le  deuxième, 
réduit  à  une  moitié  sur  le  bord  externe;  le  troisième,  le  plus 
gros,  en  ovale  transversal,  un  peu  après  le  milieu,  triangulairc- 
ment  disposés  avec  les  deux  postérieurs.  Épimères  blanches. 

Long.  5  mil.  1/2  h  f>  mil.  V2.  —  Larg.  3  mil.  V2  à  *  niil-  lIv 

Patrie  :  La  France,  V Autriche,  efc. 

Celle  espèce  vit  sur  les  chardons. 

Le  genre  Bulœa,  Mulsant,  ne  se  trouve  pas  en  France. 

Second  rameau.  —  Les  CocciNtXLATES. 

A  ce  rameau  se  rapportent  les  genres  suivants  : 
1°  Harmonia,  Mulsant;  2°  Coccinclia,  Linné;  3°  Cisseis, 
Mulsant  (exotique). 


169 

Genre  Haumoma,  Mulsant. 

1.  Harmonia  margine  punclata,  Scu aller. 

Brièvement  ovale,  peu  convexe.  Dessus  du  corps  variant  du 
flave  cendré  au  roussâtre,  paré  de  neuf  points  noirs  sur  le  pro- 
thorax, et  de  huit  au  plus  sur  chaque  élylre,  un  sur  le  calus, 
trois  en  rangée  transversale  au  tiers;  trois  en  rangée  transver- 
sale aux  quatre  septièmes  ;  les  deux  externes  des  rangées  fixés 
au  bord  externe  et  plus  constants  :  Plusieurs  des  autres  souvent 
effacées.  Dessous  dit  corps  et  pieds  d'un  fauve  testacé.  Sternums 
épimères  et  postépisternums  (laves. 

Longueur,  5  mil.  *l2  à  6  mil.  l/v  —  Largeur,  4  mil.  à  5  mil. 

Patrie  :  La  plus  grande  partie  de  l'Europe,  sur  les  pins  et  les 
sapins.  J'en  ai  pris  deux  exemplaires  a  la  font  del  Caball  mort, 
au-dessus  du  village  de  Casteil  (arrond.  de  Pradcs). 

Cette  espèce  varie  beaucoup  ;  j'en  possède  deux  exemplaires 
qui  n  ont  que  deux  taches  sur  les  élytres. 

2  Harmonia  impustulata,  Linné. 

Ovale;  tantôt  flave  ou  rose,  en  dessus,  avec  sept  points  noirs 
sur  le  prothorax,  et  huit,  dont  six  disposés  par  paires,  sur  cha- 
que élytre  (l'externe  postérieur  au  moins  toujours  lié  à  son 
voisin);  tantôt  noire,  avec  les  côtés  du  prothorax  (laves,  marqués 
d'un  point  noir,  et  quelques  taches  (laves  sur  les  élytres,  ou  avec 

m 

celles-ci  noires.  Dessous  du  corps  noir.  Epimères  du  médipectus 
et  pieds  de  couleur  variable. 

Long.  3  mil.  l/2  à  4  mil.  *lv  —  Larg.  2  mil.  V?.  a  3  mil.  {/2. 

Patrie  :  Toute  l'Europe.  Elle  se  trouve,  dès  les  premiers 
froids,  sons  les  écorces  des  platanes.  C'est  une  des  espèces  les 
plus  communes. 

5.  Harmonia  Doublieri,  Mulsant. 

Uvale,  d'un  (lave  rose  en  dessus,  avec  sept  points  noirs  sur 
le  prothorax,  et  neuf  sur  chaque  élytre  ;  les  six  premiers  de  ceux 


170 

ci,  disposés  par  paires;  l'huméral  postérieurement  et  oblique- 
ment prolongé  au  côté  interne  :  Ceux  de  la  troisième  paire  unis 
en  un  demi-cercle,  de  l'extrémité  interne  duquel  part  un  pro- 
longement dirigé  vers  l'écusson  ;  les  trois  dernielrs  en  rangée 
obliquement  transversale.  Dessous  du  corps  fauve. 
Longueur,  3  mil.  à  3  mil.  */2.  —  Largeur,  2  mil.  Va-- 
Patrie  :  Le  midi  de  la  France,  PItalie  et  l'Espagne.  Elle  habite 
les  tamarix  de  tout  le  littoral  de  la  Méditerranée. 

4.  Harmonia  duodecim  puslulata,  Fabricius. 

Brièvement  ovale.  Dessus  du  corps  noii\  Prolhorax  paré,  en 
devant,  d'une  étroite  bordure  flave  faiblement  tridentée  et  pro- 
longée presque  jusqu'aux  angles  postérieurs.  Élytres  ornées  cha- 
cune de  six  taches  flaves  :  trois  marginales,  dont  la  dernière 
apicale,  liée  à  une  bordure  extérieure  flave;-  trois  internes, 
suborbiculaires,  sur  une  rangée  longitudinale  et  en  quinconce 
avec  les  précédentes.  Trochantcrs,  tarses,  partie  au  moins  des 
jambes,  testacés. 

Longueur,  3  mil.  1/2  à  4  mil.  —  Largeur,  2  mil.  {l2  à  3  mil. 

Espèce  rare  ;  je  l'ai  prise  en  battant  les  chênes,  les  ormes,  mais 
accidentellement. 

Genre  Coccinella,  Linné. 

1 .  Coccinella  quatuordecim  pustulata,  Linné. 

Ovale.  Pro thorax  noir,  paré  en  devant  et  sur  les  côtés  d'une 
bordure  jaune  ou  flave;  l'antérieure  tridentée  en  arrière;  les 
latérales,  graduellement  rctrécies  jusqu'aux  angles  postérieurs. 
Elytres  noires,  ornées  chacune  de  sept  taches  jaunes  :  les  six 
premières  disposées  par  paires;  les  deux  antérieures  liées  à  la 
base,  séparées  jusqu'à  celte  dernière  par  le^réseau  noir;  l'interne, 
semi-circulaire  ;  le  réseau  noir  étendu  jusqu'au  bord  marginal  ; 
la  septième,  subapicale,  échancrée  ou  tronquée  à  son  côté  interne. 


171 

Long.  3  mil.  V2  *  *  mi'-  *lv  —  Lar8-  2  mil.  V*  à  3  mil.  Vj- 
Assez  commune  sur  les  arbres  et  lus  plantes.  Je  l'ai  prise  sur 
Faune,  sur  les  bords  de  la  Tôt. 

2.  Coccinella  variabilis,  Illiger. 

Ovale;  variablcment  colorée  en  dessus.  Élylrcs  chargées,  vers 
l'extrémité,  d'une  ligne  transversale  élevée;  tantôt  d'un  roux 
flave  ou  cendré,  soit  sans  taches,  soit  marquées  de  un  a  sept 
points  noirs  ;  tantôt  ornées  de  cinq  taches  subarrondies  d'un  roux 
flave,  séparées  par  un  réseau  noir;  tantôt  noires  avec  une  lunule 
humérale  d'un  rouge  jaune.  Épimëres  du  médipectus,  blanches. 
Pieds,  en  grande  partie  au  moins,  d'un  fauve  livide. 

Patrie  :  Presque  toute  l'Europe,  le  nord  de  l'Afrique. 

Je  l'ai  prise  sur  les  ormeaux  et  sur  les  aunes. 

3.  Coccinella  undecim  punctata,  Linné. 

Ovale.  Prolhorax  noir,  paré  aux  angles  de  devant  d'une  tache 
flave  irrégulièrement  quadrangulaire  ;  prolongée  latéralement  en 
se  rétrécissant  jusqu'aux  trois  cinquièmes.  Élytrcs  d'un  rouge 
jaune,  flaves  sur  les  côtés  de  l'écusson,  marquées  d'une  tache 
sculellaire  ovalaire  ou  obeordiforme,  et  chacune  de  cinq  points 
noirs:  Le  premier  sur  le  calus;  les  autres  disposés  par  paires 
obliques;  plusieurs  de  ces  points  sujets  à  faire  défaut.  Epimères 
des  médi  et  postpectus  blanches.' 
Long.  3  mil.  l/2  à  5  mil.  —  Larg.  2  mil  Va  «  3  mil.  Vo- 
J'ai  trouvé  cette  espèce  sur  le  chêne  vert,  sur  le  chêne  blanc, 
sur  l'ormeau  et  sur  les  saules,  au  premier  printemps.  Elle  u'est 
pas  rare  sur  les  bords  de  la  Basse. 

4.  Coccinella  hieroglyphyca,  Linné. 

Ovale;  convexe.  Prothorax  noir,  paré  aux  angles  de  devant 
d'une  tache  flave  ou  jaune  obtriangulaire.  Elylrcs  d'un  roux 
jauue,  ornées  d'une  tache  sulurale  et  ordinairement  chacune  de 


\ 


172 

cinq  autres,  noires;  la  lâche  ou  bordure  suturale  prolongée  jus- 
qu'au quart;  la  première  tache  en  forme  de  trait  naissant  du 
calus,  prolongée  jusqu'aux  six  septièmes,  souvent  unie  à  une 
tache  ponctiforme  externe,  et  à  une  tache  transversale  interne, 
un  peu  plus  postérieure,  constituant  une  tâche  naissant  du  çalus 
et  postérieurement  bifurquée:  Les  4°  et  5°,  en  rangée  transverse, 
vers  les  deux  tiers,  souvent  unies;  l'interne  grosse;  l'externe 
ponctiforme,  plusieurs  de  ces  taches  parfois  nulles;  d'autres 
fois,  la  branche  interne  de  celle  du  calus  unie  à  la  suturale,  et 
la  quatrième  unie  à  la  branche  précitée.  Élylres  parfois  entière- 
ment noires. 

Long.  4  mil.  à  4  mil.  */2.  — Larg.  2  mil.  l/2  à  3  mil.  xl2. 

Je  l'ai  prise  à  Vcrnet-les-Bains,  sur  la  bruyère  et  sur  d'autres 
arbustes.  Elle  est  assez  rare. 

5.  Coccinella  quinquç  punctata,  Linné. 

Subhémisphérique.  Prothorax  noir,  paré  aux  angles  de  devant 
d'une  tache  flave  irrégulièrement  quadrangulaire,  prolongée 
latéralement  jusqu'aux  trois  quarts.  Elytres  d'un  rouge  roux 
ou  d'un  roux  fauve,  flave  sur  les  côtés  de  l'écusson  ;  ordinaire- 
ment marquées  d'une  tache  scutellaire  et  chacune  de  deux  points 
noirs  :  l'un,  presque  à  la  moitié,  sur  le  disque,  plus  rapproché 
de  la  suture  que  du  bord  externe;  l'autre,  voisin  de  ce  bord,  aux 
deux  tiers  :  l'un  de  ces  points  parfois  nul.  Épimères  du  médipec- 
tus,  blanches. 

Longueur,  4  mil.  ù  5  mil  ■/a-  —  Largeur,  3  a  4  mil. 

Je  l'ai  prise  sur  différentes  plantes,  surtout  sur  les  chardons; 
elle  n'est  pas  commune. 

6.  Coccinella  septera  punctata,  Linné. 

Subhémisphérique.  Prothôrax  noir,  peu  émoussé  aux  angles; 
paré  à  ceux  de  devant  d'une  tache  quadrangulaire  subéquilaté- 
rale,  blanche.  -Élylres  d'un  rouge  fauve,  flaves  sur  les  côtés  de 


473 

l'écusson,  ornées  d'une  tache  scutellaire,  et  chacune  ordinaire- 
ment de  trois  points  noirs  :  Deux*  également  rapprochés  du  bord 
externe;  l'antérieur,  aux  deux  septièmes  ;  le  postérieur,  aux  deux 
tiers;  le  troisième,  aux  deux  cinquièmes  de  leur  largeur,  plus 
rapproché  de  la  suture  que  du  bord  externe.  Épimères  du  médi- 
pectus,  blanches. 

Long.  5  mil.  à  7  mil.  V*-  —  Larg*  4  mil.  f/i  à  6  mil. 

Patrie  :  L'Europe,  le  nord  de  l'Afrique,  etc. 

Cette  espèce  est  la  plus  commune  et  la  plus  grande  du  genre; 
C'est  à  elle  que  s'applique  le  doux  nom  de  bétc-ft-Dteu. 

7.  Coccinella  raagnifica,  Redt.  —  Labilis,  Muls. 

Subhémisphérique.  Prothorax  noir,  subarrondi  aux  angles, 
parés  à  ceux  de  devant  d'une  tache  blanche,  quadrangulaire, 
iniquilatérale,  prolongée  latéralement  jusqu'aux  deux  tiers. 

Élytres  d'un  rouge  jaune,  (laves  sur  les  côtés  de  l'écusson, 
marquées  d'une  tache  scutellairc,  et  "chacune  ordinairement  de 
trois  points  noirs  :  Deux,  inégalement  rapprochés  du  bord  externe; 
l'antérieur,  plus  extérieur,  au  tiers;  le  postérieur,  aux  deux 
tiers  de  leur  longueur;  le  troisième,  aux  trois  septièmes,  plus 
rapproché  de  la  suture  que  du  bord  externe.  Extrémité  du  post- 
épisternum,  épimères  des  médi  et  postpectus  blanches. 

Patrie  :  La  France,  l'Allemagne,  etc. 

Celte  espèce  est  facile  à  confondre  avec  la  Septempunctata  sur- 
tout en  chasse,  car  sa  taille,  sa  forme  et  sa  couleur  sont  presque 
les  mêmes.  Elle  s'en  distingue  par  le  prothorax  plus  long  dans  le 
milieu,  plus  court  sur  les  côtés,  pli\s  subarrondi  aux  angles 
antérieurs  et  postérieurs,  les  élytres  sont  plus  déprimées;  les 
taches  postérieure  et  subdiscale  sont  plus  grosses  ;  le  point 
externe  antérieur  est  plus  rapproché  du  bord  extérieur  que  le 
postérieur. 

J'ai  pris  cette  espèce,  mais  ne  l'ayant  pas  reconnue  en  chasse, 
je  ne  puis  fixer  la  localité. 


474 

TROISIÈME  BRANCHE. 

Los  Halyziairês  se  partagent  en  deux  rameaux  : 
i°  les  Myziates,  2°  les  Halyziates. 

Premier  rameau. 

Les  Myziates  renferment  neuf  genres,  dont  cinq  con- 
tiennent des  insectes  européens;  ce  sont  les  genres 
Anatis,  Mulsant;  Mysia,  Mulsant;  Sospila,  Mulsant; 
Myrrha,  Mulsant ,  Calvia,  Mulsant. 

Genre  Anatis,  Mulsant. 

1.  Anatis  ocellata,  Linné. 

Brièvement  ovale.  Prothorax  noir,  paré  de  deux  taches  hasi- 
laires,  et  d'une  bordure  de  chaque  côté,  blanches  :  celles-ci  notées 
d'un  point  noir.  Élytrcs  d'un  roux  ou  rouge  fauve  bordées  de 
noir;  marquées  d'une  tache  scutellaire,  et  ordinairement  chacune 
de  sept  à  neuf  autres,  ponctiformes  noires,  généralement  entou- 
rées d'un  cercle  (lave. 

Long.  8  à  9  mil.  —  Larg.  5  mil.  f/2  à  6  mil.  72. 

C'est  le  plus  grand  de  tous  les  Coccinelliens  européens.  Je  ne 
l'ai  pas  trouvé  dans  le  département,  mais  sa  larve  vivant  sur 
l'aune,  le  chêne,  le  pin  et  le  sapin,  l'insecte  sera  découvert,  sans 
doute,  sur  nos  hautes  montagnes. 

Genre  Mysia,  Mulsant. 

i.  Mysia  oblonga  gutlata,  Linné. 

Ovale.  Prothorax  largement  bordé  de  blanc  $tty  tes  côtés,  d'un 
roux  fauve  vers  la  moitié  médiaire  et  marqué  sur  ceUq-ci  d'une  M 
noirâtre  plus  ou  moins  distincte.  Elytrcs  blondes  ou  fl'un  roux 
fauve,  parées  chacune  de  trois  ou  quatre  lignes  e^, partie  inter- 
rompues, d'un  blanc  flavescent:  La  première  ligne  formée  de 


115 

deux  taches  (à  la  base  et  vers  le  tiers)  et  d'une  ligne  non  pro- 
longée jusqu'à  l'extrémité  :  la  première  souvent  réduite  5  une 
tache  vers  le  tiers,  et  parfois  d'une  autre  vers  la  base;  la  troi- 
sième naissant  après  le  calus,  ordinairement  unie  postérieurement 
à  l'extrémité  de  la  première,  souvent  annexée  vers  la  moitié  de 
la  longueur  des  étuis  à  une  tache  extérieure  presque  carrée  ;  la 
quatrième  sur  la  gouttière.  , 

Long.  6  à  8  mil  l/2.  —  Larg.  4  mil.  t/t  à  5  mil.  Vî- 

Patrie  :  Diverses  parties  de  l'Europe. 

Elle  vit  sur  les  pins;  j'en  ai  pris  un  exemplaire  à  Vernet-les- 
Bains,  sur  la  montagne  qui  sépare  la  vallée  de  Vernet  de  ccllo  de 
Sahorre,  en  face  le  village  de  Fnilla. 

Genre  Sospita,  Mulsant. 

1.  Sospita  trigrina,  Linné. 

Subhémisphérique.  Noire,  brune  ou  rousse,  en  dessus.  Pro- 
thorax orné  de  chaque  côté  d'uile  bordure  réniforme,  de  deux 
taches  au  milieu  de*  la  base,  et  d'une  au  bord  antérieur,  blanches. 

Elytrcs  parées  chacune  de  dix  taches  de  môme  couleur  :  les 
quatre  antérieures  en  croix  ;  les  six  suivantes  sur  deux  rangées 
transversales;  la  dernière,  terminale. 

Long.  4  mil.  1/2  *  6  mil.  —  Larg.  3  mil.  t/2  à  4  mil  t/1. 

Patrie  :  La  plupart  des  parties  de  l'Europe. 

Je  l'ai  prise  en  battant  les  aunes  sur  les  bords  de  la  Tet  et  de 
la  Basse. 

Genre  Myrriia,  Mulsant. 
1.  Myrrha  octodecim  guttata,  Linné. 

Ovale.  Dessus  du  corps  d'un  roux  ou  fauve  testacé  foncé  ou 
pâle.  Prothorax  paré  latéralement  d'une  bordure  lunulée  et  à  la 
base  de  deux  gouttes,  jaunes  ou  blanches  :  une  dorsale,  au  tiers  : 


176 

trois  transversalement  placées  vers  le  milieu  ;  deux,  aux  quatre 
cinquièmes;  une  subtcrminale. 

Long.  4  à  5  mil,  —  Larg.  2  mil.  V2  *  3  mil.  Va» 

Patrie  :  Presque  toute  l'Europe. 

Je  l'ai  prise  sur  les  pins,  sur  les  genévriers;  elle  est  commune. 

Genre  Cal  via,  Mulsant. 
i.  Calvia  quatuordecifti  guttata,  Linné 

« 

Brièvement  ovale.  Dessus  du  corps  d'un  roux  fauve.  Prothorax 
paré  latéralement  d'une  bordure  blanche.  Élytres  ornées  chacune 
de  sept  gouttes  blanches  :  une  juxta-scutcllairc  ;  trois  disposées 
transversalement  un  peu  après  le  quart  de  leur  longueur;  deux 
aux  trois  cinquièmes  ;  une  près  de  l'extrémité. 

Long.  4  à  5  mil  !/a-  —  Larg.  3  mil.  Va  à  4  mil.  V2. 

Cette  espèce  est  assez  commune  ;  je  l'ai  prise  sur  les  chênes, 
les  pins  et  principalement  sur  les  aunes. 

2.  Calvia  decem  guttata,  Linné. 

Subhémisphérique.  Dessus  du  corps  d'un  roux  jaune.  Élytres 
ornées  chacune  de  cinq  taches  blanches  ou  d'un  blanc  flave,  assez 
grosses,  la  plupart  'subarrondies  :  Deux  près  de  la  base  ;  deux 
un  peu  après  le  milieu  ;  une  presque  carrée  et  subterminale;  les 
internes  des  deux  paires  un  peu  plus  rapprochés  de  la  suture, 
que  les  autres  du  bord  externe. 

Long.  5  mil.  V2.  —  Larg.' 4  mil.  72. 

Patrie  :  l'Europe. 

Je  l'ai  prise  dans  le  bois  de  Meudon,  près  Paris  sur  des  saules  ; 
et  sur  les  bords  de  la  Tet,  sur  des  aunes. 

3.  Calvia  bis-septem  guttata,  Sch alleu. 

Subhémisphérique;  d'un  roux  fauve,  en  dessus.  Prothorax 
paré  latéralement  d'une  bordure  lunulée  blanche.  Élytres  ornées 
chacune  de  sept  taches  subarrondies  d'un  blanc  (lave  :  Deux  à  la 


477    . 

base  (l'externe  souvent  nulle)  ;  deux,  obliquement  situées  (l'in- 
terne plus  postérieure  aux  deux  cinquièmes);  deux  autres  un 
peu  moins  obliquement  placées  (l'interne  plus  postérieure  aux 
trois  cinquièmes)  ;  une,  subterminale. 
Long.  5  mil.  1/2  à  6  mil.  «/*•  —  Larg.  3  mil.  Va  à  4  mil.  «/s- 
Cette espèce  est  assez  rare;  je  l'ai  prise  en  battant  de  jeunes 
chênes,  dans  les  environs  de  Vernel-les-Bains. 

Second  rameau. 

Les  Halyziates  renferment  quatre  genres,  ce  sont  : 
i°  les  Halyzia,  Mulsant;  2°  les  Vibidia,  Mulsant;  3°  les 
Thea,  Mulsant;  4°  les  Propylea,  Mulsant. 

Genre  Halyzia,  Mulsant. 

1.  Halyzia  sedecim  gultata,  Linné. 

Ovale;  médiocrement  convexe,  et  d'un  roux  jaune  tendre,  en 
dessus.  Elytres  munies  d'un  rebord  large  et  subtranslucide; 
parées  chacune  de  huit  gouttes  blanches  :  quatre  près  de  la 
suture;  une,  apicale;  deux,  près  du  bord  externe;  une,  sur  le 
disque. 

Long.  5  à  6  mil.  —  Larg.  4  à  4  mil.  V2. 

Elle  vit  sur  les  sapins,  les  noisetiers  ;  je  l'ai  prise  à  Vernet-les- 
Bains  sur  cet  arbuste. 

Genre  Vibidia,  Mulsant. 

i .  Vibidia  duodecim  gultata,  Poda. 

Subhémisphérique  ;  d'un  roux  jaune  en  dessus.  Protorax  paré 
latéralement  d'une  bordure  blanche.  Élytres  ornées  chacune  de 
six  gouttes  blanches  :  deux  près  de  la  suture  (  près  de  l'écusson 
et  aux  trois  cinquièmes)  ;  deux  liées  au  bord  externe  (sous  l'épaule 

12 


118 

et  aux  trois  cinquièmes)  ;  une,  discale  (aux  deux  cinquièmes); 
une  subterminale. 

Long.  3  mil.  1/2  à  4  mil.  —  Larg.  2  mil.  à  2  mil.  V*. 

Cette  espèce  est  assez  commune;  elle  se  trouve  sur  les  pins, 
les  aunes.  J'en  ai  pris  un  exemplaire  à  Vernet-les-fiains  qui  n'a 
que  1  mil.  de  longueur  sur  1  mil,  V2  de  large.  Elle  est  beau- 
coup plus  oblongue  que  le  type  ;  les  taches  sont  proportionnelle- 
ment plus  grandes;  la  couleur  est  d'un  roux  très  brillant;  elle  a, 
de  plus,  une  petite  tache  noire  entre  les  deux  yeux. 

Genre  Thea,  Mulsant. 

1 .  Thea  vigintiduo  punctala,  Linné. 

Brièvement  ovale;  d'un  jaune  citron  en  dessus;  ornée  de  cinq 
taches  ponctiformes  noires  sur  le  prothorax,  et  de  onze  sur  chaque 
élylre  :  trois  le  long  du  bord  externe;  une,  petite,  marginale, 
près  de  la  seconde  des  précédentes  ;  trois  le  long  de  la  suture; 
quatre,  longitudinalement  sur  le  milieu  ;  les  trois  antérieures  de 
celles-ci  en  quinconce  avec  celles  des  rangées  voisines,  la  posté- 
rieure plus  éloignée,  subterminale. 

Long.  3  mil.  Vs  &  4  mil*  Va- —  ^arg-  2  mi^  !/«  *  3  mil.  V2. 

Elle  est  commune  partout;  sur  les  plantes  vivaces,  dans  les 
haies  d'aubépines,  sur  les  arbres. 

Genre  Propylea,  Mulsant. 

1 .  Propylea  quatuordecim  punclata,  Linné. 

Brièvement  ovale.  Prothorax  flave  au  moins  en  devant,  sur  les 
côtés  et  sur  les  parties  latérales  de  sa  base.  Élytres  flaves  avec 
sept  taches  noires  presque  carrées,  ou  noires  avec  des  taches 
jaunes.  Épimères  des  médi  et  postpectus  flaves.  Base  des  cuisses, 
jambes,  tarses  et  taches  sur  les  côtés  du  ventre,  d'un  flave 
teslacé. 


179 

Long.  3  mil.  V2  &  5  m^-  Vq-  —  Larg.  3  m^-  *  3  mil.  il7t. 

Patrie  :  Tout  l'ancien  continent. 

Cette  espèce  est  très  commune  sur  les  chênes;  moins  sur  les 
peupliers. 

Le  dessin  des  élytres  varie  beaucoup,  aussi  sa  synonymie  est 
fort  embrouillée. 

QUATRIÈME  BRANCHE. 

Les  Micraspiaires  ne  renferment  que  le  genre  Micraspis, 
Chevrotât. 

i.  Micraspis  duodecim  punclata,  Linné. 

Subhémisphérique;  ilave  en  dessus.  Prothorax  orné  de  six 
points  noirs  :  quatre  en  demi-cercle  au  devant  de  la  base,  et  un 
près  du  milieu  de  chaque  bord  externe.  Élytres  à  suture  et  à 
points  noirs  :  quatre  le  long  de  la  suture  ;  un  sur  le  calus;  quatre 
formant  près  du  bord  externe  une  ligne  longitudinale  noueuse, 
en  quinconce  ou  obliquement  croisée. 
Long.  3  mil.  l/2-  —  Larg.  2  mil.  Va- 
Patrie  :  L'Europe.  Elle  est  très  commune  sur  les  bords  des 
étangs,  au  pied  des  tamarix. 


Deuxième  Famille. 

Les  Chilocoriens  forment  deux  genres  :  1°  les  Chilo- 
corus, Leacb;  2°  les  Exochorous,  Redtenbacher. 

* 

Genre  Chilocorus,  Leach. 

1 .  Chilocorus  renipaslulatus,  Scribà. 

Dessus  du  corps  d'un  noir  brillant,  très  convexe  et  subcom- 
primé. Tête  noire.  Élytres  parées  chacune  sur  leur  disque  d'une 
tache  rouge  en  ovale  transversal,  occupant  le  tiers  environ  de  la 


180 

largeur,  et  ordinairement  moins  distante  de  la  suture  que  du  bord 
externe.  Dessous  du  corps  noir,  avec  les  côtés  du  premier  arceau 
du  ventre  et  tous  les  suivants  rouges. 
Long.  4  ù  5  mil.  —  Larg.  3  mil.  à  3  mil.  xjv 
Ce  genre  est  un  de  ceux  qui  se  nourrissent  de  Gallinsectes, 
dans  tous  leurs  états.  Par  un  beau  soleil  de  février,  visitez  les 
pêchers,  vous  trouverez  leur  tronc  couvert  de  Chilocorus  renipus- 
tulatus.  P'après  M.  Mulsant,  cet  insecte  serait  peu  commun  et 
vivrait  sur  les  aunes,  les  saules,  etc. 

2.  Chilocorus  bipuslulatus,  Linné. 

Dessus  du  corps  noir,  brillant,  très  convexe  et  subcomprimé. 
Tête  rouge.  Élytres  parées  transversalement,  aux  deux  cinquièmes 
de  la  longueur,  de  trois  taches  rouges  ou  rougeâtres,  ponctiformes, 
presque  continues,  et  dont  l'interne  est  beaucoup  plus  rapprochée 
de  la  suture  que  l'externe  du  bord  extérieur.  Dessous  du  corps 
noir;  côtés  et  cinquième  arceau  du  ventre  d'un  rouge  fauve. 

Long.  3  à  4  mil.  —  Larg.  2  mil.  l/2  à  3  mil.  *l2. 

Se  trouve  sur  les  genévriers  et  autres  végétaux.  Elle  serait 
plus  commune  que  la  précédente. 

Genre  Exochomus,  Redtenbacher. 

1.  Exochomus  quadripustulatus,  Linné. 

Dessus  du  corps  convexe  et  luisant,  ordinairement  noir,  parfois 
brun  ou  d'un  brun  rouge,  avec  deux  taches  rouges  ou  orangées  : 
Tune  réniforme,  embrassant  à  moitié  le  calus;  l'autre,  plus 
petite,  subarrondie,  près  de  la  suture  un  peu  après  la  moitié  do 
la  longueur;  quelquefois  entièrement  d'un  rouge  fauve.  Côtés  du 
prothorax  et  de  la  base  des  élytres  relevés  en  rebord. 

Long.  4  à  5  mil.  —  Larg.  3  mil.  Va- 

Cette  espèce  est  commune  sur  les  chênes.  La  variété  à  élytres 
rouges  est  plus  rare.  Le  comte  Dejean  l'avait  cataloguée  sous  le 
nom  de  Chilocorus  meridionalis. 


181 

2.  Exochomus  auritus,  Scriba. 

Dessus  du  corps  convexe  et  d'un  noir  bronzé,  luisant.  Côtés  du 
prolhorax  et  pieds  d'un  jaune  orangé.  Ventre  en  partie  de  la 
même  couleur.  Côtés  du  prothorax  et  de  la  base  des  élytres  non 
relevés  au  rebord. 
Long.  4  à  6  mil.  —  Larg.  2  mil.  V2  à  3  rail- 
Patrie  :  L'Europe.  Elle  se  trouve  sur  différentes  sortes  d'arbres. 
Je  l'ai  prise  sur  les  pêchers,  en  compagnie  du  Quadriputtulatus 
et  du  Chilocorus  renipustulatus.  Elle  est  assez  commune. 

Troisième  Famille. 

Elle  est  réduite,  pour  les  espèces  de  France,  au  genre 
suivant  : 

Genre  Hyperaspis,  Chbvrolat. 

1.  Hyperaspis  Hoffmaoseggii,  Mulsant. 

En  ovale  allongé,  assez  faiblement  convexe  et  d'un  noir  brillant 
en  dessus.  Prothorax  paré  sur  les  côtés  d'une  bordure  large  et 
parallèle,  d'un  rouge  jaune.  Élytres  obliquement  tronquées  à 
l'extrémité;  ornées  d'une  tache  orangée,  subterminale,  en  ovale, 
transversal  ou  plutôt  en  forme  de  virgule  transversale,  lice  d'une 
part  au  rebord  externe  et  prolongée  de  l'autre  au-delà  de  la 
moitié. 

Long.  4  mil.  l/2  à  5  mil.  —  Larg.  3  mil.  1/2- 

C'est  Y  Hyperaspis  marginella  du  catalogue  de  Dejean.  Cette 
espèce  est  assez  rare  ;  je  l'ai  prise  sur  les  dunes  de  Canet.  Elle 
est  tout-à-fait  méridionale  et  se  trouve,  d'après  Nuisant,  sur  la 
luzerne  (Medicago  offieinalis,  Linné). 

2.  Hyperaspis  reppensis,  Herbst. 

Ovale,  obtusément  arrondie  à  l'extrémité,  médiocrement  con- 
vexe et  d'un  noir  brillant  en  dessus.  Prothorax  paré  sur  les  eûtes 


182 

d'une  bordure  large  et  parallèle,  d'un  rouge  jaune.  Élytres  ornées 
d'une  tache  de  même  couleur,  subtcrminale,  en  ovale  transversal, 
de  la  moitié  environ  de  la  largeur,  non  liée  au  rebord  externe. 

Celte  espèce  est  assez  commune  dans  les  endroits  secs  qt  arides. 

Long.  2  mil.  V2  à  3  mil.  */2.  —  Larg.  2  mil.  à  2  mil.  */*• 

3.  Hyperaspis  campestris,  Herbst. 

Brièvement  ovale,  convexe  et  d'un  noir  brillant  en  dessus. 
Prolhorax  paré  sur  les  côtés  d'une  bordure  d'un  rouge  jaune, 
large,  parallèle  et  n'aboutissant  ordinairement  à  la  base  que 
d'une  manière  incomplOTl.  Élytres  obtusément  arrondies  à  l'ex- 
trémité, souvent  subangulaires  à  leur  partie  postero-externe, 
ornées  presque  aux  deux  tiers  d'une  tache  subdiscale,  poncti- 
forme,  rouge.  Palpes  maxillaires  noirs. 

Long.  3  mil.  —  Larg.  2  mil. 

Cette  espèce  est  très  commune  sous  les  plantes  vivaces.  Je  l'ai 
prise  en  grand  nombre  sur  les  remparts  entre  la  citadelle  et  le 
cimetière. 

*  DEUXIÈME  GROUPE. 

Les  Trichosomid.es  comprennent  trois  familles  : 
1°  les  Epilachniens  ;  2°  les  Scymnieos;  3*  les  Cocci- 
duliens. 

Première  Famille.  —  Epilachniens. 

Cette  famille  comprend  deux  genres  :  1°  les  Epilachna, 
Chevrolat  ;  2°  les  Lasia,  Hope. 

Genre  Epilachna,  Chevrolat. 

1 .  Epilachna  Argus,  Fqurcroy. 

Presque  gibbeuse;  pubescente  et  d'uti  fauve  jaune  en  dessus. 
Elytres  rôtrécies  à  partir  du  tiers  de  leur  longueur;  marquées 


\ 


183 

chacune  de  six  points  noirs  :  un  sur  le  calus,  un  autre  lié  à 
l'écusson,  les  quatre  derniers  obliquement  croisés,  les  deux  pre- 
miers internes  de  ceux-ci  disposés  en  ligne  droite  avec  celui  du 
calus. 
Long.  7  à  7  mil.  Va*  —  Larg.  4  mil  V2  à  5  ™1.  {lv 
Cette  espèce  est  très  commune  sur  tout  le  littoral  de  la  Médi- 
terranée; elle  vit,  ainsi  que  sa  larve,  sur  la  Momordka  elaterium. 
D'après  Mulsant,  elle  vitsurlabryone  (Bryonia  dioicu),  et  parfois 
sur  l'ormeau.  En  juillet  1867  j'en  ai  pris  un  exemplaire  sur  un 
peuplier,  sur  les  bords  de  la  Tel. 

2.  Epilachna  ebrysomelina,  Fabricius. 

Sa b hémisphérique;  pubescente  et  d'un  fauve  jaunâtre  eu  des- 
sus. Éljtres  rétrécies  à  partir  des  trois  septièmes  de  leur  longueur; 
marquées  chacune  de  six  taches  poncliformes  noires  :  une  sur  le 
calus  ;  une  autre  entre  celui-ci  et  l'écusson  ;  les  quatre  dernières 
obliquement  croisées;  les  deux  plus  internes  de  celles-ci,  dispo- 
sées en  ligne  droite  avec  le  milieu  de  l'intervalle  de  celles  de  la 
base. 

Long.  7  à  8  mil.  —  Larg.  5  mil.  '/a  i  6  mil. 

Celte  espèce  est  propre  au  littoral  de  la  Méditerranée.  Je  ne 
lai  jamais  prise  dans  le  département  de  l'Hérault  où  j'ai  beaucoup 
chassé.  Elle  est  très  commune  sur  la  Momordica  elateriuiny  à 
Collioure,  à  Port-Vendres  surtout  dans  les  environs  de  l'établis- 
sement des  bains.  J'y  ai  récolté  la  larve  et  la  nymphe.  La  larve 
ressemble  beaucoup  plus  h  celle  de  V^Argus  qu'à  celle  de  la  Lasia 
globosa.  Elle  est  deux  fois  plus  grande  q&c  celle  de  cette  dernière. 
Lors  de  son  plus  grand  développement  les  épines,  qui  recouvrent 
son  corps,  en  suivant  les  segments  qui  sont  au  nombre  do- douze, 
ont  un  millimètre  de  longueur;  de  chaque  épine  partent  cinq  à 
six  petits  dards  qui  lui  donnent  l'aspect  d'un  tout  petit  hérisson. 
Elle  s'enroule,  comme  lui,  au  moindre  mouvement  que  J'air 
imprime  à  la  plante  dont  elle  dévore  les  feuilles. 


184 

,  Ainsi  que  le  prétend  M.  Mulsant,  les  variétés  E  et  F  à  taches 
liées  (Coccinella  elaterii,  Rossi),  sont  fort  rares  en  France,  du 
moins  dans  le  département  des  Pyrénées-Orientales  ;  car,  sur  au 
moins  cinq  à  six  cents  types,  je  n'ai  pris  que  quatre  variétés. 

La  nymphe  de  cette  espèce  diffère  de  l'argus  en  ce  que  les  poils 
au  lieu  d'être  noirs  sont  jaune  paille;  et  au  lieu  d'être  parsemés, 
ils  sont  très  épais  et  longs.  On  la  trouve  sous  les  pierres,  sous 
les  feuilles  sèches  tout  près  de  la  Momordica. 

Genre  Lasia,  Hope. 
\ .  Lasia  globosa,  Scheneid. 

Subhémisphérique,  subarrondie  postérieurement;  gibbeuse  et 
pubescente  en  dessus.  Tête  d'un  rouge  fauve  un  peu  livide.  Ély- 
tres, soit  de  cette  couleur  et  marquées  de  points  noirs  plus  ou 
moins  nombreux,  soit  noires,  avec  quelques  espaces  ou  seulement 
l'extrémité  d'un  fauve  rouge. 

Long.  3  mil.  Va  à  4  mil.  Vj.  —  Larg.  3  à  3  mil.  Va- 

J'ai  pris  cette  espèce  sur  la  Brionya  dioica,  ainsi  que  ses  varié- 
tés à  élytres  sans  taches  (la  Coccinella  impundata,  de  Géer),  et 
à  élytres  noires  marquées  de  quatre  petites  taches  d'un  fauve 
rouge  (la  Coccinella  liœmorrhoidalis,  Fabricius).  Ces  variétés  sont 
bien  plus  rares  que  le  type  ;  j'ai  pris  trois  des  premières,  et  une 
seulement  de  Yhœmorrhoidalis. 

Je  ne  connais  pas  la  Lasia  meridionalis,  Mulsant. 

Seconde  Famille.  —  Scymniens. 

i 

Les  Scymniens  se  divisent  en  deux  branches  :  1°  les 
Pfatinaspiaires  ;  2<>  les  Scymniaires. 

PREMIÈRE  BRANCHE. 

Les  Plalynaspiaires  ne  renferment  qu'un  seul  genre  : 
les  Platynaspis. 


185 

1.  Platynaspis  Villosa,  Fourcroy. 

Brièvement  ovale,  obtuse  postérieurement;  médiocrement  con- 
vexe, noire  et  pubescenle  en  dessus.  Élytres  parées  chacune  de 
•    deux  taches  ou  points  d'un  rouge  jaune,  placés  l'un  après  l'autre 
sur  le  milieu  de  celles-ci  :  l'antérieur  arrondi,  plus  grand,  occu- 
pant du  quart  à  la  moitié  de  la  longueur;  l'autre,  un  peu  oblique, 
des  trois  quarts  aux  cinq  sixièmes. 
Long.  2  mil.  Va  à  3  mil.  —  Larg.  2  à  2  mil.  Va- 
Celle  espèce  se  trouve  sur  les  chênes  et  sous  les  plantes  viva- 
ces  dans  les  endroits  secs  et  arides.  Je  l'ai  prise  sur  les  remparts 
de  la  citadelle. 

DEUXIÈME   BRANCHE. 

Les  Scymniaires  se  divisent  en  deux  rameaux  :  1°  les 
Scymniates;  2°  les  Rhizobiates. 

Premier  rameau. 

Les  Scymniates  ne  renferment  qu'un  seul  genre  : 
Genre  Scymnus,  Kigelaisn. 

1.  Scymnus  nigrinus,  Kugel. 

Brièvement  ovale;  pubescent;  entièrement  noir,  moins  les 
antennes  et  les  tarses  qui  sont  d'un  rouge  brun.  Elytres  obtusé- 
ment  arrondies  postérieurement. 

Long.  2  à  2  mil.  Vî»  —  Larg.  1  mil.  Vî- 

Cette  espèce  est  assez  commune  sur  les  chênes  ;  elle  y  vit  aux 
dépends  du  Phylloxéra  du  chêne  ;  c'est  sans  nul  doute  la  pré- 
sence du  Phylloxéra  qui  attire  sur  cet  arbre  un  aussi  grand  nom* 
bre  de  Coccinelliens. 

2.  Scymnus  pygmœus,  Fourcr. 

Brièvement  ovale  ;  pubescent.  Élytres  et  abdomen  entièrement 


186 

noirs.  Pieds  d'un  rouge  jaune  (mûlc);  base  des  caisses  ordinai- 
rement obscure  ou  noire  (femelle). 
Long.  2  mil.  -  Larg.  1  mil  1/2- 
Cette  espèce  est  peu  rare  dans  toute  la  France. 

3.  Scymnus  marginalis,  Rossi. 

Subhémisphérique  ;  pubescent.  Élytres  noires,  parées  chacune 
d'une  tache  d'un  .fauve  jaune,  ordinairement  en  triangle,  éteudue 
sur  le  côté  externe  depuis  l'angle  humerai  jusqu'aux  deux  cinquiè- 
mes de  la  longueur,  mais  parfois  dilatée  au  point  de  couvrir  toule 
la  partie  postérieure.  Bouche,  antennes,  jambes,  tarses  et  extré- 
mité au  moins  des  cuisses,  d'un  fauve  jaune. 

Long.  2  mil.  —  Larg.  t  mil.  t/2. 

Cette  espèce  est  commune  sur  le  chardon  à  petite  fleur.  La 
couleur  des  élytres  varie  du  rouge  au  noir.  Je  Taj  prise  aussi  sur 
le  chêne. 

4.  Scymnus  Apetzii,  Mulsaht. 

Brièvement  ovale;  pubescent.  Élytres  noires,  ornées,  peu  après 
le  sommet  du  calus  humerai,  d'une  tache  subarrondie,  d'un  fauve 
jaune.  Cuisses  intermédiaires  et  postérieures  noires,  au  moins  en 
très  grande  partie.  Jambes  et  tarses  d'un  fauve  jaune. 
Long.  2  mil.  à  2  mil.  {lv  —  Larg.  1  mil.  Va- 
Cette  espèce  se  trouve  dans  toute  la  France,  sur  différentes 
plantes  vivaces. 

5.  Scymnus  Ahrensii,  Kuster.  (Inédit.) 

Ovale  ;  pubescent.  Élytres  marquées  de  points  cyeloïdes,  plus 
gros  que  ceux  du  fond  et  presque  striémeiit  disposés;  noires, 
parées  d'une  tache  d'un  rouge  jaune,  subtriangulaire,  couvrant 
le  côté  externe  depuis  les  épaules  jusqu'aux  deux  cinquièmes  de 
la  longueur,  obtuse  vers  la  suture  qu'elle  n'atteint  pas.  Pieds 
d'un  rouge  fauve,  avec  les  cuisses  postérieures  noires  au  moins 
en  grande  partie. 


187 

Cette  espèce,  assez  commune  en  Sicile,  en  Sardaigne  et  même 
en  Toscane,  3  été  prise  dans  le  midi  de  la  France.  Je  ne  l'ai  pas 
encore  rencontrée  dans  les  Pyrénées-Orientales. 

Long.  3  mil.  —  Larg.  2  mil. 

6.  Scymnus  frontalis,  Fabb. 

Ovale  ;  pubescent.  Élytres  noires,  très  rarement  immaculées, 
ordinairement  ornées  d'une  tache  rouge  ou  de  deux  taches  libres 
longitudinalemenl  réunies.  Jambes,  tarses  et  la  presque  totalité 
(mdle)  ou  le  tiers  apical  (femelle)  des  cuisses  d'un  fauve  jaune. 
(Mâle)  tête  entièrement  rouge.  (Femelle)  tôle  noire,  avec  le  labre 
rouge  ou  rougeâtre. 

Long.  2  mil.  —  Larg.  1  mil.  Va- 

Cette  espèce  vit  sur  le  chêne  et  sur  l'ormeau  principalement. 

7.  Scymnus  quadriluoulatus,  Illig. 

Ovale;  médiocrement  convexe;  pubescent;  noir  en  dessus, 
paré  sur  chaque  élytre  de  deux  taches  orangées:  l'antérieure 
oblique,  rétrécie  dans  son  milieu;  la  postérieure  transversale, 
irrégulière,  sublunulée.  Bouche  et  majeure  partie  au  moins  des 
pieds,  d'un  fauve  jaune.  Plaques  abdominales  subterni  maies. 
Long.  1  mil.  Vj-  —  Larg.  '/i  mil- 
Cette  espèce  est  commune  sur  le  chêne  et  sur  l'aubépine. 

8.  Scymnus  biverrucatus,  Pànz. 

Ovale,  pubescent;  noir.  Élytres  parées  d'une  tache  ronde  d'un 
fauve  jaune,  située  sur  leur  milieu,  un  pou  après  la  moitié  de 
leur  longueur.  Jambes  et  tarses  d'un  fauve  livide.  Plaques  abdo- 
minales atteignant  les  quatre  cinquièmes  de  l'arceau. 

Long.  4  mil.  —  Larg.  2  mil. 

Vit  sur  le  hêtre;  assez  rare. 

9.  Scymnus  Redtenbacberi,  Mqlsajit. 

En  ovale  allongé  ;  pubescent  et  noir,  en  dessus.  Élytres  parfois 


188 

avec  une  bande  d'un  brun  rougeâtre  ou  d'un  fauve  jaune  dans 
leur  milieu.  Bouche,  jambes  et  tarses  d'un  fauve  jaune. 

Long.  1  mil.  -  Larg.  i/a  mil. 

Cette  espèce  est  assez  rare;  je  l'ai  prise  en  battant  sur  les  saules. 

10.  Scymnus  fasciatus,  Four. 

Subhémisphérique;  pubescent.  Prothorax  d'un  rouge  fauve,  au 
moins  sur  les  côtés  ;  bissinueux  postérieurement  près  de  l'écus- 
son.  Élytres  d'un  rouge  fauve,  souvent  parées  chacune  d'une  bor- 
dure noire  dans  leur  périphérie,  et  d'une  bande  transversale  de 
même  couleur  dans  le  milieu,  ou  n'offrant  parfois  de  celles-ci 
que  des  traces  peu  ou  point  marquées.  Plaques  prolongées  jus- 
qu'aux trois  quarts  au  moins  de  l'arceau. 

Long.  2  mil.  —  Larg.  1  mil.  l/v 

Cette  espèce  est  assez  commune;  je  l'ai  prise  sur  le  chêne  el 
sur  l'ormeau. 

1 1 .  Scymnus  arcuatus,  Ros&i. 

Ovale;  pubescent.  Prothorax  d'un  blanc  (lave,  au  moins  sur 
les  côtés.  Élytres  noires  ou  brunes,  parées  chacune  de  deux  arcs 
blanchâtres  concentriques,  unies  par  leur  partie  postérieure  h  la 
suture  et  dirigées  ensuite  en  avant;  quelquefois  roussâtres  avec 
un  point  noir  vers  la  moitié  de  la  suture.  Antepectus  et  pieds  d'un 
(lave  roussâtre.  Plaques  abdominales  arquées,  presque  liées  au 
bord  de  l'arceau. 

Long.  1  mil.  llv  —  Larg.  1  mil. 

M.  Mulsant  a  pris  cette  espèce  dans  un  petit  bois  de  chênes.  H 
la  donne  comme  rare  en  France  ;  je  l'ai  pourtant  prise  en  grand 
nombre  mais  sur  le  grenadier  seulement,  c'est-à-dire  dans  le 
Midi.  J'en  ai  pris  un  exemplaire  à  Vernet-les-Bains,  en  battant 
sur  l'épine  noire. 

12.  Scymnus  abietis,  Payk. 

Ovale;  assez  longuement  pubescent  et  entièrement  d'un  roux 


189 

blond  en  dessus,  sauf  les  yeux  qui  sont  d'un  brun  noir.  Dessous 
du  corps  moins  clair,  surtout  sur  la  poitrine.  Plaques  abdomina- 
les prolongées  jusqu'aux  deux  tiers  ou  un  peu  plus  de  l'arceau. 

Long.  2  mil.  —  Larg.  1  mil.  Va- 

Celte  espèce  vît  sur  les  sapins  ;  je  l'ai  prise  sur  le  chêne. 

15.  Scymnus  capitatus,  Fabr. 

Brièvement  ovale;  pubescent.  Tête,  cinquième  arceau  du  ventre 
el  pieds  d'un  rouge  jaune  ou  livide,  sauf  la  base  des  quatre  cuisses 
postérieures  des  femelles.  Élytres  noires,  avec  l'extrémité  parée 
d'une  bordure  d'un  rouge  jaune,  parfois  peu  distincte  chez  la 
femelle. 

Long.  2  mill.  —  Larg.  1  mill.  !/2. 

J'ai  pris  cette  espèce  sur  les  bords  de  la  Tet.  Je  l'ai  prise 
aussi  à  Yernet-les-Bains,  en  battant  sur  les  chênes.  Mulsant  la 
dit  peu  commune. 

14.  Scymnus  analis,  Fabr. 

Ovale;  pubescent;  noir,  subsemicirculairement  sur  le  tiers 
médiaire  et  postérieur  du  prothorax,  obliquement  des  deux  tiers 
aux  quatre  cinquièmes  postérieurs  des  élytres,  sur  la  poitrine  et 
le  premier  segment  du  ventre;  d'un  jaune  rouge  sur  le  reste. 
Plaques  abdominales  en  arc  obtus,  à  peine  prolongées  jusqu'aux 
trois  quarts  de  l'arceau. 

Long.  2  mill. — Larg.  1  mill.  Va- 

Cette  espèce  doit  se  trouver  sur  les  montagnes  élevées  du 
département;  je  ne  l'ai  pas  encore  prise.   • 

15.  Scymnus  Binotatus,  Charles  Brïsàut. 

D'une  forme  ovale  assez  courte  ;  assez  densément  couvert  d'une 
pubescence  pas  très  courte,  d'un  gris  blanchâtre. 

Tête  transversale,  à  ponctuation  fine,  pas  trop  serrée.  Yeux 
noirs.  Palpes  et  antennes  d'un  testacé  ferrugineux.  Corselet 
transversal  plus  de  deux  fois  plus  large  que  long,  rebordé  sur 


190 

les  côtés,  très  finement  au  bord  postérieur,  légèrement  arrondi 
latéralement,  assez  fortement  rétréci  en  avant;  surface  convexe, 
couverte  d'une  ponctuation  fine  et  assez  serrée.  Écusson  trian- 
gulaire, ferrugineux.  Élytres  plus  de  trois  fois  plus  longues  que 
le  corselet  et  plus  larges  que  lui  à  leur  base,  élargies  sur  les 
côtés,  leur  plus  grande  largeur  avant  le  milieu,  arrondies  ensem- 
ble à  l'extrémité  ;  épaules  avec  un  calus  assez  saillant  ;  surface 
assez  convexe,  couverte  d'une  ponctuation  fine  et  assez  serrée, 
mêlée  de  quelques  points  plus  forts;  d'un  jaune  testacé,  avec 
une  grande  tache  triangulaire  ferrugineuse  à  leur  base,  partant 
des  épaules  et  aboutissant  environ  au  quart  de  la  suture  ;  elle  se 
prolonge  étroitement  le  long  de  cette  dernière,  souvent  jusqu'à 
l'extrémité;  les  côtés  latéraux  sont  aussi  quelquefois  plus  ou 
moins  ferrugineux;  après  le  milieu,  à  quelque  distance  de  la 
suture,  on  remarque  une  petite  tache  transversale  noire.  Dessous 
du  corps  ferrugineux,  avec  la  poitrine  et  la  base  de  Tabdomen 
noirâtres,  couvert  d'une  ponctuation  fine  et  serrée,  et  revêtu 
d'une  pubescence  grisâtre  assez  courte  et  assez  serrée;  plaques 
abdominales  incomplètes,  légèrement  courbées,  atteignant  à  plus 
des  deux  tiers  du  premier  arceau  ventral  ;  le  point  où  s'oblitère  la 
plaque  abdominale  se  trouve  près  du  bord  extérieur  de  l'abdomen. 
C'est  M.  Marquet,  naturaliste  à  Toulouse,  qui  a  découvert 
cette  jolie  petite  espèce,  sur  des  cyprès  des  environs  de  Béziers. 
J'en  ai  pris  plus  tard  quelques  exemplaires  dans  la  même  localité 
et  un  seul  individu  à  Perpignan,  en  battant  sur  les  cyprès  de  la 
Pépinière. 

Cette  espèce  parait  fort  rare,  et  son  habitat  est  assez  extraor- 
dinaire pour  un  insecte  entomophage. 

16.  Scymnus  Iwemorroidalis,  Herbst. 

Ovale;  pubescent;  noir,  avec  les  côtés  plus  ou  moins  largement 
et  souvent  la  partie  antérieure  du  protorax,  transversalement  le 
tiers  postérieur  des  élytres,  l'anus  et  les  pieds  d'un  rouge  jaune  ou 


191 

d'un  rouge  fauve.  Plaques  abdominales  en  arc  subsinueux  au  côté 
externe,  à  peine  prolongées  jusqu'aux  trois  quarts  de  l'arceau. 

Long.  2  mill.  —  Larg.  1  mill.  Va- 

Assez  commun  sur  le  chêne  et  l'ormeau. 

17.  Scymnus  ater,  Kigelann. 

Ovale;  médiocrement  convexe,  noir  et  pubescent.  Antennes, 
tarses  et  quelquefois  jambes  d'un  rouge  brun.  Élytres  rétrécies  à 
partir  du  tiers,  chargées  d'un  calus  humerai  saillant.  Plaques 
abdominales  en  angle  postérieurement  dirigé,  prolongées  jus- 
qu'aux deux  tiers. 

Long.  1  mill.  —  Larg.  Va  mill. 

Je  n'ai  pas  pris  cette  espèce  qui  parait  fort  rare  ;  elle  a  été 
trouvée  dans  les  environs  de  Lyon. 

18.  Scymnus  discoideus,  Schneid.  Inédit,  Illiger. 

Ovale  ;  pubescent.  Élytres  fauves,  avec  une  bordure  noire,  soit 
embrassant  toute  la  périphérie  de  chacune  d'elles,  soit  inter- 
rompue, soit  réduite  à  la  base  et  à  la  suture,  soit  même  nulle  ; 
plaques  abdominales  atteignant  ou  dépassant  à  peine  les  deux 
tiers  de  l'arceau. 

Long.  1  mill.  Va-  —  !*?£•  1  mill. 

J'ai  pris  cette  espèce  à  Vernet-les-Bains,  sur  les  pins  de  la 
route  de  Sahorre. 

19.  Scymnus  fulvicollis,  Mulsant. 

Brièvement  ovale;  pubescent, noir  :  labre,  menton,  prothorax, 
antepeetus  et  pieds  d'un  fauve  rouge.  Élytres  postérieurement  en 
ogive;  fortement  ponctuées.  Plaques  abdominales  atteignant  à 
peine  les  deux  tiers  de  l'arceau. 

Long.  4  mill.  —  Larg.  V2  miU- 

Je  n'ai  jamais  pris  cette  espèce  qui  parait  vivre  sur  les  char- 
milles. Elle  a  été  prise  dans  le  département  de  l'Aude. 


192 
30.  Scymnus  minimus,  Payk. 

Subhémisphérique;  pubcscent,  noir:  labre,  antennes,  palpes, 
jambes  et  tarses  d'un  (lave  fauve  ou  d'un  fauve  livide.  Plaques 
abdominales  ogivales,  dépassant  à  peine  la  moitié  de  l'arceau. 

Long,  i  mill.  !/î-  —  Larg.  \  mill. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  le  nord  de  la  France;  elle  peut  se 
rencontrer  sur  nos  hautes  montagnes. 

21 .  Scymnus  rufipes,  Charles  Brïsout. 

D'une  forme  ovale,  assez  courte  et  assez  large,  médiocrement 
convexe;  couvert  d'une  pubescence  grise,  courte  et  assez  serrée, 
mi-redressée.  Tête  transversale,  d'un  ferrugineux  obscur,  cou- 
verte d'une  ponctuation  très  fine  et  écartée.  Bouche,  palpes  et 
antennes  testacés.  Corselet  transversal,  à  son  bord  antérieur  un 
peu  plus  large  que  la  tête  avec  les  yeux,  élargi  d'avant  en  arrière 
en  ligne  légèrement  courbe,  angles  postérieurs  obtus,  bord  pos- 
térieur en  arc,  noir  avec  le  bord  antérieur  d'un  brun  ferrugineux  ; 
couvert  d'une  ponctuation  fine  et  assez  serrée.  Élytres  moins  de 
trois  fois  aussi  longues  que  le  corselet,  un  peu  plus  longues  que 
larges,  arrondies  sur  les  côtés  et  à  l'extrémité  ;  épaules  avec  un 
calus  humerai  distinct,  couvertes  d'une  ponctuation  assez  forte 
et  assez  serrée  ;  sur  la  partie  antérieure  du  disque  avec  quelques 
vestiges  d'impressions  longitudinales  en  forme  de  stries,  et  vers 
les  trois  quarts  postérieurs  de  chaque  élytre,  on  remarqne  sur 
le  disque  une  transparence  rougeâtre.  Dessous  du  corps  noir 
avec  le  bord  du  dernier  segment  abdominal  ferrugineux.  Plaques 
abdominales  complètes,  larges,  arrondies  postérieurement,  pro- 
longées presque  jusqu'au  bord  postérieur  du  premier  arceau 
ventral,  et  atteignant  par  la  partie  basilaire  de  leur  bord  externe 
le  côté  latéral  de  l'abdomen  ;  courtes,  d'une  ponctuation  un  peu 
plus  forte,  mais  moins  serrée  que  celle  des  bords  latéraux  du 
premier  arceau  ventral.  Pattes  d'un  rouge  ferrugineux  ;  cuisses 
en  ellipse  un  peu  allongée. 


193 

Voisin  du  Capitaiut  femelle;  s'en  distingue  par  sa  taille  un  peu 
moindre,  sa  forme  moins  large,  son  aspect  moins  brillant,  sa 
ponctuation  plus  serrée  et  moins  forte,  son  calus  humerai  moins 
saiHant,  ses  pattes  rouges  et  ses  plaques  abdominales  plus  larges, 
arrondies  au  côté  externe. 

Trouvé  à  La  Nouvelle,  près  de  Narbonne. 

» 

22.  Seymiu»  atricapillua,  Chaules  Bmsodt. 

D'une  forme  ovale,  assez  large,  couvert  (Tune  pubescence 
blanchâtre,  brillante,  mi-redrcssée,  courte  et  peu  serrée.  Tête 

■ 

subcarrée,  noirâtre,  à  ponctuation  extrêmement  fine  et  écartée. 
Bouche,  palpes  et  antennes  testacés.  Corselet  transversal  plus 
large  que  la  tête  au  bord  antérieur,  fortement  élargi  d'avant  en 
arrière,  en  ligne  à  peu  près  droite;  angles  postérieurs  presque 
droits,  bord  postérieur  dirigé  en  arriére  en  angle  très  ouvert  ou 
en  arc  ;  ferrugineux  avec  le  milieu  du  disque  un  peu  plus  obs- 
cur, couvert  d'une  ponctuation  extrêmement  fine  et  peu  serrée. 
Élytres  plus  larges  que  le  corselet,  convexes,  plus  de  trois  fois 
plus  larges  que  le  corselet,  un  peu  ôbtusément  arrondies  à  l'ex- 
trémité, ferrugineuses  avec  la  suture  plus  ou  moins  noirâtre 
dans  sa  partie  médiahro  ;  couvertes  d'une  ponctuation  assez  forte 
et  un  peu  écartée  ;  épaules  avec  un  calus  distinct.  Dessous  du 
corps  noirâtre  avec  le  dessous  du  corselet  et  l'extrémité  de  l'ab- 
domen d'un  rouge  ferrugineux.  Plaques  abdominales  complètes, 
prolongées  un  peu  au-delà  des  deux  tiers  de  la  longueur  de 
l'arceau,  arrondies  et  atteignant  par  la  partie  basilaire  de  leur 
bord  extertie  un  peu  âù-delà  des  hafiches  postérieures  ;  couvertes 
d'une  ponctuation  plus  forte  que  celle  du  premier  segment  abdo- 
minal, sans  ponctuation  vers  sa  partie  postérieure.  Pattes  ferru- 
gineuses; cuisses  en  ellipse  allongée. 

De  la  forme  du  Fubicollis  ;  a'en  distingue  par  sa  couleur,  ses 
élytres  plus  larges,  sa  ponctuation  moins  forte,  moins  profonde, 

13 


m 

un  peu  plus  serrée  et  ses  plaques  abdominales  un  peu  plus  pro- 
longées sur  le  premier  arceau  ventral. 
Trouvé  à  Bézîers. 

(Extrait  dés  matériaux  pour  servir  à  la  Faune  des 
Coléoptères  de  France,  par  le  docteur  À.  Grenier). 

Second  Rameau. 

Les  Rhizobiates  ne  renferment  qu'on  sent  genre,  tes 
Rhizobius,  Stephens. 

i .  Rhizobius  litura,  Fabk. 

Subelliptique  ;  pubescente,  d'un  roux  testacé  ou  d'un  fauve 
roux.  Élytres  parfois  sans  taches,  quelquefois  avec  un  arc  noir 
ou  noirâtre,  dirigé  en  arrière,  et  commun  aux  deux  étuis,  le 
plus  souvent  ornées  chacune  de  deux  lignes  noires  ou  noirâtres  : 
celles-ei  raccourcies  en  devant  et  en  arrière,  libres  ou  liées  entre 
elles,  ou  même  dilatées  au  point  d'obscurcir  presque  tout  l'es- 
pace compris  entre  la  suture  et  le  bord  externe. 

Long.  2  mill.  —  Larg.  1  mill.  Va* 

Cette  espèce  est  très  commune  sur  les  pins,  sur  l'aubépine 
surtout  et  sur  beaucoup  d'autres  végétaux.  La  couleur  et  la 
ponctuation  des  élytres  varie  beaucoup. 


TROISIÈME  FAMILLE. 

Les  Cocciduliens  qui  ne  comprennent  que  le  genre 
Coccidula,  Kugblann. 

i.  Coccidula  scutellata,  Hérbst. 

OMongue,  pubescente  et  d'un  rouge  jaune  en  dessus»  Élytres 
ornées  d'une  tache  scutèllaire  et  chacune  de  deux  tâches  ponc- 


195 

tiformes,  d'un  noir  bleuâtre  :  celles-ci  formant  une  rangée  obli- 
que, vers  le  milieu  de  la  longueur.  Poitrine  noire. 
Long.  3  mill.  —  Larg.  2  mill. 

J'ai  pris  cette  espèce  sur  les  joncs,  au  bord  des  étangs  de  Salses 
et  du  Cagarell.  Elle  est  assez  commune  mais  dans  les  étangs  du 
littoral  seulement. 

2.  Coccidula  rafa,  Herbst. 

Oblongue;  pubescente  et  entièrement  d'un  rouge  très  vif  tant 
qu'elle  est  vivante,  passant  an  jaune  après  la  mort.  Poitrine  noire. 
Long.  3  mill.  — Larg.  4  mill.  7j- 

Cette  espèce  est  infiniment  plus  rare  que  la  précédente.  Je  l'ai 
prise  au  premier  printemps  en  battant  sur  les  saules,  mais  en 
un  très  petit  nombre  d'exemplaires.  Elle  se  prend  encore  sous 
les  détritus  amoncelés  au  pied  des  tamarix,  et  sous  les  écorces 
des  platanes,  pendant  l'hiver. 


196 

NOTE 

SUR  ONE  INSCRIPTION  ROMAINE  DE  CORNELLA  DU  BEROOL 

Par  M.  Alart,  membre  résidant. 


On  vient  de  découvrir,  en  faisant  des  réparations  dans 
une  chapelle  de  l'église  de  Cornella    du  Bercol,   une 
inscription  romaine  qu'il  faut  ajouter  aux  sept  échantil- 
lons de  l'espèce  que  possède  notre  département.  On  ne 
saurait   trop  faire  ressortir  l'inconcevable  pauvreté  de 
monuments  de  ce  genre,  découverts  jusqu'ici,  dans  un 
pays  que  les  Romains  ont  occupé  pendant  plus  de  cinq 
cents  ans.  «  Dans  ce  petit  nombre,  dit  M.  de  Bonnefoy, 
a  deux  sont  intéressants,  l'inscription  de  Saint-André  de 
«  Sorède  laissée  par  les  Decumani  Narbonenses,  et  celle 
«  de  Theza,  un  des  rares  monuments  relatifs  aux  per- 
«  cepteurs  de  l'impôt  du  quarantième  dans  la  Gaule.  La 
«  colonne  de  Saint-Hippolyte  est  une  colonne  milliaire, 
«  sans  doute,  mais  dépourvue  malheureusement  de  mar- 
«  que  numérale.  Le  marbre  de  Polybias  (à  Angostrina) 
«  est  votif,  celui  de  Rustica  (à  Theza)  funéraire;  les  sigles 
«  de  la  dalle  du  Puig  de  Tallaferro  (près  de  la  tour  de 
«  Madeloch)  demeurent  un  mystère;  les  plombs  votifs 
«  des  Bains  d'Arles  ne  sont  pas  moins  hiéroglyfiques.  » 
La  nouvelle  inscription  de  Cornella  ne  serait  peut-être 
pas  la  moins  intéressante  de  la  collection,  mais  malheu- 
reusement nous  n'en  avons  qu'un  très  court  fragment, 
«  le  mot  de  la  fin,  »  et  tout  le  commencement,    qui 
aurait  pu  donner  le  sens  de  ce  qui  nous  reste,  semble 
détruit  pour  toujours. 


197 

La  partie  restante  de  la  pierre  qui  portait  l'inscription 
a  la  forme  d'un  cippe,  c'est-à-dire  d'une  colonne  carrée 
assez  semblable  a  nos  bornes  kilométriques  ;  c'est  une 
pierre  de  grès  commun  et  facile  à  décomposer,  comme 
celle  de  l'autel  d'Angostrina,  et  le  tout  a  été  fortement 
maltraité  par  le  frottement  et  par  d'autres  accidents.  Il 
oe  reste  qu'une  partie  des  deux  dernières  lignes  de  l'ins- 
cription :  l'écriture,  en  belle  majuscule  romaine,  est 
presque  entièrement  effacée  à  la  fin  de  chaque  ligne,  et 
voici  tout  ce  qu'on  peut  y  lire  d'une  manière  sûre  : 

LAEInI 
CArTAB 


La  haste  du  t  de  la  seconde  ligne  est  formée  avec  la 
troisième  barre  de  la  lettre  n,  et  la  lettre  b  est  suivie  de 
quelques  traits  qui  peuvent  appartenir  aux  lettres  r  ou  e. 
On  distingue  d'ailleurs,  à  la  fin  de  chaque  ligne,  les  traits 
de  deux  ou  trois  lettres  qu'il  est  impossible  de  déchiffrer 
et  que  nous  marquons  par  des  points. 

Ce  reste  d'inscription  occupe  l'extrémité  supérieure 
de  la  colonne,  et  le  haut  de  la  première  lettre  (l)  a  même 
été  enlevé,  bien  que  la  lecture  n'en  soit  pas  douteuse. 
Au-dessous  de  la  seconde  ligne,  il  y  a  de  la  place  pour 
huit  ou  dix  lignes  qui  n'ont  jamais  été  gravées,  et  le  tout 
se  termine  en  bas  par  un  léger  rebord  sculpté  qui  mar- 
que la  base  du  monument.  Nous  n'avons  donc  ici  que  la 
partie  inférieure  d'une  colonne  dont  la  partie  supérieure 
a  disparu,  et  malheureusement  la  séparation  de  la  pierre 
en  deux  tronçons  date  de  loin,  car  celui  qui  subsiste  est 
légèrement  creusé  en  forme  de  cuvette,  immédiatement 
au-dessus  des  premières  lettres,  et  il  est  probable  que, 


198 

pendant  de  longs  siècles  du  moyen-âge,  il  a  dû  servir 
de  support  k  quelque  bénitier  dans  l'église  où  il  vient 
d'être  retrouvé.  Ce  n'est  pas  là,  d'ailleurs,  le  seul  acci- 
dent subi  par  ce  modeste  monument,  car  M.  le  colonel 
Puiggari  présume  avec  toute  raison  que  la  pierre  a  été 
sciée  à  gauche  des  lettres  l  et  c,  de  sorte  que  l'inscrip- 
tion peut  être  complétée  de  la  manière  suivante  : 

[A]LAEInI.... 
..CANTABR[ORVM]. 
Ce  serait  donc  un  monument  votif  élevé  par  quelque  soldat 
«  de  la  quatrième  aile  »  de  la  légion  «  des  Cantabres.  » 
Cette  interprétation  et  la  forme  des  lettres  rapporteraient 
cette  inscription  au  premier  siècle  de  notre  ère. 

Le  lieu  de  Cornella,  dont  le  nom  (Cornelianum)  indi- 
que évidemment  un  ancien  domaine  de  l'importante  et 
nombreuse  famille  Cornelia,  est  mentionné  dès  le  ixe  siè- 
cle, et  son  dernier  seigneur,  Raymond  de  Cornella,  Gt 
vente  de  son  castel  et  des  droits  qu'il  avait  sur  ce  village 
à  l'hôpital  des  pauvres  de  Perpignan,  le  5  des  calendes 
d'août  1205.  L'église  paroissiale  sous  l'invocation  de 
Saint-Christophe,  est  aussi  mentionnée  dès  l'an  1087. 
Enfin,  l'ancienne  voie  romaine  de  Ruscino  à  Iliberri,  si 
elle  ne  passait  pas  h  Cornella,  ne  pouvait  guère  en  être 
écartée  que  d'un  kilomètre  tout  au  plus  k  l'est. 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  note  sans  exprimer  le 
vœu  que  ce  débris  soit  recueilli  et  conservé  au  musée 
de  la  ville  de  Perpignan,  ou  plutôt  dans  le  cloitre  d'Elne 
dont  l'admirable  musée,  récemment  enrichi  de  trois 
objets  précieux  pour  l'histoire  de  l'art  dans  notre  pays, 
ne  possède  cependant  rien  d'aussi  ancien  que  le  fragment 
que  nous  venons  de  signaler. 

8  avril  1870. 


199 


NOTES   HISTORIQUES 

SUR  LA  PEINTURE 

ET  LES  PEINTRES  ROUSSILLONNJUS 


Par  M.  Alart,  membre  résidant 


La  Société  des  Pyrénées-Orientales  donna  an  jour 
comme  sujet  de  concours  V Histoire  des  Beaux-Arts  en 
Raussillon*  mais  celte  question  resta  malheureusement 
et  devait  rester  sans  réponse,  et  il  est  facile  de  s'expli- 
quer ce  silence,  quand  on  songe  seulement  au  manque 
presque  complet  de  publications  descriptives  ou  de 
documents  mis  au  jour  sur  ce  sujet  intéressant.  L'his- 
toire de  nos  monuments  religieux  ou  civils,  pour  ne 
prendre  que  cette  branche  des  beaux-arts,  ne  pourra 
être  connue  et  avoir  un  sens  et  quelque  intérêt,  que 
lorsque  l'on  aura  fait  l'histoire  des  communautés  religieu- 
ses ou  autres  qui  les  ont  élevés,  et  dieu  sait  ce  qui 
reste  encore  k  faire  avant  que  nous  connaissions  les 
annales,  on  pourrait  presque  dire  l'existence  elle-même, 
de  la  plupart  des  communautés,  corporations  et  établis- 
sements de  diverses  sortes,  qui  ont  été  les  premiers  et 
presque  les  seuls  propagateurs  et  protecteurs  des  beaux- 
arts  dans  l'ancien  pays  de  Roussi  11  on. 


400 

L'histoire  de  l'architecture  et  de  ia  sculpture  se  fera 
surtout  par  la  description  et  l'élude  des  nombreux 
monuments  et  débris  qui  etr  existent  encore,  el  bous 
avons  la  conviction  que,  pour  cette  partie,  la  publication 
de*  documents!  écrits  ^'apportera  quelques  spcburs  utiles 
qu'à  partir  du  xve  siècle  seulement;  car,  jusqu'il  celte 
époque,  les  actes  ne  désignes!  gy$re  le?  architectes  et 
sculpteurs  que  sous  les  noms  de  maîtres  d'œnvre,  lapi- 
cides,  peyrers  et  fus  1er  s,  sans  les<  distinguer  des  simples 
artisans  ou  ouvriers  maçons,  tailleurs  de  pierre  ou 
menuisiers  ordinaires. 

L'histoire  de  la  peinture  sérail  au  contraire  très  diffi- 
cile à  traiter  au  moyen  des  spécimens  qui  en  existent 
encore,  car  ils  sont  extrêmement  rares  pour  les  siècles 
reculés,  et  souvent  on  n'en  saurait  même  déterminer 
l'époque  et  l'origine  ;  ils  ne  portent  presque  jamais  de 
date  ni  de  signature,  de  sorte  qu'on  aurait  une  bien 
triste  idée  de  cette  branche  de  l'art  en  Roussillon  si  on 
devait  la  juger  d'après  les  quelques  débris  qui  s'en  sont 
conservés.  Ces  débris,  il  y  a  tans  doute  grand  intérêt  à 
les  signaler  et  à  ne  pas  les  laisser  anéantir;  mais,  nous 
le  répétons,  on  n'en  pourrait  pas  faire  aujourd'hui  l'his- 
toire, el  c'est  la  publication  des  anciens  documents 
écrits  qui  pourra  seule  l'éclairer.  Or,  nous  sommes,  sous 
ce  rapport,  plus  favorisés  que  pour  l'histoire  monumen- 
tale, car,  dès  le  xiir*  siècle,  nos  documents  donnent  aux 
peintres  le  titre  de  pictor  ou  pinclor,  qui  les  distingue 
parfaitement  de  tous  lés  autres  artistes  ou  artisans,  et 
nous  nous  empressons  d'ajouter  que,  pour  la  peinture, 
les  détails  abondent  dans  nos  anciens  actes  notariés, 
surtout  à  partir  de  Tan  1350.  C'est  là  principalement  que 


204 

nous  avons  recueilli  des  reosagtttBents  souvent  très 
étendus  sur  la  série  des  peintres  roussilloonais,  ou  du 
moins  ayant  vécu  et  travaillé  en  Roussi  Itoo,  et  sur  les 
procédés  de  l'art  depuis  Tan  1260  jusqu'à  nos  jours  <4>. 

Il  est  vrai  que,  pour  le  xiu*  siècle  et  pour  toute  la 
période  des  rois  de  Majorque,  nos  renseignements  ne 
contiennent  guère  autre  chose  que  des  dates,  des  noms 
propres  ou  des  notes  biographiques.  Mais  ces  renseigne- 
ments ne  seront  pas  tout-à-fait  dénués  d'intérêt,  car  ils 
établiront  au  moins  l'existence  et  la  succession  non 
interrompue  en  Roussillon  d'un  certain  nombre  d'artistes 
peintres,  et  peut-être  serviront-ils  un  jour  k  faire  recon- 
naître l'origine  d'oeuvres  déjà  signalées  ou  qui  pourront  être 
retrouvées  et  dont  les  auteurs  sont  aujourd'hui  inconnus. 

Peut-être  aussi  craindra-t-on  que  nous  ne  donnions 
ici  comme  artistes  peintres,  de  simples  ouvriers  ou  pein- 
tres en  bâtiments,  qui  n'auraient  Tait  alors  comme 
aujourd'hui  que  de  la  peinture  au  mètre,  et  nous  devons 
une  explication  à  cet  égard.   Nous  n'avons  certes  pas 

(1)  Nous  avons  souvent  entendu  dire  qu'il  avait  existé  dans  les  archives 
de  la  commune  de  Perpignan  un  U*re  dit  des  Peintres  contenant  les 
œuvres  de  maître  des  peintres  de  la  ville.  Il  existait  en  effet,  à  Perpignan, 
une  corporation  de  peintres  dont  l'origine  remontait  peut-être  au  com- 
mencement du  xiv*  siècle  et  qui  fat  réorganisée  le  11  juin  1630.  On  y 
«tait  admis,  comme  dans  les  autres  corporations,  par  diverses  preuves- 
d'aptitude  ou  de  connaissances  et  surtout  par  la  composition  d'un  chef- 
d'œuvre,  mais  ces  chefs-d'œuvre  ne  demeuraient  pas  au  siège  de  la  cor- 
poration et  il  est  fort  douteux  que  celle-ci  en  conservât  même  un  dessin 
dans  ses  archives.  Aussi  n'avons-nous  jamais  pris  au  sérieux  la  préten- 
due tradition  du  Livre  des. peintres  de  Perpignan  et,  s'il  a  existé  quelque 
document  de  ce  genre,  ce  ne  pouvait  être  qu'un  recueil  de  dessins  ou 
fessais  de  quelque  peintre  en  renom  ou  de  quelque  amateur  et,  dans 
tous  les  cas,  il  ne  saurait  remonter  bien  loin,  car  les  statuts  de  la  corpo- 
ration des  peintres  reconstituée  en  1630,  n'en  font  aucune  mention. 


«02 

besoin  de  dire  que  nous  ne  prétendons  nullement  donner 
comme  artistes  de  talent  loua  ceux  que  noua  citerons  ici 
et  dont  les  oeuvres  nous  sont  d'ailleurs  inconnues;  mais 
on  peut  tenir  pour  certain  que  tous  étaient  ce  que  nous 
appelons  des  artistes  peintres.  Tout  le  monde  sait  qu'au 
moyen-âge  et  longtemps  après,  puisqu'il  en  était  encore 
de  môme  en  France  à  la  fin  du  xve  siècle,  la  limite  qui 
sépare  l'artiste  de  l'ouvrier  n'était  pas  tracée,  et  le  même 
homme  qui  ornait  de  peintures  historiques  ou  religieuses 
les  châteaux  et  les  églises,  se  livrait  en  outre  à  toute  espèce 
de  travaux  de  décoration,  même  k  ceu*  d'un  travail  pure- 
ment matériel,  tels  que  peintures  de  portes,  plafonds  et 
autres  boiseries,  écussons,  armoiries,  armures,  boucliers, 
freins,  selles  et  autres  harnachements  de  chevaux  pour  fêtes 
ou  tournois,  etc.  Le  métier  du  peiutre  avait  d'ailleurs  k  cette 
époque  des  rapports  fréquents  et  intimes  avec  les  métiers 
d'armurier  et  de  sellier,  et  l'on  verra  que  pendant  toute 
la  période  du  royaume  de  Majorque,  presque  tous  les 
peintres  de  Perpignan  avaient  dans  leur  ouvroir  un  atelier 
de  peinture,  de  sellerie  et  de  freneria.  Tous  ces  travaux, 
aujourd'hui  séparés,  constituaient  alors  le  métier  on  les 
métiers  fministeria)  d'un  seul  individu  qui  les  transmet- 
tait ordinairement  ainsi  que  son  ouvroir  à  son  61s  ou  à 
ses  parents,  comme  on  le  faisait  pour  les  autres  métiers. 
Au  xme  siècle  les  peintres  de  Perpignan  semblent  avoir 
été  tous  fixés  dans  le  quartier  du  Puig  où  les  artisans 
de  divers  métiers  s'étaient  également  établis  à  partir  de 
l'an  1242;  mais  au  xive  siècle,  et  des  l'an  1317,  on  les 
trouve  tous  dans  la  rue  de  la  Freiieria*  paroisse  de  la 
Real,  où  toute  la  corporation  avait  encore  sa  résidence 
au  siècle  suivant. 


m 

Dm  anciennes  signatures  on  dates  artistiques 

en  RooMillcm. 

Us  pins  anciennes  peintures  aujourd'hui  existâmes  ou 
signalées  en  Rotssillon,  ceHes  do  la  petite  église  de 
Saint-Martin  4e  Fonollar,  sont  rapportées  au  xiie  sièeie 
par  H.  de  Bonnefoy;  mais  elles  sont  sans  date  ni  signa- 
ture, et  ii  n'est  guère  possible  d'eu  déterminer  l'époque 
que  par  les  caractères  archéelegiques  de  leur  composi- 
tion et  par  la  forme  des  lettres  des  inscriptions  qui  s'y 
trouvent.  Ce  n'est  pas  que,  dès  cette  époque,  les  artistes 
architectes,  peintres  et  sculpteurs  n'eussent  généralement 
l'habitude  de  dater  et  de  signer  leurs  oeuvres;  mais 
malheureusement»  ces  indications  se  trouvaient  souvent 
dans  la  partie  la  moins  apparente  de  leur  œuvre,  fe  l'an- 
gle d'un  chapiteau,  sur  le  rebord  d'une  moulure,  quel- 
quefois sur  une  pièce  détachée  de  l'ensemble  de  la 
composition  et  la  plus  exposée  à  des  dégradations,  lors- 
que le  monument  lui-môme  n'a  pas  péri  en  entier. 

Ainsi  l'on  peut  citer  comme  date  de  monuments  d'ar- 
chitecture ou  de  sculpture  du  xie  siècle  en  Roussillon, 
l'inscription  qui  accompagne  les  sculptures  du  linteau  de 
l'église  de  Saint-Genis  des  Fontaines  (1020)  : 

Anno  vide&imo  qvarto  reennante  Rotberto  rege 
Wilielmvs  gratta  dei  aba  ista  opéra  fieri  ivssit 
in  onore  sanctïGenesii  cenobii  qve  vocant  Fon- 
tanas. 

On  peut  citer  aussi  comme  signature,  une  colonne  des 
plus  hautes  fenêtres  de  la  façade  de  l'église  du  monastère 
d'Arles  portant  l'inscription  suivante  : 

Amelivs  Mavrellvs  monaevs  Clodesindvs  près- 
biter  qvi  fwcfecervnt, 


204 

que  M.  de  Bonnefoy  rapporte  h  l'époque  de  la  première 
consécration  de  cette  église,  en  1046,  ou  bientôt  après. 

Les  beaux  travaux  d'architecture  et  de  sculpture  des 
monastères  de  Cuxa  et  de  Serrabona,  qui  sont  probable- 
ment de  la  fin  du  xie  siècle,  ne  portent  aucune  date 
inscrite  ni  aucun  nom  d'artiste,  et  il  faut  présumer  que 
ces  indications  se  trouvaient  contenues  dans  quelque 
partie  de  ces  monuments  aujourd'hui  détruite. 

Au  reste,  les  artistes  du  xie  siècle  ne  se  contentaient 
pas  d'inscrire  leur  nom  sur  leurs  œuvres,  ils  y  ajoutaient 
quelquefois  leur  portrait  ou  une  figure  qui  était  censée 
en  tenir  lieu.  Il  existe  dans  l'église  abbatiale  de  Tournus 
(Saône-et*Loire),  consacrée  le  29  août  1019,  un  petit 
monument  sculpté  représentant,  en  bas-relief,  un  person- 
nage revêtu  d'une  saie,  qui  semble  bénir  de  la  main 
droite,  tandis  que  de  la  gauche  il  s'appuie  sur  un  mar- 
teau. Il  est  accompagné  d'une  inscription  ainsi  conçue  : 
Gerlannvs  abbate  isto  monderivm  elle.  Ces  quatre 
dernières  lettres  sont  encore  inexpliquées,  mais  on  pense 
que  le  personnage  représenté  n'est  autre  que  Gerlannus, 
maître  de  l'œuvre,  lequel  tient  son  marteau  au  repos  et 
semble  bénir  son  église,  comme  pour  indiquer  qu'elle 
est  parfaite  et  consacrée  (1).  Il  existe  également  dans 
l'église  de  Saint-Ouen-de-Rots  en  Normandie,  un  petit 
monument  qui  représente,  sous  deux  arcades,  un  prélat 
mitre  bénissant,  et  un  personnage  armé  d'un  marteau. 
L'on  peut  soupçonner  qu'il  s'agit  ici  d'un  artiste  et  d'un 
évéqne  ou   abbé  consécrateur  <*>.    Les  représentations 

(1)  Bulletin  monumental,  année  1872,  page  87. 

(2)  Bulletin  monumental,  année  4871,  page  432. 


205 

analogues  n'étaient  pas  tout-à-fait  inconnues  en  Catalo- 
gne, et  Villanoeva  a  reproduit  une  intéressante  inscription 
.  du  cloître  de  Saint-Cucufat  en  Vallès,  qui  se  construi- 
sait au  commencement  du  xie  siècle,  d'après  une  vente 
faite  par  l'abbé  en  4013,  ut  ex  eorum  predo,  dit  l'acte, 
edificarent  ipsa  claustra  quod  habebant  inchoata.  L'ins- 
cription gravée  à  l'un  des  angles  du  cloitre  est  ainsi 
conçue  : 

Hec  est  Amolli  scuptoris  forma  Gatelli 
qui  claustrum  taie  construxit  perpetuale, 

et  ces  deux  vers  désignent  sans  doute  le  portrait  ou 
l'image  du  sculpteur  Arnald  Gatell  ou  Cadell,  construc- 
teur du  cloître,  existante  en  effet  sur  un  bas-relief  d'un 
chapiteau  voisin  qui  représente  un  ouvrier  travaillant  à 
un  chapiteau (i). 

Pour  le  xmc  siècle,  nous  connaissons  en  Roussîllon 
les  deux  inscriptions  inexpliquées  jusqu'à  ce  jour,  qu'on 
voit  gravées,  l'une  au  cloitre  d'Elne,  auprès  de  la  statue  ' 
en  bas-relief  d'un  évéque  et  que  nous  lisons  R.  f.  hec 
opéra  d.  Bia.;  l'autre  sur  un  marbre  du  prieuré  de  l'Eule, 
portant  à  la  gauche  de  la  figure  de  Ferrer  du  Soler,  che- 
valier décédé  le  16  des  kalendes  de  janvier  1205,  son 
épitaphe,  et  à  sa  droite,  sur  le  biseau  qui  part  du  cadre 
et  vient  s'amortir  contre  les  vêtements,  des  caractères 
que  nous  lisons  de  la  manière  suivante  :  R.  d.  Biaia  me 
feei  (fecit  ?).  mazestre.  D'après  des  considérations  qui 
pourront  être  développées  ailleurs,  la  première  pierre 
appartenait  à  la  sépulture  d'un  évêque  d'Elne  nommé 
Raymond  et  dont  l'existence  ne  nous  est  révélée  que  par 

(1)  Vioge  Uterario,  tome  XIX,  page  27. 


206- 

un  acle  do  8  dès  ides  de  janvier  1202,  et  l'inscription 
qu'elle  porte  peut  se  traduire  par  R.  a  fait  celle  œuvre, 
de  Bianya.  Ce  n'est  qu'une  signature  artistique.  La 
seconde  peut  se  traduire  par  :  R.  de  Bianya  me  fil. 
maître.  Raymond  de  Bianya  gravait  le  latin  eomme  il  le 
savait,  et  nous  considérons  même  sa  seconde  signature 
comme  rédigée  en  langue  vulgaire;  quant  au  texte,  il 
l'insérait  comme  il  le  pouvait,  en  le  complétant  après 
coup,  selon  l'espace  plus  ou  moins  grand  qui  restait  à  sa 
disposition.  Ainsi/ sans  admettre  en  aucune  façon  que 
cet  artiste  eût  conçu,  avant  de  le  graver,  le  texte  complet 
de  la  signature  qu'il  devait  mettre  à  son  oeuvre  de  l'évê- 
que  Raymond,  il  commença  par  mettre  d'abord,  ainsi 
que  c'était  assez  l'usage  à  cette  époque,  son  simple  pré- 
nom :  Raymond  a  fait  celte  œuvre,  et  ce  ne  fut  que  pour 
remplir  la  seconde  ligne  qu'il  mit  après  coup  et  en 
abrégé  son  nom  de. Camille  ou  d'origine  :  (R.)  de  Bianya. 
De  même,  pour  l'épitaphe  de  Ferrer  du  Soler,  il  ne  mit 
d'abord  que  sa  signature  avec  nom  et  prénom  Raymond 
de  Bianya  m'a  fait,  en  y  ajoutant  ensuite,  pour  remplir  les 
lignes  qui  restaient,  la  qualification  de  maître  qui  aurait 
dû  précéder  le  tout.  II  ne  faut  chercher  ici  ni  intervention 
fantaisiste  ni  exercice  de  style,  mais  l'expression  naïve 
d'additions  ou  de  surcharges  faciles  à  comprendre  chez 
un  artiste  du  xuie  siècle  mieux  exercé  à  manier  le  ciseau 
et  le  marteau  qu'à  composer  de  belles  phrases. 

Les  signatures  ou  mentions  d'artistes  deviennent  beau- 
coup plus  fréquentes  k  partir  du  xmc  siècle.  Villanueva 
cite  l'inscription  tumulaire  de  Pierre  de  Penyafreita, 
maître  d'oeuvre  de  la  cathédrale  de  Lerida,  encore  exis- 
tante à  l'entrée  du  cloître  : 


20? 

Anno  Dm  .11.  oc.  Isaa.  vi.  xi.  toi.  octobri*  obiit 
Petms  de  Pennafreile  magister  operi$  huius 
ecclesie,  etc. 

Une  inscription  gratte  sur  bois*  au-deasus  d'une  stalle 
de  l'ancien  chœur  de  la  cathédrale  d'Elue,  portail  une 
ioscriptioo  de  l'an  1284,  ainsi  conçue: 

o     o      o       o     o 

Anno  Domïni  m.  esc  ne.  un.  m.  idus  eeptembris 
Bartholomeuê  eut*  duobm  fiUi*  de 
Perpiniano  fftit  partent  isiam  chori. 

Les  antres  oeuvres  de  ce  Barthélemi  de  Perpignan  nous 
sont  iAcomnies,  mais  nous  ne  croyons  pas  nous  tromper 
en  pensant  que  c'est  le  même  sculpteur  qu'un  certain 
Berengarius  Bartholamei  fmterins  que  nous  trouvons  à 
Perpignan  en  1280. 

Les  dates  et  les  signatures  abondent  à  partir  du  xrr« 
siècle  et,  pour  ne  pas  sortir  de  la  sculpture,  bornons- 
nous  à  rappeler  l'inscription  de  maître  Jacques  Cascall 
de  Btrga,  auteur  du  rétable  en  marbre  blanc  de  l'autel 
principal  de  l'église  de  Cornella  de  Gonflent  : 

[Anno  Dhi  M]  ecc  xL  v.  idibiis  madii  fuit  i&tud 
retrotccbulum  ùompletum  per  magisttum  Iaco- 
hum  Cascalli  de  Berga,  etc. 

Peintures  murales  de  Saint-Martin  de  Fonollar. 

(XII*  siècle.) 

M.  de  Bonnefoy  a  le  premier  signalé  et  décrit  les 
peintures  murales  qui  ornent  aux  quatre  cinquièmes  le 
développement  du  chevet,  de  la  voûte  et  des  parois  laté- 
rales de  ce  qui  était  autrefois  l'abside  de  l'église  de 
Saint-Martin  de  Fonollar.  Notre  éminent  archéologue  les 
attribue  au  xn*  siècle  et,  bien  qu'elles  aient  souffert  du 


208 

temps  et  4e  la  main  des  hommes  surtout,  il  en  reste 
assez  pour  faire  bien  comprendre  l'ensemble  de  la 
composition.  Un  tiers  de  la  voûte  est  occupé  par  la 
représentation  de  Dieu  le  fils*  accompagné  des  quatre 
évangélistes  ;  à  droite  et  à  gaocbe  de  oe  tableau  central, 
sont  assis  quatorze  personnages. couverts  d'amples  vête- 
ments et  les  yeux  tournés  en  haut,  vers  l'image  du 
Sauveur.  Sur  la  paroi  verticale,  du  côté  de  l'évangile,  la 
mort  de  la  sainte  Vierge  (?)  et  celle  de  saint  Joseph  (?): 
la  peinture  est  très  altérée.  Du  côté  de  l'épitre,  les  rois 
mages  conduits  par  l'étoile;  ailleurs,  la  sainte  Vierge 
assise  dans  une  auréole  en  losange,  les  mains  élevées, 
et  dans  le  bas,  l'adoration  des  bergers  W.  Tout  porte  à 
considérer  comme  sûre  la  date  attribuée  à  ces  peintures 
par  M.  de  Bonnefpy;  quant  k  leur  origine,  nous  devons 
rappeler  qu'au  xue  siècle,  l'église  de  Saint-Martin  était 
encore  une  dépendance  de  l'abbaye  d'Arles  qui  y  avait 
établi  une  cellule. dès  le  IXe  siècle,  et  il  faut  bien  croire 
qu'à  l'époque  où  l'on  ornait  ainsi  cette  modeste  chapelle, 
l'église  de  l'abbaye  et  ses  autres  dépendances  devaient 
déjà  avoir  des  peintures  semblables  ou  plus  importantes. 

Peintres  qui  ont  vécu  ou  travaillé  en  Roussillon 
sons  les  Rois  de  Majorque 

(1261 -13M). 

I.—  Maître  Alexandre. 

C'est  encore  M.  de  Bonnefoy  qui  a  découvert  dans 
l'église  de  l'ancienne  abbaye  de  Saint-Genis,  dans  la 
chapelle  dite  de  Notre-Dame  de  Montserrat,  le  nom  de 

(1)  Xlb  Bulletin  de  la  Société  des  Pyr:-Or.  1860,  page  41. 


209 

cet  artiste   et  un  de  ses  tableaux  dont  il  a  donné  In 
description (1). 

Nous  ne  sommes  pas  en  étal  de  décider  par  des  consi- 
dérations archéologiques  la  question  de  date  de  cette 
peinture,  car  les  moyens  de  comparaison  nous  manquent 
en  Roussillon  en  fait  d'œuvres  de  peinture  du  xuie  siècle; 
mais  nous  pensons  que  le  tableau  de  maître  Alexandre 
doit  être  rapporté  à  la  première  partie  du  règne  de 
Jacques  ier  de  Majorque,  et  notre  opinion  se  fonde  non- 
seulement  sur  la  forme  des  lettres  de  l'inscription,  mais 
encore  et  surtout  sur  le  titre  de  maître  suivi  du  prénom 
seul  de  l'artiste. 

Pendant  le  xme  siècle  le  titre  de  maître  est  pris  en 
Roussillon  par  des  médecins,  tels  que  magisler  Gnifar- 
dm  ou  Guinardus  fisicus  en  1261  et  1270,  et  magisler  P. 
de  Orlaphano  fi siens  en  1284,  même  par  des  médecins 
juifs  comme  magisler  Salomon  judevs  pliisicianus  de 
Sarbona  en  1277;  par  des  clercs  gradués  en  droit,  comme 
magisler  P.  de  Villalonga  capellanus  de  Verneto  en  1261  ; 
par  des  grammairiens»,  tels  que  magisler  P.  Jaubeiii  gra- 
malicus  en  1283,  et  magisler  Andréas  Vaquerii  grama- 
licus  Perpiniani  en  1311  ;  par  des  artisans,  ciriers  et 
autres,  tels  que  magisler  Johannes  Angksii  candelerius  et 
magisler  Gauterius  candelerius,  en  1284;  par  des  indivi- 
dus qu'on  peut  considérer  comme  de  simples  menuisiers 
et  maçons  ou  tailleurs  de  pierre,  tels  que  magisler  G. 
fusleritis  en  J286,  Pondus  de  Collo  magisler  de  pelre  el 
calcis  appelé  aussi  Pondus  de  Collo  lapicida  en  1283. 

(i)  A7/e  Bulletin  de  la  Société  des  Pifr.-Or.  i8l»0,  pa^e  58,  et   VUl* 
Hnlletin,  1851,  page  277. 

U 


210 

Quant  aux  architectes  et  sculpteurs,  si  souvent  confon- 
dus d'ailleurs  avec  les  tailleurs  de  pierre  et  les  menuisiers, 
ils  prenaient  aussi  le  titre  de  maître,  comme  on  Ta  vu 
pour  mazestre  R.  de  Bianya  en  1203,  et  ils  continuèrent 
à  le  faire  dans  la  suite,  ainsi  qu'on  le  voit  pour  maître 
Jacques  Cascall  en  1345. 

Les  peintres  avaient  aussi  adopté  cette  qualification  et 
nous  trouvons  magister  Simo7i  pictor  en  1272  et  1282,  et 
magister  G.  Jordani  pictor  en  1285.  Mais,  sur  un  grand 
nombre  de  peintres  que  nous  trouvons  à  Perpignan  à 
cette  époque,  ce  sont  les  deux  seuls  dont  le  nom  soit 
accompagné  de  ce  titre  ;  tous  les  autres  ne  sont  appe- 
lés que  de  leurs  simples  nom  et  prénom  avec  la  qualifi- 
cation de  pictor.  On  ne  trouve  plus  de  traces  du  titre  de 
maître  appliqué  aux  peintres  du  Roussillon  après  les 
deux  exemples  que  nous  venons  de  citer,  tous  les  deux 
antérieurs  à  1290,  et  il  en  est  de  même  pour  la  désigna- 
tion par  le  seul  prénom,  dont  on  ne  voit  pas  d'exemple 
après  l'an  1300.  Il  parait  donc  certain  que  le  peintre 
maître  Alexandre  appartient  à  la  même  période  <*>. 

Une  seule  chose  pourrait  affaiblir  notre  conviction  a 
cet  égard,  c'est  la  préparation  matérielle  de  l'enduit  sur 
lequel  est  appliquée  la  détrempe  du  rétable  de  Saint-Genis, 
que  M.  de  Bonnefoy  déclare  absolument  conforme  aux 
prescriptions  d'une  commande  de  retable  pour  l'église 

(1)  Il  y  avait  alors  une  famille  Alexandre  à  Perpignan  et,  entre  autres, 
un  G.  Alexandri  surgicus  (chirurgien)  en  1276,  dont  les  descendants 
étaient  apothicaires  vingt  ans  après.  Mais  le  nom  du  peintre  Alexandre 
semble  être  un  prénom  plutôt  qu'un  nom  de  famille.  Il  est  vrai  que  l'on 
trouve  à  la  fin  du  xme  siècle,  à  Perpignan,  un  peintre  Amfos  (Alphonse) 
de  Bruges,  dont  le  prénom  Amfos  fut  pris  comme  nom  de  famille  par 
ses  descendants. 


214 

de  Cabestany,  faite  par-devant  notaire  le  10  nov.  1403. 
«  Boiseries  fortement  assemblées,  toile  tendue  a  la  colle 
«  forte,  double  couche  de  plâtre,  tout  s'y  retrouve  (1),  » 
et  Ton  peut  se  demander  si,  dans  l'espace  d'un  siècle  et 
demi  peut-être,  il  ne  s'est  pas  produit  quelques  change- 
ments dans  la  préparation  et  les  procédés  matériels  de  la 
peinture  roussillonnaise  ?  Cependant  la  question  ne  sem- 
ble pas  pouvoir  embarrasser.  Il  n'y  a  qu'à  se  rappeler 
avec  quelle  persistance  les  sujets  religieux  ou  autres  se 
sont  répétés  pendant  des  siècles  avec  les  mêmes  person- 
nages et  les  mêmes  accessoires  fidèlement  conservés, 
pour  être  persuadé  que  les  procédés  de  l'art  si  fidèle- 
ment transmis,  pour  ainsi  dire  de  père  en  fils,  en  ce  qui 
locche  la  composition  artistique,  n'ont  dû  faire  non  plus 
aucune  espèce  de  progrès  en  ce  qui  concerne  la  pratique 
purement  matérielle,  de  sorte  que  le  rétable  peint  de 
Saint-Genis  a  pu  être  préparé  au  xiue  siècle  d'après  des 
procédés  absolument  conformes  a  ceux  qui  furent  em- 
ployés pour  celui  de  Cabestany  en  1405. 

D'ailleurs,  il  ne  faut  pas  oublier  les  conditions  d'exis- 
tence auxquelles  se  trouvaient  assujettis  au  xiue  siècle 
ceux  qui  prenaient  le  titre  et  exerçaient  la  profession  de 
peintre.  Les  peintres  en  Roussillon,  comme  dans  la 
France  du  Nord,  étaient  alors  et  restèrent  longtemps  des 
décorateurs,  dorant,  enluminant  et  vernissant  les  colon- 
nes, les  voûtes  et  les  statues.  Une  partie  d'entre  eux 
figurent  dans  le  Livre  des  métiers  d'Étienue  Boileau  con- 
jointement avec  «  les  selliers.  »  Ils  peignaient,  en  effet, 
les  selles  et  les  harnais  des  chevaux,  les  panonceaux,  les 

(1)  VII fr  Bulletin  de  la  Société  des  Pyr.-Or.  1851,  pa<re  277. 


212 

armures.,  les  bannières  el  les  boucliers  aux  couleurs  et 
aux  armoiries  des  gens  de  guerre.  Un  certain  «  maislre 
«  Girart  d'Orléans,  painlre  demourant  à  Paris  »  qui,  en 
1344,  peignait  des  litières  ou  chaises  à  porteur,  était 
employé  peu  après  à  de  grands  travaux  de  peinture,  tels 
que  l'bistoire  de  César,  des  sujets  religieux,  des  chas- 
ses, etc.  La  même  communauté  de  travaux  existait  en 
Roussillon,  où  tous  les  peintres  du  xme  siècle  faisaient 
indifféremment  de  la  peinture,  de  la  sellerie  et  de  la 
«  (Vénerie,  »  et  la  plupart  des  peintres  du  siècle  suivant 
étaient  des  fils  ou  petits-fils  d'anciens  selliers  ou  «freners  » 
qui,  sans  doute  en  leur  temps,  avaient  aussi  fait  de  la 
peinture.  C'est  ce  que  Ton  verra  par  les  notices  des  pein- 
tres que  nous  allons  donner  en  suivant  autant  que  pos- 
sible Tordre  chronologique  (1). 

II.  —  Bernard  Bertoli. 
(12G5.) 

Cet  artiste  ne  nous  est  connu  que  par  un  acte  du  2 
des  noues  de  mars  1265  par  lequel,  se  disant  peintre 
habitant  de  Perpignan  (  Bernardus  licrtolinus  pictor, 
habit.  Perpiniani),  il  s'engage  pour  cinq  ans,  à  partir 
de  la  fête  de  Pâques,  envers  un  certain  Raymond  (un 

(1)  Outre  les  noms  des  freners  et  selliers  qui  seront  cités  dans  le 
cours  de  ces  notices,  nous  croyons  devoir  donner  ici  d'autres  noms  d'ha- 
bitants  de  Perpignan,  qui  ont  exercé  ces  professions  sans  qu'ils  se  ratta- 
chent par  aucun  autre  souvenir  à  l'histoire  de  la  peinture.  Ce  sont  :  en 
1278,  P.  Ferriol  et  P.  de  Garrius,  freners;  en  1279,  un  certain  Lau- 
rencius  celerius  cruce  signatus  (croisé  ?)  ;  en  1283,  R.Domenech,  sel- 
lier, ainsi  que  A.  de  Grasels  et  son  épouse  Stéphanie  ;  en  1286,  B.  de 
F.ibesaltes,  frener;  en  1321,  Pierre  Sala,  sellier  ;  en  1339,  Jean  Cabes- 
tany  et  Pierre  Causit,  freners  ;  enfin  Mathieu  Colomines,  frener,  qui  (il 
son  testament  en  1351. 


213 

autre  peintre  sans  doute,  dont  le  nom  est  effacé,  R. 
Lodrigo?  ou  R,  de  Sainte- Croix?),  pour  peindre  des 
armures,  des  selles,  épées,  etc.,  moyennant  un  salaire 
déterminé  (quoi  ego  depingam  arma,  cellas,  ences,  etc.). 
Comme  nous  l'avons  dit,  et  on  le  verra  encore  bien 
mieux  par  de  nombreux  exemples,  les  professions  de 
peiutre,  sellier  et  freiier,  étaient  à  celte  époque  exercées 
par  le  même  individu. 

Bernard  Bertoli,  en  admettant  qu'il  ne  fût  pas  origi- 
naire de  Perpignan,  y  faisait  sa  résidence  en  1265  et  il 
y  laissa  postérité,  puisque  l'on  y  retrouve  en  1286  (9  des 
rai.  de  juin)  un  clerc  qui  s'appelle  Berlolinm  Bertolini 
tlerieus  et  était  sans  doute  son  lils,  et  plus  tard  le  peintre 
suivant,  qui  pouvait  êlre  son  petit-fils. 

III.  —  Jacques  Bertoli. 

(1321.) 

Jacques  Bertoli,  peintre,  n'est  connu  que  par  un  acte 
du  3  des  noues  de  juin  1321  où  il  figure  comme  associe 
d'autres  peintres  de  Perpignan  (  Jacobus  Bertoli  pidor 
habilalor  Perpiniani). 

IV.  —  Raymond  Lodrigo. 

(1276-1277  ) 

Lr  nom  de  Unlrigo  est  la  forme  catalane,  encore  usi- 
tée vulgairement  en  Roussillon  au  xve  siècle,  pour  le 
prénom  de  Rodrigue,  et  le  peintre  qui  le  portait  et  en 
avait  fait  un  nom  de  famille,  est  aussi  appelé  quelquefois 
Rodrigo.  Nous  le  trouvons  mentionné  pour  la  première 
lois  dans  un  acte  du  5  des  cal.  de  décembre  1276 
iego  Lodrigo  pintor  et  Jacobus  filins  meus)  par  lequel  il 


2U 

empruntait,  de  concert  avec  son  fils  Jacques  et  Berenger 
Ermengau,  peintre,  son  gendre,  une  somme  de  137  sols 
6  deniers  barcelonais  au  juif  Jacob  de  Montpellier.  Il  est 
donc  évident  qu'il  devait  être  alors  d'un  âge  assez 
avancé  et  on  pe.ut  le  considérer  comme  un  des  plus 
anciens  peintres  connus  de  la  ville  de  Perpignan.  H 
mourut  en  effet  l'année  suivante  puisque,  le  10  des 
calendes  d'octobre  1277,  il  fit  donation  de  ses  droits 
sur  une  maison  sise  au  Puig,  à  son  fils  Jacques  <4>  et 
celui-ci  dit  son  père  déjà  décédé,  le  7  des  ides  de 
novembre  suivant. 

V.  —  Jacques  Lodrigo. 

(1276-1286.) 

Jacques  Lodrigo,  fils  et  héritier  du  précédent,  ne  se 
donnait  pas  encore  la  qualification  de  peintre,  après  le 
décès  de  son  père,  le  7  des  ides  de  novembre  1277,  en 
donnant  procuration  à  un  coutelier  de  Réziers,  pour 
recouvrer  une  somme  de  17  sols  de  Malgone  dus  à  sa 
famille  p^r  Pons  de  la  Balme,  habitant  de  cette  ville  : 
Jacobus  Lodrigo,  filius  et  hères  condam  fl.  Lodrigo  pin- 
toris  de  Perpiniano.  Cependant  il  exerçait  la  profession 
de  peintre,  d'après  un  acte  du  13  des  cal.  de  mars  1278 
(c'est-à-dire  de  février  1279),  par  lequel  il  affermait  pour 
quatre  ans  à  une  femme  nommée  Saurina  Gros  un  ouvroir 
ou  boutique  qu'il  possédait  au  Puig  de  Perpignan  :  Jaco- 

(1)  Ego  Rodrigo....  dono  tibi  Jacobo  Rodrigo  Glio  meo  omne  jus  quod 
habeo  in  quadam  domo  mea  si  tua  la  in  villa  Perpiniani  et  in  Podio  eius- 
dem  ville.  —  Un  acte  de  1286  mentione  encore  sur  la  place  du  Puig  des 
maisons  qui  avaient  appartenu  à  feu  Lodrigo,  peintre  :  in  domibus  que 
fuerunt  Lodrigo  picloris  q°. 


215 

bus  Lodrigo  pintor  habilator  Perpiniani.  Il  est  encore 
mentionné  comme  peintre  vivant  en  celte  ville  à  la  date 
du  7  des  calendes  de  septembre  1286. 

VI.  —  Maître  Simon. 

(1272-1284.) 

Maître  Simon,  peintre  biterrois,  est  cité  comme  vivant 
à  Perpignan  dans  deux  actes  de  Tan  1272,  dont  l'un, 
dn  12  des  calendes  de  décembre,  l'appelle  simplement 
magister  Simon  pidor,  et  l'autre,  du  4  des  nones  de 
décembre,  magister  Simon  pidor  Bilcrreii.  On  peut  pré- 
sumer qu'il  s'agit  encore  de  lui  dans  un  contrat  passé  a 
Perpignan  le  6  des  ides  d'avril  128i  où  il  figure  comme 
témoin,   sans  autre   qualification  que  celle  de  maître  : 

magisla*  Simon. 

• 

VII.  —  Arnald  de  Barcelone. 

(1277—1286.) 

Cet  artiste  est  toujours  qualifié  de  peintre  habitant  de 
Perpignan,  A.  de  Barchha  pidor,  a  partir  du  12  des 
calendes  de  mai  1277.  Une  personne,  qui  peut-être 
appartenait  aussi  à  une  famille  artistique  (1),  lui  fil  dona- 
tion d'une  maison  sise  à  Perpignan,  comme  récompense 
de  grands  services  qu'il  lui  avait  rendus  et  qu'il  lui  ren- 

ft  )  IU  film  (f*  Martini  Burgada  habituions  Perpiniani.  Dans  la  notule, 
I*'  nom  de  Burgada  est  suivi  du  mot  pintor.  que  le  notaire  avait  sans 
«toute  écrit  par  erreur  et  qu'il  a  barré  de  sa  propre  main.  On  ne  saurai! 
donc  sur  la  foi  d'une  pareille  et  unique  mention,  inscrire  Martin  Burgada 
dans  la  série  de  nos  peintres,  bien  que  les  rapports  de  sa  fille  Raymonde 
avec  le  peintre  Arnald  de  Barcelone  portent  à  penser  que  ledit  Martin 
n'était  pas  tout-à-fait  étranger  à  cette  profession. 


216 

dait  encore  en  1278  (kal.  novemb.).  Le  peintre  Arnald 
figure  ensuite  parmi  les  témoins  du  testament  d'un  cer- 
tain F.  de  Banyuls,  tailleur  de  pierre  (piqucrius)  de  Per 
pignan,  le  6  des  calendes  d'octobre  1285.  Il  faisait  un 
emprunt  de  60  sols  au  juif  Samuel  Salomon  Natan,  le 
13  des  calendes  de  février  1285  (janvier  1286),  et  un 
acte  du  15  des  calendes  de  juin  1286  rappelle  qu'un 
marchand  de  cette  ville  nommé  Guillaume  de  Bardol, 
avait  baillé  en  emphytéose  a  notre  artiste,  un  ouvroir 
dont  nous  ne  pouvons  plus  reconnaître  la  situation,  mais 
confrontant  avec  l'ouvroir  d'un  cordonnier  et  le  manse 
d'un  bâtier  :  opwatorium  quod  tu  dedisli  ad  accapitum 
Ar.  de  Barchinona.  Cet  acte  prouve,  dans  tous  les  cas», 
qu'Arnald  était  encore  vivant  à  cette  époque. 

VIII.  --  Berenjjer  Ermengau. 

(1276-1277.) 

Tout  ce  que  nous  savons  de  Berenger  Ermengau, 
peintre  de  Perpignan,  c'est  qu'il  avait  épousé  une  fille 
du  peintre  Lodrigo,  d'après  un  acte  du  5  des  calendes 
de  décembre  1276.  Peu  après,  aux  ides  de  janvier  1276 
(1277),  un  marchand  ou  apprêteur  de  peaux  (pèlerins) 
de  Perpignan,  nommé  Bernard  de  Codalet,  reconnais- 
sait que  ledit  Ermengau  (profileor  tibi  Berengario  Ermen- 
qaldi  pictori  habilatori  Perpimant)  lui  avait  payé  de  ses 
propres  deniers  (de  luo  proprio)  7  livres  o  sols  barcelo- 
nais que  P.  Cerda,  marchand,  et  Simon  Sariera,  tous  les 
deux  de  Barcelone,  et  ledit  peintre  avaient  reconnu  lui 
devoir. 


217 

IX.  —  Maître  Guillaume  Jorda. 
(Avant  1286.) 

Maître  Guillaume  Jorda,  peintre  de  Perpignan,  était 
décédé  en  instituant  héritier  son  fils  unique  nommé 
Nicolas,  auquel  il  substituait  «  notre  seigneur  Jésus- 
Christ,  »  si  ledit  fils  décédait  en  bas-âge,  comme  il 
advint.  En  conséquence,  par  acte  du  2  des  ides  de  sep- 
tembre 1286,  Jean  de  la  Serra,  chanoine  de  Perpignan 
el  Pierre  de  Ripoll,  manumisseurs  de  dit  maître  Guil- 
laume Jorda,  défunt  (manumissores  magistri  G1  hrdani 
picloris  habilaioris  Perpiniani  q°)y  firent  vente  à  dame 
Boneta,  sœur  du  chanoine  Laurent  Pages,  de  «  certaines 
«  maisons  qui  furent  dudit  maître  Guillaume  »  sises  dans 
ladite  ville,  pour  le  prix  de  300  sols  de  Malgone,  qui 
ont  été  donnés  «  par  amour  de  dieu  pour  l'âme  dudit 
«  testateur.  »  On  peut  présumer  que  les  décès  de  maitre 
Guillaume  et  de  son  fils  avaient  eu  lieu  dans  la  même 
année  où  fut  faite  la  vente  de  leurs  maisons. 

X.  —  Jacques  Torrellà. 

(1280-1321.) 

On  trouve  déjà  Jacobus  Torrelani  pidor  cité  comme 
témoin  d'un  acte  du  5  des  ides  de  septembre  1280,  et  on 
le  voit  encore  exerçant  la  môme  profession  dans  la  ville 
<!e  Perpignan  le  5  des  nones  de  juillet  1321.  Il  mourut 
avant  Tan  1333,  selon  une  reconnaissance  faite  le  5  des 
ides  de  mars  1333  par  Guirauda,  épouse  d'André  Bar- 
râu,  tailleur,  fille  de  feu  Jacques  Torrelani^  peintre  de 
Perpignan,  et  de  Cécile,  son  épouse,  encore  vivante. 
Nous  verrons  en  1354  un  certain  Pierre  Barrâu,  peintre 


218 

de  Perpignan,  qui  élait  peut-être  Ois  du  tailleur  André 
Barrau  et  petit-fils  du  peintre  Torrellk.  Ces  alliances  et 
successions  entre  peintres  et  tailleurs  furent  fréquentes 
à  Perpignan,  et  Hyacinthe  Rigau  était  fils  du  tailleur 
Mathias  Rigau  qui  était  lui-même  allié  à  la  fille  d'un 
peintre. 

XI.  —  Bernard  Frener. 
(1286-1277.) 

Le  mot  catalan  frener  désigne  un  ouvrier  en  freins 
ou  brides  de  chevaux,  et  nous  connaissons  au  moins 
quatre  générations  d'une  famille  de  ce  nom  qui  a  existé 
à  Perpignan  dans  l'espace  d'un  siècle.  Trois  de  ses 
membres  seulement  sont  désignés  comme  peintres. 

Le  chef  de  la  famille  semble  avoir  été  un  nommé  Jean. 
dont  la  profession  n'est  sans  doute  indiquée  que  par  le 
nom  de  Frenerius,  pris  comme  nom  de  famille  par  ses 
descendants;  sa  femme  s'appelait  Andrma,  et  ils  étaient 
tous  les  deux  décédés  avant  Tan  1286.  Les  actes  de 
l'époque  mentionnent  trois  de  leurs  fils,  Bernard,  Ray- 
mond et  Jean. 

Bernard  Frener  faisait  déjà  une  vente  de  selles  cl  de 
brides  pour  237  sols  6  deniers  à  Guillaume  de  Clayra,  le 
16  des  calendes  d'avril  1265  ftibi  Bernardo  Frener io 
racione  cellarum  et  frenorum),  FI  faisait  une  autre  vente 
d'articles  de  morne  nature  au  chevalier  Ravmond  de 
Palauda  le  2  des  nones  d'octobre  1276  (libi  Berna  rdo 
Frener  habitatori  Perpiniani).  Mais,  outre  la  sellerie  et 
freinerie,  il  exerçait  aussi  le  métier  de  peintre,  comme 
on  le  voit  par  un  acte  d'affermé  qu'il  consentit,  d'accord 
avec  son  épouse  Guillemet,  le  5  des  calendes  de  fév.  1276 


219 

(janvier  1277).  Par  cet  acte  il  louait  à  Jean  d'Àlenya, 
barbier,  un  ouvroir  conlign  à  sa  maison  sise  dans  Per- 
pignan, avec  la  réserve  expresse  que  le  preneur  ne  four- 
nirait à  personne  le  moyen  de  lui  faire  concurrence, 
c'est-à-dire  qu'il  ne  pourrait  sous-louer  ledit  ouvroir  à 
aucune  personne  exerçant  son  métier  de  freinerie,  de 
sellerie  ou  de  peinture  :  Salvo  quod  non  possis  dictum 
operalorium  conducere...  alicui  vel  aliquibus  de  minislerio 
ineo  scilicet  de  frenayria  sive  de  celayria  vel  de  lpinctoria 
sine  voluntale  mea.  Bernard  Frener  fit  encore  une  quit- 
tance pour  le  loyer  de  cet  ouvroir  le  16  des  calendes  de 
décembre  1277.  Il  laissa  deux  fils  du  nom  de  Jean  et 
Vidal  mentionnés  en  1286  <'>. 

XII.  —  Raymond  Frener. 

(1283-1299.) 

Raymond  Frener,  frère  du  précédent,  est  qualifié  de 
peintre  dès  Tan  1283,  bien  qu'il  exerçât  également  le 
métier  de  sellier  ainsi  que  son  frère,  auquel  il  avait  sans 
doute  succédé  pendant  la  minorité  de  ses  enfants;  il  était 
d'ailleurs  associé  avec  deux  autres  peintres.  En  effet,  le 
6  des  ides  de  septembre  1283,  Jean  S'Oliva  et  son  fils 
Bérenger  d'Oliva,  d'tJHastret  en  Catalogne,  s'engageaient 
à  travailler  pendant  cinq  ans  de  leur  métier  de  sellier 
(rie  minesterio  nostro  scllaric)  pour  le  compte  de  H.  de 
Oou,  sellier,  de  Raymond  Frener,  peintre  et  d'Àmfos  de 

(1)  On  trouve  une  quittance  du  8  des  ides  de  janvier  1278  faite  par 
un  sellier  de  Perpignan  à  un  certain  Bcrenger  Frener,  de  (ierona  (Beren- 
fjûrio  frenerio  de  Gerunda)  ;  mais  le  nom  de  Frener  semble  désigner  ici 
tout  simplement  la  profession  de  ce  Bérenger  qui  ne  paraît  pas  appartenir 
ri  la  famille  Frener  de  Perpignan. 


220 

Bruges,  peintre,  moyennant  un  prix  fait  de  3  sols  9 
deniers  pour  chaque  selle  de  cheval  (sella  equi) ,  2  sols 
G  deniers  pour  chaque  selle  de  palafroi  peinte  '  sella 
pala/redi  pictandi)^  et  3  sols  et  5  oboles  pour  chaque 
selle  a  bât  et  selle  nue  de  palafroi  (pro  quolibet  sella 
baslera  et  pro  qualibet  sella  rasa  palafredi).  Le  premier 
septembre  1286,  Jean  Frener,  clerc,  âgé  de  plus  de  2o 
ans,  iils  de  défunts  Jean  Frener  et  de  dame  Andréua,  son 
épouse,  de  Perpignan,  lit  donation  à  son  frère  Raymond 
Frener,  peintre,  de  ses  droits  sur  la  maison  de  leur  père 
située  au  Puig  de  Saint-Jacques,  ladite  maison  confron- 
tant avec  la  place  dudit  Puig,  avec  deux  rues,  avec  les 
maisons  qui  furent  de  feu  Lodrigo,  peintre,  et  avec  tenanec 
de  Jean  et  Vidal,  leurs  neveux,  fils  de  leur  frère  Bernard 
Frener.  On  retrouve  encore  les  mêmes  Raymond  et  Jean 
Frener,  frères,  fils  de  feu  Jeap  Frener,  à  la  date  des  nones 
de  février  1292  (1293),  réclamant  diverses  sommes  du 
domaine  royal  qui  avait  confisqué  les  biens  de  Dalmau 
de  Castellnou  et  de  son  fils  Guillemo,  à  la  suite  de  l'expé- 
dition du  roi  de  France  Philippe  III  en  Roussillon.  Le 
premier  réclamait  une  créance  de  23  sols  de  Malgone 
dus  pour  des  armes  ou  armoiries  (racionc  armorum  ) 
qu'il  avait  faites  pour  ces  deux  nobles  personnages,  le 
second  une  dette  de  \  .008  sols  5  deniers  de  la  même 
monnaie,  pour  une  paire  d'éperons  dorés  (calquarinm 
(leauratorum)  qu'il  leur  avait  vendue,  et  pour  d'autres 
articles  de  son  métier  de  freineric  qu'il  leur  avait  faits 
(et  racione  aliarum  operarum  minisferii  freneyrie  qwis 
sibi  feci).  Enfin,  un  dernier  acte  nous  fait  connaître  les 
noms  de  l'épouse  du  peintre  Raymond  et  de  leurs  deux 
fils.  C'est  une  vente  faite  le  5  des  ides  de  janvier  1299 


221 

(1300),  par  laquelle  Raymond  Freuer,  peintre,  habitant 
de  Perpignan,  cède  à  Arnald  Alassot,  sacristain  de  Sainl- 
Jean,  une  renie  annuelle  de  60  sols  barcelonais  qu'il 
recevait  sur  quatre  maisons  contiguës  à  lui  appartenant, 
situées  au  Puig  de  Saint-Jacques,  confrontées  avec  les 
maisons  de  Jean  Frener,  frère  du  vendeur,  de  Jacques 
Lodrigo,  peintre,  et  autres  tenanciers,  pour  le*  prix  de 
1.100 sols;  cette  somme  fut  payée,  au  nom  de  la  sacristie 
de  Saint-Jean,  par  les  pareurs  de  la  rue  de  la  Parayria 
nouvellement  ouverte  près  la  porte  Notre-Dame.  La  vente 
est  consentie  et  confirmée  par  «  Jean  Frener  et  Bernard 
«  Frener  sellier  (celerius),  frères,  fils  dudit  Raymond  et 
«  par  Guillema,  son  épouse.  »  Comme  on  le  voit,  Jean 
Frener,  qualifié  de  clerc  en  1286,  exerçait  le  métier 
de  freinerie  avant  1285  et  sans  doute  encore  en  1299, 
quoique  son  frère  Raymond  le  nomme  à  cette  date  sans 
parler  de  sa  profession.  Quant  aux  deux  fils  du  peintre 
Itaymond,  l'un  d'eux,  Bernard,  est  déjà  qualifié  de 
sellier  en  1299,  et  on  le  retrouve  avec  la  même  profes- 
sion (Beniardus  Frenerii  celerius)  en  compagnie  de  divers 
peintres  de  Perpignan  le  5  des  nones  de  juillet  1521. 
Son'  second  fils,  Jean,  parait  avoir  exercé  la  même  pro- 
fession que  son  père. 

XIII.  —  Jean  Frener. 

(1300?) 

Tout  ce  que  nous  savons  de  Jean  Frener,  c'est  qu'il 
était  fils  de  Raymond  Frener,  peintre,  et  de  Guillema, 
son  épouse,  d'après  l'acle  déjà  cité  du  5  des  ides  de 
janvier  1299  qui  n'indique  pas  sa  profession,  quoiqu'il 
soit  qualifié  de  peintre  après  son  décès.  Il  épousa  Rie- 


222 

sende,  qui  lui  survécut,  et  dont  il  eut  un  fils,  Bernard 
Frener,  qui  exerça  le  métier  de  pareur  et  mourut  avant 
sa  mère.  Celui-ci  épousa  Stéphanie,  qui  se  maria  en 
secondes  noces  avec  G.  Raynard,  de  Baixas  et  vivait 
encore  en  1371.  C'est  ce  qui  résulte  d'une  donation 
faite  le  4  avril  1357  à  ladite  Stéphanie,  sa  belle-fille,  par 
Ricsendis  uxor  Johannis  Frener  q°  pictoris  de  Perpiniano, 
succédais  in  bonis  que  fuemnt  Bemardi  Frenerii  q°  paw- 
toris  filii  sui,  tnariti  dicte  Stéphanie. 

XIV.  —  Pintor  d'Elne. 
(  xme  siècle  ?  ) 

Comme  on  l'a  vu  pour  la  famille  Frener,  au  xuie  siècle 
le  nom  de  la  profession  d'un  membre  d'une  famille  (levé- 
nait  souvent  un  nom  de  famille  pour  ses  descendants,  et 
il  n'est  pas  douteux  que  certains  noms  de  famille  si  fré- 
quents en  Roussillon,  tels  que  ceux  de  Fabre,  Sabaler, 
Calcer,  Sartre,  Mazeller,  Ferrerai  autres,  ne  proviennent 
du  métier  exercé  par  quelqu'un  de  leurs  ancêtres.  C'est 
ce  qui  nous  porte  à  croire  que  le  nom  de  Pintor,  porté 
par  une  famille  que  l'on  trouve  à  Elne  et  plus  tard  à 
Perpignan,  vient  aussi  de  la  profession  de  peintre  exer- 
cée par  quelqu'un  de  ses  membres  au  xuie  siècle.  Un 
acte  de  1511  mentionne  un  Berengarius  Pictoris,  d'Elne, 
père  de  Sibille,  épouse  de  Pierre  Saval,  de  Perpignan; 
il  est  encore  cité  en  1319,  ainsi  que  son  épouse  Galarda, 
fille  d'un  certain  Paschal,  de  Saint-Cyprien.  D'autres 
actes  de  1338  et  1343  mentionnent  encore  Berenger 
Pintor  d'Elne. 

On  voit  aussi  en  1343  un  Barthélemi  Pintor,  cordon- 
nier de  Perpignan,  et  c'est  peut-être  a  ce  dernier  que 


223 

se  rattachent  des  peintres  de  même  nom  qui  vécurent 
dans  cette  ville  an  siècle  suivant  et  dont  un,  Arnald  Piu- 
tor,  fut  père  de  Jean  Pintor,  évêque  d'Elne  sous  Louis  XL 

XV.  —  Guillaume  de  Sancta  Crôu. 
(1276.) 

Ce  peintre  ne  nous  est  connu  que  par  un  acte  fort 
endommagé  des  ides  d'octobre  1276  par  lequel' un  habi- 
tant de  Perpignan,  dont  le  nom  a  disparu  en  partie 
(ego  ...saual  de  Gcrunda  habilalor  Perpiniani),  pardon- 
nait à  Guillaume  de  Sancta  Crou,  peintre,  fils  de  Ray- 
mond de  (Sancta  Crôu?),  une  blessure  qu'il  était  accusé 
de  lui  avoir  faite  (racione  cujusdam  vulneris  quod  dice- 
butur  quod  michi  feceras).  Il  n'est  pas  douteux  que  R. 
de  Sanda  Cruce  ou  de  Cruce,  père  de  cet  artiste,  ne  fût 
le  même  que  Raymond  de  Cruce  qui,  dès  Tan  1265 % 
prenait  à  gages  le  peintre  Bernard  Bertoli  pour  peindre 
des  armes,  selles,  épées  et  autres  objets.  En  effet  ledit 
Raymond  se  retrouve,  toujours  qualiGé  de  sellier,  dans 
divers  actes  de  1276,  1278  et  1285,  tantôt  sous  le  nom 
de  R.  de  Cruce,  tantôt,  et  notamment  le  8  des  ides  de 
janvier  1278,  sous  celui  de  R.  de  Sancta  Cruce  selerius. 
On  trouve  également  à  Perpignan  depuis  l'an  1278  jus- 
qu'en 1284  un  Etienne  de  Sancta  Cruce  qualifié  de  gan- 
tier cl  de  pèlerins,  marié  avec  une  nommée  Ray  monda, 
et  c'était  peut-être  un  frère  du  peintre  Guillaume.  Ce 
dernier  laissa  sans  doute  des  descendants  qui  ne  portent 
plus  que  le  nom  de  Créas  ou  Crans,  car  le  nom  latin 
crux,  crucis  prenait  alors  en  catalan  les  formes  Crôu  ou 
Crotz  et  Cruz,  et  aujourd'hui  Créu.  Il  n'y  a  d'ailleurs 
rien  de  plus  commun  dans  la  formation  des  noms  des 


224 

familles  perpigoanaises,  que  la  suppression  du  qualificatif 
de  saint  dans  les  noms  de  famille  tirés  des  lieux  d'ori- 
gine, el  Ton  trouve  aux  xiii»  et  XIVe  siècles  des  individus 
qui  s'appellent  indifféremment  Sent  Geli  ou  Geli  (Gilles), 
Sent  Genis  ou  Genis,  Sent  Marsal  ou  Marsal,  Sant  Fdiu 
ou  FeUu,  etc. 

XVI.  —  Jean  Créas. 
(1308) 

La  profession  de  peintre  étant  alors,  ainsi  que  les 
autres,  généralement  transmise  de  père  en  fils,  on  peut 
considérer  comme  fils  de  Guillaume  de  Sancta  Crdu  un 
peintre  cité  dans  un  acte  du  6  des  ides  d'octobre  1508 
relatif  à  une  maison  située  à  Perpignan  au  lieu  dit  a  la 
Vinya  del  Rey,  confrontant  avec  une  tenance  de  Johan 
Creus  pintor.  Nous  n'avons  pas  l'original  de  cet  acte, 
mais  seulement  une  analyse  du  xvi"  siècle,  el  il  se  pour- 
rait que  le  prénom  ne  fût  pas  exact,  bien  que,  d'après 
les  dates,  le  peintre  Jean  ait  pu  être  le  fils  du  peintre 
Guillaume  de  l'an  1276  et  être  lui-même  le  père  des 
deux  peintres  suivants.  Il  faut  remarquer  aussi  que  les 
peintres  de  Perpignan  qui,  au  xuie  siècle,  avaient  tous 
leur  habitation  au  Puig  de  Saint-Jacques,  paraissent, 
dès  l'an  1308,  établis  dans  d'autres  quartiers  tels  que  la 
Vinya  del  Rey,  quartier  voisin  de  l'église  de  la  Real  ; 
peu  après  nous  les  verrons  tous  domiciliés  dans  une  rue 
de  la  même  paroisse. 

XVII.  —  Pierre  Crôu. 
(1321—1333.) 

Le  nom  de  Pierre  Crdu  (crucisy  croix),  peintre,  habi- 
tant de  Perpignan,  se  trouve  dans  une  reconnaissance 
faite  le  ?>  des  nones  de  juillet  1321  au  juif  Viues  Ahraam 


225 

Sescalela  pour  une  somme  à  lui  empruntée  par  Bernard 
Frener  et  Pierre  Sala,  selliers,   Pierre  Crdu,  Bernard 
Crôu,  Barlhélemi  Emfos,  Jacques  Torréfia  et  Jacques 
Bertolj,  peintres»  tous  habitants  de  la  mêaie  vtUe,  en 
présence  de  Jacques  Fanjius  et  d'Àrnald,  Boas,  peintres. 
Ils  reconnaissent  qu'ils  ne  4oi*ent  plus  que  34  sol*  tara* 
louais  sur  la  somme  empruntée  et  cet  acte,  bien  însigni 
fia*  par  lui+méme*  semble  contenir  un  premier  indice  de 
l'existence  d'iue  corporation*,  ou  du  moins  d'une  asso- 
ciatioa,.c)Mrç  gens  de  métiers  qui,  d'après  lea  faits  déjà 
citep,  avaient  autre  eux  las  rapports  les  pics  in  limes.  Il 
est  certain  d'ailleurs  qu'en  1321,  les  peintres  n'étaient 
pas  assez  nombreux  à  Perpignan  pour  former  a  eux  seuls 
une  corporation,  importante,  et  jusqu'au  xvm  siècle  on 
les  voit  associés  tantôt  avec  les  selliers,  tantôt  avec  les 
merciers,  les  sculpteurs  et  les  orfèvres.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  est  difficile  de  voir  dans  l'acte  ci-dessus  autre  chose 
qu'jan  emprunt  fait  en  commun  par  des  gens  de  métiers 
presque,  identiques  ï  cette  époque,  en  faveur  d'une  asso- 
ciation que  Ton  peut  considérer  .comme  déjà  existante, 
ou  bien  en  vue  de  quelque  entreprise  d'un  travail  impor- 
tant que  bous  ne  saurions  déterminer  aujourd'hui. 

Pierre  Crôu,  que  l'on  peut  supposer  61s  du  peintre 
Jean,  se  retrouve  tomme  témoin  le  8  des  ides  de  novem- 
bre 432!  (texlibus  Petro  Çrou  piitlore)  et  le  3  des  calen- 
des de  septembre  1333  (Peirus  Cruscis  piclor).  Son 
épouse  Johaoa,  qui  se  remaria  ensuite  avec  Guillaume 
Mates,  vivait  encore  le  13  avril  1362,  époque  où  le  juif 
Vidal  Salomon  Natan  lui  fit  quittance  d'une  somme 
qu'elle  loi  devait  (vos  Johanam  uxorem  Pétri  Crueis  q* 
pintoris,  postea  uxorem  G'1  Mates  de  Perpiniano). 

15 


226 


XVIII.  —  Bernard  Crôus. 

(13)1—1334.) 

Bernard  Grdus,  qui  était  petit-être  un  frère  du  précé- 
dent, figure  avec  lui  dans  les  mêmes  actes  de  l'an  1821, 
ainsi  que  dans  deux  autres  du  3  des  nones  et  des  ides 
de  juin  iZ8£  (Bemardus  Crucis,  et  ailleurs  Crou  pinctor  de 
Perpinimo).  Il  était  marié  avec  une  nommée  Dulcia,  don( 
il  eut  une  fille  du  nom  de  Michel  le,  vivante  en  1554  et  épouse 
de  Guillaume  Font,  cordonnier.  Rais  H  est  probable  que 
dès  l'an  1323  le  peintre  Bernard  était  déjb  remarié  et  qu'il 
avait  eu  de  Béatrix,  sa  seconde  épouse,  une  fille  de  même 
nom,  puisque  ce  second  mariage  ne  fut  célébré  qu'en  1325 
et  sa  fille  Béatrix  se  trouve  «dix  ans  après»  déjà  mariée 
avec  un  cordonnier  nommé  Jean  Ferret.  Au  reste,  dans 
cette  seconde  union,  le  peintre  Bernard  ne  fit  pas  preuve 
de  sentiments  purement  artistiques,  car  dans  son  contrat 
de  mariage,  reçu  le  4  des  calendes  de  février  1524(1325), 
Béatrix,  fille  de  feu  Jean  Pons,  autrement  appelé  Ordivejl, 
de  Saint-Laurent  de  la  Satanca,  déclare  qu'elle  a  déjà  con- 
tracté mariage  avec  ledit  Bernard  (siens  me  malrimonium 
conlraxisse  c\m  Bemardo  Crous  pintore  de  Perpiniano)  à 
qui  elle  a  promis  d'apporter  certaine  dot  en  argent  ;  mais 
son  mari,  dit-elle,  ne  veut  pas  célébrer  le  mariage  i 
l'église  tant  que  ladite  dot  ne  lui  aura  pas  été  comptée 
(et  dictas  marilus  meus  non  vult  tnecum  malrimonium  in 
fade  eedesie  celebrare  donec  dos  promissa  fuerit  sibi 
soluta),  en  conséquence  elle  vend  pour  le  prix  de  50 
livres  une  terre  située  à  Juhègues,  et  c'est  après  avoir 
reçu  ces  espèces  sonnantes  que  l'artiste  consent  à  légiti- 
mer son  union. 


227 

Bernard  Crdus  (0.  Cruscis  pinctor)  fit  son  testament 
aux  oones  de  juillet  1534;  il  déclare  vouloir  être  enseveli 
au  cimetière  de  Sainte-Marie  de  la  Real,  qui  était  sans 
doute t»&  paroisse  et  celle  des  autres  peintres  de  cette 
époque;  il  fait  divers  legs  k  sesdeuf  filles  upariées  et 
institue  pour  héritier  universel  son  fils  Jacques  qu'il  avait 
eu  de  sa  seconde  épouse  Béatrix  encore  vivante  alors. 
Cet  eofant  mourut  sa?$  (Joute  $n  bas-âge  ou  ne  suivit 
pas  la  profession  de  son  père,  car  nous  n'en  trouvons 
plus  aucune  mention. 

XIX.  —  Amfos  de  Bruges. 

(  1383-1*309.) 

Le  nom  d9  Amfos,  forme  catalane  du  prénom  Alphonse, 
était  devenu,  comme  la  plupart  des  prénoms,  un  véritable 
nom  de  famille  en  Houssillon,  où  II.  était  assefc  commun 
au  xme  siècle  et  où  Ton  trouve  un  Anfassius  de  Harkis 
déjà  décédé  en  4262,  et  en  1285  un  Bernardus  Amfos 
a  Perpignan  et  à  Salses.  Cependant  le  peintre  Amfos 
semble  originaire  de  ia  Belgique,  et  on  le  trouve  associé 
avec  le  peintre  Raymond  Frener,  le  6  des  ides  de  sep- 
tembre 1283  (Amfos  de  Brugiis  pic  for  habitator  Perpi- 
niani).  On  le  voit  propriétaire  d'une  terre  sise  à  Vilanova 
de  Raho  dans  un  acte  du  15  des  cal.  de  décembre  1309 
(in  tenencia  Anfosii  pictoris).  Son  épouse  Boneta  vivait 
encore  en  1331,  avec  ses  trois  fils,  dont  le  cadet,  Martin 
Amfos  {Marlinns  Anfos  argenterius)  était  déjà  argentier 
ou  orfèvre  en  1525,  et  le  plus  jeune,  du  nom  de  Pierre, 
se  disait  clerc  cl  âgé  de  plus  de  25  ans  en  1551. 


228 


£&.  —  Barthélemi  Ajnfos. 

(1381—1331.) 

Barthélemi  Amfos,  fils  aine  du  précédent,  est  qualifié 
de  peintre  dès  Pau  1521  (5  des  nones  de  juillet  et  8  des 
ides  de  novembre).  Son  nom  est  écrit  Emfossiw,  Amjfos 
et  Amfos.  On  le  retrouve  dans  un  acte  do  5  des  nones 
de  juillet  4331  par  lequel,  d'aceord  avec  sa  mère  et 
ses  deux  frères,  il  vendit  à  un  tisserand  la  maison  de  son 
père,  située  au  Puig  de  Saint-Jacques,  pour  15  livres 
10  sols. 

XXI.  —  Guillaume  Camprodon. 

(1317.) 

Ce  peintre  n'est  connu  que  par  deux  actes  do  mois 
de  novembre  1317  relatifs  à  des  maisons  situées  à  Perpi- 
gnan rue  de  la  Fu$lei*ia,  sur  lesquelles  des  rentes  étaient 
perçues  pour  Guillaume  Camprodon  pintor  de  la  même 

ville. 

D'autres  artistes  du  même  nom,  et  peut-être  de  la 
même  famille,  ont  existé  a  la  même  époque,  entre 
autres,  le  sculpteur  Arnald  Camprodon,  l'un  des  auteurs 
ou  sculpteurs  des  stalles  du  chœur  de  la  cathédrale  de 
Majorque,  qui,  d'après  VillanuevaW,  furent  construites 
de  1327  à  1339  par  meslre  P.  Joltan  fusler,  e  mestre 
A.  de  Camprodon,  ymaginayre  de  les  ca dires.  Il  faut 
rappeler  à  ce  propos,  que  le  siège  épiscopal  de  Majorque 
fut  occupé  entre  les  dates  ci-dessus  par  deux  évêques 
perpignanais,  Guido  Terrena  et  Bérenger  Baille,  et  il  se 

(4)  Viage  Hterario,  tome  XXI,  page  106. 


289 

pourrait  qu'ils  eussent  attiré  un  artiste,  leur  compatriote, 
qui  pourrait  ainsi  être  le  fils  ou  le  frère  du  peintre  Guil- 
laume Camprodon. 

XXII.  —  Bartbélemi  Camprodon. 
(1336-1361.) 

Barlhélemi  Camprodon,  peintre  de  Perpignan,  cité 
comme  témoin  dans  un  acte  du  4  des  nones  de  juil- 
let 1530,  était  probablement  le  fils  du  précédent  et  l'on 
peut  supposer  qu'il  était  frère  de  Jacques  Camprodon , 
cordonnier,  puisque  leurs  maisons  élaient  contiguës  en 
1553  dans  la  rue  de  la  Seller  ia,  et  qu'en  1350  le  peintre 
Barlhélemi  se  trouvait  tnteor  «  de  Marguerite,  fille  de  feu 
Jacques  Camprodon,  cordonnier.  »  On  cite  aussi  en  1337 
une  de  ses  propriétés  sise  au  territoire  de  Perpignan 
(  Barthctomei  Campirolundi  pinctoris).  Le  8  des  ides 
d'avril  1339  il  fit,  en  qualité  de  tuteur  et  administrateur 
des  biens  et  de  la  personne  de  Barthélémy  son  fils,  quit- 
tance de  la  dot  de  son  épouse  Francisca,  fille  de  Boneta 
et  de  Pons  Catala,  peyrer  de  Perpignan,  tous  les  deux 
défunts.  Il  figure  aussi  comme  témoin  dans  un  testament 
fait  pendant  la  grande  peste  de  1348,  le  i8  des  calendes 
de  juillet,  et  dans  un  autre  testament  fait  &  Perpignan 
le  10  décembre  1361.  Un  autre  acte  du  26  mai  1376  le 
dit  déjà  décédé  à  cette  époque. 

Nous  n'avons  aucun  autre  renseignement  sur  Barlhé- 
lemi, fils  mineur  du  peintre,  mentionné  en  1339;  mais 
la  famille  Camprodon  continua  d'exister  à  Perpignan,  où 
elle  occupa?  Dne  des  premières  positions  commerciales 
dans  les  deux  siècles  suivants,  et  plus  tard  un  rôle  des 
plus  importants  dans  la  noblesse  roussillonnaise. 


230 


XXIII.  —  Bernard  Boas. 

i 

(1321—1323.) 

On  connail  à  Perpignan  dès  l'an  1280  un  certain  Pierre 
Boas  dont  on  ne  donne  pas  la  profession.  Le  peintre 
Bernard  Boas,  mentionné  dans  l'acte  de  1321  déjà  cité, 
reparait  aux  ides  de  juin  15?5  {Bernardus  Bois  pinclor 
de  Perpiniano),  pqur  le  payement  de  20  livres  que  le 
tailleur  Jacques  Xatmar  lui  avait  prêtées, 

XXIV.  —  Arnald  Boas. 
(1335-1337.) 

Nous  ne  savons  quel  pouvait  ê\re  le  degré  de  parenté 
existante  entre  le  précédent  et  Arnald  Boas,  pinlor  de 
Perpignan,  cité  dans  une  pièce  de  procédure  des  ides  de 
février  1354  où  on  le  dit  fils  et  héritier  de  feu  Guillaume 
Boas  et  de  sa  première  épouse  Tatzona.  Nous  le  retrou- 
verons dans  un  acte  des  ides  d'août  1337  par  lequel  il 
prit  comme  élève  Guillaume  Fagnalo. 

XXV.  —  Jacques  Fanjàus. 

(1321.) 

Ce  peintre  n'est  counjj  que  par  un  acte  du  o  des 
uones  de  juillet  1321  où  il  figure  comme  témoin  :  Jaco- 
bus  Fan j ans  pictor. 

XXVI.  —  Bernard  de  Bell  ver. 

* 

(Avant  1334.) 

On  ne  connaît  son  existence  que  par  le  testament  du 
peintre  Bernard  Crdus,  des  nones  de  juillet  1334;  dans 
lequel  il  dit  un  legs  de  3  sols  «  à  son  filleul  Bernard  de 


231 

«  Beilver,  tils  de  feu  Bernard  de  Bell  ver,  peintre  de 
«  Perpignan  :  »  letju  Bernardo  Ptdcri  Visus  filiola  meo, 
fUio  fkrnardi  Pukri  Visus  q°  pincloris  Perpiniani,  etc. 

XIV II.  —  Jacquet  Canal. 
(1829-1334.) 

Jacques  Canet  est  cilé  pour  la  première  fois,  en  qua- 
lité de  témoin,  aux  nones  de  février  1338,  avec  le  titre 
rie  «  peintre  de  Perpignan.  »  Il  prend  le  même  titre,  le 
6  des  nones  de  mars  suivant,  en  donnant  procuration  à 
Pierre  de  Vilardell,  peintre  de  Gerona,  pour  réclamer  et 
recouvrer  d'un  peintre  de  la  même  ville  nommé  Raymond 
—  le  reste  du  nom  est  effacé  dans  l'acte  original  —  deux 
manuscrits  sur  papier;  enfin,  on  le  trouve  encore  comme 
témoin  à  Perpignan  le  10  des  cal.  d'août  1532,  avec  le 
titre  de  pintor.  N'est-ce  pas  encore  lut  qui  figure  au  tes- 
tament du  peintre  Bernard  Crôus,  aux  nones  de  juill.  1334, 
en  compagnie  d'un  autre  peintre,  mais  avec  la  qualifica- 
tion de  «sellier?»  (lestes  R*9  de  Perauia  pinlor,  Jacobm 
Caneli  sderius,  omnes  de  Perpiniano).  La  question  ne 
peut  laisser  une  ombre  de  doute,  vu  l'affinité  des  deux 
métiers  à  cette  époque,  à  moins  que  le  scribe  ne  lui  ait 
attribué  par  errenr  la  profession  de  sellier. 

XXVIII.  —  Bernard  Daui. 

(1301-133i.) 

La  famille  Daui  exerçait  la  profession  de  sellier  au  \uic 
siècle  à  Perpignan  où  Ton  trouve,  de  l'an  1261  b  1286,  un 
Pons  Daui  cderitis,  appelé  aussi  Dauin*  Dauin:'  et  Dauid, 
et  son  frère  Arnald  exerçant  aussi  la  même  profession 


in 

de  1367  à  1283.  Bernard  Dtai,  pintor  de  Perpignan,  est 
eité  dès  Tan  1501.  Faut-il  considérer  comme  ses  fils  les 
deux  peintres  Bernard  et  Arnald;  frèreà)  qui  prenaient 
toutefois  le  nom  de  Giraud-Daui?  Bernard  Dâui,  l'un 
d'eux,  qualifié  de  pintor,  avait  sa  'maison  dans  la  rue  de 
la  Celkria  d'après  un  acte  dn  4  des  ides  de  mai  1353, 
cl  il  est  probable  qu'il  vivait, encore  çn  1344(16  avpl), 
d'après  un  acte  qui  le  nomme  coflune  frère  du  peintre 
Arnald  Giraud-Dâui,  sans  indiquer  sa  profession. 

.  .  XXIX.  —  Arnald  Giraud-Dàul. 

(1944.) 

* 

Le  peintre  Arnald  Giraud-Dâui  (Àrnaldus  Gtraudi 
Dauini  pintor)  n'est  connu  que  par  un  acte  du  16  avril 
1344,  où  il  se  dit  âgé  de  plus  de  25  ans,  en  faisant  quit- 
tance du  loyer  d'une  maison  a  lui  appartenant  sise  à 
Perpignan  et  confrontant  avec  tenance  de  Bernard  Giraud, 
son  frère  [in  tenencia  Bemardi  Gtraudi  fralris  met). 

XXX.  —  Raymond  de  Peralta. 
(1333—1347.) 

Un  acte  du  4  des  ides  de  mai  1333  mentionne,  daps  la 
rue  de  la  Celleria  à  Perpignan,  un  obrador  lo  quai  es  d'en 
Gm  Peralia  pintor^  confrontant  avec  K  maison  du  peintre 
Pierre  Gras,  et  plus  loin,  dans  la  même  rue,  une  casa  que 
fou  den  Jacme  de  Peralta  confrontant  avec  celle  do  pein- 
tre Barthélemi  Camprodon.  On  serait  donc  porté  à  croire 
qu'il  y  avait  déjà  alors  un  Guillaume  de  Peralta,  peintre, 
qui  serait  le  fils  ou  successeur  de  Jacques  de  Peralta  que 
cet  acte  semble  désigner  comme  défunt  a  cette  époque; 


233 

mais  ce  document  ne  nous  est  parvenu  que  de  seconde 
mais,  et  l'auteur  de  la*  note  qui  on  est  testée  a  pu  se 
tromper  pMr  le  prénom  eh  lis»!  GuMatome  au  lieu  de 
Raymond.  En  effet,  Ifeipeintté  Raymond  de  Peiduta 
figure  avec  d'autres  peintres  au  testament  de  Bernard 
Créus,  des  noues  de  juillet1  \  9i84.  'Ne  serait-ce  pas  ce 
peinire  Raymond  [  ]  de  Gerona,  dont  II  a1  été 

question  en  1329  à  propos  de  Jacques  Canet?  Au  reste, 
le  testament  du  clerc  Jean  Ramon  fait  le  7  des  calendes 
de  novembre  1347 — ou  1348? — le  désigne  encore  comme 
son  exécuteur  testamentaire  (  Ragmundum  de  Pèralta 
pinctorem  Perpiniani),  et  une  vente  d'un  champ  iris  à 
Cabestany,  dn  16  octobre  1350,  le  dit  déji  décédé  à 
cette  époque  :  cum  tenencia  den  Perauta  q°  pinclùris. 

XXXI.  —  Pierre  Gras. 
(1332-1337) 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  I»  profession  de  peintre 
avait  anciennement :  beaucoup  de  rapports  avec  tout  ce 
<fà  concernait  la  sellerie  et  l'équipement  militaire.  On 
en  voit  un  exemple  dans  un  acte  du  47  des  calendes 
de  juillet  1332,  par  lequel  les  consuls  de  TorreHes 
achètent  de  Pierre  Gras,  peintre1  de  Perpignan,  pour  te 
prix  de  67  sols  6  deniers,  quinze  boucliers  ou  écus  en 
bois  {clipea  seu  scula  fusli),  que  cette  commune  achète 
pour  se  défendre  contre  les  Génois  ou  d'autres  ennemis. 
Ce  peintre  est  encore  <  nemmé  dans  un  acte  des  nones 
de  septembre  suivant,  et  le  4  des  ides  de  mai  1383  on 
mention oe  sa  maison  située  dans  ta  rue  de  la  Seller  ia, 
qui  était  alors  le  quartier  des  seIKers,  freners  et  autres 
peiûires,  Le  5  des  ides  d'août  1887,  Pierre  Gras  vendit 


234 

une  maison  sise  près  la  porte  Sainle»Marie  du  Pool,  en 
qualité  de  curateur  donné  par  la  cour  du  bailli  de  Per- 
pignan à  Jean  et  Guillaume,  fils  mineurs  de  sa  fille  Sau- 
rina,  épouse  de  défunt  Matbîep  Estève,  pareur.  de  celte 
ville.  Nous  retrouverons  plus  tard  deux  autres  peintres 
du  nom  de  Gras,  qni  étaient,  sans  doute  les  descendants 
de  Pierre  Gras. 

XXXII.  —  Guillaume  Fagalo. 
(1337.) 

Aux  ides  d'août  1337,  Guillaume  Fagualo  ou  Fagalo, 
se  qualifiant  de  peintre,  fils  de  feu  Guillaume  Fagalo, 
pareur  de  Perpignan  et  de  Saurina,  son  épouse,  présente 
à  cet  acte,  se  met  en  apprentissage  chez  le  peintre  Arnald 
Boas,  qui  s'engage  h  lui  apprendre  son  métier  pendant 
deux  ans  (quod  lu  doceas  me  tuum  ministcrium),  pendant 
lesquels  ledit  maître  devra  le  pourvoir  de  tout  ce  qui  lui 
sera  nécessaire  et  lui  fournir  deux  habillements  complets. 
L'apprenti  peintre  se  disait  âgé  de  17  à  25  ans  et  peut- 
être  abandonna-l-il  cette  profession  ou  mourut-il  jeupe, 
car  nous  ne  connaissons  aucune  autre  mention  de  lui,  à 
moins  qu'il  n'y  ait  eu  quelque  erreur  de  prénom  el  qu'il 
ne  soit  le  même  personnage  que  le  suivait. 

XXXIII.  —  Pierre  Fagalo. 
(1338.) 

Le  7  décembre  1338  le  procureur  d«  roi. de  Majorque 
ordonna  d'enlever  (amovere)  tous  les  écossons  el  armoi- 
ries [signa  picla  )  peints  sur  les  piliers  de  la  place  du 
Blé  de  Perpignan,  et  ce  fut  le  peintre  Pierre  Fagalo  qui 
fut  char  é  de  cette  opération  avec  l'assistance  d'ua  huis- 


335 

sier.  Neus  ne  saisissons  pas,  ooos  l'avouons,  le  sens  de 
Tordre  donné  par  la  procuration  royale,  car  s'il  ne  s'a- 
gissait que  «  d'effacer  »  les  ëeussons  en  question,  le 
premier  barbouilleur  venu  pouvait  parfaitement  s'acquitter 
de  la  besogne.  Peut-être  ne  s'agissait-il  qae  de  faire 
disparaître  tous  les  écussons  autres  que  ceux  du  roi  de 
Majorque,  ou  même  d'enlever  les  décors  de  quelque  fête 
et,  dans  ce  cas,  l'intervention  d'un  artiste  ou  d'un  ordon- 
nateur d'embellissements  publics  pouvait  avoir  son  utilité 
(Procuracio  real,  reg.  XVII*  P>  98  v«). 

XXXIV.  —  Jacques  Rocha. 
(  1343.  ) 

C'est  le  seul  artiste  qui  nous  soit  connu  comme  au- 
teur de  peintures  religieuses,  pendant  toute  la  durée  du 
royaume  de  Majorque.  Le  17  des  calendes  de  juin  1342 
le  couvent  des  Carmes  de  Perpignan  avait  déji  payé  les 
dépenses  laites  pour  la  chapelle  que  le  donzell  Berenger 
de  Saint- Paul  avait  fait  construire  dans  l'église  de  ce 
monastère,  pour  l'autel  et  ses  ornements,  et  12  livres 
10  sols  pour  le  rétable  (pro  relrotabulo  diète  capeUe). 
Us  peintures  exécutées  par  Jacques  Rocha  se  ratta- 
chaient peut-être  à  cette  fondation  de  Berenger  de  Saint- 
Paul,  mats  malheureusement  l'acte  qui  en  a  conservé  le 
souvenir  est  en  fort  mauvais  état,  et  voici  tout  ce  qu'il 
nous  est  permis  de  lire  dans  le  manuscrit  : 

«  Je  [Jacjqnes  Rocha,  peintre  de  Perpignan,  conviens 
«  et  promets  à  vous  [procureur]  du  couvent  des  frères 
«  de  Sainte-Marie  du  Carme  de  dite  ville,  que,  d'ici  i  la 
«  prochaine  fête  de  [  ],  je  peindrai  toute 

«  l'histoire  de  l'Annonciation  de  la  Bienheureuse  Marie 


236 

a  Vierge,  c'est-à-dire  un  ange  et  une  ima[ge  de  b  Vierge? 
«  él  aussi]  toute  l'histoire  du  Jugement  du  Seigneur, 
*  c'est-à-dire  un  Sedes  MageslatisW  avec  quatfe  anges 
<r  et  douae  sépulcr[efe. . . .],  le  tout  fait  de  ma  main,  avec 
«  mes  méritoires  et  plus  convenables  couleurs  et  k  mes 
«  dépens  ;  et  le  champ  ou  sorftrce  des  sépnlères  [de  la- 
r  dite]  histoire,  je  le  peindrai  de  la  meilleure  et  plus 
<r  convenable  confenr  noire,  en  le  parsemant  d'étoiles, 
«  té  tout  pour  le  prix  de  9  livres  40  sols  barcelonais  :  » 
Ego  [Jaco\bus  Roca  pintor  Perpiniatti . .  .  profnilo . . . 
quod  ego  hinc  ad  insians  festum  [  ]  depiclus 

fuero  tolam  insloriarn  Anunciacionis  B.  M.  Virginis, 
sciltcet  unum  angelum  et  unam  ym  [  ]  tolam 

insloriarn  judiài  domini,  viddiœt  unum  Sedem  Meeges- 
talis  et  quatuor  angelos  et  duoiUcim  $ep\da\  ] 

mets  manibus  ae  de  mets  ac  de  oplimis  et  sufficientibus 
ooloribus  et  expensis;  et  campum  seu  planiciem  $epid[  ] 
inslorie  depinguam  de  Uvido  colore  optimo  et  suflicienti 
signatum  de  et  cum  sleUis.  Cet  acte  est  du  20  nov.  1343 
et,  te  même  jour,  Jean  Oliver,  écrivain  de  Perpignan, 
frère  et  héritier  de  sa  sœur  Garsende,  éponse  de  Jean 
Pages,  marchand  de  ladite  ville,  reconnaissait  devoir  à 
Jaeqoes  Rocha,  peintre,  8  livres,  en  vertu  du  transfert 

(1)  On  entendait  au  xiv«  siècle  par  Sedcs  àîageslatis  l'image  de  Dieu 
le  Père  •  assis  »  more  judicantis,  et  c'est  ainsi  que  Ton  désipait  aussi 
la  figure  de  la  Royale  Majesté  assise  et  rendant  la  justice,  telle  qu'elle 
est  représentée  sur  les  sceaux  de  l'époque.  Au  reste  le  mot  magestas 
s'appliquait  aussi  alors  à  la  figure  d'un  saint  quelconque,  et  Ton  voit 
danâ  un  testament  du  10  juillet  1375  (de  Jacques  Gueroart,  serrurier  de 
Perptgrian  )  un  legs  «  de  deux  anges  en  bois  et  bien  peints,  valant  quatre 
«  florins  d'or  ou  environ,  qui  seront  placés  et  resteront  en  l'autel  de 
«  Sainte-Marie  de  l'église  de  Prunet  et  devant  la  majesté  de  Saint- 
«  Etienne  »  et  ante  mageitatem  Beati  Stcphani. 


237 

que  venait  d'en  faire  frère  Arnald  Sure)  ha,  religieux  du 
couvent  des  Carmes,  à  qui  elles  étaient  dues  pour  célé- 
bration de  messes,  et  ledit  religieux  les  devait  audit 
Rocba  «pour  certaines  histoires  qu'il  devait  lui  faire; 

ration*  quçrumdaw  isfayarum,  ppr  te  &4m  jifndamm.  p 

»  •        »    ■      *      *    '• 

Nous  ajootoM  ici  les  noms  de  quelques  autres  peintres 
on  sculpteurs,  contemporains  de  ceux  qui  précèdent,  mais 
vivant  ou  signalés  seulement  dans  les  pays  voisins. 

D'après  VillanuevaO  on  trouve  en  1305  à  Barcelone 
un  magister  Pujol  qui  fecit  retrotabidum  S"  Eulalie, 
mais  le  titre  de  «  maître  »  semble  se  rapporter  k  un 
sculpteur;  il  s'agirait  donc  ici  d'un  rétable  sculpté. 

Selon  le  même  auteur  W,  on  voit  «  d'après  les  registres 
«  de  la  fabrique  de  la  cathédrale  de  Majorque,  que  oer* 
«  tains  tableaux  de  cette  église  furent  peints  de  l'an  188fl 
«  Il  133»  par  Martin  Mayol^K  G.  Scardon,  Bmtërd  Des 
«  Dous  (ou  Dontf  et  Jacques  Pdicer^K  quoique' les  textes 
«  portent  à  croire  qae  c'étaient  plutôt  des  doreurs.  Lte 
«  rétable  de  la  chapelle  du  Corpttà  Chrtiti  fit  peint  ptfr 
«  En  Loert  en  1828.  » 

(1)  Viage  literario,  tome  XVII,  page  141, 

(2)  Ibid.,  tome  XXI,  page  107. 

(3)  On  trouve  bien  à  Perpignan  en  1304  un  certain  Bernard  Mallol 
qualité  de  peintre  (Bernardi  Malleolis  pictorii),  nuis  nous  avons  quel- 
ques rayons  de  croire  que  c'est  une  erreur  du  copiste  de  ce  document» 
qui  a  écrit  pictoris  pour  paratoris  (  pareur  de  draps  ). 

(4)  Il  y  avait  un  Arnald  Pelicer,  frener,  â  Perpignan  en  1286,  et  il  se 
pourrait  que  le  peintre  Jaques  PeHker,  qui  travaillait  à  Majorque  en  1327, 
fût  un  de  ses  descendants. 


238 


MONUMENTS  CELTIQUES 

DE  LA  PORTEILLA  ft  DE  LAS  CLAUSAS 

SITUÉS  SUR  LA  MONf  AGNfi  DE  MOLNQ, 


»  i 


Signalés  et  décrits,  en  septembre  1861,  par  M.  Rouffiandis, 

licencié  ès-sciences,  professeur  à  l'École-Normale 
de  Perpignan ,  membre  résidant. 


Las  Monuments  celtiques  du  département  des  Pyrénées- 
Orientales  n'ont  été  connus  que, fort  tard.  C'eat  en  1832 
que  M.  de  Jaubert  de  Réart  donna,  pour  la  première  fois, 
la  description  et  le  dessin  de  deux  de  ces  monuments, 
situés  sur  la  montagne  de  Molilg,  aux  lieux  du  col  dd 
Triba  tiiàu  fia  de  VArca.  Ne  soyons  donc  pas  étonnés 
du  silence  que  gardent  les  auteurs  classiques  d'histoire 
gauloise,  sur  les  pierres  druidiques  de  l'extrémité  orien- 
tale de  la  chaîne  des  Pyrénées,  tandis  qu'ils  parlent  lon- 
guement de  tous  les  monuments  celtiques  de  la  Bretagne 
et  des  Vosges. 

A  quel  genre  faut-il  rapporter  les  monuments  de  la 
montagne  de  Molitg?  Aux  menhirs,  aux  dolmens  ou  aux 
tumuli? 

M.  de  Jaubert  de  Réart  classe  parmi  les  dolmens,  les 
deux  qu'il  a  décrits.  Le  3«  monument  druidique,  connu 
sous  le  nom  de  Tomba  dels  gentils  de  Pinéda,  ainsi  que 
les  deux  qui  font  l'objet  de  celte  notice,  ne  doivent  pas 


239 

être  compris  dans  cette  catégorie.  Ce  qui  caratérise  Te 
dolmen,  c'est  le  relier  extérieur,  formé  presque  tonjours 
par  trois  grosses  dalles,  placées  de  champ,  et  une  quatrième 
supérieure,  formant  la  table  ou  l'autel  druidique.  Pour 
les  deux  premiers,  il  n'y  a  aucune  incertitude;  ce  sont 
des  dolmens  parfaitement  définis  ;  mais  pour  les  autres, 
leur  configuration  extérieure,  leur  position  et  leur  état  de 
conservation  ne  permettent  pas  de  les  classer  ainsi. 

Cn  doit  les  rapporter  aox  tumolK  espèces  de  cônes 
de  terre  suririontant  un  tombeau,  dans  les  tumuli  de 
MoKtg,  la  pente  et  la  nature  des  terrains  ont  facilité  l'ac- 
tion destructive  des  eaux,  le  cône  de  terre  a  été  enlevé, 
et  il  est  resté  la  partie  massive  du  tumulus.  Je  ne  passe- 
rai pas  aujourd'hui  en  revue  certaines  affirmations  erro- 
nées qui  ont  été  écrites  sor  l'orientation  et  la  conservation 
des  premiers  monuments,  je  me  contenterai  de  décrire 
deox  tumuli  qui  n'ont  pas  encore  été  signalés  :  le  tumu- 
lus de  la  Porteilla  et  celui  de  Las  Qausas. 


Tumulus  de  la  Porteilla. 

