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BULLETIN 

SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION 

MONUMENTS HISTORIQUES 

D'ALSACE 



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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION 

DES 

MONUMENTS HISTORIQUES 

D'ALSACE 

II' SËBIE — SIZItME VOLUME 

(IMB) 



PARIS 

VEUVE BERGER -LEVRAULT ET FILS, LIBRAIRES-ÉDITEURS 

BUE DES BEAUX-ARTS, 5 

MÊME MAIBON A. STRASBOURG 

1869 



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/foi?. 



SOCIETE 



CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES 
D'ALSACE. 



Séaiee en dmU éa SO jaivier 4868. 

Frétidence da H. SFACH. 



La séance est ouverte i 3 heures dans le local de la Sociélé. 

Sonl présents : MM, V. Guerber, Merck, de Morlet, Siffer, de Schaiien- 
burg et Straub , secrétaire en fonctions. M, Sabouiin de Nanton , membre 
de la Société, assiste à la séance. MM. Ëisscn et Slumpf se font excuser 
par lettre. 

Le secrétaire donne lecture des procès-verbaux de la séance mensuelle 
du 9 décembre, de la séance générale du 13 décembre 1867' et de la 
séance du sous-comité de Cotroar, du 38 décembre même année. Les trois 
procès-verbaux sont adoptés. 

M. le président dépose sur le bureau une série d'ouvrages qui ont été ooing» 
offerts à la Société depuis la séance du 9 décembre dernier. En voici les 
Ulres : 

Bulletins de la Société (f anthropologie de Paris, février-juju 1867 
(Sbroch.); 

Bulletin de la Soci&é impériale des antiquaires de France, 1*' Irim. de 
1867 (1 brocb.); 

Remte des sociétés savantes des départements, octobre 1867 (1 broch.); 

Bulletin de la Société (f archéologie ; sciences , lettres et arts du dépar- 
tement de Seine-et-Marne, 1867(1 vol. «-8**); 

1 . Dans le compte rendu de Is dernière séance générale, tenue à Strasbourg le t2 dé- 
cembre dernier, on a omia de relater le tait, qa'une médaille en vermeil a été décernée 
â M: UsTtinel, agent yoyer à Dralingen. potir les soina donnés aux objets antiques décon- 
Terti, pendant la dernière campagne, dans la Iiorialne altemanâe. 

n- siuB. — T. VI. — {P.-v.) i 



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— 5 - 

Messager des sciences historiques de Belgique, 4* livmson de 1867 
(1 broch-ia-S"); 

Catalogue des livres rares el des manuscrits précieux provenanl de la 
bibliothèque de M. Le Métayer-Masselin. Paris, 1867 (i broch. in-S";. 

Lecture est donnée d'un rapport adressé à M. Véron-Réville au sujet 
des travaux exécutés au château de Kaysersbei^. Il résulte de ce mémoire 
que te château, qui était resté entiéremeot fermé au public, a été rendu 
accessible par la réouverture d'une ancienne poterne, aux abords de la- 
quelle sera élevée une petite terrasse, à niveau du seuil de l'entrée. 

(Le percement de la porte, dit le rapport, et l'accès à l'intérieur du 
château étaient déjà un beau résultat; mais il restait encore une autre 
partie fermée qui devait à un haut point piquer la curiosité publique : 
c'était le donjon circulaire qui ne présentait d'ouverture qu'à plus de 10 
mètres de hauteur. Pour accéder dans cette tour, il a donc fallu faire une 
brèche dans les murs à niveau du sol, et ce travail, beaucoup plus difficile 
qu'on ne pouvait s'y attendre, a duré plus d'un mois avec deux ouvriers 
et à l'aide de la poudre, dans les murs compactes et où le mortier était 
devenu plus dur que le granit. II est question d'établir un escalier inté- 
rieur pour arriver jusque sur la plate-forme, d'où l'on jouirait d'une des 
plus belles vues de l'Alsace. > 

La dernière partie des travaux exécutés au château de Kaysersberg, c'est- 
à-dire le percement du donjon, devient l'objet d'une sérieuse discussion 
dans le sein du comité. L'un des caractères de cette partie des fortifications, 
la plus importante entre toutes, puisqu'elle servait de dernier retranche- 
ment à la garnison du château, était son isolement et la difficulté d'accès. 
Dans les rares cas où le donjon a une porte, elle est très-étroite et tou- 
jours placée aune hauteur considérable du sol, de manière â nécessiter 
une escalade périlleuse; le plus souvent, et c'est le cas pour tous nos châ- 
teaux d'Alsace, on n'y entrait que par une baie au moyen de longues 
échelles. Les brèches qu'on observe à la base des donjons des châteaux 
d'^uisheim, Ptixbourg, d'Ortenburg, du Frankenburg, de Nideck, etc., 
ont été pratiquées longtemps après l'abandon des châteaux, et sont le 
résultat de la curiosité ou de la cupidité des chercheurs de trésors. 
Ces percements, qui pourraient feire croire â l'existence primitive 
d'une entrée, ont toujours été blâmés par les archéologues. Le comité 
pense que le percement régulier ne doit pas l'être moins, et que le main- 
tien du statu quo des donjons qui n'ont pas encore été entamés serait un 
acte de bonne conservation à recommander avec instance à MM. les archi- 
tectes qui pourront être chaînés de travaux de restauration. 



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M. Spach donne communication d'une lettre adressée au président par j,sS!"pr«f. 
M. le Préfet du Bas-Rhin, au sujet de l'abaissement du sol extérieur autour j,'w1^^"It. 
de l'église de Saint-Pierre et Sainl-Paal de Wissembourg. 11 résulte des 
mémoires de M. l'agent Toyer et de H. l'architecte d'arrondissement , ainsi ' 
qoe du rapport de M. l'architecte en chef du département, que les travaux 
nécessaires pour dégager l'édifice entraîneraient une dépense de 40,800 fr. 
La situation financière ne permettant pas à la ville de Wissembourg de vo- 
ter ce crédit, les travaux en question resteront ajournés. 

Une lettre adressée au président par M. Luce, artiste peintre, signale 
l'existence d'une croix de procession, découverte par M. le baron de Rei- "'i 
nach, maire de Niedernai. Cette croix , que l'auteur de la lettre attribue à fw 
la fin du quatorzième siècle, est en ce moment l'objet d'une restauration. 
H. Luce se propose d'en faire un dessin qui sera offert à la Société. Le 
comité accepte l'offre avec reconnaissance et prie M. Spach de remercier 
l'artiste de sa communication. 

H. de Horlet remet au comité, de la part de M. l'intendant général 
Robert, membre honoraire de la Société, la première livraison d'un ou- 
vrage que publie cet éniinent archéolo^'ue sur les légions du Rhin et sur 
les autels que les légions ou leurs vexillaires ont élevés à Hercules- 
Saxonas. Ce premier fascicule sert d'introduction et comprend une élude 
d'ensemble sur les légions romaines, sur leur mode de formation, ainsi 
que l'iodication des lieux où elles ont séjourné. Il sera suivi d'un mémoire 
sur les légions qui ont occupé les deux Germanies pendant l'Empire, et 
se terminera par une élude sur le culte d'Hercules dans les Carries. 

Sur la proposition de M. Spach, la bibliothèque de Nancy se fait inscrire 
pour obtenir les publications de notre Société; en même temps, M. Ernst, 
avoué de Colmar, est nommé membre de la Société. 

La séance est levée à 4 heures et demie. 



SOUS-COKITË DU HAUT-RHIM. 

Séance du 25 janvier 1868. 
Prétidence de M. VfiRON-SÉTILLE , Tloe-preaîd«iit. 

Sont présents ; MM. Hamberger, L Chauffour, Gérard , Liblin, Mossraann 
et Huot, secrétaire. 

MM.. Hartmann et D. Orllieb, membres de la Société, assistent A la 
séance. 



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- i ~ 

t>Hqii« M. Gérard entretient le comité des travaux de restauration qui s'esé- 

^rVX"^' '^^^^^^ * l'église de Rouffach, travaux qui ont amené la découverte, sous 

le badigeon de plusieurs voûtes, de quelques restes de Tresques. 

H. l'abbé Straub, si compétent en cette nialière, a été prié de vouloir 
bien, lorsque la saison et ses occupations le lui permettront, venir les 
examiner; il y a donc lien d'espérer que la Société ne tardera pas à être 
éclairée sur leur valeur et leur origine. 
cbitciu A. la suite des travaux exécutés au château de Kaysersberg , tant par la 

Société que par la commune, M. Rieff, conseiller è la Cour de cassation et 
propriétaire du Scblossberg, a fait connaître à H. le président de la So- 
ciété qu'il consentait au libre accès dans sa propriété , moyennant cer- 
taines conditions destinées à prévenir les abus qai pourraient s'y com- 
mettre. 

Le comité ayant été invité è formuler son avis sur la question , H. le 
président Hambei^er donne lecture d'un projet de réponse à adresser à 
M. Rieff, qui est de nature à concilier les prétentions parfaitement légi- 
times du propriétaire avec les intérêts de la Société et ceux du public. 

Le projet de H. Hamberger sera adressé à H. le président de la Société 

pour être soumis à l'approbation du comité de Strasbourg. 

Abbar* Les démarches tentées, depuis la dernière séance, par MM. 1. Cbauffour 

c«>t»Aii^ d» et Ortlieb pour obtenir la cession à la Société des derniers débris de l'ab- 

<<i» raiDc. baye de Uarbach présentant un intérêt archéologique, ont été suivies d'une 

lettre par laquelle M. Ziegier-Korum , entrepreneur à Strasbourg, prend, 

au nom du nouvel acquéreur, l'engagement de conserver et d'entretenir 

ayec soin ce qui reste de l'église et du cloître, et tout ce que des déblais 

opérés ultérieuremeol pourraient mettre au jonr en fait d'architectare 

ancienne. 

Le comité prend acte des assurances qui lui sont données par H. Zieg- 

ler-Korum, lui vote des remerclments et dit qu'il n'y a lieu i!i donner suite 

aux propositions d'acquisition votées en sa séance du 98 décembre dernier. 

€«°»iiiiiiuUoD H. Dietrich adresse au comité le dessin des objets trouvés près de la 

d'objm dî^"r<rt. station de fiennwihr, et qai ont fait l'objet de son mémoire inséré au pro- 

pu- H. Didridu ' i u 

. (Vol..™. V, cès-verbal de la séance du 28 décembre dernier, en y ajoutant la note 

I'* jiarti4» p- 131.) 

complémentaire qui suit : 

«Parmi les débris provenant du second vase funéraire, j'ai remarqué 
des poteries de deux natures bien différentes. Le vase en lui-même, qui 
devait être de grande dimension, est de pâte grossière, noirâtre et très- 
friable, et ses parois ont une épaisseur de 1™,(M. Quelques frag- 
ments révèlent une poterie plus fine, plus compacte et beaucoup moins 



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— 5 — 
épaisse. Leur forme presque plaie me Fait croire que ces fragments appar- 
tenaient à un ustensile servant de couvercle; ce qui semble conÛrmé par 
l'absence complète de matières terreuses dans la masse compacte que 
renfermait le vase. J'ai retiré de celte masse 49 grains d'ambre de fonne 
et de grandeur diverses; ces grains sont travaillés et percés avec soin et 
régularité. La matière ligneuse, une sorte de liber, que J'ai trouvée dans 
la partie percée , indiquerait que les grains étaient réunis par la tige fleiible 
d'un arbuste ou d'une plante. Ces grains sont intacts et n'ont pas subi l'at- 
teinte du feu; le^ corps a donc été dépouillé de tous ses ornements avant 
l'incinération. 

«La terre dont sont formés les deux vases, serait celle que les potiers 
de Colmar tirent encore aujourd'hui .des environs de Schoppenwihr. Les 
vases funéraires auraient donc été fabriqués sur place, ce qui dénoterait 
l'existence sur ce point d'une population fixe et d'une certaine importance. 
Les nombreuses monnaies gauloises trouvées à Houssen en 1849 et qu'a 
achetées le musée de Cbtmar, viennent à. l'appui de cette conjecture.» 



Sétiee du Gonilé di 3 février 48S8. 

Préiidnioe de M. SPACB. 



La séance est ouverte à 3 heures, dans le local de la Société. 

Sont présents : MM. le baron Lebel, Lehr, Matuszynski, Merck, Horin, 
Oppermann, le baron de Schauenburg, SiOer,Stumpf et Straub, secrétaire 
ea fonctions. H. de Morlet s'excuse par lettre. 

Le procès-verbal de la séance du 30 janvier est lu et adopté. 

L'ordre du jour appelle les membres du comité au renouvellement du 
bureau au scrutin secret. 

Les membres du bureau sont réélus à l'unanimité. Nombre de votants: 
onze. 

Vice-président H. le baron Schauenbui^ 10 voix. 

Secrétaires M. Ëissen (absent) 11 — 

M. l'abbé Straub 10 — 

Trésorier M. Lehr 10 — 

Archiviste- conservateur. M. Merck 10 — 



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_ 6 — 

Après avoir déposé sur le bureau l'ouvrage suivant : Revue des sociétés 
savantes des départements, novembre 1867 (1 broch. in-S"), M. Spach 
donne la parole à M. Lehr, qui expose le bu(lg:et des recettes et des dé- 
penses ordinaires de l'année 1868. 



Bilfot de 1S68. 

RECETTES. 
Recettes ordinaires. 

Chap. I*'. Intérêts de capitaux. 
{Budget pNcédeni: 100 fr.) 
Intérêts des fonds déposés à )a trésorerie 
générale 200' 200' 

Chap. II. Cotisations des sociétaires 4,750 4,750 

(Budget prtcddent : 5,000 fr.) 
Cbap. m. Subventions. 

(Budget précËdent : 1,900 tr.) 
Subvention du ministère de l'instruction pu- 
blique 400 

Subvention du département du Bas-Rhin. . . 1,000 
— — du Haut-Rbin. . 500 

1,900 1,900 
Chap. IV. Beceties diverses. 
(Budget précédent: 100 fr.) 
Vente de Bulletins 100 100 



Total des recettes ordinaires 6,950 6,950' 



Recettes extraordinaires. 



Reliquat actif de l'exercice 1867, dont le reli- 
quat exact ne pourra être fixé qu'à la clô- 
ture, le 31 mars 1868 



Total général des recettes 6,950 



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DÉPENSES. 
Dépenses ordinaires. 

CuAP.l". FVais de bureim et d'administration 1,650' 

(Badget précédeai : 1,650 tr.) 
$ ■!. Location et entretien du local des séances 450' 

(Badget pr«cédeDl : 500 tr.) 

A. Loyer 350' •"> 

B. Assurance 9 10 

C. Balayage. 40 » 

D. Mobilier, chauffage 50 90 

450 » 
$ 3. Frais d'administration 475 

(Badget précédent : 450 fr.) 

A. Commis du président 200 » 

B. — du trésorier 100 » 

C. — du secrétaire du comité de 
Colmar et conciei^e de la préfecture 
duHaul-Rhin(70'-+-30') 100 i 

D. Gratifications diverses 75 > 

475 > 
$ 3. Frais de bureau 525 

(Badget précédent : 500 fr.) 

A. Fournitures de bureau 125 > 

B. Reliures 100 » 

C. Affranchissements divers (Bulletins, 

convocations, lettres) 300 » 

525 » 
S 4. Frais de perception 100 

(Badget prâcidenl : 100 Tr.) 

A. Frais à Strasbourg 60 » 

B. Frais dans le Haut-Bhin 30 > 

C. Menus frais de recouvrement 10 » 

100 > 

$ 5. Frais de déplacement 100 

(Budget précédent : 100 fr.i 

1,650 



A reporter 1,650 



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Report 

CuAP. II. Fouilles, recherches, travaux de conservaUon 

(Budget prieédfDl: 2,600 tr.) 

S i. Fouilles, recherches, etc 500^ 

(Budget précAdcDt: 1,000 h.) 
$ â. Gratifications pour don ou transport d'objets antiques 100 

Pudgel précédent: 100 Tr.) 
$ 3. Travaux de conservation ou de restauration 2,000 

(Budget précédeut : 1 ,&00 ft'.) 

A. Custode de Walbourg (3* annuité: 

solde) 1,333^33* 

B. Somme à valoir 666 67 



2,000 



3,600 
Chap. III. Publications du Bulletin de la Société (impressions et 
planches) 2,500 

(Budget précédent: î.flOO fr.) 

Chap. IV. D^enses diverses et imprévues (3 '/, p. 100 de la re- 
cette ordinaire) 200 

(Budget précédent : 250 fr.) 



Total des dépenses ordinaires 6,950 



Dépetues extraordinaires. 

Badgel précédent: 1,S3S tt. 35 c.) 

jNétttU. 



Total généi^I dés dépenses 6,950 

BALANCE. 



Les recettes étant de 6,950' i . 6,950' 

et les dépenses de 6,950 ^ 6,950 



Le reliquat est nul > i i 

Le présent budget, arrêté à un reliquat nul, est soumis au conseil 
d'administration par le trésorier soussigné. 

Siffné: Ernest Lbhb. 



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H. te président donne communication d'une lettre de M. Rodolphe de cum« 
Tiirckheim, qui fait appel à la Société pour la conservation des monuments - 
historiques de l'Alsace, pour obtenir son concours dans la restauration ■»« , 
du. donjon du château de Landsberg. Considérant qu'il y a avantage à 
commencer les travaux le plus tôt possible, afin que le dommage ne 
devienne plus grand; considérant, en outre, qu'il est important de ter> 
miner la restauration sans interruption pour éviter les frais de nouvelle 
pose d'échafaudage, le comité vote )a somme de 1,500 fr. , payable en 
trois annuités, à la condition que U. de Tûrckbeim s'engage à faire eié- 
cuter les tmvaux aussitôt que possible. 

M. l'abbé Straub rend compte des peintures murales qui ont été décou- pHimimni* 
vertes , dans l'élise de ïtoufTsch , à l'occasion des travaux de restauration i-icu»diK««uk. 
exécutés par H. l'architecte Mêmes. Les plus anciennes et les plus impor- 
tantes décorent la première voûte de la haute nef, près du chœur, et re- 
présentent des sujets appartenant an jugement dernier et à une vision 
apocalyptique. M. Straub les croit du treizième siècle. Des restes de pein- 
ture du quinzième siècle décorent une seconde voûte de la grande nef et 
les absidioles qui ouvrent dans le transept. Le comité vote l'impression du 
mémoire. 

La séance est levée à 4 heures et demie. 



SéiBU te CMilé di 41 férrier 18(8. 

PréiUanoB de M. SPACH. 



La séance est ouverte à 3 heures. 

Présents : MM. Lehr, le baron Lebel , de Morlet, OppermanD, le baron 
de Schauenburg et Straub, secrétaire en fonctions. 

M. Sabourin de Nanton, membre de la Société, assiste à la séance. 

Le secrétaire donne lecture du procés-verbal de la séance du 3 février; 
le procès-verbal est adopté. 

Dans l'intervalle de la dernière réunion, M. Lehr a fait connaître à M. de 
Tûrckbeim les intentions du comité au sujet des travaux de consolidation 
à exécuter au château de Landsberg, et les conditions auxquelles il sou- 
met son concours. 



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— 10 - 

H. le président appelle l'altenlion sur les découverles importantes qui 
viennent d'être faites à Seltz, où des fouilles ont mis au jour une statuette 
équestre bien sculptée en grès rouge, représentant un personnage à cheval, 
les pieds de devant du cheval posés sur les épaules d'une femme, tme co- 
lonnette au chapiteau orné de feuillage, plusieurs vases en argile bien con- 
seiTés et des outils de fer. Tous ces objets paraissent remonter à l'époque 
de la domination romaine. Le comité prie M. Spacb de vouloir écrire à 
M. le juge de pais de Seltz et à M. l'architecte de l'an-ondissement de 
Wissembourg, pour obtenir de plus amples informations et pour assurer 
au département la conservation des objets trouvés. 

M. Sabourin de Nanton lit une notice sur le site de Coveordia et de 7W- 
buni, à l'occasion d'un appendice à la Descnptioa historique et archéolo- 
gique de Lauterbourg de M. Bentz. 

M. Sifler lit un mémoire sur des antiquités trouvées à Gumbrecbtshoffen, 

■ et sur un cimetière à ustion. Ces mémoires seront imprimés. 

"' La séance est levée à à heures et demie. 



Séance di Comil6 di U février 1868. 

Priiideoca de M. SPACH. 



Présents : MM. le baron Lebel, Lehr, Merck, Oppermann. U. Sabourin de 
Nanton, membre libre, assiste à la séance. . 
L«b>n Elle est tout entière occupée par la communication d'une monographie 

nifii^b. a "^^ ^* Spacb, sur l'He et l'abbaye de Reichenau. La première partie dont 
*"■"*•""■■ le président donne lecture contient une introduction, une description 
sommaire de 111e, et l'histoire des premiers siècles de l'abbaye bénédic- 
tine, qui a été plus d'une fois en relation avec l'évéché de SU'asbourg. La 
suite et la fin de ce mémoire demeurent réservées à une seconde séance 
supplémentaire. 



Séance do Comité do 46 mars 1868. 

Prtiidance de H. SPACH. 

La séance est ouverte à 3 heures dans le local de la Société. 
Sont présents : MM. lebaron Lebel, Lehr, Merck, Sifîer et Straub, secré- 
taire en fonctions. M. Sabourin de Nanton assiste à la réunion. 



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~ ii - 

Après la lecture et l'adoption des procès-verbaux des séances des 17 et °"^^^^^^ 
34 février, H. le président dépose sur le bureau les ouvrages offerts à la 
Société depuis la dernière séance: 

Procès-verbaux de la Commssion départemetUale des anHquilês de la 
Seine-Inférievre. T. 11. Rouen, 1867 (i vol. in-S"); 

Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie. T. IX, p. 433 à 548. 
Amiens, 1867; 

Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, 
. des lettres et des arts. 1866-1867, 12^ volume (in-S"); 

Bulletin de la Société impériale des antiquaires de France, p. 97-196; 

Notice historique sur l'abbaye de Saivt-Jean-des- Choux, par Dagobert 
Fischer (1 broch. in-8*); 

Die Wallfahrtskirche von Beinacker, von Dagobert Fischer (1 broch. 
ln-8"); 

Der Cardinal Btchelieu, von Trauttwein von Belle. Berlin, 1868 
(1 broch. io^<*); 

Jahrbiicher fur die Landeskunde der Ihnogthûmer Schteswig-Holstein 
und Lauenburg. Vol. IX, p. 357 à 540. Kiel, 1867 (1 broch. in-S"); 

Die rœnùsche Villa zu Nennig; ihre Inschriften erlàutert von Domca- 
pitular von Wilmowsky. Trêves, 1868 (1 cahier in-fol). 

Le comité décide que l'on examinerait ultérieurement une série d'ob- 
servalions produite par M. le trésorier sur le sceau de la Société. 

H. Spach donne communication d'une lettre de H. de Turckheim, con- ^ ÇUuh 
cernant la restauration du donjon de Landsherg. H. de Tûrckbeim accepte 
en principe les conditions posées parle comité, tout en dégageant sa res- 
ponsabilité, si des difficultés imprévues devaient retarder les travaux. 



Séance da Comité do 30 msrs 1868. 

Préiidanca de H. SPACH. 

Présents: MM. Eissen, Lehr, Matuszynski, Merck, Oppermann, Siffer et 
Straub, secrétaire en fonctions. 

Le président propose et fait inscrire comme membre de la Société, 
M. Mouton-Duvernet, secrétaire général de la Préfecture. 

Par une lettre transmise à M. Spach, M. le pasteur de Kuenheim (Haut- oh)«> uu-f» 
Rhin) annonce que le creusement du lit du canal vient de mettre au jour rwiepuMMi* 
une série d'objets d'antiquité, dont il pourrait être utile de prendre con- (b<m-riijs). 



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- 12 - 

naissance. Le comité prie M. Spach de remercier M. le pa&Ieur de Kuen- 
heim de sa communication , et de transmettre la lettre au sous-comitë de 
Golmar par l'entremise de M. Véron-Réville. 

M. Spacb lit une partie de son mémoire sur 111e et l'abbaye de Reïchenau. 
Ce mémoire sera publié dans le Bulletin. 

La séance est levée i 5 heures. 



Séaice di Cvmité di 20 avril 1868. 

Prtildenca ds H. SPACH. 



Présents : MH. Lebr, Merck, Oppermann et le baron de Scbauenbui^. 

MU. Sabourin de Nanton et Stahl, membres de la Société, assistent à la 
séance. 

La séance est ouverte à 3 heures dans le local ordinaire. 

En l'absence des deui secrétaires, M. Lehr, trésorier, est chaîné de 
tenir le procès-Tcrbal. 
., L'ordre du jour appelle l'examen du compte des recettes et dépenses 
de la Société pour l'exercice 1867, qui a été clos le 31 mars dernier. 

Ce compte est présenté par le trésorier en la forme suivante : 

Caifte de l'eunieB 1867. 

RECETTES. 

Recettes ordinaires. 

Chapitre I". — biUr^ de capitaux. 

(Crédit da bodgel : 100 rr.) 

Inlérèls des fonds déposés à la trésorerie g:énérale 300^65*^ 

Chapitre 11. — Cotisations des sociétaires. 

(Crédit du budget : 5,000 rr.) 

S56 sociétaires du département du Bas-Rbin. 
179 _ _ au Haut-Rhin. 

47 — de Paris et autres villes de France et de 

l'étranger. 
482 à 10 fr. par sociétaire, soit 4,820 » 



A reporter 5,020 ) 



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• — 13 — 

Report 5,020^65' 

Quittances détachées du registre à soucbe. 50^ 
A déduire: 

Retour pour décès et démissions ^ 

* Reste rm 

Chapitre II!. — Subventions. 

(Crédit do budget : 1 ,»00 tt.) 
Subvention du ministère .de t'instruction pu- 
blique 400' »' 

— du département du Bas-Rhin . . . 1,000 » 

— — du Haut-Rhin. . . 500 » 1,900 » 



Chapitre IV. — Recettes diverses. 

(CrMit du budget : 100 fr.] 

Produit de la Tente du Bulletin 



Toial des recettes ordinaires 7,066 ( 

Recettes extraordinaîrea. 
Chap. I". ReliqiuU actif du compte de 1866 . . 6,704 55 
Chap. II. Quittances arriérées de l'année i866. 

Cotisation de M. B*" 10 > 



Total des recettes extraordinaires .... 6,714 55 



Total général des recettes 13,781 20 



DÉPENSES. 

Dépenses ordinaires. 

Chapitre 1". — Frais de bureau et d'administration. 
(Crédit du budget : 1 ,6â0 tr.) 

j 1°'. Location et entretjaii da looil dw léanOM. 
(Crédit dn budget: 500 rr.) 

A. Loyer 350' »" 

B. Assurance contre l'incendie du 
mobilier et de la bibliothèque : prime 

pour 1867 9 10 

C. Balayage . . . T 40 > 

D. Nettoyage du poéleeldeslampes 6 15 

405 '25' 
A reporter 405 25 



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- u — 

fieport 405'25<' 

Ji. Frais â'tdmliiistratioii. 
(Crédit du budget : 450 tr.) 

A. Indemnité au commis du pré- 
aident 200*^ >' 

B. Indemnité au commis du tré- 
sorier 100 » 

C. Indemnité au commis du secré- 
taire du comité du Haut-Ithin .... 60 i 

GratiHcalion au concierge de la pré- 
fecture du Haut-Rhin 30 » 

D. GraliGcation aux garçons de bu- 
reau de la préfecture du Bas-Rhin . . 45 > 

435 » 

1 3. Frais do bureau. 
(CrUH du budget: 500 !>-.) 

A. Fourniture de billets de convo- 
cation et d'invitation, têtes de lettres, 
enveloppes et d'un registre 59 90 

Fourniture de billets de convoca- 
tion et d'enveloppes 23 50 

B. Reliures. (Néant.) 

C. Affranchissement du Bulletin par 
Georger 206 » 

Affranchissement des convocations 
par le même 78 30 

Aff'i-ancbissement de lettres écrites 
par le président de la Société .... 16 75 

D. Frais de mandats de poste ... 3 35 

387 80 

i 4. Fraii d« percaptioii. 
(Crédit du budget : 100 fr.) 

A. Encaissement des quittances à 
Strasbourg. 60 » 

B. Encaissement des quittances dans 

le Haut-Rhin 30 » 

Areporter 90 » 1,228 05 



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— 15 

Beport 

C. Encaissement soigné par la mai- 
son Berger-Levrault 4 20 

Timbres - poste pour affranchisse- 
ment de quittances à divers et de la 
correspondance 8 > 

Cbai^ement des quittances au tré- 
sorier général du Haut-Rbin et aus 
receveurs particuliers du Bas-Rhin. . -4 80 

Timbre des mandats des subven- 
tions du ministère et des départe- 
ments du Haut et du Bas-Rhin .... 1 50 

Frais d'un mandat de poste et frais 
d'encaissement du mandat du Haut- 
Rhin 1 10 

Affranchissement d'une quittance 
par la trésorerie > 20 

% s. FraU de diplacàmant. 
(Crédit dD budget: 100 Tr.) 

Voyage d'une commission à West- 
hoffen pour l'inspection de l'église . . 18 » 

Voyage d'une commission à Saint- 
Jean-des-Choux pour l'inspeclion de 
l'église 38 50 



1,228^05'= 



Total 1,394^35'= 

Chapitre II. — Fouilles, reàierckes, travaux de consO-vaHon. 

(Crédit da bndget : 2,600 te.) 

J t". FoiUll«s, rscbercbei, atc. 

(Crédit do bodget : 1,000 fr.) 

A. Fouillée dans la plaine de Cernay et de Wit- 
(elsbeim 58 35 

B. Fouilles de Herrlisheim 200 > 

C. Acquisition de deux lacrymatoi- 

res en verre, trouvés à Hocbrelden , 8 n 

266 35 



A reporter 266 35 1,394 35 



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— 16 — 

Report See'SS" 1,394'35*' 

I 3. CrâtiflcstiDiu pour don on traniport d'obJeU uUçpie*. 
(Crédit du budget : 100 rir.) 
Gratification aux ouvriers de KoenigsbolTen pour 

trouvaille de chapiteaux romans S > 

g 3. Travanz da coniarvation ou do roitanratioD. , 
(Crédit du budget : 1,600 fr.) 

A. Travaux d'art et de restauration exécutés 
sur la custode de Walbourg : payement de la 
2' annuité 1,333'30* 

B. Travaux de serrurerie à la grosse 

porte du château de HohkflenigsboArg. 37 70 

Total 1,639 35 

Chapitre 111. — Publication du BuUetin de la Société. 
(ImpraiioDS ot pUnohei.) 
(Crédit dn budget : 3,600 fr.) 
Note de M""" veuve Bei^er-Levrault, tome V, 

1" livi-aison 741 95 

Note de la même, (omeV.S* livrai- 
son 1,327 75 

Note de M. Winter, photographe, 
pour fragments de sculptures el re- 
production de deux objets en bronze. 300 > 

Total 2,369 70 

Chapitre IV. — Dépenses diverses H imprévues. 
(Crédit do budget :2S0rr.) 

Fourniture d'une médaille en vermeil avec 

étui 16 > 

Gravure de la médaille déceniée i 

H. Schelbaum, architecte à Colmar. . 6 > 

Gravure de la médaille décernée à 

H. Martmet, agent voyer à Drulingen. 5 50 

Achat d'une botte avec comparti- 
ments 3 50 

Translation de la bibliothèque ... 4 50 

Au serrurier pour fixer les armoires > 80 

A reporter 36 30 5,403 40 



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— 17 — 

B^oH 36^^0« 5,403'40'' 

Déplacement du fourneau 1 » 

Transport de Kœnigshoffen de cha- 
piteaux romans chez H. Wînler, pho- 
tographe 1 50 

Gralificatioa à U. Fastinger pour 
classement et confection d'un nouveau 

catalogue de la hibliothèque 30 i 

Total 68 80 



TotaV des dépenses ordinaires 5,472 i 

Dépenses extraordinaires. 
(Crédit da budget : 1,333 fr. 36 c.) 

Payement de la 1*^ annuité des iravaux d'art et de restau- 
ration eséculés sur la custode de Walbourg (afférent à l'eser- 
cicel866) 1,333^35* 

Solde du balayage du local des séances pour 
1866 (afiërent à l'exercice 1866) 20 » 

Fournitures, faites en 1866, d'un registre à 
souche, avis de payer la cotisation, billets de 
convocation, enveloppes, mandais, quittances et 
diplômes (exercice 1866) 152 25 

Timbre' et fi-ais d'encaissement du mandat de 
la subvention du Haut-Rliin pour 1866 (exercice 
1866) 1 90 



Total des dépenses extraordinaires . . . . 1,507 50 
Total général des dépenses . , 6,979 70 

BALANCE. 

Recettes . . '. 13,781 '20'= 

Dépenses 6.979 70 

Reliquat 6,801 50 

qni se décompose ainsi : 

Fonds déposés à la trésorerie générale. . , 6,322 50 

Espèces en caisse 479 > 

Total pareil 6,801 50 

Après examen des divers articles de la recette et de la dépense et des 
pièces justificatives produites à l'appui de chacun d'eux, le comité approuve 
le compte en sa forme et teneur, sauf ratification de l'assemblée générale, 
n* aiuB. ~ T. VI. — (P.-v.) 2 



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— 18 — 

LKum Lecture est donnée d'une note de M. le colonel de Morlef sur les récents 

^ " "^^ envois faila h la Société par M. Lartel. Cette note est ainsi conçue : 
''"Aitir ï-^s antiquaires du Nord ont fait depuis quelques années de nombreuseâ 
LiiSociiK. recherches qui tendent à prouver l'existence de l'homme à une époque 
bien antérieure à tous les fhils historiques. 

En France, des b-avaui analogues, entrepris par un savant paléontolo- 
giste, H. Lartet, ont permis d'établir d'une manière certaine la contem- 
poranéité de l'homme, dans le midi de la France, arec des espèces d'ani- 
maux aujourd'hui perdues ou reléguées dans les climats de la zone 
glaciaire. 

Ce fait remarquable est prouvé par les produits de l'industrie humaine 
découverts par MM. Lartet et Cristy, au milieu d'ossements de renne, de 
mammouth et d'aurochs, dans le sol de nombreuses cavernes, où l'homme, 
contemporain de ces races, vint établir ses foyei's, toujours placés à l'abri 
des rochers et à proximité d'un cours d'eau. 

Le sol de ces cavernes est formé de couches de hmon superposées, 
entre lesquelles se trouvent des cendres et des charbons; cette alternance 
des couches est due, sans doute, à l'effet des inondations qui chassaient 
les habitants de leurs foyers, jusqu'à ce que le retrait des eaux leur permît 
d'y rentrer. 

Cest au milieu de ces amas de cendres et de limon agglutinés qn'ont 
été trouvés, mêlés à des os de mammouth, de renne, de cheval, de bœuf 
et de chamois, des silex soigneusement taillés en lames de couteaux et de 
grattoirs, des pointes efBlées à fiicettes, servaat sans doute â percer les 
trous de petits os qui ont été habilement ^çonnés en aiguilles, des Qècbes 
barbelées, des dents perforées pour ornements, des sifDets faits avec des 
phalanges de pieds de rennes. 

Il est même permis d'attribuer aux habitants de ces grottes un goAt 
prononcé pour les arts du dessin, car ils ont reproduit, par la sculpture 
et la gravure sur des os de mammouth et de renne, les animaux con- 
temporains et principalement le renne, qui était pour eux d'une si grande 
utilité. 

La présence du renne, dans le midi de la France, n'a pu avoir lieu Cpi'i 
une époque passagère de froid excessif, telle que celle désignée par les 
géologues sous le nom de ■période glaciaire, qui a laissé des traces évi- 
dentes dans tous les pays septentrionaux et notamment dans le nord de 
l'Allemagne et dans les vallées des Alpes. 

En Alsace, la présence du renne, dans le diluviam, a été signalée, il y 
a peu d'années, près de Strasboui^; et ce n'est pas au versant nord des 



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- 19 — 

Pyrénées que s'est arrêtée cette migration : elle s'est étendue au delà, ainsi 
que l'attestent les découvertes faites par M. Larlel fils dans diverses ca- 
vernes de l'Espagne. 

M. Lartet a bien voulu faire don à la Société d'une petite collection de 
ces curieuses antiquités, dont voici l'indication: 

1" Deux fragments du sol d'une de ces cavernes formant une sorte de 
brèche avec silex taillés, dents et ossements de renne et d'aurochs (caverne 
de la Hadelaine, Dordogne); 

2° Un bois de renne sur lequel on voit des dessins d'animaui gravés, 
moulage (caverne de la Madelaine); 

3° Un os de renne taillé en double biseau (Madelaine); 

4" Un idem formant poinçon (caverne de Massât, Ariége); 

5" Ma idem ébauché en forme de flèche ou de hameçon (Hadelaine); 

6° Deux fragments d'aiguilles perforées (Madelaine); 

7'^ Un fragment de flèche ébarbelée, moulage (Madelaine); 

8'' Un fragment de bois de cerf portant des traces de travail (Massât); 

9" Une vingtaine de silex travaillés en couteaux, grattoirs, canifs, poin- 
çons (cavernes de la Hadelaine et de Massai); 

10° Une mâchoire de renne dont l'intérieur a été évidé pour en extraire 
la moelle; 

41" Plusieurs ossements de renne, d'aurochs et de cheval. 

Le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants, destinés à la *';^^^,^*J^ 
bibliothèque de la Société : 

Bulletins de la Société parisienne (^archéologie et d'histoire. Tome I"', 
1865; 

Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du 
département de l'Oise. Tome VI, 3° partie, 1867; 

Mémoires lus à la Sorbonne en i867. Histoire, philologie et sciences 
morales. Paris, 1 volume; 

L'Année géographique, par M. Vivien de Saint-Martin. 1867. Paris, 1 vo- 
lume in-12; 

La Guerre des six deniers à Mulhouse, par H. X. Mossmann; 

Aperçu sur les représentations sculptées de danses macabres et sur le 
clo&re du cimetière de MontiviUiers , par M. Ch. Rœssler. 1 broch. 1867. 

M. le président appelle itérativement l'allention du comité sur les ti-a- tfUMd<B«Hit. 
vaux de restauration exécutés à l'église de Bermont et sur la demande de Youdiinoù'. 
subvention qui a été adressée à la Société par les autorités intéressées, uMmgwito. 
demande que, dans l'une de ses précédentes séances, le comité avait 



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- âo — 

rejelée, parce qu'elle avait été formée après exécution des travaux et sans 
qu'il eût été préalablement consulté ni sur leur utilité, oi sur la direction 
 y donner. 

M. Spach, tout en reconnaissant que la décision prise par le conriité est 
conforme aux principes et se justifie facilement, fait observer que, d'après 
les nouveaux renseignements qu'il a reçus, les travaux ont été conduits, 
en fait, dans un esprit de conservalion d'autant plus louable que, n'eût 
été l'intérêt architeclonique des portions d'édiûce maintenues, il aurait 
été beaucoup plus économique pour la commune de les raser. 11 estime, 
en conséquence, qu'en réalité la commune de Bermont a bien mérité de 
la Société et que, bien que le comité n'ait pas été consulté à temps, il y a 
lieu, par mesure exceptionnelle, de ne pas refuser tout encouragement. 

Le comité, après une assez longue discussion, consent à se rallier aux 
conclusions de son président et vole une subvention de SOO fr., mais en 
faisant les plus expresses réserves pour l'avenir. 

H. Slahl, membre libre, lit une note sur un castel qu'il dit avoir existé 
à Heiligeiistein, et promet de présenter à une séance ultérieure des ren- 
seignements plus explicites, avec plans à l'appui. 

M. le président donne lecture d'une analyse qu'il a faite des mémoires 
publiés dans les derniers Bulletins de la Société archéologique de Gon- 
stantine. Les extraits portent plus spécialement sur le palais féerique con- 
struit par le dernier bey de Constantine. Cette analyse sera insérée dans 
les Hémoires de la Société pour la conservation des monuments histo- 
riques. 

La séance est levée â 3 heures et demie. 



80D8-C01IITE DU HAUT-RHIN. 

Séance du 25 avril 1868, 
Pr«aid«iioe da N. ?ËBON-fi£viLLE, TicA-préiUent. 

Sont présents : UH. Hamberger, l. Chauffour, Liblin, Frantz, Ingold et 
Huot, secrétaire. MM. l'abbé Martin, directeur du gynmase catholique de 
Colmar; Hornus, arpenteur-géomètre, et Kœnig, de Mulhouse, assistent 
d la séance. 



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— 21 — 

M. le président donne lecture d'une lettre de M. le président du comité 't»» i** b>^ii 
de Strasbourg, annonçant que, dans sa séance du 20 avril, ce comité a 
voté une somme de 200 fr. pour contribuer aux réparations de l'église de 
Bermont. 

Sont déposés sur le bureau: îu'ïïi.ti*'" 

1" Un opuscule offert par l'auteur et intitulé : Blotzhdm; soti passé, son 
présent; étude historique et archéologique par M. Sabourin de liatUon. 

Des remerctments sont votés â l'auteur. 

2° L'ancien sceau en cuivre du directeur du jury d'accusation du dé- 
partement du Haut-Rhin, offert par M. Ingold, notaire à Cemay. 

Le comité remercie le donateur, présent k la séance. 

S" Enfin, par HM. Franiz et Dietricb, divers fragments de poteries, 
nolamment la partie supérieure de deux de ces vastes amphores, termi- 
nées en pointe qui s'enfonçaient dans le sol, et dont les anciens se servaient 
pour conserver leurs approvisionnements de liquides; une lame de glaive, 
un crochet en fer, une corne de cerf, divers objets informes en bronze; 
et un lot de monnaies antiques, parmi lesquelles un Auguste (moyen 
bronze) d'une conservation parfaite, un Adrien (argent), un Claude, une 
Faustine, etc. 

Tous ces objets ont été trouvés au lieu dit Edenbourg, commune de j.,^'™ 
Biesheim, dans les travaux de la rigole d'alimentation du canal du Bhdne '^H»i!'irhto' 
au Rhin, qui s'étend sur le ban de cette commune et sur celui de Kuen- 
heim. Une lettre datée de cette dernière localilé appelle l'attention de la 
Société sur le peu de soins que les ouvriers apporifjil généralement à ces 
sortes de trouvailles. Une circulaire de H. lePréfet du Ilaut-Rbiu contient, 
à cet égard, des rései'ves et recommandations aux adjudicataires ou en- 
trepreneurs de travaux publics. Lé comité appellera de nouveau sur ce 
point l'attention de l'administration supérieure, e( des primes seront 
offertes aux ouvriers selon le soin qu'ils auront apporté à l'exhumation 
des objets par eux trouvés. 

Il est donné lecture de quelques fragroenls d'un mémoire sur les anti- ^, l«ii» 
quités gallo-romaines du Haut-Rhin, par H. Cestre, conducteur des ponts 
et chaussées et ofGcier de l'Académie. Un membre propose qu'il en soit 
fail, à la prochaine séance, une analyse de nature à en saisir l'ensemble 
et quelques détails. M. Huot, secrétaire, est chargé de ce travail. 

Le comité prie celui de Strasbourg de vouloir bien procéder au rempla- 
cement de feu H. Heitz dans la commission formée dans le courant de 
1866, afin que le nouveau membre puisse concourir, avec ses collègues, 



pu M. Cm». 



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aux mesures à prendre pour assurer, dans le plus court délai, t'esécution 
du projet d'association, d'après les bases déjà arrêtées et consignées au 
procès-verbal de l'assemblée générale qui s'est tenue à Colmar le 14 juin 
1866. 

Le comité exprime également le vœu que l'appel aux souscripteurs, qui 
lui a été soumis en épreuve, indique plus clairement les conditions de 
souscription, le montant de la cotisation, ainsi que les correspondants chez 
lesquels la souscription sera ouverte. 

M. X. Mossmann donne lecture d'un article tiré de l'Inventaire des 
archives de Golmar, auquel il travaille. Il expose la situation de l'Al- 
sace au moment où les Suédois venaient de perdre ta bataille de 
Nordiingen (1634), et rend compte des négociations entre leur résident 
Hockel et le résident de France, Hetchior de l'isle, qui eurent pour 
effet de remettre, entre les mains des Français, toutes les conquêtes 
de la Suède sur la rive gauche du Haut-Rhin, moins Benfeld. En 
intervenant, Colmar obtient des conditions particulières, qui lui assurent 
tes avantages de la capitulation accordée par Gustave Horn en 1632. 
Ces négociations, dont aucun historien de l'Alsace ne parle, eurent pour 
résultat deux traités, en date du 9 octobre 1634, qui existent en original 
aux archives de Colmar, et qui procurèrent aux troupes françaises l'entrée 
de cette ville. Pendant ce temps, les diplomates suédois négociaient direc- 
tement à Paris et signaient, le 1* novembre, un traité qui rendit inutiles 
ceux du 9 octobre, et comme ces derniers avaient réservé la ratification 
des deux couronnes, Louis XIII refusa de les reconnaître. 



O u ff M » àéfoti 



SésRM di Coniti da 18 ni 4868. 

Pr«>idenae de ■. SPACH. 



Présents : HM. Morin , Oppermann, de Scliauenburg et Slraub, secré- 
taire en fonctions. . 
I Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, 
H. le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants, offerts à la 
Société : 

Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinidres du comité 
impériiU des travaux historiques et des sociétés savantes, termes en avril 



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— 28 — 

i867. — Archéologie; — &stoire, philologie et sciences morales. 2 vo- 
lumes JQ-S"; 

Messager des sciences historiques ou archives des arts et de la bibliogra- 
phie de Bdgiqae. Aonée ■1868, 1'* livraison. Gand, 1867. 1 broch. in-S"; 

Revue des sociétés savantes des départements, publiée suos les auspices 
du Miaistre de l'instruction publique. Décembre 1867 et janvier 1868. 
3 brocb. \a-8°; 

Mémoires de l'Acadanie du Gard. Novembre 1865, août 1866. Nîmes, 
1867. 1 vol. in-8^ 

Les Tonnelles antéhistorigues de la côte de MaUéviUe, par Raoul Guérin. 
Nancy 1868. 1 broch. in-8". 

Trois nouveaux membres sont inscrits sur la liste des sociétaires : 

M. Aristide Poisat, architecte à Délie, proposé par H. Aug. Stœber; 

M. Dietricb, chef de division à ta préfecture de Cotmar, présenté par 
M. Frantz; 

H. Gustave Dietsch, febricant à Lièpvre, présenté par H. Spach. 

M. le président donne la parole à M. Horin, qui entretient le comité du 
château de Ralhsamhausen, situé au-dessus du village d'Ottrott. Le site 
pittoresque, l'importance et la belle structure des b&liments, et surtout 
des détails de sculpture et d'ornementalion intérieure, rangent ce château 
parmi les plus intéressants manoirs de l'Alsace. Malheureusement une 
partie de la construction est depuis de longues années gravement compro- 
mise. Le revêtement de toute une face du principal corps de bâdments 
s'est détaché de la maçonnerie, et la lézarde devient chaque année plus 
profonde. H. Morin, qui vient de visiter la ruine, pense qu'il sera possible 
d'arrêter le progrès de la fissure moyennant un chaînage, dont l'établis- 
sement ne serait pas trop dispendieux. Des négociations seront ouvertes à 
ce sujet avec le propriétaire actuel du château. 

Dans une récente excursion, H. l'abbé Straub a visité l'église de Mun- 
dolsheim. L'examen de la partie inférieure du clocher lui a fourni la preuve ' 
que cette partie de l'édifice remonte au douzième siècle et que la démoli- 
tion de la tour, opérée par les bourgeois de Strasbourg le jour de la ba- 
taille de Hausbei^en (8 mars 1262), s'est arrêtée au rez-de-chaussée. On 
voit encore les arrachements de la voûte et l'ancien portail intérieur. Le 
tympan triangulaire est orné de deux griffons et supporté par deux colonnes 
engagées, au chapiteau cubique couvert d'entrelacs et décoré de masca- 
rons d'une exécution barbare. Comme ancien portail d'éghse, celui de 
Hundolsbeim , peu ou point connu , mérite d'être cité avec les plus remar- 



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— 84 — 

quables du genre; il a une affinité frappante avec ceux de Bergholzi«U, 

de Dompeler, de Still (aujourd'hui disparu) et de Dorlisbeim. 

Au choeur de cette église, on distingue une rangée d'épitaphes des sei- 

> gneurs de Mundolsheim, presque tous slettmeisterdelavilledeStrasbourg. 

, M. Straub a ti-anscrit toutes celles que le badigeon moderne a suffisamment 

ménagées pour en permettre la lecture. Il cite, entre autres, celle de Tbié- 

baut lobam de Munolsheim, mort en 1594, et celle d'Éléonore-Sopbie 

de Gensau, épouse de Pbilippe-Jacquee lobam de Munolsheim, décédée 

en 1786. Ce monument est une des œuvres les plus gracieuses du genre. 

Le comité prie M. Spacb de vouloir faire les démarches nécessaires 

auprès de l'autorité locale pour obtenir le débadigeonnage des épitapbes 

devenues illisibles. 

La séance est levée à 3 heures et demie. 



SOUS-COMITÉ DU HAUT-RHIN. 

Séance du 50 mai 1868. 
Priildanos ds H. VfiROH-BËTILLB, Tica-pridient. 

Sont présents : MM. Bamberger, I. Cbaufibur, Gérard, Liblin, Mossmann, 
Dielricb et Huot, secrétaires. H. Ceslre, conducteur des ponts et chaus- 
sées, assiste à la séance. 

Le procôs-verbal de la dernière séance est lu et adopté. 

U. le président informe le comité, qu'après s'être consulléaveolecomité 

de Strasbourg pour la fixation de ta séance générale de la Société , il a 

prié M. le Préfet du Haul-Rhio, l'mi des présidents d'honneur, de vouloir 

bien indiquer, soit à la un de juin, soit au commencement de juillet, le 

jour qui serait le plus à sa convenance, lui proposant, sauf détermination 

ultérieure, le jeudi 2 juillet. M. le président donne lecture d'une lettre par 

laquelle M. le Préfet exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance, 

quel que soit le jour fiié, les opérations de la révision devant prendre tout 

son temps jusqu'à une époque qu'il est impossible de préciser quant à 

présent. — La séance reste fixée au 3 juillet. 

■■nKHt M. Huot lit son rapport sur un travail communiqué par H. Gestre et 

ir i'H>'»t<i>'i>^ ialitulé: Mémoire sur les anUquités gedlo-Tomames du HaïU-Rhin. Ce 

nBiM-uii. rapport sera envoyé à Strasboui^ pour être inséré au Bulletin de la Société. 



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— 25 — 

M. Dietridi lit nn rapport sur dÏYers objets d'antiquité trouTés à Herr- ^*^*^ 
lisheim .et déposés sur le bureau. Ce rapport, defant être lu en séance ^^'"^ 
générale, figure au procès-verbal de cette séance. 



Séuee et ConiU di 15 jiin 1868. 

Préndance da H. Bt^AEÊ. 



Présents : MM. EissHi, Hatussynski, Merck, de Schauenburg, Siffer et 
* Straub, secrétaire en fonctions. 

Le procés-verbal de la séance du 18 mai est lii et adopté. 

H. Spacb dépose sur le bureau les ouvrages suivants, adressés à la *>°''^"<'*i" 
Société depuis la dernière réunion : 

BuUe&n de la Société tfanlhrûpohffie de Paris. 4" et 5" fascicules de 
4867; 

Compte rendu des travaux de la commission archéologique du départe- 
metU de la Câte-d'Or, 1866 et 1867; et S^ertoire archéologique de far- 
rondissemerU de Dijon. 2 cahiers in-4*. 

M. le président rend compte de la correspondance qu'il a eue depuis ^^^^^lu^'i^'^^ 
le 18 mai. Une lettre de M. Scheidecker fils annonce qu'une somme de j^t],""'" 
700 fi*, sera allouée aui travaui de consolidation à effectuer au château J^^^m 
de Rathsambausen, et que la famille met a la disposition de la Société les 
bois nécessaires pour construire les échafaudages. H. Spach, qui s'est 
empressé de remercier M°" Scheidecker de cet acte de libéralité, commu- 
niquera ta lettre & M. l'architecte Morio et prendra son avis pour l'exécu- 
tion des travaux. 

Une lettre de M. KIotz a averti M. le président que des trouvailles galkn ti>~im 
romaines ont été faites à HoïifraDkenheim par M. Rouis, sous-directeur 
de l'Ëcole de santé militaire. Des communications directes, faites par 
M- Rouis, ont appris à M. Spach que l'exploitation des carrières sur le 
plateau de Hutzcnbausen a mis à découvert deux tombes gallo-romaines. 
Uo vase eo terre cuite, malheureusement brisé en deux morceaux, a été 
trouvé près de l'un des squelettes, qui portaient chacun un collier de 
perles. Ces colliers ont été recueillis par un carrier de Hocbfelden; le vase, 
acquis par M. Rouis, est offert à la Société. Vote de remerdmeats. 



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— 26 — 

La parole est à M. le cnré Siffer, qui donne lecture d'une notice sur 

;' diverses antiquités découvertes à Gumbrechtshoffen, notamment sur un 

,. cimetière à uslion, sur une villa romaine, sur plusieurs statues équestres 

et sur deux sculptures, attestant la viticulture, dans la basse Alsace, sous 

les Romains. Le comité voEe l'insertion du mémoire dans le Bulletin. 

H. de Schauenbui^ lit un mémoire de H. Quiquerez sur quelques 

> figures remarquables de l'ancienne abbaye de Saint-Ursanne, près de 

» Porentruy. 

Ces figures ornent les chapiteaux du portail méridional et appartiennent 
au onzième siècle. Les premières donnent en deux scènes la fable du 
Loup à l'école, sujet qui décore plusieurs monuments anciens, comme le 
transept de la cathédrale de Fribourg en Brisgau, et dont les fabliaux du 
temps ont donné plusieurs versions. Le chapiteau voisin représente la 
sirène, allaitant un enfant, moitié homme et moitié poisson à partir de la 
ceinture. Deux personnages, dont l'un barbu et portant un poisson sur 
l'épaule, se dressent à côté de la sirène. Ds sont, conune l'enfant, mi-partie 
homme et poisson dans ta moitié inférieure du corps. Contrairement k la 
représentation usuelle de la sirène, celle du chapiteau de Saint-Ursanne 
* a un corps humain complet et, en outre, la queue du poisson. 

H. Quiquerez considère cette sculpture comme une représentation de 
la sainte Famille. M. l'abbé Straub combat celte interprétation. Selon lui, 
la nudité des figures, leur caractère monstrueux et l'absence des nimbes 
ne permettent pas de voir dans ces images des personnes sacrées quel- 
conques, encore moins la Vierge et le Sauveur. Un ordre d'idées tout 
opposé parait avoir dirigé le ciseau du sculpteur. Plusieurs pères de 
l'Église comparent les pécheurs, les faux philosophes et surtout les nova- 
teurs aux poissons et aux monstres de la mer. Saint Jérôme et, après lui, 
les physiologues considèrent la sirène comme la personnification du péché 
immonde, de la volupté chamelle. Le sculpteur a-t-il voulu montrer aux 
fidèles le vice incorrigible, dans sa monstrueuse laideur, relégué aux 
portes de féglise — leur donner en quelque sorte une traduction lapidaire 
du foras eanesf 

Cela parait d'autant plus probable que les chapiteaux suivants, dans 
lesquels l'auteur du mémoire voit les symboles des évangélistes et dont il 
serait désirable d'avoir un dessin , figurent également une série de 
monstres, H. Straub rappelle, à cette occasion, que la sirène sculptée du 
onzième au treizième siècle se rencontre presque toujours à l'extérieur 
des églises. On la voit au portail, comme è l'église de Kaysersberg; sous 
la toiture décorant le larmier, comme à l'abside de Sainte-Foi de Schlestadt 



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— 27 — 

et au c6té nord des églises de Rosheim et de Sigolsheim; sous nne galerie, 
comme au femeux cHexentanz> de la cathédrale de Strasbourg, et cette 
fois dam un entourage de figures qui ne permettent pas d'y voir autre 
chose que la personnification du vice séducteur. Une seule fois elle paraît 
à l'intérieur : c'est à l'un des chapiteaux de la chapelle qui orne le croisillon 
nord de la cathédrale et sert de chapelle de haptisière. Même ici la sirène, 
allaitant un enfant-poisson, parait avoir une signification analogue, car 
elle traîne i sa suite sept dragons qui s'enlacent successivement par le cou 
et dont le premier est retenu par la queue de la sirène. N'est-ce pas la 
sensualité, la nature corrompue de l'homme, avec tout son cortège de 
vices et d'instincts mauvais, avant la régénération par les eaux du hap- 
tème? 

Le comité décide que les observations de M. l'abbé Straub seront com- 
muniquées à H. Quiquerez avant la publication de son mémoire, dont 
l'impression est votée. 

La séance est levée à i heures. 



S«»ce dD Gonilé di 22 Jiio \m. 

PrAiidanoe da H. SPACH. 



Présents ; MU. Morin , Oppermann , Ringeisea , de Schaoeabur^ et 
Slraub, secrétaire en fonctions. 

Le procès-verbal de la séance du 15 juin est lu et adopté. 

Après avoir proposé comme membre de la Société H. Bentz, de Lauter- hooIiu 
bourg, M. le président annonce au comité que M. Lebr accepte la nomi- «"j ^ ™™' 
nation de membre de la commission pour la publication des documents, ,,„£^„ 
en remplacement de M. Heitz. "^ IS^;** 

H. Ringeisen lit on rapport sur la ruine de Landsberg. 

f Monsieur le Président, j'avais espéré pouvoir assister aux deux séances k-mh 
précédentes et vous rendre compte de la visite que j'ai feite, le 4 avril -ti>a^»^ 
dernier, au château de Landsberg, en compagnie de H. Morin et de M. Ro- 
dolphe de Tûrckheim. 

<Je regrette d'en avoir été empêché. H. Morin vous aura sans doute dit 
ses impressions; je me bornerai, pour le moment, à vous rendre compte 
de l'état de la ruine et des conventions qui ont été arrêtées sur place avec 



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M. de Târckheim et an maître maçon de Barr, au sujet des travaux à exé- 
cuter. 

<ll nous a été très-facile de vériGer la situation du donjon qu'il s'agit 
de consoKder, au moyen des trois solivages et des escaliers en échelle de 
meunier qu'y a fait rétablir le propriétaire, à partir de la petite porte 
située sur la façade sud, à hauteur de l'ancien chemin de ronde. 

ill résulte d'un examen attentif: 

d" Que la construction du donjon se compose, sur chacun des quatre 
côtés, depuis le haut jusqu'au bas, d'une grosse maçonnerie en moellons, 
revêtue intérieurement et extérieurement d'un parement en pierre de 
taille de grès rouge de moyen appareil; 

< 2" Que les parements intérieurs sont sans retraites, comme ceux exté- 
rieurs, et déterminent une largeur dans œuvre de 4'" ,60, des épaisseurs 
de murs de S^.SO et une largeur hors œuvre de 9"',20; 

«3" Que la voûte établie au sommet forme un berceau pleiu-cintre, 
extradossé, dont les retombées portent sur les faces nord et sud; qu'elle 
est en fort boa état de conservation et n'a contribué en aucune façon à 
l'éboulement des faces extérieures; 

fâ" Que le terrasson au-dessus porte les traces d'un petit chemin de 
ronde de A"^,i(i de lar^ur, compris entre un mur de bahut intérieur, de 
0'°,70 d'épaisseur, et un autre extérieur, de 0^,40 d'épaisseur, à merlons 
et créneaux; 

4 5'* Qu'il existe encore deux corbeaux en saillie aux extrémités de la 
faceest et deux autres à l'angle de la face sud, qui indiquent l'emplace- 
ment des échauguettes et du moucharaby, établis pour la défense des 
parties importantes immédiatement au-dessous; 

16** Que tous les parements intérieurs sont en fort bon état, sauf quel- 
ques parties, correspondant aux ouvertures, qui ont été moulinées par 
l'action des ouragans; 

i?" Que le parement extérieur sud est généralement intact dans toute 
sa hauteur et qu'il est encore couronné par une partie de son parapet 
crénelé; 

«8" Que le parement extérieur est effondré, au milieu, sur une hauteur 
de treize assises à partir du sommet; 

»9* Que celui nord est effondré, vers l'angle ouest, en arrachement, 
sur une hautenr de trente assises, et que son angle nord-est menace de 
se détacher sur une hauteur de onze assises; 

• 10" Que la fïice ouest, qui est la plus endommagée, a déjà été reprise 



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— 29 _ 

sur uoe haoteur de six assises par les soins de la famille de Tûrckheim, et 
qu'il reste encore à découvert une hauteur de ringt^sept assises; 
. €ll* Que le noyau intérieur en maçonnerie est en bon état et qu'il n'a 
été que Aiblement atteint jusqu'à présent; 

«13° Qtie les dégradations des parements ne peuvent être attribuées 
qu'à l'action des eaus de pluie qui se sont introduites entre le parement 
extérieur et le massif de maçonnerie et qui, par la gelée, ont désagrégé 
les mortiers et disloqué les assises; que cette action, si elle n'est pas con- 
jurée, agira de la même façon sur les autres parements et amènera infaît* 
libleroent, dans moins de cinquante ans, la ruine de ce donjon. 

(En présence de ces fiaits, nous estimons qu'il y a lieu : d'abord, de 
démonter toutes tes parties menaçantes et qu'il s'agit de remplacer; 

«En second lieu, de dégager les abords, de rechercher toutes les 
pierres de taille qui se trouvent accumulées à la base; de tes disposer par 
assises régulières sur ie chantier; de les numéroter de manière à n'avoir 
plus qu'à les présenter, au fur et à mesure, lors de la pose. 

(Ces dispositions préliminaires, très-importantes pour le succès de 
l'eDlreprise, occuperont toute ta campagne et prépareront avantageuse- 
ment les ouvriers pour cdie de l'année prochaine, où l'on commencera 
les travaux de reconstruction. 

«Nous pensons qu'il y aurait encore quelques mesures à prendre pour 
empêcher les dégradations, telles que: bouchement de la brèche du mur 
d'enceinte à l'ouest et l'établissement de vantaux en bois à la petite porte 
du donjon et à l'ouverture de la voAte supérieure. 

■ En terminant, vous serez heureux d'apprendre, Monsieur le Président, 
que les travaux entrepris précédemment avec le concours de ta Société, 
aux fâ.ces est et sud de l'ancien château, ont parfeitement tenu jusqu'à ce 
jour et ont préservé ces magnifiques spécimens d'architecture romane de 
la ruine imminente qui les menaçait. > 

Sur l'invitation de M. Spach, le secrétaire donne lecture d'un mémoire 
très-étendti sur les dynastes de Hohengeroldseck, par U. Lehr. Ce travail, 
riche en données généalogiques, sera inséré dans le Bulletin. '^ 

On donne lecture d'un rapport détaillé de M. de Horlet sur une inscrip- 
tion gallo-romaine trouvée à Lûpberg; ce rapport est ainsi conçu ' ; 

I. Ce rapport, eDtérieoremeal fDvrni, atirsit dû figurer dans l'un des procëa-Terbaux 
de décembre t867. 



ptr M. di Mort». 



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p M 

MACJOMCI 
NATAUsriUÛ 



_ 30 — 

f Au sud du village de Dùrste), s'élève un coteau nommé Lùpberg, sur 
lequel se trouve un cimetière franc, signalé, il y a quelques années, par 
feu M. Schweighaeuser. Deux tombes accolées 
viennent d'y être piises au jour; elles ont 1°',90 
de longueur et O^jSO de laideur et sont con- 
struites avec des dalles posées de champ. 

• On n'y a trouvé aucun bijou; les squelettes 
étaient réduits en poussière et les armes dé- 
truites par l'oxydation; mais ce qu'il y a de plus 
intéressant dans la découverte de ces tombes, 
c'est une inscription en lettres romaines, gravée 
sur une des dalles, et qui est ainsi conçue : Aux 
dietuc mânes, à Majiorix, (ils de Nalalis. 

(Au-dessus des sigles D. M. on voit un fron- 
ton triangulaire, au milieu duquel est gravé un 
croissant semblable & ceux que l'on remarque 
sur plusieurs lombeaux des environs de Saverne 
el de Dabo. 

< Cette pierre, arrachée au monument funèbre 
du Gallo-Romain Majiorix, a donc servi à con- 
struire plus tard la tombe d'un Franc. 
(Le nom de Majiorix nous était déjà connu par une inscription parfai- 
tement conservée que possède le musée de Saverne et qui a été trouvée 
au siècle dernier près de cette ville; en voici le texte : 
MERCVRIO 
ET APOLLINI 
MAGIORIX. ET 
QVINTVS. SECVN 
Dl. FIL. V. S. L. M. 
(A Mercure et à Apollou, Hajiorix el Quintus, fîts de Secundus, d'après un 
voeu, librement et à leurs frais.) 

( Cette deroiëre inscription, bien connue des archéologues, est remar- 
quable par la beauté et la parfaite exécution de ses lettres, qui paraissent 
dater du premier ou du deuxième siècle, tandis que la forme des lettres 
de l'inscription du Lûpberg annonce une époque Je décadence bien 
caractérisée. 

( Ces deux monuments épigraphiques sont réunis aujourd'hui dans le 
musée de Saverne. 



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— SI — 

f Le succès de la découverte du Lûpber^ est dû au zèle et à l'intelligence 
de H. Martinet, agent voyer à Drulingen'.» 
La séance est levée à 3 heures et demie. 



Séuee gèiérale in ï jiillct 1868. i Gftlmar. 

Préiideiice d« M. SFACH. 

Environ trente membres sont réunis à l'hôtel de la Préfecture, où le 
sous-comité avait organisé une exposition d'objets antiques trouvés lors 
des dernières fouilles dans le Haut-Rhin. On remarquait enire autres une 
très-grande amphore, presque intacte, trouvée à Kuenheim, plusieurs 
ornements en bronze et des fragments de poterie provenant d'une sépul- 
ture gauloise découverte dans la propriété de MM. Gastard et Hauser, 
entre Scboppenwihr et Houssen, d'intéressantes fîbutes déterrées à Tùrck- 
heim, etc. 

Prennent place au bureau: MM. de Hûllenheim, secrétaire général de 
la préfecture du Haut-Rhin; Spach, président de la Société; de Scbauen- 
borg, vice-président; Véron-Ré ville, Chauffour, Gérard, Liblin, et Straub, 
secrétaire. , 

M. Spach ouvre la séance par le discours suivant : 

«Je vais avoir l'honneur, Messieurs et chers compatriotes, de vous 
présenter d'abord, en raccourci, les travaux des deux comités depuis la 
dernière réunion générale de Strasbourg. Je remplirai ensuite un devoir 
en vous entretenant du résultat d'une conférence que la commission des 
documents, formée il y a dix mois, a tenue ce matin même à Colraar. — 
Je terminerai en vous annonçant une libéralité inattendue, faite par l'un 
des membres de votre comité, en faveur d'une autre entreprise littéraire, 
qui ne peut manquer de conquérir toute votre sympathie et le témoignage 
de votre gratitude envers le généreux donateur. 

«Dans la livraison du Ruiletin, dont nous réunirons les matériaux pro- 
chainement, vous trouverez, de la main de l'un de nos secrétaires ici pré- 
sent, une description détaillée des peintures anciennes récemment décou- 
vertes dans l'église de Rouffach; diverses notices d'archéologie romaine; 
des extraits du Duilelin de la Société archéologique de Constantine; une 

1. On croit de voir rappeler, i cette occasion, qu'une méâBille en a été donnée à 
M. Hsrtioel en séance générale dn 12 décembie 1867. 



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— 88 — 

notice généalogique appntfondie sur la fïimilte de Geroldeeck, notice due 
au plus jeune de nos membres, notre trésorier actuel; une notice de 
H. Quiquerez sur les chapiteaux symboliques de l'église de Saint-Ursanne; 
et une monographie étendue de votre président actuel, sur l'ile et l'ab- 
baye carlovingienne de Reicheuau, qui a fourni des évéques à Straslioui^ 
et entretenu avec le diocèse alsacien des rapports fréquents. Je me suis 
laissé entraîner â ee travail par l'abondance des matériftui intéressants, 
par les souvenirs pittoresques du pays qui entoure les sanctuaires de Tile, 
et par le parallèle de son passé avec sa situation actuelle. Voiis n'avez 
point oublié que Reicheoan est situé en face d'Arenenberg. 

f Je n'empiéterai point sur les détails que l'un de nos membres nous 
promet au sujet des découvertes faites dans vos environs. 

cDans le Bas-Rhin, on a trouvé récemment, aux environs de Seltz, 
une belle statue équestre romaine et une série d'objets antiques qui ont 
été acquis, sur place, par un collecteur infatigable de Haguenau. 

€ A Strasbourg même, dans l'intérieur de la prt^riété de feu M. Georges 
Kasiner, le âls de l'illustre composteur a fait pratiquer des fouilles qui 
ont mis à jour des monnaies et des débris de poterie. On nous promet 
une notice sur ces objets. La splendide demeure, où Georges Kasiner 
continuait sans relâche, pendant les vacances, ses travaux qui l'ont conduit 
à une mort précoce, cette demeure est une ancienne maison capitulaire 
de Saint-Pierre-le-Jeune et se trouve adossée contre celte antique collé- 
giale. Elle est, par conséquent, en dehors de l'enceinte d'Argentorat; 
mais nous savons depuis longtemps que tout à l'entour de l'ancien castel- 
lum romain, siège de l'état-major de la 8* légion, il y a chance jour- 
nalière de faire des découvertes analogues. 

■ Dans des décapements pratiqués sur le plateau de Hobfrankenheim, 
au midi de Hochfetden et de ta vallée de la Zorn, les ouvriers ont décou- 
vert des squelettes gallo-romains, avec quelques ornements, aussitôt enle- 
vés par des brocanteurs des environs. — M. Rouis, sous-directeur de 
l'École de santé militaire, a pu sauver de la dilapidation un vase en grès 
de couleur grisâtre, dont il a fait don à notre modeste musée. Un don 
important nous vient de M. Lartet, par l'entremise de notre confrère, 
H. le colonel de Horlel, qui en a feit la nomenclature insérée dans l'un de 
nos procès- verbaux;- il consiste surtout en armes, etc., confectionnées avec 
des os de renne, témoins précieux d'une époque antéhistorique, oix 
l'homme de nos latitudes était contemporain d'espèces animales mainte- 
nant disparues. 

(Je ne rappelle que pour mémoire les travaux accomplis dans le ebè- 



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— Î8 - 

kenu -de K&Tsersbeif sDtérieureinntt wn semestre qoi viaat d« s'-éooakr. 
Nos rapporlt avec le profuiétaîre da chàlean, pour fixer notre pari d'ac- 
tion et véeerver ses droits, «rt été parfaits; je saisis cette oocaeion d'offiir 
i M. le conseiller Itieff Veiprrasion publique de nos remerdments. 

(Dans Je courant du printemps dernier, M. Uonn, architecte du dépar- 
lemeat da Bas-Rhin , a sigaalë dans 'le «bâtean de RalhsamKaoseD la pos- 
aibilftë d'un icte de conserralion, à peu de frais, «a haut d'une <paroi de 
muraillfi fortement létas^ée; il proposait de maintenir les daux parties 
disjointes par des crampons de fer. Nous avons soumis «e projet, avec un 
devis approximatif, à W" Scfaeidacker, fMY>pnét«re du ririten et membre 
de noire Société; elle a généreusement accordé une somme de 736 fr. 
applicable à l'établissement d'un échafaudage, dont le bois serat pris dans 
ses IbréU, et à la oourection ^s crampons.. Après une contre-épreuve à 
laquelle H. Rîngeiseo doit se livrer, nous espérons arriver à une solution 
encore dans le courant de celle campagne. Un membre de notre comité, 
H. Louis Levrault, à Obernai, se chargerait de surveiller les travaux. La 
ruine historique de Rathsamhausen rentre daus le domaine scientifique de 
ce membre de notre confrérie. Les lecteurs de notre Bulletin se sou- 
Tiennent sans doute de rexcellenle notice que M. Louis Levrault nous a 
fournie il y a quelques années. 

1 Non loin de Liitzelbourg-Ralhsamhausen, au pied de Sainte-Odile, se 
trouve le château de Landsberg, é juste lilre célèbre par le souvenir de 
Tabbesse Herrad, qui a vu le jour dans ses murs. Cette pittoresque ruine 
est aujourd'hui la propriété de M. Rodolphe de Tûrckheim. Nous sommes 
convenus avec lui de quelques actes de réparation assez importants, et 
nous avons alloué à cet effet une somme de 1,500 fr. à répartir entre 
trois annuités. M. de Târckheim y contribuera au moins pour le donble, 
peut-être pour le triple. Vous approuverez notre aKocatîon, jus^ée par 
le site et la beauté archéologique du Vieux castel, par les souvenirs poé- 
dques, historiques et religieux qui s'y rattachent. 

f La campagne présente sem employée & la dispositioa des matériaux et 
è l'établissement d'un échafaudage. 

( Voici les termes dans lesqu^s M. de Tûrclcheim vient de m'et écrire : 

< Honneur le Président, j'ai reçu la lettre q«e vous m'avez Ait t'hon- 
«nenr de n'écrire soos le 48 coaraBl. J'aurais voiriu y r^ondra de siBte, 
«mais j'ai eu besoin de me rendre cenple sur place des dispositiona i 
< prendre avant de vom donner des aasuraoces formelles fior les dittéreots 
( détails da travail prcjeté au oli&teau 4e haoàabtrf. 

tTù été hi&c dans ma fmpnëté et je me suis bien rendu compte de 

U* a*Mia. — T. TI. — (P.-V.) ■^ 



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— 84 — 

f ces dispositions. Le maître maçon est prêt à commencer le travail au 
tmois d'août prochain. Il commencera par démonter les parties mena- 
€ çantes qu'il s'agira de remplacer oltérieurement; puis il fera simuttané- 
cment la recherche, te classement et le numérotage des pierres pouvant 
iservir à la restauration de la partie écroulée du donjon, et comblera le 
( mieus possible, arec des matériaus de dimension moindre, la brèche du 
(mur d'enceinte à l'ouest. Enân, on préparera la Fermeture des issues 
(inférieure et supérieure du donjon, de maniée à rendre impossibles à 
d'avenir les dégradations par main d'homme au donjon, mais en laissant 
( toutefois pénétrer la clarté indispensable pour que des visiteurs sérieui 
( puissent y monter. 
■ Recevez, etc. 

( Signé: R. de Tûrckheih. > 

( La restauration de l'église de Bermont, prés Belfort, a donné lieu à 
quelques débats au sein des deux comités. Dans les deux réunions, une 
partie de nos confrères voulaient refuser toute allocation, parce que l'édi- 
fice avait été en grande partie renouvelé avant que nous n'eussions été 
saisis de l'affaire. Des considérations basées sur la bonne foi de la fabrique 
et sur l'attention donnée au maintien des parties anciennes de rédifice 
ont porté notre comité, après une discussion assez vive, à allouer une 
somme modeste, plutôt à titre de patronage et de bonne confraternité que 
pour soulager la fabrique ou la commune qui ont employé des sommes 
très-considérables à celle reconstruction. 

(La custode de l'église de Walbourg, dont j'ai eu l'honneur de vous 
entretenir, il y a un an, doit être décorée dans sa partie supérieure de 
figurines représentant une série de saints du moyen fige. Ce travail n'est 
pas encore terminé, parce, qu'un désaccord s'e^ manifesté au sein de 
notre comité entre deux membres compétents sur les personnages à ad- 
mettre dans cette espèce de tabernacle. 

■J'arrive â la question de la publication des documents alsatiques. Je re- 
prends l'affoire à son origine. 

( C'est au sein de votre comité que ce projet a sui^ , voici deux ans main- 
tenant. Des projets de statuts avaient été présentés par quelques-uns de 
vos membres, et présentés à la discussion de l'assemblée générale, le 
14 juin 1866. L'article 4 de ces statuts portait (qu'une commission des 
documents, composée de 7 membres, serait formée, et qu'un directeur ou 
éditeur responsable serait nommé pour chaque édition ou volume. 

(Le S8 juillet suivant, votre comitéa désigné MM. Gérard, Ignace Ghauf- 



,y Google 



— 35 - 
four et Auguste Slœber, pour iàire partie de cette cotnmîssion; le 13 août, 
noire comité a nommé MM. Guerber, Straub, Heitz et le président à cette 
même charge de couQance. 

cA' la date du 14 novembre 1866, dans une réunion tenue par les sept 
membres à Strasbourg, les bases d'une circulaire ou d'un appel au public 
alsacien ont été arrêtées; et avant la fin de l'année, le projet rédigé par 
votre président a été communiqué par correspondance aux divers membres, 
puis livré à l'impression. 

(Ce projet en épreuve est resté entre les mains de H. Heitz, qui tomba 
malade dans les premiers jours de l'année dernière et nous fut enlevé dans 
le courant de mai. A la suite de cette perte inattendue, le projet resta en 



(Dans l'assemblée générale du 4 juillet 1867, je vous ai entretenus de 
cette fin regrettable. 

(Depuis lors, je croyais en toute sincérité que le projet était abandonné, 
ou du moins ajourné : je me suis trompé; votre comité nous a invités à 
remplacer M. Heitz, puis de reprendre le projet en donnant cours à un 
appel au public. 

( Dans l'une de nos séances mensuelles de juin , M. Lehr, notre trésorier, 
a été désigné à faire partie de la commission des documents, que j'ai 
convoquée, pour ce matin même, chez H. Ignace GhaufTour, et où nous 
sommes convenus de donner cours, avec quelques modifications et addi- 
tions, à notre projet de circulaire primitif. 

(Nous espérons être en mesure de vous adresser prochainement ce 
factum, qui contiendra la liste des premières publications et les condi- 
tions de la souscription. Nous avons l'intention de commencer par les Col- 
leclanées de Speckle, et par la Description de la cathédrale de Strasbourg, 
par Heckler. 

(J'aborde le dernier sujet de mon rapport, qui se résume à la fois dans Don j* 3,061) rr 
une agréable surprise, et dans la conviction qu'un succès complet répondra i^EDrd-D^ufu 
aux généreuses intentions manifestées par l'un des membres de votre co- 'i«»""^^««™ 
mité. J'ai reçu avant-bier la lettre suivante de H. Engel-Dollfus, de Dor- 4,|^dle,î^^^ 
nacb: ' ''T^^" 

(Monsieur le Président, j'aurai probablement le regret de ne pouvoir 
«assister à la réunion générale du S juillet prochain; ces raisons d'ab- 
(sence se répètent même si fréquemment, qu'en bonne logique il ne 
(me reste qu'à me retirer du comité ou à chercher s'il ne me serait pas 
( possible de lui être de quelque utilité. Cet ordre d'idées m'inspire la pro- 
( position suivante: 



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— 36 — 

cNots manquons d'un, dictionaaipei biographiqua alaitSqa&. 

■ n eiifite. saQfi doute déjà de Bonibr«BC8 ootfces sur les hommes qui 
■ ont illustré nos deux départements dans les sciences, las lettres, lea< art^ 
« dons la magistrature et l'armée , daus l'industrie ou dans d'autres braacfaes 
• de l'acUvîlé humaine, mais elles août épsfpil)ée& dans uae foule de re» 
«éveils, très-souvent incomplètes ou entadiées d'erreans qui se répèlent 
itradilionaellament.. 

< Publié sous les auspices de la Société des monuments hist'onqves, d'à» 
Lppès un plaou qai aurait refiti son approbatian, assuré, j'en: ai le prescen- 
cbimem, de: eoltabosations précieuses, le Dictionnaire biogrcephique de 
tV Alsace , avec ses. côtésv historiques et bibliographiques, publié dtas ua 
f moment où tant d'hommes éminenls et si bien préparés sur dessojets' 
rspéoiaux pourraient lui prêter leur concours^, ne psurtait manquer de 
tformer une œuvre considérable, pleine d'intérêt et de nature àoontrir 
( huer puissamment à le Tulgtansadoni de connaissanoea qiie notre- ^que 
( de diffusion ne permet plus d'abandonner eKcluGivemenl aus. émiditei 

I A l'effet d'assurer l'exéculion du projet dont j'ai l'honnanr de vou» 
« entretenir, je mets à la disposition de la Société une somme'da SiOOO' fn. 
(à décerner à titre de prix, à l'auteur et ooordonnateur du Dtitfwruimre 
i biographique de CAUace. 

(.Sans vouloir, en aucune façon, in^)oser mes préférences ou ud. choix.,, 
a j'exprime, le désir que la direction de oetle œuvre EO)tconlié& au comité- 
tdu Haut-Rhin, qui y trouverait un. aliment nouveau d'activité et d'in-' 
(térét„en même temps qu'il serait en rapports faciles et fréquents avec 
t M. Sloffel, que je me perinets, avec son autorisation „ de présenter à> 
d'agrément de votce Société et dont la compétence parfaits ne mepar^t' 
f pas, devoir être, discutée. 

«Nos monuments historiques trouvent leur c9té le plus attrapant dauBi 
<l68 souvenirs qpi.s'y, rattachent; le livre queje.recommandeau>p8lronage 
«de la Société lui revient de droit;, Vélude de, l'histoire locale,, j'entends, 
«celle de. notre province natale, est d'ailleurs à. envisager tout.autrem^il. 
«qu'une simple addition àxelle de l'histoire générale; j'y; vois presque uui 
< devoir patriotique et je m'estimerais heureus que la Société , partageant, 
«mon sentiment, reconnût dans la prc^eL que je lui soumets un nouveau 
« moyen delà faciliter et d'en répandre le goût. 

« Veuillez, etc. • Siçtié:- Emgbl-Dou.pu5. > 

«Je n'ai rien.iajputer à cesparolesàmpleset dignes. Vous vous joindroE 
à moi. Messieurs,. dans l'exf^ression d'une, nve gratitude,: en, retour de 
cette maniScence éclairée de M. Engel-Dollfus. La Société des monuments 



yGçOglC 



- Ȕ: - 

faistopiqueB9eliiftuvetltiité»dU'pHnnrag«'4oete^iiâteuf'v6MbibiVhii'flG8)-' 
gner dans la confectioa d'un dictionnaire biographique des )llU6mtiof(ff 
dsftcienoes^ Il est de toute: justice que pour les détails d'exécntioD le dJeir 
exprime: pw H.. EngG)>'DciHfuB soitexéeaté àë point en point, e'est-Â^dirtf 
que le c«Mni(é deColnur dir^-le^tvarail, doiA M, Stotfel s«rait chargé' d^^ 
coordonner les diverses parties. Ce serait là le noyau de- Péilli-epriftsi lA 
directeuv fvtur ne repo«sscm points je le pense,' la bdMtVole ftstisOUce 
qui lui viendra d'autre part, même du Bas-Rhin; les Torces réunie d» 
plusieurs collaborateurs pourroDC seules meneFàbout une entr^risa aussi 
considérable. Il en aéra de ce dictionnake corame de plus d'uoe'eiitrefK'iB» 
encyclopédique contemporaine;, autour d'un eenlre stable viendronli se 
grouper, avec leurs appréciations personnelles^ ks-biograpbee, qui livr-e- 
ronl les matériaux de ce pantbéoa aieatiqiw. Remercions encore- une fbiâ 
H. Engel-Dollfus d'avoir pris l'initialive de cette oeuvre, et del'avoir rendue 
possible. Je ne pourrais mieux terminer que par la proposition d'un vote 
de cette portée. 1 
L'assemblée vote de chaleureux remerctments à H. Engel-Dolirus. 

La parole est é M. Dietricb, qui fait un rapport intéressant sur les L«eu» 
fouilles opérées â Kuenheim et h Tùrckheim. Ce mémoire sera inséré dans J;^'5J*^|;jj^ 
le Bulletin. Sur la proposition de M. Ringeisen, U. Dietrich indiquera sur ■p^-^^J'^"^^' 
une carte l'emplacement des trouvailles faites dans ces diverses localités. 
L'assemblée vole une somme de 300 fir. pour continuer les fouilles. 

H. Dietrich dépose sur le bureau une série de monnaies, trouvées A ih» ui 
Saint -Hippolyte, au Zimmerhof, et offertes au musée de la Société, p»ii.wdur 
par M. Walter, membre du conseil d'arrondissement et maire de Saint- ^^^!^^, 
Hippolyte. 

Ces monnaies sont : 

i" Pièce d'or de François 1", armes de France, avec la légende : Pran- 
eiscus Dei gralia francorum rex; au revers, une croix fleurdelisée, en< 
tourée des mots: X* regnaty X* vincU, X* imperat. 

3° Pièce d'or de Louis XIU, armes de France, avec l'exergue : tudo- 
vicus XJII, Dei grat. Franciœ et Navarrœ rex; au revers, les mois : Chris- 
tu3 régnai, vinàt et imperat. 