Ce  tumulus  se  trouve  a  2  kilomètres  environ  au  nord- 
ouest  du  village  de  Molitg,  non  loin  des  nombreux 
zigzags  que  forme  le  vieux  sentier  de  Jincla,  après  avoir 
franchi  le  ravin  du  Colleil.  Celte  région,  connue  sous  le 
nom  de  Porteilla  (portes),  est  inculte  et  presque  sans 
valeur;  ce  sont  des  terres  vagues  abandonnées  pour  le 
parcours  des  troupeaux;  sans  aucun  doute  elles  ont  été 
autrefois  boisées,  car  à  chaque  plateau  on  remarque  des 
traces  d'anciennes  charbonnières.  Le  monument  celtique 


L_ 


240 

de  la'Porlei|la,  situé  siif.b  g*qch$  du  spptier,  presse 
dans  l'angle  formé  par  lp .  cbqmin  dç  Camporae,npat 
ealpi|r|é.  de  hlocp  informes, de  granit  qpi  sont  de  vériMtytas 
nieqhirsqaturels.  Il  9  peq  d'ftpparenfp  extérieure;  il  est 
fonpé, ,  comiqe  tous  cem  qui  exigeât  dans  (  la  même 
localité,  <fc  trois  pierres  |qpgpe&  t&  étroit  ,pla«fos  dp 
champ,.  „ 

L'epaçiphle  des  tr#is .  pierres  ligurç  unp  tombe  gros-* 
sièrpipefU  construite;.  De  làt  le  ,pom  traditipon^l  de 
Tiimul  oi^  tombe.  L'ouverture  est  dirigée  viqjblement  au 
midi  ; ,  les  pierres  pat  une  inclinaison  sensible  du  dedans 
au,  dehprç.  Voici .  quelques-unes  djes  dimensions  mesurées  : 
la  pierre.  A  (voir  la  figure),  ccjUe  dp  droite  .pour  un  obser- 
vateur placé  dans  l'intérieur  4a  monument,  a  lm,2,4  de 
long,  celle  de  gauche  lm,02  et  celle  du  chevet  Om9pO. 

Elleq  ont  toutes  une  épaisseur  con)priç$  entre  Ora,  15 
et  0m,30.  La  pierre  supérieure  qui  est  encore  bien  con- 
servée  dans  les  dolmens  4u  col  dfil  Triba  et  du  pla  de 
VArca*  manque  ici. 

Le  tumul  était  sans  doute  plus  long  que  les  dalles 
existâmes.  On  voit  tO||t  autour  d,ç  grosses  pierres  en 
désordre,  des  restes  de  pavés,  constituant  un  plateau 
légèrement  incliné,  wtouré  de  rochers  granitiques  dont 
la,  plupart  imitent  des.  pain*  de  sucre  gigantesques,  carac- 
tère dUtinctif  des  menhirs. 

Dans  le  dessin  ci-joint,  nous  donnons  la  projection 
horizontale  de  l'ouverture  du  lumulus.  jQqant  ï  l'éléva- 
tion elle  n'a  aucune  importance*  le  relief  étant  peu 
visible* 


i  « 


ili 


Tumulus  de  Las  Clausas. 

Ce  tumulus,  désigné  par  certains  touristes  sous  le  nom 
de  col  (jd  Pi  et  confondu  avec  celui  de  Pineda,  décrit 
dans  le  Guide  en  Rous  sillon,  est  placé  &  quelque  distance 
de  là,  dans  la  direction  du  nord-ouest.  Il  est  situé  dans 
la  partie  du  territoire  qui  porte  le  nom  de  Clausas,  à 
une  centaine  de  pas  sur  la  droite  de  la  bifurcation  du 
sentier  de  Balasc  et  de  celui  de  Pineda.  Son  orientation 
diffère  de  celle  du  tumulus  précédent  :  l'ouverture  est 
an  nord  et  non  au  midi;  ses  pierres  sont  perpendiculaires. 
À  l'est,  le  terrain  cultivé  est  de  niveau*  avec  la  pierre 
principale;  &  l'ouest,  il  y  a  des  pierres  amoncelées,  sans 
aucun  ordre  apparent,  et  au  midi,  des  masses  granitiques 
très  élevées.  Comme  on  peut  le  voir  dans  le  dessin  ci- 
joint,  les  pierres  principales  ne  formaient  pas  la  longueur 
totale;  d'antres  moins  grandes  continuaient  l'ouverture, 
et  il  est  difficile  de  préciser  la  longueur  vcritable  du 
monument.  Du  reste,  voici  les  dimensions  exactes  des 
dalles  qui  sont  encore  dans  leur  position  primitive: 
dalle  À,  placée  à  Test,  lm,45,  prolongée  par  la  dalle  D, 
de  Om,55;  dalle  B,  h  l'ouest,  prolongée  par  la  petite 
dalle  E,  de  0m,50;  dalle  C,  du  chevet,  1*,16.  Comme 
a  la  Porleilla,  la  dalle  supérieure  manque. 

La  profondeur  moyenne  apparente  du  tumulus  est  de 
0m,70  et  l'épaisseur  des  pierres  varie  de  0m,20  à  0m,30. 
Si  l'on  compare  dans  leur  ensemble  les  deux  derniers 
monuments  celtiques  aux  deux  décrits  par  M.  de  Jaubert 
de  Réart,  on  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  qu'ils 

16 


m 

sont  plutôt  des  iumuli  que  des  dolmens.  Par  leurs 
dimensions,  ils  s'éloignent  peu  d'un  tombeau  ordinaire. 
On  peut  bien  objecter  que  dans  d'autres  pays,  les  iumuli 
sont  presque  lous  surmontés  par  une  bulte  de  terre, 
souvent  de  plusieurs  mètres;  mais  est- il  surprenant 
que  par  la  suite  des  âges,  dans  un  pays  si  accidenté 
que  la  montagne  de  Molilg  et  dans  un  terrain  si  mou- 
vant que  les  détritus  graniques,  les  eaux  aient  enlevé 
la  partie  supérieure  du  monument?  11  nous  a  été  d'ail- 
leurs impossible  de  reconnaître  la  forte  dalle  supérieure 
parmi  les  débris  environnants.  Les  pierres  éparses  peu- 
vent avoir  formé  un  dôme  ou  une  pyramide  sur  le 
tumulus;  mais  leur  contexture  ne  permet  pas  de  croire 
qu'elles  aient  fait  partie  d'une  forte  dalle.  Une  remarque 
qui  n'est  pas  sans  quelque  valeur,  c'est  que  dans  les 
traditions  locales,  on  désigne  toujours  les  monuments 
celtiques  de  Pineda,  de  las  Clausas  et  de  la  Porteilla 
sous  le  nom  de  tombas  dels  Gentils.  Ce  nom  n'est  jamais 
attribué  aux  deux  classés  parmi  les  dolmens.  Les  habi- 
tants les  désignent  par  la  dénomination  vague  de  llozes, 
c'est-à-dire  pierres  plates. 

Nous  avons  dit,  en  commençant,  que  certaines  erreurs 
ont  été  commises  par  les  premiers  observateurs.  Par 
exemple,  l'orientation  n'est  pas  unique  et  dirigée  vers 
l'Orient.  Le  premier  dolmen  observé,  celui  du  pla  de 
VArca,  est  bien  dans  ces  conditions;  mais  tous  les 
autres  ont  une  orientation  variable.  Ce  qu'on  peut  affir- 
mer, c'est  qu'ils  sont  toujours  orientés  dans  l'axe  d'un 
vallon  principal,  sur  un  site  admirablement  découvert, 
ce  qui  est  en  harmonie  avec  l'esprit  des  Celtes,  adora- 
teurs des  forêts. 


Les  monuments  celtiques  aujourd'hui  connus  sur  la 
montagne  de  Moliig,  sont  au  nombre  de  cinq  : 

1°  Le  dolmen  du  col  de  la  Triba;  la  dalle  supérieure 
pèse  20  quintaux  métriques  ; 

2°  Le  dolmen  du  pla  del'Arca;  la  dalle  supérieure 
pèse  60  quintaux  métriques  ; 

3°  Le  tumulus  de  Pineda; 

4°  Le  tumulus  de  las  Clauses; 

5°  Le  tumulus  de  la  Porteilla. 


m 


résume: 

des  travaux  de  la  section  d'agriculture 

PENDANT  LA  FIN  DE  L'ANNÉE  4&71. 


Par  M.  Morer,  professeur  au  Collège  de  Perpignan,  Secrétaire. 


Quelques  mots  sur  les  vers-à-soie,  dans  la  séance  du 
14  juillet  1870,  clôturèrent  les  séances  de  la  Section 
agricole,  car  la  Société,  justement  émue  de  la  guerre 
qui  venait  d'éclater  contre  la  Prusse,  suspendit  ses 
réunions. 

Ce  ne  fui  qu'en  octobre  de  Tannée  suivante  qu'elle 
reprit  ses  paisibles  travaux,  sous  la  présidence  de  son 
directeur,  M.  Lai) nu. 

En  présence  de  l'infériorité  intellectuelle  de  la  France, 
infériorité  que  la  guerre  terrible*  et  à  jamais  néfaste  dont 
nous  sommes  victimes,  venait  de  constater  d'une  manière 
si  déplorable,  toutes  les  aspirations  furent  pour  le  déve- 
loppement de  l'instruction,  afin  de  relever  notre  patrie 
bien -aimée  de  l'état  d'abaissement  moral  dans  lequel 
nous  sommes  tombés. 

La  Section  d'agriculture  surtout,  plus  en  contact  avec 
les  travailleurs,  jugeant  mieux  encore  les  calamités 
qu'entraîne  l'ignorance,  ne  pouvait  rester  indifférente  à 


245 

ce  mouvement  des  esprits;  aussi  déeida-t-elle,  dès  sa 
première  réunion,  qu'il  serait  demandé  au  conseil  muni- 
cipal de  la  ville  un  carré  de  terrain  d'une  certaine  éten- 
due pour  des  essais  de  culture.  Son  directeur,  M.  Labao, 
s'est  offert  pour  foire  des  leçons  sur  le  terrain  même. 

Tous  cens 'dont  les  besoins  professionnels  on  le  gofrl 
des  cultures  utiles  ou  d'agrément  invitent  à  l'étude  de 
la  botanique  et  de  l'agriculture,  iront  écouler  le  savant 
directeur  de  la  Section  agricole.  Ils  rapporteront  d**ses 
leçons  ce  qu'il  font  savoir  pour  aider  au  développement 
de  notre  agriculture  et  mettre  à  profit  notre  soleil  si 
chaud,  notre  ciel  si  pur,  nos  eaux  si  limpides. 

La  Section  d'agriculture  acquittera  ainsi,  par  cette  ini- 
tiative, une  partie  du  tribut  que  nous  devons  tous  nous 
imposer,  et  coutribuera  à  relever,  par  l'étude  de  la  nature, 
les  intelligences  et  les  cœurs  trop  longtemps  engourdis. 
Ainsi  se  développeront  les  idées  morales,  qui  sont  la 
meilleure  sauvegarde  de  la  tranquillité  publique  et  les 
vrais  fondements  de  l'avenir  d'un  grand  peuple. 

Après  cette  question  d'intérêt  national,  dont  la  solu- 
tion est  pour  nous  une  question  de  vie  et  de  mort,  celle 
qui  devait  le  plus  préoccuper  la  Section  agricole  est, 
sans  contredit,  l'invasion  du  Phylloxéra,  si  destructive 
aujourd'hui  pour  les  riches  vignobles  d'une  partie  du 
Dauphiné,  de  la  Provence,  du  Languedoc  et  de  la 
Guienne.  Cet  insecte  dévastateur,  qui  ne  laisse  pas  même 
repousser  l'objet  de  sa  voracité,  s'avance  menaçant  vers 
notre  Roossillon,  couvert  en  grande  partie  de  champs 
de  vignes  vastes  et  productifs,  qui  font  avec  ses  fruits 
délicats  et  savoureux  sa  richesse  et  sa  prospérité. 


246 

Malgré  le  désir  bien  vif  el  bien  naturel  pour  noire 
Section  d'agriculture  de  prévenir  l'ennemi  et  de  l'atta- 
quer avant  qu'il  ail  franchi  les  limites  dé  notre  ciel,  la 
Société  n'a  pu  former  jusqu'ici  que  des  vœux,  car  ses 
trop  faibles  ressources  l'empêchent  de  s'adonner,  comme 
elle  le  désirerait,  aux  études  nécessaires  pour  reconnaître 
facilement  le  Phylloxéra  et  se  livrer  &  des  essais  qui 
pourraient  peut-être  combattre  son  action  malfaisante  et 
mortelle. 

A  ce  sujet,  la  Section  prend  acte  avec  plaisir  de  la 
communication  du  Président  de  la  Société,  qui  croit 
arriver  à  la  destruction  du  nuisible  insecte  par  un  dou- 
ble système  de  sulfuration  :  sulfuration  aérienne  en  vase 
clos  et  sulfuration  souterraine. 

M.  le  Directeur  de  la  Section  annonce  à  son  tour  qu'il 
s'occupe  sérieusement  de  celte  question ,  et  pense  trou- 
ver un  moyen  sûr  de  détruire  le  redoutable  ennemi  de 
la  vigne  par  le  système  de  l'inoculation. 

Les  divers  renseignements  que  la  Section  a  recueillis, 
pendant  ce  trimestre,  sur  les  vignobles  du  Roussillon 
se  m  bleui  faire  pressentir  que  le  froid  les  a  sérieusement 
atteints.  Cependant  la  grande  vitalité  de  la  vigne  dans 
notre  pays  fait  espérer  que  le  mal  ne  sera  pas  aussi 
grand  qu'on  Je  craint,  et  que  le  Roussillon  pourra 
compter  sur  une  récolle  répondant  à  ses  travaux  et  à 
ses  efforts. 

La  Société  a  arrêté,  pour  l'année  1871.  la  liste  des 
laboureurs  el  des  éducateurs  de  vers-à-soie  qui  lui  ont 
été  signalés  comme  méritant  des  encouragements. 


247 


Tableau  dès  Laboureurs  et  des  Éducateurs  signalés 
et  des  Primas  qae  la  Société  leur  a  accordées. 

LABOUREURS. 

.  Acsseil  (Baptiste),  81  ans,  &  Saint-André. . .  25  fr. 

Malê  (Martin),  82  ans,  h  Velmanya 25 

Delunca  (Louis),  81  ans,  &  Velmanya 25 

Mfruc  (Raymond),  36  ans,  à  Thuir 25 

ÉDUCATEURS. 

MM.  Mirabeau,  de  Perpignan 20  fr. 

Balada  (Valentin),  de  Perpignan 20 

Izarn  (Ferdinand),  de  Latour-de-Francc 25 

MmcsFRAissE  (Marie),  de  Perpignan 20 

Baleine  (Victoire),  de  Thuir 20 

Madeleine  (Marie),  de  Saint-André 20 

Quant  aux  horticulteurs,  une  commission  a  été  nom- 
mée pour  désigner  ceux  qui  lui  paraîtraient  les  plus 
dignes  de  l'attention  de  la  Société. 

La  Section  a  décidé,  en  ce  qui  les  concerne,  que  des 
ouvrages  d'horticulture  remplaceraient  les  primes  en 
argent  qui  leur  étaient  annuellement  distribuées. 

Nous  devons  faire  ressortir  la  pensée  qui  a  inspiré  la 
Section  en  prenant  cette  décision.  Elle  a  voulu  que  les 
procédés  d'horticulture,  étrangers  à  notre  pays,  s'y  intro- 
duisissent peu  à  peu.  Le  meilleur  moyen,  pour  obtenir  un 
pareil  résultat  est  évidemment  la  propagation  des  ouvrages 
où  les  nouvelles  méthodes  sont  présentées  et  expliquées. 

L'anné  1871  s'est  terminée,  pour  la  Section  agricole 
par  une  bonne  action  : 


2tt 

Les  déparlements  envahis  ont  été  ravagés  par  l'ennemi 
avec  une  rage,  peut-être  sans  exemple  dans  les  guerres 
de  notre  siècle.  Après  la  paix,  ie  gouvernement  a  fait 
appel  à  tous  les  départements  épargnés  par  l'invasion 
pour  venir  en  aide  à  leurs  frères  malheureux,  en  leur 
envoyant  des  semences  de  toute  çspèçe. 

La  Soc i té  s'est  mise  à  l'œuvre.  Elle  s'est  adressée  à 
tous  ses  membres,  aux  municipalités  et  aux  instituteurs. 
Elle  a  été  heureuse  de  recueillir  d'abondantes  offrandes. 

Parmi  les  instituteurs  qui  lui  ont  envoyé  des  graines 
de  semence,  elle  s'est  plu  à  reconnaître  l'activité  et  le 
dévouement  qu'a  déployés  M.  Mitjaville,  instituteur  public 
h  Argelès-sur-Mcr.  Elle  a  signalé  ce  fonctionnaire  k  M.  le 
Ministre  qui  lui  a  envoyé,  par  l'intermédiaire  de  la  Société, 
un  bel  ouvrage  d'arboriculture. 

La  Section  a  revu,  dans  le  courant  de  ee  trimestre, 
cinq  nouveaux  membres  : 

MM.  Course  (Joseph),  propriétaire- horticulteur  à  Arles- 
sur-Tech,  lauréat  des  dernières  expositions  de 
concours  régionaux. 

Gauthier  (Médard),  propriétaire,  négociant  en  vins. 

Calauet  (Joseph),  propriétaire. 

De  Guardia-Calmètes  (Auguste),  propriétaire. 

Casteil  (Joseph),  propriétaire. 


Perpignan,  31  janvier  1872. 


m 


ENQUÊTE  PARLEMENTAIRE  SLR  L'AGRICULTURE. 


MÉMOIRE  DE  M.  UBAU, 

Soua-DiNetwde  ki  Fera*£fol6de  GennainviOc,  Direcleur  de  la  Section 

d'Agriculture.     . 


CHARGES  DIVERSES  DE  LA  Cl  LTURE. 

1.  D.  Aspres  ou  terres  non  irriguées.  —  Assolement 
biennal  avec  jachère  pure  (Système  extensif). 

A.  Impôts,  labours,  semeoee,  moisson,  dépiquaison, 
sarclage  des  céréales,  frais  généraux,  transport  de  fumier 
et  épeodage,  intérêt  du  capital  d'exploitation  à  10  p.  %. 

Valeur  du  capital  d'exploitation  pour  un  hectare..  1  15r 
Produit  brut  par  hectare 143 

Bénéfice  net  par  hectare 30f 

l-a  valeur  moyenne  de  Thectare  est  de  900  à  1.000  fr.; 
les  capitaux  engagés  donnent  un  intérêt  de  3  p.  %• 

» 

ARROSAGE. 

Le  capital  d'exploitation,  représenté  par  toutes  les 
charges  ci  dessus,  est  de  500  francs. 

L'hectare  a  une  valeur  moyenne  de  5.000  francs. 

Le  prix  de  fermage  est  de  200  fr.  l'hectare.  L'argent 
est  placé  entre  4  fr.  et  4  fr.  50  c.  p.  %  ne,i  Pour  'e 
propriétaire  de  l'immeuble. 


250 

Dans  ce  centre,  le  plus  riche  do  département,  la  pro- 
priété est  très  divisée  :  les  fermes  ont  une  étendue 
moyenne  de  10  hectares;  l'eau  d'irrigation  ne  fait  jamais 
défaut  en  été;  la  population  y  est  nombreuse,  intelligente 
et  laborieuse.  La  terre  est  arrivée  à  un  haut  degré  de 
fertilité,  en  période  jardinière. 

Les  deux  systèmes  de  culture  que  nous  venons  d'ex- 
poser :  le  premier,  essentiellement  e&lensif,  représente  la 
culture  de  nos  aspres,  terres  chaudes,  sèches  et  pauvres; 
le  second,  représente  les  riches  cultures  du  bassin  de  la 
Tel,  avec  application  du  système  extensif  le  plus  riche 
et  le  plus  actif.  Si  le  cultivateur  de  cette  contrée,  réel- 
lement généreuse,  peut  augmenter  par  son  intelligence 
le  capital  d'exploitation  de  300  francs  à  1 .000  francs,  il 
pourra  lutter  avec  avantage  avec  les  contrées  du  Nord 
qui  ont  joui  de  tout  temps  d'une  réputation  européenne. 

Tous  les  systèmes  intermédiaires  sont  plus  ou  moins 
appliqués  dans  notre  Roussillon. 

2.  D.  Salaire,  main-d'œuvre,  personnel  agricole. 

R.  Les  salaires  des  domestiques  h  gages,  au  mois  ou 
à  l'année,  ont  augmenté  de  40  p.  °/©;  'a  main-d'œuvre 
de  25  p.  %'  et  ce'a  depuis  une  quinzaine  d'années. 

Les  nombreuses  plantations  de  vignes  sont  la  cause 
directe  de  cette  augmentation  dans  le  salaire. 

3.  R.  Le  personnel  agricole  n'a  pas  diminué  sensi- 
blement ;  à  certaines  époques,  il  est  insuffisant;  néan- 
moins la  pénurie  est  loin  d'être  extrême. 

4.  R.  Le  mouvement  d'émigration  à  l'intérieur  comme 


251 

il  l'extérieur  peut  éire  considéré  comme  ï  peu  près  nul, 
tout  an  plus  de  i  p,  %• 

5.  R.  L'emploi  des  machine*  est  très  lent  à  se  vulga- 
gariser;  celui  des  instruments  aratoires  perfectionnés  ne 
rencontre  pas  les  mêmes  difficultés  ;  leur  emploi  se  gêné-* 
ralise  dans  toutes  les  exploitations  agricoles  bien  dirigées. 

6.  R.  La  somme  de  travail  obtenue  par  les  ouvriers 
est  moins  grande  que  par  le  passé. 

7.  R.  Les  conditions  d'existence  de  cette  partie  de  la 
population  se  sont  améliorées;  elle  est  mieux  nourrie, 
logée  et  velue. 

L'instruction  primaire  est  dirigée  dans  un  sens  favo- 
rable à  l'agriculture. 

Un  professeur  d'agriculture  est  chargé  de  faire,  deux 
fois  par  semaine,  des  leçons  tlworiques  et  pratiques  aux 
élèves -maîtres  de  l'École*  Normale  de  Perpignan.  Ce 
même  professeur  est  cbargé  d'un  cours  d'agriculture  au 
Collège  (Division  de  l'enseignement  spécial).  Son  influence 
est  déjà  incontestable  dans  le  choix  des  professions; 
l'agriculture  est  plus  largement  représentée,  quoique 
l'institution  ne  date  que  de  quatorze  ans. 

D.  Les  Sociétés  de  secours  mutuels  sont-elles  suffi- 
samment répandues  dans  nos  campagnes? 
R.  Non. 

D.  L'assistance  publique  y  est -elle  convenablement 
organisée?—  il.  Non. 


Î5Î 

8.  D.  S'est-il  opéré  des  changement  dans  l'état  moral 
des  ouvriers  de  la  campagne? 

H.  Oui. 

Leurs  relations  sont  moins  faciles  qu'autrefois;  les 
causes  sont  :  une  aisance  relative  plus  grande  par  suite 
du  surcroit  du  travail,  et  aussi  à  un  esprit  d'indépen- 
dance mal  compris. 

9.  D.  Y  aurait-il  avantage  à  établir  la  facullé  do  livret? 
R.  C'est  douteux. 

ENGRAIS.  —  AMENDEMENTS. 

10.  R.  La  production  du  fumier  e6t  insuffisante  par 
suite  du  faible  capital  d'exploitation;  il  serait  urgent  et 
utile  d'y  suppléer  par  une  chmi-fumurc  d'engrais  naturels 
ou  artificiels  pour  obtenir  des  rendements  maxima.  Tous 
les  deux  ans,  les  terres  à  l'arrosage  reçoivent  20.000  kilo- 
grammes de  fumier,  elles  devaient  en  recevoir  40.000  à 
l'hectare.  Ce  n'est  que  par  l'emploi  des  engrais  artificiels 
que  te  cultivateur  pourra  donner  la  dose  d'aliments  indis- 
pensables aux  plantes  et  obtenir  de  bons  résultais  de  son 
industrie  agricole. 

1  \ .  D.  Quelles  sont  les  dépenses  nécessitées  par  le 
chaulage,  le  marnage  et  autres  amendements? 

11.  Les  gisements  de  marne  sont  très  rares  dans  le 
pays,  la  chaux  est  trop  chère  pour  qu'elle  puisse  être 
appliquée  comme  amendement  à  nos  terres.  Les  dépenses 
nécessitées  par  le  chaulage  cl  le  marnage  ne  peuvent  pas 
cire  établies  d'une  manière  pratique,  puisque  ces  deux 
opérations  n'ont  jamais  été  mises  en  application. 


io3 


PROCÉDÉS  DE  CULTURE. 

12.  D.  Quels  ont  été  depuis  un  certain  nombre  d'an- 
nées les  progrès  accomplis  dans  la  culture  du  sol,  et 
dans  quelle  mesure  ces  divers  procédés  agricoles  se 
sont-ils  perfectionnés? 

R.  L'extension  des  prairies  artificielles,  l'augmentation 
du  nombre  d'animaux  de  vente  et  de  travail,  des  modifi- 
cations heureuses  introduites  dans  l'outillage  agricole,  et 
surtout  dans  les  trois  principaux  instruments  :  la  charrue, 
la  herse,  le  rouleau.  Les  labours  profonds  qui  commen- 
cent à  être  compris.  Toutes  ces  causes  réunies  ont  per- 
mis aux  propriétaires  de  letres  de  les  affermer  de  30  à 
40  p.  %  plus  cher  qu'il  y  a  20  ans. 

ANIMAUX. 


\ 


13.  D.  Quelle  a  été  l'influence  sur  les  frais  d'achat,  d'éle- 
vage et  d'engraissement  sur  le  prix  de  vente  des  animaux 
de  diverses  espèces,  du  régime  économique  établi  en  1860 
par  comparaison  avec  la  période  décennale  précédente? 

R.  Deux  espèces  de  bétail ,  le  bœuf  et  le  mouton  ont 
augmenté  de  30  p.  %.  Il  est  difficile  de  savoir  si  cette 
augmentation  doit  être  attribuée  à  la  loi  de  1860,  ou  bien 
à  l'extension  énorme  qu'a  prise  la  viticulture* dans  le  Midi 
de  la  France;  avec  elle  l'aisance  est  devenue  relativement 
générale,  et  a  permis  h  chaque  ménage  de  consommer  une 
plus  grande  quantité  de  viande  qu'anciennement. 

14.  D.  Existe-t-il  un  trop  grand  écart  entre  le  prix 
du  bétail  sur  pied  et  le  prix  dé  vente  au  détail  ? 

/?.  Non.  La  liberté  de  la  boucherie  niveHe  tout. 


254 

15.  D.  Quel  parli  les  cultivateurs  tirent-ils  des  produits 
provenant  des  animaux,  tels  que  le  lait,  le  beurre,  le 
fromage? 

R.  Ces  diverses  industries  n'ont  pas  d'importance. 

D.  Quelles  ressources  trouvent-ils  dans  l'élevage  de 
la  volaille? 
A.  De  très  petites. 

LAINES. 

16.  D.  Quelles  variations  a  subies  le  prix  des  laines 
dans  les  trois  dernières  périodes  décennales?  A  quelle 
causes  doivent  être  attribuées  ces  variations? 

R.  Le  prix  des  laines  a  baissé  de  40  à  50  p.  %•  Cette 
baisse  doit  être  attribuée  à  la  concurrence  des  laines 
étrangères,  à  celles  de  l'Amérique  méridionale  et  de 
l'Australie. 

17.  D.  Quelle  influence  ces  variations  ont-elles  exercé 
sur  les  troupeaux  de  la  race  ovine  en  France?  La  quan- 
tité de  moutons  a-t-elle  augmenté  on  diminué  dans  cette' 
triple  période  décennale? 

?  R.  Dans  notre  zone,  la  population  ovine  a  diminué  de 
50  p.  °/o*  La  mévente  de  la  laine  n'a  pas  été  la  seule 
cause,  mais  bien  le  défrichement  d'étendues  considé- 
rables de  terres  incultes  envahies  par  les  plantations  de 
vignes  principalement  et  autres  petites  cultures. 

18.  D.  La  substitution  des  races  étrangères  aux  races 
indigènes,  a-t-elle  donné  des  résultats  qui  compensent  la 
diminution  des  prix? 


*55 

R.  Ces  expériences  ont  été  tentées  sur  une  $i  petite 
échelle,  qu'elles  n'ont  exercé  aucune  influence  ;  quelques 
rares  croisements  ont  été  opérés  avec  la  race  soulhdown, 
la  seule  qui  par  sa  rusticité  puisse  s'acclimater  et  donner 
de  bons  sujets  par  croisement. 

19.  D.  Quels  sont  les  moyens  pratiques  proposés  par 
la  culture  pour  la  mettre  &  même  de  soutenir  la  concur- 
rence des  laines  étrangères  et  de  conserver  les  troupeaux 
de  moutons? 

R.  Une  seule  méthode  peut  être  mise  en  application , 
c'est  d'améliorer  nos  troupeaux  par  la  sélection  ou  par  le 
croisement,  de  manière  que  par  un  accroissement  plus 
rapide  ces  animaux  puissent  être  livrés  i  la  boucherie 
à  l'âge  de  Quinze  à  trente  mois,  au  lieu  de  les  attendre 
quatre  ou  cinq  ans.  Tous  ces  progrès  ne  peuvent  être 
obtenus  qu'avec  le  perfectionnement  de  l'agriculture,  qui 
du  reste  est  en  bonne  voie  dans  notre  département. 

D.  Quel  a  été  le  prix  par  tête  de  mouton  de  boucherie 
à  rage  d'un  an,  de  deux  et  de  trois  ans  pendant  les  trois 
dernières  périodes  décennales? 

R.  Ce  prix  a  augmenté  de  20  à  50  p.  %  dans  les 
derniers  temps.  , 

CÉRÉALES. 

# 

20,  D.  Quel  a  été  le  rendemeot  par  hectare  et  depuis 
vingt  ans  de  chaque  espèce  de  céréales? 

R.  Blé,  14  hectol.;  avoine,  25;  orge,  30;  seigle,  15. 
A  la  Ferme-École,  la  moyenne  du  rendement  est  pour  le 
blé,  de  13  hect.  20;  le  prix  de  revient  de  16  fr.  65  c; — 
pour  l'avoine,  25  hect.;  prix  de  revient,  8  fr.  35  c. 


D.  Dans  quelle  proportion  la  production  a-t-elle  aug- 
menté on  diminué? 

R.  La  production,  comme  la  quantité,  sont  restées  à 
peu  de  chose  près  les  mêmes. 

21.  D.  La  formation  des  réserves  de  grains  dans  la 
grande  culture,  est-elle  aussi  importante  que  par  le 
passé? 

R.  Non. 

VIGNES,  VINS  ET  EAUX-DE -VIE. 

25.  D.  La  culture  de  la  vigne  a-t-elle  reçu  de  l'exten- 
sion depuis  trente  ans? 

R.  Oui;  du  double  h  peu  près.  Il  y  a  aujourd'hui  en 
Roussillon  de  50  à  60.000  hectares  en  vignes. 

D.  Quelles  modifications  a-t-elle  subies,  ei  quelles 
sont  lés  causes  de  ces  modifications? 

R.  Tous  les  travaux  de  la  vigne  se  font  aujourd'hui 
d'une  manière  plus  intelligente.  La  viticulture  est  la 
branche  agricole  qui  donne  les  meilleurs  revenus  aux 
propriétaires,  aussi  d'accessoire  qu'elle  était  dans  notre 
agriculture  est-elle  devenue,  depuis  quinze  ou  vingt  ans, 
l'industrie  principale  en  même  temps  que  la  plus  lucrative. 
La  moyenne  de  rendement  à  la  Ferme-École  par  hectare, 
dans  la  dernière  période  décennale,  est  de  âl  hectolitres; 
le  prix  de  revient  de  8  fr.  60;  le  prix  de  vente,  22  fr.  50. 


*57 


ENQUÊTE  PARLEMENTAIRE  SUR  t/AGRICULTBRE. 


MÉMOIRE  DE  M.  MÔRER, 

Professeur  au  Cotiége  de  Perpignan ,  Secrétaire  de  la  Section 

d'Agriculture. 


§  2.  —  Salaire.— Main-d'œuvre.  —  Personnel  agricole. 

7.  —  Les  conditions  d'existence  de  celle  partie  de  la 
population  (les  ouvriers  du  sol)  se  sont-elles  améliorées? 

Les  conditions  d'existence  de  celle  partie  de  la  popu- 
lation se  sont  notablement  améliorées;  mais  les  progrès 
accomplis  ne  figurent  pas  toujours  dans  la  balance  en 
faveur  de  l'actif.  S'il  y  a  augmentation  de  salaire,  il  y  a 
augmentation  de  besoins,  de  sorte  que  l'amélioration  se 
chiffre  rarement  en  recettes. 

Les  conditions  morales  ne  sont  pas  en  rapport  avec 
les  conditions  matérielles,  malgré  le,  développement  de 
l'instruction.  Cela  peut  provenir  de  la.  direction  donnée 
primitivement  à  cette  instruction,  et  du  manque  d'en- 
tente et  d'uuité  pour  l'application  des  questions  morales 
qui  s'y  rattachent. 

En  général,  tes  autorités  locales  et  autres  restent  trop 
étrangères  au  mouvement  intellectuel  qui  entraîne  notre 
époque.  Qoe  Ton  se  garde  de  l'ignorance,  le  plus  grand 
ennemi  de  l'homme;  mais  qu'on  ne  laisse  pas  aller  au 
hasard  renseignement. 

17 


458 

Pour  faire  rechercher  et  aimer  l'instruction,  il  faut 
avant  tout  entourer  de  considération  celui  qui  la  dispense. 
Mais  il  ne  faut  pas  pour  cela  se  payer  de  mots.  La  mai- 
son d'école  doit  devenir,  après  l'église,  le  plus  bel  établis- 
sement de  la  commune;  la  classe  fraîche  en  été,  chauffée 
en  hiver,  doit  attirer,  par  le  confortable,  les  élèves  le  jour, 
les  adultes  le  soir,  tous,  quelques  heures  le  dimanche  et  les 
jours  de  fêtes,  pour  se  livrer  il  quelques  lectures  substan- 
tielles et  morales  que  leur  offrira  la  bibliothèque  scolaire. 
On  pourra  se  promettre  alors  de  voir  la  famille  devenir 
peu  à  peu  l'auxiliaire  le  plus  utile  et  le  plus  intéressé  de 
l'école.  Retenu  un  peu  plus  au  milieu  des  siens,  le  chef 
de  lamille  ne  fréquentera  pas  si  assidûment  les  cabarets 
et  les  cafés.   Les  idées  d'économie  et  d'ordre  se  répan- 
dront insensiblement  dans  les  masses,  les  conditions 
d'existence  morale  s'amélioreront  alors,  et  en  réformant 
la  commune,  celle  petite  société,  vous  transformerez 
l'Empire,  cette  grande  société  française. 

S'est-il  produit  des  modifications  favorables  dans  la 
manière  dont  elle  est  nourrie,  vêtue,  logée? 

Elle  est  mieux  nourrie,  mieux  vêtue,  souvent  mieux 
logée. 

L instruction  primaire  est" elle  dirigée  dans  un  sens 
favorable  à  V agriculture? 

Oui,  en  général.  Les  élèves  des  écoles  normales 
apportent  dans  les  campagnes  les  connaissances  agri- 
coles qu'ils  ont  acquises  sous  la  direction  d'un  professeur 
éclairé,  et  répandent  insensiblement  les  bonnes  doctrines. 
Leur  influence  n'est  cependant  pas  assez  prononcée  pour 
se  faire  aisément  écouter  de  gens  routiniers  et  ignorants. 


-259 

Si  dans  chaque  chef- lieu  de  canton  s'élevait  un  établis- 
sement d'instruction  sérieuse,  on  pourra  il  y  faire  un 
cours  d'agriculture ,  qui ,  dans  beaucoup  de  localités,  ne 
tarderait  pas  à  être  fréquenté  par  les  adultes  et  peut-être 
par  les  hommes  faits.  Un  champ  d'expérimentations  vien- 
drait prouver  la  bonté  des  doctrines  et  des  procédés 
indiqués.  Au  milieu  des  campagnes,  répandus  sur  toute 
l'étendue  de  l'Empire,  ces  établissements  auraient  une 
influence  heureuse  qui  se  ferait  immédiatement  sentir 
partout. 

Quelle  est  son  influence  sur  le  choix  des  professions  ? 

L'instruction  primaire,  telle  qu'elle  est  encore  com- 
prise aujourd'hui,  influe  assez  sur  le  choix  d'une  profes- 
sion; mais  nous  n'oserions  affirmer  que  ce  soit  dans  un 
sens  favorable  à  l'agriculture. 

Le  jeune  élève  qui  a  un  peu  d'instruction  et  d'intelli- 
gence se  croit  déjà  un  personnage,  et  les  parents,  pour  peu 
qu'ils  le  puissent,  ne  trouvant  pas  k  la  campagne  ce  qui  est 
nécessaire  pour  développer  les  premiers  rudiments  chez  cet 
enfant  privilégié,  l'envoient  au  chef-lieu  du  déparlement 
acquérir  une  instruction  dont  il  n'aura  pas  souvent  besoin, 
et  qui  le  détournera  de  la  profession  qu'il  aurait  embrassée. 

S'il  doit  revenir  au  village,  il  s'y  décide  à  contre-cœur, 
et  pense  toujours  à  ces  plaisirs  de  la  ville  qu'il  a  entrevus 
et  dout  il  voudrait  jouir.  C'est  ainsi  que  les  enfants  du 
village  s'éloignent  de  leur  berceau,  et  abandonnent  les 
champs  pour  le  comptoir,  l'atelier,  l'administration  ou 
l'armée. 

Il  s'est  ainsi  établi  et  il  se  maintient  un  cercle  vicieux. 
Les  enfants  de  la  campagnent  quittent  le  foyer  paternel 


2f,0 

qui  ne  leur  offre  pas  ce  que  donnant  généralement  les 
villes  :  plaisirs  faciles,  loisirs  agréables,  travaux  moins 
pénibles  et  considération,  et  alors  l'agriculture  n'a  pas 
de  considération  réelle,  parce  que  ceux  qui  s'y  adonnent 
sont  relativement  les  ignorants. 

Nous  concluons  encore  que  les  grands  cenlrcs  des 
campagnes  devraient  posséder  une  instruction  complète, 
réelle,  pour  garder  leurs  enfants  dans  leur  sein. 

Les  conditions  physiques  des  parents  nf ont-elles  pas  m 
d'influence  sur  le  choix  des  professions?  (Question  ajoutée.) 

Les  conditions  physiques  des  parents  ne  sont  pas  étran- 
gères au  choix  des  professions.  Le  contact  trop  répété 
des  villes,  le  retour  a  la  campagne  de  jeunes  gens  qui 
ont  élé  envoyés  trop  tôt  au  chef-lieu  dont  ils  n'ont  rap- 
porté que  le  goût  des  plaisirs,  souvent  de  la  débauche, 
ont  eu  une  influence  délétère  sur  les  mœurs  des  villa- 
geois, et  nous  donnent  des  générations  où  se  comptent 
en  trop  grand  nombre  encore  les  rachitiques  et  les 
scrofuleux,  malgré  les  améliorations  très  sensibles  de  la 
vie  matérielle. 

Qu'arrive-l-il  alors?  Un  grand  nombre  de  jeunes  gens 
qui  n'ont  pas  la  force  de  tenir  la  pioche  et  de  conduire 
la  charrue,  ont  dû  être  forcément  éloignés  du  travail  des 
champs  pour  embrasser  une  profession  moins  pénible  et 
souvent  plus  lucrative,  de  sorte  que  la  partie  la  plus 
virile  de  la  population  rurale,  celle  que  les  conseils  de 
révision  prennent  de  préférence,  se  trouve  par  le  fait  la 
portion  deshéritée.  Les  rachitiques  et  les  scrofuleux  sont 
les  privilégiés.  Exempts  de  l'impôt  du  sang  et  du  pénible 
travail  du  sol,  à  eux  sont  encore  réservés  les  loisirs 


îfti 

agréables  et  les  salaires  élevés,  tandis  que  k  paysan 
sage  et  robuste  n'a  pour  lot  que  le  travail  de  la  terre 
et  un  salaire  moindre. 

Il  faut  donc  à  tout  prix  retenir  a  la  campagne  ceux 
qui  y  soat  nés,  et  Ton  ne  pourra  y  parvenir  qu'en  entou- 
rant de  considération  le  travail  des  champs,  en  relevant 
la  dignité  de  l'agriculteur  par  uue  instruction  solide 
donnée  au  sein  même  des  campagnes.  L'instruction  est 
aujourd'hui  le  plus  puissant  levier  pour  relever  le  sens 
moral  des  travailleurs  du  sol. 

Les  Sociétés  de  secours  mutuels  sont-elles  suffisamment 
répandues  dans  nos  campagnes? 

Les  Sociétés  île  secours  mutuels  ne  sont  pas  suffi- 
samment répandue*  dans  nos  campagnes.  On  n'en  com- 
prend pas  assez  l'utilité.  Ce  qui  s'oppose  a  leur  organi- 
sation, c'est  encore  leur  ignorance.  * 

Ce  qui  précède  présente  assez  le  tableau  des  campa- 
gnes. Comment  donc  espérer  qu'il  y  ait  une  initiative 
quelconque  vers  le  bien  dans  un  milieu  ignorant  et  par- 
lant indifférent.  Le  propriétaire  lui-même,  n'ayant  que 
de  très  vagues  notions  des  grandes  idées  de  solidarité  et 
d'association,  n'engage  pas  les  pajsaus  à  se  réunir  pour 
s'cotr'aitlor  et  se  secourir. 

Caisse  d'épargne  (Question  ajoutée). 

A  côté  des  Sociétés  de  secours  mutuels  devrait  partout 
s'élever  la  Caisse  d'épargne,  qui  ferait  bientôt  comprendre 
la  bonté  de  la  Caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse. 

Caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse  (Quest.  ajoutée). 


2&2 

Mais, que  penser  d'un  département  qui  ne  compte  pas 
dix  livrets  de  la  Caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse  <". 

C'est  cependant  aux  sociétés  de  secours  mutuels,  aux 
caisses  d'épargne  et  à  la  caisse  des  retraites  pour  la  vieil- 
lesse que  se  rattachent  les  grandes,  nobles  et  morales 
idées  d'association ,  d'économie  et  de  consolant  avenir 
d'où  naissent  les  vertus  qui  font  l'honnête  homme  et  le 
digne  citoyen.  • 

On  conclut  aisément  que  c'est  encore  à  l'ignorance  qu'il 
faut  attribuer  le  manque  d'extension  des  sociétés  de  se- 
cours mutuels,  des  caisses  d'épargne  et  des  idées  sur  la 
caisse  des  retraites.  C'est  à  l'instruction  bien  comprise  et 
sagement  développée  qu'est  réservée  le  soin  d'aider  puis- 
samment à  la  propagation  des  institutions  qui  devraient 
partout  dominer,  et  qui  donneraient  à  notre  société  tour- 
mentée la  sécurité  et  le  bonheur. 

L'assistance  publique  y  est -elle  convenablement  orga~ 
irisée? 

En  général,  l'assistance  publique  n'est  pas  convena- 
blement organisée  dans  nos  campagnes,  ou  plutôt  elle 
n'y  est  pas  organisée. 

À  quoi  attribuer  ce  manque  de  charité,  si  l'on  veut? 
Le  vrai  philanthrope  est  celui  qui  comprend  le  mieux 
ses  propres  intérêts.  En  faisant  le  bien  .et  toujours  le 
bien,  il  se  met  a  l'abri  des  entreprises  des  méchants, 
parce  qu'il  a  fait  autour  de  lui  une  société  de  bons.  S'il 
y  a  quelques  ingrats,  il  y  a  mille  cœurs  reconnaissants  : 
il  peut  dormir  tranquille,  sa  porte  est  gardée  par  ses 

(i)  Je  veux  dire  livrets  pris  volontairement. 


m 

bienfaits.  Instruisons  doue  pour  que  Ton  comprenne 
partout  que  l'intérêt  particulier  se  lié  intimement  à  l'in- 
térêt général,  et  que  lorsque  celui-ci  est  méconnu  le 
premier  doit  souffrir. 

S'est-il  opéré  des  changements  dans  l'état  moral  des 
ouvriers  de  la  campagne  ? 

Oui,  ils  soot .  en  général  travaillés  par  des  idées  qui 
les  poussent  vers  des  aspirations  inconnues,  peu  rassu- 
rantes pour  l'avenir,  si  on  ne  les  éclaire  pas  sur  leurs 
vrais  intérêts  et  sur  les  moyens  de  réaliser  les  désirs 
d'amélioration  de  toute  nature,  désirs  que  Ton  ne  peut 
condamner  s'ils  sont  raisonnables  et  si  les  moyens  de 
les  satisfaire  sont  avouables  et  légitimes. 

9.  —  Y  aurait-il  avantage  à  établir  la  faculté  du  livret 
pour  les  ouvriers  agricoles? 

Il  est  évident  qu'il  y  aurait  avantage;  mais  il  est  dou- 
teux qu'on  en  fit  un  long  usage. 

Pour  les  travailleurs  a  la  journée,  il  serait  impossible 
de  s'en  servir,  à  cause  du  changement  fréquent  de  pro- 
priétaire; quant  au  travailleur  à  gages,  on  trouverait  peu 
de  propriétaires  qui  consignassent  sur  le  livret  toutes  les 
observations  qu'ils  croiraient  devoir  faire. 

$  5.  —^  Animaux. 

Concours  d'animaux  (Question  ajoutée). 

La  Société  agricole  avait  formé  le  vœu  d'une  meilleure 
et  plus  rationnelle  organisation  des  concours  d'animaux 
(race  bovine),  et  de  voir  des  primes  en  animaux  étran- 


/ 


2fU 

gers,  propres  h  des  essais  qui  pourraient  devenir  fructueux, 
se  substituer  de  temps  en  temps  aux  primes  en  argent. 

Ne  serait-il  pas  utile  aussi  d'organiser  des  concours 
pour  les  autres  animaux  (  races  ovine,  porcine,  etc.)  ? 

On  pourrait  alors  se  livrer  sans  trop  de  dépenses  à 
l'éducation  de  toutes  nos  races  d'animaux  utiles  (  races 
chevaline,  bovine,  porcine,  etc.);  mais  d'une  manière 
modeste,  et  comme  il  convient  pour  des  animaux  élevés 
dans  nos  fermes.  Un  conrs  spécial  pourrait  être  organisé 
k  cet  effet,  où  la  pratique,  la  meilleure  des  démonstra- 
tions, viendrait  appuyer  constamment  la  théorie. 

II.  —  Circulation  des  produits  agricoles. 

36.  —  Quelles  facilités  et  quels  obstacles  rencontrent 
l'écoulement  et  le  placement  des  produits  agricoles  de  la 
contrée,  leur  circulation,  leur  transport? 

I^e  département  est  traité,  sur  le  Chemin  de  fer  du 
Midi,  avec  une  partialité  qu'on  ne  s'explique  pas. 

Il  paie,  pour  n'importe  quel  prodnit,  plus  cher  que  les 
autres  pays  de  production. 

Ainsi  les  vins  qui  nous  viennent  de  Cette  paient  7  cen- 
times par  tonne  et  par  kilomètre;  ceux  du  département 
pour  Cette,  15  centimes. 

Les  farines  et  farineux  paient  sur  toutes  les  lignes  i 
et  5  centimes  par  tonne  et  par  kilomètre;  sur  le  Midi, 
8  centimes. 

Des  blés  partis  d'Argelès  (Pyrénées-Orientales)  pour 
Bayonne  payent  8. centimes  par  tonne  el  par  kilomètre; 
les  mêmes  blés  en  destination  d'Espagne  et  passant  par 
Bayonne,  4  centimes. 


265 

Nos  tins  voyagent  sur  ton  les  les  lignes  à  des  prix 
variant  entre  A  et  6  centimes  par  tonne  et  par  kilomètre. 
Les  vins  d'Espagne,  de  l'Aude  et  de  l'Héraut  jouissent 
du  même  avantage  sur  le  Midi;  le  vin  do  Koussillon  n'y 
peat  voyager  qu'au  prix  de  7  k  9  centimes. 

Les  fourrages  paient  sur  tontes  les  lignes  de  25  à  30 
centimes  par  wagon  et  par  kilomètre;  même  prix  sur  le 
Midi,  de  Tartes  en  Espagne.  Les  fourrages  do  Roussillon 
paient  40  centimes,  par  wagon  et  par  kilomètre. 

III.  —  Capitaux.  Moyens  de  crédit. 

40. —  Les  propriétaires  de  biens  ruraux  ou  ceux  qui 
les  exploitent  possèdent-ils  des  capitaux  suffisants  pour  les 
besoins  de  la  culture,  le  perfectionnement  des  procédés  et 
l'amélioration  des  terres? 

S'il  n'eu  est  pas  ainsi,  comment  pcnvciit-ih  se  procura* 
ces  capitaux?  Quelles  facilités  ou  quels  obstacles  rencon- 
trent-ils à  cet  égard? 

On  peut  diviser  en  quatre  catégories  les  propritaires 
de  biens  ruraux  et  ceux  qui  les  exploitent  : 

1°  Propriétaires  exploitants  et  possédant  assez  de  capi- 
taux pour  leur  exploitation. 

Quelques-uns,  comprenant  que  le  meilleur  placement 
de  leurs  capitaux  est  l'amélioration  d*  sol,  les  consa- 
crent aux  besoins  de  la  culture,  au  perfectionnement  des 
procédés;  mais  leur  instruction  agricole  étant  plus  routi- 
nière que  scientifique,  l'initiative  qu'on  doit  attendre  de 
leur  part  ne  se  fait  presque  pas  sentir.  Leur  nombre  est 
d'ailleurs  très  limité,  et  l'indifférence  des  autres  nuit 
d'une  manière  sensible  à  l'agriculture. 


266 

2°  Les  propriétaires  exploitant  par  des  fermiers. 

Ne  demandant  que  le  prix  d'affermé,  sans  s'enquérir 
s'ils  pourraient  l'élever  par  des  améliorations  réelles 
auxquelles  ils  intéresseraient  leurs  fermiers,  cette  seconde 
catégorie  de  propriétaires  consacre  à  autre  chose  qu'aux 
besoins  de  la  culture  les  capitaux  don!  elle  peut  disposer. 

Un  grand  nombre  de  ceu*-là  peut-être  qui  désireraient 
se  livrer  à  des  amélioration»,  se  trouvent  arrêtés  par  le 
manque  de  capitaux,  et,  lorsqu'ils  ne  peuvent  s'empêcher 
d'emprunter,  ils  s'adressent  aux  sources  ordinaires  de 
crédit,  c'est-à-dire  anx  notaires  qui,  dans  notre  dépar- 
tement, sont  les  intermédiaires  entre  le  prêteur  et  l'em- 
prunteur. L'hypothèque  est  la  conséquence  obligée  de  ce 
mode  d'emprunt,  ce  qui  est  assez  naturel  pour  garantir 
la  sûreté  du  prêt  ;  mais  comme  ces  emprunts  sont  faits 
pour  des  termes  très  limités,  ils  obligent  à  en  contracter 
de  nouveaux,  et  conduisent  ainsi  à  exagérer  d'une  ma- 
nière ruineuse  le  taux  de  l'intérêt. 

3ft  Petits  propriétaires  exploitant  leurs  terres. 

Les  petits  propriétaires,  à  la  fois  dirigeant  et  exploitant 
eux-mêmes  en  tenant  le  manche  de  la  charrue,  n'ont  pas  en 
général  assez  de  capitaux  pour  leur  exploitation.  Comme  la 
catégorie  précédente,  ils  recourent  aux  mêmes  prêteurs,  et 
se  ruinent  par  les  emprunts  successifs  qu'ils  sont  obligés 
de  contracter  pour  faire  face  a  leurs  engagements. 

4°  Fermiers. 

Les  fermiers  forment  la  dernière  catégorie  des  exploi- 
tants du  sol.  A  peu  d'exceptions  près,  ils  ne  possèdent  pas 
les  capitaux  suflisants  pour  les  besoins  de  la  culture,  ils 
ne  peuvent  donc  pas  se  livrer  au  perfectionnement  des 
procédés  et  à  l'amélioration  des  terres. 


267 

Pourquoi  d'ailleurs  ajnélioreraienl-ils?  Sont-ils  sûrs  de 
jouir  de  leurs  améliorations?  Un  concurrent  vient  offrir 
une  légère  augmentation  d'afierme,  el  il  e*t  généralement 
accepté.  Aussi  au  lieu  de  s'améliorer,  les  exploitations 
affermées  s'appauvrissent,  car  les  fermiers  n'ont  qu'un 
bot,  retirer  tout  ce  qu'ils  peuvent  d'un  terrain  qu'ils 
quitteront  demain,  et  auquel  ils  se  gardent  de  confier 
des  germes  de  prospérité  pour  l'avenir. 

Ainsi  donc  tous  ceux  qui  sont  obligés  de  recourir  a 
l'emprunt  s'adressent  aux  sources  les  plus  onéreuses. 
Ils  ignorent  presque  tous  quelles  sont  les  institutions  de 
crédit  qui  pourraient  leur  venir  en  aide.  Sauraient- ils 
cependant  que  le  Crédit  foncier  a  eu  pour  but  principal 
d'aider  l'agriculture,  ils  ne  peuvent  s'adresser  à  lui  tant 
sont  grandes  les  difficultés  pour  coutraéter  un  emprunt. 
On  croirait  que  ces  difficultés  ont  été  crées  à  plaisir 
pour  éloigner  la  petite  propriété  de  cette  source  de 
crédit. 

La  petite  propriété  se  trouve  ainsi  par  le  fait  toujours 
sacrifiée.  Le  gouvernement  a  tout  intérêt  à  mettre  a  la 
portée  de  tous  une  grande  institution  de  crédit  national, 
soit  en  réorganisant  le  Crédit  foncier,  soit  en  créant  une 
institution  nouvelle. 

IV.  —  Législation.  Règlements. 

43. —  Quelle  influence  le  développement  el  la  prospérité 
de  V industrie  exercent-ils  sur  V agriculture? 

Le  développement  et  la  prospérité  de  l'industrie  ne 
peuvent  qu'être  favorables  à  l'agriculture,  pourvu  que 
l'agriculture  soit  considérée  comme  la  première  et  la  plus 


/ 


268 

importante  des  industries.  C'est  elle  qui,  par  les  octrois, 
fouroit  seule  à  l'amélioration  des  villes,  c'est-à-dire 
qu'elle  donne  à  pleines  mains  à  l'industrie  le  soin  de  se 
développer  et  souvent  de  lui  nuire  ;  car  l'industrie 
demande  constamment  aux  villes  des  améliorations  qui 
lui  permettent  de  se  montrer  aussi  luxueusement  que 
possible,  et  c'est  aux  octrois  que  s'adressent  les  villes 
pour  répondre  aux  désirs  de  l'industrie. 

V. — Traités  de  commerce. 

44.  —  Quelle  action  ont  pu  exercer  les  divers  traités  de 
commerce  au  point  de  vue  du  placement,  des  prix  de  vente 
et  des  débouchés  extérieurs  des  divers  produits  agricoles? 

L'action  qu'ont  pu  exercer  les  divers  traités  de  com- 
merce au  point  de  vue  du  placement,  des  prix  de  vente 
et  des  débouchés  extérieurs  des  divers;  produits  agricoles 
a  été  très  sensible  dans  notre  département. 

Nos  vins,  celle  industrie  de  premier  ordre  pour  nous, 
se  sont  vus  sacrifiés  sur  les  marchés  français  par  l'entrée 
en  franchise  'des  vins  étrangers  dosés  à  un  haut  degré 
d'alcoolisation.  La  loi  de  1869  est  heureusement  venue 
mettre  un  terme  à  cet  étal  de  choses. 

Quant  aux  marchés  étrangers,  nos  vins  ont  été  arrêtés 
par  les  droits  excessifs  dont  ils  sont  encore  frappés  aux 
frontières. 

Pour  laisser  divers  autres  produits  circuler  librement, 
on  a  surchargé  les  vins  qui  auraient  du  être  considérés 
au  contraire  comme  objet  de  première  nécessité,  et  jouir, 
à  cause  de  cela,  d'une  liberté  pleine  et  entière. 

Ces  droils  frappent  même  nos  vins  sur  les  marchés 


269 

intérieurs  français,  chose  qui*  serait  inexplicable,  si 
Ton  ne  savait  que  relativement  aux  octrois,  les  villes 
sont  forcées  d'imposer  toujours  les  produits  agricoles. 

Nos  fruits  n'ont  pas  souffert  puisqu'ils  sont  tous  on 
presque  tous  consommés  en  France. 

Les  laines  ont  ôh  supporter  une  dépréciation  trop 
sensible  par  suite  de  l'admission  en  franchise  des  laines 
étrangères.  Celte  dépréciation  n'a  pas  peu  contribué  à  la 
diminution  des  troupeaux. 

Deux  autres  causes  ont  peut-être  été  plus  détermi- 
nantes pour  cette  diminution  des  troupeaux  :  l'extension 
de  la  vigne  qui  envahit  les  terroirs  propres  k  l'engrais- 
sement, et  l'insouciance  de  nos  agriculteurs  qui  ne  se 
sont  pas  aperçus  assez  à  temps  et  ne  s'aperçoivent  pas 
encore  assez  que  les  troupeaux  &  viande  compensent 
largement  la  perte  des  troupeaux  à  laine  partout  où 
l'engraissement  peut  facilement  s'opérer. 

Les  fers,  surtout  ceux  qui  provenaient  de  nos  forges 
a  la  catalane,  sont  complètement  tombés  par  suite  de 
l'introduction  des  fers  étrangers,  contre  lesquels  sont 
maintenant  appelés  à  lutter  nos  bauts-fourneaux. 

Les  céréales  ne  promettent  plus  au  propriétaire  une 
rémunération  suffisante,  et  cependant,  malgré  l'introduc- 
tion continue  des  -farines  et  des  blés  étrangers,  le  prix 
du  pain  se  maintient  toujours  à  un  prix  relativement 
trop  élevé. 

Est-ce  à  dire  que,  parce  qu'au  premier  abord  les  traités 
de  commerce  semblent  nous  avoir  été  plus  défavorables 
qu'utiles,  il  faille  les  dénoncer  ou  tout  au  moins  demander 
des  modifications  dans  le  sens  restrictif  de  la  liberté? 
Je  ne  le  pense  pas.  Au  contraire  :  que  la  liberté  corn- 


ili) 

raercialc  devienne  réellement  le  libre-échange,  c'esl-a-dire 
réciproque;  que  les  droits  d'octroi  disparaissent  ou  s'abais- 
sent au  point  de  devenir  presque  illusoires  en  s'étendant 
aussi  aux  produits  de  l'industrie,  ce  qui  permettra  d'ob- 
tenir alors  les  mêmes  résultats  pour  les  villes;  que  Jes 
droits  sur  les  alcools  soient  insignifiants,  et  alors  nos 
vins  pourront  lutter  avantageusement  sur  les  marchés 
français  et  étrangers,  et  la  richesse  publique  s'accroîtra 
dans  notre  déparlement,  comme  elle  s'est  accrue 'chez 
nos  voisins  de  l'Aude  et  de  l'Hérault. 

L'aisance  chassera  peu  à  peu  l'ignorance.  Les  troupeaux 
2i  viande  remplaceront  rapidement  les  troupeaux  à  laine; 
les  produits  de  nos  hauts-fourneaux  surpasseront  ceux  de 
nos  anciennes  forges,  et  la  dépréciation  de  nos  charbons 
sera  largement  compensée  par  le  maintien  ou  l'accroisse- 
ment des  bois  de  tonnellerie  donnant  de  beaux  produits. 

On  ne  s'apercevra  pas  du  prix  relativement  élevé  du 
pain,  car  l'équilibre  nécessaire  se  rétablira  par  la  liberté 
de  la  boulangerie  dont  on  comprendra  plus  tard  l'utilité. 

45. —  Quelle  influence  ces  mêmes  traités  ont-ils  pu  avoir 
sur  les  prix  de  vente  et  de  location  des  terres  qui  sont  à 
portée  de  profiter  des  nouveaux  débouchés  extérieurs  qu'ils 
ont  créés? 

Les  terres  ont  augmenté  de  valeur  d'une  manière  sen- 
sible; les  prix  de  fermage  également. 

46.  —  Quel  a  été  l'effet  de  ces  traités  sur  l'importation 
étrangère  et  par  suite  sur  le  prix  de  revient  des  matières 
premières  servant  à  l'agriculture^  notamment  les  fers  et 
par  suite  les  machines  agricoles  et  les  instruments  ara- 


211 

foires,  les  engrais  ou  autres  substances  servant  à  l'amen- 
dement des  terres,  les  étoffes  et  les  vêtements,  etc.? 

Les  traité»  de  commerce  n'ont  pas  énormément  con- 
tribué k  rabaissement  des  prix  de  certaines  matières. 
Cependant  les  prix  des  fers  étrangers  on!  favorisé  l'ex- 
tension des  instruments  aratoires;  les  engrais  artificiels 
se  multiplient;  les  étoffes  et  les  vêtements,  même  les 
étoffes  de  laine,  deviennent  d'un  emploi  général  par  une 
assez  grande  diminution  des  prix. 

VI.  —  Questions  générales. 

47.  —  Quelles  sont  dans  la  législation  civile  et  générale, 
et  dans  les  traités  existants,  les  points  auxquels  il  parai- 
trait  y  avoir  lieu  d'apporter  des  modifications  dans  Vin* 
ter  et  de  l 'agriculture \f 

Il  conviendrait  de  simplifier  toutes  les  procédures,  et 
surtout  de  diminuer  les  frais  de  droits  de  succession, 
qui  ne  devraient  être  payés  que  sur  l'actif  net  de  la  soc- 
cession;  d'introduire  un  jury  auprès  du  juge  de  paix 
pour  toutes  les  questions  qui  en  seraient  susceptibles.  ' 

48.  —  Quels  sont  dans  la  législation  fiscale  et  les  tarifs 
de  douane  les  points  auxquels  il  y  aurait  lieu  d'apporter 
des  modifications  dans  l'intérêt  de  V agriculture? 

Le  gouvernement  devrait  faire  tous  ses  efforts  pour 
rendre  la  législation  fiscale  moins  exigeante,  moins  tracas- 
sière,  moins  vexatoire. 

Quant  aux  tarifs  de  douane,  il  est  bon  qu'on  les  abaisse 
progressivement,  jusqu'à  ce  qu'on  les  supprime  tout-à-»ait. 

49. —  Quelles  sont  les  autres  causes  qui  ont  pu  influer 


272 

dans  un  *ens  favorable  ou  nuisible  sur  la  prospérité 
agricole? 

Le  Crédit  foacier  était  appelé  à  relever  l'agriculture  de 
son  état  d'abaissement  où  la  tiennent  les  emprunts  pins 
on  moins  usuraires  qu'ette  est  -obligée  de  contracter. 
Mais  celte  belle  institution.,  sur  laquelle  on  fondait  tant 
d'espérances,  a  été déviée  de  son  but.  La  grande  propriété 
peut  seule  s'adresser  à  elle;  la  petite  propriété,  la  plus 
intéressante,  la  plus  nombreuse,  en  est  éloignée  par  suite 
des  difficultés  sans  nombre,  des  frais  extraordinaires 
qu'entraine  le  moindre  emprunt. 

Toutes  les  grandes  idées  sont  paralysées  en  France 
par  cette  tendance  funeste  qiie  nous  avons  à  tout  niveler. 
Un  grand  propriétaire  emprunte  100.000  fr.,  un  inspec- 
teur est  chargé  de  vériGer,  de  contrôler  toutes  les  don- 
nées du  propriétaire,  de  visiter  les  immeubles  qui  doivent 
être  hypothéqués  :  ce  sont  là  des  frais  assez  considérables 
i  la  charge  de  l'emprunteur;  un  petit  propriétaire  veut 
emprunter  2.000  fr.,  ce  sent  à  peu  près  les  mômes  frais. 
Voilà  où  est  Tabsorde. 

Mais  ce  qui  influe  surtout  d'une  manière  nuisible  sur 
la  prospérité  agricole,  c'est  toujours  le  manque  d'instruc- 
tion générale.  L'ignorance  est  la  lèpre  de  tous  les  temps, 
mais  plus  encore  de  notre  siècle.  Notre  enseignement  à 
tous  les  degrés  est  inférieur  à  celui  de  nos  voisins  du 
Nord  et  de  l'Est  :  l'Angleterre,  la  Belgique,  la  Hollande, 
la  Suisse,  surtout  l'Allemagne.  Cette  infériorité  dépend  de 
l'école  primaire.  Si  les  écoles  élémentaires  étaient  forte- 
ment organisées,  leur  programme  serait  mieux  étudié, 
les  élèves  arriveraient  dans  les  établissements  secondaires 
mieux  préparés  et  en  sortiraient  plus  capables  et  plus 


J 


273 

aptes  2i  recevoir  un  enseignement  supérieur  plus  sérieux 
et  répondant  k  la  place  que  la  France  doit  occuper  dans 
le  monde,  surtout  au  point  de  vue  intellectuel  et  moral. 

N'est-il  pas  honteux  pour  notre  pays  de  voir  des  cours 
de  ferme  et  des  écuries  mieux  appropriées,  plus  propres, 
mieux  disposées  que  les1  écoles  appelées  à  recevoir  nos 
enfants.  Quand  je  passe  devant  le  splendide  établissement 
des  Haras,  je  me  demande  si  la  race  chevaline  est  supé- 
rieure à  la  race  humaine?  Je  me  demande  s'il  est  plus 
utile  d'élever  de  beaux  édifices  pour  se  livrer  à  une  édu- 
cation luxueuse,  dont  on  a  contesté  ailleurs  les  résul- 
tats et  que  Ton  a  abandonnée,,  que  d'entourer  de  soins, 
d'intérêt  et  de  sympathies  les  établissements  destinés  à 
l'éducation  de  nos  enfants,  appelés  à  devenir  des  hommes. 

Que  faut-il  pour  qu'il  en  soit  autrement?  Le  vouloir. 

Le  jour  où  Ton  étudiera  sérieusement  et  sympathique- 
ment  cette  grave  et  grande  question  de  l'éducation,  tout 
changera,  tout  s'élèvera,  parce  que  f'école  occupera  la 
première  placé  dans  le  concret  de  nos  institutions  natio- 
nales. 


•  •  • 


18 


276 

32.  —  fjes  existences  des  bois  de  service  tendent-elles  à 
s'augmenter  ou  à  s'amoindrit? 

He  serail+il  pué  utile,  même  nécessaire,  que  les  forêts 
de  l9État\  partout  otï  le  sol  le  permet,  fussent  converties 
en  haute  futaie  pour  ne  pas  se  trouver  un  jour  dans  la 
dépendance  de  l'étranger  pour  des  bois  d'oeuvre  ? 

Il  est  indispensable  que  l'État,  qui  peut,  sans  compro- 
mettre sa  situatioo  capitaliser  certains  revenus,  conver- 
tisse eu  haute  futaie  la  plus  grande  partie  de  ses  forêts. 
Il  pourrait  ainsi  s'affranchir  totalement  de  la  dépendance 
de  l'étranger,  dont  il  a  toujours  été  tributaire  à  de  très 
onéreuses  conditions. 

33.  —  Quelle  influence  ont  exercée  sur  les  produits 
forestiers  : 

i°  Im  substitution  du  fer  au  bois  pour  la  charpente? 

2°  La  substitution  de  la  houille  au  bois,  tant  pour 
l'usage  domestique  que  pour  les  besoins  de  V industrie, 
notamment  des  hauts-fourneaux? 

i°  La  substitution  du  fer  au  bois  n'a  pas  produit  un 
effet  sensible  sur  le  prix  des  bois  de  charpente,  mais 
elle  a  amené  une  dépréciation  sur  fe  bois  feuillard,  em- 
ployé dans  la  tonnellerie. 

2°  L'inauguration  des  hauts- fou  maux,  dont  le  fonc- 
tionnement exige,  en  grande  partie,  l'emploi  de  la  houille, 
a  causé  le  chômage  de  presque  toutes  les  forges  dites 
catalanes,  très  nombreuses  dans  le  Midi  de  la  France, 
principalement  dans  l'Ariége  et  dans  les  Pyrénées- 
Orientales.  Elle  a  eu  pour  résultat  l'avilissement  du  prix 
des  charbons  de  bois,  seul  combustible  de  ce  mode  de 
fabrication  dtf  fer. 


217 

34.  —  Le  régime  économique  inauguré  par  les  traités 
de  commerce  est-il  cause  de  la  dépréciation  partielle  du 
sol  forestier,  si  elle  existe  ? 

Le  régime  économique  inauguré  par  les  traités  de 
commerce,  en  facilitant  l'importation  des  fers  étrangers, 
a  rendu  très  précaire  la  situation  des  forges  en  France. 
Il  a  accru  par  conséquent  la  diminution  du  prix  des 
charbons  de  bois.  Ce  produit  forestier  subit  aujourd'hui 
une  réduction  des  '/»  dans  le  chiffre  auquel  son  cours 
était  étabK  antérieurement  aux  traités  de  commerce. 

38.  —  Les  traités  de  commerce  ont-ils  porté  atteinte  à 
la  valeur  des  bois,  à  celle  de  leurs  produits  résineux  cl 
de  leurs  écorces  ? 

Les  traités  de  commerce,  dans  la  région  qui  nous 
occupe,  n'ont  pas  porté  d'atteinte  sensible  à  la  valeur 
des  bois  ni  des  écorces.  Celles  d'yeuse,  ou  chêne-vert, 
sont  utilisées  dans  le  pays  pour  les  tanneries,  qui  doi- 
vent déjà  réclamer  de  l'Algérie  un  important  tribut. 

Le  liège  n'a  pas  subi  de  grandes  variations. 

QoaBt  aux  produits  résineux,  l'extraction  n'en  est  pas 
pratiquée  dans  le  pays,  et  leur  consommation  est  sans 
importance. 

Observations. 

Par  des  circonstances  exceptionnelles  dues  à  la  situa- 
tion troublée  par  la  politique,  l'Espagne,  depuis  trois  ou 
quatre  ans,  a  dû  faire  dans  notre  département  des  achats 
assez  considérables  de  merrains  et  de  bois  feuiHard  pour 
servir  au  transport  de  ses  vins,  assez  abondants  dans 
celte  dernière  période,  et  pour  les  expéditions  desquels  ses 
ressources  forestières  étaient  insuffisantes  ou  inexploitées. 


-278 

Dans  l'année  1869  le  chiffre  de  l'exportation  pour  nos 
voisins  fournie  parle  déparlement  des  Pyrénées-Orientales, 
s'est  élevée  à  100.000  merrains  et  à  120.000  pièces  de  bois 
fçuiUard.  Dans  Tannée  1870,  le  chiffre  n'a  été  jusqu'au- 
jourd'hui que  dp  56.000  merrains  et  de  450.000  pièces  de 
bois  feuillard. 

L'Amérique;  qui  exportait  h  destination  de  France  une 
quantité  considérable  de  bois  de  fente  et  de  construction 
(chêne),  9  employé  en  1869  pour  les  besoins  do  commerce 
de  ses  produits  résineux  et  de  son  pétrole,  une  quantité 
de  bois  dont  le  prix  s'est  élevé  &  vingt-cinq  millions  de 
francs.  Cette  consommation ,  qui  ne  peut  tendre  qu'à 
augmenter,  doit  faire  présager  l'arrêt  prochain  de  toute 
provenance  des  bois  de  cette  contrée. 

L'attention  du  gouvernement  français  devrait  être  fixée 
sur  les  moyens  à  employer  pour  faire  face,  par  nos  pro- 
pres ressources,  à  ce  déficit  important. 

La  création  de  roules  et  chemins,  pour  atteindre  ce  but, 
serait  d'autant  plus  efficace  que  l'Etat  ne  peut  en  quelque 
sorte  tirer  aucun  parti  de  ses  propres  richesses,  et  que, 
faute  de  moyens  d'extraction,  des  arbres  d'une  fort  belle 
venue  doivent  souvent  être  sacrifiés  pour  du  charbon  ou 
vendus  à  vil  prix,  ainsi  que  Palteste  l'enchère  qui  a  eu 
lieu  en  1869  pour  la  vente  de  180  pins  de  la  forêt  de 
Balatg  (Pyrénées-Orientales),  vendus  ensemble  670  fr.,  soit 
3  fr.  75  c.  environ  le  pied.  Un  taillis  de  chênes  de  la  forêt 
de  Velmanya,  âgé  de  25  ans,  d'une  étendue  à  peu  près  de 
6  hectares,  a  été  vendu  300  fr.,  chiffre  qui  réduit  à  50  fr. 
le  prix  de  la  superficie  à  l'hectare,  soit  un,  revenu  de  .2  fr. 
par  an,  ce  qui,  déduction  faite  des  frais  de  I?  conservation 
et  du  prix  de  l'intérêt  du  sol,  constitue  pQur  l'Etat  une 
propriété  très  onéreuse. 


279 


PREMIÈRE  SATIRE  D'HORACE. 


■  ■    i  i  ■  i  ■ 


TRADUCTION 

DE  BL  LOUIS  FABRE, 

Secrétaire  général  de  la  Société. 


Cher  Mécène,  d'où  vient  qu'on  ne  trouve  personne 
Satisfait  de  l'état  que  le  hasard  lui  donne. 
Ou  bien  que  de  lui-même  à  son  choix  il  a  pris; 
Personne  qui  ne  soit  d'un  autre  sort  épris  ? 
«  0  bienheureux  marchand!  *  dit,  courbé  sous  les  armes. 
Le  soldat,  tout  brisé  de  fatigue  et  d'alarmes  ; 
A  son  tour  le  marchand,  quand  Pauster  révolté, 
Assiège  le  navire  en  tout  sens  balotté, 
Dit  :  c  Heureux  le  soldat!  car  enfin  vers  la  gloire 
Il  s'élance  joyeux  ;  la  mort  ou  la  victoire 
Dépendent  d'un  instant.  »  Le  légiste,  en  son  lit, 
Vante  le  laboureur,  quand  un  client  maudit 
Avant  le  chant  du  coq  vient  frapper  à  sa  porte,    * : 
Et  l'homme  qui  des  champs  à  Rome  se  transporte, 
Arraché  de  son  toit  pour  une  caution 
Qui  le  tient  engagé,  mettrait  sa  passion 
A  mener  dans  la  ville  une  existence  heureuse. 
De  tous  ces  mécontente  la  race  est  si  nombreuse 
Qu'elle  pourrait  lasser  le  bavard  Fabius. 
Pour  ne  point  t'arrèter  un  seul  instant  de  plus, 
Mécène,  écoute  bien  quel  but  je  me  propose  : 


2p0 

Si  quelque  Dieu  puissant  leur  disait,  je  suppose  : 
«  Je  veux,  dès  aujourd'hui,  vous  faire  à  tous  plaisir  ; 
Toi,  jusqu'ici  soldat,  au  gré  de  ton  désir* 
Tu  peux  être  marchand,  et  toi,  jurisconsulte,   ' 
De  Flore  et  de  Gérés  tu  vas  suivre  le  culte. 
Eh  bien  !  levez-vous  tous  !  échangez  donc  vos  lots  ! 
Quoi!  vous  ne  bougez  pas?  tous  gardez  le  repos?  » 
Nul  ne  veut  être  heureux  quand  la  chose  est  facile? 
Pourquoi  donc  Jupiter  de  colère  et  de  bile 
Aussitôt  tout  gonflé,  ne  leur  dit-il  :  «  Non,  non, 
N'espérez  pas  me  voir  désormais  assez  bon 
Pour  ouvrir  mon  oreille  à  de  pareils  caprices.  » 
Mais  laissons  de  côté  tous  ces*vains  artifices, 
Pour  ne  point  jusqu'au  bout  traiter  en  plaisantant 
Un  si  grave  sujet,  ne  peut-on  cependant 
Dire  la  vérité  même  avec  un  sourire, 
Comme  aux  petits  enfants  qu'ils  enseignent  à  lire 
Les  Magisters  adroits  prodiguent  des  bonbons 
Qui  les  rendent  soumis  aux  premières  leçons? 
Mais  parlons  gravement  et  sans  plaisanterie. 

Le  rude  campagnard  qui  consacre  sa  vie 
A  creuser  un  sillon  dans  un  terrain  ingrat, 
Le  tavernier  malin,  le  belliqueux  soldat, 
Le  hardi  matelot,  qui  court  la  mer  immense, 
Prétendent  travailler  par  simple  prévoyance, 
Afin  de  pouvoir,  vieux,  dégagés  de  tout  soin, 
Vivre  dans  le  repos  à  l'abri  du  besoin, 
Près  de  sacs  entassés  dans  un  coffre  bien  ample, 
Ainsi  fait  la  fourmi  qu'ils  prennent  pour  exemple. 

4 

Ce  petit  animal,  par  le  travail  si  grand, 
Entraîne  sans  répit  ce  que  partout  il  prend* 
Pour  ajouter  au  tas  qu'il  augmente  sans  cesse, 
Prévoyant  l'avenir  avec  zèle  et  sagesse. 


341 

Oui,  mais  quand  le  verseau  vient,  attrister  le*  jours, 
Et  que  l'an  révolu  recommence,  ^on  cours, 
La  fourmi  ne  sort  plus,  et  tranquille,  en  retraite, 
Savoure  sagement  la  moisson  qu'elle  a  faite  ; 
Tandis  que  les  frimas,  pi  l'été,  ni  l'hiver, 
Ni  le  feu  dévorant,  ni  l'hoinjjçide  fer, 
Rien  ne  peut  s'opposer  à  ton  avide  rage., 
Tant  qu'un  autre  en  richesse  a  sur  toi  l'avantage» 

Quel  plaisir  d'entasser  de  l'argent  et  de  l'or 
Sous  terre,  en  un  caveau  creusé  ppur.  ton  trésor, 
Loin  de  tous  les  regards,  par  ta  main  méfiante. 
Tu  crains  qu'en  y  touchant,  cette  somme  .attrayante 
Ne  se  réduise  à  rien?  Mais,  s'il  ne  te  sert  pas, 
D'un  argent  enfoui  quel  sera  donc  l'appas? 
Des  cent  mille  boisseaux  que  ton  aire  dépique, 
De  prendre  plus  que  moi  ton  ventre  on  vain  $e  pique  ; 
Et  si  valet  de  pied  sur  ton  dos  tu  portais  . 
Le  lourd  fardeau  du  pain,  certes  tu  nYii  aurais 
Pas  plus  qu'un  autre  esclave,  exempt  de  toute  charge, 
Et  quand  ton  appétit  est  tout  juste  aussi  large 
Que  le  veut  la  nature.  Eh  !  que  t'importe  à  toi 
De  labourer  dix  mille, ou  cent  arpens?  — r  Crois-y *oi,. 
11  est  doux  de  puiser  dans  un  ainps  immense, —t 
Pourvu  que  nous  ayons  le  droit  et  la  licemxv 
De  prendre  tout  autant  dans  un  coffre  d'osier*, 
Dois-tu  moins  le  louer  que  Ion  vaste  gre.nier? 
Comme  si  pour  avoir  une  cruche  d'eau  claire,  ,       ,., 
Ou  même  une  burette  au  logis  nécessaire,  ,. 
Tu  la  faisais  remplir  dans  un  fleuve  puissant, 
Plutôt  que  d'un  ruisseau  de  la  terre  naissant. 
Aussi  l'homme  imprudent,  de  l'excès  trop  avide, 
Est-il  avec  la  rive  entraîné  par  l'Aufide. 
Mais  qui  sur  ses  besoins  sait  régler  son  désir. 


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J 


D'une  onde  sans  limon  s'abreuve  avec  plaïsir, 
Et  ne  craint  point  la  mort  au  milieu  du  naufrage. 

Mais  des  hommes,  hélas  !  la  grande  part,  peu  sage, 
Que  trompent  le  mensonge  et  la  cupidité, 
Dit  :  c  Je  n'ai  pas  assez,  car  sur  la  quantité  '* 
Du  bien  que  chacun  a,  l'on  mesure  l'estimé.  » 
De  s'abuser  aibài  leur  feréz-Vous  un  crime  ?    ~ 
Qu'ils  soient  donc  malheureux,  puisqu'il  leur  plait  ainsi  ! 
Comme  un  Athénien,  qui,  dit-on,  tout  farci  ' 
D'avarice  et  d'à'rgeht,  était  daris  rh&bittàde     : 
De  mépriser  les  cris',  de  fuir  la  multitude. 
«  Le  peuple,  disaïf-il,  me  siffle,  me  poursuit; 
Et  moi,  je  m'applaudis,  sitôt  que  loin  du  bruit 
Je  contemple  mon  or  bien  rangé  dans  mon  coffre.  * 
Tantale,  fou  de  soif,  veut  saisir  l'eau  qui  s'offre 
Et  qui  fuit  tnur  â  tour,  Tu  ris  ?  Change  le  nom  ; 
Tantale,  c'est  toi-môme,  il  te  sert  de  leçon, 
Sur  des  sacs  entassés  tu  dors,  la  bouché  ouverte, 
Comme  si  tu -devais,  pour  prévenir  leur  perte 
Garder  et  respecter  des  objets  consacrés 
Ou  réjouir  tes  yeux  de  tableaux  encadrés, 
Sais- tu  bien  d'un  écu  la  valeur  et  l'usage  ? 
Achètes-en  du  pain,  des  herbes  de  potage, 
Un  peu  de  vin,  auquel  tu  devras  ajouter 
Tous  ces  soins  rigoureux  dont  ne  peut  s'exempter 
Tout  mortel  ici-bas' sans  blesser  la  nature. 
Se  consumer  de  peur,  veiller  outré  mesure,  ' 
Et  la  nuit  et  le  jour,  redouter  les  voleurs1, 
Incendie  et  valets,  emportant  tes  valeurs  ; 
Voilà  ce  qui  te  plait  !  D'une  telle  fortune 
Pauvre,  j'éviterais  la  faveur  importune. 


888 

Niais  d'un  frisson  fiévreux,  si  ton  coq>s  *e  raidie 
Si  tout  autre  accident  te  fait  garder  te  M,  '    <    . 

Tu  dois  avoir  quelqu'un  qui  te  Veille,  qui  t'aldo* 
Appelle  un  médecin,  te  préparé  *n  aretnlède* 
Te  ranime,  et  te  rende  aux  tiens,  à  1cm.ii»  aeaoui!? 

..  ■         •  •. 

Non,  ta  femme  sans  pleurs  verrait  ton  dernier  jour, 
Et  tes  enfants  aussi:  Tes  voisias,  tout  l'aUBst&, 
Valets,  filles,  garçond,  oui,  chacun  te  déleste,    t 
Faut-il  donc  s'étonner,  lorsqu'à  ted  chers  éctts- 
Tu  ne  préfères  rien,  si  tu  ne  trouves  plus        » •    • 
Chez  personne  un  amour  dont  tu*  te  ilends  indigne  ? 
La  nature,  envers  toi  libérale  et  bénigne* 
T'a  donné  des  parents,  dtea  amis  :  «Si  tu  veux 
ïjn  agissant  ainsi  conserver  chacun-  d'eux,' 
Tu  t'abuses  autant 'que  l'insensé  qui  tente 
De  régler  d'un  ènon  la  course  pétulante. 
Cesse  enfin  d'amasser  !  Plus  riche  devenu,  ! 

Grains  moins  la  pauvreté.  Jouis  du  Tuveuw 
Que  tant  tu  désirais,  et  songe  à  là  retraite,  ■    • 

Ou  crains,  ô  malheureux! -qu'un  jour  «on  ne  te  traite 
(Le  récit  n'est  pas  long)  aSnsi  qu'Umidius, 
Riche,  qui  mesurait,  à  boisseaux  ses*  écus,  i 
.Mais  si  ladre,  dit-on,  qu'un  esclave  sordide 
Portait  auprès  du  sien,  un  vêtement  splendide. 
Il  craignit  de  mourir  de  misère  et  -de  feira 
Jusqu'à  son  dernier  jour.  Une  affranchie  enfin, . 
Tigresse  au  cœur  de  fer,  terrible  Tyndaride, 
Le  coupa  net  en  deux  d'une  hache  homicide. — 

Que  me  conseilles-tu  ?  D'imiter  Mœnius. 
De  vivre  en  débauché,  comme  Nomentanus?  — 
Tu  vas  ainsi  tomber  dans  un  excès  contraire; 
Mais  quand  je  te  défends  de  faire  maigre  chère. 


I» 


Î84 

Je  ne  t'impose  pas  de  minent  festins. 
Bien  loin  de  Tanaïs,  la  fleur  des  libertins, 
Est  de  Visellius  le  trop  ladre  beau-père. 
En  toute  chose  enfin  il  faut  qu'on  se  modère  ; 
D  est  certaine  borne.  En  tout  sens  au-delà 
Ce  qu'on  appelle  bien  jamais  ne  se  trouva. 

Je  reviens  à  ma  thèse  !  Oui,  pas  plus  que  l'avare 
Personne  n'est  content  ;  chacun  même  déclare 
Tous  les  autres  états  plus  heureux  que  le  sien  : 
Qui  ne  sèche  d'envie,  en  remarquant  combien 
La  chèvre  du  voisin  en  lait  est  plus  féconde  ? 
Aux  plus  pauvres  que  soi,  dont  l'univers  abonde, 
Qui  jamais  se  compare,  et  ne  travaille  afin 
De  l'emporter  sur  l'un,  puis  su*  l'autre,  et,  sans  fin? 
Uï\  plus  riche  toujours  devant  vos  pas  se  dresse. 
Ainsi,  lorsque  des  chars,  conduits  avec  adresse, 
S'élancent  dans  la  lice,  on  voit  chaque  'cocher, 
Poursuivre  son  vainqueur,  à  lui  seul  s'attacher, 
Et  dédaigner  tous  ceux  qu'il  a  laissés  derrière. 
Aussi,  bien  rarement,  dans  l'humaine  carrière, 
Rencontre-t-on  quelqu'un  disant  :  Je  fus  heureux  ; 
Quelqu'un  qui,  satisfait  du  succès  de  ses  vœux, 
Comme  d'un  bon  repas  sorte  de  cette  vie. 
Mais  c'est  assez  :  Craignant  qu'il  ne  vous  prenne  envie 
De  m'accuser  d'avoir  du  chassieux  Crispus 
Compilé  les  papiers,  je  ne  dis  rien  de  plus. 


»  •  '  » 


GUILLAUME  DE  CABESTANY 


i      /    i 


opéra  coMwm  m  tm  acte 


Paroles  de  M.  J.  MERCADIER,  membre  résidât  jM 
Musique  de  M.  Joseph  COLL. 


PERSONNAGES  : 


GUILLAUME  ife*  bÂBÈSTANV,"  troubadour. 
LE  COMTE  RAYMOND,  seigneur  dç  Rusciop. 
DON  BELPAS,  parent  du  comte  Raymond. 
GUILLELMINE,  fille  du  comte  Raymond. 
INÈS,  amie  de  Guillelmine. 

PAYSANS  ET  PAYSANNES  CATALANS. 

SOLDAT&;      '      ••••-'»»' •     ' 


ii»  i      \     ••     •» 


I      .      »         * 


•  *1 


GUILLAUME  DE  CABESTANY. 


II.   Il    H  |l 


~! 


La  scène  est  au  parc  du  castel  Raussillon ,  dans  le  treizième  siècle. 
Au  lever  du  rideau,  une  troupe  de  paysans  et  de  paysaùnes  achèvent 
de  dresser  un  arc  de  triomphe.  J  '  *  -    * 


SCÈNE  PREMIÈRE. 

* 

le  ghœur; 
Semons  des  fleurs  sur  son  passage, 
Et  célébrons  en  ce  beau  jour, 

L'heureux  retour 
Du  guerrier  vaillant  et  sage: 
Il  est  digne  de  notre  hommage; 
Il  est  digne  de  notre  amour. 

SCÈNE  II.         '     x  '  '    " 

DON   BtTLPAS.  ■'    '    ■• 

Bourgeois,  artisans,  paysans  et  manants,  je  suis  content  de 
vous...  (à  part:  et  de  moi..*)  Vous  avez  bravement  dévasté 
les  jardins  des  alentours,  rossé  les  £çrmiers,  et  emporté,  sous 
leurs  yeux,  les  plus  belles  fleurs,  pour  ériger  un  arc  de 


*     *  ♦  i 


288 

triomphe  en  l'honneur  de  votre  seigneur  et  maître,  le  comte 
Raymond,  dont  je  vais  devenir  le  gendre  ;  car,  j'aime  la  noble 
et  belle  Guillelmine,  mon  adorable  cousine,  et  je  puis  me 

flatterd'erpfj^;];-.     j,j      J  /   ./    j     ;   ;   . 

Le  Comte  arrive  aujourd'hui  de  la  Palestine,  où  il  s'est 
couvert  de  gloire.  Dès  qu'il  paraîtra,  vous  chanterez  cette 
chanson  qu'il  aimait  tant. 

Si  vous  ne  voulez  pas  être  rossés  à  votre  tour,  tâchez  de 
chanter  avec  accord,  sinon  je  battrai  la  mesure  sur  votre  dos 
avec  ma  rapière.    , 

Attention  ;  je  vais  commencer. 

Montagne  fortunée,  j  le  chœur. 

A  la  robe  de  fleur  )         bis. 


Et  d'argent  couronnée, 
Que  j'aime  tes  splendeurs 


•s!  ) 


id. 


îd.. 


Adieu,  chère  montagne  ;    . .  \ 
Adieu,  ma  Léon<or$  ) 

Adieu;  doticë  compagne  r      ) 

Vous  revcfrrai-jë  fcndôr?'      $ 

■       ■ 

SCÈNE  III. 
Les  mèites,  GÛfLLAUME. 

.    '  :      i 

GUILLAUME   («ta  fond  de  la  icène), 

Chantez,  amis,  chante^  encore; 
Chantez,  vos  accents  sont  si  doux  ! 
Chantez  là  chanèori  que  j'adore  : 
Je  veux  la  chanter  avec  vous. 

BON  BE1PAS. 

la  peste  soit  de  l'homme! 
'  C'est  Guillaume, 
Jecrôi!... 


289 

GUILLAUME  (t'tviiKUt). 

Oui,  c'est  moi. 
Mais  bientôt  va  paraître 
Votre  maître, 
Dont  chacun  chérit  la  loi. 
Nous  avons  visité  les  lieux  où  naît  l'aurore, 
Les  cités  du  poète-roi, 
Le  Thabor,  que  le  soleil  dore, 
Et  le  saint  temple  où  Ton  adore 
Celui  qui  nous  porta  la  foi. 

LE  CHŒUR. 

Ciel!... 

GUILLAUME. 

Oui,  j'ai  vu  ces  grandes  merveilles, 
Et  pourtant  durant  mes  veilles, 
En  pensant  à  mes  amours, 
Amis,  je  chantais  toujours  : 

En  quels  lieux  trouverai-je 
Une  autre  Léonor, 
Des  fleurs  parmi  la  neige, 
Un  ciel  d'azur  et  d'or? 

LE  CHŒUR. 

Pour  quelle  Léonor 
A-t-U  bravé  la  mort? 

GUILLAUME. 

Ah  I  qu'il  est  doux  de  revoir  sa  patrie. 
Et  le  hameau  où  l'on  reçut  le  jour, 
Quand  nous  attend  une  amante  chérie, 
Unique  objet  de  notre  tendre  amour! 


19 


290 

Je  vous  revois,  montagne  au  front  sublime. 
Ciel  fortuné,  que  regrettait  mon  cœur  ! 
A  votre  aspect,  mon  amour  se  ranime  : 
Un  doux  espoir  m'enivre  de  bonheur  ! 
Allons,  amis,  je  vous  en  prie, 
Chers  amis,  répétons  en  chœur 
Cette  douce  mélodie 
Qui  fait  battre  mon  cœur  ! 

LE  CHŒUR. 

Chantons  la  douce  mélodie 
Qui  fait  battre  son  cœur. 

Adieu,  chère  montagne, 
Adieu,  ma  Léonor,     • 
Adieu  douce  compagne; 
Vous  reverrai-je  encor  ? 

DON  BELPAS. 

Par  la  joie  que  vous  ressentez  en  arrivant,  Messer  Guil- 
laume, on  peut  se  faire  une  idée  de  la  peine  que  vous  avez  dû 
éprouver  en  partant. 

GUILLAUME. 

Elle  n'a  pu  cependant  m'empêcher  de  suivre  le  comte 
Raymond.  Tandis  que  vous,  Don  Belpas... 


DON  BELPAS. 


Un  maudit  rhumatisme  m'a  forcément  retenu  au  château. 

GUILLAUME. 

Il  se  déclara  la  veille  même  de  notre  départ  !... 

DON  BELPAS. 

Précisément.  Ah  !  le  maudit  rhumatisme  !... 


291 

GUILLAUME. 

Compliqué,  je  crois,  d'un  amour  malheureux,  qui  vous 
sollicitait  invinciblement;  en  sorte  que,  contrairement  aux 
lois  de  la  nature,  c'était  le  fer  qui  attirait  l'aimant. 

DON  BELPAS. 

Ne  vous  tourmentez  pas  à  cet  égard,  beau  troubadour  :  vous 
serez  prochainement  convaincu  que  l'attraction  est  mutuelle. 

GUILLAUME. 

Je  suis  plus  sceptique  que  saint  Thomas. 

DON  BELPAS. 

Vous  serez  bientôt  édifié...  Mais  voici  le  Comte. 

LE  CHŒUR. 

Vive  le  comte  Raymond  ! 


SCÈNE  IV. 

Les  mêmes,  LE  COMTE  RAYMOND,  escorté  de  soldats  armés  de  lances. 
Les  soldats  restent  en  ligne  au  fond  de  la  scène. 

RAYMOND  (  t'arrêtait  ion*  l'ire-4t-trloaplic  ) 

Salut,  noble  castel,  au  donjon  séculaire, 
Où  dorment  à  jamais  tant  d'illustres  aïeux  ! 
Où  vit,  présent  du  ciel,  une  fille  si  chère, 
Qui  guidera  mes  pas  et  fermera  mes  yeux  ! 

LE  CHŒUR. 

Tendre  père  ! 

RAYMOND  (s'mnçtnt). 

Salut  à  vous,  amis  ! 

Après  une  longue  absence, 

Je  revois  mon  pays  I 

Divine  Providence, 

Je  te  bénis!... 


292 

En  retrouvant  ce  frais  ombrage, 
Où  je  rêvais  dans  mon  jeune  âge, 
De  bonheur  je  frémis, 
De  bonheur  je  tressaille, 
Comme  en  un  jour  de  bataille, 
En  revoyant  tant -d'amis  ! 

LE  CHOEUR. 

Sur  son  front  la  gloire  brille  ;  • 
Elle  rayonne,  elle  scintille, 
Gomme  une  étoile  qui  pétille 
Dans  les  abîmes  d'un  ciel  bleu. 

RAYMOND. 

Mais  je  ne  vois  pas  ma  fille 
En  ce  lieu! 
Où  donc  est-elle? 

DON  BELPAS. 

A  la  chapelle, 
Où  chaque  jour  l'appelle 
Un  vœu. 

LE  CHŒUR. 

Un  vœu  ! 

RAYMOND. 

Oui,  j'en  ai  reçu  l'aveu. 

LE  CHŒUR. 

Écoutons... 

GUILLELMINE  (dans  les  coulisse*). 

Vous  m'avez  rendu  mon  père, 
Merci,  merci,  mon  Dieu  ! 
Il  combattait  pour  vous  sur  la  terre  étî  angère, 
Et  je  priais  pour  lui  touç  les  jours  en  ce  lieu. 


293 

LE  CHŒUR. 

Il  combattait  pour  Dieu  sur  la  terre  étrangère; 
Elle  priait  pour  lui  tous  les  jours  en  ce  lieu. 

RAYMOND. 

Sa  douce  voix  fait  tressaillir  mon  être  ! 
Je  vais  bientôt  la  voir  paraître, 
Bientôt  la  pres'ser  sur  mon  cœur 
Et  m'enivrer  de  son  bonheur!... 
Ciel  fo;  tuné,  vertes  campagnes, 
Que  fe  tilise  le  soleil  ; 
Riants  vallons,  douces  montagnes  : 
Non,  j<  n'ai  rien  vu  de  pareil  !... 

LE  CHŒUR. 

L'a  nour  de  la  patrie 
L'e  nbellit  à  nos  yeux... 

(Reprise  de  Sa  doice  voix,  etc.;    après  Je  n'ai  rien  vu  de  pareil, 
éclairs  et  tonnerre.) 

* 

RAYMOND. 

Quelle  douce  harmonie  : 
Elle  descend  des  deux!... 

LE  CHŒUR. 

Un  oiseau  chante  et  soupire 

Sur  l'oranger. 
Sa  chanson,  je  vais  la  dire, 

Pour  le  berger. 

RAYMOND. 

Que  j'aime  les  doux  chants  de  mon  beau  pays  ! . . .  Quand 
mes  soldats  les  fredonnaient  dans  le  désert,  les  sables  brûlants 
disparaissaient,  et  le  Roussillon,  d^ns  un  magique  mirage, 
s'offrait  à  ma  vue  dans  toute  sa  splendeur  !... 


294 

Mes  amis,  cette  fête  sera  suivie  d'une  autre,  à  laquelle  je 
vous  invite  tous.  Allez  organiser  les  danses  devant  le  château. 
J'ouvrirai  le  bal  avec  ma  fille. 

Restez,  Don  Belpas,  et  vous  aussi  Guillaume. 


SCÈNE  V. 
RAYMOND,  GUILLAUME,  DON  BELPAS. 

RAYMOND. 

Je  brûle  de  la  voir,  cette  chère  enfant  I...  Il  faut  être  père 
pour  comprendre  les  ineffables  émotions  que  Ton  éprouve  en 
retrouvant,  après  une  longue  absence,  une  fille  adorée  !...  Les 
dangers  qu'on  a  courus,  les  périls  qu'on  a  bravés,  vous  font 
alors  frissonner!...  Mais  elle  est  là:  tous  mes  vœux  sont 
comblés. 

GUILLAUME. 

C'était  notre  ange  gardien  :  son  image  nous  suivait  partout 
et  nous  protégeait  dans  les  combats.  C'est  par  elle,  Comte, 
que  nous  avons  échappé  à  tant  de  périlleuses  rencontres.  Je 
tremblais  pour  vous  et  pour  elle  en  .vous  voyant  affronter 
dédaigneusement  le  danger. 

RAYMOND. 

Et  vous  étiez  toujours  à  mes  côtés,  frappant  d'estoc  et  de 
taille  les  Sarrasins.  Ah  !  si  vous  l'eussiez  vu,  Don  Belpas  ! 

DON   BELPAS. 

Oh!  sans  mon  rhumatisme!...  Mais  je  vous  suivais...  en 
esprit... 

GUILLAUME. 

Nous  avons  laissé  là-bas  beaucoup  de  monde...  et... 


295 

RAYMOND  (  *  Dw  BelpM  )• 

Votre  esprit  n'y  est  pas  resté  ? 

DON  BELPASl 

Que  n'ai-je  pu  vous  suivre  !:..  Il  est  vrai  que  ma  présence 
ici  n'était  pas  inut  le  :  les  Maures  menaçaient  le  pays.  Mais 
j'étais  là,  et  ils  n'ont  eu  garde  d'approcher. 

RAYMOND. 

Bien  leur  en  a  v  du...  Parlez-moi  de  Guillelmine.  Est-elle 
toujours  belle  ? 

DON  BELPAS. 

Si  elle  est  belle  ! . . .  Écoutez  : 

Ce.  t  une  fleur  éclose, 
Un  lis  tombé  des  cieux  ; 
Sa  touche  est  une  rose; 
Deux  astres  sont  ses  ye\ix. 

RAYMOND. 

Mais,  si  j'ai  bonne  mémoire,  ce  sont  là  des  vers  de  Guil- 
laume? 

DON  BELPAS. 

Les  vers  sont  composés  de  mots  et  les  mots  appartiennent  * 
à  tout  le  monde.  Je  choisis  ceux-là  parce  qu'ils  expriment  ma 
pensée.  On  prend  son  bien  où  on  le  trouve. 

RAYMOND. 

.  Quoiqu'il  en  soit,  le  portrait  est  trop  flatteur.  Qu'en  pensez- 
vous,  Guillaume?. 

GUILLAUME. 

Comme  un  ange  aux  cieux 
Guillelmine  est  belle. 
Dans  ses  jolis  yeux 
Son  cœur  se  révèle. 


296 

Son  regard  divin 
Fait  tressaillir  l'âme, 
L'astre  du  matin 
A  bien  moins  de  flamme. 
Est-elle  une  femme  ? 
Non,  un  séraphin. 

DON  BELPAS. 

C'est  parfaitement  cela  :  Guillaume  n'a  fait  que  dire  ce  que 
je  pense  ;  on  ne  parle  partout  que  de  la  beauté,  de  la  grâce  et 
de  l'esprit  de  ma  cousine.  Huguet  d'Ille,  Bérenger  deTerrena, 
Guillaume  d'Orfila  et  tous  les  seigneurs  du  pays  en  perdent  la 
tête...  Si  je  ne  les  avais  tenus  à  distance  !... 

RAYMOND. 

Je  vous  remercie  de  votre  sollicitude,  Don  Belpas. 

DON  BELPAS. 

Ne  suis-je  pas  son...  cousin?...  Et,  tenez,  Comte,  j'atten- 
dais votre  retour  avec  une  impatience  ! . . . 

RAYMOND. 

Ma  fille  ne  peut  tarder  à  sortir  de  la  chapelle.  Allons  l'atten- 
dre au  château. 

SCÈNE  VI. 

GUILLELMINE  (arrivtnt  du  côté  de  la  chapelle). 

Ils  sont  ici  !.. .  Mon  cœur  palpite  ! 
Je  vais  enfin  les  voir  tous  deux  ! 
Quel  est  ce  trouble  qui  m'agite  ! 
Les  larmes  inondent  me6  yeux  ! 
—  Je  vais  revoir  mon  doux  poète, 
Le  doux  poète  de  mon  cœur  ! 
Je  tremble,  et  mon  âme  inquiète 
Frémit  d'amour  et  de  terreur  ! 


Î97 

Les  voici  !  Je  chancelle  ! 

0  doux  espoir! 

Amant  fidèle, 

Je  vais  te  voir!... 
—  Pourrai-je  dans  mon  âme, 
Qu'assiègent  les  douleurs, 
Éteindre  avec  mes  pleurs 
Ma  vivç  et  sainte  flamme? 

— Le  ciel  le  veut... 

Ah  !  s'il  l'exige, 

Par  un  prodige 

Dieu  seul  le  peut  ! 
Les  voici  !...  Je  chancelle  ! 

0  doux  espoir! 

Amant  fidèle, 

Je  vais  te  voir! 

Un  attrait  irrésistible  m'entraîne  vers  Guillaume.  Je  devrais 
éviter  sa  présense.  Mais  mon  père  m'attend  et  je  suis  impa- 
tiente de  me  jeter  dans  ses  bras...  Que  Dieu  me  donne  la 
force  de  maîtriser  mon  cœur...  (Elle  sort  par  le  fond  de  la 
scène.] 

SCÈNE  VIL 
DON  BELPAS,  INÈS. 

DON  BELPAS  (arrivant  le  prenier  du  côté  opposé  à  la  chapelle). 

Guillelmine  n'a  pas  encore  paru  au  château.  Guillaume 
s'est  éclipsé.  Il  y  a  là  un  mystère... 

INÈS  (  arrivas!  do  coté  de  la  chapelle  ). 

(Sans  voir  Don  Belpas }  lie  Comte  attend  sa  fille.  Elle  a 
quitté  la  chapelle  et... 

DON    BELPAS. 

Que  faites- vous  ici,  belle  Inès?  Et  par  quel  hasard?... 


298 

INÈS. 

J'allais  vous  adresser  la  même  question,  seigneur  Don 
Belpas. 

DON  BELPAS. 

N'y  allons  pas  par  quatre  chemins.  Vous  cherchez  Guillel- 
mine  ou  vous  courez  après  Guillaume. 

INÈS. 

Votre  supposition  est  bien  gratuite,  jfe  vous  assure. 

DON  BELPAS. 

Soit.  Vous  êtes  l'amie  et  la  confidente  de  ma  cousine.  Elle 
n'a  pas  de  secret  pour  vous.  Vous  a-t-elle  quelquefois  parlé 
de  moi  ? 

INÈS. 

Oh!  souvent. 

DON   BELPAS. 

J'en  étais  sûr.  A  mon  tour,  je  veux  vous  faire  une  révélation 
qui  vous  intéresse. 

INÈS. 

Moi? 

DON   BELPAS. 

Vous!  On  vous  aime;  on  vous  adore. 

INÈS. 

Vous  voulez  rire? 

DON   BELPAS. 

•  Voulez-vous  que  je  nomme  votre  adorateur? 

INÈS. 

Je  serais  curieuse... 

DON  BELPAS. 

U  est. . . 

INÈS. 

C'est? 


299 

DON  BELPAS. 

Guillaume. 

INÈS. 

Guillaume!...  Ha!  ha!  ha!  (Elle  éclate  de  rire.) 

DON  BELPAS. 

Si  ce  n'est  vous,  c'est  un  autre  qu'il  aime  :  les  poètes  ont 
toujours  un  amour  dans  le  cœur,  quand  ils  n'en  ont  pas 
plusieurs. 

»  INÈS. 

Est-ce  de  Guillaume  que  vous  tenez  le  secret  que  vous 
venez  de  me  révéler? 

DON  BELPAS. 

Non,  car  il  me  fuit.  Je  crois  que  je  lui  fais  peur. 

INÈS. 

Oh  !  c'est  qu'il  n'a  pas  peur,  lui  ! ...  On  ne  parle  que  de  son 
courage  et  de  ses  exploits  en  Palestine. 

DON   BELPAS. 

La  belle  affaire!  Tout  le  monde  est  brave  en  Terre  Sainte, 
car  on  l'est  impunément,  attendu  que  les  Anges  protègent  les 
chrétiens  et  leur  font  un  rempart  contre  les  infidèles...  Ah!  si 
j'avais  pu  m'y  rendre,  moi  !... 

INÈS. 

Vous  avez  trouvé  plus  prudent  de  rester... 

DON   BELPAS. 

C'est  fort  heureux  pour  ma  cousine  et  pour  vous.  Si  je 
n'avais  été  là  pour  vous  protéger... 

INÈS. 

C'est  pour  cela  que  vous  avez  refusé  de  vous  battre  contre 
Huguet  d'Hle,  qui  vous  avait  défié? 


300 

DON  BELPAS. 

La  trêve  de  Dieu  le  défendait  ce  jour-là;  et,  quand  on  tient 
au  salut  de  son  âme. . . 

INÈS. 

Bérenger  de  Terréna  vous  avait  aussi,  provoqué,  et  vous 
avez  essuyé  cet  affront,  bien  qu'il  eût  pris  rengagement  de  ne 
pas  loucher  le  cœur,  afin  que  la  blessure  ne  fut  pas  mortelle. 

DON  BELPAS. 

C'est  justement  pour  cela  que  j'ai  refusé  de  me  battre  avec 
lui. 

INÈS. 

Comment  ? 

DON  BELPAS. 

•    Parce  que  je  suis  tout  cœur  ! 

INES. 

Parce  que  vous  avez  eu  peur  !... 

DON  BELPAS  (  dégtlnant  son  épée  ). 

Peur,  moi!...  Impertinente!  Je  vais  vous  le  montrer. 
Allons,  alignez- vous  ! .  : . 

•      INÈS  («'échappe»  criant )  : 

Aï!  aï!!... 


SCÈNE  VIII. 
DON   BELPAS  («ni). 

Lâche  ! . . .  Elle  fuit  ! . . .  C'est  elle  qui  a  peur  ! . . .  Ah  !  si  j'étais 
allé  en  Palestine,  quel  salmigondis  d'hérétiques!...  Il  me 
semble  que  j'y  suis  !...  (Il  frappe  à  droite  et  à  gauche  avec 
son  épée).  En  prenant  ma  place,  ce  maudit  Guillaume  a  frus- 
tré ma  gloire  !...  Ah  !  s'il  était  là  !...  (Il  fait  le  simulacre  de 
le  larder  J. 


301 

SCÈNB  IX. 
DON  BELPAS,  GUILLAUME. 

GUILLAUME  (ippraiiiut  toodaiMBent  ). 

Me  voici!... 

DON  BELPAS  f  *n). 

J'en  suis  ravi,  gentil  troubadour.  Je  vous  cherchais  pour 
vous  demander  un  épithalame  à  l'occasion  de  mon  mariage 
avec  Guillelmine. 

GUILLAUME. 

De  l'ironie,  Don  Belpas  ? 

DON  BELPAS. 

Nullement,  illustre  poète.  Je  sollicite  de  votre  obligeance 
quelques  vers  bien  sentis.  Et  comme  il  faut  le  calme  et  la 
solitude  pour  trouver  l'inspiration,  je  vous  laisse  et  je  retourne 
auprès  de  mon  adorable  cousine. 

GUILLAUME. 

Restez!...  Vous  demandiez  à  vous  battre:  je  suis  votre 
homme... 

DON  BELPAS. 

Y  pensez-vous  ? 

GUILLAUME. 

Sur  cette  pelouse  verte, 
La  poitrine  découverte, 

Et  croisant  le  fer 
Qui  retentit  dans  l'air, 

Chacun  se  mesure, 

Et  d'une  main  sûre, 

Par  un  coup  franc 

Cherche  le  flanc  !... 


302 

Et  le  sang  coule 
A  gros  bouillon, 
Et  puis  l'un  roule 
Sur  le  sillon!... 

DON  BELPAS. 

Ah  !  mon  sang  coule 
A  gros  bouillon!... 
Et  puis  je  roule 
Sur  le  sillon  !... 

GUILLAUME. 

En  garde  ! 

DON  BELPAS. 

Dieu  m'en  garde!... 

GUILLAUME. 

Craignez-vous  le  trépas  ? 

DON  BELPAS. 

,  Non  pas... 

GUILLAUME. 

Battons-nous  donc  et  sans  réplique  ! 

DON  BELPAS. 

Souffrez  que  je  m'explique. 

GUILLAUME. 

Parlez  vite,  parlez. 

DON  BELPAS. 

Puisque  vous  le  voulez, 

Je  vous  dirai  que  je  me  pique 

D'être  bon  catholique  : 

Or  si  vous  me  blessiez, 


303 

Vous  mêleriez 
Mon  sang  au  sang  de  l'hérétique, 
Dont  votre  glaive  est  teint... 
C'est  certain!..-. 

GUILLAUME. 

La  raison  est  singulière  ! 
Il  faut  nous  battre  à  l'instant  ! ... 

DON  BELPAS. 

Non,  calmez  votre  colère, 
•  Car  Guillelmine  m'attend... 

GUILLAUME. 

Et  moi  dans  la  poussière,    ' 
Je  t'étendrai  sanglant  I... 


GUILLAUME. 

Oui  le  sang  coule 
A  gros  bouillon. 
Et  puis  l'un  roule 
Sur  le  sillon!... 


DON  BELPAS. 

Ah  !  mon  sang  coule 
A  gros  bouillon, 
Et  puis  je  roule 
Sur  le  sillon  ! 


(Don  Belpai  s'enfuit  et  s'écrie  du  fond  de  la  scène  :  ) 

* 

Ce  n'est  pas  la  peur  qui  me  fait  partir,  non  :  Un  Belpas  peut 
s'éloigner,  mais  fuir,  jamais  !...  non  jamais  !...  (Il  disparait 
précipitamment }. 

SCÈNE  X. 

GUILLAUME. 

Voilà  le  lâche  que  préfère  la  perfide!...  Elle  n'a  osé  paraître 
devant  moi...  Le  pouvait-elle  sans  rougir?...  Mais  ne  suis-je 
pas  vengé  par  le  choix  qu'elle  a  fait?...  Et  pourtant  les  fureurs 
de  la  jalousie  s'amoncellent  dans  mon  sein  comme  les  flots 


304 

irrités  d'une  mer  houleuse!...  Elles  déchirent  mon  cœur!... 
Amour!  Protée  insaisissable!...  Femme!  énigme  désespé- 
rante!... C'est  sur  ces  mouvantes  chimères  que  j'édifiais  ma 
félicité,  pauvre  fou  que  j'étais  !!... 

Aux  brises  de  l'amour,  ma  lyre  frémissante 

Confiait  mes  soupirs. 
Les  échos  murmuraient  ma  tendresse  constante 
Sur  l'aile  des  zéphirs  ! . . . 

Je  disais  aux  ruisseaux,  aux  vallons,  aux  montagnes, 

Les  secrets  de  mon  cœur, 
Et  comme  les  oiseaux  qui  peuplent  nos  campagnes, 

Je  chantais  le  bonheur  !... 

Interrogeant  les  fleurs,  autrefois  dans  la  plaine 

Je  venais  le  matin  ; 
Dans  la  nuit  maintenant  je  voilerai  ma  peine 

Et  mon  triste  destin  !  ! . . . 

0  rêves  ineffables,  pourquoi  vous  êtes-vous  dissipés  comme 
la  rosée  du  matin?...  Pourquoi  n'ai -je  pas  trouvé  dans  les 

combats  une  mort  glorieuse? (R  cache  sa  tête  dans  ses 

mains  et  va  s'appuyer  contre  un  arbre). 

SCÈNE  XI. 
GUILLAUME,  GUILLELMINE. 

GUILLELMINE. 

(Elle  arrive  par  le  fond  de  la  scène,  où  elle  s'arrête,  sans  voir  Guillaume). 

La  joie  et  la  douleur 
Se  heurtent  dans  mon  âme, 
Et  je  sens  dans  mon  cœur 
Se  raviver  ma  flamme  ! . . . 


Guillaume. 

Elle  !...  Dois-je  espérer  encor  ? 
M'apporte-t-elle  ou  la  vie  ou  la  mort? 

(//  va  vers  (îuilleJmine) 
« 

OUILLELMINE. 

Quand  partout  on  proclame, 
Guillaume,  votre  valeur, 
Quand  mon  père  vous  réclame 
Vous  fuvez  triste  et  rêveur  î... 

GUILLAUME. 

Je  fuis,  car  l'espérance  sainte 
Tombe  de  mon  cœur  embrasé, 
Comme  une  eau  pure  qui  suinte 
A  travers  un  vase  brisé  î . . . 

OUILLELMINE. 

Comptez  sur  ma  reconnaissance. 

GUILLAUME. 

Peut- elle  apaiser  ma  souffrance? 

OUILLELMINE. 

Mon  père  fut  par  vous  sauvé  dans  les  combats  î... 

GUILLAUME. 

Que  n*ai-je  en  le  sauvant  rencontré  le  trépas  î... 

OUILLELMINE. 

Pourquoi  ce  souhait  impie? 

v  GUILLAUME. 

l)evais-je  à  mon  retour 
Vous  trouver  asservie  ? 

OUILLELMINE. 

Demandez-moi  la  vie, 
Mais  ne  me  parlez  plus  d'amour  !... 

20 


306 

GUILLAUME. 

Il  est  donc  vrai,  votre  cœur  n'est  plus  libre  ? 

GUILLELMINE. 

Non  !... 

GUILLAUME. 

Malédiction  ! 
J'ai  senti  de  mon  cœur  se  briser  chaque  fibre î... 
Quand  j'allais  de  ces  lieux  m'éloigner  sans  retour, 
Accablé  sous  le  poids  de  ma  douleur  mortelle, 

Pourquoi,  cruelle  ! 
Venir  réveiller  mon  amour?... 
Autrefois  l'espérance 
Apaisait  ma  douleur  ; 
Désormais  la  souffrance 

Accroîtra  mon  malheur  ! . . . 

GUILLELMINE. 

Près  de  moi  l'espérance 
Apaisait  sa  douleur; 
Désormais  la  souffrance 
Accroîtra  son  malheur  î . . . 

GUILLAUME. 

Après  une  ombre  vaine, 
Je  courais,  pauvre  troubadour  ! 
Car  l'orgueilleuse  châtelaine 
Rougit  de  son  premier  amour  ! 

GUILLELMINE. 

0  blasphème  ! 

0  douleur  I    * 
Dieu  sait  si  je  l'aime  î . . . 
Il  remplit  mon  cœur  ! . . . 


307 

GUILLAUME. 

Bonheur  suprême  ! 
C'est  moi  qu'elle  aime  ! 
Ah  î  le  bonheur 
Comble  mon  cœur!... 

GUILLELMINE. 

Malheur  suprême  ! 
C'est  lui  que  j'aime  ! 
Ah  !  de  terreur 
Frémit  mon  cœur  ! 

Guillaume,  je  vous  en  conjure, 

Fuyezrmoi  ! 
J'ai  donné  ma  foi  : 
Dieu  punit  le  parjure  !  ! . . . 

GUILLAUME. 

Serment  fatal  ! 
Mais  dans  la  poussière 
J'étendrai  mon  rival  !... 
(Reprise  des  couplets  ci-dessus  :  Bonheur  suprême,  etc.  et  le  suivant). 

GUILLELMINE. 

Silence  ! . . .  Voici  mon  père  ! . . . 


SCÈNE  XII. 

(Le  Comte,  entre  Inès  et  Don  Belpas,  est  suivi  des  paysans. 
Il  arrive  par  le  fond  de  la  scène). 

RAYMOND  (l'arrêtant). 

Quelle  guerre  !  quelle  guerre!  mes  amis...  La  peste  et  la 
famine  avaient  déjà  décimé  nos  rangs.  Le  fanatisme  des 
Musulmans  croissait  en  raison  de  notre  affaiblissement 


Tous  les  fléaux  se  déchaînaient  sur  nous.  Si  j'ai  le  bonheur 
de  vous  revoir,  c'est  à  Guillaume  que  je  le  dois. 

TOUS. 

A  Guillaume? 

RAYMOND. 

A  lui-même.  J'étais  tombé  dans  une  embuscade.  Les  Sar- 
rasins m'entouraient.  Les  lances  effleuraient  déjà  ma  poitrine, 
quand  Guillaume  fondit  sur  l'ennemi,  comme  la  foudre,  et  le 
dispersa.  Mais  le  voici  avec  Guillelmine. 

/  S' adressant  à  eux  en  s'en  approchant }  Savez-vous  que 
j'ai  pris  l'engagement  d'ouvrir  le  bal  avec  vous  ?  Venez  donc, 
car  on  est  impatient  de  danser. 

GUILLAUME. 

Daignez  m'en  dispenser. 

RAYMOND. 

Vous  étiez  à  la  peine,  il  est  juste  que  vous  soyez  à  l'honneur. 
Mais  d'où  vient  votre  tristesse  quand  tout  le  monde  est  dans 
la  jubilation  ? 

DON  BELPAS. 

Plus  séduisantes  sont  les  illusions  dont  se  bercent  les  poètes, 
plus  cruelles  sont  les  déceptions  qui  les  suivent.  Il  me  semble 
que  ma  belle  cousine  est  aussi  bien  mélancolique. 

RAYMOND. 

Chère  enfant  ! . . .  Elle  avait  promis  de  se  consacrer  à  Dieu 
s'il  protégeait  mes  jours...  J'en  ai  été  heureusement  prévenu, 
et  voici  le  bref  du  Saint-Père,  qui  la  relève  de  son  vœu. 
[Il  remet  un  parchemin  à  Guillelmine], 

GUILLAUME  (4  part). 

Et  moi  qui  l'accusais  ! . . . 


DON  BELPAS. 

Ma  cousine  n'a  donc  qu'à  choisir  celui... 

RAYMOND. 

Ma  fille, 

Espoir  de  mes  vieux  jours, 

Tu  soutiendras  toujours 

L'honneur  de  ma  famille. 
Que  ton  cœur  choisisse  l'époux 

Qui  doit  embellir  ta  vie. 

Ce  choix  me  sera  doux  : 
D'avance  je  le  ratifie. 

GU1LLELMINK. 

Mon  pt»re,  je  m'en  rapporte  à  vous. 

RAYMOND. 

Guillaume,  je  vous  dois  la  vie.  l*i  main  de  ma  fille  acquit- 
tera ma  dette. 

DON  BELPAS. 

Votre  choix  ne  saurait  être  approuvé  par  Guillclinine,  que 
j'aime  et  qui  partage  ma  tendresse. 

GUILLELMINE. 

Moi? 

DON  BELPAS. 

Ne  vous  en  défendez  pas  :  cette  écharpe  [Il  la  prend  sur 
son  sein),  où,  à  côté  de  mes  armoiries,  vous  avez  brodé  deux 
cœurs 

GUILLELMINE. 

Je  ne  puis  comprendre... 

DON  BELPAS. 

N'est-clle  pas  sortie  de  vos  divines  mains? 


310 

INÈS. 

Des  miennes,  Don  Belpas.  Pardonnez -moi  ce  stratagème 
auquel  j'avais  eu  recours  pour  vous  déterminer  à  suivre  le 
Comte  en  Palestine,  où  tout  bon  gentilhomme  devait  se  rep- 
dre,  et  où  vous  vous  êtes  dispensé  d'aller. 

DON  BELPAS. 

Eh  bien!  je  vais  entreprendre  à  moi  seul  une  nouvelle 
croisade. 

RAYMOND. 

C'est  inutile  :  tous  les  hérétiques  sont  morts. 

DON  BELPAS. 

Tant  mieux  !  Je  tuerai  les  autres.  (Il  sort .) 

RAYMOND  (  mettant  U  main  de  Gnillelmioe  dans  celle  de  GnlUanme  ). 

Voilà  la  fête  que  je  vous  avais  annoncée.  Tous,  vous  y 
prendrez  part.  Faites  des  vœux  pour  le  bonheur  des  époux. 

LE  CHŒUR. 

I^e  génie  et  la  beauté, 

La  noblesse  et  le  courage 

Sont  de  la  félicité 

Dans  l'hymen  un  sûr  présage. 


3M 


L'ARABE   ET    SON   CHEVAL, 


Par  M.  J.  Mercadier,  membre  résidant. 


LÉGENDE. 

Sous  les  pas  d'un  coursier,  qui  dévorait  l'espace, 

Un  nuage  poudreux  sillonnait  le  désert, 

Et  sur  son  flot  léger,  comme  un  oiseau  qui  passe, 

Glissait  un  cavalier  :  on  eût  dit  un  éclair. 

Son  glaive  et  ses  kandjars,  plus  polis  qu'une  glace, 

reflétaient  le  soleil  et  scintillaient  dans  l'air  : 

C'était  Ali -ben-Marsch.  Panoplie  ambulante, 

Le  fusil  sur  l'épaule,  il  vole  vers  sa  tente, 

Où  l'attire  l'amour,  où  le  cœur  le  conduit. 

Dédaignant  le  péril,  il  l'affronte,  il  le  brave, 

Car  la  nuit  approchait,  et  du  désert,  la  nuit, 

L'ombre  même  est  mortelle.  Ali  c'est  plus  qu'un  brave  : 

Il  est  père  :  J'ai  dit  —  pélican  et  lion.  — 

Du  courage  l'amour  double  l'expansion. 

—  Le  lion  a  franchi  le  désert.  Dans  une  heure, 
Le  pélican  prendra  l'essor  vers  sa  demeure  : 
C'est  là  que,  déversant  les  trésors  de  son  cœur, 
Etreignant  dans  ses  bras  ses  enfants  et  sa  femme, 
Il  sera,  doux  héros,  reçu  comme  un  vainqueur 
Et  se  délectera  du  tribut  de  leur  âme. 

—  Le  danger  est  passé  :  Zelbul,  noble  coursier, 
Repose- toi.  Le  vent,  secouant  ta  crinière, 

Te  rendra  ton  ardeur.  Le  yatagan  d'acier 


:U-2 

N'agace  plus  tes  lianes,  maculés  de  poussière  : 
Repose -toi.  Ton  frein  te  gêne,  il  tombera. 
Ton  maître  dans  sa  main  t'apporte  le  doura. 
Voici  d'un  clair  ruisseau  l'onde  fortifiantes 
Courte  sera  la  halte  :  éloignée  est  la  tente, 
ï^a  lune  viendra  tard  :  c'est  le  dernier  quartier. 
Le  crépuscule  est  sombre,  ardu  l'étroit  sentier; 
Mais  ton  pied  est  léger,  et  ton  œil,  qui  flamboie, 
Aidé  de  ton  instinct,  éclairera  ta  voie... 

—  Ali  se  disposait  à  partir,  quand  soudain, 
Assailli  par  les  Turcs,  il  se  défend  en  vain  : 

Il  est  blessé,  meurtri...  Zelbul  devint  leur  proie. 

Ils  sont  conduits  au  camp,  vaincus,  mais  non  soumis  : 

Les  maîtres  imposés  restent  des  ennemis. 

—  Quand  un  hideux  serpent,  au  regard  délétère. 
Dans  l'antre  ténébreux  assiège  une  panthère, 

lia  panthère  frémit,  elle  montre  les  dents 
Et,  le  poil  hérissé,  pousse  des  cris  stridents  : 
Ainsi  faisait  Zelbul  au  .sein  de  cette  horde. 
Il  bondit,  on  l'entraîne,  on  l'attache  :  une  corde 
Enlace  son  jarret.  —  Mourant  et  garrotté, 
Près  d'une  tente  Ali  par  les  Turcs  fut  jeté. 
Le  silence  se  fit,  et  la  bise  mordante 
Étouffa  du  captif  la  plainte  gémissante. 

—  Bientôt  dans  le  sommeil  tout  le  camp  fut  plongé. 
Mais  l'Arabe  veillait  :  sa  blessure  et  sa  chaîne, 
Dans  son  cœur  abattu,  par  l'amour  partagé, 
Ravivaient  à  la  fois  sa  tendresse  et  sa  haine. 

Il  pense  à  son  pays  qu'il  ne  doit  plus  revoir, 

A  ses  fils,  à  sa  femme  adorée,  à  ses  charmes  ; 

Il  entend  leurs  soupirs,  il  voit  couler  leurs  larmes  : 

Qui  les  étanchera?  Qui  leur  rendra  l'espoir  ? 

—  Zelbul  hennit.  Ali,  par  un  effort  suprême, 

Se  traîne  auprès  de  lui,  marchant  sur  ses  genoux  : 


31  a 

11  veut  revoir  encor  son  compagnon,  qu'il  aime. 
Esclave,  comme  lui,  d'un  ennemi  jaloux  : 

—  Cher  et  vaillant  coursier,  dit-il,  un  sort  funeste 
De  ceux  que  nous  aimons  nous  sépare  tous  deux; 
Mais,  dans  notre  infortune,-  un  doux  espoir  me  reste  : 
Tu  seras  libre,  toi,  tu  reviendras  vers  eux. 

Tu  reverras  les  miens.  Ils  pleurent  sous  la  tente  : 

Tu  les  consoleras;  tu  lécheras  leur  main, 

Quand  ils  t'apporteront,  manne  rafraîchissante, 

Le  lait  de  mes  chameaux,  sur  le  bord  du  Jourdain. 

Tu  verras  ses  flots  bleus  et  ses  rives  fécondes  : 

Ton  blanc  poitrail  encor  pourra  fendre  ses  ondes. 

Et,  pareil  au  Simoun,  à  travers  les  déserts, 

Tu  porteras  mes  fils  qui  vengeront  leur  père. 

Qui  sait  ?  Allah  peut-être  entendra  ma  prière  : 

Ils  viendront  en  vainqueurs,  ils  briseront  mes  fers  î... 

Va,  va,  mon  pauvre  ami,  recevoir  leur  caresse. 

Aime  les  bien  !  Dis-leur  qu'Ali  captif  ne  peut 

Que  les  bénir  î  Dis-leur  qu'ils  chassent  leur  tristesse. 

Car  si  je  dois  mourir  loin  d'eux,  Allah  le  veut  !  .. 

—  A  son  cheval  ainsi  parlait  le  sombre  esclave, 
Tandis  qu'avec  ses  dents,  il  rongeait  son  entrave. 
Zelbul  est  libre,  lui  ;  mais  son  libérateur 

Reste  enchaîné.  Peut- il  le  quitter?  Son  malheur, 
Il  veut  le  partager,  s'il  ne  peut  l'y  soustraire. 
Ses  flancs  sont  agités,  son  pied  frappe  la  terre  ; 
Des  torrents  de  vapeur  sortent  de  ses  naseaux  ; 
Frémissant,  vers  son  maître  il  se  penche,  il  le  flaire  : 
L'instinct  lui  dit  qu'il  peut  mettre  un  terme  à  ses  maux  ; 
Et  soudain  s'arc-boutant  —  ceci  parait  un  rêve  -  - 
Il  happe  sa  ceinture  avec  les  dents,  l'enlève, 
Et  partant  comme  un  trait,  il  fuit  à  la  faveur 
Des  ombres  de  la  nuit,  et  sauve  son  sauveur... 

—  Un  tigre,  que  poursuit  pour  lui  ravir  sa  proie. 


%     3U 

Un  lion,  est  moins  prompt  que  Zelbul;  un  oiseau, 
Moins  diligent.  11  porte  un  précieux  fardeau. 

—  Que  Dieu,  noble  coursier,  aplanisse  ta  voie  ! 
Puisses-tu,  franchissant  et  ravins  et  torrents, 
Après  avoir  ravi  ton  maître  à  ses  tyrans, 

Le  porter  dans  les  bras  de  ses  petits  enfants  ! 
Rends  l'époux  à  l'épouse  et  comble-la  de  joie. 
De  ton  maître  et  de  toi  Ton  parlera  longtemps. 

—  Mais  le  jour  est  venu  :  le  soleil  va  paraître. 
On  aperçoit  dlAH  la  tente  :  c'est  le  port  ! 
Zelbul  s'y  précipite,  y  dépose  son  maître, 

Et,  brisé  de  fatigue,  il  tombe  :  il  était  mort  !!! 


315 


REVERIE 


Par  M.  Alfred  de  L'Hôpital,  d'Aii^r. 


Pn«Y\c  i\u\  a  o\)Ui\u  wi\t  meuttcm  toi*  WotoMc. 


Ces  temps  sont  passas, 
i  V.  Hrr,o.  ) 


Tandis  qu'au  jour  brumeux  succède  la  nuit  sombre. 
Nuit  sans  lune,  où  les  monts  vont  se  mêler  aux  cieux, 
Que  tout  devient  étrange  en  se  revêtant  d'ombre, 
Que  l'horizon  voilé  disparait  à  mes  yeux  ; 

Tandis  que  le  vent  siffle  aux  branches  des  vieux  chênes, 
Qu'en  son  rapide  essor  le  vol  de  l'ouragan 
Amoncelle  la  neige  aux  collines  prochaines, 

Et  les  semble  couvrir  d'un  vaste  manteau  blanc  ; 

• 

Assis  tristement  seul  auprès  de  ma  fenêtre, 
Je  songe  à  mes  beaux  jours,  dès  longtemps  écoulés, 
Je  songe  à  toi,  ma  sœur,  qui  maintenant  peut-être, 
Pleures  ainsi  que  moi  nos  bonheurs  envolés. 


316 

Bonheurs  évanouis  qui  furent  sans  mélange  ! 
Temps  de  paix  et  de  joie,  où  berçant  mon  sommeil 
Mon  rêve  m'apportait  les  doux  accents  d'un  ange 
Qui  ne  s'envolait  pas  quand  venait  le  réveil  ! 

Il  semble  qu'en  ces  jours  de  deuil  de  la  nature, 
Où  le  soleil  répand  des  rayons  sans  chaleur, 
Il  semble  que  tout  meure  et  que  la  créature 
Soit  maudite  à  jamais  du  divin  créateur  ! 


Mais  non,  car  le  printemps,  sur  l'univers  immense, 
Après  l'hiver  viendra,  tout  couronné  de  fleurs, 
•   Et  l'on  se  sentira  revivre  à  l'espérance, 
Et  la  joie  avec  lui  renaîtra  dans  les  cœurs. 


Nous  sommes  désolés,  ainsi  que  la  nature, 

Qui  n'a  plus  ni  rayons,  ni  roses,  ni  verdure, 

Et  nous  plions,  ma  sœur,  sous  le  souffle  des  vents... 

Mais  ne  pourrions-nous  pas  un  jour,  aussi  bien  qu'elle, 
Voir  se  lever  sur  nous  une  aurore  plus  belle  : 
Ne  pourrions-nous  avoir  un  retour  de  printemps  ? 


1*1  / 


LE  DEVOIR 

ÉPITRE 

A  MON  JEUNE  COUSIN  LÉON  DE  M. 

Par  M""  Ernest  Barntel,  née  Adolphine  Bonnet,  de  Muret. 


Poltu  qui  a  obUuu  une  mtulum  Itit  toumbU. 


Être  homme,  c'est  marcher  noblement  dans  la  vie! 

(N.  Martin.) 


Je  no  veux  pas,  enfant,  courber  ta  tête  blonde 

Sous  ce  mot  tout  empreint  d'austérité  profonde  : 

Le  devnr  !...  et  ma  voix  ne  t'appelle  aujourd'hui 

Pour  éveiller  en  toi  ni  l'effroi  ni  l'ennui. 

Mais  connaissant,  ami,  la  trempe  de  ton  âme 

Que  toute  grandeur  vraie  émeut,  transporte,  enflamme, 

Il  m'est  doux  de  venir  près  de  ton  cœur  aimant 

Exalter  du  devoir  le  noble  sentiment, 

Saluer  des  vertus  l'auréole  sans  tache, 

Acclamer  l'homme  fort  et  condamner  le  lâche. 

Il  m'entendra,  ce  cœur  qui  n'a  jamais  trompé, 

Qui  n'a  trahi  personne  et  n'a  rien  usurpé  ! 


318 

Ton  front  que  les  printemps  n'ont  effleuré  qu'à  peine 

Est  fait  pour  ne  subir  ni  les  plis  de  la  haine, 

Ni  le  joug  de  la  honte  au  stigmate  infernal, 

Et  pourtant  je  te  dis  :  Oh  !  prends  bien  garde  au  mal  î 

As-tu  vu  le  follet,  cet  esprit  de  l'abîme, 

Dans  le  gouffre,  à  grands  pas,  entraîner  sa  victime  ? 

As-tu  vu  le  serpent  guetter  dans  le  gazon 

L'oiseau  qu'il  va  brûler  de  son  mortel  poison  ? 

Tel,  et  plus  dangereux,  veille,  autour  de  notre  âme, 

Pour  la  découronner,  le  tentateur  infâme  ! 

Le  connais-tu?...  prends  garde!  il  parle  dans  la  voix 

Qui  raille  à  ton  oreille,  enfant,  de  saintes  lois  î 

Le  connais-tu?...  prends  garde!  il  sourit  sur  ces  lèvres 

T'offrant  des  plaisirs  fous  aux  consumantes  fièvres. 

Aux  jours  de  dévoûment,  il  viendra  t'avertir 

Que  l'existence  est  lourde  à  qui  souffre  en  martyr. 

Quand  tu  t'engageras  dans  les  sentiers  augustes 

Que  Dieu  même  a  tracés  et  que  suivent  les  justes. 

Il  surgira  dans  l'ombre,  et,  te  prenant  la  main. 

Te  dira  qu'il  fait  noir  dans  cet  étroit  chemin. 

Que  l'ennui  près  de  vous  y  marche  sur  la  ronce 

Et  que  son  dard  cruel  au  fond  du  cœur  s'enfonce. 

Il  te  nommera  ceux  qui,  héros  méconnus, 

Ont  sillonné  ce  sol  du  sang  de  leurs  pieds  nus  ; 

Puis,  détournant  les  yeux  vers  des  routes  lointaines. 

Il  te  découvrira  dans  de  riantes  plaines 

La  foule  qui  redoute  et  la  mort  et  les  pleurs. 

Et  qui  vole  à  son  but  en  passant  sur  des  fleurs. 

Son  but,  c'est  ce  palais  aux  pompes  fastueuses 

Où,  de  l'ambition  les  traces  tortueuses 

Conduisent  ses  élus  ;  —  son  but,  c'est  ce  trésor 

Dont  l'éclat  donne  aux  yeux  le  vertige  de  l'or  ;  — 

Son  but,  c'est  ce  jardin  dont  les  senteurs  exquises 

Montent  dans  l'air  ému  sur  les  ailes  des  brises. 


310 

Bouillante  de  désir,  elle  hâte  le  pas, 

Tendant  sa  main  avide...  enfant,  ne  la  suis  pas  ! 

Avec  les  déserteurs  ne  fais  point  d'alliance  ; 

Écoute,  voix  de  Dieu,  parler  ta  conscience, 

Et,  quelque  douloureux  que  te  soit  son  arrêt, 

Tache  qu'à  l'accomplir  ton  cœur  soit  toujours  prêt. 

Ne  crois  pas  toutefois  que  broyant  sa  victime, 

L'inflexible  devoir,  ce  despote  sublime, 

Soit  un  amer  bourreau  torturant  notre  cœur 

Sans  le  récompenser  alors  qu'il  est  vainqueur. 

Non  !  il  garde  aux  vaillants,  rois  par  le  sacrifice, 

Des  heures  de  bonheur  payant  de  tout  supplice  ; 

Et  réserve  à  leurs  yeux  pleins  de  sérénité 

Des  visions  de  gloire  et  d'immortalité. 

Dilatant  de  leur  cœur  toutes  les  nobles  fibres, 

Vois  comme  ils  passent  fiers  :  ils  se  sentent  si  libres  ! 

Laissant  crier  en  bas,  et  se  tordre,  et  gémir 

Les  vils  instincts  qu'en  lui  tout  homme  sent  frémir, 

Dédaignant  les  frondeurs,  renversant  les  entraves, 

Ils  s'élèvent,  ardents,  majestueux  et  graves, 

Bravant  la  solitude  et  les  vents  conjurés, 

Vers  l'idéal  divin  dont  ils  sont  altérés. 

Oh  !  quand  ton  tour  viendra  d'entrer  dans  l'existence, 

Quand  ton  dernier  adieu  sera  dit  à  l'enfance, 

À  travers  tous  tes  jours,  de  l'aube  jusqu'au  soir. 

Sans  défaillance  enfin,  sois  l'homme  du  devoir  î 

Qu'à  toute  heure  celui  dont  l'âme  resta  pure 

Puisse  toucher  ta  main  sans  y  voir  de  souillure; 

Et  que  jamais  de  Dieu  l'infaillible  regard, 

Qui  plonge  au  fond  du  vrai  sous  le  masque  et  le  fard, 

Ne  trouve  en  toi,  drapé  dans  un  faux  héroïsme, 

lin  cœur  empoisonné  d'orgueil  et  d'égoïsme. 

Souviens-toi  que  l'amour  est  frère  du  devoir  ; 

Que  celui  qui  ne  donne  est  indigne  d'avoir  ; 


Qu'au  front  l«*  rlévomnent  imprime  un  sceau  suprême* 

Moins  fragile  et  plus  beau  qu'un  royal  diadème. 

Si  tu  deviens  de  ceux  que  le  triomphe  attend 

Et  que.  la  renommée  accompagne  en  chantant, 

Sache  que  la  puissance  à  plus  de  force  oblige 

Et  que  sur  les  hauteurs  réside  le  vertige. 

Mais  si  dans  la  retraite  et  dans  l'obscurité. 

Sans  entendre  ton  nom  par  l'écho  répété, 

Tu  dois  vivre  ignoré  de  la  foule  qui  gronde 

Sans  tracer  d'un  sillon  ton  passage  en  ce  monde, 

Que  le  regard  de  Dieu  suffise  à  tes  combats  !... 

Songe  que  ta  couronne  est  ailleurs  qu'ici-bàs. 

Quelle  que  soit  enfin  ta  mission  sur  terre, 

Inconnu,  glorieux,  apôtre  ou  solitaire, 

Ne  dusses-tu  jamais  t'endormir  ni  t'asseoir, 

Vis  et  meurs,  intrépide,  en  solda^du  devoir  ! 


321 


HYACINTHE  RIGAUD 

Par  M.  Ernest  Delamont,  de  Prades. 


Mémoue  quV  a  tmiiçotU  uut  mldaWU  d*aTQtnt  gtatvd  moduU 
au  àttuuT  eoutoun  dtttalo\Tt.de  \a  Soctttf  AQneoVt,Sc'\ttvU^qut  et  \AUiwwrt 

de»  P^Tétvéa-OntwVaVw. 


LISTE  DES  OUVRAGES  CITÉS. 

Archives  de  la  Mairie  de  Perpignan.  Livre  des  Baptêmes  de  la 
paroisse  Saint-Jean  des  années  1654  à  1669,  p.  147. 

Mémoires  du  duc  de  Saint-Simon.  Paris,  1842,  T.  II,  p.  224  et  seq. 

Mercure  de  France  de  janvier  1702  et  de  novembre  1744.  Article  sot 
Rigand  par  Coliin  de  Vermont ,  peintre  du  Roi  et  professeur  en  son 
Académie  royale  de  peinture. 

Journal  de  Dangeau.  T.  IV,  p.  157  et  seq. 

Bibliothèque  française  du  Père  Lelong.  T.  V. 

Abrégé  de  la  Vie  des  pins  fameux  peintres,  par  Dezellières  d'Argen- 
ville.  Paris,  4  vol.  in-8°,  1762,  T. II,  p.  315  et  T.  IV,  p.  310  et  seq. 

Description  de  la  Province  de  Roussillen,  par  Garrère.  1787,  p.  410. 

Annuaire  du  département  des  Pyrénétarûrientales  pour  1834, 
p.  234. 

Mémoires  inédits  sur  la  Vie  et  les  ouvrages  des  membres  de  l'Académie 
royale  de  peinture,  et  de  sculpture,  par  Dussieux,  Montaiglon,  etc.,  etc. 
Paris,  1854,  2  vol.  in-8<>,  T.  II,  p.  114  et  seq. 

21 


322 

^Histoire  des  Peintres  de  toutes  les  Écoles,  depuis  la  Renaissance 
jusqu'à  nos  jours,  par  Charles  Blanc,  142®  livraison  de  la  publication, 
54©  de  l'École  française. 

Revue  contemporaine,  n°  du  15  mars  1860,  p.  119  etseq.  (Étude  sur 
Largilltère  et  Rigaud ,  par  Arsène  Houssaye.  ) 

Abecedario  de  Mariette.  T.  IV,  p.  258. 

Archives  de  l'Art  français,  par  Chenevière  et  Montaiglon.  T.  I,  p.  159, 
T.  II,  JIII,  etc.,  Documents.  T.  IV,  p.  25. 

Gazette  des  Beaux-Arts,  etc.  Paris,  1859,  T.  I  et  seq. 

Curiosités  de  l'Archéologie  et  des  Beaux-Arts,  p.  468. 

Le  Trésor  de  la  curiosité ,  par  Charles  Blanc.  2  vol.  in-8°,  T.  I , 
p.  159,  187,208. 

L'Almanach  royal  pour  1741,  p.  326. 

Description  des  beautés  de  Gènes  (sans  nom  d'auteur).  1823,  p.  114. 

Dictionary  ol  Painters,  par  Pilkington.  London,  1798,  in  -8°, 
p.  553,  772. 

Catalogue  de  M.  Paignon-Dijouval.  Paris,  1810,  n<*  3048  et  seq. 

Notice  des  tableaux  dans  le  Musée  royal  (Louvre).  Paris,  1847,  in-18, 
p.  40,  244. 

Notice  des  tableaux  exposés  dans  les  galeries  du  Musée  impérial  du 
Louvre,  par  Frédéric  Viliot.  In-12,  Paris,  1857,  p.  307  et  seq. 

Musées  de  France,  par  Viardot.  P.  240. 

Musées  d'Espagne,  par  Louis  Viardot.  P.  92. 

Musées  d'Allemagne,  par  Louis  Viardot.  P.  85,  207,  334. 

Musées  de  Russie,  par  Louis  Viardot.  P.  281. 

Catalogue  des  tableaux  composant  la  collection  du  lieutenant-général 
vicomte  d'Espinoy,  p.  358  et  seq. 

Divers  Catalogues  de  ventes,  etc.,  etc.,  etc. 


m 


HYACINTHE  RI6AUD, 


On  dirait  qu'il  peint  avec  une  arrogance  castil- 
lane et  qu'il  est  venu  pour  cela  des  Pyrénées,  p.  3. 

11  a  poussé  aussi  loin  que  possible  la  qualité 

essentielle  d'un  peintre  de  portraits,  la  vérité,  p.  8. 

(Histoire  des  Peintres,  etc.,  par  Gh.  Blanc. 

Art.  BlGAUD.) 

Rigaud  (Hyacinthe)  et  non  Rigaud  naquit  &  Perpignan 
le  18  juillet  1659  de  Mathias  Rigaud  et  de  Marie  Serre, 
c'est  2i  tort  que  Carrère  le  fait  naître  le  25  de  ee  mois, 
puisqu'il  fat  baptisé  le  20  comme  il  conste  de  son  acte 
de  baptême  ainsi  conçu  : 

«  Vui  als  vint  de  jxdiol  mil  sis  cents  cinquanta  nou  jo 
Joseph  Moral  domer  de  S1  Joan  de  Perpinya  fay  fe  corn 
he  balejat  segons  rito  de  sancta  mare  Iglesia  a  Hyadnto 
Fran™  Honorât  Matias  Père  marlirf  Andreu  Joan  fill  de 
M.  Matias  Ri  g  au  y  (Rore  ?)  y  de  Maria  conjuges  foren 
padrins  mussur  Andreu  Langlel  y  la  Sn  Rosa  Casais.  » 

Le  père  de  Rigaud  était  tailleur,  établi  dans  la  paroisse 
saint  Jean  de  Perpignan;  d'Argenviile  et  Carrère  lui- 

(i)  Quoique  l'auteur  de  l'article  sur  ce  peintre,  inséré  dans  Y  Annuaire 
du  département  des  Pyrénées-Orientales  pour  1884,  suivant  l'ortographe 
que  donne  l'acte  de  naissance  de  Rigaud  ait  écrit  Rigau,  nous  adopterons 
la  première  forme  :  d'abord  parce  que  l'artiste  roussillonnais  signait  Rigaud 
et  en  second  lieu  parce  que  c'est  sous  ce  nom  qu'il  s'est  illustré. 


32i 

même  sont  dans  l'erreur  en  prétendant  que  Malbias 
Rigaud  était  peintre,  certains  auteurs  ajoutent  même  que 
l'aïeul  de  Rigaud  était  également  peintre  et  que  ce  fut  ce 
vieillard  et  son  fils  qui  inspirèrent  a  Hyacinthe  le  goût 
de  la  peinture;  celte  dernière-  assertion  n'est  guère 
admissible,  car  Hyacinthe  Rigaud  n'avait  que  huit  ans 
lorsqu'il  perdit  son  père.  Quand  il  eut  atteint  sa  quator- 
zième année  sa  mère  l'envoya  à  Montpellier  où  il  étudia 
quatre  ans  chez  Pezel,  puis  chez  Verdier  et  travailla 
aussi  chez  Ranc  Antoine,  dit  le  Vieux,  dont  les  portraits, 
selon  d'Àrgenville,  approchaient  de  ceux  de  Van-Dyck; 
ce  serait  alors  que  Rigaud  aurait  conçu  une  forte  incli- 
nation pour  la  manière  du  peintre  que  son  maître  imitait. 
Il  passa  ensuite  à  Lyon  où  il  ne  séjourna  que  quelque 
temps  et  toujours  occupé  de  Van-Dyck  il  vînt  h  Paris 
en  1681,  comptant  sîms  doute  trouver  de  plus  nombreux 
ouvrages  de  son  grand  modèle. 

L'auteur  de  la  notice  sur  Rigaud  insérée  dans  V An- 
nuaire des  Pyrénécs+Orientales  de  1854,  raconte  tout 
différemment  la  jeunesse  de  noire  peintre. 

«  Guerro- le- Vieux,  dit- il,  peignait  le  mur  d'une  ter- 
«  rasse  que  Ton  voit  encore  dans  l'ancien  hôtel  de  M.  le 
«  comte  de  Ros.  Un  enfant,  fils  d'une  pauvre  veuve 
«  employée  dans  la  maison,  considérait  assidûment  le 
«  travail  de  l'artiste  :  anchio  son  pittore,  se  dit-il  enfin 
«  en  lui-même,  comme  autrefois  le  Corrége,  et  profitant 
«  d'un  moment  où  il  se  voit  seul,  il  charbonne  un  dessin 
«  sur  la  parroi  opposée.  M.  de  Ros  s'emporte  à  la  vue 
«  de  ces  traits,  il  veut  en  punir  l'auteur  et  les  lui  faire 
«  effacer,  «  Arrêtez,  monsieur,  dit  le  peintre,  ce  dessin 
«  est  bon,  et  si  bon  que  je  n'en  suivrai  point  d'autre.  » 


3Î5 

a  Le  lecteur  a  déjà  nomné  cet  enfant  prodigieux.  11.  de 
«  Ros,  qui  l'aimait  auparavant  a  cause  de  la  gentillesse 
«  et  de  la  vivacité  de  son  esprit,  redoubla  d'affection 
a  pour  lui  et  prit  soin  de  tui  faire  enseigner  avec  les 
«  lettres  l'art  pour  lequel  il  semblait  né. 

«  Quelques  années  plus  tard,  Riga»  apprend  qoe 
a  M.  le  Comte  vient  de  partir  subitement  pour  Paris, 
«  il  court  aussitôt,  ses  bardes  sous  le  bras,  après  la 
«  voilure,  et  la  suit.  «  Ou  vas-tu,  lui  dît  le  cocher  ?  — 
«  A  Paris,  puisque  mon  bienfaiteur  y  va.  »  M.  de  Ros, 
«  touché  jusqu'aux  larmes  de  tant  d'attachement,  le 
«  prend  dans  son  carrosse,  le  presse  dans  ses  bras, 
«  l'emmène  avec  lui  et  le  place  dans  on  atelier  de  pein- 
er ture  ou  il  pourvoit  i  ses  besoins.  » 

«  Voilà  ce  que  rapporte  nne  tradition  constante  de 
«  famille.  » 

« Certains  ont  avancé  que  cet 

«  artiste  se  forma  &  Montpellier,  à  l'école  de  Ranc, 
«  peintre  de  portraits  a  la  manière  de  Van-Dyck  ;  mais 
«  Ranc,  né  en  107  i,  n'avait  que  cinq  ans  lorsque  Rigau 
«  en  comptait  vingt.  Il  est  plus  vrai  de  dire  avec  d'au- 
«  très  que  Ranc  fut  son  élève  et  l'on  peut  croire  que  lui 
«  n'avait  pas  eu  d'autres  maîtres  que  Guerra  quand  il 
«  arriva  à  Paris.  » 

Sans  vouloir  toucher  le  moins  du  monde  à  cette  res- 
pectable tradition,  et  sans  nous  extasier  sur  l'agilité  de 
Rigaud,  capable  d'atteindre  la  voiture  de  M.  de  Ros, 
nous  nous  permettrons  seulement  de  faire  observer  en 
passant  qu'il  est  fort  probable  que  si  Rigaud  n'avait  reçu 
des  leçons  que  de  Guerra,  et  s'il  n'avait  un  peu  développé 
son  talent,  soit  en  copiant  nos  grands  peintres,  soit  en 


326 

se  formant  sous  d'habiles  maîtres,  il  n'aurait  pas,  un  an 
&  peine  après  son  arrivée  à  Paris,  remporté  le  premier 
prix  de  l'Académie  de  peinture;  et  nous  remarquerons 
aussi  que  l'annuaire  de  1834  pour  prouver  que  Rigaud 
ne  peut  avoir  travaillé  chez  Ranc,  donne  la  date  de  la 
naissance  du  peintre  languedocien  qu'il  fixe  à  1674;  si 
cette  date  était  celle  de  la  naissance  du  Ranc  qu'on  dit 
avoir  été  le  maître  de  Rigaud,  nous  partagerions  entière- 
ment sur  ce  point  l'opinion  de  l'auteur  de  l'article  Rigaud 
dans  l'annuaire  précité  ;  mais  malheureusement  cette  date 
1674  est  celle  de  la  naissance  de  Jean  Ranc<4>,  fils  de 
Ranc-le- Vieux,  chose  dont  on  peut  facilement  se  convain- 
cre par  la  lecture  de  la  biographie  de  Jean  Ranc  dans 
d'Argenville  {Vie  des  Peintres,  T.  II,  p.  324)  et  dans 
Mariette  (Abecedario,  T.  IV,  p;  28).  Ce  dernier  auteur, 
ainsi  que  Degrefeuille  citent  Rigaud  comme  élève  de 
Ranc-le- Vieux. 

Ce  fut  en  1681  que  Rigaud  vint  a  Paris,  et  il  avait 
déjà  acquis  une  habileté  telle  que  l'année  suivante  (1682) 
il  remporta  le  premier  prix  de  l'Académie  royale  de 
peinture,  le  sujet  était  Caïn  bâtissant  la  ville  d'Enoch. 
Le  jeune  peintre  roussillonais  sut  plaire  à  Charles  Le 
Brun  qui  était  alors  le  dominateur  absolu  des  arts,  et  de 
qui  tout  dépendait,  commandes,  places,  renommée 
même;  jaloux  de  ne  point  laisser  aucun  homme  de 
mérite  en  dehors  de  son  influence,  l'Académie  de  pein- 
ture dont  Le  Brun  était  l'âme,  attirait  à  elle  tous  les 

(1)  Jean  Ranc,  né  à  Montpellier  en  1674,  élève  de  Rigaud ,  dont  il 
épousa  une  nièce,  fille  de  Gaspard  Rigaud ,  fut  en  1724  nommé  premier 
peintre  du  roi  d'Espagne,  et  mourut  à  Madrid  en  1735. 


327 

jeunes  talents  ;  Rigaud  prit  part  au  concours  et  remporta 
le  premier  prix  de  Rome  en  1685.  Il  était  sur  le  point 
d'entreprendre  le  voyage  d'Italie,  mais  il  en  fut  détourné 
par  Le  Brun  qui,  voyant  en  lui  une  vocation  décidée 
pour  le  portrait,  l'engagea  à  renoncer  à  ce  voyage  qui 
ne  lui  étant  pas  nécessaire  pouvait  même  lui  devenir 
dangereux,  en  lui  inspirant  des  ambitions  déréglées. 

Etabli  peintre  de  portraits  à  Paris,  Rigaud  commença 
par  peindre  de  simples  bourgeois,  «  Sou  premier  mor- 
«  ceau,  dit  d'Argenville,  fut  le  portrait  d'un  nommé 
«  Maleron,  joaillier,  qu'il  fit  dans  le  goût  de  Van-Dyck,  » 
mais  possédant  l'art  à  un  si  haut  degré  il  fut  bientôt 
connu  et  recherché.  Peu  après,  vers  1682  ou  1683,  il 
fit  le  portrait  de  l'auteur  du  Cid  «  l'air  fort  simple  et 
a  fort  commun,  toujours  négligé  et  peu  curieux  de  son 
a  extérieur  »  dit  Fontenelle  en  parlant  de  son  oncle. 

En  1786,  il  peignit  M.  de  Trobat,  intendant  du  Rous- 
sillon;  vers  1688,  Le  Brun  et  Mignard,  ainsi  que  Monsieur 
frère  du  roi;  l'année  suivante  (1689)  il  fit  !e  portrait 
d'Anne-Marie-Louise  d'Orléans,  la  grande  Mademoiselle* 
l'héroïne  de  la  Fronde,  qui  vivait  alors  retirée  et  presque 
oubliée.  En  1690  il  avait  peint  La  Fontaine,  Fléchier,  etc. 
Il  fit  aussi  le  portrait  de  M.  de  Ros;  et  le  duc  Anne-Jules 
de  Noailles,  maréchal  de  France,  gouverneur  du  Rous- 
sillon  ayant  vu  cette  dernière  toile,  voulut  être  peint  de 
la  même  main  (1691).  Cette  même  année,  notre  peintre 
fit  le  portrait  de  Golbert  et  du  prince  royal  de  Danemarck, 
roi  en  1699  sous  le  nom  de  Frédéric  IV;  en  1692  il 
peignit  Saint-Simon,  et  fit  l'année  suivante  un  second 
portrait  du  maréchal  de  Noailles  (gravé  en  1699  par 
Edelinck),  ainsi  que  celui  du  duc  de  Luxembourg. 


328 

Dès  lors  commença  k  s'étendre  la  réputation  de 
Rigaud.  Il  peignit  les  artistes  de  son  temps,  les  célèbres 
sculpteurs  Girardon,  Martin  Bogaërt  (plus  connu  en 
France  sous  le  nom  de  Desjardin)  1692,  Coysevox, 
Nicolas  Coustou;  les  peintres  Sébastien  Bourdon,  Glande 
Halle,  Lafosse, Louis  de  Boullongne,  Joseph  Parrocel,  etc.; 
les  architectes  Robert  de  Gotle,  Mansart,  etc.,  et  l'auteur- 
comédien  Baron. 

Rigaud  fit  aussi  son  portrait  de  plusieurs  manières,  mais 
toujours  dans  un  négligé  pittoresque,  tantôt  il  s'est  repré- 
senté regardant  à  une  fenêtre,  le  crayon  à  la  main,  la 
chemise  ouverte  et  le  cou  nu  (1692,  gravé  par  Edelinck 
1698);  tantôt  appuyé  sur  le  perron  d'un  palais,  recouvert 
d'un  manteau  de  velours  élégamment  jeté  sur  l'épaule, 
ou  bien  encore  à  son  chevalet,  avec  un  clair-obscur  à  la 
Rembrand  (1698,  gravé  par  Dcvret,  1700,  1703).  Rigaud 
fit  encore  son  portrait  en  1712  le  plus  souvent  avec  un 
bonnet  de  fantaisie;  dans  son  portrait  qu'il  fit  en  1742, 
il  s'est  peint  jusqu'aux  genoux,  paraissant  travailler  au 
portrait  de  sa  femme  (gravé  la  même  année  par  J.  Daublé). 
«  C'étaient,  dit  Charles  Blanc,  ses  meilleurs  portraits,  en 
«  ce  sens  que  c'étaient  ceux  où  la  solennité  du  costume 
«  le  gênait  le  moins,  tandis  que  c'était  tout  le  contraire 
«  quand  il  avait  à  peindre  un  de  ces  personnages  du 
«  grand  siècle  qui  posaient  et  se  drapaient  devant  le 
«  peintre  comme  devant  la  postérité  même,  et  en  outre 
«  Rigaud  leur  prétait  une  certaine  dignité  empha- 
se tique.  » 

Rigaud  était  plus  naturel  dans  ses  portraits  de  fem- 
mes; celui  qu'il  fil  d'Henriette -Marguerite  Le  Bret  de 
l»a  Briffe,  quatrième  femme  du  président  Pierre  Cardin 


320 

Le  Bretf',  dans  lequel  elle  est  représentée  assise,  coiffée 
d'épis  comme  une  Cérès,  tenant  d'une  main  une  fau- 
cille, de  l'autre  un  bouquet  d'épis  et  de  coquelicots; 
ainsi  que  le  portrait  d'Elisabeth  de  Gouy,  sa  femme,  dans 
lequel  il  Ta  placée  à  une  fenêtre  et  lui  a  prêté  un  ajus- 
tement de  fantaisie  simple  et  de  bon  goût,  sont  deux 
toiles  exquises. 

L'année  du  mariage  de  Rigaud  avec  Elisabeth  de  Gouy 
ne  nous  étant  pas  connue  (nous  pensons  cependant  que 
Rigaud  qui  n'était  pas  marié  en  1707,  épousa  Elisabeth 
de  Gouy  Tannée  suivante),  nous  placerons  ici  l'aventure 
qui  lui  procura  celte  union  et  dont  nous  emprunterons 
le  récit  au  fantaisiste  Arsène  Iloussaye,  dans  la  brillante 
imagination  duquel  elle  a,  craignons-nous t2',  seulement 
existé. 

Un  matin  sa  voisine  (de  Rigaud),  femme  du  meilleur 
«  monde,  ordonna  à  son  laquais  d'aller  lui  chercher  un 
«  barbouilleur  pour  peindre  son  plancher  et  lui  vernir 
«  ses  meubles.  Le  laquais  va  au  plus  proche  et  frappe  à 
«  la  porte  de  Rigaud,  le  peintre  était  en  belle  humeur, 
«  il  avait  d'ailleurs  trop  d'esprit  pour  s'offenser  de  la 
«  méprise,  il  promet  d'aller  peindre  le  plancher  et  vernir 

(1)  Le  portrait  du  président  Le  Bret(quc  Rigaud  fit  en  1697)  et  celui 
de  sa  femme,  furent  vendus  en  1847,  à  la  vente  Legrand.  «  Ils  ont  été", 
dit  le  Catalogue,  recueillis  par  M.  de  La  Bourdonnais.  » 

(2)  Faisant  son  testament,  le  30  mai  1707,  Rigaud  léguait  (à  demoi- 
selle Elisabeth  Gouy  »  sa  ferme  de  Vaux  ;  il  connaissait  bien  avant  son 
mariage  sa  future  épouse,  car  il  n'aurait  pas,  à  la  veille  de  s'unir  à  elle, 
fait  en  sa  faveur  un  legs,  insuffisant  le  lendemain.  Dans  le  registre  que 
tenait  Rigaud  des  portraits  qu'il  exécutait,  nous  voyons  qu'en  1698  il  fit 
»  gratis  »  les  portraits  de  M.  et  de  Mme  de  Gouy,  le  père  et  la  nrôrc  de 
sa  future. 


330 
«  les  meubles.  Comme  s'il  allait  faire  le  portrait  du  roi 

i 

«  il  s'habille  dans  ce  beau  style  étoffé,  avec  tout  le  fracas 
«  des  magnifiques.  La  dame  ne  comprend  pas,  elle 
a  répond  à  ses  révérences  par  les  plus  profondes  révè- 
re rences,  elle  croit  que  c'est  un  homme  de  cour,  quel- 
ce  que  marquis  égaré ,  quelque  chercheur  d'aventures  : 
c<  Voulez-vous  me  dire,  Monsieur,  à  qui  j'ai  l'honneur 
«  de  parler?  »  —  ce  À  Rigaud,  le  barbouilleur  voisin.  Je 
ce  viens,  Madame,  peindre  votre  plancher  et  vernir  vos 
ce  meubles  selon  vos  ordres  transmis  par  votre  laquais; 
ce  je  vais  me  mettre  à  l'œuvre.  » 

ce  La  dame  partit  d'un  éclat  de  rire  si  franc,  avec  des 
ce  dents  si  belles,  avec  un  tintement  de  voix  si  clair,  que 
ce  Rigaud  devint  soudainement  amoureux  d'elle,  ce  Cette 
ce  méprise,  Monsieur,  reprit-elle  avec  une  grâce  parfaite, 
ce  est  une  bonne  fortune  pour  moi.  —  Je  voudrais  pou- 
ce voir  dire  la  même  chose,  s'écria  Rigaud.  —  Monsieur, 
ce  puisque  vous  êtes  venu  pour  peindre,  je  ne  vous  per- 
ce mets  pas  de  vous  en  aller  sans  rien  faire,  aussi  bien 
ce  il  y  a  longtemps  que  je  demandais  où  vous  demeuriez 
ce  pour  vous  prier  de  faire  mon  portrait.  —  Volontiers, 
ce  Madame,  si  vous  êtes  toujours  aussi  belle.  —  Est-ce 
ce  que  vous  me  trouvez  belle  aujourd'hui?  Rigaud  s'inclina 
ce  profondément  :  «  Dépêchez-vous  donc  de  me  peindre, 
ce  car  je  ne  réponds  pas  d'être  belle  demain. 

ce  Et  ainsi  on  égrenait  les  perles  fines  d'une  galante 
ce  conversation.  On  ne  commença  pas  ce  jour-là,  mais 
«  on  prit  rendez-vous  pour  le  surlendemain.  Dès  la 
ce  première  séance  il  n'y  avait  ni  peintre  ni  modèle,  il  y 
ce  avait  deux  amoureux.  —  Quand  nous  marierons-nous  ? 
ce  demanda  un  jour  Rigaud.  —  Quand  vous  aurez  fini 


331 

a  mon  portrait,  répondît  la  dame.  —  Eh  bien  !  Madame, 
«  je  ne  finirai  votre  portrait  que  quand  vous  serez 
«  madame  Rigaud,  parce  que  je  suis  jaloux  du  nom  que 
«  vous  portez.  —  Oh  !  ne  soyez  pas  jaloux,  mon  mari 
a  ne  m'a  pas  épousée  »  et  la  belle  veuve  se  mit  à  rire 
«  de  son  beau  rire.  «  Quand  je  songe  qu'il  me  faut 
«  épouser  mon  peintre  pour  avoir  mon  portrait!  »  Rigaud 
«  lui  prit  les  mains  et  l'embrassa  :  «  Voilà  une  rude 
«  extrémité  sans  doute,  mais  comme  cela  le  portrait  ne 
«  vous  coûtera  rien.  —  Le  prenez-vous  ainsi  ?  il  me 
0  semble  au  contraire  que  ce  portrait  me  va  couler  cher  : 
«  comptez-vous  donc  pour  rien  ma  liberté,  la  liberté  que 
«  j'avais  d'envoyer  chercher  un  barbouilleur. 

a  Ce  fut  ainsi  que  se  maria  Rigaud.  » 

Nous  ne  savons  si  c'est  du  portrait  dont  nous  venons 
de  parler  qu'il  est  question  dans  les  mémoires  inédits 
sur  les  peintres  de  l'Académie  de  peinture,  dans  lesquels 
on  cite  un  portrait  d'Elisabeth  de  Gouy,  peint  par  Rigaud 
en  1742,  vers  la  fin  de  la  vie  de  sa  femme,  et  dont  il 
avait  commencé  la  tête  quelques  trente-cinq  ans  avant, 
vers  1707  ou  1708  (gravé  en  1743  par  J.  G.  Willi). 

En  1695  Rigaud  fit  un  voyage  en  Roussillon  pour 
revoir  sa  mère  et  remporta  soû  image.  «  Rien  n'est  plus 
«  admirable,  dit  Charles  Rlanc  ;  le  modèle  le  plus  savant, 
«  le  plus  attentif,  le  plus  ferme,  la  finesse  d'une  peau 
a  sous  laquelle  on  voit  transparaître  le  sang,  la  clarté  de 
«  l'œil,  l'attendrissement  des  tempes  et  des  paupières,  la 
«  morbidesse  des  carnations,  font  de  celte  tête  un  des 
«  beaux  morceaux  de  l'art  français.  » 

Ce  ne  fut  pas  assez  pour  Rigaud  d'avoir  le  portrait,  il 
retourna  à  Perpignan  chercher  l'original,  il  ramena  sa 


332 

mère  et  voulul  qu'elle  conservât  a  Paris  l'habillement  du 
Roussillon,  disant  :  ce  Je  ne  veux  pas  qu'on  me  change 
ma  mère.  »  Il  fit  exécuter  en  marbre,  par  le  fameux 
Coysevox,  le  portrait  de  sa  mère  d'après  son  tableau  (ce 
buste  se  trouve  au  Louvre,  sculpture  moderne  n°  202), 
qu'il  fit  encore  en  1702  graver  par  Pierre  Drevel,  et  que 
dans  la  suite,  afin  d'en  assurer  la  conservation  et  d'en 
garantir  l'authenticité,  il  légua  a  l'Académie  de  peinture. 

La  renommée  de  Rigaud  allait  grandissant,  son  talent 
était  exalté,  et,  briguant  l'honneur  d'être  peints'  de  sa 
main,  artistes,  savants,  magistrats,  marquis,  prélats, 
'princes  venaient  poser  devant  lui.  Le  trait  suivant,  que 
raconte  Saint-Simon,  nous  donnera  une  idée  de  la  répu- 
tation et  de  l'habileté  de  notre  peintre. 

«  Il  y  avait  longtemps,  nous  dit  l'aristocratique  écri- 
er vain,  que  l'attachement  que  je  portais  h  M.  de  La  Trappe 
«  (l'abbé  de  Rancé),  et  mon  admiration  pour  lui  me  iai- 
«  saient  désirer  extrêmement  de  pouvoir  conserver  sa 
«  ressemblance  après  lui;  comme  ses  ouvrages  en  per- 
ce pélueraieut  l'esprit  et  les  merveilles;  son  humilité 
«  sincère  ne  permettait  pas  qu'on  put  lui  demander  la 
«  complaisance  de  se  laisser  peindre.  »  Cette  dernière 
considération  engagea  le  duc  a  avoir  recours  à  la  ruse. 

«  Rigaud,  continue  Saint-Simon,  était  alors  (1896)  le 
or  premier  peintre  de  l'Europe,  pour  la  ressemblance  des 
«  hommes,  et  pour  une  peinture  forte  et  durable;  mais 
ce  il  fallait  persuader  à  un  homme  aussi  chargé  d'ouvrage 
«  de  quitter  Paris  pour  quelques  jours,  et  voir  encore 
«  avec  lui  si  sa  tête  serait  assez  forte  pour  rendre  une 
«  ressemblance  de  mémoire;  celte  dernière  proposition 
«  qui  l'effraya  d'abord,  fut  peut-être  le  véhicule  de  lui 


333 

«  faire  accepter  l'autre.  Uo  homme  qui  excelle  sur  tous 
«  ceux  de  soo  art,  est  touché  d'exceller  d'une  manière 
«  unique;  il  en  voulut  bien  faire  l'essai  et  donner  pour 
«  cela  le  temps  nécessaire.  L'argent  peul-êlre  lui  plut 
<c  aussi;  il  voulut  mille  écus  comptant  à  son  retour,  être 
«  défrayé  de  tout,  aller  en  poste  en  un  jour  et  revenir 
«  de  même.  Je  ne  disputais  rien  et  le  pris  au  mot  de 
«  tout.  » 

Le  marché  conclu,  les  deux  voyageurs  arrivent  à  La 
Trappe.  Rigaud  avait  endossé  l'uniforme  d'officier  du  roi. 
Dans  une  première  entrevue*  Saint-Simon  demande  à 
l'abbé  de  Rancé  la  permission  de  lui  présenter  un  gen- 
tilhomme de  ses  amis,  qui  désirait  vivement  le  voir  et 
qui  parlait  très  peu  en  étant  empêché  par  un  fort  bégaie- 
ment. L'abbé  de  Rancé  consentit,  quoique  avec  quelque 
hésitation,  a  recevoir  l'officier,  qui  put  par  trois  fois,  entrer 
avec  Saint-Simon  dans  l'austère  cellule  de  l'illustre  péni- 
tent. L'artiste  ne  parlait  que  très  rarement,  concentrant 
toutes  les  forces  de  son  intelligence  à  étudier  M.  de 
Rancé,  à  épier  ses  gestes  et  à  apprendre  les  finesses  de 
sa  physionomie.  «  Il  fit,  ajoute  Saint-Simon,  un  chef- 
ce  d'œuvre  aussi  parfait  qu'il  eut  pu  le  réussir  en  le 
«  peignant  a  découvert  sur  lui-même...  La  ressemblance 
«  dans  la  dernière  exactitude,  la  douceur,  la  sérénité  de 
«  son  visage,  le  feu  noble,  vif,  perçant  de  ses  yeux,  si 
«  difficile  à  rendre,  la  finesse  et  tout  l'esprit  et  le  grand 
«  qu'exprimait  sa  physionomie,  celte  candeur,  celte 
«  sagesse,  paix  intérieure  d'un  homme  qui  possède  son 
«  âme  ;  tout  était  rendu  jusqu'aux  grâces  qui  n'avaient 
«  point  quitté  ce  visage,  exténue  par  la  pénitence,  l'âge 
«  et  les  souffrances.  » 


334 
Eq  1697  Rigaud  fit    «  gratis,  »  comme  le  dit  son 
registre,  le  portrait  du  comte  d'Albaret,  intendant  du 
Roussi  II  on. 

Il  venait  de  terminer  (1697)  le  portrait  de  Louis,  dau- 
phin de  France,  lorsque  le  prince  de  Conti  fut,  celte 
même  année,  élu  roi  de  Pologne.  Ce  prince,  avant  de 
partir  pour  son  royaume,  se  fit  peindre  par  Rigaud  qui. 
Tannée  suivante  (1698),  fit  les  portraits  du  duc  de  Ven- 
dôme, de  Villeroy,  de  Mgr  Jean  Hervieu  Razan  de 
Flamenville,  évéque  d'Elue,  dont  il  fit  «  présent  »  à  ce 
prélat<!> (gravé  en  1701  parfSarrabat  ;  la  lithographie  insé- 
rée à  la  page  118  de  I'épiscopologie  d'Elne  de  Puiggari 
est  une  reproduction  de  cette  gravure)  ;  précédemment  il 
avait  peint  La  Fontaine,  Racine,  Santeuil,  etc.,  le  duc 
de  Cambray,  l'Évêque  de  Troyes,  PÉvêque  de  Mirepoix, 
l'éloquent  Fléchier,  etc.,  et  dans  un  de  ses  chefs-d'œuvre 
il  nous  a  conservé  l'Aigle  de  Meaux  qu'il  a  représenté 
avec  ses  habits  pontificaux,  debout  dans  un  cabinet, 
entouré  des  ouvrages  qu'il  a  composés  (1699)  (gravé  par 
Drevet  le  fils  (Pierre)  en  1723).  «  Ce  portrait,  dit  Charles 
a  Blanc,  est  le  plus  beau  portrait  du  maitre  et  un  de 
«  ceux  qui  s'élèvent  h  la  dignité  de  l'histoire;  la  tête  est 
«  grave,  puissante  et  fière,  elle  est  éclairée  par  l'intel- 
«  ligence  »  et  l'on  reconnaît  la  belle  tête  de  Rossuet 
«  si  fortement  marquée  à  l'empreinte  du  génie.  » 

Le  portrait  qu'avait  fait  Rigaud  du  prince  de  Conti  et 
surtout  sa  haute  réputation,  le  fit  choisir  par  Louis  XIV 

(1)  Rigaud  avait  fait  précédemment  le  portrait  de  Mgr  de  Flamenville, 
puisque  son  registre  porte,  sous  la  date  de  1697,  la  mention  suivante  : 
1697,  deux  copies  de  l'Évêque  de  Perpignan,  50  livres. 


335 

quand  il  voulut  avoir  le  portrait  du  duc  d'Anjou,  son 
petit-fils,  qui  allait  quitter  Versailles  pour  régner  sur 
l'Espagne  sous  le  nom  de  Philippe  V  (1700),  et  le  grand 
roi  fut  si  satisfait  qu'il  daigna  permettre  au  peintre  rous- 
sillonnais  de  reproduire  ses  traits  (1701). 

Par  lettre  du  2  janvier  1700,  l'Académie  de  peinture 
reçut  Rigaud  en  qualité  de  peintre  de  portraits,  et  non, 
comme  le  dit  d'Argenville,  en  qualité  de  peintre  d'his- 
toire, «r  et  elle  agrée  pour  ouvrage  de  réception  le  por- 
«  trait  historié  de  feu  M.  Desjardins.  »  En  1702,  Rigaud 
fit  les  portraits  de  Fonlenelle  et  de  Mansart  (gravé  par 
Edelinck,  1704),  et  l'année  suivante  celui  du  duc  de 
Bourgogne  (1703).  En  1704,  notre  peintre  se  vit  honoré 
d'une  visite  du  duc  de  Mantoue  qu'il  peignit  ainsi  que 
sa  femme;  cette  même  année  il  fit  les  portraits  de  Vau- 
ban,  de  Boileau,  du  futur  vainqueur  de  Denain,  et  en 
1708,  du  Comte  de  Toulouse. 

Justement  fière  d'un  enfant  tel  que  Rigaud,  la  ville  de 
Perpignan  le  mit  au  nombre  de  ses  bourgeois -honorés 
par  une  lettre  du  18  juin  1709,  honneur  que  le  peintre 
reconnut  plus  tard  (1736)  en  offrant  à  ses  concitoyens 
un  splendide  portrait  en  pied  de  Louis  XV.  En  1713, 
Louis  XIV  fit  inscrire  Rigaud  parmi  les  nobles  du  royaume 
et  le  3  novembre  1723,  Louis  XV  confirma  sa  noblesse 
par  un  édit  par  lequel  notre  peintre  est  «  maintenu  dans 
«  la  noblesse  à  lui  confirmée,  tant  en  considération  de 
«  la  réputation  qu'il  s'était  acquise,  que  pour  avoir  eu 
«  l'honneur  de  peindre  la  maison  royale,  jusqu'à  la  qua- 
«  trième  génération.  »  (Arrêt  du  Conseil  d'État  du 
8  novembre  1723);  il  avait,  en  1715,  fait  le  portrait  du 
jeune  roi  (gravé  en  1723  par  Drevel)  que,  d'après  une 


336 

anecdote  que  nous  racontons  pins  bas,  il  dut  faire  de 

nouveau  vers  1722.  Cette  même  année  1715  il  avait  peint 

Auguste  H,  roi  de  Pologne,  et  l'année  suivante  il  fit  le 
portrait  de  Jean- Baptiste-Louis  Picon,  chevalier,  seigneur 

d'Andrezel,  etc.,  intendant  do  Roussillon  (gravé  en  1719 
par  F.  Cheveau)  et  cette  même  année  la  princesse  Pala- 
tine, mère  du  régent,  posa  devant  lui. 

Le  22  juillet  1727  Louis  XV  nomma  Rigaud  chevalier 
de  Tordre  de  Saint-Michel  à  l'occasion  d'un  nouveau 
portrait  de  lui  que  venait  de  faire  ce  peintre.  «  Monsieur 
«  Rigaud,  lui  écrivit  le  Roi,  l'estime  particulière  que  je 
«  fais  de  votre  personne  et  de  votre  habileté  dans  la 
«  peinture  dont  vous  m'avez  donné  de  savantes  marques 
«  par  vos  ouvrages,  m'ont  engagé,  pour  vous  en  marquer 
«  ma  satisfaction  d'une  manière  distinguée,  à  vous  nom- 
«  mer  Chevalier  de  mon  ordre  de  Saint-Michel,  en  satis- 
«  faisant  à  ce  qui  est  requis  par  les  statuts,  dont  vous 
«  serez  informé  par  mon  cousin,  le  maréchal  duc  d'Es- 
«  trées,  Chevalier  et  Commandeur  de  mes  Ordres,  qui 
«  vous  fera  rendre  celte  lettre  de  ma  part  ;  et  me  pro- 
«  mettant  que  l'honneur  que  je  veux  bien  vous  faire  vous 
«  sera  très  sensible.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  Rigaud,  qu'il 
«  vous  ait  en  sa  sainte  garde. 

«  Écrit  à  Versailles,  le  22™  juillet  1727. 

«  Signé  :  Louis.  » 

Et  plus  bas  :  «  Phili peaux.  » 

On  raconte  que  pendant  que  Rigaud  peignait  pour  ta 
seconde  fois  Louis  XV  alors  fort  jeune,  le  royal  enfant 
lui  demanda  s'il  était  marié  et  s'il  avait  des  enfants. 
«  Je  suis  marié,  répondit  Rigaud,  mais  je  n'ai  pas  d'en- 


337 

«  fant,  Dieu  merci  !  »  Surpris  de  ces  dernières  paroles, 
le  roi  en  demanda  l'explication;  a  c'est,  reprit  le  peiu- 
«  tre,  que  mes  enfants  n'auraient  pas  de  quoi  vivre, 
a  voire  majesté  héritant  de  tout  ce  que  j'ai  pu  gagner 
«  au  bout  de  mon  pinceau.  »  Le  jeune  souverain  qui  ne 
pouvait  comprendre  ces  paroles  en  parla  au  Régent  et 
au  Cardinal  Dubois  qui  lui  firent  entendre  de.  leur  mieux 
que  Rigaud  était  une  victime  du  système  de  Law.  On  fit 
pour  Rigaud  ce  qu'on  n'avait  jamais  fait  pour  personne 
et  malgré  la  rigueur  du  visa  on  lui  conserva  le  même 
revenu  qu'il  avait  sur  l'Hôtel-de-Ville  avec  celte  différence 
que  ses  rentes  perpétuelles  furent  converties  en  viagères. 
Rigaud  eut  encore  l'honneur  en  1730  de  faire  de 
nouveau  le  poriraii  de  Louis  XV,  qu'il  représenta  en  buste 
et  cuirassé  (gravé  en  1737  par  F.  Daullé).  Cet  illustre 
peintre  était  alors  dans  sa  soixante-dix-septième  année. 

Les  hommes  du  grand  siècle,  les  Bossuet,  les  Boileau, 
les  Fléchier,  les  La  Fontaine,  les  Colbert,  les  Vauban, 
les  duc  de  Luxembourg,  etc.,  n'étaient  plus;  la  main  du 
peintre  roussillonnais  avait  transmis  leur  image  à  la 
postérité.  Les  lion. mes  du  xviue  siècle  ambitionnèrent 
aussi  l'honneur  d'être  peints  par  Rigaud;  tonr-k-tour 
posèrent  devant  lui  les  ministres,  Law,  le  cardinal  Met- 
chior  de  Polignac,  le  cardinal  Gaston  de  Rohan,  grand 
aumônier  de  France W,  l'archevêque  de  Paris  Gaspard  de 
Vintimille,  le  cardinal  Fleury,  le  cardinal  Dubois,  gravé 

(1)  Au  commencement  du  premier  volume  de  l'édition  du  Thésaurus 
de  Dom  Martenne,  (1717,  5  vol.),  se  trouve  une  gravure  de  ce  portrait, 
avec  cette  inscription  :  «  Le  prince  Armand  Gaston  de  Soubise,  cardi- 
nal-évéque  prince  de  Strasbourg,  landgrave  d'Alsace,  grand  aumônier  de 
France.  » 

22 


:*38 

par  Drevel,  in- fol.,  etc.,  et  la  spirituelle  Adrienne  Le 
Couvreur,  ainsi  que  le  maréchal  de  Saxe. 

Eu  1741  l'Académie  de  peinture  élut  Rigaud  recteur 
pour  le  dernier  trimestre  et  Tannée  suivante  elle  le  reçut 
en  qualité  de  peintre  d'histoire.  Cette  même  année  (1742) 
un  grand  malheur  vint  le  frapper,  il  eut  la  douleur  de 
perdre  sa  femme;  cette  perte  lui  causa  une  affliction 
profonde,  et  Ton  peut  dire  que  ce  fut  même  la  cause  de 
sa  mort,  la  fièvre  ne  le  quitta  plus.  Comme  il  entrait 
après  la  levée  du  scellé  dans  la  chambre  où  sa  femme 
était  morte,  il  fut  tellement  ému  qu'il  s'écria  en  levant 
les  bras  au  ciel  :  «  Ah  !  je  vais  bientôt  vous  suivre.  » 
En  effet,  il  se  mit  au  lit  et  mourut  peu  de  jours  après, 
le  29  décembre  1743,  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans, 
cinq  mois  et  onze  jours. 

Voici  en  quels  termes  la  Gazette  du  4  janvier  1744  et 
le  Mercure  de  France  du  mois  de  février  de  la  même 
année,  p.  405,  annonçaient  sa  mort.  «  Le  sieur  Hyacinthe 
Rigaud,  chevalier  de  Saint-Michel,  peintre  ordinaire  du 
Roi,  ancien  recteur  et  directeur  de  l'Académie  royale  de 
peinture  et  de  sculpture,  lequel  s'était  acquis  une  grande 
réputation  par  ses  ouvrages,  et  qui  était  regardé  comme 
un  des  premiers  peintres  du  siècle,  mourut  en  cette  ville 
(Paris)  le  29  décembre,  âgé  de  quatre-vingt-quatre  ans 
ou  environ.  » 

Entre  de  nombreuses  anecdotes  concernant  Rigaud 
nous  choisirons  les  deux  suivantes  qui  font  connaître 
l'homme  et  l'artiste.  L'abbé  Lambert  rapporte  que  notre 
peintre  n'étant  pas  encore  devenu  célèbre  avait  fait  un 
portrait  qui  lui  était  resté;  il  avait  l'habitude  de  fixer  le 
prix  des  portraits  qu'il  faisait  et  inscrivait  le  nom  avec 


339 

la  somme  à  côté  sur  un  registre  destiné  à  cet  usage.  In 
des  héritiers  de  la  personne  qui  s'était  fait  peindre  se 
présente  longtemps  après  chez  Rigaud  afin  de  retirer  ce 
portrait;  après  s'être  informé  en  quelle  année  il  avait  été 
peint,  c'était  en  1685,  le  peintre  prend  son  registre  et 
trouve  sous  la  date  indiquée  la  mention  du  portrait 
qu'il  cherchait;  il  va  le  quérir  et  demande  50  écus 
à  son  interlocuteur.  A  ce  chiffre  celui-ci,  ébahi,  croit 
à  une  plaisanterie  et  demande  au  peintre  s'il  paile 
sérieusement;  sur  la  réponse  affirmative  de  Rigaud, 
l'héritier  se  récrie  en  disant  qu'un  aussi  grand  peintre 
que  Rigaud  ne  faisait  pas  des  portraits  pour  50  écus.  — 
«  Quand  j'ai  fait  ce  portrait,  répond  sévèrement  l'artiste, 
je  n'étais  pas  encore  un  grand  peintre  et  vous  ne  devez 
me  donner  que  le  prix  convenu.  »  L'héritier  s'exécuta  et 
quand  il  partit,  Rigaud  alla  le  reconduire  de  la  meilleure 
grâce  du  monde. 

Après  l'homme,  voici  l'artiste  :  son  premier  morceau 
à  Paris  fut,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  le  portrait  d'un 
joaillier  nommé  Materon,  qu'il  avait  peint  dans  le  goût 
de  Vau-Dyck  ;  ce  portrait  passa  successivement  au  fils  et 
au  petit-lils  de  ce  joaillier  :  ce  dernier,  voulant  s'assurer 
s'il  était  bien  de  Rigaud,  l'envoya  chez  le  peintre,  qui 
reconnut  son  ouvrage  :  «  La  tête,  dit-il,  pourrait  être  de 
Yan-Dyck,  mais  la  draperie  n'est  pas  digne  de  Van-Dyck, 
et  je  veux  la  repeindre  gratuitement.  » 

«  On  a  appelé  Rigaud  le  Van-Dyck  français,  dit  uu  criti- 
que, mais  on  lui  refuse  la  même  distinction,  la  même  finesse 
qu'au  peintre  flamand  ;  il  est  moins  souple,  il  fait  moins 
bien  connaître  ses  personnages  et  n'évite  pas  la  monoto- 
nie.  L'Art  ne  s'efface  pas  dans  ses  ouvrages  comme  dans 


340 

ceux  de  Van-Dyck,  mais  il  brille  dans  les  draperies, 
dans  le  faste  qui  caractérise  le  règne  du  grand  roi.  » 

Quoique  très  poli  avec  Ie3  dames,  Rigaad  n'aimait  pas 
à  les  peindre,  ne  voulant  pas  leor  sacrifier  la  vérité  : 
«  Si  je  les  fais  telles  qu'elles  sont,  disait-il,  elles  ne  se 
«  trouveront  pas  assez  belles,  si  je  les  flatte  trop,  elles 
«  ne  se  ressembleront  pas.  »  Aussi,  répondit-il  a  une 
dame  chargée  de  rouge,  dont  il  faisait  le  portrait  et  qui 
se  plaignait  qu'il  n'employait  pas  d'assez  belles  couleurs, 
«  Je  crois,  madame,  que  c'est  le  même  marchand  qui 
nous  les  vend  à  tous  deux.  » 

«  Ses  qualités  personnelles  dit,  en  parlant  de  Rigaud, 
«  Collin  de  Vermont,  l'ont  fait  chérir  de  tous  les  hon- 
«  nêtes  gens  ;  il  avait  le  cœur  admirable,  il  était  époux 
«  tendre,  ami  sincère,  utile,  essentiel,'  d'une  générosité 
«  peu  commune,  d'une  piété  exemplaire,  d'une  couver- 
te sation  agréable  et  instructive,  il  gagnait  à  être  connu, 
«  et,  plus  on  le  pratiquait,  plus  on  trouvait  son  commerce 
«  aimable.  Enfin,  un  homme  qui  avait  su  joindre  à  un 
«  si  haut  degré  de  perfection  dans  son  art  une  probité 
«  si  reconnue,  méritait  bien  pendant  sa  vie  les  distinc- 
te tions  et  les  honneurs  dont  la  Cour  et  toute  l'Europe 
«  l'ont  comblé,  et,  après  sa  mort,  les  regrets  de  toutes 
«  les  personnes  vertueuses  et  la  vénération  que  les  artis- 
te tes  auront  toujours  pour  sa  mémoire.  » 

Rigaud  était  lié  avec  La  Fontaine,  Boileau,  Santeuil, 
Coysevox  et  surtout  avec  le  peintre  de  Troy  et  le  por- 
traitiste Largillière  ;  il  Ait  l'un  des  plus  beaux  ornements 
de  cette  brillante  pléiade  de  génies  du  siècle  de  Louis  XIV 
et  le  meilleur  portraitiste  français  du  xvn*  et  du  xvme 
siècles.   «  Il  est,  dit  M.   Arsène  Honssaye,  onctueux 


:ut 

«  et  Soi,  son  pinceau  est  abondant  et  délicat»  il  ose 
«  s'aventurer  dans  le  cbaos  de  la  pâte,  parce  qu'il  y  va 
«  toujours  avec  la  lumière;  jam^js  l'éclat  de  son  coloris, 
«  jamais  la  transparence  de  son  clair-obscur,  jamais  les 
«  oppositions  sagement  amenées  ne  lui  font  oublier  les 
«  droits  du  dessin.  » 

«  Rigaud,  le  Van-Dyck  français,  dit  Viardot  (Musées 
«  de  France),  étudia  la  nature,  chercha  la  vérité,  non- 
«  seulement  dans  ses  ligures  vivantes,  mais  jusque  dans 
«  les  détails  minimes  des  ajustements,  et  donna,  comme 
c<  le  vrai  Van-Dyck,  assez  de  noblesse  et  de  dignité  à 
«  ses  modèles  pour  que  Ton  put  croire  aujourd'hui  qu'il 
«  leur  en  faisait  souvent  un  cadeau  gratuit.  Sous  son 
«  pinceau,  le  cardinal  Dubois  lui-même  semble  avoir  la 
«  grandeur  morale  d'un  homme  de  bien.  » 

«  Rigaud,  dit  encore  Collin  de  Vermont,  a  répandu 
«  dans  ses  compositions  eette  grandeur  et  cette  magni- 
«  licence  qui  caractérisaient  la  majesté  des  rois  et  la 
«  dignité  des  grands  doat  il  a  été  le  peintre  par  prédi- 
te lection,...  Personne  n'a  ponssé  plus  loin  que  lui 
«  l'imitation  de  la  nature  dans  la  couleur  locale  et  la 
«  touche  des  étoffes,  particulièrement  des  velours,  pér- 
ir sonne  n'a  su  jeter  les  draperies  plus  noblement  et  d'un 
«  plus  beau  choix.  » 

Les  couleurs,  les  teintes  de  Rigaud  sont  d'un  effet  mer- 
veilleux, d'une  fraîcheur  et  d'une  vivacité  admirables, 
aussi  l'abbé  de  Villard  a-t-il  pu  dire  : 

Rigaud  non  moins  savant  en  l'art  des  draperies, 
Des  habits  qu'à  ton  choix  tu  peins  et  tu  varies 
On  se  trompe  à  l'effet,  et  l'on  croit  que  Gautier, 
Te  la  fournit  brillante  au  sortir  du  métier. 


342 

L'œuvre  de  Rigaud  a  été  gravée  par  différents  graveurs, 
principalement  par  le  célèbre  Gérard  Edelinck,  les  Pierre 
Drevet  père  et  fils,  Loir  et  F.  Daullé;  elle  se  compose 
de  3286  pièces  (Paris  grand  in-folio  1753).  Ce  célèbre 
peintre  tenait  un  registre  des  portraits  qu'il  faisait  et 
nous  y  voyons  qu'en  1681  il  exécuta  dix-huit  portraits 
qui  lui  furent  payés  484  livres,  et  l'année  suivante  quinze 
portraits  et  cinq  copies,  ces  dernières  loi  valurent 
193  livres  et  le  tout  704  livres. 

L'œuvre  de  Rigaud  est  répandue  dans  les  musées  de 
l'Europe,  mais  la  France  possède  la  majeure  partie  de 
ses  tableaux. 

Le  Louvre  possède  du  Van-Dyck  français  : 
La  Présentation  au  temple.  Ce  tableau  est  le  dernier 
ouvrage  de  Rigaud  (n9  473). 

Saint  André,  appuyé  sur  une  croix,  les  yeux  tournés 
vers  le  ciel  (n°  474). 

Portrait  de  Louis  XIV  (n°  475).  C'est  un  des  plus 
beaux  tableaux  de  Rigaud  ;  le  roi  est  représenté  debout, 
tourné  à  gauche,  la  tête  nue,  couvert  du  manteau  royal 
et  s'appuyant  sur  son  sceptre.  La  couronne  et  la  main 
de  justice  sont  posées  auprès  de  lui  à  gauche  sur  un 
coussin,  à  droite,  derrière  le  roi ,  le  trône  et  un  rideau 
de  velours  rouge.  On  lit  au  fond  de  ce  tableau,  en  carac- 
tères très-fins  :  Peint  par  Hyacinthe  Rigaud,  1701.  Nous 
trouvons  dans  les  mémoires  de  Dangeau  :  «  Jeudi, 
«  10  mars  1701,  à  Versailles.  La  goutte  du  roi  conti- 
«  nue;  il  se  fait  peindre  l'après-diné  par  Rigaud  pour 
«  envoyer  son  portrait  au  roi  d'Espagne  à  qui  il  Ta 
«  promis.  —  Vendredi,  H  mars.  La  goutte  du,  roi  a  un 


3W 

«  peu  augmenté,  et  au  sortir  du  sermon,  où  on  le  porta, 
«  il  se  fit  reporter  chez  madame  de  Maintenou,  où 
«  Rigaud  travailla  à  son  portrait, — 19  janvier  1702. —  Le 
«  roi  eut  le  matin  la  patience  de  se  faire  peindre  chez 
«  madame  de  Maintenon  par  Rigaud  ;  il  envoie  ce  por- 
«  trait  au  roi  d'Espagne  qui  l'en  avait  instamment  prié.  » 
Mais  ce  portrait  étant  terminé,  le  roi  le  trouva  d'une 
ressemblance  si  parfaite  et  si  magnifiquement  décoré 
qu'il  ordonna  à  Rigaud  d'en  faire  une  copie  de  même 
grandeur  pour  l'envoyer  au  roi  d'Espagne  à  la  place  de 
l'original  qui  fut  placé  à  Versailles  dans  la  salle  du  trône. 
Dans  le  Mercure  de  janvier  1702  on  lit  au  sujet  de  ce 
portrait  :  «  On  a  exposé  le  portrait  du  roi  dans  le  grand 
«  appartement  de  Versailles,  il  est  en  pied  avec  l'habit 
«  royal.  Cet  ouvrage  est  de  M.  Rigaud  ;  jamais  portrait 
«  n'a  été  mieux  peint  ni  plus  ressemblant,  tout  le  monde 
«  le  loue  et  tout  le  monde  l'a  admiré.  (Ce  portrait  a  été 
«  gravé  par  Pierre  Drevet  en  1712).  » 

Portrait  en  pied  de  Philippe  V,  roi  d'Espagne  (n°  476). 

Portrait  en  pied  de  Bossuet  (n°  477),  gravé  par  Pierre 
Drevet  fils  en  1723.  Acheté  5.000  francs  en  1821  a  la 
vente  Crawford. 

Portrait  de  Marie  Serre,  mère  de  Rigaud  (n°  478), 
gravé  en  1702  par  P.  Drevet. 

Portrait  de  Martin  Van  den  Bogaërt,  sculpteur,  connu 
en  France  sous  le  nom  de  Desjardin  (n°  479),  gravé  par 
Gérard  Edelinck  en  1698,  in-fol. 

Portraits  de  Charles  Le  Brun  et  de  Mignard  (n°  480). 

Portrait  de  Mansart  (n°  481),  gravé  par  Edelinck  en 
1704,  in-fol. 

Portraits  de  personnes  inconnues  (n«  182). 


344 

Portraits  de  deux  femmes  et  d'un  homme  inconnus 
(n°  483). 

Portrait  du  duc  de  Lesdiguière,  provenant  de  la  galerie 
Lacaze. 

Au  cabinet  des  estampes  de  la  bibliothèque  nationale 
existe  une  ébauche  du  portrait  d'Edelînck  par  Rigaud. 

Le  Musée  de  Tours  a  de  Rigaud  un  portrait  de 
Louis  XIV;  celui  de  Montpellier,  le  portrait  de  Marc 
Pierre,  de  Voyer-d'Ârgenson;  celui  de  Toulouse,  le  por- 
trait de  Racine  et  du  duc  d'Orléans  ;  celui  de  Besançon, 
le  portrait  de  Rigaud  et  de  Coysevox,  et  Perpignan  pos- 
sède de  Rigaud  son  portrait  en  costume  de  chevalier  de 
Saint- Michel;  le  cardinal  de  Bullion,  ouvrant  Tannée 
sainte,  peint  en  1700,  gravé  par  Preisler,  in-fol.  Nous 
avons  le  regret  d'ajouter  que  le  portrait  de  Louis  XV 
que  Rigaud  avait  envoyé  à  sa  ville  natale  fut  en  1793 
brûlé  sur  la  place  publique. 

A  l'étranger,  nous  trouvons  de  Rigaud  :  son  portrait 
à  la  Galerie  de  Florence;  le  grand  duc  de  Toscane  l'avait 
demaudé  au  peintre  qui  le  lui  envoya  avec  un  abrégé  de 
sa  vie. 

Au  Belvédère  k  Vienne,  le  portrait  d'Elisabeth-Charlotte 

d'Orléans,  duchesse  de  Lorraine,  tille  de  Philippe  l<:r, 

%  duc  d'Orléans,  dans  sa  40e  année;  portrait  d'un  cardinal. 

A  la  galerie  de  Dulwick,  près  de  Londres,  un  portrait 
du  «  Contrôleur-général  du  Parnasse  »  sous  Louis  XIV, 
comme  dit  Sainte-Beuve. 

A  la  Pinacothèque  de  Muuich,  un  portrait  de  Chris- 
tian III,  duc  des  Deux-Ponts. 

Au  Musée  de  Casscl,  un  portrait  de  Rigaud. 


34r» 

A  la  Galerie  royale  de  Copenhague,  un  portrait  de 
Louis  XIV. 

A  la  Galerie  royale  de  Dresde,  un  portrait  d'Auguste  II 
roi  de  Pologne. 

A  StaffordrHousc  (Angleterre),  les  portraits  de  François 
Mansart,  du  cardinal  Melchior  de  Polignac  et  de  La 
Bruyère. 

Au  Musée  Rath  à  Genève,  le  portrait  d'Elisabeth  Char- 
lotte, princesse  Palatine,  la  mère  du  Iiégent. 

Au  Palais  Philippe  Durazzo  à  Gênes,  le  portrait 
d'Hippolyte  Durazzo. 

A  la  Gâterie  royale  à  Berlin,  un  portrait  du  sculpteur 
Desjardin  et  de  Marie  Mancini  ;  «  en  voyant  cette  char- 
«  mante  et  calme  figure,  dit  Viardot  (Musées  d'Allemagne, 
«  page  334),  ces  grands  yeux  si  doux,  cette  bouche  ten- 
te dre  et  souriante,  on  comprend  sans  peine  la  passion 
«  de  Louis  XIV  qui  voulut,  à  vingt  ans,  épouser  la  nièce 
«  bien-aimée  de  son  njnistre.  » 
-  Au  Museo  del  Rey  à  Madrid,  un  beau  portrait  de 
Louis  XIV  en  pied  et  de  grandeur  naturelle;  c'est  le 
portrait  que  le  grand  roi  avait  envoyé  à  Philippe  V. 

A  la  Galerie  de  VHermitage  à  Saint-Pétersbourg,  les 
portraits  de  Kontenelle  et  de  Louise  Lainel  à  77  ans. 

Au  château  dit  le  Palais  de  Madame  à  Turin,  le  por- 
trait de  la  duchesse  de  Bourgogne  (Marie-Adélaïde  de 
Savoie);  la  jeune  duchesse  est  représentée  debout,  les 
cheveux  épars  sur  les  épaules  et  vêtue  d'une  robe  de 
satin  bleu.  Voici  le  portrait  qu'en  a  tracé  Saint-Simon  : 
«  Elle  avait  le  plus  beau  teint  du  monde  et  la  plus  belle 
«  peau;  peu  dégorge  mais  admirable,   un  port  de  t<Hc 


346 

«  galant,  majestueux  ei  le  regard  de  même;  le  sourire 
«  le  plus  expressif...  » 

A  la  Galerie  grand-ducale  de  Carlsruhe,  portraits  de 
Louis  XIV  et  de  Rigaud. 

Au  Musée  ducal  de  Brunswick,  portrait  du  général  de 
Jordan . 

Des  œuvres  de  Rigaud  se  trouvent  encore  dans  les  col- 
lections particulières  suivantes  : 

Dans  la  Galerie  du  prince  Liechsleulein  à  Vienne  : 
Portrait  du  prince  Venceslas-Joseph  de  Liechstentein 
debout,  en  babil  de  cérémonie  de  Tordre  de  la  Toison 
d'Or;  dessin  original  du  portrait  de  Samuel  Bernard,  peint 
en  grisaille. 

Dans  la  Galerie  du  prince  Eslerhazy  à  Vienne  : 
Portrait  de  Rigaud. 

Portrait  de  Fr.  Léonard,  chez  M^Gatteaux. 
Portrait  du  provincial  des  Augustins,  chez  le  marquis 
de  Las  Marismas. 

Mais  de  toutes  les  Galeries  privées,  celle  qui  possédait 
le  plus  d'ouvrages  de  Rigaud,  était  sans  contredit  celle  de 
feu  le  lieutenant-général  comte  d'Espinoy,  dans  laquelle 
on  remarquait  de  ce  peintre  : 

Portrait  de  Louis-Alexandre  de  Bourbon,  comte  de 
Toulouse,  représenté  en  grand-amiral  après  la  bataille  de 
Malaga  en  1704. 

Portrait  de  Philippe  V,  roi  d'Espagne. 

Portrait  de  François-Louis  de  Bourbon,  prince  de 
Conli. 

Portrait  de  Sebastien  Le  Preslre,  marquis  de  Vauban. 


347 

Portrait  du  comte  de  Testé,  maréchal  de  France. 

Portrait  du  comte  d'Avaux. 

Portrait  de  Louis-Charles  Fouquel,  duc  de  Belle-lsle. 

Portrait  de  la  duchesse  de  Bourgogne. 

Portrait  de  Louis  Boucherai ,  chancelier,  en  costume 
de  président.  «  C'est  un  très  beau  portrait.  » 

Portrait  de  Gourville,  financier. 

Portrait  de  Revel,  ingénieur. 

Portrait  du  maréchal  4e  Saxe. 

Portrait  de  Pierre  Corneille. 

Portrait  de  Benserade. 

Portrait  d'Armand  Jean  le  Bouthelier  de  Rancé  ;  c'est 
une  copie  exécutée  par  Rigaud  ;  l'original  est  à  la  Trappe. 

Portrait  de  Jean-Baptiste  Lully. 

Portrait  de  Boileau,  gravé  par  Drevel,  in-fol. 

Portrait  de  Regnard,  gravé  en  1788  par  Pierre-Alexan- 
dre Tardieu. 

Portrait  de  Louis  de  Boullongue. 

.Portrait  de  Charles  de  La  Force. 

Portrait  d'Etienne  Materon  (mori  en  1686),  joaillier 
de  Monsieur,  frère  de  Louis  XIV. 

Portrait  de  d'Aguesseau. 

Voici  le  nom  de  quelques  personnages  peints  par 
Rigaud  et  dont  nous  n'avons  pas  parlé  : 

Louis  d'Enghien,  duc  de  Bourbon. 
Frédéric,  Électeur  de  Brandebourg. 
Maximilien,  Électeur  de  Bavière. 
Guillaume,  Roi  d'Angleterre. 
D'Hozier.    . 
Le  cardinal  de  Bull  ion. 


Henri  Oswald,  cardinal  d'Auvergne,  gravé  par  Drevet, 
in -loi. 

Dangeau. 

J.  N.  Colberl,  archevêque  de  Rouen. 

L.  A.  de  Noailles,  archevêque  de  Paris. 

L.  A.  de  Pardaillan  de  Gondrin,  duc  d'Antin,  gravé 
par  Tardieu,  in-fol. 

Marc  de  Beauvau,  prince  de  Craon. 

Jean  Balthazar  Keller,  célèbre  fondeur. 

L'abbé  Pucelle,  etc.,  elc. 

Nous  pourrions  facilement  allonger  celle  liste,  mais 
nous  ne  pensons  pas  qu'il  soit  utile  de  le  faire  car  «  le 
reste  ne  vaut  pas  l'honneur  d'être  nommé.  » 

Nigaud  légua  au  roi  Louis  XV  son  dernier  ouvrage, 
la  Présentation  au  Temple;  à  l'Académie  royale  de  pein- 
ture, le  portrait  qu'il  avait  fait  de  sa  mère  et  à  son  filleul 
Hyacinthe  Collin  de  Vermond  (né  en  avril  1692,  mort  en 
1761)  qu'il  affectionnait  beaucoup,  tous  ses  dessins,  tou- 
tes ses  estampes  et  tous  ses  usteusilcs  de  peinture. 

A  la  vente  de  Collin  de  Vermond,  en  1761,  il  y  avait 
de  ltigaud  :  —  deux  dessins  sur  papier  bleu,  au  crayon  noir 
et  blanc,  une  dame  et  un  jeune  homme,  vendus  24  livres  ; 
—  deux  tableaux  faisant  pendant;  un  homme  en  pied,  une 
femme  en  pied  d'après  Van-Dyck,  30  livres.  —  Un  petit 
portrail  en  pied,  24  livres.  —  Esquisse  du  portrait  de 
Louis  XV,  petit  tableau,  58  livres.  —  Un  homme  en 
cuirasse,  d'après  Van-Dyck,  54  livres.  —  Deux  petits 
tableaux,  esquisses  d'échevins,  pour  l'Hôtel*  de -Ville, 
GO  livres.  —  Un  nègre  portant  des  fraits,  24  livres.  — 


349 

Portrait  du  cardinal  de  Tencin,  non  fini,  22  livres,  — 
Une  femme  tenant  des  fleurs  avec  un  nègre,  48  livres. 
—  Le  duc  de  Mantoue ,  la  bataille  est  de  Parrocel , 
125  livres. 

En  1827  à  la  vente  Legrand  parurent  les  portraits  de 
M.  et  de  M1»»  de  La  Briffe,  gravés  par  Drevet.  «  Ils  ont 
été  recueillis  par  M.  de  La  Bourdonnais.  » 

En  juillet  1860,  lors  de  la  vente  de  la  Galerie  Delà- 
marche,  à  Dijon,  le  portrait  de  Baron  fut  vendu  240  fr. 

A  la  vente  du  prince  de  Gonli  en  1777,  un  portrait 
de  La  Fontaine,  ainsi  désigné  :  «  Vu  de  face,  la  tête 
dirigée  vers  la  droite,  aux  trois  crayons  sous  glace  »  sur 
papier  gris,  fut  vendu  220  livres;  le  même  prix  à  la  vente 
Prault  en  1780,  et  deux  ans  après,  à  la  vente  de  Ménard 
en  1782,  299  livres  19  sous. 

Voici  maintenant  le  prix  de  quelques  gravures  d'après 
Rigaud  : 

En  1769  à  la  vente  Cayeux,  le  Bossuet  gravé  par 
Drevet  en  1723,  in-folio,  48  livres. 

En  1817  à  la  vente  Logette,  une  maguifiqoe  épreuve 
de  ce  Bossuet,  400  francs. 

En  1798  à  la  vente  du  Dr  Cochu,  le  portrait  de  Des- 
jardin, gravé  par  Edelinck,  96 livres;  le  même  108  livres 
à  la  vente  Charles  de  Valois,  en  1801. 

En  1808  à  la  vente  Augustin  de  Saint-Aubin,  le  por- 
tant d'Auguste  II,  roi  de  Pologne,  gravé  par  Balecbou, 
288  francs.  Certaines  épreuves  de  cette  gravure  se  sont 
vendues  2  et  3,000  francs. 


3.V) 

En  1859,  Marie  de  Nemours,  gravée  par  Drevct,  in-fol. 
23  francs. 

En  1859  à  la  veole  de  M.  L...  Bossnet,  gravé  par 
Edeliack,  in- 4°  61  francs. 

En  juin  1860,  cardinal  Dubois,  44  fr. 
En  mai  1861,  le  comte  de  Toulouse,  gravé  parDrevet, 
61  francs. 

Nous  avons  nous-méme  acheté,  il  y  a  deux  ans,  deux 
gravures  d'après  Rigaud,  exécutées  par  Drevet,  au  prix 
de  60  francs  les  deux;  Tune  représente  Louis  XV,  la 
seconde  Samuel  Bernard.  Le  jeune  roi  est  assis,  couvert 
du  manteau  royal,  la  tête  nue,  les  pieds  posés  sur  un 
coussin,  de  sa  main  gauche,  il  fait  un  geste  indicatif,  sa 
tête  est  légèrement  tournée  de  ce  côté,  de  la  main  droite 
il  tient  son  sceptre  qui  repose  sur  son  genoux;  sur  une 
table,  recouverte  d'une  draperie  fleurdelisée,  à  côté  de 
lui,  se  voient  sur  un  coussin  la  couronne  et  la  main  de 
justice.  Le  manteau  royal  se  déroule  avec  grand  fracas. 

Un  des  plus  magnifiques  portraits  de  Rigaud  est  celui 

qu'il  lit  du  roi de  la  finance  à  cette  époque,  Samuel 

Bernard  ;  le  riche  financier  est  représenté  assis,  dans  son 
cabinet,  la  partie  inférieure  du  corps  perdue  dans  des 
flots  de  velours  rouge,  le  bras  gauche  appuyé  sur  une 
table  sur  laquelle  se  trouve  une  sphère  terrestre,  des 
plumes  et  quelques  papiers;  de  la  main  droite  il  indique 
la  mer  qui  se  voit  dans  le  foud  avec  quelques  vaisseaux. 

Rigaud  eut  pour  élève  Nicolas  Desportes,  neveu  du 
célèbre  peintre  de  ce  nom;  Legros,  frère  du  sculpteur,  etc. 
et  Jean  Ranc,  fils  du  maitre  de  Rigaud  à  Montpellier. 


; 


351 

M.  Feuillet  de  Conches,  dans  un  article  intitulé  :  Les 
Apocryphes  de  la  Gravure,  raconte  que  le  portrait  dû 
Comte  de  Toulouse,  gravé  par  Drevet,  a  été  plus  tard 
vendu  en  plus  petit  format,  comme  le  portrait  et  avec  le 
nom  de  Lauzun,  Vaimé  de  la  grande  Mademoiselle,  et  un 

autre  éditeur,  du  Fonletielle,  gravé  en  1783  par  Delvaux, 
a  Tait  un  Mathieu  Elzevier  (Gazelle  des  Beaux-Arts,  T.  Il, 
juin  1859). 


Nous  allons  terminer  celte  étude  sur  Rigaud  par  quel- 
ques notes  sur  Gaspard  Rigaud  et  les  Guerra. 


Gaspard  Rigaud  naquit  en  1661,  comme  il  constate  de 
son  acte  de  baptême  ainsi  conçu  : 

«  Vuy  al  primer  de  juny  any  mil  sis  cents  xexâte  hu 
«  jo  lo  doctor  Emmanuel  Boria  he  batejat  segons  lo  us 
«  de  santa  mare  Iglesia  Gaspar  Francisco  Joseph  Joan 
«  Mathias  Baldiri  611  de  Mathias  Rigau  y  Rore  y  Maria  sa 
«  muller  foren  padrins  lo  lllm  Sr  don  Gaspar  de  Sagar- 
«  riga  y  la  S2  dona  Joana  Pons  muller  de  1*111°™  don 
«  Joseph  Pon  Baro  de  Montclar.  (Llibre  de  Batismes  de 
a  S*  Joan  de  1654  à  1669  p.  197  —  Arch.  municipales 
«  de  Perpignan).  » 

Comme  son  frère,  Gaspard  était  peintre  de  portraits  et 
agréé  k  l'Académie  royale  de  peinture.  On  cite  de  lui  quel- 
ques portraits  :  Au  palais  Brignole,  à  Gènes,  ceux  de  Jean 
François  Brignole  en  militaire,  et  de  la  signora  Battina 
Ragi  Brignole  (Inslruzione  de  quanto  puo  vedersi  di  pin 


:)52 

belto  in  G e nova,  par  Giuseppe  Raili,  1780,  p.  260).  La 
nowétte  description  des  Beautés  de  Gènes  (1823),  après 
avoir  cité  les  deux  tableaux  ci-dessus,  indique  aussi  dans 
le  même  palais  comme  étant  du  même  auteur  :  Portrait 
d'une  dame  en  habit  blanc.  —  Portrait  ovale  en  demi- 
figure  d'un  homme  en  perruque  double.  Il  existe  sans 
doute  bien  d'autres  œuvres  de  Gaspard  Rigaud,  et  il  est 
plus  que  probable  que  de  tous  les  portraits  attribués  à 
Hyacinthe  Rigaud,  il  y  en  a  bien  quelques-uns  qui  sont 
de  la  main  de  son  frère.  Gaspard  Rigaud  mourut  à  Paris 
le  28  mars  1705;  voici  son  acte  de  décès  :  «  Paroisse 
«  Saint-Eustache  —  Dudil  jour  29me  (mars  1705)  Gaspard 
«  Rigaud  peintre  du  Roy,  âgé  de  45  ans  ou  environ, 
«  demeurant  rue  Montmartre,  décédé  du  28  du  présent 
«  mois  a  esté  inhumé  dans  noslre  église  en  présence 
«  d'Hyacinthe  Rigaud  son  fils  et  d'Hyacinthe  Rigaud 
«  peintre  ordinaire  du  roy  et  professeur  de  son  académie. 

«  Signé  :  Rigaud,  Rigaud,  Secousse.  » 

Gaspard  Rigaud,  outre  une  fille  qui  épousa  Jean  Ranc, 
élève  d'Hyacinthe  Rigaud,  laissa  encore  un  fils  nommé 
Hyacinthe,  sur  lequel  nous  ne  connaissons  aucun  détail 
et  dont  la  pins  grande  gloire  fut  d'être  le  neveu  de  son 
oncle. 

Rigaud  avait  en  outre  une  sœur,  Claire  Rigaud,  qui 
avait  épousé  M.  de  La  Fite,  bayle  de  Perpignan  et  qui, 
en  1707,  était  morte  laissant  des  enfants. 


Antoine  Guerra  dit  le  Vieux,  peintre  perpignanais,  pei- 
gnait dans  le  genre  italien;  on  cite  de  lui  une  Sainte 


353 

Rose  de  Lima,  une  Descente  de  Croix,  an  Saint  Mathieu, 
un  Saint  Jacques,  an  Saint  Simon  Stock,  etc. 


Antoine  G  a  erra,  fils  atné  du  précédent,  naquit  à  Per- 
pignan en  1666.  Voici  son  acte  de  baptême  : 

«  Vui  als  set  de  mars  del  any  mil  sis  cents  xexâte  sis 
«  jo  Joseph  Morat  domer  de  S1  Joan  de  P.Pa  fay  Te  cô 
«  he  batejat  segon  Rito  de  sancla  mare  Iglesia  a  Père 
«  Martir,  Thomas,  Joseph,  Fran",  Ramon,  Àntoni,  fill 
a  de  Anton  Guerra  pintor  y  de  Teresa  mnller  sua  :  foren 
«  Padrins  M°  Joseph  Gonzales  assonador  y  Maria  Thomas. 

«  (Llibre  de  Balismes  de  S»  Joan  de  1654  à  1669 
«  page  319).  » 

Antoine  Guerra,  s'adonna  avec  plein  succès  à  la  pein- 
ture et  son  compatriote  Rigaud  tenta  mais  en  vain  de 
le  décider  à  venir  k  Paris  où  honneurs  et  fortuoe  l'atten- 
daient ;  Guerra  ne  put  se  décider  k  quitter  son  pays 
natal,  où  le  18  avril  1694  il  avait  épousé  Josèphe  Ribera, 
et  en  secondes  noces  Thérèse  Barba,  le  28  janvier  1705 
(Arch.  munie,  de  Perpignan).  En  1706,  sur  les  instances 
de  Philippe  Y,  roi  d'Espagne,  il  consentit  k  le  suivre  k 
Madrid  en  qualité  de  premier  peintre,  mais  regrettant  sa 
vie  tranquille  et  simple,  Guerra  revint  bientôt  dans  sa 
patrie,  où  il  continua  de  s'adonner  à  la  peinture  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  le  8  avril  1711,  comme  il  conste  de  son 
acte  de  décès,  que  voici  : 

«  Vny  als  nou  de  abril  del  any  mil  set  cens  y  onze  es 
«  estât  enterrât  al  sementeri  de  la  Iglesia  de  Sant  Joan 
«  Bapttsta  de  la  vila  de  Perpinya  lo  cadaver  del  honor* 

23 


354 

«  Anton  G  u  erra  Pintor,  loqual  niori  lo  die  s  antes,  au 
«  asystit  al  enlerro  Anloni  Ortosa  y  Thomas  Malet  fos- 
»  sers  los  quais  cridats  à  firmar  an  déclarât  no  saber, 
«  en  fe  de  que  ûrmo  jo. 

«  Emanuel  Rodrigues  p,re  Curât.  » 

(Llibre  de  Balismes,  de  Matrimonis  y  de  Fuueraries 
de  Tlglesia  Major  de  S1  Joan  Batista,  etc.,  an  1711, 
p.  551,  verso.) 


Joseph  Guerra,  second  iils  d'Antoice  Guerra-le- Vieux, 
naquit  également  à  Perpignan,  le  17  décembre  1685. 
«  Vuy,  dit  son  acte  de  baptême,  desanon  de  dezembre 
ce  any  mil  sis  cents  vuytanta  sinch  jo  Joseph  Boscalin 
«  p.  bre  y  curât  de  sant  Joan  Baptista  de  la  bila  de  Per- 
te pinya  he  batejat  segons  rito  y  formas  de  Santa  Mare 
«  Iglesia  a  Joseph,  Antoni,  Cajetano,  fil  1  llegitim  y  natu- 
«  rai  de  Anloni  Guerra  Pintor  y  Thérèse  conjuge  loqual 
«  nasque  al  desasel  de  dit  mes  y  any  foren  padrins 
«  Joseph  Escayola  causidich  y  la  Sra  Maria  Amalrich  tots 
«  de  la  présent  bila  los  quais  cridats  a  firmar  han  decla- 
«  rat  lo  padri  saver  escriurer  y  ce  es  firmat  y  la  padrina 
«  en  fe  de  que  firmo  yo. 

«  Gaspard  Boscatin,  curât. 
«  Joseph  Esayola. 

(Llibre  de  Batismes  de  S1  Joan.  An  1685  p.  119.) 

Joseph  Guerra,  peu  partisan,  ainsi  que  Tétait  son 
frère,  d'une  vie  calme,  passa  en  Italie,  fut  élève  du 
peintre   napolitain   François  Sol i mène  (1657-1747)  et 


355 

s'établit  ensuite  î*  Rome,  où  il  entreprit  avec  grand 
succès  la  fabrication  et  le  commerce  de  fausses  pein- 
tures antiques.  Le  Père  Pacciaudi,  dans  sa  LXHe 
lettre  au  comte  de  Caylus,  entre  dans  de  très  curieux 
détails  sur  Joseph  Guerra  :  «  Il  fait,  dit-il,  chaque  jour  des 
«  peintures  de  diverses  grandeurs,  selon  le  désir  des 
«  acheteurs,  tout  le  monde  le  sait.  Mais  lui  soutient 
«  fermement  qu'il  les  a  trouvées  hors  de  Rome  dans  des 
«  ruines  qui  sont  à  sa  seule  connaissance...  Les  Anglais 
c  et  les  Allemands  ont  été  les  victimes  de  leur  crédulité, 
«  les  Allemands  surtout.  »  (Curiosités  de  l'Archéologie  et 
des  Beaux- Arts,  p.  468).  Nous  ne  connaissons  pas  l'épo- 
que de  la  mort  de  Joseph  Guerra. 


i 

» 


356 


PREMIER  TESTAMENT  DE  RlfiAUD. 


Fut  présent  sieur  Hiacinthe  Rigaud,  peintre  ordinaire  du 
Roy  et  de  son  académie  royalle  de  peinture  demeurant  à  Paris 
rue  Neuve  des  Petits- Champs11),  parroisse  Saint-Eustache, 
sain  de  corps,  d'esprit,  mémoire  et  entendement,  comme  ii 
est  apparu  aux  notaires  soussignés  par  ses  paroles,  gestes  et 
maintien,  allant  et  vacquant  par  la  ville  à  ses  affaires,  lequel 
a  dit  qu'entre  les  choses  qui  doivent  faire  souvenir  les  créatu- 
res raisonnables  du  terme  de  la  vie,  son  incertitude  doit  les 
exciter  à  s'y  préparer,  sans  attendre  les  avertissemens  que  les 
maladies  causent,  pourquoy  il  s'est  transporté  de  ladite  maison 
où  il  demeure  en  l'étude  de  de  Beauvais  l'un  des  dits  notaires 
rue  Coquillière,  pour  faire  son  présent  testament  qu'il  a  dicté 
et  nommé  aux  dits  notaires  soussignés  ainsi  qu'il  ensuit  : 

Premièrement  comme  bon  crétien,  ledit  sieur  Rigaud  tes- 
tateur recommande  son  âme  à  Dieu,  le  suppliant  en  toute 
humilité  et  par  l'intercession  de  la  Sainte  Vierge,  de  saint 
Hiacinthe  son  patron,  de  tous  les  saints,  saintes  et  esprits 
bienheureux,  de  la  recevoir  en  sa  grâce  et  lui  faire  miséricorde, 

Si  ledit  sieur  testateur  décède  en  une  maison  qui  soit  de  la 
paroisse  Saint-Eustache,  il  désire  être  enterré  sous  les  char- 
niers de  ladite  église,  près  la  chapelle  de  la  communion  et 
près  la  sépulture  de  défunt  M.  Rigaud  son  frère. 

Ledit  sieur  testateur  se  rappporte  au  sieur  exécuteur  ci-après 
nommé,  de  la  dépense  de  ses  frais  funéraires,  le  priant  d'ob- 
server une  modestie  et  une  simplicité  crétienne, 

(t)  Rigaud  demeurait  rue  Neuve-des-Petits-Champs  dans  la  maison 
qui  fait  l'angle  de  la  rue  Louis-loGrand. 


/ 


357 

Ledit  testateur  se  rapporte  aussy  à  luy  des  hautes  et  basses 
messes,  annuel,  et  autres  prières  qu'il  jugera  à  propos  de  faire 
célébrer  pour  le  repos  de  son  âme, 

Ledit  sieur  testateur  donne  et  lègue  tous  ses  habits,  hardes 
el  nippes  à  son  usage,  à  Jacques  Champagne,  à  présent  son 
domestique,  en  cas  qu'il  soit  encore  avec  luy  au  jour  de  son 
décès,  à  l'exception  de  son  linge,  et  outre  ses  gages, 

Donne  et  lègue  ledit  sieur  testateur  aux  pauvres  honteux  la 
somme  de  mil  livres,  laquelle  sera  distribuée  par  la  discrétion 
et  prudence  dudit  sieur  exécuteur  testamentaire  sans  qu'il  soit 
obligé  d'en  rendre  aucun  compte, 

Donne  et  lègue  ledit  sieur  testateur  au  sieur  Balu  raaitre  de 
luth  la  somme  de  trois  cens  livres  une  fois  payée, 

Pour  reconnaissance  de  l'estime  et  de  la  considération  que 
plusieurs  de  Messieurs  de  l'Académie  Royalle  de  peinture  et 
de  sculpture  ont  eu  pour  ledit  sieur  testateur,  il  donne  et 
lègue  à  leur  compagnie  son  portrait  avec  sa  bordure  et  celuy 
de  feu  M.  Mignard  aussi  avec  sa  bordure, 

Ledit  sieur  testateur  supplie  monseigneur  le  Dauphin  de 
trouver  bon  qu'il  lui  présente  le  buste  de  marbre  blanc  de 
damoiselle  Marie  Serre,  sa  mère,  fait  par  M.  Coisvox  avec  la 
gaisne  ou  le  scabellon  sur  lequel  il  sera  trouvé  au  jour  du 
décès  dudit  sieur  testateur  qui  espère  de  la  bonté  de  Monsei- 
gneur qu'il  accordera  à  ce  buste  une  place  dans  la  gallerie  de 
son  château  de  Meudon  ou  dans  celle  de  Versailles, 

Ledit  sieur  testateur  désirant  inspirer  le  même  respect  et 
la  vénération  qu'il  porte  à  la  d.  damoiselle  Marie  Serre,  sa 
mère,  à  Hiacinlhe  Rigaud  son  neveu,  il  lui  donne  lègue  et 
substitue  le  portrait  de  la  d.  damoiselle  sa  mère  en  trois  faces 
à  la  charge  qu'il  le  conservera  religieusement,  et  après  lui  à 
l'aîné  de  ses  enfants  mâles  nés  en  légitime  mariage,  lequel  ne 
pourra  non  plus  s'en  défaire  qu'en  faveur  de  son  fils  aîné  les 


^ 


358 

ainez  préférez  aux  cadets  et  les  garçons  aux  iilles  pour  la  pos- 
session et  conservation  dudit  portrait, 

Donne  et  lègue  à  damoiselle  Elisabeth  Gouy,  veuve  du 
sieur  Le  Juge,  la  jouissance  et  usufruit  tant  qu'elle  vivra  de 
la  ferme  et  dépendances  siz  à  Vaux  près  Triel,  appartenant 
en  propriété  audit  sieur  testateur,  concistant  en  batimens, 
terres  labourables,  prez,  vignes,  jardins,  vergers,  avec  tous 
les  bestiaux  et  meubles  qui  se  trouveront  en  ladite  ferme  le 
jour  du  décès  dudit  sieur  testateur,  sans  rien  en  exepter,  et 
sans  que  la  d.  damoiselle  Le  Juge  soit  obligée  de  donner 
caution  pour  lad.  jouissance,  mais  le  tout  retournera  aux 
héritiers  ou  légataires  dud.  sieur  testateur  en  l'état  que  lad. 
damoiselle  Le  Juge  le  laisserai , 

Donne  et  lègue  à  damoiselle  Hiacinthe  Geneviève  fille  âgée 
d'onze  ans  ou  environ  à  présent  pensionnaire  au  monastère  de 
Vaucouleurs  en  Lorraine  la  somme  de  quatre  mil  livres  une 
fois  payée,  laquelle  somme  servira  et  contribuera  à  son  établis- 
sement, soit  qu'elle  souhaite  d'ettre  religieuse  ou  pour  vœu 
par  mariage,  pourquoy  jusqu'aud.  tems  ou  jusqu'à  ce  que  lad. 
damoiselle  Hiacinthe  Geneviève  ait  atteint  l'âge  de  majorité, 
ladite  somme  sera  employé  par  ledit  sieur  exécuteur  ci  après 
nommé  en  acquisition  d'héritages  ou  ventes  au  proffit  de  lad. 
damoiselle, 

Donne  et  lègue  aux  enfans  restez  après  le  décès  du  défunt 
sieur  Gaspard  Rigaud,  frère  dudit  sieur  testateur,  tous  les 
biens,  effets  et  fonds  qu'il  dellaissera  et  qui  se  trouveront 
situez  tant  en  cette  ville  de  Paris  qu.'à  Vaux  près  Triel  après 
que  tous  les  legs  cy-dessus  auront  été  acquittez,  pour  en  jouir 
par  eux  égallement;  à  cet  effet  ce  qui  proviendra  du  présent 
legs  sera  employé  par  ledit  sieur  exécuteur  en  acquisition 

(i)  Ce  paragraphe  e&t  barré  dans  l'original  car  Elisabeth  Gouy  épousa 
plus  tard  Rigaud. 


y" 


y 


:*59 

d'héritages  ou  rentes  à  leur  proffit,  dont  les  arrérages  ou 
revenus  leur  seront  conservez  pour  être  joints  avec  le  princi- 
pal et  leur  être  délivrez  lorsqu'ils  se  pourvoieront  par  mariage 
ou  autrement  ou  bien  lorsqu'ils  seront  majeurs,  en  sorte  que 
lesdits  arrérages  et  revenus  augmentent  la  masse  du  principal. 

Donne  et  lègue  ledit  testateur  aux  enfans  de  défunte  damoi- 
selle  Claire  Rigaud  sa  sœur  et  du  sieur  de  La  Fite  à  présent 
bailly  de  Perpignan  son  beau-frère,  tout  ce  qu'il  leur  peut 
donner  suivant  la  coutume  de  ladite  ville  ou  de  la  province  de 
Catalogne,  des  biens,  meubles,  immeubles,  héritages,  fonds 
de  terres,  rentes  ou  autres  choses  qui  luy  appartiennent  pré- 
sentement ou  qui  pourront  luy  appartenir  ci-après  à  quelque 
titre  que  ce  soit,  soit  propres,  acquits,  hérédité,  legs,  soit 
donnation  et  autrement,  les  instituans  es-dits  biens  légataires 
universels,  sans  qu'ils  puissent  avoir  aucune  prétention  sur 
ce  qui  se  trouvera  situé  hors  lad.  province,  comme  aussy  les 
enfants  dud.  défunt  Gaspard  Rigaud  ne  pourront  rien  préten- 
dre esd.  biens  de  Catalogne, 

Et  pour  exécuter  et  accomplir  le  présent  testament  l'aug- 
menter plustot  que  le  diminuer,  ledit  sieur  testateur  a  choisy 
le  sieur  Charles  Collin  ingénieur  et  professeur  de  mathémati- 
ques, qu'il  prie  d'en  prendre  la  peine,  et  de  lui  rendre  ce 
dernier  ofûce,  se  dessaisissant  à  cette  fin  entre  ses  mains  de 
tous  ses  dits  biens  jusqu'à  son  entière  exécution,  et  le  priant 
d'agréer  le  présent  don  et  legs  qu'il  lui  fait  de  sa  pendule 
de  la  façon  du  sieur  Oudry  sur  laquelle  est  pour  devise  : 
Transeunt  et  imputant,  avec  une  petite  urne  de  porcelaine 
encienne  garnie  de  bronze  dorée  et  sa  console  qui  est  aussi  de 
bronze  dorée,  et  au  défaut  dudit  sieur  Collin  de  pouvoir  vac- 
quer  à  lad.  exécution  testamentaire,  ledit  sieur  testateur 
nomme  et  choisit  à  sa  place  le  sieur  Bourdin  peintre  en 
mignature  auquel  il  fait  la  même  prière  et  le  même  legs  que 
ci-dessus, 


^. 


360 

Révoquant  ledit  sieur  Rigaud  tous  testamens  et  codiciUb 
qu'il  pourrait  avoir  ci -devant  faits,  même  ceux  qu'il  pourrait 
l'aire  ci-après  s'il  n'y  a  ces  mots  (adveniat  regnum  tuumj, 
s'arrêtant  ledit  sieur  testateur  à  celuy-cy  qui  est  sa  dernière 
volonté, 

Ce  fut  ainsy  fait,  et  passé,  dicté  et  nommé  par  ledit  sieur 
testateur  ausdits  notaires,  et  à  luy  par  l'un  d'eux,  l'autre  pré- 
sent, lu  et  relu  qu'il  a  dit  bien  entendre,  et  y  a  percisté  en 
l'étude  dudit  de  Beauvais  notaire,  ou  il  s'est  comme  dit  est 
transporté,  Tan  mil  sept  cens  seqt  le  lundy  trentième  jour  de 
may  sur  les  huit  heures  du  soir  et  a  signé.  (La  signature  man- 
que sur  l'original). 


NOTE. 


Le  testament  qu'on  vient  de  lire  ne  doit  pas  être  considéré  comme 
l'expression  des  dernières  volontés  de  Rigaud,  nous  avons  cité  dans  le 
cours  de  cette  notice  quelques  legs  faits  par  Rigaud  au  roi  Louis  XV,  à 
Collin  de  Vermond  et  à  l'Académie  de  peinture,  ce  qui  implique  suffisam- 
ment l'existence  d'au  moins  un  autre  testament  fait  peu  do  temps  avant 
la  mort  du  peiutrc,  puisqu'il  léguait  au  roi  sa  Présentation  au  temple, 
qui  fut  son  dernier  ouvrage. 


361 


RAPPORT 

SUR 

LE  DERNIER  CONCOURS  DE  POÉSIE 
ET  D'HISTOIRE, 

Par  M.  Léon  Fabre  de  Llaro,  \rchiviste,  ancien  Secrétaire  de  ta  Section 

des  Lettres  et  Arts  libéraux. 


» 


Sons  les  heureux  auspices  des  deux  précédents  Con- 
cours de  Poésie  et  d'Histoire,  noire  Société,  jalouse  de 
continuer  ses  premiers  succès,  a  rouvert  une  troisième 
fois  'a  lice  à  ces  luttes  pacifiques  de  l'intelligence.  Elle  a 
toujours  à  cœur  de  raviver  les  anciennes  ardeurs  de  notre 
pays  pour  les  lettres  et  les  beaux-arts  et  de  rammner 
ainsi  la  génération  nouvelle  aux  bons  exemples  que  lui 
ont  légués  nos  ancêtres,  trop  délaissés,  fiélas  !  pour  dès 
attractions  plus  actives,  mais  aussi  plus  décevantes  et 
plus  dangereuses.  Quoiqu'il  eu  soit  du  résultat  de  ses 
efforts,  la  Société  ne  sVcartcra  pas  de  la  voie  que  lui 
tracèrent  ses  philanthropes  fondateurs.  Son  œuvre, 
comme  l'œuvre  de  ses  sœurs  et  de  ses  rivales  des  autres 
départements  de  France,  doit  être  toujours  celle  dés 
Vestales  antiques  :  Conserver  le  plus  possible  intact  le 
feu  sacré  à  l'abri  du  souflle  des  querelles  et  des  divisions 
du  dehors  qui  menaceraient  de  l'éteindre. 


362 

Pour  concourir  à  celte  tâche  honorable,  que  ceux-là 
viennent  à  nous  qui,  par  une  communauté  d'émulations 
et  d'encouragements  réciproques,  veulent  réchauffer  et 
ranimer  leur  jugement,  leur  esprit  et  leur  imagination, 
alimenter  les  germes  d'une  première  éducation  scientifi- 
que et  littéraire,  leur  donner  l'essor,  en  recueillir  les 
fruits  et  mesurer  le  véritable  seeret  de  leurs  forces  en 
recherchant,  avec  une  pieuse  attention,  tout  ce  que  leurs 
aïeux  ont  pu  obtenir  de  grand  et  d'élevé  de  la  nature  des 
choses  et  des  institutions  humaines.  Ils  seront  toujours 
les  bienvenus. 

Rapprocher  autour  d'un  même  centre,  éloigné  de  toute 
autre  passion,  les  amis  de  l'éducation  de  l'esprit,  les 
chercheurs  du  vrai  et  du  beau  dans  te  passé  et  pour 
l'avenir,  attirer  à  notre  contrée  quelque  estime,  tel  est 
le  but  que  notre  Société  se  propose  d'atteindre.  Pour 
cela,  quoi  de  mieux  qu'un  concours  qui  étend  ses  rela- 
tions et  agrandit  le  cercle  de  son  activité? 

Le  dernier  concours  de  poésie,  il  est  vrai,  n'est  pas 
de  nature  à  en  faire  renouveler  l'expérience.  Et  peut- 
être  faudra-t-il  attendre  encore  quelque  temps.  Vingt- 
trois  pièces  nous  ont  été  adressées.  C'est  beaucoup.  Mais 
si  le  nombre  y  est,  la  qualité  est  bien  inférieure  au  con- 
cours précédent  et  les  récompenses  ont  dû  nécessaire- 
ment aller  aussi  en  déclinant. 

La  première  poésie  qui  a  été  remarquée  est  intitulée  : 
Rêverie  (Ces  temps  sont  passés.  V.  Hugo). 

Cette  élégie  touchante,  d'une  naturelle  simplicité,  qui 
semble  appartenir  à  un  adepte  de  l'école  d'André  Ché- 
nier,  était  accompagnée  d'autres  compositions  qui  ont 


été  jugées  moins  bien  réussies.  Uaus  la  pièce  mention- 
née, elle-même,  il  parait  y  avoir  trace  de  quelque  inex- 
périence. Mais  ces  vers  d'un  frère  h  une  sœur  ont  un 
parfum  d'iotime  tendresse,  de  pureté  de  sentiments,  qui 
ajoute  à  leur  harmonie  et  leur  prèle  une  véritable  séduc- 
tion. Les  brumes  de  l'hiver,  les  ombres  de  la  nuit,  le 
vent  neigeux  de  l'ouragan  sont  évoqués  dans  toute  leur 
tristesse  et  se  marient  mélancoliquement  aux  lointains 
souvenirs  de  bonheur  perdu,  du  poète  séparé  du  toit 
paternel. 

Assis  tristement,  seul,  au  bord  de  sa  fenêtre,  il  songe, 
dit-il,  aux  beaux  jours  du  passé  : 

Temps  de  paix  et  de  joie,  où,  berçant  mon  sommeil, 
Mon  rêve  m'apportait  les  doux  accents  d'un  ange, 
Qui  ne  s'envolait  pas  quand  venait  le  réveil! 

Idée  heureuse  et  poétique  que  cet  ange,  celle  sœur, 
que  le  poète  voit  seulement  en  rêve  et  qui,  jadis,  par 
sa  bienvenue  au  jour,  continuait  le  bonheur  du  doux 
rêve  envolé  de  la  nuit  ! 

Qu'est-ce  à  dire?  Faut-il  en  croire  le  deuil  de  la 
nature  qui  semble,  avec  son  linceuil  pâle  de  l'hiver, 
annoncer  la  malédiction  du  Créateur  contre  la  Créature? 
Non,  bientôt  la  fleur,  bercée  par  les  zéphirs  du  prin- 
temps, va  renaître,  comme  l'espoir,  au  cœur  rasséréné 
du  poète  : 

Nous  sommes  désolés,  ainsi  que  la  nature, 
Qui  n'a  plus  ni  rayons,  ni  roses,. ni  verdure, 
Et  nous  plions,  ma  sœur,  sous  le  souffle  du  vent. 

Mais  ne  pourrions-nous  pas,  un  jour,  aussi  bien  qu'elle, 
Voir  se  lever  sur  nous  une  aurore  plus  belle  ; 
Ne  pourrions-nous  avoir  un  retour  du  printemps? 


3M 

Cette  modeste  rêverie,  qui  puise  ses  inspirations  dans 
les  souvenirs  de  la  famille  absente,  celte  douce  plainte 
de  l'exil  devait  trouver  un  sympathique  écho  dans  le 
cœur  de  ses  juges.  Toutefois  rien  de  bien  original,  de 
bien  saillant,  rien  qui  sorte  du  cadre  dans  cette  poésie 
intime.  Elle  n'a  donc  mérité  à  l'auteur  qu'une  mentiou, 
mais  très  honorable,  avec  insertion  dans  notre  Bulletin. 
Cette  élégie  est  due  *  M.  Alfred  de  l'Hôpital,  résidant  k 
Alger. 

Plus  mâle  et  plus  sévère  de  ton  est  l'autre  poésie, 
objet  d'une  pareille  distinction.  Ce  n'est  plus  une  plain- 
tive mélodie.  Ce  sont  des  notés  graves,  harmonieuse- 
ment mariées  qui  répondent  aux  inspirations  dictées 
par  ce  mot  austère  qui  en  forme  le  titre  :  Le  Devoir.' 

D'autres  ont  pu  donner  à  ce  sujet  de  plus  amples  pro- 
portions, y  faire  entrer  plus  d'air,  plus  de  lumière,  plus 
de  vie,  mettre  dans  la  conception  de  l'œuvre  plus  de 
nerf  et  de  vigueur.  Mais  la  composition  soumise  à  notre 
jugement  n'en  a  pas  moins  de  précieuses  qualités.  Elle 
s'adresse  à  un  Enfant  et  lui  fait  entrevoir  toutes  les 
luttes,  tous  les  dangers  auxquels  va  être  trop  tôt  expo- 
sée sa  vertueuse  innocence.  Qu'il  se  tienne  en  garde 
contre  toute  surprise.  La  voie  droite  est  parsemée  d'obs- 
tacles; ils  surgiront  à  tout  instant  sous  ses  pas  : 

As-tu  vu  le  serpent  guetter,  dans  le  gazon, 
L'oiseau  qu'il  va  brûler  de  son  mortel  poison? 
Tel,  et  plus  dangereux,  veille,  autour  de  notre  âme, 
Pour  la  découronner,  le  tentateur  iufâme. 
Le  connais-tu?  Prends  garde;  il  parle  dans  la  voix 
Qui  raille,  à  ton  oreille,  enfant,  de  saintes  lois. 


365 

Il  cherchera,  le  traître,  k  capter  ta  confiance  par  ses 
paroles  mielleuses,  par  ses  décevants  sourires  ;  il  t'allé- 
guera que  le  chemin  tracé  par  ta  destinée  à  la  vertu  est 
étroit,  rude,  hérissé  de  ronces.  Et,  d'autre  part,  il  te 
montrera  la  foule  des  heureux  du  monde  qui  fuit  toutes 
les  tristesses  de  ce  sentier  abrupte,  qui  t'éptod  dans  de 
riantes  plaines  semées  4e  fleurs*  embaumées  do  parfums, 
suivant  la  route  enivrante  qui  mène  aux  plai$wsT  aux 
richesses,  aux  honneurs. 

Avec  tes  déserteurs  ne  fais  pas  d'alliance, 

ajoute  le  poète.  Que  la  voix  seule  de  ta  conscience  te 
dirige.  Est-il  vrai  que  le  Devoir  soit  pour  le  Juste  un 
tyran  qui  se  plaise  à  torturer  sa  victime  ?  Ne  le  crois  pas, 
entant.  Tels  sont  les  conseils  tout  paternels  du  poète. 
Il  y  a  là  une  suite  de  beaux  vers  : 

Non,  il  garde  aux  vaillants,  rais  par  Je  sacrifice, 
Des  heures  de  bonheur,  payant  de  tout  supplice. 


Souviens-toi  que  l'amour  est  frère  du  devoir. 

Qu'au  front  le  dévouement  imprime  un  sceau  suprême, 
Moins  fragile  et  plus  beau  qu'on  royal  diadème. 

Que  si  tu  es  destiné  à  triompher  et  à  jouir  d'une  belle 

destinée,  poursuit-il, 

• 

Sache  que  la  puissance  à  plus  de  force  oblige, 
Et  que  sur  les  hauteurs  réside  le  vertige. 

Que  si  ta  destinée  est  de  vivre  ignoré, 

Que  le  regard  de  Dieu  suffise  à  tes  combats; 
Songe  que  la  couronne  est  ailleurs  qu'ici-bas. 


366 

Quelle  que  soit,  en8n,  ta  mission  sur  terre,* 
Inconnu,  glorieux,  apôtre  ou  solitaire, 
Ne  dusses-tu  jamais  t'endormir  ni  t'asseoir, 
Vis  et  meurs  intrépide,  en  soldat  du  devoir. 

Quel  est  donc  ce  poète,  intrépide  aussi,  qui  a  eu  le 
courage  d'aborder  une  thèse  si  souvent  traitée  et  déve- 
loppée, avec  grand  talent,  par  les  anciens  et  les  modernes? 

Aux  vers  que  j'ai  cités  vous  avez  tous  reconnu  une 
plume  exercée,  douée  d'une  abondance,  d'one  facilité 
qui  se  trahit  peut-être  trop  quelquefois.  Mais,  s'il  s'est 
glissé,  dans  la  forme,  quelques  petites  faiblesses  sur 
lesquelles  nous  ne  voulons  pas  appuyer;  dans  le  fond, 
quelle  solidité  de  jugement,  quelle  saveur  de  maturité  ! 
On  n'oserait  attribuer  à  une  jeune  femme  une  aussi 
sérieuse  poésie.  On  se  tromperait.  Notre  lauréat  est 
Madame  Ernest  Barutel,  née  Adolphine  Bonnet,  à -qui 
nous  avons  aimé  déjà  à  décerner  nos  récompenses.  Nous 
serons  toujours  heureux  d'ouvrir  les  pages  et  de  faire 
les  honneurs  de  notre  Bulletin  aux  œuvres  d'un  talent 
si  varié  et  si  persévérant. 

La  troisième  pièce,  qui  a  attiré  l'attention  de  la  Com- 
mission du  concours,  est  aussi  inspirée  par  l'intérêt  qui 
s'attache  k  l'âge  le  plus  tendre.  Ils  ont  bien  raison  nos 
lauréats,  de  se  préoccuper  de  l'irçnocence  de  l'enfant. 
Elle  porte  bonheur. 

Près  du  foyer  d'hiver,  une  jeune  fille,  ainsi  l'affirme 
notre  nouveau  poète,  aperçoit  au  milieu  des  flammes  une 
lueur,  une  apparition  étrange.  Avoir  peur  et  fermer  les 
yeux  pour  ne  point  voir,  c'est  un  premier  et  naturel 
mouvement.  Mais  de  gais  pétillements  se  font  entendre 


\ 


367 

et  une   donce  voix  rassurante  murmure  k  l'oreille  de 
l'enfant  ces  simples  paroles  : 

Je  suis,  sachez  le  bien,  un  esprit  du  foyer; 
C'est  moi  que  le  Seigneur  daigna  tous  envoyer 

Lorsque  vous  vîntes  à  la  vie. 
C'est  moi  qui,  depuis  lors,  vous  ne  le  pensiez  pas, 
Du  matin  jusqu'au  soir  accompagne  vos  pas, 

Charmante  enfant  que  Ton  envie. 

Il  a  charge,  poursuit  l'Esprit,  charge  de  l'âme  de  la 
jeune  fille.  De  ses  actes,  de  ses  pensées,  de  ses  propos, 
les  moindres  comme  les  plus  sérieux,  présent  ou  absent, 
rien  ne  lui  échappe;  tout  est  mentionné  sur  un  livre  qui 
ne  s'efface  jamais,  qui  reste  toujours  soumis  an  regard 
de  l'Eternel.  S'il  n'y  a  que  du  bien,  tout  paraîtra  à  l'en- 
fant allégresse  et  sourire.  Si,  au  contraire,  le  livre  devient 
accusateur,  adieu  rêves  attrayants,  franche  gailé;  la 
douce  espérance  elle-même  s'évanouit.  Restez  donc, 
enfant,  belle  et  charmante  de  modestie,  de  sagesse  et  de 
bonté.  Vos  actions,  que  l'œil  le  plus  sévère  puisse  les 
voir;  vos  paroles,  qu'elles  soient,  par  leur  pudique  har- 
monie, agréables  à  entendre  ;  vos  pensées,  qu'elles  por- 
tent la  joie  dans  tous  les  cœurs. 

Tels  sont  les  sages  avis  de  l'angéliquo  moraliste. 

Mais  ce  conte  bleu  imaginé  pour  mieux  faire  passer 
la  leçon,  l'enfant  peut-elle  y  croire  ?  La  jeune  fille  n'a 
pas  été  assez  crédnle  et,  d'un  petit  air  boudeur,  elle 
adresse  au  poète  ce  reproche  : 

Pourquoi  mentir  ainsi?  Vous  avez  donc  rêvé? 
D'où  vous  vient  ce  récit?  Où  Tavez-vous  trouvé? 
Je  n'ai  pas  dit  toutes  ces  choses. 


368 

Car  jamais  un  latin  ne  m'apparat  le  soir, 
Et  je  n'ai  jamais  vu  briller  un  grand  œil  noir 
Dans  l'àtre  plein  de  flammes  roses. 

L'inventeur  do  conte  n'est  pas  désarmé,  et  répli- 
que: 

Je  répondrais  alors  :  Vous  ne  m'avez  rien  dit, 
Mais,  pour  votre  bien  seul,  j'ai  rimé  ce  récit, 

Dont  vous  rirez  comme  d'un  conte. 
Croyez  bien  cependant  qu'un  bel  ange,  ici-bas, 
Vous  écoute  toujours,  qu'il  suit  toujours  vos  pas, 

Et  qu'au  Seigneur  il  en  rend  compte. 

Aia&j  finit  la  pièce.  On  la  trouverait  peut-être,  en  son 
entier,  un  peu  enfantine,  pas  assez  logique  dans  sa  sim- 
plicité,, ni  j£&ez  poétique. dans  ses  expressions.  Les  cita- 
tions, que  nous  venons  de  faire  prouvent  néanmoins  qu'en 
somme,  le  genre  est  respecté;  il  y  a  du  laisser-aller  et 
une  naïveté  charmante.  On  reconnaît  dans  l'auteur  un 
lecteur  de  Trilby,  de  Charles  Nodier  et  des  meilleurs 
conteurs  de  notre  littérature.  La  Commission  a  été  heu- 
reuse de  trouver  dans  la  mystérieuse  enveloppe  recou- 
verte de  l'épigraphe  :  «  Tout  est  devant  ses  yeux  comme 
si  rien  n'était  »  le  nom  d'un  Roussilloonais  et  de  pouvoir 
ainsi  accorder  une  mention  à  M.  S.  Esquerre,  de  Prats- 
de-Mollô,  le  spirituel  auteur  de  ce  petit  poème  :  L'Esprit 
du  Foyer. 

La  quatrième:  pièce,  également  honorée  d'une  simple 
mention,  est  tout  autre.  C'est  aussi  un  conte,  mais  il  ne 
met  pas  en  jeu  l'enfance,  avec  son  visage  rose  et  mobile, 
que  la  joie  fleurit,  que  pâlit  la  frayeur»  que  rend  toute 
pensive  sa  charmante  bouderie. 


3Û9 

Ici  c'est  la  vieillesse  avec  les  regret*  de  sou  brillant 
passé,  qui  se  plonge  à  souhait  dans  le  souvenir  comme 
pour  y  retrouver  les  forces  défaillantes  et  les  jeunes 
impressions  évanouies.  L'eotrée  en  matière  de  ce  conte, 
inlitulé  :  Les  cheveux  de  la  Présidente  avec  l'épigraphe 
Meta  laboris  hotxos,  est  alerte,  sautillante  et  vive  comme 
il  convient  k  ce  genre  tout  français.  Le  salon  d'une 
vieille  marquise  y  est  dépeint  avec  un  brio,  un  entrain 
remarquable,  une  véritable  réminiscence  de  la  simple 
gaité,  de  la  franche  bonhomie,  de  la  causerie  élincelante 
de  nos  bons  aïeux,  aujourd'hui  bien  éteintes  et  oubliées 
pour  la  fumée  étourdissante  des  cigares,  la  commode 
liberté  des  cercles  et  les  exigences  effrayantes  d'un  luxe 
tout  de  parade  et  d'ostentation. 

Ce  début  est,  du  reste,  à  citer;  vous  allez  en 
juger  : 

Dans  le  salon  d'une  vieille  marquise, 
Quelques  amis  galants,  à  tête  grise, 
Après  le  thé  s'entretenaient  gafment. 
Comme  on  se  connaissait,  on  pariait  librement. 

Tout  y  passait  :  et  le  Gouvernement, 
Et  le  Sénat,  et  l'Armée,  et  l'Église, 
Sur  l'Institut  même  on  glosait, 
Et  Dieu  sait  ce  qu'on  en  disait . 
Quand  du  présent  on  eut  fait  la  critique, 
Quelqu'un  se  mit  à  parler  jlu  vieux  temps, 
De  ce  bon  temps  où  l'on  avait  vingt  ans, 
Où  l'on  ne  connaissait  ni  gaz,  ni  sciatique, 

Ni  catarrhe,  ni  République. 
C'est  un  sujet  toujours  cher  aux  vieillards 
Que  les  beaux  jours  de  la  jeunesse. 
Mettez-les  sur  ce  point,  les  voilà  tous  gaillards. 
Le  sang  remonte  à  ces  masques  blafards, 

24 


370 

i 

La  parole  soudain  sur  les  lèvres  se  presse, 

Les  cheveux  ont  blanchi,  mais  le  cœur  bat  toujours, 

Et  le  plus  cassé  se  redresse 

Quand  il  parle  de  ses  amours. 

Les  voilà  donc,  ces  bons  vieux,  rajeunissant  a  l'envi 
leur  mémoire,  chacun  ressuscitant  ses  plus  doux  souve- 
nirs et  se  rappelant  les  gracieux  visages  qui  brillaient  du 
temps  de  sa  jeunesse.  Des  beautés  d'alors,  celle  qui 
réunissait  le  plus  de  suffrages,  c'était  une  charmante  et 
aimable  femme,  depuis  enlevée,  pendant  l'émigration, 
par  une  cruelle  maladie.  On  l'appelait  la  belle  Présidente. 
Ses  cheveux  blonds,  surtout,  étaient  vantés.  Ils  couron- 
naient si  bien  sa  séduisante  personne.  Et  cependant, 
par  ordonnance  du  médecin,  ils  durent  tomber  sous  les 
ciseaux.  La  pauvre  malade  y  fut  si  sensible  qu'elle  n'en 
voulut  pas  garder  la  moindre  mèche  et  les  lit  tous 
anéantir.  Ce  dur  sacrifice  était  à  peine  consommé,  avec 
quels  regrets  !  je  vous  le  laisse  à  penser,  qu'un  des  amis 
de  la  jeune  émigrée,  laissé  en  France,  lui  réclama  une 
de  ses  belles  boucles  de  cheveux.  Avant  de  s'exposer 
aux  aventures  de  la  guerre,  il  désire,  dit-il,  emporter 
avec  lui  ce  gage  d'amitié,  ce  présage  de  bonheur.  Pour 
le  coup,  c'en  était  trop.  Avouer  qu'elle  avait  perdu  son 
plus  bel  ornement,  détruire  toute  illusion  et  porter  le 
deuil  dans  ce  cœur,  ignorant  de  son  malheur  et  tout 
rempli  d'espérance,  la  languissante  Présidente  ne  put 
s'y  résigner.  Précisément,  la  soubrette,  qui  était  auprès 
d'elle,  avait  pareillement  reçu  du  ciel  une  splendide 
chevelure.  Au  tendre  ami  de  France  on  envoya  des  che- 
veux de  la  soubrette. 

Ainsi,  dans  le  salon  de  la  marquise,  se  racontait,  à 


371 
soixante  ans  d'intervalle,  cetle  coquette  supercherie  d'une 
jeune  mourante,  quand  un  vénérable  vieillard,  dont  les 
traits  indiquaient  encore  les  restes  d'une  brillante 
jeunesse,  s'évanouit.  C'était  le  héros  de  l'histoire.  À  ses 
pieds  glissait  un  médaillon, 

Le  gage  de  la  moribonde. 
Et  du  médaillon,  entr'ouvert, 
S'échappait  une  boucle  blonde. 

Là  se  termine  le  conte,  d'abord  très  vif,  très  alerte, 
ensuite  un  peu  refroidi  par  des  détails  malheureux,  enlin 
allongé,  j'allais  dire  alourdi,  par  d'inutiles  discours  el 
des  explications  superflues.  C'est  vraiment  dommage, 
ridée-mère  du  petit  poëme  était  bonne  et  pouvait  mieux 
donner.  Toutefois  la  facilité  coulante  des  vers,  le  naturel 
de  l'expression  ont  mérité  la  juste  récompense  d'une 
mention  à  l'auteur,  M.  Jules  Bonnet,  de  Lyon. 

Là  se  sont  bornées  nos  récompenses  et  doivent  s'ar- 
rêter les  citations.  La  Commission  du  concours  de  poésie 
a  bien  lu  avec  intérêt  d'autres  pièces,  dans  lesquelles  un 
certain  souffle  d'inspiration  morale,  des  sentiments  res- 
pectables.d'honneur  et  de  dignité,  el  des  élans  d'espoir 
religieux  auraient  mérité  des  éloges.  Mais  que  de  faiblesse 
dans  l'exécution,  quelle  inexpérience  dans  la  forme  ! 

En  somme,  ce  concours  n'a  pas  péché  par  le  choix 
des  sujets,  en  général  féconds  el  poétiques  :  Ici,  c'est 
l'amour  de  la  famille,  le  premier  appui  de  la  créature 
humaine,  si  faible  dans  ses  débuts.  Là,  le  sentiment  du 
devoir,  noblesse  dont  une  àmc,  qui  veut  enlrer  dans  la 
véritable  vie  sociale,  ne  saurait  trop  s'honorer.  Ailleurs, 
c'est  la  modestie  et  la  grâce  juvéniles  que   chante   le 


372 

poêle.  D'autre  part,  ce  sont  les  entreprises  de  jeunesse 
dont  l'homme  aime  à  se  ressouvenir  à  son  déclin.  Enfin, 
dans  diverses  autres  pièces  soumises  à  notre  apprécia- 
tion, on  voit  tomber  la  toile  sur  la  scène  du  monde  et 
planer,  au-dessus  de  tout,  l'espoir  en  la  Justice  divine 
au-delà  du  cercueil.  C'est  là  tout  parcouru  le  cercle  des 
meilleures  inspirations  de  la  pensée  humaine.  Mais  le 
style,  Télocution  n'a  pas  assez  répondu  a  l'invention. 
Qu'est-ce  à  dire  ?  Est  ce  que  les  bonnes  expressions  ne 
s'allient  pas,  le  plus  souvent,  aux  grandes  idées  par  une 
association  presque  instinctive,  dont  la  vérité  est  quel- 
quefois bien  étonnante?  Sans  doute;  mais  il  n'en  faut 
pas  moins  savoir  chercher  aussi  l'expression,  parfois 
rebelle,  et  remettre  pour  cela  son  ouvrage  au  pétier, 
suivant  le  précepte  de  Boileau.  Il  faisait  mieux  que  le 
donner,  il  le  pratiquait  lui-même.  Et  cependant,...  que 
dis-je?  Et  pour  cela  même  il  était  vraiment  un  maître. 
Ainsi  procédait  l'habile  et  savant  poète  Perpignanais, 
M.  Jacques  Argiot,  dont  nous  regrettons  la  perte.  Dès 
son  jeune  âge,  voué  au  doux  commerce  des  Muses,  il 
s'était  donné  la  lâche  laborieuse  de  traduire  en  vers  des 
poèmes  étrangers  à  notre  langue  :  David,  Horace  et  Pope 
eurent  ses  prédilections.  Ce  goût  littéraire,  pour  ainsi 
dire  iuné  en  lui,  il  l'a  entretenu,  épuré  et  perfectionné 
jusqu'à  ce  qu'il  ait  pu  nous  donner  ses  belles  traductions, 
titre  glorieux  pour  notre  Société.  Comme  le  poète  Batlle, 
son  ami,  dont  la  plume  autorisée  de  M.  le  président  de 
Chambre,  Aragon,  son  ami,  fera,  nous  a-t-on  dit,  sentir 
tout  le  mérite,  il  fut  un  de  ses  membres  fondateurs. 
Nous  ne  chercherons  pas  plus  loin  d'autres  modèles  à 
proposer  à  nos  futurs  lauréats. 


373 

Le  premier  pas  a  été  donné  dans  ce  rapport  k  la  Poé- 
sie, il  ;ufrait  dû  appartenir  à  l'Histoire. 

Sans  vouloir  déprécier,  bien  loin  de  là,  le  mérite  de 
celui  qui  s'adonne  au  premier  des  arts,  à  la  Poésie, 
reconnaissons  que  celui  qui  aborde  l'Histoire,  dans  un 
temps  comme  le  nôtre,  où  tout  a  été  dit,  est  digne  de 
beaucoup  d'encouragement  et  même  d'indulgence.  Il 
entreprend  une  tâche  bien  lourde,  bien  ingrate.  Que  de 
manuscrits  couverts  d'une  poussière  protectrice  a  déter- 
rer, que  d'écritures  impossibles  à  déchiffrer,  que  de  pro- 
blèmes à  résoudre  !  Des  recherches  sans  nombre,  des 
efforts  parfois  impuissants,  des  pas,  des  faux  pas,  des 
soucis  de  toute  sorte,  et  des  pertes  d'un  temps  bien 
précieux,  voilà  souvent  le  lot  de  l'audacieux  érudit. 
Le  poète  peut  être  personnel  dans  son  œuvre,  cela  est 
défendu  à  l'historien.  Son  rêve,  le  poète  peut  le  faire 
aussi  consolant,  aussi  énergique,  aussi  vengeur,  aussi 
mélancolique  que  le  demande  son  inspiration  du  moment; 
l'historieu,  lui,  est  toujours  en  face  de  l'homme  réel,  il 
faut  qu'il  le  représente  tel  qu'il  a  été,  ondoyant  et  divers, 
comme  dit  Montaigne.  Tantôt  dans  «les  périodes  heureu- 
ses de  Ma  vie  de  l'humanité  il  pourra  rencontrer  de 
grandes  âmes,  de  beaux  caractères,  des  talents  distin- 
gués, une  inépuisable  science,  et,  à  côté  cependant,  une 
humble  modestie,  une  bonté  à  toute  épreuve,  tout  ce 
qui  montre  il  quelle  hauteur  peut  s'élever  le  génie  de 
l'homme.  Dans  d'autres  temps,  au  contraire,  il  faudra 
être  témoin  de  déloyautés,  de  parjures,  de  massacres, 
d'oeuvres  de  despotisme  et  de  barbarie  qui  font  songer  à 
quel  degré  de  bassesse  l'humanité  peut  tomber. 

Ces  deux  points  de  vue  annoncent  les  deux  travaux 
historiques  qui  ont  été  envoyés  au  concours. 


374 

Nous  dc  parlerons  guère  du  sujet  le  moins  consolant 
parce  qu'il  n'a  pas  été  couronné.  L'auteur  y  traite  de 
l'expédition  de  Philippe-ïe-Hardi  contre  Pierre  III,  roi 
d'Aragon,  de  l'invasion  des  Français  dans  notre  contrée. 
Au  jugement  de  la  Commission  du  concours,  une  pareille 
production,  pour  avoir  un  cachet  de  nouveauté,  aurait 
mérité  des  détails  plus  topiques,  plus  circonstanciés, 
plus  de  temps,  sans  doute,  que  l'auteur  n'a  pu  y  consa- 
crer. Le  style  aurait  pu  alors  se  trouver  plus  dégagé, 
plus  austère,  et  revêtir  cette  forme  historique  que  Ton 
remarque  dans  nos  maîtres  contemporains  :  les  Thiers, 
les  Guizot,  les  Thierry  et  les  Henri  Martin.  Àmare  quie- 
tem  et  odisse  inerttam,  telle  est  la  première  épigraphe 
dc  notre  concurrent.  Dans  son  récit  on  ne  croit  pas 
trouver  le  qiiiclus  animus  qu'elle  parait  présager,  mais 
plutôt  une  certaine  inquiétude  de  travail,  des  traces  de 
préoccupations  personnelles,  qui  non-seulement  nuisent 
à  la  forme,  mais  sont  en  dehors  de  la  première  qualité 
que  l'on  demande  a  l'historien  :  une  calme  impartialité. 
Nous  ne  félicitons  pas  moins  notre  laborieux  narrateur 
de  s'être  attaché  à  un  des  plus  curieux  chapitres  de  notre 
histoire.  Entr'auvres  documents  peu  connus,  il  cite  le 
poème  de  la  Branche  des  royaux  lingnages,  de  Guillaume 
Guiart.  Il  y  aurait  des  réserves  à  faire  sur  plusieurs 
points  historiques  qu'il  avance  :  Et  d'abord  sur  la  route 
par  laquelle  le  roi  Philippe  entra  en  Espagne,  pour  en 
revenir  mourant  par  le  pas  de  l'Ecluse,  dit  Guiart.  Que 
noif,  ne  vent,  ne  glace  n'use;  ensuite  sur  le  lieu  où  le 
roi  rendit  le  dernier  soupir;  eufin  sur  la  prétendue 
défense  de  l'héroïne  de  Montesquiu. 

Les  quatre  principaux  auteurs  des  graves  événements 
qui  avaient  amené  les  Vêpres^ Sicilien  nés  et  cette  Croi- 


I 


375 

sade,  si  calamiteuse,  en  Aragon,  de  1285,  qui  en  fut  la 
suite,  la  même  année  les  vit  aller  de  vie  à  trépas  :  Char- 
les d'Anjou,  roi  de  Sicile,  mourut  le  premier,  a  Foggia, 
le  7  janvier  1285;  le  pape  Martin  IV,  à  Pérouse,  le 
28  mars;  Philippe-le-Hardi,  à  Perpignan  ou  mieux,  dit-on, 
à  Villenova,  près  Castilloo  d'Empories,  le  5  octobre,  et, 
à  son  tour,  Pierre  III  d'Aragon,  à  Villefranche  de  Pana- 
dés,  le  10  novembre,  d'un  refroidissement,  ditMuntaner. 
On  aime  à  voir  relever,  comme  conclusion  à  de  grands 
mouvements  de  peuples,  de  pareils  rapprochements  qui 
se  trouvent  dans  l'histoire;  d'autres  qui  n'y  sont  pas  et 
que  Ton  fait  à  plaisir  n'ont  par  le  même  succès. 

Le  second  travail  qui  nous  a  été  adressé,  qui  est  bien 
roussillonnais  celui-là,  et  qui  doit,  à  ce  titre,  recevoir 
un  favorable  accueil  de  tous  les  cœurs  amis  de  leur 
pays,  raconte  la  vie  de  notre  grand  portraitiste  Hyacinthe 
Rigaud. 

Bernard  Palissy,  cité  par  un  de  nos  concurrents,  a 
dit  :  «  Je  trouverois  bon  qu'en  chacune  ville  il  y  eust 
<c  personnes  députées  pour  escrire  fidèlement  les  actes  qui 
«  ont  esté  faits.  »  Ce  sont  paroles  d'un  des  plus  grands 
citoyens  de  notre  ancienne  France.  Mais  souvent  il  y  a 
mieux  que  les  faits  à  mettre  sous  les  yeux  de  la  posté- 
rité; c'est  la  biographie  complète  des  grands  hommes 
qui  sert,  d'une  manière  plus  vive,  de  leçon  et  d'exemple. 
Quand  un  petit  Département  comme  le  nôtre  a  eu  l'hon- 
neur de  donner  naissance  à  des  illustres,  pour  emprun- 
ter à  la  cité  Toulousaine  sa  courte  expression,  tels  que 
Gérard  de  Roussillon,  Guillaume  de  Cabestany,  l'infant 
Ferdinand  de  Mayorquc,  Gui  de  Perpignan,  Delpas  de 
Saiut-Marsal,   Rigaud,   dom   Brial,   François  Arago  et 


37ti 

l'archevêque  Naudo,  pour  ne  citer  que  les  plus  remar- 
quables; c'est  un  pieux  hommage  rendu  h  la  Patrie  que 
de  signaler  leur  bienfaisante  existence  et  leurs  œuvres 
pour  Tédiflcation  des  générations  qui  ne  les  ont  pas  per- 
sonnellement connus. 

Notre  compatriote  H.  Ernest  Detamont,  résidant  à 
Bordeaux,  en  nous  envoyant  sa  biographie  de  Rigaud,  a 
donc  bien  mérité  la  médaille  d'argent,  grand  module, 
avec  insertion  au  bulletin,  que  notre  Société  a  été  heu- 
reuse de  pouvoir  lui  décerner.  Son  opuscule  est  dos 
plus  complets.  • 

La  première  éducation  de  notre  peintre,  la  réfutation 
de  la  légende  qui  le  fait  partir  tout  enfant  pour  Paris,  à 
la  suite  du  comte  Ros  ;  la  nomenclature  de  ses  portraits 
les  plus  connus,  hauts  personnages,  littérateurs  et  artis- 
tes, têtes  couronnées,  femmes  et  enfants;  son  mariage, 
qui  ressemble  à  un  roman  ;  le  portrait  de  sa  mère  et  le 
récit  de  Saint-Simon  sur  celui  de  l'abbé  de  Rancé,  ceux 
du  duc  d'Anjou,  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  quatre 
générations  de  la  maison  de  France;  la  confirmation  de 
lettres  de  noblesse  par  le  Grand  Roi,  la  pension  de 
Louis  XV  sur  sa  cassette  ;  le  désintéressement  du  pein- 
tre, son  louable  amour  de  la  renommée  et  ses  disposi- 
tions testamentaires;  la  liste  des  graveurs  de  ses  œuvres, 
des  collections  et  des  Musées  qui  les  possèdent,  des  prix 
qui  en  ont  été  offerts  et  des  ouvrages  qui  en  ont  parlé; 
notre  lauréat  a  fait  de  tous  ces  détails  un  travail  qui 
intéresse.  Il  a  fait  plus,  nous  lui  devons  quelques  ren- 
seignements sur  d'autres  peintres  RoussiHonnais,  entr'au- 
tressur  un  frère  cadet  du  célèbre  artiste,  Gaspard  Rigaud, 
mort,  agréé  de  l'Académie  de  peinture,  en  1705,  a  Paris; 


377 

8or  Antoine  Guerra,  dit  le  Vieux,  réputé  avoir  donné  les 
premières  leçons  de  peinture  k  Rigand;  sur  Antoine 
Guerra-le-Jeiine,  un  moment  devenu  premier  peintre  de 
Philippe  V;  et  sur  Joseph  Guerre,  son  frère,  qui  quitta 
Perpignan  pour  l'Italie. 

On  a  seulement  reproché  à  ce  consciencieux  Mémoire 
quelques  légères  négligences,  échappées  à  la  rapidité  de 
la  plume,  et  puis  l'absence  trop  apparente  en  pareille 
matière,  de  critique  esthétique.  Mais,  à  défaut  de  pro- 
gramme tracé  d'avance,  l'auteur  a  cru  devoir  se  borner 
à  un  travail  purement  historique  et  pouvoir  éviter  de 
traiter  son  sujet  au  point  de  vue  de  l'art. 

Quoiqu'il  en  soit,  puisqu'on  a  soulevé  cette  question, 
je  vais  me  permettre  d'y  satisfaire  et  de  combler  cette 
lacune  de  la  biographie  de  Rigaud,  par  un  coup  d'œil 
général  jeté  sur  ce  grand  homme,  en  tant  qu'artiste,  et 
sur  son  œuvre.  En  cola,  je  rendrai  hommage  à  la  nouvelle 
critique  de  nos  jours,  celle  des  influences  et  des  milieux, 
si  brillamment  représentée  par  Sainte-Beuve  et  M.  Taine, 
et  recommandée  pour  les  œuvres  littéraires  :  Ut  pidnra 
poesi$%  par  le  savant  professeur  M.  Cambouliu,  encore 
un  Roussillonnais,  qui  s'est  fait  distinguer  à  force  de 
chercher  à  élever  son  esprit  et  à  êire  utile  à  son  pays. 
Il  a  succombé  à  la  peine,  et  notre  Société  a  doublement 
regretté  sa  perte,  car  il  avait  encore  devant  lui  un  ave- 
nir plein  de  riches  promesses  ! 

Généralement  quand  on  est  jeune  (il  en  est  qui  restent 
jeunes  d'ignorance  et  d'inexpérience  toute  leur  vie),  on 
croit  que,  pour  réussir,  un  artiste  a  besoin  d'être  un 
peu  un  héros  de  roman,  impétueux,  plein  de  fougue  et 
d'ardeur,  passionné,  même  déréglé.  A  la  lecture  des  vies 


378 
de  nos  grands  peintres  français,  soit  I ogres  ou  Delacroix, 
Lesueur  oo  Rigaud,  ou  voit  qu'il  eu  faut  bien  rabattre 
et  qu'une  nature  modeste  et  naïve,  un  cœur  simple,  unis 
à  un  esprit  sagace,  à  un  vif  sentiment  du  beau,  à  une 
intelligence  laborieuse  et  persistante,  sont  bien  plus  pro- 
pres à  former  les  grands  artistes,  pourvu  que  des  préoc- 
cupations extérieures  ne  viennent  pas  les  détourner  de 
leur  indispensable  activité.  Qu'un  peintre  d'histoire  ou 
de  genre  doive  être  un  peu  surmené  par  son  imagination 
et  jeté  en  dehors  d'une  voie  trop  droite,  trop  uniforme. 
Soit.  Mais  un  peintre  de  portraits,  l'homme  de  la  réaliié, 
doit  être  tout  à  son  art  et  réserver  l'énergie  de  sa  volonté 
et  l'attentive  application  de  son  esprit  à  observer  rigou- 
reusement la  nature  et  à  la  rendre  dans  l'éclat  de  son 
originale  vérité.  Rigaud  eut  cette  chance  de  pouvoir 
donner  toute  la  mesure  de  son  talent,  de  pouvoir  s'y 
livrer  tout  entier,  tant  il  fut  bien  préparé  et  bien  servi, 
toute  sa  vie,  par  les  circonstances  : 

Né  dans  une  petite  ville  de  province,  d'une  famille 
plus  que  modeste  (son  père  était  simple  tailleur  d'habits), 
il  put  cependant  devenir  ainsi  le  peintre  recherché  du 
Grand  Roi,  de  la  Cour  de  France  et  des  têtes  les  plus 
hautes,  et  mourir  à  Paria,  décoré  du  noble  cordon  de 
Saint-Michel,  jouissant  d'une  renommée  européenne  et 
laissant  un  des  nom.*  les  plus  célèbres  d'un  grand  siècle 
dans  les  annales  jes  Beaux-Arts. 

Son    grand- père  était   peintre.   Perpignan  possédait, 

depuis  plusieurs  siècles,  une  corporation  de  peintres  et 

de  sculpteurs  à  laquelle  notre  ville  a  dû  de  beaux  mis- 

*rJii    et  cartulaires   enluminés   comme    son  Livre   Vert 

ptajeur,  al  bien  d'autres  richesses,  aujourd'hui  perdues 


379 

à  la  suite  des  événements  qui  ont  bouleversé  la  fortune 
de  notre  pays-frontière.  Cette  corporation  entretenait  le 
goût  des  arts.  À  cette  école,  sans  doute,  s'était  formé 
le  grand- père  de  Rigaud  qui,  à  s<»n  tour,  put  lui  donner 
les  premières  notions  de  peinture.  D'autre  part,  auprès 
de  son  père  qui,  bientôt,  le  laissa  orphelin,  l'enfant  put 
s'émerveiller  de  l'éclat  des  étoffes,  de  leurs  nuances,  de 
leurs  reflets  dont  plus  tard  il  sut  tirer  un  si  bon  parti 
dans  ses  ouvrages.  Il  babille  fort  bien  ses  personnages, 
a-l-on  remarqué.  Il  n'a  fait  peut-être  en  cela,  ajouterons- 
nous,  qu'imiter  son  père.  Les  souvenirs  de  l'enfance 
comptent  beaucoup  dans  la  vie  de  l'homme.  Le  beau 
ciel  (In  Roossillon  qui  l'avait  vu  naître,  ce  ciel,  pur  et 
serein  comme  celui  d'Italie,  chaud  comme  celui  de 
l'Espagne,  deux  climats  qui  oui  fait  de  grands  artistes, 
ces  montagnes  qui  se  dessinent  si  bien  et  cette  mer 
dont  le  bleu  se  nuance  sur  les  couleurs  changeantes  de 
l'horizon,  tout  cela  dut  rester  dans  la  mémoire  du  jeune 
Rigaud  et  avoir  son  influence  sur  les  riches  productions 
de  sa  palette.  Il  y  a  plus.  Ces  premiers  germes  de  goût 
furent  développés,  dans  notre  ville  même,  d'abord  par  les 
leçons  d'Antoine  Guerra  père,  l'habile  peintre  à  la 
manière  italienne  d'un  Saint  Mathieu  et  d'une  Sainte 
Rose  de  Lima,  qui  se  voyaient  naguère  à  notre  Musée. 
Mais,  pour  la  première  éducation,  pour  discerner  la 
vocation  d'un  fils,  rien  ne  vaut  une  mère  intelligente  de 
son  avenir.  Les  plus  grands  hommes  <xH  puisé  les  pre- 
miers encouragements  dans  le  sein  maternel.  Comme 
Arago,  Rigaud  eut  ce  bonheur.  Sa  mère  consentit,  mal- 
gré son  jeune  âge,  à  se  séparer  de  lui.  Elle  l'envoya  à 
Montpellier  étudier  la  peinture  chez  Ranc-le-Vieux,  un 


380 

admirateur  idolâtre  de  Van-Dick,  puis  à  Lyon.  Ainsi, 
comme  par  étape  et  par  gradation,  il  arriva  à  Paris,  si 
bien  préparé  qu'un  an  après,  à  vingt-deux  ans,  il  rem- 
portait le  premier  prix  Ce  l'Académie  de  peinture  et,  en 
1685,  le  grand  prix  de  Rome,  le  premier  des  Roussillon- 
nais.  Nous  avons  en  depuis  deux  autres  Grands  prix,  il 
est  vrai  dans  une  autre  branche  des  Beaux-Arts  :  Georges 
Bousquet,  malheureusement  enlevé  k  la  fleur  de  son  âge, 
n'ayant  pu  développer  son  talent,  éctos  à  peine,  et 
M.  Taudou  à  qui  une  active  persévérance,  d'heureuses 
aptitudes  et  un  fond  riche  d'idées  et  de  sentiments,  pré- 
sagent un  brillant  avenir.  Dix-neuf  ans  après,  Rigaud 
était  Académicien,  aussi  le  premier  de  nos  compatriotes . 
Do  m  Brial,  à  l'Académie  des  Inscriptions,  et  François 
Arago,  à  l'Académie  des  Sciences,  ont  trouvé  depuis  une 
place  aussi  honorable. 

Ce  n'est  pas  tout  d'arriver,  il  est  plus  difficile  souvent 
de  savoir  se  maintenir  et  suivre  sa  véritable  voie.  Rigaud 
garda,  du  caractère  roussillonnais  un  des  meilleurs  côtés, 
une  persévérante  énergie.  Portraitiste  il  était,  portraitiste 
il  voulut  rester.  A  Paris,  comme  ailleurs,  il  pouvait  pren- 
dre pour  modèle  la  nature,  et  puis,  à  celle  époque,  il  s'y 
trouvait  au  milieu  de  rares  talents  qui  avaient  mûri  sous 
l'intelligente  protection  du  Grand  Roi.  Où  aurait-il  pu 
recueillir  de  meilleurs  éléments  de  travail,  d'étude  et  de 
renommée?  Où  pour  lui  un  plus  grand  théâtre?  Il  sut 
se  soustraire  à  la  coutume,  il  n'alla  pas  en  Italie.  Les 
maîtres  italiens  auraient  d'ailleurs  dépaysé  son  génie. 
Par  goût,  il  était  plus  porté  vers  l'école  de  Rubeos  et 
des  peintres  flamands.  Il  demeura  donc  bourgeoisement 
là  où  il  recueillait  des  succès. 


381 

Heureux  dans  se»  débols,  grâce  i  des  labeur»  inces- 
sant», il  le  fut  encore  dan»  son  mariage.  La  belle  damoi- 
selle  Elisabeth  de  Gouy  ne  dédaigna  point  d'unir  sa  des- 
tinée k  celle  d«  fite  du  tailleur  de  Perpignan.  Elle  ne 
fut  pas  de  ces  femme»  qui,  d'après  la  pittoresque  expres- 
sion de  La  Bruyère,  dominent  et  enterrent  leurs  maris. 
Loin  de  le  diminuer,  elle  ne  gêna  en  rien  son  talent,  et 
le  laissa  s'épanouir  en  pleine  liberté.  Un  artiste  ne  doit 
point  prendre  femme,  dit-on  vulgairement.  Soit,  répon- 
drons-nous, à  moin»  de  trouver  une  Elisabeth  de  Gouy. 
Le  peintre  lui  rendit  bien  tout  son  attachement  jusqu'au 
dernier  jour;  et,  inconsolable  de  ha  perte,  il  ne  lui  sur- 
vécut que  quelques  moi». 

Famille,  mère,  maître»,  épouse  tendre  et  dévooée, 
tout  avait  aidé  Rigaud  dans  le  développement  de  ses 
solides  et  brillantes  faculté».  L'amitié  s'y  ajouta  :  Bos- 
suet,  Lafontaine,  Racine,  Boileau  !  Quels  amis  !  Qui 
n'aurait  gagné  fe  la  fréquentation  de  ces  grands  homme»  ? 
Une  seule  chose,  un  moment,  avait  paru  ternir  le  bonheur 
de  notre  peintre.  H  fut  une  des  victimes  du  système  de 
Law.  Mais  la  munificence  royale  fit  œuvre  de  providence 
et  répara  ce  malheur.  Sa  patrie,  qui,  bien  que  de  loin, 
se  ressentit  du  mouvement  artistique  du  grand  siècle, 
ne  l'oublia  pas  non  plus  :  Elle  usa  en  sa  faveur  d'un  de» 
ancien»  privilège»  dont  il  est  rendu  compte  dans  la 
Rigaudine,  recueil  d'un  ancien  notaire  de  Perpignan, 
Rigau,  peut-être  un  ancêtre,  cité  par  notre  savant  juris- 
consulte coutumier,  M.  le  premier  président  Massot-Rey- 
nier.  Et  elle  lui  conféra  le  titre  de  Citoyen  Noble, 
confirmé  par  Louis  XIV  et  couronné  par  la  croix  de 
Saint-Michel. 


382 

Nommé  professeur,  pois  directeur  de  l'École  des 
Beaux- A  ru,  il  Tut  élu,  chose  rare,  Académicien  pour  la 
seconde  fois,  comme  peintre  d'histoire,  un  an  avant  sa 
mort;  lorsqu'il  eut  produit  dans  ce  genre  de  beaux 
tableaux,  dont  le  plus  remarquable  est  la  Présentation  au 
Temple,  petit  chef-d'œuvre  de  facture  â  la  manière  de 
Gérard  Dow.  Enfin,  après  avoir  appartenu  k  deux  grands 
siècles,  n'ayant  plus  rien  à  attendre  de  ce  monde  où  il 
avait  recueilli  gloire  et  bonheur,  il  exhala  sa  pieuse  et 
belle  âme,  en  rendant  grâces  à  Dieu  de  le  rappeler  auprès 
de  ceux  qui  l'avaient  aimé. 

S'étonnera-l-on  à  la  lecture  de  ce  petit  résumé  d'une 
noble  existence,  que  Rigaud  ait  comblé  tcutes  les  espé- 
rances qu'il  avait  fait  concevoir?  Ses  seuls  défauts, 
l'excès  d'apparat,  une  pompe  irop  théâtrale,  un  luxe 
minutieux,  l'exubérance  d'ornementation  qu'on  remarque 
dans  quelques  unes  de  ses  œuvres,  sont  les  défauts  de 
son  siècle.  On  n'aurait  point  à  lui  faire  pareil  reproche 
si,  au  lieu  de  vivre  auprès  de  la  fastuense  Cour  de 
France,  il  eût  passé  sa  vie,  comme  Van-Dick,  sous  des 
gouvernements  plus  putilains,  celui  qu'à  juste  titre  on  a 
surnommé  le  Van-Dick  français.  Comme  le  peintre  d'An» 
vers,  il  avait  le  talent  de  rendre  la  ressemblance,  de 
saisir  sur  le  fait  le  caractère,  les  nobles  qualités,  la 
physionomie,  l'esprit  même  de  ses  personnages;  comme 
lui  il  avait  conscience  de  peindre  pour  la  postérité. 

Après  l'homme,  analysons  l'œuvre.  Nous  le  pouvons 
dans  notre  propre  ville.  Bien  qu'un  vandalisme  ignorant 
ait  détruit  le  portrait  en  pied  de  Louis  XV,  un  chef- 
d'œuvre  de  naturel  et  de  grâce  enfantine  que  Bigaud 
avait  envoyé  à  sa  ville  natale,  en  reconnaissance  de  son 


383 

litre  de  noblesse,  il  esi  resté  au  Musée  quatre  toiles  de 
notre  célèbre  compatriote,  qui  marquent,  chacune,  un 
trait  caractéristique  de  son  génie. 

El  d'abord,  A  Jove  principium  :  le  splendide  portrait. ... 
non,  je  dirai  :  le  tableau  du  cardinal  de  Bouillon  ouvrant 
Tannée  sainte»  Voltaire  en  a  fait  dans  une  simple  phrase, 
le  plus  grand  éloge  possible  :  «  C'est,  dit-il,  un  chef- 
«  d'œuvre  égal  aux  plus  beaux  ouvrages  de  Rubeas.  » 
Itigaud  y  a  mis  un  enthousiasme  inspiré,  une  fougue  de 
pinceau,  un  éclat  de  couleur,  une  puissance  de  relief, 
qui  paraissent  dénoter  de  quelle  respectueuse  vénération 
était  animé  notre  peintre  pour  les  cérémonies  religieuses, 
et  aussi,  peut-être,  toute  la  satisfaction  qu'il  ressentait, 
dans  son  cœur  patriotique,  de  l'honneur  réservé  au  Grand 
aumônier  de  France.   Quelle  touche  moelleuse,  quelle 
fraîcheur  de  carnation,  quelles  poses  charmantes  chez 
les  génies  angéliques,  qui  symbolisent  l'édification  de 
l'œuvre   sainte   et   le  trésor  d'indulgences  qu'elle  va 
répaudre  !  Quelles  richesses  !  Ceci  est  bien  du  satin,  cela 
de  la  soie,  ici  surtout  c'est  du  velours,  et  là  des  torsades 
de  61  d'or.  Il  n'y  a  pas  à  s'y  méprendre.  Depuis  Titien 
et  Véronèse,  nul  ne  s'était  éludié  avec  plus  de  soin,  nul 
n'avait  réussi  à  rendre  avec  plus  de  souplesse  et  de 
naturel  l'ampleur,  le  jet  et  l'éclat  des  draperies.   Une 
sérénité  vivante  éclaire  le  visage  du  cardinal,  une  exquise 
dignité  accompagne  son  geste.  C'est,  comme  le  majes- 
tueux portrail  de  Bossuet,  du  salon  carré  du  Louvre,  un 
véritable  tableau  d'histoire  qui,  en  un  seul  personnage 
et  en  ses  brillants  accessoires,  rend  tout  un  caractère  et 
un  des  beaux  côtés  du  génie  d'un  siècle. 
Le  portrait  du  cardinal  Fleury  est  plus  modeste,  il  est 


en  buste.  Mais  comme  le  cadre  est  bien  rempli!  La 
figure  même  semble  ei>  sortir,  tant  eMe  est  parlante, 
tant  elle  respire  le  calme  et  la  finesse;  les  yens  brillent, 
la  bouche  va  s'ouvrir,  une  noble  bienveillance  rayonne 
dans  la  physionomie.  Entre  ce  portrait  il  les  beaux 
bostes  qui  se  trouvent  an  Musée,  quelle  est  la  tête  qui  a 
le  plus  de  relief?  La  toile  l'emporte  peut-être  sur  le 
marbre.  C'est  la  nature  prise  sur  le  bit,  habillée  sans 
raideur,  avec  une  aisance  magistrale,  une  simplicité  de 
pose  incomparable.  La  couleur,  le  dessin,  la  gamme  des 
tons,  tout  s'accompagne,  se  combine  et  se  marie  pour 
faire  une  œuvre  d'une  harmonieuse  perfection. 

Quant  au  portrait  de  Rigaud  peint  par  lui-même,  c'est 
la  difficulté  vaincue,  une  touche  correcte,  franche  et 
déliqate,  qni  se  joue  de  ce  qui  effraierait  tout  autre. 
Voyefc  quelle  fierté  dans  la  pose.  C'est  bien  un  homme  à 
qui  sa  mère,  comme  la  femme  Spartiate,  confiante  dans 
l'avenir,  avait  donné  du  courage  pour  toute  la  vie,  en  lui 
disant:  «Va,  tu  reviendras  quand  tu  auras  vaincu.»  Il  le 
fit  et  fit  bien,  il  ne  revit  sa  ville  natale  que  lorsqu'il  eut 
gloire  et  honneur.  C'est  bien  lui.  Il  s'est  dit  :  «  Rien  de 
trop  pour  ma  patrie  »  et  il  a  pris  l'obstacle  de  front.  Il 
s'est  peint  en  costume  noir,  et  cependant  il  n'a  pas 
assombri  le  tableau,  tout  en  lui  donnant  une  chaude 
couleur.  Les  reflets  da  velours  sont  si  bien  saisis,  le 
chatoiement  de  la  soie  du  cordon  de  Saint-Michel  si 
rende,  l'habit  si  aisément  ajusté,  les  traits  si  vrais,  les 
nœuds  du  cordon  si  habilement  éclairés  au-dessous  de 
cette  tête,  maîtresse,  si  je  peu*  m'exprimer  ainsi,  fière, 
satisfaite  de  l'œuvre  adressée  à  la  ville  natale  ;  tout  en 
an  mot  est  si  hardiment  pris  sur  le  vif  que  l'on  ne 


:j85 

serait  pas  étonné  de  voir  le  peintre  se  retourner  et  dé 
ses  main*  délicatement  dessinées,  avec  une  habileté  dont 
it  avait  le  secret,  la  palette  toute  prête,  reprendre,  devant 
le  spectateur,  le  travail  interrompu.  Après  ce  tour  rie  force, 
celui  do  portrait  du  révérend  père  de  Rancé,  dont  parle 
Saint-Simon,  lui-môme,  avec  éloge,  n'a  plus  .lieu  de 
surprendre.  Jusqu'au  croquis  du  dessin,  jeté  sur  la  toile 
et  esquissé  par  le  peintre,  qui  est  à  remarquer.  C'est 
enleVé  &  la  pointe  du  pinceau,  s'il  m'est  permis  de  parler 
ainsi,  avec  une  svelte  élégance,  une  légèreté,  une  sûreté 
de  touche  des  plus  saisissantes. 

Nous  arrivons  enfin  au  Christ  expirant  sur  la  croix, 
tableau  d'un  modelé,  d'une  science  anatomique  qui 
étonne  de  la  part  d'un  peintre  de  portraits.  A  demi 
Espagnol,  car  Perpignan  était  alors  h  peine  Français, 
Rigaud  n'a  cependant  pas  voulu  suivre  les  errements  des 
peintres  des  flagellations  et  des  martyrs,  des  pâleurs 
ascétiques  et  des  écorchés.  Ici  rien  de  décharné,  tout 
est  parfait  de  forme  et  beau  de  carnation,  f'œil  est  divin. 
Des  sentiments  de  religion  intelligente,  ceux  de  Bossnet 
ou  de  Racine  peut-être,  ont  guidé  le  peintre.  Pour  lui 
te  corps  Au  Christ  ne  doit  pas  être  un  cadavre,  il  a 
triomphé  de  la  mort,  il  doit  donc  avoir  gardé,  malgré  la 
mort,  sa  pleine  beauté  et  sa  couleur.  Ainsi  Rigand  a  tou- 
jours voulu  avoir  son  originalité  k  loi,  it  n'a  appartenu  & 
aucune  école;  tout  en  étant  de  son  temps,  it  est  resté 
son  maître*  et  n'est  l'élève  de  personne.  Comme  les 
grands  littérateurs  dont  il  a  fait  le  portrait,  et  qui  l'ont 
honoré  de  leur  amitié,  il  a  eu  la  fierté  de  son  talent.  H 
l'a  affirmé  et  grandi  peu  h  peu  pour  ta  Postérité.  Elle 
s'aperçoit  maintenant,  devant  des  toiles,  splenéides  de 

25 


386 

coloris,  que  le  temps  a  respectées,  qu'elle  a,  comme  Fa 
dit  un  critique,  un  arriéré  d'admiration  à  lui  payer. 

Éclat  de  la  couleur,  fini  de  la  touche  et  vérité  des 
accessoires  ;  exquise  ressemblance  et  naturelle  distinction 
des  personnages;  fierté  de  la  pose,  correction  du  dessin 
et  ménagement  de  la  tonalité;  modelé  irréprochable  et 
sentiment  religieux;  telles  sont  les  grandes  qualités  de 
Rigaud,  bien  distinctes  dans  les  quatre  œuvres  que  nous 
possédons.  Dans  sa  nomenclature,  M.  Delamont  a  oublié 
le  portrait  du  cardinal  Fleury  et  le  Christ. 

Ce  dernier  tableau  est,  du  reste,  une  œuvre  peu  connue 
et  qu'on  doit  nous  envier  d'autant  plus  qu'il  a  failli  nous 
être  enlevé.  La  pieuse  mère  de  Rigaud  l'avait  donné  au 
couvent  des  Grands-Augustins  de  notre  ville.  Au  milieu 
du  pêle-mêle  causé  par  la  sécularisation  et  par  la 
disparition  révolutionnaire  des  édifices  religieux,  cette 
œuvre  de  maître  avait  eu  la  chance  d'échapper  à  la  des- 
truction. Quand  les  choses  tendirent  à  reprendre  leur 
niveau,  et  que  l'on  voulut  rendre  à  Paris  une  certaine 
splendeur,  en  y  reconstituant  un  ensemble  d'œuvres 
d'art  et  des  écoles  dignes  d'une  capitale,  plusieurs 
démarches  furent  faites  dans  les  provinces  afin  de  les 
dépouiller  de  leur  patrimoine  artistique,  au  profit  du 
grand  centre.  Alors,  cette  toile  et  on  cuivre  représentant 
le  même  tableau  furent  trouvés  par  un  inspecteur  des 
beaux-arts,  dans  les  galetas  de  notre  Hôtel-de- Ville. 
Heureusement,  l'habile  sculpteur  roussi  lion  nais,  Boher, 
accompagnait  l'émissaire  du  gouvernement.  Ne  voulant 
point  permettre  que  notre  ville  fut  déshéritée  de  ce  beau 
tableau,  et  mettant  toute  sa  finesse  d'artiste  au  service 
de  son  patriotisme,  notre  sculpteur  n'eut  pas  de  peine  à 


387 

prouver  à  l'ignorant  inspecteur  le  contraire  de  la  vérité, 
que  le  cuivre  était  l'original  et  la  toile  la  copie.  Qu'est 
devenu  le  cuivre?  Sans  doute  il  a  seulement  changé  de 
galetas  et  se  trouve  enfoui  dans  ceux  du  Louvre,  peut- 
être  même  est-il  tout-à-fail  perdu,  tandis  que,  grâce  à 
Boher,  nous  pouvons  être  Cers  de  montrer  la  belle  toile 
aux  étrangers  qui  viennent  visiter  nos  modestes  richesses. 

Que  d 'œuvres  remarquables  n'aurions-nous  pas  à  leur 
faire  admirer  si  les  Roussi  donnais  les  plus  intelligents 
avaient  eu  le  zèle  patriotique  de  cet  artiste  dévoué! 

Pourquoi  n'a-t-cn  pas  mieux  secondé  les  premières 

intentions  des  fondateurs  de  notre  Société,  qui  furent 

aussi  ceux  du  Musée,  en  y  réunissant  peu-à-peu,  à  l'aide 

de  legs,  de  dons,  et,  s'il  eut  fallu,  d'achats  et  de  faibles 

sacrifices  pécuniaires,  toutes  Jes  œuvres  artistiques  d'un 

pays  où  les  Guerra,  les  Rigaud  et  les  Boher  n'avaient 

pas  été  les  seuls  à  voir  le  jour  et  à  produire  ?  Bien  loin 

de  là.  On  a  vu  des  œuvres  de  mérite  ne  paraître  au 
Musée  que  pour,  bieotôt,  s'éclipser.  Aussi,  bien  des  villes 

voisines,  quelquefois  moins  considérables,  soit  en  France, 

soit  en  Espagne,  fout  honte  à  la  nôtre  pour  le  goût  et 

le  respect  qu'on  y  professe  des  choses  de  l'esprit. 

Rigaud  qui  avait  laissé  les  arts  dans  un  état  relativement 

prospère  en  Roussillon,  qui  avait  vu  s'y  fonder  des  centres 

d'instruction,  s'y  élever  des  monuments  remarquables, 

s'y  préparer  la  reconstitution  d'une  Université,  Rigaud 

avait  sans  doute  mieux  auguré  de  sa  Patrie. 


•' 


"*. 


»** 


\ 


LISTE  DES  MEMBRES 

COMPOSANT  LA 

SOCIÉTÉ  AGRICOLE,  SCIENTIFIQUE  ET  LITTERAIRE 

DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


Membres  honoraires. 

1836.  M.  Guizot,  C.  #,  membre  de  l'Académie  Française. 
1836.  M.  Mathieu,  0.  #,  membre  de  l'Institut. 

Nombres  résidants.  # 

1853.  M.  Alart  (Bernard),  archiviste  de  la  Préfecture. 

1868.  M.  Albar  (Joseph),  propriétaire. 

1833.  M.  Alzine  (Jean-Baptiste),  propriétaire  (F)\ 

1868.  H.  Amouroux  (Adolphe),  notaire. 

1867.  M.  Aragon  (Osmin),  propriétaire. 

1867.  M.  Aragon  (Edouard),  propriétaire. 

1868.  M.  Astors  (François),  propriétaire. 
1853.  M.  Audusson  (Olivier),  propriétaire. 
1846.  M.  Azémàr  (Joseph),  propriétaire. 

1836.  H.  Bxcri  (Etienne),  0.  *,  colonel  d'artillerie  en  retraite. 

1865.  M.  Balanda  (Joseph  de),  propriétaire. 

1 857 .  M .  Barberet  (Chartes),  & ,  inspect.  d'Académie  honoraire . 
1867.  H.  Bardou  (Joseph),  lithographe. 
1867.  M.  Bardou  (Pierre,  imprimeur. 

1866.  M.  Bauby  (Justin),  juge. 

*  Les  fondateurs  de  la  Société  saat  désignés  par  la  lettre  F  qui  est  à  la 
suite  de  leur  nom. 


i   • 


390 

1869.  M.  Batlle  (Jqs0if),  propriétaire. 
1855.  M.  Bédos  (Stéphane),  avocat. 

1833.  M.  Béguin  (Louis);  #,  directeur  de  PÉcole-Normalc. 
1853.  M.  BmpRAK~BALANDA{Bo!)aveiiture),  propriétaire. 
18Î6.  M/Borr  (Emile),  pharmacien  de  lre'  classe.    " 
1858.  M.  Bonafos  (Emmanuel),  docteur-médecin. 
1857.  M.  Bonnefoy  (Louis  de),  propriétaire. 

1867.  M.  Bonnet  (Joseph  de),  propriétaire. 

1855.  H.  Boucabeille  (l'Abbé  Isidore),  chanoine  honoraire. 

1868.  M.  Brieudes  (Théodose),  avocat. 
1868.  M.  Brugière  (Ernest  de),  avoué. 

1867,  M.  Çagarriga  (Raymond  de),  #,  propriétaire. 

1855.  M.  Calvet,  agronome. 

1867.  M.  Camp  (Aimé),  *,  inspecteur  d'Académie. 

1867.  M.  Canavy  (Alphonse),  professeur  de  dessin. 

1872.  M.  Carcassonxe  (Maurice),  propriétaire. 

1867.  M.  Cargolès  (Vincent),  propriétaire. 

1760.  M.  Cazes  (Prosper),  propriétaire. 

1866.  M.  Chefdebien  (Fernand  de),  propriétaire. 

1870.  M.  Companyo  (Louis),  #,  docteur-médecin. 
1840.  M.  Costa  (Léon  de),  homme  de  lettres. 
1870.  M.  Coste  (Philippe),  professeur  au  Collège. 
1872.  M.  Cruchandeu  (Joseph),  homme  de  lettres. 

1817.  M.  Cuillé  (Germain),  &,  directeur  de  la  Ferme-École. 

1866.  M.  Dalbiez  (Joseph),  entrepreneur. 

1866.  M.  Daumerny  (Baptiste),  propriétaire. 
1853.  M.  Dedins  (Sauveur),  propriétaire. 

1855.  M.  Delhoste  (l'Abbé  Julien),  chanoine  honoraire. 
1848.  M.  Desprez  (Antoine),  propriétaire. 
1860.  M.  Desprez  (Jules),  propriétaire. 

1867.  M.  Beville  (Pierre),  vérificateur  des  poids  et  mesures. 
1865.  M.  Drogard  (César),  architecte. 


391 

1869.  M.  Donnezan  (Charles),  #,  docteur  médecin. 
1854.  M.  Durand  (Justin),  #,  banquier. 
1866.  M.  Durand  (Laurent),  #,  propriétaire. 

1866.  M.  Esganyé  (Frédéric),  avocat: 
1868.  H.  Escarra  (Jacques),  propriétaire. 

1849.  M.  Fabre  (Louis),  professeur  en  retraite. 
1866.  H.  Fabre  de  Llaro  (Léon),  notaire. 
1872.  M.  Farochon,  (Paul),  professeur  d'histoire 
1866.  H.  Faure  (Louis),  propriétaire. 

1856.  M.  Ferrer  (Léon),  pharmacien  de  1™  classe. 

1866.  M.  Fines  (Jacques),  docteur-médecin. 
1868.  M.  Florimont  (Albert),  avocat. 

1867.  M.  Galaud  (Jacques),  professeur  de  langues. 

1853.  M.  Garrette  (Pierre),  propriétaire. 
1872.  M.  Gauthier  (Médard),  propriétaire. 

1859.  M.  Granier  de  Cassagnac  (l'Abbé  Louis),  #,  principal  du 

Collège. 
1848.  M.  Gouell  (Pierre),  docteur-médecin. 

1867.  M.  Janer  (Augustin),  propriétaire. 

1868.  M.  Jaubert  de  Passa  (Henri),  licencié  en  droit. 

1854.  M.  Jaume  (Amédée),  propriétaire. 
1868.  M.  Jaume  (James),  propriétaire. 
1868.  M.  Jaume  (Edouard),  propriétaire. 

1857.  M.  Jouy-d' Arnaud  (Eugène),  *,  propriétaire. 

1850.  M.  Labau  (Joseph),  propriétaire. 

1860.  M.  Lacombe  Saint-Michel  (Romain),  propriétaire. 
1854.  M.  Lacroix  (Ferdinand  de),  avocat. 

1867.  M.  Lafabrègue  (Paul),  propriétaire. 

1867.  M.  Laffitte  (Paul),  propriétaire. 

1853.  M.  Lamer  (Jules  de),  secrétaire  général  de  la  préfecture. 


392 

1872.  M.  Lanûuinedk  Liabo  (François),  propriétaire. 
1868.  M.  Latrobe  (Charles),  imprigieur4ibraire. 
1841.  M.  Lazerme  (Charles),  propriétaire. 
1853.  M.  Llobet  (Joseph  de),  propriétaire. 

1867.  M.  Llobet  (Michel  de),  propriétaire* 

1868.  M.  Malbes  (Alexandre),  #,  ingénieur  des  Ponts-et-Chaus- 

sées. 
1835.  M.  Massot  (Paul),  docteur-médecin. 

1868.  M.  Massot  (Justin),  docteur-médecin. 
1862.  M.  Mercadier  (Jean),  homme  de  lettres. 
1867.  M.  Molimer  (Adolphe),  propriétaire. 
1861.  M.  Morer  (Sauveur),  professeur  au  collège. 
1853.  M.  M ix art  (Auguste),  avocat. 

1867.  M.  Parés  (Jules),  #,  avocat* 

1869.  M.  Passama  (Joseph),  0.  #,  capitaine  de  frégate  en 

retraite. 
1869.  M.  Pelissier  (François),  maître-adjoint  à  l'Ecole-Normale. 

1866.  M.  Pellet  (Pierre),  naturaliste. 

1871.  M.  Picas  (Léon),  vice-président  du  tribunal  civil. 

1868.  M.  PmcGARi  (Antoine),  0.  #,  colonel  du  génie. 

1867.  M.  Nérel  (Simon),  propriétaire. 

1868.  M.  NoÊ  (Michel),  avocat. 

1867.  M.  QrÈs  (Jean),  professeur  de  physique. 

1857.  M.  Reynès-Audussox,  négociant. 

1868.  M.  Rivals  (Louis),  avoué. 
1853.  M.  Robin  (Louis),  propriétaire. 
1867.  M.  Romeu  (François  d$),  avocal. 

1858.  M.  Roitfia  (Joseph),  instituteur. 
1867.  M.  RorFnAN&is  (Isidore),  professeur. 


393 

1872.  M.  Kdouckort  (Jacques),  artiste. 

1867,  M.  Rouzau0  (Vincent),  médecin- Vétérinaire. 

4859.  M.  Saignes  (Justin),  lithographe. 

1868.  M.  SiiNT-MAATofti  (Honoré),  libraire. 
1854.  M.  Sauvy  (Joseph),  père,  négociant. 
18&7.  H.  Sauvy  (Joseph),  Gis,  négociant. 
1867.  M.  Sèbe  (Aleiis),  propriétaire. 
4867.  M.  StxvA  (Charles  de),  propriétaire. 

1853.  M.  Siav  (Antoine),  propriétaire. 

1872.  M.  Sipikre  (Clément),  employé  à  ta  direction  des  Douanes 

à  Perpignan. 

4 

1854.  M.  Tàlayiuch  (Joseph),  avocat. 

1855.  H.  Tarrês  (Gustave),  docteur-médecin. 

1867.  H.  ïastu  (Antoine),  #,  ingénieur  en  chef  des  Pdut$~el- 
Chaussées. 

1867.  M.  Terratô-d'Aguiiaon  (Jacques),  propriétaire. 

1873.  M.  Jerrit  (Eugène),  commissionnaire. 

1872.  M.  Tisseyre  (Justin),  &,  capitaine  d'État-Mqjor. 
1866.  M.  Tournai,  (Joseph),  avoué. 

1841.  M«  Vilallongik  (Sylvestre),  négociant. 

1866.  M.  Vilaixongue  (Camille),  juge. 

Membres  résidants  n'habitant  pas  Perpignan. 

1868.  M.  Acézat  (Omer),  propriétaire  à  Prades. 

1867.  M.  Baillo  (Charles),  propriétaire  à  Thuir. 

1867.  H.  Barrera  (Michel),  propriétaire  à  Bagos. 

1868.  M.  Boaça  (Asprer  de),  propriétaire  à  Prades. 

1856.  M.  Carbonnell  (Joseph),  propriétaire  h  Gases-de-Pène. 

1857.  .M.  Conte  (Joseph),  propriétaire  à  Estagel. 
1866.  M.  Cornet  (Joseph),  propriétaire  à  Rodez. 


j 


394 

4867.  M.  Durand  (Jacques),  propriétaire  à  Saint-Nazaire. 
1856.  M.  Duverney  (Adolphe),  propriétaire  à  Espira-de-TAgly. 
1867.  M.  Farines  (Achille),  négociant  à  Rivesaltes. 

1867.  M.  Ferriol  (Antoine),  *,  notaire  à  Millas. 

1868.  M.  Gauze  (Joseph),  notaire  honoraire  à  Rivesaltes. 
1868.  M.  Gauze  (Charles),  propriétaire  à  Rivesaltes. 

1846/ M.  Ginestous  (marquis de),  propriété  Latour-de-France. 
1847.  M.  Girvês  (Sauveur),  propriétaire  à  Vînça. 
1868.  M.  Gonzalvo  (Ange  de),  propriétaire  à  Vinça. 

1871.  M.  Gource  (Joseph),  propriétaire  à  Arles. 
1867.  M.  Jacomet  (Louis),  Juge  à  Prades. 

1867.  M.  Lazerme  (Auguste),  propriétaire  à  Vinça. 
1856.  H.  Halègue  (Vincent),  à  Pézilla-de-la-Rivière. 

1868.  M.  Juua  (Joseph),  propriétaire  à  Arles-sur-Tech. 
1868.  M.  Marquié  (Jules),  notaire  à  Rivesaltes. 

1868.  M.  Modat  (Jean),  ancien  élève  de  la  Saussaye,  §  Thuir. 

1868.  M.  Mas  (Auguste),  avocat  à  Prades. 
1867.  M.  Maria  (François),  propriétaire  à  Thuir 

1869.  M.  Monteilla  (Bonaventure  de),  propriétaire  à  Sainte- 

Léocadie. 
1865.  M.  Nicolas  (Emile),  négociant  à  Rivesaltes. 

1872.  M.  Oliver  (Paul),  naturaliste  à  Port-Vendres. 

1843.  M.  Pages  (Sébastien),  propriétaire  â  Palau-del-Vkire. 
1867.  M.  Pams-Boher  (Raymond),  propriétaire  à  Vinça. 

1867.  M.  Penchinat  (Charles),  docteur-médecin  à  Port-Vendres. 

1868.  M.  Pech  (François),  propriétaire  à  Lalour-de-France. 
1868.  M.  Reig  (Bonaventure),  propriétaire  à  Port-Vendres). 
1868.  M.  Jacomy  (Bémy),  propriétaire  à  Prades. 

1865.  M.  Salvo  (François),  notaire  à  Vinça. 

1868.  M.  Soubirane (Joseph),  notaire àSaint-Laurent-de-Cerdans. 

1868.  M.  Triillès  (Joseph),  notaire  à  Me. 

1865.  M.  Vilar-Soubirane  (Jacques),  propriétaire  au  Boulou. 

1867.  M.  Vilar  (Edmond),  propriétaire  à  Thuir. 

1872.  M.  Delamont  (Ernest),  employé  des  postes  à  Bordeaux. 


395 


Membres  coireepondasts. 

1839.  Mm«  Lafabrègve,  naturaliste  à  Lyon. 
M»«  Tastu  (Amable),  à  Parts. 

M»«  Vien  (Céleste),  à  Pari*. 

1840.  M"*  Faure,  (Anafs),  née  Biu,  à  Rocliefort. 
1842.  H110  Favier  (Eulalie),  ù  Marseille. 

1833.  M.  Fraisse  de  Perpignan,  à  Cette  (F). 

N.  Ferrus,  ancien  Principal  du  Collège  de  Perpignan  (F). 

1834.  M.  César-M oreau ,  directeur,  fondateur  de  la  Société 

française  de  Statistique  à  Paris. 

N.  Cros,  avocat  à  Narbonne. 

M.  Delestre,  président  de  l'Athénée  à  Paris. 

M.  Godpebk  Liancourt,  président  de  la  Société  univer- 
selle de  Civilisation  à  Paris. 

M.  Salin,  contrôleur  de  la  Monnaie  des  Médailles, 

1835.  M.  Àrago  (Etienne),  homme  de  lettres  à  Paris. 

M.  Breghot  du  Lut,  membre  de  F  Académie  de  Lyon. 

M.  Cachelièvre,  ingénieur  des  mines. 

M.  Ghevrolat  (Auguste),  membre  do  la  Société  entomo- 
logique  de  France. 

M.  Combes,  docteur-médecin  à  Toulouse. 

M.  Delocre,  docteur-médecin  à  Lyon. 

M.  Denizart-Hurtzel,  propriétaire  à  Lille. 

M.  Duffourc,  #,  colonel  du  Génie. 

M.  Ensely,  docteur-médecin  à  Castelnaudary. 

M.  Guinard  aîné,  pharmacien  à  Bordeaux. 

M.  Guiter  (Théodore)j  de  Perpignan,  député. 

M.  Guyot  de  Fère,  secrétaire  perpétuel  delà  Société  d'en- 
couragement à  Paris. 

M.  Itier,  naturaliste  à  MarseiHe. 

M.  Merch,  trésorier  de  la  Société  linéenne  de  Lyon. 


3% 

1835.  M.  Mulzant,  professeur  d'entomologie  au  Lycée  et  à  la 

Faculté  des  sciences  de  Lyon. 
M.  Péricaud,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Lyon,  membre 

de  l'Académie  dé  la  même  ville. 
M.  Rigaud  (Esprit),  de  Perpignan,  ancien  avocat  à  la 

Cour  de  Cassation  à  Paris. 
"M.  Rouffia  (Côme),  de  Perpignan,  maître  de  pension. 
M.  Thurbert,  ingénieur  des  mines. 
H.  Walter,  ingénieur  civil,  professeur  à  l'École  des  arts 

et  manufactures  à  Paris. 

1837.  M.  Barrait,  homme  de  lettres  à  Toulouse. 
M.  Mêrcamer  aine,  lithographe  à  Toulouse» 

1838.  M.  Durosoy,  inspecteur  des  mines. 

M.  Grenier,  docteur-médecin,  professeur  d'histoire  natu- 
relle à  Besançon. 

M.  Vaillant,  dessinateur,  attaché  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  à  Paris. 

1839.  M.  Brochier,  capitaine  du  Génie. 

M.  Câdilhac  (Désiré),  à  Puisségur,  près  Béziers. 
M.  Coubarî-d'Aulnay,  memb.  del'Aibén.  des  arts  à  Paris. 
M.  Terre  vert,  naturaliste  à  Lyon. 
1840»  M.  Arago  (Alfred),  inspecteur  des  Beaux-Arts  h  Paris 
M.  Monzic-Lasserre,  docteur -médecin  à  Coût. 

1841 .  M.  François,  inspecteur  général  des  mines. 

M.  Vienne,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Toulouse. 

1842.  M.  Bénet  de  Péraud,  docteur-médecin  à  Paris. 

M.  Gellé,  professeur  de  l'École  vétérinaire  de  Toulouse. 
M.  Pongy,  ouvrier-maçon,  homme  de  lettres  à  Toulouse. 
M.  Selva,  (Prosper),  0  #,  capitaine  de  vaisseau. 

1843.  M.  D'Ombre-Firmas,  d'Alais. 

M.  Massot-Reynier,  #,  1"  président  de  la  Cour  de  Rouen. 
M.  Solliers  (Félix),  homme  de  lettres  à  Paris. 

1844.  M.  Bouts,  *,  de  Perpignan,  professeur  à  l'École  de  Phar- 

macie de  Paris. 


3»7 

4844.  H.  Didier-Petit,  de  Lyon. 

M.  Perey  (Alexis),  professeur  de  mathématiques  &  Dijon. 

M.  Robinet,  membre  de  l'Académie  de  médecine. 
1847.  M.  Irat,  avocat  h  la  Cour  do  Paris. 

M.  Renard-de-Saint-Malo  ,  avocat  à  la  Gourde  Cassation, 
député. 
1818.  M.  Laurence,  principal  de  collège  en  retraite. 

M.  Lefranc  (Pierre),  homme  de  lettres,  député. 

M.  Perris  (Edouard),  naturaliste  à  Mont-de-Marçan. 

M.  Reboud,  docteur-médecin. 
1849.  M.  Autheman,  économe  des  hospices  à  risle-sur-Sorgue 
(Var). 

M.  Pietta  (Lucien),  à  Montesquieu,  près  Toulouse. 

1853.  M.  Faure,  docteur-médecin  en  Algérie. 
M.  Bonnet  (Edmond),  ingénieur  civil. 

M.  Carvallo  (Jules),  ingénieur  civil,  membre  fondateur 
de  F  Institut  archéologique  et  historique  du  Limousin. 

1854.  M.  Danjean  (Firmin),  professeur  au  Lycée  de  Montpellier. 
M.  Maurice,  agent-voyer  en  chef  du  département  de  Loir- 
et-Cher. 

M.  Thevenin,  conseiller  ^  la  Cour  d'Appel  de  Paris. 

1855.  M.  Barthélémy  (de),  ancien  conseiller  de  préfecture. 
M.  Calisti,  inspecteur  d'Académie. 

M.  Cortie,  professeur  à  Paris. 

M.  Chaurand  de  Malarce,  homme  de  lettres  à  Paris. 

M.  Crova  (André),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  h 

Montpellier. 
M.  Soubeyran  (Paul  de),  ancien  préfet. 

1856.  M.  Mercader  (Ernest),  docteur-médecin  à  la  Magistrad 

(Tarn-et-Garoiroe). 

1857.  M.  Soubeyran  (Léon),  professeur  agrégé  à  l'École  de 

Pharmacie  de  Paris. 

1858.  M.  Caralp  (Raymond),  directeur  des  cultures  du  Péniten- 
cier à  Marseille. 


m 

1858.  M.  Chambei  (l'abbé),  de  Perpignan,  dominicain. 
M.  Dardé,  avoué  à  Carcassonne. 

M.  Demlle,  directeur  de  la  Ferme-École  de  l'Aude. 
M.  Desalle,  agent-voyer  en  chef  de  l'Aude. 

1859.  M.  Gourrier  de  Fraisse,  à  Cabardès  (Aude). 

M.  Guilhaume,  inspecteur  général  des  Ponts-et-Chaussées. 
M.  Guiter,  de  Saint-Laurent-de-la-Salanque,  directeur 

de  la  Société  artistique  de  l'Isthme  de  Suez. 
M.  Lespiau  (Henri),  de  Perpignan,  docteur-médecin  des 

armées. 
M.  Lassus  de  Saint-Génies  (le  baron  de),  ancien  préfet. 
M.  Mara val,  vice-président  de  la  Société  d'Agriculture  de 

l'Aude. 
M.  Mares  (Henri),  membre  de  la  Société  d'agriculture  de 

l'Hérault 
M.  Rendu  (Victor),  inspecteur  général  de  l'agriculture. 
M.  Salaman,  propriétaire  à  Carcassonne. 
M.  Talrich  (Jules),  artiste  préparateur  d'an ato mie  en 

cire  à  Paris. 
M.  Valayer,  propriétaire  à  Avignon. 

1860.  H.  Aragon  (Victor),  #,  de  Perpignan,  président  de  Cham- 

bre à  la  Cour  de  Montpellier. 
M.  Fouchier  (de),  capitaine  d'infanterie.  , 

M.  Martin  (Joseph  de),  docteur-médecin  àNarbonne. 
M.  Noguès  (A.  F.),  professeur  d'histoire  naturelle  à  Lyon. 
M.  Pagezy,  ancien  député  à  Montpellier. 
M.  Ratheau,  *,  capitaine  du  Génie. 
M.  Ricard  (Alphonse),  avocat  à  Montpellier. 

1861.  M.  Amas,  employé  des  Douanes  à  Marseille. 
M,  Bataillard,  naturaliste  à  Andeux  (Doubs). 
M.  Boissonnet,  général  de  brigade. 

M.  Bonnel  (Gabriel),  Avocat  à  Narbonne. 
M.  Bonnet,  juge  de  paix  à  Aubagne. 


399 

1861.  M.  Bounin,  vice-président  de  la  Société  d'Agriculture  de 

Nice. 

M.  Bovis  (de),  propriétaire  à  Avignon. 

M.  Fernand-Lagarrigue,  membie  de  l'Institut  historique 
de  France. 

M.  Fissiaux  (l'Abbé),  directeur  du  pénitencier  des  Bou- 
cbes-du-Rhône. 

M.  Hardy,  directeur  de  la  pépinière  centrale  du  gouver- 
nement, près  d' Alger. 

M.  Heuzé  (Gustave),  inspecteur  général  d'agriculture. 

M.  Labeaume  (de),  président  de  la  Société  d'agriculture 
du  Gard. 

M.  Leymérie,  professeur  à  la  Faculté  de  Toulouse. 

M.  Rougemont,  président  de  la  Société  d'horticulture  des 
Bouches-du-Rhône. 

M.  Salles  (Isidore),  ancien  préfet, 

H.  Sicard,  secrétaire  de  la  Société  d'horticulture  des 
Bouches-du-Rhône). 

1862.  M.  Chardon,  président  de  la  Société  d'horticulture  et  de 

botanique  du  déparlement  du  Gard. 
M.  Eloffe  (Arthur),  naturaliste  à  Paris. 
M.  Ville  (Ludovic),  0.  #,  de  Rivesaltes,  ingénieur  en 

chef  des  mines  (Algérie), 

1865.  M.  Fuix,  #,  de  Perpignan,  ingénieur  en  chef  des  Ponts- 

et-Chaussées  à  Amiens. 
M.  Caraven  (Alfred),  naturaliste  à  Castres. 
M.  Capin  (Léopold),  professeur  au  Lycée  d'Alby. 
M.  Pugens  (Eugène),  professeur  de  dessin  au  Lycée  de 

Montpellier. 

1866.  M.  Bouschet  (Henri),  secrétaire  de  la  Société  d'horticul- 

ture de  l'Hérault. 
H.  Fabre  (Gustave),  professeur  au  Lycée  de  Montpellier. 
1861 .  M.  Harant  (Henri),  chef  d'institution  à  Paris. 

M.  Soucaille  (Antoine),  professeur  au  Collège  de  Béziers. 


400 

1S67.  M.  Pasteur,  chimiste,  membre  de  l'Institut  de  France. 
H.  Buzaibies,  docteur-médecin  à  Limoux. 
M.  Desrivières,  docteur-médecin  h  Paris. 
M.  Lagarrigue,  (Fernand),  consul  du  Chili  et  de  la  Répu- 
blique argentine  à  Nice. 

1868.  M.  Autié  (Fernand),  professeur  au  Collège  de  Béziers. 
M.  Lamotte-Tenet  (Joseph),  professeur  d'histoire. 

M.  Guerrier  de  Haupt,  directeur  du  journal  Y  Union  des 

Instituteurs  à  Paris. 
M.  Delpech  (Henri),  avocat  à  Montpellier. 
M.  Maillot  (Eugène),  agrégé  à  l'Université  de  Paris. 
M.  Léotard  (Saturnin),  sous-bibliothécaire  ù  Montpellier. 
M.  Bonvouloir  (vicomte  de),  naturaliste,  membre  de  la 

Société  entomologique  de  Frauce. 

1869.  M.  Lafargue  (Albert),  professeur  à  Aix. 
M.  Taudou  (Antonio),  grand  prix  de  Rome. 
M.  Guillon  (Anatole),  naturaliste. 

M.  Donnezan  (Albert),  docteur-médecin  à  Montpellier. 

1871 .  M.  Ménétrier  (Louis),  ancien  agenk-voyer  chef. 

M.  Chasseloup-Laubat,  ancien  ministre  de  la  marine. 
M.  Gablin,  #,  chef  du  matériel  du  ministère  de  la  marine. 

1872 .  M.  Rouville  (Paul  de),  professeur  de  géologie  à  la  Faculté 

des  sciences  de  Montpellier. 
M.  Cayrol  (François),  de  Béliers,  licencié  ès-sciences. 

Correspondants  étrangers. 

1847.  M.  le  marquis  de  Belpuig,  duc  de  Savella,  à  Palma. 
M.  Joachim  Maria  Boyer  ôe  Rossello,  à  Palma. 
M.  Nicolas  Brozedo  y  Zafortera,  à  Palma. 
M.  Jules  de  Gababkus,  consul  de  France  à  Palma. 
M.  Rasilio  Sésastiano  Castellano,  bibliothécaire  de  la 
bibliothèque  royale  h  Madrid . 


401 

1847.  M.  Luis  Maria  Ramires  las  Casas  Deza,  président  de 

l'Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Cor- 

doue. 
M.  Nodesto  La  Fuente,  homme-de-lettres  à  Madrid. 
M.  Isidore  Chaussât,  homme  de  lettres  à  Barcelone. 

1848.  M.  Martinez  (Antoine),  à  Palma  (îles  Baléares). 
M.  Medel  (Raymond),  à  Palma  (lies  Baléares). 

1849.  M.  Fages  de  Roma,  inspecteur  général  d'agriculture  dans 

la  province  de  Gérone. 

1851 .  M.  Vidal,  professeur  d'histoire  naturelle  à  l'Université  de 

Valence  (Espagne). 
185*2.  M.  Macdonald,  président  do  l'Académie  britannique  à 
Londres. 

M.  le  comte  Mêlano,  secrétaire  perpçtuel  de  l'Académie 
britannique  à  Londres. 
1853.  M.  Reume  (Auguste),  capitaine  d'artillerie  en  Belgique. 

M.  Rubio  y  Ors,  professeur  de  littérature  espagnole  à 
l'Université  de  Castille  à  Valladblid. 

M.  Fadeille  (de),  membre  de  l'Académie  britannique. 

M.  Florencio  Janer  y  Graells,  à  Madrid. 

M.  J.  Trujillo  del  Parraso,  à  Madrid. 

M.  Gens  (Eugène),  professeur  de  l'Athénée  d'Anvers. 

M.  le  vicomte  de  Kercroy-Varent,  président  de  l'Acadé- 
mie archéologique  de  Belgique,  grand-croix  et  com- 
mandeur de  plusieurs  ordres. 

M.  le  vicomte  Eugène  de  Kerckoy-Varent,  fils,  chargé 
d'affaires  de  l'Empereur  de  Turquie  près  le  gouverne- 
ment Belge. 

M.  Alexandre  Schaepkem,  peintre  de  paysages,  professeur 
de  peinture  à  Maestrich. 

M.  Léonard  de  Cuyper,  statuaire  à  Anvers. 

M.  Nicolas  Van-der-Heyden,  généalogiste  à  Anvers. 

M.  Raphaël  Astienza,  marquis  de  SalvatiçrrAjÙ  Ronda. 

M.  Thomas  Aquilo,  professeur  universitaire  h  Palma. 


403 

1 859 .  M .  Alexandre  Schaepkens,  directeur  de  l'École  des  beaux- 
arts,  chevalier  de  la  couronne  de  chêne  à  Maëstrich. 
1861.  M.  le  docteur  Don  Juan  de  Dios  Montesimos  y  Neyra, 
à  Cordoue. 

M.  Dam\so  Calvet,  ingénieur  à  Figuères. 
1872.  M.  Francisco  Cardona  y  Orfilà,  docteur  en  théologie  et 
en  droit  canonique,  professeur  d'histoire  naturelle  à 
l'Institut  de  Mahon. 

M.  Jean  J.  Rodriguez,  botaniste  à  Mahon. 

M.  Jean  Pons  y  Soler,  malacologiste,  numismate  et 
archéologue  à  Mahon. 

M.  Andreu  Hernandez,  docteur  en  médecine  à  Mahon. 

M.  Coronado  Francisco,  Zavier,  docteur  en  médecine 
à  Barcelone. 

M.  Manuel  Martorell  y  Pe$a,  propriétaire,  agronome, 
entomologiste  à  Barcelone. 

M.  Francisco  Martorell  y  PeSa,  propriétaire,  conchyo- 
logiste,  archéologue,  numismate  à  Barcelone. 

M.  Cotxet,  homme  de  lettres,  archéologue  à  Barcelone. 

M.  Marti,  pharmacien,  archéologue,  numismate  à  Bar- 
celone. 

M.  Victori,  professeur  de  nautique  à  Mahon. 

Sociétés  correspondantes. 

Aisne Comice  agricole  de  Saint-Quentin. 

Société  industrielle  de  Saint-Quentin. 

Société  académique  des  Sciences,  Belles- 
Lettres,  Agriculture  et  Industrie  de  Sl- 
Quentin. 

Société  Historique  et  Archéologique  de 
Château-Thierry. 

Alpes  (Basses-) Société  centrale  d'Agriculture  et  d'Accli- 
matation, à  Digne. 


403 

Aube Société  Scientifique  et  du  Commerce ,  à 

Troycs. 
Société  d'Agriculture,  Arts  et  Belles-Let- 
tres, à  Troyes. 

Aude Société  d'Agriculture,  à  Carcassonne. 

Comice  Agricole,  â  Limoux. 

Société  des  Arts  et  Sciences,  à  Carcassonne. 

Comice  Agricole  de  l'arrond1  de  Narbonne. 

Ariége Société  Agricole  et  Littéraire  de  Foîx. 

Alpes-Maritimes Société  des  Sciences  naturelles,  des  Lettres 

et  des  Beaux-Arts  de  l'arron1  de  Grasse. 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  des 
Alpes-Maritimes,  à  Nice. 

Alsace Soriété  d'Agriculture  de  Colmar. 

Société  d'Histoire  naturelle  de  Colmar. 
Société  des  Sciences,  Agriculture  et  Arts 
de  Strasbourg. 

Algérie Société  algérienne  de  Climatologie,  Sciences 

physiques  et  naturelles,  à  Alger. 
Société  d'Agriculture  d'Alger. 

Aveyron Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de 

l'Aveyron,  à  Rodez. 
Société  d'Agriculture,  à  Rodez. 

Bouches-du-Rhône. .  Société  d'Horticulture  de  Marseille. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 

Arts  de  Marseille. 
Société  de  Statistique  de  Marseille. 

Calvados Société  Linnéenne  de  Normandie,  à  Caen. 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  de  Cacn. 
Société  d'Horticulture  du  Centre   de  la 
Normandie,  à  Lisieux. 


/ 
/ 


404 

Calvados Société  d'Agriculture ,  Sciences  et  Belles- 
Lettres,  à  Bayeux. 
Société  d'Agriculture  et  de  Commerce,  à 
Caen. 

Cantal Société  Agricole  du  Cantal,  à  Aurillac. 

Charente Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 

Commerce  de  la  Charente,  à  Angoulême. 

Charente-Inférieure.  Académie  de  la  Charente-Inférieure,  à  La 

Rochelle. 
Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres,  à  Rocheforl. 

Cher Société  Agricole  du  Cher,  à  Bourges. 

Côte-d'Or Académie  des  Sciences  et  Arts,  à  Dijon. 

Société  d'Horticulture  et  d'Arboriculture, 
à  Dijon. 

Creuse Société  des  Sciences  naturelles  et \  archéo- 
logiques, à  Guéret. 

Doubs Société  d'Émulation,  à  Besançon. 

Société  d'Agriculture  et  d'Horticulture  du 
Doubs,  à  Besançon. 

Drôme Société  d'Agriculture,  à  Valence. 

Société  de  Statistique  des  Arts  et  des  Scien- 
ces, à  Valence. 

Eure Société  libre  d'Agriculture,  Sciences,  Arts 

et  Belles-Lettres,  à  Évreux. 