3° Une médaille de bronze à l'effigie du pape Innocent XI (Beno& Odes- 
calcki), avec les mots : Innocent XI Pont. M. anno IIII; au revers, l'église 
de Notre-Dame de Lorette, vers laquelle s'avance une procession, avec 
les mots: Domus D. M. Laitretane. 

4° Trois petites pièces d'ai^ent à l'effigie de Louis XIV. Une pièce en 



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— 38 — 

argent de Henri IV, Trappée en 1599, avec la devise: Gratia Bei suta 
quodsum. 

5f Un jeton de bronze à Veffigiede Louis XIII; au revers, une vue de la 
ville de Reims, sur laquelle une main, sortie des nuages, lient la sainte 
ampoule, avec la légende: Franciœ data munera cœli; cette pièce porte 
ta date de 1615. 

Des retnerclmenis sont volés à U. Walter pour le don qu'il vient de Ùàre 
à )a Société. 
j.^^~iu« ^ M. le président donne lecture d'un mémoire biographique sur les deux 
*' "laS^i '" Scliweighœuser. Ce mémoire sera imprimé dans le Bulletin. 
se)>w>i|i»uHr. jj |g ba|.(jn()e Schauenburgpropose M. l'abbé Monsch, vicaire à Coiraar, 
comme membre de la Société. 
La séance est levée à 3 heures et demie. 



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Séance du GoniU du 20 juillet 1868. 

Priùdwo» de M. SPICH. 



PréaeiKs : MH. E^ssea, baron Mathieu de Faviers, Merck, Oppermann, 
baron de Scbaueaburg , SilTer, Straub. 

Lectnre est donnée par M. Straub du procès-verbai de la séance géné- 
rale de Golmar. Ce procès-verbal est adopté. 

M. Siraub exprime le désir que dans la suite le Bulletin ne reproduise dcu» >■!»'• 
aucun dessin dont l'entière exactitude ne soit justifiée par une photogra- -bt""""*^ 
phie, ou, s'il s'agit d'inscriptions, par un estampage, quand l'original ne 
peut être placé sous les yeux du dessinateur litl>ogra|'he. 

Le môme membre propose également l'emploi d'un papier plus fort pour 
le Bulletin de la Société. 

La proposition est acceptée. 

M. Fischer, de Saverne, propose comme nouveau membre à admettre, Ad»iHi«» 
H. le curé Glœckler, à Schweinheiro ; adopté. 

M. Bertrand, conservateur du musée de Saint-Germain-cn-Laye, demande 
le Bulletin de la Société en échange de ses publications; accordé. 

H. Rouis, sous-directeur de l'École impériale de santé militaire, envoie Aniiquiit* 
des antiquités gallo-romaines trouvées à Hohfrankenheim; remerci- ""''^^'^'""° 
menls. . p.rii.Ri."U, 

M. Siffer Ut une note sur un autel épigraphique trouvé à Kleiorranken- L«i~n <'<iu ■>•>!' 
heim. L'impression de ce mémoire est votée. 

Lecture est donnée d'un rapport de U. Huot (de Colmar), sur un mémoire ^.^1;^^^ t, 
de H. Sester, au sujet d". l'emplacement du champ de bataille entre Ârio- »■»•"*■ 
viste el César. Le comité vote l'impression du mémoire, tout eu déclarant 
qu'il entend laisser à l'auteur la responsabilité des assertions géologiques 
cootenues dans ce travail. 

La séance est levée à 4 heures. 



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Silice di CoaiiU du 17 M\ 1868. 

Prétidanca de U. SPACH. 



La séance esL ouverte à S heures, dans le local de la Sociélé. 
Présents: MM. Eissen, Herck, baroD de Schauenburg:, Slraub, secré- 
laire en fonctions. 

H. Eissea donne lecture du procès-verbal de la séance du 30 juillet. Le 
procès-verbal est adopté. 
uirtniM M. le président dépose sur le bureau la médaille accordée à la Sociélé 
:*^^iBiDn par la Commission dé rEsposilion universelle de 1867, pour l'envoi des 
'«Kiie objets qui ont figuré dans la section de l'histoire du travail; il fait en même 
temps passer sous les yeux du comité les publications archéologiques qui 
ont été envoyées dans l'intervalle des deux séances : 
•> <i*iK»i< Mémoires de la Sociélé impériale des antiquaires de France. Troisième 
série, tome X, Paris, 1868, 1 volume in-S"; 
Ser Geschichtsfreund. Tome XXIII, 1 volume in-8°; 
Revue des Sociétés savantes des départenumts. Avril 1868, 1 brochure 
in-8''; 
Les Légions d'Auguste, par Ch. Robert. 1 brochure iD-8°; 
Die Sammlungen des historischen Vereins von und fur Oberbayem, 
herausgegeben durch Bibliothekar Fôringer. 
~^-« Sur la proposition de M. Spach, M. Eugène Kasloer, ûls de feu M. Georges 
Kastner, domicilié à Montmorency , est porté sur la liste des membres de 
la Société. 
pDDd>.]M M. le président rend compte de la correspondance : Une lettre de 
H. Véron-Réville invite les membres du comité de Strasbourg à coopérer 
& la rédaction du Dictionnaire biographique d'Alsace. 

M. Bruch, inspecteur ecclésiastique de l'Église de la Confession d'Augs- 
boui-g, prie la Société pour la conservation des monuments historiques 
d'Alsace d'intervenir è l'effet de faire classer l'église de Westhoffen parmi 
les rnonuments hisloriques> 

Dans une lettre datée du Vi août, M. Levraull fait conntdtre le chiffre 
auquel l'entrepreneur estime les restaurations proposées pour le château 
de Ralhsamhausen. Ce chiffre (3,000 fr.), dépassant la somme allouée par 
M*^ Scheidecker, le comité juge qu'il y a lieu d'aller à plut amples ren- 
seignements. 



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— 41 ~ 

M. Albert de Die(ricb fils, maire de Niederbi'onii, annonce qu'à l'occa- 
sion des travaux du chemin de fer, on a ti'ouvé des tombes et déterré un 
certain nombre d'antiquités imjMrtantes. Ces objets seront réunis dans un 
local sûr. 

M. le baron de Schauenburg donne quelques nouveaux détails sur les p«-i™^«"">i« 
peintures murales de l'ég-lise de Wissembourg, qui reparaissent successi- *"<—'^"i- 
vement au jour. M. Ohleyer, qui s'est chargé de la mission délicate du dé- 
badigeonnage, vient de faire reparaître une grande figfure de Christ montrant 
ses plaies. Une inscription allemande, analogue à celle qui se lit sur le 
Christ de Haguenau, invile les fidèles à considérer ces plaies comme une 
preuve de Tamour divin. A la gauche du spectateur on aperçoit la ligure 
du donateur. M. le baron de Schauenburg rappelle, à cette occasion, que 
H. Ohleyer a tenté une restauration de saint Christophe dont la colossale 
figure couvre un pilier près de l'entrée du choeur. On sait que ce saint, 
fort vénéré au moyen âge et invoqué contre ta mort subite et imprévue, a 
été repi^enlé dans nombre d'églises, comme â AIspach (douzième siècle), 
trois fois à la cathédrale de Strasboui^ (vitrail du douzième siècle dans le 
transept sud; peinture du quatorzième sur un pilier de la chapelle de 
Sainte-Catherine; statue de la même époque, à peu près, dans le transept 
sud près de l'horloge), à Saint-Pierre-le- Vieux, deux fois dans l'église des 
Dominicains de Guebwilter, etc. 

Le comité remercie M. de Schauenburg de sa communication et 
H. Ohleyer du soin avec lequel il fait revivre les intéressantes peintures de 
l'église de Wissembourg. 
H. Spach donne lecture : 

1° D'un compte rendu sur quelques-uns des ouvrages envoyés en der- t.iu.n 
nier lieu à la Société, et, plus spécialement, sur les volumes XXII et XXUl 
du Geschicktsfreund, de Lucerne; 

2° Du texte, de la traduction et du commentaire d'une charte de i'em* 
pereur Henri IV, de l'an i065, contenant une donation de deux villages 
alsaciens au comte Eberhard; 

3° Du texte et de ta traduction de plusieurs chartes du moyen âge rela- 
tives au péage de Sellz. 

Ces communications seront insérées dans le Bulletin (sous la rubrique 
des Hémoires). 
La séance est levée à 4 heures. 



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Séance dn Comité do 1 seplenbrc 1868. 

Prtoidsnca da K. 8PACH. 



Présents : MM. Eissea, Merck, Morin, Siffer, baron de ScbaueDbui^> 
Spacti, Straub. 
Le procès -verl)al de la séance d'août, lu par H. l'abbé Straub, est 
•* adopté. 

M. Slraub présente nu sigillé trouvé dans une 
cave près du Temple-Neuf, dont il traduit la lé- 
gende de la manière suivante : Sigilium fralris 
Dei fideUs amici. M. Straub a fait l'acquisition du 
sceau, qui a la forme d'une amande et se trouve 
dans un état de conservation partïiite. La moitié 
supérieure figure le buste d'une femme voilée, 
sans nimbe, et tenant une clef dans la droite; 
au bas on voit le pélican nourrissant ses petits. 
Le président dépose un certain nombre d'im- 
*' . primés reçus : 

Revue des Sociétés savantes des départements. Hai-Juin 1868. 1 brochure 
in- 8°; 

Bulletin de la Société niveniaise des sciences, lettres et arts. Tome UL 
Nevers, 1868. i brochure in-8*; 

BuUetin de ta Commission des aiUiquités départem^iUales du Pùs-ds' 
Calais. Tome II, n" 5. AiTas, 1868. 1 brochure in-S"; 

Quelques Questions de géographie du moyen âge, par M. Henri Lepage ; 
Die Grûndung Rom's, von D' P. W. Forchhammer. Kiel, 1868. -1 bro- 
chure in-8*; 

Sàiriften der Universtlàl tu Kiel aus dem Jahre i867. Band XIV. Kiel, 
1868. 1 volume in-i"; 

Jean-Louis d'Erladi, gouverneur de Bnsach, par M. Sabourin de 
Nanton. 

H. Quiquerez a envoyé des photographies de chapiteaux de colonnes de 
Sainte-Ursanne. 

Le comité autorise le président à payer les frais auxquels ont donné lieu 
les photographies. 



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— 45 - 

H, StofTel propose comme membres : MM. Belin , conirôleur des contri- «•loi-i» 
butions directes à Mulhouse, el Leib, contrôleur des contributions directes 
à Atitirch; H. Siraub propose M. Riehl, ct|ré à Vendenbeim; M, Vérou- 
Révine propose H. Goulzwiller, notaire à Biederthal. — Admis. 

Le président donne lecture d'une lellre de M. E. Lebr, informant le cui»» 
comité que l'on a refusé l'entrée du château de Morimont à quelques ' '""*"'' 
membres de la Société, sous prétexte que le propriétaire aurait remboursé 
les sommes dépensées par notre Société. 

Le président est chargé de demander des explicatione à M. Heycr, à 
Genève. 

Le colonel de Horlet donne au comité quelques détails sur les armes il~..~.~^^ 
romaines et gauloises trouvées à Alise-Sainte-Reine (Càle-d'Or), dont les i^'trtk 
moulages viennent d'être adressés h la Société par le sénateur surinten- 
dant des beaux-arts. 

Ces armes sont le produit des fouilles exécutées à Alise-Sainte-Reine, 
par ordre de l'Empereur, pour retrouver les camps des légions et les fossés 
de circonvallation et de conlrevallatîon , exécutés par Gésar, A l'entour de 
Yoppîdim. d'Alésia, où s'était réfugiée l'armée gauloise commandée par 
Vercingélorîx. 

C'est au pied du Mont Réa, sur te point le plus vulnérable de la circon- 
vallation où fut livré, sans doute, le combat qui décida du sort de la Gaule, 
que furent tiouvées ces armes enlourées d'ossemenis, de débris d'am- 
phores, et d'environ 600 monnaies gauloises et romaines, doit la daic la 
plus récente s'arrête à l'an 700 de Rome , c'esl-A-dire deux ans avant le 
siège d'Alésia. Cetle importante découverte parait avoir donné définitive- 
ment gain de cause à l'opinion qui fixe la position d'Alésia h Âlisc-Sainle- 
Reine (Côle-d'Or). 

Voici la nomenclature de ces moulages qui représentent avec une 
remarquable exactitude les pièces originales déposées au Musée de Saint- 
Germain : 

Armes offensives. 

Sabres et fourreaux (fer). 

Pilum (fer). 

Lances grandes (fer). 

Lances et traits petits (fer). 

Bouts de pilum (fer). 

Traits de catapulte, trilbx (fer). 

Fùls de flèches. 



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Armes d^msives et objets divers. 

Casques (fer). 

Geniastèrea, mentonnières (rer). 

Umbes de bouclier (fer). 

Fibules (fer). 

Fibules (bronze). 

Mors de bride (fer). 

Mors de bridon (fer), oreœ. 

Le président annonce qu'il a été avec M. Levrault à Lûlzelbourg-Rath- 
samhausen et qu'il s'est abouché avec un entrepreneur qui s'offre de faire 
les consolidations nécessaires. H a invité l'entrepreneur à débatlre les devis 
avec M. Morin. 

Une discussion s'engage sur la nécessilé qu'il y aurait h demander le 
classement d'un certain nombre d'églises de l'arrondissement de Stras- 
bourg, telles que celles d'Eschau, de Mutzig, d'Altorf, de Westhoffen, etc. 
Le président est chargé de poursuivre préalablement auprès de qui de droit 
le classement de l'église de WeslhofTen. 

H. Siffer donne lecture d'une note sur les découvertes récemment faites 
à Niederbronn, 

t A Niederbronn, à cinq minutes de distance au sud-est de la source 
thermale, dans un terrain montucux, faisant partie de la section H , et 
portant au plan cadastral les numéros 135 et 126, les Iravaui exécutés 
pour l'établissement du chemin de fer de Thionville viennent d'amener 
l'intéressante découverte d'un cimetière franc. Les sépultures, mises à jour, 
à la date des 6 et 7 août, et à l'ouverture desquelles j'ai assisté, sont an 
nombre de huit; elles se trouvaient encore é leur place primitive, et étaient 
toutes alignées à la suite l'une de l'autre; au premier abord, quelques 
personnes compétentes ont pensé qu'elles appartiennent à l'époque de 
transition du paganisme au christianisme; je les crois chrétiennes; et j'ai 
le bonheur de me trouver du même avis que le savant archéologue, 
H. Quicherat, professeur à l'École des chartes de Paris, qui était aussi sur 
les lieux. Tous les squelettes étaient couchés sur le dos, el avaient la face 
tournée vers le ciel, la tête h l'occident, les pieds à l'orient, et les bi-as 
étendus le long des côtes. Les corps étaient parfaitement conservés ; ils 
étaient déposés dans la terre sans cercueil; un seul, superposé à une 
sépulture sans cofire, gisait dans un sarcophage formé de dalles en grès 
à peine dégrossies : ce cercueil présentait la forme d'un carré oblong. Trois 
squelettes avaient près de la tète une pierre brute, comme ceux du cime- 



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— 45 — 

Uère de Morschwiller, décrit par le rapportenr, dans le Bulletin, 3" série, 
tome V, page 49 (Mémoirfes). Parmi les squelettes, il y en avait un que 
l'on reconnut pour fttre celui d'une personne adolescente , et deux pour 
£tre ceux de deux femmes: ces deux derniers étaient nantis, l'un, de deux 
vases brisés en poterie commune, d'une assiette en éclata, d'une bague en 
bronze, d'un anneau du même métal, des restes d'un bijou, une espèce 
d'agrare avec incrustations et couleurs variées, blanc, rouge et bleu, de 
trois monnaies romaines, dont deux, petit module, percées d'un trou, et une, 
grand module, fruste; l'autre squelette de femme était accompagné, pareil- 
lement, d'un vase de toilette en terre cuite de teinte noirâtre, de fîbutes 
el de verroteries : l'usage de placer des vases avec les morts remonte â la 
plus haute antiquité ; il s'est maintenu dans la suite des siècles et fut sanc- 
tifié par le christianisme. Chacune de ces deux tombes recelait, en outre 
un collier avec de nombreux grains émaillés, percés de pnrt en part d'un 
trou, et tels qu'ils se rencontrent habituellement dans les sépultures fran' 
ques. Les squelettes d'hommes étaient entourés de boucles de ceinture 
de lames de coutelas en fer oxydé, de sabres rouilles & un seul tranchant, 
de pointes de lance ou dejavelot avec douille cylindrique, eld'autresarmes. 
Les fosses avaient subi l'action d'un feu ardent; on y a rencontré des char- 
bons, des cendres et de la terre noircie. 

iDe ces prémisses les conclusions sont faciles à tirer. Le rituel funé- 
raire des anciennes populations de l'Alsace s'éclaircit ainsi de jour en jour. 
La reprise des travaux fait présager de nouvelles découvertes qui soulève- 
ront le voile qui en cache encore certains détails. 

<A l'exception de quelques soustractions qui ont eu lieu de la part des 
ouvriers occupés à ces travaux, toutes les trouvailles faites jusqu'à présent 
sont déposées chez M. Pâtissier, chef des travaux du chemin de fer h Nie- 
derbronn , qui les soumet avec obligeance à l'examen des visiteurs. Il est 
intentionné de les partager, avec les autres objets qui pourront être dé- 
couverts par la suite, entre le musée de Niederbronn et celui de notre 
Société. Il y a lieu de le complimenter sur les soins intelligents qu'il donne 
à les recueillir. Je proposerai de lui décerner une médaille.) 



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Hêmu di CMiU di 19 Miobre 1818. 

Préfidenes de K. SPACH. 



La séance est ouverte à 2 heures. 

Sont présents : MM. V. Gucrber, Lehr, Mathieu de Faviers, Hercb . de 
Morlet, de Schauenburg, SifTer el Straub, secrétaire en fonctions. M. Sabou- 
rin de Nanlon assiste  ta séance. 

Sont inscrits comme membres de ta Société : 

M. Kuhn, curé de Bruderhor (Heurthe), présenté par H. Spach; 

M. DufFoer, économe de l'asile de Stéphansfeld, proposé par H. le curé 
Siffer. 
i. Après avoir fait enfegislrer les ouvrages offerts à ta Société depuis la 
dernière séance : 

Annaîes de la Société historique el ar(Mologique de Châleau-lTtUrry. 
Année 1867. i brochure in-8*; 

BvUetin de la Société impériale des antiquaà^ de France. 1868, 
pages 1-68; 

Distribution des récompenses accordées aux Sociétés savantes le 18 avril 
i868. 1 brochure in-S"; 

Revue des Sociétés savantes des départements. JaUlet 1868. i brochure 
in-S"; 

Ménoires de r Académie du Ganf. Novembre 1866-aoûti867.1 volume 
in-8"; 

Mémoires de ^Académie de Stanislas. 1867. 1 volume in-8°; 

Messager des sciences historiques de Belgique. 1868, 3* livraison. 1 bro- 
chure in-8"; 

Bedenhen des Herm D^ ianssen Hier dieinder Berliner AkadenUe der 
Wissenschaften ge^en die Echtheil der râmiscben Insekriften zu Nennig 
vorgelragene palâographische Kriiik. Trier, 1868. 1 brochure in-8''; 

Die SchûtzeiigeseUschaft und die Vcrtheidigungsmassregeln lu Zabem 
in âUem Zeiten, von Dagobert Fischer. Strasbourg, 1868. 1 brochure 
in-8''; 

Ein gesckichtUcher BUck auf die ekemalige rabbinische Schule in Etten- 
dùrf, von Dagobert Fischer. Strasbourg, 1868. 1 brochure in-8'; 

L'Ancienne Abbaye Notre-Dame de Lixheim, par H. l'abbé Hermann 
Kuhn. Nancv. 1868. 1 brochure in-8°; 



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— 47 — 

Compte rendu par M. Frédéric Setttière des fouilles entreprises pour 
retrouver les restes de Dom AupusUn Calmet, abbé de Senones, Septembre 
1868.1 brochure in-8"; 

H. Spach revient sur la question du château de Morimont, qui , malgré cuing 
toutes les réclamations, reste fermé au public. Par deux votes, l'un du »(« deT'xV] 
35 janvier 1865, l'autre du 15 juin 1865. te comité a alloué ta somme ôe m-^'p'-h,,, 
1,300 fr. pour travaux de déblai el de consolidation à eTecluer au c'/ftteau *» '■ sct\M. 
de HorimoDl. Quelques frais accessoires ont élevé ta dépende au chiffre de 
1,4S7 fr. 65 c, lesquels ont été soldés par le trésorier de la Société pour 
la conservation des monuments. Tous les travaux ont été exécutés sous la 
direction de M. Quiquercz, avec un Irès-fàible concours de M; Aaron Meyer, 
banquier à Genève et propriétaiie deâ ruines. Entrepris dana un but scien- 
tiTique, et porr fiuiililer l'étude d'un monument remarquablo pour l'histoire 
de l'architecturemililaire du moyen âge. ces Irovai'Xj d'une i<icontestable 
utilité pour le propriétaire, qui a immédiatement converti en caves les 
casemates d'un donjon déblayé aux frais de }a Société « sont comidétcnent 
perdus pour le public. Depuis leur nchèvement, l'accès du château e°t 
interdit aux visiteurs. Dés le mo>s de décembre 1865, M. Vérou-Réville, 
vice-président du sous-comité du Haut-Rhin, s'adressa à M. Meyer, avec 
prière de laisser ua public l'entrée de ces ruines. Quoique la deiraodc fôt 
préseriée avec grande réserve, qu'il ne s'agit que d'un engagement moral 
ne pouvau' porter arcune atteinte au droit de propriété, M. Meyer répondit 
par on refus formel (voy. vol. IV, Procès-verbaux, p. 109). Deux lettres de 
M. le président Spach , provoquées par de nombreuses réclamations, et 
adressées à M. Meyer, pour obtenir ta levée d'une défense que rien ne 
justifie el qui n'existe d^ins aucun autre pays, sont restées sans réponse. 

Le comité demande qu'il soit pris acte du refus de M. Meyer, el qu'il 
soit porté à la connaissance des sociétaires par la.voie de la publicité. 

La parole est à M. le curé V. Querber, qui annonce la .décoovierte de ta p,,^ ronénii 
pierre funéraire île Jérôme Gèbweiler, dirècLeor de l'école de la cathédrale i^mi G*.ini«i 
de Strasbourg, au commencement du seizième siècle, puis de celle de Saint- 
George à Haguenau. 

Yoic' ''inscription : 

Dam. Hieronymo GebwUterio, eut Germamaplurimum d^et, tum oh 
diUgentem juventutis instituHonem q {quanCj annis L exercuH, tum oh 
relicta ab ipsohisloriarum monttmenia, ducum Auslriœ, AlsaHœ pairiœ 
urbisque ArffenHnensis anliquitalem iltustranUa FUH parenti dulcissimo 
dicarunt. Vixit ntm. LXXII; ob. Kal. JuUas anno M. D 



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— 48 — 

11 est regreUable que la fin du millésime soit effacée. D'après Strobel, 
Jérôme Gebneiler esl mort vers 1540. Obligé de quitter Strasbourg dans 
les troubles de la révolutiou religieuse, il se réfugia à Haguenau, où il fut 
mis à la léte du collège de la ville. Il y mourut, et ses Sis, dont l'un. Pro- 
tais Gebweiler, fut curé de Saint-Geoi:ge en 1530, lui posèrent ce monu- 
ment de piété filiale. 

H. Guerber p^se que l'illustre pédagogue a dû être inhumé dans 
l'église des Dominicains, puisque c'est tout prés du cloître de ce mo- 
nastère, détruit au commencement de ce siècle, qu'on a trouvé la pierre 
tombale. 
^ commoictiiM Après ces détails, M. V. Guerber donne lecture d'un ancien inventaire 
dts^T/cm ^® '* sacristie de Saint-George, en 1492. Cet intéressant document fiiit 
^i'iK"' l'énumération des vêtements sacerdotaux , des antipendiums (fur AUar), 
nappes, lapis, etc., vases sacrés, livres liturgiques et ornements de tonte 
nature, et nous révèle le nom de l'orfèvre Louis Boltsenn, qui a confec- 
tionné un vase aux saintes huiles, Tan 1492. 

Sur la demande du comité, l'inventaire de l'égUse de Saint-George 
sera publié dans le Bulletin, avec une note d'introduction par H. l'abbé 
V. Guerber. 
:(oM4aii.uhr M. Lehr dépose sur le bureau, avec une lettre explicative, l'instrument 
1» suiuniiihMi. d'une transaction ménagée par Léopold-Louis , dernier comte palatin du 
rameau de Veldenz-La-Petite-Pierre, entre Jean-Benri de Steindallenfels 
et un sieur de la Croix, au sujet d'immeubles qu'ils se disputaient aux 
environs du Hansmansfaof, près Slruth. 

(Le document, écrit H. Lehr, est curieux en ce qu'il porte la signature 
autographe du comte palatiu et le sceau des Steincallenfels. 

(Ce sceau, tout imparfbilement conservé qu'il soit, permet de décrire 
avec exactitude les aimes de cette ancienne famille du Hundsrùck , dont 
YArmoritd de la généraUté d'Alsace estropie , selon son habitude , le nom 
et le blason, et dont même Humbracht, généralement si consciencieux en 
matière héraldique, publie un écusson un peu différent. 

i Voici textuellement ce que porte XArmorial (p. 403, n' 10) : tDesUn- 
tcalenfds, grand-bailli du bailliage du bas-comté d'ËtponAem, séant à 
(Trarback (c'est un cousin de Jean-Henri), porte de sinople i un lion pas- 
(sant d'argent couronné d'or.i 

(D'après Humbracht {Rhein.-IiUtersdi. SUanmtaff., 91), Steincallenfels 
porte de sinople au léopard d'ai^ent, la queue fourchue, passant sur une 
terrasse d'or. 



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_ 49 - 

tD'après notre sceau, au coDlraire, le léopard on le lîon-Iéopardé (it 
est impossible de reconnallre si la léie est de face ou de profil) passe sur 
une montagne d'or à trois coupeaui. 

■ Je oe me dissimule pas. Monsieur le Président, que ces menues qnes- 
tions héraldiques n'onl pas une importance majeure. Toutefois, on sut 
qu'il a été d'usage dans plusieurs parties de l'Alsace de sculpter sur les 
pierres-bornee les armes dés propriétaires, et il m'a semblé intéressant de 
déterminer avec précision celles des Steincallenfels, alors que leurs do- 
maines confinaient de très-près avec ceux de la maison palatine et de la 
maison de Nassau, qui ont toutes deux, comme les SteincaUenfels, un lion 
dans leur écusson. 

cLa famille de SteincaUenfels, après avoir possédé, pendant un siècle et 
demi, la seigneurie d'Asswiller, s'est éteinte dans les m&les en 1775; son 
nom, avec une partie de ses biens non alsaciens, a passé à une branche 
des Vogt dHunolsteiti, qui s'appelle aujourd'hui Vogt d'Hunalstein, genannt 
von StdncaUertfels. > 

Le comité remercie M. Lehr de sa communication et vole des remerct- 
ments à N. le pasteur Ensfelder, de 'HefTenbach, donateur de la pièce 
manuscrite, qui sera déposée dans les archives de la Société. 

H. le colonel de Morlet expose sous les yeux do comité les moulages . 
des armes trouvées sur l'emplacement d'Alésia (Alise-Sainte-Reine, Côte- 
d'Or), et exécutés avec une étonnante perfection. 

H. l'abbé Straub appelle l'attention de ses collègues sur une particula- 
rité d'un intérêt archéologique qui paraît avoir échappé jusqu'ici aux investi- 
gations de nos antiquaires religieux. C'est le fer à cheval cloué sur les 
portes des églises qu'on remarque assez fréquemment dans plusieurs con- 
trées de l'Allemagne, comme en Wurtemberg, en Bavière et en Tyrol. 
M. Straub signale l'église de Zimmerbach dans le Haut-Hbin, dont la porte 
latérale, dessinée par lui en septembre 1866, est garnie de treize fers à 
cheval assez irrégulièrement cloués sur les madriers, de manière toutefois 
que la partie arrondie se trouve en haut. Il rappelle que jusqu'en 1833, les 
principales portes de l'église de Thann présentaient un nombre considé- 
rable de fers à cheval, sans qu'il soit possible aujourd'hui de dire dans 
quel ordre ils se ti-ouvaient disposés. Une récente excursion dans la Forêt- 
Noire a fait faire è ce membre la découverte d'un fer à cheval de très- 
grandes dimensions, cloué à l'intérieur de la porte latérale de l'église de 
Hinterzarten (près de Neustadt, à deux kilomètres de Tilisée). 

Quelle est la signification de ce sjmbole? Faut-il y voir un souvenir 
lointain du culte de Wodan, ou, ce qui revient au même, de son cheval 



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_ 50 - 

SleipDÏr, qui a laissé la trace de ses pieds sur nombre de rochers illustrés 
par la lég:ende? M. Straub, qui a entrepris une étude sur cette matière, 
penche pour l'affirmatiTe, d'autant plus que cette étrange particularité, i 
laquelle on attache presque partout une valeur superstitieuse,' orne fré- 
quemment des églises dédiées & saint George, 'jue les mif^sionnaïres chré- 
tiens paraissent avoir volontiers substitué à Wodan , là où le culte de ce 
dieu se trouvait fortranent enraciné. L'é^^ise <le Zimmerbach est sous ce 
vocable; celle de Hinterzarten renferme un autel de Saint-George, qui se 
trouve placé tout près de l'entrée en <]uestion. 

Le coraiié invite H. Straul ô rédi(,'er un mémoire sur cette question, qui 
pourrp provoquer d'utiles recherches. 

M. Spaoh annonce que d'aprôd les dernières informations qu'il a prises 
au sujet des restauraliond à foire au chAteau de Lûtzelboui^-RaLhsamhau- 
sen, i! faufîrail une somme d'au moins 1,400 fr.,consé(juemment le double 
de celle offerte par Jl"" Scheidecker h celte fin. Le comité étant d'avis 
qu'il serait téméraire de s'avancer dans celte entreprise, le projet est pro- 
visoiremeat abandonné. 



SéiBM du €onité dn 16 noYcmbre 1868. 

Préiidenca d« M. SPACB. 



La séance est ouverte à 3 heures^ 

Sont présents : HH. Lehr, Merck, de Morlet, SifFer et Straub, secrétaire 
en fonctions. M. Sabourin de Nanton assiste à la séance. M. le baron de 
Sobauenburg s'excuse par lettre de ne pouvoir prendre parti la réunion. 

Le procèsrverbal de la séance du 19 octobre est lu et adopté. 

Après avoir fait porter sur la liste des sociétaires deux nouveaux mem- 
bres, HU- Rodolphe Reuss , licencié es lettres, docteur en philosophie de 
l'uiùvereilé de GÔttingue, présenté par M. Spach, et M. Eugène Hepp, 
docteur en droit, secrétaire général du Directoire de la Confession d'Augs- 
bourg, présenté: par M. Lehr, H. le président annonce que la séanc gé- 
nérale aura lieti le 10 décembre, à l'hdtel de la Préfecture. Des rapports 
seront. présentés par MH. V. Guerber, Riogeisen et Lehr. Les membres 
sortants sont MM. de Schauenbarg, Ëissen, Saum et Spach. 

H. le président donne lecture d'un extrait des déUb^tions du Conseil 
général du Bas-rRhin, concernant l'église protestante de Westhoffen, dont 



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- 51 — 

le comilé a cherché à Taire connaitre l'imporlance et dont il avait voté la 
conservation dans son état actuel. Le Conseil général n'admet pas les con- 
clusions de la commission d'expertise , et décide que le monument du 
treizième siècle pourra être sacrifié pour une construction moderne, 
élevée au gré du conseil municipal de Westboffén. 

Dans l'intervalle de la dernière séance, M. le président écrit à M. le """^j;'^" 
maire de Strasbourg au siyet des détériorations commises aux monuments iTi^^i^ 
que la Société a fait placer entre les contreforts da Temple-Neuf. M. le '"' ''"*""""'■ 
maire a répondu que la police veillera à la conservation de ce dépôt. 

La séance est levée à 3 heures et demie. 



SOTia-COHITÉ DU HAUT-RHIN. 

Séance du 28 novembre 1868. 
?r6ildeso« it H. T£R0N-R£TILLE, viee -préiUeiit. 

Sont présents: HM. Véron-Réville , président, I. Cbauffour, Liblin, 
Uossmann, Ingold et Huot, secrétaire. 

MH. Dietricb, abbé Hercklin, membres de la Société, ainsi que MM. Reuss, 
Ringeisen e> tehr, membres du comité du Bas-Rhin, assistent h la séance. 

M. h président dépose sur le bureau: o 

i" Deux brochures intitulées, l'une :^/)i«a^ et l'imagerie dims les Vosges, 
l'autre : Herrmann le partisan; l'une et l'autre offerte par l'auteur, 
U. Sabourin de Nanton. 

Remercinients du comité. 

S" Compte rendu pai' M. Frédéric Seillière des fouilles entreprises pour 
retrouve)' les restes de Oom Galmet. 

Cet opuscule se termine par un appel à tous ceux qui s'intéressent 
aux études historiques, dans le but d'aider la ville de Senones à élever 
un monument au docte abbé. 

Le comité n'hésite pas à proclamer sa sympathie pour une telle œuvre, 
sauf au comilé de Strasbourg à fixer dans quelle mesure la Société devra 
s'y associer. 

M. Ingold offre la photographie d'ime sculpture sur bois représentant 
une scène religieuse intitulée : la Semaine sainte, et due au talent de 
H. Maigret, sculpteur à Belfort. 

Remerclments du comité. . 



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Le même membre donne lecture d'une noie matrascrile de M. Quique- 
rez sur les ruines du château de Blockmont, et qui est ainsi conçue; 

(Bellerïve, près Délémont, 30 août 1868. 

(Monsieur, lors de la visite que tous aves bien voulu me Mre, ces 
ijours derniers, vous m'avez informé qu'on avait l'intention de faire 
(quelques travaux dans les ruines du cbôteau de Blockmont, et vous 
( m'avez demandé mon opinion à ce sujet. 

(Le Blockmont n'offre pas, à la vérité, de ces beaux restes proprés à 
' (inspirer les crayons des artistes et à produire des dessins pittoresques. 
(Mais nonobstant les injures du temps et plus encore celles des hommes, 
( il y a encore d'intéressants débris k explorer. 

( Les Romains on> les premiers établi un poste mllilsire en ce lieu, 
«pour servir de vigie à un camp voisin et de station à une route secon- 
( daire traversant ce col du Jura. Les fossés sont encore ceux de ces temps 
(primiUfs, et il est vraisemblable qu'en déblayant la crélê du mamelon, 
(on découvrirait dei> fondations romaines qui ont servi de base au manoir 
( féodal , de même que dans les campagnes voisines on recueille, de temps 
(à autre, des momiaies romaines. 

(Le Blockmont, ancien domaine du 6sc, puis des comtes de Ferrette, 
■( fut vendu par ceux-ci à l'évéché de Bftle, en 1371 , et aussitôt repris en 
(lief par les vendeurs. Longtemps auparavant ils en avaient investi une 
( branche de la nombreuse famille des Eptingen et elle conserva ce manoir 
( encore après sa destruction, le l*' mai 1449. Son possesseur d'alors 
«était Herrmann d'Eplingen, chevalier aventureux , digne émule et compa- 
(gnon des Rechberg et des Falckenstein, les ennemis acharnés des Suisses 
< et des villes libres. En compagnie d'autres chevaliers félons, le 33 octobre 
(1449, en pleine paix, ils avaient surpris et pillé Rhinfeld et chassé ses 
(habitants. A cet acte de brigandage ils ajoutèrent l'insulte, et Herrmann 
(d'Eptingen, pour témoigner à Bàle tout le mépris qu'il avait pour ses 
(boui^eois, leur envoya une lettre de déii, attachée au collier de son 
( chien qu'il appelait Dauphin, en souvenir de Louis de France qui avait 
(amené aux portes de la Suisse l'armée des Armagnacs, mais à laquelle 
(tes Suisses creusèrent un si vaste tombeau qu'il leur ferma les portes de 
(leur pays. 

( L*insulte du chevalier Herrmann ne pouvait rester impunie. Ce fut le 
(petit peuple de la ville libre qui la ressentit le plus vivetnent et qui le 
(premier courut aux armes pour venger cet affront. Ne pouvant obtenir 
( la bannière de la ville, quelques hommes intrépides partirent seuls pour 



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- 53 — 

trelancer le chevalier d'Eplingen dans sa forteresse du Blockmonl. Ils y 
f arrivèrent le 23 avril au soir, après une marche longue et pénible. Sans 
(différer, ils enfoncèrent la première porte de l'enceinte extérieare ren- 
f fermant les écuries et enlevèrent douze étalons ou les {^ands chevaux 
cdes chevaliers et hommes d'armes retirés dans le castel; le feu des 
(granges annonça que l'ennemi était sous les murs du manoir. Bâie ne 
«pouvait rester plus longtemps en dehors de cet élan g:uerner. Berne et 
» Soleure furent invités à y prendre part. Près de mille hommes entou- 
«rèrent le Blockmont pour avoir raison d'une vingtaine d'individus qui s'y 
(trouvaient renfermés. Un baron voisin, Rodolphe de Ramstein, habile 
«négociateur, accourut pour rétablir la paix; on le repoussa rudement, el 
(le canon tira trois fois pour sommer la place de se rendre, en même 
( temps qu'on lui montrait un trousseau de clefs pour expliquer le motif 
( de cet avis menaçant Vainement encore Strasbourg et le margrave de 
«Bade tentèrent des moyens de pacification, tandis que l'Autriche ras- 
4 semblait des troupes dans le Brisgau. De la prise de Blockmont semblait 
( dépendre le salut de la contrée. Le siège se poursuivit avec vigueur et 
«la défense avec acharnement. Bâle vit bientôt arriver avec douleur un 
( convoi de morts et de blessés. Mais tandis que les femmes poussaient 
«des cris lamentables, les hommes s'armaient pour venger leurs frères 
« tombés devant Blockmonl. En ce lieu on eut recours è la mùie pour 
«enlever une des portes du fort. Deux des gens du sire d'Ëptingea y 
(furent pris et tout aussitôt pendus dans le camp, pour indiquer aux 
(assiégés le sort qui les attendait. Le dernier jour d'avril, la mine fut 
«poussée sous la troisième porte à l'entrée même de l'habitation. C'en 
«était fait de la forteresse si cette porte s'écroulait, et le sire comprenant 
« que ses gens seraient alors massacrés, vint lui-même ouvrir la porte et 
«demanda la vie sauve pour la garnison. Les confédérés se ruèrent dans 
(la place; celle-ci regorgeait de vivres et de munitions. Le vin était en 
«abondance, el l'embarras de transporter ce liquide fut réputé si grand 
« qu'on Gt publier dans le camp que ceux qui en voulaient encore pou* 
«valent en aller chercher à discrétion. Le pillage, commencé le sotr, dura 

■ toute la nuit. Vers deux heures du matin, quand on eut enlevé tout ce 

■ qui paraissait bon à prendre, on amena le chevalier d'Ëptingen devant 
( son manoir, auquel on mit le feu, en forçant le sire & assister à la ruine 
(de sa forteresse. Dans sa douleur il reprocha à Dieu de lui avoir donné 
«la vie. C'était en effet un cruel spectacle que ces flammes rouges dévo- 
«rant la demeure séculaire de sa famille et luttant d'éclat avec les rayons 
«du soleil levant, le premier jour de mai^ Quand l'astre du jour eut pris 



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- 54 - 

lie dessus, on lia le baron entre deux soldats et on le conduisit vers 
«Bâte avec treize de ses gens, les seuls survivants et tous également 
«chargés de fer. Pour que rien ne manquât à l'humiliatioii du vaincu, 
< sou chien. Dauphin, le suivait eu laisse, l'oreille basse et n'ayant, plus la 
« lettre de déû attachée â son collier de fer. Ëptingen fut enfermé dans 



Châte&n de filockmont. 

a DonJon. — b Eeconds ancsliits aTiii tour rond*. — « Porl« on «nlrts prineipkle. — 
dd TaUDB on rcnput non rOTJta d« mur. — «Ttrrouu, p«nl-ttr« shsmlD. —f FomIi 
croDiéa dui la roe i plni d« lï pltda ds piofondcnr. — jrg Coopurai ponr anirer daaa I« 
foHéi. — A Chamln, tracei ronwlnïi, — Ctiltean antérlonr an donalème liicto, dArall 
par lu Biloi* la 30 avril 1M9. 

■ la tour de la porte de Saint-Paul, d'où il pouvait voir les flammes ache- 
4 vant de dévorer sa Burg. Le 2 mai , quand ils eurent terminé leur œuvre, 
tics confédérés renversèrent les murailles de la forteresse. Telle fut la fin 
(du Blockmont, de ce castcl élevé par les Romains, réédiûé et restauré 
cdurant le moyen 3ge,,et qui s'écroula pour la dernière fois sous le poids 
cde la colère des bourgeois oflensés. 

f Ces édiûces pillés et iacendiés de nuit, puis démolis lorsqu'ils fumaient 
(encore, doivent renfermer quelques débris de leurs mobiliers et des 



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— 55 — 

■ traces du siège. Des flèches, des boulets de pierre et d'autres projectiles 
t doivent se reocootrer près des portes qu'on attaquait avec la mine. Il 
f serait donc iniéressant de retracer le chemin non entièrement effacé 
( qui conduisait au château, de déblayer les entrées et la montée du burg, 
«de rechercher les contours et les angles des murs, et de faire quelques 
< antres travaux de nature à permettre la levée complète du plan de cette 
t forteresse. Il y a de la place pour se débarrasser sans dommages et à peu 
c de frais des déblais , et quand on aura vu clair dans ces décombres 
(accumulés pendant plus de quatre siècles, on pourra utiliser la dernière 

■ plate-forme pour jouir d'une magnifique vue sur l'Alsace et sur la ligne 
(des castels établis le long du Jura. 

( Le plan ci-joint que j'ai levé à ta boussole , faute d'avoir sous la main 
(un autre instrument, peut donner une idée suffisante de ce monument. 
(Si ma présence peut être utile pour indiquer les premiers travaux, je 
(me rendrai au Blockmont pour donner les directions nécessaires. La 
(dépense ne doit pas être grande, vu qu'il n'y a pas de travaux d'art. 
( M. Welté se prêtera sans doute volouUers à cette entreprise, et la Société 
( n'aura pas le désagrément que lui a occasionné M. Meyer, à Horimont. » 

Le comité décide que des renseignements seront demandés à H. Qui- 
querez quant à l'importance des travaux à opérer dans cette localité, et 
quant à la dépense qu'ils pourront entraîner. 

H. Mossmann rappelle le projet de publication i fbire, sous les auspices 
de la Société, et avec le concours de quelques-uns de ses membres, d'un 
Dictionnaire biographique de l'Alsace. II annonce qu'une liste dressée par 
M. Stoffel, chargé de l'exécution de l'œuvre, et comprenant environ 
3,000 noms qui devront y figurer, est sous presse et sera communiquée 
aux personnes dont le concours pourrait être utile. M. Mossmann termine 
en donnant communication, à titre de spécimen, de plusieurs notices 
destinées â faire partie de cet ouvrage. 

Cette lecture est accueillie avec le plus vif intérêt. 

La séance est levée à 4 heures. 



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SteiM dn Coffliti du 30 loveabre 1868. 

Préaldence d« H. 8PACB. 



La séance est ouverte A 2 heures. 

Sont présents: MM. Lehr, Matuszynski, Herck, Oppermaïui et Slraub, 
secrétaire en fonctions. MH.Rodolphe Reuss et Sabourin de Nanton assistent 
& la séance. 

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal du 16 novembre, qui est 
adopté. 
« M. Spach fait part au comité de la motion de H. le curé Siffer, qui pro- 
pose de voter une médaille en argent à M. Pâtissier pour les soins intelli- 
geals donnés aux fouilles de Niederbronn. La médaille est votée à l'una- 
nimité et sera remise à la séance générale. 

M. le président donne lecture d'un appel adressé aux sociétés savantes 
par la Société d'émulation des Vosges, à l'effet de réunir des souscriptions 
pour l'érection d'un monument sur le tombeau de Dom Calmet, récemment 
découvert. La Société pour la conservation des monuments historiques 
d'Alsace ayant, depuis son origine, suivi pour principe de consacrer ses 
fonds exclusivement à la conserralion des monuments de la province et à 
la publicaUon du Bulletin, les membres du comité présents prient le pré- 
àdent de remettre la discussion à une séance ultérieure. 

H. Spach donne lecture d'un mémoire sur les voies et fortifications 
romaines du sud-ouest de l'Allemagne, par M. Vetter. Le mémoire sera 
imprimé dans le Bulletin. 

La séance est levée à 3 heures et demie. 



SAaiee géiirale dn 40 décembre 1868. à Strasboirg. 

Préiidsnca da M. la baron PROU, Prifet An Bai-BhiD, Prisldent honorai». 



La séance est ouverte à 9 heures, dans une salle du rez-de-chaussée 
où se trouvent exposés divers objets d'antiquités, découverts au mois 
d'août, sur le tracé du chemin de fer de Niederbronn à Bitsche, et trans- 
mis par H. Pâtissier, ingénieur et chef de section du chemin de fer de l'Est 
A Niedei'bronoi 



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- 57 — 

Au bureau sont assis, à la droite de M. le Préfet, Mgr. l'évéque de Stras- 
bourg: et M. le président du Directoire de la confession d'Augsbour^; à la 
gauche, H. le recteur de l'Académie. Les autres places du bureau étaient 
occupées par M. Spach, président, par M. Lehr, trésorier, et M. l'abbé 
Straub, secrétaire en fonctions. 

Une cinquantaine de membres, parmi lesquels plusieurs sociétaires du 
Haut-Rhin, MM. Eugel-Dollfus, deDornach, Liblin, Hossmann, Ehrlen,etc., 
assistent à la séance. 

H. le Préfet du Haut-Rhin, M. Véron-Ré ville, président du sous-comité 
de Colmar, M. le baron de Schauenburg, vice-président de la Société, se 
font excuser par lettre. 

La séance est ouverte par M. le baron Pron, qui proteste avec beaucoup mocui 
de bonne grâce contre l'ordre du jour imprimé, lequel annonce une allô- ' t'*' 
cution du président honoraire. Après avoir récapitulé les travaux accom- 
plis ou projetés par l'administration départementale dans les églises 
d'AndIau, de Saint-Jean-des-Choux, de Marmoulier, etc., H. le Préfet a donné 
à la Société l'assurance de son concours futur, et annoncé que le comité 
décernait une médaille d'argent à M. Pâtissier pour la sollicitude avec 
laquelle cet ingénieur a conservé des objets antiques trouvés récemment 
près de Niederbronn. 
M. le président prononce l'allocution suivante : 

cMessieurs, M. le Préfet vient de faire passer sous vos yeux la série des o* 
travaux accomplis ou projetés par l'administration départementale; il a 
bien voulu jeter un coup d'œil sur les nôtres; ma tâche, par là, est trés- 
simpIiQée. De plus , la dernière réunion générale a eu lieu à Colmar au 
commencement de juillet ; ma revue rétrospective serait donc courte de 
toute manière; c'est pendant le premier semestre de l'année que les prin- 
cipaux faits se sont produits. Nous travaillons d'ailleurs sur un terrain 
souvent décrit, souvent fouillé, et nous n'avons pas à nos pieds autant de 
belles chances que les archéologues de plus d'un département français 
et des pays qui nous avoisinent. Je ne parle pas des contrées classiques, 
privilégiées, où chaque coup de pioche met â jour de nouveaux trésors. 

iL'un de nos confrères doit vous rendre compte, au point de vue tech- 
nique, du résultat de nos travaux de consohdation ; un autre vous parlera 
de notre situation financière; je n'empiéterai point sur leurs atlnbulions. 
Il me suiBra de rappeler ici que, grâce à l'intervention de M. de Morlet, 
nous avons obtenu du musée de Saint-Germain, au profit de notre collec- 
tion naissante, tes moulures reproduisant les armes gauloises et romaines 
trouvées à Alise. 



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— 58 — 

«Les tombes antiques, sises près de NiederbroDD, sur le tt-acé du nou- 
veau chemin de fer qui doit relier la ville thermale è la forteresse de 
Bitsche, ont été décrites par M. Quicherat, l'éminent professeur de l'École 
des chartes, qui, par une heureuse coïncidence, s'est trouvé sur les lieux 
au moment oi!i les travailleurs venaient de les découvrir. 

cM. le Préfet vient de vous annoncer que nous avons décerné à M. Pâ- 
tissier une médaille d'argent pour les soins donnés à la conservation des 
objets antiques recueillis à cette occasion. 

f Et puisque je suis à parler de médailles, permettez-moi de rappeler 
que notre Société a obtenu, de la Commission de l'Exposition universelle 
de 1867 (section de l'histoire du travail), une médaille commémorative . 
pour y avoir envoyé quelques-uns des objets précieux de notre musée. 

f Nous aurions volontiers fait l'acquisition d'un groupe équestre en grès 
rouge, d'un tronçon de colonne d'ordre composite, et d'une série d*oulils 
d'un ouvrier en métal, le tout découvert aux environs de Seitz, l'hiver 
dernier; mais nous avons été devancés par un collecteur ardent, de 
Haguenau, dont le cabinet numismatique est bien connu des amateurs 
(M. Nessel). 

(Je me suis rendu, au commencement de septembre dernier, en com- 
pagnie de notre collègue, H. Louis Levrault, au château de Lûtzelbourg, 
où nous comptions, dans l'arrière-saison, entamer des travaux de conso- 
lidation d'après les indications données par H. Morin. A Obernai, j'ai eu un 
premier colloque avec un entrepreneur, dont les exigences m'ont semblé, 
dès le premier moment, exorbitantes; j'ai dû le renvoyer  une entrevue 
avec notre architecte départemental. Quelque considérable que fût le 
rabais , la somme dépassait toujours le double de celle allouée , à titre de 
concours, par U^' Scheidecker, propriétaire du château ruiné; et nous 
n'avons pas jugé prudent, après examen de notre caisse, de nous aventurer 
dans cette voie. 

( Quoique, dans deux de nos séances mensuelles récentes, il ait déjà été 
question de l'inqualifiable procédé d'un banquier de Genève , propriétaire 
des belles ruines du château de Horimonl, sur les confins méridionaux du 
Haut-Rhin, je crois devoir revenir sur ce triste sujet, parce que nous n'a- 
vons pas d'autre moyen de blâmer un acte indélicat. Après avoir appliqué 
une somme très-considérable pour notre budget à des travaux de conser- 
vation dans l'intérieur de Uorimont, avec l'agrément de H. Heyer, mais, à 
peu de chose près, sans le concours promis par lui, tes membres de notre 
Société, qui se présentaient pour la visite des ruines à la porte du château, 
n'ont pu en obtenir l'accès; on les a renvoyés, Sous le prétexte inexact 



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— 59 — 

qae le propnélaire avait rembourse A la Société tontes ses dépenses. Nos 
réclamations réitérées, et celles de H. Quiquerez, de Délémoot, qui avait 
dirigé les travaux de consolidation, sont restées sans réponse. Nous livrons 
à votre appréciation et à celle du public une attitude pareille , de la part 
d'un homme avec lequel on avait traité sous les auspices de la plus entière 
bonne foi. 

c Je dois vous entretenir maintenant, d'une manière sommaire au moins, 
d'un projet dont l'enfentement a quelque peine à s'effectuer. Nous vous 
avons adressé, individuellement, il y a un mois, une circulaire, pour vous 
inviter, vous prier de vouloir bien vous intéresser à la publication future 
de chroniques et de documents alsatiques. Les listes de souscription com- 
mencent à se remplir, dans le Haut-Rbin surtout, car c'est de là qu'est 
partie la première impulsion donnée à cette grave entreprise. Ces listes 
toutefois n'atteignent pas, dans ce moment du moins, le chiffre minimum 
que nous avons dû Aser, avant de nous lancer dans cette carrière d'édi- 
teurs. Je dois néanitaoins raisonner dans l'hypothèse désirable et probable, 
que d'ici & quatre mois, ce chiffre de 250 souscripteurs (à 30 fr. par an) 
soit atteint. Voici comment le comité de pubb'cation compterait alors pro- 
céder, 

■ Nous avions pensé, ponr le début, aux Colleclanées de l'ingénieur- 
architecte Spechlé, dont le manuscrit est conservé à la bibliothèque de la 
ville de Strasboui^. Notre choix est tombé sur ce mémoire du seizième 
siècle, à raison du contenu d'abord, puisqu'il jetle un nouveau jour sur 
l'histoire de notre cité, et puis en souvenir de l'un de nos collègues les 
plus regrettés, de feu M. le professeur André Jung, bibliothécaire de la ville, 
qui, à plusieurs reprises, avait manifesté le désir que l'on procédât è l'édi- 
tion de cette, œuvre. Mais l'examen attentif du document en question , 
auquel s'est livré le jeune savant qui se chargera de cette édition difficile, 
a établi que la copie, c'est-à-dire la mise au net seule du manuscrit, en s'y 
livrant six heures par jour, prendra dix à douze mois, sans compter les 
soins bien plus méticuleux des annotations historiques et philologiques de 
toute nature qu'exigera le manuscrit fort endommagé du seizième siècle. 

cPour donner éventuellement à M. Rodolphe Reuss le délai nécessaire 
à ce travail de longue haleine, et cependant pour ne pas laisser attendre 
trop longtemps les souscripteurs, après qu'on aura eu recours, une pre- 
mière fois, à un versement de fonds , les membres strasbourgeois du 
comité de publication ont pensé qne l'on entrerait plus facilement et plus 
rapidement en matière par l'impression du mémoire sur l'Alsace, que l'in- 
tendant, M. de la Grange, a présenté à Louis XIV, dans les dernières années 



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du âix-sepliéme siècle. Plusieurs exemplaires de ce mémoire maouscrit, 
qui paratt avoir été adressé aux membres du Conseil souveraÎD d'Alsace, 
se trouvent entre les mains des collecteurs à'Alsalica; îl en existe un à la 
bibliothèque de la ville. 

tUn extrait, incomplet, faisant partie de la bibliothèque Heilz, a été 
publié, en 1858, dans la Description du Bas-Rhin, & la suite de l'intro- 
duction historique, c'est-à-dire à la suite de l'histoire de h Basse-Alsace, 
qui ouvre ce fort volume. L'extrait remplit à peu près quarante pages ser- 
rées de petit caractère. La publication du mémoire complet serait confiée 
éventuellement aux soins de l'un de nos membres les plus jeunes et les 
plus actife, à M. Ë. Lehr. Si le contenu de ce manuscrit ne devait point 
remplir un volume , on pourrait y suppléer à l'aide de la correspondance 
de M. d'Angervilliers , intendant d'Alsace de 17 16 à 4724. Cette correspon- 
dance fait partie des manuscrits que les Archives départementales du Bas- 
Rhin ont acquis en 1866, de la succession de H"* Serilly d'Ëtigny , sur 
l'initiative prise par H. le baron Pron. Dans un rapport spécial fait  H. le 
Préfet, j'ai indiqué le contenu de ces lettres en partie confidentielles. 

<I1 me semble qu'un volume qui contiendrait sur la situation politique 
et administrative de l'Alsace, vers la fm du dix-septième et dans le premier 
quart du dix-huitième siècle, des indications puisées à une source officielle, 
aurait à la fois un intérêt historique, et par les inévitables points de com- 
paraison, un intérêt d'actualité. 

( J'émets simplement cette opinion sans rien préjuger*. C'est une question 
à examiner avec nos collègues du Haut-Rhin, et subordonnée au résultat 
de la souscription. 
Diisuoniiiit cDans la dernière séance du comité du Haut-Rhin, du â8 novembre, 
•iJ^Hn;iinj>t. l'on s'cst occupé du plan du Dictionnaire biographique des illustrations 
alsaciennes, dont la publication a été décidée en juillet dernier, à la suite 
de l'initiative prise par M. Elngel-Dollfus, de Domach, qui alloue une pre- 
mière mise de fonds de 3,000 fr. à la cdirecUon de ce travaili. On n'était 
pas encore complètement d'accord sur l'année qui doit marquer le terme 
auquel s'arrêterait le Dictionnaire. Deux systèmes sont en présence : l'un 
tendrait à ne point dépasser l'époque de la première Révolution ; l'autre, au 
contraire, désirerait faire entrer dans le cadre toutes les notabilités alsa- 
tiques mortes avant 1850. Pour ma part, je déclare ne point comprendre 
un dictionnaire alsatique où l'on ne rencontrerait point le nom des hommes 
qui, depuis 1789, ont marqué dans le domaine des sciences, des lettres, 

1. Sur les obserratiODS des membres du Haat-Rhin, dous avoos complëlemenl renoncé 
4 cette combioaieon èTenluelle. (Note du Président) 



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- 61 — 

des arts, de l'admiaistradon, et sur les champs de bataille. Que serait un 
dictionnaire aUatique sans les noms de Kléber, R&pp, Gœhorn; sans le 
fitbuUsle Pfeffel, sans l'helléniste Schweigfaœuser, et son âls Geoffroyi sans 
les deux Oberlin, sans Brunck et Golbéry; sans un financier, homme d'Ëtat 
illustre, sans le nom de M. Humann? 

ij'aime à penser que les dissidences s'accorderont, et que, de prime 
abord, la part sera faîte â presque toutes les gloires locales, à l'exception 
de celles qui sont encore, à l'heure présente , revâtues de leur enveloppe 
terrestre, et qni diercheot sans doute à reculer aussi loin que possible le 
moment où elles feront partie d'un panthéon quelconque. 

cA voir la rapidité avec laquelle la mort, la retraite éclairciesent les 
rangs dans notre comité, nous éprouvons le désir de retremper nos forces 
par l'adjonction de membres plus jeunes. C'est ce que nous comptons faire 
à l'endroit de H. Rodolphe Reuss, licencié es lettres, l'auteur d'une mono- 
graphie érudile sur le Comte de Mansfeld. C'est lui, coinme je l'ai dit plus 
haut, qui viendra nous prêter son concours actif dans l'édition des Chro- 
niques alsaciennes. 

iVous voudrez bien, après avoir entendu la reddition de nos comptes, 
décider du sort des membres du comité sortant cette année. Votre pru- 
dent est de ce nombre; avec ses collègues il attend votre verdict, et vous 
renouvelle, en attendant, l'expression de sa gratitude, en retour de la 
confiance dont vous l'avez honoré depuis la fondation de notre Société. 
(Test une grâce d'état qu'il doit à votre indulgence et non à son mérile.> 

Séance tenante, et au vu d'une lettre de M. Pâtissier, qui n'a pu venir MUiob h )>»<>» 
lui-même recevoir sa médaille des mains de M. le Préfet, le président a m.Btiay. 
proposé de donner une médaille en bronze à M. Henry , employé au tracé 
du chemin de fer et désigné par son chef comme lui ayant prêté un con- 
cours actif et intelligent. Cette proposition est acceptée àTunanimité.- 

L'assemblée ratifie de même la proposition d'échanger la collection du ËduHadnBaiiaii» 
Bulletin de la Société contre neuf volumes des anciens Récès de la con- ^ >• •"<"*»"iM 
fédération suisse, offerts par M. l'archiviste fédéral Kayser, de Berne. 

La parole est à M. V. Guerber, curé de Haguenau, qui donne lecture uauntu 
d'un mémoire archéologique et historique sur l'église de Saint-George, d-.» .in».» 
A l'appui de son travail, il Ml circuler une série de plans, de coupes et de ''\^g*'"-^/'* 
vues de l'édifice dont il s'est fait l'historien. La monographie de M. Guerber 
sera insérée dans le Bulletin, 

M. Ringeisen fait, comme les années précédentes, le résumé des travaux ^wn 
exécutés sous les auspices de la Société. um"'^Mt. 



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. lliBt-IlhiD. 

el Wllltlili'iin. 



■ Hessiears, des nécesdtéfi de budget nous ont forcés, celte année, è 
limiler les travaux de déblais et de consolidation i effectuer poui' le compte 
de la Société dans le Haut et Bas-Rhiu. 

ïLes fouilles, entreprises l'année dernière par H. Ingold à Cemay et 
Wittclsbeim, ont été roomentanémcnl interrompues. Une partie des fonds 
non employés a été mise & la disposition de U. l'abbé Walch, curé à 
Pulversbeim, qui, dans ses explorations sur la banlieue de cette commnne 
et sur celles environnantes, a reconnu les traces de trois voies antiques 
qui, parlant de la station de l'Ocbsenfeld, décrite par H. Ingold, se diri- 
gent, l'une vers Horbourg, l'autre vers le Vieux-Brisach et la troisième 
vers Bantzenbeim. (Stabula). Divers fragments de ces voies avaient été 
signalés par MM. de Golbéi^ et de Ring, mais sans indications de pointa 
de départ ni de points d'arrivée, et presque sans autres preuves que les 
anciennes dénominations de Viebvreg, Hohvreg, etc. Ds ont été exploi'és 
par M. Walch; les lacunes et les prolongements ont été retrouvés sur ces 
parcours; des traces considérables de débris anciens viennent attester 
leur authenticité. Ainsi, sur le chemin qui se dirige vers Bantzenbeim , on 
8 trouvé, il y a [teo de temps, des tuiles h rebord, des médailles et même 
le sol ferme et empierré de l'antique voie. Surie même chemin, à l'entrée 
de WittenheÙQ, H. Walcb a ouvert une tombe contenant deux squelettes; 
près des tètes étaient deux vases, dont l'un en terre fine et d'une belle 
forme, l'autre grossier et portant les traces évidentes du feu. Sur le che- 
min qui traverse Pulversbeim et se dirige vers Brisach, on a découvert, 
il y a quelques années, une cinquantaine d'armes de diverses formes et 
dimensions, et un peu plus bas on vient de trouver, dans unegraviére, à 
1'",50 de profondeur, une hache celtique en pierre, soigneusement polie. 
A S kilomètres au nord, ce chemin passe près d'un terrain un peu élevé 
qui renferme d'énormes quantités de poteries et de tuiles. La Tbur ronge 
tes bords de ce terrain et, après les grandes eaux, elle laisse voir de nom- 
breux fragments anciens. Sur le chemin qui va vei's Horbourg, il existe, 
dans la forêt de Pulversbeim, un emplacement où les tuiles romaines se 
voient à fleur de terre, el dans la forêt d'Ungersheim M. Walch vient de 
reconnattre, toujours le long de cette voie, un emplacement de SOO mètres 
de long sur 50 à 60 de largeur, couvert de débris, de vases de grandes 
dimensions et d'une fabrication grossière, accompagnés de tuiles à re- 
bords, etc. 

tTout près est un tumulus, dans lequel H. Walcb est autorisé à entre- 
prendre des fouilles qu'il se propose de commencer incessamment. 

f Ces découvertes sont consignées sur des plans et dans un mémoire 



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qui seront communiqaés à la Société lorsqu'elles auront été complétées 
par dés recherches plus Bomhreases. 

( Il a été mis à jour, lors des travaux de terrassement du nouveau canal 
entre Biesen et Neuf-Brisach, des débris anciens, des vases gaulois et 
gallo-romains, des os, dont un travaillé. On a reconnu d'anciens pilotis en 
bois de cbéne, établis d'une manière symétrique et qui, par leurs dispo- 
sitions, leur état et surtout par les fragments d'une industrie primitive, 
trouvées assez profondément, semblent indiquer quelque établissement 
lacustre. Plusieurs de ces Ironvailles ont été recueillies par H. Gauckler, 
ingénieur à Cobnar, qui a bien voulu nous promettre son concours et une 
description détaillée lorsque les explorations seront plus avancées. 

(Les travaux de fouille, entrepris depois 1865 dans la banlieue de 
Tûrckheim, se continuent avec persévérance par les soins d'un comité 
local qui procède avec intelligence el méthode. Ils ne sont commencés, 
généralement, qu'à la iîn de l'automne. Ceux exécutés du â6 novembre 
au 20 décembre de l'année dernière, pour le déblai de trois puits, ont 
donné lieu A une dépense de 143 fr. 50 c. 

« Les objets recueillis ont été exposés, lors de la séance générale d'été, 
tenue iColmar. Les principaux consistent en: i" cinq médailles de bronze; 
9° un filment de boucle de ceinturon; 3** un anneau de suspension; 
4* cuivre et plomb fondus; 5" deux fragments de vase; 6" trois fragments 
de meules; 7" une meule en deux parties; 8" divers clous et objets en fer; 
9° plat en bronze. Ces objets, d'un intérêt archéologique incontestable, ont 
été déposés au Musée de Colraar avec ceux de même provenance et at- 
tendent, pour être classés, les compléments Aiturs. H. Martin a prévenu 
M. le vice-président du Haut^Rhin que les fouilles seront reprises cette 
année dès que tes eaux d'irrigation auront diminué et permettront un 
travail régulier. 

< Il a été rendu compte aux deux comités du Hant et du Bas-Rhin des 
différentes phases dans lesquelles est entrée l'afTaire du chftteau de Kay- 
sersbei^. Toute la partie inférieure du château comprenant les enceintes 
vers la ville, plantées en vignes, et qu'il fallait traverser pour arriver à la 
plate-forme supérieure, sur laquelle se dressent le donjon et les mines de 
Fancienne habitation seigneuriale, a été livrée au public sous certaines 
conditions de préservation des fhiits lors de leur maturité. Pour parvenir 
actuellement à celte partie du chftteau, qui est la plus pittoresque et la 
plus intéressante, on suit, sur le coteau, un chemin élargi et amélioré 
par les soins de la municipalité; arrivé au pied de l'enceinte supérieure, 
on pénétre dans le chftteau par une ancienne porte, découverte dans le 



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— 64 - 

fossé, et qu'on a rendue accessible des deux côtés, intérieur et exté- 
rieur, au moyen de travaux de déblais et de consolidation, exécutés 
pour le compte de la Société, par les soins de H. Harimann, architecte 
à Colmar. 

(La municipalité, de son côté, a fait établir le palissade de délimitation 
de la plate-forme et se propose de faciliter l'ascension du donjon à l'aide 
d'uo escalier en bois à disposer intérieurement jusqu'au-dessus de la voûte 
qui le surmonte. Ces travaux, qui ont pour but Tapement du touriste et 
qui permettront de mieux apprécier l'ensemble et les dispositions du vien 
Borg, ne nous paraissent pas avoir d'inconvénient; comme ils ne peuvent 
entrer dans le cadre de nos dépenses, ils seront laissés aux soins de la 
municipalité. H y aura lieu, seulement, de surveiller leur exécution au 
point de vue de la conservation du monument. H. Hartmann vient de 
rendre compte de sa gestion; sur les 500 fr. accordés, il n'a été fait «D- 
ploi que de 374 fr. 90 c. Le reliquat de 135 fr. 10 c. fera retour à la caisse 
de la Société. 

(L'intérétque vous avez manifesté l'année dernière en foveur du château 
de Landsperg a été pris en sérieuse considération par votre comité, qui a 
volé pour les réparations du donjon un crédit de 1,500 fr. à répartir en 
trois annuités égales. 

(Il résulte de l'inspection qui en a été faite, au commencement decette 
année, parH.Morin et par moi, en la compagnie de H. Rodolphe de Tûrck- 
heim, que la tour et la voûte qui la surmonte sont en bon état de conser- 
vation; que le parement extérieur seulement, construit en pierres de grès 
de moyen appareil, a été attaqué dans sa partie supérieure par les agents 
atmosphériques, principalement au sud-ouest, sur une hauteur de lâ&3S 
assises; que les travaux de reconstruction, déjà effectués de ce côté par 
le propriétaire sur une hauteur de six assises , devront être continués avec 
suite et vigueur, mais qu'au préalable il y aura Uen de les faire précéder 
par la démolition des parties menaçantes encore en place et la recherche 
des pierres d'appareil accumulées au pied de la tour. 

(Ces travaux, auxquels porte le plus grand intérêt la famille deTûrck- 
beim , ont été repris cette année, vers la fin de la campagne, et grAce A 
leur nature particulière, ainsi qu'au temps exceptionnel qui s'est maintenu 
constamment beau. Dans ces régions élevées, ils ont pu être continués, 
presque sans interruption, jusqu'à ce jour. Par suite de ces heureuses 
circonstances, les brèches du mur d'enceinte de la face ouest ont été 
maçonnées en pierres sèches, au moyen des matériaux primitifs retrouvés 
à leur pied. Ce mur, très-compromis par les dégradations qu'y commet- 



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taient les visiteurs en s'ouvrant des passages de ce côté, est actuelleineat 
en bon état de défense. 

(Les déblais, continués au pied de la face extérieure est, ont eu pour 
résultat de dégager lés soubassements et de mettre à jour la porte d'en- 
trée que l'on avait crue, jusqu'à présent, située à droite, vers la brèche 
contre le donjon. Celle découverte est du plus haut intérêt pour l'élude 
du château. Malheureusement les pierres d'encadrement de cette porte ont 
disparu, et si les fouilles à poursuivre ne les font pas découvrir, il y aura 
lieu d'apporter un soin particulier au rétablissement de cette partie im- 
portante du château. 

f Toutes les pierres d'appareil ont été soigneusement rangées et clas- 
sées. Ces premiers Iravaui, poursuivis avec zèle et intelligence par le 
petit atelier qui vient de s'essayer, permettront d'entreprendre avec fruit 
les travaux plus difficiles de la campagne prochaine. Ils ont élé entièrement 
soldés des fonds de la famille de Tûrckheim, qui n'a pas voulu affecter à 
ces préliminaires la subvention votée cette année pour la consolidation du 
donjon. Eu réunissant ce crédit à celui de l'année prochaine, les eGforts 
pourront être plus énergiques et les résultats plus efficaces. 

(Vous avez remarqué. Messieurs, par cet exposé sommaire que, malgré 
les foibles fonds dépensés celte année, nos explorations se continuent avec 
activité et que les restes des anciens âges sont recherchés avec soin. 

( A ce sujet oserai-je vous adresser quelques recommandations. Sou- 
vent l'archéologue, excité par le désir de recueillir des poteries, des 
armes, des objets de parure ou de luxe, dédaigne des fragments informes 
ou grossiers qui ne sollicitent ni son attention ni son goût Isolés, ces 
débris n'ont souvent pas de signification. Mais réonis et placés dans cer- 
taines conditions, ils peuvent acquérir une valeur importante et devenir 
les jalons de gisements considérables des andens âges. Des sections de 
terrain , nécessitées par des travaux de cansux , de chemin de fer, ou 
d'exploitation de carrières, ont quelquefois mis à jour les traces de trois 
époques distinctes superposées : la plus récente, du fer; celle intermé- 
diaire, du bronze, et la plus reculée, de la pierre, représentées chacune 
par un ancien sol. Ces traces ont souvent passé inaper(;ues; on ne savait 
pas voir. Depuis quelque temps des études très-sérieuses sont poursuivies 
avec succès dans notre voisinage, en Suisse, en Allemagne et en Belgique, 
siir les âges historiques et antéhistoriques. Associons-nous à ce mouve- 
ment, appliquons è nos recherches les mêmes méthodes rigoureuses, et 
peut-être, avant peu de temps, serons-nous étonnés des richesses consi- 
dérables que nous réserve notre ancien sol gaalois.i 



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Le dernier rapport entenda est celui de M. E. Lehr. trésorier, qui dépose 
sur le bureau les pièces justificatives à l'appui de son compte , arrêté en 
avril dernier, et publié dans le Bulletin. 

M. Lebr s'eiprime en ces termes : 

( Messieurs, j'ai l'honneur de déposer sur le bureau , et de soumettre A 
votre bomologation définitive, le compte financier de l'exercice 1867, que 
j'ai rendu au comité d'administration, dans sa séance du 20 avril 186S, et 
qui a reçu, à ce moment, après esamen des pièces justificatives, son appro- 
bation en première instance. 

f Je me bornerai, comme l'an passé, à relever ici en nombres ronds les 
divers chiffres qui figurent dans le compte, sauf è compléter ces indica- 
tions sommaires dans la mesure oïi vous le jugeriez nécessaire. 

RECETTES. 

Recettes ordinaires 7,066^65" 

se décomposant de la manière suivante : 

Intérêts de capitaux 200'65' 

Cotisation de 483 sociétaires . 4,830 * 

Subventions de l'État et des deui départements 1,900 > 
Recettes diverses 446 » 

Total 7,066 65 



Kecettes extraordinaires 6,714 55 

Reliquat actif du compte de 1866 formant le 
fonds de réserve de la Société 6,704 ''55'^ 

Quittance de 1866, perçue après clôture de 
l'exercice 10 > 



Total 6,714 55 



Total général des recettes 13,781 20 

DÉPENSES. 

Dépenses ordinaires S.VJ'i'^O" 

CbupA^^. Frais de bureau et iFadminislration . . . 1,394^35" 
$ 1". Loyer et entretien du local 

des séances 405*^25" 

5 2. Frais d'administration (com- 
mis, garçons) 435 » 

A reporter 840 SS 1,394 35 5,473 30 



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— 67 — 

Report 840^25" i.394'3Ô* 5,472^30'= 

$ 3. Frais de bureau (aflk^nchis- 

seraents, reliures, elc.) . . 387 80 

$ 4. Frais de perception 109 80 

$ 5. Frais de déplacement .... 56 50 

Total . . . . ^ 1,394 35 



Chap. 11. Fouilles, recherches, travaux de con- 
servation 1,639 35 

J 1. Fouilles à Gernay,Herriisheim 

et Hochfelden 266^35' 

$ ^. Grali&cation pour doa d'ob- 
jets antiques S > 

% 3. Travaux de conservation i 
Walbourg et Hohkœoigs- 
bourg 1,371 . 

Total 1,639 35 



ZrkvAW. Frais de pv&licaHon du Bulletin 3,369 70 

Chap. IV. Dépenses diverses et imprévues 68 80 



Total 5,472 20 



Dépanses extraordinaires 1,507 50 

Payement, en 1867, d'une annuité du prix de 
la custode de Walbourg, afTérente à l'exercice 
1866 1,333%'= 

Payements divers sur exercices clos 174 15 

Total . 1,507 50 



Total général des dépenses 6,979 70 



BALANCE. 

Total des receltes 13,781 '20« 

Total des dépenses 6,979 70 



Reliquat actif de l'exercice . . . 6,801 50 



d'où il suit que, de 1866 & 1867 , l'avoir de notre Société s'est accru de 
96 fr. 95 c, somme modeste en elle-même, mois qui vous prouvera du 
moins. Messieurs, que, grâce à une gestion prudente et économe, nous 



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sommes restés, pendant l'année dont j'ai l'honDeur de vous rendre compte, 
dans une situation prospère. 

<Je serais reconnaissant, Messieurs, que vous voulussiez bien donner 
votre approbation souveraine au compte que je viens de vous soumettre. ■ 
La réunion approuve avec remerctment ce compte rendu, qui constate 
une situation satisfaisante. 

Sur la proposition de M. Lehr, on admet comme membre de la Société 
M. Ratbgeber, pasteur à Soultzeren (Haut-Rhin). 
»t La séance est terminée par le renouvellement du mandat de quatre 
"u membres sortants : HM. de Schauenburg, Eissen, Saum, Spach, par la 
' confirmation de M. Spach dans la présidence, et par Fadjonclion de H. Ro- 
dolphe Reuss, licencié es lettres, au comité d'administration. 
La séance est levée à 3 heures et demie. 



Sinee di Goaili di Si mmhn 18(8. 

Prèddtncê da H. SPACH. 



Présents : HH. Lehr, Herck et Spach; H. Sabourin de Nanlon , membre 
libre, assiste à la séance. 

MM. de Schauenburg et de Horiet s'excusent pour des raisons de santé 
de ne pouvoir assister à la séance de ce jour. 

En l'absence des deux secrétaires, M. Lehr, trésorier, est chargé de 
tenir le procës>verbal. 

M. le président dépose sur le bureau les ouvrages suivants : 

Congrès archéologique de France, séances de 1867. 1 vol. in-S". 

Journal de Jean Bauchei, publié par HM. Ch. Abel et Ë. de Bouteiller. 
Metz, 1868. \ vol. in-8". 

BuUeUn de la Commission historique du déparleinent du Nord. Tome X, 
Lille, 1868. 1 vol. m-B°. 

Bévue des sociétés savantes des déparlements. Août 1868. 1 broch.in-S", 

Bulletin de la Société impériale des antiquaires de France. 2" trimestre 
1868. 1 broch. in-8». 

Smithsonian Bepori. 1866. 1 vol. in-8*'. 

BuUetindelaSociétéd'archéoloffieetd'hîstoiredelaMoselle. 1867. 10-8". 

LesDemiers Sires i£Âsud, par M. A. Quiquerez. 1 brocb. in-S". 



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Ûude comparative du cltenùn celtique de Pierre-Pertuis et de la voie 
romaine qui l'avait remplacé, par M. Quiquerez. 1867. i broch. in-S". 

MUikeilungen des hislorischen Verctnw fur Steiermark. 1868. \ vol. in-8°. 

BeOrœgefûr Kunde steiermarkischer Gesckichtsquelletij heraust/egebeit 
vont historischen Vereinefûr Steiermark. 1868. 

H. le président communique au comité le programme de la deuxième 
session du Congrès iatemationa] celtique qui doit s'ouvrir h Brest le 
SO septembre 1869, ainsi qu'une formule d'adhésion jointe à la pièce. 

Le comité donne acte à H. le président de sa communication, sur la- 
quelle il reviendra ultérieurement, s'il y a lieu. 

M. te président donne ensuite lecture d'une lettre du 18 décembre, par i 
laquelle M. le recteur de l'Académie de Strasbourg informe la Société de <• u<^« 
la création, par le Gouvernement, de prix annuels de mille francs destinés >• a<>iinT«-ai 
à stimuler et à récompenser dans chaque ressort académique les travaux '*î%!|y^^ 
des sociétés savantes. M. le recteur exprime le désir que le comité lui ,,i£S!î',^. 
propose un certain nombre de sujets à mettre au concours et formule un 
avis sur la composition du jury qui devra décerner le prix. 

Sur ce dernier point, H. le président fait observer qu'il parait difficile 
d'émettre dés à présent un avis raisonné. La composition du jury devra 
évidemment être subordonnée au choix qui sera fait du sujet du concours 
dans l'une ou l'autre des branches des connaissances humaines- 

Le comité estime que c'est à l'autorité universitaire, chargée d'exécuter 
la bienveillante décision du Gouvernement, qu'il appartient de rédiger le 
règlement des concours et de déterminer la composition du jury. Il ne 
peut que se mettre, soit en corps, soit par cliacun de ses membres indi- 
vidu^tement, à la disposition de H. le recteur pour le cas oii sa coopéra- 
tion serait jugée utile. 

M. le président soumet & l'appréciation du Comité deux questions qui 
lui semblent de nature à être recommandées comme sujets de concours : 

1° L'histoire de la guerre de Trente ans, spécialisée pour l'Alsace et la 
vallée du Rhin. 

S" Bernard, duc de Saxe-Weimar, a-t-il songé à former un royaume 
d'Alémanie? 

3" Reprendre la question de l'origine de la Heidenmauer du mont Sainte- 
Odile. 

Après une courte discussion , le Comité adopte provisoirement .ces 
propositions, sauf nouvelle délibération dans une séance spéciale où 
l'objet sera mis expressément à l'ordre du jour. 



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— 70 — 

L«tart M. Spach lil un mémoire sur le château et la lamille de Landspei^, ré- 

<hii sjMcb djgé d'après les ouvrages de nos grands diplomatistes alsacieas, ainsi que 
[•L^iiX <''^P''é2 1*^ documents inédits conservés aux archives du Bas-Rbiu. 
Le Comité vote l'impression de ce mémoire. 

M. Lehr donne lecture d'une notice de H. le curé SiOer relative àDhao, 
Frauenkirch, Tliierkirchen et Seelhoven, et relatant, d'aprâs l'inventaire 
sommaire de H. Spach, les documents qui existent sur ces quatre loca- 
lités dans les archives du Bas- Rhin. 
La séance est levée à 4 heures. 



Séance du CoaiU di 28 décnbre 4868. 

Prfindance d« H. 8?ACB. 

La séance est onvertc à 3 heures un quart. 

Sont présents: MM. Lehr, Hatuszynski, Meixk, de Horlet, Rodolphe 
Reuss, Ringeisen et Straub, secrétaire en fonctions. H. Sabourin de Nanton, 
membre libre, assiste i ta séance. 

Le secrétaire donne lecture des procès-verbaux du 30 novembre , du 
iO et du 21 décembre. 

Les procès-verbaux sont adoptés. 
>i H. Spach donne pour la seconde fois communication de la lettre de 
'• H. le recteur relative à la création d'un prix à décerner au meilleur travail 
d'histoire, de science ou d'archéologie locale. Le président propose une 
série de sujets qui pourraient être traités. H. le colonel de Morlet pense 
qu'il faut laisser le choix complètement libre aux auteui'S des mémoires 
qui pourront être présentés au concours. A la suite d'une discussion con- 
tradictoire, le comité adopte l'avis de M. de Morlet. 

M. Lehr, trésorier de la Société, donne communication du projet de 
budget pour l'exercice 1869. 

IMfet de 1869. 

». 

hecettes. 
Recettes ordinairM. 
Ghap. F. hU&âs de cajtUaux. 
(Budget prfctdenl: 200 rr.) 
Intérêts des fonds déposés & la trésorerie géné- 
rale 200^ 200^ 

A reporter 200 



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Report 200' 

Chap. II. Cotisations des sociétaires 4,700' 4,700 

(Badeet précédent : 4,750 fr.) — — 

Chap. III. Subventions. 

{Budget précédent: t,900 tr.) 
Subvention du minislère de l'inslructioii pu- 
blique 400 

Subvention du département du Bas-RhJD. . . . 1,000 
Subvention du département du Haut-Rhin . . . 500 

1,900 1,900 
Chap. IV. Recettes diva^ses. 

(Budget préeUeat : 100 n>.) 

Vente de Bulletins 50 50 

Total des recettes ordinaire» 6,850' 

* Recettes extraordinairaB, 
Reliquat actif de l'exercice 1868, dont le chiffre 
exact ne pourra être fixé qu'à la clôture, le 31 mars 
1869 P. M. RM. 

Total général des recettes 6,850 

DÉPENSES. 

DépeDBes ordinaires. 
Chap. l". Frais de bureau et d^administr(Uion 1,650' 

(Budget précédent : t,6â0 tr.) 
$ i". Location et entretien du local des séances 450' 

(Budget précédent : 450 tr.) 

A. Loyer "... 350' i« 

B. Assurance 9 10 

C. Balayage 40 • 

0. Mobilier, cbau%e 50 90 

^^™* 450' 

$ 2. Frais d'administration 475 

(Budget précédent : 475 h.) 

A. Secrétaire du président 300 ■ 

B. Commis du trésorier 100 > 

A reporter 800 » 995 1,650 

n* Sina. — T. TI. — (P. -T.) 6 



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— 72 — 

Beport 300' »* 925' 1,61 

G. Commisdu secrétaire dasous-coDiité 

de Colioar et concierge de la pré- 

fectureduHaut-Rhiii(70'+30'). 100 » 
D. Ratifications diverses 75 t 



475' 
S 3. Frais de bureau 535 

(Bndiel prâcédeit: &35 ti.) 

Â. Fournitures de bureau 195 > 

B. ReUures 100 • 

G. Affranchissements divers (Bulletins, 

conTOcations, lettres). 300 > 

525 

$ i. Frais de perception 100 

(Badget précédenl: IDD rr.) 

A. Frais à Strasbourg 60 > 

B. Frais dans le Haut-Rhin 30 > 

G. Menus frais de recouvrement ... 10 » 



100 
S 5. Frais de déplacement 100 100 

(Budget précédent: tOO fr.) ^"^ ^~"~ 

Ghap. II. Fouilles, recherches, travaux de conaervaHon 3,500 

(Badget précédent: 2,600 ft-.) 

J 1". Fouilles, recherches, etc 1,000 

(Budget précédeot : &00 ti.) 

A. Fouilles de Kuenhemi et de Tûrck> 

heim 200 » 

B. Somme à valoir. 800 > 

1,000 
5 2. Gratification pour don ou transport d'objets 

antiques 100 100 

(Budget prteédeat: 100 If.) 
S 3'. Travaui de conservation on de restauration. . 1,400 

(Badget précédent : 3,000 flr.) 

A. Château de Landsperg (1*^ annuité) 500 > 

B. Somme à valoir 900 » 1,400 



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— 73 — 

R^ort i,450' 

Chap. m. Publicatùnt du Bulletin de la Société. 2,500 3,500 

(Impraitioiii et pluioliet.) 

(Budget précédant: Ï.&OO tr.) 

Chap. IV. Dépenses diverses et imprévues. 200 200 

(3 p. 100 d« la recatta oriUnairo.) 
(Budget pr«ciiteal ; 200 tr.) 