Gard Société  d'Agriculture  du  Gard,  à  Nîmes. 

Académie  des  Sciences  du  Gard,  à  Nîmes. 
Société  Scientifique  et  Littéraire,  à  Alais. 

Garonne  (Haute-). . .  Académie  des  Jeux-Floraux,  à  Toulouse. 

Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France, 
à  Toulouse. 


\ 

\ 


405 

Maronne  (Haute-) . . .  Sociétés  réunies  d'Agriculture  de  la  Haute- 
Garonne  et  de  l'Ariége  à  Toulouse. 
Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Let- 
tres de  Toulouse. 

tiers Société  d'Agriculture  et  d'Horticulture  du 

Gers,  à  Auch. 

Gironde Académie  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et 

Arts  de  Bordeaux. 
Société  d'Horticulture  de  la  Gironde,  à 

Bordeaux. 
Société  Linnéenne,  à  Bordeaux. 

Hérault Société  d'Horticulture  et  d'Histoire  natu- 
relle, à  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  Montpellier. 

Société  Archéologique,  Sciences  et  Lettres 
de  Béziers. 

Société  d'Horticulture  et  de  Botanique  de 
l'Hérault,  à  Montpellier. 

Indre Société  d'Agriculture  de  Chateauroux. 

Indre-et-Loire......  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 

Belles-Lettres  du  département  d'Indre- 
et-Loire,  à  Tours. 

Isère Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 

Société  de  Statistique  des  Sciences  natu- 
relles, à  Grenoble. 
Société  d'Agriculture,  à  Grenoble. 

Jura Société  d'Émulation,  à  Lons-le-Saulnier. 

Landes Société  d'Agriculture,  à  Mont-de-Marsan. 

Loir-et-Cher Société  d'Agriculture  à  Blois. 

Loire Société  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences, 

Arts  et  Belles-Lettres  du  département  de 
la  Loire,  à  Saint-Étienne. 


406 

Loire  (Haute-) Société  d'Agriculture,  Sienceset  Commerce 

au  Puy. 

Loire-Inférieure Société  Académique  de  Nantes. 

Loiret Société  d'Agriculture,  à  Orléans. 

Société  d'Horticulture,  à  Orléans. 

lorraine Société  d'Histoire  naturelle  de  Metz. 

Académie  de  Metz. 

Ut Société  Agricole  et  Industrielle,  à  Cahors. 

Lot-et-Garonne Société  d'Agriculture  et  d'Arts,  à  Agen. 

tozére Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire, 

à  Mende. 

Maine-et-Loire Société  Académique  de  Maine-et-Loire,  à 

Angers. 
Société  Industrielle  d'Angers  et  du  dépar- 
tement de  Maine-et-Loire. 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à 
Angers. 

Manche. Société   d'Agriculture ,  d'Archéologie  et 

d'Histoire  naturelle  du  département  de 
la  Manche,  à  Saint-Lo. 
Société  Académique  de  Cherbourg. 

Marne Académie  de  Reims. 

Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-lc- 

Français. 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  du 
département  de  la  Marne,  à  Châlons. 

Meurthe-et-Moselle . .  Académie  Stanislas,  à  Nancy. 

Société  des  Sctaicfts,  Lettres  et  Arts,  à 

Nancy. 
Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Nancy. 


407 

Nord Société  d'Agriculture,  4e  Sciences  et  d'Arts, 

à  Douai.  < 
Comice  Agricole  de  Mlle. 
Société  d'Émulation  de  Cambrai. 
Société  des  Science*,  de  l'Agriculture  et 

des  Arts  de  UUe. 

Oise Société  d'Agriculture  de  Compiègne. 

Société  Académique,  Sciences  et  Arts  du 
département  de  l'Oise,  à  Beauvais. 

Pas-de-Calais Société  d'Agriculture  de  Boulogne-sur-mer. 

Académie  des  Scieaces,  Lettres  et  Arts 

d'Arras. 
Société  Académique  de  Boulogne-sur-mer. 
Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Arras. 

Puy-de-tome Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de 

ClermonUFerrand. 

Pyrénées  (Basses-) .  .  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau . 

Rhône . .  Société  Littéraire,  Historique  et  Archéolo- 
gique de  Lyon. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Lyon. 

Société  d'Agriculture,  Sciences  naturelles 
et  Arts  utiles  de  Lyon. 

Société  de  la  carte  géologique  de  France, 
àLyofl. 

Sarthe Société  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  de 

la  Sarthe,  au  Mans. 

Seine , . . .  Société  Zoologique  et  d'Acclimatation ,  à 

Paris. 
Société  Pàilotochnique  de  Paris. 
Société  centrale  d'Agriculture  de  France, 
à  Paris. 


408 

Seine Société  protectrice  des  animaux,  à  Paris. 

Société  Franklin,  à  Paris. 

Revue  des  Sociétés  savantes  des  départe- 
ments, à  Paris. 

Institut  de  France,  à  Paris. 

Académie  de  Médecine,  à  Paris. 

Tribune  des  Linguistes,  Philosophie  des 
langues,  à  Paris. 

L'Apiculteur,  —  Journal  des  cultivateurs 
d'abeilles  (Rédacteur),  à  Paris. 

Seine-Inférieure....  Société  Havraise   d'études   diverses,  au 

Havre. 

Cercle  pratique  d'Horticulture  et  de  Bota- 
nique de  l'arrondissement  du  Havre. 

Société  libre  d'Émulation .  du  Commerce 
et  de  l'Industrie,  à  Rouen. 

Société  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres 
de  Rouen. 

Société  d'Horticulture  de  Rouen. 

Seine-etrNarne Société  d'Agriculture  et  Sciences  morales, 

à  Melun. 

Seine-et-Oise Société  des  Sciences  morales,  des  Lettres 

et  Arts,  à  Versailles. 

Sèvres  (Deux-) Société  de  Statistique,  Sciences  et  Arts  des 

Deux-Sèvres,  à  Niort. 

Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Niort. 

Maître  Jacques,  Journal  populaire  d'Agri- 
culture, publié  à  Niort. 

Somme Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à 

Amiens. 
Société  d'Agriculture,  à  Amiens. 


409 

Somme Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France,  à 

Amiens. 
Académie  des   Sciences,    Belles-Lettres, 
Arts,   Agriculture   et    Commerce    du 
département  de  la  Somme,  à  Amiens. 

Tarn Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres. 

Tarn-et-Garonne. . . .  Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts 

du  Tarn-et-Garonne,  à  Montauban. 

Yar Société  d'Études  Scientifiques  et  Archéolo- 
giques, à  Draguignan. 
.  Comice  Agricole,  Horticole  et  Forestier 
de  l'arrondissement  de  Toulon. 
Société  Académique  du  Var,  à  Toulon. 
Société  d'Agriculture,  de  Commerce  et 
d'Industrie,  à  Draguignan. 

Vaucluse Société  Littéraire,  Scientifique  et  Artistique 

d'Apt. 
Société  Académique  d'Avignon. 
Société    d'Agriculture    et    d'Horticulture 
d'Avignon. 

Vienne Société  Académique  de  Poitiers. 

Société  d'Agriculture  de  Poitiers. 

Vienne  (Haute-) Société  d'Agriculture,  des  Sciences  et  Arts 

de  Limoges. 

Vosges Société  d'Émulation,  à  Épinal. 

Yonne Société  des  Sciences  historiques  et  natu- 
relles, à  Auxerre. 
Société  Archéologique,  à  Sens. 


110 


Sociétés  étrangères. 

Angleterre Académie  Britannique,  à  Londres. 

Belgique Revue  de  Belgique,  à  Bruxelles. 

Société  de  l'Union  des  Artistes  liégeois,  à 

Liège. 
Société  Archéologique  de  Bruxelles. 

Espagne Académie  des  Jeux-Floraux,  à  Barcelone. 

Hollande Académie  Royale   des  Sciences,  à  Ams- 
terdam. 

Suisse Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles, 

à  Lausanne. 


OMISSIONS 

Membres  résidants. 

1871.  M.  Calaret  (Joseph),  propriétaire. 

1871.  M.  (ïiïarma  (Auguste  de),  #,  ancien  sniis-piél'H. 

181*10.  M.  Lloi-rks  (Numa),  propriétaire. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Page*. 
Composition  du  Bureau  pour  l'année  1872 5 

Biographie  de  M.  Louis  Companyo,  docteur-médecin  el  savant  natu- 
raliste, par  M.  Louis  Fabre,  membre  résidant 7 

Enumération  des  Mollusques  terrestres  et  fluviatiles  vivants  des 
Pyrénées-Orientales,  par  M.  le  docteur  Paul  Massot,  membre 
résidant 33 

Différence  de  température,  observée  à  la  ville  et  i  la  campagne,  à 
Perpignan,  par  M.  le  docteur  Fines,  membre  résidant 139 

Des  froids  de  décembre  1871  à  Perpignan,  par  M.  le  docteur  Fines, 
à  Perpignan 152 

Histoire  naturelle  du  département  des  Pyrénées-Orientales,  Ento- 
mologie, par  M.  Pellet,  membre  résidant 1G1 

Note  sur  une  Inscription  romaine  de  Corneilla-du-Bercol,  par  M.  Alart, 
membre  résidant 190 

Notes  historiques  sur  la  peinture  et  les  peintres  roussillonnais,  par 
M.  Alart,  membre  résidant liM 

Monuments  celtiques  de  La  Porteilla  et  de  Las  Clusas,  situés  sur  la 
montagne  de  Molitg,  par  M.  RoufÛandis,  membre  résidant 238 

Résumé  des  travaux  de  la  Section  d'Agriculture  pendant  la  fin  de 
Tannée  1871,  par  M.  Morer,  secrétaire  de  la  Section 244 

Enquête  parlementaire  sur  l'agriculture  : 

Mémoire  de  M.  Labau,  sous-directeur  de  la  ferme-École  de  Germain- 
ville,  directeur  de  la  Section  d'Agriculture 249 

Mémoire  de  M.  Morer,  secrétaire  de  la  Section 257 

Mémoire  de  M.  Jules  Desprez,  membre  résidant 274 


412 


Première  satire  d'Horace,  traduite  en  vers  français  par  M.  Louis 
Fabre,  professeur  en  retraite,  membre  résidant 

Guillaume  de  Cabestany,  opéra  comique  en  un  acte,  paroles  de 
M.  Mercadier,  membre  résidant,  musique  de  M.  Josepb  Coll . . . 

L' Arabe  et  son  cheval,  par  M  Mercadier,  membre  résidant 311 

Rêverie,  par  M.  Alfred  de  L'Hôpital 3ll 

Le  Devoir,  par  Mme  Ernest  Barutel 31' 

Hyacinthe  Rigaud,  par  M.  Ernest  Delamont,  membre  résidant 3&( 

Rapport  sur  le  dernier  Concours  de  Poésie  et  d'Histoire,  par  M.  Léon 

Fabre  de  Llaro,  membre  résidant 3611 

Liste  des  Membres  composant  la  Société  : 

Membres  résidants 389 

Membres  résidants  n'habitant  pas  Perpignan 393  ! 

Membres  correspondants 395 

Membres  correspondants  étrangers 400 

Sociétés  correspondantes 402 

Sociétés  étrangères 410 


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SOCIÉTÉ  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

xx. 


La  Société  n'entend  approuver  ni  improuver  les  opinions 
émises  dans  les  travaux  qu'elle  publie  :  elles  appartiennent  à 
leurs  auteurs  qui  en  sont  seuls  garants. 

Les  lettres,  mémoires,  etc.,  etc.,  etc.,  doivent  èlre  adressés 
(franc  de  port)  à  M.  Louis  Fabre,  Secrétaire  de  la  Société,  rue 
Traversière-de-1'Ange,  4,  et  les  objets  d'histoire  naturelle  à 
M.  Companyo,  Conservateur  du  Cabinet,  rue  Queya,  à  Perpignan. 


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SOCIÉTÉ 
AGRICOLE,  SCIENTIFIQUE  &  LITTÉRAIRE 

DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 


Composition  du  Bureau  pour  Tannée  1873. 

Président  :  M.  VILALLONGUE  (Sylvestre),  négociant. 

Vice- Président  :  M.  COMPANYO  (Louis),  docteur -médecin, 
chevalier  de  l'Ordre  national  de  la  Légion-d'Honncur  et  de 
François-Joseph  d'Autriche. 

Secrétaire-général:  M.  FABRE  (Louis),  ancien  professeur  au 
Collège  de  Perpignan,  officier  d'Académie. 

Trésorier:  M.  S1AU  (Antoine),  ancien  négociant. 

Archiviste:  M.  FABRE  DE  LLARO  (Léon),  notaire. 


Depuis  le  24  décembre  1866,  la  Société  est,  suivant  ses 
différentes  qualifications,  divisée  en  trois  Sections,  ayant  chacune 
un  Directeur  et  un  Secrétaire  particuliers. 

Section  d'Agriculture. 

Directeur:  M.  LABAU  (Joseph),  sous-directeur  de  la  Ferme- 
École,  professeur  d'agriculture  h  l'École-Normalc. 

Secrétaire:  M.  MORER  (Sauveur),  professeur  au  Collège. 


Section  des  Sciences  &  Arts  mécaniques. 

Directeur:  M.  FERRER  (Léon),  pharmacien  de  première  classe, 
secrétaire  du  Conseil  central  d' hygiène  publique  et  de  Salubrité, 
inspecteur  des  pharmacies. 

Secrétaire:  M.  ROUFFIANDIS  (Isidore),  licencié-ès-scienccs, 
professeur  à  FÉcolc-Normale. 

Section  des  Lettres  &  Arts  libéraux. 

Directeur  :  M.  ESGANYÉ  (Frédéric),  avocat,  membre  du  Conseil 
général. 

Secrétaire:  M.  CRUCHANDEU  (Joseph),  homme  de  lettres. 


RÉSUME 

DES  TRAVAUX  DE  LA  SECTION  D'AGRICULTURE 

Tendant  Tannée  1872, 

Par  M.  Morer,  Professeur  au  Collège  de  Perpignan, 
Secrétaire  de  la  Section. 


Séance  du  25  janvier  4872.  —  Présidence  de  M.  Labau, 
directeur. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  la  et  adopté. 

ÉLECTIONS. 

M.  Labau  est  maintenu  comme  directeur  de  la  section, 
et  H.  Morer  comme  secrétaire. 

Séance  du  29  février  (872.  —  Présidence  de  M.  Labau, 
directeur. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et 
adopté. 

SERVITEURS  RURAUX. 

M.  Siau  revient  sur  une  observation  faite  dans  une 
précédente  séance,  par  M.  Durand  Laurent,  sur  les 
garanties  à  prendre  pour  récompenser  les  serviteurs 
ruraux. 

Après  quelques  observations  de  M.  Morer,  l'incident 
est  clos. 


ENVOI  DE  BROCHURES  PAR  M.    LE   MINISTRE 
DE  L'AGRICULTURE. 

M.  Vilallongue  fait  part  à  la  Société  d'une  lettre  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  annon- 
çant l'envoi  prochain  des  publications  sur  l'agriculture, 
et  exprimant  le  regret  de  ne  pouvoir  envoyer  les  médail- 
les demandées.  M.  de  Balanda  désirerait  que  la  Société 
désignât  elle-même  les  ouvrages  à  distribuer.  M.  Labau 
propose  le  Bon  jardinier. 

RAMIER. 

M.  Siau  lit  une  note  sur  la  culture  du  Ramier.  M.  Pams- 
Boher  est  le  premier  qui,  dans  notre  pays,  a  essayé  la 
culture  du  ramier.  Quoique  ne  pouvant  encore  donner 
des  renseignements  complets,  on  a  pu  constater  le  déve- 
loppement extraordinaire  qu'a  pris  cette  plante,  à  Palau- 
del-Vidre,  puisqu'elle  a  atteint,  en  un  an,  une  hauteur 
de  près  de  1  mètre  50  à  1  mètre  75  c;  quelques  pieds 
ont  même  mesuré  2  mètres. 

BOUTURES  PLANTÉES  DANS  LA  SCIURE  DE  BOIS. 

Le  même  membre  ajoute  que  M.  Garréta ,  dans  une 
excursion  dans  l'Est  de  la  France,  a  visité  quelques  jar- 
dins où  il  a  remarqué  des  boutures  plantées  dans  de  la 
sciure  de  bois. 

M.  Garréta,  ayant  répété  l'expérience,  a  parfaitement 
réussi. 

Séance  du  48  avril  4872).  —  Présidence  de  M.  Labau, 
directeur. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et 
adopté. 


9 
RAMIER. 

M.  Sian  lit  une  note  sur  le  ramier,  extraite  du  Messa- 
ger agricole  du  Midi. 

culture  de  la  vigne  (brochure). 

M.  Labau  fait  hommage  à  la  Société  de  deux  exem- 
plaires de  son  Traité  sur  la  culture  de  ta  vigne. 

correspondance. 

M.  Vilallongue  communique  deux  lettres  de  M.  le 
Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  annonçant 
Tune  et  l'autre  l'envoi  de  publications  sur  la  sérici- 
culture. 

PRÉSENTATIONS. 

M.  Siau  présente  comme  membre  résidant,  M.  Benoit 
Azémar. 

Séance  du  S}/  avril  4872.  —  Présidence  de  M.  Com- 
panyo,  fils,  vice-président  de  la  Société. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et 
adopté. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Préfet  demande  a  la  Société  de  nommer  deux 
membres,  dans  la  Commission  départementale  de  séri- 
ciculture, pour  remplacer  MM.  Companyo,  père,  et  Mas- 
sot  Aimé,  décédés. 

ÉLECTIONS. 

MM.  Massot  Paul  et  Companyo,  fils,  docteurs-méde- 
cins, sont  élus. 


10 

M.  RouAia  est  nommé  membre  de  la  Commission  du 
bulletin,  en  remplacement  de  M.  Escanyé,  élu  directeur 
de  la  section  des  lettres. 

ÉCOLE  D'AGRICULTURE  DE  MONTPELLIER. 

Sur  la  proposition  de  M.  Labau,  la  section  émet  le 
vœu  que  l'Ecole  d'Agriculture  de  Montpellier  ne  soit 
pas  exclusivement  un  externat. 

DEMANDE  A  LA   MUNICIPALITÉ    D'UN    TERRAIN   POUR  FAIRE 
L'ESSAI  DE  CERTAINES  CULTURES. 

M.  le  secrétaire  est  chargé  de  faire  connaître  au 
président  de  la  Société  un  vœu  émis  par  la  section , 
avec  prière  d'écrire  à  M.  le  Maire  pour  demander  un 
terrain  propre  à  l'essai  de  certaines  cultures. 


Séaiice  du  30  mai  4872.  —  Présidence  de  M.  Sylves- 
tre Vilallongue,  président  de  la  Société. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et 
adopté. 

PLANTATIONS. 

M.  Lloubes  Numa  désire  que  l'on  encourage  les  plan- 
talions  de  mûriers. 

COMMISSION  SÉRICICOLE. 

M.  Vilallongue  lit  une  circulaire  adressée  aux  éduca- 
teurs de  vers-à-soie  pour  les  mettre  en  garde  contre  les 
marchés  léonins  que  certains  spéculateurs  leur  propo- 
sent. 


11 

Séance  du  25  juillet  4872.  —  Présidence  de  M.  Labau, 
directeur. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et 
adopté. 

SERVITEURS  RURAUX. 

M.  Siau  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  au  prési- 
dent de  la  Société  par  le  Maire  de  Saint-Laurent-de-la- 
Salanque,  relative  aux  longs  et  loyaux  services  ruraux 
rendus  par  la  nommée  Marie-Rose-Thècle  Carloux,  âgée 
de  86  ans. 

SÉRICICULTURE. 

Le  même  membre  lit  une  note  sur  la  sériciculture 
déjà  communiquée  k  l'assemblée  générale  le  15  novem- 
bre 187t. 

Séance  du  5  novembre  4872.  —  Présidence  de  M. 
Labau,  directeur. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

PLANTS  D'AUBERGINES  PRÉSENTANT  POUR  FRUITS 

DES  TOMATES. 

M.  Labau  présente  trois  plants  d'aubergines  dont  les 
tiges,  les  aiguillons  des  tiges  et  les  feuilles  caractérisent 
parfaitement  l'espèce.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est 
qu'à  la  place  des  aubergines,  ce  sont  de  belles  tomates 
que  portent  les  plants. 

PRÉSENTATIONS. 

Sont  présentés  comme  membres  de  la  Société  : 
MM.  Escarguel  Lazare,  Député  et  Maire  de  la  ville,  et 
Roux,  capitaine  de  douanes  à  Port-Vendres. 


12 

Séance  du  S  décembre  4872.  —  Présidence  de  M. 
Labau,  directeur. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  seau  ce  est  lu  et  adopté. 

OBSERVATIONS  DE.  M.  SI  AU. 

M.  Siau  se  plaint  de  l'oubli  qui  est  Tait  dans  le  dernier 
bulletin  de  ses  travaux  sur  la  sériciculture. 

Il  rappelle  qu'il  s'est  particulièrement  occupé  de  la 
statistique  séricicole  et  de  l'histoire  de  celte  branche  de 
l'industrie  roussillonnaise . 

LE  RAMIER. 

M.  Siau  ajoute  que  les  plantations  de  ramier  à  Palau- 
del-Vidre  présentent  les  plus  belles  espérances  en  1872. 

M.  de  Balanda,  qui  a  fait  aussi  une  plantation  de 
ramier,  dit  que  sa  culture  est  loin  de  présenter  les 
mêmes  chances  de  succès.  M.  de  Chefdebien,  son  beau- 
frère,  n'a  pas  non  plus  réussi.  M.  de  Balanda  donne 
pour  raison  de  cette  non-réussite  les  mauvaises  condi- 
tions dans  lesquelles  se  trouvaient  les  plants  à  leur 
arrivée. 

PLANTS  D'AUBERGINES  PORTANT  DES  TOMATES. 

M.  Labau  fait  l'historique  des  plants  d'aubergines  qu'il 
avait  présentés  dans  une  précédente  séance.  Il  est  porté 
beaucoup  à  croire  que  le  phénomène  observé  serait  le 
résultat  d'une  hybridation  naturelle  ou  artificielle. 


13 


RÉSUMÉ 

DES  SÉANCES  DE  LA  SECTION  DES  SCIENCES, 

Depuis  mars  1870  jusqu'en  janvier  1873, 

Par  M.  Rouffiandis,  licencié-ès-sciences,  professeur  &  l'Ecole  Normale 

de  Perpignan,  Secrétaire  de  la  Section. 


Vous  savez,  Messieurs,  quels  terribles  désastres  ont 
interrompu  les  séances  habituelles  de  la  section  des 
sciences.  Jamais  notre  histoire  n'a  eu  des  pages  aussi 
noires,  aussi  douloureuses  que  celles  qu'elle  aura  à 
écrire  sur  les  tristes  événements  de  1870-1871.  C'est 
après  le  cauchemar  affreux  de  l'invasion  prusienne,  que 
nous  nous  sommes  réunis  de  nouveau,  pour  essayer  de 
retrouver  nos  forces  et  nos  anciennes  occupations.  Rap- 
pelez-vous le  découragement  profond ,  l'affaissement 
extrême  de  nous  tous,  lorsque,  après  les  malheurs  de  la 
patrie,  notre  digne  président  nous  a  convoqués  afin  de 
rechercher  quels  seraient  les  moyens  les  plus  effi- 
caces pour  procurer  des  graines  et  des  semences  à 
nos  départements  de  l'Est,  si  cruellement  ravagés  par 
les  barbares  modernes. 

Nos  travaux  de  l'année  1870  sont  peu  nombreux; 
quelques  séances  du  premier  semestre,  c'est  tout  ce  qui 
nous  reste  de  cette  année  si  tristement  célèbre. 


14 

Séance  du  46  mars  1870.  —  M.  le  docteur  Fines 
communique  ses  observations  physico -médicales  des 
deux  mois  précédents;  il  lit  aussi  une  notice  détaillée, 
relative  à  la  chute  abondante  de  neige  du  mois  de  jan- 
vier; il  parle  des  nombreuses  variations  de  température, 
de  leurs  effets  sur  l'organisme  humain  et  sur  les  végé- 
taux. M.  Lloubes  Numa  et  M.  Ménétrier  signalent  h 
M.  Fines  divers  renseignements  sur  les  ravages  que  le 
froid  rigoureux  a  exercés  dans  les  jardins  d'agrément  et 
les  pépinières. 

Séance  du  20  avril  4870.  —  La  section  a  écouté 
avec  un  intérêt  soutenu  la  lecture  des  observations 
météorologiques  du  mois  de  mars,  par  M.  Fines.  Cet 
habile  observateur  poursuit  sans  relâche  la  comparaison 
des  maladies  régnantes  et  des  variations  barométriques. 

Séance  du  48  mai  4870.  —  jtf.  le  docteur  Fines 
apporte  le  recueil  des  observations  du  mois  d'avril,  con- 
tenant des  aperçus  intéressants  sur  la  hauteur  du  baro- 
mètre, la  température  moyenne  du  printemps  et  la 
quantité  de  pluie  tombée  en  Roussi  II  on. 

M.  le  Président  exprime  ensuite  le  regret  que  l'her- 
bier de  M.  Aimé  Massot  ait  été  cédé  a  l'Académie  des 
sciences  de  Montpellier.  C'est  une  perle  immense  pour  le 
Musée  de  notre  ville  ;  elle  serait  un  peu  compensée  si 
on  pouvait  obtenir  l'herbier  local  de  M.  Xalard,  dont 
Madame  veuve  Massot  a  la  libre  disposition.  L'initiative  des 
démarches  à  faire  est  laissée  aux  membres  de  la  Société 
qui  sont  en  relation  avec  la  famille  Xatard. 


15 

Séance  du  8  juin  4870.  —  Le  résultat  des  observations 
de  M.  Fines,  sur  les  maladies  régnantes  et  l'ensemble 
des  phénomènes  météorologiques,  est  le  seul  travail  com- 
muniqué dans  cette  séance. 

Les  désastres  de  la  guerre,  les  ravages  de  l'invasion, 
l'appel  de  plusieurs  de  nos  membres  dans  l'armée  mobi- 
lisée et  dans  la  garde  nationale  sédentaire,  interrompent 
bientôt  nos  réunions  pacifiques.  Du  mois  de  juin  1870  au 
mois  de  juillet  1871,  la  section  n'a  pas  été  convoquée  : 
la  science  était  muette,  le  sang  de  la  France  coulait  et 
les  wagons  allemands  emportaient  cinq  milliards.  Malheur 
aux  victorieux  !  Deux  cent  cinquante  mille  quintaux  d'ar- 
gent séparent  désormais  la  science  allemande  du  génie 
français,  toujours  vivace,  toujours  généreux. 

Séance  du  26  juillet  4874.  —  On  nomme  le  directeur 
et  le  secrétaire  pour  l'année  courante. 

Séance  du  4 4  octobre  4874. — M.  Ménétrier,  agent-voyer 
chef  et  secrétaire  de  la  section ,  annonce  qu'il  quittera 
prochainement  les  Pyrénées-Orientales.  Avant  son  départ, 
il  croit  donner  h  la  Société  une  preuve  de  son  zèle ,  en 
lui  communiquant  on  dernier  mémoire  sur  les  observa- 
tions qu'il  a  faites  pendant  ses  tournées  dans  le  déparle- 
ment.  Ce  long  travail  est  intitulé  :  Etude  sur  les  mouve- 
ments de  Vair  en  général,  et  en  particulier  dans  le 
Roussillon  ;  Conséquences  de  ces  mouvements.  La  pre- 
mière partie  est  consacrée  à  la  théorie  ;  la  seconde,  & 
l'application. 

Séance  du  20  décembre  4874.  —  M.  le  docteur  Corn- 
panyo  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  un  gisement  de 


16 

lignite,  placé  entre  Estavar  et  Llivia.  Dans  un  récent 
séjour  en  Cerdagne,  il  a  recherché  quelle  était  la  nature 
des  lignites  exploités  autrefois  à  Saillagouse.  Ses  recher- 
ches géologiques  lui  ont  permis  de  constater  combien 
les  lignites  du  bassin  de  la  Cerdagne  française  sont 
riches  et  puissants.  M.  Companyo  pense  que  ce  combus- 
tible, bien  exploité,  serait  supérieur  au  lignite  que  les 
habitants  du  canton  de  Saillagouse  achètent  dans  la 
Cerdagne  espagnole.  Le  lignite  du  bassin  d'Estavar  appar- 
tient probablement  à  la  même  formation  que  celui  ée 
Sanabastre,  situé  à  deux  lieues  et  demie  de  Puycerda. 
M.  Companyo  espère  que  notre  compatriote,  M.  Noguès, 
pourra  faire  les  études  préliminaires  pour  évaluer  approxi- 
mativement les  premiers  frais  d'ouverture  des  galeries  et 
le  prix  de  revient  du  combustible.  M.  Chasseloup-Laubat 
a  promis  aussi  son  concours  pour  l'exploitation  des 
lignites  de  la  Cerdagne.  Des  occupations  sérieuses  l'ont 
empêché  de  visiter  les  liçox.  Notre  industrie  du  fer  déjà 
fort  développée  dans  le  Confient,  pourrait,  selon  M.  Com- 
panyo, prendre  une  plus  grande  extension.  Un  chemin 
de  fer  américain  porterait  facilement  le  lignite  d'Estavar 
aux  hauts-fournaux  de  Ria  et  de  Villefranche. 

M.  Companyo  fait  aussi,  dans  l'intérêt  de  notre 
Musée,  un  appel  aux  membres  de  la  Société  qui  pourront 
lui  procurer  quelques  objets  de  l'âge  de  pierre,  recueillis 
daus  le  département. 

m 

Séance  du  40  janvier  4872.  —  M.  RoufGandis  demande) 
si  M.  Companyo  a  recueilli  des  échantillons  du  lignite  des 
nouveaux  gisements  d'Estavar.  On  pourrait  les  comparer 
avec  les  échantillons  des  anciens  sondages  ainsi  qu'avec 


17 

ceux  très-peu  connus  du  bassin  du  Capcir,  déposés  à  ta 
collection  de  l'Ecole  Normale  Primaire.  Le  directeur  de 
la  section  dit  que  M.  Companyo  n'a  pas  apporté  des 
échantillons  des  nouveaux  lignites  d'Estavar. 

Après  la  nomination  du  bureau  pour  l'année  1872, 
M.  Léon  Ferrer  présente  le  premier  fascicule  du  travail 
de  M.  Paul  Massot  sur  les  mollusques  vivants  du  dépar- 
tement. Il  se  contente  de  lire  la  préface  où  le  savant 
docteur  expose,  avec  autant  de  modestie  que  de  talent, 
ses  découvertes  particulières  et  ses  observations  nou- 
velles sur  des  espèces  déjà  décrites  par  d'autres  auteurs. 
Le  mémoire  de  M.  Massot  est  une  monographie  parfaite, 
un  guide  précieux  pour  les  naturalistes  qui  voudront 
connaître  les  richesses  malacologiques  des  Pyrénées- 
Orientales. 

Séance  du  9  février  487%.  —  Une  notice  sur  le  phé- 
nomène des  deux  voix  ou  la  production  de  deux 
accords  simultanés  est  lu  par  H.  l'abbé  Boucabeille.  Les 
deux  voix  ne'  se  suivent,  ne  se  succèdent  point,  elles 
chantent  ensemble  ;  elles  ne  dialoguent  pas,  elles  réson- 
nent, elles  parlent  simultanément. 

M.  le  docteur  Fines  donne  un  long  résumé  sur  les 
observations  physico-médicales  du  mois  de  décembre 
1871.  Nous  ne  suivrons  pas  l'habile  observateur  dans  la 
patiente  comparaison  de  toutes  les  observations  météo- 
rologiques faites  simultanément  k  la  gare,  à  son  propre 
domicile  et  à  l'Ecole  Normale.  La  température  est  des- 
cendue en  rase  campagne  à  9°4  sous  zéro.  La  tempé- 
pérature  moyenne  a  été  de  4°  centigrades  67,  tandis 
que  pour  les  20  dernières  années,  de  1850  k  la  Un  de 

9 


18 

4869,  elle  est  de  8°37.  Les  variations  brusques  de  tem- 
pérature expliquent  les  ravages  nombreux  des  maladies 
des  organes  respiratoires  chez  les  vieillards  et  les 
enfants.  La  mortalité  générale  a  été  grande  ;  pour  la 
ville  seulement,  non  compris  les  hôpitaux,  la  moyenne 
mensuelle  qui,  pour  les  30  dernières  arfnées,  est  de  50 
décès,  s'est  élevée  celte  année  au  chiffre  de  67. 

Ce  travail  se  termine  par  une  énumération  des  effets 
du  froid  sur  les  plantes  acclimatées  dans  notre  région  ; 
ce  sont  des  documents  précieux,  qui,  joints  à  ceux  des 
années  précédentes  du  même  observateur,  permettront 
de  connaître  un  jour  la  véritable  climatologie  végétale  du 
Roussillon. 


Séance  du  45  mars  4872.  —  Divers  objets  d'histoire 
naturelle  sont  présentés  à  la  section  par  M.  le  docteur 
Companyo.  Il  les  a  recueillis  dans  sa  récente  excursion 
aux  îles  Baléares  ;  il  fait  aussi  part  de  ses  impressions 
de  voyage  ;  il  énumère  les  riches  collections  qu'il  a  visi- 
tées ;  il  constate  que  les  Espagnols,  nos  voisins,  sont 
au  niveau  de  la  science,  et  ne  négligent  aucun  sacrifice 
pour  enrichir  leurs  collections  scientifiques  et  pour 
entretenir  la  vie  dans  leurs  Sociétés  savantes. 

M.  Rouflîandis  lit  une  notice  sur  deux  tumuli,  encore 
inconnus,  situés  sur  la  montagne  de  Molitg  et  à  l'ouest 
des  premières  pierres  druidiques.  Les  deux  tumuli  de  La 
Porteilla  et  de  Las  Clausas,  lui  ont  permis  de  faire  plu- 
sieurs observations  nouvelles.  Il  établit  parfaitement  que 
l'orientation  n'est  pas  toujours  à  l'orient  comme  l'ont 
prétendu  les  premiers  observateurs.  L'axe  du  tumulus 


49 

es!  dirigé  vers  un  point  quelconque  de  l'hori&on  ;  mais 
toujours  dans  la  direction  d'un  vallon  principal  parfaite* 
ment  découvert. 

La  eontiniation  des  observations  physico-médicales  h 
été  présentée  par  M.  le  docteur  Fines  ;  il  a  en  outre 
communiqué  deux  travaux  fort  importants  :  1°  Un 
tableau  comparatif  sur  la  plus  haute  température  a  la 
ville  et  a  la  campagne  ;  2°  Un  résumé  des  observations 
anémométriques,  faites  avec  un  appareil  enregistreur 
pendant  les  années  1870-1871.  Ce  second  travail  est 
une  véritable  nouveauté  dans  la  science  météorologique. 
Aucun  observatoire,  pas  même  celui  de  Paris,  ne 
possède  encore  une  année  complète  de  pareilles  obser- 
vations. 

Séance  du  40  avril  4872.  —  La  Commission,  nommée 
pour  examiner  le  mémoire  de  M.  Ménétrier  sur  le  mou- 
vement de  l'air,  dépose  son  rapport.  Elle  reconnaît  que 
Fauteur  a  recueilli  un  grand  nombre  de  documents;  mais 
la  section,  approuvant  les  conclusions  du  rapport,  décide, 
à  cause  de  la  longueur  du  travail,  de  n'imprimer  que  la 
seconde  partie  qui  traite  des  mouvements  de  l'air  dans 
le  département  des  Pyrénées-Orientales. 

M.  Rouffiandis  présente  la  carte  de  l'instruction  des 
cantons  du  département,  classés  d'après  le  nombre  total 
des  conscrits  illettrés.  La  moyenne  des  jeunes  gens  tout 
à  fait  illettrés  varie  entre  20  et  60  pour  100. 

Un  exemplaire  de  cette  carte  a  été  distribué  à  tontes 
les  communes  de  l'arrondissement  de  Perpignan. 

Séance  du  S  mai  4872  —  Une  notice  scientifique  sur 


S 


20 

la  grande  aurore  boréale  du  4  février  4872,  est  le  seul 
travail  lu  dans  cette  réunion.  Cette  notiee  est  Pœuvre 
collective  de  M.  Arnaud,  employé  des  télégraphes  et  de 
M.  Rouffiandis,  secrétaire  de  la  section  des  sciences.  Elle 
a  une  grande  étendue  et  se  divise  en  deux  parties  :  Tune 
consacrée  à  la  description  physique  du  météore;  l'autre  h 
l'analyse  des  perturbations  causées  sur  les  appareils 
télégraphiques  du  poste  de  Perpignan.  Ce  travail  établit 
d'une  manière  irrécusable  que  l'éclat  lumineux  n'est 
qu'une  partie  du  phénomène  ;  l'aurore  se  manifeste  sur 
les  appareils  électriques  longtemps  avant  qu'elle  appa- 
raisse dans  le  ciel  à  la  vue  distincte. 

Séance  du  43  novembre  4872.  —  M.  Naudin,  membre 
de  l'Institut  et  membre  correspondant  de  notre  société, 
fait  communiquer  une  note  relative  à  une  nouvelle 
espèce  de  piment  dont  les  fruits  ont  une  certaine  res- 
semblance avec  ceux  de  la  tomate  ordinaire.  Ce  piment 
appartient  k  la  variété  désignée  sous  le  nom  de  Capsicum 
grossum  Licopersicoïdes  ;  il  est  cultivé  au  Mexique,  dans 
les  jardins  potagers. 

M.  Naudin  a  aussi  envoyé  le  fruit  d'une  cucurbitacée 
de  l'Inde  qu'il  a  introduite  dans  son  jardin  potager  à 
Collioure.  Celte  cucurbitacée,  le  Beniixcasa  cerifa,  est 
comestible  dans  l'Inde  et  la  Cochinchine  ;  elle  pourrait 
être  cultivée  dans  notre  pays  et  devenir  une  nouvelle 
ressource  pour  les  maraîchers  du  Roussillon  ;  celte 
plante  donne  un  fruit  qui  se  conserve  plusieurs  mois  et 
qui  pourrait  être  facilement  exporté  à  Paris  et  k  Londres. 

M.  Rouffiandis  lit  une  notice  sur  les  terrains  tertiaires 
des  environs  de  Perpignan    et  de  la  plaine  haute   du 


21 

Roussillon,  connue  sous  le   nom   d'Aspres.  Ce  travail 
sera  imprimé  dans  le  prochain  bulletin  de  la  société. 

Séance  du  4 4  décembre  4872  —  Notre  savant  entomo- 
logiste, M.  Pellet,  dont  le  zèle  est  infatigable,  a  pré- 
senté la  première  partie  d'un  ouvrage  sur  les  insectes 
du  déparlement.  M.  Pellet  a  déjà  publié  plusieurs  travaux 
descriptif*  d'espèces  nouvelles  ou  fort  rares  :  il  se 
propose  de  faire  de  son  livre  le  manuel  de  tous  ceux 
qui,  dans  les  Pyrénées-Orientales,  voudront  entreprendre 
l'étude  si  attrayante  de  l'entomologie. 

Après  celte  analyse  bien  imparfaite  des  travaux  de  la 
section,  qu'il  nous  soit  permis  de  remercier  tous  les 
membres  qui,  au  milieu  d'occupations  multiples  et  des 
découragements  de  toutes  sortes,  ont  bien  voulu  hono- 
rer de  leur  présence  nos  réunions  mensuelles  des  sciences. 


22 


RÉSUMÉ 

DES  TRAVAUX  DE  LA  SECTION  DES  LETTRES 

Du  0  mars  1870  au  24  janvier  1873» 

Par  M.  Cruchandeu,  Secrétaire  de  la  Section. 


Séance  du  9  mars  4870.  —  M.  Brieudes  lil  une  notice 

sur  le  roi  d'Aragon,  Jayme  le  Conquérant. 

« 

Séance  du  30  avril  4870.  —  La  section  délègue  un 
de  ses  membres ,  M.  Camps,  au  concours  académique 
annuel,  fondé  a  Montpellier.  L'archéologie  doit  être,  celte 
année,  Pobjet  de  ce  concours.  —  M.  Mercadier  donne 
lecture  d'une  pièce  de  vers  :  V Arabe  et  son  Coursier.  — 
M.  Morer  communique  un  projet  de  collège  cantonal. 
Soumis  au  conseil  d'Etat  en  1856,  en  1860  développé 
devant  le  ministre  lui-même  par  son  auteur  qui  fut 
mandé,  ce  projet  laisserait  les  élèves  auprès  de  leurs 
familles,  pendant  qu'ils  sont  encore  très  jeunes,  et  aux 
matières  qui  composent  l'enseignement  actuel  il  joindrait 
des  notions  pratiques  bonnes  pour  la  ville  et  les  champs. 
—  M.  le  colonel  Puiggari  lit  une  nolice  sur  une  inscrip- 
tion romaine  trouvée  à  Corneilla-del-Vercol  et  que 
M.  Alart  avait  déjà  signalée  dans  une  précédente  séance. 

M.  Alart  lil  sur  Elne  un  travail  plein  de  détails  topo- 
graphiques. 


Séance  du  4iT  juin  4870.  —  Apres  s'être  occupé 
d'Elne,  11.  Àlarl  en  vient  2k  s'occuper  de  Perpignan  dont 
il  détermine  la  première  enceinte.  Le  morne  donne  cou- 
naissance  de  l'ordre  qu'il  a  adopté  pour  le  classement 
des  archives  de  la  Société.  —  M.  Hercadier  lit  quelques 
unes  de  ses  fables  :  le  Naturaliste,  le  Pâtre  et  le  Pivir, 
la  Glousse  et  le  Renard,  Y  Ortie  et  la  Sensilive. 

Séance  du  48  octobre  4874.  —  Après  une  longue  inter- 
ruption trop  bieu  justifiée  par  tes  désastres  publics,  la 
section  reprend  le  cours  de  ses  travaux  et  M.  Ménétrier, 
dont  elle  regrette  le  départ  prochain ,  lui  lit  des  notes 
qu'il  a  prises  sur  les  anciennes  routes  construites  le 
long  de  la  mer. 

Séance  du  24  janvier  4872.  —  M.  Pellet  lit  une  notice 
sur  M.  Companyo,  père,  notre  regretté  président. 

Séance  du  28  février  4872.  —  M.  C.  Villalongue 
communique  sur  M.  P.  Baille  un  travail  de  M.  le  Prési- 
dent Aragon. 

Séance  du  5  août  4872.  —  M.  Capin,  professeur  au  lycée 
du  Puy,  donne  lecture  d'une  comédie  :  La  Chasse  à 
l'Empereur  (Othon.) 

Séance  du  22  mai  4872. — M.  Louis  Fabre  lit  sa  traduc- 
tion en  vers  d'une  satire  d'Horace.  C'est  la  lrc  du  1er 
livre.  —  La  section  exprime  le  vœu  qu'il  soit  pris  un 
abonnement  k  la  Revue  des  langues  Romanes  dont  les 
articles  offrent  pour  nous  tant  d'intérêt  et  dont  le  prin- 
cipal fondateur  fut  M.  Catnbouliu,  notre  compatriote. 


24 

Séance  du  24  juillet  1872.  —  Le  directeur  de  la 

section  rend  compte  des  communications  qui  lui  ont  été 

faites  et  des  publications  qui  lui  ont  été  envoyées.  — 

M.  Louis  Fabre  lit  une  poésie  :  Le  Chevalier  Paulet,  et 

M.  Alart  communique  un  mémoire    sur  l'industrie  du 
veVre  en  Roussillon. 

Séance  du  40  janvier  4873.  —  M.*  Louis  Fabre  lit  une 
nouvelle  traduction  des  satires  d'Horace,  la  sixième 
du  Livre  II. 

Séance  du  24  janvier  4873.  —  M.  Alart  lit  un  pre- 
mier mémoire  sur  les  plus  anciens  documents  que  le 
département  possède  et  le  secrétaire  résume  les  travaux 
de  la  section. 


25 


ENQUÊTE  AGRICOLE  DE  187(1. 


MEMOIRE  DE  M.  DURAND  LAURENT 

Membre  résidant. 


§  1.  —  Charges  diverses  de  la  culture, 
i .  —  Quelles  sont  les  charges  diverses  de  la  culture  ? 

Les  charges  diverses  de  la  culture  sont  :  Les  travaux, 
la  surveillance,  les  engrais,  les  semences,  l'entretien  du 
matériel  agricole,  la  moins-value  des  bêtes  de  travail,  les 
contributions  de  toute  nature,  telles  que  contribution 
foncière,  contribution  extraordinaire,  contribution  pour 
association  syndicale  pour  l'assainissement  des  terres  et 
cours  d'eau,  prestation  en  nature  pour  les  voies  de  com- 
munication. 

§  2.  —  Salaires.  —  Mains-d'œuvre.  '—  Personnel  Agricole. 

2.  —  Quelle  est  la  situation  de  la  culture  au  point  de 
vue  de  la  question  de  la  main-d'œuvre  ?  Cette  situation 
s  est-elle  modifiée  depuis  un  certain  nombre  d'années  i 
Dans  quel  sois  ?  Quelles  sont  les  causes  de  ces  modifica- 
tions ? 

Cette  situation  s'aggrave  de  jour  en  jour  par  l'aug- 
mentation des  prix,  dont  le  manque  de  bras  est  la 
cause. 


26 

15.  —  Le  persoiuiel  agricole  a-t-il  diminué  i  Le  nombre 
des  ouvriers  ruraux  est-il  en  rapport  avec  les  besoins  de 
la  culture  ou  est-il  devenu  insuffisant  ? 

S'il  y  a  insuffisance  d'ouvriers  agricoles,  quelles  en  sont 
les  causes  ? 

Le  personnel  agricole  a  considérablement  diminué 
et  tend  à  diminuer  davantage,  il  est  loin  d'être  en  rap- 
port avec  les  besoins  de  la  culture,  il  est  insuffisant. 

L'insuffisance  des  ouvriers  agricoles  tient  à  la  dépo- 
pulation des  campagnes.  Le  goût  du  luxe,  des  plaisirs 
qui  conduisent  à  la  ruine  de  leur  santé,  à  la  dégrada- 
tion de  leur  intérieur  de  famille,  ont  porté  vers  la  ville 
celle  population  agricole  de  vignerons,  de  laboureurs, 
de  bergers  qui  se  sont  transformés  en  ouvriers  terras- 
siers des  grandes  entreprises.  Il  faudrait  les  ramener  à 
une  vie  plus  normale  et  plus  régulière  en  leur  faisant 
sentir  le  besoin  de  reprendre  les  travaux  des  champs 
qu'ils  ont  désertés  ;  mais  en  attendant  cette  transforma- 
tion, le  travail  dits  champs  ayant  doublé,  le  propriétaire 
ne  peut  cultiver  qu'à  demi,  parce  que  les  salaires  qu'il 
serait  obligé  de  payer,  comparativement  au  peu  de  tra- 
vail que  rendent  les  ouvriers,  ne  seraient  pas  couverts 
par  ses  produits. 

4.  —  Dans  quelle  proportion  s'est  effectué,  dans  la  der- 
nière période  décennale,  le  mouvement  d'émigration  des 
populations  rurales,  tant  à  l'intérieur  que  vers  l'étran- 
ger ? 

Quels  ont  été  les  effets  de  cette  double  émigration,  et 
quels  moyens  pratiques  proposerait-on  pour  la  modérer  ? 

Le  mouvement  d'émigration  des  populations  rurales 
s'est  effectué  dans  les  grandes  villes  et  en  Algérie. 


•i 


il 

Aujourd'hui  c'est  dans  les  villes  et  en  Californie  que 
celte  émigration  a  lien.  On  peut  la  porter  à  2  0|0. 

Les  effets  de  ces  émigrations  ont  occasionné  l'aug- 
mentation du  prix  de  la  journée,  par  suite,  l'ouvrier 
rend  moins  de  travail  et  il  le  fait  moins  bien. 

Les  moyens  pour  la  modérer  pourraient  être  de 
réduire  partout  la  mendicité,  de  fonder  des  asiles  pour 
la  vieillesse  laborieuse,  en  un  mot,  chercher  à  foire 
renaître  le  goût  des  travaux  des  chamqs,  en  ralentissant 
un  peu  les  grands  travaux  publics  et  le  luxe  des  villes. 

5.  —  Quelle  a  été  l'influence  exercée  sur  le  personnel 
agricole,  wr  le  taux  des  salaires  et  de  la  main  d'œuvre 
par  l'emploi  des  machines  dans  V agriculture?  L'emploi 
de  ces  machines  s'est-il.  déjà  étendu  dans  la  contrée  et 
a-t-il  une  tendance  à  se  vulgariser  ? 

Le  personnel  agricole  a  vu  avec  la  plus  grande  indif- 
férence arriver  les  machines  ;  il  les  a  immédiatement 
jugées  en  disant  :  On  ne  les  emploiera  pas  longtemps. 

Les  salaires  n'ont  pas  diminué,  la  main  d'œuvre  non 
plus.  L'emploi  de  ces  machines  tombe  tous  les  ans. 

6.  —  La  somme  de  travail  obtenue  des  ouvriers  agricoles 
est-elle  plus  ou  moins  graiide  que  par  le  passé  ? 

La  somme  de  travail  des  ouvriers  agricoles  a  diminué 
d'un  tiers  et  le  travail  est  moins  bien  fait. 

7.  —  Les  conditions  d'existence  de  cette  partie  de  la 
population  se  sont" elles  améliorées? 

S' est-il  produit  des  modifications  favorables  dans  la 
manière  dont  elle  est  nourrie,  vêtue  et  logée  ? 


28 

L'instruction  primaire  est-elle  dirigée  dans  un  sens 
favorable  à  V agriculture  ?  Quelle  est  son  influence  sur  le 
choix  des  professions? 

Les  sociétés  de  secours  mutuels  sont-elles  suffisamment 
répandues  dans  les  campagnes  ? 

L'assistance  publique  y  est-elle  convenablement  organisée? 

On  reconnaît  une  notable  amélioration  d'existence  de 
notre  population  rurale,  elle  est  mieux  nourrie,  mieux 
vêtue  et  mieux  logée,  seulement  elle  n'est  pas  aussi 
bien  pourvue  de  linge  qu'auparavant . 

L'instruction  primaire  n'a  pas  été  fa\orable  à  l'agri- 
culture. Nombre  de  jeunes  gens  dont  les  pères  sont 
ouvriers  agricoles  ont  abandonné  la  commune  et  sont 
allés  dans  la  ville  y  apprendre  un  élat. 

Les  sociétés  de  secours  mutuels  ne  sont  pas  trop 
répandues,  elles  seraient  organisées  dans  chaque  com- 
mune, s'il  ne  fallait  pas  payer  la  cotisation  mensuelle  et 
cire  soumis  an  règlement. 

L'organisation  de  l'assistance  publique  n'existe  dans 
aucune  commune.  Les  nécessiteux  ne  sont  point  à 
plaindre,  il  y  a  toujours  assez  de  bonnes  personnes  cha- 
ritables qui  surviennent  à  leurs  besoins. 

8.  —  S'est-il  opéré  des  clxangements  dans  l'état  moral 
des  ouvriers  de  la  campagne  ? 

Leurs  relations  avec  ceux  qui  les  emploient  sont-elles 
moins  faciles  qu'autrefois  ?  Quels  sont  les  causes  et  les 
effets  des  changements  survenus  sous  ce  rapport  ? 

C'est  sur  l'état  moral  des  ouvriers  qu'il  faut  en  partie 
attribuer  les  souffrances  de  l'agriculture  ;  leurs  relations 
avec  ceux  qui  les  emploient  sont  très-froides  parce  que 


• 


29 

le  journalier  vaudrait  gagner  plus  et  travailler  moins  et 
le  propriétaire  parce  qu'il  voudrait,  an  moins  en  payant 
pins  cher,  avoir  le  droit  de  Taire  des  observations  quand 
le  travail  est  mal  fait. 

9.  —  Y  aurait-il  avantage  à  établir  la  faculté  du  livret 
pour  les  ouvriers  agricoles  ? 

Le  livret  serait  inutile,  on  se  garderait  bien  d'y  ins- 
crire la  moindre  note.  On  est  bien  heureux  de  trouver 
des  ouvriers  en  supportant  toutes  leurs  exigences. 

§  3.  —  Engrais.  — Amendements. 

10. — La  production  du  fumier  est-elle  suffisante?  Y 
a-t-il  besoin  d'y  suppléer  par  l'achat  d'engrais  naturels  ou 
artificiels. 

Les  fumiers  sont  insuffisants.  On  achète  des  fumiers 
naturels  et  artificiels. 

11.  -—  Quelles  sont  les  dépenses  nécessitées  par  le  chan- 
tage, le  marnage  et  les  autres  amendements  9  Quelles  dif- 
ficultés éprouve-t-on  à  se  procurer  les  matières  les  plus 
propres  à  améliorer  la  qualité  du  sol? 

L'amélioration  du  sol  se  prodoit  par  les  fumiers,  le 
chaulage  ni  le  marnage  ne  s'emploient  pas.  La  dépense 
pour  un  hectare  est  de  500  francs.  Cet  amendement  doit 
se  répéter  tous  les  quatre  ans. 

§  4.  —  Procédés  de  culture. 

12.  —  Quels  ont  été,  depuis  un  certain  nombre  d'an- 
nées, les  progrès  accomplis  dans  la  culture  du  sol,  et  dans 
quelle  mesure  les  divers  procédés  agricoles  se  sont-il  per- 
fectionnés? 


30 

Tandis  que  tout  progresse,  il  est  pénible  d'avouer 
que  ta  culture  du  sol  laisse  beaucoup  à  désirer,  et  qu'au 
lieu  de  se  perfectionner  elle  s'opère  moins  bien,  malgré 
un  meilleur  outillage  dont  elle  peut  disposer. 

§  5.  —  Animaux. 

13.  —  Quelle  a  été  l'influence  sw  les  frais  d'acluit, 
d'élevage  et  d'engraissement  et  mr  le  prix  de  vente  des 
animaux  dp  diverses  espèces,  du  régime  économique,  éta- 
bli en  1860,  par ,  comparaison  avec  la  période  décennale 
précédente  ? 

Aucun  changement  n'a  été  produit  par  l'élévation  du 
haut  prix  du  bétail. 

14.  —  Existe~t-il  un  écart  trop  élevé  entre  le  prix  du 
bétail  sur  pied  et  le  prix  de  vente  au  détail  ?  A  quelle 
raison  doit-on  attribuer  cet  écart,  s'il  existe? 

L'écart  entre  le  prix  du  bétail  sur  pied  et  le  prix  de 
vente  en  détail  est  de  3  p.  0/0. 

15.  —  Quel  parti  les  cultivateurs  tirent-ils  des  produits 
provenant  des  animaux,  tels  que  le  lait,  le  beurre,  fro- 
mage>etc?  Quelles  ressources  trouvent-ils  dans  V élevage  de 
la  volaille?  Quelle  a  été  l'influence  du  traité  de  commerce 
sur  le  prix  de  ces  diverses  denrées  ? 

Rien  à  répondre. 

§  6.  —  Laines. 

16.  —  Quelles  variations  a  subi  le  prix  des  laines  dans 
les  trois  périodes  décennales  ;  à  quelles  causes  doivent  être 
attribuées  ces  variations  ? 


31 

Dans  les  années  de  1840  5  1860,  la  variation  des  prix 
a  été  de  peu  d'importance  ;  mais  de  1860  2à  1866,  les 
prix  ont  constamment  baissé,  et  de  1866  à  ce  jour,  la 
baisse  a  été  désastreuse,  puisque  Ton  ne  peut  obtenir 
aujourd'hui  que  la  moitié,  même  le  tiers  du  prix  de 
1866. 

La  cause  principale  de  cette  baisse  provient  de  l'énorme 
quantité  de  laines  étrangères  qui  ont  été  vendues  à  vil 
prix,  et  de  la  diminution  des  droits  a  l'entrée. 

Quelle  perte  immense  le  déparlement  n'éprouve-t-il 
pas  en  ee  qui  concerne  les  laines  !  Le  dernier  droit  éta- 
bli de  33  p.  0/0  protégeait  assçz  ce  produit  pour  que  le 
propriétaire  pût  maintenir  sur  son  fonds  le  plus  grand 
nombre  possible  de  têtes  de  bétail  ;  mais  depuis  la  sup- 
pression des  droits  protecteurs,  le  prix  des  laines  est 
tombé  si  bas  que,  malgré  l'extension  donnée  aux  plantes 
fourragères,  le  bétail,  au  lieu  d'augmenter  dans  la  pro- 
portion donnée  à  celte  culture,  a  diminué  de  plus  de 
moitié,  et  les  qualités  de  laines  fines,  jadis  si  recher- 
chées ,  que  nous  avions  obtenues  à  force  de  soins  et  de 
dépenses,  et  à  l'aide  du  gouvernement,  sont  complète- 
ment délaissées. 

Le  prix  exhorbitant  de  la  viande,  quoique  tendant 
toujours  à  augmenter,  ne  donne  pas  un  revenu  suffisant 
pour  nourrir  des  troupeaux  ;  c'est  sur  le  prix  de  la  toi- 
son que  le  propriétaire  comptait.  Ces  conséquences  ont 
été  d'autant  plus  funestes  que  le  nombre  de  bergers  a 
considérablement  diminué  et  qu'il  sera  bien  difficile  d'en 
trouver  à  l'avenir.  On  trouve  aujourd'hui  que  celle  pro- 
fession rabaisse  trop  l'individu  pour  qu'il  veuille  l'exer- 
cer. 


32 

47.  —  Quelle  influence  ces  variations  ont-elles  exercé 
sur  les  troupeaux  de  la  race  ovine  en  France  ?  La  quantité 
de  moutons  a-t~elle  augmenté  ou  diminué  dans  cette  tri- 
ple période  décennale  ? 

Depuis  1866,  les  troupeaux  de  race  ovine  ont  diminué 
de  plus  de  moitié,  à  cause  du  bas  prix  des  laines  et  de 
la  difficulté  qu'il  y  a  de  trouver  des  bergers. 

48.  —  Ijz  substitution  de  races  étrangères  aux  races  indi- 
gènes et  les  croisements  de  races  ont-ils  donné  des  résultats 
qui  compensent  la  diminution  du  prix  des  laines  ? 

Dans  les  premières  périodes  de  1840  à  1860,  les  croi- 
sements des  races  étrangères  (mérinos)  donnèrent  un 
résultat  avantageux  pour  les  prix  ;  mais  dans  la  dernière 
période  de  1860  k  1870,  l'introduction  des  laines  d'Aus- 
tralie et  de  Buenos-Ayres,  a  complètement  annulé  cet 
avantage. 

49.  —  Quels  sont  les  moyens  pratiques  proposés  par  la 
culture  pour  la  mettre  à  même  de  soutefnir  la  concurrence 
des  laines  étrangères  et  de  consemer  ses  troupeaux  de  mou- 
tons? 

Quel  a  été  le  prix  par  tète  de  mouton  de  boucherie  à 
l'âge  d'un,  de  deux  et  de  trois  ans,  pendant  les  troispério- 
des  décennales  ? 

De  rétablir  les  droits  à  l'entrée  comme  ils  existaient 
avant  1860.  Le  prix  par  tête  de  mouton  a  été  de  1840  à 

1850,  de  :  mouton  de  1  an,  10  francs;  de  2  ans,  13  fr.; 
de  3  ans  17  francs.  De  1850  à  1860,  ces  prix  n'ont  pres- 
que pas  varié  ;  mais  de  1860  à  ce  jour,  et  surtout  depuis 
1866,  les  prix  sont  arrivés  à  :  mouton  de  1  an,  15  fr.; 
de  2  ans,  20  francs  ;  et  de  3  ans,  25  francs  ;  et  Dieu 
sait  où  ils  s'arrêteront  ! 


S  7.  —  Céréales. 

20.  —  Quel  est  le  rendement  par  hectare  et  depuis  vingt 
.am,  de  chaque  espèce  de  céréales  ? 

Dans  quelle  proportion  la  production  a-t-elle  augmenté 
ou  diminué  ?  La  qualité  s'est-elle  améliorée  ?  A  quelles 
cause  doit-on  attribuer  ces  variations  ? 

Le  rendement  des  céréales  est  de  16  hectolitres  par 
hectare  pour  le  froment,  de  14  hectolitres  pour  le  seigle, 
de  30  hectolitres  pour  l'orge,  et  de  24  hectolitres  pour 
l'avoine. 

La  production  a  diminué  de  moitié,  c'est-à-dire  des 

terres  affectées  à  cette  culture;   la  qualité  a  quelque 
peu  dégénéré  à  cause  de   la   suppression   de  l'échelle 

mobile. 

24.  —  La  formation  de  réserves  de  grains  dans  la 
grande  et  la  petite  culture  est-elle  aussi  importante  que 

par  le  passé  ? 

Sans  réserves. 

Traité  de  Commerce. 

44.  —  Quelle  action  ont  pu  exercer  les  divers  traités 
de  commerce  au  point  de  vue  du  placement  des  prix  de 
vente  et  des  débouchés  extérieurs  des  divers  produits  agri- 
coles ? 

Les  traités  de  commerce  en  ce  qui  concerne  les 
céréales  et  les  laines  ont  été  désastreux  et  doivent  con- 
tinuer de  l'être,  en  présence  des  arrivages  de  tous  les 
pays  qui,  ayant  produit  des  céréales  et  des  laines  avec 
des  salaires  à  bas  prix,  viennent  et  viendront  toujours 
faire  concurrence  aux  blés  et  laines  de  France. 


«> 


3-i 

En  ce  qui  concerne  la  production  vinicole,  il  y  aurait 
nombre  d'objections  à  faire  et  d'observations  à  recueillir. 
On  disait  aux  prodocteurs  :  Avec  le  traité  Tait  avec  l'An- 
gleterre, les  vins  de  la  France,  et  ceux  du  Midi  particu- 
lièrement, vont  trouver  un  débouché  qui  les  absorbera. 
L'Angleterre,  la  Belgique,  tout  le  Nord  de  l'Europe  voudra 
les  consommer  et  la  production  des  vignes,  si  impor- 
tante en  France,  trouvera  des  acheteurs  plus  qu'elle 
n'en  voudra. 

Cette  promesse  pleine  de  faste  n'était  qu'une  illusion. 

Les  habitudes  séculaires  des  peuples  ne  changent  pas 
au  gré  des  faiseurs  de  théories.  L'Angleterre,  la  Belgi- 
que, la  Hollande,  l'Allemagne,  etc.,  etc.,  ont  leur  bière, 
et  il  y  en  a  pour  longtemps  avant  que  le  vin  puisse  en 
remplacer  l'usage  habituel.  Le  vin,  chez  le  riche  même, 
n'y  est  considéré  que  comme  un  objet  de  luxe;  aussi 
quelles  déceptions  n'ont  pas  éprouvé  ceux  de  nos  com- 
patriotes qui  ont  essayé  de  porter  leurs  vins  à  Londres. 
Il  n'y  en  a  pas  un  qui  soit  tenté  de  recommencer 
l'épreuve.  Mais  il  y  a  pis  que  cela  :  il  y  a  encore  le 
droit  écrasant  sur  les  alcools  et  le  libre-échange  qui 
permet  aux  vins  espagnols  de  débarquer  dans  nos  ports, 
fortitiés  à  18  degrés,  moyennant  un  droit  de  25  centi- 
mes par  hectolitre  W. 

Questions  générales. 

M .  —  Quels  sont,  dans  la  législation  civile  et  générale 
et  dans  les  traités  existants ,  les  points  auxquels  il  parai- 

(1)  Les  vins  espagnols  ont  été  frappés  depuis  d'un  droit  de  i  IV.  85 
pur  hectolitre 


35 

trait  y  avoir  lieu  d'apporter  de»  modification»  dans  Vintê- 
rèt  de  l'agricultme. 

C'est  sur  cette  question  ainsi  posée  que  doivent  se 
porter  toutes  les  mesures  qui  peuvent  relever  l'agricul- 
ture de  l'état  de  misère  auquel  sont  condamnés  les  agri- 
culteurs. 

Toutes  (es  autres  questions  ne  sont  que  secondaires 
et  ne  peuvent  amener  que  des  palliatifs,  quelle  que  soit 
leur  solution. 

Il  conviendrait  d'apporter  des  modifications  dans  : 

1°  La  législation  civile,  dans  les  partages  judiciaires  et 
licitations.  Simplifications  de  la  procédure,  et  par  suite 
diminution  des  frais.  Autoriser  notamment  que  les  par- 
tages judiciaires  de  succession  et  les  licitations  d'immeu- 
bles au-dessous  de  cinq  mille  francs  devront  avoir  lieu 
devant  le  juge  de  paix  sans  le  ministère  d'avoués. 

Le  chiffre  de  frais  énorme  comparativement  à  la  valeur 
des  successions  ou  des  immeubles  indivis  condamne  les 
ayant-droit  à  une  indivision  qui,  par  suite  des  événe- 
ments peut  se  prolonger  indéfiniment,  et,  pendant  cette 
indivision,  la  propriété  reste  le  plus  souvent  inculte,  ou 
du  moins,  si  elle  se  travaille,  elle  n'est  jamais  amé- 
liorée. 

Ventes  judiciaires  sur  saisies  immobilières,  mêmes 
modifications.  Cette  modification  en  pareille  matière  faci- 
litera le  prêt  sur  la  petite  propriété. 

Élargissement  des  chemins  ruraux,  application  de 
l'expropriation  pour  cause  d'utilité  publique. 

2°  Dans  la  législation  générale  :  modifications. 

>  Dans  les  traités  existants  :  modifications. 


4°  Dans  la  législation  fiscale  :  modifications. 

Diminution  des  droits  de  vente. 

Diminution  des  droit  d'échange  d'immeubles  contigus. 

Diminution  des  droits  d'obligation  et  de  quittance. 

Distraction  des  dettes  et  charges  sur  le  capital  des 
héritiers. 

Remplacement  de  ce  droit  par  un  impôt  direct  sur  le 
capital  mobilier. 

Pour  la  prospérité  agricole,  le  remède  qu'a  présenté  le 
rapport  Tait,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  le  sénateur 
Dumas,  et  qui  consiste  à  dire  aux  cultivateurs  à  propos 
du  bas  prix  des  céréales  :  changez  votre  agriculture,  et 
au  lieu  de  cultiver  des  céréales,  livrez-vous  comme  en 
Angleterre  à  la  production  du  bétail,  est  très  facile  à 
indiquer  ;  mais  les  hommes  pratiques  n'y  ont  vu  qu'une 
sorte  d'échappatoire  et  une  impossibilité.  Ne  change  pas 
qui  veut  son  mode  de  culture.  Est-ce  que  toutes  les  terres 
qui  produisent  des  céréales  sont  susceptibles  d'un  autre 
genre  de  production  ?  Peut-on  partout  convertir  des 
terres  arables  en  prairies  quand  on  n'a  pas  des  eaux 
capables  de  fournir  à  des  irrigations,  quand  les  eaux 
manquent  pour  Pabreuvement  du  bétail  ? 

Le  sol  du  Roussillon  avait  été  jusqu'ici  sagement 
aménagé  et  distribué  par  ceux  qui  le  possèdent,  pour 
qu'on  puisse  dire  que  l'intelligence  de  chaque  proprié- 
taire n'a  pas  besoin  d'être  stimulée  pour  lui  apprendre 
ce  que  son  intérêt  bien  compris  lui  aura  dit  de  faire. 

Le  déparlement  a  donné  à  la  vigne  ainsi  qu'aux  four- 
rages une  grande  extension  de  culture,  parce  que  le  sol 
lui  indiquait  que  c'était  là  les  produits  qui  convenaient 
a  sa  nature.  Ce  n'est  donc  pas  dans  le  remède  proposé 


37 

par  M.  le  sénateur  Dumas  que  l'agriculture  trouvera  son 
salut. 

C'était  pour  concilier  tous  les  intérêts  que  l'échelle 
mobile  avait  servi  à  maintenir  cet  équilibre  nécessaire, 
qui  veut  d'un  côté,  que  le  producteur  puisse  trouver  un 
prix  rémunérateur  dans  la  venté  de  ses  produits,  et  de 
l'autre  qu'une  hausse  subite,  qui  serait  désastreuse,  ne 
puisse  faire  élever  trop  haut  le  prix  du  pain.  Mais  passer 
subitement  et  sans  transition  à  cette  liberté  commer- 
ciale qui  n'a  été  propre  qu'à  porter  la  perturbation  dans 
toutes  les  situations  et  dans  tous  les  intérêts,  c'est 
avoir  livré  le  pays  aux  aventures.  Le  rétablissement  de 
l'échelle  mobile  modifierait  la  situation  fâcheuse  du  plus 
grand  nombre  des  agriculteurs  et  des  ouvriers  agricoles 
qui  manquent  de  travail  pendant  les  deux  mois  qu'ils 
étaient  employés  aux  récoltes  des  céréales  (du  io  juin  au 
)o  août.) 


38 


ENQUÊTE  AGRICOLE  DE  1870. 

NOTE  DE  M.  SI  AU, 

Trésorier. 


§  12.  —  Arbres  et  fruits 

28.  —  Quelle  est  l'importance  de  l'exportation  des  fruits! 
Quel  accroissement  a-t-elle  reçu  depuis  20  ans  par  pério- 
des décennales  ? 

En  1869  l'exportation  des  fruits  s'est  élevée  dans  les 
Pyrénées-Orientales  à  6.525.000  kilog.  et  la  valeur  à 
3.150.000  francs. 

En  1849,  à  3.300.000  kilogrammes  et  la  valeur  a 
3.200.000  francs, 

En  1859,  l'exportation  fut  de  4.500.000  kilogrammes 
et  la  valeur  de  1.800.000  francs. 

En  1849,  l'exportation  pratiquée  à  cette  époque,  par 
diligences  et  charrettes,  s'éleva  à  3.000.000  kilog.  et  la 
valeur  à  950.000  francs. 

Nota.  —  Les  pêchers  entrent  pour  le  1/3  dans  la  cul- 
ture des  arbres  fruitiers  ;  et,  dans  nos  potagers,  la  cul- 
ture des  artichauts  occupe  la  moitié  de  la  surface. 

L'industrie  fruitière  donne  lieu  à  l'emploi  des  osiers 
et  des  roseaux  pour  la  fabrication  des  corbeilles,  dont 
l'importance  est  de  65,000  francs,  et  à  la  fabrication  de 
boites  en  bois  pour  les  fruits  primeur  et  l'expédition 
d'une  partie  des  pêches. 


§  13.  —  Sériciculture. 

29.  —  Quelles  sont  les  conditions  actuelles  de  la  culture 
des  mûriers  et  de  V éducation  des  vers  à  soie  ? 

Quelle  différence  y  a-t-il  entre  V ancien  état  de  choses  et 
la  situation  actuelle  ? 

L'épidémie  attaqua  nos  magnaneries  en  1847  et  1848; 
elle  devint  plus  intense  en  1849. 

L'industrie  séricicole  fut  abandonnée  en  1850  dans  les 
Pyrénées-Orientales;  une  partie  des  mûriers  fut  arrachée. 

Avant  l'invasion  de  l'épidémie,  l'élevage  des  vers  à  soie 
avait  pour  but  la  production  des  cocons.  Les  magnane- 
ries étaient  composées  de  5  à  30  onces  dé  graine  ;  le 
rendement  moyen  en  cocons,  pour  25  grammes  de  graine, 
était  de  25  kilogrammes. 

Le  prix  de  vente  des  cocons  était  de  4  francs  le  kilo- 
gramme. 

L'industrie  sétifère  était  répandue  dans  34  communes, 
la  production  en  cocons  était  de  de  15.000  kilogrammes. 

Les  améliorations  obtenues,  depuis  4  ans,  dans  la 
sanité  des  vers,  ont  engagé  nos  éducateurs  à  n'élever  de 
petites  chambrées  qu'avec  5,  10,  15  et  25  grammes. 

Le  but  principal  de  l'éducation  est  la  production  de  la 
graine. 

Les  succès  obtenus  font  donner  une  plus  grande 
extension  à  notre  sériciculture;  elle  est  répandue  aujour- 
d'hui dans  58  communes. 

Le  rendement  moyen  en  cocons  a  été  en  1869  de  31 
kilogrammes  pour  25  grammes  de  graine,  40  et  même 
50  kilogrammes  ont  été  obtenus  dans  quelques  magna- 
neries. 


-10 

Les  cocons  pour  la  filature  ont  été  vendus  a  8  francs 
le  kilogramme. 

Le  tiers  de  la  production  sélifère  a  été  consacré  au 
grainage. 

Les  graines  ont  été  vendues  de  15  à  18  francs  les  25 
grammes. 

L'ancienne  race  Milanaise  jaune  améliorée  dans  nos 
contrées,  est  la  seule  élevée  dans  les  Pyrénées-Orientales, 
elle  est  connue  sous  la  désignation  de  race  Roussillon- 
naise. 

Les  cocons  sont  réguliers,  d'un  jaune  doré  clair,  ils 
sont  déprimés  vers  le  centre.  La  couleur,  la  finesse  et 
la  force  des  brins  les  font  rechercher  pour  la  filature. 

Des  plantations  nombreuses  ont  été  pratiquées,  depuis 
trois  ans,  dans  le  département,  principalement  dans  les 
contrées  montagneuses. 

Les  soins  désirables  sont  donnés  à  la  culture  des 
mûriers.  Nos  popplations  rurales  se  livrent  avec  goût  à 
Télevage  des  vers  h  soie,  qui,  dans  l'espace  de  40  à  50 
jours,  leur  donne  un  surcroit  de  revenu. 

La  plupart  de  nos  contrées  sont  favorables  à  Télevage 
par  leur  position  topographique  et  climatologique , 
notre  département  étant  sous  l'influence  des  trois 
zones. 


Il 


ENQUÊTE  AUIUCOLE  DE  1870. 


NOTE  ÛE  M.  NUMA.  LLOUBES, 

Membre  résidant. 


g  11.  —  Vignes,  vins  et 

25.  —  La  culture  de  la  vigne  a-t-elle  reçu  de  l'exten- 
sion depuis  trente  ans  ? 

Quelles  modifications  a-Uelles  subies,  et  quelles  sont  les 
causes  de  ces  modifications  ? 

Quelle  influence  a  exercée  la  dernière  loi  sur  le  vinage'f 

Nous  répondons  affirmativement  en  ce  qui  concerne 
le  département  des  Pyrénées-Orientales. 

Les  vignobles,  en  1849,  occupaient  une  superficie  de 
47.939  hectares  ;  à  partir  de  1851,  par  suite  de  l'inva- 
sion de  l'oïdium,  cette  superficie  tend  à  diminuer  de 
5.000  hectares  environ  jusqu'en  1859.  Nais,  en  1860, 
elle  commence  à  atteindre  le  chiffre  de  54.502  hecta- 
res, pour  s'accroître  d'une  manière  progressive  jusqu'en 
1869  où  elle  est  évaluée  a  57.044  hectares. 

Une  grande  surface  de  terrains  fertiles  plantés  en 
vignes  donnent  la  quantité  au  détriment  de  la  qualité. 

Les  modifications  qu'a  subies  cette  culture  intensive 
da  seule  profitable  au  propriétaire)  sont  le  résultat  d'une 


42 

taille  mieux  raisonnée,  de  l'emploi  des  fumures,  et  de  la 
charrue  permettant  de  donner  à  la  terre  un  plus  grand 
nombre  de  façons. 

Le  département  des  Pyrénées-Orientales  était  autorisé 
à  viner  les  vins  en  franchise  de  tout  droit,  jusqu'à  18° 
p.  0/0  alcooliques;  mais,  la  loi  du  8  juin  1864  lui  a 
enlevé  ce  privilège  et  a  causé  une  grande  perturbation 
dans  le  trafic  commercial. 

Le  commerce  proteste,  avec  une  loyauté  qui  l'honore 
contre  la  surélévation  exagérée  des  droits,  donnant  lieu 
à  une  fraude  inévitable  au  grand  préjudice  du  Trésor,  et 
demande,  avec  instance,  l'abaissement  des  droits  à 
20  francs  par  hectolitre  (sans  préjudice, s'il  était  possible, 
de  la  suppression  de  tous  droits.) 

Cet  impôt  ainsi  régularisé  fournirait  au  Trésor,  dans  le 
département,  une  recette  de  un  million  cinq  mille  francs, 
au  lieu  de  20.000  francs  que  perçoit  la  régie. 

Une  seconde  cause  milite  eu  faveur  de  cette  réduc- 
tion :  la  petite  propriété,  par  défaut  d'outillage  ou  de 
ressources  pécuniaires,  ne  peut  pas  soutenir  la  lutte  con- 
tre le  riche  propriétaire. 

20.  —  Quels  sont  les  prix  de  vente  des  vins  et  des  eaux- 
de-vie  et  quels  changements  ont-ils  subi  depuis  vingt  ans  ? 

Le  placement  des  vins  et  des  eaux-de-vie  des  diverses 
qualités  est-il  plus  ou  moins  facile  que  par  le  passé  ? 

Les  variations  dans  les  prix  proviennent  des  bonnes 
ou  mauvaises  récolles.  Depuis  1860  jusqu'à  ce  jour,  la 
moyenne  des  prix  a  été  de  25  francs  l'hectolitre  pour 
les  premiers  crûs  et  de  18  francs  pour  les  deuxièmes 
qualités. 


i3 

—  Oui,  grâce  aux  chemins  de  fer,  a  l'entretien  des 
routes  et  aux  traités  de  commerce. 

27. —  Quel  changement  s'est-il  opéré  dans  V exportation 
des  vins  et  des  eaux-de-vie  dans  les  trois  dernières  périodes 
décennales, aux  divers  points  de  vue  du  mode  d'expédition, 
du  transport  et  des  quantités  ? 

L'exportation,  par  Port-Vendres,  des  vins  pour  le 
Brésil  et  les  États-Unis,  a  été  de  1860  a  1865  de  80.000 
hectolitres. 

A  dater  de  cette  époque  elle  est  réduite  au  chiffre  de 
20.000  hectolitres  seulement  par  an. 

Circulation  deB  produits  agricoles.  —  Débouchés. 

♦36.  —  Quelles  facilités  et  quels  obstacles  rencontrent 
V écoulement  et  le  placement  des  produits  agricoles  de  la 
contrée,  leur  circulation,  leur  transporta 

Les  voies  ferrées  inachevées  et  celles  qui  devraient 
être  créées  dans  la  direction  centrale  du  déparlement, 
les  taxes  exagérées  des  tarifs  des  chemins  de  fer. 

37.  —  Quelle  est  la  direction  donnée  aux  produits  agri- 
coles, et  quelle  variation  cette  direction  a-t-elle  éprouvée 
depuis  trente  ans,  par  périodes  décennales'! 

La  direction  des  principaux  centres  de  la  France. 

38.  —  La  facilité  et  la  rapidité  plus  grande  des  commu- 
nications  ont-elles  donné  de  l'extension  aux  expéditions 
à  des  distances  éloignées  ? 

Quels  sont  les  produits  qui  ont  plus  particulièrement 
pris  part  ù  ce  mouvement  ? 


u 

1°  Oui,  une  1res  grande  extension. 
2°  Les  vins,  les  huiles,  les  fromages,  les  pailles,  les 
roseaux,  les  artichauts,  les  pêches  et  autres  fruits. 

39.  —  Quelles  sont  les  améliorations  qui  pourraient 
être  apportées  dans  les  voies  de  transport  et  dans  les  tarifs 
qui  leur  sont  appliqués,  au  point  de  vue  de  V agriculture  Y 

Le  système  économique  n'admet  pas  en  France  deux 
poids  et  deux  mesures. 

On  devrait  supprimer  tous  ces  tarifs  spéciaux,  et 
rétablir  l'égalité  des  prix  des  transports,  par  série  de 
marchandises,  par  tonne  et  par  kilomètre,  sur  toutes 
les  lignes  des  chemins  de  fer  français  et  étrangers,  avec 
réduction  progressive  de  100  en  100  kilomètres  jusqu'au 
lieu  de  destination. 


i."> 


ENQUÊTE  AGRICOLE  I»E  1870. 


NOTE  SUR  LE  MICOCOULIER, 

Pour  la  fabrication  du  manche  de  fouet. 


Il  y  a  quarante  ans,  le  micocoulier  était  regardé  par 
les  propriétaires  comme  production  toute  secondaire. 

Il  n'en  existait  que  dans  certaines  contrées,  et  princi- 
palement dans  une  commune  du  nom  de  Sorède,  située 
au  pied  des  Albères.  A  cette  époque,  de  rares  proprié- 
taires soignaient  cet  arbre  et  en  fabriquaient  eux-mêmes 
quelques  manches  de  fouet  pour  leur  usage  personnel. 
Plus  tard,  vers  1845,  un  industriel,  M.  Philippe  Massot, 
de  Perpignan,  exploita  la  fabrication  du  manche  de  fouet, 
et  dès  ce  jour  une  sérieuse  industrie  fut  par  lui  créée 
dans  le  département. 

C'est  il  cette  époque  que  remontent  les  plantations 
importantes  qui  se  sont  faites,  et  l'on  voit  de  nos  jours 
des  propriétaires  spécialement  adonnés  à  la  culture  du 
micocoulier.  On  peut  évaluer  à  300.000  la  quantité  de 
pieds  de  cet  arbre  cultivés  et  soignés  pour  la  fabrication. 

Aujourd'hui  on  peut  compter  près  de  250  ouvriers 
occupés  par  celte  industrie,  dont  les  produits  sont  expé- 
diés non  seulement  dans  toute  la  France,  mais  encore  h 
l'étranger. 


46 


ENQUÊTE  AGRICOLE  DE  1810. 


NOTE  DE  M.  MERCADIER, 

Membre  résidant. 


24.  —  Quelle  est  l'importance  de  la  fabrication  des 
sucres  indigènes  dans  la  contrée  ? 

La  production  des  alcools  y  joue-t~elle  un  rôle  consi- 
dérable ?  Quels  ont  été  les  progrès  réalisés  dans  ces  deux 
industries  ? 

En  ce  qui  concerne  l'industrie  du  sucre  et  l'industrie  de 
Valcool,  les  inégalités  dans  le  mode  de  perception  de  la 
taxe  dans  les  pays  d'origine  constituent-elles  un  désa- 
vantage pour  l'industrie  française  et  la  placent-elles  , 
pour  les  importations  étrangères,  devant  une  prime  de 

sortie  déguisée  ? 

Quelles  sont  les  observations  que  vous  avez  à  présenter 
sur  les  tarifs  concernant  l'industrie  de  la  brasserie,  et  sur 
le  mode  de  perception  de  l'impôt  qui  frappe  cette  fabri- 
cation ? 

La  fabrication  du  sucre  est  nulle  dans  les  Pyrénées- 
Orientales.  L'alcool  fabriqué  dans  ce  département  pro- 
vient de  la  distillation  des  marcs  de  raisin  ou  de  vins 
médiocres,  que  les  propriétaires  font  biûler  dans  le  but 
de  viner  ceux  destinés  à  la  vente. 


17 

L'industrie  de  la  brasserie  a  peu  d'importance  dans  le 
Roussillon,  bien  que  la  consommation  de  la  bière  ait  une 
certaine  activité,  non  comme  boisson  ordinaire,  mais 
comme  boisson  de  luxe.  La  production  annuelle  n'at- 
teint pas  4000  hectolitres,  et  si  la  consommation  est 
bien  supérieure  à  cette  quantité,  c'est  que  les  limona- 
diers s'approvisionnent  dans  d'autres  départements. 

Le  droit  sur  les  bières  (2  francs  40  en  principal 
par  hectolitre)  est  inférieur  au  droit  de  détail  sur  les 
vins.  Ce  tarir  ne  saurait  donc  motiver  de  plainte 
légitime. 

Quant  au  mode  de  constatation  de  cet  impôt, 
(l'exercice)  il  n'a  suscité,  jusqu'ici,  aucune  réclamation. 

25.  —  Quelle  influence  a  exercé  sur  la  culture  de  la 

m 

vigne  la  dernière  loi  sur  le  vinage  ? 

L'élévation  des  droits  sur  l'alcool  rendant  les  vinages 
impossibles  quand  la  taxe  ne  peut  être  éludée,  cl  les 
viticulteurs  ayant  la  faculté  d'effectuer  les  mixtions  en 
franchise,  lorsqu'ils  fabriquent  l'alcool,  quelques  proprié- 
taires se  sont  décidés,  depuis  la  promulgation  de  la  loi 
du  8  juin  1864,  à  affecter  à  la  culture  de  la  vigne 
des  terres  propres  à  d'autre  cultures.  La  fertilité  de 
ces  terres  et  la  fécondité  des  plans  choisis,  font  augurer 
d'abondantes  récoltes. 

La  loi  précitée,  avantageuse  pour  le  grand  proprié- 
taire, est  préjudiciable  au  petit,  qui ,  ne  pouvant  produire 
de  l'alcool,  se  trouve  dans  l'impossibilité  de  viner  son 
vin.  Les  négociants  donnant  la  préférence  à  ceux  qui 
sont  alcoolisés^  délaissent  ceux  qui  ne  le  sont  pas. 

De  fait,  la  loi  de  1864,  en  enlevant  un  privilège  à  sept 


48 

départements  du  Midi,  le  confère  a  la  grande  propriété, 
sur  tous  les  points  oit  la  vigne  est  cultivée. 

Ses  effets  seraient,  sinon  détruits,  du  moins  atténués, 
si  le  droit  sur  les  spiritueux  destinés  au  vinage  était 
réduit  à  15  ou  20  francs  par  hectolitre,  car  alors  les 
viticulteurs  n'auraient  pas  un  grand  intérêt  à  distiller  des 
vins  qui  pourraient  être  écoulés  pour  la  consommation. 
Le  trésor  y  trouverait  son  avantage  et  le  petit  produc- 
teur également.  Le  consommateur  pourrait  aussi  s'ap- 
provisionner a  des  conditions  moins  onéreuses. 


CORRESPONDANCE. 

M.  Vilallongue  communique  deux  lettres  de  H.  le 
Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  annonçant  Pune 
et  l'autre  l'envoi  de  publications  sur  la  sériciculture. 

PRÉSENTATIONS. 

M.  Siau  présente  comme  membre  résidant  M.  Benoît 
Azemar. 


»-25>^ 


10 


FLORULE   DES   PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

ITINÉRAIRE  DE  PIERRE  BARRERA. 

AUTOGRAPHES    INÉDITS    DES   BOTANISTES   MÉRIDIONAUX. 


Communication  faite  à  la  Société  Botanique  de  France,  • 
en  session  extraordinaire  i  Prades, 
le  5  juillet  1872, 

Par  M.  G.  Romneguère,  membre  de  ladite  Soeiété. 


Je  détache  de  mon  Album  Botanique  <*>  une  lettre 
autographe  du  docteur  Barrera  adressée  le  22  avril  1803 
à  l'auteur  de  la  Flore  abrégée  des  Pyrénées.  Je  désire  que 
ce  document  offre  à  la  Société  mieux  qu'un  intérêt  de 
circonstance,  mais  une  occasion,  qui  ne  s'était  pas 
encore  présentée,  de  payer  à  Barrera  un  sympathique 
souvenir  dans  ce  pays  où  il  esl  né,  où  il  a  fait  le  bien, 
où  ses  œuvres  lui  survivent.  La  plupart  d'entre  nous 
allons  peut-être  pour  la  première  fois  porter  nos  pas 
dans  ces  sentiers  pittoresques,  pierreux  et  abrupts  que 
l'œil  découvre  déjk  de  notre  première  halte.  C'est  la 
vallée  de  Taurynia,  celle  de  Fillols,  celle  de  Moligt,  pro- 
longée jusqu'au  Col  de  Jau,  ce  sont  les  vallons  de 
Conat  et  de  Corneilla  que  pendant  un  demi-siècle  le 
botaniste-médecin  de  Prades  parcourut  en  interrogeant 
sans  cesse  les  secrets  de  la  nature,  en  soulageant  tout 

i 


50 

les  jours  les  souffrances  physiques  de  ses  concitoyens, 
auxquels  il  avait  consacré  ses  forces  et  sa  vive  intelli- 
gence. Barrera  avait  hérité  de  l'amour  de  l'étude  que 
possédait  si  profondément  son  maître  et  son  ami ,  Pierre 
liarrère,  aiitènr  du  Topographia  Bolanica  Ruscinonensis, 
qui  ne  fut  jamais  publié. 

«  Ce  dernier  avait  projeté,»  dit  Séguier,  dans  une  lettre  à 
Lapeyrouse  en  date  du  25  juillet  1778,  où  il  mentionne 
les  détails  les  plus  précis  et  les  plus  complets  sur  les 
anciens  botanistes  qui  ont  parcouru  les  Pyrénées  (ma 
collection),  «  d'y  joindre  celle  de  la  chaîne  entière;  »  le 
manuscrit  que  j'en  ai  ne  contient  que  V Index  de  seize 
endroits  des  Pyrénées  qu'il  se  proposait  de  visiter.  «  Je 
ne  sais  point,  ajoute  Séguier,  s'il  avait  exécuté  son  des- 
sein. »  Pierre  Barrera  fut  trois  fois  lauréat  de  l'ancienne 
Académie  Royale  de  médecine,  avant  d'en  devenir  mem- 
bre ;.  son  Mémoire  analytique  si^r  les  eaux  du  Vernel, 
publié  à  Perpignan  en  1799,  est  cité  avec  éloge  dans  le 
livre  de  Carrère  sur  les  eaux  minérales  de  la  France.  A 
Prades,  les  bonnes  traditions  se  conservent.  A  la 
mémoire  du  cœur,  le  Roussillonnais  joint  une  sincère 
obligeance.  On  me  l'avait  dit,  je  l'ai  éprouvé  moi-même, 
à  votre  tour  vqiis  ne  larderez  pas  a  en  juger.  Aussi 
tout  botaniste  est  nécessairement  médecin  ;  pour  l'ha- 
bitant de  Prades,  tout  botaniste  est  encore  un  dis- 
ciple de  Barrera,  et  comme  tel,  il  est  accueilli  par- 
tout à  l'égal  d'un  bienfaiteur  de  l'humanité. 

Lapeyrouse  a  indiqué  les  secours  qu'il  trouva  dans 
son  obligeant  correspondant.  Il  dit,  dans  la  préface  de  sa 
Flore,  en  parlant  de  Barrera  :  «  C'est  le  Nestor  des  bota- 
nistes dans  les  Pyrénées-Orientales.  »  En  effet,  notre 


51 


savant  devancier  lut  pendant  longtemps  médecin'  militaire 
à  l'hôpital  de  Mont-Louis.  Sa  carrière  avait  commencé  a 
Perpignan,  qu'il  quitta  bientôt  pour  aller  résider  à  Nar- 
bonne;  là  il  connut  fe  docteur  Pech,  ami  rie  Sauvages  et 

* 

correspondant  du  grand  Linné,  et  eut  occasion  de  voit* 
Lapeyrouse,  Pabbé  Pourret,  Séguier  de  Nîmes,  Villars, 
Gouan  et  Palassôu,  qui  tous  recherchèrent  son  précreux 
concours.  Il  fournît  pour  FEssai  sur  la  minéralogie  dek 
Pyrénées  dé  ce  dernier  savant  le  catalogue  qui  à  pouh 
titre  :  Plantes  observées  sur  les  Pyrénées  et  au  pied  àe  ces 
montagnes.  Fixé  à  Mont-Louis,  il  accueillait'  et  accompli 
gnait  fréquemment  les  naturalistes  que  le1 'désir  de  faire 
d'intéressantes  récoltes  de  plantes  alpines  amenait'  dans 
la  vallée  de  la  Tel,  au  plateau  d'Èynes,  au  mont  de'Llàu- 
renti,  etc.,  etc.  Pendant  quarante  années  il  parcourut  ces 

4 

eontrées  si  fertiles  en  plantes  et  l'herbier  important  qu'il 
avait  formé*  au  moment  où  Lapeyrouse  coordonnait  sa 
flore  fut  pour  ce  dernier  d'une  utilité  qu'il  ri'ofca  proba- 
blement pas  avouer  tout  entière,  caf  il  ne  mentionné 
qu'une  seul*  fois  dans  ses  citations,  son  généreux  cor- 
respondant de  Prades  <*>.  Lapeyrouse  reconnaît  en  1#13 
(un  an  aprè§  la  mort  de  Barrera)  Flore,  page  XXXV, 
que  son  dernier  voyage  aux  Pjvénées  a  eu  lied  en  1797, 
et  il  est  permis  de  penser  que  Piffoétaïre  qu'il  demandait 
en  1803  à  Barrera,  était  plutôt  pour  fixet  d'anciens 
souvenirs  que  pour  sa  propre  instruction.  D'ôutres  ver- 
ront peut-être  dans  cette  circonstance  un  appui  favorable 
à  l'assertion  de  Decandolle  (Rapport  sur  un  voyage  Bota- 
nique, etc.,  1808,  p.  9),  vivement  contestée  par  Lapey- 
rouse, qui,  d'après  fauteur  de  Ta  Flore  française,  se 
serait  borné  à  visiter  le  département  de  TÀriége.   Les 


5* 

nombreuses  correspondances  que  j'ai  sous  les  yeux, 
notamment  les  lettres  de  Barrera,  témoignent  des  mul- 
tiples voyages  du  Botaniste  Toulousain  dans  toutes  les 
parties  de  la  chaioe  à  partir  de  Tannée  1763  où  il  débuta 
par  le  Donnezan,  petit  pays  situé  entre  l'Ariége  et  les 
Pyrénées-Orientales. 

Quand  vous  visiterez  les  herbiers  du  muséum  de  Per- 
pignan, vous  trouverez,  Messieurs,  le  témoignage  des 
pérégrinations  de  Barrera  dans  ces  riches  contrées  «  qui 
offrent  à  la  fois  les  plantes  des  Alpes,  non  loin  des 
plantes  des  Pyrénées,  celles  des  régions  arctiques  au 
voisinage  des  végétaux  propres  aux  climats  brûlants  de 
l'Orient  »  i3).  Pierre  Barrera  a  laissé  divers  manuscrits  sur 
toutes  les  parties  de  l'histoire  naturelle  du  Roussi  lion. 
Son  principal  ouvrage  est  une  Flore  topographique  et 
méthodique  des  Pyrénées -Orientales  en  deux  forts 
volumes.  Le  tome  second  est  de  Clément  Barrera, 
neveu  du  collaborateur  de  Lapeyrouse ,  qui  exerça 
aussi  la  médecine  h  Prades  et  étudia  la  botanique  avec 
succès. 

Un  zélé  botaniste  Italien  que  les  événements  politi- 
ques de  son  pays  ont  amené  en  France  et-  dont  vous 
connaissez  tous  les  premières  et  remarquables  recher- 
ches sur  la  Flore  Pyrénéenne,  plus  exact  et  plus  juste 
même  que  Lapeyrouse,  rendra  sans  doute  à  chacun  ce 
qui  lui  appartient  dans  la  Flore  générale  qu'il  prépare, 
et  Barrera,  comme  ceux  qui  l'ont  suivi,  prendront  dans' 
son  œuvre  la  place  que  leurs  découvertes  leur  assignent. 
M.  Bubani  dispose  du  reste  d'un  monument  précieux 
dont  chacun  de  nous  a  pu  reconnaître  l'érudition  et 
l'extrême  loyauté,  c'est  V Histoire  naturelle  des  Pyrénées- 


53 

Orientales  du  savanl  docteur  Companyo,  où  la  Flore 
Roussillonaise  occupe  une  place  étendue. 

Voici  la  Lettre-Itinéraire  do  Pierre  Barrera  dans  les 
Pyrénées-Orientales.  Je  conserve  scrupuleusement  le 
texte  qui  est  dans  ses  détails,  même  après  70  ans,  .d'une 
vérité  rigoureuse,  et,  par  des  renvois,  j'essaye  de  I  e 
rafraîchir,  si  toutefois  il  m'est  permis  de  m'exprimer 
ainsi,  a  propos  de  la  mention  que  je  fais  des  principales 
raretés  botaniques  que  ce  beau  département  offre 
aujourd'hui  à  l'exploration  des  amis  de  Flore. 

«  Prades,  le  2*  avril  1803. 

«  Mon  cher  Monsieur, 

«  En  réponse  à  la  lettre  toujours  amicale  et  flatteuse 
pour  moi  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  remettre  k 
M.  Granjac,  je  me  suis  occupé  à  former  l'espèce  d'Itiné- 
raire ci-après  que  les  voyageurs  botanistes  pourraient 
suivre  en  venant  herboriser  sur  nos  montagnes  et  celles 
qui  leur  sont  contiguës.  Vous  trouverez  dans  cet  Itiné- 
raire les  noms  et  les  positions  des  lieux  que  j'ai  par* 
courus  et  que  vous  me  demandez. 

«  En  entrant  dans  notre  département  par  RiveBftlfes, 
Estagel  et  de  là  par  Sournia,  oo  peut  en  faire  le  tour 
en  se  rendant  successivement  dans  les  différentes  corn* 
mones  dénommées  ci-après  ponr  faire,  des  dites 
communes,  les  herborisations  aux  montagnes  qui  les 
avoisinent  le  plus. 

«  De  Rivesaltes,  Estagel,  Latour  et  Sotmiia,  on  peut 
herborise}'  :        • 

«  Le  long  de  la  rivière  de  l'Agly  qui  passe  an  nord  et 
près  de  C3S  trois  premières  communes  W  ; 


54 

«  Sur  les  petites  montagnes  de  Noire-Dame  de  Pena, 
au  nord-est  d'Estagel (5)  ; 

«  Aux  enviroos  de  Sournia(Gj  ; 

«Au  bais  de  Boucheville,  à  l'ouest  de  Soarnia^  ; 

«  De  Sournia  on  se  rend  à  la  commune  de  Mont  fort, 
d'où  Von  peut  parcourir  : 
1  «  Le  grand  et  riche   bois  de  Salvanère,   au   sud  de 
Montions  ; 

«  La  groseille  à  côté  au  nord-ouest  de  ce  bois  ; 

«  La  montagne  Haze  par  dessus  au  sud-ouest. 

«  De  Mont  fort  on  va  à  Roquefort  ou  en,  Donnezan, 
n\aist  wvnt  d'y. arriver  on  peut  herboriser  : 
,  «.^ftiflol  dei  Jaw^  et  à  ses  environs  (col  et  passage 
trè^  (Vfîcile  l'Iiher^wais, bien  connu)  ;  , 
i,;a,.Efl(re(las-  commujnescde  Moatfort  et  de  Roquefort  ; 
.  *>  A  la  Roquets  «au  ,^u4  du  col  de  lai  ; 
A  A|u  .bois  4$  LçpesAuil  el,à  la  BalroeMe,  au  sud  de  ce 

«  A  la  belle  et  grandç  .Qwntpgne.de  Madrés  (i0>  au  sud 
de  ft^q^fark  à  «l'e^t  (Jw  ,Dowa*an  #i  au  nord-est  du 
C^poir,  Sur, towte$,ce|S  ^artie^^  montagnes  il  y  a  des 
jaçfiï.a  \mA^ms.  qu*,;p&rlittU  lôiirs  noms,  comme  la 
jaofttiet  la  bar^qqe  deJUpesoujl,  de  Madras*  et,  où  l'on 
d#it  c^ctier  poun  les  parcourir <    . 

«  Rendu  en  Donnezan,  on  s'auberge  à  Querigut  où  à 
Ar tiques,  au  pied/  de  la  moiïtagne  ;  de  là  on  pat£OUH  en 
plusieurs  jours  : 

«:  La  farceuse  edigrailde  tiwkilQgne  <de.  LlawrenlK11),  à 
l'ouest  de  Querigut  ; 


l  ■  t  •  i  ;  • 


55 


«  La  montagne  de  Mijanès^  qui  en  est  ia  suite  el 
où  esl  le  port  de  Paillère,  au  nord-ouest  de  Querigut  ; 

«  La  montagne  de  Llaurenti  comprend  la  Benlaillole, 
par  dessus  Querigut,  où.  est  le  bois  de  Llaurenti  ou  bois 
nègre,  elle  Pla  de  l'Ours  (13>; 

«  La  montagne  d'Àrligues,  où  est  le  Pla  de  Barnet. 
au  dessus  de  la  Bentaillole,  la  jacc  et  baraque  de  Bou- 
tadiol,  l'étang  qui  est  par  dessus  el  ie  Roc  Blanc (U>  qui 
est  le  sommet  de  la  montagne  du  Donnezan  el  qui  le 
dispute  en  élévation  au  pic  de  Canigou  ; 

«  De  Querigut  on  peut. aussi  faire  une  belle  herbori- 
sation dans  le  Carcanel,  le  long  de  la  rivière  d'Aude,  au 
sud-est  de  Dounezan. 

«  Du  Donnezan  on  passe  au  Capcir,  au  village  Je 
Fontrabiouse  où  à  celui  de  Fourmiguères,  d'où  Von  peut 
parcourir  : 

«  Toute  la  plaine  de  Capcir,  les  environs  du  village  de 
Real,  où  est  le  Cineraria  Siherica. 

«  Le  bois  de  la  Malle  qui  est  au  milieu  de  celle 
plaine; 

«  La  montagne  de  Balcère  et  l'enlour  de  l'étang  de  ee 
nom; 

«  De  Foolrabiouse  on  peut  aussi  aller  a  Llaurenti  qui 
n'en  est  pas  plus  éloigné  que  de  Querigut  ;  on  passe 
as  pla  de  Remet  et  à  la  Bentaillole,  de  là  aui  Alguettes. 
Tool  ce  trajet,  d'environ  trois  ou  quatre  heures  nord- 
ouest  de  Fontrabiouse,  est  très  intéressant  aussi  par  les 
belles  productions.  C'est  par  dessus  ee  village  et  il  un 
qnarl-d 'heure  à  peu  poès  que  se  trouve  k  beau  CUicus 
cenlaurwides. 


56 

«  Du  Capcir  on  se  rend  en  deux  ou  trois  lieures  à 
Mont-Louis  ou  au  village  d'Eynes,  à  une  petite  lieue  au- 
delà,  d'où  Von  est  très  à  portée  de  parcourir  : 

*  La  Qaillane,  au  nord  de  Mont-Louis^  où  j'ai  vu 
aussi  le  Cineraria  Siberica  ; 

«  La  métairie  de  Girvès  et  le  Bac  de  Bolcaire<i6),  à 
l'ouest  de  Mont-Lonis  ; 

«  La  fameuse  vallée  d'Eynes<*7>,  au  sud  de  Mont-Loois, 
où  l'on  doit  remarquer  les  belles  et  riches  prairies  qui 
se  trouvent  h  l'entrée  de  cette  vallée  attenant  au  village; 

«  La  Jasse  de  Delmau,  à  la  gauche  et  à  moitié  vallée, 
où  il  y  a  toujours  une  baraque  vis-à-vis  de  laquelle  se 
trouvent  une  infinité  de  belles  et  rares  plantes  ainsi  que 
par  dessus  la  Jasse,  à  droite  et  à  gauche  ; 

«  Le  sommet  de  la  vallée  appelé  la  Pujade  ou  le  col 
d'Eynes,  très  riche  aussi  ; 

«  La  montagne  de  Cambres  d'Aze(18\  vis-à-vis  et  au 
sud  de  Mont-Louis»,  qui  forme  le  côté  gauche  de  la  vallée 
d'Eynes  ; 

«  La  vallée  de  Llou  <i0>,  ainsi  appelée  du  nom  du  vil- 
lage qui  se  trouve  à  son  entrée,  h  la  droite  de  la  vallée 
d'Eynes,  h  demi-lieue  et  au  sud-sud-ouest  d'Eynes  et  de 
Mont-Louis,  intéressante  par  quelques  plantes  rares  qu'on 
y  trouve,  telles  que  le  Géranium  pelrœum,  etc. 

«  De  Mont-Louis  on  peut  aller  à  Ut  vallée  de  CarU 
même,  d'où  Van  peut  faire  deux  herborisations  intéressan- 
tes : 

«  L'une  au  sommet  de.  ladite  vallée  à  Picmorens  et 
aux  Minières,  au  nord-ouest  de  la  commune  de  CaroM*0*, 
l'autre  à  la  Mouline  et  à  Jau ,  sur  une  montagne  de  la 


57 

Cerdagne  espagnole,  au  sud-ouest  de  Carol  el  de  Puy- 
cerda  ; 

a  Delà  Cerdagne,  revenant  sur  ses  pas  à  Mont-Louis, 
on  descend  à  Villefranche^  à  cinq  lieues  de  distance  Est  ; 
on  parcourt  à  droite  el  à  gauche  le  chemin  qui  conduit  le 
long  de  la  rivière  de  la  Tel  et  d'un  grand  vallon  jusques  à 
Villefranche,  centre  d'intéressantes  herborisations  à  faire  : 

a  A  la  montagne  de  Canîgou,  du  côlé  des  bains  du 
Vernet**1)  qui  se  trouvent  au  pied  de  cette  montagne,  a 
l'extrémité  du  vallon. 

«  A  l'ancien  monastère  de  Saint-Martin  du  Carâgou  qui 
était  placé  sur  la  montagne  à  une  heure  des  dus  bains  M; 

«  Au  sommet  et  au  pic  de  Canîgou  *23),  à  quatre  ou 
cinq  heures  de  Villefi  anche  et  de  Vernet,  toujours  au  sud 
de  ces  communes. 

«  A  la  montagne  et  à  la  Trancada  d'Amboulla<*4),  au 
sud-est  de  Villefrancbe  et  à  la  rive  droite  de  la  Tel  ; 

«  El  enfin  à  la  montagne  de  Nohèdes<*5)  et  de  BeiHas 
et  k  la  Font  de  Comps(2°)  qui  se  trouve  au  sommet,  à 
deux  ou  trois  heures  au  nord  de  Villefrancbe  el  .de  son 
château,  herborisation  qu'on  peut  faire  à  la  rigueur  dans 
un  jour,  quoique  une  des  plus  intéressantes  que  je  con- 
naisse en  plantes  alpines  el  sous  alpines. 

«  Voilà,  mon  cher  Monsieur,  quelles  sont  les  monta- 
gnes et  les  parages  que  je  connais  pour  y  avoir  herbo- 
risé peu  ou  prou  ;  j'ai  cru  qu'avec  celte  espèce  d'itiné- 
raire je  remplissais  mieux  vos  vues  comme  je  le  désirais. 

«  Les  environs  de  Perpignan  <*7>  fournissent  aussi 
beaucoup  de  plantes  intéressantes  ainsi  que  notre  côte,28), 
et  ai  parcouru  plusieurs  morceaux   depuis   Canet^   à 


58 

Test  de  Perpignan,  jusque^  à  Collioure<30>  el  à  Port-Ven- 
dres<3,),  au  sud-est  de  Perpignan. 

«  Nous  avons  de  plus  la  montagne  de  l'Albère^  au 
sud-est  de  Perpignan  où  je  n'ai  point  herborisé;  elle 
divise  la  France  de  l'Espagne  par  ses  deux  versants  et 
est  une  suite  de  celles  du  Vallespir  qui  sont  plus  hautes 
et  au  sud-ouest. 

«  Je  suis  bien  mortifié,  tant  par  rapport  h  vous  que 
par  rapport  h  moi,  que  vos  grandes  occupations  ne  vous 
permettent  point  de  placer  dans  votre  herbier  la  quantité 
de  plantes  que  vous  avez  pour  y  ajouter  ni  de  détermi- 
ner et  baptiser  les  espèces  numérotées  que  je  vous  ai 
envoyées  dans  le  temps  pour  pouvoir  rendre  le  mien  plus 
correct,  mais  j'ose  espérer  que  cela  viendra  le  moins 
que  nous  y  periserons. 

«  II  me  tarde  bien  aussi  de  voir  la  belle  monographie 
des  saxifrages  dont  vous  voulez  bien  me  gratifier,  que  je 
recevrai  avec  reconnaissance.  En  attendant,  acceptez, 
je  vous  prie,  l'expression  du  sincère  dévouement 

«  De  votre  affectionné  serviteur  el  ami, 

«  Baruéiu,  médecin.  » 


5«J 


NOTES. 


(J)  Mon  Album,  comprend  aujourd'hui  douze  cartons  et  plus  de  i.500 
fascicules  concernant  un  même  nombre  de  savants  appartenant  à. tout  es  les 
époques  et  à  tous  les  pays.  Je  me  suis  appliqué  depuis  trente  années  à 
recueillir  les  correspondances  autographes,  les  manuscrits  et  les  portraits 
des  botanistes  Français  notamment.  J'ai  recherché  (  au  point  de  vue 
des  biographies  à  compléter  ou  des  faits  scientifiques  à  constater  )  et 
j'ai  trouvé  des  correspondances  qui  renfermaient  des  discussions  intéres- 
santes, des  appréciations  sur  les  hommes  ou  sur  des  œuvres,  des  traits 
piquants,  des  détails  narrés  au  courant  de  la  pensée,  sans  apprêt  comme 
sans  réserve  et  tels  qu'on  ne  les  trouve  guère  dans  les  publications  ordi- 
naires où  l'on  cherche  à  tempérer  parfois  la  pensée  ou  à  voiler  même  la 
vérité.  J'ai  été  puissamment  aidé  dans  mes  recherches  par  de  .généreux 
et  bienveillants  amis  parmi  lesquels  je  me  permets  de  citer  de  Ërebîsson, 
L.  Companyo,  Léon  Dufour,  de  Flotow,  Hepp,  Lenormand,  Moquin- 
Tandon,  Schœrer;  MM.  E.  Duby,  Durieu  de  Maisonneuve,  de  Franque- 
ville,  Fée,  Le.  Jolis,  Roussel  et  Van-Hcurck .  Ma  première  série  des 
correspondants  de  Picot  de  Lapeyrousc  à  laquelle  appartient  Barrera  est 
précieuse  par  les  communications  nombreuses  et  inédites  des  célébrités 
botaniques  du  commencement  de  ce  siècle  ;  eîle  comprend  aussi  la 
minute  de  la  main  de  Lapeyrouse  de  tous  les  écrits  échangés  par  l'his- 
torien de  la  Flore  des  Pyrénées  avec  ses  correspondants  tels  que  Acha- 
rkts,  Allioni,  Buffon,  Des  fontaines,  L.  Dufour,  S.  Gay,  Gottan,  de 
Lamarck,  G.  Linné.  Jaequin,  A.  L.  de  Jussieu,  Ptrsoon,  Hamond,  C. 
Richard,  Thumbtrg,  Stopoli.  Schwœegrichen,  Séguier,  Ventetutt, 
Vittars,  Wildenow,  etc.,  source  féconde  d'étndes  à  entreprendre.  Ce 
rocueil  qui  occupe  deux  grands  cartons  complétera  un  jour  la  deuxième  série 
de  ces  mêmes  correspondances  placée  récemment  par  les  soins  de  M .  Des- 
noyers, membre  de  1  Institut,  son  conservateur,  à  la  bibliothèque  du  Muséum 
d?histoire  naturelle  de  Pans. 

«  Un  album-  de  botanique,  comme  me  récrivait  il  y  a  peu  de  temps 
mon  vénérable  ami  M.  le  professeur  Fée,  est  une  source  de  jouissances, 
il  met  en  rapport  avec  le  passé  ;  moins  durable  que  les  médailles,  il 


(H) 

consacre  des  faits  qui  ont  leur  intérêt.  On  regarde  avec  un  sentiment 
pieux  les  caractères  tracés  par  les  botanistes  qui  nous  ont  précédés  dans 
la  carrière  et  avec  un  sentiment  bienveillant  et  souvent  affectueux 
récriture  de- ceux  de  nos  contemporains  avec  lesquels  nous  avons  été  en 
rapport  »,  voilà  la  part  du  sentiment.  La  collection  des  autographes  offre 
aussi  la  part  utile  s'il  s'agit  de  remarquer  au  passage  dans  l'examen  des 
anciens  herbiers  où  les  collecteurs  ne  se  nommaient  pas  avec  le  même 
soin  qu'ils  prennent  aujourd'hui  de  le  faire,  les  étiquettes  les  plus  dignes 
de  confiance.  Les  nombreux  visiteurs  du  Musée  Delessert,  (fondu  en  partie 
aujourd'hui  dans  les  collections  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris)  ont  tou- 
jours tiré  un  très-grand  avantage  de  la  collection  d'autographes  formée 
par  II.  Lasègne.  qui  leur  permettait  de  citer  sans  hésitation  le  nom  de 
l'auteur  d'une  étiquette  ou  d'une  observation  dont  l'écriture  n'était  pas 
toujours  bien  connue.  M.  le  comte  Jaubert,  dans  un  écrit  récent,  recom- 
mande de  se  familiariser  avec  les  diverses  écritures  des  maîtres  et 
exprime  le  vœu  que  le  recueil  d'autographes  les  plus  autorisés  soit  pro- 
pagé par  la  lithographie.  En  effet,  on  ne  peut  espérer  de  travailler  soi-même 
avec  profit  dans  les  grandes  collections  botaniques  qu'après  s'être  bien 
rendu  compte  des  dispositions  matérielles  quelquefois  défectueuses  que 
ces  collections  peuvent  présenter. 

(2)  Le  10  juillet  1811  (lettre  autographe  de  ma  collection),  Barrera  dit 
à  Lapeyrouse  :  «  Parmi  les  plantes  que  nous  vous  envoyons  et  que  Coder 
se  charge  d'arranger  entre  deux  planches,  vous  trouverez  je  crois  de  nou- 
velles espèces,  ne  les  ayant  point  vues  décrites  dans  Linné  ni  dans  quel- 
ques autres  au'eurs  modernes;  je  vous  en  fais  hommage  et  vous  les  cède 
avec  d'autant  plus  de  plaisir  que  j'ose  espérer  que  vous  voudrez  bien 
les  donner  en  mon  nom  (celles  que  vous  reconnaîtrez  réellement  nou- 
velles, espèces  ou  variétés).  11  y  a  déjà  quelque  temps  que  je  les  avais  ; 
je  les  gardais  pour  rendre  plus  intéressant  mon  catalogue  des  plantes  des 
Pyrénées-Orientales  dont  j'ai  fait  insensiblement  un  ouvrage  volumineux 
dans  lequel  je  m'avise  de  donner  des  descriptions,  la  plante  sous  les 
yeux,  avec  ses  noms  vulgaires,  Français  et  Latins ,  les  plus  caractéristi- 
ques et  spécifiques  d'après  Linné,  Tournefort,  Villars  et  souvent  Wilde- 
nu  w,  de  façon  que  ce  travail  m'ayant  paru  assez  intéressant  et  utile  pour 
notre  département,  j'avais  eu  quelque  velléité  de  le  rendre  public,  mais 
persuadé  que  l'ouvrage  que  vous  allez  mettre  suis  presse  et  que  nous 
attendons  avec  impatience,  suppléera  plus  parfaitement  au  désir  et  à  l'uti- 
lité du  public,  je  renonce  à  un  pareil  projet  trop  hardi  pour  moi  et  je 
vous  fais  passer  mou  petit  dépôt  avec  une  belle  collection  de  beaux 
échantillons  de  YAlystum  tant  désiré  auxquels  j'en  ai  ajouté  un  beau  que 


61 

j'avais  depuis  longtemps  avec  le  fruit,   tous  les  autres  n  Y  tant  qu'en 
fleur.  » 

Deux  magnifiques  exemplaires  de  cette  plante  rare  sont  annexas  par 
une  bandelette  gommée  à  la  lettre  que  je  mentionne.  Il  y  a  lieu  de 
s'extasier  devant  la  parfaite  conservation  de  la  cueillette  de  1811,  bien 
laite  pour  surprendre  les  collectionneurs  que  le  besoin  d'empoisonner 
périodiquement  les  plantes  est  toujours  le  sujet  d'un  véritable  décourage- 
ment. On  sait  que  l'herbier  de  Lapcyrouse,  donné  par  ses  héritiers  à  la 
ville  de  Toulouse  a  été  si  fort  maltraité  par  les  insectes  et  par  le  temps 
que  l'étude  actuelle  de  ses  types  est  sinon  impossible  du  moins  très  dif- 
ficile  Un  certain  nombre  de  plantes  sont  totalement  absentes,  d'autres 

sont  représentées  par  des  débris  de  feuilles  ou  une  simple  tige  nue  lors- 
que toutefois  ce  n'est  pas  une  plante  étrangère  pour  l'étiquette  qui  accom- 
pagne le  fascicule  !  Faut-il  rechercher  la  cause  de  ces  détériorations  dans 
l'oubli  prolongé  de  la  précieuse  collection  au  grenier  de  l'établissement 
public  qui  en  avait  le  dépôt  ? 

Le  Campanula  Mulikaulis  de  Barrera  n'est  autre  que  le  Campanula 
Lancenlata,  Lapey,  décrit  par  cet  auteur  dans  sa  Flore  abrégée,  page  105. 
Lapeyrouse  décrivant  une  plante  nouvelle  qu'il  avait  reçue  de  Barrera  et 
provenant  de  la  montagne  de  Mijanès  devait  à  son  correspondant  mieux 
qu'une  mention  qu'il  ne  lui  accorde  cependant  pas,  aussi  je  cite  avec 
quelque  à-propos  le  passage  suivant  d'une  lettre  de  Lapeyrouse  à  Barrera 
qui  remonte  au  début  de  leurs  rapports,  au  12  septembre  1789  :  t  Vous 
ne  me  connaissez  pas  encore  tout  entier,  mon  cher  Monsieur,  dit  Lapey- 
rouse, et  je  suis  fâché  que  vous  m'ayez  prévenu.  Je  n'aime  pas  à  me 
parer  des  plumes  du  Paon  ;  et  je  rends  volontiers  à  un  chacun  ce  qui  lui 
appartient.  J'avais  destiné  votre  nom  à  cette  belle  Campanule  que  j'ai 
vue  sèche  chez  vous.  Si  j'établis  quelque  nouveau  genre,  ce  qui  pourrait 
bien  arriver,  il  vous  sera  dédié  ;  et  dans  ma  préface  déjà  prête,  en  faisant 
Ténumération  de  tous  les  savants  qui  ont  parcouru  les  Pyrénées  pour  y 
observer  les  plantes  depuis  Bauhin  et  Burser,  vous  y  avez  votre  place,  et 
comme  ce  n'est  pas  une  simple  liste,  mais  que  j'entre  dans  les  détails 
des  travaux  d'un  chacun,  j'ose  croire  que  guidé  par  l'amitié,  la  recon- 
naissance et  la  justice,  j'ai  parlé  de  vous  d'une  manière  propre  à  vous 
concilier  plus  de  suffrages  que  les  Eryngium  et  les  Angéliques  n'en  ont 
mérité  aux  Bourgat  et  aux  Razouls.  Sûrement,  lorsque  vous  verrez  cet 
article,  vous  en, serez  content,  vous  ne  me  taxerez  pas  d'ingratitude  ;  ce 
vice  n'est  que  trop  ordinaire  à  nos  pareils.  ■  Barrera  n'était  pas  exigeant, 
il  se  dépouillait  volontiers  de  ses  propres  découvertes  pour  enrichir  le  livre 
de  Lapeyrouse  et  il  souhaitait,  chose  bien  légitime ,  que  son  nom  fut 
acquis  à  la  plante  intéressante  qu'il  avait  produite  ou  retrouvée  le  premier! 


62 

(3)  Pendant  mon  court  séjour  dans  cette  ville,  }'ai  pu  visiter  les 
Hefiquiœ  de  Pierre  Barrera,  pieusement  conservés  par  son  parent, 
M.  Lacroix,  notaire,  homme  du  monde,  plein  d'obligeance  et  tout  dispos» 
à  permettre  aux  amis  des  sciences  l'examen  des  écrits  du  botaniste 
Roussillonais.  Je  signale  à  mes  confrères  attachés  à  l'étude  des  plantes 
Phanérogames,  les  espèces  suivantes  du  manuscrit  de  Barrera,  toutes 
suivies  du  Nobis  :  Alchemilla  villosa,  Campanula  mullicaulis,  Dianthus 
acaulis,  Buplevrum  latifolium,  Echium  pyramidale,  Saxifragaocaulis, 
Géranium  trilobatum,  Salix  alnifolia.  La  simple  lecture  des  descriptions 
m'a  représenté  ces  plantes  comme  critiques.  Furent-elles  communiquées  à 
Lapeyrouse?  Je  serais  porté  à  le  croire,  car  il  m'a  semblé  voir  dans  la 
première  espèce  Y  Alchemilla  alpina  du  botaniste  Toulousain.  Le  temps 
m'a  manqué  pour  faire  ces  constatations. 

J'ai  retrouvé  dans  les  manuscrits  de  Lapeyrouse  la  copie  faite  par 
Barrera  d'un  Catalogue  des  plantes  Pyrénéennes  avec  indication  de» 
localités  tracé  en  1781  par  l'abbé  Pourret.  Cette  copie  est  intéressante 
par  elle-même,  elle  l'est  peut-être  encore  davantage  parce  que  l'ori- 
ginal, conservé  autrefois  par  Séguier,  n'existe  plus  aujourd'hui.  L'auteur, 
comme  il  Ta  dit  lui-même  dans  sa  préface,  destinait  ce  travail  à  la  Flore 
de  Narbonne,  commencée.  Voici  ses  divisions,  toutes  précédées  de  certains 
détails  sur  le  pays  et* sur  les  personnes  :  Hermitage  de  Saint-Paul 
(Saint-Antoine  de  Galamus);  pont  de  la  Fou  ;  bois  du  Vivier  ;  bois  de 
Salvanère;  Rabouillet,  où  est  cité  le  Scrophularia  lucida,  Linn.,  plante 
napolitaine  signalée  à  Nice  par  Allioni  (Bertolini  a  avancé  que  la  plante 
d'Allioni  n'était  que  le  Scr.  canina,  Lin.,)  et  de  nos  jours  à  Marsei.lc  par 
M.  Kralitk.  Cette  dernière  localité  était  la  seule  connue  et  avérée  eu 
France  en  1859  ;  mais  MM.  Grenier  et  Godron,  qui  la  rapportent,  disent 
que  le  Scrophularia  lucida.  Lin.,  doit  se  trouver  sur  tout  ou  partie  de 
notre  littoral  Méditerranéen.  Le  docteur  Compnyo  a  mentionné  depuis 
(Histoire  naturelle  des  Pyrénées-Orientales,  Tome  H.  page  493)  le  Scro- 
phularia luteat  Lin.,  dans  les  fossés  humides  des  châtaigneraies  du  vallon 
deSaint-Laurent-de-Ccrdafis.  La  citation  de  Pourret,  habile  et  consciencieux 
botaniste,  est  néanmoins  importante.  Voici  les  autres  localités  du 
catalogue  :  Bois  de  Boucheville;  Croix  de  Platlloubi;  montagne  de  la 
Groseille  ;  sources  de  la  Boulsane  ;  Quérigut  ;  la  Bcntaillole  ;  Bois  et 
montagne  de  Llaurcntf.  On  remarquera,  comme  Lapeyrouse  l'avait  indiqué 
à  propos  du  Chloris  Narbonensis,  que  Pourret  avait,  par  extension  de 
ses  explorations,  compris  dans  l'annexe  de  la  Flore  de  Narbonne  dont  je 
parie,  comme  dans  la  Chloris,  un  plus  grand  nombre  de  plantes  des 
Pyrénées  que  de  Narbonne. 

Je  ne  peux  m'empécher  de  citer  ici  une  boutade  humoristique  de 
Barrera  à  propos  de  cette  dernière  étude  qui  est  heureusement  bien 


moin9  fondée  aujourd'hui  qu'elle  ne  devait  l'être  à  l'époque  où  il  écrivait  : 
«  11  serait  à  souhaiter  pour  les  progrès  de  l'histoire  naturelle  que  ceux 
qui  se  consacrent  à  l'étude  de  cette  aimable  science  s'occupassent  un 
peu  mieux  de  la  connaissance  des  lieux  qu'ils  habitent.  Depuis  quelque 
temps  on  dirait  qu'on  a  renonce  à  ce  qui  y  touche  de  près,  on  semble  ne 
s'intéresser  qu'à  ce  qui  vient  de  l'étranger.  Si  le  Gouvernement  favorise 
quelques  naturalistes,  ce  n'est  que  pour  aller  faire  leur  moisson  au-delà 
des  mers.  D'où  peut  donc  venir  cette  tendance  à  fouler  aux  pieds  les 
richesses  qui  nous  environnent  ?  Cependant  quel  profit  ne  retirerions-nous 
pas  de  la  connaissance  exacte  de  toute*  les  productions  de  notre  pays, 
quels  avantages  n'en  résulterait-il  pas  pour  l'histoire  naturelle,  si  ceux 
qui  honorent  les  sciences  en  les  protégeant  voulaient  aider  de  leurs  moyens 
ceux  qui  les  cultivent,  les  engager  à  nous  fournir  chacun  une  histoire 
particulière  de  leur  pays  et  contribuer  ainsi  à  la  perfection  de  l'histoire 
générale  de  la  nature,  ouvrage  absolument  indispensable  pour  nous  fixer 
sur  la  manière  d'envisager  chaque  individu  selon  la  place  qu'il  occupe 
dans  l'immensité  de  la  chaîne  qui  lie  tous  les  êtres  créés.  • 

(4)  Dans  la  plaine  de  Rivesaltes,  près  du  mas  de  la  Garrigue,  on 
retrouvera  le  Clematis  recta,  Lin.,  signalé  par  M.  Legrand  dans  les  canaux; 
le  Polamogeton  pectinatus ,  Lin.;  dans  les  haies  et  les  champs  des  rives  de 
l'Agly,  trois  plantes  intéressantes,  YAnacyclus  Valentinus,  Lin.,  le  Crépis 
hulbosa,  Cass.,  et  le  Fumaria  média,  Lois.  Dans  les  vignes,  les  coteaux 
pierreux,  le  Silène  Lusitanica,  YAira  curta,  Jord.,  et  le  Yeronica 
didyma. 

%(5)  Sur  les  rochers  de  l'ermitage  de  Notre-Dame,  le  Parietaria  lusita- 
nien. Lin.,  et  les  cinq  nouveautés  suivantes  pour  la  localité,  découvertes 
encore  par  M.  Legrand  :  Galium  decipiens,  Jord.,  Lavandula  ktifblia, 
VilL,  Si/ene  in  fiât  a  et  carnet  floru,  Le  Gr.,  (forme  du  Silène  Terwreana,) 
et  le  Dianthus  virginew,  Gr.  et  God.— Dans  la  direction  d'Estagel,  deux 
Lichens  remarquables,  un  de  la  zone  méridionale,  le  Dirina  repanda,  Fr., 
l'autre  de  la  zone  alpine,  le  Lecanora  hœmatomma,  Ach.,  fréquemment 
chargé  lui-même  d'un  autre  parasite,  le  Calicium  parotcum,  Ach.  Sur  les 
coteaux  pierreux  de  Baixas,  Y  Al  sine  conferta,  Jord.,  le  Narcissus  junci- 
folius,  Rcq.,  le  Gladiolus  Illy  riais,  Roch»  récoltés  par  M.  Legrand.  On 
trouve  aussi  le  Lavatera  Cretica,  Lin.  —  Sur  les  schistes,  YAnthyllis 
qjtisoides,  L.,  et  les  Parmelia  Oreina  et  Gypsacea  de  Fries  au  voisinage 
d'une  mousse  peu  commune,  le  Barbula  inermis,  Mont.  — A  St-Antoine 
de  Galamus,  dans  les  pâturages  des  bords  de  la  rivière,  le  Cyclamen  ver- 

num,  Gay,  qui  se  montre  au  premier  printemps  et  disparaît  vite. 


6-i 

(0)  Au  bas  du  plateau  granitique  de  Sournia,  sur  la  route  de  Prades, 
le  Geum  imelinatum,  Sch. 

(7)  Au  bois  de  Boucheviilc,  le  Squamaria  Smithii,  Dec;  le  GlechoriM 
hirsuta,  Godr.;  au  revers  oriental  du  bois,  le  Jurinea  Bocconi,  Guss.,  et 
tout  à  côté,  dans  le  vallon  de  Rabouillet,  le  Liparh  Lœse/»,  Rich.,  qui 
couvre  les  prairies. 

(8)  Au  bois  de  Salvanèrc,  VHieracium  approximatum,  Jord.,  et  sur 
les  pentes  méridionales,  l'élégant  Cypripedium  calceolus.  Lin. 

(9)  Là  s'arrête  la  vallée  de  Molilg  aux  portes  de  Prades,  où  l'on  trouve 
dans  les  champs,  parmi  les  récoltes,  le  Medicago  turbinata,  Willd.,  qui  est 
cependant  rare.  Prades,  la  ville  hospitalière  où  la  Société  botanique  de 
France  vient  de  recevoir  un  si  gracieux  accueil,  m'a  fourni  un  Lichen  fort 
rare  en  France,  le  Chiodecton  myrticola,  Fée.  Cette  belle  cryptogamme 
des  iles  de  la  Méditerranée  est  parasite  sur  l'écorce  d'un  Myrte 
séculaire  dans  le  jardin  de  M.  Tixador.  Là  j'ai  encore  retrouvé  sur  le 
Laurier  rose,  qui  prend  dans  cette  station  un  développement  luxurieux, 
deux  modestes  hypoxilées  qui  me  rappellent  deux  savants  et  bienveillants 
amis,  le  Sphaeria  oleandri.  Dur.  et  Mont.,  parasite  des  rameaux^  et  le 
Sphaeria  olœe,  var.  Nerii,  Mont.,  parasite  des  feuilles.  C'est  aux  environs 
de  Molitg  que  YAldovranda  vesiculosa,  signalée  par  Pourret,  est  encore 
l'objet  de  recherches  assidues  mais  infructueuses,  probablement  à  cause 
de  la  transformation  du  sol,  où  l'on  ne  voit  plus  de  mares  d'eau. 

(10)  La  montagne  de  Madrés  est  la  station  à  peu  près  unique  dans  le 
département  du  Mecanopsis  cambrica,  Vig.,  observé  pour  la  première  fois 
par  MM.  Companyo  et  Colson.  Au  tronc  des  arbres,  on  rencontre  les 
Collema  ruginosum,  Duf.,  et  verruciforme,  Schaer.,  ainsi  que  le  Pan- 
naria  conop'ea,  Delise,  et  le  Chlorea  vulpina,  Nyl.,  dont  Companyo  a 
signalé  la  fructification  hivernale.  On  sait  que  ce  dernier  Lichen  fructifie 
très  rarement  en  Europe. 

(11)  A  la  Jasse  d'Autournan  (Llaurenti) ,  le  Potentilla  pyremica, 
Raim.  in  Dec.  ;  vers  l'étang  d'Artigues,  le  Potentilla nitida,  Lin.,  d'appa- 
rition récente  dans  le  département. 

(12)  Aux  pâturages  de  Mijanès,  Villemetia  apargioxdes,  Cass. 

(13)  Au  Pla  de  l'Ours,  le  Coralhrhiza  innata,  Brion. 


r>r> 

(14)  Au  Roc  Blanc,  (seul  habitat  du  Roussillon),  VA  ha  gène  alpina, 
L.,  et  h  la  Jasse  d'en  Barnet,  une  autre  rareté  du  pays,  le  Ranunculwt 
Bellardi,  Vill.  Aux  environs  de  Quérigut,  YHieracium  aurigeranum, 
Timb.,  nouvelle  espèce  détachée  des  formes  connues  de  TH.,  Umbel- 
latum,  L. 

(15)  Aux  environs  de  Mont-Louis,  le  Campanula  Reboudiana,  Gr.  et 
God.  À  l'étang  Llarg,  Ylsoetes  lacustris  et  à  l'étang  Ebuda,  Ylsoetes 
Echinospora,  signalés  pour  la  première  fois  en  1864  par  MM.  de  Salve 
et  Senot  de  la  Londe.  Sur  le  plateau  de  la  Perche,  le  Genista  tinctoria , 
V.  Genuina,  Gr.  et  Goo\,  remarquable  par  sa  tige  et  ses  fruits  glabres. 
Sur  les  rochers  près  de  la  grande  Bouillouse,  le  Potentilla  nitida,  L., 
signalé  par  Company o.  A  la  montagne  de  Carlite,  une  grande  rareté  ori- 
ginaire de  la  Norwège  qui  n'est  pas  inscrite  dans  la  Flore  de  France  de 
MM.  Grenier  et  Godron,  le  Subularia  aquatica,  L. ,  découvert  par  le 
docteur  Reboud  en  1849,  à  l'extrémité  de  l'étang  Llarg. 

Les  escarpements  de  Fontpédrouse  ont  donné  une  seule  fois  le  C/e- 
matis  integrifolia,  L.  Les  bords  de  la  Tet  à  la  Cassagne,  vers  Sauto, 
ont  donné  à  M.  Reboud  YHyssopus  aristatiu. 

(16)  Le  bac  de  Bolquère  est  l'habitat  de  la  var.  pyrenaica, Gr.  et  God., 
de  la  Brunelle  à  grandes  fleurs,  ainsi  que  du  Campanula  Baumgartenii . 
Beck. 

(17)  Les  pelouses  de  la  vallée  d'Eynes  contiennent  Y  A  Ichemil  la  pyre- 
naica, L.  Sur  les  pentes  rocailleuses  de  Llo,  on  recueille  Je  Scabiosa 
pyrenaica,  AH.  Au  fond  de  la  vallée,  sur  les  rochers  de  Notre-Dame  de 
Nuria  (Espagne) ,  est  le  Saxifraga  lingulata,  Bess.  ;  ainsi  que  le 
Jurinea  pyrenaica,  Gr  et  God.,  et  le  Leontodon  aurantiacus,  Koch. 
Sur  ces  mêmes  rochers,  vers  laCollada,8emontrele  Afte/tdta/eria  nitida, 
Hornsch.,  mousse  fort  rare  signalée  pour  la  première  fois  par  C.  Monta- 
gne, et  qu'on  n'a  pas  encore  retrouvée  ailleurs  en  France  ni  dans  les 
Pyrénées.  Montagne  a  rapporté  aussi  de  la  même  localité  une  autre 
mousse  également  recherchée  par  les  botanistes,  YEncalypta  pihfera , 
Lemch. 

(18)  Le  guide  Noux  a  retrouvé  en  1872  le  Saxifraga  biflora,  Ail., 
qu'on  cherche  en  vain  au  Llaurenti,  où  il  a  été  signalé  par  Lapeyrouse. 
Les  Lecidea  atrobrunea.  Duf.,  et  armeniaca,  Fr.,  décorent  de  leurs 
thalles  bruns  les  roches  de  la  montagne  en  communauté  d'un  autre  beau 
Lichen,  le  Squamaria  chrysoleuca,  Ach.,  dont  la  nuance  orangée  et  verte 
présente  à  l'œil  une  agréable  marqueterie. 

5 


G6 

(19)  A  l'entrée  de  la  vallée  de  Llo,  le  Saxifraga  luteo-purpurea,  Lap.; 
sur  le  roc  de  San-Feliu  et  sur  les  rochers  humides  plus  élevés,  le  Phy- 
teuma  Company onis,  nob.  in  Litt. 

(20)  Dans  la  vallée  de  Carol,  un  Lotier  alpin,  pour  lequel  le  docteur 
Companyo  a  proposé  le  nom  de  Lotus  minutissimus,  et  sur  les  rochers 
de  la  Tour,  un  beau  Licheu,  le  Lecidea  sqmiida,  Ach. 

(21)  Sur  les  rochers  de  la  colline  de  Fuilla  un  autre  beau  Lichen,  le 
Squamaria  cartilaginea,  Dec;  au  bord  du  ruisseau  deCastetl,  pi  es  de 
Vernet,  le  Valeriana  pyrtnaica ,  Lin.,  plante  indiquée  constamment 
comme  sob-alpine,  et  acclimatée  depuis  peu,  suivant  la  remarque  laite 
par  le  docteur  Companyo,  dans  la  région  champêtre.  Les  bois  couverts  de 
Corneilla  produisent  une  mousse  curieuse,  le  Buxbanmia  apkylla.  Lin., 
et  sur  les  rochers  d'Olctle  un  beau  Lichen  qui  attire  le  regard  par  la 
couleur  jaune  et  orangée  de  ses  rosaces  arrondies,  c'est  le  Lecanora 
chlorophana,  Ad).,  et  sa  variété  oxytona  à  apothecies  rougeàtres,  que 
Ramond  découvrit  le  premier  dans  les  Pyrénées  et  qu'on  retrouve  avec 
les  mêmes  traits  spécifiques  dans  les  localités  les  plus  diverses,  en  Lapo- 
nie,  dans  les  Gévennes,  dans  les  Alpes  et  au  centre  de  l'Espagne.! 

(22)  Dans  les  cavités  des  rochers  où  est  encaissé  le  chemin  de  Vernet 
à  Saint-Martin,  végète  une  mousse  rare,  le  Fabronia  pusilla,  Retldi., 
signalée  par  Montagne. 

(23)  Sur  les  rochers  du  Ganigou,  le  Lecidea  glamerata,  Ach.  Aux 
Jassesde  Gadi,  YUmèilicaria  atro-pruinosa,  Schar.  Parmi  les  Pha- 
nérogames de  cette  région  des  neiges,  citons  le  Leucantkemum  tomento- 
ëum,  Gr.  et  God.,  dans  les  sentiers  qui  conduisent  au  plateau  de  Los 
Basihés.  Dans  la  vallée  de  Taurinya,  les  cryptogamistes  recueilleront  les 
Grimmia  elatior,  Br.  et  Sch.,  et  Atrata  Hornsch.,  ainsi  que  le  Verru- 
caria  Schœreri,  Ny!.f  recueilli  dans  cette  partie  des  Pyrénées  par  Mon- 
tagne. 

(21)  La  Trencade  d'Ambouilla  a  donné  une  variété  intéressante  du 
Campanula  persicifolia,  Lin.,  le  Campanula  stib-pyrenaica,  Timb.,  le 
Saxifraga  média  et  YAchillea  divarieata. 

(25)  Le  Campanula  elatinus,  Lin.,  habite  les  rochers  de  la  vallée  de 
Nohèdes.  Au  bas  de  la  montagne  on  trouve  la  variété  jaune  de  Y  Ane- 


67 

motte  alpina,  Dec.,  dont  Linné  avait  fait  son  Anémone  sulfurea.  Au 
bois  de  Pinat,  la  principale  rareté  qui  s'offre  au  collecteur  est  le  Lotus 
villosusâe  Companyo;  une  autre  rareté,  le  Clemati*  integrifoHa,  Lin., 
indiquée  par  Tournefort  et  qui  existe  dans  l'herbier  du  Muséum  de 
Perpignan  avec  le  même  habitat,  doit  se  trouver  encore  aux  Graus 
d'Oiette. 

•    (26)  Le  10  juillet  1811  (lettre  déjà  citée)  Barrera  écrivait  à  Lapey- 
rouse  :  •  Vous  recevrez  enfin  avec  celle-ci  un  certain  nombre  des  plus 
beaux  échantillons  qu'il  est  possible  d'avoir  de  YAlyssum  fruticosum  des 
'rochers  de  Comps.  Il  a  fallu  le  zèle  et  le  désir  de  vous  être  utile  pour 
que  cet  infatigable  pharmacien  (Coder)  allât  sur  le  lieu  avec  un  paysan 
chargé  de  deux  perches  qu'ils  ont  bien  attachées  afin  d'atteindre  à  l'inac- 
cessible rocher  et  avoir  quelques  pieds  de   cette  belle  plante.  Leurs 
premiers  efforts  ayant  été  inutiles,  il  a  fallu  user  de  coups  de  perche  pour 
en  détacher  les  échantillons  que  nous  vous  envoyons  et  qui  sont  des  plus 
beaux  ;  il  faudrait  des  moyens  plus  pénibles  et  plus  coûteux  pour  avoir 
des  pieds  entiers.  »  VAlyssum  que  Lapeyrouse  avait  qualifié  dans  le 
principe  du  nom  spécifique  de  fructicosum,  devint  YAlyssum  pyrenaicum 
dans  sa  Flore.  Il  a  été  maintenu  au  rang  d'espèce  par  tous  les  Aoristes, 
malgré  l'opinion  de  Decandoie  qui  ne  considérait  dans  la  plante  nouvelle 
des  Pyrénées  qu'une  forme  à  feuilles  obtuses  de  YAlyssum  halimifolium, 
Lin.  (Flore  française,  vi,  p.  594.)  Il  ne  restait  plus  il  y  a  quelques 
années,  en  1863,  que  trois  pieds  de  l'intéressante  plante,  placés  sur  les 
escarpements  inaccessibles  de  la  partie  supérieure  du  rocher  qui  domine 
la  Font  de  Comps  (localité  unique  en  Europe  avant  la  découverte  de  cette 
espèce  en  Espagne  par  Bubani),  et  qui  se  trouvent  hors  de  la  portée  de 
la  main  de  l'homme.  Les  guides  dévalisent  au  printemps  toutes  les  plantes 
venues  de  graines  aux  abords  du  rocher.  La  Société  Botanique  vient  d'en 
avoir  un  exemple  dans  la  déconvenue  qni  l'attendait  dans  son  excursion 
et  dans  le  magnifique  fascicule  de  plantes  desséchées  que  le  guide  Noux 
offrit  à  M.  le  docteur  Cosson.  11  faut  attribuer  la  miraculeuse  conservation 
de  la  rare  touffe  YAlyssum  qu'on  voit  aujourd'hui  à  quinze  mètres  du 
pied  du  rocher,  à  l'impossibilité  qu'il  y  a  de  l'atteindre.  On  connaît  la 
boutade  très  excusable  de  Lapeyrouse,  à  la  suite  de  l'opinion  émise  par 
Decandolle  :  «  Un  trait  de  plume,  dit  le  botaniste  pyrénéen  (après  avoir 
décrit  minutieusement  la  prétendue  variété  qu'il  défendait,)  une  idée, 
suffisent  pour  créer  des  variétés  ou  identifier  des  synonymes.  Cette  marche 
peut  satisfaire  l'amour-propre,  mais  elle  ne  conduit  ni  à  la  lumière,  ni  à 
la  vérité.  •  (Suppl.  FI.  Pyr.t  p.  90.) 
On  trouve  sur  les  plateaux  supérieurs  de  Comps,  le  Biscutella  apula, 


y 


08 

Lin.,  les  variétés  Scabra,  Fenz,  et  Gtutinosa,  Koch,  de  VAremria  ser- 
pil  i folia,  Lin.,  et  le  Ginesta  tinctoria,  P.,  Laâocarpa,  Gr.  et  God. 
Cette  féconde  contrée  offre  encore  sur  les  escarpements  des  rochers 
YAlchemilla  pyrenaica,  Lin.,  et  la  variété  Decipiens  de  YAquilegiapyre- 
naica,  Dec.  Au  roc  de  la  Goba  del  Falj,  localité  unique  du  département, 
on  récoltait  il  y  a  quelques  années  encore  le  Dracocephalum  austriacum. 
Lin.,  que  la  rapacité  de  quelques  botanistes  étrangers  semble  avoir  tota- 
lement fait  disparaître  aujourd'hui.  V Endocarpon  Guepini,  Mont.,  habite 
les  hauts  plateaux  ;  plus  bas  on  trouve  sur  les  Conifères  l'élégant  Pla- 
tysma  Juniperinum,  Hoflm.,  et  sa  variété  Pinastri,  Ach.;  dans  les  bois 
de  la  même  zone,  YHieracium  nemorense,  Jord. 

m 

(£7)  Sur  les  remparts  de  Perpignan,  vers  la  porte  Canet,  on  a  trouvé 
depuis  peu  de  temps  YErodium  chium,  Wild.  En  suivant  le  cours  de  la 
Tet  jusqu'au  plateau  de  Regeille,  on  recueillera  près  d'flle  une  Papilio- 
nacée  nouvelle,  le  Saroihnmnus  Carlierus,  découvert  par  le  docteur 
Companyo  et  dédié  par  lui  au  docteur  Cartier,  zélé  explorateur  botaniste 
des  Pyrénées-Orientales.  Cette  plante  a  élé  retrouvée  depuis  par  le 
docteur  Penchinat  dans  le  vallon  de  Banyuls. 

Sur  les  rochers  voisins  de  la  chapelle  de  Força-Réal,  trois  Lichens 
alpins  les  Lecanora  chloropkana,  Ach.,  et  Carphinea,  Schaer.,  et  YUr- 
ceolaria  actinostoma. 

Non  loin  de  la  cdte  et  en  remontant  au  sud  la  source  du  Tech,  on 
devrait  rencontrer  aux  environs  d'Elne  les  Erica  multiflora  elumbelliflora. 
que  Loiseleur  cite  sur  ce  point  unique  du  département,  mais  qu'on  y 
cherche  aujourd'hui  en  vain,  les  cultures  ayant  envahi  les  terrains  vagues 
que  ces  plantes  occupaient. 

Entre  Val  Richer  et  la  mer  se  montre  le  Sagittaria  sagittœ folia,  Lin. 
A  la  butte  de  l'Esparrou ,  on  trouvait  au  siècle  dernier,  ainsi  que  le 
témoigne  un  échantillon  de  l'ancien  herbier  départemental,  Y  Erica  tetra- 
lix.  Lin.,  complètement  absente  aujourd'hui.  Le  cours  du  Tech  amène  à 
Céret  ;  à  l'ouest  de  cette  ville,  au  bois  d'Oms,  existe  une  Génistée  dédiée 
à  Jaubert  de  Passa,  le  Sarothamnus  Jaubertus,  Comp.  VAstragalus 
glaux  vit  sur  la  montagne  de  Céret.  Après  une  journée  de'  marche,  on 
parvient  de  cette  dernière  station  aux  collines  du  Perthus  et  de  Bellegarde, 
où  l'on  peut  récolter  la  variété  Macrantkus  du  Dianthus  bruchyanthus, 
Boiss. 


(28)  Les  sables  des  bords  de  la  mer  produisent  les  variétés  Vulgarix. 
Gracilis  et  Aretiaria  formées  par  MM.  Grenier  et  Godron  aux  dépens 
de  YOrwnis  ramosissimus,  Desf. ,  qui  habite  sur  les  dunes  ;  et  encore 


69 

dans  le  même  habitat  les  variétés  Gtnnina,  Gr.  et  God.,  etMinor,  Moris  , 
de  YOnonis  reclitiala,  Lin. 

Plus  avant,  dans  les  vignes  voisines  de  l'étang  de  Salses,  une  variété 
maritime  du  Lotus  comiculatus,  (e  Lotus  Delorti,  dédié  par  M.  Timbal,  au 
botaniste  de  Narbonne  Delort  Miailhe.  Dans  les  pâturages  de  la  même  loca- 
lité, le  Statice  cuspidata,  Delort  Mrs.,  omis  dans  la  Flore  de  MM.  Gre- 
nier et  Godron.  Dans  les  marais  formés  par  le  canal  de  la  fontaine 
d'Estramar,  YArundo  pliniana,  Tur.  ;  c'est  encore  dans  le  gouffre  de 
cette  fontaine  (seule  localité  en  Europe  !  )  que  vit  le  Phalaris  gigantea, 
Gav. 

Si  nous  franchissons  la  ligne  de  démarcation  du  département  des 
Pyrénées-Orientales,  pour  entrer  dans  l'Aude,  dont  les  prairies  maritimes 
sont  unies  cependant  au  %  territoire  de  Salses,  nous  rencontrerons  le 
Statice  Company  onis,  Gren.  et  Bill.,  omis  dans  la  nouvelle  Flore  fran- 
çaise, et  dans  les  escarpements  des  Salins,  touchant  à  l'ile  de  Sainte- 
Lucie,  deux  plantes  peu  communes,  le  Viola  arborescent,  Lin.,  et  la 
variété  Geminus,  Gr.  et  God.,  du  IHantusJtrachyanlus. 

M.  Legrand,  qui  pendant  son  séjour  dans  les  Pyrénées-Orientales  a  pu 
ajouter  de  bonnes  plantes  à  la  Flore  locale,  a  rencontré  le  premier  les 
espèces  suivantes  aux  environs  de  Leucate  :  dans  l'étang,  le  Spergularia 
diandra,  Guss.  ;  sur  les  rochers  maritimes,  le  Sideritit  Scordioïdes, 
Lin.,  et  dans  les  sables,  le  Psamma  australis,  MabiL,  le  Planta  go 
crassifolia,  Forsk.,  le  Statue  ferularia,  Lin.,  échappé  de  Sainte-Lucie, 
enfin  le  Vulpia  ligustica,  LK. 

(29)  Sur  la  terre  sabloneusc  à  Canet,  le  Lecanora  scheleickeri,  Gr. , 
distribué  jadis  copieusement  par  Montagne  et  qui  abonde  en  Algérie. 

(30)  On  trouve  dans  les  vallons  de  Collioure  et  de  Banyuls,  le  Dian- 
thus  Requienii,  forme  locale  du  Dianthus  hirtus,  que  MM.  Grenier  et 
Godron  ont  élevé  au  rang  d'espèce;  le  Scatiosa  s!e-îatat Lin.,  et  le  Cré- 
pis bulbosû,  Cass. 

Mais  le  botaniste  court  avec  hàtc  à  la  Preste,  où  se  développent  les 
Primulu  suaveolens,  Bert.,  et  le  Buplevrum  aljrinum,  de  Colsou  et 
Company o.  A  Cosla-Bona,  il  retrouvera  le  Dianthus  pungenst  Gr.  et 
God.,  et  au  bord  des  sources.  YEpilobium  alsinifolium ,  Vil!.,  sur  le 
calcaire,  le  Lecanora  chalybœa,  et  le  Physcia  ftavicans,  qui,  selon 
(ioii)panyo,  fructifie  en  été.  Je  n'ai  jamais  vu  des  apothecies  sur  les  exem- 
plaires pyrénéens  ni  sur  ceux  d'autres  contrées  européennes.  Les  exsiccata 
de Sctuercr,de  Hepp,  de  M.  LcightontdcM.Rabenhoist,  etc.,  sont  stériles. 

Les  rochers  de  la  Tour  du  Wir  ont  donné  encore  d'intéressantes  pha- 
nérogames à  M.  Legrand,  entr'autres,  YHieracium pseudocerinthe,  Koch., 


70 

et  le  Saxifraga  média,  Gouan.  Le  même  botaniste  a  rapporté  des  ravins 
de  la  montagne  YEpilobium  collinum,  Guss.,  et  le  Sedum  anopetalum, 
Dec,  variété  à  fleurs  jaunes  Les  sables  de  la  plage  du  Barcarès  offrent 
le  Corrigiola  telephiifolia,  Pourr. 

Quand  M.  Bubani  distribua  une  plante  curieuse  appartenant  à  un  genre 
qui  n'avait  jamais  été  découvert  en  Europe,  le  Dioscorea  pyrenaica,  on 
lui  attribua  (peut-être  intentionnellement  et  dans  l'intérêt  de  la  conser- 
vation de  la  nouvelle  plante  dans  l'habitat  où  elle  s'était  offerte)  une 
station  aux  environs  de  Prats-de-Mollô  où  elle  n'a  jamais  existé.  On 
sait  depuis,  par  la  propre  déclaration  de  son  inventeur  et  par  les  heureuses 
recherches  de  M.  Bordères,  que  le  Dioscorea  [Borderca,  Mieg.)  a  été 
trouvé  dans  les  Pyrénées  méridionales,  vallées  de  Pinède  et  d'Otal 
(Hautes-Pyrénées). 

Si  une  journée  de  marche  n'effraye  pas  le  voyageur  et  qu'il  veuille 
atteindre  à  l'ermitage  de  Saint-Angel  (Espagne),  il  rapportera  le  Lithos- 
permum  oleœfolium,  de  la  seule  localité  où  il  croît  en  Europe.  Sur  la 
limite  des  deux  États,  à  Coustouges  (Bac  del  Fau),  se  montre  YErinncea 
punjjens.  En  remontant  vers  le  bois  de  Montrcrrer  (bois  renommé  par  un 
gîte  de  Tuber  cibarium,  d'autant  plus  estimé  que  le  précieux  tubercule 
ajoute  à  son  arôme  propre  celui  de  la  rose),  puis  en  descendant  au  Roc  de 
las  Abellas,  commune  de  Cortsavy,  on  recueillera  sur  l'écorce  du  mûrier 
un  curieux  Lichen  signalé  par  Montagne,  plus  difficile  à  distinguer  que 
rare,  le  Myriangium  Duriœi,  Bk.  et  Mont.,  que  nous  avons  rencontré 
sur  les  jeunes  branches  de  l'ormeau,  à  Garcassonne. 

(31)  Dans  le  vallon  de  Port-Yendres,  la  variété  Anguslifolius,  Comp., 
de  YEvonymus  Europœus,  Lin. 

(32)  La  crête  des  Albères  fournit  YHieracium  Gougetianum,  épervière 
nouvelle  dédiée  par  MM-  Grenier  et  Godron  à  M.  le  docteur  Gouget  son 
inventeur,  et  le  Dianlhus  brachyanthus,  Gr.  et  God  ,  signalé  par 
M.  Olivert. 

Pendant  la  correction  des  épreuves  de  cette  notice,  notre  gracieux 
ami,  M.  le  docteur  0.  Debeaux,  nous  a  offert  les  prémices  de  ses  décou- 
vertes botaniques  dans  le  fécond  territoire  des  Pyrénées-Orientales.  Nous 
enregistrons  donc  deux  nouveautés  pour  le  département  et  aussi  pour  la 
France:  1°  VAntirrhinum  Ruscinonense,  Dcb.  (Variété  de  YAnt.  Sicu- 
lum,  de  Gussone),  abondant  depuis  1872  sur  les  vieux  remparts  de  la 
Ville-Neuve  à  Perpignan  ;  2°  Un  Cyperas  inédit  que  M.  Bubani  distribua 
en  1860  sous  le  nom  de  C.  Lividus  et  que  M.  Debeaux  vient  de  retrou- 
ver dans  les  prairies  humides  du  Tech  à  Amélie-les-Bains  et  qu'il  a 
décrit  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  Bot.  de  France,  sous  le  nom  de  C.  Bubanii. 


•" 


71 


HAMOND  tt  PICOT  DE  LAPEYROUSE, 

LEURS  DÉMÊLES 

A   PROPOS    DE  L'HISTOIRE   NATURELLE   DES   PYRÉNÉES 

EXPLIQUÉS   PAU   DES   CORRESPONDANCES  INÉDITES, 

Par  M.  C.  Ronmeguére. 


Les  Pyrénées,  cette  belle  suite  de  montagnes  qui 
semblent  surgir  du  sein  de*  eaux  de  l'Océan,  rivaliser 
avec  les  Alpes  par  leur  cime  la  plus  élevée  pour  aller 
se  perdre  ensuite  graduellement  dans  les  eaux  de  la 
Méditerrannée ,  ont  excité  à  toutes  les  époques  les 
recherches  des  savants.  Il  n'est  peut  êlre  pas  en  Europe 
de  montagnes  plus  pittoresques  ni  plus  dignes  d'être 
connues  que  cette  magnifique  chaîne  sous  le  rapport  de 
sa  constitution  géognostique,  de  sa  végétation  variée  et 
de  ses  eaux  thermales  si  justement  célèbres. 

Palassou  et  Picot  de  Lapeyrouse  ont  consacré  h  la  fin 
du  XViil*  siècle  le  cours  d'une  laborieuse  vie  ï 
étudier  et  a  décrire  ces  montagnes;  ils  oot  avec 
Ramond,  Dralet  et  Charpentier,  déterminé  les  ressour- 
ces scientifiques  de  celte  partie  de  la  France  que  les 
observateurs  plus  rapprochés  de  nous  et  parmi  eux,  l'in- 
génieur François  et  les  professeurs  Leymerie  et  Filhol  se 
sent  appliqués  et  s'appliqoent  encore  a  développer. 


12 

Ramond  et  Lapeyrouse  s'étaient  proposé  de  recon- 
naître la  nature  des  cimes  les  plus  élevées  des  Pyrénées W. 
Mais  rien  encore  avant  la  2me  voyage  de  Ramond  au 
Mont-Perdu  n'était  venu  infirmer  celte  croyance  assez 
répaudue  de  son  temps  et  partagée  par  eux,  que  cette 
chaîne  de  montagnes  avait  été  formée  sous  l'Océan. 
Quelques  débris  de  corps  marins  pétrifiés  recueillis  dans 
la  houle  du  Marboré  firent  accroire  aux  savants  que  les 
(lots  avaient  dû  accumuler  un  jour  des  masses  énormes 
dans  la  partie  centrale  de  la  chaîne  et  que  les  espèces 
d'animaux  terrestres  de  cet  âge  géologique  mêlées  aux 
débris  des  espèces  propres  aux  fond  des  mers  avaient 
servi  à  la  formation  de  ces  immenses  rochers,  à  contours 
si  bizarrement  lacérés,  de  ces  pics  sourcilleux  servant 
de  jalons  pour  s'orienter  au  voyageur  étonné  qui  cherche 
une  issue  dans  ces  vastes  et  sombres  solitudes. 

Ramond  et  Lapeyrouse  se  trompaient,  les  bords  du 
lac  du  Mont- Perdu  ne  donnèrent  point  d'ossements  de 
grands  animaux  W.  Si  les  connaissances  actuelles  ont  fait 
disparaître  les  systèmes  de  ces  deux  naturalistes,  si  les 
coquilles  bivalves  de  Ramond,  les  ossements  prétendus 
découverts  par  lui,  ceux  que  Lapeyrouse  cita  ont  repris  la 
place  que  la  nature  leur  avait  assignée,  ces  naturalistes 
occupent  dans  l'histoire  de  la  science  le  noble  rang  qui 
appartient  aux  observateurs  qui  ont  tenté  les  premiers 
efforts  pour  parvenir  k  la  vérité. 

C'est  dans  ce  paisible  théâtre  de  la  grave  nature,  au 
milieu  des  masses  colossales  des  Pj  rénées,  que  Lapey- 
rouse et  Ramond  s'étaient  connus.  Guidés  l'un  et  l'autre 
par  une  noble  émulation  mais  jaloux  aussi  de  conserver 
chacun  la  priorité  de  leurs  découvertes,  ils  firent  ensem- 


73 

bie  et  aussi  séparément  des  excursions  parfois  périlleuses 
dont  ils  communiquèrent  au  public  les  résultats  louchant 
la  botanique  et  la  géologie.  Lapeyrouse  avait  div  ans  de 
plus  que  Ramond.  Sa  première  excursion  aux  Pyrénées 
remontait  à  Tannée  1763  tandis  que  Ramond,  jeté  par  la 
Révolution  dans  les  Hautes-Pyrénées,  nç  parcourut  ces 
montagnes  que  vingt-quatre  ans  après  son  ami,  c'csl-à- 
dire  uu  peu  avant  que  le  botaniste  Toulousain  se  fut 
pour  ainsi  dire  contraint  au  repos <3>.  Le  double  assaut  du 
Mont-Perdu  Gt  la  réputation  de  Ramond  et  amena  aussi 
une  querelle  avec  Lapeyrouse  qui  aigrit  pour  toujours  les 
rapports  de  ces  deux  hommes  cependant  bien  faits  pour 
s'entendre  et  pour  s'estimer.  Lapeyrouse  avait  guidé 
Dolomieu  dans  les  Pyrénées,  il  lui  avait  sauvé  la  vie  sur 
le  .pic  de  VHieris;  ils  avaient  visité  ensemble  le  Mont- 
Perdu  en  1.782.  Lapeyrouse  renouvela  cette  ascension 
en  1798(4>,  il  avait  rapporté  de  ces  régions  restées  jus- 
qu'alors vierges  du  pied  de  l'homme  une  précieuse  col- 
lection de  plantes,  de  minéraux  et  d'insectes  dont  il  fit 
part  à  Ramond<5>.  Etait-il  parvenu  au  sommet  du  Mont- 
Perdu  ?  cela  ne  devait  pas  être.  A  partir  de  1782  Lapey- 
rouse tvait  entrepris  dans  le  Recueil  de  l'Académie  des 
scie'nces  de  Toulouse  la  description  des  nouveautés  bota- 
niques de  nos  montagnes,  travaux  qu'il  poursuivit  dans 
sa  Flore  des  Pyrénées  en  1795,  interrompue  en  1801  et 
reprise  en  1807  quoique  publiée  seulement  en  181 3  sous 
le  titre  d'Abrégé  !  Lapeyrouse  avait  reçu  de  Lemonnier 
un  précieux  manuscrit  de  Tourneforl^  la  Topographie 
botanique  des  Pyrénées  qu'il  utilisa  pour  faire  revivre  dans 
la  nomenclature  Linnéenne  les  plantes  que  le  célèbre 
auteur  du  Genre  avait  observées. 


74 

A  l'époque  où  Ramond  professait  l'histoire  naturelle 
aux  Ecoles  centrales  et  qu'il  passait  la  moitié  de  Tannée 
2)  Barèges,  il  consultait  souvent  Lapeyrouse,  se  servait 
de  ses  livres  et  grandissait  en  science  sous  le  patronage 
éclairé  de  ce  savant  qu'il  appelait  son  maitre. 

Ramond  publia  dans  la  Décade  philosophique  (1794)  la 
description  de  quinze  plantes  qu'il  avait  observées  sur  le 
pic  du  Midi,  dans  une  excursion  h  laquelle  il  avait  convié 
Lapeyrouse w.  L'auteur  de  la  Flore  Pyrénéenne  fut  sobre 
d'encouragements,  il  dut  dire  ou  laissa  comprendre  que 
celle  publication  manquait  de  nouveautés  et  là  commença 
le  premier  froissement  avec  Ramond.  En  l'an  VIII  (1800) 
le  Bulletin  de  la  Société  philomaliquc  édita  la  descrip- 
tion et  la  figure  de  quelques  plantes  «  inédites  »  des 
Pyrénées.  Ramond,  uu  peu  téméraire,  avançait  dans  ce 
travail  que  ces  plantes  inédites  «  avaient  échappé  à  tous 
les  botanistes  anciens  et  modernes.  »  Lapeyrouse  déclara 
«  qu'il  n'était  aucune  de  ces  plantes  (elles  étaient   au 
nombre  de  neuf)  qui  n'eût  déjk  été  découverte  et  indiquée 
par  Fagon  et  Tournefort(8>.  »   La  bonne  harmonie  était 
rompue  et  Itamond,  en  publiant  Tannée  suivante  (1801) 
ses  Voyages  au  Mont-Perdu,  céda  h  un  sentiment  regret- 
table d'exagération  en  racontant  qu'il  avait  procuré  en 
un  mois  à  Lapeyrouse  plus  de  700  plantes  !  Les  récrimi- 
nations de  Lapeyrouse  furent  vives  et  les  deux  botanis- 
tes vécurent  dès  ce  moment  dans  une  mésintelligence 
d'autant  plus  regrettable  qu'ils  formèrent  deux  camps  où 
se  retranchèrent,  vis-à-vis  les  uns  des  autres,  les  adhé- 
rents de  chacun  prêts  à  soutenir  le  cas  échéant  les  pré- 
tentions plus  ou  moins  justes  de  leurs  amisi*'.  Lapey- 
rouse disait  avec   une   apparence  de  raison  :    «    Les 


75 
Pyrénées  soot-elles  donc  lotîtes   autour  de  Barèges  a 
Sont-elles  la  propriété  exclusive  de  personne?  Le  livre  de 
la  nature  n'est-il  pas  ouvert  à  tout  le  monde?  N'est-il  pas 
immense,  et  chacun  ne  peut-il  pas  y  trouver  son  sujet?» 

Avant  ces  événements  Ramond  avait  échangé  avec 
Lapeyrouse  17  lettres  empreintes  toutes  de  la  plus  affec- 
tueuse déférence  et  d'une  certaine  admiration  pour 
l'historien  de  la  Flore  Pyrénéenne.  Ces  lettres  sont  datées 
de  Barèges,  de  Bagnères  et  de  Tarbes  ;  elles  embrassent 
la  courte  période  de  trois  années,  de  1795  à  1798,  époque 
du  conflit  que  je  rappelle.  Il  ne  serait  jamais  venu  à  ma 
pensée  de  remémorer  les  querelles  de  ces  deux  savants  si 
la  possession  de  leur  correspondance  inédite  et  des  lettres 
de  leurs  contemporains  sur  le  même  objet  ne  m'eût  paru 
offrir  un  certain  intérêt  historique  capable  de  Taire  appré- 
cier les  véritables  caractères  de  ces  deux  hommes. 

Je  choisis  une  lettre  de  Ramond  en  date  du  18  novem- 
bre 179i>.  Ramond  occupait,  ou  le  sait,  une  place 
distinguée  parmi  nos  orateurs  éloquents  à  l'Assemblée 
législative,  son  style  renferme  tout  le  charme,  toute  la 
sensibilité  que  nous  offre  dans  ses  écrits  le  célèbre  philo- 
sophe de  Genève.  On  peut  en  juger  par  la  page  qui  suit  : 

«  Barèges,  2»e  jour  complémentaire,  an  III 
*  f  de  la  République  française. 