Total des dépenses ordinaires 6,850 

Dépenses extraordinaires. 

(Budget précédent ; N^iiit.) 

l^éant. 

Total général des dépenses 6.850 



otdlaalrM. 

Les receltes étant de 6,850' » 6,850' 

et les dépenses de 6,850 > 6,850 



Le reliquat est oui > > > 

Le présent budget, pour l'exercice 1869, a été dressé par le trésorier 
soussigné et soumis à l'approbation da comité d'administration. 
Strasbourg, le 27 décembre 1868. 

Signé : Ernest Lehr. 
Le budget est adopté. 

Sur la proposition de H. Sabourin de Nanton , U. Ducque , avocat , est 
inscrit comme membre de ta Société. 
H. Sabomin de Nanton dépose un mémoire sur la famille de Hattstatt 
H. Rodolphe Reuss rend compte de la découverte de quelques lettres 
autographes de Specklé, reliées dans un volume in-folio, qui provient de 
la succession de l'arcbiviste Wencker. Trois de ces lettres, dont H. Reuss 
donne une transcription, ont rapport à nos antiquités romaines. Le comité 
vote l'insertion de ce mémoire dans le Bulletin. 



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SOCS-OOHITà DU HAUT-BHIH. 



Séance du 31 décembre 1868. 
Frtaidanoe de H. TÉROR-RÉTILLE , ric»-pr(iidBDt. 



Présenta : MM. I. CfaaufTour, Gérard, Hamberg:er, Ingold , Liblia , Hoss- 
mann et Huot, secrétaire. 
Il Le vice-présideat donne lecture d'une lettre adressée au président de 
:. la Société par M. le recteur de l'Académie de Strasbourg, qui, rappelant 
les termes du rapport de S. Exe. le Ministre de l'instruction publique, 
du 16 novembre dernier, sur le prix de 1,000 Tr. & décerner chaque année 
au mémoire ou à l'ouvrage jugé le meilleur sur quelque point d'archéo- 
logie, d'histoire politique et littéraire ou de science, intéressant les pro- 
vinces comprises dans le rassort académique, réclame le concours de la 
Société pour la réalisation de ce projet, ainsi que son avis sur la nature 
du sujet à proposer et sur la composition du jury appelé à décerner ce 
prix. 

De son côté, H. Spach, président de la Société, a jovité le vice-prési- 
dent du comité du Haut-Rbb à réunir ses collègues & bref délai, pour dé- 
libérer à ce sujet et lui transmettre son avis. 

Relativement au premier objet de la communication de M. te recteur, le 
comité estime qu'il y a lieu, de la part de la Société, d'accorder avec em- 
pressement son concours à la réalisation d'un projet qui ne peut être que 
fécond en résultats pour l'avancement des études historiques et archéolo- 
giques dans la province. 

En ce qui touche au second objet de la lettre de H. le recteur, le comité 
est unanimement d'avis qu'il n'y a pas lieu d'arrêter à l'avance ni de pro- 
poser aucun sujet de concours, mais qu'il convient, au contraire, de laisser, 
sous ce rapport, le cbamp absolument libre aux candidats. 

En permettant â chacun de choisir son sujet; on peut espérer d'obtenir, 
tons tes ans, plusieurs œuvres traitant, d'une manière approfondie, des 
points dirrérents d'archéologie et d'iiistoire, qui, s'accumulant ainsi d'année 
en année, constitueront autant de matériaux et d'éléments variés, propres 
à hâter le paradièvement de l'histoire locale, dont s'occupent incessam- 
ment, et sur tous les points de l'Alsace, d'infatigables travailleurs. 



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— 75 — 

Créer un concours dans le sens ordinaire du mot et imposer un sujet 
déterminé, serait, dans l'opinion du comité, aboutir à un résultat diamé- 
tralement contraire au but que, dans son initiative éclairée, s'est proposé 
M. le Ministre de l'instruction publique. Il en résulterait, en eflet, que les 
concurrents, séduits par VappAt du pris à décerner, abandonneraient l'étude 
des matières spéciales vers lesquelles les avaient portés jusqu'alors leurs 
goûts ou leurs aptitudes, pour ne plus s'occuper que du sujet mis au con- 
cours, et, comme d'après les termes mêmes du rapport de Son Excellence, 
le désir du Gouvernement est d'encouraf er au même degré l'étude de 
l'arcbéologie, de l'bistoire politique, de l'histoire littéraire, arlistique et 
scientifique de la province , le concours devrait porter alternativement 
sur chacune de ces branches des connaissances humaines; d'où la consé- 
quence, qu'au lieu de vingt ou trente mémoires et plus peut-être, qui, 
dans un espace de quatre années, seraient produits sur autant de points 
divers d'archéologie ou d'histoire poIitique,.on n'aurait plus, dans la même 
période et sur chacune de ces matières, qu'un seul sujet traité par tous 
tes concurrents à la fois. 

N'est-ce pas d'ailleurs ainsi qu'il convient d'interpréter tes termes du 
rapport qui, sans parler de concours proprement dit, propose de décerner 
un prix annuel à l'ouvrage jugé le meillevr sur quelque point d'archéologie, 
^histoire politique et Uttércâre ou de science, ce qui semble présupposer 
ta constitution d'un jury se réunissant à un moment donné , pour rassem- 
bler tous les travaux publiés, dans le cours de l'année, sur les différentes 
matières énumérées au rapport, pour en opérer le triage, et discerner, 
enGn, celui de ces travaux qui, par sa valeur inlrinsèque el son incon- 
testable supériorité, lui aura semblé mériter le prix. 

Une dernière considération, d'un ordre différent et d'une nature fort 
délicate, n'a pas moins vivement frappé l'attention du comité. Parmi les 
sujets susceptibles d'être proposés aux concurrents, il en est qui, tant par 
leur importance que par l'abondance des matériaux et des documents à 
consulter, se présenteront en quelque sorte d'eux-mêmes aux commissions 
chaînées d'organiser et de juger le concours. Or, il n'est pas douteux que 
ces points ne soient, depuis longtemps déjà, l'objet des recherches et des 
études de prédilection de quelques savants. Ne serait-ce pas assurer à ces 
derniers un avantage considérable que de mettre au concours quelques- 
uns de CCS sujets, qui, on le répète, viendront, par leur évidence même, 
s'imposer en quelque sorte à l'esprit des juges ? N'y aurait-il pas lieu de 
craindre, enfin, que, pour les esprits ombrageux et toujours faciles à 
émouvoir, en pareil cas, ces choix ou désignations ne servissent de pré- 



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— 76 — 

texte à des soupçons de partialité, et, plus tard, à des récrimiDatioas de 
la part des candidats évincés, quelque consciencieuses et quelque pures 
qu'aient pu être les intentions du jury? 

Quant à la composition du jury, le comité estime, avec H. le recteur, 
qu'il y aurait lieu de le composer en grande partie de membres des sociétés 
savantes du j-essort académique, ce qui, pour nous, ne peut s'entendre 
que des sociétés qui s'occupent de l'archéologie et de l'histoire de l'Alsace, 
et non de celles qui ont pour spécialité la culture des sciences exactes; la 
science, comprise dans l'énumération du rapport ministériel, n'y figurant 
évidemment qu'au point de vue de son histoire, tout comme la politique 
et la littérature, qui y sont mentionnées avec elle. 



EKRATA. 

Prveit-verbaux. — Page 18, ligne 33, au Heu de : 8* que )e piremeot eilërieur est 
eflbndré , Ktet : S' qne le parement eitërienr eti est effondre. 



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TABLE DES MATIÈRES DU TOHË VI. 



Séance da Comité du SO janvier 1868 t 

Séance du Sous-Comité du HauURbin dn 25 janvier 1S68 3 

Séance do Comité dn 3 février 1868 5 

Budget de 1868 6 

Séance dn Comité dn 17 février 1868 9 

Séance du Comité dn 24 février 1868 10 

Séance du Comité du 16 mars 1868 10 

Séance du Comité du 30 mars 1868 11 

Séance du Comité du 20 avril 1868 12 

Compte de l'eiercice 1867 12 

Séance du Sous-Comité dn Haut-Rhin du 25 avril 1868 20 

Séance du Comité dn 18 mai 1868 22 

Séance du Sous-Comité du Haut-Rhin du 30 mai 1868 U 

Séance du Comité du 15 juin 1868 25 

Séancedn Comité du22jtun 1868, avecgravure 27 

Séance générale dn 2 juillet 1868, i Colmar 31 

Séance dn Comité du 20 juillet 1868 ; 39 

Séance du Comité du 17 aoOt 1868 40 

Séance du Comité du 7 septembre 1868, avec gravures 42 

Séance du Comité du 19 octobre 1868 46 

Séance du Comité du 16 novembre 1868 50 

Séance du Sous-Comité du Haut-Rhin du 28 novembre 1868, avec gravwes. 51 

Séance du Comité du 30 novembre 1868 56 

Séance générale du 10 décembre 1868, i Strasbourg 56 

Séance du Comité du 21 décembre 1868 68 

Séance dn Comité du 28 décembre 1868 70 

Budget de 1869 70 

Séance du Sons-Comité du Haut-Rhin du 31 décembre 1868 74 



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BULLETIN 



SOCIETE POUR LA CONSERVATION 



MONUMENTS HISTOBIQUES 



DALSACH 



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BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION 

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MOXUMENTS HISTORIQUES 

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1869 



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PEINTURES ANCIENNES 

DÉCOUTERTES 

DANS L'ÉGLISE DE ROUFPAGH. 



La restauration de l'élise paroissiale de Rouffach est une des pluâ 
importantes qui aient été entreprises en Alsace durant ce siècle; de grands 
travaux de substructiou viennent d'être exécutés dans le collatéral nord, 
pour donner une assiette plus solide â cette partie du monument, dont 
l'existence paraissait compromise; le même travail est continué sous les 
tours de la façade occidentale, qui doit être achevée d'après les dessins 
de M. l'architecle Mêmes. 

Comme la plupart de nos ^nds édifices religieux, l'église apparient à 
différentes époques et a été partiellement reconstruite depuis le dixième 
siècle jusqu'au seizième, où les travaux ont cessé, au milieu des agitations 
religieuses qui ont troublé la cité. Les deux absidîoles latérales et le croi- 
siQon nord sont les restes d'une construction remontant au onzième, 
peut-être «u dixième siècle, et rappelant d'une manière frappante la struc- 
ture des absides d'Ëschau. Les croisées et la nef paraissent être de la fin 
du douzième siècle; le dôme, qui s'élève à l'intersection de la nef et des 
Utinsepts, accuse le style ogival tel qu'il s'est développé eu Alsace au 
milieu du treizième siècle. Je mettrai près de cent ans d'intervalle entre 
l'achèvement du dême et la construction du chœur et de la façade occi- 
dentale. Le jubé, depuis longtemps démoli, devait remonter k la même 
époque, à en juger par les élégantes cages d'escalier qui subsistent encore. ' 
Le quinzième siècle a laissé pour traces de son activité une grande et 
belle chapelle ajourée, en forme d'ancien tabernacle; elle se trouve 
adossée contre le troisième pilier du côté nord et renferme une image 
de Notre-Dame de Bon-Secours; une remarquable custode pour la réserve 
de la sainte Eucharistie, le baptistère et quelques travaux de sculpture 
aux tours, qui sont restées inachevées. La date 1508, sculptée sur une 
clef de voûte du croisillon sud , à côté du monogramme de l'architecte , 
indique l'année de la reconstruction partielle de ce transept. 
Toute la nef a été débarrassée de ses couches de badigeon et fait voir 

n« 8*»I». — T. Vi. — (M.) 1 



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son bel appareil dans sa couleur native. Une parlie des voûles du grand 
vaisseau présente des peintures murales que le débadigeonnage vient de 
mettre au jour et dont un calque fidèle devra conserver les lignes, si leur 
restauration devait être jugée inopportune; elles appar^ennent à deux épo- 
ques différentes : celles qui décorent la voûte occidentale ne consistent 
qu'en vigoureux rinceaux s'épanouissant le long des arcs ogives. Cette 
peinture ne me paraît pas antérieure au quinzième siècle; elle a une 
grande analogie avec l'ornementafion que j'ai observée dans l'une des 
chapelles ruinées de l'ancien pèlerinage de Dusenbach, dont la construc- 
tion fut commencée en 1484. 

Les peintures de la voûte qui touche au dôme sont plus importantes et 
méritent un examen sérieux; elles appartiennent au cycle du jugement 
dernier, ainsi que très-probablement à la vision apocalyptique racontée 
par saint Jean (chap. vi, 1-9). Halbeureusement, tous les sujets ne sont 
pas visibles. L'opération n'a-t-elle pas été terminée, ou bien une partie des 
peintures aurait-elle disparu depuis longtemps? Je ne saurais le dire. 

Dans la partie visible du fond de la nef, on aperçoit l'apôtre saint Jean, 
■imberbe comme le représentent les Latins, assis sur le siège traditionnel 
qui paraît si fréquemment dans nos miniatures ou sur les vitraux du 
douzième siècle; un livre ouvert porte son nom en grandes lettres onciaies : 
S. lOHANNES. Au-dessus de lui, une étoile (orme la seule décoration de 
cette partie de la voûte, dont la seconde moitié ne présente en ce moment 
aucune peinture. 

Dans les parties latérales avoisînant les murs de la nef, on remarque, 
d'un côté, un personnage nimbé, armé d'un javelot ou d'un glaive et lancé 
au grand galop sur un coursier blanc : c'est la Uort. Vis-à-vis, à la droite 
du spectateur, un homme sans vêtements, placé au milieu de petits dé- 
mons, figure l'Enfer. Reste encore la personnification de la peste, de la 
guerre et de la famine, cachées sous le badigeon séculaire ou enlevées à 
une époque antérieure. 11 serait d'un grand intérêt de trouver en Alsace 
la traduction authentique du texte si dramatique de saint Jean, qui a fourni 
à Albert Durer et au grand Cornélius une des plus belles pagea de leurs 
œuvres. 

f Une voix tonnante dit : Venez et voyez. — Et je vis. Et voici un cheval 
c blanc; celui qui le montait avait un arc; une couronne lui fut donnée et, 
« vainqueur, il sortit pour vaincre. — El il sortit un cheval roux. Et il fut 
«donné à celui qui le montait d'enlever la paix de dessus la terre et de 
t faire que les hommes s'entre-luassent, et une grande épée lui fut donnée. 
< — El voici un cheval noir, et son cavalier avait en main une balance-.. 



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_ 8 — 

f et voici un cfaevat pâle; son cavalier se nommait la Mort, et l'Enfer le sui- 
( vait. Le pouvoir lui fut donné sur les quatre parties du monde pour y 
I faire mourir par l'épée, par la faim, par la peste et par les bêtes de la 
(terre.! 

£n se plaçant à l'entrée du chœur pour examiner la seconde partie de 
la même voûte, on aperçoit au milieu l'archange saint Michel terrassant le 
dragon infernal, et dans tes angles deux anges sonnant la trompette du 
réveil. Latéralement et à la gauche du spectateur, dans le compartiment 
de la voûte qui touche l'arc formeret, se dresse un ange, velu de l'aube et 
d'une ample dalnuatique à large bordure, tenant d'une main les clous du 
Sauveur, et, de l'autre, une grande crois, au centre de laquelle est fixée la 
couronne d'épines. Quelques vestiges seulement du personnage qui lui 
faisait pendant, à l'opposé, paraissent sous le badigeon. 

Je n'hésite pas à considérer ces peintures comme contemporaines de la 
construction des voûtes; elles remontent probablement à la un du dou- 
zitoe, peut-être au commencement du treizième siècle. Le dessin, peu 
correct, a de l'ampleur; les figures sont sans modelé, les couleurs parais- 
sent en teintes plates, sans aucune trace de dorure. 

Cest le second exemple en Alsace d'un jugement dernier représenté A 
l'entrée du sanctuaire. On sait que le jubé de la cathédrale de Strasbourg, 
construit par Erwin vers la fin du treizième siècle, était décoré de ce su- 
jet, que les architectes de cette époque plaçaient volontiers sur la façade 
occidentale. Deux siècles plus tard, le jugement orne le sanctuaire même. 
Si les indications de Schadaeus spnt exactes, ce sujet fut peint dans la cou- 
pole du chœur en 1486, et occupa ainsi la place qu'un artiste de la bonne 
époque du symbolisme chrétien eût assignée è quelque sujet relatif au 
sacrifice. 

Fort probablement, l'église de Rouffach était peinte tout entière; elle a 
même dû être repeinte è diverses reprises en quelques endroits; cela se 
voit dans les absidioles, dont l'examen est très-difBcile, A cause des écha- 
faudages qui les obstruent. Dans celle du croisillon sud, on n'aperçoit 
encore que les pieds du Sauveur, reconnaissables aux stigmates; dans celle 
du cAtè nord parait une seconde représentation des dernières assises du 
Christ. Le Juge est assis sur un arc-en-ciel; ses pieds posent sur un 
second arc Plus bas, et à sa gauche, les damnés sont jetés dans l'épou- 
vante et sont entraînés par les démons dans le gouffre béant de l'enfer. 
n ne parait presque rien du groupe des justes , qui faisait pendant à 
cette scène d'horreur, ni de la descente de la croix, qui me semble avoir 
été peinte au-dessous sur une large bande, beaucoup mieux conservée du 



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— 4 — 

câté de rëpltre, oà elle figure la mise dans le tombeau. On y distingue 
parfaitement la Vierge doalourease, le sein percé d'an glaive; saint Jean, 
le disciple ijîen-aimé, manifestant une vive douleur; sainte Madeleine et 
une autre sainte femme, portant les vases remplis d'arômes, et deux figures 
de vieillards, sans doute Nicodâme et Joseph d'Arimathie. A en juger par 
le faire de l'artiste, par la disposition du groupe, par la forme des cos- 
tumes, toutes ces peintures appartiennent au commencement, peut-être 
au milieu du quinzième siâcle. 

Remercions M. l'architecte Mêmes d'avoir fïiit .procéder avec tant de 
soin au débadigeonnage des voûtes et des petites absides, et attendons 
avec confiance la reprise de ces travaux dacts le chœur. Nous verrons 
sans doute reparaître quelques curieuses inscriptions signalées par Schœpf- 
lin (Alsat. iU., Il, 81) et disparues depuis qu'on a blanchi les murs. Peut- 
£tre une plus riche moisson nous y attend, et le sanctuaire ajoutera-l-il 
quelques pages à l'iconographie chrétienne, à laquelle les peintures de 
l'église des dominicains de Guehwiller, du chœur de Pfaffenheim, des 
Unterlinden de Colmar, de la nef de Rosheim, de Rosenwiller, d'Altorf, de 
Walbourg et de Saint-Pierre et Saint-Paul, à Wissembourg, ont déjà 
fourni de précieuses données. 

4 février 1868. 

L'abbé Stravb. 



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CONCORDIA ET TRIBUNI. 



H. Bentz vous a adressé ua appendice à sa description historique et 
arcbéologique de Lauterbour^, et il appelle votre attenUon sur la noie 
qui complète son travail et qui a trait à remplacement de Concordia et 
Tribuni. 

Cette étude est écrite en vers descriptifs, accompagnée de notes fort 
longues, pour compléter le texte et donner en même temps le précis de 
l'histoire. Je ne ferai pas l'analyse littéraire du travail de M. Bentz, qui a 
été pour lui Taccomplissement d'un devoir et le délassement de travaux 
plus sérieui; je ne le suivrai pas non plus dans toutes ses notes descrip- 
tives, qui ont pour but d'initier le lecteur À tous les faits de l'histoire, qui 
sont pour la plupart connus; je ne m'occuperai que de la partie ai'chéo- 
li^ique, qui m'a paru avoir hesoin de quelques éclaircissements. 

Pour compléter son appendice, H. Bentz ajoute une exposition de l'opi- 
nion de Schœpflia et de Schweigbaeuser sur la position topographique de 
Concordia et Tribuni, qu'il fait suivre de remarques sur les contradictions 
qui existent entre les deux auteurs. 

M. Bentz argumente d'après l'opinion de Schweighœuser, qui place 
Concordia à Lauterbourg; cependant, il maintient le doute non encore 
levé, dit-il, sur la position de ce fort et de Tribuni, en attendant que de 
nouvelles découvertes viennent le tirer de l'incertitude. 

La notice de M. Bentz dénote une étude des travaux de Schœpflin et 
Scbweighîeuser; il a groupé admirablement tous les faits avancés par ces 
deux auteurs; il a cherché à connalti'e l'emplacement de Concordia, et il 
a fait une analyse bien exacte des documents qui étaient à sa connaissance. 

Mais depuis Schœpflin et Schweighaeuser, d'autres études sérieuses ont 
été faites sur cette question. M. de Ring, dont personne ne contestera les 
connaissances dans une pareille question, nous apprend, dans son mémoire 
sur les établissements romains du Rhin et du Danube, qu'une seconde 
route parlant de la cité des Némètes semble, sous la protection du castel 
de Tabernœ, avoir suivi la pente des montagnes, et, par Concordia et 
Brocomagiis, avoir joint, comme la route du Rhin, la forteresse d'Argeo- 
torat. L'Itinéraire d'Antonin cite du moins celle voie de communication. 
Quoique toute trace de l'antique chaussée ait disparu, la direction que 



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l'Itinéraire notis donne de Spire à Bromath, située sur remplacement de 
Broconiagiis, semble devoir nous conduire au village d'Allstatt, sur la 
Lauter, près de Wissemboarg, où, en effet, nous sommes assurés que 
les Romains avaient un établissement 

La quantité de monnaies, de fragments de poteries et d'autres anti- 
quités déterrés à Altslatt, et une inscription qu'un préposé à la garde des 
armures de la 23^ légion burina sur une pierre consacrée i Mercure, et 
qui, retirée du sol d'Attâlatt, fut plus tard transportée â Saiut-Remy, ne 
peuvent laisser de doute à ce sujet. 

Il est probable, nous dit encore H. de Ring, que cette localité, qui por- 
tait le nom de Goncordia, aura été détruite et saccagée par les Allemands 
et abandonnée par ses habitants. 

D est probable encore qu'au lieu de revenir sur les ruines encore 
fumantes de leurs demeures, ils tes transportèrent à quelque distance, et 
que ce fut de ces nouvelles constructions que ce nouveau lieu fut nommé. 
Peu à peu le nom antique de l'établissement primitif fut oublié. 

M. de Ring place donc Goncordia à Altstatt et penche pour mettre à 
Lauterbourg le fort de Tribuni, qui devait être situé sur les bords du 
Rhin. Il est certain qu'on a trouvé souvent à Lauterbourg des fondements 
de bâtisses et des monnaies romaines qui semblent attester que le graud 
peuple y avait un établissement. 

Mais de tous les écrivains qui nous ont parlé des voies romaines du 
département du Bas-Rbin, et surtout des pays riverains du fleuve qui 
séparait notre contrée de la grande Germanie, nul ne nous a donné des 
renseignements plus précis et une étude plus sérieuse que votre savant 
collègue, M. le colonel de Horlet. 

Il nous apprend que, de Brumath à Spire, il se présente une sérieuse 
di£Gculté en ce qui concerne la station de Goncordia. Les opinions les plus 
contradictoires ont surgi sur l'emplacement des deux forts romains appelés 
Goncordia et Tribuni. Celle divergence d'opinions, nous dit M. de Morlet, 
tient à la dilBcullé de trouver pour Goncordia un emplacement situé, selon 
l'Itinéraire, à 18 lieues gauloises de Brumath à Spire, et qui soit en même 
temps prés du camp que Ghorodomaire a occupé chez les Triboques. Il 
iàit remarquer, à juste raison, que les limites du pays des Triboques ne 
sont pas connues d'une manière certaine; on suppose, il est vrai, qu'elles 
ne devaient pas s'écarter beaucoup de celles du comté d'Ai^entoratum, 
mais les avis sont partagés. D'après cette incertitude sur les limites qui 
ont pu varier aux diverses époques de la domination romaine, rien oe 
s'oppose à ce que la station de Goncordia soit placée sur la Lauter. 



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- 7 — 

Altstatt et Lauterbourg concordent l'un et l'autre avec les chiffres 
de l'Itinéraire d'Antonin; mais M. de Morlet a cru devoir adopter l'avis de 
ceux des antiquaires qui placent la station de Concordia à Altstatt, parce 
que, si elle était à Lauterbourg, la qualriéme voie consulaire coïnciderait 
presque entièrement avec la seconde, ce qui parait peu probable. On 
trouvera, du reste, dans le travail de M. de Morlet, sur la topographie des 
Gaules, les développemenls les plus étendus sur cette question. 

Dans le même travail, M. de Morlet nous ti'ace la voie militaire de la 
montagne entre Tres-Tabernae et Concordia, en suivant le pied des Vosges- 
il nous dit qu'elle est représentée aujourd'hui par la route qui, sous le 
nom de Bergstrasse, conduit de Saverne à Neuwiller, Ingwiller, Rotbbach, 
Zinswilter, Niederbronn, Wœrth et enfin à AUenstadt, d'où elle se pro- 
longe, toujours sous le même nom, le long des montagnes du Palatinal, 
jusqu'à Creutznach. 

M. de Morlet nous fournit des faits assez nombreux pour nous donner 
une juste idée de l'emplacement de Concordia à AUenstadt, et si nous 
admettons l'exposé et la justesse de son travail, c'est parce que nulle part 
nous n'avons trouvé une étude aussi approfondie des anciennes divisions 
de noire pays; c'est aussi parce que, dans les indications qu'il nous fournit, 
nous trouvons la solution définitive que nous avons entrepris d'élucider. 

Nous admettons avec H. Bentz que le château de Lauterbourg a pu être 
construit sur des restes de ruines d'un ancien fort romain; mais combien 
avons-nous d'anciens vestiges d'établissements du peuple-roi dont le nom 
n'est jamais venu jusqu'à nous? Toutes les cités le long du Rhin ne pou- 
vaient rester à l'abri des événements qui se sont passés sur ses bords. En 
effet, pouvait-il en être autrement lorsqu'on se reporte à la grande com- 
motion du comniencenient du cinquième siècle, où tous les peuples de la 
grande Germanie franchirent le Rhin pour ne plus le repasser. Alors les 
Allemanes se répandirent jusqu'à la Moselle. Mayence, la plus florissante 
de toutes les cités romaines sur le Rhin, fut prise et rasée, et, en 407, 
toutes les villes qui élevaient, tout le long du fleuve, leurs remparts, de- 
vinrent la proie des flammes, du meurtre et de la dévastation. Alors tes 
Allemanes occupèrent les deux rives du Rhin, depuis l'Albe jusqu'au delà 
des Vosges. Ces nouveaux aborigènes, de mœurs et de langages différents, 
avaient bientôt oublié le nom des cités tombées pour ne s'occuper que 
d'en édifier d'autres, et depuis lors tes chants de victoire des vainqueurs 
des Gaules ne se firent plus entendre sur les bords du grand fleuve. 

SABOURln DB NANTOn. 



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L'ILE ET L'ABBAYE DE REICHENAII. 



L'De et l'abbaye de Reichenau, situées au centre d'une vasle nappe 
d'eau' que forme le Rhin, lorsque, sortant du lac de Constance, il se 
diiige vers Schaffhouse, n'appartiennent point à la partie moyenne de la 
vallée rhénane à laquelle nos recherches devraient rigoureusement se 
borner. C'est une objection qu'on pourrait, de fait, élever contre le tra- 
vail que j'ai l'honneur de vous présenter. Je me retrancherai, d'abord, 
derrière notre maître à nous tous, derrière Schœpflin, qui, presqu'cn tête 
de son Alsace diplomatique, fait figurer une charte de Louis le Débon- 
naire relative à l'abbaye de Reichenau et à l'un de ses plus anciens digni- 
taires, à Heddon, évêque de Bâie. C'est que cet ecclésiastique a passé de 
Bâle et de Reichenau à l'évéché de Strasbourg , et que nos archives con- 
servent l'un des originaux d'un acte de donation, émis par l'empereur, 
fils de Charlemagne, en faveur de l'abbaye sise dans la partie inférieure du 
lac de Constance. D'ailleurs, les relations entre cette abbaye et notre dio- 
cèse ont été si fréquentes, les destinées de tel de nos monastères alsa- 
liques, de celui de Wissemboui^, par eiemple, ont des analogies si frap- 
pantes avec l'histoire du couvent fondé par saint Firmin, qu'il doit être 
permis de ranger Reichenau côte à côte de nos établissements ecclésias- 
tiques. 

Tout se réunit pour verser sur cette ttle fortunée' i le trésor des sou- 
venirs et la corne d'abondance, que la nature bienfaisante tient entre ses 
mains. Un passé glorieui, attesté par de magnifiques sanctuaires, un sol 
d'une incomparable fertilité, un horizon pittoresque, borné par les Alpes 
helvétiques et celles du Vorarlberg.deux lacs ravissants, un fleuve, fils du 
Saint-Gotbard, des villes, des bourgades, des villages, des châteaux ruinés 
ou debout sur les bords du fleuve et des lacs, enfin des collines et des 
cônes volcaniques formant les chaînons intermédiaires enire les rivages 
accidentés et les hautes montagnes : quel rare assemblage ! quelle con- 
trée privilégiée, et comme il feut aller loin, jusque sur les bords du Léman, 
par exemple , ou sur le revers méridional des Alpes, pour se retrouver en 

1. Der Unteriee. 

2. C'est ainsi qae li caractérlBe un ëcriTaîo da moyen Age. 



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R E I C P 
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face d'un cadre aussi vaste, aussi varié, où, presque à chaque pas, la 
grâce s'allie à la majesté et à la grandeur. Elle était bien inspirée, la reine, 
qui dans son exil avait choisi pour retraite l'une des dépendances de l'an- 
cien couvent de Saint-Firmin, et était venue s'établir en face du dernier 
asile d'un empereur «^rlovingien. Kt qui sait jusqu'à quel point le séjour 
au sein d'une contrée peuplée de souvenirs de toute nature a dû E^r 
sur le développement intellectuel du souverain qui gouverne la France I 
Les historiens futurs de Napoléon III chercheront sans doute dans les an- 
nées de sa jeunesse, passées dans cet admirable pays, l'une des causes de 
l'essor que prit l'homme politique arrivé à son plein développement. 

Pourquoi ne pas en convenir ? L'histoire contemporaine donne plus de 
valeur encore aux fôits anciens, dont la Reicbenau a été le théâtre. Les 
événements à peine accomplis mettent en relief des événements déjà en- 
veloppés et confondus dans la pénombre du passé. 

Avant de relater ces faits, avant de dérouler devant vous la série des 
dignitaires, — prélats et abbés, — des savants , des empereurs, des rois 
et des princes qui ont illustré la Reicbenau, avant de rappeler les souve- 
rains qui sont venus la visiter temporairement, ou s'y coucher dans leur 
dernier lit de repos, je vous prie de me suivre dans nie même, de jeter 
avec moi un coup d'oeil sur les monuments, témoins de son glorieux 
passé, sur les ruines, témoins de sa décadence actuelle, sur ses collines, 
ses vallons, ses vignobles, ses vergers, ses prairies et ses champs, té- 
moins de l'inépuisable fécondité de ce terrain favorisé entre tous. 

En abordant Reicbenau par la digue qui, depuis près de trente ans, 
relie cette !)e à la terre ferme, c'est-à-dire à la rive droite du lac inférieur, 
on se trouve tout d'abord en face de l'église romane de Saint-Georges. 
Autour d'elle se groupent les maisons de la petite paroisse d'Oberzell. 
Saint-Georges, un édifice sans omemeotation extérieure, doit avoir été 
fondée, dès 888, par l'abbé Hatton UI, et dotée par le roi Ârnoulphe. Main- 
tenant elle se présente avec une tour massive et basse; à l'intérieur, c'est 
une basilique à trois nefs, avec une abside semi- circulaire orientée i 
l'ouest , ainsi que nous le verrons tout à l'heure dans le Munster; mais 
dans l'église de Saint-Georges, ce sont des colonnes qui supportent les 
arcades, tandis que dans le Munster les nefs sont séparées par des piliers. 
Les dimensions de Saint-Georges sont petites, les chapiteaux des colonnes 
presque tous de formes diverses et bizarres; à l'est, une chapelle forme 
une crypte à trois nefs; elle est surbâtie par un sanctuaire qui s'élève, ainsi 
que le chœur, à près de 7 mètres au-dessus de la basilique primitive. Les 
chapiteaux des colonnes de la crypte ressemblent à un cône renversé. 



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— 10 — 

Le vieil édifice qui borde le cdté occûdeotal de l'égtise, et dont le terre- 
plein constitue ua portique, appartenait au coavenl, uiù autrerors â Saint- 
Georges. L'étage supérieur serrait probablement de salle de chapitre. 

Dans l'église même on remarque plusieurs meubles, entre autres un 
tab^^acle gotbique;-dan3 le presbytère, on conserve un tdiqaaire 'd'ar- 
gent, qui remonte au cinquième siècle peut-être; cette église de Saint- 
Georges sert d'église paroissiale aux babitants de l'Ile supérieure. 

En nous dirigeant d'ici vers le centre de l'Ile, nous serons bientôt près 
de la cathédrale, dédiée dans le principe à la sainte Viei^e, plus lard à 
saint Marc, construite par Heddon, évêque de Bâle, sous Charlemagne, 
inaugurée en 8i6, embellie en 985, agrandie en 1048. Gomme Saint- 
Georges, elle ne présente guère d'ornementation extérieure; à l'ouest seu- 
lement, on aperçoit, sur l'un des côtés, des lisières verticales d'une pierre 
sombre, et des pleins-cintres très-simples qui forment une frise à deux 
étages. Des constructions cachaient, il y a quelque temps encore, partiel- 
lement du moins, l'aspect de cette basilique. L'intérieur est majestueux; 
des vitraux coloriés amortissent le jour. Dans l'ameublement de l'église on 
peut noter les sièges du chœur, un grand retable avec de nombreuses 
pàntures; dans le trésor: la croix grecque, qui sert de conserve à quel- 
ques gouttes du sang du Sauveur, apportées dans l'Ile en 933; un édicule 
revêtu d'argent, servant de reliquaire è des fragments de saint Marc; des 
reliquaires de plusieurs saints, tels que saint Janvier, saint Fortuné; un 
évangéliaire, manuscrit du neuvième siècle; un vase antique (les noces de 
Cana), des fragments de la sainte croix, etc. Huit abbés, des quatorzième et 
quiniième siècles, ont été enterrés dans l'intérieur de l'église; près de la 
sacristie se trouve le tombeau de Charles le Gros; dans sa forme actuelle, 
ce monument' est dû aux soins de Scbenk de Stauffenberg, évêque de 
Constance et abbé de Reichenau. 

Je passe sous silence les tombes de plusieurs dignitaires de l'Empire 
germanique, car je ne puis prétendre à l'énumération de toutes les richesses 
conservées dans le Hûnster, ni de toutes les reliques exposées ici à la vé- 
nération des fidèles. 

Autour de l'église de Sainte-Marie sont disséminées les maisons de la 
paroisse de Hitteizell, la plus nombreuse de l'Ile'. L'ancienne maison de 
ville, le Bathhaus, est encore debout dans l'Ergert, c'est-à-dire dans la 
petite plaine qui avoisine Sainte-Marie. 

1. 11 a élé posé et consacrË le 19 octobre 1728. 

2. Environ 900 Itabllants. Le total des babitants de l'Ile, pëcfaenrs, Tignerons , elc, elc, 
monte i 1,500 imea. 



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— « — 

En ponrsaiTsnt notre route \en la poinle nord-est de llle, nons arri- 
vons à une église bien conservée, A Saint-Pierre et Saint-Paul*, fondée et 
primilivement construite en 799par Éginon, évêque de Vérone, mais ne re- 
montant guère, dans sa forme actuelle, avec ses deui belles tours carrées, 
an delà de 1100. Le chœur est régulièrement orienté h l'est; ]e portail 
occidental est précédé d'un portique; l'intérieur forme une basilique ro- 
mane à colonnes, dont les chapiteaux sont très-variés. La tombe du fonda- 
teur, est conservée devant le mattre-autel- Autour de cette église sont 
groupées les maisons dUnterzell; c'est la paroisse la moins nombreuse de 

nie'. 

Indépendamment de ces trois basiliques, dont les tours appellent de loin 
l'attention du touriste le plus superficiel, 111e de Reichenau renfermait 
autrefois plusieurs autres sanctuaires, maintenant démolis. Telle était 
l'église de Saint-Jean, construite par l'abbé Ekkehard, en 988; de Saint- 
Pélage, qui datait de 985; de Saint-Adalbert, de Saint-Gothard; puis toute 
une série de chapelles qui ont disparu. De l'ancien couvent, si vaste et si 
splendide, il n'existe plus que quelques médiocres dépendances; plus de 
trace de l'ancienne P&lz ou du palais abbatial, qui s'élevait non loin du 
Miînster. 11 en est presque autant du château de Schoppelen (Scopula), au- 
trefois résidence impériale, et premier siège des abbés de Reichenau, à la 
pointe sud-rat de l'Ile; cette demeure avait été construite sur pilotis, et 
restaurée en 1313 par l'abbé Dielbelm; c'était, en temps de troubles, le 
refuge des chefs du monastère. 

Au nord-ouest de llle, le Bûi^le ou petit château était autrefois occupé 
par les feudataires du couvent; en 16â9 il avait été racheté par l'abbé de 
Reichenau. Le chStelet, dit le Rauhe-Hof , à Mitteizell, servait naguère de 
retraite à des religieuses pensionnées. Du côté sud, le château de Witt- 
lingen Ml face à Arenenberg. 

Si TOUS TOUS placez au centre de Reichenau, sur une éminence appelée 
la Hohwart*, vous embrassez d'un seul coup d'ceil les cinq A six collines 
ou ondulations de teirain qui forment le noyau de cette lie gracieuse , et 
qui sont toutes plantées de vignes provenant du Johannisbei^. Au delà de 
cette forêt de vergers et de ces prairies, au delà du miroir presque tou- 
jours calme de l'Untersee , au delà des rives et des coteaux de ce lac pai- 
sible, se présente le vaste et splendide panorama dont j'ai déjà indiqué les 

i. Elle est i enviroD 6 kilomëlfes de diatance de l'ëgliae de Saint-Georges. Le HQnBler 
est à mi-chemiD eulre ces deux poinls. 
!. 150 habitants. 
3. k 4S9 mëtres an-dessoa <tn DiTean de ta mer; à 100 mitres ao-deaenB dn lac. 



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— 12 — 

contours, un panorama qui s'étend des cônes basaltiques du Hebgau, 
couronnés de châteaus-forts, par delà les tours et le lac supérieur de 
Constance, jusqu'au rempart des Alpes helvétiques et tyroliennes, cou- 
ronné de neiges éternelles. 

Au commencement du huitième siècle, cette lie, maintenant le modèle 
d'une belle culture, était couverte d'une forêt impénétrable et livrée aus 
serpents, aux lézards, aux animaux immondes. Une atmosphère malsaine 
pesait sur ces lieux maudits que personne n'osait aborder. En avail-il tou- 
jours été de même?... Il est permis d'en douter: les traces de digues 
suhlacustres, qui convergent vers l'Ile, donnent à devinerquedes peuplades 
anté-historiques, de l'âge de pierre, habitaient déjà ces parages; plus tard, 
des populations celtiques occupèrent les rives des deux lacs de Gonslance. 
C'est rtle de Reichenau, ou celle de Lindan, que Tibère attaqua vers l'an IS 
avant Jésus-Christ, pour en déloger les Rhéliens et les Vindéliciens. 

Après cette époque, toute donnée sur ces localités nous fait défaut; ce 
n'est que vers l'an 724 de notre ère que le jour commence à luire. Un 
moine, nommé Sintlas, ou bien un noble aléman qui résidait sur les rives 
du Rhin, à Sandeg^, aurait convié un moine irlandais ou écossais, saint 
Firmin, à défricher l'île d'Owa (Aue), qui, du nom de son propriétaire, 
est désignée dans les premières chartes carlovîngtennes sous le nom de 
SinUeocesavia. 

Saint Firmin vivait alors, comme chorévéque, dans le Palatinat ApiMre 
du christianisme et précédé d'un renom de sainteté, il prit terre avec quel- 
ques disciples dans l'tle inhospitalière. A son approche, dit la légende, les 
reptiles venimeux s'enfuirent, et, en moins de trois jours, l'île de Sintlas 
devint habitable. Ce qui est avéré, c'est le fait d'une colonisation rapide 
et vraiment miraculeuse. Le premier établissement conventuel du moine 
breton fut construit en bois; il n'a laissé aucune trace; mais l'esprit du 
fondateur a survécu à ces constructions éphémères, et porté bonheur aux 
abbés de Reichenau, qui mérite bien son nom significatif d'Auffia dives, 
pendant les premiers siècles de l'existence du couvent. 

Le but principal de la fondation de saint Firmin parait avoir été l'afFer' 
missement de l'autorité du saint-siége et de Boniface, archevêque de 
Hayence, contre les empiétements de l'évèque de Constance. Cette lutte de 
Reichenau avec Constance imprimera, pendant des siècles, un caractère 
spécial à l'histoire du couvent. 

Quoique saint Firmin eût été encouragé dans son œuvre par le pape Gré- 
goire II et par Charles Martel, le premier bienfaiteur de la Reichenau', il 

1. Voir l'acte apocryphe du 25 avril 1S44.— Voir, an sujet des rapports de saint Firmiii 



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ne jouît pas longtemps du fi-uit de ses défrichements; il fnt expulsé par 
Teutebald , un duc d'AlémanJe, qui était hostile au puissant maire du palais. 
C'est alors que le saint colonisateur de la Heichenau se retira dans nos 
contrées, et qu'il fonda, soutenu par le comte Ébei'hard d'Éguisheim, le 
couvent de Morbach, ce vivier des étrangers (vivarius peregrinorum) ; 
puis les abbayes de Wissemboui^, de Marmoutier, de Gengenbach, de 
Schwarzach. Pendant près de trente ans il prolongea encore son existence 
laborieuse, et mourut en 754 â Hombach, près de Deux-Ponts, où ses 
reliques furent conservées jusqu'au milieu des troubles de la guerre fra- 
tricide du dix-septîème siècle. 

Avant sa retraite forcée de 111e de Sinllas, saint Firmin installa comme 
chef de la maison de prières fondée par lui , l'abbé Ëddo (Hetlo , Hatto), qui 
iniroduisit dans le couvent la règle de Saint-BenoU; mais, chassé lui-même 
en 732 par un duc d'Alémanie, frère de Théobald, il se retira comme saint 
Firmin en Alsace, où it fut élevé, en 734, au siège épiscopal de Stras- 
bourg, qu'il conserva jusqu'à sa mort (776). Pendant cette longue admi- 
nistration, il était parvenu, vers 746, après la défaite du duc d'Alémanie 
par Charles Martel, à ressaisir l'abbaye de Reichenau. Protecteur et pro- 
moteur des études théologiques et littéraires, il avait établi des écoles et 
des bibliothèques à Strasbourg et dans l'abbaye insulaire; avant de mou- 
rir, il avait encore fondé les pieux asiles de Schutlern et d'Ettenheim- 
mûnster. 

Je n'ai point à redire ici l'activité spéciale d'Eddo dans notre diocèse, 
ni son voyage en Italie (774), è la suite de Charlemagne. J'ai dû me borner 
à montrer en cette circonstance la connexité de l'histoire de Reichenau 
avec celle de nos abbayes, et à indiquer la tendance intellectuelle de 
l'évêque-abbé, imprimant son cachet à t'abbaye de Saint-Firmin, qui de- 
vint, sous les Carlo vingiens, l'une des académies littéraires les plus renom- 
mées, la rivale de Saînt-Gall, de Futde, de Corvey, de Hirsau, de Wissem- 
bourg. 

Je devance un peu les feits, ea établissant dès ce moment la supériorité 
du couvent de Reichenau, où la noblesse alémaniqtie puisait son instruc- 
tion; car les comtes, les chevaliers, les barons y étudiaient ta jurispru- 
dence dans l'école extérieure, comme les moines s'y vouaient dans l'école 
cloîtrée OQ intérieure au culte des lettres, de la philosophie et de ta théo- 
logie. 

Vers la fin du huitième siècle déjà, Reichenau doit avoir abrité jusqu'à 

>Tec le pape, la Vie des tainU et martyrs, à'L Buller; tradoil par UH. les doclen» Hœss 
et Weis (Kayence, 1826, vol. XX, p. 30! et 320). Ole par Staiger, Oûloiredela Beidtenau. 



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— 14 — 

six cents moines et élèves, sous l'abbé Waldo; jusqu'à quatre cents en- 
core vers le milieu du neuvième, sous l'abbé Ërlebald, el de le, jusqu'en 
lâOO, au moins detin cenls en moyenne. 

Mais Reîchenau n'élait pas seulement la pépiuière des générations sa- 
vantes dans toute l'Allemagoe méridionale, depuis l'embouchure du Nediar 
jusqu'à Zurich; favorisée au temporel comme au spirituel, c'était la plus 
riche des abbayes; les empereurs carlovingiens et les empereurs de la 
maison de Saxe rivalisèrent dans la dotation de cet établissement monas- 
tique. Cent vingt-cinq localités diverses lui appartenaient; trois cenls vas- 
saux, parmi lesquels on comptait successivement des archiducs d'Autriche, 
dix margraves de Bade, vingt-sept comtes, vingt-huit baions, étaient ses 
feudataires; à peu près toutes les rives de l'Untersee relevaientde Reîchenau; 
dans le Hebgau, tous les châteaux comptaient parmi les fiefs, dépendances 
uu localités amies de l'abbaye, dont le chef pouvait se rendre en Italie 
— jusqu'à Rome, à ce qu'on prétendait — en établissant tous. ses quar- 
tiers de nuit dans quelque terre relevant de lui. Aussi empereurs, rois, 
papes, dans leurs voyages, recherchaient-ils la Reichenau, pour y séjour- 
ner temporairement el jouir de l'accueil hospitalier de l'abbé-prieur, dont 
le palais (Pfalz) était l'image d'une cour souveraine. Gonslammenl des am- 
bassadeurs ou des délégués de princes étaient reçus dans la Reichenau; 
dans les banquets officiels, c'étaient les chevaliers de Salenslein qui ser- 
vaient comme grands-échansons et les chevaliers de Hohenknehen comme 
écuyers-tranchants de ce petit souverain insulaire qui réunissait, pour 
ainsi dire, la triple dignité de recteur académique, de cbefd'une congr^- 
tion bénédictine et de prince usufiniitier. 

Le point de départ de cet incomparable bien-être, Je l'ai déjà ^t en- 
trevoir, c'était une donation de quelques localités sises sur les rives du 
petit lac , donation émanée de Charles Martel (734). Cet acte de Jopilla' n'a 
point d'authenticité réelle; mais la tradition parait exacte; elle énumérail 
cinq alleux du prince, puis, sur la rive gauche et méridionale du lac, Er- 
matingen, le bourg royal', qui devra fournir le vin de La sainte Gène, vii^t- 
quatre serfs thui^àviens et leurs descendants, etc. Une donation de Cbar- 
lemagne, de 780, époque où le roi de France vipt lui-même à la Reicbenau, 
déjà en veine de prospérité, se rapporte au Fischerhaus, ou maison de 
pêche, située dans la presqu'île, entre le lac d'Ueherlîngen (la partie sep- 
tentrionale du lac de Constance) et l'Untersee. Cette maison n'était autre 
chose qu'une ferme, dont les rentes demeuraient affectées à l'entretien des 

1. localité sise vis-à-Tia de Uerslall; c'est là que cette d<HiatioD a été faite. 

2. Au-dessous d'Arenenberg. 



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— 15 — 

drapiers ât des cordonniers du couvent-phalanstère , tandis que la culture 
des terres était imposée à des serfs- pécheurs. 

La donation capitale de Gharlemagne est celle du domaine royal d'Ulm 
(813), donation sur latjuetle je serai tenu de revenir, et celle qui confère 
au couvent le droit de choisir lui-même son avoué (811)'. 

Un titre parfaitemeat authentique est celui de Louis le Pieux, du 19 des 
katendes de janvier 816'. Dans cet acie, l'empereur accorde une série 
de privilèges à Heddon, évêque de fiâle et abbé du monastère de Sini- 
leozesavia dans le duché d'Alémanie, et dans le pagus ou canton d'Untere- 
sinse (Untersee). Le monarque y rappelle les- privilèges accordés déjà par 
Gharlemagne, et plus spécialement l'imaïunité du couvent dans ses rap- 
ports avec les juges publics*. 

La dernière partie du règne de Gharlemagne. et tout le règne de Louis P' 
constituent l'époque de la prospérité ascendante du couvent Ce fut sous 
Tabbé Waldo (780-806) que Eeichenau devint le foyer du savoir et que se 
forma la bibliothèque, dont les premiers manuscrits les plus précieux 
furent apportés par Heddon. Le célèbre chroniqueur du couvent, Gallus 
Ohem (un du quinzième el commencement du seizième siècle), énumère 
scrupuleusement toute une série de prêtres et d'évéques étrangers qui 
donnèrent des livres à la Reichenau. Un magnifique anlipbonaire, pro- 
venant de la reine Bertrade, épouse de Pépin le Bref, fut remis dans le 
dépôt par l'abbé Waldo lui-même, et c'est sous lui que, pour la première 
fois, l'écrivain Réginbert catalogua ces richesses. On ne bornait pas les 
études à la théologie; les classiques latins, les chroniqueurs mérovingiens 
et carlovingiens entraient dans le cercle des lectures; la langue théodisque 
avait droit de cité, concurremment avec la langue latine, et, qui sait, tes 
chants populaires qui célébraient les hauts faits de Gharlemagne, ont peut- 
être été collectés et transcrits en partie dans la bibliothèque de Reicbenau. 

Parmi les donateurs de cette pi'eraière époque carlovingienne ûgure un 
beau-frère de Gharlemagne : je veux parler du comte Gerold de Bussen, le 
même qui périt, en 799, dans un combat contre les Huns et dont le corps 
fat rapporté dans l'île de Reichenau. Exactement à la même époque, on y 
vit arriver l'évéque démissionnaire de Vérone, Ëgeno, Aléman de naissance, 

1. Charte coDserrée aux archiTes dn dëpartemenl du Baa-BhlD. VofCE mes lettres sur 
ce dépôt (lettre XVII) et VAUaee dtplemaliqut de Scbœpllio, partie \", Utre 87. — Le 
même cooârme une donotioD faite à Reichenau par le prêtre Engelbert. [Voy. DUmge, 
p. ! et 67.) — Il donne lut-mémela localité de Tetliogen [Telengem] (voy. DUmge, p. 3 et 
68); des dîmes en Alèmanle (toj. DOmge, p. 3 et 69]. 

2. Aucun juge ne pourra, dans ledit lieu, infliger des amendes, ni Élire domicile, ai 
exercer le droit de parée. 



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— 16 - 

qui voulut en vain se faire admeltre au nombre des moines, et qui, refusé, 
construisit à Niederzell l'église en l'honneur de saint Pierre et saint Paul, 
où il fut enterré. 

L'administration si fructueuse de Waldo fut suivie de celle de Heddon, 
évêque de Eâle {806-8S2); i! construisit enlre l'école et le cloître la cathé- 
drale romane (816) en l'honneur de Marie, à la place même du sanctuaire 
élevé quatre-vingt-dix ans auparavant par saint Firmio. L'inauguration de 
l'édifice religieux, dont la grande tour subsiste encore, a été décrite par 
Walafried Strabo, l'un des successeurs les plus illusU-es de l'évêque-abbé 
Heddon. Quelques jours avant la fête, l'Ile avait déjà été encombrée par 
les masses populaires accourues pour assister à ce spectacle pompeux; le 
lac était couvert de bateaus pavoises qui amenaient les prélats, les grands 
seigneurs et les chevaliers.. L'empereur Louis avait envoyé des dél^ués. 
On comptait jusqu'à sept cents moines venus d'Alsace, de ta Souabe et de 
l'Helvétie; près de cinq cents élèves des deux écoles intérieure et exté- 
rieure du couvent. Depuis longtemps, l'église catholique n'avait vu, au 
nord des Alpes , une cérémonie aussi imposante , car tous les grands sei- 
gneurs, les prêtres, les moines, les élèves répondaient avec toute la foule 
aux prières de l'évèque-abbé, et le venl emportait le chœur de ces mille 
voix au delà des rivages de l'Ile sainte. 

L'abdication de Heddon {832), après une grave maladie, prouve l'humi- 
lité de ce dignitaire, qui avait rempli en 811, au nom de Charlemagoe, 
une mission à Byzance auprès de l'empereur Nicéphore I'', et, au nom de 
Louis le Pieux, des missions auprès des papes Etienne V et Paschal t^. 

Eddon avait renoncé à sa dignité en faveur de son neveu ErMiald, et 
celui-ci suivit les errements de son prédécesseur en enrichissant la biblio- 
thèque des œuvres de saint Augustin, de saint Jérôme, d'Alcuin. Sous l'ad- 
ministration de cet abbé, l'évêque Ratbold, de Vérone, avait amené dans la 
Reichenau une partie des reliques de saint Marc, qui furent placées dans la 
cathédrale et devinrent l'objet d'un culte jamais interrompu. 

Un autre feit d'un ordre d'idées tout différent eut lieu sous le même 
dignitaire : un moine, nommé Wetin,eut une vision singulière (octobre 834); 
U se crut transporté par son ange gardien dans le purgatoire, oîi il vit 
Charlemagoe, Waldo, le comte Gerold, plusieurs évêques, et oi!i, de la bouche 
de son guide, il reçut une série de préceptes et de règles salutaires. A 
peine réveillé, il raconta son rêve à l'ancien abbé, qui continuait à vivre 
comme un simple moine dans le couvent. La vision fut consignée par écrit, 
et, phis tard, Walafried Strabo la mit en vers. Sans dénigrer la gloire et te 
mérite de Dante, il est permis de voir dans cette vision de Wetin l'un de 



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_ 17 - 

ces essais informes qui précèdent d'ordinaire les grandes créations poéti- 
ques, le prélude incorrect avant le concert harmonieux. 

A Erlebald — qui résigna, comme son oncle, la dignité abbatiale — 
succéda l'abbé Buadhelm (838), qui ût copier et acheter plus d'un 
manuscrit précieux pour la bibliothèque; ainsi ce dépôt s'enrichit des 
œuvres de Gassiodore, de Vilruve, des lettres impériales de Marden et 
Léon aux évêques du synode de Chalcédoine, de la chronique d'Ëusèbe de 
Césarée, et de divers ouvrages juridiques. 

Hais la véritable floraison littéraire de la Reicbenau date de YMé 
Walafried Strabo (842 k 849). Né en 806 de parents pauvres, i) avait été 
admis sous l'évéque Heddon à la Reicbenau, avait fait une partie de ses 
éludes dans le couvent de Fulde, sous Rhabanus Maurus, et, à peine âgé de 
trente-six ans, succédé, comme abbé, à Ruadhelm. Il eut l'honneur de s'in- 
terposer entre les rois Charles le Chauve et Louis le Germanique, et d'amé- 
liorer ta situation de son couvent, grftce è l'influence qu'il exerçait sur le 
souverain allemand, car te roi Louis donna, en 843, des revenus consi- 
dérables à la Reicbenau. Une charte de donation de Walafried lui-même 
relate tes localités destinées k fournir, à l'usage du cellerier, les revenus en 
nature, sur beaucoup de points de la Souabe, sur les bords du Danube et 
de rUntersee*. 

Sous lui, la culture de la vigne fut considérablement étendue; on 
transporta des vignerons de Steckborn dans 111e; mais le grand mérite de 
Walafried Strabo était placé sur un autre terrain; il est, sans contredit, 
l'un des écrivains polygraphes tes plus distingués de l'époque carlovin- 
gienne. Entraînés par te mouvement rapide des idées modernes, nous 
sommes trop habitués à regarder d'un air de dédain ces productions du 
moyen Âge, qui recèlent à la fois une vaste érudition ecclésiastique et bis- 
torique et des trésors de poésie. J'ai déjà mentionné la vision de Wetin; 
mais Walafried Strabo est, de plus, l'auteur de glosses (une espèce de 
grammaire), de traités sur la liturgie, d'un discours sur la destruction de 
Jérusalem, d'une vie de saint Gall, de saint Othmar, d'hymnes sacrées, de 
renseignements géographiques snr les contrées du lac aux axième et sep- 
tième siècles. Son administration abbatiale ne s'étend pas au delà de sept 
années. Il mourut âgé de quarante-deux ans, au moment de se rendre, de 
la part du roi Louis, auprès de Charles le Chauve (849). 

t. Voyei BDSsl Dttmge, p. 68 {AppeDâice 2) et p. 70, a* 5. — Celle cbarle de Walafried 
est estrËmemeol curienie; ce Boni des dËlails d'ècoDomie domestique qal ouvrent des 
penpectirea sur la Tie intërieure dn coaveDt. Beaucoup de détails sur la pëcbe et les 
KretiOcations à donner aux pécheurs. (Voy. Anneze d° 3.) 

a* Una. ~ T. VI. — (K.) 2 



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— 18 — 

Le descendant de Charlemagne le plas libéral à l'endroit de la Râ- 
chenau Tut un prince qui a, du reste, laissé un triste renom dans l'histoire 
du neuvième siècle : j'ai nommé l'empereur Charles le Gros. Son pre- 
mier séjour à Reichenau remonte à l'année 878, sous l'abbé Rudo ou 
Rodolphe (876 à 888); alors déjà, il confirma les privilèges octroyés par 
ses ascendants au sujet de t'élecUon des abbés. Dans les divers séjours 
qu'il fit au château de Bodman, sur \eë rives du golfe d'Ueberiingen, et 
h Reichenau même, les libéralités de ses pères furent ou confirmées ou 
augmentées*. 

Débonnaire comme son aïeul, il vivait familièrement avec les moines; 
on dirait que, se jugeant lui-même plus fait pour la vie du cloître que 
pour le trône, il pressentait dans l'enceinte de Reichenau, au pied des 
autels, qu'il y trouverait son dernier asile. 

L'histoire universelle a enregistré dans ses annales la destitution de 
Charles à Tribur (987). Après cette dernière scène du grand drame carlo- 
vingien, Charles s'était retiré dans son domaine de Marienhof, près Nei- 
dingen, au haut du plateau de la Baar. Abreuvé d'humiliations et de dégoût, 
il y mourut le 13 janvier 888. Les conventuels de Reichenau, lorsqu'ils 
apprirent cet événement, allèrent chercher le corps de leur bienfaiteur et 
l'inhumèrent dans l'église-cathédrale. Rudo, l'abbé de la Reichenau et 
l'ami de l'empereur défunt, mourut la même année*. 

c ... A mille ans de dislance, quelle tragique antithèse! En 817, le fils 
de Chartemagne, consolidant l'asile des sciences, des lettres et de la prière 
dans ce silencieui Ilot d'uu lac alémanique; et peu d'années après Waterloo, 
la fille adoptive de Napoléon V^, la mère de Napoléon m, cachant son 
diadème de reine au milieu des bosquets et des fleurs, dans un chalet 
suisse, ancienne dépendance de l'abbaye où vint s'éteindre l'un des der- 
niers rejetons du grand empereur d'Occident. Que de fois un jeune exilé 
n'a-t-il pas dâ prendre terre, avec sa barque, dans l'une des anses de cette 
Ile aux vieilles basiliques, alors peu visitée, vrai fragment de l'A ventin, 
enlevé à la Rome du moyen âge? Que de fois n'a-t-il pas dû penser aux 

i. En 881, il libère Reichenau de tont fmpdt, de toute juridiction étrangère; il lui donne 
Znnach. Ed 681, son frère Carloman lègue an couTeat toute une série de localités sur les 
bords du lac de Cdme. Charles le Gros rallfle ce don, d'après le vœu de l'impératrice 
Kichardis et du pape Jeau VIll. Par une charte émise à Kalisbonne eu SS3, des propriétés, 
sises en Ihurgovie, furent données par Charles à son courent favori. En SSC suit la 
confirmation des priTiléges et dons accordés par Chsrlemagne et Louis le Flem; par 
exemple, les localités sises dans la Souabe, le Briagan, l'Aligau, etc. (V. Dtlmge, p. 73-78.) 

2. Voy. plus haut, au sujet du mausolËe de Charies le Gros, placé mainteaanl à l'en- 
trée de la sacristie. 



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— 19 — 

grandeurs déchues qui dorment sous ces voûtes byzantines et méditer sur 
les causes qui font perdre et gagner des empires'? * 

Une liaison étroite, pareille à celle qui régnait entre Rodolphe et l'em- 
pereur Charles le Gros, s'établit entre l'abbé Hatton III (888-913) et le roi 
Amolphe, neveu et successeur de Charles dans les domaines germaniques. 
Toutes les donations carlovingiennes Turent renouvelées, confirmées, 
augmentées; car, dès 887, Arnolphe avait été favorablement disposé pour 
la Reichenau '. 

En 890, le roi de Germanie y vint lui-même, et lorsqu'en 891 Winder- 
hold, archevêque de Mayence, périt dans un combat contre les Huns, ce 
fut l'abbé Hatton IIl que l'on élut pour succéder au prélat massacré. 
Malgré lui, Hatton cumula les fonctions d'archevêque et d'abbé'. Son inti- 
mité avec le roi devint d'année en année plus grande. A la naissance 
de Louis le Jeune, flis d'Amolphe, l'abbé de Reichenau lut appelé pour 
baptiser le futur héritier de la Germanie (893). Lorsque le roi flt, après 
sa campagne contre Béranger, un voyage à Rome, sur l'invitation du pape 
Formose, Hatton accompagna son royal ami; il rapporta de cette tour- 
née une relique, la tète de saint Georges (895), qu'il déposa dans l'église 
de Saint-Georges, fondée par lui à Oberzell, en 888. Arnolphe avait, dès 
le principe*, richement doté cette jeune fondation, sise à une petite dis- 
tance du Munster; il avait de même confirmé les donations faites par le 
chevalier Lîmpert à la maison des bains (Badhaus) de la Reichenau, éta- 
blissement que Charlemagne av^it déjà pourvu d'un revenu en bois*. 

Après la mort d'Amolphe (900), Hatton devint le tuteur du roi Louis le 
Jeune; lui et Otton de Saxe tenaient les rênes du gouvernement. De nou- 
velles faveurs et donations, faites par le ûls d'Amolphe, compensèrent 
sans doute les soins de la tutelle*. 

En 911, lors de l'avènement de Conrad de Franconie au trdne d'Alle- 

1. YotT mes Lettres sur les archÎTes déparlemenlaleB du fias-Rhin (1» ëdit., p. 205-206). 

2. En 887, il arait, comme duc, reoDUTelë la donatloa de Charlemagne de 811, le droit 
de choisir leurs aiouëE accordé à l'abbë et à ses successevra. Aucun Kaitenvoçt (avoué 
chàteiain) n'avait le droit de tenir des plaids dans l'Ile. Teltiugen, Ermatingen, Wollma- 
tfngen aont désignées comme localités où se tiendront les lita de justice. En 889, les biens 
Bis dans la Thnrgovie et l'Argovle sont conQrmés au couvent. (V07. aussi DDjnge, p. 79-80.) 

3. Arnolphe, roi de Germaaie, conQrma la nomination de Hatton i l'archevêché. (V07. 
DOmge.p.SÎ.} 

1. Des biens à Donaueschiogen et sur la Baar avalent été assignés anz six chanoines de 
Saint- Geôles. 

5. Ce chevalier s'était bit moine. En retour de la donation. Il avait demandË comme 
nniqne faveur le droit de vivre des anmdues du couvent. 

6. Vofei DUmge, p. 83-8t. 



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magne, ce fut l'archevéque-abbé qui sacra le nouveau roi. Tout-puissant 
dans le royaume de Germante, Hatton exerçait aussi une grande influence 
sur les dignitaires ecclésiastiques; c'est grâce à lui que Salonion, abbé de 
Saint-Gall, avait été nommé à l'évéché de Constance. 

Tout autorise à dire que cet abbé de Reichenau, Tami de trots cbefe 
de la Germanie, a dû êti^ un caractère supérieur; malheureusement il 
eiiste dans cette vie si bien remplie une tache que les chroniqueurs n'ont 
point essayé de couvrir du manteau de l'indulgence el de l'oubli : je fais 
allusion au procédé déloyal dont Hatton usa vis-à-vis d'Adalbert de Baben- 
berg, assiégé par Louis le Jeune. Par un raSlnement de perfidie, il ût 
tomber le trop crédule feudataire entre les mains de son suzerain impla- 
cable. Cet acte isolé n'enlève rien aux mérites de Yt^bé de Reichenau 
comme administrateur. Pendant un quart de siècle, Hatton fut l'un des 
plus éminents directeurs de l'abbaye*; il mourut le 15 mai 913. 

Sous l'abbé Hériberl (917-927), des gouttelettes du sang du Sauveur, 
avec quelques fragments de la sainte crois, furent données au couvent par 
Swanebilde, comtesse de Kibout^. Une légende, qui remonte au temps de 
Charlemagne et à ses relations avec les Sarrasins d'Espagne, se rattache 
à cette relique. Je dois m'interdire le récit de ces naïves traditions et 
me borner à constater que cette accumulation successive de donations 
pieuses ne contribua pas médiocrement à l'influence du couvent de la 
Reichenau dans le monde laïque et ecclésiastique. Pendant le cours de ce 
dixième siècle, plus d'un prince y fixa le lieu de sa sépulture; les empe- 
reurs Ottoniens comblèrent de leurs faveurs la création de saint Firmin, 
comme avaient fait les Carloviagiens *. 

Sous l'abbé Rudimann (984-998), Burkard d'Alémanie, le vainqueur des 
Magyares, fut enterré dans la chapelle de Saint-Ërasme, et, à ses côtés, 
Bertbold de Souabe. Je mentionne ce dernier parce qu'il avait assigné au 
couvent des localités sises en Alsace, telles que Wilare (Willer), Rodesheim 
(Rosheim). 

Les jugements les plus contradictoires ont été portés sur Rudimann; 

1. Notons, en passant, qne le vase aottqne, rattaché par la traâlIioD ani DOces de Cana, 
fat apporté dans la Reicbenan sons HattoD m. 

2. Acte de 948: donatloD d'OIton le Grand, soqb l'abbë Alavich, dont le règne, de 
85 ans (931-95S), est désigne par les chroniqucnrE comme un jardin de délices {hor- 
tui deliciarum). — Acte de 947 : donation de Dettiogen conSnnée; rentes à AUenspach, 
etc., etc. (Voy. DUmge, p. 85.) — Acte de donation de Llnlolf, fils d'Otton : l'empereur 
conBnne cette donation, qui se rapporte à Trochtelfingen et à plusieurs localllëB de la 
Souabe et de la Bavière acloelle. — Acte de 849. (Voy. DUmge, p. 68, n' 25.) — Acte de 
965; conflrmatif des privilèges et donations qne les empereurs prédécesseurs d'Otton I" 
ont faits au couvent de Reiclienau. (Voy. DDmge, p. 88, u° 27.) 



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Gatius Ohem en fait t'éloge sans restriction; Ekkehard, l'historien de Saint- 
Gall, met sur le compte de cet abbé des anecdotes que j'aimerais à croire 
apocryphes, parce qu'elles lui imputent des actes déloysui à l'endroit de 
l'ahbaye de Saint-Gai) et d'un moine, homonyme du chroniqueur*. 

L'ahbé Witegow (984-998) marque, dans cette lon^e série de prélats 
de Reichenau, comme restaurateur du couvent et de la cathédrale, presque 
entièrement reconstruite et embellie par lui. Plusieurs chapelles datent de 
son règne. Ses prédécesseurs avaient joui de la faveur d'Olton le Grand et 
d'Ollon II; Witegow était assidu auprès d'Olton III; il fît le voyage de 
Borne et devint le sujet d'un poème composé par le moine Burchard. 

Je raentionne son successeur, Alawich II, de la famille des comtes de 
Sullz, quoiqu'il n'ait occupé que pendant deux ans le siège abbatial de 
Reichenau (996-998); mais il passa de 111e sainte à noire évêché et mourut, 
pendant un voyage en Italie, à Rome. Comme abbé, Alawich s'était trouvé 
en rapports fréquents avec l'empereur Otton III et avait obtenu de lui la 
confirmation du privilège rie l'élection libre de l'abbé, l'immunité de toute 
juridiction étrangère, de tout empiétement de la part des empereurs*. Sur 
la prière d'Otton III, le pape GrégoireV accorda, sous Alamch, aux abbés 
de Reichenau la dalmatique et les sandales*. Ces faveurs donnaientà l'em- 
pereur quelque droit de remontrance, ou, du moins, de conseil; aussi, 
dans une lettre écrite à l'abbé, le prince eihorte-t-il son protégé à donner 
ses soins au bien-être matériel et moral des frères, et à ne pas se laisser 
endormir par les délices de Capoue*. 

L'une des phases remarquables de noire couvent est celle qu'il traverse 
sous l'administration de l'abbé Bemo (1008-1048) qui, avant de monter 
sur ce siège abbatial, avait été moine à Prûm; c'était un des prélats les 
plus lettrés, auteur-polygraphe, poète, historien*, et, ce qui fait surtout 
son éloge, protecteur du moine Herrmann le Paralytique (Herrraannus 
contractus). Berthold, le biographe de ce moine, fbit un beau portrait de 
l'homme et du savant encyclopédiste, historien, philologue, constructeur 
d'instruments astronomiques et de musique. Ce moine, malgré tes di£B- 

). Je renvoie cenx de mes lecteurs qui seraient curieux âe coonallre ces dëlatla à la 
moDograpliie de Schœngutli sur le château de Hobentviel, doDt la châlelaiiie fledwige 
prit des leçons de latin et de littérature. Son maître était ce même moine Ektebard, de 
Saiut-Gall. 

2. Acte de 990. (Voy. DQmge, p. 92, 93.) 

a. Acte de 998. (T07. rumge, p. 95.) 

4. Acte de 998. (Voy. Dûmge. p. 96.) 

5. n a écrit la biographie de pluEieuTg saints, par exemple celle de Heinrad, tondateur 
d'Einsiedeln; des hymoes, nue histoire d'Alémanie, des épltres i des rois, ëvéques et 
BbbËB, un traité sur la musique; il est l'autear du Sahe Regina; il SBTait l'arabe. 



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— 22 — 

cuIUs qu'il éprouvait d'articuler les syllabeE, était devenu, è fûrce de 
patience, un professeur très-disert. Atmé de ses confrères, il ne s'était 
cependant jamais attaché à la vie; il mourut â peine âgé de quarante et 
un ans, après une curieuse vision, dont il ût le récit à ceux qui entou- 
raient son lit de douleur. 

Son chef spirituel, Bemo, eut des rapports fréquents avec les empereurs 
Henri le Saint, Conrad le Salique et Henri le Noir; il sut proûter de ces 
relations pour le bien du couvent, dont les privilèges re(;urent de l'exten- 
sion'. Des délégués spéciaux, envoyés par lui à Rome auprès du pape 
Jean XXll, obtinrent la garantie des privilèges abbatiaux. 

Sous lui, le couvent fut mêlé à la lutte d'Ernest de Souabe avec son 
beau-père, Conrad le Salique (1030), lutte où le gendre succomba. La 
Reichenau devait servir de sépulture au vaincu et à son vainqueur, Hane- 
gold, tué, dans la même bataille, sur le plateau de la Baar*. 

A plusieurs reprises, Henri 111, comme ses prédécesseurs, visita la Rei- 
chenau. La belle chapelle de Saint-Marc fut consacrée en sa présence 
(21 août 1048). Peu de mois après cette cérémonie, l'abbé Bemo mourut 
(7 juin 1048) et fut enterré dans celte même chapelle. Quatre siècles plus 
tard, l'un de ses successeurs, Jean Pfuser, ne respecta point sa pierre 
tumulaire, et inspira des vers élégiaques à ce Gallus Obem, qui a défrayé, 
en fait de renseignements, tous les historiens modernes du couvent. 

Dix-huit mois environ après la mort de Berno, le pape Léo IX, retour- 
nant d'Alsace à Rome (1049), séjourne à la Reichenau et y célèbre la fête 
de saint Clément (33 novembre), intronise l'abbé Ulrich' et consacre une 
chapelle en l'honneur de saint Aibeil, martyr*. 

Deux des successeurs d'Ulrich sont signalés comme abbés simoniaques; 
l'un, Robert de Bamberg, surnommé Nummularius, fut repoussé par 
l'avoué du couvent lorsqu'il se présenta pour prendre possession de son 
siège. Il rebroussa chemin; mais dans l'intervalle, l'abbaye de Bambei^ 
avait été donnée à un moioe, et Robert se trouva assis entre deux chaises. 

1. Eu 1016, Henri II le SbidI conBnae les privilèges âoonés par Gharlemague, Louis le 
Pleui, Cbarles le ChauTe, Oilon le Graud, et accorde de plus des Imuimuiiltës de péage 
pour r^ipTOvieioiuiemeat du couveal. (V07. aussi i'acte du même emperear cité par 
DQmge, p. 98.) 

2. Va beau poCme dramatise d'Uliland {Emiteon ScAaaàen) a fomiliarisë le public 
avec les péripéties de celte lutte. 

3. Sous l'abbé tJbIcb, qui occupa le siège de la Reichenau peudaut 23 ans (1018- 
1070), commencent les discussions avec les èvèques de Constance. C'est devant l'empe- 
reur Henri Ul qu'ont Leu les querelles pour délimilatlon et droits forestiers (105t). 

4. Sous le môme abbè Ulricii, l'empereur Henri IV conUrme les privilèges et propriétés 
du couvent; 11 conlribne à sa restauration. — Acte de 1065. (Voy. DUmge, p. 109, 0' 57.) 



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— 23 — 

L'évêque de Bamberg voulut lui confier quelque temps plus tard (1076) 
l'abbaye de Gengeubacb, non loin de la frontière d'Alsace; mais le num- 
mulaire s'y fit tant détester qu'il périt de mort violente de la main même 
des moines. 

Pendant la lutte de l'empereur Henri IV avec ses compétiteurs et rivaux 
(Rodolphe de Rbeinfelden et Herrmann de LûEzelbourg), l'abbé deReiche- 
nau, Ekkebard de Nelleobourg (1076-1088) prend parti contre l'empereur 
franconien et se trouve en même temps impliqué dans une guerre contre 
l'abbaye de Sainl-Gall. Des péripéties inOnies, qui se traduisent surtout 
par les dévastations des territoires respectifs, marquent celte querelle. 
Ëlikeliard, élevé à ta dignité d'évôque d'Augsbourg, quitte, après quinze 
ans d'administration, la Reicbenau et meurt en roule pour sa nouvelle 
destination'. 

Pendant près d'un siècle, l'histoire de l'abbaye ne présente point d'in- 
térêt majeur, à quelques actes de violence prés. 

Sous l'abbé Ulrich de Lupfen (1088-1123), qui avait été consacré par le 
pape Urbain il, Herrmann, l'avoué du couvent, au moment de se rendre 
dans son avouerie, fut taillé en pièces par les gens du couvent (1094), et 
l'abbé Louis de Pfiillendorf (1131-1135) subit un sort pareil dans le chœur 
de l'église de Tuttlingen. 

A deux ou trois reprises ou voit l'empereur Frédéric Barberousse inter- 
venir dans les affaires du couvent. Il décide en 1174, à la diète de Spire, 
l'élection de Dielhelm de Wissembourg, qui fut accueilli par de grandes 
démonstrations de joie. Partisan déclaré des HobenstaufTen , il fut élu en 
1 188 è l'évéché de Constance, sans renoncer pour cala à sa dignité abbatiale. 

Plusieurs fois il visita Strasbourg. La confiance que lui témoignait la 
fbmille impériale de HobenstaufTen, se manifesta surtout pendant une ab- 
sence prolongée de Philippe de Souabe, qui était allé visiter son frère 
Henri VI en Italie. L'abbé Diethelm, pendant ce temps, gouverna, en qua- 
lité de régent, le sud-ouest de l'AJlernagne. Il contribua puissamment à 
l'élection de Philippe à l'Empire, et mourut fort à propos à Constance 
(1S06), avant d'avoir vu la fin malheureuse de son royal ami'. 

Il ne faut point se dissimuler, toutefois, que les beaux temps de l'abbaye 
de Reicbenau avaient déjà subi, sous les Hobenslauffen; une notable alté- 
ration. Sous l'abbé Conrad (1238-1^55), la ville d'Ulm, cette magnifique 

t. On n'a pas mauqiiË de croire qu'il btûI été entpoiaounÉ. Le même obbë reooiiTeUe 
les prÎTil^s du marchË d'ÀlIeDspacb. (Vof. DUmge, p. 1 1 1 , a° 60.) 

i. Voy. DUmge, p. 155, W lU, pour une donaliOD de vignes folle par Marquard et con- 
Ormëe par l'ëTêqne Dielbelm. 



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— 24 — 

donfition de Gharlemagne, fut en état de révolte contre le couvent, qui 
subit tous les inconvénients de la lutte entre l'Empire et le sacerdoce. Un 
malheur acddentel vint de plus frapper la communauté, en 1S54; un in- 
cendie dévora l'enceinte conventuelle, et, à cette occasion, le Ifânster 
même fut endommagé. Conrad déplore ce malheur dans une élégie latine 
qui ne manque, par moment, ni de grâce ni de chaleur. 

Sous l'abbé Burkard de Lœvïen (1255-1260), la détresse du couvent 
augmente. L'anarchie régnait dans son enceinte, comme dans l'Empire. 
L'abbé, qui avait failli être assassiné par deux moines rebelles, s'était 
adressé au pape Alexandre IV, et le pontife avait délégué l'abbé de Saint- 
Gall pour remettre l'ordre à Reichenau. Mais l'évéque de Constance, met- 
tant à profit cette espèce d'interrègne, s'était emparé du château de Schop- 
pelen et du monastère, où quelques moines lui prêtèrent serment d'obé- 
dience. 

Alors intervint une lettre pontificale, enjoignant à Ëberhard de Sonltz, 
archidiacre de l'église de Strasboui^, de mettre l'abbé de Saint-Gall en 
mesure d'administrer l'abbaye de Reichenau. Le prélat de Constance finit 
par se ranger, et pendant le long régne abbatial d'Albert de Ramstein 
(1361-1296) l'ordre se rétablit dans l'île et le couvent dévastés. 

A la fin du treizième siècle, nous trouvonsHcnrideKIingenberg, évêque 
de Constance, gérant l'adminislralion de rabbBye(1296-1306).Cedigiiilaire 
avait été moine  la Reichenau, et devait porter un intérêt d'affection à 
l'asile bénédictin. Ami du midnesinger Manesse, lui-même poète et auteur 
d'une histoire des comtes de Habsboui^, Henri de Ktingenberg prit à cœur 
ses fonctions surérogaloires. Lorsque te couvent passa, en 1306, sous la 
direction de Dietfaelm de Petershausen (1306-1342), on vil, sinon le retour 
de l'ancienne prospérité, du moins un meilleur état de choses. Diethelm 
parvint à rétablir la discipline, à constmire des salles pour les écoles con- 
ventuelles, Â faire rentrer, grâce à l'assistance de l'empereur Henri VU, 
des rentes assises dans des distiicts lointains, sur les rives du lac de Côme, 
et à obtenir l'établissement d'un marché à Steckboro, vis-à-vis de 111e de 
Reichenau. — La reconstruction de la Pfalz sur l'emplacement de l'ancienne 
résidence impériale, non loin du Hûoster, est due à ses soins. 

Son action bienfaisante subit, toutefois, des entraves. A partirde1320, 
Diethelm fut retenu prisonnier, pendant trois ans, pour une affaire d'hé- 
ritage, par le comte Henri de Fùrstenberg, et obligé à la fin de se racheter 
à beaux deniers comptants, avec 400 marcs d'argent Le couvent se res- 
sentit de cette dette considérable et toute personnelle de son abbé. A la 
suite d'une supplique, adressée au pape Clément V, l'évéque de Strasbourg, 



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_ 25 — 

Jean de Licbtenberg, fbl char^fé de s'enquérir de celte ténébreuse affiure. 
Pour subvenir aux besoins de la Reichenau, l'incorporation de l'église 
d'Utm fut obtenue, grâce à l'intercession de Léopold d'Âutricheauprès du 
pape Jean XXII (13S7). 

Sous Éberfaard de Brandis (1343-1379), successeur de Diethelm, une 
transfomiatioD majeure s'accomplit; l'abbé fut élevé, en 1349, à la dignité 
de prince par l'empereur Cbarles IV, sans que cette distinction mondaine 
ajoutât quelque chose à la considération et à l'influence de la communauté. 
L'administration d'Éberbard de Brandis ressemble sous beaucoup de rap- 
ports à celle de l'évéque de Strasbourg, très-mal famé pour ses dilapi- 
dations'. Embarrassé par les dettes du couvent, t'abbé princier vendit et 
engagea beaucoup de biens et de rentes*. On l'accuse même d'avoir brûlé 
les rotules et tes registres du couvent pour rendre impossible toute red- 
dition de compte. 

Une visite de fempereur à la Reichenau, en 1352, aboutit i l'enlève- 
ment de quelques reliques. Charles IV restait fidèle à son système de col- 
lecteur. Quelques années plus tard, RodolphelV, archiduc d'Autriche, visita 
rite de Reichenau, et emporta, pour les déposer dans l'église de Saint- 
Ëtienne de Vienne, des reliques de saint Jean et saint Paul (1358). 

Ce n'étaient là que des incidents peu tragiques dans la vie de l'abbé 
Ëberhard; l'événement capital de son règne, ('est la guerre entre l'évéque 
de Constance et les bourgeois de cette ville; car ta Reichenau fut impliquée 
dans cette latte (1368-1373). Je ne puis entrer dans tous tes détails. Le 
cellerier Hangotd de Brandis et le chantre Eberhard d'Altenklingen avaient 
crevé les yeux à un pécheur de Petershausen, près de Constance. A la 
nouvelle de cet attentat, les bourgeois de Constance s'émureni; les deux 
partis se rencontrèrent à Basserstoriï, au moment où les uns et les autres 
se rendaient à un tournoi de Zurich. Wœiflé de Brandis, de la parenté de 
l'abbé, Alt tué sur place, les prisonniers nobles furent emmenés par les 
bourgeois de Constance et décapités sans forme de procès; le château de 
Harbach, sur les bords de l'Untersee, fut brûlé, et celui de Schoppeleo , à 
la pointe sud-est de l'Ile de Reichenau, démoli. 

Quelque désastreuse qu'eût été pour Reichenau l'exislence prolongée de 
cet abbé dilapidaleur , nous retrouvons, parmi ses successeurs, l'un de ses 
frères, Hangold de Brandis (1383-1384), partisan de l'anti-pape Clé- 
ment Vn, et élevé par l'influence de ce dernier ô la dignité d'évéque de 

1. Guillaume de Dleet. 

2. Par exemple, ane rente en tIos, dite Voçtwein, perçue dans l'Ue. Cette ressource 
procura 1 10 marcs d'argent à l'abbé (1363). 



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Constance. L'élection fut contestée. Au moment où Mangold allait entrer 
en campagne contre ses compétiteurs, et monter à cheval, à Kayserstuhl, 
il tomba comme frappé de la foudre; on ne manqua point de dire et de 
croire qu'il avait été empoisonné par ta partie adverse. 

Lorsque Werner de Rosene^ saisit, comme abbé, les rênes du gou- 
vernement de la Reichenau (ISSi-l-iOS), la décadence du couvent était 
complète. Les prodigalités, les voyages des Brandis, leur détestable admi- 
nistration, leurs guerres, avaient ruiné l'abbaye; la discipline était reld- 
cbée; l'église et la bibliothèque abandonnées. De 90,000 Qorins de revenus, 
il ne restait plus que 73 Qorûis. L'abbé Werner, ne pouvant plus sus- 
tenter la table abbatiale, fut obligé de se mettre en pension chez le curé 
de Saint-Pierre et Saint-Paul à Uoterzetl. Il était sur le point de rétro- 
céder à Venise les reliques de saint Marc, mais les sujets de l'abbaye, irri- 
tés, se souvenant des spoliations de Charles IV de Luxembourg et de 
Léopold d'Autriche, s'opposèrent à cette vente humiliante. 

Pendant la tenue du concile de Constance et sous l'abbé Frédéric de 
ZoUern (1402-1427), l'empereur Sigismond vint avec l'impératrice visiter 
la Reichenau (1414); il y passa quatre jours, et confirma ensuite, en1415, 
tous les privilèges du couvent. Le pape Martin V, dès son avènement, des- 
titua l'abbé Frédéric 0, qui se maintint alors à l'aide de la protection im- 
périale; mais le couvent petit de cet état de choses; il fut mis sous l'interdit, 
et Frédéric de Zollern mourut avant d'avoir été relevé du ban qui pesait 
sur lui. 

De meilleurs temps revinrent avec l'avènement de l'abbé Frédéric de 
Warter^erg, le restaurateur de Reichenau (1427-1458). Gallus Ohem 
décrit d'une manière dramatique cette entrée en fonctions de Frédéric. 
L'abbé, à peine élu, s'était rendu à Rome auprès de Martin V, qui se sou- 
venait avec plaisir de son séjour dans la Reichenau, a Niederzell. De retour, 
Frédéric de Wartenbei^ commence par visiter ses amis dans le châ- 
teau de Hohenkreehen, et y attend son frère, qui devait loi apporter de 
Strasbourg des draps et des oraements d'église; ce frère, en route, se 
noie dans les eaux de la Kintzig. A partir de ce jour, l'abbé Frédéric n'eut 
plus un seul bon moment dans sa vie. Aux chagrins du cœur se joignaient 
les soucis de son installation. Son secrétaire, Jean Ohlmann, connu sous 
le nom de Martin Schreiber, lui prêta 40 florins pour commencer l'éta- 
blissement de sa maison. 

Dans le couvent même il n'y avait plus que deux moines, le comte 
Henri de Lupfen et Jean, baron de Rosenegg. L'abbé leur représente la 
pauvreté du monastère, et les engage à retourner dans te monde, s'ils ne 



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— 27 — 

veulent point se soumettre â une discipline sévère et vivre de privations. 
Le comte Henri se retira, en effet, auprès de son frère à Hohenhœven; 
Rosenegg partit pour l'Autriche, et l'oo n'entendit plus parler de lui. 

L'abbé Frédéric, qui allait devenir le second saint Firmin de la Rei- 
chenau, avait accepté sa dignité, «non pour vivre galment de gibier et de 
c poisson, mais en l'honneur de Dieu et de la sainte Vierge >. Il avait pro- 
fondément médité les paroles de l'Ëvangile : < Cherchez avant tout le règne 
de Dieui. A l'effet de se pourvoir de conventuels, il s'adresse à t'abbé de 
Saint-Biaise dans la Forêt-Noire, où il avait lui-même passé le temps 
du noviciat. A Reichenau il admet des novices de nobles familles, mais 
non princières. Pendant le concile de Constance, les restes de la belle 
bibliothèque avaient été dilapidés; pour la remonter, il achète, à raison 
de 400 florins, les livres du margrave Frédéric de Rotteln; plus tard, il ât 
l'acquisition de la bibliothèque d'Otton III, évéque de Constance. Dans la 
première de ces collections se trouvent le Digeste, le Droit féodal, Pé- 
trarque. Jean Spanlin, le magister érudit, l'assistait dans cette œuvre de 
restauration. Â plusieurs de ses acolytes il foit prendre des grades univer- 
sitaires. Les temps de Waldo, de Walafried Strabo semblaient revenus. 

Ses journées étaient en partie occupées par les aSaires litigieuses. D 
dégage et rachète autant que possible les anciens biens, nomme un tri- 
bunal de douze jurés pour les cas portés devant les juges laïques, puis il 
s'applique à des constructions et restaurations. L'église cathédrale était 
tombée dans un délabrement tel, que les vaches arrivaient jusqu'au pied 
du maître-autel. Le chœur actuel s'élève; la sacristrie est construite. Il en- 
toure d'un mur le couvent et la Pfalz, bâtit un réfectoire, un parloir, de 
vastes écuries. Une nouvelle vie coule dans ce corps qui paraissait épuisé. 

L'un djes actes principale de l'administration de Frédéric de Warten- 
berg consiste dans l'arrangement du litige avec la ville d'Ulm. Cet épisode 
est d'une importance relative telle, que je crois devoir m'y arrêter quel- 
ques instants. 

Charlemagne avait concédé Ulm au couvent de la Reicbenau, de l'aveu 
des habitants eux-mêmes, qui accordaient à l'abbé des droits que l'emper 
reur n'avait jamais possédés. La iîsation des impôts, la nomination du 
schultheiss, des gardiens, des pfttres communaux, tout procédait de l'abbé. 
Six ou sept moines, délégués par le couvent, habitaient à Ulm le Gronenbof 
ou Grienhof;ils étaient les seuls débitants de vin èUlm.Lorsque l'abbé arrivait 
de la Reicbenau à Ulm, ce n'étaient que fêtessplendides, des tournois, des 
banquets, qui entraînaient ce dignitaire à de grandes dépenses. Peu à peu 
les bourgeois d'Ulm profitèrent des embarras de l'abbé pour racheter leurs 



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droits, pour se libérer- du monopole conventuel; ils finirent même par 
exercer une certaine influence loi-s des élections abbatiales; plus d'une 
fois ils ârral nommer un de leurs concitoyens. 

Frédéric de Wartenberg, voulant mettre fin à un état de choses anor- 
mal, terminer et prévenir des procès, empécber les tentations d'une vie 
dissolue à Ulm, Frédéric renonce à tous les droits ecclésiastiques et laïques 
du couvent sur la ville d'Ulm, pour la somme, alors très-considérable, de 
35,000 florins (acte du jour de saint Ulrich, 1447). A l'aide de ce produit, 
il put opérer les rachats et dégrèvements auxquels j'ai déjà feît allusion. 

Au moment de sa mort (31 décembre 1453), il laisse 'de grandes pro- 
visions dans le couvent et 500 florins dans le trésor; 104 foudres de vin 
garnissent les caves; les greniers d'abondance à Schaflliouse étaient rem- 
plis; l'église pourvue de vases sacrés; des reliques de saint Firroin ob- 
tenues du couvent de Hornbach; la discipline et la concorde rétablies, et 
la mémoire de l'abbé économe et intelligent tenue en vénération. 

Sous les successeurs de Frédéric de Wartenberg, le déclin recommence 
et se précipite. L'abbé Jean m, Pfuser de Norstetten, est mauvais admi- 
nistrateur. Lorsqu'il vient à mourir (1492), il laisse le couvent criblé de 
dettes. Ce n'était point faute d'être capable; il passait pour très-lettré; il 
est l'auteur d'un c Mémorial i en langue allemande ; mais il laissait péricliter 
les intérêts du couvent à tel point, que la communauté iut un moment 
mise sous l'interdit (1479). 

L'événement mémorable de sa longue administration, c'est la visite que 
fit l'empereur Frédéric III à la Heicbenau (1485), el la constitution de la 
commune d'Allenspacb en paroisse indépendante. En retour de cette fa- 
veur, les habitants d'Allenspacb devaient se rendre deux fois par an, pro- 
cessionnellement, en bateau, à l'église de Saint-Pierre de Niederzell, dont 
ils relevaient jusqu'ici à titre d'annexé. 

Sous l'abbé Martin, de Wissembourg el Krenkingen (1508-1516), vécut 
le célèbre chroniqueur du couvent, Gallus Ohem, qui dédia son œuvre au 
prélat et lui recommanda de marcher sur la trace de ses devanciers et de 
ses propres ancêtres, afin de pouvoir répondre un jour, la tète haute, à 
l'appel du jugement dernier. On était arrivé dans le monastère ô une époque 
chmatérique. Lorsqu'un historien peut adresser à son patron et protecteur 
un semblable avertissement, il semble que l'institution dont il raconte 
les annales, est déjà gravement compromise- 

A Reichenau, on marchait alors vers l'incorporation de l'abbaye avec 
l'évêcbé de Constance. Sous l'abbé Marcus de Knœringen, l'empereur 
Haximiiien I" avait maintenu l'indépendance de Reichenau contre l'évêque. 



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Hais Harcus, qui avait abdiqué une première Fois (1516) , puis avait repris 
la direction de l'abbaye (1519), finit par se relirer à Radolfzell (1540), 
après de longues négociations avec l'évêché. Cet événement, qui changeait 
totalement les destinées de Reicbenau, s'accomplit en faveur d'un prélat, 
venu ou plutôt chassé du Nord. Jean VI, de Weza, avant d'acquérir l'é- 
vêché de Constance, sur la recommandation de Charles Quint, avait occupé 
le siège de Lund, en Scanie, à'oii W s'était dérobé aux persécutions de 
Christiern II, roi de Danemark. 

A la date du 8 février 1540, peu de jours après !a retraite de Marcus, 
le nouvel évéque-abbé visita la Reichenau , reçut le serment des conven- 
tuels et des habitants, et signa, le 9 février, une convention qui main- 
tenait l'abbé abdiquant dans une honnête aisance, et sauvegardait les 
anciens privilèges du monastère carlovingien. 

En vain le prieur Grégoire Diez s'était opposé à cette révolution inté- 
rieure; il avait bien obtenu du pape Paul III une bulle, statuant qu'à la mort 
de l'évêque Jean de Weza, l'on élirait de nouveau à la Reichenau un abbé 
spécial. Lorsque ce dignitaire trépassa, le 23 juillet 1548 (soit à Augs- 
bourg, soit à Ratisbonne), son corps, transporté dans l'Ile, fut enterré 
sans opposition dans l'église cathédrale (6 août). Son successeur dans l'é- 
piscopat, Christophe Hsezier, brûla la bulle de restitution, qu'on lui avait 
livrée, et détermina les conventuels à ne point procéder & l'élection d'un 
abbé; une déclaration fut faite aux États de la Suisse que l'incorporation 
de l'abbaye ne léserait en rien le droit de protection helvétique, et qu'au- 
cune fortification ne serait élevée dans l'Ile. 

J'ai omis sciemment plus d'un incident de cette longue iQtrig:ue. Jean de 
Weza avait exercé une grande influence sur l'esprit de Charles Qnint, 
dont il avait été le conseiller ; il colora son intervention par la crainte, 
peut-être réelle, de la nomination d'un abbé luthérien. 

Telle fut la fin de l'autonomie d'une institution bénédictine, qui pen- 
dant un temps avait compté jusqu'à trois cents vassaux nobles, vu sortir 
de son sein dix-huit archevêques, soixante évèques, vingt-neuf abbés di- 
recteurs d'autres couvents. 

L'abbé démissionnaire était mort peu de temps après sa retraite à Ra- 
dolfzell; en s'y rendant, il avait été assailli par une tempête sur l'Untersee, 
ordinairement si paisible. Un esprit superstitieux aurait pu y voir la puni- 
tion d'an acte qui Louchait un peu à la simonie. 

L'administration de Christophe Hetzier fut exempte de reproches ; il avait 
fait confirmer par l'empereur Ferdinand 1^'' les droits régaliens de l'ab- 
baye, et restauré le tombeau de Charles le Gros. U mourut en 1561 , sur 



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— 30 — 

la rive orîenlale du lac de Constance, dans le château de Mœrsbourg, 
où le touriste peut encore retrouver la trace de la grande existence de ces 
évêques-abbés. 

Le cardinal-évê<]ue Harcus Sitlich , descendant des comtes de Hohenems, 
et se rattachant, par sa mère, aux Médicis, succède à l'abbé Christophe. Il 
avait été promu au cardinalat par son oncle Pie IV. Sa première pensée, 
en arrivant à l'évêché de Constance, fut d'obtenir une nouvelle bulle d'in- 
corporation; il n'éprouva aucune difficulté à ce sujet, et fît souscrire par les 
moines de Reicfaenau plusieurs articles impliquant leur soumission. Puis il 
partit pour Rome et ne revint que rarement dans son diocèse, au grand 
détriment de l'abbaye. 

Pendant son absence, l'avoué Max Emser représentait l'autorité abba- 
tiale à la Reichenau; il régentait les moines, contredisait le prieur, prési- 
dait au réfectoire, traitait les conventuels comme s'ils avaient été ses cha- 
pelains. Bien plus, il avait étabh sa famille dans l'intérieur du couvent, où 
sa femme donnait des ordres, avait la clef des archives , gouvernail, en un 
mot, la maison dans tous les détails domestiques. 

Les moines, indignés, s'adressèrent aux abbés de Weing:arten et de Saint- 
Gall. Pendant un temps, sur l'intervention du cardinal, l'ordre se rétablit 
(1573). Mais treize ans plus tard, la situation paraît être devenue intolé- 
rable. Les chanoines capitulaires de Constance et les avoués du couvent 
prétendaient r^enler la Reichenau. Les conventuels prirent le parti d'en- 
voyer un de leurs confrères, Lazare Lippius, àRome, auprès de Sixte Quint, 
pour se plaindre. Alors les chanoines de Constance, irrités, équipent un 
bateau, le chargeant de chaînes, de cordes, d'armes, et se préparent à 
châtier la Reichenau. A cette nouvelle , les moines s'enfuient (20 mai 1586), 
et réclament l'intervention des cantons catholiques. Les délits des avoués 
ou représentants du cardinal-évéque étaient flagrants; la diète de Lucerne 
ne pouvait se dispenser d'examiner les griefs des plaignants. En même 
temps, les délégués du couvent obtinrent du pape la promesse que le 
nonce apostolique examinerait raffairc. Ce dernier fut immédiatement ob- 
sédé par les chanoines de Constance; mais il déclara que la justice sui- 
vrait son cours, sans aucun égard pour les personnes. 

Les chanoines de Constance ne se découragent point; Us circonviennent 
le cardinal André, archiduc d'Autriche, frère de l'empereur, et lorsque ce 
dignitaire autrichien succède au cardinal-évèque Marc Sittich dans l'évêché 
de Constance, ta calomnie eut de nouveau toute chance de réussir. 

Dès le a février 1590, le cardinal André inaugura son administration 
abbatiale, en envoyant des délégués pour recueillir le serment d'obé- 



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— 31 — 

dience des moines, et fit exécuter, le 25 mars 1591, un coup d'État au 
petit pied. Le prieur Lazare Lippius fut destitué et esilé; on fouilla toutes 
les cellules, pour enlever fargent et les armes cachées; quelques amis de 
Lippius subirent l'eiil comme lui. Le prieur banni s'obstinant à défendre 
les droits du couvent, le cardinal ât commencer une instruction judiciaire 
contre lui; Sur un seul point, l'ancien couvent obtint gai d de cause; le 
cardinal-évéque crut devoir mettre fin au scandale, causé par le séjour- d'un 
avoué laïque dans l'enceinte du monastère. 

Le cardinal André avait tous les goûts du grand seigneur; il aimait la 
chasse , et peu de temps après sa nomination a la dignité d'évéque-abbé 
de Reichenau, il envoya une meute dans l'Ile, puis il y fit son entrée so- 
lennelle, le 20 juillet 1590. Enchanté du site magnifique, il établit autour 
de la Pfalz une fosse aus lions et aux ours, puis une belle faisanderie. Les 
annalistes rappellent que, le 3 novembre 1591, une lionne mit bas trois 
petits, et que, trois semaines plus tard, le lion mMe força sa cage et par- 
vint à sortir par la porte de la Pfalz, sur la place publique, oà il se pré- 
cipita sur un cheval monté par le boulanger du couvent. H fallut tuer à 
coups d» fusil l'animal féroce, au moment oà il dévorait sa proie. 

L'exhibition de bêtes fauves à la Reichenau se complète encore par le 
séjour d'un chameau; c'était, au seizième siècle et dans ces parages, une 
véritable rareté, 

A ses nombreuses dignités laïques et ecclésiastiques, le cardinal André 
réunissait celle de régent austro-espagnol des Pays-Bas; comme tel, il 
résidait souvent à Bruxelles- Lorsqu'il était en Souabe, il s'établissait en face 
de la Reichenau, au château de Hegne, qui avait été acquis par son prédé- 
cesseur Marc SiUich. Cest de là qu'il partit pour le jubilé, et n'en revint 
pas. Il moumt à Rome, à peine âgé de vingt-sept ans, le 12 novembre 1600. 

La courte administration de Jean-Geoi^es de Hatlwyl (évéque de Con- 
stance, de 1601 à 1604) suffit pour remettre le trouble dans le couvent, où 
les employés laïques maltraitaient les conventuels. Ces derniers, dans l'in- 
tervalle qui s'écoule entre le décès de Hallvryl et l'élection de Jacques de 
Fugger, s'opposent aux actes arbitraires; on exile les récalciti'ants. Lazare 
Lippius recommence son opposition, s'adresse à Paul V, et obtient une 
bulle de restitution qui n'est jamais exécutée. Le prieur opposant meurt à 
Einsiedein, de colère peut-être. 

Soua l'évoque Jean Fugger, le couvent est reconstruit, et les moines 
exilés rentrent dans leur ancien domicile , à l'exception de quelques tètes 
chaudes, dont l'èvêque se méfiait. 

Le commencement de la guerre de Trente ans se fit sentir à la Reichenau 



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par le renchérissement des denrées. Jean Fugger était mort en 1636; son 
successeur Sixte Werner, qui n'administra le diocèse que pendant moins 
de deux ans (24 janvier 1626 au 14 novembre 1627), avait entamé une 
instruction judiciaire contre le prieur Maurice Tûringer, accusé d'amasser 
de l'argent pour libérer le couvent de sa sujétion a l'évêché. On trouva, 
en effet, quelque argent dans sa cellule, et on le destitua. 

Sous l'évêque Jean (Vil) Truchsess de Walbourg (1627-1644), le cou- 
vent ressentit de plus en plus tes misères de la guerre de Trente ans. En 
1633 et 1633, les Wurtembergeois et les Suédois pillèrent la Reichenau; 
en 1639 (7 janvier), ces derniers y établirent leurs quartiers; un an après, 
un général autrichien occupa le château de Eœnigsegg, situé dans tlle; 
mais au bout de peu de jours (14 janvier 1640), une attaque nocturne des 
vaillante bourgeois Ht déguei^îr l'hôte incommode. 

Au moment où la longue guerre de religion tirait à sa fin en Allemagne, 
en 1647, la garnison du château de Hohentwiel et tes Suédois surprirent 
la Reichenau. Ce fut une triste époque pour Hle et pour les établissements 
religieux. Les églises furent pillées, les habitants et les curés enlevés; le 
couvent, où il ne restait plus que trois moines, allait être incendié; mais 
pour sauver le saint asile, l'un des conventuels se laisse emmener comme 
otage; en cette qualité, il fut rudement malmené, entraîné jusqu'en Saxe 
et en Bohême. Ces derniers, événements se passent sous l'évéqae François- 
Jean de Prasberg (évêque-abbé de 1645 à 1689). 

Après la paix de Westphalie, on institua une fête appelée le Schwe- 
denta^, pour célébrer la 6n de ces calamités. 

Immédiatement, à la place du pillage, on vit la reprise des anciennes 
intrigues au sujet de l'annulation complète de l'abbaye. L'évéque St à ce 
sujet des démarches efficaces auprès de l'archiduc Sigismond-Fraoçois, 
évêque d'Augsbourg, et auprès des conseillers auliques â Inspruck; plu- 
sieurs conventuels récalcitrants, qui réclamaient l'autonomie de l'abbaye, 
moururent dans l'exil et la misère. 

Des discussions toutes pareilles eurent lieu au dix-huitième siècle. Il con- 
vient toutefois de noter, à travers ces tristes querelles intérieures, la fêle 
millénaire de la fondation du couvent, célébrée le 25 avril 1734. L'évéque 
de Constance, Jean-François de Stauffenberg, accompagné de trois cha- 
noines, célébra, dans le Munster, une grand'messe, entonna l'hymne am- 
brosienne, et subit un discours de Henri Maïer sur t l'Ile fortunée i. 

Une autre fête religieuse marque l'année 1738. Le prieur Bfanrus avait 
découvert, dalns le couvent de Gûnterslbal en Brisgau, la relique du sang 
du Sauveur, qu'un moine prudent de la Reichenau y avait cachée pendant 



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tes troubles de la guerre de Trente ans. La relique , réintégrée à la Rei- 
chenau, fut esposée à l'adoration des fidèles. L'évéque Schenk de Stauf- 
fenberg assista i la cérémonie et fît exécuter ud tabernacle pour abriter 
ce trésor d'église reconquis- 

Sous les successeurs de Schenk de Stauffenberg (mort en 1740), les 
disputes au sujet de l'incorporation recommencèrent plus vivement que 
jamais. Les moines s'adressèrent, pour le redressement des torts, à la cour 
aniique de Vienne (1751). Des macbinations babiles furent mises en œuvre 
par l'évéque François-Conrad de Rodl (1751-1752). Le défenseur du cou- 
vent, le père Meinrad Michelbeck, épuisa toutes les instances; il s'adressa 
même à l'impératrice et à la cour de Berlin. Cette dernière démarche, évi- 
demment intempestive , précipita la un de cet interminable drame domes- 
tique. Â la fin de février 1757, l'évéque envoya unrescrit, daté de Uegne, 
prescrivant au préfet ou avoué supérieur (Obervogt) d'empêcber tout en- 
lèvement de livres, d'argent ou de trésor d'église. Une commission execu- 
tive avait été nommée; elle arriva de Constance, accompagnée d'un no- 
taire et de quarante soldats épiscopaux, le 30 mars, à dix heures du matin. 
Toutes les précautions avaient été prises pour empêcher la moindre ré- 
sistance des habitants et des conventuels. Des gardes avaient été placées 
au haut des clochers et dans les dépendances du oouvent Les conventuels 
furent sommés de se rendre dans la salle capitulaii-e; on leur donna lec- 
ture du bref apostolique de Benoit XIV, qui autorisait l'évéque de Con- 
stance à transférer autre part les moines rebelles. La ratification impériale 
. était annexée au document; la tergiversation n'était plus possible. Cepen- 
dant les conventuels protestèrent avec véhémence; le père Stader s'écria: 
«Je me laisserai plutôt trancher la tête que de quitter ma place. > Pen- 
dant deux heures ce ne furent que cris et tumulte. Puis le calme revint; 
après de longs pourparlers et une opposition matérielle des pères, qui for- 
mèrent pour ainsi dire une chaîne, en entrelaçant leurs bras, il fallut em- 
ployer la violence, et les amener un à un dans les divers couvents qu'on 
leur assignait comme asile ou comme prison. La lutte fut terminée à 
quatre heures du soir. Les cellules, les chambres de recette, les salles de 
la bibliothèque furent mises sous le scellé, et le couvent occupé militai- 
rement. 

Le père Meinrad en appela è la Diète de l'Empire; il continua une 
guerre de pamphlets avec l'épiscopat de Constance et il fut soutenu par la 
France, la Prusse, la congrégation de Saint-Haur, les Bénédictins de 
Sooabe et de Bavière; mais il épuisa ainsi ses dernières forces el mourut 
avant ou plutôt sans avoir atteint son but. 

H* 8*uu. — T. VI. — (K.) 3 



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— 34 — 

La Retchenau devint un poste de mission, occupé par douze moines 
que l'on avait appelés de divers couvents. 

Le cai'dinal-évêque Hug:ues Damien, qui avait provoqué et mené à fin 
cette lutte pénible, mourut à la Mœrsbourg, le 15 octobre 1775. 

Sous l'év&que Haximilien-Christopbe de Rodt (mort à la Mœrsbourg , )e 
19 janvier 1800), la paix régna à la Retchenau. t Vbi solUudinem faciutU, 
pacem appeUant. > 

Au commencement du dix-neuvième siècle, la seigneurie de la Reicbenau 
passa au grand-duché de Bade. Depuis 1809, l'Ile se trouve comprise dans 
te district de Constance. 

La bibliothèque conventuelle a été répartie entre la bibliothèque univer- 
sitaire de Heidelberg et la bibliothèque grand-ducale de Garlsruhe. Pen- 
dant le premier quart de ce siècle, on a peu à peu démob quelques églises, 
la plupart des chapelles, la demeure abbatiale. Dans les églises, il n'y a 
plus guère de traces des anciennes peintures et sculptures; cependant, 
même dans sa décadence actuelle , la Reichenau conserve assez de inoaa- 
ments qui rappellent son ancienne splendeur, puisque les trois basiliques 
principales sont debout, religieusement conservées maintenant, fréquentées 
par les ûdèles, par les antiquaires, par les curieus ; et si, ce qu'à Dieu ne 
plaise, une destruction inattendue, une catastrophe quelconque venait 
frapper les édifices encore existants, l'ile fortunée, colonisée par saint 
Firmin, il y a maintenant près de onze siècles et demi, appellerait encore 
l'attention des historiens et la visite mélancolique de tout voyageur, amant 
des pieus souvenirs. Louis Spach. 



Annexe n" 1. 

Je me suis servi, pour le travail ci-dessus, de: ' 

La belle publication de la Société archéologique de Bade, intitulée : 
Denkmaie der Kunst und Geschichte des HeimatkUmds , herausgegehen 
von dem AUerthumsvereine fur das Grosshenoglhum Baden durch desseii 
Direktor A, v. Bayer. Die Kirchen von Beichenau, in zwet Âbthalungen. 
Jahrgânge 1856 und 1857. 

Chronik des ekemaligen Kiosters Reichenau; dn BeUrag zur schwàbi- 
schen Geschichte aus handschriftUchen Quellen, dargestelU von 0. F. H. 
Schœniftith. Fribourg en Brisgau , 1836. i vol. in-12. — Monogra- 
phie un peu diffuse, mais excellente au fond, remplie de détails curieux et 
indispensables. 



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— 35 — 

Die ïnsd Reichenim im Untersee {Bodensee bei Constanz), mit ihrer ehe- 
maligen berûkmien Reichsahlei. Urkundlich beschrieben von F. X. Staiger. 
Constance, 1860. 1 vol. in-8°, plus précis, mais moins complet que Schœn- 
gutb. Excellente monographie, trés-imparliale, 

Dùmge, Hegesta badensia, Carlsruhe, 1836, m-Â". 



Annexe n'* 2. 

hta aUtés do caorent de Reicbei>n<. 

i. Saint Fïrmin, fondateur de l'abbaye 724-727 

Meurt dans le Palatioat en 754. 

2. Elho (Etto, Heddo), du domaine des ducs d'Alsace, admi- 

jiistre pendant sept ans 727-734 

3. Keba ou Kebo 734-736 

4. Ernfried ou Erenfried, en même temps évoque de Con- 

stance 736-7-46 

5. Sidonius, aussi évêque de Constance 746-760 

6. Jean I"', évéque de Constance, abbé de Saint-Gall, et 

abbé de Reichenau 761-782 

7. Pierre 782-786 

8. Waldo 786-806 

En 806, Waldo passe à l'abbaye de Saint-Denis, près 
Paris; il meurt en 814. 

9. Hatton 7" (Eddon), évéque de Bâle, abbé de Reichenau, 

il construit la cathédrale, se démet de ses fonctions . . 806-822 
Il meurt, comme moine, à la Reichenau, en 836. 

10. ErldifUd, neveu de Waldo, abbé de Reichenau 822-838 

Se démet de ses fonctions, meurt en 838. 

11. Ruadhelm (Ruethelm, Rudhelm) 838-842 

Se démet de ses fonctions en 84S. 

12. Wal4ned-S&abo 842-849 

13. Folkwin ou Volkwin 849-858 

14. Walther 858-862 

15. Hatto 11 (Heito) 862-871 

16. Ruodo, Rudo (Rendolod') 871-888 

t. J'eoipraate cette liste des abbës de ReicbeDaii à l'onvrage de Staiger. 
!. D'après Kolb, Lexique hiitorique, tiatieligue, lùpographique du grand-duehi de 
Bade. — Kolb donne comme tS* abbë: Kolamo. 



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17. SaUc m, aussi archevêque de Mayence 888-913 

18. Hupies 9U 

19. Thieling 914-917 

20. Heribrechl, Berbrechl 917-9Î7 

Destitué par le duc Burkard. 

21. Liulhard, Luithard, Luthard 937-9*4 

22. Alawich. . . . • 93*-958 

23. Eggehard , Ekkeiiard (I), construit l'église de Saiut-Jean 

à Reicheuau 958-972 

Destitué par l'empereur Otton 1^, à raison de sa mau- 
vaise administration. 

24. Ruodimaon, Rutmann ■ • ■ ■ 972-98-4 

25. Witego, Witegowo, Witegoue 984-998 

26. Alawich D (de la famille des comtes de Soullz) 998-1000 

Meurt en Italie comme évêque de Strasbourg. 

27. ïmo, Immo 1001-1008 

Destitué par l'empereur Henri II le Saint. 

28. Berno 1008-1048 

29. Ub-ic (I) 1048-1070 

80. Mcmrad, Memward, Megmhard 1070-1074 

Se démet de ses fonctions. 

31. Rupert (abbé de Bamberg avant d'être nommé à ta Reiche- 

nau), simoniaque 1074-1076 

32. Eggehard, EkkebardlI.comtedeNellenbourg 1076-1088 

33. DlricB, des comtes de Lupfen 1088-1122 

34. Rodolphe de Bottatein ou Botteuslein 1122-1131 

85. Louis, des comtes de PfuUendorf 1131-1185 

Assassiné à TuttUngen. 

86. Ulric (m), des comtes de Zollern 1135-1136 

37. Otto (baron de Botlenstein) 1136-1139 

38. Frideleus, Fridelob, Fridollo, des barons de Hardegg on 

Heidek 1189-1159 

39. Uhic IV, des comtes de Hardegg, frère de Fridollo. . . . 1159-1173 

40. Diethelm (I), des barons de Krenkingen , est aussi évëque 

de Constance 1173-1206 

41. Hermann de Spaichingen 1206-1207 

Démissionnaire au bout de huit mois. 

42. Henri (I), des comtes de Calw 1207-1234 

Deux ans d'interrègne. 



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— 87 — 

43. Conrad, des comtes de 2iimn«rn 1236-1355 

M. Burcard, des barons de Hewen 1355-1261 

45. Henri (11) 1261-1270 

46. Albert de Ramslein 1270-1296 

47. Henri (III) deKIingenberg.éTêque de Constance 1296-1306 

48. Diethelm (H) de Kastel, près Constance 1306-1342 

49. Éberhard, baron de Brandis 1342-1379 

50. Henri (IV), baron de Stoffein 1379-1383 

51. Mangold, baron de Brandis, évéque de Constance .... 1383'1384 

52. Werner de Rosenegg 1384-1402 

53. Frédéric II, comte de Zollern 1402-1427 

54. Henri V de Hornberg, abbé pendant trois à quatre mois. 1427 

55. Frédéric U, baron de Wartenberg-Wildenstein 1427-1453 

56. Jean (II) deHunnwyl 1453-1464 

57. Jean (lU), Pfiiser de NordsteUeo 1464-1492 

58. Martin, comte de Weissenburg, et baron de Krenkingen. 1492-1508 

59. Harcusde Knœringen 1508-151Ô 

Résigne l'abbaye (1516). 

60. George Piscator 1516-1519 

61. Gallas Kalb, résigne ses fonctions immédiatement après 

l'élection 1519 

62. Uarcus de Knœringen, abbé de Reicbenau pour la se- 

conde fois .... ' 1519-1540 

En 1540, l'abbaye de la Reicbenau passe ,â Tévéché de 
Constance '. 

63. Jean(VI),deWezaiavantd'arriveràrévéchédeCoostance, 

archevêque de Lund , sufTragant de Rœskilde en Dane- 
mark; chassé par Cfaristiern II; il est nommé évêque de 

Constance et abbé de Reicbenau 1540-1548 

64. Christophe Usezier, évâque de Constance, abbé de Reicbe- 

nau . 1548-1561 

65. MarcusSitticb, descomtesde Hohenem8,cardinaWvêqae; 1561-1571 

résigne ses fonctions d'évêque de Constance 1571-1590 

66. André, des archiducs d'Autriche, cardinal-év£que; gou- 

verneur du Tyrol et des Pays-Bas, évéque de Con- 
stance 1590-1600 

67. Jean-Georges de Hallvïyl 1601-1604 

68. Jacques de Fugger, baron de Kirchberg 1604-1626 

1. k païUr d'ici, Staiger ae donne plus la liste des ëreques-abbës. 



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69. Sixte Werncr, de Sunimerau et Prassbei^ 1636-4697 

70. Jean (VII), des Truchsess de Walbourg 1627-4644 

7\. François-Jean, de Prassberg. 4645-1689 

72. Marquard Rodolpbe de Rodt 1689-1704 

73. Jean-François de Stauffenberg; 1704-1740 

74. Hugues Damien de Schœnborn , cardinal-évéque 1740-1743 

75. Casimir-Antoine de Sickingen 1743-4750 

76. François-Conrad de Rodl, cardinal-évêque 4751-1775 

77. Maximilien-Christophe de Rodl 1775-1800 

78. Charles-Tbéodore de Dalberg 1800-1802 



Annexe n*' 3. 

Quoique Dûmge ait publié cette cbarle de l'abbé Walafried, je ne résiste 
point au désir de la reproduire ici. Le document est, pour ses détails éco- 
nomiques, d'un intérêt majeur, et le Recueil de Dûmge ne se trouve point 
entre les mains de beaucoup de lecteurs de notre Bulletin; il manque 
même dans plus d'une bibliothèque publique : 

In Domloe aanctœ et fndiTidute IriaitallB Walstredns deo favente Augiensiam abbss 
qoamvis indigniiB. OmDlDiD Odeliuin Doslronun Um preBentium qnuu fatarorum comperial 
iDduBtria qnalfler nos cnia seDioribus reeidenleB et lam de taturo quam de presenti fra- 
trnm commodo premeditBDtes dlspoBnimiis quld ulUitatia et qaale debitum gingulis annla 
DOBtro cammnni cellerario posBet confenl. De chnulDgeapBCbe (Kœntgsbach) X haspas de 
csDafo *, de Otellngeo simlUter, in marcheUDgen (Harkclflugen) debenc esBe VI manEarii ■ 
qui bas parare debeot. De pirningen X modloa tegominum G casei. anam ovem. IV baspaa 
de OliB. V de canafo. nnum cadum de metle ' de emphingen simiifter. De pineslorf stmiti- 
leT. de Wagingen (Webingea] Bimiliter. et unam padeltam'. De tuseliog (Tasslingeni simi- 
liter et iti natale Domlni C. Bcudellœ et unani magnam ECudellam. Taaa parapsidum '. et ia 
BSBumptione Eaaclœ Haris L. acndellas. et in pascaC. scudellaa et L. parapsidum. de me- 
ringen (Hœhringen] aimililer, Bicnt de wingen (Weogea) et XII ollas in natale Domici et 
L. cacabae'. Et in festiWtate S. Uichaelis item. XII ollaa et L. cacabas et in pasca siinQiter. 
de lutteliDgen (Tuttlingen) similiter sicut de empbingen. De Iota para^ duo caldaria unnm 
majorem et unum minorem *. Eicepto Wagingen duaa naves uua major et nna minor. De 
rodelingen (RIedIiogen) et de bomstelten (Honstetten) decem haspce de lino. C caeel nnum 

1. Dix icliair««ni da ihuiTra. 

5. Va t»fOB in mlsl. 
i. C(t«n(U« d* anldn*. 

6. DciMifMMi, dei toaallM, «ta. 
t. OlMBdTon. 

7. Oulan; San. 
t. CliBBdron. 



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cadnm metlis. L. dno> modios salis X[l ctdos de pingaedlae '. De pBBca bucIo nsilu.e in 
restirJlatem S. Hicbaelis per siDgatas ebdomadas vi pondéra lardi denter ei.etcottidie XX 
panes librali et porrum sufflcleoler ad vaimosium *. Ad warmosium ot charilaliTe prepa- 
retur quatuor vaccae cdierario deulur, una de tuEeliagen. secauda de allbeim. lerlia de 
Muleheim (Mflhlheim), quarta de Thelliogen (Detticigeo). Heb autem vaccce In borlo lïatnuD 
stabalenlDr et a cellerarto beoe procnrenlnr. quod si barnm vaccarum una mariatnr. al- 
téra de eadem villa unde illa quie morlua est euccessit reslitualnr. Et cotlidie iffannosium 
fralribus Iribuatur prêter hos dies quando pleio serritio eis serriatur. Et hoc ideo si qois 
ttatrum de tribus ferculis qiue cottidie eis danlur propler inânnilatem stomacbi non dbe- 
lur. sallim de quarto quod est warmosium pro lenllale cibi reSclalur. De slscbeboron 
(StefcborD) XL viri TÎnltores debent plantare porrum In orto frairum unnsqulsque XII 
tineas et disctpull cellcrarli debeat XII spacia imponere et plantare. De portario debeni VI 
spactaiœpoDere.debospttarJo seispacla. Deunlaiogen lUnlingeo^ Ccaseos X modios legu- 
minum uDum cadum melllE I ovem et V haspas de lino. De AIrbeim stmililer. de geigingen 
(GemhiDgen) simlliler de munehrdorr (Hintersdorr) similiter. De oriente debent dare duas 
naves tinam majorem et unsm minorem et debent ediflcare IIII domos piscatoribus. et de 
para similiter. de longobardia' XII modios castaneonim. V soumas olei.de reia curia* XL 
modios de Tavis. CGC caseos majores. De caméra abbaCisunam minorem sagenam*. et duas 
uaves '. de Almenesdorf (Allmauadorf) XII baspas de canato et nuam navem. de uuolfflo- 
tingen [WolmBlingen] X haspas. de teltingen X haspas. De uuolmotingeii et de lellingen 
navem majorem et in uuolmoliugen debeni parari baspce. et de bagene (Hegne) IIII. mal- 
tera frumenti ad baspas parandas '. De almeDestorf dentur XVII carradEc de Tirgfa ad ca- 
piendos parvos places ad iohen '. De uuolmotingen XII carradte palorum '. et de tetliogea 
XII ad oclo loca piscalia eiceplis beuedciis piscalorum '". et si inde aliqyam fraudem fecisse 
culpantur serTilijudicio examineulur. et cumsagenatratrumin superiorilocoestadpiscsD- 
dum piscatores primo rnaue vadsnt, ut plsces ad tcmpus mcnsK déférant, et prandium a cel- 
lïrio accipianl. unicuique autem piscalorujQ sagecam Tratrum Irabeuti sloupas vini si Ha 
babunde crevit ut possit dari cum pane tribualur. at sinon crevit sleculus cereviaiœ gra- 
tanter ab eis suscipiatur; cellerarius det sagenam ad capiecdos pisces qui dicuntur Qores 
piscium. et duo piscatores imponant eam in aquam. et doo agitent pisces per alveum reni. 
et illis llll singalls uoum callccm vini Iribual minlster cellerarli. Et quotiena nuncins 
cellerarit venerif, et eos agllare jusserit, slalim parali sint. 

El nemo sedeat in illo loi;o iohen nisi IIII viri piscatores et quoliens minlster a cellerario 
piscatoribus episcopi jusserit parati sint ad piscandum propler tililitatem quam de nostro 
habent. Et quotiens a pascba ad bagene (Hegnej io peludlbus et In harundinetis locis Illis 



nos «pise de paUfa pri- 
ir lu lac ds CSme. 





Perreau. 


S. C*I* >e rapports *ni blanm 


oii«d«> par le ooD 


«. Kfjrfao.r«.. 




S. BkrqDH de péehann. 




T. Le bl4 devant «vldemmeut 




8. 2m Loeh; localité pràl d'BDe 


eipice de dJKia ou 


quure pAcbeori. 




9. P.te.ti...rTaatitadlgoe. 




10. Le. dLtrlct. (R«11«b), oo 


opA.p.rl..paah. 



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— 40 — 

qualoor piaoloribDS piscari precii^tur parati Eint cum naTibas et bIIUb iDstrnmentiB pla- 
calibus. el posl piscationem eanl ad cellarioDi et acclpiant prsndimn. et a aatale Doraini 
Dsque in pascba in singulls dominicis Teniant cam bdIb piBcibns ad cellarium. Uec oimiû 
dicta cnm Heniorlbus noslria slatuimus cellerario siogulls annis ut tribosutur. ut fTatreE 
per bec ab eo statnto tempore pleulter reficlanlar. 

Ego Soeuvartus monacbus et diaconua Ecribbsi (sic) et aigillo domui Daalfredi abbatis 
CousiguaTi ■. 

icta EUDt bec Bugia hal. sept. In nal. saucte verene Virginia. Auno antem dominicie 
iDcarnalloDis DCCGXLItl féliciter, amen. 

(Voy. Dtmge, p. 70, 71.) 



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NOTICE 
DIVERSES ANTIQUITÉS DÉCOUVERTES A GUMDRECHTSHDFFEN 

ET FABTICDLIÈRGlfElIT 

SUR UN OHETdM A USUON , SDR UNE miA ROMAINE , 

SUR PLUSIEURS STATUES éaUESTRES 

ET SUI DEUI SCULPTURES kîTESTitlIT LA VITICULTURE UNS CETTE RtfilOH SOUS LES ROMI 



Dans lecantondeNied^bronn, chaque localité porte, tracé sur la pierre, 
le certiiicat de son origine g:allo-romaÎDe. Passons, dans cette notice, à 
Gumbi'echtshofien, séparé en deux par le cours de la Zinsel, et formant 
aujourd'hui deux communes distinctes, sous les noms de Nieder et d'Ober- 
Gumbrechtshoffen. 

On a trouvé dans ces deux villages, à diverses époques, des médailles 
romaines, des flèches de guerre, des pierres gauloises, dites haches de 
siles. Ces pierres sont conservées comme un précieux talisman dans certains 
ménages: les campagnards leur donnent vulgairement le nom de Don- 
neriuUe, et leur attribuent une vertu occulte dans ie gonflement des rumi- 
nants. Sur différents points, on rencontre, en quantité, des tessons de po- 
teries antiques, des briques romaines enargile rouge, des tuiles à rebords, 
et d'autres restes de bâtisses. Au commencement de la restauration, un 
cultivateur, en labourant sur la Haardt un champ marné de tuileaux à re- 
bords, déblaya, sous le sol, une dalle à bas-relief, portant une inscription 
en l'honneur de la divinité qu'elle représente. A la même époque, on 
découvrit , an der Sobimatt , des argiles plastiques figurant des statuettes 
et un petit objet d'or en forme d'aiguille. Je n'ai pu savoir positivement où 
tous ces objets ont passé. 

Au mois de juillet 1816, des officiers de l'armée alliée, ponr se distraire, 
explorèrent à environ deux cents mètres de l'endroit, k droite et sur le 
bord du chemin qui mène à Zinswiller, un champ mortuaire oîi toutes les 
sépultures appartenaient au système de l'incinération; ils y ont déterré un 
certain nombre de vases cinéraires, et notamment une urne placée dans 



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— 48 — 
une pierre carrée. En 1860, la culture amena, dans le même terrain, la 
découverte de plusieurs autres vases en terre cuite , renfermant des cendres 
et des ossements calcinés. La nature grossière de la poterie rapproche ces 
urnes de celles rencontrées en 1855 dans le cimetière gallo-romain duReb- 
berg, près de Zinswiller. L'existence d'un cimetière commun reste hors 
de doute, sur l'emplacement ijue nous indiquons aujourd'hui pour la pre- 
mière fois. 

En 1843, des fouilles opérées dans la direction d'Uttenhoffen, au lieu 
dit Sandslreng, mirent à jour, sous un tas de vieux débris de construc- 
tions, des assises fondamentales que l'on présumait avoir supporté une 
villa romaine. Ce qui fortifie cette opinion , c'est qu'on découvrit dans les 
décombres les restes d'une statue équestre, dépouillée de son cavalier, et 
la partie convexe d'une trusatille que l'on faisait tourner à bras : ces meules 
portatives existaient dans chaque ménage gallo-romain, et servaient aussi 
aux soldats à moudre le grain qu'on leur donnait pour nourriture. Il est 
donc très-présumable qu'une villa romaine occupait l'emplacement qui a 
caché ces antiquités. 

Peut-être n'est-il pas hors de propos de rappeler ici qu'on a découvert, 
dans cette circonscription, plusieurs autres statues équestres, plus ou 
moins mutilées: 

En 1833, on a trouvé enfouie dans un champ entre Langensoultzbach 
el Mattstall, une statue équestre en grès d'une couleur jaunâtre, dont le 
cavalier foule un homme sous les pieds de son cheval. Le captif a l'air 
juvénile; il est représenté nu et couché sur le ventre; sa pose semble indi- 
quer qu'il fut pris à revers et en fuyant. 

Une autre sculpture de ronde bosse, comme celle qui précède, figurant 
également un cavalier foulant aux pieds un prisonnier de guerre, a été dé- 
terrée, en 1828, à Niederbronn, à peu de distance de la source minérale, 
dans le creusement d'une cave. Ce morceau est d'un grès rougeâtre. On 
remarque que le cavalier portait la tunique romaine. Le prisonnier n'a pas 
de vêtement; il a les jambes liées au moyen d'une corde, et est renversé 
sur le dos, ce qui suppose une attaque de front. 

M. le docteur Scbnœringer, antiquaire en résidence à Brumath, est pos- 
sesseur de ces deux monuments. Malheureusement, ils sont dépouillés tous 
tes deux de leurs guerriers. A en juger par ce qui en reste, leur hauteur 
n'était que d'environ 0",50. Je suis porté à croire qu'ils étaient posés pri- 
mitivement sur une petite colonne, ou au moins placés sur un socle. Ed 
souvenir de quels héros ont-ils été érigés , et à quelle époque ? je l'ignore. 

Une dalle à bas-relief d'un grès vosgien , de 0'",85 de hauteur sur 0'",75 



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_ 43 - 

de largeur, trouvée à Niederbroan vers 1768, et figurant un cavalier traî- 
nant à sa suite un ennemi vaincu, se voit depuis longtemps au musée des 
antiques de Strasbourg. Le cavalier tourne la tète en arrière; il porte les 
cheveux courts; il est vêtu de ta casaque romaine; de la main gauche, il 
dirige son cheval, et de la main droite il tient le manche d'une hache qu'il 
porte sur l'épaule. Le captif, qui semble se débattre, est attaché à la queue 
du coursier, lancé à toute bride. 

Deux autres statues équestres, que j'ai décrites dans de précédentes 
notices, citées dans le Bulletin, tomeP'', p. 87, et tome 11, p. 218, ont été 
retrouvées, l'une, en 1846, dans la Torêt de Hagueuau, au canton de 
Metzeleck, prés d'Ëschbacb; l'autre, en 1843, à Oberbronn, au lieu appelé 
Ritlersberg. 

Ce genre de monuments paraît avoir été particulier aux Romains dans 
cette partie de la Gaule. Le peuple-roi tes élevait à la gloire d'un vainqueur, 
en l'honneur d'un prince, d'un chef militaire, d'un grand capitaine, ou en 
mémoire d'un événement mémorable. Quelques-uns y voient l'apothéose 
d'un empereur; d'autres, un simple combat de guerrier à guerrier. En tous 
cas, ces trophées identiques pour l'idée de fond, et quasi uniformes dans 
l'exécution, étaient destinés à conserver à la postérité le souvenir, soit de 
conquêtes, soit d'expéditions glorieuses. Peut-être faudra-1-il conclure de 
leur présence à une victoire décisive remportée en ces lieux. Quoi qu'il en 
soit, ces sculptures, à mon sens, prouvent une fois de plus que des soldats 
légionnaires se partageaient cette partie de la province avec les habitants 
indigènes. A n'en plus douter, celte contrée formait, du temps des Romains, 
un point militaire irés-important. 

En 1833, lors de la démolition de l'ancienne église de Gumbrechtshoffen, 
on rencontra, enfoui dans les fondements, un tronçon d'une colonne can- 
nelée de 1°',âO en diamètre, avec plusieurs fragments de pierres taillées 
d'origine romaine. Ces débris ont été réemployés comme blocailles dans la 
nouvelle église, élevée sur l'emplacement de l'ancienne; les archéologues 
à venir trouveront donc encore matière à exercer leur sagacité, lorsque, 
au bout d'une série de siècles, il deviendra nécessaire de bouleverser la 
nouvelle construction. La collection archéologique de M. le docteur Schnœ- * 
ringer comprend trois morceaux de sculptures qui sont sortis des mêmes 
fondements et dont voici une courte indication : 

1" Une tête. sculptée de grandeur naturelle, représentant la face d'un 
personnage masculin, aux cheveux bouclés, les yeux fermés, et portant 
barbe et moustaches. Est-ce Horphée qui parait sur les monuments, sous 
la figure d'un vieillard barbu? 



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S° Le Tragraenl d'une pierre, en forme de tablette, où l'on voit des 
sarments avec des feuillesde vigne. A mon avis, c'est une sorte de treille. 

3" Un bas-relief, de 0'",44 de haut sur 0'°,U de large et (F,10 d'épais- 
seur. Cette sculpture porte sur le même plan deux bacchantes sans vête- 
ment, dont l'une, celle placée à droite (du tableau), présente un verre de 
vin, et dont l'autre, placée à gauche, verse un grand vase â double anse 
sur une feuille de vigne: un léger manteau, qui semble Qotter au gré du 
vent, est attaché à la nuque de cette dernière. Elles ont, toutes les deux, 
la tête écbevelée- Ce morceau, dont je joins le dessin, est sans contredit 
l'un des plus curieux que les Romains nous aient légués dans cette partie 
des Gaules; il rappelle la gaieté, l'animation, la jovialité des vendanges dé- 
peints par Homère dans l'Iliade. Nous pouvons en induire avec une grande 
apparence de raison que, déjà sous les Romains, la culture de ta vigne 
avait lieu dans cette contrée. Ce monument serait-it contemporain de l'em- 
pereur Probus qui, à l'année 277 après Jésus-Christ, donna une pennissioa 
générale de planter des vignes dans les Gaules? U peut se faire qu'une 
inscription viendra nous l'apprendre un jour. Quoi qu'il en soit, cette pierre, 
autant que je sache , est le seul monument archéologique proavant la viti- 
culture dans la Basse-Alsace à l'époque romaine, à laquelle elle remonte 
indubitablement. Aussi, son existence me porte à admettre comme pro- 
bable l'opinion des habitants qui soutiennent que, déjà dans ces temps re- 
culés, le raisin mûrissait sur la pente des coteaux qu'ils cultivent, et dont 
te crû jouit d'une bonne réputation, surtout celui des collines vinifères 
d'Oberbronn. 

L'ancienne église de Gumbrechtshoffen n'est pas la seule qui ait recelé 
dans ses murailles des emblèmes du paganisme. Des sculptures mytholo- 
giques se voient encastrées encore aujourd'hui dans les murs des églises 
de Schweighausen et de Walbourg; et il en a élé retiré, en parlie brisées, 
elen partie entières, des anciennes églises de Spacbbach, de Preuscbdorf, 
de Langensoultzbach , de Neebvriller, de Reichshoffen, de Mïetesheim, de 
Uertzwiller, de Bachhoffen près Morschvriller, et de Gebolsheim. Ce sont 
là, à part d'autres considérations, autant de monuments de la victoire rem- 
portée par la religion de Jésus-Christ sur le vieux polythéisme, el ceux 
qui les avaient utilisés dans ces églises comme maténaux, étaient assuré- 
ment bien loin de soupçonner qu'ils serviraient un jour à attester les naïves 
légendes de nos bréviaires sur la destruction des idoles par les premiers 
apôtres de la province. 

Au^efois, lorsque les églises tombaient de vétusté, on a très-rarement 
consenti à les déplacer, mais on les reconstruisait sur le même lieu. La 



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— 45 — 

plupart de celles que dous venons d'énumérer, rebâties au moyen âge, 
avaient remplacé elles-mêmes des chapelles infiniment plus anciennes. — 
Dans maintes localités, l'ég'lise existante occupe la même place où avait été 
posé, au lieu même du sanctuaire païen, le premier autel du seul et vrai 
Dieu. 

A ceux qui argumentent de la présence de symboles païens dans nos 
églises, pour conclure que les croyances chrétiennes sont une transforma- 
tion du paganisme, ou une accommodation aux idées des Gentils, ce n'est 
pas ici la place de leur répondre par une longue démonstration; il suffit 
de dire qu'ils pèchent par la base, qu'ils n'ont aucune notion des doclrines 
chrétiennes, et qu'ils connaissent peu l'histoire ecclésiastique : les lieux 
des assemblées païennes, avant d'être ouverts au culte des chrétiens, 
furent puriûés, réparés, appropriés, réconciliés, exorcisés et sanctifiés : 
(Il en est, dit saint Augustin, des temples, des idoles et des bois sacrés, 
icomme des hommes mêmes. On n'extermine pas les derniers, mais on 
(les convertit à la vraie religion. On ne détruit pas les temples, on ne met 
(pas en pièces les idoles, on ne coupe pas les bois sacrés; mais on les 
( consacre à Jésus-Christ > 

Jér. Ans. Siffer, 
curé de Weyersheim. 



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LE 

PALAIS DE CONSTANTINE.' 



Les bulletins de la Sodété archéologique de Constantitie continuent, 
comme par le passé, à nous offrir une série de curieux travaux. Nous 
avons reçu tout récemment le 1" volume de la seconde série (le XI" de la 
colleclion); c'est une collection de mémoires historiques et archéologiques 
très-intéressants, et dénature à fixer l'attention môme de ceux des lec- 
teurs qui resteront toujours, malgré eus, étrangers è l'Algérie. Je dois 
déclarer, pour ma part, qu'après avoir lu la monographie de H. Péraud sur 
le palais du bey de Constanline, j'ai éprouvé un redoublement de regrets 
de ne pouvoir visiter l'ancienne capitale de la Numidie. L'opuscule de 
H. Féraud nous donne la description détaillée du palais mauresque, mo- 
numental, construit pendant les dernières années qui ont précédé la con- 
quête Trançaise; incidemment l'auteur nous promet la biographie du bey 
El-Hajd-Achmet, constructeur de ce merveilleux édifice; et ce ne sera pas la 
partie la moins curieuse de ce travail, à en juger d'après certains épisodes 
de la vie de ce tyran local, épisodes qui se rattachent à telle ou telle partie 
du corps de bâtiments, élevé par le caprice du petit despote. 

Il y avait dans la nature d'Achmet-bey des instincts sanguinaires, dignes 
des plus méchants empereurs romains. Sans pitié pour les femmes de son 
harem, — il eu avait quatre cents, —sans entrailles pour les nombreux ser- 
viteurs et esclaves attachés à sa maison, astucieux, fouriie, à la fois rapace 
et dilapidateur, il a marqué les vingt années de son pouvoir par des faits 
d'une iniquité, d'une brutalité révoltante. Mais ce n'est pas de lui que je 
dois vous entretenir en ce moment, c'est de la fantastique construction, qui 
a fait l'élonnement de tous nos compatriotes et des touristes européens qui 
ont visité Constantine depuis trente ans.. Seulement, pour ne pas troubler 
ce sentiment d'admiration, il faut oublier ce qu'il en a coûté de sang et de 
larmes , avant que ce splendide édifice fût élevé sur les débris de tout un 
quartier de la ville, et sur la ruine de nombreuses familles de propriétaires 
spoliés. Ce n'est point au nom de l'utilité publique qu'Achmet bey poursui- 
I. Ëitfïil d'oQ rapport sur plnsieurs ouvrages périodiques eoTOyés i la Société. 



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— 47 — 

vait la réalisation de ses plans, mais parce que tel était son bon plaisir. H 
put, surtout après juillet 1830, c'est-à-dire après l'exil du dey d'Alger, se 
permettre en pleine et complète liberté ses actes arbitraires. Ainsi s'éleva, 
en peu d'années, autour de l'ancienne maison patrimoniale du bey, le 
magnifique groupe de bâtiments qui n'a point sou pareil dans toute l'Al- 
gérie, mais qui malheureusement se détériore aussi vite qu'il a été construit 
par des ouvriers et des artistes indigènes. La solidité, en un mot, fait dé- 
faut à ce rêve des mille et une nuits, qui eut le privilège d'entbousiasmer 
Horace Vemet, le prince des peintres modernes, et après lui tes hôtes 
augustes et illustres, les généraux, les officiers supérieurs qui ont succes- 
sivement habité ces pavillons mauresques, et reposé sous les orangers qui 
embaument l'un des compartimente intérieurs du palais. 

Ce qui feit défaut à l'habitation splendide d'Achmet, c'est l'unité de plan, 
de conception, d'ornementation. Ona construit un peu au hasard, en assi- 
gnant à des artistes ou des ouvriers différents, l'exécution des diverses 
parties de l'édiQce. On a orné les salles, les pavillons, les portiques, les 
cours à l'aide de déeors enlevés impitoyablement dans toutes les habitations 
riches de la ville. Malgré cette bigarrure, et en dépit de la détérioration 
déjà visible de plus d'une paroi, de plus d'une colonne ou d'un pilier, il 
paraît que l'impression de l'ensemble est merveilleuse, étourdissante, et 
qu'après les ruines romaines , dont l'ancienne province de Constantine sura- 
bonde, ce château féerique, tiré du néant parle caprice d'un despote, 
exerce une puissance irrésistible sur l'imagination des visiteurs. 

D serait naturellement impossible, dans t'espace de temps que vous pou- 
vez m'allouer, de suivre l'auteur dans toutes les parties de sa description 
scrupuleuse, tout aussi peu que le visiteur pourrait circuler sans guide 
dans ce labyrinthe d'appartements, de cours, de galeries et de jardins, 
qui rappellent les merveilles de l'Alhambra. Au point de vue du goût et de 
l'harmonie, les détails sont loin d'être irréprochables, mais le caprice 
même qui a présidé aux constructions, leur imprime un cachet original. 

L'appareil de toutes ces constructions est, à la base, en pierres de taille 
[Provenant des ruines romaines, puis en maçonnerie, entremêlée d'assises 
en briques, que revêt un enduit de chaux et de sable. Les voussures des 
arcades, dans les galeries, sont également en briques. 

I Entre les deux principaux jardins, il existe un kiosque relié au reste 
de l'habilalion par une triple rangée de colonnades. 

(Les jardins sont carrés, entourés d'une ceinture de portiques, atTec- 
tant ta déposition d'un cloître. Les portiques sont découpés avec une légè- 
reté merveilleuse; de gros pans de murs portent sur le vide, bravant toutes 



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les règles de la statique. A chaque angle des carrés , on a placé de 
solides piliers en maçonnerie, contre lesquels viennent s'arc-bouter les 
colonnades. 

f Généralement les arcades sont ogivales et portent sur des colonnes 
monolithes en marbre blanc, d'une grande variété de formes; réparties par- 
tout, elles sont au nombre de 366. 

(Les chapiteaux présentent un amalgame des styles les plus différents, 
tantôt rappelant le style corinthien , tantôt l'ordre toscan ou gréco* 
byzantin. 

«Les murailles latérales sont garnies jusqu'à hauteur d'homme d'ua 
revêtement en faïences vernies de différentes couleurs, et de toute prove- 
nance; ce sont des dessins de fleurs entrelacées, ou des mosaïques d'un 
bel efTet. > 

L'auteur du mémoire pense qu'un antiquaire trouverait dans ce palais 
des échantillons de carreaux émaillés de fabrique ancienne, et y ferait de 
curieuses études sur l'art céramique. 

Quand tout fut terminé, — c'est-à-dire en 1835, — le bey y donna 
une fête brillante, pendant trois jours et trois nuits; il tenait à faire 
admirer son œuvre. — Les indigènes regardent ces vastes bâtiments avec 
un sentiment dé terreur superstitieuse; ils voulaient nous détourner d'y 
habiter. 

Je ne puis pas davantage suivre l'auteur dans les détails romanesques 
qui se rattachent à la démolition des anciens bâtiments, et à rétablissement 
des édifices actuels. — Une particularité toutefois que je crois devoir rap- 
porter, c'est que la plupart des marbres qui servirent à la construction 
furent tirés d'Italie, transportés par mer à Bone, et de là à dos de mulets, 
par des chemins impossibles, à la résidence du bey. Cependant tous ces 
matériaux précieux arrivèrent intacts, tant était grande la terreur qu'inspi- 
rait le mattre. Les populations s'appliquaient à frayer un passage aux bêtes 
de somme et aux surveillants, et à préserver de toute lésion ces blocs ou 
ces colonnes taillés dans le marbre de Carrare. 

Dans les ornements de détail, on remarque des pauneaux en vieux 
chêne ou en cèdre, ajustés avec art et relevés par des arabesques, qui 
s'enchevêtrent avec goût. Certaines portos sont formées par une série de 
petites plaques carrées en chêne ou en cèdre, contenant des rosates élé- 
gantes ou des losanges disposés en échiquier. 

Une galerie à tr^)le rangée de colonnes, s'étendait devant le kiosque, 
logement favori du bey, qui occupait une position centrale; douze fenêtres 
le perçaient à jour comme une lanterne, et en faisaient un observatoire 



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d'où le bey pouvait d'un seul regard voir ce qui se passait daos son harem. 
C'était pour ainsi dire le centre d'une prison eeltulaire. 

Le logement de Falhma, la fîlle du dey, est transformé aujourd'hui eo 
musée ou collection de trophées et de drapeaux. 

Près de là se trouve une galerie carrée, entourée de balustres en btris, 
découpée â jour et peinte; elle orne la partie supérieure du kiosque; c'est 
un belvédère d'oîi l'on embrasse une partie des jardins et des péristyles. 

Le jardin des orangers a, bien entendu, le privilège d'une description 
détaillée; mais comme je dois, de toute nécessité, me borner à des indi- 
cations- d'architecture ou d'histoire, je ne voua arrêterai point sous les 
vignes vierges el les lianes de volubilis qui enlacent les colonnes du cloître, 
formant l'enceinte du jardin. 

Après le tremblement de terre de 1856, de nombreuses lézardes se dé- 
clarèrent dans le palais; les ogives du kiosque menacèrent de se disloquer. 
On étaya ce pavillon à l'aide d'un éperon en maçonnerie et de barres de 
fer solidement scellées. — A cette même occasion, l'on put s'apercevoir 
que le kiosque reposait sur des substructions mouvantes. A quinze mètres 
de profondeur seulement, on découvrit de vieux murs romains en pierres 
de grand appareil; sur ces murs on éleva de nouvelles fondations. Ainsi, 
partout où la main de l'ouvrier, du soldat romain a passé, le sol semble 
affermi pour l'éternité, tandis que nos constructions modernes, les plus 
belles et en apparence les plus solides, nécessitent des soins permanents. 
Il en est ainsi du palais d'Âchmet; qu'en restera-t-il dans un siècle? 

Dans le même volume de la Société archéologique de Constantine se 
trouve un mémoire du grand rabbin, M. Gahen, sur les Juifs établis dans 
l'Afrique septentrionale, depuis le règne de Ptolémée Soter. — Les articles 
sur les israélites algériens sont une dette que la France paye à ces uUIes 
auxiliaires, qui de tout temps ont formé le chaînon entre l'Europe et 
l'Afrique. Ce sont les israélites qui, les premiers, ont acclamé les Français 
el leur ont servi d'interprètes; de fait, nous avons brisé leurs chaînes, et, de 
serfs maltraités , ils ont été du jour au lendemain élevés au rang de citoyens. 

Le même volume renferme la 1" partie de l'histoire de Constantine sous 
la domination turque, de 1517 h 1837, par H. Vaysseltes. Je me réserve 
de donner un aperçu de ce mémoire, lorsque la seconde partie aura été 
imprimée. 

Comme toujours, ce Bulletin est riche en inscriptions inédites, collectées 
cette fois par M. J. Marchand, à Constantine et dans la banlieue; puis en 
inscriptions trouvées, en 1866, dans le cercle d'Ain Beîda, par M. Dewalf, 
capitaine du génie. Cesl une surabondance de documents èpigraphiques dont 

K* BtelB. — T. VI. — (H.J 4 



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— 50 - 

quelques-uns d'un intérêt historique général; les savants qui s'adonueut à 
ce genre d'études, doivent convenir que l'Afrique française leur offre une 
mine inépuisable, puisque, même après les courses fructueuses de U. L. 
Renier, on. met au jour des richesses aussi variées. Je ne puis qu'appeler 
votre attention sur les œuvres de HM. Dewalf et Marchand. 

L. Spach. 



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UNE 

VILLA ROMAINE A NENNIG 

(PRÈS DE TRÊVES). 

SES INSCRIPTIÛNS EXPUQDÉES PAR M. DE WILM0W8KY.' 



En octobre 1866, les ouvriers occupés à déblayer les décombres de la 
villa romaine de Nennig découvrirent, à quelques lieues au sud de Trêves, 
quatre inscripUous qui donnèrent lieu à une vive discussion entre les sa- 
vants épig:raphistes de la vallée rhénane. Plusieurs journaux allemands ont 
rendu un compte détaillé de ces débats. L'authenticité des inscriptions fut 
contestée, surtout par M. Brambacb, le jeune professeur d'archéologie de 
Fribourg, en Brisgau. — MainlenanI, après quinze ou dix-huit mois, M. de 
Wilmowsky, le savant chanoine de Trêves, redescend dans l'arène, et dé- 
fend contre son adversaire la parfaite sincérité de ceux qui, les premiers, 
ont signalé au monde savant celte importante découverte archéologique. 
n est lui-même, bien entendu, au nombre des avocats convaincus. Dans 
un magnifique cahier in-folio, publié par ta Société de Trêves (Société 
^exploration des connaissances utiles), M. de Wilmowsky discute sa thèse 
avec une bonne foi parité; il apporte à l'appui de sa conviction une série 
d'arguments empruntés à la connaissance des auteurs anciens, à l'étude 
exacte des locaHtés et des inscriptions elles-mêmes. Je dois avouer qu'il a 
laissé dans mon esprit, je ne dirai pas une certitude mathématique, mais 
l'impression d'une probabilité équivalent presqu'à une conviction. Toutefois, 
en &it d'archéologie, il est plus prudent de ne jamais afBrmer d'une ma- 
nière absolue, lorsqu'on ne joint pas à l'étude des pièces du procès une éru- 
dition acquise de longue main. Malgré mon incompétence, je crois pou- 
voir me constituer simple rapporteur. Les travaux de H. de Wilmowsky ont 
toute espèce de droit à l'attention des sociétés historiques et archéologiques 
de la vallée rhénane. Il est le véritable hiérophante de l'antique ville de 
Trêves. Dans une autre occasion déjà, j'ai eu l'occasion de vous entretenir 

1. TrëTes, 1868. Un grand cabier ia-8* avec deux pIsncheB. — Extrait du même rap- 
port qoe ci-dessus. 



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de ses beaux travaux*. Il a la connaissance exacte des monuments dont il 
parie; puis il ne se borne poiut à être savant et à décrire miautieusement 
les restes antifjues; il vivifie tout ce qu'il touche; sous ce rapport, l'école 
à laquelle il se rattache est celle de Winckeloiann et de-Lessing, plutôt que 
celle des archéologues contemporains. 

Dans le volume qui nous occupe, ce n'est pas une description de la belle 
villa deNenoigque nous donne M. de Wilraowsky; cette partie desa lâche 
demeure réservée à une publication ultérieure. Cette fois, il se borne à la 
reproduction et ft l'examen des iragmeots épigraphiques qui recouvrent 
quelques murs de la maison de campagne romaine; les circonstances qui 
ont amené cette découverte sont relatées, et les témoignages qui parlent 
en faveur de l'authenticité sont discutés et scrutés. Nous sommes amenés 
seulement en passant à jeter un coup d'œil sur le gracieux site qu' occu- 
pait cette demeure champêtre de la famille des Secundini, sur les bords 
de la Moselle, vis-â-visde Remig, entre Trêves et Thionville. Dansl'espace 
de peu de jours, M. de Wilmowsky s'est empressé de faire trois courses 
successives pour s'orienter, étudier ô fond te sol, y* puiser des inspira- 
tions heureuses, et laisser ses yeui errer dans ces charmantes campagnes 
et sur le splendide horizoa qui encadre ce paysage à moitié italien. 

Je ne pourrai suivre pas à pas H. deWilmowsky dans tous ses dévelop- 
pements et dans toutes ses courses; je ne puis indiquer qu'approximative- 
ment les résultats que l'érudit chanoine de Trêves a obtenus. A ceux 
d'entre vous, Messieurs, qui s'occupent d'épigraphie , il appartient de 
prendre en main son mémoire avec les belles planches qui l'accom- 
pagnent, et de rendre hommage à la sagacité de cet infatigable chercheur, 
dussent même toutes ses hypothèses ne point être confirmées ou'admises 
d'une manière absolue. 

Dans l'un de mes rapports, j'ai eu l'honneur de vous entretenir du mo- 
nument dlgel ', élevé en l'honneur des Secundini, de cette famille de fonc- 
tionnaires et de négociants romains, qui habitèrent la vallée de la Moselle, 
— monument dont Goethe a fait connaître le mérite au public allemand , 
dans son Histoire de ta campagne de 1793. 

L'une des inscriptions de la villa de Nennig nous enseigne que l'empe- 
reur Trajan a fait construire cet édifice, et en a fait cadeau à Secundinus 
Secunis. Une autre inscription nous apprend que l'amphithéâtre de Trêves 
B été fondé et construit sous Trajan, par Saccius Modestus, et que Secun- 

1. Voir mon rapport sur la dècoQTerte d'une villa romaine & TrèTes, tome III de la se- 
conde série de notre Bulletin, page 1 de la seconde partie, rentermanl les mËmolres. 

2. Voy. tome V, série 2. 



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— 53 — 

dinus Securus, le préfet de la colonie de Trêves, y a donné, en présence 
de l'empereur, le premier spectacle, c'esl-à-dire, la première chasse ou le 
premier combat avec les bétes fauves (venaUo). ■ — Deux autres inscrip- 
tions n'ont aucune importance. Toutes étaient peintes en caractères noirs, 
sur fond rouge produit par une couleur qui ressemble à notre cinabre. 

M. de Wiimowsky, familiarisé, par un examen attentif et prolongé, avecdes 
inscriptions toutes pareilles trouvées en grande quantité à Trêves, n'hésite 
pas h admettre la parftile authenlicilé de celles qu'il trouvait là plaquées 
contre les murs d'un Iriclinium, qui avait été depuis quinze siècles recouvert 
successivement par une épaisse couche de terrain (à peu près à â'",60 de 
profondeur). Une supercherie eût été, selon Jui, matériellement impossible. 
Des fragments d'une inscription taillée dans la pierre furent trouvés, deux 
mois plus lard, dans le mur d'enceinte septentrional de la villa. Je m'abs- 
tiens d'en parler, quoique le prénom de Trajan s'y trouve aussi reproduit. 

Le résultai majeur, conquis & l'aide des fragments les plus considé- 
rables, consiste dans la fixation de l'époque où fut construit l'amphithéâtre 
de Trêves, et dans le nom de l'architecte Saccius Modestus. Nous appre- 
nons aussi à connaître la famille des Secundini sous un nouveau jour. Im- 
mortalisés dans le monument dlgel comme fonctionnaires et comme des 
personnages adonnés à un négoce étendu, les inscriptions de Nennig nous 
les montrent déployant leur activité dans des entreprises architectoniques. 
M. de Wilmowsky croit aussi', à l'aide de ces inscriptions, pouvoir expli- 
quer un bas-relief, trouvé en i851 dans les fouilles qu'il a faites près de 
l'emplacement de l'ancien Forum, dans le dôme de Trêves. Il croit, dans 
les trois personnages de cette œuvre d'art (reproduite sur la planche II du 
cahier)^ reconnritre Trajan, l'impératrice Plotine, sa femme, et le lecteur 
d'un protocole ou d'un parchemin contenant la donation de la villa faite 
par l'empereur aux Secundini. Ce passage du mémoire de M. de Wilmowsky 
est charmant au point de vue littéraire; l'interprétation qu'il donne de la 
figure féminine, ornée d'un diadème, la description de cette physionomie 
où la grâce s'allie à la dignité, et où il n'hésite pasàrelrouverles traits d'une 
impératrice qui a laissé des souvenirs impérissables dans les annales de 
Tempire romain, celte interprétation est, je le répète, piquante et ingé- 
nieuse; je veux me laisser persuader par l'interprète; avec un peu de 
bonne volonté j'y trouverais même quelque analogie avec les traits d'une 
souveraine actuelle. 

Quant à l'application faite de ce bas-relief par M. te chanoine de Trêves 
au cas spécial d'une villa, donnée par l'empereur Tr^'an à l'un de ses 
fidèles serviteurs, je n'oserais me prononcer d'une manière aussi positive. 



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L'explication d'un autre bas-relief, matheureusement (rès-eiKtommagé, 
el de la même proveuance, — c'est-à-dire du Forum de Trêves, — me 
parait plus positive'. Selon M. de Wilmowsky, c'est Hercule délivrant 
Hésione, la ûUe de Laomédoo, exposée à un monstre marin. Uéme dans 
cet état de conservation imparfaite , je trouve une certaine jouissance 
esthétique à contempler les figures du héros libérateur et de la jeune 
Troyenne. 

Me permettez-vous de revenir encore une fois aux promenades archéolo- 
giques feites par M. de Wilmowsky sur l'emplacement de la villa de Nen- 
aig, dont la découverte faisait, il y a dix-huit mois, les frais de la conver- 
sation du district de Trêves, à tel point que la population campagnarde 
elle-même fui frappée par cette résurrection subite des temps jadis. Ce fut 
pendant une belle matinée d'octobre que M. de Wilmowsky, pour se rendre 
sur les lieux, traversait la Moselle dans un bac, où s'étaient entassés beau- 
coup de laboureurs ou de vignerons, qui, tous, parlaient avec une naïve 
admiration de ce palais d'un t Roi romain > , rendu à la lumière. L'empe- 
reur Trajan était métamorphosé par eux en roi, contrairement aux habi- 
tudes de l'imagination populaire, qui est tentée de transformer un prince 
ou un roi en empereur, plutôt que de procéder en sens inverse. Quoi qu'il 
en soit, les yeux de ces braves gens avaient été attirés, éblouis par les belles 
mosaïques qui forment le sol de cette demeure princiers; ils s'extasiaient 
sur la distribution des compartiments de < ces bains > ; et cette consécration 
d'une découverte archéologique par la voix populaire était, pour noire 
érudit touriste, un encouragement de plus à poursuivre des investigations 
par moment assez pénibles. 

Encore un coup, je ne puis me constituer ici le traducteur de M, de Wil- 
mowsky, sans cela je reproduirais, indépendamment delà partie technique 
de son beau mémoire, les excursions historiques et littéraires auxquelles 
il se laisse aller sur le séjour de Trajan dans la pittoresque vallée de la 
Moselle, chantée par les poètes latins de la décadence, surtout par l'élégant 
Ausonius. — Inscriptions, bas-reliefs, substructions, vieux murs réticu- 
laires remis à jour, le tout dans un cadre de spleodide végétarien, le tout 
illustré par un savant, qui conserve à un âge avancé une ardeur juvénile, 
il y a là, veuillez m'en croire, un double charme, dont j'ai essayé de vous 
faire sentir l'influence, mais que je vous engage à rechercher vous-mêmes 
dans les feuillets du texte original. 

1. Voy. le bas-relief reprodait dans la partie inférieure de la planche II. 

L. SpACH. 



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LE LOUPA L'ECOLE. 

CHAPITEAUX BISTOaiÉS DB LtGUSE COLLÉGIALE DE fiilNT-DRSANNE. 



En 1866, M. H. Hammann a communiqué à l'Institut national genevois 
el à quelques autres sociétés suisses, une notice sur des briques suisses 
ornées de bas-reliefs du treizième siècle. Ce cahier a été publié sous le titre 
de Portefeuille arUsUque et archéologtque de la Suisse, avec plusieurs 
planches. L'auteur estime que la plupart de ces briques, qu'on ne trouve 
que dans un certain quartier de la Suisse environnant Saint-Urbain, pro- 
viennent soit de ce monastère, soit de quelques tuileries de son voisinage. 
Il foit voir, par de nombreuses citations d'auteurs divers, que, selon toute 
apparence, on avait bâti en briques une partie des premiers édifices de 
cette abbaye fondée au douzième siècle, mais dont l'église ne fut consacrée 
qu'en 1259. 

Les dessins de ta plupart de ces briques appartiennent en effet à celte 
période, et plusieurs même offrent des réminiscences d'une époque anté* 
rieure. La première planche, figure â, représente un moine qui apprend 
l'A B C à un loup revêtu d'un froc, tandis que, dans un coin du tableau, un 
agneau s'en va paisiblement. C'est la représentation de la fable du loup 
Isangrin à l'école, que racontent une poésie allemande de 1350, une poésie 
anglo-normande du même siècle, et enfin d'autres anciens écrits. 

M. Rammann donne le résumé de ce premier document, et nous le 
copions d'après lui pour l'intelligence de notre sujet. 

f Guidé par les indications précieuses que nous devons à l'obligeance de 
U. le D*" H. Meyer, de Zurich, et surtout au professeur W. Wackernagel, 
de Bâie, nous pouvons donner les testes originaux qui ont servi à l'artiste 
dans la composition de ce sujet. Nous trouvons d'abord dans le Reinkardl 
Fuchs, de Jacob Grimm, et dans le AUdeutsche Lesebuch, de Wackernagel, 
une poésie allemande de 1250 environ, qui a pour litre : le Loup à Técole 
( Von dem Wolf «Jid sijiem Wîp ; der Wolf in der Schuole, et WolfSchuol- 
kere), et qui se compose de 443 vers rimes. En voici le résumé : 

t Le poëme commence par une allusion à la mort violente d'un empe- 



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— 56 — 
reur, que des meurtriers, d'inffimes loups, ont assassiné, et qui ont mis, 
par cette action cruelle, l'empire en deuil. A cette occasion, le loup dit h 
sa louve : «Depuis cette époque nos péchés nous font souffrir pendant de. 
longues journées; il faut aviser à cet état de choses, pendant qu'il en est 
temps encore , et chercher à calmer le trouhle de nos âmes. Ainsi , chère 
épouse, Herrat, écoute mon projet; Nous avons un jeune fils, c'est le 
cher Isangrin, jO'désirerais en faire un moine pour qu'il puisse, après 
noire trépas, chanter plusieurs fois par semaine le Requiem. — C'est bien 
parlé, répond la louve, ce sera pour notre salut si jamais cela s'exécute. 
J'y ai bien pensé aussi, mais comment faire ? — Le vieui dît : Je sais qu'il y 
a dans la bonne ville de Paris nombre de prêtres savants et beaucoup de 
maîtres d'école; c'est là où nous conduirons noire enfant, i 

t Ainsi fut fait Ils arrivèrent sains et saufs à Paris, allèrent trouver 
maitre llias, qui y jouissait d'une grande renommée, et sans tarder, ils 
lui proposaient dix bonnes livres parisis, s'il voulait bien se charger de 
l'instruction de leur fib Isangrin. 

iLe maître, riche en sciences, trouvait un peu singulier qu'un loup 
veuille s'instruire, car jamais, dit-il, on n'a entendu pareille chose, ni à 
Paris ni à Salerne. 

c — Mais notre fils est un jeune homme doué, réplique Herrat, la louve, et 
il est écrit aussi que le prêtre Amis possédait l'art remarquable d'appren- 
dre à un âne à tourner les feuillets d'un livre et à chanter l'A B C. — 
N'existe-t-il plus de prêtres aussi habiles? Instruisez mon fîts, je payerai 
ce qu'il faut et encore quelque chose par dessus. 

f — Que celte entreprise soit pour son salut, dit le maître; je le ferai , 
Madame, et j'y mettrai toute mon application. * 

c Incontinent le jeune loup est installé dans l'école; on lui apporte un 
Uvre, et le maître l'exhorte : c Écoute, cher Isangrin, efTorce-toi à bien 
étudier, et répèle distinctement A. > Mais l'élève,' au lieu de répéter la 
lettre, dit: t Maître, est-ce qu'il n'y a pas plutôt Lamp (agneau) écrit 
sur mon livre ? — Le livre sur lequel il est question d'agneaux s'appelle 
Virgile, répond llias. — Ah ! mon maître, hurlait le loup , apprenez - moi 
cela, et je vous serai très-reconnaissant — Tu es encore bien étourdi, 
répliqua le prêtre, tu dois combattre ta sensualité et l'appliquer A l'étude; 
répétetto,ouî,n«n, non.— Jele ferais volontiers, dit Isangrin, mais bonne 
chair sans os est avant tout ce que j'aCTectiomie, que cela soit ici ou à Sa- 
lerne; voyons, maître, que dois-je faire? — Il me semble que tu es un 
véritable vorace, dit llias, je ne te parle pas de manger; répète ce que je 
commande : A B C. > 



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— 57 — 

t — J'ai envie d'un agneau. » — Alors le maître reprit: — «Tu n'es qu'un 
fou corrompu; répète ABC* Mais Isangrîn, loin de répondre, reste ô son 
idée fixe, et ne voit écrit dans les livres que des agneaux et des chèvres. 

< Le maître se fâche. — « Si cela continue ainsi, dit-il , je te marquerai 
des agneaux sur le dos > , et il lui prend l'oreille et la secoue fortement. 
— c Je me passerais volonliers de ce genre de correclion, fait Isangrin; 
Unissez avec ces tiraillements, ou je vous mordrai la main. C'est un mau- 
vais enseignement que de tirer l'oreille, comme je l'ai fait jadis à la chèvre, 
après lui avoir fait réciter le Credo. 

f — Ainsi tu meforces à prendre une baguette, ditllias, pour te tanner 
te dos, cela tournera à ton malheur d'être venu ici. i — i Maître, l'intei'- 
rompit un des régents présents, m'est avis qu'il sera iliieux de suspendre 
celte correction et de parler au père, qui me paraît un peu singulier. 
LaisscE-le aller, il n'apprendra également jamais, ni à lire, ni à chanter 
dans les livres , et vous ne l'empêcherez pas de chanter la même mélodie 
que son père, i 

« Ilias se rangea A cette proposition, et le lonp s'esquiva comme un 
voleur. Arrivé bientôt dans une forêt, Isangrin y rencontre son père, au- 
quel il raconte son aventure, en ayant bien soin de ne pas parler de son 
impertinence. 

t — Tu vois, dit-il, que je suis devenu vieux en peu de temps, mon cher 
père Isambart; le diable exerçait son pouvoir pendant mon séjour à Paris. 
Mon maître metordaitles oreilles malgré mes cris, comme on fait à un bra- 
que; j'en fus tout abasourdi; il menaçait de me battre, et d'imprimer sur 
mon dos un agneau avec un bâton qouqui , que j'en serais resté maladif 
toute ma vie, et il ne me donnait jamais ni viande ni pain; enfin, il a fallu 
me dérober secrètement. Voilà, mon père, ce que j'ai souffert à cause de 
ce livre. > 

« — Mon enfant, dit Isambart, laisse l'école et reste avec moi, nous sau- 
rons bien faire passer le temps; è un demi-mille d'ici se trouventen pâturage 
des génisses grasses, gardées seulement par des enfants; c'est de ce cdlé 
que nous dirigerons nos pas , et nous ferons un choix pour le déjeuner, ce 
qui sera excellent contre la famine. Ne t'inquiète donc plus ni du maître, 
ni de l'école. > Sur quoi le petit Isangrin lui réplique : < Ces paroles sont 
sensées, et l'on voit bien que tu es un maître, et que tous les sept sens 
sont consommés en toi, père; je te promets que désormais je suivrai tou- 
jours davantage tes enseignements, i 

« Maintenant, lecteur, écoute bien cet exemple : Celui qui veut instruire 
un loup ou enseigner un âne, et celui qui prétend corriger un homme qui 



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— 58 — 
rien n'oublie ni n'apprend, et qui a grandi avec ses vices, aura peines et 
angoisses à endurer toute sa vie. » 

Après cette citation de M. Haramann, nous nous permetlrons d'abord 
d'observer que, selon toute apparence, le poète allemand n'a fait que tra- 
duire dans sa langue un fabliau français beaucoup plus ancien. Le lieu où 
l'on envoie Isangrin à l'école est Paris; c'est là qu'enseignait, au milieu 
du douzième siècle, lliaa ou Helias, qui fut ensuite évêque d'Angouléme, et 
que la chronique angoline de 1 150 nomme déjà. 

Grimm parle d'une fable arabe sur le loup à l'école, et nous allons voir 
que ce sujet est beaucoup plus ancien que le milieu du treizième siècle. En 
effet, en lisant l'intéressante publication de M. Hammann, nous nous 
sommes aussitôt rappelé un des chapiteaux historiés de l'église de Saint* 
Ursanne, près de Porrentruy. 

Ce monument constitue actuellement une des plus anciennes églises de la 
contrée. Il a été bâti en plusieurs fois : Le chœur, de style roman, offre 
une ressemblance remarquable avec la même partie de l'église coll^iale 
deNeuchâtel. Les pierres portent les mêmes signes maçonniques, et on 
les retrouve tout semblables aux anciennes parties de la cathédrale de 
Bâie, au Munster de Zurich, et à l'église abbatiale de Payeme, tous bfttis 
à la fm du diiième ou au commencement du onzième siècle. A Saint-Ur- 
sanne, à partir du chœur, la grande nef et les bas côtés appartiennent à 
l'époque de transition, loi'squ'on employait encore le plein cintreavec l'ogive 
naissante. La porte méridionale est la plus ornée. Les statues, le tympan, 
les chapiteaux historiés sont de la même époque que le chœur, et ils sont 
due au même ciseau, comme l'indiquent les plis serrés des vêtements et 
divers détails. Dans leur ensemble, c'est de nouveau une imitation des por- 
tails de Bâle, de Zurich et même de Neuchàtel. Aussi nous estimons que 
saint Ursanne est contemporain, et que la même corporation d'ouvriers 
a travaillé aux diverses égb'ses où l'on rencontre les mêmes signes maçon- 
niques. 