«  Ramoud.   t 
«  Au  citoyen  Picot  Lapeyrouse,  Inspecteur  des  Mines  de  la  République. 

«  Citoyen, 
•<  Une  lettre  de  vous  adressée  au  citoyen  Saint-Amaus 
«  et  que  vous  aviez  en  la  bonté  de  me  rendre  commune, 
«  m'avait  flatté  d'une  bien  douce  espérance.  Je  vous 


76 

«  attendais  à  Barèges  dont  je  n'osais  m 'écarter  de  crainte 
«  d'y  manquer  un  seul  de  vos  pas.  Je  me  voyais  déjà  à 
«  la  suite  du  savant  qui  a  acquis  sur  toutes  les  richesses 
«  naturelles  des  Pyrénées  une  sorte  de  droit  de  pro» 
«  priélé.  J'allais  apprendre  de  vous  a  les  voir.  Vous  alliez 
«  corriger  mes  aperçus,  lever  mes  doutes,  rectifier  mes 
«  conclusions.  Mes  dessins  minéralogiques,  mon  herbier 
«  prenaient  sous  l'œil  du  maître  une  nouvelle  impor- 
«  tance.  Il  m'était  permis  de  jeter  un  regard  sur  cette 
«  Flore  magnifique  dont  vous  enrichissez  la  bibliothèque 
«  des  savants.  C'était  le  plus  beau  des  jours  que  j'eusse 
«  passé  aux  Pyrénées. 

«  Quel  a  été  mon  regret  de  voir  arriver  sans  vous  les 
«  compagnons  de  votre  voyage  !  Si  la  difficulté  du  temps 
«  et  la  rareté  des  subsistances  vous  ont  arrêté,  com- 
«  ment  avez-vous  pu  redouter  des  obstacles  et  la  pénurie 
«  dans  un  département  que  vos  travaux  honorent  et  où 
«  les  autorités  seraient  allé  au  devant  de  vos  besoins  ? 
a  Et  eussé-je  été  le  seul  à  faire  les  honneurs  de  ces 
«  montagnes,  je  suis  pauvre,  mais  j'ai  des  amis  et  nous 
«  aurions  écarté  de  vous  tous  les  soucis  qui  auraient  pu 
«  ralentir  vos  savantes  recherches. 

<  Vos  compagnons  se  sont  adressés  à  moi  pour  leur 
«  ouvrir  le  labyrinthe  des  hautes  Pyrénées.  Ils  ont  dû 
«  sentir  tout  ce  qu'ils  perdaient  à  ne  vous  avoir  plus. 
«  J'ai  peu  fait  pour  eux,  Tétai  de  ma  sairté  ne  m'a  per- 
ce mis  de  partager  qu'une  faible  portion  de  leurs  travaux, 
a  et  le  sentiment  que  j'avais  de  la  comparaison  qu'ils 
«  devaient  faire  entre  leur  nouveau  guide  et  celui  qu'ils 
«  avaient  perdu  ajoutait  à  la  défiance  que  mes  propres 
«  connaissances  devaient  m'inspirer. 


77 

<*  Je  les  ai  introduits  toutefois  au  sein  de  la  région 
«  de  granit.  Je  leur  ai  montré  cette  roche  en  place,  et  je 
a  laisse  h  leur  sagacité  à  tirer  de  cette  vue  les  inductions 
«  qu'elle  peut  suggérer. 

«  Je  les  ai  conduits  sur  les  rochers  de  Sers,  le  long 
«  du  pic  d'Ereslitz  et  au  pic  du  Midi.  Je  leur  ai  montré 
«  cet  étonnant  mélange  de  matières  que  les  auteurs  sys- 
«  lématiques  ne  voyent  que  distinctes  et  j'ai  désiré  ainsi 
«  les  faire  lire  dans  cette  page  du  livre  de  la  nature  qui 
«  commanJe  si  impérieusement  la  circonspection  h  qni- 
<i  conque  se  dévoue  à  l'élude  et  a  la  description  des 
o  montagnes. 

«  Ils  ont  vu  la  vallée  de  Gavarnie  où  je  leur  ai 
«  recommandé  les  bases  du  pic  de  Bergons,  du  Cou- 
ce  mélie  et  du  Marboré. 

«  Ils  vous  auront  communiqué  leurs  observations,  les 
«  belles  études  de  Lithologie  dont  ils  emportent  les 
«  pièces,  et  les  dessins  pleins  d'exactitude  que  le  dessi- 
«  nateur  Milhert  a  faits  sur  les  lieux  avec  une  prestesse 
«  qui  fait  honneur  à  son  talent. 

<*  J'ai*  peu  fait  mais  j'ai  Tait  ce  que  j'ai  pu,  et  en 
«  recevant  ces  citoyens  comme  un  ami  des  sciences 
«  doit  recevoir  ceux  qui  les  cultivent,  j'ai  désiré  les 
«  recevoir  aussi  comme  les  compagnons  du  savant  dont 
«  j'avais  souhaité  la  présence. 

«  Recevez,  Citoyen,  les  remerciements  que  je  comp- 
«  tais  vous  faire,  de  bouche,  pour  les  témoignages  de 
«  bienveillance  et  d'estime  que  vous  me  donnez  dans  la 
«  lettre  que  Sl-Àmans  m'a  communiquée.  Un  suffrage  tel 
«  que  le  vôtre  compense  bien  de  faux  jugements,  et  j'ou- 
«  blie  de  longues  souffrances  en  goûtant  un  plaisir  aussi 


78 

a  pur  ;  mais  en  m'imposant  la  tâche  d'en  mériter  de 
«  semblables,  il  rend  peut-être  la  seconde  partie  de  ma 
«  vie  plus  difficile  que  la  première. 

a  Vous  avez  vu  entre  les  mains  du  Professeur  Des- 
«  fontaines,  quelques  fragments  de  plantes,  tels  que  j'ai 
«  pu  les  lui  envoyer  dans  de  simples  lettres ,  faute 
«  d'occasion  de  transports.  C'est  une  bien  petite  partie 
«  de  celles  que  j'ai  recueillies,  car  j'en  possède  actuel- 
«  lement  plus  de  quinze  cents  espèces.  Je  suis  fort 
«  riche  en  Saxifrages,  mais  ce  genre  a  besoin  de  nom- 
a  breux  éclaircissements  et  c'est  a  vous  à  les  donner. 
«  Puissé-je  éire  bientôt  en  état  d'aller  faire  un  pèleri- 
«  nage  ou  chez  vous,  ou  vers  le  premier  dépôt  public 
«  qui  possédera  votre  ouvrage,  vous  rendre  ainsi  celles 
«  de  mes  plantes  nouvelles  sur  qui  vous  exercez  le 
«  droit  de  premier  occupant  et  faire  participer  ainsi 
«  mon  petit  travail  ~à  l'éclat  que  vous  doit  la  botanique 
«  des  Pyrénées. 

«  A  la  lecture  de  votre  prospectus,  j'aurais  abandonné 
«  mon  entreprise  si  j'avais  aspiré  à  faire  une  Flore  des 
«  Pyrénées,  mais  mes  modestes  herborisations  accom- 
«  pagnées  de  quelques  vues  philosophiques  et  économi- 
es ques ,  des  observations  sur  le  climat,  l'échelle  végè- 
te taie,  la  formation  de  l'humus  ;  un  itinéraire  propre  à 
«  guider  le  voyageur,  m'ont  paru  propres  encore  à  faire 
«  rechercher  les  Pyrénées  et  à  y  faciliter  l'élude  des 
«  plantes.  Ma  brochure  ne  sera  qu'une  modeste  iotro-. 
«r  duclion  a  l'histoire  naturelle  de  ces  montagnes  et  un 
«  hommage  de  plus  à  vos  travaux. 

«  Mon  livre  a  la  main,  je  ne  serai  ici  qu'un  autre 
«  Jacoti,  un  peu  plus  au  courant  que  celui  d'esté  des 


79 

«  principes  de  la  science.  C'est  &  le  but  où  j'aspire,  el 
«  si  le  gouvernement  accordait  h  mon  travail  on  regard 
a  de  protection,  s'il  voulait  me  faciliter  les  moyens  de 
<c  naturaliser  un  peu  l'instruction  publique  en  ce  dépar- 
te tement,  je  bornerais  mes  vœux  à  y  être  berborisateur 
«  en  titre  el  correspondant  du  jardin  des  Plantes  de 
«  Paris.  Avec  cet  avantage,  je  serais  bien  malheureux 
a  si  je  ne  finissais  pas  par  établir  un  jardin  botanique  en 
«  ce  pays,  et  je  croirais  n'avoir  pas  mal  mérité  des 
a  sciences  et  de  ce  département  une  fois  que  j'aurais 
«  ainsi  conclu  un  traité  d'alliance  entre  l'établissement 
ce  central  de  Paris  et  ces  montagnes  qui  en  sont  Tan- 
ce nexe  naturel. 

«  Voilà,  Citoyen,  les  projets  d'un  homme  dont  la  (en- 
ce  dance  fut  toujours  dirigée  vers  les  sciences  naturel- 
ci  les  qu'il  a  néanmoins  plus  aimées  que  cultivées  et*  qui 
«  s'y  renferme  aujourd'hui  pour  obéir  enfin  à  sa  voca- 
ce  tion.  L'esprit  brisé  par  les  affaires,  la  santé  altérée 
a  par  l'infortune,  il  lui  reste  seulement  ce  qui  lui  est 
ce  nécessaire  pour  un  genre  de  travail  où  le  goût  ranime 
ce  le  courage.  Ainsi,  je  serai  encore  membre  utile  de  la 
ce  société  el  je  payerai  ma  dette  à  ma  Patrie  selon  la 
«  médiocrité  de  mes  moyens. 

ce  En  quelque  moment  donc  que  vous  jugiez  a  propos 
te  de  revoir  ce  pays,  soyez  sûr  d'y  trouver  un  disciple, 
«  un  ami.  Puissé-je,  par  mes  exemples,  vous  en  prépa- 
ie rer  ici  beaucoup  d'autres. 

<c  Salut  el  Fraternité. 

«  Ramond.  » 

Dralet,  qui  avait  déjà  voyagé  dans  les  Pyrénées,  fit  la 
rencontre  de  Ramond  en  1797,  devint  son  ami  et  le  sui- 


80 

vit  dans  plusieurs  de  ses  explorations,  notamment  dans 
le  second  voyage  au  Mont-Perdu,  et  Ramond  écrivit  qu'il 
lui  devait  la  plus  belle  observation  faite  dans  cette 
exploration  périlleuse <10).  La  prétendue  découverte  de 
Ramond  fut  aisément  adoptée  par  les  maîtres  de  la 
science.  Lapcyrouse,  intrigué  plus  que  personne,  s'adressa 
à  Dralel,  à  Frizac  son  élève ,  qui  devait  accompagner 
Ramond,  et  je  rapporte  ici  les  renseignements  inédits 
qui  lui  parvinrent.  Dralet  observait  avec  génie,  il  écrivait 
avec  élégance  et  sa  lettre  qui  suit  est  pleine  d'intérêt. 
Cette  lettre  fut  le  prélude  de  l'excellent  livre  sur  les 
Pyrénées 'H>  qu'il  publia  plus  tard'  et  dont  il  avait  sans 
doute  conçu  le  plan  dans  sa  course  de  Tannée  1797. 

«  Auch,  21  vendémiaire,  an  VI. 

«  Citoyen, 

«  Je  reçois  a  l'instant  une  lettre  du  citoyen  Boussés 
«  qui  me  Tait  part  de  celle  que  vous  lui  avez  écrite  rela- 
ie tivement  au  Mont-Perdu.  Je  voudrais  bien  pouvoir 
«  répondre  d'une  manière  satisfaisante  à  vos  questions, 
«  mais  le  peu  de  connaissances  que  j'ai  sur  l'histoire 
«  naturelle,  et  le  peu  d'habitude  que  j'ai  de  faire  des 
a  observations  sont  cause  que  je  ne  remplirai  vos  vues 
«  que  d'une  manière  très  imparfaite. 

«  La  neige  qui  remplit  la  Honrque  de  Tuquarouille 
«  s'étant  trouvée  beaucoup  plus  dure  que  ne  l'avait  cru 
«  le  citoyen  Ramond,  il  fut  plus  difficile  et  plus  long 
«  d'y  creuser  des  marches,  et  nous  employâmes  quatre  a 
«  cinq  heures  h  nous  élever  à  travers  cette  neige,  tandis 


81 

«  que  nous  avions  pensé  que  c'était  l'affaire  de  deux  heu- 
«  res.  Arrivés  au  sommet  de  cette  Hotirque,  nous  eûmes 
«  le  spectacle  imposant  du  sommet  du  Mont-Perdu  et  du 
«  Cylindre  du  Marboré.   Noos  descendîmes  vers  le  lac 
«  par  un  éboulis  qui  se  trouve  à  peu  près  vis-à-vis  l'in- 
«  tervalle  qui  est  entre  le  Cylindre  et  le  Mont-Perdu. 
«  Vers  le  tiers  de  celle  descente,  je  fls  à  la  bâte  le  mau- 
«  vais  croquis  qne  je  joins  ici.  On  trouve  daus  les  roches 
«  calcaires  qui  avoisinent  ces  éboulis  des  coquillages 
«  dont  on  ne  peut  guère  définir  l'espèce ,  pétrifiés  de 
«c  matières  siliceuses.  Au  pied  de  cet  éboulis  se  trouve  la 
«  partie  occidentale  du  lac.  H  a  la  forme  d'un  fer  k 
«  cbeval  dont  l'arrondissement  se  trouve  vers*  l'orient,  et 
«  les  branches  sont  terminées  vers  l'occident.  Sa  plus 
«  grande  largeur,  du  nord  au  midi,  me  parut  pouvoir 
«  être  estimée  à  cent  toises,  et  sa  longueur,  du  levant  à 
«  l'occident,  à  cent  cinquante.  Ses  eaux,  couleur  aiguë- 
«  marine,  étaient  couvertes  de  gros  glaçons  ;  et  nous 
«  reconnûmes  bientôt  que  son   trop  plein   versait   en 
«  Espagne  par  la  vallée  d'Eousse.  Descendus  au  bord  de 
«  ce  lac,  nous  calculâmes  le  temps  qui  nous  restait,  et 
«  nous  reconnûmes  l'impossibilité  de   nous  approcher 
«  soit  du  Cylindre,  soit  du  Mont-Perdu.  Au  reste ,  nos 
«  guides  sont  persuadés  qu'il  est  possible  de  parvenir  à 
«  l'un  et  à  l'autre,  en  tournant  le  lac,  soit  du  côté  du 
«  levant,  soit  du  côté  du  couchant. 

a  Le  Cylindre  ne  présente  qu'une  masse  énorme  de 
«  glaces,  accumulées  par  couches  parallèles,  jusques  au 
«  sommet  qui  est  lui-même  entièrement  de  glace.  C'est 
«  ce  Cylindre  et  les  glaciers  qui  se  trouvent  à  son  côté, 
«  au  couchant,  qui  alimentent  le  lac  qui  fournit  les  eaux 

G 


82 

«  de  la  fameuse  cascade  de  Gavarnie,  et  tonséqueniment 
«  celles  de  l'Adour.  C'est  ce  qui  nous  a  été  assuré  par 
«  le  citoyeo  Ramond  et  par  nos  guides. 

«  Vous  demandez,  citoyen,  si  nous  avons  approché 
«  des  glaciers  ?  Non  :  nous  en  avons  toujours  été  sépa- 
«  r es  par  la  largeur  du  lac;  mais  on  ne  peut  les  con- 
«  fondre  avec  la  neige,  soit  à  cause  de  leur  couleur 
«r  bleuâtre,  soit  a  cause  de  I  ur  cassure,  soit  à  cause  de 
«  leurs  fentes  i  peu  près  perpendiculaires. 

«  Nous  voilà  donc  au  bord  du  lac,  nous  croyons  qu'il 
a  serait  trop  dangereux  d'aller  descendre  la  Hourque  de 
«  Tucairouille,  par  laquelle  nous  étions  venus,  et  nous 
«  prenons  le  parti  d'aller  descendre  dans  la  vallée 
«  d'Eoosse,  pour  revenir  par  le  pont  du  Pinel.  Cepen- 
«  danl,  le  plus  hardi  de  nos  guides  nous  quille  et  va 
a  repasser  par  la  Hourque,  pour  avoir  soin  de  nos  che- 
«  vaux  et  de  nos  équipages. 

«  Nous  tournons  le  lac  au  nord,  nous  dirigeant  vers 
«  l'Est.  (I  faut  traverser  des  neiges  inclinées  d'environ 
a  50  degrés,  sur  une  largeur  de  plus  de  deux  cents  pieds, 
«  et  aboutissant  immédiatement  an  lac.  Le  pied  manque 
ce  à  un  de  nos  guides,  il  fait  une  glissade  de  plus  de  50 
«  pieds,  et  se  retient  heureusement  à  quelques  toises  du 
a  lac.  Nous  touchons  terre  au  levant.  Les  rochers  qui  se 
«  présentent  au-dessus  des  neiges,  comme  des  îles,  sont 
«  remplis  d'huitres  pétrifiées.  Toutes  sont  adhérentes  aux 
«  rochers.  Leur  forme  est  très  bien  conservée  ;  mais  il 
«  est  difficile  de  les  en  détacher,  de  manière  que  celles 
ce  que  l'on  emporte  sont  très  défigurées.  Les  Madrépores, 
«  Millipores,  etc.,  se  détachent  plus  facilement,  et  on  les 
«  a  avec  une  plus  belle  conservation.  On  trouve  isolément 


83 

ci  au  pied  de  quelques  rochers,  des  pétrifications  siliceu- 
«  ses,  que  Ton  est  tenté  de  prendre  pour  des  os.  Elles 
«  sont  cylindriques,  et  on  remarque  dans  leur  centre 
«  une  substance  réticulaire  semblable  à  celle  des  os  ; 
«  mais  la  forme  extérieure  ne  ressemble  k  celle  d'aucun 
«  os  d'animaux  connus. 

m  Le  soleil  commence  à  baisser  et  nous  avertit  qu'il  est 
«  temps  de  quitter  ce  beau  théâtre.  Nous  y  jetons  un 
ce  dernier  coup  d'oeil,  et  nous  remarquons  que  l'ensem- 
«  ble  de  tout  ce  que  nous  avons  vu  présente  une  espèce 
«  d'ovale  allongé,  dont  le  grand  diamètre  est  borné  au 
«  couchant  par  des  rochers  peu  élevés,  «formant  une 
«  sorte  de  balustrade,  derrière  laquelle  doit  être  le  lac 
«  de  la  Cascade  de  Gavarnie;  au  levant  par  d'autres 
«  rochers  à  travers  lesquels  s'échappent  les  eaux  super- 
ce  flues  du  lac  du  Mont-Perdu.  Le  petit  diamètre  de  cet 
ce  oiale  a  au  midi  le  cylindre  et  la  calotte  du  mont,  et 
ce  au  nord  des  rochers  élevés  couverts  en  partie  de  neige. 

«  Nous  voilà  sur  la  limite  d'Espagne  ;  nos  regards  se 
«  plongent  sur  l'inconcevable  vallée  d'Eousse,  et  jouis- 
ce  sent  du  contraste  le  plus  frappant.  Cette  vallée,  dirigée 
«  du  levant  au  couchant,  se  prolonge  en  ligne  droite 
ce  sur  une  longueur  de  près  de  deux  lieues.  Des  rochers 
ce  noirs,  secs,  nuls  pour  la  végétation,  coupés  perpen- 
ce  diculairement,  la  bornent  dans  sa  largeur;  ils  sem- 
«  bleut  des  remparts  dont  la  formation  merveilleuse  a 
ce  été  produite  par  l'art  et  la  nature.  Le  fond  de  la 
«  vallée  est  un  sable  blanchâtre,  dont  la  monotonie  n'est 
ce  interrompue  que  par  un  filet  d'eau  alimenté  par  le  lac 
ce  du  Mont-Perdu,  par  quelques  pins,  et  par  de  rares 
«  pâturages.  Cependant  ces  lieux  sauvages  ne  sont  pas 


84 

«  lout-à-fail  déserts.  On  remarque  à  quelque  dislance 
«  quatre  à  ciuq  maisonnettes  et  une  chapelle. 

«  Nous  descendons  avec  grande  peine  dans  cette 
«  vallée.  La  montagne  du  haut  de  laquelle  nous  avons 
a  l'air  de  nous  précipiter,  n'a  rien  d'intéressant  que 
«  son  extrême  escarpement,  et  quelques  belles  cas- 
«  cades;  plusieurs  ont  tari  avec  la  fin  de  la  fonte  des 
«  neiges. 

«  Nous  nous  tournons  vers  le  nord  pour  aller  joindre 
«  le  port  du  Pinet  (ou  Pinède).  Nous  nous  élevons  a 
«  travers  des  masses  de  grès  remarquables  par  des 
«  protubérances  siliceuses,  affectant  diverses  formes. 
«  Le  citoyen  Ramond  y  découvre  et  détache  de  la  roche 
«  une  coquille  bivalve  connue  communément  sous  le 
«  nom  de  Peigne. 

«  Nous  arrivons  dans  la  partie  Espagnole  du  port  du 
«  Pinet;  une  espèce  de  chemin  y  est  pratiqué  dans  des 
a  éboulis  très  divisés.  Prévenu  que  Ton  soupçonnait 
«  dans  ces  éboulis,  des  pétrifications  osseuses,  je  les 
«  considère  avec  beaucoup  d'attention.  Bientôt  je  trouve 
«  une  pierre  arrondie  d'un  côté  et  cassée  au  côté 
«  opposé.  Sa  forme  et  ses  dimensions  me  font  penser 
«  que  ce  peut  être  une  tête  humaine,  elle  me  parait 
«  cependant  un  peu  plus  grosse  que  la  tête  des  hommes 
or  ordinaires.  Je  cherche  les  scissures  des  pièces  osseuses 
«  du  crâne,  je  n'en  trouve  aucune  trace.  J'examine  si 
«  les  orbites  paraissent,  et  je  ne  remarque  qu'un  faible 
«  linéament  qui  m'annonce  assez  l'intervalle  de  la  cavité 
«  d'un  orbite,  et  de  la  matière  étrangère  qui  a  pu  le 
«  remplir.  Je  ne  trouve  ensuite  aucune  marque  d'orga- 
«  nisation  à  la  partie  que  je  suppose  la  base  du  crâne. 


85 

«  J'abandonne  avec  quelque  regret  celle  pièce  qu'il  m'a 
«  été  trop  difficile  d'emporter. 

a  A  quelque  distance  j'en  trouve  une  autre,  dont 
«  la  (orme  bizarre  me  rappelle  celle  des  parties  des 
«  Innominés  que  l'on  appelle  Mon  ou  Ischion  (un 
«des  trois  os);  mêmes  doutes,  mêmes  difficultés  que 
«  pour  la  première,  et  même  parti. 

«  La  seule  chose  que  j'ai  amassée  est  une  pétriiica- 
«  tion  calcaire  dont  la  forme  approche  beaucoup  d'an 
«  calcaveum  (os  du  talon).  Elle  en  diffère  cependant  en 
ce  ce  quelle  est  un  peu  aplatie  dans  sa  longueur,  mais 
<c  cela  n'empêche  pas  d'y  remarquer  des  apophyses 
«  et  des  cavités  qui  ne  sont  propres  qu'au  calcaneum  ; 
ce  ce  qu'il  y  a  de  plus  frappant,  c'est  la  contexlure  de 
«  la  partie  compacte  de  ces  os,  qui  me  parait  fort  bien 
ce  conservée.  Je  croyais  avoir  perdu  cette  pétrification, 
ce  J'ai  eu  d'autant  plus  de  plaisir  à  la  retrouver  que  je 
ce  me  propose  de  vous  l'offrir,  et  je  profiterai,  citoyen, 
ce  de  la  première  occasion  pour  vous  l'envoyer. 

«  J'oubliais  de  vous  dire  qu'en  allant  k  Gavarnie  j'ai 
c<  trouvé  près  de  Gèdres,  dans  un  éboulis,  une  pétrification, 
ce  oa  pour  mieux  dire,  une  incrustation  fort  intéres- 
cc  santé;  elle  présente  un  groupe  de  trois  moules  plus 
ce  grands  que  les  moules  fluviatiles.  La  forme  extérieure 
ce  est  très  bien  conservée.  Le  citoyen  Ramond,  à  qui 
ce  j'en  ai  fait  cadean,  croit  comme  moi,  que  ce  sont 
or  effectivement  des  moules. 

«  Voilà,  citoyen,  une  longue  lettre,  mal  écrite,  mal 
ce  ordonnée,  mal  griffonnée.  Je  la  livre  à  votre  indol- 
ce  gence.  J'ai  été  obligé  de  l'écrire  très  à  la  hâte  afin 
ce  de  pouvoir    profiter   du    départ  du   courrier.   Telle 


a  qu'elle  est,  mon  but  serait  bien  mal  rempli  si  vous  ne 
«  la  receviez  pas  comme  une  marque  du  désir  bien 
«  sincère  que  j'aurais  de  vous  être  agréable. 

«  Agréez,  je  vous  prie,  citoyen,  l'hommage  de  mon 
«  respectueux  attachement. 

«  Dralet.  » 

Lapeyrouse  tira  probablement  parti  de  celte  lettre  du 
compagnon  du  nouveau  voyage  de  Ramond ,  qu'il  avait 
attendue  pour  mettre  la  dernière  main  à  son  mémoire  sur 
le  voyage  au  Mont-Perdu.  Mais  il  n'en  lira  sans  doute 
pas  tout  le  parti  utile,  car  il  lui  répugnait  trop  d'aban- 
donner son  premier  sentiment  sur  l'existence  dans  les 
Pyrénées  de  restes  de  grands  quadrupèdes.  Voici  ce  que 
son  ami  Gillet-Laumont,  membre  du  conseil  des  mines 
et  de  l'ancienne  Académie  des  scienees,  lui  écrivit  le  20 
frimaire  an  VI  (10  décembre  1797)  : 

.     a  Mon  cher  ami, 

«  J'ai  reçu  ton  mémoire.  Je  n'ai  pas  perdu  un  instant 
et  il  a  été  annoncé  et  lu  à  l'Institut.  Mais  le  citoyen 
Ramond  avait  écrit  environ  huit  jours  avant  toi  une  let- 
tre sur  ses  deux  voyages  qui  venait  d  être  lue  lorsque 
j'ai  reçu  ton  mémoire.  J'ai  Tait  les  changements  que  tu 
as  désiré.  Ton  étude  m'a  fait  beaucoup  de  plaisir.  Elle 
contient  des  observations  fort  importantes,  entr'autres 
celle  des  feuillets  verticaux  des  bases  calcaires  horizon- 
talcs,  qui  forment  le  sommet  du  Mont-Perdu  et  des  mon- 
tagnes environnantes;  il  se  pourrait  que  dans  quelques 
occasions  on  eût  pris  pour  des  couches  redressées  ce 
que  tu  y  indiques  fort  bien  pour  les  avoir   trouvées  en 


87 

place.  On  aurait  peut-être  pu  le  faire  le  reproche  d'avoir 
voulu  laisser  croire  que  lu  es  monté  aussi  haut  que  le 
citoyen  Ramond  par  la  manière  que  tu  décris  le  voyage 
que  l'on  y  a  fait  (et  plusieurs  personnes  l'ont  observé  à 
la  lecture),  mais  tu  ne  parles  que  du  premier  et  d'un 
seul  voyage,  tandis  que  Ramond  parle  d'un  premier  et 
d'un  deuxième  voyage,  dans  lequel  il  a  trouvé  le  lac 
dégelé.  Tu  recevras  ton  mémoire  imprimé  dans  un  des 
prochains  numéros  du  journal.  » 

La  publicité  donnée  aux  voyages  du  Mont-Perdu  et 
l'aurait  que  Ramond  sut  donner  à  sa  narration  excita 
partout  une  vive  curiosité,  et  créa  des  émules  plus  ou 
moins  heureux  de  ses  ascensions  périlleuses.  Parmi  les 
récits  qui  furent  adressés  à  Lapeyrouse  et  demeures 
inédits,  jç  puise  encore  dans  les  lettres  autographes  lais- 
sées  par  le  savant  naturaliste  celle  d'un  érudit  Toulou- 
sain, Auguste  d'Aldéguierf*',  qui  joignait  au  talent  de 
l'historien  l'art  du  peintre  fidèle  et  qui  avait  coopéré 
avec  Redouté  à  faire  revivre  dans  la  Flore  des  Pyrénées, 
les  plantes  nouvelles  décrites  par  Lapeyrouse.  Voici  cette 
lettre  datée  de  Toulouse,  le  4  octobre  1805  : 

< 
«  Je  crois  vous  faire  plaisir,  Monsieur,  en  vous  eu  voyant 

une  notice  d'un  petit  voyage  qui  vient  d'être  entrepris 
sur  le  Mont-Perdu  avec  une  hardiesse  et  une  rapidité 
dont  l'on  trouve  peu  d'exemples  dans  les  voyages.  Elle 
vous  intéresse  en  ce  que  elle  contrarie  les  observations 
faites  par  M.  Ramond  dans  son  premier  voyage  sur  celle 
principale  élévaiioo  du  globe;  et  qu'elle  se  trouve  d'ac- 
cord avec  ses  secondes  observations  faites  avec  plus  de 


88 

soin  et  sur  les  lieux  mêmes,  observations  dont  il  a  rendu 
compte  dans  le  Journal  des  mines  du  mois  de  thermidor 
an  II.  Ce  voyage  n'ayant  été  qae  de  pure  curiosité  et 
ayant  été  fait  sans  projet,  ne  contient  ni  observations 
météorologiques,  ni  botaniques,  ni  géologiques.  Son  auteur 
se  propose  de  le  refaire  l'année  prochaine  avec  quelques 
amateurs  de  ces  sciences  qu'il  prétend  être  aussi  intré- 
pides piétons  que  lui,  ce  qui  ne  laisse  pas  que  d'iotri- 
goer  un  peu  H.  Ramond.  Il  craint  qu'on  n'ait  de  meil- 
leurs yeux  ou  de  meilleurs  instruments  que  lui,  d'autant 
que  le  jeune  homme  dont  il  est  ici  question  parait  être 
instruit  et  très  capable  d'examiner  l'état  de  ces  monta- 
,  gnes  de  sang-froid  et  sans  système  ni  prévention,  ce  qui 
est  beaucoup  pour  démêler  et  faire  connaître  la  vér  té. 
«  Ce  voyage  a  été  entrepris  par  M.  Charles  de  Béran- 
ger,  qui  se  trouvait  à  Cauterets  à  la  suite  de  Mlle  Xascber, 
nièce  de  l'Impératrice.  Il  est  parti  de  Cauterets,  le 
mercredi  10  fructidor,  à  trois  heures  du  matin,  par  la 
vallée  de  Entou,  a  monté  la  montagne  d'Osson,  est  arrivé 
à  Gavarnie  à  deux  heures  de  l'après-midi  ayant  toujours 
marché.  (J'oubliais  de  vous  dire  qu'il  avait  pour  guides 
le  nommé  Martin,  porteur  de  Cauterets,  Michel  Pins, 
chasseur  d'izards  de  Cauterets,  et  Rondeau,  de  Barèges, 
le  même  qui  accompagna  M.  Ramond  dans  sa  première 
ascension  et  dont  il  est  souvent  fait  mention  dans  la 
relation  qu'il  en  a  faite,  dette  particularité  doit  être  notée, 
car  elle  devient  une  circonstance  aférante  en  raison  des 
prétentions  de  M.  Ramond  et  de  ses  amis  qui  disent  que 
M.  de  Béranger  n'a  pas  été  conduit  sur  le  dernier  som- 
met du  Mont-Perdu).  Il  est  reparti  à  quatre  heures  de 
Gavarnie,  après  y  avoir  pris  un  potage.  A  cinq  heures  il 


89 

a  été  rendu  ao  pied  de  la  grande  cascade,  et  '  est  arrivé 
à  hait  heores  sur  la  brèche  Rolland  sans  avoir  pris  de 
repos  et  ayant  marché  demi-heure  de  nuit  sur  les  glaciers. 
Il  a  passé  la  nuit  sur  la  brèche  Rolland,  du  côté  de 
l'Espagne,  s'est  reposé  huit  heures,  et  à  quatre  heures 
du  matin  il  était  sur  pied  et  a  recommencé  son  voyage 
vers  le  pont  de  Gnatis  qu'il  a  traversé  ;  après  quoi  il  a 
recommencé  à  gravir  sur  le  Mont-Perdu  par  le  chemin 
le  plus  droit  et  le  plus  court,  (ce  doit  être  par  la  partie 
du  sud  dont  parle  M.  Ramond,  qu'il  dit  être  découverte 
et  très  escarpée,  puisque  les  neiges  ne  peuvent  s'y  sou- 
tenir et  qu'elles  forment  un  glacier  h  neuf  mètres  au 
dessous)  et  le  plus  difficile?  Le  voyageur  est  arrivé  h  six 
heures  et  quan  à  60  toises  de  la  cime.  Après  avoir 
traversé  les  glaciers,  le  vent  a  été  constamment  impé- 
tueux ;  il  a  séjourné  trois-quarts  d'heure  &  cette  hauteur 
de  60  toises  au  dessous  de  la  cime  pour  attendre  que  le 
vent  se  calmât,  mais  voyant  que  son  attente  était  inutile, 
il  a  pris  le  bras  d'un  des  guides  qui  lui-même  s'est 
attaché  h  ses  compagnons,  et  se  soutenant  ainsi  les  uns 
les  autres  pour  n'être  pas  emportés,  se  cramponnant  aux 
rochers,  ils  ont  triomphé  d*  tous  les  obstacles  et  à  onze 
heures  et  demie  du  matin  leurs  quatre  têtes  ont  dépassé 
la  cime  altière  de  ce  mont.  M.  de  Béranger  a  gravé  son 
nom  et  celui  de  ses  trois  guides  sur  la  roche  de  cette 
cime  et  après  y  avoir  séjourné  un  quart-d'heure  par  un 
vent  tempétueux,  il  a  gagné  les  tours  du  Marboré  en 
longeant  par  la  crête  toutes  les  murailles  extérieures  du 
cirque  de  Gavarnie  a  travers  des  neiges,  des  pics  et  des 
précipices  affreux  inconnus  aux  contrebandiers  et  inabor- 
dés jnsqn'à  ce  jour'.  Il  est  arrivé  a  nouveaU'stfr  la  brèche 


nu 

Rolland  par  la  muraille  même.  Arrivé  à  quatre  heures 
à  ladite  brèche,  il  eu  est  descendu  et  est  arrivé  fe  sept 
heures  et  quart  au  village  de  Gavarnie,  où  il  a  passé  la 
nuit;  il  a  été  diner  le  lendemain  k  St-Sauveur,  et  est 
rentré  aCauterets  par  le  pic  de  Viscos  et  la  montagne  de 
Lisay. 

«  Ce  voyage  est  le  plus  remarquable  qui  ait  encore 
été  fait  sur  les  Pyrénées.  Michel  Pin  et  Rondeau,  dont 
l'intrépidité  est  connue  daos  ce  pays,  ont  été  souvent 
effrayés  de  celle  du  jeune  voyageur.  Ils  n'avaient  jamais 
rien  vu  d'aussi  affreux  que  l'aspect  de  certains  chemins 
qu'ils  se  sont  pratiqués  à  travers  les  rochers  et  les  pré- 
cipices. La  première  journée  ils  ont  marché  douze 
heures  sans  s'arrêter  qu'une  heure  à  Gavarnie,  et  la 
seconde  a  été  peut-être  plus  fatigante  encore. 

«  M.  de  Béranger  ne  connaissant  pas  la  notice  que 
M.  Ramond  fil  insérer  dans  le  Journal  des  mines  de 
Thermidor,  an  II,  et  n'ayant  lu  que  le  premier  voyage 
où  il  est  dit  que  la  dernière  cime  du  Mont-Perdu  est 
couverte  de  neige,  assura  que  ce  voyageur  s'était  trompé, 
que  ses  flancs  seulement  élaieut  couverts  de  glace,  ce 
qui  se  trouve  d'accord  avec  les  secondes  observations. 

«  La  présente  notice  est  de  la  plus  grande  exactitude 
et  vérité.  Il  vous  sera  aisé  de  juger  vous-même  du  peu 
de  fondement  des  allégations  que  font  à  M.  de  Béranger 
les  amis  de  M.  Ramocd  ;  et  que  c'est  réellement  la 
cime  du  Mont-Perdu  sur  laquelle  il  a  gravé  son  nom  et 
celui  de  ses  guides.  D'abord  les  observations  qu'il  a 
faites  sur  ce  pic  se  trouvent  d'accord  avec  les  secondes 
observations  de  M.  Ramond  ;  en  second  lieu,  Rondeau* 
qui  avait  été  un  des  conducteurs  de  Ramond,  avait  vu 


91 

le  Mont-Perdu,  en  connaissait  la  dernière  cime.  Il  y  a 
par  conséquent  de  la  mauvaise  foi,  du  ridicule  même,  à 
vouloir  assurer  qu'il  a  été  mal. conduit.  D'ailleurs  oa 
aura  toujours  le  droit  de  renvoyer  les  sceptiques  à  la 
dite  cime  pour  y  vérifier  si  les  noms  du  voyageur  et  de 
ses  trois  guides  se  trouvent  gravés  sur  le  rocher. 

«  J'ai  cru  vous  obliger  eu  vous  envoyant  cette  petite 
relation;  rien  de  ce  qui  intéresse  les  sciences  et  les  arts 
ne  vous  est  indifférent  et  la  témérité  ou  plutôt  la  noble 
audace  du  jeune  voyageur  n'ayant  eu  pour  but  que 
l'acquisition  de  nouvelles  connaissances  doit  nécessaire* 
ment  faire  plaisir  a  celui  qui  en  possède  de  si  étendues. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  saluer,  et  vous  prie  de  me 
croire,  avec  considération  et  amitié,  votre  dévoué  ser- 
viteur, 

«  Auguste  d'Aldéguier.  » 

On  avait  cru  que  Taxe  de  la  chaîne  des  Pyrénées 
était  calcaire  parce  que  dans  ces  montagnes  la  zone 
calcaire  est  plus  élevée  que  la  zone  granitique.  Ramond 
prouva  par  ses  observations  que  les  Pyrénées  ne  diffèrent 
pas  des  autres  chaînes  alpines  par  l'ordre  de  succession 
des  bandes  grauitiqaes,  schisteuses  et  calcaires,  mais 
seulement  par  les  rapports  de  hauteur  de  ces  bandes. 
A  son  second  voyage,  Ramond  détermina  les  limites  des 
neiges  permanentes  et  celles  de  la  végétation  dans  cette 
portion  remarquable  de  la  chaîne  des  Pyrénées.  Les 
neiges  s'arrêtent  à  2,440  mètres  ;  les  bois,  notamment 
les  Pins,  finissent  à  2,150  mètres.  Parmi  les  arbris- 
seaux qui  leur  succèdent,  le  Genévrier  est  l'espèce  qui 
croît  à    la   plus  grande   hauteur.    A   2,760  mètres  on 


9* 

trouve  le  Rannnculus  parnassiœfolius ,  les  Saxifraga 
Grœnlandica,  androsacea  et  oppositifolia  le  Ranunculus 
glaciaUs,  etc.,   qui  fleurissent  au  milieu  des  frimas. 

Résumant  les  droits  que  Ramond  et  Lapeyronse  ont 
acquis  k  la  reconnaissance  dés  géologues,  on  pent  dire 
que  Lapeyrouse  est  le  premier  naturaliste  français  qui  a 
distingué  le  calcaire  primitif  du  calcaire  secondaire,  et 
que  Ramond  a  démontré  le  premier  l'existence  du  ter- 
rain de  transition  dans  les  Pyrénées. 

Sous  le  rapport  des  droits  de  ces  deux  savants  à  la 
reconnaissance  des  botanistes,  la  somme  de  travaux  la 
plus  importante  revient  à  Lapeyrouse,  qui  a  décrit  une 
grande  quantité  de  plantes  ayant  survécu  aux  vicissitudes 
de  la  nomenclature  et  qu'on  retrouve  sous  son  nom 
dans  les  Flores  les  plus  récentes.  UÂreixaria  ceraslifolia, 
le  Medicago  suffruticosa,  etc.,  appartiennent  à  Ramond, 
et  le  Ramondia  Pyrenaica,  Rich.,  que  Ramond  a 
signalé  exclusivement  sur  les  rochers  des  Pyrénées- 
Orientales  et  centrales  qui  se  dirigent  du  Nord  au  Sud, 
consacre  à  jamais  sa  mémoire.  Les  dédicaces  de  l'amitié 
n'ont  pas  tait  défaut  b  Picot  de  Lapeyrouse.  Roemer,  son 
zélé  correspondant,  a  donné  le  nom  de  Piœtia  à  une 
Borraginée  qui  est  représentée  en  France  par  deux 
espèces  et  une  Lapeyrousia  rappelle  un  sous-arbrisseau 
du  Cap  que  le  savant  Thumberg,  successeur  de  Linné, 
décrivit  sôus  ce  nom  pour  honorer  le  Professeur  de 
Toulouse,  son  ami.  Plus  près  de  nous,  M.  Jordan  a 
fait  le  Galium  Lapeyrousiamm  d'une  nouvelle  Rubiacée 
Prrénéenne. 


93 


NOTES. 


(1)  Le  pic  granitique  de  Nétkon  qui  lait  partie  de  la  Maladette,  le' 
poiot  le  plus  élevé  des  Pyrénées,  s'il  faut  croire  l'auteur  de  l'article 
Pyrénées  du  Dictionnaire  de  la  Conversation ,  deuxième  édition, 
mesurerait  2,574  mètres  Bien  queReboul,  en  1816,  n'assigne  à  ce  pic 
que  3,483  mètres,  il  était  encore  le  point  le  plus  élevé  de  la  chaîne  et 
Ramond  s'était  trompé  en  indiquant  le  point  d'élévation  extrême  au 
Mont-Perdu.  Des  évaluations  faites  en  4844  par  MM.  Koflenser  et 
Btentzicoff  donnent  au  pic  de  NeLhou  3,543  mètres  et  au  Mont-Perdu 
3,346  et  non  3,426  comme  l'a  écrit  Ramond.  Reclus  en  1870,  d'après 
Y.  Petit,  fixe  la  hauteur  du  Mont-Perdu  à  3,351  mètres. 

A  une  époque  que  l'état  de  nos  connaissances  nous  empêche  de  pré- 
ciser avec  exactitude  et  qui  doit  se  perdre  dans  la  succession  des  âges, 
les  Monts-Pyrénéens,  ces  montagnes  de  transport,  devaient  avoir  une 
élévation  bien  supérieure  à  celles  qu'atteignent  aujourd'hui  leurs  cîmes  les 
plus  élancées.  La  Providence  a  seule  le  secret  de  ces  grandes  catastro- 
phes qui  ont  brisé  les  sommets  et  les  ont  fait  retomber  sur  leurs  bases. 
Si  l'on  est  encore  loin  de  s'entendre  sur  l'origine  des  vallées,  des  gorges, 
des  ravins,  on  doit  cependant  admettre  d'une  manière  générale  que 
parmi  ces  dépressions  des  saillies  terrestres,  les  unes  commencèrent  par 
être  soit  des  plissements  de  strates,  soit  des  failles  de  rochers,  soit  des 
cavernes  intérieures,  comme  l'a  dit  avec  logique  M.  Desnoyers,  graduel- 
lement é vidées,  tandis  que  les  autres  ont  été  peu  à  peu  fouillées  par  le 
temps,  excavées  par  les  neiges,  les  glaces,  les  pluies  et  les  eaux  cou- 
rantes. 

• 

(2)  Palassou  avait  en  quelque  sorte  mis  les  naturalistes  sur  la  voie  de 
la  vérité  en  observant  avec  un  soin  minutieux  les  degrés  de  l'inclinaison 
des  couches  au-dessus  de  la  direction  de  la  ligne  horizontale,  observation 
importante  qui  devait  écarter  la  présomption  du  soulèvement  des  masses 
du  centre  de  la  chaîne.  Le  calcaire  alpin  renferme  une  immense  quantité 
de  débris  de  corps  organisés  (mollusques  mr.iins  univalves  et  bivalves 
ou  polypiers)  mais  nullement  des  débris  d'ossements.  J.  de  Charpentier, 


94 

qui  chercha  ces  ossements  avec  un  soin  minutieux  dans  les  lieux  où  l'on 
prétendait  en  avoir  découverts,  croit  que  Ton  a  pris  pour  ces  sortes  de 
détritus  des  Quartz  néoptères.  Ramond,  moins  enthousiaste   que  Lapey- 
rouse,  et  plus  réservé,  ne  pouvait  admettre  que  ceux  que  Ton  découvrit 
en  sa  présence  fussent  véritablement  des  os.  Il  doutait.......  Lapeyrouse 

ne  partageant  pas  cette  incertitude  écrivit  :  «  Frizac  et  mon  fils  ont 
recueilli  une  belle  suite  d'ossements  pétrifiés  sur  les  bords  du  lac  du 
Mont-Perdu,  ils  ont  rapporté  des  vertèbres  dorsales,  des  fragments  de 
tibia,  d'humérus,  de  fémur  ;  le  tissu  osseux  n'est  point  dénaturé  :  dans 
les  uns  ou  dans  les  autres  il  est  converti  en  silex  ou  agathe  ;  la  cavité 
médulaire  est  souvent  creuse,  et  l'épaisseur  des  parois  osseuses  forte- 
ment prononcée,  et  surtout  dans  des  coupes  heureusement  accidentées. 
Les  dimensions  et  la  figure  de  ces  os  prouvent  qu'ils  ont  appartenu  à 
des  quadrupèdes  de  la  taille  au  moins,  d'un  mulet  de  moyenne  force.  » 
Cette  déclaration  fut  une  très-grave  imprudence. 

(3)  La  première  publication  de  Ramond,  Observations  faites  dans  les 
Pyrénées,  parut  en  1789.  Il  n'est  point  question  de  botanique  dans  cet 
ouvrage.  •  • 

(4)  La  relation  de  ce  voyage  parut  dans  le  Journal  dis  mines,  vendé- 
miaire an  VI  (1798). 

(5)  «  Nous  découvrîmes  à  la  Piquette  d'Endrelilz  et  au  cirque  &Arec, 
non  loin  des  sources  de  l'Adour,  lieu  si  ignoré  et  si  intéressant,  qu'un 
de  mes  disciples,  M.  Bouffés,  a  seul  visité  après  nous,  des  substances  peu 
connues  alors  et  qu'on  n'y  avait  pas  soupçonnées  avant  nous.  Des  grou- 
pes magoifiques  de  cristaux  à'Adulaire.  é'Axinite,  de  grenats  de  diver- 
ses couleurs,  de  Chabasie,  de  Preknite,  que  je  retrouvai  ensuite  autour 
du  lac  de  Leou  ,  de  Koupholtthe,  qui  en  est  le  premier. rudiment  ;  de 
cristaux  de  roche  accidentés  de  plusieurs  manières,  KEpidole  et  d'Har- 
motomn,  dont  je  donnai  un  fragment  à  M.  Ramonl  qui  en  parle,  il  est 
vrai ,  mais  qui  ne  veut  plus  se  souvenir  de  la  main  qui  le  lui  a  pré- 
senté. »  (Lap.,  not.  des  aut.  qui  ont  voy.  dans. les  Pyr.) 

(6)  Tournefort  est  le  botaniste  qui  a  parcouru  le  premier  les  parties  les  plus 
considérables  des  Pyrénées.  Il  débuta  en  1680  parla  visite  du  Rotissillon. 
Il  séjourna  à  Perpignan,  Collioure,  Géret  ;  il  vit  la  Gerdagne,  le  Gon- 
flent et  le  Gapcir  ;  il  s'établit  sur  le  Canigou  et  au  Mont-Louis,  puis, 
passant  par  Mossst  et  Bellegarde,  il  traversa  la  Catalogne  et  vint  stationner 
dans  le  rovaume  de  Valence. 


95 

(7)  Le  Journal  des  mines  (août  1803)  contient  l'indication  des  plantes 
observées  autour  de  Barèges,  dans  un  troisième  voyage  de  Ramond.  Un 
an  avant  sa  mort,  en  1826.  (Lapeyrouse  était  mort  depuis  huit  ans.) 
Ramond  publia  dans  les  Mémoires  du  Muséum,  une  statistique  de  la 
végétation  du  pic  du  midi  de  Bigorre.  A  la  première  époque  il  signale  au 
sommet  40  espèces  phanérogames,  parmi  lesquelles  se  trouvent  plusieurs 
espèces  cosmopolites.  A  la  seconde,  il  a  porté  le  chiffre  de  ce*  espèces  à 
71.  En  1844,  M.  C.  Des  Moulins,  qui  a  écrit  une  relation  très-pittoresque 
de  son  ascension  à  ce  pic,  ne  trouva  à  son  sommet  que  10  plantes 
phanérogames.  Toutefois,  sa  visite  était  tardive,  et  à  la  fin  d'octobre,  la 
végétation  des  sommets  pyrénéens  est  la  plus  reculée  de  la  saison.  En 
septembre  1843,  Léon  Dufour  rapporta  de  cette  curieuse  station  55  espè- 
ces sans  y  comprendre  les  phanérogames  triviales  de  la  première  récolte 
de  Ramond. 

(8)  Voici  Yètat  civil,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  de  ces  plantes 
controversées  : 

1°  Crocus  multifidus,  Ram.,  cité  comme  synonyme  par  Lapeyrouse  du 
Crocus  nudiflorus,  Smith.  Espèce  typique  commune  dans  toute  la  chaîne 
des  Pyrénées.  L'opinion  de  Lapeyrouse  a  prévalu.  MM  Grenier  et 
Godron  ont  suivi  le  sentiment  de  ce  dernier  dans  leur  Flore  de  France. 

2°  Scilla  umbellata,  Ram.,  cité  seulement  comme  synonyme  du  Scilla 
verna,  Huds,  par  Lapeyrouse  qui  mentionne  cette  plante  dans  sa  Flore 
abrégée,  opinion  acceptée  par  tous  les  auteurs. 

3°  Asperula  hirta,  Ram.  Lapeyrouse  rapporte  cette  espèce  à  une 
plante  pyrénéenne  recensée  par  Tournefort.  11  rappelle,  et  Ramond  le 
déclare  aussi,  que  Saint-Amans  a  signalé  cette  aspérule  dans  son  Bou- 
quet des  Pyrénées. 

4°  Passerina  nualis,  Ram.  Espèce  primitivement  décrite  par  Lapey- 
rouse et  figurée  dans  les  actes  de  l'Académie  de  Toulouse,  1172,  sub. 
Daphne  calycina,  puis  rapportée  comme  forme  par  le  même  à  sa  variété 
B.  du  Passerina  juniperifolia,  Flore  Pyr.,  fig.  88.  Cette  espèce  conserve 
aujourd'hui  le  nom  de  Passerina  calycina  de  Lapeyrouse.  Elle  est  poly- 
game et  quelquefois  dioique  ;  cet  ce  dernier  état  qui  servit  à  Ramond 
pour  établir  sa  Passerina  nivalis,  état  qui  ne  saurait  constituer  même 
une  variété. 

5°  Geum  Pyreneum,  Ram.  Lapeyrouse  renvoie  cette  prétendue  espèce 
nouvelle  dans  la  synonymie  de  son  Geum  Tournefortii  de  la  Flore 
abrégée;  mais  le  nom  de  Geum  pyrenaienm,  Willd.,  que  Ramond  ne 
connaissait  pas  lui  a  été  préféré  comme  étant  antérieur  aux  deux  autres. 

6*  Bartsia  spicata,  ham.  Lapeyrouse  donne  à  cette  espèce  le  nom  de 
Bartsia  Fagonii  dans  sa  Flore  abrégée,  du  nom  du  botaniste  qui  selon  le 


% 

Topographiawùl  trouvé  le  premier  cette  plante  dans  les  Pyrénées. 
Ramond,  es  la  décrivant  comme  sa  propre  découverte,  avait  dit  «  qu'elle 
avait  échappé  k  tous  les  botanistes  anciens  et  modernes.  »  On  a  con- 
servé le  n  m  donné  par  Ramond,  malgré  l'argument  sérieux  de  Lapey- 
rouse, à  cause  de  l'antériorité  de  la  première  description.  Ce  qui  a  pu 
donner  une  nouvelle  force  à  ce  jugement,  c'est  l'opinion  de  Bentham  qui, 
révisant  l'herbier  de  Lapeyrouse,  trouva  sous  le  nom  de  Bartsia  F  agonit, 
un  exemplaire  du  Bartsia  alpina.  N 'est-il  pas  permis  de  douter  de  l'au- 
thenticité de  cet  exemplaire  lorsque  l'on  sait  que  l'herbier  du  Aoriste 
Pyrénéen  a  subi  des  maniements  et  des  remaniements  qui  ont  jeté 
depuis  nombre  d'années,  la  plus  grande  confusion  dans  tous  ses  fascicules? 

7»  Senecio  persiccefoliu*,  Ram.  Décrit  par  Lapeyrouse  sous  le  nom 
de  Senecio  Tournefortii.  La  qualification  donnée  par  Ramond  à  ce  Séne- 
çon avait  déjà  été  imposée  par  Tumberg  à  une  autre  Sénécionnée  du  Cap 
et  le  nom  donné  par  Lapeyrouse  pour  rappeler  le  maître  -qui  avait  ins- 
crit la  plante  dans  la  Topographie  botanique  des  Pyrénées  a  été  adopté. 

8*  Mœrendera  bulbocodium,  Ramond.  Cet  auteur  résuma  ainsi  la  défi- 
nition du  nouveau  genre  Mérendère  qu'il  a  fondé  sur  une  espèce  unique 
du  joli  genre  Bu  bocode  :  germe,  style  et  fruits  du  colchique  ;  anthères 
du  Safran,  corole  ou  pour  mieux  dire  calice  du  Bulbocode.  Lapeyrouse 
n'admettait  pas  ce  démembrement  du  genre  Bulbocode  qu'il  avait  figuré 
quant  à  l'espèce  Pyrénéenne  dans  sa  Flore  in-fol.  sous  le  nom  de  Bulbo- 
codium autumnale,  sur  un  échantillon  fourni  par  les  Pyrénées-Orientales  e( 
que  son  ami  Barrera  «  avait  payé  46  livres  au  guide  qui  avait  été  les  chercher 
à  Cambredases .  »  Dans  le  genre  Bulbocode  conservé,  trois  styles  sont  soudés 
presque  jusqu'au  sommet,  tandis  que  dans  le  .Mérendère  ils  sont  libres; 
les  trois  carpelles  (capsules)  sont  soudées  dans  presque  toute  leur  lon- 
gueur dans  le  Bulbocode,  tandis  que  dans  le  Mérendère  elles  sont  seule- 
ment soudes  par  la  suture  ventrale .  Les  graines  du  premier  genre  sont 
chagrinées,  à  la  loupe,  dans  celui  de  Ramond  elles  le  sont  presque  à 
l'œil  nu.  Voilà  lés  différences  qui  ont  motivé  la  conservation  du  genre 
Mérendère. 

9°  Chrysanthemum  maximum,  Ram.  Lapeyrouse  avait  publié  et 
figuré  cette  espèce  longtemps  avant  Ramond  sous  le  nom  de  Chrysan- 
themum grandi florum  dans  sa  Flore  Pyrénéenne  ;  il  la  maintient  dans  sa 
Flore  abrégée  en  rappelant  qu'il  se  serait  bien  gardé,  lui,  de  changer  le 
nom  d'une  espèce  très-ancimnement  connue,  faisant  allusion  aux  repro- 
ches qu'on  Jui  avait  adressés  vaguement  peut-être!  Le  nom  de  maximum 
est  resté  dans  les  Flores,  même  récentes,  comme  Rappliquant  à  la  fleur 
seulement.  On  a  considéré  que  le  nom  donné  par  Lapeyrouse  s'appliquait 
à  la  forme  de  la  plante  dont  la  cnlathide  atteint  dans  certains  habitats 
une.  grandeur  anormale. 


r 


97 

(9)  Villars,  l'auteur  de  la  Flore  du  Dampkiné,  écrivait  à  Lapeyrouse 
le  22  janvier  1800  :  •  Et  Ramond!  Qu'est-ce  donc  qui  vous  arrive 
encore?  Il  a  envoyé  aussi  beaucoup  de  vos  espèces  neuves  ou  douteuses  à 
Desfontaines.  »  —  Ramond  devint  le  pourvoyeur  assidu  des  auteurs  de 
la  Flore  Française  qui  parut  en  1805.  Mit -il  toute  la  bonne  foi  désira- 
ble dans  ses  communications?  Je  laisse  à  d'autres  le  soin  de  le  recon- 
naître. Lapeyrouse  renouvela,  dans  sa  Flore  abrégée,  ses  reproches  à 
l'égard  de  Ramond;  il  constatait  l'absence  à  cette  époque  (1813)  de 
rémunération  complète  des  plantes  des  Hautes-Pyrénées  annoncée  en 
1800  par  l'auteur  du  Voyage  au  Mont-Perdu.  Appelé  à  rendre  comptai 
l'Académie  des  sciences,  du  livre  de  Lapeyrouse,  Mirbel,  rapporteur,  qui 
avait  accompagné  Ramond  dans  le  second  voyage  au  Mont-Perdu,  et  qui 
avait  déjà  créé  le  genre  Ramondia  pour  deux  fougères  de  l'ancien  genre 
Qphioglossum  de  Linné,  hésitait  à  communiquer  son  sentiment  personnel 
à  Lapeyrouse,  mais  il  céda  aux  instances  de  ce  dernier  sans  songer  à 
cacher  ses  amitiés  pour  Ramond.  «  On  m'avait  demandé,  dit-il,  un 
rapport  verbal,  je  me  suis  conformé  rigoureusement  i  cet  ordre.  Il  m'a 
semblé  que  vous  aviez  changé  saus  nécessité  les  noms  de  beaucoup 
d'espèces  ;  que  vous  aviez  introduit  mal  à  propos  de  nouveaux  genres  ; 
que  vous  avez  eu  tort  de  supprimer  le  Merendera  que  tous  nos  botanis- 
tes reconnaissent  comme  un  genre  bien  distinct',  qu'enfin  vous  aviez 
traité  durement  et  injustement  des  hommes  d'un  mérite  avoué  de  tout  le 
monde.  Voilà,  autant  que  je  me  le  rappelle,  les  points  sur  lesquels  roulait 
ma  critique.  D'ailleurs,  j'ai  loué  l'ordre  et  l'importance,  de  votre  travail. 
On  m'avait  demandé  mon  opinion  ;  mon  devoir  était  de  la  dire.  Il  ne  s'est 
élevé  aucune  réclamation  contre  mon  rapport.  C'est  tout  ce  je  puis  rois 
apprendre.  J'ai  l'honneur,  etc.  » 

Léon  Dufour  qui  fut  l'ami  de  Lapeyrouse,  mais  aussi  qui  fut  l'ami  et 
l'admirateur  de  Ramond,  qu'il  avait  accompagné  en  1799  dans  une 
de  ses  dernières  excursions  aux  Pyrénées,  a  écrit  dans  ses  Souvenirs, 
les  lignes  suivantes  au  sujet  de  l'ascension  au  Mont-Perdu  ;  •  Je 
voyais  l'intrépide  Ramond  et  le  guide  Laurent  qui  le  suivait  comme  son 
ombre,  suspendus  à  l'aide  de  leurs  crampons  sur  ces  murs  de  glace  qui, 
d'ici  ont  le  poli  du  verre.  Je  vous  apercevais  vous  et  Mirbel  sondant  de 

toutes  parts  les  abords  de  la  redoutable  forteresse Je  voyais  aussi 

mon  ami  Lapeyrouse,  reculant  avec  regret  devant  l'escalade,  accusant 
son  impuissance  et  gisant  accablé  de  fatigue  au  bas  des  premiers  étages 
du  pic  dont  il  épluchait  la  botanique  avec  son  fidèle  Ferrière.  »  Lapey- 
rouse n'était  plus  quand  Dufour  écrivit  ses  Souvenirs.  Evidemment  ce 
dernier  ne  voulait  pas  parler  du  voyage  avec  Dolomieu,  mais  seulement 
du  second  voyage  de  Lapeyrouse,  et  le  rapprochement  qu'il  fait  de 
Ramond  et  de  Lapeyrouse,  réunion  insolite  d'époques  doit  s'entendre  par 


9K 

la  certitude  acquise  depuis  la  publication  de  Lape) couse,  que  ce  bota- 
niste n'était  pas  parvenu  à  la  même  hauteur  que  Ramond,  lors  de  son 
second  voyage. 

(10)  Frizac,  élève  de  Lapeyrouse,  dont  la  collection  minéralogique 
importante  est  conservée  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Toulouse,  écri- 
vait de  Bagnères,  le  28  septembre  1797,  à  son  maître  :  «  Il  y  a  au 
«  moins  une  douzaine  de  jours  que  je  vous  ai  envoyé  un  rapport  sur  le 
«  deuxième  voyage  du  citoyen  Ramond,  au  Mont-Perdu,  avec  une  des- 
«  cription  de  quelques  fragments  d'os  cylindriques  que  Dralet  a  eu  la 
•  complaisance  de  me  laisser  choisir  dans  sa  partie  da  butin  qu'il  avait 
«  soustraite  à  tous  les  yeux.  Je'vous  ferai  même  part  de  ma  colère  outrée 
f  contre  Dralet  au  sujet  d'un  morceau  sphéroïde  ressemblant,  me  dit-il, 
t  à  une  tête  humaine  qu'il  a  trouvé  et  jeté  à  cause  de  sa  pesanteur  au 
«  sommet  du  port  de  Pinède.  Quel  sujet  de  dissertation  zoologique  !  Quel 
«  rare  et  précieux  échantillon  !  » 

(il)  Description  des  Pyrénées,  considérées  principalement  sous  les 
rapports  de  la  géologie  et  de  l'économie  rurale.  2  vol.,  1813. 

(12)  Voir  ma  dissertation  sur  les  figures  de  la  Flore  des  Pyrénées  dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Toulouse,  1857,  page  411, 
qui  a  fourni  une  addition  au  Thésaurus  litteraturœ  èotnnicœ  de  Pritzel. 
M.  Auguste  d'Aldéguier  publia  une  Histoire  de  Toulouse  en  4  volumes 
in~8<>.  11  était  bibliothécaire  de  la  ville  de  Toulouse  lorsqu'il  est  mort. 


99 


UNE  VISITE 

AU  JARDIN    D'ACCLIMATATION 

BT 

D'EXPÉRIENCES  BOTANIQUES 

DE  COLLIOURE. 


A  Monsieur  le  Docteur  LOUIS  COMPANYO,  Directeur  du  Muséum 

d'Histoire  naturelle  de  Perpignan. 

Toulouse,  le  24  Janvier  1873. 

Mon  cher  Docteur, 

Je  réunis  ici,  un  peu  à  vol  d'oiseau,  ce  que  J'ai  vu  et 
retenu  dans  le  pèlerinage  scientifique  que  j'ai  fait  avant- 
hier  à  Collioure;  impressions  et  souvenirs  que  vous 
m'avez  fait  promettre  de  vous  donner  sur  le  papier,  et 
qui  se  rapportent  tous  an  savant  que  nous  aimons  et  à 
ses  utiles  travaux,  sur  lesquels  vous  avez  été  le  premief 
à  attirer  ma  curieuse  attention. 

A  l'entrée  de  la' ville  de  Collioure,  et  ati  débouché  de 
la  gare  du  rail-way  du  Midi,  le  visiteur  suit  à  sa  gauche 
un  sentier  encaissé  dans  un  chemin  fort  pittoresque  qui  le 
conduit  en  quelques  instants  à  la  demeure  de  M.  Ch. 
Naudin.  L'étiquette  d'usage  à  la  ville  paraît  bannie  dès 
qu'on  a  franchi  le  seuil  de  la  demeure  du  maître  ;  nul  né 
stationne  à  la  loge  du  concierge  et,  comme  les  habitués 
de  la  maison,  j'ai  parcouru  le  premier  jardin,  celui  (fins* 
lallation  ancienne,  où  vivent,  sous  leor  ciel  de  prédilec- 


100 

lion,  des  orangers  et  des  citronorers  toujours  verts,  à 
demi  séculaires,  chargés  encore  de  beaux  et  nombreux 
fruits,  et  dont  les  branches  semblent  atteindre  le  niveau 
des  bâtiments  qu'ils  précèdent.  J'ai  contourné  l'habita- 
tion et  gravi  les  échelons  du  jardin  supérieur  réservé  aux 
expériences  de  culture.  Ce  jardin  étage  occupe  une 
ravissante  petite  colline.  J'ai  pu  dire  avec  Delille  : 

Oui,  j'aime  ces  hauteurs  où  sans  orgueil  domine 

Sur  un  riche  vallon  une  belle  colline. 

Là,  le  terrain  est  doux  sans  insipidité, 

Élevé  sans  raideur,  sec  sans  aridité. 

Vous  marchez,  l'horizon  vous  obéit  ;  la  terre 

S'élève  ou  redescend,  s'étend  ou  se  resserre. 

Vos  sites,  vos  plaisirs,  changent  à  chaque  pas. 

La  vue  de  la  mer,  un  tertre  plus  ou  moins  élevé,  des 
ombrages  habilement  distribués,  un  filet  d'eau,  des  bas- 
sins, puis  des  accidents  naturels,  un  rideau  de  rochers 
formant  un  abri  chaud,  et,  au  second  plan,  une  hauteur 
plus  imposante  encore  et  une  forêt  de  ebénes-liéges  qui 
se  prolonge  *ur  les  pentes  escarpées  de  la  montagne, 
décors  taries  qui  donnent  toujours  des  sensations  mélan- 
coliques et  que  l'art  cherche  difficilement  à  imiter  ailleurs; 
enfin  la  voie  ferrée  qui  coupe  îk  travers  les  jardins,  voilà 
le  vallon  du  Douy,  la  campagoe  de  Collioure,  voilà  le 
rêve  de  l'ami  de  la  nature! 

M.  Naudin  me  tendit  cordialement  la  main,  il  quittait 
son  observatoire  où  l'appellent  à  chaque  heure  du  jour 
ses  multiples  observations  ;  et  après  avoir  couché  sur  ses 
tables  les  annotations  de  midi,  il  fut  tout  à  mon  indis- 
crète et  exigeante  admiration,  faisant  mieux  que  de  m'ex- 
primer  des  sentiments  sympathiques,  me  montrant  par 
nne  effusion  de  sincère  cordialité  qu'il   aimait  qu'une 


iOl 

visite  le  reposât  quelquefois  de  ses  labeurs  ordinaires. 
J'essayai  de  lire  dan*  ses  chiffres.  J'appris  qoe  l'obser- 
vatoire de  Collioure,  relié  à  d'autres  observatoires  météo* 
rologiques  correspondant  entr'eux,  permettait  de  coor- 
donner les  observations  faites  sur  divers  points  les  plus 
opposés  et  de  suivre  désonnais  ï  l'aide  de  la  télégraphie 
les  phases  des  grands  phénomènes  atmosphériques.  Là 
est  je  crois  une  des  belles  institutions  de  l'administration 
de  M.  Leverrier.  Des  faciles  explications  du  maître,  de 
ses  lucides  raisonnements,  j'ai  pu  apprécier  ce  que  vous 
avez  déjà  senti  vous-même,  mon  cher  docteur,  que  la 
météorologie  éclaire  et  enrichit  la  botanique,  qu'elle 
vivifie  et  perfectionne  l'agriculture  en  même  temps  qu'elle 
fait  de  la  sylviculture  une  science  intelligente,  et  qu'elle 
force  la  géologie  à  dire  ses  secrets.  Ne  doit-on  même  pas 
avancer  avec  certitude  que  cette  science  moderne  est  le 
point  de  départ  de  l'hygiène  et  de  la  médecine  bien 
comprises?  Ces  réflexions  s'emparaient  de  mon  esprit 
déjà  tout  attentif  aux  chiffres  alignés  en  diverses  catégo- 
ries que  j'avais  sous  les  yeux,  et  que  mon  hôte  enregis- 
trait et  conservait  avec  ce  soin  minutieux,  précis,  que 
l'amour  de  la  science  a  seul  le  don  d'inspirer. 

Je  commence  ma  pérégrination  de  détail  dans  les  jar- 
dins et  je  demeure  émerveillé  en  présence  de  tous  ces 
végétaux  à  faciès  tropical.  Je  juge  mieux  par  la  vue  de 
la  pratique  savamment  expliquée  par  M.  Naudin  dans  le 
Traité  général  d'Horticulture  qu'il  a  publié  avec  M.  De- 
caisne,  de  la  facile  conservation  en  plein  air  des  arbres 
et  arbustes  réputés  d'orangerie,  et  de  serre  tempérée 
ailleurs.  Cette  végétation  à  Collioure,  oà  il  y  a  cependant 
des  jours  froids,  s'explique  par  la  chaleur  dn  soleil  que 
le  sol  a  largement  emmagasinée  pendant  l'été,  et  qu'A 


103 

conserve  en  hiver  a  on  degré  bien  plus  tftevé  que  ne  le 
fait  le  sol  septentrional.  C'est  la  culture  géothermique, 
fournie  ici  par  la  nature  elle-même,  et  que  les  horticul- 
teurs pratiquent  artificiellement  chez  nous. 

Les  Palmiers,  appelés  dans  le  langage  poétique  les 
Princes  du  règne  végétai,  représentent  chez  M.  Naudin 
une  spécialité  de  ses  essais  d'acclimatation.  Le  nombre 
des  espèces  qui  prospèrent  à  Gollioure  est  relativement 
considérable,  quelques-unes  même,  quoique  fort  jeunes, 
sont  déjà  de  taille  respectable.  La  Pépinière  est  bien 
fourme;  elle  doit  rassurer  les  amateurs  pour  la  propa- 
gation de  ces  élégantes  conquêtes  de  l'horticulture.  Tous 
ces  enfants  des  Tropiques  se  recommandent  par  leur 
beauté,  leur  port  léger  et  élance  qui  contraste  si  nette- 
ment avec  la  végétation  Européenne.  Indubitablement 
ces  arbres  ne  seront  jamais  chez  nous  que  des  végétaux 
d'ornement.  Le  Dattier  fleurit  bien  dans  le  (toussillon, 
ses  régimes  se  chargent  de  fruits,  mais  hélas!  ils  ne 
mûrissent  pas,  peut-être  faute  d'être  fécondés.  A  Tou- 
louse le  Dattier  est  un  objet  de  curiosité  qui  se  développe 
mal,  même  avec  les  meilleurs  abris.  Les  ressources  indus- 
trielles de  ces  beaux  arbres  dans  leur  pays  sont  nom- 
breuses. Vous  savez  que  la  littérature  indienne  a  évalué 
celles  du  cocotier  a  un  nombre  qui  égale  celui  des 
jours  de  l'année  ! 

Je  rappelle  les  espèces  de  Palmiers  qui  ont  le  plus 
attiré  mon  attention  dans  ma  visite.  C'est  d'abord  le 
Livistona  auslralù,  Coryphinée  appartenant  à  la  section 
des  palmiers  à  tiges  renflées  à  la  base,  et  qui  atteint  à 
une  très  grande  hauteur.  C'est  une  espèce  monumentale 
de  la  Nouvelle-Hollande,  plusieurs  fois  représentée  chez 
M.  Naudin  par  des  sujets  de  la  plus  belle  venue  et  pro- 


10.1 

venant  de  ses  semis.  Une  autre  Corjphinée,  le  Sabot 
palmettO)  est  remarquable  quoique  jeune  el  lent  à  croître. 
Les  Chamœrops  appartiennent  encore  à  la  même  section  ; 
ils  fourmillent  à  Collioure.  J'ai  vu  le  Ch.  Martiana  de 
l'Himalaya,  provenant  d'un  semis  Tait  k  Montpellier;  les 
Ch.  Forluneï  el  67t.  ezccba,  splendidcs  de  développement; 
le  Phœnix  pusiUa  mâle,  on  des  exemplaires  les  plus 
beaux  qui  existent  en  Europe,  et  qui  portait  alors  plu- 
sieurs inflorescences  prêtes  a  s'ouvrir;  ce  rare  palmier  de 
la  Chine  mériterait  le  prix  de  la  culture  si  on  pouvait 
en  décerner  un  à  M.  Natidin.  C'est  un  semis  de  douze 
ans,  très  bien  acclimaté  aujourd'hui.  Le  Cocos  liomanzof- 
fiana,  du  Brésil  austral,  qui  n'a  encore  passé  qu'on  hiver 
en  pleine  terre,  est  de  belle  apparence.  Un  autre  cocotier 
de  l'Amérique  du  Sud,  qui  n'est  pas  déterminé,  en  est  à 
son  troisième  hiver  de  transplantation  et  il  promet  de 
bien  résister.  Toutefois,  les  palmiers  les  plus  intéressants 
de  Collioure  sont  les  cocotiers  du  Chili,  ou  Jnbea  speda- 
biliSi  aussi  rustiques  que  les  chamaerops  d'Afrique,  et  qui 
seront  peut-être  un  jour  des  arbres  fruitiers  et  sacchari- 
fères  en  Roussillon  comme  dans  leur  contrée  natale. 

Une  H  ha  m  née  fort  curieuse,  le  CoUelia  cruciata  du 
Chili,  qui  vient  de  bouture  el  qui  atteint  rapidement  de 
grandes  dimensions,  est  une  intéressante  acquisition  pour 
encadrer  les  grands  massifs.  Ses  fortes  el  larges  épines 
en  feront  un  jour  une  plante  défensive  de  premier  ordre. 

Deux  plantes  utiles,  deux  Papilionacées,  excellentes 
fourragères,  rapportées  Tune  et  l'autre  des  Canaries  par 
M.  Paul  Sagol,  le  Lathyrus  TingUunus  et  le  Cytisus  pro- 
liferus,  offrent  une  ressource  nouvelle  pour  l'alimentation 
des  bestiaux  dans  les  Pyréuées -Orienta les. 

J'ai  rencontré  avec  plaisir  voire  Ramie,  le  ci-devant 


104 

Urtica  nivea  de  Linné,  aujourd'hui  le  Bœherneria  tena- 
cissima,  le  sujet  de  vos  préoccupations  et  que  vos  fer- 
vents conseils  finiront  par  vulgariser  dans  le  Roussillon. 
Là  est  pour  votre  beau  pays,  partout  où  la  vigne  et  le 
mûrier  n'offrent  pas  des  avantages  marqués,  une  nouvelle 
source  de  richesse.  Il  en  existe  même,  paraît-il,  une 
belle  culture  dans  le  domaine  de  M.  Pams-Bohé,  à  Palau- 
del-Vidre,  entre  Argelès  et  Elne,  et  ce  commencement 
promet.  Vous  m'avez  dit  vous-même  que  les  planteurs 
américains*  remplacent  déjà  le  Coton  par  la  culture  du 
Ramie.  Cette  plante  est  très  rustique  à  Collioure.  Ses 
touffes,  qui  commençaient  à  sortir  de  terre,  seront  sans 
doute  bonnes  à  couper  dans  deux  mois,  et  cette  tonte 
pourra  être  répétée  deux  (ois  encore  dans  l'année. 
Y  a-t-il  réellement  dans  la  culture  deux  espèces  distinctes 
de  cette  Urticée,  dont  l'une  aurait  des  qualités  textiles 
inférieures  à  l'autre?  En  fait  de  controverse  scientifique 
tout  est  possible  jusqu'à  preuve  du  contraire,  et  cette 
preuve  je  l'ai  cherchée  inutilement.  Les  fibres  de  la  pre- 
mière espèce  seraient  dit-on  verdàtres  et  d'une  certaine 
raideur,  tandis  que  celles  de  l'autre  seraient  blanches  et 
comme  nacrées,  de  plus  infiniment  soyeuses.  M.  Naudin, 
si  je  l'ai  bien  compris,  n'a  aucune  opinion  arrêtée  sur 
ce  point;  il  attend,  pour  se  prononcer,  d'avoir  vu  les 
différentes  formes  du  Ramie  cultivées  simultanément, 
seul  moyen  d'en  juger  avec  connaissance  de  cause. 

Je  reviens  aux  plantes  agréables;  elles  se  trouvent  sous 
mes  pas.  C'est  le  Rosa  rugosa,  du  Japon,  bel  arbrisseau 
qui  parait  devoir  bien  réussir  chez  vous.  Les  graines 
envoyées  en  France  par  M.  l'abbé  David,  correspondant 
de  l'Institut,  ont  levé,  dit-on,  en  huit  jours,  au  Jardin 
Botanique  de  Bordeaux,  d'où  les  plantes  ont  été  envoyées 


105 

à  Collioure  par  les  soins  de  M.  Durien,  le  savant  et 
habile  directeur  de  ce  jardin.  C'est  l'inverse  du  résultat 
qu'obtiennent  les  Chinois  dans  l'ensemencement  des  grai- 
nes apportées  d'Europe.  Nos  espèces  ne  donnent,  à  ce 
qu'il  parait,  a  la  première  récolte,  que  des  produits  infé- 
rieurs et  dégénèrent  complètement  ensuite. 

La  vue  du  Delphinium  nudicaule  m'a  singulièrement 
intéressé  en  me  rappelant  la  germination  encore  peu 
connue  de  certaines  composées  américaines.  Celle  de  ce 
Delphinium  n'est  pas  moins  singulière,  et  M.  Naudin  en  a 
transmis  l'observation  à  M.  le  professeur  Duchartre,  qui 
l'a  rapportée  dans  un  des  derniers  numéros  du  Journal 
de  la  Société  centrale  d'Horticulture.  La  planlule,  à  sa 
sortie  de  terre,  se  termine  par  deux  cotylédons  épanouis 
en  feuilles  séminslles  entières,  persistantes,  pendant  qoe 
de  véritables  feuilles  trilobées,  partant  successivement  du 
collet  an-dessous  de  la  terre,  accompagnent  l'évolution 
d'une  seconde  ligelle  destinée  celle-là  à  se  développer. 
Vous  trouverez  dans  ce  phénomène  physiologique  une 
explication  rationnelle,  sans  doute,  du  rôle  de  la  ligelle 
cotylédonnaire  qui  parait  être  purement  et  simplement  la 
nourrice  de  l'autre. 

Une  graminée  gigantesque,  un  Bambou  de  la  Chine, 
encore  peu  connu,  et  qui  prospère  à  Collioure,  semble 
devoir  faire  un  jour  une  concurrence  victorieuse  h  notre 
ancien  roseau  de  Provence,  pour  tous  les  usages  domes- 
tiques. Les  Bambusa  milis,  nigra  et  arundinacea ,  s'ac- 
comodent  fort  bien  du  climat  du  Roussillon,  ainsi  que  le 
démontrent  les  soperbes  exemplaires  que  Ton  en  voit  au 
jardin  de  M.  Jaume,  de  Perpignan.  L'art  du  vannier  et 
du  bâtonnier  devra  tirer  un  grand  profit  de  ces  plantes 
acquises  maintenant  à  vos  cultures. 


10) 

Les  Cucurbitacées  exotiques,  utiles  ou  ornementales, 
sont  bien  représentées  chez  le  savant  monographe  de  celte 
Famille,  L'une  d'elles  m'a  surtout  Trappe  ;  je  la  comparerais 
volontiers  a  une  sorte  de  madrépore  fossile  d'où  sortent 
de  nombreuses  pousses  à  foliation  brillante.  Cette  madré- 
pore n'est  autre  chose  que  le  singulier  tubercule  ou 
mieux  le  renflement  épigé  de  l'axe  (il  a  bien  40  centi- 
mètres de  large  dans  son  grand  diamètre)  du  Gerrardan- 
Ihus  portenloms^  de  la  Cafrerie,  que  je  croyais  n'exister 
qu'au  jardin  de  Bordeaux.  Ce  bel  échantillon  est  proba- 
blement encore  le  seul  qui  ait  montré  ses  fleurs  en 
Europe;  malheureusement  il  est  unisexué  et  femelle  et 
la  plante  mâle  manquant  il  n'y  a  pas  d'espoir  d'en  voir 
les  fruits  se  former  et  donner  des  graines.  Le  Gerrar- 
da  ni  h  us,  se  multiplie  donc  par  bouturds,  mais  le  renfle- 
ment de  la  base  de  la  tige  n'apparait  qu'avec  I  âge. 

Les  Àurantiacées,  qui  supportent  si  facilement  dans  le 
Roussillon  les  abaissements  ordinaires  de  température, 
sont  admirables  à  Collioure.  Une  espèce  extrêmement 
rustiquç,  qui  souffre  la  taille  et  se  reproduit  aisément  de 
greffes,  le  diras  triplera,  du  Japon,  a  feuilles  trifoliloées, 
caduques  ou  demi-caduques,  peut  rendre  dans  cette  con- 
trée de  bons  services  comme  clôture.  H  est  vigoureux, 
bien  garni,  et  porta  de  formidables  aiguillons.  De  belles 
raretés  de  citronniers,  d'orangers,  de  cédratiers,  de 
poncires  végètent  ici  avec  vigueur.  Le  tronc  de  quelques 
sujets  mesure  ch^z  M.  Naudin  lm  50  ou  plus  de  circon- 
férence. Je  mentionne  1°  le  Cilrus  decumana\  couvert 
de  gros  fruits  rugueux,  qu'on  cueille  avant  maturité  pour 
les  conGre;  2°  le  Cilrus  auslralis  de  la  Nouvelle-Zélande, 
provenant  de  greffe;  3°  les  Mandariniers,  tous  jeunes 
encore  mais  poussant  vigoureusement  ;  4°  le  Bigaradier 


107 

de  la  Chine  ;  5°  le  Glronnier  doux,  île  Corté,  à  fruits 
très  délicats  (non  aigres),  provenant  de  graines  données 
par  le  docteur  Pietra-Santa ;  6°  enfin,  le  Gibus  myrti- 
folia,  de  la  Chine,  qu'on  dit  atteindre  de  grandes  pro- 
portions dans  son  pays  natal,  mais  «pii  n'est  encore 
connu  en  Europe  que  par  de  misérables  avortons  d'oran- 
gerie. Le  jeune  sujet  qui  en  représente  l'espèce  à  Col* 
lioure  est  un  don  de  M.  Thuret,  le  célèbre  amateur  et 
savant  botaniste  d'Amibes. 

Ces  dernières  espèces  végétales  occupent  le  jardin 
tropical,  séparé  du  jardin  d'acclimatation  par  la  route 
départementale,  à  laquelle  l'un  et  l'autre  sont  adossés.  On 
passe  pour  aller  de  l'un  a  l'autre  sous  un  arceau  fort  pitto- 
resque. Je  retrouve  encore  là  un  charmant  amphithéâtre 
où  se  développent  une  multitude  de  végétaux  exotiques 
abrités  par  un  rideau  de  rochers  élevés,  taillés  naturel- 
lement presque  à  pic,  que  les  rayons  du  soleil  dorent 
pour  ainsi  dire  sans  Cesse  et  que  caressent  les  saines 
effluves  de  la  mer.  Je  distingue  une  magnifique  Sa  potée, 
L'Ârgania  ou  Sideroxylon,  du  Maroc,  d'un  semis  de 
trois  an6;  des  Dracena  auslralis  arborescents  de  près  de 
troi*  mètres  de  hauteur  quoique  semés  depuis  six  ans 
seulement  et  prêts  à  fleurir;  des  Proteacées  innommées 
encore,  de  la  Nouvelle-Hollande,  élégantes  par  leur  feuil- 
lage glauque  marginé  de  pourpre  ot  couvert  de  longues 
soies  argentées.  Une  troupe  nombreuse  A' Opuntia*,  iner- 
mes  ou  à  brillants  aiguillons,  a  raquettes  diversement 
nuancées,  quelques-uns  à  fruits  comestibles,  d'autres 
propres  à  nourrir  la  cochenille.  Au  jardin  tropical  de 
Collioure  les  raquettes  se  multiplient  d'elles-mêmes. 
Un  article  vient-il  à  se  détacher  par  une  cause  quelcon- 
que, aussitôt  il  émet  des  racines  au  centre  de  la   face 


108 

qui  louche  le  sol,  les  deux  extrémités  se  relèvent  en 
barque  et  les  jeones  pousses  ne  tardent  pas  à  se  succé- 
der aux  deux  extrémités  à  la  fois,  quelquefois  même,  ce 
qui  est  cependant  plus  rare,  au  centre  de  la  raquette 
ainsi  détachée  do  pied  mère.  Cette  dernière  remarque 
a  amené  M.  Naudin  &  me  faire  part  d'un  fait  intéressant. 
La  température  descendit  un  jour  d'hiver  k  Collioure  à 
7  degrés  et  les  tiges  succulentes  de  l'Oponlia  Figue* 
d'Inde  (les  autres  espèces  sont  beaucoup  plus  rustiques) 
gelèretot;  au  premier  soleil  les  raquettes  supérieures 
rompirent  l'articulation  qui  les  soudait  sur  les  raquettes 
inférieures  et  se  détachèrent  nettement  ;  puis  ce  fut  le 
tour  des  secondes,  puis  des  troisièmes  articulations,  et 
la  raquette  primitive,  celle  qui  avait  donné  naissance  à 
la  plante,  resta  isolée  et  fut  la  dernière  h  s'affaisser  sur 
les  débris  qui  jonchaient  le  sol.  Je  ne  sache  pas  que  celte 
désarticulation  successive  et  graduée  ait  encore  été  obser- 
vée ni  expliquée.  La  rupture  résulte-t-elle  du  poids  de 
l'article  le  plus  élevé  et  de  la  résistance  moins  grande  de 
la  soudure  d'une  foliation  relativement  récente?  Dans  les 
Opuntia  comme  dans  d'autres  plantes  à  tiges  noueuses, 
M.  Naudin  a  observé  des  pauses  ou  arrêts  de  végétation 
alternant  avec  des  périodes  d'activité,  qu'il  a  qualifiés  de 
Rhythmes  daus  un  article  de  la  Rtvue  Horticole  du  mois 
de  novembre  dernier,  où  il  a  développé  celte  remarque 
neuve  de  physiologie  des  plantes. 

Maigre  la  rapidité  de  mon  excursion,  je  n'avais  pas 
encore  tout  vu.  Le  temps  fuyait,  ma  curiosité  ne  se 
lassait  pas  !  Je  m'acheminai  vers  le  petit  jardin  botanique 
conligu  aux  deux  autres  jardins  que  je  venais  de  par- 
courir. Les  plantes  indigènes  rares  de  la  localité  sont 
rangées,  non  point  systématiquement,  mais  selon  Yhabital 


100 

qui  doit  leur  être  le  plus  favorable  et  les  accidents  du 
terrain.  Des  vignes  de  l'Orient  occupent  les  gradins 
élevés  et  étalent  des  sarments  d'une  vigueur  surprenante, 
puis  viennent  quelques-uns  des  ceps  les  plus  renommés 
du  Midi  de  l'Europe.  Un  bassin,  trop  petit  malheureuse- 
ment, est  réservé  aux  plantes  aquatiques.  J'ai  retrouvé  dans 
ce  gite  artificiel  le  fameux  Phragmiles,  de  Salces,  décrit 
par  J.  Gay  sons  le  nom  degiganiea,  et  qui  bienlét  n'aura 
plus  cet  habitat  unique  en  Europe,  puisque  M.  Du  val-Jouve 
et  M.  Richter  l'ont  trouvé  dans  l'Hérault,  et  que  noire 
ami,  M.  le  docteur  Debeaux,  l'a  rapporté  de  Corse.  Je 
présume  que  M.  Naudin  cultive  cette  intéressante  plante 
locale  pour  mettre  un  peu  d'ordre  dans  les  distinctions 
sy non) iniques  publiées  par  M.  Mabille,  qui  a  établi,  à 
tort  ou  à  raison,  le  Phragmiles  ruscinonensis. 

Une  dépendance  du  jardin  est  consacrée  aux  expé- 
riences proprement  dites.  J'ai  vu  une  plaie-bande  de 
terre  jaunâtre  il  laquelle  a  été  mélangé  du  sable  ramassé 
par  le  docteur  Reboud  au  fond  d'une  mare  desséchée*  du 
Sahara.  Si  ce  sable,  comme  on  le  suppose,  contenait  des 
graines,  celles-ci  germeront  peut-être  sous  le  soleil  de 
Collioure,  moins  ardent  que  celui  du  Sahara.  Ailleurs,  c'est 
la  culture  des  h)  brides,  question  que  M.  Naudin  considère 
comme  encore  loin  dîélre  épuisée.  Je  pourrais  signaler 
d'autres  expériences  en  cours  d'exécution,  mais  je  ne  veux 
pan  anticiper  sur  les  notes  que  leur  auteur  ne  manquera 
pas  de  publier  quand  il  en  croira  le  moment  venu. 

Ma  visite  était  trop  rapide  et  mon  séjour  à  Collioure 
trop  réduit  peur  qu'il  m'ait  été  possible  d'atteindre  au 
Roc  de  lasAbeillas  et  d'arriver  jusqu'il  la  Massane,  station 
privilégiée  des  beaux  lichens.  Privé  de  récolter  en  ce 
moment  mes  chères  cryptogames,    M.   Naudin  a  bien 


«' 


i 


110 

voulu  me  dédommager  en  me  communiquant  l'épreuve 
qu'il  venait  de  recevoir  des  Observata  lichenographica 
dans  les  Pyrénées-Orientales,  du  docteur  Nylander,  qui 
était  à  Collioure  en  juillet  dernier.  Cette  épreuve  est  dn 
Flora,  je  crois;  il  s'agit  de  l'excursion  à  La  Preste  et  à 
Costabona  qui  ont  donné  une  dizaine  d'espèces  nouvel- 
les. C'est  une  contribution  locale  que  vous  accueillerez 
avec  plaisir.  Dans  la  préface  de  son  travail  M.  Nylauder 
rappelle  que  Fries  écrivait  en  1830  [Lichênographie 
réformée)  «  qu'il  serait  difficile  à  l'investigateur  le  plus 
diligent  de  rencontrer  eu  Europe  dix  espèces  nouvelles 
de  Lichens  en  un  an,  »  et  il  déclare  qu'il  a,  lui,  dépassé 
ce  nombre,  en  bonnes  espèces,  dans  quelques  heures  et 
dans  le  même  jour  (decem  species  novas  per  paucas  horas 
unîus  diei).  »  Cette  dernière  circonstance  témoigne  de 
l'habile  perspicacité  de  l'auteur  du  Synopsis  lichenum, 
mais  sans  vouloir  le  moins  du  monde  infirmer  les 
découvertes  dont  H  s'agit,  car  il  n'est  pas  de  plus  sin- 
cère admirateur  que  moi  des  idées  scientifiques  de 
M.  Nylander,  il  est  venu  cependant  à  ma  pensée  que 
Fries  avait  eu  dans  ses  travaux  un  point  de  départ  diffé- 
rent de  celui  choisi  aujourd'hui  par  son  compatriote. 
M.  Nylander  accorde  avec  raison  un  rôle  important  aux 
spores  et  aux  spermaties  (organes  de  reproduction), 
tandis  que  Fries,  suivant  une  méthode  moins  anatomique, 
s'était  borné  à  l'examen  du  thalle,  de  la  forme,  de  la 
couleur  et  de  la  place  occupée  par  l'apolhécie;  c'était 
presque  l'examen  des  seuls  caractères  extérieurs. 
Aujourd'hui  c'est  avec  le  tranchant  délié,  le  microscope 
et  les  réactifs  qu'il  faut  aborder  l'étude  des  lichens,  et 
ces  éléments,  utiles  dans  une  main  exercée  et  conscien- 
cieuse, peuvent  malheureusement  devenir  la  source  d'une 


\\\ 

nouvelle  confusion  pour  ceux  qui  se  bisseront  entraîner, 
même  de  très  bonne  foi,  à  multiplier  les  distinctions 
spécifiques.  Fries  réforma  Acharius  qui  avait  introduit 
le  chaos  dans  l'étude  des  Liebens  par  la  multiplicité 
démesurée  des  types,  el  il  fut  loué.  M.  Nylander  a  fait 
justice  à  son  tour  des  écarts  de  Schaerer  dans  la  distinc- 
tion des  formes.  N'est-il  pas  à  craindre  que  nous  nous 
trouvions  bientôt,  par  l'appréciation  de  détails  organi- 
ques presque  insaisissables,  en  présence  d'une  confusion 
nouvelle?  Ce  que  je  dis  là  ne  peut  s'entendre  précisément 
des  nouvelles  découvertes  de  M.  Nylander.  J'ai  hâte  de 
déclarer  que  je  n'ai  en  vue  que  la  voie  où  il  entre  et 
dont  je  reJoute  l'application  moins  intelligente  par  d'au- 
tres que  lui.  Voici  les  nouvelles  espèces  de  Im  Preste  et 
de  Coslabona  que  vous  désiriez  connaître  : 

i°  Parmelia  atricha,  forme  saxicole,  fort  rapprochée 
du  P.  carporhizariSi  mais  à  apothecies  nues  par  dessous. 
La  Preste.  AU.  1.200"™. 

* 

^Lecanora  subradiosa^  saxicole,  mêlé  au  L.  glaucoma 
et  distinct  par  son  thalle  roussàlre  el  son  épithécium 
jaune.  1.900»». 

5°  Lecanora  prœsistens,  thalle  blanchâtre,  rugueux,  à 
marge  apparente  ;  apoihécies  brunes,  petites.  Espèce 
voisine  du  L.  scrufulosa,  Ach.  Sur  les  frênes  à  1.150m. 

A0  Lecanora  straminescens .  Thalle  limitée,  jaunâtre; 
apothecies  noires,  innées.  Forme  voisine  du  L.  straminea, 
Anzi,  dont  le  thalle  est  moins  vivement  coloré.  Saxicole, 
2.000™ 

5°  Ucanora  komosema,  thalle  blanchâtre,  indéter- 
miné; apoihécies  noires;  espèce  facile  à  confondre  avec 
le  L.  tessellala.  Saxicole;  Coslabona,  1.900m. 


142 

6°  Lecanora  slrepsodea.  Thalle  cendré,  plus  ou  moins 
limité;  apothécies  noires,  planes,  parfois  agglomérées; 
saxicole,  ail.  2.000™. 

7°  Vemtcaria  truncalula.  Thalle  incolore,  apothécies 
innées,  à  périlécium  tronqué.  Saxicole.  La  Preste. 

La  cloche  de  la  gare  annonçait  l'arrivée  du  train  de 
Por\-Vendres  et  peu  d'instants  m'étaient  encore  accor- 
dés, puisque  lié  envers  la  Société  Agricole  je  devais  ren- 
trer le  même  soir  à  Perpignan  pour  ma  conférence.  J'eus 
de  la  peine  à  échapper  aux  mille  politesses  de  la  famille 
Nandin  et  il  fallut  tout  le  sentiment  d'un  devoir  à  accom- 
plir pour  opposer  à  sa  gracieuse  volonté  ma  volonté 
un  peu  portée  &  capkuler.  La  promenade  dans  les  jar- 
dins n'avait  nullement  épuisé  mes  forces,  et  s'il  en  eût 
été  ainsi,  le  goût  des  fleurs,  comme  le  dit  Ramond  à  son 
ami  Lapeyrouse,  eût  ranimé  mon  courage,  mais  Madame 
Naudin,  avec  une  grâce  exquise,  fut  au  devant  de  mes 
besoins  imaginaires  et  me  convia  à  une  collation  toute 
Orientale.  Je  lis  honneur  aux  cédrats  conflts,  à  une 
marmelade  4e  poncires,  aux  bigarades  chinoises  que  nous 
arrosâmes  souvent  avec  un  vieux  grenache  doré  des 
rochers  de  Collioure.  Je  proclame  cet  é'ixir  le  meilleur  vin. 
de  liqueur  de  l'Europe,  car  son  velouté  et  son  bon  goût  le 
rapprochent  des  vins  de  Rota,  et  permettent  même  de  le 
confondre  avec  les  vins  si  renommés  de  Chypre.  C'est 
avec  celte  généreuse  liqueur  du  crû  que  j'ai  porté  un 
toast  à  la  prospérité  des  cultures  de  M.  Naudin  et  que 
votre  gracieux  ami  a  répondu  :  à  la  santé  des  amis  de 
Flore!  à  la  prospérité  du  Musée  et  de  la  Société  Agricole 
de  Perpignan  ! 

CASIMIR  ROUNEGUÈRE. 


113 


POSITION  GÉOLOGIQUE  DE  PERPIGNAN 

ET  SES   ENVIRONS, 

Par  M.  Rouffiandis,  licencié  ès-sciences,  professeur  à  l'École-Normale, 

membre  résidant. 


A  quelle  époque  géologique  faut-il  rapporter  la  haute 
plaine  du  Rouseilloo,  connue  sous  le  nom  général 
d'aspres  ?  On  a  souvent  écrit  que  le  terrain  tertiaire  ne 
s'y  montrait  point,  qu'on  ne* le  rencontrait  qu'à  la 
naissance  de  certaines  vallées  ;  nous  nous  proposons  de 
montrer  que  le  terrain  tertiaire  est  l'élément  principal 
de  la  plaine  du  Roussillon;  que  les  terrains  quaternaires 
et  d'alluviona  y  sont  relativement  restreints.  Nous  com- 
mencerons aujourd'hui  par  donner  nos  observations 
récentes  sur  le  terrain  de  Perpignan  fit  sc$  .environs.  Il 
est  indispensable  de  faire  précéder  cqtte  notice  de  quel- 
ques considérations  générales. 

On  compte  aujourd'hui  17  systèmes  ou  soulèvements 
qui  ont  donné  aux  .continents  leur  relief  actuel  ;  les 
montagnes  du  1er  système  caractérisées  par  les  environs 
de  Vannes,  sont  dirigées  N.-N.-O  ;  celles  du  17e  et  der- 
nier système  sont  caractérisées  par  le  Mont-Téoare  et 
quelques  îles  de  l'Archipel  Grec.  Notre  départ«meoA  /doit 
aa  configuration  principale  au  13e  système  de  soulever 
ment,  connu  sous  le  nom  de  système  des  PyréPéft?*l#s 

8 


114 

montagnes  de  celle  formation  ont  une  direction  de  l'est 
à  l'ouest  avec  une  inclinaison  de  18°  N.  Le  système 
Pyrénéen  marque  le  commencement  des  terrains  ter- 
tiaires et  termine  la  période  crétacée  ;  il  est  remar- 
quable par  son  énergie  et  son  élendue.  Outre  #  la  chaîne 
française  des  Pyrénées  et  les  Asturien,  il  est  alors  sorti 
du  sein  des  mers  les  Monts  Apennins,  les  Alpes  julien- 
nes, les  Karpathes,  les  Balkans  et  un  grand  nombre  des 
chaînes  de  la  Grèce.  Le  terrain  crétacé  s'est  trouvé 
transporté  à  des  hauteurs  considérables  au-dessus  du 
niveau  des  mers.  C'est  ainsi  qu'ont  été  produites  ces 
gigantesques  vallées  calcaires  qui  garnissent  les  flancs 
des  Pyrénées,  soit  du  côté  de  la  France,  soit  du  côté 
de  l'Espagne.  Daus  notre  région,  on  voit  alors  appa- 
raître les  montagnes  crétacées  qui  vont  d'Opoul  vers  le 
col  Saint-Louis,  et  forment  le  bassin  de  l'Agly  ;  les  mon- 
tagnes de  Belloc  et  de  Villefranche,  les  massifs  crétacés 
des  Corbières  et  les  diverses  ramifications  qui  forment  le 
pourtour  oriental  du  Canigou  vers  le  bas  Vallespir.  Le 
terrain  tertiaire  est  divisé  en  trois  grandes  formations  ; 
l'étage  inférieur  ou  éocène,  l'étage  moyen  ou  miocène 
et  l'étage  supérieur  ou  pliocène.  Les  deux  premiers 
étages  sont-ils  bien  développés  dans  notre  pays  ?  C'est 
ce  que  Ton  ignore.  Le  golfe  du  Roussillon  est  très 
étendu,  et  sans  doute  que  ces  deux  terrains  sont  cachés 
par  les  dépôts  postérieurs.  On  ne  trouve  une  série  bien 
nette  des  terrains  tertiaires  que  dans  le  bassin  de  Millas 
et  de  Neffiach.  M.  de  Rooville,  professeur  de  géologie  k 
la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier,*  avec  qui  j'ai 
visite  ces  terrains,  pense  que  le  bassin' de  Millas  appar- 
tient au  miocène  supérieur.  Ce  bassin  a  un  développe- 


415 

ment  considérable;  il  commence  en  amont  d'il  le  et  se 
continue  en' suivant  le  court  de  la  Tel,  vers  MIMas, 
Pétilla  e*  le  Seier^Lea  atrasies  de  cette  époque  tertiaire 
apparaissent  visiblement  sur  tontes  les  falaises  de  la  rive 
gauche  ,de  la  Tetv  tandis-  que  des  dépôts  plus  récents 
les  cachent  totalement  sur  là  rive  droite.  .Nous  altoes 
donner  (fig.  i)  «ne  coupe  approximative,  prise  dans  le 
ravin  de  Força-Réal.  En  allant  de  la  surface  do  sol  vers 
le  lit  de  la  Tel,  en  trouve  :  1*  une  couche  a,  de  im 
d'épaisseur  environ,  formant  le  sol  arable,  un  peu  argi- 
leux et  renfermant  des  eatMoux  roulés  assez  menus  h 
éléments  de  quartz  et  de  grank  ;  2"  une  couofcla  6,  d'an 
gile  rouge,  d'environ  4*  d'épaisseur  ;  3» -'une  couche 
c,  de  S»  d'épaisseur,  formée  de  sables  blancs  et  grfe  à 
éléments  de  quartz;  4»  une*  couche  de-  marne  grise 
avec  grande  quantité  de  mica-doré,  c'est  la  couche  à 
fossiles. 

Elle  est  d'une  richesse  étonnante;  elle  renferme  par 
milliers,  les  pectens,  les  cardias  et  des  coquillages 
microscopiques  dans  un  état  de  conservation  parfaite. 
Lfc  où  les  eaux  de  la  Tet  ont  creusé  plos  profondément, 
apparaît  une  cinquième  couche  de  marne- dure. 

La  emstitution  dont  nous  venons  de  parler  est-elle 
particulière  h  la  partie  supérieure  de  h  plaine  du  Rous- 
silton,  et  faot-il,  comme  on  l'a  souvent  cru,  attribuer 
aux  phénomènes  du  diluvium  et  aux  alluviôns  modernes 
la  formation  du  bas  Roussillon  et  particulièrement  tou< 
le  bassin  du  Réart  ?  Je  crois  que  non.  Jetons  un  coup 
d'œil  sur  la  position  de  Perpignan  et  des  principales 
collines  qui  forment  son  territoire.  Mous  trouvons  une 
Série  d'ondulations  qui  sont,  on  n'en  peut  douter,  le* 


116 

débris  des  couches  se  raccordant  d'an  cftté  avec 
el  E$pira*de-FAgly,  de  l'autre  avec  Ponteilla,  Banyufe- 
dels-Aspres  el  le  Boni  ou.  Ces  cauchfcs  foriftaieM  l'étage 
dn  mîocbn*  supérieur. 

A  la  sortie  de  la  porte  Canet,  on  a  me  première 
preuve  de  celte  assertion.  La  coupe  do  terrain,  aox  'bri- 
queteries qui  longent  le  chemin  de  Cabestany,  présente 

les  assises  sortantes  :  (flg.  2.)  '   •  ■ 

i»a.  —Couche  atgtto~ealcaire  cultivable.  Demi-mètre 

environ. 

2ft  a  bis,  ~  Dépôt  tumultueux  de- sable  grossier,  divers 
petits  catMoni  de  grès  et  de  quartz* 

5°  b.  —Sable  granitique. 

4°  c.  —  Argile  ronge  à  briques,  S01  de  hauteur  sur 
certains  points, 

5°  d.  —  Couche  de  sable  blanc  sans  gros  caillons, 
avec  quartz  très  menu. 

6°  e.  —  Marne  argileuse  compacte,  souvent  en  dis- 
cordance. 

7°  f.  —  Sable  gris,  couche  à  épaisseur  variable. 

Sur  la  route  qui  commence  à  la  porte  Ganet  et  suit 
l'escarpement  des  jardins  de  Saint-Jacques,  sons  le  nom 
de  promenade  de  Lassos,  il  est  facile  de  retrouver  les 
mêmes   assises  de   terrain  avec    la  même  puissance. 

On  doit  néanmoins  se  mettre  en  garde  contre  .les 
intrusions  formées  par  des  phénomènes  postérieur  phé- 
nomènes qui  ont  produit  cette  dépression  de  plusieurs 
mètres  .séparant  le  Bas-Rontsillou  en  de**  plaines*  la 
Salanque  et  les  Asprea. 

C'est  pendant  les  travaux  du  tracé  da  la  ppomenade 
de  Lassos,  que  notre  «avant  compatriote*  M.  Crova,  a 


m 

recueilli  des  ossements  ei  dents  fossiles  dont  la  des* 
cription  se  trouve  dans  m  Bulletin  de  notre  Société. 

Examinons,  maintenant  des  collines  situées  dans  une 
direction  opposée  aux  terrains  précédents.  Quelques- 
unes  de  ces  Collines  atteignent  80  et  même  95m  d'al* 
tHode. 

Au  monticule  de  la  Justice,  à  Mailloles  et  à  la  bri- 
qoeterie  qoi,  sur  la  roote  de  Port-Vendres,  sépare  le 
bassin  du  Réarl  de  celui  de  la  Tel*  on  remarque  une 
symétrie  parfaite  dans  Tordre  et  le  nombre  des  couches; 
mais  dans  aucun  de  tes  points  les  excavations  n'ont 
franchi  les  couches  de  sables  blancs  et  gris.  Par  consé- 
quent nulle  part  les  ouvriers  n'ont  recueilli  des  fossiles 
semblables  à  ceux  de  Millas. 

Aux  briqueteries  en  face  du  cimetière,  la  situation 
des  couches  ne  présente  par  de  changements  sensibles; 
elles  peuvent  être  ainsi  classées  :  (tig.  3), 

1°  a.  —  Marne  argileuse  avec  gravier,  1™. 

4°  b.  —  Même  terrain  avec  cailloux  plus  gros,  hau- 
teur variable  de  2  h  5». 

8°  c.  —  Marnes  grises  friables,  exploitées,  absence 
complète  de  cailloux  roulés. 

4°  d.  —  Sables  blancs  et  gris  très  Gofe,  hauteur  indé- 
finissable. 

Les  argiles  rooges  sont  moins  développées  que  précé- 
demment. 

La  roule  d'Espagne  jusque  Palestres  et  les  talus  du 
chemin  de  fer  de  Port-Vendres  depuis  les  Arcades  jus* 
qu'as  versa ùt  du  Réart  offrent  le  même  ordre  dans  la 
situation  des  couches.  On  voit  seulement  émerger ,  de 
temps  à  autre,  une  eoocbe  boueuse,  placée  entre  les 


118 

argiles  rouges  et  les  marnes  grises.  Celle  couche  marque 
nécessairement  l'existence  d'un  lac  qui  a  couvert  le 
Roussillon  vers  la  fia  de  la  période  tertiaire.  Celle  cou- 
che, boueuse  a  influé  d'une  manière  considérable  sur  la 
fertilité  de  plusieurs  points  du  territoire  du  haut  Roussil- 
lon. Partout  où  elle  forme  le  sous-sol,  les  cultures  sont 
médiocres,  et  là  où  /elle  forme  le  sol  cultivable ,  il  y  a 
stérilité  à  peu  près  complète.  En  étendant  notre  étude 
aux.  terrains  qui  .forment  Je  monticule  d'En  Baqué,  à  une 
altitude  de  95°\  hauteur  la  plus  considérable  des  envi- 
rons de  Perpignan,  nous  avons  retrouvé  une  disposition 
de  couches  tout  à  fait  identique  à  celle  des  divers  points 
précédemment  signalés.  Si  on  examine  toutes  les  colli- 
nes et  les  monticules  qui  forment  les  Àspres,  depuis 
Perpignan  jusqu'à  Banyuls-dels- Aspres  et  la  petite  plaine 
du  Boulou,  on  a  toujours  les  mêmes  assises  et  les  mêmes 
formations.  En  remontant  le  cours  de  la  Valmanya, 
depuis  son  confluent  avec  le  Tech  jusqu'à  3  kilomètres 
en  amont  de  la  route  de  Céret,  on  retrouve  le  véritable 
raccordement  des  diverses  couches  du  système  tertiaire. 
On  voit  (la  as  le  lit  de  la  Va  I  ma  u  y  a  les  mêmes  marnes 
grises  de  Millas,  et  sur  les  escarpements  se  montrent 
des  couches  analogues  k  celles  que  nous  avons  précé- 
demment décrites.  C'est  dans  les  marnes  grises  du  Bou- 

4 

lou  que  l'çn  a  découvert  le  gite  fossilifère  de  Nidolères. 
Ainsi  il  n'y  a  pas  a  en  douter;  à  la  (in  de  la  période 
tertiaire,  le  Roussillon,  depuis  Opoul  jusqu'au  pied  des 
Albères,  formait  une  seule  et  même  plaine.  On  y  recon- 
naît plusieurs  formations  bien  distinctes  :  les  marnes 
grises,  les  sables  blancs  et  gris,  les  argiles  rouges,  les 
marnes  boueuses  et  ensuite  un  dépôt  de  marnes  argilo* 


H9 

calcaires  avec  grand  dépôt  de  petits  cailloux.  Les  trois 
premières  formations  ont  dû  être  déposées  dans  des 
périodes  fort  tranquilles;  les  cours  d'eaux  tumultueux  y 
étaient  certainement  inconnus,  car  on  ne  trouve  ni  cail- 
loux roulés,  ni  même  de  gros  sables. 

Les  formations  supérieures  sont  plus  tourmentées  ; 
les  cours  d'eaux  diluviens  et  les  transports  de  la  grande 
époque  glacière  ont  profondément  modifié  les  assises  les 
plus  récentes,  Mais  nous  examinerons  plus  tard,  quand 
nos  documents  seront  complets,  les  divers  cataclysmes 
qui  ont  changé  le  faciès  des  dernières  couches  tertiaires. 

Nous  montrerons  les  vallées  produites  par  les  cours 
d'eau  et  les  transports  nombreux  des  glaciers. 

Les  phénomènes  glacières  ont  changé  le  faciès  de 
plusieurs  points  des  Pyrénées-Orientales,  notamment  dans 
les  vallées  de  la  Valmanya,  du  Réart,  du  Boules,  du 
Riu-Fagès  et  de  la  Lentilla. 

Dans  cette  première  notice  nous  avons  voulu  montrer 
que  dans  notre  déparlement,  si  bouleversé  par  les  diffé- 
rents cataclysmes  géologiques,  on  peut  néanmoins  trou- 
ver on  grand  nombre  de  points  de  répère  qui  serviront 
à  établir  un  système  rationnel  d'agriculture,  basé  sur  les 
lois  véritables  de  la  géologie. 

Depuis  la  rédaction  de  celte  notice,  nous  avons  décou- 
vert dans  les  marnes  grises  de  la  lin  de  la  période  ter- 
tiaire, des  feuilles  fossilles  dans  un  état  parfait  de  con- 
servation. Nous  en  donnerons  la  description  dans  un 
prochain  bulletin. 


MO 


AURORE  BORÉALE  DU  4  FÉVRIER  1872 

SON  INFLUENCE  SUR  LES  APPAREILS  TÉLÉGRAPHIQUES 

DU  POSTE  I>E  PERPIGNAN 


NOTICE 

Communiquée  par  M.  Arnaud,  employé  des  Télégraphes, 
et  par  M  Rouffiandis,  licencié  ès-sciences,  professeur  à  l'École -Normale 

de  Perpignan,  membre  résidant. 


Les  aurores  boréales  parfaitement  visibles  sont  assez 
rares  dans  les  contrées  méridionales  de  l'Europe  ;  on 
en  compte  à  peine  une  ou  deux  par  an  sous  la  latitude 
des  climats  tels  que  le  Roussillon.  Au  contraire,  dans 
les  régions  polaires  du  nord  et  du  sud  de  la  terre,  la 
fréquence  des  aurores  est  presque  journalière.  Tout  le 
monde  sait  que  certaines  peuplades  de  la  Laponie  et  de 
la  Sibérie  utilisent  la  lumière  des  aurores  boréales  pour 
voyager  sur  leurs  routes  de  glace.  Quelle  est  la  cause 
de  ce  phénomène  lumineux  qui  à  toutes  les  époques  a 
tant  préoccupé  les  esprits  timorés  ? 

Les  opinions  des  savants  sont  diverses  et  la  véritable 
cause  ne  sera  peut-être  pas  encore  connue  de  longtemps* 
Mairan  attribuait  ce  phénomène  à  l'atmosphère  lumineuse 
du  soleil;  Culer,  à  des  particules  de  l'atmosphère  ter- 


121 

restre  sollicitées  par  l'action  de  la  lumière  solaire.  Biot, 
prétend  l'expliquer  par  la  combustion  de  molécules 
métalliques  infiniment  petites,  suspendues  autour  des 
pôles  magnétiques  et  rendues  incandescentes  par  l'élec- 
tricité. Les  physiciens  modernes  s'accordent  presque 
tous  à  reconnaître  l'électricité  comme  la'  cause  de  ce 
curieux  météore  qu'Âristote  décrivait  déjà  avec  assez  de 
précision  dans  son  livre  des  météores.  Cette  théorie  est 
basée  sur  les  faits  suivants  :  Pendant  les  aurores  boréales 
l'air  est  fortement  chargé  de  fluide  électrique,  l'aiguille 
aimantée  éprouve  des  perturbations  extraordinaires  et 
même  une  agitation  violente,  Tare  météorique  a  un  rap- 
port constant  de  position  avec  le  méridien  magnétique. 
H.  de  La  Rive  explique  l'aurore  boréale  par  des  déchar- 
ges électriques  qui  s'opèrent  dans  les  régions  polaires, 
entre  l'électricité  positive  de  l'atmosphère  et  l'électricité 
négative  du  globe  terrestre. 

De  toutes  ces  opinions,  laquelle  choisir?  À  priori, 
les  unes  ne  sont  pas  plus  plausibles  que  les  autres.  Mais, 
si  dans  l'état  actuel  de  la  science,  on  ne  peut  pas  don- 
ner une  théorie  complète  et  irrécusable  de  l'aurore 
boréale,  on  est  cependant  parvenu  à  pouvoir  prédire 
l'arrivée  de  ce  météore,  car  la  manifestation  lumineuse 
n'est  qu'une  portion  du  phénomène  naturel.  M.  Àrago 
a  remarqué  le  premier,  qu'à  Paris,  dès  le  matin  du  jour 
où  une  aurore  boréale  doit  se  montrer,  l'aiguille  de 
déclinaison  dévie  vers  l'occident  et  le  soir  vers  l'orient; 
cette  déviation,  dit-il,  va  quelquefois  jusqu'à  un  quart  de 
degré.  M.  Àrago  a  aussi  essayé  d'observer  si  les  aurores 
australes  ont  une  influence  pareille;  mais  il  est  arrivé 
que  toutes  les  fois  qu'une  aurore  australe  était  signalée, 


lii 

elle  coïncidait  avec  une  aurore  boréale.  Que  penser  de 
cette  coïociden ce  ?  L'illustre  astronome  n'a  pas  eu  des 
observations  assez  nombreuses  pour  en  tirer  des  conclu- 
sions satisfaisantes  au  point  de  vue  scientifique.  Depuis 
la  mort  de  notre  savant  compatriote,  les  télégraphes 
électriques  ont  reçu  une  extension  immense  ;  le  réseau 
télégraphique  embrasse  de  ses  fils  merveilleux  toutes  les 
Sous-Préfectures  de  France,  et  Ton  cause  de  Dunkerque 
k  Perpignan  avec  autant  de  facilité  que  dans  un  salon. 
Le  télégraphe  électrique  permet  d'étendre  les  prévisions 
d'Arago  déduites  de  la  boussole.  Lorsque  le  phénomène 
apparaît  à  la  vue,  la  science  Ta  déjà  prévu  et  observé  en 
partie.  C'est  ce  que  nous  nous  proposons  de  démontrer 
pour  Perpignan,  un  des  points  les  plus  méridionaux  de 
la  France. 

On  sait  qu'une  aurore  boréale  a  été  aperçue  à  Perpi- 
gnan, le  dimanche  &  février  1872.  Vers  cinq  heures  du 
soir  les  premières  lueurs  apparurent  dans  la  région  nord 
de  la  voûte  céleste.  L'arc  météorique  embrassa  bientôt  la 
zone  habituelle  des  aurores  boréales,  c'est-à-dire  un 
grand  espace  terminé  par  un  arc  de  cerele  montant  de 
l'horizon  N.-E.  vers  la  polaire  et  allant  disparaître  à 
l'horizon  N.-O. 

Dans  la  première  période,  de  cinq  heures  et  demie  à 
sept  heures,  les  phases  furent  fort  variables  :  tantôt  les 
raies  lumineuses  se  déployaient  par  bandes  cramoisies 
ou  blanchâtres  du  sommet  de  l'arc  vers  l'horizon  nord; 
tantôt  des  parties  s'assombrissaient  et  devenaient  presque 
instantanément  rouge-cerise.  Par  intervalles,  entre  huit 
et  neuf  heures,  le  phénomène  a  présenté  un  faciès  qui  ne 
sera  pas  certainement  reste  inaperçu  des  observateurs  des 


423 

étoiles  filantes.  Tandis  que  la  région  principale  de  l'au- 
rore n'élait  colorée  que  par  places  el  avec  des  intensités 
de  tontes  les  nuances,  depuis  le  blanc  pâle  jusqu'à  l'in- 
carnat, la  région  céleste  de  la  constellation  du  Lion  a 
déployé  une  véritable  couronne  de  rayons  magiqueâ  lan- 
cés dans  toutes  les  directions,  mais  principalement  vers 
l'occident.  Toute  la  région  des  étoiles  filantes  présentait 
un  éclat  féerique,  et  si  la  chute  des  étoiles  filantes  avait 
coïncidé  avec  l'aurore,  je  demande  qui  n'aurait  pas  attri- 
bué aux  rayons  de  l'aurore  et  aux  traînées  des  étoiles 
une  seule  et  même  cause.  Les  poussières  cosmiques 
peuvent  bien  être  la  cause  principale  des  aurores  boréales. 
De  neuf  heures  à  onze,  le  météore  a  continué,  tout  en 
conservant  son  éclat  et  sa  beauté;  il  embrassait  par 
moments  pins  des  trois  quarts  de  la  voûte  céleste,  et, 
chose  extraordinaire  pour  notre  climat,  il  dépassait  le 
zénith  d'un  grand  nombre  de  degrés  vers  le  sud.  L'occi- 
dent a  été,  vers  la  fin,  la  portion  du  ciel  la  plus  colorée. 

Passons  maintenant  à  l'influence  de  l'aurore  boréale 
sur  le  télégraphe  électrique.  Il  est  nécessaire  de  rappeler 
les  influences  qui,  en  temps  ordinaire,  sont  exercées  par 
l'atmosphère  sur  les  appareils  télégraphiques. 

On  sait  :  1°  que  par  un  temps  serein,  l'atmosphère 
renferme  une  quantité  plus  ou  moins  grande  d'électricité 
généralement  positive;  2°  que  par  un  temps  orageux, 
presque  tous  les  nuages  sont  électrisés,  les  uns  négati- 
vement, les  autres  positivement,  mais  à  des  tensions 
diverses.  Il  y  a  encore  quelquefois  des  masses  considé- 
rables d'électricité  accumulée  par  influence  et  par  places 
2i  la  surface  du  sol. 

L'observation  de  tous  les  instants  démontre  que  dans 


le  premier  cas,  l'influence  exercée  sur  les  fils  télégra- 
phiques est  très-faible  et  n'entrave  point  le  service  des 
transmissions.  Des  galvanomètres  très-sensibles  n'indi- 
quent que  de  faibles  courants  dont  les  actions  mécani- 
ques sont  inappréciables. 

Dans  le  second  cas,  les  choses  se  passent  tout  autre- 
ment. L'influence  des  nuages  sur  les  fils  se  traduit 
d'abord  par  une  accumulation  lente  d'électricité,  ce  qui 
dépend  surtout  de  ce  que  les  fils  en  service  sont  en 
communication  avec  le  réservoir  commun. 

Dans  le  principe,  cette  accumulation  lente  ne  gêne 
que  peu  ou  point  les  transmissions,  mais  il  vient  an 
moment  où  l'électricité  se  trouve  accumulée  à  haute 
tension.  Alors  il  se  présente  deux  cas  bien  différents  : 
si  le  nuage  qui  tient  un  fil  sods  son  influence  vient  k 
s'éloigner  lentement,  ou  bien  s'il  perd  son  électricité  par 
l'intermédiaire   des   milliers  de    gouttes  de  pluie   en 

0 

lesquelles  il  tend  à  se  résoudre,  l'électricité  des  fils 
alors  tend  à  s'écouler  vers  le  réservoir  commun.  Cet 
écoulement  a  lieu  par  masses  intermittentes,  dont  la 
-  durée  appréciable  des  effets  est  bien  d'une  minute  et 
demie.  Ces  masses  qui  sembleot  se  comporter  comme 
les  courants  dynamiques,  se  traduisent  &  l'appareil  écri- 
vant de  Morse  par  des  traînées  d'encre  ne  présentant 
jamais  la  régularité  géométrique  des  signaux  transmis. 
Ces  traînées  rendent  les  transmissions  illisibles  et  la 
cause  qui  les  produit  gène  le  réglage  des  appareils.  Ces 
espèces  de  courants,  intermittents  et  b  courte  durée,  ne 
peuvent  se  confondre  avec  les  autres  courants  étrangers 
que  Ton  constate  sur  les  fils  et  dont  la  cause  est  presque 
toujours  suffisamment  connue. 


125 

Si  le  nuage,  au  lien  de  s'éloigner,  se  décharge  subi- 
tement, il  se  produit  110  choc  eu  retour  dont  les  effets 
se  présentent  sous  trois  aspects  divers.  Premièrement, 
le  chee  en  retour  peut  se  traduire  par  ud  fort  courant 
instantané  qui  s'écoule  en  partie  par  les  pointes  du 
paratonnerre  de  ligne  et  par  Je  paratonnerre  préser- 
vateur des  appareils.  Le  fil  de  fer  de  ce  dernier  ins* 
trvmeat  est  foiràu  en  partie,  ou  au  moins  son  enve- 
loppe de  soie  est  brûlée.  La  décharge  instantanée  est, 
dans  cette  première  hypothèse,  en  comeiuoicatipn  immé- 
diate avec  le  sol.  Les  appareils  sont  préservés. 

Dans  le  second  ces,  epe  partie  plus  ou  moins  grande 
de  la  décharge  s'écouje  par  les  pointes  du  paratonnerre 
de  ligne  et  la  partie  restante  traverse  les  bobines  de 
Péleetro-aimanl  de  l'appareil  placées  dans  le  circuit  du 
fil.  Si  l'écoulement  s'effectue,  en  grande  partie,  par  les 
pointes  du  paratonnerre,  l'attraction  subite  de  l'arma- 
ture de  l'électro-aimant  n'offre  rien  de  particulier  ;  si, 
au  contraire,  l'écoulement  s'effectue,  en  grande  partie, 
par  les  bobines  de  l'électro-aimant  l'attraction  de  l'ar- 
mature produit  un  son  très  distinct,  particulièrement 
remarquable,  et  qui  peut  être  comparé  au  bruit  d'une 
grosse  pierre  lancée  dans  un  puits  profond,  ou  bien  à 
celui  d'une  bouteille  vide  renversée  subitement  dans  une 
eu ve  remplie  d'eau.  L'aiguille  de  la  boussole  est  alors 
ou  désaimantée  ou  aimantée  en  sens  contraire. 

En  troisième  lieu,  il  arrive  que  le  fil  des  bobines  de 
l'électro-aimant  est  fondu  sur  une  petite  longueur  de  un 
millimètre  environ-  Ce  fait  de  la  fusion  du  fil  des  bobines 
est  très  remarquable,  si  l'on  considère  la  résistance  que 
ce  £1  offre  au  passage  de  la  déeljarge,  et  d'un  autre 


420 

côté,  le  peu  de  résistance  offerte  par  le  fil  du  paraton- 
nerre préservateur.  C'est  cette  grande  résistance  du  fil 
des  bobines,  qui  produit  les  fortes  étincelles  constatées 
à  un  moment  donné,  dans  un  bureau  télégraphique.  Un 
télégraphiste  attentif  prévoit  ce  moment  et  établit  aussi- 
tôt tous  les  fils  en  communication  immédiate  avec  le 
réservoir  commun. 

Telles  sont,  en  résumé,  les  perturbations  que  les  phé* 
nomènes  atmosphériques  exercent  sur  les  fils  soos 
l'action  de  causes  qui  sont  relativement  tangibles.  Nous 
disons  tangibles  parce  qu'il  y  a  une  autre  cause  de  per* 
turbations,  Tort  remarquées,  mais  peu  expliquées  encore. 
Sous  l'influence  d'actions  thermo-électriques,  les  fils 
deviennent  subitement  impraticables  sans  cause  apparente. 
Celte  perturbation  varie  souvent  de  trois  k  quatre  heures 
de  durée;  on  l'observe  par  tous  les  temps  el  à  toutes 
les  saisons.  Si  au  moment  où  elle  se  produit,  on  isole, 
pour  une  cause  quelconque,  un  fil  à  Tune  de  ses  extré- 
mités, un  courant  de  retour  plus  ou  moins  faible  se 
constate  k  l'extrémité  opposée.  Celte  neutralité  subite 
et  intermittente  des  fils,  ou,  si  l'on  aime  mieux,  celte 
résistance  particulière  que  les  fils  offrent  au  passage  des 
courants  dynamiques,  n'existe  que  sur  «quelques  points 
de  leurs  parcours,  c'est-à-dire  par  places.  On  l'attribue 
assez  généralement  h  des  vibrations  moléculaires.  Rien 
ne  prouve  encore  d'une  façon  irrécusable  que  ce  phéno- 
mène soit  le  résultat  d'actions  exclusivement  thermo- 
électriques. D'ailleurs,  quelle  est  la  cause  de  ces  actions! 

Comparons  maintenant  les  phénomènes  dont  nous 
venons  de  parler,  avec  les  effets  que  l'aurore  boréale  du 
dimanche  4  février  1872,  a  exercés  sur  les  fils  télégra- 


127 

phiques  de  la  station  de  Perpignan.  Ce  jour  là,  dès  huit 
heures  du  malin,  les  observatoires  de  Perpignan,  du 
cap  Béarn,  de  Leucate  et  de  Cette,  constatèrent  chacun, 
pour  la  direction  et  la  force  du  vent,  des  résultats  fort 
disparates.  H  n'y  avait  pas  l'analogie  habituelle  -  entre 
les  divers  renseignements.  Que  pouvait  indiquer  une 
pareille  discordance?  Personne  ne  songeait  à  une  aurore 
boréale.  Vers  trois  heures  du  soir  arriva  unejwurrasque 
subite  de  vent  du  N-O.  Elle  dura  quinze  minutes  envi- 
ron et  tout  retomba  dans  un  calme  relatif.  Les  prome- 
neurs en  furent  quittes  avec  une  désagréable,  bouffée,  et 
ils  ne  se  doutaient  pas  que  celte  rafale  était  comme 
le  coup  de  canon  qui  annonce  la  fête.  Tandis  qu'elle  se 
produisait,  les  fils  télégraphiques  et  notamment  ceux  qui 
se  dirigent  vers  Narbonne,  commencèrent  à  devenir  d'une 
difficile  pratique.  Les  intermittences  de  résistance  étaient 
fort  variables,  mais  l'obstacle  qui  s'opposait  au  passage  des 
courants  dynamiques,  surtout  entre  Perpignan  elToulouse, 
tendait  h  acquérir  une  force  de  plus  en  plus  grande.  Les 
télégraphistes,  enfermés  dans  leur  bureau,  purent  croire, 
en  dépit  de  la  saison,  que  les  fils  étaient  sous  l'influence 
d'actions  orageuses. 

Cependant  le  ciel  était  d'une  limpidité  parfaite.  Les 
fils  se  trouvaient  donc  sous  l'influence  de  ces  vibrations 
moléculaires  que  nous  avons  mentionnées.  Les  der- 
niers rayons  du  soleil  couchant  doraient  l'horizon,  rien 
encore  ne  pouvait  faire  soupçonner  l'action  d'une  aurore 
boréale.  Ce  ne  fut  qu'à  partir  de  4  heures  25'  que  le 
phénomène  se  dessina  d'une  façon  précise.  Dès  ce 
moment,  des  conrauts  étrangers  parfaitement  percepti- 
bles, circulèrent  dans  les  fils  télégraphiques.  Cependant, 


128 

on  attribua  d'abord  ces  courants  étrangers  à  ces  mélan- 
ges de  fils  qui  se  produisent  fréquemment  non  loin  de 
la  bifurcation  de  Narbonne.  Nous  avons  dit  plus  haut  que 
lorsque  un  nuage  orageux  s'éloigne  et  se  résout  en  pluie, 
il  se  manifeste,  dans  les  fils  que  ce  nuage  tient  sons  son 
influence,  un  petit  courant  ayant  presque  les  caractères 
des  courants  dynamiques  continus  ;  nous  avons  ajouté 
que  ces  faibles  courants  se  produisent  par  intermittences 
et  que  leur  durée  peut  aller  jusqu'à  une  minute  et  demie. 
Ces  courants,  avons-nous  encore  dit,  se  traduisent  à 
l'appareil  écrivant  de  Morse  par  une  traînée  d'encre 
seulement.  De  plus,  on  constate  de  temps  à  autre,  aux 
paratonnerres  à  pointes,  de  petits  bruits  secs  provenant 
des  étincelles  échangées  entre  les  pointes  et  les  plaques 
de  cet  appareil.  Sous  l'influence  de  l'aurore  boréale,  les 
faits  observés  furent  un  peu  différents  :  la  continuité  du 
courant  de  décharge,  au  lieu  d'être  d'une  minute  et 
demie,  eut  une  durée  moyenne  de  dix  minutes  et  attei- 
gnit même  un  maximum  de  15'.  Ce  courant  fut  assez 
régulier  pour  permettre,  à  l'appareil  écrivant  de  donner 
un  long  trait  d'une  régularité  parfaite  et  semblable  à 
ceux  des  transmissions  ordinaires.  L'intensité  du  courant 
était  très  forte;  mais  à  rencontre  des  courants  que  nous 
nommerons  statiques  continus,  on  ne  constata  jamais  la 
moindre  étincelle  aux  pointes  des  paratonnerres.  A  Tou- 
louse, point  terminal  du  (il  sur  lequel  on  observait,  les 
manifestations  étaient  identiques. 

Est-ce  tout  ?  Non.  Supposons  un  disque  partagé  en 
26  divisions,  par  exemple  ;  si  ces  divisions  correspondent 
dans  un  ordre  alternatif  à  une  émission  ou  à  une  inter- 
ruption de  courant,  de  façon  que  les  divisions  paires 


soient J'ititetruptiM,'  ti  les. diattiensiimpap^iréautsiop 
de* c*NJtao4t ♦  eM'oa  iateaéuit  ce^ieqde  éMuxib  cmi 
téWswi|iW<l»fc,,<le  telle  sorte  qetal  painio  ler  fime  fceamet 
qaead  fC'eet  nécessaire;  «  h  l'autre' tient  du  il.  de  ce 
ciqewl  oniJMtw  appareil  écrivant*  on  reoecittera  aet 
la  bae4e*  de  pep*#  de  eet  appareil,  totites  tes  lob  qwlé 
mouvement  *Je>  wtatieti  d*  disque  sert  trop  HÉpèdte,  ane 
sépe,  potttiaae  <}e  pbimiidonl  la  feroneue  et  ^espacement 
sopip^Hement  réf^liere.       .-  . .  i-    » 

Si  l'on  rewplace  te  disque  c*  la  pile  de*  ce  disqoe 
éweWtitl*  «aeeaait  par  «ne  paire  pile  4a«t.  la  force 
étaetWTm#iritQ  soii  telle  que.  l'intensité:  du  «aqnfttae 
trouve  hors  de  proportion  avec  {la  résktanee  totale  (te 
cirwrt,  il  »e  sa  produira  >pa*  k  J'y ppereU  de  Morte, 
comité  il  iwiil>  logique  4e  le  croice,  un  ceuraat  continu 
pcodpiaNtt  mrç  attraction, coati***  de  rawatore*.  et!  pan 
suite  donnant  lieu  à  un  long  trait  très-régaHer*  ^o  co*^ 
tsaife,  JfyiWtwq  s#  /comportera  coiafte  deae  (l'hypothèse 
4*  dpqw,;.  li^  attractif*, ,alteroattv*a  da  Hamster* 
efgntfreroot,  q*#  séri*  de  points  d'une  téeeilé  tastséaia. 
avec  uq  espacement  proportionnel  k  cette  ténuité.  Il  est 
facile  d'e*pl*t*er  la  ténuité  de  t&  pavots  retativemeaâ  à, 
cepa.qae  f<wotf  le  disque  :  i'artaetei*  pawonrt  à >eine 
le  4ixi&f*P  4&  l'are  daaa  l'éteadae.  duquel  oa  Nmtia  ses 
osjçilMiona,  pour  an  appareil  conveapMeoient  iséglé1  en 
vue  4e  besoins  oormaux. 

La  substitution  d'an  roulewerU  contint*  à'ua* attrae* 
tioft  eoptino*,  s*w  l'action  d'an  courant  hâ-ménie  coihi 
tiafl*  résulta  dft.Je  wmtHA*Ueo  de  deux  raisons  :  1'«mj 
taéWWfUO*  l'a**!*  physique*  L'action  mécanique  «et 
engendrée  par  le  .choc  dto  levier  supportant  l'arma  tare;,' 


430 

quittent  frappera ^ia»fanham:  b  cotwsada  Je*ier  taf- 
nèaiet;  itiaotâsè  physique  ett^eadréepar  léfc'tifevatie&è 
MltadMfèfi  fioéaiiÊQ  dansfleftiMloui  sdus  >ta  pbissanecf 
da  efeiiiiftituiCttidèii&ttlioBs  me  résument  •  en !  un  nimet' 
sain  t  vibratoire  mixto  4ont  léaeftef*  dîffèPMt  'essentiel 
Mnatft  des  Sereine  Dt*  Cataire*  (qae#M*  'Déletennë 

GeUe  é»yeidbiaMe*Mi^l6i  spécial*  b  Fpp^at  e»  tAHMorte? 
jusqu'à  ce  jour,  c'est  là  seulement*^  wbuartftakli'fcdna* 
faites  Ajouta**  Id'aillpinfc  qtteepsvibëatioife.iom  >ffif&d1es 
à»  netitKiliief  (sN'icp  nfe'pas-'b  s»  4isposMotf  dés  'ecMkM* 
aaéoaniqueB  saflisaates.  Cette  peuttalifttion'detietttift&nfe 
■iposbibtê  dansleds  qui  va  nous  •  occuper:   v>    • ' 

Noèfe  afrofa»>p«tlé' piusr'tjaifttdte  l'attraction '«coAtnine 
de»  Vaunaiiire  eous  l'action  du  Pouvant  cbtkltiir  développé 
par)  Uaorore  boréale  i  mus  avons  ajouté  que  tort  de  m 
bornaiUpas  Ik. ,        ■•»   ■>.-'     •<  -  -        - 

Sous il'ènfluenee  4*  cette  phase  dtr  phébottiène,  Fat- 
traotte*  >  dootlnue  'do  l'armât  are  se  transïorift*  ;ett  utfe 
aUfaetreo  -alternative  qfci-BO  traduisit,  à^rappaPéirééW+â*»,' 
paa  Une  série*  de  points  d'une  itenàfae  grosseur:  Osé 
potat*  étaient  cotnpataMes  à  téo*  que  pro&ritarft  h  tiis1-1 
que  4ont  uoue  avons  parlé  ci-detisu*.  Rien  «o  '  leén  dffi&» 
renctait.  Cependant  I'ai*naiute  parcourant  à  peiné,  dans* 
oe  detoier  casi,  le  q«art  de  l'are  dans  lequel  eHe  pouvait' 
se  mouvoir,  alors  que  dans  le  cas  du  disque;  elle  oscillé' 
dans-toute  Téttodue  da  même  are.  Get  arc  est  fért 
petit*  saitangati  levant  enti  ton  T  millimètres.  En  corn* 
pataoft  les*' oscillations  vibratoires  du  coûtant  des  pflt*s- 
avec  ee^csdu  iCourailt>  de  Faorore;  boréale,  oh  expliqué' 
facilement  la  différppce  du  dixième  au  quart  d«  Part. 


«31 

Eu  etftt,  sous  l'action  de  l'aurore,  l'armature  se  trouvait 
influencée  par  tne  force  magnétique  telle  que  jamais 
imms  n'avions  été  a  même  d'en  constater  une  pareille. 
Noos  essayâmes  eo  tara  de  neutraliser  cette  action  puis»» 
santp;  tous  les  moyens  à  notre  disposition  furent 
impuissants;  nous  redoutions  la  raptnre  de  tons  le* 
ressorts.  Qnant  an  son  produit*  sons  la  puissance  de 
cette  farce,  il  peut  être  comparé  k  celui  d'un  tonrne* 
brocbé  animé  d'un  rapide  mouvement  de  rotation.  Nous 
connaissions  depuis  longtemps  les  divers  soda  nu  bruits 
causés  par  les  actions  orageuses,  mais  nous  ignorions 
tout  à  lait  le  bruit  étourdissant  qne  produit  le  phéno* 
mène  de  l'aurore. 

Pria  an  dépourvu  par  l'apparition  subite  dp  ce  météore 
et  agissant  surtout  sous  le  mobile  de  préoccupations 
essentiellement  administratives,  nous  avons  laissé  passer 
bien  des  petites  observations,  insaisissables  presque, 
mais  qui,  reliées  h  un  certain  nombre  d'autres,  auraient 
pu  avoir  pour  la  <  science  une  importance  considérable. 
Cette  réflexion  nous  est  suggérée  d'abord  par  ce  bit  sur 
lequel  nous  insistons,  fait  qui  consiste  dans  l'absence  de 
tonte  trace  d'étincelles»  Gomment  cela  pent-il  êtne  con- 
cilié avec  ce  que  nous  avons  remarqué  maintes  fois 
dans  le  cas  de  vibration  continue  dn  courant  d'une  ptfe? 
Il  y  a  eu  presque  toujours  de  très-petites  étincelles 
échangées  entre  l'armature  et  les  noyaux  de  Pélectra- 
ahnant.  Sous  l'action  de  l'aurore  boréale  ces  étincelles 
ne  se  sont  pas  produites.  Disons  ensuite  que  nous  avons 
omis  d'essayer  l'action  du  courant  sur  te  système  ner- 
veux. Cet  essai  pouvait  être  fait  sans  danger  aucun. 

De  ce  qui  précède  il  semble  résulter  que  les  inani- 


*8è 

teaiaiion»  élwlriiwnes  observée*  ourles  61*  télégraphiques* 
pendant  l'aurore  berisle*  n'ont  aotua  rapport  ft*w  le$ 
dftbirçes  étatique*  occasionnées  parles  ioAntnees  #ra- 
«entée»  Ces  manifestations,  an  contraire ,  par  aiaeettt  avoir 
«ne  grande  apologie  aaeo  le»  courant*  dynamiques; 
meioftsrauie  Dww.i,0vans.faii!|tfeaaeinirvil  peut  y  «voir 
des  diflértnqes»  que  non*  ne  poprene  tentes  >  de  définir 
Xauled'Qbservatioes  sortantes.  QueMeq  W*  **i*M  ces 
différences,  M  *'en  séentte  ipas=  rooîoa  que  pendant  II 
durée  Ai  phénomène,  ta  4H»  ne  setot  trpnvéseons.  qoa* 
II*  état*  éleetaiqoestp^ieultef*»  Ces  quatre  dt|ts  élec- 
trique* peuvent  wrraipoadre  h  quatre  phases  générales 
du  phénomène.  Durant  la  première  pbaao,  que  ooes 
appellerons  phase  prinekm,  ies  ily  se  trfvvèrent  sous 
l'iofloenee  de  ce»  vibnlUoos  moléculaires  qae  imbi  avons 
déjà  ftil  connaître,  Cette  phase  commença  ters  trois 
heures  du  «oit  et  nembla  prendre  fie  vers  5  heures  50'. 
Disons  encore,  pour  naicnxpréetserv  que  pendant  toute 
sa  durée,  le  sémite  dpi  Jroosmiseioofr  fut  presque  tout  k 
AK  suspend*.  A  t>eine  si  de  tempe  k  autre  quelques 
mots  pouvaient  «être  dchnnflfr  par  les  fils.  . 
.  Ce  ne  fia  qu'fapfcès  B  heures»  30'  que  le  Hsvail  put  être 
repris  d'une  mapièfe  sérieuse  sur*  le  fil  de  Toulouse^  le 
ptatq  impressionné  de  tous.-Ce  tna*ad  resta  encore  inter- 
mittent. C'est  ici  le  lieuf  do  idire  que  les  trois  dernières 
-phase»  du  jphénomèoe  furent  (Constamment  alternatives. 
Les  besoin*  du  service  nous  empêchèrent  de  prendre  «des 
notes  4oiMiesiiqorMU6  permettraient  aujourd'hui >de  pvd- 
WW  i06s  alternatives.  Dans  éa  deuxième  phase,  les  fils 
paraissaient!  être  rentrés  dans  leur,  état  de  oûMinirité 
uoamale,  le  travail  s'opéflnt  sans  aucunq  entrave.  Noos 


133 

remarqué  que  dans  cet  état,  I»  lueur  rougeàtre  dé 
l'aurore  sembfait  s'éteindre  el  disparaître  complètement 
»  l'befiz*n. 

Dans  la  troisième  phase  eiietait  eel  état  électrique  du 
fil  peodiDt  lequel  le  passage  d'un  courant  asser  intense  fce 
traduisait  par  une  attraction  èontinue  de  l'armature*  Cette 
atttactioo,  avons-nous  dit,  durait  parfois  15V  C'est  aters 
que  l'aurore  déptoycrit-  son  are  immense,  en  bandes  ron»' 
geàtres,  paraissant  embraser  tout  l'horiaon  du  côté  nond. 

C'est  enfin  dans  la  quatrième  phase  que  se  produisait 
cette  pnissaote  force  magnétique  dont  il  esc  parlé  e*-des- 
sus,  force  si  grande  que  l'armature,  attirée  et  repeussée 
avec  une  vitesse  considérable,  imitait  te  roulement  per- 
pétuel do  tourne-broche.  Cet  état  de  choses  se  produisait 
lorsqu'une  partie  de  la  lueur  dé  l'aurore  se  transformai 
en  ces  stries  noirâtres  entre  lesquelles  on  voyait  appa- 
raître les  magnifiques  rayons  d'une  lumière  argentée 
augmentant  et  diminuant  à  vue  d'oeil. 

Dans  la  troisième  et  ta  quatrième  phase,  l'état  élec- 
trique du  fil  ne  changeait  pas  immédiatement;  ee  nfest 
que  lorsque  l'une  de  ces  deu*  dernières  phases  venait  Jr 
cesser  pour  se  transformer  en  la  seconde,  que  l'éceu~ 
lement  électrique  avait  lieu;  la  quatrième  phase  se 
transformait  dans  la  troisième.  -Le  mouvement  étee- 
trique  était  le  même,  sauf  les  différences  que  nous 
avons  signalées.  D'ailleurs  la  quatrième  phase,  si  non 
souvenirs  sent  fidèles,  ne  s'est  produite  d'one  ma- 
nière bien  sensible  que  deur  fois,  entre  trois  et  neuf 
heures  du  soir.  Notre  division  cri  quatre  phases  n'est 
pas  d'ailleurs  d'une  prétisfen»  mathématique  ;  nous 
l'avons  adoptée  seulement  parce  qu'elle  nens  a  permis 


134. 

de  mieux  rendre  notre  pensée  el  d'établir  une  espèce  de 
concordance  enlre  les  aspects  physiques  4n  phénomène 
et  les  perturbations  des  fils  télégraphiques.  Avant  de 
otare  cette  note  nous  esposerooa  quelques  observations 
faites  sur  les  boussoles,  observations  qni  sont  malheu- 
reusement trop  peu  nombreuses  pour  en  tirer  des 
conclusions  rigoureuses  an  point  de  vue  scientifique. 
Ces  observations  sont  presque  exclusivement  concentrées 
sur  le  fil*  de  Perpignan  h  Toulouse.  Rappelons  d'abord 
que  le  cadre  des  boussoles  est  toujours  orienté  dans  le 
plan  du  méridien  magnétique,  et  que  l'aiguille  aimantée 
est,  à  l'état  de  repos,  placée  dans  le  plan  du  cadre.  Lors» 
qu'un  courant  passe,  le  pèle  austral  de  l'aiguille  est 
constamment  dévié  vers  la  gauche  du  courant,  et  la 
direction  de  cette  déviation  tient  au  sens  de  l'enroule- 
ment du  fil  autour  du  cadre.  Dans  la  pratique,  toutes 
les  fois  qu'une  nouvelle  boussole  est  mise  dans  le  circuit 
du  fil,  on  ne  s'inquiète  nullement  de  savoir  quel  est  le 
sens  de  l'enroulemenl,  pourvu  que  l'aiguille  dévie  d'une 
façon  convenable  sous  l'action  du  courant.  Disons  en 
outre,  que  si,  en  théorie,  an  admet  un  seul  courant 
allant  du  pôle  positif  au  pôle  négatif  de  la  pile,  par 
l'intermédiaire  du  fil  conjonctif,  dans  la  pratique  il  existe 
deux  courants  de  signes  contraires  qui  remplissent 
chacun  les  actions  qui  leur  incombent.  Faisons  remar- 
quer encore  que  dans  tout  circuit  principal  de  télégra- 
phie) le  fil  de  ligne  est  de  part  et  d'autre  en  communi- 
cation constante  avec  le  réservoir  commue,  toutes  les 
fois  que  ce  circuit  se  trouve  &  l'état  de  repos. 

Les  piles  font  partie  d'un  circuit  secondaire  toujours 
ouvert,  et  qui  ne  peut  se-  fermer  que  par  l'intermédiaire 


136 

du*  oîfouUi|MÙncipaL:  U,.forainwei  du  ******  de^nnedas 
dompta  conirtiittftityaMMtiaéqûttlij  lefUi  ItfMfcd'aolwH 
.  Rendant  il^roro  ièofl<atevr«oiK)iU»«li^iiSi  Ai 
cadfedttli  tovssole  lélaf t  teln^iiQiicûfma^  poaîtifVâp 
départ  4e  flerpignij  <  faisait, délier  ilfripéleMjatfstfsItdf 
^igniUeiv^r»  la  d^e«jic'fiat-)tadwo  k  l.'ett  ,ihti  mendie» 
magnétique*  $**  l'iofloene*  4e,  l'.a*r*fte  totéafc,  Ae,pôk 
nnsârô  deJ'aigiiilfe.fe»^  l'biMH 

du  méridien  ato§aétiqi*<..  EHe  p*  fat  pas  affolée  *<wn* 
dan*  d'autre»  dwmalaocea,  etotià-dire.  tantôt  >fc  dr#f te, 
tantôt  ii  gftucèe  do  méridien*. Si  qu  m.  e#«vientj  de<te 
que  noua  airpM  dit  plue  bâtit  à.ltégar^^  i*oi*ièwe«et 
4natrièsie.  phases,  on  «ait  406  le»  W, se  trouvai alifernaUr 
vemtot  à  l'état  d'action  «et  il  l'état  id*  repos»  >U  déviation 
restai*  lonjour*à  l'ouest*  mm  le.  to  tria*)»  de  déviationie* 
produisait  quand  le  iil  était  à  r<ét*t,é'actioiÉl.  Ceiinaaiinain 
eai  aHé  quelquefois,  jnsqu'^  80°.  Pendant. Métal, de  tap^f 
ia  déxiatioo  a  varié.  :e*tre  fU  ai  80?,  .C'est  **  qt*&.  aous 
avons  par  tienliirtuttpt; *b|**rvét,v*ifrAiiit;  heurta  ><j»itseîft 
A  l>rigtw  de  r*ucore  boréal^,Jad^alaiiqi>^eata iwjDtra 
inférieure  à  4Bp.  Il  y  a  toujours,*»  onè^tteinehceSneit 
denee  entre  .la. déviation  de  l'aigoille  «A^la  peéttioi}  aatror 
poroiqije  d|«  jsqgwent  liimÎDen^  V^s.  n#tf  <fa*ww.  dl> 

Wff.il  ^e  pr9dMÎ3it  ^  a#pjllaiM>ps,p4ritWJtft«>wi  xi#pbk&p 

qyi  étaient  fa  4  i,6°»  .  • ■  •;    '  ♦• 

Noua  regr^ton*  de  0 'avoir  pas  eu.joiw  U  rçwo  de? 
galvauopièjtre*  de  précision  de#  Inius&ole»  de. sinus  qt 

de  tangenjea,  ,<#r.  n*us  etyiow  Pi»  jalor*  jtyiltiptitr  >ms 
observations  et  expérimenter  |p  signe  et  le.  sens.dps 
courants  développés. 
D'un  autre  côté,  pour  que  nos  observations  eussent 


136 

une  tuteur  meentesta  We;  il  aurait  fallu  expérimenter  à 
l'autre  ettrèmité  du  filfe Toulouse*  Mai»  bous»  manquons 
et  renseignements  sur  bette  'dernière  stalioÉ.  Toot  ce 
que  noue  savons  de  ce  >pds<te  peut  se  résumer  ainsi  : 
contact  toterimitetU  ;  décharges  fréquentes  phxtoitfe*  par 
l'aurore  boréale.  Comme  m  4e  voit,  ee  laconisme  se 
restent  des  eiigefteee  du  service  télégraphique.  Tons  le* 
(ife  du  département  des  Pyréoéet-Orientate*  furent  plus 
nu  moins  impressionnés  par  f  aurore  boréale. 

H  résulte  de  cette  crottée  que  l'aurore  boréale  ne  con- 
siste pas  uniquement  dans  le  météore  krmtneux.  Les 
courante  développé*  dans  les  fils  télégraphiques,  les 
perturbations  variables  de  la  boussole,  la  marche  capri- 
cieuse des  tenta*  sont  les  signes  avant-coureurs  de  Paurore 
lumineuse*  C'est  far  l'observation  attentive  de  tèos  ces 
phénomènes,  la  plupan  encore  peu  connus,  que  l'on 
pourra  aborder  In  vraie  théorie  dus  aurores  boréales. 
L'obseratioa  èérieuse  doit  frire  quitter  le  vaste  champ 
des  hypothèses  ;  observons  toujours;  et  lorsque  des  auro- 
re* boséaAès  se  produisent,  pendant  que* des  esprits  super* 
tioiets  ou  intéressée  y  cherchent  une  interpréta  lion  souvent 
grotesque  des:  misères  de  notre  planète,  que  les  obser» 
tuteurs  aérièftt  se  màltiplient,  que  les  uns  notent  pas  i 
pas*  les"  èh»cotf6tatte*8  physique,  (jtfe  les  autres,  munis 
d'appareils  électriques,  enregistrent  les  toutaftts  ûiulti- 
pies  et  qu'enfin,  da*s  les  observatoires  ad  hoc,  ob  saisisse 
au  passage  toutes  les  ressources  optiques  de  l'analyse 
spectrale.  Alors  seulement  ou  devinera  on  des  chapitres 
grandioses  du  livre  sublitne  qui  s'appelle  le  ciel. 


Î37 


•.        I  «  I  •  I        I  ■ 


«  • 


HISTOIRE  Mil  BELLE 

DU  DÉPARTEMENT  DES  PYRÉNÉES-ORIENTALES. 

i      •  * 

•••''.■  i  / 

ENtOStÔL&SlË 

Par  M.  ¥.  Fsllst,  Membre  fWdaat 


J'ai  commencé,  en  1866,  dans  le  quinzième  veteme 
de  nos  annales,  le  Catalogne  des  insectes  coléoptères 
qui  se  trouvent  dans  le  département  dés  PyrénéesJOrten- 
takfr.  Ce  catafogue  ne  contient  que  les  espèces  rion 
citées  par  le  ftoctetar  Louis  Coihpanyo.  J'ai  donné  Ifc 
desértptfrm,  d'après  leurs  *o?etfrfc,  dte*  espèces  nouvel- 
lement  ddcoutefies. 

Dans  le  seizième  volome,  j*ai  eu  la  satisfaction  de 
décrire  »  la  larVe  dé  la  Zygia  oU<mga,  de  Fabricius. 
L'insecte  parfait  ne  se  trente  que  sous  les  tories  des 
toifc  de  Bto  habitations,  dûtes  le  nid  de  la  guêpe  Gau- 
toisè,  ItyÀidnoptère  quf  foumrttlè  dans  tout  le  midi  de 
h  Ftance. 

En  1871,  dans  le  dfx^btrifiètne  téltrme,  Je  décrivis 
detrr  insectes  tellement  rares  jusqtfes  alftr*  dans  les  col- 
lections, que  je  les  supposai  notrreaut;  ce  sont  :  le  7W- 
chius  ffoui  et  le  Cailidium  Verneti.  Le  premier  est  une 


variété  très  tranchée  du  Irichius  Fasciatus  de  Linné, 
d'après  M.  E.  Mulsant,  professeur  d'histoire  naturelle  au 
Lycée  de  Lyon,  celui  de  nos  auteurs  entomologistes  dont 
le  mérite  égale  fceul  ta  tôcbrfdiUj  m  '  '  '  '   !  i 

Le  second  serait  U  Symmezocera  Laurasi  de  Lucas, 
insecte  trouvé  pour  la  première  fois  en  Algérie,  et  en  1835 
à  Auteuil,  près  Paris,  par  mon  excellent  ami  Henri  de 
Bonvouloir,  le  savan^a^^^  (topographies  des  famil- 
les Throscides  et  Eucnémidss. 

C'est  dans  le  résumé  des  4wrvaax  d^  la  section  des 
sciences  que  renferme  ce  dix- huitième  volume,  à  la 
page  15,  que  M.  le  secrétaire  de  la  section  des  sciences 
dit:  «  Dans  la  séance  du  mois  d'avril,  M.  Pellet  s'élève, 
«  dans  un  intéressant  travail,  contre  la  destruction  des 
«  hawietam;  il  prétend  qpe  3*iU  paient  à  dfcparajtre 
*  tout-k-fait,  nous  seriops  inondés  par  des  n\\ée?  d'in- 

,  Je  n'ai  pas  besoin  de  ,d&lwer  ^pe,  le  té%mi  4*  WftP 
iravaMt  9insi  compris,  meSvx  .d^re.  pop  #llç  q^su-j^ 
site  qu'elle  se  détruit  d'eUe^puype,:  U /tapt^fc^  ^,Jt 
l'état  parfait,  passe  sur  la  terre  juste  le,  tejqps  Aécessajug 
pour  l'aclç  de  la  reproduction  et  toucf^  tout  {tu  pluf  à 
quelques  {brins  de  feuille,  nevpept  être  classé  par  ohm 
parmi  les  insectes  carnassiers, 
.  Su  je  n'avais  été  absent  de  Perpigqan  et  qp '3,0*113 
déplorable  époque  dé  aoire  guerre  av,ec  lj*  Jprjisse  l* 
commission  de  publication  eût  pu  fonctionner,,  pprqille 
énormité  n'aurait  pas  été  imprimée. 

Ce. que  j'ai  dit,  le  voici;  et  je  ne  suis  pas  fâché  de  le 
consigner  en  entier  dans  nos  annales  puisque  j'avais 
remis  en  1870  ce  petit  travail  pour  qu'il  y  fut  inséré. 


139 


USTE  DES  HANNETONS 

(Genres  Melobatha,  PolyphyHa  et  Anoriaj 

*  001  SS  TROUVENT 
DANS  LE  DÉPARTEMENT  DES  *YRÉNÉES-ORlENTALÉS. 

Ce  sont  : 

1°  Mdolonlha  Albida,  de  Frivaldsky  ; 

2°        —         Hippocastani%  de  Pabricius; 

3°  Polyphylla  Fullo,  de  Linné  ; 

4°  Anoxia  A  us  traits,  de  Schonheer; 

5°      —      ScuteUaris,  de  Mutant; 

6°      —       Villosa,  de  Fabricius. 

Comme  pouvant  nuire  ï  l'agriculture,  je  citerai  le 
Mdolonlha  aUrida*  V Hippocasiani  et  V Anoxia  villosa;  les 
autres  espèces  sept  trop  rares,  ou  bien  elles  vivent  sur 
les  dunes. 

A  l'état  parfait,  les  hannetons  se  nourrissent,  pendant 
quelques  jours,  des  feuilles  des  arbres  ;  il  ne  font  alors 
aucun  mal  sauf  les  années  où  ils  abondent.  C'est  leur 
larve,  principalement  celle  du  Mdolonlha  vulgarité 
(6g.  3)  Fabricius,  appelée  ver  blanc,  qui  est  un  vrai  fléau 
pour  les  agriculteurs  du  centre  et  du  nord  de  la  France. 

La  larve  du  hanneton  passe  quatre  ans  en  terre  avant 
de  subir  sa  dernière  métamorphose.  Tous  les  moyens 
que  Ton  peut  employer  pour  détruire  un  insecte  qui 
pond  un  nombre  d'oeufs  qui  varie  de  quatre-vingts  à 
cent  et  dont  la  larve  vit  pendant  trois  ans  sous  terre  aux 
dépens  des  racines  des  plantes  et  de  celles  des  arbres, 
resteront  sans  résultats  appréciables.  Une  année  se  passe 


140 

sans  que  les  hannetons  signalent  leur  présence  ;  il  en  est 
de  même  d'une  secondé,  dtiné  taokiièftie'  année,  et  a  la 
quatrième  ils  fourmillent.  C'est  un  phénomène,  dira-t-on; 
nullement  :  le  moment  de  la  ponte  ou  bien  celui  de 
l'avanHeraière  métatypwhwfi,  lor?qije  la  larve  ^e  trans- 
forme en  nymphe,  a  été  contrarié  par  certaines  cir- 
constances atmosphériques.  En  effet,  le  hanneton  peut 
être  appelé  vers  la  surface  de  la  terre  par  certifies  cha- 
leurs factices  du  premier  printemps  et  il  périt  imman- 
quablement s'il  survient  des  froids  tardifs.  La  sécheresse 
peut  encore  rendre  la  superficie  du  sol  tellement  dure 
que  l'insecte  meurt  avant  de  s'être  frayé  le  chemin  qui 
doit  l'amener  au  jour. 

Ces  circonstances  exceptionnelles  ne  pouvant  se  renou- 
veler pendait  quatre  années  consécutives,  dans  nos 
départements  méridionaux  surtout,  nous  pouvons  regar- 
der comme  impossible  la  destruction  de»  hannetons. 

Je  passe  à  un  autre  ordre  d'idées  :  sommes-nous  bien 
dftrs  qu'uni  fora  les  hannetons  Maternent  détruits  nous 
n'aurions  pas  à  nous  en  repentir  ?  Est-ce  que  nous  ne 
tournerions  pas,  par  hasard,  dans  mr  cercle  vicieux  en 
parlant  toujours  de  détruire  les  insectes  nuisibles,  les 
animaux  nuisibles,  et  de  conserver  les  insectes  utiles, 
les  animaux  utiles? 

En  1866  le*  insectes  nuisibles  aux  jardins  potagers  ne 
se  montrèrent  presque  pas  ;  pourtant,  lés  petits  diseaux, 
auxiliaires,  arrivèrent.  Plusieurs  maraîchers,  mes  voisins, 
rtie  portèrent  leurs  plaintes  et  me  prièrent  mfitne  de 
tirer  sur  les  oiseaux  qui  bien  plus  nombreux  que  lés  autres 
années,  attaquaient  les  bourgeons  dé  leurs  arbres  à  fruit, 
dévoraient  téorfe  légumes.  Ericere  une  ânttée  pareille,  et 


•  .    I»       *  s  t    t 


444 

Us  petit»  ekcaax,  moi  grtMtifrtlmiitat  édieniltpom,  pa*- 
wifttt  fow  pUn  ootoihHs  que  les  Gb*Dilles4tte*4mé0el. 
Ctei  ntue  prouve  quotas  a*inoa*x  et  Je»  ineante*- nui- 
sible* ne  Je  daviftQneni  réellement  que  lorsque  le  nombre 
4e  «eu*  qui  s'en  uoenriseent  est  pur  trop  diminue;  si, 
4P  contraire,  le*  aaiMee*  et  les  iuéeetea  nifisiblfs  se 
wffisent  plee  à  retimenfafian  de  nos  prétendus  a  initia* 
re*,  ceux-ci  devienpent,  forcément,  née  ennemis  à  Ienr 

Que  conclure? 

Si  nous  parvenions  a  déttaire  les  insectes 
les  animaux  nuisibles,  d'accord  arec  nos^anxiliaires,  ne 
serions?nens  ps*  obligés  de  faire  disparaître  ces  derniers 
qui  noue  deviendraient  inutiles,  qui  remplacement 
même  les  premiers  l  N'enrienet-noof  pas  réfopu  tféquili* 
bre  étaibli  par  je  grand  ordonnateur  de  tentes  choses? 
et  tout  en  reconnaissant  aa<tfotfc-puiqMuioey  sa  sagesse,  ea 
bonté  infinies,  ne  pesserionntnooa  pas  les  Irais  qu&ru 
de  notre  existence  2i  critiquer,  sans  h  vouloir^  Je*; actes 
de  cette  lMterppiseanoe,  que  nous  venions  feieo  loi 
accorder? 

Je  voulais  m'en  tepfar  k  tes  petits  travaut,  il  des  des- 
cription* isolées,  letaque  plusieurs  de  mes  celiègnes  m'en 
eut  démontré  J'insuftsaneeu  a  Noos  n'avons*  ni'ont*ife 
dit,  a  notre  disposition,  aacmt  ouvrage  4'èistoire  natw- 
velle  traitant  des  insectes  coléoptères  du  département. 
L'ouvrage  de  M..  Louia  Companyo  est  très  précieux  en 
ce  sens  qu'il  précise .  if  endroit  *h  tel  insecte  se  trouve, 
mais1  il '.n'en  est  pas  moins  vrai  que  <*  ntatqa'oQtrès 
eptalogue  local.  > 

«La  Bibliothèque  de  la  tillè»  possède  faieu'la'préèieoae 


148 

iin  genre  BmbifUmm  4e  M»  Jacqueiio  d* 
VaK  naturaliste,  originaire  de  Prade*<  Pyrénéen-Orien- 
tales, maie,  cet  ouvrage^  qui  a  plaûé  son  aateer  à  b  tête 
des  entomologistes  Français,  ne  traite  que  d'un  seul  genre. 

a  Noos  voudrions  bien  répondre,  à  votre  appel,  et  noua 
occnper  de  cette  branche  d'histowe  naturelle  qui  nous 
parait  fort  agréable  ;  nous  comprenons  tout  l'agrément 
de  ces  promenades  eato Biologiques  que  vons  nous  dépei- 
gnez sous  des  aspects  si  attrayants  et  qui  fournissent  le 
délassement  à  l'esprit  tout  en  fortifiant  le  corps;  qui 
amènent  les  désœuvrés  fa  se  donner  d'agréables  distrac- 
tions tout  en  se  créant  des  amitié*  durables  parce  qu'elles 
reposent  sur  une  communauté  de  goûts;  de' ces  pro- 
menades qui  deviennent  d'autant  plus  fréquentes  qu'el- 
les sent  de  pios  en  plus  instructives,  et  qui  finissent  par 
être  indispensables  parce  que  la  passion  s'en  mêle  bien- 
tôt, et  qu'il  n'y  a  pas  de  passion  plus  absorbante  que 
celle  qae  nous  communique  le  goût  des  collections. 