Le portail de Saint-Ursanne est orné extérieurement de six colonnes, 
trois de chaque côté. Les chapiteaux ont chacun un sujet différent. Les 
trois de gauche et le suivant de droite représentent les symboles des 
quatre évangélistes; vient ensuite la Vierge Marie avec le symbole du pois- 
son, et enfin le loup à l'école. L'artiste a représenté ce sujet en deux 
scènes. Dans la première, un moine imberbe est assis sur une chaise a 
croisillon ou un pliant; il aide d'une main à soutenir un livre ouvert, et il 
montre du doigt les lettres minuscules abc. Accroupi devant lui, un loup à 
demi vêtu en moiue soutient aussi le livre de sa patle gauche, et de la 



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- 59 — 
droite il Ueot uii style pour montrer la première lettre a. Hais il est dis- 
trait et il tonroe la léte en arrière en laissant voir sa gueule armée de 
dents formidables. La seconde scène, occupant l'autre côté du chapiteau, 
représente Isangrin qui a rejeté son capuchon et qui emporte an bélier en 
regardant encore en arriére; un moine barbu, debout et la têle nue, qui 
menace du poing le déserteur. Au pied du ravisseur gtt un autre bélier. 
Voilà donc encore la fable du loup à la porte d'une église , comme oo 
la voit à la cathédrale de Fribourg en Brisgau, et à l'église de Saint-Paul 
près de Rome. Mais comme Saint-Ursanne date du onzième siècle, ce 
serait ainsi une des plus anciennes représentations de cette fable, et cette 
sculpture prouverait que la fable était fort répandue dans le monde chré- 
tien. Ces sujets, tirés du fabliau en vogue pour l'ornementation des églises, 
est UD fait d'ailleurs connu. Déjà Gauthier de Coinsy, prieur de Vic-sur- 
Âisne, mort en 1236, disait dans son poëme, intitulé Miracles de la Vierge, 
que plusieurs personnes faisaient peindre dans leurs appartements les 
aventures du roman du renard, et que les prêtres en représentaient même 
dans les églises : 

Ed leurs moastiéres ne fODt pas Taire 

Siloat l'image de Doaire dame, 

Com' tant \smgTia et sa famé, 

Ed leur chambre, où ils reponeD. 

La représentation du loup à l'école avait un but moral. Celait l'image 
de l'homme vicieux et incorrigible, peut-être une critique de la noblesse 
si dédaigneuse de toute science littéraire, et dont les membres qu'on en- 
voyait parfois aux écoles des monastères y portaient le trouble et le désor- 
dre. C'est ce que disait l'abbé Conrad de Lucelle à son collègue Conrad, 
abbé de Saint-Urbain, en 1196. Et d'ailleurs, ce morceau de sculpture 
était plus décent que son voisin figurant la sainte Famille. C'est ta repré- 
senlalion de la Vierge sirène qu'on voit aux Munster de 6&Ie et de Zurich, 
mais elle est plus bizarre à Saint-Ursanne. Le mot grec Jchthus (poisson) 
pouvant servir à former l'anagramme de Jésus Ckrislus, on ^est avisé de 
représenter le Christ sous la forme d'un poisson. A Saint-Ursanne on voit au 
centre du chapiteau une femme assise, qui n'a pour tout vêlement que ses 
cheveux épars sur les épaules. Elle tient un enfant qu'elle allaite, tandis 
que son nourrisson lui pince te sein gauche. Cet enfant n'a qu'une jambe 
humaine, et l'autre est remplacée par une queue de poisson. La Vierge 
Marie a bien les deux jambes, mais l'extrémité de son torse se bifurque et 
emprunte la forme de deux longues queues de poisson. A sa droite, saint 
Joseph, aussi peu vêtu que possible, n'a pour tout voile que ses cheveux 



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étalés sur le dos. II n'a que la jambe droite, et la gauche est comme celle 
de l'eafant Jésua. Enfin il porte sur l'épaule un très-gros poisson. Du côté 
opposé, un ange marin, moitié homme moitié poisson, montre la Viei^e 
de la main droite, et toutes ces figures ont pour ceinture une cordelière 
qui sépare le corps humain de celui de poisson. 

Si, pour ce chapiteau, l'artiste semble avoir deviné la toilette de la reine 
Pomaré, il s'est par contre inspiré des versets du chapitre i^'' d'Ézédiiel 
et dans le iv° de l'Apocalypse pour représenter les animaux syoïbohques 
des quatre évangélistes. 

Le moins bizarre est l'aigle de saint Jean, qui n'a que deux acolytes de 
forme normale. Le bœuf de saint Luc a deux corps pour une seule tête, et 
il montre son postérieur, tandis que de chaque cfité deux autres bœufs 
contournés mordent leur queue. 

L'ange censé représenter saint Matthieu a une télé d'oiseau; à sa gauche 
il y a un ange à tête humaine, et à droite à télé de loup, un vrai parent 
d'isangrin. Chacun de ces trois anges tient un Uvre ouvert. Saint Harc, 
leur voisin, offre un homme ailé, à tête de lion, aussi avec un livre ouvert 
devant lui. 

Nous ne décrirons pas ici le bas-relief qui orne le tympan de cette porte. 
On y voit le Christ imberbe, selon l'antique usage de l'Église jusque vers 
le dixième siècle. Deux statues occupent des niches voisines; l'une repré- 
sente la Vierge Marie dans le style oriental, rappelant d'une manière frap- 
pante la forme que les païens donnaient à Isis. Derrière elle on remarque 
des ailes, comme sur le chapiteau de la Vierge sirèoe. L'autre statue parait 
être saint Ursanne ou saint Wandrille; mais, ainsi qu'on l'a déjà remarqué, 
toutes les draperies de ces divers personnages des chapiteaux, du tympan, 
des niches, sont à petits plis formant des méandres à leur bord inférieur, 
selon l'usage du neuvième au onzième siècle. 

Le portail tout entier était rehaussé de peintures dont il reste encore 
quelques traces, qui vont bientôt disparaître sous l'affreux badigeon dont 
on défigure successivement toutes les sculptures de ce beau monument. 

On a été plus avare d'ornementation pour'les chapiteaux des colonnes 
de l'intérieur de l'église; cependant chacun d'eux offre un dessin différent, 
mais ce ne sont plus des chapiteaux historiés comme pour la porte du sud, 

La pierre employée pour tous ces travaux de sculpture se prenait dans 
la montagne voisine. Elle appartient i l'étage corallien , ou au calcaire 
blanc à nérinées. 

Les Romains connaissaient déjà ces carrières dans le Jura; ils ont beau- 
coup usagé en belles pierres blanches d'une taille facile et d'un bel effet. 



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— 6i — 

Au moyen âge on les employait encore, et même souvent on cherchait à 
imiter les modèles romains, comme nous l'avons constaté à l'antique basi- 
lique de MoutJer Grandval, construite à la fin du septième siècle. 
Bellerive, le 31 mai 1868*. 

1. Voir te procès-terbal de la sésDCe du 15 Juin 1868. 

A. QtJIQUEBBZ. 



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LA 

SEIGNEURIE DE HOHENGEROLDSECK 

ET 

SES POSSESSEURS SUCCESSIFS. 

ËTUDE HISTORIQUE ET flÈKÉALOfilQUE. 



Lorsqu'à Dingliogen od quitte la vallée du Rbin pour entrer dans celle 
de la Scbutter, qui y dâboucbe à angle droit, on aperçoit h deux ou trois 
lieues de dislance, au sommet d'une montagne en forme de cône, qui se 
détache fièrement du groupe des collines environnantes et qui les domine 
toutes, les ruines imposantes d'un vieux manoir féodal, qui abrita pen- 
dant des siècles l'une des plus antiques et des plus puissantes familles de 
dynasles du Rhin supérieur. 

Ce château, fondé probablement par un seigneur du nom de Gerold, a 
été appelé Geroldseck ou Hokengeroldseck. A son tour il a donné son nom 
aune lignée decbevaliers,quijouèrenl, comme sires de Hohcngeroldseck, 
un rSle important dans l'histoire de l'Alsace, del'Ortenau et de la Souabe. 
Leurs domaines, en effet, s'étendaient dans les trois provinces, et il fui un 
temps où, bien qu'ayant sur une des cimes de la Forét-Noire leur demeure 
patrimoniale, c'est sur la rive gauche du Rhin, à Strasbourg, à Erstein, 
dans leur château de Schwanau, qu'on les retrouvait le plus souvent. 

Quelle était l'origine des sires de Geroldseck? Si l'on voulait s'en rap- 
porter aux chroniqueurs du seizième siècle, qui cherchaient volontiers 
dans ta Rome des Césars, sinon dans le Cheval de Troie, le berceau des 
races illustres de leur temps, il faudrait admettre, avec Hertzog' et le 
chanoine MATimEU de Pappkhheim, dont Herizog s'approprie le récit, que 
Charlemagne, â.la suite de son couronnement, ramena dltalie un noble 
romain nommé Gerold; que ce seigneur rendit ô l'empereur des services 
assez signalés dans sa lutte contre les Saxons pour mériter d'être fôit duc 

I. Edel*as.Chr<m.,tij. V, p. 110. 



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de Souabe et placé à la (été de l'année chaînée de combattre les Huos ; 
qu'il fut tué dans l'une des premières batailles livrées aux barbares^ et 
laissa deux fils, Bercbtold et Gerold, IP du nom. Le premier lui aurait 
succédé dans le ducbé de Souabe; le second, investi des territoires situés 
entre la Forét-Noire et le Rhin, aurait élevé, dans le site pittoresque où 
nous en voyons encore les murailles ébréchées, le château de Geroldseck 
et serait l'auteur des dynastes de ce nom. Enfin, les Aescendants de Ge- 
rotd, loin de rester groupés sur le territoire attribué à leur ancêtre, se 
seraient répandus plus tard sur les deux rives du Rhin, el auraient succes- 
sivement construit, tant en Suisse que sur le versant oriental des Vosges 
(om Wasichen), tous les châteaux qui y portent le nom de Geroldseck. 

Ce récit ingénieux, qui tendrait, en particulier, à faire des Geroldseck 
am Wasickm el des Hohengeroldseck une seule et même famille, n'a 
qu'un double tort : c'est d'avoir pour point de départ une erreur mani- 
feste, et de ne s'étayer, pour la suite, sur aucun document sérieux. Tout 
d'abord, il est avéré que le Gerold qui s'est distingué à l'époque de 
Cbarlemagne, et qui a péri dans un combat contre les Huns, était, non un 
Romain, mais bien un Souabe, le frère de l'impératrice Ilildcgarde. Quant 
aux liens de filiation qui rattacheraient les sires de Hohengerotdseck à ce 
personnage, Italien ou non, il est impossible de formuler aucune affirmation. 
L'histoire ne commence à faire autbentiquement mention des Geroldseck 
de rOrtenau qu'au treizième siècle, et, quand il s'agit d'un nom aussi 
commun que l'était parmi les Germains celui de Gerold, il faudrait plus que 
cette simple similitude pour asseoir avec quelque solidité une généalogie, 
nonobstant une lacune de quatre siècles. 

La parenté des dynastes du Gross-Geroldseck, près Saveme, avec leurs 
homonymes de la rive droite du Rhin est tout aussi problématique. Les deux 
maisons ont toujours eu des armes complètement différentes : la première 
portait £ argent bilteté d'azur au lion àe gueules brochant; ta seconde , t£or 
à lafasce de gueules; sans doute, il y a des exemples que des branches 
sorties d'un même tronc aient modifié l'écusson primitif de la race, mais ce 
changement n'a presque jamais été que le corollaire d'un changement de 
nom. Dans tous les cas, la simihtude de noms, quand les armes sont autres, 
n'autorise pas à admettre à priori la consanguinité. On pourrait citer toute 
une série de maisons portant le même nom et complètement étrangères les 
unes aux autres; par exemple, les Falkenstein, dont on connaît au moins 
quatre races distinctes; les Schœnberg, dans les pays de langue germa- 
nique, et les Beaamont, enFrance; les nombreuses familles des Schauen- 
bourg, Schaumbourg ou Clermont, lesquelles doivent toutes leur nom 



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— 64 — 

respectir, non à un aultiur commun, mais è un château que sa siluation ou 
quelque particularité topographique a fait désigner de la même manière; 
c'est une thèse qu'il serait oiseux de développer ici plus longuement. 
Hâtons-nous, d'ailleurs, d'ajouter que si parfois des familles relativement 
obscures ont pu trouTcr quelque intérêt à argumenter de la similitude du 
nom pour établir leur parenté avec des homonymes puissants ou illustres, 
cette considéralioa n'est d'aucun poids quant aux Geroldseck; car les deux 
maisons étaient de même rang; elles ont acquis uoe notoriété analogue, 
et l'on peut même remonter plus haut dans la généalogie des Geroldsedc 
alsaciens que dans celle des Geroldseck de l'Orlenau : ils sont nommés 
dans des chartes dès les premières années du dousième siècle, cinquante 
ans environ avant les autres'. 

Malheureusement, si l'on fait abstraction du récit de Ma tthieudePappen- 
HBiH, on en est ré.duit à franchir dans les ténèbres une période de quatre 
siècles : la lumière ne commence à se faire sur les Geroldseck del'Ortenau, 
leur existence et leur filiation ne sont authentiquement établies par des 
chartes ou des inscriptions, qu'à partir de Waltber, sire de Hohengerolds- 
eck, qui épousa Hélica, héritière de Halberg, et mourut en 1377, laissant 
trois Gis et petils-ûls, qui se partagèrent ses domaines. 

À l'époque de ce premier partage, les dynastes de Geroldseck possédaient 
un territoire assez étendu sur les deux versants de la Forêt*Noire et jus- 
qu'en Alsace. Leur propriété la plus importante sur la rive gauche du 
Rhin était la forteresse de Schwanau, située au bord même du fleuve, un 
peu au-dessous deGerstheim; pais ils avaient acquis, & titre d'eng^ement, 
divers biens disséminés dans les seigneuries de Lichtenberg et d'Och- 
senstein. Dans l'Ortenau, ils possédaient les seigneuries de Lahr et de 
Maiberg, c'est-à-dire les deux villes et les châteaux de ce nom, les vil- 
lages de Dinglingen, Hietersbeim, Hugsweier, Wagenstadt, Friesenheim, 
Eippenbeim et Kippenheim-Weiler; Ottenbeim, Tundenheim, Icbenheim et 
Altenbeim, le long du Rhin'; Soulz etleLBngenhard;Kirchenzelle(£urz6Q, 
Heiligenzelle, Oberschopfbeim, Burgheim, Almannsweiler (Almechewilre, 
640), Nonnenweiler (JSunnenwilre, 845) et Wittenweiler. On peut encore 

t. Ctr. ScBCEPFLiH, iltal. iOuitr., Irad. RiTeoex, t. V, p. 029, g 364. — Le premier 
Bohengeroldaeck dont on connaisse avec cerCitade, non pu la flIiatioD, mais l'existence, 
est Conrad, 5S' éTéqae de Strasbourg, élu eu 1179, mort l'aniiÉe siiiTSDle, le Jour de 
SaiDt-Thomas. (Hertzoo, Oiron., Ut. IV, p. 80.) 

2. Le Tfllage de Cehl, même, parait aroir appartenu plai ou moias lon^emps aux 
Qeroldseck (ctr. Rsu-fiscH, Dai Grottherxogthum Baden, p. 730); mais nous ne l'avons 
tiouTé expressément mentionne dans aucune ctiarte de partage. 



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LDSECK 



II. W^LTBn , 

dvaque de Sirasbourg IISO, 



n.Baml,de Veldenx, 

épome Agnèa, 
comtasBe da Veldeni. - 

LIBRE DE HOHBHSEHOLDSECX. 



ni. HavBi I, II. Gbblacb. 

épouse àdditide de Hobepiollei 



T.W*i.Tii««IV, 
t avant 1S5S, 
âpouse Su San ne 



ne de Werdeuberg. 



leJeaudi 



u HohmgtTBldiuk. 



TL G>aaaB (î) *, QanioLFSi et Gdilladhb, 

auleura de la branche de Soulz, 
éteinte ea liGl. 



e d'Ochaensiein. 



TH. GlOBDB*, 

chiDoioe de Strasbourg. 



hétitiète dea-'> — 



comte de Uei 



' ^^boUTg , 



IZ. Jmjia, 

ëpouse ! 
1" N. d'0cli»BQ9tein ; 
|o Anne de Zimmera, 



IX. AdIludb, 

épouse 

VoUnar d'Ocbeenstejn , 



IX. BilTBII, 

épouse Jean -Warner 

de Schwarzanberg, 



.J^. 



jae Aane de Stoffelo. 



lefiuchau. religieuses ou -J' jeu 



XII. ÉLUIBBTB, 

relig:ieuse à Bucbau. 



XII. WlLTHIt VII, 

tué à UoDconlour, 
en ise». 



T.J«».(I), 

comte 

de Meurs et Saarwerden, 

auteur de la branche de 

Mturt-SaanDerdtn , 

f avant 1491 , 

épouse Adélaïde, 

' iritiôreder--^ 

Geroldsec 
{ui»). 



archevêque 
de Cologne, 

éveque 
de Paderboni, 
tl«»(a/.ti50). 



pTÈME PROPOSÉ PAB L'AUTEUR 

L descendance de Hermanh |4° degré). 



TI.J.CDM.d), 

1° Acastasie, Slle d'Emicb VI, 
I de Linange (t«T)i V Cuné- 
> TruchaesB de Waldboui^, 
isse de Sonuaberg. 



I IT. HUHA», 

lëpouseJV., comtesse de Tabiageo. 

' T. WiLTBaani,de rûfringen 

■^ t après iseï, 

^ épouse Anne de Fârslenberg. 



TIII. Jt*>IK, 

héritière de Féoétraugo, 

Diemeringen, etc. , 

épouse Jean VI, 

comte forestier du Rhin 

A Dhaun et Kirbourg. 



héritière d 
. (pour la 

Louis, co . 

(Voj-. 



TI. Gcm>oi.paB et Gdilljiiihb , TL A'. , 

auteurs de la branche de Soulz. épouse Â'., 
^ duc de Teck. 



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TABLEAU GÉNÉALOGIQUE 



MAISON DE HOHENGEROLDSECK. 



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- 65 - 
compter dans l'Orlenan, bien que les chartes de la famille en Tassent sou- 
vent une CBlégorie à part, sous le nom de Landen so gegen Schwahm,\G% 
terres et villages formant la seigneurie de Geroldseck proprement dite : 
Scliiitlerwald, Znnswcilcr, Prinzbach {Brûns^adi, 1370, Brûnnsbach), 
Schœnliei'g {Schimberg, Schymberg, Schamberg), Reichenbach , Seelbach, 
Kubacb, Schuttertbal etBergbaupleo, plus les cbâteaux de Hohengerolds- 
eck et de Daulenslein. Dans la Souabe proprement dite, c'est-à-dire sur 
le versant oriental de la Forët-Noire, les sires de Geroldseck possédaient 
la ville de Soult-sur-le-Neckar, Schenkenzell, Loabourg, et les bourgs 
de Schillach et de Domstelten. Enfin, ils étaient les avoués des couvents 
d'Ettcnheimmûnster et de Scbuttern dans l'Orlcnau. 

Ces divei'ses terres étaient en partie des fiers impériaux , en partie des 
alleux , dont une portion fut plus tard oflerte à la maison d'Autricbe à 
titre de fiefs obtats. 



LES PBEMIEBS DTNASTES DE H0H£NaEB0U>8£CK. 

L'êvêque Walther de Qeroldaeck. 

I. WàLTHEB P, sire de Hohengeroldseck, par lequel commence avec 
quelque certitude la généalogie de la mai«on, épousa, au milieu du treizième 
siècle, rbéritière d'une Camille de dynasies, proches voisins de Geroldseck, 
flélica de Malbkhg, et doubla ses domaines patrimoniaux en jr ajoutant, du 
chef de sa femme, les deux belles et i-iclies seigneuries de Lahr et de 
Malberg, qui s'étendaient depuis les derniers contre-forts de la Foiêl-Noire 
jusqu'au Rhin. C'est là du moins l'origine communément alliibuée à la 
domination des sires de Geroldseck sur Lahr et sur Malberg. Selon d'au- 
tres hisloricns, ces territoires auraient appartenu comme fiels de Bamberg 
aux ducs de Zœbringen jusqu'à leur exlincU'on. Les Uobenslaufen s'en 
seraient alors, plus ou moins ré[{ulièi'enieiit, emparés (1318), en auraient 
été momentanément dépouillés, à leur tour, par l'évèque de Strasbourg 
(1250) et' auraient fini par les vendre à la maison de Geroldseck, d'où 
l'animosilé nourrie contre cette maison par les comtes d'Urach et de Fri- 
bourg, bérilicrs et ayants droit des ducs de Zœbnngen'. Quoi qu'il en soit 
de celte question spéciale, le mariage d'Hélica de Malberg avec Wullber 
est élabU par une série de documents'; elle donna à sou époux trois (ils : 

1. Yoj. HsDNiBCU, J>(u CraiihersogBium Baden, p. 684. 

S. Cfr. ScHtEPFLiH, But. Zaringo-Bad., t. ï, p. 221. — Les armea iccoléea deB deux 
(poux Ogoroleut eucore, au siècle dernier, dans l'église paroiasiale de Lalir telles qn'eltea 

II* 8iuB. — T. VI. — (M.) 5 



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Walther, qui devint évêque de Strasbourg ea 1360, après la mort de 
Henri de Stahleck; Herhann, et Henri I"', comte de Veidenz, par son 
mariage avec Agnès, héritière de la première maison de ce nom. 

La vie de Walther P ne fut pas exempte de soucis et d'amertume. A 
cette époque de troubles, où la couronne impériale était devenue le jouet 
de quatre ou cinq compétiteurs, tous trop faibles pour la fîser sur leur 
tète, les dynastes et les villes étaient constamment en querelle, et leur 
histoire se résume en une série de combats meurtriers, de sièges de châ- 
teaux, et de traités de paix ou d'alliance aussitôt violés que conclus, A part 
ses propres démêlés, Walther se trouva encore enveloppé dans ceux, 
' beaucoup plus graves, de son fils, l'évêque, avec la ville de Strasbourg. 

Ce conflit du prélat avec la cité épiscopale tient une place importante 
dans les annales locales; il marque un progrès très- sensible dans la 
voie d'émancipation où s'était engagée la ville, et il n'est pas un histo- 
rien ou-un chroniqueur alsacien qui ne s'y soit plus ou moins longuement 
arrêté'. Depuis. un certain nombre d'années, Strasbourg, à l'exemple de 
beaucoup de cités d'Allemagne, éprouvait des frémissements d'indépen- 
dance; un soufDe d'opposition et d'anVanchissement avait passé sur ses 
vieilles maisons aux hautes toitures pointues, et elle supportait de moins 
en moins docilement le joug de son évéque et des Hasgenossen. Bien loin 
de se sentir contenue par le pouvoir cenU-al, elle trouvait, au contraire, 
fréquemment dans les césars et les anti-césars une complaisance calculée, 
sinon des encouragements à la révolte. Aussi la houi^eoisie, avide de 
pouvoir et d'honneurs, ne se faisait-elle aucun scrupule d'empiéter sur 
les droits séculaires de l'évêque : un jour, elle établissait sans son assenti- 
ment des taxes et même des juridictions municipales; le lendemain elle rap- 
pelait et prenait sous son patronage des citoyens qu'il avait bannis; lesur- 
lendemain , elle s'emparait de terrains vagues qui appartenaient n l'évèché*. 

Walther de Geroldseck, qu'un écrivain a pu comparer sans exagération 
& un taureau se ruant tète baissée dans l'arène et courant sur les lances 

sODt reproduites dans (!. J. Reikhard) Pragmatiiche Geichichle de* Bmiie* Geroldseck, 
Francfort et Leipsick, I76G, ln-i°, p. St. Aujourd'hui que cette église a Été reconstruite, 
et bien qu'on paraisse aTolr conaerrÈ arec soin les pierres sculplèes qui se IrouTalent dans 
l'snciun sanctuaire, pour peu que les sujets eu fussent restas visibles, it ne noua a plua 
blé possible de retrouTer ce blaeoD gCmioè, ni dans l'ôglise, ni dans le cimetière, où l'on 
a rangé le lotig des mors un grand nombre de dalles funéraires des sîËcles prècèdenla. 

I. Vo]'. Burtonl les chrODîqnes de GoDantoi D'EnsumcEN, de Clogbxeh, de Kcenigs- 
BOraN, de RiCHsn ns Sbkonëb, de Heiitzoo, etc. , et en outre une sOTSute monographie 
de H. ROTH DE ScHRECKlniBiGlN, Berr Walther von Geroldaeck, Sischo/ eon Slrattàui-g 
(ISEI-l!G3);TUbingen, 1857, iu-S°. 

%. Exposé des griefs de l'évëqne en date du tjuin I!61. (SanxpsLm, Alt. dipl.,1, 433.) 



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— 67 - 

les yeux fermés', WaHher, qui, dans loua les cas, savait tenir l'épée d'une 
main aussi Terme que la crosse, n'était pas homme à supporter palieounent 
ces atteintes réitérées à ses droits de prince de l'Église et de l'Empire. 
D'un caraclèi'e à la fois allier et irascible, il entendait être obéi comme 
l'avaient été avant lui les Ërcharabauld et les Berthold de Teck, et ne 
condescendait guère à défendre son autorité pied à pied, au prix de 
transactions plus ou moins humiliantes. 

Entre des adversaires animés de semblables sentiment'!, une nipture 
était immanquable; le prétexte ne s'en fitpas attendre long^temps. 

Peu après son installation, Walther réclama t'aide des milices atrasbOur- 
geoises en faveur des deux sires de Lichlenberg contre son collègue, 
l'évéque de Metz. A sa grande surprise, les tribus refusèrent uetlemeiit de 
s'armer pour un semblable objet, et, sur les remontrances que leur valut 
de ta part du prélat leur insoumission croissante, se laiseérent même en- 
traîner, après la Pentecàte de l'année 1261 , à envahir et à raser son petit 
cbâieaii de Haldenboui^, près de Niederhausbergen. C'en était trop : aussi- 
tôt l'évéque enjoignit à tous les membres du clergé de sortir de la ville, 
puis il lança contre elle l'interdit. L%s bourgeois, loin de se courber sous 
les foudres ecclésiastiques, firent venir pour les besoins journaliers du culte 
troisprètres étrangers et l'épondirent à l'anatlième en saccageant les maisons 
des dignitaires de l'évéché. A cette nouvelle, Wallhcr, accompagné de son 
ami, Berchtold de Falkenstein, abbé deSaint-Gall, de l'arcbevéque de Trêves, 
du sire de Lichtenberg, du sire de Hunebourg, maréchal de l'évéché, et du 
comte Rodolphe de Habsbourg, landgrave de la Haute-Alsace, s'avança de 
Molsheim jusque sous les murs de la ville, avec une petite armée, et campa 
entre Lingolsheim et KœnîgsholTen. Toutefois, après une première escar- 
mouche, il fut convenu que tes hostilités resteraient suspendues jusqu'a- 
près la moisson. Ce délai devait être fatal à l'évéque. Les Strasbourgeois, 
qui comptaient déjà dans leurs langs Henri de Nuwemburg, prévôt de la 
calhédnile de Bâle, Conrad, comte de Fribourg, GeofTroi, comte de Habs- 
bourg, les sires Othon et Bourcard d'Ochsenstein, Wallher de Girbaden, 
etc., et à qui un traité du 6 novembre 13ti1' allait assurer aussi l'alliance 
de la puissante cité de Bâie, eurent l'habileté de détacher du parti de 
leur adversaire le landgi-ave Rodolphe de Habsbourg. Rodolphe accepta 
même, à la fln de septembre, ta capitainerie des troupes municipales, et 
fit dans la ville une entrée triomphale. 

I. Letrault, Eiiai tur Cancienne monitaie de Slra*bourç, p. !79. 

3. Ii'origiDBl se IniuTe aiii Arcliires de ta vilte de Slrasbojrg, V. D. G., lad. lit*, sans 
numéro; la pièce est reproduite dans Wehckeh, Apparat. Àrchiv,, p. 170. Voy. aussi, 
dans les mêmes Archives, lad. III*, 4 el 6, ettasc. 33; et Scuœpflin, Ab.dipl.,!, 432. 



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- 68 - 

La guerre reprit bientôt avec une nouvelle ardeur. Selon J'usage bar- 
bare du temps, les Strasboui^eois portèrent le fer et le feu dans tous les 
villages de l'évéque et de ses adhérents, sur les leiTes des Lichtenberg et 
des Hohengeroldseck, tandis que les soldats épiscopaux se vengeaient sur 
les domaines de Strasbourg et de ses alliés. Au commencemeol de l'année 
1363, toute la vallée du Rhin était le théâtre d'un vaste pillage. 

Hais l'heure du dénouement ne devait pas larder à sonner. Un corps de 
milices strasbourgeoises s'étaat avancé le 8 mars 1362 vers Hundoisbeim, 
sous la conduite de Raimbaut Liebenzeller, l'évéquc sortit précipiiammenl 
de Dachstein & sa rencontre, avec une brillante troupe de 300 cavaliers'; 
et dédaignant d'attendre son infanterie, il aborda ses ennemis près de Uaus- 
bergen, bien que Nicolas Zorn vint de leur amener de la ville un renfort 
considérable. Tout le monde connaît l'issue de la bataille. Les épiscopaux, en- 
veloppés par les braves soldats des tribus, promptement démontés par eux , 
incapables, sous leurs pesantes armures, de combattre à pied , furent culbu- 
tés et (aillés en pièces. Le frère du prélat, llermann de Gerotdseck*, préfet 
d'Alsace, resta sur le champ de bataille, avec la fleur des Husgmossen; on 
prétend que soiiante-dix chevaliers y gisaient près de lui , dépouillésde leurs 
armures. Soixante-seize autres, parmi les plus nobles, le landgrave Sige- 
bert de Werde, trois Landspci^, Walther de Ilunebourg, deux d'AndIau, 
furent emmenés prisonniers à Strasbourg; vivant» trophées d'une victoire 
d'autant plus brillante qu'elle n'avait coûté A la ville qu'un seul homme. 

Quant au téméraire évéque, dont la fougue présomptueuse avait causé 
ce désastre, il parvint è s'échapper de Hausbergen et alla méditer sa re- 
vanche dans son château de Dachstein. 

Cependant une première trêve fut conclue entre les belligéi'ants au 
lendemain de la bataille, pour valoir du vendredi de la mi-caréme (17 mars 
1363) jusqu'à quinze jours après Pâques (33 avril), et Wallher dut consentir 
à suspendre, pour cette période de fêles solennelles, l'interdit qui pesait 
sur la ville*. Cette trêve, prolongée le 19 avril jusqu'au 6 mai, fut renou- 
velée à l'époque des moissons, d'abord du 13 juillet au 8 septembre, puis 
du 8 septembre à la Saint-Michel*. Mais l'animosilé des deux partis était 
encore telle, malgré ces suspensions d'armes successives, que la ville de 
Strasbourg jugea prudent, au commencement de l'année 1363 (14 février), 
1. BoTH DE ScHaECKE-tsTEiN, ouïr. cilé, p. 53. — HKHTztM prëtend que l'érêque avait 
3,000 caTsUers, ce qui est peu vraisemblable. {Chron. , liv. IV, p. 86.) 

3. Il ne fut défini liTsmeot levé que deux ans après par ordre du pape. V07. la lettre de 
■oa cbapelaiD, Buûu, i l'ÉTËque Henri, aux Arcbites de Strasbourg, V. D. G., lad. III*, 9. 
3, L'original de ces actes est aux mêmes Archives , lad. \\\\ 10; 111*, S et 3. C'est an 
premier qu'est appendu le sceau de Walther I", qiie nous reproduisons. 



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de conclure un traite d'alliance avec Mubtîg, Wege, Hermolsheim et Mois- 
helm'. Heureusemenl celle précaution devait se trouver inutile ; < Au mo- 
iment, dit Hertzog*, où t'incendie allait se rallumer avec une nouvelle 
€ furie, Dieu le Toul-Puissant, pour couper courl à la guerre et arrêter 
< l'effusion du sang, envoya ce remède , à savoir que l'évéque tomba ma- 
f lade et mourut la veille des ides de février (13 février 1363). Dieu veuille 
€ pardonner 6 lui et aux autres leurs fautes ! i 

Waliher I", son père, avait pris, de même que ses autres fils, une pari 
active et directe  la querelle el il figure à côté de lui dans le préambule 
de toutes tes chartes relatives à cette époque agitée. Uais, dès que le prin- 
cipal intéressé eut disparu de la scène, il se hSIa de mettre un terme à 
une lutle désormais sans objet el dont ses propres domaines avaient cruel- 
lement souffert. Il signa, le jour de la Sainle-Odile (13 décembre), avec 



SeeaLti de Walth«r !•', aire i» Hobsng'erDlilsBak. 

la ville et ses alliés, une trêve de six mois, qui fut convertie, deux 
ans après, en un traité de paix définitif {Cappelle an dent Bine, an dem 
freytage vor Sanle Jacohistage MCCLXVI)*. 

Il mourut en 1377 et fut enseveli dans l'église de Lahr, à laquelle il 
avait fait, durant sa vie, d'abondantes largesses. 

La femille de Geroldseck se composait, ô ce moment, de Henri, dit de 
Veldenz, fils cadet de Waliher 1", et des trois ûls de Hermann, le préfet 

1. Mêmes BTclilTes, lad. 111\ \i et 15. 

2. Ckro»., liv. V, p. lia. — D'iprëB H. Roth ue Schbbckbhbtbih, l'évËque serait mort 
le 21 aeDiemenI (p. 73), 

3. iichlveidelt TllledeStriibourg, Y. p. 0.,tfd.m', 8, et laà. IV, 8. 



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— 70 — 

d'Alsace tué ii Hausbergen : Henri, Walther 11 et Hbrhamt. C'est entra 
ces deui lignes que Tut partagée la succession ouverte en 1277. Les (ils de 
Hermann reçurent Landeck avec ses dépendances, Walbeit^, la ferme du 
Langhard, Soulz, Malberg, Lahr, Merbourg avec ses dépendances, et tout 
le territoire depuis Bischorsmùtilen jusqu'au Rbin, è l'exceplion de la moitié 
d'Ottenheioi; enfin tous tes biens situés en Alsace, è l'exception du château 
de Schwanau, qui resta indivis. 

Henri de Veldenz eut dans son lot la seigneurie de Hobengeroldseck 
proprement dite; l'avouerie d'Ettenheimniûnster, non compris Walberg; 
Zunswiller, Bergbaupten, et en général tous les biens du côté de la Souabe 
(was kin gegen Sehwaben lit undl daa Guett tue Schwabenn aUeaampt), la 
moitié d'Ouenbeim et la copropriété, par indivis, du château de Schwanau 
et de ses dépendances*. 

La première desdeux lignesestconnue sous le nom àe Geroldseck-Lahr; 
la seconde sous celui de G&-oldsedc-Hohenfferoldseck*. 

IL 

LIGNE DE LAHR. 
Partage d^ >ei domaineB entre lea m&iBons de Bade et de NftSBaa. 

11,111. Des trois fils du prérel d'Alsace Hermann, le cadet, de même nom, 
ne prit aucune part eiïeclive au partage des domaines de son grand-père. 
Les deux autres, mariés tons deux, régularisàrenl bientôt après, par de 
nouveaux actes, leurs droits respectifs sur les diverses localités qui leur 
avaient été attribuées. Hais ces actes resiérent sans effet; car l'alné, Henri , 
qui avait épousé la comtesse Adélaïde de Houenzollern, mourut en 1302 
sans laisser de postérité, de sorte que Walther II se trouva, sauf le 
douaire de sa belle-sœur, seul maître de toutes les possessions de sa ligne. 
Il était revêtu des rendions de préfet impérial dans l'Ortenau depuis 1310. 

Sa femme, Susanne de Werde, lui donna deux fils : Walther III, qui 
continua ta famille, et Herhann, lejeuiie, cbanoine de Strasbourg. 

t. Pragm. GetcMekte 4tt Bavtes Geroldteet, pièce JoBlIf. d* v, II* partie, p. 37. 

2. Les diverses iignei de la maison de Gcroldseck coaservèrent, lanB les modifier, les 
anncB primilives de la famille : d'or à la Jatee dt giifulei. Elles se dislinguéreul seule- 
ment par lea cimiers. Cein! de la maison tout entière conslalalt en un bonnet pointu de 
guenles surmonté d'uQe aigrette de plumes de paon. La ligne de Lahr adopta une femme 
issante du casque. Têtue de gueules et afant, au lieu de bras, deux cornes de bufQe 
d'or chargAea d'une bsce de gueules. La brancbe de SauU, issue de la ligne de Eohen- 
f«ro'(f*«al, BurmonU soD beanroe d'un toI fermé, aux couleurs de l'ëcD. (Voy. Pragm. 
£«adk.,froDliflpiee, et II* partie, p. tl et t3:HERTZ0G, Sdeli.Chron.Jir.'V.j,. lOSel ItS.f 



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— 71 — 

IV. Walther lit succéda dès 1319, avec l'agréroenl de l'empereur' 
Henri VII, aux fiefs impériaux donl son père, Walther II, était investi, 
c'est-à-dire i la seigneurie de Halberg. On ne sait pas au juste quelles' 
fonctions il reoi|dit auprès de Henri VH; mais la charte d'investiture men- 
tionne parmi les titres du jeune seigneur à la faveur impériale, les services 
qu'il avait déjà rendus et qu'il rendait encore présentement en Italie, à 
l'empire et à son chef. De son mariage avec Elisabeth de Lichtemberg, na- 
quirent six en^ts, trois fils et trois filles'. Les filles, Susahhe, Ëlisabetu 
et Adélaïde, épousèrent, la première, Frédéric, sire d'UsBNBERC, les deux 
autres, deux cousins germains, Jean IV et Henri III, 'sires de Ribsau- 
PiBRRB. Des trois fils, l'un, Herhanh, parait être mort en bas âge. Le 
deuxième, Jean, n'a pas laissé de traces dans l'htsloire. Il est vraisem- 
blablement le père d'une dame de Geroldseck , nommée Sophie , qui 
épousa on comte de Werdenberg, et qui figure dans une transaction 
au sujet du château de Merbourg et des villages de Witlenweiler, Non- 
nenweiler et Almansweiler, qu'elle parait avoir hérités de son père. 

V. Le troisième des fils de Walther III, Walther IV, continua seul la 
(Emilie de Geroldseck, se maria avec une parente de deux de ses beaux- 
fràres, Susanne de Ribeaupierre*, et en eut, outre une fille, Susahne, qui 
épousa Walther von der Dicke, deux fils : Walther V et Henri II; il pa- 
raît être mort lui-même à un âge peu avancé, en 1355. 

VI. Walther V, son fils aîné, le suivit d'assez près dans la tombe 
(1367), laissant une fille, Elsa, mariée à Ëppe.de Hadstatt. Cette fille, 
par un acte, de l'année même de la mort de son père, céda à son oncle, 
Henri II, en échange du village de Schmieheim, tous les droits qu'elle pos- 
sédait Sur Frïesenheim, Oberschopllteim, Obei'weiler et Heiligenzelle. 

Ce Uenri de Geroldseck avait commencé par entrer dans les ordres. En 
1349, il était curé de Oinglingen, et, peu d'années plus tard, son père 

1. Les nome de la femme et des entaatii de Walther III AgureDl dans nn acte An mois 
de Juillet 131 1 , par lequel Walllier 11 et son épouse cèdent à leurs six petlts-enfntB, 
propter lineeriim et tpeciale» diUetionU nfeeiuMj leurs droits sur la ville et le chAlesu 
ileLabrtPro^m.Ci^wA., II* partie, n°si,p. i9). Nous menllonnons ce tait, parce que celle 
Ëllgabetb de Lichlenberg ne Ogure pas dans le tableau gf néslogique que Egikepplin donne 
de la famille de Llchteoberg dam son Altut.Uluttr., 1,11,^.613; elle était Traisembls' 
blemeni une Olle soit de Henri n <t 1360], lolt de son frËre, Louis II it^en 1260) «1 
d'ilisabelb de Bade. 

2. Le bit est également attesté par pluslenrs docninenls authentiques des aouées 1 319, 
1350 et 1351 {Pragnt. Gtteh., I" partie, p. 91), bien que Schœpplin omette celte Susaone 
de Bibeaupterie dans ses talrieaax généalogiquea {hUat. iUu^., t. II, P- SIS). 



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— 72 — 

l'avait associé en celte qualité A l'administration de ses domaines. Mais 
quand Wallher V se trouva n'avoir d'autre postérité que sa fille Eisa, 
Henri se fit relever de ses vœux, épousa Adélaïde de Lichtenbbrg, fille 
de Henri IV, l'alné, et d'Elisabeth de Geroldseck am Waaichen (Schœpplin), 
et sauva, pour quelque temps encore, sa famille de l'extinction prématurée 
dont elle était menacée. Il parait, nu reste , s'être peu souvenu, dans la 
suite de sa carrière, de sa première et pacifique vocation; cor il est sou- 
vent mentionné dans les chartes contemporaines , et c'est presque toujours 
à propos de querelles ou d'expéditions guerrières. On le trouve, tout d'a- 
bord, en 136â, allié à son parent, l'évéque de Strasbooi^, Jean de Licfa- 
tenberff , i l'évéque de BAIe, aux principales villes et aux djrnastes des bords 
du Rhin, pour lâcher de préserver l'Alsace de l'invasion des handes 
anglaises enrôlées dans l'intérieur de la France, par Engiien-and de Coucy, 
petit-fils, par sa mère, du duc Léopold d'Autriche, dans le but, hautement 
avoué, de reconquérir son héritage maternel, c'est-à-dire de nombreuses 
terres allodiales dans le Brisgau, l'Argovie et la Haute-Alsace. Cette ligne 
pro ans et fûds n'arrêta pas les aventuriers. Les premières bandes des- 
cendirent dans la vallée du Rhin, en 1365, par la côle de Saverne, sous 
ta conduite d'Amault de Servole, ravagèrent les campagnes jusque sous 
les murs de Strasbourg, et ne se retirèrent qu'au bout de quelques mois, 
par le Haut-Rhin. L'évéque Jean de Lichtenberg mourut de douleur, au 
mois de novembre 1S65. 

Quelques années plus lard, Henri de Geroldseck-Lahr est mâle soit 
comme auxiliaire, soit comme arbitre, aux affaires du comte Égonde Fri- 
bonrg. En 1368, il signe, en qualité de témoin, la charte par laquelle ce 
dynaste vend A la ville de Fribourg son immédialeté. En 1376, il lui 
délivre une reconnaissance è propos d'une acquisition faite par Henri et 
son fils Watther, et dont Ëgon s'était porté caution. 

Trois ans après, il reçoit de Wenceslas l'investiture des fiefe impériaux 
de Halberg, Kippenbeim et du Rictgang, avec leurs dépendances. 

Enfin, sur la fin de ses jours, il est en querelle avec ses voisins, les 
sires de Hornberg, cerne, avec l'aide des milices sirasbourgeotses, la 
petite ville de même nom, et la réduit en cendres (1383). Ce n'était au 
reste qu'un incident de la lulte cruelle qui, de 1380 à 1390, désola la vallée 
du Rhin sur presque tons les points, entre les villes et quelques dynastes 
d'une part, la noblesse de l'autre, et qui joncha de raines cette belle et 
malheureuse contrée, 

Henri II mourut en 1394, laissant sa succession au seul survivant de 
ses trois fils, Hbmai, UI" du nom. Des deux autres, l'un, appelé craime 



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sou père et son frère, avait été moine; l'autre, Walther, était mort, 
probablement à la liataille de Sempach (13S6), sans laisser de postérité. 

VU L'histoire a conservé peu de données sur le Jeune dynaste qui devait 
être le dernier représenlant mâle de la ligne de Lahr. On sait seulement 
que, du vivant même de son père, en 1387, il Tut compromis dans une 
querelle avec la maison d'Autriche et renfermé pendant quelque temps 
dans le donjon de Bohengeroldseck, sous la garde de son agual, Walther, 
seigneur du lieu. Puis on possède les lettres d'investiture qui lui Turent 
déhvrées, d'abord, en 1401, par le comte palatin Louis, vicaire de l'Em- 
pire, ensuite, en 1414, par l'empereur Sigismond pour les Ocfs impériaux 
dont jouissait sa Tamille, c'est-à-dire, aux termes des lettres mêmes de 
iMi: Malberg, te château et la ville, avec toutes leurs dépendances et le 
droit de chasse; )e village de Kippenheim avec ses dépendances; le Riet 
avec ses dépendances; les villages de Witlenwiller, Almenschwiller, Non- 
nenwiller, Ichenlieim, Kùrzel, Thuadcnheim et Altheim, avec toutes leurs 
usances et dépendances. Ce document, dont nous respectons l'orlhographe 
géographique, avait pour le sire de Geroldseck une importance d'aulant 
plus grande qu'il lui concédait la faveur de transmettre cesTieTs à sesOlles, 
eu cas de décès sans posiérité mâle. Or, Henri 111 n'avait point eu de 
fils de son mariage avec Ursule, comlesse d'EBEHSTElA, et son héritage 
devait passer à ses deux filles, Adélaïde et Ursule. Mais la cadette, 
mariée en 14S3 â Rodolphe de Raustein, seigneur de Gîlgenberg, ayant 
renoncé, la même année, moyennant une équitable indemnité, à tous ses 
droits éventuels sur la successioq de ses parents, la fille ainée, Adélaïde, 
épouse du comte Jean de Meurs et Saarwerden, se trouva seule appelée, 
à la mort de Henri 111 (1426), à recueillir les domaines de la maison de 
Geroldseck-Lalir. Des arrangemenls de famille avaient d'ailleurs préparé de 
longue main celte transmission. Dès 1419, au moment de son mariage, il 
avait été décidé que la comtesse Adélaïde succéderait è sou père, el Henri 
avait aossilâl associé son gendre à l'administration de sa seigneurie. 

Après Teitinciion delà ligne de Geroldseck-Lahr, le comte de Meurs 
entra elTectivenienl, avec l'agrément de l'empereur Sigismond, en jouis- 
sance des domaines échus à sa femme'. 

I. Lé malBOD de Henn, dont le comtË patrtmooial était enctavé dam la partie septen- 
trionale de t'électorat de Cologne, non loin de Daiatwurg, s'était rapprochée de l'Alatce 
depuis noe TJDgtniae d'années par suite du mariage de snn chef, Frédéric I» {(376), 
aToo Walpurge, «sur et héritière de Benrl, dernier conte de gaarvierden (f 1397). Frè* 
dérlc I", qui devint plus tard le tntenr et te beaD-përe de iacqaet, dernlor rire de Llch- 



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- 74 — 

Toutefois, ce ne fut pas sans contestations de la part de quelques-ans 
des agnats de la maison de Geroldseck. Le cbef de cette roaison , Wattber V. 
deux de ses fils cadets, George et iean , el leurs cousins de la branche de 
Soullz, n'élevèrent aucune réclamation; mais il n'en fut pas de même 
des deux fils atnés de Walther V, de Henri et surtout de Thibaut 1", qui 
venait d'épouser la veuve du dernier sire de Labr et fondait, sans doute, 
sur celte circonstance ses prétentions à l'hérilage complet du délunt; de 
sorte qu'on eut le singulier'spectacte d'une ligue formée entre le comte de 
Ueurs, le sire de Hohengeroldseck et une série d'autres seigneurs du voi- 
sinage, pour contraindre deux des propres fils de ce dynaste à se désister 
de leurs exigences. On ne s'en tint pas à des pourparlers. Les deux partis 
prirent les armes, et la lutte s'engagea, d'autant plus ardente et plus im< 
placable, ce semble, que les adversaires étaient unis par des liens de pa- 
renté plus étroits; ce n'est qu'en 1434 que la défaite des Geroldseck, con- 
sacrée par un traité solennel, mit fin aux hostilités. 

Les droits de la maison de Meurs étaient irrévocablement reconnus; 
mais la victoire lui avait coûté si cher que les comtes Jacques (I) et Jean (TI)> 
qui,sur les entrefaites, avaient succédé à Jean (I), leur père, durent se ré- 
soudre, pour payer leurs dettes, à engager à Jacques, margrave de Bade, 
une moitié indivise des seigneuries de Labr et de Hatberg, pour sûreté 
d'un prêt de 30,000 florins du Rhin (1443). Le contrat, tout en leur 
réservant la faculté de se libérer aussitôt qu'ils en auraient les moyens, 
stipula, en faveur du margrave, un droit de préférence pour le cas où ils 
se décideraient, au contraire, & aliéner définitivement les biens engagés, 
éventualité qui se réalisa moins d'un demi-siècle après. En 1446, l'em- 
pereur Frédéric lil sanctionna le marebé en sa qualité de seigneur direct 
d'une partie du territoire cédé. 

leaberg, eul plusienn Qla : l'olné, Jean, Épousa Adélaïde de Geroldseck et donna oàig- 
sance i la brancbe qiil, foiesCie des domaines acqnU par la maisoD dans la Lamlns 
allemande, est connue sods le double nom de Meurt et Saanoerdea; c'eat celle dont il 
pBl question dans le texte, danl le nom apparaît k chaque page dana les annales alae- 
clcoDes du quinzième siècle [TOf. Rertzoo, Ht. V, p. 4 et auir.; Lehuann, Banau-IÀch- 
lenberff, t.l"; L. Spach, Banav-Liehlenberg , etc.) el dont M. Thilloy a donné, dans son 
BerbitsheiM [BuU.,\\' série, 1. 11, p. 9â), une généalogie sujelle à csullon. Le second, 
le troisième et le quatrième fils de Frédéric 1" occupèrent lea sièges épiacopaui de 
Cologne et Paderbom et de Hitnsler. Le cinquième, Frédéric 11, conlinua i régner sur le 
comté de Heurs; il est l'aulenr d'une brancbe cadelte, qui ne survécut guère à l'aînée, 
et après l'exttnelion de laquelle Heura et son lerritoirc échurent Bnceeaslrement, par 
mariage aux maisons de Wied el de Neuenar, par testament à Suillaume d'Orange, el par 
héritage, en 1702, aux rois de Prusse, qui lea ont conserTës depuis, i titre de prind- 
p8ntÉ(I707). 
MBinE portail ifor à la/atc« de table. 



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- 75 — 
En 1463, ruiné par sa désastreuse campagne contre l'électeur palatin 
Frédéric le Viciorieux, le margrave de Bade se trouva momentanément è 
court d'argent et, avec l'agrément des divers intéressés, substitua la ville 
de Strasbourg dans la moitié des droits qu'il tenait du traité de iMi. Uaie, 
dès 1480, son sage et illustre successeur, Christophe, avait assez bien ré- 
tabli l'ordre dans ses finances pour pouvoir rembourser à la ville ses 
avances et rentrer, vis-â-vls des comtes de Meuiî, dans la plénitude de 
SCS prérogatives. En i497, il parvint même, ces comtes se trouvant de 
pins en plus obérés, à leur acheter, moyennant un prix principal de 
44,000 florins et le payement 'd'une portion de leurs dettes hypothécaires, 
la pleine propriété de la moitié qu'il n'avait tenue jusqu'alors que comme 



L'empereur, dont on avait successivement recherché et obtenu l'assen- 
timent anx diverses cessions partielles et temporaires, acquiesça égale- 
ment A la vente définitive, et conféra, en 1498, au margrave Christophe , 
l'inveslilure des fiefs impériaux qui y étaient compris. Depuis cette époque, 
la maison de Bade a possédé sans interruption la moitié des deux seigneu- 
ries, ainsi que le démontrent les lettres d'investiture qu'elle obtint à cha- 
que changement de règne, depuis 1521 jusqu'à la chute de l'Empire. Pen- 
dant les deux siècles et demi oi!i celte maison forma deux lignes, Lahr et 
Halberg furent compris dans les possessions des margraves de Bade-Bade. 

L'autre moitié resta entre les mains des comtes de Heurs jusqu'à leur 
extinction, pour passer ensuite, à titre héréditaire, à la maison de Nassau- 
Saai'bruck. Dès le commencement du seizième siècle , il était probable que 
tes comtes de Meurs, alors vivants, emporteraient leur nom dans la tombe. 
De Jacques (I) et de Jean (II) qui avaient souscrit le contrat de 1443, l'un 
était mort sans avoir été marié ; l'autre , il est vrai , avait eu de sa première 
femme, Anastasie, comtesse de Linange, un fils, Nicolas, et de la seconde, 
Cunégonde Truchsess de Waldbourg, comtesse de Sonneberg, deux autres 
fils, nommés des mêmes noms que leur père et leur oncle. Mais l'alné, 
Nicolas, qui mourut jeune, avait été spécialement apportionné dans la 
Lorraine allemande et n'avait d'ailleurs laissé d'autre héritière qu'une fille, 
Jeanne, mariée à un comte forestier du Rhin; le second, Jacques, 11° du nom, 
marié depuis plusieurs années avec Béatrix, comtesse de Haut-Salm, n'en 
avait point encore d'enfants, et, le cadet Jean (II[), marié avec Anne, com- 
tesse de Berg, était, comme son frère aîné, père d'une fille unique, Cathe- 
rine, épouse de Jean-Louis, comte de Nassau-Saarbruck. Aussi Jacques (II), 
qui était le titulaire des fiefs, chereha-t-îl, d'accord avec son frère, à assu- 
rer à l'époux de Catherine la paisible transmission des biens de la famille. 



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— 76 — 

en l'associant officietlement, de son vivant, à l'adiniDistration du comté 
de Saarwerden et de la se)g:neurie de Lahr-Malberg (1514). Le comte de 
Nassau reçut efTectivenient, dés cette même année, une première inves- 
titure de l'empereur Haximilien P. Quatre ans après, à la mort de son 
beau-père Jean (III), de nouvelles lettres impériales lui confirmèrent la 
survivance des ûefs de Meurs , sous la seule condition que le comte Jacques 
moun-ail sans laisser de postérité mâle (6 mai 1518). Un moment, Jean- 
Louis put craindre que cette condition, qui semblait de pure foiine i 
l'époque où elle avait été posée, ne vint anéantir ses espérances : contre 
toute attente, la comtesse de Meurs, quelques mois avant la mort de son 
époux, donna le jour à un ûls (1530). Toutefois Jean-Louis, institué Uileur 
de l'enfant, n'en obtint pas moins en 1531 , au nom de son pupille, une 
investiture qui se Iransfoima peu après en un droit personnel; car le <)cr- 
nier rejeton de la maison de Meurs-Saarwerden périt dans le Mein en 1 537. 
A peine en possession de l'héritage, il setrouva en présence de récla- 
mations analogues è celles qu'au siècle précédent les comtes de Meurs eus- 
mèmes avaient dû écarter les armes à la maîn. Les deux représentants de 
la ligne de llobengeroldscck, Gangolphe 11 et Wallher VI, se mitent en de- 
voir de revendiquer tous les fiefs, sous prétexte que c'claieut des fiefs 
mâles devant rester dans ta maison de Geroldseck tant qu'il y aurait des 
dyuaates de ce nom. Le temps n'était plus oii les vassaux de l'Empire pou- 
vaient impunément se mettre au-dessus des Juridictions régulières et 
trancher leurs différends par le droit du plus fort Au lieu de porter te li- 
tige sur un cbamp de bataille, les sires de Geroldseck saisirent de leurs 
prétentions la Chambre impériale de Spire par un premier mémoire, suivi 
bientflt de volumineuses observations supplémentaires. Cette manière do 
procéder, outre qu'elle était mcips brutale et ne faisait point pâtir de mal- 
heureux villages innocents des querelles de leurs maîtres, avait le grand 
avantage de laisser le temps opérer entre les adversaires son œuvre d'apai- 
sement. La lenteur des tribunaux impériaux était proverbiale, le procès 
(tes Geroldseck contre les Nassau, engagé dés 1533, n'était pas encore défi- 
nitivement jugé tout près d'un siècle après; de sorte qu'en 1625, de guerre 
lasse, les deux parties te terminèrent à l'amiable: les Geroldseck renon- 
cèrent â leurs réclamations moyennant une indemnité de 100,000 {torins, 
qui, plus tard, faute do payement dans le délai voulu, fut portée, d'un 
commun accord, à 130,000 (1634), puis A 130,000 (1653), et finalement 
convertie en faveur des margraves de Bade-Durlach, héritiers des Gerolds- 
eck, en no droit de séquestre sur la seigneurie de Lahr (1658) : ce sé- 
questre ne Alt levé qu'en 1724. 



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— 77 — 

Il convient d'ajouter ici que, dés l'année 1638, l'indivision qui subsis- 
tait depuis deui siècles entre la maison de Bade et celle de Geroldseck- 
Lahr ou ses ayants cause , quant à la propriété des seigneuries de Labr et 
de Malberg, avait pris fin à la requête de Guillaume, margrave de Bade- 
Bade. Un partage, négocié par le comte Herntann-Adolplie de Salm-Reiffer- 
scheid, commissaire de l'empereur, et souscrit par les deux parties intéres- 
sées le 13 octobre 1629, attribua: 

1° A la maison de Bade, la ville et le château de Matbei^, Kippenheim, 
Kippenbeim-Weiler, Wagensladt, Soulz, Langenbardt, Kârzel, Schutler- 
zelle, Ichenheim, Tundenheim, Ottenbeim, Fricsenbeim, Obei'weiler, 
Heiligenzelle et Oberscbopftieim ; 

3" A la maison de Nassau , la ville et le cbâteau de Labr, Burgbeim , 
Dinglingen, Muetersheim, Altenbeim et Hugsweier. 

Mais il fui convenu que le titre et les armoiries afférents à cbacune de 
ces parts resteraient communs aux princes des deux maisons*. 

Cet étal de cboses subsista jusqu'au traité de Lunéville qui, moyennant 
une indemnité à régler ulléricuremenl, enleva la seigneurie de Labr aux 
princes de Nassau et la fit passer entre les mains du margrave de 
Bade <1801). 

III. 

LIGNE DE HOHENGEH0LD8ECK. 
Prétentions des Cronberg et des Leyen. 

II. Heuri, fils cadet de Wallber P, à qui dans le partage de 1277 
étaient écbus ta seigneurie de Ilobengeroldseck et les biens situés en 
Souabe, avait épousé Agnès , comtesse de Veldenz. Selon l'usage du 
temps, il se prévalut de cette circonstance pour prendre, avec ses descen- 
dants, le litre de comte de Vcldenz, moins, d'ailleurs, comme un signe 
honoririqiie que pour se distinguer des autres branches de la Tamille, 
Les cbarles contemporaines le nomment tantôt Henri de Veldenz, tantôt 
comte Henri, sire de Veldenz et de Geroldseck, tantôt simplement comte de 
Veldenz. 

Henri parait avoir eu six ou sept enfants; touterois on ne peut prouver 
d'une manière authentique la filiation que d'un seul de ses fils, Waltuer II, 
qui lui succéda. 

1. Tous les actes que nous mcDllonnoDS ssds antre indicalroD <lo source Eout traos- 
erils dans la Pragm. Geteh. de* Battiet Geroldteel, II* partie [UrMaiden), 



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— 78 - 

III, IV. Ce Walther, marié à uoe fille du comte Simon II de Spohhedi, 
Mené ou Imagina, son Hls HERHAMt , marié à une comtesse de Tubihgen , 
sont a peine connus; même la Chronique manuscrite de Matthieu de Pap- 
PEHHEiH, qu'en général les problèmes généalogiques n'embarrassent guère , 
est obligée de reconnallre que, pour toute cette période, on en est réduit 
à des conjectures, non-seulement sur les faits et gestes de nos djnasles , 
mais même sur leur filiation. C'est aus^ sur de simples inductions qu'on 
s'appuie pour attribuer à Wallber U un second ûls , George , qui est l'au- 
teur de la seconde maison de Veldenz; tout ce que des cliarles de 1â27 
permettent d'affirmer, c'est que le George dont est issue cette maison 
était un Geroldseck qui avait pour neveu nu sire de Geroldseck nommé 
Wallber'. Or, il est assez probable que Hermann, frère de George, est 
elTeclivement le père du chevalier Waltber UJ, dit de Tûbiiigeit; qui 
joua un moment, dansie premier tiers du quatorzième siècle, un rôle assez 
important en Alsace." 

V. Walther III résidait habituellement dans son château de Schwanau 
au milieu des marécages du Rliin, et y menait, dans toute la force du terme, 
la vie de chevalier bandit. Pas un bateau chargé ne descendait de Bàle à 
Strasbourg sans être rançonné ou pillé par le maître de Schwanau, qui, en 
cas de résistance, ne se faisait nul scrupule de jeter tes bateliers dans les 
oubliettes de son repaire. Au printemps de l'année 1333, le landvogt 
autrichien d'Alsace, assisté des principales villes du pays, résolut de mettre 
un terme à ces brigandages. Déjà les Strasboui^eois, sur le conseil de 
leurs alliés, avaient démantelé Erstein, alors engagé aus Geroldseck. La 
ligue se renforça des bourgeois de Zurich, de Berne et de Lucerne, qui, 
tous, étaient également intére.'^sés à rendre quelque sécurité à la navigation 
du Rhin. « Les confédérés, raconte le chroniqueur Alburt de Sthasbouhg*, 
faisant un pont de bateaux, assiégèrent de la manière la plus vigoureuse et 
avec tous les engins qu'ils purent imaginer, le château de Swanowe, dont 

les fortificalions étaient presque inexpugnables Le château ayant été 

emporté et détruit de fond en comble, un chevalier et quarante-neuf sol- 

1 . L'une de ces cfaarlea est une collalioii de flef faite par l'oocle et le neveu au piuQt 
de Henri Hnlwer. (Pragm. Gctclt., 11' partie, n° xiv, p. 55.) I/aulre, plus importante, est 
relative à Is donation qu'ils Drcnt, au couTeul deFranciscaJDadeWitlicbcn, de la paraisse 
de Rosbcrg, aUn d't^tre, en (change, reconnus pour ses avoues. Quatre ans aprëa, Wallber 
sjoQta à celle première libéralité le don de la paroisse de Sdienkcmell. Les Geroldseck 
paraisBeot avoir conservé l'avoiierie de WiUiclien, depuis cette époque reculée jusqu'à 
leur exliriclion; Mi y eurent poar successeurs les comtes de FUrstenberg. tHEumecH, 
Dot Grotihertoglhum Baden, p. 740.) 

2. Vita Berlholdi episc. irffent., p. 171. 



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— 79 ^ 

dats qui le (térendaieiit eurent la tête iraiichée. Les maltres-charpentiers et 
les ouvriers que l'on y trouva furent attachés aux catapultes el lancés 
comme des pierres contre le château.* Le siège dura cinq seniaiucs et 
demie, les assiégeants réduisirent la place le jour même des calendes de 
juin. Après sa destruclton, Schwanau fui occupé par les Mara d'Eckwers- 
heim, puis par les Bock, comme fief mouvant des sires de Geroldseck. 
Quant au chevalier-pillard qui s'éUiit attiré ce châtiment mérilé, on ne sait 
pas au juste s'il périt sur le billot avec les défenseurs de la forteresse, ou 
s'il parvint à s'échapper. Selon une tradition qui rappelle à s'y méprendre 
celle qui valut son nom au château de Weibertreue, près de Heilbronn, sa 
femme aurait obtenu l'autorisation d'emporter ce qu'elle possédait de plus 
précieux, et aurait sauvé son époux en le chargeant sur ses épaules, Nous 
verrons un peu plus loin ce qui peut faire supposer qu'eflectivement sa 
vie a été épargnée. 

Sa femme, Anne, comtesse de Fûrstehberg, lui 9vail donné cinq fils, 
et une fille qui épousa un duc de Teck. Deux de ces fils reçurent, dans 
l'héritage paternel, le cliâleati et la seigneurie de Geroldseck, Bomberg, 
Scbenkenzell, Losboui'g, elc, et continuèrent la famille de Hokengeroldseck. 
Les trois autres succédèrent à Wallher III dans les seigneuries de Soultz- 
sur-le-Neckar el de Dornsttllen (y compris Schiltach), et donnèrent nais- 
sance à une branche spéciale, dite de Geroldseck-Soullz, qui s'éteignit 
dès le siècle suivant (1483), après avoir successivement engagé ou vendu 
tous ses domaines aux comtes de Wurtemberg'. 

VI. L'alné des deux seigneurs de Hohe}i geroldseck, Hekiii II (f 1402), 
épousa, si nous nous en rapportons à la Chronique de Matthibu de Pap- 
FENHEiu, Anne d'OcHSENSTEiN el en eut une fille, Susamne, qui devint la 
femme de Walther von der Dicke, ainsi qu'un fils, nommé Waltheh. 
L'auteur de l'Histoire pragmatique de la maison de Geroldseck, que nous 
avons déjà souvent citée, suppose que ce fils est le Walther de Geroldseck 
qui fut tué à la bataille de Sempach dans les rangs autrichiens (1386). En 
l'absence de tout document positif, il nous est difficile de contredire ses dé- 
ductions, mais il esta remarquer que, selon Schœpplin', Anne d'Ocbsen- 
slein n'a épousé Henri de Geroldseck qu'en 1381 , de sorte que leur fils 
n'aurait eu que quatre ans à l'époque de cette balaille. On n'a pas d'autres 
données sur ce premier rameau. 

t. STEiKHoreH, W&rUmberg. Ckro»., l II, p. 240, 422, 717; Uèrian, Topog. Saeviœ, 
fX Domstellen, SclillUch, Sulz; Heuniscu, Dai GroiiherxslàKm Bad«>i, p, 741. 
3. Allai. iUuttr., I. Il, p. 622. 



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— 80 — 

L'auteur du second, Walther IV, frère de Henri 11, est moins impar- 
faitemenl connu. Du moins trouve-l-on cité, dans plusieurs chartes du 
milieu du quatorzième siècle, un WalUier von GeroUiecke gênant von Tù- 
wingcii, WaWiei'us dom. de Get-oUiecke diclus de Tiiw'mgen, dont l'auteur 
de YHistoire pragmatique de la maison de Geroldseck, suivi par tous les 
historiographes postérieurs, fait un second fJls de Walther HI (tué, selon 
lui, à Sctiwanau). 

Nous devons avouer que, malgré cette autorité, l'individualité de ce dy- 
naste reste entourée pour nous de quelques nuages et que , nous souvenant 
(le l'iacerlitude qui plane sur le fait de la mort du maître de Schwanau au 
milieu de ses soudards, nous nous sommes demandé si Watihcr III et Wal- 
ther IV oe seraient peut-être pas un seul el même personnage. D'abord, Wal- 
tJicr 111, d'après les usages du temps, pouvail , et devait même, prendre le 
nom de sa mère, qui était une comtesse do Tûbingen; on s'explique moins 
aisément que ce suriKm ait passé au second de ses ûls plutôt qu'aux quatre 
autres, qui ne le portent jamais. Ensuite, ce Walther de Tûbingen est 
ordinairement nommé avec deux fils, Henri etGeorge; sans contester que 
les mômes prénoms aient pu se rencontrer à deux générations successives, 
n'est-il pas remarquable que Waltber III et Walther IV aient eu, tous deux, 
des fils de ces noms, et surtout que les deux Henri, l'oncle et le neveu, aient 
épousé ctiacun une Anne d'Ochsenslein, alors cependant que les généalogies 
de cette famille alsacienne ne mentionnent qu'une seule dame de ce nom, 
celle dont nous avons parlé plus haut? Enfin, l'histoire même de WallherlV 
fournit des arguments qui nous semblent bien puissants; ainsi, la première 
pièce où il soit nommé, en 1334, l'année après la prise de la forteresse de 
Schwaoau, est un traité de paix et d'amitié (SunebrieD conclu, <à propos 
deSchwanau et de Schutlern», entre l'évéque de Strasbourg Bcchtold de 
Bucheck et les divers membres aloi's existants de la maison de Geroldseck. 
Or, autant qu'il est permis d'en juger à cinq siècles d'intervall}!, Wallher 111 
devait être en lâââun homme de 30 à 35 ans; si donc il avait péri lors du 
massacre de la garnison et que son adversaire eût traiLé avec un enfant en 
bas âge, on ne comprendrait pas que la filiation de cet enfant, ses liens 
avec l'une des principales parties en cause ne fussent pas indii|ués par le 
moindre mot dans la lettre de réconcilîalion, el qu'au contraire Walther de 
Tûbingen fût nommé en tète des membres de sa branche, c'est-à-dire à la 
place réservée d'habitude à l'atné, au chef de la famille. Si nous ajoutons 
que l'on ignore complètement le nom de la femme de Walther IV, on nous 
accordera que de fortes présomptions se réunissent en faveur du système 
qui ferait de ce prétendu fils de Wallher 111 le vaincu de Schwanau lui-même. 



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— 81 - 
Quoi qu'il en soit de ce point, que la fréquence des mêmes prénoms 
dans la Famille de Geroldseck rend bien difScile à élucider, Wallher III 
ou IV ref^ut, en 1350, du même évéque de Strasboui^, Becbtold de 
Buctieck, l'avouerie du couvent d'Ettenheimmûnster et le château de Ru- 
wemberg (Nuwemberg, Schcepplik, Als. ill., t. Il, p. 167). Dix ans après , 
il figure dans un contrat passé entre les Geroldseck et l'abbé Lambert de 
Gengenbach; en 136â, il se concerte avec l'évêque Jean de Licbtenberg 
pour repousser les bandes anglaises d'Enguerrand de Coucy; c'est la der- 
nière fois que l'on rencontre son nom. 

VII. De ses deux fils, Henri et George, le premier se confondrait avec 
le personnage dont nous avons déjà parlé plus haut et qui, marié avec 
Anne d'OcnsENSTEin, en eut un fils nommé Waltjier; seulement, dans 
celte hypothèse, ce Wallher, au heu d'être le chevalier tué à Sempach, 
aurait continué la famille et ne serait mort qu'en 1432; nous devons dire 
que, d'après HCbner {Geneal. TabeUen, 481), le sire de Geroldseck, tué i 
Sempach, appartenait à la ligne de Lahr et non à celle de Hohengerolds- 
eck, dont nous nous occupons dans ce moment. 

Le frère de Henri, George, fut chanoine de Strasboui^, ce qui ne 
contredit pas l'hypothèse d'après laquelle il serait fils de Wallher lU et 
non de Walther IV; car Wallher III avait posilivemenl un fils du nom de 
George, qui n'a pas laissé de poslérilé. Mais alors, au lieu de ranger ce 
George parmi les Gis de Wallher III qui furent apportionnés on Souabe et 
prirent le nom de Geroldseck-Soultz, il faudrait le classer parmi ceux de 
ces fils qui succédèrent aux domaines de leur père dans l'Ortenau. Car 
nous avons sous les yeux une charte de 1370 de laquelle il résulte que 
«les deux frères Georj^e et Henri de Geroldseck dits de Tûbivgent, après 
avoir possédé et administré leurs biens en commun pendant plusieurs 
années, s'entendirent poui' eu faire le partage. Toutefois Henri, probable- 
ment après la mort de son frère, en recouvra la lolalilé: en 1384, l'em- 
pereur Wenceslas l'investit expressément des divers fiefs qui, en 1370, 
formaient le lot de George. 

VIII. Wallher V (ou IV, si l'on fait de Wahher III et de Wallher IV un 
même personnage), Tils de Henri, épousa en 1304 la fille unique de Con- 
rad 111, sire de UcETsaBERG, dernier représentant mâle de ta branche 
aînée de celte maison, et de Jeanne {Jenale) de Blankenberg, lîlisabetb, 
dont il eot cinq fils et deux filles, entre autres: 

1" TaiBiUT F, qui suit. 

3" George , chantre au grand chapitre de Strasbourg. 

Il' SiaiK. — T- VI. — (11.) 6 



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'3° Jean, qui épousa successivemenl A^ d'OcHSENSTSiN et Anne de 

ZlHHEBN. 

4° AittiAÎDE, mariée en 1431 à Volmar, sire d'OcHSEMSTEiN. 

5' BÉATRtx, maiiée en 1425 à Jean-Wernher, sire de Schwartzenberg, 
qui, la même année, lui constitua comme douaire la ville d'Klzacb el ta 
vallée de Biderbach. 

Wallher était un puissant seigneur au début de son régne: il est men- 
tionné dans un grand nombre de lettres d'investiture; par les unes, il est 
mis tui-fflème en possession de divers fiefs, notamment, en i43â, de 
l'avouerie du couvent de Schutlem, qui relevait du siège épiscopal de 
Bomber^; par \vs autres, il investit ^es vassatis de sa propre Tamille: les 
Gippichen, les Ow, les Kolb, les Weisseneck, les Falk enstein de Tagswangeo, 
etc. Mais de pénibles dissensions avec ses propres enfants assombrirent 
ses derniers jours; il fut contraint par deux d'entre eux à leur abandonner 
son manoir de Hohengeroldseck, se réfugia chez son voisin Henri VI de 
Fûrslenberg, à Wolfacb, et y mourut vers 1432. 

IX. Walther et ses fils ont déjà été mentionnés une fois dans le cours 
de celle notice, précisément à propos des prétentions élevées par deux 
des jeunes sires de Hohengeroldseck, Henri et Thibaut P*", sur la succes- 
sion de la ligne de Geroldseck-Lahr et combattues par leur père et leurs 
plus proches parents eux-mêmes. Les principaux documents qui nous sont 
parvenus sur les fils de Wallher sont, à part ceux qui ont trait àcelte 
déplorable querelle, et sur lesquels nous ne reviendrons plus ici, des actes 
de parlage ou des conventions relatives à l'administration de leurs domaines 
patrimoniaux. Toutes ces pièces offrent aujourd'hui d'autant moins d'intérêt 
que, Thibaut I'^ ayant seul laissé des descendants, les divers châteaux et 
villages appartenant à la ligne de Hohengeroldseck se fondirent de nou- 
veau, peu d'années après, en une seule masse. Il en est cependant deux 
ou trois qu'il convient de ne pas passer sous silence, ne fût-ce qu'à raison 
de l'imporlance qu'elle- peuvent avoir pour certaines localités de l'Alsace, 
Reichshofren,Hochrelden,Mailenheim,Nordheim,Romanswiller,etc.,surle8- 
quelles les Geroldseck avaient acquis des droits à la suite d'hérituges ou d'en- 
gagements, et qui, dans la première moitié du quinzième siècle, firent l'objet 
de nombreuses transactions entre ces dynasies et les autres ayants droit. 
Ainsi, en 1428, Thibaut de Geroldseck et Rodolphe Beyer de Bbpparten 
jurent à Reichshoffeo une paix çaslrense (Bwgfriede). Dans le partage 
de 1439, les tro^s fières, Thibaut, George el Jean, conviennent de mettra 
dans le lot de Thibaut et de George, Reicbshoflen el (lochfelden avec 



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loutes les prérc^tives attachées è leur possession, plus leui-s droits, alors 
litigieux, paralt'il, sur Bischwiller, el sur les diverses localités formanl la 
seigneurie de Mai'Ienheîm. Un acte de 1442, complétant celui de 1439, 
attribue nominalivemeal à Thibaut, au prix de 1,000 florins, la port indi- 
vise des droits de son frère George sur ta ville et le château de Bouxwiller^ 
tandis que Geoi^e, moyennant une somme égale, est substitué à Thibaut 
dans ce qu'ils avaient à prétendre en commun, quant à Marlenheim, Nord- 
beim, Kirchheim, Cosswiller et Tban. La même année, une transaction 
intervient entre les deux dynastes, le comte palatin Etienne el George 
d'Ocbsenstein, précisément pour régler leur situation respective par rap- 
port à ces dernières localités. Etienne reconnaît les droits des trois copos- 
sesseurs et les investit de la moitié du château qu'il avait construit â 
Marlenheim , sous ta seule condition de pouvoir rentrer plus tard en pos.- 
session de leurs paris tant du château que de la seigneurie moyennant un 
prix de rachat de 4,000 Oorins. Comme de coutume, les parties scellent 
leurs arrangements, en signant une paix caslrense (dimanche Jnvocavil de 
l'an 1443). Cette transaction mettait fin à une guerre qui avait ensanglanté, 
pendant plusieurs années, les deux rives du Rhin, et dont le point de 
départ étaient les droits que Thibaut tenait de sa mère sur une partie de 
la seigneurie de Lichlenberg; on peut hre dans Hertzog' les péripéties 
mêmes de cette guerre, néfaste pour une vingtaine de bourgs et de vil- 
lages alsaciens. Enfin, en 1452, Thibaut signe une paix castrense avec 
Strasbourg, pour la ville et le château de Schuttem. 

Il mourut en 1461, un an avant la lutte cruelle soutenue contre l'élec- 
teur Frédéric «le Victorieux par plusieurs des princes et seigneurs de la 
Souabe et de l'Ortenau, lutte dans laquelle il n'eût pas manqué de se 
trouver engagé; cardes liens d'amitié et de vassalité l'unissaient au Palatin; 
il avait dû, en 1454, lui céder à prix d'argent la ville et le château de 
Schuttern, et il s'était même décidé, en cette année-là, à entrer au service 
d^son puissant voisin, à charge par lui de prendre tes domaines des Gerolds- 
eck sous sa protection. 

Après la mort de sa première femme, Ursule, comtesse d'ËBEnsTEiM, 
veuve de Henri III, de Lahr, Thibaut s'était remarié, vers 1450, avec 
Dorothée de Tekgen, corïitesse de Nellenbourg, fdie du landgrave Jean 
de Tengen et de la comtesse Marguerite, héritière de Nellenbourg. De 
ces deux unions étaient nés deux filles, qui se firent religieuses, et trois 
fils, Thibaut II , Walther et Gangolphe 1", dont leur oncle, le chantre 
George, fut le tuteur jusqu'à sa mort (1466). 

1. Hertzoo, Bdelt. Chron., Itv. V, p. 15 et 131. 



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— 84 - 

X. Le premier acte des trois frères, après leur majorité, fut de répartir 
entre eux l'héiitage de leur père et de leurs oncles. A l'aîné, Thibaut )I, 
fui réservé le privilège de recevoir et de conférer l'inveslilure des fiefs; 
puis il eut pour sa part le château etl'avouerie de Scbuttern, Friesenheio), 
Oberweiler, Heiligenzelle et Oberschopfhoini (en commun avec les sii-es 
de Lahr); Ottenheim; les droits et redevances à Scbulterwald et dnns les 
autres localités sur la rive droite du Rhin; le cliâleau de Geroldscck, le 
Schamberg, Prinzbach, Memeisbach, Reichenbach et Seelbach; la maison 
de Schutterthal; l'avouerie d'Ettenheimmûnsler, etc. 

Gangolpiie II reçut: Schenkenzell etRowberg, avec toutes leurs appar- 
tenances et dépendances; l'avouerie de Wiltichen; le droit de rachat sur 
Losbourg et Wittendorf; Scbwanau, avec les biens et les di'oîls qui s'y 
rattachaient et dont était alors investi I^icolas Bock de Gerstheim, etc. 

Enfin, à Waltuer étaient attribués les autres biens situés en Alsace: 
Reichshoffen et ses dépendances; Hochfelden et (à titre d'engagement, 
Pfandschi^t} WesthoiTen ■ mil aller Herrliclikeit, GerechligkeU und Zuge- 
hôrdet; plus, une créance de 50 florins sur Marlenlieim. Les trois frères 
convinrent, en outre, qu'aucun de leurs domaines ne pourrait être ni aliéné 
ni engagé par l'un d'eux sans le consentement de ses frères; qu'ils conser- 
veraient tous le droit d'entrée dans les divers châteaux tes uns des autres; 
ei^ qu'en cas de décès sans postérité , la part du prédécèdé accroîtrait 
aux survivants. 

Peu de temps après, Thibaut II épousa Elisabeth, fille de Gérard, 
dernier sire de Rodehachcrn, et veuve de Frédéric, comte de Meurs et 
Saarwerden, sire de Lahr; mais il n'en eut pas d'enfants. U est mentionné 
dans un grand nombre de lettres d'investiture concernant les Bock, les 
Wiedergrûn de Slaufenbet^, les Sturm, les Voltz, les Neucneck, les Utlen- 
faeim , etc. En 1466, il traite avec André et Ëgenolphe Rœder de Dierspurg 
au sujet de leurs droits respectifs sur Reichenbach, dont les Rœder tenaient 
la moitié à litre de fief badois. Mais il est surtout connu par des actes de 
brigandage qui rappellent les beaux exploits de son ancêtre, Wailhci-, le 
sire de Schwanau , et qui failltrciit lui attirer un chàliment analogue, 
lliibaut s'étant permis d'an-éter et de piller des marchands bernois qui 
passaient sur le Rhin, à proximité de l'un de ses repaires, les milices 
strasbourgeoises passèrent le fleuve , emportèrent d'assaut la ville de 
Scbuttern et vinrent même mettre le siège devant la forteresse de Hohen- 
geroldseck. Heureusement pour Thibaut, son suzerain, l'électeur Frédéric, 
intervint à temps et ménagea entre les belligéiajits un traité de paix qui 
sauva le coupable (1476). Mais Thibaut ne put payer tes frais de la guerre 



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qu'en en^geant au margrave de Bade sa moitié d'OUenheini, Friesea- 
heim , Scfaopheim, etc. {1481), puis sa moitié de Reicbenbach, ainsi que 
les bailliages de Seelbach, Eubach et Scbuttertlial (148^). Ce que l'on 
s'explique à peine après celle rude leçon, c'est que le sire de Geroldseck, 
vassal de la maison palaline, se soit brouillé en 1486 avec le successeur de 
Frédéric, au point d'en venir à une lutte à main armée. Il ne devait pas 
échapper à aussi bon marché aux troupes de l'électeur qu'aux milices 
strashourgeoiscs. Mollement soutenu par l'Autriche, dont il avait invoqué 
l'appui, il vil successivement toutes ses possessions conquises par l'ennemi, 
et Geroldseck même, qui passait pour inexpugnable, dut ouvrir ses portes 
à l'électeur. Thibaut n'obtint qu'en 1494 du cercle de Souabe, dont il 
relevait, un arrêt de restitution. Enfin, en 1498, il signe avec l'évéque de 
Strasbourg un traité de paix  la suite d'un dissentiment fort vif au sujet 
de l'avouerie des couvents de Schuttern et d'Etienheimmûnsler. C'est la 
dernière pièce dans laquelle soit mentionoé le remuant dynasle; il mourut 
l'année suivante. 

Il n'y a point d'événement important à noter dans la vie des deux Trères 
de Thibaut II; Waliher entra dans les ordres; quant à Gangotphe, qui 
recueillit l'hérilsge de Thibaut, le seul fait marquant qui se rapporte A son 
administration est la vente définitive au margrave Christophe de Bade des 
villages que Thibaut lui avait engagés en 1481 (150S). Gangolpbe épousa 
une fille du comte Hugues de Montfort et d'Ëlisabelb de Werdenbei^^ 
Cunégonde, dont il eut plusieurs enfants, entre autres: 

1" Gahgolphe II, qui suit. 

3^ ELISABETH , abbesse de Bucbau, tl599. 

S" Walthgh VI, qui se maria, en 1530, avec Anne, fille unique de ' 
Henn, dernier baron de Stoffeln, mais dont les enfanls moururent 
tous, quelques années après lui, sans laisser de postérité; son fils, Wal- 
TBEB VII, notamment, devint chanoine du grand- chapitre à Strasbourg, 
accompagna son cousin, Quirin-Gangolpbe, dans sa campagne de France, 
et fut tué à ses côtés (1569). 

XI. Gangolphe II avait été associé par son père, dans les dernières 
années de sa vie, à l'administration de ceux de ses biens qai n'étaient pas 
au pouvoir de l'ennemi. Celte association était le prix du dévouement filial 
dont le jeune dynaste avait fait preuve : lorsque Gangolphe T"", englobé 
dans la querelle de son frère atné avec l'élecleur palatin, eut été chassé 
de sea terres et réduit à errer comme un étranger auprès de la demeure 
de ses ancêtres, c'est son fils Gangolphe 11 qui se donna la mission d^. 



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te restaurer. A la faveur de ta. grave mésinletligence qui, en 1504, éclala 
entre le palatin et l'empereui', it réunit une petite troupe de soldats entre- 
prenants comme tui, et, s'it ne réussit pas A reconquérir de vive force 
tes domaines usurpés, il prépara cependant tes voies A une restitution. 
Son père ne devait ptus être témoin de cet heureux événement : il mourut 
en "1533; mais, trois ans après, Gangolplie II offrit A l'empereur, qui 
avait enlevé Geroidsecti au palatin, de se reconnaître, s'il l'y réintégrait, 
vassal de la maison d'Autriche, tant pour le château que pour tes deux 
bailliages de Schimberg et de Prinzhacb, et, en effet, un traité fut signé 
sur celte base le 18 décembre 1534. 

Dés 1530, Gangolphe II avait dû A la bienveillance de la maison 
d'Autriche une autre restitution que ses ancêtres avaient été impuissants 
A obtenir: l'arcbiduc Ferdinand d'Autriche, qui tenait alors sons sa dépen- 
dance le duché de Wurtembei^, investit te sire de Gerotdseck de la ville 
et du château de Soulz (sur le Neckar), qui avaient formé l'apanage de la 
ligne de ce nom et dont, après l'extinction de celte ligne, la maison de 
Wurtemberg s'était mise en possession, malgré les agnats de ta ligne de 
Hohengeroldaeck. Ajoutons toutefois que celte restitution-là fut toute pas- 
sagère. Lorsque les ducs de Wurtemberg recouvrèrent leurs États, Soulz 
rentra en leur possession et ne sortit plus de leurs mains. 
' Enfin, en 1538, après une longue instance judiciaire, Gangolphe If et 
Wallher parvinrent A récupérer, moyennant le remboursement du montant 
de l'engagement, les trois bailliages de Seelbach, Rubach et Schutterlhal, 
ainsi que la moitié de Reichenbach, que leur oncle Thibaut P avait cédés 
en 1483 au mai^rave Christophe de Etade, sous clause de réméré, et dont 
tes deux fils de ce prince refusaient obstinément de se dessaisir. 

Ainsi se trouvait A peu près reconstituée la seigneurie de Hobenge- 
rotdseok, telle qu'elle était avant les désastres et les partages qui l'avaient 
successivement démembrée. 

Gangolphe 11, qui, sur ces entrefaites, était devenu préfet impérial et 
commandani supérieur dans la Haule-Alsace {obersten Haubtman und 
Landvogt im Ober-Elsas), reçut en 1544 sa première lettre d'investiture 
autrichienne pour Geroldseck, Schimberg et Prinzbach. Il prit, pendant 
tout le règne de Charles-Quint, une part active et brillante aux guerres 
que ce prince eut A soutenir tant contre François I" que contre les Turcs, 
et fut même grièvement blessé en Styrie, A son service. 

Il mourut en 1549, laissant, de son mariage (1533) avec Anne, fille da 
comte Jean de Lindau et Ruppin, et de Marguerite, comtesse de Hohn- 
Steini deuK enfants: 1° AwiiE-MA»ELEmK, née en 1535 {al. 1536), qui 



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— 87 — ■ 

épousa Joachim, comte de LCpfer, et mourut en 1589; S* Quïrim-Gah- 
GOLPHE, Dé en 1âS7, qui lui succéda. 

Xn. Oo ne possède que peu de renseignemenls sur ce dynaste; ou sait 
seulement qu'il épousa, en 1558, la veuve du comte Rodolphe de Soultz, 
Marie, comtesse de Hoh>ste]n, fitle d'Ernest V, comte de ïlohnsletn, 
à Loën et Kleltenberg, et d'Anne, comlesse de Bentheim; qu'il entra plus 
lard au service du comte palatin Wolfgang de Deux-Ponts; commanda un 
régiment de cavalerie dans le corps d'armée envoyé, en 1569, par ce 
prince au secours des Huguenots de Fi-ance; périt, avec une foule d'autres 
seigneurs allemands, â la bataille de Moncontour (â octobre 1569), et fut 
enseveli aux environs de Niort. 

11 n'avait eu, de son mariage avec Marie de Hohnstein, qu'un fds unique, 
Jacques, qui avait quatre ans à peine lorsque son père descendit dans ta 
tombe*. 

Xni. Placé d'abord bous la tutelle des comtes Alwig de Soultz et Henri 
de Lâpfen, le dernier des Hobengeroldseck , né le 21 juillet 1565, piit 
en 1584 l'administration personnelle de ses (erres. 11 paraît n'avoir été 
troublé dans son existence de petit souverain campagnard par aucun 
événement marquant; car les nombreuses chartes qui se rapportent A lui 
n'ont trait qu'à des investitures reçues ou conférées, à des acquisitions. 
ou â des échanges d'immeubles, tous actes essenliéllemeot pacifiques qui 
n'offrent plus pour la postérité qu'un médiocre intérêt et dont on peut 
trouver au besoin dans YIHstoire pragmatique de la maison de Geroldseek, 
la longue et aride énuméralion. Il se maria, en 1584, avec Barbe, ûlle 
d'Égenolphe III, sire de Ribeaupierre , et de sa seconde femme, Mario 
d'Erbech, et n'en eut qu'une seule enfant, ANNR-MARiE,qui épousa d'abord 
Frédéric, comte de Solms (f1640), puis, en 1644, Frédéric V, mai^rave 
de Bade-Ddrlach. Sentant approcher sa fin, le sire de Geroldseek mit lui- 
même sa fille en possession des domaines de la. famille, lui fit prêter 
par ses sujets le serment de fidélité, et s'éteignit quelques semaines 
après (1634). 

La mort de Jacques, qui coïncidait avec ta période la plus agitée de la 
guerre de Trente ans, fut pour ses héritiers le point de départ de discus- 
sions oïl le droit du plus fort devait être plus respecté que le droit du 
sang, et qui se prolongèrent pendant plus d'un siècle et demi à travers 
toutes les juridictions. 

t. La gëuéslogie de Jacques est dresBée à 64 quardere dans Luck, Centelof. princip. 
eotnii., etc., 1 voJ. in-fol. (Manuscrits de la Sibliolbéque de Slr«st>Qli^;) 



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Les Rets mouvant de Bamber^ et de Strasboui^, c'est-à-dire les avoue- 
ries de Schultern et d'Etlenheimniùnsler, devaient, eo (ant que fiers mâles, 
faire retour aux évéques de ces deux villes. Il ne pouvait pas y avoir 
de difficulté sur ce point. Anne-Marie n'éleva pas non plus de prétention 
sur les fiefs mouvant de l'Empire et de la maison d'Aulrictie. Elle demanda 
seulement h tes conserver jusqu'à ce que son propre patrimoine, ses 
alleux, en aient été distingués et séparés, ce à quoi la maison d'Autriche 
consentit volonliers, car il était hors de conteste qu'une très^^rande 
partie des domaines des Geroldseck avaient le caractère allodiat. Mais, 
l'année suivante, Gallas se trouvant dans tes environs de Lahr avec un 
corps de troupes qu'il conduisait en Bourgogne, le comte de Cronberg, 
qui avait l'expectative des fiefs autrichiens et impériaux, profita de la 
circonstance pour se faire mettre en possession sans plus tarder; il 
apporta à sa revendication une telle insistance, que la régence aulricbienne 
de Brisach ne laissa pas vingt-quatre heures à la comtesse de Solms pour 
se retirer à Strasbourg , avec le plus précieux de son avoir personnel. 
Bien plus, Cronberg aggrava par une vraie spoliation l'inconvenance de 
son procédé, car il s'cmpera tout à la fois des propriétés allodialus et des 
fiefs; mais, dans ce temps-là, on ne se croyait tenu à aucun ménagement 
et à aucune justice envers la veuve d'un général qui avait servi dans les 
rangs suédois. 

L'héritière des Geroldseck ne parvint à faire écouter ses doléances que 
quand son second mariage avec le margrave de Bade lui eut donné un 
protecteur et un avocat influent. Frédéric V n'eut pas de peine à inté- 
resser la Suède à la cause de sa femme, et, sur les instances de cette puis- 
sance, on inséra dans les traités de Westphalie une clause portant que les 
réclamations d'Anne-Marie seraient examinées dans le délai de deux 
années et que, si elle les justifiait par des pièces probantes, tous ses 
alleux lui seraient restitués, ainsi que les fruits perçus et les IVais du litige'. 
Sur ces entrefaites, elle mourut (1649), et c'est Sun époux qui continua le 
procès pour son propre compte, sa femme l'ayant institué son bérilier 
universel par un testament de l'année 1645. Uais il s'en fallut de beaucoup 
que la question fût vidée dans le délai fixé. 

Nous ne raconterons pas ici tous les incidents, toutes tes involutions de 
procédure, tous les infructueux essais d'anangcment amiable, par lesquels 
passa ce litige, d'abord entre Bado et Cronbei-g, puis entre Bade et la 
famille de Leyen, qui avait obtenu en 1666 et 1677 l'expectative de la 
succession des Cronberg. Toujours est-il qu'à la Révolution française, les 

I. Tnilë de paix de HOnster do 24 octobre 16l8,|xxxiv (Ordon. d'Altaee, I. I",p. vt\ 



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margraves de Bade n'avaient pas encore obtenu le règlement de l'affaire 
et que les Leyen, depuisl'exlinctton des Cronbei^, restèrent en possession 
de toute la seignenrîe de Geroldseck, tant des alleux que des Sers. Le li- 
tige n'a étë déOnitivement aplani qu'en 1819, en vertu de la convention 
qui fit passer les princes de Leyen, en qualité de souverains médiatisés, 
sous la suzeraineté du grand-duc de Bade. 



GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE LETEN, 

U maison de Leteh ou de la Letkn (von und îu der Leyen), ainsi que 
se traduit souvent son nom dans les pièces diplomatiques Trançaises, est 
originaire de la vallée de la Moselle. Son cliaicau palrimonJal 2«r i^CTi 
était situé dans l'électorat de Trêves, non loin de Gondorf; on prétend 
qu'il tirait son nom d'une pierre Weuâlre, d'une sorte d'ardoise {Leye) 
qu'on trouvait en abondance dans le voisinage, et que c'est pour le même 
motif que les Leyen, dans les documents latins, sont appelés domini a 
Petraet portaient un écusson d'azur, simplement traversé par un pal 
d'argent '. 

Les généalogislesmenlionnentdes sires de Leyen dès le douzième siècle; 
mais la filiation ne se suit sans aucune lacune qu'à partir delà fin du quator- 
zième, et la véritable notoriété de la maison a une origine plus récente 
encore; elle date de l'élection de JeaM)e Leyen à la dignité d'archevêque de 

1. n ne taul pu confondre, aiosl que le tait U. Ficeler {Kurse Gesehiehle der Bceuier 
Fiiritenberg, Geroldsrek vtid von der leyen; Carlsnihe,.ia'l3, 2'èâit., 1844, p. 107), 
la muson von der Levem avec celle des barons van Leven, qui a Joué no certain rôle en 
Alsace dans la sccomle ntoilié du dii-EepUëme BÎècle, et s'est ëtciole au dli-huiliëme. 
NicoLAS-PriiLippE , baron de Leyen, ayant épouse la veuve de Jacques-LouiE, comle de 
FUrsteober^, Hélène- Et fronore de Sohwendi, lllle de Guillaume el pctile-fllle de Laiare de 
Schn'endi, les Leyen héritèrent, non sans de longues conteslations avec les agnats de la 
famille de Sdiweodi et une série d'aulres prétendants, la moitié de Hohiaudsbcrg, Kaysers- 
berg, KInlihelm et Wintienfaeim, près de Golmar, ainsi que les selgiieurica aulricliiennes 
de Triberg et de Barbelm, dans la Forét-MoIre, à quoi s'ajouta plus tard l'aiilre moitl6 
des alleux et des flcfs de la ranillc de Schwendi. Nicolas de Leyen eut un ftls, Icxace- 
Gmi.LAUMB-CASiuin , qui fut bBilli de l'èvèque de Slrasbonrg à Ellenheim et mourut Tcrs 
1695, ne laissant, de son mariage avec une flile de Jean-Werner Reicb de Pr^rz et 
d'Ère-Fèlicitë Zom de Bulacli, que des mies et un dis, ecclésiastiqTie. 

Von Levex portait d'or à l'aigle de table , écarlelë de table au lion d'or el , ii'i' le lotit, 
(les ormes prlmitlTes de la fumillc) de table à un chevron d'argent accompagné de dix 
biOêttes d'or potées , 7 et l , de chaque côté en chef , et gualre cit pointe en/orme de 
croix. (Cfr. Armoriai de la Génér. d'Ali., p. 67, n° 25G;Hi!iiBa*CHT, lUiein. Tabei, n" 121; 
ScKŒPFLiN, Allât, illutt., t. Il, p. 107 et 593; Freiherrl. Tatehenbueli, Golbi, année 1819, 
p. 5!8, et des docomenls mas, aux irchlTes du Haul-Rliln.) 



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- 90 - 
Trêves, en 1556, et de l'avènement presque simaltané de deux de ses 
petits-neveux aux sièges de Trêves et de Mayence dans la seconde moitié 
du dix<septième siècle. Les Leyen furent élevés à cette époque au rang de 
barons d'Empire {i 653). Cinquante ans après, l'empei-eur Léopold I" les créa 
comtes (5 avril 1710); le 7 mars 1711 , ils prirent rang et séance dans le 
collège des comtes de la Souabe, et l'acle mémorable qui consacra la 
dissolution de l'Empire germanique leur valut, avec une souveraineté 
éphémère, le titre de prince qu'ils portent aujourd'hui. 

Voici, sommairement, la filiation de celle des branches de la Tamille qui 
fut investie de la seigneurie de Geroldseck, la seule, au surplus, qui ail 
encore des représentants, car toutes les autres se sont éteintes dans le 
courant du seizième el du dix -septième siècle : 

I. Werker vow und zu der Letem, chevalier (1399), épousa Sophie, 
fîlle de Sievart Waldbott de Basse>reih. 

II. Jean, )'un de ses fils, chevalier (1451), se maria avec Cunégonde, 
fille de Hicbard d'Eltz el de Marguerilc d'Ej'nenberg. Il est le père de 
Georgb. 

III. George, seigneur de SafGg el d'Oilbruck (1460), eut de son mariage 
avec Eve, fille de Simon Hacbekheiher de Zweibruck et d'Eve de Sch<en- 
eck, un fils, Barthélémy. 

IV. Barthélémy {Bartket), seigneur d'Adendorf (a/. Abendorf), d'Oil- 
bruck et de Saffig, conseiller el Landhofmeister de l'élecleur de Cologne, 
son bailli à Andernacb, el plus tard, son chancelier (1529), épousa Cathe- 
rine, fille de Gérard de Pallant, de Glabbach, el d'Hedwige de Hansleden, 
héritière de Hobach. Il en eut sept enfants, entre autres : Jean, chanoine 
de Trêves et de Wûrtzbourg, en 1536, arcbevêque-èlecleur de Trêves en 
1556, mort en 1S76, et Michel, qui continua la famille. 

V. Michel, seigneur d'Adendorf et de Hobach, bailli de Munster, puis 
conseiller de l'électeur de Trêves, se maria avec Eve, fille de Damien de 
Pallant, de Kinsweiler, et de Catherine de Rollingen. 

VI. Leur fils, Dahieh-Frédéric, entra d'abord dans les ordres, sous 
les auspices de son oncle, l'archevêque, et reçut un canonical dans la mé- 
tropole. Mais il renonça bientôt à la carrière ecclésiastique , entra dans 
l'administration temporelle dç l'électoral et devint, comme son père el 
son grand-père, conseiller, landhofmeister et bailli à Cochem, puis à 
Boppart (1612). Maiiè avec Anne-Catherine, fille d'Antoine Waldbott de 
Bassenhbih, et de Catherine de Metternicli-Burscheidt, il en eut plusieurs 



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- 91 — 

fils, dontl'alnë, Huguçs-Erncsl, conUnua la famille, el dont les deux cadets, 
Charles-Gaspard elDAHtEN-HAKTnABD, devinrent, le premier, électeur de 
Trêves (f 1676), le second, élecleur de Mayence (t 1678). 

VII. Hugues-Ernest , seigneur d'Adendorf et d'Eckendorf, fut cham- 
bellan de l'électeur palatin, bailli du comté de Neuenar et bailli à Sinlzig. Il 
épousa en 1 65â Sophie-Marie, fille d'Adolphe Quad de Buschpeld et d'Anne- 
Élisabeth Watdbolt de Bassenheim, et reçut l'année suivante, de l'empe- 
reur Ferdinand III, le (ïlre de baron d'Empire. D'autres marques de la 
Taveur souveraine ne lardèrent pas à suivre celte-là : le baron de Leyen 
reçut l'expectalivc des fiefs tmpériaus el autrichiens compris dans la sei- 
gneurie de Geroldseck, pour le cas où le détenteur, Crafft-Adolphe-Othon, 
comte de Cronberg, mourrait sans héiltiei's mSles. 

Toutefois, ce n'est plus Hugues-Ernest, mais bien son fils Charles- 
Gaspard qui fut appelé ô se prévaloir de cette collation éventuelle et qui, 
après l'extinction des Cronberg, fut effectivement investi de GeroldEeck 
(1693). C'est aussi avec lui qoe le margrave de Bade avait préalablement 
cherché à s'entendre sur la séparation des alleux d'avec tes fiefs. Les 
deux parties étaient tombées d'accord sur les bases d'un arrangement 
équitable, et le margrave, à la mort de Cronberg (1692), s'était mis, de 
confiance, en possession de Geroldseck. Mais la maison d'Autriche, à 
l'instigation même des Leyeu, si l'on en croit notre Histoire pragmatique, 
refusa de ratifier le traité , expulsa de force les Badois de la seigneurie et 
donna atasi naissance au long procès auquel nous avons fait allusion plus 
haut. En attendant, le baron de Leyen resta en jouissance des domaines 
litigieux et reçut, avec le titre de comte d'Empire (1710), le droit de 
prendre séance, précisément pour Geroldseck, dans le collège des comtes 
de la Souabe. 

Vin. Charles -Gaspard, baron puis comte de Leyen, fut, comme son 
père, bailli du comté de Neuenar et conseiller intime des divers électeurs 
rhénans. Marié en 1687 avec Marie-Sophie, fille de Melchior-Frédéric, 
comte SE Schœnborn-Reichelsberg, et de Marie-Sophie', baronne de 
Boyneburg, il en eut huit enfants, parmi lesquels Frédéric -Ferdinand, 
qui continua la famille. 

IX. Frédéric-Ferdinand, conseiller intime actuel de l'Empereur, che- 
valier de la Toison d'or, landhofnmster de l'électeur de Trêves, etc., suc- 
céda à son père en 1739 , à l'Age de 30 ans. Son épouse (1733), Harie- 
Charlotte-Auguste, fille du comte François de Hatzpeld et de la comtesse 



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- 92 - 
Anne-CharloUe-Ëlisabeth de StadJoD, lui donna plusieurs enranis, mus un 
seul des fils, François-Charles, qui suit, laissa des descendants. Frédéric- 
Ferdinand mourut dans la force de l'âge, en 1763. 

X. François- Charles, cliambellan et conseiller intime de l'empereur, 
né en 1736, t 1775, épousa en 1765 une fdie de François-Henri Kmm- 
herer de Worhs, baronDE Dalberg, et de Sophie-Marie-Anne, comtesse 
d'EItz, Marie-A une -Joséphine, dont il eut un ûls, qui suit , et deux lilles, 
Charlotte et Marie-Sophie, qui s'allièrent, la première, au comte Em- 
merich de Stadion, la seconde, à François-Pliilippe, r.omlc de ScirŒN- 

BORN-Bl'CBHEIU. 

XI. Philippe-François, né en 1766, succéda à son père, sous la tutelle 
de sa mère. En 17(10, il prit lui-même les rênes de son petil gouvernemcnl, 
dans des circonstances assez critiques, car son comté de Geroldseck fut 
plusieurs fois lobouré par les armées qui opéraient entre le Bhin et le 
Danube. Mais sa proche parenté avec le prince-primot Charies de Dalbcrg, 
frère aine de sa mère, qui avait conquis par son esprit et ses capacités 
exceptionnelles l'estime de Napoléon, ouvrit bientôt au comte de Leyen 
la voie des compensations et des honneurs. Ayant accédé, comme comte 
de Hohengeroldseck, à la confédération du Rhin, il recul, par l'acte consti- 
(utiT de cette confédératioD (12 juillet 1806), le litre de prince, et, quel- 
ques années après, l'arbitre de l'Europe lui donna une marque signalée 
de sa bienveillance en consentant au mariage de la fille unique du nouveau 
souverain, Amélie, née en 1789, avec l'un des neveux de l'impératrice 
Joséphine, Pien-e-Claude-Iouis, comte Tascher de la Pagerie, aide de 
camp du prince Eugène Beauharnais (1810)'. La chute de Napoléon priva 
naturellement le prince de Leyen de ses droits de souveraineté: le con- 
grès de Vienne le médiatisa et le plaça sous la suzeraineté de l'Autriche. 
Une convention spéciale le fît passer plus tard (1819) sous celle du grand- 
duc de Dade: le comté de Geroldseck forme aujourd'hui l'une des Stan^ 
desherrschafien du grand-duché. (Ordonnance du 9 juillet 1830.) 

Philippe-François s'était murié, dès 1788, avec Sophie-Thérèse, fdIe du 
comte Damien de ScHŒriBOHK-WiESEKTiiEiD*. Il en eut, à part la fille que 

1. Le comle de Tascher est mort ca 1861 , lieulenanl-gènèral baTOrois en retraite, Gé- 
nateur de l'empire françaiâ , graad-mBllre de la maisoii de l'impératrice Eugéuie, et grand- 
cruix de la LëgioD d'honneur. 

S. Nous deroiis de précieui renseignements Bur ]b lllialion pstemclle et malcrnellu du 
premier prince de Leyen, i i'obiigeance de îl. Eil. de FBiiaBNTHECL et Ghuppenbeho, dont 
les l>esuz IraTani généalogiques (Ahnenta/tlH éei tti/t^àhigen Àdeli Deultehlawtt) 
JoniiBeol d'une lëgillme réputation. 



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— 93 — 

nous venons de nommer, M™* de Tascher, un fils, Erwim-Charles- 
Dahien-Eucëhe, né le 3 oviil 1798, qui lui succéda en 18â9el<]iii est 
aujourd'hui le chef de la maison de Leyen. 

Xlt. Le prince EnwiN a épousé, en i818, sa cousine germaine, Sopliie- 
Thérèse- Jeanne, fille du comie François-Philippe de SciiœHBonN-BucH- 
HE]H et de Maric-Sopliie de Leycn. De ce mariage. sont nés quatre enfants, 
dont deux fils, les princes Philippe et François, et une fille, Amélie, sont 
encore en vie. Le prince Philippe est uni depuis 1853 à la princesse 
Adélaïde de la Tour et Taxis, mais il n'a pas de postérité. 

Leïen [>or{c parti et coupé de deux traits : au f, deffiieulesàun arbre 
portant cinq (leurs de lis, le tout d'argent; au S*, d'azur à trois fers à 
cheval d'argent : au 3", d'or à devx fasces de gueules et un lainbel d'azur 
à cinq pendants; au 4", d'argent à la fasce de sable, accompagnée d'une 
tête de maure dans l'angle séttestre du chef; au 5", éckigueté d'argent et 
de gueules; nu 6*, covpé de Houenceholdseck, qui est d'or à la fasce de 
gueules, et de Malberg/çui est d'or au lion de sable couronné du champ ; 
svr le totit, de Leyen, qui est d'azur au pal d'argent, t'écusson cetilrat 
timbré de la couronne de prince. 

Ernest LEnR. 



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RAPPORT 
SUR DES ANTIQUITÉS 

TROUVÉES 

AUX ENVIRONS DE COLMAR. 

Avec DDB pluncbo lltbDBrspbiée. 



Vers la fin du mois de novembre 1867, des ouvriers étaient occupés i 
extraire de la terre glaise sur la propriété de MM. Gastard et Hanser, 
située à une lieue de Colmar, prés de la roule de Houssen à Benowihr et 
non loin du domaine de Schoppenwihr. A (P,45 de profondeur, ils trouvè- 
rent une sépulture renfermant dîfTcrenls objets en bronze et un vase 
en poterie grossière qui, d'après les débris que l'on possède, devait me- 
surera sa base 0'",16 de diamètre. 

Un a relire du milieu d'une grande quantité d'ossements concassés, une 
poire de bracelets minces et côtelés, une autre paire beaucoup plus forte 
avec i-ainures profondes et obliques, deux épingles, longues à tète massive 
ei un ornement eu forme d'S, avec spirales, ayant O^.SG de longueur. 

Un mois après, les mêmes ouvriei-s mirent à découvert une seconde 
sépulture, à 10 mètres de la première. On y a recueilli une paire de bra- 
celets épais et cannelés, une grande épingle dont la^ tête diiïère des deux 
autres, une faucille avec une douille côtelée destinée à recevoir un manche 
en bois ou en corne, enfin le même ornement sous forme d'S qu'avait 
fourni la première tombe, mais de moindre dimension. Tous ces objets 
en bronze étaient renfermés dans un grand pot dont on a réuni les débris 
et se trouvaient mêlés à des grains d'ambre et à des ossements calcinés 
et concassés. 

La forme du vase cinéraire, la matière grossière dont il est formé, le 
gravier et les fragments de silex que l'on y remarque, sa mauvaise cuisson, 
la trace de la main de l'homme qui l'a pélri, sont des signes de la plus 
baule aniiquilé. Parmi les débris, j'ai remarqué des poteries de nature 
différente. Le pot en lui-même est de pâle noirâtre, ti'és-friable, à parois 



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ANTIQUITÉS TROUVÉS AUX ENVIRONS DE COLMAR. 




I -ï, Hlijtls un bruuïeul ffimmuiit* <io yotuno» lituvuuoUlU'uuu 3i)[iiilLuru ((uuIiiibo, ilùcnuïStUnluri.-^ t» |iry|irioi 
<Ih un. (iHïlard M [laiisur, ahuùi' dur la ruutt ilo Jluiiiiwllir .i llniiHituii. (Troiivu:' nr r<icii«illiii pur I 
:4iuur StrniidinDIi. - DoTi île UM- lioatsM ul llnusur-) 
8-16. i>bjulii provaiiatit cl'iinti riauiiAmedOpiilturd i^nuloMo, ilnruiivertu i lO laùtrut ilr l.i |ironiii>r<t, diuia In im-iu 
propridw. (Tfoiivria, on i*il, par lo siaiir Straumann- — Don <ln MM. finsinrd fi lliiiifi''r.| 



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épaisses. Quelques fragments révèlent une poterie moÎDs grossière, plus 
compacte et plus mince; leur foraie plate, mais lé^rement bombée au 
bord, me fait croire que ces fragments ont appartenu au couvercle, ce qui 
semble confirmé par l'absence complète de matières terreuses dans la 
masse compacte que retenaient les parois du vase. 

J'ai relire de cette masse 43 grains d'ambre de forme et de grosseurs 
divci-ses; ils sont travaillés et percés avec soin. La matière ligneuse, une 
sorte de liber que j'ai retrouvée dans chaque trou, fait présumer que les 
grains étaient réunis sous forme de collier par la tige flexible d'un arbuste 
ou d'une plante. Ces grains sont intacts et n'ont pas subi l'aclion da feu; 
le corps a donc élé dépouillé de ses ornements, avant l'incinération. 

L'un de ces ornements mérite une attention toute particulière, car il 
n'a pas encore élé rencontré en Alsace et ne parait figurer dans aucune 
des collections archéologiques du continent, au dire des hommes compé- 
tents qui se sont occupés spécialement de cette matière '. Sa destination 
n'est pas facile à déterminer; sa forme et surtout sa dimension font d'abord 
rejeter l'idée qu'il a pu servir d'ornement; mais l'existence au musée de 
Schwérin d'une agrafe colossale pourra conduire peut-être à une solution 
salisfaisanle. Cette fibule, b plus grande qui ait été trouvée en Allemagne 
et qui a élé tirée du sol à Plauerhagen en Hecklembourg, est mentionnée 
dans les Allerthûmer que publie le savant conservateur du musée d'anti- 
quités de Hayence. Au vu du dessin que je joins ici et qui rappelle la 
forme de l'objet intéressant extrait des sépultures de Iloussen, ne peut-on 
pas admettre que cet ornement est également une agrafe pour laquelle 
ont servi les grandes épingles qui, en raison de leur poids et de leur 
longueur (0'"j3S), ne pouvaient être employées pour les cheveux? Ces 
épingles s'engageaient sans doute entre les cercles flexibles et retenaient 
le vêtement sur la poitrine. C'est la fibule primitive, en deux pièces déta- 
chées. De nouvelles découvertes viendront peut-être appuyer cette con- 
jecture. 

La plupart des objets que MM. Hanser et Gastard ont généreusement 
abandonnés au musée de Colmar, étaient brisés. Ni l'afTaissement du sol, 
ni la pioche des ouvriers n'ont pu produire ce résultat , car le métal dont 
ils sont composés, est malléable et aurait résisté à la pression la plus forte. 
D'un autre côlé, aucune des cassures n'est fraîche, nulle part n'apparall 
le métal brillant, les bords sont oxydés comme la surface qui est resiée 
intacte, partout la patène couvre le bronze. Pour les biiser, ila fallu un 

1. J'ai 10 rècemmeDi au mDsëe de Zurich ua objet semblable trouvé i Dorlilioo (Suisse) 
avec de grandcB épingles, et dont on n'a point dèlenniaë l'usagCi 



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— 96 — ■ 

efTort el Yélat des bracelets en est une preuve ; tes plus épais ne sont que 
déformés, les autres onl élé rompus avec violence au moment de l'eose- 
vetissemeiit. Il est à remarquer aussi qu'un seul bracelet de chaque sorte 
esl brisé; l'autre est inlact. Ce n'est pas l'efîel du hasard ; ii y a là une in- 
tention évidente; une pensée philosophique domine, c'est te symbole de la 
mort; on a voulu rappeler que tout lien était rompu; car il étoil d'usage 
chez les Gaulois de détruire ou de dénaturer les objets qui avaient appar- 
tenu au défunt. 

Je n'ai pas rencontré la moindre trace de fer dans les deux tombes, et 
l'absence de ce métal confirme l'importance de la découverte sous le rap- 
port de l'antiquité. 

La terre grossière qui a sei-vi à la fabrication des deux vases funéraires, 
serait cette que tes potiers tirent encore aujourd'hui des environs de Scbop- 
penwihr. Ces vases auraient donc été fabriqués sur place, ce qui prouverait 
l'existence, sur ce point, d'une population flic. Les nombreuses monnaies 
gauloises trouvées à Iloussen, en 1849, viennent à l'appui de cette con- 
jecture. 

En résumé, tout concourt à élabhr que les deux sépultures sont celti- 
ques et que l'ensevelissement a élé efTeclué bien avant la domination 
romaine. 

La nécropole de Herrlisheim continue à fournir i l'archéologie des su- 
jets intéressants d'étude. Le 17 mai, j'ai assisté avec MM. Fraiilz et Chap- 
puis à l'ouverture d'une nouvelle tombe; les objets qu'elle renfermait et 
leur disposition me paraissent mériter voire attention. 

Le squelette, nssez bien conservé, était celui d'un-homme; il mesurait 
'l'",65 de long; les pieds étaient tournes vers l'orient, la position des 
membres était naturelle el indiquait que l'ensevelissement n'avait pas été 
«ffectué d'une manière précipitée. La terre qui le recouvrait n'avait pas 
plus de 0''',60 de profondeur. La tète s'est brisée malheureusement au 
contact de ta pioche, et je n'ai pu conserver intacte que la mâchoire infé- 
rieure, qui dénote un homme dans la force de l'dge. 

Nous n'avons remarqué aucun vestige de sarcophage, point de dalles 
brutes encadrant la sépulture, pas même ta pierre traditionnelle que l'un 
rencontre près de ta téle du guerrier franc dans les tombes de Henlis- 
heim. L'ensemble de la découverte démontrerait que le guerrier n'appar- 
tenait pas à la peuplade au milieu de laquelle il a été enseveli, et qu'il a 
été enterré selon un rite particulier. 

Au nombre des armes retirées de cette sépulture je dois citer un sera* 



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— 97 - 

raasaxe d'une belle conservatioa et dont la lame, très-épaisse et sans rai- 
nure, a 0''',41 de long; ta soie qui est complète, ce qui est rare, mesure 
0™,38 et se termine à la partie supérieure par une virole en fer qui re- 
tenait le manche en bois dont les fragments sont encore adhérents. 

La boucle, la plaque et les conlre-plaqucs du ceinturon qui retenait le 
scramasaxe, sont en Ter et portent des traces de damasquïnures en argent. 

Le couteau que le guerrier portait d'ordinaire suspendu à sa ceinture 
ne présente rien de particulier; mais une autre arme, qui, on doit le re- 
gretter, est incomplèle, m'a paru digne d'une mention spéciale. C'est une 
lame d'épée à deux tranchants, arrondie par le bout et ployée aux deux 
tiers de sa longueur. 

C'est la première fois que je rencontre à Hcrriisheîm des épées recour- 
bées; H. de Ring en a trouvé plusieurs dans un luraulus de Brumath; 
M. de Bonstetten, qui en signale à Tiefenau (Suisse), fait remarquer que 
l'usage de déposer des armes ployées au feu dans le tombeau des guer- 
riers était très-répandu chez les anciens habitants du Danemark. On a pré- 
tendu que c'était là une sage précaution contre les voleurs de sépultures 
si communs dans l'antiquité. Il semble qu'il eût fallu, pour atteindre ce 
but, fausser ou briser tous les objets que l'on ensevelissait avec le corps 
du défunt, et ne faut-il pas attribuer plutôt ce fait à ifne intention, de la 
part de nos pères, de rappeler que la mort a rendu désormais inutile 
l'arme du guerrier? 

Nous avons aussi retiré, soudées i'une à l'autre par la rouille, une petite 
boucle de bronze qui semble appartenir au couteau que j'ai déjà indiqué, 
une cuiller également en bronze dont le manche a disparu, et une boucle 
d'oreille en argent. Le musée archéologique de Colmar possède deux cuil- 
ers à parfums rappelant exactement par la forme et la matière celle que 
nous avons recueillie; elles proviennent des fouilles d'Offemont et de 
Tûrckheim et appartiennent évidemment a l'époque de la domination ro- 
maine. Une cuiller à parfums toute semblable , retirée des ruines d'Augst, 
est conservée au musée de Bâie. 

La boucle d'oreille a des appendices mobiles à crochets, qui me font 
supposer qu'on y suspendait des pendeloques. 

Tous ces objets étaient réunis sous la tête du guerrier. Le scramasaxe 
et le couteau étaient placés en travers. C'est là un fait nouveau; le pro- 
priétaire, qui exploite la gravière depuis treize ans et qui a déjà ouvert tant 
de sépultures, a déclaré que la position des armes était exceptionnelle, 
car il les avait toujours vues placées soit aux côtés du squelette, soit à 
ses pieds. 

a* Bàaïa. - T, VL — (U.) 7 



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Je dois signaler encore deux brassards en anthracite provenaat d'une 
sépulture de femme et recueillis dans la même graviére. Ils sont de Tonne 
ovale, ont 0"',09 de longueur et sont très-lourds. On y remarque des 
parties polies el noires qui anaoncent que ta transformation du bois en 
houille était trés-avancéc. 

Jusqu'ici on n'avait pas été d'accord sur l'usage de ces objets; on les 
considérait comme des coulants ayant servi à retenir les vêtements el l'on 
hésitait à les admettre comme bracelets, en raison de l'exiguïté de leur 
ouverture; mais ici le doute n'est plus possible, l'os de l'avant-bras y était 
encore engagé au moment de l'extraction. Des brassards en buis de 
même forme, ayant CflS de long, ont été recueillis dans le canton de 
Berne. Les gros coulants en matière bitumineuse que H. de Bing a retirés 
en 1858 d'un tumulus de la forêt communale d'Ensisheim, sont évidem- 
ment des brassards, mais ils sont de moitié moins longs que ceux que je 
mets sous vos yeux el qui seront une des raretés de nos collections. 




oamsnt du l'uncKnn 

Tols rammlne ds Bile à Strubonrg. 

B, Chuopi «t préi {uncmii d* brlqnta <1 d« poltrlti uiDlaiinsi. 

C. CutoB dit (m Eamer. 

_ D. La Riidtrabta, ruTln coniBinnlqnanl *tcs le bru doBbln. 

Des découvertes d'une certaine importance ont été faites sur un autre 
point de notre territoire. Ce n'est plus une nécropole , c'est une cité en- 
tière qui nous livre une p&rlic des trésors qu'elle tenait cachés depuis quinze 
BÎëcles. Le creusement d'une rigole d'alimentation, parlant du Rhin et se 
dirigeant vers le canal Napoléon, a fait découvrir récemment, au sud de 



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la commune de Kacnbeim, une série d'objels de l'époque romaine. Ces 
objets, dont j'iadiquerai tes principaux, ont élé trouvés â 1 mètre de 
profondeur. Une dizaine de grandes amphores ûcbées debout dans l'argile 
gris formant le sous-sol ont été brisées par les ouvriers; la seule qui ait 
élé retirée intacte mesure O^.OS de haut; elle est d'une cuisson incom- 
plète ; elle a dû être fabriquée sur place avec une terre que' des hommes 
compétents assurent provenir du voisinage duRhin, non loin deMarckols- 
beim, et dont on se sert encore aujourd'hui pour la poterie. 

Le grand nombre et la variété de vases réunis sur le même point et 
dont quelques froments portent la marque du potier, prouvent qu'il y 
avait là de grands ateliers de fabrication. Un examen attentif m'a fait re- 
connaître que I'hu des vases en poterie rouge sortait des ateliers de Sot- 
tus (SoUi officinà) et qu'un autre avait été fabi-iqué par te potier Cartus. 

Un outil de charpentier d'une belle consci-vation et qui n'est plus en 
usage aujourd'hui, a été trouvé au milieu du sable et de cailloux roulés, 
à côté de pièces de bois à moitié équarries et d'énormes las de copeaux 
de grande dimension. Cet outil rappelle parfaitement celui qui a élé relire 
des ruines romaines d'Offemont. Il y avait là évidemment un chantier qui a 
été abandonné brusquement à la suite d'une catasU'opbe, et dont tes tra- 
vaux sont restés suspendus. 

Sur un autre emplacement, vers te sud, des masses de tuileaux à rebords et 
des briques avec des assises en pierre et des excavations annoncent l'exis- 
tence d'une vQste oxploitation, et les échantillons ofirent cet intérêt qu'ils 
portent la marque de la huitième légion, dont la présence n'avait pas 
encore été signalée de ce côté de l'Alsace. 

Parmi tes menus objets que tes fouilles nous ont restitués, je citerai 
une grande agrafe en bronze, une clef en fer à double crochet, exactement 
semblable à celles qui nous viennent d'Offemont, un bracelet de femme 
creux et estampé qui sera un des joyaux du musée, une gaine de couteau 
ou de poignard en bronze et à pointe recourbée; plusieurs monnaies 
d'ai^nt el de bronze: un Auguste, une Sabine, un Adrien, un Commode; 
enfin une statuette en bronze de 0'°,13 de haut, fortement oxydée, 
mais d'une assez bonne conservation ; elle représente une femme drapée, 
la tête entourée d'un voile, tenant une patène d'une main et de l'autre un 
coffret ou un autel. L'exécution et les formes de la statuette annoncent 
l'époque de la décadence. J'aurais désiré pouvoir la soumettre à votre 
examen, mais l'ouvrier qui a eu la bonne fortune de la trouver n'a pas 
consenti jusqu'à présent à s'en dessaisir'. 
1. La Btatnelte a èlë cédée d^ulB an mviée de Colniar. 



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— 100 — 

Si l'on considère que ces trouvailles onl été faites' sur la partie très- 
restreinle du territoire que Iravci'se le canal d'alimenlalioii, quepoun-ait- 
on espérer de fouilles opérées régulièrcmeut dans une étendue de près 
de 3 kilomètres, où les champs sont parsemés de fragmcnls de vases et 
d'amphores, de luileaux, de plaques de mortier fin portant des traces de 
peinture semblables aux débris que nous ont laissés OfTernoot et Harl- 
mannswiller, où les teri-ains mouvementés et ondulés Tont pressentir de 
nombreuses subslr actions? La dépression des terres dans la direction du 
sud au nord, le sol marécagenx de certains endroits, la proximité du Rhin 
font penser à la présence des eaux, à un courant rapide qui a creusé une 
ëorte de lit au milieu des liabilalions; le Rhin n'aurait>ii pas passé par là, 
rompant sa digue naturelle et en^oulissant subitement la cité romaine? 

Le chantier, l'atelier du polier, la tuilerie ont été envahis rapidement; 
la population a foi comme à Pompéi, abandonnant à l'eau ce qu'elle n'a 
pu sauver. 

La géologie vient à l'appui de celte conjecture : les débris de poteiie 
sont méléf aux cailloux du Rhin qui affleurent, et la pierre volcanique dé- 
tachée du rocher de Vieux-Brisach a été amenée roulée sur la terre de 
Kuenheim 'j 

Des fouilles pourraient nous Qxer sur le désastre qui semble avoir ter- 
miné l'existence de la ville romaine; des terrains effondrés, en quelque 
sorte vagues, longent le canal dans la direction du sud et nous permet- 
traient de les entreprendre facilement et sans grande dépense. L'au- 
torité locale serait d'ailleurs toute prête à seconder la Société dans ces 
travaux. 

Aux portes de Colmar aussi, il reste un secret à pénétrer: je veux 
parler de Tùrckhelm , où M. Martin poursuit avec une persévérance digne 
d'éloges ses fructueuses et intéressantes recherches. De nombreux objets 
ont été recueillis par ses soins dans le courant de l'année 1867; entre 
autres, cinq médailles en bronze, dont l'une à l'effigie de l'impératrice 
Lucile, un fragment de boucle de ceinturon, un grand anneau de suspen- 
sion en bronze, deux fragments de poterie rouge ornés, du cuivre et du 
plomb fondu , une meule, une grande tige de Obule el un plat en bronze 
de forme ovale avec anses historiées , beau spécimen de l'art antique el 
qui, malgré son état de délérioralion, est une acquisition précieuse. 

1. a. Fesseiimeyer, pharmacien à Keuf-Brisach, a reconno que snr ce polut une 
eoaclie d'argile marneuse d'une épaisseur de 3 à 4 mëtres s'Ëleudalt au-deBSOUS du sol 
arable qui n'a que 0",15de profondear, qu'elle reorennalt àes coquilles paludËBDues 
dont quelques Échanlilloos onl été déposés au musée d'iilsloirc nalurelte, et qu'elle 
appartient aux dëpdis d'allnvioD modenie. 



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- 1(M - 

Ce plat a élé relire d'un des nouveaux puits que H. Martin vient dedé- 
couvrir. Ces puits, dont la prorondeur est en moyenne de 5 mètres et qui 
sont aujourd'hui au nombre de 15 sur un espace relativement restreint, 
prouvent l'existence, sur ce point, d'une agglomération d'habitations an* 
ciennes. Le champ des recherches s'étend et le moment n'est peut-être pas 
éloigné où l'histoire de notre paya aura une nouvelle page à inscrire dans 
ses^annales. 

DlBTRlCH. 



M. Scheurer-Kesiner, de Thann, a bien voulu se charger d'analyser le 
magma contenu dans le vase trouvé près de Houssen. Les conclusions de 
ce savant chimiste sont tout en faveur de l'hypolhése que les corps ont 
été préalablement brûlés et les os calcinés et concassés. 

iLes débris d'ossements, dit H. Scheurer-Kestner, ne renferment plus 
du tout de matières azotées. En y recherchant de la matière organique, 
j'y ai trouvé une substance brûlant en répandant des vapeurs aromatiques. 
L'analyse chimique ne m'ayant rien appris de plus , j'ai fait un examen à 
la loupe et j'ai reconnu que la terre plastique ne renferme rien d'orga- 
nique; voici le résultat de mon examen : 
«Matières observées: 

«1° Ossements en débris; 

« S° Terre glaise particulièrement plastique, très-riche en oxyde de fer; 

4 3" Deux débris de charbon; 

«4° De nombreux fragments d'une matière résineuse; 

< 5" Des fragments de terre glaise moins ferrugineuse que la première; 
( 6° Le tout est fortement imprégné de cuivre. 

(Je joins ici trois échantillons: 

«N'' 1. Fragments de la substance aromatique, qui brûle en répandant 
une odeur ambrée en même temps qu'une odeur de colophane. 

< N" 2. Os que j'ai cassé et dont l'aspect intérieur prouve que les osse- 
ments ont élé brûlés avant d'avoir été enterrés; le noyau est encore noirci 
par le charbon ; c'est ce qui arrive quand on brûle des os; j'y vois le une 
preuve de combustion. 

(N" 3. Un des deux fragments de charbon, qui est encore une preuve 
de combustion. 

( D'après cet examen, voici ce que je suppose : 

(Les ossements ont été rassemblés après la combustion et introduits 
dans le vase en les y emp&tant avec de la terre glaise et de l'ambre. La 



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— 109 — 

matière résineuse a résisté; les eaax pluviales et souterraines ont amené 
l'imprégnalion du cuivre des bijoui, en même temps une bonne partie de 
la terre glaise a pu être entraînée par les eaui. 

cLe petit morceau de métal renrerme de l'élain et du cuivre; je n'ai 
fait (jn'une analyse qualitative. C'est donc du bronze, mais j'ignore s'il a 
ta composition du bronze ordinaire. 

fMars 1868.1 



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LES DEUX SCHWEIGH/EUSER. 



Autour de l'église de SaJat-Tbomas de Strasbourg, je veux dire, au 
pied de l'antique édifice , se rangeaient naguère encore des maisons de 
vieille apparence, à Taçades passablement délabrées; c'étaient tes demeures 
des chanoines atlacbés au Séminaire protestant, oi^ ils enseignent, h titre 
de professeurs, la philosophie, la philologie et les diverses parties de la 
science théologique. Les chaires de cet établissement d'instruction publique 
sont toujours occupées par des héritiers assez directs de l'ancienne Uni- 
versité de Slrasboui^, mais presque tous les logements, affectés à leur 
service, ont été renouvelés, accommodés é la mode du jour; le comfort 
intérieur a profité de ce que la place publique perdait en aspect pseudo- 
pittoresque. 

L'une de ces vieilles maisons abritait, il y a quarante ans encore, sous 
un seul et même toit, deux maîtres de ta science philologique: l'un. Tort 
avancé en ftge, presqu'ocLogénaire, aux trois quarts aveugle, sa tête véné- 
rable garnie d'une couronne de cheveux blancs comme neige ; l'autre, dans 
la force de l'âge viril, mais ressemant déjà les approches d'une vieillesse 
amenée par une activité intellectuelle excessive. Ces deux hommes, ces 
savants, c'étaient Jean Schweigbœuser, l'helléniste, et son fds Geoffroy 
SchweigbEBnser, l'antiquaire. Vous pouviez trouver le père, au premier 
étage de ta modeste demeure, les yeux usés par la lecture des manuscrita 
et abrités par un abat-jour vert, la figure appliquée sur les dernières 
épreuves de son dictionnaire ou lexique d'Hérodote; en passant, vous aviez 
peut-être vu le moins âgé se promener dans le petit jardin attenant & la 
maison, dans ce musée à ciel découvert, oiï quelques fragments de statues, 
quelques bas-reliefs antiques et un baptistère donnaient au visiteur le 
pressentiment et l'avant-goût de la convereation qui l'attendait auprès 
du collecteur de ces richesses archéologiques et artistiques. Hélas ! un peu 
plus tard ce même jardinet devait, dans les beaux jours de l'été, servir, 
non plus de promenoir, mais d'asile forcé, oà, pendant de longues années, 
te malheureux GeoOroy Schweighseuser, paralysé, venait jouir, dans un 
ftuteuil, de l'air et de la lumière. Je m'arrête; Je devance les temps; je 
n'aurai que trop vite à dire le (ktal déclin de celte belle intelligence, 
entravée au plus beau moment de son développement. 



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— 104 — 

La vie des. deux Schweigliseuser, du pÂre aveugle et du fîls paralysé, a 
été dite et redite par des bouches plus autorisées que la mienne, leurs 
nombreux travaux onl été plus d'une fois analysés; la France, l'Allemagne 
et l'Europe savante ont connu et appi'écié leurs oeuvres; dans le monde de 
l'érudition philologique et archéologique, le nom de SchvFeighœuser équi- 
vaut h un blason. En abordant ce sujet, en me lïiisant le biographe de ces 
hommes de savoir, j'ai plutôt le désir de rappeler des impressions person- 
nelles, d'accomplir une œuvre de piété, un vœu depuis longtemps formé 
en silence, pIulAl que d'analyser à neuf leurs oeuvres. Je raconterai leur 
existence à mon point de vue, quoique je n'aie point eu l'honneur de vivre 
dans leur intimité. En me reportant maintenanlaux années de ma jeunesse, 
où j'étais assis aux pieds de leurs chaires, un souffle du temps passé vient 
effleurer mon front, et les heures austères de l'élude se présentent, à cette 
distance, telles qu'on représente les déesses païennes, avec des guirlandes 
de fleurs printanières. Les textes grecs, interprétés par les deux illustres 
professeurs, s'illuminent maintenant d'une splendeur magique; te com- 
mentaire aride et la sécheresse grammaticale s'effacent devant ces rayons. 
A mon oreille retentit de nouveau, comme un écho de la tribune antique, 
la,période savante de Oémosthènes, et les chœurs des tragiques grecs me 
charment, m'enivrent de leur majestueuse mélopée. Obi te charme des 
souvenirs qui imprime à l'étude même sévère le cachet du bonheur! 

A l'époque où nous étions sur lesbancs de l'école universitaire, pendant 
la première moitié de la Restauration, nos maîtres — et les deux Schweig- 
hsBuser étaient du nombre — nous prêchaient l'amour désintéressé de la 
science, le culte du beau sans arrière- pensée, dans les écrits des anciens. 
Je ne me repens point de m'être abandonné à un sentiment, que notre 
jeunesse d'à présent appellera sans doute une pieuse illusion; loin de faire 
un reproche à ces maîtres vénérés de l'avoir entretenu pendant les 
années où d'habitude les passions aveugles dominent la léte et le cœur 
des jeunes gens, je les remercie d'avoir déposé dans nos flmes et d'y avoir 
entretenu ce feu sacré. Ils prêchaient d'exemple. 

Jean Schweigheeuser.lepère, est né le S4 juin 1742, A celte époque de 
calme qui marque le milieu du dii-huitième siècle, et qui était si favorable 
«ux éludes sérieuses et continues. Fils d'un pasteur de Saint-Thomas, il se 
destina de bonne heure à l'enseignement. Il comptait parmi ses roatti'es 
l'historiographe Schœpflin, si bien doué pour inspirer à la jeunesse qui l'é- 
coutait, l'amour du travail intellectuel. Jean Scbweighœuser avait de bonne 
hetu'e devant les yeux l'idéal du philologue; il arrivait, et touchait à sa spé- 
cialité, après avoir arpenté dans plus d'un sens le vaste champ de la science. 



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— 105 — 

La tbéotoïrie, l'histoire natnrelle, les matliématiques, la littérature ancienne 
el moderne lui étaient ramilières; la philosophie constituait une de ses éludes 
fevorites.etses «Opuscules académiques» portent un irrécusable témoignage 
en faveurde celte tendance première du futur éditeur de Polybe, d'Appien 
et d'Hérodote. De ces deux volumes, écrits dans un beau style latin, vrai- 
ment cicéronien, le premier, dédié à M. Degérando, est tout entier consacré 
à des thèses philosophiques; on y sent l'élève de Leibnitz et de Locke, du 
dernier surtout, que Schvreighœuser recommandait à ses élèves, même 
dans les dernières années de sa vieillesse. C'est l'esprit d'observation qui 
l'attirail avant tout dans les œuvres du philosophe anglais, car au fond de 
t'Ame Schweigheeuser était spiritualiste. Dans une thèse remarquable, où 
il traite la question ardue: (L'homme connalt-il mieux les choses maté- 
rielles, corporelles, que son esprit», Schweigbseuser fait une profession 
de foi qui ne peut laisser aucun doute. Pour lui, le moi individuel est in- 
destructible; c'est chez lui une conviction profonde. 

(J'avoue, dit-il, que je me connais, que je me retrouve moi-même 
comme une substance; mes perceptions (ce qui arrive par les sens) , mes 
pensées, mes actes, ne sont que comme des accidents.i 

Et dans une autre thèse, qu'il soutient le 6 mai 1767, sous la présidence 
de Reuchlin, Hur le système moral de l'univers, le jeune philosophe cherche 
à se rendre compte du plan de la Providence dans la création des choses 
matérielles et des esprits ou des inleltigences. Pour l'élaboration de ce 
traité philosophique, Schweighœuser s'était inspiré de Gudworth, du philo- 
sophe genevois Bonnet, et du sens moral, auquel, dans toutes ses spécu- 
lations philosophiques, il assignait un rang pour le moins égal à celui de 
la raison elle-même. Et pourquoi ne pas le dire dès i présent, il puisait 
aussi une notable partie de ses méditations dans les livres sacrés des chré- 
tiens, dont il admettait l'autorité supérieure, l'inspiration divine, sans 
arrière-pensée. On comprend qu'une nature comme la sienne, aussi solide- 
ment assise sur tes bases inébranlables de la foi el de la raison harmo- 
nieusement soudées, ait pu résister aux influences délétères du dix-huitième 
siècle, dans tes capitales de la France, de l'Angleterre, de la Hollande. A Paris, 
les langues orientales avaient fait l'objet spécial de ses études; au delà de 
nos frontières, il s'était borné à entrer en relation avec les savants philo- 
logues d'Oxford, de Leyde, de Leipzig; se promettant bien d'utiliser 
leurs conseils, lorsqu'il aurait conquis une position indépendante. Celle- 
ci ne pouvait lui faire défaut; après avoir fait ses premières armes au 
Gymnase de Strasbourg, il fut attaché, en 1770, a l'Université, en qualité 
de professeur adjoint à la chaire de philosophie. Cinq ans plus tard, il passe 



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— 106 — 

& la chaire de littérature grecque, et se lie d'amitié avec l'helléniste Brunck , 
avec ce critique audacieux, qui a laissé un nom , encore maintenant ré- 
pété dans le monde philologique. Le choix des tragédies de Sophocle et 
d'Euripide, que Brunck fît paraître, devrait en vérité porter aussi en télé 
le nom de Schweighœuser, son modeste collaborateur, qui allait un jour 
laisser bien loin derrière lui son ami, homme de salon autant que savant. 

Je ne veux point dire par là que Schweighseuser ait élé étranger aux 
choses de ce monde; mais chez lui l'étude dominait toute autre tendance. 
Sa vie était uniformément consacrée à ses travaux, et sans l'époque de la 
Terreur, aucun incident majeur, après celui de son mariage, n'en aurait 
interrompu le cours calme etuniforme. Pendant la période révolutionnaire, 
Schweighseuser fut exilé de Strasbourg; il se relira dans une petite ville 
du déparlement de la Meurthe, h Baccarat, et se plongea plus que jamais 
dans ses travaux, pour échapper au cauchemar qui pesait alors sur tousies 
nobles cœurs. Suspect aux autorités locales du lieu de sa retraite, parce 
que la lampe qui éclairait ses veilles studieuses leur paraissait un signe 
de trahison ou de conspiration contre l'État, Schweighasuser allait payer 
cher l'honneur de donner au public érudit le texte épuré de Polybe, lorsque 
fort heureusement pour lui, el pour tous, la crise terroriste passa. Il put 
rentrer dans sa ville natale, reprendre, non pas son ancien poste, qui était 
préalablement supprimé, mais la pleine activité de ses jeunes années, 
éditer Polybe (1795), prendre rang, un peu plus tard, dans le corps aca- 
démique reconstitué, professer sa langue chérie dans le Séminaire pro- 
testant et à la Faculté des lettres, enfin passer & la dignité de doyen de 
cette partie de la nouvelle Académie de Strasbourg. 

C'est par son édition d'Appien que SchweighGeuser avait fait sa grande 
entrée dans la carrière philologique (1785). 

Déjà dans ses Opuscules académiques il avait préludé è cette grande 
œuvre d'érudition par des travaux de détail, par des dissertations dédiées 
à Heyne. Ses recherches avaient porté sur l'âge et la personne d'Appieo, 
sur sa méthode historique. Il avait essayé de reconstruire Appien tel qu'il 
était, lorsque l'antiquité possédait le manuscrit complet de ses œuvres; il 
lui enlevait, par exemple, le livre sur les guerres Partbiques, discutait les 
sources, les codices, les manuscrits, les éditions imprimées de l'historien 
alexandrin. C'était, en un mot, une œuvre de restitution que Schweighseuser 
accomplissait A l'endroit de cet auteur de second ou de troisième rang , 
utile pour étudier les guerres civiles de Rome, mais incapable d'initier le 
lecteur dans les mobiles cachés et les terribles caractères de cette époque 
néfaste. 



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- 107 — 

Cest par sa belle édilion de Polybe que Sehweigliseuser s'éleva décidé- 
ment au premier rang des pliilologues de la un du dix-huitième siècle. Le 
lexique spécial, ajouté parl'itlustre énidit h son travail d'interprète, de com- 
mentateur, d'Initiateur, suffirait à fairela réputation d'un philologue, aumême 
litre que le dictionnaire élahoré et annexé par lui à son édition d'Hérodole. 
Polybe, sans être un historien de premier rang,— il fendrait pourcelaque le 
style fût à la hauteur desinlenlions et de la sagacité de l'historien, — Polybe 
était bien plus qu'Appien digne de remplir pendant près de deux lustres 
les veillées d'un savant tel que Schweighseuser; et il est facile de deviner 
ce que l'intelligence d'un homme qui n'est pas seulement éplucheur de 
textes et chercheur de variantes, doit gagner en étendue, en hauteur, 
dans la longue familiarité d'un écrivain qui avait été le protégé, l'ami des 
Scipion, qui avait vu la chute de Carthagc, et pris part, durant sa longue 
carrière, aux grands événements politiques de son siècle. 

Pendant la période du premier Empire, Schweighsuser avait successi- 
vement édité Athénée, le manuel d'Ëpictèle, la table de Cébès, et préparé 
sa magnifique édition d'Hérodote, sinon l'œuvre capitale, du moins le digne 
couronnement de sa laborieuse carrière. Je me suis demandé ce que 
l'intimité, dans laquelle J. Schweigheeuser a vécu avec le père de l'histoire 
grecque, avec le plus poétique, le plus atli'ayant des historiens, a dû lui 
apporter de nobles jouissances, ce que son esprit a dû proûter au contact 
de cette intelligence encyclopédique, à quel degré de sagacité son juge- 
ment a dû parvenir, en pesant, en contrôlant, en interprétant tes faits 
quelquefois bizarres, rapportés par l'auteur d'une véritable histoire uni- 
verselle des siècles héroïques. S'il m'étaitpermîs d'adresser, à undemi-siécle 
de distance, un timide reproche à l'éminent helléniste, c'est de n'avoir pas 
suffisamment initié ses élèves è ce travail intellectuel, auquel il se livrait 
dans le silence de son cabinet d'études, et de s'être borné, dans ses leçons 
publiques, à des questions de subtilité grammaticale, au lieu d'inspirer à 
ses auditeurs, par une interprétation rapide de ses auteurs favoris, te 
culte de l'antiquité classique. Hais pourquoi ne pas l'avouer aussi, la géné- 
ration qui suivait alors les cours de Jean Schweigbœuser, y arrivait insuf- 
fisamment préparée; on sortait presque de l'époque révolutionnaire et de 
l'époque impériale, agitée par les guerres européennes. Schweigbœuser 
mettait son premier devoir à enseigner une langue presque oubliée; il était 
convaincu qu'en fournissant l'instrument, il mettait aussi ses élèves en 
mesure de s'en servir avec avantage, et de pénétrer dans le sanctuaire des 
idées, après avoir pris pied sons le portique du temple. 

Quoi qu'il en soit, lorsqu'en 1824 il corrigeait, déjà plus qu'octogénaire, 



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- 108 — 

les dernières épreuves de son lexique d'Hérodote, il aurait eu le droit de 
dire: Monumentum exegi. Tous les honneurs académiques, le titre de 
correspondant de l'Inslilut, le lémoi^'nage de tous les hommes compétents 
lui étaient tombés en partage; il ne pouvait ig:aorer sa valeur personnelle; 
mais dans sa retraite studieuse il n'avait amhïtionné que la réputation d'un 
travailleur sérieux dans le champ de la science; comme homme, il n'avait 
voulu que le renom d'un excellent père de famille et d'un chrétien con- 
vaincu. Dans sa volonté dernière, il. avait consigné ces belles paroles; 
tQue celui qui sera chargé de prononcer les mois d'adieu sur mon cer- 
cueil donne l'asEui-ance à tous mes amis que je rends mon âme A Dieu avec 
le sentiment d'une vive gratitude pour tous ses bienfaits, avec une foi 
pleine et eniiére dans ses promesses, confirmées par la mort et la 'résur- 
rection de Jésus-Christ, et avec l'attente de passer du l'oyaume des ténèbres 
dans le royaume de lumière.* 

Jean-Geoffroy Schvïeighaeuser, né en 1 776, était d'une nature différente. 
Son père, sans aucun doute, a imprimé â sa carrière une marche analogue 
8 celle qu'il avait suivie lui-même; le fils ne pouvait rester étranger aux 
études de l'éditeur de Polybe et d'Hérodote; mais ce fils avait une veine 
poétique dont Jean Schweighseustr ne devait pas précisément favoriser le 
libre essor. La mère de Geoffroy' parait avoir exercé sur cet enfant pré- 
coce une inOuence marquée; on cite de lui des traits qui laissent deviner 
des soins maternels incessants. Une sœur de Geoffroy, de quelques années 
plus jeune que lui, avait comme lui un beau talent de composition poé- 
tique, qu'il n'aurait tenu qu'à elle de produire au grand jour de la publi- 
cité. On devine, au surplus, qu'il s'agit de poésie ou de versification alle- 
mande. Le culte de la jeune littérature allemande, qui était alors dans 
son plein épanouissement, devait compter de fervents disciples dans une 
ville où Gœlhe et Herder venaient de séjourner. 

Geoffroy Sch^reighœuser avait à peine dix-sept ans lorsque l'orage 
révolutionnaire dispersa les membres de sa famille. Tandis que son père 
cherchait à se faire oublier dans son obscure mais studieuse retraite de 
Baccarat, le jeune Geoffroy était enrdlé comme simple volontaire dans 
l'armée républicaine; il remplissait son rôle on son devoir de soldai- 
citoyen dans les lignes de Wissemhourg et dans le Palatïnat, emportant 
au fond de son havresac un exemplaii'e de la Cyropédie et de la Retraite 
des Dix mille. C'est dire qu'au milieu du tumulte des camps et des com- 
bats, il suivait l'étude de la langue adoplive de son père. Avec l'heureuse 
insouciance de la jeunesse, il inscrivait dans son carnet les premières 

t. Bile apparteDait i lu hmiUe Hering. 



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— 109 — 

inspirations versifiées, plus lard recueillies ou ampHfiées dans les ^na- 
nachs des Muses d'Allemagne. Je ne m'arrête point aux détails de ces 
productions précoces, qui n'étaient point destinées à vivre et sur lesquelles 
Geoffroy Schweighaiuscr n'a jamais, plus tard, appelé l'attention de ses 
amis et de ses élèves. 

I^ibéi'é du service militaire, il put, pendant un séjour prolongé à Paris, 
rendre des services importants à son père vieillissant, eti collationnant 
des manuEcrils ponr les éditions d'Ëpictète, de Cébès, d'Alhénée; lui- 
même il put s'initier de plus en plus dans le monde des arts et de la litté- 
rature. Précepteur, pendant quelque temps, dans la maison dé M. Voyer- 
d'ArgensoD, il vil, pendant le Consulat et tes premières années de l'Em- 
pire, l'élite de la société parisienne; tout en l'appréciant, il n'oubliait 
point sa double origine. Les littérateurs allemands, qu'il eut l'occasion de 
rencontrer dons la capitale de la France, eurent une bonne part de ses 
aflèctions. Je liens de sa propre bouche les détails de sa liaison avec le 
poète germanO'danois, Jens Baggesen, qui avait exercé sur l'esprit du 
jeune Alsacien un attrait justifié par une intarissable verve, des connais- 
sances multiples, et l'analogie d'un développement partagé entre plusieurs 
nationalités. Dans les salons de M""^ de Sisël, il vit les frères Schlegel et 
suivit un cours de littérature de Frédéric. Lorsque Geoffroy Scliweighseu- 
ser revint dans sa ville natale, son père lui aplanit la carrière de l'ensei- 
gnement. Il fut nommé, en 1813 , professeur de tilléralure latine au Sémi- 
naire protestant et adjoint de son père à la Faculté des lettres. 

Les leçonsde Geoffroy Scbweigheeuser avaient uo caractère autre que 
celles de son père; le littérateur y prédominait; il appuyait, de préférence, 
sur l'histoire des langues et des httératures. Son cours d'esthétique était 
de nature à donner aux élèves le goût des lectures classiques et à mettre 
en lumière les lectures variées du professeur. Dans la matinée des jours 
fériés, il conviait les élèves de bonne volonté à des exercices de déclama- 
lion et à la rédaction de monographies ou de petits traités philosophiques 
et littéraires, dans les deux langues. C'est dans ces modestes réunions que 
les futurs prédicateurs, placés devant un cercle de camarades d'étude, ont 
été le plus en mesure de se développer et de prendre un avant-goùt de 
leur carrière future. Je ne sais s'il existe beaucoup de survivants de cette 
génération près de s'éteindre, mais je ne risque point de provoquer un 
démenii de la part de ceux qui ont pris part à ces matinées dominicales. 
Les critiques du professeur dirigeant étaient pleines d'à-propos; les en- 
couragements, les éloges mérités ne faisaient point défaut, et, pour ma 
part, j'ai voué uo souvenir de gratitude au maître qui faisait succéder à 



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— no — 

l'austéiilé des leçoDs hebdomadaires ce .délassement intellectuel i auquel 
participaient des élèves de toutes les promotions et des jeunes gens par- 
faitement indépendants de la Faculté de théologie. 

En 1816, Geoffroy Schwcigliaïuser s'était créé un intérieur domeâtique; 
il avait épousé l'une des fdles du professeur d'anatomie, Thomas Laulh, 
et il avait su associer sa compagne à une partie de ses goûls studieux. De 
ses années de jeunesse, il avait consei-vé l'amour des explorations savanles, 
des courses entreprises dans un but scientifique; il parcourait pendant les 
vacances la vallée rhénane et les Vosges, étudiant, dessinant sur place les 
monuments celtiques, romains, germaniques. De nos jours, ce goût s'est 
répandu dans toutes les classes de la société; personne qui n'ait au moins 
une teinte d'archéologie ou quelque notion d'architecture; mais dans les 
premières années de la Resta uralion, ce n'était pas encore chose commune 
de voir un homme d'étude donner spontanément tous ses loisirs, toutes 
ses forces à ce genre d'exploration. Les communications avec l'intérieur 
de nos deux déparlements n'étaient pas toujours chose facile ; il fallait, 
dans ces promenades, renoncer à tout le comfort de la vie, se passer de 
toute direction, voir et découvrir soi-même; car en Alsace, à l'exception 
de Schœpflin, de quelques antiquaires plus anciens et de quelques mo- 
destes contemporains, personne n'avait résolument abordé ce genre 
d'études. 

C'est dans ce but et dans cette disposition d'esprit — j'allais dire de 
cœur, car Schweigheeuser apportait l'ai'deur des néophytes à ces recherches 
— qu'il visita plusieurs fois en grands détails l'enceinte celtique ou gallo- 
romaine de Hohenbourg et qu'il en donna la première description com- 
plète. De cette époque datent aussi ses relations avec feu M. de Gothéry; 
et cette alliance des deux antiquaires du Haut et du Bas-Rhin a produit, 
on le sait, un ouvrage désormais classique, malgré quelques inexactitudes 
ou lacunes de détail. J'ai nommé les Antiquités de l'Alsace, ou Châteaux, 
églises et autres moimtrmils du Haut et du Bas-Rhin\ C'était pour le pu- 
blic alsacien une véritable initiation dans les souvenirs du passé de notre 
province; aussi cette œuvre à la fois séiieuse et amusante, ornée de nom- 
breux dessins lithographiques, fut-elle accueillie avec une faveur marquée; 
encore aujourd'hui elle est recherchée comme au jour de sa publication. Ou 
avait vu, il est vrai, succéder au premier entraînement un peu d'indifférence ; 
les amateurs, séduits par des travaux plus récents, avaient négligé celui 
des deux collaborateurs érudils; mais ce moment d'injustice a été bien 
vite compensé par une recrudescence de sympathie, et nous prédirons 

1. Publié par Engelmann à Uulliouse et i Farta, i tdI. in-tol. 



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— m — 

aux Antiquités d'Alsace de Schweîghœuser et Golbéry la durée des com- 
posilions d'ensemble qui reposenl l'esprit après des études de détail con- 
sciencieuses mais arides. Le caractère propre de leur œuvre c'est l'absence 
de tout système préconçu ; c'est la justice rendue à toutes les époques et 
à tons les styles. Les deux amis s'étaient complétés; tout en se bornant 
chacun au département qu'il avait adopté, ils se communiquaient manus* 
ciïls et épreuves, ne s'épargnanl ni corrections, ni critiques mutuelles; 
Golbéry ramenait quelquerois l'imagination de son associé dans les Umiles 
réelles; Schweîgliœuser modérait l'esprit crilique de son confrère et émule, 
disciple de l'école de Niebuhr, et tenté, comme tel, d'appliquer le bélier 
aux hypothèses les plus ingénieuses et les plus probables. 

La belle activité de SchweighiBuser fut assez subitement interrompue, 
en 1839, par un mal nerveux qui dégénéi'a lentement en paralysie. 11 avait 
cherché, mais en vaiu, quelque soulagement dans les eaux thermales de 
Bade et de Schinznach, puis sur les hauteurs alpestres du canton d'Ap* 
penzell. Pendant quatorze ans, le malheureux professeur resta cloué sur 
une chaise longue ou sur un lit de douleur; son intelligence survivait et 
assistait avec résignation à cette lenle désorganisation de son enveloppe 
mortelle. Aux approches du congrès scientifique de France, tenu à Sti-as- 
bourg en septembre 184â, G. Sch-weighœuser sembla se ranimer; son 
ardeur de travail se manifesta une fois encore par l'Inventaire des richesses 
archéologiques du Bas-Bhin; mais c'était la tueur dernière d'une lampe qui 
s'éteinl. Dix-sept mois plus tard, G. Schwei^'hœuser avait cessé d'exister. 
Son vieux père l'avait précédé de treize ans et avait eu la douleur, avant 
de mourir, de voir tes premiers symptômes de l'incurable maladie de 
son fils. 

Ces longues années de captivité forcée avaient du moins été adoucies 
par les soins aiïeclueux d'une épouse dévouée et par les témoignages de 
respectueuse assiduité d'anciens élèves. On honorait dans sa personne le 
doyen de l'archéologie alsacienne, le fils de l'hellénisle et le martyr de la 
science. 

J'ai eu l'occasion de lire en manuscrils les vers allemands composés 
par G. Schweigbœuser pendant la période de son âge mûr. 11 est è regret- 
ter qu'on n'ait point procédé à un choix et qu'une partie de ces vers 
n'ait pas été publiée dans quelque recueil périodique d'Alsace. J'ai gardé 
le souvenir d'une pièce moitié didactique, moilié descriptive, qui a servi 
de cadre aux idées du poète sur la formation géologique de la vallée du 
Rhin; car G. Schweighœuser n'élait pas resté étranger A la marche des 
sciences naturelles, et son esprit investigateur devinait ce que la science 



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— us — 

contemporaine a constaté d'une manière plus pi-écise. PluEÎeurs de ces 
pièces respirent, s'il m'en souvient, la douce rêverie dont Halliisson el 
les poêles élégîaques de l'Angleterre avaient été les propagateurs; dans 
d'autres, le poète se laissait aller à des penchants un peu mystiques. 
Geoflroy était croyant, mais pas au même litre que son père, dont la 
solide orthodoiie paraît nettement accentuée dans ses traités philoso- 
phiques el dans l'expression de sa volonté dernière. — Je m'arrête devant 
le domaine de la conscience, n'ayant pas eu, à ce sujet, de conversation 
intime avec le malheureux malade. Je me rappelle seulement que dans 
son cours d'esihélique il nous Gt un jour la lecture d'une réfutation élo- 
quente, en vers, de la (Résignation de Schillen. Celte honnête inspira- 
tion d'un poêle alsacien, israélite, mais qui n'a point conquis une renom- 
mée, devenait dans la bouche de notre professeur une espèce de profession 
de foi personnelle; elle impliquait la croyance dans une compensation 
future aux épreuves de ce monde. 

On a déposé à la hibliothéque de Strasbourg les nombreux dessins 
archéologiques de G. SchweighsBuser; ces souvenirs devaient rester à 
rétablissement dont il avait été pendant plusieurs lustres le fidèle gar- 
dien. G. SchweigteEuser appartient à la lignée des savants professeurs, 
munis d'une science encyclopédique, qui conservaient les traditions de 
Schœpflin et d'Oberlin , et représentaient dignement devant la France et 
l'Allemagne l'ancienne Université d'Argentorat '. 

1. Voir, pour plus de détails, l'article consacrË par M. Schnililer ■ Jean Scbweigluea- 
eer dans la Bcoue eneyelopédlque des gens du monde, et une notice biographique sur 
GeolTro; Schweighstieec et ses traTtui plillologiqaes, iosërëe dans le Journal FAItaee, 

par M. de ûolbëry . 

L. Spach. 



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RAPPORT SUR UN MÉMOIRE 

CONCERNANT 

LES ANTIQUITÉS GALLO-ROMAINES 

DU HAUT-RHIN. 



M. Gestre, conducteur des ponts et chaussées, attaché aux travaux du 
Bkin, et officier d'Académie, a présenté à la Société un mémoire, ou plu- 
tôt la première partie d'un mémoire sur les antiquités gallo-romaines du 
Haut-Rhin. 

Cette première partie, qui ne contient pas moins de 83 pages, se com- 
pose de neuf chapitres ou paragraphes qui peuvent se classer en trois 
grandes divisions que nous allons successivement analyser. 

I. 

Le lac 16^iidBlr« d'Alsace. — L'BUo-Kbenos. — Le Thalweg romain. 

Malgré cette épithète de légendaire, l'auteur établit de la manière la 
plus plausible l'existence de cet ancien lac Par des cotes, des coupes, 
exécutées avec une habileté remarquable, el, nous n'en doutons pas, 
avec une exactitude de calculs qui rentre dans la spécialité de ses travaux 
journaliers, il établit, dans le niveau de celte immense plaine liquide, 
trois périodes d'abaissement. 

Dans la première période, la largeur du lac au point où s'élève, de 

nos jours, la ville de Huningue, aurait été de 6,700°' 

à la seconde période, de 4,300 

et à la troisième, de 2,250 

tandis qu'au même point, la laideur actuelle du Rhin n'est plus 

que de 200 

Quant à YEUo-Rhenus, il donne ce nom i un bras du Rhin qui, indé- 
pendamment de son cours actuel, aurait suivi la vallée de l'Ill en aval 
d'Ensisbeim. 

Si, aux calculs techniques de l'auteur, parfaitement compétent en cette 
matière, on ajoute les observations géologiques desquelles il résulte, au 

UtSiBis. — T. VI. — (M.l 



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_ iU — 

dire de persomies non moins compétentes, mais au nombre desquelles 
j'ai le regret de ne pas me compter, que le lit actuel de l'Ill et les terres 
qui bordent ses rives conUennent, en grand nombre, dés fragments et des 
détritus de loches alpestres, il fiiut bien en condure que ces minéraux y 
ont été entraînés par un cours d'eau venant des glaciers de la Suisse ou 
des Grisons, et qui ne peut être que le Rhin. 

Quant au Thalweg romain, il le retrouve dans le cours d'eau appelé, 
de nos jours, canal des Moulins, le long duquel se rencontrent les ruines 
de Stabidœ, à'AlHng, de Bwghof, et les villages de Fesser^teim et de 
Nambsheim. 

A propos de cet ancien Thalweg, il ne pouvait passer sous silence la 
question relative à Mons-Brisiacus. Voici comment il s'exprime à ce sujet: 
f Le Mons-Brisiacus se trouvait sur la rive droite du Ûeuve (comme aujour- 
d'hui). Puis, le TAo/ufe^ se jetant successivement sur le rideau badois, ainsi 
que le démontrent les ravinements altérés du gradin de gauche, il tourna 
enfin le Moni-&isiacus qui fit partie des terres celtiques pendant de longs 
siècles, n 

U. Cestre veut dire par là, sans doute, que le bras principal ou Thalweg 
passait à l'est de Brisach, tout en jetant un bras secondtàre entre la mon- 
tagne brisgovienne et la plaine alsacienne. Aussi représente-t-il sur sa 
carte Mons-Brisiacus sous la forme d'une lie, < m modum iasulœ cingenst, 
dit Luitprand {anno 939). S'il veut dire, au contraire, qu'à une époque 
quelconque, on a pu aller, à pied sec, du point où s'él&ve aujourd'hui 
Gotmar au rocher que couronne Vicux-Brisach, c'est là une opinion que 
la géologie et l'histoire rendent à peu près inadmissible. 

Du dixième au treizième siècle, le Thalweg a pu et dû faire plus d'une 
évolution dont l'histoire n'a pas gardé de traces, et notamment il avait 
abandonné la rive badoise depuis fort longtemps, et servait, comme au- 
jourd'hui, de séparation entre l'Alsace et le rocher brisgovien, lorsqu'en 
1265 une partie du courant rejoignit de nouveau son ancien lit germain, 
ainsi que le constate le fameux passage de la chronique des Dominicains 
de Colmar, auquel on a voulu faire dire le contraire, mais dont le sens 
n'est pas douteux: tBenus qui longo tempore oppidum Brisiacum ab Al* 
satiâ diviserai, t5/o anno, pro parle, ad laïus montis se aliud trirnsfer^at»; 
de sorte que la ville se trouva de nouveau dans une Ile, comme à l'époque 
romaine, comme au temps de Luitprand (t/in als Insel einschliessen, 
disent tes documents allemands). 

Cet élat de choses n'aurait guère duré qu'une trentaine d'années, car 
M. Cestre nous apprend, mais sans indiquer la source de ce document^ 



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«qu'en 1S96, par une nouvelle évoluUon du Thalweg, Brisach se trouva, 
comme aujourd'hui, complétemeot sur le coDlIneot germauique, position 
qu'il n'a plus quittée i. 



Le ehamp d» batalUs d'Arioviste. 

Ea tèle de ce chapitre , l'auteur n'hésite paa à déclarer que la bataille 
fut livrée dans la plaine de Lure, à t'^lrée des valtées de Bussaug et de 
Roocbamp , et non ailleurs. 

Si, sur ce point, il est en désaccord arec t'ai^stâ auteur de la f^ de 
César, en revanche, il se rapproche beaucoup de l'opinion émise par l'au- 
guste vainqueur d'Austerlitz et dléna , qui place le champ de bataille aux 
environs de Belfort. Il aura pour lui, sauf quelques réserves, tous ceui 
qui le placent chez les Séquanais , mais je doute qu*^ convertisse ceux qui 
le placent à l'Oxenfeld. 

En pareille mati^e, on peut Taire des prosélytes; on obtient rarement 
des conversions. 

Et pourtant U. Cestre, avec la foi d'un convertisseur, n'hésite pas A 
ofhir dans le résultat de ses recherches c la certitude de la réussite la 
plus complète». 

n va jusqu'à préciser les diverses stations de César entre Besançon et 
le lieu de la bataille; dans son système, chaque jour de marche n'aurait 
guère dépassé un lâyriamètre. C'est bien peu pour César; mais pour qu'il 
mette sept jours de Besançon à Vouhenans {sepUmo die) , ou ne peut 
lui accorder davantage. L'empereur Napoléon III suppose les étapes de 
César de vingt Idlométres; c'est peut-être beaucoup à ce moment et dans 
cette région; mais pour l'amener de Besançon A l'Oxenfeld, en sept jours, 
on ne pouvait lui feire Aire moins. 

César décrit le théfltre de l'action avec un laconisme tel, que sa topo- 
graphie peut s'appliquer i vingt localités de nos contrées. Cest son pro- 
cédé habituel, et c'est là le grand écueil de ces sortes de questions. La 
« description d'Âlesia s'applique aussi bien & Alise qu'à Alaise; celle d'Vxel- 
lodunum ou de Gergovia s'y appliquerait également, s'il ne les plaçait 
dans une tout autre région. C'est que César s'occupait beaucoup moins 
des Saumaise lùturs que de ses contemporains, et beaucoup moins d'en- 
seigner & ceux-ci la géographie de la Gaule, que de les éblouir par ses 
exploits. 

Asinius Pollion, cité par Suétone, affirme que, lur la fm de sa vie. César 



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— H6 — 

annonçait l'intention de refaire ses Commentaires pour en effacer les lacu- 
nes, les obscurités, les erreurs. Cette assertion est très -vraisemblable. 
Le dictateur, après avoir gouverné dix ans la Gaule, la connaissait autre- 
ment, à coup sûr, qu'au début de la conquête, époque à laquelle il a dâ 
écrire son premier livre qui se termine à cette défaite d'Arioviste. J'ajou- 
terai que ces erreurs ne devaient pas être toutes involontaires, et ce n'est 
pas là le moins curieux des rapprochements à faire entre le rédacteur des 
Commentaires et celui des Bulletins de la grande Armée. 
: Toutefois , quant à la défaite d'Arioviste , César n'avait aucun intérêt à 
augmenter ou à diminuer la distance du champ de bataille au Bhia , et 
après la victoire, il lui avait été facile de la faire mesurer exactement; mais 
il n'est pas certain qu'il l'ait fait mesurer, il n'est pas même certain qu'il 
l'ait indiquée, ne fût-ce qu'approximativemeat. 

Nous ne possédons plus de manuscrit, je ne dis pas autographe; ce 
serait trop d'exigence; mais seulement authentique et contemporain de 
César. 

Mais l'édition prineeps des Commentaires (incunable de l'an 1473), 
extrêmement rare, cotée dans les ventes de 300 fr. à 500 fr. et dont la 
bibliothèque de Colmar possède un exemplaire petit iii-^", véritable chef- 
d'œuvre de typographie, n'indique pas la distance franchie par les vaincus. 
Elle dit simplement : t Vsque ad Rheni ripam fuga perpétua fuil. > 

Il faut en conclure qu'au quinzième siècle, il existait encore des ma- 

nuscrits esUtnés (les premiers imprimeurs n'en reproduisaient pas d'autres) 

' et qui gardaient le silence sur la distance du champ de bataille au Rhin. 

D'un autre côté, il est certain qu'au temps de Plutarque, il en existait déjà 
qui indiquaient cette distance, mais ils l'indiquaient, vraisemblablement, 
en chiffres romains; or, tout le monde sait combien, en chiffres romains, 
il est facile de confondre le nombre cinq avec le nombre cinquante. D 
suffit que l'une des branches de la lettre V se rapproche de la ligne hori- 
zontale, pour que l'on y voie un L, et réciproquement. Il est donc pro- 
bable que, dès cette époque, les uns lisaient quinque, les autres quin- 
qaaginta. 

Je dis que c'est probable, je devrais dire que cela est certain, car la 
même divergence se retrouve dans les manuscrits grecs de la Vie de César 
par Plutarque. Pour cette partie de la vie de son héros, Plutarque, ainsi 
que, de nos jours , son émule couronné, ne fait guère que traduire les 
Commentaires. Les manuscrits que nous possédons de lui portent; les uns 
400, les autres 40 stades. C'est la même proportion. Le stade grec étant 
de 1S5 pas, 8 stades représentent un mille romain et 40 représentent les 



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— 117 — 

quinque de certains manuscrits des Commentaires, comme 400 représen- 
tent les quinquaginia de certains autres. 

J'ajouterai que plusieurs éditions modernes des Commentaires, notam- 
ment celle à la ^ouve, imprimée en 1895 par Firmin Didot, et que j'ai sous 
tes yeux, adoptent la version quinque. Lemaire, dans sa collection des clas- 
siques latins, donne, il est vrai, dans le texte, quinqaaginta; mais dans une 
longue note où il rappelle les arguments produits en faveur de la version 
quinque, il se prononce pour cette dernière comme la plus admissible {quœ 
distanlia satis magna mihi videur, komimbus cursu conàteUo fugientibus). 

Et en effet, tant qu'on n'applique pas ces chiffres sur le terrain, celui de 
cinq milles est le plus admissible , je dirais volontiers le seul admissible. 
On se représente la horde germaine gagnant le fleuve au plus court, dans 
une fuite effrénée de 8 à 10 kilomètres, poursuivie l'épée dans les reins, 
par la cavalerie de César, qui en fit un épouvantable massacre. On ne se 
représente pas cette scène sur un espace de 17 tieues, impossible à fran- 
chir avant la nuit, puisque la bataille avait duré une partie du jour. Mais, 
objecte-l-on. César ne dit pas qu'il ait poursuivi les Germains jusqu'au 
Rhin. Nous allons voir s'il ne le dit pas implicitement, et s'il avait besoin 
de le dire. 