«  Puis  arrive,  nous  dites-tous,  le  moment  où  tes  pro- 
menades entomo  logiques  ne  peuvent  pins  suffire;  il  faut 
alors  avoir  recours  aux  échanges  qui  procurent  non- 
seulemerrt  de  nouveaux  insectes  pour  les  collections, 
mais  sortent  de  nonveanx  amis.  New  voilà  donc  grands 
collectionneurs  !  hélas,  ce  n'est  qu'un  rêve,  rêve  char- 
mant, sans  doute,  mais  q»  pèche  par  la  base,  puisqu'il 
nous  manque  les  ouvrages  qui  pourraient  nous  permettre 
d'étudier  cette  science  si  attrayante  ;  que  ne  faites-voris 
imprimer  cet  ouvrage  dans  nos  annales?  s 

Après  avoir  longtemps  hésité  fa. entreprendre  un  travail 
que  je  sais  au  dessus  de  mes  forces,  je  me  suis  pourtant 
décidé.  Je  faciliterai  l'étude  de  l'entoipologie  fa  mete  col- 


us 

lègtes  detaSortéfé  Agrtcote,  <ScienîMqwe  et  tittérafre, 
*  &s'Wrtbrkamatébr*  qui  triettrttat  enflt*  un  terne  1  nfroti 
fctifetftent,  qiii  tfou  veroht,  péftt-ftrfe,  que  ma  eblléetiM 
fa'cftt  pas  ï  dédaigner,  et  <)ui  me  fa  rendront  bien  ptot  pté« 
cféttée:  si  elfe  m«  fournit  ftctâfthm  de  leur  venir1  eif  aide. 

Dâtttiè  diî'^  neuvième  '  volume  de  nôtre  9Miéf«  j'ai 
donné,  d'après  mon  excellent  ami  M.  E.  Mulsant,  fràés** 
cHptiotf  Ides  <%tonétttoiy'qfii  8e  trouvent  dfcfts  lé  dëpir- 
téttiènf  ;  détail  eortmédcèr  par  où  tous  te*  auteurs  flafo- 
senl  ;  le  iribtif  ett  est  qbé  malgré  leur  taille  exiguë,  les 
CôécintUiènJ  sont  nos  prias  précieux  auxiliaire»  contre  la 
fournit,  le  revièudtoi,  pltas  taM,  srtr  celte  intétessaiite 
fllmMIè.  ■  .» 

Aujourd'hui,  j'entreprends  la  description  dés  Catafthptea, 
insectes  tons  utiles  &  fagricuWure.  Cette  fotoîffe  eat  très 
Adttibi'éttse  et  plusieurs  dés  genres  qu'elle  renferme  pré-* 
sentent  leà  pitia  grahdëè  difficultés  aux  de&tfiptétrrs.  Un 
certain  nombre  est :  reécfuvtfft  de  Couleur*  métallique* 
4oi'le£  fbrtt  rivaliser  avec  les  plus  beaux  coléoptères  exo- 
tiques; tels  dont  le* Carabes;  et,  parmi  eux  le  Carùfmi 
Rutilans,  Dejeaii,  très  abondant  sur  nos  montagnes  àé 
moyenne  hauteur  et  qui,  pourtant,  est  fort  recherché  par 
les  collectionneurs  parce  qu'il  ne  se  trouve  en  France 
que  dans  notre  département. 

< 

Avant  de  décrire  les  carnassiers  terrestres,  les  Carabi- 
que*,  je  dois  me  rappeler  que  j'ai  entrepris  le  présent 
travail  pour  faciliter  l'élude  de  l'entomologie  aux  jeunes 
étudiants,  aux  élèves  de  l'Ecole  Normale,  surtout;  il  est 
donc  nécessaire  de  leur  donner  l'explication  des  termes 
propres  à  cette  science.  Je  le  ferai  d'une  manière  com- 
plète, mais  aussi  brièvement  que  possible. 


m 

wenhrftpeaafp  -qqi,  a  l'élil  de  rej»»,,  ftoqt retyfflmm 
par  deux.  #>i» .  fUuft  «if  anoipa  dm»,  et  .qui  s/app^lent 
éljjftes, .  M»  aile?  ^a^p^^g  pepefll  faire  d^CpU 
flopilM  d*»z  JLp  iaj(ab«s,  par.  e^^qy»^,  ,^  janvtj*  Jes 

1^9*  «plwplèfles  «ont  dilM^iVw^  j»aa/:ç  flqe.JeiH-» 
Offapet  iplériepr*  apal  rfupWfM ,4'W|  WMpUftllH» 
divisé  «o  piusjenra  parties.  rejj飫,ejptre.ejl£a.p3r,  de»  4^ 
çtat  mepj>rawu*e*.  Ce  SflPÇ^e  e^t4rinar  rajtpfpcjb*. 
donc  le*  Coléqptéres,  dea  &u&tacis,  desMolInaquo»,  des, 
Reptiles  (la  tortue).  Ce  squelette  extérieur  sera  seul, .(a, 

sujet  de  notre  élude, .   ......,.« 

Ue  iqirçi^  ejAéripur,  Ja  tégwqeQt  eitfirigflr,  J'ejn*er 
loppe  immédiate  qqi  apnt  syooj)  y/ne* , .  ae  aeryent  fju'ji 
recouvrir  l'appareil  dig^ltf  w  ca^Upiesiirçal  dei'iqs^çie 
parfait.  1)  dojme  I*  (orme  pi.  «si  presque  toujaup  phi* 
ou  awiw  allonge*,,  et,  la  wtfepr  qui  varie  .i'ua.  jpseate.  * 
l'acre.  Jl  *e  .djvjae  en  troia  parles. wrintypaJe»  qui  sont  : 
la  téfe,  le  Jfaww:  «  l>(W«««.      ........  \ 

TÊT*.       ■• 


I  «  •     I    • 


La  tête  est  composée  de  pièces  fioces  et  de  pièces  iholri* 
les;  les  unes  sont  placées  &  h' face  supérieure,  et  les 
autres  h  la  face  inférieure.  Les  pièces  fixes  de  la  face 
supérieure  sont  :  : 

/  4 

L'épislome}  eu  cAa/?ejy??$  \e  posl-éflislçme  et  Y  faneront 
qui  renferme  le  /[rouf,  le  veriex,  IVcftp^,  Jes  j0t^%  J^. 
tempes,  les  yeu#. 


445 

Les  pièces  fixe&deb|>.faee  inférieure  sont  t  la  fièce 
batilairei  la  pièce  préktsëaire;  le  cou*  * .  .  <    • 

Les  pièces  mobiles  sont  la  bonckey  les  ratenn* .  «  • 

Kfcectf  itesidfeilauéto,  f*c&  yipértiure.       <»\    - 
"da  £pûttmë  ou  t /beffléf dnf  (figure^,  /).  11  est  têtue  à 
l*>partfe  Mtërietoievii)  relit  leilabrq  em  a  tant  et  ltépicrine 
en  anrièîti.  11  ua*iei|fa  ferme  et  de  grosseur*  «     . .  u 

2°  Post-épis  tome.  Il  vienl  aps es  Tépjstome  et  se  joip t  à 
l'épicrâme;  il  esi  souvent  invisible. 

3°  Epier  âne.  Placé  aprèsle  ^ost-épistome,  l'épicr&ne  se 
subdivise  ;. ..,,    ,  ..t.  .,  .  (  ,  i 

1*  En  frmtt  (tig>  A,.$r)b&'anrélant  h  l'epiatooia  au  414 
postrépietoiDe  en,a<vant,.aux  yeo*  sur  les  côtéSy  aq  ver- 
Ua-ea  arrière;  /.«:-•  .  -    -  <..(! 

,2» fyi  tierter/tfig.  1„  /i)>  partait  du  front  en  avant*  ^'ar- 
rêtant à  S'occiput  en  arrière,  ayant  peur  imites  sut  4es 
côtés  les  yeux  iét  tes  tempes  ;  -    * 

S*  En  0€cipué  partant  du  .verlex,  aboutissant  au  thorax, 
limité  sur  le&  côté»  par  les  tempes.  IL  n'est  bien  visible 
que  isliez  les  insectes  fMorvus  d'un  cou  (les  caatbarides); 

■  4p  Eo  joues  (fig.%  c)  placées  entre  la  bouche  en  avant, 
les  tempes  en  arrière,,  les»>yepx  et  la  baqe  île  la  pièce 
prébastlaire.  Les  jêues  varient  beaucoup  de  forme,  de 
dimension;  lorsqqe  le  prolongement  des  joues  a  lien 
en  arrière,  on  donne  feqe  prolongement  le  nom  de  ami 
thus;  H  sépare  les  yeux  en  deux  parties  (les  aieuchuft, 
les  gyrinus),  et  Fou  •  dirait  que  ces  insectes  ont  quatre 
yeux  ;  1  •  •  *  ... 

Bs  En  tempes  (fy.  S,  «)  après  les  joues  et  qui  les  eou- 
ttnqeut  eb  formant  les  angles  postérieurs  de  la  tète  tour 
chant  au  thorax, 

10 


Uft 

Pièces  lise»  de  la  télé,  face  inférieure 

1°  Pièce  basilaire  (fig.  2,  A)  se  tènqinant,  au  cou,  très 
visible  chez  les  hannetons; 

2°  Pièce  prébasUaire  placés  eu  avant' 4e  la  bastiaire, 
rarement  visible,  mais  très  développée  ebei  les  ha  options; 

8*  Cfla  (flg.  %  m)  partant  de  la  pièce  èasiltore  et  uyant 
pour  limite  le  trou  occipital  dansi  telqueliil  •s'enfonce;  il 
est  pltts  ou  moins  apparent.        ■!••*. 

Les  yeux,  (flg.  I ,  a)  (fig.  2,  l)  que  nous  avons  désignés 
peut-être  à  tort  comme  placés  &  la  face  supérieure  de  la 
tête,  puisqu'ils  sont  tantôt  dessus,  tantôt  sur  les  côtés, 
tantôt  dessous,  sont  an  nombre  de  deux,  lia  se  divisent 
en  yetfx  il  facéties  ou  composés  et  ea  yeux  lisses  portant 
aussi  le  nom  4'oceUes  on  stemmates.  ..  • 

Les  yeux  à  facettes  sont  pinces  entre  *  la  joue,  le  front 
ejt  l'antenne.  La  cornée  des  yedxà  facettes  est/  divisée 
en  ccméules  innombrables»  Les  yeux  lisses  placés  sar  le 
vertex  et  formés  de  points  proé»jnen*s,  lisses,  appelés 
octUeSy  au  nombre  de  un  on  dpux/.nese  reoGOûtnent 
que  cher,  fort  peu  de  coléoptères  (famille  des  Staptitins). 

Certatns  coléoptères  sont  privés  d'yeux;  d'autres  ne 
possèdent  qu'un  rudiment  de  nerf  opaque.  N*4re  bien 
regretté  ami  et  collègue  M.  Lespès,  professeur  d'hietoite 
naturelle  à  Marseille,  possédait  une  habileté  incompara- 
ble pour  la  dissection  des  organes  visuels  des  insectes; 
il  parvenait  à  trouver  un  rudiment  de  nerf  optique  chez 
un  insecte  de  moins  d'un  mjliimètte  (Je  longueur  ;.  c'est 
un  tour  dé  force  que  pop  vent  se  permettre  bien  peu 
d'analomistes. 


Depuis  quelques  années  seulement,  les  insectes 'aveu- 
gle* q»4  été  recherchés.  On  les  trouve  soil  enfouis  scpis 
les  grosses  pierres»  s#U  dan*  le  fend  des  cavemes*  L'on 
conçoit  que  la  attpre  qui  ne  erée  rien  d'inutile , ,  ail 
renoncé  k  donner  des  yen*  à  des  4*res  qui,  y»  Jeur.  babi* 
tat,  sont  condamnés  à  ne  pas  jouir  de  la  clarté  du  jour. 
En  revanche,  elle  leur  a  donné  des  antennes  etciçs  jettes 
tcès  longues  afin  qu'ils  puissent  éviter  facilement  les 
obstacles  qui  s'opposent  k  leur  marche. 

PIÈCES  MOBILES   DE   LA  TÊTE. 

Les  pièces  mobiles  de  la  tête  sont  les  différentes  par- 
lies  de  la  bouche  et  les  antennes. 

La  bouche  se  compose  de  plusieurs  parties  qui  sont 
d'excellents  caractères  pour  la  classification  des  coléop- 
tères ;  ce  sont  : 

■ 

1  °  Le  labre  ou  lèvre  supérieure  ; 
2°  Deux  mandibules  ; 
o°  ïteux  mâchoires; 

4°  La  lèvre  inférieure,  comprenant  le  menton  et  Ja 
Ifinguelle. 

1°  Le  labre  ou  lèvre  supérieure  (Jig.  1,  p)  est,  fllaw 
au-dessus,  des  mandibules,  et  s'adapte  à  l'épistome  ; 

2t>  Les  mandibules  (tig.  \<  e)  (fig.  %  j),  au  nombre  de 
deux,  servent  à  appréhender  et  a  triturer  la  nourriture 
des  insectes;  aussi,  leur  partie  intérieure  est  toujours 
tranchante  et  plus  ou  moins  dentelée  ;  chez  le  Lucamifc 
cervus  mâle,  les  mandibules  deviennent  un  véritable 
ornement,  comme  le  bois  cher  le  cerf  ; 


148 

fahés -mâchoires <  nu  nombre  de  deux,  sont  aplatîtes, 
terminées  en  pointe,  fonctionnent  horizontalement,  pas* 
sèdént  tfrt  palpe  et  se  composent  de  plusieurs  pièces 
dont  lès  principales  sont  :  Beat  Lobes,  l'a*  interne, 
l'âotre  externe  (fig.  %  y);  deux  palpes  wutxiUaires  (fig. 
2",  ft)  composées  de  plnsienrs  articles  ressemblant  à  de 
petites  antennes; 

4°  La*  fêvr*  inférieure  supportée  par  le  mente»,  ferme 
la  bouche  avec  la  Fèvre  supérieure  absolument  comme 
chez  les  mammifères.  Elle  renferme  plusieurs  pièces 
dont  les  principales  sont  :  Le  menton,  la  languette; 

1°  Le  menton  (fig.  z,  d)  plaque  présentant  un  grand 
nombre  de  fprmes  se  joint  à  la  pièce  prébasilaire  ordinai- 
rement glabre,  c'est-à-dire  sans  poils  ; 

2°  La  Languette  (fig.  2,  e),  petit  cartilage  de  forme  très 
variable  donnant  accès  a  l'ouverture  du  Pharynx  qu'elle 
défend  1°  par  ses  paraglosses  (lig.  2,  gr'),  appendices 
membraneux,  ayant  l'aspect  d'oreillettes,  qui  sont  au 
nombre  de  deux,  placés  de  chaque  côté,  et  2°  par  ses 
palpes  labiaux  (fig.  2,  f)  au  nombre  de  deux  placés  sur 
les  côtés  et  vers  sa  partie  supérieure.  Le  nombre  des 
articles  des  palpes  labiaux  est  de  un  à  quatre. 

Antennes.  Les  antennes  (fig.  i,  b)  (fig.  2,  k)  au  nombre 
de  deux,  sont  placées  sur  les  deux  côtés  de  l'épfcrâne, 
en  avant,  en  dessous  et  entre  les  yeux:.  Elles  sont  com- 
posées de  plusieurs  articles  mobiles  h  forme,  nombre 
d'articles  et  longueur  très  variables*  te  nombre  «les  arti- 
cles est  le  plus  ordinairement  de  anse.  L'endroit  de 
l'épierâneou  s'adapte  le  premier  article  sfeppelie  point 
d'insertion. 

Les  quatre  premiers  articles  s'appellent  basilaires;  Us 


149 

forment  la  lige;  les  derniers  prennent  différents  noms, 
suivant  ietv  forme. 

Les  antennes  sont  dites  ; 

Clavicomes,  lorsque  les  derniers  articles  s'épaississent 
en  massue  ; 

Flabettées,  lorsque  les  articles  qui  suivent  tes  basilairbs, 
sont  aplatis  et  stihufent  de  petits  paéathes  soper  posés;  ; 

Filiformes, ,  lorsque  les  articles  sont  h  peki  près  les 
mêmes  en  forme  et  longueur;  i 

Mmiliformes,  lorsque  les  articles  ont  la  fonne  ronde 
de  grains  à  chapelets  ; 

Peclinces,  lorsque  les  articles  sont  formés  de  dents 
placées  sur  la  même  ligne  comme  celles  d'un  peigne. 

Sern formes,  lorsque  les  articles  sont  triangulaires  '  et 
placés  comme  les  dents  d'une  scie; 

Sétacées,  forsqne  les  articles  diminuent  insensiblement 
à  partir  du  point  d'attache. 

Telles  sont  les  formes  les  plus  ordinaires  que  présen- 
tent les  antennes. 

Thorax.  Le  thorax  est  la  partie  du  eorps  qui  part  de 
la  tête  et  arrive  jusqu'à  l'abdomen.  En  dessus  \\  com- 
prend le  conelet  ou  prothorax,  qui  représente  le  dds,  les 
éptfules  ;  le  mésothorax,  pièce  intermédiaire,  et  W  mèta~ 
thorax  qui  vient  après.  Le  dessous  du  thorax  Comprend 
la  poitrine,  jteclus. 

Le  prothorax  comprend,  en  dessus,  le  bord  antérieur 
(fi g.  1;  i)  qui  reçoit  le  cou,  le  bord  postérieur  (Gg.  1,  q) 
qui  s'emboite  aux  élytres,  deox  côtés  oo  bords  latéraux, 
qoatre  angks  :  deux  antérieurs  (fig.  i ,  o)  deux  postérieurs 
(fig.  i,  m),  et  la  partie  du  centre  Vjui  prend  le  nom  de 
disque  (fig.  i,  n). 


450 

Endettons*  te  prothora*  se  divise  :  1°  en  pvos(&*u*i 
(Gg.  %  o)  qui  porte  la  première  paire  de  panes  ;  2°  en 
cpislernum,  (flg.  2,  p)  et  épimèrt*  (fig.  8,  r),  pîèfces 
latérales. 

Le  mésothorax,  vu  eu  dessus,  renferme  : 

1°  Le  £<mfeliiim  ou  éc«5ion  (fig.  1,  j),  pièce  platée 
après  le  qeutre  d»  bord  postérieur  tk  Prothorax  et  à  la 
naissanoe  des  élvtre»; 

2°  Les  élytres  ou  étuis  des  ailes. 

En  dessons  le  mésothorax  (méaesternum)  (fig.  %  s), 
porte  la  deuxième  paire  de  pattes  (fig.  %  K).  Gomme  le 
prosteroum,  il  renferme  deux  pièces  latérales:  l'épister- 
uum  el  l'épiraère  (Kg.  2,  J). 

\jo  métathorax  porte  en  dessus  les  ailes  membraneuses; 
en  dessous  (métasteroum)  fig.  %  x)%  la  troisième  paire 
de  paites.  Il  se  divise  en  épisterniim  (fig.  %  v),  et  épi- 
mère  (fig.  2,  y)  pièces  latérales  en  double» 

Les  appendices  du  Ihorax  sont  : 

1°  Les  ailes  m  dessus  du  corps;  2°  les  élytres  pardes- 
sus; &>  en  dessous  do  corps,  les  pattes. 

i°  Ailes.  Les  ailes  sont  tnembramuses  et  servent  au 
vol.  Elles  sont  presque  toujours  repliées  transversale* 
ment.  Les  coléoptères  chez  lesquels  les  ailes  ue  sont  pas 
repliées  (Buprestes)  sont  d'une  agilité  merveilleuse  pour 
échapper  au  coup  de  filet  du  naturaliste  ; 

2°  Elytres.  Les  élytres,  qui  font  partie  du  squelette 
extàiem,  recouvrent  presque  toujours  l'abdomen;  elles 
sont  rudimentaires  chez  certains  genres  de  Longicornes 
et  de  Staphylins  ;  elles  paraissent  plus  courtes  que  l'ab- 
domen, dans  le  genre  Cymindis,  surtout  chez  les  femelles 
qui  sont  sur  le  point  de  pondre. 


151 

Lq  fytrp  (Ijfl.,  4f1/)  ne  sont  pais  plus  des  ailes  que  le 
fourreau  un  «a6r^;  ce  sont  les  ému,  les  gardiennes  de* 
ailes  propres  a  m  vol, 

L'ipsect?,  pour  prendre  son  essort,  esl  obligé  de  faire 
jpuer  le  ressort  qui  les  fixe  sur  les  ailqs  membraneuses  ; 
lorsqu'il  vole,  ces  dernières  seules  sont  mises  en  mou* 
vemept,  las  élytrçs  restent  ipimobiles.  t 

Dès  que  l'iosectç  cesse  son  vol,  les  ailes  membraneuses 
s'abattent  immédiatement  sur  l'abdomen  tandis  que  les 
clytres  ne  se  ferment  qu'en  depx  temps,  en  se  jetant  sur 
les  côtés  extérieurs,  au  premier  temps,  pour  se  rappro- 
cher au  second.  Lorsqu'il  s'agit  d'ouvrir  les  élyùres^  le 
mouvement  inverse  doit  avoir  lieq. 

Nous  avons  dit  que  les  ailes  manquaient  chez  certains 
genres  (genre  Carabus  et  la  grande  famille  des  mélaso- 
mwj  •  les  élylrcs  peuvent  même  èlre  soudée*  (fig.  1,  k) 
el  recouvrir  les  bords  de  l'abdomen;  ces  bords  des 
élyires  recourbés  en  dessous  prennent  le  nom  A'épipleu- 
res.  (fig.  2f  T) 

Lorsque  les  élylrcs  ne  sont  pas  soudées,  elles  peuvent 
servir  au  vol,  mais  accidentellement.  Je  citerai  comme 
exemple  un  Vesperus  Xatarlii  femelle  qui,  par  un  vent 
assez  fort,  passa  par  une  fenêtre  du  château  de  Colliourç 
et  vint  s'abattre  dans  la  cuvette  de  la  salle  ï  manger  du 
commandant  Poôzau. 

3°  Pâlies.  Les  pattes  servent  aux  coléoptères  à  se  mou- 
voir sur  terre  ou  à  nager. 

Elles  sont  toujours  au  nombre  de  six  ;  deux  antérieures 
placées  au  prosteKnum  (dessous  du  prothorax  ou  corselet)  ; 
deux  intermédiaires  placées  au  mésosternum  (dessous  du 
mésothorax),  et  deux  postérieures  placées  au  mélastcrnvm 


iû 


(dçssèus  du  métathokax).  Elles  se  divisent  en  èincj  par- 
lies  qui  sont  : 

Lz  hanche  (fi  %.  2,  zz)  qui  s'articule  a(if  corps,  èl  qui 
Varié  de  forme  et  de  position  ;ièà  leitrés  i}  élu  (ftg.  3) 
indiquent  les  cavités  qui  reçoivent  lès  kknchés  (les  deux 
premières  paires  de  pattes. 

Le  troçhanter  [fig.  %  f)  la  plus  pftlle  partie  M  ta  patte, 
qui  vient  après  la  hanche,  il  devient',  par  exception,'  long 
et  pointu  chez  les  cârabiqùes  et  d'aubes  genres,  mais 
aux  pattes  postérieures  seulement. 

ÏA  cuisie  ou  'fémur  (fig.  %  ef)  Vient  après 'lé  Yrochan- 
ter;  elle  varie  beaucoup  de  forme. 

La  jambe  ou  tibia  (fig.  2,  à')  vient  après  la  cuisse, 
elle  est  très  variable  dé  Forme  et  de  grosseur,  cl  chez 
Içs  insectes  fouisseurs  (histérides^  scarabœides) ,  elle  se 

■  •  ♦  *  ■    * 

courbe  intérieurement  et  prend  extérieurement  la  forme 
d'une  scie. 

Le  tarse  (fig.  2,  c)  qui  s'adapte  à  la  jambe  dans  une 
cavité  sur  le  bord  intérieur  de  laquelle  sont  fixées  deux 
fortes  épines,  qui  permettent  2i  l'insecte  de  grimper 
perpendiculairement.  Il  se  divise  en  plusieurs  parties, 
qui  s'appellent  articles.  Us  paraissent  varier  de  2  à  5. 
Il  est  terminé  ordinairement  par  deux  drochels  (fig.  %  b*). 

4°  Abdomen.  V abdomen  (fig.  2,  a')  qui  suit  le  meta- 
thorax  en  dessus  et  le  métasternum  en  dessous,  termine 
le  corps.  Il  se  divise  en  neuf  segments  plus  ou  moins 
visibles  extérieurement.  Les  segments  portent  de  chaque 
côté  une  agglomération  de  petits  trous  nommés  stigma- 
tes  ;  ce  sont  les  organes  respiratoires;  les  huit  premiers 
segments  en  sont  seuls  pourvus.  Vu  ep  dessus,  le  der- 
nier segment  s'appelle  pygidium. 


153 

Nous  mentionnerons  certairis  caractères  excèftio&nels 
soft  à  l'entête  des' genres,  soit  à  la  ddscripiîôii  des 
espèces. 

Pour  ta  classification,  je  renvoie  mes  lecteurs  an  cëtah 
logue  de  M.  de  Marseftl,  naturaliste  à  Paris,  (édition  de 
f86(M807  (Catàlogus  Cokôpterorwn  EUtopœ  et  cèn/l- 
ûium).  Boulevard  Pereîto  n°  fcTt,  aui  termes-Paris. 

Cette  classification  est  celle  d'Erichson,  mais  avec  des 
modifications  qui  augmentent  le  nombre  des  fa  m  H  tes,  ' 
L'ordre  des  coléoptères  se  divise  en  : 
Famille,  exemple  :  Carabides;  qui  se  subdivise  en 
Tribu,  exemple  :  Elaphritlae  ;  qui  se  subdivise  en 
Genre,  exemple  :  Omophron;  qui  se  subdivise  en 
Espèce,  exemple  :  Omophron  Limbatum.  La  treille. 
La  grande  famille  des  carabiques  comprend  tous  les 
carnassiers  terrestres.  Elle  se  compose  d'insectes  qui 
vivent  aux  dépens  des  autres,  c'est-à-dire  qu'ils  en  font 
leur  nourriture  habituelle,  indispensable.  C'est  h  eu*  que 
nous  pouvons  appliquer  sans  ermite  la  dénomination 
d'auxiliaires  de  l'homme;   ceuk-fa  mourraient  s'ils  ne 
trouvaient  pas  leur  nourriture  spéciale  qui  «consiste  en 
larves,   chenilles,  insectes  parfaits  de  tous  les  ordres, 
tandis  que  nos  prétendus  auxiliaires,  les  petits  oiseaax, 
dévorent  la  plante  si  elle  n'est  pas  dévorée  perses  para- 
sites; c'est-à-dire  qu'entre  deux  nourritures  ils  choisis- 
sent la  plus  friande.  L'hépithète  de  gourmands  paraîtrait 
leur  convenir  à  plus  juste   titre    que   ta   qualification 
A*  auxiliaires. 

Les  larves  des  Carabiques  sont  aussi  carnassières  que 
l'insecte  parfait.  Il  est  malheureusement  ansez  difficile 
de  les  distinguer  d'avec  les  larves  des  tasectes  nuisibles 


154 

à  l'agriculture.  Voici  pourtant  des  données  générales  qui 
permettront  de  ne  pas  trop  sacrifier  des  premières  : 
n'écrasez  jamais  les  larves  noires  en  dessus,  jaunâtres 
en  dessous;  glabres  (sans  poils),  luisantes,  tangues  d'un 
pouce  et  plus,  ai  grosse  lé  le,  avec  fortes  mâchoires;  à 
sii  pattes,  eouram  assez  vile  sur  la  terre;  respectes 
surtout  celles  cachées  sous  les  pierres,  ce  sont  les  larves 
des  car  abus. 

4 

Epargnez  encore  les  larves  qui  fréquentent  les  plantes 
pourries;  ce  sont  celles  des  Staphylins  (Og.  4)  qui. sont 
plus  utiles  que  nuisibles.  Réservez  votre  colère  pour  toute 
larve  blanche,  à  télé  orange,  recourbée  en  forme  de  6,  a 
abdomen  transparent  et  bourré  de  céréales;  c'est  le  fameux 
v«t  blanc  (fig.  3),  la  larve  du  hanneton.  Écrasez  sans 
pitié  toutes  les  fausses  larves  à  corps  cylindrique,  pres- 
que aussi  grosses  ï  la  queue  qu'à  la  télé  (c'est  la  forme 
de  la  vipère),  à  anneaux  apparents,  ayant  six  pattes  et 
des  moignons  ï  la  suite  ;  se  ramassant  pour  avancer  ; 
ces  fausses  larves  s'appellent  des  chenilles  (lîg.  7)  et 
donnent  naissance  aux  Lépidoptères  (papillons).  Toutes 
sont  plus  ou  moins  nuisibles.  Quant  aux  larves  qui  sont 
dans  le  bois  vivant  ou  mort,  dans  l'intérieur  ou  sous 
l'écorce  des  tiges,  il  faut  les  détruire  toutes;  elles  don- 
nent naissance  aux  Buprestes  (fig.  5),  aux  Longicornes 
(fig.  6),  qui  font  périr  les  arbres.  Je  m'explique  :  Quand 
je  dis  que  les  Buprestes,  les  longicornes  font  périr  les 
arbres,  j'entends  parler  seulement  des  arbres  qui  ont 
reçu  des  mutilations  provenant  du  bris  accidentel  de 
branches  ou  de  coups  de  hache  donnés  par  l'homme. 
Si  Poo  ne  prend  pas  la  précaution  de  badigeonner  avec 
du  coaltar  les  plaies  qui  eu  résultent,  les  Buprestes,  les 


ta* 

Lotigicftrnes  y  déposent  leurs  œofe  et  Fasbre  «sttwdu. 

La  nature  ne  va  ni*parsa«is  ni  par  bonds*  Ceci  admit, 
ne  chercher  pas  à  lerre  les  iaseeie*  nuisibles  ï  leur  étal 
parfait;  ils  se  tiennent  sur  les  arbres*  sur  les  plantes* 
sur  les  graminées  surtout.  Il  où  tous  aviez  eeoeoateé 
leurs  larves  ;  vous  pouvez  les  détruire  tous»  il  n'y  en  a 
pas  un  d'utile. 

Vous  ne  verrez  courant  sur' le  sol  ou  cachés  sous  le* 
pierres  que  les  carabines  ei  les  fouisseurs  (Lamellicor- 
ues);  respecte*-les.  Les  premiers  sont  nos  auxiliaires, 
les  autres  les  fossoyeurs  des  champs. 


PREMIÈRE   FAMILLE. 


cicmaÉLiDBs* 


Ijà  (été  des  dcindèles  u'est  guère  plus  grosse,  propor- 
tionnellement, que  celle  des  autres  carabiques,  mais 
leurs  yeux  qui  sont  énormes  et  saillants  la  font  paraître 
plus  large  que  le  corselet.  Les  mâchoires  ont  leur  lobe 
articulé  et  mobile;  la  languette  n'a-  pas  de  parsglosses, 
elle  est  très  courte.  Les  mandibules  sont  remarquables  ; 
elles  sont  longues,  recourbées  en  dedans  en  forme  de 
serpette,  terminées  en  pointe  aiguë  et  armées  dans  leur 
partie  intérieure  de  fortes  dents.  La  vue  seule  de  eetlç 
énorme  paire  de  ciseaux  k  deots  en  scie  explique  le  rang 
qu'occupe  ce  genre  dans  noire  classification  des  espèces 
carnassières. 

Les  antennes  sont  filiformes,  composées  de  onze 
article»;  les  quatre  premiers  sont  métalliques.  Le  corselet 


156 

est  ordibairenrienl  cfcrré  et  divisé  eh  deux  lunules.  L'écns- 
son  est  triangulaire,  lies  élytfés  sont  parallèles  et  an  peu 
plti*  larges  à  leur  partie  inférieure,  au  point  où  elles 
commencent  h  s'arrortdir  ;  elles  sotit  ponctuées  et  parées 
de  taches  allant  da  blafne  au  jaonte  paiHe;  leor  suture  et 
Ifetft*  pourtour  est  presque  toujours  métallique;  elles 
recouvrent  des  ailes  membraneuses,  par  conséquent  pro« 
près  au  vol.  '  L'abdomen  eit  métaHiqoe,  composé  de  sept 
segments  dhez  les  môles,  le  sixième  très  échantré.  Les 
femelles  n'en  ontqne  six.  Les  pattes  sont  très  longues, 
grêles;  chez  les  miles  lés  trois  premiers  articles  des 
tarses  sont  dilatés  aux  pattes  antérieures. 

Cette  famille  ne  renferme  qu'un  seul  genre  qu'il  est 
facile  de  reconnaître  aux  formes  élégantes  des  insectes 
qui  le  composent.  Ils  ont  des  mouvements  très  rapides, 
semblent  glisser  plutôt  que  marcher,  volent  rapidement 
mais  à  de  faibles  distances.  Ils  fréquentent  les  endroits 
sablonneux  où  vivent  leurs  larves.  Les  uns  ne  s'éloignent 
guère  du  bord  de  la  mer,  les  autres  se  trouvent  sur  le 
sable  qui  borde  les  cours  d'eau  et  les  sentiers  des  mon- 
tagnes. ! 

La  chasse  aux  dicindèles  doit  se  faire  au  lever  du 
soleil  ;  elles  sont  alors  lentes  à  prendre  leur  essor  et  on 
les  capture  facilement  avec  le  filet  à  papillons.  Dès  que 
le  sable  est  échauffé  par  les  rayons  du  soleil,  la  chasse 
est  finie,  surtout  si  le  vent  est  on  peu  fort.  Ne  jetez  pas 
ces  insectes  dans  l'eau-de-vie,  ils  tourneraient  au  gras% 
c'est-à-dire  que  leurs  belles  bandes  blanches  disparaî- 
traient; leurs  pattes  tomberaient;  il  faut  les  piquer  sur 
place,  ou  bien  les  enfermer  dans  un  flacon  &  moitié  plein 
de  sciure  de  bois  légèrement  benzinée,  on  mieux  encore 


457 

dans  un  -flacon  dont  te  bouchon  renferme  du  colon 
benzine. 

Les  espèces  françaises  sont  au  nombre  de  douze  panai 
lesquelles  sont  des  variétés  très  tranchées.  Notre  dépar- 
tement en  renferme  dix  qui  sont  : 

1 .  Cicindela  campestris.  Lmnée. 

Dessus:  Sa  couleur  d'un  vert  mat,  ses  élytres  planes,  les 
taches  des  élytres,  qui  varient  d'un  individu  à  Vautre,  la  sépa- 
rent nettement  des  autres  espèces  françaises.  Sa  plus  grande 
longuenr  (qui  se  mesure  de  l'extrémité  du  labre  à  celle  des  ély- 
tres), est  de  treize  millimètres;  sa  plus;  grande  largeur  (qui  se 
mesure  d'un  bord  latéral  des  élytres*  à  l'autre),  est  de  6  milli- 
mètres. Les  premiers  sujets,  qui  apparaissent  fin  février»  sont 
d'un  vert  bleuâtre  beaucoup  plus  clair  que  ceux  qui  éclosent  en 
juillet-août;  ils  ont  les  taches  des  élytres  au  grand  complet, 
c'est-à-dire  sept  points  sur  chacune,  soit  ;  cinq  taches  sur  le  bord 
extérieur  et  qui  se  suivent  perpendiculairement;  la  première  est 
humérale  (sur  l'angle  antéro-externe  des  élytres,  au-dessous  dans 
l'angle  postérieur  du  corselet);  les  2e,  3e,  4e  viennent  après, 
toujours  sur  le  bord  extérieur;  la  5e  est  upicale  (sqr  l'angle 
postéro-iiUeme  des  élytres),  et  arrive  jusqu'à  la  bande  métallique 
de  la  suture  des  élytres  ;  la  6e  est  noire,  plus  ou  moins  apparente, 
placée  entre  la  2e  et  la  suture  des  élytres,  au  tiers  de  leur  Ion  - 
gueur;  la  7°  est  sur  le  disque,  entre  la  3°  et  la  suture,  et 
entourée  d'un  cercle  noir  souvent  interrompu  sur  le  bord  exté- 
rieur et  le  bord  suturai. 

Lorsque  les  bords  antérieur  et  postérieur  du  corselet  sont  d'un 
beau  cuivré  brillant,  il  en  est  de  même  de  l'écusson,  et  les  ély- 
tres sont  d'un  vert  gai  ;  si,  au  contraire,  les  élytres  et  les  bords 
du  corselet  sont  noirâtres»  l'écus&n  est  de  la  même  couleur  et 
n'est  bien  visible-  qu'à  la  loupe.  \ 

L'extrémité  des  mandibules  est  noire,  le  reste  blanc  sale  ainsi 


158 

que  le  labre  ;  ce  dernier  «si  entoura  d'une  ligne  noire.  Pourtour 
de  la  tête  et  lunules  du  corselet  cuivreux,  le  reste  vert  jo*t.  La 
tète,  le  corselet  et  les  élytres  sont  fortement  rugueux  ;  le  corselet 
rétréci  vers  les  angles  postérieurs.. 

Dessous:  D'un  superbe  vert  métallique;  joues,  prosternum, 
épisternum  et  pattes  ornés  d'un  duvet  blanc,  long  et  clair-semé  ; 
pièce  basilaire,  mésosternum,  mélasternum  et  abdomen  d'un  beau 
bleu  métallique;  hanches  postérieures  largement  et  très  forte- 
ment ponctuées  ainsi  que  le  bord  des  anneaux  de  l'abdomen  ; 
dernier  segment  aplati  et  d'un  bleu  très  foncé. 

Cette  espèce  se  trouve  sur  tous  les  points  du  départe- 
ment; les  sujets  les  plus  sombres  se  rencontrent  sur  Les 
montagnes  au-dessus  de  800  mètres;  elle  est  très  com- 
mune. 

%  C.  hy brida.  L. 

Le  mot  hybride,  lui  est  mal  appliqué;  hybride  veut 
dire  qui  tire  son  origine  de  deux  espèces  différentes, 
taudis  qu'ici,  il  signifierait  que  cette  espèce  varie; 
Yariabilis  devrait  donc  être  son  vrai  nom. 

Notre  type  des  Pyrénées  est  la  C.  Montana.  Charpentier.  Elle 
est  beaucoup  plus  grande  que  Campêstris,  46  mill.  sur  1;  d'une 
couleur  plus  sombre  ;  le  corselet  est  carré,  l'écusson  plus  grand, 
les  élytres  proportionnellement  plus  longues;  les  taches,  au  nom- 
bre de  quatre  sur  chacune,  plus  grandes;  la  l1*  et  la  2e  toujours 
séparées  ;  la  3e  joignant  le  bord  extérieur,  qu'elle  n'absorbe  pas, 
forme  une  bande  angulée  se  terminant  en  pointe  émoussée  vers 
la  suture  ;  la  4e  en  y  joignant  sa  pareille  placée  sur  l'antre  élytre, 
à  l'angle  apical,  représente  une  paire  de  moustaches  retroussées 
et  à  extrémité  ronde.  En  dessous,  la  couleur  est  pareille  à  celle 
de  Campntrn;  les  hanches  postérieures  ne  sont  pas  aussi  forte- 
ment ponctuées. 


450 

Celle  espèce  ne  se  trouve  que  sur  le»  inouJagues 
de  moyenne  hauteur;  je  ne  l'ai  jamais  rencontrée  en 
plaine. 

3.  C.  sylvatica.  L.  • 

Taille  de  la  précédente  ;  16  à  17  mill.  sur  7. 

Dessus  :  Tête,  corselet  et  élytres  d'un  beau  velours*  bronzé. 
Mandibules  noires  à  leur  extrémité,  d'un  blanc  sale  à  leur  base. 
Labre  noir.  Antennes  de  la  même  couleur  que  le  corps.  Bords  de 
la  tète,  du  corselet  et  pourtour  des  élytres  d'un  cuivre  plus  clair; 
une  ligne  traverse  le  milieu  de  la  tête,  du  labre  au  cou;  elle  est 
couverte  de  stries  très  fuies  entre  les  yeux.  Le  corselet,  de  forme 
trapézoïdale  est  fortement  rugueux,  surtout  sur  les  lunules. 
L'écusson  est  recouvert  de  stries  très  légères  qui,  partant  du 
corselet,  vont  aboutir  au  même  point,  en  face  la  suture  des  éLytim 
Les  élytres  se  terminent  en  ogive  renversée  ;  elles  sont  ornées 
de  quatre  taches  :  la  lre  numérale,  en  lunule,  ainsi  que  la  2e 
qui  vient  après  en  suivant  le  bord  extérieur;  la  3e  part  du  bord 
extérieur  et  arrive  presque  à  la  suture  ;  c'est  une  bande  coudée 
au  milieu  allant  s'aflaiblissant  du  bord  à  la  suture  ;  la  4e  est  uu 
point  parfaitement  rond,  placé  au-dessous  de  la  bande  sur  le 
bord  extérieur  et  à  égale  distance  de  la  bande  et  de  l'extrémité 
des  élytres. 

C'est  la  seule  espèce  (sauf  Ctmpalri*  par  variété  très  rare), 
qui  soit  privée  de  la  bande  apicale  se  joignant  au  point.  Il  existe 
pourtant,  à  la  place  que  devrait  occuper  cette  bande,  un  reflet 
d'un  cuivreux  beaucoup  plus  clair.  De  la  naissance  des  élytres  à 
leur  extrémité,  et  sur  chacune  d'elles,  court  une  chaîne  de  gros 
points,  à  trous  brûlés  qui,  tantôt  double,  tantôt  simple,  forme 
de  véritables  arabesques. 

Dessous  :  nuance  générale,  bleu  et  violet.  Épisternum,  seg- 
ments et  pattes  recouverts  de  poils  blancs,  hanches  postérieures 
ponctuées. 


ioo 

Je  n'ai  pas  encore  capturé  celte  magnifique  espèce 
qui,  d'après  M.  Companyo,  se  trouve  à  la  Fonl>de  Comps, 
avant  d'arriver  au  plateau ,  dans  les  prairies  de  la  Bardt 
Girvès  et  au  Pla  dels  Abellans,  au-dessus  de  Mont-Louis. 
Elle  est  assez  rare. 

4.  C.  Trisignata.  Dejean. 

Il  est  évident  qu'il  y  a  confusion  lorsque  l'on  catalo- 
gue celte  espèce  comme  étant  une  variété  de  la  Simiala, 
Panzer;  elle  se  rapproche  bien  plus  de  la  Lilterata%  Sul- 
zer,  par  sa  taille,  sa  forme  générale  et  la  finesse  du  des- 
sin dos  élytres  ;  nous  prétendons  même  que  les  sujets 
un  peu  forts  se  rapprochent  bien  plus  de  la  Circumdata% 
fiejean,  que  des  deux  espèces  précitées. 

Taille;  9àH  mil!.,  sur  ià  5. 
•  Dessus  :  Bronzé  assez  brillant.  Mandibules  à  base  blanche  et  à 
extrémités  noires.  Tète  striée  longitudinalement,  yeux  énormes. 
Corselet  carré,  plutôt  plus  large  vers  les  élytres;  finement  ponc- 
tué et  recouvert  d'un  duvet  blanc  sur  les  côtés.  Écusson  bleu, 
presque  tisse.  El  y  très  parallèles  et  se  rétrécissant  brusquement 
par  une  ligne  droite  qui  s'infléchit  en  arrivant  à  la  suture;  elles 
sont  ornées  de  trois  bandes  :  la  1re  part  du  bord  humerai,  suit 
le  bord  externe  et  s'arrondit  vers  la  suture  en  remontant  vers 
Técusson  ;  la  2*  suit  le  bord  externe  jusqu'aux  trois  quarts  de  sa 
longueur,  court  vers  le  milieu  des  élytres  en  ligne  très  légère- 
ment recourbée,  descend  à  angle  droit  à  partir  du  disque  pour 
finir  en  un  petit  crochet  à  extrémité  séeuriforme,  atteignant  la 
suture  aux  deux  tiers  de  sa  longueur;  la  &•  part  de  la  suture,  au 
bord  apical,  remonte,  en  diminuant,  le  bord  externe,  et  se 
recourbe  vers  le  centre  pour  se  terminer  en  pointe  ;  souvent  cette 
dernière  bande  se  joint  à  la  2e  par  un  trait  très  fin  qui  suit  le 
bord  extern»». 


161 

Desww  :  D'tro  vert  très  brillant  avec  toutes  las  parties  en 
dehors  des  pattes  recouvertes  d'un  duvet  blanc.  Palpes  velues*  à 
premiers  articles  rougeâtres  et  les  derniers  noirs.  Les  trochanters 
sont  rougeâtres. 

Cette  espèce  est  localisée  sur  la  plage  et  ne  s'en 
éloigne  jamais.  Elle  est  méridionale. 

5.  C.  Gircumdata.  Dejean. 

Taille:  13  à  U  mill.  sur  6. 

Dessus  :  Couleur  de  la  précédente  allant,  mais  rarement,  jus- 
qu'au bleu  vendétre.  Mandibules  blanches  à  extrémités  noires. 

Labre  blanc.  Articles  des  antennes  terminés  par  deux  poils 
courts,  placés  de  chaque  côté  ;  le  premier  article  n'en  possède 
qu'un  intérieur  et  deux  fois  plus  long  que  les  autres.  Télé  légè- 
rement striée  entre  les  yeux,  rugueuse  en  arrière.  Corselet  cilié, 
légèrement  ponctué,  large  en  arrière.  Écusson  ponctué,  peu 
apparent.  Élytres  rugueuses,  allant  en  ^élargissant;  les  bandes 
des  élytres  suivent,  sam  fnterruption,  le  bord  externe,  d'où  le 
nom  de  cette  espèce  ;  la  1"  bande  humérale  part  de  l'écusson, 
contourne  le  bord  humerai  et  remonte  en  s'élargissent  vers  la 
suture;  la  2*  suit  le  bord  externe,  au  moyen  d'une  ligne  exiguë, 
et  va  rejoindre  la  3°;  elle  remonte  dans  son  milieu,  par  une 
ligne  courbe,  jusqu'au  disque  qu'elle  abandonne  brusquement 
pour  descendre  perpendiculairement  à  la  suture  jusqu'aux  trois 
quarts  des  élytres  et  elle  se  termine  en  un  petit  crochet  qui  va 
en  grossissant  jusqu'à  la  suture  ;  la  3e  bande  ressemble  à  celle 
de  Tritignata,  seulement  elle  se  termine  par  un  point  rond. 

Dessous  :  Pareil  à  Trisignata,  mais  les  segments  de  l'abdomen 
sont  plus  sombres. 

Cette  espèce,  absolument  méridionale,  vit  en  société, 
aiosi  que  la  Tri$ign*la%  sur  les  bords  des  étangs  *  salés 
les  plus  proches  de  la  mer  ;  elle  est  peu  commune,  très 

41 


difficile  \k  prendre  quoique  volant  à  <te  faibles  distancés, 
parce  qu'on  la  confond  facilement  avec  les  petits  objets 
sombres  h  côté  desquels  elle  a  soin  de  s'abattre. 

Il  existe  une  variété  chez  laquelle  le  blanc  des  bandes 
absorbe  plus  de  la  moitié  des  élytres',  ce  qui  fournit  le 
dessin  d'une  croix  dont  la  branche  transversale  serait 
double  et  arrondie  en  boule  aux  extrémités  ;  au  pied  de 
cette  croix  seraient  deux  bras  recourbés  à  angle  droit 
vers  les  branches  et  terminés  par  une  main  sécuriforme. 
Cette  variété,  rare  sur  nos  côtes  françaises,  serait  la 
Dilacerata,  Dejean;  elle  serait  commune  et  deviendrait 
espèce  sur  les  bords  de  l'Archipel  Turco-Grec. 

* 

6.  C.  Liitoralis.  Fabricius. 

Synonymie  de  NemorcUis,  Olivier,  car  Littoralis,  Fabri- 
cius, ne  se  trouve  qu'en  Algérie,  en  Grèce,  et  notre 
espèce  française  est  bien  plus  grande.  Quoiqu'il  en  soit, 
n'embrouillons  pas  davantage  les  catalogues,  et  accep- 
tons C.  Liitoralis,  Fabricius. 

Taille:  16  à  17  mill.  sur  6  à  7. 

Dessus  :  D'un  vert  presque  toujours  foncé  sauf  la  tète  et  le 
corselet  qui  sont  cuivreux.  Mandibules  noires,  un  peu  moins  à 
leur  naissance.  Labre  roux.  Lf*  qui  sépare  les  lunules  du  corselet 
est  bleu  métallique,  ce  dernier  est  carré,  et  les  lunules  recou- 
vertes d'un  duvet  noir  serré.  Écusson  petit,  cuivreux  tout  le  tour 
avec  une  ligne  transversale  bleue.  Élytres  rugueuses,  parallèles, 
ornées  de  taches  qui  varient  beaucoup;  nous  pourrions,  comme 
pour  hy brida,  les  réduire  à  quatre  quoiqu'elles  puissent  arriver 
à  huit  par  leur,  dédoublement,  mais  le  point  parallèle  à  la 
3*  tache  ne  se  joignant  jamais  avec  elle,  et  le  dédoublement  des 
autres  n'étant  qu'une  exception,  nous  en  compterons  cinq. 


16;j 

La  iw  est  absolument  pareille  a  celle  A'hybrida,  sans  être  pour- 
tant aussi  large  en  arrière;  les  w2*  et  3e  se  joignent  presque  tou- 
jours au  bord  externe;  deux  points  s'en  détachent  parallèlement, 
le  premier  est  sur  le  disque,  presque  toujours  réuni  à  la  tache 
latérale  et  le  second,  qui  reste  toujours  séparé  de  la  3e  tache, 
forme  la  4e  tache;  il  est  un  peu  plus  rapproché  de  la  suture  ;  la 
«V  tache,  apicale,  est  absolument  pareille  à  la  4e  A'hybrida. 

0 

Dessous  :  D'un  beau  bleu,  surtout  à  l'abdomen  dont  le  dernier 
segment  est  plus  sombre;  pattes  et  épisternum  cuivreux  et  bour- 
rus, mésosternum  et  hanches  postérieures  verts,  ces  dernières 
ponctuées. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  mêmes  lieux  que  la 
précédente  ;  elle  s'écarte  un  peu  plus  du  littoral  quoi- 
qu'elle s'appelle  Littoralis;  il  est  vrai  que  Dejean  lui  a 
donné  le  nom  de  JSémoralis,  ce  qui  veut  dire  habitant 
les  forêts,  mais,  bien  entendu,  les  forêts  de  pins  mariti- 
mes situées  sur  le  bord  de  la  mer. 

7.  C.  Flexuosa.  Fabricius. 

Taille:  14  mill.  sur 6. 

Dessus:  D'un  cuivreux  passant  exceptionnellement  au  vert  ou 
au  bleu.  Mandibules,  labre,  tête  pareils  à  Littoralis;  corselet  un 
peu  plus  rétréci  en  arrière,  légèrement  rugueux;  élylres  rugueu- 
ses, plus  larges  dans  leur  milieu;  sept  taches  sur  chacune;  les 
lre  et  2e  forment  deux  virgules  dont  le  sommet  regarde  l'écus- 
son;  la  3e,  représentée  par  une  lunule  humérale  qui  abandonne 
l'angle  externe  pour  rentrer  jusqu'au  centre  de  Télylre  où  elle 
se  termine  en  G  majuscule  ;  la  4e  est  une  bande  pareille  à  la  3e 
de  Circumdata;  les  5e  et  6e  pareilles  à  Littoralis;  la  7e  est  une 
virgule  dont  l'extrémité  touche  la  suture  et  qui  est  placée  à  la 
moitié  de  la  longueur  des  élytres. 

Dessous:  D'un  vert  bleuâtre  brillant,  sauf  les  épisternums  et 


164 

les  pattes  qui  sont  d'un  beau  rose  métallique  ;  trochanters  noirs; 
corps  entouré  de  poils  blancs. 

Bord  des  étangs  salés,  rives  sablonneuses  des  rivières; 
bien  plus  commune  vers  la  mer. 

8.  C.  Paludosa.  Dufour.  Scalaris.  Dejean. 

Taille:  11  mill.  sur 4.  • 

Dessus  :  D'un  beau  bleu  légèrement  verdalre  ou  d'un  bronzé 
obscur.  Mandibules  blanches  à  la  base,  noires  à  l'extrémité; 
labre  blanc;  antennes  foncées.  Corselet  déprimé  en  arrière  avec 
les  lunules  un  peu  plus  sombres.  Écusson  petit.  Élytres  parallè- 
les, ornées  d'une  bande  qui  part  de  l'angle  humerai,  suit  le  bord 
externe  et  s'arrête  à  la  suture,  à  l'angle  apical;  elle  incline  un 
peu  vers  la  suture,  au  quart  de  sa  longueur,  se  recourbe  en  cro- 
chet sur  le  disque  et  se  rapproche  ensuite  du  bord  externe  pour 
finir  en  une  bande  apicale  ù  peu  près  pareille  à  celle  d'hybrida. 
A  partir  de  l'écusson,  et  suivant  la  suture,  l'on  remarque  une 
ligne  de  gros  poinls  enfoncés  qui  arrive  jusqu'à  la  tache  apicale  ; 
il  existe  quatre  a  cinq  points  pareils  entre  la  lro  ligne  et  la  tache 
humérale. 

Dessous  :  Corps  bleu  ;  pattes  vertes  ;  organes  buccaux  roux. 

Cette  espèce  méridionale  vit  isolément;  elle  se  trouve 
dans  les  blés  nouvellement  coupés,  près  ou  loin  de  la 
mer,  mais  en  plaine.  Elle  se  sert  rarement,  ou  mieux, 
je  ne  l'ai  jamais  vue  se  servir  de  ses  ailes;  il  en  est  de 
même  de  l'espèce  suivante. 

9.  C.  Germanica.  L. 

Taille  de  la  précédente. 

Dessus  :  Corselet  plus  cylindrique  que  Paludosa;  élytres 
allant  en  s' élargissant  à  partir  de  leur  base;  leur  plus  grande 


165 

largeur,  4  mill.,  est  à  leur  point  d'inclinaison  vers  le  boni  apical. 
Mandibules  et  labre  pareils  ii  Paltidaa;  tète  et  corselet  velours 
vert,  ce  dernier  déprimé  en  arrière.  Écusson  ponctué,  ainsi  que 
les  clytres  qui  sont  d'un  bleu  plus  ou  moins  foncé  ;  elles  sont 
parées  de  trois  taches  :  la  lre  est  un  point  rond  placé  à  l'extré- 
'  mité  du  bord  humerai  ;  la  2e  un  point  long  placé  sur  le  bord 
externe,  à  moitié  de  la  longueur  des  élylres  ;  la  3e  est  la  moitié 
d'un  point  circonflexe,  qui  prend  naissance  à  la  courbe  des  ély- 
tres  pour  s'arrêter  à  l'extrémité  de  leur  suture  au  bord  apical. 

Dessous  :  D'un  bleu  sombre;  pattes  vertes;  palpes  et  trochan- 
ters  ferrugineux. 

Celle  espèce  parait  moins  commune  dans  le  départe- 
ment que  la  précédente;  elle  fréquente  les  mômes  lieux. 

La  Cicîndela  maura  L.,  qui  est  cataloguée  en  tête  des 
espèces  européennes,  n'a  encore  été  prise  par  aucun 
entomologiste  de  passage  dans  les  Pyrénées-Orientales. 
Je  n'ai  pas  exploré  le  Cap  Cerbère  aux  mois  de  juillet  et 
août,  mois  pendant  lesquels  les  Cicindèles  maiitimes 
abondent. 

Le  docteur  Companyo  précise  trop  bien  ses  différents 
habitats  pour  que  je  puisse  avoir  le  moindre  doute  sur 
l'espèce  qu'il  a  eu  le  rare  bonheur  de  capturer  sur  les 
côtes  d'au-delà  Banyuls-sur-Mer;  c'est  bien  la  Cicîndela 
maura.  L. 

En  attendant  que  pareille  bonne  chance  m'arrive,  je 
donne  la  description  de  Maura,  sur  des  sujets  espagnols 
et  africains. 

10.  C.  Maura.  L. 

Taille  :  M  mill.  sur  5. 

Dessus  :  D'un  beau  velours  noir,  bronzé  sur  lu  lôte  et  le  cor- 
selet. Mandibules  blanches  à  leur  base,  noires  à  leur  extrémité. 


me» 

Labre  blanc  et  entouré  de  poils;  un  bouquet  de  poils  blancs  entre 
les  antennes.  Corselet  cilié,  plus  fortement  sur  les  côtés,  carré, 
mais  un  peu  plus  étroit  en  arrière.  Écusson  grand,  légèrement 
ponctué,  cuivreux.  Élytres  à  points  soulevés  comme  ceux  d'une 
râpe,  armées  de  belles  taches  blanches  que  font  admirablement 
ressortir  leur  couleur  velours  noir;  ces  taches  sont  au  nombre 
de  six  sur  chaque  élytre,  et  elles  se  réduisent  souvent  à  cinq 
lorsque  les  deux  parallèles  du  centre  se  réunissent  pour  former 
une  bande  transversale  :  la  lre  est  un  point  humerai;  la  2e  un 
point  plus  gros  que  le  premier  et  placé  au-dessous;  les  3e  et  4P 
deux  points  parallèles  et  de  forme  pyramidale;  la  5e  est  un  gros 
point  parfaitement  rond,  et  la  6e  un  triangle,  dont  le  sommet  est 
à  l'extrémité  apicale. 

Dessous  :  Violet  tirant  sur  le  noir,  recouvert  de  duvet  aux  épi- 
mères;  pattes  garnies  de  poils  blancs. 

Cette  intéressante  famille  des  Cicindéliles  a  été  étudiée 
avec  le  plus  grand  soin  par  les  entomologistes;  ses  for- 
mes élégantes,  son  utilité  incontestable  en  tant  qu'espèce 
carnassière  de  premier  ordre,  soit  a  l'état  de  larve,  soit 
comme  insecte  parfait,  lui  ont  valu  d'être  classée  à  la 
léte  des  carabiques. 

Nous  allons  terminer  cette  famillç  en  parlant  du  genre 
Tetrachdi  Hope  ;  il  ne  renferme  qu'une  seule  espèce  qui 
soit  européenne,  c'est  la  T.  Euphratica.  Dcjean. 

Celle  espèce,  trouvée  en  premier  lieu  en  Orient  sur 
les  bords  de  l'Euphrate,  a  été  rencontrée  plus  tard  sur 
les  bords  du  Nil,  puis  en  Algérie,  non  loin  d'un  lac, 
et,  depuis  quelques  années  seulement,  en  Espagne,  en 
Andalousie. 

Cette  marche  régulière  nous  amène  naturellement  à 
nous  créer  cette  douce  illusion,  que  celte  espèce  a  ailes 
propres  au  vol,  pourrait  bien  se  montrer  un  jour  aussi 


1*7 

aimable  que  Paussus  Favieri,  en  enrichissant  notre 
Faune  locale  de  sa  présence  enviée.  C'est  cette  espé- 
rance, chaudement  entretenue,  qui  me  fait  tous  donner 
la  description  de  cette  superbe  espèce. 

Genre  Tetracha,  Hope. 

Espèce  Euphratica.  Dejean. 

Taille  :  22  à  24  mil!,  sur  8. 

Dessus  :  D'un  beau  vert  métallique,  cuivreux  sur  le  disque  du 
corselet  et  des  élytres,  passant  au  bleu  sur  les  bords  latéraux. 
Tète  énorme;  mandibules  très  développées,  avec  quatre  dents 
intérieures,  l'avant-dernière  est  très  forte  et  noire,  ce  qui  donne 
à  cette  horrible  arme  offensive  l'aspect  delà  main  du  Cr^bc; 
base  fauve,  extrémité  noitfe  ;  labre  fauve  à  la  base,  noirâtre  à 
l'extrémité,  qui  est  divisée  en  petites  dents  aiguisées,  armé  de 
poils  raides  et  longs.  Antennes  de  la  même  couleur  que  le  labre: 
1er  article  placé  au  coin  du  labre  et  de  l'œil,  allant  en  grossissant 
jusqu'au  second,  quatre  fois  plus  long  que  ce  dernier;  9e,  5e  et 
suivants  de  la  même  longueur;  4e  d'un  tiers  plus  court.  Des  poils 
tout  le  long  des  antennes.  Nous  avons  dit  que  la  tète  était  verte; 
elle  est,  de  plus,  légèrement  striée  en  avant  des  yeux  et  d'un 
beau  rose  immédiatement  après  ces  stries,  c'est-à-dire  sur  son 
sommet.  Corselet  cuivré  sur  le  disque,  vert  sur  les  bords,  bords 
antérieurs  remontant  en  pointe  aiguë  vers  l'œil  ;  il  diminue  insen- 
siblement et  en  demi-cercle  jusqu'à  une  faible  distance  du  bord 
postérieur,  après  quoi  il  suit  une  ligne  droite  jusqu'au  bord  posté- 
rieur, qui  se  termine  en  pointe  émoussée  ;  lunules  séparées  par 
une  ligne  droite.  Écusson  représenté  par  un  très  petit  point 
enfoncé  paraissant  triangulaire.  Élytres  fresque  parallèles,  très 
convexes,  légèrement  déprimées  après  leur  bord  humerai,  en 
râpe  qui  va  s'affaiblissant  jusqu'à  la  tache  fauve  qui  envahit  leur 
sommet;  elles  sont  ponctuées, ou  mieux,  gauffrées  sur  cette  tache  ; 


168 

la  couleur  verte  des  élytres  suit  la  suture  et  touche  presque  au 
bord  apical,  à  travers  la  tache  fauve. 

Dessous  :  Tète  et  épisternum  d'un  bleu  métallique,  ainsi  que 
le  premier  segment  de  l'abdomen,  sur  les  côtés;  toutes  les  par- 
ties bleues  recouvertes  d'une  ponctuation  écailleuse.  Différentes 
parties  de  la  bouche  et  pattes  d'un  ferrugineux  pareil  à  celui  des 
antennes.  Prosternum,  mésosternum,  métasternum  et  segmente 
de  l'abdomen  noirâtres,  sauf  le  dernier  qui  est  ferrugineux; 
toutes  ces  parties  lisses. 

Cette  belle  espèce,  à  faciès  exotique,  est  nocturne. 
Elle  se  blottit  pendant  le  jour  au  bord  des  étangs,  sous 
les  croutefc  qui  se  fendent  et  se  soulèvent  à  l'ardeur  du 
soleil. 

L'embouchure  du  Tech,  les  étangs  de  Saiot-Nazaire, 
du  Cagareil,  l 'embouchure  de  la  Tet  et  les  étangs  salants 
sont  les  localités  où  nous  l'acclimaterons  un  jour. 


169 


VENT, 

SA    DIRECTION     ET    SA    FORCE 

OBSERVÉES  A  PERPIGNAN 

AVEC  UN  ANÉMOMÈTROGRAPHE  ÉLECTRIQUE. 

.  Par  le  Dr  FINES,   membre  résidant. 


Vent,  sa  cause,  ses  effets,  utilité  de  son  élude.  —  Le 
soleil,  source  de  chaleur,  de  circulation  et  de  vie  sur  la 
terre,  échauffe  plus  on  moins  les  différentes  masses  d'air 
qu'il  traverse.  Celles  qui  sont  devenues  phis  chaudes  et 
moins  deftses  produisent  un  vide  relatif  que  l'air  moins 
chaud  et  plus  lourd  des  parties  voisines  vient  combler 
immédiatement.  Cet  afflux,  ce  mouvement  de  l'air,  s'ap- 
pelle le  vent,  et  nous  pourrons  le  définir  :  une  quantité 
d'air  mise  en  mouvement  par  une  altération  d'équilibre 
de  température  de  l'atmosphère. 

Ce  déplacement  établit  une  immense  circulation  autour 
de  la  terre  :  il  repouvetle  les  diverses  couches  d'air  en 
chaque  endroit,  modifie  h  chaque  instant  leur  tempéra- 
ture et  leur  degré  d'humidité,  mélange  les  vapeurs  et  les 
gaz  et  disperse  les  exhalaisons  impures  qui,  sans  cela, 
rendraient  notre  globe  inhabitable  pour  les  hommes,  les 
animaux  et  les  plantes  qui  vivent  à  sa  surface. 


170 

Le  vent,  agent  principal  de  la  circulation  vitale  sur 
notre  planète,  peut,  lorsqu'il  prend  trop  de  force  et 
devient  impétueux,  promener  partout  la  destruction. 
Il  anéaulit  les  récoltes,  il  brise  ou  déracine  les  arbres, 
ébranle  les  édifices,  renverse  les  trains  de  chemin  de  fer, 
fait  sombrer  les  «navires  et  devient  alors  une  cause  .de 
désastreuses  ruines. 

Le  sens  dans  lequel  se  fait  le  déplacement  de  l'air 
détermine  la  direction  du  vent,  et  c'est  grâce  à  sa  con- 
naissance sur  la  surface  de  l'océan  que  l'illustre  lieutenant 
de  la  marine  américaine,  Maury,  dont  la  science  déplore 
la  perte  récente,  diminua  la  longueur  des  traversées  dans 
d'étonnantes  proportions. 

La  théorie  des  bourrasques  tournantes  donne  aujour- 
d'hui, à  ceux  qui  la  connaissent,  les  moyens  de  fuir, 
pendant  la  tempête,  le  demi-cercle  dangereux  où  les  deux 
vitesses  de  translation  et  de  rotation  s'ajoutent  et  pousseut 
invinciblement  le  navire  vers  la  ligne  que  le  centre  des 
mauvais  temps  va  parcourir,  pour  atteindre  le  demi- 
cercle  maniable  dans  lequel  les  deux  vitesses  se  neu- 
tralisent, en  partie,  et  permettent  au  navigateur  de  se 
mettre  à  l'abri. 

C'est  enfin  par  la  connaissance  des  mouvements,  mais 
surtout  de  la  pression  de  l'air,  que  l'on  indique  un  peu 
à  l'avance  le  temps  qu'il  va  faire,  et  que  l'on  donne  des 
avis  salutaires  aux  marins  que  pourrait  surprendre  la 
tempête,  et  aux  agriculteurs  dont  les  récoltes  pourraient 
être  compromises. 

L'étude  de  la  force  et  de  la  direction  du  vent  est  donc 
utile  et  devrait  être  faite,  sans  interruption,  sur  le  plus 
grand  nombre  de  points  possible.  Des  appareils  enregis- 


471 

treurs  qui  fonctionnent  d'une  manière  conlinue  rendent 
à  présent  ce  travail  plus  facile. 

Depuis  le  mois  de  décembre  1869,  deux  anémomètro- 
graphes  électriques  ont  été  rois  ii  ma  disposition  par  le 
ministère  des  travaux  publics,  sur  la  demande  de  M.  Tastu, 
ingénieur  en  chef  des  Pontset-Chaussées.  Le  premier  que 
j'ai  reçu  a  été  installé  dans  mon  domicile,  el  je  donne 
maintenant  les  trois  années  complètes  d'observations  que 
j'ai  recueillies  avec  lui.  Le  second  me  sertjh  faire  des  obser- 
vations comparatives,  simultanées  sur  divers  points.  Enfin 
M.  Salva;  ingénieur  du  service  hydraulique  à  Celte,  m'a 
prêté  un  troisième  anémomètre,  semblable  aux  deux  pre- 
miers, et  nous  avons  pu  ainsi  faire  fonctionner  et  obser- 
ver en  même  temps  trois  appareils  semblables. 

Je  commencerai  par  donner  la  description  des  appa- 
reils et  de  la  position  qu'ils  occupent,  puis  je  résumerai 
les  observations  comparatives  que  j'ai  faites  sur  divers 
points.  Les  tableaux  de  moyennes  diurnes  et  tri-horaires 
ainsi  que  des  plus  grandes  vitesses  viendront  après. 
Je  terminerai  ce  travail  par  l'élude,  dans  notre  région, 
de  la  direction  el  de  la  vitesse  du  courant  d'air  inférieur, 
de  ses  rapports  avec  les  différents  agents  atmosphériques, 
el  des  accidents  qui  ont  été  occasionnés  par  le  vent. 


DESCRIPTION   DE  I/ANÉMOMÈTKOGKAPHE. 

L'anémomètrographe  (avcfxoç,  vent;  furcov,  mesure; 
yoa<pa>,  j'écris);  est  un  appareil  destiné  à  inscrire  d'une 
manière  continue  la  direction  et  la  vitesse  du  vent,  ainsi 
que  l'heure  à  laquelle  elles  ont  commencé  ou  fini.  Il  se 


1"  L'anéiuoatè(re 
directe   do    vent; 
leiion  el  sa  vitesse. 


lËrgjSTtnèlre  t'ont  nous  nous 
■^^I.S^S^'g-  ii  a  été  construit 
Ipjlj  9  Ejleron,  qui  l'a  décrit 

|<j^%s»ï?«>tice  que  nous  repro- 
Iq'^-jJ^EJ  partie,  el  qui  a  gra- 
|i  HiSfca  mis  à  noire  disposi- 


jQJâ^gJichés  des  figures  qui 
0#:r,!!*flïytil  l'instrument  et  ses 
i'Mpâ^Dt^  parties.  Un  moulinet 
'feiiî,^i"câi))leiir  ^'  destiné»  à  la 
'^eilc^la  vitesse,  constituent 
jrù^.wiïjg!  de  l'appareil  qui,  est 
*rSËjf|âïgîulre,dans  laquelle  les 
!>r||ko4|t>^'  inarquent  la  direc- 
■iD^ôî^îc&oyeii  d'un  laraudage. 
"C§j^iï^é  A  est  creuse  et  coni- 
^Ê*-S£tt*?îixer  l'anémotnètre  au 
■sSnrgït^in  mal  plus  ou  moins 

!|^3Sîa*Krion  a  adopté,  pour  la 

jJ^Epiiî.'S'.^r©©^!;!»  vitesse,  le  moulinet 

É"i^ii3*Hî-:l**i??&*M*'!P  l'Observatoire  d'Ar- 

*^SbSSÏ«W»WC^  de  cet  appareil   ont 

=«'^œ,Itis^ Hfttaïf^Nrîiîfde  l'Académie  Koyafe 


473 

Irlandaise.  Il  présente  sur  les  appareils  du  même  ^ enre 
l'avantage  de  donner  immédiatement  le  chemin  parcouru 
par  le  vent,  sans  aucun  calcul  et  sans  expériences  préa- 
lables. 

H  se  compose  d'un  axe  vertical  supportant  quatre 
rayons  horizontaux  égaux,  rectangulaires  entre  eux,  et  à 
l'extrémité  desquels  quatre  demi -sphères  creuses  sont 
soudées,  de  manière  que  :  1°  le  grand  cercle  qui  termine 
chacune  d'elles  soit  toujours  dans  un  plan  vertical,  et 
que  2°  la  partie  convexe  de  Tune  quelconque  regarde  la 
partie  convexe  de  la  suivante. 

Quand  ce  moulinet  se  trouve  dans  un  courant  d'air, 
le  vent  rencontre  toujours  deux  demi-sphères  concaves 
et  deux  autres  convexes.  Comme  il  a  plus  d'action  sur 
les  premières  que  sur  les  secondes,  il  imprime  à  tout  le 
système  un  mouvement  de  rotation. 

M.  Robinson  a  démontré  que  le  nombre  des  tours 
de  ce  moulinet  est  proportionnel  à  la,  vitesse  du  vent, 
quelle  que  soit  cette  vitesse;  en  d'autres  termes,  que  le 
chemin  parcouru  par  le  centre  des  sphères  est  toujours 
une  fraction  constante  du  chemin  parcouru  par  le  veut. 
En  appliquant  celte  loi  aux  anémomètres  dont  les  sphères 
ont  un  diamètre  suffisant  et  sont  fixées  à  l'extrémité  de 
rayons  assez  longs  pour  que  les  frottements  de  l'axe 
soient  une  fraction  très  petite  de  la  force  avec  laquelle 
le  vent  agit  sur  les  sphères,  on  a  trouvé  que  le  nombre  3 
représente  assez  exactement  le  rapport  qui  existe  entre 
le  chemin  parcouru  par  le  vent  et  celui  parcouru  par  les 
ailes. 

Ainsi,  en  multipliant  par  3  la  longueur  de  la  circonfé- 
rence du  cercle  parcouru  par  le  centre  des  hémisphères, 


174 

on  trouve  le  chemin  parcouru  par  le  veut  pour  chaque 
lour  de  moulinet.  Dans  l'instrument  que  nous  décrivons, 
cette  circonférence  est  de  lm,66  qui,  multiplié  par  3, 
donne  5  mètres  pour  chaque  tour  des  ailes. 

Mesure  de  la  vitesse.  —  La  figure  2  donne  les  détails 
du  compteur  destiné  à  mesurer  la  vitesse. 

L'axe  A  B  du  mouli- 
net a,  a\  a9\  a"\  porte 
une  vis  tangente  qui 
engrène  sur  une  roue 
a  dentée  C,  de  200  dents. 
Chaque  Ibis  que  Taxe 
fait  un  lour  une  dent 
passe  et,  comme  la  roue 
a  200  dents,  une  révo- 
lution complète  de  celle- 
ci  correspond  à  200 
tours  du  moulinet. 

Cette  roue  porte  deux 


Fig.  2. 


chevilles  en  platine  fixées  aux  extrémités  d'un  même 
diamètre,  qui  viennent  successivement  toucher  un  ressort 
isolé  fixé  à  droite  du  compteur.  Ce  contact  établit  une 
communication  électrique  au  moyen  de  laquelle  on  ins- 
crit le  nombre  de  tours,  c'est-à-dire  l'espace  parcouru 
par  le  vent. 

Indication  de  la  direction.  —  La  partie  inférieure  de 
l'instrument  donne  la  direction  du  vent. 

Le  constructeur  a  abandonné  la  disposition  des  ancien- 
nes girouettes  qui,  si  elles  sont  peu  sensibles,  n'obéissent 


175 

pas  au  vents  faibles,  et,  si  elles  sont  trop  légères,  ne 
restent  jamais  immobiles  et  enregistrent  une  foule  de 
directions  au  milieu  desquelles  il  est  souvent  très  difficile 
de  discerner  la  véritable.  Il  a  mis  h  profit  une  nouvelle 
disposition  qui  a  déjà  été  employée  par  M.  Piazzi  Smith, 
le  savant  directeur  de  l'observatoire  d'Edimbourg. 

Deux  roues  k  ailes  Â  A  (flg.  3),  de 
soixante  centimètres  de  diamètre, 
sont  calées  sur  un  arbre  horizontal  ; 
leurs  rayons  sont  formés  de  petites 
palettes  inclinées,  maintenues  dans 
deux  plans  verticaux  parallèles,  ce 
qui  permet  à  un  vent  très  faible  de 
les  faire  tourner  aussitôt  qu'il  les 
frappe  obliquement. 

Ce  mouvement  de  rotation  est 
transmis  par  l'arbre  horizontal  au 
moyen  d'un  pignon  p  qui  engrène 
avec  la  couronne  dentée  fixe  1 1,  fai- 
sant corps  avec  le  bâtis  qui  supporte 
tout  l'instrument.  La  partie  mobile 
supérieure  et  la  partie  inférieure  fixe 
sont  réunies  par  Taxe  vertical  a,  autour 
Fig-  3-  duquel  se  fait  le  mouvement  de  rota- 

tion de  la  partie  mobile  de  l'instrument.  Une  bague  en 
laiton,  maintenue  par  une  vis,  empêche  l'arbre  de  sortir 
de  sa  crapaudine  c  et  les  deux  parties  de  se  séparer. 

Il  résulte  de  ces  dispositions  que  les  roues  se  mettent 
à  tourner  aussitôt  que  le  vent  change  et  impriment  à  la 
partie  supérieure  de  l'anémomètre  on  mouvement  de 
rotation  dans  un  plan  horizontal  autour  de  l'axe  a  jus- 


176 

qu'a  ce  qu'elle*  se  trouvent  placées  dans  la  -  nouvelle 
direction  du  vent. 

Deux  ressorts  li  en  forme  de  fourchette  (plan,  fig.  3) 
sont  fixés  sur  Taxe  a  et  frottent  successivement  sur 
quatre  segments  métalliques  séparés  les  nus  des  autres 
et  incrustés  dans  un  disque  isolant  en  bois.  Ces  seg- 
ments correspondent  aux  quatre  directions  du  tept  N9  0, 
S,  E  et  communiquent  respectivement  à  quatre  fils  des- 
tinés à  établir  les  communications  électriques  entre  le 
segment  en  contact  avec  la  fourbette  et  l'enregistreur. 

On  voit  dans  le  plan  de  la  Fig.  3  que  l'ouverture  des 
ressorts  l,  l\  est  telle  qu'ils  peuvent  être  en  contact  soit 
avec  un  seul  segment  soit  avec  deux  segments  consécutifs 
k  la  fois,  ce  qui  permet  d'enregistrer  les  huit  rhumbs 
principaux. 

Enregistreur.  —  L'enregistreur,  construit  par  M.  Bré- 
guet,  inscrit  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  en  mar- 
quant des  points  et  des  lignes  sur  use  bande  étroite  de 
papier,  animée  d'un  mouvement  de  translation  uniforme. 

Ces  inscriptions  sont  faites  par  des  pointes  mises  en 
mouvement  par  cinq  électro-aimants  correspondant  à  la 
vitesse  et  aux  quatre  aires  principales  de  vent.  La  fig.  4 
représente  un  de  ces  électro-aimants,  véritable  trembleur 
de  sonnette  électrique.  Un  contact  en  fer  doux  C,  placé 
au-dessus  de  l'éleclro-aimant  B,  soutient  d'un  côté  une 
mince  tige  qui  porte  un  petit  marteau  M  armé  d'une 
pointe  de  fer;  de  l'autre  côté  est  fixée  une  lame  d'acier 
R  destinée  à  jouer  le  rôle  de  ressort  par  rapport  à  la 
pièce  C  et  au  marteau  M. 

Le  courant  amené  dans  la  pièce  métallique  F,  s'élève 
en  suivant  ce  corps  bon  conducteur,  puis  rencontrant  un 


il 


...   SI.»* 


isse  par  le 

loïde  b  qui 

'S^'^^H*  il  rctonnie 


j|3«  électro* 
j  est  attirée 
binle  de  fer 
IBe* papier  P. 

£ -fSfilus  de  con- 

SsorL  R,  par 

_  *è3P'H8  dans  le 

j|î^s^^^K^  l'influence 

"^^j^^^ÏÈre  position. 

'"  J*^£ç|^hgàblis;  le  fer 

-'^'■'0^'^"et  ain8'  de 

*™S3gR:2K3*i  le  coerant 

*  des  chef  il- 

.      ^fl^  c'est-à-dire 

^a*iwO^*»É't"^'êl^'*^^'«i,»t  on,  par 


178 

des  qipre  segments  correspondants  aux  q»w3j|ires  de 
vent. 

Comme  ce  dernier  contact  est  permanent,  un  ou  deux 
des  électro-aimants  fonctionneraient  constamment,  ce  qui 
fatiguerait  assez  vite  les  piles  et  les  divers  organes  de 
l'appareil.  Pour  le  conserver  davantage  et  aussi  pour 
marquer  le  temps  sur  la  bande  de  papier  et  s'affranchir 
de  mesurer  des  longueurs,  on  n'observe  la  direction  du 
vent  que  pendant  une  minute  environ,  de  10  minutes  en 
10  minutes.  A  cet  effet,  le  fil  qui  va  de  la  pile  h  l'ané- 
moscope  porte  un  ressort  isolé  qui  rencontrer  toutes  les 
10  minutes  une  des  chevilles  métalliques  implantées  sur 
\i circonférence  de  l'un  des  mobiles  de  l'horloge.  Peu* 
dattt  le  contact  do  ressort  et  d'une  des  chevilles  le  cou- 
rant passe,  et  l'électro-aimant  correspondant  à  la  direction 
ttovent  qui  règne  frappe  sur  le  papier.  Qpand  la  cbwlle 
échappe,- te  cornant  est  interrompu,  la  pile  et  Téiectfo- 
aitnant  se  reposent  jusqu'au  contact  de  la  cheville 
suivante. * 


•  * 


>.  Jjcciam  et-  relevé  des»  observations  enregistrées.  —  La 
bande. de  papier  enlevée  chaque  jour  de  l'appareil  forme 
le*  registre  minute  des  observations,  mais  il  convient  de 
traduire  sens  une  forme  plus  usuelle  ses  indications. 

Pour  cela  on  marque  d'abord  sur  la  bande  des  lignes 
droites  et  parallèles  correspondantes  aux  traees  des  direc- 
tions qui  s'impriment  toutes  les  10  minutes,  et  comme 
cette  bande  porte,  à  son  origine,  l'indication  de  i'Jieuce 
du  remontage  de  l'appareil,  on  peut  noter  les  heures  et 
les  demies  sur  les  lignes  droites.  On  doit  retomber  ainsi 


479 

sur  l'heure  à  laquelle  oo  a  marqué  le  trait  de»  crayon 
avant  de  couper  et  de  retirer  la  bande. 

Celte  opération  faite,  on  relève  : 

4P  Le  nomfare  de  pointa  marqués  dans  chaque  espace 
compris  entre  deux  lignes,  c'est-à-dire  le  nombre  de  fais 
que  500  mètres  ont  été  parcourus  par  le  vent;  2°  la 
direction  du  vent  également  imprimée  sur  la  bande, 

Si  on  désigne  par  n  le  nombre  de  points  compris  dans 
dix  minutes,  la  vitesse  moyenne  du  vent  par  seconde, 

déduite  de  ces  dix  minutes  d'observations,  est  : 

_      500  n  ___  500n_  j> 
V  ~   10X<>Ô  ~  600:   ~  6  *• 

Pour  rendre  ces  relevés  plus  Tacites  h  faire,  j'ai  disposé 
sur  une  planche  de  bois,  longue  d'un  mètre  et  large  de 
CM 6,  deux  rouets  qui  servent  à  rouler  ou  à  dérouler  h 
bande;  et  pour  tracer  les  lignes  parallèles,  j'ai  découpé 
convenablement  une  feuille  de  corne.  Enfin,  pour  simpli- 
fier les  calculs,  j'ai  inscrit  sur  un  tableau  les  vitesses 
par  seconde  que  représentent  les  différents  nombres  de 
points. 

Mes  Occupations  ne  m'auraient  pas  permis  de  continuer 
longtemps  ce  travail  sans  le  concours  bienveillant  de 
mon  père,  qui  emploie  avec  plaisir  et  dévouement,  pour 
me  faire  ces  relevés  et  les  moyennes,  tous  les  loisirs  que 
lui  laisse  sa  verte  vieillesse.  Si  ce  travail  a  quelque 
mérite,  c'est  donc  à  lui  qu'en  revient  la  plus  grande  part. 

H  ne  nous  était  pas  possible  de  publier  les  observations 
complètes,  o'est-k-dire  les  inscriptions  qui  sont  faites 
toutes  les  dix  minutes.  Les  relevés  par  heure  sont  très 
utiles,  mais  leur  publication  deviendrait  trop  dispen- 
dieuse. Nous  nous  sommes  borné  à  donner  la  moyenne 


180 

des  vitesses  obtenues  dans  chaque  période  de  3  heures 
pendant  chaque  jour,  durant  5  ans.  Dans  un  tableau 
résumé  annuel,  nous  faisons  connaître  la  journée  et  la 
période  de  la  plus  grande  vitesse,  ainsi  que  le  maximum 
absolu  de  la  vitesse  pendant  les  divers  mois  de  Tannée. 
Qoant  à  la  direction  du  vent,  il  ne  nous  parait  pas 
possible  de  trouver  des  moyennes  vraiment  exactes.  Noos 
avons  donc  inscrit  la  direction  suivant  laquelle  soufflait 
le  vent  au  moment  du  milieu  de  chaque  période,  sans 
tenir  compte  de  sa  fréquence.  Sur  nos  cahiers,  nous 
avions  d'abord  marqué  la  direction  dominante  du  vent 
pendant  chaque  période,  et  lorsque  la  fréquence  de  deux 
vents  était  égale,  nous  les  notions  tous  les  deux.  De  plus, 
afin  de  rendre  nos  indications  plus  complètes,  si  le  vent 
n'était  pas  le  même,  au  commencement  et  k  la  fin  de 
chaque  période,  que  celui  de  la  plus  grande  fréquence, 
nous  marquions  ceux-ci  sous  forme  d'exposants;  ceux 
qui  étaient  en  avant  ou  à  gauche  indiquaient  la  direction 
du  vent  au  commencement  et  ceux  qui  étaient  à  droite 
indiquaient  la  direction  de  la  fin.  Mais  il  n'était  pas 
possible  de  conserver  cette  notation  et  nous  n'avons  pu 
donner  que  l'inscription  de  la  direction  du  vent  marquée 
par  l'enregistreur  au  moment  du  milieu  de  chaque 
période.  Ce  moment  arrive  à  minuit,  3,  6,  9,  13,  etc. 
L'indication  de  la  direction  est  exacte  et  correspond  k 
une  heure  bien  déterminée. 

Position  et  installation  des  appareils.  —  Un  anémomè- 
trographe,  pour  être  placé  convenablement,  devrait  être 
installé  sur  un  mât  élevé  en  rase  campagne.  Cette  condi- 
tion n'est  pas  facile  h  obtenir,  parce  que  l'anémomètre 


181 

doit  être  visité  et  nettoyé  assez  fréquemment,  et  parce 
que  l'enregistreur  a  besoin  d'être  surveillé  constamment 
et  doit  se  trouver,  le  plus  possible,  sous  les  yeux  de 
l'observateur.  De  cette  façon,  le  réglage  de  l'appareil, 
difficile  surtout  lorsqu'on  commence  &  s'en  servir,  devient 
moins  pénible  et  se  Tait  plus  rapidement;  de  plus  les  inter- 
ruptions sont  moins  fréquentes  et  moins  loogues. 

C'est  donc  en  ville  et  dans  la  maison  que  j'habite  que 
j'ai  installé  mon  appareil,  en  prenant  les  précautions 
nécessaires  pour  le  placer  le  moins  mal  possible. 

Appareil  placé  sur  la  chapelle  Saint-Dominique.  —  La 
maison  que  j'habite  est  adossée  au  mur  de  l'ancienne 
chapelle  du  Tiers-Ordre  de  Saint-Dominique,  qui  sert  en 
ce  moment  de  magasin  militaire.  Le  faite  de  cette  cha- 
pelle dépasse  la  partie  la  plus  élevée  de  ma  toiture  de 
o  mètres  euviron  et  se  trouve  à  18m,  45  au-dessus  du 
seuil  de  ma  porte  d'entrée.  Après  avoir  obtenu  l'autori- 
sation du  Ministre  de  la  Guerre,  j'ai  scellé  contre  ce  mur 
un  fort  plateau  de  bois,  qui  sert  à  maintenir  un  mât  de 
7  mètres  de  longueur.  Ce  mât,  fortement  consolidé  par 
des  barres  de  fer  et  soutenu  par  desjiaubans,  peut,  au 
besoin,  tourner  sur  un  axe;  une  corde,  attachée  à  son 
extrémité  inférieure,  est  mise  en  mouvemeut  par  un  tour 
et  permet  à  un  homme  seul  de  le  baisser  et  de  le  relever. 
L'anémomètre  est  solidement  fixé  k  la  partie  supérieure 
du  mât,  et  la  masse  métallique  qui  le  constitue  est  pro- 
tégée par  un  paratonnerre. 

Le  moulinet  dépasse  le  faite  de  la  chapelle,  que  nous 
pouvons  considérer  comme  le  sol  par  rapport  à  l'appareil 
qu'il  supporte,  d'uoe  hauteur  de  7  mètres.  Il  se  trouve 


182 

élevé  de  25m,45  au-dessus  du  sol  de  la  rue;  son  altitude 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer  est  de  54m,05. 

L'enregistreur  est  placé  dans  une  des  pièces  du  rez- 
de-chaussée,  et  se  trouve  relié  a  l'anémomètre  par  un 
cable .  composé  de  six  fils  de  cuivre  rouge,  recouverts 
d'une  triple  enveloppe  et  parfaitement  isolé». 

Les  irrégularités  des  toitures  et  surtout  les  construc- 
tions diverses  qui  les  surmontent  sont  un  obstacle  a  la 
facile  propagation  du  vent.  Un  appareil  placé  sur  les 
toits  donnera  donc  une  vitesse  différente  de  celui  qui 
sera  librement  exposé  en  rase  campagne.  Celte  différence 
est  importante  à  connaître.  Nous  y  sommes  arrivé  en 
faisant  des  observations  simultanées  avec  un  instrument 
Semblable,  placé  en  dehors  de  la  ville.  Nous  avons  trouvé 
que  les  irrégularités  et  les  saillies  des  toitures  de  la  ville 
ralentissent  la  vitesse  de  l'anémomètre  placé  à  7  mètres 
au-dessus  du  faite  de  la  chapelle  qui  domine  la  maison 
que  nous  habitons,  et  la  rendent  égale  ii  celle  d'un 
moulinet  placé  dans  un  endroit  bien  découvert  à  un  ou 
deux  mètres  seulement  au-dessus  du  sol. 


OBSERVATIONS  COMPARATIVES    FAITES  SLR   DIVERS    POINTS 
ET  A   DIFFÉRENTES  HAUTEURS  AU-DESSUS   DU  SOL. 

Pour  nous  rendre  compte,  le  plus  exactement  possible, 
de  l'influence  que  peut  avoir  la  position  d'un  anémomètre 
sur  un  point  déterminé  et  à  différentes  hauteurs  au-dessus 
du  sol  sur  un  même  point,  nous  avons  observé,  en  même 
temps,  des  anémomèlrographes  semblables  que  nous  avons 
placés  a  divers  endroits,  et  nous  avons  pris  comme  terme 
constant  de  comparaison  celui  qui  fonctionne  au-dessus 


183 

de  notre  maison  d'habitation,  sur  le  l'aile  de  la  chapelle 
du  Tiers-Ordre  de  Saint-Dominique.  Nous  en  avons  donné 
plus  haut  la  description. 

Observations  faites  sur  le  sommet  du  clocher  de  Saint- 
Jacques. — Après  avoir  fixé  un  anémomètre  de  Robitison 
à  l'extrémité  d'un  mât  de  4  mètres  de  longueur,  nous 
l'avons  installé  au-dessus  du  clocher  de  Saint-Jacques, 
dont  la  plate-forme  se  trouve  a  26m,795  au-dessus  du 
sol,  élevé  lui-même  de  48 m, 063  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer.  Le  moulinet  se  trouvait  donc  à  une  altitude  de 
78»\858  et  à  30(0,795  au-dessus  du  sol. 

Le  clocher  de  Saint-Jacques  est  un  long  prisme  qua- 
drangulaire  ;  bâti  sur  la  partie  la  plus  haute  de  la  ville, 
aucune  construction  ne  l'avoisine  du  côté  de  l'Est. 
Comme  il  dépasse  le  sol  de  près  de  27  mètres  et  que  le 
sommet  du  mât  le  dépassait  encore  de  quatre  mètres,  la 
résistance  à  la  propagation  de  la  vitesse  du  vent  produite 
par  le  relief  du  sol  et  des  maisons  doit  être  bien  moins 
forte  que  sur  l'appareil  placé  a  7  mètres  seulement  au- 
dessus  du  faite  de  la  chapelle  Saint-Dominique,  qui 
constitue  le  sol  par  rapport  à  l'appareil  qu'il  supporte. 

Les  premières. expériences  ont  doré  depuis  le  25  juin 
jusqu'au  6  août  1872,  en  tout  43  jours,  pendant  lesquels 

les  vents  ont  soufflé  avec  une  force  très  variable  et  de 

» 

directions  différentes. 

Les  vitesses  moyennes  observées  pendant  cette  période 
ont  été  :  , 

Sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  de  i,l,,79  par  seconde; 
Sur  la  chapelle  Saint-Dominique  de  2m,65      — 

Le  rapport  entre  ces  vitesses  est  de  lm>à  l,n,8l. 


184 

La  plus  grande  vitesse,  pendant  la  durée  de  ces  expé- 
riences, a  en  lien  les  3  et  26  juillet. 

Les  vitesses  moyennes  diurnes  ont  été,  le  3  juillet, 

Sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  de  8m,69  par  seconde; 
Sur  la  chapelle  Saint-Dominique  de  4">,88      — 

Le  rapport  est  de  im  k  lm,78. 

Le  maximum  de  vitesse  de  ce  jour  a  été  observé  entre 
13h,40'  et  16h,40';  le  vent  avait  une  vitesse 

Sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  de  Um,53  par  seconde; 
Sur  la  chapelle  Saint-Dominique  de  6», 71      — 

Le  rapport  est  de  lm  k  lm72. 

La  journée  de  la  plus  grande  vitesse  du  vent  pendant 
le  mois  de  juillet  a  été  le  26.  La  moyenne  diurne  a  été  : 

Sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  de  llm,65  par  seconde; 
Sur  la  chapelle  Saint-Dominique  de    5m,62      — 

Le  rapport  est  de  lm  k  2m,06. 

Ce  même  jour,  le  maximum  absolu  de  vitesse  s'est 
produit  k  la  même  heure  que  le  3  juillet,  entre  13h,40' 
et  16\4©\  Nous  avons  eu  une  vitesse: 

Sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  de  15m,97  par  seconde; 
Sur  la  chapelle  Saint-Dominique  de   7m,9(i      — 

Soit  encore  le  rapport  de  lm  k  2m. 

La  vitesse  du  vent,  sur  ces  deux  points,  a  donc  été  dans 
le  rapport  de  1  k  2,  si  on  compare  entre  elles  les  plus 
grandes  vitesses  observées  le  26  ;  et  dans  le  rapport  de 
1  k  1,86,  si  on  compare  entre  elles  les  journées  des  3  et 
26  juillet.  Ce  dernier  rapport  se  rapproche  beaucoup  de 
celui  des  moyennes  de  toutes  les  observations  faites  pen- 
dant celte  période  sur  le  clocher  de  Saint-Jacques  et  sur 


185 

la  chapelle  de  Saint-Dominique;  d'où  nous  pouvons  con- 
clure que  la  vitesse  du  vent,  sur  ees  deux  points,  est  dans 
le  rapport  de  1  Si  4 ,81 . 

Observations  faites  sur  la  plate-forme  de  la  gare  du 
chemin  de  fer  de  Perpignan.  —  M.  le  Directeur  de  la 
Compagnie  des  Chemins  de  Fer  du  Midi,  nous  a  permis 
d'installer  sur  le  terrain  de  la  gare  de  Perpignan  les  appa- 
reils nécessaires  pour  faire  des  observations  sur  un  même 
point,  mais  à  des  hauteurs  différentes  au-dessus  du  sol. 

Nous  avons  observé,  en  même  temps,  l'anémotnètro- 
grapbe  qui  fonctionne  toujours  chez  nous  et  deux  autres 
appareils  semblables  placés  k  la  gare. 

Celle-ci  se  trouve  k  l'ouest  de  la  ville,  k  800  mètres 
de  la  partie  la  plus  rapprochée  des  remparts  et  à  1200 
mètres  environ  de  notre  domicile.  Le  sol,  eu  ce  point, 
est  a  38m,074  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  il  est  plus 
élevé  que  les  propriétés  voisines  de  3  mètres  en  moyenne. 
Les  deux  mâts  sur  lesquels  sont  fixés  les  anémomètres 
sont  élevés,  l'un  de  7  mètres  et  l'autre  de  18  mètres. 

Pendant  une  période  de  cinq  mois  nous  avons  eu  les 
moyennes  suivantes  : 

Vitesse  moyenne  mensuelle  du  vent  par  monde  et  par  jour  : 


A  LA  CHAPELLE 

A  LA 

GARE 

ST.-DOMNiaUE. 

à7n» 

klfr 

au-dessus  du  sol. 

au-dessus  du  sol. 

En  novembre  1872         2*,  12 

2»,  32 

3«,  56 

En  décembre  1872         2,    25 

3,    92 

4,    77 

En  janvier      1873         2,    28 

2,    33 

3,    25 

En  février       1873         3,    51 

3,    96 

5,    23 

En  m»        1873         2,    81 

3,    42 

4,    30 

Moyenne  des  5  mois  :      2,    59 

3,    19 

4,    22 

18<ï 
Plus  grandes  vitesses  diurnes  du  vent  : 

A  LA  CHÀFBLLE  A  LA  GARE 


ST. -DOMINIQUE. 

JSnov.  1872,"  voit  d*0.  4*,  62 
23nov.  1872,  vent  <FE.  6,  11 
18déc.  1872,  vent  d'O.  6, 


25c«c.  1878,  vent  d%E.  5, 

12janv,1873,ventd'E.  3, 

25janv.  1873,  vent  d'O.  5, 

13  fév.  1873,  vent  d'O.  9, 

2  mars  1873,  vent  d'O.  8, 

24  mtt*  1873,  vent  d'E.  8, 


16 
50 
19 
48 
63 
30 
94 


à  7« 


Les  moyennes  sont  :   5,  77 


6",  23 

7,  31 

0,  OS 

6,  77 

3,  22 

6,  23 

10,  76 

9,  59 

5,  08 

6,  81 


à  18» 


au-dessus  du  sol .      au-dessus  du  sol  < 


8»,  88 

8,  18 

8,  U 

7,  53 
4,  40 

8,  14 
14,  20 
12,  97 

6,  48 

8,  77 


Maximum  absolu  de  la  vitesse. 


* 

A  LA  CHAPELLE 
6T.-D0MINIQUK. 

A  LA  G*SE 

4  7- 

1 

à  48» 

* 

• 

au-dessus  du  sol. 

au-desf  us  du  sol 

I0et30nov,  1872. 

11«»,  67 

13*,  33 

14"»,  17 

2  décembre    1872. 

10,    51 

•12,    17 

13,    33 

24  janvier       1873. 

11,    67 

14,    17 

18,    33 

13  février       1873. 

15,    00 

17,    50 

20,    83 

2  mars         1873, 

15,    00 

15,    83 

20,    00 

Les  moyennes  sont  : 

12,    77 

14,    60 

17,    33 

On  voit  par  ces  tableaux  que  la  vitesse  moyenne  du 
vent  observée  sur  la  chapelle  Saint-Dominique,  dans  la 
ville,  est  à  celle  de  la  gare,  dans  la  campagne,  suivant  le 
rapport  de  1  à  1,23  pour  7  mètres  de  hauteur  et  de  1  à 
1 ,63  pour  18  mètres  au-dessus  du  sol,  lorsqu'on  compare 
entre  elles  toutes  les  moyennes  diurnes  mensuelles. 


1*7 

Ces  différences  diminuent  par  les  vents  Torts,  et,  dans 
ce  cas,  les  vitesses  sont  comme  1  H.  18  pMr  7  mètres 
et  comme  4  :  1,52  pour  18  mètres.  Nous  trouvons  enfin 
qu*  les  tnaxima  absolus  de  vitesse  sont  *tens  les  rapports 
de  1  à  1,14,  à  7  mètres,  et  de  i  à  f  ,36  i!  18  mètres. 

Nous  reproduisons  tous  ces  rapports  dans  le  tableau 
suivant  : 


i ,  t    •  •  •  i 


Rapporte  des  vitesses  des  rente  à  diverses  hauteurs. 

CHAPELLE  A  LA  GARE.  CLOCHER 

H^^^— i SLjACQUKS. 

Sl-DOMINIQUE,       à  7m  à  18»  à  31* 

,  au-4es.Ausol.  au  des.  dtuol.  au-de*.duiol. 
•Moyenne  générale  :  1"»    ,       irç,  23  lm,  63  Jn\  81 

Vfiils  forts;  1  1,     18  1,     52  1,     92 

Maxima  absolu  :  i  f,'li'         1,    3fi     •      i,    82 

.    •  •  *  •  ••   h        *   .     , 

"  Ces  nombres  nous  montrent  commertt5  la  vitesse  (te& 
vents  se  ralentit  dans  les  couches  les  plus  îtrférièfofcs'de 
ralmosphèrc,  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  sol.  La 
vitesse  augmente  avec  la  hauteur. 

Les  résultats  que  nous  avons  obtenus  nous  ont  permis 
de  tracer  une  courbe  assez  régulière  (PI.  1,  Fig.  1  ). 

On  pourrait  encore  trouver,  au  moyen  de  ces  mêmes 
résultats,  une  formule  qui  permettrait  de  déterminer,  avec 
une  suffisante  exactitude,  dans  les  pays  plats  ou  peu 
accidentés,  comme  la  plaine  dn  Roussillon,  la  vitesse 
correspondante  à  la  hauteur,  dans  les  limites  comprises 
entre  les  hauteurs  que  nous  avons  observées.  Néanmoins, 
comme  la  résistance  que  le,  sol  et  les  obstacles  divers 


188 

qui  le  surmontent  opposent  à  la  libre  circulation  de  l'air 
dépend,  non -seulement,  de  la  hauteur  mais  aussi  de 
la  configuration  du  sol  de  la  forme,  de  la  saillie,  de  la 
direction  des  obstacles  et  d'une  foule  de  circonstances 
diverses,  la  loi  de  l'augmentation  progressive  du  vent 
suivant  la  hauteur,  dans  les  couches  d'air  les  plus  basses, 
peut  varier  en  chaque  lieu  et  doit  être  étudiée  sur  chaque 
point  pour  être  exatemenl  connue.  Ce  ne  sera,  peut- 
être,  qu'après  une  série  d'observations  en  des  points 
différents  que  la  loi  de  progression  du  vent  suivant  la 
hauteur  pourra  être  formulée  bien  exactement. 

On  nous  objectera  peut-être  que  nous  avons  fait  nos 
expériences  dans  le  voisinage  d'une  ville  et  daus  un  pays 
entouré  de  montagnes  élevées.  Nous  ne  les  donnons  que 
pour  ce  qu'elles  peuvent  valoir  réellement;  si  elles  n'ont 
pas  eu  lieu  dans  des  conditions  de  perfection  absolue, 
bien  difficiles  à  trouver,  nous  les  avons  faites  le  mieux 
qu'il  nous  était  possible. 


TABLEAUX 

DIS  OBSERVATIONS  TRI-HORAIRES 

DE  LA  DIRECTION  ET  DE  LA  VITESSE  DES  VENTS 

PENDANT   LES   ANNÉES 

1870,  1871  &  1872. 


190 


JANVIER  1870. 


Vitesse  moyenne  « 


; 

'    PAR  SECONDE  ET  H 

DATES 

22  h  40' 

à  1  h  40* 

lh40\ 

UhW 

4h4O'à7h40' 

7h40'  àtOUJ 

m 

• 

m 

m 

m 

\ 

0.23 

SO 

0.23 

SO 

0.51 

S 

0.09 

SO 

2 

2.36 

S 

1.02 

S 

0  51 

S 

0.05 

3 

0.14 

NO 

0.23 

NO 

0.23 

N 

0.69 

Nu 

4 

0.05 

E 

0.05 

:!   À 

0.32 

N 

0.23 

N 

5 

0.28 

N 

0.'4f 

0.74. 

N 

0.37 

NE. 

6 

0.55 

N 

0.69  ■ 

N 

0.65 

NE 

0.55 

M. 

i 

0.83 

N 

0.55 

N 

0.78 

N 

0.74 

N 

8 

0.40 

0 

0.41 

0 

0.28 

0 

0.37 

n 

9 

0.51 

0 

0.55 

0 

0.23 

0 

0.23 

il 

10 

1.71 

NO 

3.01 

NO 

2.64 

NO 

4.07 

No 

11 

0.92 

SE 

2.92 

E 

4.16 

S 

6.20 

M' 

12 

2.08 

-\0. 

£.32 

N   . 

1.25 

NO 

5.88 

No 

13 

4.03 

NO 

2.50 

NO 

1.67 

S 

1.71 

S 

•14 

4.30 

NO 

1.85 

NO 

1.71 

S 

1.53 

() 

15 

2.32 

SO 

1.43 

SO 

2.13 

0 

2.59 

Nu 

1G 

1.39 

0 

2.36 

0. 

1.94 

0 

2.87 

0 

17 

G.2n 
3.33 

N 

6.29 

N 

6.38 

NO 

7.96 

NC 

18 

NO 

3.93 

0 

6.85 

E 

5.97 

NE 

19 

4.72 

NO 

2.59 

NO 

5.24 

0 

6.43 

(i 

20 

i 

3.17 

N 

3.38 

N 

3.33 

N 

3.75 

\ 

i    21 

1.11 

N 

1.48 

N 

2.36 

S 

2.18 

s 

22 

4.21 

SO 

5.09 

NO 

5.83 

0 

6.06 

0 

23 

4.15 

NO 

4.81 

NO 

7.54 

NO 

6.99 

N«i 

,    Si 

4.77 

NO 

1.99 

NO 

1.67 

0 

2.13 

^  (i 

i    25 

1 

2.13 

NO 

1.93 

NO 

3.05 

NO 

4.67 

N  i» 

!    26 

4.27 

NO 

2.87 

NO 

2.64 

0 

1.85 

il 

i    27 

1.71 

NO 

1.02 

NO 

0.97 

0 

1.67 

0 

i    28 

1.81 

NO 

2.22 

N,0 

2.73 

0 

2.32 

II 

;   29 

1.67 

0 

2.32 

0 

0.79 

0 

0.69 

n 

1    30 

2.92 

S 

3.10 

S 

1.34 

SE 

0.42 

>i 

31 
Moyen. 

5.51 

S 

6.85 

S 

8.29 

S 

8.75 

> 

2.40 

2.21 

2.54 

2.9(1 

191 


DiKMtiJM, J*  Vtlfc 


MNVIBR4870. 


PÉRIODES  DE  3  HEURES 

>. 

Par 

secoode 
et' par 
jour. 

10U40\ 

à  13b  40' 

13h40'èi6h*0' 

16h4O'àiftht0' 

19h46'àttk*r 

m 

m 

m 

m 

m 

O.01 

80 

1.71 

SO 

2.50 

S 

2.27 

S 

0.94 

0.46 

S 

0.00 

S 

0.32 

N 

0.05 

NO 

0.60 

0.16 

N 

0.46 

E 

0.14 

E 

0.41 

E 

0.34 

O.09 

N 

0.14 

NE 

0.09 

NE 

0.05 

NE 

0.13 

O.GO 

NE 

0.78 

NE 

0.46 

NE 

0.55 

NE 

0.52 

0.55 

NE 

0.32 

NE 

0.41 

SE 

0.23 

NE 

0.49 

1.20 

N 

0.42 

0 

0.92 

0 

0.23 

0 

0.71 

0.14 

0 

0.14 

0 

0.14 

0 

0/32 

0 

0.28 

O.05 

0 

0.05 

0 

0.18 

0 

0.32 

0 

0.26 

1.57 

N 

0.79 

S 

0.69 

s 

0.37 

s 

1.86 

6.89 

NO 

7.96 

NO 

8.24 

*  NO 

7.78 

NO 

5.63 

6.43 

NO 

3.10 

NO 

3.84 

NO 

4.63 

NO 

3.44 

2.87 

S 

7.22 

NO 

7.03 

NO 

5/83 

NO 

4.11 

0.92 

0 

1.44 

S 

1.06 

S 

1.48 

S 

1.79 

3.15 

N 

333 

0 

1.34 

so 

1.85 

0 

2.27 

4.91 

0 

5.42 

0 

4.72 

N 

4.86 

N 

3.56 

9.03 

NO 

6.99 

NO 

5.69 

NO 

4.45 

NO 

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8.66 

NO 

7.08 

NO 

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NO 

6.71 

NO 

6.18 

7.68 

NO 

6.89 

NO 

5.74 

NO 

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NO 

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N 

4.14 

N 

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N 

1.58 

N 

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S 

0.69 

S 

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1.61 

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0 

S.98 

0 

4.84 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO. 

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NO 

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•1.30 

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1.99 

0 

1.36 

1 .06 

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1.25 

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0 

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0.65 

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0 

1.06 

1.62 

SE 

2.08 

SE 

1.25 

SE 

2.55 

s 

1.91 

8.29 

S 

• 

5.69 

S 

4.58 

S 

1.99 

s 

6.24 

3.25 

3  17 

2.70 

2.57 

2.72 

192 

FÉVRIER  «870. 

ViUtu  moywK* 

DATES 

i 

■ 
i 

PAR  SECONDE  ET  PM 

22h40>àlh40> 

Ih40'à4h40* 

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7h40  àlOhll 

m 

m 

m 

■      1         1 

1 

1.39 

S 

0.93 

S 

0.92 

S 

1.16 

S 

2 

1.48 

S 

2.96 

S 

2.82 

S 

4.86 

S 

3 

7.36 

s 

5.37 

s 

5.51 

S 

5.46 

s 

4 

0.30 

s 

0.60 

s 

0.83 

s 

0.97 

s 

5 

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s 

1.99 

NO 

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N 

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NE 

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NE 

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s 

1.16 

S 

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0.51 

NO 

1.53 

NO 

1.30 

NO 

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NO 

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9 

1.29 

NE 

1.22 

S 

389 

N 

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NO 

1  .10 

1 

1.99 

N 

1-90 

N 

1.53 

NO         1.11 

NO 

11 

1.76 

N 

1.36 

N 

0.97 

NO 

1.90 

NO 

12 

1.30 

NE 

1.11 

NE 

2.31 

NE 

1.09 

NE 

13 

3.29 

NE 

3.61 

NE 

3.67 

E 

5.09 

SE 

14 

2.22 

SE 

1.66 

SE 

1.20 

E 

1.39 

E 

15 

3.47 

NO 

5.14 

NO 

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NO 

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NO 

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0 

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»    17 

0.83 

NE 

1.39 

NE 

0.79 

N 

0.23 

N 

18 

0.79 

NE 

0.74 

NE 

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N 

1.02 

N 

19 

2.50 

SE 

2.04 

SE 

1.72 

E 

1.11 

E 

20 

3.47 

NO 

3.61 

NO 

6.57 

NO 

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NU 

21 

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N 

11.57 

N 

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NO 

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NO 

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N 

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-NO 

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NO 

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No 

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NE 

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NE 

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NE 

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24 

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S  E 

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S 

0.42 

N 

2.55 

S 

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0.55 

S  E 

0.88 

SE 

1.11 

S 

0.97 

SO 

26 

0.60 

E 

0.14 

E 

0.18 

SE 

0.92 

SE 

27 

0.18 

E 

0.65 

E 

1.06 

S 

5.69 

SE 

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l 

1 
t 
i 

2.73 

S  E 

3.05 

S 

2.73 

S 

2.87 

S 

j  Moyen. 

i 

2.27 

2.40 

2.42 

2.94 

193 


Direction  du  T©nt.. 


FÉVRIER  4870. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

10  h  40*  à 

13  h  40' 

13b  40' à  161140' 

16h40'àl9h40' 

19  h  40'  s 

l  Si  h  40' 

jour. 

m 

m        1 

m 

m 

m 

0.79 

S 

1.43 

SE 

0.42 

■  SE 

0.37 

SE 

0.93 

7.63 

S 

8.29 

S 

8.29 

S 

8.98 

S 

5.66 

4.63 

s 

2.96 

S 

2.18 

S 

1.02 

S 

4.31 

3.93 

s 

4.03 

s 

2.59 

s 

1.02 

s 

1.78 

5.55 

NO 

6.71 

NO 

4.63 

NO 

4.81 

NO 

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N 

1.90 

NE 

1.67 

E 

0.51 

E 

2,03 

1.81 

S 

3.06 

NO 

2.82 

NO 

1.62 

NO 

1.73 

3.89 

NO 

2.36 

NO 

1.12 

N 

0.74 

N 

1-53 

i .  35 

NO 

2.87 

NO 

4.47 

NO 

2.59 

NO 

3.11 

0.74 

NO 

1.57 

NO 

0.51 

NO 

1.62 

NO 

1.37 

3.84 

E 

1.85 

E 

2.08 

E 

1.71 

E 

1.37 

1.11 

NE 

0.74 

NE 

1.71 

NE 

2.92 

E 

1.54 

f>.38 

E 

5.14 

E 

4.40 

s 

3.33 

S 

4.36 

2.18 

NE 

2.78 

0 

3.61 

NO 

3.61 

0 

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NO 

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NO 

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NE 

1.39 

NE 

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NE 

.0.32 

NE 

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1.44 

N 

2.08 

N 

1.25 

N 

1.25 

N 

1.16 

0.92 

N 

1.90 

N 

2.50 

E 

2.27 

E 

1.32 

1 .  62 

E 

2.08 

E 

2.96 

NO 

3.89 

NO 

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NO 

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'  NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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N  . 

6.70 

1.71 

NE 

1.71 

NE 

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NE 

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NE 

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3 .  75 

S 

2.04 

S 

.    1.67 

S 

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S 

1.58 

1.90 

S 

1.99 

SE 

1.67 

SE 

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SE 

1.20 

1.62 

SE 

2.22 

SE 

0.97 

S  E 

0.23 

SE 

0.86 

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SE 

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S 

4.02 

E 

1.30 

E 

3.97 

3.89 

S 

3.10 

E 

2.13 

E 

0.92 

E 

2.68 

3.78 

3.75 

3.02 

2.28 

2.87 

> 

194 


MARS  1870. 

Vitesse  moyenne  • 

i 

PAR  SECONDE  ET  H 

DATES 

• 

22  h  W 

à  1  h  40' 

lh40' à4h40' 

4h40' 

à  7  h  40* 

7h  40' àlOhii 

! 

m 

m 

m 

m 

1 

0.28 

SE 

0.18 

SE 

0.23 

E 

1.11 

F 

9 

«. 

3.98 

SE 

3.33 

SE 

2.68 

SE 

4.54 

S 

3 

7.08 

SE 

5.60 

SE 

5.09 

E 

4.03 

ï. 

4 

1.39 

S 

0.60 

S 

1.16 

S 

0.92 

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5 

0.92 

E 

1.11 

E 

0.55 

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1.39 

K 

G 

1.71 

E 

1.06 

E 

1.48 

X 

1.58 

N 

0.46 

0 

1.00 

0 

3.02 

N 

3.29 

\ 

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5.09 

N 

3.38 

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NO 

4.26 

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1      9 

0.05 

N 

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N 

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N 

1.16 

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0.13 

NO 

2  00 

NO 

3.00 

NO 

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NO 

n 

6.57 

N 

5.97 

N 

4.21 

N 

3.19 

NO 

i   '12 

2.36 

N 

3.75 

N 

3.57 

NO 

4.95 

NO 

1    13 

1.06 

N 

2.59 

N 

2.45 

NO 

4.77 

NO 

i     14 

5.05 

NO 

4.86 

NO 

6.66 

NO 

5.69 

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15 

0.05 

N 

0.32 

N 

0.65 

NO 

0.46 

N 

1    16 

1.06 

S 

1.48 

S 

1.48 

S 

0.60 

S 

17 

1.02 

N 

1.03 

0 

1.85 

0 

1.94 

NO 

:   18 

4.33 

NO 

4.73 

NO 

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NO 

i   w 

5.37 

NO 

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N 

5.14 

NO 

5.92 

NO 

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N 

4.04 

N 

4.71 

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3.84 

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NO 

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1     22 

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N 

5.97 

N 

4.81 

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2.64 

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NO 

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i    24 

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NO 

10.42 

N 

10.23 

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11.44 

NO 

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i 

5.65 

N 

3.70 

N 

3.47 

NO 

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N 

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1.20 

NO 

1.76 

NO 

1,30 

NO 

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0 

27 

5.09 

NO 

5.92 

N 

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NO 

8.61 

0 

1    28 

6.29 

NO 

7.36 

NO 

7.91 

NO 

9.77 

NO 

29 

10.56 

NO 

7.87 

NO 

9.78 

NO 

8.33 

NO 

30 

8.29 

NO 

6.25 

NO 

5.92 

NO 

7.96 

NO 

31 
lloven. 

7.40 

NO 

6.85 

NO 

7*78 

NO 

8.70 

NO 

3.68 

i 

3.78 

4.14 

4.85 

19,1 


Direction  du  vent. 


MARS  1870. 


^Wi 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 


10 h  40'  à  43 h  40' 


l3hl(mGh40' 


m 

2.91 
5.37 
7.59 
2. 30 
1.39 


E 

SE 
SE 

N 

E 


2.08 

N 

4.91 

NO 

4.21 

NO 

0.71 

NO 

7.03 

NO 

0.20 

NO 

3.98 

NO 

0.91 

NO 

0.75 

NO 

1.39 

E 

1.53 

S 

2.30 

NO 

8.00 

NO 

0.29 

NO 

5.85 

NO 

5.05 

NO 

5.09 

NO 

9.72 

NO 

10.42 

NO 

0.2i 

NO 

2.88 

N 

8.47 

NO 

10.69 

NO 

10.46 

NO 

8.29 

NO 

9.31 

NO 

5.67 

m 

3.38 

E 

6.80 

E 

6.99 

S 

2.18 

E 

1.95 

E 

2.45 

E 

0.06 

NO 

3.01 

NO 

1.99 

S 

7.40 

NO 

4.35 

NO 

3.89 

NO 

8.47 

NO 

7.31 

NO 

0.97 

E 

2.92 

S 

3.19 

NO 

6.94 

NO 

6.94 

NO 

6.43 

N 

4.95 

NO 

4.58 

NO 

7.10 

NO 

9.30 

NO 

5.42 

NO 

6.66 

NO 

10.42 

NO 

11.02 

NO 

10.42 

NO 

8.65 

NO 
NO 

9.72 

5.90 

16h  40*  &19h40* 


m 

2.6i 
10.05 
2.87 
1.62 
0.00 

2.18 
5.7i 
2.45 
0.97 
6  71 

6.17 
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2.45 
1.20 

0.83 
4.07 
6.48 
4.54 
6.3i 

5.28 
1.44 
5.07 
9.12 
3.43 

5.74 
9.35 
9.21 
8.75 
7.73 
6.85 


i.81 


E 
SE 
S 
E 
E 

E 

NO 
N 

S 
NO 

NO 

N 

NO 
NO 

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S 
NO 

0 

NO 
NO 

NO 
NO 
NO 
NO 
N 

NO 
NO 
NO 
NO 
NO 
NO 


19  h  40' à  22  MO' 


m 

2.41 
6.99 
3.66 
0.97 
1.16 

1.07 
4.68 
0.65 
0.55 
6.53 

4.54 
2.78 
2.78 
0.46 
0.65 

1.90 
4.58 
6.11 
3.52 
3.98 

3.98 
1.39 
6.48 
6.11 
1.20 

5.51 
7.22 
9.03 
7.13 
7.91 
5.83 


3.93 


SE 
SE 

S 

E 

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0 
NO 

N 

0 
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NO 
NO 

0 

E 

NO 
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NO 
NO 
NO 
NO 
N 

NO 
NO 
NO 
NO 
NO 
NO 


Par 

seconde 

et  par 

jour. 


1.64 
5.47 
5.36 
1.40 
1.13 

1.70 
3.65 
3.36 
0.72 
4.60 

5.15 
3.63 
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0.71 

1.47 
2.38 
6.29 
5.40 
5.02 

4.64 
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9.13 
4.44 

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7.84 
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7.80 


4.59 


1% 


AVRIL  1870. 


Vitesse  moyenne  et 


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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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Moyen. 

2.43 

2.17 

2.42 

3.99 

107 


Direction  du  Tant. 

AVRIL  4870. 

PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par    ! 

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MAI  1870. 

Vitesse  moyenne  et 

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220 

199 


Direction  du  vont. 


MAI  1870. 


>ÉRI0DES  DE  TROIS  HEURES. 

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JUIN  1870. 


Vitesse  moysmu  i 


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2 
3 
4 
5 

6 

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1870. 

PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

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JUILLET  1870. 

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■303 


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JUILLET  1870. 


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No 

10 

4.40 

NO 

3.01 

NO 

4.35 

NO 

3.56 

(i 

11 

0.79 

NO 

130 

NO 

1.06 

N 

2.87 

\ 

12 

1.76 

NO 

1.62 

NO 

0.83 

N 

'2.59 

NO 

i    13 

2.08 

NO 

2.08 

NO 

1.16 

NO 

2.36 

M) 

1i 

0.00 

E 

0.69 

E 

0.37 

N 

0.60 

K 

I    15 

0.83 

E 

0.83 

E 

1.67 

SE 

1.67 

K 

:     16 

3.43 

NO 

2.73 

NO 

2.08 

0 

1.14 

NO 

17 

2.61 

S 

2.82 

E 

1.25 

N 

0.51 

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18 

0.83 

E 

0.83 

K 

1.67 

E 

1.11 

Y. 

19 

1.53 

SO 

0.51 

SO 

0.36 

E 

2.45 

\ 

20 

4.54 

NO 

5.83 

NO 

5.14 

NO 

6.71 

Nu 

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1.57 

0 

3.42 

NO 

3.61 

NO 

3.89 

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i    22 

1.30 

N 

1.18 

N 

1.25 

NO 

1.39 

N  •» 

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1.99 

SO 

1.34 

SO 

0.79 

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0.83 

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24 

1.25 

N 

1.20 

N 

120 

NE 

1.25 

no 

25 

i 

0.65 

NO 

0.79 

NO 

1.85 

NO 

2.82 

(i 

26 

1.30 

NO 

1.02 

NO 

1.48 

NO 

2.13 

o 

27 

2.08 

NO 

2.55 

NO 

3  80 

N 

6.25 

NO 

28 

1.16 

NO 

1.44 

NO 

0.93 

NO 

1.16 

NO 

:    29 

1.85 

SO 

0.92 

NO 

1.48 

N 

1.53 

NO 

30 

0.69 

0 

1.02 

0 

1.20 

N 

1.25 

N 

!    31 
Moyen. 

1.38 

0 

0.28 

SE 

0.83 

NO 

2.17 

N 

1.95 

1.91 

1.96 

2.16 

205 


Direction  du  yent. 


AOUT  1870. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

• 

Par  | 

seconde 
et  par 

i 

• 

10  h  40' i 

i!3h40f 

13h40'i 

1 16  h  40' 

16  h  40' à  19  hW 

19h40'à22h40' 

jour. 

m 

m 

m 

m 

m 

1.99 

NE 

1.95 

E 

1.20 

E 

0.46 

E 

0.79 

7.91 

E 

3.89 

E 

2.45 

N 

1.76 

N 

2.61 

4.67 

NO 

2.45 

NO 

4.35 

NO 

4.91 

N 

3.71 

2.04 

NO 

2.22 

N 

1 .  34 

S 

1.72 

S 

3.34 

2.55 

E 

1.62 

E 

4.31 

NO 

3.19 

NO 

2.11 

i 

i.68 

NE 

4.31 

NO 

3.24 

NO 

1.71 

NO 

3.28 

1.58 

0 

2.68 

E 

1.11 

E 

2.31 

NO 

1.82  ' 

1.76 

NO 

i.02 

NO 

2.55 

NO 

2  50 

NO 

1.91 

5.41 

NO 

6.15 

NO 

4.49 

NO 

4.44 

NO 

5„30 

2.87 

NO 

3.52 

NO 

2.64 

N 

0.79 

N 

3.14 

4.31 

NO 

4.63 

NO 

4.07 

NO 

2.45 

NO 

2.68 

3.98 

0 

3.66 

0 

2.45 

NO 

2.27 

NO 

2.39  ! 

2.92 

N 

1.95 

E 

1.02 

E 

0  09 

E 

1.71 

2.13 

E 

1.67 

E 

0.83 

E 

0.83 

E 

0.89 

1.67 

E 

1.67 

E 

1.67 

NE 

1.67 

NE 

1.46 

1.11 

NO 

1.34 

NO 

1.11 

NO 

1.85 

NO 

1.89 

0.83 

E 

0.83 

E 

1.67 

E 

1.67 

E 

1.53 

1.34 

NE 

3.10 

N 

1.43 

E 

0.65 

SE 

1.37 

«.57 

NO 

5.65 

NO 

2.92 

0 

4 .  49 

NO 

3.06  ! 

6.80 

0 

6.31 

NO 

3.66 

0 

1.16 

NO 

5.02  j 

5.1  i 

NO 

5.69 

NO 

4.21 

NO 

2.55 

NO 

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1.20 

N 

3.42 

S 

1.43 

E 

1.16 

E 

1.58  ! 

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E 

2.22 

E 

1.00 

E 

1.43 

E 

1.43 

0.83 

N 

2J3 

NO 

1.06 

NO 

0.69 

NO 

1.20 

2.91 

0 

3.33 

0 

1.94 

NO 

0.97 

NO 

1.91 

3.01 

0 

2.96 

0 

2.78 

NO 

2.64 

NO 

2.16  ; 

5.97 

N 

6.20 

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N 

1.11 

NE 

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E 

2.45 

E 

0.60 

E 

1.16 

E 

1.48 

1.53 

NO 

1.57 

0 

1.16 

0 

0.46 

0 

1.31 

2.50 

NO 

2.41 

0 

1.99 

0 

2.50 

0 

1.69 

1.62 

E 

1.57 

E 

2.04 

SE    . 

1.53 

SE 

1.43 

3.11 

3.05 

2.34 

1.84 

2.33 

20rt 


SEPTEMBRE'  18IU. 


Vitesse  moyenne  0 


PAR  SECONDE  ET  P\i 

DATES 

22  h  W  à  1h40' 

i  h  40'  1 

Uh40' 

4h40*  i7h4œ 

7  h  40'  àlOhtf 

m 

m 

m 

n 

1 

1.16 

NO 

0.60 

NO 

1.34 

0 

1.11 

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0.51 

E 

0.37 

E 

0.46 

E 

1.20 

E 

•     3 

0.32 

E 

0.88 

E 

0.37 

E 

2.0i 

F. 

i 

1.30 

NO 

1.20 

N- 

1.06 

NO 

1.30 

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1     5 

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0 

0.65 

0 

1.02 

E 

2.73 

E 

6 

5.49 

SE 

10.00 

SE 

6.62 

E 

5.74 

F 

0.69 

SE 

0.88 

SO 

2.92 

S 

4.17 

s 

8 

7.50 

NO 

4.58 

NO 

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NO 

7.40 

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1.22 

SO 

1.58 

SO 

0.79 

0 

1.48 

N'i 

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1 

1.25 

N 

1.02 

N 

0.69 

N 

0.91 

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0.32 

E 

0.51 

E 

0.78 

E 

1.67 

F 

'    12 

0.55 

N 

0.51 

N 

1.02 

E 

1.02 

K 

:       13 

1.34 

N 

0.69 

N 

1.43 

E 

1.99 

E 

14 

1.02 

SO 

0.83 

SO 

1.25 

E 

0.37 

E 

15 

1 
1 

2.27 

NO 

2.73 

NO 

3.47 

E 

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16 

2.36 

NO- 

1.99 

N 

1.90 

NO 

3.43 

N 

17 

1.71 

N 

1.31 

N 

1.67 

N 

1.67 

s 

1     18 

0.69 

NE 

1.62 

NE 

1.67 

SO 

0.97 

SO 

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0.14 

SO 

0.31 

SO 

1.44 

E 

2.17 

s 

1 

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0.14 

NE 

0.09 

NE    < 

0.05 

E 

0.37 

E 

21 

1.30 

SE 

0.92 

SE 

0.74 

SE 

1.30 

E 

9-> 

2.08 

NO 

1.71 

NO 

2.55 

0 

4.58 

n 

i    23 

1.06 

NO 

1.00 

NO 

0.83 

NO 

1.67 

Nu 

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2.82 

SE 

1.06 

SE 

2.87 

S  E 

5.28 

E 

25 

0.97 

S  E 

1.48 

SE 

0.79 

S 

1.02 

SE 

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0.65 

E 

0.79 

0 

0.74 

E 

1.20 

E 

1    27 

0.65 

0 

0.79  ' 

0 

1.11 

E 

1 .  57 

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0.51 

NO 

0.88 

NO 

0.92 

SE 

0.79 

SE 

21) 

0.32 

SE 

0.28 

SE 

0.83 

SE 

1.43 

SE 

30 

1.76 

'S  0 

1.85 

SO 

1.67 

E 

0.83 

E 

1 
1 

Moyen. 

1.46 

1.44 

1.65 

2.18 

207 


Direction  du  Vent. 


SEPTEMBRE  1870. 


PÉRIODES  DE  3  HEURES. 


10hl0*àl3hl0' 

m 

2.87 

N 

2.27 

E 

2.78 

N 

1.7I 

S 

3.10 

E 

7.87 

E 

8.01 

S 

5.97 

NO 

2.78 

E 

2.30 

E 

1.99 

E 

2.50 

E 

2.27 

E 

1.25 

E 

5.32 

NO 

5.55 

NE 

2.90 

E 

1.i8 

E 

;M5 

E 

1 .  34 

E- 

1.20 

E 

5 .  28 

NO 

2.82 

NE 

«.31 

S 

2.08 

E 

13h40'àl6h40' 


2.27^ 

2.i5 

1.90 

2.82 

1.90 


3.22 


E 
E 
E 
E 


m 


3.33 

NE 

2.11 

E 

2.96 

N 

2.59 

S 

1.12 

E 

7.03 

S 

8.15 

S 

3.75 

NO 

2.18 

-NE 

1.85 

E 

0.88 

E 

2.11 

S 

2.22 

E 

2.31 

E 

G. 18 

0 

5.05 
2.24 
1.57 
2.31 
3.19 

2.36 
1.86 
2.59 
6.06 
2.73 

1.85 

2  92 

3  29 
3.21 
1.62 


3  28 


N 
E 

E 

E 

SE 

E 
NO 

E 
SE 
S  E 

E 
S 

SE 
E 
E 


16h40'àl9hl0' 


m 

1.71 
1.29 
3.19 
0.65 
1.13 

1.21 
7.61 
1.39 
0.88 
0.60 

0.19 
0.97 
1.02 
1.16 
5.65 

1.68 
0.97 
051 
0.83 
3.15 

0.83 

2.96 

3.52, 

2.27 

1.3i 

0.16 
1.02 
1.39 
1.06 
0.11 


1.80 


E 
E 
0 
S 
SE 

SE 
NO 
NO 

E 

E 

E 
E 
E, 
E 
NO 

N 
E 
E 
E 
SE 

N 

NE 

S  E 
S 
E 

E 
S 

SE 
E 
E 


19hl0'à22hl0' 


'm 

0.23 
1.11 
292 
1.30 
1.11 

0.88 
8.05 
Ô.42 
0.16 
0.65 

0.18 
1.30 
1.53 
1.85 
1.11 

2.27 
1.39 
0.16 
0.18 
0.92 

1.81 
1.11 
2.15 
1.16 
0.88 

1.11 
0.79 
0.46 
1.30 
0.18 


1.43 


E 

0 

S 

SE 

SE 

NO 

NO 

E 

E 

E 
E 
E 
E 
NO 

N 

E 

E 

E 

SE 

NO 
NE 

S  E 

S 

NE 

E 

S 

SE 
E 
E 


Par 

seconde 

el  par 

jour. 


1.51 
1.20 
1.93 
1.39 
1.98 

5.98 
5.06 
1.67 
1.12 
1.17 

0.81 
1.28 
1.56 
1  25 
1.31 

3.03 
1.71 
1.12 
1.32 
1.16 

1.31 
3.11 

2.00 
3.18 
1.11 

1.10 
1.11 
1.27 
1.11 
1.28 


2.06 


20K 


OGTOBKE  iHTO. 


Vitt9SO  moyenne  e 


DATES 


I 


1 

2 
3 
4 

r> 

6 

i 

8 

9 

10 

il 
12 

13 

m 

15 

1G 

17 
18 
19 
20 

21 
22 
23 
24 
25 

26 
27 
28 
29 
30 
31 


Moyen. 


PAR  SECONDE  ET  IV 


22  h  40'  à  I  h  40* 

lh40'  à 

i4h40' 

4h40'à71i40' 

m 

m 

m 

0.42 

E 

1.25 

E 

3.05 

SE 

0.92 

SO 

1 .  44 

SO 

1.85 

S 

1 .  39 

0 

1.67 

0 

2.13 

SO 

1;67 

SE 

1.48 

SE 

1.44 

S 

2.13 

S  E 

1.81 

SE 

2.18 

SE 

2.01 

SO 

1  62 

SO 

1.39 

E 

1.02 

SE 

1.5£ 

SO 

1.44 

SE 

1.09 

X 

1.30 

S 

0.97 

SE 

1.00 

S 

0.60 

S 

1  25 

S  E 

M  .  O*/ 

NO 

1.62 

0 

1.58 

0 

0.06 

NO 

6.20 

NO 

5.09 

NO 

0.55 

NO 

0.55 

NO 

1.11 

N 

2.55 

0 

1.16 

NO 

4.57 

NO 

1.66 

NO 

0.83 

N 

2.04 

NO 

0.65 

0 

1.20 

0 

1.44. 

NO 

5.51 

NO 

3.10 

NO 

3.24 

NO 

0.64 

0 

1.44 

0 

1.76 

NO 

2.13 

NO 

1.06 

NO 

0.87 

NO 

1.15 

NO 

0.97 

NO 

0.74 

E 

0.88 

E 

1.30 

E 

1.06 

E 

3.24 

NO 

i .  77 

NO 

4.44 

0 

2.59 

N 

2.08 

N 

1.67 

N 

1.06 

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NO 

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209 


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du  Vent. 

OCTOBRE  1870. 

►ÉRIODES  DE  3  HEURES. 

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Par 

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10h40'àl3h40' 

13  h  40' à  16  h  40' 

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3.17 

2.83 

3.12 

14 


210 


NOVEMBRE  1870. 


Vitmse  moyeu»  « 


DATES 

PAR  SECONDE  ET  PAl 

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SO 

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1.11 

S 

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1.16 

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1.81 

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1.91 

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Moyen. 

i 

2.41 

2.35 

2.32 

2.31 

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NOVEMBRE  1810. 

ÊRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

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13h40'àl6h40' 

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S 

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3.19 

S 

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3.84 

S 

4.03 

S 

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S 

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2.42 

2.57 

DÉCEMBRE  i#70. 


m 


VitoMe  moyenoi 


DATES 


1 
2 
3 
4 
5 

6 
7 
8 
9 
10 

11 
12 
13 
14 
15 

16 
17 
18 
19 
20 

21 

22 

♦23 

24 

25 

26 
27 
28 
29 
30 
31 


PAR  SECONDE  ET  f 


22h40' à  lhiO1 


Moyen. 


m 

1.57 
3.80 
4.30 
7.26 
1.63 

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7.96 
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1.71 
0.18 
2.50 
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5.88 
2.04 

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1.20 
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0.92 

6.02 
5.51 
0.65 
1.25 
3.33 
6.25 


2.95 


S 

N 

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m 

2.96 
5.69 
2.59 
8.05 
1.53 


1  11 
1.25 
6.25 
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1.06 

0.32 
0.32 
0.41 
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1.81 

6.15 
3.29 
6.66 
0.65 
1.53 

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5.51 
0.83 
1.02 
4.49 
5.69 


2.98 


N 

NO 
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4.49 
5.78 
4.68 
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0.09 

1.71 
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5  14 
0.88 


0  05 
1.02 
0.16 
0.00 
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6.02 
4.91 
7.73 
0.65 


NO 
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1.48 

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7 h  40'  àlOh 


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6.76 
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0.05 
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M  «Ov» 

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5.65 
5.18 
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4.35 
3.33 
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Moyen. 

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3.68 

383 

3.78 

3.83 

217 


irection  du  vent. 


JANVIER  1871 


ÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

1    Par    ' 

seconde 

et  par 

0h40'i 

1 13  h  40' 

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218 


FÉVRIER  1871. 


Vitesse  meyense 


DATES 

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1.58 

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:  Moyen. 

3.16 

3.18 

2.83 

2.88 

219 


lirectioa  du  Tant. 


FEVRIER  187! 


*É RI  ODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 
jour. 

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10h40'à13h40' 

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NO 

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3.21 

3.30 

220 


MARS  1871. 


Vitesse  moyenne  et 


DATES 

PAR  SECONDE  ET  PAH 

22  h  40' 

à  1  h  40' 

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NO 

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NO 

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0.83 

NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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11.34 

NO 

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NO 

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NO 

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Moven. 

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NO 

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3.47 

3.49 

3.59 

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i 

221 


Direction  du  vent. 


MARS  1871. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 


!Oh40'  i 

1131140* 

13h40'àl6h40' 

ID 

m 

1.81 

E 

2.01 

E 

3.05 

E 

4.45 

E 

G.  99 

E 

6.52 

E 

1.67 

NO 

1.67 

N 

3.98 

E 

5.65 

SE 

9.49 

S 

5.46 

S 

3.70 

NO 

3.52 

NO 

4.44 

NO 

4.12 

N 

8.15 

NO 

8.33 

NO 

3.75 

E 

4.10 

E 

i.26 

N 

2.27 

N 

2.55 

E 

2.22 

E 

3.05 

,* 

2.41 

E 

9.26 

S 

8.61 

S 

2.32 

E 

2.13 

E 

2.50 

S 

2.78 

S 

10.92 

NO 

10.23 

NO 

9.47 

NO 

8.56 

NO 

i.58 

NO 

4.81 

NO 

4.54 

NO 

6.43 

N 

6.20 

NO 

5.65 

NO 

5.1  i 

E 

3.19 

E 

5.14 

E 

i.77 

SE 

6.43 

E 

6.48 

E 

5.37 

SE 

4.72 

S 

6.85 

E 

6.57 

S 

1.58 

0 

1.58 

N 

1.62 

N 

1.48 

N 

10.60 

NO 

10.46 

NO 

9.81 

NO 

9.35 

NO 

7.53 

NO 

6.06 

NO 

5.38 

5.06 

16h40' à  19  h  40' 


m 

1.06 
3.93 
3.2i 

1.76 
4.86 

7.40 
3.01 
3.9i 
6.3i 
3.19 

1.67 
5.60 
0.69 
2.92 
2.22 

5.37 
10.74 
7.96 
3.01 
4.76 

4.77 
1.48 
2.91 
5.23 
2.87 

4.30 

1.48 

1.81 

10.32 

7.82 
5.32 


4.26 


E 
SE 
SE 

N 

E 

S 

O 

N 

NO 
NO 

N 

SE 
E 

N 
E 

NO 
NO 
NO 
NO 
NO 

NO 

E 

SE 
E 

S 

S 

N 

N 

NO 
NO 
NO 


19h40'à22h40' 


m 

1.43 

2.27 
1.11 
2.18 
5.37 

6.85 
3.75 
4.12 
5.37 
2.78 

1.48 
6.71 
0.88 
1.34 
2.78 

8.47 
8.47 
5.88 
1.58 
4.12 

6.94 
0.78 
2.27 
5.88 
1.02 

3.15 
1.71 
2.36 
10.46 
6.43 
3.93 


3.93 


E 
SE 
SO 

N 
SE 

S 

O 

N 

NO 
NO 

0 
S 
E 
N 
NO 

NO 
NO 
NO 
NO 
0 

0 

E 

SE 

SE 

S 

S 

N 

NE 
NO 
NO 
NO 


Par 

seconde 

et  par 

jour. 


m 

1.54 
2.20 
4.08 
1.55 
3.18 

7.51 
3.66 
4.51 
6.96 
3.46 

2.09 
2.58 
1.91 
3.40 
1.74 

3.18 
9.64 
8.35 
4.58 
3.34 

5.50 
4.71 
2.48 
4.48 
4.49 

3.38 
1.38 
1.46 
8.22 
9.00 
6.25 


4.22 


m 


AVRIL  1871. 

TiUtse  mojma*  «t 

DATES 

PAR  SECONDE  ET  PAR 

22  h  40* 

àlh40% 

Ih40'à4h40' 

4h  40' à  7b  40' 

7h40,àlOèiÛ 

m 

m 

m 

m 

1 

3.05 

NO 

3.78 

NO 

4.21 

NO 

6.71 

NO 

2 

305 

•    NO 

3.78 

NO 

4.21 

NO 

6.71 

NO 

3 

1  95 

N 

1.71 

SO 

1.67 

N 

0.65 

N 

4 

1.85 

NO 

0.92 

N 

0.93 

NO 

3.15 

NO 

5 

1.62 

N 

2.55 

NO 

2.18 

NO 

3.94 

NO 

6 

1.67 

SO 

0.46 

SO 

0.37 

NE 

1.67 

NE 

7 

1.20 

SE 

1.58 

SE 

1.76 

0 

1.06 

0 

8 

1.16 

E 

0.78 

E 

1.11 

NE 

2.64 

NE 

9 

0.88 

E 

0.78 

E 

1.57 

NO 

3.10 

NO 

10 

1.67 

S 

0.69 

S 

0.37 

S 

1.11 

S 

11 

1.02 

E 

0.69 

E 

1.76 

E 

1.62 

E 

12 

1.71 

SE 

1.25 

SE 

1.11 

SE 

2.08 

SE 

13 

0.88 

S 

0.92 

S 

0.74 

SE 

0.97 

SE 

14 

1.53 

S 

1.11 

NO 

1.30 

SE 

2.04 

E 

15 

7.45 

NO 

4  72 

2.36 

NO 

4.31 

NO 

16 

0.88 

NO 

1.11 

NO 

1.25 

NO 

1.06 

NO 

17 

1.76 

NE 

1.25 

NE 

1.02 

E 

1.15 

E 

18 

0.69 

E 

097 

E 

1.39 

E 

2.27 

E 

19 

1.85 

NE 

0.92 

S 

1.16 

NE 

2.73 

NE 

20 

4.77 

NO 

8.33 

NO 

5.55 

NO 

4.95 

N 

i 

!    21    . 

1.53 

SE 

1.16 

SE 

3.01 

NO 

7.36 

N 

22 

5.37 

NO 

2.73 

NO 

2.22 

N 

3.38 

NO 

23 

1.53 

SE 

1.34 

S 

1.90 

S 

1.62 

SO  1 

2-4 

1.39 

NE 

0.65 

NE 

1.06 

.     N 

4.21 

NO 

25 

1.76 

SO 

1.06 

SO 

1.62 

0 

2.27 

0 

26 

2.55 

NO 

3.38 

NO 

4.58 

NO 

5.65 

NO 

27 

2.73 

NO 

2. ai 

NO 

2.87 

0 

6.57 

0    ! 

28 

4.72 

NO 

6.34 

NO 

6.25 

NE 

4.95 

N 

29 

0.92 

0 

1.16 

SO 

1.06 

N 

1.71 

N 

30 
Moyen. 

6.01 

NO 

7.70 

NO 

6.08 

NO 

6.48 

NO 

2.30 

2.23 

2.22 

3.27 

223 


Direction  du  vent. 


AVRIL  1871 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

• 

10h40'àl3h40' 

13h40'àl6h40' 

16h40'àl9h40' 

19h40'à22h40' 

jour. 

m 

m 

m 

m 

m 

6.86 

NO 

6.06 

NO 

5.32 

NO 

3.93 

NO 

4.99 

8.33 

NO 

7.22 

0 

4.72 

0 

2.55 

N 

5.07 

2.08 

N 

3.42 

SE 

2.18 

E 

3.70 

NO 

2.17 

2.87 

NO 

3.75 

N 

3.15 

N 

0.55 

N 

2.15 

4.40 

0 

4.26 

N 

1.71 

NO 

1.39 

NO 

2.76 

3.19 

E 

5.41 

SE 

3.19 

SE 

0.92 

SE 

2.11 

2.87 

N 

4.72 

E 

1.71 

E 

1.53 

E 

2.05 

3.01 

NE 

1.99 

E 

1.57 

E 

1.02 

E 

1.66 

2.18 

0 

3.43 

S 

3.15 

S 

2.18 

S 

2.16 

2.13 

S 

2.08 

SE 

2.25 

E 

1.90 

E 

1.40 

2.68 

E 

3.19 

SE 

1.34 

SE 

1.44 

SE 

1.72 

2.18 

SE 

2.04 

SE 

0.74 

SE 

0.18 

SE 

1.41 

1.77 

SE 

2.27 

SE 

0.69 

S 

1.67 

S 

1.24 

2.87 

E 

2.59 

E 

1.53 

N 

3.56 

NO 

2.07 

5.00 

NO 

3.75 

NO 

2.45 

NO 

0.55 

NO 

3.82 

2.50 

E 

2.55 

E 

1.34 

E 

0.91 

E 

1.45 

1.85 

E 

1.90 

E 

1.11 

E 

0.79 

E 

1.35 

2.73 

E 

2.68 

E 

2.41 

E 

2.82 

E 

1.99 

4.82 

NE 

4.31 

E 

4.49 

N 

3.99 

N 

3.03 

2.41 

.0 

3.05 

S 

1.25 

E 

0.32 

E 

3.83 

8.15 

N 

6.71 

NO  • 

7.54 

NO 

6.48 

NO 

5.24 

3.01 

N 

2.68 

E 

1.90 

E 

0.83 

E 

2.76 

2.22 

E 

4.68 

N 

4.21 

NO 

3.33 

NO 

2.60 

4.81 

NO 

6.01 

NO 

4.26 

NO 

1.81 

NE 

3.02 

2.15 

0 

3.01 

NO 

3.61 

0 

3.52 

NO 

2.37 

5.74 

NO 

6.62 

NO 

5.14 

NO 

1.94 

NO 

4.45 

0.43 

0 

6.29 

NO 

5.00 

NO 

6.97 

NO 

4.94 

i-91 

NO 

4.95 

NO 

1.94 

N 

0.65 

NO 

4.34 

3.05 

E 

3.15 

NE 

2.78 

E 

6.39 

NO 

2.53 

5.28 

NO 

5.55 

0 

4.49 

0 

5.23 

NO 

5.85 

3.75 

4.01 

2.87 

2.43 

2.88 

m 


MAI  1871. 


Vitesse  moyenne  i 


1   ' 

DATES 

- 

PAR  SECONDE  ET  P\ 

22h40'  àlh40' 

1  h  40'  i 

• 
Si  4h  40' 

4h  40' à  7  h  40' 

7h40'àlOH 

m 

m 

m 

m 

1 

4.35 

NO 

352 

NO 

3.38 

E 

3.19 

Nu 

2 

0.09 

NE 

0.69 

NE 

0.97 

E 

1.85 

F 

3 

0.87 

NE 

0.46 

NE 

1.06 

E 

1.39 

r 

4 

1.25 

NO 

0.88 

NE 

1  53 

N 

2.78 

*•< 

5 

1.20 

NO 

1.16 

NO 

1.76 

NO 

3.70 

N" 

6 

1.30 

NO 

0.88 

SE 

0.79 

NE 

1.44 

F 

m 

i 

0.93 

SO 

1.30 

SO 

0.69 

NE 

2.50 

M. 

8 

0.29 

E 

0.88 

E 

0.88 

E 

2.92 

h 

9 

0.09 

E 

o;83 

E 

1.11 

E 

1.99 

i 

10 

1.20 

N 

1.39 

N 

0.65 

NE 

1.07 

i 

11 

0.55 

E 

0.83 

E 

0.55 

E 

2.22 

i 

12 

0.46 

E 

0.55 

E 

1.30 

E 

1.34 

i 

13 

0.69 

NE 

1.52 

NE 

1.06 

E 

1.48 

E 

i     H 

3.52 

S 

1 .  58 

S 

2.22 

S 

1.57 

s 

15 

1.53 

NO 

2.87 

NO 

4.21 

NO 

4.31 

\) 

10 

1.76 

0 

1.53 

0 

0.88 

0 

1.99 

II 

17 

2.04 

0 

2.73 

0 

1.95 

0 

3.24 

N'» 

18 

4,07 

NO 

4.21 

NO 

4.21 

NO 

5.37 

V- 

19 

2  41 

0 

2.36 

NO 

2.96 

NO 

4.35 

N(» 

20 

2.41 

0 

0.97 

N 

1.71 

NO 

1.18 

Ni' 

21 

2.04 

0 

1.67 

0 

>    1.20 

S 

1.48 

N 

22 

1.44 

SO 

1.41 

SO 

1.67 

E 

3.19 

F 

23 

0.93 

NE 

0.88 

NE 

1.25 

E 

2.32 

F 

24 

0.55 

NE 

0.23 

NE 

0.97 

E 

3.05 

h 

25 

3.33 

SE 

1.90 

SE 

1.58 

E 

4.72 

l 

26 

0.78 

SE 

0.88 

SE 

1.02 

SE 

2.87 

S  F.' 

27 

1.48 

S  E 

1.67 

SE 

2.78 

NO 

3.70 

No 

28 

0  60 

NO 

0.65 

NO 

0  83 

NO 

1.81 

>»' 

29 

0.87 

NO 

0.69 

NO 

0  97 

NO 

2.13 

N' 

30 

0.74 

NE 

0.59 

NE 

0.64 

E 

1.90 

F 

!    31 
!  Moyen. 

0.51 

SE 

1.06 

SE 

0.32 

E 

0.92 

l 

1.45 

1.38 

1.52 

2.5-1 

i 

225 


iraction  du  vent. 


MAI  1871 


^^p^ 


ÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 


Oh  40' à  13 h  40' 


m 

2.27 
1.94 
2.27 
1.69 
3.70 

2.36 
1.81 
3.24 
3.05 
1.48 

2.87 
1.62 
3.66 
2.0i 
5.00 

1 .  48 
4.68 
6.20 
3.94 
2.73 

2.78 
4.03 
2.82 
5.74 
5.74 

3.90 
3.56 
2.45 
4.21 
2.32 
1.81 


3.14 


N 

E 

E 
NO 
NO 

E 

NE 
E 
E 
E 

E 
E 
E 
E 
O 

N 

NO 

NO 

NO 

E 

E 
E 
E 
E 
E 

SE 
NO 
NO 
SE 
E 
E 


13h40'àl6h40' 


m 

2.45 
1.85 
2.50 
2.04 
3.89 

1.99 
2.04 
2.54 
1.95 
1.39 

1.76 
1.99 
3.98 
1.06 
3.89 

2.64 
5.28 
6.48 
3.47 
2.90 

3.42 
4.08 
1.95 
7.03 


NO 

E 
E 
E 

'  N 

E 

NE 

E 
E 
E 

E 
E 
E 
E 
NO 

E 

NO 
NO 
NO 

E 

E 

SE 
E 
E 


16h40'H9h40' 


4.68 

SE 

4.07 

E 

1.58 

NO 

1.48 

NO 

3.80 

E 

2.27 

E 

1.80 

E 

2.98 

m 

2.50 
0.97 
1.48 
1.43 

2.87 

1.81 
0.97 
0.92 
0.83 
1.67 

1.85 
1.06 
2.36 
1.90 
2.13 

2.32 
4.77 
4.86 
3.94 
2.41 

1.30 
2.82 
1.11 
7.36 
3.10 

1.34 
1.85 
1.67 
2.36 
0.92 
1.16 


2.19 


NO 

E 
E 
E 

N 

E 

NE 
E 
E 
E 

E 
E 
S 
E 
NO 

E 

NO 
NO 
NO 

S 

E 

SE 
E 
E 

S 

E 

NO 

NO 

E 

E 

O 


19h40'à*fh40' 


m 

1.53 
0.46 
1.4i 
1.85 
2.45 

0.83 
0.37 
0.65 
0.74 
0.74 

0.97 
0.83 
2.59 
0.83 

2.22 

1.85 
4.54 
3.01 
3.47 
2.31 

1.76 
1.53 
0.74 
5.69 
0.83 

1.11 
0.83 
1.67 
1.30 
0.27 
1.02 


1.63 


NO 
E 
E 

N 
NO 

E 

NE 
E 

E 
E 

E 
E 
S 
N 
NO 

E 
NO 
NO 

O 

0 

E 
E 
E 
E 
SE 

E 

NO 

NO 

E 

E 

O 


Par 

seconde 

et  par 

jour. 

m 

2.90 
1.10 
1.43 
1.68 
2.59 

1.42 
1.33 
1.54 
1.40 
1.27- 

1.45 
1.14 
2.17 
1.84 
3.28 

1.81 
3.65 
4.80 
3.36 
2.11 

1.96 
2.52 
1.50 
3.83 
3.23 

2.00 
2.18 
1.39 
2.04 
1.21 
1.07 


2.10 


15 


K    - 


m 


JUIN  1871. 

Yifctue  moyenne  e 

DATES 

1 
PAR  SECONDE  ET  P.\l 

«h  40' 

àlh40' 

lh40' 

à4h40' 

<* 

• 
4h40'  i 

h7h40' 

7h40'à1oU 

m 

m 

m 

m 

1 

0.46 

SO 

0.65 

SO 

0.92 

NO 

2.08 

N 

2 

1.30 

SE 

0.37 

SE 

0.92 

NE 

1.76 

XL 

3 

3.70 

NO 

5.18 

NO 

10.19 

NO 

10.56 

X" 

4 

4.91 

NO 

4.63 

NO 

5.14 

NO 

7.27 

N" 

5 

4.45 

NO 

3.79 

NO 

5.41 

NO 

6.06 

Xu 

6 

3.98 

NO 

3.89 

NO 

4.77 

NO 

5.92 

Ni. 

7 

4.77 

NO 

4.63 

NO 

5.05 

0 

4.07 

M 

8 

3.47 

NO 

3.15 

NO 

3.80 

0 

7.36 

Mi 

9 

1.76 

NO 

1.95 

NO 

3.47 

NO 

4.45 

XU 

10 

1.53 

0 

1.57 

0 

3.93 

NO 

5.41 

xn 

li 

1.11 

SO 

1.30 

SO 

1.30 

SO 

1.48 

SO 

12 

0.74 

E 

0.74 

E 

1.02 

E 

2.36 

N 

13 

2.82 

NO 

1.85 

N 

2.55 

0 

2.08 

XO 

14 

1.16 

•N 

1.67 

N 

0.92 

NO 

1.02 

N 

15 

2,08 

E 

1.39 

E 

1.53 

N 

2.59 

NE 

16 

1.71 

N 

1.94 

SE 

2.27 

E 

3.91 

S 

17 

4.63 

SE 

4.44 

SE 

1.67 

S 

3.98 

SE 

18 

1.30 

NO 

1.39 

NO 

1.25 

NO 

2.55 

XE 

19 

1.85 

NO 

3.24 

NO 

5.23 

NO 

5.92 

Xn 

20 

0.79 

N 

0.37 

N 

1.25 

NO 

3.84 

0 

21 

5.09 

NO 

4.40 

NO 

7.17 

NO 

8.2i 

Xn 

22 

4.03 

NO 

2.41 

NO 

1.67 

NO 

1.67 

Xi' 

23 

1.11 

SE 

1.06 

SE 

0.74 

SE 

2.27 

F. 

2.4 

0.92 

N 

0.97 

E 

1.25 

NE 

2.68 

E 

25 

1.06 

NE 

0.74 

NE 

1.30 

E 

0.78 

X 

26 

6.53 

NO 

7.03 

NO 

6.20 

NO 

6.52 

Xn 

27 

4.35 

NO 

5.28 

NO 

6.11 

NO 

6  11 

Xn 

28 

3.98 

NO 

3.43 

NO 

5.6i 

NO 

4.17 

Xo 

29 

3.43 

NO 

3.29 

NO 

2.87 

NO 

2.50 

0 

30 

1.16 

S  E 

0.46 

SE 

1.30 

'E 

2.6i 

E 

Moyen. 

2.67 

2.57 

3.22 

4.08 

227 


rection  du  Ttttt. 


JUIN  «71 


IRIODES  DE  TROIS  HEURES. 


h  40' à  13  h  40' 


m 

2.41 

E 

2.27 

N 

U .  68 

NO 

6.38 

NO 

5.88 

NO 

6.43 

NO 

3 .  43 

0 

6 .  52 

NO 

3.94 

NO 

2.  gh 

NO 

2.36 

E 

4.49 

NE 

2.  45 

NO 

2 .  59 

N 

3.24 

E 

4.95 

E 

6.94 

S 

4.58 

E 

3.03 

0 

3.33 

NO 

6.52 

NO 

i.90 

N 

4.44 

E 

3.29 

E 

4.35 

NO 

6.80 

NO 

5.51 

NO 

5.83 

NO 

2.27 

SO 

2.04 

E 

4.35 

13h40'àl6h40' 


m 

2.22 
1.44 
10.09 
6.75 
5.83 


5.14 
2.50 
4.58 
2.68 
2.82 

2«04 
5.51 
2.54 
2.18 
2.96 

7.87 
6.85 
2.82 
3.01 
4.26 

6.11 
2.82 
5.00 
3.84 
6.79 

7.27 
5.37 
5.74 
3.47 
1.95 


4.41 


E 

N 

NO 
NO 

O 

NO 

E 

O 

O 
SE 

E 
NO 

O 

E 
NE 

SE 
SE 
E 
SO 
NO 

NO 

S 
SE 

E 
NO 

NO 
NO 
NO 

E 

E 


16h40*àl9h40' 


m 

2.36 
2.36 
7.36 
5.28 
5.97 

5.05 
0.82 
2.22 
1.95 
3.75 


1.05 
5.00 
1.34 
1.34 
1.48 

7.36 
2.78 
1.76 
1.20 
7.17 

5.83 
2.96 
1.95 
2.41 
6.15 

7.54 
6.85 
3.70 
1.11 
1.62 


3.59 


E 

N 

NO 
NO 
NO 

NO 

E 

O 

O 
SO 

E 

NO 
E 
E 
E 

SE 

N 

O 

O 
NO 

NO 

S 

E 

E 
NO 

NO 
NO 
NO 

E 

E 


19  h -40' à  22  h  W 


1.62 
4.44 
5.74 
4.86 
4.30 

4.81 
2.50 
2.18 
1.67 
1.30 

0.83 
4.58 
1.25 
1.85 
1.30 

4.63 
1.34 
1.25 
0.92 
6.57 

5.37 
0.97 
1.81 
1.39 
6.52 

4.95 
4.54 
3.66 
0.74 
0.92 


2.96 


E 
NO 
NO 
NO 

0 

NO 

0 

NO 
0 

S 

E 
NO 

N 

E 

NE 

E 
NO 

0 

NO 
NO 

NO 

S 

N 

E 

NO 

NO 
NO 
NO 

£ 

E 


Par 

sepoode 

et  par 

jour. 


m 

1.59 
1.86 
7.81 
5.65 
5.21  I 

5.00 
3.47 
4.16 
2.73 
2.87 

1.43 
3.05 
2.11 
1.59 
2.07 

4.33 
4.08 
2.11 
3.05 
3.45 

6.09 
2.30 
2.30 
2.09 
3.46 

6.60 
5.51 
4.52 
2.46 
1.51 


3.48 


228 


JUILLET  1871 


Vitesse  moyenst  ( 


PAR  SECONDE  ET  h 

DATES 

t?hW 

à1h40' 

Ih  40*  àihiO* 

4  )i  40'  à 

i  7  h  40' 

7h40'àlOhl 

ra 

m 

m 

m 

1 

0.00 

E 

0.32 

E 

0.05 

E 

1.53 

E 

2 

0.37 

NE 

1.48 

NE 

1.25 

NE 

3.01 

F 

3 

1.71 

SO 

1.10 

NO 

2.04 

NO 

1.90 

\ 

4 

0.74 

NO 

0.93 

NO 

0.88 

NO 

1.70 

\ 

5 

1.10 

E 

1.25 

NE 

0.05 

NE 

3.81 

>!■ 

0 

1.02 

NO 

2  18 

NO 

2.59 

NO 

2.27 

Ni' 

1.30 

NO 

0.05 

0 

1.34 

0 

2.08 

Nr 

K 

0.92 

NE 

0.79 

NE 

0.09 

NE 

1.02 

M 

II 

1199 

NO 

1.72 

NO 

1.70 

NO 

2.13       > 

10 

0.87 

NE 

0.88 

NE 

1.11 

NE 

2.27 

ï. 

11 

0.74 

NE 

125 

NE 

0.92 

E 

5.23 

N» 

12 

7.45 

NO 

5.40 

NO 

0.25 

NO 

4.81 

>. 

13 

2.59 

NO 

1.70 

SO 

1.48 

0 

1.48        N 

14 

1.70 

SE 

0.93 

SE 

0.09 

S 

2.13 

E 

15 

1.00 

NE 

1.25 

NE 

3.01 

NO 

4.30 

Nu 

10 

2.9G 

NO 

2.92 

NO 

2.09 

NO 

3.93 

Nu 

17 

1.81 

SE 

1.00 

SE 

0.97 

S 

2.04       F 

18 

0.40 

N 

1.30 

N 

0.05 

NE 

*  1.85  .    V" 

19 

2.27 

SE 

1.95 

SE 

1.99 

0 

1.95 

\i 

20 

1.71 

NO 

3.10 

NO 

5.41 

NO 

5.28 

V 

21 

2.55 

NO 

2.18 

NO 

3.10 

NO 

4.20 

N" 

22 

1.90 

S 

1.25 

S 

1.02 

NO 

2.08 

M 

23 

1.25 

NE 

1.02 

NE 

1.85 

0 

2.90 

Y 

24 

4.08 

NO 

3.00 

NO 

2  41 

NO 

1.71 

\ 

25 

1.30 

0 

0.92 

0 

1.10 

0 

3.29 

ii 

20 

5.41 

NO 

3.70 

NO 

2.82 

NO 

2.04 

V 

27 

1 .  44 

E 

1.57 

E 

148 

S 

2.92 

\ 

28 

1.34 

S 

1.02 

S 

1.72 

SO 

3.47 

> 

29 

0.97 

NO 

0.74 

NO 

1.11 

NO 

2.73 

i 

30 

4.07 

,   NO 

4.03 

NO 

3.70 

NO 

2.55 

[ 

31 
Moyen. 

i  • 

4.  91 

NO 

4.80 

NO 

4.31 

N 

4.40 

\ 

2.00 

1.87 

• 

2.01 

2.87 

229 


traction  du  vent. 


JUILLET  1871 


ÊRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 

et  par 

3h  40' à  13  h  40' 

13h40'àl6h40' 

16h40'al91i40' 

19  h  40' i 

i  22  h  40' 

jour. 

m 

in 

m 

m 

m 

2.78 

E 

5.60 

SE 

2.78 

E 

1.94 

E 

2.02 

4 .  05 

E 

3.66 

E 

1.96 

.  SE 

2.73 

0 

2.39 

t  17 

NO 

2.78 

NO 

1.67 

N 

1.34 

.      N 

2  10 

2.7:3 

NE 

3.61 

E 

2.18 

E 

1.30 

E 

1.77 

5.05 

NO 

5.00 

NO 

4.12 

NO 

2.59 

0 

2.96 

2.01 

N 

2.08 

NE 

1.16 

NE 

1.11 

0 

1>88 

2.45 

E 

2.96 

E 

2.08 

E 

1.71 

E 

182 

0 

2  13 

0 

3.10 

0 

3.38 

0 

1.82 

3. 5(3 

E 

3.70 

E 

2.78 

NE 

1.58 

NE 

2.40 

3.19 

E 

4.63 

E 

3.05 

E 

0.87 

E 

2  11 

7.78 

NO 

8.93 

NO 

5.97 

NO 

6.16 

NO 

4.62 

4.35 

NO 

1.80 

NO 

2.78 

NO 

2.59 

NO 

4.44 

2  45 

E 

3.47 

E 

1.90 

SE 

1.43 

SE 

2. 07 

3.98 

E 

3.0f 

E 

1.85 

E 

0.69 

E 

1  88 

4.81 

NO 

4.77 

NO 

3.9i 

NO 

2.92 

NO 

3.26 

3.05 

E 

2.78  , 

E 

1 .99 

SE 

0.79 

SE 

2.64 

3.70 

E 

3.2i 

E 

2.55 

E 

1.20 

NE 

2.15 

2.  (H 

E 

2.55 

E 

1.39 

E 

1.85 

E 

1.51 

2.04 

E 

3.138 

SE 

2.22 

S 

1.90 

0 

2.21 

0.99 

NO 

6.25 

0 

5.18 

0 

3.33 

NO 

4.66 

3.29 

NO 

1 .  99 

0 

1.90 

0 

1.53 

NO 

2.60 

3.21 

E 

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2.31 

2.62 

230 


AOUT  1871. 

Vitesse  moyenne 

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PAR  SECONDE  ET  PI 

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1 

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1.64 

J.60 

1.71 

2.44 

231 


Direction  du  vent. 

« 

AOUT  1871. 

» 

PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

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13h40'àlGh40* 

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3.19 

3.27 

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2.26 

• 

232 


SEPTEMBRE  1871 


Vitesse  moyenne  * 


■dates 

PAR  SECONDE  ET  f  AI 

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Moyen. 

1.61 

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1.58 

2.34 

233 


direction  du  ¥«jt. 


SEPTEMBRE  1871. 


'ÉRIODES  DE  3  HEURES 

• 

Par 

seconde 
el  par 

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1 13  h  40' 

13h40'à16h*0' 

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2.73 

E 

1.85 

3.37 

3  34 

1.97 

1.06 

2.17 

«34 


OCTOBRE  1871. 


VHftftie  moyenne  i 


DATES 

PAR  SECONDE  ET  H 

22h40' 

à  1  h  40' 

1h40'à4h40' 

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m 

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m 

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1 

1.67 

SO 

1.39 

0 

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n 

2 

2.41 

0 

3.80 

NO 

5  32 

NO 

7.80 

N- 

3 

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NO 

0.79 

NO 

1.02 

NO 

1.94 

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NO 

1.43 

NO 

1.12 

NO 

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5 

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2.04 

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NO 

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NO 

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NO 

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N 

0.41 

N 

1.99 

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N 

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E 

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E 

0.18 

E 

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SE 

106 

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12 

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NO 

7.03 

NO 

6.06 

NO 

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NO 

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NO 

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N 

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S 

1.57 

S 

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SO 

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NE 

1.25 

NE 

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0 

0  97 

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16 

1.06 

SO 

1.34 

SO 

1.48 

SO 

0.92 

S  ii 

17 

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S  E 

0.65 

SE 

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0  60 

NO 

0.60 

NO 

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1.16 

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20 

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SE 

2  73 

SE 

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N 

3.29 

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21 

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N 

0.51 

N 

0.82 

N 

1.16 

N 

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NO 

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SO 

1.62 

NO 

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NO 

3.56 

NO 

3.94 

NO 

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5.14 

NO 

5.69 

NO 

7.22 

NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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N 

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1.30 

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SO 

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S 

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1.30 

S  E 

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SE 

3  15 

s 

5. 65 

S 

31 

i 

i 
Moyen. 