En tout cas, Plutarque le dit : Em -axçmtowt ffraBtovç, axpt ton Pipov 
SiuÇotc, wcnicXi]?) TouTO nav vsxpuv to mlkov xot Xaçupuv. (Les ayant pour- 
suivis jusqu'au Rhin , à 40 stades [5 milles], il remplit toute cette plaine 
de morts et de dépouilles.) 

Sans doute, Plutarque n'était pas contemporain de César, mais de son 
temps la tradition était encore assez vivante pour faire autorité. Les vieil- 
lards pouvaient, dans leur enfance, avoir entendu ses exploits racontés par 
leurs pères, qui, vieillards eux-mêmes, avaient pu en être témoins ou 
tout au moins les tenir de témoins oculaires. 

Mais je soutiens que cette poursuite de la cavalerie de César résulte du 
teste même du chapitre 53. 

Après avoir dit qu'un petit nombre de Germains avaient pu traverser te 
fleuve , qu'Arioviste lui-même n'avait dû son salut qu'à une barque qu'il 
avait trouvée attachée au rivage, César ajoute : tReUquos omnes consecuti 
équités nostri intetfecerunt. > 

Donc ils furent poursuivis et atteints, et ils le furent au bord, ou tout 
au moins en vue do fleuve; autrement, comment coanattraît-on ce détail 
du chef germain détachant une barque du rivage pour lui confier son 
salut? 

Tout cela se concilie difficilement avec une distance de 17 lieues. César, 



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- «8 - 

dont l'audace, comme celle de tous les grands capitaines , était tempérée 
par une sage prudence, n'aurait pas laissé sa cavalerie s'aventurer aussi 
loin dans une contrée inconnue, au risque de la voir en partie détruite 
par un suprême effort des Germains réduits au désespoir. 

Ajoutez que si quinquaginta représente dix-sept lieues pour Ariovifite, 
qui , une fois le Rhin franchi, était sauvé, cela en représente trente-quatre 
pour la cavalerie de César, obligée do revenir à son point de départ, an 
milieu des légions dont l'infanterie ne pouvait tenter une pareille poursuite. 
Trente-quatre lieues! trois jours, au moins, de marche forcée I Et les 
vivres, et les fourrages? où cette cavalerie les aurait-elle trouvés pendant 
cra trois jours? 

D'ailleurs, il sufSt de lire le récit de César, pour y voir le tableau d'une 
action complexe, mais unique: la bataille, la débite, le massacre; trois 
actes d'un drame accompli dans la même journée et sur un espace restreint 
comme celui que représente la version quinque. 

Hais lorsqu'on a voulu préciser le lieu de la défaite, but }Jus louable, 
à coup sûr, que facile à atteindre, on ne trouvait pas, avec le Rhin actuel, 
de terrain acceptable. 

Alors on s'est rejeté sur la version qtdnquaffitUa. 

A vrai dire, au lieu de simplifier la question, o» la compliquait. Outre 
les invraisemblances que je viens de signaler, si l'on ne trouvait pas un 
cfaamp de bataille acceptable, â huit kilomètres du fleuve, on ne lé trouvait 
pas davantage à soixante-six kilomètres, en ligne directe, qui est la ligne 
généralement préférée par les fuyards. 

Aussi, longtemps avant M. Oestre, plus d'un commentateur avait-il sup- 
posé qu'au temps de César. le cours du Rhin n'était pas celui que nous 
connaissons. 

L'hypothèse si vraisemblable du bras secondaire que l'auteur appelle 
Mlo-Rhmus, semble bien faite pour simplifier la question , et H. Cestre' 
lui aura fait faire un grand pas, s'il trouve un champ de bataille à huit 
ou dix kilomètres de ce bras secondaire. 

Mais il ne le cherche même pas. Il accepte la version quinquagittta et 
il place le théâtre de l'action à Vouhenans, près Ronchamp (HautenSaône), 
c'est-à-dire à dix-sept lieues de son Ëllo-Rhenus, mais à peu près è la 
même distance du Rbiu actuel, par une ligne obliquant légèrement vers le 
Sud-Est, qui placerait le pointdu passage d'AriovisteentreBâleetHuningue. 

L'auteur préférant la voie de fEllo-Rhenus, suiyons-le dans ceUe voie, 
bien qu'elle soit fort périlleuse, avec le champ de bataille et l'itinéraire 
par lui adopté. 



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En effet, ici tes difficdtésde la fuitedes Germains se compliquent singu- 
lièrement par une nouvelle hypothèse de H. Oestre lui'mème. En nous re- 
présentant les vaincus se dirigeant de Roochamp,. par Belfort, $aint-Ger- 
maio et Aspach, vers Sausheim, l'un des points où il leur fait traverser 
VEUo-RhenuSy il se heurte, bien qu'il les passe sous silence, à toutes les 
objections que l'on adresse à ceux qui les conduisent, par une ligne oblique, 
sur un point quelconque du Riàn actuel. 

Hais il va plus loin. H suppose une seconde colonne de fuyards arrivant 
à Rudisheim, son second point de passage sur l'Ello-Rhenus, et par où? 

Par le col de Bussang, la vaUée de Saint-Ammn, Thaim et Cemay! 
Représentez- vous, si c'est possible, ce que devaient être, il y a près de 
1,900 ans, ces montagnes, ces gorges, ces forêts, aujourd'hui encore si 
accidenlées, et demandez -vous, alors que, dans le système de l'auteur, 
les légions de César, naguère victorieuses è Bibracie, marchant locis 
apertis, n'ont fait que dix kilomâres par.jour, ce qu'une borde étrangère 
vaincue, sans vivres, sans guides, .encombrée de chariots chargés de 
femmes et d'enfants, a dû mettre pour faire ce trajet de dix-buit lieues 
par la monlagnet 

Ohl ceus'U, il n'y a pas eu besoin de la cavalerie de César pour les 
détruire (je ne fais pas à César l'injure de supposer qu'il l'eût laissée s'a- 
venturer seulement jusqu'à Bossang), et je trouve que H. Cestre fait bien 
de l'honneur i sa seconde colonne de fuyards, en lui assignant, sur l'Ëllo- 
Rhenus, un point de passage à Ruelisbeim, car je doute fort qu'un seul 
de ceux qui ont pu choisir un pareil itinéraire, ait pu arriver seulement 
au point où s'élève aujourd'hui Saint-Amarin. 

Néanmoins, dans le système d0 H. Cestre, une partie de ces fuyards 
aurait dépassé même Cernay, de aorle que le. malheureux Oxenfeld ne 
se verrait pas complètement dépouillé dn rôle que lui attribuent, dans ce 
grand lait historique, des écrivains dont l'opinion a quelque autorité, même 
en oubliant un inslantla couronne de l'un d'eux. Étranger à la bataille, 
rOsenfeld aurait, du moins, été le théAlre d'une partie de la défaite, et la 
légende des légions du prince Charles pourrait s'appliquer, sinon à des 
combattants, du moins A des vaincus. 

Seulement, ces vaincus auraient traversé le col de Bossang, ce qui, je 
viens de le dire, ne me parait pas admissible. 

H. Oestre, qui a le bonheur d'avoir acquis, dans ses hypothèses, tla 
cgrtUude de la réussite la plus compUêet, nous pardonnera donc de ne 
pas nous y associer, et cependant de le remercier, au nom de l'Oxen- 
feld et de ses partisans, non pas pour ce rôle secondaire qu'il lui con- 



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— 120 — 

cède iDdirectenient , miùs pour le rdle priacipal qu'A loi restitue bien 
involontairement, à coup sAr. 

En effet, eux aussi, les partisans de l'Oxenfeld, étaient gênés par cette 
double version de qtUnque et de quinquagvnta. Avec le Rbîn actuel, la 
fuite, même directe, des Germains les conduisait à Ghalaœpé, qui est i 
vingt kilomètres, c'est-à-dire douze de plus que quingw mUlia. Le Rhin 
était évidemment trop loin. En se rabattant sur quinquayinta , il était 
beaucoup trop près, puisqu'ils avaient toujours vingt kilomètres et qu'il 
leur en fallait soixanle-siz au minimum. Il ne leur restait plus d'autre res- 
source que la ligne oblique qui les conduisait aux environs de Rhinau, 
mais qui est complètement arbitraire. Avec l'bypothèse, si admissible, 
de t'Etlo-Rhenns, la situation change complètement. 

Les partisans de l'Oxenfeld sont débarrassés de l'bypothèse paléogra- 
phique de quinquaginta; ils gardent le texte si vraisemblable de quinine 
miUia, et ils trouvent précisément, de l'Oxenfeld à Ruelisbeim, point de 
passage indiqué par H. Cestre lui-même, les huit ou dix kilomètres qui y 
correspondent. 

Je laisse de côté la question de savoir si l'Oxenfeld est, ou non, dans 
l'ancienne Séquanie. Cette question pourrait être discutable s'il s'agissait 
de la Gaule des Empereurs, ou seulement de la Gaule telle qu'elle était 
à la mort de César; elle me paraît à peu près insoluble lorsqu'on Nludie 
au début de la conquête, lorsqu'il s'agit, non de ta Gaule des Romains, 
mais de la Gaule des Gaulois. 

Une comparaison fera comprendre ma pensée. Aujourd'hui, nos posses- 
sions d'Afrique sont divisées en trois départements subdivisés en arrondis- 
sements comme ceux de la métropole. Il est aussi facile de savoir dans quel 
département, dans quel arrondissement, dans quel canton même est située 
telle commune ou telle tribu d'Algérie, qu'une commune quelconque de 
France. Hais de ce que telle commune, telle tribu, se trouve aujourd'hui dans 
la province d'Oran ou de Conslantine, en résnlte-t-il nécessairement qu'au 
moment de la conquête elle fût dans la circonscription du bey de l'une ou 
de l'autre de ces villes? En aucune feçon, et plus d'un administrateur afri- 
cain serait fort embarrassé de dire de quel territoire dépendait, au com- 
mmcement de 1830, tel ou tel point du département ou de l'arrondisse- 
ment qu'il administre. N'est-il pas constant que, pendant des années, nous 
avons confondu les Arabes avec les Kabyles? N'est-il pas arrivé mainte fois 
que, voulant diAtier une tribu ennemie ou rebelle, nous avons briUé les 
moissons, coupé les figuiers, ramé les troupeaux d'une tribu amie et 
fidèle? Et les plus anciens de ces laits ne remontent pas à quarante ansi 



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— m - 

La même chose a dâ arriver â César. Dans les premières années de la 
conquête il a pu se croire chez les Lémovices quand il était chez les Ar- 
vemes, et vice versa; il a pu se croire chez les Séquanais quand il était 
chez les Rauraques ou les Tuh'ngïena. De ce que la haute Alsace ne faisait 
. pas partie de la province appelée Maxima Sequanarum au temps de Gra- 
Uen ou de Valentinien, il n'en résulte nullement qu'elle ne (ù.t pas, au 
temps de la première expédition de César, occupée, habitée par les Séqua- 
naîs. Hais là n'est pas la question. J'admets que la haute Alsace n'a jamais 
appartenu aux Séquanais. Pour prétendre que le champ de bataille d'Ario- 
viste n'était pas en Alsace, il Tant établir que la bataille a eu lien chez les 
Séquanais. On y arrive indirectement, par des rapprochements, par des 
inductions qui ont leur valeur (en pareille matière on arrive toujours où 
Ton vent arriver); mais César ne le dit nulle part. 

Il me semble même, sauf meilleur avis, qu'il dit positivement le con- 
traire; car, immédiatement après avoir rapporté la défaite des Germains, 
il ajoute, au chapitre 54 et dernier du livre l"': f César ayant terminé denx 
expéditions importantes, emmena son armée, un peu plus tôt que la aai- 
êon ne l'exigeait (c'est là ce qui a fait dire à Napoléon 1*" que c'était au 
mois de septembre), prendre ses quartiers d'hiver chez les Séquanais. 
th. hiberna, iv Sequanos, exercitdit ubouxit. > 

S'il l'y emmena après la victoire, c'est qu'apparemment elle n'y était pas 
au moment de la bataille. Toutefois, je le reconnais, quant au théâtre 
de la défaite d'Arioviste, l'Oxenfeld, Ronchamp, le Mont-Terrible, Viller- 
Seyssel, telle autre localité que j'oublie, telle autre dont la candidature 
n'a pas encore été posée, mais peut l'être demain, sont autant de terrains 
hypothétiques. Selon que l'on penche pour l'un ou pour l'autre, on peut 
invoquer des vraisemblances, des dédnclions, des raisonnements plus 
ou moins ingénieux, plus ou moins acceptables, mais personne jusqu'ici, 
pas plus H. Gestre que S. M. Napoléon III lui-même, n'a encore conquis 
le droit d'arborer sur aucun de ces points le drapeau triomphant de la 
eertitude. 



Les TOies romaines. — Lee campa romains. 

Dans le chapitre suivant, M. Cestre passe en revue les voies romaines 
qui, selon lui, sillonnaient nos contrées. Quant aux voies principales, celles 
, des itinéraires, il en relie fort habilement les tronçons, il en signale les ca- 
ractères si faciles è reconnaître d'après les documents que l'antiquité nous 



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- 122 — 

a laissés; pour d'autres il n'indique pas ô quels signes matériels il y recoa- 
nalt des voies >romaine8; le plus souvent il procède par induction, et s'ap- 
puie sur les noms que ces chemins ont conservés ; pour ceux de Heiden- 
strœssd, &idenpfad, Rôhmerstrcessel, et même Hohweg qui s'applique si 
bien au relief des voies romaines proprement dites, je crois qu'il ne trou- 
vera pas de contradicteurs. Il n'en est pas de même des noms de AUe- 
Sirasse, Ritteneeg, Heerweg et Vteweg, ces dénominations pouvant s'ap- 
pliquer aussi bien à des chemins orées an mo^en ^e ou même à une 
époque encore plus rapprochée de nous. 

Du reste, quant à la topographie proprement dite de ces voies, il faut la 
suvrie soi-même sar la carte que M. Cestre a jointe k son mémoire; l'ana- 
lyse n'en donnerait qu'une idée confuse. , ' 

Je ne signalerai donc id que les points contestés dont l'auteur croit re- 
trouver l'emplacement d'une manière certaine. 

Ainsi il place Grammatum sur le plateau du mont Gretnay, point de par- 
tage entre les bassins du Doubs, de l'Ill et de l'Aar. 11 y a entre les deux 
noms une analogie qui a sa valeur; je parle du son sans me préoccuper 
du sens qui, selon H. Cestre, en langue rotanane (?) signifierait: la viUe 
située à l'enirée de la Une inviolable; voilà bien des choses en deux syl- 
labes, mais Je me suis interdit tpute discussion en cette matière; je ne 
rechercherai donc pas davantage si, dans la même langue, Arialbinum si- 
gnifie ou non: la ville bâUe au point oit le grand fleuve se détourne; je 
me bornerai à indiquer que l'auteur le placC' sur le plateau qui sépare la 
vallée ^e la Binug de celle'du Rbin , A environ 1,200 mètres en aval du 
pont de Bàle. 

^abviœ occupait, selon loi, entre Ottmarsheim etBanlzenheim, le mon- 
ticule appelé Soppenheitner Feld, dont la racine rounume signiûeraït 
village des fumiers, ce qui présente une certaine analogie avec le sens de 
Stabulœ, l'abondance des fumiers étant, généralement, en rapport avec 
celle des élabl&s. 

Enfin Vrunc, la ville sur le promontoire om se font les sacrifices, qu'il 
appelle aussi Orinc, la ville sur la frontière profondément ravinée, serait 
située au-dessus de Hudisheim près Mulhouse. 

En appliquant à ces divers points les distances indiquées par les itiné- 
raires, l'auteur arrive à la plus parfaite concordance, de même que dans 
le paneours d'Urunc à Larga et à Hons^risiacus. Il prend même la peine, 
quant à ce dernier, d'expliquer la diff^nce de deux miles qne l'on trouve 
entre les itinéraires de Milan et de Turin. PICkt à Dieu qu'on ne rencontrât 
jamais de différence plus considérablel dût-elle rester inexpliquée. Il arrive 



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— 123 — 

i une exactitude moins précise quant à la position si discutée d'Argen- 
touaria; il suppose dans la table théodosienne, non pas une erreur, mais 
l'omissioD d'un point intermédiaire qui serait Fessenheim, et il arrive ainà 
tantôt jusqu'au centre, tantôt jusqu'à l'entrée de cet Ai^entouaria dotU les 
ruines, dit-il, sont aujourd'hui enfouies dans les marais de ^lU, sur l'an- 
cienne marche formant frontière entre les Tviingiens, les Latobriges et les 
TVibocques. Cette désignation n'est pas assez précise pour être taxée 
d'ioexaciitude. 

A ces deux voies militaires H. Cestre en igoutc encore. deux: l'une 
commerciale, l'autre rdiant entre eux les différents postes ou castels établis 
au nombre de plus de 50 sur la rive du Rhin, au dire de l'historien Flonis. 
Il suppose que de ces postes militaires dépendaient des espèces de vigies 
construites sur des mottes ou éminences dont un grand nombre existe 
encore^ et qui ont été longtemps considérées comme des tumuli, bien que, 
selon lui, elles n'aient jamais servi de sépulture. Tous ces tertres, distants 
de1,200&S,000 mètres des divers castels qu'ils reliaient, étaient autant de 
postes de speùtUatores, sentinelles que l'auteur appelle aussi buccinatores 
parce qu'ils étaient, dit-il, munis d'une trompe pour s'avertir entre eux 
(comme nos cantonraers de chemin de fer), dénomination que l'on re- 
trouve, selon M. Cestre, dans te nom moderne de Bûdi, donné à la plu- 
part de ces éminences. 

C'est là une supposition ingénieuse, séduisante, vraisemblable peut-éire. 
Hais j'avoue que j'aimerais mieux un texte. 

Des voies romaines, H. Cestre passe aux camps dont il a retrouvé des 
vestiges aux environs de Brisach^ puis, dans une sorte d'appendice, il nous 
conduit dans le Sundgau, au milieu de celui de Witlerschwyler, situé sur 
UD mamelon qui originairement ne faisait qu'un avec celui où s'élèvent 
les ruines du château de Landskrone. 

Ce castrum, dont aucun ouvrage, para!l-il, n'a encore parlé, a été minu- 
tieusement étudié par M. l'abbé Von Arx, curé de Witterschwyler, sur les 
indications duquel M. Cestre en donne une description détaillée, à laquelle 
il a joint un plan figuratif qui malheureusement n'a pas d'échelle ; la 
description elle-même ne donne pas les dimensions d'ensemble; mais les 
dispositions encore reconnaissables, la plate-forme du prœlarium, le gradin 
de 50 pieds de large qui lui fait face, les fossés de 12 pieds de largeur, 
sont bien les signes généraux indiqués par les hommes spéciaux en celte 
matière, pour y reconnaître un castrum. M. Cestre a constaté l'existence, 
sur un développement de plus de 500 mètres, de restes de rempart de 
15 è SO mètres d'élévation, tbis il n'en indique pas l'appareil, de sorte 



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— 124 — 

que l'on peul se demander si ces restes de marailles ne seraient pas, 
comme ceux de Landskrone, des vestiges de construclions du moyen âge. 
Tel est, Messieurs, le résumé fort incomplet de l'important travail de 
M. Cestre. Il ne m'appartient pas de le juger, et si je me suis permis de 
contester quelques-unes de ses déductions et conclusions, ce n'est nulle- '. 
ment avec la prétention de substituer mon opinion à la sienne, mais 
simplement en vertu de l'adage que «de la contradiction doit nattre la 
lumière». Des travaux comme celui-ci font honneur à ceux qui ont le 
courage de les entreprendre et la persévérance de les mener à bien, et 
même en n'acceptant pas toutes les conséquences que l'auteur fait dé- 
couler de ses observations, celles-ci n'en constituent pas moins de pré- 
cieux documents pour l'histoire du pays. 

Paul Huot. 



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MÉMOIRE 

S un 

*l AUTEL ÉPlGRAPfllÛUE D'ORTGINE ROMAINE 

CONSACRÉ AU SOLEIL ET A LA LUNE 
SOUS LES FIGURES D'APOLLON ET DE DIANK. 

ADtlfdUi littrws <e NHhnilkr, miUb h Woirth. 



Au nombre des antiquités les plus importantes qui aient été décou- 
vertes dans un rayon que j'ai exploré il y a un certain nombre d'années, 
i) faut placer un autel romain en grès vosgien, dont l'inscription indique 
qu'il est dédié au Soleil et à la Lune. Cet autel qui se recommande par sa 
rareté, n'a pas été décrit jusqu'è présent: dans les derniers temps, il était 
déposé au presbytère protestant d'Oberbronn ; auparavant il était scellé 
dans le mur d'une vieille maison à Neehwiller; malheureusement, il est 
brisé dans sa partie supérieure, qui est perdue. Le rragfment dont je donne 
la description, a une épaisseur de 0'",â6, sur une laideur de (y^fil et une 
hauteur de 0"','4â; c'est le bas d'une dalle à bas-rélief. Il n'est pas possible 
d'indiquer au juste la hauteur primitive de cette pierre, mais si nous 
comparons ce qui en reste à d'autres bas-reliefs de même nature, elle 
devait à peu près avoir 1°',30 à l'",40 de longueur : les sculptures mylfao- 
lo^ques recueillies dans la contrée sont en grand nombre travaillées dans 
cette proportion. 

Le morceau que nous possédons, malgré sa mutilation, mérite toute 
l'attention des mythologues; il représente les restes de deux divinités, 
placées sur une même face, l'une à côté de l'autre : celte â droite était 
vêtue d'une robe flottante à raies verticales; celle sculptée, à gauche, 
n'avait aucun .vêtement, à en juger du moins par ce qui en reste. F^ntre 
les deux figures existe, comme signe de séparation, un tiret perpendicu- 
laire, taillé en saillie. Les deux divinités sont représentées debout dans 
une sorte de niche, et un cartouche, formé par les bords de la pierre, 
leur sert d'encadrement. 



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— 126 — 

A l'époque da polythéisme romain, les deux divinités laminaires étaient 
honorées sous une multiplicité de formes diverses, communément cepen- 
dant le Soleil était adoré sous la forme d'Apollon, et ta Lune sous celle de 
Diane, sœur d'Apollon. La 6gure occupant la droite du monument serait 
ainsi celle de Diane; celle sculptée à gauche représenterait Apolloil. 

L'inscription donne la première place au Soleil, et la seconde & la Lune. 
La sculpture représente l'inverse; elle accorde la droite à Diane, c'esl-&- 
dire & la Lune, et la gauche à Apollon, disons, au Soleil. Le côté droit est 
la place d'honneur, mais sur les monuments sacrés, le dieu principal est 
tantôt à droite, tantôt à gauche, nous en avons une nouvelle preuve dans 
la pierre qui nous occupe. Cependant , je ferai remarquer que ce n'est pas 
par la situation des divinités sur les bas-reliefs qu'on doit juger de leur 
rang, mais plutôt par ta position de ceux qui les regardent; or, dans cette 
hypothèse, Apollon parait à nos yeux à la droite, et Diane i la gauche. 
Il est très-admisuble que le sculpteur, lorsqu'il figura ces deux divinités, 
eut en vue la position des adorateurs. 

L'antiquité noos a conservé des vestiges du culte qu'on rendait dans 
la Germanie romaine au Soleil et è la Lune, mais autant que je sache la 
pierre de Neehwiller est le seul monument consacré aux deux grands lu- 
minaires, présidant l'un au jour, l'autre à la nuit, que le sol alsacien ait 
restitué jusqu'à présent; on'ne sacrait donc douter désormais que ces deux 
divinités ne fussent honorées dans notre contrée. Cette pierre rare et celle 
de Niedermodern' qui figure Vulcain, sur une de ses faces, ont encore 
une autre importance : elles démontrent que le passage dans lequel César 
affirme que les anciens Germains adoraient le feu, le Soleil et la Lune est 
parfaitement exact quant à cette partie des Gaules; elles confinnent plei- 
nement et mot à mot le texte de cet historien. 

On peut se demander si le culte du Soleil et de la Lune ne nous est 
pas venu des Gaulois ou des Ge^ains plutôt que des Bomatns. Cette opi- 
nion me paraît plus vraie. Lorsque les Romains flirent devenus maîtres 
du pays, ils auraient représenté les divinités dès Celles, dont la théologie 
embrassait le firmament, sous la forme de leurs propres divinités, figu- 
rées par des statues et des images travaillées. Par application', nous aurions 
ici dans Apollon le dieu solaire, et dans Diane la déesse lunaire. De tout 
temps, la race conquérante a eu, avant la fiision, des égards pour la race 
conquise. En tout cas, le monument atteste le mélange des peuples pri- 
mitifs du pays avec les Romains. 

1. Voir le tuUelin At te Seciitéi 1 1«, p. 296. 



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— 127 — 

A sa base, l'autel porte l'iascriplion qbi suit: 

SOLI ET LVNE SAC 

EDVLMVS VISVRIONIS 

IV SV SO ■ H 

SoUetLimœtacmmEdulmus (filùts) Visurioniiexjussusolvitmeritô. 

La partie de la pierre qui contient cette inscriplion est fort dégradée. 
Dans la transcription que j'en donne, je conserve aux caractères la même 
place qu'ils occupent respectivement sur l'originat. Les lettres, toutes 
d'égale grandeur, sont hautes de të millimëtres; leur largeur est de 6 A 
7 minimales; on ne distingue plui la ponctuation des mots, mais, leur 
déchiffrement n'oSre, à la clarté du soleil, aucune difficulté sérieuse. 
Occupons-nous un peu de cette' inscripUon qui, & ma connaissance, est 
inédite. 

Point de difficulté pour SOLI qui est dûment au datir. La copulatire ET 
est exprimée par deux lettres, et non par la dipbthongue "E, adoptée dans 
la contrée, pour indiquer cette conjonction, déjà avant le milieu du 
deuxième siècle. On voit que le graveur a mis LVNE pour LVNiË. SAC est 
le raccourci de SACRVH. Ce sont là des licences du style épigraphique; 
sous le rapport littéraire, les épilaphes oflrent tant d'exemples de barba- 
rismes qu'on peut appliquer aux sculpteurs ce que Horace dit, dans son 
Art poétique , des peintres et des poètes: pictorUnts' abpte poetis quidUb^ 
audendi semper fuit œqua potestas. Comme la pierre est fruste, il est plus 
que présumable que la première lettre du premier mol de la seconde ligne 
soit enlevée; au lieu de EDVLHVS on lisait peut-être Bedulmus, Ledvl- 
mus Ou Sedvlmus. Que désigne le mot de Fùurtonû? E]st-ce un nom de pays, 
de ville, de tribu, de famille ou d'homme? Est-ce le génitif d'un nom 
propre, pour Edulmus (JUius) Vi^irionis? Tout en laissant à d'autres la 
décision de la question, je penche pour cette dernière version: aujour- 
d'hui encore cette forme de langage est usitée en ce sens dans l'idiome 
teuton; pour désigner le ûts de quelqu'un nous mettons tout bonnement 
le nom du père au génitif. La troisième ligne exprime la formule que je 
complète, d'après ce qui en reste, par EX. IVSSV. SOLVIT. M. ex jussu 
solvit merUà. Cette formule se lit souvent dans les épitapbes latines , mais 
il y a controverse et'on est loin d'èlre généralement d'accord sur [e sens 
qu'il faut attribuer aux mots i exjussu > (ainsi qu'il m'a été prescrit). Est-ce 
l'expression d'une idée superstitieuse, que le donateur aurait re^ue en 
songe, par un augure, ou au pied d'un oracle , comme quelques-uns la 
Teident?Jenele pense pas. Toutefois, si je soulève cette question, ce n'est 



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— 128 — 
que pour arriver par ce moyen à la faire élucider. L'idée qu'il y a U ud 
sens caché, peut se présenter à l'esprit, j'en conviendi-ais volontiers, mais 
en Taisant attention à des passages épars dans les auteurs aitcieiis, la peu- 
sée d'une superstition ne saurait supporter un examen sérieux. J'avouerai 
donc que, d'après moi, et dans le cas particulier dont il est ici question, 
les termes sacramentels < ex jussu i sont è prendre dans le sens que l'érec- 
tion du monument a eu lieu en exécution d'une volonté manifestée, soit 
durant la vie, soit au moment de la mort, en vertu d'une recommandatioo 
faite au donateur. La raison sur laquelle je m'appuie pour soutenir cette 
opinion, c'est le texte du discours que Tacite met dans la bouche de Ger- 
manicus mourant; dans ce discours, l'historien latin nous apprend que tie 
«principal devoir des amis n'est pas de plaindre un ami mort, mais de 
«conserver le souvenir de ses voloolés et de les exécuter*. — « Acm hoc 
tprœcipuumanùcorummunus est, proseqm defunctum ignavo queslu,sed 
« quœ voluerit metnimsse, qaœ mandaverit exequi. > A mon sens, le monu- 
ment de Neehwiller aura donc été placé avec justice par Ëdulmus en exécu- 
tion d'uD ordre donné par Visurion; j'adopte cette interprétation avec d'au- 
tant plus de fondement que, dans cette signification, Visurion peut se lire au 
génitif sans fhute d'ortfaographe « Visurionis ex jussu t , par ordre de Visu- 
rion. Enfin , nous voyons par là que c'était alors comme de nos jours pour 
l'accomplissement d'une promesse que se dressaient bien souvent les monu- 
ments religieux. En somme cette inscription est à la fois remarquable par 
sa brièveté et par le peu d'abréviations qui s'y trouvent; il y a une grande 
similitude entre sa construction et celle de plusieurs bas-reliefs de Gun- 
dershoffen. 

Sous ta domination romaine, la théogonie de l'Alsace était une fuâon 
des diverses croyances de ses habitants, cela explique le culte rendu au 
Soleil et  la Lune dans les simulacres qui les représentent, ie ne connais 
aucun monument alsacien qui révèle autant le mélange des croyances 
celtes et romaines : l'inscription appartient à la mythologie des Germains 
et des Gaulois, tandis que les divinités figurées sur ta pierre appartiennent 
à la théologie romaine; Visurionis a une désinence gallique, c'est une 
appellation romaine donnée & un nom gaulois. 

Si l'on veut assigner une date à ce monument, on peut admettre qu'il 
est antérieur au culte de Hithra, dont l'introduction en Alsace remonte au 
troisième siècle, et sous la forme duquel on adorait aussi le Soleil La 
forme de la pieire, les détails de la sculpture, le corps de l'inscription, 
la teneur formulaire, le tracé des lettres, tout porte à croire qu'il est à 
peu près contemporain des bas-reliefs de GundershofTen, avec lesquels il a 



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— 129 — 
un certain air de fomille et qui sont de la an du deuxième el du commeD- 
cement du troisième siècle de notre ère (308). 

A part ce moDument, Neehwiller nous a encore fourni deux Mercures, 
citéii dans le Bulletin, U" série, tome IV, pa^e 14, et une colonne tron- 
quée adhérant à une base carrée, oà sont figurés, d'un côté. Castor ou 
Pollux avec le cheval, et d'un autre côté, une divinité caractérisée par la 
corne d'abondance, symbole delà fertililé, et par un autre attribut diffi- 
cile é déterminer. H. Scbweighseuser parle de cette pierre et nous en a 
laissé le dessin dans ses manuscrits. On ignore oili le monument a passé. 

On est dans la même ignorance au sujet d'un bas-relief mutilé, décou- 
vert dans la même localité, et représentant une Fortune ou une Abon- 
dance. 

A Neehwiller on voit aussi, près d'une maison particulière, un sarco- 
phagfe en pierre d'un seul bloc, datant de l'époque de la chevalerie. Il sert 
d'auge et renfermait très-vraisemblablement les restes mortels d'un sei- 
gneur de l'un des deux châteaux de Windstein, situés è proximité. Celle 
pierre, creusée en dedans, a 3'°,â0 de longueur, sur 0™,80 de largeur à la 
tête, et O'^fTO à l'autre extrémité. La chambre sépulcrale mesure juste 
3 mètres en longueur , 0™,60 en laideur aux épaules , et 0°',50 aux pieds. 
Et pitis est palriœ fada referre labor. 

Weyersheim, le 8 juillel 1868. 

Jér. A>s. Sipfer, 
Curé de Weyersheim. 



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COMPTES RENDUS 

SUR 

LES OUVRAGES ENVOYÉS AU COMITÉ. 



Les eoTois de la Société historique des cinq cantons prinuti& de la 
Suisse, c'est-à-dire les volumes du Geschichtsfreitnd, édités par M. Schnel- 
ler, président de ladite Société, continuent à ofirir, dans uq espace 
limité, des moDOgraphiee distinguées, des articles historiques et archéo- 
logiques substantiels. 

Je tiens en mains les volumes XXII et XXHI (années 1867 et 1866). 
Les seules têtes de chapitre du vingt-deoiiéme volume indiquent la richesse 
des matériaux. 

J'y vois : la Fondation de l'hôpital dril de Luceme et de sa prébende, 
avec les sigillés de Rodolphe IV, duo d'Autridie (par U. Schneller); 

Une monographie concernant Obericirch, une paroisse près de Sursée, 
sur la rive occidentale du lac deSempach, par le curéBœlsterléàSempach'; 

Un relevé des rentes que le couvent de Saint-Biaise, dans la Forét- 
Noire, prélève dans les cantons de Luceme et d'Unterwalden. Ce r^vé 
est pris dans un nrbaire de 53 feuillets, par le Père Gall Horel; 

J'y vois de plus le contenu des missels ou livres de prières de Charles 
le Chauve; les prières des Eidgenossen au moyen èga; la suite de l'his- 
toire des partis des Linden et des Hàrten à Scbvrytz, par Schelter; une série 
de chartes; la description du monument funèbre des comtes Bero et Ulrich 
de Lenzbourg, dans l'église de Beromûnster , par le chanoine jGbi, etc. 

Dans le volume XXin, M. Schneller a inséré une curieuse notice sur les 
procès de sorcellerie, surtout dans le canton de Luceme. A cet effet, il a 
consulté le registre d'écran de la ville de Luceroe, aux années 1551- 
1599, et il s'est dirigé, dans l'i^rédation de ces foits déplorables , d'après 
les indicalions de notre éminent membre honoraire, M. Mone, de Garls- 
nibe. Nous apprenons, par cette monographie, que Luceme, au seizième 
siècle, renfermait cinq prisons, et que, dans les cinq, se trouvaient des 
instruments de torture pour sorciers et sorcières. Ces malheureux délin- 
quants étairat jugés par application de l'article 109 du code pénal de 
Gharies-Quint. 

1. Duu cette mmogr^hie se tronve, wni ruinée 1687, tm puteur Stnob. 



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— ISi — 

H. Mooe et tous les auteurs qui se sont occupés de procès de sorcel- 
lerie, se sont adressé la question suivante : D'où vient l'identité, la simîli- 
tade dans tous ces procès? H. Mone répond : Parce que la pratique de la 
magie était un culte social. H faut ajouter aussi, parce que l'iotèrrogatoire, 
l'enquête, dont on disait usage à l'endroit des prétendus sorciers, se pra* 
tiquait d'après le même formolaire. 

H. Schneller, au surplus, semble convaincu que,. la plupart du temps, 
des feita réels, des faits de sensualité illicite, de blasphème, d'empoison- 
nement servaient de point de départ aux accusations de sorcellerie; le 
reste, il l'attribue à des hallucinations, è une stupide superstition, à des 
accès de folie. 

Cest un ^t bien connu que les femmes figurent en grande majorité 
dans cette série de crimes réels ou imaginaires; leur organisation délicate 
et nerrense se prêtait évidemment plus que celte du sexe masculin à ces 
bizarres hallucinations. 

M. Schneller, en prenant Mone pourguide, suit dans ses diverses phases 
la marche uniforme de la hideuse procédure. y trouve d'abord la période 
de l'incubation, de la séduction. Elle avait constamment lieu par le démon, 
qui prenait la figure d'un galant vêtu de vert ou de noir, ou d'une autre 
couleur*. Ordinairement la séduction était facilitée par les antécédents de 
l'accusé, par une vie immorale, par ia pauvreté, etc. La plupwt des sor* 
(aères. tombaient sons l'influence de Satan par l'impudidté et l'adultère. 

3** Satan ne se manifestait pas d'une manière expUcite, avant que l'individa 
séduit n'eût ûât abandon complet de sa volonté propre. Lorsque ce renon- 
cernent s'était produit, le démon se déclarait; il donnait rendez-vous par- 
tout, surtout en rasé campagne, dans quelque forêt, sur une éminence, 
etc. La séduction s'opérait par de l'argent, par de la monnaie apparente, 
qui, après vérification, se trouvait illusoire, se changeait eu feuille 
morte, etc. 

3° Lorsque Satan s'était manifesté, il intimidait par menaces les personnes 
séduites, qui devaient désormais agir è sa guise, renier Dieu, la sainte 
Vierge, les eaints. 

i" La quatrième phase de ces relations avec Satan se traduisait par un 

mariage, un sabbat de sorcières; on y arrivait en voyageant à travers les 

airs, sur tm balai , une fourche; le lien du rendez-vous de ces sabbats 

était ordinair^nent quelque cominiinal. 

5" Nous arrivons au dommage causé par les sorcières, qui troublaient 

t. La flgnre qne preoilt le diable n'Était pas onllorme. QQelqnefois 11 arriTtll comme 
cblMear, d'utres foia comme ptolieaT, quel^nefoia métamorphoiè m loup, Uène, etOt 



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— 132 — 

la température oa causaient des maladies par des ongneDls, des herbes 
mairaisantes. Ainsi, Barbe Schatzmann , sage-femme de Saiat-Gall, a?oue 
eu 1570 avoir tué par son bareine un petit garçon: Satan lui avait appris 
i se défaire des éD&ots nouveau-nés; elle affirmait avoir expédié de la 
sorte 37 petits enibnts, en leur plongeant une aiguille dans la tête. 

6" Cette marcbe ascendante de méfaits se terminait ou culminait dans 
l'abus fait des saints sacrements. Le (Kable commence par détourner ses 
adeptes de ta fréquentation des églises, pnis il les pousse au vol-sacri- 
lége , etc. 

Tout en n'admettant pas la réalité de la plupart des méfaits rais sur le 
compte des inculpés de sorcellerie , l'auteur de la monographie ne repousse 
point, en thèse générale, la réalité d'une influence mystérieuse sur 
l'homme. D admet le royaume de Satan en lutte perpétuelle avec le royaume 
de Dieu. Il range dans celte catégorie de culte orgiaque et les oracles 
de l'antiquité palennei. A ce point de vue l'alliance d'un chrétien renégat 
avec Satan lui semble possible, et il conçoit que la supposition de ce fait ait 
été jugé punissable par l'ÉgUse; mais il confesse que la procédure contre 
les sorciers était sujette à d'épouvantables méprises, et que bon nombre 
d'innocents ont été livrés à la torture et au dernier supplice. 

Je prends acte de cet aveu de H. Schneller. Je n'ai plus à faire de pro- 
fession de foi au sujet des procès de cette nature. Dans mes Lettres sur 
les archives départementales, et dans plusieurs de mes rapports, j'ai eu 
l'occasion de me prononcer. Les actes de procédure que j'ai surtout dé- 
couverts dans le fonds du Grand-Chapitre, m'ont inspiré une horreur non 
déguisée, et sans prétendre nier l'action de l'esprit du mal sur le cœur de 
l'homme, je ne puis voir qu'une épouvantable infamie dans cette maladie 
contagieuse de l'esprit humain, qui poussait, à partir de la fin du quinzième 
siècle jusqu'au cœur du dix-huitiéme, les' juges laïques et ecclésiastiques de 
tous les cultes à l'enquête, à la poursuite et A la puailioa de oes crimes 
imaginaires. 

Dans le même volume XXUI du Geschichttfreund m trouve un très-cu- 
rieux récit légendaire de la vie de Nicolas von der Flûe, récit émané de 
J. Salatt, greffier de la ville de Luceme dans te premier tiers du seizième 
siècle. Salatt est l'auteur d'une chronique, qui s'étend de 1517 A 1534; 
elle est écrite au point de vue catholique, surtout pour expliquer la guerre 
civile et religieuse de 1539 et contre-balancer, sinon contredire, les rela- 
tions protestantes. Toutefois on ne peut reprocher à Salatt une partialité 
préméditée; il est objectif, comme on dirait de nos jours. 

Quant é sa narration légendaire relative à Nicolas von der Flûe , elle 



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— d33 — 

est basée sur le récit de Lupus ou Lupulus, qui a écrit vers la fin du 
quinzième siècle, treize ou quatorze ans seulemetit après ta mort du 
célèbre ermite. Salatt lui-même a pu connaître encore plus d'un contem- 
porain de Ton der Flûe. Son récit a donc tout â fait le caractère de l'au- 
thenticité, et s'il raconte avec bonne foi plus d'une circonstance miracu- 
leuse de la vie de l'ermite, on peut do moins être .certain que la ^adition 
les admettait. Salatt est convaincu des faits relatifs A la longue privation 
de nourriture que Nicolas von der Flûe s'imposait sans s'éteindre. D'un 
autre cAté, la narration du chroniqueur tucernois ne parle point de la pré- 
sence de l'ermite à la célèbre diète de Stanz, si dramatiquement racontée 
par Jean de Huiler. J'ai revu avec émotion, dans le naïf récit de Salait, 
les adieux touchants que Mt Nicolas von der Flûe à sa femme et è ses en- 
fants, lorsqu'il prend la résolution inébranlable de se séparer du monde 
pour ne vivre qu'en Dieu. 

Vous me permettrez de n'indiquer qu'è titre de renseignement une 
partie du contenu de ce même volume. Il consiste surtout : 

1** En un recueil de brefs ponliûcauz, déposés dans les archives miyii- 
cipales de Luceme (1349-1498); 

S^ Des lettres diverses contemporaines de la lutte des Suisses avec 
Charles le Téméraire, et relatives è cette guerre; 

3" Des extraits de mystères représentés dans les cantons primitifs, et 
surtout à Sainte-Harie-des-Ermites, du douzième au dix-neuvième siècle; 

4° Les urbaires de la collégiale de Beromûnsler, etc. 

Dans les bulletins que la Société historique de la Bavière supérieure 
nous a transmis en dernier lieu, j'ai remarqué, A l'année 1866: 

Le relevé de tous les fonctionnaires de l'ancienne Bavière, par com- 
munes ; 

Le relevé de toutes tes collections de la Société, riche en monnaies, 
médailles, sceaux, en objets antiques, etc.; 

La biographie de Nagler, auteur du Lexique ouDictionnaire des artistes, 
et des monogrammes; 

La biographie de l'arcbéologue-cotlecteur H. le chevalier de Scfauttheiss- 
Rechberg; 

Des monographies de paroisses, de districts, de familles nobles; 

Des descriptions de monnaies; 

Le tracé des routes romaines de la Bavière supérieure. 

L. Spacb. 



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CHARTE 

ÉmsB 

PAR L'EMPEREUR HENRI IV. EN 1065, 

CONTBKÀNT 

UNE DONATION DE DEUX VILU0E8 D'ALBME 

ET DE LA FORÊT SAINTE DE HAGUENAU 
A UN COMTE EBERHàRD. 



Les notobreux parchemias relatifs à l'aDcieii cmiU de Sponheim ont 
été presque tous extradés & la Bavière, en mars i868, par les Archives 
du Bas-IÙiin. Panni ceux que notre dépôt a conservés, à raison de leur 
connexité avec l'histoire de l'Alsace, nous comptons en première ligne le 
titre d'une donation faite en 1065 par l'empereur Henri IV, à l'uo de ses 
fidèles serviteurs, le comte Eberbard. Le don comprenait les villages de 
Hochfelden, de Schweighausen et la forêt de Haguenau, le tout sis dans 
le Nordgau. Probablement, ce comte était le même que le fondateur de 
l'église de Sponheim sur le Feldberg, au-dessus de Kreuznach. 

Dans le préambule de la Charte, le souverain, à peine adolescent, de 
l'Empire germanique, mentionne l'intervention de l'impératrice mère, 
comme Tua des motifs déterminants de la donation. Le rôle qu'Agnès, 
veuve de Henri III , a joué pendant la minorité de son fils, est en effet très- 
connu; et quoiqu'elle eût été dépossédée de la tutelle en 1062, par Annon, 
archevêque de Cologne, nous devons croire que, du fond de sa retraite 
forcée en Italie, elle continuait A exercer une influence majeure sur l'es- 
prit de son fils. 

Le texte de ta charte est ainsi conçu : 

c In Domine sancttB et individu» Trinitatis Heinricus divins An^ente cle- 



< Omnibus Chrislî nostrique fidelibus tam futuris quam presentibus 
notum esse volumus. Qualiter nos ob inlerventum ditectissimta genitricis 



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- 185 — 
DOStrtB Abêtie imperatricis Âugustse. et oh fidèle servitium dilectiBàmi 
DObis Adalberti Hammaboriensia arcbiepiscopi* instioctu quoque fidelium 
noatronim doas villas Hocbfeld et "Suueicbussnn* dictas cam foresto fiei- 
lidienforBt nomiaato in comitatu Gertiardi comilis in pago Nortcowe* sitas 
excepta publica ecclesia io preenominala villa Eochfeld et-eicepto quoruu- 
dam Perhtoldi dacis et Adalhalmi ia eodem loco beoeficio. cum omnibus 
appendiciis. hoc est utriusque sexuB mancipiis. areis. edificiis . agris . cam- 
pis. silvifi. pratis. pascuis . venationibus . terris cultis et iocultis . aquis 
aqtmruiDTe deeursibus. molîs. molendinis . piscationibus . exitibus el redi- 
tibus. Tiis et innis . qaesitîs et inquirendis . omnique utilitati quse ullo modo 
inde perreuire poterit. fideli nostro Eberhardo comili in proprium dedimus 
atqne tradidimas . et in eteroum omnium contradictîone remota possi- 
dendas concessimus . Ëa videlicet ratione . ut predictus comes liberam 
inde habeat potestatem. tenendi. U'edeodi.commutandi. prEecarîandi . vel 
quÎGquid sibi placuerit inde Faciendi. Et ut hœc nostra regalis iradilio sta- 
bilis et inconvulsa omni permaneat tempore. banc cartam inde conscribi. 
manuque propria corroborantes . sigilli nostri impressione jussimus ia- 
ligniri. 

cSignum domini Meinrici quarti régis*. 

(Sigebardofi cancellarius vice Sigefridi arcbicancellarii recognori*. 

«Data XI Kalendas Junii anno dominictB incarnationis HLXV. Indictione 
111. Anno autem ordinationis domioi Henrici IV régis duodecimo regni 
vero noDO. 

lActiun Gunceburch in dei nomine féliciter. Amen.>' 

Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Henri (IV), roi par la grâce de 
Dieu. 

Faisons savoir à tous les fidèles du Christ et aux nôtres, à présent et i 
l'aTeoir, comme qijoi, sur l'intervention de notre très-chère mère l'au- 
guste impératrice Agnès, et pour les fidèles services de notre irès-aimé 
Adalbert, archevêque de Hambourg, ainsi que sur les instances de nos fi- 
dèles (serviteurs), nous avons donné et livré et concédé à tout jamais, à 
titre d'incontestable propriété, à notre fidèle comte Eberhard les deux 
villas de Hocbfelden et de Schweigbausen avec la forêt dite le Heiligenforst 
(forêt sainte), sises dans le comté de Gerhard et dans le canton du Nord- 

1. ircbOTéqne de Hambonrg. 

2. Hocbfelden et SchweltbanaeD, 

3. Nordgan. 

i. Le monogramme de rempereur se trouTe [ntercalè entre Stitiriei et gwirif. 
S. Le icetn muiqae. 



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— 136 — 

gau', en exceptent toutefois l'église paroissiale dans la susdite viUa de 
Hochreldeo, et en exceptant aussi le bénéfice du duc Berchtold et d'Adal- 
helm, sis dans la même localité; (et avons donné lesdites villas) avec 
toutes leurs dépendances, savoir, les serfs des deux sexes, avec cours, 
édifices, arpents, champs, forêts, prés, pâturages, chasse, terres cultivées 
et incultes, eaux et cours d'eau, moulins, pêcheries, renies et revenus, 
routes et chemins, prétentions fondées et à faire valoir, et, en thèse gé- 
nérale, avec tout profit qui poun'ait éventuellement en élre tire.... (et 
nous avons feit cette concession) de telle manière , que ledit comte ail 
pleine et libre faculté de garder, livrer, permuter, donnera titre précaire 
ou en faire & sa guise. Et afin que notre Iranstalion royale demeure â 
tout jamais stable et indestructible , nous avons ordonné que cette cbaile 
f&t ainsi transcrite, et, la corroboi'ant de notre propre main, avons prescrit 
qu'elle fdt marquée de l'empreinte de notre sceau. 

Monogramme du S' Henri IV, roi. 

Moi , Sigehardus, chancelier , j'ai visé en lieu et place de Sigefrid, archi- 
chancelier. 

Fait le onze des kalendes de juin, l'an mil soixante>cinq de l'incamation 
de Notre Seigneur; la troisième de l'indiction; la douzième année de l'or- 
dination du seigneur roi Henri quatre, et la oeuvième de sou règne'. 

Fait à Giiazbourg , au nom de Dieu. — Arheu. 

1. in onsiâme liâcle l'Alsace eal eocore divisée en Nordgtn el Snndgan (psgas ou can- 
ton du Hord el dn Sud). Le terme de Nordgau parait pour la dernière fols dans nne charte 
émise par le même empereur en 1085 à HeuwlUer. (Scbœpain-HaTeDei, t. IV, p. 300.) 

2. Henri IV, né en 1050, a été élu i Tribnr, dÉJi en 10S3, conroanë i Aix-la-Chapelle 
le 17 Juillet 1054, U succède i son père Henri III, le 5 oclobie I0&6. ia momenl où 
la susdite charte est émise i Qflnibonrg, il aiait donc quinie ans. 

L. Spich. 



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LE PÉAGE DE SELTZ.' 



L'eaperevr Weacedu utlgM i Jeu, ceate le SponhelB , mat rmte le itn. grw teir- 
Btla, per^u Jusqu'Ici nr le ptap dn BUn i SelU, par feu Jodrt de Bnneck, prérM 
da cnnd-clupltre de liyuce (12 Jali 1391). 

c Wir WeDtzIaw von gottea gnaden Bomischer Kunig zu allen zeilen 
merer des Reîchs und Kunig zu Beheim Bekennen und tun kunt ofTenlicheii 
miLdiesem briere allen den die lu sehen oderhoten lesen daswir eygent- 
lichen bedacbt baben und ouch angesehen stete Irewe und uiivoixlrozsne 
Dinste die uns und dem Reiche der Ëdle Joban der Junger Grave von Spon- 
heim onser Bâte und liber getrewer vonnals getan bat teglichen und fur- 
bas tun sol und mag in kunitigen Izeiten und baben dorumb mit wolbe- 
dachtem' mute Rate unser getrewen und von recfater wissen demselben 
grafen Johan vorschriben und gegeben, vorscbreiben und geben von 
romiscber kunicblicber' mecbte in Kraft dilz brives sulche tzwen aide 
l^ossen (urnoBsen, die etwenn der Ersame Andres von firawnecke Tum- 
probste zu Heintze die weile er lebte uf dem Zolle zu Sels gehabt bat und 
die uns und dem Reiche von seines todes wegen ledig worden sind. Also 

1. Au Dombre des documents prorenant de l'uicien fonda de Sponlielin, et releoDS 
par notre dépdt, SguTenc en seconde ligne quelques cbartes relalWes su péage de Selti. 
— Cette lOMllIë constituait do tout temps l'un des passages les pins frëqneDtèB de la 
rive gancbe A la rire drolle du Bbin. Satelio était dèjik nue forteresse on un poète loUi- 
talre romain. — L'empereur Ollon le Grand ëloTa Selu an rang de Tille; rimpëntrice 
Adélaïde, son épouse, y fonda une abbaye, et Otlon III, leur pcUt-Sls, eoncèda le droit 
d'un marché, d'une monnaie et d'un pëa^ sur le Bblu à ladite comrannauté (993). -— 
Sons l'empereur Frédéric II, les boo^eola de Strasbourg tarent Ubbés de ce péage; mais 
c'était toujours une ressource importante de revenus pour le Ssc Impérial , qui parait s'en 
être emparé, ou avoir relire i l'abbaye le droit de percevoir ezclusîTement celte recette. 
~- L'empereur Venceslaa en lUspose, vers la Bn dn quatoisiéme siècle, ainsi que nous 
allona le Toir dans les quatre documenta cl-apréa relatés, et au commencement dn qniK> 
aième alÈcle la tille et le péage de Selta sont engagés i Louis le Falailn, 01a de l'empe- 
reur Robert. 

Cette note succincte n'a d'autre but que de serrir d'Introduction aux cbartes émlaei 
■oua l'empereur Weneeslas. 

Le comte laan de Sponhelm, qui figure dans cea documents, ]one dana l'histoire de 
cet ancien comté un râle asses Important; bon nombre de cbarlea (paix caslrenses, 
transactions, etc.), du fonds extradé, se rapportent i ce personnage. 
f Quant anx fouctionnalres Impériaux, nommés dans les cbartes relstiTes sa péage de 
Selts, ils occupent, surlont lea landrogls ou préfets d'&liace, une place coDSldAraUe 
dans notre fonds de la préfecture de Hagnenau. 



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— 138 — 

das der egenant Jobao oder veme er das an seiner stat bevilhet, dieselbeo 
zwep aldea grosse Turaossen voa yedem fuder Weynes oder ander kauf- 
manscbatz die doD Reine uf oder abe get aoch markttal ala gewoDlich«i 
ist aile die tzeite und derselbe Graff Johans lebet an unser «mpUule 
uQd aUermenclichs hindernisse ufhebeu und nemen sulle und gebieten 
donimb dem laolfogle zu EIzsassea der jelzund ut oder in tzeiten wirdel 
ernsUichen und besticlicben bey unsern und des Reichs bulden, das er 
dem egenanten Graf Jobaosen dieselben Uwen aide grossen Turnossen 
gentztichen und gerublicben Volgen lasse und In doran nicbt bindere od^* 
irre in dheineweis sunder In dobey und dorzu getreulicbeu hautbabe 
schutze und scbinue Als.lieb ha sey upser und des Reicbs swere ungenade 
ZQ Tormeidea. Hit arkunt dilz briefea vorsigelt mit uuser kuniclicber 
Haîestat Insigele. Geben za Retler nocb Christi Geburt dreylseobunderl 
Jar dornacfa in dem Eynundnewtzigislen Jare des nechsten Hontags vor 
Sand Veylestage. Uoszer Reicbe des Bebmiscben in dem acbtuudlzweia- 
izigisten und des Romischen in dem Amflzebendeii Jarea.i 

Sur le rebord reconrité, inférieur, de la charte : < Per dominum Hein- 
ricum de Duba magistram cnrise 'Wlachinco de Weylemule.* 

Sur le dos de la charte : (Petrusde Wiscbow.» 



Nous Wenceslas , par la grâce de Dieu Roi des Romains, en tont temps 
conservateur de l'Empire, et Roi en Bohême, affirmons et faisons savoir 
officiellement par cette lettre à tous ceux qui la liront on en entendrout la 
lecture, que nous avons particuliérnnent considéré et remémoré la con- 
stante fidélité el les services incessants que nous a rendus & nous et ft 
lEmpire et que pourra et devra toujonrs nous rendre à l'avenir encore le 
noble Jean le Jeune, comte de Sponheim, notre amé et fidèle conseiller, et 
avons, pour cette cause, de propos bien délibéré, et avec le conseil de 
DOS fidèles, et en pleine connaissance de cause, transcrit et donné, trans- 
crivons et donnons audit comte Jean, en vertu de noire pouvoir de Roi 
dra Romains, et en vertu de cette lettre, les deux anciens gros tournois, 
qu'autrefois le très-bonorable André de firauneck, prévAt du chapitre de 
Hayenee, pwcevait de son vivant sur le péage de Seitz, et qm', A la stàte 
de son décès, ont fait retour à moi et à l'Empire... de telle manière que 
le susdit Jean ou celui qu'il déléguera en son lieu et place pourra prélever 
et percevoir les deux dits gros tournois sur duque foudre de via, on 
autre marcbandtie, montant ou descendant le Rhm, d'après le péage ad- 



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— 189 — 

mis, et ce, pendant la vie durant dudît comte, et ce, ans empêchement 
de notre part ou de la part de nos employés ou de qui que ce soit Et 
ordonnons pour cela soit au préfet actuel d'Alsace, aoit & ses successeurs, 
très-sérieusement et de notre mieux, sous peine d'encourir notre disgrflce 
et celle de l'EImpire, qu'ils aiuit à abandonner au total et sans objeclioo 
les deui dits gros tournois au comte Jean, et qu'ils ne l'en empêchent on 
ne le troublent d'aucune façon, mais tout au contraire qu'ils le maîntiflonent, 
proté{;ent et conservent en pleine jouissance, «i tant est qu'ils tiennent à 
éviter notre déplaisir et celui de l'Empire. En foi de quoi avons scellé 
cette lettre de notre sceau royal. Fait à Betlern l'an 1391 après la nais- 
sance du Christ, le lundi avant Saint-Vite; dans la 21' ivinée de notre 
règne en Bohême , dans la 1 5° de notre Empire (d'Allemagne). 

Par ordre de Henri de Duba, maître de la Cour, 

Wlachinco de Weytenmûle. 

Au dos: < Peter de Wischow.» 



lettre de ¥acedu, e^ensr d'ADeau|M, preecriTuit i SdiUi vra iu YeUnalUe, 
landTe^ ei préfet d'Aluçe, de pm^ Jeaa de SptBfcela dioi U pwceptlii de dent 
grw tonraeli auli tnr le péage de Selti (6 dèceaibre 1391). 

<Wir Wentzlaw von Gotes Gnaden Romiscber Kunig zu atten zeiten 
merer des Reidis und Kunig zu Bebeim, Embieten dem Edlen Suslawen 
von der Weytenmûle landvogten zu Elsassen unserm libeo getrewen unSer 
gnad und ailes gut, liber getrewer wir haben dem Edl^ Johan ^afon 
von Sponheim unserm Rate und Uben getrewen, die Burg zu Sels mit 
zwein Turnossen uf dem tiolle zu Sels mit sampt dem knappengelt und 
andern iren zugeborungen gnediclicben gegeben undverliehen, zu haben 
in aller der massen , als die der Edle Ulncb vôn Vynstingen dieweylen er 
lebte besessen bat, als das ailes in andern unsern briefen, die wir Im 
doruber geben haben, eigènlicben begriffen isl, dommb so gebietén wir 
deinen trewen, emstUchen und vesticUchen, mit diesem brife, das du 
dem egenanlen Johan von Sponheim dieselbe Burg zu Sels, mitdenzvrein 
Tumosse, dem Knappengelt, und andern iren zugeborungen von sladan 
eingevest und volgeo lassest, noch laulte der egenant unser brif die wir 
Im doruber geben babenj und In ouch dobey von unsern und des Reichs 
wegen schutzest und schirmest, als du nns^ swer ungnad vormeiden 
vrollest. Geben zu Betlem des mitwochen nocb sand Andréa tag unser 



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— 140 - 
Reicbe des Bebemischan io dem XXVI uod des Romtscbeo in dem XIII 
iwea, 

<Per dominum Henricum de Duba magisLrum curiœWlachioco 
de WeyteiiniQle.» 

Sur le revers de la charte : < Aie WeDceslans ein RomÎBcber Konig doi 
bmtfogt zu Elsasi heisst ein graven von Sponbeim su schimien b; der 
burg ze Selz dem knappengilt und zwey Tornosz daselbei, et avecle 
cadiet impérial. 

NousWencesIas, par la grftce de Dieu Roi des Romains, en tout temps 
conservateur de l'Empire et Roi en Bohème, mandons affectueusement au 
noble Szistaw von der Weytenmûle, notre cher et fidèle préfet d'Alsace: 
Cher et fidèle, nous avons gracieusement donné et accordé au noble Jean, 
comte de Sponbeim, notre cher et fidèle conseiller, le cbAteau de Seltz 
avec deux (livres) tournois sur le péage de Sellz, ainsi que l'impôt de U 
mouture avec accessoires, aux mêmes conditions auxquelles la tenait, de 
son vivant, le noble Ulrich de Fénétrange, ainsi qu'il est dit et contenu 
en d'autres lettrée, émanées de nous, en ftveurde ce dernier. Et pour 
ce, nous prescrivons h la fidélité, par les présentes, très-sérieusement et 
irrévocablement, que tu aies, i partir de ce moment, à faire tenir audit 
Jean de Sponbeim ledit cbàteau de Seltz avec les deux (livres) tournois, 
l'impôt de la mouture, et les accessoires, conformément â la susdite lettre 
que nous lui avons délivrée; et i l'y proléger et maintenir, en notre nom 
et en celui de l'Empire, sous peine d'encourir notre sévère disgrâce. Fait 
à fiellam, te mercredi après Saint-André, dans la 36" année de notre 
r^e m Bohême, dans la 13* de noire Empire (en Allemagne). 

Au nom de maître Henri de Duba, maître de la cour, 
Wlachinco deWeylenmûle. 

Au dos: «Gomme quoi Wenceslas, Roi des Romains, prescrit au préfet 
d'Alsace de maintenir un comte de Sponbeim dans le chftteau de Seliz 
(dans la puxeplion de) l'impAt de mouture, et de deux (livres) tournois 
dans la même localité.i 



lMdutlM4eCwral, évtfudelafeBce, an ftactlMi d'uMtn eatn Jera ée Synkgla 
iA talc» le LiB>flge, 4au m Utise in nijet du péafe de Seitt (5 dëcunbre 1394). 

«WirHeinrich von der Lypen, des allerdurcblewcbligislen fursten und 
beren, bem Wentzelaws Romischen Kunigs zu allen zeilen merer des 



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— 141 - 

Reychsund Kuoigs zu Bebenn marschalk, Borziwoy vou Swioar desselbui 
unsers beren des kuni^s hauptman îq Beyeni Tristan von Blumenrode 
Wilhelm Frawenbergw vom bage Burkart Huncb von Lantzkron RiUere 
nnd hans faekel des bocbgebornen fursten iind beren bero Ruprecbtz des 
jungen PfaUzgraven by Rin und bertzogen in Beyem Lantricbter Bekennen 
und tun kunt oiïenlich mit disein brief allen den die in seben oder boreâ 
lesen. Als nnser egenant berre der Kunig dem Ërwirdigen hem Conrat 
Ertzbyscboff zu Mentze verschriben wirt, das er solicb sachen und zwehmg 
als die Edein Gref Johan Gref zu Sponheim der junge und Graf Emidi 
Graf zu Liningen von eines Zuls wegen zu Selz mit einander habeu zu 
sinen handen nemen und in uff den Suntag als man singt Letare in der 
Vasten von desselben unsers beren des kunigs wegen fursicb bescheîden 
und da versuchen soUe ob er solicb zweyung mit der mînne errichteo 
moge, mœge er aber das nicbt getun so solle er In ein Recbt besetzen 
mil des Reychs mannen die darzu geboren und was daselbst znm Recblen 
iiinden werde, das sollen beyde teyl balten, und voltefuren ungevariich 
uod desselben solle man y^icbem teyle an den egenanten von Mentz 
brief geben, das wir zwisclien denselben Gref Joban und Graf Emicb von 
der egenanten zweyung wegen gerett und getedinget baben, in der mass 
als bienacb gescbriben stet zum èrsten das yetweder tyele (tic) den (ag 
uff den egenanten Sunlag vor dem egenanten von Mentz sucben und ley- 
sten sol an geverde. In irre dann ehast not so mag in derselb von Hentze 
eînen andern gelegenn tag bescheiden an geverd. und das ylweder teyle 
mit alleu den sinen an geverde bie zwischen und dem egenanten tag darzu 
und davon vor dem andern sicher sin sol on geverde. Aucb soll ailes das 
von dem egenanten zol bie tzwiscben und dem egenanten tag gevallen 
wirt unverruket beliben legen an geverde und des zu uriiund und gedecbl- 
nnsse bat unser yglicber sin Insigel uff disen brief gedmket Geben zu 
Prag, an Sant Niclaus Abend nacb Cristi Geburt drewzeheobundert Jar 
und darnach in dem vier und neuntzigisten Jarei (5 décembre 1394). 

Les six cachets sont tombés. 

Sur le revers de la charte : tKonig Wenceslaus verordnet Cunrad 
Biscboffeo za Meiotz zu einem Commissario uber Graf Johan zu Spon- 
heim und Graf Emicb zu Leyningen den zoll zu Sels betreffendt> 



Nous Henri von der Lypen, maréchal du très-illustre prince et seigneur, 
Wenceslas Roi des Romains, en tout temps conservateur de l'Empire et 
Roi de Bohême; Borziwoy de Svrinar, lieutenant (capitaine) dudit notre 



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SeigDeur et Roi en Bavière; Chrétien de Blameorode; (rnillauine Frauen- 
berger de la Haye (vota ïlage); Burcard Uûnch de Landscron, chevaliers, 
et Jean Hekel, juge territorial du très-noble prince et seigneur Boberl le 
Jeune, comte palatin du Rhin et duc en Bavière, mandons et annonçons 
officiellement, par cette lettre, à tous ceux qui la présente verront, ou en 
•nteadroDt la lecture : Gomme notre susdit seigneur le Roi en écrira au 
révérend seigneur Conrad, archevêque de Hayence, qu'il ait à prendre 
en mains l'affaire et le litige que les nobles comtes Jean, comie de Spon- 
beim, le Jeune, et le comte Ëmicon de linange ont ensemble à raison du 
péage de Seltz, et qu'il ait à les foire compardtre devant lui le dimanche 
Ltetare, et ait A tenter une conciliation entre eux au si^et de ce litige, et, 
en cas de non-réussite, qu'il aiti leur fixer un jour où siégeront les juges 
du district, et que les deux parties aient & maintenir et exécuter sans dol 
ce qui aura été décidé en justice , et que l'on ait à délivrer à cbaque partie 
tme lettre à l'adresse dudit archevêque de Nayence, portant qu'è propos 
de ce litige entre le comte Jean et le comte Ëmicon de Linange nous nous 
sommes concertés et avons décidé en justice ce qui suit: 

En premier Ueu que chaque partie ait à se présenter ledit dimanche 
devant Hgr.de Hayence, et à obéir à ladite citation. Et s'il arrivait qu'il y 
eût pour eux un empêchement miyeur, ledit Sgr.de Hayence pourra leur 
assigner un autre jour sans dol, et que chaque partie avec tous ses adhé- 
rents puisse, à partir de ce moment jusqu'andit jour précité, s'y rendre 
et en repartir sûrement. Et tout ce qui écherra dudit péage à partir d'à 
présent juaqu'audit jour devra rester intact et .sans dQl. Et è titre officiel 
et en mémoire de cela avpns, chacun de nous, imprimé notre scel sur 
cette lettre. Fait à Prague, la veille de Saint-Nicolas, la 139J* année après 
la naissance de Jésus-Christ. 

An dos: (Le roiWenoeslaa nomme Conrad, évêque deUayence, ari)itre 
entre le fomte J. de Sponheim et le comte Ëmicon de Unange, concer- 
nant te péage de Seltz.> 



iWpomir WncMlM orduue n b^tnt to Mf», 4» HagUMp et iu Mdnt tUm 
de la Décapole, de waiitaBlr et pretèger Jean do Spwliela dm Mb .dr^t nr le 
cUte>B de Selti et nne reste de clnf livret tounoli k percevetr nr le péage de Mti 

(13 avril 1396). 

<Wir Wentzlan voo gotes gnadeo RomiscbeT Knnig xu allen zeiten 
merer des Reichs und Kunig zu Beheim Embieten dem Burgenneister 
Uaie und Bu^gern gemeinlichen der stat zu Sels, Hagenau und der m- 



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— 143 — 

dern steten die in die Lantfogt«y zu Elsassen geboren nnsfirn uod das 
Reicbs Uben getrewea unser f^nade und ailes gute. liben getrewen. Wir 
heisseo aad gebieten eacb ernsUicbeD und vesticlicbea mit diesem brire 
and woUen das Tr den Ëdeln Grafen Johas von Spouheim uosenn Rate 
aDd liben getrewen bey dem h^use zu Seb und oucb bey den ftinf Tur- 
nozzen die wir Im vormals uff dem tzoUe zu Sels gegeben babeo mit irea 
zugebornngen hanthràea scbutzen und scbinnen uaà In auch dabey ge- 
ruhMieD bebalteii> wollet , als ofle Ir von Im oder den seinen des ermanet 
werdet noch- laute sraner Hajestet brive die er voo uns uber dasselbe 
haws und ouch die fuDf Tarnoz bat und lasset des nicbt in dbeineweis, 
als libe eucfa sey unser und des Reicbs swer und uavorwiotlich Ungnade 
in vormeyden , wann uns wundert zumale sece da^ Ir euch an andere 
tmsere brive, die vrir euch vonnals von des egenanten unsves Rates 
tvegen gesant baben nicht gekeret babt, noch unserm gebote gehorsam 
g:evresen seil, als doch billich were, und fuget das aUo, das wir eiich do- 
rumb nicbt mer scbreiben dnrfen, als Ube Ir gerne sehen woUet das eocfa 
ewer freybeid und gnade die Ir vonuns und uason vorram an dem Reiche 
herbracbt habt von uns nicbt gekrenkelwerden, wann wir den egenanten 
grafen Joban bey seinen brivèn, die er uber das gênante buse und die 
funf tnmozz zu Sels bat gerohticben bebalten and bleiben lassen wollen. 
Geben in dem closter znpi Guldental des Dinstages noch Ostem unser 
Reiche des Bohemischen in dem XXXV nnd des Romiscben in dem XXn 
Jareo. 

«Ad relationem bintzikonîs Pflag 
Wlachinco de Weytenmule.> 
Sar lo revers : c Konig Wenc^laus bevilht der Statt nnd BurgermeiiLer 
zu Sels und Hageoaw das sie Graven Joban zu Sponheim bey dem hauss 
zu Sels und funff Livres am zoU daselbst mit aller sngebôr bey verlust 
ihrer freyheit schutzen und bandthaben.> 



Nous Wenceslas, par la grâce de Dieu Roi des Romains , en tout temps 
conservatenr de l'Empire et Roi en Bohème, mandons gracieusement A 
DOS chers et fidèles, savoir au bourguemestre, au conseil et en même 
temps aui bourgeois de la ville de Seltz, de Haguenau et des autres villes 
appartenant A la préfecture d'Alsace; Chers et fidèles, nous vous mandons 
et commandons tris-sérieusement et irrévocablement par cette lettre, et 
venions, que vous mainteniez, protégiez et conserviez le noble comte 
Jean de Sponheim, notre cher et fidèle conseiller, dans le chftteau de 



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— 144 — 

Selti et aussi dans la perception des cinq (livres) tournois que nous lui 
ïivons octroyées autrefois sur le péa^ de Seltz avec les accessoires etqne 
vous ayez h l'y maintenir en toute sécurité, toutes les fois qu'en serez 
requis par lui ou par les siens, selon la teneur des lettres de Sa Majesté, 
qu'il tient de notre part au sujet dudit château et des cinq (livres) tour- 
nois, et que vous n'y fassiez défaut d'aucune manière, si tant est que vous 
teniez à éviter la sévère et immanquable disgrâce de l'Empire et de aoos- 
roéme; car nous ne vous cacherons point nob'e étonnement de ce que 
TOUS n'avez eu aucun égard A d'autres lettres, que nous vous avons adres- 
sées au sujet dudit notre conseiller, et n'avez point eiécuté nos ordres 
ainsi que le deviez en toute justice; et prenez vos mesures de telle sorte 
que nous n'ayons plus à vous écrire A ce sujet, si tant est que vous teniez 
A ne pas voir amoindrir par nous les libertés et grAces que vous tenea, 
dans l'Empire, de nous et de nos ancêtres; car notre volonté est de main- 
tenir intact et non troublé ledit comte Jean de Sponheim, selon la teneur 
des lettres qu'il a obtenues de nous au sujet dudit cb4teau et des cinq 
(livres) tournois à Seltz. Fait dans le couvent de Guldental, mardi de 
Pâques, la 35* année de notre règne en Bohême, la 32° de notre règne 
romain. 

Sur le rapport de Henri-Conrad PQug, 

Wlacbinco de Weytenmûle. 

Au dos : cLe roi Wenceslas prescrit A la ville et au bourguemestre de 
Seltz et deHaguenau de protéger et maintenir le comte Jean de Sponheim 
dans la jouissance du château de Seltz et des 5 (livres) tournois et acces- 
soires, assises sur le péage (de Seltz), sous peine de perdre leurs immu- 
nités.* 



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ANCIEN TRÉSOR 



L'ÉGLISE SAINT-GEORGE DE HAGIENAU. 



Les collecteurs (fantiqaité& relig:ieuse9 onL dirigé de noa jours leurs sa- 
vantes investigations sur un objet digne également de notre attention , en 
ce qu'il révèle l'oi^nisation des anciennes sacri^es, et présente l'inven- 
taire exact des richesses <Ju culte chrétien. Nous avons beaucoup à ap- 
prendre dans cette étude, qui est notamment très-propre à rectifier nos 
idées erronées, et nous édiBer sur les nombreui objets d'art, l'une des 
principales richesses des églises, et sur l'usage qu'on en Taisait dans la 
litur^e sacrée. 

Les inventaires des trésors d'église embrassent les ornements sacerdo- 
taux en général, souvent avec Tindication do genre d'étoffe dont ils étaient 
faits; les tapisseries recouvrant les autels, les pupitres, les marches du 
sanctuaire et souvent les bancs; puis les vases sacrés servant & la célébra- 
lion des saints mystères, aux processions et à l'administration des sacre- 
ments; les bijoux, les perles dont on recouvrait les vases sacrés, les 
reliquaires et les statues des saints; enfin les vases et ustensiles d'un métal 
moins précieux, nécessaires aux cérémonies diverses. 

Les plus anciens de ces inventaires sont en ]atin,et le savant docteur Bock, 
d'Aix-la-Chapelle, un des collecteurs les plus déterminés et les plus heu- 
reux de nos jours, s'occupe de réunir en un corps d'ouvrage tous ces do- . 
cuments, qui aideront à faire connaître les siècles passés par un des cdtés 
les plus touchants, le zèle des fidèles à doter les sanctuaires des objets 
nécessaires au culte. 

Les anciennes archives de Saint-George de Hagaenau, qui ne sont plus 
complètes, tant s'en faut, mais qui renferment nombre de documents 
qu'on espère utiliser dans l'intérêt de l'histoire locale, ont révélé jusqu'ici 
la présence de plusieurs de ces inventaires. Ils sont au nombre de quatre, 
et je ne désespère pas d'en trouver encore quelques-uns. 

Le plus récent ne remonte qu'à 1781. Dressé par le recevoir de l'œuvre 
de Saint-Geoi^e et signé des membres administratears de l'œuvre, il 

Q' 8ÉB». — T, VI. — (U.) 10 



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— 146 - 

Dioalre Tétat de notre sacristie avant ta réTOtotion et indique les pertes 
trop sensibles essuyées durant cette période de spoliation générale des 
sanctuaires. 

Le second date de 1759, et fîtt dressé à Foccasion de la visite épîscopale 
Taite par l'évêque d'Aratb à Haguenau. 

Le troisième est de 1657. Il détaille l'état du trésor an moment où l'on 
sortait de la période sanglante de la guerre de Trente ans; époque de dé- 
solalloD générale pour notre province, et- en particulier pour la ville et les 
établissements religieux de Haguenau. 11 témoigne du zèle des fidèles 
appauvris, décimés par les guerres et la famine, en faveur des sanctuaires, 
et de leur empressement à combler les lacunes causées par les dépré- 
dations incessantes. 

Le quatrième, le plus ancien r^ue j'aie retrouvé jusqu'ici, est de 1493, 
alors que la paroisse de Saiot-Geoi^e était desservie par les religieux 
Joannites, qui relevaient de la Gommanderie de Saint-Jean de Dorlisheim'. 
n est en allemand, et par son contenu il nous fait connaître en détail tout 
ce que possédait la sacristie de Saint-George. Une petite analyse nous 
édifiera sur }a valeur du document, D porte en titre: Scmte Jergm Wercks 
gezierde uff derKammem utmd inné derKîrchetm: vffgeti^rihenvff Zins- 
tag noch haib fasten, atmo jtlrrmt, C'est évidemment 1493. Le caractère 
pourrait même remonter à plus baut, et cette minuscule était en usage 
A travers tout le quinzième et une partie déjà du quatorzième siècle. 
Du reste, l'inventaire fiiit connaître les membres du clergé de Saint- 
George, les Joannites, alors à la tête de la paroisse, qu'ils quittèrent au 
commencement du seizième siècle. 

L'inventaire est partagé en dis paragrapbes, qui traitent des ornements 
sacerdotaux et du linge, ornements complets et cbasubles isolées; de divers 
objets servant à l'autel, tels que antependiura, étoffes, voiles et tapis; des 
.vases sacrés, croix en argent, etc.; des monstrances et autres vases ré- 
servés dans la custode; des vases et ustensiles de cuivre et d'étain; des 
livres liturgiques; des corporaux,.amicts, etc.; des ornements et bgoux 
de l'autel de la Viei^e; enfin des calices et ornements avec indication de 
ceux qui s'en servaient. 

Ces richesses étaient considérables, et sous bien des rapports la sacristie 
était mieux montée qu'elle ne l'est aujourd'hui, où pourtant elle passe pour 
une des mieux organisées. Non-seulement les vases sacrés étaient nom- 
breux et ceux dont on se servait au saint sacrifice journalier étaient inva- 

I. LesJtMDnlIes restèrcnl i U teie de Im paroisse Jusqu'en 1535, où le Higiitrat obtint 
d'eux un iraHè dé ceMion, qui le« ëlolgna de HagneDin. 



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- 147 — 

riablement d'argent, mais les étoffes brodées â la main élaienl variées et 
offriraient de nos jours un intérêt extraordinaire. L'ioventaire ne s'applique 
pas seulement au siècle dont il porte la date, il est hors de doute que 
certains objets, vases et ornements, remontaient plus baut, peut-être à 
l'origine de l'église. A l'exception d'une pyxide aux saintes huiles qui porte 
le millésime de 1484, rien n'a pu être conservé; la plupart des objets pré- 
cieux disparurent dans les troubles de la Rérorme et de la guerre de Trente 
ans; ce qui restait au début de la révolution française fat séquestré, et os 
ne sait ce que cela devint 

Le document présente des particularités de style et de noms qui né 
servent plus guère. Sous le nom de Gewi»U on entend un ornement com- 
plet, chasuble, cbape et dalmatiques. Un Carsuckel est une chasuble, cor- 
ruption du latin casula; Korkappe signifie chape ou pluvial; FùraUer, 
VoreUtar veut dire antependium, et cet -ornement était mobile et changeait 
selon la couleur de la fête ; Slûlacfun, Dedtiachen et Sergen sont des cou- 
vertures el des tapis pour les bancs, les autels et les pupitres. Le mot Ser- 
gen a survécu dans dos campagnes. Dn^eler veut dire amict; Zotne signîûe 
probablement ceinture, du latin zona; kâdensch Werck ou Werkliche étaient 
des étoffes damassées ou brodées à la main, on les appelait Aettien^cA, 
païennes, ou bien puisqu'elles venaient d'Orient, ou parce que les dessias 
se rapprochaient de la mytholc^e. Kutxhûte étaient des espèces de camails 
ou d'aumusses- Les chapelets se nommaient Pt^er noster, et notre inven- 
taire mentionne un KaUdotàen Pater noster, ce qui veut dire un chapelet 
' à grains d'une pierre précieuse appelée calcedomus. 

Ko tout état de cause, l'inventaire du trésor de Saint-Geoi^e reoferme 
des détails que ne peut ignorer l'amateur de la science litui|fique, et à ce 
titre, nous avons cru devoir faire é notre Société la petite communication. 
Nous ne pouvons préciser la valeur de certains vases sacrés y relatés, 
mais dans le paragraphe des bijoux d'argent {Sylberynne CteinoUern) on 
mentionne un vase aux saintes huiles pour les baptêmes, à double pyxide, 
l'une pour le saint chrême, l'autre pour l'huile des catéchumènes (gemaht 
den Criseme und das Oley darin zu thune), qui fut fabriqué par l'orfèvre 
Louis fioltsenn au prix de quatorze florins d'or, l'année même oili l'inven- 
taire fut feit (1493). 

V. GUERBBR. 



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PIÈGES JUSTIFICATIVES. 



Inveataire de la sacrlsUe de Balnt-George en 1493. 



lut* J«s« VtnU CMlwto oir («r KtBBm 

wmmA lui en XlnhMi ; iflkuehTlkfa sfT 

Uutas «Mk lulk futen un* mrutlnnli. 

». Zit ertta von getoandenn Canûdceln mit 

den Leoiten Koeken und Âlben. 

Item Hn Rot Damasten gewaal, mil aller 
ZogebOnuigeii, das sint die KarsDckel und 
■wene levilen-ROclie, ist Eusammen VIIH 
stQck. Dann sint heinricli Brnckers Scbilte'. 

Item eln nnwe wlai damasteo gewant 
mit slner ZagehOmugen. 

Item ^ ait glUdùigewanlaiichinitsiDer 
ZngehOniDgeim. 

Item KtD nawe Rot damasten Gewant mit 
Biner ZagehOrangen, 

Item BId Bwartie damaaten gewant mit 
tiner ZngebOnmgen, oach mil derBnidcere 
SchUte oder Vopen, 

Item eln blowea damaaten gewant mit 
sben ZngehOrniigen, bmcht man an den 
ZvOltbotten Tagen. 

Uem ein slehle' grOn.gewant mil slner 
ZdgehOniDgen, 

Item Siu Rot Snndag gewant' mit aiuer 
ZugehflniDgeD, ist ait. 

An den Torigen Oewanden iat nlt noter 
begriffea , danne an Jedem Gewande ini 
SIQcke, das IbI en Korkappe, Ein Kantcket 
md iwene leviten Rocke und alul weder 
Alben noeh «nder Zogehorungen oit darln 



Item En gelé Erwits* Gewant, das sint 
■wene leriten K{)cke und ebi Earsuckel, 
und iat keln Korliappe daby, Bmcht man 
am BBllunttwnch (uiercredi des Cendres). 

Item Eln gQte grQn damasteo Eappe, 

1. SUU Ds ilfaile pu nmTili, bibIi Mmmna > 



Item drige stehler atte Kappen, der hat 
die BlQ eln aiUterfnes slou, nnd die ander 
1 fUrspange (lennofr). 

Item mi aller Roler leTiten Ilocke. 

Item ein aile wùis damasienn Qewanl mil 
Biner ZugehOrnimgen. 

Item des schQJer BischoBb gewant. 
b. Von Marttitielm und AWen. 

Item Sehtaehen O&ter Eannckeln so man 
lu den bochgeiiten bmdiel (Ktes), 

Ilem VIII Roter EarsDckeln bmchl man 
Inoe der WQchen toq dem Falmti^ nnd 
Paace, 

Item Tm awartie und wiss Karsnckelo so 
man Inné der Tasteo bmchl, darunter sint 
swo, die bmcht man ober Jore lone Sele- 
«mpte, 

Ilem XXm wert^elichet KarsDCteln, alte 
Dod Duwe, bose und gaie, 

Item im swartier Slden Karso(d[eln, bOse 
ond gQte, 

Item XVIQ alben mil Irer ZngehQiungen, 

Item aber XX alben bose nnd gOte, 

Ilem I Swarli wisa Karsuckei, bal der 
Lntpriester gesctkafft 

c. Von aOerlev gerOlkt vnd Gtsierd». 

Ilem Ein Roter damasteo niralier (Ante- 
peodiom). 

Ilem dano eln borteo geslickt mit berllo. 

Item J beidensch wergUste {heideoscfa, 
TleiUe ëteïïË i arabesques mythologiques), 

ItemJ ait Rot SaUacheo (dnp pour couTrtr 
les bancs). 

Item i Soberterin Slurlz (probabiemenl 
pièce d'étoffé pour doublure), 

IlemJ gczwani (geiwirui) boupUucb, 

I ordlasln. 



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Item J slden bintquechel, nnd sonst iwo 
hantqttechlen , doioitte man die lOie be- 
rihteo, 

Item aber (j Bfden dttohere, 

Item i Rot sf dentach ztùn Gol Inné dem 
Grabe, _ 

Item j blow siden dedilachen mil s tricben, 

Item J swartz Scberlerlu dQclt mit tveia 
mOneD, 

Item iijj alter sy den secfcel. 

Item lilj Kelcheeckel, 

Item J ElQck grUu damaate. 

Item j Erdeniacb aff corporis Cbristl, 

ItemJ BtQcte Echerlers T Eten laug, 

Jlem iwo Eigeletit bantqaelielD (damaasë) 

Itoa i^Yn Alter dOchere ntiire tind alte, 

Item ti] atltUcbea aa bDchgexltleii Iddo 
das GeattUe lm)e dem Korc, 

Hem Xn Sergeo ao man an den bochge- 
liteD uflbeDdiet ondtQr die Altare apreitel, 

Item ix fDrEIter (antependium) nfT die 
bocbiit ftëtes], 

Item liij ncbere, beldenlscb und geaogen 
Wercka, nff die paUenn (vollea de pnpitre 
en ètofte aDtlqne), 

Item J BttUaetiel epreitet man fOr deu 
troaaller, 

Item vin ntretter, brncbt man Inné der 
Vaaien; 

Item ml dacb diKnitte man die Bllere 
Terstopffet {aotelt]. 

Item aber XII baatqweblen bOse and gtte, 

Item zwene KQtieliate, 

Item ij boctaairlich uberige (BorpIiB). 

Item aber fQnff Dberïge (snrplia). 

d. Von SiWerynne Cleinoitem. 

Item dry groaset silberTiiiie Gralie, 

Item acfale guter Kelcbe mit den Pulenen, 
Corporaleo nnd Tescbeo, 

Hem iiij ailberTiiDe fOrspangeD, as die 
Cappen, 

Item Ewef ailberyoDe HeaakennlinD, 

Item J sliberynoe Roacbfaas, 

item J BilberyDne geacbirre ist Inae aimo 
temii (U93) zum Totiff (baptâme) gemabi 



den criaeme nnd daa Ole; darin la thOne, 

koat . . . riHi giild. maht Indâwig Botlseua. 

e. Von CleinoUem m inné dem kHHsm 

Saerament hUtel ttonde. 

Item Ein Ve^lte knpffbrin mystrande 
{ostensoir} so man fQr die Siecben treit 
(malades], mit enm Roden Siden damast 
dncb, daran Ist ein Cnice&x, uoser frov 
und eaal Jobanns mit berlin gealickt. 

Item } aUberynne bùai (b^cha , pyitâe) 
daiinne nnd debj J sUberymie Scbeld, 

Hem ] mUstranti lam beiligen Oley, da- - 
rinne ist Eln ailberrane bùaz. 

Item Sn bùu mit Pertin gesticliet. 

Item JKin Seckelin, darlnne man daa Sa- 
erament Dbrefelt treit, 

Item KiD Schrin, geatlckt mit Berlin 
(boite). 

Item aber J tilberptoe bùaz, nnd ] aUber- 
ynne Scbelel, inné eine aiden Seckel, 

f. Von Meâten Ktqtferin und Zitmen 
geiehirrt. 

Item Eln measin mOstrantz tmn Saera- 
ment nlf corporis Ghrlstl, 

Item zwo mes^n Hustrancien dam. 

Item iil] messin Rouchtasse, 

Item ] messin Cràtse, 

Uem XI par messe Eennlin, 

Item i] kenneln darinne man messwin 
boit. 

Item ninlTTIn befen (nsea an tId), 

Item — messen lichlslficke. 
g. V<m BUebem. 

Item Vm pirmenten (parcbemin) Hess- 
bDcbere, nnd ilj Selemeasen bQcbelen, 

Item Ein Epistelbncb, Item lin Lexional, 
Item VI Scbfller BUcheln. 

h. Aber von corporalen und attdem. 

Item iiij korporale descben mit Berltai ge- 
stickt, 

Item zii slebter Siden corporale Tescbeu, 

Item Tiii neirer Korporale, 

Item i] Umbeler mit berlin gesticlit 
(andcta^. 

Item ii] geiDgen Wercke kûssen, 



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Item fDDir Btirkeln (?) Slaiti und siéger 
(Slurli Btoia, pepLum; Schlejer, voile). 
i. Gtnerde, Cleinotler und andert su vnter 
/rovon Altare. 

Item iwo RoUen mit Bilberyniie SpaogGD 
gesUckt, 

Item iij Siden Seckel, 

Item iwene Zolne (lona, OUrtel, ceinture}, 

Itran fQQff liorellea Pater Hostei, 

Item EiQ Katidooien Patef noster (chapelet, 
cbalcsdODiQS, pierre précieiiE^ ambre), 

Item Ein sleUes pater Noater mil grOnneu 
Ryngen, 

Kem J balabant mit Berlin gealicket, 

Item marien bfld Elu grlUier sogelehter (T) 
Rocfte, 

Item dem Klnde dergUch ein Rock, 

Item Ire aber ein bbwer Siden Rock, nnd 
dem Klnde derglich. 

Item Ir ein grtln aiden Rocke, dergllch 
einea dem Elude, 

Item Ir li] berlin chsppel (conronne, dia- 
dème) und dem Klnde eins, 

ttem dem Kinde il RtJcklin mU ^ pu sU- 
berynne hafllen. 

Item II ein brun Rocke nnd J Roteu Rock 
und dem Kinde dergllcba. 

Item Ein Roten Siden Rocke dem Tesper 
BUde. 
k. So ligmnt dite noehgettaimtvn StUeke, 

io die Johaunter herren ta Smtt lergen 

hme ir«n KmtttarHn, ïnns der lùcrittien 

haben oueh det Wereke». 

Item lin Ketcfae, iwei Corporsle mit Iren 
Teachen, rwo Karanckeln, drfge Alben , Btn 
Kutiebaie, nnd efn Uberig, liai her dans 
KflUer der lutprieater Inné sinne Kraaterlin, 

Item Bin Kelcb, Ein Karsacket and zvc 
ilben bat her Cunrat Schemmet, 

Item Bin Kelcb, swo Kargackeln, und swo 
' Alben bat ber Wichel (MIcbel?), 

Item Bin Kelcb, Ein Korprale, Ein Kar- 
BDckel nnd iwo Alben bal her Uenhart der 
Schaffëner, 

Item Ein Kelch, Ein Rarsnckel, nnd iwo 
Alben bat ber CIcHcb Sickart, 



Item Ein Kelcb, ein Karsnckel, nud Bin 
Albe bat ber Jobannes Diergart, 

Item Ein Kelch, ein Karsuckeln nnd nro 
Alben bal her tlenbail Kleiubrot, 

Item Ein Kelch, ein Karsai^el, nnd iwo 
Alben bat her Indewig haga. 

Item Bin Kelch, ein KorpraJ^ ein Albe 
bat b. bug hohestette, 

Anno jriiRi secundo, ulT Zlnatag nocb 
JndicA Inné der Vaslen, gai) Claua Uossen- 
roscb der Heilger . . . TOn her bugen Ton 
boheatet slnB BrQder wegen, der Inné danne 
sollohs aiBo Znclinnde empfoblen bel, Bin 
Relcbe, und dn Korprale mit ainer Teschen. 
dem Werke, nud bal mrn berr^i die pBe- 
gere Inné dla iridemmb inilben, nnd ist 
also ber bugen denelb Eelcfa so er dem 
Vercke gehen bat, vider nig^mdten, ge-. 
lafaen, «1b innehat droben geieicfaeni gtot 

(Cette note ae rapporte an dernier caliw 
dont ae sernil le Joinnite Hngaei Hohen- 
Btett.) 

Le dernier paragraphe contient l'état no- 
minatir des religieux Joannltes du cloître 
de Saint-George en i 492. Lea prêtres étaient 
an nombre de nenf, et le prienr, curé dA 
Sabit-George , Était Nicolas Mailer; le reee- 
tsui 6e nommait Llenhart 

Cet inTentalre de 1492 eat le pins anden 
qne J'aie Ironrè ani archives. Bien des 
objets r relatés ont dû remontersu qnalor- 
ilëme et pent-étre an treizième Blèele. Il 
ne reste qu'on vase nx saintes hnilea <pil 
date de la An dn qniniiâne siècle. 

Trois autres inTentaires se trouTent aux 
arcblTes, et datent de 1657, 1T59 et 1T8I. 

Dans rioTMitaire de 1 492 il ; a encore on 
chapitre ainsi conçu: 

Dise Zlnae git sant JOrgen wereke Ton Im. 

Item i^ gelli den firowen m den SeTrer- 
ynneiu hagenowe (pénitentes), 

Item X03 Eiun Cappelan uliem Gemer su 
Sannt Jergen, 



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Item J^ den Jobuinsern tod ignesen 
Somben Jor^xll, 

Item xi GelUs dem Nuwcn spiltel toq 
PalckengarrcDD (Falkeogarn), 

Item iiÇi den Thmaherren von Snibar; 
Ton des Riulen hofe, 

Itflm 111'"'^ Geltx der Jobtiuuerhern fllr 
elelD Selgeret, 

Item Ilip^ Innen OQch fOr drige CippenD, 

Item zxT^ den Johuiuem von gOtern 
nffbi hnngerberge, 

llem Up Innen tod der deniin bme. 

Item Ti df In onch ron taartiuv kUnigs 
Jorgeiit, 



Item zxt3 Oelti den iagnsUnem Ton 
Offwilrs Hatten lor Rustenhusenn, 

llem ZT if geld den Fredigeren toq den- 
■elben mittes. 

Item s dr gelti den herren von Nawut- 
bnrg Ton der ObersctiQIen, 

Jtem J -"-3 OelCi den Siecbenn Inné dem 
Suve Spittel, 

Item Ein prani pfennlge gelti Elme Gip- 
pelui Santé Jacobs Allare In Nuwenn spittel. 

Item i]^ dr den Sweiterun Inné des tod 
Scheide Gottesbass tod Brotbanke, 

(tem iJpdT den berren Ton BteSkimelt 
TOD Eotteriianae Jotgeilt 



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ORIGINE 
DES VILLES ET DES CHATEAUX 

DANS LE SUD-OUEST DE L'ALLEMAGNE. 



Ud savant badois, M. i. Vetter, qui s'occupe spécialement de l'histoire 
et de l'archéologie de son pays natal, vient de publier une brochure in^i", 
avec cartes, sur l'origine des villes et des châteaux et sur l'inlrodaction 
du chrislianisnie dans le sud-ouest de l'Allemagne (Carlsruhe, i868). Je 
crois devoir appeler votre attention sur cet intéressant mémoire , dont le 
contenu s'applique, par analogie, à la rive gauche du Rhin moyen, quoique 
l'auteur ne l'ait guère franchi dans ses recherches. 

Voici les points principaux qu'il s'est proposé d'éclaircir : 

1** L'existence de beaucoup de routes anciennes et de ruines énigma- 
tiques dans les contrées écartées de l'Allemagne du sud-ouest; 

â^ L'origine obscure de beaucoup de villes et de bourgades; 

3" La circonstance bizarre que primitivement ces villes étaient sans 
propriété territoriale, c'est-à-dire sans marches, sans bans extra muros, 
et qu'an point de vue ecclésiastique, elles étaient tes annexes d'égiises 
rurales voisines de leur enceinte; 

•i" L'existence de groupes de populations non germaniques au cœur des 
populations d'origine germanique. 

Selon H. Vetter, une population celtique habitait près du Rhin et du 
Danube; elle était protégée par des remparts continus et par une série de 
forts; le pays était, de plus, couvert de chaussées romaines. 

Dès le neuvième siècle, et de là jusqu'au douzième, les -documents 
contemporains révèlent, dans l'Allemagne du sud-ouest, l'existence de 
villes et de châteaux, entourés de murs, d'une construction technique 
similaire. Or, les Germains étaient de pauvres architectes, incapables 
d'élever ces fortifications et ces bâtiments. Même au cœur du moyen âge,- 
dans l'Allemagne centrale et septentrionale, les édilices en pierre étaient 
rares; les églises chrétiennes primitives étaient en boîs. 



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— 153 - 

Il en esl de même des chaussées anciennes, conslniiles d'après un 
plan saisissable, connexes avec l'établissement des châteaux et des villes. 
Certes, tes Germains n'ont point tracé, n'ont point construit ces routes. 
Ce sont des chaussées romaines, tracées d'après un plan stratégique. Tout 
le pays, toutes les vallées, tous les vallons depuis le Rhin, le Neckar, le 
Danube, jusqu'au fond de la Forét-Noire, étaient protégés par des ftxt& , 
reliés entre eox par des tours à signaux, véritables lignes téléf:rapbiques 
d'alors. 

Le système de défense romaine consistait dans l'établissement : 1" de 
villes {urbes, oppida); 3** de forts (castra, casteUa); 3" de villages (r/iUœ); 
4" de chaussées. 

Les villes étaient construites d'après le système des camps. Ces derniers 
étaient ou stables (staUva castra), ou camps d'été (castra cestiva) , ou 
d'hiver (hiberna), ou de simples retranchements élevés pour un usage et 
séjour temporaires (manstones). 

Les castra stativa, entourés de prœtexturœ , postes avancés, servaient à 
recueillir de grandes masses de troupes qui n'auraient peut-être point 
trouvé place dans le camp principal. On les plaçait soit dans la plaige, soit 
sur le penchant des montagnes. 

Au haut des montagnes, il n'y a que des castelE (camélia)- 

Les speculœ servaient k transmettre les signaux. — Notons, de suite, en 
passant, que (des castels romains dérivent nos châteaux du moyen âge>. 

Les castra ou camps étaient carrés la plupart du temps; ils avaient 
quatre portes et quatre quartiers. Leurs dimensions variaient; le long des 
chaussées et des Qeuves, on en rencoqtre souvent de trois lieues en trois 
lieues. 

Le castd du camp était placé en dehors de l'enceinte, sur un terrain 
élevé, et servait de résidence au commandant. 

Sans tes camps légionnaires, qui devinrent le noyau des villes, le cas- 
tel, au contraire, était dans l'enceinte même. Toutes les hauteurs envi- 
ronnantes, qui auraient pu dominer le camp, étaient occupées par des 
iprœtexturcEi ou forts avancés, qui correspondaient quelquefois par 
des souterrains. Le terme de castrum ou de cash-a est donc appUcable 
à toute une série, à tout un système de forts connexes; le castrum, en 
un mot, correspond à ta cité fortifiée moderne, le castel è la citadelle, 
les prœtexturœ aux bastions et forts avancés. 

Dans les colom*es militaires ou les municipes, le prétoire, c'est-à-dire 
le siège du commandant, la citadelle était au centre de la ville. Les quatre 
portes du camp y étaient remplacées par quatre forts intérieurs. Dans 



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— 154 — 

l'enceinle mime de la ville ainsi fortifiée se trouvaient les arsenaux , les 
magasins, l'hôtel de la monnaie. L'examen du plan ou de la localité de 
Aiigusta Itauracorum peut fournir des preuves à l'appui; Kastelten répond 
â la localité de l'ancien prétoire; Kai3erBug;st remplit la place de l'un des 
quatre anciens forts. 

A mesure que les Romains avançaient dans le pays conquis, leun éta- 
blissements étaient faits é l'aide de pierres non'équarries. Les points stra- 
tégiques impoilants étaient seuls défendus par des murs, dont les pierres 
formaient des assises régulières. 

iM. Vetter revient à plusieurs reprises sur son assertion, qu'un système 
complet de fortifications et de chaussées était établi dans les vallées du 
Neckar, du Danube (à partir de Donaueschingen jusqu'à Sigmaringen), et 
le long du Rhin moyen. 

Mais ici s'élève une autre question: comment les ganiisons étaient-elles 
réparties entre un si grand nombre de forts? 

Dans les provinces de la Germanie supérieure et inférieure stationnaient 
huit légions, c'est -è-dire quarante mille hommes ; en admettant autant 
d'alliés, nous arrivons à un total de quatre-vingt mille hommes, force 
insuffisante pour défendre contre les invasions des Germains une si grande 
étendue de frontière. 

H. Vetter admet que les légions restaient concentrées dans les gruids 
camps légionnaires ; que les castra stativa et les cardia étaient gardés 
par des garnisons permanentes, et que tout le pays constituait de la sorte 
une colonie militaire. Il assimile cet état de choses â la frontière militaire 
de l'Autriche et aux colonies militaires de la Russie. 

Les petites garnisons, selon lui, auraient été formées par les vétérans 
romains et par des troupes auxiliaires , indigènes. 

Les vétérans recevaient en échange de leurs services permanents une 
certaine quotité de terres, que cultivaient les prisonniers de gnerre et 
les serfs, par exemple la population celtique. On trouvait donc auprès. de 
tous ces anciens forts, même auprès des tours isolées, un ancien village 
ou du moins une métairie isolée. Il en était de même auprès des camps 
légionnaires. Les villages celtiques, qui étaient tenus de fournir les vivres, 
de payer la dlme, de fiiire la corvée pour ces garnisons romaines, res- 
taient en possession ou du moins en jouissance de leurs terres cultivées. 
Cette population rurale celtique apprit même à cultiver régulièrement les 
terres, à exercer certains métiers d'après les instructions de leurs vain- 
queurs. Rome leur enseigna la déUmitation de leurs propriétés et des bans 
communaux. Il en résulte que les terrains attenant aux établissements des 



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- 155 - 
TétéraDs leur revenaient comme une espèce de fief. Prés des {grands ëla- 
blissenieDts légionnaires, dont les garnisons ne pouvaient s'adonuer à un 
métier quelconque, le village celtique possédait en effet et en réalité le ter- 
rain de toute la Marche; il payait une redevance en nature, aoit à l'Em- 
pereur, soit à son représentant, le gouverneur du district. Probablement 
une certaine séria de ces villages, bameauz et métairies constituait un 
ensemble, un canton ou district, dont le cbef-lieu se trotrvait être le 
camp ou le fort principal C'étaient des communes complexes , composées, 
qui serrirenl plus lard de base aux circonscriptions rurales et ecclésiat- 
Uques. Dans le voisinage de la plupart de ces forts romains on trouve une 
chapelle, une église, dont la fondation se perd dans la nuit des temps. 
H. Vetter ramène invariablement, trop systématiquement peut-être, cette 
fondation aux temps gallo-romains. Et voici son argumentation assez spé- 
cieuse : Si ces fondations, dit-il, appartenaient an temps des missîoD- 
nalres iriandais, on ne comprendrait point leur présence souvent au haut 
des montagnes ou dans des localités maintenant désertes. Ainsi, selon lui, 
une partie considérable de la population celtique, habitant, sous les Ro- 
mains, la Germanie romaine, fut dès lors convertie au christianisme. Le 
paganisme y avait bien mêlé son alliage; mais les missionnaires irlandais 
purifièrent le terrain, en choisissant de préférence pour leur mission les 
districts où prédominait le population celtique. 

Lorsque les conquérants germaniques eurent envahi les possessions 
romaines, les anciens habitants y demeurèrent; les anciens forts subsis- 
tèrent; leur destruction eût été à peu près impossible, vu les moyens im- 
parfaits dont disposaient les conquérants. 

Nous répéterons donc que de ces camps romains sortent nos villes an- 
ciennes, nos villes du moyen âge, et des castels proviennent les chAteaux 
de nos chevaliers. 

L'auteur généralise cette assertion; il l'applique indifféremment à toutes 
les villes, aux. châteaux, aux vill^es, dont l'origine remonte au moyen 
Age primitif. Toujours selon lui, les ouvriers et artisans descendant des 
garnisons romaines, des vétérans romains, formèrent dans les villes le 
noyau des corporations. Peut-être étaient-ils méprisés par les Germains à 
l'égal des serfs ruraux; mais peu à peu ils durent grandir en importance 
avec tes cités elles-mêmes; cet élément gallo-romain se fondit avec l'élé- 
ment germanique. 

Quels étaient ces artisans des villes ? Les corporations des matons et 
des charpentiers, des raarécbaux-ferranls et des arquebusiers, des bate- 
Uers et des flotteurs. Leurs anciens règlements étaient une imitation des 



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— 156 — 
règlements romaiDs. Si ces éléments de métiers n'avaient pas préexisté, si 
les villes de l'Alleniagne du Sud-Ouest n'avaient pils naissance que sous 
Henri l'Oiseleur, on ne comprendrait pas cette prompte formation des 
métiers dans les villes. Ils accueillirent peut-être dans leur sein des habi- 
tante veaus des communes rurales; la petite noblesse se mit sans doute 
sous leur protection, mais, il laut bien le répéter, la plupart de nos villes 
anciennes n'ont point de ban; elles étaient, au point de vue paroissial, des 
annexes d'églises rurales; cette circonstance, à elle seule, semblerait légi- 
timer l'idée de ramener leur origine à l'époque gallo-romaine. Les castra 
romains étaient situés dans l'enceinte des marches celtiques; ils n'avaient 
aucune propriété territoriale. La ville', issue d'un castrum, était dans la 
même situation; elle n'avait point de propriété, ou bien il fallait qu'elle e^ 
acquit par achat ou par force. 

Arrivait-ii que les villes attiraient dans leur enceinte les habitants des 
villages voisins, te ban du village devenait celui de la ville; le village était 
absorbé par la ville. 

Beaucoup de villes de la vallée du Rhin, telles que Fribourg, Heidel- 
berg, Bftle, Schafiboose, étaient de simples annexes d'églises rurales, ou 
bien, leurs plus anciennes églises paroissiales étaient hors de leur en- 
ceinte; ce qui prouve que tantôt te fort romain se développait par les 
éléments romains et celtiques, qui restaient intra muras, et qiie tan- 
U)t la ville et le village se fondaient ensemble. 

Quant aux appellations, les villes ne conservent le nom romain qu'au- 
tant que la ville est greffée sur un fort romain; mais lorsque la popula- 
tion celtique y devient prédominante, le nom du village celtique s'impose 
à la ville elle-même. 

De semblables faits se produisent pour les châteaux du mojen âge, issus 
des castels romains. 

Il y avait, nous l'avons déjà fait remarquer, des castels de plaine et de 
montagne, ces derniers avec ou sans fossés, avec ou sans tours. I.a forme 
et la distribution intérieure des castels et celle des tours différaient con- 
sidérablement. Leur forme était ou carrée, ou ronde, ou polygone et 
irrégulière. Les tours massives (Berchfrid au moyen âge) constituaient la 
force des castels. Nous savons que leur entrée n'était accessible que par 
des échelles, à une élévation de iO à âO mètres. Les ouvertures, pour 
donner accès k l'air et à la lumière, étaient petites, peu nombreuses; la 
partie inférieure de la tour, séparée de la partie supérieure, servait de 
magasin, plus tard de cachot, et n'était accessible que par des échelles. 



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— 157 — 

Quelquefois, au moyen âge, on pratiquait une entrée parle terre-plein de 
la cour. 

Les castels romains étaient, en général, d'un circuit très-restreint; ils 
ne renfermaient point de bâtiments d'économie rurale; ceux-ci étaient 
toujours extra muros. Près de beaucoup d'anciens châteaux se trouvaient 
des chapelles chrétiennes, mais point dans l'enceimc, où les images des 
divinités romaines étaient seules conservées. 

Les châteaux du moyen âge étaient d'une construction médiocre, lors- 
qu'on les compare aux constructioDS romaines. Près des castels romains 
' se trouvaient Souvent, cachés dans des goi^es, sur un torrent, des mou- 
lins à moudre le graiu. 

L'opinion généralement reçue jusqu'ici, c'est que la plupart de nos châ- 
teaux n'ont été construits et habiles que dans le cours du moyen âge; 
même en admettant leur origine romaine, on pensait que leur repeuple- 
ment procédait d'hommes libres germaniques , de chevaliers. 

Tout récemment on a cherché à établir le fait que la noblesse inférieure 
germanique , dans les domaines gallo-romains , provenait de chevaliers 
celtiques. U. Vetler combat cette hypothèse ; il admet bien que beaucoup 
de castels romains ont continué à être habités, mais point par des Celtes 
ou des Allemands; fidèle à son système, il pense que ces habitants étaient 
des vétérans romains. Les conquérants germaniques auraient eu une aver- 
sion pour de semblables résidences, qui ressemblaient â des prisons. 
Quant à la noblesse celtique, il croit que sa présence, sa persistance est 
inadmissible. Les Romains avaient pour principe de désarmer les peuples 
conquis, ou de les éparpiller, de les encadrer dans leurs petites garnisons 
de castels. Si des familles nobles celtiques sub^taîent, elles n'ont pu jouir 
de la confiance de leurs vainqueurs; elles ont dû peu à peu se fondre et 
disparaître. 

Lorsque les Germains eurent pris possession du pays , les vétérans ro- 
mains, qui avaient formé la garnison des castels, eurent des droits acquis 
à faire valoir sur les châteaux et leurs environs immédiats. Ces biens de- 
vinrent peu à peu héréditaires, et constituaient déjà des espèces de fiefs 
ifeuda- casUrerma ) '. 

L'auteur passe ici à l'examen des diverses races qui habitaient le sud- 
ouest de l'Allemagne; il croit reconnaître, ô côté des Francs et des Alé- 
mans, des populations d'une autre origine. Peut-être y a-t-il, dans son 
appréciation, quelque chose de hasardé; en tout cas, elle est ingénieuse 

I. Le coêttl nec son petit territoire C0DBtitD>it une eurti» en Italie. 



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et mériterait d'être contrdUe de visu. Les observations de H. Vetter s'ap- 
pliquent de préférence à la population riveraine du Rhin, deBflleàWalds- 
hut; et à celle du Hauenstein (le Uozenwald). — Dans les communes de 
cette contrée jurassique, il croit reconnaître les descendants des Alémans 
dans la stature athlétique des paysans, grands propriétaires, passionnés 
pour la liberté, fiers, francs, d'une droiture reconnue. A côté d'eux babile 
une race qui ressemble un peu an Bavarois méridional, à larges épaules, 
au crftne rond, de couleur brunâtre, cheveux et yetit noirs. Lachevelure 
couvre la moitié de leur front; dans leur attitude il y a quelque chose de 
servile; ce sont. les petits artisans, lesjoumaliérs, les ouvriers; leur simi- 
litude avec certains bustes romains dans la glyptothèqne de Munich semble 
frappante : pour H. Vetter, leur descendance romaine est un fait acquis. 

Dans la plaine du Rhin , plas spécialement dans le voisinage d'Auçusta 
Rauracorvm, on distingue une population dont le type n'est ni romain, 
ni germanique. Ses yeux, sa chevelure, son épiderme ressemblent, il est 
Trai, aux yeux, à la chevelure, h la peau de la race romaine, mais elle 
n'est point robuste comme cette dernière; le corps de ces malheureux 
est grêle, souvent misérable; le crétinisme est devenu héréditaire dans 
beaucoup de femilles de cette fraction du pays. H. Vetter y voit les descen- 
dants de la population cdtique, méprisée à la fois par les Romains et par 
les conquérants germaniques, étiolée par suite de ce mépris*. 

H. Vetter cherche enfin i prouver ses assertions sur l'origine des villes 
par la dtation d'une série de localités sises dans les vallées du Rhin , du 
Neckar, du Danube, en Suisse et en Allemagne. Je me bornerai k repro- 
duire quelques noms de localités qui nons offrent l'intérêt du voisinage. 

^evhovrg-tur-le-Bhin, quoique fondée seulement par la famille des Zœh- 
ringen , a été très-considérable an moyen âge ; la ville pourtant n'avait 
point de ban; en dehors de ses murs, tout le terrain appartenait aux com- 
munes rurales qui entouraient la ville dans un vaste demi-cercle. L'auteur 
en induit que Neubourg existait déjà du temps de l'occupation romaine, 
et était environnée d'une population celtique. 

Fribourg-m'Brisgau n'aurait été construite, d'après EœnigshoQen, 
qu'en 1091, tandis qu'auparavant le site aurait été occupé par un village. 

1. Lei tnmnli fonmissent i M. Jetter une preuve de plas i l'appai de sa thtoe, trèa- 
•dmlsslMe, de dlTenea races qui cohabitaient aimaltanëment les bordi du Rhin; car, 
Indépendamment des tombes eichulTement romaines, on en troQTe qui renferment 
icceseoirement des ostensUes, des ornements on des aunes celtLqaes; Q en est qui ne 
renferment paa d'armes, et qne M. Vetter altiihne anx Geltea; d'antres enfin renfsnneal 
des restes mortels et des armes franqnea. 



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— 159 — 

H. Velter s'élève contre celte assertion do chroniqueur. La ville ancienne 
ou primitive de Fribourg avait un circuit de 6,600 pieds, quatre portes, 
des murs très-forts; elle correspondait au camp romain. En l'an 1240 seu- 
lement les quatre feubourgs furent incorporés ô la ville; la plus ancienne 
église paroissiale, Saint-Pierre, était située dans le faubourg de Neostatt, 
et au quinzième siècle encore cette église était une annexe dllmkirch. Si 
la ville avait été une récente fondation des Zsebringen , elle aurait obtenu 
une église paroissiale à elle appartenant H est probable que dans renceinte 
deB anciennes fortifications romaines, ou prés des murs, une partie des 
anciens habitants avait persisté, et obtenu les droits de cité; peu à peu les 
droits du village avoisinant passèrent aussi à la ville. Par cette hypotbèse 
seule on arrive à expliquer la bizarre circonstance qu'une commune pa- 
reille & ceire de Friboui^ put être considérée comme une annexe d'Um- 
kircb. De le M. Vetter tire la conclusion formelle que la partie ancienne 
de Fribourg avait été un camp romain, que te castel se trouvait sur le 
Schlossberg, et une tour de signaux sur le point culminant de la mon- 
tagne; que les quatre faubourgs et les trois communes d'Adelbausen, 
Wiehre et Herdern constituaient la commune cellique. La circonstance 
de Fribourg-onnece semble prouver que, dès l'époque romaine, le diris- 
tianisme y avait pris naissance. 

A. Lahr, la position de la ville parle aussi en faveur d'un fort romain. 
Les communes de Botterubrunnen, Diesbeim, Lembacb, situées près de 
Lahr, constituaient la commune celtique. 

L'origine romaine de Geageabach semble indubitable; le castel romain 
était sur le Kastelbeif moderne; Oberdorf et deux autres communes ru- 
rales sont sur le terrain du village celtique. 

Offenbourg porte encore les traces de son origine romaine; le castel 
était è la place de l'église principale. La ville, issue de l'ancien fort ro- 
main, envahit l'héritage de Kinzigdorff, autrefois village celtique, dont 
toute trace a disparu. A Offenbourg se tenait le mallitm, au moyen âge 
le siège des comtes de l'Ortenau. 

À Oppenau, la petite ville corre^ond à un ancien fort romain; le fau- 
boui:g de VAUmmd correspond i l'ancien village celtique. Dans le fau- 
bourg, sur la hauteur, se trouvait l'ancienne église paroissiale. 

Oberhirch a plusieurs faubourgs et métairies en dehors de l'ancienne 
enceinte castrense; l'ancienne église paroissiale se trouvait extra muros, 
elle était au cœur du village celtique. 

kBoden-Badm {Aurélia aq%t^uit), le fort du moyen flge était placé sur 



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les murs de l'ancien camp romain; le castel sur les rochers. Il n'est guère 
probable que la ville d'Aurélien soit resiée enfermée dans ces murs étroits; 
les villas, les palais étaient disséminés dans la vallée. Des forts extérieurs, 
dont on trouve encore les traces, protégeaient la colonie. Lichtenthal 
semble issue d'un de ces petits forts romains; de même le château dit le 
JesuUenschlœsschen. Le Fremersberg, le vieux château, les deux Eber- 
stein, ribm^, le Mercure étaient fortifiés; ce dernier servait de signal. 

AostoU constituait un camp romain. Le château actuel est sur l'empla- 
cement du castel; RMnau, Bodenbosen, sur celui du village celtique. D'ici 
se dirigeait la route vers Sal^o (Seltz). 

Mannhem aussi correspond à un camp romain; le château moderne 
est à la place du castel. Le village celtique était formé par une série de 
localités qui ont disparu. 

Laderibourg (Lupodunum) était un castrum staUvum. Les murs de La- 
denbourg correspondaient à l'ancienne circonvallatioo romaine. Valenli- 
nien y résida. Une série de forts ou de castels extérieurs entouraient La- 
denbourg, par exemple Seckenbeim , Friedericbsfeld. L'église de Saint- 
Martin, hors la ville, était la plus ancienne église paroissiale. 

k Hdd^erg, le camp romain barrait et défendait la sortie de la vallée 
du Neckar. Le château inférieur constituait le castel; puis, sur les bords 
du Neckar, se trouvaient une série de castels, dont l'un sur l'emplacement 
de l'église de Saint-Pierre. Le vieux château était à la place de laMoIken- 
kur actuelle; deux forts occupaient le Heiligenberg au nord du Neckar. 
Un signal était au haut du Kœnigsluhl. 

La chapelle du château et la plus ancienne église de la ville, c'est-à-dire 
celle du Saint-Esprit, étaient des annexes de l'église de Saint-Pierre, 
située primitivement extra muros dans le village de Bergheim. 

De semblables rapports entre la viHe primitive, le castrum et les envi- 
rons existaient dans le sud-ouest de l'Allemagne et en Suisse, par exem- 
ple à Rheinfeld, Bâle, SchafFhouse, Wintertbur, Goire, Cologne, etc.; â 
Kehl (ville et village), Achem et Oberachem, Freistett et Altfreistelt. 

Il faut me borner. Je ne puis suivre l'auteur dans ses discussions avec 
M. le professeur Brambach, au sujet de la confection des roules. H.Teltor 
admet des routes, pour l'usage commun, à côté des grandes routes stra- 
tégiques, légionnaires, qui restaient, selon lut, réservées au service de 
l'État. Deux belles cartes, détaillées, sont jointes à l'ouvragedeM.Vetler: 
l'une destinée à mettre sous les yeux du lecteur le tracé des routes ro- 
maines et l'emplacement des forts romains dans tout le pays qui forme 



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— 161 — 

aujourd'hui le grand-duché de Bade , une partie du Wurtemberg et de 
l'Alsace; Tautre, illustrant les environs d'Augusta Rauracorum. 

Quelque contestables que soient certaines hypothèses ou les assertions 
trop absolues de U. Velter, je ne puis que recommander à votre attention 
et à votre étude celte remarquable monographie, Tragment d'ouvrages ' 
plus étendus que prépare l'érudit auteur. 

L. Spàch. 



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L'ÉGLISE DE SAINT-GEORGE 

A HAGUENAU. 



L'an de grâce 1189, le septiènie dimancbe après la Pentecdte, Henri de 
Hasenbourg, évfique de Strasbourg, consacra solennellement la nouvelle 
ba«lique de Saint-George de Haguenau, élevée par la munificence des 
princes de la maison de Hohenstauffen. Ce fut une brillante cérémonie, 
rehaussée par la présence de la cour de l'empereur , par un nombreux 
clergé, par le sénat et les autorités urbaines et une multitude de ûdèles 
accourus de toute part pour être témoins de la solennité. L'édifice avait 
été commencé en 1137, selon d'autres en 1149*. Si la première date est 
vraie, Conrad 111, te chef de la maison de HobenstaufTen, étreonait son 
règne par la fondation d'une église digne de lui; c'est en 1137 qu'il monta 
sur le trône impérial. 

Saint-George, consacré sous le vocable de la sainte Viei|;e et du célèbre 
martyr dont le culte se répandait en Occident depuis la première croisade, 
s'élevait sur la rive droite de la Hoder, h peu de distance du castel impé- 
rial construit en 1115 par Frédéric le Borgne, duc d'Alsace, frère de l'em- 
pereur Conrad 111. C'était l'église paroissiale de la cité impériale dont le 
développement fut si rapide, c'était la paroisse du chef du Saint-Empire, 
dans les fréquents séjours qu'il venait faire è Haguenau; elle devait être, 
après le chftteau et sa curieuse basilique, l'ornement capital de la cité. Nous 
allons examiner si le monument répondait à sa destination, à la pensée 
généreuse de son fondateur. L'an dernier vous nous avez permis. 
Messieurs, d'apprécier la valeur monumentale d'an édifice qui depuis 
longtemps n'existe plus, du castel impérial de Haguenau, dont il &llut 
exhumer tes souvenirs, et reconstituer les formes arctutectoniques. Au- 
jourd'hui notre tâche est moins ingrate; Saint-George existe dans l'éten- 
due de ses trois nefs primitives; en les prenant pour point de départ de 
notre examen, il sera facile de dire ce que le monument a dû être à son 
origine et ce qu'il est devenu après ses diverses transformations*. 

1. Annale* frat. mtn. , aiinëe 1 1 89. Le manuEcril estaa presbytère de Dachsleln. — 
V07. Schœpfliii, Ab. iUust., t. [I; Hertiog, Chron. d. Eltaut», ete. 
S. Vo;. les dlTers desaiog faits par U. Cb. Wlnkler. 



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\ / s I 



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— 16S — 

L'édifice n'était pas achevé en 1146, mais servait déjà au culte, quand 
il eut l'honneur d'être visité de saint Bernard, l'homme le plus célèbre de 
soo siècle. Les traditions locales sont unanimes à le répéter et viennent 
cooârmer les témoignages écrits. L'illustre et saint abbé de Glairvaux, le 
poissant propag:aleur de la seconde croisade, se rendait de Strasbourg â 
Spire, pour déterminer l'empereur Conrad III à prendre ia crois. 11 passa 
par Hagnenau, peut-être dans l'espëraDce d'y trouver le prince, et c'est 
alors qu'il vint célébrer le saint sacrifice à la basilique de Saint-George. 
De là il regagna les bords du Rhin; il descendit le fleuve jusqu'à l'antique 
cité des Némètes, oi!i sa mission, comme on le sait, eut le plus éclatant 
succès. Le &it de l'apparition à Saint-Geoi|;e du grand thaumaturge du 
douzième siècle est pour nous très-avéré, une tradition aussi formelle et 
aussi constante ne s'invente pas; elle est, du reste, conforme aux conditions 
topographiques, flagueaau, une des résidences de l'empereur, étant situé 
sur le chemin de Strasbourg à Spire. Ce fut une illustration pour le mo- 
nument naissant et une bénédiction pour l'avenir. Saint Bernard avait in- 
térêt à visiter un pays où il rencontrerait de nombreux frères. Peu avant, 
dans la première moitié du douzième siècle, on avait fondé aux environs 
de Haguenau trois abbayes de l'ordre de CIteaux, dont deux d'hommes et 
une de femmes, Stûrzelbronn, Neubourg et Kônigsbrûck. Neubourg eut 
pour fondateur le comte Renaud de Lûlzelbourg, en 1138; Konigsbrûck 
dut son existence à Frédéric le Borgne , qui fonda également Walbourg et 
Biblisheim. 

Si les historiens sont d'accord sur le fait de la visite de saint Bernard à 
Haguenau, ils ne le sont pas pour la circonstance dans laquelle s'effectua 
ce voyage. Selon Laguille* qui a réuni nombre de témoignages, ce fut en 
revenant de Spire et non en y allant, que le Saint vint à Haguenau pour 
le motif qui suit 

Le prince Frédéric, plus tard Frédéric Barberousse, fils de Frédéric le 
Borgne qui demeurait à Haguenau, se trouvait & la cour de son oncle 
l'empereur Conrad et prit la croix avec lui Cette nouvelle causa tant de 
chagrin è son père, qu'il en tomba malade, et saint Bernard crut bon 
d'aller lui porter les consolations de ta foi. B vint donc à Haguenau dans 
cette intention au commencement de 1147; mais malgré ses puissantes 
consolations, le prince malade succomba peu de jours après et fut enterré 
à Saint-Walbourg*. 

1. La^ille, Bùloirt d'JUtaee, L xvo. 

2. Oidtm, p. 199. 



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— 164 — 
Cette version est indirectement conûnnée par le chrODiqueur de l'ftbbaye 
de Nenbourg;', qui nous apprend qu'à l'occasion dn séjour de saint 
Bernard à Strasboui^, le premier abbé de Neubourg, le bienheureux 
Ulric, parent du Saint, s'était rendu à Strasbourg le 11 décembre 1146, 
dans l'intention de voir son illustre parent. Le chroniqueur n'eût pas 
manqué, si la visite de saint Bernard eût eu lieu dans ce montait, d'en 
fidre mention. Il eat donc plus probable que Haguenan.eut l'honneur de 
la visite du Saint après les prédications de Spire. 



Sa straoture primordiale. 

Saint-George est une basilique de second ordre, de style roman-ter- 
tiaire. Les nefs sont séparées par deux rangs d'arcades de plein clotre 
portées sur des colonnes romaues, cylindriques, massives presqu'à l'excès. 
C'est une construction pratique , durable , adaptée aux besoins liturgiques, 
exigeant peu d'entretien et bravant l'action des siècles par une solidité 
irréprochable. La base des colonnes est pourvue des pattes caractérisant 
le douzième siècle ; sans la présence de ce membre arcbiteclonique , on 
assignerait volontiers au monument une date plus reculée. Les chapiteaux 
sont cubiques, sans ornement; les cintres très-simples, les grands murs 
sont unis et semblent attendre une peinture bien entendue. Ils avaient été 
peints jadis, et on a trouvé sous le badigeon des vestiges indubitables 
d'omemeatation murale. Les nefs n'étaient point voûtées dans Torigine ; 
elles portaient des plafonds de bois, partagés en caissons, sculptés avec 
simplicité. L'art de voûter les églises n'avait pas pris encore un grand dé- 
veloppement au commencement du douzième siècle. Quand, trois siècles 
après, on supprimait les plafonds pour les remplacer par des voûtes , 
celles-ci pouvaient bien être pour l'édifice un élément de solidité , non de 
beauté. Avec un plafond peint et sagement doré, comme on savait les 
faire alors, Saint-George eût conservé un caractère d'harmonie et d'ori- 
ginalité que les voûtes actuelles sont loin de lui prêter. Les voûtes neuves , 
du reste, n'exigèrent point l'établissement de contre-forts extérieurs pour 
paralyser leur poussée horizontale; les murs sont d'une épaisseur telle 
qu'ils résistent facilement  la pression des voûtes. 

L'église, dans le principe, comptait sept travées; sa longueur totale, 
abside comprbe, était de près de 50 mètres hors œuvre, sa laideur de 

I. F. Marcel HoresQ , Citron, de Ntidtntrg. tenue £ Altace , 1860, JtnTier et fërrier. 



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— 165 — 

92 métrés et son élévalioD de 15 i> .16 maires. Les murs étaient percés de 
baies cinti'ées telles qu'on les voit encore à la grande nef; trois portails 
cintrés ouvraient sur l'intérieur; une forte tour romane s'élevait sur l'arc 
triomphal, elle était percée d'ouvertures géminées et couronnée d'une 
pyramide octogonale. Très-probablement les nefo se terminaient par des 
absides en demi-cercle. 

Telles sont les données sur la forme primitive du monument, qu'il est 
permis d'adopter comme certaines'. Ce qui a lieu d'étonner, c'est la sim- 
plicité, nous dirons la sévérité des formes de Saiat-Geoi^e ; on n'y voit 
aucun détail, de sculpture romane proprement dite. Ailleurs, à la crypte 
de la cathédrale, à Harmoutier, à Rosheim, on recouvrait les chapiteaux 
de colonnes et les cintres des portails d'one ornementation sculptée, de 
rinceaux variés et délicats. A quelques pas de nous, aux églises abbatiales 
de Saint-Dié, cTËUval, de Senones, les artistes romans de cette période 
avaient exécuté des sculptures d'une beauté réelle. El à Haguenau, sous 
les yeui de l'empereur, A l'église qui était sa paroisse, aucun ornement 
ne venait mitiger la sévérité des longues arcades. Voici comment nous l'ex- 
pliquons ; Saint-George fut construit par un architecte allemand formé 
aux écoles de la région rhénane, oii le style byzantin-secondaire, transféré 
de ia haute Italie, fut pratiqué avec une grande persistance. Bon nombre 
d'édifices de ces provinces ilirent élevés, au dire des érudits du pays, 
notamment du professeur Adler de Elerlin, sous l'infinence de l'école bé- 
nédictine de Hirschan, qui s'était approprié les formes sévères de ce style. 
Un architecte de cette école aurait donc été chaîné par le prince fonda- 
teur de dresser le plan de Saint-George. Un siècle auparavant, Conrad U 
le Salique avait fiât édifier dans les montagnes du Palatiaat l'église abba- 
tiale de Limbourg, aujourd'hui en ruines, et dont les restes rappellent 
entièrement Saint-George de Haguenau; ainsi un de ses successeurs, 
Conrad m, devait àolet la cité impériale de Haguenau de sa première 
église paroissiale et lui imprimer le caractère de l'architecture en vogue 
dans cette partie du Saint-Empire. 

Telle est l'explication assez plausible de l'absence de toute ornementa- 
tion romane à Saint-George. 

1. Vof. le dtuln de U. Winkler. 



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Ses transformations. 

La basilique subit plusieurs chang:enienls, qui Qi)irent par prendre le 
caractère d'uoe transformation et lui prêtèrent euccessivement sa physio- 
nomie actuelle. 

La première remonte au treizième siècle, seconde moitié. La ville avait 
grandi fort vite, grâce aux privilèges nombreux dont elle fut dotée par les 
empereurs et qui attirèrent dans son sein de nombreux colons*. Saint- 
George ne pouvait plus contenir la foule des paroissiens. Alors le recteur 
et les fidèles se mirent à l'œuvre, un projet d'agrandissement fut arrêté et 
commencé du côté de l'abside. On s'adressa au pape pour obtenir, arec sa 
béoédiclion , des faveurs spirituelles pour ceux qui contribueraient i la 
sainte œuvre, et Alexandre IV, dans une bulle datée d'Anagni en 1S54, 
accueillit favorablement l'instante su[^tique de la communauté hague- 
nauienne. Le pape dit formellement* que Sain(-Geoi^e, élantdevenu insuffi- 
sant, le recleur et les fidèles avaient commencé l'oeuvre d'agrandissement 
à grands frais et d'une manière eptendide, opère sumptuoso. 11 exhorte 
les fidèles des trois diocèses de Strasbourg, de Metz et de Spire A réunir 
leurs largesses ponr contribuer par leurs aumdnee à une entr^rise ausa 
méritanta II leur accorde l'indulgence ordinaire de quarante joura. 

Grâce à ce puissant appui, le chœur avec la tour actuelle et l'abside 
remplacèrent les absides anciennes, et en 1S83 le sanctuaire nouveau fbt 
solennellement consacré par l'évéque de Bude, frère Inzellerius de l'ordre 
des Augustins-ermites*. Sur les entre&iles, Rodolphe de Habsbourg avait 
érigé, selon les désirs de la communauté, l'église de Saint-Geoi^ en 
église chapitrale, institué un prévôt et des cbaDoines, et s'était désisté en 
faveur du Chapitre de ses droits de patronage'. Le Chapitre trouva dans 
la nouvelle abside, si magistralement construite dans le plus beau style 
ogival, une installation digne de lui. Cette première modification n'était due 
ni è l'empereur, ni è la municipalité; elle appartenait tout entière au rec- 
teur et aux fidèles. Le jubé qui fermait le chœur vers la nef datait proba- 
blement de cette époque. Il a duré jusqu'en 1639 , où les principes de la 

t. Vof.Arch. munie., le CartuUire de la Tille. 

3. Vof. le docament anx archives de Salnl-Oeorge. 

3. \of. ce docamenl aux irchiTBS de SalDl-Oeoige. 

4. Schœpflln, AU. diplom., annëe 1387. 



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- 167 — 

Renaissance prévalaient et supprimaienl dans les églises tant d'objets re- 
marquables d'exéculion et de Eignification liturgique'. L'église, à celle épo- 
que, avait également son cloître, qui formait ceinture autour d'elle. C'était 
d'abord le cimetière; puis on en fit nu déambulatoire pour les processions, 
appelé Kreuzgang, ce qui forma un cloître réel, dans lequel nombre de 
familles patriciennes choisissaient et achetaient leurs tombes. Ces tom- 
beaux de femille formaient des caveaux, dont on découvrit les restes il 
y 8 peu d'années; l'oeuvre de Saint-George les cédait aux particuliers et 
ils devenaient ainsi la propriété des familles qui eurent le droit de les 
vendre. Ce cloître, véritable canvpo santo de forme et d'usage, garantis- 
sait les abords de l'église; trois portes y donnaient accès. Nous avons pu 
te rétablir sur un ancien croquis exhumé des archives de Saint-George; 
il n'a été démoli qu'au siècle dernier, et Saint-George y pei^t, avec les 
nombreux monuments funéraires, une partie de sa pbyuonomie primor- 
diale. 

Un siècle plus tard , en 1371 , eut lieu le second changement. Nul doute 
que le projet n'entrflt déjà dans le précédent , car il consistait dans le pro- 
longement des trois nefs du cAté de l'Occident, et cet agrandissement, 
nous l'avons dit, avait été reconnu nécessaire pour oflrir aux fidèles, tou- 
jours plus nombreux, une enceinte plus vaste. En donnant satisfaclioa è 
no besoin fort pressant, l'architecte de ce prolongement eut le bon esprit 
àt conformer les trois nouvelles travées aux anciennes. Colonnes, arceaux 
et bases sont la continuation de l'ordonnance générale, quoiqu'à celte 
époque, seconde moitié du quatorzième siècle, on ne bâtit plus rien en 
style roman. Ce travail se fit donc dans de« conditions artistiques irrépro- 
chables; il faut dire cependant que l'élévation et la largeur des nefs ne 
eont plus (HTopoitionnées à la longueur des vaisseaux. C'est le sral point 
vulnérable de ce travail, dans lequel on a dû sacrifier le principe de 
proportionnalité à un grand motif d'utihté publique. 

Le quinrième si^le laissa également son empreinte à Saint-George: 
d'abord par la forme nouvelle et accentuée qu'on donna aux transepts, 
pour tes mettre d'accord avec l'abside; ensuite par la suppression des 
plafonds, 'qui flirent remplacés par des voûtes. La grande voûte est cintrée 
et entrecoupée par un réseau de nervures ogivales qui s'appuient sur 
les grands murs ; celles des collatéraux sont légèrement ogivales. Nous 
avons dit, qu'au point de vue historique de l'art, ce fut une faute. Saint- 
Geoiye, en effet, était conçu pour un plafond et non pour une voûte; la 

t. ÀrcUTei âe Salot-Oeor^, Gomples de l'œaire 16!9-ISSa. 



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— 468 — 

substitution de celle-ci au plafond primitif est évidemmeat contraire à la 
pensée de l'architecte et peu conforme aux principes techniques. Au point 
de vue de l'eiécution ce fut également une feute, puisque les nervures, 
accusant la période ogivale déjà fort avancée, couronnent d'une façon peu 
harmonieuse la rigidité massive des colonnes et des arceaux romans. Les 
vaisseaux y perdaient également un peu de leur élévation, H sufSt de 
constater ce dé&ut d'harmonie; quant à la corriger, on ne peut guère y 
songer. Hénae en le pouvant, nous hésiterions à le faire y puisque certaines 
erreurs dans le domaine de l'art finissent par devenir respectables, et 
aident à constater ou à élucider des faits qui se rattachent i i'histoire du 
monument. 

Telles sont les trois grandes modifications introduites à Saint-George 
au treizième , quatorzième et quinzième siècle; elles sont d'une importance 
telle, que le monument en subit une réelle transformation. En comparant 
l'édifice actuel à celui du douzième siècle, on y trouve la masse des trois 
nefs primordiales, modifiées dans les voûtes, tes baies et par le prolon- 
gement; tout le reste est changé. Saînl-George d'aujourd'hui n'offre plus 
l'harmonieuse unité technique de l'ancien, mais il a sur celui-ci des avan- 
tages marquants: celui d'abord d'une abside ogivale grande et belle, et 
d'une étendue proportionnée aux besoins des fidèles, ensuite celui de la 
variété des formes architectoniques qui permettent de faire à Saint-George 
une étude comparée de l'art chrétien depuis le douzième jusqu'au seizième 
siècle. On admirerait sans doute Saint-George , s'il existait dans son inté- 
grité originaire; on l'admire encore actuellement et on l'étudié dans la 
variété de ses transformations. Ses dimensions ont grandi; l'édifice a au- 
jourd'hui en longueur hors œuvre 61 mètres; la largeur des nefs est restée 
la même; celle des transepts est de â7'",50; le chœur et l'abside mesurent 
IS^SO'. 

Nous passons des travaux secondaires. A chaque changement considé- 
rable, le recteur et les fidèles s'adressaient invariablement soit au saiut- 
uége, soit è des évêques, pour obtenir quelque lettre d'indulgence en 
faveur des travailleurs et d'autres participants. Les archives de SaintrJJeorge 
en conservent plusieurs, qui constatent les différents travaux d'agrandis- 
sement. C'était un moyen efScace d'y intéresser la ferveur des fidèles et 
d'attirer l'aumône d'argent et l'aumône de travail. L'église était heureuse 
d'ouvrir, pour un intérêt aussi légitime , la source de ses trésors spirituels. 
Elle disait comme saint Pierre à la porte du temple : «Je n'ai ni or ni ar- 

t. Vof. les dessins ci-asnexës. 



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IKDID 

ânioDil 




lyGOOgll 



gent à donner, mais ce que je possède, je vous le donne', t Rjen de plus 
naturel qu'une pareille demande; rien de plus légfïUme qu'une semblable 
concession. Il y avait peut-être l'abus à craindre, le (rafic des choses 
spirilnelles. L'abus s'atlacbe aus cboses les plus saintes et les plus urgen- 
tes; s'il faut récriminer, c'est contre l'abus, non contre le principe. Grâce 
à la concession de ces faveurs spirituelles, à ces lettres d'indulgences, le 
plus grand nombre de nos monuments religieux furent élevés au moyen 
âge. Ils furent l'ceuvre des fidèles; cbacun se croyait obligé d'y apporter 
sa pierre, et les ^lises devenaient ainsi le patrimoine de tous, puisque 
tous y avaient contribué. De nos jours, oii trop souvent les ressources 
matérielles restent au-dessous des besoins, quand il s'agit de construire 
ou d'agrandir une église, ne serait-il pas opportun de frapper i ia même 
porte pour remédier à l'insuffisance des ressources? 



Historique. 

Notre basilique, dans sa diu-ée phis que sept fois séculaire, a son his- 
toire qu'il est opportun 'de rappeler. Dès son origine, c'était la paroisse 
des empereurs résidant à Haguenau, et avec les sentiments de foi vive des 
siècles du moyen âge, il est permis d'afSrmer que ces augustes parois- 
siens faisaient honneur à leur église, leur œuvre, et qu'ils venaient sou- 
vent s'agenouiller sur les dalles du sanctuaire de Saint-George. Depuis 
Conrad II jusqu'à Charles-Quint, ces puissants princes venaient résider à 
Haguenau, y promulguaient leurs édits, s'y reposaient de leurs victoires, 
y subissaient la peine de leurs défaites, ou bien, ce qui n'était pas rare 
pour les Hobenslauffen, y cachaient la tache des censures de l'Église dont 
ils étaient frappés. Seul, l'infortuné Conradin, le dernier des Hohen- 
staufFen, n'a point visité Haguenau ni sa basilique. Nous avons dit que 
Saint-George avait eu l'honneur de la visite de saint Bernard. 

La basilique subit les épreuves des temps. Richement dotée par- les 
empereurs, splendidement ornée, pourvue de nombreux bénéfices, sa 
prospérité allait croissant durant quatre siècles. Elle cessa au commence- 
ment du seizième siècle. Au dix-septième, la guerre désastreuse de Trente 
ans lui enleva ses trésors artistiques et dilapida sa fortune. Le magistrat, 
longtemps l'économe de l'œuvre de Saint-George, était un administrateur 
toi^oure besoigneux et souvent infidèle; la pauvre basilique en soufijrait 

t. Ad. dM ip., m, 6. 



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- 170 — 

dans son temporel, et trop Taible pour résister, elle y perdit une grande 
partie de sa dotation et de ses acquisitions territoriales. Sous le régime 
français, elle réussit à cicatriser pea à peu ses plaies; mais la Révolution 
française survint, et malgré les termes formels des traités, le séquestre 
fut prononcé et tous ses biens flirent aliénés. 

Il y eut plus : la vénérable église fut indignement probnée ; sur le cime- 
tière on amoncela l'ameublement pieux, les statues des saints, les objets 
du culte, et on y mit le feu. Dans le sanctuEÛre saccagé on éleva l'aulel de 
la déesse Raison , et an fronton de l'église on inscrivit les mots : Temple 
de la Liberté. Au sortir de la Terreur, un curé intelligent et énei^ique, 
M. Poinsignon, assembla les pierres dispersées do sanctuaire, purifia le 
temple, reconstitua pièce à pièce son ameublement et réor^^anisa sa fa- 
brique. 



Restaurations. 

On comprend qu'à Saint-Geoi^e, après tous ces temps calamiteux, 
toutes les pertes subies, une bonne restauration était devenue nécessaire. 
La Renaissance en avait g&té l'intérieur, et son ameublement était dans un 
triste état. L'œuvre réparatrice fut enfin commencée vers 1840 par la 
pose de vitraux peints et le dallage général du parvis'. L'opulente fabrique 
de Saint-George n'était plus; quelques épaves seulement avaient pu être 
sauvées du naufrage. H fallait s'adresser à la caisse municipale et à la gé- 
nérosité des fidèles. Celte double ressource n'a pas fait défaut. La généro- 
sité du peuple ne se lasse pas quand ses dons sont employés avec entente 
et goût, et les sacrifices qu'il fait pour Saint-George, nous pouvons l'at- 
tester, établissent et son zèle pour la maison de Dieu qui est surtout la 
maison du peuple, el la profondeur de ses sentiments de foi. De son côté, 
l'autorité municipale entra dans les vues bien motivées de ceux qui ont 
entamé résolument le travail réparateur, et par des allocations importantes 
concourut puissamment à l'œuvre. 

La restauration d'un monument de la valeur de Saint-Geoi'ge n'est pas 
sans difficultés ; les bommes spéciaux eu conviennent. Celui qui l'entre- 
prend s'expose toujours aux critiques, et souvent à de graves mécomptes. 
Il allait un plan bien combiné pour l'ensemble des travaux, basé sur les 
principes de Fart religieux et applicables aux diverses parties de l'édifice 

1. Deux architectes, membres de notre oomlLë.eunsttt'boDneur d'y priter le wiioous 
de leur takol, MH. Uorin et VatnsiTiuki. - 



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— 171 — 

qui ne sont pas de la même période. On commença par l'eitérieur , c'est- 
à-dire, par abriter l'édifice contre les inflaences atmosphériques, sorlout 
contre les funestes inâltraliona qui compromettent les voûtes et ruinent 
les ornements. C'est toujours le premier devoir du restaurateur, de bien 
mettre à couvert le monument qui lui est confié. Spr vingt églises saturées 
d'humidité, à voûtes rongées et à plafonds lézardés, dis-neuf le sont par 
suite des couvertures et des combles négligés. Les dégradations de l'in- 
térieur font l'objet d'un second travail très-important et qui exige une 
double opération, le débadigeonnage et la restauration des pierres de 
taille mutilées. Dégager le monument de son badigeon et de ses plâtres 
qui recouvrent les blessures sans les guérir, et rendre à la pierre de 
taille sa nuance native quand elle est assez belle pour concourir à la 
beauté du monument et en faire ressortir les avantages, telle est ta se- 
conde et bien méritante tflche du re&taarateur. Ce travailla Saint-George, 
exigea plusieurs années; il est toajoors pénible et malpropre, et gène sou- 
vent la régularité des offices. H est â peu près ^t aujourd'hui, et on lui 
rendra la justice de le proclamer pleinanent rémunérateur. La pierre de 
Saint-George est très-belle, n'a que peu de nuances et n'est surpassée par 
celle d'aucune église d'Alsace par son effet harmonieux et parfaitement 
monumental. L'aspect intérieur de Saint-George en est complètement et 
heureusement changé. La troisième partie d'une bonne restauration com- 
prend l'ameublement, qui doit barmonier avec le local qu'il occupe. La 
Renaissance avait laissé, sous ce rapport, des traces de son passage; il 
fallait les éloigner. On garnit l'abside de stalles ogivales adaptées à son 
style; on fit reconstruire ô neuf tous les autels, à grand renfort de peines 
et de dépenses, et autant que possible en concordance avec l'architecture 
des chœurs et des chapelles; un chapeau de chaire sculpté vint prendre 
la place d'un autre très-mal conçu; puis deux jeux d'orgues, à buffets de 
style, dus à an maître trés-apprècié, iîirent simultanément posés. Enfin 
la quatrième partie, celle de la décoration polychrome, qui devra succes- 
sivement embrasser te monument dans toute son étendue , est commeucée. 

On le voit , l'œuvre de restauration est avancée, mais n'est point ache- 
vée. Saint-George attend des firesques qui termineront son ornementation 
intérieure; elles lui sont dues, puisqu'elles y existaient autrefois, et que 
l'ordonnance du monument semble les exiger. 

Quand cette dernière partie de nos travaux sera réalisée , nous nous 
hasarderons à vous dire : Messieurs , allez faire un pèlerinage artistique à 
Saint-George de Haguenau; faites connaissance avec la basilique des Conrad 
et des Barberousse. C'est celle qui fut* témoin de la piété des princes du 



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— 172 — 

Saint-Empire durant cinq siècles; c'est celle des puissants Landvogls qui 
avaient ordre de la protéger coatre tout envahissement; c'est celle de la 
puissante municipalité de Haguenau, celle de ses corporations si bien or- 
ganisées, qui savaient défendre les immunités de la cité contre tous les 
ennemis et qui, par leurs vastes privilèges, portaient ombrage aux autres 
villes impériales. Nous n'avons pas réussi, dans no» restaarations, i foire 
tout ce que nous désirions, mais nous affirmons avoir fait ce qu'il était 
possible. La basilique , au lieu des hauts et puissants personnages de jadis, 
abrite maintenant un peuple bon aussi longtemps qu'on ne nous le. gâte 
pas , un peuple qui désire qu'on respecte sa foi , et qui aime à voir que la 
curiosité qui amène l'artiste pèlerin , soit accompagnée d'un sentiment de 
foi et de l'acte d'une prière. 

Vous entendrez avec bonheur le son harmonieux de deux cloches de 
Saint-George, les Nestors des sonneries sacrées de l'Alsace, fondues par 
maUre Henri de Haguenau et miraculeusement échappées à tous les dan- 
gers. Elles portent le millésime de 1368 et achèvent de fêter l'anniver- 
saire six fois séculaire de leur existence. De* pareils étals de service sont 
trop rares pour ne pas mériter une mention particulière dans cette notice. 

ViCT. GUERBER, 

Curé de Haguenau. 



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LE CHATEAU 



LA FAMILLE DE LANDSBERG. 



Parmi nos chftleaax -forts en ruine, celai de LaDdsberer occupe sans 
contredit l'un des premiers rangs. Le site pittoresque, l'origine historique 
des constructions, l'illustration de la famille qui a pris son nom de cette 
demeure seigneuriale, le souvenir de l'abbesse de Hobenbourg, qui nous 
a légué un des plus beaux manuscrits du moyen âge, toutes ces circon- 
stances concourent à mettre en relief le château, situé à mi-côte du mont 
Sainte-Odile. Je ne me proposais d'abord que de transcrire et de traduire 
la charte de l'an 1S0Ô, qui précise l'époque oîi le noyau du castel venait 
d'être fondé, et allait être agrandi; mais peu à peu je me suis laissé aller à 
suivre la destinée de la famille elle-même, et & condenser en quelques 
pages les notes disséminées dans Schœpflin, ou dans quelques cartons du 
fonds du Directoire de la noblesse. Je vais, par conséquent, après avoir 
mis sous vos yeux le remarquable document de l'an 1300, et caractérisé 
tes constructions dans leur état actuel, redire sommairement quelle place 
les Landsberg ont occupée dans l'histoire de notre pays. 

ImtnmHntni la qvs Uelindli Ukatiiu ■nutoll IntBriwrb H«lMiilnit(lledenitiiit«r) 
(^onrado mtlltl fondnm Ulnm in qno cutram iddbi Laidiperg sttiin ut pn 50 aurcli 
ni) uulne Mneambll , peulone umnall 12deiurionBiiiterp<dta, MOtradldlta. 1200. 

<In nomine sancte et individue Trinîlatis. %o Edelltndîa monasterit 
inferioris in bohenburc abbatissa . universis Christi ûdelibus; Quum re- 
troacla séries lempomro scripto solet nolicie derivari poslerorum . id- 
circo dignum duximus tam presentis quam future etalis hominîbus lit- 
teris noliScare . nostrique sigilli robore comprobare . qualiter Cuon- 
radus miles inclitus fundum in quo castnun suum Landesberc situm 
est . a nobis jure concambii edifïcandum impetraverit. Venit ad pre- 
sentiam nostram vive memorie dominus Otto cornes palatinus bni^ndie . 
mullaque precum suarum instantia impetravil . quod nos prefalo militi 
Cuonrado fundum illum in quo castnim situm est prenominatum pro quin- 
quaginta marcis sub nomine concambii pensione annuali duodecim dma- 



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rionim interposita contraderemus. Nos vero consilio fidelium nostronim 
aliorumque prudentum virorum inducte . concordia quoque sacri conven- 
tus nostri annuenle . ipsius pettcioni acquievimus . et vôluntarie impetrata 
coDcessimas. Ad informandam quoque pacis et cobcordie tranquillilatem . 
cODcessimus et in ambitu ejusdem castri partem nemoris oostri . a castro 
usque ad semitaoi quœ est desuper closam et sicut ducit semita eadem 
versus fossam calcis. Uenique a fossa calcis usque ad viam que ducit de 
fossa lapidum ad castrum: et rursus rétro castrum usque ad fontem qui 
vocatur brettenbruDnen. Ne igitur quisquam de cetero islud factum nos- 
tnim infirmare présumât . facta nobis satisfactione pro predicla pecunia 
quinquagiDta marcarum . ipsum sigilli nostri munimiae deerevioius robo- 
rare. Acta sunt hec aono incamatioais domiDJce N*'CC. ladictiona quarla, 
X° kalendas Junii. Begnanie glorioso Romaaorum Rege Philippe. Testes 
hujus facti nostri sunt . Ruodolfus de Andela. Cuonradus de lapide. Ruo- 
deg:erus de Ufholz. Dietericus, vice-domnus et alii quant plures.* 

Avec le sigillé rood en cire jaune de t'abbesse du monastère inférieur 
(Niedermunster). 

Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Hoi Edelindis, abbesse du 
monastère inférieur de Hobenbourg, ô tous les fidèles du Cbrîst Puisque . 
la mémoire des tçmps panient d'habitude par écrit à la connaissance de 
la postérité, nous avons jugé convenable de notiOer aux bommes du temps 
présent et à venir, et de corroborer, par le témoignage de notre sigillé, 
comme quoi l'illustre chevalier Conrad a obtenu de nous, par droit 
d'échange, le fonds de terre sur lequel est situé son chflteau de Landsberg, 
à l'effet d'y élever des constructions. A cet effet s'est présenté à nous t'il- 
lustre seigneur Otton, comte palatin de Bourgogne; et il a obtenu, par les 
instances répétées de ses prières, que nous consentions à livrer au susdit 
chevalin Conrad le fonds de terre où le susdit chAteau est situé, pour 
50 qiarcg, à titre d'échange, et à raison d'une rente annuelle de 
12 deniers. Et nous, mue par le conseil de nos fidèles et d'autres prud'- 
hommes, ainsi que du consentemoit unanime de notre sainte communauté, 
nous avons acquiescé à sa pétition, el avons, de notre plein gré, concédé 
ce qu'il désirait. De plus, pour consolider cet arrangement, et prévenir la 
rupture de la concorde, nous avons cédé à l'entour dudit cb&teau une 
partie de notre forât, savoir, A partir du château jusqu'au sentier qui est 
en haut du dosage, et le long de ce même sentier jusqu'à la fosse à chaux. 
El à partir de ta fosse à chaux jusqu'an chemin qui conduit de la carrière 
au cb&teau; et derechef en arrière du château jusqu'è la fontaine qui a'ap- 



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pelle le Bretteabrunnen. El aÛD que personne & faveiùr ne s'avise d'in- 
firmer notre acte — après avoir refu le payement total de la susdite 
somme de 50 marcs —, avons décidé de le corroborer de notre sigillé. 
Fait l'a» lâOO de l'iacariialion de Notre Seigneur, indiction quatrième, dix 
des kalendes de juin, sous le r^ae de Pbilippe l'Illustre, roi des Romains. 
Les témoins de notre acte sont: Rodolphe d'Ândlau, Conrad zum Stein, 
Roger d'UfhoIz, Thierry, vice-dome, et plusieurs autres. (33 mai 1300.) 



Il résulte de ce document, qu'au moment où Edelindis de Landaberg, 
abbesse de Hohenbourg, cède à Conrad (l'Illustre) le terrain situé sur une 
espèce de cône boisé, au pied du Usennelstein el de Sainle-Odile, le châ- 
teau primitif existait déjA. La cession du terrain est évidemment foite pour 
agrandir la construction première. Tout y porte le caractère de l'archi- 
tecture romane du douzième siècle. 

Noos possédons dans les cartons de notre Société les dessins, plana et 
projets de restauration de Landsberg, de la main de feu M. Fries, notre 
regrettable et modeste confrère. Son ami, M. Stuber, a utilisé un long 
séjour à Truttenhausen au pied de la montagne qui porte le chflteao de 
Landsberg, pour exécuter deux dessins ingénieux qui reproduisent l'an- 
tique manoir, tel qu'il a dû exister à l'époque de sa plus grande splendeur. 
Il faudrait une fortune princière pour le remettre dans cet étal; nous ne 
pouvons, de concert avec le propriétaire actuel, U. Rodolphe de Tûrck- 
heim, que contribuer, par une somme modique, à en)p4cher l'écroulemeot 
de quelques pans de murs et de quelques détails d'architecture. 

Je prends la liberté de rappeler qu'à l'époque de la réunion du congrès 
archéologique à Strasbourg, en 1859, j'ai donné lecture d'une monographie 
sur les cbftteaux-forts d'Alsace, et que, à l'aide des notes manuscrites de 
H. Fries, j'ai consacré & la description du Landsberg une page que je 
transcris ici : 

. <En examinant de près le Landsberg, on se trouve en face d'une cour 
terminée par deux tours rondes ; c'est un agrandissement postérieur à 
l'époque de la fondation. Dans le donjon et le corps de logis, le plein 
cintre domine; au rez-de-chaussée se trouvent un caveau voûté el deux 
pièces garnies de meurtrières, séparées par un escalier qui monte au pre- 
mier étage. Ici, une grande salie servant de chapelle est remarquable par 
l'ajustement de ses fenêtres et l'abside du chœur en encorbellement sur 
la &ce extérieure, dans le style roman du douzième siècle; A cAté de la 
chapelle, une salle éclairée à l'est par quatre fenéb^ gemmées servait 



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probablement de salon d'habitation; puis une pièce irrégulîère à cheminée 
(peut-élre la cuisine), surmontée d'un entre-sol éclairé sur la cour; enfin 
le beffroi, dans lequel on ne pénétrait que par une porte, â partir du 
grenier du bâtiment d'habitation à l'angle sud-est de la courtine. Un 
chemin de ronde couronnait le schlosshof (cour duchftteau); trois grandes 
consoles indiquent l'existence d'ane guérite. Au bas de celle-ci, au niveau 
du sol actuel, une ouverture, avec quatre fortes pieires en saillie, qui 
semblent faire deviner qu'un treuil s'adaptait à la guérite et que, dans cet 
endroit écarté, on faisait monter des vivres au chAteau. 

«tes abords du donjon étaient garantis avec de plus grandes précautions 
encore que celles dont nous avons déjà indiqué l'existence dans d'autres 
chftteaus; à la porte même, les assaillants étaient en butte aux projectiles 
d'un bâtiment servant de défense k l'angle sud-est du schlosshof, et en 
communication avec les courtines. 

tLe granit et le grès ont fourni les matériaux de construction de 
Landsberg.i 

Un momenti les Landsbei^, forcés probablement par des embarras pé- 
cuniaires, se dessaisirent de celte belle propriété. Ils vendirent, en 1413, 
d'abord la moitié du chAteau à Louis, comte palatin du Rhin , puis ils cé- 
dèrent le reste ; mais plus tard — l'époque est incertaine — ils rentrèrent en 
possession, car ils s'étaient réservé la faculté de rachat. Hais lorsque les 
mœars s'adoucirent, ils ne continuèrent point à rester perchés sur ces 
hauteurs; nous les trouvons établis aux seizième et dix-septième siècles, 
mie branche à Niedernai, une autre à Hulzig. Le château de la montagne 
subit, soit pendant la guerre de Trente ans, soit pendant celle de Turenne, 
le sort de toutes nos demeures seigneuriales. 

Je ne remonterai point à l'époque carlovingienne pour trouver Tori- 
gine de la famille. Les faits avérés ne vont point au delè du douzième 
siècle. : 

En 1144, Frédéric, duc de Souabe, celui qui plus lard fiit Frédéric 
Barberousse, conféra des biens sis à Rosheim, aux frères Ëgelolphe et 
Conrad de Landsberg. La fondation de Tmttenhausen, par l'abbesse 
Herrad et son Irère Gûnther, est placée è l'an 1183; neuf ans plus lard 
(1191), un second Conrad de Landsberg dote de quarante marcs d'ai^ent 
le jeune monastère ; neuf ans de plus, et nous touchons à la reconstruction 
ou à l'agrandissement du château (1300) par un troisième Conrad, pro- 
bablement le frère même de l'abbesse Edelindis. 

Dans tout le cours des treizième et quatorzième siècles, une série de 
faits plue on moins marquants assignent aux Landsberg une place dis- 



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tinguée dans l'histoire de notre province. C'était évidemment une famille 
de seigneurs, de dynastes indépendants qui jouissaient souvent de la 
faveur impériale, brillaient dans les tournois, se battaient dans les guerres 
publiques et privées', contractaient des alliances matrimoniales avec les 
premières ramilles nobiliaires du pays, achetaient, vendaient, troquaient 
des biens considérables dans beaucoup de localités d'Alsace. Leur état pros- 
père, loin d'être amoindri par des subdivisions en plusieurs branches, 
semblait, au contraire, s'en accroître, absolument comme les chênes vigou- 
reux, dont le tronc suffit à transmettre ta sève è de nombreux rameaux, 
A donner de l'ombre à une vaste étendue de terrain. 

En 1219, peu d'années après la donation faite par Edelindis, Ëgelolphe 
de Landsberg, qui jouissait de la qualité alors très-ambitionnée de citoyen 
de Strasbouf^, est fait prisonnier par un margrave de flochberg; mais 
Tempereur Frédéric II lui-même intervient, et libère le captif. 

Dans une transaction, passée entre le même empereur FVédéric et 
relise de Strasboui^, Giînther de Landsbei^ et son frère Ëlwrfaard 
figurent comme témoins; ils étaient ministériaux de l'église. — En 1^7, 
un Conrad de Landsberg, chevalier de l'ordre Teotonique, fait la guerre 
aux Prussiens idolâtres, dans l'armée du grand-maltre Herrmann de 
Salza. — Quatre frères de Landsberg se battent à Hausbergen dans la 
petite année de l'évéque Walther de Geroldseck, en 1262. 

Hais les Lendsbei^ ne marquent pas seulement dans les rangs des com- 
battants laïques, ils se rencontrent aussi sur le domaine de l'Ëglise. Ëge- 
lolphe de Landsbei^, curé de Feldkircb, prévôt du chapitre de ia Toussaint 
 Spire, Tonde des revenus réguliers en faveur de la chapelle de Niedemai 
(Ehenheim inférieur), de concert avec ses quatre frères, ses deux neveux 
et un cousin (1279, 5 février). Dans la charte relatée par Scbœpflin (Ais. 
dipt., 1. 1, Part II, p. 18), Feldkirch joue, par conséquent, le rôle de paroisse 
mère, et Niedernai n'est qu'une annexe. Depuis lors le sort de ces deux 
localités a été bien interverti. Niedernai s'est agrandie au point de devenir 
une bourgade, une petite ville; Feldkirch a complètement disparu, il y a 
quelques années, sons te marteau d'un démolisseur. 

En 128S, un Conrad de Landsbei^ et ses six ûls résignent entre les 
mains de l'abbé de Hoyenmootiers l'avouerie de Feldkirch et de Hindis- 
beim; et Ëgelolphe, frère de ce Conrad, prieur de li Sainle-IVinité à 
^ire, append son sigillé à cet acte de cession. La même année, le prieur 
%elolphe, et ses frères Conrad, Werner et Gûnther offii^t, à titre de ûef, 

t. En 1386, ait bataille de Sempach, denx Uodaberg se lron*eiil puni le* cbenliere 
du parti de LëopoM d'Anirfche; Ils périssent en combalUDl. 

U* e*in«. — T. Vt. - (M.) 12 



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à l'évéque de Sti-asbourg, la ville de Niederaai. Cette oblation est l'un des 
actes majeurs dans l'histoire de la famille. 

L'église paroissiale de Sainte-Hélène, hors des portes de Strasboui^, 
fut construite en 13S8 par Gûnther de Landsberg, près de la léproserie. 
Détruite en 1513, après avoir été l'église paroissiale de Scbilligheim, la 
place de l'église et son pourtour sont occupés aujourd'hui par le cùnetiàre 
de Sainte-Hélène. 

Au quatorzième uècle, vers .1360, les Landsbei^g se divisent en plusieurs 
branches, telles que les Krieisch, les Speuder, les Joeler, les Hsckcr, etc., 
etc.; mais tous sont destinés à disparaître peu à peu, 6 l'exception des 
descendants de Henri de Landsberg, dit Hacker, qui eux>mémes se sub- 
divisent de nouveau en deux branches priocipeles, les Ottmann et les 
Nicolas. 

Parmi les descendants d'Ottmann , on trouve plusieurs dignitaires de 
l'église de Strasbourg, des avoués de Rhinau, de Kaysersberg, d'Ortenbei^; 
des assesseurs de la Chambre impériale, cinq abhesses de Saint-Étienne 
de Strasbourg, dont l'une introduisit, au seizième siècle, la réforme dans 
cette église'. 

Les tlescendants des avoués ou vogls d'Ortenberg résidèrent A Mutzig et 
prirent le surnom de cette ville. En 1714 ils s'éteignirent*. 

Dans la branche Nicolas nous troavons un vice-ddme de l'évéque de 
Strasbourg (Wolfgang de Landsberg, mort en 1546), père d'un Gtiather, 
président de l'administration de l'ordre équestre en Alsace. Une partie de 
cette famille résidait, au dix-buitième siècle, k Niedernai. 

Peu de temps avant la Révolution, ils occupaient encore des charges 
dans l'armée du roi, dans te Directoire de la noblesse d'Alsace, dans 
l'ordre Teutonique et dans celui de Saint-Jean de Malte. La fomille est 
éteinte de nos jours; une partie de leur héritage a passé aux Reinacfa. 

D n'entre point dans mon plan de dire en détail tous les actes civils 
et publics où se rencontre le nom des Landsbei^, ni de faire le relevé 
de toutes leurs propriétés, fiefia ou alleux. L'une de leurs principales 
opérations, an dix-huitième siècle, fut ta vente de Trutt^bausen au grand- 
chapitre de Strasbourg (en 1749). Mutzig avait fait retour à l'évéché dès 
1636. — Ils n'avaient été de même que temporairement cofeudataires 
de la marche de Harmoutier (16S8). 

Les immatriculations dans notre fonds du Directoire de la noblesse 

1. Doe partie de Landeberg sTaïl temporal remeol passé au protestantisme. 
!. L'no de ces vogls de Kaysersberg fut tué, ea 14G3, d'un coup d'épëe, par Wilbelm 
de Hallststt, deraul Kguistaeim. 



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constatent qu'en 1780 Sigfried Samson de Landsbei^, directeur du corps 
de la noblesse, possédait, par indivb, a?ec son Trère, pbevalier de l'ordre 
TeutoDÎque, la ville de Niederaai. 

La même branche tenait, à la mfiine époque^ le viUage de Niedernai, 
Lingolsheim, Zellwiller, un tiers de Dûltlenfaeim, le cbâtean et le bois de 
Landsberg, diverses maisons et métairies, des prés, des vignes, des 
jardins. 

Un autre Landsber^ (François-Marie), seigneur de Heistratzheim, lieu- 
tenant-colonel d'infanterie, résidait au pied du Glœckelsberg, à Blœsheim. 

A diverses époques, les uns et les autres étaient en rapport d'intérêts 
avec les ducs de Lorraine, les Hanau-Lichtenberp, les princes palatins. 

Certes l'extinction d'une famille si haut placée dans les annales de notre 
province est très -regrettable. Hais qu'il me soit permis d'affirmer que 
leur nom ne vivrait point dans l'histoire, s'ils n'avdient compté dans leur 
sein une illustration poétique et littéraire. Si le souvenir des Landsberg 
est destiné à ne point être englouti dans le grand abtme du passé, c'est 
à Herrad de Landsberg que la famille en sera redevable. La douce figure 
de l'abbesse vii^nale, auteur du Jardin des délices, lui servira d'intro- 
ductrice dans le vesUbule du temple de l'immortalité'. 

1. Je crois devoir tjonter s mon esquisse quelques notes prises dans le foQds des pi- 
piers de la fimllle. 

An nombre des contrats de mariage J'ai remarque cetoi de Frédéric de Laodaberg et de 
Suzanne de Waogen (1602), qui apporte dans la communauté une dot de 2,000 Ooriaa. 
Une doQxaine de signataires, dé la famille de I>andsberg même et de U noblesse des en- 
Ylroua, prennent part à cet acte. 

A l'année 1686 se place le contrat de mariage de Hernaann Dietricti de Neuenstetn, 
mari de Suianne de Laodsberg. — Le fiancé fait cadeau à sa Uancée d'une cbslne en or, 
arec diamants et rnbis, de la valeur de 400 florins; il promet 1,000 florins de douaire. 

Parmi les transactions se trouve une série relalive au partage du Rieth, prés de Nieder- 
ati : à l'aunée tTt6, nne transaction au sujet d'une maison sise â Strasboui? et liabitée 
par le comte dn Bourg; une cession faite par I. Christophe de Landsberg, de sa part d'Hé- 
range, au colonel de LUtzelboui^ (36 Juillet 1663). 

Parmi les nombrenx testaments : 

Celui de Wollgang- Jacques de Landsberg et de sa femme Ursule, née de Wonuser 
(1634). L'acte est fait <en Tue des temps critiques, et poer être fidèle au précepte d'isaiei; 

Celui de 0. Louis de Landsberg, lie utenant- colon el , et Françoise de Landsbei^, née de 
Batbsamhauaeo (13 décembre ITU]. Le lestatenr lègue sa part de lu Tille de Huizig A ses 
deux sœurs. H"* d'Aodlaa et de Neuensteln; pour le reste, il institue sa femme te- 
ndre unlTerselle. 

Une série d'inventaires de succession initie le lecteur de ces titres dans la vie domes- 
tique de la famille aux diz-septlëme et dix-ttultiéme siècles. 

L. Spach. 



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TABLE DES MATIÈRES DU TOME VI. 



Peintures anciennes découverleE dans l'église de Rouffach, par N. l'abbé 

A. Slraab 1 

Concordia et TribunJ, par H. Sabourin de Nanton 5 

L'Ile et l'abbaye de Reichenau, par H. L. Spach, avec 1 planche lithograpbiée. 8 ~ 
Notice sur diverses antiquités découvertes b Gumbrecbtshoffen et particn- 
lièrement sur un cimetière à ustion, sur une villa romaine, sur plusieurs 
statues équestres et sur deux sculptures attestant la viticulture dans cette 

région sous les Romains, par M. Jér. Ans. Siffer 41 

Le Palais de Constantine, par H. L. Spach 46 

Une villa romaine i Nennig (près de Trêves). Ses inscriptions expliquées 

par H. de Wîlraowsky, par H. L. iipacb. 51 

Le Loup â l'école. Chapiteaux historiés de l'église collégiale de Saint- 

Ursanae, par H. A. Quiquem 55 

La Seigneurie de Hohengeroldseck et ses possesseurs successifs. Étude his- 
torique et généalogique, par H. E. Lehr, avec 1 planche généalogique et 

1 carte litbograpbiée 62 -. 

Rapport sur des antiquités trouvées aux environs de Golmar, par M. Die- 

trich, avec 1 planche lithographie» 94 - 

Les deux Schtreighauser, par H. L. Spach 103 

Rapport sur un mémoire concernant les antiquités gallo-romaines du Haut- 
Rhin, par M. Paul Huoi 113 

Mémoire sur un autel épigraphique d'origine romaine consacré au soleil et 

il la lune sous les figures d'Apollon et de Diane, par H. Jér. Ans. Siflér. 125 
Comptes rendus sur les ouvrages envoyés au comité, par M. L. Spach . . . 130 
Charte émise par l'empereur Henri IV, en 1065, contenant une donation 
de deux villages d'Alsace et de la forêt sainte de Haguenau i, un comte 

Eberhard, par H. L. Spach 134 

Péage de Selti, par M. L. Spach 137 

Ancien trésor de l'église Saint-fieorge de Haguenau, par H. V. Gaerber. . 145 
Origine des villes et des chflteauz dans le sud-ouesl de l'Altem^ne, par 

H. L. Spach 152 

L'élise de Saint-George feHagnenan, par H. V. Gaerber . .1. p.C 162 - 

Le chAteaa et la fiimille de Landsbei^, par H. L. Spach 173 



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