4.58 

SE 

440 

SE 

3.75 

•    s 

3.19 

s 

* 

2. 01 

2.02 

2.19 

2.80 

235 


Direction  du  rent. 


OCTOBRE  1871 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

- 

Par 

• 

féconde 
et  par 

101.40' à  13  hiCT 

13h40'à16h40' 

16h40\ 

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I9h40'à2ih40' 

jour. 

m 

m 

m 

m 

ni 

1.62 

0 

3.47 

NO 

2.50 

NO 

3.70 

NO 

2.04 

7.51 

NO 

6.25 

NO 

3,i3 

NO 

2.27 

N 

4.85 

5.41 

NO 

6.78 

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NO 

3:«i 

NO 

3.10 

1.81 

S 

2.18 

E 

1.53 

E 

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5.32 

NO 

3.98 

NO 

2.13 

NO 

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NO 

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S 

2.45 

E 

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1.53 

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E 

1.11 

E 

1.31 

2.27 

E 

J.90 

E 

0.78 

S  E 

0.37 

S  E 

1.07 

1.53 

SE 

0.83 

S 

0.65 

S 

0.32 

S 

0.66 

7.08 

NO 

7.11 

NO 

6.16 

NO 

3.89 

NO 

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3.10 

E 

2.59 

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1.24 

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1.81 

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1.29 

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6.20 

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5.32 

SE 

4.58 

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N 

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N 

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2.21 

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2.22 

E 

0.69 

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1.18 

0.84 

NO 

3.61 

NO 

2.48 

NO 

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N 

2.92 

1.17 

E 

2  45 

E 

0.97 

E 

2. il 

N 

1.96 

5.09 

NO 

4.21 

NO 

6.15 

NO 

4.91 

NO 

4.36 

7.64 

NO 

7.64 

NO 

6.94 

NO 

8.01 

NO 

7.01  | 

7.50 

NO 

7.31 

NO 

6.02 

NO 

4.54 

NO 

7.02 

1.95 

N 

2.59 

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1.30 

SO 

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SO 

1.88 

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1.58 

S 

0.79 

SE 

1.62 

SE 

1.30 

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2.22 

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1.58 

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S 

2.96 

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4  37 

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3  79 

S 

1.57 

S 

2.18 

SO 

3.50 

3.65 

3.37 

2.36 

2.10 

■•  i 

2.56 

236 


NOVEMBRE  1871. 


Vitesse  moywiMf 


■9 


16 
17 
18 
19 
20 

21 
22 
23 
24 
25 

26 

27 

h 

29 
30 


PAR  SECONDE  ET  K: 


Moyen. 


22  h  40' 

à  1  h  10' 

1  h  40'  i 

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m 

m 

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3.47 

SE 

2.04 

SE 

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NO 

G. 15 

NO 

8.47 

NO 

10.23 

NO 

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NO 

2.73 

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3.33 

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0.88 

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1.02 

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1.7G 

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NO 

1.02 

SE 

1.16 

SE 

1.95 

SO 

3.52 

SE 

5.28 

SE 

3.01 

S 

0.92 

0 

1.11 

0 

1.11 

S 

3.56 

NO 

2.50 

NO 

2.22 

NO 

1.94 

N 

1.76 

N 

2.27 

NO 

1.67 

0 

0.97 

0 

0.74 

0 

7.59 

NO 

9.26 

NO 

7.68 

NO 

8.54 

NO 

10.31 

NO 

9.31 

NO 

5.88 

NO 

7.87 

NO 

6.57 

NO 

1.71 

0 

0.78 

0 

1.20 

0 

0.74 

0 

1.62 

N 

1.48 

NO 

5.18 

NO 

5.60 

NO 

7.03 

NO 

8.10 

NO 

9.63 

NO 

9.26 

NO 

9.40 

NO 

10.14 

NO 

8.01 

NO 

2.18 

NO 

2.13 

NO 

4.07 

NO 

1.25 

NO 

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NO 

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NO 

1.39 

NO 

1.11 

NO 

0.60 

NO 

5.04 

0 

2.69 

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3.  49 

NO 

4.49 

NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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0 

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SO 

1.95 

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2.96 

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3.89 

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1.30 

SO 

1.53 

SO 

3.47 

NO 

3.:o 

NO 

3.24 

NO 

1.81 

SE 

3.44 

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- 

3.62 

7  h  40'  à  10!  x 


5.37 

9.49 
2.32 
0.97 
0.92 

1.43 
3.71 
0.51 
i.77 
5.51 

1.16 
8.10 
10.97 
6.52 
1.11 

6.15 
9.95 
X.47 
8.89 
3.05 

0.37 
0.41 
3.94 
3.08 
1.16 

2.64 
0.88 
4.07 
3.52 
1.02 


4.02 


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NO 

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0 
S 

NO 
E 


237 


direction  du  vent. 


NOVEMBRE  1871. 


ÊRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

0  h  AW  à 

il3h40' 

I3h40'ài6h4œ 

16  h  40' à  19  h  40' 

I9h40'àî2h40' 

jour. 

m 

in 

m 

m 

m 

5.06 

E 

4.21 

E 

5.00 

0 

5.41 

0 

4.14 

S. 52 

NO 

6.71 

NO 

5.74 

NO 

4.17 

0 

7.43 

1  .67 

0 

2.05 

E 

0.78 

E 

1.06 

E 

2.21 

1  .71 

K 

1.44 

E 

1.20 

E 

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N 

1.19 

2.27 

S 

4.12 

SE 

3.05 

S 

0.88 

SE 

1.90 

1  .il 

S 

0.97 

E 

1.16 

E 

1.11 

E 

1.28 

3.21 

S 

3.47 

SE 

3.79 

S 

2.82 

S 

3.60 

2.27 

0 

3.75 

NO 

3.66 

NO 

4  58 

NO 

2.24 

5.41 

NO 

3.80 

NO 

3.29 

NO- 

3.24 

NO 

3. 60 

NO 

4.21 

NO 

2.45 

NO 

0.69 

0 

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E 

1.48 

NE 

2.22 

NO 

1.71 

10.60 

NO 

10.05 

NO 

7.91 

NO 

8.24 

NO 

8.68 

0.68 

NO 

8.89 

NO 

8.47 

NO 

8  24 

.NO 

9.30 

4.95 

NO 

2.45 

NO 

3.06 

NO 

3.43 

0 

5.10 

0.68 

0 

0.60 

0 

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0 

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0 

0.95 

8.24 

NO 

8.05 

NO 

8.05 

NO 

6.57 

NO 

5.11 

7.82 

NO 

5.23 

NO 

5.97 

NO 

7.22 

NO 

6  75 

8.98 

NO 

7.78 

NO 

7.96 

NO 

7.78 

NO 

8.49 

9.26 

NO 

8.61 

NO 

9.07 

NO 

5.46 

NO 

8.60 

4.82 

E 

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NO 

5.04 

NO 

5.88 

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6.34 

NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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2.45 

NO 

3.52 

NO 

2.55 

NO 

1.57 

N 

2.96 

0.93 

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0.41 

S 

0.60 

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S 

1.35 

1.53 

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0.78 

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1.71 

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2.45 

4.77 

NO 

3.84 

so 

2.78 

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5.74 

NO 

3.37 

1.99 

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1.43 

N 

1.16 

NO 

1.34 

NO 

1.96 

4.35 

3.90 

3.54 

3.48 

3.75 

238 


DÉCEMBRE  1871. 

Vitesse  moyenne  « 

DATES 

PAR  SECONDE  ET  PAR 

22h40' 

à  lh40' 

1  h  40'  à 

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m 

m 

m 

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i 

1 

3.28 

NO 

5.65 

NO 

6.57 

N 

6.25 

NO 

2 

4.26 

NO 

4.07 

N 

1.67 

NE 

1.48 

NO    i 

3 

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0 

1.30 

0 

1.30 

0 

1.02 

0 

4 

2.36 

NO 

2.36 

NO 

3.52 

NO 

4.49 

NO 

5 

5.69 

NO 

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NO 

7.36 

NO 

8.84 

NO 

6 

8.24 

NO 

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NO 

9.91 

NO 

7.82 

0 

7 

5.65 

N 

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NO 

3.70 

NO 

4.90 

NO 

8 

1.06 

S 

1.44 

S 

0.88 

0 

1.16 

N 

9 

1.30 

NO 

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NO 

1.11 

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1.99 

SO 

1.85 

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2.13 

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1.85 

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11 

4.81 

NO 

5.00 

NO 

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NO 

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NO 

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Direction  du  vent. 


DECEMBRE  1871 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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N 

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NO 

6.34 

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JANVIER  1872. 


Vitesse  moyenne  e 


F— 

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1 

DATES 

PAR  SECONDE  ET  PaI 

22  h  40' 

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1  h  40'  ii 

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l  7  h  40' 

7h  40'  à  10ht» 

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m 

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2.04 

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1.30 

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3.47 

No 

29 

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2.87 

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3.05 

0 

3.89 

0 

30 

1.20 

0 

1.44 

0 

1.30 

0 

1.44 

0 

31 
Moyen. 

0.37 

0 

0.32 

0 

1.34 

0 

1.20 

0 

2.25 

2.46 

2.47 

2.41 

1 

, 

243 


irection  du  vent. 


JANVIER  1872. 


ÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 

et  par 

)h40'i 

1 13  h  40' 

13h40'àl6h40' 

16h40'àl9h40' 

19h40,à22h40' 

jour. 

m 

m 

m 

m 

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1.76 

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1.02 

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1.67 

0 

1.25 

1.11 

S 

0.69 

S 

0.60 

S 

1.01 

S 

1.27 

0.00 

0 

0.88 

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0.46 

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1.20 

0.74 

0 

0.74 

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0.83 

0 

1.06 

0 

0.96 

0.79 

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0.97 

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S 

1.53 

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1.40 

1.71, 

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1.11 

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SO 

1.57 

0 

1.53 

0.00 

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4.07 

NO 

2.82 

NO 

2.27 

NO 

2.69 

9.77 

NO 

8.65 

NO 

6.90 

NO 

8.42 

NO 

6.36 

6.75 

NO 

6.89 

NO 

3.66 

NO 

2.59 

NO 

6.20 

3.84 

NO 

4.49 

NO 

1.62 

NO 

4.96 

NO 

4.14 

7.45 

NO 

7.27 

NO 

5.23 

NO 

6.34 

NO 

5.23 

5.00 

NO  . 

5.41 

NO 

1.76 

N 

2.87 

NO 

4.84 

3.93 

N 

5.41 

NO 

4.21 

NO 

3.66 

NO 

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0.51 

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0.67 

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S 

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NO 

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NO 

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1.83 

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1.59 

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1.80 

3.07 

2.85 

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2.01 

2.20 

■ 

2.47 

244 


FÉVRIER  1872. 


Vitesse  moyenne  « 


DATES 


1 

2 
3 


5. 


6 
t 

8 

9 

10 

11 
12 
13 
14 
15 

16 
17 
18 
19 
20 

21 
♦22 
23 
24 
*5 

20 
27 
28 
29 


PAR  SECONDE  ET  1  Al 


22Ji  40'  à  1  h  40' 


Moyen. 


m 
1.J1 

9.09 
2.13 
1.62 
8.98 

6.16 
6.06 
2.04 
0.74 
0.46 

2.59 
8.33 
0.51 
1.16 
5.51 

1.81 
3.24 
1.62 

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1.11 

1.62 
2.45 
1.39 
1.62 
0.18 

1.96 
5.14 
4.03 
1.48 


3.00 


E 

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NO 

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0 


1  h  40'  à  4h  40' 


m 

2.68 
7.69 
3.80 
1.53 
6.39 

3.21 
6.11 
1.71 
0.55 

0.78 

1.71 
6.91 
0.83 
1.20 
6.02 

1.62 
2.41 
1.31 
3.70 
0.60 

1.67 
1.90 
1.71 
1.30 
0.46 

1.53 
7.73 
4.35 
0.96 


2.84 


SE 
SE 
NO 
SO 
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0 


4h  40' à7h40' 


m 
1.11 

5.42 
4.49 
1.48 
3.80 

6.29 
5.83 
1.16 
0.83 
0.97 

0.92 
5.37 
1.25 

0.78 
2.68 

1.71 
1.58 
1.11 
3.15 
1.11 

1.02 
2.13 
1.30 
1.57 
0.74 

2.68 
6.48 
5.37 
1.53 


2.54 


NO 
SE 

0 

0 

S 

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1.39 
5.55 
4.77 
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6.48 

5.83 
4.17 
l.ii 
0.92 

0.79 

1.43 
5.92 
0.92 
0.97 
2.50 

1.48 
1.06 
1.25 
4.35 
0.51 

1.71 
1.62 
0.97 
l.ii 
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2.36 
4.58 
5.46 
0.65 


2.46 


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245 


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FÉVRIER  1873. 


ÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 


lOh40,à13h4(T 


m 

6.38 
2.55 
^4.58 
1.95 
10.23 

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■4.31 
1 .  76 
1 .  -20 
1.29 

5.69 
i.20 
2.22 
1.99 
4.55 

4.40 
1.3i 
4.16 

5.28 
0.83 


4.68 
1.53 
J    3i 

1 .31 

1.06 

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5.92 
4.72 
0.00 


3.19 


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13h40'âl6h40' 


m 

7.50 
2.55 
4.03 
4.97 
8.01 

4.86 
4.36 
1.81 
1.25 
2.01 

7.13 
2.3! 
3.28 
4.26 

2.08 

4.81 
2.22 
4.86 
5.37 
1.53 

5.23 
2.36 
1.31 
l.ii 
1.39 

4.07 
8.98 
2.68 
0.83 


16h  40'  à  19h 40'  19h  40'  à22h  40' 


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11.25 
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3.98 
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1.06 
1.11 
5.09 
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1.53 
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1.62 

3.33 
1.16 
0.93 
0  28 
1.16 

6.38 
6.06 
0.97 
1.53 


3.02 


S 
0 
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5.00 
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5.02 
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1.40 

4.51 
4.50 
1.46 
2.71 
3.35 

2.74 

1  89 
2.58 
4.07 
1.03 


2.85 
1.79 
1.21 
1.18 
0.78 

3.63 

6.54 
3.65 
0.98 


302  I 


246 


MARS  1872. 


•.* 


DATES 


Vitesse  moyenne  et 

1 


PAR  SECONDE  ET  P\' 


6 
7 
8 
9 
10 

H 
12 
13 
14 
15 

16 
17 
18 
19 
20 

21 
2-2 
23 
2i 
25 

26 
27 
28 
29 
30 
31 


Moyen. 


22  h  «T  à  1  h  40' 


m 

1.76 
1.34 
1.06 
1.94 
2.08 

3.70 
7.92 
3.42 
3.43 
5.22 

6.62 
6.66 
6.11 
2.73 
2.50 

3.24 
3.05 
2.13 
8.05 
5.70 

1.02 
2. 04 
1.30 
1.53 

3.98 

0.60 
0.74 

1.06 
0.60 
6.71 
5.00 


3.33 


S 

S 

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4h40*  à7hW 


m 

0.65 
1.16 
1.11 
2.22 
2.73 

5.05 
6.25 
3.70 
4.15 
6.52 

6.75 
7.73 
3.75 
1.85 
4.10 

4  77 
2.64 
1.90 
5.28 
5.18 

088 
1.31 
1.76 
1.11 

2.82 

0.60 
1.58 
1.25 
0.37 
6.66 
3.33 


3.20 


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m 

0.60 
0.88 
2.18 
2.22 
2.15 

5.55 
8.10 
3.52 
3.56 
8.56 

6.52 
7.78 
4.54 
1.48 
4.20 

4.68 
1 .  53 
1.95 
4.35 
4.67 

0.78 
1.39 
2.41 
1.34 
1.71 

1.02 
1.17 
0.55 
0.60 
3.98 
7.50 


3.28 


0 
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0 
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7h  40^  à  10h4 


•  i 


m 

0.83 
1.20 
1.76 
3.38 
3.98 

6.11 
6.53 
2.45 
3.84 
8.01 

8.47 
7.59 
4.12 
1.20 
4.40 

5.65 
1.34 
4.07 
5.74 
5.60 

2.59 
2.41 
2.13 
3.66 
2.13 

3.15 
0.92 
2.18 
1.34 
3.38 
7.50 


3.80 


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247 


Direction  du  vant. 


MARS  1872. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

10  h  40' à  13  h  40' 

13h40'àl6h40' 

16h40'àl9h40' 

I9h40'à22h40' 

jour. 

m 

m 

m 

Ul 

m 

1     0.83 

E 

1.11 

E 

0.69 

E 

0.33 

E 

0.85 

4.21 

0 

4.12 

0 

3.10 

NO 

1.53 

NO 

2.19 

2.13 

E 

2.50 

E 

1.39 

E 

1.11 

S 

1.65 

5.41 

S 

5.83 

E 

4.68 

S  E 

3.75 

SE 

3.68 

4.17 

S 

6.99 

E 

5.00 

SE 

4.40 

SE 

3.97 

6.52 

SE 

6.76 

E 

7.50 

E 

8.38 

S  E 

6.20 

7.07 

SE 

5.09 

S 

2.59 

S 

3.24 

S 

5.85 

1 .  58 

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4.95 

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5.32 

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NO 

5.32 

NO 

4.39 

8.56 

NO 

8,52 

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6.62 

0 

6.85 

0 

7.36 

7.18 

NO 

7.82 

NO 
NO 

6.52 

NO 

8.10 

NO 

7.28 

7-.  59 

NO 

6.94 

5.82 

NO 

5.46 

NO 

6.95 

4 .  49 

NO 

3.89 

NO 

3.80 

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2.82 

0 

4.19 

1.99 

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3.10 

SE 

1.85 

S 

0.18 

0 

1.80 

6.62 

NO 

5.60 

NO 

4.12 

NO 

3.33 

NO 

4.36 

i.95 

NO 

4.95 

0 

4.37 

NO 

3.15 

0 

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1.67 

E 

2.17 

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1.06 

SE 

2.0i 

0 

1.97 

5.51 

0 

6.97 

0 

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0 

6.25 

NO  ^ 

4.31 

8.15 

NO 

7.59 

0 

6.06 

NO 

5.74 

NO 

6.37 

7.03 

NO 

5.88 

0 

6.34 

NO 

4.12 

NO 

5.56 

2.87 

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1.71 

E 

1.16 

SE 

2.45 

NO 

1.68 

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S 

1.53 

S 

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NO 

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NO 

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1.62 

NO 

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2.22 

E 

1.25 

S 

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S 

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1.81 

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E 

1.99 

SE 

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SO 

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SO 

6.66 

SO 

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9.17 

NO 

10.00 

NO 

6.66 

NO 

3.33 

NO 

6.56 

4.77 

4.98 

3.95 

3.62 

3.86 

248 

» 

AVRIL  1872. 

Vitesse  moyen»  t 

DATES 

I 

PAR  SECONDE  ET  ! 

221140' 

à  1  h  40* 

DUO1  à 

4  h  40' 

4h40'  à 

i  7  b  40' 

7  h  40*  à  HU  . 

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NO 

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NO 

10.97 

NO 

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NO 

5.46 

NO 

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NO 

1  85 

NO 

2.59 

NO 

5.60 

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3.93 

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pareil  n'a 

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eux  jours 

et  demi. 

949 


r«cttoit  du  Vent. 


AVRIL  1874. 


: ttl ODES  DE  3  HEURES 

• 

Par 

seconde 
el  par 

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à 

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13h40'à 

1 16h  10' 

161140'? 

1 19  h  40' 

19h40'à22h40' 

jour. 

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5.23 

SE 

3.15 

SE 

2.64 

E 

3.29 

5.97 

NO 

4.54 

NO 

2.22 

NO 

5.55 

NO 

4.59 

0.71 

NO 

6.89 

NO 

7.22 

NO 

9.17 

NO 

6.97 

1  1.16 

NO  / 

9.03 

NO 

6.76 

NO 

8.57 

NO 

9.80 

8.29 

NO 

8.24 

NO 

7.78 

NO 

6.38 

NO 

7.75 

f>.<)5 

NO 

4.72 

N 

5.09 

0 

5.78 

NO 

5.44 

J0.05 

NO 

10.37 

NO 

8.89 

NO 

8.75 

NO 

7.43 

7.40 

NO 

6.52 

NO 

5.05 

NO 

3.56 

NO 

6.45 

2.22 

E 

2.32 

E 

1.71 

E 

0.60 

E 

1.61 

7.27 

S 

6  66 

E 

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S 

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S 

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NO 

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NO 

3.70 

NO 

2.08 

NO 

3.10 

6.06 

0 

6.29 

0 

4.58 

0 

3.98 

0 

4.23 

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4.31 

N 

3.94 

NO 

3.24 

NO 

3.63 

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2.22 

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1.53 

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2.55 

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3.02 

1.50 

SE 

1.67 

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1.20 

E 

0.37 

E 

1.40 

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S 

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S 

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4.45 

E 

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E 

1.53 

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2.72 

10.65 

S 

7.50 

S 

4. 16 

S 

2.45 

SO 

6.36 

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2.26 

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4.12 

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E 

1.76 

E 

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1.64 

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8.33 

SE 

4.35 

4.58 

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5  51 

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8.48 

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0 

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0 

6.43 

0 

5.37 

0 

7  70 

5.43 

5.41 

4.36 

3.99 

4.39 

450 


MAI  1871. 


VitMte  moyenne! 


DATES 

PAR  SECONDE  ET  PV 

22h40' 

à  1  h  40' 

i  h  40'  ; 

i  4h  40' 

4h40'  à7h40' 

7  h  40'  à 

i  10  h  H 

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1.39 

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6 

1.90 

SO 

1.71 

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1.81 

0 

2.27 

NO 

7 

0.42 

S 

0.60 

S 

0.83 

0 

0.46 

0 

8 

1/67 

NO 

3.06 

NO 

3  28 

NO 

3.98 

NU 

1       9 

i 

3.10 

0 

2  27 

0 

3.06 

NO 

6.80 

N 

10 

7.31 

NO 

6.43 

NO 

6.52 

NO 

6.20 

ND 

i 
11 

3.38 

0 

3.56 

0 

4.21 

NO 

5. 14 

NO 

12 

482 

0 

3.70 

0 

1.90 

0 

3.29 

NO 

13 

1.20 

NO 

0  60 

NO 

0.51 

S 

0  65 

S 

14 

0.32 

S 

0.51 

S 

078 

S 

1  48 

E 

15 

1.39 

E 

0.78 

E 

0.92 

E 

2.27 

E 

16 

1.06 

E 

0.78 

E 

1.53 

E 

3.29 

E 

17 

125 

E 

U.92 

SE 

059 

E 

1.81 

E 

18 

0.83 

E 

1.11 

E 

0.46 

E 

1.06 

E 

19 

0  93 

NO 

0.88 

NO 

0.79 

E 

2.22 

E 

20 

0.65 

SO 

1.02 

SO 

1.16 

N 

1.85 

NE 

21 

2.82 

0 

1.62 

0 

1.11 

S 

1.34 

SO 

22 

3.06 

SO 

2.59 

0 

2.17 

0 

2.22 

0 

23 

0.88 

0 

0.97 

0 

1.11 

0 

2  08 

E 

2i 

1.11 

0 

2  13 

0 

4.03 

0 

3.47 

SO 

25 

6.34 

0 

6.94 

SO 

7.87 

NO 

7.64 

NO 

26 

2.36 

SO 

3.66 

0 

4.07 

NO^ 

5.60 

N 

27 

5.65 

SO 

5  05 

0  . 

6.06 

0 

6  89 

0 

28 

6.38 

0 

5.97 

0 

6.66 

NO 

7.12 

NO 

29 

5.83 

0 

4.44 

0 

5  04 

NO 

5.78 

NO 

30 

2  96 

SO 

3.80 

0 

4  26 

NO 

4.45 

NO 

31 
Moyen. 

2  87 

0 

3.2i 

0 

3.56 

NO 

4.81 

NO 

2.81 

2.73 

* 

2.% 

3.65 

251 


Direction  du  vent. 


MAI  1873. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde, 
et  par 

!Oh40'àl3h40' 

i3h4(Tàl6h40' 

16  h  40' 1 

i  19  h  40* 

19h40'à2*h40' 

jour. 

m 

m 

in 

m 

m       ! 

6.99 

0 

7.87 

0 

5.18 

0 

3.10 

0 

5.70 

4.72 

NO 

6.29 

NO 

6.44 

NO 

4.58 

NO 

4.33 

5.93 

0 

6.48 

0 

5.46 

0 

3.29 

0 

5.48 

3.47 

E 

3.80 

SE 

1.34 

E 

0.60 

E 

2.11 

1.53 

NO 

1.30 

0 

0.83 

0 

1.44 

0 

1.16 

1.48 

NO 

1.85 

S 

1.58 

S 

0.88 

S 

1.68 

0.83 

0 

0.88 

0 

1.76 

0 

1.67 

NO 

0.93  ; 

5.02 

0 

4  72 

0 

4.07 

0 

4.26 

0 

3.76 

8.33 

0 

9.35 

0 

7.50 

0 

7.82 

0 

6.03 

5.78 

NO 

7.08 

N 

5.09 

0 

4.17 

0 

6.07 

7.22 

NO 

6.45 

0 

5.65 

• 

0 

5.04 

0 

5.08  ; 

4.03 

0 

1.57 

0 

1.67 

0 

1.10 

S 

2.77 

1.81 

SE 

1.48 

s 

1.25 

s 

1.02 

s 

1.06 

4.17 

E 

3.61 

E 

2.27 

E 

1.99 

E 

1.89 

4.03 

E 

5.05 

E 

2.73 

E 

0.78 

SE 

2.24 

2.27 

E 

3.61 

E 

1.20 

E 

0.74 

E 

1.81 

2.96 

E 

3.05 

E- 

2.32 

N 

1.62 

E 

1.81 

2.87 

E 

4.77 

E 

4.44 

S 

1.99 

E 

2.19 

3.84 

S 

5.23 

E 

2.04 

N 

1.48 

NO 

2.18 

3.05 

E 

3.56 

E 

3.75 

E 

2.82 

SE 

2.23 

1.62 

NO 

2.04 

0 

3.89 

NO 

3.06 

0 

2.19 

2.87 

E 

2.17 

S 

1.44 

0 

1.25 

0 

2.22  , 

1.91) 

E 

1.2!) 

E 

0.51 

E 

1.67 

0 

1.29  | 

i.77 

NO 

4.26 

NO 

4.77 

NO 

4.91 

0 

3.68  1 

6.75 

0 

5.28 

0 

3.89 

0 

2.87 

0 

5.95  | 

6.20 

0 

6.34 

NO 

6.06 

0 

5.37 

0 

4.96  ! 

7.22 

0 

7.87 

0 

7.82 

0 

7.26 

0 

6.73  ' 

6.71 

0 

7.13 

0 

6.89 

0 

5.97 

0 

6.60 

5.79 

0 

5.32 

NO 

4.03 

NO 

3.56 

0 

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4.82 

NO 

5.88 

NO 

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0 

4.03 

N 

4.30 

4.86 

NO 

4.68 

0 

4.54 

NO 

3.52 

0 

4.01 

4.32 

• 

4.52 

3.70 

3.03 

3.47 

252 


JUIN  1872. 


Vitesse  moyenne  c 


DATES 


1 
2 
3 
4 
5 

6 
7 
8 
9 
10 

11 
12 
13 
14 
15 

16 
17 
18 
19 

20 

21 
22 
23 
2i 
25 

26 

27 
28 
29 
30 


Moyen. 


PAR  SECONDE  ET  Pi' 


22  h  40' 

à  1  h  401 

1  h  40'  j 

Uh40' 

4h40'  à7h40' 

m 

m 

m 

4.63 

NO 

5.18 

0 

5.32 

NO 

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0 

4.68 

0 

6.02 

NO 

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0 

3.15 

0 

4.58 

0 

6.48 

0 

5.46 

0 

5.74 

0 

6.80 

NO 

6.01 

NO 

6.16 

0 

2.92 

0 

1.67 

0 

2.18 

NO 

0.60 

E 

1.11 

E 

1.67 

0 

0.88 

E 

1.25 

E 

1.02 

NE 

0.69 

E 

0.41 

E 

0.69 

E 

3.93 

NE 

4.91 

SO 

4.40 

0 

6.25 

0 

6.62 

0 

5.69 

0 

5.51 

0 

4.77 

0 

5.74 

NO 

0.92 

E 

1.90 

0 

1.53 

0 

0.92 

NE 

0.69 

NE 

0.69 

SE 

0.97 

NE 

0.69 

NE 

0.69 

E 

0.42 

E 

0.55 

E 

0.46 

E 

1.62 

N 

2.18 

N 

2.27 

NO 

2.04 

0 

1.81 

0 

1.66 

SO 

1.62 

E 

1.02 

E 

1.02 

E 

2.27 

NO 

2.36 

0 

2.  il 

SE 

3.84 

NO 

3.84 

NO 

4.17 

NO 

2.50 

NO 

2.45 

0 

2.22 

0 

1.11 

•N 

0.88 

N 

1.20 

N 

1.25 

N 

1.20 

N 

1.25 

S 

1.81 

E 

1.02 

E 

0.83 

N 

2.59 

SO 

4.17 

0 

5.18 

NO 

2.87 

0 

1.62 

0 

3.19 

0 

0.65 

0 

1.3i 

0 

1.25 

0 

2.04 

NE 

0.97 

NE 

1.62 

E 

3.94 

0 

2.45 

0 

> 

2.27 

NO 

2.57 

2.54 

2.77 

7h40*  àlnh 


RI 

6.80 
6.62 
6.80 
7.82 
8.24 

2.45 
1.57 
2.82 
1.90 
5.05 

5.18 
7.96 
1.94 
1.16 
1.18 

1.02 
2.78 
2.41 
1.30 
3.01 

4.44 
139 
2.64 
1.99 
2.13 

5  23 
3  66 
1.06 
171 
3.24 


3.53 


n 

n 

C 

n 
n 

NF 
E 
0 

0 
NO 

E 
SI 

E 

E 

NE 
E 
E 
0 

NO 
E 
E 
E 
N 

0 

NO 
SE 

E 
NO 


253 


direction  du  vent. 


JUIN  1872. 


'ÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 
et  par 

10  h  10' à 

l  13  h  40' 

13hl0'i 

1 16  h  40' 

16h40'àl9h40' 

I9hl0'à*2hl0' 

jour. 

m 

m 

m 

m 

m 

6.99 

NO 

5.97 

0 

1.10 

NO 

1.35 

0 

5.15 

6.06 

0 

5.09 

0 

3.10 

0 

1.80 

0 

1.72 

7.91 

0 

7.87 

0 

6.20 

0 

1.54 

0 

5.21 

7.27 

0 

6.25 

0 

6.57 

0 

6.76 

0 

6.54 

7.73 

0 

7.73 

0 

5.55 

0 

3.98 

0 

6.52 

2.50 

0 

1.31 

E 

2.59 

E 

0.97 

S 

2.15 

1.48 

E 

1.30 

E 

1.95 

E 

1.30 

E 

1.37 

4.03 

E 

3.89 

SE 

3.05 

E 

1.99 

E 

2.37 

2.31 

E 

2.11 

E 

0.92 

E 

0.97 

E 

1.29 

0.29 

0 

6.90 

NO 

6.13 

NO 

6.76 

NO 

5.58 

0.25 

0 

5  51 

0 

1.72 

0 

5.19 

0 

5.68 

1.95 

0 

3.52 

0 

3.19 

NO 

1.67 

E 

1.66 

2.55 

E 

1.67 

E 

1.77 

0 

1.02 

0 

1.66 

2.32 

SE 

3.29 

E 

1.90 

E 

1.11 

E 

1.51 

2.82 

E 

2.61 

E 

1.67 

NE 

0.65 

E 

1.15 

2.08 

E 

2.40 

E 

.  1.02 

S 

1.86 

N 

1.23 

2.13 

0 

3.06 

E 

1.66 

S 

1.99 

0 

2.21 

*.  .  0»/ 

NE 

2.27 

E 

1.16 

E 

1.34 

E 

1.91 

2.08 

E 

2.08 

E 

2.78 

NO 

2.92 

NO 

1.85 

1.68 

0 

3.75 

0 

3.91 

0 

5.18 

0 

3.15 

1.12 

NO 

1.19 

NO 

3.52 

0 

2.64 

NO 

3.88 

2.59 

E 

3.01 

E 

1.31 

E 

0.60 

E 

2.01 

2.08 

E 

1.95 

E 

1.53 

E 

0.51 

E 

1.56 

1.07 

NE 

1.95 

E 

1.76 

E 

1.39 

E 

1.56 

2.27 

E 

1.99 

SE 

1.18 

S 

2.55 

0 

1.76 

5.32 

0 

5.15 

0 

1.08 

0 

3.52 

0 

1.10 

2.82 

f: 

2.55 

0 

2.73 

NO 

2.15 

NO 

2.71 

2.31 

S 

2.64 

E 

1.15 

E 

1.16 

E 

1.44 

1.90 

E 

176 

0 

2.04 

0 

3.19 

S 

1.90 

3.29 

NO 

1.48 

0 

1.30 

E 

1.76 

E 

2.17 

3.80 

3.63 

2.85 

2.51 

3.03  i 

1 

254 


JUILLET  1872. 


Vitesse,  moyenne  e 


2 
3 
4 
5 

6 

7 

8 

9 

10 

11 
12 
13 
14 
15 

16 
17 
18 
19 
20 

21 

22 
23 
24 

25 

26 
27 


29 
30 
31 


Moyen. 


PAR  SECONDE  ET  V\ 


22  h  40' 

à  1  h  40' 

lh  40'  à4h  40' 

4h40'  à 

i  7  h  40' 

7h  40' à 

i  lOh  *• 

m 

m 

m 

m 

1.72 

0 

2.13 

0 

3.10 

E 

4.31 

Nu 

2.87 

SO 

2.27 

0 

2.18 

E 

4.86 

N« 

4.91 

0 

4.21 

NO 

4.63 

0 

5.09 

Nu 

1.62 

0 

1.53 

0 

2.92 

NO 

4.91 

NO 

2.08 

0 

0.88 

0 

1.30 

0 

2.27 

E 

0.74 

E 

1.06 

E 

1.11 

NO 

2.27 

NE 

1.06 

N 

0.74 

N 

0.83 

0 

1.90 

K 

1.06 

SO 

2.96 

SO 

3.52 

NO 

5.55 

0 

1.76 

0 

1.71 

0 

1.48 

SO 

1.99 

(i 

1.62 

0 

1.39 

0 

1.57 

0 

1.71 

0 

1.48 

E 

0.69 

E 

1.76 

E 

1.81 

E 

1.11 

E 

1.02 

E 

0.60 

0 

1.90 

NE 

1.39 

0 

1.20 

0 

1.71 

0 

2.45 

NO 

3.33 

0 

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0 

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N 

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0 

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N 

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SO 

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E 

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0. 

1.71 

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E 

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N 

0.88 

N 

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N 

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E 

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NO 

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NO 

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E 

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E 

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NO 

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NO 

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E 

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E 

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S 

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E 

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E 

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N 

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N 

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S 

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NO 

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NO 

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NO 

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2.97. 

255 


irection  du  vent. 

JUILLET  1872. 

SRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 

et  par 

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16  h  40' 

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3.51 

2.81 

2.09 

2.53 

256 


AOUT  1872. 

Vitesse  moyenne  i 

DATES 

• 

PAR  SECONDE 

ET  P.*l 

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1 1  h  40' 

1  h  40'  à 

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SO 

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Moyen. 

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NO 

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2.08 

2.44 

257 


irection  du  vent. 

AOUT  1872. 

ÊRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par    ! 

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seconde) 
et  par 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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NO 

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17 


258 


SEPTEMBRE  1872. 


YitNMaoyenaei 


DATES 

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PAR  SECONDE  ET  l'A 

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3.61 
1.34 
0.60 
1.43 
1.53 

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0 
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2.96 
1.06 
1.11 
0.83 
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1.39 
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N 

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1.93 

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2.38 

259 


irectUm  fin  Test. 


SEPTEMBRE  1872. 


ÊRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

Par 

seconde 

et  par 

)  h  40' à  13  h  40' 

I3h40'àl6h40* 

16h40'àl9h4Q' 

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E 

2.55 

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E 

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5.64 

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2.18 

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1.67 

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1.34 

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1.49 

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1.16 

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0 

2.68 

0 

3.06 

0 

1.99 

1.99 

0 

4.40 

0 

4.86 

0 

4.77 

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2.41 

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0.28 

E 

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E 

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S 

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0 

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3.05 

3.08 

2.16 

1.94 

2.23 

260 


OCTOBRE  1872. 


Vitesse  moyenne 


DATES 

i 
i    " 

« 

PAR  SECONDE  ET  F 

M  h  40' 

à  1  h  40' 

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m 

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2.40 

2.36 

2.88 

261 


rection  du  vent. 


OCTOBRE  187i. 


■-T-1 

:euodes  de  trois  heures. 

Par 

seconde 
et  par  ' 

)h  40'â13h40' 

13h4O'à16h40' 

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2.66 

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S 

1.08 

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2.96 

2.35 

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2.09 

M» 

262 


NOVEMBRE  1872. 


Vitesse  moyenne  et 


dates' 

PAR  SECONDE  ET  PAF 

22h40'  à  1h  40* 

t  h  40*  j 

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m 

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S 

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SE 

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5.92 

s 

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24 

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S 

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S 

0.37 

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SO 

25 

1 

1.30 

0 

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0 

1.44 

0 

0.69 

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1.78 

2.19 

Î63 


Direction  du  vent. 


NOVEMBRE  1872. 


PÉRIODES  DE  TROIS  HEURES. 

• 

1 

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DÉCEMBRE  1872 


Vitesse  moyenne 


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1 

1 

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lirection  du  Vent. 

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DECEMBRE 

4 

1872. 

Triodes  de  3  heures 

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-268 


DIRECTION    ET   FORCE   DU    VENT. 

Lorsque  nous  avons  décrit  ranémomèlrographe  élec- 
trique doul  nous  nous  servons,  nous  avons  dil  que  cet 
appareil  enregistrait,  toutes  les  dit  inimités,  la  force  et 
la  direction  du  vent  :  soit  144  inscriptions  par  jour. 
Ce  nombre  est  beaucoup  trop  grand  pour  la  discussion, 
et  la  moyenne  des  observations  faites  à  chaque  heure 
parait  généralement  suffisante.  Ce  travail  serait  encore 
trop  long  pour  le  temps  dont  nous  pouvons  disposer,  et 
nous  ne  nous  sommes  servi  que  des  observations  tri- 
horaires,  ou  de  la  moyenne  des  dix-huit  observations 
faites  pendant  chaque  période  de  trois  heures. 

La  première  période  commence  à  10  h.  40rn  du  soir 
(22  h.  40™)  et  finit  à  1  h.  40™  du  matin  (1  h  40  «>).  Le 
milieu  tombe  donc  à  minuit  précis?  c'est-à-dire  au  moment 
où  une  journée  finit  et  une  autre  commence.  Chaque 
jour  compreod  huit  périodes  de  trois  heures  chacune. 

Nous  comptons  Tannée  météorologique  du  1er  décem- 
bre au  30  novembre  suivant;  la  journée,  d'un  minuit  h 
celui  qui  le  suit,  et  les  heures  de  0  à  24. 

Notre  appareil  marque  seulement  les  huit  directions 
principales  de  la  rose  des  vents.  Nous  avons  dit  que  nous 
ne  tenions  compte  que  de  la  direction  inscrite  au  milieu 
de  chaque  période  :  à  minuit,  5,  6,  9,  12,  15,  18  et 
21  heures. 

DIRECTION   DU   VENT. 

Le  vçnt,  malgré  son  renom  de  variabilité,  est  soumis 
a  des  l'ois  qui  règlent  sa  direction.  Celle-ci  dépend  tou- 
jours de  la  rupture  de  l'équilibre  thermique  sur  un  point 
déterminé,  et  nous  pouvons,  aujourd'hui,  grâce  à   nos 


269 

connaissances  et  aux  correspondances  télégraphiques, 
prévoir  quelques  jours  à  l'avance  le  changement  de 
direction  des  courants  atmosphériques. 

Nous  étudierons  successivement  la  fréquence  des  veuts 
aux  divers  mois  de  l'année,  aux  différentes  saisons  et 
aux  heures  critiques  de  la  journée. 

Fréquence  des  vents  par  mois  et  par  saison.  —  Pour 
nous  rendre  compte  de  la  direction  des  vents  à  chaque 
saison,  nous  avons  cherché  d'abord*  leur  fréquence  aux 
divers  mois,  en  comptant  combien  de  Fois  chaque  vent 
avait  souffle  pendant  les* mêmes  mois  aux  diverses  heu- 
res; nous  avons  ainsi  obtenu  douze  sommes'  égales  au 
nombre  de  jours  de  chaque  mois  multiplié  par  8,  nom- 
bre des  périodes  diurnes,  et  par  5,  nombre  des  années 
étudiées.  Ces  12  sommes,  correspondantes  aux  12  mois 
de  l'année,*  ont  été  rendues  comparables  entre  elles  eu 
les  faisant  proportionnelles  à  1000. 

Fréquence  mensuelle  des  vents. 
(Somme  =  1000) 

N.       N>0.      0.      &-0.        S.  S.-E.       E.    fl.-K. 

btemb.  120.97  32258  263.55  50.97  84.8i  40.32    92.58  24.19 

Janvier..  115.48  346.77  298.39  33.55  70.00  18.71     68.39  48.71 

Février..    61.59  267.91  142.57  24.75  185.32  92.84  130.60  91.42 

Mars 100.65  410.00  106.13  24.19    95.48    91.29  154  84  17.42 

Avril 79.00  345  67  132.00  22.33    57.00  116.67  205.66  41.07 

Mai 52.26  228.39  189.35  02.26    52.58    67.10  334.84  43  22 

Juin....  61.00  375.00  190.33  23.67  29.00  50.00  227.67  43.33 
Juillet...  60.32  331.52  154*84  24.19  52.26  39.03  255.48  79.36 
Août 88.71  271.61  182.58  39.03    52.58    69.68  231.29  64:52 

Septemb.  76.33  130.67  182.00  43.00  104.33  98.07  304.60  61.00 
Octobre.  65.81  272.90  228  39  49.68  87.42  .84.84  188.06  2?.90 
Novemb.    72.00  377.67  186.00  43.00  109.67    51.33  133.00  27.33 

Année...    79.76  306.97  188.01  34.22    81.70    68.38  193.37  47. (H* 


270 

Fréquence  des  vents  par  saisons. 
(Somme  =  1000) 

N.      N.-O.      0.      S.-O.      S.  S.-E.      E.      N.-E. 

Hiver....  100.35  312.4%  234.84  36.42  113.39  50.62    97.19  54.77 

Print....    77.30  328.02  142.49  26.26    68.36  91.69  231.78  34.10 

Été 70.01  327.04  175.92  28.96    44.61  52.90  238.15  62.40 

Autom..    71.38  260.41498.80  45.23  100.47  78.28  208.35  37.08 

Avec  lefi  nombres  des  tableaux  précédents  nous  avons 
tracé  des  courbes  (PI.  1,  fig.  2)  qui  montrent  la  fréquence 
moyenne  des  venu  .pendant  toute  Tannée  et  aux  diffé- 
rentes saisons. 

Ces  courbes  présentent  deux  inflexions  principales,  dont 
les  sommets  répondent  aux  vents  qui  viennent  du  Nord- 
Ouest  et  de  l'Est.  Une  petite  inflexion  correspond  aux 
vents  du  Sud.  Si  nous  divisons  la  circonférence  compre- 
nant toutes  les  aires  de  vent  en  deux  parties  égales,  du 
Nord  au  Sud,  en  passant  d'un  côté  par  l'Ouest  et  de 
l'autre  par  l'Est,  nous  voyons  que  dans  la  première  partie 
de  la  courbe  annuelle  (PI.  1,  lig.  2,  A)  les  vents  du  N 
V  îooo" J  augmenlenl  rapidement  de  fréquence  el  atlei- 
gnent  leur  maximum  au  N-0  f  100^  )\  M*  diminuent  en- 

lôoo  )  el  'ear  n"l"muin  tombe 
auS-OT-^Y  Dans  la  demi- circonférence  des  vents 
qui  vont  du  Nord  au  Sud,  en  passant  par  l'Est,  nous 
voyons  encore  les  vents  du  N-E  f~10^*  )    augmenter  de 

fréquence  en  tournant  vers   l'Ef-^-J,    et  diminuer 

ensuite  en  allant  au  S-E  (-£  ), 

Les  vents  du  Sud  ont  soufflé  assez  souvent,  pendant 
les  dernières  années,  pour  produire  une  inflexion  seçon- 


271 

daire.  Nous  voyons  en  effet  la  courbe  qui  devrait  des- 
cendre eu  passant  du  Sud-Ouest  au  Sud -Est  remonter 
légèrement. 

La  prédominence  des  vents  varie  suivant  les  saisons» 
(PI.  1,  fig.  2  A,  p,  e,  a).  Les  vents  du  N-0  qui  soufflent 

seulement  -  —  en  hiver,  soufflent  —  en  été  et  —  au 
printemps.  La  différence  est  bien  plus  accentuée  pour 
les  vents  d'E;  ils  soufflent  en  effet  assez  rarement  en 

97 

hiver  ~m  ,  mais  leur  fréquence  augmente  beaucoup 
pendant  les  autres  saisons  et  surtout  au  printemps  --- 

QQO 

et  en  été   .  -  .  Au  printemps  et  en  été  les  vents  soufflent 

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presque  constamment  d'Ouest  à  Nord-Ouest  et  de  l'Est 
au  Sud-Est  ;  rarement  ils  viennent  des  aires  intermé- 
diaires. 

La  cause  de  la  fréquence  et  de  la  succession  régu- 
lière de  ces  vents  est  bien  connue.  C'est  toujours  la 
rupture  de  l'équilibre  thermique  sur  un  point  quelconque, 
plus  ou  moins  élevé,  qui  produit  le  vent.  La  direction  du 
vent  dépend  de  la  position  où  se  produit  cette  rupture, 
par  rapport  au  point  où  se  trouve  l'observateur. 

Pendant  les  belles  et  chaudes  journées  du  printemps 
et  surtout  de  l'été,  le  soleil  échauffe  très  activement, 
pendant  le  jour,  le  sol  continental  et  les  couches  d^ir 
qui  l'avoisinent,  tandis  que  la  Méditerranée  conserve  à 
peu  près  la  même  température.  Aussi,  dès  le  matin, 
lorsque  les  terres  commencent  à  être  assez  échauffées,  il 
se  produit  une  véritable  aspiration  de  l'air  moins  chaud 
et  plus  dense  de  la  Méditerranée  vers  les  régions  con- 
tinentales, où  l'élévation  de  température  a  produit  des 


272 

courants  ascendants,  qui  entraînent  l'air  plus  chaud  el 
plus  léger  dans  les  espaces  plus  élevés.  Lorsque,  vers  la 
tin  du  jour  et  pendant  la  nuit,  les  terres  se  refroidissent 
par  rayonnement,  la  Méditerranée  conserve  la  même 
température,  et  il  se  produit  un  courant  en  sens  con- 
traire qui  va  de  la  terre  à  la  mer. 

Dans  notre  région,  sous  J'influence  des  circonstances 
locales,  les  courants  circulent  ordinairement  dans  le  sens 
de  rOuest-Nord-Ouest  à  l'Est-Sud-Esl  et  réciproque- 
ment. Les  vents  de  mer  souillent  vers  la  terre  depuis 
neuf  heures  du  matin  environ ,  jusqu'à  l'heure  du  cou- 
cher du  soleil.  Les  vents  de  terre  se  lèvent  alors  avec 
une  force  variable,  el  durent  jusqu'au  lendemain  matin. 

La  succession  de  ces  deux  courants  ne  se  fait  pas 
toujours  d'une  manière  lente  et  progressive;  elle  peut  se 
faire  brusquement.  Alors  l'équilibre  est  rompu  et  la  per- 
turbation atmosphérique  qui  en  résulte  amène  la  pluie  et 
les  orages  locaux.  La  succession  de  ces  mêmes  courants 
peut  être  encore  troublée  par  des  mouvements  généraux 
de  l'atmosphère  qui  viennent  de  loin,  arrivent  quelque- 
fois animés  d'une  grande  vitesse  de  translation  et  peu* 
vent  occasionner  des  pluies  et  des  orages  généraux  éten- 
dus sur  de  longues  zones. 

Les  mêmes  vents  agissent  différemment  sur  notre 
organisme  pendant  les  diverses  saisons,  bien  qu'ils  con- 
servent toujours  les  caractères  qu'ils  empruntent  aux 
régions  qu'ils  traversent. 

Pendant  l'hiver  et  au  commencement  du  printemps  les 
vents  d'entre.  Ouest  el  Nord-Ouesl  sont  très  fréquents, 
ils  acquièrent  quelquefois  une  grande  violence  et  durent 
souvent  plusieurs  jours  sans  interruption.  Comme  ils  ont 


#73 

traversé  les  hautes  montagnes,  qui  se  trouvent  <le  ces 
cotés,  ils  se  sont  refroidis  en  $ç  frottant  sur  leurs  flancs 
neigeux  et  ils  nous  arrivent  âpres,  froids  et  secs.  Lés 
vents  d'eu  M'?  Est  et  Sud-Est  qui  viennent  de  la  mer 
nous  apportent  au  contraire  les  cbaudes  et  humides 
haleines  de  la  Méditerranée,  pendant  ces  mêmes  saisons. 
A  la  (in  du  printemps  et  en  été,  ces  mêmes  vents 
jouissent  de  propriétés  toutes  différentes.  Les  brises 
marines  nous  permettent  alors,  grâce  à  leur  fraîcheur 
relative,  de  passer  sans  trop  de  souffrances  les  brûlantes 
journées  des' mois  de  juillet  et  d'août.  Les  vents  de  terre, 
refroidis  par  le  rayonnement,  adoucissent  la  chaleur  des 
nuits  et  nous  permettent  de  prendre  un  repos  réparateur. 

Noms  catalans  et  caractères  des  différents  vents  (PI.  1, 
fig.  6).  —  Les  vents  portent  en  Roussillon  des  noms 
particuliers,  locaux,  qui  sont  tirés  de  l'endroit  d'où  ils 
viennent. 

Le  vent  du  Nord  est  appelé  :  Tramontana,  vent  d'au- 
delà  des  monts;  Narbonés,  vent  qui  vient  de  Narbonne; 
c'est  le  Mestral  de  la  Provence.  H  se  précipite  sur  la 
plaine,  impétueux,  incisif  et  froid,  et  «  se  déchaîne 
violent  et  redoutable,  renversant  les  hommes  et  leurs 
chars  et  les  dépouillant  de  leurs  armes  et  de  leurs  vète- 
jnentsf1).  » 

La  tramontana  jouit  d'un  grand  renom  de  salubrité. 
Ce  vent  froid  et  sec  possède  des  propriétés  toniques  et 
reconstituantes.  Il  est  néanmoins  désagréable  à  cause  de 
sa  violence  et  de  sa  persistance,  et  peut  devenir  dange- 
reux principalement  pour  les  poitrines  délicates. 

il)  Strabon,  Géotf.  livr*»  III. 

18 


274 

Le  Nord-Ouest,  aussi  appelé  Noruest,  meslral,  tramon- 
tana  est  souvent  confondu  avec  le  précédent,  dont  il 
partage  les  caractères. 

Le  vent  d'Ouest:  Poftent,  vent  du  Couchant,  Canigo- 
nenc,  vent  du  Canigou,  haute  montagne  qui  se  trouve  à 
l'ouest,  conserve  aussi  les  caractères  des  deux  précédents. 

Dans  la  vallée  de  Prades,  on  conuait  sous  le  nom  de 
Ponent  un  vent  chaud  qui  peut  même  brûler  les  récoltes, 
lorsqu'il  dure  trop  longtemps. 

A  Perpignan  on  donne  indifféremment  le  nom  de  ira- 
montana  à  tous  les  vents  qui  souillent  d'entre  Nord  et 
Ouest;  non  pas  à  cause  de  leur  direction  vraie,  mais 
surtout  parce  que  tous  ces  vents  nous  arrivent  après 
s'être  plus  ou  moins  refroidis  sur  les  montagnes  placées 
de  l'ouest  au  nord  du  déparlement  et  qu'ils  onl  tous  les 
trois  les  mêmes  caractères. 

Le  Sud-Ouest  se  nomme*  Llebelg,  en  arabe  sud-ouest; 
d'où  le  nom  catalan:  llebeljada,  coup  de  vent  du  Sud- 
Ouest1*';  Garbi,  encore  en  arabe  sud-ouest,  vent  du  Cou- 
chant; vent  d'Espanya,  vent  d'Espagne;  Albè,  vent  des 
Àlbères,  petite  chaîne  de  montagnes  qui  constitue  l'ex- 
trémité orientale  des  Pyrénées  et  s'étend  du  sud-ouest 
du  département  jusqu'il  la  mer. 

Ce  vent  est  chaud  et  humide,  par  conséquent  doué  de 
propriétés  énervantes  ;  il  amène  assez  souvent  la  pluie, 
d'où  le  proverbe  catalan  :  «  Albè  pluja  al  darrè,  vent 
des  Albères,  pluie  à  la  suite.  » 

Le  Sud  est  désigné  sous  le  nom  de  Mitgjorn,  vent  de 
midi,  vent  du  milieu  du  jour. 

(2)  PuiGGARl,  Dictioft.  Catalan. 


275 

Ce  vent  est  toujours  chaud  et  plus  ou  moins  sec, 
agréable  en  hiver,  pénible  et  dangereux  pendant  la  belle 
saison.  Il  nous  arrive  des  plaines  sablonneuses  d'Afrique 
après  avoir  traversé  la  Méditerranée  dans  sa  partie  la 
plus  rétrécie,  et  possède  les  propriétés  du  Sirocco.  Lors- 
qu'il souffle,  «  les  individus  bien  portants  se  sentent 
accablés,  leurs  mouvements  musculaires  sont  pénibles, 
leur  léte  est  pesante  et  douloureuse,  la  somnolence  con- 
tinuelle, l'appétit  va  en  déclinant,  les  convalescents  tom- 
bent Tacitement  en  rechute,  et  les  malades  voient  leur 
tétat  s'aggraver^.  » 

Le  vent  du  Sud-Est,  appelé  Marinàda^  vent  de  la  mer, 
est  chaud  et  humide,  toujours  favorable  aux  progrès  de 
la  végétation,  mais  hyposlhénisanl  ;  il  déprime  les  forces 
et  nuit  à  l'activité  du  corps  et  de  l'esprit. 

Le  vent  d'Est  se  nomme  Llevant,  vent  du  Levant.  11  a, 
à  peu  près,  les  caractères  du  précédent;  cependant  il  est 
généralement  plus  frais  et  plus  fort.  Il  coïncide  souvent 
avec  de  fortes  pluies  et  peut  occasionner  des  inondations. 

Le  Nord-Est  est  appelé  GregaU  qu'on  prononce  gargal, 
vent  Grec.  «  Vent  Grech,  entre  Uevant  y  Tramontana. 
segons  la  rosa  naulica  usada  en  lo  Medileranéo®.  »  Ce 
vent  possède  une  température  moyenne  assez  élevée, 
néanmoins  il  produit  sur  nous  une  impression  pénible 
de  froid  humide  et  nous  amène  souvent  la  pluie. 

Direction  moyenne  des  vents  aux  différents  mois.  — 
Dans  le  tableau  suivant  nous  avons  calculé  d'abord  la 


(1)  Salvagnoli,  Statistica  medica  délie  maremme  Toscane,  primo 
bieunio. 


(2)  LA6ERNIA,  IHction.  català. 


îlft 

direction  de  la  résultante  des  vents  pendant  tous  les  mois 
de  l'année*  afin  d'obtenir  celle  des  saisons  et  la  direction 
rooveune  annuelle.  Nous  y  sommes  arrivé  au  moyen  de 
la  formule  de  Lambert  qui,  pour  la  trouver,  a  commencé 
par  diviser  l'horizon  en  360  parties  allant  du  Nord  vers 
l'Est;  Il  a  admis  ensuite  que  tous  les  vents  soufflent 
avec  la  même  intensité,  ce  qui  n'est  pas  exact,  et  il  n'a 
tenu  compte  que  de  leur  fréquence  relative,  qu'il  a,  dans 
tous  les  cas,  reudue  proportionnelle  à  1000.  Alors  Lam- 
bert, coosidéranl  Iq  vent  comme  des  forces  qui  mettent 
l'air  en  mouvement,  a  cherché  leur  résultante,  <?,  d'après 
les  lois  de  la  mécanique  et  il  a  ainsi  obtenu  la  direction 
moyenne  du  vent  qu'on  trouve  par  la  formule  suivante  : 

E—  0+±-l/~ï  (NE  +  SE  —  NO-SO) 

Tang.  A= ; m 

N  —  S-f-l-j/*    (NE  +  NO  — SE  —  SO) 

Direction  moyenne  mensuelle  du  vent. 

9 

ANNÉES  DES  OBSERVATIONS.  MOYENNES  DES  $  ANNÉES. 

1870  1871  1872  Résultante  <f*   Temp.  raojea. 

Dé<\.  318°  17\  5"  304°56\24"  3tl°36\44M      5«9 

Janv.  294*40' 50"  315  10  47    293  14  10    301     1  50  t.  5 

Fév..    3i  27  25    317  59  50    222  57  59     191  48  25        10  5 

Mars  327  27  1  341  58  31  270  0  54  315  8  49  117 
Avril.  8  21  0  0  32  15  297  5  38  101  59  38  15  7 
Mai..    GO  58  20      59    2  55    280  li    0    133  2425        18  1 

Juin.  325  4  40  332  0  50  320  10  39  325  47  27  21  9 
JuiL.  341  51  15  358  10  21  316  9  38  338  43  45  25  0 
Août.  325  21  23      22  59    8    311     7    0    219  49  10        23  7 

Sept.  85  30  14  72  20  29  288  14  39  148  43  47  21  4 
Oct. .  303  23  21  46  12  43  263  43  29  194  26  31  15  8 
Nov..  311  42  42    309  31  31     274  55  20    298  43  11         11  0 


277 

Direction  moyenne  du  vent  aux  diverses  saisons. 

Hiver 268*.  ï)\  2"  7°6 

Printemps 183  30  57  15  2 

Été 294  40  47  23  5 

Automne 213  57  50  16  1 

Année 240     i  39        15  G 

Les  tableaux  précédents,  que  nous  avons  calculés  au 
moyen  des  tableaux  de  la  fréquence  des  verts  (p.  209), 
nous  permettent  de  tracer  sur  une  rose  des  vents  les  aires 
correspondantes  aux  diverses  saisons.  Nous  voyons  (PI.  I, 
fig.  4)  qu'au  printemps  la  résultante  coïncide  presque 
avec  la  direction  du  méridien  géographique;  elle  s'en 
écarte  de  34  degrés  en  automne,  de  65  degrés  en  été  et 
de  88  degrés  en  hiver. 

Par  conséquent,  la  loi  suivant  laquelle,  d'après  le  pro- 

m 

fesseur  Ragona,  directeur  de  l'Observatoire  de  Modène, 
la  résultante  se  rapprocherait  du  méridien  à  mesure  que 
la  température  s'élève,  ne  se  trouve  pas  confirmée  h 
Perpignan. 

Quant  à  la  rotation  du  vent,  elle  a  lieu  h  Modène  et  à 
Perpignan  dans  le  même  sens,  aux  mêmes  saisons.  La 
rotation  s'est  faite  en  sens  direct  de  l'hiver  au  printemps  et 
de  l'été  a  l'automne;  la  rotation  s'est  faite,  au  contraire,  eu 
sens  inverse  du  printemps  à  l'été  et  de  l'automne  à  l'hiver. 

Les  considérations  dans  lesquelles  nous  venons  d'en- 
trer ne  présentent  pas  le  caractère  d'exactitude  scienti- 
fique que  nous  aurions  voulu,  mais  que  nous  ne  pouvons 
pas  leur  donner.  Nous  avons  dit,  au  commencement  de 
cet  article,  que  l'on  admettait  d'abord  que  tous  les  vents 
soufflent  avec  la  même  intensité,  ce  qui  est  faux.  Ce  qui 
est  plus  grave,  c'est  que  la  résultante  peut,  dans  certains 


278 


cas,  être  marquée  an  Nord  ou  au  Sud  indistinctement. 
Il  suffit  pour  cela  que  les  vents  d'Ouest  et  d'Est  aient 
soufflé  un  égal  nombre  de  fois.  La  résultante  coïncidera 
exactement  alors  avec  la  ligne  du  Sud,  parce  que  nous 
avons  admis  que  la  rotation  se  .faisait  toujours  en  sens 
direct,  c'est-à-dire  de  gauche  à  droite,  comme  marchent 
les  aiguilles  d'une  montre,  en  allant  du  Nord  vers  l'Est. 
Mais  si  elle  se  faisait  en  sens  inverse,  de  droite  à  gauche, 
comme  cela  est  très  possible  et  comme  cela  arrive  assez 
souvent,  la  résultante  coïnciderait  avec  l'aire  diamétra- 
lement opposée,  c'est-à-dire  qu'elle  serait  sur  le  Nord. 
Il  ne  nous  parait  donc  pas  possible  d'obtenir  une 
direction  moyenne  du  vent  exacte,  et  nous  croyons  qu'il 
faut  se  borner  à  marquer  la  direction  h  un  moment  pré- 
cis, de  manière  à  connaître  exactement  la  fréquence  des 
vents  à  des  heures  déterminées. 

Fréquence  moyenne  des  venls  aux  diverses  heures. — Nous 
avons  employé  pour  connaître  la  fréquence  moyenne  des 
vents  aux  différentes  heures  du  jour,  la  marche  que  nous 
avons  suivie  pour  déterminer  la  fréquence  mensuelle  des 
vents,  et  nous  avons  réuni  les  résultats  dans  le  tableau 
suivant  : 


Fréquence  horaire  des 

Heures.  N      N.-O 

3....  98.63  302.75 

6....  86.30  325.76 

9....  92  87  339.73 

12....  69.86  289.87 

15....  61.10  278.91 

18....  71.23  30137 

21 ... .  68.22  309.05 

24. . . .  92.05  31&.34 


venta,  moyenne 

O        S.-O 

190.14  77.53 
256.72  29.58 
223.57  30.14 
167.95  13  42 
140.00  9.86 
146.03  16.16 
206.30  20.82 
178.09  76.44 


annuelle  (Somme  =r  1000). 


S 

57.53 
86.03 
66.03 
87.67 
100.55 
106  85 
85.75 
56.16 


S.-E 

105.48 
38.35 
38.35 
42.74 
72.05, 
71.23 
72.87 

104.39 


E' 

106.30 
134.25 
164.93 
275.6? 
303.56 
252.61 
202.26 
113.42 


N.-E 

61.64 
43.01 
44.38 
52.87 
33.97 
34.52 
34.79 
67.11 


279 

Pour  mieux  nous  rendre  compte  de  la  fréquence  des 
vents  suivant  les  heures  du  jour,  nous  avons,  avec  les 
nombres  précédents,  tracé  des  courbes  qui  représentent 
la  fréquence  moyenne  annuelle  pour  la  période  diurne  et 
aux  quatre  heures  critiques,  c'est-à-dire  à  midi  et  minuit, 
à  six  heures  du  malin  et  à  six  heures  du  soir  (6'\  12'\ 
18h,  2ih).  Lorsque  le  soleil  se  lève  ou  se  couche,  au 
milieu  du  jour  et  au  milieu  de  la  nuit  (PI.  1,  Gg.  3). 

Ces  courbes  se  suivent  assez  régulièrement  dans  toute 
cette  partie  de  la  demi-circonférence  qui  va  du  Nord 
au  Sud  en  passant  par  l'Ouest,  les  divers  vents  soufflent 
à  peu  près  le  même  nombre  de  fois  à  toutes  les  heures 
du  jour.  Dans  l'autre  moitié  de  la  circonférence  qui  du 
Nord  va  au  Sud  en  passant  par  l'Est,  la  fréquence  des 
vents  varie  beaucoup  aux  diverses  heures.  Pendant  la 
nuit  et  le  matin,  les  vents  d'Est  soufflent  bien  plus  rare- 
ment que  pendant  l'après-midi;    le  maximum  de  fré- 

s    303    \ 

quence  se  produit  à  3  h.  du  soir  l  -      J.  Les  mêmes 

influences  qui  agissent  aux  différentes  époques  de  la 
période  annuelle  agissent  aux  diverses  heures  de  la  pé- 
riode diurne.  C'est  toujours  le  soleil,  ce  grand  régulateur 
de  l'atmosphère,  qui  détermine  la  direction  et  la  vitesse 
des  mouvements  de  l'air. 

VITESSE   nu   VENT. 

Vitesses  moyennes  :  annuelle^  des  saisons,  mensuelles, 
diurnes  et  horaires.  —  La  vitesse  du  vent  obéit,  comme 
sa  direction,  à  certaines  lois,  dont  une  partie  seulement 
nous  est  connue;  elle  dépend  des  mouvements  de  la  terre 
et  suit  la  marche  des  saisons  et  des  jours. 


280 

Noire  anémamètrographe  électrique  inscrit  la  vitesse 
du  vent,  c'est-à-dire  l'espace  parcouru  toutes  les  dix 
minutes,  mais  il  ne  nous  était  pas  possible  de  reproduire 
toutes  ces  observations.  Nous  avons  fait  la  somme  des 
kilomètres  parcourus  pendant  huit  périodes  diurnes  de 
trois  heures  chacune,  nous  avons  divisé  le  nombre  de 
mètres  par  le  nombre  de  secondes,  et  nous  avons  eu  la 
vitesse  moyenne,  par  seconde,  correspondante  a  chacune 
de  ces  périodes.  Les  tableaux  précédents  contiennent 
ces  relevés,  pour  tous  les  jours  de  Tannée,  pendant 
trois  ans  (Voir  pages  190  à  267). 

Dans  le  tableau  suivant  nous  reproduisons  la  vitesse 
moyenne,  par  seconde,  correspondante  à  chaque  mois; 
nous  l'avons  obtenue  eu  divisant  la  somme  des  vitesses 
des  mêmes  mois  par  le  nombre  des  années  d'observations. 

Vitesse  moyenne  mensuelle  des  vents  (Y\.  i,  fig.  (i). 

D.      J.      F.     M.     A.     M.      J.      J.      A.      S.      0.     N.     Année 
3.01  3.10  i.22  3.53  2.i7  3.1H  2.03  2.37  2.15  2.75  2.81  3.02     2.92 

A  Perpignan,  février  est  le  mois  de  la  plus  grande 
vitesse  des  vents,  et  août,  celui  de  la  plus  faible.  Il  ré- 
sulte des  observations  faites  a  Modène  par  le  professeur 
Ragona,  que  le  maximum  survient  au  mois  d'avril  et  le 
minimum  au  commencement  de  janvier.  M.  Quételet, 
directeur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles,  a  trouvé  que  le 
maximum  arrivait  en  décembre  et  le  minimum  en  sep- 
tembre. Il  est  donc  impossible,  quant  à  présent,  de  dire 
exactement  à  quel  mois  correspondent,  dans  chaque  lati- 
tude, le  maximum  et  le  minimum  de  la  force  du  vent. 
A  Perpignan,  le  maximum  se  produit  un  peu  avant  l'cqui- 
noxe  du  printemps  et  le  minimum  un  peu  avant  l'équinoxe 


-281 

ci 'automne.  Mais  il  est  évident,  d'après  les  observations 
faites  dans  ces  trois  stations,  que  le  vont  est  plus  intense 
pendant  les  jours  les  plus  courts  et  plus  faible  pendant 
les  jours  les  plus  longs.  Pendant  les  six  mois  de  l'année 
où  le  soleil  se  trouve  au-dessous  de  l'équateur,  l'intensité 
du  vent  dépasse  la  moyenne,  et  pendant  les  six  mois  qu'il 
esl  au-dessus,  l'intensité  du  vent  est  inférieure  à  la 
moyenne. 

Le  second  maximum,  que  nous  trouvons  au  mois  de 
mai,  est  un  fait  accidentel,  qui  disparaîtrait  probablement 
si  la  moyenne  comprenait  un  plus  grand  nombre  d'années. 

Nous  voyons  également  que  la  vitesse  du  vent  suit  la 
marche  des  saisons.  Le  maximum  arrive  au  printemps 
et  le  minimum  en  automne  (PI.  1,  fig.  7). 

Vitesse  horaire  des  vents. — Pour  connaître  la  moyenne 
horaire  du  vent  aux  diverses  heures  de  la  journée,  nous 
avons  fait  la  somme  des  vitesses  correspondantes  aux 
mêmes  heures  pour  chaque  mois,  et  nous  avons  divisé 
par  le  nombre  des  années  d'observation. 

Vitesse  horaire  des  vents  suivant  les  différents  mois  : 

Mois..      Minuit.  3''     tfh     i)h     12»»    i5h    18*>    21b    Moyenne  diurne. 

Décembre.  2.65  2.59  2.75  3.01  3.64  3.49  3.'0  2  97  3.02 
Janvier. . .  2  78  2  83  2.93  3.05  3.43  3.30  2  79  2.96  3.01 
Février  ..     2.81  2.81  2.93  2  76  3.68  3.77  3.22  2.84      3,10 

Mars 3.49  3.49  3  67  4.  if  5.27  5.31   4  31  3.83      4.22 

Avril. ...  2  89  2.64  2  91  3.91  4.67  4.73  3.56  3.02  3.53 
Mai 1.85  1.75  1.90  2.80  3.44  3  39  2.61  1.99      2.47 

Juin, ....  2.40  2.37  2,69  3.56  3.84  3.85  3.02  3  58  3.04 
Juillet....  2.00  1.76  1.93  2  92  3.61  3.66  2.92  2  25  2.63 
Août 1.95  1.88  1.92  2.45  3.15  3.15  2.43  2.03      2  37 

Septembre.  1.67  1.50  1.65  2.30  3.21  3.23  1  98  1.68  2.15 
Octobre. . .  2  2i  2.30  2.38  3  04  3.72  3.39  2.63  2.34  2.75 
Novembre.     2.57  2  63  2.57  2.84  3.43  3.18  2.72  2.56      2.81 

Année....     2.44  2.38  2  49  3.08  3.76  3.70  2.91  2  58      2.92 


282 

Ce  tableau  nous  montre  quelle  est  la  vitesse  du  vent 
aux  différentes  heures  du  jour. .  Le  maximum  s'observe 
entre  midi  et  trois  heures  du  soir,  et  le  minimum  vers 
trois  heures  du  matin.  Si,  pour  voir  plus  clairement  la 
marche  de  la  vitesse  pendant  une  journée,  nous  traçons 
avec  les  nombres  précédents  des  courbes  représentant 
la  moyenne  diurne  annuelle  et  les  moyennes  diurnes 
par  saisons  (PI.  1,  fig.  8  et  9),  nous  voyons  que  la  courbe 
annuelle  se  rapproche  beaucoup  de  l'horizontale  pendant 
la  nuit.  Entre  18  heures  et  0  heures,  l'écart  le  plus  grand 
est  de  0"\56  par  seconde.  Pendant  le  jour,  au  contraire, 
entre  6  heures  et  18  heures,  nous  voyons  cet  écart  s'é- 
lever à  lm,27.  La  courbe  monte  d'une  manière  rapide 
et  régulière  de  6  heures  à  13  heures  30  et  descend  avec 
la  même  forme  de  13  heures  30  a  21  heures.  C'est 
une  courbe  dont  les  ordonnées  diminuent  de  hau- 
teur presque  également  de  chaque  côté  et  tendent  à 
se  rapprocher  d'une  ligne  droite  qui  en  jpst  l'asymptote. 
Le  tableau  suivant  nous  montre  que  l'écart  diurne,  c'est- 
à-dire  la  différence  entre  la  plus  petite  et  la  plus  grande 
vitesse,  qui  est  de  lm,27  entre  6  heures  et  18  heures, 
pour  la  moyenne  annuelle,  n'est,  pendant  la  même  pé- 
riode, que  de  lm,2o  en  automne  et  de  0m,71  en  hiver, 
pendant  que  le  soleil  est  au-dessous  de  l'équateur;  il 
s'élève,  au  contraire,  a  lm,65  pendant  le  printemps  et 
à  lro,37  pendant  l'été,  lorsque  le  soleil  chauffe  davantage 
notre  hémisphère.  Durant  la  nuit,  entre  18  heures  et  6 
heures,  l'écart  n'est  que  de  0m,30  en  hiver  et  en  automne, 
il  est  beaucoup  plus  Tort  aux  autres  saisons  et  s'élève  à 
0m,87  au  printemps  et  à  0m,79  en  été. 


283 

Vitesse  horaire  des  vents  suivant  les  saisons  : 

Saisoni.       minuit   3»»     Oh     «h    i2h     I5h    18h    2 ih  Moyenne  diurne. 

Hiver 2.75  2.74  2.87  2.94  3.58  352  3.04  2.92  3.0i 

Printemps.  2.74  2  63  2.83  3.71  4,46  4  48  3.50  2.95  3.il 

Été 2.12  2.00  2  18  2,98  3.53  3.55  2.79  229  2.(58 

Automne..  2.1G  2.14  220  2.73  3.i5  3.27  2.41  2.19  2.57 

Année....     2.ii  2.38  2.i9  3.09  3.76  3.70  2.94  2.59       2.92 

Nous  voyons  aussi  dans  ce  tableau  que  le  moment  du 
maximum  arrive  vers  13  heures  30  minutes  en  hiver  el 
en  automne,  et  un  peu  plus  tard  au  printemps  el  en  été; 
l'heure  de  ce  maximum  dépend  donc  aussi  de  la  hauteur 
du  soleil. 

Il  résulte  des  études  de  M.  le  professeur  Ragona,  qu'à 
Modènc,  la  plus  petite  vitesse  du  vent  arrive  a  2h,5i 
après  le  lever  du  soleil,  c'est-à-dire  que  le  maximum  se 
produit,  <>n  ce  lieu,  à  8h,5  du  matin;  la  plus  grande 
vitesse  arrive  à  ih,43  après  le  coucher  du  soleil,  c'est- 
à-dire  à  7!',29  du  soir.  Le  savant  professeur  en  conclut 
que  le  soleil  met  en  moyenne  deux  heures  environ  pour 
rendre  évident  son  effet  sur  l'air  et  accroître  sa  mobilité. 
En  d'autres  termes,  le  plus  grand  effet  du  refroidissement 
nocturne  de  l'air  se  manifeste,  pour  ce  qui  est  de  sa 
mobilité,  deux  heures  après  que  le  soleil  s'est  levé  sur 
l'horizon;  au  contraire,  rabaissement  produit  par  l'ab- 
sence du  soleil  met  deux  heures  environ  peur  se  mani- 
fester en  commençant  à  diminuer  la  vitesse  de  l'air, 
c'est-à-dire  que  le  plus  grand  effet  du  réchauffement 
diurne  de  l'air,  cause  de  sa  mobilité,  arrive  deux  heures 
après  que  le  soleil  est  couché.  ^Rapprochant  ensuite  les 
effets  produits  par  le  soleil  sur  réchauffement  el  la 
mobilité  de  l'air,  il  trouve  que  le  minimum  de  vitesse 


-284 

arrive  environ  trois  heures  après  e  minimum  de  tempé- 
rature, et  le  maximum  de  vitesse  cinq  heures  environ 
après  le  maximum  de  température. 

M.  Quételet  a  fait,  à  Bruxelles,  vingl  années  d'obser- 
vations, et  il  trouve  que  la  plus  petite  vitesse  arrive  vers 
le  milieu  de  la  nuit  et  la  plus  grande  vers  deux  heures  de 
l'après-midi.  C'est  presque  les  mêmes  heures  que  nous 
avons  trouvées.  A  Perpignan,  comme  à  Bruxelles,  le 
maximum  de  vitesse  suit  donc  de  très  près  le  maximum 
de  température;  mais  le  minimum  de  vitesse  précède 
d'un  temps  notable  lé  minimum  de  température 

PRESSSION   ATMOSPHÉRIQUE,   TEMPÉRATURE, 
HUMIDITÉ    RELATIVE    ET    NÉRlJLOSITÉ    DU    CIEL 

PAR   LES   DIFFÉRENTS  VENTS. 

Les  vents  de  même  nom  ne  conservent  pas  les  mêmes 
caractères  dans  tous  les  pays;  ces  caractères  dépendent 

des  régions  qu'ils  ont  traversées.  Lorsque  les  vents 
d'Ouest  arrivent  sur  le?  côtes  françaises  de  l'Océan,  ils 
sont  chauds  et  humides;  en  arrivant  dans  le  Roussillon, 
ils  sont  froids  et  secs,  parce  qu'ils  se  sont  refroidis  sur 
la  chaîne  des  Pyrénées  et  qu'ils  ont  déposé  une  partie 
de  l'humidité  dont  ils  étaient  chargés. 

La  climatologie  a  grand  intérêt  k  connaître  les  carac- 
tères des  mêmes  vents  dans  les  différents  pays;  aussi 
nous  avons  relevé  la  pression  barométrique,  la  tempéra- 
ture et  l'humidité  de  l'air,  ainsi  que  la  nébulosité  du  ciel 
qui  correspondent  à  chaque  vent  dans  le  Roussillon. 
Nous  avons  choisi  les  observations  faites  à  neuf  heures 
du  matin  comme  terme  de  comparaison,  parce  que  c'est 


285 

h  celte  heure  que  le  plus  grand  nombre  d'observateurs 
inscrivent  leurs  lectures,  ei  parce  que  la  moyenne  an- 
nuelle de  la  température  et  de  l'humidité  de  l'air  se  rap- 
prochent beaucoup  de  la  moyenne  de  neuf  heures  du 
malin. 

Pression  barométrique  par  les  différents  vents.  —  Dans 
le  tableau  suivant  nous  avons  inscrit  la  moyenne  de  la 
pression  atmosphérique  correspondant  à  chaque  mois  et 
pour  chaque  saison. 

Pression  barométrique  mensuelle  par  les  différents  vents. 

N         N.-O        0        S.-O        S         S-E        E        N.-E. 

Déce.  754.99  756.86  75i.60  754.61  752.09  •  »  756.72  »  » 
Janv..  758.54  757.04  754.53  753.53  756.52  761.33  749.02  756.42 
F<!V...  761.74  756.00  757.45  752.52  758.50  753.15  7JH.66  757.33 

Mars..  756.83  756.24  756.33  763.81  756.53  756.15  756.31  755.14 
Avril..  760.18  757.36  757.15  »  •  751.12  759.14  756.58  754.78 
Mai...  758.69  757.92  754.11  753.33  755.67  758.53  756.24  756.31 

Jum..  756.90  759.71  758.48  755.74  755.12  759.50  758.01  757.78 
Juil...  756.62  758.71  756.83  757.52  752.90  754.87  757.03  757.75 
Août..  759.56  758  30  758.05  756.42  762.18  758.61  757.56  756.91 

Sept..  760.22  757.07  756.18  760.70  757.56  763.13  758.65  761.67 
Oct...  759.10.758.08  755.00  761.46  753.79  753.74  756.28  752.76 
Nov..  757.67  756.75  753.96  754.43  750.46  756.91  754.73  745.88 

Pression  barométrique  saisonnière  par  les  différents  vents 

Hiver.  758.42  756.63  755.53  753.55  755.70  757,24  753.47  756.87 

Print.  758.57  757.17  755.96  758  57  754.44  757.94  756.38  755.41 

Été...  757.69  758.91  757.79  756.56  756.73  757.66  757.53  757.48 

Aut...  759.00  757.30  755.05  758.86  753.94  757.93  756.55  753.44 

Année  758.42  757.50  756.08  756.73  755.20  757.73  755.98  755.70 

Avec  les  valeurs  des  tableaux  précédents  nous  avons 
tracé  les  roses  barométriques  annuelle  et  des  diverses 
saisons  (PI.  2,  lig.  10)  et  la  courbe  de-  la  pression  atmos- 


286 

phérique  par  chaque  vent  (PI.  2,  fig.  14,  courbe  B).  Nous 
voyons  que  la  plus  haute  pression  existe  par  les  vents  du 
Nord;  le  baromètre  descend  ensuite  régulièrement  en 
allant  du  Nord  au  Nord-Ouest  et  à  l'Ouest.  Il  remonte 
un  peu  par  le  vent  du  Sud-Ouest  et  il  atteint  le  mini- 
mum par  le  vent  du  Sud.  La  pression  augmente  par  le 
vent  du  Sud-Est,  mais  elle  est  de  0mm,69  plus  basse  que 
par  le  vent  du  Nord.  Elle  diminue  ensuite  par  les  vents 
d'Est  et  de  Nord-Est;  ce  dernier  vent  correspond  cepen- 
dant à  une  pression  de  0mm,50  plus  haute  que  celle  des 
vents  du  Sud.  En  somme,  il  y  a  deux  maxima  qui  sont 
observés  par  les  vents  du  Nord  et  du  Sud-Est,  et  deux 
minima  qui  arrivent  par  les  vents  du  Sud  et  du  Nord- 
Ésl. 

Si,  au  lieu  de  considérer  seulement  la  moyenne 
annuelle,  nous  prenons  les  hauteurs  barométriques  des 
divers  vents  correspondants  à  chaque  saison  (PL  2,  fig. 
10,  /i,  p,  6,  a),  nous  voyons  que  les  roses  du  printemps,  p, 
et  de  l'automne,  a,  se  suivent  dans  leurs  inflexions.  La 
rose  d'hiver,  /t,  est  irrégulière  h  cause  de  la  diminution 
de  la  pression  par  les  vents  d'Est  et  du  Sud-Ouest  pen- 
dant cette  saison.  La  rose  de  Télé,  au  contraire,  est  très 
régulière;  dans  celte  saison  les  deux  maxima  arrivent 
par  les  vents  du  Nord-Ouest  et  du  Sud-Est  qui  sont  les 
plus  forts,  et  les  minima  par  les  vents  du  Sud-Ouest  et 
du  Nord-Est. 

Température  de  Vair  par  les  différents  vents.  —  Nous 
donnons  ci-dessous  la  température  moyenne  de  l'air  pour 
chaque  vent  pendant  tous  les  mois  de  Tannée  et  les 
diverses  saisons. 


287 

Température  mogtnne  mensuelle  par  les  différent»  vents. 

N  N.-O  0  S.-O      S  S.-E  E  N.-E 

Décembre 8.6  5.7  4.6  5.5  12.7  »t  7.0  *» 

Janvier.  ......       7.0  0.4  4.9  0.0      6.9  5.4  4«2  5.6 

Février 8.3  9.5  9.7  10.3      9.8  11.6  9.7  12.9 

Mars 11.6    10.4    11.3      8.2    12.4    13.7    13.0    11. f 

Avril '.     18.6    15.4    18.2      »»     16.1     15.4    17.8    16.5 

Mai 18.9    18.4    18.3    20.2    18.3    23.5    19.9    18  0 

Juin 22.3    21.7    21.0    19.5    20.3    24.6    24.4    24.8 

Juillet 25.2    25.3    24.5    34.8    28.4    26.8    26.3    26.7 

Août.... 21.0    24.0    26.2    21.9    25.3    25.6    25.6    25.8 

Septembre 24.7    24.2    22.8    20.9    23.3    20.3    22.8    25.8 

Octobre 16  3     16.3    16.4    16.7    16.1     18.0    18.5    19.0 

Novembre 7.5    10.0      9.7    11.3    13.8    13.3    10.6    17.0 

Température  moyenne  par  saisons  par  les  différents  vents. 

Hiver 8.0  7.2  6.4  7.3  9.8  8.5  7.0  9.3 

Printemps 16  4  14.7  15.9  14.2  15.6  17.5  16.9  15.2 

Été 22.8  23.7  24.9  25.4  26.7  25.7  25.4  25.8 

Automne 16.2  16.8  16.3  16.3  17.7  17.2  17.3  20.6 

Année 15.8     15.6    15.9    15.9    17.4     18.0    16.7     18.5 

La  rose  thermométrique  que  nous  avons  tracée  (Pi  2, 
fig.  11),  avec  les  nombres  ci-dessus,  esl  très  régulière. 
Les  seuls  écarts  que  nous  constatons  correspondent  au 
vent  du  Nord-Est  pendant  lequel  nous  trouvons  une  tem- 
pérature anormale  exceptionnellement  élevée.  Cette  irré- 
gularité est  accidentelle;  elle  peut  dépendre  du  petit 
nombre  d'années  d'observations  et  elle  disparaîtra  peut- 
être  dans  une  plus  longue  série. 

La  rose  de  la  température  moyenne  annuelle,  A,  se 
rapproche  beaucoup  de  la  rose  du  printemps,  p,  et  de 
l'automne,  a.  La  rose  .de  l'été,  £,  s'éloigne  beaucoup  du 
centre  mais  elle  reste  bien  régulière  et  les  différences 
de   température  sont  progressives  d'un  vent  à  l'autre. 


488 

Le  maximum  correspond  au  vont  du  Sud  :  26° 7,  el  le 
minimum  au  vent  du  Nord  :  22°8.  Pendant  l'hiver  la 
rose  des  vents  prend  un  peu  la  forme  ovalaire;  le  vent 
du  Sud  est  le  plus  chaud,  9°8,  et  le  vent  d'Ouest  est  le 
plus  froid,  6°4. 

Humidité  de  Vair  par  les  différents  vents.  —  Nous 
avons  calculé  la  quantité  d'humidité  contenue  dans  l'air 
au  moyen  des  indications  du  psychromètre;  les  tableaux 
suivants  donnent  l'humidité  relative  par  les  différents 
vents,  à  neuf  heures  du  matin,  pour  tous  les  mois  de 
Tannée  el  pour  toutes  les  saisons. 

Moyenne  de  l'humidité  relative  de  chaque  mois 
par  les  différents  vents, 

N  N.-O      0  S.-O      S  S.-K      E  N.-E 

Décembre 81.0  68.2  80.0  77.7  72.6  •*  81.6  ■  ■ 

Janvier 67.7  75  2  79.6  88.0  75.2  91.0  80.0  78.6 

Février 79.2  71.0  80.5  83.0  87.5  83.8  83.5  79.8 

Mars 66.0    58.0    62.1     72.0    79.3    79,0    80.1     77.5 

Avril 48.7     53.5     i8.0      »»     25.8    64.3    62.8    69.0 

Mai 48.5    55.9    56.1     59.7    57.3    41.0    67.4     51.7 

Juin 64.3    46.9    43.5    63.0    35.2    53.0    60.9    53.3 

Juillet 42  6    495    52.6    24.0    56.0    73.0    58.-4     56.U 

Août 72.6    51.6    53.6    74.8     71.0    66.0    58.7     66.2 

Septembre 57.5    60.0    62.5    75.0    73.1     72.0    72.3    56.5 

Octobre 64.8    64.1     68.8    68.1    72.7    67.7     76.6    86.0 

Novembre 69.0    64.7     73.7    80.6    80.4    78.3    80.3     85.0 

Moyenne  dt  l'humidité  relative  de  chaque  saison 
par  les  différents  vents. 

Hiver .  76.0  71.5  80.0  83.0  78.4  87.4  81.7  79.2 

Printemps 54.4  55.8  55.4  65  9  67.5  62.4  70.1  66.1 

Été 59.8  49.3  49.9  53.9  54.1  Ol!.0  59.3  58.5 

Automne 64.4  62.9  68.3  74.6  75.4  72.7  76.4  75.8 

Année 63  5  59.9  63.4  69.6  08.8  70.2  71.9  69.0 


289 

Pour  mieux  saisir  les  rapports  que  les  nombres  précé- 
dents peuvent  avoir  entre  eux  et  les  relations  qui  existent 
entre  l'humidité  de  Pair  et  les  autres  phénomènes  atmos- 
phériques, nous  avons  tracé  les  roses  hygrométriques  des 
vents  (PI.  1,  flg.  7). 

En  comparant  la  rose  hygrométrique  avec  la  rose 
thermométrique,  nous  voyons  qu'elles  ont  entre  elles  les 
plus  grands  rapports  :  La  régularité  est  la  même,  la 
moyenne  de  Tannée  se  rapproche  des  moyennes  du  prin- 
temps et  de  l'automne,  mais  les  écarts  de  l'hiver  et  de 
l'été  ne  sont  pas  aussi  grands  pour  l'humidité  que  pour 
la  température. 

Si  nous  divisons  la  circonférence  en  deux  parties  allant 
du  Nord-Ouest  à  l'Est,  par  le  Sud,  et  de  l'Est  au  Nord- 
Ouest,  par  le  Nord,  nous  voyons  que  l'humidité  va  en 
augmentant  dans  la  première  moitié  et  en  diminuant  dans 
la  seconde.  La  courbe  de  l'humidité  de'  l'air  (PI.  2,  fig, 
14,  H),  atteint  son  minimum  par  le  vent  du  Nord-Ouest, 
qui  est  le  plus  sec,  0,60;  elle  s'élève  ensuite  et  arrive 
au  maximum,  0,72,  par  le  vent  d'Est.  La  progression  est 
très  régulière  en  allant  du  Nord-Ouest  vers  le  Nord  et  le 
Nord-Est  jusqu'il  l'Est,  mais  en  descendant  de  l'Est  vers 
le  Sud  et  l'Ouest,  la  courbe  subit  une  inflexion  légère 
par  les  vents  du  Sud-Ouest  ;  la  moyenne  correspondante 
à  ce  vent  devrait  être  de  0,66  environ,  tandis  qu'elle 
s'élève  à  près  de  0,70. 

Les  roses  hygrométriques  des  saisons  conservent,  à 
peu  près,  la  même  forme  que  la  rose  annuelle;  cepen- 
dant les«maxima  qui  devraient  survenir  par  les  vents 
d'Est,  arrivent  par  le  vent  du  Sud-Est  en  hiver  et  en 

19 


290 

été.  Au  printemps,  ce  n'est  pas  le  vent  d'Ouest  qui  est 
le  plus  sec,  comme  dans  les  autres  saisons,  c'est  le  veot 
du  Nord. 

Nébulosité  du  ciel  par  les  différents  vents.  —  Dans  les 
tableaux  suivants  nous  donnons  la  movenne  de  la  nébu- 
losité  du  ciel  pendant  les  différents  mois  et  les  diverses 
saisons.  Pour  cela  nous  avons  cherché  quelle  était  l'éten- 
due du  ciel  qui,  le  matin  à  9  heures,  était  voilée  par 
des  nuages,  et  nous  avons  admis  que  0  correspondait  à 
un  ciel  sans  nuages  et  5  k  un  ciel  complètement  couvert. 

Nébulosité  du  ciel  aux  divers  mois, 
par  les  différents  vents. 

N    M.-O  0  S.-O  S  S.-E  E    N.-E 

Décembre 3.7    2.4  2.8  2.7  3.3  ■  »  3.6    »• 

Janvier 3.7    2.6  2.9  5.0  4.2  50  0.0    3.2 

Février 1.9    3.1  3.3  37  3.7  4.1  4.0    2.7 

Mars 2.1    2.7    3.1    0.0    3.5    3.0    3.1    4.5 

Avril..., 1.8    22    2.1     •»    3.0    2.6    2.6    3.3 

Mai 2.6    2.9    3.7    2.5    4.0    1.0    3.2    3.2 

Juin 3.3    2.3    2.1    5.0    0.8    0.5    2.3    2.5 

Juillet 1.3    24    2.6    2.0    1.0    1.0    2.4    2.2 

Août ..*  3.5    2.3    2.0    2.8    4.0    3.0    1.9    2.4 

Septembre 2.6    2.3    2.3    2.5    2.2    2.0    2.8    1.5 

Octobre 3.0    2.6    3.0    2.2    2.3    4.6    3.5    i.O 

Novembre '2.7    2.1     2.9    3  0    3.9    3.5    3.7    5.0 

Nébulosité  du  ciel  aux  diverses  saisons 
par  Us  différents  vents. 

Hiver 3.1     2.7    3.0    3.8    3.7    4.6    2.5    2.9 

Printemps 2.2    2.6    3.0    2.5    3.5    2.2    3.0    3.7 

Eté.  .».«•••••»•••••••     "•'      «J.o     z.Z     o.o     l.«7     l.o     Z.Z     2.4 

Automne 2.8    2.3    2.7    2.6    2.8    3.4#  3.3    2.5 

Aanée..., 2.7    2.5    2.7    2.8    3.0    2.7    2.8    2.9 


291 

Avec  tes  nombres  ci-dessus  nous  avons  tracé  les  roses 
de  nébulosité  (PL  2,  fig.  13),  et  une  courbe  (PL  2, 
lig.  14,  N).  Elles  font  voir  l'étendue  du  ciel  qui  est  voilée 
par  des  nuages  par  chaque  vent.  La  dernière  courbe, 
(Gg.  14-,  N)  a,  comme  celle  du  baromètre  B,  deux  maxima 
et  deux  minima.  Le  ciel  est  surtout  voilé  par  les  vents 
du  Nord-Est  et  du  Sud  ;  il  s'éclaircit  principalement'  par 
les  vents  du  Nord-Ouest  et  du  Sud-Est.  Les  roses  de  la 
nébulosité  ont  beaucoup  de  rapports  avec  les  roses  du 
baromètre  et  présentent,  comme  ces  dernières,  de  gran- 
des irrégularités  dans  les  diverses  saisons. 

VENTS  FORTS. 

Vmts  forts  :  leurs  causes,  leurs  carattères,  persistance, 
rafales.  —  Le  vent  d'Ouest  à  Nord  prend  souvent,  dans 

le  midi  de  la  France,  une  grande  violence  et  devient 
froid.  Les  caractères  dominants  qu'on  lui  reconnaît  ne 
sont  pas  seulement  la  violence  et  l'âpreté,  mais  encore 
la  persistance  et  les  rafales  qui  l'accompagnent. 

La  cause  de  ce  vent  a  pendant  longtemps  été  attribuée 
au  refroidissement  subit  de  Pair  qui,  en  passant  sur  les 
cimes  neigeuses  des  Alpes  et  des  Pyrénées  se  refroidis- 
sait et  devenait  plus  fort.  M.  Marié-Davy  montra  le  pre- 
mier, en  1864,  que  la  cause  de  ce  vent  n'est  pas  essen- 
tiellement locale  et  que  les  mouvements  qui  lui  donnent 
naissance  se  transportent  de  l'Ouest  &  l'Est  comme  les 
bourrasques.  M.  Kaemtz  Ta  démontré  plus  clairement, 
et,  dans  une  communication  à  l'Institut,  en  juillet  1865, 
il  a  fait  voir  que  ce  vent  est  une  véritable  tempête  venant 
de  loin  et  que  toutes  les  fois  qu'il  souffle  avec  violence 


292  / 

il  y  a  aussi  un  excès  de  pression  à  l'ouest  du  golfe  du 
Lion.  Dans  son  livre  sur  l'atmosphère,  M.  Flammarion  a 
fort  bien  esquissé  la  cause  et  les  caractères  de  ce  vent, 
a  Sa  violence  est  due  à  la  forme  de  l'isthme  pyrénéen.  Dès 
que  la  direction  générale  du  mouvement  atmosphérique 
dépasse  un  peu  l'ouest  vers  le  nord,  le  plateau  central 
et  le  massif  des  Alpes  dévient  le  courant  vers  le  golfe 
du  Lion.  Ce  courant,  rétréci  entre  les  Alpes  et  les  Pyré- 
nées dans  le  sens  de  la  largeur  et  parles  Cévennes  dans 
le  sens  vertical,  constitue  un  rapide  sur  les  cotes  du 
Languedoc;  de  là  une  des  causes  de  l'excès  de  pression 
sur  le  versant  nord-ouest  des  Cévennes  et  la  diminution 
de  pression  sur  la  Méditerranée,  là  où  le  vent  conserve 
une  vitesse  qui  n'est  plus  en  rapport  avec  la  largeur  du  lit. 

De  là  aussi  la  violence  du  vent  du  Nord  dans  la  vallée 
du  Rhône,  entre  les  contre-forts  des  Alpes  et  ceux  du 
plateau  central. 

Le  mistral  est  le  vent  le  plus  sec  de  ces  parages, 
parce  qu'il  s'est  asséché  en  passant  sur  les  Cévennes; 
il  est  en  effet  pluvieux  sur  le  versant  nord-ouest  de  ces 
montagnes;  les  vents  des  régions  E.  ou  S.  y  amènent 
de  la  pluie,  parce  que  ce  sont  des  vents  marins  sur  les 
côtes  et  sur  le  versant  sud-est  des  Cévennes;  ils  sont 
secs  sur  le  versant  opposé.  » 

La  ville  dé  Perpignan  est  bâtie  au  centre  d'une  assez 
grande  plaine  limitée  à  l'est  par  la  mer  et  circonscrite 
des  autres  côtés  par  de  hautes  montagnes.  Le  massif  du 
Canigou,  haut  de  2785  mètres,  s'élève  à  l'ouest  et  reste 
couvert  de  neige  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'an- 
née. L'air  qui  passe  sur  ces  sommets  neigeux  s'y  refroi- 
dit, des  courants  locaux  s'établissent  vers  les  vallées  plus 


293 

basses  et  plus  chaudes  et  leur  vitesse  s'ajoute  à  celle  du 
courant  priocipal. 

Aussi  les  vents  d'O.  à  N.  nous  arrivent  plus  froids  et 
plus  violents  qu'ils  ne  le  sont  sur  les  versants  septentrio- 
naux. Les  vents  d'E.  viennent  de  la  mer  et  ne  rencon- 
trent avant  d'arriver  jusqu'à  nous  qu'une  bande  de  terre 
presque  horizontale  qui  oppose  très  peu  de  résistance  au 
passage  de  l'air;  aussi  ces  vents  marins,  chauds  et  humi- 
des, conservent,  même  lorsqu'ils  sont  assez  forts,  une 
vitesse  assez  uniforme  et  peu  variable  d'un  moment  à 
l'autre.  Les  vents  d'ouest,  au  contraire,  gênés  par  les 
froids  massifs  des  hautes  montagnes,  soufflent  souvent 
par  secousses  et  comme  par  une  succession  de  rafales 
dont  chacune  représente  un  effort  et  la  victoire  du  cou- 
rant d'air  sur  l'obstacle  que  l'élévation  du  sol  oppose  à 
son  passage. 

Dans  les  latitudes  plus  élevées  les  vents  soufflent  quel- 
quefois avec  une  grande  violence,  mais  ordinairement  ils 
durent  peu;  ici,  au  contraire,  nous  les  voyons  assez 
souvent  durer  pendant  quatre,  six,  huit  et  même  dix 
jours,  sans  aucune  interruption  eti  devenir  très  impétueux. 

Pour  nous  rendre  mieux  compte  de  la  valeur  de  ces 
deux  caractères  nous  avons  relevé  la  durée  et  l'intensité 
des  vents  les  plus  forts  de  chaque  mois;  divisant  ensuite 
le  total  par  le  nombre  tannées  d'observation  nous  avons 

fait  le  tableau  suivant  : 

* 

Persistance  des  vettis  forts  de  chaque  mois. 

Mois:  D.    J.    F.    M.    A.   M.    J.    J.    A.    S.    0.    N. 

Nombre  de  jours:  1.3  5.3  3.7  8  3  6.0  1.7  7.3  3.0  1.3  1.7  4.0  4.3 
Vitesse  moyenne  :  5.4  7.2  6.8  6.2  6.0  5.0  5.4  4.7  5.3  4.8  6.4  6.2 


294 

C'est  doue  du  mois  de  janvier  au  mois  d'avril  que 
nous  trouvons  les  périodes  de  vent  les  plus  longues  et 
les  plus  fortes.  Elles  durent  de  quatre  à  huit  jours  en 
moyenne  et  conservent  une  vitesse  de  vingt  à  vingt-six 
kilomètres  à  l'heure. 

Ces  nombres  et  principalement  ceux  de  la  vitesse  ne 
paraissent   pas  bien   forts.  Ils  ont  cependant  une  très 

grande  importance  parce   qu'ils   produisent  une  sorte 

d'acclimatement  momentané  er  que   le   passage  d'une 

période  de  froid  sec  à  une  période  de  chaleur  humide 

ne  s'accomplit  pas  sans  que  notre   organisme  en  soit 

péniblement  impressionné.  Ces  brusques  variations  de 

température  et  d'humidité  qui  sont  un  des  caractères 

essentiels  de   noire  climat  sont  aussi  son  plus  grand 

défaut. 

Vents  très  forts  :  leurs  effets,  renversement  des  trains, 
précautions  à  prendre  contre  ce*  accidents.  —  Les  vents 
exceptionnellement  forts  cl  persistants  durent  un  ou  deux 
jours  au  maximum  et  ne  dépassent  pas  une  vitesse  de 
36  kilomètres  à  l'heure.  Celle  vitesse  augmente  considé- 
rablement quelquefois  pendant  la  nuit,  ordinairement 
sur  le  milieu  du  jour,  mais  alors  elle  ne  dure  que  peu 
de  temps. 

Assez  rarement  le  vent,  dans  notre  climat,  souille  en 
tempête  :  alors  il  déracine  les  arbres,  ébranle  les  édifi- 
ces el  renverse  même  les  trains  du  chemin  de  fer. 

Des  ouragans  d'une  violence  tout  à  fait  exceptionnelle 
ont  sévi  quelquefois  dans  notre  région  et  ont  amené  des 
accidents  qui  lui  ont  donné  une  triste  célébrité.  Cinq 
fois  des  trains  ont  été  renversés  sur  l'embranchement 


295 

de  Perpignan  à  Narbonne  :  les  27  février  1860,  19  jan- 
vier 1863,  11  février  1865  et  5  décembre  1867. 

Deux  trains  ont  été  renversés  dans  la  soirée  do 
27  février  1860. 

Le  premier,  un  traiu  de  voyageurs,  parti  de  Perpignan 
à  4  h.  15  m.  du  soir,  a  déraillé  à  1200  mètres  au -delà 
de  la  station  de  Salses  on  allant  vers  La  Nouvelle.  Ce 
train,  composé  de  six  voitures,  avait  laissé  aux  stations 
de  Rivesalles  et  de  Salses  la  majeure  partie  des  voya- 
geurs venus  à  Perpignan  pour  le  tirage  au  sort  de  la 
classe  de  1859.  Il  n'en  restait  plus  qu'une  trentaine. 
Le  train  marchait  avec  une  vitesse  de  15  kilomètres 
environ  à  l'heure.  Les  voyageurs  assurèrent  qu'ils  avaient 
d'abord  senli  le  train  soulevé  puis  retomber.  Peut-être 
un  déraillement  précéda-t-il  le  renversement  des  voitures 
qui  roulèrent  et  allèrent  se  briser  au  bas  dn  remblai, 
sans  occasionner  aucune  blessure  aux  voyageurs. 

Un  train  de  marchandises  parti  de  Perpignan,  ce  même 
jour  à  \  h.  25  m.  du  soir,  a  déraillé  à  200  mètres  avant 
d'arriver  à  la  station  de  Rivesalles,  du  côté  de  Perpignan. 
Le  mécanicien  avait  été  obligé  de  s'arrêter  trois  fois,  sur 
une  longueur  de  8  kilomètres,  pour  relever  les  poteaux 
télégraphiques  renversés  sur  la  voie  par  le  vent.  Six 
wagons  vides  présentaient  une  grande  prise  au  vent;  ils 
furent  renversés  et  entraînèrent  un  wagon  chargé;  qua- 
tre plate-formes  chargées  de  fonte  de  fer  et  trois  wagons 
chargés  de  marchandises  diverses  ne  furent  pas  ren- 
versés. 

Le  19  janvier  1863  a  10h50œ  du  matin,  16  wagons 
vides  qui  étaient  placés  sur  la  voie  de  garage  de  la  station 
de  Leucate  furent  renversés  par  le  vent. 


296 

Dans  cette  même  station,  onze  wagons  de  marchandi- 
ses, qui  étaient  placés  sur  la  même  voie  de  garage, 
furent  encore  renversés  par  le  vent  dans  la  nuit  du  10 
au  11  février  1865. 

Enfin  un  cinquième  accident,  le  plus  grave  de  tous, 
est  arrivé  le  5  décembre  1867  à  6  h.  20  m.  du  malin. 
Le  train  de  voyageurs  parti  de  Perpignan  à  5  h.  fut  ren- 
versé a  6h  20ra  entre  les  stations  de  Lencate  et  de  Filou, 
au  poteau  kilométrique  n°  441  !  «  Ce  train  se  composait 
d'une  locomotive  et  de  sept  voitures,  dont  un  fourgon 
de  queue;  il  marchait  à  une  vitesse  de  30  à  35  kilomè- 
tres à  l'heure  sur  un  palier  en  ligne  droite  et  le  vent 
soufflait  du  nord-ouest  dans  une  direction  sensiblement 
perpendiculaire  à  la  voie.  Le  mécanicien  regardait  juste- 
ment en  arrière  et  a  vu  les  voitures  culbutées  par  un 
mouvement  de  rotatiou;  elles  ont  été  projetées  dans 
l'étang  placé  a  trois  mètres  en  contre-bas  de  la  voie, 
moins  le  fourgon  de  queue,  qui,  giâce  ï  son  poids  supé- 
rieur, a  été  entraîné  hors  la  voie,  mais  sans  tomber,  le 
mécanicien  croyait  un  instant  que  le  tender  suivrait  aussi, 
mais  l'attelage  s'est  rompu  à  temps.  »  Il  y  avait  dans  le 
train  une  trentaine  de  voyageurs  ;  dix  reçurent  des  con- 
tusions et  quelques  égralignures  sans  importance;  un 
seul,  le  surveillant  télégraphique  F fut  très  griève- 
ment blessé,  et  je  dus  pratiquer,  sur  le  lieu  même  de 
l'accident,  l'amputation  de  la  cuisse  droite. 

Les  ingénieurs,  vivement  préoccupés  du  danger  que 
peuvent  courir  les  voyageurs,  ont  cherché  a  se  rendre 
compte  de  la  pression  que  le  vent  avait  dû  exercer  pour 
renverser  les  trains.  Deux  notes  relatives  à  ces  accidents 
se  trouvent  dans  les  annales  des  Ponts-et-Chaussées. 


297 

La  première  note  a  été  publiée  en  1864  (4e  cahier, 
page  68).  Noos  la  reproduisons  en  parlie  : 

«  A  notre  connaissance,  le  renversement  des  trains  de  chemin 
de  fer  ne  s'est  encore  produit  que  trois  Fois,  toujours  dans  la 
même  contrée,  connue  pour  la  violence  de  ses  ouragans,  sur 
l'embranchement  de  Narbonne  à  Perpignan,  savoir: 

1°  Près  de  Salses,  le  27  février  1860; 

2°  Près  de  Rivesalles,        — 

3°  Dans  la  station  de  Leucate,  le  19  janvier  1863. 

Dans  les  trois  cas,  les  véhicules  renversés  étaient  complètement 
vides,  et  les  wagons  chargés  restèrent  sur  la  voie.  Encore  n'est-on 
pas  certain  que,  dans  les  deux  accidents  du  27  février,  le  ren- 
versement ne  fut  pas  précédé  d'un  déraillement.  Dans  le  troi- 
sième cas,  toutefois,  les  17  wagons  renversés  étaient  au  repos 
dans  une  voie  de  garage  et  il  est  impossible  dès  lors  de  contester 
un  certain  minimum  d'effort,  facile  à  calculer,  que  le  vent  à  dû 
exercer.  Effectué  sur  les  types  des  wagons  du  Midi,  ce  calcul  a 
donné  119  à  160  kilogrammes  par  mètre  carré  (1).  Pour  des 
wagons  du  Bourbonnais,  nous  trouvons  149  kilogrammes,  et  il 
est  probable  que  le  matériel  des  autres  compagnies  ne  donne- 
rait pas  des  résultats  bien  différents. 

Nous  concluons  donc  qu'un  vent  exerçant  une  pression  de 
170  kilogrammes  par  mètre  carré  doit  déjà  être  réputé  une 
exception  presque  inouïe  sur  le  réseau  français,  moins  la  région 
de  Perpignan. 

La  seconde  note  a  été  communiquée  aux  Annales  des 

Ponls-et-Chaussces  par  M.  Nordling;  elle  a  été  publiée 

en  1868  (2e   cahier,  page  219),  après  l'accident  du 
5  décembre  1867.  La  voici  : 

» 

t  Un  quatrième  accident  s'est  produit  sur  le  réseau  du  Midi, 
jeudi  5  décembre  1867,  à  *ix  heures  vingt  minutes  du  matin, 

(1)  Traversée  des  Alpes,  par  £.  Flachat,  1860,  p.  115. 


508 

entre  les  stations  de  Leucale  et  de  Pitou,  a  un  train  de  voyageurs 
allant  de  Perpignan  à  Narbonne. 

t  Le  tableau  suivant  l'ail  connaître  aussi  exactement  que  pos- 
sible le  poids  et  la  forme  des  wagons  ainsi  que  les  résultats  sta- 
tiques que  le  calcul  permet  d'en  déduire  : 


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DÉSIGNATION 

des  wagons. 

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m.  q. 

kilo,?. 

1 

AB  mixte,  voyageurs 

6280 

0,75  4710 

17,50 

2,05 

131 

2 

5874 

—  .1406 

14,40 

2,05 

119 

3 

AB  mixte,  voyageurs 

6767 

— 

5075 

17,50 

2,05 

141 

4 

AB         — 

6767 

—    5075 

17,50 

2,05 

lit 

5 

C  3°  clas.  voyageurs 

6770 

—  '5078 

16,50 

2,00 

154 

6 

C           —" 

6770 

*—  15078 

16,50 

2.00 

154 

7 

UT  fourgon  d«  qaeoe  dé- 

j 

raillé,  oon  renversé. ... 

6954 

- ^ 

5216 

12,20 

1,68 

254 

c  11  résulte  de  ce  tableau  que  l'intensité  du  veut  a  dépassé 
154  kilogrammes  par  mètre  carré,  puisque  les  2  wagons  n°  5 
et  6  ont  été  renversés  ;  mais  qu'elle  n'a  pas  atteint  254  kilogram- 
mes puisque  le  fourgon  n°  7  a  simplement  déraillé,  ce  qui  peut 
s'expliquer  par  l'action  de  l'attelage.  L'excès  de  force  du  vent 
ayant  été  plus  grand  sur  les  premières  voitures  que  sur  les  véhi- 
cules suivants,  on  comprend  que  l'attelage  entre  le  tender  et  la 
voilure  n°  1  se  soit  rompu. 

«  Ces  chiffres  semblent  confirmer  que  le  coefficient  de  170 
kilogrammes  par  mètre  carré  appliqué  au  calcul  de  stabilité  des 
viaducs  (y  compris  la  surface  d'un  train)  n'a  rien  d'excessif, 
mais  qu'il  semble  néanmoins  suffisant,  puisque  le  calcul  entrepris 
sur  les  wagons  vides  de  différentes  Compagnies  montre  qu'ils 
devraient  se  renverser  sous  une  pression  de  170  kilogrammes  et 
que  ce  phénomène  ne  s'est  encore  produit  qu'à  Narbonne  cl  au 
Karst  Centre  Adelsberg  et  Trieste).  » 


299 

Le  rédacteur  des  Annales  continue  : 

«  rajouterai  une  observation  à  la  note  fort  intéressante  que 
Ton  vient  de  lire.  —  D'après  les  formules,  très  discutables  d'ail- 
leurs, que  Ton  trouve  dans  tous  les  aide-mémoires,  pour  calculer 
la  pression  du  vent  en  fonction  de  sa  vitesse,  les  wagons  du  che- 
min du  Midi  ont  dû  céder  à  un  vent  dont  la  vitesse  était  de  30  et 
quelques  mètres  par  seconde.  Celte  vitesse  est  atteinte  et  même 
dépassée  à  Paris  à  des  intervalles  qui  ne  sont  pas  fort  éloignés. 
Pour  ne  citer  que  deux  exemples,  j'ai  observé  le  27  février  1860 
une  vitesse  de  41  mètres  par  seconde,  et  le  8  mars  dernier,  à 
9  h.  25  du  malin,  une  vitesse  de  33m,  5.  (Annales  des  Ponts-et- 
Chaussées,  1868,  2e  cahier,  page  '219).  » 

M.  Nordling  a  trouvé  que  lis  wagons  vides  des  diffé- 
rentes Compagnies  devaient  se  renverser  sous  une  pres- 
sion de  170  kilogrammes  par  mètre  carré,  ce  qui 
représente  une  vitesse  de  34  mètres  environ  par  seconde; 
soit  126  kilomètres  à  l'heure.  On  a  dit,  sans  preuves  a 
l'appui,  que  la  pression  pouvait  s'être  élevée  à  400  kilo- 
grammes, ce  qui  représenterait  une  vitesse  de  55  mètres 
par  seconde,  à  doux  mètres  au-dessus  de  la  surface  du 
sol,  en  dehors  de  toute  probabilité. 

Le  rédacteur  de  la  note  insérée  a  la  (in  de  l'article 
des  Annales  fait  remarquer  que  la  vitesse  susceptible  de 
renverser  les  trains  a  été  atteinte  et  même  dépassée  à 
Paris  où  l'on  a  observé  des  vitesses  de  33m,5,  le  8  mars 
1868,  et  de  41  mètres,  le  27  février  1860,  le  même  jour 
que  deux  trains  étaient  renversés  sur  notre  embranche- 
ment. Aucun  wagon  n'a  cependant  été  renversé  par  le 
vent  ce  jour-là  ni  à  Paris  ni  dans  les  environs.  Les 
wagons  auraient  donc  résisté  à  une  pression  de  280  kilo- 
grammes, lorsque  d'après  les  expériences   qui  ont  été 


300 

faites,  il  suffit  d'une  pression  de  170  kilogrammes  pour 
les  renverser.  Ils  ne  pouvaient  pas  l'être,  en  effet/  car, 
d'après  les  expériences  que  nous  avons  faites  (page  187), 
nous  savons  comment  la  vitesse  du  vent  diminue  avec  la 
bautour.  Nous  avons  trouvé  qu'a  51  mètres  au-dessus  du 
sol  un  anémomètre  avait  une  vitesse  de  1,81  fois  plus 
forte,  en  moyenne,  que  celui  qui  était  placé  à  2  ou  5  mè- 
tres seulement  au-dessus  de  la  surface  du  sol.  Nous  avons 
même  trouvé  que  quelquefois  celte  vitesse  était  double. 

L'anémomètre  de  Paris  qui  a  servi  à  mesurer  ces 
vitesses  est  semblable  aux  nôtres  ;  il  est  fixé  à  la  pointe 
d'un  mal  de  13m,80  de  haut,  installé  sur  une  tour  haute 
de  16m,20  et  située  au  sommet  de  la  place  du  roi  de 
Rome  (Trocadéro)  plus  élevée  elle-même  de  23m,909 
que  les  quais  de  la  Seine  voisins.  Le  moulinet  se  trouve 
donc  à  53m,909  au-dessus  des  quais  et  a  30m  au-dessus 
du  seuil  de  la  tour  qui  est  le  sol  véritable.  Nous  pou- 
vons en  conclure  que  la  force  du  vent  qui  agissait  en  ce 
moment  sur  les  trains  dans  les  plaines  voisines  était 
environ  moitié  moindre  que  celle  qui  faisait  tourner  le 
moulinet  placé  de  beaucoup  au-dessus,  et  qu'elle  ne 
dépassait  pas  une  vitesse  de  20  mètres  par  seconde  ou 
une  pression  de  54k,16  par  mètre  carré. 

Jusqu'h  présent  les  trains  n'ont  été  renversés  qu'une 
seule    fois   au  Karst,  et  cinq  fois  sur  l'embranchemenl 

* 

de  Perpignan  à  Narbonne.  Evidemment  le  vent  a,  dans 
la  région  où  se  sont  produits  ces  accidents,  une  plus 
grande  violence  que  celle  que  nous  lui  connaissons  dans 
les  plaines  du  Houssillon  et  dans  les  autres  parties  de 
notre  littoral.  Cela  lient,  croyons-nous,  d'abord  à  ce  que 
des  courants  locaux  s'établissent,  ainsi  que  nous  l'avons 


301 

explique  ci-dessus,  et  ajoutent  leur  vitesse  au  courant 
principal;  mais,  l'excès  d'impétuosité  qui  leur  est  parti- 
culier vient  surtout  de  la  disposition  orographique  du  sol. 

Lorsque  nous  sommes  allé  porter  les  secours  de  notre 
art  aux  victimes  de  l'accident  du  5  décembre  1867,  nous 
avons  examiné  attentivement  les  lieux  où  cet  accident 
s'est  produit  et  nous  avons  étudié  la  disposition  des 
montagnes  voisines.  D'un  côté  la  voie  touche  h  l'étang 
de  Leucate,  et  de  l'autre  elle  touche  presque  à  la  route 
nationale  n°  9,  construite  elle-même  au  pied  des  contre- 
forts des  Corbières  qui  forment,  en  cet  endroit,  un  goulet 
dont  In  direction  fait  avec  la  voie  un  angle  de  90  degrés. 
C'est  un  entonnoir  par  où  passe  le  vent. 

Les  courants  atmosphériques  constituent  des  fleuves 
aériens  que  nous  pouvons  comparer  aux  grandes  rivières; 
les  mêmes  lois  leur  seront  applicables.  Nous  savons  que 
le  changement  de  vitesse  de  l'eau  est  occasionné  par  le 
changement  des  dimensions  transversales  de  la  rivière 
soit  en  largeur,  soit  en  profondeur,  et  que  plus  son  lit 
sera  resserré  et  profond,  plus  l'eau  sera  animée  d'une 
grande  vitesse.  De  même  le  fleuve  aérien  augmente  de 
vitesse  en  passant  dans  ces  gorges  des  Corbières,  hautes 
de  200  mètres,  et  il  se  trouve  en  sortant  animé  d'une 
grande  impétuosité.  Celle-ci  est  eucore  augmentée  parce 
qu'à  la  sortie  il  y  a  une  véritable  chute  produite  par 
l'arrivée  d'une  masse  d'air  relativement  dense  dans  un 
milieu  plus  humide  dont  l'air  est  plus  raréfié.  Le  courant 
acquiert  en  ce  moment  sa  plus  grande  violence  et  peut 
aussi  renverser  le  premier  obstacle  qu'il  rencontre,  le  train 
qui  lui  barre  le  passage. 

On  observe  ces  mêmes  effets  de  Salses  à  Leucate.  Le 


302 

côté  gauche  de  la  voie  touche  les  montagnes  sur  une 
assez  grande  longueur  et  sur  les  autres  parties  il  en  est 
peu  éloigné;  de  l'autre  côté  se  trouve  l'étang,  c'est-à- 
dire  une  surrace  unie  qui  oppose  ?u  vent  le  moins  de 
résistance  possible.  Aussi  dans  to:ite  celte  étendue  la 
force  du  courant  d'air  est  plus  grande  parce  que  l'effet 
de  barrage  ou  de  chute  se  produit  toujours,  soit  que  les 
crêtes  des  montagnes  se  dirigent  parallèlement  au  che- 
min de  fer,  soit  que  leur  direction  quelquefois  inclinée 
sur  la  voie,  mais  le  plus  souvent  normale,  forme  une 
succession  de  goulets  par  où  s'engouffre  le  vent.  H  s'éta- 
blit ainsi  une  suite  plus  ou  moins  interrompue  de  points 
dangereux  dans  lesquels  les  wagons  peuvent  être  sou- 
levés et  renversés. 

M.  Malbes,  ingénieur  des  Ponls-et-Chaussées,  attaché 
au  chemin  de  fer  du  Midi,  ancien  ingénieur  de  la  marine 
h  Toulon,  m'a  cité  deux  faits  qui  viennent  h  l'appui  des 
explications  que  nous  venons  de  donner. 

Un  bâtiment  de  grandes  dimensions  et  très  élevé  se 
trouvait  k  peu  de  distance  d'une  petite  construction 
beaucoup  plus  basse  mais  également  placée  dans  la  direc- 
tion du  vent.  Pendant  un  ouragan  la  toiture  de  la  petite 
bitisse  fut  enfoncée  par  la  violence  du  courant.  Ce  fait 
ne  peut  être  expliqué  que  par  la  chute  brusque  sur  ce 
point  abrité,  où  l'air  raréfié  produisait  une  non-pression, 
d'une  masse  d'air  animée  d'une  grande  vitesse. 

L'amiral  Romain-Desfossés  a  remarqué  que  depuis  que 
le  bas  de  la  vallée  du  Rhône  est  devenu  plus  humide, 
parce  qu'il  est  arrosé  par  le  canal  de  la  Durance,  la  zone 
du  mistral  a  remonté  la  vallée  et  le  vent  est  sensible- 
ment plus  fort  à  la  hauteur  d'Avignon  qu'à  Marseille. 


303 

Pour  que  les  trains  ne  fussent  plus  renversés  à  l'ave- 
nir, il  fallait  donc  améliorer  les  conditions  de  stabilité. 
Celles-ci  dépendent:  1°  Du  poids  des  wagons;  2°  de 
l'écartemenl  des  essieux  ;  3°  de  Tétai  des  roues  qui  doi- 
vent être  bien  centrées  et  à  peu  près  également  chargées; 
4°  de  l'attelage;  5°  du  rapprochement  des  wagons  de 
même  hauleur  afin  de  diminuer  la  résistauce  de  l'air. 

M.  Simon,  directeur  de  l'exploitation  des  chemins  de 
fer  du  Midi,  a  prescrit,  dans  un  ordre  de  direction  en 
date  du  12  novembre  1868,  toutes  les  précautions  à 
prendre  contre  les  ouragans  sur  la  section  de  Narbonne 
à  Perpignan.  «  Les  mesures  prescrites  doivent  être 
appliquées  sur  celte  section  :  1°  d'une  manière  perma- 
nente pendant  la  période  comprise  entre  le  15  novembre 
et  le  15  mars  de  chaque  année;  2°  à  toute  époque,  cha- 
que fois  que  le  chef  de  l'une  des  stations  extrêmes  ou 
intermédiaires  redoute  un  ouragan.  » 

Depuis  celte  époque  nous  avons  eu  des  vents  violents 
mais,  grâce  a  ces  sages  mesures,  aucuu  train  n'a  été 
renversé.  i 


304 


CONCOURS. 

MÉDAILLE  DE  BRONZE  ET  MÉDAILLE   D'ARGENT 
PROPOSÉES    POUR    LA    CONSTRUCTION    DES    CARTES    MURALES 

DU  VILLAGE   ET  DU  CANTON. 

La  Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des 
Pyrénées-Orientales,  adoptant  les  conclusions  d'un  excel- 
lent mémoire  sur  l'enseignement  géographique  lu  par 
M.  Rouffiandis,  dans  la  séance  du  8  janvier,  met  au 
concours  pour  Tannée  1873  la  question  suivante  : 

«  Une  médaille  d'argent  cl  une  médaille  de  bronze 
«  sont  proposées  pour  deux  instituteurs  publics  ou  libres 
«du  département,  qui,  d'ici  au  31  décembre  1873, 
a  auront  peint  avec  plus  de  talent  sur  les  murs  de  l'école 
a  la  carte  comprenant  le  village  et  la  commune  et  la 
«  carte  du  canton.  » 

Ces  cartes  devront  avoir  un  mètre  cinquante  centimè- 
tres de  côté.  La  première  sera  faite  d'après  le  plan  du 
cadastre;  la  seconde,  d'après  la  carte  de  l'Élat-Major. 

Les  cartes  seront  dessinées  à  grands  traits  et  renfer- 
meront les  montagnes,  les  cours  d'eau,  les  chemins  de 
fer,  les  routes  et  les  grandes  masses  de  culture.  Tous 
ces  objets  devront  être  indiqués  par  les  signes  topogra- 
phiques convenus  et  sans  teintes  outrées.  On  exigera 
surtout  dans  le  jugement  des  épreuves  la  régularité  des 
montagnes  et  des  cours  d'eau  ainsi  que  la  justesse  des 
échelles  employées.  Il  ne  faut  pas  que  ces  cartes  repro- 


305 

dirigent  ces  lignes  grotesques  et  ces  pains  de  sucre 
monstrueux  qu'on  voyait  autrefois  sur  de  vieilles  cartes 
peintes  sur  les  murs  de  certaines  écoles. 

Une  Commission  de  cinq  membres,  dont  feront  néces- 
sairement partie  les  professeurs  de  géographie  du  collège 
et  de  l'École  normale,  prendra  les  mesures  les  plus  con- 
venables pour  juger  les  épreuves. 

Les  instituteurs  qui  seront  dans  l'intention  de  concou- 
rir, devront,  avant  le  délai  flxé  ci-dessus,  adresser  au 
secrétaire  de  la  Société,  un  spécimen  sur  papier  des 
cartes  peintes  sur  la  muraille. 

Si  les  cartes  construites  en  1873  ne  répondent  pas 
aux  conditions  exigées,  la  question  sera  remise  au  con- 
cours en  1874. 

Les  instituteurs  trouveront  des  renseignements  détail- 
lés pour  la  marche  à  suivre  et  les  moyens  d'exécution 
dans  la  note  suivante  insérée  au  Bulletin  de  l'instruction 
primaire  des  Pyrénées-Orientales. 

Le  Président , 
Sylvestre  VILALLÛNGUC. 
Le  Directeur  de  la  section  de*  science* f 
Léon  FERRER. 


INSTRUCTION 

RELATIVE  A  LA  CONFECTION  DES  CARTES  MURALES 
DU  VILLAGE  ET  DU  CANTON. 

Les  instituteurs  trouveront,  pour  la  confection  de  ces  cartes 
murales,  des  renseignements  fort  utiles  dans  la  note  suivante  due 
à  M.  Rouffiandis,  qui  vient  d'inaugurer  à  l'École  normale  pri- 
maire les  promenades  à  l'aide  de  la  carte  de  l'Étal-Major,  ainsi 
que  la  rédaction  des  croquis  à  main-levée  des  promenades 
lopojçraphiques. 

20 


m 

1°  Préparation  du  mur. 

On  l'ail  passer  une  première  couche  de  plaire  de  bonne  qualité 
sur  la  partie  du  mur  destinée  à  recevoir  la  carte.  Après  quelques 
jours  cette  couche  est  sèche;  on  fait  alors  passer  une  second*» 
couche  très  mince,  de  demin-millimèlre  environ,  avec  du  plâtre 
bien  fin,  et  on  enduit  de  colle  blanche. 

Le-  mur  est  ainsi  suffisamment  préparé  pour  y  dessiner  la  carte. 
Quand  le  dessin  est  terminé,  on  passe  de  nouveau  une  couche  de 
colle  blanche,  et  enfin  on  vernit  légèrement. 

2°  Documents  à  consulter. 
On  trouve  dans  le  plan  du  cadastre  la  carte  du  village  et  la 
carte  d'ensemble  de  la  commune.  La  première  contient  les  rues, 
les  pâtés  de  maisons,  les  places  et  les  monuments  publics;  la 
seconde  renferme  le  plan  d'ensemble  du  territoire  avec  les  cours 
d'eau,  les  routes,  les  grands  chemins  d'exploitation  et  les  prin- 
cipales métairies.   Le  plan  d'ensemble   est   habituellement    à 

l'échelle  de  ttt-  Il  suffira  dans  beaucoup  de  communes,  pour 

construire  la  carte  exigée,  de  tripler  ou  quadrupler  les  dimen- 
sions du  plan  d'ensemble. 

La  carte  du  canton  doit  être  tracée  en  se  servant  de  la  carte 
de  l'État-Major  (feuille  correspondante  à  la  région  où  est  la  com- 
mune). On  peut  à  la  rigueur  se  servir  des  anciennes  caries  de 
ilassini  et  môme  de  la  carte  du  département,  carte  dont  le  Con- 
seil général  a  récemment  fait  don  à  toutes  les  communes. 

La  construction  de  la  carte  du  canton  n'offre  pas  plus  de  dif- 
ficultés que  celle  de  la  commune;  ce  sont  les  mémos  principes 
avec  le  même  tracé,  car  la  carte  de  l'Etat-Major  renferme  pour 
le  canton  les  mêmes  renseignements  que  le  plan  d'ensemble  pour 
la  commune.  —  On  ne  doit  pas  manquer  de  mentionner  sur  la 
carte  du  canton  et  de  la  commune  les  altitudes  principales. 
Certaines  altitudes  sont  données  sur  la  carte  de  l'Etat-Major;  ou 
peut  se  procurer  les  autres  auprès  de  MM.  les  Ingénieurs  des 
Pnnts-et-Chaussées  et  les  Àgents-Voyers.  L'étude  des  altitudes 
a  été  jusqu'ici  trop  oubliée  dans  l'enseignement  géographique. 

l-n  petit  nombre  de  couleurs  :  le  noir  d'ivoire,  le  vermillon, 
l'ocre  jaune,  le  bleu  de  Prusse  et  la  laque  carminée  suffisent 
pour  peindre  les  cartes  du  canton  et  de  la  commune. 


307 


L'ANCIENNE  INDUSTRIE  DE  LA  VERRERIE 


EN  RÛUSSILLON. 


Par  M.  Atari,  membre-résidant . 


Parmi  les  industries  qui  onl  autrefois  prospéré  en 
Roussillon  el  dont  on  ne  conserve  plus  même  le  sou- 
venir aujourd'hui,  il  faut  compter  celle  de  la  verrerie 
qui  a  été  exercée  pendant  des  siècles  dans  la  partie 
inférieure  du  bassin  du  Tech,  au  voisinage  de  l'Albera. 

Tous  les  sables  amenés  par  les  cours  d'eau  du  Rous- 
sillon sont  propr.es  h  la  fabrication  du  verre  et  celte 
industrie  a  pu  être  pratiquée  dans  ce  pays  dès  l'époque 
de  la  domination  romaine;  mais  nous  n'y  connaissons 
aucune  trace  certaine  d'établissements  de  verrerie  avant 
le  \me  siècle,  a  moins  de  rattacher  à  quelque  exploi- 
tation de  ce  genre  la  dénomination  de  la  cella  de  Saint- 
Martin  in  valle  Vitraria  dont  il  est  fait  mention  dans  un 
diplôme  de  l'an  850  environ  t*>.  On  trouve  aussi,  entre 

(1)  D'après  ce  document,  le  monastère  de  Saint-Hilaire  au  diocèse  de 
Carcassonne  possédait,  vers  Tan  850,  trois  cellules  situées  au  diocèse 
d'Elne,  savoir  :  celle  de  Saint-Martin  in  Monte  Furcato  (Saint-Martin  de 
Coll  Forçat  au  territoire  de  l'Albera),  celle  de  Saint-Etienne  de  Nitola- 
rifts  (Nidolères,  sur  la  rive  gauche  du  Tech,  au-dessous  du  Volo),  et 


308 

la  Bastida  el  Valmanya,  un  quartier  dit  de  Crislal  qui 
avait  encore  des  habitants  en  1212  el  que  les  actes  du 
\viie  siècle  appellent  lo  casttU  de  Cristal;  mats  nous 
ignorons  l'origine  de  cette  dénomination  el  le  rapport 
qu'elle  peut  avoir  avec  la  fabrication  du  verre. 

L'industrie  de  la  verrerie  existait  en  Roussillon  au 
milieu  du  \iu°  siècle,  puisque  cette  époque  on  trouve 
à  Perpignan  une  famille  portant  le  nom  de  Vcyriei\  qui 
en  catalan  désigne  un  verrier,  et  ce  nom  professionnel, 
comme  ceux  de  Ferrer,  Fusler,  Parayre^  Texidor,  Ma- 

tertia  est  in  monte  Albaria  in  loco  qui  vocatur  Valle  Vitraria  ubi  *$t 
ecclesia  constrneta  in  honore  Sancii  Martini  cum  ipso  villare  qui  dicilur 
ad  Casa  Sationi  cum  terminis  vel  ndjacentiis  earum  (Baluze,  Caputularia 
reg.  Fromomm  tome  II,  col.  1462  ;  —  Histor.  rerum  Franc,  to.  VIII, 
pag.  535  ;  —  Gallia  Christian,  to.  VI,  pag.  41  G).  On  connaît  en  outre, 
à  la  même  époque  et  dans  la  même  région,  la  cellule  de  Saint-Martin  de 
Montbram  qui  appartenait  au  monastère  de  Saint-André  de  Soreda.  Il 
semble  donc  que  la  seconde  cellule  de  Saint-Martin  dépendante  de  Saint- 
flilaire  ne  pouvait  être  que  l'église  de  Saint-Martin  de  Tatzo-d'arall  qui  se 
trouve  précisément  encore  plus  rapprochée  des  lieux  de  Palau  et  de  Vall- 
bona  où  la  verrerie  fut  réellement  exercée  dans  la  suite.  Cette  coïnci- 
dence porterait  donc  à  penser  que  le  verre  fut  fabriqué  dès  les  temps  les 
plus  reculés  a  Tatzo  ou  aux  environs  des  vallées  de  la  Massana  et  du 
Kavaner.  Cependant,  sans  rien  préjuger  quant  au  fait  de  l'ancienne 
fabrication  du  verre  dans  cette  région,  h  dénomination  de  Yallis  Vitrariu 
ne  nous  paraît  pas  avoir  la  moindre  autorité  pour  cette  question.  Ce  nom 
ne  se  retrouve  plus  en  aucun  temps,  le  document  qui  nous  Ta  transmis 
n'est  qu'une  copie  informe  et  sans  date,  et  les  auteurs  du  Gallia  chris- 
tiana,  qui  Tout  aussi  publié  en  le  rapportant  à  Tan  855  environ,  en  don- 
nent un  texte  un  peu  différent,  puisqu'ils  lisent  ad  Casas  Tationi  au 
lieu  de  ad  Casa  Sationi.  Cette  leçon  doit  être  plus  exacte,  car  elle  se 
rapproche  bien  davantage  du  véritable  nom  de  Tatzo  (Tacionum  dans 
l'ancien  temps).  Mais,  après  tout,  le  texte  original  n'aurait-il  pas  été  mal 
lu  par  les  éditeurs,  et  au  lieu  de  valle  Vitraria  ne  faudrait-il  pas  lire 
valle  Vitraria,  qui  se  rapporterait  à  l'ancien  castrum  Vulturaria,  appelé 
Ultraria  dès  le  x°  siècle,  et  aujourd'hui  Oltrera  ou  Titrera  1 


zeller,  Sabater,  Melge^  Trayiner  et  attires,  prouve  que 
les  Veyrier  avaient  dû  exercer  le  métier  de  verrier  bien 
avant  l'époque  où  ils  adoptèrent  celte  qualification  comme 
nom  de  famille.  L'existence  de  celle  industrie  résulte 
d'ailleurs  d'un  acte  de  vente  fail  dans  la  ville  de  Perpi- 
gnan le  4  des  calendes  de  juillet  1261,  en  vertu  duquel 
les  nommés  G.  Marti  et  G.  Rebugassa,  tous  les  deux  de 
Sainlc-Marie-la-Mer,  fonl  vente  à  Bertrand  Veyrier  et  à 
Guillaume  Veyrier  (vobis  Bertrando  Ycirierio  et  G.  Vei- 
risrio)  de  quinze  quintaux  de  soude  (de  souda),  au  poids 
du  quintal  de  Perpignan  et  au  prix  do  trois  sols  moins 
deux  deniers  barcelonais  couronnés  le  quintal  (Manuel 
de  Pierre  Calvel  de  l'an  1261). 

Dans  tous  les  cas,  et  en  dehors  de  la  fabrication  locale, 
le  commerce  extérieur  fournissait,  alors  comme  à  toutes 
les  époques,  une  partie  des  ustensiles  de  ménage  en 
verrerie  commune  que  l'on  trouve  mentionnés  dans  les 
anciens  tarifs  de  leude  et  dans  les  inventaires. 

Les  ustensiles  de  verre  sont  déjà  énumérés  dans  le 
tarif  de  la  leurle  de  Collioure  de  1248  où  Ton  trouve  le 
quintal  de  sosa  (soude)  et  celui  de  veyre,  et  plus  loin  : 
centenar  d'ampoyles,  paga  nu.  ampoyles  et  gorp  de  veyre 
paga  nu.  anaps.  On  lit  dans  le  tarif  de  la  leude  de  Per- 
pignan, qui  était  peut-être  encore  plus  ancienne  : 

Item  de  cifis  de  vitro  et  de  ampolhs  et  de  omni  opère 
vitreo.  xx.i\  den. 

Le  tarif  de  la  leude  de  Puigccrdà  en  1288  porte  : 

Item  de  cascuna  somada  de  veyre  que  sie  porlada  a 
PugcenLi  per  home  qui  no  sie  stadant  de  la  dila  vila  — 
i.  dîner. 


MO 

Le  nouveau  larif  des  leudes  de  Collioure  de  Tan  1500 
s'exprime  ainsi  : 

Item,  pren  lo  senyor  rej/,  de  somada  de  olles  o  de  tola 
altra  obra  de  terra ,  una  olla. 

Item,  pren  de  somada  de  scudelles  e  de  lêlladors  e  de 
anaps  e  de  tola  altra  obra  de  torn,  lo  vinle. 

E  axi  meteix  s'enlen  de  vidre  com  de  la  dila  fusta. 

Le  7  des  calendes  de  juillet  1321,  un  certain  Restayn 
de  Borda,  verrier  (veyrierius),  de  Calms  (au  diocèse  de 
Narbonne),  achetait  pour  56  sols  barcelonais  de  soude 
(de  s  end  a)  au  nommé  Colin  del  Rech,  habitant  de  Per- 
pignan, dont  le  prénom  semble  indiquer  un  individu 
étranger  au  Roussillon  et  probablement  français  d'ori- 
gine. On  peut  présumer  que  le  verrier  Restayn  exerçait 
alors  son  métier  en  Roussillon,  et  dans  ce  même  siècle 
on  trouve  la  verrerie  en  plein  exercice  a  Palau. 

En  effet,  il  v  a  un  acte  du  17  novembre  1562  dans 
lequel  figure  Guillema,  veuve  en  premières  noces  de 
Guillaume  Juher,  de  Spulga<4),  et  alors  épouse  de  Ray- 
mond Xatarts,  veyrier*  de  Palau.  On  trouve  aussi  à  la 
date  du  21  août  1572  le  testament  Tait  a  Perpignan  par 
Blanca,  veuve  de  François  Fosla,  veyritr. 

Le  commerce  ou  débit  de  la  verrerie  était  exercé  à 
cette  époque* dans  la  ville  de  Perpignan  par  des  tenders 
(boutiquiers,  étalagistes)  spéciaux  qui  débitaient  les  objets 
fabriqués  et  rachetaient  aussi  les  verres  cassés  qu'ils 
revendaient  à  des  Juifs  et  autres  regrattiers  ou  aux  fabri- 
cants. Ainsi,  le  18  mai   1575,  Gerald  Raolf,  tender  de 

(1)  H  y  a  en  Catalogne  un  lieu  4e  Spluga  on  Spulga  de  Franeoli. 


Perpignan,  vend  à  Issach  Dora»,  Juif  de  Thuir,.  une 
charge  de  verre  ouvre  de  diverses  façous  fdiversorum 
opemm)  n  deux  quintaux  de  verre  casaé  (vilri  fracli), 
pour  le  prix  de  9  liv.  bareel.  On  ne  saurait  dire,  d'ail- 
leurs, quel  élail  à  celle  époque  le  nombre  des  Tours  à 
verre  existants,  ni  leur  importance,  et,  pendant  long- 
temps, on  ne  voit  pus  d'autre  verrerie  en  Roussillon  que 
celle  de  Palan,  qui,  dès  Tan  1377  au  moins,  était  exploi- 
tée par  le  verrier  Bereuger  Xatarl,  sans  doute  le  fils  de 
Ravmond  Xatarl  de  1502.  Il  existe  de  lui  un  marché 
passé  le  9  juin  1379,  avec  Gerald  Radolf,  Pierre  Oliver, 
Bernard  Figuères  et  deux  autres  tenders  de  verre,  de 
Perpignan,  par  lequel  ceux-ci  s'engagent  à  lui  fournir 
chacun  un  quintal  de  douze  livres  de  verre  cassé,  moyen- 
nant quoi  ledit  Berenger  se  charge  de  leur  livrer  «  six 
«  douzaines  de  vases  ou  bouteilles  eu  verre  blanc  fsex 
«  dotzencs  amphorarum  nilidarum  vilri)  pesant  un 
«  quintal.  »  Dans  cet  acte,  Berenger  Xatart  s'intitule 
«  maître  du  four  a  verre  de  Palau  »  :  magisler  furni  vilri 
de  Palacio.  Ce  verrier  et  son  fils  Antoine  sont  encore 
cités  dans  nu  acte  du  27  mars  1391. 

C'est  dans  le  siècle  suivant  (1442)  que  le  lieu  de 
Palau  commence  à  être  désigné  sous  le  nom  «le  Palau- 
del-Yïdre  (Palacium  Vitrii  qui  lui  est  resté,  et  la  ver- 
rerie de  cette  localité  continua  d'être  exploitée  par  la 
famille  Xatart  jusqu'au  \vie  siècle  au  moins. 

Le  5  juillet  1425  on  trouve  François  Xatart,  de  Palau, 
sans  autre  qualification,  et,  à  la  même  date,  Martin 
Xatart,  verrier  dudit  lieu<n.  Martin  Xatart  remplissait  les 

(I)  L'acte  qui  nous  fournit  «t  ri'iisuignriiifnl  fut  pris  on  WXS  avec 


fondions  de  bailli  de  Palan  le  6  février  1448,  el  il  obtîol 
à  cette  date  une  importante  concession  de  terres  dans 
celte  localité;  il  est  encore  cité  le  13  janvier  1449  en 
compagnie  de  Laurent  Xatart,  de  Palau. 

Il  y  avait  encore  d'autres  membres  de  cette  famille 
exerçant  alors  la  même  profession,  car  on  trouve  un 
acte  du  1er  mai  1431  concernant  Jean  Xatart  vidrierius 
de  Palau,  oncle  et  tuteur  de  Pierre  Xatart,  fils  mineur 
et  héritier  de  feu  François  Xatart.  C'est  sans  doute  ce 
Pierre  Xatart,  mineur  en  1431,  qui  figure  encore  dans 
le  contrat  de  mariage  passé  le  17  novembre  1501  entre 
en  Johan  Xalarl%  vidrier,  (M  del  senyer  en  Père  Xalnrt, 
vidrier,  e  na  Anna,  filla  de  Johan  Dauder  q°  de  Palan. 
Le  verrier  Jean  Xatart  et  son  épouse  sont  encore  cités 
le  18  août  1523;  il  était  second  consul  de  Palau  en 
septembre  1530  et  vivait  encore  en  1538,  mais  après 
celte  date  nous  ne  connaissons  plus  aucune  trace  de 
lui  ni  de  sa  famille  à  Palau-del-Vidre.  C'est  précisément 
à  cette  époque,  au  commencement  du  \viH  siècle,  que 
la  famille  Xatart  est  signalée  à  Prats-de-Mollô. 

Les  documents  du  xvc  siècle  mentionnent  trois  autres 
familles  de  verriers  de  Palau.  Le  11  janvier  1448,. Bar- 
thélemi  Barrera,  prêtre,  vendait  deux  maisons  dans  la 
força  ou  enceinte  fortifiée  de  Palau,  dont  une  située 

une  masse  d'autres  parchemins  des  Pyrénées-Orientales,  pour  le  service 
de  l'artillerie.  Plus  tard,  le  gouvernement  fit  vider  tout  ce  qu'il  restait  de 
vieilles  gargousses  dans  les  arsenaux,  pour  en  retirer  les  vieux  parchemins 
qui  y  avaient  été  employés  pendant  les  guerres  de  la  Révolution,  et  Pacte 
en  question,  qui  se  trouvait  alors  dans  le  département  de  Seine-et-Marne, 
fut  renvoyé  aux  archives  des  Pyrénées-Orientales,  avec  une  quinzaine 
d'autres  compagnons  aussi  mutilés  les  uns  que  les  autres  à  la  suite  de 
leurs  glorieuses  et  patriotiques  pérégrinations. 


313 

près  du  cimetière,  à  André  Baudouin  (Baldomni),  verrier 
du  dit  lieu,  encore  cité  l'année  suivante.  Malgré  son 
apparence  étrangère  ou  française,  le  nom  de  Baldovini 
appartenait  cependant  à  une  famille  déjà  signalée  à  Palau 
au  xme  siècle. 

Le  M  janvier  1448,  le  procureur  de  frère  Jean  de 
Cardona,  commandeur  du  Mas-Deu  et  seigneur  de  Palau, 

inféoda  à  Jean  Cardona,  vitriarius  dudit  lieu,  un  palus 
sis  dans  la  força,  au  lieu  dit  Lo  Palau:  c'était  une  partie 
de  l'ancien  «  palais  »  dont  l'origine  est  inconnue  et  qui 
avait  donné  son  nom  à  cette  localité (t).  Ce  n'était  pins 
qu'une  masse  de  ruines  dont  les  terrains  furent  inféodés 
à  cette  époque  à  divers  particuliers.  En  effet,  le  5  jan- 
vier précédent,  le  même  commandeur  avait  déjà  concédé 
à  Pierre  Montroig,  verrier  de  Palau,  une  autre  partie  de 
ces  mêmes  ruines  au  lieu  dit  lo  Palau  (patiium  subscrip- 
tum  diu  est  dirulum ,  situ  m  inlus  fortalicium  dicli.  loci 
vocalam  lo  Palau).  La  famille  Montroig  existait  encore  à 
Palau  au  \vic  siècle,  mais  les  actes  ne  qualifient  plus 
ses  membres  du  litre  de  verriers. 

Enfin,  le  2  mars  1448,  le  seigneur  de  Palau  confir- 
mait toutes  les  ventes  ou  acquisitions  de  propriétés  faites 
par  Jean  Bonet,  a  verrier  »  dudit  lieu,  et  celui-ci  laissa 
sans  doute  un  fils  qui  exerça  le  même  métier,  puisque 
l'on  trouve  le  1er  janvier  1510,  Catherine,  veuve  de 
Guillaume  Bonet,  «  verrier  »  de  Palau,  et  leur  fils  Jean 
Bonet  qui  vécut  longtemps  encore  mais  dont  la  profes- 
sion n'est  jamais  indiquée. 

(1)  Le  château  de  Palau,  ancienne  propriété  des  comtes  de  Roussillon, 
lut  Mgué  à  l'ordre  du  Temple  par  le  comte  liuinnrd  H  en  11 72. 


In  nouveau  four  à  verre  fut  établi  vers  Tau  \  H8  au 
.  milieu  d'une  forêt,  en  face  de  Vallbona,  dans  la  vallée 
du  Ravauer.  Le  créateur  et  «  maître  »  de  ce  four  était 
un  Barcelonais  nommé  Jacques  Roger,  qui,  peu  après, 
fut  frappé  d'aliénation  mentale  (mente  captus)  et  porté 
dans  un  hôpital  de  Barcelone  où  il  fut  attaché  et  enchaîne 
(rompedibus  et  cathena  alligatus).  On  lui  donna  comme 
tuteur  et  curateur  le  marchand  François  Seslret,  citoyen 
de  Barcelone,  et  une  provision  du  roi  Alphonse  d'Àragou 
en  date  du  21  octobre  1419  mil  tous  les  biens  du  mal- 
heureux verrier  sous  la  sauvegarde  royale  et  ordonna 
d'apposer  le  pennon  aux  armes  d'Aragon  «  en  signe  de 
protection  royale  »  sur  le  four  à  verre  nouvellement 
fondé  (furnum  vilrearium  per  Jacobum  jamdictum  novi- 
ler  constructam),  ainsi  que  sur  un  boscliabje  ou  partie  de 
forêt  au  territoire  d'Argelès  que  l'abbé  de  Vallbona  avait 
affermé  audit  Roger  pour  l'usage  de  sa  verrerie.  Quatre 
jours  après,  une  autre  provision  royale  défendit  de  faire 
aucune  coupe  dans  ladite  forêt,  soit  pour  faire  cuire,  le 
verre  (advilritm  decoquendum)  soit  pour  tout  autre  usage, 
^lais,  sur  la  réclamation  du  curateur  Seslret,  le  roi  l'au- 
torisa, par  une  autre  ordonnance  du  5  novembre  1419, 
à  couper  et  prendre  dans  cette  même  forêt  tout  le  bois 
nécessaire  pour  son  four  à  verre,  conformément  aux 
conventions  particulières  qui  avaient  été  faites  a  ce  sujet 
entre  l'abbé  de  Vallbona  et  Jacques  Roger  qui  dichtm 
furnum  comtruxit  et  edifficavit.  • 

Par  suite  de  la  situation  désastreuse  où  se  trouvait 
cette  propriété,  elle  ne  tarda  pas  à  être  aliénée.  Elle  fut 
acquise  par  le  donzell  Jean  de  Pau,  seigneur  des  A  belles 
et  par  dame  Marguerite,  veuve  du  docteur  Pierre  Beren- 


I 


:n:> 

gucr,  qui  s'associèrent  par  acte  du  12  septembre  1421 
le  nommé  Pierre  Galselm,  natif  des  Abelles  et  habitant 
de  Caslellô  d'Empories,  à  qui  ils  concédèrent  le  tiers 
des  bénéfices  avec  le  titre  de  <r  garde,  surveillant  ou 
directeur  »  dudit  four  à  verre  de  Vallbona.  Le  28  sep- 
tembre suivant,  les  trois  associés  firent  de  nouvelles 
conventions  avec  Jean  Coloma,  de  Barcelone,  qui  prit 
le  titre  de  «  maître  du  four  à  verre  de  Vallbona  »  et  se 
chargea  d'y  exercer  son  métier  de  verrier  (utendo  officio 
nieo  condendi  vilrum)^  moyennant  des  gages  dont  on 
n'indique  pas  le  chiffre  et  une  avance  de  50  florins  d'or 
d'Aragon  comme  entrée  en  œuvre.  On.  peut  présumer 
que  le  four  à  verre  de  Vallbona  put  désormais  fonction- 
ner sans  nouvelles  difficultés,  mais  nous  n'avons  aucun 
autre  renseignement  qui  le  concerne. 

Ce  four  de  Vallbona  formait  dans  tons  les  cas  une 
entreprise  particulière,  mais  on  voit  que  les  documents 
relatifs  à  la  verrerie  du  Houssillon  dans  la  première 
moitié  du  xve  siècle  se  rapportent  presque  exclusive- 
ment aux  verreries  de  Palan.  Les  habitants  de  ce  village 
se  trouvaient  dans  une  situation  exceptionnellement  favo- 
rable pour  l'exploitation  de  cette  industrie,  puisqu'ils 
pouvaient  en  écouler  les  produits,  non-seulement  en 
Houssillon*  mais  encore  en  Catalogne  et  dans  toutes  les 
dépendances  du  royaume  d'Aragon,  sans  être  soumis 
aux  leudes,  péages  et  autres  droits  de  douanes  qui  entra- 
vaient alors  a  chaque  pas  les  relations  commerciales. 
Ils  jouissaient  en  effet,  comme  vassaux  du  commandeur 
du  Mas  Deti,  de  toutes  les  franchises  accordées  aux 
Templiers  et  à  l'ordre  des  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  qui  leur  avait  succédé  en  Houssillon. 


310 

Vers  le  mois  de  mai  1442,  les  leuders  royaux  du  Volo 
voulant  soumellre  aux  droits  ordinaires  les  articles  en 
verrerie  qui  passaient  par  leur  leudaire,  saisirent  au  nom 
du  roi  un  chargement  de  verre  appartenant  aux  nommés 
Jacques  Robiola  et  Jean  Blanquet,  de  Palau,  et  le  pro- 
cureur du  domaine  royal  ordonna  la  mise  en  vente  des 
objets  saisis  (Procuracio  real,  reg.  XXIX,  fol.  131).  La 
communauté  de  Palan  et  les  consuls,  en  son  nom,  pro- 
testèrent contre  cette  violation  de  leurs  privilèges.  «  Vous 
«  savez,  dirent-ils  au  procureur  royal  et  au  juge  du 
ce  domaine,  que  lés  vassaux  de  l'Hôpital  Saint-Jean  de 
<(  Jérusalem,  en  quelque  lieu  qu'ils  soient,  qu'ils  aillent, 
«  qu'ils  achètent,  et  pour  quelque  contrat  que  ce  soit, 
«  ainsi  que  leurs  biens  et  marchandises,  sont  libres, 
«  francs  et  quittes  de  toute  leude,  péage,  collecte,  impôt 
«  ou  autre  contribution  royale  quelconque,  en  vertu  de 
«  leurs  privilèges  et  libertés.  Cependant,  des  lettres  éma- 
«  nées  de  votre  cour  ont  ordonné  de  saisir  en  raison  du 
«  droit  de  leude  une  certaine  quantité  de  verre  a  vendre, 
«  au  préjudice  de  deux  habitants  de  Palau,  vassaux  dudil 
«  Hôpital.  En  suite  de  quoi,  le  bailli  et  les  leuders  du 
«  Volo  leur  ont  saisi  et  vendu  ledit  verre  et,  en  outre,  ils 
«  tiennent  les  susdits  m  arrest,  avec  obligation  dé  four- 
be nir  des  cautions  considérables,  sans  préjudice  d'une 
«  réclamation  des  arrérages  de  deux  années  de  leude, 
«  toutes  choses  qui  n'avaient  jamais  été  exigées  et  encore 
«  moins  perçues  ni  des  susdits  ni  d'aucun  autre  homme 
«  de  la  communauté  de  Palau.  En  conséquence,  les  con* 
«  suis  de  Palau,  défenseurs  dudit  lieu  et  de  ses  habitants, 
«  protestent  contre  de  pareils  actes  et  prétentions,  comme 
«  contraires  a  leurs  privilèges  cl  libertés,  etc.  » 


317 

Un  procès  s'engagea  donc  à  celte  occasion,  dans  lequel 
il  lut  exposé,  d'une  part,  que  le  verre  saisi  au  Volo  avait 
été  fabriqué  à  Palau  et  était  la  propriété  privée  de  Ro- 
biola  et  de  Biauquet,  vassaux  de  l'Ordre  de  l'Hôpital  W. 
De  son  côté,  le  procureur  fiscal  cherchait  à  faire  voir  que 
cette  propriété  provenait  non  pas  des  hommes  de  l'Hô- 
pital, mais  d'une  personne  qui  n'avait  aucun  rapport  de 
dépendance  avec  cet  ordre  privilégié  et  qui  jouissait  en 
outre  de  privilèges  personnels  étrangers  aux  franchises 
des  Hospitaliers.  «  Le  verre  en  question,  disait-il,  est 
«  d'En  Vivers  de  Palau,  qui  est  donzell,  et  non  pas  de 
«  ceux  qui  se  disent  des  hommes  de  l'Hôpital,  car  ces 
«  hommes  ne  possèdent  pas  ce  verre  et  il  n'y  a  qu'En 
«  Vivers,  propriétaire  du  four,  qui  puisse  en  réclamer  la 
«  propriété.  C'est  notoire  et  clair  pour  tout  le  monde, 
«  et  nous  en  concluons  que  la  saisie  a  été  biéïi  et  juste- 
ce  ment  faite  par  le  leuder  du  Volo(2).  »  Cependant  le 
procureur  de  la  communauté  de  Palau  répliqua  que  ledit 
verre  était  en  effet  fabriqué  et  cuit  dans  le  four  d'En 
Vivers,  «  mais,  dit-il,  du  moment  qu'il  est  acheté  par 
«  des  habitants  de  Palau  qui  le  transportent  et  en  font 
«  commerce  en  divers  lieux,  c'est  une  marchandise  qui 
«  leur  appartient  en  propre  et  qui,  comme  tout  autre 
a  article  de  commerce,  doit  être,  en  venu  de  leurs  pri- 
«  viléges,  franche  et  quitte  de  toute  leude  et  imposition 

(i)  Proprium  vitrum  ope  ratura  in  dicto  loco  de  Palacio. 

(2)  Vitrum  est  d'En  Vivers  de  Palacio,  qui  est  doniiccllus,  et  non 
corum  qui  se  asseruni  hommes  Hospitalis,  nec  illi  homines  habent  vitrum, 
sed  dictus  En  Vivers  cujus  est  furnus,  et  hoc  est  clarum  et  nolorium, 
quare  concludilur  quod  bcne  et  juste  fuit  facta  pignoraeio  per  lezdarium 
de  Yolono. 


318 

«  royale  quelconque  dans  tous  les  Étals  du  Roi  {1'.  » 
Nous  n'avons  pas  la  suite  de  ce  procès,  mais,  selon  tome 
apparence,  la  sentence  définitive  dut  être  conforme  aux 
anciens  privilèges  des  habitants  de  Pal  au. 

Cette  procédure  ne  mentionne  qu'un  four  à  verre  de 
Palau,  celui  d'En  Vivers,  et  quoique  nous  n'ayons  pu 
en  recueillir  aucune  preuve,  on  peut  croire  qu'il  devait 
exister  d'autres  fours  dans  cette  localité.  Il  est  cer- 
tain que  le  donzell  Dez  Vivers  ne  fabriquait  pas  lui- 
même,  et  on  peut  se  demander  s'il  était  «  propriétaire  » 
de  tous  les  fours  de  Palau  et  si  les  Xatart,  les  Baldoviu 
et  autres  n'étaient  que  des  ouvriers  verriers  travaillant 
pour  le  compte  de  ce  personnage:  c'est  ce  qu'il  nous  est 
impossible  d'éclaircir.  Quant  au  propriétaire  de  celle 
usine,  c'était  le  donzell  Raymond  dez  Vivers,  et  il  appar- 
tenait a  une  branche  de  l'ancienne  famille  seigneuriale 
du  lieu  des  Vivers  près  de  Céret,  qui  s'était  établie  depuis 
plus  d'un  siècle  à  Palau.  D'autres  branches  de  celle 
famille  établies  à  Alenya,  Pia,  Caslell  Rossello  et  Canet, 
jouèrent  à  cette  époque  un  rôle  considérable  en  Rous- 
sillon. 

La  possession  d'un  four  à  verre  h  Palau  par  un  don- 
zell, pas  plus  que  celle  du  four  à  verre  de  Vallbona  acquis 
en  partie  par  le  seigneur  des  Abelles,  ne  prouve  rien 
quant  à  la  considération  dont  l'industrie  verrière  pouvait 

(i)  Quamvis  vïtrum  ûat  et  decoqualur  in  iurno  dicti  Vivers,  allamen 
cura  emitur  per  homines  dicti  loci  et  hinc  in  de  mercantiliter  vehilur  el 
Iransferlur,  mercancia  est  et  propria  dictorum  hominum  ;  et  ideo,  juxta 
privilégia  predicta,  velnti  «lie  merces  sunt  quitte  et  libère  a  dicta  leuda  et 
a  quavis  exaccione  regia,  non  solum  in  Rossilione  sed  unique  in  domina- 
nonereïîin. 


jouir  dans  l'ancien  Roussillon.  C'était  une  simple  spécu- 
lation industrielle  et  rien  ne  peut  assimiler  ces  donzells- 
propriétaires  aux  gentilshommes-verriers  qui  existaient 
,  alors  en  France  et  dont  on  peut  trouver  un  seul  exemple 
connu  à  Perpignan,  en  1476,  lorsque  ce  pays  était  sous 
la  domination  française. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  des  indications  qui  précè- 
dent, qu'au  xv'  siècle  l'industrie  verrière  du  Roussillon 
s'était  principalement  concentrée  à  Palau-del-Vidre;  mais 
cet  art  s'était  déjà  répandu  dans  le  voisinage  et  l'on 
fabriquait  du  verre  à  vitraux  à  Elne  tout  aussi  bien  qu'a 
Palan,  puisqu'un  marché  de  l'an  1470  prescrit,  pour  les 
verrières  de  l'église  Saint-Matthieu  de  Perpignan,  l'em- 
ploi du  verre  fabriqué  a  Palau  ou  à  Elne. 

dépendant  la  verrerie  fabriquée  à  Palau  ei  dans  les 
lieux  circonvoisins  ne  devait  guère  s'appliquer  qu'à  des 
ustensiles  communs  de  ménage,  car  la  vitre  était  alors 
un  objet  de  luxe  qui  n'était  guère  employé  que  pour  les 
églises  et  les  palais,  et  beaucoup  de  châteaux  ne  rece- 
vaient encore  le  jour  qu'à  travers  la  toile  Une  et  le  papier 
huilé.  Il  n'y  a  donc  pas  à  songer  aux  vases  en  verre, 
incrustés  d'or,  et  encore  moins  aux  glaces  dont  la  fabri- 
cation était  monopolisée,  et  le  fut  longtemps  encore,  par 
l'Italie  et  surtout  par  les  Vénitiens  à  Murano.  Cependant 
les  vitraux  peints  étaient  depuis  longtemps  usités  en  Rous- 
sillon; le  verre  en  était  fourni  par  les  fours  d'Elne  et  de 
Palau  en  147CM1)  et  il  se  fonda  même  à  Perpignan,  vers 

(1)  L'histoire  de  la  peinture  sur  verre  n'est  pas  suffisamment  éclairrie 
et,  en  Roussillon,  pas  plus  qu'en  France,  on  ne  voit  point  de  distinction 
bien  établie  entre  les  vitriers  ou  fabricants  de  verre,  les  maîtres  verriers 


3!20 

celte  époque,  un  établissement  qui  était  peut-être  destiné 
à  donner  des  produits  d'une  qualité  un  peu  plus  relevée. 
En  effet,  le  15  mars  1476,  le  procureur  royal  de  Louis  XI 
concédait  «  au  magnifique  seigneur  et  vaillant  chevalier 
«  Barthélemi  Jaubert,  domicilié  à  Perpignan,  »  qui  venait 
de  construire  un  four  à  verre  dans  celle  ville  au  lieu  dit 
Ij)  Safranar^  deux  petites  rues  situées,  Tune  derrière 
ledit  four,  l'autre  à  côté  «  vers  le  monastère  des  Frères 
«  Mineurs,  »  avec  faculté  de  clôturer  et  fermer  ces  deux 
dites  voies  qui  n'étaient  jusque-là  qu'un  dépôt  d'ordures 
et  d'immondices  <*>.  Le  chevalier  Jaubert  était  peut-être 
un  de  ces  gentilshommes-verriers,  comme  il  y  en  avait 
alors  dans  beaucoup  de  provinces  de  la  France,  qui  pou- 
vaient sans  déroger  exercer  l'art  de  la  verrerie,  et  il  serait 
intéressant  de  connaître  les  résultats  de  son  établissement 
industriel  de  Perpignan.  Mais  nous  n'avons  aucun  autre 

et  les  maîtres  peintres-verriers.  Autrement  dit,  les  peintres- verriers 
avaient-ils  des  fourneaux  pour  l'opération  de  la  cuisson?  des  ateliers 
pour  la  préparation  des  couleurs  et  des  substances  métalliques  quf  les 
composent  et  que  modifie  l'action  du  feu  ?  Nous  n'avons  aucun  renseigne- 
ment à  ce  sujet  pour  la  peinture  sur  verre  en  Roussillon,  mais  on  est 
forcé  d'admettre  que  les  artistes  peintres  devaient  coopérer  aux  travaux 
pratiques  qui  constituent  l'art  du  verrier.  Au  XVIe  siècle,  «  Jean  Cousin 
«  donnait  à  ses  draperies  les  couleurs  les  plus  éclatantes  ;  il  les  formait 
«  avec  des  chaux  métalliques  d'or,  d'argent  et  de  cuivre,  qu'il  rendait 
o  transparentes  en  les  faisant  pénétrer  dans  le  verre  par  l'action  du  feu. 
«  Il  revenait  une  seconde  fois  sur  les  ombres,  qu'il  composait  avec  des 
«  oxydes  de  fer,  et  fondait  le  tout  ensemble  au  fourneau.  »  (Alex.  Lenoir, 
Histoire  des  arts  par  les  monuments,  1810.) 

(1)  Quia  vos,  magnifficus  vir  et  strenuus  miles,  dominus  Barlholomcus 
Jaubert  in  villa  Perpiniani  domiciliatus,  noviter  edifûcaslis  intus  villam 
predictam  in  loco  vocato  vulgariter  lo  Saffranar  quoddum  clibanum  sive 
furnum  vitreum,  etc.  —  Le  quartier  du  Safranar  était  situé  entre  l'hô- 
pital militaire  actuel  et  la  porte  Saint-Martin. 


321 

renseignement  à  cet  égard  et  peut-être  faut-il  considérer 
comme  un  de  ses  maîtres  ouvriers  le  nommé  Jean  Bar- 
rera* vedrier,  qui  figure  dans  un  testament  fait  il  Perpi- 
gnan le  15  octobre  de  cette  même  année  1476. 

L'industrie  de  la  verrerie  se  maintint  encore  pendant 
tout  le  \vie  siècle  et  partie  du  xvu°  dans  la  région  de 
PAIbçra,  mais  elle  semble  avoir  complètement  cessé  à 
Palau-del-Vidre  après  1540,  du  moins  n'en  trouvons- 
nous  aucune  trace  dans  ce  village  après  cette  époque. 

■ 

Mais  cet  art  avait  pris  des  développements  dans  le  voi- 
sinage. 

On  trouve  en  1505  un  nommé  Pierre  Claramont, 
mlrier  de  Saut  Andreu  de  Soreda. 

Un  acte  du  19  mars  1542  mentionne  tneslre  Johan 
Sujus,  de  Sevinyach,  vedrier,  habitant  en  la  loch  del  Vilar 
au  territoire  de  Vilailonga-dels-Monts.  Il  y  avait  à  la 
même  époque  un  four  à  verre  a  la  Junquera. 

Nos  derniers  renseignements  se  rapportent  au  lieu  de 
la  Koca  d'Albera  où  l'ou  trouve  en  1540  un  jardin  dit 
fort  del  forn  del  vidre.  On  y  voit,  Tannée  suivante,  En 
Johan  Perdiguer,  vedrier  de  dit  loch  et,  en  1596,  Gabriel 
Marot,  vitriarim  de  la  Koca  d'Albera.  Enfin,  il  v  a  un 
acte  du  12  décembre  1655  par  lequel  Baldiri  Roura  et 
Pierre  Sabaler,'  vitriarii,  habitants  du  lieu  de  la  Koca 
s  d'Albera,  achètent  d'Antoine  Deviu,  vedrier  et  lender  de 
Perpignan,  55  quintaux  de  salicom  (potasse,  soude?; 
livrable  à  Collioure  au  prix  de  22  réaux  le  quintal. 

Nos  recherches  ne  vont  pas  au-delà  de  celte  date  et 
il  est  probable  que   la  verrerie  se  continua  encore  quel- 
if 


322 

que  temps  !i  La  Roca  ou  aux  environs,  mais  elle  ne  fil 
plus  que  végéter  et  elle  finit  par  disparaître  complètement 
devant  les  produits  du  Languedoc,  après  la  réunion  du 
Roussillon  à  la  France. 

Ce  serait  aujourd'hui  une  industrie  à  créer,  el  les 
difficultés  seraient  grandes  en  face  d'une  concurrence 
supérieure  établie  depuis  plus  d'un  siècle,  mais  l'exem- 
ple du  passé  pourrait  exciter  des  tentatives  heureuses  et 
renouveler  peut-être  avec  succès  l'exploitation  de  nos 
richesses  naturelles. 


323 


JUGEMENT   INÉDIT   DE  L'AN  865 

CONCERNANT  LA  VILLE  DE  PRADES. 

EXAMEN  CRITIQUE 

DES 

DOCUMENTS  RELATIFS  A  LOME  DES  POSSESSIONS 

DE  L'ABBAYE  DE  LA  GRASSE 

EN  ROUSSILLON  ET  CERDAGNE 

ET  A  L'HISTOIRE  DE  LA  MAISON  COMTALE  DE  CERDAONE 

ET   DE  BARCELONE, 

Par  H.  Alart,  membre  résidant. 


1 

Les  documents  historiques  du  Roussillon  et  de  la  Cer- 
dagne  ne  remontent  pas  au-delà  de  Tan  801  et,  bien 
qu'ils  soient  assez  nombreux  pour  certaines  parties  du 
ixe  siècle  et  des  deux  siècles  suivants,  ils  ne  deviennent 
réellement  abondants  qu'a  partir  du  milieu  du  xiue  siècle, 
de  manière  à  permettre  de  suivre  désormais,  et  pour 
ainsi  dire  d'un  jour  à  l'autre,  les  faits  qui  constituent 
l'histoire  de  cette  province. 

Mais  les  originaux  des  documents  antérieurs  au 
xie  siècle  ont  en  général  disparu  de  bonne  heure,  et 
presque  tous  ceux  qui  ont  été  publiés  depuis  le  xvu* 
siècle,  ne  l'ont  été  que  d'après  les  cartulaires  ecclésias- 


32  i 

tiques,  e'esl-a-dire,  d'après  des  copies  qui  remontaient 
tout  au  plus  au  xnc  siècle,  comme  pour  le  carlulaire 
d'Elne,  et  le  plus  souvent  aux  deux  siècles  suivants 
La  plupart  de  tes  anciens  carlulaires  ou  copies  sont 
aussi  perdus  aujourd'hui,  et  les  documents  qu'ils  renfer- 
maient ne  nous  sont  guère  connus  que  par  des  trans- 
criptions faites  à  diver^  époques,  souvent  par  des  gen* 
peu  expérimentés  en  paléographie,  ou  bien  par  des 
érndits  a  qui  le  sens  de  la  philologie  historique  faisait 
complètement  défaut.  Ces  derniers  seyant  a  transcrire,  par 
exemple,  un  texte  du  i\e  ou  du  xe  siècle  rempli  de  fau- 
tes de  syntaxe  et  d'orthographe,  corrigeaient,  souvent 
d'après  les  règles  du  latin  de  Cicéron  ou  de  Tite-Live, 
la  plupart  des  sotécisroes,  des  barbarismes  et  autres 
incorrections  qu'ils  pouvaient  y  remarquer,  sans  se 
douter  que  le  texte  original  nous  aurait  donné  dans  sa 
forme  barbare  les  indications  les  plus  intéressantes  sur 
la  prononciation  et  la  langue  vulgaire  de  l'ancien  temps. 
Raluze,  Sirmond,  dom  Vaissète  et  d'autres  de  leurs 
émules  et  contemporains,  ont  certainement  reproduit 
beaucoup  de  nos  documents  d'après  les  originaux  encore 
existants  à  leur  époque;  mais  malheureusement,  ces 
érudits  ne  pouvaient  ni  tout  voir  ni  tout  vérifier  par  eux- 
mêmes,  et,  pour  beaucoup  d'autres  pièces  de  leurs  savan- 
tes collections,  ils  ont  dû  accepter  les  copies  de  nombreux 
correspondants  qui  n'avaient  ni  leur  savoir  ni  le  sens 
historique  qui  les  avait  guidés  dans  leurs  immense* 
recherches.  Enfin,  à  ces  causes  d'imperfection,  il  faut 
encore  ajouter  la  maladresse  de  divers  éditeurs  qui  ont, 
à  leur  tour,  dénaturé  les  documents  qui  leur  arrivaient 
ainsi  de  troisième  on  de  quatrième  main.  Sans  doute. 


:)'>:> 


<;cs  diverses  opérations  et  transmissions  n'uni  altéré  ni 
le  fond,  ni  la  pensée,  ni  la  substance  des  actes  primitifs, 
mais  elles  leur  onl  enlevé  la  couleur  historique,  la  mar- 
que propre  qui  caractérise  l'époque  d'une  langue,  et  il 
en  résulte  qu'un  petit  nombre  seulement  de  ces  docu- 
ments, tels  qu'ils  nous  sont  parvenus,  peuvent  être 
utilisés  pour  une  discussion  philologique.  On  ne  saurait 
donc  les  employer  qu'avec  beaucoup  de  précautions  cl 
avec  des  réserves  infinies  comme  textes  de  langue. 

Les  documents  diplomatiques  ou  actes  notariés  oui 
une  importance  capitale  pour  les  études  philologiques, 
car  l'pn  en  connaît  presque  toujours  la  date  précise  et 
la  provenance,  et  d'un  autre  coté,  les  actes  de  ce  genre 
dont  les  originaux  nous  sont  parvenus,  quoique  rédigés 
en  latin,  nous  décèlent  presque  à  chaque  mot,  pour  clia- 
que  époque  et  pour  chaque  pays,  les  altérations  succes- 
sives et  les  variations  du  sens,  de  l'orthographe  et  dç  la 
syntaxe,  subies  par  le  latin  classique.  Ou  y  retrouve  en 
même  temps  les  iniluences  de  jour  en  jour  plus  appa- 
rentes de  la  langue  vulgaire,  facile  a  reconnaître  malgré 
l'enveloppe  étrangère  du  latin  qui  la  recouvre  et  qui  se 
trouve,  fiour  ainsi  dire,  percée  à  jour.  Ce  ph.'nomène  se 
manifeste  dans  les  actes  latins  écrits  dans  les  Gaules 
dès  le  Ve  siècle,  et  on  le  retrouve  dans  tous  les  jtays  où 
il  exisïe  une  langue  parlée,  usuelle  et  vulgaire,  a  côté 
de  la  langue  écrite,  officielle  ou  littéraire. 

Il  n  y  a  certes  aucune  comparaison  a  établir  entre  nos 
notaires  et  ceux  du  ixc  siècle,  car  nos  tabellions  pos- 
sèdent et  écrivent  correctement  la  langue  française  qu'ils 
emploient.  Tous  leurs  actes  sont  d'ailleurs  rédigés  d'après 
un  formulaire  presque  immuable  et  l'on  ne  trouverait,  sous 


326 

ce  rapport,  aucune  différence  entre  une  donation  rédigée 
à  Perpignan  ou  à  Amiens;  le  texte  et  le  fond  de  l'acte 
seraient  les  mêmes  dans  les  deux  cas.  Mais  lorsqu'il  y  a 
des  noms  propres  de  personnes  ou  de  lieux  à  insérer 
dans  le  document,  si  ces  noms  sont  catalans  ou  roussil- 
lonnais,  le  notaire  de  Perpignan  les  écrira  ou  pourra  les 
écrire  selon  les  règles  connues  de  la  lingue  catalane, 
tandis  que  celui  d'Amiens  les  reproduira  bien  différem- 
ment et  aussi  bien  qu'il  le  pourra,  à  l'aide  de  la  phoné- 
tique et  de  l'orthographe  du  français  classique  ou  <lo 
dialecte  picard.  Les  tabellions  du  moyen-âge  cherchaient 
aussi  à  rédiger  leurs  actes  en  langue  latine  classique, 
mais  leur  instruction  étant  extrêmement  bornée,  ils 
étaient  souvent  obligés  de  transcrire  des  formules  qu'ils 
ne  savaient  ni  lire  ni  comprendre,  car  il  leur  arrivait  de 
couper  un  mot  en  trois  ou  quatre  parties,  ou  bien  ils  le 
dénaturaient  (comme  quoque  gentis  pour  cogentis),  de 
manière  à  prouver  qu'ils  ne  savaient  plus  parfois  ce 
qu'ils  écrivaient.  Enfin,  dans  bien  des  cas,  ils  ignoraient 
l'orthographe  ou  même  la  forme  classique  d'un  mol,  el 
alors  ils  employaient  le  mot  usité  dans  la  langue  vulgaire 
avec  une  orthographe  conforme  à  la  prononciation 
en  usage  dans  leur  pays  et  à  leur  époque.  Ils  étaient 
encore  bien  plus  embarrassés  lorsqu'ils  avaient  à  écrire 
des  noms  d'homme  ou  de  lieu  complètement  étrangers 
à  la  langue  latine  :  ils  cherchaient  alors  à  les  transcrire 
tels  qu'ils  les  entendaient  prononcer,  en  donnant  aux 
lettres  latines  une  valeur  particulière  souvent  éloignée 
de  celle  qu'elles  avaient  à  l'origine. 

Ce  sont  donc  les  noms  propres  des  actes  antérieurs 
au  xue  siècle  qui,  joints  aux  variantes  orthographiques 


327 

de  certains  mots,  purement  latins,  fournissent  les  éléments 
les  plus  intéressants  pour  l'étude  historique  de  nos  langues 
modernes.  Mais  malheureusement,  les  anciens  documents 
du  Roussilloo,  c'esl-a-dire  les  copies  qui  nous  en  sont 
parvenues,  sont  surtout  défectueux  dès  qu'il  s'agit  des 
noms  propres.  En  effet,  quelquefois  les  copistes  des  xm* 
et  xive  siècles  ne  savaient  pas  lire  ces  noms  qui  n'avaient 
plus  aucun  sens  pour  eux,  et  ils  les  dénaturaient  en  les 
transcrivant,  sans  y  attacher  d'ailleurs  aucune  importance. 
Il  leur  arrivait  aussi  de  transcrire  ces  noms  sous  la  forme 
nouvelle  qu'ils  avaient  reçue  dans  la  langue  vulgaire  qu'ils 
parlaient,  car  les  règles  des  langues  modernes  n'étaient 
pas  encore  lixées;  de  sorte  qu'en  modiliant  ainsi  la  forme 
des  anciens  noms  propres  d'homme  ou  de  lieu,  le  scribe 
savait  fort  bien  qu'il  n'altérait  en  rien  l'authenticité  de 
l'acte  original,  et  qu'il  ne  faisait  que  donner,  sous  une 
forme  intelligible  pour  ses  contemporains,  un  nom  qu'ils 
n'auraient  pas  sans  doute  bien  reconnu  sous  sa  forme 
archaïque.  Bien  entendu,  il  ne  s'agit  ici  que  des  copistes 
qui  se  rendaient  compte  de  leur  travail  de  rectification,  et 
non  pas  de  ceux,  bien  plus  nombreux,  pour  lesquels  un 
nom  archaïque  n'était  plus  que  du  pur  hébreu  qu'ils  trans- 
crivaient comme  ils  savaient  ou  pouvaient  le  lire,  c'est-à- 
dire  sans  intelligence  et  ordinairement  tout  de  travers.  Une 
transcription  idiote  ainsi  faite  se  trouve  absolument  dénuée 
de  valeur,  s'il  n'v  a  aucun  autre  moyen  de  la  contrôler. 
Dans  le  premier  cas,  au  contraire,  il  nous  reste  un  indice 
de  la  leçon  d'un  nom  dans  la  forme  qu'il  avait  à  l'époque 
où  la  copie  a  été  faite,  et  si  l'original  s'est  conservé,  la 
comparaison  du  texte  primitif  et  de  la  copie  suffit,  le 
plus  souvent,  \  indiquer  les  modification»  subies  par  une 


m 

loculiou  de  la  langue  parlée,  dans  rinleivallt  dtm  ou  «le 
deux  siècles. 

En  dehors  de  leur  valeur  historique,  les  copies  des  an- 
ciens documents  latins  peuvent  donc  servir  comme  textes 
de  langue  pour  l'époque  où  elles  furent  faites,  mais  elle» 
ne  sauraient  remplacer  entièrement  les  documents  origi- 
naux. Il  y  a  donc,  h  tous  les  points  de  vue  et  surtout 
pour  la  philologie  historique  de  notre  ancienne  langue, 
le  plus  grand  intérêt  h  publier  les  textes  originaux  qui 
ont  été  rédigés  en  Roitssillon  avant  le  xnc  siècle,  c'est- 
à-dire  jusqu'à  l'époque  où  la  langue  vulgaire  déjà  depuis 
longtemps  employée  dans  les  chants  populaires  et  par 
les  troubadours,  commence  à  se  manifester  dans  (les 
compositions  écrites  assez  nombreuses. 

il  existe  une  trentaine  de  documents  originaux  du 
\r  siècle  aux  archives  départementales;  il  y  en  a  un  à 
l'hôpital  Saint-Jean  de  Perpiguan,  et  nous  eu  avons  vu 
un  autre  à  la  mairie  de  Puigcerda. 

Pour  le  Xe  siècle,  nous  n'en  connaissons  que  deux, 
l'un  de  Ton  989,  provenant  de  Cornella-de-Conllent, 
l'autre  de  945,  concernant  le  lieu  de  Salses;  on  peut  \ 
joindre  le  texte  des.  deux  inscriptions  d'Krr  et  de  Saint- 
Martin  d'Empories,  qui  sont  de  Tan  951  environ. 

Quant  au  IXe  siècle,  il  n'existe  qu'une  seule  pièce  de 
l'an  86o  dont  la  copie  seulement,  signalée  au  public 
lettré  des  Pyrénées-Orientales  depuis  quarante  ans  au 
moins,  a  même  été  publiée  eu  1851  par  M.  P.  Tastu, 
sans  que  cet  éditeur  ait  dit  un  mol  de  l'acte  original 
dont  il  ne  semblait  même  pas  soupçonner  l'existence. 
Cependant  le  parchemin  relatif  a  la  délimitation  du  ter- 
ritoire de  Pradcs,   eouservé  dans  les  archives  de  cette 


commune,  csl  le  doyen  de  nos  monument*  paléogroplèi» 
ques  el  le  seul  spécimen  de  l'écriture  roussillonaatse  que 
l'ou  puisse  cilcr  après  dos  inscriptions  romaines*  c'«st-à- 
dire  après  une  lacune  de  quatre  siècles  au  mains. 

Le  document  ée  l'an  8t>5  dont  nous  avons  entrepris 
la  publication  servira  de  texte  à  des  observations  paléo- 
graphiques,  philologiques,  topographiques  et  historique 
qui,  nous  l'espérons,  en  feront  ressortir  l'importance  et 
rintérét. 

Nos  observations  philologiques  seront  réservées  pour 
une  étude  ultérieure  où  nous  étudierons,  a  la  l'ois*  ce  texte 
et  ceux  des  antres  documents  originaux  antérieurs  au 
xue  siècle  que  nous  nous  proposons  de  publier  fe  la  suite  , 
de  celui-ci.  Quant  aux  questions  historiques  que  soulève 
ce  document,  elles  seront  traitées  dans  un  travail  spécial, 
faisant  suite  à  celte  première  communication  qui  sera 
exclusivement  consacrée  à  l'examen  de  l'amie  de  865  an 
point  de  vue  de  la  paléographie. 


L'acte  original  de  la  délimitation  de  Pi  ailes  est  écrit 
sur  un  parchemin  large  de  0m,7(),  long  de  0m,58,  for- 
tement endommagé  par  deux  plis  dont  l'un  le  conpe  pres- 
que eu  deux  de  haut  en  bas,  et  dont  l'autre,  a  droite, 
a  mis  en  fort  mauvais  état  presque  toute  la  moitié  infé- 
rieure du  parchemin.  Le  document  comprenait  44  lignes 
de  texte  et,  à  la  suite*  quelques  signatures  sur  deux  ou 
trois  lignes  plus  espacées. 

On  remarque  aussi  sur  quelques  points  des  trous  et 
des  déchirures  produits  par  le  frottement,  mais  Tact*  a 
surtout  souffert  de  l'humidité  qui  l'a  couvert  de  taches 


330 

d'un  violet-rose  qui  s'étendent  au  milieu  du  parchemin 
dès  la  première  ligne,  se  multiplient  dans  tous  les  sens 
à  partir  de  la  30*,  et  ont  complètement  détruit  diverses 
parties  du  parchemin  àr  partir  de  la  52*  ligne.  Tout  le 
bas  de  l'acte  n'offre  plus  que  de  véritable  lambeaux  dont 
quelques-uns,  réduils  à  la  plus  simple  expression,  se 
prolongent  cependant  jusqu'à  l'extrémité  inférieure  do 
parchemin  dont  ils  indiquent  ainsi  la  dimension  primitive; 
mais  on  ne  peut  plus  y  distinguer  que  quelques  traits 
de  signatures  extrêmement  altérées  et  à  peine  recon- 
naissais, sur  des  débris  décomposés  et  presque  réduits 
en  pourriture. 

On  lit  au  dos  du  parchemin  la  marque  A  A  E,  en  carac- 
tères du  xe  on  du  xi*  siècle  ;  c'était  sans  doute  la  mar- 
que particulière  du  parchemin  classé  dans  les  archives 
de  la  Grasse  ou  du  bailliage  de  Prades. 

Dans  un  autre  endroit,  on  lit,  en  écriture  du  xuie  siè- 
de  :  Instrumenta  lerminalia  de  Prada  et  au-dessous, 
même  écriture,  mais  d'une  encre  différente,  les  mots  de 
Mata. 

Enfin,  en  écriture  du  xvi°  siècle  : 

carta  molt  vella  que  tracta 
dels  termens  de  Prada  e 
divisio  de  aqùells. 

Il  est  à  présumer  que  ce  document  rédigé  en  Confient, 
sinon  à  Prades  même,  en  faveur  de  l'abbé  de  la  Grasse, 
dut  être  d'abord  déposé  aux  archives  de  cette  abbaye 
d'où  il  fut  ensuite  rapporté  à  Prades  par  les  religieux 
de  la  Grasse,  seigneurs  de  cette  ville,  qui  le  conservè- 
rent en   leur  pouvoir  comme  titre  esseqtiel  de  leurs 


331 

droits  sur  ce  territoire*1).  Il  était  là  à  sa  véritable  place, 
parce  que  c'est  Ik  surtout  qu'on  avait  à  le  produire 
devant  la  justice  locale  pour  les  difficultés  qui  pouvaient 
s'élever  avec  les  lieux  cire  on  voisins.  Il  est  donc  proba- 
ble que  cette  pièce  resta  en  dépôt,  peut-être  dès  le 
Xe  siècle,  dans  les  archives  particulières  du  camérier  de 
la  Grasse,  seigneur  de  Prades,  ou  de  son  bailli  dans 
cette  ville,  jusqu'à  la  Gn  du  xvi*  siècle,  époque  où  la 
haute  justice  de  Prades  fut  acquise  par  le  roi  Phi- 
lippe II(*>.  Ce  titre  intéressait  désormais  le  domaine 
royal  devenu  haot  justicier  de  Prades,  tout  aussi  bien 
que  le  camérier  de  la  Grasse,  demeuré  simple  seigneur 
foncier  ou  direct  de  cette  ville.  Or,  ce  fut  précisément 
vers  cette  époque  que  la  communauté  de  Prades  fit 
commencer  son  cartulaire  ou  Livre  ronge  destiné  à  la 
transcription  des  titres  alors  existants  aux  archives  com- 
munales, et  ce  fut  sans  doute  à  celie  occasion  que  l'acte 
original  de  865  sortit  des  archives  du  bailli  de  Prades 
pour  passer  dans  celles  de  la  commuue.  Mais  le  titre 
original  fut  remis  avec  une  copie  sur  parchemin  dont  il 
sera  parlé  ci-après,  et  qui  fut  seule  transcrite  dans  le 
Livre  rouge,  soit  parce  que  l'original  était  déjà  peut-être 
détérioré  ou  difficile  à  lire  dans  certaines  parties,  soit 

(1)  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  le  titre  de  Prades  ne  se  trouve 
mentionné  ni  dans  V Inventaire  détaillé  des  archives  de  la  Grasse  fait  au 
commencement  du  xvie  siècle,  ni  dans  aucun  autre  document  des  archives 
de  celte  abbaye,  dont  le  fonds  a  été  retrouvé  dans  ces  derniers  temps  à 
la  Préfecture  de  l'Aude. 

(?)  La  justice  haute,  moyenne  et  basse  de  la  ville  de  Prades  fut  inféo- 
dée aux  habitants  par  le  camérier  de  la  Grasse  le  25  mai  1588;  elle  fut 
cédée  par  les  habitants  au  roi  Philippe  H  qui  arc?pta  cette  cession  par 
ses  lettres  patentes  du  5  septembre  1589, 


parce  que  l'autour  dn  earlolàiffc  pHt  la  cn|fie  pour  r ori- 
ginal. Cependant  les  deux  parchemirifc  sont  atyounThni 
aussi  maltraités  Ton  qufe  l'dutre,  car  il  est  probable  que, 
depuis  des  siècles,  ils  étaient  plies  ensetrilrie,  et  c'est 
évidemment  h  même  cause  qui  les  a  dégradés  d'une 
manière  h  peu  près  identique  dàiis  la  partie  inférienrfc. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ni  Baluze,  rii  ses  correspondants,  ni 
iïdssa,  ni  aucun  dé  ceux  qui  ont  exploré  les  archive* 
dû  RoÙHsillon  avant  1789,  n'ont  itientiontié  ut  l'acte 
original  de  Prades,  ni  hiéme  le  carlulaire  qui  en  contient 
la  edpte.  Vers  t839,  H.  Mélart,  de  Villefrënche,  signala 
ce  document  à  M.  P.  Pttïggari  et  loi  eh  adressa  même 
troe  copie  d'après  le  cartulaite.  M*.  P.  TastùW  le  publia 
eu  1851  d'après  le  cartulaire,  comme  on  peut  le  recon- 
naître par  lé  texte  de  son  édition,  mais  sans  dire  ftfl  mot 
ni  de  l'acte  original  ni  de  la  copié  sror  parchemin: 
cependant,  il  donne,  jtonr  quelque*  mdts,  la  leçon  de 
cette  dftrnièré  copie  qui  avait  dû  évidemment  pa^sdr  sons 
ses  yen*,  et  îl  est  étonnant  qn'rl  n'ait  tenn  aucun  compte 
ni  mente  fait  atacime  mention  de  l'acte  original,  pimqu'k 
cette  époque  ces  deux  ptèoeè  étaiefrt  sans  doute  réunit» 
ensemble  aon»  la  même  enveloppe  où  fions  les  avons 
retrouvées  <*•'. 

(I)  lYote  sur  ïofiijine  dts  vomies  héréditaire*  de  Barcelone  ef 
<l  Euipoties-RouxsHton  par  P.  L  E.  Taslo,  (Montpellier,  1851),  page  29. 

(4)  Eh  1805  j'ai  signalé  l'acte  de  Prudes  U  M.  Lucé,  chaire  de  copier 
dans  les  départements  les  actes  orîginatix  inédits  antérieurs  a  H&2, 
qui  doivent  être  publiés  par  l'Institut,  et  je  présume  qu'il  a  dû  être  pri* 
«opta  de  cette  pièce  u  la  suite  de  cette  indication. 

En  1871  jîar  communiqué  une  copie  que  j'avais  faite  de  l'acte  de  8ft5 
h  mon  savant  ami  Bfadé,  connu  par  d'importants  travaux  d'érudition  Sur 
la  langue  basque  et  ta  linguistique  méridionale,  et  par  ses  recherches 


•  fttto* 


Ancienne  cçyte  sur  varçhen\in* 

A?çc  ^çte  Qjci^înat  d&  865  se  trouvait  u«  nuire  pv- 
cfeewin,  <k  Opi,4^  de  longueur  m  0<j\63  de  largeur 
Il  es*  en  aussi  QKmvak  éiai  et  dégc^dé,  da#&  Iq3  «j&ne* 

p^rlçies  quç,  VorigMftl,  ce  qui  prouva  qu'ils  étaient  ptiés 
eftsgmhle  dfipMÎs  longtemps  et  q^ils  Q#|t  étë  ^od^ffi/pia- 
^  P^r  les,  marnes  cause*.  Au  premier  aspect  récriture 
liçs  dep^  p^ççs  semble  identique,  I*  plupart,  <k$  mot^  el 
des  lettres  ont  les  mêmes,  foçmçs.  Hais  un  wmrm  pjufc 
approfondi  et  la  transcription  (jgwée  qqet  qoj)*  avons 
ïpite  pouf  les,  dçu,\  piôcçs,  peuvent  iui«  w  la  foiwe.dfç 
certaines  l^ltre^  ç&t  presque  toujours  la,  mome.  et  sj;  le 
copiftip  s'est,  pept-être  étudié  %  reproduire  <M  b,  imiter  la, 
torq^  de*,  letton  <të  raqtç  Qrigiqal,  cepepdftpfc  Qe*  fpwns* 
WlsM  PW  q^elqMOÉi  Ifitvçs.  d«q^  qeriatos.ça*,  l'çflriUire 
est  plus  négligée,  plqft  menue,  quelquefois  pta&  ^pAgéc* 
et,  daps  toqs,  les.  C2\s,  asse?  disjûf)cl£  de.  celle  de,  l'original 
qjij  a  conservé  tpjus  les  cajrafiMMÇÊ  de  la.  hçl|^:  éficinjfe 
ca^qliijgiçifnjB,  D$w*  tous  le%  cas*  cette  éqrjMjre  ij'est,  pw 
dq  lf|4  m^çe.  ip,iinA  quift  celle  <|fi  l'original,  et»  biça,  qji'qii 
ne  Pjuisse.d-uue  moitae.  stfwhip  iMAJSlm  dp,  i*e  ^iôcie, 
nous  croyopà  pouvoir  l'attribM/çr,  \  la,  première  moitié  du 
\ft  siècle.  Noqs  nous,  fopdops  en.  ceci  non  pqs,  sur  la 
l'ofnpe  ^oje  de$  lettres,  car  la  forme,  des,  lettres  q!* 
si)l)j   aucune   altération   notable    eji    Roupillon,  enfoe 

historiques  sur  la  république  d'Andorre.  C'est  à  l'aide  de  ceUe  communi- 
cation et  des  explications  historiques  que,  j'y.  ayais  ajoutées,  que  M,  Bladé 
a  pu  faire  a,  l'Académie  des  Sciences  et  Belles- Le  tires  de  Toulouse,  une 

*"t»  é  '  »  *      '  «  f  *•  *• 

lecture  qui  fait  ressortir  l'importance  de  la.charjc  de  Prades  pour  Thiftoire, 
des  pays  de  fîerdngne.  d'Ur^el!  et  d'Andorre 


334 

865  et  Tan  1000(i\  mais  surtout  sur  certaines  varian- 
tes et  modifications  orthographiques  que  le  copiste 
a 'fait  subir  il  quelques  mots  de  l'original.  Elles  seront 
toutes  indiquées  dans  notre  édition,  et  nous  nous 
bornons  à  signaler  ici  les  mets  Laie  condUione  que  le 
copiste  écrit  Lacla  condUione,  absolument  comme  dans 
un  acte  original  de  943  que  nous  publierons  un  jour. 
Dans  tous  les  cas,  cette  copie  ne  peut  avoir  été  faite  que 
d'après  l'acte  original  encore  existant,  ainsi  que  le  prouve 
la  particularité  suivante.  Le  scribe  de  l'acte  original 
avait  écrit  par  erreur  à  la  6e  ligne  Mcita  au  lieu  de  Mata 
qu'il  donne  partout  ailleurs,  et,  au  lieu  de  corriger  sa 
faute,  il  s'est  borné  à  ajouter  un  c  dont  il  a  uni  le  haut 
au  trait  du  t  suivant,  de  manière  à  figurer  un  a  de  forme 
assez  irrégulière.  Le  copiste  n'a  pas  manqué  de  répéter 
la  même  erreur  en  cet  endroit,  tandis  que  partout  ailleurs 
il  a  écrit  Mata  comme  dans  l'original. 

Ce  n'est  pas  que  la  copie  sur  parchemin  soit  une 
reproduction  rigoureusement  exacte  de  l'original,  car  elle 
ajoute  ou  retranche  des  lettres  dans  certains  mots,  elle 
omet  des  mots  dans  certains  passages,  elle  en  ajoute 
d'autres  quelquefois,  et,  dans  un  certain  endroit,  h  pro- 
pos des  limites  des  territoires  de  Prades  avec  les  lieux 
d'Eus  et  de  Catllar,  elle  ajoute  toute  une  ligne  d'indica- 
tions détaillées,  et  même  superflues,  qui  ne  figurent  pas 
dans  l'acte  priginal.  Le  copiste  a  fait  encore  plus;  il  a 
rectifié  des  lapsus  calami  de  l'original,   par  exemple  le 

(1)  Dans  l'acte  original  de  la  donation  d'un  alleu  faite  par  la  comtesse 
Ermengarde  au  monastère  de  Saint-Martin  de  Canigo  en  1007,  la  forme 
des  lettres  g  et  %  est  déjà  tout-à-fait  différente  de  celle  qu'elles  ont  dans 
l'acte  de  865  et  dans  la  copie  sur  parchemin. 


335 

» 

root  resideret  au  lieu  de  residere  de  la  première  ligne, 
et  quelquefois  ce  sont  des  corrections  heureuses  pour  le 
sens,  entre  autres  qualiter  de  la  29e  ligne  de  l'original, 
judicieusement  changé  en  taliler  par  le  copiste.  Il  y  a 
surtout  le  mot  preceplum  impériale  de  la  39e  ligue,  que 
l'original  avait  écrit  par  pure  inadvertance,  puisque  par- 
tout ailleurs  il.  a  mis  preceplum  regale,  et  qui  dans  la 
copie  est  changé  en  preceplum  regale  avec  pleine  raison  ; 
en  effet,  il  s'agit  ici  d'un  précepte  de  Cbarles-le-Chauve 
qui  n'avait  pas  encore  reçu  le  titre  d'empereur  en  865, 
époque  où  l'acte  fut  rédigé.  Enfin,  outre  ces  corrections 
qui  se  rapportent  au  sens,  le  copiste  a  transformé  l'or- 
thographe  et  la  forme  de  la  plupart  des  noms  propres, 
tandis  que  d'autres  mots  qui  sont  en  abrégé  dans  l'ori- 
ginal, ont  été  dénaturés  de  manière  à  prouver  que  le 
copiste  n'avait  pas  su  les  lire  ou  ne  les  avait  pas  compris. 

Le  parchemin  de  la  copie  ne  porte  au  revers  aucune 
marque  de  classement  dans  un  dépôt  d'archives,  mais 
seulement  les  mentions   suivantes  : 

En  minuscule  du  xme  siècle  :  Carta  terminatoria  de 
Prada  (et  au-dessous,  d'une  encre  différente)  et  de  Mata 
que  sunt  unum  cum  alio. 

Ailleurs,  en  cursive  du  xiv  siècle  :  Donaciones  et  privi- 
légia que  faciunt  ad  ostendendum  lerminos  de  Prada. 
Cette  désignation  s'applique  sans  doute  aux  deux  par- 
chemins, original  et  copie,  qui,  dès  cette  époque,  ont 
dû  demeurer,  plies  ou  joints  ensemble. 

Puis,  en  écriture  du  xvi*  siècle  :  Caria  de  la  rodalia 
e  terminacio  dels  termens  de  Prada-IUl. 

EnGn,  en  écriture  du  xvne  siècle  :  Esta  buydat  al 
llibre  ciel  registre. 


Ç*Mt  tacfttèri'  moM>  <&  rapporte  à  rin&ectiov  d«*  ceu» 
cop**  daj*s  !a  twuriwa  où  n#  la  trouve  en  *Se4  au 
Mo  «ft 

La  copie,  contenue  d9a$  te  />nw  iwtyre  a  été  faite  et 
«Mtéo  c|i|,  3%  mar*  1ÔU  par  Antoine  ToxKlor»  notaire 
apostolique  et.  royal  de  Pradas.  et  secrétaire  de  la  com- 
mujMNAé  dfr  cette  vilte,  d'après  <<  un  acte  sur  parchemin 
conservé,  dit-il,  aux  archives  communales  et  nullement 
u Itéré  en  aucuue  de  ses  parties,  &  comme  il  est  dît  au 
pxéajnbulq  :  H/oc  est  exemplum  tive  translatum  bene  et 
/ùMifer...  sumplurn  cl  exewpUilum...  e  quodam  publico 
itislruwfiièio  ptrgqm&MQ  c&aralo  clause  ci  subsignato,  in 
itrcJiiyo  scriplwwujn  dicte  universitatis  'econdito  et  beno 
cu$lûdUo,  non  viciato  neque.  in  aliqw  parte  suspecta,  sed 
owni  pror,$u$  vMq  et  suçpicione  carente,  ut  primis  vid&- 
halur  aspùUibus,  expedito%  cujut  thenor  talis  est.  Le  tout 
est  oecliltô  PW  ledit  Texidor,  assisté  de  R&pba^l  Palau, 
notaire,  de  tterpignan  et  de  Louis  Troyarl,  uolaire  ilo 
Millas.  Il  résulte  de  celte  déclaration  qu'en  ffili  laco|>w> 
sur  parcltémitv  était  encore  parfaitement  conservée,  ainsi 
que  le  prouve  d'ailleurs  la  copie-  du  Livre  Rouge  qui 
contient  racle  in  extenso,  sans  indication  ni  mention 
d'aucune  Ucuoç*  et  se  terrqipe  par  une  espèce  de  fac- 
similé- des  signeras,  y  compris  celle  du  sf.ribe  lionis- 
sittUfs  qui.  %  écrit  l'acte  sub.  die  et  anno  quo  supra.  I) 
Toute*  l$&  variantes,  ou  inexactitudes»  que  Ton  pourrait 
signaler  dans  cette  traqscrip^jon  de  Ucopie sur  parchemin, 
s$  réduisent  h  quelques  mots»  ma]  lus  que  nous  nous 
abstiendrons  même  de  signaler.  Il  n'y  a  h  tenir  aucun 
compte  <ie  cette  dernière  leçon,  saur  pour  un  très  petit 
nombre  d*  mots  qui  sont  aujourd'hui  détruite  dans  Tarte* 


337 

original  aussi  bien  que  dans  la  copie,  car  les  deux  anciens 
exemplaires  suffisent  pour  rétablir  le  document  primilif 
dans  presque  toute  sa  teneur. 

A  propos  d'exemplaires  manuscrits,  nous  devons  dire 
un  mot  des  trois  extraits  de  la  Lex  Wisigothorum  cités 
dans  le  jugement  de  865.  Ce  n'est  pas  la  partie  la  moins 
curieuse  du  document  que  nous  publions;  on  a  vu  rare- 
ment des  textes  latins  plus  barbarement  corrompus,  et,  s'il 
fallait  les  prendre  tels  que  le  copiste  nous  les  a  donnés, 
on  pourrait  affirmer  que  les  judices  du  plaid  de  Prades 
ne  devaient  pas  comprendre  un  mot  des  textes  de  lois 
qu'ils  invoquaient  à  l'appui  de  leur  décision.  Faut-il  met- 
tre l'ineptie  de  cette  grossière  transcription  sur  le  compte 
du  scribe  qui,  cependant,  se  fait  comprendre  suffisam- 
ment et  s'explique  partout  sans  trop  de  difficulté  dans 
son  compte-rendu  judiciaire  ?  Nous  ne  le  pensons  pas, 
et  il  nous  parait  évident  que  ces  textes  ont  été  pris,  ou 
bien  dans  quelque  manuscrit  du  vin*  ou  du  ix«  siècle, 
ou  bien  d'après  des  extraits  qui  furent  copiés  et  produits 
par  les  juges  pour  être  insérés  dans  le  corps  du  juge- 
ment. Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  aurait  été  impossible  de 
comprendre  ces  extraits,  si  nous  n'eussions  eu  recours 
au  document  que  le  scribe  a  prétendu  transcrire,  à  la 
Ijoi  des  Wisigoths  dont  nous  donnerons'  le  texte  dans 
les  notes  de  notre  édition. 

La  Lex  Wisigotherum^  que  la  charte  de  Prades  appelle 
tantôt  Lex  Gotorumn  tantôt  le  Corpus  ou  tout  simplement 
Lex,  était  la  loi  nationale  des  populations  romano-gothi- 
ques  du  Roussillon  au  viue  siècle  et  longtemps  après. 
Ou  peut  remarquer  que,  dès  l'an  865,  ce  code  était  déjà 
divisé  en  livres,  titres  et  ères  ou  articles  tels  qu'on  les 

22 


338 

trouve  dans  l'édition  de  Pierre  Pithou  (Paris  1579).  Notre 
document  en  cite  un  extrait  pris  in  lege  Gotorum  in  libro. 
V.  tilulo  primo,  era  frima,  vbi  dicit  de  donationibus 
.Ëclesiis  datis*  et  toutes  ces  indications  correspondent 
exactement  aux  divisions  et  au  texte  de  la  Lex  Wisigo» 
thorum  éditée  par  Pithou,  pour  les  numéros  du  livre,  du 
titre  et  de  l'ère,  et  même  pour  la  rubrique  de  donalio- 
nibus  œcclesiis  datis.  Il  est  donc  certain  qu'à  l'origine, ou 
du  moins  des  le  ixe  siècle,  les  divisions  du  code  wisigo- 
thique  étaient  déjà  établies  dans  la  l'orme  du  texte  actuel. 

Le  texte  que  nous  donnons  ici  est  conforme  à  celui 
du  document  original,  tel  qu'il  est  possible  de  le  lire 
encore  aujourd'hui.  Il  en  .est  de  même  des  signes  de 
ponctuation,  en  observant  toutefois  que  quelques-uns  de 
ces  traits  de  ponctuation  cnl  pu  s'effacer  depuis  mille 
ans,  surtout  dans  un  documents  aussi  maltraité,  et  qu'il 
a  pu  en  exister,  à  partir  de  la  30e  ligne,  dans  des  endroits 
où  il  n'est  plus  possible  de  les  distinguer.  Nous  metlroos 
en  italique  les  lettres  marquées  par  des  abréviations  dans 
l'original . 

Les  lacunes  de  l'original  seront  remplies  avec  le  texte 
de  la  copie  sur  parchemin,  rais  entre  crochets. 

Enfin,  lorsque  l'original  et  la  copie  font  également 
défaut,  c'est-à-dire  pour  une  vingtaine  de  mots  des  trois 
dernières  lignes,  nous  serons  forcé  d'emprunter  le  texte 
delà  copie  de  16H  qui  avait  suivi  d'ailleurs  la  copie  sur 
parchemin.  Tous  les  mots  ainsi  empruntés  au  cartulaire 
seront  imprimés  en  italique  entre  crochets. 

On  pourra  trouver  étrange  et  même  ridicule  le  soin 
que  nous  avons  pris  de  relever  et  de  signaler,  pour  éta- 


339 

.  blir  un  mauvais  lexte  latiu  du  i\«  siècle,  mieux  qu'on  ne 
l'a  fait  souvent  pour  un  texte  classique,  les  moindres 
variantes  orthographiques  ou  autres  qui  ne  donnent  en 
définitive  que  des  barbarismes,  des  solécismes  ou  des 
non  sens.  Mais  les  personnes  qui  sont  au  courant  des 
travaux  de  la  philologie  moderne  savent  parfaitement  que 
toutes  ces  fautes,  ces  barbarismes,  ces  grossières  dic- 
tions ont  leur  importance  pour  la  linguistique,  et  que, 
pendant  quatre  ou  cinq  siècles,  ce  sont  les  seules  lueurs 
qui  nous  permettent  d'entrevoir  la  forme  et  la  couleur 
de  la  langue  vulgaire  à  travers  l'enveloppe  irrégulière  du 
latin. 

« 

Notitia  judicati  pro  abbate  Crassensi, 
adversùs  Salamonem  corn  item. 

865. 

Cum  in  dei  nomine1  residere2  Salamoh  comis  in  castruwi 
sancti  Stephani .  una  cum  Saroardo  .  seu  et  indices  qui  iussi 
sunt  causas  audire  dirimire  xxei  iudicare .  Id  est .  Castellanu?/ia. 
Fedanciuw  *  .  Trasbadum  .  Godmare  .  Mirone  .  Scluane  & . 
Recaredo  .  Manzonem6 .  Absalon .  Uuiliricum" .  Odolbalduw  &. 

1  Les  mots  in  dei  nomine  sont  omis  dans  la  copie  sur  parchemin. 
-  Residere,  inadvertance,  pour  resideret,  comme  le  porte  la  copie. 

*  La  copie  porte  Castelanum. 
4  La  copie  porte  Fedaniium. 

*>  Scluuane  dans  la  copie.  Sclua  est  le  nom  du  premier  abbé  de  Canigo, 
au  commencement  du  xie  siècle. 
6  Mancione  dans  la  copie. 
"  Uuilricum  dans  la  copie. 

*  OdaJballum  dans  la  copie. 


340 

Audberium .  Uuitlzane1  et  Argefredum2  saione3 .  seu  in  pre- 
sentia  .  Fridisclo  abba  .  Eldeberto  abba  .  Amancio  presbttero. 
Candiganô  ipresbitero  .  Clueifario  presbitero  .  Contefredo  * 
presbitero  .  Àlarico  presbitero  .  Audesindo  presbitero  .  uel 
aliorum  multorum5hominum6  qui  in  ipso  iudicio  residebant 
Ibique  ueniens  omo  7  nomine  Longobardtts  in  eorum  iudicio 
mandatarius  Andedato8  abbate .  in  reclamatione  dicens;  Iubele 
me  audire  uiri  onorabiles**.  cornes  .  et  iudices  .  quiatalem 
uillarem  «> .  qui  dicitur .  Mata  .  qui  est  in  ualle  Confluentana . 
infra  fines  de  uilla  Prata .  et  super  alueum  Tede.  dum  relineret 
iamdictus  Andedatus  .  ipsum  uillarem11  Mata  .  per  uocem. 
Eliani l2  abbati .  antecessori  suo .  qui  ipsum  uillare ,3  edificauit. 
prius  per  donitum  Suniefredo14  comiti  ad  proprium  cum  omne6 
fines  suas15  et  aiacentias16  illorum  et  per  preceptum  régis 

I  Uuitixanum  dans  la  copie.      • 

*  Aicfredum  dans  la  copie.  Le  premier  e  est  un  peu  dégradé  dans 
l'original,  mais  il  n'est  pas  douteux  :  la  copie  porte  d'ailleurs  Argefredum. 
vers  la  fin  de  l'acte. 

3  La  copie  donne  saionem  en  toutes  lettres,  mais  l'original  ne  porte 
aucun  signe  d'abréviation  sur  Te. 

*  Gondefredo  dans  la  copie. 

5  La  copie  ajoute  bonorum  :  multorum  bonorum  kominum. 

6  C'est,  dans  l'original,  un  des  trois  ou  quatre  exemples  de  Yh  con- 
servée au  commencement  d'un  mot. 

7  Homo  dans  la  copie. 

8  Andœdate  dans  la  copie. 

9  Honorabiles  dans  la  copie.  Le  rédacteur  de  l'original  avait  aussi  mis 
Yh,  mais  il  Ta  visiblement  effacée  et  on  en  reconnaît  a  peine  la  partie 
inférieure  des  deux  barres  qui  semblent  figurer  un  petit  u. 

io  et  it  •Vilarem  dans  la  copie. 

II  Eliane  dans  la  copie. 

13  Vilarem  dans  la  copie. 

14  Seniofredi  dans  la  copie. 
16  Suos  dans  la  copie. 

16  Aiacencia*  dans  la  copie. 


341 

Karoli .  sic  uenit1  iste  Saroardus  et  tulit  nobw  ipsum  uillarem5 
Mata3 .  absque  iuditio4  .  at  cui  ego  uoce  prosequero;  Cumque 
nos  comis5.  iudices  tali6  réclamations .  Longobardi  audissemus. 
interrogauimus 7  iamdicto  .  Saroardo  .  quid 8  ad  hec  respon- 
deret.  at  Ole  in  suo  responso  dixit  ;  Ipsum-  uillare9 .  qui  dicitur 
Mata .  ego  eum  prendidi  de  potestate .  de  Andedate  abbate  ue\ 
de  suôs  monacos  .  et  nimquarn  débet  esse  .  proprius  ipse 
uillare 10  Mata  de  monasterio  sancte  ll  Marie  .  set  partibu* 
régis  eum  retineo.  Nam  nos  iudices  cum  tali I2  responso 
Saroardo  audissemus  interrogauimus  Longobardo .  causilicum . 
si  abebat  cartas  donationis .  de  ipsas  uiilas  .  Prata .  et  Mata l3 . 
sicut  te  reclamasti .  quod  Suniefredus  u  comis  eas  dederat  ad 
domum  sancfa  Maria .  monasterio .  qui  situs  est  infra  comitatu 
Narbonense  .  et  Carcasense .  super  fluuio  Urbione.  Sed ,5  ille 
presentaliler  obtulit  ipsam  cartam  donationis  î  quod  Sunie- 

I  Uemt  est  omis  dans  la  copie. 
s  Vilarem  dans  la  copie. 

3  La  copie  ajoute  et  après  Mata.  * 

4  Iudicio  dans  la  copie. 

5  Cornes  dans  la  copie. 

6  Au  lieu  de  tali  reclamatione  la  copie  porte  talem  clama tionem. 

7  Interogauimus  dans  la  copie. 

8  Quit  dans  la  copie. 

9  et 10  Vilar e  dans  la  copie. 
"  Sanctae  dans  la  copie. 

II  Taie  dans  la  copie. 

13  Ce  mot,  qui  est  écrit  Mata  dans  tout  le  cours  de  l'acte,  a  été  ici  mal 
écrit  dans  l'original  qui  mit  d'abord  Mtta,  par  erreur,  et  corrigea  ensuite 
en  ajoutant  un  c  devant  le  premier  t  :  ces  deux  lettres  ont  été  jointes  de 
manière  à  figurer  une  espèce  d'à.  Le  copiste  a  exactement  imité  les 
mêmes  signes  en  cet  endroit,  et  ce  simple  fait  prouve  que  la  copie  sur 
parchemin  a  été  faite  sur  l'original  que  nous  possédons  encore,  car  par- 
tout ailleurs  elle  a  écrit  Mata  de  même  que  l'original. 

14  Suuiofredus  dans  la  copie. 
16  Set  dans  la  copie. 


342 

fredus  ■  cornes  2  fecit  cum  sua  uxore  Ermesinda .  de  iamdictas 
uillas  Prata .  et  Mata,  ad  proprium.  Àt3  hee4  nos  iudices  cut/i 
audissemus  ipsam  cartam  legentem  .  et  relegentem .  et  reso- 
nabat  ibidem  Prata  .  et  Mata  .  cum  terminis5  et  limitibie,? 
earum .  et  cum  oimtes  aiacencias  illorum6  .  seu  et  œclesias . 
cum  domibus  curtibus  ortos  7  .  arbores .  pomiferis  8  .  et  inpo- 
miferos  .  oliueta  .  fonlibu*  pratis .  pascuis  .  siluis .  garricis  .  ad 
proprium  .  ad  domum  sancte  Marie  .  que  vocant  drossa .  uei 
ad  ipsos  monacos  .  qui  ibidem  militant  .  propter  remedium 
anime  illorum.  Et  ibidem  ostendit  preeeptum  régis  Karoii . 
quod  fecif  ad  Suniefredum  9  comiti  de  ipsas  uillas  Prata  et 
Mata  supra  scriptas ,0  ad  proprium;  Cumquenos  iudices  taîi l  * 
rei  ueritati  audissemus  uel  cognouimus  et  iusticia  de  Longo- 
bardo  causilico  '  precepimus  ei  .  ut  dedisset  testimonia  ante 
nos  sicutet  fecit .  qui12  ipsum  proprium  cum  sua  terminia  ,s 
cognitum  abuissent  uiros  onorabiles  .  et  circum  manentes  omi- 
nes  ,4  .  qui  ante  nos  boc  testilicauernnf  .  uel  in  eclesia  Semc£i 
Stephani  martyris  .  Xpi  et15  îurauemnl  dicentes  .  qui  sita  est 

1  Senio fredus  dans  la  copie. 

*  Comis  dans  la  copie. 
u  Ad  dans  la  copie. 

4  Haec  dans  la  copie. 

*  Termines  dans  la  copie. 
fi  harum  dans  la  copie. 

7  Ortis  dans  la  copie. 

*  Pomiferos  dans  la  copie,  qui  a  omis  ensuite  les  mots  et  inpomiftros 

9  Suniofredum  dans  la  copie. 

10  La  copie  porte  dictas  au  lieu  de  .scriptas. 
a*  Taies  dans  la  copie. 

&s  Quia  dans  la  copie. 

13  Testimonia  dans  la  copie. 

'*  Homine8  dans  la  copie. 

15  Le  mot  et,  d'abord  omis  par  le  scribe,  a  été  mis  ensuite  devant  le 
mol  Xpi,  qui  commence  la  13e  ligne;  nous  l'avons  rétabli  après  ce  mot» 
à  la  place  marquée  par  le  sens. 


343 

in  castrum  i\uod  nuneupatur1  aancli  Stephani  .  et  noniina 
lestium  *ec  2  sunt.  Id  est  ['Trasemir]us  .  lJarem  .  Uuitizane3. 
Calastus  .  lllericus  .  Bonissimus  .  Sisenandws  * .  Spera  in  deo  . 
Amaucius  .  Àlbemirus  .  Sancio  5 .  Ermesindus  .  Mengo  .  Aurio- 
lus  .  Arreco  .  Candiganus.  Stabiles  .  Eles.  Uuistrillus  .  Auen- 
eius0.  Quia  nos  supra  scripti  testes .  scimus  et bene  in  ueritate 
sapemus7.  et  occuliss  nostris  uidinu/s  et  depresentes  erauuts. 
quando  uenit  Suniefredus y  Comis  in  uilla  Prata.  et  ostendit 
ibidem  preceptum  régis  Karoli ,0 .  quod  il  le  dignatus  est  lacère 
'  propter  suam  merçedem  de  uilla  Prata  .et  Mata  cum  om/tes 
Hues  suas  et  aiacentias  suas11  .sic  uidimtes  ipsum  preceptum. 
et  audiuiniMs  relegentem  .  et  uidimtes  ipsasuillas  Prata .  et  Mata 
abentem .  et  possidentem  ad  proprium  .  cum  omnes  suas  fines 
s'icut  ipsum  preceptum  regale  resonat;  Et  cum  retinuisset 
ipsas  uillas  cum  suas  fines  .  sic  tradidit  eas  ad  domum  sauefa t? 
Marie13  que  uoeant  Crassa .  et  ad  ipsum  abbatem  Eliane  .  uel 
ad  suos  monacos  .  qui  in  ipsum  mouasterium  militant:  Et 
pusquam  ipse  abbas  retinebat  per  carta  donationis  .  ipsas 
uillas  .  sic  nos  uidentes  uenit  Elias  abbas  .  et  adtraxit  ibidem 

1  La  lettre  u  de  nuit  a  été  mal  formée  dans  l'original  et  serait  plutôt  un  o, 
triais  la  copie  donne  nuncupafur. 

*  Haec  dans  la  copie. 

3  Uuitisàno  dans  la  copie. 

I  Sesenandus  dans  la  copie. 
h  Sanciwt  dans  la  copie. 

0  Auuencius  dans  la  copie. 
7  La  copie  porte  sapiemus. 

*  L'original  avait  d'abord  occulos.  mais  If  fond*  a  mis  ensuite  nn  t 
sur  le  second  o. 

9  Suniofredtts  dans  la  copie. 

10  Caroli  dans  la  copie. 

II  Aiacencias  dans  la  copie. 
12  Sanctae  dans  la  copie. 

l>  Mariât  dans  la  copie. 


m 

omines  1  ad  abitandum .  per  beneficium  suum  in  locuw  ubi 
dicitur  Mata  .  his  nominibus  Ildesindum2.  Daconem .  Ilde- 
ricum 3 .  Atilanem  .  aut  ceteros 4  pares  illortcm .  et  nos  qui 
hoc  testificamus  .  et  sic  edificamus  ipsam  uillam  Mata  .  et 
fecimus  ibidem  .  domos  curtes  .  ortos  cum  suos  arbores  . 
molendinos  per  beneficium  iamdicto  abbate5  Eliane  .  eum 
suo  adiutorio.  In  ea  uero  ratione  .  ut  seruitium  exinde  illi 
fecissemus  ad  domum  sancta  Maria  monasterio  .  et  ipsum 
beneficium  qui  eum6  retinuissemus.  Et  niagis  débet  odie7 
esse  ipsam  uillam  Mata  de  apendicione  Prala* .  de  monasterio 
sancte9  Mariae10  sicut  Suniefredus11  Cornes  dederat  .  per 
cartam  donationis  ad  proprium  quam  de  Saroardum  qui  eam 
retinebat  per  partibus  Salamonis  comiti  .  per  causa  régis  et 12 
per  beneficium .  et  contra  lege  contendit  ipsa  uilla  Saroardus . 
et  ea  que  testificamus  recte  et  ueraciter  testificanu/s  pern 

m 

*  Homines  dans  la  copie. 

2  Eldesindum  dans  la  copie. 
:l  Illcricum  dans  la  copie. 
4  Caeteros  dans  la  copie. 

6  La  copie  met  abbate  après  Eliaiit. 

*  Le  scribe  de  l'original  a  écrit  eum  avec  un  petit  f  sur  l'e,  comau» 
s'il  avait  voulu  corriger  en  tum.  La  copie  porte  eum. 

7  La  copie  porte  audientem  au  lieu  de  odie  esse.  H  est  frai  que  le 
commencement  de  esse  est  aujourd'hui  fort  dégradé  et  incertain,  mais  les 
lettres  odie... se  sont  sûres  et  la  leçon  que  nous  inscrivons  doit  être 
préférée  à  audientem  qui  n'a  ici  aucun  sens. 

8  La  copie  ajoute  ici  et. 

9  Sancta  dans  la  copie. 

10  Maria  dans  la  copie. 

11  Suniofredus  dans  la  copie. 

"  L'original  semble  avoir  porté  d'abord  per  seulement,  mais  le  scribe  Ta 
corrigé  en  et  et  a  ensuite  ajouté  per.  La  copie  donne  et  beneficium  avec  deux 
points  devant  et;  au-dessus  du  même  mot  on  a  marqué  un  trait  d'une  encre 
différente,  en  signe  de  doute,  de  renvoi  ou  de  correction  à  faire. 

13  Per  est  omis  dans  la  copie. 


345 

super  adnixum*  iuramentum  in  domino.  Late2  condi[cio]ne3 
sub  die  idus  mârci  anno  XXV  .  régnante  K[arulo]  *  rege  . 
Saraordws  5  qui  hune  iuramentum  recep[iss]et .  Abebat  ipsa 
carta  donationis  in  uinculo  qui  ad  disrumpendum  uenîsset 
conposuisset  ipsas  uillas  in  duplo  quantum  eo  tempus  melio- 
ratas6  fuerant.  Cumque  nos  iudices  tali  condicione  an  te  nos 
firmata  esse  uideremus  perquisiuimws?  in  lege  Gotormn  et 
inuenimtis  in  libro .  V  .  titulo  primo  8  .  era  prima .  ubi  dicit 9 

1  Nixtm  dans  la  copie. 
*  Laeta  dans  la  copie. 

3  La  copie  donne  condictione,  mais  la  lacune  qui  existe  dans  l'original, 
pour  une  partie  de  ce  mot,  ne  laisse  guère  de  place  pour  quatre  lettres, 
condi[  ]tie.  La  copie  ajoute  ensuite  le  mot  ista  :  lacla  condictione  ista 
sub  die.  On  Ht  plus  loin  dans  l'original,  tali  condicione. 

4  L'original  a  écrit  ordinairement  Karolo,  mais,  comme  on  trouve 
Karulo  à  la  dernière  ligne,  nous  adoptons,  pour  la  lacune  de  ce  mot,  la 
leçon  de  la  copie. 

5  L'original  a  écrit  par  inadvertance  Saraordus,  mais  la  copie  n'a  pas 
répété  cette  erreur  et  a  écrit  Saroardus. 

6  Immelioratas  dans  la  copie. 

7  Perquisimus  dans  la  copie.      , 

8  La  copie  porte  titulo .  ; .  era  prima. 

0  Voici  le  texte  de  la  loi  des  Wisigoths  d'après  l'édition  de  Pierre 
Pithou  (Codicis  legum  Wisigothorum  libri  XII.  Isidori  Hispalensis 
episcopi  de  Golhis,  WandaHs  et  Suevis  historia  seu  chronicon,  Paris 
1579),*  et  l'on  pourra  juger,  en  le  comparant  à  la  leçon  de  notre  docu- 
ment ou  de  la  copie,  combien  il  devait  être  difficile,  pour  les  juges  ou 
légistes  roussillonnais  du  IXe  siècle,  d'étudier  et  de  connaître  un  Code 
judiciaire  déjà  suffisamment  emphatique  et  embrouillé  par  lui-même.  — 
(Legis  Wisigothorum  lib.  V,  titul.  I,  era  prima)  :  «  De  donationibus 
«  ecclesiis  datis.  Si  famulorum  mentis  iustè  corn pelli mur  debitœ  com- 
»  pensare  lucra  mercedis,  quanto  iam  copiosiùs  pro  rcmediis  an  imam  m 
■  divinis  cultibus,  et  terrena  debemus  impendere,  et  impensa  legum 
«  soliditate  servare  !  Quapropter  quaecunque  res  sanclis  dei  basilicis,  aut 
«  per  principum,  aut  per  quorumlibet  fidelium  cognationes  collatae  repe- 
«  riuntur,  votive  ac  potentialiter  pro  certo  censemus  ut  in  earum  iure, 
«  inrevocabili  modo,  legum  aeternitate  firmentur.  » 


340 

de  donation  il  ws  aîdesiis >  datis  Si  fauiulorum  nieritis  ut2  iuxta 
eompellimur3  débitai  compensais  lucra  mercedis  quanto 
iam-5  copiosius  pro  remedium  animarum  diuinis  cullibi/8  et 
terrenum  debemus  inpendere  .  et  inpensa  legimt  soliditate 
seruare.  Quam  proptei*  quoscunqtie  res6  suucti  dei  uaselicis. 
aut  pro  principum7  aut  pro  quorum  libet  fidelium  donations 
coulate8  reperiunlur  uotiue9.  hac  potencialiter  pro  certo  cen- 
sctur .  ut  in  earum  iura  inreuocabili  modo  .  legum  ternitatc10 
firmentur.  Iterura  inuenimus  in  alia  le^e  infïa  corpore .  ubi 
dicrt11.  Iain12  uero  quod  ad  die  huius  lat[aj  legis  uel  tempora 
quicuuque  pontificum  de  his  qui  ad13  fidelibits  in  dei  aeccle- 
siiQi*  testata  uel  conlata  esse  noscuntur .  aliquit  exindeabstu- 

I  La  copie  porte  sEclesis. 

-  Ut  est  omis  dans  la  copie. 
3  Conpellimur  dans  la  copie. 
*  Débita  dans  la  copie 
"  Iam  est  omis  dans  la  copie. 
"  La  copie  porte  rei. 

7  La  copie  porte  par  distraction  princi  (à  la  fin  de  la  ligne)  et  ctpum  a 
la  ligne  suivante. 
s  Conlatœ  dans  la  copie. 

9  Uoliuœ  dans  la  copie. 

10  Sic,  pour  œtemitate. 

II  Dicitur  dans  la  copie. 

'-  Legis  Wmgothorum  lib.  IV,  titul.  IV.  era  VI.  In  nomme  FLS. 
GLS.  VVamba  Rex  :  «...  Iam  verô  à  die  huius  latac  legis  vol  tempore, 
«  quicunque  pontiûcum  de  his  quœ  à  fidelibus  in  Dei  ecclesiis  testata  vel 

*  collata  esse  noscuntur,  aliquid  exinde  abstulcrit,  suoque.iuri  vel 
«  ecclesiœ  principali,  seu  cuicunque  persona?  quolibet  modo  quodcunqur 

•  taie  coucesserit,  nulla  temporum  longaniitate  securus  juxta  prœmissuin 
«  ordinem  quandocunque  et  per  quemeunque  talia  fuerit  commisiss*» 
«  detectus,  ea  ipsa  quœ  prxsumpsit,  unà  cum  légitima  satisfactione 
«  rei  proprice,  ecclesiae  cui  tulit,  vel  in  quam  deliquit,  refonnare  cogeti- 
«  dus  est.  Quod  si  de  rébus  propriis  non  habuerit  unde  componat,  in 
«  omni  integritatc  ea  quœ  prxsumpsit,  ecclesiae  cui  tulit,  restituât.  » 

13  Ai  dans  la  copie. 

i-t  La  copie  porte  aecelesie. 


347 

leritsuo.quod  iuri  uel  œcclesiae  principali1  amplificauerit  seu 
quicunque  persone  .  quolibet  modo  quodcunque  taie  conces- 
serit2 .  nulla  temporum  longeuitate  securtim  ut  iusta  permissuni 
ordine  quartdocunqu*?  et  p<?r  quocunque  talia  fuerit  commi- 
sse3 detectum  eam  ipse  qui  presumsit  una  cum  légitimas 
satisfactione  rci4  propria  il li  ajclesta  cui  tulit  ulla  '.  in  q[uam 
deljiquit5  reformare  cogendus6  est  ;  Quoà  et  si  de  rébus  pro- 
priis  non  abuerit  unde  componat .  et  in  omnfr  tn]tegritate .  eo 
que  presumsit  œclesie  cui  tulit  restituât  ;  Et  reperimws  in  alio 
ioco7.  Hœcîgitur .  lex.  .  non  soluw  pro  rébus  quod  in  eclesiis* 
absolutis .  ucl  diocesanis  conlata  sunt  obseruabitur  set  sub  géné- 
rale nomme9  omnium  a»cl&?îar[  um10 .  id  |  ost  a  monesfterium1  * 
ni]rorum  quam  etiara  n  feimnarunt  .oniiii  modo  in  istitutione 
implebitur;  Et  inueninw*  in  lege  quomorlo  Karolus  rex  dédit 

1  Principaliter  dans  la  copie. 
-  Cotisenserit  dans  la  copie. 
3  Comisisse  dans  la  copie. 

I  La  copie  porte  ne  au  lieu  de  ni. 

"»  Il  y  a  ici  une  lacune  de  trois  ou  quatre  lettres  (uam  del)  facile  à 
remplir  avec  le  texte  de  la  loi  Wi  si  gothique  ;  la  copie,  qui  n'a  rien  com- 
pris a  ce  passage,  a  ajouté  deux  mots  qui  n'existaient  pas  dans  l'original 
et  encore  moins  dans  le  texte  de  la  loi.  Elle  porte:  cui  tulit  ulla  inquît 
reformare  quogendus  est. 

"  Quogendus  dans  la  copie. 

7  Cette  citation  est  extraite  de  la  suite  du  paragraphe  qui  précède 
Mib.  IV,  lit.  IV,  cm  VI):  a  Haie  igitur  lex,  non  sulum  pro  icbus,  qua» 
«  in  ecclesiis  absolu  lis  vel  diocœsanis  collala»  sunt,  observabitur  :  sed 
-  sub  gencrali  nomine  omnium  ecclesiarum,  id  est,  tam  in  monasteriis 
'  virorurn  quàm  etiam  feminarum,  omnimoda  constitutione  complebilur.  .» 

8  Ecclesiis  dans  la  copie. 

iJ  La  lecture  de  ce  mol  est  un  peu  douteuse,  quoiqu'elle  soit  indiquée 
par  le  texte  de  la  loi  :  la  copie  donne  nostrum  an  lieu  de  nomine. 

10  La  copie  porte  atcclesiarum. 

II  Momsterium  dans  la  copie. 
14  La  copie  porte  aetiam. 


348 

ipsos  alodes  Prata  .  et  Mata .  ad  Suniefredo 1  comiti  qualiter2 
eum  débet  3  abere  *  .  sicu*  4  lex  Gotorum  comm[emorat  ; 
Djonatio5  régis  potestatis  quod  in  quibus  personis  conferuntur 
uel  conlate  sunt  .  in  eorum  iure  persistant .  in]  quorum 
nomine  eas  potestas  contulerit  regia 6  ea  uidelifcet]  ratione. 
Ita  ut  huiusinodis  [regalis  mani]ficentia  co[nlatio  .  attributa 
in  nomine  eius  qui]  hoc  promeruit .  transfusa'  permaneat  .  ut 
quiquit  de  oc  facere  voluit  iudicare  uoluerit  potestatem  in 
omnibus  abeat;  Tune  nos  iudices  in  ?  tanta  lege  inuenissemus . 
et  in  testimonio  Longobardo  ueni[sent8  precipimus  ei  ut  ipsos 
testes]  qui  ante  nos  testificauerunt  an  te  nos  uenire9  fecisset 
sicut  et  (ecit  .  et  ipsos  terminos  sine  dilatatione  ,0  nobis 
monstrasset  .  sicut  iuratum  abebant  ;  Et  nos  iudices  unacum 
saifone]  .  et  cum  plures  bonis  [hominibus  qui  ipsa  termin]ia 

1  Suniofredo  dans  la  copie. 
1  La  copie  porte  pariter. 

3  La  copie  porte  dedet,  omet  abere  et  sicut,  et  ajoute  ad  benefieium  : 
eum  dedet  (sic)  ad  benefieium  lex  Gotorum. 

4  Abere  sicut  sont  remplacés  par  ad  benefieium  dans  la  copie. 

5  La  loi  des  Wisigolbs  (lib.  V,  tit.  II,  era  II),  porte  :  •  Donationes 
«  regiae  potestatis,  quae  in  quibuscunque  personis  conferuntur,  sive  col- 
«  latae  sunt,  in  eorum  iure  consistant,  in  quorum  nomine  eas  potestas 
«  contulerit  regia:  ea  videlicet  ratione,  ut  ita  huius  regalis  munificent» 
>•  adtributa,  in  nomine  eius,  qui  hoc  promeruit,  transfusa  permaneant . 
•  ut  quicquid  de  hoc  facere  vel  iudicare  voluerit,  potestatem  in  omnibus 
«  habeat  » 

6  La  copie  porte  rega. 

7  L'original  semble  avoir  porté  d'abord  vel,  corrigé  ensuite  en  in  :  la 
copie  porte  et  in  sans  correction.  Le  sens  paraît  exiger  eum  in  et  c'est 
sans  doute  l'omission  du  mot  cum  par  le  premier  rédacteur  qui  a  ament 
sa  rectification  incomplète. 

8  La  leçon  de  la  copie,  la  seule  qui  reste  pour  la  fin  de  ce  mot,  ne 
porte  qu'une  s  :  uenisent. 

9  Uenire  est  omis  dans  la  copie. 

40  L'original  portait  delatatione,  mais  le  scribe  a  lui-même  corrigé  le 
premier  e  en  i. 


349 

cognitam  i  abebant  .  circumdabiraus  ipsa[  [te]rminia .  et  est 
terminas  unus  de  parte  occidente  usque  in  medio  alueo2  Tedo . 
de  alia  parte  usque  in  medio  3  riuo  Literano;  de  tercia  parte 
in  stfrata  franeisca  in  petra  fita  a  sancti  Felici4;  et  de  ipso] 
termino5  uadit  usque  in  monte  Bo[uar]ia6  sicut  aqua  uertitur7. 
et  inde  subtus*  uillare  que9  dicitur  Arbocia10  et  inde  uadit 
per  ipsa  aecclesiola J  i  que  dicitur  Fullonicus .  et  inde  uadit  per 
ipsos  term[inos  qui  diuidit  inter]  Prata  et  uillare12  Auelaneto1'. 
e[t  inde  uadit]  per  ipsa  terminia  ad  ipsa  pariete  que  diuidit 
inter  Prata  .  et  Lusconem .  et  diuiserunt  per  ipsa  pariete14 
ipsas  uillas  Suniefredus15  et  Argila  comités18 .  usque  in  m[edio 

I  Cognitum  dans  la  copie. 

*  Alueo  est  omis  dans  la  copie. 

3  Medio  est  omis  dans  la  copie. 

4  La  copie  a  quelquefois  employé  le  point  et  virgule  pour  marquer 
des  abréviations  (comme  absq;  —  cumq;  —  eaq;  —  dix;),  mais,  le 
plus  souvent,  ce  signe  ne  marque  que  la  ponctuation  et  il  y  a  lieu  de 
croire  que  le  mot  Felici  est  complet. 

6  Terminio  dans  la  copie. 

6  La  copie  ajoute  ici  ad  ipsa  elzina. 

7  La  copie  porte  ici  uergitur  et  le  Livrt  rouge  ajoute  immédiatement  : 
ad  cacumino  (sic)  moniium.  Au  reste,  pour  tout  ce  passage  de  la  délimi- 
tation, le  Livre  rouge  est  plein  de  répétitions  et  de  transpositions  qui 
détruisent  entièrement  le  sens.  Le  notaire  lui-même  en  a  ensuite  barré 
•une  partie. 

8  Subdilus  dans  la  copie. 

9  Quoi  dans  la  copie. 

10  Arbucia  dans  la  copie. 
La  copie  porte  sEclesiola. 

II  Uillare  est  omis  dans  la  copie. 

13  Auellaneto  dans  la  copie. 

14  Parietem  dans  la  copie. 

15  Suniofredu*  dans  la  copie. 

16  Après  comités,  la  copie  ajoute  :  per  petrafila  peruemt  in  Luscone  ad 
ipsa  elzina,  et  de  ipsa  elzina  uadit  ad  alia  petra  fita,  et  d\e  petrafita 
uadit  per  ipsa  pariete  in  m]edio  Tedo.  Les  mots  entre  crochets,  détruits 


350 

Tedo .  et  term]inaucrimt  ad  ipsa  uilla  Pratà  [ipsis  caput  aqjuis l 

in  riuo  Literano  .  cum  suo  rego  qui  inde  [disciirit]2.  Cumque 

tanta  rei  in  ueritate  inuenissemus  altercauimws  inter  nos  et 

invenimus  in  loge  Golortirr?  s  Sit  quod[cunque  ante  aduentum 

Gctorum  de  alijcui  fundi  iurare  mo[tum  est  et  alii  cum  po]s- 
sessionem  aut  uindictionefm]  aut  do[nationem]  .  aut  diuisio- 

nem  .  aut  aliqua  transacttone  transla[tum  estj  ut  in  eius  fundi 
[ad  quod]  Romanis  antiqu[ttus  probatur  jure  justum  con- 
sistât]. 'Cum  autew  proprietas  fundit  .  nu[llus  fortissimisj 
signis  aut  limitibus  proban[tur  que  debeat  obseruari]  .  eligat 
inspectio  iudi[cantium]  quos  par[cium  consencio  elegerint  ut 
iudex  quod  certiores  agnouerit  uel  seniores  faciat  ejos 
sacramenta  prebere  quod  terminos  s[ine  ulla  fraude  de]mon$- 
trauerint  terminfos  et  limites.]  lapides  erigi  fecimws  sicti/ 

dans  la  copie,  sont  donnés  d'après  le  cartulaire  ou  Livre  rouge  qui  Pavait 
reproduite  ;  le  mot  usque  encore  lisible  sur  l'original  se  trouvait  par  con- 
séquent omis  dans  la  copie.  Les  additions  de  la  copie  ne  sont  en  somme 
que  des  mentions  de  bornes  ou  limites  placées  entre  les  territoires  de 
Piades  et  des  lieux  d'Eus  et  de  Gatllar,  dans  un  quartier  encore  désigné 
de  nos  jours  sous  le  nom  de  Pera  fila,  mais  ces  mentions  ne  modifient 
en  rien  la  ligne  des  limites  indiquée  par  le  jugement  original.  Ces  addi- 
tions furent  sans  doute  insérées  d'après  quelque  procès-verbal  de  bornagt 
qui  fut  pris,  peut-être,  à  la  suite  du  jugement  de  865 ,  conforme,  dans 
tous  les  cas,  à  cette  décision.  Le  texte  ainsi  ajouté  est  surtout  intéressant 
par  l'emploi  qu'on  y  fait  du  mot  ekina  qui,  en  Roussillon,  désigne  encore 
un  chêne-vert. 
1  La  copie  ajoute  qui  sunt. 

*  Discurit  est  ainsi  écrit  dans  la  copie  ;  ce  mot  est  détruit  dans  l'ori- 
ginal. 

*  Le  texte  de  la  loi  des  Wisigolhs  est  ainsi  conçu  (liv.  X,  lit.  3,  ère  5«) 
»  Si  quodeunque  ante  adventum  Gothorura  de  alicuius  fundi  jure  remotum, 

*  et  aliqua  transactions  translatum  est  :  id  est  fundi,  ad  quem  a  Romanis 
■>  antiquitus  approbalur  adiunctum,  iure  constat.  Cum  autem  propriété 
»  fundi  nullis  certissimis  signis  aut  limilibus  probatur,  quid  debeat 
»  observari  eligat  inspectio  iudicum  quos  partium  consensus  elegeril;  îLt 

•  ut  iudex  quos  certiores  agnoverit  vel  seniores,  faciat  eos  sacramenlum 
»  piroberc,  quôd  terminos  sine  ulla  fraude  demonstraverint.  •» 


351 

antiquitu[s  canstituerunt.  Cumque  nos]  eûmes  aut  iudices 
tanpa  rei  ueritate  et  iustitia  et  veritate  sancta  Maria  inu]e- 
nissemus  qteod  tr[ad]itum  abet  per  scriptufras .  et  per  pre- 
'  ceptum]  impériale l  ordiaauimws  [saionem  nostrum  ArgeJ- 
fredum  qui  reuestire  feci^set  [de  i]psum  alodem  cum  om[«es] 
terminos  suos  Longol»ar[dum  mandatarium  sicut  nos  sir- 
cumdatum  liabemus .  et  congaudé]dnl  se  [in  nostro  iudi]c\o 
illorum  per[cepisse  iusti]cia  Dato  iudicio  .  sub  die  [XI.  Kal. 
aprjilis2  anno  XXV .  régnante  Karulo  [rege*.  Hec .  s  et  al.  .us. . 

quia....  Godmarus ....  ubleson arzsebado. . . .  Tedacncius 

. . .  Miro ....  Bonissimus  rogitus  et  sacerdos  qui  hune  iuAcium 
scripsi  etïfisub  die  ànno  quo  supra. D.] 

1  La  copie  a  mis  regale  à  la  place  <T impériale  de  l'original,  et  c'est 
une  de  ses  plus  heureuses  rectifications. 

*  La  copie  donne  âpre...  la  fin  du  mot  est  détruite. 

3  Après  le  mot  rege,  la  copie  du  Livre  rouge  donne,  d'après  l'ancienne 
copie  sur  parchemin,  une  espèce  de  fac-similé  des  signatures  qu'il  est 
impossible  de  faire  concorder  avec  les  quelques  traits  extrêmement  altérés 
de  deux  ou  trois  signatures  dont  on  voit  tout  au  plus  les  traces  sur  des 
lambeaux  du  parchemin  original.  La  forme  des  signatures  originales  avait 
dû  d'ailleurs  être  déjà  altérée  par  l'ancien  copiste.  Nous  donnons  dans  le 
texte  les  quelques  lettres  qu'il  est  possible  de  démêler  au  milieu  des 
paraphes  de  la  copie  de  1611,  en  marquant  par  des  points  ces  mêmes 
paraphes  ou  signets.  On  y  retrouve  les  noms  de  Godmarus,  Miro  et 
Bonissimus  qui  figurent  au  procès,  et  Ton  peut  rattacher  les  lettres 
arzsebado  au  nom  de  Trasbado,  Ubleson  à  celui  à'Absalon,  Tedacncius 
à  celui  de  Fedancius.  Les  lettres  iu.xium  appartiennent  à  iudwium. 
La  copie  sur  parchemin  n'a  conservé  que  la  fin  du  nom  |Traseba]rfo. 


PLANCHES. 

Les  planches  jointes  à  l'édition  du  document  de  l'an  865 
contiennent  le  fac-similé  d'un  certain  nombre  de  signes  et 
de  mots  dont  voici  la  lecture  : 

Planche  I.  (Acte  original.) 

Cum  in  dei  nomine  residere  Salamon  comis  in  caslrum  — 
sancti  Stephani . .  Fedancium .  Trasbadum  .  Godmare  .  Mirone . 


352 

—  Scluane  .  Recaredo  .  Manzonem  .  Âbsalon  .  Uuitiricum  — 
Odolbaldum  .  Audbertum  .  Uuitizane  et  Argefredum  saione . 
Seu  —  in  présent ia  Fridisclo  abba  .  Eldeberto  abba  .  Amancio 
presbitero  —  Candigano  ..  Clueifario  presbitero .  Contefredo.. 
aliorum  multorum  —  hominum  ...residebant .  Ibique  ...  et 
iudices  .  quia  talem . .  Eliani  —  abbati  antecessori  suo . .  régis 
Karoli ..  dixit  Ipsum  ..  Mcita  (Mata)  —  Ego  ..  de  Andedate  .. 
cartam  donationis  f  quod  Suniefredus  —  cornes  fecit  cum  sua 
uxore  Ermesinda .  de  iamdictas  uillas  Prata  .  —  et  Mata .  ad 
proprium...  At ...  Et  magis ..  Et  reperîmus... 

Planche  II.  (Copie  sur  parchemin.) 

Cum  resideret  Salamon  comis  in  castrum  sancti  Stephani... 

—  Fedantium  .  Trasbadum  .  Godmare  .  Mirone  .  Scluuane 
Recaredo .  —  Mancione  .  Absalon  .  Uuitricum  .  Odalballum . 
Audbertum  .  Uuitizanum .  —  et  Aicfredura  saionem.  Seu  in 
presencia  Fridisclo  abba ....  Eldeberto  abba  .  Amancio  presbi- 
tero .  Candigano  presbitero . . .  Clueifario  presbitero . — Gonde- 
fredo  ..residebant.  Ibique  ..  et  iudices  quia  talem ...  Eliane  — 
abbate .  antecessori  suo . .  régis  Karoli . .  dixit  Ipsum . . .  Lacta — 
condictione  ista  sub  die  jdus  marcii  anno  XXV  régnante., 
pariter  —  eum  dedet  ad  benefirium  Lex  Gotorum  comm... 
Literano;  de  tercia... — in  strata  francisca  in  pctra  fila  a  sancti 
Felici  ;  Et  de . . .  usque  —  in  monte . .  quod  dicitur  Arbucia  et 
inde  uadit  per  ipsa  œclesiola  que  dicitur. 

Planche  III. 

1.  Extrémité  inférieure  de  la  copie  sur  parchemin  (à  gauche): 
paraphes  commençant  une  signature. 

2.  Extrémité  inférieure  de  la  copie  sur  parchemin  (adroite): 
fin  de  la  signature  de  [Trasba]do,  suivie  de  paraphe. 

3.  Alodem  cum  (dernière  ligne  de  l'original)  et,  au-dessous, 
les  lettres  H?  C... 

4.  (Original)  régnante  Karulo  et,  au-dessous,  des  restes  de 
signatures  illisibles. 

5.  (Original)  terminos  suos  ..  Longobar..  au-dessous,  des 
restes  de  signatures  illisibles,  sur  deux  lignes. 


La  suite  de  ce  travail  contiendra  la  traduction  du  juge- 
ment de  Van  865,  avec  les  explications  historiques,  topo- 
graphiques  et  autres  annoncées  par  le  titre  du  mémoire. 


X 


353 


LETTRE  A  M.  CAMP 

SUR 


SES  POÉSIES  NATIONALES 

Lue  à  la  Section  des  Lettres  par  M.  Léon  FaJbre  de  Uaro, 

Archiviste  de  la  Société. 


Messieurs, 

La  plupart  d'entre  vous  ont  manifesté  le  regret  de  ne 
pas  avoir  vu  quelques-unes  des  belles  Poésies  Nationales 
de  M.  Camp,  un  des  membres  qui  lui  font  le  plus  d'hon- 
neur, notre  Inspecteur  d'Académie,  illustrer  les  bulletins 
annuels  de  notre  Société.  Mais,  quand  elles  virent  le 
jour,  notre  Section  des  Lettres  était,  pour  ainsi  dire,  en 
sommeil;  des  préoccupations,  plus  actives  que  celles  de 
la  Littérature,  nous  travaillaient;  et  celte  œuvre  remar- 
quable a  dû  être  imprimée  ailleurs  que  dans  notre 
Recueil,  qu'elle  ne  pouvait  attendre,  car  c'était  Vu  pu  s 
momenti  du  poète. 

A  défaut  de  l'œuvre,  vous  m'avez  prié  d'en  faire,  pour 
notre  prochain  bulletin,  l'analyse.  Encouragé  par  vos 
indulgentes  appréciations,  je  ne  saurais  faire  mieux  que 
de  reproduire,  en  partie,  la  Lettre  par  moi  adressée,  lors 
de  l'impression,  à  l'ancien  et  digne  professeur  de  quel- 
ques-uns d'entre  nous.  Heureux  serai-je  si  je  peux  ainsi 
être  au  niveau  de  la  tâche  que  vous  m'avez  imposée  : 

23 


354 


Moin  cher  Maître, 

Vertes  plaines,  superbes  monts, 

Mer,  aux  flots  bleus  que  nous  aimons, 

Doux  bords,  où  la  vague  s'apaise  ! 

Quel  est  le  poète  patriote  qui,  en  trois  coups  de  pin- 
ceau, a  si  habilement  rendu  toute  la  beauté  de  notre 
Roussillon  ? 

Qui,  avec  une  grande  vérité,  a  défini  notre  caractère 
ensoleillé  dans  cette  harmonieuse  mesure  : 

Sous  ces  beaux  cieux,  où  l'âme  a  l'ardeur  du  soleil? 

C'est  vous,  c'est  vous,  poète  aux  vives  sympathies,  qui 
avez  prêté  toutes  les  émotions  de  votre  âme  aux  mur- 
mures de  la  Tet,  au  feuillage  de  nos  platanes,  à  la  séré- 
nité de  notre  ciel,  aux  neiges  de  nos  montagnes  et  aux 
(leurs  de  nos  prairies;  qui,  si  délicatement,  avez  su  les 
assortir  et  plier  aux  doux  accents  de  votre  lyre;  qui  en 
avez  harmonisé,  éclairé  et  coloré  vos  nationales  mélodies. 

Et  ces  accents  n'iraient  pas  droit  à  nos  cœurs  !  Et 
cette  lyre  ne  serait  pas  pour  nous  la  bienvenue! 

Après  vos  paternelles  leçons,  jadis  doucement  données 
par  votre  jeunesse  k  notre  enfance,  et  si  précieusement 
répétées,  depuis  peu,  en  termes  tour  à  tour  éloquents 
et  poétiques,  par  votre  expérience  mûrie  a  notre  jeune 
virilité,  combien  nous  serions  injustes  et  ingrats  de  nous 
taire,  quand,  avec  tant  de  succès,  vous  venez  dTétre  le 
merveilleux  écho  de  nos  craintes,  de  nos  douleurs  et  de 
nos  espérances  patriotiques  ! 

Pour  moi,  à  qui  vous  sûtes  prêcher  l'exemple  de  nobles 


355 

sentiments,  je  ne  mériterai  pas  ce  reproche.  Vite  un 
accueil  reconnaissant  à  votre  Muse,  un  bouquet  de  ces 
fleurs  que  vous  chantez  si  bien. 

Le  silence  gardé  jusqu'à  ce  jour,  vous  en  connaissez 
la  cause  :  Quand  parut  la  belle  édition  de  vos  Poésies 
Nationales,  ma  plume  sommeillait  sous  les  abris  peu 
poétiques  du  camp  de  Toulouse.  De  retour  maintenant, 
grâce  a  de  nouveaux  loisirs,  je  peux  enfin  songer  h  vous. 
Jaloux  de  cette  amicale  confiance  dont  souvent  vous  me 
files  honneur,  sans  vous  crier  gare,  j'ose  m'en  emparer, 
et,  au  risque  de  blesser  votre  modestie,  je  vais  jeter  sur 
votre  œuvre  quelques  rayons  de  vérité. 

N'ayez  aucune  crainte,  maître.  Les  éloges  que  vous 
avez  déjà  reçus  ne  sauraient  être  suspectés  de  partialité 
ni  d'exagération.  Comme  ces  moissonneurs  aimés  de 
Jéhova,  dont  parle  la  Bible,  vous  avez  réussi  à  former 
votre  gerbe,  et  vos  poétiques  épis  sont  des  plus  beaux. 
Si  même,  au  lieu  de  rimer  sur  nos  humbles  rives,  rare- 
ment honorées  de  semblables  concerts,  vous  aviez  fait 
retentir  de  vos  chants  les  échos  de  la  Seine,  si  au  lieu 
d'être  affilié  à  de  simples  sociétés  de  département,  vous 
aviez  eu  l'auréole  d'un  Institut  parisien,  si  votre  titre 
universitaire  avait  été  plus  élevé  encore,  oh  alors  !  qui 
sait  quels  éloges  outrés  auraient  exclamés  les  encenseurs 
du  succès  et  les  badauds  littéraires  de  la  province.  On 
eût  peut-être  comparé  vos  nouvelles  productions  aux 
lamentations  d'un  Jérémie  !  Que  jsais-je  ?  A  un  chant  de 
Dante  ou  du  vieux  Mil  ton! 

Patience,  l'heureux  instant  d'une  juste  appréciation  n'a 
pu  venir  encore.  Mais  laissez  un  temps  plus  calme,  un 
ciel  plus  serein  succéder  à  la  tourmente  et  à  l'orage,  et 


356 

l'on  sera  étonné  d'avoir  laissé  s'élever,  dans  l'ombre  et 
sans  l'entendre,  à  l'heure  du  silence  littéraire,  «ne  voix 
si  pure,  si  claire,  si  sympathique,  d'un  registre  si  riche 
en  éclatantes  intonations. 

Il  ne  sera  pas  difficile,  en  effet,  à  chacun  de  nos  dilet- 
tanti  littéraires  de  trouver  dans  votre  recueil  une  page, 
une  phrase,  un  mot  du  cœur  qui  fasse  vibrer  son  âme. 
Votre  main  a  été  si  habile  à  toucher  toutes  les  cordes  : 

Celui-ci,  à  l'imagination  vive  et  entraînante,  a  déjà 
marqué  sa  prédilection  pour  Le  Poète  et  la  Voix  Divine, 
ce  chant  Lamartinien,  qui  couronne  si  dignement  votre 
œuvre  par  des  vers  tels  que  ceux-ci  (en  critique  sincère 
je  ne  peux  m'empêcher  de  citer  ceux  qui  nie  touchent 
le  plus)  : 

Si  le  bien  sort  du  mal,  et  l'aurore  de  l'ombre, 

Si  le  Dieu  bon  n'agit  qu'avec  mesure  et  nombre, 

Si,  pour  rendre  la  vie  à  ces  bois,  à  ces  prés, 

11  exile  l'hiver  des  vallons  diaprés  ; 

Justice  sainte,  amour,  liberté,  fleurs  divines, 

Voudra-t-il  vous  laisser  périr  sous  les  ruines?... 

Console-toi,  poète,  espère  en  l'avenir, 

Et  vois,  sans  l'affliger,  le  doux  printemps  venir. 

Un  autre,  aimaut  la  puissante  énergie  du  genre  de 
Barbier,  disait  naguère  que  les  ïambes  sur  le  Droit  et 
ce  que  j'appellerai  votre  Messénienue  de  la  Statue  de 
Kléber  sont  vos  meilleures  productions. 

Et  en  effet,  entr'auires  passages,  quelle  plus  belle 
sanctification  du  droit?* 

De  l'esprit  infini  qui  fait  mouvoir  les  mondes 

Magnifique  émanation, 
Le  Droit  ne  fléchit  pas  aux  fugitives  ondes 

De  chaque  génération. 


357 

L'Humanité  l'adore,  il  est  impérissable;. 

Tout  passe,  et  lui  ne  passe  pas  ; 
Ce  qu'il  ne  fonde  pas  est  bâti  sur  le  sable, 

N'est  qu'un  vil  jouet  du  trépas. 
Le  Droit  décrit  aux  deux  sa  radieuse  orbite, 

.     La  lumière  sur  nous  descend  ; 
Et,  de  près  ou  de  loin,  chaque  peuple  gravite 

Vers  ce  foyer  incandescent. 
Si  le  peuple  Français  est  si  grand  dans  l'histoire 

C'est  qu'ardent  défenseur  du  Droit, 
II  repousse  du  pied  les  ambitions  vaines 
De  qui  n'est  que  fort  et  qu'adroit. 

Pour  une  nature  tendre  et  délicate,  les  préférences 
seront  pour  les  harmonieux  et  frémissants  sonnets  des 
Bords  de  la  Tel,  des  Platanes  et  de  l'Hirondelle,  pitto- 
resques échos  de  votre  Lafontaine,  qu'il  faudrait  repro- 
duire en  entier. 

Une  nature  ardente,  énergique,  aimera  mieux  les 
sonnets  de  Kœrner,  de  Dagobert  et  Dugommier,  dont, 
si  opportunément  vous  évoquez  les  ombres  vengeresses, 
les  stances  de  la  Cloche  dont  je  ne  peux  m'empécher  de 
citer  ces  beaux  vers  : 

Je  sonnerai  les  fiançailles 
De  la  vaillance  et  du  trépas 

El  aussi  la  belle  élégie  Heureux  les  Morts,  où  Ton 
gémit  à  des  strophes  si  touchantes  : 

lia  honte  est  à  nos  fronts,  l'abîme  à  nos  pieds  s'ouvre, 
Seuls,  vous  fûtes  heureux,  vous  que  la  terre  couvre. 
Le  devoir  accompli,  c'est  l'oreiller  des  morts. 
Chacun  de  vous,  lutteurs,  eut  le  trépas  d'un  brave. 
Dans  votre  fosse,  au  bruit  de  nos  chaînes  d'esclave. 
Goûtez  un  sommeil  sans  remords. 


358 

L'amant  des  mélancoliques  rêveries  se  laissera  molle- 
ment attendrir  par  la  lecture  du  Jeune  soldat  blessé  et 
prisonnier  et  de  ces  déchirantes  lamentations  : 

Ignorer  tout  ce  qui  se  passe 
Là-bas,  là-bas  où  vit  mon  cœur, 
Interroger  l'immense  espace, 
Et  n'entendre  qu'un  vent  moqueur  ! 
Qui  dira  ce  qu'un  captif  souffre 
De  son  désespoir  si  profond  ? 
Et  de  sa  peine,  orageux  gouffre, 
Quelle  sonde  atteindra  le  fond  ? 

Les  sonnets  du  Soir  de  la  Bataille,  de  Loocoon,  de 
La  Mort  pour  la  Patrie,  du  Soldat  Mourant  arrêteront 
son  attention  et  humecteront  sa  paupière.  Quelle  émotion 
sentie  et  admirablement  traduite  dans  ce  poignant  adieu 
du  jeune  mourant  à  sa  mère  ! 

Dis-lui  que,  pour  sauver  la  Patrie  en  émoi, 
Tant  de  jeunes  Français  sont  tombés  comme  moi, 
Et  que  par  notre  mort  la  France  est  immortelle. 

Celui  qui  ne  se  laisse  pas  décourager,  qui,  à  un  vou- 
loir mâle  et  .généreux  unit  un  sentiment  national  pro- 
noncé, qui  ne  désespéra  jamais  ni  de  la  Patrie  ni  de 
Dieu,  celui-là  aimera  Y  Hymne  Religieux  du  Travail,  La 
France  Régénérée,  les  Odes  à  Paris  et  sur  Le  Devoir  et 
la  Chanson  des  Ecoles  primaires,  ces  encourageantes 
pièces,  où  toutes  les  idées  fortifiantes  ont  fait  jaillir  leurs 
étincelles. 

Ici  cette  belle  paraphrase  de  la  devise  Dieu  protège  la 

France  : 

Notre  palladium,  frères,  c'est  la  Justice, 

Et  nous  ne  craignons  pas  qu'en  nous  s'anéantisse 

Le  peuple  qui  pour  elle  a  combattu  toujours. 


359 

Du  sang  de  nos  martyrs  féconde  est  la  semence. 
Dieu  conduit  notre  histoire  ;  elle  est  le  fleuve  immense 

Dont  rien  ne  détourne  le  cours. 
Notre  patrie  aura  grandi  par  ses  désastres. 


Là  ces  vers  consolants  sur  l'immortalité  de  l'âme  : 

Ils  sont  bénis  de  Dieu  ceux  que  la  Providence 

Moissonne  au  milieu  des  combats. 
Ils  retrouvent  là-haut  ce  qu'ils  cherchaient  sur  terre  : 
L'amour,  la  liberté  que  ne  voile  et  n'altère 

Aucun  nuage  d'ici-bas. 

Et  ailleurs  cette  morale  instructive  pour  tous  les  âges: 

Le  paresseux  tend  son  embûche, 

Et  veut  vivre  aux  dépens  d'autrui  ; 

Il  traîne,  importun,  son  ennui.  » 

C'est  le  frelon  dans  une  ruche. 

Dans  la  ruche  humaine  soyons 

Non  des  frelons,  mais  des  abeilles. 

Pour  moi  qui,  même  en  poésie,  désormais,  voudrais 
le  moins  de  rêve,  le  plus  de  juste  et  de  vrai  possible, 
une  conciliante  pondération  dans  les  idées;  moi,  pour 
qui  le  mot  de  Platon  :  Jx  beau  est  la  splendeur  du  vrai 
doit  être  le  mot  d'ordre  de  toute  littérature  saine  et 
nationale  ;  pour  qui  notre  desideratum  le  plus  néces- 
saire serait  le  respect  absolu  des  fortes  idées  renfermées 
dans  ces  deux  grandes  expressions  Honneur  et  Patrie, 
c'est  votre  ode  La  Concorde  qui  doit  avoir  la  palme: 

Le  même  péril  nous  rassemble, 
Chassons  tout  sentiment  haineux  ; 
Lorsqu'on  lutte  et  qu'on  meurt  ensemble, 
On  est  uni  par  de  saints  nœuds. 


360 

Notre  sang  en  ruisseaux  se  mêle  ; 
De  la  concorde  fraternelle 
Il  cimentera  le  pouvoir. 
Devant  le  drapeau  Germanique, 
Soyons  Français  ;  ce  titre  unique 
Révèle  à  chacun  son  devoir. 

Voilà  qui  est  toucher  la  véritable  corde.  Poètes  ou 
hommes  politiques,  c'est  là,  pour  notre  salut  commun, 
c'est  bien  là  que  tous  doivent  viser. 

Je  ne  déleste  pas,  non  plus,  votre  prédiction  terras- 
sante, votre  assimilation  si  trouvée  entre  le  sort  d'Ugo- 
lin  et  celui  de  Paris  ou  de  la  Franpe,  —  la  France 
et  Paris  étaient  tout  un  alors,  —  lancées  au  nouvel 
empereur  d'Allemagne,  lors  de  son  avènement,  l'ïambe  : 
IJarchevéque  Roger  et  le  roi  Guillaume,  si  remarquable 
par  son  retentissant  cri  de  terreur. 

J'aime  aussi,  et  beaucoup,  les  strophes  A  la  jeune 
génération  :  Enfants,  souvenez-vous.  Oui,  ils  se  souvien- 
dront de  vos  salutaires  conseils  qui  se  résument  si  bien 
dans  un  de  vos  plus  beaux  vers  : 

Gardez  à  l'âme  son  pouvoir. 

Ce  sont  accents  qu'on  n'oublie  pas  ceux-ci  : 

Devoir,  patrie,  honneur  sévère, 
Et  liberté,  qui  ne  meurt  pas  ; 
Tout  ce  que  votre  cœur  révère 
Vous  convie  aux  sanglants  combats. 
De  tant  de  cités  ravagées, 
Et  de  familles  outragées    ' 
La  vengeance  est  Tunique  vœu. 
Vengeance  !  dit  le  vent  qui  passe, 
L'étoile  brillant  dans  F  espace, 
Écrit  :  Vengeance  !  en  traits  de  feu.- 


361 

Mais  par  le  tour  simple  et  touchant  de  la  cadence, 
par  la  pensée  ingénieuse  qui  l'éclairé,  par  la  vérité  des 
vœux  patriotiques  qui  l'ont  dicté,  vérité  malheureusement 
encore  déçue  aujourd'hui,  le  dialogue  entre  La  France 
et  la  Liberté  m'a  ému  du  même  coup  que  nos  premiers 
désastres.  Je  garde  cette  bonne  impression  quand  je  relis 
cette  pièce  où  si  harmonieusement  alternent  des  cris  de 
désespoir  et  d'espérance  : 

Regarde  en-bas,  à  sœur  divine  ; 
Que  vois-tu  du  haut  de  la  tour  1 

m 

—  Je  ne  vois  que  sang  et  ruines. 
Tes  enfants  meurent  tour  à  tour. 
Le  courage  au  nombre  succombe, 
Sur  toi  se  déchaîne  le  sort. 

0  chers  martyrs  !  noble  hécatombe  ! .  •  . 
Je  ne  vols  rien  venir  encor. 

0  Liberté,  fais  sentinelle, 

Que  vois-tu  du  haut  de  la  tour  1 

—  De  la  Concorde  fraternelle 
Tes  fils  bénissent  le  retour  ; 
L'honneur,  le  dévouement  sublime 
Prennent  un  héroïque  essor. 
Bientôt  se  fermera  l'abîme 

Je  ne  vois  rien  venir  encor. 

Quant  au  Chant  des  Francs-Tireurs,  c'est  la  première, 
en  date,  de  vos  productions.  Pour  le  mouvement,  le 
rhythme,  la  couleur  et  l'émotion,  à  mon  avis,  c'est  la 
première  encore.  Toutes  les  qualités  que  le  genre  exige 
s'y  rencontrent.  C'est  une  marche  militaire  accompagnée 
de  pittoresques  images.  Celui  qu'anime  l'amour  du  pays 
natal  ne  peut  que  sentir  une  ardeur  guerrière  se  réveiller 
en  lui  quand  retentissent  d'aussi  chaleureux  appels  : 


362 

Prométhée,  en  proie  au  vautour, 
Le  grand  peuple  est  dans  la  souffrance, 
Elle  saigne,  la  noble  France, 
Amis,  courons  à  son  secours. 

Par  expérience  maintenant,  je  ne  suis  plus  étonné, 
cher  maître,  qu'un  objet  matériel,  une  diligence  montant 
bruyamment,  à  une  heure  matinale,  une  côte  d'une  de 
nos  plus  belles  routes  départementales,  et  un  jeune 
franc-tireur  de  la  première  levée,  qui,  alerte  et  fringant, 
grimpait  sur  la  voiture,  vous  aient  si  bien  inspiré  : 

Devant  vous,  les  hauteurs  du  Ganigou  blanchissaient 
sous  la  neige.  Des  deux  côtés,  se  dressaient  de  vastes 
rideaux  d'arbres,  des  jardins  s'allongeaient  en  échiquier: 
des  ruisseaux  s'épandaient,  en  murmurant,  au  milieu  des 
champs  et  des  prés,  en  partie  couverts  d'une  riche  ver- 
dure, en  partie  d'herbes  desséchées,  d'un  jaune  d'or. 
Des  pampres  de  vignes  serpentaient  çh  et  là.  Plus  bas, 
du  haut  de  la  côte,  on  apercevait,  dans  le  lointain,  les 
eaux  tranquilles  et  bleuissantes  de  la  mer.  Au-dessus  de 
vous,  l'azur  du  ciel.  Quel  beau  paysage,  estompé  qu'il 
était  des  vapeurs  tremblantes  de  l'aube,  doucement  com- 
battues par  les  effluves  de  l'aurore  rougissante  ! 

C'était  l'heure  aimée  du  poète.  Vous  en  avez  écouté 
les  harmonieuses  brises.  Vous  avez  bien  fait.  Car  ce 
n'est  pas  seulement  le  chant  des  francs-tireurs  que  nous 
lui  devons;  ce  sont  aussi  les  autres  fleurs  de  votre  cor- 
beille poétique  qui,  toutes  fraîches,  sentent  encore  la 
rosée  du  matin. 


363 


HORACE. 

LIVRE   II  —  SATIRE  M 


PARALLÈLE 
DE  LA  VIE  PAISIBLE  DE  LA  CAMPAGNE 

ET  DES  TOURMENTS  DE  LA  VILLE. 

Traduction  <Io  M.  Louis  Faire,  Secrétaire  général 

île  la  Société. 


L'objet  de  tous  mes  vœux,  le  voici  :  Fonds  de  terre, 
Pas  trop  grand,  pré,  jardin,  avec  petit  parterre, 
Et  fontaine  d'eau  pure  à  côté  du  logis, 
Bois  de  quelques  arpents  :...  Que  les  dieux  soient  bénis  ! 
Ils  m'ont  donné  cela,  même  bien  plus  encore. 
Je  n'ai  qu'un  seul  désir,  pour  lequel  je  t'implore, 
Noble  fils  de  Maia  :  Conserve-moi  ces  biens, 
S'ils  me  sont  parvenus  par  d'honnêtes  moyens, 
Si  je  ne  les  réduis  par  quelque  folle  ivresse, 
Et  ne  forme  jamais  ces  vœ.ux  à  ton  adresse  : 
Oh  !  que  n'ai-je  de  terre  encore  ce  lopin, 
Qui  rend  irrégulier  le  sol  de  mon  jardin  !  - 
Que  ne  puis-je  trouver  une  urne  d'argent  pleine. 
Gomme  ce  mercenaire,  au  travail,  à  la  peine 
Dès  longtemps  asservi,  qui,  déterrant  de  Por, 
Grâces  au  bon  Hercule,  au  prix  de  ce  trésor, 


364 

Du  champ  qu'il  labourait  put  devenir  le  maître  ; 
Si  je  suis  satisfait  de  mon  petit  bien-être, 
Et  ne  suis  point  ingrat,  engraisse,  à  petit  bruit, 
Mon  troupeau,  tout  le  reste,  excepté  mou  esprit, 
Et  sois,  comme  toujours,  mon  gardien  tutélaire. 


Lors  donc  que  de  la  ville  exilé  volontaire, 
J'ai  regagné  ces  monts,  ainsi  qu'un  boulevard, 
Où  de  l'ambition  je  ne  crains  pas  le  dard, 
A  l'abri  de  l'Ausler  et  du  funeste  automne, 
Alors  que  sans  pitié  Libitine  moissonne 
Ma  muse,  en  cheminant,  peut-elle  faire  mieux 
Que  de  versifier  un  repos  si  joyeux? 


0  Père  du  matin  !  ou,  si  tu  le  préfères, 
Janus  !  par  qui  chacun  prélude  à  ses  affaires, 
Comme  à  tous  ses  travaux  (Le  ciel  le  veut  ainsi), 
C'est  par  toi  que  mes  vers  commenceront  aussi  ; 
Dans  Rome,  dès  l'aurore  au  palais  tu  m'entraînes 
Pour  une  caution...  Tes  excuses  sont  vaines, 
«  Alerte  !  ou  bien  quelque  autre  ira  te  prévenir  !  « 
La  bise  sur  le  sol  ne  cesse  de  gémir, 
Et  la  neige  qui  tombe  attriste  nos  journées 
Autour  d'un  cercle  étroit  dans  leur  course  traînées. 
N'importe,  il  faut  marcher.  Puis  lorsqu'en  termes  clairs, 
J'ai  signé  ma  ruine,  il  me  faut  à  travers 
La  foule  m'esquiver,  maltraiter  qui  m'arrôte.  — 
«  Que  veut  cet  insensé?  qu'a-t-il  donc  dans  la  tête?  » 
Et  le  fâcheux  s'emporte  en  imprécations  :  — 
«  Vous  heurtez  devant  vous  tout  sans  précautions, 
«  S'il  vous  vient  à  l'esprit  de  courir  chez  Mécène.  > 
Ce  reproche  m'est  doux  et  j'en  conviens  sans  peine. 


365 

Cent  affaires  alors,  qui  ne  m'importent  pas, 
En  face  et  par  côtés  me  tombent  sur  les  bras 
Sitôt  que  j'aperçois  les  noires  esquilies  : 
«  Roscius  est  venu,  pour  que  tu  ne  l'oublies, 
«  Te  prier  d'assister  au  Prétoire  avec  lui, 
«  Vers  huit  heures  demain  ;  souviens-toi  qu'aujourd'hui 
«  Tu  dois  venir  encore  auprès  des  secrétaires 
«  Qui  t'attendent,  Quintus,  pour  de  graves  affaires; 
«  Par  Mécène  il  faudrait  faire  signer  ceci,  — 
«  Je  tâcherai,  dirais-je;  —  Oh  !  je  suis  sans  souci, 
«c  Si  lu  veux  t'en  charger;  »  on  me  presse,  on  insiste. 


Depuis  plus  de  huit  ans,  Mécène,  dans  la  liste 
De  ses  meilleurs  amis  m'admit,  uniquement 
Pour  me  prendre  en  voiture,  afin  qu'à  tout  moment 
11  pût  me  faire  en  route  au  tuyau  de  l'oreille 
Ces  graves  questions,  ou  tout  autre  pareille  : 
«  Quelle  heure  est-il  ?  Dis-moi,  le  Thrace  Gallina 
«  Vaut-il  le  Syrien  ?  L'hiver  approche;  on  n'a 
«  Qu'à  se  bien  garantir  des  froides  matinées  ;  » 
Propos  sans  importance,  et  phrases  surannées 
Qu'on  verse  d'ordinaire  en  un  vase  sans  fond, 
Cependant,  chaque  jour,  chaque  heure,  sur  moi  fond 
De  plus  en  plus  l'envie,  on  dit  :  «  Avec  Mécène 
«  Il  était  au  théâtre,  au  cirque  ;  quelle  veine  ! 
«  0  fortuné  mortel,  fils  bien-aimé  des  cieux  !  * 
Un  bruit  sinistre  court  des  rostres  en  tous  lieux; 
Chacun  s'adresse  à  moi  :  «  Mon  cher,  daignez  nous  dire 
«  (Personne,  mieux  que  vous,  ne  pourrait  nous  instruire, 
«  Vous  qu'on  voit  près  des  dieux),  des  Daccs  que  sait-on  ? 
t  —  Moi  rien.  —  Toujours  plaisant  et  sur  le  même  ton  ! 
«  —  Que  je  sois  confondu  si  j'en  sais  quelque  chose  ! 
«  —  Mais  vous  savez  du  moins  si  César  se  propose, 


366 

<  Ainsi  qu'il  Ta  promis,  de  donner  aux  soldats 
«  Des  terres  d'Italie  ou  de  Sicile  ?  —  Hélas  ! 
«c  Par  Pollux  !  je  l'ignore.  *  À  ces  mots  on  m'admire, 
Comme  le  plus  discret  des  hommes  de  l'empire. 


Ainsi,  pour  mon  malheur,  s'écoule  tout  le  jour, 
Non  sans  que  je  m'écrie  :  0  fortuné  séjour, 
0  ma  maison  des  champs,  quand  donc  te  reverrai-je? 
Quand  pourrai-je,  affranchi  de  l'ennui  qui  m'assiège, 
Lire  nos  vieux  auteurs,  après  avoir  goûté 
Les  douceurs  du  sommeil  ou  de  l'oisiveté, 
Et  vivre  sans  tracas?  Quand  verrai-je  la  fève, 
Que  le  grand  Pythagore  à  sa  nature  élève, 
Et  quelque  autre  légume,  assaisonnés  de  lard, 
Sur  ma  table  servis  sans  appareil,  sans  art  ? 
Délicieuses  nuits  !  Soupers  de  l'Empyrée, 
Où  mes  amis  et  moi,  nous  passons  la  soirée 
Près  de  mon  Lare,  à  table,  avec  mes  serviteurs, 
Qui,  gais  et  familiers,  partagent  les  douceurs 
De  ces  repas,  après  l'offrande  des  prémices. 
D'une  folle  étiquette  oubliant  les  caprices, 
Chacun  boit  à  sa  soif,  vide,  comme  il  lui  plaît, 
Un  grand  cratère,  ou  bien  un  petit  gobelet. 
On  jase,  on  s'entretient,  jamais  sur  le  domaine 
Ou  la  maison  d'autrui.  Nul  ne  se  met  en  peine 
Du  talent  de  Lépos,  s'il  danse  bien  ou  mal. 
Ce  qui  nous  touche  mieux,  et  que  c'est  un  grand  mal, 
Mes  amis,  d'ignorer,  voilà  ce  qu'on  discute  : 
On  cherche,  quand  l'argent  contre  la  vertu  lutte, 
Lequel  des  deux  partis  peut  donner  le  bonheur, 
Si  l'utilité  doit  nous  lier,  ou  l'honneur, 
Où  réside  le  bien  et  quelle  est  sa  nature. 
Sur  cela,  Cervius,  mon  voisin,  s'aventure 


367 

A  nous  Taire,  à  propos,  un  conte  des  vieux  temps. 

Si  quelqu'un,  en  effet,  parmi  les  assistants, 

Vante  d'Arellius  l'ennui  dans  le  bien-être, 

Genius  parle  ainsi  :  —  Jadis  un  rat  champêtre 

Reçut  un  rat  de  ville  en  son  pauvre  logis; 

C'étaient  deux  bons  vieillards,  deux  hôtes,  deux  amis. 

Le  premier  fort  rangé,  d'ordinaire  économe, 

De  ses  provisions  savait,  en  rat  bonhomme, 

Pour  l'hospitalité  se  relâcher  parfois 

De  son  épargne.  Bref,  il  apporte  des  pois, 

Raisins  secs,  longue  avoine,  et  même  une  parcelle 

De  lard  demi  rongé,  qu'à  part  son  trou  recèle  ; 

Il  les  sert  de  bon  cœur,  par  la  variété 

Cherchant  à  provoquer  son  ami  dégoûté 

Dont  la  dent  dédaigneuse  effleurait  chaque  chose. 

Tandis  que  du  logis  le  maître  se  dispose 

Sur  de  la  paille  fraîche  et  gruge  quelques  grains 

D'ivraie  et  de  froment,  il  abandonne  en  vain 

Des  mets  à  son  ami  lu  portion  meilleure. 

Knlin  celui-ci  dit  :  «  Quelle  triste  demeure  ! 

«c  Trouves-tu  du  plaisir  à  vivre  dans  ces  lieux, 

«  Parmi  tous  ces  rochers?  N'aimerais-tu  pas  mieux 

«  Quitter  ce  bois  sauvage  et  venir  à  la  ville 

«  Au  milieu  des  humains?  Crois-moi,  d'un  pas  agile 

«  Sans  hésiter  partons  !  —  Ainsi  le  veut  le  sort, . 

<*  Quiconque  vit  sur  terre  est  sujet  à  la  mort; 

«  Grands  et  petits,  personne  à  son  arrêt  n'échappe  ; 

«  Quand  tu  le  peux,  jouis  avant  qu'elle  te  frappe, 

«c  Et  songe  que  la  vie  est  fort  courte.  »  Ces  mots 

Touchent  le  Campagnard;  léger  et  bien  dispos, 

De  sa  loge  il  s'élance  :  Ils  se  mettent  en  roule, 

Désirant  tous  les  deux,  avant  le  jour,  sans  doute, 

Se  glisser  sous  les  murs La  nuit  déjà  du  ciel 

Occupait  le  milieu,  quand  dans  un  grand  holel 


368 

Us  pénètrent.  D'abord,  leur  vue  est  éblouie 
De  tapis  somptueux  dont  la  pourpre  s'allie 
A  l'ivoire  des  lits.  Ils  sont  ratis  de  voir 
*  Les  restes  d'un  festin,  donné  la  veille  au  soir, 
Sur  un  brillant  buffet  dressés  en  pyramide. 
Dès  que  le  Citadin,  sur  un  tissu  splendide 
A  placé  son  convive,  en  hôte  diligent, 
Retroussé  jusqu'aux  reins,  d'un  air  intelligent, 
Il  remplace  les  mets,  et  pour  remplir  sa  tâche, 
A  déguster  les  plats,  comme  un  valet  s'attache. 
L'étranger,  tout  joyeux,  étendu  mollement, 
Rend  grâce  au  Citadin  de  ce  doux  changement, 
Lorsque  le  bruit  soudain  des  battants  d'une  porte, 
Qu'on  ouvre  avec  fracas,  d'épouvante  transporte 
Nos  deux  amis.  Chacun  s'élance  de  son  lit, 
Court  autour  de  la  salle...  A  l'instant  retentit, 
Dans  la  maison,  l'aboi  d'un  dogue  formidable, 
«c  Cette  vie  à  mes  yeux  cesse  d'être  agréable,  » 
Dit  alors  le  rustique,  c  adieu,  porte-toi  bien  ! 
«  A  ton  sort,  cher  ami,  je  préfère  le  mien; 
«  L'abri  de  mon  cher  trou,  ma  forêt,  mes  lentilles 
«  Me  dédommageront  des  palais  où  tu  brilles.  « 


LISTE  DES  MEMBRES 

COMPOSANT  LA 


•  9 


SOCIETE  AGRICOLE,  SCIENTIFIQUE  ET  LITTER41RE 


* t 


DES  PYRENEES-ORIENTALES. 


Membres  honoraires. 

* 

1836.  M.  Guizot,  C.  #,  membre  de  l'Académie  Française. 
1836.  M.  Mathieu,  0.  &,  membre  de  l'Institut. 

Membres  résidants. 

1854.  M.  Ablard  (André),  inspecteur  des  Écoles  primaires, 
1853.  M.  Alart  (Bernard),  archiviste  de  la  Préfecture. 
1868.  M.  Albar  (Joseph),  propriétaire. 
1833.  M.  Alzine  (Jean-Baptiste),  propriétaire  (Ff. 

1868.  M.  Amouroux  (Adolphe),  notaire. 
1867.  M.  Aragon  (Osmin),  propriétaire. 
1867.  H.  Aragon  (Edouard),  propriétaire. 
1858.  M.  Astors  (François),  propriétaire. 
1853.  M.  Audusson  (Olivier),  propriétaire. 
1846.  M.  Azémar  (Joseph),  propriétaire. 

1836.  H.  Bach  (Etienne),  0.  #,  colonel  d'artillerie  en  retraite. 

1865.  M.  Balanba  (Joseph  de)  propriétaire. 

1857.  M.  Barberet  (Charles),  *,inspect.  d'Académie  honoraire. 
1867.  M.  Bardou  (Pierre) ,  imprimeur. 
1873.  M.  Bartissol  (Jean),  propriétaire. 

1869.  M.  Batlle  (Justin),  propriétaire. 

1866.  H.  Bauby  (Justin),  juge. 

*  Les  fondateurs  de  la  Société  sont  désignés  par  la  lettre  F  qui  est  à 
la  suite  de  leur  nom. 

24 


<  \ 


370 

1855.  M.  Bédos  (S(épbone),  avocat. 

1833.  M.  Béguin  (Louis),  #,  directeur  de  TÉcole-Norroale  (F), 

1853.  M.  Bertrand-Balanda  (Bonaventure),  propriétaire. 

1873.  M.  Bertran '(Hyacinthe),  notaire. 

1850.  M.  Boix  (Emile),  pharmacien  de  lro  niasse. 

1873.  M.  Boluix  (Henri),  notaire. 

1873.  M.  Boluix  (Léon),  #,  vice-consul  de  Portugal. 

1858.  M.  Bonafos  (Emmanuel),  docteur-médecin. 

1857.  M.  Bonnefoy  (Louis  de),  propriétaire. 

1873.  M.  Bonnet  (Louis),  C.  #,  général. 

1867.  M.  Bonnet  (Joseph  de),  propriétaire. 

1855.  M.  Boucabeille  (Isidore),  chanoine  honoraire. 

1868.  M.  Brieudes  (Théodose),  avocat. 
1868.  M.  Bruguère  (Ernest  de),  avoué. 

1867.  M.  Çagakriga  (Raymond  de),  $,  propriétaire. 

1871.  M.  Calaret  (Joseph),  propriétaire. 

1867.  H.  Camp  (Aimé),  #  inspecteur  d'Académie. 
1867.  M.  Canavy  (Alphonse),  professeur  de  dessin. 

1872.  M.  Carcassonne  (Maurice),  propriétaire. 
1867.  M.Cargolès  (Vincent),  propriétaire. 
1860.  M.  Cazes  (Prosper),  propriétaire. 

1866.  M.  Chefdebien  (Fernand  de),  propriétaire. 
1870.  M.  Companvo  (Louis),  #,  docteur-médecin. 
1840.  M.  Costa  (Léon  de),  homme  de  lettres. 
1870.  M.  Costk  (Philippe),  professeur  au  Collège. 

1872.  M.  Crouchandeu  (Joseph),  homme  de  lettres. 

1866.  M.  Dalbiez  (Joseph),  entrepreneur. 
1866.  M.  Dauderny  (Baptiste),  propriétaire. 

1873.  M.  De  beaux,  pharmacien  en  chef  à  l'Hôpital  militaire, 
1853.  M.  Dedins  (Sauveur),  propriétaire. 

1855.  M.  Deluoste  (Julien),  chanoine  honoraire. 
1818.  M.  Desprez  (Antoine),  propriétaire. 


371 

1860.  M.  Desprez  (Jules),  propriétaire. 

1867.  H.  Deville  (Pierre),  vérificateur  des  poids  et  mesures. 

1865.  M.  DnoGARD  (César),  architecte. 

1869.  M.  Donnezan  (Albert),  docteur-médecin. 
1854.  M.  Durand  (Justin),  #,  banquier. 

1866.  H.  Durand  (Laurent),  #,  propriétaire. 

1866.  M.  Escanyé  (Frédéric),  avocat. 

1873.  M.  Escarguel  (Lazare),  député  du  département.         v 

1868.  M.  Escarra  (Jacques,  propriétaire. 

1849.  M.  Fabre  (Louis),  professeur  en  retraite. 
1866.  M.  Fabre  de  Llaro  (Léon),  notaire. 

1872.  M.  Farochon  (Paul),  professeur  d'histoire. 
1866.  M.  Faure  (Louis)  propriétaire. 

1856.  H.  Ferrer  (Léon),  pharmacien  de  lre  classe. 

1866.  M.  Fines  (Jacques),  docteur-médecin. 
1868.  M.  Florimont  (Albert),  avocat. 

1867.  M.  Galaud  (Jacques),  professeur  de  langues. 

1853.  M.  Garrette  (Pierre),  propriétaire. 

1873.  M.  Gauthier  (Médard),  propriétaire. 

1873.  M.  Gizolme  (Georges-Alfred),  Préfet  du  département. 
1859.  M.  Granier  de  Cassagnac  (l'Abbé  Louis),  *,  principal  du 

Collège.  , 

1848.  M.  Gouell  (Pierre),  docteur-médecin. 
1871.  M.  Guardia  (Auguste  de),  #, ancien  sous-préfet. 

1867.  M.  Janer  (Augustin),  propriétaire. 

1868.  H.  Jaubert  de  Passa  (Henri),  licencié  en  droit. 

1854.  H.  Jaume  (Amédée),  propriétaire. 
1868.  M.  Jaume  (James),  propriétaire. 
1868.  M.  Jaume  (Edouard),  propriétaire. 

1857.  M.  Jouy-d' Arnaud  (Eugène),  *,  propriétaire. 


372 

1850.  M.  Labau  (Joseph),  propriétaire. 

1860.  M.  Lacombe-Saint-Michel  (Romain),  propriétaire. 
1873.  M.  Lacroix  (Edouard  de),  juge-suppléant. 

1867.  H.  Lafabrègue  (Paul),  propriétaire. 

1867.  M.  Laffitte  (Paul),  propriétaire. 
1853.  H.  Lamer  (Jules  de),  propriétaire. 

1872.  M.  Lanquinede  Llaro  (François),  propriétaire. 

1868.  M.  Latrobe  (Charles),  imprimeur-libraire. 
1841.  M.  Lazerme  (Charles),  propriétaire. 
1853.  M.  Llobet  (Joseph  de),  propriétaire. 

1867.  M.  Llobet  (Michel  de),  propriétaire.  . 

1866.  M.  LutUBES  (Numa),  propriétaire. 

1868.  M.  Malbes  (Alexandre),  &,  ingén.  des  Ponls-et-Chaussées. 
1835.  H.  Massot  (Paul),  docteur-médecin. 

1868.  N.  Massot  (Justin),  docteur-médecin. 
1862.  H.  Mercadier  (Jean),  homme  de  lettres. 

1867.  H.  Molinier  (Adolphe),  propriétaire. 

1861.  M.  Morer  (Sauveur),  professeur  au  Collège. 
1853.  M.  Muxart  (Auguste),  avocat. 

1867.  H.  Nérel  (Simon),  propriétaire. 

1868.  M.  Noé  (Michel),  avocat. 

1867.  M.  Parés  (Jules),  &,  avocat. 

1869.  M.  Passama  (Joseph),  0.   *,  capitaine  de   frégate    en 

retraite. 
9 1869.  M.  Pélissier  (François),  maître-adjoint  à  l'École-Normalt*. 

1866.  M.  Pellet  (Pierre),  naturaliste. 

1873.  M.  Pépratx  (Eugène),  banquier. 

1871.  M.  Picas  (Léon),  vice-président  du  Tribunal  civil. 

1868.  M.  Pciggari  (Antoine),  0.  *,  colonel  du  Génie. 

1867.  M.  Quès  (Jean),  professeur  de  physique. 


313 

1857.  M.  Reynès-Audusson,  négociant. 
1868.  M.  Rivals  (Louis),  avoué. 

1853.  H.  Robin  (Louis),  propriétaire. 
1867.  M.  Romeu  (François  de),  avocat. 

1858.  M.  Rouffia  (Joseph),  instituteur. 
1867.  H.  Rouffiandis  (Isidore),  professeur. 

1872.  M.  Roquefort  (Jacques),  artiste. 

1867.  M.  Rouzaud  (Vincent),  médecin-vétérinaire. 

1873.  M.  Rovira  (Henri),  licencié  en  droit. 

1859.  M.  Saignes  (Justin),  lithographe. 

1868.  M.  Saint-Martori  (Honoré),  libraire. 

1854.  M.  Sauvy  (Joseph),  père,  négociant. 
1867.  M.  Sauvy  (Joseph),  fils,  négociant. 
1867.  M.  Sèbe  (Alexis),  propriétaire. 
1867.  M.  Selya  (Charles  de),  propriétaire. 

1853.  M.  Siau  (Antoine),  propriétaire. 

1873.  M.  Taulêra  (Jean),  docteur-médecin. 

1854.  M.  Talayrach  (Joseph),  avocat. 

1855.  M.  Tarrès  (Gustave),  docteur-médecin. 

1867.  M.  Tastu  (Ant.),  #,  ingén.  en  chef  des  Ponts-et-Chausées. 

1867.  M.  Terrats-d'Agwllon  (Jacques),  propriétaire. 
1872.  M.  Territ  (Eugène),  commissionnaire. 

1872.  M.  Tisskyre  (Justin),  &,  capitaine  d'Etat-Major. 
1866.  M.  Tournal  (Joseph),  avoué. 

1841.  M.  Vilvllojsgue  (Sylvestre),  négociant. 

1866.  M.  Vilallongue  (Camille),  juge. 

Membres  résidants  n'habitant  pas  Perpignan. 

1868.  M.  Acézat  (Orner),  propriétaire  à  Prades. 

1867.  M.  Baillo  (Charles),  propriétaire  à  Thuir. 
1873  M.  Baillo  (François),  propriétaire  à  Thuir. 


374 

1873.  M.  Batlle  (Jean),  propriétaire  à  Arles. 

1867.  M.  Barrera  (Michel)  propriétaire  à  Bages. 
1873.  M.  Baylac  (Armand),  propriétaire  à  Céret. 

1868.  M.  Boaça  (Asprer  de),  propriétaire  à  Prades. 

1856.  M.  Carbonnell  (Joseph),  propriétaire  h  Cases-de-Pène. 
1873.  M.  Carbonnell  (Barthélémy),  métairie  Saint-Joseph,  can- 
ton de  Saillagouse. 
1868.  M.  Conte  (Joseph),  propriétaire  à  Estagel. 

1866.  M.  Cornet  (Joseph),  propriétaire  à  Rodez. 

« 

1873.  M.  Deit  (Jules),  propriétaire  à  Corsavy.. 

1873.  M.  Debrieu  (Pierre),  propriétaire  à  Thuir  —  Mas  Claret. 

1872.  M.  Delamont  (Ernest),  employé  des  postes  ù  Bordeaux. 

1867.  M.  Durand  (Jacques),  propriétaire  à  Saint-Nazaire. 
1856.  M.  Duverney  (Adolphe),  propriétaire  ft  Espira-de-rAgly. 

1867.  M.  Farines  (Achille),  négociant  à  Rivesaltes. 

1867.  M.  Ferriol  (Antoine),  *,  notaire  à  Millas. 

1871.  M.  Foxonet  (Etienne),  prop.  au  Mas  Conte,  banl.  de  l'erp. 

1871.  M.  Garéne  (Eugène),  h  Saint-Laurenl-de-la-Salanque. 

1868.  M.  Gauze  (Joseph),  notaire  honoraire  à  Rivesaltes. 
1868.  M.  Gauze  (Charles),  propriétaire  à  Rivesaltes. 

1846.  M.  Ginestous  (Marquis  de),  prop.  à  Lalour-de-France. 

1847.  M.  Girvès  (Sauveur),  propriétaire  à  Vinça. 
1868.  M.  Gonzalvo  (Ange  de),  propriétaire  à  Estagel. 
1871.  M.  Gource  (Joseph),  propriétaire  â  Arles. 

1868.  M.  Guiter  (André),  directeur  de  la  Société  Artistique  de 
l'isthme  de  Suez,  à  Saint-Laurent-de-la-Salanque. 

1867.  M.  Jacomet  (Louis),  juge  à  Prades. 

1868.  M.  Jacomy  (Rémi),  propriétaire  à  Prades. 

1868.  M.  Julia  (Joseph),  propriétaire  à  Arles-sur-Tech. 


375 
1867.  M.  Lazerme  (Auguste),  propriétaire  à  Vinça. 

1856.  M.  Malègue  (Vincent),  propriétaire  à  Pézilla-de-la-Rivière. 

1867.  M-  Maria  (François),  propriétaire  ù  Thuir. 
1873.  M.  Maria  (Joseph),  propriétaire  à  Thuir. 

1868.  M.  Marquié  (Jules),  notaire  à  Rivesalles. 

1868.  M.  Modat  (Jean),  ancien  élève  de  la  Saussaye,  à  Thuir. 
1867.  M.  Mas  (Ernest),  instituteur  à  Thuir. 

1869.  M.  Mas  (Auguste),  avocat  à  Prades. 

1869.  M.  Monteilla  (Bonaventure  de),  propr.  à  Sainte-Léoeadie. 

1865.  M.  Nicolas  (Emile),  négociant  à  Rivesalles. 
1873.  M.  iNoguer  (Jean-Jacques),  instituteur  à  Corsavy. 

1872.  M.  Oliver  (Paul),  naturaliste  à  Porl-Vendres. 

> 
1813.  M.  Pagks  (Sébastien),  propriétaire  à  Palau-del-Vidre. 
1867.  M.  Pams-Boher,  propriétaire  à  Vinea. 

1867.  M.  Penchinat  (Charles),  docteur-médecin  à  Port-Vendres. 

1868.  M.  Pech  (François),  propriétaire  â  Latour-de-France. 

1868.  M.  Reig  (Bonaventure),  propriétaire  à  Port-Vendres. 

1873.  M.  Rotgé  (Pierre),  juge-de-Paix  à  Sournia. 

1867.  M.  Rondony  (Bonaventure),  négociant  à  Prats-de-Mùllo 
1873.  M.  Roux,  capitaine  de  Douanes  en  retraite  à  Saint-Génis. 

1865.  M.  Salvo  (François),  notaire  à  Yinça. 

1868.  M.  Soubirane  (Joseph),  notaire  à*  S^Laurent-de-Cerdans. 

1873.  M.  Tolra  (Henri),  avocat  à  Prades. 
1868.  M.  Truillès  (Joseph),  notaire  à  Ille. 

1367.  M.  Vilar  (Edmond),  propriétaire  ù  Thuir. 

1865.  M,  Vilar-Soubwane  (Jacques),  propriétaire  au  Boulou. 


376 


Membres  correspondants. 

1839.  Mrae  Lafabrègue,  naturaliste  à  Lyon. 
Mme  Tastu  (Amable),  à  Paris. 

Mme  Vien  (Céleste),  à  Paris. 

1840.  Mmc  FAURE(Anaïs),  née  Biu,  à  Rocliefort. 
1842.  M"«  Favier  (Eulalie),  à  Marseille. 

1833.  M.  Fraisse  de  Perpignan,  à  Cette  (F). 

M.  Ferrus,  ancien  Principal  du  Collège  de  Perpignan  (F). 

1834.  M.  César-Moreau ,  directeur,  fondateur  de  la  Société 

française  de  Statistique  à  Paris. 

M.  Cros,  avocat  à  Narbonne. 

H.  Delestre,  président  de  l'Athénée  à  Paris, 

M.  Gqdde  de  Liancourt,  président  de  la  Société  univer- 
selle de  Civilisation  à  Paris. 

M.  Salin,  contrôleur  de  la  Monnaie  des  Médailles. 

1835.  M.  Arago  (Etienne),  homme  de  lettres  à  Paris.   - 

M.  Breghot  du  Lut,  membre  de  l'Académie  de  Lyon. 

M.  Cachelièvre,  ingénieur  des  mines. 

M.  Chevrolat  (Auguste),  membre  de  la  Société  entoiuu- 

logique  de  France.  -* 
.    M.  Combes,  docteur-médecin  à  Toulouse. 
M.  Delocre,  docteur-médecin  à  Lyon. 
M.  Benizart-Hurtzel,  propriétaire  à  Lille. 
M.  Duffourc,  #,  colonel  du  Génie. 
M.  Ensely,  docteur-médecin  à  Castelnaudary. 
M.  Guinard  aîné,  pharmacien  à  Bordeaux. 
M.  Guiter  (Théodore),  de  Perpignan,  député. 
M.  Guyot  de  Fêre,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société 

d'encouragement  à  Paris. 
M.  Itier,  naturaliste  à  Marseille. 
M.  Merçh,  trésorier  de  la  Société  linnéenne  de  Lyon. 


377 
1835.  H.  MiLS.vNT,  professeur  d'entomologie  au  Lycée  et  à  la 

Faculté  des  sciences  de  Lyon. 
M.  Péricaud,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Lyon,  membre 

de  l'Académie  de  la  même  ville. 
H.  Rigaud  (Esprit),  de  Perpignan ,  ancien  avocat  à  la 

Cour  de  Cassation  à  Paris. 
M.  Rouffia  (Côme),  de  Perpignan,  maître  de  pension. 
M.  Thurbert,  ingénieur  des  mines. 
M.  Walter,  ingénieur  civil,  professeur  à  l'Ecole  des  arts 

et  manufactures  à  Paris. 

1837.  M.  Barrau,  homme  de  lettres  à  Toulouse. 
M.  Mercadier  aine,  lithographe  ù  Toulouse* 

1838.  M.  Durosoy,  inspecteur  des  mines. 

M.  Grenier,  docteur-médecin,  professeur  d'histoire  natu 

relie  à  Besançon. 
M.  Vaillant,  dessinateur,  attaché  au  Muséum  d'histoire 

naturelle  à  Paris. 

1839.  M.  Brochier,  capitaine  du  Génie. 

M.  Cadilhag  (Désiré),  à  Puisségur,  près  Béziers. 

M.  CoiîBART-D'AuLNAY,memb.  del'Athén.desartsà  Paris. 

M.  Terrevert,  naturaliste  à  Lyon. 

1840.  M.  Arago  (Alfred),  inspecteur  des  Beayx-Arts  à  Paris. 
M.  Monzic-Lasserre,  docteur-médecin  à  Coux. 

1841.  M.  François,  inspecteur-général  des  mines. 

M.  Vienne,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Toulouse. 

1842.  M.  Bénet  de  Péraud,  docteur-médecin  à  Paris. 

M.  Gellé,  professeur  de  l'École  vétérinaire  de  Toulouse. 
M.  Pongy,  ouvrier-maçon,  homme  de  lettres  à  Toulouse. 
M.  Selva  (Prosper  de),  0  *,  capitaine  de  vaisseau. 

1843.  M.  D'Ombre-Firmas,  d'Alais. 

M.  Massot-Reynier,0.  #,lorprésid.  de  la  Cour  de  Rouen. 
M.  Solliers  (Félix),  homme  de  lettres  à  Paris. 

1844.  M.  Bouis,  & ,  de  Perpignan,  professeur  à  l'École  de  Phar- 

macie de  Paris. 


378 

1844.  M.  Didier-Petit,  de  Lvon. 

M.  Perey  (Alexis),  professeur  de  mathématiques  h  Dijou, 
M.  Robinet,  membre  de  l'Académie  de  médecine. 

1847.  M.  Irat,  avocat  à  la  Cour  de  Paris. 

M.  Renard-de-Saint-Malo,  avocat  *  la  Cour  de  Cassation, 
député. 

1848.  M.  Laurence,  principal  de  collège  en  retraite. 
M.  Lekranc  (Pierre),  homme  de  lettres,  député. 

M.  Perris  (Edouard),  naturaliste  à  Mont-de-Marsan. 
M.  Reboud,  docteur-médecin. 

1849.  M.  Autheman,  économe  des  hospices  à  l'Isle-sur-Sorgue 

<vVar). 
M.  'Pietta  (Lucien),  à  Montesquieu,  près  Toulouse. 

1852.  M.  Belleville,  vice-président  de  la  Société  d'histoire 

naturelle  de  Toulouse. 

1853.  M.  Faure,  docteur-médecin  en  Algérie. 
M.  Bonnet  (Edmond),  ingénieur  civil. 

M.  Carvallo  (Jules),  ingénieur  civil,  membre  fondateur 
de  Tlnstitut  archéologique  et  historique  du  Limousin. 

1854.  M.  Daxjean  (Firmin),  professeur  au  Lycée  de  Montpellier. 
M.  Maurice,  agent-voyer  en  chef  du  département  de  Loir- 
et-Cher. 

M.  Thévenin,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel  de  Paris. 

1855.  M.  Barthélémy  (de),  ancien  conseiller  de  préfecture. 
M.  Calistï,  inspecteur  d'Académie. 

M.  Cortie,  professeur  à  Paris. 

M.  Chai-rand  de  Malarce,  homme  de  lettres  à  Paris. 

M.  Crova  (André),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  à 

Montpellier. 
M.  Soubëyran  (Paul  de),  ancien  préfet. 
185(3.  M.  Mercader  (Ernest),  docteur-médecin  à  la  Magislrail 

Tarn-et-Garonne). 
1857.  M.  Soubëyran  (Léon) ,  professeur  agrégé  à  l'École  de 
Pharmacie  de  Paris. 


319 

1858.  M.  Caralp  (Raymond),  directeur  des  cultures  du  Péni- 

tencier à  Marseille. 
M.  Chambeu  (l'abbé),  de  Perpignan,  dominicain. 
M.  Dardé,  avoué  à  Carcassonne. 
M.  Denille,  directeur  de  la  Ferme-École  de  l'Aude. 
M.  Desalle,  agent-voyer  en  chef  de  l'Aude. 

1859.  M.  Gourrier  de  Fraisse,  à  Cabardès  (Aude). 

M .  GuiLHAiME, inspecteur  général  des  Ponts-et-Chaussées. 
M.  Lespiau  (Henri),  de  Perpignan,  docteur-médecin  des 

armées. 
M.  Lassus  de  Saint-Génies  (le  baron  de),  ancien  préfet. 
M.  Maraval,  vice-président  de  la  Société  d'Agriculture 

de  l'Aude. 
M.  Mares  (Henri),  membre  de  la  Société  d'Agriculture 

de  l'Hérault. 
M.  Rendu  (Victor),  inspecteur  général  de  l'agriculture. 
M.  Sal.vman,  propriétaire  à  Carcassonne. 
M.  Talrich  (Jules),  artiste  préparateur  d'anatoraie  en 
x    cire  à  Paris.    * 
M.  Valayer,  propriétaire  à  Avignon. 

1860.  M.  Aragon  (Victor),  #,  de  Perpignan,  président  de  Cham- 

bre à  la  Cour  de  Montpellier. 
M.  Fouchier  (de),  capitaine  d'infanterie. 
M.  Martin  (Joseph  de),  docteur-médecin  à  Narbonne. 
M.  Noguès  (A.  F.),  professeur  d'histoire  naturelle  à  Lyon. 
M.  Pagezy,  ancien  député  à  Montpellier. 
M.  Katheau,  *,  capitaine  du  Génie. 
M.  Ricard,  (Alphonse),  avocat  à  Montpellier. 

1861:  M.  Amas,  employé  des  douanes  à  Marseille. 

M.  Bataittard,  naturaliste  à  Andeux  (Doubs). 

M.  Boissonnet,  G.  #,  général  de  brigade. 

M.  Bonxel  (Gabriel),  avocat  à  Narbonne. 

M.  Bonnet,  juge  de  paix  à  Aubagne. 


380 

1861 .  M.  BoumN,  vice-président  de  la  Société  d'Agriculture  de 

Nice. 

M.  Bovis  (de),  propriétaire  à  Avignon. 

M.  Fernand-Lagarrigue,  membre  de  l'Institut  historique 
de  France. 

M.  Fissiaux  (l'Abbé),  directeur  du  pénitencier  des  Bou- 
ches-du-Rhône. 

M.  Hardy,  directeur  de  la  pépiuière  centrale  du  gouver- 
nement, près  d'Alger. 

M.  Heuzé  (Gustave),  inspecteur  général  d'agriculture. 

M.  Labeaume  (de),  président  de  la  Société  d'agriculture 
du  Gard. 

M.  Leïmérie,  professeur  à  la  Faculté  de  Toulouse. 

M.  Rougemont,  président  de  la  Société  d'horticulture  des 
Bouches-du-Rhône. 

M.  Salles  (Isidore),  ancien  préfet, 

M.  Sicart,  secrétaire  de  la  Société  d'horticulture  des 
Bouches-du-Rhône. 

1862.  M.  Chardon  président  de  la  Société  d'horticulture  et  de 

botanique  du  département  du  Gard. 
M.  Eloffe  (Arthur),  naturaliste  à  Paris. 
M.  Ville  (Ludovic),  0.  #,  de  Rivesaltes,  ingénieur  en 

chef  des  mines  (Algérie). 
1805.  M.  Fuix,  #,  de  Perpignan,  ingénieur  en  chef  des  Ponts- 

et-Chaussées  à  Amiens. 
M.  Caraven  (Alfred),  naturaliste  à  Castres. 
M.  Capin  (Léopold),  professeur  au  Lycée  d'Alby. 
M.  Pugens  (Eugène),  professeur  de  dessin  au  Lycée  de 

Montpellier . 
1866.  M.  Bouscbet  (Henri),  secrétaire  de  la  Société  d' horticul- 
ture de  l'Hérault. 
M.  Fabre  (Gustave),  professeur  au  Lycée  de  Montpellier. 
"  1867.  M.  Harant  (Henri),  chef  d'institution  à  Paris. 

M.  Sougaille  (Antoine),  professeur  au  Collège  de  Bcziers. 


384 

1867.  M.  Pasteur,  chimiste,  membre  de  l'Institut  de  France. 

M.  Bi'zàiries,  docteur-médecin  à  Limoux. 

M.  Desrivières,  docteur-médecin  à  Paris. 

M.  Lagarrigue  (Fernand),  consul  du  Chili  et  de  la  Répu- 
blique argentine  à  Nice. 
18f>8.  M.  Autié  (Fernand),  professeur  au  Collège  de  Béziers. 

M.  Lamotte-Tenet  (Joseph),  professeur  d'histoire. 

M.  Guerrier  de  Haupt,  directeur  du  journal  YUnion  des 
Instituteurs  à  Paris. 

M.  Delpegh  (Henri),  avocat  à  Montpellier. 

M.  Maillot  (Eugène),  agrégé  à  l'Université  de  Paris. 

M.  Léotard  (Saturnin),  sous-bibliothécaire  à  Montpellier. 

M.  Bonvouloir  (vicomte  de),  naturaliste,  membre  de  la 
Sociélé  entomologique  de  France. 
1869.  M.  Lafargue  (Albert),  professeur  à  Àix. 

M.  Taudou  (Antonin),  grand  prix  de  Rome. 

M.  Guillon  (Anatole),  naturaliste. 

M.  Donnezan  (Albert),  docteur-médecin  à  Montpellier. 

1871.  M.  Ménétrier  (Louis),  ancien  agent-vojer  chef. 

M.  Ghasseloup-Laubat,  ancien  ministre  de  la  marine. 
M.  Gablin,  $ ,  chef  du  matériel  du  ministère  de  la  marine. 

1872 .  M.  Rouville  (Paul  de),  professeur  de  géologie  à  la  Faculté 

des  sciences  de  Montpellier. 
M.  Cayrol  (François),  de  Béziers,  licencié  ès-sciences. 
M.  Cahen,  grand  Rabin,  à  Constantine. 
M.  Roumeguère  (Casimir),  botaniste  à  Toulouse. 
M.  Fervel  (Léon),  colonel  du  Génie  à  Nancy. 

1873.  M.  Robin  (Charles),  membre  de  l'Institut. 

M.  Pouchet  (Georges),  docteur,  professeur  agrégé  au 

Muséum. 
M.  Pages,  ingénieur  de  la  Compagnie  de  Bességes. 
M.  Ailliaud  (Louis),  pharmacien  à  Marseille.  - 

M.  Bourguignat,  conchyologue  à  Saint-Germain-en-Laye, 
M.  Littré,  membre  de  l'Institut. 


382 

M.  Gautier  (Armand),  professeur  agrégé  à  l'École  de 

Médecine  de  Paris. 
M.  Monné  (Jean),  employé   aux  Ponts-el-Chaussées  à 

Marseille. 
M.  Morer  (Sauveur),  médecin  militaire. 
M.  De  Lapeyrouse  ( Henri), agronome  h  Lézi«nan. 

Correspondants  étrangers. 

1847.  M.  le  marquis  de  Belpiig,  duc  de  Sayella,  à  Palma. 
M.  Joachim  Maria  Boyer  de  Rossello,  à  Palma. 
M.  Nicolas  3rozedo  y  Zafortera,  à  Palma. 
M.  Jules  de  Gabarrus,  consul  de  France  à  Palma. 
M.  Basilio  Sêbastiano  Castellano,  bibliothécaire  de  la 

bibliothèque  royale  à  Madrid. 
M.  Luis  Maria  Ramires  las  Casas  Deza,  président  de 
l'Acad.  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Cordoue. 
M.  Modesto  la  fuente,  homme  de  lettres  à  Madrid. 
M.  Isidore  Chaussât  homme  de  lettres  à  Barcelone. 
4848.  M.  Martinez  (Antoine),  à  Palma  (îles  Baléares). 
M.  Medel  (Raymond),  à  Palma  (îles  Baléares). 
1 849 .  M.  Fages  de  Roma,  inspecteur  général  d'agriculture  dans 
la  province  de  Gérone. 

1851.  M.  Vidal,  professeur  d'histoire  naturelle  à  l'Université  de 

Valence  (Espagne). 

1852.  M.  Macdonald,  présid.  de  l'Acad.  britannique  à  Londres. 
M.  le  comte  Mélano,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 

britannique  à  Londres. 

1853.  M.  Reume  (Auguste),  capitaine  d'artillerie  en  Belgique. 
M.  Rubio  y  Ors,  professeur  de  littérature  espagnole  à 

l'Université  de  Castille  à  Valladolid. 
«      M.  Fadeille  (de),  membre  de  l'Académie  britannique. 
M.  Florencio  Janer  y  Graells,  à  Madrid. 
M.  J.  Trujillo  del  Parraso,  à  Madrid. 


383 

M.  Gens  (Eugène),  professeur  de  l'Athénée  d'Anvers. 
M.  le  vicomte  de  Kerckoy-Varent,  président  de  l'Acadé 
mie  archéologique  de  Belgique,  grand-croix  et  com- 
mandeur de  plusieurs  ordres. 

M.  le  vicomte  Eugène  de  Kerckoy-Varent,  fils,  chargé 
d'affaires  de  l'Empereur  de  Turquie  près  le  gouver- 
nement Belge. 

M.  Alexandre  Schaepkem,  peintre  de  paysages,  profes- 
seur de  peinture  à  Maëstrich. 

M.  Léonard  de  Cuyper,  statuaire  à  Anvers. 

M.  Nicolas  Van-der-Heyden,  généalogiste  à  Anvers. 

M.  Raphaël  Astienza,  marquis  de  Salvatierra,  à  Ronda. 

M.  Thomas  Aquilo,  professeur  universitaire  à  Palma. 
1859.  M.  Alexandre   Schaepkens,  directeur  de  l'École  des 
beaux-arts,  chevalier  de   la  couronne  de  chêne  à 
Maëstrich. 
1861.  M.  le  docteur  Don  Juan  de  Dios  Montesimos  y  Neyra, 
à  Cordoue. 

M.  Damaso  Calvet,  ingénieur  à  Figuères. 
1872.  M.  Francisco  Gardona  y  Orfila,  docteur  en  théologie  et 
en  droit  canonique,  professeur  d'histoire  naturelle  à 
l'Institut  de  Mahon. 

M.  Jean  J.  Rodriguez,  botaniste  à  Mahon. 

M.  Jean  Pons  y  Soler,  malacologiste ,  numismate  et 
archéologue  à  Mahon. 

M.  Andreu  Hernandez,  docteur  en  médecine  à  Mahon. 

M.  Coronado  Francisco  Zavier,  Dp  méd.  à  Barcelone. 

M.  Manuel  Martorell  y  PeSa,  propriétaire,  agronome, 
entomologiste  à  Barcelone. 

M.  Francisco  Martorell  y  Pena,  propriétaire,  conchyo- 
logiste,  archéologue,  numismate  à  Barcelone. 

M.  Cotxet,  homme  de  lettres,  archéologue  à  Barcelone. 

M.  Marti,  pharm.  archéologue,  numismate  à  Barcelone. 

M.  Victori,  professeur  de  nautique  à  Mahon. 


384 


Sociétés  correspondantes. 

Aisne Comice  agricole  de  Saint-Quentin. 

Société  industrielle  de  Saint-Quentin. 
Société  académique  des  Sciences,  Belles- 
Lettres,  Agriculture  et  Industrie  de  Sl- 
Quentin. 
Société  Historique  et  Archéologique  de 

Chûtcau-Thierry. 

Algérie Société  algérienne  de  Climatologie,  Sciences 

physiques  et  naturelles,  ù  Alger. 
Société  d'Agriculture  d'Alger. 
Société  Archéologique  de  la  province  de 
Constantine. 

Alpes  (Basses-) Société  centrale  d'Agriculture  et  d'Accli- 
matation, à  Digne. 

Alpes-Maritimes.  . . .  Société  des  Sciences  naturelles,  des  Lettre* 

et  des  Beaux-Arts  de  Farrond.  de  Grasse. 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  des 
Alpes-Maritimes,  à  Nice. 

Alsace Société  d'Agriculture  de  Colmar. 

Société  d'Histoire  naturelle  de  Colmar. 
Société  des  Sciences,  Agriculture  et  Arts 
'  de  Strasbourg. 

Ariége Société  Agricole  et  Littéraire  de  Foii. 

Aube Société  Scientifique  et  dh  Commerce,  à 

Troyes. 
Société  d'Agriculture,  Arts  et  BeHes-Let- 
tres,  à  Troyes. 

Aude Société  d'Agriculture,  à  Carcassonne. 

Comice  Agricole,  à  Limoux. 

Société  des  Arts  et  Sciences,  à  Carcassonne. 

Comice  Agricole  de  Parrond.  de  Narbonne. 

Avevron Société  des  Lettres ,  Sciences  et  Arts  de 

l'Aveyron,  à  Rodez. 
Société  d'Agriculture,  à  Rodez. 


385 

Bonches-du-Rh(Sne  • .  Société  d'Horticulture  de  Marseille. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 

Arts  de  Marseille. 
Société  de  Statistique  de  Marseille. 

Calvados Société  linnéenne  de  Normandie,  à  Caen. 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  de  Caen. 

Société  d'Horticulture  du  centre  de  la 
Normandie,  à  Lisieux. 

Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Belles- 
Lettres,  à  Bayeux. 

Société  d'Agriculture  et  de  Commerce,  à 
Caen. 

Cantal " Société  Agricole  du  Cantal,  à  Aurillac. 

Charente Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 

Commerce  de  la  Charente,  à  Angoulême. 

Charente-Inférieure.  Académie  de  la  Charente-Inférieure,  à  La 

Rochelle.     * 
Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres,  à  Rochefort. 

Cher Société  Agricole  du  Cher,  à  Bourges. 

Cfite-d'Or Académie  des  Sciences  et  Arts,  à  Dijon. 

Société  d'Horticulture  et  d'Arboriculture, 
à  Dijon. 

Creuse Société  des  Sciences  naturelles  et  archéo- 
logiques, à  Guéret. 

Do u b s Société  d'Émulation,  à  Besançon. 

Société  d'Agriculture  et  d'Horticulture  du 
Doubs,  à  Besançon. 

Drôme Société  d'Agriculture,  à  Valence. 

Société  de  Statistique  des  Arts  et  des  Scien- 
ces, ù  Valence. 

Eure Société  libre  d'Agriculture,  Sciences,  Arts 

et  Belles-Lettres,  à  Évreux. 

Gard Société  d'Agriculture  du  Gard,  à  Nîmes. 

Académie  des  Sciences  du  Gard,  à  Nîmes. 

Société  Scientifique  et  Littéraire,  à  Alais. 

25 


386 

Garonne  (Haute-) .. .  Académie  des  Jeux-Floraux,  à  Toulouse. 

Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France, 
à  Toulouse. 

Sociétés  réunis  d'Agriculture  de  la  Haute- 
Garonne  et  de  l'Ariége  à  Toulouse. 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Let- 
tres de  Toulouse. 

Société  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse. 

Gers Société  d'Agriculture  et  d'Horticulture  du 

Gers,  à  Auch. 

Gironde Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 

Arts  de  Bordeaux. 
Société  d'Horticulture  de  la  Gironde,  à 

Bordeaux. 
Société  Linnéenne,  à  Bordeaux 

Hérault Société  d'Horticulture  et  d'Histoire  natu- 
relle, à  Montpellier. 

Société  Archéologique  de  Montpellier. 

Société  Archéologique,  Sciences  et  Lettres 
de  Bézicrs. 

Société  d'Horticulture  et  de  Botanique  de 
l'Hérault,  à  Montpellier. 

Indre Société  d'Agriculture  de  Chateauroux. 

Indre-et-Loire Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 

Belles-Lettres  du  département  d'Indre- 
et-Loire,  à  Tours. 

Istfre Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 

Société  de  Statistique  des  sciences  natu- 
relles, à  Grenoble. 
Société  d'Agriculture,  à  Grenoble. 

Jura Société  d'Émulation,  à  Lons-le-Saulnier. 

Landes Société  d'Agriculture,  à  Mont-de-Marsan. 

Loir-et-Cher Société  d'Agriculture,  à  Blois. 

Loire Société  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences, 

Arts  et  Belles-Lettres  du  département 
de  la  Loire,  à  Saint-Étienne. 


% 


387 

Loire  (Haute-) Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Com- 
merce, au  Puy. 
Loire-Inférieure. . . .  Société  Académique  de  Nantes. 

Loiret Société  d'Agriculture,  à  Orléans. 

Société  d'Horticulture,  à  Orléans. 

Lorraine Société  d'Histoire  naturelle  de  Metz. 

Académie  de  Mets. 

Lot Société  Agricole  et  Industrielle,  à  Cahors. 

Lot-et-Garonne.  . . .  Société  d'Agriculture  et  d'Arts,  à  Agen. 

Lozère Société  Agricole,  Scientifique  et  Littéraire, 

à  Mende. 

Maine-et-Loire Société  Académique  de  Maine-et-Loire,  à 

,    Augers. 

Société  Industrielle  d'Angers  et  du  dépar- 
lement de  Maine-et-Loire. 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à 
Angers. 

Manche Société  d'Agriculture ,    d'Archéologie    et 

d'Histoire  naturelle  du  département  de 
la  Manche,  à  Saint-Lo. 
Société  Académique  de  Cherbourg. 

Marne Académie  de  Reims. 

Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-le 

Français. 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  du 

département  de  la  Marne,  à  Chdlons. 

Meurthe-et-Moselle. .  Académie  Stanislas,  à  Nancy. 

Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à 


Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Nancy. 

Nord Société  d'Agriculture,  de  Sciences  etd'Àrls, 

à  Douai. 
Comice  Agricole  de  Lille. 
Société  d'Émulation  de  Cambrai. 
Société  des  Sciences,  de  l'Agriculture  el 

des  Arts  de  Lille. 


388 

Oise *. Société  d'Agriculture  de  Compiègne. 

Société  Académique,  Sciences  et  Arts  du 
département  de  l'Oise,  à  Beauvais. 

Pas-de-Calais Société  d'Agriculture  de  Boulognc-sur-roer. 

Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts 

d'Arras. 
Société  Académique  de  Boulogne-sur-mer. 
Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Arras. 

Puy-de-Dôme Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de 

Clermont-Fcrrand. 

Pyrénées  (Basses-) . .  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau. 

Pyrénées  (Hautes-). .  Société  d'Encouragement  pour  l'Agricul- 
ture et  l'Industrie  dans  l'arrondissement 
de  Bagnèrcs-de-Bigorre. 

Rhône Société  Littéraire,  Historique  et  Archéolo- 
gique de  Lyon. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Lvon. 

Société  d'Agriculture,  Sciences  naturelles 
et  Arts  utiles  de  Lyon. 

Société  de  la  carte  géologique  de  France, 
à  Lyon. 

Sarlhe Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de 

la  Sarlhe,  au  Mans. 
Seine-Inférieure....  Société   Havraisse   d'études   diverses,  au 

Havre, 
Cercle  pratique  d'Horticulture  et  de  Bota- 

nique  de  l'arrondissement  du  Havre. 
Société  libre  d'Emulation  du  Commerce 

et  de  l'Industrie,  à  Rouen. 
Société  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres 

de  Rouen. 
Société  d'Horticulture  de  Rouen. 

Seine-et-Marne Société  d'Agriculture  et  Sciences  morales, 

à  Meliiii. 

Seinc-et-Oise Société  des  Sciences  morales,  des  Lettres 

et  Arts,  à  Versailles. 


389 

Seine Société  Zoologique  et  d'Acclimatation,  à 

Paris. 

Société  Philotechnique  de  Paris. 

Société  centrale  d'Agriculture  de  France, 
à  Paris. 

Société  protectrice  des  animaux,  à  Paris. 

Société  Franklin,  à  Paris. 

Revue  des  Sociétés  savantes  des  départe- 
ments, à  Paris. 

Institut  de  France,  à  Paris. 

Académie  de  Médecine,  à  Paris. 

Tribune  des  Linguistes,  Philosophie  des 
langues,  à  Paris. 

V Apiculteur,  —  Journal  des  cultivateurs 
d'abeilles  (Rédacteur),  à  Paris. 

Sèvres  (Deux-) Société  de  Statistique,  Sciences  et  Arts  des 

Deux-Sèvres,  à  Niort. 

Société  Centrale  d'Agriculture,  à  Niort. 

Maître  Jacques,  Journal  populaire  d'Agri- 
culture, publié  à  Niort. 

Somme Société  des  Antiquaires  de  Picardie,   à 

Amiens. 

Société  d'Agriculture,  à  Amiens. 

Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France, 
à  Amiens. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres, 
Arts ,  Agriculture  et  Commerce  du 
département  de  la  Somme,  à  Amiens. 

Tarn Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres. 

Tarn-ct-(iaronne. . . .  Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts 

du  Tarn-et-Garonne,  à  Montauban. 

Var Société  d'Études  Scientifiques  et  Archéolo- 
giques, à  Draguignan. 

Comice  Agricole,  Horticole  et  Forestier 
de  l'arrondissement  de  Toulon. 

Société  Académique  du  Var,  à  Toulon. 

Société  d'Agriculture,  de  Commerce  et 
d'Industrie,  à  Draguignan. 


390 

Vaueluse. Société  Littéraire,  Scientifique  et  Artisti- 
que d'Apt. 
Société  Académique  d'Avignon. 
Société   d'Agriculture    et   d'Horticulture 
d'Avignon. 

Vienne Société  Académique  de  Poitiers. 

Société  d'Agriculture  de  Poitiers. 

Vienne  (Haute-). . . .  Société  d'Agriculture,  des  Sciences  et  Ails 

de  Limoges. 
Société  Archéologique  et   Historique  du 
Limousin,  à  Limoges. 

Vosges Société  d'Émulation,  à  Épinul. 

Yonne Société  des  Sciences  historiques  et  natu- 
relles, à  Auxerre. 
Société  Archéologique  à  Sens. 

Sociétés  étrangères. 

Angleterre Académie  Britannique,  à  Londres. 

Belgique Revue  de  Belgique,  à  Bruxelles. 

Société  de  l'Union  dos  Artistes  liégeois,  à 

Liège. 
Société  Archéologique  de  Bruxelles. 
Annales  de  la  Société  Malacologique  de 
Bruxelles. 

Espagne Académie  des  Jeux-Floraux,  à  Barcelone. 

Hollande Académie  Royale  des  Sciences,  à  Ams- 
terdam. 
Norwége Université  Royale  de  Norwége,  àChristhnia. 

Suisse Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles, 

à  Lausanne. 


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TABLE  DES  MATIÈRES. 


Composition  du  Bureau  pour  Tannée  1873 5 

Résumé  des  travaux  de  la  Section  d'Agriculture  pendant  Tannée 
1872,  par  M.  Morer,  professeur  au  Collège  de  Perpignan  et 
secrétaire  de  la  Section 7 

Résumé  des  travaux  de  la  Section  des  Sciences,  depuis  mars  1870 
jusqu'en  janvier  1873,  par  M.  Rdjuffiandis,  licencié-ès-sciences, 
professeur  à  T École-Normale  de  Perpignan,  secrétaire  de  la 
Section , 13 

Résumé  des  travaux  de  la  Section  des  Lettres,  du  9  mars  1870  au 
21  janvier  1873,  par  M.  Cruchandeu,  secrétaire  de  la  Section..      22 

Enquête  agricole  de  1870  : 

Mémoire  de  M.  Laurent  Durand,  membre  résidant 25 

Mémoire  de  M.  Siau,  trésorier  de  la  Société • . .  38 

Note  de  M.  Numa  Lloubes,  membre  résidant 41 

Note  sur  le  Micocoulier  pour  la  fabrication  du  manche  de  fouet.. . .  45 
Note  sur  la  fabrication  des  sucres  indigènes  dans  la  contrée,  par 

M.  Mercadier,  membre  résidant 46 

Florule  des  Pyrénées-Orientales  :  Itinéraire  de  Pierre  Barrera,  — 
Autographes  inédits  des  Botanistes  méridionaux.  —  Communica- 
tion faite  à  la  Société  Botanique  de  France,  en  Session  extraor- 
dinaire à  Prades,  le  5  juillet  1872,  par  M.  Casimir  Roumeguère, 
membre  de  ladite  Société,  membre  correspondant  de  la  Société 
Agricole,  Scientifique  et  Littéraire  des  Pyrénées-Orientales 49 

Ramond  et  Picot  de  Lapeyrouse,  leurs  démêlés  à  propos  de  PHistoire 
Naturelle  des  Pyrénées,  expliqués  au  moyen  de  correspondances 
inédites,  par  M.  C.  Roumeguère 71 

Une  visite  au  jardin  d'acclimatation  et  d'expériences  botaniques, 
de  Collioure,  par  M.  C.  Roumeguère 99 


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392 

Pa 

Position  géologique  de  Perpignan  et  ses  environs,  par  M.  Rouf- 
fiandis,  licencié-ès-sciences ,  professeur  à  l'École  Normale  de 
Perpignan,  membre  résidant 1 

Aurore  boréale  du  4  février  1872  :  Son  influence  sur  les  appareils 
télégraphiques  du  poste  de  Perpignan.  —  Notice  communiquée 
par  M.  Arnaud,  employé  des  télégraphes  et  par  M.  Roufôandis.      1 

Histoire  Naturelle  du  département  des  Pyrénées  -  Orientales. — 
Entomologie,  par  M.  Pierre  Pellet,  membre  résidant I 

Vent,  sa  direction  et  sa  force,  observées  à  Perpignan  avec  un 
anémomètrographe  électrique,  par  M.  le  docteur  Fines,  membre 
résidant j  ( 

Concours  :  Médaille  de  bronze  et  Médaille  d'argent  proposées  pour 
la  construction  des  cartes  murales  du  village  et  du  canton 3( 

L'ancienne  industrie  de  la  Verrerie  en  Houssillon,  par  M.  Alart, 
membre  résidant :Ui 

Jugement  inédit  de  l'an  805  concernant  la  ville  de  Prades.— Examen 
critique  des  documents  relatifs  à  l'origine  des  possessions  de 
L'Abbaye  de  La  Grasse,  en  Roussillon  et  en  Cerdagne,  et  à 
l'histoire  de  la  Maison  comtale  de  Cerdagne  et  de  Barcelone, 
par  M.  Alart 3i: 

Lettre  à  M.  Camp  sur  ses  Poésies  Nationales,  par  M.  Léon  Fabre 
de  Llaro,  membre  résidant :r>: 

Traduction  en  vers  français  de  la  6e  Satire  du  2e  livre  d'Horace  inti- 
tulée :  Parallèle  de  la  vie  paisible  de  la  campagne  et  des  tourments 
de  la  ville,  par  M.  Louis  Fabre,  secrétaire  général  de  la  Société.    %'A 

Liste  des  Membres  composant  la  Société  : 

Membres  honoraires 3M 

%  Membres  résidants 369 

Membres  résidants  n'habitant  pas  Perpignan 373 

Membres  correspondants 370 

Membres  correspondants  étrangers 382 

Sociétés  correspondantes 38i 

Sociétés  correspondantes  étrangères 3W 


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